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c,qi,it!dt, Google
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Uiq mode, Google
c,qi,it!dt, Google
VOYAGE
EN ABYSSINIE.
Tom. I. A
uiqtiiodc, Google
c,qi,it!dt, Google
VOYAGE
EN ABÎ'SSINIE,
par Mr. S ALT,
uaduit de Tanglois et extrait d«3 voy^es
de lord YjLLESiTïA.
\
TOME PREMIER.
A PARIS,
cliez J. S. Paschoud, Libraire,
rue Maurine , N.' afi.
et à GENÈVE,
c hez le même Imprimeur -Libraire.
x8l2.
uiq mode, Google
C,ql,lt!dc,GoOgIC
PREFACE
DUTRADUCTEUR.
L
ORD Valentïa ( 1 ) a profita des
circonstances favorables et de tous les
moyeas que son rang, sa fortune , et
la situation des Ânglois dans l'Inde
mettoient à sa portée , pour étudier
mieux qu'on n'a pu le faire iusqu.'ici
plusieurs pays conside'iables de l*Oiient*
()) George vicoiiije Valentia, est fih d'^Arthup
Atmesley , comle de Mountnon-îâ «t de Lucy
Fortescue , Elle de lord Lyltlcloii. Le Gomte d»
MounlDorris est pair d'Irlande. Le château d&
Mouiitnorm est daoH le comlë d'Armagh , et
Valeulia dans celui de Kervy. George , Ttcotnt»-
Valenlia, est né en 1769^; il a épousé en 179a
Anne , 6tle du vicotule Courtenay , et a d'elle
wa fils , George Ailhur Annesley y et deux filles.
Biari^s, l'Une k Mr. Bony, l'âuU-e aji, major
Macleod»
Uiq mode, Google
6 PRÉFACE
La relation de ses voyages f ï) ne peut
manquer d'être Hccueillie avec empres-
sement. II y règne un ton de franchise
et de simplicité, qAi inspire beaucoup
de confiance. Le journal même en est
si détaillé , quM a pu difficilemeut s'y
glisser des faits faux ou exagérés. Lord
Valetitia étoit accompagné d^un jeune
secréuire, fort actif et intelligent», qui
lui seivoit en même tems de dessina-
teur. Afrivé â Mocha, il se détermine a
envoyer ce secrétaire, Mr. Sait , eu
Abyssinie, pour acquérir de» lumières
sûres au sujet d'un pays qui , pendant
le cours d'un siècle, n'avoit été visité
(i) Celte relation dont nous avons détaché le
voyage d'Abyssiiiie , occupe Irois vottunes io-4*.
Ell« estintilalée : Koyagea and ttaveh to India,
Ceylon, the Rediea, jdbyssinia , and Egypt ,
inthe yearà i8o3, i8o5, i8o4 , iZoSand 1806;
c'est-à-dire , Voyages de mer et de terre dans
l'Inde , à Ceylaii, dans la mer Rouge , Vjibys~
êinie et VEgypte , pendant lea annéas^ i8o* ,
180.^, i3o4, lîIoS et 1806. Cet ouvrage a éttj
publié ù Londres, eu 1809.
uigiii^dt, Google
DU TR ABt?CT^E TJ». 7
qoe par Mr. Bfuce seul. L'intérêt que
cette entreprise nous paroît devoir ins-
pirer nous a engagés à traduire, et ^
dëtacher du corps de Touvrage , la re^
lation de cette excursicm. Lofd Valentia
Va publiée, telbe que Mr. Sait lut-méme
Fa rédigée. C'est Mr. Sait qui y parle
çt qui y raconte )0ur par jour , les faits.
dans lesquels il a été ou aeteur ou
tënK)ia(i). Il part de Mocha , accom-
pagné du capitaine Kud^and et de Mr.
Carter. Uajenne renégat, noraméAndré^
est choisi pour le suivre en qualité de
domestique, parce qu'il savoit l'anglais,
Tindostan et passablement l'arabe. Un
Arabe, né à la Méque, nommé Hamed
Cbamie , homme du caractère le plus-
(i,) C'est ftiufil ta.- Ttnsoa qui a îoeeé k ti-aclnc-
teur à nommer Mr. Sait ^utître de Houvrage^
([uoique w nom qq païQÏsse point au. tiLre de la
l'elalion anglube. Celle-ci en eSél contietil tout
c« c[uî a rappoil à l'expédition piinçipqle , c'est-
à-dire , aux voyagea de h>i'd Valbnlia , dont Fex-
pvdilion subordunntle de Me. Sait n'est, ponr ainù.
Uiq mode, Google
s PREFAGfi
respecuble., lut est attache comme in-
terprète. Toutes les mesures de sûreté
90at prises, soit pour imposer par Tap-
pareil de la puissance et de, la force,
fioit pour se concilier l'affectioa de ceux
que ces voyageurs doivéut visiter, soit
enfin pour avoir des nouvelles des voya-
geurs eux-mêmes, pourvoira leur.. be-
soins et assurer leur retour à Tepoque
fixée. Ce fut le 3 de Juin i^5 que
cette résolution fut prise ; et le retour
de rexpcdition devoit avoir lieu à la fin
d'octobre , afin que le vaisseau qui le&
avott amene's , pût se rendre à Suez ,
en profitant de ta mousson, qui, dans
la partie supérieure de la mer Houge ,
n'est favorable que pendant un .temp£
très-court. Le 20 juin , Mr. Sait et sa
troupe s'embarquent. C'est ici que com-
mence sa relation.
Mais avant d'en entreprendre !a lec-
ture, on demandera sans doute quel-
ques informations sur le voyage de Iprd
Valuntia, dont celui de Mr. Sait fait
en qudique sorte partie , et qui tout au
DU TLADUCTElfH. g
znioîns en a élé l'occasion et la cause..
JNous donnerons ici uoe notice rapide
de ce voyage, et nous en extrairons un-
ou. deux morceaux qui nous paroissent
int^ressans. Du reste la relation de Mr.
Sait, quoique liée à celle de lord Va-
lentia, en est indépendante , comme
VAbyssinie est indépendante de l'Inde.
Lord Valenlia part du Cap tiizard
le 90 juin i8o9, sur le vaisseau de
l'Inde la Minerve. Le 99, il touche à
Madère; le «o août à Ste. Hélène; et
le 20 octobre il arrive au Cap de Etonne
Espérance. Dans ces divers pays il rend
un compte fîdelle de ce qu'il a fait et
vu. Par exemple , à Ste, Hélène il s*oc-
cupe du sort des esclaves dans cette lie.
Il approuve les rè^lemens faits a ce sujet,
mais se plaint de leur inobservation.
« Par un effet, dit-il, de ce respect pouç
les mœurs , qui convient à un pays
chrétien , il étoit expressément ordonné
d'instruire les esclaves dans la religion
et de les contraindre à se marier. Le
premier de ce& devoirs a été négligé ;
tO PRÉPACW
et quant au secood , U q^ a pas eu , \e
crois , peacktnt ce& quinze dernièrea
années , ua seul exemple de Texécutioa
de cette loi ». Après qm>lque disciKjUoa
sur cet objet , il finit par dire que si
les esclaves de ^e. Hélène recevoient
une instiuelion convenable, ils devien-i
di'oient hieatôt de& membres utiles det
la société^
<( Ils ont les bonnes qualite's qui sont
propres à leur Tace, et ne }Ouîsseat pas.
de moîos d'aisance que Touvrier anglois.
Il y a, dans cette île isolée, peu' de
séductions q») puissent les porter au
eiime. Dès long-temps riroportation des
Nègres y a eessë. Il est intéressant d&
remarquei' que dès - lors leur nombre-
s'est accru et continue de s'accfoître, Il
seroit en effet singulier qâ'il en fut aU'^
trement dans un lieu où ta nourriture
abonde et où rieu ne contrarie le^
Tues de la Providence. Les habttans de
Ste. Hélène traitent leurs esclaves ave<>
beaucoup de bontë^ et à tous é^rd^.'
c,qi,it!dt, Google
nu TRADUCTEUR. II
psToissent une race d'kommles vraimcat
digDes d'estimé ».
Au Cap de Bonne Espérance , le len-^
demain de son arrivée, notre voyageur
part à cheval pour alter à Wioeberg.
« Le jour étoit serein et pendant
notre promenade le soleil n'étoit pas
très-ardent. La route étoit belle > par
un sol uni , couvert â^ericœ et de
proteoBi le long de la montagne de la
table 4 qui s'élevoît majestueusement à
notre droite. Cet aspect si nouveau
pour moi me cbarmoit. J'avois d'abord
quelque peine ^ ne point m'arrdter pour
observer de plus près, cette multitude
â^ixias , àe' géraniums ^ et d'autres
plantes étrangères à l'Angleterre, que
j'y avws ci - devant cultivées avec tant
de soin, et que je voyois ici répandues
avec tant de profusion ».
Le 5 novembre lotd Valentîa s'em-
barqued» nouveau. Le i.")anvier iSoS,
le vaisseau qui le- porte a en vue lés
îles Nicobar , où il fait une courte sta-
tion. Entiu le 17 janvier il découvre le
Uiq mode, Cookie
la PHÉFACB
cQQtineDt de l'Iade; et le ao seulement
il entre dans la rivière Hoc^ly. Le a5 ,
il a remoate' la rivière. Et déjà près de
Calcutta } il quitte la Miaerve pour en-
trer, avec Mr. Sait, dans un bateau de
cérëmonie que le marquis Wellesley
lui envoie. Il arrive pour être témoin
d'une brillante fête donnée par ce gou-
verneur. Le 37 , il a de lui une audience
' où il arrange ses plans futurs. Le aa
février, it se met en route avec Mr;
Sait et un domestique aoglois, sur trois
palanquins, par la poste h pied , en fai-
sant suivre le bagage par le GâDge; il
visite diSeroQs lieux; de l'Inde ; par-
tout il est reçu des Nàhobs ei des offi- '
ciers du gouvernement avec beaucoup
d^empreâsement , le plus souvent aveo
pompe. Des préseus mutuels , suivant
l'usage de l'orient , sont oi^rts et ac-^
ceptés. Et partout aussi le voyageur
expose l*état du pays et les diverses,
circonstances qui le frappât- A Bau-
gulpore , par exemple , il remarque'
deux tours âuiiques, a un mille au noidr
c,qi,it!dt, Google
Btr ïftADtTCTEUR. l5
ouest de la ville, q»i ressemblent à
deux édifices qu'il a tus ea Irlande ,
sur lesquels il n'existe aucune tradition.
A six milles de Patna , il volt un bâti-
ment destine à servir le grenier à riz ,
qui a coûte 120000 roupies à la com-^
pagnie (i), et qui est absolument inu-
tile.
<c Ceci, dit-il, n'est point un pays à .
riz ; le principal produit y est l'opium ,
devenu un article très- importa ut , non-
seulement par le profit qu'en retire la
compagnie qui s'en est réserve le mo-
nopote , 'mais encore ^ à cause de la
grande demande qu*en fait la Chine.
A la vérité le gouvernement de ce vaste
empire en a défendu l'importation ,
inais cette drogue y est si recherchée ,
qu'elle s'y fait jour maître toutes les
prohibitions. Cette dunande va toujours
iiroissant^ et donne au& yeux des Chi-
nois plus de prix au -commerce des
Anglois, auquel ils préfëtoient celui des
(1) lia i-oupie vaut s fruicBct ;£ ccnUmei.
Uiqniodc, Cookie
l4 FHÉFACC
Kusses , tant que les premiers «e pou-
voient leur donner que des lingots dont
ils n'ont que faire )>.
A Lucknow, l'auteur voit un spec-
tacle d'une espèce nouvelle. Le 16 avril
il sVtoit rendu dans les jardins du Na-
bob. Du haut d'un pavillon sur le bord
de la rivière Goomty, il découvrit aisé-
ment la rive opposée , où Ton étoit
dans Tusage d'abreuver les étéphans.
- « Ce jour-là , on avoit résolu de les
faire combattre. La plaine e'toit cou-
verte de spectateurs. On avoit aussi mis>
sur pied un corps d'infanterie et 4^ ca.-
Tâliers armés de lances. Les' éléphans
choisis pour le combat suivoîent chacun
leur femelle. Quand ils virent la foule»
ils marchèfent d^un pas rapide y du côt^
dès piéioDS. ;," qu'ils . ^urbi^nt bieutôiC
atteints, si les. cavaliers n'avoient dis-
trait leur attention , en courant, autoui;
d'eux et les;:serrant de si prèsi, qu'ils
les touchoieot quelquefois : de leuys
lances. Ce fut donc sur eux que les
éléphans touroècent leur ressentiment ;
Uiq mode, Cookie
ru THADUCTEUH. l5
niais ils s^attacbèrent Vainement "k les
poursuivre. L'élëphant ainsi provoque
tencontroit tout-à-coup un éléphant
rival {i)', et toiirnoit sur lui sa colère.
Il "&'élaQÇoit d'un mouvement impé-
tueux et fondoit sur ce nouvel adver-
saire. Le choc ^toit si violent qu'ordi-
oairepaent l'un des deux e'toit forcé de
fie 'dvesser sur ses pieds- de derrière.
£ieurs trompes se tenoient élevées en
l'air, et ils continuoient de be pousser
quelque- temps avec force ; l'un avan-
çant , l'autre reculant. J'étois surpris
que les mohouts pussent rester à leur
place. Ces conducteurs ont soin ^ dans
«es occasions , de s'asseoir au milieu da
dos de l'animal , pour être liors de lu
portée de la trompe de son adversaire.
Ils sembloieot s'intéresser vivement à
la gloire de l'étéphaat qui étoic sous
(i) ()n Tuit par ce qiiî suit que ces ^lëphans
ëtoient inonlù par- leurs conducleui's ; aîiisï il
paroit que ceux-ci lea poussoîent à dessein l'an
cuaU« l'autre. Tr,
c,qi,it!dt, Google
.l6 PRÉPACB
leur inspection ; ils l'eDCOuragcoient «
et l'excitoient avec la pointe acérée de
leur lance. Quand deux éléphansavoient
assez combattu, on les attiroit ailleurs
à l'aide des femelles , qui , dans le prin-
cipe , étoient la cause de leurs querelles.
La première paire qui se présenta au.
combat étoitcomposêe de deux éléphans
poltrons et fuyards. La seconde et U
troisième se conduisirent fort bien j mais
la quatrième fut celle! qui nous donna
le plus d'amusement. Le plus fort pré-
cipita l'autre dans la rivière, et l'y suivie
Là ils se jetèrent de l'eau l'un contre
l'autre et se firent di£fôrentes attaquesj.
Le plus foible, à force de reculer,
arriva à la rive opposée , ou profitant
de l'avantage du terrain , il Et ferme,
et empêcha son rival d'avancer. Ils r-esh
tèrent quelque temps a se regarder',
jusqu'à, ce qu'enfin le mohout du plus
foible le poussa au milieu du courant,
où le combat recommença, de manier^
à laisser la victoire indécise. Ce combat
parut généralement un des plus beauï
de
de ce genrte; et yeritabienient ilétoît
digne d'êtrevu ude fois, mais non plus
souvenL Cette lutte n'offroit aucune
Variëtë; dans les attaques, on n' obser-
vent aucune adresse ; tout se rëduisoit
à la force brutale ; le seul mat que se
£rent les corabattans fut de sMcorchet
mutuellement la face. Du lieu ëlevë où
nous étions nous voyions tout sans au*
cun danger. Heureusement d'ailleurs il
n'arriva aucùtt accidedt ».
Voici un combat d'une autre espèce.
t< Mai â*/ i8o3. Je déjeunai avec le
Nabob de LuckaoW) dans i'intentioa
d'assister à un combat' de tigres. On
àvoit eutouré de fortes palissades "une
enceinte de cinquante pieds Catrés > dont'
un des côtés étoit, occupé par un bâ-
tiraent dans le style asiatique, élevé
d'environ vingt pieds au-dessus du so!.
Ce bâtiment étoît garanti par une grille'
de bambou de plusieurs pieds de haut,
afin que le tigre île pàt point s'y élancer,'
comme on avôit eu lieu de le craindre
ci-dêvant. Des trois autres côtés l'cn'-
B
u,qi,it!dc,Coogle,
iS PTlàlfAC%
ceinte (^toît fermée par une gtillfi âé
bambous soutenue de forts piliers de
bois, que IW avojt enfonce profon-
démeut dan$ la terre; ce qui mettoit ea
sûreté les spectateurs placés hors de
cette enceinte. Le tigre ëtoit renferpid;
dans une cage placée k Pua des côtes de
l'enceinte; on employa des feux d'arti-
Ëçe pour Ten faire, sortir. Il fît plusieurs
tqurs dans l'arène et proiQCna sur nous.
ses regards. Au même instant on y.
l^nça un bufilè. Le tigre aussitôt se
retira dans un coin de l'enceinte. Le
buffla t'observa, mais il ne parQissqit
pas, disposé à commencer le combat.
On chassa à plusieurs reprises le. tigre
avec des feux d'artiBce pour l'obliger k,
changer de place; à chaque mouvement,
le buffle faisqit quelques pas pour s'a-
vancer vers lui. Mais dès que le tigre
restoit tranquille , il s'arrêtoit , et le
Ëxoit quelques iastaus. On fît entrer
sept buffles^ mais nous fîmes en vain
nos efforts pour les exciter au combat,
et eog^ger l'un ou l'autre des advei-
Uiq mode, Cookie
Dtr TRADUCTEUR. ÎQ
Baires k commencer l'attaque. Quelqu'un
jeta un chiea daus l'arène , cet animal'
ce retira dans un coin où bient6t le tigre'
fat lui-même poassd par les feux d'ar-
ti6ce. Le chien lut montra les dents ,
et aussitôt le tigre chercha un autre lieu'
de refuge. lie Nabob oidounâ ^tl'oft'
amenât un ëlëphant. Le tigre k son'
approche poussa un cri de tCTl^iir , et
se jeta dans un coin » d'où il s'élança
avec force pdâr sauter par dessus la
palissade. Crïte tentative ne lu! ayant
pas rëussi / Tëléphant, dirigé par son
conducteur:, s'approcha , et tâcha de
fondre sur lui eu se jetant à genoux.
Le tigre évita \é choc et courut k lin
autre endroit de l'enceinte.
« Tous les effort* du Mohout pouy
engager l*éléphâat à faire; une seconde'
attaque devidréâtdiis-'lors inutile^. Il
avança vers U porté, la poussa, et se
fit passage pour sortir de Tenceinte.
Le tigre ne songea point k profiter de
cette ouverture , mais resta haletant
dans son coiui Un second étdptiattt fut
Uiq mode, Cookie
M PRÉFACE
ÎQtroduit dans l'arène , celui-ci marcha
droit au tigre » et se jeta à genOux pour
le terrasser. Le tigre lui sauta au ft-oot,,
et s'y attacha avec les dents et les grïâTes,
jusqu'à ce qu'enfia l'éléphant rejetant
la tête en arrière^ le lança contre terre
avec taot de violence , qu'il ne put plus
se releVer, L'eléphanl tte Songea point,
à jouir de son triomphe, il se jeta sur
un des côtes de l'enceinte « et de'racina
avec ses défenses une pi^ïtie de la Torte
palissade, soulevant à la fois les piliers j
les bambous, et nombre de 'spectateurs
qui y avoieut cherché .un appui. L'a-'
larme fut vive , et chacun s'échappa
comme jl put. L'éléphant se fit jour à
travers tous les obstacles,, heureusement
sans blesser personne,,, et le tigre étoit
trop afFoibli pour le ,stiivre. Le soleil
eEoit déjà: fort élevé, et. la chaleur si
excessive, que le çontbat fut ajourné ».
De retour à Calcutta , lord Yalentia-
décrit cette ville et ses divers établis'-'
semena.
Il part ensuite poiir l'île de Ceylap,,
Uiq mode, Google
J>U TRADTJCTETJB. ai
qui lui fournil des observations nom-
breuses et intéressantes. Il y rend
compte entr'autœs de toutes les négo-
ciations qui ont eu lieu entre les Anglois
et le Roi de C&nfty; et des hostilités
survenues entr*eux. Voici ce qu'il dit
des castes instituées de tout temps
parmi les naturels du pays.
)) Les Cingalèses sont divisés en
castes, et ces castes se subdivisent. La
première est celle des cultivateurs; elle
forme plusieurs classes , dont les deux
premières fournissent les principaux
officiers du gouvernement, les autres,
les officiers inférieurs et la milice. La
caste des pêcheurs est puissante et nom-
breuse. Les autres castes sont distin-
guées par leurs professions, auxquelles
elles restent exclusivement attache'es j
ainsi tous les individus de la c^ste de»
blanchisseurs ne font autre chose que
laver les .véteraens ; et ceux de la caste
des barbiers ne font que raser. Il sur-
vint en dernier lieu une querelle entre
ces (feux ciistcs., d^QÙ il re"Sulta que les
Uiq mode, Cookie
fta PBEFAÇE
l>arbîers ne fureat plus reblanchis et
Jes blaochisseurs ne fureat plus rases.
■Cela dura , jusqu'à ce que Mr. North
(gouverneur de l'île), rebute de leur ,
malpropreté j fut vftiu à bout de les
réconcilier. Les Chalias , dont l'office
est de peler les cannelUers, forment une
caste nombreuse çt turbulente. Ils ne
sont pas originaires de File ; mais les
services importans qu'ils rendoient au
commerce, leur avoient valu de grands
priviltfges de la part du gouvernement
bollandois, Mr. North les a aboUs ot y
9 substitue une augmentation de paye.
Leurs terres étojent libres de taxes, et
leurs procès etoieot juge's par leurpropre
chef, qui prenoit le titre de capitaine
cannelle. Maintenant Mr, Noth s'esÇ
réservé à lui-môme ce titre. Le Gouver-
neur est dé droit chef de la caste des
cultivateurs ou vellalas ; et son premier
secrétaire, chef de celle des pécheurs,
Les autres castes ont pour chefs des
naturels.
« Les castes supérieures sont fort
U,ql,lt!dc,C00^IC
DU TRADUCTBUR. «5
jalouses de leurs privilèges, et punis-
sent sévèrement ceux des castes infé-
rieures qui osent y porter atteinte. Uii
bornme qui avoit eu la te'me'rité do
couvrir son toit de tuiles , sans avoir
droit à cette distioctiou , eut la dou-
leur de voir sa maison rasée par Tordre
de soq supérieur. Un malheureux tail-
leur , ayant eu la sottise de mettre une
jaquette d'écarlalte le jour de ses noces»
fut presque tué à la porte de l'église.
Les privilèges des castes s*étendent aux
femmes, dont plusieurs n'ont pas droit
de porter un jupon qui descende au*
dessous du genou , ni de se couvrir la
gorge. La vanité est la passion domi-
nante des Cingalèses, Us sont toujours
occupés à passer, dans leur parure , les
bornes qui leur sont prescrites par leur
conditioa , et cela donne lieu à de coa-
tiuuelles disputes ».
De IHle de Ceyian , lord Valentia
revient dans l'Inde, visite la c6te de
Coromandel ; s*arrêle à Madras; s*en-
fcmce dans les terresjvaàSerijigapatnam;
ï4 PRÉFACE-
Ml'. Sait va à Arcoi et de la aux chûtes
du Cauveri ; dessine et décrit les ruiaes
^'un pont magnilique et d'autres objets
intéressa DS,
Pendant son séjour à Calcutta » lord
.Valentia avoit fait agréer au mai-quis
Wellesley un plan de voyage dans la
mer Rouge , dont le but étoit de recon-
noître la côte occidentale de cette mer,
« II m'avoit toujours paru extraor-
dinaire , dit-il , que si la côte occideu'
taie de la mer Rouge étoît réellement
aussi dangereuse que les modernes s'ac-
cordent à la représenter j les anciens se
fussent au contraire constamment atta-'
chés à cette cote dans leurnavigation et
l'eussent toujours préférée à la côte
orientale ».
t'avantage d'ouvrir un commerce
avec TAbyssinie lui paroissoït digne
d'attention; et il lioit à ce commerce
celui de l'intérieur de l'Afrique , qui
avoit excité jadis l'émulation des nations
commerçantes. Mtmi des pouvoirs né^
cessaires pour le succès de cette expé"
U,ql,lt!dc,C00gIC
tV TRADUCTEUR. b5
dition , il s'eiubacqne *a Mangalore le
i3 mars i8o4 * sur le vaisseau rAnte"
lope, capitaine Keys ; et arrive à Mocha
le 18 avtil. Il en repartie 10 mai pour
suivre son plan. Cette première expé-
dition ne réussit qu*imparfaitement ,
par ta faute du capitaine du vaisseau ,
qui ne s'y portoit qu'avec répugnance.
Elle suffit cependant pour s'assurer de
l'in^actitude des positions données par
3ruce , et pour reconnoître plusieurs
tles voisines de la côte. L'une d'elles est
appelée Valentia , du nom du chef de
l'entreprise ; on commence des relations
avec leshabitans, en particulier avec lo
Naib de ]\4assowa : cette île est le
terme de ce premier voyage.
Lord Valentia en part le 1 9 juin pour
revenir à Mocha , d'où il repart le aS
90Ûc-et se rend à la côte de Malabar. .
Il voit. et décrit Bombay ; puis il va îi
Poona , où il est reçu en cérémonie par
le I|aishwa, Lu famine avoit régné en
ces lieux, Il en troave d'horribles traces.
« Les corj^s morts, qui couvroicat les
U,ql,lt!dc,C00^IC
«6 pnir AOE *
bords de la rivière , et qui Ploient 4
tous les pe'riodes de dégradation , of-
froient un spectacle déchirant », De
Poooa passant à Chinoboar>' il y toîi
un persoonage re'pute divin par les
lodous ; et visite les grottes ou caverues
de Carti, monutneat de la plus antique
religion du pays.
De retour à Bombay , il reprend son
expédition projetëe ; s'embarque le 4
décembre sur le vaisseau la Panthère ,
capitaine Court: et le iCf , il est rendu
h Mocha. C'est dans le séjour qu'il y
fait , que Nathaniel Pearce revient \
lui. Cet homme, qui }oue un rôle dans
le voyage d'Abyssiaie, etoit un simple
matelot de TAntélope , qui avait quitté
ce vaisseau et s'étoit fait mabométan ;
mais qui alors, mécontent de son nou-
vel état et de sa nouvelle religiou, revint
auprès de ses compatriotes et tut accueilli
par eux,
La panthère s'associe un doa* (petit
bâtiment marchand du pays ) ^ dont le
capitaine arabe se pomme UnusBarilla^
Uiq mode, Cookie
DO T R A D U C TE tr H, 87
Le 4 janvier i8o5, le vaisseau -met en
mer. Cette expéditioa réussit assez bien ,
mais ne fut pas exempte de difficultés ,
et mémededangersj provenanten partie
de l'ignorance ou étoient les naviga-
teurs de la nature des parages qu'ils
visitoient.
Le 16 janvier, la Panthère arrive à
Massowa. Lord Valentia y renouvelle
ses relations amicales avec le Naib<
Dans les deux stations qu'il fit en ce
lieu , il employa souvent un banian ,
ou marchand et facteilr Indou , qui y
étoit établi , et qui s'appeloit Currum
Chund. ïl sera souvent question de lui
dans le voyage de Mr. Sait.
Le^i janvier le vaisseau s'éloigne
de Massowa } fait diverses reconnois-
sanceà ; arrive à Suakem ; en repart; se
porte en avant jusqu'à Sâlaca , par su*
98' de latitude. Là , les navigateur^ ,
ayant'épuisé leurs provisions de bouche,
voyant leur bâtiment en mauvais état,
et devant probablement avoir à lutter
contre le vent» se déterminent enfin.
Uiq mode, Cookie
aâ PRÉFACE
le 17 mars, à revenir encore à Mocha \
où ils arrivent le 27 du même mois.
Le voyageur entre ici dans beaucoup de
dëtaiis sur cette ville , et à cette occa-
sion, fait connoître la secte des \Vaha-
bis, d'après ses propres observations et
d'après le re'cit circonstancié de quel-
ques hommes qui ont pu observer de
près l'importante révolution que cette
secte a opérée dans l'Yémen. Nous
croyons devoir traduire ici ce mor-
ceau (0-
« Il y a plus àe quarante ans qu*une
secte nouvelle parut en Arabie. Elle y
fit de rapides progrès, et maintenant
elle s'annonce comme devant y amener
des changemens, tels que, depuis Ma-
homet, on n'en a pas vu d*aussi considé'
râbles. Âbdul Waheb, simple particu-
lier, né, selon Niefaurhr, à El Aiané,
(1) On pourra compai'er m r&ît, qui paroît
digne de confiant , avec les relations des mêmes
^vénemens , qui oui v\é pablicies en fi-ançoid e*
qui Qul excité beaucoup d'intçi'ét.
Uiq mode, Google
»U TR.ADU0TE Uft. t^
ville du district de Darale « dans la
province de Nedj'ed el-Ared, a donne
son nom à ses sectateurs les Wababiâ.
Cet homme extraordinaire , passa plu'-
sieurs aDQées à étudier les sciences eu
Âtabie. Il voyagea en Perse , résida
quelque temps a Basâopa> revint dan^
sa .terre natale, et se proclama réfor-
mateur de la religion musulmane. La
province de Nedjed étoit.en ce temps-
là divisée en une multitude de pro-
vinces plus piBtites, dont chacune étoit
gouvernée par son propre cheik. Abdul
Waheb représenta à ces chef» les abus
qui. s*étoient. glissés, dans la religion
muçslmane,^ en particuiief celui d'a-
dorer les saîjuts et celui de faire usage
de liqueurs spiritueuses ejl d'autres dro-^
guçs, propres à enivrer , ou employées
comme moyens, de prQvpqi^Ër la g^îtét.
Il réprouvoit également la doctrine. des
deux sectes de Sunnis > touchant l'Ori-r
gine du Coran (éterne|^u créé), ad-
mettant toutefois que ce liyre étoit divi-
nement inspiré éc un guide lAile de con-
uigiii^dt, Google
3o Ptt^è ACE
duite. Du reste» comme la plupart des
cheicks ëtoieoC Sunais y il se rappro'
choit d'eux en reconnoîssaDt l'autorité
des paroles de Mahomet. Mon bon amt
Hadgt Âbdalla , qui ^toit un Wahabt
avoué , et qui s'ëtoit trouvé à la Mecque
lorsqu'elle fut prise par Suud (i), m'a'
donné leur profession de foi^ conçue en-
ces termes :
« Il n'y a qu'un seul Dieu. Ce Dieu
» est Dieu ; et Mahomet est son pro-
)> phète. Agissez conformément au
» Coran et aux paroles de Mahomet.
» Il est inutile de prier plus d'une fois
)) en votre vie, pour que Dieu répande
» ses bénédictions sur son prophète?.'
» Vous ne devez point invoquer Itf
» prophète , pour qu'il intercède ér^
» votre faveur auprès de Dieu j car SOO'
» intercession vbiis est inutile. Au jour'
» du jugement il vous deviendra utile
» de la solliciter. N'adressez point vor
(i) Chef Jes Wahabû. -
c,qi,it!dt, Google
DU TRADtJGTEUR, Si
» prières au prophète. N'invoquez que
» Dieu seul ».
» Cette doctrine se répandit rapide-
toent parmi les dïffe'reDtes tribus^ dont
à cette époque la puissance étoit à pei»
pr^ égale ; et elle tendit insensiblement;
à faire reconnoître un pouvoir suprême
dans la personne même du.réformateur ;
ce qui de'truisit. entièrement randenne;
lï^lance et donna à Abdul Waheb une
influence prépondérante dans tout le
nord-est de l'Arabie. Les cheiks , qui ne
reconnoissoient.pas son pouvoii- spiri-
tviel ou temporel , se réunirent enfin'
pour lui résistée ; et sous la conduite
du cheik de Lacfasa , qui craignoit pour
fia propre .sûreté , ils vinrent l'attaquer
dans sa ville natale. Abdul Waheb re-
ppusra leu» attaques » soit dans cette
occasion, soitidao^ une autre oii.ses
ennemis marchèrent contre lui avec
une armée dei quatre mille hommes.
EtèsTlors il nç cessa d'agrandir son. ter-
ritoire et de propager sa croyanï^e,. Le
cheik Mékrami de JVedjëran étoit ua
L;,qi,it!dc,Gooylc
3d 1*RÉ1P ACE
âe ses p1^ puissans sectateurs ; et Nie-
buhr conjecture qu'il contribua beau*
coup à ses succès. C'est ce qui m'a éU
CODËrmé par Hadgl Abdalla , qui vit
ce cheik à la Mecque il y a vingt-sept
ans , et qui eut avec lui plusieurs ea-
tretiens.
« Âbdul Waheb étolt trop habilâ
pour négliger aucun moyen d'accrottre
l'activité de ses sectateurs. Suivaot donc
l'exemple de Mahomet , et sachant
quelle est sur-l'espcit humain l'influence
de l'iuterêt persoaael^ jl anima le zèle
religieus par l'espérance du pillage. A'
cet eâèty il déclai'a que toute la pro-'
priëté de ceox qui n'ëtoient point cou--
vertis ëtoit profane , et qu'eu cette qu»>
Ittë elle ddVt oit être coiitisquée au profit >
de leurs :vaiilqueurs. Il AH'iSâ dé là que!
nombre d'individus » pour sauver leur
propriété» se dëclarèreat Wababis avant
de se voir attaquas, 'ép commencèrent
aussitôt ' à attaquer eux - mêmes leurs
voisins; pour les contraindre à aban-
:lnr,".?r à la fois leur religion et leut
uiq mode, Google
Dtr TB ADUCTEU ïl. 33
propriété. C'est ainsi qu'Abdat Wahcb
affermit son pouvoir dans la proviace
«ie Nodjtid j taedis qu'à Taide de son
puissant serviteur, le cfaeik Mekratni>
il porta la guerre dans l'Yemen. A sa
ïnort soQ âls Abduluziz lui succéda
sans obstacle dans l'exercice de tous
ses pouvoirs temporels et spirituels.
» Je n'ai pu savoir la date de l'avé*
Dînent d'Abduluzîe ; mais je sais qu'il
a régné jusqu'en mai i8«^. fl fut âssas>>
sine à cette époque , pendant qu'il fai-
soit ses prières dans une mosquée, à
Daraie, sa ville capitale. Un Arabe,
dont il avoit enlevé la fille plusieurs
années auparavant , lui porta le coup
mortel. Cet Arabe avoit vendu tous
ses biens à l'instant où il s'étoit vu ou-
tragé, et avoit suivi > avec une patiente
persévérance, les pas de son oppresseur.
Il l'atteignit eutin; et quoiqu'il vît ea
lui sou souverain temporel et spirituel,
il n'hésita point de l'immoler à sa ven-
geance.
» Pendant le règne d'Abdnluziz , la
C
Uiqniodc, Google
34 ¥ » É -p A c s
religion fondée par- son père , sVtendit
dans la plus grande partie de la près*
qu'Ile d'Arabie ; soit par les armes de
son fils Suud , soit par le zèle- de ses
sectateurs. Plusieurs tribus arabes du
Grand Désert le reconnurenc pour chef
de leur religion ; et même dans ce qui
touchoit a leurs intérêts personnels , se
soumirent indirectement à son autorité «
en lui envoyant, pour être employée ca
oeuvres dé clftirité , quelque partie du-
butin qu'ils firent sur la tombe d'Hos-
seia à Arbéla, où ils détruisirent, sut*'
Vaot l'usage de cette secte , ce superb»
liionumentf objet de la véoération des
Persans et de tous les sectateurs d'Ali.
» Le shérif d'Abou Arish avoit été
nommé par t'Iman de Sana, pour oc-
cuper la place de Dola (commaodant)
de Lohéia. Mais bientôt il sut s'y rendre
indépendant. Les difierens cheiks te-
naient de l'Inian les districts de l'Yé*
men» par uue sorte de droit féodal. Le
domaine du sol étoit censé lui appar-
tenir , mais à prine les cheiks lut
U,ql,lt!dc,C00^IC
DU TRADUCTEUR. 35
payolent-ils à ce titre quelque légère
redevance. Les succès du shérif d'Abou
Ai'ish excitèrent leur émulation, et les
engagèrent à refuset à l'Iman Tapparence
même de l'obéissance. L'Imaa étoit trop
foible pour lea soumettre. Mais ils trou'
Tèrent dans les.Wahabis une puissance
plus redoutable. Bientôt le shérif d'Abou
Arish se vit forcé de leur rendre hom-
mage, et d'adopter leur religion. Les
Wahabis le dépouillèrent de ses biens
et lui donnèrent à entendre qu'il n'a-
Voit rien de mieux à faire que d'allei?
sMndemniser dans l'Yémea. Il suivit cet
avis» ou plutôt il obéit k cet ordre.
Beconnoissant dès lors Suud pour son
maître, il alla porter eu son nom la
dévastation jusqu'aux portes de Mocha.
Beit-el-Faki, et la plus grande partie
de9 pays k café lai appartiennent. La
seule ville de Hoheida l'empêche d e-
tendresa domination sur tout le Téhama,
depuis Lohéia jusqu'au détroit de Bab-
eUmandeb. Quoique cette place reste
encore à l'ImaDj. c'est pour lui une
Uiq mode, Google
KS PRÉFACE
pofôessïon qui , comme telle , lui est-
inutile; car le dola (ou commandant)
-s'est vu forc^ de brûler la ville , pour
que les maisons ne fussent pas occu-
pe'es par les assïeg^eans dans Tattaque des
forts. Ceux-ci ont été pour lui une re-
traite parfaitement sûre , parce que lés-
Wababis n'avoient point de canon. Mais
probafaleïnefit il àera bientôt contraint
de s'embarquer et de s'enfuir à Moclia
(aute de moyens de subsistance ; et alors
Mocha doit s'auendrè à être elle-même
attaquée.
» La Mcque et M^dine ont ete si long'
temps reconnues pour les deux ville»
principales de l'Arabie», qne les Walia'
bis, qui aspiroient ^ la souveraineté de
tout le pays , mettoient un grand prix
h s'en rendre maître. Galib , le shérif
actuel, est un monstre d'iniquité, qui
ne s'est fait aucun scrupule d'«mp\oyer
les moyens les plus odieux pour aug-
menter ses trésors , qui a fait périr par
le poison deux pachas » et un jeune
prince des Maldives , venu à Jidda sur
c,qi,it!dt, Google
BIT TRADUCTEUB. Sf
son propre vaisseau^ pour se reodredel»
à la Meque. Ce sbërif est par là raéiue^
peu clier à ses sujets et aucun d^eux
n'étoit fort empresse à le déEendie. Son
beau-ftère inétœ^ qui s'appelle MozeifeV
lui etoU ^ peu attache', qu'ayant été à
Daraic avec une mission^ il abaïKlonna
le parti du shérif, et se fît Wahabi.
Abduluziz , jugeant le moment fav»>
rabla pour attaquer les deux villes sain^
tes, conHa à Mozeifé dès les premiers
jours de janvier iHo3-^ le commande-
ment de douze mille hommes, avec les-
quels ce général livfa plusieurs combata
aux troupes du shéiif et en sortit tou^
jours vainqueur. Au mois de février de
}a même aooée ,t ^1' wt le siè^e devant
TayrR
» Galib^ qui avoit dans cette pTacct
pfusieurs beaux palais , et des jardina
saagniBques,. accourut à soa secours^
et ta dèfeodit pendant plusieurs jours.
Mais son neveu Abdalla, l'ayant quitté
de nuît pour se retirer secrètement k
-MochsLjle sbefifcraig^oit que ses sujets^
Uiq mode, Cookie
58 P R É F A C-E ■ :
dont il se seotoit haï ^ ne missent Ab-
dalla sur le trône* Il quitta Tayif brus»
quement après avoir mis le feu à ses
.palais, Mozeifé entra aussitôt dans la
place , ou ses gens exercèrent leurs dé-
vastations accoutumées. Huit cents iq»
(lividus , hommes ou enfans mâles,
furent passés au fil de Pepée ; les harems
furent respectés; Plusieurs maisons fu-^
rent livrées atix flammes , toutes furent
pillées^ mais le trésor du &hérif avoit
été transporté a la Mcquo avec ses
femmes et ses fidelles serviteurs. Toutes
les tombes isacrèes furent renversées ,
entr'autres celle d'Abdulta Ëbn Âbbas,
l'oncle du prophète , édilice célèbre
.dans toute l'Arabie par sa beauté et sa
sainteté. Toutefois U place même 0(i .
reposoit le corps et là pierre qui le
vecQuvroit ne furent poiut dérangûes.
Mojseifé , en récompense de sa trahison,
fut fait goXiverneur, Abdiiluzîz ne.vou-
loit pas quelaMéque, Médine etleqfs
ports de mer, qui sont Jidda et Yanibo,
fussent entre les mains d^un descendant
Uiq mode, Cookie
Dtr TRADUCTETTR. 3^
du prophète, lors même quHI se cod-
tenteroit da titre de vice-roi sous lui.
Il envoya donc son fils AÎaé , Suud , h
Tayif, qui se mit à la lâte de son ar-*
mée victorieuse, et se.portasur la Mé-
que avec tantd'impe'tuosite , le 26 aviil
i8o5 j que le shérif, frappé de terreur,
en sortit avec tous ses. trésors et s'en-
fuit à Jidda. Il fit sa retraite de nuit et
laissa son frère à la Méque avec charge
d^obtenir de l'ennemi les termes les plus
favorables que l'on voudroit lui accorder.
Le jour suivant, la Me'que se vit obli-
gée de se soumettre à un vainqueur
étranger , ce qui n'étoit. encore jamais
arrivé depuis Faqnée (^29, ouMahomet
y lit son entrée. Le vainqueur observa
strictement les termes de la capitulation,
la ville ne fut pas livrée au pillage et
les habitans furent épargnés. Lies pré-
jugés religieux des Wahabia furent sin--
gulièrement ofïensés à la vue jde plus
de quatre-vingts tombes de Ja plus grande
magnificence , où reposoient leg descei^.
dans de Mahomet, et qui faisoieat l'or* .
U,ql,lt!dc,C00QlC
4j> pr Êr ACE
nemeat priocî^pal de la M^que. Ces
monumens furent tous rasés» amsî que
cçlui de Cftdija, femme du prophète,
dont la me'moîre est éa très-grande vé-
nération. Les cafés éprouvèrent ensuite
les effets destructeurs du zèle des réfor-
mareurs Wahabis, Les faoucàs furent
entassés par monceaux et mis en ccn'
dres : l'usage du tabac et du café fut
prosciit sous de sévères peines. Les
lieux saints furent dépouillés de leurs
plus précieux ornemtHis : cependant la
caaba fut respectée. Les Wahabis ont
déclaré que Vhommage rendu à la pierre
noire est un acte d'tdolatiic. Ils oot
marqué du sceau de leur désapproba-
tion les cérémonies pratiquées par \et
pâerins sur la pierre d'Abraham, placée
près du puits de Zemzcfti , où le pied
d'Abraham laissa son empreinte, lorsque
ce . patriarche y monta pour construire
la caaba. Ils ont aboli la coutume consa-
crée, de verser de l'eau du puits dans le
creux de celte empreinte et d'en donner
à ^ire aux pèlerins. Suud du reste
Uiqniodc, Cookie
BU THADBCTBU». 4l
paraît avoir bieo compris les avantages
que la Meqne retire de Vaffluence an-
BUâlle des pkelerins. En consêqiieDce it
a usé de madération , et a eonBrmé le
cadi nommé par le Grand S^gneur. It
a aussi adressé à ce dernier une leltre,
«OQçue en ces termes ;
SuuD à SÈLixr^
« Je suis entré dans la Méque le
B quatrième jour de Moharem de l'année
1) iai8 de l'hégire. J'en ai épargné les
u habitans. J^ai détruit les tombeaux
>i auxquels ils rendoîent un culte ido-
» lâtre. J'ai aboli les impôts des douanes
)} au-dessus de deux et demi pour ceot.
» J*ai confirmé le cadi, que vousavie?
)> nommé ponr gouverner ea. ce lieu
» contbrmémenl aux commandemens
1) de Mahomet. Je souhaite que^ pobr
» les années qui vont suivre^ vous don-
» niez ordre aux pachas de Shaum, de
^ Syrie, de Mi&r et d'Egypte^ do ntt
cqiiiodt, Google
49" PRÉFACE
» pas venir , accompagnas du mah^mel
» (i), de trompettes et de tambours,
» soit à la Mëque soit à -Médine, Car
» à quoi bon ? La retigicMi ue gagne
)) lien à ces choses. Que la paix .règne
)) entre iious^ et que les bénédictions
» de Dieu soient avec vous!
wDatédu dixième jourde ]Vloharem(2). »
» Le 1 1 mai, Suud marcha sur Jidda;
mais le temps qu'il avoit passe à la
Me'que avoit mis le shérif en état de
se préparer à le recevoir, en faisant por-
ter !i terre le» canons des vaisseaux qui
fie trouvaient dans le port, -et en les pla>
çant sur les murailles. Les Wahabla
firent une tentative pour emporter la
place d'assaut'; maisils échouèrent. Suud
résolut alors découper les vivres à sou
ennemi et de le priver même de tout
moyen d'avoir de' l'eau. Nombre d'ba-
bitans périrent de soif-pendant les neuf
(i) Le tapia , richement orné , destiaé à CW*
vrir la Caoba. ' ♦
(2) Cette date répond au 5 de maù
uiq mode, Google
DU TRADUCTEUR. 43
{ours que dura ce blocus. A la 6a le
ftb^rif fut contraint, par ceux qui vi->
voient encore , d'offrir à Suud une
somme d'argent , pour l'engager à lever
le siège. Les arrangemons etoient pris
pour le paiement d'un lac (i) et trente
mille dollars, lorsqu'on reçutia nouvelle
dé la mort d'Abduluziz- A l'instant >
5uud , craignant que son absence ne
pût lui susciter un compdtiteur , se bâta
de retourner à Daraie. Jiddafut sauvf^e;
et la Me'que même retomba en la puis-»
sance de son ancien maître. Mais Tayif,
le lieu le plus. agréable de l'Arabie; ce
<^in de terre, qui ressembles! peu au
reste du pays, que les Arabes l'envisa-
gent comme de'taché de la Syrie par les
eaux du déluge; Tayif resta toujours
ftu pouvoir de Mozeifëi
. M En i8o4, Médine et tous les tré*
«JTS qu'y ont versé les fîdelles pendant
une longue suite de siècles , devinrent
la proie de$ Wababis; et le tombeaa
. (0 .Lac §igaii)S cent mUie, Tr,
Uiq mode, Google
44 PRÉFACE
du prophète partagea le sort de ceux
de ses deseeadaas. Jidda fut attaquée
de nouveau > mais sans succès , parce
que le shérif avoît reçu d'Egypte quel-
ques secours. Yambo fut prise, mais
ensuite reprise du côLe de la mer. Le
pacha de Syrie se fit jour à travers les
troupes iodisciplinêes de Suud; et les
tidelles céléhrèrent à la sainte caaba les.
cérémoDÎes accoutumées. Mais ce fut
probablement pour la dernière fois; car
maintenant les hordes nombreuses de&
Wahabis couvrent le désert de leurs,
escadrons volans, et offrent de grands
dangers à ceux qui voudroient teater I«
» Les Arabes Johassen, qui recon-
noissent la supréma lie religieuse de Suud«
ont pénétré de temps en temps dans U
mer Kouge. S'ils étoient appelés à soa
secours et qu'ils se rendissent à cet ap-
pel ; si leurs forces navales paroissoieQt
tout à coup devant Jidda ; toute rési»-
tance devîendroit inutile, et la race da
prophète cesseroit de régner eu Arabie*
DU TRÀDtîCTElTR. 45
t<*tmaa -âe Moscate a péri dans une
iKitaîlle, et son iils a élé confie > dit-on ,
à un tuteur Wahabî. La nature n'offie
à rYeroen ancun moyen de résister à
la puissance formidable qui l'attaque,
«t la ibiblessedu gouvernement se joint
à toutes les causes qui doivent le faire
succomber. Dans la vaste péninsule dé
l'Arabie, le petit état d'Adeo est le seul
qui puisse présenter quelque espérance
raisonnable de soutenir le choc des
Wahabisj et celte espérance repose suc
la sagesse du souverain qui le gouverne,
et sur la bravoure de sa petite armée.
» Quel que soit l'état d'abaissement
auquel Fempire turc est réduit , je ne
crois pas que les Wahabis puissent être
constamment victorieux dans leurs atta-
ques, à moins que, par quelque liaison
avec les Européens , ils ne parviennent
à se procurer des armes et des muni-
tions, et qu'ils n'apprennent ainsi quel-
que partie au moins de leur discipline.
Toutefois j'envisage l'Arabie comme à
jamais perdue pour le Sultan j et eu
c,qi,it!dt, Google
46 PRÉFACE
conséquence on peut dire qu'il a cessd
d'être le chef de la religioo musulmane.
L'ordre donné par Mahomet à tous ses
sectateurs de visiter la Me'que au moins
une fois en leur vie , est désormais inexé-
cutable. La cité sainte a entendu le bruit
des armes ennemies ; elle est entre les
mains d'un prince qui refuseà Mahomet
le tribut de respect, que lui ont payé
les fidelles pendant un espace de douze
cents années. Dans peu, les descendans
du prophète auront cessé de régner; et
bieu que le Coran puisse être encore
long-temps révéré dans une partie de
l'Asie, on ne peut s'empêcher de recon-
noîire que le jour où Suud est entré dans
la Méque (i) a marqué la chute de
l'édifice imposant de l'islamisme- »
Après avoir fait à Mocha, un assez
long séjour , mêlé de quelques inci-
dpns, lord Valentia reprend enfin pour
la troisième fois son expédition de Suez
et la termine heureusement sur le vais*
' (i],Le ay avril i8q3« . .
c,qi,it!dt, Google
î>tr TRADUCTEUR. 4^
6eà\i du capitaine Court. Mais aupara'
vaut ce capitaine conduit à Massowa
Mr. Sait et ceux qui dévoient l'accom-
pagner en Abyssinîe. Unus Baiilla l'y
suit par ordre de ïord Valentia. Nous
omettons des détails de peu d'impor-
tance bu qui n'influent pas sur le voyage
dont nous avons entrepris la traduction.
Ceux que nous venons de rassembler
nous semblent sufBre pour en rendre
la relation claire, et pour indiquer le»
circonstances avec lesquelles cette rela-
tion a une intime liaison.
La forme de journal adoptée par ces
"Voyageurs est, comme je l'ai dit, la
plus propre à faire naître la confiance;
mais elle n'est pas toujours celle qui
peut plaire le plus aux lecteurs qui ne
cherchent dans un voyage que l'amuse-
ment. Cette forme entraîne des lon-
gueurs et des répétitions. C'est un dé-
faut que nous n'avons point cherché à
éviter dans cette simple traduction , où
nous n'avons eu d'autre but que de ré-
pandre la connoissance des taits nou-
c,qi,it!dt, Google
48 PRÉFACE DU ThÀDDCTElTR.
veaux et interessans que Mr. Sait af
recueitlis (i).
(i) Comme cette traduction ne comprend que
le voyage d'Abysstnie , elle n'est qu'une partie
des voyages de lord Valedtia , et commence au
dixième chapitre de l'ouvrage original. Ainsi o«
lo." chapiti-eest celnï qui devient ici te premier.
L'oi'dre des cliapitres Buîvans n'a pas élé troublé
jusqu'au S.* de la IfaducUon qui correspond par
conspuent au i^.' de l'original. Les trois der*
Dters contiennent l'extrait de tout ce qui , dans le
rcsle des voyages de lord Valentia , se rapporte
4 l'Abyssinie ; et ils ont élé ranges , par 1« tra-
ducteur, dans un wdi'c relaUf à ce bat.
c,qi,it!dt, Google
(<9)
Nota. On croît devoir rappeler îa
que ce fut le 3 Juin 1 8o5 , que le voyage
de Mr. Sait en Abys&ÎDÎe fut résolu ;
que ce voyageur s'embarqua te 30 Juia
suivant, et que sa relation commence
au s8 Juin de la même anne'e^
ERRATA.
T. II. p. 166, lig. 7, le 7 Novembre i8o6.
Usez :
le 7 Novembre i8o5.
c,qi,it!dt, Google
c,qi,it!dt, Google
VOYAGE
EN ABYSSÎNÎÉ.
!■"; "' i ■ T- -T 1 . r ■■■ -, , I ^..^
OHAPl'fRÈ tïtÈMÎËR.
arrivée a Massowà. -^ Négociations itfieô
leNaïb. — ^ D^ciilté d'avoir tïesfnutetSi
des charrieaiix , etc. pour le voyùgë. — ^
Préparatifs, -~ Passage de Massbwa a
^rhékoé -^ Divers incidena en ce lieu,
juin a8; 1\ ous aiTÎvàmés àij pdrt dé Mas*
sowa (i) ee jour à niidi, après une semaine
de navigation le loiig de la côte depuis
Moeha (s)^ Fendant cette navigation , nous
(i) Magsotra 6tt Hanna ^ ville et Île «ur U;Cdtd
d'Afrique. T. . .
(a) De Mocba lur la Cdie d'Aiàbiey ta traverséa
^e la mer roiige est s! courte , que Mr. Sait b'ent
parle pài et ne làiliùeiflion^He du reité duictjagé
le loDg de la cdte d'Afrique. T.
Tom.L . ■ ■ . i
Uiq mode, Google
A V b V À G *
eûmes trne succession régulière de linsflii
de terre et dé mer. Dès que nous eûmes
jeté l'ancre , notre capitaine Court envoya
fia chaloupe à teri'e pour y demander le
lianîui Currum Chund. Celui-ci refusa dô
se rendre à bord , alléguant que le Naïb ,
sans la permisàon duquel il ne pouvoit com-
mamquer avec nous , e'toit à Arkéko ; qu'il
^toit lui-même fort alarme de notre arrivée
aur un grand vaisseau, surtout après noua
avoir écrit de différer notre expédition , vu
que le pays etoit dans un état de trouble j
mais qu'il en informeroit le Naïb , et qu'il
se rendroit lui-même à notre bord aussitôt
qu'il en auroit reçu la permîssion>
J'uin ag. Le tapîtame Cout-t envoya dere-
bbef sa cbaloupe au banian dès le matin ,
mais celui-ci s'excusa encore par l'absence
du Naïb. On prit en conséquence la réso-
Itttitm Yi'ebvbyer à terre Hamed Cliamie y
notre interprète arabe , qui parloit également
la langue de l'Indost&n. Il revint bientôt
bous dire que le banian étoii extiémemenf
alarmé de notre prompt retour sur la Pan-"
thère, qui e'toit un vaiss*" i fort. Il ajoUtoit
que tout auroit été î>ien j à nous étions -
c,qi,it!dt, Google
.£K ABÏ SSiNlE. S
Vedus paisiblement sur un dow(l); maid
que maintenant le sirdar des troupes reDOU"
veloît sa prétention à un paiement de cinq
cents dollars polit' l'ancrage du vaisseau. Il
assura d'ailleurs à HamedCliamie, qu'il avoit
espe'die la lettre de lord Valentia au Ras
Welléta Selos^. Cette dernière âsserrion
u'e'toit pas très-esacte , puisque nous savions,
par des informations particulières, que celte
lettre étoit encore à Ârkéko dans les mains
de l'Ascari (!i). Dans l'après-midi, le baniad
lui-même se rendit à bord , mais ne^^i Faire
autre chose que confirmer ce que nous avions
déjà appris. Toutes ces diflicultes venoieut
du sirdar (ou chef) des Ascaris , qui est
maintenant k MassOT^â ; mais nous' refusâmes
d'avoir avec Itû aucune espèce de commu-
nication , Àant détermines à traiter cette
aSaiie avec le Naïb eu personne.
Juin 5o. Dès le matin , le Naïb revînt
d'Arkelio à Màssoiva , et nous envoya sur I<
champ Hamed Chamie , avec ses salaams
(i) PeiU M liment marcbaud, employé camm un é^
ment daas ces parage*. T.
(n) Lea Ascaris sont ceux qui composent la garj«
duNub. T. i
Uiq mode, Google
4 VOYAGE
( sftlutalioDS ) , et ses excuses de n'élrc pas
venu plus tôt , fixant midi pour notre visite
publique. En conséquence je partis, accom-
pagné du capitaine Rudlund et du capitaine
Court j qui eut la politesse de nous faire
saluer à noire, départ de onze coups de
canon , pour donner plus d'importance à notre
mission. Quand nous descendîmes à terre , on
nous y salua de tofiS les canons , grands et
petits , que l'on ptit rassembler dans l'îlej
Nous nous rendimes au divftn, ou salle d'au-
dience , accompagnés par une garde d'ba-
viidars'des soldats de marine de Bombay.
Les cérémonies furent les mêmes que ci-
devant , si ce n'est que .nos cipayes furent
conduits et rangés Is long de rextrémito
inférieure de la salle. Le divan éloit plelu;
Le Naïb , le sirdar , et le dota d'Artcko
«toient présens. Après lescomplimeosd'usagtj
on distribua à tout le monde du café, sans
oiiblier mémâ les <npayes; Le capitaine Court
etmoi,nous reçûmes des caftans de toile bleue
borde'e de satin ; après qùdi , nous nous eii
retournâmes dans le même ordre que nous
étions venus, potir aller à la maison de YuSsûf,
secrétaire du Naib , qui avoit été préparée
. par Currum Chund pour nous recevoir^
u,qi,it!dc,Côogle
ENABYSSINIE. 5
Quand nous rentrâmes dans le vaissena ,
on y repéta le salut de onze coups de canoo.
Kous reviomes à terre après dîner , et nous
arrangeâmes pour y demeurer. Le Naïb dé—
clara à Hamed Chamîe , qu'il avoit expédia
au R»s la lettr« de lord Valenlia.
Juillet 1. Le Naïb nous envoya un mes-
fù^e dans la matinée , pour nous demander
que la chaloupe qui portoit notre- bagage
à terre, abordât sur le quai, pour y être
esamioée à la douane , au lieu de se rendre
immédiatement à notre logis. Le capitaine
Court représenta la dïsconvenanoe de cet ôtr-
dre, puifiqueles paquets pu ballots tra^isportcs
ne oontenoient que des choses qui nous étoient
nécessaires à terre et qui ne dévoient point
sortir de notre maison ; que par cansequeu^
si l'on vouloit demeurer avec nous dans des
termes d'amitié , il falloil sonsentir à ce que
notre bagage fût apporté da la manière, qui
{tous éloit la plus commode ; mois ipie si on,
le désiroù , on pourroitle faire visiter à notre
domicilepartellepersonnequeieNaïbjugeroît
à propos de désigner pour cet office. Ceii*
proposition fut agréée j on nous envoya deux
hommes , qui furent très-i(Ue Ifis de leur-
uiq mode, Google
O V O Y A O B
fonction , et nous quittèrent au bout d'une
lieure.
