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Full text of "Voyage en Abyssinie: et extrait des voyages de lord Valentia"

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VOYAGE 



EN ABYSSINIE. 



Tom. I. A 

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VOYAGE 

EN ABÎ'SSINIE, 

par Mr. S ALT, 

uaduit de Tanglois et extrait d«3 voy^es 
de lord YjLLESiTïA. 

\ 

TOME PREMIER. 



A PARIS, 

cliez J. S. Paschoud, Libraire, 

rue Maurine , N.' afi. 

et à GENÈVE, 

c hez le même Imprimeur -Libraire. 

x8l2. 




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C,ql,lt!dc,GoOgIC 



PREFACE 

DUTRADUCTEUR. 



L 



ORD Valentïa ( 1 ) a profita des 
circonstances favorables et de tous les 
moyeas que son rang, sa fortune , et 
la situation des Ânglois dans l'Inde 
mettoient à sa portée , pour étudier 
mieux qu'on n'a pu le faire iusqu.'ici 
plusieurs pays conside'iables de l*Oiient* 

()) George vicoiiije Valentia, est fih d'^Arthup 
Atmesley , comle de Mountnon-îâ «t de Lucy 
Fortescue , Elle de lord Lyltlcloii. Le Gomte d» 
MounlDorris est pair d'Irlande. Le château d& 
Mouiitnorm est daoH le comlë d'Armagh , et 
Valeulia dans celui de Kervy. George , Ttcotnt»- 
Valenlia, est né en 1769^; il a épousé en 179a 
Anne , 6tle du vicotule Courtenay , et a d'elle 
wa fils , George Ailhur Annesley y et deux filles. 
Biari^s, l'Une k Mr. Bony, l'âuU-e aji, major 
Macleod» 



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6 PRÉFACE 

La relation de ses voyages f ï) ne peut 
manquer d'être Hccueillie avec empres- 
sement. II y règne un ton de franchise 
et de simplicité, qAi inspire beaucoup 
de confiance. Le journal même en est 
si détaillé , quM a pu difficilemeut s'y 
glisser des faits faux ou exagérés. Lord 
Valetitia étoit accompagné d^un jeune 
secréuire, fort actif et intelligent», qui 
lui seivoit en même tems de dessina- 
teur. Afrivé â Mocha, il se détermine a 
envoyer ce secrétaire, Mr. Sait , eu 
Abyssinie, pour acquérir de» lumières 
sûres au sujet d'un pays qui , pendant 
le cours d'un siècle, n'avoit été visité 

(i) Celte relation dont nous avons détaché le 
voyage d'Abyssiiiie , occupe Irois vottunes io-4*. 
Ell« estintilalée : Koyagea and ttaveh to India, 
Ceylon, the Rediea, jdbyssinia , and Egypt , 
inthe yearà i8o3, i8o5, i8o4 , iZoSand 1806; 
c'est-à-dire , Voyages de mer et de terre dans 
l'Inde , à Ceylaii, dans la mer Rouge , Vjibys~ 
êinie et VEgypte , pendant lea annéas^ i8o* , 
180.^, i3o4, lîIoS et 1806. Cet ouvrage a éttj 
publié ù Londres, eu 1809. 



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DU TR ABt?CT^E TJ». 7 

qoe par Mr. Bfuce seul. L'intérêt que 
cette entreprise nous paroît devoir ins- 
pirer nous a engagés à traduire, et ^ 
dëtacher du corps de Touvrage , la re^ 
lation de cette excursicm. Lofd Valentia 
Va publiée, telbe que Mr. Sait lut-méme 
Fa rédigée. C'est Mr. Sait qui y parle 
çt qui y raconte )0ur par jour , les faits. 
dans lesquels il a été ou aeteur ou 
tënK)ia(i). Il part de Mocha , accom- 
pagné du capitaine Kud^and et de Mr. 
Carter. Uajenne renégat, noraméAndré^ 
est choisi pour le suivre en qualité de 
domestique, parce qu'il savoit l'anglais, 
Tindostan et passablement l'arabe. Un 
Arabe, né à la Méque, nommé Hamed 
Cbamie , homme du caractère le plus- 

(i,) C'est ftiufil ta.- Ttnsoa qui a îoeeé k ti-aclnc- 
teur à nommer Mr. Sait ^utître de Houvrage^ 
([uoique w nom qq païQÏsse point au. tiLre de la 
l'elalion anglube. Celle-ci en eSél contietil tout 
c« c[uî a rappoil à l'expédition piinçipqle , c'est- 
à-dire , aux voyagea de h>i'd Valbnlia , dont Fex- 
pvdilion subordunntle de Me. Sait n'est, ponr ainù. 



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s PREFAGfi 

respecuble., lut est attache comme in- 
terprète. Toutes les mesures de sûreté 
90at prises, soit pour imposer par Tap- 
pareil de la puissance et de, la force, 
fioit pour se concilier l'affectioa de ceux 
que ces voyageurs doivéut visiter, soit 
enfin pour avoir des nouvelles des voya- 
geurs eux-mêmes, pourvoira leur.. be- 
soins et assurer leur retour à Tepoque 
fixée. Ce fut le 3 de Juin i^5 que 
cette résolution fut prise ; et le retour 
de rexpcdition devoit avoir lieu à la fin 
d'octobre , afin que le vaisseau qui le& 
avott amene's , pût se rendre à Suez , 
en profitant de ta mousson, qui, dans 
la partie supérieure de la mer Houge , 
n'est favorable que pendant un .temp£ 
très-court. Le 20 juin , Mr. Sait et sa 
troupe s'embarquent. C'est ici que com- 
mence sa relation. 

Mais avant d'en entreprendre !a lec- 
ture, on demandera sans doute quel- 
ques informations sur le voyage de Iprd 
Valuntia, dont celui de Mr. Sait fait 
en qudique sorte partie , et qui tout au 



DU TLADUCTElfH. g 

znioîns en a élé l'occasion et la cause.. 
JNous donnerons ici uoe notice rapide 
de ce voyage, et nous en extrairons un- 
ou. deux morceaux qui nous paroissent 
int^ressans. Du reste la relation de Mr. 
Sait, quoique liée à celle de lord Va- 
lentia, en est indépendante , comme 
VAbyssinie est indépendante de l'Inde. 
Lord Valenlia part du Cap tiizard 
le 90 juin i8o9, sur le vaisseau de 
l'Inde la Minerve. Le 99, il touche à 
Madère; le «o août à Ste. Hélène; et 
le 20 octobre il arrive au Cap de Etonne 
Espérance. Dans ces divers pays il rend 
un compte fîdelle de ce qu'il a fait et 
vu. Par exemple , à Ste, Hélène il s*oc- 
cupe du sort des esclaves dans cette lie. 
Il approuve les rè^lemens faits a ce sujet, 
mais se plaint de leur inobservation. 
« Par un effet, dit-il, de ce respect pouç 
les mœurs , qui convient à un pays 
chrétien , il étoit expressément ordonné 
d'instruire les esclaves dans la religion 
et de les contraindre à se marier. Le 
premier de ce& devoirs a été négligé ; 



tO PRÉPACW 

et quant au secood , U q^ a pas eu , \e 
crois , peacktnt ce& quinze dernièrea 
années , ua seul exemple de Texécutioa 
de cette loi ». Après qm>lque disciKjUoa 
sur cet objet , il finit par dire que si 
les esclaves de ^e. Hélène recevoient 
une instiuelion convenable, ils devien-i 
di'oient hieatôt de& membres utiles det 
la société^ 

<( Ils ont les bonnes qualite's qui sont 
propres à leur Tace, et ne }Ouîsseat pas. 
de moîos d'aisance que Touvrier anglois. 
Il y a, dans cette île isolée, peu' de 
séductions q») puissent les porter au 
eiime. Dès long-temps riroportation des 
Nègres y a eessë. Il est intéressant d& 
remarquei' que dès - lors leur nombre- 
s'est accru et continue de s'accfoître, Il 
seroit en effet singulier qâ'il en fut aU'^ 
trement dans un lieu où ta nourriture 
abonde et où rieu ne contrarie le^ 
Tues de la Providence. Les habttans de 
Ste. Hélène traitent leurs esclaves ave<> 
beaucoup de bontë^ et à tous é^rd^.' 



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nu TRADUCTEUR. II 

psToissent une race d'kommles vraimcat 
digDes d'estimé ». 

Au Cap de Bonne Espérance , le len-^ 
demain de son arrivée, notre voyageur 
part à cheval pour alter à Wioeberg. 

« Le jour étoit serein et pendant 
notre promenade le soleil n'étoit pas 
très-ardent. La route étoit belle > par 
un sol uni , couvert â^ericœ et de 
proteoBi le long de la montagne de la 
table 4 qui s'élevoît majestueusement à 
notre droite. Cet aspect si nouveau 
pour moi me cbarmoit. J'avois d'abord 
quelque peine ^ ne point m'arrdter pour 
observer de plus près, cette multitude 
â^ixias , àe' géraniums ^ et d'autres 
plantes étrangères à l'Angleterre, que 
j'y avws ci - devant cultivées avec tant 
de soin, et que je voyois ici répandues 
avec tant de profusion ». 

Le 5 novembre lotd Valentîa s'em- 
barqued» nouveau. Le i.")anvier iSoS, 
le vaisseau qui le- porte a en vue lés 
îles Nicobar , où il fait une courte sta- 
tion. Entiu le 17 janvier il découvre le 



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la PHÉFACB 

cQQtineDt de l'Iade; et le ao seulement 
il entre dans la rivière Hoc^ly. Le a5 , 
il a remoate' la rivière. Et déjà près de 
Calcutta } il quitte la Miaerve pour en- 
trer, avec Mr. Sait, dans un bateau de 
cérëmonie que le marquis Wellesley 
lui envoie. Il arrive pour être témoin 
d'une brillante fête donnée par ce gou- 
verneur. Le 37 , il a de lui une audience 
' où il arrange ses plans futurs. Le aa 
février, it se met en route avec Mr; 
Sait et un domestique aoglois, sur trois 
palanquins, par la poste h pied , en fai- 
sant suivre le bagage par le GâDge; il 
visite diSeroQs lieux; de l'Inde ; par- 
tout il est reçu des Nàhobs ei des offi- ' 
ciers du gouvernement avec beaucoup 
d^empreâsement , le plus souvent aveo 
pompe. Des préseus mutuels , suivant 
l'usage de l'orient , sont oi^rts et ac-^ 
ceptés. Et partout aussi le voyageur 
expose l*état du pays et les diverses, 
circonstances qui le frappât- A Bau- 
gulpore , par exemple , il remarque' 
deux tours âuiiques, a un mille au noidr 



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Btr ïftADtTCTEUR. l5 

ouest de la ville, q»i ressemblent à 
deux édifices qu'il a tus ea Irlande , 
sur lesquels il n'existe aucune tradition. 
A six milles de Patna , il volt un bâti- 
ment destine à servir le grenier à riz , 
qui a coûte 120000 roupies à la com-^ 
pagnie (i), et qui est absolument inu- 
tile. 

<c Ceci, dit-il, n'est point un pays à . 
riz ; le principal produit y est l'opium , 
devenu un article très- importa ut , non- 
seulement par le profit qu'en retire la 
compagnie qui s'en est réserve le mo- 
nopote , 'mais encore ^ à cause de la 
grande demande qu*en fait la Chine. 
A la vérité le gouvernement de ce vaste 
empire en a défendu l'importation , 
inais cette drogue y est si recherchée , 
qu'elle s'y fait jour maître toutes les 
prohibitions. Cette dunande va toujours 
iiroissant^ et donne au& yeux des Chi- 
nois plus de prix au -commerce des 
Anglois, auquel ils préfëtoient celui des 

(1) lia i-oupie vaut s fruicBct ;£ ccnUmei. 

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l4 FHÉFACC 

Kusses , tant que les premiers «e pou- 
voient leur donner que des lingots dont 
ils n'ont que faire )>. 

A Lucknow, l'auteur voit un spec- 
tacle d'une espèce nouvelle. Le 16 avril 
il sVtoit rendu dans les jardins du Na- 
bob. Du haut d'un pavillon sur le bord 
de la rivière Goomty, il découvrit aisé- 
ment la rive opposée , où Ton étoit 
dans Tusage d'abreuver les étéphans. 
- « Ce jour-là , on avoit résolu de les 
faire combattre. La plaine e'toit cou- 
verte de spectateurs. On avoit aussi mis> 
sur pied un corps d'infanterie et 4^ ca.- 
Tâliers armés de lances. Les' éléphans 
choisis pour le combat suivoîent chacun 
leur femelle. Quand ils virent la foule» 
ils marchèfent d^un pas rapide y du côt^ 
dès piéioDS. ;," qu'ils . ^urbi^nt bieutôiC 
atteints, si les. cavaliers n'avoient dis- 
trait leur attention , en courant, autoui; 
d'eux et les;:serrant de si prèsi, qu'ils 
les touchoieot quelquefois : de leuys 
lances. Ce fut donc sur eux que les 
éléphans touroècent leur ressentiment ; 

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ru THADUCTEUH. l5 

niais ils s^attacbèrent Vainement "k les 
poursuivre. L'élëphant ainsi provoque 
tencontroit tout-à-coup un éléphant 
rival {i)', et toiirnoit sur lui sa colère. 
Il "&'élaQÇoit d'un mouvement impé- 
tueux et fondoit sur ce nouvel adver- 
saire. Le choc ^toit si violent qu'ordi- 
oairepaent l'un des deux e'toit forcé de 
fie 'dvesser sur ses pieds- de derrière. 
£ieurs trompes se tenoient élevées en 
l'air, et ils continuoient de be pousser 
quelque- temps avec force ; l'un avan- 
çant , l'autre reculant. J'étois surpris 
que les mohouts pussent rester à leur 
place. Ces conducteurs ont soin ^ dans 
«es occasions , de s'asseoir au milieu da 
dos de l'animal , pour être liors de lu 
portée de la trompe de son adversaire. 
Ils sembloieot s'intéresser vivement à 
la gloire de l'étéphaat qui étoic sous 



(i) ()n Tuit par ce qiiî suit que ces ^lëphans 
ëtoient inonlù par- leurs conducleui's ; aîiisï il 
paroit que ceux-ci lea poussoîent à dessein l'an 
cuaU« l'autre. Tr, 



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.l6 PRÉPACB 

leur inspection ; ils l'eDCOuragcoient « 
et l'excitoient avec la pointe acérée de 
leur lance. Quand deux éléphansavoient 
assez combattu, on les attiroit ailleurs 
à l'aide des femelles , qui , dans le prin- 
cipe , étoient la cause de leurs querelles. 
La première paire qui se présenta au. 
combat étoitcomposêe de deux éléphans 
poltrons et fuyards. La seconde et U 
troisième se conduisirent fort bien j mais 
la quatrième fut celle! qui nous donna 
le plus d'amusement. Le plus fort pré- 
cipita l'autre dans la rivière, et l'y suivie 
Là ils se jetèrent de l'eau l'un contre 
l'autre et se firent di£fôrentes attaquesj. 
Le plus foible, à force de reculer, 
arriva à la rive opposée , ou profitant 
de l'avantage du terrain , il Et ferme, 
et empêcha son rival d'avancer. Ils r-esh 
tèrent quelque temps a se regarder', 
jusqu'à, ce qu'enfin le mohout du plus 
foible le poussa au milieu du courant, 
où le combat recommença, de manier^ 
à laisser la victoire indécise. Ce combat 
parut généralement un des plus beauï 
de 



de ce genrte; et yeritabienient ilétoît 
digne d'êtrevu ude fois, mais non plus 
souvenL Cette lutte n'offroit aucune 
Variëtë; dans les attaques, on n' obser- 
vent aucune adresse ; tout se rëduisoit 
à la force brutale ; le seul mat que se 
£rent les corabattans fut de sMcorchet 
mutuellement la face. Du lieu ëlevë où 
nous étions nous voyions tout sans au* 
cun danger. Heureusement d'ailleurs il 
n'arriva aucùtt accidedt ». 

Voici un combat d'une autre espèce. 

t< Mai â*/ i8o3. Je déjeunai avec le 
Nabob de LuckaoW) dans i'intentioa 
d'assister à un combat' de tigres. On 
àvoit eutouré de fortes palissades "une 
enceinte de cinquante pieds Catrés > dont' 
un des côtés étoit, occupé par un bâ- 
tiraent dans le style asiatique, élevé 
d'environ vingt pieds au-dessus du so!. 
Ce bâtiment étoît garanti par une grille' 
de bambou de plusieurs pieds de haut, 
afin que le tigre île pàt point s'y élancer,' 
comme on avôit eu lieu de le craindre 
ci-dêvant. Des trois autres côtés l'cn'- 
B 

u,qi,it!dc,Coogle, 



iS PTlàlfAC% 

ceinte (^toît fermée par une gtillfi âé 
bambous soutenue de forts piliers de 
bois, que IW avojt enfonce profon- 
démeut dan$ la terre; ce qui mettoit ea 
sûreté les spectateurs placés hors de 
cette enceinte. Le tigre ëtoit renferpid; 
dans une cage placée k Pua des côtes de 
l'enceinte; on employa des feux d'arti- 
Ëçe pour Ten faire, sortir. Il fît plusieurs 
tqurs dans l'arène et proiQCna sur nous. 
ses regards. Au même instant on y. 
l^nça un bufilè. Le tigre aussitôt se 
retira dans un coin de l'enceinte. Le 
buffla t'observa, mais il ne parQissqit 
pas, disposé à commencer le combat. 
On chassa à plusieurs reprises le. tigre 
avec des feux d'artiBce pour l'obliger k, 
changer de place; à chaque mouvement, 
le buffle faisqit quelques pas pour s'a- 
vancer vers lui. Mais dès que le tigre 
restoit tranquille , il s'arrêtoit , et le 
Ëxoit quelques iastaus. On fît entrer 
sept buffles^ mais nous fîmes en vain 
nos efforts pour les exciter au combat, 
et eog^ger l'un ou l'autre des advei- 



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Dtr TRADUCTEUR. ÎQ 

Baires k commencer l'attaque. Quelqu'un 
jeta un chiea daus l'arène , cet animal' 
ce retira dans un coin où bient6t le tigre' 
fat lui-même poassd par les feux d'ar- 
ti6ce. Le chien lut montra les dents , 
et aussitôt le tigre chercha un autre lieu' 
de refuge. lie Nabob oidounâ ^tl'oft' 
amenât un ëlëphant. Le tigre k son' 
approche poussa un cri de tCTl^iir , et 
se jeta dans un coin » d'où il s'élança 
avec force pdâr sauter par dessus la 
palissade. Crïte tentative ne lu! ayant 
pas rëussi / Tëléphant, dirigé par son 
conducteur:, s'approcha , et tâcha de 
fondre sur lui eu se jetant à genoux. 
Le tigre évita \é choc et courut k lin 
autre endroit de l'enceinte. 

« Tous les effort* du Mohout pouy 
engager l*éléphâat à faire; une seconde' 
attaque devidréâtdiis-'lors inutile^. Il 
avança vers U porté, la poussa, et se 
fit passage pour sortir de Tenceinte. 
Le tigre ne songea point k profiter de 
cette ouverture , mais resta haletant 
dans son coiui Un second étdptiattt fut 



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M PRÉFACE 

ÎQtroduit dans l'arène , celui-ci marcha 
droit au tigre » et se jeta à genOux pour 
le terrasser. Le tigre lui sauta au ft-oot,, 
et s'y attacha avec les dents et les grïâTes, 
jusqu'à ce qu'enfia l'éléphant rejetant 
la tête en arrière^ le lança contre terre 
avec taot de violence , qu'il ne put plus 
se releVer, L'eléphanl tte Songea point, 
à jouir de son triomphe, il se jeta sur 
un des côtes de l'enceinte « et de'racina 
avec ses défenses une pi^ïtie de la Torte 
palissade, soulevant à la fois les piliers j 
les bambous, et nombre de 'spectateurs 
qui y avoieut cherché .un appui. L'a-' 
larme fut vive , et chacun s'échappa 
comme jl put. L'éléphant se fit jour à 
travers tous les obstacles,, heureusement 
sans blesser personne,,, et le tigre étoit 
trop afFoibli pour le ,stiivre. Le soleil 
eEoit déjà: fort élevé, et. la chaleur si 
excessive, que le çontbat fut ajourné ». 

De retour à Calcutta , lord Yalentia- 
décrit cette ville et ses divers établis'-' 
semena. 

Il part ensuite poiir l'île de Ceylap,, 

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J>U TRADTJCTETJB. ai 

qui lui fournil des observations nom- 
breuses et intéressantes. Il y rend 
compte entr'autœs de toutes les négo- 
ciations qui ont eu lieu entre les Anglois 
et le Roi de C&nfty; et des hostilités 
survenues entr*eux. Voici ce qu'il dit 
des castes instituées de tout temps 
parmi les naturels du pays. 

)) Les Cingalèses sont divisés en 
castes, et ces castes se subdivisent. La 
première est celle des cultivateurs; elle 
forme plusieurs classes , dont les deux 
premières fournissent les principaux 
officiers du gouvernement, les autres, 
les officiers inférieurs et la milice. La 
caste des pêcheurs est puissante et nom- 
breuse. Les autres castes sont distin- 
guées par leurs professions, auxquelles 
elles restent exclusivement attache'es j 
ainsi tous les individus de la c^ste de» 
blanchisseurs ne font autre chose que 
laver les .véteraens ; et ceux de la caste 
des barbiers ne font que raser. Il sur- 
vint en dernier lieu une querelle entre 
ces (feux ciistcs., d^QÙ il re"Sulta que les 

Uiq mode, Cookie 



fta PBEFAÇE 

l>arbîers ne fureat plus reblanchis et 
Jes blaochisseurs ne fureat plus rases. 
■Cela dura , jusqu'à ce que Mr. North 
(gouverneur de l'île), rebute de leur , 
malpropreté j fut vftiu à bout de les 
réconcilier. Les Chalias , dont l'office 
est de peler les cannelUers, forment une 
caste nombreuse çt turbulente. Ils ne 
sont pas originaires de File ; mais les 
services importans qu'ils rendoient au 
commerce, leur avoient valu de grands 
priviltfges de la part du gouvernement 
bollandois, Mr. North les a aboUs ot y 
9 substitue une augmentation de paye. 
Leurs terres étojent libres de taxes, et 
leurs procès etoieot juge's par leurpropre 
chef, qui prenoit le titre de capitaine 
cannelle. Maintenant Mr, Noth s'esÇ 
réservé à lui-môme ce titre. Le Gouver- 
neur est dé droit chef de la caste des 
cultivateurs ou vellalas ; et son premier 
secrétaire, chef de celle des pécheurs, 
Les autres castes ont pour chefs des 
naturels. 
« Les castes supérieures sont fort 

U,ql,lt!dc,C00^IC 



DU TRADUCTBUR. «5 

jalouses de leurs privilèges, et punis- 
sent sévèrement ceux des castes infé- 
rieures qui osent y porter atteinte. Uii 
bornme qui avoit eu la te'me'rité do 
couvrir son toit de tuiles , sans avoir 
droit à cette distioctiou , eut la dou- 
leur de voir sa maison rasée par Tordre 
de soq supérieur. Un malheureux tail- 
leur , ayant eu la sottise de mettre une 
jaquette d'écarlalte le jour de ses noces» 
fut presque tué à la porte de l'église. 
Les privilèges des castes s*étendent aux 
femmes, dont plusieurs n'ont pas droit 
de porter un jupon qui descende au* 
dessous du genou , ni de se couvrir la 
gorge. La vanité est la passion domi- 
nante des Cingalèses, Us sont toujours 
occupés à passer, dans leur parure , les 
bornes qui leur sont prescrites par leur 
conditioa , et cela donne lieu à de coa- 
tiuuelles disputes ». 

De IHle de Ceyian , lord Valentia 
revient dans l'Inde, visite la c6te de 
Coromandel ; s*arrêle à Madras; s*en- 
fcmce dans les terresjvaàSerijigapatnam; 



ï4 PRÉFACE- 

Ml'. Sait va à Arcoi et de la aux chûtes 
du Cauveri ; dessine et décrit les ruiaes 
^'un pont magnilique et d'autres objets 
intéressa DS, 

Pendant son séjour à Calcutta » lord 
.Valentia avoit fait agréer au mai-quis 
Wellesley un plan de voyage dans la 
mer Rouge , dont le but étoit de recon- 
noître la côte occidentale de cette mer, 

« II m'avoit toujours paru extraor- 
dinaire , dit-il , que si la côte occideu' 
taie de la mer Rouge étoît réellement 
aussi dangereuse que les modernes s'ac- 
cordent à la représenter j les anciens se 
fussent au contraire constamment atta-' 
chés à cette cote dans leurnavigation et 
l'eussent toujours préférée à la côte 
orientale ». 

t'avantage d'ouvrir un commerce 
avec TAbyssinie lui paroissoït digne 
d'attention; et il lioit à ce commerce 
celui de l'intérieur de l'Afrique , qui 
avoit excité jadis l'émulation des nations 
commerçantes. Mtmi des pouvoirs né^ 
cessaires pour le succès de cette expé" 

U,ql,lt!dc,C00gIC 



tV TRADUCTEUR. b5 

dition , il s'eiubacqne *a Mangalore le 
i3 mars i8o4 * sur le vaisseau rAnte" 
lope, capitaine Keys ; et arrive à Mocha 
le 18 avtil. Il en repartie 10 mai pour 
suivre son plan. Cette première expé- 
dition ne réussit qu*imparfaitement , 
par ta faute du capitaine du vaisseau , 
qui ne s'y portoit qu'avec répugnance. 
Elle suffit cependant pour s'assurer de 
l'in^actitude des positions données par 
3ruce , et pour reconnoître plusieurs 
tles voisines de la côte. L'une d'elles est 
appelée Valentia , du nom du chef de 
l'entreprise ; on commence des relations 
avec leshabitans, en particulier avec lo 
Naib de ]\4assowa : cette île est le 
terme de ce premier voyage. 

Lord Valentia en part le 1 9 juin pour 
revenir à Mocha , d'où il repart le aS 
90Ûc-et se rend à la côte de Malabar. . 
Il voit. et décrit Bombay ; puis il va îi 
Poona , où il est reçu en cérémonie par 
le I|aishwa, Lu famine avoit régné en 
ces lieux, Il en troave d'horribles traces. 
« Les corj^s morts, qui couvroicat les 

U,ql,lt!dc,C00^IC 



«6 pnir AOE * 

bords de la rivière , et qui Ploient 4 
tous les pe'riodes de dégradation , of- 
froient un spectacle déchirant », De 
Poooa passant à Chinoboar>' il y toîi 
un persoonage re'pute divin par les 
lodous ; et visite les grottes ou caverues 
de Carti, monutneat de la plus antique 
religion du pays. 

De retour à Bombay , il reprend son 
expédition projetëe ; s'embarque le 4 
décembre sur le vaisseau la Panthère , 
capitaine Court: et le iCf , il est rendu 
h Mocha. C'est dans le séjour qu'il y 
fait , que Nathaniel Pearce revient \ 
lui. Cet homme, qui }oue un rôle dans 
le voyage d'Abyssiaie, etoit un simple 
matelot de TAntélope , qui avait quitté 
ce vaisseau et s'étoit fait mabométan ; 
mais qui alors, mécontent de son nou- 
vel état et de sa nouvelle religiou, revint 
auprès de ses compatriotes et tut accueilli 
par eux, 

La panthère s'associe un doa* (petit 
bâtiment marchand du pays ) ^ dont le 
capitaine arabe se pomme UnusBarilla^ 

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DO T R A D U C TE tr H, 87 

Le 4 janvier i8o5, le vaisseau -met en 
mer. Cette expéditioa réussit assez bien , 
mais ne fut pas exempte de difficultés , 
et mémededangersj provenanten partie 
de l'ignorance ou étoient les naviga- 
teurs de la nature des parages qu'ils 
visitoient. 

Le 16 janvier, la Panthère arrive à 
Massowa. Lord Valentia y renouvelle 
ses relations amicales avec le Naib< 
Dans les deux stations qu'il fit en ce 
lieu , il employa souvent un banian , 
ou marchand et facteilr Indou , qui y 
étoit établi , et qui s'appeloit Currum 
Chund. ïl sera souvent question de lui 
dans le voyage de Mr. Sait. 

Le^i janvier le vaisseau s'éloigne 
de Massowa } fait diverses reconnois- 
sanceà ; arrive à Suakem ; en repart; se 
porte en avant jusqu'à Sâlaca , par su* 
98' de latitude. Là , les navigateur^ , 
ayant'épuisé leurs provisions de bouche, 
voyant leur bâtiment en mauvais état, 
et devant probablement avoir à lutter 
contre le vent» se déterminent enfin. 



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aâ PRÉFACE 

le 17 mars, à revenir encore à Mocha \ 
où ils arrivent le 27 du même mois. 
Le voyageur entre ici dans beaucoup de 
dëtaiis sur cette ville , et à cette occa- 
sion, fait connoître la secte des \Vaha- 
bis, d'après ses propres observations et 
d'après le re'cit circonstancié de quel- 
ques hommes qui ont pu observer de 
près l'importante révolution que cette 
secte a opérée dans l'Yémen. Nous 
croyons devoir traduire ici ce mor- 
ceau (0- 

« Il y a plus àe quarante ans qu*une 
secte nouvelle parut en Arabie. Elle y 
fit de rapides progrès, et maintenant 
elle s'annonce comme devant y amener 
des changemens, tels que, depuis Ma- 
homet, on n'en a pas vu d*aussi considé' 
râbles. Âbdul Waheb, simple particu- 
lier, né, selon Niefaurhr, à El Aiané, 



(1) On pourra compai'er m r&ît, qui paroît 
digne de confiant , avec les relations des mêmes 
^vénemens , qui oui v\é pablicies en fi-ançoid e* 
qui Qul excité beaucoup d'intçi'ét. 



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»U TR.ADU0TE Uft. t^ 

ville du district de Darale « dans la 
province de Nedj'ed el-Ared, a donne 
son nom à ses sectateurs les Wababiâ. 
Cet homme extraordinaire , passa plu'- 
sieurs aDQées à étudier les sciences eu 
Âtabie. Il voyagea en Perse , résida 
quelque temps a Basâopa> revint dan^ 
sa .terre natale, et se proclama réfor- 
mateur de la religion musulmane. La 
province de Nedjed étoit.en ce temps- 
là divisée en une multitude de pro- 
vinces plus piBtites, dont chacune étoit 
gouvernée par son propre cheik. Abdul 
Waheb représenta à ces chef» les abus 
qui. s*étoient. glissés, dans la religion 
muçslmane,^ en particuiief celui d'a- 
dorer les saîjuts et celui de faire usage 
de liqueurs spiritueuses ejl d'autres dro-^ 
guçs, propres à enivrer , ou employées 
comme moyens, de prQvpqi^Ër la g^îtét. 
Il réprouvoit également la doctrine. des 
deux sectes de Sunnis > touchant l'Ori-r 
gine du Coran (éterne|^u créé), ad- 
mettant toutefois que ce liyre étoit divi- 
nement inspiré éc un guide lAile de con- 



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3o Ptt^è ACE 

duite. Du reste» comme la plupart des 
cheicks ëtoieoC Sunais y il se rappro' 
choit d'eux en reconnoîssaDt l'autorité 
des paroles de Mahomet. Mon bon amt 
Hadgt Âbdalla , qui ^toit un Wahabt 
avoué , et qui s'ëtoit trouvé à la Mecque 
lorsqu'elle fut prise par Suud (i), m'a' 
donné leur profession de foi^ conçue en- 
ces termes : 

« Il n'y a qu'un seul Dieu. Ce Dieu 
» est Dieu ; et Mahomet est son pro- 
)> phète. Agissez conformément au 
» Coran et aux paroles de Mahomet. 
» Il est inutile de prier plus d'une fois 
)) en votre vie, pour que Dieu répande 
» ses bénédictions sur son prophète?.' 
» Vous ne devez point invoquer Itf 
» prophète , pour qu'il intercède ér^ 
» votre faveur auprès de Dieu j car SOO' 
» intercession vbiis est inutile. Au jour' 
» du jugement il vous deviendra utile 
» de la solliciter. N'adressez point vor 

(i) Chef Jes Wahabû. - 



c,qi,it!dt, Google 



DU TRADtJGTEUR, Si 

» prières au prophète. N'invoquez que 
» Dieu seul ». 

» Cette doctrine se répandit rapide- 
toent parmi les dïffe'reDtes tribus^ dont 
à cette époque la puissance étoit à pei» 
pr^ égale ; et elle tendit insensiblement; 
à faire reconnoître un pouvoir suprême 
dans la personne même du.réformateur ; 
ce qui de'truisit. entièrement randenne; 
lï^lance et donna à Abdul Waheb une 
influence prépondérante dans tout le 
nord-est de l'Arabie. Les cheiks , qui ne 
reconnoissoient.pas son pouvoii- spiri- 
tviel ou temporel , se réunirent enfin' 
pour lui résistée ; et sous la conduite 
du cheik de Lacfasa , qui craignoit pour 
fia propre .sûreté , ils vinrent l'attaquer 
dans sa ville natale. Abdul Waheb re- 
ppusra leu» attaques » soit dans cette 
occasion, soitidao^ une autre oii.ses 
ennemis marchèrent contre lui avec 
une armée dei quatre mille hommes. 
EtèsTlors il nç cessa d'agrandir son. ter- 
ritoire et de propager sa croyanï^e,. Le 
cheik Mékrami de JVedjëran étoit ua 



L;,qi,it!dc,Gooylc 



3d 1*RÉ1P ACE 

âe ses p1^ puissans sectateurs ; et Nie- 
buhr conjecture qu'il contribua beau* 
coup à ses succès. C'est ce qui m'a éU 
CODËrmé par Hadgl Abdalla , qui vit 
ce cheik à la Mecque il y a vingt-sept 
ans , et qui eut avec lui plusieurs ea- 
tretiens. 

« Âbdul Waheb étolt trop habilâ 
pour négliger aucun moyen d'accrottre 
l'activité de ses sectateurs. Suivaot donc 
l'exemple de Mahomet , et sachant 
quelle est sur-l'espcit humain l'influence 
de l'iuterêt persoaael^ jl anima le zèle 
religieus par l'espérance du pillage. A' 
cet eâèty il déclai'a que toute la pro-' 
priëté de ceox qui n'ëtoient point cou-- 
vertis ëtoit profane , et qu'eu cette qu»> 
Ittë elle ddVt oit être coiitisquée au profit > 
de leurs :vaiilqueurs. Il AH'iSâ dé là que! 
nombre d'individus » pour sauver leur 
propriété» se dëclarèreat Wababis avant 
de se voir attaquas, 'ép commencèrent 
aussitôt ' à attaquer eux - mêmes leurs 
voisins; pour les contraindre à aban- 
:lnr,".?r à la fois leur religion et leut 



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Dtr TB ADUCTEU ïl. 33 

propriété. C'est ainsi qu'Abdat Wahcb 
affermit son pouvoir dans la proviace 
«ie Nodjtid j taedis qu'à Taide de son 
puissant serviteur, le cfaeik Mekratni> 
il porta la guerre dans l'Yemen. A sa 
ïnort soQ âls Abduluziz lui succéda 
sans obstacle dans l'exercice de tous 
ses pouvoirs temporels et spirituels. 

» Je n'ai pu savoir la date de l'avé* 
Dînent d'Abduluzîe ; mais je sais qu'il 
a régné jusqu'en mai i8«^. fl fut âssas>> 
sine à cette époque , pendant qu'il fai- 
soit ses prières dans une mosquée, à 
Daraie, sa ville capitale. Un Arabe, 
dont il avoit enlevé la fille plusieurs 
années auparavant , lui porta le coup 
mortel. Cet Arabe avoit vendu tous 
ses biens à l'instant où il s'étoit vu ou- 
tragé, et avoit suivi > avec une patiente 
persévérance, les pas de son oppresseur. 
Il l'atteignit eutin; et quoiqu'il vît ea 
lui sou souverain temporel et spirituel, 
il n'hésita point de l'immoler à sa ven- 
geance. 

» Pendant le règne d'Abdnluziz , la 
C 

Uiqniodc, Google 



34 ¥ » É -p A c s 

religion fondée par- son père , sVtendit 
dans la plus grande partie de la près* 
qu'Ile d'Arabie ; soit par les armes de 
son fils Suud , soit par le zèle- de ses 
sectateurs. Plusieurs tribus arabes du 
Grand Désert le reconnurenc pour chef 
de leur religion ; et même dans ce qui 
touchoit a leurs intérêts personnels , se 
soumirent indirectement à son autorité « 
en lui envoyant, pour être employée ca 
oeuvres dé clftirité , quelque partie du- 
butin qu'ils firent sur la tombe d'Hos- 
seia à Arbéla, où ils détruisirent, sut*' 
Vaot l'usage de cette secte , ce superb» 
liionumentf objet de la véoération des 
Persans et de tous les sectateurs d'Ali. 

» Le shérif d'Abou Arish avoit été 
nommé par t'Iman de Sana, pour oc- 
cuper la place de Dola (commaodant) 
de Lohéia. Mais bientôt il sut s'y rendre 
indépendant. Les difierens cheiks te- 
naient de l'Inian les districts de l'Yé* 
men» par uue sorte de droit féodal. Le 
domaine du sol étoit censé lui appar- 
tenir , mais à prine les cheiks lut 

U,ql,lt!dc,C00^IC 



DU TRADUCTEUR. 35 

payolent-ils à ce titre quelque légère 
redevance. Les succès du shérif d'Abou 
Ai'ish excitèrent leur émulation, et les 
engagèrent à refuset à l'Iman Tapparence 
même de l'obéissance. L'Imaa étoit trop 
foible pour lea soumettre. Mais ils trou' 
Tèrent dans les.Wahabis une puissance 
plus redoutable. Bientôt le shérif d'Abou 
Arish se vit forcé de leur rendre hom- 
mage, et d'adopter leur religion. Les 
Wahabis le dépouillèrent de ses biens 
et lui donnèrent à entendre qu'il n'a- 
Voit rien de mieux à faire que d'allei? 
sMndemniser dans l'Yémea. Il suivit cet 
avis» ou plutôt il obéit k cet ordre. 
Beconnoissant dès lors Suud pour son 
maître, il alla porter eu son nom la 
dévastation jusqu'aux portes de Mocha. 
Beit-el-Faki, et la plus grande partie 
de9 pays k café lai appartiennent. La 
seule ville de Hoheida l'empêche d e- 
tendresa domination sur tout le Téhama, 
depuis Lohéia jusqu'au détroit de Bab- 
eUmandeb. Quoique cette place reste 
encore à l'ImaDj. c'est pour lui une 



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KS PRÉFACE 

pofôessïon qui , comme telle , lui est- 
inutile; car le dola (ou commandant) 
-s'est vu forc^ de brûler la ville , pour 
que les maisons ne fussent pas occu- 
pe'es par les assïeg^eans dans Tattaque des 
forts. Ceux-ci ont été pour lui une re- 
traite parfaitement sûre , parce que lés- 
Wababis n'avoient point de canon. Mais 
probafaleïnefit il àera bientôt contraint 
de s'embarquer et de s'enfuir à Moclia 
(aute de moyens de subsistance ; et alors 
Mocha doit s'auendrè à être elle-même 
attaquée. 

» La Mcque et M^dine ont ete si long' 
temps reconnues pour les deux ville» 
principales de l'Arabie», qne les Walia' 
bis, qui aspiroient ^ la souveraineté de 
tout le pays , mettoient un grand prix 
h s'en rendre maître. Galib , le shérif 
actuel, est un monstre d'iniquité, qui 
ne s'est fait aucun scrupule d'«mp\oyer 
les moyens les plus odieux pour aug- 
menter ses trésors , qui a fait périr par 
le poison deux pachas » et un jeune 
prince des Maldives , venu à Jidda sur 



c,qi,it!dt, Google 



BIT TRADUCTEUB. Sf 

son propre vaisseau^ pour se reodredel» 
à la Meque. Ce sbërif est par là raéiue^ 
peu clier à ses sujets et aucun d^eux 
n'étoit fort empresse à le déEendie. Son 
beau-ftère inétœ^ qui s'appelle MozeifeV 
lui etoU ^ peu attache', qu'ayant été à 
Daraic avec une mission^ il abaïKlonna 
le parti du shérif, et se fît Wahabi. 
Abduluziz , jugeant le moment fav»> 
rabla pour attaquer les deux villes sain^ 
tes, conHa à Mozeifé dès les premiers 
jours de janvier iHo3-^ le commande- 
ment de douze mille hommes, avec les- 
quels ce général livfa plusieurs combata 
aux troupes du shéiif et en sortit tou^ 
jours vainqueur. Au mois de février de 
}a même aooée ,t ^1' wt le siè^e devant 
TayrR 

» Galib^ qui avoit dans cette pTacct 
pfusieurs beaux palais , et des jardina 
saagniBques,. accourut à soa secours^ 
et ta dèfeodit pendant plusieurs jours. 
Mais son neveu Abdalla, l'ayant quitté 
de nuît pour se retirer secrètement k 
-MochsLjle sbefifcraig^oit que ses sujets^ 

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58 P R É F A C-E ■ : 

dont il se seotoit haï ^ ne missent Ab- 
dalla sur le trône* Il quitta Tayif brus» 
quement après avoir mis le feu à ses 
.palais, Mozeifé entra aussitôt dans la 
place , ou ses gens exercèrent leurs dé- 
vastations accoutumées. Huit cents iq» 
(lividus , hommes ou enfans mâles, 
furent passés au fil de Pepée ; les harems 
furent respectés; Plusieurs maisons fu-^ 
rent livrées atix flammes , toutes furent 
pillées^ mais le trésor du &hérif avoit 
été transporté a la Mcquo avec ses 
femmes et ses fidelles serviteurs. Toutes 
les tombes isacrèes furent renversées , 
entr'autres celle d'Abdulta Ëbn Âbbas, 
l'oncle du prophète , édilice célèbre 
.dans toute l'Arabie par sa beauté et sa 
sainteté. Toutefois U place même 0(i . 
reposoit le corps et là pierre qui le 
vecQuvroit ne furent poiut dérangûes. 
Mojseifé , en récompense de sa trahison, 
fut fait goXiverneur, Abdiiluzîz ne.vou- 
loit pas quelaMéque, Médine etleqfs 
ports de mer, qui sont Jidda et Yanibo, 
fussent entre les mains d^un descendant 

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Dtr TRADUCTETTR. 3^ 

du prophète, lors même quHI se cod- 
tenteroit da titre de vice-roi sous lui. 
Il envoya donc son fils AÎaé , Suud , h 
Tayif, qui se mit à la lâte de son ar-* 
mée victorieuse, et se.portasur la Mé- 
que avec tantd'impe'tuosite , le 26 aviil 
i8o5 j que le shérif, frappé de terreur, 
en sortit avec tous ses. trésors et s'en- 
fuit à Jidda. Il fit sa retraite de nuit et 
laissa son frère à la Méque avec charge 
d^obtenir de l'ennemi les termes les plus 
favorables que l'on voudroit lui accorder. 
Le jour suivant, la Me'que se vit obli- 
gée de se soumettre à un vainqueur 
étranger , ce qui n'étoit. encore jamais 
arrivé depuis Faqnée (^29, ouMahomet 
y lit son entrée. Le vainqueur observa 
strictement les termes de la capitulation, 
la ville ne fut pas livrée au pillage et 
les habitans furent épargnés. Lies pré- 
jugés religieux des Wahabia furent sin-- 
gulièrement ofïensés à la vue jde plus 
de quatre-vingts tombes de Ja plus grande 
magnificence , où reposoient leg descei^. 
dans de Mahomet, et qui faisoieat l'or* . 

U,ql,lt!dc,C00QlC 



4j> pr Êr ACE 

nemeat priocî^pal de la M^que. Ces 
monumens furent tous rasés» amsî que 
cçlui de Cftdija, femme du prophète, 
dont la me'moîre est éa très-grande vé- 
nération. Les cafés éprouvèrent ensuite 
les effets destructeurs du zèle des réfor- 
mareurs Wahabis, Les faoucàs furent 
entassés par monceaux et mis en ccn' 
dres : l'usage du tabac et du café fut 
prosciit sous de sévères peines. Les 
lieux saints furent dépouillés de leurs 
plus précieux ornemtHis : cependant la 
caaba fut respectée. Les Wahabis ont 
déclaré que Vhommage rendu à la pierre 
noire est un acte d'tdolatiic. Ils oot 
marqué du sceau de leur désapproba- 
tion les cérémonies pratiquées par \et 
pâerins sur la pierre d'Abraham, placée 
près du puits de Zemzcfti , où le pied 
d'Abraham laissa son empreinte, lorsque 
ce . patriarche y monta pour construire 
la caaba. Ils ont aboli la coutume consa- 
crée, de verser de l'eau du puits dans le 
creux de celte empreinte et d'en donner 
à ^ire aux pèlerins. Suud du reste 

Uiqniodc, Cookie 



BU THADBCTBU». 4l 

paraît avoir bieo compris les avantages 
que la Meqne retire de Vaffluence an- 
BUâlle des pkelerins. En consêqiieDce it 
a usé de madération , et a eonBrmé le 
cadi nommé par le Grand S^gneur. It 
a aussi adressé à ce dernier une leltre, 
«OQçue en ces termes ; 

SuuD à SÈLixr^ 

« Je suis entré dans la Méque le 
B quatrième jour de Moharem de l'année 
1) iai8 de l'hégire. J'en ai épargné les 
u habitans. J^ai détruit les tombeaux 
>i auxquels ils rendoîent un culte ido- 
» lâtre. J'ai aboli les impôts des douanes 
)} au-dessus de deux et demi pour ceot. 
» J*ai confirmé le cadi, que vousavie? 
)> nommé ponr gouverner ea. ce lieu 
» contbrmémenl aux commandemens 
1) de Mahomet. Je souhaite que^ pobr 
» les années qui vont suivre^ vous don- 
» niez ordre aux pachas de Shaum, de 
^ Syrie, de Mi&r et d'Egypte^ do ntt 



cqiiiodt, Google 



49" PRÉFACE 

» pas venir , accompagnas du mah^mel 
» (i), de trompettes et de tambours, 
» soit à la Mëque soit à -Médine, Car 
» à quoi bon ? La retigicMi ue gagne 
)) lien à ces choses. Que la paix .règne 
)) entre iious^ et que les bénédictions 
» de Dieu soient avec vous! 
wDatédu dixième jourde ]Vloharem(2). » 
» Le 1 1 mai, Suud marcha sur Jidda; 
mais le temps qu'il avoit passe à la 
Me'que avoit mis le shérif en état de 
se préparer à le recevoir, en faisant por- 
ter !i terre le» canons des vaisseaux qui 
fie trouvaient dans le port, -et en les pla> 
çant sur les murailles. Les Wahabla 
firent une tentative pour emporter la 
place d'assaut'; maisils échouèrent. Suud 
résolut alors découper les vivres à sou 
ennemi et de le priver même de tout 
moyen d'avoir de' l'eau. Nombre d'ba- 
bitans périrent de soif-pendant les neuf 

(i) Le tapia , richement orné , destiaé à CW* 
vrir la Caoba. ' ♦ 

(2) Cette date répond au 5 de maù 

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DU TRADUCTEUR. 43 

{ours que dura ce blocus. A la 6a le 
ftb^rif fut contraint, par ceux qui vi-> 
voient encore , d'offrir à Suud une 
somme d'argent , pour l'engager à lever 
le siège. Les arrangemons etoient pris 
pour le paiement d'un lac (i) et trente 
mille dollars, lorsqu'on reçutia nouvelle 
dé la mort d'Abduluziz- A l'instant > 
5uud , craignant que son absence ne 
pût lui susciter un compdtiteur , se bâta 
de retourner à Daraie. Jiddafut sauvf^e; 
et la Me'que même retomba en la puis-» 
sance de son ancien maître. Mais Tayif, 
le lieu le plus. agréable de l'Arabie; ce 
<^in de terre, qui ressembles! peu au 
reste du pays, que les Arabes l'envisa- 
gent comme de'taché de la Syrie par les 
eaux du déluge; Tayif resta toujours 
ftu pouvoir de Mozeifëi 
. M En i8o4, Médine et tous les tré* 
«JTS qu'y ont versé les fîdelles pendant 
une longue suite de siècles , devinrent 
la proie de$ Wababis; et le tombeaa 

. (0 .Lac §igaii)S cent mUie, Tr, 

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44 PRÉFACE 

du prophète partagea le sort de ceux 
de ses deseeadaas. Jidda fut attaquée 
de nouveau > mais sans succès , parce 
que le shérif avoît reçu d'Egypte quel- 
ques secours. Yambo fut prise, mais 
ensuite reprise du côLe de la mer. Le 
pacha de Syrie se fit jour à travers les 
troupes iodisciplinêes de Suud; et les 
tidelles céléhrèrent à la sainte caaba les. 
cérémoDÎes accoutumées. Mais ce fut 
probablement pour la dernière fois; car 
maintenant les hordes nombreuses de& 
Wahabis couvrent le désert de leurs, 
escadrons volans, et offrent de grands 
dangers à ceux qui voudroient teater I« 



» Les Arabes Johassen, qui recon- 
noissent la supréma lie religieuse de Suud« 
ont pénétré de temps en temps dans U 
mer Kouge. S'ils étoient appelés à soa 
secours et qu'ils se rendissent à cet ap- 
pel ; si leurs forces navales paroissoieQt 
tout à coup devant Jidda ; toute rési»- 
tance devîendroit inutile, et la race da 
prophète cesseroit de régner eu Arabie* 



DU TRÀDtîCTElTR. 45 

t<*tmaa -âe Moscate a péri dans une 
iKitaîlle, et son iils a élé confie > dit-on , 
à un tuteur Wahabî. La nature n'offie 
à rYeroen ancun moyen de résister à 
la puissance formidable qui l'attaque, 
«t la ibiblessedu gouvernement se joint 
à toutes les causes qui doivent le faire 
succomber. Dans la vaste péninsule dé 
l'Arabie, le petit état d'Adeo est le seul 
qui puisse présenter quelque espérance 
raisonnable de soutenir le choc des 
Wahabisj et celte espérance repose suc 
la sagesse du souverain qui le gouverne, 
et sur la bravoure de sa petite armée. 

» Quel que soit l'état d'abaissement 
auquel Fempire turc est réduit , je ne 
crois pas que les Wahabis puissent être 
constamment victorieux dans leurs atta- 
ques, à moins que, par quelque liaison 
avec les Européens , ils ne parviennent 
à se procurer des armes et des muni- 
tions, et qu'ils n'apprennent ainsi quel- 
que partie au moins de leur discipline. 
Toutefois j'envisage l'Arabie comme à 
jamais perdue pour le Sultan j et eu 



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46 PRÉFACE 

conséquence on peut dire qu'il a cessd 
d'être le chef de la religioo musulmane. 
L'ordre donné par Mahomet à tous ses 
sectateurs de visiter la Me'que au moins 
une fois en leur vie , est désormais inexé- 
cutable. La cité sainte a entendu le bruit 
des armes ennemies ; elle est entre les 
mains d'un prince qui refuseà Mahomet 
le tribut de respect, que lui ont payé 
les fidelles pendant un espace de douze 
cents années. Dans peu, les descendans 
du prophète auront cessé de régner; et 
bieu que le Coran puisse être encore 
long-temps révéré dans une partie de 
l'Asie, on ne peut s'empêcher de recon- 
noîire que le jour où Suud est entré dans 
la Méque (i) a marqué la chute de 
l'édifice imposant de l'islamisme- » 

Après avoir fait à Mocha, un assez 
long séjour , mêlé de quelques inci- 
dpns, lord Valentia reprend enfin pour 
la troisième fois son expédition de Suez 
et la termine heureusement sur le vais* 

' (i],Le ay avril i8q3« . . 



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î>tr TRADUCTEUR. 4^ 

6eà\i du capitaine Court. Mais aupara' 
vaut ce capitaine conduit à Massowa 
Mr. Sait et ceux qui dévoient l'accom- 
pagner en Abyssinîe. Unus Baiilla l'y 
suit par ordre de ïord Valentia. Nous 
omettons des détails de peu d'impor- 
tance bu qui n'influent pas sur le voyage 
dont nous avons entrepris la traduction. 
Ceux que nous venons de rassembler 
nous semblent sufBre pour en rendre 
la relation claire, et pour indiquer le» 
circonstances avec lesquelles cette rela- 
tion a une intime liaison. 

La forme de journal adoptée par ces 
"Voyageurs est, comme je l'ai dit, la 
plus propre à faire naître la confiance; 
mais elle n'est pas toujours celle qui 
peut plaire le plus aux lecteurs qui ne 
cherchent dans un voyage que l'amuse- 
ment. Cette forme entraîne des lon- 
gueurs et des répétitions. C'est un dé- 
faut que nous n'avons point cherché à 
éviter dans cette simple traduction , où 
nous n'avons eu d'autre but que de ré- 
pandre la connoissance des taits nou- 



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48 PRÉFACE DU ThÀDDCTElTR. 

veaux et interessans que Mr. Sait af 
recueitlis (i). 



(i) Comme cette traduction ne comprend que 
le voyage d'Abysstnie , elle n'est qu'une partie 
des voyages de lord Valedtia , et commence au 
dixième chapitre de l'ouvrage original. Ainsi o« 
lo." chapiti-eest celnï qui devient ici te premier. 
L'oi'dre des cliapitres Buîvans n'a pas élé troublé 
jusqu'au S.* de la IfaducUon qui correspond par 
conspuent au i^.' de l'original. Les trois der* 
Dters contiennent l'extrait de tout ce qui , dans le 
rcsle des voyages de lord Valentia , se rapporte 
4 l'Abyssinie ; et ils ont élé ranges , par 1« tra- 
ducteur, dans un wdi'c relaUf à ce bat. 



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(<9) 
Nota. On croît devoir rappeler îa 
que ce fut le 3 Juin 1 8o5 , que le voyage 
de Mr. Sait en Abys&ÎDÎe fut résolu ; 
que ce voyageur s'embarqua te 30 Juia 
suivant, et que sa relation commence 
au s8 Juin de la même anne'e^ 



ERRATA. 

T. II. p. 166, lig. 7, le 7 Novembre i8o6. 

Usez : 

le 7 Novembre i8o5. 



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VOYAGE 

EN ABYSSÎNÎÉ. 

!■"; "' i ■ T- -T 1 . r ■■■ -, , I ^..^ 

OHAPl'fRÈ tïtÈMÎËR. 

arrivée a Massowà. -^ Négociations itfieô 
leNaïb. — ^ D^ciilté d'avoir tïesfnutetSi 
des charrieaiix , etc. pour le voyùgë. — ^ 
Préparatifs, -~ Passage de Massbwa a 
^rhékoé -^ Divers incidena en ce lieu, 

juin a8; 1\ ous aiTÎvàmés àij pdrt dé Mas* 
sowa (i) ee jour à niidi, après une semaine 
de navigation le loiig de la côte depuis 
Moeha (s)^ Fendant cette navigation , nous 



(i) Magsotra 6tt Hanna ^ ville et Île «ur U;Cdtd 
d'Afrique. T. . . 

(a) De Mocba lur la Cdie d'Aiàbiey ta traverséa 
^e la mer roiige est s! courte , que Mr. Sait b'ent 
parle pài et ne làiliùeiflion^He du reité duictjagé 
le loDg de la cdte d'Afrique. T. 

Tom.L . ■ ■ . i 



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A V b V À G * 

eûmes trne succession régulière de linsflii 
de terre et dé mer. Dès que nous eûmes 
jeté l'ancre , notre capitaine Court envoya 
fia chaloupe à teri'e pour y demander le 
lianîui Currum Chund. Celui-ci refusa dô 
se rendre à bord , alléguant que le Naïb , 
sans la permisàon duquel il ne pouvoit com- 
mamquer avec nous , e'toit à Arkéko ; qu'il 
^toit lui-même fort alarme de notre arrivée 
aur un grand vaisseau, surtout après noua 
avoir écrit de différer notre expédition , vu 
que le pays etoit dans un état de trouble j 
mais qu'il en informeroit le Naïb , et qu'il 
se rendroit lui-même à notre bord aussitôt 
qu'il en auroit reçu la permîssion> 

J'uin ag. Le tapîtame Cout-t envoya dere- 
bbef sa cbaloupe au banian dès le matin , 
mais celui-ci s'excusa encore par l'absence 
du Naïb. On prit en conséquence la réso- 
Itttitm Yi'ebvbyer à terre Hamed Cliamie y 
notre interprète arabe , qui parloit également 
la langue de l'Indost&n. Il revint bientôt 
bous dire que le banian étoii extiémemenf 
alarmé de notre prompt retour sur la Pan-" 
thère, qui e'toit un vaiss*" i fort. Il ajoUtoit 
que tout auroit été î>ien j à nous étions - 



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.£K ABÏ SSiNlE. S 

Vedus paisiblement sur un dow(l); maid 
que maintenant le sirdar des troupes reDOU" 
veloît sa prétention à un paiement de cinq 
cents dollars polit' l'ancrage du vaisseau. Il 
assura d'ailleurs à HamedCliamie, qu'il avoit 
espe'die la lettre de lord Valentia au Ras 
Welléta Selos^. Cette dernière âsserrion 
u'e'toit pas très-esacte , puisque nous savions, 
par des informations particulières, que celte 
lettre étoit encore à Ârkéko dans les mains 
de l'Ascari (!i). Dans l'après-midi, le baniad 
lui-même se rendit à bord , mais ne^^i Faire 
autre chose que confirmer ce que nous avions 
déjà appris. Toutes ces diflicultes venoieut 
du sirdar (ou chef) des Ascaris , qui est 
maintenant k MassOT^â ; mais nous' refusâmes 
d'avoir avec Itû aucune espèce de commu- 
nication , Àant détermines à traiter cette 
aSaiie avec le Naïb eu personne. 

Juin 5o. Dès le matin , le Naïb revînt 
d'Arkelio à Màssoiva , et nous envoya sur I< 
champ Hamed Chamie , avec ses salaams 

(i) PeiU M liment marcbaud, employé camm un é^ 
ment daas ces parage*. T. 

(n) Lea Ascaris sont ceux qui composent la garj« 
duNub. T. i 



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4 VOYAGE 

( sftlutalioDS ) , et ses excuses de n'élrc pas 
venu plus tôt , fixant midi pour notre visite 
publique. En conséquence je partis, accom- 
pagné du capitaine Rudlund et du capitaine 
Court j qui eut la politesse de nous faire 
saluer à noire, départ de onze coups de 
canon , pour donner plus d'importance à notre 
mission. Quand nous descendîmes à terre , on 
nous y salua de tofiS les canons , grands et 
petits , que l'on ptit rassembler dans l'îlej 
Nous nous rendimes au divftn, ou salle d'au- 
dience , accompagnés par une garde d'ba- 
viidars'des soldats de marine de Bombay. 
Les cérémonies furent les mêmes que ci- 
devant , si ce n'est que .nos cipayes furent 
conduits et rangés Is long de rextrémito 
inférieure de la salle. Le divan éloit plelu; 
Le Naïb , le sirdar , et le dota d'Artcko 
«toient présens. Après lescomplimeosd'usagtj 
on distribua à tout le monde du café, sans 
oiiblier mémâ les <npayes; Le capitaine Court 
etmoi,nous reçûmes des caftans de toile bleue 
borde'e de satin ; après qùdi , nous nous eii 
retournâmes dans le même ordre que nous 
étions venus, potir aller à la maison de YuSsûf, 
secrétaire du Naib , qui avoit été préparée 
. par Currum Chund pour nous recevoir^ 



u,qi,it!dc,Côogle 



ENABYSSINIE. 5 

Quand nous rentrâmes dans le vaissena , 
on y repéta le salut de onze coups de canoo. 
Kous reviomes à terre après dîner , et nous 
arrangeâmes pour y demeurer. Le Naïb dé— 
clara à Hamed Chamîe , qu'il avoit expédia 
au R»s la lettr« de lord Valenlia. 

Juillet 1. Le Naïb nous envoya un mes- 
fù^e dans la matinée , pour nous demander 
que la chaloupe qui portoit notre- bagage 
à terre, abordât sur le quai, pour y être 
esamioée à la douane , au lieu de se rendre 
immédiatement à notre logis. Le capitaine 
Court représenta la dïsconvenanoe de cet ôtr- 
dre, puifiqueles paquets pu ballots tra^isportcs 
ne oontenoient que des choses qui nous étoient 
nécessaires à terre et qui ne dévoient point 
sortir de notre maison ; que par cansequeu^ 
si l'on vouloit demeurer avec nous dans des 
termes d'amitié , il falloil sonsentir à ce que 
notre bagage fût apporté da la manière, qui 
{tous éloit la plus commode ; mois ipie si on, 
le désiroù , on pourroitle faire visiter à notre 
domicilepartellepersonnequeieNaïbjugeroît 
à propos de désigner pour cet office. Ceii* 
proposition fut agréée j on nous envoya deux 
hommes , qui furent très-i(Ue Ifis de leur- 



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O V O Y A O B 

fonction , et nous quittèrent au bout d'une 
lieure. 

