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Full text of "Voyage en Espagne, dans les années 1816, 1817, 1818, 1819, ou, Recherches sur les arrosages, sur ..."

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600033423L 



tkifj ut ♦ ICj 



• .- *■ 






; 



VOYAGE 



EN ESPAGNE. 



TOME I. 




IHPSIHEBIE DE MA.PAMB HUZABD 



\ 



VOYAGE 



EN ESPAGNE, 



DANS 



LES ANNÉES l8l6, 1817, 1818, 1819, 



ou 



RECHERCHES 

SUR LES ARROSAGES ^ SUR LES LOIS ET COUTUMES QUI LES 
REGISSENT y SUR LES LOIS DOMANIALES ET MUNICIPALES^ 
CONSIDiRjis COMME UN PUISSANT MOYEN DE PERFEC- 
TIONNER l'agriculture française ; 



Par m. JAUBERT DE PASSA ; 

rKkcini du rapport fait a la sociiTi rotalb et dsirTRALB 

D'AORICtTLTURB* 



Il faut à l'agricalture peu de loii 
et beaucoup dUncUpendance. 




m be $xx (nHts. 



A PARIS, 



CHEZ MADAME HUZARD, LIBRAIRE, 

RUE DE Z.*jàPERON, N°. 7. 
1823. 



%n/%iV\^V%n^/VIMf¥^mM0¥tt y yiAt*n^f¥l^^/fl%fVVVVVWV%/V¥¥^^l¥l^0¥lt^M0¥y¥ i ^^ 



TABLE 



DES MATli^RES CONTENUES DANS LE TOME I«^ 



Rapport DE M. Hérigart DE Thurt • .... uij 

Extrait élu registre des délibérations de la 
Société royale et centrale d^ Agriculture. . xxi9 

Introduction \ V 

PREMIÈRE PARTIE. — De V Arrosage , et 
des Lois ou Coutumes qui le régissent 
dans la principauté de Catalogne • • . * . ag 

GHÎLPïtRE V^k Arrosage dans les vallées de 
la haute Catalogne. • ibidb 

Châp. n. Arrosages du Ter , canal de Gi^ 
rone. ...•.* •....• 36 

Chap. ni. Norias de la haute Catalogne. . 4^ 

Chap* IV. Arrosages du Besos , canaJ de 

Barcelone» » « 4^ 

Tome L * 



CaAP. V. JrrosagesduLlobrcgat, canalde 

Castanos ou Charlotte .... - 5t 

Chap. VI. Jrrosagesdu Llobregat, canal de 

Manresa 62 

Chap. VII. arrosage et Norias de Bara . . G5 
Chap. VIII. Jrrosages du Francoli, canal 

de Tarragone 68 

Chap. IX. Arrosages de l'Ehre, canal de 

Tortose ■ 81 

Chap. X. Canal de S-- Carlos 87 

Chap. XI. Arrosages du Segre, canal de 

l'Urgel - . 9, 

Conclusion 1 1 5 

SE€.G^ViEVkKTlZ.~De VJrrosage , et des 
Lois ou Coutumes qui le régissent dans 

le royxoAme de Valence 1 1 5 

CHAPlTaE V^. Aperçu fur le royaume de Fa- 
ïence. . ibid. 

Chap. H. Norias de Benicarlû et de Vinarôz. 1 2 a 
Chap. m. Arrosages du HUjares 127 

— § r^'. Canal de Castellon de la Plana . . ibid. 

— § ji, Règlement ou liecaeil d'Ordon- 
nances pour le canal d'arrosage de Cas- 
tellon de la Plana i/j/j 

Arrosages du Palencia. Agriculture 



( «y ) 

Pag. 

Plaiké de Valence. — Chap. IV. jirrostiges 
du Guàdalayiar 169 

— Tableau des jécequias du Guadakufiar . 176 

— Concession des sept dernières acequias 
du Guadalaviar , par don Jayme I^^. , roi 
d^Armgon et de Valence 180 

Ghap. V. Canal royal de Moncada . • . . i85 

— § i®^. Nouvelle rédaction des Réglemens. 1 86 

— § II. Ancienneté du Canal royal , et sa 
concession 188 

— § m. Fomie d'administration et régime 
suivi par les qfficiers du Canal royal ^ et 
leur juridiction 191 

— § IV. Description du Canal royal de 
Mçnçada» . •• r •••••••••••• •, 200 

-— $y. Réglemens pour VadmirUstratipTi du 
Canal royal de Moncada , etpouî lepar- 

• r • 

^age et V emploi des eaux* ...••.... 207 

— § VI. Motifs qui provoquèrent une tra^ 
ductioh complète en langue castillane, 

des Réglemens de Moncada . ....... 21 5 

— § vn. Nouveaux Réglemens et ikyna-- 
iionde VAcequia réal, pçr le toi don 
Jayme I^^.f ^ ^^ .... ? r ...••..... 216 



* * 



( 'V ) 

— ^y\u. anciens Réglemens du Canal royal 

de Moncada , non révoqués.. ..... aSy 

■ Réglemens rédigés par la Junte géné- 
rale , du 21 septembre i553 aSo 

Réglemens rédigés par la Junte géné- 
rale , du %-] septembre 1662 262 

liéglemens rédigés par la Junte géné- 
rale, du 11 septembre i568 3 55 

■ Réglemens rédigés le 1.1 septembre li']'] . a55 

— § IX. uânafyse des dispositions réglemen- 
taires postérieures aux réglemens .... 289 

Relevé des principales prises d'eau 

existantes sur le canal royal de Moncada . agS 

Chap. VI. Canal de Quart 3oo 

— Réglemens du Canal de Quart 3o6 

— § i*^'. De la Junte générale ibid. 

— § II. De la Junte ordinaire 307 

— ■ § ni- Du Syndic Sog 

— %v/. Du Ji/ge-Contador 3i4 

— ■ %y. Du Notaire ibid. 

— S VI. Du Secrétaire 3i5 

— § vu. Du Cequiero ibid. 

— § VIII. Des Vehedors-Repartiàors . . . . "5-1^ 



mM. 



^ 



(v) 

Pag. 

— § IX. Du Garde ( Guardia, Partidor, 
jâtandador) 3a7 

— § X. Dispositions générales. 33o 

^-7 § XI. Conclusion de la notice •••••. 5Ji% 

CnjLP. yn. Canal de Tormos 544 

Chap. yni. Canal de Mislata. 347 

— Analyse des Réglemens de Mislata. . . 349 

Chap. IX. Canal de Mestalla • • . 35a 

— § i^'. Notice sur ce Canal ibid. 

— § II. Analyse des Réglemens. 357 

Fin de la notice 566 

Tableau des principales dérivations 

du Cànalde Mestalla 371 

Chap« X. Canal de Favara, 57a 

— § i^'. Notice sur ce canal ibid. 

—- § II. Analyse des Réglemens 576 

Fin de la notice. . • 389 

Chap. XL Canal de Rascaha 590 

— § i®^. Notice sur ce Canal ibid. 

— § II. Analyse des Réglemens • 395 

Chap. XII. Canal de la Rovella • 4^^ 

— § i^^. Notice sur ce canaL . ■. ibid. 



Pag. 

— § II. Tràductiàh dës^Mégtémens et Or- 
donnances de la Rovella, . • é . 4<^3 

— § m. Réglemens pour V administration 
générale de la Rovelia. 4^7 

-^ § IV. Réglemens pour le régime particu- 
lier de la Boy ella et de ses dénégations, • . 4^^ 

— § V. Réglemens contre certains abus . . 433 

— § VI. Copie de V Ordonnance réglemen- 
taire du canal de la Rovella ..•,... ^^1 



7IN DE LA TAfiL£ DU TOME PAEMIBR. 



I 

N 



EXTRAIT 

Du Bapport sur le concours général de la pratt~ 
que des arrosages , fait par M. Héricuit de 
Thdht, ati nom de la Commission des irriga- 
tions, dans la séance publique de la Société 
royale et centrale d'agriculture , présidée par 
S. Ex. M. le comte de Corbière, Ministre de 
l'intérieur, le i^ avril 1832. 

§ IV, 

Recherches sur la législation et let règlement ou mage* 
relatifs aux Cours d'eau et aux Canaux d'arrosage dana 
les pays étrangers. 



Deux concurrens se sont présentés , Messieurs, 
pour les recherches sur la législation et les ré 
glemens des cours d'eau dans les pays étrangers : 
l'un , M. Jaubert de Passa , notre correspondant , 
que déjà tant de fois nous avons eu occasion de 
vous citer ; l'autre , M. Muthuon , ingémeur des 
mines dans le département du Rhône. 

Les recherches de M. Jaubert de Passa forment 
un ti-aité complet, nous dirons même un code 



toutentierde la législation des cours d'eau el des 
irrigations dans la principauté de Catalogne et le 
royaume de Valence ; elles composent deux vo- 
lumes in-folio : le premier, de six cent quatre- 
vingt-deux pages de texte, est presque entière- 
ment de la main de l'auteur. 

Le second est un recueil très-précieux des or- 
donnances relatives aux grands Canaux d'arro- 
sage (jicequias) du rojaiime de Valence (i). 

Dans une introduction qui annonce une con- 
naissance profonde de l'histoire des anciens peu- 
ples de la Péninsule, M. Jaubert de Passa es- 
quisse rapidement l'état de son industrie agricole, 
et les différentes époques de sa splendeur sous 
ses diverses dominations, puis il indique ta 



I 

k 



(i)Telétait l'ouvrage de 


M.Jai 


ibertde Passa lorsqu'il 


lut communiqué à la Société par S 


Ion Exe. le Ministre de 


l'intérieur. La Sociélé , ne 


! Ge troi 


ivanC pjs en mesure de 


le fuira imprimera aesTrai; 


1, a, pai 


: décision du i5 janvier 


1823, souscrit ]ioiiruiieso 


mme de deux mille francs ; par 


suite de cette décision , l' ouvrage 


a été revu , réduit à un 


format plus convenable et 


livré à 1 


'impression. Malgré ces 


iliiingemens , nous avons 


cru ne 


devoir rien changer à 


notre Rapport , attendu qu 


'il fait 


connaître l'histoire itn 


irrigations de ta Catalogn 


>e et d 


u royaumo de Valence 


t-elle qu'elle nous fut soumise et 


telle qu'elle reçut l'ap- 


probaLitiii de k Société. 







È 



marche qu'il stiiviii dans suii travail, qu'il divise 
on deux parties. 

Dans la première, qui porte pour épigrapbei 
Il faut à V agriculture peu de lois et beaucoup 
d' indépendance, \\à.êcT\\. Y aTTo?A^^ et les lois ou 
coutumes qui le régissent dans la principauté de 
Catalogne , et après avoir présenté l'état actuel de 
son agriculture , il examine l'influence que ses 
progrès ou sa décadence doivent exercer surtout 
le midi de la France. 

Nous regrettons, Messieurs , de ne pouvoir 
suivre l'auteur dans tous les développemens dans 
lesquels il est entré , et sur-tout dans les rappro- 
chemens qu'il ne manque jamais l'occasion de 
faire avec nos irrigations ou notre législation. Ce 
serait une analyse raisonnée qu'il aurait fallu 
faire de son ouvrage; mais le temps et les circon- 
stances ne nous ont pas permis de vous faire un 
rapport détaillé : aussi, et cependant pour vous 
donner une idée précise de l'immensité de son 
travail, nous nous bornerons à vous dire que la 
première partie est divisée en cinq paragraphes, 
qui présentent chacun l'histoire de l'industrie 
agricoled'un canton : ainsi le paragraphe premier 
est consacré à l'agriculture de la plaine de Girone 
et à son arrosage, soit par le Ter, soit par des 
Norias si multipliées, qu'on en ti'ouve, dit-il , dans 
chaque culture. 



Daiis le paragraphe second , l'^iuteur décrit le 
canton de Barcelone, et il donne ensuite dans 
quatre chapitres l'histoire des Canaux de Bezos , 
de Castanos , de Maiiresa , et un aperçu sur les ar- 
rosages deBara, où il retrouve également de nom- 
breuses Norias. 

Le Carapo de Tarragoiia et les Canaux de Fran- 
coli forment le sujet du troisième paragraphe. 

Dans le quatrième, il présente le tahleau de 
l'agriculture de Tortose et les arrosages projetés 
sur les deux rives de l'Ebre. 

Le cinquième est consacré à la plaine ou au 
Canal de San-Carlos. 

Enfin dans le sixième il décrit l'Urgel , son 
grand Canal de navigation, sou second Canal et 
leurs sept branches intermédiaires employées- à 
l'arrosage. 

Dans la seconde partie qui a pour épigraphe 
ce passage de Jovellanos : En négligeant Varro- 
sage, nous privons l'État d'une immense dotation, 
et l'industrie populaire de son premier appui, 
M. Jaubert de Passa a examiné dans le plus grand 
détail la législation des cours d'eau, et les diffé- 
rens modes des irrigations dans leroyaiimede Va- 
lence, dont la prospérité et les richesses agricoles 
Faraènent à cette conséquence, qu'un seul peuple 
fies Ai-abcs ) a bien tonnu le sol de l'Espagne , 
uinst qu'on peut encore s'en convaincrez mesure 



Ll 



que i'un se rapproche du centre de son empire 
et des lieux qui lui ont été le plus long-temps 
soumis (r). 



(OL'hisloiredes 
semble peut-être à 
yjces, ses vertus, etsaphy? 

r long-temps li 



■asiûs d'Espiij'ii 

.. Ce peuple , i, 

particulière 

•de..r,kgénér 



dit Flo- 



courtoisie des chevaliers de l'-Etirope arec les eniporte- 
mens, les fureurs et les passions brûlantes de« Orientaux. 
Ses annales présentent des époques remarquables, trop 
peu connues et dont l'esquissa rapide ne peut manquer 
d'exciter l'intérêt. Sa véritable origine eut incertaine, 
on la reporte au niélange des Maures et des Arabes au 
septième siècle. La lin de l'empire dosGoths en Occident 
et ta conquête de l'Espagne par les Maures est de Ji4- 
Las provinces conquises furent gouvernées par des vite- 
rois soumis aux calï^'s d'Arabie jusqu'en y4^ , que Ici 
Abassidess'emparèrenl du trône; ils le conservèrent jus- 
que vers j55 que les Maures appelèrent en Espagne le der- 
nier des Omnîades Abdolrabam ou Abdérame I, qui ins- 
titua le califat de Oordoue, indépendant de celui d'Orienl. 
Après trois siècles tonsccutifs de guerres et d'anarchie, 
les gouverneurs des provinces se rendirent niattres du 
pouvoir et fondèrent, dp 1037 à io38, une fouie de petits 
royaumes dont les principaux sont ceux de Sttrrogosse, de 
Tolède et de Valence, Les guerres entre les Maures et les 
Chrétiens commencèrent vers i otta, ceux-ci s'emparèrent 
du royaume de Tnlède : IcsMaures appellent à leur secours 
li:s Arabe;; Morabethuns, qui les aident à remporter la cé- 
lèbre victoire de Zelaka près de BadajoK, L'an [087, Pt qui 



( Xlj ■) 

Après les recherches historiques sur le royaume 
de Valence, qu'il a consignées dans son Avant- 
Propos , M, Jaubert de Passa a particulièrement 



usurpent bientût la souveraineté du pays. Les guerres con- 
. tinuenc entre les Maures et les Chrétiens : ceux-ci s'em- 
parent successivement de Sarragosse en i i iS, de Cordoue 
en 1 i4â j d'Almeria et de Lisbonne en >i47i ^^ malgré 
les secours de la tribu des Almohades venus d'Afrique, ils 
remportentune victoire complète près de Tolo^a, le 16 juil- 
let [3ja. Alors les Maures perdentleurs provinces l'une 
après l'autre, Merida en 1229, Valence en ia38,etc. 
Mohamed Alh ara au tente de relever l'empire des Maures, 
il fonde le royaume de Grenade en i258 : nouvelle 
époque de splendeur; mais bientôt Mohamed est con- 
traint de rendre hommage (en 124^) à Ferdinand III , 
de Castille, comme à son. seigneur suzerain, pendant que 
les Chrétiens s'emparent de l'Estramadure , deMurcie, 
et de Séville. Enfin, après une lutte de deus siècles et demi 
les Chrétiens Ibnt la conquête de Grenade, dernier rempart 
des Maures, et anéantissent cette nation, qui avaitdominé 



pendant sept siècles sur la Péninsule et dont l'entière ex- 
pulsion, l'an 160g, sous Philippe III, fut un véritable fléau 
pour l'industrie agricole et manufacturière, que les Maures 
avaient portée au plus ha.ut degré de splendeur, « Tout a 
bien changé en Espagne , dit Florian , depuis l'expulsion 
des Maures : la raison en est simple , les Maures, vain- 
queuTS des Espagnols, ne persécutèrent point les vaincus; 
les Espagnols, vainqueurs des Maures, Its ont persécutés 
et chassés n. Cette longue domination présenle plusieurs 



( X"J ) 

tiécril lesNoriasdeBenicarloetdeVinaroz, dont 
ce pays offre tant d'exemples, et dont l'agricul- 
ture retire les plus grands avantages. 

Cette seconde partie est divisée en cinq para- 
graphes, dont nous allons rapidement vous ex- 
poser les motifs. 

Le premier présente utt aperçu général sui' la 
constitution physique du royaume de Valence, 



périodes brillantes; mais la plus remarquable est sans con- 
tredit celle de 91 a à 961 sous le califat d'Abdo'rahmftn, qui 
possédait le Portugal, l'Andalousie, Grenade, Murcie, Va- 
lence, et la plus grande partie de la nouvelle CastiUe. Cor- 
doue, lacapitaledncalifat , coinptaitalorsplusde4oOjOOO 
habitans; elle était le centre de l'industrie et l'asile des 
sciences. La géométrie , l'astronomie , la chimie, la mé- 
decine, avaient des écoles célèbres, qui produisirent^ v;i 
siècle après, Averroès et Abenzoor: les poètes, les philo- 
sophes, les médecins arabes étaient si renommés, qu'Al- 
pbonse-le-Grand, roi des Asturîe s, voulant confier son fils 
Ordogno à des hommes capables d'instruire un prince, 
fut obligé , malgré la différence des religions et malgré 
la haine des chrétiens pour les musulmans, d'appeler prés 
de lui deux précepteurs maures de l'école de Cordoue , 
«t que l'un de ses successeurs, Sanclie-le-Gros n'hésita pas 
à venir dans cette -ville , chez Abdérame son ennemi, se 
livrer à ses médecins , qui le guérirent. ^ ( Capanjlïfj, 
Cardonne , Colmenar, Duperron , Henri Sw inhume , 
Chénier , Mariana, Fischer^ Cramer, Florian, de la 
Borde, etc. , etc.J 



( xw ) 

divisé en deux parties distinctes , qui forment , 
chacune 9 le sujet d'u^ chapitre (i) z les Secanos 
ou pays de montagnes secondaires sans Canawt 
d'arrosage , et les Huertas ou le pays des plaines 
et vallées favoriâées de tous les bienfaits des ir- 
rigations. 