Le fi-ère du Naïb et le visir vinrent nous
voir avant déjeuner , et pous demandèrent y
en termes très-peu délicats, la somme extra-
vagante de mille dollars , dont la moitié
pour l'ancrage du vaisseau , et l'autre moitié
pour la permission de traverser le pays afin
(l*aller faire potre visite projetée au Raq
Welléta Sélassti'; et cela, je crois, indépén^
damraent de la dépense du voyage de troi^
ou quatre journées à travers ce pays. Nous
rompîmes brusquement la conversation, en
disant que pous ne traitions jamais d'affaires
en présence d'une multitude de geps (car la
chambre étoit pleine de spectateurs) ; et nom
les priàoies de prendre une heure plus com-
mode , parce que nous allions déjeuner. \h
promirent de revenir et nous quittèrent. A
ORze heures , au lieu de ces deux chefs ,
nous vîmes venir le bapian accompagné dâ
)'up des secrétaires du Naïb, Ils nous ap-
piiren't que Hame J Cbamie avoit déjà assuré
que pous plions disposés à payer ce qui seroît
légitimement dû, qu'en conséquence le Naïb
nvoit résolu de réduire sa démanche à trois
cents dollars po.ur sps 4sÇaris , et que les fraj^
c,qi,it!dt, Google
EHABYSSINIE. 7
da voyage seroient un objet de seconde
çoqsideratiop ; qu'il e^eroii que bientôt tout
seroil arrangé à notre saUsfactioa mutuelle y
ou si cela ne se pouvoit po» , qu'etapt veotu
pomme amis daqs soq puys , nous le quit-.
terioqii dans les mêmes sentimens. Comma
ils ajoutèrent que le Naïb Boubaitoit de nous
parler lui-même de cette alT^tire , qous refui
sâmes de répondre ^vapt de faveur tu. Eq
même tems nous leur fimes f^airement conr
poitre que nous n'accordeiions point ce qui
;ious étoit demande' ; et que,. conKne Ifi seule
condition saus laquelle nous payerions quel-
que ciiose , ^toit d'obtenir les moyens de
traverser le territoire du r^ai'b, nous ne ferions,
qu'un seul traita , où seroient stipules leK
mules , les âqes , la garde et les provision^
pécessaires pour le voyage. Nous «ttendimea.
, jusqu'à sept heures. Enfin Çurrum Chund
revint et s'eSbrça de nous engager à difierer-
notre visite^ alléguant que rien ne ponvoit
être terraiiiésans être d'accord aveclesAscaris^
Knus fimes peu d'attention à ce message, et
nous envoyâmes H^raed Cbam^e au Pvaïb ».
pour savoir s'il avpit dessein de nous voir ^
comme il nous l'avpit annoncé ; vu que- nou&
tl'^Q,tren^ons dv)s,aiucun.e negoci^ojn, jusqu'î^
c,qi,it!dt, Google
8 V O T A G B
pe qu« nous eussions obtenu de lui une
entrevue.
L'état des afTnires me laissoit assez voir que
pousne pouvions éviter de paver une somme
exorbitante pour prix de la permission de
traverser le paysj nous primes donc le parrt
de fiser intérieurement la somme de cinq
cents dollars , comme une limite que nou^
pe devions poïm passer. Ce qui nous de'ter-i
mina à aller jusques-là 4toit le regret de tct
Tçniti , sans avoir tenté tout ee qui étoit eq
potre pouvoir pour remplir notre mission.
Hamed Chamie revint nous dire que la
, Nûïb étoit prêt à nous recevoir. PJous le
trouvâmes dans sa maison cadjan , où lord
Valentia avoit eu sa première audience. Il
^oit en déshabille j assis à uu bout de la
ealle , entouré de tous ses principaux cour-c
tisans dans le même négligé que lui. Une
petite lampQ étoit suspendue au milieu de
la chambra, répandant jqç si foibie lumière,
que pous ne pûmes pas même reoonnoilre le
^aifly, )usqu'à-çe qu'un de ses gens nous l'eût
paontré.
Après les salaams ordinaires, on nous fi(
fsseoir eu face de lui ; Hamed Chamie sa
^ppit çt\lrp pqus çt lui pour pous servir d'ip^
Uiq mode, Google
XNABYSSINIB. 9
terprft'e ; André , domestique que j'avoSs
Joué à Mocba , et qui parloîl arabe , indostan
«t anglois , étoit à ma droite. Dans cette
âtuatîon vpioi le <^aloguâ qui s'établit entre
pous, *.■
Salt. Non» sommes arrivas sur votre terr
litoîre pour la troisiène fois ; et vous nous
«vez reçus avec les mêmes honneurs , que
BOUS avons toujours obtenus de votr^ amitié,
Nous vsus en faisons nos remercimens, ,
Le Naïb. J'ai toujours eu dessein d^ vouq
bien traiter. Vous venez ici comme des amls}
vous vous êtes toujours montres tels ; et
j'espère que nous terminerons tout à l'^-
miablç ,
Salt. C'est dans cette vue que nous som^
mes venus vous rendre visite ; je vais donc
vous expliquer ce qui nous amène auprès de
vous. Votre ami, lord Valentia, a reçu des
lettres du Ras Welléta Sélass^ , qui lui de-
mande d'envoyer ïiuprès de lui quelques
personnes « pour nouer des liaisons avee
i'Ahyssii}ie. C'est nqus que Iqrd Valentia a
choisis à cet effet, «t nous nous rendont*
(hez le Kas. 74ous vous demandons en oon-
sëquence la permissiou de passer par votre
pays , et tftus Içs secours qui peuvent
Uiq mode, Google
ÏO V O T A G B
pous être necess^es pour faire oe voyage.
Le Naïb. Je ne met^ aucun obstacle à
yotre passage par mes tarres ; mais il faut qua
TOUS satisfassiez mes Ascaris. Dono^z-leur
cin<j cents 4Qllare , et je vous foumicai tout
ee qui peut vous être ^e'oesHire, ^ur Iç piç4
que qous réglerons epfuile.
Salt, Pourquoi demapdwvous cinq cei)t«
dollars poup vos Ascaris, Vous sîive» très^
^ien que Iç vaissej*u qui nous a amenés «'est
pas ua vaisseau marchand , mais up vaisseau
de guerre , qui pe paie jamais un seul ko-f
measm (i) an plus grand Sultap de la terre.
Dans cettç mer n^^me , ces vaîssçaQx VOPÏ
à Suez , à Jidda , ei à Mocha , et Jamais
on pe leur denjande rien. Il doit être bien
entepdn que pour ce prétepdu droit il pç serj^
jamais payé un komea^m,
L(£ N^ÏB, Je sais que le vaisseau n'est
pas up vaisseau marchand ; cl quapd vous
êtes venus ici précédeninient , cela a et^
entendu, II pç sçr^ plus fait mePÙDQ de c@t,
article.
Salt. Pouf quel objet noua depiande-t-oA
donc cinq cents dollars? P^ous pe copnoisv
((} La plya pelite moMPie 4e l'Yômeft.
ZNABYSSINIÏI, II
ions pas vos Asoaris çt n'avons rien à démêler
jiveo eux. Vous êtes certainement le prince
de ce pays , et c'est ^veç vous seul que nous
pouvops traiter. Nous sommes prêts ^ vous
donner, pour obtenir votre secours, au-delà
de ce qu'on peut être appelé' à payer ailleurs,
Faîtes - nous saTQir ce que vous demandez
pour cela,
IiE Naïb. Quelle espèce de se«ours de-:
ïnandez-vous?
loi Hamed Cbamie entra dans le dduil
du nombre des mulets, ânes, chameaux et
faoninies dopt nous auiions besoin.
Mais comme sur ces entrefaites on vint
avertir que c'étoit l'iieure de la prière , I9
Naïb et tous ses gens sorlireqt , et se pros-
ternèrent sur up tfipis place devant la maison ;
, ensuite le prêtre récita quelques passages du
CoraU' L'effet moral de ccl office religieux
pe s^ ipanifesta nullement. Jusqu'ici la plus
forte somme demandée n'alloit p^s au-delà
de buit cents dollars (1) ; en ce moment le
(i)La demande lie mille dollars, faite le i"iiiillet,
éioitmoillé ppor l'ancrage, moitié pour la permis-
lion de traverser le p&ys ; aJQsi celle-ci d'entrée a?oi(
été évflupe àSoc, T.
c,qi,it!dt, Google
\^ V O Y A O B
riaïb nous fit savoir qu'il 911 vouloit mille.
Je répondis qu'une demande de mille eous
eloït lidioule et que qous ne donnerions point
cette somme. En même tenis je demunda^
PÙ étqit le Naïb et s'il n'alloit pas revenir.'
3iir quoi Hamed Chamie l'appela à haute
voix, à mon avis , ^veo trop peu d'égards i
« Naïb Edri« ! Naïb Edris !» A ce cri le Naïb
rentra t reprit sa place , et )e lui adressai Ja
parole en ces termes :
Vous venez maintenant d^ nous faire une
deioapdç dç mille dollars : Et pourqutù ?
Pour nou]S permettre de faire dans vos états
uq voyage de trois qu quatre journées de
piarche. Si tous étiez dans noire pays ; vous
y seiiez reçu avec honneur , sans avtùr rien
à payer pour une telle permission : et eu
Arabie même on n'impose jamais une pareille
contribution.
Le Naïb, Trois ou quatre journées de
marche ! Il y en a douze. Et d'ailleurs je me
propose d'envoyer mes gens pour vous mellrç
en sûreté en présence du Ras,
Sat^T- Nqus n'en avons nul bçsqip. Quftpd
pous serops arrivas à Qîxan , les geiis du Kas
viendront à notre rencontre. D'ailleurs, à quoi
Hne garde nous serviroil-elle ? Nous serions.
c,qi,it!dt, Google
ÈK AfiTSSriflË, l3
en sûreté , lors même que nous ferions ceti«
. route à pied : vous n'ignorez pas que Mas'
sowa et Arkeko sont l'un et l'attire respon-»
sables de notre retour: En un mot j à vous
voulez nous fournir tous les moyens de tra-*
verser commodément voire pays ^ fions con'
sentons à vous donner cinq cents dollars ^ rien
ne nous engagera à aller au-nlelà de cette
somme. S cette offre n'est pas acceptée, il y
« d'autres endroits par lesquels nous ponvona
communiquer avec le Ras , et c'est k vous
qu'il faudra imputer l'interruption de notre
voyagé. Nous nous attendions à trouver eu
vous un ami, et vous ne faites qu'élever des
obstacles sur notre route. Noite sommes venu»
iei trois fois; ne nou^ somme»- nous plâ
toujours montres vos amb ? Toutefois Id
conduite que vous tenez peut, si vous y'
persistez j vous attirer, de la part des Angtois^
un Irartemeirt fort différent de celui qu'^s
vous ont fait ûprouver^
, Cette interpellation parut alarmer notre
interprète j car pendant qu'il Voccupoit à la
traduire , il se tournoit de tous côtés , €tl
.prioit André de déclarer si chaque mot, tel
qu'il le répétoit en arabe , n'étoit pas exac"
t«meDt celui que je t'avois chargé d'exprimer'
Uiq mode, Google
l4 Voyagé!
A qut>î Âliiiré repondoîl : «c C'est bien cela. 1t
La Bgure du Naïb faUoit assez Toir qu'il sen-
loit la force de nos remontrances. Il resta
quelques instans muet, piiis se tourna vers
ses gens , et leur parla dans la langue dtl
pays pendant environ cinq nùnUtesi Son débit
sembloit {>rdpre à persuader , il y avoit de
la justesse dans l'action dont il acconlpagnoit
bon dîscotirs y et en tout il nous parut qu'il
devoit être lib assez bon orateur. Quand il
eut cessé de parler , il se tourna vers nous ^
et nous dit qu'en considération de l'amitié
qu'il po^toit à lord Valentia, apt^s avoir con-"
suite' ses sujets , il e'toit disposé à re'duire sa
demande à sept cents dollars; que , moyen-
nant cette somme duement payée , tout
s'airangâroit à notre satisfaction. Nous l'as--
surâmes derechef que nous n'ajouterions ried
du tout à notre première proportion. Aprèd
quelques pourparlers entre Curruta Chund f
Hamed Chamic , et le Naïb ^ celui-ci dit
qu'il recevroit six cents dollars , et declara-
nettement que nous ne traverserions pas à
moins son pays , qu'il falloit faire venir les
chameaux, les mulets, les ânes, etc . d'endroitj
assez éloignés ; que ses sujets étoient avides ;
et qu'il avoit des milliers de bouches à nourrir.
■ c,qi,it!dt,Google
teîj ABVSstsifi. iS
Uainéfl et le baniaQ noud conjurèrent d'ac-*
Céder à cette proposition; ajoutant, qu'ils
ainDeroienl mieds payer de leur propre bourse
les cent écils additionnels ^ tpie d'insister
davantage sur ce sujet. Mais nous ne fûmes
point de cet avis , et nous les chargeâmes de
fëpéier au Naïb , que nous n>vlons a qu'une
)> patole; » que Dous lui avions offert butant
et mêiiie plus que lord Yalentia ne noits avoit
butoiisés à faire ; et que voyant combien il
étoit p«u probable de terminer en cet ins-=
tant , nous alliotie prendre congé , espérant
que le lendemain nos dilres paroîtroiânt nom
Bèulemeot ^qnîtabJês^ teâis ge'néreuses. A. cela
le Naïb répliqua : (( Ces propos ne sont pas
J> cent que tieadroit lord Yalentiâ, ils vien-"
% nent de vous seul, » Cette insidttatioD , à
la suite des remontrances un peu vives que
je venois de lui faire , fut suivie d'une espèce
d'apologie et finalement de la déclaration du
Naïb, qu'il se contenteroit de la somme que
nous lui avions offerte. « Dieu soit loue I »
s'éorta Hanied Chamie en élevant la voix de
manière à être entendu de tousceux qui e'toient
présens , « c'est fini ; cinq Cents dollars sont
» la somme convenue. »
Quand notrti affaire publique fut arrangée,
Uiq mode, Google
i6 V o y A o li
le capitaine Courtdit, qu'ayant appris qilâ
le riz etoil , dans les élats du Naïb , d'une
cherté excessive , il se proposoît de lui en
envoyer le lendemain m&tin autant qu'il
pourroit en 'avoir au-delà de la provisioci
nécessaire pour l'enlretieu de son équipage^
Cette offre fut reçu© avec de vives exprCs-
MOns de reconnoissance par le Naïb et tous
les gens de sa suite , à l'exception du banian
seul , qui auroit voulu empêcher Hanied
Cbaniîe d'enXaîre aucune mention, sans con-
tredit parce qu'elle ne s'apcordoit pas aveu
$es iutéréu du moment. . Cette opposition du
banian déplut au Naïb , qui l'en réprimanda
fortement. Nous nous levâmes et partîmes^
fort coDtens d'avoir terminé cette inquiélantfli
négociation.
J'uillei 3. Un messager du Naïb vint lei
luatin de très-bonne heure pour recevoir lii
somme promise. Nous répondimes que notre
usage étoit de payer , en faisant nn marché ,
la moitié Comptant , et l'autre moitié après
que les conventions étoient remplies ; que'
toutefois nous ne ferions point difficulté de
payer au Naïb trois cents écus sur le champ,
et que nous lui remettrions le solde le jour
A«
Uiq mode, Cookie
Èir ÀB YSSINIEi I7
iflé notre départ d'Arkcko. Celte réponse ns
parut pas satisfaire; Lé Naïb déclara quô
■es soldats ne quitteroierit pas MassoWa avant
d'avoir leur argent. -^-^ « Mè déliois- je donc d«
» lui»? disoit-ili — Je demandai au banian^
porteur de parole , s'il Consentoit à être caution
du Naïb. II refusa. «Qu'ai-je à demêJer là-
j>dedans?» mê dit-^il j «je suisTOtre sérvi-^
»teur, et non eelui du Naïbi» -
Avant d'en venir à Une detérminatioA
finale sur ce pûint , nous fîmes demander ad
Naïb , qUahd tOut séroit prêt pOur notre
voyage. Il fit i-épdndi-e que cb seroit danâ
quinze jourà j ou même davantage , parce
qu'il falloit faii-é venir lés mulets dé loin.
Cette réponse, si éloignée de nos vues^
1-endit la discussion toujours plus etnbar^
rassée. Enfin , après un jour entier employa
en pourparlers j nous donnâmes au Natb le
choix entre deux propositions; lui payer sui^
le-champ tt-ois cents ecus et le reste quand
tout seroit prêt pour notre départ; ou bien ^
ce qui nous seroit beaucoup plus agréable^
lui payer sur-le-champ lés cinq cents dollars;
sous coudilion de icce\oîr sa quittance par
éciit, et son cngt^^cnient de teliirplê tes dans
le terme de dix l ouis les, choses nécessaires
Tom. I.
uiq mode, Google
\$ V O * A R B
& notre voyage ; sons peine , en tas de cléM
alte'neur , d'être envisagé comme ayant man-
cpié h stt part)l6 y et de demeurer exposé à
nos pDm*smtes et à tous les moyens qu'il
savoit bien que nous avions en maib pour
ïe contraindre à exécuter les tiauses de notre
contrat AtCc lui.
A la fin le Naib accepta cette dernière
proposition , après quelques vaines tenta-
<liv€s pour échapper à l'obligation de domiei'
vu engagement par écrit.
Juillet .ï.li'ai^nt Fut payé dans la manh'ée.
^'engagement par éctit fut niinuté en arabe
par llamed Chamîe, signé et sciellé par Je
Kaïb ; et sur sa demiuide , j'y apposai xasà
)na signature.
/uiltel 4. 11 sViéva quelques difficultés au
sujet des balles de riz que le capitaine Court
avoit offertes en présent au Naïb; ses gens
ne parurent pas trouver qu'il y en eût assezj
en conséquence ils hésitoient de les accepter ;
tant ils sont insatiables, et tant ils sont étran-
gers à tout sentiment de délicatesse en ex-
primant lews désirs. Le capitaine Court leur
Uiq mode, Google
iîK ABTSSINIE. ig
repeia c|lie le nz qu'il venoit de débarquer
e'toit tout ce qu'il pouTOit retrancher de sa
-provision; mais que si le Naïb, en accélérant
le de'part de l'expe'dition en Âbyssînie, abre'*
geoit par là même le séjour de sod Taisseau
dabs Ce port, il e'toit disposé à doubler son
.présent de ne. On aura peine a croire y que,
dans le temps même oii l'on refusoit cette
ofTre généreuse , le peujJe mouroit presque
de faim faute de grains.
Les pluies annuelles avoient en partie man-
qué ; il arrivoit de là qu^ n'y avoit pas dans
toute nie une seule goutte d*eaa bonne À
-boire; celle qu^ou tiroit d'Ârkelio devenoit
chaque jour plus saumâtre.
Les petits garçons et les jeunes filles ramas-
sent la racine d'une espèce de plante marine ,
et la mangent; c'est une grande partie de
leur nourriture : le goût n'en est pas de'sa^
gréable.
Vers les six heures du soir, les capitaine»
Court et Rudland éprouvèrent un désagrément
imprévu. Comme ils étoient à se promener
dans la ville, un personnage insolent, nou*
vellement venu de Jidda , mû par un senti-
ment de fanatisme reli^eus , ou par tout
c,qi,it!dt, Google
:S0 V V A G E
autre n'iotîf , se mît à lés insulter de là rhà-
dière la plus violente j au moment où îl^
passoient devant l'enceinte muré^ qui entôù-
rott sa maison. Saisissant en même temps
une grosse jHerre , il se disposoit à In lancer
sur eux^ lorsque quelques-uns des haltitans,
qui se tibuvoienl près de lui, l'arrêtèrent eo
le prenant par le bras et l'émpédhèrent d'exé-
cuter son dessein. Ils lui crioîent que le Na'i'b
éloit là. Il y éloit en effet ; car comme cet
incident etoit arrivé tout près de la maison
où ilfaisoitsa résidence, il entendit dubruh
et sortit sur-te-champ: Il prit aussitôt nos
deux ntuis par la main d'une manière très-
obligeanie et les fit entrer chez lui. Ils firent
tout de suite demander noire tolérprcte ; et
l'un des fils du Naïb vint en grande hâte
m'appeler. En arrivant je trouvai le capiiame
Court occupé à exposer au Naïb , dans les
termes les plus forts , ce qui venoit de se
passer, et à requérir que l'on fit venir le
coupable.
Le Naïb disoit : « ce qui est passe est passé ; »
il espéroit , ajoutoîl-il , qu'on laisseroit tom-
ber celle affaire ; il prétendoit eoGn qu'il ne
fOUToil répondre de notre sûreté , qu'autunt
c,qi,it!dt, Google
E N ABYSSIHIE. 91
que nous nous feiîons accompagner pap
quelcjues-uns de ses gens.
Apiès l'avoir assure qu'une seconde offense
serott pnnie comme ]e mëritolt un tel attentat «
le c^pilaipe Court dit an Naïb, que, par égard
pour lui , il çopseptpit à pardonnçr celte
insulte , s'assuraut que tant d'indulgence de
$a piii't ne provoquerQit pps de nouveaux
Qutrages,
Fondant que nous ^ions chez le Naïb,
Unus Etrilla (i) ayant appris qu'il y avoîi eu
d'i bruit et que nous y élioBS i|itéiesse$ ,
tirma ses gpns, 3" nombre de.ûn'.e, et les
rangea ep face de la maison du Nfiïb, les
leqant surleurs gard^ et prêts à. agir, jusqu'aT
ce que l'affaire eût été entièrçment finie.
Cette preuve d'attadiement à nos inle'rèts,
\aOit de sa part que de celle de ses Samai^-
lies, fait gr^m^ bonfle^r à leur Çdélité.
J^uWet 5,. Hamed Chamie nous e^ venu
Toir au moraçnt de notre déjeuner, et nous
a appprtû l'agre'able nouvelle de l'eiiiyol d'un^
(i) Ârahç, commandaiH Iç dçw, qui, Oi
gno^t la Paniiicre. Tr^
c,qi,it!dt, Google
SB V O Y A O ï
lettre qne j*avois fîiit passer à Arkeko , pour
être de là expédiée au Ras , daps laquelle je
priois ce dernier de faire ensorte qu'à notre
arrivée à Dîxan , une escorte vtut de su part
à notre rencontre. Pour faire parvenir cette
lettre à. sa destination , Currnm Chund avoit
exigé une somme de trente dollars. Quelque
exorbitante qu'elle fut pour le port d'une
simple lettre à une si petite distance, je onu
devoir faire ce sacrifice pour im objet aussi
imponant ; car il falloit que le R.as fût informé
de notre négociation avec le Naïb , d'autant
plus que diverses circonstances me faisoient
douter que la lettre , par laquelle lord Valentia
avoit annoncé au Ras notre visite , lui eût
été* réellement expédiée. -
Juillet *». Le temps, depuis notre arrivée
À Massowa , a été excessivement chaud ; le
thermomètre s'est soutenu pendant le jour
entre 96** ei 99" F. (s8iet3oR.) M^isde
fréquentes brises du sud ont adouci l'impres-
non jde cette chaleur, D'ailleurs, il pe s'est
rien offert à nous de remarquable. Nous nous
sommes occupés , en attendant notre départ ,
à réduire nôtre bagage autant quç nous avons
pule faire. Du reste, les aSaires avancent de
.Uiq mode, Google
EN ABTSSIHIE, s3
maqière quQ ooDs espëroQS nous mettre en
marche là i3 ou le i4 de ce moU.
Juillet 7. Ub homme de la sîiite du Naïbi
est vequ à pous.daas raprès-midj , avec un
e'trauger arrivé de Pow^rba. Sa manière de.
saluer n'est pas la même que celle de Mas-
sowa- Il babe ]q dos de sa main, puis lait
une légère inclinalion de la tête. Nous lui
avons oflert du café , qu'il a refusé. 11 se dit
chrétien, et assure «qu'il ne fait qu'un aveo
» nous. » INous commencions à hii faire quel'
ques questions sur les nouvelles du paya,
élevé , quand le Naïb l'a fait appeler eut
■grande hâlQ.
Abou Yussnf est v«ih nous voir le soir.
Il m'a dit qu'il avoit écrit une seconde lettre,
par ordre du Naïb , pour accélérer l'arrivée-
des mulets ; il avoit aussi fait demander deux
hommes , de la tribu des Schinos, pour nous
a.ccorhpagner. Ces peuples sont fort sauvages ,.
et habitent les montagnes par lesqudles noua,
devons passer. 11 m'a parlé e» particulier dea
mon.tagoes deOidam , Taraata, et Ââsooha^
comme étant fréquentées p»r celte tribu^ Il
nous a recommande de ne pas laisser partip-
9,otre vai^cuu , avant que notre arrivée *
uigiiiodc, Google
(4 V O Y A G B
pixan lui aît été notifiée; et de permettre
à Hamed , fils <Ju Wqïb , dç pous accompq-.
gner à Arltpko , parce qu'on ne peut se fier
aux babiiaas de oeue ville là ; que le Naïb
même ne peut compter gur eux; mais que si
son fils étoit avec nous, ils q'osprpioiit pa^
noils molester. Je lui dis que je peosois
fomme lui ; que je suivroîs ses avis ; et que
Je capitaine Coutf avait déjà resoju ^'attendrçi
ici nos lettres (lattes de Pixan,
Jfiillet 8. Le cfiiéliçn de Dowarha est
revenu ce soir atiprcs de npus, accqmpagîià
d'im des geq» flu N:tïJ). C'est, à «c qu'il
paroît , un. l(omuie borne et sa.psi éducation ,
de qui nous ne pouvons espérer aucune infor-
mation utile- Il est ^^ez pj'obable qu'on 1 ^
çhoi^ k dessein dp ço wiraetère piirmi les
quatre, qui sont vonus ici; car nous voyons
çlairetpeut que les gens du Nai(b évitent d*
pou^ faire çonuoife l'pbjet de Içur niissipni
^ force d« 'questions , nous ijvops çepemUtnl
app^'js que eps hommes ^voient e'tp cbftrgés
d'apporter 1^ réppqsft de VVpl'çta Splimaun,
gouverneup d? Dowafbaft), p une demanda,
(i) Lf baniaq et Ameil Tussiifqous apprirent que
c,qi,it!dt, Google
F I{ A 4 T-S s I V I S: î5
du Naïb ppur qu^lcfuçs coqtributîons arrié-
rées. Cette réponse pQrtoit que le gouvei-
lieuretpit unami^ViNaï^j qu'ijempéclieroit;!
jutant qu'il Iç pourrolt, les trfhus voisînesi
de faire des ipcursions sur l^s ferres de son
allie' , et qu'il voulpit mainiepir leur (nutuellct
Ipiiti^ ^ du reste , U ne dîsoit pas up mpt d^
l'argent deniiindé, L^ çhrëtiep d'Abyssipif^
piit son café le soir, et le reçut de nous ; ce
qi4J parut çtre poyr les niahQiQetaus un sujet
d'ét9nneniept. Qn^^nd ^t nqu^ quitta, je lu^
i^s présent d'u)ie pièce de toile de ^urate ,
qui parut lui faire grand plaisir,
Juillet Q. ]Vous i^us sommes vus forcés,
(l'occuper Iç Sfifib ce niatii; de trés-boi;)nQ
heure d'un e've'nementfort trlsle, armé liier
^pir ; c'est |a [port d« Wfiodward , J'un des
ipousses 4®-.I* Panthère. ÏI 4\;o,ît négligé de
ppser ses lialiiits mouillps , après avf^ir été
daçis l'çau le a dp ce mois aif soir ; le lende-?
piain il eut-iç i^t^nos et d'autres symptôme^
T . . '.,!.'.■ [ .". ■■ :: — ■.•.■■,.-..:' -r-.
Ia ipUfiqn J'^i^q ^a ^*ïk reçoit <)^ Itan A.}']q, chef
(le Séra-wé, liait journées au delà de Dowarl^. Lt;
Itas Aylo dépend, à ce «(ue l'on ppua dit, dn Ras
pelleta $cla»ï«.
c,qi,it!dff,Google^
tfi T O T A O E
alannam, qui résisterait a l'opium et aux
autres remèdes qu'on put lui {(droimstrer.
D'anrès le desir du capitaine Court , sa mort
fut notifiée au Naïb , avec la demande d'un
lieu paur sa sépulture ; ce qui pous fut aussi-
tôt gracieusemenl acoordé. Un autre mousse
«ut les mêmes symptômes * mais son mal
céda à Tc^ium pris en grandes doses.
Juillet fo. Le Nalb est parti de Massofr»
|)Our se rendre à Arkélto , où il doit passer
quelques )Qurs. Avant son départ , i) aaus a
présente un officier des Ascaris , avec qui
nous pourrons communiquer, si cela est né-
cessaire. Il a promis d'expédier un messager
à l'arrivéedes n^ulets venant de Hanoazin,
Juillet tt. Â deux heures, après-midi , ui^
vaisseau appartenant à rémîr Mohammed en-
tra dans le port de Massovra , valant dé
Sualcem. Il avoit à bord trois chevaux arabes^
présent destiné , nous dit-on , à llmaum db
8ana , ou au Dola de Mooha. L'èmii' Moham-.
med lui-même" était attendu dans u» ou deux
jours.
Juillet t». Le Na!b re\iut d'Arkéko daw
c,qi,it!dt, Google
Z N ABTSSIKIE. 97
}a matioe'e , pour régler les droits du k^&Ia (l )
et des doirs (ou petits bâtimens marchands]
arrivés recemmeat. Je lui fis up message pour
lui rappeler que le temps approchoît où les
mulets dévoient se trouver prêts ; ajoutant
que , par une suite de ma confiaace en sa
parole , j'avois évite deTimportuner à ce sujet,
et que i'espérois que le lendemain les pre'pa-
ratifs seroient achevés. H n>e fit répondre
qu'il avoit déjà fifitcheroher les mulets deux
fois ; qu^s étoient près d'arriver , et qu'avec
l'aide de Dieu , dans trois ou qu!(lre jours
nous serions satisfaits. Cette réponse évasive,
qui étoit une violation manifeste de son en^
gagement donné par écrit, excita beaucoup
de delpats entre nous par l'organe de nos
messagers, chargés d'un côté de nos plaintes,
de l'autre des excuses du Nalb. Il est inutile
d'entrer ici dans le détail de cette discussion.
Le résultat fui que le Na!b me fit promettre
une entrevue pour Je lendemain ,
Juilleti3. A midi, hflwefixée pour cette
visite, on nous fit savoir que le Naïb dormoit,
£n conséquence ,. l'entrevue fut remise au
(1} Delà caravane.
c,qi,it!dt, Google
«5 V O V A G B
»qir du même jour. Â si^ heures nous naus.
rendîmes g^i^Ië Na'â) ; Jtoas le trouvâmes %
|a mD^<Jl1ét^ , d'où poiis allâmes ^veç lui et
deux ou trois des gens de sa suite à 1^ musofi,
ç-idipR. J'ouvris la confcreuçe en disapt, qu'é-r.
(ant sur Iç point d'expédier une Içitre à \qri\
Yaieniiji , ii devenpit nécessaire de luiespç-
séries raisons de nqtre long séiqur àMasSQwa^
^près que le joi^r ooDvequ de notre dçpar^
piïur ï'A^jyssinip ëioit expirp, te Naïb repop-,
dit qu'il lui seroit fort ^gre^ible. de nous faire
partir ç|ès le lendemain ; iifais que les muletq
et les ânes n'e'toieut pas arnves ^ussilô,t qu'i(
l'avoil espçrç ; qu'il CQn^ptoit itcanmoins le^
voir ^rrjyer dans,tio,is ou, quatre jours; aprè^
qupi, y n'y aurpitplus de délai. Je répliqua^
que je savons fort bien que les inulets auroienf
pu être rendus ti Arkéto, , des parties les
plus éloignées dç son territoire , au tçrme
fixé ; que ce délai m'éiçtnnoil, et me fàclioit;
que cbaquç jour e'tpit pour oo.us un pbjét im-
portant , Ç.L que la violation de l'engagçmenit
écrit et bieu i élleciti , que le Naïb avoît liigué ,
me mettoh dans un cas fo/t désagréable, surr
tout parce que j'ijvois; appris, pair queJ^queg
info.raiatipns. parliçulicres , <jue les mulelç,
au moment inêjne où nous parlloas, eioiçnt
C,ql,lt!dt,G00glf
EN ABVSStNt:^: B^
B Arkéko. A ces reitiontran^ës il répondit
connue anpartrvaht , qu'il n'étôît pas moins
désireux de hâter nbtre départ c[ue ùbiié né
pouvions l'être nous-^méniés } et qu'il n'y avôit
aucun fondement au rapport qu'on nous avoit
fait!
De iiiori doté, j'ès^osai de nouveau Km-
^ossibilite où nous étions de supporter dek
délais j qiii se TnUlUplioiënt d'uii jaiir à l'autre ,
sans nous laisser voir aucun terme ; je dis q-.ic
!e vaisseau dans lequel j'e'tois Vfenn iie pou-
Voit plus attendre , et iju'e'tant fésolu d'iillbi-
bn avdnt, je me de'termiiiois ënSn , si tout
o'ëtdit pas prêt dans trois jbUrS j à partir à
J>ied(i), avec lé ndnrtbré d'ânes et de cba-
méaui [fbur notre bagage , qui nous seroit
accordé i mais que si nous êtiohs coiilrainlS
de cOmmebcet aiUsi notre voyagé , de'pourvuS
des sécouts qui nous avolent ^ic prbniis, je
Se l'envisagêrois piils lui-même comme ayant
rempli à notre égard les devoirs dé Tamitié;
Le Naïb dit qucj si telle étoit faotrc de'tér-
minatioD , il nous donuerait éértalnémént
tous ses ânes et ses cbafne&us , et jusqu'à!)
tntdet qui lui servoît dfe mOnlure; que de
plus , il nous nlettroit sur la route où nous
(i) D'Arkéko. Tr.
uigiii^dt, Google
5o ¥ O T A G E.
reocontrenoiis les autres mulets qu'il svcnt
fait demander. Ici notls mîmes fin à la Con*
férence , en rëpe'tant que c'e'ioit Dotre fermO
.résolution de stiivre le plan que je venois
d'exposer.
. Juillet l4. J'allai le matin à bord de la
Panthère pour faire les préparatifs de notre
départ. Le jour ëtoit eitrémement chaud.
Le thermomètre se tenoit à 96' F. (aS^R.)
quelques minutes après le lever du soleil y à
l'ombre d'une maison dont les murs etoient
en pierres. Dans le cours de la journée y troi«
des chrétiens qui etoient venus avec le kafila ,
se rendirent auprès de uous. Ils paroissoient
charme's que nous allassions visiter leur 'pays,
etrëpoodireotavecempressementàtoutesnos
questions , au grand dépit d'Abou Yussuf ,
qui étoit fâché de cette visite , et leur parloit
avec beaucoup de rudesse. Ils nous dirent que
la route étoit boune , que Ton pouvoît eu
tout temps passer le Tacassa sur des radeaux
destinés à cet usage. Chacun de ces hommes
portoit un filet bleu autour du cou , symbole
de christianisme dont Bruce fait mention, lia
etoient grands et robustes; leurs cheveux
éloieui courts et presque laineux.
c,qi,it!dt, Google
•BU AfiYSSlNIE. 3l
SuiîUt 1 5. Tout le matin nous fûmes occu-
pes à emballer et mettre en sûreté notre ba-
gage. Le soir nous eûmes la visitede quelques
musulmans de Gondar. L'un d'eux parloit
Brabe et paroissoit un homme fort iny.ruit.
Nous apprîmes de lui, entr'autres patticula-
Hte's, que le Ras actuel d'Abyssinie est le
fils de Kefla Yasous ; qu'Axum est à une
journée de raarclie d'Adowaj et qu'on y voit
plusieurs ruines cmieuses , dont quelque»-
Unes sont fort bien conservées. Le lac Dem-
béa y nous dit-il ^ est à peu près à la même
distance de Gondar qu'Arkéko de Massowe.
Le Nil sort communément d'une seule source;
mais lorsqu'il pleut beaucoup , plusieurs
sources jaillissent à la fois. II n'y a que cinq
joume'esde Gtondar à ces sources; l'accès en
est très-facile , parce que tout le pays «u
aomnis à la dominaùon du Roi.
JuilletiQ. Nous allâmes, danslamatîne'e,
il bord de la Panthère ; et nous descendîmes
sur le rivage les armes à feu , les mum-
tionSf etc. dont le capitaine Court cru pou-
voir se passer. En quittant le vaisseau nous
reçûmes de l'e'quîpage toutes sortes de témoi-
gnages d'amitié. J'env<^ai HamedCbamie au
c,qi,it!dt, Google
53 V Y A tî É
Naïb , f»our l'informer que le jour fixé potli^
notre départ étant venli , nOuS étions prêts â
nous mettre en route; tjué noit^ désirions
savoir si les mulets étbifint à Arkéko ; q<j«
s'ils n'y étoient pas i le v:iîsseatl s'y reddroit
demain, et que nous irions ù Disan avec les
Ânes et les cliatneaiix seulement, ainsi qu'il
avoitélé résolui Acela il l'épondlt, qu'il n'é-
.toit pas besoin que le vaisseati nous y trans-*'
portât, qu'il nous y conditiroit lui-même daiiS
le jour , et qu'il nous prioit de tenir tciut prêt
pour notre départi II ajouta qii'il seroit né-"
cessaire d'aVoir dés vivres pour nos gardes,
et que si avec cela nous donnions à chacuii
d'eux cinq dollars ^ il pensoit qu'ils se ûen^
droicntpour satisfaits^
Je lui fis répondre , qu^ poùvoit être biea
assuré, qnè je ne donnerois pas à ses Ascaris
un seul dollar au-delà de ce que j'avois dé-^
bourse , et que je ne pourvoiiois point k
leur eiitrëtièd.
Le capitaiile Codrt dit eii hièiné temps afi
Naîb , qu'il ri'avoit qu'un mot à ajouter , c'est
que si nous h'édotis pas rendus à Arkéko lè
jour qiù suivrait celui où il nous auroH pris
sous sa conduite, il s'y rendroil avecj soh
Taîsseaa.' Alors le Naïb clianyéa son plan
d'attaque
Uiq mode, Cookie
E Tï A BY S S I K I E. 55
d^attaque : il dit que In i-oute étoit extrême-
ment mauvaise; que les simouns f vents brû-
lans) y exerçoient toute leur furie ; et que par
ces causes il y përissoit chaque jour nombre
de personnes ; qu'en conséquence , il se ver-
roit oblige de détenir l'Emir Hanied, comme
un témoin à produire à lord Yalentla , en cas
d'accident ; que les mulets seroient prêts dan*
trois ou quatre jours; et qu'enfin s'ils ne l'e'-
toient pas , il rassembleroit ses Ascaris et
nous serviroit lui-même de guide. Nous repli-'
quâmes, qu'il connoissoit mal notre caractère,
et que nous n'avions rien de plué à lui dire-.
Le soir nous lui limes encore demaodef
quand il comptoit être prêt. Après bien des
difficultés nous lui extorquâmes une réponse ^
et il s'engagea à partir avec nous le lende-*
main matin >
Juillet 17. Le matm de ce jour j'envoyai
savoir l'heure à laquelle le Naïb se propOsoit
de nous accompagner à Ârkélo, Après trois
heures d'attente , Hamed Chdmie , l'Emir
Hamed et Currum Chund, Vinrent nous ap^
porter sa réponse . Il nous faisoît dire qu'étant
occupé à la douane, il ne pouvoît fixer au-
cune heure. Il ajoutoit que si nous voulions
Tom. I. 3
uiq mode, Google
34 V o "r A G fi
partir sans attendre les mulets , noUs aUnons
à payer en sus poUr tous les aoes et chameaux
qu'il pourroît nous fourair , attendu qu'ils
appartenoient à d'autres personnes d'Ârkéko.
Provoqué par ses extorsions , je lui fis savoir
qu'étant actuellement informé de le déter^
mination du capitaine Court et de la mienne ,
il pouvoit faire ce qui lui sembleroit bon ; qu4
lui et les siens avoient éprouvé les bons effets
de l'amitié des Anglais ; et que s'ils étoient
»ages, ils éviteroient de s'attirer leur înimiiiët
Ou revint presqu'immédiatement nous dire
en réponse , de la port du Naïb , qu'il seroit
prêt à nous accompagner le lendemain à la
pointe du jour. En conséquence, le capi"
taine CoUrt , sur ma demande , consentît à
différer de mettre à la voile. Le soir le capi*
laine Court revint à bord ; la barque du ba->
nian fut chargée de notre bagage^ el la garda
fut mise en station poiu* y veiller pendant la
Huit.
Juitlel ï8. Au point du jour, la barqu*
du Naïb passa devant nous , faisant voile pour
Arkeko. Nous mimes aussitôt dans notre pro-
pre chaloupe le peu de paquets qui nous rcs'
toîent j et comme alors elle se trouva si pleine
c,qi,it!dt, Google
'^H AliYSSlNIE. 55
que nom ne pouvions pas nons y placer com-
modément , nous envoyâmes par cette occa-
BÎon Pearce et denx dipayes, et nous atten-
dîmes que le capitaine Court vint à terre.
Nous retournâmes au vaisseau avec lui , nous
y déjeunâmes , et nous partîmes immédiate-
Âient après dans le dow (ou petit bâtiment
marchand) d'Uuus, accompagnés d'un naig
et de sept clpayes , sous la conduite du lieu-
tenant Crawford, que le Capitaine Court avoit
eu la complaisance d'envoyer avec nous pour
protéger notre bagage et nos personnes. Tout
Ce qvié nous connoissions du caractère des
liabilans d'Arkelto nous faisoil juger que celte
pre'caution n'étoit point superflue.
La brise de mer se leva et nous porta fort
agréablement à l'en(iftoit où 1 on aborde à Ar-
kéko. Nous vîmes en faïsaut route un banc
de sable quin'avoit point encore été reconnu;
Ras Gidam et Yalentia (i) étant sur une même
ligne, Cheik Seïd et Massowa à l'ouvert. II
y a autant d'eau quHl en faut pour les vais-
seaux de toutes grandeurs , jusqu'à un quart
de mille du rivage.
(i) Tous ces noms désignent dot terres de la mer
rouge. 2V.
c,qi,it!dt, Google
56 V O T Jà G B.
Il «toit ODze heures quand nous abor-
dâmes. L'excessive chaleur du soleil, re'fléchie
par le sable brûlant sur lequel nous mar-
chions pour nous rendre au logement qm
BOUS e'toit destiné , rendit cette marche d'un
demi-mille plus pénible qu'aucune que j'ai»
jamais ffùte. Nous étions épuisés en arrivant J
mais nous fûmes bientôt rafraichis « grâce à
l'attention du Naïb , qui etoit venu nous y
recevoir. Nos gens furent occupes jusqu'à
deux heures à transporter notre bagage , ce
qui se fit sans aucune perte ni accident.
Aussitôt que la chaloupe fut prête à s'en
l-etpurner , j'envoyai HamedCbamic deman-
der au Naïb, quand nous partirions d'Arkéko,
a6n d'être en état de donner là-dessus une
ioformaiion pre'cise au*capitaine Gouit. Il
repondit qu'on ne pouvoit rien faire le len- .
demain , parce que c'étoit le jour du sabaih ;
que le jour suivant sKi'oit employé à arranger
le bagage j et que le lendemain de ce jour-là
nous pourrions nous mettre en route. Les
remontrances que je lui as sur cet inutile
délai, l'engagèrent à fixer notre deparl au
lendemain dusabalh. Nous nous procurâmes,
pour nos besoins du jour , de Teau et un
mouton. L'eau étoit bonne au goût , mai»
Uiq mode, Cookie
EN ABYaSINZE. 37
d\ine couleur blanchâtre, et déposMt beau-
coup de sedimeut. Le soir nou» reçûmes du
Naïb deux moutou», et nous donnâmes ua
doUar au domestique qui nous les amena.
Plusieurs d'entre nous ayant envie de se
promener au ooueher du soleil , je demandai
au Naîb quelques-uns de ses gens pour le»
accompagner. 11 fit répondre que les femmes
et les enfans en seroient effrayes , et que les
jeunes garçons noua seroient fort incommo^
des. 11 nous pnoit en conséquenoe de vou-
loir bien ne pas sortir de l'enceinte de nos
murailles.
Comme nous nous disposions à dormir , le
Naïb plaça un Ascari en faction à la porte de
notre maison j et nous pria de ne point sorlir
la nuit pour quelque raison que ce fût , parce
qu'il y avoit an-dehors des bêtes sauvages et
des hommes mal-intentionnes , qui nous mo-
lesteroient. Nous nous livrâmes au sommeil-
dans notre enceinte en plein air , avec la seule
précaution d'avoir sous la main nos armes à
feu. Pearce et un des «payes s'étoienl endor-
mis en-dehors de- la porte , ayant la télé sup
Je seuil. A onze heures ils fiu-enl éveillés par
le Naïb lui - même , qui exigea qu'ils ren-
trassent et qu'ils fermassent la porte *u vçr-
Uiq mode, Google
^y V T A O E
rou. En preuve que celle précaution n'e'ioît
pas inutile , il est bon de remarquer que le
factionnaire du Naïh , qui étoit place à la
porte y fil porter dans l'intérieur de l'enoeint?
%en bonnât et ses souliers, de peur qu'on
ne les lui volât pendant la nuit. Nous enten-
dîmes les cris des hièoes et autres bêtes
sauvages, qui hurloient à l'entour. Le bruit
qu^ellesfaisoient montrait assez qu'elles étoient
très-nombreuses. La nuit toutefois se passa
sans qu0 nous éprouvassions aucune moles^
tation.
Juillet iQ. Le Nuïb vint de bon matin
avec quelques-uns dé ses gens pour visiter
notre bagage ; daqs l'après-midi les paquets
ou ballots furent emportés par les conduc-
teurs des cbameaux , et on en fit le compte.
Il y avoit , à ce qu^ nous parut , beaucoup
de dispute enir'eux, relativement au nombre
des bètes de charge qui nous étoient néces-^
sairçs. On éleva des difficultés au sujet delà
tente; et je fus euBn obligé de laisser< le
pavillop eo arrière. À niidi le thermomètre
étoit à lloF. {54 I R.),
. Nous fûmes , comme à l'ordinaire , impor»
tunés de messages relatifs à J'eniiciien des
Ascaris et des conducteurs de ciiameaux. Je
Uiq mode, Cookie
EN AB'V'SSIMIKt S9
leur dis c|ue nos provisions pour nous-mémea
étoient fort petites , et que je ne me chai^
gerois nullement de les nourrir. Quand nous
nous reùrâmes pour dormir , le même bruit
recommença autour de noire maison , dont
la porte etoit bien ferme'e au verrou. Cepen-
dant comme la nuit étoit excessivement
chaude , et que , par l'arrivée du capitains
Court et de son e'quipage, nous nous irou-*
viooB au nombre de trente-six dans un espace
de quarante pieds en carre , nous résolûmes
de protester contre notre clôture ; et enfin
nous obtinmes du Nuïb qu'il nous cédât sur
ce point. Mais comme tout ce qui s'etoit passé'
dans notre conférence avec lui pVtoit pas
trè s-" agréable , nous crûmes prudent dlètrè
toute la nuit sur nos gardesi
Juillet 20, Lea métoes circonstances nous
firent passer une mauvaise nuit. Nous ne pou-
vions ni dormir oi même nous reposer , tant
nous étions étroitement resserrés, et lanl
l'air étoit suffocant, •
Au point du jour quelques chameaui arri-
vèrent ; et le JNaïb vint pour régler délini-
liveméqt nos affaires. Il répéta encore sa
(JçmaBcle d© vivres pour les yensquidevoianit
Uiq mode, Cookie
4o T O Y A G H
nous accompagner ; nous lui repétâmes notre
Feponse. Nous ajoutâmes loulefois , que vou-
lant contenter les conducteurs de chameaux «
vous donnerions à chacun d'eux quelque
petite somme , pour leur aider à se fournir
de vivres jusqu'à Dixan.
\ huit heures tous les chameaux étoient
chargés ; ils se mirent en marche sous la
garde de Pearce et de Mr. Carier. Ce der-
nier s'offrit volontairement pour ce service:
Pour moi , je ne crus pas prudent de braver
le soleil de midi, dés le commeno«ment d'un
voyage qui ne pouvoll manquer d'être ac-
compagné de beaucoup de fatigue. II y avoit
d'ailleurs quelques autres aRaîres à arranger.
En oonse'quençc le capitaine Rildiand et le
reste de notre troupe cestèrent avec moi à
Arke'ko.
Le capitaine Court , esoéde de son séjour
en ce lieu et des vexations du Naïb , s'eii
retourna de bon matin à son vaisseau , lais-
sant toutefois avec nous le lieutenant Craw-
ford et la garde. Noos éprouvâmes un vif
regret en voyant partir cet ami précieux ,
dont le secours empressé , dans tout ce qui
pouvoit assurer le sucoès de notre mission ^
doit lui assurer de notre part la plus vive
uiq mode, Google
SN ABTaSIMIE. «1
nooimoissaDce : des choses qui lui apparte-
noient en propre, il n*y a rien qu'il ne nous
eut donne' au besoin ; et il profita de tous
les moyens que sa place lui fournissoit, potu*
nous procurer ce que nous ne pouvions point
tirer de Mocha ni de la mer rouge. En gê-
nerai tous nos amis à bord de la Panthère
nous montrèrent la plus constante bienveil-
lance et nous aidèrent autant que cela 3e'peQ-
dit d'eux.
c,qi,it!dt, Google
T Y A » B
CHAPITRE XI,
J)épart d'^Arkého pour Dixan.-^Nombf^
des voyageurs et désignation indivi-
duetle dp chacun d*e^x._ — Illerbehey-,
■—' Shiltihi. -^ Wèa. •— ^ Campement de»
ffazortas. ' Rencontre deamuleis.envoyéi
de Dixan. — ffamhamou. — Sadoun.
^LeTibo.-r-IUila. — Pieddu Taranta.
- — Passage de cette montagne. — Arrivée
à Dixan^ — Séjour dans cette ville^
*f uiLLBT 30 , l8o5. En quittant Arkéla^
noire troupe étoit composée ,de dix person->
nés: moi j Je capitaine Rudiand; Mr.Carter;
Hamed Chamie, interprète que nous avionii
pris à Mocha et qui e'toit né à la Mecque ;
André , autre interprête , aussi do Mocha ,
qui parlott bien angloîs ; Pearce , domestique
anglais, qui parloit un peu l'arabe; deux ser-
viteurs arabes , SeJd et Agceb; un jeune
garçon do Masscwa , qui parloit le langage
du pays et l'arabe j et uii vieillard quiportoit
c,qi,it!dt, Google
ENABTSSINIE, 4S
votre pedomètre (i). Nous éiions ans» ao
eompagne's d'un vieux Chedk musulman et
de son {eune fils. Ils faisoient un voyage de
commerce. Ils ne nous quittèrent point, et
nous furent fort utiles. Notre garde consis-
toit eq viqgt-cinq Ascaris du Naïb. Noue
avions en outre un guide de la tribu Sbiho ,
et environ dis conducteurs de chameaux j
qui étoient des naturels du pays,
' Le bagage et son escorte avoient quitté Atv
kéko ; et ie reste de la troupe se préparoil à
le suivre , lorsque je m'aperçus qu'on n'avoit
point prépare' de montures pour porter ceux
qui la oomposoient , à l'exceptiond'un miilet
qui m'etoit destiné. Il n'etoit plus temps d'en-
tamer avec le Naïb une longue discussion
à ce sujet. Je pris donc le parti de louer un
âne pour le capitaine Rudiand, quatre oha-^
roeaux pour nos domestiques , et quatre au-
tres pour porter les piquetS' des tentes ; ce
qui me coûta huit dollars. A quatre heures
Bprès-mldi, il nj 'arriva un seul obameau avec
beaucoup d'excuses d'avoir retarde' notre de'-
(i) On Kiîlquecel iostrument, le même que To-.
domèlre , sert a mesurer le cbemia cjue Voa fait «
mesure qu'où avaoce. Ti:
c,qi,it!dt, Google
44 , V O T A O B
part. Après m'être plus pleînemeDt infonné
des demandes du Naîb , je sus par le Dola
et le fila du Naîb que j'avoù encore douce
- dollars à payer. Je donnai pour cette somme
une letlt-e-de-change sur Currum Chund.
Alors le ?3aïh, sans en alléguer aucune ra!*
son, dit qu'il lui falloit encore vingt -deux
dollars. Provoqué par ce trait inattendu de
friponnerie , je lui dis en arabe , en présence
du Dola et de son fils, que s'U disoit que
cette somme luiétoit due, il disoit une faus--
- seté ; et que je ne lui payerois pas un dollar
de plus. Au milieu du bruit qu'occasionnoit
cette discussion, fort heiureusement le vaifr'
seau fit un mouvement pour s'approcher
d'ArkéltO (i). Le Naïb demanda la raison de
ce mouvement, « Le capitaine Court , lui
répondisrje , « vient voir si je suis en sûreté.
» S'il trouve que tout va bien, il s'en retour*
» nera sur-le-cliarap j mais il reviendra dans
» dix jours pour recevoir les nouvelles que ja
(t) Ce mouTemenl , comme je l'ai apprU ■ mon
retour, étoit toul-9-faît sccîdËatel -, le vaisseau avoit
chassé sur son ancre par l'elTet d'un simoun local.
C'est un (les nombreux incidens , qui faTOrisèrcnt
noire expédilioD.
c,qi,it!dt, Google
£If ABT8SINIË. '45
% dois lui faire passer de Dixan. » Le fils du
Naïb dit d'un ton hautain ; « Qu'il vienne ! »
Mais celte visite ne plaisoit pas également au
Dola et au]c autres habitans j car le Dola sortit
d*un air fort alarme'^ emmenant avec lui le
£Is du Naïb , et représenta si fortement tout
ce qu'il y avoit à craindre , qu'en peu de mi-
nutes , sans qu'il fût besoin de dire un mot
de plus, tout fut prêt et nous partîmes.
Quand j'eus monté mon mulet et fait quel-
ques pas en avant , le capitaine Rudland et
son âne furent rudement poussés par les
membres du Divan , l'un desquels engagea '
un jeune garçon à lui voler son fusil de chasse, ■
II ne se tira de leurs mains qu'en forçant sa
monture à gagner de titesse , et en les char-
geant de toutes les imprécations qu'il sut
prononcer en arabe.
J'ai peu de chose à dire d'Arkéko j c'est
un assemblage de misérables huttes, au milieu
desquelles sont deui maisons avec des cours
murées, qui appartiennent au Naïb. Au de-
vant de celle que nous occupâmes étoit un
véranda ( pavillon ou galerie ) couvert de
nattes.
Nous nous dirigeâuies vers le sud k tra-
vers des jardins, cnllivés avec un soin qui
c,qi,it!dt, Google
46 VOYAGE
n'est pas ordinaire dans ces contrées, tmmé-
diatemeat après bu trouve un lieu destina
aux sépultures ; ' et à droite un village , où
résident la plupart des Ascaris. En suivant
la plaine , fpii a plus d'un mille en laideur y
à compter de la mer jusqu'au talus le plus
voisin, j'eus occasion de remarquer que la
baie forme un enfoncement considérable. A
peu près à un mille et demi d'Artéko sont
six puits, d'environ vingt pieds de profon-
deur, et de plus de quinze en diamètre. C'est
delà que la ville lire sa foibte provision d'eaU
douce. Le soir les puits sont si près d'être à
*Bec , que l'on y puise l'eau, à mesure qu'elle
s'élève du milieu de chacun d'eus, dans des
sceaux plats et de la forme d'une écumoire.
Elle est ensuite mise dans des outres de
peau, el monte'e , le long d'une rampe rude
et inégale, par des hommes, des femmes
et des enfans entièrement nuds. Ces puits
se nomment Illerbebey. C'est la première
station de Bruce. Après avoir fait boire les
mulets et les chameaux , nous continuâmes
notre marche, pendant laquelle nous vimes
plusieurs cerfs singulièrement apprivoisés, et
quelques petils loups , fort ressemblant au
grand clûen paria de l'Inde. Nous passâmes un
c,qi,it!dt, Google
EK ABTSSrSriE. "47
Autre village , au-delà duquel paissoient deux
crands troupeaux de chèvres. J'observai cpie
tous les villages et les jardins étaient soigneu-
sement enclos avec de grosses branches de
i'acacia epineus. Depuis que nous avions
quitta' la plaioe , l'obscurité nous empêchoit
de faire d'autres observations que celle dont
l'itiégalité du chemin nous forçoit de Douâ
occuper. Enfin nous arrivâmes au terrain
montant , que Bruce oppelle ShiNokeeb ,
mais que les naturels pronoocent Shilikee ,
où nous dormîmes paisiblement au milieu de
nos chameaux et de notre bagage. Il n'y. a
point d'eau en ce lieu.
Juillet 31 . Dès que la lune parut sur II10-*
mob , c'est-à-dire , à deux heures et demie
du matin j nous recommençâmes â nous met'
tre en marche. L'air étoit d'une fraîcheur
agréable ; la roule ^ qui e'ioit bonne , tour-^
Boît le long des gorges des montagnes et
traversoit de temps en temps le lit de quel^-
ques torrens à sec. 11 y avoit en cette saison
peu de variété dans la végétation ; tout parois-
soit brûle. Les acacias , qui s'élèvent à la
hauteur de (juaranie pieds, couvroient pres-
que tout le pays. Le long du tronc de ce»
c,qi,it!dt, Google
48 V O T A G If
arbres totimoient les tiges de plusieurs plantes
rampantes y eDlièrement dépourvues de
feuilles.
Nous éprouvâmes tme setisatSon fort agréa-
ble , après avoir eu les yeux fatigués du feull--
lage de l'acacia , brûlé par le soleil , à de'cou-
vrir à quelque distance des arbres verts , qui
indiquoient la présence de l'eau douce. En
effet, nous nous trouvâmes bientôt sur les
bords d^un torrent appelé Wéa , dont l'eau
etoit salie par la boue et les bois pourris , qu'il
eatraînoit en descendant des collines. Nous
dressâmes notre tente tout auprès, en l'ap-
pUyant aux branches d'un arbre , qui res-
semble au cèdre par son port , mais dom les
rameaux se baissent vers la terre comme
ceux du saule pleureur. Un de nos gens m'ap-
porta un piquant de porc-ëpic. Nous vîmes
aus^ de la fiente d'éléphant , quoique les
gens du pays disent que ces animaux ne han-
tent point ce lieu. Jusqu'ici nous avons che-
miné presque directement au sud , en tirant
un peu à l'ouest ; je conjecture que nous
sommes à environ dtx-huit mille d'Ârkéko.
Nos Ascaris, croyant que nous étions asseJ:
enfoncés dans le pays pour être entièrement
à leur diâcréiion, commencèrent' ù déployer
leur
Uiq mode, Cookie
ÈNAB'î'aSINÎE. 4g
leur insatiable ra^cite et leur insolence. Le
mahre et le conducteur des chameaux fuï-
toient oause commune avec eux ; tellement
que s'ils n'avoient e'të tenus en respect par la
Bupe'rioFtté de nos armes à feu , je suis
persuade' que nos vies même n'auroient
pas été' fort en sûreté'. Ils formoieni des
demandes de tabac , de riz, de café, de li-
queurs , sous prétexte que le Naïb ne leur
Bvoit donne' qu'un peu de juwarry (i). Nou»
leur résiatàmQs j mais en&n nous pvomimes
de leur acheter quelques chèvres et du ju-
warry , si nobs en rencontrions , et de leur
donner un peu de tabac. Mais prelendre
satisfaire ces scélérats avides ctoit une entre--
prise vaine, t^ous quittâmes le Wea à trois
heures après midi et traversâmes ce torrent
peu profond f qui court du côté de l'est.