Le fi-ère du Naïb et le visir vinrent nous 
voir avant déjeuner , et pous demandèrent y 
en termes très-peu délicats, la somme extra- 
vagante de mille dollars , dont la moitié 
pour l'ancrage du vaisseau , et l'autre moitié 
pour la permission de traverser le pays afin 
(l*aller faire potre visite projetée au Raq 
Welléta Sélassti'; et cela, je crois, indépén^ 
damraent de la dépense du voyage de troi^ 
ou quatre journées à travers ce pays. Nous 
rompîmes brusquement la conversation, en 
disant que pous ne traitions jamais d'affaires 
en présence d'une multitude de geps (car la 
chambre étoit pleine de spectateurs) ; et nom 
les priàoies de prendre une heure plus com- 
mode , parce que nous allions déjeuner. \h 
promirent de revenir et nous quittèrent. A 
ORze heures , au lieu de ces deux chefs , 
nous vîmes venir le bapian accompagné dâ 
)'up des secrétaires du Naïb, Ils nous ap- 
piiren't que Hame J Cbamie avoit déjà assuré 
que pous plions disposés à payer ce qui seroît 
légitimement dû, qu'en conséquence le Naïb 
nvoit résolu de réduire sa démanche à trois 
cents dollars po.ur sps 4sÇaris , et que les fraj^ 



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EHABYSSINIE. 7 

da voyage seroient un objet de seconde 
çoqsideratiop ; qu'il e^eroii que bientôt tout 
seroil arrangé à notre saUsfactioa mutuelle y 
ou si cela ne se pouvoit po» , qu'etapt veotu 
pomme amis daqs soq puys , nous le quit-. 
terioqii dans les mêmes sentimens. Comma 
ils ajoutèrent que le Naïb Boubaitoit de nous 
parler lui-même de cette alT^tire , qous refui 
sâmes de répondre ^vapt de faveur tu. Eq 
même tems nous leur fimes f^airement conr 
poitre que nous n'accordeiions point ce qui 
;ious étoit demande' ; et que,. conKne Ifi seule 
condition saus laquelle nous payerions quel- 
que ciiose , ^toit d'obtenir les moyens de 
traverser le territoire du r^ai'b, nous ne ferions, 
qu'un seul traita , où seroient stipules leK 
mules , les âqes , la garde et les provision^ 
pécessaires pour le voyage. Nous «ttendimea. 
, jusqu'à sept heures. Enfin Çurrum Chund 
revint et s'eSbrça de nous engager à difierer- 
notre visite^ alléguant que rien ne ponvoit 
être terraiiiésans être d'accord aveclesAscaris^ 
Knus fimes peu d'attention à ce message, et 
nous envoyâmes H^raed Cbam^e au Pvaïb ». 
pour savoir s'il avpit dessein de nous voir ^ 
comme il nous l'avpit annoncé ; vu que- nou& 
tl'^Q,tren^ons dv)s,aiucun.e negoci^ojn, jusqu'î^ 



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8 V O T A G B 

pe qu« nous eussions obtenu de lui une 
entrevue. 

L'état des afTnires me laissoit assez voir que 
pousne pouvions éviter de paver une somme 
exorbitante pour prix de la permission de 
traverser le paysj nous primes donc le parrt 
de fiser intérieurement la somme de cinq 
cents dollars , comme une limite que nou^ 
pe devions poïm passer. Ce qui nous de'ter-i 
mina à aller jusques-là 4toit le regret de tct 
Tçniti , sans avoir tenté tout ee qui étoit eq 
potre pouvoir pour remplir notre mission. 

Hamed Chamie revint nous dire que la 
, Nûïb étoit prêt à nous recevoir. PJous le 
trouvâmes dans sa maison cadjan , où lord 
Valentia avoit eu sa première audience. Il 
^oit en déshabille j assis à uu bout de la 
ealle , entouré de tous ses principaux cour-c 
tisans dans le même négligé que lui. Une 
petite lampQ étoit suspendue au milieu de 
la chambra, répandant jqç si foibie lumière, 
que pous ne pûmes pas même reoonnoilre le 
^aifly, )usqu'à-çe qu'un de ses gens nous l'eût 
paontré. 

Après les salaams ordinaires, on nous fi( 
fsseoir eu face de lui ; Hamed Chamie sa 
^ppit çt\lrp pqus çt lui pour pous servir d'ip^ 



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XNABYSSINIB. 9 

terprft'e ; André , domestique que j'avoSs 
Joué à Mocba , et qui parloîl arabe , indostan 
«t anglois , étoit à ma droite. Dans cette 
âtuatîon vpioi le <^aloguâ qui s'établit entre 
pous, *.■ 

Salt. Non» sommes arrivas sur votre terr 
litoîre pour la troisiène fois ; et vous nous 
«vez reçus avec les mêmes honneurs , que 
BOUS avons toujours obtenus de votr^ amitié, 
Nous vsus en faisons nos remercimens, , 

Le Naïb. J'ai toujours eu dessein d^ vouq 
bien traiter. Vous venez ici comme des amls} 
vous vous êtes toujours montres tels ; et 
j'espère que nous terminerons tout à l'^- 
miablç , 

Salt. C'est dans cette vue que nous som^ 
mes venus vous rendre visite ; je vais donc 
vous expliquer ce qui nous amène auprès de 
vous. Votre ami, lord Valentia, a reçu des 
lettres du Ras Welléta Sélass^ , qui lui de- 
mande d'envoyer ïiuprès de lui quelques 
personnes « pour nouer des liaisons avee 
i'Ahyssii}ie. C'est nqus que Iqrd Valentia a 
choisis à cet effet, «t nous nous rendont* 
(hez le Kas. 74ous vous demandons en oon- 
sëquence la permissiou de passer par votre 
pays , et tftus Içs secours qui peuvent 



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ÏO V O T A G B 

pous être necess^es pour faire oe voyage. 

Le Naïb. Je ne met^ aucun obstacle à 
yotre passage par mes tarres ; mais il faut qua 
TOUS satisfassiez mes Ascaris. Dono^z-leur 
cin<j cents 4Qllare , et je vous foumicai tout 
ee qui peut vous être ^e'oesHire, ^ur Iç piç4 
que qous réglerons epfuile. 

Salt, Pourquoi demapdwvous cinq cei)t« 
dollars poup vos Ascaris, Vous sîive» très^ 
^ien que Iç vaissej*u qui nous a amenés «'est 
pas ua vaisseau marchand , mais up vaisseau 
de guerre , qui pe paie jamais un seul ko-f 
measm (i) an plus grand Sultap de la terre. 
Dans cettç mer n^^me , ces vaîssçaQx VOPÏ 
à Suez , à Jidda , ei à Mocha , et Jamais 
on pe leur denjande rien. Il doit être bien 
entepdn que pour ce prétepdu droit il pç serj^ 
jamais payé un komea^m, 

L(£ N^ÏB, Je sais que le vaisseau n'est 
pas up vaisseau marchand ; cl quapd vous 
êtes venus ici précédeninient , cela a et^ 
entendu, II pç sçr^ plus fait mePÙDQ de c@t, 
article. 

Salt. Pouf quel objet noua depiande-t-oA 
donc cinq cents dollars? P^ous pe copnoisv 

((} La plya pelite moMPie 4e l'Yômeft. 



ZNABYSSINIÏI, II 

ions pas vos Asoaris çt n'avons rien à démêler 
jiveo eux. Vous êtes certainement le prince 
de ce pays , et c'est ^veç vous seul que nous 
pouvops traiter. Nous sommes prêts ^ vous 
donner, pour obtenir votre secours, au-delà 
de ce qu'on peut être appelé' à payer ailleurs, 
Faîtes - nous saTQir ce que vous demandez 
pour cela, 

IiE Naïb. Quelle espèce de se«ours de-: 
ïnandez-vous? 

loi Hamed Cbamie entra dans le dduil 
du nombre des mulets, ânes, chameaux et 
faoninies dopt nous auiions besoin. 

Mais comme sur ces entrefaites on vint 
avertir que c'étoit l'iieure de la prière , I9 
Naïb et tous ses gens sorlireqt , et se pros- 
ternèrent sur up tfipis place devant la maison ; 
, ensuite le prêtre récita quelques passages du 
CoraU' L'effet moral de ccl office religieux 
pe s^ ipanifesta nullement. Jusqu'ici la plus 
forte somme demandée n'alloit p^s au-delà 
de buit cents dollars (1) ; en ce moment le 

(i)La demande lie mille dollars, faite le i"iiiillet, 
éioitmoillé ppor l'ancrage, moitié pour la permis- 
lion de traverser le p&ys ; aJQsi celle-ci d'entrée a?oi( 
été évflupe àSoc, T. 



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\^ V O Y A O B 

riaïb nous fit savoir qu'il 911 vouloit mille. 
Je répondis qu'une demande de mille eous 
eloït lidioule et que qous ne donnerions point 
cette somme. En même tenis je demunda^ 
PÙ étqit le Naïb et s'il n'alloit pas revenir.' 
3iir quoi Hamed Chamie l'appela à haute 
voix, à mon avis , ^veo trop peu d'égards i 
« Naïb Edri« ! Naïb Edris !» A ce cri le Naïb 
rentra t reprit sa place , et )e lui adressai Ja 
parole en ces termes : 

Vous venez maintenant d^ nous faire une 
deioapdç dç mille dollars : Et pourqutù ? 
Pour nou]S permettre de faire dans vos états 
uq voyage de trois qu quatre journées de 
piarche. Si tous étiez dans noire pays ; vous 
y seiiez reçu avec honneur , sans avtùr rien 
à payer pour une telle permission : et eu 
Arabie même on n'impose jamais une pareille 
contribution. 

Le Naïb, Trois ou quatre journées de 
marche ! Il y en a douze. Et d'ailleurs je me 
propose d'envoyer mes gens pour vous mellrç 
en sûreté en présence du Ras, 

Sat^T- Nqus n'en avons nul bçsqip. Quftpd 
pous serops arrivas à Qîxan , les geiis du Kas 
viendront à notre rencontre. D'ailleurs, à quoi 
Hne garde nous serviroil-elle ? Nous serions. 



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ÈK AfiTSSriflË, l3 

en sûreté , lors même que nous ferions ceti« 
. route à pied : vous n'ignorez pas que Mas' 
sowa et Arkeko sont l'un et l'attire respon-» 
sables de notre retour: En un mot j à vous 
voulez nous fournir tous les moyens de tra-* 
verser commodément voire pays ^ fions con' 
sentons à vous donner cinq cents dollars ^ rien 
ne nous engagera à aller au-nlelà de cette 
somme. S cette offre n'est pas acceptée, il y 
« d'autres endroits par lesquels nous ponvona 
communiquer avec le Ras , et c'est k vous 
qu'il faudra imputer l'interruption de notre 
voyagé. Nous nous attendions à trouver eu 
vous un ami, et vous ne faites qu'élever des 
obstacles sur notre route. Noite sommes venu» 
iei trois fois; ne nou^ somme»- nous plâ 
toujours montres vos amb ? Toutefois Id 
conduite que vous tenez peut, si vous y' 
persistez j vous attirer, de la part des Angtois^ 
un Irartemeirt fort différent de celui qu'^s 
vous ont fait ûprouver^ 
, Cette interpellation parut alarmer notre 
interprète j car pendant qu'il Voccupoit à la 
traduire , il se tournoit de tous côtés , €tl 
.prioit André de déclarer si chaque mot, tel 
qu'il le répétoit en arabe , n'étoit pas exac" 
t«meDt celui que je t'avois chargé d'exprimer' 

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l4 Voyagé! 

A qut>î Âliiiré repondoîl : «c C'est bien cela. 1t 
La Bgure du Naïb faUoit assez Toir qu'il sen- 
loit la force de nos remontrances. Il resta 
quelques instans muet, piiis se tourna vers 
ses gens , et leur parla dans la langue dtl 
pays pendant environ cinq nùnUtesi Son débit 
sembloit {>rdpre à persuader , il y avoit de 
la justesse dans l'action dont il acconlpagnoit 
bon dîscotirs y et en tout il nous parut qu'il 
devoit être lib assez bon orateur. Quand il 
eut cessé de parler , il se tourna vers nous ^ 
et nous dit qu'en considération de l'amitié 
qu'il po^toit à lord Valentia, apt^s avoir con-" 
suite' ses sujets , il e'toit disposé à re'duire sa 
demande à sept cents dollars; que , moyen- 
nant cette somme duement payée , tout 
s'airangâroit à notre satisfaction. Nous l'as-- 
surâmes derechef que nous n'ajouterions ried 
du tout à notre première proportion. Aprèd 
quelques pourparlers entre Curruta Chund f 
Hamed Chamic , et le Naïb ^ celui-ci dit 
qu'il recevroit six cents dollars , et declara- 
nettement que nous ne traverserions pas à 
moins son pays , qu'il falloit faire venir les 
chameaux, les mulets, les ânes, etc . d'endroitj 
assez éloignés ; que ses sujets étoient avides ; 
et qu'il avoit des milliers de bouches à nourrir. 



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teîj ABVSstsifi. iS 

Uainéfl et le baniaQ noud conjurèrent d'ac-* 
Céder à cette proposition; ajoutant, qu'ils 
ainDeroienl mieds payer de leur propre bourse 
les cent écils additionnels ^ tpie d'insister 
davantage sur ce sujet. Mais nous ne fûmes 
point de cet avis , et nous les chargeâmes de 
fëpéier au Naïb , que nous n>vlons a qu'une 
)> patole; » que Dous lui avions offert butant 
et mêiiie plus que lord Yalentia ne noits avoit 
butoiisés à faire ; et que voyant combien il 
étoit p«u probable de terminer en cet ins-= 
tant , nous alliotie prendre congé , espérant 
que le lendemain nos dilres paroîtroiânt nom 
Bèulemeot ^qnîtabJês^ teâis ge'néreuses. A. cela 
le Naïb répliqua : (( Ces propos ne sont pas 
J> cent que tieadroit lord Yalentiâ, ils vien-" 
% nent de vous seul, » Cette insidttatioD , à 
la suite des remontrances un peu vives que 
je venois de lui faire , fut suivie d'une espèce 
d'apologie et finalement de la déclaration du 
Naïb, qu'il se contenteroit de la somme que 
nous lui avions offerte. « Dieu soit loue I » 
s'éorta Hanied Chamie en élevant la voix de 
manière à être entendu de tousceux qui e'toient 
présens , « c'est fini ; cinq Cents dollars sont 
» la somme convenue. » 

Quand notrti affaire publique fut arrangée, 



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i6 V o y A o li 

le capitaine Courtdit, qu'ayant appris qilâ 
le riz etoil , dans les élats du Naïb , d'une 
cherté excessive , il se proposoît de lui en 
envoyer le lendemain m&tin autant qu'il 
pourroit en 'avoir au-delà de la provisioci 
nécessaire pour l'enlretieu de son équipage^ 
Cette offre fut reçu© avec de vives exprCs- 
MOns de reconnoissance par le Naïb et tous 
les gens de sa suite , à l'exception du banian 
seul , qui auroit voulu empêcher Hanied 
Cbaniîe d'enXaîre aucune mention, sans con- 
tredit parce qu'elle ne s'apcordoit pas aveu 
$es iutéréu du moment. . Cette opposition du 
banian déplut au Naïb , qui l'en réprimanda 
fortement. Nous nous levâmes et partîmes^ 
fort coDtens d'avoir terminé cette inquiélantfli 
négociation. 

J'uillei 3. Un messager du Naïb vint lei 
luatin de très-bonne heure pour recevoir lii 
somme promise. Nous répondimes que notre 
usage étoit de payer , en faisant nn marché , 
la moitié Comptant , et l'autre moitié après 
que les conventions étoient remplies ; que' 
toutefois nous ne ferions point difficulté de 
payer au Naïb trois cents écus sur le champ, 
et que nous lui remettrions le solde le jour 
A« 

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Èir ÀB YSSINIEi I7 

iflé notre départ d'Arkcko. Celte réponse ns 
parut pas satisfaire; Lé Naïb déclara quô 
■es soldats ne quitteroierit pas MassoWa avant 
d'avoir leur argent. -^-^ « Mè déliois- je donc d« 
» lui»? disoit-ili — Je demandai au banian^ 
porteur de parole , s'il Consentoit à être caution 
du Naïb. II refusa. «Qu'ai-je à demêJer là- 
j>dedans?» mê dit-^il j «je suisTOtre sérvi-^ 
»teur, et non eelui du Naïbi» - 

Avant d'en venir à Une detérminatioA 
finale sur ce pûint , nous fîmes demander ad 
Naïb , qUahd tOut séroit prêt pOur notre 
voyage. Il fit i-épdndi-e que cb seroit danâ 
quinze jourà j ou même davantage , parce 
qu'il falloit faii-é venir lés mulets dé loin. 
Cette réponse, si éloignée de nos vues^ 
1-endit la discussion toujours plus etnbar^ 
rassée. Enfin , après un jour entier employa 
en pourparlers j nous donnâmes au Natb le 
choix entre deux propositions; lui payer sui^ 
le-champ tt-ois cents ecus et le reste quand 
tout seroit prêt pour notre départ; ou bien ^ 
ce qui nous seroit beaucoup plus agréable^ 
lui payer sur-le-champ lés cinq cents dollars; 
sous coudilion de icce\oîr sa quittance par 
éciit, et son cngt^^cnient de teliirplê tes dans 
le terme de dix l ouis les, choses nécessaires 

Tom. I. 

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\$ V O * A R B 

& notre voyage ; sons peine , en tas de cléM 
alte'neur , d'être envisagé comme ayant man- 
cpié h stt part)l6 y et de demeurer exposé à 
nos pDm*smtes et à tous les moyens qu'il 
savoit bien que nous avions en maib pour 
ïe contraindre à exécuter les tiauses de notre 
contrat AtCc lui. 

A la fin le Naib accepta cette dernière 
proposition , après quelques vaines tenta- 
<liv€s pour échapper à l'obligation de domiei' 
vu engagement par écrit. 

Juillet .ï.li'ai^nt Fut payé dans la manh'ée. 
^'engagement par éctit fut niinuté en arabe 
par llamed Chamîe, signé et sciellé par Je 
Kaïb ; et sur sa demiuide , j'y apposai xasà 
)na signature. 

/uiltel 4. 11 sViéva quelques difficultés au 
sujet des balles de riz que le capitaine Court 
avoit offertes en présent au Naïb; ses gens 
ne parurent pas trouver qu'il y en eût assezj 
en conséquence ils hésitoient de les accepter ; 
tant ils sont insatiables, et tant ils sont étran- 
gers à tout sentiment de délicatesse en ex- 
primant lews désirs. Le capitaine Court leur 



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iîK ABTSSINIE. ig 

repeia c|lie le nz qu'il venoit de débarquer 
e'toit tout ce qu'il pouTOit retrancher de sa 
-provision; mais que si le Naïb, en accélérant 
le de'part de l'expe'dition en Âbyssînie, abre'* 
geoit par là même le séjour de sod Taisseau 
dabs Ce port, il e'toit disposé à doubler son 
.présent de ne. On aura peine a croire y que, 
dans le temps même oii l'on refusoit cette 
ofTre généreuse , le peujJe mouroit presque 
de faim faute de grains. 

Les pluies annuelles avoient en partie man- 
qué ; il arrivoit de là qu^ n'y avoit pas dans 
toute nie une seule goutte d*eaa bonne À 
-boire; celle qu^ou tiroit d'Ârkelio devenoit 
chaque jour plus saumâtre. 

Les petits garçons et les jeunes filles ramas- 
sent la racine d'une espèce de plante marine , 
et la mangent; c'est une grande partie de 
leur nourriture : le goût n'en est pas de'sa^ 
gréable. 

Vers les six heures du soir, les capitaine» 
Court et Rudland éprouvèrent un désagrément 
imprévu. Comme ils étoient à se promener 
dans la ville, un personnage insolent, nou* 
vellement venu de Jidda , mû par un senti- 
ment de fanatisme reli^eus , ou par tout 



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:S0 V V A G E 

autre n'iotîf , se mît à lés insulter de là rhà- 
dière la plus violente j au moment où îl^ 
passoient devant l'enceinte muré^ qui entôù- 
rott sa maison. Saisissant en même temps 
une grosse jHerre , il se disposoit à In lancer 
sur eux^ lorsque quelques-uns des haltitans, 
qui se tibuvoienl près de lui, l'arrêtèrent eo 
le prenant par le bras et l'émpédhèrent d'exé- 
cuter son dessein. Ils lui crioîent que le Na'i'b 
éloit là. Il y éloit en effet ; car comme cet 
incident etoit arrivé tout près de la maison 
où ilfaisoitsa résidence, il entendit dubruh 
et sortit sur-te-champ: Il prit aussitôt nos 
deux ntuis par la main d'une manière très- 
obligeanie et les fit entrer chez lui. Ils firent 
tout de suite demander noire tolérprcte ; et 
l'un des fils du Naïb vint en grande hâte 
m'appeler. En arrivant je trouvai le capiiame 
Court occupé à exposer au Naïb , dans les 
termes les plus forts , ce qui venoit de se 
passer, et à requérir que l'on fit venir le 
coupable. 

Le Naïb disoit : « ce qui est passe est passé ; » 
il espéroit , ajoutoîl-il , qu'on laisseroit tom- 
ber celle affaire ; il prétendoit eoGn qu'il ne 
fOUToil répondre de notre sûreté , qu'autunt 



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E N ABYSSIHIE. 91 

que nous nous feiîons accompagner pap 
quelcjues-uns de ses gens. 

Apiès l'avoir assure qu'une seconde offense 
serott pnnie comme ]e mëritolt un tel attentat « 
le c^pilaipe Court dit an Naïb, que, par égard 
pour lui , il çopseptpit à pardonnçr celte 
insulte , s'assuraut que tant d'indulgence de 
$a piii't ne provoquerQit pps de nouveaux 
Qutrages, 

Fondant que nous ^ions chez le Naïb, 
Unus Etrilla (i) ayant appris qu'il y avoîi eu 
d'i bruit et que nous y élioBS i|itéiesse$ , 
tirma ses gpns, 3" nombre de.ûn'.e, et les 
rangea ep face de la maison du Nfiïb, les 
leqant surleurs gard^ et prêts à. agir, jusqu'aT 
ce que l'affaire eût été entièrçment finie. 
Cette preuve d'attadiement à nos inle'rèts, 
\aOit de sa part que de celle de ses Samai^- 
lies, fait gr^m^ bonfle^r à leur Çdélité. 

J^uWet 5,. Hamed Chamie nous e^ venu 
Toir au moraçnt de notre déjeuner, et nous 
a appprtû l'agre'able nouvelle de l'eiiiyol d'un^ 



(i) Ârahç, commandaiH Iç dçw, qui, Oi 
gno^t la Paniiicre. Tr^ 



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SB V O Y A O ï 

lettre qne j*avois fîiit passer à Arkeko , pour 
être de là expédiée au Ras , daps laquelle je 
priois ce dernier de faire ensorte qu'à notre 
arrivée à Dîxan , une escorte vtut de su part 
à notre rencontre. Pour faire parvenir cette 
lettre à. sa destination , Currnm Chund avoit 
exigé une somme de trente dollars. Quelque 
exorbitante qu'elle fut pour le port d'une 
simple lettre à une si petite distance, je onu 
devoir faire ce sacrifice pour im objet aussi 
imponant ; car il falloit que le R.as fût informé 
de notre négociation avec le Naïb , d'autant 
plus que diverses circonstances me faisoient 
douter que la lettre , par laquelle lord Valentia 
avoit annoncé au Ras notre visite , lui eût 
été* réellement expédiée. - 

Juillet *». Le temps, depuis notre arrivée 
À Massowa , a été excessivement chaud ; le 
thermomètre s'est soutenu pendant le jour 
entre 96** ei 99" F. (s8iet3oR.) M^isde 
fréquentes brises du sud ont adouci l'impres- 
non jde cette chaleur, D'ailleurs, il pe s'est 
rien offert à nous de remarquable. Nous nous 
sommes occupés , en attendant notre départ , 
à réduire nôtre bagage autant quç nous avons 
pule faire. Du reste, les aSaires avancent de 



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EN ABTSSIHIE, s3 

maqière quQ ooDs espëroQS nous mettre en 
marche là i3 ou le i4 de ce moU. 

Juillet 7. Ub homme de la sîiite du Naïbi 
est vequ à pous.daas raprès-midj , avec un 
e'trauger arrivé de Pow^rba. Sa manière de. 
saluer n'est pas la même que celle de Mas- 
sowa- Il babe ]q dos de sa main, puis lait 
une légère inclinalion de la tête. Nous lui 
avons oflert du café , qu'il a refusé. 11 se dit 
chrétien, et assure «qu'il ne fait qu'un aveo 
» nous. » INous commencions à hii faire quel' 
ques questions sur les nouvelles du paya, 
élevé , quand le Naïb l'a fait appeler eut 
■grande hâlQ. 

Abou Yussnf est v«ih nous voir le soir. 
Il m'a dit qu'il avoit écrit une seconde lettre, 
par ordre du Naïb , pour accélérer l'arrivée- 
des mulets ; il avoit aussi fait demander deux 
hommes , de la tribu des Schinos, pour nous 
a.ccorhpagner. Ces peuples sont fort sauvages ,. 
et habitent les montagnes par lesqudles noua, 
devons passer. 11 m'a parlé e» particulier dea 
mon.tagoes deOidam , Taraata, et Ââsooha^ 
comme étant fréquentées p»r celte tribu^ Il 
nous a recommande de ne pas laisser partip- 
9,otre vai^cuu , avant que notre arrivée * 



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(4 V O Y A G B 

pixan lui aît été notifiée; et de permettre 
à Hamed , fils <Ju Wqïb , dç pous accompq-. 
gner à Arltpko , parce qu'on ne peut se fier 
aux babiiaas de oeue ville là ; que le Naïb 
même ne peut compter gur eux; mais que si 
son fils étoit avec nous, ils q'osprpioiit pa^ 
noils molester. Je lui dis que je peosois 
fomme lui ; que je suivroîs ses avis ; et que 
Je capitaine Coutf avait déjà resoju ^'attendrçi 
ici nos lettres (lattes de Pixan, 

Jfiillet 8. Le cfiiéliçn de Dowarha est 
revenu ce soir atiprcs de npus, accqmpagîià 
d'im des geq» flu N:tïJ). C'est, à «c qu'il 
paroît , un. l(omuie borne et sa.psi éducation , 
de qui nous ne pouvons espérer aucune infor- 
mation utile- Il est ^^ez pj'obable qu'on 1 ^ 
çhoi^ k dessein dp ço wiraetère piirmi les 
quatre, qui sont vonus ici; car nous voyons 
çlairetpeut que les gens du Nai(b évitent d* 

pou^ faire çonuoife l'pbjet de Içur niissipni 
^ force d« 'questions , nous ijvops çepemUtnl 
app^'js que eps hommes ^voient e'tp cbftrgés 

d'apporter 1^ réppqsft de VVpl'çta Splimaun, 

gouverneup d? Dowafbaft), p une demanda, 
(i) Lf baniaq et Ameil Tussiifqous apprirent que 



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F I{ A 4 T-S s I V I S: î5 

du Naïb ppur qu^lcfuçs coqtributîons arrié- 
rées. Cette réponse pQrtoit que le gouvei- 
lieuretpit unami^ViNaï^j qu'ijempéclieroit;! 
jutant qu'il Iç pourrolt, les trfhus voisînesi 
de faire des ipcursions sur l^s ferres de son 
allie' , et qu'il voulpit mainiepir leur (nutuellct 
Ipiiti^ ^ du reste , U ne dîsoit pas up mpt d^ 
l'argent deniiindé, L^ çhrëtiep d'Abyssipif^ 
piit son café le soir, et le reçut de nous ; ce 
qi4J parut çtre poyr les niahQiQetaus un sujet 
d'ét9nneniept. Qn^^nd ^t nqu^ quitta, je lu^ 
i^s présent d'u)ie pièce de toile de ^urate , 
qui parut lui faire grand plaisir, 

Juillet Q. ]Vous i^us sommes vus forcés, 
(l'occuper Iç Sfifib ce niatii; de trés-boi;)nQ 
heure d'un e've'nementfort trlsle, armé liier 
^pir ; c'est |a [port d« Wfiodward , J'un des 
ipousses 4®-.I* Panthère. ÏI 4\;o,ît négligé de 
ppser ses lialiiits mouillps , après avf^ir été 
daçis l'çau le a dp ce mois aif soir ; le lende-? 
piain il eut-iç i^t^nos et d'autres symptôme^ 

T . . '.,!.'.■ [ .". ■■ :: — ■.•.■■,.-..:' -r-. 

Ia ipUfiqn J'^i^q ^a ^*ïk reçoit <)^ Itan A.}']q, chef 
(le Séra-wé, liait journées au delà de Dowarl^. Lt; 
Itas Aylo dépend, à ce «(ue l'on ppua dit, dn Ras 
pelleta $cla»ï«. 



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tfi T O T A O E 

alannam, qui résisterait a l'opium et aux 
autres remèdes qu'on put lui {(droimstrer. 
D'anrès le desir du capitaine Court , sa mort 
fut notifiée au Naïb , avec la demande d'un 
lieu paur sa sépulture ; ce qui pous fut aussi- 
tôt gracieusemenl acoordé. Un autre mousse 
«ut les mêmes symptômes * mais son mal 
céda à Tc^ium pris en grandes doses. 

Juillet fo. Le Nalb est parti de Massofr» 
|)Our se rendre à Arkélto , où il doit passer 
quelques )Qurs. Avant son départ , i) aaus a 
présente un officier des Ascaris , avec qui 
nous pourrons communiquer, si cela est né- 
cessaire. Il a promis d'expédier un messager 
à l'arrivéedes n^ulets venant de Hanoazin, 

Juillet tt. Â deux heures, après-midi , ui^ 
vaisseau appartenant à rémîr Mohammed en- 
tra dans le port de Massovra , valant dé 
Sualcem. Il avoit à bord trois chevaux arabes^ 
présent destiné , nous dit-on , à llmaum db 
8ana , ou au Dola de Mooha. L'èmii' Moham-. 
med lui-même" était attendu dans u» ou deux 

jours. 

Juillet t». Le Na!b re\iut d'Arkéko daw 



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Z N ABTSSIKIE. 97 

}a matioe'e , pour régler les droits du k^&Ia (l ) 
et des doirs (ou petits bâtimens marchands] 
arrivés recemmeat. Je lui fis up message pour 
lui rappeler que le temps approchoît où les 
mulets dévoient se trouver prêts ; ajoutant 
que , par une suite de ma confiaace en sa 
parole , j'avois évite deTimportuner à ce sujet, 
et que i'espérois que le lendemain les pre'pa- 
ratifs seroient achevés. H n>e fit répondre 
qu'il avoit déjà fifitcheroher les mulets deux 
fois ; qu^s étoient près d'arriver , et qu'avec 
l'aide de Dieu , dans trois ou qu!(lre jours 
nous serions satisfaits. Cette réponse évasive, 
qui étoit une violation manifeste de son en^ 
gagement donné par écrit, excita beaucoup 
de delpats entre nous par l'organe de nos 
messagers, chargés d'un côté de nos plaintes, 
de l'autre des excuses du Nalb. Il est inutile 
d'entrer ici dans le détail de cette discussion. 
Le résultat fui que le Na!b me fit promettre 
une entrevue pour Je lendemain , 

Juilleti3. A midi, hflwefixée pour cette 
visite, on nous fit savoir que le Naïb dormoit, 
£n conséquence ,. l'entrevue fut remise au 

(1} Delà caravane. 



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«5 V O V A G B 

»qir du même jour. Â si^ heures nous naus. 
rendîmes g^i^Ië Na'â) ; Jtoas le trouvâmes % 
|a mD^<Jl1ét^ , d'où poiis allâmes ^veç lui et 
deux ou trois des gens de sa suite à 1^ musofi, 
ç-idipR. J'ouvris la confcreuçe en disapt, qu'é-r. 
(ant sur Iç point d'expédier une Içitre à \qri\ 
Yaieniiji , ii devenpit nécessaire de luiespç- 
séries raisons de nqtre long séiqur àMasSQwa^ 
^près que le joi^r ooDvequ de notre dçpar^ 
piïur ï'A^jyssinip ëioit expirp, te Naïb repop-, 
dit qu'il lui seroit fort ^gre^ible. de nous faire 
partir ç|ès le lendemain ; iifais que les muletq 
et les ânes n'e'toieut pas arnves ^ussilô,t qu'i( 
l'avoil espçrç ; qu'il CQn^ptoit itcanmoins le^ 
voir ^rrjyer dans,tio,is ou, quatre jours; aprè^ 
qupi, y n'y aurpitplus de délai. Je répliqua^ 
que je savons fort bien que les inulets auroienf 
pu être rendus ti Arkéto, , des parties les 
plus éloignées dç son territoire , au tçrme 
fixé ; que ce délai m'éiçtnnoil, et me fàclioit; 
que cbaquç jour e'tpit pour oo.us un pbjét im- 
portant , Ç.L que la violation de l'engagçmenit 
écrit et bieu i élleciti , que le Naïb avoît liigué , 
me mettoh dans un cas fo/t désagréable, surr 
tout parce que j'ijvois; appris, pair queJ^queg 
info.raiatipns. parliçulicres , <jue les mulelç, 
au moment inêjne où nous parlloas, eioiçnt 



C,ql,lt!dt,G00glf 



EN ABVSStNt:^: B^ 

B Arkéko. A ces reitiontran^ës il répondit 
connue anpartrvaht , qu'il n'étôît pas moins 
désireux de hâter nbtre départ c[ue ùbiié né 
pouvions l'être nous-^méniés } et qu'il n'y avôit 
aucun fondement au rapport qu'on nous avoit 
fait! 

De iiiori doté, j'ès^osai de nouveau Km- 
^ossibilite où nous étions de supporter dek 
délais j qiii se TnUlUplioiënt d'uii jaiir à l'autre , 
sans nous laisser voir aucun terme ; je dis q-.ic 
!e vaisseau dans lequel j'e'tois Vfenn iie pou- 
Voit plus attendre , et iju'e'tant fésolu d'iillbi- 
bn avdnt, je me de'termiiiois ënSn , si tout 
o'ëtdit pas prêt dans trois jbUrS j à partir à 
J>ied(i), avec lé ndnrtbré d'ânes et de cba- 
méaui [fbur notre bagage , qui nous seroit 
accordé i mais que si nous êtiohs coiilrainlS 
de cOmmebcet aiUsi notre voyagé , de'pourvuS 
des sécouts qui nous avolent ^ic prbniis, je 
Se l'envisagêrois piils lui-même comme ayant 
rempli à notre égard les devoirs dé Tamitié; 
Le Naïb dit qucj si telle étoit faotrc de'tér- 
minatioD , il nous donuerait éértalnémént 
tous ses ânes et ses cbafne&us , et jusqu'à!) 
tntdet qui lui servoît dfe mOnlure; que de 
plus , il nous nlettroit sur la route où nous 



(i) D'Arkéko. Tr. 



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5o ¥ O T A G E. 

reocontrenoiis les autres mulets qu'il svcnt 
fait demander. Ici notls mîmes fin à la Con* 
férence , en rëpe'tant que c'e'ioit Dotre fermO 
.résolution de stiivre le plan que je venois 
d'exposer. 

. Juillet l4. J'allai le matin à bord de la 
Panthère pour faire les préparatifs de notre 
départ. Le jour ëtoit eitrémement chaud. 
Le thermomètre se tenoit à 96' F. (aS^R.) 
quelques minutes après le lever du soleil y à 
l'ombre d'une maison dont les murs etoient 
en pierres. Dans le cours de la journée y troi« 
des chrétiens qui etoient venus avec le kafila , 
se rendirent auprès de uous. Ils paroissoient 
charme's que nous allassions visiter leur 'pays, 
etrëpoodireotavecempressementàtoutesnos 
questions , au grand dépit d'Abou Yussuf , 
qui étoit fâché de cette visite , et leur parloit 
avec beaucoup de rudesse. Ils nous dirent que 
la route étoit boune , que Ton pouvoît eu 
tout temps passer le Tacassa sur des radeaux 
destinés à cet usage. Chacun de ces hommes 
portoit un filet bleu autour du cou , symbole 
de christianisme dont Bruce fait mention, lia 
etoient grands et robustes; leurs cheveux 
éloieui courts et presque laineux. 



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•BU AfiYSSlNIE. 3l 

SuiîUt 1 5. Tout le matin nous fûmes occu- 
pes à emballer et mettre en sûreté notre ba- 
gage. Le soir nous eûmes la visitede quelques 
musulmans de Gondar. L'un d'eux parloit 
Brabe et paroissoit un homme fort iny.ruit. 
Nous apprîmes de lui, entr'autres patticula- 
Hte's, que le Ras actuel d'Abyssinie est le 
fils de Kefla Yasous ; qu'Axum est à une 
journée de raarclie d'Adowaj et qu'on y voit 
plusieurs ruines cmieuses , dont quelque»- 
Unes sont fort bien conservées. Le lac Dem- 
béa y nous dit-il ^ est à peu près à la même 
distance de Gondar qu'Arkéko de Massowe. 
Le Nil sort communément d'une seule source; 
mais lorsqu'il pleut beaucoup , plusieurs 
sources jaillissent à la fois. II n'y a que cinq 
joume'esde Gtondar à ces sources; l'accès en 
est très-facile , parce que tout le pays «u 
aomnis à la dominaùon du Roi. 

JuilletiQ. Nous allâmes, danslamatîne'e, 
il bord de la Panthère ; et nous descendîmes 
sur le rivage les armes à feu , les mum- 
tionSf etc. dont le capitaine Court cru pou- 
voir se passer. En quittant le vaisseau nous 
reçûmes de l'e'quîpage toutes sortes de témoi- 
gnages d'amitié. J'env<^ai HamedCbamie au 



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53 V Y A tî É 

Naïb , f»our l'informer que le jour fixé potli^ 
notre départ étant venli , nOuS étions prêts â 
nous mettre en route; tjué noit^ désirions 
savoir si les mulets étbifint à Arkéko ; q<j« 
s'ils n'y étoient pas i le v:iîsseatl s'y reddroit 
demain, et que nous irions ù Disan avec les 
Ânes et les cliatneaiix seulement, ainsi qu'il 
avoitélé résolui Acela il l'épondlt, qu'il n'é- 
.toit pas besoin que le vaisseati nous y trans-*' 
portât, qu'il nous y conditiroit lui-même daiiS 
le jour , et qu'il nous prioit de tenir tciut prêt 
pour notre départi II ajouta qii'il seroit né-" 
cessaire d'aVoir dés vivres pour nos gardes, 
et que si avec cela nous donnions à chacuii 
d'eux cinq dollars ^ il pensoit qu'ils se ûen^ 
droicntpour satisfaits^ 

Je lui fis répondre , qu^ poùvoit être biea 
assuré, qnè je ne donnerois pas à ses Ascaris 
un seul dollar au-delà de ce que j'avois dé-^ 
bourse , et que je ne pourvoiiois point k 
leur eiitrëtièd. 

Le capitaiile Codrt dit eii hièiné temps afi 
Naîb , qu'il ri'avoit qu'un mot à ajouter , c'est 
que si nous h'édotis pas rendus à Arkéko lè 
jour qiù suivrait celui où il nous auroH pris 
sous sa conduite, il s'y rendroil avecj soh 
Taîsseaa.' Alors le Naïb clianyéa son plan 
d'attaque 

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E Tï A BY S S I K I E. 55 

d^attaque : il dit que In i-oute étoit extrême- 
ment mauvaise; que les simouns f vents brû- 
lans) y exerçoient toute leur furie ; et que par 
ces causes il y përissoit chaque jour nombre 
de personnes ; qu'en conséquence , il se ver- 
roit oblige de détenir l'Emir Hanied, comme 
un témoin à produire à lord Yalentla , en cas 
d'accident ; que les mulets seroient prêts dan* 
trois ou quatre jours; et qu'enfin s'ils ne l'e'- 
toient pas , il rassembleroit ses Ascaris et 
nous serviroit lui-même de guide. Nous repli-' 
quâmes, qu'il connoissoit mal notre caractère, 
et que nous n'avions rien de plué à lui dire-. 
Le soir nous lui limes encore demaodef 
quand il comptoit être prêt. Après bien des 
difficultés nous lui extorquâmes une réponse ^ 
et il s'engagea à partir avec nous le lende-* 
main matin > 

Juillet 17. Le matm de ce jour j'envoyai 
savoir l'heure à laquelle le Naïb se propOsoit 
de nous accompagner à Ârkélo, Après trois 
heures d'attente , Hamed Chdmie , l'Emir 
Hamed et Currum Chund, Vinrent nous ap^ 
porter sa réponse . Il nous faisoît dire qu'étant 
occupé à la douane, il ne pouvoît fixer au- 
cune heure. Il ajoutoit que si nous voulions 
Tom. I. 3 

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34 V o "r A G fi 

partir sans attendre les mulets , noUs aUnons 
à payer en sus poUr tous les aoes et chameaux 
qu'il pourroît nous fourair , attendu qu'ils 
appartenoient à d'autres personnes d'Ârkéko. 
Provoqué par ses extorsions , je lui fis savoir 
qu'étant actuellement informé de le déter^ 
mination du capitaine Court et de la mienne , 
il pouvoit faire ce qui lui sembleroit bon ; qu4 
lui et les siens avoient éprouvé les bons effets 
de l'amitié des Anglais ; et que s'ils étoient 
»ages, ils éviteroient de s'attirer leur înimiiiët 
Ou revint presqu'immédiatement nous dire 
en réponse , de la port du Naïb , qu'il seroit 
prêt à nous accompagner le lendemain à la 
pointe du jour. En conséquence, le capi" 
taine CoUrt , sur ma demande , consentît à 
différer de mettre à la voile. Le soir le capi* 
laine Court revint à bord ; la barque du ba-> 
nian fut chargée de notre bagage^ el la garda 
fut mise en station poiu* y veiller pendant la 
Huit. 

Juitlel ï8. Au point du jour, la barqu* 
du Naïb passa devant nous , faisant voile pour 
Arkeko. Nous mimes aussitôt dans notre pro- 
pre chaloupe le peu de paquets qui nous rcs' 
toîent j et comme alors elle se trouva si pleine 



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'^H AliYSSlNIE. 55 

que nom ne pouvions pas nons y placer com- 
modément , nous envoyâmes par cette occa- 
BÎon Pearce et denx dipayes, et nous atten- 
dîmes que le capitaine Court vint à terre. 
Nous retournâmes au vaisseau avec lui , nous 
y déjeunâmes , et nous partîmes immédiate- 
Âient après dans le dow (ou petit bâtiment 
marchand) d'Uuus, accompagnés d'un naig 
et de sept clpayes , sous la conduite du lieu- 
tenant Crawford, que le Capitaine Court avoit 
eu la complaisance d'envoyer avec nous pour 
protéger notre bagage et nos personnes. Tout 
Ce qvié nous connoissions du caractère des 
liabilans d'Arkelto nous faisoil juger que celte 
pre'caution n'étoit point superflue. 

La brise de mer se leva et nous porta fort 
agréablement à l'en(iftoit où 1 on aborde à Ar- 
kéko. Nous vîmes en faïsaut route un banc 
de sable quin'avoit point encore été reconnu; 
Ras Gidam et Yalentia (i) étant sur une même 
ligne, Cheik Seïd et Massowa à l'ouvert. II 
y a autant d'eau quHl en faut pour les vais- 
seaux de toutes grandeurs , jusqu'à un quart 
de mille du rivage. 

(i) Tous ces noms désignent dot terres de la mer 
rouge. 2V. 



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56 V O T Jà G B. 

Il «toit ODze heures quand nous abor- 
dâmes. L'excessive chaleur du soleil, re'fléchie 
par le sable brûlant sur lequel nous mar- 
chions pour nous rendre au logement qm 
BOUS e'toit destiné , rendit cette marche d'un 
demi-mille plus pénible qu'aucune que j'ai» 
jamais ffùte. Nous étions épuisés en arrivant J 
mais nous fûmes bientôt rafraichis « grâce à 
l'attention du Naïb , qui etoit venu nous y 
recevoir. Nos gens furent occupes jusqu'à 
deux heures à transporter notre bagage , ce 
qui se fit sans aucune perte ni accident. 

Aussitôt que la chaloupe fut prête à s'en 
l-etpurner , j'envoyai HamedCbamic deman- 
der au Naïb, quand nous partirions d'Arkéko, 
a6n d'être en état de donner là-dessus une 
ioformaiion pre'cise au*capitaine Gouit. Il 
repondit qu'on ne pouvoit rien faire le len- . 
demain , parce que c'étoit le jour du sabaih ; 
que le jour suivant sKi'oit employé à arranger 
le bagage j et que le lendemain de ce jour-là 
nous pourrions nous mettre en route. Les 
remontrances que je lui as sur cet inutile 
délai, l'engagèrent à fixer notre deparl au 
lendemain dusabalh. Nous nous procurâmes, 
pour nos besoins du jour , de Teau et un 
mouton. L'eau étoit bonne au goût , mai» 



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EN ABYaSINZE. 37 

d\ine couleur blanchâtre, et déposMt beau- 
coup de sedimeut. Le soir nou» reçûmes du 
Naïb deux moutou», et nous donnâmes ua 
doUar au domestique qui nous les amena. 

Plusieurs d'entre nous ayant envie de se 
promener au ooueher du soleil , je demandai 
au Naîb quelques-uns de ses gens pour le» 
accompagner. 11 fit répondre que les femmes 
et les enfans en seroient effrayes , et que les 
jeunes garçons noua seroient fort incommo^ 
des. 11 nous pnoit en conséquenoe de vou- 
loir bien ne pas sortir de l'enceinte de nos 
murailles. 

Comme nous nous disposions à dormir , le 
Naïb plaça un Ascari en faction à la porte de 
notre maison j et nous pria de ne point sorlir 
la nuit pour quelque raison que ce fût , parce 
qu'il y avoit an-dehors des bêtes sauvages et 
des hommes mal-intentionnes , qui nous mo- 
lesteroient. Nous nous livrâmes au sommeil- 
dans notre enceinte en plein air , avec la seule 
précaution d'avoir sous la main nos armes à 
feu. Pearce et un des «payes s'étoienl endor- 
mis en-dehors de- la porte , ayant la télé sup 
Je seuil. A onze heures ils fiu-enl éveillés par 
le Naïb lui - même , qui exigea qu'ils ren- 
trassent et qu'ils fermassent la porte *u vçr- 



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^y V T A O E 

rou. En preuve que celle précaution n'e'ioît 
pas inutile , il est bon de remarquer que le 
factionnaire du Naïh , qui étoit place à la 
porte y fil porter dans l'intérieur de l'enoeint? 
%en bonnât et ses souliers, de peur qu'on 
ne les lui volât pendant la nuit. Nous enten- 
dîmes les cris des hièoes et autres bêtes 
sauvages, qui hurloient à l'entour. Le bruit 
qu^ellesfaisoient montrait assez qu'elles étoient 
très-nombreuses. La nuit toutefois se passa 
sans qu0 nous éprouvassions aucune moles^ 
tation. 

Juillet iQ. Le Nuïb vint de bon matin 
avec quelques-uns dé ses gens pour visiter 
notre bagage ; daqs l'après-midi les paquets 
ou ballots furent emportés par les conduc- 
teurs des cbameaux , et on en fit le compte. 
Il y avoit , à ce qu^ nous parut , beaucoup 
de dispute enir'eux, relativement au nombre 
des bètes de charge qui nous étoient néces-^ 
sairçs. On éleva des difficultés au sujet delà 
tente; et je fus euBn obligé de laisser< le 
pavillop eo arrière. À niidi le thermomètre 
étoit à lloF. {54 I R.), 
. Nous fûmes , comme à l'ordinaire , impor» 
tunés de messages relatifs à J'eniiciien des 
Ascaris et des conducteurs de ciiameaux. Je 

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EN AB'V'SSIMIKt S9 

leur dis c|ue nos provisions pour nous-mémea 
étoient fort petites , et que je ne me chai^ 
gerois nullement de les nourrir. Quand nous 
nous reùrâmes pour dormir , le même bruit 
recommença autour de noire maison , dont 
la porte etoit bien ferme'e au verrou. Cepen- 
dant comme la nuit étoit excessivement 
chaude , et que , par l'arrivée du capitains 
Court et de son e'quipage, nous nous irou-* 
viooB au nombre de trente-six dans un espace 
de quarante pieds en carre , nous résolûmes 
de protester contre notre clôture ; et enfin 
nous obtinmes du Nuïb qu'il nous cédât sur 
ce point. Mais comme tout ce qui s'etoit passé' 
dans notre conférence avec lui pVtoit pas 
trè s-" agréable , nous crûmes prudent dlètrè 
toute la nuit sur nos gardesi 

Juillet 20, Lea métoes circonstances nous 
firent passer une mauvaise nuit. Nous ne pou- 
vions ni dormir oi même nous reposer , tant 
nous étions étroitement resserrés, et lanl 
l'air étoit suffocant, • 

Au point du jour quelques chameaui arri- 
vèrent ; et le JNaïb vint pour régler délini- 
liveméqt nos affaires. Il répéta encore sa 
(JçmaBcle d© vivres pour les yensquidevoianit 



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4o T O Y A G H 

nous accompagner ; nous lui repétâmes notre 
Feponse. Nous ajoutâmes loulefois , que vou- 
lant contenter les conducteurs de chameaux « 
vous donnerions à chacun d'eux quelque 
petite somme , pour leur aider à se fournir 
de vivres jusqu'à Dixan. 

\ huit heures tous les chameaux étoient 
chargés ; ils se mirent en marche sous la 
garde de Pearce et de Mr. Carier. Ce der- 
nier s'offrit volontairement pour ce service: 
Pour moi , je ne crus pas prudent de braver 
le soleil de midi, dés le commeno«ment d'un 
voyage qui ne pouvoll manquer d'être ac- 
compagné de beaucoup de fatigue. II y avoit 
d'ailleurs quelques autres aRaîres à arranger. 
En oonse'quençc le capitaine Rildiand et le 
reste de notre troupe cestèrent avec moi à 
Arke'ko. 

Le capitaine Court , esoéde de son séjour 
en ce lieu et des vexations du Naïb , s'eii 
retourna de bon matin à son vaisseau , lais- 
sant toutefois avec nous le lieutenant Craw- 
ford et la garde. Noos éprouvâmes un vif 
regret en voyant partir cet ami précieux , 
dont le secours empressé , dans tout ce qui 
pouvoit assurer le sucoès de notre mission ^ 
doit lui assurer de notre part la plus vive 



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SN ABTaSIMIE. «1 

nooimoissaDce : des choses qui lui apparte- 
noient en propre, il n*y a rien qu'il ne nous 
eut donne' au besoin ; et il profita de tous 
les moyens que sa place lui fournissoit, potu* 
nous procurer ce que nous ne pouvions point 
tirer de Mocha ni de la mer rouge. En gê- 
nerai tous nos amis à bord de la Panthère 
nous montrèrent la plus constante bienveil- 
lance et nous aidèrent autant que cela 3e'peQ- 
dit d'eux. 



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T Y A » B 



CHAPITRE XI, 

J)épart d'^Arkého pour Dixan.-^Nombf^ 
des voyageurs et désignation indivi- 
duetle dp chacun d*e^x._ — Illerbehey-, 
■—' Shiltihi. -^ Wèa. •— ^ Campement de» 
ffazortas. ' Rencontre deamuleis.envoyéi 
de Dixan. — ffamhamou. — Sadoun. 
^LeTibo.-r-IUila. — Pieddu Taranta. 
- — Passage de cette montagne. — Arrivée 
à Dixan^ — Séjour dans cette ville^ 

*f uiLLBT 30 , l8o5. En quittant Arkéla^ 
noire troupe étoit composée ,de dix person-> 
nés: moi j Je capitaine Rudiand; Mr.Carter; 
Hamed Chamie, interprète que nous avionii 
pris à Mocha et qui e'toit né à la Mecque ; 
André , autre interprête , aussi do Mocha , 
qui parlott bien angloîs ; Pearce , domestique 
anglais, qui parloit un peu l'arabe; deux ser- 
viteurs arabes , SeJd et Agceb; un jeune 
garçon do Masscwa , qui parloit le langage 
du pays et l'arabe j et uii vieillard quiportoit 



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ENABTSSINIE, 4S 

votre pedomètre (i). Nous éiions ans» ao 
eompagne's d'un vieux Chedk musulman et 
de son {eune fils. Ils faisoient un voyage de 
commerce. Ils ne nous quittèrent point, et 
nous furent fort utiles. Notre garde consis- 
toit eq viqgt-cinq Ascaris du Naïb. Noue 
avions en outre un guide de la tribu Sbiho , 
et environ dis conducteurs de chameaux j 
qui étoient des naturels du pays, 
' Le bagage et son escorte avoient quitté Atv 
kéko ; et ie reste de la troupe se préparoil à 
le suivre , lorsque je m'aperçus qu'on n'avoit 
point prépare' de montures pour porter ceux 
qui la oomposoient , à l'exceptiond'un miilet 
qui m'etoit destiné. Il n'etoit plus temps d'en- 
tamer avec le Naïb une longue discussion 
à ce sujet. Je pris donc le parti de louer un 
âne pour le capitaine Rudiand, quatre oha-^ 
roeaux pour nos domestiques , et quatre au- 
tres pour porter les piquetS' des tentes ; ce 
qui me coûta huit dollars. A quatre heures 
Bprès-mldi, il nj 'arriva un seul obameau avec 
beaucoup d'excuses d'avoir retarde' notre de'- 



(i) On Kiîlquecel iostrument, le même que To-. 
domèlre , sert a mesurer le cbemia cjue Voa fait « 
mesure qu'où avaoce. Ti: 



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44 , V O T A O B 

part. Après m'être plus pleînemeDt infonné 

des demandes du Naîb , je sus par le Dola 
et le fila du Naîb que j'avoù encore douce 

- dollars à payer. Je donnai pour cette somme 
une letlt-e-de-change sur Currum Chund. 
Alors le ?3aïh, sans en alléguer aucune ra!* 
son, dit qu'il lui falloit encore vingt -deux 
dollars. Provoqué par ce trait inattendu de 
friponnerie , je lui dis en arabe , en présence 
du Dola et de son fils, que s'U disoit que 
cette somme luiétoit due, il disoit une faus-- 

- seté ; et que je ne lui payerois pas un dollar 
de plus. Au milieu du bruit qu'occasionnoit 
cette discussion, fort heiureusement le vaifr' 
seau fit un mouvement pour s'approcher 
d'ArkéltO (i). Le Naïb demanda la raison de 
ce mouvement, « Le capitaine Court , lui 
répondisrje , « vient voir si je suis en sûreté. 
» S'il trouve que tout va bien, il s'en retour* 
» nera sur-le-cliarap j mais il reviendra dans 
» dix jours pour recevoir les nouvelles que ja 



(t) Ce mouTemenl , comme je l'ai apprU ■ mon 
retour, étoit toul-9-faît sccîdËatel -, le vaisseau avoit 
chassé sur son ancre par l'elTet d'un simoun local. 
C'est un (les nombreux incidens , qui faTOrisèrcnt 
noire expédilioD. 



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£If ABT8SINIË. '45 

% dois lui faire passer de Dixan. » Le fils du 
Naïb dit d'un ton hautain ; « Qu'il vienne ! » 
Mais celte visite ne plaisoit pas également au 
Dola et au]c autres habitans j car le Dola sortit 
d*un air fort alarme'^ emmenant avec lui le 
£Is du Naïb , et représenta si fortement tout 
ce qu'il y avoit à craindre , qu'en peu de mi- 
nutes , sans qu'il fût besoin de dire un mot 
de plus, tout fut prêt et nous partîmes. 

Quand j'eus monté mon mulet et fait quel- 
ques pas en avant , le capitaine Rudland et 
son âne furent rudement poussés par les 
membres du Divan , l'un desquels engagea ' 
un jeune garçon à lui voler son fusil de chasse, ■ 
II ne se tira de leurs mains qu'en forçant sa 
monture à gagner de titesse , et en les char- 
geant de toutes les imprécations qu'il sut 
prononcer en arabe. 

J'ai peu de chose à dire d'Arkéko j c'est 
un assemblage de misérables huttes, au milieu 
desquelles sont deui maisons avec des cours 
murées, qui appartiennent au Naïb. Au de- 
vant de celle que nous occupâmes étoit un 
véranda ( pavillon ou galerie ) couvert de 
nattes. 

Nous nous dirigeâuies vers le sud k tra- 
vers des jardins, cnllivés avec un soin qui 



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46 VOYAGE 

n'est pas ordinaire dans ces contrées, tmmé- 
diatemeat après bu trouve un lieu destina 
aux sépultures ; ' et à droite un village , où 
résident la plupart des Ascaris. En suivant 
la plaine , fpii a plus d'un mille en laideur y 
à compter de la mer jusqu'au talus le plus 
voisin, j'eus occasion de remarquer que la 
baie forme un enfoncement considérable. A 
peu près à un mille et demi d'Artéko sont 
six puits, d'environ vingt pieds de profon- 
deur, et de plus de quinze en diamètre. C'est 
delà que la ville lire sa foibte provision d'eaU 
douce. Le soir les puits sont si près d'être à 
*Bec , que l'on y puise l'eau, à mesure qu'elle 
s'élève du milieu de chacun d'eus, dans des 
sceaux plats et de la forme d'une écumoire. 
Elle est ensuite mise dans des outres de 
peau, el monte'e , le long d'une rampe rude 
et inégale, par des hommes, des femmes 
et des enfans entièrement nuds. Ces puits 
se nomment Illerbebey. C'est la première 
station de Bruce. Après avoir fait boire les 
mulets et les chameaux , nous continuâmes 
notre marche, pendant laquelle nous vimes 
plusieurs cerfs singulièrement apprivoisés, et 
quelques petils loups , fort ressemblant au 
grand clûen paria de l'Inde. Nous passâmes un 



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EK ABTSSrSriE. "47 

Autre village , au-delà duquel paissoient deux 
crands troupeaux de chèvres. J'observai cpie 
tous les villages et les jardins étaient soigneu- 
sement enclos avec de grosses branches de 
i'acacia epineus. Depuis que nous avions 
quitta' la plaioe , l'obscurité nous empêchoit 
de faire d'autres observations que celle dont 
l'itiégalité du chemin nous forçoit de Douâ 
occuper. Enfin nous arrivâmes au terrain 
montant , que Bruce oppelle ShiNokeeb , 
mais que les naturels pronoocent Shilikee , 
où nous dormîmes paisiblement au milieu de 
nos chameaux et de notre bagage. Il n'y. a 
point d'eau en ce lieu. 

Juillet 31 . Dès que la lune parut sur II10-* 
mob , c'est-à-dire , à deux heures et demie 
du matin j nous recommençâmes â nous met' 
tre en marche. L'air étoit d'une fraîcheur 
agréable ; la roule ^ qui e'ioit bonne , tour-^ 
Boît le long des gorges des montagnes et 
traversoit de temps en temps le lit de quel^- 
ques torrens à sec. 11 y avoit en cette saison 
peu de variété dans la végétation ; tout parois- 
soit brûle. Les acacias , qui s'élèvent à la 
hauteur de (juaranie pieds, couvroient pres- 
que tout le pays. Le long du tronc de ce» 



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48 V O T A G If 

arbres totimoient les tiges de plusieurs plantes 
rampantes y eDlièrement dépourvues de 
feuilles. 

Nous éprouvâmes tme setisatSon fort agréa- 
ble , après avoir eu les yeux fatigués du feull-- 
lage de l'acacia , brûlé par le soleil , à de'cou- 
vrir à quelque distance des arbres verts , qui 
indiquoient la présence de l'eau douce. En 
effet, nous nous trouvâmes bientôt sur les 
bords d^un torrent appelé Wéa , dont l'eau 
etoit salie par la boue et les bois pourris , qu'il 
eatraînoit en descendant des collines. Nous 
dressâmes notre tente tout auprès, en l'ap- 
pUyant aux branches d'un arbre , qui res- 
semble au cèdre par son port , mais dom les 
rameaux se baissent vers la terre comme 
ceux du saule pleureur. Un de nos gens m'ap- 
porta un piquant de porc-ëpic. Nous vîmes 
aus^ de la fiente d'éléphant , quoique les 
gens du pays disent que ces animaux ne han- 
tent point ce lieu. Jusqu'ici nous avons che- 
miné presque directement au sud , en tirant 
un peu à l'ouest ; je conjecture que nous 
sommes à environ dtx-huit mille d'Ârkéko. 