Dans le chapitre premier, l'auteur décrit l'agri- 
culture des Secanos^ où l'on cultive ps^culière- 
ment les vignes , les oliviers, les carroubiers , les 
amandiers, les figuiers , les palmiers, le miel, le 
kermès , l'aloès et le spart, qui sont le sujet d'au- 
tant d'articles. 

Dans le chapitre deuxième, sous le nom d'agri- 
culture ÔQs Huertas^ M. Jaubért examine succes- 
sivement, et dans le plus grand détail , la nature 
des limons des eaux , leur emploi et celui des pous- 
sières des chemins (a), les fumiers, les plantes 

(^)JP^mi les lAomhreuses sociétés patriotiques d^Espa- 
gne I .la .Société royale économique^ Keal sociedad ecpnq^ 
miça'ie Valence^ est une de celles qui font le plus de bien 
et qui pjroduisent incontestablement le plus d^avantages. 
Cette société jouit d^un gros revenu. Elle possède, pour 
ce qui cQnceme^l'économiÇ| une, bibliothèque as^z.consi- 
dérable.et assea bien choisie ; elle distribue annuellement, 
le jour de la fâte de la reine., le 9 décen^bre » en séance 
solennelle des ^rvf. et de^ récompenses. 

(a) Les immondices des maisons , qu^on ;ne peut faire 
écouler par les égouts qui passent sous toutes les habita- 



( ^^ ) 

enfouies comme engrais, les amendemens, la 
luzerne', le blé , le seigle , l'orge et l'avoine , le 
mais, le millet, le panis , les haricots, les pimens, 
le chanvre et le lin , le riz et les rizières , au sujet 
desquelles il présente un tableau comparatif de 
la population , des naissances et des décès de deux 
pays absolument semblables, dont l'un cultive le 
riz , et l'autre , dans lequel sa culture est interdite, 
la canne à sucre, le coton , les chufas ou souchets 
comestibles, l'avocatier d'Amérique , la patate su* 
crée, l'arachide et autres plantes exotiques, les 
orangers, les citronniers et limoniers, enfin les 
mûriars et la soie. 

Dans les Huertas , dit un voyageur, la terre ne 
se repQse jamais. A peine a-t-elle fourni une ré- 
colte au cultivateur, qu'elle lui en pl*ésente une 
nouvelle : par exemple , en septembre on sème 
l'orge pour la couper à la fin d'avril, puis on 
plante du maïs pour le moissonner au commen- 
cement de septembre , et aussitôt il est remplacé 
par les sandias ou les légumes. Il en est de même 
du fi^cntoênt, qu'on sème sur la fin de novembre, et 



tions'^ «ont enlevées journellement pax les habitana des 
campagnes, pour les engrais : c^est une des raisons pour 
lesquelles la ville de Valence n^est pas pavée. Chaque pay- 
san est tenu d^apporter une charge de gravier pour une 
charge de fuxnier ou d^immondices qu^ veut enlever, et 
il paie en outré une redevanceL municipale. 



qu'on inuissoiine au mois d<; juin. On sème le 
lin en septembre ou au commencement d'octobre, 
pour le moissonner en mars; enfin les concom- 
bres, les melons, la luzerne, la salade, les légu- 
mineuses, etc., etc., se cultivent toujours alterna- 
tivement, et presque cbaque semaine voitmùrir 
de nouvelles productions. 

A la suite de cette description de l'agriculture 
des Huertas , M. Jaubert rapporte une ordoii-' 
nauce du roi Jayme V-^., du 4 avril ia68 , rela- 
tive au^ droits à percevoir, etqui prouve l'an- 
cienneté de la plupart de ces cultures, encore 
suivies aujourd'hui avec le plus grand succès. 

Dans le second paragraphe , est l'analyse des 
lois municipales valenciennes, relatives, les unes, 
aux égouts et aqueducs de cette ville , les autres, 
aux cbemins du royaume , divisés en trois classes , 
les routes royaJes, les routes de la banlieue, et 
les cbemins de village à village. 

Le paragraphe troisième est consacré à l'exa- 
men des lois domaniales, divisées en cinq cha- 
pitres; savoir , \°. les lois relatives aux eaux pu- 
bliques, navigables ou flottables; a", les eaux 
publiques qui ne sont ni navigables ni flottables ; 
3". l'inféodation des eaux publiques; 4°- la juri- 
diction du Bayle général ou Procureur général; 
5". enfin l'origine et le régime du Domaine Royal. 

La juridiction et le Tribunal des Acequîeros, 



J 



c ^^y ) 

son antique origine, la tenue de ses séances et 
l'fexécution de ses sentences sont développées dans 
le quatrième paragraphe, qiii est termitié par un 
discoHts de don Xavier Borrull aux Cortès ex- 
traordinaires de Cadix, le 3f juillet if(i3, sur là 
nécessité de conserver le triljUiïal spécial des Ace- 
quieroS da rojaume de Valence. 

JLe tribrmal des Aceqàîeros présefité êrtcoire la 
simplicité, la sagesse, et le caractère du peuple 
agricole qui l'institua. Les détails dans lesquels 
M. Jaubert est entré otit d'autant plus d'intérêt 
pour nous, qu'ils nous étaient entièrement In- 
èonnus. Ce tribunal est souvent obligé dé sévir 
contre un genre de délit très-fréquent aux envi 
Fons de Valence , où il se commet effrontément , 
les vols d'eau. Dans quelques endroits, le prix de 
l'ean est si excessif qu'il eSt souvent , dit Fischer, 
bien arr-dessus de celui du vin. ÏI n'est donc pas 
surprenant qu'un objet d'une aussi grande néces- 
sité, tente un malheureux qui n'a pas les moyens 
de Satisfaire aux besoins de sa famille ; qu'il s'eii- 
pose à des peines sévères, pour tâcher de con- 
server sa petite culture, menacée d'être dcssécTiéé 
et brûlée, faute d'un peu d'eau. Ce besoin est si 
impérieux qu'on n'a encore pu parvenir à 
pêcher complètement les vols d'eau , qui soni 
très-fréquens , et qui se font avec autant d": 
dresse que d'effronterie. 

Tome 1. *'* 



( ** ) 

etXucar,avecunplanparlicuUerde]a()i§tributioii 
des eaux dans les terrains d'Alberic el d'Aleira. 

4°. Un plan de l'azud (digue) de TAcequia reaï 
d'Aleira, tiré du dépôt du real paltin^çnio du 
royaume de Valence, a"vec le^ coupes et éléyatioas 
des vannes et du caslel ou maison des yannes. 

5". Les plans des azuds de Mo^ic^jJa, de Toy- 
mqs, de Mestella et de Rascana. 

6". Un plan de distribution d'eau dans jes ri- 
goles des terres des hwe^'tas, pour cetlaines cul- 
tures, et notamnient pour cellp des hariçote- 

7", La carte du fleu-ve Mijargs, <fvec les divpis 
tjpayauï d'j^rt qui o})\ eu lieu pour dériver les 
eauit dajis piusieui's canaux d'arrosage. Dans cette 
i^çme carte , est la cpupe yerticale d'un siphon , 
au moyen duquel te Cii];(al d^ Çftstellqn passe »ous 
un torrent profondérpeut (.'nçajssé , et ayant pl^s 
de cent mètres de largeur- 

La description des beaux travaux d'art 4e l'A-r 
eeqï^ia de Castelion el lu planche eu dessin qu'en 
a donuée M. Jaubert pÇésenlentdaii tant pliis d'in- 
térêt, que lojsq^'ou a lu le t:|iapili'e sept dq li- 
vre VIII de Vitruve,i^titt)(é Ç«of aio,dis duçun- 
turaquœ, lifn px. ppftt; à penser que ces travaux, 
attribués aux Maures , sojit peut-être beaucoup 
plus anciens, et qu'ils put pu être exécutés par les 
Romains d'après les préceptes ^e ce célèbre maître. 
Perrault , dans sa seco.i^de éfUtion in-folio de Vi- 



L^ 



truve, a donné une figure d'un grand aqueduc 
souterrain en siphon, passant par-dessous iwe 
rivjèf ç ef une large vallée (} ) . Cette figure sen^lile 
n'être qu'qne réduction du graiid aqueduc sour 
terrain de rAceqqia de Çastgllen, dans lequel on 
trouve les regards, costella^ les puits, /JU/et, le 
ventre, -lienfer^ KçiAia des Grecs, les ventouses, 
(^lucfinariq,^ etc. , e^c.; epfiii toiite^ les parties dé- 
crites par Vitruve , et qi^e présente le grand si- 
p)i(tff (ier4|flpqui4 de Castellon- Les aqueducs 
SQUteiTsins de ce genre peuvent justifier jusqu'à 
un certain point les idées de passages établis 
sous le Ut de certains grands fleuves ou rivières, 
que la tradition indique comrae ayant existé, 
quoiqu'il n'en reste aucun vestige : peut-être 
aussi lorsque nous admirons nos beaux travaux 
hydraidiques, oublions-nous trop facilement les 



(|),(^i(tFçpçp gffiuls ouvrages hydraulique*, on trouve 
dans quplgues jiarliesde l'Espagne des siphons pyrami- 
daux seniblables aux beaux souUrruzl des enyicçns de 
Conslautïaople. On ignore l'époi[ue de la construction de 
ces ouvrages. Elle ne parait pas pouvoir être attribuée aui 
anciens*, mais la tradition conserve quelques règles de 
pratique il'Lpràs luaquelles on dirige le service d«s sou- 
IsrrazI sans pouvoir indiquée à qui elles sont dues, 
V<>ytse d L'^m^bQutfhuK 4^ la itter,!i^fm, |,iarM< le comte 
Anilreossy, tiv, ri,chap, j. 



b^ 



( xxij ) 
préceptes et les exemples que nous ont laissés les 



Enfin , le second volume de l'ouvrage de M. Jau- 
bert est un recueil très - précieux des ordon- 
nances des rois d'Elspagne, relatives aux grands 
canaux d'arrosage du royaume de Valence; sa- 
voir, i". de Quart, Benacher et de Faytanar, 
20. deMestalla, 3". d'Alcira, 4°- deTavara, 5°. de 
Mislata et 6". de Rascana. 

Par cette rapide analyseou plutôtparce simple 
sommaire de toutes les matières traitées dans l'his- 
toire des canaux d'arrosage, et la législation des 
irrigations de la principauté de Catalogne et du 
royaume de Valence, votre Commission a cher- 
ché, Messieurs, à vous faire connaître l'étendue 
des recherches auxquelles s'est livré l'auteur , et à 
vous faire apprécier la haute importance de son 
travail, qui nous assure enfin les élémens néces- 
saires pour remplir la lacune que présentait notre 
législation sur les cours d'eau et les irrigations. 

Aussi nous flattons-nous que vous partagerez 
notre opinion , et que vous approuverez les deux 
propositions que nous avons l'honneur de vous 
présenter ; 

1 ". De donner à M. Jaubert de Passa votre grande 
médaille d'or et la collection de vos Mémoires ; 

Et 1°. do demander à Son Excellence , le Mi- 
nistre de l'intérieur, de faire imprimer l'histoire 



A 



( xxuj ) 

des canaux d'arrosage et la législation des irriga- 
tions de la Catalogne et du royaume de Valence, 
à llmprimerie-Royale , les recherches immenses 
de M. Jaubert , l'étendue de son travail et son 
format ne nous- permettant pas de vous proposer 
de le comprendre dans le recueil de vos Mémoires. 

Paris ^ le i4 ^vrii 1822. 

Signé HiRicARTDETHURY, rapporteur. 

Sur le rapport de sa Commission des irrigations , la 
Société royale et centrale d^agriculture , présidée par 
S. £xc. le Ministre de Tintérieur ^ a décerné , dans sa 
séance publique et solennelle du dimanche 14 avril 1822^ 
sa grande médaille d'or et la collection générale de ses 
Mémoires à M. Jaubert de Passa , son associé correspon- 
dant dans le département des Pyrénées-Orientales j pour 
son Histoire des canaux d'arrosage, et ses recherches sur 
la législation de la Catalogne et du royaume de Valence. 



xxw ; 



EXTRAIT 

6U REGISTRE DES DÉLIBÉRATIONS 



SB- 



LA SOCIlÉfiS ROirALE ET CENTRALE d'aGRICULTURE. 



SÉANCE DU l5 JANVIER ]823. 

(\\ Il II-.- • ■ -• I ' • •" ^- • 

La Société (i\ sur le rapport de sa Commission 
des irrigations , désirant contribuer à la publica- 
tion de Fouvrage de M. Jaubertde Passa sur les 
irrigations de V Espagne , décide qu elle en pren- 
dra un nombre d'exemplaires équivalant, à la 
somàie dé deux mille francs. Elle charge son tré- 
sorier de souscrire pour cette somme. 

Pour copie conforme : 

Le secrétaire perpétuel, 
» Signé SiLVESTRE. 



(i) Voyez, dans la note de la page viij ^ les motifs de 
cette délibération de la Société royale d^agriculture. 



^nn0WV¥%/%n^nf*f*nn/%fv^%n^nAMmMk'»^^vy¥Uvw%/Mnf%/^^/y¥%/%^'%ii^t^Mn^^ty w n/iM> f *M%tv^%/y^i%Mft 



INTRODUCTION. 



JLj'Espagne a connu de bonne heure les 
bienfaits de la civilisation ; des traditions 
irrécusables et des monumens encore 
plus anciens que ces traditions , nous ont 
révèle la piÂssànce et la richesse des peu- 
ples qui avaient envahi la Péninsule à des 
époques inconnues. 

Lorsque le hasard ou le commerce com- 
duisirent sur les plages de TEspagnede har- 
dis navigateurs , il existait déjà de grandes 
villes sur toutes les côtes et dans le voisi- 
nage des fleuves ; on racontait des choses 
fabuleuses sur leur origine et sur leur puis- 
sance (i) ; des poèmes qui ne sont point 
parvenus jusqu'à nous célébraient des 
héros non moins inconnus et des cou- 



(i) Strabon^ 1. 1^ 1. m. 

Tome I. 



( vj ) 

quêtes dont nous ignorons la cause ; les 
lettres étaient cultivées, et les hommes 
instruits occupaient un haut rang dans 
la nation; enïin cette heureuse contrée 
marchait vers la civilisation sans le con- 
cours des autres peuples qui ne l'ont vi- 
sitée que plus tard , et qui tous ont voulu 
usurper dans l'histoire un titre qu'ils n'a- 
vaient pas mérité. 

En effet, la beauté du climat et la fer- 
tilité du sol vinrent de honne heure au 
secours de rinespërience ; des rivières 
partant du plateau de la Castille et des 
montagnes de l'Aragon comme d'un 
centre commun, établissaient sur tous les 
points un arrosage naturel , que le culti- 
vateur devait tût ou tard imiter avec plus 
ou moins de succès; de vastes forêts et 
des mines très-riches offraient depuissans 
moyens et des ressources inépuisables. Les 
plus belles espèces d'animaux étaient in- 
digènes ; de Donîbreux troupeaux peu- 
plaient les montagnes, et quelques pro- 
ductions dont le luxe s'est plus tard 
emparé , reléguées alors au fond des val- 



( vij ) 
le'es , n'attendaient qu'une main laborieuse 
el le secours des engrais. Enfin , dans ces 
temps recules, coninae dans les temps 
présens, il serait encore vrai de dire que, 
si les peuples de l'Europe devaient vivre 
isolés , sans commerce extérieur , sans 
communications, et avec les seuls pro- 
duits du sol , l'Espagne serait l'État qui 
aurait ie moins à souffrir de cet isole- 
ment, parce qu'il est aussi celui qui a été 
le plus favorisé par la nature, et qu'aucune 
branche d'industrie ne lui serait étrangère, 
puisqu'il possède tous les climats. 

L'apparition des Phéniciens sur les 
côtes de la mer Ligustique vint donner 
l'essor au commerce de la Péninsule. Le 
mystère dont les Tyriens voulurent en- 
velopper leur nouvelle découverte , l'em- 
pressement des Grecs à suivre ces naviga- 
teurs, les nombreuses colonies établies 
sur les côtes , et l'activité des relations de 
cescoloniesavec leurs métropoles, attestent 
les grauds avantages que les peuples de 
l'Orient retiraient de ces expéditions loin- 
taines. Si d'abord les conquêtes des Car- 



( viij ) 
thaginois furent funestes à l'agriculture, 
le temps vint enfin où, las de détruire, 
ces conquérans voulurent aussi conserver. 
Un nouvel ordre de choses était no au 
milieu des guenes ; les petits peuples 
avaient succomLc , parce qu'ils ne soup- 
çonnaient pas la force de résistance qu'ils 
auraient trouvée dans une confédération 
régulière. Sur les débris de leurs antiques 
associations s'élevèrent tcut-à-coup des 
nations plus puissantes, que le sort de la 
guerre rendit d'abord tributaires de Car- 
thage, mais que la richesse du sol devait 
ramener tôt ou tard à l'indépendance. 

Les Romains succédèrent aux Cartha- 
ginois. D'abord admis comme alliés, 
bientôt repoussés comme conquérans , 
une lutte longue et mémorable lit craindre 
à Rome d'échouer pour la première fois. 
Deux siècles après , la Cantahrie et quel- 
ques autres portions de la Péninsule ré- 
sistaient encore, et cette indépendance, 
qui dans ces temps éloignés fut le trait 
principal du caractère des Ibériens , se 
retrouve encore aujourd'hui chez ce même 



peuple^ qui , durant tant d'invasions et 
de donainations étrangères , n'a pas cessé 
d'occuper toujours le même sol. C'est le 
sort de l'Espagne d'être facilement enva- 
hie 5 mais jamais subjuguée. 