Nous avançâmes dans la plaine vers le sud
Un peu à l'ouest. Le capitaine Rudland fit
une excursion avec son fusil, et vit des cerfs
de différentes espèces , des lièvres , Mes
perdrix f et des pintades. Il fut accom-*,
pagué dans cette course par un fameux chas-
seur cliauj^alla , armé d'une lance et d'ud
(i) Espèce de gram, Tr,
^Tom. I. *
c,qi,it!dt,Google-
Ço V D Y A C B
bouclier. Ce bouclier ëtol» de forme circu-
laire , de deux pieds et demi de diamètre ,
et fait de la peau d'un rhinocéros. Le Chan-'
fiolla étoît un jeune homme leste , bien fait,
qui se montra honnête dans toute sa conduite,
et fort indigné de celle des AsCaris-
Nous vtnies quelques personnes de la tribu
Shiho qui habite les collines ; nous aperçfimes
aussi quelques loups. Après avoir passé un
second ruisseau , ailssi boueux que le pre-
mier, nous fimês notre campement de nuit.
te nom de cette station est Markéla ; elle
étoit alors occupée par une tribu des Ha-
ïortas, qui étoit descendue dans la plaine
avec ses troupeaux , pour chercher de l'eau,
Le cheik de la tribu s'appeloit lui-même un
Daocallé. Leur campement éloit presque
circulaire et d'environ cent mètres {yards)
de diamèti-e , bien entouré d'une haie d'épi-
nes et de broussailles. Au dedans étoit un
cercle de mauvaises huties, faites de pieux
et de nattes, placées à égale distance les unes
des autres. L'espace vide qui étoit au centre
offroit un asyle sûr, ou leurs nombieux trou-
peaux de chèvres et de moutons pouvoient
se reposer et dormir en sûreté.
Quand iïDus eûmes établî«otre campement,
c,qi,it!dt, Google
EZïfABYSSINIE. 6l
les Ascaris m'entourèrent , ayant leur chef
à. leur tête, et d'un tou fort ïusoJent me rét-
lérèreot leurs anciennes demandes ; déclarant
que si on n'y cedoït pas , ils nous quitteroient
à l'instant même , et s'en retourneroient
avec les hètes de charge. Je leur dis qu'ils
étoient les maîtres de partir quand ils vou-
droient ; mab que très-certainement je ferois
feu sur Je premier que je verrois entrepren-
dre de toucher à nos chameaux. Je sondai
ensuite celui qui étfàt chargé des chameaux,
et je le trouvai pins traitahle que les Âscans;
ce qui me convainquit que tout ce bruit
avoit pour but de nous alarmer. £n consé'
quence de ce qui venoit de se passer , je
fis charger toutes nos armes, et 'une faction
de deux heures fut faite pendautla nuit par
le capitaine Rudland , Mr. Carier , f etu^e
et moi.
A peu près dans le même moment , les
villageois faisoient entrer leurs chèvres et
leurs moutons, au nombre au moins de cinq
cents. J'en achetai trois pour deux dollars ,
et je les donnai à nos gardes et à nos con~
ducteurs. INous soupàmes nous-mêmes de
très-bon appe'tit avec du riz et du poiss(Hi
sale , n'ayant mange de tout le jour qu'ua
Uiqniodc, Cookie
5â .VOYAGE
peu de biscuit. L'eau jusqu'ici avoit et^ for*-
limoaeiise , quoique sans mauvab goût. Pfoira
distance estimée d'Ârke'ko e'toit de trente-
quatre milles.
Juillet ai. Nos gens be faîsoient aucun
pre'paratif pour se oiettre eu route à l'heura
marquée. Nous apprîmes que ce délai venoit
de ce que les mulets , si long-temps promis
par le Naïb , auroient dû oous joindre en ce
lieu , et qu'on ne les voyoit point arriver.
Les Ascaris interjetoient aussi quelques mots
très-intelligibles , pour nous apprendre qu'au-
cun d'eux n'irolt en avant , jusqu'à-ce qu'on
eût accordé leurs demandes. Cet état pénible
d'incertitude finit heureusement par l'arrive'e
d'un cbrélien d'Abyssinie , qui venoit de
Dixan avec dix mulets commis à ses soins^
Il étoit envoyé, parle commundemenl exprès
du Ras, pour nous transporter, nous et notre
bagage, en toute diligence, aupiés de lui à
Antalow ; et les ordres les plus stiicts éioient
donnés pour que nos personnes fussent en
eûrete pendant le reste du voyage. Dès que
l'eus reçu cette bonne nouvelle , je mandai
le cbef des Ascaris auprès de moi ; je lui dis
ce qui se passoit, et lui donnai pleine liberté
Uiqniodc, Cookie
EN ABYSSIKIi:. 53
cte nous quitter aussitôt qull le jugeroit à
propos. Pas un d'eux ne profita de cette per-
mission; mais comme ils virent qu^I n'y avoit
plus rien à gagner par la force , ils promi-
rent de se mieux conduire à l'avenir , sur quoi
BOUS consentîmes à les garder avec nous.
11 étoit dix heures ; et la chaleur devenoît
si incommode que nous différâmes quelque»
heures de nous mettre en marche. Nous
louâmes , pour un peu de cafë , la hutte du
cheik de la trihu près de laquelle nous dlions
campes. Elle e'toit précisément aussi grande
qu'il le falloit pour contenir nos deux lits (l).
Nous couvrîmes ceux-ci de nattes , et nous
jouîmes ainsi i^an abri fort agréable contre
les rayons du solfeil. te vieux oheik et sa
femme, nous firent tont le loBg du jour beau-^
coup de visites iotéressées, dont nous les
aurions aisément dispensés , d'autant plus que
cette dame , qui u^toit ni jeune ni jolie y
avoit une volubilité de langue: que rien ne
pouvoit contenir. Avant notre départ , elle
vint rçoonaoilre tous ses précieux eflets , et
('■} Deux petits lits pris panni nos baniacs denier^
que le capitaîae HudUnd et mol avions trouvés d'va
Uès-bon usagjB,
c,qi,it!dt, Google
54 ■ T O T A G E
nous tança , avec de grands éclats de voix ,
pour avoir bu ^ sans permisùon , quelques
gouttes d'eau.
Cette Inbu semble vivre avec une sort»
d'aisance, lis ont du lait , du beurre , et un
fruit appelé gersa , qui , lorsqu'on le fait
bouillir , ressemble fort au pois commun. Us -
tuent aussi cbaque jour deux chèvres pour
leur table. Deux serviteurs du Naïb nous
quittèrent ici et emmenèrent son mulet.
A trois heures apr^s mitU , le reste de la
troupe se mit en màrcbe sur les mulets de
Dixan , qui , joints à nos treize chameaux ,
formoîent une caravanne respectable. La
route paroissoit parfaitement sûre et bien
fre'quenle'e. Fresque toutes les heures, nous
rencontrions de petites kafilas ( i ) de vingt
ou trente personnes , qui alloient à Arkelto
avec des marchandises.
Après avoir suivi un chemin qui fait plii- '
Meurs de'tours parmi les acacias, nous entrâ-
mes dans le Ut d'un torrent qui étoit à sec ,
et oii nous commençâmes à souffrir beau-
coup de la chaleur. Nos domestiques ayant
négligé de reraphr d'eau les outres de peau ,
(i) Caravanne.
c,qi,it!dt, Google
EN ABYS9IHIB. f^S
préoautioit à nécessaire, nous fûmes, dans
]e cours de cette marche, tourmentés parla
$oif, (jii'excitoit cette chaleur excessive. Je
fus soulage' peodant quelque temps par la
complaisance d'un pauvre homme, qui des-
cendoii des collïues et qui me donna un»
partie de l'eau qu'il portoit sur son dos dans ,
un sceau. A mesure que nous avancions , la
vallée devenoit plus étroite ; jusqu'à n'offrir
enfin qu'une gorge entre des rochers , qui
o'avoit pas plus de cent mètres {yards) en
largeur', et qui de côté et d'autre eioît bor-
dée et cauverte de montagnes à pic et fori
«levées.
Nous passâmes devant uo petit cinieiièret
que nous laissâmes à notre gauche. Bientôt
après , les deux chaînes de montagnes seiQ'*'
blolent se fermer. Au pied de ces montagnes
étoit un petit terrain en talus , appelé Ham-
hamou , distant de quelques mètres du lifc
d'un torrent , où nous ftmes halte , pour y
passer la nuit. Nous venions de décharger
Bos chameaux, et nous nous félicitions d'a-^
voir achevé celte fatigante journée , pendant
laquelle , depuis le déjeuner , nous n'avions
pris uicun rafraîchissement ; lorsque notro-
guid^ç nous annonça ui) orage. Nous n.ous
Lm»z.d=, Cookie
56 V O Y A G K
hâtâmes de rassembler iiotre bngoge , et de
Je couvrir des murailles de notre tente; nous
nous ocoupions à dresser la tente même ;
fjuaqd la pluie tomba tout-à coup par tor-*
rens, accompagnée de tonnerre et d'cclairg
très-vifs. Nous nous jetâmes pèle mêle dans
)a tente pour pous mettre à l'abri ; mais elle
pe nous garantît guèrçs. Pour ajouter à notre
trouble , dès que la nuit devint obscure >
( la tempête étant à sop plus haut degré d«
violence ) , les Ascaris ([ui ctoieqt dehors ,
donnèrent l'alarme et dirent que les naturels
veuoient sur nous. A l^nstapt OQUS saisîmes
Jes armes que nous trouvâmes sous notrç.
main , et sortîmes à la rencontre de l'ennemi ,
par une pluie si forte , qu'elle auroil rendu
ces armes inuiiles. Heureusement c*é(oit une
fausse alarme ; et je n'ai nul doute qu'elle
n'eût été ,donpée à dessein par nos Ascaris ,
pour pous piller si nous n'avions pas çt^ prêt$
à repousser toute espèce d'ngressiop.
Une heure apfès cette alarme , noos en--
.tendjmes le toirent descendre à grand bruit
dei montagnes, qui rétentissoient encore des
mugîssemens du tonnerre; li'air s'etoit telle*
mem r<ïfroidî , ^«'un babil de dr?p Qt uns
uigiii^dt, Google
ENABYSSINIE, 67
Caniolifie (1) o'eioîent point de trop , quoi-
qu'à notre arrivée en ce lieu le ihermomètr»
fut à 84°, F. (a3 iR,).
La tempête dur^ quatre heures, pendant
lesquelles quelques-uns des nôtres, épuises
de fUtigue, s'endormirent. Bientôt les autres^
maigre l'incominodité de la situation, suivi-
reot Içur exemple,
Juillet 9^. C'étoit le matin un speotacla
curieux que celui qu'offroit notre tenie. E)l«
çontenoit , outre nous et dos domestiques ,
]es couduoteurs des chameaux, et trois ânes,
qui s'y étoient glissés pendant la nuit , pour
$e mettre à l'abri de la pluie,
Les collines, qui semblent ici se réunir, cou-
rent presque au sud. Elles sont composées
de grandes couches de pierres brunes, en-<
trecoupées de couches de mica blanc. On y
voit çà et là des acacias rabougris et des
brousailles ; et elles s' élèvent en pentes d
foides , qu'elles masquent entièrement les
collines plos éloignées. Jje terrain en talus ,
$ur lequel nous étions çampe's, n'est qu'un
monceau de gravier et de pierres détachées ,
(1) Mapiean- orafee.
c,qi,it!dt, Google
58 V O T A C B ■
qui recouvrent une base de rocters , dont '
les crevasses noiiriissent quelques buissons.
Bruce passa une même nuit en ce même lieU ;
et il y essuya, comme nous, une violence tem-
pête , dont il fait, selon son usage , une des-
cription esagéree. CependaD^il e'toit ici Je
17 novembre, et par conséquent dans uii«r'
saison bien dilEerente.
D'ici un sentier tortueux d'un mille ou
plus conduit au bautde la montagne', par la
rive orientale du torrent, jusqu'à des sources
Ou citernes naturelles , taillées dans le roc ,
d'où les tribus des montagnes tirent une eau
excellente et claire comme du ciisial. Fen-
dant que nous étions à déjeuner , quelfjueâ
niise'rables tout nuds, qui vivent dans le voi-
sinage , vinrent nous demander l'aumône;
nous ne refusâmes pas de partager avec eux
notre repas.
Avant que nous nouS fussions remis eu
marche, Guébra Michel, notre guide Abys-
sin , vînt à nous , et nous fit remarquer que ^
comme nos provisions commençoient à dimi-
nuer, il étMt convenable de renvoyer les
Ascaris du Naïb, Je ne fus pas fâché d'avoir
imc occîision de les congédier j et je leur
ordonnai de partir sur-Io-cfaamp. Ui obéirefll
c,qi,it!dt, Google
INABYS8IÎÏIE. 5^
i regret , sentant qu'ils n'avoieut plus d'as^
«endant, et reçurent chacun deux dollat-s.
pour hâter leur résolution.
Nous quittâmes Hamhamou à dix [heures
avant midi. L*eau avoit presque disparu , et
n'occupoit qu'une petite partie du ht du tor-
rent, le long duquel nous cheminions comme
ci-devant. Â mesure que nous avancions y la
gorge devenoit plus étroite. Nos guides nous
pressoiem de faire dihgence , craignant qu'il
ne tombât encore de l'eau des montagnes.
. C'est ce qui arriva en effet vers midi , quoi-
qu'il n'y eût eu jusques-Ià aucune apparence
de pluie. Heureusement celle-ci ne fut pas
assez abondante pour interrompre notre
marche. Nos midets éloient si bien dressés,
qu'ils ne s'arrêioient pas pour si peu de chose.
C'étoit pour nous un sujet d'étonnemeut et
de satisfaction, de voir aveo quelle attention
ils morohoieot sur les rochers et sur les pierres
détachëes qui embarrassoient la route chaqu»
fois que nous passions et repassions le torrenu
Noos trouvâmes sur notre route un»
grotte habitée par une famille de naturels du
pays, où nous vîmes une femme occupée à
moudre du blé , et quelques entans qujl
jouoient autour d'elle. L'aspect général du
uigiii^dt, Google
6o ■ V O Y A O JB
paya coramençoit à s'embellir; la vëgëtalion
avoit plus de fraiolieur; et nous observions „
dans tes plantes plus de variété; qu^lqqes--
unes , qui nous sembloient appartenir à, la
famille des liliacées, étoient fort belles, I^e
capitaine Hudlandtu^ un oiseau curieux, dont
l'ai conservé le dessein.
A quatre heures et demie , nous arrivâmes
à Sadoun t éloigné d'Hambamou, selon mon
estime , d'environ dis milles. Cette Gtatioq
est un petit morceau de terre couverte de
verdure , qu'ombragent des arbres de .la '
même espèce tjue ceux que nous avions vu*
à Wéa, Elle est placée à peu de mètres du
ruisseau , et entourée de tous côtés de mon-i
tagnes boisées. Comme il y avoit apparence
ie pluie , nous dressâmes notrA tente , et y
rangeâmes notre bagage pour passer la nuit.
Depuis que les Ascaris nous avoient quitté?,
la garde de nuit , que jusques-là nous avions
faite pous-mêmes, fut confiée à Fearce, à
Jlamed Chamie , et au chrétien d'Abyssinie j
k des intervalles réglés on tirait quelques
coups de fusil. Au point du JQur le thermos
mètre étoiià 77'. F. (30 R.Jj àmidi il éwi^
à 86°. (84 R.)
uigiii^dt, Google
t:N ABVâSllfIX!. 61
' Juillet a4.'La pluie, que nous attendions ^
neureusement n'arriva point ; la nuit fut trè^
belle , mais froide. Le matin nous observâmes
que le torrent avoit déposé le limon qu^
charioit la Veille , et qu'il couloit parfaitement '
limpide. Nous y vîmes une multitude de petits
poissons , qui l'essembloietit aux goujons.
Entre six et Sept nous nous remimes en
marche le long des bords pierreux du ruisseau,
qui de temps en temps nous présentoient des
bosquets à t'ombre desquels le terrain se
couvroit d'un vert gazon. Le capitaine Rudlaud
tua un jeune cerf, de la même espèce que'
ceux que nous avions reoconiré à Massowa ,
Clt un grand oiseau du genre des gélinotes.
Après avoir passe' un petit cimetière , appelé
WUIo , nous arrivâmes à un bosquet touffu ,
«ssezsemblableaus bosquets de manguiers que'
l'on rencontre souventdans l'Inde. Les arbres
dont il ctoit composé nous rnppeloient aussi
les manguiers, par la forme de leurs feuilles
et par la manière dont ils porloïent leur»
fruits; mais ce fruit n'éitât pus pulpeux,'
c'e'toit une noix dure enfermée dans une cosse
mince. Les naturels s'accordèrent à dire que
c'étoit un poison j cependunl Mr. Carter en
c,qi,it!dt, Google
0.
63 V O T A G *
mangea trois ou quatre amandes ^ sons em
éprouver la moindre incommodité.
Peu après noua arrivâmes à Tubho, station
vraiment pittoresque , abondant en bpsquets
de toutes sortesd'arbres ombreux, et entourée
de rochers abruptes et de précipices, Bruce a
bien décrit ce lieu; mais quoiqu'il y eût une
grande variété' d'oiseaux tout à l'entour, leur
chant ne me parut pas différent de celui que
nous avions souvent entendu avant d'arriver
îci.^esmontagnes qui nous entouroient étoient
habitées par tes Hazortas, les Welleilias, et
plus de cinquante autres tribus, selon le rap-
port conforme^ des hahitaus de Dixan et d'Ar-
ke'ko. On en peut conclure que presque chaque
colline a sa tribu distincte. Les Haiortas sont^
et ont été dès long-tems , dans des termes
d'amitié avec le Naïb de Massowa ; mais uns
tribu à l'est , appelée Hartou , est en guerre
ouverte avec lui. Un homme de la première
de ces tiibus descendit vers nous sans armes,
accompagné de son jeune fils. L'un et l'autre
e'toient noirs , vêtus fort légèrement , et furent
' fort reconnoissans du présent que je leur fi»
. d'un peu de tubac.
Nous viraes ici deux grands figuiers syco-
mores, qui avoient à peu près dù~neuf pieds
c,qi,it!dt, Google
■EX ABYSSIT^IE. 65
de contour à leur base. Des cotes des plus
grandes branches sortoient des grappes de
figues, ^ui toutefois , pour la plupart, étoïent
dévorées par des fourmis noires avant de
parvenir à leur maturité. 11 croit ausù en ce
iieu avec abondance une espèce d'asclépiade ,
que nous avons vue également tout le long
du cliemiD depuis Arkelio. Les habitaos en
eojploient le bols à faire des manches ou
poignées pour leur couteaux çt leurs épées.
Nous restâmes à Tubbo, pour jouir de la
fraîcheur de ces beaux ombrages , jusqu'à
cinq heures et demie j et ce ne fut pas même
sans peine qu'à cette heure-là j'engageai nos
gens à gagner une autre station.. Notre routb
conlinuoit de suivre le torrent; mais main-
, tenant, outre les arbres que j'ai mentionnés,
le tamarin commencoît à se montrer. Nous
vîmes ausù sur les collines , plusieurs singes.
ÏI y en avoit principalement de trois espèces ;
l'une e'ioil celle qui est commune à Mocha ;
une autre étoit distinguée par sa graddepi- y
et par ses cheveux et sa barbe blanche ; la.
troisième étoit beaucoup plus petite que lesi
autres et avoit la barbe blanche et des an-
neaux blancs à la queue. Nous vîmes aussi
le lapin des rocueiit , qui nous parut sem-i
,c,qi,it!dt, Google
64 T O * A (J *
blable à'I'ashkoko de Bruce. En moîas d*ub*
heure nous arrivâmes à lllUa (Lila de Bruce),
où nous primes nos quartiers pour k nuit'souâ
-nn arbre , sans nous donner la peiue de
dresser notre lente , attendu (ju*il n'y avoit
aucune apparence de pluie.- Nous doruimes
sans qu'aucune béte troublât notre repos,
et sans qu'aucun bruit vînt ioterrortipre notre
sommeil ; mais vers le malin nous trouvâmes
l'air très-froid , sur^tom pendant les fortt
coups de venta qui tomboient , par inter-
valles, des collines. Notre distance de Sadoim
etoit, selon mon estime, de huit milles. Le
thermomètre à cinq heures avant midi eto^t
à 77.° F. (30.° R.)<
Juillet 35. Nous reprimes notre marche
de bon matin , quoique l'aspect du ciel pré-
sageât une forte pluie. La route qui jusques-
là avoit déjà constamment monté depuis Ar-'
kéko , monta tout-à-coup encore plus rapi-
dement. II y avoit çà et là beaucoup de fiente
d'eléphans répandue sur le terrain ; les bran-'
ches de plusieurs figuiers avoient été coupées
presque jusqu'au sommet . pour nourrir le
bétail de feuilles et de sions tendres, parce
que l'herbe étoît entièrement brûlée ; no-us'
\îmes
EN ABYSSINIEN B5
Vtinës sur la pente des collines quelques billtês
et plusieurs liabitans.
Après une marché d'entlron deilt bétlreâ
bous parvînmes à un lieu nommé Assuba ,
où éloitun cimetière. Nous y vtmes un petit
nombre d'bommes qui conduisoient tin grimd
troupeau de gros bétail ; nous leur àche-'
tâmes, pour quatre dollars , une vache ^ que
nous destinâmes à la subsistance de nos gens
peudâbt la montée de Tai-anta. Un quarts
dlieure après j nous fûmes à notre station atf
pied de cette montagne. Nous avions été avec)
nos chameaux aussi loin que poUvoit le per-^
mettre l'inégaliie' du terrain ; il étoit ènfiri
devenu indispensable de songer k qilelquè •
autre manière de iranspbrter notre bagage k
Dixan. A cet effet , nous ouvrîmes Une né-'
gociation avec quelques hommes de la tribii
Hazorta, qui habite les mouiagnes , dans Ict
but d'avoir des bœufs de charge. Maiï n'ayant
pas pu noiia entendre, nous nous conten-'
tâmes d'achetet d'eux un seul de cesanimaUi:;'
et nous Bmes im accord avec des hommes et'
de jeunes garcoris, qui s'engagèrent k pbrter
nos paqueis sur leurs épaules. Fendant qus
nous trailîons cette aSaiie,- Uu homme de
quelque importance, nommé le Cbeik Ummar^
Tom. t. â
Uiq mode, Google
66 V D V A & ï:
étoit v«nu boitt demander du tabac , dil
café y etc. pour la pennîssioD de passer la
montagne. CeUl à qui il s'adressa ayuit né-
gligé de me faire part de ses prétentions , il
Crut qu*<Hi lui manquoit d'ëgards , se leva
transporté de colère , prît sa pique et son
bouclier , et se jeta avec sa suite en bas de la
eolliue , en murmtu-ant quelques menaces.
Ne voulant point hasarder sans nécessité une
affaire qui pouvoit devenir sérieuse , je lui fis
courir après » et j'eus avec lui une conférence
amicale^ dans laquelle je lui expliquai la mè^
prise qui avoit eu lieu , et lui fis toué les
petits présens qu'il étoît veau solliciter. Le
loir les cbefs Hazortas reviot^nt totis , ac^
Compagnes d'un vieillard, qui jouissoit parmi
eux d'une grande autorite. Ce vénérable pa>
triarche ^ qui avoit , nous dit-oo , autour de
loi trois cents personnes de sa famille, s'^aS&it
Bur un terrain montant, et ayant soulevé s<hi
vêlement sur la pointe de sa lance , il de-
manda qu*On fit ûlence y et parla en ces
termes.
- «c Que tout le monde saobe que ces gens
là sont dés hommes d'un haut rang , amis
do IStob de Massowa , amis du sultai ^^
uigiii^dt, Google
EN ABYSSIHIB. 6)
Habbesh (i) , amU du Ras Welléta SélAsuT^
et anaia du Baharnegash Yasoos. Noos avons
reçu et maDgé leur bouniture , bu leur e^éf
partage leur tabao ; et en cous^ueiiGe , liouâ
sommes leurs amis. Que personne u'aît l'au^
dace de les inolester. »
A ces mota uU murmure ' général d'apr
probation se fit entendre ; et tous restèrëat
tranquilles et en ordre. Toutefois le soir
même nous fftmes encore inquiétés par les
gens du Nalb , qui nous Srent de nourellâs
demandes , appuyées de menaces. NoUs n'y
eûmes aucun égard, sî ce n'est que nous nous
armâmes pendant la nuit , selon notre cou-
tume. Nous la passâmes sans éprouver aucune
molestation. Le thermomètre se tenoit Ib
soir à 76° F. (19IR.)-
Juillet 36. Le chef Hazorta étant ce matin
dans une disposition tout-à-fait amicale , j'eb
proâtaî pour lui faire quelques questions sur
sa tribu. Il me dit que lenr usage e'toît d'é"
pouser quatre femmes ; que lui-^méme en avoK
tout autant ; qu^ avoît neuf enfans , cinq filles
et quatre fils ; que la population de sa tribu
montoit h eaviron cinq mille âmes ; qu'ils
avoient beaucoup' de gt«s bétail , mais qulla
(1) On AbjssîuMi
c,qi,it!dt, Google
B8 V O T A O H
tuoieïit rarement lesbétes de leurs trOupéauxv
à moins qu'elles oe parussent prêtes à mourîr
de maladie 6u d'accident , parce que ces aui-^
maux, étoient pour eus le. t>rincipal objet
d'échange avec les Abyssins contre des grainsi
Je lui demandai pourquoi ils ne cullivoieot
pas' ïuk-mêmes du blé. Jl me répondit qu'ils
n'enteudoient pas ce genre de travail ; que s'ils
l'avoient entendu, ibauroient été bien couteus
de pomwoir à leurs besoins, sans avoir re-
cours à d'autres. Il me dit encore , qu'ils ne
dépouilloient jamiùs les brandies d'arbres, que
j>bur nourrir leurs troupeaux, lorsque l'herbe
étoit brûlée ou entièrement donsomuaée. il
semble donc que cette peuplade pouiroit, par
des moyens doux, être portée à un de<5ré de
civilisation fort supcrieur à celui qu'elle a
atteint. Quaût à leur population , si elle v:t à
la moitié du nombre auquel ce chef la porioit,
cette tribu peut passer pOur puissante ; et
comcQie elle est composée d'bomiiies brayesj
quoique grossiers, et qu'elle este» possession
d'un pays tràs^fort d'assiette, à travers lequol
passe le seul chemin praticable pour aller eu
Abyssinie, elle pourfoit acquérir un degré
dHmportance bien plus grand que celui qu'elle
a obtenu jtisqa'iei.
uiq mode, Google
EN ABYS8INIE. C9 .
A onze heures et demie , après ayoir pass^
ïânif heures à nous disputer avec nos gens ,
en' étant plusieurs fois sur le point d'en venir
aux coups , enËn hqus obtipmes d'eux d'aller
clierdier les mulets, et nous 0Qmmeuçân}e6
ii gravir la montagne. Le Cheik Ummar , de
qui j'avois reçu les précédentes inrortnations ,
prit congé' de nous avec des expressions réi-
térées d'amiiic et d'faumïlité, La première
partie de la route fut aisée et unie ; mais en
avançant, elle devint plus escarpée et plus
incommode ; elle étoit pleine do pierres dc-
tacliées et d,e masses de rochers, si^r lesquels
néanDioips nos excellens mulets nous coiv-
duisoient sans difficulté et sans risque. Ceux
des gens du NàTb que nous avions gardés
avec nous pour nous servir de guides , sachant
que , quand nous aurions passé la montagne,
ils ne pourroient pliis se livrer impuipémeiit à
leur insolence et k leur rapaùté , résolurent
de semer tomes sortes d'obstacles sur notre
route. En conséquence ib commencèrent par
nous abuidonner. Miûs heureuEetnent nous
cencooitrâmes im jeune chrâkqui descendoit
la montagne , ot qui, moyennant une foible
rétrUiution , consentit à se faire notre guide ,
çn. sorte ■qne nous ni«nes continuer uoU'4'
Uiq mode, Google
^0 V O Y A O B
roui«. Un quart (J'heurn apr^ , nous vtmea
r«veo)r le guide du Naïb , qui nom avmt
déjà donné tant de souoi. Il Touloit absolu-
ment que nous fissions balte. Il nous donnott
À entendre qu'on ne ponvùt trouver en haut
ni eau , ni vivres, ni lieu pour passer la nuit ;
qu'il falloit faire notre station là oii nous étions,
et attendre «u lendemain pour traverser la
montagne. En tenant ces propos , il saisit
Tudeoient 1« mulet du capitaine Rudland ;
et quand j'avançai , il me coupa le chemin
pour arrêter le mien. Je l'eu empêchai en
tirant mon sahre , et le menaçant de lui fendre
la tétc s'il me faisoit la moindre molestaûon.
U renonça à son dessein , et s'assit sur une
pierre RU bord du ohemin dans un accès de
rage. Cependant nous n'en étions pas quitte ;
car quand nous eûmes fait un demi^mitle
au'delà, il nous devança encore, et s'etant
empare' , de manière ou d'autre , de l'épée
du capitaine Rudland , que ce dernier avoit
remise au cheik pour la lui porter jusqu'au
haut de la colline, il commença à insulter
Mr. Carter ^ qui lui avoit re'siste lorsqu'il
TOtdoit arrêter son mulet; il étoit sur le point
de Urer l'épêe du fourreau, lorsque Mr, Carter
prit un pistolet qu'il portoit à sa peinture el
c,qi,it!dt, Google
«H ABYSSlNIKv 71
)e lui présenta. Au même momeDt le capitaine
Rudlatid sauta has de son mulet et reprit de
force son e'pe'e. Ainsi cet homme s» voyant
frustré de Tespe'rance de nous retarder d'uD
}our, et probablement intimidé par l'issue de
sa dermère tentative , renonça à son dess^a
et cessa de nous ipquleter.
Toute cette montagne étoit ©ouverte d*
colquals , qui s'élèvent presque à la banteuF
de quarante pieds. Vers le sommet, le cèdre
à baicii de Bmce (que pos guides appeloient
cereder) çommençoit à se montre^', etdeve*
voit plus abondant à mesure que bous nous
devions ; ie sommet même étoit çouvei-t d'une
épaisse fopèt toute composée- de cet arbre.
Dans les plus mauvais pas , nous mimes pied
à terre pendant l'espace d'^un t|uart de mille-;
ensuite nou^ remontâmes sur pos mulets , et
gagnâmes le sommet Sans autre- difficulté. Dès.
que nous, y Kimes , nous regardâmes bos
montres y et vîmes qu'il n'étcût que deux,
heures et demie ; eQ sorte que, malgré tous
nos délab , nous n'avions mis que- trois heures
à franchir le passage de- Taraota , dont on,
, nous avoit si fort exagéré la (ïfficulté et le-
' danger. Dès lors nous dirigeâmes notre
laaFche^par une belle vallée verte , ombragé«ï
uiq mode, Google
Jl . V O T A G B ■
(te.C^dt^s, et oroée d'un ëtan^ plein d'eau,
doitt 1e( vue nous fut d'autant plus -agréable ,
qu'on nous avoît répété très-souvent qu'il
p'y en avDÙ point sur le sommet. Près de
cet étang paissoit un (^raud troupeau de gra^
bétail. En faisant des détours dans cette \ allc'e,
nous découvrîmes une prodigieuse quantité
de ohampigoons , que les naturels envisagent
comme venénetix , ce qui ne nous empêcha
pas d'en eueillir en abondance. Nous en
fîmes e'tuver une partie pour être manges de
suite, «t nous conservâmes les autres pour
pous servir au besoin. Nous les trouvâmes
très-saiqs, et fort agréables, surtout dans la
privation totale de végétaux que nous éprou-»
vàmes ensuite. Peu après le capitaine Rudland
l-ua un très-grand Iriboitj Mr. Carter et moi rei
eueillimes beaucoup de fleurs , dont plusieurs
«voient -des racines bulbeuses. Dans les buis-?
lonsnous trouvâmes l'églantier odorant (suteet
hriar) ex quelques autres ronces très-aroma-
tiques. Nous fûmes bientôt atteints par les
hommes et les jeunes garçons qui portoient
potre bagage, Un de nos plus pesans ballots,
Qoqtenant qos munitions et nos dollars, par lA
fuéme très-lourd, éloit porté, à noire grande
^ufpris^j pfir nu jeune garçon de treize aiis;
Uiq mode, Google
EK ABYS3INIB, 73
*l IHm* <lfis muraîJIeg'dç notre grande terne,
avec ses deux piqueu , fut portée par un setil
bomme , depiùsle pied de la montagne ju»x
qu'au sommet à peu près en <|uair» liearfts. H
n'est pas faoile de concilie^ «es faits avec ce
que dit Qruce des = difficultés estraordioaires
qu'il eut à surmonter pour parcourir en deui^
jours entiers le même espace ; h moins de sup-
poser que le rétablissement dç la p-aix , entre'
le Naïb et la tribu Hazorta'a produit dans
oette route une étonpante amélioration. Mais
édla est d'autant moins probable , que , d'après
le récit de Bruoe lui-même , le commerce , si
Pon peut en juger par le nombre des escla-
ves, étoit alors sur le même (àed qu'à présent,
En outre nous ne renoontrâmes pas une seule
byènc, ni une seule caverne de troglodytes.
Très-beureusement aussi nous n'eûmes point
« les mains et les genoux blessés par de fre'-<
» quentes chutes-» , ni « le visage déchiré par
» les buîssonsépiucfUx, » Ce dernier acoident
parcût presque impossible dans un sentier
9U6S) ouvert et aussi fréquenté. La seule partie
de notre ba^ge , qui resta en airièrç, et qui
ce nous arriva qu'assez tard dans ta nuit , fut le
pavillon de la tente , et mon lit , qui étoient
chargés sur le dos d'up bçeuf, La soirp'^ étans
Uiq mode, Google
74 V O Y A a B
trèB-froid« , nous raugeÂmes notra bagage en
demi-cercle, nous finies uq bon feu au centre, et
vous QODs couchâmes surles murailles de notr«
tente , «près aâus être regaJe's de poisson saté ,
de riz et de nos ohampignons éti^ves. Le their*
Qtomètre étuit le soir à 64* F. (i4f R. ).
Muilletaj. Noua essuyâmes pendant la sui^
une averse; et quand nous nous éveillâmes, le
temps étoît si menaçant , que , malgré les assu^
rances de notre gwde, qui n'y voyoit que le
brouillard ordiniùre du matin, nous jugeâmea
prudent de dresser notre tente, sous laqu^Ie
nous trouvâmes un utile abri contre une forte
averse qui eut lieu quelques iqstaos après^
Les sommités du Tarant» , qui entourent la
petite vallée oii noua avions passé ta nuit ,
avoient été obscurcies jusqu'alors par dea
nuages passagers. A sept heures elles com-
mencèrent à s'éclairûr } aussitàt nous dépê-
châmes notre bagage , et à huit naua' noua
mimes nous-mêmes en route. Cependant 4
peine eûmes nous atteint le premier talus ,|
qu'une grosse pluie survint , qui continuA
tout le jour , avec peu d'interruption. Dèsn
tors la descente devint rapide ; la routa
pasaoit par des gorges, Je long desqueUe»
Uiq mode, Google
»N ABYSSINIK. 75
]es eaux oommençoient à se précipiter avec
force ; mais auoon de ces obstaolas ne pa-
roîssoit retarder uos mulets ; i)s descendoient
presque comme des chèvres de rochers en
roobers ; et pas un de tous ceux qui nous por-
toieqt ne fit , dans tout le jour, xax seul faux
past Malgré nos manteaux de drap et noa
eamolîaes , nous e'tions mouilles jusqu'à la
peau y et la difficolté de la route nous avoit
éloignés les uns des autres. Il arriva de lii
que , tandis que le capitaine Rudland et moi
sous suivions le bon cbemin , Mr, Carter et
Pearoe en-èrent partout oîi leurs mulets vou-
lurent les couduire ; et que, comme nous le
reconnûmes ensinte^ arrivas à un quart de
mille de Pixan j ils firent un détour de cin<|
nulles.
Le capitaine Rudland et moi nous reti-
râmes dans un village , situé à environ trois
niilles de Diian > à l'abri d'une huttç divise'e
en plusieurs oomp&rtimens et habitée par dif-
fe'rentes familles. Ceux qui s'y fouvoient nous
rendirent tous las services compatibles aveo
leur misérable situation. Une vieille femme ,
qui parloit un peu arabe , nous apporta u»e
petite quawité d'eau fort trouble. Noua
remarquâmes dans ce groupé deux jeunesi'
Uiq mode, Cookie
fS V O Y A O B
femmes d'une figure agréable, <jui avoïent ((•'
belles dents, et portoient desboucles d'oreilles
d'argent. Des moioeoux s'envoloient de des--
tious le toh des buttes^ le gros be'taîl liabitoh
le même appartement que les femmes et les.
enfans. La manière de bâtir, usitée en «e'
Ijeu , cooâsle à élever des mars de la bauteuT'
requise , appuyés à augles droits contre )a>
peoie escarpée de la oolline , et de couvrir-
la hutte d'un toU de gazon dispose de ma^
liière à corréspoadre avec l'inclinaison du sol'j
ce qui donne à Cos habiutions l'appai-enea'
d'autant de cavernes. Nous regrettâmes forti
d« n'avoir à doimer à ces pauvres gens qu'unm
bouteille vide. Et tQUtçfttis ils en parurent-
fort satisfaits. .
Nos compagnons nous rejoignirent bientôtr
après; et^era les deux heures après-midi d^
iour le plus désagréable de tont.notre voyage,:
nous entrâmes dans Dixan , eon^létement
mouillés, sai^s avoir avec nous aucune partie
de notre bagage , qui se trouvoit disséminé
su^r la route., en proportion de ta force oui
de la bQnne volonté de ceux qui le portoient/
Nqu9 fûmes reçu& par le Babamega^ Yasou»
@t par Içs principaux de Iei vUIe , <jui nouii
Uiq mode, Google
EN' A6YSSIN-IÈ. 77
attendoîent dans une maison qu'on nous avoit
fait préparer.
Peu après noire arrivée , le Bahamégash
nous envoya quelques grands gâteaux plats de
farine d'orge , du miel et de l'hydromel ■. Nous
fûmes cbarme's d'en faire noire dîner , en y
joignant un peu de notre fromage DalaCi
Juillet sB. Le thermomètre e'toit au point
du jour sur le Taranta , à 69° F. ( 1 3 R. ) ;
dans le jour il varia entre 61" et 66" F.
(iS" et i5° R. ) Nous passâmes une miit
fort pénible ; l'air étant extrêmement froid ^
(le thermomètre à 59° Fi (19 R. ))j elle peu
,de véiemens que nous avions avec nous étant
.complètement mouille'si Pour moi , je restai
assis presque jusqu'au matin j les pieds dans
ï«s cendres chaudes d'un petit feu j, qui oc-
cupoit le centre de notre caverne. J'appelle
ainsi notre habitation, parce qu'étant cons^
truite sur le même plan que celles que j'ai
décrites tout-à4'heure, elle étoii évidemment
une copie des excavations naturelles ou arti-^
ficielles. On peut dire , en faveur de cette
manière de bâtir , qu'il n'y en a presque au-
cune qui puisse être mieux assoitie au sol
montagneux, de ces contrées , et foiunir y à
ciiiodt, Google
?8 V O T A O K
û peu de frais » au bétail et aux hommes, un
abri contre rmtempërie de l'air et contre les
bêtes féroces qu'on entend tonte la nuit
hurler à l'entour. Nous étions tous le maiin
assez mal à notre aise , par une suite de nos
fatigues de la veille; le temps sombre, et la
pluie qui ne cessoit pas, ne nous disposoient
pas à la gatte'. Vers les dix heures Hamed
Chamie et le reste de nos gens arrivèrent
aussi maltraités que nous ; ils avoient cepen-
dant trouve' plus de ressources dans un village
oîi ils avoient passé la nuit ; ils s'y e'toîent
procure Un mouton , et tes habitans leur
avoient fait le meilleur accueil. Nos ballots
arnvèrent un à un; plusieurs éioient remplis
d'eau. Heureusement les habits et les présens
destinés au Ras ^ ainsi que tua petite caisse
d'eBets précieux ne furent point endommagés.
Vers le soir , la plus grande partie de notre
bagage arriva ; Guébra Michel nous fît une
demande additionnelle de cinq dollars. Hamed
Chamie résista à cette demande. D'abord le
Babamégasbexprimale déplaisir que luicausoit
cette nouvelle imposition ; mais il vint ensuite
à moi , et me dit que son neveu avoit promis
ce cadeau nux porteurs , dont it avoit engagé
plusieurs par force sur la route ; Guébra
c,qi,it!dt, Google
fiN AilrssiiTiE. ?9
Michel donna sa main comme un gage de
tincëriié ; sUr quoi f ordonnai que cet aident
lui fût payei. n plut tout le jour ; le ther*
momëtt-e Tarioit entre 61* et 63" F. ( iS*
et i4* R. ).
Juillet 39. Nous fûmes tenus éveilles la pins
grande partie de la nuit, par les eboîemeni
des ohieus j qu'alarmoit l'approche des hyènes
et des autres bétes sauvages.
J'eus ce matin une conversation avec l«
Bahame'gRsh au sujet de notre voyage d'ict
Ji Adowa. Il me dît quil avoit ordre de nous
traiter avec toute» sortes d'égards. 11 ajouta
que mes lettres avoient été éxpisdiëes au Ras|
mais que n'en sachant pas le contenu , U
seroit bien aise d'être informé du but de
notre voyage. Je lui répondis que les Anglois
étoient une nation puissante , qui contmandoit
sur les mers; qu'un seigneur Anglois; résidant
alors à Alocha , m'avoit envoyé pour établir
un commerce d'amitié avec l'Abyssinie, qui ,
s^d étoit entretenu, ue pouvoit manquer d'être
fort utile à ce pays> Je me déterminai i-
m'expliquer jusqu'à ce point , soit à cause d«
la manière amicale dont celui à qui je m'a-
dressob usoit à notre égard , soit pour m'ai>
c,qi,it!dt, Google
8o V D Y A G te
surer la conùnuaiîon de ses bons offices ëtl
lui exposant nos vues. Il m'exprima la s&tis*
faction que lui doutioit cette Ësplicatiob ; 6t )
tontinuant lui-même ses informations, il mé
dit qu'il falloit ^ciire sur le champ au bàcbft
ÂbdaUa, secrétaire de Nebred Araur, gou-
verneur d'Ado-wa , en lui faisant connoîtré de
quelles monture» nous avions besoin pour
nous -mêmes , et les bêtes de sdmmC qui
nous eioieot nécessaires pour porter notre
bagage ; qu'à ma réquisition ^ on nous les
enverroit sans délai ; que luis-mêroe u'âvoit
que trois mulets , et qu'ils dtoient k moili
servicci Je lui dis que tout ce que ferOit lé
Ras seroît à nioû gré et le priai de hâter le
départ du messager qui devoit porter mes
lettres : je rinvilai aussi à repre'sentfer au
bacha Abdalla la nécessité de nous envoyer
les mulets en toute diligence , puisque j'étoîs
obligé de retourner bientôt à Mass^Wai
J'écrivis donc une lettre ^ju'il thë promit
d'expédier sur-le-champ , et par laquelle je
deniandois vingt-six mulets; j'appris que je
pouvofs avoir la réponse dans six jouft. Je
paiai , pour le port de cette lettre, deu*
dollars. Je sus que le Bahamégash avoil ordrC
de m'accompagner en personne jusques cb«a
le
Uiq mode, Cookie
EKABTSBIKIE. 8l'
le Ra9 , et il m'assura qu'il a'acquitteroit. dd
cette commissioo avec plaisir. J'appris ,<
qu'apriès que nous eûmes franchi la mon-
tagne de Tarants, les naturels, ayant à leur
tête le guide du Naïb > s'e'toient rassemblés
pour arrêter notre bagage ; mais que notre
ami Guébra Michel, par ime résistance cou-
rageuse, avoit fait e'chouer leur dessein. Cett«
circonstance , jointe à la manière insolente
dont notre premier guide avoit voulu en-
traver notre marche , nous donna lieu de
penser , qu'il y avoit eu quelque complot
dangereux formé contre nous , et que notre
diligence l'avoit fait avorter.
Le jour é^aut serein , nous recueillîmes
quelques plantes, nous fimes sécher nos effets,
et nous nous mimes nous-mêmes dans une
situation aussi bonne que les circonstances
purent le permettre.
Juillet 5o. Je passai toute la matinée à
écrire des lettres, à copier mon journal, et
k préparer un paquet pour lord Valentia y
contenant le récit de tout ce qiù s'étoit passé
jusqu'à notre arrivée à Dixan. Ce paquet fut
expédié dans l'après-midi, et j'ai su qu'il étoit
arrivé à bon port. Vers le soir , le capîtaÎQâ
Tom. I. G
Uiq mode, Google
8a V O T A G *
Rtidiaiid fit une promenaile avec bbn fusil î
dans t*espei'ant;e dé trtiuver du gitner ou dés
tij^as. Mais il n'aperçut que deux grands,
cerfi tâoheies, irès-fuyards: £n sbn f^sence,
)e pris une esquisse des ÛionbagiHis du Tigrée
.La jouniée fut très-belle , quoiqu'elle èott
par des tODoerrËs et des e'claîrs. Le therndo-,
ttiètreétoitii 66*F- (iS'Ri). Aucun de nous,
n'étmt en très - bonne santé' , tie que j'at-
tribuai au chabgemenl de Climat et de
noùmuire.
Jùiiiet 3l. Ube lettré, dom je joini; ici
la traductioii , fut reçue par le Balianie'gasli,
de la part du secrétaire du Ras r^ssidant îi
Adoyta , qiie les naturels appellent bâcha.
Abdalla.
Après les complïmens ordiiiaircs j
K Supposant qu'en ce moment les Angluk
sont arrivés à Disan , j'enverrai un homme à
rïëgada Mousa les chercher avec des dievaujt
et des mulets. Je souhûte que tous leur
tëmcôgaïez tous les égards posâbles , et que
vous de'pêchiez, aussitôt qu^il pourra se fuire y.
un messager au Ras Welléta Selassé ; pour
lui apprendre leur heureuse aUrivee. Le Riis
ftonimande qu'on ait d'eux le plus grand soin ^
c,qi,it!dt, Google
Vivrez , «t dés boie^oos Aé ]» meilleure Espèce,
Vu <{ue TOUS éâ répondes sUf vmrii tête. Ea
titi oibt f preaét'ési ««ifant de stnà qaë vDod^
£wi«z dii Ras Wëlléta 8él^aé Ini-diénië)
et atjftsitàt qu'iis-stirODt driivë» ^ fûtes is^ésk
dbnnër évisi f)
£d cionsd^uëncé de' èéité Iëtif«, j6 ibé Crus
lotide k faire quelles rèmoiïtraBc^s sûr \é
liaiH pftx auquel 6d tiôus fîiisoh payer hoft
Vivres. Le Sahain^gâsH tnè dit j qn'iî Aoit
prêt à me donfier c« qtù lui appartenoît ea
pn>pre, mais que lès choses que notis dëman-^
dîons éioiftiit de celles dool ils â« fiiisoieni
tiux-mémejl aueUûe consommationi ; que lâ
disette qui «vdif tu lieu dâm ces démierï
temps , et qui s'etoit fait cruetlëment sentir'
«n cette ville j reudoit fort difh^ile de se pro-
curer ces articles dé sub^tâiicé ; qu'eu con-'
seqUeDce il n'^toit |MS en son pouvoir dtf
tHïussitiisfaire À«et égard. Cette exi^tïattôiij
d'api'ês la pauvreté de la viH% ^ me pib-ut
foodË'e j autant qUË }d pUs en jugef dans \i
ftuiiej
Le 'put éitnn ttSsëz bëati^ ^êrs iés otii^
heures du màilà cependant U y »ttt^ uâe ferHp-
averse, pendant lii%ue)l« ]tf r; G8nWr>*uB>esr94
ciq mode, Google
84 V D y A c K
nom arertireot qu'une hyène veaott d'étro
"me prè» de notre caverne. Le Copitaine
Rudlond sortit flTec son fusil , mais ssans
réussir è l'attûndre. JVtois trop mal à mon
aise pour sortir , et je pasai le temps à des-
giner. La jduie comm?ença le soiri
. ^ozïf 1. Lematinde ce jour, lemessager^
ifuej'aTois expédié au Ras depuis Masso-wa ,'
passa par ici revenant d'Astalow. It me dit,
qu'à la i^ception de ma lettre , le Rqs aToil
dfmaé ordre au clief d'Adowa de temr prêt
le même sombre de bétes que nous avi<MU
piîs chez le Naib ; et de les envoyer icâ à
notre rencontre , dès qull auroit reçu la nou-
velle de notre arrivée^ Le port de cette lettre
m'avoit coûté, comme je l'ai dit ci-dessus (i),
trente dollars que j'avois payés au Nuïb. Le
messager déclara n'en avoir reçu que deux^
U y eut dans le jour de fréquentes averses.
Le thermomètre se tenoit di^is notre caverne
à 70* F. (i7'R.)'
^odt a. J« sortis le matin avec le capi--
takie RutDand ; je cueillis qu^ques plantes et
' (Ô VojH M ^ iuiUet ( p. as. )
uiq mode, Google
EN ABY3SIMIE. 85
tuai UH oiseau, appelé warré par les naturels,
dont je pris le dessein. Nos gens s'occur-
pèrent à emballer de nauTeau notre bagage
Tpour notre prochain départ. Le jour fut beau
.et sans pluie. Le thermomètre dans notre ca-
verne éloit à 75° F. (19° R.).
Le Bahamégash, acoompa^joé de son frère
et de Guébra Michel , notts- fit visite assez
tard dans fa soirée. Après une c<Hiversation
sur divers objets ordinûres, ils oommencèrent
à nons donner les noms de plusieurs hommes,
(ju'ils supposoient Angiois, et qui avoient passé
précédemment par cette ville. Nous pensâ-
mes que o'étoient Bruce et sa suite qu'ils dé-
s^oient. Ils finirent par observée que nos
eompatriotes avoient fait aux habit ans de celle
ville un présent de cent dollars , et qu'ils espé-
roi^it que nous en userions de même. Comme-
î'éludcHS cette demande et que je- renvoyoîs le
Baharoégasb au Bas , il alla jusqu'à afRrmer
qu'ij avoit un droit légitime à cette somme-,
et qu'étant un chef indépendant., il la récla^
meroit en présence du Ras lui-même. J^
répliquai , qa'k ma t^nnoissance "certaine ,
aucun Angkûs o'avoit payé une telle somme-;
qu'un seul avcût passé ci-devant par cette ville,
ftt avoit dojuifinu précédent Baliarnégasb qu«-
Uiq mode, Cookie
PQ y p V A o B
.raqtfi doU^'^Beuleroei^t, ponrvaleuit desquels
il ayoit r«çu en retour uq beau pheval poir ;
qu« nûBO ^vions éc^ fait uiM dépense consir:
(lerabla; que coiniiie Qpus TOyagiops p^r le
désir même du Ras , et non pour aucun
tivautage personnel , je ne lui donnerois cer^
tainement tùèn à présent; qu'à tnop arrivée à
AotaloYv , je rapporterois l'afTaire au Ras ,
pi. me cooduirois par ses ordres.
Après cette explication , le frère du Rabarr
.pégtksh CQnamepça à se mêler de la co,pvef^
eatiop et à elevçr ]a voix. Je T^irrê^î court ,
fin lui disapt que ja ne spttfTrirqis pas qu'if
prît part à celte affaire. Sur quoi il se leva
furieux et sortit. I^e Baliarnégash et «on nevep
le suivirent k nQtre grande satisfaction ; et
pqrurttut euxrmêmiïs bien aises de se débaf-
^osser ainsi du soin de soutenir une demanda,
qu'ils sentpient bien n'avoir ancup fopdemenl.
Peu de minptes après , P(amfd Chami^
.revint avec pp «lessggç du Babarpégash-, qiii
pops faîsqît dire que se? gens étoicQt afFuniés,
et qpp p'étolt cç qui l'avoit eo"a.gé à nous
.fiemapdp;* dâ l'^rgeo^ , piais qu'il espéroit que
içipui v^ea serions pas çnolps bons amis , et
.qu'il çtoit prêt à non» accompagner dés que
les mulets scroient arrives. H piioii aussi qa«
U,ql,lt!dc,C00gIC
l*qn ne fît point menlioq au ^its de ce qui
TçnQÎt d^ se passer.
j4otét 3. Je fis selon ma coutume , une
promenade après déjeuner, et je ramassai
quelques planiea. Le temps ét<>it beau et sans
pluie. Dans le cours de notr^ promenade ,
nous vtmes ufi grand oiseau, qui ressemlfloit
beaucoup à Tabha gumba ^e Bruce ; mais,
une ondée qui survint -«mpdclia nos'cfafisseurft
de le suivre. Après la pluie , le capiiaîne
Hud'ând sortit de r^ouveau , et tua un grand
piseau, que les naturels appellent Uerhomai
( ou oiseau d'eau , de Derho , oiseau , et
mai , eau ) y dont je fis le dessin. Cet oiseau
liabite les terres basses et niarëcage.U3es , et
vit de vers. Nous le fimes cuire, et irou-r
Vamçs sa cbair tendre et s^ivourçuse.
A une heure du SQir assez avancée , le.
frère du Bahamegash vint voir Hamett
Glia>mie , çt répéta sa demacde d'argent
au nom des habitons de la viUe, déclarant
que c'éloit uin droit pour eux, et qu'ils éfoienfc
t^^terniiue's à se faire payer. Hariiéd Chaniie.
dit que j'avojs déjà fiùl p^r^euir ma réponse,
au Baliarne'gasb ; et fort S propos il aHa «liez
p^lui-çi, le dem^nd^,' él me l'àpién?, ei^t
[;,qi,it!dt, Google
ffll V Y A G K
se plaignant à lui de la conduite de ses gens.
Le fiaharne'gash prïa d'abord Hamed Chaime
de ne faire aucune attention à eux ; et dit^
que , comme c'étoît lui seul qui nous avoit
~ fourni la nourriture et le logement , personne
au monde u'avoit rien à nous demander.
^oàl St. II ne s*est rien passe' de Douveau.
Le teras est bien doux ^ comme un jour
du mois de mai en Angleterre,
j^oàt 6. Il est tombe' tant de pluie y méle'e
d'e'clairs et de tonnerres , qu'à peine avons-
nous pu mettre le pied hors de la porte. Je
me suis amusé à dessiner ; et le capiiaine
ftudland y à recueillir quelques informations
auprès des balùians.
Le Baharne'gasI) éloit très-pressaot pouF
obtenir un tableau d'egUse, £n conséquence^
je mis Pearce à l'ouvrage , qui fit une. Viciée
avec l'enfant Jésus, en couleura éclatanies j
ce tableau fit le plus grand plaisir. Le tber^
momètre , dans notre hutte , étoit à midî
à 64' F. { ï4| R. )
j^oûl 7. Une lettre du bacfaa Abdalla écrite <
d'AdoYfa, wmopce que les mulets ne partiront
c,qi,it!dt, Google
KH ABYSSIHTE. 89
de cette dernière ville que le lendemsin , es
sorte qu'ils n'arriveront probablement pas
avant dimanohe. Ce délai est attribué à la
nécessite où l'on est de s'adre^er au Ras à
Antalow, pour en obtenir un ordre d'acheter
un plus grand nombre de mulets , vu que
les habilans d'Ado-wa refusent d'envoyer les
leurs pour nous servir pendant le reste de
notre voyage,
Uneka&la, arrivant de Matàow», apportoit
tute lettre au Babamegash de la part de
Currum Cliuod ; mais aucutfe repense aux
lettres que noua avions écrites à Massovi^
Le bruit CQuroit que le capitaine Court avoit
bombardé Massowa ; les naturels parloient
d'tme masse de fer qui avait éclaté snr I»
ville.
Nous appiîmes que l'on avait trouvé le*
corps de trois hommes empotâtes par le tor-
rent , du côté le plus voisin de nous de . U
niootagne de Taranta.
Nos chasseurs , ayant vu un âne et un
cheval oiorts hors de l'eupeinie de la ville ,
sortirent le spir et passèrei^t deux heures à
attendre les hyènes , supposant qu'elles se
jetteroient sur ces corps. Ils en virent un
grand nombre , qui faurlcûent et se disputoïent
c,qi,it!dt, Google
0a y o Y A G B
leur proie , en poussant de temps en temps
des nigissemens aîçus. Il faut que ces anîmari
Soient d'une grands force , cqr on vît l'un
d'entr'eux traîner f lui seul If cqrps entier
du cheval. Ils Ploient «^e tailles fort diffé-7
r*yites ; mais Iff capitaine Rudland çi Pearce
Vaccordoient à dire quf celui qulls avoîent
}>lesfte e'toit grand c^mme un petit ânç. Quel-
ques chiens dti viljage rongeoîent ces corps,,
mais ils se retirèrent en grondaqt à l'ap-
proche des hyènes , et se tinrent à quelque
distance. Les hyènes de leiur côté ne sem-
Itluiept pa» avoir eïtvie d'attatjuer les chiens.
Il y BToit parmi cU^' d'-autrçts aiîimaux plus
petits ,. qui ujùngeoient avec elles de bonne
ttmiûe , et que nous supposâmes ^tre des
jackals. Le m>|tin e'toil froid, et brumeux,
mais vers l'heurte' du déjeuner, le temps
s'édaircit et se ' ni^iintipt fessez beau le resti^
du jour.
On eut Iq qouvellç qu'uQe l^afila , venant êié
Massovra ici ,■ avoil beaucoup souffert de la
crue du torrent à Ell^a ; qu'uq lnjinme, dii
çhailleaux , et une grande partie dit bagage ,
(ivoient été entre^nés par Içs eaux.
Jfoût 8. Je me prcMnenaî le malin et ra^-^
U,ql,lt!dc,C00^IC
{:h ABvsaiHiE. g>
fOMsai quelques pjaotes. Le soir qpas sortîmes
tous pour courir sur upe hyèue. Nous en
- vimfis (i^ui , «t le capilaioe Eudiand eut le
^onhçur (l'en abattre un^. La b^ljc passa à
.ti?Ter9 l'ép4ule droitfi et ;tllft se loger dags le
f ou. Aussitôt Fs^imal tomba. Pearçe accourut
pt loi lapca de grosses pierres à la tête.
Mr.Carter lui enfppça sop e'péç dans I9 gorge,
f e qui l'acheyaf
Les geps du village accçiururent au coup,
phisieurs armés d^ piques ; mais pous pe
pûmes pcHut les engager à porter cette proie
-À i)Otre logis , parce que tons les ^-l^y^^ûi^
pot jes hyènes eu horreur. Nos domesiiqufïs
l'emportèrent en trionipbe , et la suspefidirent
à notre porte , aSn que Iç Içfidemain je plisse
-ffi (fîtf I9 dessein.
- J0o4l Q. Mon premier soin fut le matin
^examii^er l'hyène tuée I41 nuit pre'cedente.
Ç'eloil up mile, de l'espèce tachetée {çanis
çrocuta ) , que Içs naturels appellent zubbi.