Nos Ascaris, croyant que nous étions asseJ: 

enfoncés dans le pays pour être entièrement 

à leur diâcréiion, commencèrent' ù déployer 

leur 

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ÈNAB'î'aSINÎE. 4g 

leur insatiable ra^cite et leur insolence. Le 
mahre et le conducteur des chameaux fuï- 
toient oause commune avec eux ; tellement 
que s'ils n'avoient e'të tenus en respect par la 
Bupe'rioFtté de nos armes à feu , je suis 
persuade' que nos vies même n'auroient 
pas été' fort en sûreté'. Ils formoieni des 
demandes de tabac , de riz, de café, de li- 
queurs , sous prétexte que le Naïb ne leur 
Bvoit donne' qu'un peu de juwarry (i). Nou» 
leur résiatàmQs j mais en&n nous pvomimes 
de leur acheter quelques chèvres et du ju- 
warry , si nobs en rencontrions , et de leur 
donner un peu de tabac. Mais prelendre 
satisfaire ces scélérats avides ctoit une entre-- 
prise vaine, t^ous quittâmes le Wea à trois 
heures après midi et traversâmes ce torrent 
peu profond f qui court du côté de l'est. 
Nous avançâmes dans la plaine vers le sud 
Un peu à l'ouest. Le capitaine Rudland fit 
une excursion avec son fusil, et vit des cerfs 
de différentes espèces , des lièvres , Mes 
perdrix f et des pintades. Il fut accom-*, 
pagué dans cette course par un fameux chas- 
seur cliauj^alla , armé d'une lance et d'ud 

(i) Espèce de gram, Tr, 
^Tom. I. * 

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Ço V D Y A C B 

bouclier. Ce bouclier ëtol» de forme circu- 
laire , de deux pieds et demi de diamètre , 
et fait de la peau d'un rhinocéros. Le Chan-' 
fiolla étoît un jeune homme leste , bien fait, 
qui se montra honnête dans toute sa conduite, 
et fort indigné de celle des AsCaris- 

Nous vtnies quelques personnes de la tribu 
Shiho qui habite les collines ; nous aperçfimes 
aussi quelques loups. Après avoir passé un 
second ruisseau , ailssi boueux que le pre- 
mier, nous fimês notre campement de nuit. 
te nom de cette station est Markéla ; elle 
étoit alors occupée par une tribu des Ha- 
ïortas, qui étoit descendue dans la plaine 
avec ses troupeaux , pour chercher de l'eau, 
Le cheik de la tribu s'appeloit lui-même un 
Daocallé. Leur campement éloit presque 
circulaire et d'environ cent mètres {yards) 
de diamèti-e , bien entouré d'une haie d'épi- 
nes et de broussailles. Au dedans étoit un 
cercle de mauvaises huties, faites de pieux 
et de nattes, placées à égale distance les unes 
des autres. L'espace vide qui étoit au centre 
offroit un asyle sûr, ou leurs nombieux trou- 
peaux de chèvres et de moutons pouvoient 
se reposer et dormir en sûreté. 

Quand iïDus eûmes établî«otre campement, 



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EZïfABYSSINIE. 6l 

les Ascaris m'entourèrent , ayant leur chef 
à. leur tête, et d'un tou fort ïusoJent me rét- 
lérèreot leurs anciennes demandes ; déclarant 
que si on n'y cedoït pas , ils nous quitteroient 
à l'instant même , et s'en retourneroient 
avec les hètes de charge. Je leur dis qu'ils 
étoient les maîtres de partir quand ils vou- 
droient ; mab que très-certainement je ferois 
feu sur Je premier que je verrois entrepren- 
dre de toucher à nos chameaux. Je sondai 
ensuite celui qui étfàt chargé des chameaux, 
et je le trouvai pins traitahle que les Âscans; 
ce qui me convainquit que tout ce bruit 
avoit pour but de nous alarmer. £n consé' 
quence de ce qui venoit de se passer , je 
fis charger toutes nos armes, et 'une faction 
de deux heures fut faite pendautla nuit par 
le capitaine Rudland , Mr. Carier , f etu^e 
et moi. 

A peu près dans le même moment , les 
villageois faisoient entrer leurs chèvres et 
leurs moutons, au nombre au moins de cinq 
cents. J'en achetai trois pour deux dollars , 
et je les donnai à nos gardes et à nos con~ 
ducteurs. INous soupàmes nous-mêmes de 
très-bon appe'tit avec du riz et du poiss(Hi 
sale , n'ayant mange de tout le jour qu'ua 



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5â .VOYAGE 

peu de biscuit. L'eau jusqu'ici avoit et^ for*- 
limoaeiise , quoique sans mauvab goût. Pfoira 
distance estimée d'Ârke'ko e'toit de trente- 
quatre milles. 

Juillet ai. Nos gens be faîsoient aucun 
pre'paratif pour se oiettre eu route à l'heura 
marquée. Nous apprîmes que ce délai venoit 
de ce que les mulets , si long-temps promis 
par le Naïb , auroient dû oous joindre en ce 
lieu , et qu'on ne les voyoit point arriver. 
Les Ascaris interjetoient aussi quelques mots 
très-intelligibles , pour nous apprendre qu'au- 
cun d'eux n'irolt en avant , jusqu'à-ce qu'on 
eût accordé leurs demandes. Cet état pénible 
d'incertitude finit heureusement par l'arrive'e 
d'un cbrélien d'Abyssinie , qui venoit de 
Dixan avec dix mulets commis à ses soins^ 
Il étoit envoyé, parle commundemenl exprès 
du Ras, pour nous transporter, nous et notre 
bagage, en toute diligence, aupiés de lui à 
Antalow ; et les ordres les plus stiicts éioient 
donnés pour que nos personnes fussent en 
eûrete pendant le reste du voyage. Dès que 
l'eus reçu cette bonne nouvelle , je mandai 
le cbef des Ascaris auprès de moi ; je lui dis 
ce qui se passoit, et lui donnai pleine liberté 



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EN ABYSSIKIi:. 53 

cte nous quitter aussitôt qull le jugeroit à 
propos. Pas un d'eux ne profita de cette per- 
mission; mais comme ils virent qu^I n'y avoit 
plus rien à gagner par la force , ils promi- 
rent de se mieux conduire à l'avenir , sur quoi 
BOUS consentîmes à les garder avec nous. 

11 étoit dix heures ; et la chaleur devenoît 
si incommode que nous différâmes quelque» 
heures de nous mettre en marche. Nous 
louâmes , pour un peu de cafë , la hutte du 
cheik de la trihu près de laquelle nous dlions 
campes. Elle e'toit précisément aussi grande 
qu'il le falloit pour contenir nos deux lits (l). 
Nous couvrîmes ceux-ci de nattes , et nous 
jouîmes ainsi i^an abri fort agréable contre 
les rayons du solfeil. te vieux oheik et sa 
femme, nous firent tont le loBg du jour beau-^ 
coup de visites iotéressées, dont nous les 
aurions aisément dispensés , d'autant plus que 
cette dame , qui u^toit ni jeune ni jolie y 
avoit une volubilité de langue: que rien ne 
pouvoit contenir. Avant notre départ , elle 
vint rçoonaoilre tous ses précieux eflets , et 

('■} Deux petits lits pris panni nos baniacs denier^ 
que le capitaîae HudUnd et mol avions trouvés d'va 
Uès-bon usagjB, 



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54 ■ T O T A G E 

nous tança , avec de grands éclats de voix , 
pour avoir bu ^ sans permisùon , quelques 
gouttes d'eau. 

Cette Inbu semble vivre avec une sort» 
d'aisance, lis ont du lait , du beurre , et un 
fruit appelé gersa , qui , lorsqu'on le fait 
bouillir , ressemble fort au pois commun. Us - 
tuent aussi cbaque jour deux chèvres pour 
leur table. Deux serviteurs du Naïb nous 
quittèrent ici et emmenèrent son mulet. 
A trois heures apr^s mitU , le reste de la 
troupe se mit en màrcbe sur les mulets de 
Dixan , qui , joints à nos treize chameaux , 
formoîent une caravanne respectable. La 
route paroissoit parfaitement sûre et bien 
fre'quenle'e. Fresque toutes les heures, nous 
rencontrions de petites kafilas ( i ) de vingt 
ou trente personnes , qui alloient à Arkelto 
avec des marchandises. 

Après avoir suivi un chemin qui fait plii- ' 
Meurs de'tours parmi les acacias, nous entrâ- 
mes dans le Ut d'un torrent qui étoit à sec , 
et oii nous commençâmes à souffrir beau- 
coup de la chaleur. Nos domestiques ayant 
négligé de reraphr d'eau les outres de peau , 

(i) Caravanne. 

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EN ABYS9IHIB. f^S 

préoautioit à nécessaire, nous fûmes, dans 
]e cours de cette marche, tourmentés parla 
$oif, (jii'excitoit cette chaleur excessive. Je 
fus soulage' peodant quelque temps par la 
complaisance d'un pauvre homme, qui des- 
cendoii des collïues et qui me donna un» 
partie de l'eau qu'il portoit sur son dos dans , 
un sceau. A mesure que nous avancions , la 
vallée devenoit plus étroite ; jusqu'à n'offrir 
enfin qu'une gorge entre des rochers , qui 
o'avoit pas plus de cent mètres {yards) en 
largeur', et qui de côté et d'autre eioît bor- 
dée et cauverte de montagnes à pic et fori 
«levées. 

Nous passâmes devant uo petit cinieiièret 
que nous laissâmes à notre gauche. Bientôt 
après , les deux chaînes de montagnes seiQ'*' 
blolent se fermer. Au pied de ces montagnes 
étoit un petit terrain en talus , appelé Ham- 
hamou , distant de quelques mètres du lifc 
d'un torrent , où nous ftmes halte , pour y 
passer la nuit. Nous venions de décharger 
Bos chameaux, et nous nous félicitions d'a-^ 
voir achevé celte fatigante journée , pendant 
laquelle , depuis le déjeuner , nous n'avions 
pris uicun rafraîchissement ; lorsque notro- 
guid^ç nous annonça ui) orage. Nous n.ous 



Lm»z.d=, Cookie 



56 V O Y A G K 

hâtâmes de rassembler iiotre bngoge , et de 
Je couvrir des murailles de notre tente; nous 
nous ocoupions à dresser la tente même ; 
fjuaqd la pluie tomba tout-à coup par tor-* 
rens, accompagnée de tonnerre et d'cclairg 
très-vifs. Nous nous jetâmes pèle mêle dans 
)a tente pour pous mettre à l'abri ; mais elle 
pe nous garantît guèrçs. Pour ajouter à notre 
trouble , dès que la nuit devint obscure > 
( la tempête étant à sop plus haut degré d« 
violence ) , les Ascaris ([ui ctoieqt dehors , 
donnèrent l'alarme et dirent que les naturels 
veuoient sur nous. A l^nstapt OQUS saisîmes 
Jes armes que nous trouvâmes sous notrç. 
main , et sortîmes à la rencontre de l'ennemi , 
par une pluie si forte , qu'elle auroil rendu 
ces armes inuiiles. Heureusement c*é(oit une 
fausse alarme ; et je n'ai nul doute qu'elle 
n'eût été ,donpée à dessein par nos Ascaris , 
pour pous piller si nous n'avions pas çt^ prêt$ 
à repousser toute espèce d'ngressiop. 

Une heure apfès cette alarme , noos en-- 
.tendjmes le toirent descendre à grand bruit 
dei montagnes, qui rétentissoient encore des 
mugîssemens du tonnerre; li'air s'etoit telle* 

mem r<ïfroidî , ^«'un babil de dr?p Qt uns 



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ENABYSSINIE, 67 

Caniolifie (1) o'eioîent point de trop , quoi- 
qu'à notre arrivée en ce lieu le ihermomètr» 
fut à 84°, F. (a3 iR,). 

La tempête dur^ quatre heures, pendant 
lesquelles quelques-uns des nôtres, épuises 
de fUtigue, s'endormirent. Bientôt les autres^ 
maigre l'incominodité de la situation, suivi- 
reot Içur exemple, 

Juillet 9^. C'étoit le matin un speotacla 
curieux que celui qu'offroit notre tenie. E)l« 
çontenoit , outre nous et dos domestiques , 
]es couduoteurs des chameaux, et trois ânes, 
qui s'y étoient glissés pendant la nuit , pour 
$e mettre à l'abri de la pluie, 

Les collines, qui semblent ici se réunir, cou- 
rent presque au sud. Elles sont composées 
de grandes couches de pierres brunes, en-< 
trecoupées de couches de mica blanc. On y 
voit çà et là des acacias rabougris et des 
brousailles ; et elles s' élèvent en pentes d 
foides , qu'elles masquent entièrement les 
collines plos éloignées. Jje terrain en talus , 
$ur lequel nous étions çampe's, n'est qu'un 
monceau de gravier et de pierres détachées , 

(1) Mapiean- orafee. 



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58 V O T A C B ■ 

qui recouvrent une base de rocters , dont ' 
les crevasses noiiriissent quelques buissons. 
Bruce passa une même nuit en ce même lieU ; 
et il y essuya, comme nous, une violence tem- 
pête , dont il fait, selon son usage , une des- 
cription esagéree. CependaD^il e'toit ici Je 
17 novembre, et par conséquent dans uii«r' 
saison bien dilEerente. 

D'ici un sentier tortueux d'un mille ou 
plus conduit au bautde la montagne', par la 
rive orientale du torrent, jusqu'à des sources 
Ou citernes naturelles , taillées dans le roc , 
d'où les tribus des montagnes tirent une eau 
excellente et claire comme du ciisial. Fen- 
dant que nous étions à déjeuner , quelfjueâ 
niise'rables tout nuds, qui vivent dans le voi- 
sinage , vinrent nous demander l'aumône; 
nous ne refusâmes pas de partager avec eux 
notre repas. 

Avant que nous nouS fussions remis eu 
marche, Guébra Michel, notre guide Abys- 
sin , vînt à nous , et nous fit remarquer que ^ 
comme nos provisions commençoient à dimi- 
nuer, il étMt convenable de renvoyer les 
Ascaris du Naïb, Je ne fus pas fâché d'avoir 
imc occîision de les congédier j et je leur 
ordonnai de partir sur-Io-cfaamp. Ui obéirefll 



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INABYS8IÎÏIE. 5^ 

i regret , sentant qu'ils n'avoieut plus d'as^ 
«endant, et reçurent chacun deux dollat-s. 
pour hâter leur résolution. 

Nous quittâmes Hamhamou à dix [heures 
avant midi. L*eau avoit presque disparu , et 
n'occupoit qu'une petite partie du ht du tor- 
rent, le long duquel nous cheminions comme 
ci-devant. Â mesure que nous avancions y la 
gorge devenoit plus étroite. Nos guides nous 
pressoiem de faire dihgence , craignant qu'il 
ne tombât encore de l'eau des montagnes. 
. C'est ce qui arriva en effet vers midi , quoi- 
qu'il n'y eût eu jusques-Ià aucune apparence 
de pluie. Heureusement celle-ci ne fut pas 
assez abondante pour interrompre notre 
marche. Nos midets éloient si bien dressés, 
qu'ils ne s'arrêioient pas pour si peu de chose. 
C'étoit pour nous un sujet d'étonnemeut et 
de satisfaction, de voir aveo quelle attention 
ils morohoieot sur les rochers et sur les pierres 
détachëes qui embarrassoient la route chaqu» 
fois que nous passions et repassions le torrenu 
Noos trouvâmes sur notre route un» 
grotte habitée par une famille de naturels du 
pays, où nous vîmes une femme occupée à 
moudre du blé , et quelques entans qujl 
jouoient autour d'elle. L'aspect général du 



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6o ■ V O Y A O JB 

paya coramençoit à s'embellir; la vëgëtalion 
avoit plus de fraiolieur; et nous observions „ 
dans tes plantes plus de variété; qu^lqqes-- 
unes , qui nous sembloient appartenir à, la 
famille des liliacées, étoient fort belles, I^e 
capitaine Hudlandtu^ un oiseau curieux, dont 
l'ai conservé le dessein. 

A quatre heures et demie , nous arrivâmes 
à Sadoun t éloigné d'Hambamou, selon mon 
estime , d'environ dis milles. Cette Gtatioq 
est un petit morceau de terre couverte de 
verdure , qu'ombragent des arbres de .la ' 
même espèce tjue ceux que nous avions vu* 
à Wéa, Elle est placée à peu de mètres du 
ruisseau , et entourée de tous côtés de mon-i 
tagnes boisées. Comme il y avoit apparence 
ie pluie , nous dressâmes notrA tente , et y 
rangeâmes notre bagage pour passer la nuit. 
Depuis que les Ascaris nous avoient quitté?, 
la garde de nuit , que jusques-là nous avions 
faite pous-mêmes, fut confiée à Fearce, à 
Jlamed Chamie , et au chrétien d'Abyssinie j 
k des intervalles réglés on tirait quelques 
coups de fusil. Au point du JQur le thermos 
mètre étoiià 77'. F. (30 R.Jj àmidi il éwi^ 
à 86°. (84 R.) 



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t:N ABVâSllfIX!. 61 

' Juillet a4.'La pluie, que nous attendions ^ 
neureusement n'arriva point ; la nuit fut trè^ 
belle , mais froide. Le matin nous observâmes 
que le torrent avoit déposé le limon qu^ 
charioit la Veille , et qu'il couloit parfaitement ' 
limpide. Nous y vîmes une multitude de petits 
poissons , qui l'essembloietit aux goujons. 

Entre six et Sept nous nous remimes en 
marche le long des bords pierreux du ruisseau, 
qui de temps en temps nous présentoient des 
bosquets à t'ombre desquels le terrain se 
couvroit d'un vert gazon. Le capitaine Rudlaud 
tua un jeune cerf, de la même espèce que' 
ceux que nous avions reoconiré à Massowa , 
Clt un grand oiseau du genre des gélinotes. 
Après avoir passe' un petit cimetière , appelé 
WUIo , nous arrivâmes à un bosquet touffu , 
«ssezsemblableaus bosquets de manguiers que' 
l'on rencontre souventdans l'Inde. Les arbres 
dont il ctoit composé nous rnppeloient aussi 
les manguiers, par la forme de leurs feuilles 
et par la manière dont ils porloïent leur» 
fruits; mais ce fruit n'éitât pus pulpeux,' 
c'e'toit une noix dure enfermée dans une cosse 
mince. Les naturels s'accordèrent à dire que 
c'étoit un poison j cependunl Mr. Carter en 



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0. 



63 V O T A G * 

mangea trois ou quatre amandes ^ sons em 
éprouver la moindre incommodité. 

Peu après noua arrivâmes à Tubho, station 
vraiment pittoresque , abondant en bpsquets 
de toutes sortesd'arbres ombreux, et entourée 
de rochers abruptes et de précipices, Bruce a 
bien décrit ce lieu; mais quoiqu'il y eût une 
grande variété' d'oiseaux tout à l'entour, leur 
chant ne me parut pas différent de celui que 
nous avions souvent entendu avant d'arriver 
îci.^esmontagnes qui nous entouroient étoient 
habitées par tes Hazortas, les Welleilias, et 
plus de cinquante autres tribus, selon le rap- 
port conforme^ des hahitaus de Dixan et d'Ar- 
ke'ko. On en peut conclure que presque chaque 
colline a sa tribu distincte. Les Haiortas sont^ 
et ont été dès long-tems , dans des termes 
d'amitié avec le Naïb de Massowa ; mais uns 
tribu à l'est , appelée Hartou , est en guerre 
ouverte avec lui. Un homme de la première 
de ces tiibus descendit vers nous sans armes, 
accompagné de son jeune fils. L'un et l'autre 
e'toient noirs , vêtus fort légèrement , et furent 

' fort reconnoissans du présent que je leur fi» 

. d'un peu de tubac. 

Nous viraes ici deux grands figuiers syco- 
mores, qui avoient à peu près dù~neuf pieds 



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■EX ABYSSIT^IE. 65 

de contour à leur base. Des cotes des plus 
grandes branches sortoient des grappes de 
figues, ^ui toutefois , pour la plupart, étoïent 
dévorées par des fourmis noires avant de 
parvenir à leur maturité. 11 croit ausù en ce 
iieu avec abondance une espèce d'asclépiade , 
que nous avons vue également tout le long 
du cliemiD depuis Arkelio. Les habitaos en 
eojploient le bols à faire des manches ou 
poignées pour leur couteaux çt leurs épées. 
Nous restâmes à Tubbo, pour jouir de la 
fraîcheur de ces beaux ombrages , jusqu'à 
cinq heures et demie j et ce ne fut pas même 
sans peine qu'à cette heure-là j'engageai nos 
gens à gagner une autre station.. Notre routb 
conlinuoit de suivre le torrent; mais main- 
, tenant, outre les arbres que j'ai mentionnés, 
le tamarin commencoît à se montrer. Nous 
vîmes ausù sur les collines , plusieurs singes. 
ÏI y en avoit principalement de trois espèces ; 
l'une e'ioil celle qui est commune à Mocha ; 
une autre étoit distinguée par sa graddepi- y 
et par ses cheveux et sa barbe blanche ; la. 
troisième étoit beaucoup plus petite que lesi 
autres et avoit la barbe blanche et des an- 
neaux blancs à la queue. Nous vîmes aussi 
le lapin des rocueiit , qui nous parut sem-i 



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64 T O * A (J * 

blable à'I'ashkoko de Bruce. En moîas d*ub* 
heure nous arrivâmes à lllUa (Lila de Bruce), 
où nous primes nos quartiers pour k nuit'souâ 
-nn arbre , sans nous donner la peiue de 
dresser notre lente , attendu (ju*il n'y avoit 
aucune apparence de pluie.- Nous doruimes 
sans qu'aucune béte troublât notre repos, 
et sans qu'aucun bruit vînt ioterrortipre notre 
sommeil ; mais vers le malin nous trouvâmes 
l'air très-froid , sur^tom pendant les fortt 
coups de venta qui tomboient , par inter- 
valles, des collines. Notre distance de Sadoim 
etoit, selon mon estime, de huit milles. Le 
thermomètre à cinq heures avant midi eto^t 
à 77.° F. (30.° R.)< 

Juillet 35. Nous reprimes notre marche 
de bon matin , quoique l'aspect du ciel pré- 
sageât une forte pluie. La route qui jusques- 
là avoit déjà constamment monté depuis Ar-' 
kéko , monta tout-à-coup encore plus rapi- 
dement. II y avoit çà et là beaucoup de fiente 
d'eléphans répandue sur le terrain ; les bran-' 
ches de plusieurs figuiers avoient été coupées 
presque jusqu'au sommet . pour nourrir le 
bétail de feuilles et de sions tendres, parce 
que l'herbe étoît entièrement brûlée ; no-us' 
\îmes 



EN ABYSSINIEN B5 

Vtinës sur la pente des collines quelques billtês 
et plusieurs liabitans. 

Après une marché d'entlron deilt bétlreâ 
bous parvînmes à un lieu nommé Assuba , 
où éloitun cimetière. Nous y vtmes un petit 
nombre d'bommes qui conduisoient tin grimd 
troupeau de gros bétail ; nous leur àche-' 
tâmes, pour quatre dollars , une vache ^ que 
nous destinâmes à la subsistance de nos gens 
peudâbt la montée de Tai-anta. Un quarts 
dlieure après j nous fûmes à notre station atf 
pied de cette montagne. Nous avions été avec) 
nos chameaux aussi loin que poUvoit le per-^ 
mettre l'inégaliie' du terrain ; il étoit ènfiri 
devenu indispensable de songer k qilelquè • 
autre manière de iranspbrter notre bagage k 
Dixan. A cet effet , nous ouvrîmes Une né-' 
gociation avec quelques hommes de la tribii 
Hazorta, qui habite les mouiagnes , dans Ict 
but d'avoir des bœufs de charge. Maiï n'ayant 
pas pu noiia entendre, nous nous conten-' 
tâmes d'achetet d'eux un seul de cesanimaUi:;' 
et nous Bmes im accord avec des hommes et' 
de jeunes garcoris, qui s'engagèrent k pbrter 
nos paqueis sur leurs épaules. Fendant qus 
nous trailîons cette aSaiie,- Uu homme de 
quelque importance, nommé le Cbeik Ummar^ 

Tom. t. â 

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66 V D V A & ï: 

étoit v«nu boitt demander du tabac , dil 
café y etc. pour la pennîssioD de passer la 
montagne. CeUl à qui il s'adressa ayuit né- 
gligé de me faire part de ses prétentions , il 
Crut qu*<Hi lui manquoit d'ëgards , se leva 
transporté de colère , prît sa pique et son 
bouclier , et se jeta avec sa suite en bas de la 
eolliue , en murmtu-ant quelques menaces. 
Ne voulant point hasarder sans nécessité une 
affaire qui pouvoit devenir sérieuse , je lui fis 
courir après » et j'eus avec lui une conférence 
amicale^ dans laquelle je lui expliquai la mè^ 
prise qui avoit eu lieu , et lui fis toué les 
petits présens qu'il étoît veau solliciter. Le 
loir les cbefs Hazortas reviot^nt totis , ac^ 
Compagnes d'un vieillard, qui jouissoit parmi 
eux d'une grande autorite. Ce vénérable pa> 
triarche ^ qui avoit , nous dit-oo , autour de 
loi trois cents personnes de sa famille, s'^aS&it 
Bur un terrain montant, et ayant soulevé s<hi 
vêlement sur la pointe de sa lance , il de- 
manda qu*On fit ûlence y et parla en ces 
termes. 

- «c Que tout le monde saobe que ces gens 
là sont dés hommes d'un haut rang , amis 
do IStob de Massowa , amis du sultai ^^ 



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EN ABYSSIHIB. 6) 

Habbesh (i) , amU du Ras Welléta SélAsuT^ 
et anaia du Baharnegash Yasoos. Noos avons 
reçu et maDgé leur bouniture , bu leur e^éf 
partage leur tabao ; et en cous^ueiiGe , liouâ 
sommes leurs amis. Que personne u'aît l'au^ 
dace de les inolester. » 

A ces mota uU murmure ' général d'apr 
probation se fit entendre ; et tous restèrëat 
tranquilles et en ordre. Toutefois le soir 
même nous fftmes encore inquiétés par les 
gens du Nalb , qui nous Srent de nourellâs 
demandes , appuyées de menaces. NoUs n'y 
eûmes aucun égard, sî ce n'est que nous nous 
armâmes pendant la nuit , selon notre cou- 
tume. Nous la passâmes sans éprouver aucune 
molestation. Le thermomètre se tenoit Ib 
soir à 76° F. (19IR.)- 

Juillet 36. Le chef Hazorta étant ce matin 
dans une disposition tout-à-fait amicale , j'eb 
proâtaî pour lui faire quelques questions sur 
sa tribu. Il me dit que lenr usage e'toît d'é" 
pouser quatre femmes ; que lui-^méme en avoK 
tout autant ; qu^ avoît neuf enfans , cinq filles 
et quatre fils ; que la population de sa tribu 
montoit h eaviron cinq mille âmes ; qu'ils 
avoient beaucoup' de gt«s bétail , mais qulla 

(1) On AbjssîuMi 

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B8 V O T A O H 

tuoieïit rarement lesbétes de leurs trOupéauxv 
à moins qu'elles oe parussent prêtes à mourîr 
de maladie 6u d'accident , parce que ces aui-^ 
maux, étoient pour eus le. t>rincipal objet 
d'échange avec les Abyssins contre des grainsi 
Je lui demandai pourquoi ils ne cullivoieot 
pas' ïuk-mêmes du blé. Jl me répondit qu'ils 
n'enteudoient pas ce genre de travail ; que s'ils 
l'avoient entendu, ibauroient été bien couteus 
de pomwoir à leurs besoins, sans avoir re- 
cours à d'autres. Il me dit encore , qu'ils ne 
dépouilloient jamiùs les brandies d'arbres, que 
j>bur nourrir leurs troupeaux, lorsque l'herbe 
étoit brûlée ou entièrement donsomuaée. il 
semble donc que cette peuplade pouiroit, par 
des moyens doux, être portée à un de<5ré de 
civilisation fort supcrieur à celui qu'elle a 
atteint. Quaût à leur population , si elle v:t à 
la moitié du nombre auquel ce chef la porioit, 
cette tribu peut passer pOur puissante ; et 
comcQie elle est composée d'bomiiies brayesj 
quoique grossiers, et qu'elle este» possession 
d'un pays tràs^fort d'assiette, à travers lequol 
passe le seul chemin praticable pour aller eu 
Abyssinie, elle pourfoit acquérir un degré 
dHmportance bien plus grand que celui qu'elle 
a obtenu jtisqa'iei. 



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EN ABYS8INIE. C9 . 

A onze heures et demie , après ayoir pass^ 
ïânif heures à nous disputer avec nos gens , 
en' étant plusieurs fois sur le point d'en venir 
aux coups , enËn hqus obtipmes d'eux d'aller 
clierdier les mulets, et nous 0Qmmeuçân}e6 
ii gravir la montagne. Le Cheik Ummar , de 
qui j'avois reçu les précédentes inrortnations , 
prit congé' de nous avec des expressions réi- 
térées d'amiiic et d'faumïlité, La première 
partie de la route fut aisée et unie ; mais en 
avançant, elle devint plus escarpée et plus 
incommode ; elle étoit pleine do pierres dc- 
tacliées et d,e masses de rochers, si^r lesquels 
néanDioips nos excellens mulets nous coiv- 
duisoient sans difficulté et sans risque. Ceux 
des gens du NàTb que nous avions gardés 
avec nous pour nous servir de guides , sachant 
que , quand nous aurions passé la montagne, 
ils ne pourroient pliis se livrer impuipémeiit à 
leur insolence et k leur rapaùté , résolurent 
de semer tomes sortes d'obstacles sur notre 
route. En conséquence ib commencèrent par 
nous abuidonner. Miûs heureuEetnent nous 
cencooitrâmes im jeune chrâkqui descendoit 
la montagne , ot qui, moyennant une foible 
rétrUiution , consentit à se faire notre guide , 
çn. sorte ■qne nous ni«nes continuer uoU'4' 



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^0 V O Y A O B 

roui«. Un quart (J'heurn apr^ , nous vtmea 
r«veo)r le guide du Naïb , qui nom avmt 
déjà donné tant de souoi. Il Touloit absolu- 
ment que nous fissions balte. Il nous donnott 
À entendre qu'on ne ponvùt trouver en haut 
ni eau , ni vivres, ni lieu pour passer la nuit ; 
qu'il falloit faire notre station là oii nous étions, 
et attendre «u lendemain pour traverser la 
montagne. En tenant ces propos , il saisit 
Tudeoient 1« mulet du capitaine Rudland ; 
et quand j'avançai , il me coupa le chemin 
pour arrêter le mien. Je l'eu empêchai en 
tirant mon sahre , et le menaçant de lui fendre 
la tétc s'il me faisoit la moindre molestaûon. 
U renonça à son dessein , et s'assit sur une 
pierre RU bord du ohemin dans un accès de 
rage. Cependant nous n'en étions pas quitte ; 
car quand nous eûmes fait un demi^mitle 
au'delà, il nous devança encore, et s'etant 
empare' , de manière ou d'autre , de l'épée 
du capitaine Rudland , que ce dernier avoit 
remise au cheik pour la lui porter jusqu'au 
haut de la colline, il commença à insulter 
Mr. Carter ^ qui lui avoit re'siste lorsqu'il 
TOtdoit arrêter son mulet; il étoit sur le point 
de Urer l'épêe du fourreau, lorsque Mr, Carter 
prit un pistolet qu'il portoit à sa peinture el 



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«H ABYSSlNIKv 71 

)e lui présenta. Au même momeDt le capitaine 
Rudlatid sauta has de son mulet et reprit de 
force son e'pe'e. Ainsi cet homme s» voyant 
frustré de Tespe'rance de nous retarder d'uD 
}our, et probablement intimidé par l'issue de 
sa dermère tentative , renonça à son dess^a 
et cessa de nous ipquleter. 

Toute cette montagne étoit ©ouverte d* 
colquals , qui s'élèvent presque à la banteuF 
de quarante pieds. Vers le sommet, le cèdre 
à baicii de Bmce (que pos guides appeloient 
cereder) çommençoit à se montre^', etdeve* 
voit plus abondant à mesure que bous nous 
devions ; ie sommet même étoit çouvei-t d'une 
épaisse fopèt toute composée- de cet arbre. 
Dans les plus mauvais pas , nous mimes pied 
à terre pendant l'espace d'^un t|uart de mille-; 
ensuite nou^ remontâmes sur pos mulets , et 
gagnâmes le sommet Sans autre- difficulté. Dès. 
que nous, y Kimes , nous regardâmes bos 
montres y et vîmes qu'il n'étcût que deux, 
heures et demie ; eQ sorte que, malgré tous 
nos délab , nous n'avions mis que- trois heures 
à franchir le passage de- Taraota , dont on, 
, nous avoit si fort exagéré la (ïfficulté et le- 
' danger. Dès lors nous dirigeâmes notre 
laaFche^par une belle vallée verte , ombragé«ï 



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Jl . V O T A G B ■ 

(te.C^dt^s, et oroée d'un ëtan^ plein d'eau, 
doitt 1e( vue nous fut d'autant plus -agréable , 
qu'on nous avoît répété très-souvent qu'il 
p'y en avDÙ point sur le sommet. Près de 
cet étang paissoit un (^raud troupeau de gra^ 
bétail. En faisant des détours dans cette \ allc'e, 
nous découvrîmes une prodigieuse quantité 
de ohampigoons , que les naturels envisagent 
comme venénetix , ce qui ne nous empêcha 
pas d'en eueillir en abondance. Nous en 
fîmes e'tuver une partie pour être manges de 
suite, «t nous conservâmes les autres pour 
pous servir au besoin. Nous les trouvâmes 
très-saiqs, et fort agréables, surtout dans la 
privation totale de végétaux que nous éprou-» 
vàmes ensuite. Peu après le capitaine Rudland 
l-ua un très-grand Iriboitj Mr. Carter et moi rei 
eueillimes beaucoup de fleurs , dont plusieurs 
«voient -des racines bulbeuses. Dans les buis-? 
lonsnous trouvâmes l'églantier odorant (suteet 
hriar) ex quelques autres ronces très-aroma- 
tiques. Nous fûmes bientôt atteints par les 
hommes et les jeunes garçons qui portoient 
potre bagage, Un de nos plus pesans ballots, 
Qoqtenant qos munitions et nos dollars, par lA 
fuéme très-lourd, éloit porté, à noire grande 
^ufpris^j pfir nu jeune garçon de treize aiis; 



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EK ABYS3INIB, 73 

*l IHm* <lfis muraîJIeg'dç notre grande terne, 
avec ses deux piqueu , fut portée par un setil 
bomme , depiùsle pied de la montagne ju»x 
qu'au sommet à peu près en <|uair» liearfts. H 
n'est pas faoile de concilie^ «es faits avec ce 
que dit Qruce des = difficultés estraordioaires 
qu'il eut à surmonter pour parcourir en deui^ 
jours entiers le même espace ; h moins de sup- 
poser que le rétablissement dç la p-aix , entre' 
le Naïb et la tribu Hazorta'a produit dans 
oette route une étonpante amélioration. Mais 
édla est d'autant moins probable , que , d'après 
le récit de Bruoe lui-même , le commerce , si 
Pon peut en juger par le nombre des escla- 
ves, étoit alors sur le même (àed qu'à présent, 
En outre nous ne renoontrâmes pas une seule 
byènc, ni une seule caverne de troglodytes. 
Très-beureusement aussi nous n'eûmes point 
« les mains et les genoux blessés par de fre'-< 
» quentes chutes-» , ni « le visage déchiré par 
» les buîssonsépiucfUx, » Ce dernier acoident 
parcût presque impossible dans un sentier 
9U6S) ouvert et aussi fréquenté. La seule partie 
de notre ba^ge , qui resta en airièrç, et qui 
ce nous arriva qu'assez tard dans ta nuit , fut le 
pavillon de la tente , et mon lit , qui étoient 
chargés sur le dos d'up bçeuf, La soirp'^ étans 



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74 V O Y A a B 

trèB-froid« , nous raugeÂmes notra bagage en 
demi-cercle, nous finies uq bon feu au centre, et 
vous QODs couchâmes surles murailles de notr« 
tente , «près aâus être regaJe's de poisson saté , 
de riz et de nos ohampignons éti^ves. Le their* 
Qtomètre étuit le soir à 64* F. (i4f R. ). 

Muilletaj. Noua essuyâmes pendant la sui^ 
une averse; et quand nous nous éveillâmes, le 
temps étoît si menaçant , que , malgré les assu^ 
rances de notre gwde, qui n'y voyoit que le 
brouillard ordiniùre du matin, nous jugeâmea 
prudent de dresser notre tente, sous laqu^Ie 
nous trouvâmes un utile abri contre une forte 
averse qui eut lieu quelques iqstaos après^ 
Les sommités du Tarant» , qui entourent la 
petite vallée oii noua avions passé ta nuit , 
avoient été obscurcies jusqu'alors par dea 
nuages passagers. A sept heures elles com- 
mencèrent à s'éclairûr } aussitàt nous dépê- 
châmes notre bagage , et à huit naua' noua 
mimes nous-mêmes en route. Cependant 4 
peine eûmes nous atteint le premier talus ,| 
qu'une grosse pluie survint , qui continuA 
tout le jour , avec peu d'interruption. Dèsn 
tors la descente devint rapide ; la routa 
pasaoit par des gorges, Je long desqueUe» 



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»N ABYSSINIK. 75 

]es eaux oommençoient à se précipiter avec 
force ; mais auoon de ces obstaolas ne pa- 
roîssoit retarder uos mulets ; i)s descendoient 
presque comme des chèvres de rochers en 
roobers ; et pas un de tous ceux qui nous por- 
toieqt ne fit , dans tout le jour, xax seul faux 
past Malgré nos manteaux de drap et noa 
eamolîaes , nous e'tions mouilles jusqu'à la 
peau y et la difficolté de la route nous avoit 
éloignés les uns des autres. Il arriva de lii 
que , tandis que le capitaine Rudland et moi 
sous suivions le bon cbemin , Mr, Carter et 
Pearoe en-èrent partout oîi leurs mulets vou- 
lurent les couduire ; et que, comme nous le 
reconnûmes ensinte^ arrivas à un quart de 
mille de Pixan j ils firent un détour de cin<| 
nulles. 

Le capitaine Rudland et moi nous reti- 
râmes dans un village , situé à environ trois 
niilles de Diian > à l'abri d'une huttç divise'e 
en plusieurs oomp&rtimens et habitée par dif- 
fe'rentes familles. Ceux qui s'y fouvoient nous 
rendirent tous las services compatibles aveo 
leur misérable situation. Une vieille femme , 
qui parloit un peu arabe , nous apporta u»e 
petite quawité d'eau fort trouble. Noua 
remarquâmes dans ce groupé deux jeunesi' 

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fS V O Y A O B 

femmes d'une figure agréable, <jui avoïent ((•' 
belles dents, et portoient desboucles d'oreilles 
d'argent. Des moioeoux s'envoloient de des-- 
tious le toh des buttes^ le gros be'taîl liabitoh 
le même appartement que les femmes et les. 
enfans. La manière de bâtir, usitée en «e' 
Ijeu , cooâsle à élever des mars de la bauteuT' 
requise , appuyés à augles droits contre )a> 
peoie escarpée de la oolline , et de couvrir- 
la hutte d'un toU de gazon dispose de ma^ 
liière à corréspoadre avec l'inclinaison du sol'j 
ce qui donne à Cos habiutions l'appai-enea' 
d'autant de cavernes. Nous regrettâmes forti 
d« n'avoir à doimer à ces pauvres gens qu'unm 
bouteille vide. Et tQUtçfttis ils en parurent- 
fort satisfaits. . 

Nos compagnons nous rejoignirent bientôtr 
après; et^era les deux heures après-midi d^ 
iour le plus désagréable de tont.notre voyage,: 
nous entrâmes dans Dixan , eon^létement 
mouillés, sai^s avoir avec nous aucune partie 
de notre bagage , qui se trouvoit disséminé 
su^r la route., en proportion de ta force oui 
de la bQnne volonté de ceux qui le portoient/ 
Nqu9 fûmes reçu& par le Babamega^ Yasou» 
@t par Içs principaux de Iei vUIe , <jui nouii 



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EN' A6YSSIN-IÈ. 77 

attendoîent dans une maison qu'on nous avoit 
fait préparer. 

Peu après noire arrivée , le Bahamégash 
nous envoya quelques grands gâteaux plats de 
farine d'orge , du miel et de l'hydromel ■. Nous 
fûmes cbarme's d'en faire noire dîner , en y 
joignant un peu de notre fromage DalaCi 

Juillet sB. Le thermomètre e'toit au point 
du jour sur le Taranta , à 69° F. ( 1 3 R. ) ; 
dans le jour il varia entre 61" et 66" F. 
(iS" et i5° R. ) Nous passâmes une miit 
fort pénible ; l'air étant extrêmement froid ^ 
(le thermomètre à 59° Fi (19 R. ))j elle peu 
,de véiemens que nous avions avec nous étant 
.complètement mouille'si Pour moi , je restai 
assis presque jusqu'au matin j les pieds dans 
ï«s cendres chaudes d'un petit feu j, qui oc- 
cupoit le centre de notre caverne. J'appelle 
ainsi notre habitation, parce qu'étant cons^ 
truite sur le même plan que celles que j'ai 
décrites tout-à4'heure, elle étoii évidemment 
une copie des excavations naturelles ou arti-^ 
ficielles. On peut dire , en faveur de cette 
manière de bâtir , qu'il n'y en a presque au- 
cune qui puisse être mieux assoitie au sol 
montagneux, de ces contrées , et foiunir y à 



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?8 V O T A O K 

û peu de frais » au bétail et aux hommes, un 
abri contre rmtempërie de l'air et contre les 
bêtes féroces qu'on entend tonte la nuit 
hurler à l'entour. Nous étions tous le maiin 
assez mal à notre aise , par une suite de nos 
fatigues de la veille; le temps sombre, et la 
pluie qui ne cessoit pas, ne nous disposoient 
pas à la gatte'. Vers les dix heures Hamed 
Chamie et le reste de nos gens arrivèrent 
aussi maltraités que nous ; ils avoient cepen- 
dant trouve' plus de ressources dans un village 
oîi ils avoient passé la nuit ; ils s'y e'toîent 
procure Un mouton , et tes habitans leur 
avoient fait le meilleur accueil. Nos ballots 
arnvèrent un à un; plusieurs éioient remplis 
d'eau. Heureusement les habits et les présens 
destinés au Ras ^ ainsi que tua petite caisse 
d'eBets précieux ne furent point endommagés. 
Vers le soir , la plus grande partie de notre 
bagage arriva ; Guébra Michel nous fît une 
demande additionnelle de cinq dollars. Hamed 
Chamie résista à cette demande. D'abord le 
Babamégasbexprimale déplaisir que luicausoit 
cette nouvelle imposition ; mais il vint ensuite 
à moi , et me dit que son neveu avoit promis 
ce cadeau nux porteurs , dont it avoit engagé 
plusieurs par force sur la route ; Guébra 



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fiN AilrssiiTiE. ?9 

Michel donna sa main comme un gage de 
tincëriié ; sUr quoi f ordonnai que cet aident 
lui fût payei. n plut tout le jour ; le ther* 
momëtt-e Tarioit entre 61* et 63" F. ( iS* 
et i4* R. ). 

Juillet 39. Nous fûmes tenus éveilles la pins 
grande partie de la nuit, par les eboîemeni 
des ohieus j qu'alarmoit l'approche des hyènes 
et des autres bétes sauvages. 

J'eus ce matin une conversation avec l« 
Bahame'gRsh au sujet de notre voyage d'ict 
Ji Adowa. Il me dît quil avoit ordre de nous 
traiter avec toute» sortes d'égards. 11 ajouta 
que mes lettres avoient été éxpisdiëes au Ras| 
mais que n'en sachant pas le contenu , U 
seroit bien aise d'être informé du but de 
notre voyage. Je lui répondis que les Anglois 
étoient une nation puissante , qui contmandoit 
sur les mers; qu'un seigneur Anglois; résidant 
alors à Alocha , m'avoit envoyé pour établir 
un commerce d'amitié avec l'Abyssinie, qui , 
s^d étoit entretenu, ue pouvoit manquer d'être 
fort utile à ce pays> Je me déterminai i- 
m'expliquer jusqu'à ce point , soit à cause d« 
la manière amicale dont celui à qui je m'a- 
dressob usoit à notre égard , soit pour m'ai> 



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8o V D Y A G te 

surer la conùnuaiîon de ses bons offices ëtl 
lui exposant nos vues. Il m'exprima la s&tis* 
faction que lui doutioit cette Ësplicatiob ; 6t ) 
tontinuant lui-même ses informations, il mé 
dit qu'il falloit ^ciire sur le champ au bàcbft 
ÂbdaUa, secrétaire de Nebred Araur, gou- 
verneur d'Ado-wa , en lui faisant connoîtré de 
quelles monture» nous avions besoin pour 
nous -mêmes , et les bêtes de sdmmC qui 
nous eioieot nécessaires pour porter notre 
bagage ; qu'à ma réquisition ^ on nous les 
enverroit sans délai ; que luis-mêroe u'âvoit 
que trois mulets , et qu'ils dtoient k moili 
servicci Je lui dis que tout ce que ferOit lé 
Ras seroît à nioû gré et le priai de hâter le 
départ du messager qui devoit porter mes 
lettres : je rinvilai aussi à repre'sentfer au 
bacha Abdalla la nécessité de nous envoyer 
les mulets en toute diligence , puisque j'étoîs 
obligé de retourner bientôt à Mass^Wai 
J'écrivis donc une lettre ^ju'il thë promit 
d'expédier sur-le-champ , et par laquelle je 
deniandois vingt-six mulets; j'appris que je 
pouvofs avoir la réponse dans six jouft. Je 
paiai , pour le port de cette lettre, deu* 
dollars. Je sus que le Bahamégash avoil ordrC 
de m'accompagner en personne jusques cb«a 
le 



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EKABTSBIKIE. 8l' 

le Ra9 , et il m'assura qu'il a'acquitteroit. dd 
cette commissioo avec plaisir. J'appris ,< 
qu'apriès que nous eûmes franchi la mon- 
tagne de Tarants, les naturels, ayant à leur 
tête le guide du Naïb > s'e'toient rassemblés 
pour arrêter notre bagage ; mais que notre 
ami Guébra Michel, par ime résistance cou- 
rageuse, avoit fait e'chouer leur dessein. Cett« 
circonstance , jointe à la manière insolente 
dont notre premier guide avoit voulu en- 
traver notre marche , nous donna lieu de 
penser , qu'il y avoit eu quelque complot 
dangereux formé contre nous , et que notre 
diligence l'avoit fait avorter. 

Le jour é^aut serein , nous recueillîmes 
quelques plantes, nous fimes sécher nos effets, 
et nous nous mimes nous-mêmes dans une 
situation aussi bonne que les circonstances 
purent le permettre. 

Juillet 5o. Je passai toute la matinée à 
écrire des lettres, à copier mon journal, et 
k préparer un paquet pour lord Valentia y 
contenant le récit de tout ce qiù s'étoit passé 
jusqu'à notre arrivée à Dixan. Ce paquet fut 
expédié dans l'après-midi, et j'ai su qu'il étoit 
arrivé à bon port. Vers le soir , le capîtaÎQâ 

Tom. I. G 

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8a V O T A G * 

Rtidiaiid fit une promenaile avec bbn fusil î 
dans t*espei'ant;e dé trtiuver du gitner ou dés 
tij^as. Mais il n'aperçut que deux grands, 
cerfi tâoheies, irès-fuyards: £n sbn f^sence, 
)e pris une esquisse des ÛionbagiHis du Tigrée 
.La jouniée fut très-belle , quoiqu'elle èott 
par des tODoerrËs et des e'claîrs. Le therndo-, 
ttiètreétoitii 66*F- (iS'Ri). Aucun de nous, 
n'étmt en très - bonne santé' , tie que j'at- 
tribuai au chabgemenl de Climat et de 
noùmuire. 

Jùiiiet 3l. Ube lettré, dom je joini; ici 
la traductioii , fut reçue par le Balianie'gasli, 
de la part du secrétaire du Ras r^ssidant îi 
Adoyta , qiie les naturels appellent bâcha. 
Abdalla. 

Après les complïmens ordiiiaircs j 
K Supposant qu'en ce moment les Angluk 
sont arrivés à Disan , j'enverrai un homme à 
rïëgada Mousa les chercher avec des dievaujt 
et des mulets. Je souhûte que tous leur 
tëmcôgaïez tous les égards posâbles , et que 
vous de'pêchiez, aussitôt qu^il pourra se fuire y. 
un messager au Ras Welléta Selassé ; pour 
lui apprendre leur heureuse aUrivee. Le Riis 
ftonimande qu'on ait d'eux le plus grand soin ^ 



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Vivrez , «t dés boie^oos Aé ]» meilleure Espèce, 
Vu <{ue TOUS éâ répondes sUf vmrii tête. Ea 
titi oibt f preaét'ési ««ifant de stnà qaë vDod^ 
£wi«z dii Ras Wëlléta 8él^aé Ini-diénië) 
et atjftsitàt qu'iis-stirODt driivë» ^ fûtes is^ésk 
dbnnër évisi f) 

£d cionsd^uëncé de' èéité Iëtif«, j6 ibé Crus 
lotide k faire quelles rèmoiïtraBc^s sûr \é 
liaiH pftx auquel 6d tiôus fîiisoh payer hoft 
Vivres. Le Sahain^gâsH tnè dit j qn'iî Aoit 
prêt à me donfier c« qtù lui appartenoît ea 
pn>pre, mais que lès choses que notis dëman-^ 
dîons éioiftiit de celles dool ils â« fiiisoieni 
tiux-mémejl aueUûe consommationi ; que lâ 
disette qui «vdif tu lieu dâm ces démierï 
temps , et qui s'etoit fait cruetlëment sentir' 
«n cette ville j reudoit fort difh^ile de se pro- 
curer ces articles dé sub^tâiicé ; qu'eu con-' 
seqUeDce il n'^toit |MS en son pouvoir dtf 
tHïussitiisfaire À«et égard. Cette exi^tïattôiij 
d'api'ês la pauvreté de la viH% ^ me pib-ut 
foodË'e j autant qUË }d pUs en jugef dans \i 
ftuiiej 

Le 'put éitnn ttSsëz bëati^ ^êrs iés otii^ 
heures du màilà cependant U y »ttt^ uâe ferHp- 
averse, pendant lii%ue)l« ]tf r; G8nWr>*uB>esr94 



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84 V D y A c K 

nom arertireot qu'une hyène veaott d'étro 
"me prè» de notre caverne. Le Copitaine 
Rudlond sortit flTec son fusil , mais ssans 
réussir è l'attûndre. JVtois trop mal à mon 
aise pour sortir , et je pasai le temps à des- 
giner. La jduie comm?ença le soiri 

. ^ozïf 1. Lematinde ce jour, lemessager^ 
ifuej'aTois expédié au Ras depuis Masso-wa ,' 
passa par ici revenant d'Astalow. It me dit, 
qu'à la i^ception de ma lettre , le Rqs aToil 
dfmaé ordre au clief d'Adowa de temr prêt 
le même sombre de bétes que nous avi<MU 
piîs chez le Naib ; et de les envoyer icâ à 
notre rencontre , dès qull auroit reçu la nou- 
velle de notre arrivée^ Le port de cette lettre 
m'avoit coûté, comme je l'ai dit ci-dessus (i), 
trente dollars que j'avois payés au Nuïb. Le 
messager déclara n'en avoir reçu que deux^ 
U y eut dans le jour de fréquentes averses. 
Le thermomètre se tenoit di^is notre caverne 
à 70* F. (i7'R.)' 

^odt a. J« sortis le matin avec le capi-- 
takie RutDand ; je cueillis qu^ques plantes et 

' (Ô VojH M ^ iuiUet ( p. as. ) 

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EN ABY3SIMIE. 85 

tuai UH oiseau, appelé warré par les naturels, 
dont je pris le dessein. Nos gens s'occur- 
pèrent à emballer de nauTeau notre bagage 
Tpour notre prochain départ. Le jour fut beau 
.et sans pluie. Le thermomètre dans notre ca- 
verne éloit à 75° F. (19° R.). 

Le Bahamégash, acoompa^joé de son frère 
et de Guébra Michel , notts- fit visite assez 
tard dans fa soirée. Après une c<Hiversation 
sur divers objets ordinûres, ils oommencèrent 
à nons donner les noms de plusieurs hommes, 
(ju'ils supposoient Angiois, et qui avoient passé 
précédemment par cette ville. Nous pensâ- 
mes que o'étoient Bruce et sa suite qu'ils dé- 
s^oient. Ils finirent par observée que nos 
eompatriotes avoient fait aux habit ans de celle 
ville un présent de cent dollars , et qu'ils espé- 
roi^it que nous en userions de même. Comme- 
î'éludcHS cette demande et que je- renvoyoîs le 
Baharoégasb au Bas , il alla jusqu'à afRrmer 
qu'ij avoit un droit légitime à cette somme-, 
et qu'étant un chef indépendant., il la récla^ 
meroit en présence du Ras lui-même. J^ 
répliquai , qa'k ma t^nnoissance "certaine , 
aucun Angkûs o'avoit payé une telle somme-; 
qu'un seul avcût passé ci-devant par cette ville, 
ftt avoit dojuifinu précédent Baliarnégasb qu«- 



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PQ y p V A o B 

.raqtfi doU^'^Beuleroei^t, ponrvaleuit desquels 
il ayoit r«çu en retour uq beau pheval poir ; 
qu« nûBO ^vions éc^ fait uiM dépense consir: 
(lerabla; que coiniiie Qpus TOyagiops p^r le 
désir même du Ras , et non pour aucun 
tivautage personnel , je ne lui donnerois cer^ 
tainement tùèn à présent; qu'à tnop arrivée à 
AotaloYv , je rapporterois l'afTaire au Ras , 
pi. me cooduirois par ses ordres. 

Après cette explication , le frère du Rabarr 
.pégtksh CQnamepça à se mêler de la co,pvef^ 
eatiop et à elevçr ]a voix. Je T^irrê^î court , 
fin lui disapt que ja ne spttfTrirqis pas qu'if 
prît part à celte affaire. Sur quoi il se leva 
furieux et sortit. I^e Baliarnégash et «on nevep 
le suivirent k nQtre grande satisfaction ; et 
pqrurttut euxrmêmiïs bien aises de se débaf- 
^osser ainsi du soin de soutenir une demanda, 
qu'ils sentpient bien n'avoir ancup fopdemenl. 

Peu de minptes après , P(amfd Chami^ 
.revint avec pp «lessggç du Babarpégash-, qiii 
pops faîsqît dire que se? gens étoicQt afFuniés, 
et qpp p'étolt cç qui l'avoit eo"a.gé à nous 
.fiemapdp;* dâ l'^rgeo^ , piais qu'il espéroit que 
içipui v^ea serions pas çnolps bons amis , et 
.qu'il çtoit prêt à non» accompagner dés que 
les mulets scroient arrives. H piioii aussi qa« 



U,ql,lt!dc,C00gIC 



l*qn ne fît point menlioq au ^its de ce qui 
TçnQÎt d^ se passer. 

j4otét 3. Je fis selon ma coutume , une 
promenade après déjeuner, et je ramassai 
quelques planiea. Le temps ét<>it beau et sans 
pluie. Dans le cours de notr^ promenade , 
nous vtmes ufi grand oiseau, qui ressemlfloit 
beaucoup à Tabha gumba ^e Bruce ; mais, 
une ondée qui survint -«mpdclia nos'cfafisseurft 
de le suivre. Après la pluie , le capiiaîne 
Hud'ând sortit de r^ouveau , et tua un grand 
piseau, que les naturels appellent Uerhomai 
( ou oiseau d'eau , de Derho , oiseau , et 
mai , eau ) y dont je fis le dessin. Cet oiseau 
liabite les terres basses et niarëcage.U3es , et 
vit de vers. Nous le fimes cuire, et irou-r 
Vamçs sa cbair tendre et s^ivourçuse. 

A une heure du SQir assez avancée , le. 
frère du Bahamegash vint voir Hamett 
Glia>mie , çt répéta sa demacde d'argent 
au nom des habitons de la viUe, déclarant 
que c'éloit uin droit pour eux, et qu'ils éfoienfc 
t^^terniiue's à se faire payer. Hariiéd Chaniie. 
dit que j'avojs déjà fiùl p^r^euir ma réponse, 
au Baliarne'gasb ; et fort S propos il aHa «liez 
p^lui-çi, le dem^nd^,' él me l'àpién?, ei^t 



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ffll V Y A G K 

se plaignant à lui de la conduite de ses gens. 
Le fiaharne'gash prïa d'abord Hamed Chaime 
de ne faire aucune attention à eux ; et dit^ 
que , comme c'étoît lui seul qui nous avoit 
~ fourni la nourriture et le logement , personne 
au monde u'avoit rien à nous demander. 

^oàl St. II ne s*est rien passe' de Douveau. 
Le teras est bien doux ^ comme un jour 
du mois de mai en Angleterre, 

j^oàt 6. Il est tombe' tant de pluie y méle'e 
d'e'clairs et de tonnerres , qu'à peine avons- 
nous pu mettre le pied hors de la porte. Je 
me suis amusé à dessiner ; et le capiiaine 
ftudland y à recueillir quelques informations 
auprès des balùians. 

Le Baharne'gasI) éloit très-pressaot pouF 
obtenir un tableau d'egUse, £n conséquence^ 
je mis Pearce à l'ouvrage , qui fit une. Viciée 
avec l'enfant Jésus, en couleura éclatanies j 
ce tableau fit le plus grand plaisir. Le tber^ 
momètre , dans notre hutte , étoit à midî 
à 64' F. { ï4| R. ) 

j^oûl 7. Une lettre du bacfaa Abdalla écrite < 
d'AdoYfa, wmopce que les mulets ne partiront 



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KH ABYSSIHTE. 89 

de cette dernière ville que le lendemsin , es 
sorte qu'ils n'arriveront probablement pas 
avant dimanohe. Ce délai est attribué à la 
nécessite où l'on est de s'adre^er au Ras à 
Antalow, pour en obtenir un ordre d'acheter 
un plus grand nombre de mulets , vu que 
les habilans d'Ado-wa refusent d'envoyer les 
leurs pour nous servir pendant le reste de 
notre voyage, 

Uneka&la, arrivant de Matàow», apportoit 
tute lettre au Babamegash de la part de 
Currum Cliuod ; mais aucutfe repense aux 
lettres que noua avions écrites à Massovi^ 
Le bruit CQuroit que le capitaine Court avoit 
bombardé Massowa ; les naturels parloient 
d'tme masse de fer qui avait éclaté snr I» 
ville. 

Nous appiîmes que l'on avait trouvé le* 
corps de trois hommes empotâtes par le tor- 
rent , du côté le plus voisin de nous de . U 
niootagne de Taranta. 

Nos chasseurs , ayant vu un âne et un 
cheval oiorts hors de l'eupeinie de la ville , 
sortirent le spir et passèrei^t deux heures à 
attendre les hyènes , supposant qu'elles se 
jetteroient sur ces corps. Ils en virent un 
grand nombre , qui faurlcûent et se disputoïent 



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0a y o Y A G B 

leur proie , en poussant de temps en temps 
des nigissemens aîçus. Il faut que ces anîmari 
Soient d'une grands force , cqr on vît l'un 
d'entr'eux traîner f lui seul If cqrps entier 
du cheval. Ils Ploient «^e tailles fort diffé-7 
r*yites ; mais Iff capitaine Rudland çi Pearce 
Vaccordoient à dire quf celui qulls avoîent 
}>lesfte e'toit grand c^mme un petit ânç. Quel- 
ques chiens dti viljage rongeoîent ces corps,, 
mais ils se retirèrent en grondaqt à l'ap- 
proche des hyènes , et se tinrent à quelque 
distance. Les hyènes de leiur côté ne sem- 
Itluiept pa» avoir eïtvie d'attatjuer les chiens. 
Il y BToit parmi cU^' d'-autrçts aiîimaux plus 
petits ,. qui ujùngeoient avec elles de bonne 
ttmiûe , et que nous supposâmes ^tre des 
jackals. Le m>|tin e'toil froid, et brumeux, 
mais vers l'heurte' du déjeuner, le temps 
s'édaircit et se ' ni^iintipt fessez beau le resti^ 
du jour. 

On eut Iq qouvellç qu'uQe l^afila , venant êié 
Massovra ici ,■ avoil beaucoup souffert de la 
crue du torrent à Ell^a ; qu'uq lnjinme, dii 
çhailleaux , et une grande partie dit bagage , 
(ivoient été entre^nés par Içs eaux. 

Jfoût 8. Je me prcMnenaî le malin et ra^-^ 

U,ql,lt!dc,C00^IC 



{:h ABvsaiHiE. g> 

fOMsai quelques pjaotes. Le soir qpas sortîmes 
tous pour courir sur upe hyèue. Nous en 
- vimfis (i^ui , «t le capilaioe Eudiand eut le 
^onhçur (l'en abattre un^. La b^ljc passa à 
.ti?Ter9 l'ép4ule droitfi et ;tllft se loger dags le 
f ou. Aussitôt Fs^imal tomba. Pearçe accourut 
pt loi lapca de grosses pierres à la tête. 
Mr.Carter lui enfppça sop e'péç dans I9 gorge, 
f e qui l'acheyaf 

Les geps du village accçiururent au coup, 
phisieurs armés d^ piques ; mais pous pe 
pûmes pcHut les engager à porter cette proie 
-À i)Otre logis , parce que tons les ^-l^y^^ûi^ 
pot jes hyènes eu horreur. Nos domesiiqufïs 
l'emportèrent en trionipbe , et la suspefidirent 
à notre porte , aSn que Iç Içfidemain je plisse 
-ffi (fîtf I9 dessein. 