Lassée de sa longue résistance, l'Es- 
pagne se soumit à Rome par des alliances 
souvent honorables , et même en payant 
des tributs, elle eut quelquefois assez de 
force pour faire appréhender d'en rendre 
la charge trop pesante. Alors l'agriculture 
refleurit et le commerce la seconda. Bien- 
tôt la Bétique et la Tarragonaise présen- 
tèrent le tableau de deux provinces si 
puissantes par leurs richesses , leurs pro- 
duits et lé nombre des habitans, que le 
sénat craignît d'en confier le gouverne- 
ment, et qu'elles devinrent le refuge de 
toutes les ojpposilions qui menacèrent les 
destinées de Rome, et plus tard le trône 
de quelques empereurs. 

Alors parut aussi un écrivain qui de- 
vait transmettre à la postérité un nom il- 
lustré par un seul ouvrage , et que Rome 
envia à l'ibérie. J. Columelle était né à 



Cadix ; il s'occupa long-temps et avec suc- 
cès de l'agriculture. Invité par ses amis à 
publiei' le résultat de ses observations et 
de sa longue expérience , il rédigea alors 
ce précieux Traité dans lequel il embrasse 
à-la-fois toutes les branches de l'éconoraie 
rurale. Après nous avoir révélé tout ce 
que ses contemporains avaient acquis de 
lumières dans le premier de tous les arts , 
il fait le vœu, si souvent renouvelé de- 
puis , de voir établir des écoles d'agricul- 
ture pour propager les bonnes pratiques 
et hâter leur perfectionnement (i). 



(i) Ce vœu n'est pas étranger à l'époque actuelle : les 
Bociélés savantes l'ont souvent, mais chaque fols inutile- 
ment formé ; et nous l'avons rencontre aussi dans plus 
d'un ouTTage estimé (a). 11 était cependant réservé à. la 
patrie de Columelle de le réaliser , et de donner l'exemple 
après avoir donné le préceptu. Depuis le mois de juin 
1819, on H. fondé une école d'agriculture dans la ville 
de Valence : un vaste terrain est consacré aux expériences; 
on veut qu'elles soient tentées non pour accréditer tel 
système, mais bien pour améliorer le terroir au milieu 




(aJPranïoisdeNeufcMtean.i'jjaii etc.; Paria, an X, ïn-B°. — 
OViïJer de Serres , Eaai , t. I , p. 97. — Le marquis de Casa- 
Cagigal , Informe , p. ia. —Tof-li-o , Theairo critico, t. VI. 



(«i) 

La législation des Romains était favo-^ 
raLle à lagriculture ^ et si pendant le long 
période de paix qui succéda aux dernières 
victoires d'Auguste ^ le sol de l'Espagne eut 
toujours été cultivé par des niains libres ; 
si le système des grandes fermes (i) neût 
pas envahi les plus belles provinces , qui 
pourrait calculer aujourd'hui à quel point 
de prospérité et de richesses agricoles se- 
rait parvenue cette contrée ? Mais Rome 
traînait à sa suite des abus inséparables de 
Tesprit de son gouvernement. 

Un autre peuple hérita des Romains et 
vint se fixer en Espagne après avoir par- 
couru ou séjourné dans tout le midi de 



■Uk 



duquel elles s^exécuteront» Ainsi s'accompliront les y ceux 
patriotiques d'Herrera et de Diego Deza. 

On a inséré dans les Annales de r agriculture française 
la traduction du règlement que ^académie royale de Ma- 
drid a rédigé pour les nouvelles écoles : je dois Porigindl 
de celui de Valence à la bienveillance du consul français^ 
M. Brochant d'Anthilly, — Annal, d'agr., 2«. série, 
tome Xy page 387 , année 1820» 

(1) Laadato ingentîa rura 

Exiguum colito. «... Gsorg, , 11^ z^ia, 

Banqueri, Traduction d^Ehn-el-Av^am. — * Campo- 
mânes , Industr. popuL 



l'Europe. Ce peuple , d'abord pasteur et 
guerrier, resta long-temps encore étran- 
ger aux travaux agricoles , et , par un par- 
tage singulier et sans exemple dans l'his- 
toire, il borna son lot à une portion du 
sol , sur laquelle il plaça ses troupeaux. 
Ainsi les Goths se présentèrent d'abord 
comme les plus dangereux ennemis de 
l'industrie agricole ; mais las de vaincre 
et vaincus eux-mêmes par le climat , ils 
s'associèrent eniin à ceux qu'ils avaient 
dépouillés , et bientôt réunis d'intérêts 
comme de besoin , les uns et les autres ne 
formèrent plus qu'une seule nation. 

Le code wisigothique, et quelques ou- 
vrages que le hasard a fait parvenir jus- 
qu'à nous (i) , nous apprennent l'état de 
l'agriculture durant une période de trois 
cents ans. Si des invasions plus ou moins 
désastreuses ; si les intrigues des grands , et 
les guerresciviles (2) qui éclataient au com- 



{1) Fuero jttzgo. — . Isidore de Séville , De nbus 
rusticû. 
(a) Herrera, 1. tIj f. Saô , cul. a. 



( xîy ) 

mencement de chaque règne, eurent par-^ 
fois des résultats funestes, quelques an- 
nées de tranquillité suffisaient pour ré- 
parer toutes les pertes et pour préparer 
rÉtat à supporter de nouvelles secousses. 

Ainsi donc Fagriculturê fut station- 
naire sous les Goths; et tandis que la 
faiblesse des derniers souverains préparait 
un nouvel ordre de choses , un peuple 
nouveau , qu'animaient la soif des con- 
quêtes et tout le zèle du prosélytisme, 
parut sur* les côtes d'Espagne et en chan- 
gea toùt-à-coup les destinées. Une seule 
bataille mit fin à Fempire Avisigothique. 
Les Arabes, maîtres d'une immense con- 
trée , présentèrent un instant à l'Europe 
étonnée le spectacle d'une nation prêchant 
le glaive à la main et menaçant à-^la-fois 
tous les trônes et tous les peuples. 

Cependant une résistance honorable 
arrêtait les vainqueurs sur quelques points, 
et des peuples qu'on supposait avilis , 
quoique désunis et affaiblis par la guerre , 
défendirent avec le plus noble dévoue- 



(xiv) 
ment les ruines de leur patrie. Ils parvia- 
rent à lasser le courage de leurs féroces 
ennemis, et des traités honorables réuni- 
rent enfin les deux peuples sans jamais 
les confondre. On vit à-la-fois le même 
sol, et peut-être aussi le même toit, ras- 
sembler des hommes de mœurs différentes, 
professant des religions ennemies , et sou- 
rais à des lois et à des juges étrangers les 
uns ans autres. 

Telle est la constante influence de l'a- 
griculture sous le beau ciel de l'Espagne, 
et nous ne craignons pas de le répéter, 
qu'elle y développe toujours les mêmes 
vertus dans le cœur de ses habitaus. Fixés 
sur une terre qui peut satisfaire à tous les 
besoins , et que la nature a pris soi n de li- 
miter par d'imposantes barrières ; plongés 
quelquefois dans un sommeil séculaire, 
ils se réveillent nu bruit des désastres ; les 
malheurs publics exaltent leur patrio- 
tisme , et jusqu'à ce jour ils n'ont été vé- 
ritablement grands que dans Tinfortune. 
En effet, les vaincus conservèrent sous la 



k. 



(ït) 

domination des ealiies, et même dans les 
palais des grands , ceLesoin de vivre libres 
à l'abri d'un joug étranger. On les vit 
courir aux armes lorsque l'espoir du suc- 
cès tenta leur courage. Aussi des guerres 
sanglantes précédèrent l'expulsion des 
Maures ; et ce même peuple que l'Espa- 
gne rendit à l'Afrique, éprouve à son tour 
tous les regrets de l'exil; il tourne sou- 
vent ses regards vers sa patrie d'adoption , 
et il demande encore aujourd'hui au pro- 
phète qu'il le ramène dans les belles plaines 
de Grenade et au palais de ses califes. 

Il n'en lut pas cejieadant de la domi- 
nation des Maures corarae de celle des 
Goths. Ces habitans du désert, que la 
voix du prophète avait rendus guerriers, 
redevinrent pasteurs et cultivateurs lors- 
qu'ils n'eurent plus d'ennemis à com- 
battre. Héritiers des Chaldéens , des Egyp- 
tiens et des Perses, ils avaient puisé dans 
l'Orient ces connaissances pratiques dont 
ils firent une si heureuse application dans 
les belles vallées de l'Espagne. L'agricul- 
ture nabathéenne ,, fondée sur l'observa- 



L xvuj ;. 
despotique des Gollis, rcpai'urcnt en Es- 
pagne lorsque le désir de l'indépendance 
eut armé quelques bras. Marchant en tète 
des Croisés, ils se signalèrent par des ac- 
tions d'éclat , et les descendans (ïes Ibèi-es , 
pour lesquels l'alliance des Maures était 
une odieuse sei'vîtude, se soumirent vo- 
lontiex'S à des chefs qui leur promettaient 
la liberté. Des conquêtes brillantes de- 
vaient plus tard satisfaii'e toutes les am- 
bitions ; mais l'amour du pillage et les 
trésors amassés depuis des siècles par un 
peuple industrieux , tentèrent l'avidité des 
vainqueurs. Alors la guerre cessa d'être 
un devoir , et le cultivateur , en posant 
les armes , vint s'établir sous les murs du 
château où le sort du combat avait placé 
son chef; il y trouvait la protection né- 
cessaire à ses travaux , et l'appui conve- 
nable à sa naissante fortune. Si de nou- 
veaux dangers venaient menacer un ins- 
tant ces petites colonies, l'épée du noble 
était là pour les protéger et repousser l'en- 
nemi. On voyait ceux-ci voler au combat 
par-tout on ilyavaitdes dangers à su rmon- 



(xi, ) 
ter et de la gloire à acquérir. La recon- 
naissance des colons fut leur première ré- 
compense, et de brillantes dotations ajou- 
tèrent un nouveau prix à leurs victoires. 

Alors le souverain n'était que le chef de 
ces tiers chevaliers , et son pouvoir était 
subordonne au zèle et au dévouement de 
ses compagnons d'armes. Alors le peuple 
^tait étranger aux gueiTcs chevaleresques. 
Éloigné du champ de bataille, et protégé 
par une foule de petits châteaux qui for- 
maient un cordon inexpugnable , il cul- 
tivait en paix le sol nouvellement conquis. 
Aussi l'industrie agricole tenta quelques 
efforts pour se relever; elle recueillit avec 
soin les traditions arabes , et l'Espagne , 
devenue pour la seconde fois un état euro- 
péen , fournît le premier exemple d'un 
peuple sortant de la barbarie pour mar- 
cher rapidement à la civilisation. Quel- 
ques navigateurs visitèrent les cotes de la 
Méditerranée ; de nouveaux rapports et 
de nouveaux intérêts furent le résultat 
immédiat de ces premièi'es tentatives, et 
le commerce vint placer une couronne sur 



k 



la télé des cîievaliers que la guerre avait 
faits princes ; l'Espagne avait enfin re- 
couvré une partie de ses richesses : elle 
était agricole et marchande quand les 
Saxons végétaient en Angleterre, et que 
les Français , désunis et morcelés , n'a- 
vaient qu'un roi livré à la merci de ses 
grands feudataires. 

A cette époque , bien remarquable dans 
l'histoire de l'Espagne, la nation était di- 
visée en trois classes bien distinctes : le 
guerrier ou le noble, le cultivateur ou le 
paysan, le marchand ou le citadin. Des 
institutions empruntées aux peuples qui 
avaient occupé l'Espagne , régissaient 
ces trois classes et protégeaient tous les 
pouvoirs. Si par suite on imposa des de- 
voirs au cultivateur sans lui accorder des 
droits , l'Eglise du moins veilla pour lui j 
car dans ces premiers temps, les évêques 
se considéraient comme les défenseurs na- 
turels de leur diocèse. 

Les guerres saintes cessèrent avec la 
défaite des Maures. L'enthousiasme des 
croisades s'éteignit; les rois avaient re- 



(«j ) 

saisi le pouvoir , et de nouvelles guerres 
succédèrent à de longs abus. Pour la se- 
conde fois le cultivateur est entraîné dans 
les camps. Les nobles cessent alors de 
composer la principale ou plutôt l'unique 
force de l'arinde. La franchise des villes 
crée de nouvelles barrières contre les pou- 
voirs aristocratiques ; elle unit le peuple 
au souverain , et celui-ci marche en tête 
delà nation. 

Tandis que le peuple ^ éloigné des tra- 
vaux agricoles, ruiné par les guerres (i) , 
réduit par des famines cruelles , par la mi- 
sère et par la peste , devenait chaque jour 
plus étranger à son premier état , un ordre 
Impolitique , qui fut commandé peut-être 
par l'intérêt du moment , mais dont l'Es- 
pagne a eu tant à gémir dans la suite, 
chassa les Maures et les Juifs de la Pénin- 
sule. Trois millions d'individus furent 
exilés , et ils emportèrent avec eux l'in- 
dustrie et tous les capitaux. Cette perte 
est incalculable. L'agriculture cessa de 



C »"J ) 

prospérer; bientôt elle dépérît faute de 
bras et de moyens , et par-tout où elle fut 
protégée par les ëlemens ou par les loca- 
lités , elle resta stationuaire. Aucun effort, 
aucun progrès dans les siècles suivans ; 
toujours les mêmes instrument' aratoi- 
res (i) , les mêmes méthodes , les mêmes 
lois , et par conséquent les mêmes mœurs 
et le même peuple. C'est ce qui explique 
ces usages et ces pratiques agricoles , sou- 
vent insuffisantes , qui ûxent à regret l'at- 
tention du voyageur. De là ces vallons si 
riches par la culture à côté d'immenses 
déserts , que visitent seulement quelques 
bergers. L'industrie contournera ces dé- 
serts , les réduira , les effacera peut-être 
lorsqu'elle y sera appelée par les mesures 
protectrices qu'on lui fait espérer depuis 
si long-temps. 

C'est ainsi que l'Espagne, riche sous 



(t) On retrouve dans quelques manuscrits et sur quel- 
ques bas-reliefs , notamment dans le beau cloître de l'é- 
glise métropolitaine de Tarragone , des imitations cu- 
rieuses des instrumens consacrés à la culture de la lerre 
dans les treizième, quatorzième et quinzième siècle». 




l'empire des Maures (i) dans les siècles 
snivans , vit décroître sa prospérité et le 
bien-être de ses habitana. Elle fat pauvre 
sous la dominatioa des souverains, qui 
réussirent à la soulever pour affaiblir la 
noblesse. Cette misère s'accrut tandis que 
des princes de la maison d'Autriche ré- 
gnèrent sur cette belle portion du conti- 
nent. L'Etat ne retira aucun fruit de ces 
conquêtes brillantes qui soumirent une 
partie de rE,urope aux rois ('.-■3 Castille. 
Les forces de la nation furent employées 
a exécuter des projets ambitieux qui af- 
faiblirent sensiblement la puissance espa- 
gaole. Elle ne sç releva point sous le 
premier des Bourbons , qui , forcé de 
conquérir ses états , eut à lutter sans cesse 
contre des obstacles de toute nature. Mais 
sous les successeurs de Philippe, quoique, 
désormais la nature du gouvernement ne 



Ç\')a. Ningua nwnaxqma ho, sido Duena de tajitos Ki- 
quezas como Esptûia ha tenida. u 

Martinez lie Mata , Epitouie. 

Aucune nionarchie n'a possùdc autant de nchesses que 
l'Espagne. 



I 



( xxiv ) 
fut plus la même, l'Espagoe commença 
à se relever de ses ruines : des travaux 
utiles furent commandes et exécutes , des 
encouragemens inattendus vinrent relever 
l'industrie et ranimer le commerce. Des 
lois sages , mais trop de lois sans doute , sor- 
tirent du cabinet du prince. Ces médita- 
tions précoces ont été presque toujours 
infructueuses et quelquefois nuisibles. Ce- 
pendant une grande impulsion était don- 
née , l'agriculture s'améliorait par-tout ; on 
voyait de zélés cultivateurs conserver avec . 
des soins éclairés les beaux ouvrages des 
anciens et leurs vieilles traditions. Des 
auteurs (i) non moins recommandables 



(I) On peut citer dans le nombre l'illusireJoTellanos} 
le comte de Campomanesi le bénédictin Feyjoo, Thcat. 
cric.) 1764. — Rodriguez, 1790. — Miinoz , Disc, sobre 
la economia politica, Madrid, 1769. — Padre Gil, Plart 
de nueva arden. de momt. , Madrid , 1 794. — S. -Marlin- 
y-Burgoa, el labrador Vazcongado , Madrid , 1797. — ■ 
Manresa-Barreda , Adicion al Despertador , ^yço. — 
Ahso , Jlist. de la ecortom. polU. de Arag. , Zaragoasa , 
1798, in-4''. ^ Vincent Ferez , Discursos , 1766. — 
QuinCero , Pe/tsamientas. — Banqueri , Trad. de Ebn- 



J 



( XXV ) 

par leurs écrits que par les infortunes qui 
ont pesé sur plusieurs d'entre eux, out 
exploité depuis lors toutes les branches de 
l'économie rurale , et leurs ouvrages vien- 
nent encore attester parmi nous que les 
lumières n'ont jamais déserté la Pénin- 
sule. Quand sera-t-il donné à cette heu- 
reuse contrée de voir développer sans 
obstacle ce degré de prospérité et de force 
auquel elle est appelée par la beauté du 
climat, la nature du sol et le génie de ses 
habitans? L'Espagne n'a envisagé jusqu'ici 
que l'Amérique. Elle paraît avoir oublié la 
naturedesrichessesque renfermeson sein. 
Cependant des institutions admirables , 
un système de culture non moins sage 
que les lois qui le protègent , relégués 
dans quelques coins de la Péninsule , lui 
rappellent sans cesse sa puissance et son 
antique prospérité. Ce sont de beaux mo- 
numensque les révolutions ont respectés. 
Elevés pour des temps plus heureux, et 
légués à la postérité par un peuple qui fit 
de l'agriculture le premier de tous les 
arts, ils ont inspiré aux derniers souve- 



I 



( «'j ) 

raîns de l'Espagne et à quelques-uns de 
leurs ministres le désir de les imiter. La 
France elle-même, au]=}urd'liui que l'es- 
poir du mieux lui est permis , trouverait 
des leçons et des modèles sur les rives du 
LIobregat, de l'Ebre, du Mijares, du 
Guadaiaviar , du Xucar et du Seguro. 11 
peut donc être utile d'esquisser un aperçu 
de l'industrie agricole dans les provinces 
privilégiées de l'Espagne ; mais tandis que 
nous ne serons que l'historien des institu- 
tions et des lois , si quelques-unes d'en- 
tre elles nous paraissent trop éloignées de 
nos mœurs et de nos besoins , ne perdons 
pas de vue qu'elles offriront encore au lé- 
gislateur une leçon salutaire , en lui four- 
nissant la preuve que , quelle que soit la 
nature du gouvernement , l'agriculture 
peut encore prospérer si des lois sages la 
régissent , et sur-tout si les agens de ces 
mêmes lois sont pris dans la seule classe 
intéressée à faire respecter leur indépen- 
dance. 