'La couleur domîuapte de la peau est un brun
sale et peu fouoe tirant sur le jaune , avec des
taches noires : Festr^mite' de la queue est
Couverte d'un crin noir et grossier , comnic
celui de la ([iiçue du cheval. Sur le dos est
Uiq mode, Google
ga V o Y A s I
«De raie d'un poU loog y dont la pu-li» am-
térieure , eiitr« la léle et la poitrÎDe , s'incline
en avant, tandis que le reste penche vers la
queue., en s'accourôssant tQuJQurs plus , de
6orte que vers le croupion coi ne voit plus
qu'un poil lisse. La loi^ueur de raaiatal:,
depuis le nez josqu'à l'ioseriion de la queuft^
etoit de qwtre pieds trois pouces ( ai^tois ) i
sa hauteur , depuis le haut de l'épaule )usr
qu'à la pkate.du pied de davant, étùt de
deux pieds quatre pouces et deoù; et depuiii
le haut du croi4>ion jusqu'à la |da«te da
pied de denière , il y avoit deux pieds ua
pouce tA d^ai. Nous on avons va dans la
suite de beaucoup plus grandes , et d'une-
eouleur plus foncée-
Quand les habîta»s accoururent ta suit dev-
pière au bruit du coup tiré par le oapitaina
B-udlaitd, Us avoient avec eux [^sieurs de
leurs chiens^ Goux^ci n'eurent pas {Jutât vu
t'hyène abattue et ruaissaoL à terre, cpi^s se
jetèrent sur elle , et la sabrent avec fureur.;
c^eudant, conuae jel'aidit, ces deux espèces
d'animaux, quoique ennetnies, hasardent, r{^
rement ,^ dawles oirçonst^nces ordinaires;,
d'en vepip à «n conjbat. Nous avons vu plv*s,
d'une. fois ces luaimaui passer et repasser, Iqs,
uiq mode, Google
EN AXTSSIHtE. g?
"am Et les autres «□ grondant , mais sans m^
quer l'attaque ; un soir même ils ont été vus
mangeant ensemble un coi^s mort. L'hyène
toutef<c»a se relire en présence de Itiomme; et
les chiens avertissent de son approche par
leurs aboîâmeos.
Fendant que nous étions occupes à manier
notre hyène et à la dépouiller de sa peau, let
babitans nous regardoient faire avec des signes
manifestes d'horreur et de dégoût. Le Bahar*
negash néanmoins nous pria de.Iui donner )«
foie de l'animal , qui est un des ingrédiens
d'une encre avec laquelle doivent être écrit»
des channes, que Pon porta au bras, comme
des amulettes contre toute espèce de maux.
L'homme qui fut envoyé pour prendre ce foi*
en paroissoit ausù effraye' qu'il eût pu l'être
d'un serpent; il le portoit avec des précautions
extrêmes aU bout d'un long bâtOn.
Quand l'hyène eut été dépouillée de sa
peau , nous la jetâmes siu* l'heriie à environ
cent mètres (yards) de notre hutte , oïi ce
corps resta tout le jour , sans que les chiens
ni les vautours y touchassent: mais des qu'il
commença à faire obscur , il fut traîné et
dûvoré par d'autres hyènes.
c,qi,it!dt, Google
g4 V d T A 6 £'
Après avdir achève nos dbaerviilioiis (i) j
iious fimës une (>roineriiid< de trois bu quurtf
milles , où nous hé vîmes riëh de bien rëmaf-^
tjuàblë. Nous idâmës un lézard d'ualïlèu clair,
dotit je fis le dessein : tioiis priaies Aussi ud
tarae'Ie'bn vivant. Aûotre retoiii*j hbusfûineA-
surpiis par une forte plnU) j méléê dé grêle ^
d'ëclairs et d« tontl6^^es.
Je passai J'aprËs-fDitË à dessiner qitelques
plantes recueillies dans notre pi^menadè.
Lanotivèlle arriva que le capitaine Cburi
s'étoit Vti coDti-aint dé mettre à terre quite^
bomi^es de la Panthère k Mâssowa , et d'user'
de iueo.i(ïe avtic le N&ïb , pour obtenir Aé
liû le paquet qbe traus lui avions exp^did-
d'ici y et atiquel jusqu'iei dous n'avons poini
eu de repense.
^odi to. J'écrivis îë iteiun ati Bas, pdtit'-
Informer du délai que ncins éprouvions k
t)ixaD. Je lui mnonçois que , n'ayant àut^untf
houveUe relativement au temps auquel les
mulets arriveroient d'Adowa , bOus pàrtirioi»
( i ) Ceit-s-dire , les obMrvaiitrris relative^ aai
<1imeiidoiu de l'h^rfeiK, car la dernière fat évideiii'
Ment postéricRre k U promenade. 'D-:
c,qi,it!dt, Google
d;:ns trOis jours avec Iè& mbyèns dé irâiis-'
port que poQrroH nous foumîi- la ville bit
bous élionsk
Lé fiabarltegasl) nbotalicta tUtq doJIars pour
le port de câue lettre à Aotalûw; comme jd
n'àVois pu de iihoix, je payai ce qu'il de-
maDdoit.
Nous iiiufes à cheval inie peûté excur^n
liors de li Ville , mais le mauvais temps boas
força très-vite d'y rentrer. £n revenant hou»
passâmês-pàr la partie la plus élevée de 1»
collibeirrègulière sur laquelle Bisau est bâtiei
Bruce be l'it pas Ibrt bien dépeinte èti la
Comparant à un pain de su<ire , comme on
peut le voir par une des vues que j'en aï
Nous àpprïmés à notre rëtotir qu'il avôit
e'te fait uoe nouveHe demande à Haftied
Chauiie pour fournir du poivre au mesâagCr
qui étoit prêt k psrur avËc notre lettre pouf
Antalotrj mais c'étoit un article de trop de
valeur pofir que nous pussions l'accorder }
bous refusâmes absolument. En conséquence
le Bahamégash renvoya k Hamed Chauùe la
lettre et le» cinq dollars , que nous lui avions
payés pour le pori. Je fis aussitôt demander
le Bahamégash , et jc lin témoignai ma sur"
uiq mode, Google
CjS VOYAGE
prise de ce qui se passoit^ Je l'assurai que je
devois quitter Diien dans trois jours , et que
si la lettre n'arrivoit pas k Antalow avant
moi, le blâme en retoiùberoit sur lui. Je
pensù ensuite qu'il seroit bien de mettre
cette lettre sous le couvert du bacba Abdalla ,
parce que la communication d'Adovta à An-
nJow paroissoit plus ouverte que de la ville
où j'étois. Le Bahamégash tenta, mais en
vain , d'empêcher que cette lettre ne f&t ex-
pédiée f en nous disant qu'il aVoit été informé
que les mulets seroient ici le lendemain.
Le soir, il arriva un homme du village d«
Dagozie , k deux journées de Disan, qui nous
apporta la nouvelle que les mtilets d'Adowa
ëtoient tout près de nous atteindre. Il nous
amenoit aussi une vache maigre en présent
de la part de son oncle , qui est Cantiba ,
ou chef du village que je viens de nommer.
. En retout je lui donnai deux pièces de toilei
Cela ne'anmoins ne le satisfit pas; car quand
nous étions déjà retirés pour dormir, il vint
m'avertir qu'il étoït sur le point de partir
pour Homazen , et qu'en conséquence, si
j'avois quelque chose à lui donner i il me
prioit de le lui donner tout de suite. Quand
je lui demandai quel présent il vouloit, j^ap-
pris
Uiq mode, Cookie
XV ABT8 SINIE. 97
pns qu'il se contenteroit d'une valeur e'gale
à celle du mulet qui lui servoit de oKmture ,
et qu'il estimoit modestement à la somme de
quarante dollars. Là-dessus je le renvoyai à
Hamed Chamïe, comme ç'étoit ma coutume
conslaaie dans les occasloo.8 de cette nature.
Celui-ci s'en deLArrassa très'vite , en le pHaat
de reprendre sa vache , qui lui avoit été très-
largement payée.
j4odt 1 1 . Il arriva deux hommes dans la
tnatînëe , qui apportoieni , de la part ds
Négada Mousa, la nouvelle que tes mulets
ariiveroient le lendemain. Maïs nous avions
en déjà tant de rapports semblables, que )«
déclarai au Bahamégasb , que je ne ferois
désormais aucune attention à toute espèce de
message verbal, et que comme ceux qui Je»
apporloient pouvoient fort bien venir uni-
quement en vue de recevoir la pièce de tbil*
qu'il étoit d'usagie de leur dotmcr, je oa ma
floumeitrois plus à cet usage. . .
A midi noUs eûmes une forte pliud accom"*
pagnée de tonnerre; bile reste du jour, fut
si sombre , que n6Us tie pAmesiien faire daiia
notre hutte sans chandellesi Nous étions totM
mala(jes de rhumesi Nous, tuâmes un vatit*
Tom. I. 7
uiq mode, Google
9S V O Y A G El
tour ; et a^rès l^avoîr examîae nous d^dâme^
que c'ëtoit un oiseau de passage, puisqu'il
«toit dépourvu de cette poudre que , selon
Briice , CD retrouve cbëz tous les oiseaux
des collines de ce paysj il est du reste à rtf*
marquer que nous n'en avons irouvd chez au-
cun des oiseaux que nous avtVns tués jiïsqu'icij
jiodt 13. Nous passâmes la maline'e ai
attendre avec anxiëié l'arrive'e des mulels, et
à préparer nos armes k feil, etc. pour le
voyage. Â midi, on nous annonça l'approche
de ces animaux; peu après, lé Baharnégash
noils présenta Hadgi HamedetNégadaMousa^
Chacun d'eux nous apportait une lettM dti
Bas } en arabe , oii le premier de ce» deux
t>ersonnages nous étoit déùgnë comme un
homme jouissant d^ toute sa confiance , à qui
Uoils pouvions exposer tout ce que nous au-
rions à demander y et le seeood comme un
goide sAt, charge du soin de nos personne»
et de notfe bagage, lis seaidiloient l'un et
l'autre dés hommes plttt considérâmes qu'au-
cun de ceui que uoiis avions vtB depuis notre
départ de Modia; leur suite et leur escorte
ëteient nombreuses, et tous oeux qui en
faiaoient parue e'toieut vttus décemment. Il»
c,qi,it!dt, Google
ii()iis Ipprirênt qtib lë Bàia et sa fdmilJe si
j)brtoiént bien ; qu'il élbit j lut personùfelle-
inènt, tl-ês-impiitiem dé iiOnS voif ; 6t qu'il
avait ordotioë de ddus famënër éH sîi pfësèncé
ilans délai par le chëmiti le pliis ëOurt j qai
ioot ëtbit pi-éparé pbur hbiis recevoir^ pfer sOd
brdrë spécial , dàus lés villages pttr Où nous
devions passer ; enfin (pjë si quelqu'un osbit
iiàm tnolëstér , il ëH Serait rëspobsablë sut'
Sa tétë. Us Uotis dirent encore , ^uè qUaiidl
nous sërioûa li dëiix jodriiéës d'ÂntalOw, ttous
Jr iroiivërions uhë ùbuvéllë estortë. iiadgl
HaOïëd , Â Ttostànt dû il entra daiis notre
iiutlê , tuë reconnût surJ-le-ehamp ; je md
àouTÎns atts^ qiië nOùi nous ^ùbns vus ad
village de Baddur, dans l'nnë des Iles dd
{lâM Moritiiigtofi (l ) ; et qu^l m'avôit (Kt alors ,
qu'il tëtioit de quitter le Shérif de la Mëcqu#
et qu'il éttnt éa dhëmin pouf- àé rendre auprès
dû Ra& Wëllétèt Sëlassë. Aprèâ avoir pris lé
tofé y ils se retirèrent avec Hâraéd Chaniiè y
«t je fis dëhetër ciilq ttoùtobâ pbùr que totitë-
ùotré troopë fût bien bddltië.
(i) Le potl Morriingtort éit sitnè sur la cdlë occi-
dtiUa]« dé la uier tca^t «D p«u «a làâ de Siukciri'j
k ift* i&' (te latitude. 'Âh . . . .
,c,qi,it!dt, Google
ioô V o ï A o ï
La TÏlfe de Dixan étoit eu ce moment fôr»
toleîne d'étrangers ; car outre les geos de la^
suite du Ras t il y amvwt d'heure en heure
des kafilas de Massowa et d'Adowa. La jour-
née étoit nébuleuse et on entendoit gronder
le tonnerre. **
\Août 1 5. Hadgi Hamed et Ne'gada Mousa
«lépuièrent de bon matin Hamed Chamie
|H>ur me remettre les muleta que le Ras
m'eQToyoit, Je vins cloue à la porte de ma
hutte , et là tous les tuulets « au nombre de
vingt et un , furent amenés devant moi. 11 y
«n avoit seize de forte raoe pour le bagage ^
et cinq d'une taille plus légère qui dévoient
nous servir de montures. Après cette ce'ré-
tnome , le Bahamégash m'informa qu'il m,'en
Joumiroil trois de plus^ ce qui fiuffiroitpoui'
tout notre monde. Je donnai ordre de tenir
tout prêt pour partir le lendemain au- point
du jour , ayant consenti d'accorder le.
teste de cette joume'e à nos nouveaux guides»
qui avoient besoin de repos , et avec qui je
soubaitois de commencer le voyage d'une
manière cpii leur fût agréable. Us m^appor--
tèrent ensuite de la farine et d^autres objets
de nécesùte ; «t m'apprirent qud désormaû
ciq mode, Google
-EN- ABYSSINÏE. lO*
nous serions défrayes de toui par Fordr*
-■exprès du Raj.
Le soir , le Baliarsegash vmt nous Toir-
avec' son frère, le m^me qui nous avoît H
fort importuoes. €0»!™» nous savious fort
bien que cette visite ne pouvoit avoir ud but
satjsfabant , bous évitâmes tonte eommuoi-
cation , sous prét&xte que nous n'avions pas
notre interprète avec nous. Nous sûmes en---
suite quel motif les amenmt. Le-Baliarnégash
nous avoit promis trois mulet« ; niïùs comme
il p'en avoit que deux , il avoit compté obtenir
le troisième de son frère. Celui -^ ci le lui
pefusa , paroe que n'ayant eu de nous aucus
présent, il ne vouloit poîm nous en faire. Le
Bahaniégash eut beau le prier. Tout ce qu'il
put obtenir , c'est qu'en donnaa^ le mulet ,
il partageroit avec lui le préseat que nous.
lui ferions. La Babarnégasb lui dit qu'allant
nous accompagner à Antalow , il seroit bien
loDg-lemps, avant de ries recevoir ; mais
qu'enfin ce qu'il recevrait , il copsentoit à 1&
partager avec son frère-, pour ne point manr-.
quer à la parole qu'il nous avoit doonéft.
Cependant comme son frère persisloit à d»-
mander d'être pa-yë sur-le-cbamp , le Bahari--
Rcgasli s'çloit vu coçtraiot d'eçvoyer à ««,
Uiq mode, Google
JOO V p T A O B
village Tçtiûii »çlieter ub mulet, qpi fut eafiji
ymené 4t>nii Ifi 8oiree>
Les mùsops dp Pixan qpt 4^9 tolf^ pUts ,
elles n'ont point «ie fenéti-ea^ «t {lu )iea de
chemine'ej il ya dçux pou de terre quf sorteiit
du toit) et dopt l'ouverture es^ si elroile ,
-qu'elle ne peut donner issue qu'à une petit*
pamie de U fumée. Les tnaisons sont bâties
. -autour d'une CQllipe , d'pù l'on a une vue
fort étendue des monta^ee du ^igi'« «^ de
^out le payti ^ l'çntQur, Ce. pays est presque
pp entier compose de ipoptagnes rocailleuses,
sur pluàçurs desquelles on découvre des vilr,
-lages 4ont la construction |-essemt>Ie beau-,
fioiip à celle de Disau-
Le seul édifice piiblic qu'il y ait dans ce<te
.villç est la cbapelle. Nous la visi^mcs. Cest
un bâtiment de mince ftpparence , dont le
toîi est couvert de chaume et dont Içs mu-
raiUçis ^nt en terre- En entra|it dans l'eil-
çe>Pte , les enfaps qui iipus copduisoieqt bair
«oient les poteaux dç la porte. Pçmr nous
conformer fi l'usage , nous otâmçs UQS sour
liers pli nos d)apcaux ^ l'instant où nons
entrâmes daqs l'édifice- La pa^rtîe întériei)re
(ttoit fermée. L'aîle qui l'eptoufoit éioit |pi)~
chée de roseaux. Sur les murs étoient peinte
c,qi,it!dt, Google
grosȎreiii9|)t les figures, hautes ett couleur,
(Je St. George et de St. Haimanout à cheval,
)ivec des piques, et plusieurs figures étrapges
daus diverses postures extraordinaires. Les
prêtres porloient de grandes clefs , comme
celles que les peintres mettent à la main dc
St. Pierre. Tou^ les naturels paroissent aim^
beaucoup les croix. Le paharoegash fnt
extrêmement contept d'en recevoir une du
capitaine Rudiand. La plupart des clire'lïeus
de ce Ken ont une croix empreinte sur la.
poitrine , ou sur le bras droit , ou sur le front.
Ce signe , et uq cordop de soie bleue autour-
du cou, leurs paroissent des symboles indis-
pensables de leur religion. Ik boisent tout
ce qui a la moindre prétention à la sainteté'
ou au respect; j'en vis nn exempte frappaç^ '
dans le Bahamegash , qui baisa la lettre que
je lui remis pour 1? bâcha AbdalJa , secreV
taire du Ras.
Les habitais que j'ai vus jusqu'ici , sont ^
i peu d'exceptions près , paresseux , .^o-.
rans, et malpropres. Ils ont le teint d'une
couleur très-fonce'e , et on en voit peu que
l'on puisse a[)peler couleur de cuivre , comme
les uomme Bitice. Ils sont dans l'usage de
dire des prières sur chaque chose qu'ils SIJWt
ùiq mode, Google
J04 V-O Y A O B
gent , qu'ils boivent , qu'ils reçoivent ou
qu'ils ctooneut. Et Us terminent cette cér^
monie , en soufR^ut dessus , comme nos escai'
moteurs soufflent sur leurs balles.
Dans toutes ces prières, ils tournent le
visage du QÔlé de l'orient, et au OQntraire
Us tourpent du côte de Toocident la tête des
«^mauz qu'Us tueot. Ils refusent de goûter
les animaux tues par les mabomélaos , pour
lesquels Us ont un grand mépris.
Les jeunes garçons se marieiit Ji quatorze
ans , les filles à dix , onze ou douze. La cir-
concision se fait le biiiiième jour après la
naissance. Ce sont des femmes qui la font.
Le nombre des femmes que peut avoir
chaque homme varie depuis une jusqu'à dis,
selon leur fortune, ou selon les moyens qu'Us
out de les entretenir , car il faut pour chaque
femme un endroit à part où elle puisse faire
Sf9 résidence.
La plupart des ocoupations pembles, tant
RU dehors qu'à la maisoq, sont confiées aux
femmes; ce sont elles qui sont chargées de
moudi'e le hlé , decbarierle bois et de porter
l'eau, qu'on va ehert^ier dans une vidlee à
un mUle de la villç ; de cultiver la terre , e^
de cueillir les le'gomes , dont on fjùt sa nour«
c,qi,it!dt, Google
riture journalière. Elles portent leurs «pfao»
,«ar le 4os , se ceignent d'upe peau tannée}
et opt les br(ts et le oou ornés de ch^eleti
et de ooquîUes blanolies. Les femmes d'uo
haut rang se laissent croître Iqs ongles de h
main gauche juaqu'à une très-grande loogueur
et mettent leurs doigts datts des étuis de ouir^
JoDgs de plu^eui« pouoes, po4ir les conserver.
Les esclaves sont très-ohers à Pisau, si
pous pouvons nous fier au rapport des habî-i
tans à ce sujet. Du reste leur pri^ , çojnmo
celui de tout wnmiil mis à l'enchère , dépend
beaucoup de leur bonne apparence. Si la
ïiature les a favorises, s'ils opt de beaun
traits , s^ils ont la peau blanobe; ils se ven-<
dent henuçQup nijeux que. ceux d'upe çquIçuç
foncée-
La quantité proportionnelle des terres oa-*
pables de culture est , autant que nous avons
pu Tobsçrver , peu considérable ; c'çst uq
petit nombre de places sur le penchant des
collines, et dans les parties les plus sècbet
des vallées.
La saison actuelle semble être le printem»
de ce? contrées. Quelques-uns des babitans
p'oçciipent en ce moment à htbQurer leui-p
«hamps avec des charrues de bois. Elles sont
Uiq mode, Google
îo9 T O V A « ■
gros^'èrement fuies d'upe r«Q!ne ou d'ane
branche d'arbr« ; quelquefois Iç soo est ea
fer. Après avoir dopoe' deux labonrs, les
mottes sont hrise'es avec des iqstruniMis cro-
chus d'uoe ooiistruclioD grossière , par des
femmes , qui oQt soin en même temps d'ar-
rachçr U mauvùse herbe; ensuite , on sènxB
)e grain ; et l6s cultivateurs réservent pour
cet emploi tout ce quHls possèdent de
plus mauvais. Il j 9 un grand itombre de
chèvres appartenant aux habifans de ce lieu,
ï)n ce moment , la plupart n'ont point de
lait; ausù est-U fort difficile de s'en pro-r
curer ; et nous n'avons ifim^is pu en avpir
plus d'une pinte par jour. Une petite chèvr^
coûte un demi-dollar. Les montons sont pour
la phipqrt noirs , mais quelques-tit^s ont Ia
face blanche. Leurs peaux ont de la valeur ^
paroe qu'elles sont fort utiles comraç véte-
mens. Auoun homme ne s'éloignç de cent
niètres de sa maison, sans ^voîr une de ces
peaux sur les ép;aules.
Nous avons vu jusqu'ici peu de vaches et
toutes f^rf ntisèrables. 11 y a de l'orge et du
juwary en abondance , mais nou^ n'avon,B
pas encore vu de froment.
A, Piiaa les drapi blagcs so^t préfères ^
Uiqniodc, Cookie
EK AB¥88IMIS, ^»f
f«ux de tome autre couleur, L9 tabjio h
|umer, le poivre noir, les miroirs, le tabae
FII poudre , les e^ux-de-vîe , et les gros grains
de chapelets, y spot de bons articles d'éc|iang«;
I^s graips verts sont à la mode et se vendent^
par cette raisoo, miiaux que d'autres.
L'instrument de musique , que nous avons
pnteqdu à Masso'wy, et que je supppse être
)a lyre de Bruce , est également en usage ici.
tJn dès jeunei prêtres eq jouoit. Leur cliant
est, s'il est possible, plus intparfait encore
que leur musique instrumentale ; l'up et
l'autre réunis soiit {iffolérables,
Bruce dit qu'ils b'out point de figures eu
relief. Les deux seules que j'aie vues jusqu'ici
^out deux visages représentes nu chevet de
fQon lit.
L^s droits sur les marchandises qui pftssent
par Dixan sont levés p^r la personne dap^ la
maison de qui le marohaqd s'arrête. Lesvova-
geurs sont logés et qourris pendant leur séjour
et paient en marchandises ou en argent. Ce
qu'oq dit du pied sur lequel on règle ce
paiemeiil présente des pi-ix si exorbiians ,
que je ne puis avoir conSance en de tels
fapporu.
c,qi,it!dt, Google
lo8 v a T A G B
Le Bahamegasb parent être fe c)ief dt
PUai) et d$ ^x ou sQpt villages voisias. Cet
villages seDibl«3t être oonveaus eatrVux (1«
TÎvre eu paix et de se garder une fidélité
mutuelle. S'il se oomioet quelque crime ,
toute la OQntmunaute' s'assemble ^t discuta
l'affaire ; mais la peine est rarement infligée»
parce que le orimipel a une ressource facile
pour 9.'y dérober, en aUapt se joindre à uno
tribu de quelqu'autre, colline- Plusieurs d'eor
tr'eux QOUK ont sauvent repe'te' , qa'îk 09
paient dH Kas aucun impât;, çx ils nous ont
assure plus d'upe fois qu'ils étoicut i^solvi'-
pient indépepdausdu gouvernement du Tigré..
Diverses circopstapces neanipoins pous onjt
fait croire que cela p'étoit pas esaciement
vrai- Il se peut qu'ils ne lui paient riep» mais
U est évident que son autorité y est respectée.
Le Babarnégaslt fait toutes les affaires de
son gouvernemept par de simples messiiges
verbaux, Lorsque nous lui montrâçies les
caractères geesh du livre de Bruce , ils exci-
tèrept pi foiblement son atteoiion, que je me
crois fondé à penser qu'il ne sait IiM-(pêmç ni
lire ni écrire.
Je n'ai pu découvrir à Dîsan aucune école
poiir la îeupesse en aucune long^ue. Nqu's
Uiq mode, Google
tS ABTS.SINIÉ. 109
n'avons reûcoatré que peu de personnes en
e'iat de lire la bible qui est à leur église , et
qui m'a paru le seul livre qu'ils possèdent (
ceux qui sout parvenus à ce degré de
connoissance sont considérés comme prêtres ,
dti moins c'est ainsi qu'eux-mêmes en jugeât.
Dans cet ordre ^ en en venant à l'épreuve y
on n'en trouve pas An sur vingt qui puisse
écrire les caractères qu'il sait lire. Nousn'a-
VoDS pu découvrir dans Dixan qu'un seul
homme C[ui sût écrire sa langue maternelle.
Nous le priâmes de nom tracer les différens
caractères de l'olphabet geesb ; mais t'îgno*
raace manifeste qu'il nous montra à cet égard
BOUS fit assez, voir qu'il étoit peu avancé dons
l'art d'écrirei
Nous apprîmes , en prenant quelques iufor'
tnaùons à son sujet , que cet homme ne vivoit
pas habituellement Ji Dixan; qu'il voyageoit
^e côté et d'autre dans le pays , en qualité d«
Viédecîn et de prêtre tout à la fois; et qu'il y
avoit déjà quelque temps qu'il exerçoit son
talentdaus la première de ces deux professions.
Le Baliamégash actuel est un homme âgé y
de grande taille , d'une figure douce , chauve
sur le haut de la tête et ayant autour des
oreilles des ebevéux en toufi«. Son habille-
c,qi,it!dt, Google
lid V o ¥ A d *
inentjSémblabië à celui ilu reste du piiuptlt^
consîstbit en une seule pièce de vêtement
Jéteè autour du corps. La seule marque div
tinctivé de soti oflide e'tott iln hâtoii peWy
d'éhvirob sik pied» («nglois) d(! lotig; ses
paréos et ceux qui ëtôient revétits dé quel^
qn^àutoiile sdbordoniie'e à là «ientié potloieat
tm hktaa paréîli Le Balidruégàsh s'aitiquitte à
la fois dés foncùons de grabd prêtre et de
celles dé gouVeméui^. Il fe'citè dés prières à
Mis gens le soir ei le mxÛD j cette pratiqué
jette sûr lui qiielqlië tidicule k k cobr; Le
prière cominènce par chanter trois fois Jéhii
jiro'zoïi (louange 6oit à Jésus), ehant qnc»
toute rassemblée adComptigtië. Cette hymne
est suivie du Binta Mâridui jéfozott,- ënstiitc)
iè Haimànot Jahattitn^ Georgia^ Wellétd
Sèkuséf etc;. qui sont éllaiiites àt méiné trc^
fob paf toiiie l'assemblée. Vient ensuite rin-=
' toCaUon par laquelle I» pnêre a CDîuroêiice^
Jehu Arotoui Le chef t-écite encore diverse!
prières, auxqueUe9raS8embléeréptind,^/ri«n/
Le serride finit par on tAonvèmént de tOttttt
fasseinblée , qui se prosterne trois foisj là
face contre xtvte, en invoquant le nom de
ï)ieu — Tabbait — Tabbait — Tabbait^ Après
cette prostematioB , ordinairement le BihfW
c,qi,it!dt, Google
ta ÀHtnintE* m
begàsQ ËdtiUiiue àe prîer en lui-m^mfipëlidaiit
quelques momeas. Imm^dîàtemebt après , il
donne les ordres nëcessaires pour le jour oh
l'on est-CesordressonlprincipalemeArelatifs
au bétail , «t à d'autTËs objets analoguesi
c,qi,it!dt, Google
V Ô Y A O fi
CHAPITRE m.
Départ de Dixan. -^ Route de ÙlxaH à
Ahha> — ^gowma. — Chélicut. — '
Arrivée à Antalow. *— Première «n-
trevue avec le Ras. — Séjour d Antaloa»,
/lovt l4, i8o5. Quoique , dès le point
du jour, '\6 pressasse oos gens de faire di-
ligence, notre bagage ne fut pas arrangé avant
neuf heures. Dès qu'il fut préi nous par-
tîmes de Dîsan pour Ântatow. Nous eûmes
la satisfaction de voir que nos mulets n'étoient
pas moins bons que ceux qui nous avoient
amenés à Dixan.
Nous laissâmes IVglisb à notre droite , et
montâmes une cotltne rocailleuse , an pied
de laquelle eloient quelques pelites vailles ;
au-delà de ces vallées on trouve un village
appelé Hadawe. A peine l'eùmes-nous passe' ,
que quelques faabitans de ce lieu nous sui-
virent , en nous esprimant leur désir de nou«
voir nous y nrrêter. De ce nombre éloit un
des Sis du Babarnégasli , noniné Socinius ,
- dont les pressantes instances faisoient assez
voir
Uiq mode, Google
tVt ÀbVâSliît£> li3
Voii* l'intérêt qu'il avoit à nous retenir; Nous
ne lairaâmes pas d'aller en Svant, en traver-
sant la plaine de Zaraî ; qui me rdppeloit
vÎTement la Vallée d'Ëvesham dans le comté
de Worcéswr. La téi*re e'ioit dans un bel
état de culture , et l'on y avoit trodé des ri-'
goles pour en faciliter l'arTosementi Un peiX
plus loin i nous passâmes un ruisseau lim-
pide qui coule au milieu de la Vallée , et sui>
les bords duquel quelques voyageurs se
reposoienti Nous vîmes aussi en ce lieu uta
abougumba ( i ) et plusieurs pintades. Ici
nous eommençàmbs k tourner autour d'une
montagne, que l'on découvre de Dixan, et qui
y fait un point de vue remarquable. Pwu aprè»
nous aperçûmes Sur notre gaUche Un dulré
village appelé Âdisliud , situé suh une cot-^
Kne très-élôvée, qui oiTiiroilutie position con-
venable pour un fort. Droit devant nous étoit
le village d'AdiouIta , situe presque comme Id
précédent. Au milieu de la plaine étoit un
grand darou (a), près duquel nous fûmes fort
surpris de rencontrer une bande de musi-
ciens, qui vifirent au-devant de nous en faisant
(i) OlsËali détrit par Btucê:
(a) Eap&ce d'arbrcj
Tom. L 8
Liqniodc, Google
Il4 V O Y A G 3â
retentir leUrs trompettes et leurs tambours j
ce qui formoit un concert fort discordant)
Comme il y avoit quelque apparence de pluie,
nos guides nous conduisirent à Adioulta , où
nous trouvâmes un autre Bahamegasb ; car
c'est le nom que l'on donne ici à ton» ceu»
qui, dans une ville , jouissent du comman-
dement. Celui-ci ne nous accueillit pas aveo
beaucoup de politesse ; il paroissoit ne pomt
vouloir nous accorder l'entrée sur son ter--
moire. Cependant jt s'adoUcit bientôt et finit
par nous conduire à' sa maison. Mais non»
V fûmes traités avec si peu d'égards , qu'à
i'instani où noire bagage fut arrivé, nous nous
bâtâmes d'en sortir.
Les babitflns de ce lieu sont chrétiens de
ûom ,'et ne reconnoissent d'autre autorité que
celle de leur chef immécUai. Ce village et
tout ce qui l'entoure présentent une appa-
rence d'abondance et de propreté. La vallée
inférieure éloit bien couverte de récoltes ,
surtout de maïs , qui en général est pbiS
précoce , dans ce climat , qu'aucune autre
espèce de gram. On fabrique ici une sorte
■ de drap grossier d'une forme parlicubère.
On y emploie la laine cl le poil des moutons
et des chèvres qu'on élèv« dans le lieu même.
Uiq mode, Google
î)'al)Oi'd où en fait des cordes : Pdsuitfe on
assemble ce» cordes en lés Cousaut ensemble;
tl l'on obtient ainsi une couverture ou linâ
espèce de matelut. La maîiresse de la maison
uvoil des restes de heauië , elle tenoit dans
ses bras deux jolis enfans, gras et bien portans.
Nous descendîmes de ce lieu en traversant
des terres en Culttire presque dans la direc-
tion du sljd ; laii»unt à notre droiie une liautd
Colline, assez semblable à celle de Riâcouft
dans le pays de BaramaaI. Un changement
essentiel commence ici à se faire semir dans
la ve'getatiôn ; le colqual devieui moins fie-'
queui, et tout le pays se couvre de nouveau
d'acacias , dont la verdure , {ointe à la fra!-'
cheUr dugazon, nous rappeloitl'aspect de quel-
ques forêts de l'Angleterre. Nous passâmes
encore devant un grand d&rou,, qUi avoît crU
sur le bord d^un ruisseau , et dont les branches
couvroieot un espace au moins de trois cents
pieds de circonférence. Nos guides ne furent
|>oiut d'avis que nous piissions nos quartiers
UnUitsOus cet arbre, patc€ qu'ils Craigtioient
que le niisseRu ne vint tout-à-COup ù grosàr
çt que l'inondation ne nous fît courir quelcjud
danger. Véniablflment les racines del'iirbre,
mises à nu dam une partie considérable cb
c,qi,it!dt, Google
Ij6 V o V À te Ë
leur étendue , altestoient l'effet dfes prêté-'
dentés crutis du torrent et prouvoient qu'il
]>ouvoit y avoir quelque Chose à craindre*
Nous allâmes donc deUx milles plus loin ^
au village de Bacauco ^ où nods fimes halle ,
au moment oùla pluie venoitdenousatteindre.
Notre logement etoit tel j qu'en Angleterre
on auroit à peine Cru pouvoir en faire une
étable ; mAs la civilité dé ceux qui nous le
ibiunirent , leAr empressement k nous oSiir
leurs chèvres , leur latt et leur miel , nous
rendirent cette habitation plus agre'able que
n'auroil été ime maison plUs logeable et
tAoins hosfHtalière. La pluie continua le soif
«vec beaucoup de forcei
^oét ]5i La partie de nt>tre bagage qui
-^toit portée par des hommes , faute d'un
nombre suffisent de mulets , arriva te matin
BOUS la garde de notre ami Guébra Micheh
Hier une femme badji) c'est-à-dire, unepé-^
lerine de la Mecque ^ se reunit à notre petite
troupe ; elle avoit passe' trois ans à la Mecque ^
et s'en retouilioït dans le pays lointain des
Gallas. Un de nos chefs , qui lui-même éloit
badjî ^ la traitoit avec un grand respect , sans
doutai cause du long pèlerinage qu'elle venoit
Uiq mode, Google
défaire, et pariageoit son café avec çlle.
XiO bahamégash de Dixan vint à neuf heures
prendre congé de nous. Il nous apprit qu'il
filloît se rendre en bâte auprès du Ras ; qul|,
espe'roit y être en trois jours ; et qu'il nous
enverroitdelà des mulets quinousman^oient^
U ajouta qu'il n'osoït pas nous accompagner-
plus loin , ayant eu quelque temps aupara-<
vant une escarmouche avec une tribu voisine,
dans laquelle plusiçurft de se? adversaires,
^voient péri ; mais qu'il nous laissait son fils.
Guelira Michel pour nous accompagner en-,
core pendant deux jours. D'après l'avis de nos.
giùdes , nous payâmes six dollars «ux gens
de la maison où nous avions logé ; et ce n&
fut pas sans beaucoup de de'pUisir que nous,
nous aperçûmes , qu'ils n'ètoient nullement
aaiisfadts d'une récompense si libérale. A dis
genres et demiç nous étions en marche , e^
laissant à notre gauche le village de Maioco^
bâti sur une hauteur moyenne , pous ijous.
trouvâmes dans une pKûie. seroe'e de petites,
collines. Ici' le capitaine Rudland tua une oie,
et un abou giuubai la, première nctus échappa^
par l'indolence de nos gens ; nous emportâmes
^autre à Ascéria. Le pays étoil bien cultivé j
ça voyoit plusieurs, villages sur les hauie^irs
Uiq mode, Cookie
llS VOTAOB
d'aleqtour; Murgit éloit à noire droîfe , Maiw
douba vis-à-vis sur la gauche ; au-del? , sur-
une oolIÎDfl beaucoup plus élevée éloit Ha-:
dovre', meniionaé par Eruce.
Peu après nous traversâmes un bois d'oli-
viers sauvages , nous marcliàmes ensuite le
ïong d'un précipice au-dessus d'une étroite
valle'e où l'on apercevoit quelques étangs ,
fans auonnç eau Courante, Après cela nous
tlescendimes, en suivant quelque temps le lit
d'un torrent. Nous eûmes une ondée de pluie,
qui e'toit déjà finie quand nous commençâmes
îk monter la colline sur biquelle Ascéria 6S%
^ilué. Nous fûmes reçus dims ce villskge avec
J>eauOOup de froideur. On ne nons offrit d'ature
pbri que celui dVo î»rbre j eti)0us craignîmes
quelques inslans, qu'il ne fallût nous en oon-
tontçr penchant la nuit. A la Bn up Tieillar4
pous reçut dans ssi maison t T^^ ^ trouva
meilleure et mieux pourvue qu'aueune que
nous eussions vuç jusqu'alors. Je pris une vue
des (nof^tagnes , qui sp présentent ici sons
un aspect fort sîiuvage ; j'esquissai l'abou
gumba , dont .Rruçe ç) donné un dessein fort
POrrçct,
j4oiii iG. Nous fûmes pveilltîs de grand
Uiq mode, Cookie
EN ABYSaiNIE, I.I9
piaiin par Négada Mousa, qui paroissoît pressé
de nous fwre quitter ce village inhospitalier.
Je l'appelle ainsi, parce que nous eûmes de
la peine à y obtenir même l'eau nécessaire k
potre usage. Un sei^ des liabitaps, qui avoit
plus de politesse que ses voisins, nous apporta
unç petitQ ratÎQn de lait- Nous partimes
<lonc , laissant notre bagage en arrière ; mais
nous fûmes, bientôt atteints par une troupe
dliommes , l'un desquels ëtoit , à ce qu'oiv
nous apprit , le chef du lieu que nous venions
de quitter. Il employa toute son eloquence-
pournousengagerày revenir. Nous résistâmes
à ses. sollicitations , soit à cause du mauvais
accueil que l'on venoit do nous faire , soît
parce que qous peoe'trions le moiif qui le
faisoit agir^ ce n'étoitpas le désir de re'parer
sa faute , mais uniquement la crainte du Ras.
Welléla Selassé.
La montagne de Geshem e'toit loin sur
fiotre gauche , au moment où nous com-
mençâmes à descendre au nord, par un pente
rapide , dans la belle plaine de Tushullou ,
qni '* ^x milles de long sur environ deux de
large. Le village d'Âddajé , qui appartient à
Cautiba Socinîus, la d,omine à droilc ; Nissont
^ Menj^fi, à gauche. U y croit çâ et là des
uigiii^dt, Google
IIQ VOYAGE
tombos , dont le port resseoable à celui du
mûrier. On nous 6t remarquer au nord la
district de Se'warré , et les villages d'Adowniq
et de Di^é. En face de ce dernier est celui
d'AmbulU, Depuis que^ooiis avions quitté
Ascéria , pous avions cîieminé presque au
nord-est , par l'impossibilité de franchir les
montagnes placées au sud. Ici nous tour-r
nâcnes au sud sur un sol incliné , et après,
«voir passé Çatba , noqs arrivâmes à Abba ^
résidence du Bahamégash Subhart. Ce vieil-i
lard nous fit un accueil plein de cordialité ^
dans sa petite maison, bâtie sous la crête d'uq
roolier , qui lui sert d'abri çt le protège efBea-«
cément contre les intempéries de l'air. Il étoit
ïssis sur une espèce de lit, entouré t^es gêna
de sa suite , et enveloppé dans un long man-i
teau de couleur blanche, fveo un bord et une
frango rpuges; Il étoit de petite taille et avoU
le visage sillonné de rides. Nous remarquâmes
qu'iiù Pon étoit beaucoup plus cérémonieux
qu'il Pixan, I^a manière de saluer qui est en
usage , consiste à présenter la main et à en
baiser ensuite deux fois la partie qui est op-r
posée it la paume. Personne ne sç présente
devant le Babarnégash , s^os se découvrir
jusqu'à I» ce^tture ; e\ jamais on ne lui adresse
c,qi,it!dt, Google
EN ABTSSTKIB, ^3*
If, parole qii'à b:^e. note , en se. cooTrant I4
bouche et ]'a,pproçhaqt de son oreille. Fei^
lèpres que l'ott nous eut fait asseoir , il pou&
donqa 4e l'hydromel eq aboodauce ; il
paroissoit crtûre que nous q'eq yàoiis paa
, ^ssezlibremeqt, quoique quelques personne»
i^e op^^e ootitpagpie eL^sseot poussé la CQm>
Itlais^ce )usqu'à en boire deux brulhçs (l)
pleins. \l pous B% servir avtssi ^es gâteaux
couverts de çai^d, 1} pi'apprit que d^ns
l'origiqe il avoit été fort attache 911 Ras I^lichel
Suhi;! , et qu'i) I^i p^yoît un tnbut ep nature
forf considérable ; epaîs qu'à roccasion d'uQ
^éntélé qu'il ayo^ eu avçc uqe peppl^de voi-
sine, le I^as éttiii yenu avec une armée et avoit
livre s^ ville apx Qatumes. Il T^voit ensuite
rebâtie, mîtis e.He {(voit été détrtûte d^ nouveau
par le l\as. Yelletu Sélassé , il y ftvoU ^ peu
pré^ divhuit Aps^ par une raisop semblable
» celle qpi «voit occasionné 1(1 précédente
catastrophe. \\ ajouta qu'il étoit à Gopdar
ayant l'époque où 1^ guerre éclata entre le Ras,
(i) Gonpe eo verre de Venisç ooalenaRt environ
une pinte,
La pinte, aogloise est à pçu près U moitié de vM^_
de Paris, Tr.
Uiq mode, Google
12^ V O Y A O B
MIcKel SuhuI et \Varagna Fasil , et qne son
propre frère s'e'toit trouvé à la bataille de
Damot, qui eut lieu entre les armées de ces
deux chefs ennemis, Il nous pressa beaucoup
de passer avec lui le jour suivant , qui étoit
un de leurs jours de jeûne; promettant, si
pous lui accordions cette faveur , de nous
mettre lui-même sur la route, qui nou$,
méiteroii en toute sûreté auprès du Ras,
Guebra E^ut, jeune garçon qui appartenoil'
au Ras , ayant dit à nos domestiques que la
seule raison du Babamvgnsh pour nous
]»resser de prolonger ici notre séjour étoîf
Feipérance d'avoir un beau présent, «t qu'il
savoit d'ailleurs que le Ras étoit fort im-
patient de nous voir arriver à Antalovr; je
fis chercher Hadgi Hamcd et Ncgada Mousà
pour les consulter ; et après quelques déli-'
bérations , je me rangeai à leur avis , qni
etoit de partir le lendemain malin- Quanct'
je fis part au Baharpégash de cette re'so-'
lution , il nie fit diverses représentations à ce
pujet, mais avec politesse , et promit de notis-
faire accompagner par son fils.
J'allai le soir à l'église, qui est en partie'
cretKce dans le roc , contre lequel elle s'ap-^
^pnie. Le chemin qui y conduit Jesl vu&
uiq mode, Google
EM ABYSSINIE, IsS
contée touillante et rapide ; il est même st
diflioile , que je crains bien qu'il ne scut peu
fréquenté ; à moins que les babitans n'aient
plus de zèle qu'ils ne nous ont paiu en avoir,
La vue que nous eûmes de ce lieu nous in-t
demnisa amplement de nos peines, Nous
avions sous nos yeux la val^ée que noua
venions de traverser, et' au-delà une cliaipe.
de montagnes et de rochers , qui s'ëlevoient
les uns «Aerrière les autres jusqu'à une grande
distance , et Bnissoient par se perdre daqs
les nues. Le côté opposé de Iq coDine ëtoit
couvert de maisoqs , d'arbres , de rochers ,
qui formaient un tableau si agréable 0i si
propre à caraote'riser ee pays , que je m'assis
sur un rocher pour en tracer l'esquisse j msùs
la nuit qui s'avancoit ne me permit p;ts de
l'achever,
Nous vécûmes ce jour^tà dans IVbondanoe
aux frais de notre hôte j à qui nous pourrions
donner le titre de f l) noble ou de grand
seigUjeur, comme Bruce le donne à quelqu'un
de ses prédëoessours, Il nous fournit çmq
moutons et du inaize avec profusion et d'une
meilleure qualité que celui de Dixan. Le
(i) KobUman.
c,qi,it!dt, Google
1S<^ V G Y A G B
inaize est une liqueur faite de tniel ^ qu'oit
laisse ferqienter avec 4& l'orge , et «Jont oa
«ugmepte la farce au moyen d'une racin*
amère appelée taddo.. Bruce la itomme
hydromel , Poucet l'appelle moût ( i ) Ce
dernier a deorît avec exactitude Iç procédé
par lequel ou ]a prépare. Las luusulïpaqa,
yutsi biw que les chre'tieqs pftroissoient en
boirç voloptiersj et quelques-uns d'eptr'eux
avQÎent recours au sommeil pour cUisiper le
trouble OÙ cQtte liqueur cQmmçnçoit à l^
jeter,
./éoàt 17. De bon mat^a le Babarut^gasb
fu'amena xuie vache et du miel , en m'insir
{luaqt qu'il s'attew^oit à, recevoir up présent
po retQup, J'éludai sa detnaildç, en lui faisait
observer que j'allois me rendre auprès du Rits^
et que je ne matois ohar-^ de prés^is que
pour lui ; j'ajoutai cepeudaut que pour être-
payé dç ce qu'U m'avQtt 4<>DCie' , il pouvoit
^'adresser à Qamed Chamie , à qui je laissoia
le soiq de régler ce genre d'affaire- Les gen^
du Bas iflc cojiseillèrent de donner à ce
Baharpégasb fre^tç. dplUrs., en niVssursiU.^
c,qi,it!dt, Google
tôtitëfois que ce seroit la dernière dépensé
dé cette nature que j'aùroîs à faire ; et qud
d'ici à Ântâlow nous ne trouverions persOnlid
<jui nous fit aucune espèce de denaande^
Comme ce Baharnégash s'étoit conduit avec
nous d'une manière amicale , j'ordonnai k
Hamed Chamiè de Itii donner vingt doUards,
dont , à ma grande surprise , il parut forï
iatbrait. A)>rè4 cela , je donnai ordi-e que Ton
chargeât les mukts ; mais le Baharnégasll
vint à moi et ^ prenant un air très-sérieux ^
il m'informa que , selon certains rapports qui
lui «voient été faits ^ il s'étoit rassemblé une
troupe de trois inille hominês , déterminés k
nous couper le passage ; qu'a moins qu'il uë.
fût avec nOUs > nous Courions graud risque
d'être pillés ; qu'en conséquence il renouve-
loit ses instances auprès de nou9 , pour que
nous prolongeassions notre séjour en ce lieui
Je lui répondis qUe nous n'étions pas très^
faciles à alarmer ; qu'en cas d'attaque doU9
étions miuûs de bonnes armes à feu ; que si
nous venions à oédef au nombre , nous
Savions que nos agresseurs en re'pondroient
sur leurs tètes et que le Rrs elcerceroit sut*
eux une vengeance exemplaire : qu'il de-
Veuoit inutile en&n de perdre le temps en
c,qi,it!dt, Google
l86 V O y A » B
Vains firopos , puisque j'ëtois résolu à lUdf ttiéi'
en avant à rinstant même , sans me mettre
eu peine des oljstacles que nous pourrions
rencontrer, Cette détermination déconcerta
le projet forme pour nous retenir ; projet
dans leqliel j'ai de fortes raisons de croire
qu*avoii trempé Négada Mousa^ et peui-ètre
tnême Hadg^ Hamed.
A huit heures et demie nous sortimes
d'Âbha. Notis attendîmes notre bagage pen-^
dant une demi - beure sur une éminence
voisine. Ce fut d'abord avec quelque sur-
prise , que nous vîmes un grand nombre dé
villageois avec des clièvres , des veaux et
d'autres bestiadx , qui nous suivoient de près f
Qu qui passoient près de nous sur la ménit!
route où nous olieoiinions; mais en tournant
l'angle de la montagne à notre gauche, tout
fut éclairci. Nous y trouvâmes un grand con-
cours d'iiabitans de tous les villages voisins ^
qui venoient y échanger les produits de leurs
collines respectives. Comme ce speciacle étoit
nouveau pour nous et n'e'toit pus dépourvu
d'inte'rêt , nous fîmes sur nos montures le
tour de celte espèce de marche. Entr'auires
effets que l'on y vendoit nous remarquâmes
du fer, travaille et non travaillé, pour servir
c,qi,it!dt, Google
SNABYSSIMIE. 13^^
^ faire des socs de charrue et à d'autres
psages; des liesùaux de toute espèce, des
chevaux , des peaux , du coton ^ du gfaee (i)
et du beurre en masses rondes et aussi b]anC
que celui d'Angleterre ; on y voyoit aussi
des corbeilles de chillies et d'une espèce de
gousse rouge , qu'on trouve sUr les collines
du voisinage ^ et que ceux qui les habilent
mangent lorsqu'elle est mAre. Ce marché se
tient toutes les semaines. Les femmes que
nous y vîmes éloient en gene'ral grandes et
bien faites, plusieurs d'une figure agréable.
Quoique le nombre des pe^sQnne8 que noua
trouvâmes déjà réunies en ce lieu oe pùï
pas être moindre que trois cents ; nous ren-
contrâmes ensuite sur notre chemin une
multitude de petites troupes détachées , qui
s'y rendoient avec leurs marchandises , et
qui durent probablement doubler le marchés
La plaine où nous cheminions avott environ
deux lieues eu largeur. La route touchoit In
pente abrupte des montagnes de la gauche^
passant entre des rochers isoles et de figures
varle'es. Un entr'autres avoït la forme d'une
(i) Nous croyons que le ghec est une espèce
à'huile ou de graisse. Tr.
c,qi,it!dt, Google
ii^ V *ï y A à ti
tour, et etbît d'une grandâui' et d'une hàutèUI'
COnùdérâblés. Ndila laissâmes à notre gauchô
le village de Guragùbboù , et à botré droite
telùi de Muzemba. Environ trolb milles ^lu^
loin, le sol devint plus sablonneiixj et pT(y
duisoit plusieurs espèces d'ixidsi
Le Bah&rae'gash nous atteignit bientôt, el
tnàrehft devant nous jdsqb'à ude éminence
ùtue'e ad fond d'une chaîne de montagnes «
tange'es cn dëmi-cercle , Oil l'on ne peut
iitonter qile pàt- un setd défilé. Là nous pas-
sâmes près d'uue heure k attendre notre
bagage. Fout- l'âpreté et la roideut- , la pénté
de cette cdlitie peut être comparée k celle
de Taranta ; mais elle est beaucoup moins
eleve'Ci
Quand nous fûmes a peu près parveaud
au sonimet , en suivant l'étrott défilfl , le
Baharnégash noua conduisit liOrs de lâ rOutè *
jusqu'à un rocher presque iùacCessible , qui
se projetoit en avant dé la Colline. Aprètf
l'avoir gravi avec des peines infinies , nous
de'cOuvrimCs que le sCul moiif de ndlre con-"
ducteur, en nous entraînants) loin, ëtoitdc
nous procurer un abri contre la pluie, dont
nous paroissions menaces. Ge ne fut pas sans
beaucoup de peine que nous finies rétrOgradci*
L,.,,;<,i.,C00^IC
£M ABTSSI ir.IK. 13g
nos mulets jusqu'à la route que nous avions
quittée; et. ensuite la descente fut pour noua
bien plus difficile que n'avoit été' la montée,
feu après l'avoir achevée nous- fûmes surpris
par la pluie ; mais nous n'eûmes que deux co^
lines à traverser et nous arrivâmes à un misé-
rable village qui nous fournit un abri. Dès que
le temps redevint beau , nous nous remîmes
en marche et nous dirigeâmes presque au S. E.
pendant environ trois milles, jusqu'au villago
de Recaico, où, après avoir éprouvé beaucoup
de difficulté à nous procurer un abri , nous
nous de'terniinàmes à passer la nuit. Le ther-
momètre étoit à 68° F. (16 R.}. Nous estir
mâmes la distance d'Abfaa à Reeaico d'environ
douze milles.
^oàt 18. Hier soir nous avons pu nous
procurer de quoi faire un petit souper , et ce
malin nous avons eu des œufs et du .lait, en
échange de quelques grains de chapelet ; mais
nous avons trouvé que nos vendeuses faisoieot
leurs marchés avec beaucoup de finesse. La
maîtresse du logis étoit assez poUe, mais le
reste des habitans paroissoit peu disposé à
notis satisfaire. Ce matin nous avons décou-
vert qu'ils avoient négligé de donner à manger
Tom. I. 9 '
Uiq mode, Google
iSo V b Y A ô È
aux gens de notre suite , en sorte qu'il a fallu
«ttendre très-long-tempa qu'on «ùt préparé'
leur repts.
Tons tes villages de ce distritit portent de
fortèsmarques des ravAges commis par Tarmée
du Ras f on de toute autre dévastation mili-
taire i car la plupart ne sont que des mon-
ceaux de ruines ; et le Bahamégasb m'assura
^e lés habituas n'avoieot nulle envie de les
«bâtir.
En quittait Reéaico , nous tirâmes d'aboid
k l'est, puis tournant au sud, nous moniâmes,
par vm deftle' fort rapide , jusqu'à une source
t[ui, pénétrant à travers les pores de son canal,
lombfHt goutte à goutte sur les rockers places
aû-dessous. Tout le côté de la montagne
ëtoit couvert d'aCacias, pdrmi lesquels cioiii-
Boient le serge , le tabbib , et d'autres plantes
et sous-bois d'une odeur sliave , outre beau-
coup de belles fleurs , dont je recueillis de»
échantillons. A peu prés à moitié chemin ,
bons reprîmes la direction de l'est , et au
Sonlmet de la colline nous trouvâmes une
Vaste plaine , qui , bien qu'humide et maré-
cageuse par l'abondance de ses sources^ paroît
très-susceptible de Culture , et pourroit , au
inoyeh de quelques saignées, devenir propre
à Ib production du blé.
c,qi,it!dt, Google
EN ABYSaifflE. l5l
Je. recueillis ici trois «spèç^s (je plantas
bulbeuses, et quelques échantillon^ d'une
mine de fer, qui se trouvoit r^paeduv w
abondance sur plusieurs dç^ colliqes par Iw
quelles nous avions pa^. Après nous êtr»
reposés une heure au bord d'une sourca ,
, nous .continuâmes potr« marche , avaçt \9Vt
notre baguge, en longeant la plaine jui^m'au
village de Hadjaian- De là , tournant droit au
sud f Dous traversâmeG un petit rnissqan dont
les bords e'toient ombrage'» par des arbres
nommés Jaham > qui ressemblent aux qiap-
giiiers par la grandeur et le port. Ensuite pous
montâmes une colline, à Touast de laquelle
est le village de Sbilia-
Le Bahamégash se conduisit avec beau-
coup de politesse pendant tout le cours de
cette journée. Il m'oUrit raémfi Hin piuldt ,
qui étoit meilleur que le m't^u ; mais il ^t
par insinuer au capitaine Rudliind qu'il r««e-
vroit voIon4«r$ quelque argepî. La maison
que l'on noua avoit préparée étoit *s$eï bonw;
mais nous y ftimes fort inçomntode's d« la
fumée , étant obligés de faire la cniiÙM daiis
la chambre nténte où nous couchions. C*«st
probablement h fumée qui nuit à la vue des
liabitans;. cnr npus obsetvârow qu'U y avçit
c,qi,it!dt, Google
i5a ' 'v o Y À « E
ijusqu'à des enfaiis presque aTéugles , él que
presque toutes les femmes avancées en âge
«voient perda au moins un œil , plusieurs
fnéme les deux yeai.
Nous fûmes éveilles vers ïes deux heures
du matin par 1« Bohamégash, qui crioit de
toutes ses forces que l'ennemi ëtoit l». It se
passa quelque temps evant que nous pussions
avoir de la lumière. Ce temps fut employé
par notre troupe à prendre ks ormes, et elle
«e trouva toute prête à soutenir l'attaque.
Un bruit sourd de lamboUr ou de tom-tom,
-qui paroissoil partir «le la colline située der-
• rière nous , nous eonfirmoit dans \a pensée
que l'alarme o'e'loit pas vaine. Quaiid notis
eûmes enfin de la lumière , nous vîmes tous
]es gens du Bahamégash solis les armes , a'faUt
leurs fusils à mèche et les mèches allumées ,
leurs lances et leurs boucliers en mains ; iW
«voient, certes > une mine toute guerrière.
Cependant le capiiaine Rudland sortit pour
faire une reconocnssance , «t découvrit que
ce que nous avions pi4s pour le bruit du
tambour, étoit celui que faboit une vieille
lemaie occupée à moudre son blé; travail
-qui , dans ce pays , comme daivi l'Inde et
an Arabie , st fait toujoiKS de ouït. Touie-
c,qi,it!dt, Google
BN ABYSSINIE. l33-
fois l'alATrae u'ayant point cessé, lutus sûmea.
oiifîn , par Ilamed Cliattùe , tfoe, deux
frères , Agous et Siibagadis , s'approchoient
a\éc leur armée, pour , prendre possession
de la ville ; et que tout le pays ■ëtoit en e'tàt
d& U'Ouble. Nous apprîmes en même teuip&
que le seul danger ^ue nous eussions à oourîr-
etoit celui qui pouvoit résulter de la confu-
sion d'une attaque nocturne, mais que d'ail-
leurs, ou n'avoit aucune intention de iioua
nuire uu de nous iusulter; '
Had^ Hauied et Negada Mousa se dispo-
sèrent, si la nouvelle se confirmât, a aller-
au dovant des assaillans. Des espions «voient
été envoyos et étoieut suooessiv émeut reve--
nas, jusqu';i-ce qu'^en&n l'on vint nous dir&
que Tun d'eux avoit.«té arrête- par les chef&
de l'oipédiiiou, et que oeux-oî, nous'saoliant
dans là ville , avoieijl déclaré qu'ils diflere-<
roient leur atlaijue. , jii&qu'au moment où
Hous^ aurions passé pour uQus rendre ches
Je Res, Nous eiimes quelque peiue à engager-
le Baliarnegaslk à s© reiijer. Ëosuito- ayan(
mis du gliee dans notre lampe , nous nous
Coucliàoies avec nos armes à feu tout près
4e nous, et nous dormîmes jusqu'au' point
^1 jour. Iludji Hamfid ,, sur notre demiiodflu
Uiqniodc, Cookie
l34 V O Y A O F
dormit Ji h porte dé noire oliatnbre pendant
o«lte ËA de suit.
Août 19. Avant qiie notre bngage fut prêt,
nota eûmes encore une alarme. Nous mon-
tâmes, avec le Baharnt^gasli , sur une coUin^
qui touchent à la maison où nous ciionB , et
qui oommandoît à tout le pays d'aleniour.