- J0o4l Q. Mon premier soin fut le matin 
^examii^er l'hyène tuée I41 nuit pre'cedente. 
Ç'eloil up mile, de l'espèce tachetée {çanis 
çrocuta ) , que Içs naturels appellent zubbi. 
'La couleur domîuapte de la peau est un brun 
sale et peu fouoe tirant sur le jaune , avec des 
taches noires : Festr^mite' de la queue est 
Couverte d'un crin noir et grossier , comnic 
celui de la ([iiçue du cheval. Sur le dos est 



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ga V o Y A s I 

«De raie d'un poU loog y dont la pu-li» am- 
térieure , eiitr« la léle et la poitrÎDe , s'incline 
en avant, tandis que le reste penche vers la 
queue., en s'accourôssant tQuJQurs plus , de 
6orte que vers le croupion coi ne voit plus 
qu'un poil lisse. La loi^ueur de raaiatal:, 
depuis le nez josqu'à l'ioseriion de la queuft^ 
etoit de qwtre pieds trois pouces ( ai^tois ) i 
sa hauteur , depuis le haut de l'épaule )usr 
qu'à la pkate.du pied de davant, étùt de 
deux pieds quatre pouces et deoù; et depuiii 
le haut du croi4>ion jusqu'à la |da«te da 
pied de denière , il y avoit deux pieds ua 
pouce tA d^ai. Nous on avons va dans la 
suite de beaucoup plus grandes , et d'une- 
eouleur plus foncée- 

Quand les habîta»s accoururent ta suit dev- 
pière au bruit du coup tiré par le oapitaina 
B-udlaitd, Us avoient avec eux [^sieurs de 
leurs chiens^ Goux^ci n'eurent pas {Jutât vu 
t'hyène abattue et ruaissaoL à terre, cpi^s se 
jetèrent sur elle , et la sabrent avec fureur.; 
c^eudant, conuae jel'aidit, ces deux espèces 
d'animaux, quoique ennetnies, hasardent, r{^ 
rement ,^ dawles oirçonst^nces ordinaires;, 
d'en vepip à «n conjbat. Nous avons vu plv*s, 
d'une. fois ces luaimaui passer et repasser, Iqs, 



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EN AXTSSIHtE. g? 

"am Et les autres «□ grondant , mais sans m^ 
quer l'attaque ; un soir même ils ont été vus 
mangeant ensemble un coi^s mort. L'hyène 
toutef<c»a se relire en présence de Itiomme; et 
les chiens avertissent de son approche par 
leurs aboîâmeos. 

Fendant que nous étions occupes à manier 
notre hyène et à la dépouiller de sa peau, let 
babitans nous regardoient faire avec des signes 
manifestes d'horreur et de dégoût. Le Bahar* 
negash néanmoins nous pria de.Iui donner )« 
foie de l'animal , qui est un des ingrédiens 
d'une encre avec laquelle doivent être écrit» 
des channes, que Pon porta au bras, comme 
des amulettes contre toute espèce de maux. 
L'homme qui fut envoyé pour prendre ce foi* 
en paroissoit ausù effraye' qu'il eût pu l'être 
d'un serpent; il le portoit avec des précautions 
extrêmes aU bout d'un long bâtOn. 

Quand l'hyène eut été dépouillée de sa 
peau , nous la jetâmes siu* l'heriie à environ 
cent mètres (yards) de notre hutte , oïi ce 
corps resta tout le jour , sans que les chiens 
ni les vautours y touchassent: mais des qu'il 
commença à faire obscur , il fut traîné et 
dûvoré par d'autres hyènes. 



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g4 V d T A 6 £' 

Après avdir achève nos dbaerviilioiis (i) j 
iious fimës une (>roineriiid< de trois bu quurtf 
milles , où nous hé vîmes riëh de bien rëmaf-^ 
tjuàblë. Nous idâmës un lézard d'ualïlèu clair, 
dotit je fis le dessein : tioiis priaies Aussi ud 
tarae'Ie'bn vivant. Aûotre retoiii*j hbusfûineA- 
surpiis par une forte plnU) j méléê dé grêle ^ 
d'ëclairs et d« tontl6^^es. 

Je passai J'aprËs-fDitË à dessiner qitelques 
plantes recueillies dans notre pi^menadè. 

Lanotivèlle arriva que le capitaine Cburi 
s'étoit Vti coDti-aint dé mettre à terre quite^ 
bomi^es de la Panthère k Mâssowa , et d'user' 
de iueo.i(ïe avtic le N&ïb , pour obtenir Aé 
liû le paquet qbe traus lui avions exp^did- 
d'ici y et atiquel jusqu'iei dous n'avons poini 
eu de repense. 

^odi to. J'écrivis îë iteiun ati Bas, pdtit'- 
Informer du délai que ncins éprouvions k 
t)ixaD. Je lui mnonçois que , n'ayant àut^untf 
houveUe relativement au temps auquel les 
mulets arriveroient d'Adowa , bOus pàrtirioi» 

( i ) Ceit-s-dire , les obMrvaiitrris relative^ aai 
<1imeiidoiu de l'h^rfeiK, car la dernière fat évideiii' 
Ment postéricRre k U promenade. 'D-: 



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d;:ns trOis jours avec Iè& mbyèns dé irâiis-' 
port que poQrroH nous foumîi- la ville bit 
bous élionsk 

Lé fiabarltegasl) nbotalicta tUtq doJIars pour 
le port de câue lettre à Aotalûw; comme jd 
n'àVois pu de iihoix, je payai ce qu'il de- 
maDdoit. 

Nous iiiufes à cheval inie peûté excur^n 
liors de li Ville , mais le mauvais temps boas 
força très-vite d'y rentrer. £n revenant hou» 
passâmês-pàr la partie la plus élevée de 1» 
collibeirrègulière sur laquelle Bisau est bâtiei 
Bruce be l'it pas Ibrt bien dépeinte èti la 
Comparant à un pain de su<ire , comme on 
peut le voir par une des vues que j'en aï 

Nous àpprïmés à notre rëtotir qu'il avôit 
e'te fait uoe nouveHe demande à Haftied 
Chauiie pour fournir du poivre au mesâagCr 
qui étoit prêt k psrur avËc notre lettre pouf 
Antalotrj mais c'étoit un article de trop de 
valeur pofir que nous pussions l'accorder } 
bous refusâmes absolument. En conséquence 
le Bahamégash renvoya k Hamed Chauùe la 
lettre et le» cinq dollars , que nous lui avions 
payés pour le pori. Je fis aussitôt demander 
le Bahamégash , et jc lin témoignai ma sur" 



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CjS VOYAGE 

prise de ce qui se passoit^ Je l'assurai que je 
devois quitter Diien dans trois jours , et que 
si la lettre n'arrivoit pas k Antalow avant 
moi, le blâme en retoiùberoit sur lui. Je 
pensù ensuite qu'il seroit bien de mettre 
cette lettre sous le couvert du bacba Abdalla , 
parce que la communication d'Adovta à An- 
nJow paroissoit plus ouverte que de la ville 
où j'étois. Le Bahamégash tenta, mais en 
vain , d'empêcher que cette lettre ne f&t ex- 
pédiée f en nous disant qu'il aVoit été informé 
que les mulets seroient ici le lendemain. 

Le soir, il arriva un homme du village d« 
Dagozie , k deux journées de Disan, qui nous 
apporta la nouvelle que les mtilets d'Adowa 
ëtoient tout près de nous atteindre. Il nous 
amenoit aussi une vache maigre en présent 
de la part de son oncle , qui est Cantiba , 
ou chef du village que je viens de nommer. 
. En retout je lui donnai deux pièces de toilei 
Cela ne'anmoins ne le satisfit pas; car quand 
nous étions déjà retirés pour dormir, il vint 
m'avertir qu'il étoït sur le point de partir 
pour Homazen , et qu'en conséquence, si 
j'avois quelque chose à lui donner i il me 
prioit de le lui donner tout de suite. Quand 
je lui demandai quel présent il vouloit, j^ap- 
pris 

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XV ABT8 SINIE. 97 

pns qu'il se contenteroit d'une valeur e'gale 
à celle du mulet qui lui servoit de oKmture , 
et qu'il estimoit modestement à la somme de 
quarante dollars. Là-dessus je le renvoyai à 
Hamed Chamïe, comme ç'étoit ma coutume 
conslaaie dans les occasloo.8 de cette nature. 
Celui-ci s'en deLArrassa très'vite , en le pHaat 
de reprendre sa vache , qui lui avoit été très- 
largement payée. 

j4odt 1 1 . Il arriva deux hommes dans la 
tnatînëe , qui apportoieni , de la part ds 
Négada Mousa, la nouvelle que tes mulets 
ariiveroient le lendemain. Maïs nous avions 
en déjà tant de rapports semblables, que )« 
déclarai au Bahamégasb , que je ne ferois 
désormais aucune attention à toute espèce de 
message verbal, et que comme ceux qui Je» 
apporloient pouvoient fort bien venir uni- 
quement en vue de recevoir la pièce de tbil* 
qu'il étoit d'usagie de leur dotmcr, je oa ma 
floumeitrois plus à cet usage. . . 

A midi noUs eûmes une forte pliud accom"* 
pagnée de tonnerre; bile reste du jour, fut 
si sombre , que n6Us tie pAmesiien faire daiia 
notre hutte sans chandellesi Nous étions totM 
mala(jes de rhumesi Nous, tuâmes un vatit* 
Tom. I. 7 

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9S V O Y A G El 

tour ; et a^rès l^avoîr examîae nous d^dâme^ 
que c'ëtoit un oiseau de passage, puisqu'il 
«toit dépourvu de cette poudre que , selon 
Briice , CD retrouve cbëz tous les oiseaux 
des collines de ce paysj il est du reste à rtf* 
marquer que nous n'en avons irouvd chez au- 
cun des oiseaux que nous avtVns tués jiïsqu'icij 

jiodt 13. Nous passâmes la maline'e ai 
attendre avec anxiëié l'arrive'e des mulels, et 
à préparer nos armes k feil, etc. pour le 
voyage. Â midi, on nous annonça l'approche 
de ces animaux; peu après, lé Baharnégash 
noils présenta Hadgi HamedetNégadaMousa^ 
Chacun d'eux nous apportait une lettM dti 
Bas } en arabe , oii le premier de ce» deux 
t>ersonnages nous étoit déùgnë comme un 
homme jouissant d^ toute sa confiance , à qui 
Uoils pouvions exposer tout ce que nous au- 
rions à demander y et le seeood comme un 
goide sAt, charge du soin de nos personne» 
et de notfe bagage, lis seaidiloient l'un et 
l'autre dés hommes plttt considérâmes qu'au- 
cun de ceui que uoiis avions vtB depuis notre 
départ de Modia; leur suite et leur escorte 
ëteient nombreuses, et tous oeux qui en 
faiaoient parue e'toieut vttus décemment. Il» 



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ii()iis Ipprirênt qtib lë Bàia et sa fdmilJe si 
j)brtoiént bien ; qu'il élbit j lut personùfelle- 
inènt, tl-ês-impiitiem dé iiOnS voif ; 6t qu'il 
avait ordotioë de ddus famënër éH sîi pfësèncé 
ilans délai par le chëmiti le pliis ëOurt j qai 
ioot ëtbit pi-éparé pbur hbiis recevoir^ pfer sOd 
brdrë spécial , dàus lés villages pttr Où nous 
devions passer ; enfin (pjë si quelqu'un osbit 
iiàm tnolëstér , il ëH Serait rëspobsablë sut' 
Sa tétë. Us Uotis dirent encore , ^uè qUaiidl 
nous sërioûa li dëiix jodriiéës d'ÂntalOw, ttous 
Jr iroiivërions uhë ùbuvéllë estortë. iiadgl 
HaOïëd , Â Ttostànt dû il entra daiis notre 
iiutlê , tuë reconnût surJ-le-ehamp ; je md 
àouTÎns atts^ qiië nOùi nous ^ùbns vus ad 
village de Baddur, dans l'nnë des Iles dd 
{lâM Moritiiigtofi (l ) ; et qu^l m'avôit (Kt alors , 
qu'il tëtioit de quitter le Shérif de la Mëcqu# 
et qu'il éttnt éa dhëmin pouf- àé rendre auprès 
dû Ra& Wëllétèt Sëlassë. Aprèâ avoir pris lé 
tofé y ils se retirèrent avec Hâraéd Chaniiè y 
«t je fis dëhetër ciilq ttoùtobâ pbùr que totitë- 
ùotré troopë fût bien bddltië. 

(i) Le potl Morriingtort éit sitnè sur la cdlë occi- 
dtiUa]« dé la uier tca^t «D p«u «a làâ de Siukciri'j 
k ift* i&' (te latitude. 'Âh . . . . 



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ioô V o ï A o ï 

La TÏlfe de Dixan étoit eu ce moment fôr» 
toleîne d'étrangers ; car outre les geos de la^ 
suite du Ras t il y amvwt d'heure en heure 
des kafilas de Massowa et d'Adowa. La jour- 
née étoit nébuleuse et on entendoit gronder 
le tonnerre. ** 

\Août 1 5. Hadgi Hamed et Ne'gada Mousa 
«lépuièrent de bon matin Hamed Chamie 
|H>ur me remettre les muleta que le Ras 
m'eQToyoit, Je vins cloue à la porte de ma 
hutte , et là tous les tuulets « au nombre de 
vingt et un , furent amenés devant moi. 11 y 
«n avoit seize de forte raoe pour le bagage ^ 
et cinq d'une taille plus légère qui dévoient 
nous servir de montures. Après cette ce'ré- 
tnome , le Bahamégash m'informa qu'il m,'en 
Joumiroil trois de plus^ ce qui fiuffiroitpoui' 
tout notre monde. Je donnai ordre de tenir 
tout prêt pour partir le lendemain au- point 
du jour , ayant consenti d'accorder le. 
teste de cette joume'e à nos nouveaux guides» 
qui avoient besoin de repos , et avec qui je 
soubaitois de commencer le voyage d'une 
manière cpii leur fût agréable. Us m^appor-- 
tèrent ensuite de la farine et d^autres objets 
de nécesùte ; «t m'apprirent qud désormaû 



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-EN- ABYSSINÏE. lO* 

nous serions défrayes de toui par Fordr* 
-■exprès du Raj. 

Le soir , le Baliarsegash vmt nous Toir- 
avec' son frère, le m^me qui nous avoît H 
fort importuoes. €0»!™» nous savious fort 
bien que cette visite ne pouvoit avoir ud but 
satjsfabant , bous évitâmes tonte eommuoi- 
cation , sous prét&xte que nous n'avions pas 
notre interprète avec nous. Nous sûmes en--- 
suite quel motif les amenmt. Le-Baliarnégash 
nous avoit promis trois mulet« ; niïùs comme 
il p'en avoit que deux , il avoit compté obtenir 
le troisième de son frère. Celui -^ ci le lui 
pefusa , paroe que n'ayant eu de nous aucus 
présent, il ne vouloit poîm nous en faire. Le 
Bahaniégash eut beau le prier. Tout ce qu'il 
put obtenir , c'est qu'en donnaa^ le mulet , 
il partageroit avec lui le préseat que nous. 
lui ferions. La Babarnégasb lui dit qu'allant 
nous accompagner à Antalow , il seroit bien 
loDg-lemps, avant de ries recevoir ; mais 
qu'enfin ce qu'il recevrait , il copsentoit à 1& 
partager avec son frère-, pour ne point manr-. 
quer à la parole qu'il nous avoit doonéft. 
Cependant comme son frère persisloit à d»- 
mander d'être pa-yë sur-le-cbamp , le Bahari-- 
Rcgasli s'çloit vu coçtraiot d'eçvoyer à ««, 



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JOO V p T A O B 

village Tçtiûii »çlieter ub mulet, qpi fut eafiji 
ymené 4t>nii Ifi 8oiree> 

Les mùsops dp Pixan qpt 4^9 tolf^ pUts , 
elles n'ont point «ie fenéti-ea^ «t {lu )iea de 
chemine'ej il ya dçux pou de terre quf sorteiit 
du toit) et dopt l'ouverture es^ si elroile , 
-qu'elle ne peut donner issue qu'à une petit* 
pamie de U fumée. Les tnaisons sont bâties 
. -autour d'une CQllipe , d'pù l'on a une vue 
fort étendue des monta^ee du ^igi'« «^ de 
^out le payti ^ l'çntQur, Ce. pays est presque 
pp entier compose de ipoptagnes rocailleuses, 
sur pluàçurs desquelles on découvre des vilr, 
-lages 4ont la construction |-essemt>Ie beau-, 
fioiip à celle de Disau- 

Le seul édifice piiblic qu'il y ait dans ce<te 
.villç est la cbapelle. Nous la visi^mcs. Cest 
un bâtiment de mince ftpparence , dont le 
toîi est couvert de chaume et dont Içs mu- 
raiUçis ^nt en terre- En entra|it dans l'eil- 
çe>Pte , les enfaps qui iipus copduisoieqt bair 
«oient les poteaux dç la porte. Pçmr nous 
conformer fi l'usage , nous otâmçs UQS sour 
liers pli nos d)apcaux ^ l'instant où nons 
entrâmes daqs l'édifice- La pa^rtîe întériei)re 
(ttoit fermée. L'aîle qui l'eptoufoit éioit |pi)~ 
chée de roseaux. Sur les murs étoient peinte 



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grosȎreiii9|)t les figures, hautes ett couleur, 
(Je St. George et de St. Haimanout à cheval, 
)ivec des piques, et plusieurs figures étrapges 
daus diverses postures extraordinaires. Les 
prêtres porloient de grandes clefs , comme 
celles que les peintres mettent à la main dc 
St. Pierre. Tou^ les naturels paroissent aim^ 
beaucoup les croix. Le paharoegash fnt 
extrêmement contept d'en recevoir une du 
capitaine Rudiand. La plupart des clire'lïeus 
de ce Ken ont une croix empreinte sur la. 
poitrine , ou sur le bras droit , ou sur le front. 
Ce signe , et uq cordop de soie bleue autour- 
du cou, leurs paroissent des symboles indis- 
pensables de leur religion. Ik boisent tout 
ce qui a la moindre prétention à la sainteté' 
ou au respect; j'en vis nn exempte frappaç^ ' 
dans le Bahamegash , qui baisa la lettre que 
je lui remis pour 1? bâcha AbdalJa , secreV 
taire du Ras. 

Les habitais que j'ai vus jusqu'ici , sont ^ 
i peu d'exceptions près , paresseux , .^o-. 
rans, et malpropres. Ils ont le teint d'une 
couleur très-fonce'e , et on en voit peu que 
l'on puisse a[)peler couleur de cuivre , comme 
les uomme Bitice. Ils sont dans l'usage de 
dire des prières sur chaque chose qu'ils SIJWt 



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J04 V-O Y A O B 

gent , qu'ils boivent , qu'ils reçoivent ou 
qu'ils ctooneut. Et Us terminent cette cér^ 
monie , en soufR^ut dessus , comme nos escai' 
moteurs soufflent sur leurs balles. 

Dans toutes ces prières, ils tournent le 
visage du QÔlé de l'orient, et au OQntraire 
Us tourpent du côte de Toocident la tête des 
«^mauz qu'Us tueot. Ils refusent de goûter 
les animaux tues par les mabomélaos , pour 
lesquels Us ont un grand mépris. 

Les jeunes garçons se marieiit Ji quatorze 
ans , les filles à dix , onze ou douze. La cir- 
concision se fait le biiiiième jour après la 
naissance. Ce sont des femmes qui la font. 

Le nombre des femmes que peut avoir 
chaque homme varie depuis une jusqu'à dis, 
selon leur fortune, ou selon les moyens qu'Us 
out de les entretenir , car il faut pour chaque 
femme un endroit à part où elle puisse faire 
Sf9 résidence. 

La plupart des ocoupations pembles, tant 
RU dehors qu'à la maisoq, sont confiées aux 
femmes; ce sont elles qui sont chargées de 
moudi'e le hlé , decbarierle bois et de porter 
l'eau, qu'on va ehert^ier dans une vidlee à 
un mUle de la villç ; de cultiver la terre , e^ 
de cueillir les le'gomes , dont on fjùt sa nour« 



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riture journalière. Elles portent leurs «pfao» 
,«ar le 4os , se ceignent d'upe peau tannée} 
et opt les br(ts et le oou ornés de ch^eleti 
et de ooquîUes blanolies. Les femmes d'uo 
haut rang se laissent croître Iqs ongles de h 
main gauche juaqu'à une très-grande loogueur 
et mettent leurs doigts datts des étuis de ouir^ 
JoDgs de plu^eui« pouoes, po4ir les conserver. 
Les esclaves sont très-ohers à Pisau, si 
pous pouvons nous fier au rapport des habî-i 
tans à ce sujet. Du reste leur pri^ , çojnmo 
celui de tout wnmiil mis à l'enchère , dépend 
beaucoup de leur bonne apparence. Si la 
ïiature les a favorises, s'ils opt de beaun 
traits , s^ils ont la peau blanobe; ils se ven-< 
dent henuçQup nijeux que. ceux d'upe çquIçuç 
foncée- 
La quantité proportionnelle des terres oa-* 
pables de culture est , autant que nous avons 
pu Tobsçrver , peu considérable ; c'çst uq 
petit nombre de places sur le penchant des 
collines, et dans les parties les plus sècbet 
des vallées. 

La saison actuelle semble être le printem» 
de ce? contrées. Quelques-uns des babitans 
p'oçciipent en ce moment à htbQurer leui-p 
«hamps avec des charrues de bois. Elles sont 



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îo9 T O V A « ■ 

gros^'èrement fuies d'upe r«Q!ne ou d'ane 
branche d'arbr« ; quelquefois Iç soo est ea 
fer. Après avoir dopoe' deux labonrs, les 
mottes sont hrise'es avec des iqstruniMis cro- 
chus d'uoe ooiistruclioD grossière , par des 
femmes , qui oQt soin en même temps d'ar- 
rachçr U mauvùse herbe; ensuite , on sènxB 
)e grain ; et l6s cultivateurs réservent pour 
cet emploi tout ce quHls possèdent de 
plus mauvais. Il j 9 un grand itombre de 
chèvres appartenant aux habifans de ce lieu, 
ï)n ce moment , la plupart n'ont point de 
lait; ausù est-U fort difficile de s'en pro-r 
curer ; et nous n'avons ifim^is pu en avpir 
plus d'une pinte par jour. Une petite chèvr^ 
coûte un demi-dollar. Les montons sont pour 
la phipqrt noirs , mais quelques-tit^s ont Ia 
face blanche. Leurs peaux ont de la valeur ^ 
paroe qu'elles sont fort utiles comraç véte- 
mens. Auoun homme ne s'éloignç de cent 
niètres de sa maison, sans ^voîr une de ces 
peaux sur les ép;aules. 

Nous avons vu jusqu'ici peu de vaches et 
toutes f^rf ntisèrables. 11 y a de l'orge et du 
juwary en abondance , mais nou^ n'avon,B 
pas encore vu de froment. 

A, Piiaa les drapi blagcs so^t préfères ^ 



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EK AB¥88IMIS, ^»f 

f«ux de tome autre couleur, L9 tabjio h 
|umer, le poivre noir, les miroirs, le tabae 
FII poudre , les e^ux-de-vîe , et les gros grains 
de chapelets, y spot de bons articles d'éc|iang«; 
I^s graips verts sont à la mode et se vendent^ 
par cette raisoo, miiaux que d'autres. 

L'instrument de musique , que nous avons 
pnteqdu à Masso'wy, et que je supppse être 
)a lyre de Bruce , est également en usage ici. 
tJn dès jeunei prêtres eq jouoit. Leur cliant 
est, s'il est possible, plus intparfait encore 
que leur musique instrumentale ; l'up et 
l'autre réunis soiit {iffolérables, 

Bruce dit qu'ils b'out point de figures eu 
relief. Les deux seules que j'aie vues jusqu'ici 
^out deux visages représentes nu chevet de 
fQon lit. 

L^s droits sur les marchandises qui pftssent 
par Dixan sont levés p^r la personne dap^ la 
maison de qui le marohaqd s'arrête. Lesvova- 
geurs sont logés et qourris pendant leur séjour 
et paient en marchandises ou en argent. Ce 
qu'oq dit du pied sur lequel on règle ce 
paiemeiil présente des pi-ix si exorbiians , 
que je ne puis avoir conSance en de tels 
fapporu. 



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lo8 v a T A G B 

Le Bahamegasb parent être fe c)ief dt 
PUai) et d$ ^x ou sQpt villages voisias. Cet 
villages seDibl«3t être oonveaus eatrVux (1« 
TÎvre eu paix et de se garder une fidélité 
mutuelle. S'il se oomioet quelque crime , 
toute la OQntmunaute' s'assemble ^t discuta 
l'affaire ; mais la peine est rarement infligée» 
parce que le orimipel a une ressource facile 
pour 9.'y dérober, en aUapt se joindre à uno 
tribu de quelqu'autre, colline- Plusieurs d'eor 
tr'eux QOUK ont sauvent repe'te' , qa'îk 09 
paient dH Kas aucun impât;, çx ils nous ont 
assure plus d'upe fois qu'ils étoicut i^solvi'- 
pient indépepdausdu gouvernement du Tigré.. 
Diverses circopstapces neanipoins pous onjt 
fait croire que cela p'étoit pas esaciement 
vrai- Il se peut qu'ils ne lui paient riep» mais 
U est évident que son autorité y est respectée. 

Le Babarnégaslt fait toutes les affaires de 
son gouvernemept par de simples messiiges 
verbaux, Lorsque nous lui montrâçies les 
caractères geesh du livre de Bruce , ils exci- 
tèrept pi foiblement son atteoiion, que je me 
crois fondé à penser qu'il ne sait IiM-(pêmç ni 
lire ni écrire. 

Je n'ai pu découvrir à Dîsan aucune école 
poiir la îeupesse en aucune long^ue. Nqu's 



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tS ABTS.SINIÉ. 109 

n'avons reûcoatré que peu de personnes en 
e'iat de lire la bible qui est à leur église , et 
qui m'a paru le seul livre qu'ils possèdent ( 
ceux qui sout parvenus à ce degré de 
connoissance sont considérés comme prêtres , 
dti moins c'est ainsi qu'eux-mêmes en jugeât. 
Dans cet ordre ^ en en venant à l'épreuve y 
on n'en trouve pas An sur vingt qui puisse 
écrire les caractères qu'il sait lire. Nousn'a- 
VoDS pu découvrir dans Dixan qu'un seul 
homme C[ui sût écrire sa langue maternelle. 
Nous le priâmes de nom tracer les différens 
caractères de l'olphabet geesb ; mais t'îgno* 
raace manifeste qu'il nous montra à cet égard 
BOUS fit assez, voir qu'il étoit peu avancé dons 
l'art d'écrirei 

Nous apprîmes , en prenant quelques iufor' 
tnaùons à son sujet , que cet homme ne vivoit 
pas habituellement Ji Dixan; qu'il voyageoit 
^e côté et d'autre dans le pays , en qualité d« 
Viédecîn et de prêtre tout à la fois; et qu'il y 
avoit déjà quelque temps qu'il exerçoit son 
talentdaus la première de ces deux professions. 
Le Baliamégash actuel est un homme âgé y 
de grande taille , d'une figure douce , chauve 
sur le haut de la tête et ayant autour des 
oreilles des ebevéux en toufi«. Son habille- 



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lid V o ¥ A d * 

inentjSémblabië à celui ilu reste du piiuptlt^ 
consîstbit en une seule pièce de vêtement 
Jéteè autour du corps. La seule marque div 
tinctivé de soti oflide e'tott iln hâtoii peWy 
d'éhvirob sik pied» («nglois) d(! lotig; ses 
paréos et ceux qui ëtôient revétits dé quel^ 
qn^àutoiile sdbordoniie'e à là «ientié potloieat 
tm hktaa paréîli Le Balidruégàsh s'aitiquitte à 
la fois dés foncùons de grabd prêtre et de 
celles dé gouVeméui^. Il fe'citè dés prières à 
Mis gens le soir ei le mxÛD j cette pratiqué 
jette sûr lui qiielqlië tidicule k k cobr; Le 
prière cominènce par chanter trois fois Jéhii 
jiro'zoïi (louange 6oit à Jésus), ehant qnc» 
toute rassemblée adComptigtië. Cette hymne 
est suivie du Binta Mâridui jéfozott,- ënstiitc) 
iè Haimànot Jahattitn^ Georgia^ Wellétd 
Sèkuséf etc;. qui sont éllaiiites àt méiné trc^ 
fob paf toiiie l'assemblée. Vient ensuite rin-= 
' toCaUon par laquelle I» pnêre a CDîuroêiice^ 
Jehu Arotoui Le chef t-écite encore diverse! 
prières, auxqueUe9raS8embléeréptind,^/ri«n/ 
Le serride finit par on tAonvèmént de tOttttt 
fasseinblée , qui se prosterne trois foisj là 
face contre xtvte, en invoquant le nom de 
ï)ieu — Tabbait — Tabbait — Tabbait^ Après 
cette prostematioB , ordinairement le BihfW 



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ta ÀHtnintE* m 

begàsQ ËdtiUiiue àe prîer en lui-m^mfipëlidaiit 
quelques momeas. Imm^dîàtemebt après , il 
donne les ordres nëcessaires pour le jour oh 
l'on est-CesordressonlprincipalemeArelatifs 
au bétail , «t à d'autTËs objets analoguesi 



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V Ô Y A O fi 



CHAPITRE m. 

Départ de Dixan. -^ Route de ÙlxaH à 

Ahha> — ^gowma. — Chélicut. — ' 
Arrivée à Antalow. *— Première «n- 
trevue avec le Ras. — Séjour d Antaloa», 

/lovt l4, i8o5. Quoique , dès le point 
du jour, '\6 pressasse oos gens de faire di- 
ligence, notre bagage ne fut pas arrangé avant 
neuf heures. Dès qu'il fut préi nous par- 
tîmes de Dîsan pour Ântatow. Nous eûmes 
la satisfaction de voir que nos mulets n'étoient 
pas moins bons que ceux qui nous avoient 
amenés à Dixan. 

Nous laissâmes IVglisb à notre droite , et 
montâmes une cotltne rocailleuse , an pied 
de laquelle eloient quelques pelites vailles ; 
au-delà de ces vallées on trouve un village 
appelé Hadawe. A peine l'eùmes-nous passe' , 
que quelques faabitans de ce lieu nous sui- 
virent , en nous esprimant leur désir de nou« 
voir nous y nrrêter. De ce nombre éloit un 
des Sis du Babarnégasli , noniné Socinius , 
- dont les pressantes instances faisoient assez 
voir 

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tVt ÀbVâSliît£> li3 

Voii* l'intérêt qu'il avoit à nous retenir; Nous 
ne lairaâmes pas d'aller en Svant, en traver- 
sant la plaine de Zaraî ; qui me rdppeloit 
vÎTement la Vallée d'Ëvesham dans le comté 
de Worcéswr. La téi*re e'ioit dans un bel 
état de culture , et l'on y avoit trodé des ri-' 
goles pour en faciliter l'arTosementi Un peiX 
plus loin i nous passâmes un ruisseau lim- 
pide qui coule au milieu de la Vallée , et sui> 
les bords duquel quelques voyageurs se 
reposoienti Nous vîmes aussi en ce lieu uta 
abougumba ( i ) et plusieurs pintades. Ici 
nous eommençàmbs k tourner autour d'une 
montagne, que l'on découvre de Dixan, et qui 
y fait un point de vue remarquable. Pwu aprè» 
nous aperçûmes Sur notre gaUche Un dulré 
village appelé Âdisliud , situé suh une cot-^ 
Kne très-élôvée, qui oiTiiroilutie position con- 
venable pour un fort. Droit devant nous étoit 
le village d'AdiouIta , situe presque comme Id 
précédent. Au milieu de la plaine étoit un 
grand darou (a), près duquel nous fûmes fort 
surpris de rencontrer une bande de musi- 
ciens, qui vifirent au-devant de nous en faisant 

(i) OlsËali détrit par Btucê: 
(a) Eap&ce d'arbrcj 
Tom. L 8 

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Il4 V O Y A G 3â 

retentir leUrs trompettes et leurs tambours j 
ce qui formoit un concert fort discordant) 
Comme il y avoit quelque apparence de pluie, 
nos guides nous conduisirent à Adioulta , où 
nous trouvâmes un autre Bahamegasb ; car 
c'est le nom que l'on donne ici à ton» ceu» 
qui, dans une ville , jouissent du comman- 
dement. Celui-ci ne nous accueillit pas aveo 
beaucoup de politesse ; il paroissoit ne pomt 
vouloir nous accorder l'entrée sur son ter-- 
moire. Cependant jt s'adoUcit bientôt et finit 
par nous conduire à' sa maison. Mais non» 
V fûmes traités avec si peu d'égards , qu'à 
i'instani où noire bagage fut arrivé, nous nous 
bâtâmes d'en sortir. 

Les babitflns de ce lieu sont chrétiens de 
ûom ,'et ne reconnoissent d'autre autorité que 
celle de leur chef immécUai. Ce village et 
tout ce qui l'entoure présentent une appa- 
rence d'abondance et de propreté. La vallée 
inférieure éloit bien couverte de récoltes , 
surtout de maïs , qui en général est pbiS 
précoce , dans ce climat , qu'aucune autre 
espèce de gram. On fabrique ici une sorte 
■ de drap grossier d'une forme parlicubère. 
On y emploie la laine cl le poil des moutons 
et des chèvres qu'on élèv« dans le lieu même. 



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î)'al)Oi'd où en fait des cordes : Pdsuitfe on 
assemble ce» cordes en lés Cousaut ensemble; 
tl l'on obtient ainsi une couverture ou linâ 
espèce de matelut. La maîiresse de la maison 
uvoil des restes de heauië , elle tenoit dans 
ses bras deux jolis enfans, gras et bien portans. 
Nous descendîmes de ce lieu en traversant 
des terres en Culttire presque dans la direc- 
tion du sljd ; laii»unt à notre droiie une liautd 
Colline, assez semblable à celle de Riâcouft 
dans le pays de BaramaaI. Un changement 
essentiel commence ici à se faire semir dans 
la ve'getatiôn ; le colqual devieui moins fie-' 
queui, et tout le pays se couvre de nouveau 
d'acacias , dont la verdure , {ointe à la fra!-' 
cheUr dugazon, nous rappeloitl'aspect de quel- 
ques forêts de l'Angleterre. Nous passâmes 
encore devant un grand d&rou,, qUi avoît crU 
sur le bord d^un ruisseau , et dont les branches 
couvroieot un espace au moins de trois cents 
pieds de circonférence. Nos guides ne furent 
|>oiut d'avis que nous piissions nos quartiers 
UnUitsOus cet arbre, patc€ qu'ils Craigtioient 
que le niisseRu ne vint tout-à-COup ù grosàr 
çt que l'inondation ne nous fît courir quelcjud 
danger. Véniablflment les racines del'iirbre, 
mises à nu dam une partie considérable cb 



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Ij6 V o V À te Ë 

leur étendue , altestoient l'effet dfes prêté-' 
dentés crutis du torrent et prouvoient qu'il 
]>ouvoit y avoir quelque Chose à craindre* 
Nous allâmes donc deUx milles plus loin ^ 
au village de Bacauco ^ où nods fimes halle , 
au moment oùla pluie venoitdenousatteindre. 
Notre logement etoit tel j qu'en Angleterre 
on auroit à peine Cru pouvoir en faire une 
étable ; mAs la civilité dé ceux qui nous le 
ibiunirent , leAr empressement k nous oSiir 
leurs chèvres , leur latt et leur miel , nous 
rendirent cette habitation plus agre'able que 
n'auroil été ime maison plUs logeable et 
tAoins hosfHtalière. La pluie continua le soif 
«vec beaucoup de forcei 

^oét ]5i La partie de nt>tre bagage qui 
-^toit portée par des hommes , faute d'un 
nombre suffisent de mulets , arriva te matin 
BOUS la garde de notre ami Guébra Micheh 
Hier une femme badji) c'est-à-dire, unepé-^ 
lerine de la Mecque ^ se reunit à notre petite 
troupe ; elle avoit passe' trois ans à la Mecque ^ 
et s'en retouilioït dans le pays lointain des 
Gallas. Un de nos chefs , qui lui-même éloit 
badjî ^ la traitoit avec un grand respect , sans 
doutai cause du long pèlerinage qu'elle venoit 



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défaire, et pariageoit son café avec çlle. 

XiO bahamégash de Dixan vint à neuf heures 
prendre congé de nous. Il nous apprit qu'il 
filloît se rendre en bâte auprès du Ras ; qul|, 
espe'roit y être en trois jours ; et qu'il nous 
enverroitdelà des mulets quinousman^oient^ 
U ajouta qu'il n'osoït pas nous accompagner- 
plus loin , ayant eu quelque temps aupara-< 
vant une escarmouche avec une tribu voisine, 
dans laquelle plusiçurft de se? adversaires, 
^voient péri ; mais qu'il nous laissait son fils. 
Guelira Michel pour nous accompagner en-, 
core pendant deux jours. D'après l'avis de nos. 
giùdes , nous payâmes six dollars «ux gens 
de la maison où nous avions logé ; et ce n& 
fut pas sans beaucoup de de'pUisir que nous, 
nous aperçûmes , qu'ils n'ètoient nullement 
aaiisfadts d'une récompense si libérale. A dis 
genres et demiç nous étions en marche , e^ 
laissant à notre gauche le village de Maioco^ 
bâti sur une hauteur moyenne , pous ijous. 
trouvâmes dans une pKûie. seroe'e de petites, 
collines. Ici' le capitaine Rudland tua une oie, 
et un abou giuubai la, première nctus échappa^ 
par l'indolence de nos gens ; nous emportâmes 
^autre à Ascéria. Le pays étoil bien cultivé j 
ça voyoit plusieurs, villages sur les hauie^irs 



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llS VOTAOB 

d'aleqtour; Murgit éloit à noire droîfe , Maiw 

douba vis-à-vis sur la gauche ; au-del? , sur- 
une oolIÎDfl beaucoup plus élevée éloit Ha-: 
dovre', meniionaé par Eruce. 

Peu après nous traversâmes un bois d'oli- 
viers sauvages , nous marcliàmes ensuite le 
ïong d'un précipice au-dessus d'une étroite 
valle'e où l'on apercevoit quelques étangs , 
fans auonnç eau Courante, Après cela nous 
tlescendimes, en suivant quelque temps le lit 
d'un torrent. Nous eûmes une ondée de pluie, 
qui e'toit déjà finie quand nous commençâmes 
îk monter la colline sur biquelle Ascéria 6S% 
^ilué. Nous fûmes reçus dims ce villskge avec 
J>eauOOup de froideur. On ne nons offrit d'ature 
pbri que celui dVo î»rbre j eti)0us craignîmes 
quelques inslans, qu'il ne fallût nous en oon- 
tontçr penchant la nuit. A la Bn up Tieillar4 
pous reçut dans ssi maison t T^^ ^ trouva 
meilleure et mieux pourvue qu'aueune que 
nous eussions vuç jusqu'alors. Je pris une vue 
des (nof^tagnes , qui sp présentent ici sons 
un aspect fort sîiuvage ; j'esquissai l'abou 
gumba , dont .Rruçe ç) donné un dessein fort 
POrrçct, 

j4oiii iG. Nous fûmes pveilltîs de grand 

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EN ABYSaiNIE, I.I9 

piaiin par Négada Mousa, qui paroissoît pressé 
de nous fwre quitter ce village inhospitalier. 
Je l'appelle ainsi, parce que nous eûmes de 
la peine à y obtenir même l'eau nécessaire k 
potre usage. Un sei^ des liabitaps, qui avoit 
plus de politesse que ses voisins, nous apporta 
unç petitQ ratÎQn de lait- Nous partimes 
<lonc , laissant notre bagage en arrière ; mais 
nous fûmes, bientôt atteints par une troupe 
dliommes , l'un desquels ëtoit , à ce qu'oiv 
nous apprit , le chef du lieu que nous venions 
de quitter. Il employa toute son eloquence- 
pournousengagerày revenir. Nous résistâmes 
à ses. sollicitations , soit à cause du mauvais 
accueil que l'on venoit do nous faire , soît 
parce que qous peoe'trions le moiif qui le 
faisoit agir^ ce n'étoitpas le désir de re'parer 
sa faute , mais uniquement la crainte du Ras. 
Welléla Selassé. 

La montagne de Geshem e'toit loin sur 
fiotre gauche , au moment où nous com- 
mençâmes à descendre au nord, par un pente 
rapide , dans la belle plaine de Tushullou , 
qni '* ^x milles de long sur environ deux de 
large. Le village d'Âddajé , qui appartient à 
Cautiba Socinîus, la d,omine à droilc ; Nissont 
^ Menj^fi, à gauche. U y croit çâ et là des 



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IIQ VOYAGE 

tombos , dont le port resseoable à celui du 
mûrier. On nous 6t remarquer au nord la 
district de Se'warré , et les villages d'Adowniq 
et de Di^é. En face de ce dernier est celui 
d'AmbulU, Depuis que^ooiis avions quitté 
Ascéria , pous avions cîieminé presque au 
nord-est , par l'impossibilité de franchir les 
montagnes placées au sud. Ici nous tour-r 
nâcnes au sud sur un sol incliné , et après, 
«voir passé Çatba , noqs arrivâmes à Abba ^ 
résidence du Bahamégash Subhart. Ce vieil-i 
lard nous fit un accueil plein de cordialité ^ 
dans sa petite maison, bâtie sous la crête d'uq 
roolier , qui lui sert d'abri çt le protège efBea-« 
cément contre les intempéries de l'air. Il étoit 
ïssis sur une espèce de lit, entouré t^es gêna 
de sa suite , et enveloppé dans un long man-i 
teau de couleur blanche, fveo un bord et une 
frango rpuges; Il étoit de petite taille et avoU 
le visage sillonné de rides. Nous remarquâmes 
qu'iiù Pon étoit beaucoup plus cérémonieux 
qu'il Pixan, I^a manière de saluer qui est en 
usage , consiste à présenter la main et à en 
baiser ensuite deux fois la partie qui est op-r 
posée it la paume. Personne ne sç présente 
devant le Babarnégash , s^os se découvrir 
jusqu'à I» ce^tture ; e\ jamais on ne lui adresse 



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EN ABTSSTKIB, ^3* 

If, parole qii'à b:^e. note , en se. cooTrant I4 
bouche et ]'a,pproçhaqt de son oreille. Fei^ 
lèpres que l'ott nous eut fait asseoir , il pou& 
donqa 4e l'hydromel eq aboodauce ; il 
paroissoit crtûre que nous q'eq yàoiis paa 
, ^ssezlibremeqt, quoique quelques personne» 
i^e op^^e ootitpagpie eL^sseot poussé la CQm> 
Itlais^ce )usqu'à en boire deux brulhçs (l) 
pleins. \l pous B% servir avtssi ^es gâteaux 
couverts de çai^d, 1} pi'apprit que d^ns 
l'origiqe il avoit été fort attache 911 Ras I^lichel 
Suhi;! , et qu'i) I^i p^yoît un tnbut ep nature 
forf considérable ; epaîs qu'à roccasion d'uQ 
^éntélé qu'il ayo^ eu avçc uqe peppl^de voi- 
sine, le I^as éttiii yenu avec une armée et avoit 
livre s^ ville apx Qatumes. Il T^voit ensuite 
rebâtie, mîtis e.He {(voit été détrtûte d^ nouveau 
par le l\as. Yelletu Sélassé , il y ftvoU ^ peu 
pré^ divhuit Aps^ par une raisop semblable 
» celle qpi «voit occasionné 1(1 précédente 
catastrophe. \\ ajouta qu'il étoit à Gopdar 
ayant l'époque où 1^ guerre éclata entre le Ras, 



(i) Gonpe eo verre de Venisç ooalenaRt environ 
une pinte, 

La pinte, aogloise est à pçu près U moitié de vM^_ 
de Paris, Tr. 



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12^ V O Y A O B 

MIcKel SuhuI et \Varagna Fasil , et qne son 
propre frère s'e'toit trouvé à la bataille de 
Damot, qui eut lieu entre les armées de ces 
deux chefs ennemis, Il nous pressa beaucoup 
de passer avec lui le jour suivant , qui étoit 
un de leurs jours de jeûne; promettant, si 
pous lui accordions cette faveur , de nous 
mettre lui-même sur la route, qui nou$, 
méiteroii en toute sûreté auprès du Ras, 
Guebra E^ut, jeune garçon qui appartenoil' 
au Ras , ayant dit à nos domestiques que la 
seule raison du Babamvgnsh pour nous 
]»resser de prolonger ici notre séjour étoîf 
Feipérance d'avoir un beau présent, «t qu'il 
savoit d'ailleurs que le Ras étoit fort im- 
patient de nous voir arriver à Antalovr; je 
fis chercher Hadgi Hamcd et Ncgada Mousà 
pour les consulter ; et après quelques déli-' 
bérations , je me rangeai à leur avis , qni 
etoit de partir le lendemain malin- Quanct' 
je fis part au Baharpégash de cette re'so-' 
lution , il nie fit diverses représentations à ce 
pujet, mais avec politesse , et promit de notis- 
faire accompagner par son fils. 

J'allai le soir à l'église, qui est en partie' 
cretKce dans le roc , contre lequel elle s'ap-^ 
^pnie. Le chemin qui y conduit Jesl vu& 



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EM ABYSSINIE, IsS 

contée touillante et rapide ; il est même st 
diflioile , que je crains bien qu'il ne scut peu 
fréquenté ; à moins que les babitans n'aient 
plus de zèle qu'ils ne nous ont paiu en avoir, 
La vue que nous eûmes de ce lieu nous in-t 
demnisa amplement de nos peines, Nous 
avions sous nos yeux la val^ée que noua 
venions de traverser, et' au-delà une cliaipe. 
de montagnes et de rochers , qui s'ëlevoient 
les uns «Aerrière les autres jusqu'à une grande 
distance , et Bnissoient par se perdre daqs 
les nues. Le côté opposé de Iq coDine ëtoit 
couvert de maisoqs , d'arbres , de rochers , 
qui formaient un tableau si agréable 0i si 
propre à caraote'riser ee pays , que je m'assis 
sur un rocher pour en tracer l'esquisse j msùs 
la nuit qui s'avancoit ne me permit p;ts de 
l'achever, 

Nous vécûmes ce jour^tà dans IVbondanoe 
aux frais de notre hôte j à qui nous pourrions 
donner le titre de f l) noble ou de grand 
seigUjeur, comme Bruce le donne à quelqu'un 
de ses prédëoessours, Il nous fournit çmq 
moutons et du inaize avec profusion et d'une 
meilleure qualité que celui de Dixan. Le 

(i) KobUman. 

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1S<^ V G Y A G B 

inaize est une liqueur faite de tniel ^ qu'oit 
laisse ferqienter avec 4& l'orge , et «Jont oa 
«ugmepte la farce au moyen d'une racin* 
amère appelée taddo.. Bruce la itomme 
hydromel , Poucet l'appelle moût ( i ) Ce 
dernier a deorît avec exactitude Iç procédé 
par lequel ou ]a prépare. Las luusulïpaqa, 
yutsi biw que les chre'tieqs pftroissoient en 
boirç voloptiersj et quelques-uns d'eptr'eux 
avQÎent recours au sommeil pour cUisiper le 
trouble OÙ cQtte liqueur cQmmçnçoit à l^ 
jeter, 

./éoàt 17. De bon mat^a le Babarut^gasb 
fu'amena xuie vache et du miel , en m'insir 
{luaqt qu'il s'attew^oit à, recevoir up présent 
po retQup, J'éludai sa detnaildç, en lui faisait 
observer que j'allois me rendre auprès du Rits^ 
et que je ne matois ohar-^ de prés^is que 
pour lui ; j'ajoutai cepeudaut que pour être- 
payé dç ce qu'U m'avQtt 4<>DCie' , il pouvoit 
^'adresser à Qamed Chamie , à qui je laissoia 
le soiq de régler ce genre d'affaire- Les gen^ 
du Bas iflc cojiseillèrent de donner à ce 
Baharpégasb fre^tç. dplUrs., en niVssursiU.^ 

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tôtitëfois que ce seroit la dernière dépensé 
dé cette nature que j'aùroîs à faire ; et qud 
d'ici à Ântâlow nous ne trouverions persOnlid 
<jui nous fit aucune espèce de denaande^ 
Comme ce Baharnégash s'étoit conduit avec 
nous d'une manière amicale , j'ordonnai k 
Hamed Chamiè de Itii donner vingt doUards, 
dont , à ma grande surprise , il parut forï 
iatbrait. A)>rè4 cela , je donnai ordi-e que Ton 
chargeât les mukts ; mais le Baharnégasll 
vint à moi et ^ prenant un air très-sérieux ^ 
il m'informa que , selon certains rapports qui 
lui «voient été faits ^ il s'étoit rassemblé une 
troupe de trois inille hominês , déterminés k 
nous couper le passage ; qu'a moins qu'il uë. 
fût avec nOUs > nous Courions graud risque 
d'être pillés ; qu'en conséquence il renouve- 
loit ses instances auprès de nou9 , pour que 
nous prolongeassions notre séjour en ce lieui 
Je lui répondis qUe nous n'étions pas très^ 
faciles à alarmer ; qu'en cas d'attaque doU9 
étions miuûs de bonnes armes à feu ; que si 
nous venions à oédef au nombre , nous 
Savions que nos agresseurs en re'pondroient 
sur leurs tètes et que le Rrs elcerceroit sut* 
eux une vengeance exemplaire : qu'il de- 
Veuoit inutile en&n de perdre le temps en 



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l86 V O y A » B 

Vains firopos , puisque j'ëtois résolu à lUdf ttiéi' 
en avant à rinstant même , sans me mettre 
eu peine des oljstacles que nous pourrions 
rencontrer, Cette détermination déconcerta 
le projet forme pour nous retenir ; projet 
dans leqliel j'ai de fortes raisons de croire 
qu*avoii trempé Négada Mousa^ et peui-ètre 
tnême Hadg^ Hamed. 

A huit heures et demie nous sortimes 
d'Âbha. Notis attendîmes notre bagage pen-^ 
dant une demi - beure sur une éminence 
voisine. Ce fut d'abord avec quelque sur- 
prise , que nous vîmes un grand nombre dé 
villageois avec des clièvres , des veaux et 
d'autres bestiadx , qui nous suivoient de près f 
Qu qui passoient près de nous sur la ménit! 
route où nous olieoiinions; mais en tournant 
l'angle de la montagne à notre gauche, tout 
fut éclairci. Nous y trouvâmes un grand con- 
cours d'iiabitans de tous les villages voisins ^ 
qui venoient y échanger les produits de leurs 
collines respectives. Comme ce speciacle étoit 
nouveau pour nous et n'e'toit pus dépourvu 
d'inte'rêt , nous fîmes sur nos montures le 
tour de celte espèce de marche. Entr'auires 
effets que l'on y vendoit nous remarquâmes 
du fer, travaille et non travaillé, pour servir 



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SNABYSSIMIE. 13^^ 

^ faire des socs de charrue et à d'autres 
psages; des liesùaux de toute espèce, des 
chevaux , des peaux , du coton ^ du gfaee (i) 
et du beurre en masses rondes et aussi b]anC 
que celui d'Angleterre ; on y voyoit aussi 
des corbeilles de chillies et d'une espèce de 
gousse rouge , qu'on trouve sUr les collines 
du voisinage ^ et que ceux qui les habilent 
mangent lorsqu'elle est mAre. Ce marché se 
tient toutes les semaines. Les femmes que 
nous y vîmes éloient en gene'ral grandes et 
bien faites, plusieurs d'une figure agréable. 
Quoique le nombre des pe^sQnne8 que noua 
trouvâmes déjà réunies en ce lieu oe pùï 
pas être moindre que trois cents ; nous ren- 
contrâmes ensuite sur notre chemin une 
multitude de petites troupes détachées , qui 
s'y rendoient avec leurs marchandises , et 
qui durent probablement doubler le marchés 
La plaine où nous cheminions avott environ 
deux lieues eu largeur. La route touchoit In 
pente abrupte des montagnes de la gauche^ 
passant entre des rochers isoles et de figures 
varle'es. Un entr'autres avoït la forme d'une 

(i) Nous croyons que le ghec est une espèce 
à'huile ou de graisse. Tr. 



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ii^ V *ï y A à ti 

tour, et etbît d'une grandâui' et d'une hàutèUI' 
COnùdérâblés. Ndila laissâmes à notre gauchô 
le village de Guragùbboù , et à botré droite 
telùi de Muzemba. Environ trolb milles ^lu^ 
loin, le sol devint plus sablonneiixj et pT(y 
duisoit plusieurs espèces d'ixidsi 

Le Bah&rae'gash nous atteignit bientôt, el 
tnàrehft devant nous jdsqb'à ude éminence 
ùtue'e ad fond d'une chaîne de montagnes « 
tange'es cn dëmi-cercle , Oil l'on ne peut 
iitonter qile pàt- un setd défilé. Là nous pas- 
sâmes près d'uue heure k attendre notre 
bagage. Fout- l'âpreté et la roideut- , la pénté 
de cette cdlitie peut être comparée k celle 
de Taranta ; mais elle est beaucoup moins 
eleve'Ci 

Quand nous fûmes a peu près parveaud 
au sonimet , en suivant l'étrott défilfl , le 
Baharnégash noua conduisit liOrs de lâ rOutè * 
jusqu'à un rocher presque iùacCessible , qui 
se projetoit en avant dé la Colline. Aprètf 
l'avoir gravi avec des peines infinies , nous 
de'cOuvrimCs que le sCul moiif de ndlre con-" 
ducteur, en nous entraînants) loin, ëtoitdc 
nous procurer un abri contre la pluie, dont 
nous paroissions menaces. Ge ne fut pas sans 
beaucoup de peine que nous finies rétrOgradci* 



L,.,,;<,i.,C00^IC 



£M ABTSSI ir.IK. 13g 

nos mulets jusqu'à la route que nous avions 
quittée; et. ensuite la descente fut pour noua 
bien plus difficile que n'avoit été' la montée, 
feu après l'avoir achevée nous- fûmes surpris 
par la pluie ; mais nous n'eûmes que deux co^ 
lines à traverser et nous arrivâmes à un misé- 
rable village qui nous fournit un abri. Dès que 
le temps redevint beau , nous nous remîmes 
en marche et nous dirigeâmes presque au S. E. 
pendant environ trois milles, jusqu'au villago 
de Recaico, où, après avoir éprouvé beaucoup 
de difficulté à nous procurer un abri , nous 
nous de'terniinàmes à passer la nuit. Le ther- 
momètre étoit à 68° F. (16 R.}. Nous estir 
mâmes la distance d'Abfaa à Reeaico d'environ 
douze milles. 

^oàt 18. Hier soir nous avons pu nous 
procurer de quoi faire un petit souper , et ce 
malin nous avons eu des œufs et du .lait, en 
échange de quelques grains de chapelet ; mais 
nous avons trouvé que nos vendeuses faisoieot 
leurs marchés avec beaucoup de finesse. La 
maîtresse du logis étoit assez poUe, mais le 
reste des habitans paroissoit peu disposé à 
notis satisfaire. Ce matin nous avons décou- 
vert qu'ils avoient négligé de donner à manger 

Tom. I. 9 ' 

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iSo V b Y A ô È 

aux gens de notre suite , en sorte qu'il a fallu 
«ttendre très-long-tempa qu'on «ùt préparé' 
leur repts. 

Tons tes villages de ce distritit portent de 
fortèsmarques des ravAges commis par Tarmée 
du Ras f on de toute autre dévastation mili- 
taire i car la plupart ne sont que des mon- 
ceaux de ruines ; et le Bahamégasb m'assura 
^e lés habituas n'avoieot nulle envie de les 
«bâtir. 

En quittait Reéaico , nous tirâmes d'aboid 
k l'est, puis tournant au sud, nous moniâmes, 
par vm deftle' fort rapide , jusqu'à une source 
t[ui, pénétrant à travers les pores de son canal, 
lombfHt goutte à goutte sur les rockers places 
aû-dessous. Tout le côté de la montagne 
ëtoit couvert d'aCacias, pdrmi lesquels cioiii- 
Boient le serge , le tabbib , et d'autres plantes 
et sous-bois d'une odeur sliave , outre beau- 
coup de belles fleurs , dont je recueillis de» 
échantillons. A peu prés à moitié chemin , 
bons reprîmes la direction de l'est , et au 
Sonlmet de la colline nous trouvâmes une 
Vaste plaine , qui , bien qu'humide et maré- 
cageuse par l'abondance de ses sources^ paroît 
très-susceptible de Culture , et pourroit , au 
inoyeh de quelques saignées, devenir propre 
à Ib production du blé. 

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EN ABYSaifflE. l5l 

Je. recueillis ici trois «spèç^s (je plantas 
bulbeuses, et quelques échantillon^ d'une 
mine de fer, qui se trouvoit r^paeduv w 
abondance sur plusieurs dç^ colliqes par Iw 
quelles nous avions pa^. Après nous êtr» 
reposés une heure au bord d'une sourca , 
, nous .continuâmes potr« marche , avaçt \9Vt 
notre baguge, en longeant la plaine jui^m'au 
village de Hadjaian- De là , tournant droit au 
sud f Dous traversâmeG un petit rnissqan dont 
les bords e'toient ombrage'» par des arbres 
nommés Jaham > qui ressemblent aux qiap- 
giiiers par la grandeur et le port. Ensuite pous 
montâmes une colline, à Touast de laquelle 
est le village de Sbilia- 

Le Bahamégash se conduisit avec beau- 
coup de politesse pendant tout le cours de 
cette journée. Il m'oUrit raémfi Hin piuldt , 
qui étoit meilleur que le m't^u ; mais il ^t 
par insinuer au capitaine Rudliind qu'il r««e- 
vroit voIon4«r$ quelque argepî. La maison 
que l'on noua avoit préparée étoit *s$eï bonw; 
mais nous y ftimes fort inçomntode's d« la 
fumée , étant obligés de faire la cniiÙM daiis 
la chambre nténte où nous couchions. C*«st 
probablement h fumée qui nuit à la vue des 
liabitans;. cnr npus obsetvârow qu'U y avçit 



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i5a ' 'v o Y À « E 

ijusqu'à des enfaiis presque aTéugles , él que 
presque toutes les femmes avancées en âge 
«voient perda au moins un œil , plusieurs 
fnéme les deux yeai. 

Nous fûmes éveilles vers ïes deux heures 
du matin par 1« Bohamégash, qui crioit de 
toutes ses forces que l'ennemi ëtoit l». It se 
passa quelque temps evant que nous pussions 
avoir de la lumière. Ce temps fut employé 
par notre troupe à prendre ks ormes, et elle 
«e trouva toute prête à soutenir l'attaque. 
Un bruit sourd de lamboUr ou de tom-tom, 
-qui paroissoil partir «le la colline située der- 
• rière nous , nous eonfirmoit dans \a pensée 
que l'alarme o'e'loit pas vaine. Quaiid notis 
eûmes enfin de la lumière , nous vîmes tous 
]es gens du Bahamégash solis les armes , a'faUt 
leurs fusils à mèche et les mèches allumées , 
leurs lances et leurs boucliers en mains ; iW 
«voient, certes > une mine toute guerrière. 
Cependant le capiiaine Rudland sortit pour 
faire une reconocnssance , «t découvrit que 
ce que nous avions pi4s pour le bruit du 
tambour, étoit celui que faboit une vieille 
lemaie occupée à moudre son blé; travail 
-qui , dans ce pays , comme daivi l'Inde et 
an Arabie , st fait toujoiKS de ouït. Touie- 



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BN ABYSSINIE. l33- 

fois l'alATrae u'ayant point cessé, lutus sûmea. 
oiifîn , par Ilamed Cliattùe , tfoe, deux 
frères , Agous et Siibagadis , s'approchoient 
a\éc leur armée, pour , prendre possession 
de la ville ; et que tout le pays ■ëtoit en e'tàt 
d& U'Ouble. Nous apprîmes en même teuip& 
que le seul danger ^ue nous eussions à oourîr- 
etoit celui qui pouvoit résulter de la confu- 
sion d'une attaque nocturne, mais que d'ail- 
leurs, ou n'avoit aucune intention de iioua 
nuire uu de nous iusulter; ' 

Had^ Hauied et Negada Mousa se dispo- 
sèrent, si la nouvelle se confirmât, a aller- 
au dovant des assaillans. Des espions «voient 
été envoyos et étoieut suooessiv émeut reve-- 
nas, jusqu';i-ce qu'^en&n l'on vint nous dir& 
que Tun d'eux avoit.«té arrête- par les chef& 
de l'oipédiiiou, et que oeux-oî, nous'saoliant 
dans là ville , avoieijl déclaré qu'ils diflere-< 
roient leur atlaijue. , jii&qu'au moment où 
Hous^ aurions passé pour uQus rendre ches 
Je Res, Nous eiimes quelque peiue à engager- 
le Baliarnegaslk à s© reiijer. Ëosuito- ayan( 
mis du gliee dans notre lampe , nous nous 
Coucliàoies avec nos armes à feu tout près 
4e nous, et nous dormîmes jusqu'au' point 
^1 jour. Iludji Hamfid ,, sur notre demiiodflu 



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l34 V O Y A O F 

dormit Ji h porte dé noire oliatnbre pendant 

o«lte ËA de suit. 