Ce travail sera divisé en trois parties : 
dans la premièrej nous jetterous un coup 



f xxvij ) 
d'oeil sur letat de l'agriculture en Cata- 
logne et sur l'influence que ses progrès ou 
sa décadence doivent exercer sur tout le 
midi de la France j nous y joindrons 
une notice sur quelques-uns de ses cours 
d'eau. Dans la seconde, nous décrirons les 
divers modes d'irrigation et les princi- 
paux canaux d'arrosage du royaume de 
Valence, et nous y joindrons une ana- 
lyse ou la traduction exacte des Régle- 
mens particuliers à chacun de ces canaux. 
Dans la troisième enfin, nous examine- 
rons avec quelque détail les lois doma- 
niales et municipales dans leurs rapports 
avec les lois rurales , et nous la termine- 
rons par un aperçu sur l'agriculture dans 
les terres arrosées et dans celles qui sont 
privées de ce puissant moyen de fertilité. 
En suivant cette classification , nous 
marcherons , il est vrai y en sens inverse des 
progrès de l'industrie agricole; mais à 
mesure que nous nous rapprocherons du 
terme de notre voyage , des ouvrages plus 
remarquahles , des travaux mieux com- 
hinés, des lois plus sages fixeront notre 



( ixviij ) 

attention. Ces recherches , animées ainsi 
par Fattrait des découvertes , nous conduir 
ront vers la conséquence immédiate qi£un 
seul peuple (les Arabes) a bien connu 
le sol de V Espagne ^ et cette preuve de- 
viendra plus sensible à mesure que nous 
nous rapprocherons du centre de son e/w- 
pire et des lieux qui lui ont été le plus 
long-temps soumis. 




VOYAGE EN ESPAGNE 

DLSS LES ANNEES l6j6, 1817, 1818, 1819. 



PREMIERE PARTIE. 



DE L'ARROSAGE, 



DES LOIS OU COUTUMES QUI LE RÉGISSENT 



LA PRINCIPAUTE DE CATALOGNE. 



CHAPITRE PREMIER. 

ARROSAGES DANS LES VALLEES DE LA HAUTE 
CATALOGNE, 

La "Catalogne estla jtfovince )a plus industrieuse 
de l'Espagne. Ses hahitans ont conservé leur ca- 
ractère primitif à travers toutes les révolutions 
qui ont désolé l'antique Celtibérie. Long-temps 
ils ont fait respecter leur indépendance , et lorsque 
des alliances ou des traités réunirent les Catalans 
aux Castillans, la politique ne fut pas encore as- 
sez habile pour leur faire oublier que la nation 
espagnole se composait de plusieurs peuples. 
Tome I. 3 



( ^ } 

Voisine de kimer, et pouvant disposei-de toui 
les produits du nord et de l'un des plus grands 
fleuves de l'Espagne ;liinitropbe d'un état auquel 
elle doit ses meilleurs ouvriers; enfin, cernée par 
les provinces tributaires d'Aragon et de Valence , 
la Catalogne était appelée par son heureuse situa- 
tion à jouer un rôle distingué dans l'histoire de 
la Péninsule. Soumise la dernière aux califes 
d'Occident, ce fut encore elle qui s'arma la pre- 
mière pour secouer le joug. Des princes électifs 
et toujours habiles marchèrent en tète d'un peu- 
ple valeureux , et la liberté de l'Espagne sortit à- 
la-fois des vallées agrestes de la Catalogne et des 
montagnes des Asturies. 

Dans ces siècles reculés , les arts et le loxe 

étaient au-delà de l'Ebre et sur les rives du Gua- 

dalaviar et du Guadalquivir , ils franchirent plus 

tard ces limites ; mais c'est en vain qu'un lecteur 

avide de recherches chercherait à s'entourer de 

[ t'inunense recueil de& écrivains nationaux : les 

" vieilles chroniques ne nous entretiennent que de 

\ batailles et de luttes sanglantes ; il nous manque 

l* encore l'histoire de tous les travaux accomplis 

sous les princes catalans, et celle de leurs efforts 

pouraméliorer le sort de l'agriculture et protéger 

l'étude des lettres. Les anciennes cours de Barce- 

I lone et de Provence nous sont à peines connues. 

Deux peuples amis , que la mer n'avait pu sép a- 

J 



{ 3. y 

rer, mais que, 'plus tard, la politique a désunis, 
conservent encore les mêmes souvenirs : plus 
d'un laboureur, dans ses longues veillées , a pro- 
noncé avec respect le nom des comtes Raymond 
et du vieux Bérenger : il venge ces premiers 16- 
^slateurs du dédain de l'histoire , car il parle de 
leurs bienfaits. 

Plus tard , des guerres fréquentes et plusieurs 
invasions ont désolé la Catalogne et détruit en 
partie l'ouvrage de ses comtes. Les ruines de plus 
de trois cents villages (i) attestent de grands dé- 
sastres , et tout ce que l'agriculture a eu à souffrir 
pendant plusieurs siècles. Dès l'année iSaS (a), 
la Catalogne ressemblait à un désert , et depuis 
lors le gouvernement ne fit aucune tentative 
pour repeupler cette antique contrée. Les suc- 
cesseurs de Philippe V ont été mieux inspirés , et 
sur la fin du dix -huitième siècle des résultats 
inattendus ont révélé aux souverains de l'Espagne 
des sources inconnues de puissance et de ri- 



(i) Campotnanes , Jnd. popuî. , p. 72. — D. J. Cares- 
inar , Mém. — SancKe de Moncada , Hist. — Dam. de 
Olîvares , Hist. — De la Borde , Itin. , t. V, p. 8 ; t. I , 
p. 107. 

(2) D conTÏciit d'observer que les Maurea furent pros- 
crits l'an 1495^ et dtifinîtîvenient chassés de l'Espagne 
3.. 



( "i^ ) 

Mais les plaies étaient encore trop profondes, 
les abus trop enracinés pour qu'il suffît d'une ou 
de deux générations pour tout réparer. La guerre 
cependant venait d'apporter en Catalogne l'in- 
dustrie des peuples qui habitent le midi de la 
France, et des ouvriers capables de l'établir et 
de la perfectionner. On vit s'élever tout-à-eoup 
de nouvelles manufactures ; la population s'ac- 
crut rapidement , et les résultats de cette grande 
amélioration arrivèrent assez à temps pour que 
les ministres et les rois qui les avaient préparés 
aient pu jouir de leur ouvrage. 

Aujourd'hui , la Catalogne a heureusement 
remplacé par l'industrie tout ce qu'elle a perdu 
en produits du sol (i), et si elle consomme peut- 
être plus qu'elle ne récolte , elle exporte, k son 
tour, dans les provinces limitrophes et quelque- 
fois à l'étranger une grande quantité d'objets 
manufacturés. C'est sans doute un malheur que 
la terre , dans cette belle province, ne rende pas- 
encore tout ce qu'elle a rendu dans d'autre» 
temps; mais il suffirait de peu d'années pour 
préparer d'immenses résultats ; et lorsque le gour 



i6i4- Les Juifs, qui 

irs et des marcliands . 



mposaienC la classe des ban- 
'aient déjà été prostrits l'un. 



.49» • 

fij Campomanes, /«t/, popul. 







t33.), 
vernement aura délivré le cultivateur des entraves 
qui enchaînent son zèle et abattent son courage 'j 
il sera lui-même étonné de son ouvrage. Le génie 
actif des Catadans est capable de tous les efforts ; 
pour réussir , il n'a besoin que d'un peu de li- 
berté. Quelques encouragemens en ont fait le 
peuple le plus industrieux de l'Espagne ; sèsiibc- 
csès agricoles ne seraient plus douteux sHl lui était 
|iermis dé porter la charrue dans les landes , et de 
labourer pour lui. * 

Ainsi donc de grands obstacles s'opposent en- 
core aux projets d'amélioration que des Espa- 
gnols zélés (i) n'ont cessé d'indiquer dans tous 
les temps. Ces obstacles sont de nature à forcer 
l'attention du voyageur : souvent , à côté d'une 
vallée riche de culture , parce qu'un bienfaiteur 
kiconnu la dota d'un canal d'arrosage , on ren- 
contre de nouvelles vallées vouées à la stérilité i 
lorsqu'il suffirait d'un léger sacrifice et d'une 
main puissante pour diriger sûr ces terres inertes 
les eaux du fleuve voisin. Sans doute ces grandes 
améliorations se présenteront rarement à nous 
dans la ligne que nous allons parcourir; mais 
c'est précisément parce qu'elles sont rares qu'il 
importe de les signaler , pour convaincre le leo- 



«■r- 



(0 Alvarez Osorio , Zavala , Uslariz , UlLoa, Jovçl- 
la-nosj Campomanef. 



I 



(34) 
teur des bienfaits de l'arrosage, et de son influence 
sur la prospérité des états. 

Il existe un grand nombre de canaux d'arro- 
sage dans les vallées supérieures de la Catalogne 
et jusque dans les gorges des Pyrénées ; ils amé- 
liorent un sol appauvri par les chaleurs , et le for- 
cent à produire plusieurs récoltes dans la même 
saison. Cependant ces ressources locales sont li- 
mitées ; elles n'intéressent qu'un petit nombre 
d'hommes disséminés sur un grand espace, et 
elles n'exercent aucune influence sur les contrées 
voismes. Ces arrosages , semblables à ceux du 
Roussillon , ont la même origine , les mêmes 
chances de succès et se régissent par les mêmes 
lois , il serait donc inutile d'en présenter ici la 
nomenclature. Ce n'est point une histoire géné- 
rale des canaux que nous avons entreprise , mais 
bien un aperçu sur quelques-uns. 

La haute Catalogne est très-montagneuse : les 
grandes arêtes des Pyrénées se prolongent au 
loin, et les chaînes qui se dirigent à l'est, après 
avoir formé les vallées agrestes de Campredon , 
Kibas, Besalu et S.-Llorens , s'abaissent vers la 
mer, et dessinent deux grans bassins connus sous 
!e nom de haut et bas Ampurdan. Le fleuve du 
Ter, après avoir recueilli , depuis les crêtes de 
Canigou , les eaux des nombreux torrens qui 
sont en général situés sur sa rivé gauche , coule 




(35) 

au pied des montagnes, et vient se jeter dans la I 
mer , non loin des pics coniques de Tarraelta de 

Nous avons indiqué plus haut la possibilité de 
construire de nouveaux canaux d'arrosage, etl 
déjà nous sommes parvenus sur un point où ' 
l'industrie réclame de grands travaux. On re- 
marque ici avec regret (^% leTer ravage plus qu'il 
n'améliore, et l'espèce d'abandon auquel paraît 
condamnée la belle plaine d'Ampurdim , semble 1 
dire au voyageur que cette contrée ne vit jamais ' 
les Maures que les armes à la main ; cependant 
il serait bien facile de diriger les eaux du fleuve 
sur ces terres souvent desséchées par les vents et 
les fortes chaleurs. L'art de construire des bar- 
rages est connu des Catalans ; les bons modèles 
ne sont pas rares, et les obstacles réels, s'il en 
existe, sont de nature à ne devoir jamais résister 
à l'action directe du goiivemement : c'est dans 
une gorge étroite, qu'occcupe presqu'en entier 
le lit du Ter, entre les deux chapelles de N. D. 
dels Angels et de S. Miguel de Terri, qu'il paraî- 
trait convenable d'établir le barrage. 

Une secondedigue pourrait encore être établie 
aux lieux où le Ter, se jetant à droite, forme des 
coudes fréquens vers le village de S.Jordy. Ces 
deux dérivations serviraient à l'arrosage de tout 
ce grand espace de terre compris entre Médina 



L 



(38 ) 

et Tarruella de Mongri ; elles viendraient con- 
fondre leurs eaux avec celles des canaux infé- 
rieurs, et jusqu'aux terroirs d'Ampurias et de 
l'Âscala , profiteraient de ces ouvrages. 



ARBOSAGES DU TER, CAWAL DE GIRONE, 

La ville de Girone possède trois moulins à fa- 
rine et deux autres usines qui s'alimentent des 
eaux du Ter au moyen d'un grand canal. La prise 
d'eau de celui-ci est sur la rive droite du fleuve,, 
presqu'en face du village de S.-Gregori et d; 
le terroir de MontfuUa; ce canal traverse ensuit 
la partie basse des terroirs de Sait et de S,-Eiigeni, 
et pénètre dans le faubourg de Girone, après avoir 
franchi les fossés et quelques rues , au moyen de 
plusieurs aqueducs. Dans un trajet d'environ 
jOjOoo mètres, cette dérivation, capable d'ab- 
sorber en temps ordinaire toutes les eaux du Ter, 
n'arrose cependantque quelques lisières de terre, 
et elle semble plufôt destinée à réveiller un jour 
l'industrie agricole, qu'à satisfaire aujourd'hui 
aux besoins de la contrée. Il est vrai que l'usage 
des eaux n'est pas sans abus , le très-petit nombre 
de propriétaires qui possèdent les huer tas , ou 



rise 
ive,.,j^^J 

:aB^^| 

eni, 1 



^ 



( 37 ) 

terres arrosées , n'est guère empressé de faciliter 
des Iravatix qui auraient pour résultat de créer 
une concurrence fâcheuse; mais ces motifs ne 
suffisent point à l'agronome. Il envisage les tra- 
vaux publics sous un autre point de vue; en 
respectant l'intérêt privé, il veut cependant le 
faire concourir à l'intérêt général : c'est le but 
de ses recherches, et presque toujours le résultat 
de ses travaux. C'est dans ces dispositions que 
nous allons jeter un coup d'œil sur l'administra- 
tion du canal et sur la position où précaire ou 
trop absolue des usagers ; il suffira pour nous 
dévoiler les causes qui contribuent à perpétuer 
les abus. 

- Le canal ou l'Acequia est la propriété de la 
ville; sa largeur moyenne est d'environ 4 lïiè- 
tres, l'élévation èè ses francs-bords au moins de 
3 mètres. Ce canal traverse plusieurs terroirs en- 
trecoupés par des torrens, et pour le mettre à 
l'abri des accidens, il a fallu construire plusieurs 
déversoirs et seize ponts, dont trois dans la seule 
ville de Girone. L'eau s'élève quelquefois jusqu'à la 
hauteur de 3 mètres, et cet énorme volume vient 
inutilement se perdre dans les immenses coursiers 
des moulins de la ville, et causer quelquefois les 
plus déplorables accidens. Avec plus d'économie et 
sans doute aussi avec plus de prudence , on pour- 
rait réduii'e le volume des eaux nécessaires au]ç 



( 38 ) 
cinq usines, et l'excédant serait ^ippliqué avec 
de grands avantages aux besoins de l'agriculture; 
aujourd'hui les jardiniers de MontfuUa , Sait et 
S.-Eugeni ont l'usage illimité des eaux; ils ar- 
rosent sans ordre et sans l'intermédiaire d'aucun 
distributeur. L'excédant, s'il en existe, et il est 
rare qu'on exerce les droits d'usager dans de 
justes limites, est perdu pour l'agriculture; il 
retombe dans les fossés de dessèchement , et 
rentre dans le fleuve en traversant des terres qui 
n'ont aucun intérêt à l'arrêter. 

Les terres arrosées sont divisées en deux lots 
et affermées pour le prix de 5o livres catalanes, 
ou environ i34 fr, la bassane. Cette mesure ré- 
pond à la surface du terrain sur laquelle on sème 
3 doubles décalitres de blé ; c'est environ a5 ares. 
hajànega, autre mesure, exige 3 doubles déca- 
litres et demi de semence; pour avoir le droit de 
payer une rétribution aussi exorbitante, il faut 
appartenir à la confrérie des jardiniers et avoir 
chèrement payé sa maîtrise, à la suite de l'exa- 
men qui précède souvent, pour la forme, l'ad- 
mission de chaque individu. Le chef de la con- 
frérie , sous le nom de paborde , exerce une 
grande autorité sur tous ses membres. Il est 
chargé de la répartition et de la perception des 
taxes; il exploite la corporation au profit de 
U ville , et celle-ci , qui d'abord parait généreuse. 



J 



{ 39 ") 
eu exceptant le propriétaire des droits qui de- 
vraient lui être imposés comme usager de ce ca- 
nal, se récupère avec usure, en exigeaut de chaque 
jardinier le droit de ^■««awci'a/ (patente), et la 
double capttation. Il est difficile d'assigner un 
motif légitime à cette manière de procéder. L'u- 
sage que les propriétaires des huertas ont ac- 
quis sur les eaux de i'Acequia , et la manière 
dont la ville déguise son droit et s'indepinise des 
frais d'entretien semblerait prouver que la cons- 
truction du canal est du moyen âge. La destruc- 
tion des archives pubUques ne permet pas d'ob- 
tenir des renseignemens plus positifs; mais si 
l'agriculture en général a manqué de protecteurs, 
l'intérêt particuUer, c'est-à-dire celui d'un petit 
nombre de propriétaires et celui des Regidors de 
Girone, ont su préserver de l'incendie toutes les 
pièces d'un procès qui avait long-temps occupé 
les tribunaux. Les jardiniers de Sait, en prou- 
vant qu'ils étaient habitons de l'ancien chef-lieu 
de la Viguerie, prétendaient former une corpo- 
ration particulière, et ils refusaient en consé- 
quence d'entrer dans la confrérie de Girone. 
Comme l'obligation de s'inscrire sur les tableaux 
de celle-ci était moins une mesure de police 
qu'un véritable impôt, les Regidors défendirent 
à outrance les intérêts de la ville. L'issue du pro- 
cès ne fut point favorable aux jardiniers forains; 



i 



(4o) ■ 

ils Jurent se résigner à supporter les charges an- 
-nuelles de la confrérie, et à acheier un peu trop 
■chèrement sans doute les droits d'entrée ou de 
maîtrise. Ainsi l'industrie agricole, qui pouvait 
tenter de généreux efforts , fut soumise à des en- 
traves dont le propriétaire parvint à s'affranchir 
aux dépens du colon . La juridiction du Paborde 
s'éleva sans obstacle à côté de toutes les autres 
juridictions, et le système des amendes, légitimé 
par les statuts , fut la. conséquence d'une organi- 
sation vicieuse. 