Les viUageois s'y etoieutTassemUés comma
•n un lieu fott d'assiette. Ils dioîent an nom-
bre de trente ou quarante , avec la lance et
ïe bouclier, prèu à faire bonne défense.
Nous vîmes çà et là des femmes et dos en-
fkns occupés à faire rentrer le bétail , et des
hommes armés , qui éioïent sur le qnt-vive ;
Bims nous ne vtmes point d'ennemis , si ce
n'est quelques traineurs sur les émineiioes
illoîgnees. Enfin on nous dit que c'ëtoit une
fausse alarme , et noifô nous en retournâmes
pour bâter notre départ. Quand nous fumes
tortia du village , le BabaniPgash et son fils
nous quittèrent , voyant bien qu'il n'y avoit
plus de presens à attendre , et ne se seqiant
pas disposés à affronter pour rien les dan-*
gers. et la fatigue,
L'alarntç ne s'e'toît pas ^teqd<)e loin ; ov
nous tronvânies les babitans du prochain vil-^
Uiq mode, Cookie
EN ABÏSSINIE., l55
I^e occupes paisiblemeot du travail des
cliVQps. Nous traversâmes Ufieplaine^, qu'are
rosDÎt un ruisseau ombragé de buissons , et
bordé de plantes de la plus grande beauté,.
Kpsuite pous descendîmes , p^r une pente-
roide , dans une vallée de riches pâturages ;
pu l'herbe éioit mêlée en abondante de trèfle,
blanc et rouge , de renonculçs jquoes', et de-
dent-de-lion, ce «{ui lui doupoit l'aspect d'un
pxé aoglois au printems. Tous le« bestiaux ,
qui y paissoiept, éloJenl en fort bpn e'iat.
Le capitaine Rudlandlira up oiseau sembla^
ble au vanpeau * et un peu plus loin, deuv
oanards sauvages. A l'extrémité de la vallée ,
nous Irouvâmes encore une montée fort âpre,
qui nous conduisit à une plaine , entourée
de collines boisées et de rochers fort élevés,
dont l'aspect ressembloit beaucoi^) , par les
traits généraux , à quelques - unes d^s plua
belles vallées du Devonsbire. Nous &mea.
halte à un village nommé €alaut, situé au
centre de la vallée , où nous nous pFoposipn»
de passer la nuit. Mais après avoir atteodtti
quelque temps , comme il n'y avoit point de.
maisctfi prête à (lous recevoir, je fis dresser
la tente à l'ombre d'un large darou, et |^
sQjiiiB d.n. \illage , pçu content de l'hàspHiJIifei
Uiqiiiedc, Google
j36 -VOYAGE,
des habîtans. T^ous acceptâmes néanmoins
ensuite l'invitation qui nous fut faiie par an
musulman, nomme Hadgi Âbdalla, amî de
Ke'gada Mousa. Il prit grand soin de nous y
prépara pour nous du pain et nous servit du
lait , qui , avec nos deux -canards sauvages , fit -
notre repu de ce jour. Le thermomètre
étoit à 70° F, ( 17' R; ).
, ^oât ao. On naus donna k entendre , le
matin , qu'il n'étoit pas possible de nous pi^
curer des hommes pour porter la partie de
notre bagage à laquelle nos mulets ne sufB-
spient pas , parce que le chef du village s*é~
toit absenté , pour se soustraire à l'obligation y
imposée par le Ras , de pourvoir à tous uos
besoins. Nous fûmes doue obligés d'attendre
ici un jour.
Dans le cours de cette journée , Tigra
Mokan Yelleta Samuel , chef des villagos de -
Débra Muttai, descendit de sa colline , avec
un présent consistant en un mouton et du
lait ; et s'engagea à noos fournir des hommes
le lendemain de bon matin. Il s'eicusa de '
paroitre devant nous aveo un vêtement sale,
en me disant qu'il étoit en deuil de son frère.
8b chemise étoit noircie avec de la fange ,
Uiq mode, Cookie
EH ABTSSINIE. iZj'
et il devoît }a porter qmtre-vÎDgts jours. A
ce propo» , Hadji Hamed m'ay^rit que tous
les chre'tiâns d'Abyssinie portent ]e deuil de
la même manière , et qu'ils se de'chirent la
peau dos tempes en preuve de leur aBection
pour la persQ|]ne défume.
Cet bomme honnête, plus sensé et plos
intelligent qu'aucun de ceux que j'avois ren-
contrés jusques-Ià, me donna quelques infor-'
mations , qui , jcùntes à celles que j'avois déjà
obtenues, jettent assez de jour sur l'état pré-
sent dir pays. Son père Woldo Kémellet ,
étoilchef du district d'Adowma, dontKe'ten-
due est telle,' quH faut trois journées de
marche pour le traverser, et qui comprend
les villages de Seraxo , GuHimukida , Acran ,
Duccacala , Calàut , et plusieurs autres.
Ce territoire , au temps de Samuel SuhuI ,
lui rapportoit , à titre de Ras , de nombreux
tributs ep or^, fanlsà mèche, et bestiaiis.
Mais lortqqe.fe Bas Welléta Sëlassé eut, en
ni^ius le pouvoir , Woldo Kémellet fut chasse' '
djB ses états à force ouverte par le Shum
Woldo, guerrier .célébré , ami et' favori du
Ras atotuel , qui l'appeloit son frère , qum-
qu'il n'y eût entr'eux aucune relation de
partnlé. Depuis cette révolution, le district
ùiq mode, Google
j38 V O T A » B
p'a plus paye au lias mmuellemeot, qne denx
ceou peaux (i) de miel , deux cepu mou-r
tons, oi|ir|u8oteTacbes,etdixfu4ils à mèche;
contribution très-petite un compar^isco de
celle qui avoit préo^de. Four ÎDdenatvser I9
fugaille Woldo de ses perUs , 1« Ras actuel
donna à WelUta Sqtnuet les villages de Déb.ra
Muttai, avec le pays d'Aleotour, libres de
toute espèce de tribut.
Il y a aujourd'hui troU «tu qu'il y eut ue|
combat entre le Sbum Woldo et Yasous , ■
Baharuegash de IKxan ; ce eonibat fut livt<è; '
près de Baçauço, Yasous vint aitaquev sou
rival avec toutes les forces qu'il put rasseni- -
bler. De dtaque oôlé les armées étoient d'en-
viron cinq mille hommes.- Yasons fut vioto^
rieax. Il tua cent cinquante hommes de l'sr^-
mée ennemie et emmena une bande dç mu*
slorOTs appartenant au %um Woldo.
Le district d'Ago-wma «fst échu , par U
mon de Woldo , à ses quîitre fils , Thadou ,
Guébra-Gurrou , Subagadîs et Agous- P«»* ■
dant quelques temps ces frères véeurent- ei^
bonne intelligence , ils formèrent une étroiiê'
fdliance et ■ conquirent ensemble pluàeui*
(i) Mesure flttilie «a Abj^ssinie. ÎJ-i
c,qi,it!dt,Google
EN ABYBSTNIE, l39
villagAs TobÎQs ; mais ensuite ils se disputè-
rent pour Le partage de ces nouvelles posses-
sions. Le Ras s'est montré favorable à l'ha-^
dou et à Guebra-Gnrrou , qtii ont été ([Hetqiie '
temps auprès de lui. Le dernier de ces deux
pei>sonn<iges , n'ayont point de capacité , est
«tivisagé comme nul. Subagndis et Agous'
pre6tent de Tabeence de leurs rivaux pour
renitrer dans IpUrp biena j mais op eroit que
Tbadou ne tardera pas à arriver, soutenu
par Je Ras, pour s'opposer à leurs progrès,
11 a même déjà envoyé au peuple de Shilia
l'ordre de faire une vigoureuse défense en
attendapt qu'il viepne à son secoure,
A dix heures du matin , Hadji AbdaUa fut
mandg par Agous, qui, à ce qu'on me dit,
étoit le olief dèCelàut, Bientôt après, ce chef,
ayant prisl^s ififormaiions convenables, nous
honora de sa visite , accompagné d'un nom-
breux cortège de guerrierR, dont qucU[Oes-
iins étoiept armés de fuàls à mèclie , et les
«utres , de lances et'de boucliers, Il paroissoit
avoir un peu plus de vipgi ans. ÏI étoît d'une
figure agréable , mais avoit d,ins ses manières
quelque chose de sauvage et de dur. II nous
dit en pou de mots, qu'il étoit absent au mo-
ment de notre arrivée 5 que saqs cela holie
Uiq mode, Google
l4o T O T A G E
Aurions été mî«ux reçus ; mais qu'il nous «me-
noit deux bœuis. 11 ajouta qu'pyaat su qu«.
nous suivions cettç route , il avoii dîBeré sob
t altaque contre Sbiha. II se leva eosivie et
nous quitta avec aussi peu de cére'inoni« qu'il
en Bvoit fait en entrant. Le soir nous reçA'
nies de sa [lon du lait et soixante-six galettes
de pain de teET de deux pied& de diamètre^
Nous en reç^^ vbgt-oitiq pareùU do We^
léta Samuel^
^j4oàt 2 1 . Quoique nous fusùons levés de.
trcs-grand matin, il etoît onze heures avaujt-
que nous eussions commencé de nous nietti;e.
en marche. Au milieu de nos préparatifs, nçius
fûmes joints par le jeune chef Agous^ Il
nous observa eu silence, jusqu'à ce que tou^,
nos mulets fussent chargés ; puis aussitôt à
force de coups et de menaces , il força ses.
gens à se hâter de porter le reste du bagage.
Presque tout le pays consiste en collinea
rocailleuses et en vallées cultivées, à travers,
lesquelles notre route serpentott en suivant
la diiection générale du S, E. a» N, O. A iix
niillés de Calant nous lais^ines sur notre droite
Cullimucluda et Ërsuba. A peine avions-nou$.
fait deux i^illes , que le jeune Agoua
c,qi,it!dt, Google.
EN ABYSSINIE. l4l
tiOuâ atteignit. Il ëtoit accompagne àe deux
de ses guerriers à cheval. Il s'arrêta pour
parler à Hadji Hamed ; mais la lenteur de
notre marche s'accordoit mal avec son carac-
tère bouillant. Au bout de peu de minutes^
il poussa son cheval au galop, et bientôt nous
Je perdîmes de vue au tournant des collines
en face de nous- Un messager à cheval vint
à notre rencontre ; il e'toit chargé d'apporter
la nouvelle de notre prochaine arrive'e. 11 alla
en avant , avec notre amï Négada Mousn ,
pour pre'parer notre réception. Le pays étoît
riche en pâturages ; nous vovions de grands
troupeaax de gros bétail paissant dans les
vallées ; et quelques chevaux de petite race ,
mais capables de soutenir un grand travail.
Nous iimesfuîr deux chacals dans la plaine, qui
étolent occupes à déterrer quelques racines j
ils se jetèrent avec tant de vitesse dans les
collines , que le capitaine Rudland ne put pas
s'en approcher assez pour les tirer. Vers les
trois heures nous arrivâmes à Génaterj capi-
tale du district d'Agoivma. C'est un village ,
consistant principalement en quelques buttes
coniques , que domine un roc élevé , presque
taillé à pic de tous les côtés , au sommeW-du-
quel est im terre-plein d'environ deux cents
c,qi,it!dt, Google
l43 V D Y A G K
pieds de diamètre , occupe eo partie par UO0
citadelle. Là nous rencontrâmes Subagadîs ,
l'aioe des quatre fils du Shum W oldo. Il se
découvrit, en nous approchant, avec beaucoup
d'humilité, et nous salua en nous baisant la
main. Il do us conduisit ensuite dans son sallon
de cérémonie , (pii ne ressçmbloît pas mal #
la halle ou pièce principale de rjuelques-uDs '
des plus vieux manoirs d'Angleterre , étant
très-e'leve' et soutenu par des poteaux ronds
au centre. 11 nous y fit servir un excellent
curry (1} de volaille, des pains de froment
apprêtés h la vapeur, et du muize en abon-
dance. Il me présenta aussi trois jeunes bœufs,
quatre pots et huit peaux de uiiel ( 3 ) et me
(i] On fait dans ['Inde une poudre, bien connue
en Angleterre sous le nom de curry , que l'on méte
au rie, et avec laquelle on apprête la volaille et
d'autres viundiis. Eu France on appelle quelqUé rois
cet apprêt carri. Celle poudre , à l'œil , ressemble
au tabac d'Espagne. On croit qu'elle est composée
essentiellement de cardamome, de poivre de Garenne
et de safran. On dît qu'on en trouve à vendre à
Paris. 7>.
(3) On sait que le miel est en Ab^ssinie une partie
considérable du revenu. On le lieu! dans des'pitaux,
qui servent >n conséquence de mesute pour celle
denrée, l'r.
Uiq mode, Google
dit que c*étoit par ordre du Ras. Pendant
tout ce temps^là y sou frère Agous s'étoit
tenu-derrière lui^ n'osant, à ce tju'U paroit,
s'asseoir en sa préseDce. Nous passâmes ce
jour très- agre'al>lement, étant reçus par le
maître du logis d'une manière très-liospita-
lièfe. C'étoît, sans comparaison , l'Abyssinien
le plus poli que j'eusse encore rencontre. Sa
pliysioiiomie avoitune expression de douceur
remarquable , ses trails étoieut réguliers , ses
cheveux courts et frisés sans être laineux ,
Bataille, quoique petite ^ étoit bieri propor-
tionnée. Lethermomètree'toità69"F.(i^R.]
^oût 33. Le matin je Es présent k la dame
du logis d'im miroir, de quelques grains de
chapelet, et de quelques clous de giroQc.
Cette dame avoit le teint d'une couleur beau-
coup moins fonce'e que celles que j'avois ren-
contrées jusqu'ici. Elle étoit parente éloignée
du Ras. £lle reçut avec beaucoup de plaisir
les bagatelles que je lui offris ; c' étoit la pre-
mière fois que noas nous trouvions en com-
pagnie de gens qui ne mendioient pas des
prèsens.
Dans le cours de cette journée, Subagadîs
prit un moment pour m'entretenir des mal*-
c,qi,it!dt, Google
j44 V y a o e
heureuses disseniïoos qui re'gnoient dans sa
famille. Le Ras, me dit-il, avoit ordonné
que les étals de leur père fussent partagés,
entre lui , Subagadis , et son frère Thadou ;
mais celui-ci , mécontent de sa portion ^ n'a-
voit cessé dès-lors de piller les villages dé
' Subagadis et ceux de quelques autres chefs
voisins. Il observoit avec raison , qu'un pays
ainsi divisé ne pouvoit pas prospérer , et
comme il étoit l'aîné de la famille , il espé-
roit que j'userois de mon crédit auprès du
Ras, pour le faire réintégrer dans l'béKtage
entier de son père. II me pria d'en parler au
Ras aussitôt qu'il me seroit possible, vu que
le mois où nous nous trouvions étoit celui où
se r^gloit l'établissement annuel des provin-
ces. Il vouloit aussi que je représentasse au
Ras, que, maigre' ses ordres, régulièrement
transmis aux gens de Thadou , pOur notre
approvisionnement dans les villages sur luttre
route , ces gens n'avoieut fait aucun prépa-
raiif pour y satisfaire. Je répondis à cela,
que je n'étois qu'un simple étranger qui me
rendois auprès du Ras ; qu'en conséquence
mon crédit auprès de lui ne pouvoit être fort
grand , et que ce n'étoit point mon métier de
me mêler d'affaires d'e'tat ; «mais, ajouiai-je,
comme
Uiq mode, Cookie
EN* Abyssimie. i45
comme tous nous avee traites avec beaucoup
d'hospitalité , je ferai certainemeot tout ce
que je pourrai pour vous obliger. » Ensuite
je lui pre'sentai une pièce de mousseline , qui
lui fit grand plaiûr. Il me dit que j'étois plus
libeVal à son égard qu'il n'auroit pu s'y atten-
dre ; et me prenant par la maïn-, il m'assura
qu'il m'euvisageroit toujours comme son ami.
Je lui demandai upîquement en retour , s'il
rencontroit jamais un de mes compatriotes ,
de vouloir lui montrer la mémâ bienveillance
dont il avoit use' à notre égard.
Nous eûmes le matin le spectacle d'un ban-
quet abyssinien, où les convives se reriouve-
loîent continuellement , et où néanmoins nous
comptâmes quatre - vingt - seize personnes
siégeant à la fois dans la même salle et par-
ticipant au repas. Bien des gens éprouverOient
une sorte d'effroi en se mêlant à celle foule,
où chacun est occupé à couper de la viande
crue avec de longs couteaux, et à en faire
passer de grands morceaux de main en main,
des premiers aux derniers, rangs. Lorsque le
morceau ne paroît pas bon, il va quelquefois
jusqu'au sixième ou septième rang. A l'exué-
Tom. I. lo
c,qi,it!dt, Google
i46 V V A û *
mit^ de la salle siégeoT<ant Subagadis et sa
femme, avec lesfemines^ela suite de celle-ci,
derrière hh rideioA denù-fermé. Eo entrant'
DOQ» fûmes invités à prebdre plïce au tnîlieu
ij'elles , ce que nous aticêptimes avec em-*
prfessement. lia femme de Subagadis , que
nous pûmes elors voir à notre aise , ^toît jeune
et }oli6 , 6t àvoit des manières douces et agré»*
hies. Elle me demanda des boucles d'oreilles.
On m'avoit dit mal à propos que les femmes
d'Abyssinie n'en portoient pas. Mais coiiioie
j'en avois quelcpies paires, achetées à Mocba,
j'en fis sur le champ chcrclier une , que je
ïui offris.
Pendant notre séjour ici, le capûaine Rud-
land tua deux aigles , que je suppose être le
mâle et la femelle. Comme aucun des liabi-
tans n'avott vu jusques-là un oiseau tiré au
vol, ce spectacle les amusa beaucoup. Nous
quittâmes Genater vers les dix heures , et
marcliàmcs assez lentement. Nous rencon-
trâmes deux prêtres vêtus d'une e'tofTe d'écar
late légère , dojnt l'un portoit à la muin une
'cloche , et l'antre une clef charg(2e d'ovue-
mens bizarres. Les premiers huit milles
étoîeut dans la direction du sud , à traver»
de belles prairies^ ensuite touinant .uuiour
uigiii^dt, Google
cUs collines, dolls montâmes un défilé é]«vé
qui sépare , à son sommet ^ le district de
Shum Woldo de celui d'Ayto Welléu Mi-
chel. On nous pria d'attendre surcette colline,
parce que Ayto Welléta Michel , chef du
village de Tacota , chez qui nous allions j
étoit parti pour une expédition contre Sabana
ville appartenant à Thadou. Quelques minutes
plus tard , nous vîmes ce chef desoendtmt un<^
colline à l'est , avec , je croîs , un millier au
moins de gens de si suite , cavaliers et fan-
tassins, entourantleurchefdans leplus grand
désordre; à peu près comme sont entoiu-é»
les princes de l'Orieut , quand ila sortent pour
faire une visite de cérémonie. Un petit nom'
Ibre d'entr'euK avoient des fuûb à mèche ; les
autres , des lances et des boucliers. Arrivés
en face de nous, ils se divisèrent en deux
corps , l'un composé des troupes do Welléta
Michel , et l'autre des ausilinires sous la
commandement d'Ayto Guébra et des chefs
de quelques villt^es éloignes. Welléta Midut
alla à Tacota.
Giielira Welléta Sélassé , messager d'Anta-s
low , nous avoit rencontres snr la collme. Il
in'amenoit lin mulet gris ^ appartenant au-Ras^
Que celui-cim'envoy oit pour mesATvicdampm
U,ql,lt!dc,C00gIC
l48 T O V A & E
ture. Notu enToy&mes ce messager au tlïet
de Tacot», pour Tinformer de notre approche.
La réponse qu'il nous fit parut si peu satis-
faisante , que nous jugeâmes prudent d'allv
environ quatre milles plus loin , jusqu'à un
village appartenant à Ayto Guëbra , où nous
trouvâmes à nous loger, nous et le mulet du
Ras, à l'étroit, mais assez jilen. Nom y pas-
fiàmes la nuit.
- ^oût a3. Hier soir le clieF du vilfege nous
donna un bœuf et deux moutons. Oa nouA
«ppréta une partie de Vvm des moutons ad
curry, à la manière du pays; ce qui fit notre
souper, «B y joigoMil du pain et du maize.
l'ai appris ce moûn , que les dîssentions ac-
tuelles, entre Thadou et Ayto Welléta Mi-
chel, prOTefioieni du goût que les sujets du
prenHer ont pourie pillage. Ils avoieut pris
^'habitude -de venir en plein jour enlever le
bétail d*Ayto Welléta Michel. Celui-ci vou-
Imt répnmer «es pilleries, assembla ses amis
et ceux qui dépendoient de lui, puis marcha
au village de Sahana , où vivent habituelle-
ment la plupart de ces brigands , détermine
à tirer nnson de leurs insultes. Hier toutefois
-riea oé fat décidé j il n'j' eut point de 'sang
Uiqniodc, Cookie
SN A.BTSSINI'B'. )l4g
répandu. Od croit qu'on en vientlra à un ac-
commodement , et aujourd'hui Ayto Welleta
Michel marche sur Sahana pour oa prescrira
les condîlious ^ mais celui qui me- doDDoit oe$
détails ne crojoit pas que-Ie bétail fût rendu»
parce que ceux qui l'ont perdji redouleut
Thadou , dont les forces réuiùes sont impo-
santes.
Nous sortimes de ce \itlage-ver& les neuf
heures avant midi. Quaad nous eûmes fait à
peu près deux milles., nos guides npus priè-^
rent de faire halte au fond d'une- vallée d'un
côté de la plaine d'Âyadda , sur laquelle sont
répandus les douze villages d'Amba Maout,
Aprè« une longue consultation entre Nevada
Mousa et Guebra Selassé d'une pan, et de l'au-
tre, tes chefs des villages situés sur les hau-
teursi, qui eu éloient descendus pour nons
voir , le premier tàcba de nous engager à
nous arrêter ici le resle du jour. Je refusai
de le faire. Là-dessus les cliefs nous entou-
rèrent , et s'eflbrccreat de nOus persuader
que, ^DOus ne cédions pas àleurdf'sïr, leurs
vies n'étoient pas en sûreté. Ils employèrent^
pour me fléclùr, les supplications les plus
humbles et les plus» pressantes. Us mettoient ,
■ QQ le$ faisant y des pierres sur leuF tôto et suc
c,qi,it!dt, Google
iBù V O Y A » H
leur cou. Apre» de vains efforts de ma part
pour me dégager sans employer la force , en
faisatit sentir k nos guides eonihîen il eioit
absurde de vouloir nous retenir do In sorte ,
je me de'termînai ep6n à me faire jour à tra-
vers la foule , en poussant mon nmlet au
galop; «t }*aHai rejoindre mes oompagnons ,
qui m'avoient un peu précude'. Maïs tout c6
que je pus faire alors , pour prévenir la perte
d'un temps' précieux , devînt bientôt presque
inutile f car deux milles pla9 loin , la pluie
nous surprit près d'un autre village, et tomba
avec tant de violence , que nous ne fûme^
point fàcbëB de trouver un gite , d^ns une
maison toute prête à npns recevoir , et où
nous passâmes la nuit.
Nous y fûmes traites avec beaucoup d'é-
gards par I9 maître de la maison ; mais notre
tiQnrritur«, et toutes les Eiutres' choses dont
nous «âmes besoin, nous furent apportées
p«r les gons du village oh l'on nous «voit si
fort pressés de notia arrêter,
J'avois vu en entrant une plaptç très^sem-
blable à f ensété de Bruce ; qui bien examiné*
le aoir , se trouva être une nouvelle espèce
de musa, ()lle s'élève à la baïUetir de trente
ou quarante piçUs- h^ tronc- ou la tige est tiu,
c,qi,it!dt, Google
EN ABTSSINIE, iSl.
lorsque les premières feuilles sonl desséchées,
Jusqu'à enviroti quinze pieds au-dessus du sol.
Là , il en sort une douzaine de feuilles , qui.
- s'ajustent l'une dans l'autre à leur base ,
comme celle du plantain ou bananier. La
nervure du milieu forme dans chaque feuillo
un pédoncule nu d'environ deux pieds et
demi ^vant le point oîi sVtend de, part et
d'autre I3 partie plane et développée de la
feuille- j e( cette nervure ,■ dans sa partie infé-
rieure , est d'une belle couleur rouge. La
feuille a, d'un bord à l'autre, dans sa partie la
plas large, à peu 'près quatre pieds , elle est
longue de vingt pieds , et se termine ^n pointe .
Le fruit sort du centre ou du corps même de
)a plante, et lorsqu'il est jeune encore, il est
protégé par quatre ou cinq feuilles petites,
mais fortes, qui embrassent fortement tout
le re'oëptacle. Les parties de lai. tieur son^
très-semblables à celles du bananier ou plan-
tain , et il en est de même du fruit en appa-
rence ; mais on y remarque uue différence'.
Essentielle , c'est quHI est rempli de semences
dures , de forme irrégulière , dont cliacuue
est de la grosseur d'un» noisette. On. peut
jiiger du porf et de la forme générale de la.
planta pïir le dessein des montagnes d'Adow^ ^
Uiq mode, Cookie
l53 V O T A G B
OÙ elle se retrouvé (i). Le thermomètre ëtoit
à 64° F. (i4R.)
, jiùât 34. La dame de la maison , belle-
sœur de la femme de Subagadis, nous fit visite
dans la matinée. Elle étoit fort inférieure à
celle-ci en beauté et en politesse. Je lui pré-
sentai un mircûr et quelques grains de cha-
pelet ; elle parut mécontente de ce présent ;
cependant, quand nous parûmes, elle le prit.
Les chefs des villages où nous avions passé
ïa veille vinrent aussi nous voir ; ils nous
firent présent d'un boeuf et de quelques au-
tres provisions de bouche. Vers les neuf
heures nous sortîmes du village et continuâ-
mes notre marche , tirant au sud , par une
contrée où les rochers étoient plus abondans
qu'auparavant , et où en conséquence nous
vîmes plus de oolquals. il y a cependant au-
près des villages à droite quelques morceaux
de pâturages. Les collines au-delà présen-
toient un aspect étrange et des formes bizarres;
des moutons de toutes nuances , depuis le
blanc jusqu'au npir , paissoient le long de
letvs talus. Après cinq milles de marche , pen-
(>) Cerausa croit dans les serre* de lord Valentîa.
c,qi,i''.dt, Google
EN ■ ABYSSÏNIE. l53
dant lesqnels nous passâmes plusieurs petits
villages, dont obacun avoit uoe maisou prin-
cipale entourée d'une muraille de pierre ,
nous montâmes une colline et parvinmes à
un granil village , qui est ta résidence d'Àyto
Guébra. ^ious fûmes reçus avec beaucoup
d^ospitalite' par ce chef, qui a épouse' la nièce
du Ras Welléta Sélassé. Te'cla Hammainout
marie' à la sœur de celle-ci : et quelques au-
tres amis, s'étoient rendus chez lui pour nous
iaire accueil. On nous dit peu de chose
quand nous entrâmes^ mais on mit devant
nous du maize, du curry, et d'immenses piles
de pain ; et l'on nous fit entendre que le
meilleur compliment que nous pussions faire
e'toit de bien boire et de bien manger. Et
véritablement on nons .servit tant de maize ,
et si bon et â fort , que je crus indispensable
de me lever et de sortir de table brusque-
ment , de peur que nos .gens , à qui cette
liqueur éloit e'galoment prodigue'e , ne fussent
hors d'e'lai de marcher. Au sortir de la salle
du festin , on nous fit pas^r , d'une manière
inattendue , dans l'appartement de la dame
du logis , qui nous reçut d« ft?rt bonne grâce ^
et nous tint quelques propos obllgeans avec
beaucoup d'aisance et de politesse. Elle n'e'-
Uiq mode, Cookie
l54 VOTA*»
toit pas Jolie , mais avoit dans la figure un6
expression agréable. Je m'excusai auprèsd'elte
de q'avoir point de présent à lui oËFrir , vu que
notre bagage noua avoit préc(!de. £)le reçut
mon excuse avec civilité, et ipe dit que soa
seul motif, en noua arrêtant quelques ins-i
taqs , e'tqit de jouir de notre ^ciéte' ; mais
comme une plus longue visite n'auroit mené
qu'à nous faire boire , nous re'Wstàmes à ses
obligeantes sotHcitations , et prenapt eongé
d'elle nous remontâmes sur nos mulets, et
fîmes quelques railles pour nous rendre a lit
demeure de Débit» , chef de Négashé, Kosi
guides s'étoient propose de nous faire prendre
nos quartiers dans un village plus rapproché
de celui que nous venions de quitter; ensorte
qu'à notre arrivée ï^chef ne se trouva pas
prêt à nous recevoir , et fut obligé de faire
chercher ses habits de fête. Il nous reçut
néanmoins fort bien , quoiqu'on premier mo^
ment nous ne pussions uous entendre, parce
que notre interprète étoit resté en arriéré
avec le bagage. On nous fit encore ici un
festin i quatve cents galettes de pain de graq-
denr ordinaire furent distribuées à nos gens^
fàvec des bqsufs , du miel , du ghee ^ etc.
c,qi,it!dt, Google
EN ABVSSINTB. l53
\Aoûi aâ. Le maître de la maison se nililo
matin eu route avec nous, comme (ivoieai
fait gëne'ralemeat ceiix obee qui nous avions
. loge depuis AbhS. Il se teqoît sur son cheval
pvec fermeté et avec grâce , comme la piMpiirt
des hommes de rang de' son pnys. Leur vête-
ment blanc, et une peau de mouton noire
jete'e sur l'épaule gauche , donne à ces cava-
liers fort bonne mine. Us ont la tête Que,
inais ils envisagent comme une marqua de
dignité de se couvrir te bas ({u visage de la
partie Qoltânte de leur vêtentent. Ils marchent
presque toujours accompagnés de huit ou di^
hommes armés de piques et de. fusils à mèohe,
Après avoir fait environ cinq milles , en
montant et descendant des montagnes rapides;
nous fûmes visiter une église ou un couvent
taillé dans le roc vif, que l'on nomme Abn-
basubfaa, Cet édifiée «st situé sur le côté du
rocher, d'où l'on découvre une vaste et belle
plaine , semée çà et là de darous et de dat-
tiers. Au devant de l'excavalian est une en-'
trée couverte de chaume et à deux étages,
(I"un style fort ressemblant à celui des Portu-
gais. Pc là trois portes conduisent à une salle
carre'e de cinquante pieds sur trente , soutenue
par deux ranjjs de colonnes, chacun desquels
uiq mode, Google
l56 T O T A » »
est forme de qnatre coIoDoes et de deux
pilasires. Les oolonnes oat environ trois pied^
de diamètre^ et^ pvr leur àmplioite et Imir^
proportions, se rapprochent de l'ordre tos-'
can. Au-delà est une salle , qui re'pond en
quelque façon au choeur des églises modernes.
Elle est séparée de l'autre par deux piliers
cafre's > et a nu plafond en dôme d'environ
quarante pieds de haut ^ d'un très-beau tra-
vail. C'est dans o«ne pièce qua sont les fonl4
bapiismaui et tout ce qui g«rt aux cére'mooies
de l'e'glise. Ces choses sont de'robées aux yeux
par uo rideau qui va d'un pilier à l'autre. De
part et d'autre il y a de petites chambres , qià
pommuuiquent avec la grande excavation par
une porte et une fenêtre. Dans la plus graàde
excavation, au-dessua du centre, est lui pla^
fond , creusé de manière à former une sorte
de dôme d'environ trente pieds de haut ,
orné de peintures et de has''retiefs. Les côtés
du plafond ont les mêmes ornemens, mais
sans aucune apparence de dôme. I^e sol est
pavé de pierre^ carrées; les murs sont scul{jtés
et ornés de croix , de tableaux et d'insçrip^
lions en caractères éthic^iques, qui ne con-
tiennent, à ce qu'on m'a dit, que de& pas»
sages de rEcnture sainte. Les tableaux le&
c,qi,it!dt, Google
BN ABYSSINIE. %5'J
plus remarquables sont ceux du Christ , des
apôtres et de St. George combattant contre
le dragon. Le cheval blanc de ce dernier est
bien dessine et bien exécuté. Les prêtres nous
permirent d'eiaminef en dëtail ce singulier
tenaple : ■nous le trouvâmes humide , rempli
d'insectes et de chauve-souris , surtout le»
cellules des côtés ^ dont chacune contient
une tombe. Une des principales ^ngularites
qu'offre cette excavation , est une source qui
tort de Tune des colonnes. Elle dépose un
sédiment ferrugineux , qui n'a point attaque
la colonne même. Au-dehors sont plusieurs
tombeaux taillés dans le roc , et qui ne sont
recouverts que par des pierres détachées.
Presque tous les prêtres qui noua accompa-
gnoient étoient vêtus de blano , et portoient
des turhans légers , ou plutôt une espèce
d'enveloppe dont ils se ceignotent la tête. Je
leur donnai deux dollars en reiout* de leur
complaisance à notre égard.
Le rocher dans lequel cette e'glise a été
creusée est fort dur, et a dû être difficile à
percer. Nous n'avons rien aperçu qui pût
nous aider à faire une conjecture sur l'époque
où il a été construit. 11 est certainement anté-
rieur au tems d« l'élalilisseœent des Portu-
c,qi,it!dt, Google
l58 VOYAGE
gais en Âliysâuîe. Il est probable que c*est
un de ceux qui furent faits « d'après les ordres
donnes par l'Empereur Lalîbala , par dM
ouviiers qu'il avoit bit venir d'Egypte dans
C6but(i).
Nous trouvâmes , en suivant notre route ^
tm très-beau bosquet ; et sur les flancs des
rochers où passoil le senties , de belles espèces
de fougère , dont je recueillis quelques e'chan*
lillons ; nous montâmes ensuite sur des col-
lines élevées et escarpées , par un cliemîn qui
touruoil quelquefois en toutes sortes de di-
rections, jufiqu'à-ce qu*en&n, après une jour-
née faiîganie , nous aiieignîutes notre staljod
de nuit ^ au sommet d'une des plus hautes
collines. Il s'écoula quelque temps avant que
le reste de nos gens et le bagage pussent noua
joindre. Ils avoient pris une autre route et
evoient visité en passant une mosquée , que
les musulmans ont eu grand respect. Nous
n'eûmes pour gîte qu'une misérable hutte,
où nous fûmes tous entassés ; mais le maître
du lo^s , qtu étoît un serviteur du Ras , nout
traita avec beaucoup d'égards et, en nous
offrant le niaize , me flt présent d'une corna
(i) YojM LudolC Ub. Il, c..5.
c,qi,it!dt, Google
ËH ASYSStKIË. 1^9
pt-oprcment tournée , de ]a manufacture à*A.-
byssinie ; ce cadeau me fut d'autant plu»
agréable , qu'il me fut offert d'une manière
ti'ès-obligÈante. On nous avoit prépara du
Curry et d'autres victuailles ; on nous ofirit
aussi-une vache . Le thermomètre étoit à 68° F.
( 16 R. ). r^ous estimâmes que )e chemin fait
ce jour etoît de quatorze à seize milles.
j4oût 36. Nous nous mîmes en route de-
très-bon matin. Après avoir marché environ
cinq milles , nous rencontrâmes un clief ^ qui
nous dît que le Ras avoit marqué un village
deux milles plus loin pour notre station d^
nuit , parce que de là nous pourrions aisé-
ment, le jour suivant, aller jusqu'à Antalow-
A notre ariivée cependant nous trouvâmes
qu'on n'avoit rien préparé pour nous recevoir.
Cela donna lieu à beaucoup d'altercaliona
entre nos guides et le chef du lieu. Celui-ci
elTrajé de leur violence, vint se jeter à terre
devant mon mulet , avec une pierre sur son
cou. Je vis clairement qu'on ne désiroit pas
de nous retenir, et qu'il nous importoit de
ne point perdre de temps ; je résolu» d'allei*
en avant.
Après environ six nulles de marche par un
c,qi,it!dt, Google
l6o T O Y A O E
chemin de mObtagnes , nous arrivâmes à ]a
ville de Derha. Cette ville, vue de la collin«
par laquelle nous y arrivions, paroissoît beau-
coup plus considérable qu'aucune de celles
que nous avions traversées. Elle étoit entou-
rée d'un mur et d'un large fosse'; les maisons,
pour la plupart, éloient bâties en pierres.
Il n'v a point de cbef rendant à Derha , parce
que cette ville est sous le commandement
imme'diat du Ras , qui a nommé six chefs
subordonnés pour la gouverner. Ceux-ci me
firent visite et sembloient tellement en peine
de pourvoir à nos besoins, que je me crus
enfin obligé de leur dire , que nous ne ve-
nions pas chez eux comme des mendiaus,
et que si le Ras n'avoit point donne' d'ordres
à ce sujet nous étions prêts à payer pour notre
dépense. Là-dessus ils s'en allèrent ; les gens
de la maison toutefois se montrèrent obligeans
et préparèrent pour nous du pain , du niaize
et un curry de mouton.
Vers les sept heures du soir nous reçûmes
un message de notre ami Subagadis. Il nous
faisoil savoir qu'il e'toit arrivé dans la ville ,
mais qu^d n'avoit pu s'y procurer un logement
pour la nuit ; que néanmoins il resteroit dans
le voisinage , et seroit prêt à nous accompa-
gner
Uiq mode, Cookie
£lt ABYSSINtE. l&l
gnerle matin de bonne heure dans notre routé
à Antalow. M. Carter, à ma demande, se
rendit sur-le-champ auprès de lui , pour lui
oBrir de partager notre petite demeure. II
refusa d'abord, parce qu'étant mécontent
des habiiaos , il avoit dessein de se plaindre
d'eux au B.as; mais il finit par accepter. Le
souper que notre hôte partagea de très-bon
cœur fut servi à la mode d'Abyssinie. Nous
fûmes cfaarme's d'avoir une occasion de re-
connoître l'accueU que Subagadis nous OToit
faitàGe'nater, capitale dudistnct d'Âgo'wma.
Le thermomètre étoit à 70° F. (17 K.). Notre
jmirnee fut de douze à quatorze milles.
Août 27 ■ Vers les six heures nous sortîmes
de Derha^ accompagnes de Subagadis et de
sa suite , et nous fîmes environ dix milles par
des plaines herbeuses et de hautes collines
pleines de rochers. Le sol des plaines étoit
noir, fort riche jusqu'à la profondeur de douze
pieds, comme nous le reconnûmes sur les
bords d'un ruisseau , qui le pénètre en serpen-
tant tout au travers. Les collines seroient
aussi susceptibles de Culture , si l'on enlevoil
les pierres qui les encombrent ; mais les ha-
bitans sont trop paresseux et trop ignorant
tom. I. 11 . '
c,qi,it!dt, Google
iGa ^ "t A a t
pour Fentreprendre, même sur -les terrain^
plats j eusorie que c'est avec la plus grande
difficulté qu^ y font passer la charrue . Après
tiTOÎr descendu un défile' rapide , d'où nous
vtmes en plein la colline d'Antalow, noud
arrivâmes au village de Cbélicut, où. bous
occupâmes une maison appartenant ati Ras ^
bâtie tout au bord du ruisseau , dans un en-
droit très'ftgréable. Là , noua fûmes traités
avec plus de eérémome et de respect qu'à
l'ordinaire : on nous apprit que le Ras avoit
• ordonné d'avoir le plus grand e'gard à tout
ce que nous poumons dë^rer. L'après-mkli
fut employée à viûter l'église, accompagnes
d'une multitude de prêtres , tous bien vêtus
en blanc. A l'entrée du premier sentier , ib
nous demandèrent d'ôter dos souliers et nos
chapeaux, ce que nous limes sui^le-champ.
Je vis avec quelque surprise que les^ltsul-'
tnans avoient la liberté d'entrer dans la pre^
mière enceinle. On peut se faire une idée
assez exacte de cet édîBce , en imaginant trois
murs circulaires concentriques , surmontés
d'uD globe et d'une croix. Les espaces qui
sont en dedans des deux mui's extérieurs sont
des avenues ouvertes. L'espace compris daiH
le cercle intérieur Xorme 1» corps de l'église.
Uiq mode, Google
EN ABTSSINIB, l63
hé» murs Sont revêtus d'un enduit de plâtre
de couleur rouge blanchâtre , ornés de do-
rures et, couverts de tableaux, rcpfr^sentant
Noe' et son arche , Christ «t la Vierge Marie,
les Apôtres, les martyres des saints , pluâeurs
desseins bizarres d'après les livres des pro-
phètes ) et Sti Geoi^e combattant le dragcu.
Ce dernier saint paroît être celpi de la nation ,
et fait partout une figure remarquable avec
son cheval blanc. Le coloiis de toutes ces
figures est très-e'clatant, mais il y en a quel-
ques-unes , enlr'aUtres une Vierge, dont le
visage est mis soiis verre pour le conserver,
qui sont d'un style supérieur à celui de la
plupart des peintres orientaux. L'enfant Je'suj
est dans un tableau sur le bras gauche de sa
mère ; et dans un autre , sur le bras droit.
Dans l'enceinte extérieure e'toit suspendu
un très-joli lustre de verre , donné au Ras paf
le shérif de la Mecque. De l'e'glise, on nous
conduisit k la fabrique , pour voir les vête-
mens et tout l'atlirail des prêtres dans la célé-
bration de l'office , qui sont d'une grande
beauté. 11 y avoit entr'autres onze mitres d'ar-
gent pur incrusté en or , deux habilleniens
de velours blanc garni en urgent , un grand
tambour avec des cercles d'ai^cnt, et tme
Uiq mode, Google
ï54 VOtAOÏB
riche étoffe <fe Venise brodée aTec goût, tes
prêtres paroissoienl prendre plaisir à nous,
montrer leurs richesses. Ils nous coaduiùreat
ensuite au jardin du Ras , qui , quoique âan^
un étal sauvage et couvert d'herbes, Conte-
noit pluûeurs arbres fruitiers précieux , tels
qu'orangers , citronniers , grenadiers , bana-*.
niera, dont la plupart portent des noms dé-
rivés de l'arabe, ce qui me paroîl indiquer
que c'est d'Arabie qu'iUoQtétéorigiDairement
apportés dans ce pays.
Chélicut est la résidence de l'ozoro (i)
Màntwaub , une des femmes du Ras, fille
d'Aj'to Ischias, et soeur du roi régnant. Elle.
se montra très-polie à notre égard , nous en-,
Toya des messages Batteurs , et pourvut abon-.
damment notre table de curry et de niaize..
Malgré cela nous eûmes de la peine à obte-
nir des vivres et du laaize pour noire ami
Subagadis, qui n'avoit pas osé venir loger
près de la maison du Ras. Les villageois même
n'osoient pas lui offrir un logement , quoique
le tems fût fort mauvais , par la crainte de
déplaire à son frère Tlmdou, que l'on disoit
en faveur auprès du Ras. Vers la naît cepen-
. (i) Ozoro «igniSe priDcesse>
C,ql,lt!dt,G00glC
EK ABTSaiNIE. 105
danl , quelques-uns de ceux qui étoienl aiu-
ohe's à son parti lui procurèrent une méchante
cabane , où il put se mettre à l'abri de la pluie.
Le thermomètre étoit à 64°F.(l5R.). La
longueur de notre route pïiqdant ce jour fut
'd'epviron huit milles.
jiaât 28. Nous nous préparâmes de notre
mieux pour nous présenter au Ras, et sortîmes
de- Chéliout de bon matin. Subagadis nous
joignit au bord oppose du ruisseau qui trin-
■verse le village. Entre ce lieu et Anialow J!
y a une bauie montagne, que nous évitâmes
en tournant autour par l'est et le stid , pen-
dant près de âà\ milles, sur d«s collines qui e»-
ceignent le pîed. Les petites vaUe'ea que nous
traversions éioient bumides et mare'eageuses ^
à cause de la phiie de la nuit , ce qui retar-
doit beaucoup notre marche. Nous passâmes
un village appelé Afgoul , qui appartient à
rozoro Ambe'a, autre femme du Ras; I«a
priocipaux bilans vioreot nous complimen-
ter. Eb&i, quand nous commençioHS à noué
lassej* de grimper coIUne sur coUioe , tout-à-
coup nous découvrîmes Antalovr à la distance-
d'çnviroD vniuillc. A mesure quepous appro-
çlùoiiSt BOtre suite dio^aaaiWL rapidement;^
c,qi,it!dt, Google
j6(Ï voyage
et avant d'utteindre la r^idence du Ras, il
nous fallut traverser upç foule au moins de
trois mille habitans (i). lis nous pressoient
tellemept, pour oous \oir de plus pr^s, i
notre passage à la preniicre porte , où siûgeoieot
quelcfues oiËoiers d'état , que nous eûmes btea
de la peine à y pénétrer. Ou ne nous laissa
point descendre de nos mulets, avant qua
nous eussions atteint l'enlre'e de la grande
salle , à l'autre eitre'mité de laquelle le Ra&
étoit assis sur un sofa (ou couchette )oùétoient
deux grands coussins couverts d'un rîcbe salin.
A ses côtes e'toient ses principaux chefs, assis
sur le tapis dont le plancher eloit recouvert.
Parmi eux se trouvoit notre ami le JBabamé-
gasb Yasous. Nous fûmes conduits devant le
Ras avec beaucoup de fracas, selon l'usage
du pnys. Nous le saluâmes , nous lui baisâmes
le dos de la main , il baisa la nôtre ; il nous
montra un sofa placé à sa droite , qui étoit
. couvert de belles peaus. Nous nous y as^mes
aussitôt; ensuite vinrent les complimens ordir
'naives. Le Ras exprima le plaisir qu'il avoit
( I ) Ifons sèiDes ensuite que ce grand nombre
d'hommes rassemblés venoil en partie de ce qoe
c'-étoit un jour de nurcbé.
c,qi,it!dt, Google
B N A B T S S I N I S. 267
de nous voir; de notre côté, nous lui ren-
dîmes sa politesse , en y ajoutant les compli-
mens une lord Valeniia lui envoyoit de Mooha.
On nous fit entendre que , dans cette pre-
mière visite, il ne falloit rien dire de plus.
Quel(jues raomens après le capitaine Rudland
fut invite' à aller voir les appartemwis que l'on
nous desliqoit, et à son retonr nous paus reti-
râmes, Le ministre du Ras nous accompagna,
C'étoit à lui que nous devions nous adresser
pour toutes les demandes que nous pourrionsi
avoir à faire.
La rapidité de notre première visite ne noua
permit pas de faire beaucoup d'observation»
sur les personnes qui s'y irouvoient présentes»
Kolre attention se dirigea principalement stir
le Ras. Il est d'une politesse remarquable ,
d'une complexion délicate , vif dans ses ma-
nières , malgré son âge , qu'on nous a dit être
de soixante et douze ans , 9Vdc une expressioit
d^tellïgence dans la physionomie et beau-
coup de dignité dans toute sa façon d'agir.
Quoiqu'il ne quittât point son sofa , sur le-
quel il étoit à moitié penché , U réceplioa
qti'il nous fit fut jugée fort gracieuse , v&
qu'en nous rendant Je bais^ de la maitt , il
nous metloit 9,'W lui sur un pied d'égalité.
uiq mode, Google
168 T O Y A • B
On nous SToit prévenus qu'il falloit découvrir
notre tête et nous prosterner devant lui. Mais
quant à ce dernier point nous nous y refù-
fâmes trèfr-po^tivenient.
■ On nous fournit dans le cours de ta journée
des vtvres en abondance ; et Ton nous pressa
de boire et de manger avec excès, pour faire
honneur 4 la maison otx nous étions. Nous
reçûmes le soir plusieurs messages polis de
]a part du Ras. II nous Qt demander nos armes
à feu f et traita avec les plus grands égards
Fearce et Ibrahim qui les lui portèrent ; it les
fit asseoir sur un sofa , et leur donna du maize
en quantité. Il prit grand plaisir à voir nos
fu»ls , et nous envoya en retour un fUet pour
la péohe , en nous faisant dire qu'il était rare^
ment à la maison dans la soirée , parce qu'il
s'amusoit i la pêche ou à la chasse. Nous
pâmes juger du peu de temps qu'il donnoit
RU sommeil; car k minuit il nous envoya une
«rêm'e assaisonnée, et à quatre heures je fus
mandé auprès de lui pour recevoir le oom-
plitnent dq matin,
j4otit 09, Vers les dix heures du matin
nous fûmes invités à déjeûner avec le Ras.
Il nous reçfit avec autaiK de dii>iii>otion que
L,<,l,;<»i:, Google
EN ABYS8INIE, 1^9
}v veille f et nous fit asseoir sur un sofa ;
tandis que son ministre étoit tout auprès sur
un simple tapis. Le, Ras lut-méme nous fit
manger abondamment des œufs , de la volaiHe
au curry , et des boulettes d'une composition
mêlée de oéleri sauvage , de caillé et de ghee ,
«près quoi on nous ofirit de la brinde (i) ,
mais comme nous dimes que nous Faimiona
mieux apprêtée , ou fit griller la viande ; un
des geqs de la suite du Ras la coupa en menus
morceaux , et lo Ras l'introduisit de sa main
dans notre bonche, précisément comme en
Angleterre les enfans donnent la be'quee aux
jeunes pies. Il n'est pas facile de de'orire la
•cène qu'ol1W>it pendant ce temps la grande
salle. On s'y querelloït, on s'y battait presque,
aveO'les couteaux tirés, pour la viande crue,
qu'on y passent de main en main , et pour
le p^n de telTj qui étoit entassé autour de
la table. Il y avoit cependant quelques maîtres
des cérémonies, munis de longs bâtons blancs,
dont ils se servaient souvent pour ohâUer
ceux qui étoieal trop presses de »aisîr leur
portion.
Nons passâmes le reste de la journée fort
(i) De la vUnde-Groe.
*
c,qi,it!dt, Google
J70 T o y A » B
tranquilles , parce que l'on renvoya au len-
demain les prëeens ik faire de 1» part de lord
Valentid. Le thermomètre etott à 68° F.
( 16 R ) dans notre chambre ; il y eut dam
le jour de fréquentes averses orageuses.
jioât 3o. Uae copie de la lettre de lord
Valenlîa , que j'avois fait faire , ea cas qu»
l'orignal vint à se perdre , fut remise au
Ras à quatre heures du matin par Hamed
Cfaamîe , qui entra ansû en explication sur
ma mission , oomme je l'avois autorisé à 1«
faire. Vers les six heures du matin, je fus
mande chez le Ras, que je trouvai seul dans
sa saUe, Je lui oQVis au nom de lord Valentia
les présens de sa sùgneurîe, qui consistoient
en deux pièces de drap , Tuoe bleue et l'autre
rouge , une jolie montre , un télescope >
quelques ^èces de kincaub et de satin , uq
vêtement de drap d'or , une bague et un9
aiguille d'or , et plusieurs pièces de mousse-
lines. Ces présens furent reçus avec beaucoup
de plaiùr , surtout les articles qm éioienf.
nouveaux pour le Ras, savoir, la montre^
le télescope et les petits bijoux. Il Bt dé-
ployer plusieurs fois devant lui lekinoauh
«t le drap d'or, 4'exposû au Ras , »u jihhb
c,qi,it!dt, Google
BM ABYSSINIZ. Ifl
de lord Yaleoùa , impossibilité où avoit été
celui-ci de se procurer à Mocba dea présens,
tels qu'il auroit voulu pouvoir les lui offrir.
11 m'exprima son eaûère satisfaction; il ajouta
que son seul regret éloit de ne pouvoir nous
exprimer , dans notre propre langue , l'amiliê
qu'il sentoit pour nous , qui ^ étrangers
en ce. pays, avions quitté nos parens , nos
amis , potre patrie , pour venir si loin le
viâïter ; tandû que ceux qui étoient près de
lui , et qui devroien^ être ses amis, ne pen-
soieot qu*à lui faire la guerre. Il me demanda
ensuite quelles étoient les demandes de lord
Yaleniia et l'objet de ma mission- Je ré-
pondis, que le seulmoiif delordValeotia, en
' m'envoyant auprès de lui , éioit un ardent
désir d'établir une liaison d'a^pilié entre deux
états aussi puissans que l'Angleterre et l'Âbys*
ânie , dont les babitans professent la même
religioa , et , si le fias avoit du penchant pour
cette baison , de lui représenter combien elle
potuToit être avantageuse à son pays ; que
l'Abyssinie ayant été' accoutumée jusqu'ici à
recevoir toutes ses iniporutîons de la troi-
Jaènke ou quatrième main, payoit à chaque
mutation un droit excessif , tandis que sa
liaison avec les Anglois , qui sont mitres de
uiq mode, Google
37* r o T A e I
la mer , metiroit le Ras en état de recevoir
îmmédiatemenl les marchandises doDt il auroh
besoin , et de les avoir fort supérieures en
qualité à celles que recevoit habilueUement
son pays ; qu'en tout ceci lord Talenùa n'Aoit
animé d'aucun intérêt personnel ; qu'il n'avoit
en vue que l'avantage mutuel de l'Atiglcterro
et de l'Abyssinie , auquel ces HtM-es échanges
tontribueroient essentieUement. « Sa seî^
gneurie , ajoutai-je, va repartir pour l' An-
gleterre et se chargera volontiers ■ de faire
parvenir à son gouvernement les ouvertures^
que celui d'Abyssinie voiidra lui foire à re
lujet. ».
Après un silence de quelques minutes, le
Ras me demanda si Massow^a ou quetquHiutrB
port du voisinage cooviendroit aux vaisseaux
anglois , pour y déposer leur cargaison. Je
repliqnai à cela , que je oroyois qu'à Beilont
U n'y avoit point de port, mais seulem&ot
un ancrage ; que sans cela le voisinage oh
cette place étoit de sa capitale lui donnerolt
•eur Massowa un avantage décide' ; qu'à la,
vérité cette dernière avoit un port commode,
et assez d^eau douce; majs que la vîBe et
son territoire étoient aottreMement soiis ïe
commandement du Naïb Edris , qui paroô"
Uiqniodc, Cookie
• ên abyssinie. 175
boû <lisposéf plutôt à croiser, qu'A favoriser
les intérêts de l'Âbyssinie, comme le prouToit
asscî rinterceptioii de ma lettre au Ras , pour
le poit de laquelle j'avois été forcé de payer
trente, dollars, et qui o'avoit pu être inter-
ceptée que par l'ordre même du Naïb j que
i'avois même été contraint de payer à ce
Naïb cinq cents dollars , pour la liberté de
passer sur son teriitoire , et pour les mu-
lets , etc. qu'il ro'avolt promis } enfin que
cette dernière promesse même avoit e'té scan-
daleusement violée. Le Raslémoigna im grand
déplaisir de celte conduite du chef de Mas'
aovra. Il dit que le précédent Naïb , Hannes ,
evoit toujours éie' son bon ami , et que le
Naïb actuel ne lui avoit donné aucun sujet de
mécontentement avant ces dernières années )
qu'il aVoit été obligé dès-lors d'envoyer une -
force militaire pour le mettre à la raison j
e% qu'il auroit coupé toute communication
entre Massowa et l'Âbyssinie , à le Naïb ne
l'avoit appaisé p*r les plus humbles suppli-
cations ; qu'il y avoit une ville sur la côt«
qui lui appartenoit , appelée Buré , à moins
de quatre journées d'Ântalow , bien fourni»
d'eau et de bétail , dont les habiians avoient
souvent sollicité la permissioa d'ouviir un
c,qi,it!dt, Google
l-/^ T O Y A G B •
oommerce avec les vaisseaux 'qu'Us voyoîem
coosumment passer sous leurs yeux ; que la
route de Bur« k Ant&low titoit très-praù-
«able pour les kafilas (l) , excepta une seule
journée de marclie , pendant laquelle ou ne
trouvoit point d*eau; que si ce lieu paroissoit
convenable , il feroît passer sans délai lô
commerce par ce canal. Afin de m'e'clairer
U dessus , il m'oSrit de faire venir des chefii
de cette ville, de qui je ponrrois recevoir de»
informations ultérieuresi Je lui représentai
qu'un rapport verbal sCroit moins satisfai-
sant , que renvoi d'un de cCut qui m'avoieut
accompagné daus ma mission , et fp]i pourroit
examiner le lieu le plus près. Le Ras agréa
Ria demande. Il dit alors que lord Valentia
exprimoit dans sa lettre le de'sir que je pusse
aller à Gondar ; qu'il ne désiroît lui-même
rien tant que de nous contenter ; mais que ,
dans l'état aclUel , il lui étoit impossiijte de
mettre en sûreté nos persoHrtes pendant ce
voyage, parce qu'il étoit !nal avec le Gus-
tnatie Guxo , qui étoit maître de Gondar;
Là-dessus le Ras me raconta ce qui avoit
occa^onné leur mésintelligence. Je vais con-'
(i) FelîtN caiava
c,qi,it!dt, Google
EN ABYsaiNtE. 176
ngoer îcï ce récit , en i'abre'eeanl , et en
corrigeant quelques détails sur le témoignage
de Hadji Hatued, à qui tous ces faits étoient
parfaitement connus.
Cette mésintelligence avoit commence' de
honne heure. Le Ras Welléta Sélassé avoit
inîs sur le trône VVelle'ta Salomon , après
l'abdication de son père Te'cla Hamainout ;
mais bientôt le nouveau souvÈraîn trouva dans
le parti contraire un obstacle à son étal>l!s'
ornent. Le Ras^ quelque temps après, éleva
Teda Ge'orgis au commandement suprême.
Mais ce choix ne fut pas plus agréable aux
adversaires du Ras, que n'avoit été' le pre'-
Cédent. Ils forcèrent trois fois Téela Ge'orgis
à chercher un aàle dans le Tigré, où le Ras
Son protecteur jouissoil d'une autorité plus
pleine. Celui-^i ayant été rappelé dans sa ca*-
pitale du Tigré , le parti contraire fit tous ses
«Sorts pour mettre sur le trône Ayto Ischias
et ensuite son fils Ayto Gualou , qui appar-
teuoit à une autre branche de la famille royale.
Enfin le Ras voyant, à ce qu'il semble, que
des deux protégés, Welléta Salomon et Técla
Géorgis, étoient incapables de conserver l'au-
torité royale, consentit à laisser la couronne
à Ayto Gualou. Afin de mettre ce prince dans
c,qi,it!dt, Google
176 V O T A G K
ses intérêts et de l'opposer à Guxo , U épousa
l'ozoro Mantwaub , sœur du Roi actuel. L«
GusmatieGuxo^ après avoir rétabli son pouToir
dao$rÂm)iara et le Bégemder, proGta du (emp>
où le Ras Welte'ta Sëlassé etoît absent de la
capitale, pour envoyer, il y a trois ans, un
message arrogant au Roi , par lequel il lui
déclaroit qu'il devoil épouser sa fille j s^il
vouloît rester à Gondar. Le Roi se vit obligé,
de céder.
Les affaires semblèrent k cette époque,
prendre une meilleure tournure. Chaque-
parti aQ*eotoit de se montrer satisfait des nou-
veaux arrangemens ; les animosités sembloîeat.
appaîsees; et les liens de parenté qui s'étoient
formés paroissoient assurer 1» fidélité des
sujets. Mais ce calme ne fut pas de longue
durée. A peine s'étoit-il passé deux années
après l'alliance conclue , lorsque l'Abonna
mourut. Guxo entra de force dans sa maison ^
la pilla, ety prit de-l'or et des effets précieux,
au montant de cinq cents wakéas d'or. Ces
choses n'étoient pas envisagées comme la
propriété particulière de l'Abouna défunt ,
mais comme des biens attachés à l'office du
grand prêtre; et , suivant une ancienne cou-
tume , ces biens dévoient servir à payer la
dépense
Uiqlipdc, Cookie
E2Ï- ABVSSI'NÎE. Ijj
iépeme nécessaire pour faire Veiùr d'EgypiÇ
aon snccesseur.