Août 19. Avant qiie notre bngage fut prêt, 
nota eûmes encore une alarme. Nous mon- 
tâmes, avec le Baharnt^gasli , sur une coUin^ 
qui touchent à la maison où nous ciionB , et 
qui oommandoît à tout le pays d'aleniour. 
Les viUageois s'y etoieutTassemUés comma 
•n un lieu fott d'assiette. Ils dioîent an nom- 
bre de trente ou quarante , avec la lance et 
ïe bouclier, prèu à faire bonne défense. 
Nous vîmes çà et là des femmes et dos en- 
fkns occupés à faire rentrer le bétail , et des 
hommes armés , qui éioïent sur le qnt-vive ; 
Bims nous ne vtmes point d'ennemis , si ce 
n'est quelques traineurs sur les émineiioes 
illoîgnees. Enfin on nous dit que c'ëtoit une 
fausse alarme , et noifô nous en retournâmes 
pour bâter notre départ. Quand nous fumes 
tortia du village , le BabaniPgash et son fils 
nous quittèrent , voyant bien qu'il n'y avoit 
plus de presens à attendre , et ne se seqiant 
pas disposés à affronter pour rien les dan-* 
gers. et la fatigue, 

L'alarntç ne s'e'toît pas ^teqd<)e loin ; ov 
nous tronvânies les babitans du prochain vil-^ 

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EN ABÏSSINIE., l55 

I^e occupes paisiblemeot du travail des 
cliVQps. Nous traversâmes Ufieplaine^, qu'are 
rosDÎt un ruisseau ombragé de buissons , et 
bordé de plantes de la plus grande beauté,. 
Kpsuite pous descendîmes , p^r une pente- 
roide , dans une vallée de riches pâturages ; 
pu l'herbe éioit mêlée en abondante de trèfle, 
blanc et rouge , de renonculçs jquoes', et de- 
dent-de-lion, ce «{ui lui doupoit l'aspect d'un 
pxé aoglois au printems. Tous le« bestiaux , 
qui y paissoiept, éloJenl en fort bpn e'iat. 
Le capitaine Rudlandlira up oiseau sembla^ 
ble au vanpeau * et un peu plus loin, deuv 
oanards sauvages. A l'extrémité de la vallée , 
nous Irouvâmes encore une montée fort âpre, 
qui nous conduisit à une plaine , entourée 
de collines boisées et de rochers fort élevés, 
dont l'aspect ressembloit beaucoi^) , par les 
traits généraux , à quelques - unes d^s plua 
belles vallées du Devonsbire. Nous &mea. 
halte à un village nommé €alaut, situé au 
centre de la vallée , où nous nous pFoposipn» 
de passer la nuit. Mais après avoir atteodtti 
quelque temps , comme il n'y avoit point de. 
maisctfi prête à (lous recevoir, je fis dresser 
la tente à l'ombre d'un large darou, et |^ 
sQjiiiB d.n. \illage , pçu content de l'hàspHiJIifei 



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j36 -VOYAGE, 

des habîtans. T^ous acceptâmes néanmoins 
ensuite l'invitation qui nous fut faiie par an 
musulman, nomme Hadgi Âbdalla, amî de 
Ke'gada Mousa. Il prit grand soin de nous y 
prépara pour nous du pain et nous servit du 
lait , qui , avec nos deux -canards sauvages , fit - 
notre repu de ce jour. Le thermomètre 
étoit à 70° F, ( 17' R; ). 

, ^oât ao. On naus donna k entendre , le 
matin , qu'il n'étoit pas possible de nous pi^ 
curer des hommes pour porter la partie de 
notre bagage à laquelle nos mulets ne sufB- 
spient pas , parce que le chef du village s*é~ 
toit absenté , pour se soustraire à l'obligation y 
imposée par le Ras , de pourvoir à tous uos 
besoins. Nous fûmes doue obligés d'attendre 
ici un jour. 

Dans le cours de cette journée , Tigra 
Mokan Yelleta Samuel , chef des villagos de - 
Débra Muttai, descendit de sa colline , avec 
un présent consistant en un mouton et du 
lait ; et s'engagea à noos fournir des hommes 
le lendemain de bon matin. Il s'eicusa de ' 
paroitre devant nous aveo un vêtement sale, 
en me disant qu'il étoit en deuil de son frère. 
8b chemise étoit noircie avec de la fange , 



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EH ABTSSINIE. iZj' 

et il devoît }a porter qmtre-vÎDgts jours. A 
ce propo» , Hadji Hamed m'ay^rit que tous 
les chre'tiâns d'Abyssinie portent ]e deuil de 
la même manière , et qu'ils se de'chirent la 
peau dos tempes en preuve de leur aBection 
pour la persQ|]ne défume. 

Cet bomme honnête, plus sensé et plos 
intelligent qu'aucun de ceux que j'avois ren- 
contrés jusques-Ià, me donna quelques infor-' 
mations , qui , jcùntes à celles que j'avois déjà 
obtenues, jettent assez de jour sur l'état pré- 
sent dir pays. Son père Woldo Kémellet , 
étoilchef du district d'Adowma, dontKe'ten- 
due est telle,' quH faut trois journées de 
marche pour le traverser, et qui comprend 
les villages de Seraxo , GuHimukida , Acran , 
Duccacala , Calàut , et plusieurs autres. 
Ce territoire , au temps de Samuel SuhuI , 
lui rapportoit , à titre de Ras , de nombreux 
tributs ep or^, fanlsà mèche, et bestiaiis. 
Mais lortqqe.fe Bas Welléta Sëlassé eut, en 
ni^ius le pouvoir , Woldo Kémellet fut chasse' ' 
djB ses états à force ouverte par le Shum 
Woldo, guerrier .célébré , ami et' favori du 
Ras atotuel , qui l'appeloit son frère , qum- 
qu'il n'y eût entr'eux aucune relation de 
partnlé. Depuis cette révolution, le district 



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j38 V O T A » B 

p'a plus paye au lias mmuellemeot, qne denx 
ceou peaux (i) de miel , deux cepu mou-r 
tons, oi|ir|u8oteTacbes,etdixfu4ils à mèche; 
contribution très-petite un compar^isco de 
celle qui avoit préo^de. Four ÎDdenatvser I9 
fugaille Woldo de ses perUs , 1« Ras actuel 
donna à WelUta Sqtnuet les villages de Déb.ra 
Muttai, avec le pays d'Aleotour, libres de 
toute espèce de tribut. 

Il y a aujourd'hui troU «tu qu'il y eut ue| 
combat entre le Sbum Woldo et Yasous , ■ 
Baharuegash de IKxan ; ce eonibat fut livt<è; ' 
près de Baçauço, Yasous vint aitaquev sou 
rival avec toutes les forces qu'il put rasseni- - 
bler. De dtaque oôlé les armées étoient d'en- 
viron cinq mille hommes.- Yasons fut vioto^ 
rieax. Il tua cent cinquante hommes de l'sr^- 
mée ennemie et emmena une bande dç mu* 
slorOTs appartenant au %um Woldo. 

Le district d'Ago-wma «fst échu , par U 
mon de Woldo , à ses quîitre fils , Thadou , 
Guébra-Gurrou , Subagadîs et Agous- P«»* ■ 
dant quelques temps ces frères véeurent- ei^ 
bonne intelligence , ils formèrent une étroiiê' 
fdliance et ■ conquirent ensemble pluàeui* 

(i) Mesure flttilie «a Abj^ssinie. ÎJ-i 

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EN ABYBSTNIE, l39 

villagAs TobÎQs ; mais ensuite ils se disputè- 
rent pour Le partage de ces nouvelles posses- 
sions. Le Ras s'est montré favorable à l'ha-^ 
dou et à Guebra-Gnrrou , qtii ont été ([Hetqiie ' 
temps auprès de lui. Le dernier de ces deux 
pei>sonn<iges , n'ayont point de capacité , est 
«tivisagé comme nul. Subagndis et Agous' 
pre6tent de Tabeence de leurs rivaux pour 
renitrer dans IpUrp biena j mais op eroit que 
Tbadou ne tardera pas à arriver, soutenu 
par Je Ras, pour s'opposer à leurs progrès, 
11 a même déjà envoyé au peuple de Shilia 
l'ordre de faire une vigoureuse défense en 
attendapt qu'il viepne à son secoure, 

A dix heures du matin , Hadji AbdaUa fut 
mandg par Agous, qui, à ce qu'on me dit, 
étoit le olief dèCelàut, Bientôt après, ce chef, 
ayant prisl^s ififormaiions convenables, nous 
honora de sa visite , accompagné d'un nom- 
breux cortège de guerrierR, dont qucU[Oes- 
iins étoiept armés de fuàls à mèclie , et les 
«utres , de lances et'de boucliers, Il paroissoit 
avoir un peu plus de vipgi ans. ÏI étoît d'une 
figure agréable , mais avoit d,ins ses manières 
quelque chose de sauvage et de dur. II nous 
dit en pou de mots, qu'il étoit absent au mo- 
ment de notre arrivée 5 que saqs cela holie 



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l4o T O T A G E 

Aurions été mî«ux reçus ; mais qu'il nous «me- 
noit deux bœuis. 11 ajouta qu'pyaat su qu«. 
nous suivions cettç route , il avoii dîBeré sob 
t altaque contre Sbiha. II se leva eosivie et 
nous quitta avec aussi peu de cére'inoni« qu'il 
en Bvoit fait en entrant. Le soir nous reçA' 
nies de sa [lon du lait et soixante-six galettes 
de pain de teET de deux pied& de diamètre^ 
Nous en reç^^ vbgt-oitiq pareùU do We^ 
léta Samuel^ 

^j4oàt 2 1 . Quoique nous fusùons levés de. 
trcs-grand matin, il etoît onze heures avaujt- 
que nous eussions commencé de nous nietti;e. 
en marche. Au milieu de nos préparatifs, nçius 
fûmes joints par le jeune chef Agous^ Il 
nous observa eu silence, jusqu'à ce que tou^, 
nos mulets fussent chargés ; puis aussitôt à 
force de coups et de menaces , il força ses. 
gens à se hâter de porter le reste du bagage. 

Presque tout le pays consiste en collinea 
rocailleuses et en vallées cultivées, à travers, 
lesquelles notre route serpentott en suivant 
la diiection générale du S, E. a» N, O. A iix 
niillés de Calant nous lais^ines sur notre droite 
Cullimucluda et Ërsuba. A peine avions-nou$. 
fait deux i^illes , que le jeune Agoua 



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EN ABYSSINIE. l4l 

tiOuâ atteignit. Il ëtoit accompagne àe deux 
de ses guerriers à cheval. Il s'arrêta pour 
parler à Hadji Hamed ; mais la lenteur de 
notre marche s'accordoit mal avec son carac- 
tère bouillant. Au bout de peu de minutes^ 
il poussa son cheval au galop, et bientôt nous 
Je perdîmes de vue au tournant des collines 
en face de nous- Un messager à cheval vint 
à notre rencontre ; il e'toit chargé d'apporter 
la nouvelle de notre prochaine arrive'e. 11 alla 
en avant , avec notre amï Négada Mousn , 
pour pre'parer notre réception. Le pays étoît 
riche en pâturages ; nous vovions de grands 
troupeaax de gros bétail paissant dans les 
vallées ; et quelques chevaux de petite race , 
mais capables de soutenir un grand travail. 
Nous iimesfuîr deux chacals dans la plaine, qui 
étolent occupes à déterrer quelques racines j 
ils se jetèrent avec tant de vitesse dans les 
collines , que le capitaine Rudland ne put pas 
s'en approcher assez pour les tirer. Vers les 
trois heures nous arrivâmes à Génaterj capi- 
tale du district d'Agoivma. C'est un village , 
consistant principalement en quelques buttes 
coniques , que domine un roc élevé , presque 
taillé à pic de tous les côtés , au sommeW-du- 
quel est im terre-plein d'environ deux cents 



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l43 V D Y A G K 

pieds de diamètre , occupe eo partie par UO0 
citadelle. Là nous rencontrâmes Subagadîs , 
l'aioe des quatre fils du Shum W oldo. Il se 
découvrit, en nous approchant, avec beaucoup 
d'humilité, et nous salua en nous baisant la 
main. Il do us conduisit ensuite dans son sallon 
de cérémonie , (pii ne ressçmbloît pas mal # 
la halle ou pièce principale de rjuelques-uDs ' 
des plus vieux manoirs d'Angleterre , étant 
très-e'leve' et soutenu par des poteaux ronds 
au centre. 11 nous y fit servir un excellent 
curry (1} de volaille, des pains de froment 
apprêtés h la vapeur, et du muize en abon- 
dance. Il me présenta aussi trois jeunes bœufs, 
quatre pots et huit peaux de uiiel ( 3 ) et me 

(i] On fait dans ['Inde une poudre, bien connue 
en Angleterre sous le nom de curry , que l'on méte 
au rie, et avec laquelle on apprête la volaille et 
d'autres viundiis. Eu France on appelle quelqUé rois 
cet apprêt carri. Celle poudre , à l'œil , ressemble 
au tabac d'Espagne. On croit qu'elle est composée 
essentiellement de cardamome, de poivre de Garenne 
et de safran. On dît qu'on en trouve à vendre à 
Paris. 7>. 

(3) On sait que le miel est en Ab^ssinie une partie 
considérable du revenu. On le lieu! dans des'pitaux, 
qui servent >n conséquence de mesute pour celle 
denrée, l'r. 



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dit que c*étoit par ordre du Ras. Pendant 
tout ce temps^là y sou frère Agous s'étoit 
tenu-derrière lui^ n'osant, à ce tju'U paroit, 
s'asseoir en sa préseDce. Nous passâmes ce 
jour très- agre'al>lement, étant reçus par le 
maître du logis d'une manière très-liospita- 
lièfe. C'étoît, sans comparaison , l'Abyssinien 
le plus poli que j'eusse encore rencontre. Sa 
pliysioiiomie avoitune expression de douceur 
remarquable , ses trails étoieut réguliers , ses 
cheveux courts et frisés sans être laineux , 
Bataille, quoique petite ^ étoit bieri propor- 
tionnée. Lethermomètree'toità69"F.(i^R.] 

^oût 33. Le matin je Es présent k la dame 
du logis d'im miroir, de quelques grains de 
chapelet, et de quelques clous de giroQc. 
Cette dame avoit le teint d'une couleur beau- 
coup moins fonce'e que celles que j'avois ren- 
contrées jusqu'ici. Elle étoit parente éloignée 
du Ras. £lle reçut avec beaucoup de plaisir 
les bagatelles que je lui offris ; c' étoit la pre- 
mière fois que noas nous trouvions en com- 
pagnie de gens qui ne mendioient pas des 
prèsens. 

Dans le cours de cette journée, Subagadîs 
prit un moment pour m'entretenir des mal*- 



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j44 V y a o e 

heureuses disseniïoos qui re'gnoient dans sa 
famille. Le Ras, me dit-il, avoit ordonné 
que les étals de leur père fussent partagés, 
entre lui , Subagadis , et son frère Thadou ; 
mais celui-ci , mécontent de sa portion ^ n'a- 
voit cessé dès-lors de piller les villages dé 
' Subagadis et ceux de quelques autres chefs 
voisins. Il observoit avec raison , qu'un pays 
ainsi divisé ne pouvoit pas prospérer , et 
comme il étoit l'aîné de la famille , il espé- 
roit que j'userois de mon crédit auprès du 
Ras, pour le faire réintégrer dans l'béKtage 
entier de son père. II me pria d'en parler au 
Ras aussitôt qu'il me seroit possible, vu que 
le mois où nous nous trouvions étoit celui où 
se r^gloit l'établissement annuel des provin- 
ces. Il vouloit aussi que je représentasse au 
Ras, que, maigre' ses ordres, régulièrement 
transmis aux gens de Thadou , pOur notre 
approvisionnement dans les villages sur luttre 
route , ces gens n'avoieut fait aucun prépa- 
raiif pour y satisfaire. Je répondis à cela, 
que je n'étois qu'un simple étranger qui me 
rendois auprès du Ras ; qu'en conséquence 
mon crédit auprès de lui ne pouvoit être fort 
grand , et que ce n'étoit point mon métier de 
me mêler d'affaires d'e'tat ; «mais, ajouiai-je, 
comme 

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EN* Abyssimie. i45 

comme tous nous avee traites avec beaucoup 
d'hospitalité , je ferai certainemeot tout ce 
que je pourrai pour vous obliger. » Ensuite 
je lui pre'sentai une pièce de mousseline , qui 
lui fit grand plaiûr. Il me dit que j'étois plus 
libeVal à son égard qu'il n'auroit pu s'y atten- 
dre ; et me prenant par la maïn-, il m'assura 
qu'il m'euvisageroit toujours comme son ami. 
Je lui demandai upîquement en retour , s'il 
rencontroit jamais un de mes compatriotes , 
de vouloir lui montrer la mémâ bienveillance 
dont il avoit use' à notre égard. 

Nous eûmes le matin le spectacle d'un ban- 
quet abyssinien, où les convives se reriouve- 
loîent continuellement , et où néanmoins nous 
comptâmes quatre - vingt - seize personnes 
siégeant à la fois dans la même salle et par- 
ticipant au repas. Bien des gens éprouverOient 
une sorte d'effroi en se mêlant à celle foule, 
où chacun est occupé à couper de la viande 
crue avec de longs couteaux, et à en faire 
passer de grands morceaux de main en main, 
des premiers aux derniers, rangs. Lorsque le 
morceau ne paroît pas bon, il va quelquefois 
jusqu'au sixième ou septième rang. A l'exué- 

Tom. I. lo 



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i46 V V A û * 

mit^ de la salle siégeoT<ant Subagadis et sa 
femme, avec lesfemines^ela suite de celle-ci, 
derrière hh rideioA denù-fermé. Eo entrant' 
DOQ» fûmes invités à prebdre plïce au tnîlieu 
ij'elles , ce que nous aticêptimes avec em-* 
prfessement. lia femme de Subagadis , que 
nous pûmes elors voir à notre aise , ^toît jeune 
et }oli6 , 6t àvoit des manières douces et agré»* 
hies. Elle me demanda des boucles d'oreilles. 
On m'avoit dit mal à propos que les femmes 
d'Abyssinie n'en portoient pas. Mais coiiioie 
j'en avois quelcpies paires, achetées à Mocba, 
j'en fis sur le champ chcrclier une , que je 
ïui offris. 

Pendant notre séjour ici, le capûaine Rud- 
land tua deux aigles , que je suppose être le 
mâle et la femelle. Comme aucun des liabi- 
tans n'avott vu jusques-là un oiseau tiré au 
vol, ce spectacle les amusa beaucoup. Nous 
quittâmes Genater vers les dix heures , et 
marcliàmcs assez lentement. Nous rencon- 
trâmes deux prêtres vêtus d'une e'tofTe d'écar 
late légère , dojnt l'un portoit à la muin une 
'cloche , et l'antre une clef charg(2e d'ovue- 
mens bizarres. Les premiers huit milles 
étoîeut dans la direction du sud , à traver» 
de belles prairies^ ensuite touinant .uuiour 



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cUs collines, dolls montâmes un défilé é]«vé 
qui sépare , à son sommet ^ le district de 
Shum Woldo de celui d'Ayto Welléu Mi- 
chel. On nous pria d'attendre surcette colline, 
parce que Ayto Welléta Michel , chef du 
village de Tacota , chez qui nous allions j 
étoit parti pour une expédition contre Sabana 
ville appartenant à Thadou. Quelques minutes 
plus tard , nous vîmes ce chef desoendtmt un<^ 
colline à l'est , avec , je croîs , un millier au 
moins de gens de si suite , cavaliers et fan- 
tassins, entourantleurchefdans leplus grand 
désordre; à peu près comme sont entoiu-é» 
les princes de l'Orieut , quand ila sortent pour 
faire une visite de cérémonie. Un petit nom' 
Ibre d'entr'euK avoient des fuûb à mèche ; les 
autres , des lances et des boucliers. Arrivés 
en face de nous, ils se divisèrent en deux 
corps , l'un composé des troupes do Welléta 
Michel , et l'autre des ausilinires sous la 
commandement d'Ayto Guébra et des chefs 
de quelques villt^es éloignes. Welléta Midut 
alla à Tacota. 

Giielira Welléta Sélassé , messager d'Anta-s 
low , nous avoit rencontres snr la collme. Il 
in'amenoit lin mulet gris ^ appartenant au-Ras^ 
Que celui-cim'envoy oit pour mesATvicdampm 

U,ql,lt!dc,C00gIC 



l48 T O V A & E 

ture. Notu enToy&mes ce messager au tlïet 
de Tacot», pour Tinformer de notre approche. 
La réponse qu'il nous fit parut si peu satis- 
faisante , que nous jugeâmes prudent d'allv 
environ quatre milles plus loin , jusqu'à un 
village appartenant à Ayto Guëbra , où nous 
trouvâmes à nous loger, nous et le mulet du 
Ras, à l'étroit, mais assez jilen. Nom y pas- 
fiàmes la nuit. 

- ^oût a3. Hier soir le clieF du vilfege nous 
donna un bœuf et deux moutons. Oa nouA 
«ppréta une partie de Vvm des moutons ad 
curry, à la manière du pays; ce qui fit notre 
souper, «B y joigoMil du pain et du maize. 
l'ai appris ce moûn , que les dîssentions ac- 
tuelles, entre Thadou et Ayto Welléta Mi- 
chel, prOTefioieni du goût que les sujets du 
prenHer ont pourie pillage. Ils avoieut pris 
^'habitude -de venir en plein jour enlever le 
bétail d*Ayto Welléta Michel. Celui-ci vou- 
Imt répnmer «es pilleries, assembla ses amis 
et ceux qui dépendoient de lui, puis marcha 
au village de Sahana , où vivent habituelle- 
ment la plupart de ces brigands , détermine 
à tirer nnson de leurs insultes. Hier toutefois 
-riea oé fat décidé j il n'j' eut point de 'sang 



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SN A.BTSSINI'B'. )l4g 

répandu. Od croit qu'on en vientlra à un ac- 
commodement , et aujourd'hui Ayto Welleta 
Michel marche sur Sahana pour oa prescrira 
les condîlious ^ mais celui qui me- doDDoit oe$ 
détails ne crojoit pas que-Ie bétail fût rendu» 
parce que ceux qui l'ont perdji redouleut 
Thadou , dont les forces réuiùes sont impo- 
santes. 

Nous sortimes de ce \itlage-ver& les neuf 
heures avant midi. Quaad nous eûmes fait à 
peu près deux milles., nos guides npus priè-^ 
rent de faire halte au fond d'une- vallée d'un 
côté de la plaine d'Âyadda , sur laquelle sont 
répandus les douze villages d'Amba Maout, 
Aprè« une longue consultation entre Nevada 
Mousa et Guebra Selassé d'une pan, et de l'au- 
tre, tes chefs des villages situés sur les hau- 
teursi, qui eu éloient descendus pour nons 
voir , le premier tàcba de nous engager à 
nous arrêter ici le resle du jour. Je refusai 
de le faire. Là-dessus les cliefs nous entou- 
rèrent , et s'eflbrccreat de nOus persuader 
que, ^DOus ne cédions pas àleurdf'sïr, leurs 
vies n'étoient pas en sûreté. Ils employèrent^ 
pour me fléclùr, les supplications les plus 
humbles et les plus» pressantes. Us mettoient , 
■ QQ le$ faisant y des pierres sur leuF tôto et suc 



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iBù V O Y A » H 

leur cou. Apre» de vains efforts de ma part 
pour me dégager sans employer la force , en 
faisatit sentir k nos guides eonihîen il eioit 
absurde de vouloir nous retenir do In sorte , 
je me de'termînai ep6n à me faire jour à tra- 
vers la foule , en poussant mon nmlet au 
galop; «t }*aHai rejoindre mes oompagnons , 
qui m'avoient un peu précude'. Maïs tout c6 
que je pus faire alors , pour prévenir la perte 
d'un temps' précieux , devînt bientôt presque 
inutile f car deux milles pla9 loin , la pluie 
nous surprit près d'un autre village, et tomba 
avec tant de violence , que nous ne fûme^ 
point fàcbëB de trouver un gite , d^ns une 
maison toute prête à npns recevoir , et où 
nous passâmes la nuit. 

Nous y fûmes traites avec beaucoup d'é- 
gards par I9 maître de la maison ; mais notre 
tiQnrritur«, et toutes les Eiutres' choses dont 
nous «âmes besoin, nous furent apportées 
p«r les gons du village oh l'on nous «voit si 
fort pressés de notia arrêter, 

J'avois vu en entrant une plaptç très^sem- 
blable à f ensété de Bruce ; qui bien examiné* 
le aoir , se trouva être une nouvelle espèce 
de musa, ()lle s'élève à la baïUetir de trente 
ou quarante piçUs- h^ tronc- ou la tige est tiu, 



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EN ABTSSINIE, iSl. 

lorsque les premières feuilles sonl desséchées, 
Jusqu'à enviroti quinze pieds au-dessus du sol. 
Là , il en sort une douzaine de feuilles , qui. 
- s'ajustent l'une dans l'autre à leur base , 
comme celle du plantain ou bananier. La 
nervure du milieu forme dans chaque feuillo 
un pédoncule nu d'environ deux pieds et 
demi ^vant le point oîi sVtend de, part et 
d'autre I3 partie plane et développée de la 
feuille- j e( cette nervure ,■ dans sa partie infé- 
rieure , est d'une belle couleur rouge. La 
feuille a, d'un bord à l'autre, dans sa partie la 
plas large, à peu 'près quatre pieds , elle est 
longue de vingt pieds , et se termine ^n pointe . 
Le fruit sort du centre ou du corps même de 
)a plante, et lorsqu'il est jeune encore, il est 
protégé par quatre ou cinq feuilles petites, 
mais fortes, qui embrassent fortement tout 
le re'oëptacle. Les parties de lai. tieur son^ 
très-semblables à celles du bananier ou plan- 
tain , et il en est de même du fruit en appa- 
rence ; mais on y remarque uue différence'. 
Essentielle , c'est quHI est rempli de semences 
dures , de forme irrégulière , dont cliacuue 
est de la grosseur d'un» noisette. On. peut 
jiiger du porf et de la forme générale de la. 
planta pïir le dessein des montagnes d'Adow^ ^ 



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l53 V O T A G B 

OÙ elle se retrouvé (i). Le thermomètre ëtoit 

à 64° F. (i4R.) 

, jiùât 34. La dame de la maison , belle- 
sœur de la femme de Subagadis, nous fit visite 
dans la matinée. Elle étoit fort inférieure à 
celle-ci en beauté et en politesse. Je lui pré- 
sentai un mircûr et quelques grains de cha- 
pelet ; elle parut mécontente de ce présent ; 
cependant, quand nous parûmes, elle le prit. 
Les chefs des villages où nous avions passé 
ïa veille vinrent aussi nous voir ; ils nous 
firent présent d'un boeuf et de quelques au- 
tres provisions de bouche. Vers les neuf 
heures nous sortîmes du village et continuâ- 
mes notre marche , tirant au sud , par une 
contrée où les rochers étoient plus abondans 
qu'auparavant , et où en conséquence nous 
vîmes plus de oolquals. il y a cependant au- 
près des villages à droite quelques morceaux 
de pâturages. Les collines au-delà présen- 
toient un aspect étrange et des formes bizarres; 
des moutons de toutes nuances , depuis le 
blanc jusqu'au npir , paissoient le long de 
letvs talus. Après cinq milles de marche , pen- 

(>) Cerausa croit dans les serre* de lord Valentîa. 



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EN ■ ABYSSÏNIE. l53 

dant lesqnels nous passâmes plusieurs petits 
villages, dont obacun avoit uoe maisou prin- 
cipale entourée d'une muraille de pierre , 
nous montâmes une colline et parvinmes à 
un granil village , qui est ta résidence d'Àyto 
Guébra. ^ious fûmes reçus avec beaucoup 
d^ospitalite' par ce chef, qui a épouse' la nièce 
du Ras Welléta Sélassé. Te'cla Hammainout 
marie' à la sœur de celle-ci : et quelques au- 
tres amis, s'étoient rendus chez lui pour nous 
iaire accueil. On nous dit peu de chose 
quand nous entrâmes^ mais on mit devant 
nous du maize, du curry, et d'immenses piles 
de pain ; et l'on nous fit entendre que le 
meilleur compliment que nous pussions faire 
e'toit de bien boire et de bien manger. Et 
véritablement on nons .servit tant de maize , 
et si bon et â fort , que je crus indispensable 
de me lever et de sortir de table brusque- 
ment , de peur que nos .gens , à qui cette 
liqueur éloit e'galoment prodigue'e , ne fussent 
hors d'e'lai de marcher. Au sortir de la salle 
du festin , on nous fit pas^r , d'une manière 
inattendue , dans l'appartement de la dame 
du logis , qui nous reçut d« ft?rt bonne grâce ^ 
et nous tint quelques propos obllgeans avec 
beaucoup d'aisance et de politesse. Elle n'e'- 



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l54 VOTA*» 

toit pas Jolie , mais avoit dans la figure un6 
expression agréable. Je m'excusai auprèsd'elte 
de q'avoir point de présent à lui oËFrir , vu que 
notre bagage noua avoit préc(!de. £)le reçut 
mon excuse avec civilité, et ipe dit que soa 
seul motif, en noua arrêtant quelques ins-i 
taqs , e'tqit de jouir de notre ^ciéte' ; mais 
comme une plus longue visite n'auroit mené 
qu'à nous faire boire , nous re'Wstàmes à ses 
obligeantes sotHcitations , et prenapt eongé 
d'elle nous remontâmes sur nos mulets, et 
fîmes quelques railles pour nous rendre a lit 
demeure de Débit» , chef de Négashé, Kosi 
guides s'étoient propose de nous faire prendre 
nos quartiers dans un village plus rapproché 
de celui que nous venions de quitter; ensorte 
qu'à notre arrivée ï^chef ne se trouva pas 
prêt à nous recevoir , et fut obligé de faire 
chercher ses habits de fête. Il nous reçut 
néanmoins fort bien , quoiqu'on premier mo^ 
ment nous ne pussions uous entendre, parce 
que notre interprète étoit resté en arriéré 
avec le bagage. On nous fit encore ici un 
festin i quatve cents galettes de pain de graq- 
denr ordinaire furent distribuées à nos gens^ 
fàvec des bqsufs , du miel , du ghee ^ etc. 



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EN ABVSSINTB. l53 

\Aoûi aâ. Le maître de la maison se nililo 
matin eu route avec nous, comme (ivoieai 
fait gëne'ralemeat ceiix obee qui nous avions 
. loge depuis AbhS. Il se teqoît sur son cheval 
pvec fermeté et avec grâce , comme la piMpiirt 
des hommes de rang de' son pnys. Leur vête- 
ment blanc, et une peau de mouton noire 
jete'e sur l'épaule gauche , donne à ces cava- 
liers fort bonne mine. Us ont la tête Que, 
inais ils envisagent comme une marqua de 
dignité de se couvrir te bas ({u visage de la 
partie Qoltânte de leur vêtentent. Ils marchent 
presque toujours accompagnés de huit ou di^ 
hommes armés de piques et de. fusils à mèohe, 
Après avoir fait environ cinq milles , en 
montant et descendant des montagnes rapides; 
nous fûmes visiter une église ou un couvent 
taillé dans le roc vif, que l'on nomme Abn- 
basubfaa, Cet édifiée «st situé sur le côté du 
rocher, d'où l'on découvre une vaste et belle 
plaine , semée çà et là de darous et de dat- 
tiers. Au devant de l'excavalian est une en-' 
trée couverte de chaume et à deux étages, 
(I"un style fort ressemblant à celui des Portu- 
gais. Pc là trois portes conduisent à une salle 
carre'e de cinquante pieds sur trente , soutenue 
par deux ranjjs de colonnes, chacun desquels 



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l56 T O T A » » 

est forme de qnatre coIoDoes et de deux 
pilasires. Les oolonnes oat environ trois pied^ 
de diamètre^ et^ pvr leur àmplioite et Imir^ 
proportions, se rapprochent de l'ordre tos-' 
can. Au-delà est une salle , qui re'pond en 
quelque façon au choeur des églises modernes. 
Elle est séparée de l'autre par deux piliers 
cafre's > et a nu plafond en dôme d'environ 
quarante pieds de haut ^ d'un très-beau tra- 
vail. C'est dans o«ne pièce qua sont les fonl4 
bapiismaui et tout ce qui g«rt aux cére'mooies 
de l'e'glise. Ces choses sont de'robées aux yeux 
par uo rideau qui va d'un pilier à l'autre. De 
part et d'autre il y a de petites chambres , qià 
pommuuiquent avec la grande excavation par 
une porte et une fenêtre. Dans la plus graàde 
excavation, au-dessua du centre, est lui pla^ 
fond , creusé de manière à former une sorte 
de dôme d'environ trente pieds de haut , 
orné de peintures et de has''retiefs. Les côtés 
du plafond ont les mêmes ornemens, mais 
sans aucune apparence de dôme. I^e sol est 
pavé de pierre^ carrées; les murs sont scul{jtés 
et ornés de croix , de tableaux et d'insçrip^ 
lions en caractères éthic^iques, qui ne con- 
tiennent, à ce qu'on m'a dit, que de& pas» 
sages de rEcnture sainte. Les tableaux le& 



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BN ABYSSINIE. %5'J 

plus remarquables sont ceux du Christ , des 
apôtres et de St. George combattant contre 
le dragon. Le cheval blanc de ce dernier est 
bien dessine et bien exécuté. Les prêtres nous 
permirent d'eiaminef en dëtail ce singulier 
tenaple : ■nous le trouvâmes humide , rempli 
d'insectes et de chauve-souris , surtout le» 
cellules des côtés ^ dont chacune contient 
une tombe. Une des principales ^ngularites 
qu'offre cette excavation , est une source qui 
tort de Tune des colonnes. Elle dépose un 
sédiment ferrugineux , qui n'a point attaque 
la colonne même. Au-dehors sont plusieurs 
tombeaux taillés dans le roc , et qui ne sont 
recouverts que par des pierres détachées. 
Presque tous les prêtres qui noua accompa- 
gnoient étoient vêtus de blano , et portoient 
des turhans légers , ou plutôt une espèce 
d'enveloppe dont ils se ceignotent la tête. Je 
leur donnai deux dollars en reiout* de leur 
complaisance à notre égard. 

Le rocher dans lequel cette e'glise a été 
creusée est fort dur, et a dû être difficile à 
percer. Nous n'avons rien aperçu qui pût 
nous aider à faire une conjecture sur l'époque 
où il a été construit. 11 est certainement anté- 
rieur au tems d« l'élalilisseœent des Portu- 



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l58 VOYAGE 

gais en Âliysâuîe. Il est probable que c*est 

un de ceux qui furent faits « d'après les ordres 

donnes par l'Empereur Lalîbala , par dM 

ouviiers qu'il avoit bit venir d'Egypte dans 

C6but(i). 

Nous trouvâmes , en suivant notre route ^ 
tm très-beau bosquet ; et sur les flancs des 
rochers où passoil le senties , de belles espèces 
de fougère , dont je recueillis quelques e'chan* 
lillons ; nous montâmes ensuite sur des col- 
lines élevées et escarpées , par un cliemîn qui 
touruoil quelquefois en toutes sortes de di- 
rections, jufiqu'à-ce qu*en&n, après une jour- 
née faiîganie , nous aiieignîutes notre staljod 
de nuit ^ au sommet d'une des plus hautes 
collines. Il s'écoula quelque temps avant que 
le reste de nos gens et le bagage pussent noua 
joindre. Ils avoient pris une autre route et 
evoient visité en passant une mosquée , que 
les musulmans ont eu grand respect. Nous 
n'eûmes pour gîte qu'une misérable hutte, 
où nous fûmes tous entassés ; mais le maître 
du lo^s , qtu étoît un serviteur du Ras , nout 
traita avec beaucoup d'égards et, en nous 
offrant le niaize , me flt présent d'une corna 

(i) YojM LudolC Ub. Il, c..5. 



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ËH ASYSStKIË. 1^9 

pt-oprcment tournée , de ]a manufacture à*A.- 
byssinie ; ce cadeau me fut d'autant plu» 
agréable , qu'il me fut offert d'une manière 
ti'ès-obligÈante. On nous avoit prépara du 
Curry et d'autres victuailles ; on nous ofirit 
aussi-une vache . Le thermomètre étoit à 68° F. 
( 16 R. ). r^ous estimâmes que )e chemin fait 
ce jour etoît de quatorze à seize milles. 

j4oût 36. Nous nous mîmes en route de- 
très-bon matin. Après avoir marché environ 
cinq milles , nous rencontrâmes un clief ^ qui 
nous dît que le Ras avoit marqué un village 
deux milles plus loin pour notre station d^ 
nuit , parce que de là nous pourrions aisé- 
ment, le jour suivant, aller jusqu'à Antalow- 
A notre ariivée cependant nous trouvâmes 
qu'on n'avoit rien préparé pour nous recevoir. 
Cela donna lieu à beaucoup d'altercaliona 
entre nos guides et le chef du lieu. Celui-ci 
elTrajé de leur violence, vint se jeter à terre 
devant mon mulet , avec une pierre sur son 
cou. Je vis clairement qu'on ne désiroit pas 
de nous retenir, et qu'il nous importoit de 
ne point perdre de temps ; je résolu» d'allei* 
en avant. 

Après environ six nulles de marche par un 



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l6o T O Y A O E 

chemin de mObtagnes , nous arrivâmes à ]a 
ville de Derha. Cette ville, vue de la collin« 
par laquelle nous y arrivions, paroissoît beau- 
coup plus considérable qu'aucune de celles 
que nous avions traversées. Elle étoit entou- 
rée d'un mur et d'un large fosse'; les maisons, 
pour la plupart, éloient bâties en pierres. 
Il n'v a point de cbef rendant à Derha , parce 
que cette ville est sous le commandement 
imme'diat du Ras , qui a nommé six chefs 
subordonnés pour la gouverner. Ceux-ci me 
firent visite et sembloient tellement en peine 
de pourvoir à nos besoins, que je me crus 
enfin obligé de leur dire , que nous ne ve- 
nions pas chez eux comme des mendiaus, 
et que si le Ras n'avoit point donne' d'ordres 
à ce sujet nous étions prêts à payer pour notre 
dépense. Là-dessus ils s'en allèrent ; les gens 
de la maison toutefois se montrèrent obligeans 
et préparèrent pour nous du pain , du niaize 
et un curry de mouton. 

Vers les sept heures du soir nous reçûmes 
un message de notre ami Subagadis. Il nous 
faisoil savoir qu'il e'toit arrivé dans la ville , 
mais qu^d n'avoit pu s'y procurer un logement 
pour la nuit ; que néanmoins il resteroit dans 
le voisinage , et seroit prêt à nous accompa- 
gner 

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£lt ABYSSINtE. l&l 

gnerle matin de bonne heure dans notre routé 
à Antalow. M. Carter, à ma demande, se 
rendit sur-le-champ auprès de lui , pour lui 
oBrir de partager notre petite demeure. II 
refusa d'abord, parce qu'étant mécontent 
des habiiaos , il avoit dessein de se plaindre 
d'eux au B.as; mais il finit par accepter. Le 
souper que notre hôte partagea de très-bon 
cœur fut servi à la mode d'Abyssinie. Nous 
fûmes cfaarme's d'avoir une occasion de re- 
connoître l'accueU que Subagadis nous OToit 
faitàGe'nater, capitale dudistnct d'Âgo'wma. 
Le thermomètre étoit à 70° F. (17 K.). Notre 
jmirnee fut de douze à quatorze milles. 

Août 27 ■ Vers les six heures nous sortîmes 
de Derha^ accompagnes de Subagadis et de 
sa suite , et nous fîmes environ dix milles par 
des plaines herbeuses et de hautes collines 
pleines de rochers. Le sol des plaines étoit 
noir, fort riche jusqu'à la profondeur de douze 
pieds, comme nous le reconnûmes sur les 
bords d'un ruisseau , qui le pénètre en serpen- 
tant tout au travers. Les collines seroient 
aussi susceptibles de Culture , si l'on enlevoil 
les pierres qui les encombrent ; mais les ha- 
bitans sont trop paresseux et trop ignorant 
tom. I. 11 . ' 



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iGa ^ "t A a t 

pour Fentreprendre, même sur -les terrain^ 
plats j eusorie que c'est avec la plus grande 
difficulté qu^ y font passer la charrue . Après 
tiTOÎr descendu un défile' rapide , d'où nous 
vtmes en plein la colline d'Antalow, noud 
arrivâmes au village de Cbélicut, où. bous 
occupâmes une maison appartenant ati Ras ^ 
bâtie tout au bord du ruisseau , dans un en- 
droit très'ftgréable. Là , noua fûmes traités 
avec plus de eérémome et de respect qu'à 
l'ordinaire : on nous apprit que le Ras avoit 
• ordonné d'avoir le plus grand e'gard à tout 
ce que nous poumons dë^rer. L'après-mkli 
fut employée à viûter l'église, accompagnes 
d'une multitude de prêtres , tous bien vêtus 
en blanc. A l'entrée du premier sentier , ib 
nous demandèrent d'ôter dos souliers et nos 
chapeaux, ce que nous limes sui^le-champ. 
Je vis avec quelque surprise que les^ltsul-' 
tnans avoient la liberté d'entrer dans la pre^ 
mière enceinle. On peut se faire une idée 
assez exacte de cet édîBce , en imaginant trois 
murs circulaires concentriques , surmontés 
d'uD globe et d'une croix. Les espaces qui 
sont en dedans des deux mui's extérieurs sont 
des avenues ouvertes. L'espace compris daiH 
le cercle intérieur Xorme 1» corps de l'église. 



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EN ABTSSINIB, l63 

hé» murs Sont revêtus d'un enduit de plâtre 
de couleur rouge blanchâtre , ornés de do- 
rures et, couverts de tableaux, rcpfr^sentant 
Noe' et son arche , Christ «t la Vierge Marie, 
les Apôtres, les martyres des saints , pluâeurs 
desseins bizarres d'après les livres des pro- 
phètes ) et Sti Geoi^e combattant le dragcu. 
Ce dernier saint paroît être celpi de la nation , 
et fait partout une figure remarquable avec 
son cheval blanc. Le coloiis de toutes ces 
figures est très-e'clatant, mais il y en a quel- 
ques-unes , enlr'aUtres une Vierge, dont le 
visage est mis soiis verre pour le conserver, 
qui sont d'un style supérieur à celui de la 
plupart des peintres orientaux. L'enfant Je'suj 
est dans un tableau sur le bras gauche de sa 
mère ; et dans un autre , sur le bras droit. 

Dans l'enceinte extérieure e'toit suspendu 
un très-joli lustre de verre , donné au Ras paf 
le shérif de la Mecque. De l'e'glise, on nous 
conduisit k la fabrique , pour voir les vête- 
mens et tout l'atlirail des prêtres dans la célé- 
bration de l'office , qui sont d'une grande 
beauté. 11 y avoit entr'autres onze mitres d'ar- 
gent pur incrusté en or , deux habilleniens 
de velours blanc garni en urgent , un grand 
tambour avec des cercles d'ai^cnt, et tme 

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ï54 VOtAOÏB 

riche étoffe <fe Venise brodée aTec goût, tes 
prêtres paroissoienl prendre plaisir à nous, 
montrer leurs richesses. Ils nous coaduiùreat 
ensuite au jardin du Ras , qui , quoique âan^ 
un étal sauvage et couvert d'herbes, Conte- 
noit pluûeurs arbres fruitiers précieux , tels 
qu'orangers , citronniers , grenadiers , bana-*. 
niera, dont la plupart portent des noms dé- 
rivés de l'arabe, ce qui me paroîl indiquer 
que c'est d'Arabie qu'iUoQtétéorigiDairement 
apportés dans ce pays. 

Chélicut est la résidence de l'ozoro (i) 
Màntwaub , une des femmes du Ras, fille 
d'Aj'to Ischias, et soeur du roi régnant. Elle. 
se montra très-polie à notre égard , nous en-, 
Toya des messages Batteurs , et pourvut abon-. 
damment notre table de curry et de niaize.. 
Malgré cela nous eûmes de la peine à obte- 
nir des vivres et du laaize pour noire ami 
Subagadis, qui n'avoit pas osé venir loger 
près de la maison du Ras. Les villageois même 
n'osoient pas lui offrir un logement , quoique 
le tems fût fort mauvais , par la crainte de 
déplaire à son frère Tlmdou, que l'on disoit 
en faveur auprès du Ras. Vers la naît cepen- 

. (i) Ozoro «igniSe priDcesse> 

C,ql,lt!dt,G00glC 



EK ABTSaiNIE. 105 

danl , quelques-uns de ceux qui étoienl aiu- 
ohe's à son parti lui procurèrent une méchante 
cabane , où il put se mettre à l'abri de la pluie. 
Le thermomètre étoit à 64°F.(l5R.). La 
longueur de notre route pïiqdant ce jour fut 
'd'epviron huit milles. 

jiaât 28. Nous nous préparâmes de notre 
mieux pour nous présenter au Ras, et sortîmes 
de- Chéliout de bon matin. Subagadis nous 
joignit au bord oppose du ruisseau qui trin- 
■verse le village. Entre ce lieu et Anialow J! 
y a une bauie montagne, que nous évitâmes 
en tournant autour par l'est et le stid , pen- 
dant près de âà\ milles, sur d«s collines qui e»- 
ceignent le pîed. Les petites vaUe'ea que nous 
traversions éioient bumides et mare'eageuses ^ 
à cause de la phiie de la nuit , ce qui retar- 
doit beaucoup notre marche. Nous passâmes 
un village appelé Afgoul , qui appartient à 
rozoro Ambe'a, autre femme du Ras; I«a 
priocipaux bilans vioreot nous complimen- 
ter. Eb&i, quand nous commençioHS à noué 
lassej* de grimper coIUne sur coUioe , tout-à- 
coup nous découvrîmes Antalovr à la distance- 
d'çnviroD vniuillc. A mesure quepous appro- 
çlùoiiSt BOtre suite dio^aaaiWL rapidement;^ 



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j6(Ï voyage 

et avant d'utteindre la r^idence du Ras, il 
nous fallut traverser upç foule au moins de 
trois mille habitans (i). lis nous pressoient 
tellemept, pour oous \oir de plus pr^s, i 
notre passage à la preniicre porte , où siûgeoieot 
quelcfues oiËoiers d'état , que nous eûmes btea 
de la peine à y pénétrer. Ou ne nous laissa 
point descendre de nos mulets, avant qua 
nous eussions atteint l'enlre'e de la grande 
salle , à l'autre eitre'mité de laquelle le Ra& 
étoit assis sur un sofa (ou couchette )oùétoient 
deux grands coussins couverts d'un rîcbe salin. 
A ses côtes e'toient ses principaux chefs, assis 
sur le tapis dont le plancher eloit recouvert. 
Parmi eux se trouvoit notre ami le JBabamé- 
gasb Yasous. Nous fûmes conduits devant le 
Ras avec beaucoup de fracas, selon l'usage 
du pnys. Nous le saluâmes , nous lui baisâmes 
le dos de la main , il baisa la nôtre ; il nous 
montra un sofa placé à sa droite , qui étoit 

. couvert de belles peaus. Nous nous y as^mes 
aussitôt; ensuite vinrent les complimens ordir 

'naives. Le Ras exprima le plaisir qu'il avoit 



( I ) Ifons sèiDes ensuite que ce grand nombre 
d'hommes rassemblés venoil en partie de ce qoe 
c'-étoit un jour de nurcbé. 



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B N A B T S S I N I S. 267 

de nous voir; de notre côté, nous lui ren- 
dîmes sa politesse , en y ajoutant les compli- 
mens une lord Valeniia lui envoyoit de Mooha. 
On nous fit entendre que , dans cette pre- 
mière visite, il ne falloit rien dire de plus. 
Quel(jues raomens après le capitaine Rudland 
fut invite' à aller voir les appartemwis que l'on 
nous desliqoit, et à son retonr nous paus reti- 
râmes, Le ministre du Ras nous accompagna, 
C'étoit à lui que nous devions nous adresser 
pour toutes les demandes que nous pourrionsi 
avoir à faire. 

La rapidité de notre première visite ne noua 
permit pas de faire beaucoup d'observation» 
sur les personnes qui s'y irouvoient présentes» 
Kolre attention se dirigea principalement stir 
le Ras. Il est d'une politesse remarquable , 
d'une complexion délicate , vif dans ses ma- 
nières , malgré son âge , qu'on nous a dit être 
de soixante et douze ans , 9Vdc une expressioit 
d^tellïgence dans la physionomie et beau- 
coup de dignité dans toute sa façon d'agir. 
Quoiqu'il ne quittât point son sofa , sur le- 
quel il étoit à moitié penché , U réceplioa 
qti'il nous fit fut jugée fort gracieuse , v& 
qu'en nous rendant Je bais^ de la maitt , il 
nous metloit 9,'W lui sur un pied d'égalité. 



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168 T O Y A • B 

On nous SToit prévenus qu'il falloit découvrir 
notre tête et nous prosterner devant lui. Mais 
quant à ce dernier point nous nous y refù- 
fâmes trèfr-po^tivenient. 
■ On nous fournit dans le cours de ta journée 
des vtvres en abondance ; et Ton nous pressa 
de boire et de manger avec excès, pour faire 
honneur 4 la maison otx nous étions. Nous 
reçûmes le soir plusieurs messages polis de 
]a part du Ras. II nous Qt demander nos armes 
à feu f et traita avec les plus grands égards 
Fearce et Ibrahim qui les lui portèrent ; it les 
fit asseoir sur un sofa , et leur donna du maize 
en quantité. Il prit grand plaisir à voir nos 
fu»ls , et nous envoya en retour un fUet pour 
la péohe , en nous faisant dire qu'il était rare^ 
ment à la maison dans la soirée , parce qu'il 
s'amusoit i la pêche ou à la chasse. Nous 
pâmes juger du peu de temps qu'il donnoit 
RU sommeil; car k minuit il nous envoya une 
«rêm'e assaisonnée, et à quatre heures je fus 
mandé auprès de lui pour recevoir le oom- 
plitnent dq matin, 

j4otit 09, Vers les dix heures du matin 
nous fûmes invités à déjeûner avec le Ras. 
Il nous reçfit avec autaiK de dii>iii>otion que 



L,<,l,;<»i:, Google 



EN ABYS8INIE, 1^9 

}v veille f et nous fit asseoir sur un sofa ; 
tandis que son ministre étoit tout auprès sur 
un simple tapis. Le, Ras lut-méme nous fit 
manger abondamment des œufs , de la volaiHe 
au curry , et des boulettes d'une composition 
mêlée de oéleri sauvage , de caillé et de ghee , 
«près quoi on nous ofirit de la brinde (i) , 
mais comme nous dimes que nous Faimiona 
mieux apprêtée , ou fit griller la viande ; un 
des geqs de la suite du Ras la coupa en menus 
morceaux , et lo Ras l'introduisit de sa main 
dans notre bonche, précisément comme en 
Angleterre les enfans donnent la be'quee aux 
jeunes pies. Il n'est pas facile de de'orire la 
•cène qu'ol1W>it pendant ce temps la grande 
salle. On s'y querelloït, on s'y battait presque, 
aveO'les couteaux tirés, pour la viande crue, 
qu'on y passent de main en main , et pour 
le p^n de telTj qui étoit entassé autour de 
la table. Il y avoit cependant quelques maîtres 
des cérémonies, munis de longs bâtons blancs, 
dont ils se servaient souvent pour ohâUer 
ceux qui étoieal trop presses de »aisîr leur 
portion. 

Nons passâmes le reste de la journée fort 

(i) De la vUnde-Groe. 

* 

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J70 T o y A » B 

tranquilles , parce que l'on renvoya au len- 
demain les prëeens ik faire de 1» part de lord 
Valentid. Le thermomètre etott à 68° F. 
( 16 R ) dans notre chambre ; il y eut dam 
le jour de fréquentes averses orageuses. 

jioât 3o. Uae copie de la lettre de lord 
Valenlîa , que j'avois fait faire , ea cas qu» 
l'orignal vint à se perdre , fut remise au 
Ras à quatre heures du matin par Hamed 
Cfaamîe , qui entra ansû en explication sur 
ma mission , oomme je l'avois autorisé à 1« 
faire. Vers les six heures du matin, je fus 
mande chez le Ras, que je trouvai seul dans 
sa saUe, Je lui oQVis au nom de lord Valentia 
les présens de sa sùgneurîe, qui consistoient 
en deux pièces de drap , Tuoe bleue et l'autre 
rouge , une jolie montre , un télescope > 
quelques ^èces de kincaub et de satin , uq 
vêtement de drap d'or , une bague et un9 
aiguille d'or , et plusieurs pièces de mousse- 
lines. Ces présens furent reçus avec beaucoup 
de plaiùr , surtout les articles qm éioienf. 
nouveaux pour le Ras, savoir, la montre^ 
le télescope et les petits bijoux. Il Bt dé- 
ployer plusieurs fois devant lui lekinoauh 
«t le drap d'or, 4'exposû au Ras , »u jihhb 



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BM ABYSSINIZ. Ifl 

de lord Yaleoùa , impossibilité où avoit été 
celui-ci de se procurer à Mocba dea présens, 
tels qu'il auroit voulu pouvoir les lui offrir. 
11 m'exprima son eaûère satisfaction; il ajouta 
que son seul regret éloit de ne pouvoir nous 
exprimer , dans notre propre langue , l'amiliê 
qu'il sentoit pour nous , qui ^ étrangers 
en ce. pays, avions quitté nos parens , nos 
amis , potre patrie , pour venir si loin le 
viâïter ; tandû que ceux qui étoient près de 
lui , et qui devroien^ être ses amis, ne pen- 
soieot qu*à lui faire la guerre. Il me demanda 
ensuite quelles étoient les demandes de lord 
Yaleniia et l'objet de ma mission- Je ré- 
pondis, que le seulmoiif delordValeotia, en 
' m'envoyant auprès de lui , éioit un ardent 
désir d'établir une liaison d'a^pilié entre deux 
états aussi puissans que l'Angleterre et l'Âbys* 
ânie , dont les babitans professent la même 
religioa , et , si le fias avoit du penchant pour 
cette baison , de lui représenter combien elle 
potuToit être avantageuse à son pays ; que 
l'Abyssinie ayant été' accoutumée jusqu'ici à 
recevoir toutes ses iniporutîons de la troi- 
Jaènke ou quatrième main, payoit à chaque 
mutation un droit excessif , tandis que sa 
liaison avec les Anglois , qui sont mitres de 



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37* r o T A e I 

la mer , metiroit le Ras en état de recevoir 
îmmédiatemenl les marchandises doDt il auroh 
besoin , et de les avoir fort supérieures en 
qualité à celles que recevoit habilueUement 
son pays ; qu'en tout ceci lord Talenùa n'Aoit 
animé d'aucun intérêt personnel ; qu'il n'avoit 
en vue que l'avantage mutuel de l'Atiglcterro 
et de l'Abyssinie , auquel ces HtM-es échanges 
tontribueroient essentieUement. « Sa seî^ 
gneurie , ajoutai-je, va repartir pour l' An- 
gleterre et se chargera volontiers ■ de faire 
parvenir à son gouvernement les ouvertures^ 
que celui d'Abyssinie voiidra lui foire à re 
lujet. ». 

Après un silence de quelques minutes, le 
Ras me demanda si Massow^a ou quetquHiutrB 
port du voisinage cooviendroit aux vaisseaux 
anglois , pour y déposer leur cargaison. Je 
repliqnai à cela , que je oroyois qu'à Beilont 
U n'y avoit point de port, mais seulem&ot 
un ancrage ; que sans cela le voisinage oh 
cette place étoit de sa capitale lui donnerolt 
•eur Massowa un avantage décide' ; qu'à la, 
vérité cette dernière avoit un port commode, 
et assez d^eau douce; majs que la vîBe et 
son territoire étoient aottreMement soiis ïe 
commandement du Naïb Edris , qui paroô" 



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• ên abyssinie. 175 

boû <lisposéf plutôt à croiser, qu'A favoriser 
les intérêts de l'Âbyssinie, comme le prouToit 
asscî rinterceptioii de ma lettre au Ras , pour 
le poit de laquelle j'avois été forcé de payer 
trente, dollars, et qui o'avoit pu être inter- 
ceptée que par l'ordre même du Naïb j que 
i'avois même été contraint de payer à ce 
Naïb cinq cents dollars , pour la liberté de 
passer sur son teriitoire , et pour les mu- 
lets , etc. qu'il ro'avolt promis } enfin que 
cette dernière promesse même avoit e'té scan- 
daleusement violée. Le Raslémoigna im grand 
déplaisir de celte conduite du chef de Mas' 
aovra. Il dit que le précédent Naïb , Hannes , 
evoit toujours éie' son bon ami , et que le 
Naïb actuel ne lui avoit donné aucun sujet de 
mécontentement avant ces dernières années ) 
qu'il aVoit été obligé dès-lors d'envoyer une - 
force militaire pour le mettre à la raison j 
e% qu'il auroit coupé toute communication 
entre Massowa et l'Âbyssinie , à le Naïb ne 
l'avoit appaisé p*r les plus humbles suppli- 
cations ; qu'il y avoit une ville sur la côt« 
qui lui appartenoit , appelée Buré , à moins 
de quatre journées d'Ântalow , bien fourni» 
d'eau et de bétail , dont les habiians avoient 
souvent sollicité la permissioa d'ouviir un 



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l-/^ T O Y A G B • 

oommerce avec les vaisseaux 'qu'Us voyoîem 
coosumment passer sous leurs yeux ; que la 
route de Bur« k Ant&low titoit très-praù- 
«able pour les kafilas (l) , excepta une seule 
journée de marclie , pendant laquelle ou ne 
trouvoit point d*eau; que si ce lieu paroissoit 
convenable , il feroît passer sans délai lô 
commerce par ce canal. Afin de m'e'clairer 
U dessus , il m'oSrit de faire venir des chefii 
de cette ville, de qui je ponrrois recevoir de» 
informations ultérieuresi Je lui représentai 
qu'un rapport verbal sCroit moins satisfai- 
sant , que renvoi d'un de cCut qui m'avoieut 
accompagné daus ma mission , et fp]i pourroit 
examiner le lieu le plus près. Le Ras agréa 
Ria demande. Il dit alors que lord Valentia 
exprimoit dans sa lettre le de'sir que je pusse 
aller à Gondar ; qu'il ne désiroît lui-même 
rien tant que de nous contenter ; mais que , 
dans l'état aclUel , il lui étoit impossiijte de 
mettre en sûreté nos persoHrtes pendant ce 
voyage, parce qu'il étoit !nal avec le Gus- 
tnatie Guxo , qui étoit maître de Gondar; 
Là-dessus le Ras me raconta ce qui avoit 
occa^onné leur mésintelligence. Je vais con-' 



(i) FelîtN caiava 



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EN ABYsaiNtE. 176 

ngoer îcï ce récit , en i'abre'eeanl , et en 
corrigeant quelques détails sur le témoignage 
de Hadji Hatued, à qui tous ces faits étoient 
parfaitement connus. 

Cette mésintelligence avoit commence' de 
honne heure. Le Ras Welléta Sélassé avoit 
inîs sur le trône VVelle'ta Salomon , après 
l'abdication de son père Te'cla Hamainout ; 
mais bientôt le nouveau souvÈraîn trouva dans 
le parti contraire un obstacle à son étal>l!s' 
ornent. Le Ras^ quelque temps après, éleva 
Teda Ge'orgis au commandement suprême. 
Mais ce choix ne fut pas plus agréable aux 
adversaires du Ras, que n'avoit été' le pre'- 
Cédent. Ils forcèrent trois fois Téela Ge'orgis 
à chercher un aàle dans le Tigré, où le Ras 
Son protecteur jouissoil d'une autorité plus 
pleine. Celui-^i ayant été rappelé dans sa ca*- 
pitale du Tigré , le parti contraire fit tous ses 
«Sorts pour mettre sur le trône Ayto Ischias 
et ensuite son fils Ayto Gualou , qui appar- 
teuoit à une autre branche de la famille royale. 
Enfin le Ras voyant, à ce qu'il semble, que 
des deux protégés, Welléta Salomon et Técla 
Géorgis, étoient incapables de conserver l'au- 
torité royale, consentit à laisser la couronne 
à Ayto Gualou. Afin de mettre ce prince dans 



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176 V O T A G K 

ses intérêts et de l'opposer à Guxo , U épousa 
l'ozoro Mantwaub , sœur du Roi actuel. L« 
GusmatieGuxo^ après avoir rétabli son pouToir 
dao$rÂm)iara et le Bégemder, proGta du (emp> 
où le Ras Welte'ta Sëlassé etoît absent de la 
capitale, pour envoyer, il y a trois ans, un 
message arrogant au Roi , par lequel il lui 
déclaroit qu'il devoil épouser sa fille j s^il 
vouloît rester à Gondar. Le Roi se vit obligé, 
de céder. 