Ainsi donc un fleuve et un canal d'arrosage 
traversent inutilement la plaine de (ïirone. Tandis 
que le paysan fatigue aujourd'hui la terre par ses 
labours, et que souvent la sécheresse dévore en 
peu de jours le fruit de ses lon^ travaux, l'irri- 
gation seconderait tous ses efforts, et l'on verrait 
ce beau bassin devenir eu peu d'années un des 
cantons privilégiés de l'Espagne. Ici , du moins 
il faut le db'e-, ce ne sont plus les encouragemens 
du gouvernement qui manquent à l'industrie 
agricole; une causeplus immédiate, uneopposi- 
tion peut-être encore plus active, s'élèvent contre 
elle : c'est la ville de Girone, qui recule, dît-on, 
devant un projet qui menace ses revenus. Pour 
l'honneur de ceux qui la gouvernent, nous de- 
vons supposer que ce refus est uniquement dicté 
jitar la crainte de voir un jour les usagers usur- 



( 4. ) 

per sur les droits de la ville, et priver les mou- 
lins du volume des eaux qui leur est nécessaire. 
Mais ne serait-il pas encore possible de concilier 
les intérêts des usines avec ceux de l'agriculture, en 
intsoduisant dans le canal une plus grande quan- 
tité d'eau , et en veillant à l.i distribution par des 
agens et au moyen d'ouvrages d'art. Nous avons 
déjà vu avec quelle profusion les mêmes usines 
étaient servies ; en les privant d'un excédant qui 
quelquefois leur est si fatal, on n'affaiblirait point 
ces gros revenus municipaux auxquels on veut 
tout sacrifier (i). 

De longues infortunes ont longtemps pesésur 
la ville de Girone et sur son terroir; on dirait 
qu'il est dans sa destinée de connaître tous les 
maux de la guerre et de n'éprouver d'obstacles 
insurmontables que lorsqu'une main généreuse 
semble lui indiquer les moyens de les réparer. 
Rarement une génération s'éteint sans avoir vu 
l'ennemi sous les murs de la ville ; chaque révo- 
lution de la Péninsule s'est fait sentir jusque dans 
ses vieux donjons; tous les peuples qui ont pé- 
nétré en Espagne les ont visités et démantelés; 
par-tout on y trouve des ruines et les traces d'an- 



(l) En i8aS, les fermages des seuls moulins ont, 
dit-on , ]iTDduii à la tîHc 26,000 livre» catalanes , ou plii« 
de 69,000 francs. 



(4») 

cjens désastres. Il est affligeant de penser qu'il 
est des contrées soumises à une triste fatalité et 
dans lesquelles l'industrie ne se réveilla jamais 
que pour créer des ressources précaires. Espé- 
rons que la ville, mieux conseillée par ses ma- 
gistrats , consentira tôt ou tard à se désister de son 
opposition , et qu'on la verra même figurer en 
tète de l'entreprise ; alors du moins on pourra se 
dire que si Girone a éprouvé de longues infor- 
tunes, ceux qui la gouvernent n'ont pas cessé un 
moment d'être étrangers aux causes qui les pré- 
parent. 

On pourrait encore arroser quelques lisières 
de terre au pied de la montagne sur laquelle est 
le fort de Montjuich- Il suffirait pour obtenir ce 
résultat d'introduire un plus fort volume d'eau 
dans le canal des moulins de Pont-Major ( fau- 
bourg de Girone), Ces deux arrosages et ces deilx 
canaux, quels que fussent leurs besoins, n'ap- 
pauvriraient pas tellement le fleuve qu'il ne pût 
encore alimenter au-delà de la gorge les Acequias 
de l'Âmpurdan. Les affluens du Ter en aval de 
S.-Gregori reçoivent les eaux d'un vaste territoire, 
et le fleuve , parvenu sous les murailles de Gi- 
rone, a déjà réparé les pertes éprouvées à la digue 
de MontfuUa. Ces divers travaux compléteraient 
donc le meilleur système d'agriculture dans les 
plus beaux cantons de la haute Catalogne. 




C43) 

CHAPITRE m. 

irOBIAS DE LA HAllTE CATALOGUE. 

Jusqu'ici il n'a été question que des arrosages 
projetés en Catalogne, et ce n'est pas là précisé- 
ment le but de nos recherches ; mais il nous con- 
venait de faire remarquer de bonne heure que , 
même dans cette terre classique pour l'arrosage, 
l'industrie agricole est loin d'avoir atteint le de- 
gré de développement auquel l'appellent le génie 
des habitans et les besoins du sol. 

Au-delà de ces montagnes arides qui cernent 
le terroir de Girone, après que le voyageur a 
franchi, non sans quelque fatigue, les landes de 
la Grenota et les côtes escarpées de la Tordera , on 
descend rapidement, et les grandes arêtes s'af- 
faissent vfers la nier. La côte marine (àora marina) 
présente ici le plus beau coup d'œil; elle est pro- 
tégée contre les vents du nord et ceux d'ouest, les 
seuls qui soient à craindre , par un grand rideau 
de montagnes , couvertes de bois ou cultivées avec 
beaucoup d'industrie; son climat est celui du 
midi de l'Espague, heureusennent tempéré par les 
brises , tandis qu'au-delà de ses limites naturelles 
la longue vallée dHostatrich est alternativement 
dévorée par les froids de l'hiver et par les cha- 



(44) 

leurs excessives de l'été. Sur cette lisière de terres, 
le géuie actif des Catalans s'est ménagé des ports 
de refuge pour le cabotage; quinze villes ou vil- 
lages occupent les criques qui séparent la Tor- 
dera du torrent de Besos. Une population con- 
sidérable se presse sur ce petit espace, et par 
l'activité de ses travaux et l'intrépidité de ses 
marins, appelle tous les jours de nouveaux ha- 
bitans , de nouveaux capitaux et une nouvelle 
industrie. Le commerce, dont les Catalans con- 
naissaient déjà tous les avantages lorsque les ri- 
vages de la Méditerranée n'étaient encore visités 
que par les Pisans, les Génois et les Vénitiens; 
le commerce, dis-je, a peuplé la côte et relevé 
les ruines de l'antique Mataro ; mais ces mêmes 
hommes, que les dangers de la mer ne sauraient 
intimider et qui vont chercher au loin des ri- 
chesses qui les tentent et des besoins qu'ils igno- 
rent, veulent retrouver dans leur patrie quel- 
ques-unes des jouissances qu'ils n'ont fait qu'en- 
trevoir sur une terre étrangère. L'agriculture 
d'ailleurs exerce une influence si puissante sur la 
. destinée des hommes , qu'elle est encore l'état que 
choisissent tous ceux qui, par besoin ou par 
amour du repos, renoncent à tous les autres; 
mais l'agriculture d'un marin n'est déjà plus celle 
du paysan , qui , fixé toute la vie sur le sol qui l'a 
vu naître, ne connaît qu'une manià^ de tra- 




(45) 

\'aUler la terre et se contente des fruits que lui 
ont légués ses ancêtres. Sous les murs deMataro, 
sur le rivage de Calelle , ou bien dans les terroirs 
de Bagalone, Masnoû ou Piiieda, on retrouve la 
plus riche culture et des colonies nombreuses de 
j plantes exotiques ; les orangers y forment de ri- 
ches bosquets; quelques-uns présentent des sou- 
ches de plus de 1 5 pouces (o"',4 1 ) de diamètre ; 
et du milieu de ces massifs parfumés et couverts 
de fruits toute l'année, on voit s'élancer quel- 
quefois la tige svelte du palmier ou les branches 
si prodigues du robuste Caroubier. 

Une des jouissances les plus ambitionnées dans 
tous les états est celle d'un jardin ; il peut satis- 
faire à tant de besoins; son entretien et les soins 
minutieux qu'il exige ménagent encore tant de 
distractions aimables, qu'il n'est pas étonnant que 
la terre soit en partie consacrée au jardinage sur 
toute la' Bora-Marina. L'entretien de ces nom- 
breux jardins nécessitait un grand volume d'eau, 
et les torrens qui sillonnent toute la côte , n'ayant 
qu'un très-petit espace à parcourir depuis les 
crêtes de la montagne jusqu'à la mer, sont tou- 
jours <i sec bors la saison des pluies. L'industrie 
y suppléa d'une manière bien ingénieuse , et des 
Norias, construites dans une grande dimension, 
suffisent à l'arrosage de chaque propriété ; cepen- 

f convient d'observer [que l'exposition au 
ïaiïL 4 






(46) 
sud-est lie toute cette cûte , que la nature du soi , 
que les fortes chaleurs et sur-tout que la grande 
variété des herbages et des arbres fruitiers, com- 
mandent de fréquens arrosages. L'utile Noria, 
que nous devons aux Maures et qui a toyagé avec 
eux depuis l'Egypte ( i ) , mise en mouvement par 
un seul cheval, fournit journellement un ^and 
volume d'eau. Celle-ci séjourne dans un très- 
grand bassin, d'où elle se dii'ige ensuite, au 
moyen de quelques rigoles , souvent maçonnées, 
sur les planches du jardin , ou vers le petit carré 
de blé que le jardinier se ménage encore au mi- 
lieu de ses hortolages. Les godets de la Noria 
sont en terre cuite; ils n'élèvent chacun qu'envi- 
ron I aS pouces cubes d'eau ; mais le mouvement 
de la roue, et le nombre de godets, qui sont espa- 
cés de manière à ce que cinq déversent à-la-fois, 
suiËsent pour alimenter une forte source. 

En général , les Norias sont adossées contre la 
maison du colon ; la roue d'engrenage est dans 
l'écurie du cheval chargé de la mettre en moi;ve- 
inent, et presque toujours un enfant suffit pour 
activer le pas de l'animal lorsqu'il est au travail. 

La culture par la JVoria est toujours limitée; 



(0 Strabon. — Abu-eWair, maure deSéville. — Bbn- 
el-Awam , p. 1 46 , 1. 1. — Nouv. Ann. des voyages, t. UI, 
i". fartée. — Rîdley , Naufr. 




(47) 
mais elle présente taut d'économie et des résul- 
tats si satisfaisans , qu'on ne saurait trop l'encou- 
rager et en recommander l'emploi. Souvent moins 
d'un hectare de terre et une Noria suffisent, dans 
un climat brûlant et sur une terre sablonneuse, 
pour alimenter une nombreuse famille et cons- 
tituer encore un gros revenu en faveur de son 
heureux propriétaire. 

Depuis quelque temps, on a essayé d'écono- 
mi-ser l'entretien du cheval, qui rend d'ailleurs 
tant de services au jardinier, et fournit en outre 
un très-bon engrais. On a substitué un corps de 
pompe à la roue principale; quatre voiles étroites, 
fixées sur les ailes d'un volant et à égale distance, 
tournent verticalement sur leur axe et suffisent 
au jeu de la pompe. Cette nouvelle machine pré- 
sente de grands avantages; elle permet au jar- 
dinier de se reposer sur les vents de mer ; mais 
il est à craindre qu'il ne soit guère possible de 
l'adopter ailleurs : la régularité des vents est une 
chose fort rare et qui n'existe que dans un très- 
petit nombre de contrées. Sans un moteur à-peu- 
près permanent, tous les avantages de la pompe 
disparaissent, et l'on ne fait plus que s'embar- 
rasser d'une machine coûteuse et insuffisante. 

Dans ces terres morcelées par la concurrence 
et divisées comme les cases d'un échiquier, la cul- 
ture d« blé obtient peu de place, Nous avons 
4- 



L 



C48) 

déjà observé qu'elle avait lieu quelquefois dans 
quelques planches réservées d'un jardin et bien 
rarement dans une propriété un peu étendue. 
Dans tous les cas , une industrie puissante pro- 
tège la récolte de blé; on le sème à la main dans 
des sillons espacés et sur une terre très-meuble 
et bien amendée, afin de permettre à la bêche 
d'effectuer quelques légers labours pendant tout 
l'hiver. Ce travail paraît remplacer avantageuse- 
ment, pour les petites cultures, le sarclage ordi- 
naire et il favorise la végétation des blés, qui a 
principalement lieu dans le mois d'avril, époque 
du dernier labour. 

Nous retrouverons ailleurs les Norias et cette 
culture soignée du blé. 



CHAPITRE IV. 

ARROSAGES DU SESOS ; CANAL DE RARCELONÊi 



I 



Le commerce et l'industrie ont déjà beaucoup 
tenté pour améliorer le sort des contrées que 
nous venons de parcourir; peut-être même en 
nous enfonçant dans les belles vallées des Pyré- 
nées, aurions-nous rencontré des établissemens 
dignes d'être admirés , ,et sans doute les colonies 
commerciales d'Olot, de Ripoll, de Vicb et de 




f 49) 
Solsona, les paysages agrestes de S.-Juan-de-las- 
Âbadessas et de la vallée d'Arq , les forêts de 
S.-Celoni, les cultures soignées de quelques ter- 
roirs reculés, eussent fixé toute notre attention; 
mais déjà nous sommes parvenus sous les murs 
de Barcelone. 

Cette antique ville, qui a donné des rois à 
l'Espagne et des comtes souverains au Roussillon 
et à la Provence, est située dans im des terroirs 
les plus fertiles et les mieux cultivés de la Cata- 
logne. Depuis le village de Bagalona, situé à deux 
lieues de la ville, jusqu'à celui de Sarria, un 
nombre infini de torres (i) semblent ne former 
qu'un immense faubourg et ménagent, par leur 
heureuse position et l'agréable diversité des sites, 
des retraites délicieuses; rien ne borne la vue et 
ne vient détruire le charme de cette belle pers- 
pective. Le cordon de montagnes qui domine ce 
beau bassin ; le Besos qui le traverse dans sa plus 
grande largeur et dont le cours sinueux est 
dessiné par une lisière de peupliers; ces lignes 
ondulées qui descendent vers la mer ; l'aspect 
imposant du Montjuicb,qui détacbe ses formes 
abrupte au-dessus des clochers de Barcelone; 



(i) On appelle ainsi les n 
que chacune d'elles avait ai 
servait d'asile contre les p 
SarLarcs(]ues. 



r (^torre) qui 



( 5o) 

un horizon immense, que recule encore la voîli 
triangulaire d'un bateau pêcheur : tout concourt 
k composer le plus beau tableau et à embellir une 
des plus belles régions de la Péninsule. Un canal 
d'arrosage traverse cette plaine et reçoit au-des- 
sus du village de S.-Andreo ( Saint-André ) les 
eaux du torrent du Besos ; il se divise en une in- 
finité de petits canaux, arrose toutes les parties 
du terroir, alimente quelques fabriques, et après 
avoir contribué à embellir le paysage et protégé 
par son abondance les plus riches produits , il 
vient se perdre sous les murailles de la ville. On 
ne sait ici ce qu'on doit le plus admirer, ou l'heu- 
reuse industrie de celui qui maîtrisa les eaux 
d'un torrent jusqu'alors ennemi de l'agriculture, 
pour le diriger avec tant d'adresse sur tous les 
points du terroir, ou Ipien la rare intelligence 
du cultivateur, qui n'a pas craint de demander à 
la terre des efforts inouis de végétation , et qui , 
par la constance et la sagesse de ses travaux , a 
triomphé de tous les obstacles. La qualité et la 
quantité des engrais qu'on extrait journellement 
de Barcelone pour les porter sur les champs ; le 
voisinage de la mer, qui tempère les chaleurs et 
maintient une cUmature délicieuse; les fréquens 
arrosages et des instrumens aratoires appropriés 
à la nature du sol, font produire aux terres limo- 
neuses de S.-Martin et des rives du Besos des ré^ 



J 



( 5' ) 
coites ati^i variées qu'sibondaMes. Ce beau bas- 
sin ^t nn véi'ifable jardin ; il annonce avec hme 
l'êntrêè d*tine grande ville, et cette riche^e de 
végétàôon , cette active industrie révèlent la na- 
ture deà éncotiragemehà que reçoit le cultivateur; 
cai» célùi-cî rie peut espérer tdiê colnpensaâdil 
digne de iëi fatigùeà , que dans une forte coh- 
sommauôri. Par-tout où Findustriè accole trouvé' 
des besoins^ elle sait y créer Tabondàncè , pourvu 
que les lois respectent ses efforts et tf imposent 
pas trop haut lé pri:t dé ses labeurs. 






CHAPITRE V. 

ARROSAGES DU LLOBREGAT; G AIT AL DE GASTAÏÏOS , 

OU CHARLOTTE. 

Là sortie dé Barcelone par la route de Màdri<} 
né présente plus ce spectacle magnifique que 
nous àvotis indiqué du côté opposé : uûè nature 
belle éricoi^é' embellit un tableau d'un nouveau 
genre et des formés plus pittoi^ésques : sur là 
gauche, le Montjuich et quelquefois là mèr; sur 
là droite, lés jolis villages de Sâi^a et de Gracia , 
im nombre infini de torires, et ïe beau ridéâu rfe 
montagnes qui forment le baséîii dû Bê^ôs. ïjk 
ligne du sol est fréquemment, ondulée , et ùe^ 



(5a) 

dépressions du terrain se renouvellent jusqu'à, la 
plaine de THospitaled et le coteau de S.-feliu. 
' Ainsi donc, des barrières naturelles séparent 
Barcelone du Llobregat , qui est le Rubricatus des 
anciens; et cette rivière aurait vainement coulé 
au milieu du bas -fond qui précède son embou- 
chure, si une main puissante n'avait maîtrisé son 
cours. Les terroirs de S.-Feliu , ceux de S.Juan 
d'Ëspi et de Cornella n'eussent jamais offert de- 
riches produits, si les eaux du Llobregat n'étaient 
venues ranimer l'inertie de leur sol. 