La religion ofiVoit ici un trop beau préteste^
pour qu6 le Ras Welléta Selassé ne'gligeât d'en
profiter. Il réunit ses forces à celles du Ras'
Gabriel , gouverneur des provinces de Samea
«t Waldubba, et marche sur Gondar. GuxO,
ne se sentant pas prêt à soutenir une si brusquei
attaque, envoya quelques prêtres pour rendra
oc qu'il avoït t*ris^ pour parler en sa faveur
et prévenir les Coups que le Ras vouloit lui
porter. 11» réossîreat'dans ce dessein. Lare»*
titution fit cesser tout prétexte de' gtierre- L«
Ras ajouta à ces biens restitués cinq cents
frakéas d'or, et députa sbr le champ eh Egypts
pour avoir un successeur à l'Abbuna défunt. '
Mais l'orgueil dé Guïo avoit été trop blesse',
pour adopter un système pacifique. Soutenu
de deux des principaux prêtres, Ëustac^as é^
Técla Haimanout, qui s'étoient -emparés da
pouvoir de l'Abouna, il se disposa à attaquer
Welléu Sélassé et ses alliés. Pour jfortîfîer sort
parti y il avoit fuit (inè ligue avec Kb'an , "fils
deColassé dcMictioellis , qUi commande aux
Ëdlow Gallas^ et cpû est, dit'On','en éiàt àtt
mettre sur pied tveute mille bomntës de ca-
Valette-, et ïq double de-fantassins- arméd ^
Tom. l. 4.8
Uiq mode, Cookie
}79 Y O Y A G B
lances. Toutes ces forces re'umes oonuneD-
cèrent leurs opérations par une attaque dirîge'e
contre le Ras Gabiiel , dans sa province de
Samen , qui força le Ras à venir demander
du secours à Welléta Selassé. Celui-ci promit
de le Joindre ^ dès qu'il seroit possible de
passer le Tacazza. Gabriel repartît aussitôt y
ft en ce moment il est asùégé dans les mon-
tagnes de Gesheu-hai.
On cUt que le Bas Gabriel a mille fusils k
^che dans son armée , avec lesquels il faii
face aui forces réunies de TAmWara, du Bé-
gemder etdesGallas. LeRas WellétaSélasset
dès la première nouvelle des préparatifs -de.
Guxo , envoya un homme de rang , pour en
demander la cause ; mais sim messager fut '
saiù' , charge de fera et iocarceré , par
l'ordre de Guxo. Ce proce'dç tend leur rup--
ture irre'parable. Le Roi est contraint de At-
-^eurer paisible spectateur de la querelle de
deux rivaux , ses parens , et de condescendre
aux hostiliités illégales de son beau-père contre
son beau-frère ^ quoique celuîi-ci soit investi
de Tautorite légale , tant civile que militaire.
Le Ras me dit néanmoins, qu'il difieVoit son.
expédition jusqu'au moment où nous serion»
(Bvenus 0n sûreté à Massowa , parce qu'en
Uiq mode, Google"
EN ABYSSINIE. l^Q
son absence ses ennemis ne négligeroïent rien
pour se rendre maîtres de nos personnes ^
qu'ayant onï dire que notis étions venus pour
trùter de quelquo aBaire secrète , ils crain-
droient ^ qu'avec d'autres drogues ( dowa ) ,
nt^us n'eussions apporté des poisons capables
de détrnirelenr armée. 11 finit par nous dire,
qu'après avoir passé quelques jours auprès de
lui , BOUS pourri(Mis vicier toutes les parties
du Tigré que nous voudrions ; qu'il s'esti-
meroit heureux de nous montrer de même
tonte l'Abyssinie , s'il plaisoit à IKeu de
donner du succès à ses armes y et si nous
pouvions attendre que cette a&âire fut
termintîe.
Je fis au Ras mes s'mcères remerctmens
de la manière franche, dont il m'avoit expose'
la ùtuaiion des affaires publiques. J'ajoutai
que je la croyois plus en état que personne
de juger de la possibilité d'exécuter en sûreté
notre projet de voyage à Gondar^ et qu'après
les explications détaillées qu'ilavoit bien voulu
nous donner, je ne croyois pas, quel que fût
mon regret , pouvoir insister sur ce sujet ; mais
que j'espérois qu'il pourroit nous procurer la
vue de Watdubba ; et qu'eu y allant nous
pourrions voir le rocher des Juifs et 1*
Uiq mode, Cookie
iBo T O Y A G t
TaoazM. .Notre interprète ne put point trs-
duife ce mot le rocher dea Juifs y mais sur
cette simple désignation , le Ras comprit tout
de suite de quoi il s*agissoit ; et me dit qu!il
e'toit le premier qui l'eût attaqué avec succès.
Le Ras Gabriel de Samen , avec qui il étcit
ci-devant en guerre, avoit enfermé Tëcla
Géorgis dans celte citadelle ; et le Ras Wel-
lëta Se'lassé l'en avoit- fait sortir. Il y a encore
quelques Juifs en ce lieu. Le Ras consentit
à ma proposition , et me promit que je visi-
lerois Técla Géorgis à Waldubba , et Wel-
léta SalomOH à Asum ; que bien qu^à la
vèrHé la première de ces places ne fût pa^
, dans ses domaines , elle apparlenoit à scn
ami Le Ras Gabriel , et que nous pourrions
y aller ea sûreté. Je te piîai' ensuite de me
procurer one copie en arabe de l'Histoire
d'Abvssinie, depuis le règne de Joas jusqu'au
temps présent. Il me dit en réponse , que les
chroniques étoient conservées à Axum , et
qu'il auroit soin que je fusse satisfait. Je lui
fis voir les desseins des- voyages de Bruce.
Il me dit qu'il connoîssoit fort bien Yagoubé ;
que cet étranger étoitvenu en Alïyssinie après
la bataille de Fagitta et qu'ensuite il étoil allé
•ux sources du P^il.
c,qi,it!dt, Google
ï:N' ABT ssriTix. i8t
H ne se passa rien de plus dans celte ea-r
Irevue , «i ce n'est une conversation de peu
d'importance. Quand elle fiit terminée^ nous
sortîmes de la salle et ne revîmes plus le Has
de tout le jour. Comme c'était un jour de
jeûne public , on nous porta nos vivres- dans
nos appartemens> Il n'ét'oit permis à per-
sonne de nous approcher , et nous e'tions
entièrement à l'abri des regards curieux du
peuple.
Nous avons eu de la plijio, des tonnerres,
et des ëclairsj tous les jours dans l'après-midi ,
d&puis notre arrivée. Le ttiermomètr«r étoit
à 6a° F. ( i3i R.) L'air éloit froid et humide.
Uiq mode, Google
CHAPITRE IV.
Continuation du téjour à Antalow. ~>
Départ de Mr. Sait pour Axum. —
Arrivée à Muccula. — Fiaite à l'égUae
de ce lieu. — Arrivée à Casimto. —
. Arrivée d la maison du Barrambarroê
Toclu de Gutlybudda. — Fiaite à Fil
Aurari Yasoua. — Arrivée d Adotva.
— Séjour dam cette ville. — Présenta-
;. lion à Foéilydaa , fila ^Yaaoua , ci-
devant Roi d^Abysainie. — Arrivée d
Axum.
j±oUT 5i. Nons reçûraes de bon maiio
un message, par lequel le Ras , s'ioformoit
de notre sanlé et nom inTiioit è déjeuner.
Il ne se passa rien de nouveau ^ si ce n'est
qu'on nous permit , comme une faveur , de
saluer nos amis Subagadis et le Balianiegash
Yasous, que le Ras tenoit à une très-grande
dbtance. Tous les plats qu'on nous servit
furent très-bons j le Ras etoit anime et de
fort bonne humeur j sur sa demande très-
pressaone , ce jour y pour la première fets ,
c,qi,it!dt, Google
JBVt ABT9SINIE. t85
nous nous hasardâmes à manger quelc[ues
Qiorceaux de blinde (i).
Septembre l . Nos domestiques n'ayant pas
eu la permission de sortir de l'enceinte mure'e?
de vingt ou trente pieds en carre, qui est au
devant de notre logement , en furent fort
mécoQtens et commencèrent à cniindre que
l'on ne voulût nous retenir de force dans ce
pays. Je me plaignis au Ras de celte ngueuf
déplaoe'e ; et il me répondit 'que cet ordre
n'avoit été donne' , que pour empêdier qu'il
p'ariivât'à mes gens quelque accident. Je le
pliai de permettre que dor^avant ils pussent
aller où ils voudroient, et qu'ils restassent
eux-mêmes chargés du soin de veiller à leur
propre sûreté. J'allois entamer d'autres sujets,
lorsque son frère et plusieurs autres chefs
eurent l'entrée de la salle , ce qui mît fia
à toute espèce d'entretien. On amena de&
mulets pour nous. Le capitaine Rudlaod et
moi nous en servimes pour visiter la mon-
tagt(p d'Antalow. Nous suivîmes d'abord 80a
extrémité orientale , piùs nous montàme»
par le côté du nord , en suivant un sentiet
- (i) Viande «ne.
c,qi,it!dt, Google
184 T O T A a B
fort roide , que l'on n'avoît point moW^
jusques-là avec des mulets. Nous trouvâmes
le sommet couvert de verdure , et de nom-
breux trotipeaux en pâture. En nous avançant
vers le sud , nous eûmes une vue pleine d«
la ville d'Antalow, des villages adjacens, et
des hautes montagnes qui séparent le Tigré
du pays des Gallas an sud.
I AntaloW' est compose d'un millier de -
maisons « couvertes de totts de chaume d«
forme conique, bâti«s sur une èminence ine'-
g<lte au fond de la vallée. La maison du Ras
se fait remarquer par sa grandeur , par la
forme particulière de son toit , ei par le mur
dont elle est entoure'e. A cette exception
près , tout le reste a une apparence misérable,
et tout le pays d'alentour. oHVe peu d'objets •
isteressBDS. Dans toute cette étendue, ou ne .
découvre pas im seul arbre , à ce n'est
quelques-uns fort petits , qiù entourent les
deax églises vobines de !a ville.
Le sommet de cette colUne e'toit autrefofe
une place de défense. On voit encore j en
plusieurs endroiu sur les bords des rochers, -
des murs en pierres sèches, destinés à arrêter ,
les assaillans. La dernière fois que les habiiaos
l*y réfugièrent fut au temps du Ras Michel
c,qi,it!dt, Google
IS ■ ABTSSIITTE. )85
Snhvl , lorsquHls se virent attaqués par les
Gallas, 60OS la conduite d'un chef Donune
Waldo.
A notre retournoas fôraes forcés de mettre
|>ied à terre , parce que la descente étoit trop
rapide et trop coupe'e; elle étoit bien propre
]^ar sa. nature à.servîr de défense. La partie!
supérieure de la colline est composée de
pierres catcaires détachées , de couleur rou-
gçâtre , sablonneuses , disposées en couches
horizontales, nues et perpendiculaires sur leurs
hords. Au-dessous on trouve un lit de brèches^
qui repose sur une masse de pierres noires et
dures ( probablement du basalte ) , dont est
composée toute la base de la montagne. Far-
venus au bas , nous passâmes deux villages ,
et après avoir traversé quelques crêtes peu
élevées, nous armâmes à Aotalovr, où nous
fûmes reçus par quelques centûnes d'hahitans,
qui s'étoient rassemblés pour nous voir.
A notre arrivée , nous Couvâmes le Ras à
déjeuner , et nous fûmes invités à nous joindre
à lui. Les plats furent les mêmes que ci-^
devant'; il y avoit seulement de plus un pied
de vache bouilli. Le Ras étoit de belle hu-
meur ; il nous fit diverses questions sur nos
égibes, notce Roi, etc. Une vieille femme
uigiii^dt, Google
]80 T O T A O E
ee t«QoU <lemère lut ; il nous la |>reReBt« ,
d'un oirùgiiificatif^ comme une personne dont
la coQDOÎasanoe pouvoît non» être agréable ,
TU que pluneurs jeunes daines ëuneot confiées
i ses soins. Il avoit souvent plaisante' aveo nous
sur se sujet , mais jaiiiaîs il n'avoit poussé le
badinage aussi loin (]u*il le fit alors. Quand
nous eûmes pris du niaïze comme k l^ordi^'
naire , le Ras parut endtHimi y «t nous nou»
retirâmes.
Le soir nous nous rendimes à la sslle , où
nous trouvâmes le Ras occupé à jouer aux
e'cliecs au milieu de ses chefs. Les pièces sont
d'ivoire et grossièrement travaillées , elles
sont très-grandes et lourdes. Quand il s'offre
une OGcadon de prendre une pièce à leur ad-
versaire, les joueurs l'abattent avec beaucoup
de force et d'ardeur. JV remarqué que leur
jeu diffère du nôtre à plusieurs égards. Les
fous sautent par dessus la tête des cavaliers ,
et ne peuvent f«re que trois pas. Les pions ,
dès le départ , ne peuvent fûre qu'un pas ea
«vaut; et n'acqmèrent aucune importance eo
arrivant à l'autre extrémité de l'écbiquier. \h
font grand bruit en jouant. Tous les specta-
teurs disent leur avis , même les Mclaves, el
saisissent les pièces si boa leur semble , pour
uiq mode, Google
montrer eomment ils croient qu'il faut les
faire mouvoir. Nous remarquâmes ne'enmoins
qu'Us savoient ménager les choses avec
adresse , de miamère que le Ras gagnât tou-
jours la partie.
On servit ensuite un repas, auquel se trou-
vèrent plusieurs dames. L'une d'elles , que
nous appiimes être une des femmes du frère
du Ras , etoît assise sur le même sofa que
celui - oi ; les autres étoient assises sur le
plancher ; et toutes faisoient honneur au
brinde et au maize.
La soir nous fûmes fort inquiets de la perte
que nous fimes de notre interprète , Hadji
Hamed. Il nous apprit que sa retraite étoit
occasionnée par le mécontentement que lui
donnoit le traitement qu'il avoit éprouve' de
la part de quelques personnes de la suite du
Ras. Il ajouta que « s'il plaisoit à Dieu J> , il
reviendroit dam la matinée.
Septembre a. Nous ne vtmes point le Ras
de toute la matinée. Notre déjeuner nous fut
apporté daus notre appartement. Comme il y
avoit moins de bruit qu'à l'ordinaire dans la
grande salle , nous pensâmes que c'e'toit un de
leurs jours de jeftne. I^e jour se passa , sans
Uiq mode, Google
100 T O T A « K '
que nous enteadùsïons parler de Hadji
Hamed , quoique nous lui eussioos envoyé
plusieurs messages. Cette circonstance et.
certains rappctrt» , que nos domestiques en-
tendirent faire dans la ville , nous firent'
penser qu'il se passoit quelque diose de peu
agréabl» pour nous; mais quoi? c'est ce que'
malheureusement noua ne pouvions savoir ^
n'ayant de communicaùon avec personne ^
qu'avec le Ras , à qui nous eavoT^niefi no^
salaaius ( salutations ) le soÎp , et qui nous
les renvoya poliment. Le thermomètre à
midi étcMt , dans notre chambre, à 65* F.
(i5^ R. ). Il tomba dans la stûrée beaucoup
de pluie.
Septembre 5. Ayant résolu de m'espKquer
de mon mieux , par le ministère d'Ibrahim ,
qui ne parloit qu'imparfaitement le langue du
pays , j'envoyai de bonne heure demander au
Ras une entrevue. Il me fit répondre qu'il me
verroit le lendemain. Je lui envoyai un second
message , mais avec tout aussi peu de succès;
il s'excusa sous prétexte d'affaires. Là-dessua
je lefis presser de faire chercher Hadji Hamed.
Il nous fit répondre , que notre interprêle
n'osoitpas se rendre auprès de nous, de peur
L:mi,z.d=, Google
EN ABYSSIIflE. 189
de perdre la -rie , comme nous l'en avions
menace. Cette réponse nous fit beaucoup de
peine. Il paroissoit en effet, qu'une telle faus-
seté avoit été inventée par Hadji Hamed pour
contreminerinotre influence sur le Ras, tjui
lui sembtoît saos doute contraire ans intérêts
dushénCde^la Mecque; ouqueleRaslui-même
avoit 'imagine ce moyen de rejeter sur nou3
le blâme du départ de Hadji Hamed , tandis
que ce départ n'avoît été occasiconé que par
la conduite insolente des gens du Ras. Duns
.l'un et l'autre cas, cet incnlent éloit d'un
fâcheux pronostic pour le succès de notre
mission. La seule circonstance , qui pût noua
faire pencher à imputer ce mensonge à Hadji
Hamed , étoit que nous nous étions aperçus
qu'il s'étoit appliqué à diminuer , autant qci'îl
Tavoit pu , dans l'esprit du Ras , la valeur des
présens que nous lui avions faits.
Le Ras nous envoya un message dans le
cours de la journée, pour s^nlÙormer de notre
santé. Il l'accomtpagna d'un présentd'orângesj
de limonS' et de bananes ou plantains seos.
On nous porta, comme à l'ordinaire , notre
nourriture à notre domicile. C'étoit le matin
une volaille, et le soir un curri de mouton.
Quoique cette ration Xùt assez petite , noi»
c,qi,it!dt, Google
igO VOYAGE
n'en epronvioiu aucuD mcoaTénîeat , pirce
que oous avions en aboadaooe du pain et -
du niaize. Nous reçûmes de plus ce jour-ci ,
ii midi, de la part du Ras , une portion addi-«
tionnelle de paîn de sa table , qui est du beaa
palu de fromeot.
Je m'occupai dans la malinëe k retoucher
quelques-unes de mes esquisses $ et le otqpi-
taioe Rudland à apprendre à un des princi-
paux serviteurs du Bas à faire du blanc (whîte
wash) pour les murs de sa maison, avec une
|Àerre à chaux que nous avions trouvée sur
la coiline d'Antalow-
Mr. Carter fit une observation à midi, par
laquelle il détiermina la latitude de ce lieu à
la" 4S' 3o". La findu jour fut trèfi-sombrej
U y eut de la pluie , des tonnerres et des
éclairs. A midi le thermomètre éioit à 60' F,
(i^R.)
Septembre 4. Je répétai mon message an
Bas par le moy^u d'Ibrahim , à une heure
fort matinale , en lui exprimant notre désir
de lui rendre visite. Il me fil rtipondre poli-
ment et fixa notre rendez-vous à midi. Peu
après , il fît prier le capitaine Rudland d'ac»
compagner son maçon sur la colline, pour lui
c,qi,it!dt, Google
ES ABTSfilNlE. J9I
Montrer la pierre qu'ils avoient employée la
veille. Je pris cette occasion cl'«nvoyer au Ba»
Hained Cbamie, avec le maçon, qui étoit mu-
sulman et partoit l'arabe, pour demander qu'on
me donnât un antre interprète , et que Hadji
Hamed fût amené devant lui, pour que je
pusse déiAontrer la fausseté de ^accusation
qui m'avoit été internée. Quant à cette der-
nière demande le Ras l'éluda, en disant que
Hadji Haitied ne voudroit plus revenir; du
reste, il ajouta que je pouvois prendre tel
autre interprête qu'il me plairoit, Hamed
Gbamie finit par lui dire , dans le vrai stvle
arabe , que nous étions des étrangers ; que
IB08 vies et nos biens étoienl en ses mains ; et
qu'il pouvoit en faire tout ce qu'il lui plairoit.
Lie Ras en réponse s'exprima de la manière ta
fhis amicale , et promit que tous nos désirs
seroient satisfaits. Après notre déjeûner , qui
consistoit en une moitié de volaille au curri ;
le Ras nous envoya un grand citron avec les
s&laams ordinaires. '
Pearce sortît dans la matinée pour aller'
au marché. La foule étoit si grande , qu'il
eut peine à distinguer les différentes cboses
qu'on y vendoit; le blé , le beurre , le ghee ,
les peaax et le- bétail , lui parurent iue le»
uiq mode, Google
i-ga T O T A G B.
articles piincipuux. La petite moBOoie , n Mt
peut l'appeler aio^ , coDaîstoît en morceaux
de sel de roche , pesant deiu ou-trob livres ,
«t estimés un trentième de dollar. On tient
chaque semaioe des marches d^ns les diffé-
rentes parties du pays à quelque distance des
babitatioQs. Noua en revimes un,ea revenant
de la demeure de l'aimable ozoro.Mantwaub f
et un autre en allant à la demeupe de Debib ,i
chef de Négashé. Dans ton» ces marphjés il
y a plusieurs centaines d'homnies assemblés ,
qui par conséquent , contre l'assertion- de
Bruce , n'envisagent point coopine infâme, de-
tte trouver à un marché. ' , , ,;
A midi j'envoyai Hamet) Chamie ^u.Ras»
pour solliciter l'audience qu'il, m'avoit pro-..
nûse : mais sachant qu'il restoit publie' dana
la salle , sans que personne prît garde à lui' ,
je résolus de me présenter moi-même aiL '
Ras sans cérémonie, en me faisant accom^,
pagner du capitaine Rudland ; pensant qu'il
étoit absolument nécessaire d'en venir à m\%
explication iqimédiate, touchant l'absence.de
Hadji liamedj et d'autres circonstances dé^.
sagréables qui.éloîent parvenues à dos oreilles;
d'autant plus que tous ceui qui. éioient, aïeo,
moi exprimoient beaucoup d'inquiétude sur.
Uiq mode, Cookie
E N ABVS8ÎNIE. igS
notre situalion , et avoïent conçu de vives
alarmes, par la crainte qu'on ne nous retînt
dans le pays. Nous trouvâmes )e Ras jouant
aux échecs avec un de ses chefs. Dès qu'il
nous vit il nous tendit la main , me fit placer
À côté de lui, et le capitaine Rudiand après
moi. Notre patience fut presque à bout avant
que la partie fût finie , car pendant tout ce
temps il ne nous dit pas un seul mot. Quel*
ques personnes , qui avoient long ~ temps
attendu , lui présentèrent des galettes do
P^in , du miel , un mouton , et du bois à
bn!der. Il renvoya ensuite tout ce monde ,
et après , quelques minutes de conversaiioa
avec UD prêtre chargé de nous communiquer
la dernière partie .de l'histoire d'Âbyssinie ,
la chambre se trouva, vidée.
Je pris ce moment pour exprimer !e chagrin
que me doanoit la conduite de Hadji Hamed.
Je déclarai solennellement que je Pavois
toujours traité avec les plus grands égards,
comme un homme qui ni'àvoit été. envoyé
parle Ras. Je dis aussi qu'en me quittant,
il ayoit dortué une raison fOrt différenle de
sa retraite ; que j'avois lieu de craindre qu'il
n'eût tenu des propos désavantageux sur
notre conipie,,et qu'il n'eût ourdi quelque
Tom. 1. ' '"jî"
Uiq mode, Google
ig* VOYAGE
trame secrète ; qu*eti consëqu«DCe je désirois'
ardemment d'avoir avec loi une confe'rence
personnelle , oii toute cette affaire pût être
eclaircie. Le Ras resta quelque temps sombre
et pensif. Â la fin il dit qu'il ne comprenoit
point encore clairement le motif qui nous
avoit amené dans ses e'tats> J'attribuai sar^
le cbamp l'obscurité dont îl se plaignoU à la
faut* de son interprête, et je répétai tout ce
que j'avois dit dans la visite où j'avoïs fait
les pre'sens; après quoi je conclus en disant,
que nous nous étions rendus auprès de lui ,
sur stm invitation , à travers des contre'es bai^
bares, où son nom seul avoit pu nous pro'
tëger; que nous lui avions conEé nos vies et
.ÉOs biens, dont il pOuvoit disposer; que notre
seul plan étoit , pendant le reste de notre
se'jour, de suivre striciement ses ordres; mais
que nous nous attendions en retour à être
traités en arbts , tout au moins à avoir la
liberté «le sortir quand nous le voudrions et
d'aller visiter sans gêne les pays soumis à sa
domination , vu que nous craignions par dessus
tout, toute espèce de détention. Là dessus il
parut prendre un ^r plus serein. Il dit qu'il
y avoit eu erreur dans l'invitation qui nous
avoit été faite par Currum Cbund ; mais ,
Uiq mode, Cookie
EN ABYSSIKIE. I95
quVtant ici , c'étoit bien ; que sa sollicitude
pour DOLre sâreté étoît son seul motif pouF
désirer que nous n'eussious pas de commu-
nications avec les babîtans, sur qui t'on ppuvoit
peu compier; et qu'il aimeroit mieux perdra
deux mille de ses propres sujets , que de
soufirir que Ton fit du mal à un seul d'eotr*
nous.
Je répondis cooTenablement à cette Gailli*
d'amitié inattendue. J'observai ensuite , qu9
je ne pouvois compter sur aucune des cboses
que î'avois fuit passer par la boucbe de notr«
ancien interprète , Hadji Hamed ; qu'en con-
séquence je ne pouvois plus être assuré , que
les mulets dont nous nom e'tions servis noiv
eussent été' envoyés par le Ras ; que si cela
étoit , je le priois d'en recevoir dos sincères
remerctmens ; mais que si ces mulets ap^
partenoient à d'autres personnes, je lui seroîs
olUigé de permettre que je leur en fisse passer
le paiement. J'espérois, par cette tournure,
éveiller sa fierté , et prévemr, pour toujours »
toutes plaintes et demandés à ce sujet. En
eSel il parut blessé de cette observation ; il
me pria de n'en plus laire mention, ajoulaût
que c'étoient « de mauvaises paroles ; » que
. tous mes déùrs , quels quils fussent , deVfHent
uiq mode, Google
i^B V O Y A & B
être satisfaits; et que je n'avois qu'à les faire
connottre pour les voir accomplis. Je parus
de là pour presser le de'part de Mr. Carter
pour Burë , comme eiant une affaire de la
plus grande importance. Le Bas me dit qu'il
evoit envoyé deux messagers au chef de ceiie
ville , qui seroit certainemeut ici samedi prO'
chain ; et que, quand il s'en retoumeroit ,
Mr. Carter pourroit partir avec Iui> s'il le
jugeoit à propos.
-Notre voyage à Axum et k AàoyrA devint
ensuite le sujet de notre entreiien. Le Bas
me dît que le mieus seroit de partir sans
délai , parce que son armée alloit se rassem-
bler de toutes parts , et que je pourrois re-
venir  Antalo Vf aVecle détachement d'Ado ira-
Il ajouta que ne pouvant mettre nos personnes
en sûreié sur la roule d'Adowa à Dixan ( ce
dont il ne donna aucune raison } , il désiroit
que nous retournasùona à Masso-wa par. la
même route que nous avions suivie en venant,
.qui étoit parfaitement sûre.
Je me rangeai à son avîs sur l'un et sur
l'Autre point , ajomant qu'il pouvoit mieitf
juger que personne de ce qui pouvoit être
praticable. Je lui dis ensuite que mon dé»r
Mfoit de partir pour Aïum le surleodemain ;
Uiq mode, Cookie
EN ABYSSINIE, 19^
<que comme , h oause de l'état des routes ,
il croyoit convenable pour moi de prendre
avec moi upe suite très-peu nombreuse , moQ
dessein etoit de la réduire à deux domesti-
<jues}f)ue, pendant mon absence, jelaisserois
à Antnlow sous sa protection le capitaine
Eudland ; et que Mr.' Carter preadioil ce
Aempg |Miur aller à fiure. Il fut parfaitement
satisfait de cet arrangement; et. me dit qn&
l'on tiendroit deux mulets prêts pour moi et
des hommes pour porter moq bagage. Je
remis sur l6 tapis le rocher des Juifs ; je lui
exprimai le dësir cjue j'avois de vcûr celle
citadelle , et de pouvoir donner à mes com-
patriotes quelque idée d'une place qui , jus-
qu'à lui, avoit passé pour imprenable, et
que le Ras Michel SuhuI n'avoît pa5 o$e
attaquer , quand Ayto Tesfos , gouverneur
de Samen , s'y éioit réfugié. II me témoigna
sa surprise de me trouver instruit de ce fait ;
mais en mçme-temps il me fut facile de voir
que mon compliment lui avoit plu. Il promit
de donner les ordres nécessaires pour cette:
expédition, lorsque je serois de retour d' Axum,
vu qu'à cette époque les eaux du TacaaE!^
auroient baissé. Il ajouta que, dans tout le
pays, il n'y avoit aucune forteresse parei]l«j
qu'elle était fort liauie j que souveai ai»
Uiq mode, Cookie
igfi V Y A » E
sommet ]*eau se couvroït d'une substance
semblable au verre et dure comme la pierre
(on ne peut douter qu'il ne désignât la glace) j
qu'enfin on y trouvoii «ne plante , qui feroit
mourir toute personne qui marcheroit dessus,
û elle avoit au pied la moindre e'gratignure.
Il conclut en disant qu'il m'enverroit Hadji
Hamed dans la matinée ; et que, malgré ce
qui s'e'toit passé , c'étoit l'homme qui me con-
venoit le mieux pour m'aecompagner à Axum
et à Adowa , parce qu'il oonnoissoit bien ces
deux villes. Après cela , il nous secoua cor-
dialement la main , et nous revinmes cbez
nous, à la grande satisfaction de pluùeurs de
ses chefs , qui avoient long-temps attendu à
la porte le moment d'obtenir audience,
LTieureuse tournure qu'avoit prise cette
conférence fut très - agréable à tout notre
monde.
Septembre 5. Nous passâmes ce jour dans
notre appartement , le Ras ayant été cons-
tamment occupé à juger des causes de grande
importance. Son usage est de donner la plus
grande partie de la matinée à recevoir les
plaintes de ses sujets, auxquelles il fait droit
avec lin pouvoir absoln, vu que leurs vies et
leurs biens dépendent entièrement de sa vo-
c,qi,it!dt, Google
ISK ABTS9I2IIE. ^99
.lonté. Les parties qui comparoîssent devast
lui élèvent beaucoup la voix ; et lorsqu'il y
a contestalion , les plaideurs se permettent
des gestes si vïolens , que I'oq croiroit quel-
quefois qu'ils sont sur le point , même en
la pre'sence du Ras , d'en venir aux coups.
Le Baharnëgash Yasous nous fit visite dans
la matinée par permisûon du Ras ; nous lui
témoignâmes tous les égards passibles. Il étoit
prêt à repartir pour Dixaa , n'osant pas pro-
longer son se'jour à Antalow , sans le con-
sentement du Bas, qu'il paroissoit beaucoup
redouter. Je lui Gs un présent de dix dollars
pour ses dépenses do roule , en lui disant qnet
je n'osois en donner davantage , de peur de
manquer mol-même du nécessaire. 11 rççuï
cette bagatelle avec reoontioissatice , et me fit
dçs protestations d'amitié , dont je n'ai point
de raison de sitspecter la sincérité. C'est une
circonstance remarquable , que deux de noa
meilleurs amis , Yasaus et Subagadis^ soient
ennemis acbarnés l'un de l'autre. Nous avions
lieu de craindre que le pauvre Yasous, pen-
dant son sçjour à Antalow , n'eût été fort
mal approvblcmné , môme de nourriture; car
il ttous fil plusieurs fois demander du pain ;
fjjii qui laisse voir l'élaï d'abjeeiion où »çui^
c,qi,it!dt, Google
lOO V O T A O B
réduits les hommes de-tout rang sous le gou-
verneur actuel du Tigre. Hadji Hamed noits
fit une courte visite , et nia formellement
d'avoir dit au Ras qu'il s'e'ioit absente de peur
de perdre la vie.
J'envoyailc soir rappeler au Ras mon voyage
projeté à Axum. II me fit savoir en retour,
qu'il avort fixe lundi procliaîn pour notre
départ, jour auquel il se proposoit de nous
accompagner jusqu'à Mueulla , 01*1 il y a une
ëglise célèbre , dans laquelle on devoit faire
des prières solennelles pour le succès de la
prochaine campagne. Je lui fis répondre que
je n'avois pas d'ahord entendu la chose ainsi,
mais que cela me seroit d'autant plus agréa-
ble , que je de'sirols fort de voir I© chef de
Buré avant de partir d'intalow ^ ce que le
nouvel arrangement, pourrait probablement
faciliter.
Je préparai ce même jour une lettre à lord
Valentia , que Mr. Carter devoit acheminer.
Je finis aussi quelques esquisses. II tomba
beaucoup de pluie , ce qui refroidit l'air. Le
Uiermomètre e'toit à midi à 6x' F. (l3 R. ).
Septembre 6. Comme c'e'toit jour de jeuno
pour les habitans, nous reçûmes, de la part
C,ql,lt!dt,G00glC
EN ABY8SINIE. SOI
du Ras , un citroo et une graude quantité de
pain de froment. Je fis le matin un message
|iour demander audience et prier que l'on
m'envoyât le prêtre , qui devoit me procurer
les informations sur l'histoire d'Abyssïnie ,
que j'avois demandées et que j'étois impatient
de recevoir. Le Res me fit répondre , qu'en ce
moment il étoit presse d'affaires , mais qu'il
feroit chercher le prétiA ; et qu'aussitôt que
la salle seroit vide , il me donneroit audience,
Quelque temps après , je pris la liberté de faire
tin second message; mais, malgré toutes mes
requêtes et mes remontrances , le jour se
passa sans que je pusse voir ni le Ras ni
Je prêtre.
A oinq heures , Hadji Hamed revint ma
visiter. Après un préambule , dans lequel îl
m'assura qu'il n'avoit point refuse de m'ac-
jpompagner à Axum , il me dit enfin , qu^
se proposoit de quitter mon service , parce
que jusqu'ici il n'avoit reçu aucune récom'-
pense des peines qu'il s'etoit données pour
moi. Je lui dis que mon intenlion avoit tou"
jours e'ié de lui faire un présent convenable ;
mais que l'usage des Anglois étoit de faire
une grande différenos entre un présent et un
paiement. Je le priai dono de me dire s'il
c,qi,it!dt, Google
SOa T O T A G K-
n'avoit rien i^u du Has. Il me repon<Jit'q»'à
la vérité il etoit à la solde annuelle du Ras ,
et que c'etoit par son ordre , qu'îl nous avoit
aocompagnés; mais qu'en même-temps on lui
avott donné à entendre qu'il recevroit de nous
un présent honnête. Je lui dis là-dessus, que,
N je pouvois me procurer de l'argent sur un»
lettre-de-chaoge que j'avois dans mon porte-i
feuille, ùre'e Sur le Ras par Currum.Chuad j
je lui donnerois sur-le-champ ce que j'aTois.
dès l'ori^e eul*inteQtion de lui donner; maïa
que, si je ne pouvois réaliser cette lettre, il
seroit beaucoup plus à propos quHl vînt aveo
moi à Adowa , oîi il pourroit probablement ,
en négociant cette lettre , renouveler ma pro'
viûon d'argent, qui éloit presque épuisée. A
cela il répliqua que le Ras n'avoit point d'ar-
gent, et que je ne pourrois point m'en procurer
à Âdowa , personne dans ce pays ne sachant
ce que c'est qu'une leure-de-change. Je rc'-
pondis que, d'après cet état de choses, il e'toi*
d'autant plus indispensable pour moi de bien
ménager le pen qui me restoit. Ainsi finit
cette discussion. Ce qu'elle m'apprit me fut
fort désagréable; car mes fonds se tronvoient
téduits à moins de trcùs cents dollars. Mtùs
cet entretien me mit dans le secret de l'ia*
c,qi,it!dt, Google
EN ABYSSIN! E, floS
trigue ; Qt je n'eus plus de doute que Hadji
Hamed n'eût constamment faîtundouble rôle.
Il y eut de la pluie an milieu du jour.
L'air étoit froid , le thermomètre , se tenant ^
k midij dans notre chambre, à 60° et 61" F.
(la et i5 R.),
Septembre 7. Le Ras ëinda notre visite
jusqu'au soir. Il allégua des affaires , et je crois
qu'il en avoit en effet. Je me rendis dons la
salle k l'heure indiquée et je le trouvai en
conférence avec Subagadis. Tliadou étoit dans
]a cour, atteodant que son frère sortît, pour
avoir son audience. Il étoit si tard, que notre
rendez-vous fut remis à la nuit, et l'on me fit
dire de me tenir éveille' pour ce moment-là.
Cependant le capitaine Rudiand vit le Ras et
le trouva d'aussi bonne humeur qu'à l'ordi-
naire.
II y eut de la pluie dans l'après - midi ,
mais le soir le temps futtrè«-beau. Le ther-
momètre étoit à 63' F. ( j3 R. ).
Septembre 8. A quatre heures du matin ,
on vint m^vîter à me rendre auprès du
Ras. Il étoil dans la salle, accroupi près d'nn
grand feu , avec sou frère Manassé. Hadji
Hamed et le maçon s'y trouvoient pour servir
c,qi,it!dt, Google
904 VOYAGE
d'interprètes. Je commençai par cxprimermoD
regret d'avoir passé quelques jours sans avoir
eu accès auprès du Ras. Il s'escusa sur les
affaires qui l'^voient empêche' de me recevoir,^
Après quelques momens d'une conversation
coupée sur notre voyage projeté , il renou-
vela sa queslion : « Pourquoi êles-vous venus
ï) ici ? » II ajouta : a J'aurois au-dedans de
y> moi beaucoup de ohoses à vous dire , si JQ
y) pouvoîs le faire sans passer par tant de
ï> bouches j et je juge par U que de votre
ï> c6té vous auriez beaucoup à nte dire », Jq
comraençois à lui exposer l'objet de ma mis-
sion , lorsqu'il m'arrêta^ en^me priant de
mettre par écrit ce que j'avois à lui commu-
niquer; il promit en ce cas, après avoir pris
]a chose en mûre considération , de me ré-
pondre par la même voie , espérant que par
ce moyen nous parviendrions mieux à nous en-
tendre. Rien ne pouvoit m'êire plus agréable
que cette proposition ; j'y acquiesçai sur-lç-
champ.
Comme je prévoyois que probablement je
manquerois d'argent comptant, je jugeai l'oc-
casion favorable pour présenter ma lettre de
crédit de Currum Chond. J'avois cependant
moins d'empressemeni à le faire , depuis que.
uigiii^dt, Google
EN ABYSSINIË. OoS
l'en savois le contenu (car je l'àvoïà lue avec
Hadji Hamed) , parce qu'elle ressembloit pluâ
à une pétition pour obtenir des présens , qu'à
une simple lettre d'affaires. Cependant, comme
j'i gnoroislaformesous laquelle CurrumChund
et le Ras correspondoienl à ce sujet, et comme
je n'a vois d'ailleurs aucune raison de garder
cette lettre, je me déterminai àen faire usage.
Dès 'que j'en eus dit un mot , la première
question du Ras fut ; a Quel est l'objet pour
» lequel vous avez besoin d'argent? » question
fondée sur ce qn^l avoit dessein de nous dé-
frayer jusqu'à Massowa. Je lui fie entendre,
que c'étoit moins pour nos propres dépenses ,
x[ue pour satisfaire ses propres .serviteurs. Il
me dit alors : « Antalow est une ville de bes-
» tiaux, de pain et de iniel. Qu'avez^vouB
» besoin d'argent? On n'en trouve point ici,
» EnoutreCurrumChund n'a entre mes mains
» ni argent ni créance ; et je présume qu'il
» vous a joua. — Du reste , ajouia-t-il, cela
ij n'importe ; nous sommes^amis : et tout ce
-» dont vous aurez besoin vous l'aurez, jusqu'à-
» ce que vous sovez rendus sains et saufs à
J> Massowa. » A cela je n'eusrienàdire, sice
n'est que je ni'eQbrçai de lui faire comprenilrË
quelle éloit la nature des àâiiires d'argient
Diq mode, Google
ao6 VOYAGE
chez les Anglws , et comment la lettre quo
je lui avois pre^ntée e'toit une simple négo-
ciation. Ensuite nous primes congé.
Obligé de consulter mes moyens plus que
mon propre désir , j'ofiVîs à Hadji Hamed dix
dollars , avec tout autant de pièces de toile
bleue. Je fis le tnSme présent à Négada
Mousa. L'un et l'autre reçurent mes largesses
de fort mauvaise grâce. Le Ras m'avoit in-
sinué qu'à notre départ de Dixan , on lui avoit
dit que nos ballots étoient remplis d*or. Je
pris grand soin de le désabuser , et je crois
que j'y réus^.
Septembre 9. A quatre heures du matin ,
je fus éveillé'par Pearce , qui venoit me dire
que le Ras étoit parti et n'avoit laissé pour
sous que trois mulets. Comme il n'y avoit
personne qm fAt en état de m'espliquer les
arrangemens pris par le Ras pour notre voyage
d'Axnm , je fus quelque temps en peine de
savoir ce qu'il falloit faire , surtout vu qnll
avoit été résolu, que le capitaine Rudland et
Mr. Carter iroient avec le Ras aussi loin qu'il
iroit lui-même pour nous accompagner sm*
la roule d'Adowa ; plan qui se tronvoit tout-
. à-fait frustré. Après beaucoup d'inquiétudes ,
Uiq mode, Google
EN ABYSSIMIX. S07
j'en fus enfin tiré en partie par l'arrivée de
Guébra Selassé^ qui avoit reçu ordre de m'ac-
compagner dans mon voyage, 11 me dit que'
le Ras m'attendoit à peu de distance d'An-
talow> et que, comme il n'avoit été' donné
aucun ordre râlativement à notre bagage , ce
que j'avois dé mieux a faire e'toit d'aller , sans
perdre de temps , rejoindre le Ras , et lui
demander les ordres nécessâres pour que le
bagage pût me suivre.
Je quittai donc nos amis , vers les sept
heures , accompagné de PeaiHie et (fAndre' «
montés , ainsi que moi , Sur dés mulets , et
d'Ibrahim , qui me servoit d'interprète pour
le langage du pays , marchant à pied. Pour
parer aux accidens , j'engageai Pearce à ca-
cher sur lui cinquante dollars j car en ce
inomenl les intentions du Ras ne m'étoient
pas clairement connues.
Nous passâmes un petit ruisseau dans la
vallée, ensuite bous montâmes le côte' nOrd-
est de la colline d'Antalow > dont la partie
Supérieure est rapide , escarpée et nue. Au
fond vers notre gauche , on voyoit de grands
fragmens de rochers, qui ctoient tombés du
sommet à quelque époque fort reculée. Les
sommités sur lesquelles passoit notre route
uiq mode, Google
so8 y o T A o la
étoieot en partie cultivées et d'ailleurs peu
difficiles à gravir. Sur le point le plus élevé
de celles où nous passâmes, e'toîent les ruines
d'un village j et au-delà , derrière des arbres
hauts et touffus , qui le deroboient presque
à nos yeux , tm village pittoresque appelé
Haraque'. Notre guide , Guébra Sélassé , et
tui chef qui l'accompagnoit , niireat, l'un et
l'autre, pied à terre, en passant devant l'ëglise.
C'est une marque de respect qui est ge'nera-
jement en usage parmi les Chrétiens de ce
pays. D'une colline à l'autre la descente étoit
rapide ; toutes avoient leurs sommets couverts
de plantes de diverses espèces. Sur une émi-
nence , a notre droite , e'toit un village d'uoe
grande étendue , nommé Lahaîna , d'où notre
route tourna un peu à l'ouest dans une contrée
mieux cultivée. On y voyoit beaucoup d'aca-r
cias, de sous-bois et de buissons Seuris. Au
pied d'une de c«s collines couloit un ruisseau,
dont les bords étoient ombragés par le can-
Uiffa, que.j^ rencontrai ici pour la premier^
fois. Il y croit au milieu d'autres arbres peu
e'ievés; et étant en fleurs, il embellissoit le
paysage. Après avoir passé plusieurs autres
collines, nous parvinmesitlavue de Muculhi.
Près de cette, ville , sur le somtuet- d'miç
Uiq mode, Cookie
EN ABlr»SIMIE. B09
colline} est une grande eglbe, qui, vne do
la plaine, présente un objet très-remarquablei
Le pays autour de la yîllâ est dans un bel état
de CLdture ; le sol est im terreau noir fort
riche. C'est ici que uous trouv&mes le Ras.
Il venoit de finir son repas du tnatin ; niAis
après m'avoir fait une re'cepiion cordiale et
m'avoir placé à côté de Itù , il me fit servir
du bceuf grillé , que je mangeai avec beau-
coup de plaisir , quoiqu'il fut presque cru ,
parce que le voyage m'avoit donne' très^-boa
appétit. Après avoir bu quatre brulhes de
maize (sans lesquels le Ras ne me laissa' point
ftller ) , je demandai permission de me retirer.
On me conduisit à une hutte assez commode ,
placée au-dedans de la muraille qui environne
l'église. Je reconnus dans celui qui me con-
duisoit, Débib, chef de Negashé, qui éioit
venu accompagner le Ras.
J'estimai notre route de ce Jour de neuf
milles , à peu près dans la direciiou N N E.
La pierre , de laquelle sont formées quelques-
unes des collines incultes que nous avons
passe'es, est disposée en couches horizontales;
des fentes verticales la partagent en blocs
carres sur le côté des collines , ce qui leur
donne l'apparenecd'aucieoiies ruines.
Tom. I. i<k
c,qi,it!dt, Google
fllO ▼ o ir A G E
Sepiem&re lo. Je passa! une fort njànTaîs»
tamt, h cause de la vemiine dou ma huittf
tétoit infêciée y et à cause dn bruit «oatinuel
que faisoîeat les prétrest-Eu me levant > j'allai
visiter Fëglise , oii j'af^ris que le Ras s'étoit
Ttoda dabs la nuit. Les prêtres me reçurent
Avec beaucoup d'é^rds. La plupart etoient
Occupes à ôbailter et à faire tinter leurs clefs j
cbaCnn d^eux en portoit une dans sa main
droite ; ils accompagnoient Ce bruit de gestes
vïolens et de grimaces , qui les faisoient res^
sembler plutôt à des bbufibiW de tb^âtre, qu'à
des hommes occupes d'exercices de dëvoliooi
Après avoir baise' le seuil de la pOrte , selon
l'usage du pays ^ je fus admis dans le cercle
intérvenr^ L'église du reste n'ofire rien de
bien remarquable. Elle est ornée de tableaux^
semblables à ceux de Cheticut. La seule diffé*
rence que j'observai e'ioit que sur une crois
on voyoit ^crit INRI , en Caractères romains^
dont il me parut que les prêtres comprenoient
fort bien le sens. J'allai enstûte à la maison
du Ras, oji je trouvai une longue table chargée
de piles de pains en galettes. Je fus place' sur
le sofa du Ras, et j'eus l'honneur d'être nourri
de sa main. Là se trouvoient pre'sens le Bar-
raoabarra» ou grand pan«tier , le Babarnégash
ciq mode, Google
EN . AtttBilTft^. 911
Aé Dixan ^ le chef de D^bib , et pluâ^uts au-
tres de iqême rang* Quatre espèces de convives
Be succédèrent à table; et l'on vida trois grandes
jarres de maize, doot ohacuqe Coatenoit au
moins un demi-tuindt Le fta» m'engagea à
manger une petite portion de briude; je suis
persuadé que ce n'e^ qu'un préjuge qui nou3:
dégoûte de cet alimept. Les prétresdes églises;
Voisines mangèrent les premiers ; tous firent
honneur à la blinde et au maize.
L^ Ras me montra deux FaJashas du Juifsj
qui entrèrent pendant la fête. Il eut ensuite U .
bonté de les envoyer à mon logenveot , afin.
que je pusse les questionner tout à nioa aise.
Mais j-'en tirai peu de lumières. Ils ne recon--:
noissent aucun autre Aoi que celui du paya ,
parce que la raCe de Gédéon est e'teidte. Ils.
me dirent qu'à Gondar ils étaient fort nom-
breux, ainsi que dans les provinces de Knara,
et de Samen; et que leur principale occupa-'
tion étoit de construire I^ maisons et de leA.
couvtir de cbaume^ Ce n'estqu'à Gondar qu'il»,
ont des livres de quelque importance, et ceux?
Ui même ne sont pas dVne grande antiquité.
Ils prétendent être entrés dans le. pays aa
temps de Mémiléi
J'«U8 «nsuit» la visita de Débib de Négaalié|
c,qi,it!dt, Google
ilà VOYAGÉ
qui T^ooit soUiCiter dés pfés«Qs {>our le sôia
i^u'it avoit plis de noOs. Le capitame Rudland
venoit d'amvôr d'Antalow et lûaugeoit un
làorceau de mouton dont Itotre guide s'étoit
pourvu. Debib partagea volontiers son repas,
ce qui me fournit une occasion de recevoir
de lui les informations suivantes ; 11 com-
inabdbit un Canton fort étendu, où se trou*
voient au moins trente villages ; et payoit
pour cela au Ras une redevance de cent
Muquante "ftalieas d'or, vingt bœufs, autant
de peaux de miel , et Un iâsU à mèChe ; mais
quant à ce déifier article , s'il avoit trop de
peine à se le procurer , il le remplaçoil par
cinquante pièces de toile , évaluées sut le pied
d'un dollar la pièce. Il evoumt que son père
payoit le double au temps <du Bas Micliel.
Je fis le soit- on message aii Ras ; je lut
annonçai l'ariivée du Capitaine Rudland, et
lui dis qu'il étoit prêt à lui rendre ses devoirs
au moment qui lui seroit indiqué. Le Ras
l'-assigna à sept heures , mais il remit ensuite
ce rendez -vous au lendemain matin.
Le thermomètre étoit le soir à 64° F.
(i4R.) 11 tomba un peu de pluie dansl'après
midi.
3^)iembre ii. lie maûn «i nous levant,
c,qi,it!dt, Google
]U>us fûmes fort surpiis dç recevoir cle la pact
du fi.as dea salaams (salutations) et la nou-
veUe qu'il venoit de partir. Ce nÉ fut qu'après
bien des ioformaùons , que je pus découvrir
qu'il étoit allé à une partie de chasse , et
qu'il qe reviendroit que le soir.. Ce fut avec
bien du regret que je laissai le capilaùge Rud^
land saUjS aucun interprète ; niais comme tous
les préparatifs c'toient faits à Muculla pour
potre départ , je ne pus me résoudre à perdre
du temps y et je me mis en marcEie avec ma
petite siùte pour me rendre à AdovFa. La vue
du village de Mucidla , du pied de la colline ,
est fort pittoresque ; mais comme nous avions
une longue journée de^ar^t nous , je ue pus
m'airêter pour en faire l'esquisse. D'abord
nous entrâmes dans la plaine de Jamlje'la , en
suivant la direction du N. N, O. Toute cettç
plaine, d'environ huit milles de longueur sur
deux etqiKitre de largeur , cloit daps un b^
état Ue culture} c'était le temps des hibours.
Ou y compte au moins quaiapte villages
habités, indépendamment de ceux qui sont
eu ruines. Nous tournâmes «isuit&à l'est sur
une colline stérile, où la route étoit embar^
rass<'e de pierres , de buissons et d'arbres ,
qui, il. mesura que nous avancions, formoieiU
uiq mode, Google
■ai4 T 6 T A é B
un onibragA épais. Devant ooua étok 'nné
maison appartenant au Ras , dans une petite
valle'e , oh coule la rivière Gibbe' 5 qui donne
son nom à cette habitation. Notre guide noua
engagea it nous arrêter en ce Heu , et nous
'fit manger du mouton froid j qui fut pour
nous un fort bon repas. Poursuivant notre
route , nous passâmes par une vallée longue
et assez enfoncée > dont une partie venoit
d'être de'fricfaée> Le reste ëtoit garni dei
Bous^hois f servant de retraite aux gelipotes ,
aux pintades , aux perdrix , qui y foison^
noieqt ; nous n'y vîmes poiqt de cerfs j
quoique Iç paya sen^ble devoir beaucoup leur
convenir. Cette gorge p'a que cinq milles
de long' Après l'avoir parcourue, nous mon'
tâmes une haute colline , sur laquelle est
'situé le village de Husemito , dont le obef
noiu reçut fort bien- J'esiiniui notre marche
f environ quinze milles dans la direction N E,
Le thermomètre , à notre arrivée , étoâi à
86»F. (34R.),
Septembre la. Nous quittâmes ce village
A« bonne heure , après avoir fait up présent
de peu de valeur à la datne do logis, qui
ieioit une très-agréable et jolie femme ; je crus
c,qi,it!dt, Google
XM ABT8SIMIX. 91$
devoir Im faire un présent, parce qu*on mlnr
eiQua qu'elle s'étcut fort dérangée hier soir-
pour nous faire place.
La route passe sur la coltioe au S O. Les
habitans, qui sembjet» tendre- en général à.
éloigner les routes des plaines cultivas , ont
dirigé celle-ci v^^ une ouvMture opérée dans:
la ooUiue par la chute d'une masse de rochers.
Nous tournâmefi autour du sommet de la col-
line , çn tendant vers I*ouest , Jusqu'au mo--
ment où nous aperçâmes le village d'Admara,
éloigné d'environtroismitlea, au-dessus duquel
estime église, dédiée à StetMarie-Magdeleine^
De là nous lirâsnesplus au nord, par une. plains
«n pente , dont une partie- éloit pour la pre^
mière Fois ouverte par la charme^ Les pierres
et les hiùssons y arrêtent les bœufs à chaVpiO:
pas. Nous avions pitié de ces animaux , forcés,
il un travail û niai dirigé , et durement traités
par leurs conducteurs ; car «hacun de ceux-
ci avoit la main droite armée d'un fouet , qni
I{iissoit la marque partout où il frappoit. Noua
atteïgnimea ensuite la partie inférieure d'une^
chaîne de montagnes, qu'on nomme Atbara,
où nous fûmes rejoints par notie guide , qtà.
avoit passé par un autre chemin et nous avoît
donné rendcz-\au^ e^ ce lieu. Je venois d«'
uiq mode, Google
Al8 T O T A G r
tuer un petit obeau fort semblable au co>
libii; j'avoisaussî tiré de terre, avec beaucoup
de peines, quelques bulbes. La descente de
ce lieu étevé est fort rapide , et « embarrassée
de pierres dél^cbe'os , que pous fûmes obligea
de mettre pied à terre ; bous n'étions pas
encore au bas , que nous jugeâmes ce chemin
pire que celui de Taranta. A mi^câte on
trouve quelques maisons et une église , bâties'
i l'abri d'un rocher qui se projette en avant.
C'est ime ^tuaiîon très- pittoresque. Nous ren- '
contrâmes une kafila qui alloit à Antalow ,
et qui se disposojt à gravir la pente que
nous .venions de descendre. Après tant de
peine pour atteindre le bas de cette colline ,
ce ne fut pas sans quelque dépit que nous nous
vîmes forces, immédiatement après avoir passe
le ruisseau, à monter sur la colline oppose'e
pour sortir de la vallée. Bientôt la végétation
changea beaucoup d'apparence. Les arbres
devenoient plus nombreux et plus grands. Le
sol étoit pauvre et sablonneux. Nous traver-
sâmes une couche dq sable pur de près d'un
mille d'étendue. Après avoirfait environ trois
milles Stn nord, nous nous arrêtâmes au bord
d'un ruisseau, pour prendre notre repas ac-
coutumé. Feu après, ayant ele' surpris par.
uiq mode, Google
EN ABYSSINIE. Bl?
la pluie, nous nous pressâmes d'arriver à1a
proohaioe station » à peu près à six milles de
distance- H étoit presque nuit quand nou»
alteigoimes l'habilation du Barrambarraa
Toclu. Nousy fûmes parfaitement accueillisj
le maître de la maison nous avait préparé
un banquet de brinde ei de maize. Pendant
le repas ^ il nous présenta sa femme , scéur
de Subagadis. Je lui fis cadeau de quelques
grains de ohaptelet et d'un miroir. Notre hôte
éioît chef d'un district de Tembla} il jouissoit
d'un pouvoir assez étendu , et avoit à son ser-
vice plusieurs soldats armés de fusils à nicche ,
Il «loit fort animé et fort gai ; il vouloit
que je me fixasse dans le pays , et promettoît
en ce oas de me donner sa Elle en mariage.
La conversation devint enjouée et hadîue ,
le maize étoit versé à la ronde , nous en
bûmes tous largement, chacun seize brulhes,
les femmes comme l£s hommes.
Septembre i3. Nous quittâmes de très-
bon matin le village de Gullybudda , où nous
avions e'té si bien traités , et qui nous parut,
fort étendu et populeux. Nous marchâmes
environ trois milles au N, N. O.à travers uo
pays pittoresque et assez boisé ; mais les
c,qi,it!dt, Google
Sl8 T e T A • B
«rbres ^toient petits et auroieBt pu difflù-
lemeot servir comme hois de construotion.
Des oiseaux de différentes espèoes gazoui]-
loieat dans les branches de tous les arbres
peu élevés, desquelles oo voyoït pendre nn
grand Qombre de nids. Notre première hait»
se fit sur les bords de la nvière Warîe. (i) ,
qui coule avec rapidité i l'ouest. Quoique cet
pe fût en ee moment qu'un petit ruisseau ,
on voyoit des marques évidentes de Ja grao"
deur de son lit dans U saison des pliùes ; car
des deux oûiés des morceaux de bois et de<
roseaux étoient entrelacés aux branches dea
firbres, au moim quinze pieds au-dessus de
son lit actuel. Nos gens firent du feu, tuèrent
un mouton , qui m'avoit été donné la veille ,
et en grillèrent quelques pièces pour notte
déjeuner. De cet endroit , la route alloit eq
tournant plus à t'est , sur des collines hautes
et escarpées , toutes néanmoins cultivées daps
la plus- grande partie de leur étendue. Nou*
passâmes les viUages de Tsaî ; ces viQagea
et leurs territoires forment uq distiiot in-«
dépendant, soua les ordres des neveux dn
B.as,Mais c'est un misérable domaine ; le sol
(i) ht mQt ff^m» signiâe «mpletuent un tocrent,
uiq mode, Google
•n est sabloQDeux , et ea plu^eurs epdroiti
M ne orott que des calquais ; il est d'ailleurs
ODoombré de roQbers d'ardoise , dispose's en
couohespresque vertical es. Aprèsavûirmarclie
pDvirop »ii milles w N. N, O, depuis notre
dernière slatioa , noue 6mûs une autre halie
vers les deux heures au bord du ruisseau ;
pouii Vtmeç plusifrars oiseaux , dont Tuo est
tùremem l'aigle noir de Bruee. t<e desHq
qu'il en a fait est trè»-oorreot ; du reste cet
oiseau parott plus ressembler , par ses babi-r
tudesj au faucon qu'à Taigle ; car il perche
au aomniet des arbres , et lorsqu'on le fait
fuir de l'un ^ il Vole à l'autre. Nous reprimes
potre marche , sur des collines sauvages y cou-
vertes d^ sous-bais , dopt une parûc avoit éié
défrichée. Nous gugnAmes , enfin le sommet
d'une colline , à environ quatre milles et den»
de notre balte, où nous devions passer la nuit.