Les affaires semblèrent k cette époque, 
prendre une meilleure tournure. Chaque- 
parti aQ*eotoit de se montrer satisfait des nou- 
veaux arrangemens ; les animosités sembloîeat. 
appaîsees; et les liens de parenté qui s'étoient 
formés paroissoient assurer 1» fidélité des 
sujets. Mais ce calme ne fut pas de longue 
durée. A peine s'étoit-il passé deux années 
après l'alliance conclue , lorsque l'Abonna 
mourut. Guxo entra de force dans sa maison ^ 
la pilla, ety prit de-l'or et des effets précieux, 
au montant de cinq cents wakéas d'or. Ces 
choses n'étoient pas envisagées comme la 
propriété particulière de l'Abouna défunt , 
mais comme des biens attachés à l'office du 
grand prêtre; et , suivant une ancienne cou- 
tume , ces biens dévoient servir à payer la 
dépense 



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E2Ï- ABVSSI'NÎE. Ijj 

iépeme nécessaire pour faire Veiùr d'EgypiÇ 
aon snccesseur. 

La religion ofiVoit ici un trop beau préteste^ 
pour qu6 le Ras Welléta Selassé ne'gligeât d'en 
profiter. Il réunit ses forces à celles du Ras' 
Gabriel , gouverneur des provinces de Samea 
«t Waldubba, et marche sur Gondar. GuxO, 
ne se sentant pas prêt à soutenir une si brusquei 
attaque, envoya quelques prêtres pour rendra 
oc qu'il avoït t*ris^ pour parler en sa faveur 
et prévenir les Coups que le Ras vouloit lui 
porter. 11» réossîreat'dans ce dessein. Lare»* 
titution fit cesser tout prétexte de' gtierre- L« 
Ras ajouta à ces biens restitués cinq cents 
frakéas d'or, et députa sbr le champ eh Egypts 
pour avoir un successeur à l'Abbuna défunt. ' 

Mais l'orgueil dé Guïo avoit été trop blesse', 
pour adopter un système pacifique. Soutenu 
de deux des principaux prêtres, Ëustac^as é^ 
Técla Haimanout, qui s'étoient -emparés da 
pouvoir de l'Abouna, il se disposa à attaquer 
Welléu Sélassé et ses alliés. Pour jfortîfîer sort 
parti y il avoit fuit (inè ligue avec Kb'an , "fils 
deColassé dcMictioellis , qUi commande aux 
Ëdlow Gallas^ et cpû est, dit'On','en éiàt àtt 
mettre sur pied tveute mille bomntës de ca- 
Valette-, et ïq double de-fantassins- arméd ^ 
Tom. l. 4.8 

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}79 Y O Y A G B 

lances. Toutes ces forces re'umes oonuneD- 
cèrent leurs opérations par une attaque dirîge'e 
contre le Ras Gabiiel , dans sa province de 
Samen , qui força le Ras à venir demander 
du secours à Welléta Selassé. Celui-ci promit 
de le Joindre ^ dès qu'il seroit possible de 
passer le Tacazza. Gabriel repartît aussitôt y 
ft en ce moment il est asùégé dans les mon- 
tagnes de Gesheu-hai. 

On cUt que le Bas Gabriel a mille fusils k 
^che dans son armée , avec lesquels il faii 
face aui forces réunies de TAmWara, du Bé- 
gemder etdesGallas. LeRas WellétaSélasset 
dès la première nouvelle des préparatifs -de. 
Guxo , envoya un homme de rang , pour en 
demander la cause ; mais sim messager fut ' 
saiù' , charge de fera et iocarceré , par 
l'ordre de Guxo. Ce proce'dç tend leur rup-- 
ture irre'parable. Le Roi est contraint de At- 
-^eurer paisible spectateur de la querelle de 
deux rivaux , ses parens , et de condescendre 
aux hostiliités illégales de son beau-père contre 
son beau-frère ^ quoique celuîi-ci soit investi 
de Tautorite légale , tant civile que militaire. 
Le Ras me dit néanmoins, qu'il difieVoit son. 
expédition jusqu'au moment où nous serion» 
(Bvenus 0n sûreté à Massowa , parce qu'en 



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EN ABYSSINIE. l^Q 

son absence ses ennemis ne négligeroïent rien 
pour se rendre maîtres de nos personnes ^ 
qu'ayant onï dire que notis étions venus pour 
trùter de quelquo aBaire secrète , ils crain- 
droient ^ qu'avec d'autres drogues ( dowa ) , 
nt^us n'eussions apporté des poisons capables 
de détrnirelenr armée. 11 finit par nous dire, 
qu'après avoir passé quelques jours auprès de 
lui , BOUS pourri(Mis vicier toutes les parties 
du Tigré que nous voudrions ; qu'il s'esti- 
meroit heureux de nous montrer de même 
tonte l'Abyssinie , s'il plaisoit à IKeu de 
donner du succès à ses armes y et si nous 
pouvions attendre que cette a&âire fut 
termintîe. 

Je fis au Ras mes s'mcères remerctmens 
de la manière franche, dont il m'avoit expose' 
la ùtuaiion des affaires publiques. J'ajoutai 
que je la croyois plus en état que personne 
de juger de la possibilité d'exécuter en sûreté 
notre projet de voyage à Gondar^ et qu'après 
les explications détaillées qu'ilavoit bien voulu 
nous donner, je ne croyois pas, quel que fût 
mon regret , pouvoir insister sur ce sujet ; mais 
que j'espérois qu'il pourroit nous procurer la 
vue de Watdubba ; et qu'eu y allant nous 
pourrions voir le rocher des Juifs et 1* 



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iBo T O Y A G t 

TaoazM. .Notre interprète ne put point trs- 
duife ce mot le rocher dea Juifs y mais sur 
cette simple désignation , le Ras comprit tout 
de suite de quoi il s*agissoit ; et me dit qu!il 
e'toit le premier qui l'eût attaqué avec succès. 
Le Ras Gabriel de Samen , avec qui il étcit 
ci-devant en guerre, avoit enfermé Tëcla 
Géorgis dans celte citadelle ; et le Ras Wel- 
lëta Se'lassé l'en avoit- fait sortir. Il y a encore 
quelques Juifs en ce lieu. Le Ras consentit 
à ma proposition , et me promit que je visi- 
lerois Técla Géorgis à Waldubba , et Wel- 
léta SalomOH à Asum ; que bien qu^à la 
vèrHé la première de ces places ne fût pa^ 
, dans ses domaines , elle apparlenoit à scn 
ami Le Ras Gabriel , et que nous pourrions 
y aller ea sûreté. Je te piîai' ensuite de me 
procurer one copie en arabe de l'Histoire 
d'Abvssinie, depuis le règne de Joas jusqu'au 
temps présent. Il me dit en réponse , que les 
chroniques étoient conservées à Axum , et 
qu'il auroit soin que je fusse satisfait. Je lui 
fis voir les desseins des- voyages de Bruce. 
Il me dit qu'il connoîssoit fort bien Yagoubé ; 
que cet étranger étoitvenu en Alïyssinie après 
la bataille de Fagitta et qu'ensuite il étoil allé 
•ux sources du P^il. 



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ï:N' ABT ssriTix. i8t 

H ne se passa rien de plus dans celte ea-r 
Irevue , «i ce n'est une conversation de peu 
d'importance. Quand elle fiit terminée^ nous 
sortîmes de la salle et ne revîmes plus le Has 
de tout le jour. Comme c'était un jour de 
jeûne public , on nous porta nos vivres- dans 
nos appartemens> Il n'ét'oit permis à per- 
sonne de nous approcher , et nous e'tions 
entièrement à l'abri des regards curieux du 
peuple. 

Nous avons eu de la plijio, des tonnerres, 
et des ëclairsj tous les jours dans l'après-midi , 
d&puis notre arrivée. Le ttiermomètr«r étoit 
à 6a° F. ( i3i R.) L'air éloit froid et humide. 



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CHAPITRE IV. 

Continuation du téjour à Antalow. ~> 
Départ de Mr. Sait pour Axum. — 
Arrivée à Muccula. — Fiaite à l'égUae 
de ce lieu. — Arrivée à Casimto. — 

. Arrivée d la maison du Barrambarroê 
Toclu de Gutlybudda. — Fiaite à Fil 
Aurari Yasoua. — Arrivée d Adotva. 
— Séjour dam cette ville. — Présenta- 

;. lion à Foéilydaa , fila ^Yaaoua , ci- 
devant Roi d^Abysainie. — Arrivée d 
Axum. 

j±oUT 5i. Nons reçûraes de bon maiio 
un message, par lequel le Ras , s'ioformoit 
de notre sanlé et nom inTiioit è déjeuner. 
Il ne se passa rien de nouveau ^ si ce n'est 
qu'on nous permit , comme une faveur , de 
saluer nos amis Subagadis et le Balianiegash 
Yasous, que le Ras tenoit à une très-grande 
dbtance. Tous les plats qu'on nous servit 
furent très-bons j le Ras etoit anime et de 
fort bonne humeur j sur sa demande très- 
pressaone , ce jour y pour la première fets , 



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JBVt ABT9SINIE. t85 

nous nous hasardâmes à manger quelc[ues 
Qiorceaux de blinde (i). 

Septembre l . Nos domestiques n'ayant pas 
eu la permission de sortir de l'enceinte mure'e? 
de vingt ou trente pieds en carre, qui est au 
devant de notre logement , en furent fort 
mécoQtens et commencèrent à cniindre que 
l'on ne voulût nous retenir de force dans ce 
pays. Je me plaignis au Ras de celte ngueuf 
déplaoe'e ; et il me répondit 'que cet ordre 
n'avoit été donne' , que pour empêdier qu'il 
p'ariivât'à mes gens quelque accident. Je le 
pliai de permettre que dor^avant ils pussent 
aller où ils voudroient, et qu'ils restassent 
eux-mêmes chargés du soin de veiller à leur 
propre sûreté. J'allois entamer d'autres sujets, 
lorsque son frère et plusieurs autres chefs 
eurent l'entrée de la salle , ce qui mît fia 
à toute espèce d'entretien. On amena de& 
mulets pour nous. Le capitaine Rudlaod et 
moi nous en servimes pour visiter la mon- 
tagt(p d'Antalow. Nous suivîmes d'abord 80a 
extrémité orientale , piùs nous montàme» 
par le côté du nord , en suivant un sentiet 

- (i) Viande «ne. 



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184 T O T A a B 

fort roide , que l'on n'avoît point moW^ 
jusques-là avec des mulets. Nous trouvâmes 
le sommet couvert de verdure , et de nom- 
breux trotipeaux en pâture. En nous avançant 
vers le sud , nous eûmes une vue pleine d« 
la ville d'Antalow, des villages adjacens, et 
des hautes montagnes qui séparent le Tigré 
du pays des Gallas an sud. 

I AntaloW' est compose d'un millier de - 
maisons « couvertes de totts de chaume d« 
forme conique, bâti«s sur une èminence ine'- 
g<lte au fond de la vallée. La maison du Ras 
se fait remarquer par sa grandeur , par la 
forme particulière de son toit , ei par le mur 
dont elle est entoure'e. A cette exception 
près , tout le reste a une apparence misérable, 
et tout le pays d'alentour. oHVe peu d'objets • 
isteressBDS. Dans toute cette étendue, ou ne . 
découvre pas im seul arbre , à ce n'est 
quelques-uns fort petits , qiù entourent les 
deax églises vobines de !a ville. 

Le sommet de cette colUne e'toit autrefofe 
une place de défense. On voit encore j en 
plusieurs endroiu sur les bords des rochers, - 
des murs en pierres sèches, destinés à arrêter , 
les assaillans. La dernière fois que les habiiaos 
l*y réfugièrent fut au temps du Ras Michel 



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IS ■ ABTSSIITTE. )85 

Snhvl , lorsquHls se virent attaqués par les 
Gallas, 60OS la conduite d'un chef Donune 
Waldo. 

A notre retournoas fôraes forcés de mettre 
|>ied à terre , parce que la descente étoit trop 
rapide et trop coupe'e; elle étoit bien propre 
]^ar sa. nature à.servîr de défense. La partie! 
supérieure de la colline est composée de 
pierres catcaires détachées , de couleur rou- 
gçâtre , sablonneuses , disposées en couches 
horizontales, nues et perpendiculaires sur leurs 
hords. Au-dessous on trouve un lit de brèches^ 
qui repose sur une masse de pierres noires et 
dures ( probablement du basalte ) , dont est 
composée toute la base de la montagne. Far- 
venus au bas , nous passâmes deux villages , 
et après avoir traversé quelques crêtes peu 
élevées, nous armâmes à Aotalovr, où nous 
fûmes reçus par quelques centûnes d'hahitans, 
qui s'étoient rassemblés pour nous voir. 

A notre arrivée , nous Couvâmes le Ras à 
déjeuner , et nous fûmes invités à nous joindre 
à lui. Les plats furent les mêmes que ci-^ 
devant'; il y avoit seulement de plus un pied 
de vache bouilli. Le Ras étoit de belle hu- 
meur ; il nous fit diverses questions sur nos 
égibes, notce Roi, etc. Une vieille femme 



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]80 T O T A O E 

ee t«QoU <lemère lut ; il nous la |>reReBt« , 
d'un oirùgiiificatif^ comme une personne dont 
la coQDOÎasanoe pouvoît non» être agréable , 
TU que pluneurs jeunes daines ëuneot confiées 
i ses soins. Il avoit souvent plaisante' aveo nous 
sur se sujet , mais jaiiiaîs il n'avoit poussé le 
badinage aussi loin (]u*il le fit alors. Quand 
nous eûmes pris du niaïze comme k l^ordi^' 
naire , le Ras parut endtHimi y «t nous nou» 
retirâmes. 

Le soir nous nous rendimes à la sslle , où 
nous trouvâmes le Ras occupé à jouer aux 
e'cliecs au milieu de ses chefs. Les pièces sont 
d'ivoire et grossièrement travaillées , elles 
sont très-grandes et lourdes. Quand il s'offre 
une OGcadon de prendre une pièce à leur ad- 
versaire, les joueurs l'abattent avec beaucoup 
de force et d'ardeur. JV remarqué que leur 
jeu diffère du nôtre à plusieurs égards. Les 
fous sautent par dessus la tête des cavaliers , 
et ne peuvent f«re que trois pas. Les pions , 
dès le départ , ne peuvent fûre qu'un pas ea 
«vaut; et n'acqmèrent aucune importance eo 
arrivant à l'autre extrémité de l'écbiquier. \h 
font grand bruit en jouant. Tous les specta- 
teurs disent leur avis , même les Mclaves, el 
saisissent les pièces si boa leur semble , pour 



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montrer eomment ils croient qu'il faut les 
faire mouvoir. Nous remarquâmes ne'enmoins 
qu'Us savoient ménager les choses avec 
adresse , de miamère que le Ras gagnât tou- 
jours la partie. 

On servit ensuite un repas, auquel se trou- 
vèrent plusieurs dames. L'une d'elles , que 
nous appiimes être une des femmes du frère 
du Ras , etoît assise sur le même sofa que 
celui - oi ; les autres étoient assises sur le 
plancher ; et toutes faisoient honneur au 
brinde et au maize. 

La soir nous fûmes fort inquiets de la perte 
que nous fimes de notre interprète , Hadji 
Hamed. Il nous apprit que sa retraite étoit 
occasionnée par le mécontentement que lui 
donnoit le traitement qu'il avoit éprouve' de 
la part de quelques personnes de la suite du 
Ras. Il ajouta que « s'il plaisoit à Dieu J> , il 
reviendroit dam la matinée. 

Septembre a. Nous ne vtmes point le Ras 
de toute la matinée. Notre déjeuner nous fut 
apporté daus notre appartement. Comme il y 
avoit moins de bruit qu'à l'ordinaire dans la 
grande salle , nous pensâmes que c'e'toit un de 
leurs jours de jeftne. I^e jour se passa , sans 



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100 T O T A « K ' 

que nous enteadùsïons parler de Hadji 
Hamed , quoique nous lui eussioos envoyé 
plusieurs messages. Cette circonstance et. 
certains rappctrt» , que nos domestiques en- 
tendirent faire dans la ville , nous firent' 
penser qu'il se passoit quelque diose de peu 
agréabl» pour nous; mais quoi? c'est ce que' 
malheureusement noua ne pouvions savoir ^ 
n'ayant de communicaùon avec personne ^ 
qu'avec le Ras , à qui nous eavoT^niefi no^ 
salaaius ( salutations ) le soÎp , et qui nous 
les renvoya poliment. Le thermomètre à 
midi étcMt , dans notre chambre, à 65* F. 
(i5^ R. ). Il tomba dans la stûrée beaucoup 
de pluie. 

Septembre 5. Ayant résolu de m'espKquer 
de mon mieux , par le ministère d'Ibrahim , 
qui ne parloit qu'imparfaitement le langue du 
pays , j'envoyai de bonne heure demander au 
Ras une entrevue. Il me fit répondre qu'il me 
verroit le lendemain. Je lui envoyai un second 
message , mais avec tout aussi peu de succès; 
il s'excusa sous prétexte d'affaires. Là-dessua 
je lefis presser de faire chercher Hadji Hamed. 
Il nous fit répondre , que notre interprêle 
n'osoitpas se rendre auprès de nous, de peur 



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EN ABYSSIIflE. 189 

de perdre la -rie , comme nous l'en avions 
menace. Cette réponse nous fit beaucoup de 
peine. Il paroissoit en effet, qu'une telle faus- 
seté avoit été inventée par Hadji Hamed pour 
contreminerinotre influence sur le Ras, tjui 
lui sembtoît saos doute contraire ans intérêts 
dushénCde^la Mecque; ouqueleRaslui-même 
avoit 'imagine ce moyen de rejeter sur nou3 
le blâme du départ de Hadji Hamed , tandis 
que ce départ n'avoît été occasiconé que par 
la conduite insolente des gens du Ras. Duns 
.l'un et l'autre cas, cet incnlent éloit d'un 
fâcheux pronostic pour le succès de notre 
mission. La seule circonstance , qui pût noua 
faire pencher à imputer ce mensonge à Hadji 
Hamed , étoit que nous nous étions aperçus 
qu'il s'étoit appliqué à diminuer , autant qci'îl 
Tavoit pu , dans l'esprit du Ras , la valeur des 
présens que nous lui avions faits. 

Le Ras nous envoya un message dans le 
cours de la journée, pour s^nlÙormer de notre 
santé. Il l'accomtpagna d'un présentd'orângesj 
de limonS' et de bananes ou plantains seos. 
On nous porta, comme à l'ordinaire , notre 
nourriture à notre domicile. C'étoit le matin 
une volaille, et le soir un curri de mouton. 
Quoique cette ration Xùt assez petite , noi» 



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igO VOYAGE 

n'en epronvioiu aucuD mcoaTénîeat , pirce 
que oous avions en aboadaooe du pain et - 
du niaize. Nous reçûmes de plus ce jour-ci , 
ii midi, de la part du Ras , une portion addi-« 
tionnelle de paîn de sa table , qui est du beaa 
palu de fromeot. 

Je m'occupai dans la malinëe k retoucher 
quelques-unes de mes esquisses $ et le otqpi- 
taioe Rudland à apprendre à un des princi- 
paux serviteurs du Bas à faire du blanc (whîte 
wash) pour les murs de sa maison, avec une 
|Àerre à chaux que nous avions trouvée sur 
la coiline d'Antalow- 

Mr. Carter fit une observation à midi, par 
laquelle il détiermina la latitude de ce lieu à 
la" 4S' 3o". La findu jour fut trèfi-sombrej 
U y eut de la pluie , des tonnerres et des 
éclairs. A midi le thermomètre éioit à 60' F, 
(i^R.) 

Septembre 4. Je répétai mon message an 
Bas par le moy^u d'Ibrahim , à une heure 
fort matinale , en lui exprimant notre désir 
de lui rendre visite. Il me fil rtipondre poli- 
ment et fixa notre rendez-vous à midi. Peu 
après , il fît prier le capitaine Rudland d'ac» 
compagner son maçon sur la colline, pour lui 



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ES ABTSfilNlE. J9I 

Montrer la pierre qu'ils avoient employée la 
veille. Je pris cette occasion cl'«nvoyer au Ba» 
Hained Cbamie, avec le maçon, qui étoit mu- 
sulman et partoit l'arabe, pour demander qu'on 
me donnât un antre interprète , et que Hadji 
Hamed fût amené devant lui, pour que je 
pusse déiAontrer la fausseté de ^accusation 
qui m'avoit été internée. Quant à cette der- 
nière demande le Ras l'éluda, en disant que 
Hadji Haitied ne voudroit plus revenir; du 
reste, il ajouta que je pouvois prendre tel 
autre interprête qu'il me plairoit, Hamed 
Gbamie finit par lui dire , dans le vrai stvle 
arabe , que nous étions des étrangers ; que 
IB08 vies et nos biens étoienl en ses mains ; et 
qu'il pouvoit en faire tout ce qu'il lui plairoit. 
Lie Ras en réponse s'exprima de la manière ta 
fhis amicale , et promit que tous nos désirs 
seroient satisfaits. Après notre déjeûner , qui 
consistoit en une moitié de volaille au curri ; 
le Ras nous envoya un grand citron avec les 
s&laams ordinaires. ' 

Pearce sortît dans la matinée pour aller' 
au marché. La foule étoit si grande , qu'il 
eut peine à distinguer les différentes cboses 
qu'on y vendoit; le blé , le beurre , le ghee , 
les peaax et le- bétail , lui parurent iue le» 



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i-ga T O T A G B. 

articles piincipuux. La petite moBOoie , n Mt 
peut l'appeler aio^ , coDaîstoît en morceaux 
de sel de roche , pesant deiu ou-trob livres , 
«t estimés un trentième de dollar. On tient 
chaque semaioe des marches d^ns les diffé- 
rentes parties du pays à quelque distance des 
babitatioQs. Noua en revimes un,ea revenant 
de la demeure de l'aimable ozoro.Mantwaub f 
et un autre en allant à la demeupe de Debib ,i 
chef de Négashé. Dans ton» ces marphjés il 
y a plusieurs centaines d'homnies assemblés , 
qui par conséquent , contre l'assertion- de 
Bruce , n'envisagent point coopine infâme, de- 
tte trouver à un marché. ' , , ,; 
A midi j'envoyai Hamet) Chamie ^u.Ras» 
pour solliciter l'audience qu'il, m'avoit pro-.. 
nûse : mais sachant qu'il restoit publie' dana 
la salle , sans que personne prît garde à lui' , 
je résolus de me présenter moi-même aiL ' 
Ras sans cérémonie, en me faisant accom^, 
pagner du capitaine Rudland ; pensant qu'il 
étoit absolument nécessaire d'en venir à m\% 
explication iqimédiate, touchant l'absence.de 
Hadji liamedj et d'autres circonstances dé^. 
sagréables qui.éloîent parvenues à dos oreilles; 
d'autant plus que tous ceui qui. éioient, aïeo, 
moi exprimoient beaucoup d'inquiétude sur. 



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E N ABVS8ÎNIE. igS 

notre situalion , et avoïent conçu de vives 
alarmes, par la crainte qu'on ne nous retînt 
dans le pays. Nous trouvâmes )e Ras jouant 
aux échecs avec un de ses chefs. Dès qu'il 
nous vit il nous tendit la main , me fit placer 
À côté de lui, et le capitaine Rudiand après 
moi. Notre patience fut presque à bout avant 
que la partie fût finie , car pendant tout ce 
temps il ne nous dit pas un seul mot. Quel* 
ques personnes , qui avoient long ~ temps 
attendu , lui présentèrent des galettes do 
P^in , du miel , un mouton , et du bois à 
bn!der. Il renvoya ensuite tout ce monde , 
et après , quelques minutes de conversaiioa 
avec UD prêtre chargé de nous communiquer 
la dernière partie .de l'histoire d'Âbyssinie , 
la chambre se trouva, vidée. 

Je pris ce moment pour exprimer !e chagrin 
que me doanoit la conduite de Hadji Hamed. 
Je déclarai solennellement que je Pavois 
toujours traité avec les plus grands égards, 
comme un homme qui ni'àvoit été. envoyé 
parle Ras. Je dis aussi qu'en me quittant, 
il ayoit dortué une raison fOrt différenle de 
sa retraite ; que j'avois lieu de craindre qu'il 
n'eût tenu des propos désavantageux sur 
notre conipie,,et qu'il n'eût ourdi quelque 

Tom. 1. ' '"jî" 

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ig* VOYAGE 

trame secrète ; qu*eti consëqu«DCe je désirois' 
ardemment d'avoir avec loi une confe'rence 
personnelle , oii toute cette affaire pût être 
eclaircie. Le Ras resta quelque temps sombre 
et pensif. Â la fin il dit qu'il ne comprenoit 
point encore clairement le motif qui nous 
avoit amené dans ses e'tats> J'attribuai sar^ 
le cbamp l'obscurité dont îl se plaignoU à la 
faut* de son interprête, et je répétai tout ce 
que j'avois dit dans la visite où j'avoïs fait 
les pre'sens; après quoi je conclus en disant, 
que nous nous étions rendus auprès de lui , 
sur stm invitation , à travers des contre'es bai^ 
bares, où son nom seul avoit pu nous pro' 
tëger; que nous lui avions conEé nos vies et 
.ÉOs biens, dont il pOuvoit disposer; que notre 
seul plan étoit , pendant le reste de notre 
se'jour, de suivre striciement ses ordres; mais 
que nous nous attendions en retour à être 
traités en arbts , tout au moins à avoir la 
liberté «le sortir quand nous le voudrions et 
d'aller visiter sans gêne les pays soumis à sa 
domination , vu que nous craignions par dessus 
tout, toute espèce de détention. Là dessus il 
parut prendre un ^r plus serein. Il dit qu'il 
y avoit eu erreur dans l'invitation qui nous 
avoit été faite par Currum Cbund ; mais , 



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EN ABYSSIKIE. I95 

quVtant ici , c'étoit bien ; que sa sollicitude 
pour DOLre sâreté étoît son seul motif pouF 
désirer que nous n'eussious pas de commu- 
nications avec les babîtans, sur qui t'on ppuvoit 
peu compier; et qu'il aimeroit mieux perdra 
deux mille de ses propres sujets , que de 
soufirir que Ton fit du mal à un seul d'eotr* 
nous. 

Je répondis cooTenablement à cette Gailli* 
d'amitié inattendue. J'observai ensuite , qu9 
je ne pouvois compter sur aucune des cboses 
que î'avois fuit passer par la boucbe de notr« 
ancien interprète , Hadji Hamed ; qu'en con- 
séquence je ne pouvois plus être assuré , que 
les mulets dont nous nom e'tions servis noiv 
eussent été' envoyés par le Ras ; que si cela 
étoit , je le priois d'en recevoir dos sincères 
remerctmens ; mais que si ces mulets ap^ 
partenoient à d'autres personnes, je lui seroîs 
olUigé de permettre que je leur en fisse passer 
le paiement. J'espérois, par cette tournure, 
éveiller sa fierté , et prévemr, pour toujours » 
toutes plaintes et demandés à ce sujet. En 
eSel il parut blessé de cette observation ; il 
me pria de n'en plus laire mention, ajoulaût 
que c'étoient « de mauvaises paroles ; » que 
. tous mes déùrs , quels quils fussent , deVfHent 

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i^B V O Y A & B 

être satisfaits; et que je n'avois qu'à les faire 
connottre pour les voir accomplis. Je parus 
de là pour presser le de'part de Mr. Carter 
pour Burë , comme eiant une affaire de la 
plus grande importance. Le Bas me dit qu'il 
evoit envoyé deux messagers au chef de ceiie 
ville , qui seroit certainemeut ici samedi prO' 
chain ; et que, quand il s'en retoumeroit , 
Mr. Carter pourroit partir avec Iui> s'il le 
jugeoit à propos. 

-Notre voyage à Axum et k AàoyrA devint 
ensuite le sujet de notre entreiien. Le Bas 
me dît que le mieus seroit de partir sans 
délai , parce que son armée alloit se rassem- 
bler de toutes parts , et que je pourrois re- 
venir  Antalo Vf aVecle détachement d'Ado ira- 
Il ajouta que ne pouvant mettre nos personnes 
en sûreié sur la roule d'Adowa à Dixan ( ce 
dont il ne donna aucune raison } , il désiroit 
que nous retournasùona à Masso-wa par. la 
même route que nous avions suivie en venant, 
.qui étoit parfaitement sûre. 

Je me rangeai à son avîs sur l'un et sur 
l'Autre point , ajomant qu'il pouvoit mieitf 
juger que personne de ce qui pouvoit être 
praticable. Je lui dis ensuite que mon dé»r 
Mfoit de partir pour Aïum le surleodemain ; 

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EN ABYSSINIE, 19^ 

<que comme , h oause de l'état des routes , 
il croyoit convenable pour moi de prendre 
avec moi upe suite très-peu nombreuse , moQ 
dessein etoit de la réduire à deux domesti- 
<jues}f)ue, pendant mon absence, jelaisserois 
à Antnlow sous sa protection le capitaine 
Eudland ; et que Mr.' Carter preadioil ce 
Aempg |Miur aller à fiure. Il fut parfaitement 
satisfait de cet arrangement; et. me dit qn& 
l'on tiendroit deux mulets prêts pour moi et 
des hommes pour porter moq bagage. Je 
remis sur l6 tapis le rocher des Juifs ; je lui 
exprimai le dësir cjue j'avois de vcûr celle 
citadelle , et de pouvoir donner à mes com- 
patriotes quelque idée d'une place qui , jus- 
qu'à lui, avoit passé pour imprenable, et 
que le Ras Michel SuhuI n'avoît pa5 o$e 
attaquer , quand Ayto Tesfos , gouverneur 
de Samen , s'y éioit réfugié. II me témoigna 
sa surprise de me trouver instruit de ce fait ; 
mais en mçme-temps il me fut facile de voir 
que mon compliment lui avoit plu. Il promit 
de donner les ordres nécessaires pour cette: 
expédition, lorsque je serois de retour d' Axum, 
vu qu'à cette époque les eaux du TacaaE!^ 
auroient baissé. Il ajouta que, dans tout le 
pays, il n'y avoit aucune forteresse parei]l«j 
qu'elle était fort liauie j que souveai ai» 

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igfi V Y A » E 

sommet ]*eau se couvroït d'une substance 
semblable au verre et dure comme la pierre 
(on ne peut douter qu'il ne désignât la glace) j 
qu'enfin on y trouvoii «ne plante , qui feroit 
mourir toute personne qui marcheroit dessus, 
û elle avoit au pied la moindre e'gratignure. 
Il conclut en disant qu'il m'enverroit Hadji 
Hamed dans la matinée ; et que, malgré ce 
qui s'e'toit passé , c'étoit l'homme qui me con- 
venoit le mieux pour m'aecompagner à Axum 
et à Adowa , parce qu'il oonnoissoit bien ces 
deux villes. Après cela , il nous secoua cor- 
dialement la main , et nous revinmes cbez 
nous, à la grande satisfaction de pluùeurs de 
ses chefs , qui avoient long-temps attendu à 
la porte le moment d'obtenir audience, 
LTieureuse tournure qu'avoit prise cette 
conférence fut très - agréable à tout notre 
monde. 

Septembre 5. Nous passâmes ce jour dans 
notre appartement , le Ras ayant été cons- 
tamment occupé à juger des causes de grande 
importance. Son usage est de donner la plus 
grande partie de la matinée à recevoir les 
plaintes de ses sujets, auxquelles il fait droit 
avec lin pouvoir absoln, vu que leurs vies et 
leurs biens dépendent entièrement de sa vo- 



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ISK ABTS9I2IIE. ^99 

.lonté. Les parties qui comparoîssent devast 
lui élèvent beaucoup la voix ; et lorsqu'il y 
a contestalion , les plaideurs se permettent 
des gestes si vïolens , que I'oq croiroit quel- 
quefois qu'ils sont sur le point , même en 
la pre'sence du Ras , d'en venir aux coups. 
Le Baharnëgash Yasous nous fit visite dans 
la matinée par permisûon du Ras ; nous lui 
témoignâmes tous les égards passibles. Il étoit 
prêt à repartir pour Dixaa , n'osant pas pro- 
longer son se'jour à Antalow , sans le con- 
sentement du Bas, qu'il paroissoit beaucoup 
redouter. Je lui Gs un présent de dix dollars 
pour ses dépenses do roule , en lui disant qnet 
je n'osois en donner davantage , de peur de 
manquer mol-même du nécessaire. 11 rççuï 
cette bagatelle avec reoontioissatice , et me fit 
dçs protestations d'amitié , dont je n'ai point 
de raison de sitspecter la sincérité. C'est une 
circonstance remarquable , que deux de noa 
meilleurs amis , Yasaus et Subagadis^ soient 
ennemis acbarnés l'un de l'autre. Nous avions 
lieu de craindre que le pauvre Yasous, pen- 
dant son sçjour à Antalow , n'eût été fort 
mal approvblcmné , môme de nourriture; car 
il ttous fil plusieurs fois demander du pain ; 
fjjii qui laisse voir l'élaï d'abjeeiion où »çui^ 



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lOO V O T A O B 

réduits les hommes de-tout rang sous le gou- 
verneur actuel du Tigre. Hadji Hamed noits 
fit une courte visite , et nia formellement 
d'avoir dit au Ras qu'il s'e'ioit absente de peur 
de perdre la vie. 

J'envoyailc soir rappeler au Ras mon voyage 
projeté à Axum. II me fit savoir en retour, 
qu'il avort fixe lundi procliaîn pour notre 
départ, jour auquel il se proposoit de nous 
accompagner jusqu'à Mueulla , 01*1 il y a une 
ëglise célèbre , dans laquelle on devoit faire 
des prières solennelles pour le succès de la 
prochaine campagne. Je lui fis répondre que 
je n'avois pas d'ahord entendu la chose ainsi, 
mais que cela me seroit d'autant plus agréa- 
ble , que je de'sirols fort de voir I© chef de 
Buré avant de partir d'intalow ^ ce que le 
nouvel arrangement, pourrait probablement 
faciliter. 

Je préparai ce même jour une lettre à lord 
Valentia , que Mr. Carter devoit acheminer. 
Je finis aussi quelques esquisses. II tomba 
beaucoup de pluie , ce qui refroidit l'air. Le 
Uiermomètre e'toit à midi à 6x' F. (l3 R. ). 

Septembre 6. Comme c'e'toit jour de jeuno 
pour les habitans, nous reçûmes, de la part 



C,ql,lt!dt,G00glC 



EN ABY8SINIE. SOI 

du Ras , un citroo et une graude quantité de 
pain de froment. Je fis le matin un message 
|iour demander audience et prier que l'on 
m'envoyât le prêtre , qui devoit me procurer 
les informations sur l'histoire d'Abyssïnie , 
que j'avois demandées et que j'étois impatient 
de recevoir. Le Res me fit répondre , qu'en ce 
moment il étoit presse d'affaires , mais qu'il 
feroit chercher le prétiA ; et qu'aussitôt que 
la salle seroit vide , il me donneroit audience, 
Quelque temps après , je pris la liberté de faire 
tin second message; mais, malgré toutes mes 
requêtes et mes remontrances , le jour se 
passa sans que je pusse voir ni le Ras ni 
Je prêtre. 

A oinq heures , Hadji Hamed revint ma 
visiter. Après un préambule , dans lequel îl 
m'assura qu'il n'avoit point refuse de m'ac- 
jpompagner à Axum , il me dit enfin , qu^ 
se proposoit de quitter mon service , parce 
que jusqu'ici il n'avoit reçu aucune récom'- 
pense des peines qu'il s'etoit données pour 
moi. Je lui dis que mon intenlion avoit tou" 
jours e'ié de lui faire un présent convenable ; 
mais que l'usage des Anglois étoit de faire 
une grande différenos entre un présent et un 
paiement. Je le priai dono de me dire s'il 



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SOa T O T A G K- 

n'avoit rien i^u du Has. Il me repon<Jit'q»'à 
la vérité il etoit à la solde annuelle du Ras , 
et que c'etoit par son ordre , qu'îl nous avoit 
aocompagnés; mais qu'en même-temps on lui 
avott donné à entendre qu'il recevroit de nous 
un présent honnête. Je lui dis là-dessus, que, 
N je pouvois me procurer de l'argent sur un» 
lettre-de-chaoge que j'avois dans mon porte-i 
feuille, ùre'e Sur le Ras par Currum.Chuad j 
je lui donnerois sur-le-champ ce que j'aTois. 
dès l'ori^e eul*inteQtion de lui donner; maïa 
que, si je ne pouvois réaliser cette lettre, il 
seroit beaucoup plus à propos quHl vînt aveo 
moi à Adowa , oîi il pourroit probablement , 
en négociant cette lettre , renouveler ma pro' 
viûon d'argent, qui éloit presque épuisée. A 
cela il répliqua que le Ras n'avoit point d'ar- 
gent, et que je ne pourrois point m'en procurer 
à Âdowa , personne dans ce pays ne sachant 
ce que c'est qu'une leure-de-change. Je rc'- 
pondis que, d'après cet état de choses, il e'toi* 
d'autant plus indispensable pour moi de bien 
ménager le pen qui me restoit. Ainsi finit 
cette discussion. Ce qu'elle m'apprit me fut 
fort désagréable; car mes fonds se tronvoient 
téduits à moins de trcùs cents dollars. Mtùs 
cet entretien me mit dans le secret de l'ia* 



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EN ABYSSIN! E, floS 

trigue ; Qt je n'eus plus de doute que Hadji 
Hamed n'eût constamment faîtundouble rôle. 
Il y eut de la pluie an milieu du jour. 
L'air étoit froid , le thermomètre , se tenant ^ 
k midij dans notre chambre, à 60° et 61" F. 
(la et i5 R.), 

Septembre 7. Le Ras ëinda notre visite 
jusqu'au soir. Il allégua des affaires , et je crois 
qu'il en avoit en effet. Je me rendis dons la 
salle k l'heure indiquée et je le trouvai en 
conférence avec Subagadis. Tliadou étoit dans 
]a cour, atteodant que son frère sortît, pour 
avoir son audience. Il étoit si tard, que notre 
rendez-vous fut remis à la nuit, et l'on me fit 
dire de me tenir éveille' pour ce moment-là. 
Cependant le capitaine Rudiand vit le Ras et 
le trouva d'aussi bonne humeur qu'à l'ordi- 
naire. 

II y eut de la pluie dans l'après - midi , 
mais le soir le temps futtrè«-beau. Le ther- 
momètre étoit à 63' F. ( j3 R. ). 

Septembre 8. A quatre heures du matin , 
on vint m^vîter à me rendre auprès du 
Ras. Il étoil dans la salle, accroupi près d'nn 
grand feu , avec sou frère Manassé. Hadji 
Hamed et le maçon s'y trouvoient pour servir 



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904 VOYAGE 

d'interprètes. Je commençai par cxprimermoD 
regret d'avoir passé quelques jours sans avoir 
eu accès auprès du Ras. Il s'escusa sur les 
affaires qui l'^voient empêche' de me recevoir,^ 
Après quelques momens d'une conversation 
coupée sur notre voyage projeté , il renou- 
vela sa queslion : « Pourquoi êles-vous venus 
ï) ici ? » II ajouta : a J'aurois au-dedans de 
y> moi beaucoup de ohoses à vous dire , si JQ 
y) pouvoîs le faire sans passer par tant de 
ï> bouches j et je juge par U que de votre 
ï> c6té vous auriez beaucoup à nte dire », Jq 
comraençois à lui exposer l'objet de ma mis- 
sion , lorsqu'il m'arrêta^ en^me priant de 
mettre par écrit ce que j'avois à lui commu- 
niquer; il promit en ce cas, après avoir pris 
]a chose en mûre considération , de me ré- 
pondre par la même voie , espérant que par 
ce moyen nous parviendrions mieux à nous en- 
tendre. Rien ne pouvoit m'êire plus agréable 
que cette proposition ; j'y acquiesçai sur-lç- 
champ. 

Comme je prévoyois que probablement je 
manquerois d'argent comptant, je jugeai l'oc- 
casion favorable pour présenter ma lettre de 
crédit de Currum Chond. J'avois cependant 
moins d'empressemeni à le faire , depuis que. 



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EN ABYSSINIË. OoS 

l'en savois le contenu (car je l'àvoïà lue avec 
Hadji Hamed) , parce qu'elle ressembloit pluâ 
à une pétition pour obtenir des présens , qu'à 
une simple lettre d'affaires. Cependant, comme 
j'i gnoroislaformesous laquelle CurrumChund 
et le Ras correspondoienl à ce sujet, et comme 
je n'a vois d'ailleurs aucune raison de garder 
cette lettre, je me déterminai àen faire usage. 
Dès 'que j'en eus dit un mot , la première 
question du Ras fut ; a Quel est l'objet pour 
» lequel vous avez besoin d'argent? » question 
fondée sur ce qn^l avoit dessein de nous dé- 
frayer jusqu'à Massowa. Je lui fie entendre, 
que c'étoit moins pour nos propres dépenses , 
x[ue pour satisfaire ses propres .serviteurs. Il 
me dit alors : « Antalow est une ville de bes- 
» tiaux, de pain et de iniel. Qu'avez^vouB 
» besoin d'argent? On n'en trouve point ici, 
» EnoutreCurrumChund n'a entre mes mains 
» ni argent ni créance ; et je présume qu'il 
» vous a joua. — Du reste , ajouia-t-il, cela 
ij n'importe ; nous sommes^amis : et tout ce 
-» dont vous aurez besoin vous l'aurez, jusqu'à- 
» ce que vous sovez rendus sains et saufs à 
J> Massowa. » A cela je n'eusrienàdire, sice 
n'est que je ni'eQbrçai de lui faire comprenilrË 
quelle éloit la nature des àâiiires d'argient 



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ao6 VOYAGE 

chez les Anglws , et comment la lettre quo 
je lui avois pre^ntée e'toit une simple négo- 
ciation. Ensuite nous primes congé. 

Obligé de consulter mes moyens plus que 
mon propre désir , j'ofiVîs à Hadji Hamed dix 
dollars , avec tout autant de pièces de toile 
bleue. Je fis le tnSme présent à Négada 
Mousa. L'un et l'autre reçurent mes largesses 
de fort mauvaise grâce. Le Ras m'avoit in- 
sinué qu'à notre départ de Dixan , on lui avoit 
dit que nos ballots étoient remplis d*or. Je 
pris grand soin de le désabuser , et je crois 
que j'y réus^. 

Septembre 9. A quatre heures du matin , 
je fus éveillé'par Pearce , qui venoit me dire 
que le Ras étoit parti et n'avoit laissé pour 
sous que trois mulets. Comme il n'y avoit 
personne qm fAt en état de m'espliquer les 
arrangemens pris par le Ras pour notre voyage 
d'Axnm , je fus quelque temps en peine de 
savoir ce qu'il falloit faire , surtout vu qnll 
avoit été résolu, que le capitaine Rudland et 
Mr. Carter iroient avec le Ras aussi loin qu'il 
iroit lui-même pour nous accompagner sm* 
la roule d'Adowa ; plan qui se tronvoit tout- 
. à-fait frustré. Après beaucoup d'inquiétudes , 



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EN ABYSSIMIX. S07 

j'en fus enfin tiré en partie par l'arrivée de 
Guébra Selassé^ qui avoit reçu ordre de m'ac- 
compagner dans mon voyage, 11 me dit que' 
le Ras m'attendoit à peu de distance d'An- 
talow> et que, comme il n'avoit été' donné 
aucun ordre râlativement à notre bagage , ce 
que j'avois dé mieux a faire e'toit d'aller , sans 
perdre de temps , rejoindre le Ras , et lui 
demander les ordres nécessâres pour que le 
bagage pût me suivre. 

Je quittai donc nos amis , vers les sept 
heures , accompagné de PeaiHie et (fAndre' « 
montés , ainsi que moi , Sur dés mulets , et 
d'Ibrahim , qui me servoit d'interprète pour 
le langage du pays , marchant à pied. Pour 
parer aux accidens , j'engageai Pearce à ca- 
cher sur lui cinquante dollars j car en ce 
inomenl les intentions du Ras ne m'étoient 
pas clairement connues. 

Nous passâmes un petit ruisseau dans la 
vallée, ensuite bous montâmes le côte' nOrd- 
est de la colline d'Antalow > dont la partie 
Supérieure est rapide , escarpée et nue. Au 
fond vers notre gauche , on voyoit de grands 
fragmens de rochers, qui ctoient tombés du 
sommet à quelque époque fort reculée. Les 
sommités sur lesquelles passoit notre route 



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so8 y o T A o la 

étoieot en partie cultivées et d'ailleurs peu 
difficiles à gravir. Sur le point le plus élevé 
de celles où nous passâmes, e'toîent les ruines 
d'un village j et au-delà , derrière des arbres 
hauts et touffus , qui le deroboient presque 
à nos yeux , tm village pittoresque appelé 
Haraque'. Notre guide , Guébra Sélassé , et 
tui chef qui l'accompagnoit , niireat, l'un et 
l'autre, pied à terre, en passant devant l'ëglise. 
C'est une marque de respect qui est ge'nera- 
jement en usage parmi les Chrétiens de ce 
pays. D'une colline à l'autre la descente étoit 
rapide ; toutes avoient leurs sommets couverts 
de plantes de diverses espèces. Sur une émi- 
nence , a notre droite , e'toit un village d'uoe 
grande étendue , nommé Lahaîna , d'où notre 
route tourna un peu à l'ouest dans une contrée 
mieux cultivée. On y voyoit beaucoup d'aca-r 
cias, de sous-bois et de buissons Seuris. Au 
pied d'une de c«s collines couloit un ruisseau, 
dont les bords étoient ombragés par le can- 
Uiffa, que.j^ rencontrai ici pour la premier^ 
fois. Il y croit au milieu d'autres arbres peu 
e'ievés; et étant en fleurs, il embellissoit le 
paysage. Après avoir passé plusieurs autres 
collines, nous parvinmesitlavue de Muculhi. 
Près de cette, ville , sur le somtuet- d'miç 



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EN ABlr»SIMIE. B09 

colline} est une grande eglbe, qui, vne do 
la plaine, présente un objet très-remarquablei 
Le pays autour de la yîllâ est dans un bel état 
de CLdture ; le sol est im terreau noir fort 
riche. C'est ici que uous trouv&mes le Ras. 
Il venoit de finir son repas du tnatin ; niAis 
après m'avoir fait une re'cepiion cordiale et 
m'avoir placé à côté de Itù , il me fit servir 
du bceuf grillé , que je mangeai avec beau- 
coup de plaisir , quoiqu'il fut presque cru , 
parce que le voyage m'avoit donne' très^-boa 
appétit. Après avoir bu quatre brulhes de 
maize (sans lesquels le Ras ne me laissa' point 
ftller ) , je demandai permission de me retirer. 
On me conduisit à une hutte assez commode , 
placée au-dedans de la muraille qui environne 
l'église. Je reconnus dans celui qui me con- 
duisoit, Débib, chef de Negashé, qui éioit 
venu accompagner le Ras. 

J'estimai notre route de ce Jour de neuf 
milles , à peu près dans la direciiou N N E. 
La pierre , de laquelle sont formées quelques- 
unes des collines incultes que nous avons 
passe'es, est disposée en couches horizontales; 
des fentes verticales la partagent en blocs 
carres sur le côté des collines , ce qui leur 
donne l'apparenecd'aucieoiies ruines. 
Tom. I. i<k 



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fllO ▼ o ir A G E 

Sepiem&re lo. Je passa! une fort njànTaîs» 
tamt, h cause de la vemiine dou ma huittf 
tétoit infêciée y et à cause dn bruit «oatinuel 
que faisoîeat les prétrest-Eu me levant > j'allai 
visiter Fëglise , oii j'af^ris que le Ras s'étoit 
Ttoda dabs la nuit. Les prêtres me reçurent 
Avec beaucoup d'é^rds. La plupart etoient 
Occupes à ôbailter et à faire tinter leurs clefs j 
cbaCnn d^eux en portoit une dans sa main 
droite ; ils accompagnoient Ce bruit de gestes 
vïolens et de grimaces , qui les faisoient res^ 
sembler plutôt à des bbufibiW de tb^âtre, qu'à 
des hommes occupes d'exercices de dëvoliooi 
Après avoir baise' le seuil de la pOrte , selon 
l'usage du pays ^ je fus admis dans le cercle 
intérvenr^ L'église du reste n'ofire rien de 
bien remarquable. Elle est ornée de tableaux^ 
semblables à ceux de Cheticut. La seule diffé* 
rence que j'observai e'ioit que sur une crois 
on voyoit ^crit INRI , en Caractères romains^ 
dont il me parut que les prêtres comprenoient 
fort bien le sens. J'allai enstûte à la maison 
du Ras, oji je trouvai une longue table chargée 
de piles de pains en galettes. Je fus place' sur 
le sofa du Ras, et j'eus l'honneur d'être nourri 
de sa main. Là se trouvoient pre'sens le Bar- 
raoabarra» ou grand pan«tier , le Babarnégash 



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EN . AtttBilTft^. 911 

Aé Dixan ^ le chef de D^bib , et pluâ^uts au- 
tres de iqême rang* Quatre espèces de convives 
Be succédèrent à table; et l'on vida trois grandes 
jarres de maize, doot ohacuqe Coatenoit au 
moins un demi-tuindt Le fta» m'engagea à 
manger une petite portion de briude; je suis 
persuadé que ce n'e^ qu'un préjuge qui nou3: 
dégoûte de cet alimept. Les prétresdes églises; 
Voisines mangèrent les premiers ; tous firent 
honneur à la blinde et au maize. 

L^ Ras me montra deux FaJashas du Juifsj 
qui entrèrent pendant la fête. Il eut ensuite U . 
bonté de les envoyer à mon logenveot , afin. 
que je pusse les questionner tout à nioa aise. 
Mais j-'en tirai peu de lumières. Ils ne recon--: 
noissent aucun autre Aoi que celui du paya , 
parce que la raCe de Gédéon est e'teidte. Ils. 
me dirent qu'à Gondar ils étaient fort nom- 
breux, ainsi que dans les provinces de Knara, 
et de Samen; et que leur principale occupa-' 
tion étoit de construire I^ maisons et de leA. 
couvtir de cbaume^ Ce n'estqu'à Gondar qu'il», 
ont des livres de quelque importance, et ceux? 
Ui même ne sont pas dVne grande antiquité. 
Ils prétendent être entrés dans le. pays aa 
temps de Mémiléi 

J'«U8 «nsuit» la visita de Débib de Négaalié| 



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ilà VOYAGÉ 

qui T^ooit soUiCiter dés pfés«Qs {>our le sôia 
i^u'it avoit plis de noOs. Le capitame Rudland 
venoit d'amvôr d'Antalow et lûaugeoit un 
làorceau de mouton dont Itotre guide s'étoit 
pourvu. Debib partagea volontiers son repas, 
ce qui me fournit une occasion de recevoir 
de lui les informations suivantes ; 11 com- 
inabdbit un Canton fort étendu, où se trou* 
voient au moins trente villages ; et payoit 
pour cela au Ras une redevance de cent 
Muquante "ftalieas d'or, vingt bœufs, autant 
de peaux de miel , et Un iâsU à mèChe ; mais 
quant à ce déifier article , s'il avoit trop de 
peine à se le procurer , il le remplaçoil par 
cinquante pièces de toile , évaluées sut le pied 
d'un dollar la pièce. Il evoumt que son père 
payoit le double au temps <du Bas Micliel. 

Je fis le soit- on message aii Ras ; je lut 
annonçai l'ariivée du Capitaine Rudland, et 
lui dis qu'il étoit prêt à lui rendre ses devoirs 
au moment qui lui seroit indiqué. Le Ras 
l'-assigna à sept heures , mais il remit ensuite 
ce rendez -vous au lendemain matin. 

Le thermomètre étoit le soir à 64° F. 
(i4R.) 11 tomba un peu de pluie dansl'après 
midi. 

3^)iembre ii. lie maûn «i nous levant, 



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]U>us fûmes fort surpiis dç recevoir cle la pact 
du fi.as dea salaams (salutations) et la nou- 
veUe qu'il venoit de partir. Ce nÉ fut qu'après 
bien des ioformaùons , que je pus découvrir 
qu'il étoit allé à une partie de chasse , et 
qu'il qe reviendroit que le soir.. Ce fut avec 
bien du regret que je laissai le capilaùge Rud^ 
land saUjS aucun interprète ; niais comme tous 
les préparatifs c'toient faits à Muculla pour 
potre départ , je ne pus me résoudre à perdre 
du temps y et je me mis en marcEie avec ma 
petite siùte pour me rendre à AdovFa. La vue 
du village de Mucidla , du pied de la colline , 
est fort pittoresque ; mais comme nous avions 
une longue journée de^ar^t nous , je ue pus 
m'airêter pour en faire l'esquisse. D'abord 
nous entrâmes dans la plaine de Jamlje'la , en 
suivant la direction du N. N, O. Toute cettç 
plaine, d'environ huit milles de longueur sur 
deux etqiKitre de largeur , cloit daps un b^ 
état Ue culture} c'était le temps des hibours. 
Ou y compte au moins quaiapte villages 
habités, indépendamment de ceux qui sont 
eu ruines. Nous tournâmes «isuit&à l'est sur 
une colline stérile, où la route étoit embar^ 
rass<'e de pierres , de buissons et d'arbres , 
qui, il. mesura que nous avancions, formoieiU 



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■ai4 T 6 T A é B 

un onibragA épais. Devant ooua étok 'nné 
maison appartenant au Ras , dans une petite 
valle'e , oh coule la rivière Gibbe' 5 qui donne 
son nom à cette habitation. Notre guide noua 
engagea it nous arrêter en ce Heu , et nous 
'fit manger du mouton froid j qui fut pour 
nous un fort bon repas. Poursuivant notre 
route , nous passâmes par une vallée longue 
et assez enfoncée > dont une partie venoit 
d'être de'fricfaée> Le reste ëtoit garni dei 
Bous^hois f servant de retraite aux gelipotes , 
aux pintades , aux perdrix , qui y foison^ 
noieqt ; nous n'y vîmes poiqt de cerfs j 
quoique Iç paya sen^ble devoir beaucoup leur 
convenir. Cette gorge p'a que cinq milles 
de long' Après l'avoir parcourue, nous mon' 
tâmes une haute colline , sur laquelle est 
'situé le village de Husemito , dont le obef 
noiu reçut fort bien- J'esiiniui notre marche 
f environ quinze milles dans la direction N E, 
Le thermomètre , à notre arrivée , étoâi à 
86»F. (34R.), 

Septembre la. Nous quittâmes ce village 
A« bonne heure , après avoir fait up présent 
de peu de valeur à la datne do logis, qui 
ieioit une très-agréable et jolie femme ; je crus 



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XM ABT8SIMIX. 91$ 

devoir Im faire un présent, parce qu*on mlnr 
eiQua qu'elle s'étcut fort dérangée hier soir- 
pour nous faire place. 

La route passe sur la coltioe au S O. Les 
habitans, qui sembjet» tendre- en général à. 
éloigner les routes des plaines cultivas , ont 
dirigé celle-ci v^^ une ouvMture opérée dans: 
la ooUiue par la chute d'une masse de rochers. 
Nous tournâmefi autour du sommet de la col- 
line , çn tendant vers I*ouest , Jusqu'au mo-- 
ment où nous aperçâmes le village d'Admara, 
éloigné d'environtroismitlea, au-dessus duquel 
estime église, dédiée à StetMarie-Magdeleine^ 
De là nous lirâsnesplus au nord, par une. plains 
«n pente , dont une partie- éloit pour la pre^ 
mière Fois ouverte par la charme^ Les pierres 
et les hiùssons y arrêtent les bœufs à chaVpiO: 
pas. Nous avions pitié de ces animaux , forcés, 
il un travail û niai dirigé , et durement traités 
par leurs conducteurs ; car «hacun de ceux- 
ci avoit la main droite armée d'un fouet , qni 
I{iissoit la marque partout où il frappoit. Noua 
atteïgnimea ensuite la partie inférieure d'une^ 
chaîne de montagnes, qu'on nomme Atbara, 
où nous fûmes rejoints par notie guide , qtà. 
avoit passé par un autre chemin et nous avoît 
donné rendcz-\au^ e^ ce lieu. Je venois d«' 



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Al8 T O T A G r 

tuer un petit obeau fort semblable au co> 
libii; j'avoisaussî tiré de terre, avec beaucoup 
de peines, quelques bulbes. La descente de 
ce lieu étevé est fort rapide , et « embarrassée 
de pierres dél^cbe'os , que pous fûmes obligea 
de mettre pied à terre ; bous n'étions pas 
encore au bas , que nous jugeâmes ce chemin 
pire que celui de Taranta. A mi^câte on 
trouve quelques maisons et une église , bâties' 
i l'abri d'un rocher qui se projette en avant. 
C'est ime ^tuaiîon très- pittoresque. Nous ren- ' 
contrâmes une kafila qui alloit à Antalow , 
et qui se disposojt à gravir la pente que 
nous .venions de descendre. Après tant de 
peine pour atteindre le bas de cette colline , 
ce ne fut pas sans quelque dépit que nous nous 
vîmes forces, immédiatement après avoir passe 
le ruisseau, à monter sur la colline oppose'e 
pour sortir de la vallée. Bientôt la végétation 
changea beaucoup d'apparence. Les arbres 
devenoient plus nombreux et plus grands. Le 
sol étoit pauvre et sablonneux. Nous traver- 
sâmes une couche dq sable pur de près d'un 
mille d'étendue. Après avoirfait environ trois 
milles Stn nord, nous nous arrêtâmes au bord 
d'un ruisseau, pour prendre notre repas ac- 
coutumé. Feu après, ayant ele' surpris par. 



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EN ABYSSINIE. Bl? 

la pluie, nous nous pressâmes d'arriver à1a 
proohaioe station » à peu près à six milles de 
distance- H étoit presque nuit quand nou» 
alteigoimes l'habilation du Barrambarraa 
Toclu. Nousy fûmes parfaitement accueillisj 
le maître de la maison nous avait préparé 
un banquet de brinde ei de maize. Pendant 
le repas ^ il nous présenta sa femme , scéur 
de Subagadis. Je lui fis cadeau de quelques 
grains de ohaptelet et d'un miroir. Notre hôte 
éioît chef d'un district de Tembla} il jouissoit 
d'un pouvoir assez étendu , et avoit à son ser- 
vice plusieurs soldats armés de fusils à nicche , 
Il «loit fort animé et fort gai ; il vouloit 
que je me fixasse dans le pays , et promettoît 
en ce oas de me donner sa Elle en mariage. 
La conversation devint enjouée et hadîue , 
le maize étoit versé à la ronde , nous en 
bûmes tous largement, chacun seize brulhes, 
les femmes comme l£s hommes. 

Septembre i3. Nous quittâmes de très- 
bon matin le village de Gullybudda , où nous 
avions e'té si bien traités , et qui nous parut, 
fort étendu et populeux. Nous marchâmes 
environ trois milles au N, N. O.à travers uo 
pays pittoresque et assez boisé ; mais les 



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Sl8 T e T A • B 

«rbres ^toient petits et auroieBt pu difflù- 
lemeot servir comme hois de construotion. 
Des oiseaux de différentes espèoes gazoui]- 
loieat dans les branches de tous les arbres 
peu élevés, desquelles oo voyoït pendre nn 
grand Qombre de nids. Notre première hait» 
se fit sur les bords de la nvière Warîe. (i) , 
qui coule avec rapidité i l'ouest. Quoique cet 
pe fût en ee moment qu'un petit ruisseau , 
on voyoit des marques évidentes de Ja grao" 
deur de son lit dans U saison des pliùes ; car 
des deux oûiés des morceaux de bois et de< 
roseaux étoient entrelacés aux branches dea 
firbres, au moim quinze pieds au-dessus de 
son lit actuel. Nos gens firent du feu, tuèrent 
un mouton , qui m'avoit été donné la veille , 
et en grillèrent quelques pièces pour notte 
déjeuner. De cet endroit , la route alloit eq 
tournant plus à t'est , sur des collines hautes 
et escarpées , toutes néanmoins cultivées daps 
la plus- grande partie de leur étendue. Nou* 
passâmes les viUages de Tsaî ; ces viQagea 
et leurs territoires forment uq distiiot in-« 
dépendant, soua les ordres des neveux dn 
B.as,Mais c'est un misérable domaine ; le sol 

(i) ht mQt ff^m» signiâe «mpletuent un tocrent, 

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•n est sabloQDeux , et ea plu^eurs epdroiti 
M ne orott que des calquais ; il est d'ailleurs 
ODoombré de roQbers d'ardoise , dispose's en 
couohespresque vertical es. Aprèsavûirmarclie 
pDvirop »ii milles w N. N, O, depuis notre 
dernière slatioa , noue 6mûs une autre halie 
vers les deux heures au bord du ruisseau ; 
pouii Vtmeç plusifrars oiseaux , dont Tuo est 
tùremem l'aigle noir de Bruee. t<e desHq 
qu'il en a fait est trè»-oorreot ; du reste cet 
oiseau parott plus ressembler , par ses babi-r 
tudesj au faucon qu'à Taigle ; car il perche 
au aomniet des arbres , et lorsqu'on le fait 
fuir de l'un ^ il Vole à l'autre. Nous reprimes 
potre marche , sur des collines sauvages y cou- 
vertes d^ sous-bais , dopt une parûc avoit éié 
défrichée. Nous gugnAmes , enfin le sommet 
d'une colline , à environ quatre milles et den» 
de notre balte, où nous devions passer la nuit. 
Fit Aurari Yasous , le mattre du logis, ëtoit 
absent, 0() nous fit entrer dans la salle ; et à 
son retour on nous offrit une chèvre et d'au* 
très oomestîbles. Comme il n'y avoit point 
de maize , il fallut nous contenter de bouza, 
Celle liqueur est faite de la mte de touteà 
sortes de pain ; cite ressemble fort à de la 
mauvaise petite bière aigre , dans laquelle on 



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930 ▼ O T A » E 

a'iroit hit tremper dti psôn rôti. Notre hôte 
elcàt un homme aTaooe' eo âge , de haute, 
taille, farouche et laid. On dit qu'il se conduit 
eaversses gens d'une manière tyraanique: et 
nous avons ete, naus^mémes^ temoina de la. 
rudqsse de ses mamèresi 

Septembre i4. Nous trouvâmes le matin 
notre hôte beaucoup plu$ honnête que 1« 
»oir précédent. Il nous avoît f^t préparer de 
fort bonne heure du paio et du lait diaud ; et 
il voulut absolument qous aooompagner )»$-• 
qu'^à quelque distance de sa mùsoa. La route 
passe par une plaine , le long d'une haute 
montagne conique , au sommet de laqnellq 
»ont l'église et Je couvent d'Abou Sama. 
Nous vîmes à notre droite une maison qui a 
autrefois appartenu au Ras , et qu'il a donné^ 
au Qarrambarras Toclu. Après tr<ûs milles et 
demi de marche , nous arrivâmes à la demeuri^ 
du pacha Guéhra Eyat , personnage coo^dé-; 
rable y qui peut mettre sur pied un grand 
corps de soldats armés de fusils à mèche , cir- 
constanoe d'où dépend essentiellement la 
grandeur d'un chef. CVtoit un homme de 
}iioyen âge , ayant les manières agréables ^ 

pt qui nous traita avec beaucoup dTjospiiaJiié» 



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KN: AbYSSIKÎE. 331 

tToeiiâùre après nous nom remimes en rouie ; 
nom tournâmes des collines fort âpres, cou- 
venes de bromsailles et passâmes au bord de 
quelques précipices, d'où la chute dans la 
plaine infe'rieure auroit été sans remède. Les 
colquals abondent dans ces cantons ; le sel y- 
est cultivé partout où il peut l'être ; mais il 
produit peu, e'tant sec et sablonneuxi Nous 
rencontrâmes t sur la colline, une pauvre 
femme , qui m'aborda d'un ton suppliant, en 
me demandant quelques remèdes pour son- 
enfant qu'elle porloit stu* le dos, et qui, 
disoit-elle , étoil tournienté par un esprit ma- 
lin. Je ne pus faire autre chose que la recom- 
mander à la protection de Dieu, en l'assurant 
que de telles maladies étoîent fort au-dessus 
de ma portée. 