Cependant de grands obstacles s'opposaient à 
la construction d'un canal destiné à l'arrosage 
de toute la rive gauche : il fallait convaincre 
. chaque propriétaire que son intérêt lui com- 
mandait le sacrifice d'une portion de sa pro- 
priété , et qu'il devait ajouter à cette première 
perte des avances pécuniaires peut-être consi- 
dérables ; il fallait disposer tous les colons à re- 
connaître la réciprocité des servitudes, afin de 
Tendre possible la construction des nombreuses 
ramifications destinées à faciliter la distribution 
de l'eau ; il fallait réunir tous les intéressés , im- 
poser silence à tous les obstacles que la diversité 
des intérêts et des caractères doivent apporter 
dans une association ; il fallait enfin étabUr.un 
l>arrage sur un cours d'eau souvent redoutable y 
diriger le canal sur des pentes difficiles ou à tra-* 



(53) 

vers plusieurs ravins, quelquefois aussi travailler 
sur un sol meuble, sur lequel on avait à craindre 
les infiltrations. 

La réussite d un pareil ouvrage semble appar- 
tenir aux temps anciens , et l'Espagnol , moins 
que tout autre peuple, paraît aujourd'hui en 
mesure de s'occuper de ces grands travaux , qui 
élèvent si haut la prospérité des nations et le 
bonheur réel des individus. Mais le Catalan n'est 
pas fait pour un honteux repos , et son caractère 
actif et industrieux lui fait chercher dans de nou- 
veaux efforts les moyens de réparer bientôt les 
malheurs de la guerre. Fort heureusement aussi 
qu'on donna à la Catalogne un chef digne de la 
commander, et lorsque l'histoire interrogera un 
jour la vie du capitaine - général Castanos, sans 
cloute elle inscrira dans ses fastes les nobles en- 
couragemens qu'il aura accordés à l'agriculture , 
et l'importance des travaux accomplis sous ses 
auspices. 

,11 existe en Espagne un usage bien respec- 
table , et auquel plusieurs provinces doivent quel- 
ques-uns de leurs plus beaux ouvrages : toute 
entreprise importante et d'un intérêt général; 
toute société qui se forme dans le but d'activer 
ou d'accomplir certains travaux , ont à leur tète 
le capitaine-général de la province. Des hommes 
que la cour a comblés de distinctions et d'hon- 



•(54) 

neurs, et qui sont revêtus dans leurs gouverne- 
mens d'un pouvoir souvent illimité , trouvent en- 
core quelque satisfaction à recevoir de l'industrie 
agricole ou du commerce , le seul titre qui man- 
quait à leur gloire. Ce titre n'est pas toujours une 
flatterie dont s'avisent les associations : une pro- 
tection puissante veille en leur faveur, et surde$ 
intérêts qui , sans elle , seraient méconnus. Les 
rapports entre le chef suprême d'une province et 
les individus soumis à son gouvernement devien- 
nent plus faciles ; les sollicitations à la cour ^ 
auprès du conseil de Castille acquièrent bien 
plus de force lorsqu'elles parviennent par des 
intermédiaires revêtus d'un grand crédit, et 
lorsque ceux-ci ont sur-tout la sagesse de pen- 
ser qu'il peut être glorieux de réussir. Il nous 
serait facile de citer des exemples mémorable^ à 
l'appui de cet usage ; mais il nous suffira , je 
pense , d'avoir indiqué par quels motifs le ma- 
réchal Castafios fut placé à la tête de tous les 
grands travaux projetés dans sa province. 

Dans l'historique du canal du Llobregat , que 
la reconnaissance des habitans de la rive gauche 
faisait appeler canal Castaiios , mais auquel la 
modestie de ce digne protecteur a imposé un 
autre nom , nous suivrons un ordre particulier : 
la nature deà rénseignemens qu'il m'a été permis 
dé recueillir laisseront, je l'espère , peu de chose 



(55) 

à désirer ; ils donneront, sur l'établissement du 
canal , stir les difficultés qu'on a eues à surmon- 
ter , sur les frais de construction et sur l'admi- 
i^ii^tration des eaux, des notions positives (i). 

Le canal du Llobregat est destiné à l'arrosage 
des terroirs sûivans : Molins^e-Réy , Santa-Crux- 
de-Olorde, S.-Feliu-de-Llobr^at , S.-Juan-de- 
Espi , Comella , Hospîtaled et Sans. Ces terroirs 
sont compris entre le Montjuich , la mer , le Llo- 
bregat et la grande route de fiarcelone à Madrid. 
On estime la contenance de ces terres d'environ 
5,5oo nK>jadas (a) , mesure de Barcelone ; ou bien 



(i) Je dois ces notes à la bienTeillance de M. le mar- 
quis de Casa-Gagigal , lieutenant-général des armées de 
8. M. G. j lequel s'est acquis en Espagne , par ses senricea 
et par seu écrits , un nom justement célèbre. On lui doit 
de savantes dissertations sur des questions d'économie 
politique , et des poésies pleines de leçons de haute 
morale . 

(2) La mojada est un espace de terre de 4^ cannes ca- 
talanes en carré , ou bien de 24 estadaies, chacune de 
3 Taras I de Castille (9 pieds, mesure de Paris): ainsi 
donc , une mojada équivaut à 2,025 cannes ou 5^6 esta- 
dales^ c'est-à-dire à 46)656 pieds carrés ou 5i ares 19 
mètres carrés. La cuartera est la moitié de la mojada , et 
elle a par conséquent 1,012 4 cannes ou 288 estadales ou 
enfih 23,328 pieds carrés ( 25 ares 59 niètr'es 7 ). 

Dans ces calculs , nous supposons 1^. que ôjpalmos de* 



( 56) 
de 1 1 ,000 cuarteras de semence ; ce qui équivaut 
à une siqierûcie de plus d'une lieue carrée , de 
ao au degré. 

Les moulins à farine de Molîns-de-Rey sont 
situés sur la rive gauche du Llobregat et à quel- 
que distance du village ; les eaux qui servent à 
les alimenter coulent le long de quelques pro- 
priétés , traversent la chaussée du pont et vien- 
nent s'arrêter dans un bassin nouvellement cons- 
truit. C'est ici que commence le canal : il suit un 
court trajet dans une direction parallèle à la ri- 



Castille font 7a pâmes de Barcelone ; a", que la fanega de 
Castille , de 494 sstadales carrées ) équivaut à Parpent de 
100 perches carrées; 3°, que U porche de Paris est de 
20 pieds de roî au lieu de 18. — Les divers auteurs qui 
ont traité des mesures usitées dans les provinces de l'Es- 
pagne , ont présenté de-s résultats aussi variés que ces me- 
sures: M. le comte A. de la Borde, dont l'ouvrage, aujour- 
d'hui classique , sera long-temps encore te guide le plus 
sûr et le plus complet ^ ne présente que des résultats ap- 
proximatifs dans l'appréciation des mesures : ainsi nous 
supposons, au commencement de cette note,qiie 3 varas; do 
Castille équivalentà 9 pieds de Paris, tandis que, d'aprèt 
M. de la Borde, elles représentent 8 pieds 11 pouces 
4 lignes, puisque la vara a , selon lui, 2 pi. 6 po. 8 lîgn , 
au lieu de 2 pi, 6 po, lolign. (o",fi35). Mais ces erreurs 
appartiennent à tous les écrivains , et eltesse perpétueront 
jusqu'à ce que le gouvernement espagnol ait ordonné 



générale. 



A 



( 5?) 
vière, croise la grande route à la sortie du vil- 
lage, continue aux pieds des hauteurs en passant 
sur la partie basse de Santa-Crux-de-Olorde, et 
croise une seconde fois la même ronte dans le 
voisinage de S.-Feliu ; il dirige alors son cours 
vers S.-Jnan, Cornella, les terres basses de Sans, 
et vient se perdre dans la mer au pied de Mont- 
juich. On a calculé que la quantité d'eau qui coule 
dans ce canal est de 900 pieds cubiques par mi- 
nute. Pour maîtriser cette grande dérivation . on 
a voulu lui donner un point fixe de départ et des 
barrières immuables. On avait d'ailleurs à crain- 
dre les crues extraordinaires du Liobregat, c'est 
pourquoi il a été construit un bassin en arrière 
de la chaussée ; cinq vannes principales servent 
à diriger l'eau d'arrosage dans le grand canal ; 
deux vannes de décharge déversent l'excédant 
dans la rivière , à l'aide d'un canal secondaire. 

Tous ces ouvrages sont construits avec la plus 
grande solidité , quelquefois même avec luxe ; ils 
servent de base à une grande et belle maison 
quedoit occuper le garde principal. La manœuvre 
des vannes s'effectue avec facilité : un levier, une 
vis et un tour n'exigent qu^ la force d'im seul 
homme. Point d'abus dans le partage des eaux : 
il est tout à la charge du Cequiero , et la su^^'eii- 
lance qui lui est imposée est d'autant plus facile, 
qu'il est seul dépositaire des clefs , et que nul 




( 58 ) 
ne pourrait troubler la répartition sans violer 
son domicile. 

Le partage des eaux dans les canaux de déri- 
vation s'opère par jours et heures en même temps 
que par quantités. X.a contenance des propriétés 
estl'uniquebase que consulte l'agent distributeur. 
Un tableau de répartition fait connaître d'avance 
à chaque usager, avec la nature de ses droits, les 
limites imposées à l'usage de l'eau. 

On a exécuté des ouvrages en maçonnerie pour 
protéger sur divers points les francs-bords du 
canal : on estime q^ue ces murs de soutènement 
composent une longueur d'environ 3,5oo varas 
ou plus de 2,468 mètres , sur des hauteurs ^ussi 
variées que celles du terrain. 

Cinq galeries souterraines prolongent le canal 
dans les flancs des montagnes, et ménagent avec 
une sage économie le niveau des eaux. Elles con> 
posent une longueur de i ,62 5 varas , surlesqueiles 
celle de S.-Feliu y est comprise pour gSo, et celle 
de Cornella pour 36o varas. Les voûtes de ces 
aqueducs sont, toutes elliptiques, et construites 
avec la plus granile solidité. Quelques regards 
pratiqués en forme de puits et garnis dç leurs 
margelles , facilitent la reconnaissance des galeries 
et l'extraction des limons déposés par les eaux. 

Comme ce cana.1 traverse plusieurs toirens, ua 
grand nombre de chemins vicinaux et de t£tfi:;4io|) ■ 

C I 



(59) 
subipergés parles eaux pluviales: pour éviter ces 
obstacles, on a coi^struit quarante-cinq popts , et 
quinze ponts-aqueducS. Indépendamment de ces 
oaTragps ^ soixante ponceaux dirigent les princi- 
p^es dérivations sur les terroirs arrosés , en tra- 
yerç^t les fossés et autres rigoles de dessèche- 
ment; la plupart sont construits en forme de 
sipboi^ , seigle mani|àre de vaipcre les difficultés 
qu'apposaient la surface du sol et les servitudes 
déjà établies par des besoins communs. 

De fréquentes banquettes protègent le canal 
contre les éboulemens que les eaux pluviales oc- 
çasionnep^eif t sur 1^ bord supérieur. Des che- 
WJis de remprque d'environ a varas ( 1^,67 ) de 
larg^iu! ac(X^mpagnent ces banquettes. 

Le canaI.flu3Lilobregat a aujourd'hui 1 5,ooo va- 
r^ de longueur , et il en aura plus de 120,000 
lorsqu'il sera terminé. Comme le volume des 
eaux flûqûnu^ à mesure qu'on s'avance vers Ips 
terroirs inférieurs , les dimensions du canal va- 
jriefit aussi selon les besoins : sa largeur ^t fie 
5 varas (4™, 17 5) dans les premiers 1,000 varas ; 
elle est de 4 ^^^ )es 5,ooo suivans ; de 3 vanfs ^ 
(|§ns le^ a^opp qui suivent ; de ^ 7 dans les ^utres 
s 000 ; et enfin il demeure réduit à 3 varas 
(a™,5o5) dans tout le reste de son cours. La 
hauteur moyenne de l'eau est de 5 pieds catalans 
( i™>49) ; celle des francs-bords est depuis 5 jus-^ 



(GoJ 
qu'à 3o pieds catalans (i). Par-tout où les ou- 
vrages d'art ne protègent point les francs-bords , 
on leur a donné une inclinaison d'un tiers , et 
quelquefois de la moitié de la Ixauteur, selon la 
nature du terrain. La pente du canal a pour 
terme moyen 6 pouces (o"',i49) par i,ooo varas. 
Cinq branches principales , d'environ 3 pieds ^ 
( I ™,o5 ) de largeur , reçoivent les eaux du grand 
canal pour les déverser dans les branches secon- 
daires : réunies , elles ont un cours d'environ 
3o,ooo varas (2 5,o5o mètres). 

En construisant des ouvrages dont le résultat 
immédiat devait exercer une si grande influence 
sur les produits agricoles , l'architecte chargé de 
la direction des travaux a su ménager la pente 
de trois branches principales de telle sorte , que 
deux chutes considérables existent sur chacune 
d'elles. C'est ainsi que l'industrie a obtenu six 
beaux einplacemens pour la construction de tout 
autant d'usines et de manufactures, qui ajoute- 
ront encore des résultats importans à ceux déjà 
obtenus par l'inrigation. 

Les travaux du canal s'exécutent aux frais des 
propriétaires dont on arrose le terrain, et en 



L 



(i) Le pied catalan est de □'",298 ; on 1 
) pouces : c'est environ oi",024 p»^ pouce. 



J 



(6i ) 
«utre avec les sommes avancées par ceux qui 
doivent jouir plus tard du même avantage. Ces 
deux classes de propriétaires , réunies en asso- 
ciation, ont choisi neuf d'entre eux pour former 
un conseil ou junte d'administration , dont le 
capitaine-général est le président. Les fonds se 
perçoivent pour le compte de la Junte, et par 
l'intermédiaire de ses agens. Elle veille à leur 
emploi, sans autre règle que celle imposée par 
ses propres délibérations, La perception s'opère, 
tous les deux mois, à raison de ^o réaux de 
vellon ( io francs ) par chaque mojada ( 5i ares 
19 mètres ) de terre. La dépense faite juscu'k ce 
jour , y compris les frais d'administration , les 
indemnités de terrain et autres dépenses indispen, 
sables, s'élève à la somme de 3,200,000 réaux ou 
800,000 francs. 

Les travaux s'exécutent sous la sur\'eillance 
immédiate et exclusive du directeur don Thomas 
Soler, n'ayant sous ses ordres qu'un seul piqueur. 
Commencés le 11 septembre 181 7, ils ont été 
terminés le 21 mai i8ig. Des résultats aussi 
prompts , opérés avec tant d'économie et de 
promptitude, et sur-tout avec un si petit nombre 
d'agens , méritent d'être remarqués : cette sim- 
^Ucité de moyens est presque pour nous une 
chose nouvelle ; elle fait honneur au directeur 
So Ict, qui a su déployer dans l'exercice de ses 
^ I Tome L 5 



(6a ) 
fonctious une rare intelligeiica et beaucoup 
d'activié. 

A peine Tarrosage de la rive gauche estil as- 
suré, qu'on projette déjà un second canal pour 
la rive droite : les résultats n'en seront pas moins 
avantageux pour l'agriculture , puisqu'ils favo- 
riseront les défrichemens des terroirs supérieurs. 
Il est cependant po&sible nue l'exécution de ce 
canal éprouve quelques retards : on dirige en ce 
moment tous les efforts vers des points encore 
plus importans el sur une plus grande étendue 
de terre : l'Urgel et la vallée de Tortose captivent 
l'attention des administrations provinciales.Nous 
reviendrons plus tard à la vallée du Llobregat. 



CHAPITRE VI, 

ARROSAGES DU LLOBHEGAT ; CANAL DE MAJfBESA 

Ew p«nontant le Llobregat , vers l'antique ville 
de Martorell, on laisse à gauche les pics conique» 
et groupés du Monserrat , et l'on entre dans U 
grande vallée de Manresa , élevée de plus de 
a5o toises au-dessus du niveau de la mer. Cette 
terre, sur laquelle on rencontre encore des ves- 
tiges de la domination romaine, éprouverait le» 



(63) 
mêmes besoins que les vallées voisines deCastelI- 
folit , de CarHona et de Ripoll , si un beau canal 
d'arrosage n'en parcourait la partie basse , en 
joignant le Llobregat et le Cardener, long-temps 
avant leur confluent. 

L'influence de l'arrosage sur le Corregiment 
de Maoresa est teWement puissante , elle est si 
éminemment utile, que l'opinion publique, sou- 
vent injuste envers les Maures et toujours favo- 
rable aux Romains, attribue à ces derniers la 
construction «lu canal. Les historiens catalans , 
avides de contes , n'ont pas hésité à recueillir 
plus tard cette tradition, quelques-uns même 
veulent que ce canal soit l'ouvrage de Sertorius ; 
mais celui-ci passa sa vie sous la tente , et les Au- 
setains sentr égorgeant sur sa tombe démontrent 
assez par quels moyens ce chef autlacieux sut 
leur inspirer cet héroïque dévouement. D'autres 
en ont fait honneur à Pompée (i)i mais ce général 
n'a guère élevé dans la Tarragonaise que des tro- 
phées ou des raottumens destinés à rappeler ses 
victoires : c'est vers Rome qu'il portait constam- 
ment ses regards , et le vainqueur de Sertorius 
ne voulut dominer en Espagne que pour être !e 
premier au sénat. Quoi qu'il en soit de ces tra- 
ditions , qui serrent du moins à prouver l'ancien- 




(64) 

ncté de l'an-osage , il doit nous suffire cl apjiren- 
dre que le bien-être de toute la contrée est lié 
à l'existence du canal. 