Fit Aurari Yasous , le mattre du logis, ëtoit
absent, 0() nous fit entrer dans la salle ; et à
son retour on nous offrit une chèvre et d'au*
très oomestîbles. Comme il n'y avoit point
de maize , il fallut nous contenter de bouza,
Celle liqueur est faite de la mte de touteà
sortes de pain ; cite ressemble fort à de la
mauvaise petite bière aigre , dans laquelle on
c,qi,it!dt, Google
930 ▼ O T A » E
a'iroit hit tremper dti psôn rôti. Notre hôte
elcàt un homme aTaooe' eo âge , de haute,
taille, farouche et laid. On dit qu'il se conduit
eaversses gens d'une manière tyraanique: et
nous avons ete, naus^mémes^ temoina de la.
rudqsse de ses mamèresi
Septembre i4. Nous trouvâmes le matin
notre hôte beaucoup plu$ honnête que 1«
»oir précédent. Il nous avoît f^t préparer de
fort bonne heure du paio et du lait diaud ; et
il voulut absolument qous aooompagner )»$-•
qu'^à quelque distance de sa mùsoa. La route
passe par une plaine , le long d'une haute
montagne conique , au sommet de laqnellq
»ont l'église et Je couvent d'Abou Sama.
Nous vîmes à notre droite une maison qui a
autrefois appartenu au Ras , et qu'il a donné^
au Qarrambarras Toclu. Après tr<ûs milles et
demi de marche , nous arrivâmes à la demeuri^
du pacha Guéhra Eyat , personnage coo^dé-;
rable y qui peut mettre sur pied un grand
corps de soldats armés de fusils à mèche , cir-
constanoe d'où dépend essentiellement la
grandeur d'un chef. CVtoit un homme de
}iioyen âge , ayant les manières agréables ^
pt qui nous traita avec beaucoup dTjospiiaJiié»
c,qi,it!dt, Google
KN: AbYSSIKÎE. 331
tToeiiâùre après nous nom remimes en rouie ;
nom tournâmes des collines fort âpres, cou-
venes de bromsailles et passâmes au bord de
quelques précipices, d'où la chute dans la
plaine infe'rieure auroit été sans remède. Les
colquals abondent dans ces cantons ; le sel y-
est cultivé partout où il peut l'être ; mais il
produit peu, e'tant sec et sablonneuxi Nous
rencontrâmes t sur la colline, une pauvre
femme , qui m'aborda d'un ton suppliant, en
me demandant quelques remèdes pour son-
enfant qu'elle porloit stu* le dos, et qui,
disoit-elle , étoil tournienté par un esprit ma-
lin. Je ne pus faire autre chose que la recom-
mander à la protection de Dieu, en l'assurant
que de telles maladies étoîent fort au-dessus
de ma portée.
, Les collines sur lesquelles nous avions
passe' consistent presque en entier eu' une
pierre calcaire de couleur brune , disposée le
plus souvent en couches perpendiculaires. Il
résulte de là qu'au lieu d'une élévation plate
et en forme de table , comme il arrive quand
les couches sont horizontales, les formes de
ces collines sont en général pyramidales. Tout
le pays est bien arrose j on trouve des sources
sur presque toutes le» momaguM.
c,qi,it!dt, Google
933- T O V A O B
A mesare que dous avançons, le {laya
tvoit une meilleure apparence; la plaine se
couvroit d'un sol pitu riche ; mais^ faute de
saignées, les sources supérieures y rormoient
des marécages. Nous avions fait à-^peu-près
neuf milles, en montant et en descendant,
quand nous parvînmes à une Crète , dVù nous
avions en vue Téglise d'Âbba-Garîma. Quoi"
qu'elle ne fût pas exactement «ur le cbemin
d'Adowa , je crus devoir lavisiurt Pour arri-
ver i cet édifice , il nous felloît traverser tme
irallée presque circulaire, entourée de toua
côtés de ct^lines élevées mais irrégulières»'
Un ruisseau arrose cette vallée ; dds dattiers
sauvages, alors chargés de fruits, y étoUnt-
répandtis çà et lA. Comme je n'ai trouvé cet
arbre que daUs le voiànage de quelques mai-'
Hms religieuses d*atie anoieuneté inconnue ,
je suis porté à conjecturer qu'il a été apporté
d'Egypte par les prêtres chréûens venus de ce
pays-là.
L'église d'Abbd-Garima fut, dit-on, hkûe
sous le règne de Guébra Mascal, vers l'an
56o. Elle est située dans un lieu assez peu
élevé', mais projeté en avant et qui fait partie
delà chaîne circulaire , par laquelle la vallée
~ est bornée au N. Ë. Elle n'est pas de difficile .
c,qi,it!dt, Google
iccès. Elle est entourée d'oxycèdres et de
darous de la plus forte végétation , ainsi que
de-dattiers sauvages d'une telle hauteur, qu'on
les prendrait pout- des cocotiers.
Le chemin tournant qui mène & l'église f
est embarrassé de masses de rocbers , dont \eé
fentes donnent jour à quelques sources. Au
haut de Ce rentier on trouve trente marches
gt^ssièrement* taillées qui conduisent k un
iDÎse'rable hangai-, formant le porche de l'é-*
glise. De là nous entrâmes dans utie aire ou*
Térte et entourée de murs « au centre de la-
quelle est le principal bâtiment, de forme
carrée , partagé par Un passage en deux eom-
parùmcDs inégaux. Il est fait de masses solides
de roc et de bois ^ forûtiées en quelques en-
droits par des barf'es de fer ; les estrémitéB
des poutres et des planches ont été arrondies^
et on les a laissé saillir en dehors par manier*
d'ornement; Dans Intérieur sont quelques
misérables tableaux , dont l'un représente
Âbou Garima , avec une longue barbe et des
tnoustaches, portent un turban, et assis à la
Enanière des Turcsi II est accompagné de
plnàeurs autres hommes yèUa comme lui ,
parmi lesquels il y en a un qui n'a que la
moustache. Pliui«urs prêtres étoient là fort
c,qi,it!dt, Google
fla4 V O Y A 6 B
atiendfs it nous montrer tontes lés j^srties dm
l'ëdifîce. Tout ce qu'ils purent nous dire k ce
sujet se réduit à cette fable. Abou Gaiîma
fut transporte il y a quinze cents ans de Secun-
diia ici, en une nuit, par l'ange Gabriel, ot
après y avoir long-tems re'side, il en fui en-
levé d'une manière mystérieuse , et on n'en
a plus entendu parler. C'est en mémoire de
cet événement que cette église fut fonde'e
par Guébra Mascal , qui règnoit alors en Âbys-
sioie. Selon les annales d'Abyssînie, l'époque
de cette fondation seroit l'année'5oo de J. C.
. et non 5oo , puisque Gue'bra Mascal fut le
successeur d'ËIesbaas , 'qui étoit lui-même
contemporain de l'Empereur romain Justin.
11 fallut nous hâter de regagner la rouie
' d'Adowaj pour y arriver avant la nuit. Après
beaucoup de montées et de descentes péni-
bles, tantôt marécageuses , tantôt rocailleuses,
et toujours encombrées de pierres détachées y
enfin nous aperçûmes cette ville enveloppée
de fumée. Le marché venoit de finir , et cenx
qui en revenoient , pour retourner k leurs
villages, étoient tous curieux de voir des
étrangers qui passoient devant eux; mais tous
se conduiùrent d'une manière civile et res-
pectueuse. Nous arrivâmes au coucher du
soleil ;
Uiq mode, Google
EN. ABYaSINtE. 935
•olfeil : bu nom conduisii immédiatemeot à la
maison du Ras ; et l'on nous introduisit auprès
de Nebrida Âram et du bâcha Abdalla , qui
m'atteAdoient pour me faire accneil. Feu
^rès entra im neveu de Nebridâ Aram ^
accompagné d'une nombreuse suite. La soirée
se passa agréablement. ï*Iusieurs chefs d'un
haut rang se trouvoient présens; parmi eux
étoit un neveu du Ras Mich^ , avec qui je
causai beaucoup de son oncle ; je n'oublierai
jamais l'étonnement que j'excitai chez tous
les convives , par la connoissance que je mon-
trai des affaires générales de l'Abyssinie et des
événemens qui avoient eu lieu dans ce pays
depuis une cinquantaine d'années. Nébrida
Aram paroissoit Irès-Vieux et infirme , ayant
perdu l'usage du bras gauche. On le dit très-,
riche } et il a certainement beaucoup de pou-
voir , puisque le Ras Favoit laissé ici en olBce,
Les chevaux de celui-ci étoient enooie atta-:>
chés dans la salle.' On m'avait préparé uu
appartement dans un étage supéneut'} mais je
le trouvai si froid que je revins dan» la salle.
Le vieux chef me fit poliment excuse de ne
pas me donner toute la salle , et la fit partager
par un paravent , en»orle que nous pûmes; tous
Tom. t. i5. ' .
c,qi,it!dt, Google
Â
fis6 V o ir À G £
y dormif , Nebrida Aram et sa suite , les che*
Taux du Ras , moi et mes domestiques.
Septembre i5. Je me retirai dans l'appar'
temeut qui avoit e'të préparé pour moi , afin
tie finir quelques dessins de plantes laisses
imparfaits. Après déjeuner on amena les mu^
lots, et je me mis en devoir d'examiner tout
«e que pouvoient ofiîîr d'intéressant la villa
et les environs , en me faisant accoropagnei*
de Pearce et d'Âadrtf. L'un et l'autre heu-*
feusement avoient bien fait connoitre qn^s
titoient cliretiens^ ce qui me mit à même de
surmonter divers obstacle» qui m'auroieni
arrête' sans cela.
Nous fûmes d'abord conduits à l'église
Ste. Mariam. Chemin faisant nous trouvâmes
sous nos yeUx une hyène morte, delà même
espèce que celle que le capitaine Rudland
avoit tuée k Dixan, mais beaucoup plus grande»
Elle avoit tité tuée à coup de pkjues.
Ste. Mariam n'<^e rien de remarquable.
'Ëile est do même style que les églises que
l^ai de'jà eu occasion de (écrire; mais elle
leur est inférieure à tous égards. Une fuule
dliabitans nous suivoient et «'avançoient pour
nom voir^ en snant et en riant j les femmes
u,qi,it!dt, Google
EN ABYSStKIE. 337
taisoîeilt Une espèce de claquement de langue
particulier j tous exprituDient l'étonnément
et le plaisÎTi
Nous allâmes à l'ouest de U vilk , en tra-
versant li plaine et un Dlissesu nomme Âlsa;
nous en trouvâmes bientôt tin autre , tippeld
l^î Gogua ,- qui Coule an noi-d et se précipite
AU fond de la Vallée. Nous .le suivîmes pen-*
dant trois qtiarts de mille , notis le passâmes
et montâmes sur la colline oppose'e , sur la-'
quelle sont les restes du couvent de Frémona,
comme l'appelèrent les Jésuites qui le fon-
dèrent ; mais sî jamais ce nom a e'té adopté
par les habitans , du moins 'aujourd'hui il est
totalement inconnu. Au dedans des murs,
qui maintenant tombent en ruines , est l'église
de St. George, pauvre et misérable édifice,
de la forme d'un parallélogramme ; les mura
intérieurs sont peints dans le style ordinaire^
Le toit est Une imitation gauche ei imparfaite
d'un. dôme. Au côté nord de l'église il y 4
quelques traces d'un étang ; et sUr une pente
éminence , à l'extrémité de la colline , est un
bâtiment carré , avec Une entrée de chaque
côté , Ou pentl une grosse cloche , cbai^éa
de caractères éibiopiques. Le raur extérieur,
et tous les bàtimens qu'il renferme, sont fait*
Uiq mode, Google
B^S V O Y À 1> B
de petites pierres , entassées sanâ ait , ei
liées ^Dtr'elles avec de la boue.' En quelques
eodroitsle mur a trente pieds de hauteur , et
aux angles il y a des jaOïbages arrondis. Il
veparoitpas néaaiabiits que c'ait jamais été
tme place forte, quoique Bruce ait jugé à
propos de représeater les ar^boutans comme
des tours qui flanquent la ninrûlle, etlebèfroi
comme une citadelle.
En revenant nous nous arrêtâmes k l'e'glise
de St) Michel , qui est placée sur une e'mi-.
tieace k l'est dé la vallée. Elle est entoiu^e
d'arbres' de tous les côtés; et de toutes les
églises d'Âdo^a c'est celle qui a la meilleure:
Apparence. Nous fûmes joints ici par la foule,
([ui avoit suivi nos pas. Quand je sortis de
l'église , une femme «e jeta à mes pieds et me.
conjura de guérir son fils , qui étcMt solird et
muet. Ce ne fut pas suns beaucoup de peine
que je parvins à me débarrasser de ses im-
porlimités y en lui représentant qu'une telle
cure seroit un miracle ^ et que Dieu seul en
pouVoit faire. Je trouvai tin mulet qui m'at-
tendoit ; il appartenoit au Ras, et Négrida
Aram me l'avoit envoyé pour mon usage. Je
le montai donc , et je rentrai dans la ville aU
milieu des acclamatioas d'une foule imjuen^&.
c,qi,it!dt, Google
EN ABY33INIE. aSg.
AdoTca , située àl'est d'une vallée d'un mUlo
de largeur , est Doe ville d'une gratide étendue ,
«t dont l'aspect frappe au premier abord par
Je grand nombre devraqzas plantés amour des
maisons. Je me fu-ocuraî ce jour la fleur etl&
fruit do cet arbre : le», habitans disent que le
fruit est bon 9 m^itger quand il est mùr. Le
dessip que Bruce a fait dei l'arbre même ,- jus-
qu'au point oh il ï'a. fait, m'a paru exact.
Adowa fabiique beaucoup de toiles, sur-
tout des ttoles gro99tères , qui circulent dans
Je paya oomme ntonnpie. C'est celle avec la-
quelle les chefs paient la plus grande partie
de leur contribution annuelle. Chaque pièce
a environ six coudées de long et une et trots
quarts de large : elle vaut trente pièces de
sel , ou un dollar. ÏI y a des toiles très-finea
qui ûo&tent jusqu'à dcoize doU^s l'habille-'
meut de cimpiante coudées,; ces habîtlemens
ne sont portés que p^r les personnage les
p]u& con^dérables da pays. Un fabracast obré*
tien^ né dans te pays , pe. peut faire- que trois.
bal^emens de toile fine par ai^. Les musuK
mans en fon,t davantage , uMii^ de qualité' infé-
lieure.et partant ausu; de moindre- va:leur. Je.
reçus deNégrida Ara^m unjeune.bcsiif et deux
inotttons, avçC'Un,,trw8ism^ de la part de sOft
c,qi,it!dt, Google
il3o T O Y A G E
neveu; les chefs de la pUce me doimèrent
deux mOutOQs et deux jaiTes de maize ; et le
3acba AbdalU m'offrit ua mouton.
Septembre l6. Nous ne sprUmes d'Adowi^
qu'à dix heures , ayant été retardes par uœ
difficulté relative à notre bagage. Nous avions
acheté queh{ues échantillons de toiles fines et
grossières des manufactures de cette ville j.
qu'il nous fut impossible de mettre en sûreté
à Adairâ, parce que Négiida Aram et I9.
Bâcha Abdalla en partaient l'un et l'autre j
pour aller à Antalow assister à la revue des
troupes, qiii devoit s'y faire par devant le Ras.
Quand je descendis danslaâalle pour rendre
mes devoirs à Négrida Aram , je fus présenté ,
sans m'y être attendu , à un priuce de la
famille royale, qui étoit assis auprès.de Ini,
C'étoit Fa^yhdas, fils de cet Yasous, que le
RasGuxo avoit mis sur le trône. Il me reçut
avec une extrême politesse. 11 examina avec
beaucoup (le cnrio&ité tontes les parties de
mes vêtemens ; enstiïle il me demanda ù je
me proposois d'aller à Goadar. Sarcequeje
lui dis que j'en aurois bien envie , m^is que
l'état des affaires publiques s'opposoit à mon
de'siri il m'olTrit d'y àllenAveo lui : je me vis
Uiq mode, Google
EN abyssinie; ^t
opDtrauit de refuser. Je ptîs oonge aaas délai y
car je qe pouvois faire aucune quetitioa , )gD&-
rant cruelle étoil la siiuaiîon de . ce prioc©
(Jans le Tigré , et sachant d'ailleurs que mou
guide , qui éioit préseot à cet eotretieo , e'toit
fort soupçonneux et sarveilloii mes propos.
Quand je fus sur mon mulet , le piinee sortit
«vecsa petite suite, etme demanda de mettro-
pied à terre, paroit^-nt avoir fort à cœur de
m'entretenîr en particulier. Je fis ce qu'il dé-
siroit , et nae retirai avec mon interprète pour
écouter ce qu'il «voit à lue dire. Là-dessas,
Guebça Selassé l'appela en élevant lavoix d'uu
ton de colère , ce qui nous obligea , malgré
sons , à uous séparty. Ce prince a le, tant
noir, mais les traits agréables. U vîvoit sous,
la protection dti Ras, qui, sous l'appareoce
du respect > le tenoit ici dans unQ honorable^
pri^oa.
Li» route- que noufi suivîmes en sortant d'A*
do'wa ftrend» le long de la vallée, la dire*?*
tion de. l'ouest^ Noms iraversàTOe».l6 MaiGoif
gua ot vofi attire rivière , que je croisêtrelft
Kiberani deBraoe. Ajirès environ, cinq miHeS
ide>l)KaFob&,-jaoiis urivâmee-à l'extrcwité d»
ia valle'e, marquée pac une- oolline en formo-
d«- pie- , qui est n erte jusqu'au sommet ,< oSh sa.
c,qi,it!dp, Google
a5a r o T A * »
trouve l'église do Hannès ; prccîse'ment vis- ,
it-vis , sur une éminence plus petite , est l'église
d'Anna Mariai». C'est ici que Je Ras , comme
gouverneur du Tigré, a coutume, lorsqu'il
réside à Adowa, de venir recevoir les mes-
sages que le Roi lui adresse. La route directe
qui conduit à Axum, passe à côté de cette
eolliue ; mais mon guide m'ayant <]it qu'il y
avoit dans le voiànage nu lieu appelé Calaiu
Negus, où l'on voyoit des choses curieuse^,
nous tournâmes un peu au nord pour le visiter,
Nous rencontrâmes en chemin un petit fils
An Ras Michel, monté sur un mulet. Il s*ar-
rita pour me demander up remède pour une
maladie hiea connue , que l'on prétend être
ici fort r^andue. Je ne pus le satisfaire, ayant
laissé mes drogues à Antalow. Malgré cettd
demande I, les recherchas que j'ai faites A ce
sujet , pendant le cours de mon séjour' en c«
pay^ ,' mei. portent à orcâre qoc; le maldont
ii se ploignoii n^xiste pas en Abyssinie. Une
grande faiblesse et une g&lle de mauvaise na*
tnre y. sont fort communes, et on les con~
fobd avec, une maladie' tome diâereate^ (3);
Cette galle ccEdoit toujours à une apphoatitHt
c,qi,it!dt, Google
EN ABYS9INIE, flâ^
«le pondre '^ canon et de jus de limon. Le
petit-fils de Michel le grand subsistoit d'una
foible rente ou pension , qu'il tiroit de la
même province où son grand père âvoii exercé
un- pouvoir absolu. Le Ras Welléia Se'lassé
lui avoit alloué à cet effet vingt obanips , et
avoii bien voulu y joindre le présent annuel
<iu'i\ accorde k ses soldats. La petite posses-
non de ce descendant de Itficliel n'étoit pro-
bablement pas éloignée ; car nous vîmes peu
après passer tme vieille femme , qui avoit été'
ci-devant au service de l'ancien Ras. Nous
continuâmes de marcher presque directement
à l'ouest , en passant sur une colline , dont le
sommet étoit une coucha non interrompue
de mine de fer : la colline suivante étoit co«-
S'erte de spaiJi. Ensuite iious traversâmes une
|â»ne de six milles, qui nous conduiùt au
lieu que nous avions en vue. Au premier
«oup-d'œil il promet peu; mais nous y trou-
vâmes pins que nous n'attendions.
Ce sont deuS'exeavation^ creusées dans la
eoUine , fermées- et recouvqrtes do blocs de
granit bnm. L'ui) deoes bloes, qni recouvre
l'une des grottes , avoit onze pieds et un quai*!
vu huit et un-quart. Ces grottes sont situées,
i'un« par rapport À l'autre, -dans la direction
UiqniodcvGoOglc
»34 V O T A G ■
du nord au sud. Le travail en est bon, qaoiqut
rude, la pierre avant encore tomes les maiv
ques du oiseau. Nos guides nous dirent que
la première e'toît la route par laquelle Calant
Né^ou alla à Jérusalem, a Si quelqu'un , ajauT
yt tèrent-îls , y descendolt de nuit avec des
» lumières, il y verrait dislinotement la roui*
% qui conduit à cette sainte cite,» Jesufi*
posai que te personnage en question étxMt
Caleb Négus , qui règnoit en oe paiys van
fan 5'23 , et etoit cpntempCH'aifl de l'empcK
reur Justin. 11 fut célèbre p^r une iDCurùon
heureuse qu'il &t eu Arabie contre les Homér
riies. A son retour il envoya sa couronne
à Jérusalem, pour y être sufq>enduç daoaJ»
temple (l), Nqhs nous arrangeâmes pour me-
surer exactement l'étendue de cette grotte >
cequiétonnabeaucoupnQsgrades. heisecoaM
gcotle est fort obstruée par la terre qui y est
tomltée ; nwis comme oqu» pouvions y aper-
cevoir quelque chose qiu avoit une apparence
de colonnes^ je résolus de. ne pas meloîaser
arrêter par quelques diAîoihés. qui pouvoÎAUt
être surmcmtéesi. . En conséquence , Pearce «4
moi ejutrânie» et iwufi glissâmes dan» la grome^
(i) iMd<À£, iî^a, t^. 44, • ' - '
c,qi,it!dt, Google
EN ABT S8I NIE. a55
(H rampant sur les geqous, Qu{ip(i poDS eûmes
pasee la première entrée , nousvEmesque cette
grotte est bien plus curieuse que l'autre. Le
passage qui mèpe à la partie la moins enfon-^
Cée est fort bien travailld. Les chapiteaux des
ColooRes qui soulieppept le plafosd sont
formés avec les eitrémiiës des pierres mise«
en travers , qui ^'appuient sur celles qui sont
debout et les dépassent. II y a en dedans trois
Combes sans ornement, appliquées à angles
droits au mur, de la grotte , àrpeu-près dans
lu direction de l'est à l'ouest , sur un pave
élevé d'environ quatre pouces au-dessus du
çqI- Celle du centre est decouverie , et la
pierre qui la recouvrait a été brisée ; les mor^
Cf anx sont pQse's sur l'une :c(es deux autres
tpmbes : cellesnci sont. entières.
Les chambres des côttissont beaucoup plus
profondes que celles dq mtliçu. N'ayant pw
nous procurer des lumières;, nous nous assuT^
rames de l'étendue totale de l'excavation, en
suivant les murs jusqu'à~ce qu'ils nous rame-
nassent à l'eqtrée. Les seules créatures vi-
vantes que nous y renconlrân:és furent des
chauve - souris. A peu de distance étoient de
grandes pierres détachf'es , déjà éqiiarrics
poui être employées dans quel(jne édilice :
ui'qiiitîdc, Google
«36 V O Y A O ï.
mais il ce nous fut pas pas^b'e de découvrir
le but de cette constniciioq. Au moment de
fjuilteroelieii, il survint un incident ridicule.
J'avois laissé monfouetdaDs la première grotte.
Tous les Ahys^ns qui m*accompagnoièut
eroyoient que je l'avois laisse dans l'autre.
Ils l'y firent oherclier par un jeune garçon.
Pendant qu'il étoil occupé de cette recherche,
je descendis moi-même dans la première et
j'en rapportai mon fouet. Il me fut imposa
sible de leur ôter de l'esprit que c'etoitCalam
Négus qui l'y avoit porté , après l'avoir enlevé
de l'autre grotte. Cette absurde anecdote fu(
souvent répétée dans la snite. Ces restes cu-
rieux d'un monument antique sont à-peu-prè»
à l'ouest' des collines situées au-dessus d'A-
dowa , dont nous avions alors la vue ; et en-
viron à un mille de l'enceinte d'Axomj oii
ttous' nous rendîmes , en descendant dans 1<^
direction du sud-ouest.
c,qi,it!dt, Google
£li ÀBTSSINIE. &37
CHAPITRE V.
Z^eacription d'Axum..' — L'obélisque f — ■
l'église , — les prêtres , — le siège des
rois, — - Inscription éthiopigue. —~ Ins-
cription grecque. ' — Etat général des
ruines. —-Jtemargues sur la description
d'Axum par Mr. Bruce. — Départ
d'Axum, — Arrivée à Adowa. — ■ F'isile
à l'ozoro Tiskai.-— Retour d Antalow.
• — Journal du capitaine Rudland, tenu
par lui pendant l'absence de Mr. Sali,
I l A. première impressïc»! que me fît l'église
d'Axum , fut de me rappeler les manoirs
gothiques de la noblesse en Angleterre, avec
lesquels elle a une ressemblance frappante.
£n nous approchant , nous passâmes devant
les ruines d'un grand nombre d'obe'lisques
renverses , dont quelques-uns n'offrent rien
qui indique qu'autrefois ils aient été embellis
d'aucun ornement de sculpture , et dont
d'autres au contraire semblent avoir e'té fort
soignés sous ce rapport. A la fin , après avoir
passé un grand réservoir sur notre gauche ,
c,qi,it!dt, Google
a38 V o V A ^ E
nous eûmes beaucoup de plttlsir à vob* tdl
obélisque enoor« dresse sur Ba base , que
nous Bvott Cacli^ jusques-là le feuillage d'un
grand darou. C'est sans aucvrn doute celui
dont parle Poncet , et que Brdce a décrit et
dessiné depuis. 11 a enrii-on quatre-vingts
pieds de haut ; il est fait d'un seul bloc de
granit , sculpté avec soin , ei les proportions
an sont trés-belles^ Mon attention demeura
long-temps fixée sur ce monument aussi beau
qu'extraordinaire , dont lé dessin, tel que l'a
donné le dernier des deul voyageurs que je
Viens de citer, ne peut donner aucune idée.
Il est difficile d'imaginer quels moyens durent
être mis en œuvre pour dresser cette lourde
masse de granit. L'etonnement , produit par
un ouvrage de cette nature , est accru , par le
souvenir de l'état auquel l'Abyssinie se trouve
réduite. Un peu au-dessous de cet obélisque ,
qui seul a bravé les injures dn temps , et quï
paroit si parfait qti'on le croiroit élevé tout
récemment , nous nous trouvâmes en face de
l'église , que Bruce a mal à propos dépréciée.
Si on la compare aux autres églises du Tigré ,
on trouve qu'il n'y en a aucune qui ta vaille j
pour la grandeur, la richesse et la sainteté' ,
à l'exception de celle de ChéKcut. Les prêtres
Uiq mode, Google
E3Ï AfiYSStNIfi. oSg
Airent^'abord beaucoupde répugnance ànous
«D accorder t'entrêe. Mais enGn te nom et l'ao-
lorite -du Ras ^es y détermina. Nous sûmes
ensuite que l'unique motif de leur résistance,
e'ioit qu'ils n'aboient pu préparer pourliotre
réception toutes les belles choses qu'ils pos-
sèdent. Ce qui frappe d'àbord à l'extérieur ,
est la hauteur de l'église , qui ne peut êtrd
moindre de quarante pieds. La colonnade de
la face est soutenue par quatre piliers massifs ,
de forme carrée et d^environ cinq pieds dû
côté, composésde petites pierreset recouvert
de plâtre. Quand nous demandâmes h vcùr
l'intérieur de l'édifice , la porte du foijd s'ou-
vrit, et nous entendîmes chanter dans un
appartement éloigné de noua ; ensuite quel"
ques prêtres s'avancèrenten récitant des prières
et brûlant de l'encens. Tous les livres, tous
les trésors de l'église fnrent mis sous nos yeux.
Les livres sont d'un très - grand format , et
couveris de dorures et de figures en rebef.
Quant aux trésors , ils ressemblent tellement
i ceux de Chéli'out , que ce n'est pas ta peine
de les décrire.
- J'appris par les livres , que la première
église cbrétieniie fut fondée à Âxtim , il y a
OUM cent quarante ans , à la même époque
c,qi,it!dt, Google
a4o T o T A e c
oii fut foDclee celle d'Abrahasuba; et qu'elle
fut détruite par Mahomet Cragné ea iSaS..
L'église actuelle a été bâtie par le Sultaa Ayto
Fasil, fila d'Ayto Sociaios, en 1667.
Le'*soir j'eus la visite du chef des prêtres ,
ainsi que des autres , qui vinrent avec leurs
livres, pour s'nssurer de mes cooDoissances.
t^laùve» à l'écriture. Quoiqu'elles ne ftusent
pas fort grandes , elles sulfireul heureusement
pour me mettre en état de répondre à leurs'
questions, ou de les éluder, ensorte que je
m'atûrai de leur part beaucoup d'estime. Le-
grand prêtre me baisa la main avec transport ,
à cause de la grande connoissance que j'avois
des livres sacres ; je saisis, l'occasion de lui
présenter, avant la fin de sa viûte une pièce de-
satin rouge pour son église , voyant bien que ,
pour obtenir quelques informations, il falloit
. employer des moyens de ce genre. Les prêtres
furent fort satisfaits de ce préseut , mais ils me
demandèrent d'attendre au lendemain matin,
afin de le faire en public à l'église. L'établis-
sèment du clergé en ce lieu me semble beau-
coup plus considérable que je ne l'ai vu
ailleurs en Âbyseinie , excepté à Chélicut.
Celte dernière église étant celle que le Ras
favorbe le plus , et se trouvant située tout
près
Uiq mode, Cookie
Bit ABYSSINIÉi j41
Jtrès de sa résidence , né peut manquer d'être,
en conséquence, plus soignée el plus énnchîe^
aussi long- temps qu'il aura en main le pouvoir.
Aïum toutefois bst fort respecté , comm^
ayant été pendant tant de siècles le siège d^
r«tnpire j el le cbef des prêtres s'y envisage
comme ayant itn rang fort supérieur à celui
de toutes les église s, situées à l'est du Tacaz2a->
Métpe i octuelletQent , dans les grandes oo-;
«asions , Comme après ube victoire , le Raa
juge nécessaire de venir y faire ses dévotions,
pour se rendre favorable le clergé , dont
l'ipQuence continue d'être très-grande,
L'habillement des prêtres diifère, à quelque4
égards, de celui de tous les autres ordres àç
personnes; ils portent sur la peau une chemisa
de toile blancbe , qui leur couvre tout la
corps jusqu'aux genoux , outre le large man-
teau , et les pantalons serrés , qui constituent
i'babillemeni ordinaire des Abyssins. Ils s'en-
tourent la tête avec grâce d'un fin cbâl de
coton , en laissant le haut àk la tête détipu-
vert ; celte différeDce dans leur, habillement
leur donne un air fort respectable ; et autant
que j'ai pii le savoir', leur conduite et leati
Inwurs le sont éjjalement
Tom. I, iri
jq mode, Google
i4ft V o V A G Ë
Septembre i>j. J'allai à l'eglisô de trèfrliâiibd
)ieur«; j'y fus reçu par les prêtres avec beau-"
Coup d'égards , et sur ma demande, Us m'ad-
mireat dans la partie la plus intéiîeure de.
t'edifice. Le corps entier de l'église consiste
-en quatre salles ; le sol etoit couvert de beaux
^ipis. Quand je pre'sentai la pièce de satin ,
en me pria de me mettre à genoux, le visage
tourne' contre terre } je restai dans ceue pos-
ture environ deux minutes, pendant lesquelles
le grand prêtre re'citd sur moi une prière •
cette oërémonie étUit achevée , je fus con-^
duit à quelques marches carrées de granit ,
qui se trouvent au sdmmét de l'e'difice. Le
toit est plat , recouvert de moiiier et de stuC ,
et entoura d'ornemens gothiques ; nous y
Inesnrâmes la grandeur, de iVglise et trou^
ïâmes qu'elle «voit cent onze pieds en lon-
gueur, et cinquante-un en largeur .U^e ce Heit
élevé, on se fait une idée juste de la situation
des obélisques et des réservoirs ; c'est pour-
voi fea fis une esquisse (l).
, ■>* li ' l .'-i ■* " i ■ ■ ■' - I ■ U i.*..^
(i) L'aateiu ajoule «{ue celte esquisse est donitée
parmi ses grands dessltiB. On De trouve eu efTel
dans l'oavrage que le plan des ruiaes d'Axum. Du
reste on a publié d'autre dessins d« Mr. Sali relaiib
i ce mitan v9f«ge< 7>. \
uiq mode, Google
EN ABTsatNIE. 343'
6« là ob me mena voir deux murs revêtus
de pierres , à quelque distance de l'e'glise , ■•
et une petite enceinte caniée eniourée de
colonnes. Dans l'intérieur de cette enceinte
est un' siège où les Rois étoient dans l'usag4
de se faire couronner. On peut en Yoir la
pince dans le plan à la lettre B , et le dessin
à la planche lY. Dans cette enceiuie , derrière
le siège des Rois , il y a d'autres ruines
eparses çà et là ; mais aucune , après un
examen attentif et répété , ne m'oflnt la
moindre apparence d'inscription ; -si ce n'est
deux courtes lignes en caractères ethiopicgues,
dont on peut voir la copie exacte à la plandie V.
Dans les deux dernières lignes , )'ai donné
l'inscription éthiopiijue , comme je crois
qu'elle devroit être rétablie.
Le caractère marqué l , n'existe pas dans
l'original ; mais il me semble difficile de
douter qu^l n'y ail été ^ parce qu'avec les
caractères marqués s et 3 , il forme le mot
j^bouna, ou grand prêtre.
Les caractères 4, 5, 6, forment, selon
ma conjecture , le nom de Dawit ou David.
Les caractères 7) S» 9i exigent pour faire
un sens de grandes altératioos. En leur
Liq ni™ c, Google
A44! Voyagé
donnai)^ la forme que j'ai adoptée , Uë se
lîroient Gay-Za , ou enlevé (i).
Les caractèr^p lO, il , sont très-claii's'i
mais une partie du l a semble avoir ft'lé effacée.
Rétabli , comme je l'ai fait , ils se liraient
Ja'-ha-wa , ou , Jcs a mis en pièces.
Les caractères i3 , i4 ^ sont Zy-ja,
ou ici.
Les caractères i5, 16, 17, sont Ha-Èa-ba^
ou , il a cru au-dedans de lui-même.
Les caractères i8j 19, 30, ai', sont A-ga"
si-y , ou le Seigneuri
Les quatre derniers cai^ctères n'offrent
auouD sens satisfaisant. Il peut s'y être glisse'
quelque erreur d'écriture , aussi bien que
dans les précédens j car toute l'inscripùod
est très-grossièrement gravée. Mais on peut
conjecturer le sens de. la fin par le com-
mencement , et traduire le tout aio^ :
« L' Abonna David a enlevé et mis en pièces
7t ici. 11 a cru aU dedans de lui-même , que
» le Seigneur trouvoit bon <|u'il en usât
» ainsi. » S celle iuterpréiation est juste ,
èllê explique d'une mmiîère satisfaisante la
destruction du temple et des oliélisqucs ■
' {t) Rtmovedi filtéralement icOrU^
, U,ql,lt!dc,C00^IC
EN ABY88IN1E. a45
mais je sens irop qu'elle est mon ignorance
de la langue originale ^ pour oFTiir ceci au-
trement que comme une simple oonjeclure.
J'esquissai, avec l'aide de Poarce , toutes
celles de ces ruines qui me parurent oETrir
quelque chose de remarquable. Je pris aussi
une vue de l'église ©n fuoe. De là mon attea-'
tien se dirigea sur une pierre placée debout,
à un dedii-mille de l'cgKse , au nord-est ,
lur laquelle on me dit qu'il y avoit quelques^
caractères anciens. A mesure qn&j'approclioîs^
ma curiosité' étoit si vivement excilcc , que-
j'avois peine à m'empêclier do courir; Ce-
pendant , eu examinant le côte qui s'oiFnt »
pioi le premier, mon attente fut fort déçue,
n'y ayant aperçu que qu^ques légères traces
de caractères inconnus. Mais it l'aspect du
côté opposé , je fus Iiien dédommage. Ce-
côté e'toit couvert de caractères grecs , bien
profondément gravés daus la pierre , cllaque^
lettre ayant deux pouces de longûeiu-. L»
eonsenalion deceiteinsciijïtioB dans un état
si parfait est due en grande partie à une cîr-.
constance heureuse , produite par la oatur»
même du terrain ; elle est inclinée du- côté
du nord , ce qiû a mb celle face de la pierre
çttiiçremept ù i'ïUri de la pluie. Ce çiQtia-i
uiq mode, Google
»46 V Q Y A © E
méat a environ huit pteds en hauteur , trctù
et demi eu largeur , et un pied d'épaisseur.
Comme il se faisoit tard, je revins déjeuner.
Je fus ensuite retenu quelque temps par lesi
prêtres, qui m'apportèrent un livre sur lea
gueiTes du Ras Wetléta Selusse. Je reviqs
ensuite à l'inscription avec Pearoe. Mon pre-
mier soin fut de blanchir les lettres avec de
la craie Uaqche ; je me mis ensuite à les co-
pier sur le papier , et enBn je corrigeû ma
copie , en y revenaiit à uqe seconde reprise.
Nous avions passé plusieurs heures à oe tra-i
vail, et nous n'avions pas à moitié fait , quand
la pluie vint nous forcer à Iç suspendre. J'em-i
ployai la soirée à eitr^re des livres d'^xum,
une notice aussi exacte que je pus le fîûre ,
du Ras Michel ; de sa rébellion, dans te Tigré
contre l'Empereur Yasous ; du siège qu'î)
soutint sur la montagne de Sumayut ; de su
ïouniis^on' subséquente et du pardon qu'il
obtint, mais ^ue l'Empereur eut peine à lui
accorder; détails qui ooofirment tous le récit
des marnes événemens que Bruce a consigné
dans ses Voyages.
■ Un incident, arrivé oe jour , n'a par lui--
même aiieune nnpoiiance ; çt cepepdapt je
erois devoir le rapporter ici, parce qu'il peut
Uiq mode, Google
EN ABYS»I»iat ^i^
donner quelque idée du poîm où en est ce
peuple relativement aux lumières et à la cul-
ture de l'esprit. J'elois assis, seul auprès dn
(eu, lorsqu'un homme gro&^er et incivil, pnv^
fitaut de l'ahsenee dç mes gens , vint effron-'
lémeiit retirer du feu les tranolies de boîs
allumées et les enlever. En vain je lui signifiai
ù plusieurs reprises de cesser ce manège. A la
&a , blesse d& son insolence , et voplant ei^
^r d'un seul cpup , je lui jetai à la tête la
bouteille, qui étoit sur m^ table à côte' de
IQoi. L'homme n'en fut pas atteint; mais il
s'eufuit rempli de frayeur et poussant des cris
effroyables, quiattirèrenlsuc-Je-ohampGue'bra
Selassé et d!autres. Quapd ils surent oe- qui'
s'étoit passé , ils clierohèrent la bouteille; et
il leur grand etopnement^ ils virei^t qu'elle ne-
s'étoit point cassée (sans doute à oaitsede sa
forme ronde et de sa legerçté )., \h la tour^
lièrent et retourpèreqt dans tous les sens , en
exprimant leur surprise. Dès lors c'est raj© des
fnecdoteçà mon sujet, qu^s ont le- plus grand
plaifûr à raconter ; disant qu'un tel homme na
peut jamais manquer d'armes ; cODclusion qt>^
«omme on peut croire , je nV point eu à oixm
dç démentir;
uigiii^dt, Google
j48 '. V O Y A • H
Septembre )8. Je me levai de bon mailo ^
et je me hâtai de reiourper à l'insci'ipiioD,
Quand j'eus coitipléte et corrige avee la
plus grande attention la oopie de oliaque
lettre visible, nous commençâmes à creuser
la ter-re , pour découvrir la partie qu'elle re-
couvroil. Nous fûmes assez heureux pour eu
enlever environ un pied et demi, sans foir»
tomber la pierre sur notre téie ; et nous nous
trouvâmes enfin parvenus , à ce qu'il m*
parut , à la 6n de IHnsoriptioi^. Cela fait ,
j'allai travailler au dessin de I'obélîs(|ue qiH
est encore sur pied ( Voyez L dans le Plan),
Je le irouviù fort différent de la figure que
Bruee en a donnée. Les ornemens, qu'il a
bien voulu appeler des triglyplies, des laé-r
topes, des gouttes {gutioe) ne sont point
irrégulièrement disposés, mais au oontrair«
de la maiùère la plus régulière comme on 1« '
voit dans la figure , Planche YJ. Je suis actuel-r
lement convaincu , que toute la prétendue
h<|i]>i)et^ de Bruce d«ps le dessin ne mérite
^ueune oonfiance. L'eiemple actuel est lui^
preuve de aop peu de véracité et de s^ rarç
fiss,urance; puisqu'il 9 domié comme une élé-
vation géométrique , et dans le but de reo.-
ÙfiçJ* dVutr^ dçscripùot^, un dessii^ ^ussi
c,qi,it!dt, Google
EN ABYSSINTB. 84^
faux de ce monument. Les plus larges faces
de Pobëlisque sont tournées au nord et au
£ud. Celle du sud est la seule tpû offre des
sculptures. Parmi les obelisfjues renversés , il
y en a ui) plus grand que celui ïà , dont les
omemeiis ne sont point les mêmes , et qui en
diffère en outre , en ce qu^il a dû être sculpte
des deox côt«is, pu du moins du côlé opposa
à celui de Fobelisque qui est actuellement
debout. C'est sans doute un monument fort
respectable ; mais qui peut juger de son an-
tiquittj? La llicone de Biiice A ce su|et est
si peu appuyc^c sur Içs faits, qu'elle mérite
peu de conOnnoe.
Après avoir achève mon dessin , j'allai
an sommet de la colline k l'est , dans l'espe'-
rance de trouver encore quelques ruines. Il .
y aune espèce de double entrée, creusée dans
le roc sur le côte occidental de cette colline ;
et sur le càiç seplentrïonal , spnt des marches
qui mènent au sommet : mais 9a sommet
)nême , il n'y a pas la moindre apparence
d'aucun ouvrage de l'uDtif|tiir(Y. Toutefois
ma peine ne fut pas tout-à-fait perdue ; car
je pris des points de vue des objets prin-
cipaux , et je complétai ainsi l'Idée que je
fherchois fi nie faire de la situation d'Axum,
Uiq mode, Google
)5& T O T A « K
La vîlle d'Axum «st àiuéeà l'ouverture d'uB
•afoDcemeot (yyy sur le plan , Planche Vil)
formé par Oeux oollines à rextrémité N. O^
d'uoe valle'e spacieuse (^) , dont le soi est
très-ferlile , et semé de morceaux de talo-
et d'agates. Au uvd de la plaine est l'e'glis^
d'Abba Lucatius , sur ^ae oolliue élevée ^
doEit le sommet est couvert d'arbres. A^
Xi. E. ^t l'église d'Abba Faptaléoo , bâtie
fur I9 poÎDte d'un rocher du et escarpé ^
appelé MautilUs. Au S, £. sopt les bautç^
collines d'Adowa ; et au S- O, le ootiren^
ou l'e'glîse de Técla Hamaiaout. Le cbeinut
d'Adofira (TT) va djrectemeni à ^ouQ^t à
travers la plaiqe , et tourne autour de la col-
tine qui est à l'est d'Axum. Cette c<dline.
est eq entier composée d'un granit grosâer
de couleur brune. Sur {a preqvère pente de
cette coUioe , à dem cents mètres (yards )
N. N. E- de la pierre qui porte l'inscripiioq j^
est debout un obélisque (SJ sans ornement y
d'enviroii vingt pieds de haut ; et en allant ^
l'est on en trouve quatorze autres renversés.
Le seul qui reste debout est, je pense, celui
doitt p^rle firuce au moment où il entre à.
Axum ; car la route d'Adowa passe tout aiv-
prèst Mais î'ohsçrverai à celte occasipa^ qu'il
c,qi,it!dt, Google
)a mapière dont il le décrit, on devroit le cher,
«faer au-dessus du oouvent d'Abbou ou Abba
Fiintaléop ; ce qui est impossible , puisque,
ce couvent est au sommet d'une éminence k
gauche de lu grande route. Après que l'on
9 passe' , en laissant cet obélisque à la droite ^
on trouve ime ligne de rochers très-réguliers ,
qui resseipblent \m P«li à upe murùlle gros^
^éremept construite- C'est probablement ce
quç Bruce a décrit comme une muraille de-
marbre rouge surmontée de piédcst?ls% (Voy,
y sur le plan)' Kqus ne pûmes toutefois y
apercevoir aucune trace du travail de Fart,
C'est, à ce qu'il paroît, «pe oonche régulière
de rocher formée par la nature , comme jVp
^i vu souvent aîlleu)<s , qui forme la basç
même de la colline. C'est une pierre calcaire *
qm a peu de cojisistance et dont les parties
se détachept aisément. L'inQueace de l'air ,
et les mousses (l ) , qui recouvrent ces ro-
chers, leur donnent pue couleur rougeâtre.
lueurs dimensions sont fart inégales ; ep
planteur ils ont quelquefois douze pîeds , et
quelquefois deux seolemept; ep profopdeur
dix ou cinq. Il n'y a 9P-dessus ftucune appstv
(i) Licheo»? 7>,
c,qi,it!dt, Google
flSa V O T A G »
ren'ce de piedestals. Mais un peu au Bud oa
trouve cinrj piedestals ou autels ( marques
C sur le plan), qui ont ^té manifestement
enlevés du lieu où iU avoient été placé»
pour être transportés ioi.
Le principal e'dîlioe moderne est IVglise ,
placée à rexlrémilé septentrionale de la vilïe
aciuelle , ^ qui semble occuper en partie la
place de quelqiie ancien temple. Devant ta
façade sont deux rampes d'escaliers ( O sur
le plan ) la plus basse a douze marcJies longues
de cent quatre-vingts pieds ; la plus haute en
a huit , longues de tpente-s>s pieds. Entre
les deux rampes est une espace de seize pieds.
De la msrolie la plus élevée jusqu'au porclie
de l'église, il y a trente-huit pieds. Une ligne -
de piédestals brisés (C), que l'on voit encore
au-devant de l'église, en marque la principale
entrée.
J'ai déjà dit quelle est la situation du mor-
nuQient , nommé le siège des Rois. Je n'at
rien à en dire de phis , si ce n'est que ce
siège et la pierre sur laquelle il repose sont
de granit et von de la même pierre de taille
que le reste. C'est ce qu'a bien vu Bruce ,
qui s'est altaclié à décrite avec un détail mw
Hutienx ce seul n)onutDcul, parwi tant d'ai\ti.«s^
Uiqniodc/GoOglc
feN: AB.YSSINIK. ê53
iTûines inléressantès. Du reste on n'y trouve
pas la.moindrè trace d'inscription. Je ne puis
croire cependant que ces ruinés aient éta
fort dérangées pendant le cours de ces der*
nières trente six années ; car on n'en a fait
aucun emploi , et elles sont métne comine
^ inaccessibles aux naturels du pays qui ont
les pieds nns , parce que de loUs côtés , elles
Bont entourées d'arbrisseaux à grandes épines,
dont la piqûre est plus douloureuse que celle
d'aucune antre espèce dont j'aie eu oocnsion
de faire l'épreuve. H m'est également irrtpos-'
sîble d'inia<>iner qu'une inscription, quiauroit
k'ésistéù tant de siècles, eût complètement dis*
paru dans le cours d'une période aussi courte^
Bans laisser d'elle aiicune espèce de trace. Je
pense donc que l'inscription de Brtice est
«ne pure fiction. Dans l'enceinte intérieure j
Bur un chemin pavé qui mène à la rampé
d'escaliers eu face de l'église , est une pîerr*
brisée -, sur laquelle sont représentées àea%
piques , l'une barbée et l'autre non , pareille*
à celles qui sont actuellement en usage.
Tous les monumens qui entourent l'église
forment un groupe, et faisoient probablement
partie "TTuu seul grand édifice ; mais il est
imposùbte d'en concevoir le plan, parce qut
Uiq mode, Google
a54 VOYAIS
Us maisons de la ville modemé cotivreiit i»
terrain au sud et à l'ouest de FëgUse. Touteà
les îoformaiions que j'ai pu me procurer à
Axum touchant Thistoire de ces ruines, ni*ont
été' fournies parles prêtres; ils m'ont apprisi
sur rautorite de leurs livres , que tous leui4
Bnciens nionumens et leurs obélisques , qui
étoient originairement au nombre de ciu'*
quaate-cinq , dont quatre de la grandeur de
«elui qui «st debout , ont ét^ construits paf
Ethiopuâ , le père de l'Âbyssinie , il y a en-*
Viron mille cinq cent quarante -quaire ans.
Ils m'ont dit encore , et ceci me'rile proba-
blement plus de cooEance , que le ^and
réservoir qui foumtssoit autrefois de l'eau à
toutes les maisons de la ville, a ëte construit
sous le règne d'Isaac roi d'Abyssînie , par
. l'Abouna Samuel , mort à Âxum , il y a
trois cent quatre - vingt - douze ans , et
enseveli sous le grand darou , qui om-
brage encore le voisinage de l'église ; que
ilans l'année 10.70 , une femme , nommée
Gadit , qui jouissoit d'une grande autorité
étant venue de l'Ambara , détruisit, par des
motifs superstitieux , ces monumens de l'ao'^
tiquitc , autant qu'elle put le faire ^ qu'elle
renversa les obélisques , brisa tes autels , et
c,qi,it!dt, Google
■tes jB-vssiNiE. a55
couvrit le terrain de ruîbes. Ce tébh n'est
point improbable , tar on voit les traces d'une
grande force^employée pour briser ces autels,
et pour les enlever de leur places : l'ins-
cripÙDu etliiopique pourroît toutefois faii'C
sonpçonn&r que cet événement eut lieu sous
i'Abouoa David.
D'après la description <jiië je viens de faire
d'Axum , il paroît que celle de Bruce ( oit
îl est question d'une montagne de marbre
rouge % d'une muraille faite de ce marbre et
liaute de cinq pieds , avec cent trente - trois
piédestals > sUf lesquels étoient des statues
colossales de la canicule , desquelles deut
seulement subùstent ; et d'une route taillée
-«ntre la muraille et la montagne ; ) contient
des assertions contraires auxfaîtS) et d'autres
si prodigieusement exagérées, qu'elles rendent
le te'nioignage de ce voyageur fort suspect. Il
me paroît que rien n'a puVengager àliasarder
des assertions si dénuées de tout fondement ,
si ce n'est la pensée , que personne n'oseroit
Affronter les difficultés de ce voyage^ qu'il
Avoit présentées avec tant d'exagération ;
puisqu'il ëtoît évidetit , que le premier Eu-
ropéen , qui l'eiitreprendroit , ne manqueroît
pas de le réfuter.
c,qi,it!dt, Google
a56 V o Y A G È
II est «ngTilîcr que ce voyageur D*ait poiiik
Va l'ioscriplion que j'ai décrite , qui se trouve
tout près (le la roule par laquelle il a passé ^
ou qu'il u'eii ait point eutendu parler j il est
Vrai qu'elle est cachée derrière une peùtfl
émioence , et qu'il est possible que son attea-
tioQ ait été détourne'e par l'obélisque place
Il droite ; il faut remarquer en outre , que
ce qu'il dit de l'église et des prêtres donn*
lieu de croire qu'il n'eut avec eus aucune
communication ; or il n'y avoil qu'eux , qiû
pussent lui donner quelqu'infbrmaUon sur ce
sujet. . En ce cas ^ il fut puui de les avoir
négligés , par l'ignorance où il resta à l'égard
du nioniiment le plus pre'oieux qu'offre cette
vaste enceinte.
JLa classe ÎDrériêurê des liaUitnns d^Âxum
semble plus impolie envers les étrangers , et
moins dépendante dé 1 autorité , qu'anoune
autre que nous eussions eu lieu d observer
dans notre excursion j ensorte qu'il n'cioit
pas aise' de prévenir des disputes séiieusesi
Ibrahim , notre jeune domestique, saisit ui^
homme plus fort que lui qui s'étoit rendu
fort incommode , et l'ayant pris par son vête-
ment, il le conduisit jusqu'au toit de l'églisQ
au moment où nous y étions. Là, il le livra
c,qi,it!dt, Google
k nos guides. Aprèà avoir niënaoe l'agrtesseur
de la colère du Ras, nous nous delertnidâmès,
sur la demande du grand prêtre , à renv&yef
cet. bomm^ sans te punin Cetie coutume, de
saisir par son vêieioent celui qui se reiïd cour
pable de quelqu'offerise où de quelque délit»
est fort ge'nérale ; dès que quelqu'un est atta-'
que j ses premier^ efforts tendent à s'emparer
de riiabilleineat de son adversaire ^'dprès
s'en être assuré^ il l'attaché au sien, et rien
ne peut l'engager à s'en séparer -, jiisqu'à ce
qu'il trouve quelque supérieur à qui il puissâ
r'ehiettrë la deoiûon de l'affaire. Ce qui est
ÛDguIier ; e'est que le larron qui . a pris xmé
chose d'iine valeur peut-^étre double de son
}isJ)tllement ^ ne cberche point à s'échapper
en lâchant celui-ci', à cause de la honte att»'
chée à det accident;
Nous observâmes Ici uiie manière duré de
<K>ntenir le enfans. Un petit garçoti , appar-*
teiKibt à Nelirida Aram, avoit à ses jaibbeâ
de grands anneaux ou menottes de fèr , en
punition de quelque Espièglerie dont il fi'e'toit
rendu coupable. .
Un jeune bcefitf mé (ut èrtvoye par le
. Aiattre de la maison oit je logeeiïj qui est
frère de Nebrida Ar^m. Le pain e^le bouzft
Tom. J, 17
Uiq mode, Google
S58 VOYAGE
tn'etoieDt fourai», deui fois le yovtt^ p'st MM
fille au Ru Michel y appelée Âmbali Ozoro
Tuckai. Je a*8U8 cepeadsot [As le plaisir de
la Toir. Comme Dons restâmes k Àxum un
jour de plus i]ue nous n'avions compté , nous
eûmes quelque peine à nous y procurer les
vivres nécessaires. Notre guide qui , partout
où il altoît étoit entouré de respect , parce
qu'il etoit an service immédiat du Ras , im^
posa cette taxe à notre «tm le prêtre, tj»{
se regarda comme amplement indemnisé par
le présent -que je lui fis d'une pièce de mour
nline et d'une petite croix de cornaline. C'é-*
toit aU vrai reounnokre foiblement l'estréme
f»)mplaisance avec laquelle il nous avoit ae-
cueillis. 11 tomba le soir beaucoup de jJuîe)
accompagnée d'écloirsi
SeptenAre ig. Pendent que nos gens fap*
ioient préparer les mulets , je retournai à
^inscription avec Pearce ) et je la copiai tme
seconde fois avec le plus grand soin et la
{Jus glande atteniioD. La matinée e'toit »n'
gulièrement favorable pour en voir distinct
tement toutes les parties. Je me flattois qu'en
comparant cette copie avec celle du jourpré'
«edentt'j'y trouveroislûeapeu de difiî^reuce)
Uiq mode, Cookie
ËK ABYBSIKIX;. 269
et; c'est ce qui arrivo en effet. Tout au moins'
}'eus le sentiment de n'avoir rien négligé pour
prévenir les causes d'erreur. Partout où je
trouvai une lettre douteuse , ou effacée , je
la marquai comme telle ; et partout où il y
avoit une apparence de date , je pris la pre'-
caution de relever les caractères à poct sur une
plus grande échelle. J'eus encore une occa-
sion de comparer ma copie à l'inscription ^
et d'ajouter au bas quelques lettres qui m'a-
voient échappé. Cette occasion s'offrit à moi ,
quand je passai par Axum en allant k Mas-
sowa. Je donneraî une copie figurée de ce
monument lorsque j'en viendrai à cette partie
de mon voyage (1).
Guébra Sélassé et nos mulets nous ayant
'rejoints , nous traversâmes la grande plaine
pendant ebviron cinq milles ; nous descen-
dîmes ensuite, à travers une got^e , par uil
cbemin fort âpre , le long d'un ruisseau , jus*
qu'au pied de la Colline , sur laquelle est l'é-
(1) On trouve en efiel dans l'otiginal cette copie
figurée, dont aous noiu coDienterons de donner le
texte transcrit ridëlement en caracttrea ordioairea.
Ceux de l'inscription sont en général si nets, qua
l'écriture donne fort rarement prise au'doute* TV.
Uiq mode, Google
l6o V O T A G i
glise de Haonèa. Cest là que , le' l6 dn
mois dernier , noiis avions , quitté la route
directe , pour viâter Càlam Nëgus.
En traversant la plaine , qui conduit à
Adowa, nous rencontrâmes un pauvre homrtae,
à qui l'on bvoit volé son blé , et que l'on «voit
battu. Il avoit coliru après le voleur et l'avoit
pris par son vêtement. Quand il vit Guébra
Selassé , il amena le coupable auprès de lui.
Guebra Selassé prit le couteau (jambea) de
cëlui-ci, et le força de le suivre à Adow^a*
A notre armée en celte ville, nous appiîmes
que Nébrida Aram venoit de partir pour Aa-
talovir, après avoir attendu jusqu'à ce jotir
mon retour d'Axum. On. nous dit qu^J éloit
accompagné de deux cepts soldats armés de
fu^s à mèche , et de deux mille lanciers.
Le chef musulman me fit amener deux
moutons , avec trois grandes jarres de maiïe ,
du pain , etc. Dans l'après-midi j'eus une lon^
gue vi«te d'une ozoro , ou princesse , da
trente ans passés, qui , poilr ime Abyssinienne,
pouvoit passer pour blanche , et qui avoît
beaucoup d'embonpoint. J'eus aussi un fties-
sage poli de l'ozoro Tishai, par ler|uel elle me
demandoit de venir chez elle le soir , disant
qu'elle étoit très-impatiente de me voir. A
Uiq mode, Cookie
EN iBYSSINIE, flSl
ÎTieure iodiquée , il survînt la plas furieuse
tempête dont j'aie conserve le souvenir. Les
^claies etoient très-vifs , le touneire grondoït
*ur nqs têtçs avec des roulemens pareils au
bruit d« canon. L'orage dura peu. Dès qu'il
fut passé , sachant que j'êtois attendu , je me-,
rendis chez l'ozoro Tisfeai. 11 (aisoit une
nuit poire , et il me fallut traverser tant de
passages et de ruelles, que je ne pus me
faire aucune idée de l'endroit de lo ville où '
«a maison étoit située. Nous y parvînmes
enfin ; je fue introduit auprès delà praicesse-,
qui m'atlendoît au miliea d'upe nombreuse
compagnie de ses amies et des femmes de
«a suite. Elle ëtût assise veve h haut bout
de la chambre , sur un sofa élegaQl , placé
dans une espèce d'alcôve , dont le rideau
«toit tout-àr^faît soulevé. Elle avoit le- bas
du vbage couvert (l,), Je- fis un dessin^ de.
l'Oeoro , qui peut donner une idé^ juste du
costume des femmes de son rang , quoiqu'il
ne ressemble nullemettt aux figures de fan-r
taisie que la dernière édition de Bruc^ donne
poiu- des princesses d'Âbyssinie. Elle me fit
(i) La (îgure (ait voir que Iç bas dn viisage éti>k
c,qi,it!dt, Google
fl6» T O T A 6 s
la réception la plus gracieuse ; et cette visite
.me fut aussi agréable qu'elle pouvoit l'être ,
prive', comme je Tétots, de mon interprêle,
qu'une indisposition avoit empêche de m'ac-
conipagner. Ce qui nous manquoit pour la
conversation fut suppléé par le badÎQage , les
e'dlâls de rire , et le niaîze ; car l'Ozoro ue
cessent de nous presser de boire , sai^s jamais
manquer de oous faire raison. £Ile n'éloit
• pas d'une aussi e'datante beauté , que les
princesses de Bruce, son teint étant d'une
couleur fort sombre ; mûs ses manière
e'toient très-agréables.