, Les collines sur lesquelles nous avions 
passe' consistent presque en entier eu' une 
pierre calcaire de couleur brune , disposée le 
plus souvent en couches perpendiculaires. Il 
résulte de là qu'au lieu d'une élévation plate 
et en forme de table , comme il arrive quand 
les couches sont horizontales, les formes de 
ces collines sont en général pyramidales. Tout 
le pays est bien arrose j on trouve des sources 
sur presque toutes le» momaguM. 



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933- T O V A O B 

A mesare que dous avançons, le {laya 
tvoit une meilleure apparence; la plaine se 
couvroit d'un sol pitu riche ; mais^ faute de 
saignées, les sources supérieures y rormoient 
des marécages. Nous avions fait à-^peu-près 
neuf milles, en montant et en descendant, 
quand nous parvînmes à une Crète , dVù nous 
avions en vue Téglise d'Âbba-Garîma. Quoi" 
qu'elle ne fût pas exactement «ur le cbemin 
d'Adowa , je crus devoir lavisiurt Pour arri- 
ver i cet édifice , il nous felloît traverser tme 
irallée presque circulaire, entourée de toua 
côtés de ct^lines élevées mais irrégulières»' 
Un ruisseau arrose cette vallée ; dds dattiers 
sauvages, alors chargés de fruits, y étoUnt- 
répandtis çà et lA. Comme je n'ai trouvé cet 
arbre que daUs le voiànage de quelques mai-' 
Hms religieuses d*atie anoieuneté inconnue , 
je suis porté à conjecturer qu'il a été apporté 
d'Egypte par les prêtres chréûens venus de ce 
pays-là. 

L'église d'Abbd-Garima fut, dit-on, hkûe 
sous le règne de Guébra Mascal, vers l'an 
56o. Elle est située dans un lieu assez peu 
élevé', mais projeté en avant et qui fait partie 
delà chaîne circulaire , par laquelle la vallée 
~ est bornée au N. Ë. Elle n'est pas de difficile . 



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iccès. Elle est entourée d'oxycèdres et de 
darous de la plus forte végétation , ainsi que 
de-dattiers sauvages d'une telle hauteur, qu'on 
les prendrait pout- des cocotiers. 

Le chemin tournant qui mène & l'église f 
est embarrassé de masses de rocbers , dont \eé 
fentes donnent jour à quelques sources. Au 
haut de Ce rentier on trouve trente marches 
gt^ssièrement* taillées qui conduisent k un 
iDÎse'rable hangai-, formant le porche de l'é-* 
glise. De là nous entrâmes dans utie aire ou* 
Térte et entourée de murs « au centre de la- 
quelle est le principal bâtiment, de forme 
carrée , partagé par Un passage en deux eom- 
parùmcDs inégaux. Il est fait de masses solides 
de roc et de bois ^ forûtiées en quelques en- 
droits par des barf'es de fer ; les estrémitéB 
des poutres et des planches ont été arrondies^ 
et on les a laissé saillir en dehors par manier* 
d'ornement; Dans Intérieur sont quelques 
misérables tableaux , dont l'un représente 
Âbou Garima , avec une longue barbe et des 
tnoustaches, portent un turban, et assis à la 
Enanière des Turcsi II est accompagné de 
plnàeurs autres hommes yèUa comme lui , 
parmi lesquels il y en a un qui n'a que la 
moustache. Pliui«urs prêtres étoient là fort 



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fla4 V O Y A 6 B 

atiendfs it nous montrer tontes lés j^srties dm 
l'ëdifîce. Tout ce qu'ils purent nous dire k ce 
sujet se réduit à cette fable. Abou Gaiîma 
fut transporte il y a quinze cents ans de Secun- 
diia ici, en une nuit, par l'ange Gabriel, ot 
après y avoir long-tems re'side, il en fui en- 
levé d'une manière mystérieuse , et on n'en 
a plus entendu parler. C'est en mémoire de 
cet événement que cette église fut fonde'e 
par Guébra Mascal , qui règnoit alors en Âbys- 
sioie. Selon les annales d'Abyssînie, l'époque 
de cette fondation seroit l'année'5oo de J. C. 

. et non 5oo , puisque Gue'bra Mascal fut le 

successeur d'ËIesbaas , 'qui étoit lui-même 

contemporain de l'Empereur romain Justin. 

11 fallut nous hâter de regagner la rouie 

' d'Adowaj pour y arriver avant la nuit. Après 
beaucoup de montées et de descentes péni- 
bles, tantôt marécageuses , tantôt rocailleuses, 
et toujours encombrées de pierres détachées y 
enfin nous aperçûmes cette ville enveloppée 
de fumée. Le marché venoit de finir , et cenx 
qui en revenoient , pour retourner k leurs 
villages, étoient tous curieux de voir des 
étrangers qui passoient devant eux; mais tous 
se conduiùrent d'une manière civile et res- 
pectueuse. Nous arrivâmes au coucher du 
soleil ; 



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EN. ABYaSINtE. 935 

•olfeil : bu nom conduisii immédiatemeot à la 
maison du Ras ; et l'on nous introduisit auprès 
de Nebrida Âram et du bâcha Abdalla , qui 
m'atteAdoient pour me faire accneil. Feu 
^rès entra im neveu de Nebridâ Aram ^ 
accompagné d'une nombreuse suite. La soirée 
se passa agréablement. ï*Iusieurs chefs d'un 
haut rang se trouvoient présens; parmi eux 
étoit un neveu du Ras Mich^ , avec qui je 
causai beaucoup de son oncle ; je n'oublierai 
jamais l'étonnement que j'excitai chez tous 
les convives , par la connoissance que je mon- 
trai des affaires générales de l'Abyssinie et des 
événemens qui avoient eu lieu dans ce pays 
depuis une cinquantaine d'années. Nébrida 
Aram paroissoit Irès-Vieux et infirme , ayant 
perdu l'usage du bras gauche. On le dit très-, 
riche } et il a certainement beaucoup de pou- 
voir , puisque le Ras Favoit laissé ici en olBce, 
Les chevaux de celui-ci étoient enooie atta-:> 
chés dans la salle.' On m'avait préparé uu 
appartement dans un étage supéneut'} mais je 
le trouvai si froid que je revins dan» la salle. 
Le vieux chef me fit poliment excuse de ne 
pas me donner toute la salle , et la fit partager 
par un paravent , en»orle que nous pûmes; tous 
Tom. t. i5. ' . 



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fis6 V o ir À G £ 

y dormif , Nebrida Aram et sa suite , les che* 

Taux du Ras , moi et mes domestiques. 

Septembre i5. Je me retirai dans l'appar' 
temeut qui avoit e'të préparé pour moi , afin 
tie finir quelques dessins de plantes laisses 
imparfaits. Après déjeuner on amena les mu^ 
lots, et je me mis en devoir d'examiner tout 
«e que pouvoient ofiîîr d'intéressant la villa 
et les environs , en me faisant accoropagnei* 
de Pearce et d'Âadrtf. L'un et l'autre heu-* 
feusement avoient bien fait connoitre qn^s 
titoient cliretiens^ ce qui me mit à même de 
surmonter divers obstacle» qui m'auroieni 
arrête' sans cela. 

Nous fûmes d'abord conduits à l'église 
Ste. Mariam. Chemin faisant nous trouvâmes 
sous nos yeUx une hyène morte, delà même 
espèce que celle que le capitaine Rudland 
avoit tuée k Dixan, mais beaucoup plus grande» 
Elle avoit tité tuée à coup de pkjues. 

Ste. Mariam n'<^e rien de remarquable. 
'Ëile est do même style que les églises que 
l^ai de'jà eu occasion de (écrire; mais elle 
leur est inférieure à tous égards. Une fuule 
dliabitans nous suivoient et «'avançoient pour 
nom voir^ en snant et en riant j les femmes 



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EN ABYSStKIE. 337 

taisoîeilt Une espèce de claquement de langue 
particulier j tous exprituDient l'étonnément 
et le plaisÎTi 

Nous allâmes à l'ouest de U vilk , en tra- 
versant li plaine et un Dlissesu nomme Âlsa; 
nous en trouvâmes bientôt tin autre , tippeld 
l^î Gogua ,- qui Coule an noi-d et se précipite 
AU fond de la Vallée. Nous .le suivîmes pen-* 
dant trois qtiarts de mille , notis le passâmes 
et montâmes sur la colline oppose'e , sur la-' 
quelle sont les restes du couvent de Frémona, 
comme l'appelèrent les Jésuites qui le fon- 
dèrent ; mais sî jamais ce nom a e'té adopté 
par les habitans , du moins 'aujourd'hui il est 
totalement inconnu. Au dedans des murs, 
qui maintenant tombent en ruines , est l'église 
de St. George, pauvre et misérable édifice, 
de la forme d'un parallélogramme ; les mura 
intérieurs sont peints dans le style ordinaire^ 
Le toit est Une imitation gauche ei imparfaite 
d'un. dôme. Au côté nord de l'église il y 4 
quelques traces d'un étang ; et sUr une pente 
éminence , à l'extrémité de la colline , est un 
bâtiment carré , avec Une entrée de chaque 
côté , Ou pentl une grosse cloche , cbai^éa 
de caractères éibiopiques. Le raur extérieur, 
et tous les bàtimens qu'il renferme, sont fait* 



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B^S V O Y À 1> B 

de petites pierres , entassées sanâ ait , ei 
liées ^Dtr'elles avec de la boue.' En quelques 
eodroitsle mur a trente pieds de hauteur , et 
aux angles il y a des jaOïbages arrondis. Il 
veparoitpas néaaiabiits que c'ait jamais été 
tme place forte, quoique Bruce ait jugé à 
propos de représeater les ar^boutans comme 
des tours qui flanquent la ninrûlle, etlebèfroi 
comme une citadelle. 

En revenant nous nous arrêtâmes k l'e'glise 
de St) Michel , qui est placée sur une e'mi-. 
tieace k l'est dé la vallée. Elle est entoiu^e 
d'arbres' de tous les côtés; et de toutes les 
églises d'Âdo^a c'est celle qui a la meilleure: 
Apparence. Nous fûmes joints ici par la foule, 
([ui avoit suivi nos pas. Quand je sortis de 
l'église , une femme «e jeta à mes pieds et me. 
conjura de guérir son fils , qui étcMt solird et 
muet. Ce ne fut pas suns beaucoup de peine 
que je parvins à me débarrasser de ses im- 
porlimités y en lui représentant qu'une telle 
cure seroit un miracle ^ et que Dieu seul en 
pouVoit faire. Je trouvai tin mulet qui m'at- 
tendoit ; il appartenoit au Ras, et Négrida 
Aram me l'avoit envoyé pour mon usage. Je 
le montai donc , et je rentrai dans la ville aU 
milieu des acclamatioas d'une foule imjuen^&. 



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EN ABY33INIE. aSg. 

AdoTca , située àl'est d'une vallée d'un mUlo 
de largeur , est Doe ville d'une gratide étendue , 
«t dont l'aspect frappe au premier abord par 
Je grand nombre devraqzas plantés amour des 
maisons. Je me fu-ocuraî ce jour la fleur etl& 
fruit do cet arbre : le», habitans disent que le 
fruit est bon 9 m^itger quand il est mùr. Le 
dessip que Bruce a fait dei l'arbre même ,- jus- 
qu'au point oh il ï'a. fait, m'a paru exact. 

Adowa fabiique beaucoup de toiles, sur- 
tout des ttoles gro99tères , qui circulent dans 
Je paya oomme ntonnpie. C'est celle avec la- 
quelle les chefs paient la plus grande partie 
de leur contribution annuelle. Chaque pièce 
a environ six coudées de long et une et trots 
quarts de large : elle vaut trente pièces de 
sel , ou un dollar. ÏI y a des toiles très-finea 
qui ûo&tent jusqu'à dcoize doU^s l'habille-' 
meut de cimpiante coudées,; ces habîtlemens 
ne sont portés que p^r les personnage les 
p]u& con^dérables da pays. Un fabracast obré* 
tien^ né dans te pays , pe. peut faire- que trois. 
bal^emens de toile fine par ai^. Les musuK 
mans en fon,t davantage , uMii^ de qualité' infé- 
lieure.et partant ausu; de moindre- va:leur. Je. 
reçus deNégrida Ara^m unjeune.bcsiif et deux 
inotttons, avçC'Un,,trw8ism^ de la part de sOft 



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il3o T O Y A G E 

neveu; les chefs de la pUce me doimèrent 
deux mOutOQs et deux jaiTes de maize ; et le 
3acba AbdalU m'offrit ua mouton. 

Septembre l6. Nous ne sprUmes d'Adowi^ 
qu'à dix heures , ayant été retardes par uœ 
difficulté relative à notre bagage. Nous avions 
acheté queh{ues échantillons de toiles fines et 
grossières des manufactures de cette ville j. 
qu'il nous fut impossible de mettre en sûreté 
à Adairâ, parce que Négiida Aram et I9. 
Bâcha Abdalla en partaient l'un et l'autre j 
pour aller à Antalow assister à la revue des 
troupes, qiii devoit s'y faire par devant le Ras. 

Quand je descendis danslaâalle pour rendre 
mes devoirs à Négrida Aram , je fus présenté , 
sans m'y être attendu , à un priuce de la 
famille royale, qui étoit assis auprès.de Ini, 
C'étoit Fa^yhdas, fils de cet Yasous, que le 
RasGuxo avoit mis sur le trône. Il me reçut 
avec une extrême politesse. 11 examina avec 
beaucoup (le cnrio&ité tontes les parties de 
mes vêtemens ; enstiïle il me demanda ù je 
me proposois d'aller à Goadar. Sarcequeje 
lui dis que j'en aurois bien envie , m^is que 
l'état des affaires publiques s'opposoit à mon 
de'siri il m'olTrit d'y àllenAveo lui : je me vis 



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EN abyssinie; ^t 

opDtrauit de refuser. Je ptîs oonge aaas délai y 
car je qe pouvois faire aucune quetitioa , )gD&- 
rant cruelle étoil la siiuaiîon de . ce prioc© 
(Jans le Tigré , et sachant d'ailleurs que mou 
guide , qui éioit préseot à cet eotretieo , e'toit 
fort soupçonneux et sarveilloii mes propos. 
Quand je fus sur mon mulet , le piinee sortit 
«vecsa petite suite, etme demanda de mettro- 
pied à terre, paroit^-nt avoir fort à cœur de 
m'entretenîr en particulier. Je fis ce qu'il dé- 
siroit , et nae retirai avec mon interprète pour 
écouter ce qu'il «voit à lue dire. Là-dessas, 
Guebça Selassé l'appela en élevant lavoix d'uu 
ton de colère , ce qui nous obligea , malgré 
sons , à uous séparty. Ce prince a le, tant 
noir, mais les traits agréables. U vîvoit sous, 
la protection dti Ras, qui, sous l'appareoce 
du respect > le tenoit ici dans unQ honorable^ 
pri^oa. 

Li» route- que noufi suivîmes en sortant d'A* 
do'wa ftrend» le long de la vallée, la dire*?* 
tion de. l'ouest^ Noms iraversàTOe».l6 MaiGoif 
gua ot vofi attire rivière , que je croisêtrelft 
Kiberani deBraoe. Ajirès environ, cinq miHeS 
ide>l)KaFob&,-jaoiis urivâmee-à l'extrcwité d» 
ia valle'e, marquée pac une- oolline en formo- 
d«- pie- , qui est n erte jusqu'au sommet ,< oSh sa. 



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a5a r o T A * » 

trouve l'église do Hannès ; prccîse'ment vis- , 
it-vis , sur une éminence plus petite , est l'église 
d'Anna Mariai». C'est ici que Je Ras , comme 
gouverneur du Tigré, a coutume, lorsqu'il 
réside à Adowa, de venir recevoir les mes- 
sages que le Roi lui adresse. La route directe 
qui conduit à Axum, passe à côté de cette 
eolliue ; mais mon guide m'ayant <]it qu'il y 
avoit dans le voiànage nu lieu appelé Calaiu 
Negus, où l'on voyoit des choses curieuse^, 
nous tournâmes un peu au nord pour le visiter, 
Nous rencontrâmes en chemin un petit fils 
An Ras Michel, monté sur un mulet. Il s*ar- 
rita pour me demander up remède pour une 
maladie hiea connue , que l'on prétend être 
ici fort r^andue. Je ne pus le satisfaire, ayant 
laissé mes drogues à Antalow. Malgré cettd 
demande I, les recherchas que j'ai faites A ce 
sujet , pendant le cours de mon séjour' en c« 
pay^ ,' mei. portent à orcâre qoc; le maldont 
ii se ploignoii n^xiste pas en Abyssinie. Une 
grande faiblesse et une g&lle de mauvaise na* 
tnre y. sont fort communes, et on les con~ 
fobd avec, une maladie' tome diâereate^ (3); 
Cette galle ccEdoit toujours à une apphoatitHt 



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EN ABYS9INIE, flâ^ 

«le pondre '^ canon et de jus de limon. Le 
petit-fils de Michel le grand subsistoit d'una 
foible rente ou pension , qu'il tiroit de la 
même province où son grand père âvoii exercé 
un- pouvoir absolu. Le Ras Welléia Se'lassé 
lui avoit alloué à cet effet vingt obanips , et 
avoii bien voulu y joindre le présent annuel 
<iu'i\ accorde k ses soldats. La petite posses- 
non de ce descendant de Itficliel n'étoit pro- 
bablement pas éloignée ; car nous vîmes peu 
après passer tme vieille femme , qui avoit été' 
ci-devant au service de l'ancien Ras. Nous 
continuâmes de marcher presque directement 
à l'ouest , en passant sur une colline , dont le 
sommet étoit une coucha non interrompue 
de mine de fer : la colline suivante étoit co«- 
S'erte de spaiJi. Ensuite iious traversâmes une 
|â»ne de six milles, qui nous conduiùt au 
lieu que nous avions en vue. Au premier 
«oup-d'œil il promet peu; mais nous y trou- 
vâmes pins que nous n'attendions. 

Ce sont deuS'exeavation^ creusées dans la 
eoUine , fermées- et recouvqrtes do blocs de 
granit bnm. L'ui) deoes bloes, qni recouvre 
l'une des grottes , avoit onze pieds et un quai*! 
vu huit et un-quart. Ces grottes sont situées, 
i'un« par rapport À l'autre, -dans la direction 



UiqniodcvGoOglc 



»34 V O T A G ■ 

du nord au sud. Le travail en est bon, qaoiqut 

rude, la pierre avant encore tomes les maiv 
ques du oiseau. Nos guides nous dirent que 
la première e'toît la route par laquelle Calant 
Né^ou alla à Jérusalem, a Si quelqu'un , ajauT 
yt tèrent-îls , y descendolt de nuit avec des 
» lumières, il y verrait dislinotement la roui* 
% qui conduit à cette sainte cite,» Jesufi* 
posai que te personnage en question étxMt 
Caleb Négus , qui règnoit en oe paiys van 
fan 5'23 , et etoit cpntempCH'aifl de l'empcK 
reur Justin. 11 fut célèbre p^r une iDCurùon 
heureuse qu'il &t eu Arabie contre les Homér 
riies. A son retour il envoya sa couronne 
à Jérusalem, pour y être sufq>enduç daoaJ» 
temple (l), Nqhs nous arrangeâmes pour me- 
surer exactement l'étendue de cette grotte > 
cequiétonnabeaucoupnQsgrades. heisecoaM 
gcotle est fort obstruée par la terre qui y est 
tomltée ; nwis comme oqu» pouvions y aper- 
cevoir quelque chose qiu avoit une apparence 
de colonnes^ je résolus de. ne pas meloîaser 
arrêter par quelques diAîoihés. qui pouvoÎAUt 
être surmcmtéesi. . En conséquence , Pearce «4 
moi ejutrânie» et iwufi glissâmes dan» la grome^ 

(i) iMd<À£, iî^a, t^. 44, • ' - ' 

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EN ABT S8I NIE. a55 

(H rampant sur les geqous, Qu{ip(i poDS eûmes 
pasee la première entrée , nousvEmesque cette 
grotte est bien plus curieuse que l'autre. Le 
passage qui mèpe à la partie la moins enfon-^ 
Cée est fort bien travailld. Les chapiteaux des 
ColooRes qui soulieppept le plafosd sont 
formés avec les eitrémiiës des pierres mise« 
en travers , qui ^'appuient sur celles qui sont 
debout et les dépassent. II y a en dedans trois 
Combes sans ornement, appliquées à angles 
droits au mur, de la grotte , àrpeu-près dans 
lu direction de l'est à l'ouest , sur un pave 
élevé d'environ quatre pouces au-dessus du 
çqI- Celle du centre est decouverie , et la 
pierre qui la recouvrait a été brisée ; les mor^ 
Cf anx sont pQse's sur l'une :c(es deux autres 
tpmbes : cellesnci sont. entières. 

Les chambres des côttissont beaucoup plus 
profondes que celles dq mtliçu. N'ayant pw 
nous procurer des lumières;, nous nous assuT^ 
rames de l'étendue totale de l'excavation, en 
suivant les murs jusqu'à~ce qu'ils nous rame- 
nassent à l'eqtrée. Les seules créatures vi- 
vantes que nous y renconlrân:és furent des 
chauve - souris. A peu de distance étoient de 
grandes pierres détachf'es , déjà éqiiarrics 
poui être employées dans quel(jne édilice : 



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«36 V O Y A O ï. 

mais il ce nous fut pas pas^b'e de découvrir 
le but de cette constniciioq. Au moment de 
fjuilteroelieii, il survint un incident ridicule. 
J'avois laissé monfouetdaDs la première grotte. 
Tous les Ahys^ns qui m*accompagnoièut 
eroyoient que je l'avois laisse dans l'autre. 
Ils l'y firent oherclier par un jeune garçon. 
Pendant qu'il étoil occupé de cette recherche, 
je descendis moi-même dans la première et 
j'en rapportai mon fouet. Il me fut imposa 
sible de leur ôter de l'esprit que c'etoitCalam 
Négus qui l'y avoit porté , après l'avoir enlevé 
de l'autre grotte. Cette absurde anecdote fu( 
souvent répétée dans la snite. Ces restes cu- 
rieux d'un monument antique sont à-peu-prè» 
à l'ouest' des collines situées au-dessus d'A- 
dowa , dont nous avions alors la vue ; et en- 
viron à un mille de l'enceinte d'Axomj oii 
ttous' nous rendîmes , en descendant dans 1<^ 
direction du sud-ouest. 



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£li ÀBTSSINIE. &37 



CHAPITRE V. 

Z^eacription d'Axum..' — L'obélisque f — ■ 
l'église , — les prêtres , — le siège des 
rois, — - Inscription éthiopigue. —~ Ins- 
cription grecque. ' — Etat général des 
ruines. —-Jtemargues sur la description 
d'Axum par Mr. Bruce. — Départ 
d'Axum, — Arrivée à Adowa. — ■ F'isile 
à l'ozoro Tiskai.-— Retour d Antalow. 
• — Journal du capitaine Rudland, tenu 
par lui pendant l'absence de Mr. Sali, 

I l A. première impressïc»! que me fît l'église 
d'Axum , fut de me rappeler les manoirs 
gothiques de la noblesse en Angleterre, avec 
lesquels elle a une ressemblance frappante. 
£n nous approchant , nous passâmes devant 
les ruines d'un grand nombre d'obe'lisques 
renverses , dont quelques-uns n'offrent rien 
qui indique qu'autrefois ils aient été embellis 
d'aucun ornement de sculpture , et dont 
d'autres au contraire semblent avoir e'té fort 
soignés sous ce rapport. A la fin , après avoir 
passé un grand réservoir sur notre gauche , 



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a38 V o V A ^ E 

nous eûmes beaucoup de plttlsir à vob* tdl 
obélisque enoor« dresse sur Ba base , que 
nous Bvott Cacli^ jusques-là le feuillage d'un 
grand darou. C'est sans aucvrn doute celui 
dont parle Poncet , et que Brdce a décrit et 
dessiné depuis. 11 a enrii-on quatre-vingts 
pieds de haut ; il est fait d'un seul bloc de 
granit , sculpté avec soin , ei les proportions 
an sont trés-belles^ Mon attention demeura 
long-temps fixée sur ce monument aussi beau 
qu'extraordinaire , dont lé dessin, tel que l'a 
donné le dernier des deul voyageurs que je 
Viens de citer, ne peut donner aucune idée. 
Il est difficile d'imaginer quels moyens durent 
être mis en œuvre pour dresser cette lourde 
masse de granit. L'etonnement , produit par 
un ouvrage de cette nature , est accru , par le 
souvenir de l'état auquel l'Abyssinie se trouve 
réduite. Un peu au-dessous de cet obélisque , 
qui seul a bravé les injures dn temps , et quï 
paroit si parfait qti'on le croiroit élevé tout 
récemment , nous nous trouvâmes en face de 
l'église , que Bruce a mal à propos dépréciée. 
Si on la compare aux autres églises du Tigré , 
on trouve qu'il n'y en a aucune qui ta vaille j 
pour la grandeur, la richesse et la sainteté' , 
à l'exception de celle de ChéKcut. Les prêtres 



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E3Ï AfiYSStNIfi. oSg 

Airent^'abord beaucoupde répugnance ànous 
«D accorder t'entrêe. Mais enGn te nom et l'ao- 
lorite -du Ras ^es y détermina. Nous sûmes 
ensuite que l'unique motif de leur résistance, 
e'ioit qu'ils n'aboient pu préparer pourliotre 
réception toutes les belles choses qu'ils pos- 
sèdent. Ce qui frappe d'àbord à l'extérieur , 
est la hauteur de l'église , qui ne peut êtrd 
moindre de quarante pieds. La colonnade de 
la face est soutenue par quatre piliers massifs , 
de forme carrée et d^environ cinq pieds dû 
côté, composésde petites pierreset recouvert 
de plâtre. Quand nous demandâmes h vcùr 
l'intérieur de l'édifice , la porte du foijd s'ou- 
vrit, et nous entendîmes chanter dans un 
appartement éloigné de noua ; ensuite quel" 
ques prêtres s'avancèrenten récitant des prières 
et brûlant de l'encens. Tous les livres, tous 
les trésors de l'église fnrent mis sous nos yeux. 
Les livres sont d'un très - grand format , et 
couveris de dorures et de figures en rebef. 
Quant aux trésors , ils ressemblent tellement 
i ceux de Chéli'out , que ce n'est pas ta peine 
de les décrire. 

- J'appris par les livres , que la première 
église cbrétieniie fut fondée à Âxtim , il y a 
OUM cent quarante ans , à la même époque 



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a4o T o T A e c 

oii fut foDclee celle d'Abrahasuba; et qu'elle 
fut détruite par Mahomet Cragné ea iSaS.. 
L'église actuelle a été bâtie par le Sultaa Ayto 
Fasil, fila d'Ayto Sociaios, en 1667. 

Le'*soir j'eus la visite du chef des prêtres , 
ainsi que des autres , qui vinrent avec leurs 
livres, pour s'nssurer de mes cooDoissances. 
t^laùve» à l'écriture. Quoiqu'elles ne ftusent 
pas fort grandes , elles sulfireul heureusement 
pour me mettre en état de répondre à leurs' 
questions, ou de les éluder, ensorte que je 
m'atûrai de leur part beaucoup d'estime. Le- 
grand prêtre me baisa la main avec transport , 
à cause de la grande connoissance que j'avois 
des livres sacres ; je saisis, l'occasion de lui 
présenter, avant la fin de sa viûte une pièce de- 
satin rouge pour son église , voyant bien que , 
pour obtenir quelques informations, il falloit 
. employer des moyens de ce genre. Les prêtres 
furent fort satisfaits de ce préseut , mais ils me 
demandèrent d'attendre au lendemain matin, 
afin de le faire en public à l'église. L'établis- 
sèment du clergé en ce lieu me semble beau- 
coup plus considérable que je ne l'ai vu 
ailleurs en Âbyseinie , excepté à Chélicut. 
Celte dernière église étant celle que le Ras 
favorbe le plus , et se trouvant située tout 
près 

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Bit ABYSSINIÉi j41 

Jtrès de sa résidence , né peut manquer d'être, 
en conséquence, plus soignée el plus énnchîe^ 
aussi long- temps qu'il aura en main le pouvoir. 
Aïum toutefois bst fort respecté , comm^ 
ayant été pendant tant de siècles le siège d^ 
r«tnpire j el le cbef des prêtres s'y envisage 
comme ayant itn rang fort supérieur à celui 
de toutes les église s, situées à l'est du Tacaz2a-> 
Métpe i octuelletQent , dans les grandes oo-; 
«asions , Comme après ube victoire , le Raa 
juge nécessaire de venir y faire ses dévotions, 
pour se rendre favorable le clergé , dont 
l'ipQuence continue d'être très-grande, 

L'habillement des prêtres diifère, à quelque4 
égards, de celui de tous les autres ordres àç 
personnes; ils portent sur la peau une chemisa 
de toile blancbe , qui leur couvre tout la 
corps jusqu'aux genoux , outre le large man- 
teau , et les pantalons serrés , qui constituent 
i'babillemeni ordinaire des Abyssins. Ils s'en- 
tourent la tête avec grâce d'un fin cbâl de 
coton , en laissant le haut àk la tête détipu- 
vert ; celte différeDce dans leur, habillement 
leur donne un air fort respectable ; et autant 
que j'ai pii le savoir', leur conduite et leati 
Inwurs le sont éjjalement 

Tom. I, iri 



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i4ft V o V A G Ë 

Septembre i>j. J'allai à l'eglisô de trèfrliâiibd 
)ieur«; j'y fus reçu par les prêtres avec beau-" 
Coup d'égards , et sur ma demande, Us m'ad- 
mireat dans la partie la plus intéiîeure de. 
t'edifice. Le corps entier de l'église consiste 
-en quatre salles ; le sol etoit couvert de beaux 
^ipis. Quand je pre'sentai la pièce de satin , 
en me pria de me mettre à genoux, le visage 
tourne' contre terre } je restai dans ceue pos- 
ture environ deux minutes, pendant lesquelles 
le grand prêtre re'citd sur moi une prière • 
cette oërémonie étUit achevée , je fus con-^ 
duit à quelques marches carrées de granit , 
qui se trouvent au sdmmét de l'e'difice. Le 
toit est plat , recouvert de moiiier et de stuC , 
et entoura d'ornemens gothiques ; nous y 
Inesnrâmes la grandeur, de iVglise et trou^ 
ïâmes qu'elle «voit cent onze pieds en lon- 
gueur, et cinquante-un en largeur .U^e ce Heit 
élevé, on se fait une idée juste de la situation 
des obélisques et des réservoirs ; c'est pour- 
voi fea fis une esquisse (l). 

, ■>* li ' l .'-i ■* " i ■ ■ ■' - I ■ U i.*..^ 

(i) L'aateiu ajoule «{ue celte esquisse est donitée 
parmi ses grands dessltiB. On De trouve eu efTel 
dans l'oavrage que le plan des ruiaes d'Axum. Du 
reste on a publié d'autre dessins d« Mr. Sali relaiib 
i ce mitan v9f«ge< 7>. \ 



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EN ABTsatNIE. 343' 

6« là ob me mena voir deux murs revêtus 
de pierres , à quelque distance de l'e'glise , ■• 
et une petite enceinte caniée eniourée de 
colonnes. Dans l'intérieur de cette enceinte 
est un' siège où les Rois étoient dans l'usag4 
de se faire couronner. On peut en Yoir la 
pince dans le plan à la lettre B , et le dessin 
à la planche lY. Dans cette enceiuie , derrière 
le siège des Rois , il y a d'autres ruines 
eparses çà et là ; mais aucune , après un 
examen attentif et répété , ne m'oflnt la 
moindre apparence d'inscription ; -si ce n'est 
deux courtes lignes en caractères ethiopicgues, 
dont on peut voir la copie exacte à la plandie V. 

Dans les deux dernières lignes , )'ai donné 
l'inscription éthiopiijue , comme je crois 
qu'elle devroit être rétablie. 

Le caractère marqué l , n'existe pas dans 
l'original ; mais il me semble difficile de 
douter qu^l n'y ail été ^ parce qu'avec les 
caractères marqués s et 3 , il forme le mot 
j^bouna, ou grand prêtre. 

Les caractères 4, 5, 6, forment, selon 
ma conjecture , le nom de Dawit ou David. 

Les caractères 7) S» 9i exigent pour faire 
un sens de grandes altératioos. En leur 



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A44! Voyagé 

donnai)^ la forme que j'ai adoptée , Uë se 

lîroient Gay-Za , ou enlevé (i). 

Les caractèr^p lO, il , sont très-claii's'i 
mais une partie du l a semble avoir ft'lé effacée. 
Rétabli , comme je l'ai fait , ils se liraient 
Ja'-ha-wa , ou , Jcs a mis en pièces. 

Les caractères i3 , i4 ^ sont Zy-ja, 
ou ici. 

Les caractères i5, 16, 17, sont Ha-Èa-ba^ 
ou , il a cru au-dedans de lui-même. 

Les caractères i8j 19, 30, ai', sont A-ga" 
si-y , ou le Seigneuri 

Les quatre derniers cai^ctères n'offrent 
auouD sens satisfaisant. Il peut s'y être glisse' 
quelque erreur d'écriture , aussi bien que 
dans les précédens j car toute l'inscripùod 
est très-grossièrement gravée. Mais on peut 
conjecturer le sens de. la fin par le com- 
mencement , et traduire le tout aio^ : 
« L' Abonna David a enlevé et mis en pièces 
7t ici. 11 a cru aU dedans de lui-même , que 
» le Seigneur trouvoit bon <|u'il en usât 
» ainsi. » S celle iuterpréiation est juste , 
èllê explique d'une mmiîère satisfaisante la 
destruction du temple et des oliélisqucs ■ 

' {t) Rtmovedi filtéralement icOrU^ 

, U,ql,lt!dc,C00^IC 



EN ABY88IN1E. a45 

mais je sens irop qu'elle est mon ignorance 
de la langue originale ^ pour oFTiir ceci au- 
trement que comme une simple oonjeclure. 
J'esquissai, avec l'aide de Poarce , toutes 
celles de ces ruines qui me parurent oETrir 
quelque chose de remarquable. Je pris aussi 
une vue de l'église ©n fuoe. De là mon attea-' 
tien se dirigea sur une pierre placée debout, 
à un dedii-mille de l'cgKse , au nord-est , 
lur laquelle on me dit qu'il y avoit quelques^ 
caractères anciens. A mesure qn&j'approclioîs^ 
ma curiosité' étoit si vivement excilcc , que- 
j'avois peine à m'empêclier do courir; Ce- 
pendant , eu examinant le côte qui s'oiFnt » 
pioi le premier, mon attente fut fort déçue, 
n'y ayant aperçu que qu^ques légères traces 
de caractères inconnus. Mais it l'aspect du 
côté opposé , je fus Iiien dédommage. Ce- 
côté e'toit couvert de caractères grecs , bien 
profondément gravés daus la pierre , cllaque^ 
lettre ayant deux pouces de longûeiu-. L» 
eonsenalion deceiteinsciijïtioB dans un état 
si parfait est due en grande partie à une cîr-. 
constance heureuse , produite par la oatur» 
même du terrain ; elle est inclinée du- côté 
du nord , ce qiû a mb celle face de la pierre 
çttiiçremept ù i'ïUri de la pluie. Ce çiQtia-i 



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»46 V Q Y A © E 

méat a environ huit pteds en hauteur , trctù 
et demi eu largeur , et un pied d'épaisseur. 
Comme il se faisoit tard, je revins déjeuner. 
Je fus ensuite retenu quelque temps par lesi 
prêtres, qui m'apportèrent un livre sur lea 
gueiTes du Ras Wetléta Selusse. Je reviqs 
ensuite à l'inscription avec Pearoe. Mon pre- 
mier soin fut de blanchir les lettres avec de 
la craie Uaqche ; je me mis ensuite à les co- 
pier sur le papier , et enBn je corrigeû ma 
copie , en y revenaiit à uqe seconde reprise. 
Nous avions passé plusieurs heures à oe tra-i 
vail, et nous n'avions pas à moitié fait , quand 
la pluie vint nous forcer à Iç suspendre. J'em-i 
ployai la soirée à eitr^re des livres d'^xum, 
une notice aussi exacte que je pus le fîûre , 
du Ras Michel ; de sa rébellion, dans te Tigré 
contre l'Empereur Yasous ; du siège qu'î) 
soutint sur la montagne de Sumayut ; de su 
ïouniis^on' subséquente et du pardon qu'il 
obtint, mais ^ue l'Empereur eut peine à lui 
accorder; détails qui ooofirment tous le récit 
des marnes événemens que Bruce a consigné 
dans ses Voyages. 

■ Un incident, arrivé oe jour , n'a par lui-- 
même aiieune nnpoiiance ; çt cepepdapt je 
erois devoir le rapporter ici, parce qu'il peut 



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EN ABYS»I»iat ^i^ 

donner quelque idée du poîm où en est ce 
peuple relativement aux lumières et à la cul- 
ture de l'esprit. J'elois assis, seul auprès dn 
(eu, lorsqu'un homme gro&^er et incivil, pnv^ 
fitaut de l'ahsenee dç mes gens , vint effron-' 
lémeiit retirer du feu les tranolies de boîs 
allumées et les enlever. En vain je lui signifiai 
ù plusieurs reprises de cesser ce manège. A la 
&a , blesse d& son insolence , et voplant ei^ 
^r d'un seul cpup , je lui jetai à la tête la 
bouteille, qui étoit sur m^ table à côte' de 
IQoi. L'homme n'en fut pas atteint; mais il 
s'eufuit rempli de frayeur et poussant des cris 
effroyables, quiattirèrenlsuc-Je-ohampGue'bra 
Selassé et d!autres. Quapd ils surent oe- qui' 
s'étoit passé , ils clierohèrent la bouteille; et 
il leur grand etopnement^ ils virei^t qu'elle ne- 
s'étoit point cassée (sans doute à oaitsede sa 
forme ronde et de sa legerçté )., \h la tour^ 
lièrent et retourpèreqt dans tous les sens , en 
exprimant leur surprise. Dès lors c'est raj© des 
fnecdoteçà mon sujet, qu^s ont le- plus grand 
plaifûr à raconter ; disant qu'un tel homme na 
peut jamais manquer d'armes ; cODclusion qt>^ 
«omme on peut croire , je nV point eu à oixm 
dç démentir; 



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j48 '. V O Y A • H 

Septembre )8. Je me levai de bon mailo ^ 
et je me hâtai de reiourper à l'insci'ipiioD, 
Quand j'eus coitipléte et corrige avee la 
plus grande attention la oopie de oliaque 
lettre visible, nous commençâmes à creuser 
la ter-re , pour découvrir la partie qu'elle re- 
couvroil. Nous fûmes assez heureux pour eu 
enlever environ un pied et demi, sans foir» 
tomber la pierre sur notre téie ; et nous nous 
trouvâmes enfin parvenus , à ce qu'il m* 
parut , à la 6n de IHnsoriptioi^. Cela fait , 
j'allai travailler au dessin de I'obélîs(|ue qiH 
est encore sur pied ( Voyez L dans le Plan), 
Je le irouviù fort différent de la figure que 
Bruee en a donnée. Les ornemens, qu'il a 
bien voulu appeler des triglyplies, des laé-r 
topes, des gouttes {gutioe) ne sont point 
irrégulièrement disposés, mais au oontrair« 
de la maiùère la plus régulière comme on 1« ' 
voit dans la figure , Planche YJ. Je suis actuel-r 
lement convaincu , que toute la prétendue 
h<|i]>i)et^ de Bruce d«ps le dessin ne mérite 
^ueune oonfiance. L'eiemple actuel est lui^ 
preuve de aop peu de véracité et de s^ rarç 
fiss,urance; puisqu'il 9 domié comme une élé- 
vation géométrique , et dans le but de reo.- 
ÙfiçJ* dVutr^ dçscripùot^, un dessii^ ^ussi 



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EN ABYSSINTB. 84^ 

faux de ce monument. Les plus larges faces 
de Pobëlisque sont tournées au nord et au 
£ud. Celle du sud est la seule tpû offre des 
sculptures. Parmi les obelisfjues renversés , il 
y en a ui) plus grand que celui ïà , dont les 
omemeiis ne sont point les mêmes , et qui en 
diffère en outre , en ce qu^il a dû être sculpte 
des deox côt«is, pu du moins du côlé opposa 
à celui de Fobelisque qui est actuellement 
debout. C'est sans doute un monument fort 
respectable ; mais qui peut juger de son an- 
tiquittj? La llicone de Biiice A ce su|et est 
si peu appuyc^c sur Içs faits, qu'elle mérite 
peu de conOnnoe. 

Après avoir achève mon dessin , j'allai 
an sommet de la colline k l'est , dans l'espe'- 
rance de trouver encore quelques ruines. Il . 
y aune espèce de double entrée, creusée dans 
le roc sur le côte occidental de cette colline ; 
et sur le càiç seplentrïonal , spnt des marches 
qui mènent au sommet : mais 9a sommet 
)nême , il n'y a pas la moindre apparence 
d'aucun ouvrage de l'uDtif|tiir(Y. Toutefois 
ma peine ne fut pas tout-à-fait perdue ; car 
je pris des points de vue des objets prin- 
cipaux , et je complétai ainsi l'Idée que je 
fherchois fi nie faire de la situation d'Axum, 



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)5& T O T A « K 

La vîlle d'Axum «st àiuéeà l'ouverture d'uB 
•afoDcemeot (yyy sur le plan , Planche Vil) 

formé par Oeux oollines à rextrémité N. O^ 
d'uoe valle'e spacieuse (^) , dont le soi est 
très-ferlile , et semé de morceaux de talo- 
et d'agates. Au uvd de la plaine est l'e'glis^ 
d'Abba Lucatius , sur ^ae oolliue élevée ^ 
doEit le sommet est couvert d'arbres. A^ 
Xi. E. ^t l'église d'Abba Faptaléoo , bâtie 
fur I9 poÎDte d'un rocher du et escarpé ^ 
appelé MautilUs. Au S, £. sopt les bautç^ 
collines d'Adowa ; et au S- O, le ootiren^ 
ou l'e'glîse de Técla Hamaiaout. Le cbeinut 
d'Adofira (TT) va djrectemeni à ^ouQ^t à 
travers la plaiqe , et tourne autour de la col- 
tine qui est à l'est d'Axum. Cette c<dline. 
est eq entier composée d'un granit grosâer 
de couleur brune. Sur {a preqvère pente de 
cette coUioe , à dem cents mètres (yards ) 
N. N. E- de la pierre qui porte l'inscripiioq j^ 
est debout un obélisque (SJ sans ornement y 
d'enviroii vingt pieds de haut ; et en allant ^ 
l'est on en trouve quatorze autres renversés. 
Le seul qui reste debout est, je pense, celui 
doitt p^rle firuce au moment où il entre à. 
Axum ; car la route d'Adowa passe tout aiv- 
prèst Mais î'ohsçrverai à celte occasipa^ qu'il 



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)a mapière dont il le décrit, on devroit le cher, 
«faer au-dessus du oouvent d'Abbou ou Abba 
Fiintaléop ; ce qui est impossible , puisque, 
ce couvent est au sommet d'une éminence k 
gauche de lu grande route. Après que l'on 
9 passe' , en laissant cet obélisque à la droite ^ 
on trouve ime ligne de rochers très-réguliers , 
qui resseipblent \m P«li à upe murùlle gros^ 
^éremept construite- C'est probablement ce 
quç Bruce a décrit comme une muraille de- 
marbre rouge surmontée de piédcst?ls% (Voy, 
y sur le plan)' Kqus ne pûmes toutefois y 
apercevoir aucune trace du travail de Fart, 
C'est, à ce qu'il paroît, «pe oonche régulière 
de rocher formée par la nature , comme jVp 
^i vu souvent aîlleu)<s , qui forme la basç 
même de la colline. C'est une pierre calcaire * 
qm a peu de cojisistance et dont les parties 
se détachept aisément. L'inQueace de l'air , 
et les mousses (l ) , qui recouvrent ces ro- 
chers, leur donnent pue couleur rougeâtre. 
lueurs dimensions sont fart inégales ; ep 
planteur ils ont quelquefois douze pîeds , et 
quelquefois deux seolemept; ep profopdeur 
dix ou cinq. Il n'y a 9P-dessus ftucune appstv 



(i) Licheo»? 7>, 



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flSa V O T A G » 

ren'ce de piedestals. Mais un peu au Bud oa 
trouve cinrj piedestals ou autels ( marques 
C sur le plan), qui ont ^té manifestement 
enlevés du lieu où iU avoient été placé» 
pour être transportés ioi. 

Le principal e'dîlioe moderne est IVglise , 
placée à rexlrémilé septentrionale de la vilïe 
aciuelle , ^ qui semble occuper en partie la 
place de quelqiie ancien temple. Devant ta 
façade sont deux rampes d'escaliers ( O sur 
le plan ) la plus basse a douze marcJies longues 
de cent quatre-vingts pieds ; la plus haute en 
a huit , longues de tpente-s>s pieds. Entre 
les deux rampes est une espace de seize pieds. 
De la msrolie la plus élevée jusqu'au porclie 
de l'église, il y a trente-huit pieds. Une ligne - 
de piédestals brisés (C), que l'on voit encore 
au-devant de l'église, en marque la principale 
entrée. 

J'ai déjà dit quelle est la situation du mor- 
nuQient , nommé le siège des Rois. Je n'at 
rien à en dire de phis , si ce n'est que ce 
siège et la pierre sur laquelle il repose sont 
de granit et von de la même pierre de taille 
que le reste. C'est ce qu'a bien vu Bruce , 
qui s'est altaclié à décrite avec un détail mw 
Hutienx ce seul n)onutDcul, parwi tant d'ai\ti.«s^ 



Uiqniodc/GoOglc 



feN: AB.YSSINIK. ê53 

iTûines inléressantès. Du reste on n'y trouve 
pas la.moindrè trace d'inscription. Je ne puis 
croire cependant que ces ruinés aient éta 
fort dérangées pendant le cours de ces der* 
nières trente six années ; car on n'en a fait 
aucun emploi , et elles sont métne comine 
^ inaccessibles aux naturels du pays qui ont 
les pieds nns , parce que de loUs côtés , elles 
Bont entourées d'arbrisseaux à grandes épines, 
dont la piqûre est plus douloureuse que celle 
d'aucune antre espèce dont j'aie eu oocnsion 
de faire l'épreuve. H m'est également irrtpos-' 
sîble d'inia<>iner qu'une inscription, quiauroit 
k'ésistéù tant de siècles, eût complètement dis* 
paru dans le cours d'une période aussi courte^ 
Bans laisser d'elle aiicune espèce de trace. Je 
pense donc que l'inscription de Brtice est 
«ne pure fiction. Dans l'enceinte intérieure j 
Bur un chemin pavé qui mène à la rampé 
d'escaliers eu face de l'église , est une pîerr* 
brisée -, sur laquelle sont représentées àea% 
piques , l'une barbée et l'autre non , pareille* 
à celles qui sont actuellement en usage. 

Tous les monumens qui entourent l'église 
forment un groupe, et faisoient probablement 
partie "TTuu seul grand édifice ; mais il est 
imposùbte d'en concevoir le plan, parce qut 



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a54 VOYAIS 

Us maisons de la ville modemé cotivreiit i» 
terrain au sud et à l'ouest de FëgUse. Touteà 
les îoformaiions que j'ai pu me procurer à 
Axum touchant Thistoire de ces ruines, ni*ont 
été' fournies parles prêtres; ils m'ont apprisi 
sur rautorite de leurs livres , que tous leui4 
Bnciens nionumens et leurs obélisques , qui 
étoient originairement au nombre de ciu'* 
quaate-cinq , dont quatre de la grandeur de 
«elui qui «st debout , ont ét^ construits paf 
Ethiopuâ , le père de l'Âbyssinie , il y a en-* 
Viron mille cinq cent quarante -quaire ans. 
Ils m'ont dit encore , et ceci me'rile proba- 
blement plus de cooEance , que le ^and 
réservoir qui foumtssoit autrefois de l'eau à 
toutes les maisons de la ville, a ëte construit 
sous le règne d'Isaac roi d'Abyssînie , par 
. l'Abouna Samuel , mort à Âxum , il y a 
trois cent quatre - vingt - douze ans , et 
enseveli sous le grand darou , qui om- 
brage encore le voisinage de l'église ; que 
ilans l'année 10.70 , une femme , nommée 
Gadit , qui jouissoit d'une grande autorité 
étant venue de l'Ambara , détruisit, par des 
motifs superstitieux , ces monumens de l'ao'^ 
tiquitc , autant qu'elle put le faire ^ qu'elle 
renversa les obélisques , brisa tes autels , et 



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■tes jB-vssiNiE. a55 

couvrit le terrain de ruîbes. Ce tébh n'est 
point improbable , tar on voit les traces d'une 
grande force^employée pour briser ces autels, 
et pour les enlever de leur places : l'ins- 
cripÙDu etliiopique pourroît toutefois faii'C 
sonpçonn&r que cet événement eut lieu sous 
i'Abouoa David. 

D'après la description <jiië je viens de faire 
d'Axum , il paroît que celle de Bruce ( oit 
îl est question d'une montagne de marbre 
rouge % d'une muraille faite de ce marbre et 
liaute de cinq pieds , avec cent trente - trois 
piédestals > sUf lesquels étoient des statues 
colossales de la canicule , desquelles deut 
seulement subùstent ; et d'une route taillée 
-«ntre la muraille et la montagne ; ) contient 
des assertions contraires auxfaîtS) et d'autres 
si prodigieusement exagérées, qu'elles rendent 
le te'nioignage de ce voyageur fort suspect. Il 
me paroît que rien n'a puVengager àliasarder 
des assertions si dénuées de tout fondement , 
si ce n'est la pensée , que personne n'oseroit 
Affronter les difficultés de ce voyage^ qu'il 
Avoit présentées avec tant d'exagération ; 
puisqu'il ëtoît évidetit , que le premier Eu- 
ropéen , qui l'eiitreprendroit , ne manqueroît 
pas de le réfuter. 



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a56 V o Y A G È 

II est «ngTilîcr que ce voyageur D*ait poiiik 
Va l'ioscriplion que j'ai décrite , qui se trouve 
tout près (le la roule par laquelle il a passé ^ 
ou qu'il u'eii ait point eutendu parler j il est 
Vrai qu'elle est cachée derrière une peùtfl 
émioence , et qu'il est possible que son attea- 
tioQ ait été détourne'e par l'obélisque place 
Il droite ; il faut remarquer en outre , que 
ce qu'il dit de l'église et des prêtres donn* 
lieu de croire qu'il n'eut avec eus aucune 
communication ; or il n'y avoil qu'eux , qiû 
pussent lui donner quelqu'infbrmaUon sur ce 
sujet. . En ce cas ^ il fut puui de les avoir 
négligés , par l'ignorance où il resta à l'égard 
du nioniiment le plus pre'oieux qu'offre cette 
vaste enceinte. 

JLa classe ÎDrériêurê des liaUitnns d^Âxum 
semble plus impolie envers les étrangers , et 
moins dépendante dé 1 autorité , qu'anoune 
autre que nous eussions eu lieu d observer 
dans notre excursion j ensorte qu'il n'cioit 
pas aise' de prévenir des disputes séiieusesi 
Ibrahim , notre jeune domestique, saisit ui^ 
homme plus fort que lui qui s'étoit rendu 
fort incommode , et l'ayant pris par son vête- 
ment, il le conduisit jusqu'au toit de l'églisQ 
au moment où nous y étions. Là, il le livra 



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k nos guides. Aprèà avoir niënaoe l'agrtesseur 
de la colère du Ras, nous nous delertnidâmès, 
sur la demande du grand prêtre , à renv&yef 
cet. bomm^ sans te punin Cetie coutume, de 
saisir par son vêieioent celui qui se reiïd cour 
pable de quelqu'offerise où de quelque délit» 
est fort ge'nérale ; dès que quelqu'un est atta-' 
que j ses premier^ efforts tendent à s'emparer 
de riiabilleineat de son adversaire ^'dprès 
s'en être assuré^ il l'attaché au sien, et rien 
ne peut l'engager à s'en séparer -, jiisqu'à ce 
qu'il trouve quelque supérieur à qui il puissâ 
r'ehiettrë la deoiûon de l'affaire. Ce qui est 
ÛDguIier ; e'est que le larron qui . a pris xmé 
chose d'iine valeur peut-^étre double de son 
}isJ)tllement ^ ne cberche point à s'échapper 
en lâchant celui-ci', à cause de la honte att»' 
chée à det accident; 

Nous observâmes Ici uiie manière duré de 

<K>ntenir le enfans. Un petit garçoti , appar-* 

teiKibt à Nelirida Aram, avoit à ses jaibbeâ 

de grands anneaux ou menottes de fèr , en 

punition de quelque Espièglerie dont il fi'e'toit 

rendu coupable. . 

Un jeune bcefitf mé (ut èrtvoye par le 

. Aiattre de la maison oit je logeeiïj qui est 

frère de Nebrida Ar^m. Le pain e^le bouzft 

Tom. J, 17 

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S58 VOYAGE 

tn'etoieDt fourai», deui fois le yovtt^ p'st MM 
fille au Ru Michel y appelée Âmbali Ozoro 
Tuckai. Je a*8U8 cepeadsot [As le plaisir de 
la Toir. Comme Dons restâmes k Àxum un 
jour de plus i]ue nous n'avions compté , nous 
eûmes quelque peine à nous y procurer les 
vivres nécessaires. Notre guide qui , partout 
où il altoît étoit entouré de respect , parce 
qu'il etoit an service immédiat du Ras , im^ 
posa cette taxe à notre «tm le prêtre, tj»{ 
se regarda comme amplement indemnisé par 
le présent -que je lui fis d'une pièce de mour 
nline et d'une petite croix de cornaline. C'é-* 
toit aU vrai reounnokre foiblement l'estréme 
f»)mplaisance avec laquelle il nous avoit ae- 
cueillis. 11 tomba le soir beaucoup de jJuîe) 
accompagnée d'écloirsi 

SeptenAre ig. Pendent que nos gens fap* 
ioient préparer les mulets , je retournai à 
^inscription avec Pearce ) et je la copiai tme 
seconde fois avec le plus grand soin et la 
{Jus glande atteniioD. La matinée e'toit »n' 
gulièrement favorable pour en voir distinct 
tement toutes les parties. Je me flattois qu'en 
comparant cette copie avec celle du jourpré' 
«edentt'j'y trouveroislûeapeu de difiî^reuce) 



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ËK ABYBSIKIX;. 269 

et; c'est ce qui arrivo en effet. Tout au moins' 
}'eus le sentiment de n'avoir rien négligé pour 
prévenir les causes d'erreur. Partout où je 
trouvai une lettre douteuse , ou effacée , je 
la marquai comme telle ; et partout où il y 
avoit une apparence de date , je pris la pre'- 
caution de relever les caractères à poct sur une 
plus grande échelle. J'eus encore une occa- 
sion de comparer ma copie à l'inscription ^ 
et d'ajouter au bas quelques lettres qui m'a- 
voient échappé. Cette occasion s'offrit à moi , 
quand je passai par Axum en allant k Mas- 
sowa. Je donneraî une copie figurée de ce 
monument lorsque j'en viendrai à cette partie 
de mon voyage (1). 

Guébra Sélassé et nos mulets nous ayant 
'rejoints , nous traversâmes la grande plaine 
pendant ebviron cinq milles ; nous descen- 
dîmes ensuite, à travers une got^e , par uil 
cbemin fort âpre , le long d'un ruisseau , jus* 
qu'au pied de la Colline , sur laquelle est l'é- 

(1) On trouve en efiel dans l'otiginal cette copie 
figurée, dont aous noiu coDienterons de donner le 
texte transcrit ridëlement en caracttrea ordioairea. 
Ceux de l'inscription sont en général si nets, qua 
l'écriture donne fort rarement prise au'doute* TV. 



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l6o V O T A G i 

glise de Haonèa. Cest là que , le' l6 dn 
mois dernier , noiis avions , quitté la route 
directe , pour viâter Càlam Nëgus. 

En traversant la plaine , qui conduit à 
Adowa, nous rencontrâmes un pauvre homrtae, 
à qui l'on bvoit volé son blé , et que l'on «voit 
battu. Il avoit coliru après le voleur et l'avoit 
pris par son vêtement. Quand il vit Guébra 
Selassé , il amena le coupable auprès de lui. 
Guebra Selassé prit le couteau (jambea) de 
cëlui-ci, et le força de le suivre à Adow^a* 
A notre armée en celte ville, nous appiîmes 
que Nébrida Aram venoit de partir pour Aa- 
talovir, après avoir attendu jusqu'à ce jotir 
mon retour d'Axum. On. nous dit qu^J éloit 
accompagné de deux cepts soldats armés de 
fu^s à mèche , et de deux mille lanciers. 

Le chef musulman me fit amener deux 
moutons , avec trois grandes jarres de maiïe , 
du pain , etc. Dans l'après-midi j'eus une lon^ 
gue vi«te d'une ozoro , ou princesse , da 
trente ans passés, qui , poilr ime Abyssinienne, 
pouvoit passer pour blanche , et qui avoît 
beaucoup d'embonpoint. J'eus aussi un fties- 
sage poli de l'ozoro Tishai, par ler|uel elle me 
demandoit de venir chez elle le soir , disant 
qu'elle étoit très-impatiente de me voir. A 



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EN iBYSSINIE, flSl 

ÎTieure iodiquée , il survînt la plas furieuse 
tempête dont j'aie conserve le souvenir. Les 
^claies etoient très-vifs , le touneire grondoït 
*ur nqs têtçs avec des roulemens pareils au 
bruit d« canon. L'orage dura peu. Dès qu'il 
fut passé , sachant que j'êtois attendu , je me-, 
rendis chez l'ozoro Tisfeai. 11 (aisoit une 
nuit poire , et il me fallut traverser tant de 
passages et de ruelles, que je ne pus me 
faire aucune idée de l'endroit de lo ville où ' 
«a maison étoit située. Nous y parvînmes 
enfin ; je fue introduit auprès delà praicesse-, 
qui m'atlendoît au miliea d'upe nombreuse 
compagnie de ses amies et des femmes de 
«a suite. Elle ëtût assise veve h haut bout 
de la chambre , sur un sofa élegaQl , placé 
dans une espèce d'alcôve , dont le rideau 
«toit tout-àr^faît soulevé. Elle avoit le- bas 
du vbage couvert (l,), Je- fis un dessin^ de. 
l'Oeoro , qui peut donner une idé^ juste du 
costume des femmes de son rang , quoiqu'il 
ne ressemble nullemettt aux figures de fan-r 
taisie que la dernière édition de Bruc^ donne 
poiu- des princesses d'Âbyssinie. Elle me fit 

(i) La (îgure (ait voir que Iç bas dn viisage éti>k 



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fl6» T O T A 6 s 

la réception la plus gracieuse ; et cette visite 
.me fut aussi agréable qu'elle pouvoit l'être , 
prive', comme je Tétots, de mon interprêle, 
qu'une indisposition avoit empêche de m'ac- 
conipagner. Ce qui nous manquoit pour la 
conversation fut suppléé par le badÎQage , les 
e'dlâls de rire , et le niaîze ; car l'Ozoro ue 
cessent de nous presser de boire , sai^s jamais 
manquer de oous faire raison. £Ile n'éloit 
• pas d'une aussi e'datante beauté , que les 
princesses de Bruce, son teint étant d'une 
couleur fort sombre ; mûs ses manière 
e'toient très-agréables. 