La ville de Manresa est située sur la rive gau- 
che du Cardener et non loin du Llobregat ; elle 
reçoit les eaux de cette rivière au moyen d'une 
grande dérivation opérée dai)si le voisinage de 
Yallsaren, à plus de 4 lieues de la ville (environ 
2/( kilomètres); le canal contourne les coteaux 
qui forment la vallée , en franchit quelques-uns 
sur plus de quarante ponts, et termine son cours 
dans le Cardener , après avoir fertilisé un vaste 
terroir. L'industrie agricole, toujours active par- 
tout où les lois et les privilèges n'arrêtent point 
sa marche naturelle, a successivement transporté 
dans la grande vallée de Manresa tous les pro- 
duits de la plaine, en conservant sur ses coteaux 
et dans les terres plus arides la culture de la vigne 
et de l'olivier. Ainsi l'on récolte à-la-fois tous les 
grains, tous les hortolages et toutes les plantes 
légumineuses de Barcelone, tandis que le chanvre, 
le lin et les mûriers fournissent à l'industrie ma- 
nufacturière des matières premières non moins 
précieuses. Manresa est entourée de fabriques ( i ) ; 

(i) On y compte 1190 métiers de toiles et de bifFetas, 
a38 métiers de rubans , une fabrique d'indiennes , un» 
fabrique de poudre , trois moulins à farine , e 



■ine,etc. ,^^l 

^1 



(65) 

plus de quatorze cents métiers sont occupés à 
ouvrer la soie et à fabriquer des toiles. Une acti- 
vité constante, une population laborieuse sont les 
résultats immédiats d'un canal d'arrosage, dont la 
constraction ne présentait point d'obstacles et 
pour Fentretien duquel il suffît de quelques légers 
sacrifices. 

CHAPITRE Vn. 

ARROSilGE ET NORIAS DE BABA. 

Depuis Molins de Rey jusqu'à Tarragone , la 
nature du sol varie comme le climat. Des rampes 
rapides conduisent au milieu d'une forêt de pins 
qui précède Villafranca-de-Panadez; des colonies 
d'oliviers et de caro^biers pénètrent insensible- 
ment dans ces gorges supérieures , et la vigne les 
suit , quoique d'un peu loin. Moins habituée aux 
frimas et menacée par les vents du nord, elle 
cherche les abris et cache souvent ses premières 
feuilles au milieu- de quelques sillons de blé. 
Cette variété de culture était digne de remarque. 
La Catalogne est la province de l'Espagne où 
l'homme des champs a déployé le plus de cons- 
tance dans ses travaux, et cependant au miUeu 
de ses travaux et de ses efforts , combien d'amé- 



(66) 
liorations ne serait-il pas encore possible de 
réaliser ? 

A peine sorti des terroirs élevés de Villafranca 
et d'Arbos. on se rapproche de la mer, et l'em- 
ploi de la Noria devient général. Rien nesaiirait 
remplacer cette utile machine sur des terres cal- 
caires rarement humectées par la pluie, et dans 
le voisinage desquelles on ne rencontre que deux 
torrens presque toujours à sec. La construction 
des Norias de Bara et de toute cette partie de côte 
diffère un peu de celles usitées sur la plage de 
Mataro. Une grande roue d'engrenage, placée 
horizontalement , tourne sur son axe , et met en 
mouvement une grande roue verticale , sur la- 
quelle vient s'appuyer une corde- circulaire char- 
gée de godets. Cinq godets versent a-la-fois l'eau 
qu'ils élèvent du fond dç la citerne dans une 
auge le plus souvent construite en bois et ados- 
sée contre la margelle. L'axe principal rqiose sur 
un arceau en maçonnerie , qui occupe le milieu 
de la citerne , et son extrémité supérieure s'é- 
lève au-dessus de la roue horizontale, et reçoit 
une longue perche horizontale destinée à servir 
de levier, La margelle est terrassée sur quelques 
pieds de largeur et sert de trottoir au cheval 
chaîné de mettre en jeu la roue d'engrenage. On 
attelle le cheval au moyen d'un petit collier, auquel 
viennent s'assujettir deux cordes qui partent du 



J 



(67) 

grand levier; une seconde percke, fixée horizon^ 
talement sur l6 méïûe axe que lé levier principal ^ 
est destinée à diriger la marché du cheval ; cha- 
que fois que celui-ci , fatigué par le travail , veut 
s'arrêter, la seconde perche, au moyen d'une 
coi*deqiii sert de rêne, lui imprime une forte sac- 
cade ^ et le cheval, trompé par ce mouvement, 
recommence sa marche. Ce moyen , aussi simple 
qu'ingénieux, libère le colon de la surveillance 
qu'on exerce ailleurs et qui d'ordinaire est con- 
fiée à des enfant. 

L'arrosage au moyen des Norias serait insuffi- 
sant s'il devait s'opérer sur t|e grandes proprié- 
tés i mais par-tout où le cultivateur a le plus pe-^ 
lit lot 4 les besoins sont facilement satisfaits. Un 
grand réservoir bonifie les eaux avant leur em- 
ploi : é*est d'ailleiu's une ressourcé en cas de 
disette, et d'ordinaire elle est ménagée pour 
l'arrosage dès blés et des orges , qu'on cultive ici 
demémei que dans lés bas-fdiids de S.-F6liu^ dans 
de^ sillôâs trés-espacés. Les terres de Vendrell et 
de Barâ sotit tellement légères, qu'une araire 
grossière ^ufBt à toiis les travaux. Souvent on 
voitdéùj^ chârrUes attelées sur le même joug et 
dirigées par deux laboureurs ayant chacun les 
rênes d'un cheval ou d'une mute. Ce moyen de 
culture , que par-toïit ailleurs on devrais consi- 
dérer comme jpréjudiciable aux bêtes de labour. 



I est à-peu-près le seul usité pour les travaux (i 
F vignes et des champs : il s'exécute avec une graiv 
I économie de temps et de moyens. 



CHAPITRE Vni. 

ARROSAGKS DU FRAHCOli; CANAL DE TARRAGOHf;. 

La ville de Tarragone, reléguée aujourd'hui sur 
une éminence et dans l'enceinte de son ancien 
château , ne conserve plus rien de son antique 
grandeur. Son an^phithéàtre , son cirque, ses 
aqueducs, son théâtre , tous les monumens dont 
les Romains l'avaient dotée , sont détruits ou rui- 
nés; les guerres ont secondé les ravages du temps. 
Cette immense cité, dont le port était, dit-on, à 
Salo , et dont l'enceinte avait plus de 34,ooo toises, 
a suhî la loi de vingt peuples, qui tour-à-tour 
l'ont dévastée ; souvent même sur cette éminence , 
le rocher se montre à nu, et l'on découvre alors 
les carrières d'où sortirent sans doute les cons- 
tructions cyclopéennes , qui seules dans Tarra- 
gone ont résisté aux siècles destructeurs. Tant 
de souvenirs et de ruines, jointes à d'antiques 
traditions, nous donnent une bien haute idée du 
I degré de civilisation où s'était élevée la contrée 
Bvant la domination des Romains. En effet, cette 




A 



(69) 
ville immense où le vainqueur lui4a(iême comp- 
tait après la victoire plus de 600,000 habitans, 
n'était pas parvenue à cet état de puissance et de 
richesse sans que l'industrie agricole n'eût fait de 
grands progrès. Les hommes ^ avant de se réunir 
en grandes masses, doivent avoir une pratique 
assurée de la plupart des arts qui contribuent au 
bienrétre de la société. Pour qu'une classe d'indi- 
vidus se voueÀ des recherches utiles, il faut qu'une 
autre classe encore plus nombreuse ait appris à 
retirer du sein de la terre tous les moyens de sub- 
sistance et les matières premières sur lesquelles 
doit s'exercer le génie de l'artisan. Les grandes 
sociétés n'existent donc que là où l'agriculture et 
le commerce se prêtent un mutuel appui ; et s'il 
est vrai que Tarragone ait occupé autrefois tout 
FintervaHe qui la sépai^e aujourd'hui de quelques 
villages voisins, nous devons également supposer 
que la plaine immense qu'elle domine était à la 
même époque totalement cultivée ; cependant 
sans prétendre contester ici la richesse de ce fa- 
meux Campo dont nous avons de si brillantes 
descriptions, nous devons convenir qu'il est dif- 
ficile de concevoir comment il pouvait suffire aux 
besoins de l'antique Taraco : ou la nature du sol 
a changé , ou , ce qui est bien plus probable-, le 
commerce allait chercher dans l'intérieur des 
terres et sur toute la côte de l'Ibérie les appro- 



(7°) 
visionnemens nécessaires à une grande popu- 
lation. 

La plaine de Tarragone est dominée de trois 
côtés par une haute chaîne de montagnes. Au 
raidi, ce sont les vastes solitudes du Perello; au 
nord, les terrois élevés de Constant! ; à l'ouest, 
les crêtes nébuleuses de Prades et la Conca de 
Barbera. Les beaux vignobles du Priorat occu- 
pent les eaux-versans de Reus, et présentent su 
couchant un vaste et riche rideau de verdure. La 
mer termine à l'est cette belle plaine; elle dessine, 
avec la pointe de Mora et celle de l'Hospitaled, 
un arc immense, dont la courbure n'est inter- 
rompue que par le cap de Salo. Le Francoli coule 
au nord et presque sous les murailles de la ville; 
ses eaux sablonneuees pressent la rade de Tarra- 
gone et menacent le port, si on ne leur oppose 
incessamment une foite barrière. Cependant la 
reconnaissance des riverains a quelquefois dé- 
coré cette rivière du nom de fleuve, car elle n'a 
dans son voisinage que quelques torrens dessé- 
chés, dont l'existence éphémère n'est marquée 
que par de grands ravages et des désastres incal- 
culables : en effet, au milieu de ces nombreuses 
ramifications des Pyrénées, qui, avant d'abais- 
ser leurs crêtes hardies vers la mer, forment en- 
cure une double barrière entre le Llobregat et 
l'Ebre , d'antiques révolutions sctuhlent avoir 



A 



iv ) 

dévié les cours, des eaux vers d'autres oantrées^ 
et l'œil al;tristé du voyageur ne rencontre que Fu- 
niqpie Francoli dans un trajet de plus de3o lieues» 
Cependant ce petit fleuve » qu'un système d'ir* 
rigation bien entendu épuise complètement, ar-» 
rose depuis le taroir de Mont-Blanc, et dans un 
cours de moins 4e 9 lieues, plus de 3ooo jour- 
Baun de tçrre, et làvifie des contrées qui, sans 
rirrigatîpii<9 scgnûent condamiiées k la stérilité. De 
nacaitfitSM» usines bordent ses chanceuses rives; 
six papelmes^ établies avec plus de hardiesse 
que de prudence , utilisent ses eaux avant qu'elles 
soient parvenues dans le Campo et qu'elles aient 
servi aux derniers arrosages. Ici la main de 
llM»a[ime a 9 dans des temps inconnus, ménagé à 
Tagriculture les précieuses et utiles ressources 
d'un système de dérivation digne d'être apprécié. 
Le Fftncoli est saigné sur les deux rives; deux 
canaux parcourent Yhuer(a(i), et dans un trajet 
d'environ une lieue et demie alimentent d'abord 
les mouUns à farine et arrosent ensuite 700 jour- 
naux de terre. 

La mesure agraire varie à Tarragone selon la 



(1) On désigne sous ce nom les terroirs inférieurs qui 
bordent le Francoli , et en général toutes les terres qui 
s^arrosent , parce que la diversité des cultures les rend 
semblables à un jardin (Jiuerta ). 



nature du sol et selon sa valeur. Les terres de pre- 
mière classe, dont le prix de vente est d'environ 
ia,8oo réaux(3,îoofr.) le journal, et le prix d'af- 
f enne 64o réaux (i6o fr.), ont une contenance fixe 
de loo pas en carré (i); celles de seconde classe se 
vendent à io,Goo réaux (2,65o fr.) le journal, et 
s'afferment au prix de54oréaux(i35fr.): le jour- 
nal n'est plus quede ^5 pas en carré; enfin celles 
de troisième classe, ayant la même contenance 
que ces dernières , n'en diffèrent plus que par 
le prix d'affermé et celui de vente; l'un at- 
teint quelquefois 45o réaux (lia &■. 5o c. ), et 
l'autre 8,5oo réaux (2,125 fr. ). Ainsi donc, en 
supposant le terroir ou Vhuerta également di- 
visé par les trois classes et en prenant un terme 
moyen, nous aurons pour résultat 583 journaux 
de 100 pas en carré, ou bien 363 hectares et 
85 ares. Le même calcul, appliqué aux terroirs 
supérieurs, nous donnerait pour résultat envi- 
ron iGoo arpens métriques. 

Nous avons déjà indiqué l'existence des Cor- 
porations ou des gremios de cultivateurs. Nous 
trouverons plus tard et dans des contrées bien 
plus favorisées l'occasion d'examiner l'influence 
qu'exercent de pareilles institutions sur le sort 



(i) \.e pas est composé de 4 palmos, et "^gale pai 



 



( 7' ) 

de l'agriculture. A Tarragoiie, les pouvpirs long- 
temps illimités du clergé avaient oui à l'indépen- 
dance du sol ; mais les corporations survécurent 
à toutes les réformes et aux changeraens que le 
temps amena. Elles firent tout le bien qu'on pou- 
vait en attendre, et ce bien sera bien plus remar- 
quable lorsqu'une main puissante et heureuse 
aura modifié ou relevé leurs attributions. 

Du reste, cette association de cultivateurs est 
régie par des statuts fort simples. Nous n'entre- 
prendrons pas d'en donner ic i la traduction ; mais 
il peut être utile de connaître et d'analyser quel- 
ques-unes de leurs dispositions. 

Le Gremio se compose de tous les cultivateurs 
domiciliés dans la ville ou dans le terroir de Tar- 
ragone, pourvu cependant qu'ils n'appartiennent 
pas déjà à d'autres corporations. 

Pour roidre les délibérations plus faciles , plus 
promptes et moins tumultueuses , puisque le 
Gremio se compose de plus de cinq cents indi- 
vidus , l'assemblée générale a délégué tous ses 
pouvoirs et tous ses droits à u.n conseil de trente. 

Le conseil se divise en deux sections, celle des 
anciens et celle des nouveaux. Le dimanche qui 
suit le jour de S.-Laurent, patron du Gremio, les 
deux sections réunies chez le plus ancien prud'- 
homme, pourvoient aux places vacantes et nom- 
ment k» divers officiers du Gremio. 




(74) 

hes prud'hommes, le receveur, le répartiteur 
et le chef de la corporation sont choisis à la plu- 
ralité des suffrages parmi les trente membres du 
conseil. On peut, pour les emplois d'experts, de 
surveillans, de sacristain et de crietir, désigner 
tous autres individus , pourvu qu'ils fassent par- 
tie du Gremio. 

Les emplois ne sont confiés que pour un an , 
et tout refus de servir est puni par une amende. 
D'autres amendes plus ou moins rigoureuses 
prescrivent d'assister aux enterremens et aux di- 
verses cérémonies religieuses auxquelles est in- 
vité le Gremio. 

Les prud'hommes sont dépositaires des archi- 
ves, ils font les fonctions de procm-eurs, et ils ré- 
gissent la corporation sous l'autorité immédiate 
du gouverneur de la ville. 

Le receveur est chargé de la perception des 
taxes; il acquitte les mandats délivrés pour le 
compte du Gremio , et il rend ses comptes arux 
auditeurs nommés par la junte et en préseuce des 
prud'hommes sortans et de ceux nouvellement 
élus.' 

Le répartiteur de l'eau est nommé parle con- 
seil; il exerce une surveillance spéciale sur les 
usagers. 

Les officiers du Gremio ne jouissent d'aucun 
traitement : c'est un honneur d'être promu aux 




C75) 

charfçes, et chacun peut y prétendre s'il en a les 
moyens. 

Tous les membres du Gremîo sont également 
imposés ; ils paient tous les ans «ne piécette 
(environ i fr.) pour subvenir aux chaînes et aux 
autres dépenses imprévues. 

Tout cultivateur étranger, qui établit son do- 
micile dans la ville ou dans son terroir, paie 
en faveur du Gremio , et après le premier mois 
de son travail, une taxe annuelle de demi-pié- 
cette. Sont exceptés de cette contribution les ou- 
vriers qui ne descendent des montagnes et con- 
trées voisines qu'à l'époque de la moisson , des 
vendanges et autres travaux momentanés. 

On solde avec le produit des taxes deux Cela- 
dors ou gardes, spécialement chargés de la sur- 
veillance des eaux; ils sont nommés par le Gou- 
verneur de la ville sur la proposition du conseil ; 
quelquefois cependant on ne nomme qu'un seul 
Celador. 

Les Celadors parcourent fréquemment le ter- 
roir , et veillent à ce que les terroirs supérieurs 
de Constanti et de la Maso n'arrosent que le lundi 
et le vendredi de chaque semaine , les autres jours 
étant réservés pour le Gremio de Tarragone, en 
vertu d'un très-ancien privilège. * 

Les Celadors ont le droit de porter des armes à 
feu; presque toujours ils sont escortés chacun 



(76) 
par deux soldats, et au besoin ils requièrent l'as- 
sistance des Alcades et autres justices locales : de 
fortes amendes et des peines sévères punissent 
tous les délits. 

L'emploi de Celador ou de commissaire des 
eaux étant le plus important de tous, c'est aussi 
celui pour lequel les formes d'élection sont les 
mieux combinées. L'archevêque de Tarragone, 
comme seigneur du Francoli, avait long-temps 
joui du privilège exclusif dénommer le Celador; 
mieux conseillé , il s'en est désisté plus tard en fa- 
veur du Gremio. Depuis lors , le conseil des trente 
forme une liste de trois candidats, qui est trans- 
mise au gouverneur par l'intermédiaire des deux 
prud'hommes ; le premier sur la liste est toujours 
nommé , à moins que des motifs graves n'enga- 
gent à s'écarter de la désignation du conseil. Le 
commissaire des eaux est le seul employé qui re- 
çoive un traitement, parce que ses fonctions lui 
imposent une plus grande surveillance : on lui 
accorde jusqu'à 6 fr. par jour dans la saison des 
arrosages. 

D'autres dispositions encore sont comprises 
dans les statuts ou ordonnances du Gremio ; quel- 
ques-unes sont dictées en faveur de l'agricultort 
et tendent à diminuer les abus ou à les réprimer; 
mais la plupart n'ont pour but que d'assurer le 
bon ordre et l'assiduité des membres du conseâ 



1 



(77) 

Àaitk% toutes les cérémonies religieuses. On rôcon^ 
nait ici l'influence toute-puissante d'un prélat qui 
prétend à la suprématie après l'évéque de Rome^ 
et dont les armoiries sont la tiare et les clefs de 
saint Pierre. Ces statuts ont souvent été modifiés, 
et la Royale Audience de Barcelone en approuva 
une dernière rédaction, le 12 juin 1784- 

Le canal des usagers de la rive gauche, c'est-^ 
à-dire de la partie la plus riche et la plus impor*^ 
tante de l'huerta, reçoit sans frais les eaux des 
moulins de la ville (i). Ce privilège, quelle qu'en 
soit l'origûie, favorise la culture et allège le far- 
deau des taxes imposées non au propriétaire de 
la terre , mais à son colon. Du moment que les 
eaux pénètrent dans le canal , elles sont dirigées 
aux frais des arrosans et distribuées à la diligence 
dh Garde ou batlle, que le Gremio , comme nous 
l'avons déjà vu, renouvelle tous les ans. Le choix 
du Garde s'opère toujours dans la classe des plus 
notEd>les , puisqu'ils ont le plus grand intérêt à 
la suppression des abus. 