Septembre ^o. Je voulois me procurer ici ,
pour lord Valentia , quelques arlicles , que je
craîgnois fort de ne pas trouver à Antalow.
Je me déterminai donc à passer us jour de
plus à Adowa. Si j'en jugeais par le prix des
achats qT^ je fis , je devrois croire que tout
est ici d'une olierté excessive ; mais je croia
plutôt que te canal par lequel se faisfuent
les empiètes les penchërissoit beaucoup ; car
mon guide étoit la seule personne que je
pusse y employer , et il n'y. a pas de doute
qu'il qe s'indemnisât de sa peine.
Je fis, de bon matin, l'esqfùsse d'une partie
Uiq mode, Google
BN ASYSSIKIE. »$S
de ïa vïUe d'Adowa et de ses collines , pris»
de l'une de çell&s-ci, qui est en face- de la
maison du Ras. Ceite vue eo elle-même n'a
rien de remarquable , mais les effets du soleil
levant éloient fart beaux , et jetoîeot uqq-
omhi-e favorable sur les misérables habitations
qui conaposent l'ensemble de cette capitale.
Je reçus , dans la |oumée , un message do
l'ozoro Tisbai, qui me demandait de lui fairo
»ne seconde visite le soîr. Bès qu'il fut nuit
je me rendis à son invitatio». Elle me reçut
avec la m.êi33e bonté que la veille. Outre le
mai^e qu'elle nous prodigua, en naus pressant
sans cesse de boire , elle avoit fait préparer
;un souper, auquel, étant indisposé, je n&
pus prendre part. Mes deux domestiques,
Pewce et André, y firent grand bonneur.
X>'ozoro fut oe soir singulièrement curieusej,
«Ueme fit une mnltitudede questions surmoa
souverain» sur te grand seigneur qui m'avoit
envoyé, sur sas maisons, sur aoségHses, etc^
Pu reste toutes ces questions étoi^it faite*
svec beaucoup de politesse ; et il étoit très- ^
facile de vor I& différence de ses manières
et de celles de la plupart des femmes que
)*avois vues en Aby8sinie> ËUe me dit qu'elle
»vpit qui; (Mj^er de Bruce , mais qu'elle na
c,qi,it!dt, Google
p64 V O V A O E
l'avolt jamais va; qu'il éloît le grand favoi^
de l'ozoro Esthor et de l'Itéghë. £lle ajouta
qu'elle se seuioit |>our moi la même anÂli^
qu'elles avoieot eue pour lui, Quaad )e pris
congd , elle' me fil présent d'une pièce ds
toile de la plus fine miinufaoïure d'Ai^Owa ,
et me demanda que personne ne la portât
que moi. Ce fut avec beaucoup de peine
qu'elle nous vît partir ; et je fus à la 6q
oblige de rpmpre I9 visite , en faisant boir^
à mon interprète , qui avoit la tête foible ,
une plus forte ration de maize , ce qui bienU>\
)e mit hors d'état de remplir son office,
Septembre ai. Je soiiis d'Adoi^a le matin ^
|ion sfiqa regret ; car les hafaitans de celte ville
m'ont paru plus civilises que ceux des aulre$
parties de. t'Âbyssinie que j'iii visiiëes, Nous
montâmes la colline à l'est , et marchàmefi
par une rouie un peu au sud de celle par
laquelle ifous étions venus , enKinte que noiu
ne fûmes pas en vue d'Abba-Garima. A li^
dislance d'environ cinq mille^, notre route
.passait au-rdessous de la colline sur laquâU*
est le village d-Qu^bessa , dont une partie
tomboit alors en ruines , mais qui avcil élf:
précédemiiiçnt la réûdeace du vieux Ras
c,qi,it!dt, Google
SH AB¥S8INIS. 965
llflohel , après qu'il eut renonce aux àSaireSi
li'e'gUse s'appelle Téo]a Hamainout, du nom
4e ^Empereur <pie ce Ri|S favorisait. DeIJi
pouB toumâmea plusieurs coltines , jusqu'à^
TÏUage d'Ânzara , ob l'on nous ferma la porte ;
ee qui nous obligea d'aller jusqu'à Dichora,
eu nous obtlmnes une petite maison et up
^e assez oommodç pour la nuit. J^e chef du
précédent village vint à nous et fit 'sa paix ,
en nous apportant du paîq , dn bousa , du
lait et deux chèyres. Le maitre d« logis en
{ijonta une après m'avoir presse' en vain d'eq
seeevoir la valeur en ugç pièce dp toile ^n
prix d'un dollffr,
Septembre aa. Après une marche de sl^
milles, nous réprimes notre ancienne route «
à peu. près à l'endroit où nous fivious ren-
contre une pauvre femme ^vee son enfant
areugle , sourd et muet. Nous passâmes au-^
dessous dç la demeure du Bacfaa Guebra
Ë^m,'quîetoit aile à Ântalow. En traversant
là plaine, aiu-rdsssousd^Abbou'Samoel, nous
vîmes plu^eurS' oiseaux très-petits et très-?
be^i, qui dans leurs habitudes resseinblûit
assez. à.ia lipotie. Je- mis pied a, terre avec
|DO« fusil et aprè^ ^voir patiemment atteqdu,
t, Google
s66 T O T A C K
•nfia j'en tirai un. dans un buisfoa et yt le
tuai , au graQd etonnement de. ptusieuF»
«befs , qui s'étoîeot arrêtes , avec leur sihIq»
pour m'obssrver. le leur permis ^ itu leur
demande , d'examiner meta fuùl , qui encita
parmi eux une admiration géntirale. Dans I«
cours de oette JQumeeï^ je tuai «tcore cia^
oiseaux de' différentes espèces , euir'autret
deux d'un seul coup. Ceci acheva d'établir
ma réputation de^ obass^ur: parmi mes ooift*
paguoos de voyage y dont plusieurs étcûent
dos ctiefs c|a) se rendoient à Antalow pour
la revue. Fendant que nous faisions halte ^
au bord du même ruisseau rà nous nnus
étions ci-devant rafraîdiis , un vieux prêtre ,
nommé Allula Lucus , vint à moi pour m»
rendre &ea devoirs. Il avoii été précédeni-<
ment, disoit-il, en relation avec Yagoubé
à Gondar. Je le questionnai» Il me tUt quo
Bruce vivoit à Coscam; qu'il .avoit fût deux
tentatives pour visiter le !Nil ; et que la pre-
mière avoit été infructueuse. On sqppos^
qu'il y avoit été pour arrêtep la source de là
ri\ièr6 ; et comme on oroyolt qu'il pnuvoit
faire de For et détourner les eanx à son ^é ^
on l'avoit )ugé très^oapable d'exécuter, sofi
dessein. 11 nie dit encore ■ que Bruce n'avoir
c,qi,it!dt, Google
KNABT8SIMIE, âCy
{•■nuis fait la gatrr^ ; qu'il passoit le temps où
«lie se faisoit dans la maison de rAbouna;
qu'Yussuf, interprète de PAbouDR, qnejVcM
vu préoédemmeot à Adowa » avok souvent
servi d'interprète à Bruce , qui u'entendoit
bien ni le laogpge de l'Amhara , oî celui du
Tigré; mais que Bruoe avoit aussi un inter-
prète à lui , tiommé Michel; qu'il n'avoit {a-"
nais eu auouu commandement de cavalerie ;
qu'eu particulier, la cavalerie Coocob étoit
0Q ce lerapK là soui les ordres de Ihm des
•erviteurs du Sultan, dont celui qui me par^
loit ' avoit oublié le nom ; qu'uu homme >
nommé Kuara , e'toit gouverneur de Raselfil
(Bat-el^feel ) sous Netcho, dans la province
duquel Toberltin œt coalise ; et que le
même Kuara l'avoit ensuite gouvernée sertis
Ayto Corfu, qui obtint cette province à la
mort de son père; enfin, que Brace étolt
un grand favori de Te'ola Haimanout; que
(cependant il avoit eu avec lui une querelle ,
parce que le Sultan lui avcùt été son chapeau
ou son turban , ce dont Bruce témoigna son
indignation.
Le Barrambarraa Toclu sVtlant rendu jt
Antalow aveo ses troupes, nous fûmes dans
la nécessité do passer la nuit sous un petit
c,qi,it!dt, Google
b68 vota»»
tangar,' qui ne pous garaolisfoit ni de la pluie
pi du veot. lie miittre du logis pous fit pré*
fent néannioins d'un mouton , 9Teo dn p^ia
çt du bousa pour nos portMaix,
Septembre 93. Noua partîmes h la petite
pointe du jotu-; ayaqt devant nous une mar-
che longue et c|ifGcîle, Nous traversâmes la
plaipe, sur un sol inégal , et nous anivâmesi
(lu pied du défilé d^Âtl^ara. Ici la montagne
devient rapide et embarrassée de cantuSâs,,
qui , oomme les ronoes ^ déchirent tontes le&
étoffes qui y passent. En atteignant le som-i
met , noue trouTÂmes un eampement d'en*
«irOD mille hommes . divisés en déuohemens
{dus ou moins nombreux, selon lapuissanca.
de ses t^efs, }is prenoiept quelques rafraî^
chissemens aprrà . avoir gravi I9 montagne.
Ayant été invitée à partager leur repas, noue
nous assîmes sur l'herbe y nous étant mis »
^elon leur usage , à l'ombre d'une toïle sout
tenue par des piques; et iiqus nous régalâmes
de beau pain de froment çt de pois. No»
gens cependant, qni faisoient griller du m^u-c
ton , se disputèrent et peu s'en falhit qu'i)
p'y eût du sang versé. Ils tirèrent leurs cou^r
t^auz; mais les spectateurs les cpntinreiitj çt
c,qi,it!dt, Google
Courui^nt sur eMx avec leurs piques 6t lêurt
boucliers ; tous ceux qui se trouvèrent mêlés
dans l'offiiîre furent arrêtés. Guébra Séïasse
remarqua l'un des plus violens et le mit aux
fers pour le conduira devant le Ras. La
chaine ne servit qu'à attacher le coupable à
un ieune garçon ; mais telle est l'influence
de la coutume, que cçuï qiri sont èiiisi en-
chaînes ne songent point à s'échapper.
La route etoit couverte de troupes en
marche , d'àues charges de vivres ^ de che-^
■Vaux et de mulets Caporaçonne'si Ces derniers
sont toujours préférés aUx chevaux pour lâ
voyage. Ëntr'autres chefs nous vtmes ShéBka
Welléta Raphaël de Beit Coccose , près
d'Âbba Garima , qUÎ se conduisît à mon égard
avec beaucoup de politesse. 11 prit Ibrahim
en croupe sur son mulet , qui étoit fort beau j
voyant ensuite que le mien ne marchoit pas
bien, il mit pied â terre et voulut absolument
que je prisse le sien^ J'acceptai son offre d'au*-
tant plus volontiers , qu'il avdit un autre
mulet prêt pour le voyage.
A environ quatre milles de Mtichaie, je
rendis à ce chef son mulet , parce qu'il alloit
k Ântalovr par tin autre cfafttnin. Aptes avoir
essuyé une av«rs&, qui nous mouilla oompl^^
c,qi,it!dt, Google
ùfù T O Y A C E
temeot , nous gageâmes Muchaie , oii noud
passâmes la ouit. Le chef dit village me prë-
senia trois voyageurs; et ddiu sertît des vi-
vres avec tant de profusion , que je pus leur
envoyer beaucoup de pain; et donner un6
chèvre à un ami de notre guide.
Septembre a4. Nous quittâmes le village
de Mucbaie de très-bonne heure. La pre-
mière partie de la route ne nous ofirit rien
, fie remarquable. Nous passâmes par l'étroite
vallée que )'ai décrite ci-devant , et noua
parvînmes au ruisseau ^ sur les bords duquel
bous nous arrêtâmes. Nous nous baignâmes
et prtmes ensuite quelques rafreichissemens'
Je dois observer ici , que les Abyssins sont
passionnés du bain dans l'eau courante et le
prennent toutes les fois que l'occasion s'en
présente.
Nous passâmes prës de l'habitation de
Gibbé, qui etoit alors déserte et ruinée. On
nous dit que ci-devant le Ras avoit une habt-
tation à chaque station depuis Ântalow jus-
qu'à Adowa , en comptant les journées comme
les gens du pays les font, c'est-à'-dire , à peu
près doubles de celles q^e nous avions faites
nous-mêmes ; car accoutumés , comme ils le
c,qi,it!dt, Google
£M AB.ÏÏSIHI£. &';i
66til dès l'eofaDce j h un pays montueux, ils
redoutent peu les moulées et les descentes ,
i travers les défiliés , que l'on rencontre sans
cesse en Abyssinie.
Jusqu'à ce jour , je n'avois point pu com-
prendre pourquoi le Ras avoit renoncé aa
séjour d^Âdowa , oîi il a des maisons plus
jQOmbreuses, et plus spacieuses (quoique tou'
jours du niém« style) , et plus de ressources
de tout genre , qu'à Antalovr. On m'a dit
qu'une partie de ces bàlîmens appartenoit
ci-devant à Un de ses sujets , qui n'ayant pas
voulu céder ses possessions , en fut dépo^d^
et fut ensuite tué par les gens du Bas. Depuis
celte époque , on dit que l'ame du défunt
hante ces lieux. Celui qui me contoit ces,
détails ajoutoit , que le Ras y avoit été vio-
lemment battu de Quit , et quelques gens d«
BB suite massacrés par l'esprit ; que dans sa
vive alarme , il avoil rassemblé le reste de sa
suite t et étoit sorti de la ville pour n'y plus
rentrer, ayant dès-lors transporté sa capital»
dans la province d'Enderté. La terreur ré-
pandue à ce sujet s'étoit manifestée par un
petit fait propre à confirmée ce récit. Pearce
et André voulurent entrer dans ces appar-
temens, pour «hercber des hiboùS; qui y
c,qi,it!dt, Google
û'ja - y o T A o «
âvoient établi leur demeure. Lés habiiads en
coDçûreDt ude vive alarme ^ et firent tout C0
qui fut en leur pouvoir pour les eu empêcher.
Nos gens pârsislèrâDt nëaDmoias , et parcou'-
rureot tous les apparteDieos sans faire aucund
fâcheuse rencontre et sans éprouver aucune
espèce de molestatiob^
J'ai décrit ci-devant te pays de tiîbbé i
Muculla. Je n'ai rien à ajouter à ce sujet,
si ce n'est qu'ud ruisseau rapide traverse la
Vallée de Jambéla , et que nobs le repassâmes^
Un digne prêtre ^ que nous rencontrâmes sur
la route j voyageant avee sa bible y m'<)Srit
.tin excellent mulet , sur lequel il voyageoit
lui-même , poUÉ- me conduire à Anialow. Je
n'acceptai pas aoii offre , parce que je préfe'-^
rois ma selle aogloise àus selles dont en fait
iisage en Abyssinien Arrives à MuccuIIa , noui
trouvâmes que le Ràs avoit donné tous les
ordres nécessaires pour notre re'ceptioti. Eo*
tr'autres articles de botine chère , il y avoit
«bondance de maize , doiit nous étions privés
depuis notre <départ d'Adowa, ayant été obIi->
gés de nous contenter de bouza , qui est la
boisson ordinaire du paySi
Septembre a6. Je sortis « la pointe du joitf^
«t
c,qi,it!dt, Google
Ë H ABY9SÎÎCIÉ. QyB
et descendis pAr le côte' nord de la colline de
Mucculla, qui est fort roide', dans le but
de prendre une esquisse de l'église et de la
■ville (i). La situation en est belle, et. peut
servir à donner une idée des éjjlises et des
villaj^es d'Abyssinie, qui sont presque tous
bâtis sur le même plan. Au retour , nous
etious escédcs de fatigue , à cause de la dif&-
cutté de la montée ; tandis que l'babitude
rend cet exercice sï facile aux naturels t
qu'ils semblent n'y faire aucune attention.
De là , nous retournâmes à Anialow par
la mêote route par laquelle nous étions venus.
-En descendant une colline, noua eûmes k
■vue de la ville de Chélicut , que nous n'avions
pas remarquée en allant. Toute la route éloil
couverte de chefs. et de leurs troupes, quis«
rendoient à Antalovr : je fus tout occupé à ]eê
• observer. Tous les Grands se montrèrent fort
curieux de connoître tout ce qui m'apparte-
noit. J'étois fait à leurs manières, et je leur
-laissois examiner , manier même , mon fusilet
mon épée. Ils éioîent accompaj^nés d'un pa-
jent du Ras Michel, dont l'habillement etieri
manières éloieiil e'galement sauvages. 11 res~
(i) Mr. Sait ajoulc que ceLlC vue faïl [taitic de »
- ci/lteciioa de gruuds Oes^tos; 2V. '
Tom. I. 18
uiq mode, Google
3-^4 V O Y 1 O K
sembloit beaucoup aux habilâos d€ Suakém y
ayant le» cbeveux ranges d'une manière aussi
bizarre , et traversés d'une longu« aiguiUe dé
bois. 11 étoit accompagné d'une grande band«
de musiciens, de pluneurs cheraux en laisse y
et d'une troupe nombreuse. A trois heures
de l'après-midi, j'artivai à Ântalow, où )d
trouvai tous mes amis bien portaus et contens
de me revoir. Le capiuine Ruiland e'toit re-
venu la veille , après avoir passé avec le Ras
une quinzaine de jours. Pendant tout ce temps-
là il avoit tété obligé de se faire entendre par
signes, n'ayant point d'interprète et n'ayant
pu ofateùir du Ras la permission d'en faire
venir un à Aotaloiv. Je trouvai M. Carier
mcommodé. Au lieu d'aller à Bure , comme
nous- en étions convenus, il avoit e'ié, par
une équivoque des naturels , presque cons'
tamment détenu à la maison , ne pouvant que
trèa-difficilement communiquer au-dehors. II
se plaignoit, en outre , d'avoir eu une trop
petite ration de vivres, n'ayant reçu chaque
jour aVec le pain qu'un morceau dé volaille.
Il y eut cependant un peu de sa faute ; caf
en se donnant quelque peine il seroit allé
à Buré, où j'ai bien du regret qu'il n'ait pas
été, parce que je oa doute pas qu'il n'en eût
c,qi,it!dt, Google
EW ABY8SINIE. 275
rapportiï d'utiles informations. Il avoît écrit
Au capitaine Riidland ; mais la situation où
cet oflBcier se irouvoit ne lui permettoit pas
de faire ce qu'il auj-olt voulu', comme ou lt>
Verra par le journal «uivant , qu'il a tenu pen-
djint mon absence. Hamed Cbamie et nos
domestiques musulmans se plaignoient aussi
beaucoup de la manière dont ils avoient ét^
traités depuis que je les avois quittes. lia
avoient eu abondamment du pain ; mais pen-
dant tout ce temps , Us n'avoient reçus que
trois moutons. Je ne vis pas le Ras le soir de
ce jour , parce que je sus qu'il e'toït très-
faiigué d'avoir assisté aux exercices de ses
troupes.
Septembre iû. Beau temps; des vents le''
gersj des éclairs pendant la nuit.
Journal du capitains Rudland.
vi Lundi , septembre Cf. Hier après-midi,
comme je traversoisla salle, je visleRàssêul
et désoccupé. Il m'appela , et me fit dere-
chef connoître son désir que nous l'accom-
pagnassions tous à Muculla, où il alloit passer
quelques jours. Il me dit aussi qu'il partirait
uigiii^dt, Google
Û'jS V O T A G E
de très-bonne heure. Je fis pari dé cet entrée
tien à M. Sait à mon retour à la maisod. Nous
nous préparâmes eu conséquence pour ce
voyage; mais à notre grande surprise, le len-*
demain, au point du jour, nous apprîmes que
le Bas etoit parti et n'avoit laissé que trois
mulets pour nous. Ce'toit le nombre précé-
demment convenu pour M> Sait et ses deux
domestiques , qui dévoient partir en même
tems pour Ado'tt'aet Âxum. MM. Sait, Pcarce,
André et Ibrahim me quittèrent vers les sept
heures.
«.JUardi^ Septembre lù. A trois heures du
matin j'ai été e'veillé par un messager du Ras^
qui me faisoit dire de me rendre immédiate-
ment à MnCulla; qu'il y avoit des poric-^aix
prêts pour le bagage de M. Sait , qin l'avoU
laisse' en ariière en partant hier pour Antalow.
Dès qu'il fut jour, on me conduisit à la mai-
son de Manassé , frère du Ras, qui en son
absËDce commandoît pour lui. Il me donna
ses mulets, et un officier de rang pour me
servir de guide. La rouie passe par la colilae
d' Antalow , d'où je decouvrois Chélicut ; en-
suite elle traverse un ruisseau, qui coule par
cette dertiière ville> Nous arrivâmes ' \»r»
c,qi,it!dt, Google
EN ABX3SENIE. 277
midi àMuculla, sans traverser aucune vallée
intej-niedîaire.
K Mercredi, septembre 11. Eu arrivant ici
)'uî rejoint mon ami , M- Sait, que j'ai trouve
loge dans la hutte d'un prêtre , au coin de
la conr de l'église (i). Ce togemwit est aussi
misérable que paroil l'être celui à qui il appar-"
tient. Nous avonç été éveillés de bon matii)
par un serviteur du Ras, qui nous a appris
que sotn maître «toit parti pour la cbosse , mais
qu'il reviendroit l'après-midi. M, Sait s'est
determioé à se mettre çn route pour Axum;
et après avoir pris un peu de lait pour soq
déjeuner , il a quitté Muculla , avçc ses dor
pnestiques^ vers les sept boures^
» Ain^ laissç à moi-même , sans avoir an^
près de moi une seule créature à qui je pusse
dire Utt mot de manière à être entendu, je
me recouchai et m'endoimis , n'ayant presque
pas pu fermer l'œil la nuit , à cause de la vcr-
oânG de toute espèce dont ce réduit est in->
fecté,. Je croî$ que je ne m'éveillai pas avant
(1) Churcli-^yard. Cemot se prend eommunément
pour le cimetièEe, mais nous pensons qu'icîil désigna
Ûmplcwent la place yoJBine de I'ég1is«. 1r._
Uiq mode, Google
S7** ■ VOYAGE
iDÎdî ou une beure. A o« moment Guébra
Eyat , jeuue homme an service du Ras, ro'ap'»
porta du tnaize et du pain , avec du ghee
chauffé, que je ne pus pas manger. J'avoue
qu'alors, presque pour ta première Fois de ma
vie , je seniis le désagrément d'une situation
eolitoire , e'tant privé de la douceur de trouver
au moins un individu à qui je pusse me faire
entendre. Il n'etoit pas probable que le retour
du Ras améliorât ma position , à moins que ,
parmi les gens de sa suite , il ne se trouvât
quelqu'un qui sût quelques mots d'arabe.
» A quatre heures après-midi, un messager
arriva de la part du Ras , qui , à force de signes
et de gestes , me ût comprendre que le dîn^r
ëtoit prêt, et qu'on m'atteodoit. Je siùvis ce
bon messager et me rendis chez le Ras , que
je trouvai assis sur son sofa , avec tous ses
obefs autour de lui, It me fit asseoir à ses
côtés, et me donna obligeamment à manger
du poisson , du fruit , du pain et des légumes.
Quand j'eus assez mangé, U fallut le donner
à entendre au Ras par des mouvemens de tête,
des grimaces et des sourires, de peur d'être
e'touSë à force de politesses. Le maize circula
gaSment; le Ras et sa oompagnie étoient très-"
aaiméset de belle humeur.
U,ql,lt!dc,G00glC
EN ABYSStHIB. 37^
% Jeudi, septembre la. Je passai une nuit
dëploralile, au milieu des punaises , des poux
et des puces. Oit m'apporta du lait à l'heure
Orditiaire , et vers les di\ heures je fus invité à
dcic^^ne^ avec le Ras. Son frère Manassé étoit
arrivé le malin d'Autalcw , ensorte que la
eompagpie étoït nombreuse. La brinde et le
nmi/e furent libéralement distribués à tous.
Je ne mangeai point de la première , mais j©
bus trop du second ; je revins à une heure au
presl>ytère , où je passai le reste du jour sans
aucune visite.
« Vendredi f septembre i5. La quantité
de maize que je fus forcé de boire hier avoit
affecte ma tètej et la douleur m'empécba de
dormir la nuit. A quatre heures du matin je
fus éveille' par un message du Ras, qui me-
prioit de l'accompagner à une- partie de chasse.
Tout malade que j'étois, je me levai, et trou-
vai un mulet prêt ; mais le Ras étoit déjà partie
Ses gens me firent coniprendre par signes ^
que le liftu vers le(|uel il avoàt fait diriger sa
Bieute n'étoît pas éloigné. Je la suivis donc y
et fis environ quatre milles , jusqu'au village de.
Prouza j UQ peu au-delà je trouvai le Ras. Sa
«liasse cotiïîsloU ce jour là à donner desordrçiL
Uiq mode, Google
l)8o V Q Y A G B
à ses soldats , qu'il employoît à mettre de
grandes pierres au travers d'u» ruisseau, pour-
servir à la fois et d« pom ei de digue , elformer
un petit tac destine à )<i pêclie , amnsenieat
favori du Ras. Il m^ pria , quand je t'eus joint ,
de monter un cheval qu'il aime beaucoup, et
que l'on conduit toujours 4evant lui dans ces
sortes de parties. J'envisageai cette proposi-»
lion comme une marque signalée de faveur ;
et c'eu ëtoit une en elTet; car jamais per-
sonne, autre que lui, ne monte ce clieval, si
ce n'est l'eunuque Galli, favori du Ras , à qui.
iJ permet quelquefois de l'exercer en sa pré-
sence. Comme o'étoil pour le Ras un jour de
jeûne , je me trouvai assez embarrassé , élant-
parti de Muculla, sans avoir pris ma ration de
lait j mais le Ras , toujours attentif à prévemr
tous mes besoins, comprit qu'un lion repas me
feroit plaisir, et ordonna su chef d'un village
voîÙD de me préparer une volaiHe au curry.
Je suivis ce bou villageois étiez lui, où je fus
reçu par lui et par sa femme avec beaucoup-
d'égards. Un bon curry, avec du pain et du
maize , me fut servi sans délai; et mon tiô-::
tessç poussa la politesse jusqu'à vouloir me
nourrir de sa propre main. Ceux qui me réga.
loient si biett s'abstinrent de lompie eus-..
U,ql,lt!dc,C00gIC
EN ABYSSINIB. sSl
Tnêmes leur jeûne; mais comme la dame du
4ogis avoit placé à côté de moi sa fille, de
^ouze à quatorze ans , et fort jolie , je lui ren^
dois avec plaisir les politesses qn'on me faisoil »
en irempant du pain dans Je ourry et le met-
tant dans sa bouche , comme sa mère en
avoit usé à mon éyai-d. Une peau avoit cte'
préparée pour moi , sur laquelle , après I©
repas , je ' goûtai quelques momens de som-^
meil. Ensuite je rejoignis le Ras, et à quatre
heures aprèst-midi nous revînmes à Muculla,
où le dtner aous altendoit. 11 coiisistoit en
poissons, fmils et légumes. Je retournai a
piop de'tes(.al»Je quartier vei-ç les sept heures,-
K Samedi, septembre i4. Hier à dîner le
Ras me fit remarquer le chef de Buré; il éloît
?enn ici sur l'ordre du Ras en conséquenoo
d'une conversation qui avoù eu lieu entre
eetui-cï et M. Sait, dans laquelle il avoit été
convenu que M. Carter iroll à Bure sous I»
protection de Ce chef, pour examiner ce heu,
Dans la matinée, je priai le Ras de me per-
mettre de reloumer à Antalow, pour infor-
mer M. Carter de l'arrivée de ce chef, afin
qu'il n'y eût point de temps perdu ; mais c'est,
tt quoi il ne voidut pas consentir., Je deman-
Uiq mode, Cookie
>8» ▼ O T 4 O B.
diti eoBuite k lui faire passer un bUlet; m«îs je-
n'obtios point de réponse. J'aiiribuai tout
cela aux e&el4 du maize , car dûub venions de
déjeuner^ et il m'avoit paru que le Bas et
ses chefs avoient résolu de s'indemniser dft
l'abstinence de la veille.
» Je me plaignis ensuite à lui de la saleté
de mon logement, en lui montrant ma peau;
et par des giimaees et des gestes, au moyen
desquels nous commencions à nous enieodr»
assez bien , je liû <^s que je ne pouvois point
dormir, 11 ordonna sur-le-champ qu'on m»
préparât l'appartement des dames, près de la
grande salle, et je l'oooupai pendant tout ]»■
reste de mon séjour. Quaud le fias se fut ■
rafraîchi par quatre heures dç sommeil ( cou-,
tume invariable ici après le dîner ) , il m'en"
Toya un messager dons la chambre au-dçssua
de la porte d'entre'e (i). Le fias., dès que j«
vins à lui , me seooua la main d'un aïr amical ,
ei appela le chef de fiuré , avec un musulman
de sa suite , qui etoit en état d'in<eq>re'ier ce
que je dirois, partant arabe à peu près comme
je le parlois moi-même. Je parvins à dépê-'
(i) S.-tDsdouie parce qu'il u'éloil pag permis d'aile»
tiv-detà dans Vapparteniçtil des fviuuies. 3>,
ciq mode, Google
EN ABTSSINIE. «SÔ
cher quelqu'un à Anialow avec mon billet
pour M. Carter et uq ordre du Ras pour lui
procurer des mulets , et pour lui dire de se
rendre ici le lendemain matin , vu que ce lieq
•e trouvoit directement sur sa route.
■ « Dimanche^ septembre i5. Je dormis
fort bien dans mon nouvel appartement où il
y avoit assez peu de vermine , parce que le
bâtiment étant neuf, elle n'avoit pas eu le
temps de s'y accumuler. Le Ras entendit le
service divin à l'église de nuit, ou plutôt de
très-bon malin ; il en revînt à quatre heures^
\e me levai à six et je le trouvai en confé-t
rence avec le Barrambaras Guébra Amlair,
maître d'hôtel ; je bus mon lait et fis ensuite
une promenade. A mon retour je déjeunai
avec le Ras, q^i me présenta au fils de feu
ton frère Subhart , et à la fille de Dehub , un
autre de ses frères. Je fis présent à celle-ci
d'une petite lioîte et d'un miroir. Nous e&mes
un excellent repas de pieds do vache , de
gibier , d'œufs, etc. Le matze circula ^aiment
à la ronde,
» J'eus beaucoup de plaisir dans cette ma-
tinée à remarquer la bontc avec laquelle le
Ras traitoit notre ami le Baharne'gash Yasous ,
Uiq mode, Cookie
S84 T O 7 A o. s
dootieltû avoîs dit du bien tomes les fois qiii«,
l'occasion s'en étcuL preeeniee. Je crois que.
«es propos eurent leur eifei , et amenèrent
la faveur que le Ras lui fit de TadiiieUre en
sa présence à l'heure du rep«9, avec les grands
de ta première classe. Après déjeuner le Ras
se retira pour dovfnir conime à l'ordinaire. Je
ftoiiis avee mou fuàl , et tuai une paire de
perdiîx , nou sans être fort importuné par le»
liabitai». Je passai la soirée avec le Ras, qui
jouoit aux échecs avec Tocla Sangaltor. Leup
jeu diflëre plus du nôtre que nous nel'aviui»
d'abord cru ; la reine se meut on diagonale et
et ne fait qu'uu pas à la fols (i), les tours
n'eut pas 1» même force que eelles du jeu
européen , ou du moius les joueurs n'en font
pas autant d'usage ; Us ne paroisseat pas estt*
mer autant cette pièce que le chevalier. Le
souper finit à huit heures, après quoi le Ra«
m'apprit qne M. Carter seroit ici le !ende«
main niatin , et que le jour smvant il parti-r
roit hii^même pour Chélicut, de manière à
arriver le jour d'aptrès à AntaloVi
« Lundi t septemhrç^iQ, Je dirigeai le tpa^
(i) Oiify one square at a
Uiq mode, Google
EM ABYSSmiE. âSS
tin ïna promenade ordinaire du côté d'Anta^-
low, dans l'espérance de rencontrer M- Car*
ter, mais mon attente fut déçue. Je revin»
vers les neuf heures, ei à l'heure dû dîncF,
je nïe rendis chez Je Ras. Je n'avoîs pas vu ,
depuis le tnatin du jour prece'deut, le seul
homme avec qui je pusse un peu communi"
quer en mauvais ari^e ; maïs on me &t en-'
tendre avec les gestes ordinaires que le chef
de Bure étoil prêt à repartir, et que M. Carter
n'iroit point dans cette ville ; déplus, autant
que Je pus l'eniendre , le Ras devoit reloui-
ner à Cliéllcul le mercredi ou le jeutfi. Je
supposai que le chef de Buré étoit dans les
' intérêts du Naîb. En effet , -cette conjecture
expliqueroit asses bien la tournure subile que
piit cette affaire ; mais je résolus de m'en ex-
pliquer avec le Ras , dès que je pourrois faire
usai^e de ma langue. Nous soupâmes à huit
heures ; pendant le repas le Ras m'invita à
l'accompa^^uerle lendemain malin à une partît
de chasse et de pêche. »
«Mardi, septembre l'j .Mon doraesûqne ,'
Guébra Eyai, m'évei!la par l'ordre du Ras
' à trois heures et demie du matin, et me dit
qu'il m'altendott dans la salle. J« me hâtai
uigiii^dt, Google
fiSo V T A G B
de mettre mon caftan et ^tant descendu , Jç
le trouvai , entouré de cinquante esclaves,
auprès d^un bon feu. Nos mulets étoientaus^
tout prêts et tout enharnacliës dans la salle.
Nous partîmes vei-s les quatre heures ; noud
descendîmes la colline du côté de l'église ,
et avant le point du jour , nous avions déj)
fait environ quatre milles, à Pest, à travers
la vallée. Nous passâmes le village de Belli-
inacdam, dont les habitans se joignirent à
nous. Le Ras, sachant que j'étoîs dans Dia-
bitude de prendre une coupe de lait le matin,
m'en fit apporter siins me dire un seul mot>
Mais pour tout ce qui tient au boire et au
manger, nous nous entendions assez bien. Je
pris ma ration ordinaire. Le Ras croyant que
je serois bien aise d'en prendre davantage ,
ordonna, sans que je le susse, qu'on en pnt
tm pot avec nous. Les pêcheurs se séparèrent
du reste de la troupe , le Ras ayant préféré
<e jour-là le plaisir de la chasse , qui a pour
lui beaucoup d'attraits. II a une cinquantaine
de chiens d'une petite race, assez semblable
aux bassets anglois, et environ cinq cents
chasseurs. On les dispose dans les boscfuets
d'acacias qui couvrent les petites collines
d'alentour , pour faire l«ver les cerfs , Iés
c,qi,it!dt, Google
lièvres , 1-es gélînoites, les perdrix et les pin-
tatjes. Dès que le gibier est levé , comme
les oiseaux mênae s'eJoigoent peu , on le
poursuit avec les chiens et les hommes qni
en sont le plus près. En même temps on
poussé des Cris et des hurlemens, qui etFraieut
tellement le pauvre animal , qu'à l'aide de
Pinstinct subtil des chiens , On ne manqua
guères de le prendre. Notis revînmes à Mu-
culla avec six paires de perdrix ou de géli^
nottes. En revenant, j'eus occasion de mon-
trer au Ras comment les Anglois chassent ,
et je lui dis, que tout seul , j'aurois tué plu»
d'oiseaux dans la matine'e , que ses cinquante
chiens et ses cinq cents hommes. Ils n'ont
aucune idée de la possibilité de tirer au vol.
Un des chefs me demanda très-gravement si
cela se faisoit au moyen d'un charme. Je
leur cachois , autant que je le pouvois , la
«barge de mon fusil. Quand l'animal e'toit
tué , ils cherchoient la place où la balle IV
voil atteint , ne supposant pas que la charge
pût être autre chose qu'une simple balle.
» Quand nous entrâmes par la première
porte de la salle, on fit briller le couîeau
sur la gorî;e de la vache; car quand on peut
tuer l'animal en ptéseftce du Ras , non-seu-
c,qi,it!dt, Google
ii88 V o Y A a £
IcmcDt OD tcmoigoe à celui-ci plus d« tei"
pccl , mais la blinde en est réputée plus
eiqiiise. Cette fois on ne fit qu'enlever unô
partie de la peau, et l'on porta imtnédiate-
nient snr table une trancbe de cbair, esuniee
comme tni bon morceau , àont les muscles
Irembloient et palpitoient encore pendant
qu'on la dévoroit. ».
» Deux chefs parurent , dansla matine'e ,
cbarge's de fers. On les avoit amenés l'avant
veille en présence du Ras pour être juges sur
une acousatton de meurtre. L'un avoit tue
huit hommes ; et l'autre cinq. »
i> Laf^oire'e fui donnée aux échecs; ensuite
Vint le souper, pendant lequel ou lit entrer
un jeune chanteur, dont les airs et les gestes
bizarres parurent amuser le Ras, et faire grand
plaisir à toute la compagnie. Cet enfant ne
pouvoit avoir plus de huit ou neuf ans ; il
étoit arme d'une lance et d'un bouclier pro-
portionnés à su taille, et les manioil avec une
adresse e'iounante. Ses vives reparties aux
questions du Ras faisoient beaucoup lire
celui-ci. Je présume que les chansons u'é^
toient pas foit décentes. Toutefois la femme
d'un des chefs qui soupoit avec nous, n'en
paroissoit point blessçe j car elle sourioit et
pui'OÎssoit
Diq mode, Google
EN À B y B S I N I EJ 389
^aroissoit se diveiiir autsnt que personne.
» Depuis que je suis ici, lé temps d été
délicieux , et pareil à celbi du mois de mai
en Angleterre. J'ai eU aujourd'hui deux oc-
casions dé vciir , ipié ce n'est pas ici une coa-
tumé générale , de déscéudrè de cheval ôd
demiUet, en passant devant une église , etc.
» Mercredi} àeptèmhre 18; J'aî remar-
qué qné ce jour est un joiir dé jeûbe striet
pour Iks Abysàns ^ ainsi que le Vendredi.
Tout le matin , le Ras a été occupé à juger
(UfféreuteS causes; A dix lieurés , il & dîné
avec du poisson, du gliee , du fruit et diiFé-
rentes espèces de pain. Le fruit a été envoya
par l'ozord Mantwaub de CliéltdUt ; il con-
sîstoit CD citrons } plantains (ou bananes)',
limonsetraisiiissecs. J*aUai à pied dans l'après-
midi à la source d'oii l'eau est apportée à la
tIUc; elle est très-belle ; elle sort d'un rbehcr
dont la pierre ^st peu dure , et se trouve
mêlée de veinés dé mine de fer ; je crois
4]U*<cllè peut fournir un démi-muid par mî-
Auté; '
» Jeudi , Sepiehtbre 19. A mihuit mtfl]!
domestique vint me dire que le Ras vouléiîfî
Torn. t, ig
Uiqniodc, Cookie
agO VOYAGE
me voir. Je me levai en hâte et k péind
éveillé. Je trouvai le Ras avec sod Fit Aurarï,
et deux autres chefs , autour d'une petite table
près du feu , à eôté d'un souper tout prêt ,
consistant en une volaille au curry , et une
grillade de mouton. Je fus forcé de manger,
quoique je n'en eusse guère eûvie ; je bus
trois brulhes de maize et j'allai me recou-
cher ; mais le matin je m'en sentis iDCom->
mode. J'appiis que c'est l'usage de faire cette
espèce de repas de nuit le mercredi et le
vendreiU, aussitôt qu'on le peut après minuit,
parce que dans les vingt-qUatre heures qui
précédeilt on mange fort peu.
» F'e/idredi , Septembre ao. Le fta^ fut
prêt de bon matin pour entendre le service
• divin , qui se fit dans Un e'difice construit ,
seulement pour un temjis, au centre de la
vallée, h l'est de l'église, à peu près à un
mille de dislatioe. Il m'envoya un message
pour me demander de l'accompagner, ce que
je fia. En entrant , nous trouvâmes plusieurs
prêtres assemblés , formant un cercle et
chantant des psaumCs avec un tambour, ou
rtom-lom, dans Je centre. Le siège que le
iKa» occupolt iioit caché aux regards par un
Uiq mode, Cookie
tîdeau , en dedans duquel il y avôît une
Couronne d'or, ressemblent à celle cfue nous
aidions vue à Chetîcut , de l'encens , des rai-
bÎqs secs et du froment. Ou brûla l'encens ,
et on se servit du blé et des raisins en guise
de pain et de vin. Quand les prières furent
dites, et que le Ras eut lu un oliapitre de la
bible, nous nous rendîmes tous au milieu
de la plaine. Le Ras s'assit à terre , et aussi-*
tôt deuT ou trois babillemens de sâs esclaves
furent étendus et soutenus par des piques ,
de manièi'e à former un dais ; il -Tut ain<à à
l'abri des rayons du soleil , qui commençoient
à être fort ïncoiUmodes. On prépara l'échi-
quier ; et le Ras joua jusqu'à quatre heure»
de l'après-midi, après quoi nous revinmes à
Muculla, où l'on prépara le repas ordinaire
du vendredi.
« Le bon Ras n^oulilia pas que je n'avois
rien pu manger te matin avant de sortir de
la salle. En conséquence , peu après que nous
fûmes assis dans la plaine-^ il doUna ordre ,
avec beaucoup de bonté et de politesse ^
qu'un de ses chefs Ht tendre un ou deux
habillemens au-nlessus d'un curry de volaille,
qui avoit été apporté exprès pour moi , et
que ma religion ne me défendoit, pas d*
c,qi,it!dt, Google
iga V o V A & «
manger. En effet , loin de m'en faire séroptilé/
je le dévorai presqu'eh eotier; et jamais, jô
crois ) je n'ai mangé de meilleur appétit.
a Hier , )'ai vu les funérailles de la femme
d'un des principaux habitons de MucuUai
le n*di pu savoir si c'etoit la coiitnkie cons-
tante , i la mort d'une femme , qu'il n'y
eût que d'autres personnes du même sexe ^
qui pleurassent et s'e'gratîgnassent ; mais il
est sûr qu'en cette occasion, il n'y eut que
des femmes qtû manifestassent leur afflicUim^
soit par des larmes, eoit en s'enlevant la peaii
des tempes , du front et même du née j. ]a&-^
qu'à être enfin aussi écorcliées que de la
brindé. Toutes les beautés du Tigré e'toîent
CQ )our-là dans la vallée. Aussi , pendant que
le Ras foisoit sa partie d'échecs, je me dé-*
robai une ou deux fois , pour mè montrer à
toutes ces charmitptés filles , qiie ta caiiosité
attiroit jusqu'au bord de l'enceinte , d'où
elles étoienl - repoussées par les bâtons des
esclaves ; car j'étois le premier blanc qu'elles
eussent jamais eu ocoosion de voir. En ren-
trant dans le bâtiment , j'y trouvai , sans m'y
être attendu , la princesse de .MuculJa ^
l'ozoro £ndett , et trois autres dames, , appar-
tenant aux piîncipaux personnages du lieu.
Uiq mode, Google
EN A B Y S S I N I E, flgS
Elles ne parurent nullement alarme'es à ia%
vue ; tout au coatrairç , elles m'ipvîtèreDt s
(u'asseoir, çcqueielîstrèS'VO.IouMer^iL'OzorQ
eloit couYecte dç l>iJDux, et dç chaînCrS d'or et
d'argept.. Ses SQuliçra même , que portoienit
ses lilles esclave», étoieut d'argeï(t îivec des^
x:lous d'or. Toutes ces dames examÎQépeDt
fiaus auouue gène mes vétemeus et ma peau;
mais rien ne parut leur causer plus dç sur-
prise , que mes cheveux ; ce ne fut qu'après,
les ftvoîr touchés , qu'elles purent se p^rsu^der
qu'ils etoîent naturels.
» Je ne savoi« {las si le Ras approuveroit
que jç restasse avec elles ; ainsi , après leur- .
avoir touché la main , )e me retirai. Je- crois>
qu'il n'y avoit pa& moins de dis mill» perr'.
sonnes raâseœhlées ce joi» , <^iLt le« dewt
tiers étoient des fillçs çw des femmçs. Qjiao^
le Ras fut sur le point de r^aj't^ » -unç-
dépuiatiou de- prêtres fut envoyée mi battent
pour rendra 1% courijHine d'or et les ^utreft.
joyaux. Ils fiveut rapportés par les étudiaos,
'vétas d'un riche- velours , et de- kinc^ub des.
IndëSi On portoijl sur h> létç de chacun d'eui^
un parasol dç satin rouge. Toutes les femijae&
suivoiçnt la, procession , çt les phis considé-
rables d'entr'elles avoiçnt çn. m^in.sne geaujfe
U,ql,lt!dc,C00^IC
sg4 V O Y A o p
clef d'aîraÎD , de la même forme f|ue oeHes
que portent les préires. Je me retirai dans
mon appartement ïi six heures, X-e Bas ne
inat)<|Uoit iamais de (lorniir aprè$ avoir
mangé.
T> Samedi t septembre ai.^Le Ras assista
au service divin à l'éjrlise depuis quatre
lieures du matin jusqu'à nei^*. A Iiuit heures
un de nos domestiques vint d'Ântalow , aveo
un hillet de Mr. Carter , par lequel il m'in^
formait, qu'ils éioîent tous dans le hesmn de
vivres , les esclaves du ï^as^ les ayant (enus
depuis mon départ à une rqtion trop petite.
Je lis aussitôt part au Ras de ce message <
par le canal de son priocipal nourricier (l) ,
Welled Michel, pendant qu^l étoii à déjeuner,
A rinstant le Ras ordonna qu'on fit venir le
messager. Cet homme , au fait du langage du
Tigré , ei connoissant peut-rèirc! la sévérité du
Ras ausû bien que son pouvoir , ne manqua
pas de répondre à toutes^les questions qu'il
lui lit, « que tout e'toit bien ; qu'il n'y ftvojt
(l) Head feeder f'o'éloit uns doute celui cjuî por-
toit (ea morceaux k U bouclte du Ras , selàn fusage
du pays. jy.
Uiq mode, Google
EN ABY88INIE, . 105
» auoiine plainte. » Il me fut impossible , quei"
qne cliagi tn que j'éprouvasse , d'iastster sur
ce sujet. £t cependant les termes ait j'ca
étois avec le Ras me permetloient de lui
dire librement , en toute occasion , ce dont
j'etois satisfait et ce qui me faisoît de la peine,
J'uui ois désiré que Mr. Carier eût fait la leçoQ
ji son messager , avant de l'expédier.
» Après <Uner , quand je fus rentré dans
ma chambre , un esclave Galla dn Ras y entra
et ne denwnda impudemment de (|uoi se
vêlir. J'avols vu souvent cet esclave auprès
delà personne. du Ras, et j'avois vu celui-ci
entrer familièrement en conversation avec lui,'
Je I)ù dis à plusieurs reprises de s'en aller ^
que je a'av ois rien à lui donner. Enfin j'eiigeaî
qu'il sortit et je ra'armpi d'une baguette , que
je -rouvai à ma portée. A l'instant il mit la
main sur son jambea (couteau) , eomme pour
faire résistance. J'avoîs bien mon épé© près
de moi , niais je ne orus pas devoir me me-
surer avec lui sur un pied d'égalité; et j'allai'
droit au Ras, II e'toit déjà dans son baniae. et
je n*ignorois pas qti'en ce cas , c'est se rendre-
coupable de trahison qne do troubler son
sommeil. Mais sans m'arrêter à celte consi-
' dération , je me fis jour à travers V}i,)gt ou
c,qi,it!dt, Google
%qQ voyage
trente esclaves Gallas , j'enfonçai lé purda ^
et avec un mouvement violent de dépit , je
balbutiai le peu que je savoir de la lapgnc
tigre, eq m'aîdant de gestes très-intelllgililes.
Le Ras me comprit fort bien , fil chercber
le voleur, el lui fit dominer sur-Ie-ch^mp
une bastonnade si sévère , que je demanda^
moi-même sa grâce.
» Dimanche, septembre as. Je fVis éveilla
î) quatre heures du malip d'une manière inat-.
1.endue » - P'^iii' «coaiupagner. le Ras à Chélicut.
Pfous sortimes de Mucull^ domi-baure après,
{jit matûqëe eioit délicieuse. Les premiers '
fayoï^s du soleil me firent graqd plaisir , car
les doigts me foisoient niai de froid , sensation
que je p'avois pas éprouvée depuis plusieurs
aniféôs- Peu après le lever du soleil , on là .'li^
les cbieqs. XI s'epsuivit do grands oiis. Plu-
«ieui^ Qi4lQts se passèrent les jamljes sur le
t^rrai(i pofuùUeiu. On tua beaucoup dp gibier. .
JVP-prç»^ un bfiiiu CQi'f tscheté. 3e le tins en
JQue, m^if. l'aiporce ^e prit pas. J'en fus
très-fàcbé , mais je n'eus pas lieu de m'en
p.to.nnçr, parce qu'eji mon. fibsence on mu-;
nioii çQntiuuf llemçQï ipof^ fusil , ep fusant
purtiv \n 4étçjitç.«
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EN ABYSSINÎE. ?9T
» Nous arrivâmes à Chélicut Yers les neuf
heures , et assistâmes aux funérailles d'un de^
■ ser^ïieuRs du Ras. J'observai, comme pre'cé-*
denimeijt , qu'on n'y voyait pleurer que des
femmes, Je fus ensuite avec le Ras visiter
l'église, pour y voir quelques lableaux, faits
re'cemment par un prêii-e. De là , nqus assise
tAme^ au déjeuner , prepi^rç p^r la charmant^
Ozoro , et qui con^i^toit en caille , lait , ghee ,
brinde , currys dp différente espèce ; une
variété de fruits, du pain, des pois rôtis; et
en excellent maize , que l'on faisoit passer
gaiement et libéralement à tout le monde.
Une vieille poi'teusâ d'eau, qni suivpit cons-
tamment le Ras j fut introduite avec le jeune
musicien ; mais les gentillesses , auxquelles
ce pauvre Çn^iaii'- fut eti butte , ëlpient aussi
dégoûtantes à voir , qu'elles s^roieQt cho-
quantes à décrire.
» Je çroyoîs fermement que pous quitterions,
çe village Je letidemain , mais la persuasive
Ozoro engagea le Ri(S à rester encore un jour.
On servit le souper à t'qrdiàalre. Le Ras éloit
fort animé. Il me priJsenia à une sœur de
TVcla Ge'orgîs , qui a été rc(î ep' dernier lieu,
et qui vit actuellement à WftWubba. Le Ras
s'assit entra cette dame et moi sur le mèm©
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9g8 V o Y A o B
toSa , «D sorte quç je oc pus point lu! parler.
» Lundi, Sêpterphre aS. Je sortis le cnaliq
livec le Ras , croyant aller à une partie df}
chasse , parce que pous avions avec nous
ces chïem et sa suite ; mais il sff tiouva ,
qu'au lieu de hattre le gibier , ses gens furent
employés à ôter la mauvaise herbe du fro-r
ment et du teff, de chaque côte (}u ruisseau
qui coule préii de la maison de l'Ozoro.
» Cette aimable princesse cultive si bien
ses champs , qu'elle fait toujours trois récoltes
par an. Elle a soin d'y amener les eaux de
la rivière par des tranchées , qui la répondent
paiiout où il est nécessaire. Je restât une
heure à celte promenade , et je revîps ensuite
à la nuibon< C'est l'usage du Ras d'aller a
ces parties là l'estomac vide, et de se cou-
cher l'estomac pleiq. L'uqe ot l'autre de ces
habitudes diffèrent absolument des miennes,
et souvent il m'en a coûte' pour m'y prêter. »
» Je rejoignis le Rits vers les trois heureç
de l'après-midi, et à quatre je revips avec
lui dîner chez l'Ozoro. Ce dîqer ressembla
beaucoup Ji celui de la veille. J'y retron,:>i
J'ozoro Romai , sœur du devnier roi Técla
Géorgls. Je la pus v\\ç.a.x voir que la pre-
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ZN jlbyssinie, agi)
nùère fois; et pendant que le Raï parloît
aveo un cbef place vïfr-à-vU ait lui, je dis'
quelques mots à cette dame par J'organe du
principal nourricier, Elle avoii des restes de
beauté . le port qoble et la peau assez blan-
che. Elje me parut n'avoir qiie trente on
trente-cinq ans. Je lui demandai des nou-
velles de l'oeora Mantwaub , et je la priai
"de me dire pourquoi on ue la voyoit point
en public avec le-Ras, Elle repondit que.ce
n'etoit pas la volonté du Ras } que sans cela
l'Oïoro y seroit fort disposée. Cette dame est
très-aOable et parle sans aucune gêne ; en
faisant la convers^lion avec moi , elle avoit
le visage découvert. Elle est fort religieuse,
çt lit la bible deux fois le jour à 9^ cousine
Mantvvaub. Elle me demanda quelques grains
de cbopelet dans le genre des perles fausses,
Je lui promis d«-lui en envoyer d'Antalow;
mais en même temps je lui fis présent d'untj
croix, qui lui plut si fort, qu'elle mit »«
Piiân dons la. mienne. »
9 Mardi g Septembre 34, Le Ras m'a fait
appeler vers Içs, cinq heuresdu matin; peu
après nqns avons quitté Cliélicut , en snivimt
la même route que nous avions tenue en
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Poo V o Y A d a
venant àe Dixaq. Le Ras-s'^mnsoft av«c se^
chiens, peadaitt que )*a)IoU en avant, pressé
de voir Mb. Carter ; j'arriviti à Aptalo'w vçrs
les neuf heures. Quand le Ras tirrtva, nous
iûmes invites à de'jeûner avec lui ; et après.
le pepas nous nous rçtidûneç da^s notrç ^p^
parte inentt
» Mercredi, Sepietuhre a 6. Je me suis.
p^pusé dès le bon matin à transcrire sur notra
journal , les pemartjties que j'ai faîteà puidaqt
les quinze jours que j'ai été absent d'Ântalo^
avec le Ras. J'ai beaucoup regretté que ma^
ignorance de la langue m'ait empéohé da
communiquer librement «veC Kii et avec ses
chefs ; car mes observations auraient' ^e plu^
satisfaisantes. ,
» Depuis plusieurs jours les lrotq>es arri-
voieqt ici de toutes les parties des étals d)\
Ras, pour se trouver à la reVue , qui devoH
fivoir lien le. jtair suivant. Plusieurs esçr*-.
çoient eq présence du Ras , dans la place
qui est au-deva(it de sa maison. Jç le joignis
vers les dix heures. Il s'éloit placé daiis le,
véranda ( pavillon ) d'un bâtiment détacUéy
avec ses deux frères et les' autres principaux
chefs , pour vt^ç les troupes. Il y avcùi une
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m abVsSiKïëi %ài
Itiiutitucle de gens rassembl.es à cette occa-
sion ) mais la plupart oe se trouvoiëni là
qu'erf tiualîté de simples specitateurs ; Car je
ne crois pas qu il y eût p!us dé sîi ou huit
cents combattans, dont quarante ou cinquante
de Cavalerie; Toils dtdient arihés dé lances
et de boucliers j à l'exception d'un très-petit
nombre, qui portoient dés fusils à mècbe. -
Lescavaliërsgaloppoienlautuur de l'enceinte,
en maniant la lance comme lés fantassins.
Ceux-ci occupoient le centré. Ces exercices
ne me plurent pas ; ils ressémbloîent plutôt
à des postures de baladins , qu'à des évolu'^
tiens militaires: aussi, pressé dé finir mon
loiirnal avant lé retour de Mr^ Sait , que
j'avois toute raison d'attendre dans le jour ,
je me rélirai vere midij Mr. Sait arriva à
trois heures, j'eus grand plaisir à lé revoir.
On nous servit le soir notre curry dans notre
appartement , et nous nous amifssmes à nous
raconter mutuellement nos aventures. »
(Ici Ënit le journal du capitaine Rbdland);
Fin du Tome premier.
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TABLE
DÉS CHAPITRES
X^KÈTACE DO TRADUCTEUR.
Cbap. I." ARRiFéS à Massotvà. ■«•
Négociations avec le Na'ib. — •
Difficulté d^ avoir des mulets f
des chameaux , etc. pour te
voyage. -^ Préparatifs. — Pas^
sage de Mossowa à j^rhéko.
— Divers incidena en ce lieu n peg. \
Chaf. II. Départ d'Arkéko pour
Dixan. — Nombre des voya~
geurs et désignation indivi-
duelle de chacun d'eux. -^
Illerbehey.^ShilUki. — TP'éa.
— Campement des Marzotas,
^— Rencontre des mulets en-
voyés de Dixan. -^ Hamha^
mou. -^ Sadoun. -^ Le Tibo,
— Iltila. — Pif^d da Taranta.
' — Passage de cette montagne.
^-^ Arrivée à Dixan. — Séjour
dans cette ville, ....... 43
D,ql,lt!dc;G00^IC ^
1
^AfttE t)EB CHÀPlïftEB. 5o3
CnAt. ÏÏI. Départ de Dixati. — Rouie
■ ' i/« Dixan <t Abha. — Agowina.
' — ChèlicUt. — Arrivée à An-
tahw. — Première entrevue
avec le Ras. ^— Séjour d An-
talow, - . pog. lia
Cïtxt. IV. Continuation du séjour à
^nialow. -^ Départ de Mr.
Sait pouf Axum. -»- Arrivée
à Muculla, '^ Fiaite à l'église
de ce liea. -— Arrivée n Ca*
eunho. — Arrivée d la maison
du Barrambartas Toclu de
Gul^ybudda. ^- FisUe d Fit
Aurari YasQus. — Arrivée à
Adowa. -^ Séjour dans cette
ville. — Présentation d Fasi^
lydas , Jils d' Yasous , ci-devant
Roi d'Abyssinie. -^ Arrivée
d Axum y 183
Chap. V. Description ^Axum. —
L'obélisque , — f église , — '
les prêtres y — le siège des rois.
— Inscription éthiopique. — ■
Inscription grecque. — Etat
général dea ruines. — Remar'
gués sur la description d'Axum
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5o4 TABLE bES CHAPITRES.
par Mr. Bruce. -^ Dépori
^Jxuth. — Arrivée n Adowa.
— ' fisite à l'ozoro Tiahai. — •
Retour à jintabow. ~^ Journal
dtà capitaine Rudland , tend
par lui pendant l'absence dé
Mr. Sait t . i. i , i , i . pag. i^i
fin de la Table du premier volume.
UiqHlodCvGoOglC
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I
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