Septembre ^o. Je voulois me procurer ici , 
pour lord Valentia , quelques arlicles , que je 
craîgnois fort de ne pas trouver à Antalow. 
Je me déterminai donc à passer us jour de 
plus à Adowa. Si j'en jugeais par le prix des 
achats qT^ je fis , je devrois croire que tout 
est ici d'une olierté excessive ; mais je croia 
plutôt que te canal par lequel se faisfuent 
les empiètes les penchërissoit beaucoup ; car 
mon guide étoit la seule personne que je 
pusse y employer , et il n'y. a pas de doute 
qu'il qe s'indemnisât de sa peine. 

Je fis, de bon matin, l'esqfùsse d'une partie 



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BN ASYSSIKIE. »$S 

de ïa vïUe d'Adowa et de ses collines , pris» 
de l'une de çell&s-ci, qui est en face- de la 
maison du Ras. Ceite vue eo elle-même n'a 
rien de remarquable , mais les effets du soleil 
levant éloient fart beaux , et jetoîeot uqq- 
omhi-e favorable sur les misérables habitations 
qui conaposent l'ensemble de cette capitale. 
Je reçus , dans la |oumée , un message do 
l'ozoro Tisbai, qui me demandait de lui fairo 
»ne seconde visite le soîr. Bès qu'il fut nuit 
je me rendis à son invitatio». Elle me reçut 
avec la m.êi33e bonté que la veille. Outre le 
mai^e qu'elle nous prodigua, en naus pressant 
sans cesse de boire , elle avoit fait préparer 
;un souper, auquel, étant indisposé, je n& 
pus prendre part. Mes deux domestiques, 
Pewce et André, y firent grand bonneur. 
X>'ozoro fut oe soir singulièrement curieusej, 
«Ueme fit une mnltitudede questions surmoa 
souverain» sur te grand seigneur qui m'avoit 
envoyé, sur sas maisons, sur aoségHses, etc^ 
Pu reste toutes ces questions étoi^it faite* 
svec beaucoup de politesse ; et il étoit très- ^ 
facile de vor I& différence de ses manières 
et de celles de la plupart des femmes que 
)*avois vues en Aby8sinie> ËUe me dit qu'elle 
»vpit qui; (Mj^er de Bruce , mais qu'elle na 



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p64 V O V A O E 

l'avolt jamais va; qu'il éloît le grand favoi^ 
de l'ozoro Esthor et de l'Itéghë. £lle ajouta 
qu'elle se seuioit |>our moi la même anÂli^ 
qu'elles avoieot eue pour lui, Quaad )e pris 
congd , elle' me fil présent d'une pièce ds 
toile de la plus fine miinufaoïure d'Ai^Owa , 
et me demanda que personne ne la portât 
que moi. Ce fut avec beaucoup de peine 
qu'elle nous vît partir ; et je fus à la 6q 
oblige de rpmpre I9 visite , en faisant boir^ 
à mon interprète , qui avoit la tête foible , 
une plus forte ration de maize , ce qui bienU>\ 
)e mit hors d'état de remplir son office, 

Septembre ai. Je soiiis d'Adoi^a le matin ^ 
|ion sfiqa regret ; car les hafaitans de celte ville 
m'ont paru plus civilises que ceux des aulre$ 
parties de. t'Âbyssinie que j'iii visiiëes, Nous 
montâmes la colline à l'est , et marchàmefi 
par une rouie un peu au sud de celle par 
laquelle ifous étions venus , enKinte que noiu 
ne fûmes pas en vue d'Abba-Garima. A li^ 
dislance d'environ cinq mille^, notre route 
.passait au-rdessous de la colline sur laquâU* 
est le village d-Qu^bessa , dont une partie 
tomboit alors en ruines , mais qui avcil élf: 
précédemiiiçnt la réûdeace du vieux Ras 



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SH AB¥S8INIS. 965 

llflohel , après qu'il eut renonce aux àSaireSi 
li'e'gUse s'appelle Téo]a Hamainout, du nom 
4e ^Empereur <pie ce Ri|S favorisait. DeIJi 
pouB toumâmea plusieurs coltines , jusqu'à^ 
TÏUage d'Ânzara , ob l'on nous ferma la porte ; 
ee qui nous obligea d'aller jusqu'à Dichora, 
eu nous obtlmnes une petite maison et up 
^e assez oommodç pour la nuit. J^e chef du 
précédent village vint à nous et fit 'sa paix , 
en nous apportant du paîq , dn bousa , du 
lait et deux chèyres. Le maitre d« logis en 
{ijonta une après m'avoir presse' en vain d'eq 
seeevoir la valeur en ugç pièce dp toile ^n 
prix d'un dollffr, 

Septembre aa. Après une marche de sl^ 
milles, nous réprimes notre ancienne route « 
à peu. près à l'endroit où nous fivious ren- 
contre une pauvre femme ^vee son enfant 
areugle , sourd et muet. Nous passâmes au-^ 
dessous dç la demeure du Bacfaa Guebra 
Ë^m,'quîetoit aile à Ântalow. En traversant 
là plaine, aiu-rdsssousd^Abbou'Samoel, nous 
vîmes plu^eurS' oiseaux très-petits et très-? 
be^i, qui dans leurs habitudes resseinblûit 
assez. à.ia lipotie. Je- mis pied a, terre avec 
|DO« fusil et aprè^ ^voir patiemment atteqdu, 



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s66 T O T A C K 

•nfia j'en tirai un. dans un buisfoa et yt le 
tuai , au graQd etonnement de. ptusieuF» 
«befs , qui s'étoîeot arrêtes , avec leur sihIq» 
pour m'obssrver. le leur permis ^ itu leur 
demande , d'examiner meta fuùl , qui encita 
parmi eux une admiration géntirale. Dans I« 
cours de oette JQumeeï^ je tuai «tcore cia^ 
oiseaux de' différentes espèces , euir'autret 
deux d'un seul coup. Ceci acheva d'établir 
ma réputation de^ obass^ur: parmi mes ooift* 
paguoos de voyage y dont plusieurs étcûent 
dos ctiefs c|a) se rendoient à Antalow pour 
la revue. Fendant que nous faisions halte ^ 
au bord du même ruisseau rà nous nnus 
étions ci-devant rafraîdiis , un vieux prêtre , 
nommé Allula Lucus , vint à moi pour m» 
rendre &ea devoirs. Il avoii été précédeni-< 
ment, disoit-il, en relation avec Yagoubé 
à Gondar. Je le questionnai» Il me tUt quo 
Bruce vivoit à Coscam; qu'il .avoit fût deux 
tentatives pour visiter le !Nil ; et que la pre- 
mière avoit été infructueuse. On sqppos^ 
qu'il y avoit été pour arrêtep la source de là 
ri\ièr6 ; et comme on oroyolt qu'il pnuvoit 
faire de For et détourner les eanx à son ^é ^ 
on l'avoit )ugé très^oapable d'exécuter, sofi 
dessein. 11 nie dit encore ■ que Bruce n'avoir 



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KNABT8SIMIE, âCy 

{•■nuis fait la gatrr^ ; qu'il passoit le temps où 
«lie se faisoit dans la maison de rAbouna; 
qu'Yussuf, interprète de PAbouDR, qnejVcM 
vu préoédemmeot à Adowa » avok souvent 
servi d'interprète à Bruce , qui u'entendoit 
bien ni le laogpge de l'Amhara , oî celui du 
Tigré; mais que Bruoe avoit aussi un inter- 
prète à lui , tiommé Michel; qu'il n'avoit {a-" 
nais eu auouu commandement de cavalerie ; 
qu'eu particulier, la cavalerie Coocob étoit 
0Q ce lerapK là soui les ordres de Ihm des 
•erviteurs du Sultan, dont celui qui me par^ 
loit ' avoit oublié le nom ; qu'uu homme > 
nommé Kuara , e'toit gouverneur de Raselfil 
(Bat-el^feel ) sous Netcho, dans la province 
duquel Toberltin œt coalise ; et que le 
même Kuara l'avoit ensuite gouvernée sertis 
Ayto Corfu, qui obtint cette province à la 
mort de son père; enfin, que Brace étolt 
un grand favori de Te'ola Haimanout; que 
(cependant il avoit eu avec lui une querelle , 
parce que le Sultan lui avcùt été son chapeau 
ou son turban , ce dont Bruce témoigna son 
indignation. 

Le Barrambarraa Toclu sVtlant rendu jt 
Antalow aveo ses troupes, nous fûmes dans 
la nécessité do passer la nuit sous un petit 



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b68 vota»» 

tangar,' qui ne pous garaolisfoit ni de la pluie 
pi du veot. lie miittre du logis pous fit pré* 
fent néannioins d'un mouton , 9Teo dn p^ia 
çt du bousa pour nos portMaix, 

Septembre 93. Noua partîmes h la petite 
pointe du jotu-; ayaqt devant nous une mar- 
che longue et c|ifGcîle, Nous traversâmes la 
plaipe, sur un sol inégal , et nous anivâmesi 
(lu pied du défilé d^Âtl^ara. Ici la montagne 
devient rapide et embarrassée de cantuSâs,, 
qui , oomme les ronoes ^ déchirent tontes le& 
étoffes qui y passent. En atteignant le som-i 
met , noue trouTÂmes un eampement d'en* 
«irOD mille hommes . divisés en déuohemens 
{dus ou moins nombreux, selon lapuissanca. 
de ses t^efs, }is prenoiept quelques rafraî^ 
chissemens aprrà . avoir gravi I9 montagne. 
Ayant été invitée à partager leur repas, noue 
nous assîmes sur l'herbe y nous étant mis » 
^elon leur usage , à l'ombre d'une toïle sout 
tenue par des piques; et iiqus nous régalâmes 
de beau pain de froment çt de pois. No» 
gens cependant, qni faisoient griller du m^u-c 
ton , se disputèrent et peu s'en falhit qu'i) 
p'y eût du sang versé. Ils tirèrent leurs cou^r 
t^auz; mais les spectateurs les cpntinreiitj çt 



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Courui^nt sur eMx avec leurs piques 6t lêurt 
boucliers ; tous ceux qui se trouvèrent mêlés 
dans l'offiiîre furent arrêtés. Guébra Séïasse 
remarqua l'un des plus violens et le mit aux 
fers pour le conduira devant le Ras. La 
chaine ne servit qu'à attacher le coupable à 
un ieune garçon ; mais telle est l'influence 
de la coutume, que cçuï qiri sont èiiisi en- 
chaînes ne songent point à s'échapper. 

La route etoit couverte de troupes en 
marche , d'àues charges de vivres ^ de che-^ 
■Vaux et de mulets Caporaçonne'si Ces derniers 
sont toujours préférés aUx chevaux pour lâ 
voyage. Ëntr'autres chefs nous vtmes ShéBka 
Welléta Raphaël de Beit Coccose , près 
d'Âbba Garima , qUÎ se conduisît à mon égard 
avec beaucoup de politesse. 11 prit Ibrahim 
en croupe sur son mulet , qui étoit fort beau j 
voyant ensuite que le mien ne marchoit pas 
bien, il mit pied â terre et voulut absolument 
que je prisse le sien^ J'acceptai son offre d'au*- 
tant plus volontiers , qu'il avdit un autre 
mulet prêt pour le voyage. 

A environ quatre milles de Mtichaie, je 
rendis à ce chef son mulet , parce qu'il alloit 
k Ântalovr par tin autre cfafttnin. Aptes avoir 
essuyé une av«rs&, qui nous mouilla oompl^^ 



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ùfù T O Y A C E 

temeot , nous gageâmes Muchaie , oii noud 
passâmes la ouit. Le chef dit village me prë- 
senia trois voyageurs; et ddiu sertît des vi- 
vres avec tant de profusion , que je pus leur 
envoyer beaucoup de pain; et donner un6 
chèvre à un ami de notre guide. 

Septembre a4. Nous quittâmes le village 
de Mucbaie de très-bonne heure. La pre- 
mière partie de la route ne nous ofirit rien 
, fie remarquable. Nous passâmes par l'étroite 
vallée que )'ai décrite ci-devant , et noua 
parvînmes au ruisseau ^ sur les bords duquel 
bous nous arrêtâmes. Nous nous baignâmes 
et prtmes ensuite quelques rafreichissemens' 
Je dois observer ici , que les Abyssins sont 
passionnés du bain dans l'eau courante et le 
prennent toutes les fois que l'occasion s'en 
présente. 

Nous passâmes prës de l'habitation de 
Gibbé, qui etoit alors déserte et ruinée. On 
nous dit que ci-devant le Ras avoit une habt- 
tation à chaque station depuis Ântalow jus- 
qu'à Adowa , en comptant les journées comme 
les gens du pays les font, c'est-à'-dire , à peu 
près doubles de celles q^e nous avions faites 
nous-mêmes ; car accoutumés , comme ils le 



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£M AB.ÏÏSIHI£. &';i 

66til dès l'eofaDce j h un pays montueux, ils 
redoutent peu les moulées et les descentes , 
i travers les défiliés , que l'on rencontre sans 
cesse en Abyssinie. 

Jusqu'à ce jour , je n'avois point pu com- 
prendre pourquoi le Ras avoit renoncé aa 
séjour d^Âdowa , oîi il a des maisons plus 
jQOmbreuses, et plus spacieuses (quoique tou' 
jours du niém« style) , et plus de ressources 
de tout genre , qu'à Antalovr. On m'a dit 
qu'une partie de ces bàlîmens appartenoit 
ci-devant à Un de ses sujets , qui n'ayant pas 
voulu céder ses possessions , en fut dépo^d^ 
et fut ensuite tué par les gens du Bas. Depuis 
celte époque , on dit que l'ame du défunt 
hante ces lieux. Celui qui me contoit ces, 
détails ajoutoit , que le Ras y avoit été vio- 
lemment battu de Quit , et quelques gens d« 
BB suite massacrés par l'esprit ; que dans sa 
vive alarme , il avoil rassemblé le reste de sa 
suite t et étoit sorti de la ville pour n'y plus 
rentrer, ayant dès-lors transporté sa capital» 
dans la province d'Enderté. La terreur ré- 
pandue à ce sujet s'étoit manifestée par un 
petit fait propre à confirmée ce récit. Pearce 
et André voulurent entrer dans ces appar- 
temens, pour «hercber des hiboùS; qui y 



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û'ja - y o T A o « 

âvoient établi leur demeure. Lés habiiads en 
coDçûreDt ude vive alarme ^ et firent tout C0 
qui fut en leur pouvoir pour les eu empêcher. 
Nos gens pârsislèrâDt nëaDmoias , et parcou'- 
rureot tous les apparteDieos sans faire aucund 
fâcheuse rencontre et sans éprouver aucune 
espèce de molestatiob^ 

J'ai décrit ci-devant te pays de tiîbbé i 
Muculla. Je n'ai rien à ajouter à ce sujet, 
si ce n'est qu'ud ruisseau rapide traverse la 
Vallée de Jambéla , et que nobs le repassâmes^ 
Un digne prêtre ^ que nous rencontrâmes sur 
la route j voyageant avee sa bible y m'<)Srit 
.tin excellent mulet , sur lequel il voyageoit 
lui-même , poUÉ- me conduire à Anialow. Je 
n'acceptai pas aoii offre , parce que je préfe'-^ 
rois ma selle aogloise àus selles dont en fait 
iisage en Abyssinien Arrives à MuccuIIa , noui 
trouvâmes que le Ràs avoit donné tous les 
ordres nécessaires pour notre re'ceptioti. Eo* 
tr'autres articles de botine chère , il y avoit 
«bondance de maize , doiit nous étions privés 
depuis notre <départ d'Adowa, ayant été obIi-> 
gés de nous contenter de bouza , qui est la 
boisson ordinaire du paySi 

Septembre a6. Je sortis « la pointe du joitf^ 
«t 

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Ë H ABY9SÎÎCIÉ. QyB 

et descendis pAr le côte' nord de la colline de 
Mucculla, qui est fort roide', dans le but 
de prendre une esquisse de l'église et de la 
■ville (i). La situation en est belle, et. peut 
servir à donner une idée des éjjlises et des 
villaj^es d'Abyssinie, qui sont presque tous 
bâtis sur le même plan. Au retour , nous 
etious escédcs de fatigue , à cause de la dif&- 
cutté de la montée ; tandis que l'babitude 
rend cet exercice sï facile aux naturels t 
qu'ils semblent n'y faire aucune attention. 

De là , nous retournâmes à Anialow par 
la mêote route par laquelle nous étions venus. 
-En descendant une colline, noua eûmes k 
■vue de la ville de Chélicut , que nous n'avions 
pas remarquée en allant. Toute la route éloil 
couverte de chefs. et de leurs troupes, quis« 
rendoient à Antalovr : je fus tout occupé à ]eê 

• observer. Tous les Grands se montrèrent fort 
curieux de connoître tout ce qui m'apparte- 
noit. J'étois fait à leurs manières, et je leur 
-laissois examiner , manier même , mon fusilet 
mon épée. Ils éioîent accompaj^nés d'un pa- 

jent du Ras Michel, dont l'habillement etieri 
manières éloieiil e'galement sauvages. 11 res~ 

(i) Mr. Sait ajoulc que ceLlC vue faïl [taitic de » 
- ci/lteciioa de gruuds Oes^tos; 2V. ' 

Tom. I. 18 



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3-^4 V O Y 1 O K 

sembloit beaucoup aux habilâos d€ Suakém y 
ayant le» cbeveux ranges d'une manière aussi 
bizarre , et traversés d'une longu« aiguiUe dé 
bois. 11 étoit accompagné d'une grande band« 
de musiciens, de pluneurs cheraux en laisse y 
et d'une troupe nombreuse. A trois heures 
de l'après-midi, j'artivai à Ântalow, où )d 
trouvai tous mes amis bien portaus et contens 
de me revoir. Le capiuine Ruiland e'toit re- 
venu la veille , après avoir passé avec le Ras 
une quinzaine de jours. Pendant tout ce temps- 
là il avoit tété obligé de se faire entendre par 
signes, n'ayant point d'interprète et n'ayant 
pu ofateùir du Ras la permission d'en faire 
venir un à Aotaloiv. Je trouvai M. Carier 
mcommodé. Au lieu d'aller à Bure , comme 
nous- en étions convenus, il avoit e'ié, par 
une équivoque des naturels , presque cons' 
tamment détenu à la maison , ne pouvant que 
trèa-difficilement communiquer au-dehors. II 
se plaignoit, en outre , d'avoir eu une trop 
petite ration de vivres, n'ayant reçu chaque 
jour aVec le pain qu'un morceau dé volaille. 
Il y eut cependant un peu de sa faute ; caf 
en se donnant quelque peine il seroit allé 
à Buré, où j'ai bien du regret qu'il n'ait pas 
été, parce que je oa doute pas qu'il n'en eût 



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EW ABY8SINIE. 275 

rapportiï d'utiles informations. Il avoît écrit 
Au capitaine Riidland ; mais la situation où 
cet oflBcier se irouvoit ne lui permettoit pas 
de faire ce qu'il auj-olt voulu', comme ou lt> 
Verra par le journal «uivant , qu'il a tenu pen- 
djint mon absence. Hamed Cbamie et nos 
domestiques musulmans se plaignoient aussi 
beaucoup de la manière dont ils avoient ét^ 
traités depuis que je les avois quittes. lia 
avoient eu abondamment du pain ; mais pen- 
dant tout ce temps , Us n'avoient reçus que 
trois moutons. Je ne vis pas le Ras le soir de 
ce jour , parce que je sus qu'il e'toït très- 
faiigué d'avoir assisté aux exercices de ses 
troupes. 

Septembre iû. Beau temps; des vents le'' 
gersj des éclairs pendant la nuit. 

Journal du capitains Rudland. 

vi Lundi , septembre Cf. Hier après-midi, 
comme je traversoisla salle, je visleRàssêul 
et désoccupé. Il m'appela , et me fit dere- 
chef connoître son désir que nous l'accom- 
pagnassions tous à Muculla, où il alloit passer 
quelques jours. Il me dit aussi qu'il partirait 



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Û'jS V O T A G E 

de très-bonne heure. Je fis pari dé cet entrée 
tien à M. Sait à mon retour à la maisod. Nous 
nous préparâmes eu conséquence pour ce 
voyage; mais à notre grande surprise, le len-* 
demain, au point du jour, nous apprîmes que 
le Bas etoit parti et n'avoit laissé que trois 
mulets pour nous. Ce'toit le nombre précé- 
demment convenu pour M> Sait et ses deux 
domestiques , qui dévoient partir en même 
tems pour Ado'tt'aet Âxum. MM. Sait, Pcarce, 
André et Ibrahim me quittèrent vers les sept 
heures. 

«.JUardi^ Septembre lù. A trois heures du 
matin j'ai été e'veillé par un messager du Ras^ 
qui me faisoit dire de me rendre immédiate- 
ment à MnCulla; qu'il y avoit des poric-^aix 
prêts pour le bagage de M. Sait , qin l'avoU 
laisse' en ariière en partant hier pour Antalow. 
Dès qu'il fut jour, on me conduisit à la mai- 
son de Manassé , frère du Ras, qui en son 
absËDce commandoît pour lui. Il me donna 
ses mulets, et un officier de rang pour me 
servir de guide. La rouie passe par la colilae 
d' Antalow , d'où je decouvrois Chélicut ; en- 
suite elle traverse un ruisseau, qui coule par 
cette dertiière ville> Nous arrivâmes ' \»r» 



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EN ABX3SENIE. 277 

midi àMuculla, sans traverser aucune vallée 
intej-niedîaire. 

K Mercredi, septembre 11. Eu arrivant ici 
)'uî rejoint mon ami , M- Sait, que j'ai trouve 
loge dans la hutte d'un prêtre , au coin de 
la conr de l'église (i). Ce togemwit est aussi 
misérable que paroil l'être celui à qui il appar-" 
tient. Nous avonç été éveillés de bon matii) 
par un serviteur du Ras, qui nous a appris 
que sotn maître «toit parti pour la cbosse , mais 
qu'il reviendroit l'après-midi. M, Sait s'est 
determioé à se mettre çn route pour Axum; 
et après avoir pris un peu de lait pour soq 
déjeuner , il a quitté Muculla , avçc ses dor 
pnestiques^ vers les sept boures^ 

» Ain^ laissç à moi-même , sans avoir an^ 
près de moi une seule créature à qui je pusse 
dire Utt mot de manière à être entendu, je 
me recouchai et m'endoimis , n'ayant presque 
pas pu fermer l'œil la nuit , à cause de la vcr- 
oânG de toute espèce dont ce réduit est in-> 
fecté,. Je croî$ que je ne m'éveillai pas avant 

(1) Churcli-^yard. Cemot se prend eommunément 
pour le cimetièEe, mais nous pensons qu'icîil désigna 
Ûmplcwent la place yoJBine de I'ég1is«. 1r._ 



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S7** ■ VOYAGE 

iDÎdî ou une beure. A o« moment Guébra 
Eyat , jeuue homme an service du Ras, ro'ap'» 
porta du tnaize et du pain , avec du ghee 
chauffé, que je ne pus pas manger. J'avoue 
qu'alors, presque pour ta première Fois de ma 
vie , je seniis le désagrément d'une situation 
eolitoire , e'tant privé de la douceur de trouver 
au moins un individu à qui je pusse me faire 
entendre. Il n'etoit pas probable que le retour 
du Ras améliorât ma position , à moins que , 
parmi les gens de sa suite , il ne se trouvât 
quelqu'un qui sût quelques mots d'arabe. 

» A quatre heures après-midi, un messager 
arriva de la part du Ras , qui , à force de signes 
et de gestes , me ût comprendre que le dîn^r 
ëtoit prêt, et qu'on m'atteodoit. Je siùvis ce 
bon messager et me rendis chez le Ras , que 
je trouvai assis sur son sofa , avec tous ses 
obefs autour de lui, It me fit asseoir à ses 
côtés, et me donna obligeamment à manger 
du poisson , du fruit , du pain et des légumes. 
Quand j'eus assez mangé, U fallut le donner 
à entendre au Ras par des mouvemens de tête, 
des grimaces et des sourires, de peur d'être 
e'touSë à force de politesses. Le maize circula 
gaSment; le Ras et sa oompagnie étoient très-" 
aaiméset de belle humeur. 

U,ql,lt!dc,G00glC 



EN ABYSStHIB. 37^ 

% Jeudi, septembre la. Je passai une nuit 
dëploralile, au milieu des punaises , des poux 
et des puces. Oit m'apporta du lait à l'heure 
Orditiaire , et vers les di\ heures je fus invité à 
dcic^^ne^ avec le Ras. Son frère Manassé étoit 
arrivé le malin d'Autalcw , ensorte que la 
eompagpie étoït nombreuse. La brinde et le 
nmi/e furent libéralement distribués à tous. 
Je ne mangeai point de la première , mais j© 
bus trop du second ; je revins à une heure au 
presl>ytère , où je passai le reste du jour sans 
aucune visite. 

« Vendredi f septembre i5. La quantité 
de maize que je fus forcé de boire hier avoit 
affecte ma tètej et la douleur m'empécba de 
dormir la nuit. A quatre heures du matin je 
fus éveille' par un message du Ras, qui me- 
prioit de l'accompagner à une- partie de chasse. 
Tout malade que j'étois, je me levai, et trou- 
vai un mulet prêt ; mais le Ras étoit déjà partie 
Ses gens me firent coniprendre par signes ^ 
que le liftu vers le(|uel il avoàt fait diriger sa 
Bieute n'étoît pas éloigné. Je la suivis donc y 
et fis environ quatre milles , jusqu'au village de. 
Prouza j UQ peu au-delà je trouvai le Ras. Sa 
«liasse cotiïîsloU ce jour là à donner desordrçiL 



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l)8o V Q Y A G B 

à ses soldats , qu'il employoît à mettre de 
grandes pierres au travers d'u» ruisseau, pour- 
servir à la fois et d« pom ei de digue , elformer 
un petit tac destine à )<i pêclie , amnsenieat 
favori du Ras. Il m^ pria , quand je t'eus joint , 
de monter un cheval qu'il aime beaucoup, et 
que l'on conduit toujours 4evant lui dans ces 
sortes de parties. J'envisageai cette proposi-» 
lion comme une marque signalée de faveur ; 
et c'eu ëtoit une en elTet; car jamais per- 
sonne, autre que lui, ne monte ce clieval, si 
ce n'est l'eunuque Galli, favori du Ras , à qui. 
iJ permet quelquefois de l'exercer en sa pré- 
sence. Comme o'étoil pour le Ras un jour de 
jeûne , je me trouvai assez embarrassé , élant- 
parti de Muculla, sans avoir pris ma ration de 
lait j mais le Ras , toujours attentif à prévemr 
tous mes besoins, comprit qu'un lion repas me 
feroit plaisir, et ordonna su chef d'un village 
voîÙD de me préparer une volaiHe au curry. 
Je suivis ce bou villageois étiez lui, où je fus 
reçu par lui et par sa femme avec beaucoup- 
d'égards. Un bon curry, avec du pain et du 
maize , me fut servi sans délai; et mon tiô-:: 
tessç poussa la politesse jusqu'à vouloir me 
nourrir de sa propre main. Ceux qui me réga. 
loient si biett s'abstinrent de lompie eus-.. 



U,ql,lt!dc,C00gIC 



EN ABYSSINIB. sSl 

Tnêmes leur jeûne; mais comme la dame du 
4ogis avoit placé à côté de moi sa fille, de 
^ouze à quatorze ans , et fort jolie , je lui ren^ 
dois avec plaisir les politesses qn'on me faisoil » 
en irempant du pain dans Je ourry et le met- 
tant dans sa bouche , comme sa mère en 
avoit usé à mon éyai-d. Une peau avoit cte' 
préparée pour moi , sur laquelle , après I© 
repas , je ' goûtai quelques momens de som-^ 
meil. Ensuite je rejoignis le Ras, et à quatre 
heures aprèst-midi nous revînmes à Muculla, 
où le dtner aous altendoit. 11 coiisistoit en 
poissons, fmils et légumes. Je retournai a 
piop de'tes(.al»Je quartier vei-ç les sept heures,- 

K Samedi, septembre i4. Hier à dîner le 
Ras me fit remarquer le chef de Buré; il éloît 
?enn ici sur l'ordre du Ras en conséquenoo 
d'une conversation qui avoù eu lieu entre 
eetui-cï et M. Sait, dans laquelle il avoit été 
convenu que M. Carter iroll à Bure sous I» 
protection de Ce chef, pour examiner ce heu, 
Dans la matinée, je priai le Ras de me per- 
mettre de reloumer à Antalow, pour infor- 
mer M. Carter de l'arrivée de ce chef, afin 
qu'il n'y eût point de temps perdu ; mais c'est, 
tt quoi il ne voidut pas consentir., Je deman- 



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>8» ▼ O T 4 O B. 

diti eoBuite k lui faire passer un bUlet; m«îs je- 
n'obtios point de réponse. J'aiiribuai tout 
cela aux e&el4 du maize , car dûub venions de 
déjeuner^ et il m'avoit paru que le Bas et 
ses chefs avoient résolu de s'indemniser dft 
l'abstinence de la veille. 

» Je me plaignis ensuite à lui de la saleté 
de mon logement, en lui montrant ma peau; 
et par des giimaees et des gestes, au moyen 
desquels nous commencions à nous enieodr» 
assez bien , je liû <^s que je ne pouvois point 
dormir, 11 ordonna sur-le-champ qu'on m» 
préparât l'appartement des dames, près de la 
grande salle, et je l'oooupai pendant tout ]»■ 
reste de mon séjour. Quaud le fias se fut ■ 
rafraîchi par quatre heures dç sommeil ( cou-, 
tume invariable ici après le dîner ) , il m'en" 
Toya un messager dons la chambre au-dçssua 
de la porte d'entre'e (i). Le fias., dès que j« 
vins à lui , me seooua la main d'un aïr amical , 
ei appela le chef de fiuré , avec un musulman 
de sa suite , qui etoit en état d'in<eq>re'ier ce 
que je dirois, partant arabe à peu près comme 
je le parlois moi-même. Je parvins à dépê-' 

(i) S.-tDsdouie parce qu'il u'éloil pag permis d'aile» 
tiv-detà dans Vapparteniçtil des fviuuies. 3>, 



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EN ABTSSINIE. «SÔ 

cher quelqu'un à Anialow avec mon billet 
pour M. Carter et uq ordre du Ras pour lui 
procurer des mulets , et pour lui dire de se 
rendre ici le lendemain matin , vu que ce lieq 
•e trouvoit directement sur sa route. 

■ « Dimanche^ septembre i5. Je dormis 
fort bien dans mon nouvel appartement où il 
y avoit assez peu de vermine , parce que le 
bâtiment étant neuf, elle n'avoit pas eu le 
temps de s'y accumuler. Le Ras entendit le 
service divin à l'église de nuit, ou plutôt de 
très-bon malin ; il en revînt à quatre heures^ 
\e me levai à six et je le trouvai en confé-t 
rence avec le Barrambaras Guébra Amlair, 
maître d'hôtel ; je bus mon lait et fis ensuite 
une promenade. A mon retour je déjeunai 
avec le Ras, q^i me présenta au fils de feu 
ton frère Subhart , et à la fille de Dehub , un 
autre de ses frères. Je fis présent à celle-ci 
d'une petite lioîte et d'un miroir. Nous e&mes 
un excellent repas de pieds do vache , de 
gibier , d'œufs, etc. Le matze circula ^aiment 
à la ronde, 

» J'eus beaucoup de plaisir dans cette ma- 
tinée à remarquer la bontc avec laquelle le 
Ras traitoit notre ami le Baharne'gash Yasous , 



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S84 T O 7 A o. s 

dootieltû avoîs dit du bien tomes les fois qiii«, 
l'occasion s'en étcuL preeeniee. Je crois que. 
«es propos eurent leur eifei , et amenèrent 
la faveur que le Ras lui fit de TadiiieUre en 
sa présence à l'heure du rep«9, avec les grands 
de ta première classe. Après déjeuner le Ras 
se retira pour dovfnir conime à l'ordinaire. Je 
ftoiiis avee mou fuàl , et tuai une paire de 
perdiîx , nou sans être fort importuné par le» 
liabitai». Je passai la soirée avec le Ras, qui 
jouoit aux échecs avec Tocla Sangaltor. Leup 
jeu diflëre plus du nôtre que nous nel'aviui» 
d'abord cru ; la reine se meut on diagonale et 
et ne fait qu'uu pas à la fols (i), les tours 
n'eut pas 1» même force que eelles du jeu 
européen , ou du moius les joueurs n'en font 
pas autant d'usage ; Us ne paroisseat pas estt* 
mer autant cette pièce que le chevalier. Le 
souper finit à huit heures, après quoi le Ra« 
m'apprit qne M. Carter seroit ici le !ende« 
main niatin , et que le jour smvant il parti-r 
roit hii^même pour Chélicut, de manière à 
arriver le jour d'aptrès à AntaloVi 

« Lundi t septemhrç^iQ, Je dirigeai le tpa^ 



(i) Oiify one square at a 



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EM ABYSSmiE. âSS 

tin ïna promenade ordinaire du côté d'Anta^- 
low, dans l'espérance de rencontrer M- Car* 
ter, mais mon attente fut déçue. Je revin» 
vers les neuf heures, ei à l'heure dû dîncF, 
je nïe rendis chez Je Ras. Je n'avoîs pas vu , 
depuis le tnatin du jour prece'deut, le seul 
homme avec qui je pusse un peu communi" 
quer en mauvais ari^e ; maïs on me &t en-' 
tendre avec les gestes ordinaires que le chef 
de Bure étoil prêt à repartir, et que M. Carter 
n'iroit point dans cette ville ; déplus, autant 
que Je pus l'eniendre , le Ras devoit reloui- 
ner à Cliéllcul le mercredi ou le jeutfi. Je 
supposai que le chef de Buré étoit dans les 
' intérêts du Naîb. En effet , -cette conjecture 
expliqueroit asses bien la tournure subile que 
piit cette affaire ; mais je résolus de m'en ex- 
pliquer avec le Ras , dès que je pourrois faire 
usai^e de ma langue. Nous soupâmes à huit 
heures ; pendant le repas le Ras m'invita à 
l'accompa^^uerle lendemain malin à une partît 
de chasse et de pêche. » 

«Mardi, septembre l'j .Mon doraesûqne ,' 
Guébra Eyai, m'évei!la par l'ordre du Ras 
' à trois heures et demie du matin, et me dit 
qu'il m'altendott dans la salle. J« me hâtai 



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fiSo V T A G B 

de mettre mon caftan et ^tant descendu , Jç 
le trouvai , entouré de cinquante esclaves, 
auprès d^un bon feu. Nos mulets étoientaus^ 
tout prêts et tout enharnacliës dans la salle. 
Nous partîmes vei-s les quatre heures ; noud 
descendîmes la colline du côté de l'église , 
et avant le point du jour , nous avions déj) 
fait environ quatre milles, à Pest, à travers 
la vallée. Nous passâmes le village de Belli- 
inacdam, dont les habitans se joignirent à 
nous. Le Ras, sachant que j'étoîs dans Dia- 
bitude de prendre une coupe de lait le matin, 
m'en fit apporter siins me dire un seul mot> 
Mais pour tout ce qui tient au boire et au 
manger, nous nous entendions assez bien. Je 
pris ma ration ordinaire. Le Ras croyant que 
je serois bien aise d'en prendre davantage , 
ordonna, sans que je le susse, qu'on en pnt 
tm pot avec nous. Les pêcheurs se séparèrent 
du reste de la troupe , le Ras ayant préféré 
<e jour-là le plaisir de la chasse , qui a pour 
lui beaucoup d'attraits. II a une cinquantaine 
de chiens d'une petite race, assez semblable 
aux bassets anglois, et environ cinq cents 
chasseurs. On les dispose dans les boscfuets 
d'acacias qui couvrent les petites collines 
d'alentour , pour faire l«ver les cerfs , Iés 



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lièvres , 1-es gélînoites, les perdrix et les pin- 
tatjes. Dès que le gibier est levé , comme 
les oiseaux mênae s'eJoigoent peu , on le 
poursuit avec les chiens et les hommes qni 
en sont le plus près. En même temps on 
poussé des Cris et des hurlemens, qui etFraieut 
tellement le pauvre animal , qu'à l'aide de 
Pinstinct subtil des chiens , On ne manqua 
guères de le prendre. Notis revînmes à Mu- 
culla avec six paires de perdrix ou de géli^ 
nottes. En revenant, j'eus occasion de mon- 
trer au Ras comment les Anglois chassent , 
et je lui dis, que tout seul , j'aurois tué plu» 
d'oiseaux dans la matine'e , que ses cinquante 
chiens et ses cinq cents hommes. Ils n'ont 
aucune idée de la possibilité de tirer au vol. 
Un des chefs me demanda très-gravement si 
cela se faisoit au moyen d'un charme. Je 
leur cachois , autant que je le pouvois , la 
«barge de mon fusil. Quand l'animal e'toit 
tué , ils cherchoient la place où la balle IV 
voil atteint , ne supposant pas que la charge 
pût être autre chose qu'une simple balle. 

» Quand nous entrâmes par la première 
porte de la salle, on fit briller le couîeau 
sur la gorî;e de la vache; car quand on peut 
tuer l'animal en ptéseftce du Ras , non-seu- 



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ii88 V o Y A a £ 

IcmcDt OD tcmoigoe à celui-ci plus d« tei" 
pccl , mais la blinde en est réputée plus 
eiqiiise. Cette fois on ne fit qu'enlever unô 
partie de la peau, et l'on porta imtnédiate- 
nient snr table une trancbe de cbair, esuniee 
comme tni bon morceau , àont les muscles 
Irembloient et palpitoient encore pendant 
qu'on la dévoroit. ». 

» Deux chefs parurent , dansla matine'e , 
cbarge's de fers. On les avoit amenés l'avant 
veille en présence du Ras pour être juges sur 
une acousatton de meurtre. L'un avoit tue 
huit hommes ; et l'autre cinq. » 

i> Laf^oire'e fui donnée aux échecs; ensuite 
Vint le souper, pendant lequel ou lit entrer 
un jeune chanteur, dont les airs et les gestes 
bizarres parurent amuser le Ras, et faire grand 
plaisir à toute la compagnie. Cet enfant ne 
pouvoit avoir plus de huit ou neuf ans ; il 
étoit arme d'une lance et d'un bouclier pro- 
portionnés à su taille, et les manioil avec une 
adresse e'iounante. Ses vives reparties aux 
questions du Ras faisoient beaucoup lire 
celui-ci. Je présume que les chansons u'é^ 
toient pas foit décentes. Toutefois la femme 
d'un des chefs qui soupoit avec nous, n'en 
paroissoit point blessçe j car elle sourioit et 
pui'OÎssoit 



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EN À B y B S I N I EJ 389 

^aroissoit se diveiiir autsnt que personne. 
» Depuis que je suis ici, lé temps d été 
délicieux , et pareil à celbi du mois de mai 
en Angleterre. J'ai eU aujourd'hui deux oc- 
casions dé vciir , ipié ce n'est pas ici une coa- 
tumé générale , de déscéudrè de cheval ôd 
demiUet, en passant devant une église , etc. 

» Mercredi} àeptèmhre 18; J'aî remar- 
qué qné ce jour est un joiir dé jeûbe striet 
pour Iks Abysàns ^ ainsi que le Vendredi. 
Tout le matin , le Ras a été occupé à juger 
(UfféreuteS causes; A dix lieurés , il & dîné 
avec du poisson, du gliee , du fruit et diiFé- 
rentes espèces de pain. Le fruit a été envoya 
par l'ozord Mantwaub de CliéltdUt ; il con- 
sîstoit CD citrons } plantains (ou bananes)', 
limonsetraisiiissecs. J*aUai à pied dans l'après- 
midi à la source d'oii l'eau est apportée à la 
tIUc; elle est très-belle ; elle sort d'un rbehcr 
dont la pierre ^st peu dure , et se trouve 
mêlée de veinés dé mine de fer ; je crois 
4]U*<cllè peut fournir un démi-muid par mî- 
Auté; ' 

» Jeudi , Sepiehtbre 19. A mihuit mtfl]! 
domestique vint me dire que le Ras vouléiîfî 
Torn. t, ig 

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agO VOYAGE 

me voir. Je me levai en hâte et k péind 
éveillé. Je trouvai le Ras avec sod Fit Aurarï, 
et deux autres chefs , autour d'une petite table 
près du feu , à eôté d'un souper tout prêt , 
consistant en une volaille au curry , et une 
grillade de mouton. Je fus forcé de manger, 
quoique je n'en eusse guère eûvie ; je bus 
trois brulhes de maize et j'allai me recou- 
cher ; mais le matin je m'en sentis iDCom-> 
mode. J'appiis que c'est l'usage de faire cette 
espèce de repas de nuit le mercredi et le 
vendreiU, aussitôt qu'on le peut après minuit, 
parce que dans les vingt-qUatre heures qui 
précédeilt on mange fort peu. 

» F'e/idredi , Septembre ao. Le fta^ fut 
prêt de bon matin pour entendre le service 
• divin , qui se fit dans Un e'difice construit , 
seulement pour un temjis, au centre de la 
vallée, h l'est de l'église, à peu près à un 
mille de dislatioe. Il m'envoya un message 
pour me demander de l'accompagner, ce que 
je fia. En entrant , nous trouvâmes plusieurs 
prêtres assemblés , formant un cercle et 
chantant des psaumCs avec un tambour, ou 
rtom-lom, dans Je centre. Le siège que le 
iKa» occupolt iioit caché aux regards par un 



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tîdeau , en dedans duquel il y avôît une 
Couronne d'or, ressemblent à celle cfue nous 
aidions vue à Chetîcut , de l'encens , des rai- 
bÎqs secs et du froment. Ou brûla l'encens , 
et on se servit du blé et des raisins en guise 
de pain et de vin. Quand les prières furent 
dites, et que le Ras eut lu un oliapitre de la 
bible, nous nous rendîmes tous au milieu 
de la plaine. Le Ras s'assit à terre , et aussi-* 
tôt deuT ou trois babillemens de sâs esclaves 
furent étendus et soutenus par des piques , 
de manièi'e à former un dais ; il -Tut ain<à à 
l'abri des rayons du soleil , qui commençoient 
à être fort ïncoiUmodes. On prépara l'échi- 
quier ; et le Ras joua jusqu'à quatre heure» 
de l'après-midi, après quoi nous revinmes à 
Muculla, où l'on prépara le repas ordinaire 
du vendredi. 

« Le bon Ras n^oulilia pas que je n'avois 
rien pu manger te matin avant de sortir de 
la salle. En conséquence , peu après que nous 
fûmes assis dans la plaine-^ il doUna ordre , 
avec beaucoup de bonté et de politesse ^ 
qu'un de ses chefs Ht tendre un ou deux 
habillemens au-nlessus d'un curry de volaille, 
qui avoit été apporté exprès pour moi , et 
que ma religion ne me défendoit, pas d* 



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iga V o V A & « 

manger. En effet , loin de m'en faire séroptilé/ 
je le dévorai presqu'eh eotier; et jamais, jô 
crois ) je n'ai mangé de meilleur appétit. 

a Hier , )'ai vu les funérailles de la femme 
d'un des principaux habitons de MucuUai 
le n*di pu savoir si c'etoit la coiitnkie cons- 
tante , i la mort d'une femme , qu'il n'y 
eût que d'autres personnes du même sexe ^ 
qui pleurassent et s'e'gratîgnassent ; mais il 
est sûr qu'en cette occasion, il n'y eut que 
des femmes qtû manifestassent leur afflicUim^ 
soit par des larmes, eoit en s'enlevant la peaii 
des tempes , du front et même du née j. ]a&-^ 
qu'à être enfin aussi écorcliées que de la 
brindé. Toutes les beautés du Tigré e'toîent 
CQ )our-là dans la vallée. Aussi , pendant que 
le Ras foisoit sa partie d'échecs, je me dé-* 
robai une ou deux fois , pour mè montrer à 
toutes ces charmitptés filles , qiie ta caiiosité 
attiroit jusqu'au bord de l'enceinte , d'où 
elles étoienl - repoussées par les bâtons des 
esclaves ; car j'étois le premier blanc qu'elles 
eussent jamais eu ocoosion de voir. En ren- 
trant dans le bâtiment , j'y trouvai , sans m'y 
être attendu , la princesse de .MuculJa ^ 
l'ozoro £ndett , et trois autres dames, , appar- 
tenant aux piîncipaux personnages du lieu. 



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EN A B Y S S I N I E, flgS 

Elles ne parurent nullement alarme'es à ia% 
vue ; tout au coatrairç , elles m'ipvîtèreDt s 
(u'asseoir, çcqueielîstrèS'VO.IouMer^iL'OzorQ 
eloit couYecte dç l>iJDux, et dç chaînCrS d'or et 
d'argept.. Ses SQuliçra même , que portoienit 
ses lilles esclave», étoieut d'argeï(t îivec des^ 
x:lous d'or. Toutes ces dames examÎQépeDt 
fiaus auouue gène mes vétemeus et ma peau; 
mais rien ne parut leur causer plus dç sur- 
prise , que mes cheveux ; ce ne fut qu'après, 
les ftvoîr touchés , qu'elles purent se p^rsu^der 
qu'ils etoîent naturels. 

» Je ne savoi« {las si le Ras approuveroit 
que jç restasse avec elles ; ainsi , après leur- . 
avoir touché la main , )e me retirai. Je- crois> 
qu'il n'y avoit pa& moins de dis mill» perr'. 
sonnes raâseœhlées ce joi» , <^iLt le« dewt 
tiers étoient des fillçs çw des femmçs. Qjiao^ 
le Ras fut sur le point de r^aj't^ » -unç- 
dépuiatiou de- prêtres fut envoyée mi battent 
pour rendra 1% courijHine d'or et les ^utreft. 
joyaux. Ils fiveut rapportés par les étudiaos, 
'vétas d'un riche- velours , et de- kinc^ub des. 
IndëSi On portoijl sur h> létç de chacun d'eui^ 
un parasol dç satin rouge. Toutes les femijae& 
suivoiçnt la, procession , çt les phis considé- 
rables d'entr'elles avoiçnt çn. m^in.sne geaujfe 

U,ql,lt!dc,C00^IC 



sg4 V O Y A o p 

clef d'aîraÎD , de la même forme f|ue oeHes 

que portent les préires. Je me retirai dans 

mon appartement ïi six heures, X-e Bas ne 

inat)<|Uoit iamais de (lorniir aprè$ avoir 

mangé. 

T> Samedi t septembre ai.^Le Ras assista 
au service divin à l'éjrlise depuis quatre 
lieures du matin jusqu'à nei^*. A Iiuit heures 
un de nos domestiques vint d'Ântalow , aveo 
un hillet de Mr. Carter , par lequel il m'in^ 
formait, qu'ils éioîent tous dans le hesmn de 
vivres , les esclaves du ï^as^ les ayant (enus 
depuis mon départ à une rqtion trop petite. 
Je lis aussitôt part au Ras de ce message < 
par le canal de son priocipal nourricier (l) , 
Welled Michel, pendant qu^l étoii à déjeuner, 
A rinstant le Ras ordonna qu'on fit venir le 
messager. Cet homme , au fait du langage du 
Tigré , ei connoissant peut-rèirc! la sévérité du 
Ras ausû bien que son pouvoir , ne manqua 
pas de répondre à toutes^les questions qu'il 
lui lit, « que tout e'toit bien ; qu'il n'y ftvojt 



(l) Head feeder f'o'éloit uns doute celui cjuî por- 
toit (ea morceaux k U bouclte du Ras , selàn fusage 
du pays. jy. 



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EN ABY88INIE, . 105 

» auoiine plainte. » Il me fut impossible , quei" 
qne cliagi tn que j'éprouvasse , d'iastster sur 
ce sujet. £t cependant les termes ait j'ca 
étois avec le Ras me permetloient de lui 
dire librement , en toute occasion , ce dont 
j'etois satisfait et ce qui me faisoît de la peine, 
J'uui ois désiré que Mr. Carier eût fait la leçoQ 
ji son messager , avant de l'expédier. 

» Après <Uner , quand je fus rentré dans 
ma chambre , un esclave Galla dn Ras y entra 
et ne denwnda impudemment de (|uoi se 
vêlir. J'avols vu souvent cet esclave auprès 
delà personne. du Ras, et j'avois vu celui-ci 
entrer familièrement en conversation avec lui,' 
Je I)ù dis à plusieurs reprises de s'en aller ^ 
que je a'av ois rien à lui donner. Enfin j'eiigeaî 
qu'il sortit et je ra'armpi d'une baguette , que 
je -rouvai à ma portée. A l'instant il mit la 
main sur son jambea (couteau) , eomme pour 
faire résistance. J'avoîs bien mon épé© près 
de moi , niais je ne orus pas devoir me me- 
surer avec lui sur un pied d'égalité; et j'allai' 
droit au Ras, II e'toit déjà dans son baniae. et 
je n*ignorois pas qti'en ce cas , c'est se rendre- 
coupable de trahison qne do troubler son 
sommeil. Mais sans m'arrêter à celte consi- 
' dération , je me fis jour à travers V}i,)gt ou 



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%qQ voyage 

trente esclaves Gallas , j'enfonçai lé purda ^ 
et avec un mouvement violent de dépit , je 
balbutiai le peu que je savoir de la lapgnc 
tigre, eq m'aîdant de gestes très-intelllgililes. 
Le Ras me comprit fort bien , fil chercber 
le voleur, el lui fit dominer sur-Ie-ch^mp 
une bastonnade si sévère , que je demanda^ 
moi-même sa grâce. 

» Dimanche, septembre as. Je fVis éveilla 
î) quatre heures du malip d'une manière inat-. 
1.endue » - P'^iii' «coaiupagner. le Ras à Chélicut. 
Pfous sortimes de Mucull^ domi-baure après, 
{jit matûqëe eioit délicieuse. Les premiers ' 
fayoï^s du soleil me firent graqd plaisir , car 
les doigts me foisoient niai de froid , sensation 
que je p'avois pas éprouvée depuis plusieurs 
aniféôs- Peu après le lever du soleil , on là .'li^ 
les cbieqs. XI s'epsuivit do grands oiis. Plu- 
«ieui^ Qi4lQts se passèrent les jamljes sur le 
t^rrai(i pofuùUeiu. On tua beaucoup dp gibier. . 
JVP-prç»^ un bfiiiu CQi'f tscheté. 3e le tins en 
JQue, m^if. l'aiporce ^e prit pas. J'en fus 
très-fàcbé , mais je n'eus pas lieu de m'en 
p.to.nnçr, parce qu'eji mon. fibsence on mu-; 
nioii çQntiuuf llemçQï ipof^ fusil , ep fusant 
purtiv \n 4étçjitç.« 



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EN ABYSSINÎE. ?9T 

» Nous arrivâmes à Chélicut Yers les neuf 
heures , et assistâmes aux funérailles d'un de^ 
■ ser^ïieuRs du Ras. J'observai, comme pre'cé-* 
denimeijt , qu'on n'y voyait pleurer que des 
femmes, Je fus ensuite avec le Ras visiter 
l'église, pour y voir quelques lableaux, faits 
re'cemment par un prêii-e. De là , nqus assise 
tAme^ au déjeuner , prepi^rç p^r la charmant^ 
Ozoro , et qui con^i^toit en caille , lait , ghee , 
brinde , currys dp différente espèce ; une 
variété de fruits, du pain, des pois rôtis; et 
en excellent maize , que l'on faisoit passer 
gaiement et libéralement à tout le monde. 
Une vieille poi'teusâ d'eau, qni suivpit cons- 
tamment le Ras j fut introduite avec le jeune 
musicien ; mais les gentillesses , auxquelles 
ce pauvre Çn^iaii'- fut eti butte , ëlpient aussi 
dégoûtantes à voir , qu'elles s^roieQt cho- 
quantes à décrire. 

» Je çroyoîs fermement que pous quitterions, 
çe village Je letidemain , mais la persuasive 
Ozoro engagea le Ri(S à rester encore un jour. 
On servit le souper à t'qrdiàalre. Le Ras éloit 
fort animé. Il me priJsenia à une sœur de 
TVcla Ge'orgîs , qui a été rc(î ep' dernier lieu, 
et qui vit actuellement à WftWubba. Le Ras 
s'assit entra cette dame et moi sur le mèm© 



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9g8 V o Y A o B 

toSa , «D sorte quç je oc pus point lu! parler. 

» Lundi, Sêpterphre aS. Je sortis le cnaliq 
livec le Ras , croyant aller à une partie df} 
chasse , parce que pous avions avec nous 
ces chïem et sa suite ; mais il sff tiouva , 
qu'au lieu de hattre le gibier , ses gens furent 
employés à ôter la mauvaise herbe du fro-r 
ment et du teff, de chaque côte (}u ruisseau 
qui coule préii de la maison de l'Ozoro. 

» Cette aimable princesse cultive si bien 
ses champs , qu'elle fait toujours trois récoltes 
par an. Elle a soin d'y amener les eaux de 
la rivière par des tranchées , qui la répondent 
paiiout où il est nécessaire. Je restât une 
heure à celte promenade , et je revîps ensuite 
à la nuibon< C'est l'usage du Ras d'aller a 
ces parties là l'estomac vide, et de se cou- 
cher l'estomac pleiq. L'uqe ot l'autre de ces 
habitudes diffèrent absolument des miennes, 
et souvent il m'en a coûte' pour m'y prêter. » 

» Je rejoignis le Rits vers les trois heureç 
de l'après-midi, et à quatre je revips avec 
lui dîner chez l'Ozoro. Ce dîqer ressembla 
beaucoup Ji celui de la veille. J'y retron,:>i 
J'ozoro Romai , sœur du devnier roi Técla 
Géorgls. Je la pus v\\ç.a.x voir que la pre- 



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ZN jlbyssinie, agi) 

nùère fois; et pendant que le Raï parloît 
aveo un cbef place vïfr-à-vU ait lui, je dis' 
quelques mots à cette dame par J'organe du 
principal nourricier, Elle avoii des restes de 
beauté . le port qoble et la peau assez blan- 
che. Elje me parut n'avoir qiie trente on 
trente-cinq ans. Je lui demandai des nou- 
velles de l'oeora Mantwaub , et je la priai 
"de me dire pourquoi on ue la voyoit point 
en public avec le-Ras, Elle repondit que.ce 
n'etoit pas la volonté du Ras } que sans cela 
l'Oïoro y seroit fort disposée. Cette dame est 
très-aOable et parle sans aucune gêne ; en 
faisant la convers^lion avec moi , elle avoit 
le visage découvert. Elle est fort religieuse, 
çt lit la bible deux fois le jour à 9^ cousine 
Mantvvaub. Elle me demanda quelques grains 
de cbopelet dans le genre des perles fausses, 
Je lui promis d«-lui en envoyer d'Antalow; 
mais en même temps je lui fis présent d'untj 
croix, qui lui plut si fort, qu'elle mit »« 
Piiân dons la. mienne. » 

9 Mardi g Septembre 34, Le Ras m'a fait 
appeler vers Içs, cinq heuresdu matin; peu 
après nqns avons quitté Cliélicut , en snivimt 
la même route que nous avions tenue en 



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Poo V o Y A d a 

venant àe Dixaq. Le Ras-s'^mnsoft av«c se^ 
chiens, peadaitt que )*a)IoU en avant, pressé 
de voir Mb. Carter ; j'arriviti à Aptalo'w vçrs 
les neuf heures. Quand le Ras tirrtva, nous 
iûmes invites à de'jeûner avec lui ; et après. 
le pepas nous nous rçtidûneç da^s notrç ^p^ 
parte inentt 

» Mercredi, Sepietuhre a 6. Je me suis. 
p^pusé dès le bon matin à transcrire sur notra 
journal , les pemartjties que j'ai faîteà puidaqt 
les quinze jours que j'ai été absent d'Ântalo^ 
avec le Ras. J'ai beaucoup regretté que ma^ 
ignorance de la langue m'ait empéohé da 
communiquer librement «veC Kii et avec ses 
chefs ; car mes observations auraient' ^e plu^ 
satisfaisantes. , 

» Depuis plusieurs jours les lrotq>es arri- 
voieqt ici de toutes les parties des étals d)\ 
Ras, pour se trouver à la reVue , qui devoH 
fivoir lien le. jtair suivant. Plusieurs esçr*-. 
çoient eq présence du Ras , dans la place 
qui est au-deva(it de sa maison. Jç le joignis 
vers les dix heures. Il s'éloit placé daiis le, 
véranda ( pavillon ) d'un bâtiment détacUéy 
avec ses deux frères et les' autres principaux 
chefs , pour vt^ç les troupes. Il y avcùi une 



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m abVsSiKïëi %ài 

Itiiutitucle de gens rassembl.es à cette occa- 
sion ) mais la plupart oe se trouvoiëni là 
qu'erf tiualîté de simples specitateurs ; Car je 
ne crois pas qu il y eût p!us dé sîi ou huit 
cents combattans, dont quarante ou cinquante 
de Cavalerie; Toils dtdient arihés dé lances 
et de boucliers j à l'exception d'un très-petit 
nombre, qui portoient dés fusils à mècbe. - 
Lescavaliërsgaloppoienlautuur de l'enceinte, 
en maniant la lance comme lés fantassins. 
Ceux-ci occupoient le centré. Ces exercices 
ne me plurent pas ; ils ressémbloîent plutôt 
à des postures de baladins , qu'à des évolu'^ 
tiens militaires: aussi, pressé dé finir mon 
loiirnal avant lé retour de Mr^ Sait , que 
j'avois toute raison d'attendre dans le jour , 
je me rélirai vere midij Mr. Sait arriva à 
trois heures, j'eus grand plaisir à lé revoir. 
On nous servit le soir notre curry dans notre 
appartement , et nous nous amifssmes à nous 
raconter mutuellement nos aventures. » 
(Ici Ënit le journal du capitaine Rbdland); 

Fin du Tome premier. 



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Soft 



TABLE 

DÉS CHAPITRES 

X^KÈTACE DO TRADUCTEUR. 

Cbap. I." ARRiFéS à Massotvà. ■«• 
Négociations avec le Na'ib. — • 
Difficulté d^ avoir des mulets f 
des chameaux , etc. pour te 
voyage. -^ Préparatifs. — Pas^ 
sage de Mossowa à j^rhéko. 

— Divers incidena en ce lieu n peg. \ 
Chaf. II. Départ d'Arkéko pour 

Dixan. — Nombre des voya~ 
geurs et désignation indivi- 
duelle de chacun d'eux. -^ 
Illerbehey.^ShilUki. — TP'éa. 

— Campement des Marzotas, 
^— Rencontre des mulets en- 
voyés de Dixan. -^ Hamha^ 
mou. -^ Sadoun. -^ Le Tibo, 

— Iltila. — Pif^d da Taranta. 
' — Passage de cette montagne. 
^-^ Arrivée à Dixan. — Séjour 
dans cette ville, ....... 43 



D,ql,lt!dc;G00^IC ^ 

1 



^AfttE t)EB CHÀPlïftEB. 5o3 

CnAt. ÏÏI. Départ de Dixati. — Rouie 

■ ' i/« Dixan <t Abha. — Agowina. 

' — ChèlicUt. — Arrivée à An- 

tahw. — Première entrevue 

avec le Ras. ^— Séjour d An- 

talow, - . pog. lia 

Cïtxt. IV. Continuation du séjour à 
^nialow. -^ Départ de Mr. 
Sait pouf Axum. -»- Arrivée 
à Muculla, '^ Fiaite à l'église 
de ce liea. -— Arrivée n Ca* 
eunho. — Arrivée d la maison 
du Barrambartas Toclu de 
Gul^ybudda. ^- FisUe d Fit 
Aurari YasQus. — Arrivée à 
Adowa. -^ Séjour dans cette 
ville. — Présentation d Fasi^ 
lydas , Jils d' Yasous , ci-devant 
Roi d'Abyssinie. -^ Arrivée 

d Axum y 183 

Chap. V. Description ^Axum. — 
L'obélisque , — f église , — ' 
les prêtres y — le siège des rois. 
— Inscription éthiopique. — ■ 
Inscription grecque. — Etat 
général dea ruines. — Remar' 
gués sur la description d'Axum 



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5o4 TABLE bES CHAPITRES. 

par Mr. Bruce. -^ Dépori 
^Jxuth. — Arrivée n Adowa. 
— ' fisite à l'ozoro Tiahai. — • 
Retour à jintabow. ~^ Journal 
dtà capitaine Rudland , tend 
par lui pendant l'absence dé 
Mr. Sait t . i. i , i , i . pag. i^i 

fin de la Table du premier volume. 




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