Le partage des eaux a lieu par temps et par 
contesaance : c'est pourquoi les journaux de terre 



(1^ II existe seize moulins à farine depuis Montbianc 
jusqu'à Tarragoiie : ces nombreuses usines prouvent avec 
quel soin et quelle sage prévoyance les usagers ont su mé- 
nager les pentes dans un si court trajet. 

Tome I. 6 



de première classe obtiennent quatre heures d'iir- 
rosage, tandis que les autres classes n'en obtien- 
nent que trois. Des ameades sévères p)uiîssent 
toutes les infractions. 

L'fiuerta cieTairagone est d'une étonnante fer- 
tilité. Parmi les céréales , le blé et l'orge sont cul- 
tivés de préférence ; on les sème à la main et fin 
suivant le sillon ouvert par la charrue : la t«Te 
est bien amendée et rendue très- meuble par trois 
labours. Ce mode particulier de culture ménage 
au colon la facilité de bêcher chaque sillon, et 
de répéter ce binage le plus souvent possible et 
quelquefois jusque vers la fin du mois d'avril. 
Ces derniers travaux , qui ont pour but d'activer 
la végétation et de remplacerle sarclage ordinaire, 
sont assez généralement admis dans la cuk lire des 
Secanos ( i ). Tout est sacnfîé dans ce beau climat 
à la culture du blé; on borde les propriétés de 
seigle, qu'on arrache au commencement de la 
moi^on et qui sert à lier les gerbes ; l'excédant 
est chèrement vendu aux bourreliers. Cette pra- 
tique économise sans doute quelque peu de blé ; 
mais elle impose l'obligation de renouveler tous 
les ans la semence, puisqu'il s'y est mêlé des grains 
de seigle renfermés dans chaque Uen de gerbe, et 




(i) On appelle ainsi les terre 
■ont les Bspnt du Roussitlor 



s'arrosent point '. 



A 



(79) 

iàie tenâ lliuerta tributaire de la grande vallée 
yàé ItJrgcL 

On sème les céréales depuis le mois de novem- 
bre jusqu'en janvier. Le climat est assez doux 
pour parraettre au labourent ces longs retards, 
dont il'serait puni quelques lieues pius loin. La 
eidtnre de l'orge (cebadm) est généralement ad- 
mise dans les bons Secànos ; on l'a adoptée dans 
l'Huerta, parce que cette graine est très-prodno- 
tive^ quelle est plus tôt moissonnée et que Fon 
'^ûae de suite suir le diaume une espèce de ha- 
ricot blanc, qu'on récolte au bout de six seiliai- 
nes. €ette richesse de végétaticHi est un des bien- 
&îts da dômat Des amendemens copieux , cinq 
ou six arrosages, deux labours^ ne seraient pas 
soffîsans si le beau soleil d'Espace ne venait se- 
eosidcar tous les efforts du sol. 

OpeaMbnt la culture des H«erhts n'est pas sans 
jiéÉHM;, l'administration des canaux présente des 
daioiffjfraves^ et d'autre part elle néglige des tra- 
ymoi importans qui send^lent nécessaiires p6tur 
protégiûr lei^ deux rives. On se deÉiande les mo- 
tî6 de cette apadlie au tmilieù de taht d'intéréis 
^i devraient solliciter tes réformes et vriller eh 
faveur de l'industrie agricole. Ils existent ailleuf l& 
que dans la routine et l'indolence des usagers, 
car les huertas et'les canaux sont en partie la pro- 
priété du Chapitre. 

6.. 



(Sol 
Avant tle terminer cet aperçu, ilconvientpeut- 
ètre de porter un instant nos regards sar un des 
points les plus iinpoptans du Campo et sur la ville 
de Reus , qui occupe une belle position au pied 
du vaste et riche Priorat. Cette ville, qui doit au 
commerce l'accroissement rapide qu'elle a pris 
dans quelques années et qui bientôt deviendra le 
point central de toutes les entreprises commer- 
ciales et le berceau de toutes les industries, pro- 
jeta en dernier lieu la construction d'un canal 
de navigation pour communiquer avec te port de 
Salo. A peine conçu , ce projet fut en partie exé- 
cuté; on acquit le terrain, on creusa le canal, et 
déjà l'on préparait nu cabotage de vastes maga- 
sins lorsqu'on reconnut enfin ime erreur de ni- 
veau; les travaux cessèrent, et les sommes im- 
menses dépensées jusqu'à ce jour furent aussi 
facilement sacrifiées qu'on avait rencontré de fa- 
cilité à les recueillir; car c'était àqui se montre- 
rait le plus généreux. Il est toujours pénible 
d'échouer dans ces sortes d'entreprises; mais 
- cette facilité de les consentir mérite d'être remar- 
quée. Un état doit tôt ou tard prospérer lorsquR 
l'agriculture et le commerce ne reculent point de- 
vant de pareils sacrifices. 



l-k. 




(8i ) 



CHAPITRE IX. 



AlOtOSAtïES DE l'eBRE ; CANAL DE T0RT05E. 



îhss. landes immenses et une eflGrayante soli- 
tude séparent le Campo de Tarragone des rives 
de^ l'Ëbre. On disait que les croisés du treizième 
siècle, satisfaits de la victoire, déserta^nt bien> 
vite cette contrée , qu'ils avaient si chèrement dis- 
putée, mais où nul péril ne devait plus les rete- 
nir*. Aifisi. ces guerres sanglantes n'eurent ici* 
4!auti*es résultats que de dépeupler des lieux où 
le génie entreprenant des Maures avait fixé de 
puissantes colonies. : ainsi l'industrie disparut 
^cere une fois avec les^^incus. 

. Au-delà de ces landes et au pieîi des montagnes 

Ir 

que -doipne le Perello , de nouvelles Guarrigues 
altrâstttit encore le voyageur et le conduisit 
jusqu'au milieu d'un immense plateau; sût la 
gauche , les terres marécageuses du Fangar pro- 
Içtligent bien avant dans la mer l'embouchure 
de l'Ëbre; en face, on distingue déjà la pointe 
avai^cée de la Rapita et l'antique château d'Am- 
posta; sur la droite, une grande vallée au milieu 
de laquelle coule le fleuve ; mais enfin les pins 
rabougris , le genévrier et le palmier sauvage n'atr 
tristent plus la vue , «t l'on rencontre bi^tot le 



ï 



( 8, ) 
Caroubier et l'Olivier , ces arbres précieux , que 
le cultivateur semble pousser devant lui pour 
conuattre la nature du sol et consulter ses forces. 
On est encore sur le grand plateau ; insensible- 
ment le terrain s'affaisse et présente un plus ri- 
che aspect ; les Oliviers dessinent leurs formes 
colossales ; le Caroubier se développe avec force , 
et des produits variés couvrent la terre : on est 
dans la vallée inférieure et sur tes bords de l'Ebre. 

En remontant la rive gauche jusqu'à Tortose, 
la terre est limoneuse , profonde et de la plus 
étonnante fertilité. La nature semble avoir pré- 
paré tous les élémens de réussite à l'beureux cul- 
tivateur; mais une routine aveugle ramène tou- 
jours les mêmes moyens et les mêmes chances. 
La sécheresse dévore les récoltes ; les plus beaux 
champs d'orge , des vergers immenses , trompent 
fréquemment l'espoir du colon , tandis qu'à quel- 
ques pas de distance, un fleuve limoneux, peu 
rapide et peu encaissé , porte lentement ses eaux 
à la mer. 

Quelques Norias construites à grands frais au 
milieu decettebellevallée, fournissent un volume 
d'eaubien insuffisant pourtous les besoins. Com- 
ment arroser plus d'une lieua de terroir, cou- 
verte d'orge, de méteil, de luzerne, d'hortolages 
et d'une immense quantité d'Olivîers, de Carou- 
biers , d'Amandiers et de Figuiers ? Quel précieux 




( 83 ) 
résultais ne seraïl-il pas permis d'espérer de la 
construction d'un canal au milieu de cette grande 
vallée? Le chanoine Mora, qui traça jusqu'au 
village de Zaïda et sur plus de la lieties de loïi- 
gueur la continuation du beau canal de Sarra- 
gosse, parvint aussi à démontrer avec quelle fa- 
cilité on pourrait diriger les eaux de l'Ebre sur 
les deux eaux-versans de la vallée de Tortose, 
Déjà quelques travaux heureusement exécutés 
imposaient silence à la calomnie lorsque ce digne 
ecclésiastique, dont les lumières égalaient le pa- 
triotisme, mourut avant d'avoir rien terminé , et la 
ville hérita de ses projets et de ses plans, mais non 
deson zèle. Elle n'a fait jusqu'ici aucune démarche 
ni tenté aucun efïbrt pour l'accomplissement de 
ces projets ou du moins pour leur vérification. 
Le chanoine Mora se proposait d'appuyer sa 
prise d'eau sur la fameuse digue de Xerta. On 
sait qu'il existe sur l'Ebre , et depuis Sarragosse, 
seize grands barrages construits à grands frais , 
qui sont pour la plupart l'ouvrage des Maures. 
Ceux de Quinto et de Xerta, plus élevés que le* 
autres, opposent à la force de^ eaux un grand 
massif de plus de 2 5 pieds d'épaisseur (8 mètres) 
protégé par un revêtement de gros blocs de 
pierre, solidement cramponnés. La digue de 
Xerta avait déjà été élevée de quelques pieds; 
encore quelques travaux, et les eaux se portaient 



f 84 ) 
à-la-fois, et avec une égale facilité, sur les deux 
rives. Que manque-t-il donc pour creuser les ca- 
naux et ranimer l'industrie? Un successeur à 
Mora. 

L'existence des barrages de l'Ebre et le soin 
avec lequel quelques-uns ont été construits fe- 
raient croire que dans l'origine on avait un tout 
autre but que celui d'alimenter quelques usines 
et d'établir quelques Norias d'un nouveau genre. 
Le peuple dont ils sont l'ouvrage savait accor- 
der à l'agriculture des encouragemens dignes de 
ses résultats, et sans doute l'arrosage des rives 
de l'Ebre se serait effectué, si l'on avait permis aux 
Maures de cultiver les terres qu'ils étaient forcés 
de défendre. 

Ainsi donc les guerres nationales et destruc- 
tives qui précédèrent la reddition définitive de 
Tortose suspendirent l'exécution des Acequias; 
cependant les ouvrages les plus difficiles sont 
exécutés, et si l'agriculture voulait aujourd'bui 
les utiliser, il est important de remarquer que le 
bénéfice des entrepreneurs commencerait du 
jour où l'on aurait creusé quelques toises du ca- 
nal ; ce bénéfice décuplerait pour peu qu'on ac- 
tivât les travaux. Tant de chances de succès ne 
peuvent pas manquer d'être prises un jour en 
considération. Je ne les ai mentionnées ici que 
parce qu'il peut ^tre utile de connaître comin 



I L 




(8Î) 
se préparent et avec quelle indifférence on ac- 
cueille parfois ces grands projets d'amélioration. 

La plaine de Tortose n'est pas moins belle 
sur la rive droite; plus de trois cents casas de 
campo (i), disséminées sur un espace d'environ 
3 lieues, animaient autrefois le paysage et lui 
donnaient un aspect très-riant. On cultive aussi 
dans ce terroir le blé, le méteil, l'orge pour les 
chevaux, la vesce pour les pigeons, la luzerne 
et nombre de plantes potagères. Parmi les arbres 
de verger, ilfaut principalement citer les pêchers, 
les abricotiers et les figuiers, mais point de pom- 
miers, de poiriers ni de cerisiers; le miirier les 
remplace, et l'industrie manufacturière doit à ce 
dernier la branche la plus importante de son 
revenu. 

Il se fait des récoltes très-abondantes d'huile 
sur le plateau supérieur et sur les premiers plans 
inclinés qui terminent la plaine. Plusieurs ri- 
goles arrosent ces lisières avec les eaux qu'elles 
recueillent dans quelques sources peu abon- 
dantes. Le sol de la vallée est profond et d'une 
culture aussi facile qu'encourageante par la ri- 



(i) On appelle ainsi les métairies 
pagne. Partie de tes maisons ont été ruinées ou démolies 
pendant le long siège que Tortose a soutenu sur la fin de 
U demiècc guorro. 



( 86) 
chesse des produits qu'on pourrait en. exiger; uBi 
fleuve le borde, le plus beau soleil l'écIaire, point 
de gelées, point de frimas : ici c'est la nature qui 
fait tout; mais le cultivateur n'a point le premier 
tort, ce sol ne lui appartient point, les deux tiers 
sont le patrimoine des couvens et des commu- 
nautés; l'autre tiers, moins quelques lambeaux, 
appartient à lanoblesse. Les possesseurs afferment 
à moitié , au tiers ou au quart brut pour eux , se* 
Ion la qualité du terrain. Le fermier, pressé de 
jouir, abuse des forces de la terre ; il l'épuisé et 
l'abandonne; si par hasard il a le courage d'être 
fidèle à ses engagemens, c'est presque toujours 
9UX dépens de son avenir; sans capitaux, sans 
crédit, la misère s'oppose à toutes les améliora- 
tions ; il manque même d'instrumens aratoires. 
Une Mule, une charrue légère, un contre mal 
placé, labourent ou déchirent à peine la terre; 
les mauvaises herbes poussent des racines vigou- 
reuses; la tige vivace du réglisse, celle plus fu- 
neste de la canoca (ou cagnoque en Catalogne et 
en Roussillon) usuri^ent le terrain, et le fermier 
reste pauvre après un travail exécuté sans ému- 
lation. J'ai cependant vu deux mules attelées k 
une charrue; mais c'est un luxe dont peu de la- 
boureurs s'avisent. 

Cet aperçu sur l'industrie agricole des rives de 
fEbre serait incomplet si nous négligioai 



>aft-d^^ 



f 8? ) 
mentioDixer ici les grands avantages que l'agri- 
culture pourrait espérer du perfectionnement du 
canal de S.-Carlos. Encore une fois, nous ver- 
rons l'Espagne projeter liardùnaent un grand ou- 
vrage, en suivre l'exécution avec constance, et 
reculer devant de petits obstacles presque au 
terme de ses efforts. Puisse cette double leçon 
nous être salutaire! 



CAKAL DE s. -CARLOS. 



La mer s'est retirée de plus de 5 lieues depuis 
que les Romains établirent un port (Puerto-Re- 
dondo) à quelque distance du rocher d'Amposta. 
Tout ce grand espace de terrain qu'elle a laissé à 
découvert s'est insensiblement amélioré par des 
dépôts limoneux, et chaque jour les vents du le- 
vant agrandissent cette pointe en retenant à 
l'embouchure du fleuve les sables que celui-ci y 
chaiTie. La navigation de l'Ebre devient de plus 
en plus dangereuse, et les barques, après avoir 
heureusement franchi les obstacles qui barrent 
son entrée, sont quelquefois forcées d'attendre, 
plusieurs mois, un coup de vent ou la crue d'eau, 
qui seule peut leur ouvrir un passage. Ces obs- 



< 88 ) 
tacles n'avaient point écliappé ati génie péné- 
trant de Ftorida-Blanca ; il projeta de réunir le 
port creusé par la nature au milieu des AlFaques 
avec la cliatellenie d'Amposta , dont le vieux ma- 
noir domine la rive droite du fleuve (i). Le pre- 
mier canal fut rapidement exécuté; mats le 
comte de Gusmas , chargé de la continuation des 
travaux , crut convenable de dévier ce canal vers 
la ville de S.-Carlos, dont il venait de jeterles 
foudemens au milieu des barraques de la Rapita. 
Il construisit en outre un grand bassin, une 
écluse, un dégoi^eoir, qu'il appuya sur une 



(i) La coustractlon de ce ca.iial avait pour but d'as- 
Burar à l' Aragon et aux terroirs qui bordent l'Ebre le 
débouché des huiles , des vins , des soies , des laines , des 
caroubes , etc. ; mais pour compléter cette navigation 
intérieure , on devait construire un second canal sur la 
rive opposée ; la Paîma et le Fangar devaient comniiini- 
^er par VAldea (la vierge de) ; quelques écluses au- 
raient suffi pour proléger cette nouvelle navigation : le 
commerce alors pouvais espérer d'éviter le cap si dange- 
reux de Tortose , et l'un des points les plus difficiles à 
franchir en temps de guerre : l'excédant d'eau pouvait 
d'ailleurs être versé avec d'immenses avantages sur une 
terre vierge, à laquelle il ne manque que l'arrosage et 
quelques canaux de dessèchement. Avec Un peu d'indus- 
trie , l'embouchure de l'Ebre serait embellie par de su- 
gerbes domaîues. 



petite anse, et il fortifia celte anse, par une jettV 
<jn 'il opposait aux vents de mer; eufin les prin- 
cipaux travaux étaient exécutés et le niveau 
de-s eaux était permanent, depuis qu'on avait 
rencontré dans les Alfaques un grand nombre 
de sources. Il restait encore à vider le terre- 
plein du premier bassin de refiige, à continuer 
le môle supérieur et à compléter le système des 
écluses. Déjà les barques remontaient le ca- 
nal et parvenaient sans obstacle à Amposta; 
Charles III mourut, le Comte de Florida-Blauca 
ne fut plus ministre, et tout fut abandonné. 
Ainsi donc ce beau canal qui devait opérer 
une révolution importante dans l'agriculture 
du nord de l'Espagne ; ces écluses , ces bassins 
construits à grands frais; ces immeiises maga- 
sins, les casernes et l'église, tout fut ébauché, 
rien de fini; ce port, qu'attendaient les trois ri- 
ches provinces d'Aragon , de Catalogne et de Va- 
lence , fut enlevé au commerce , et toutes les pro- 
. ductions éloignées des côtes restèrent sans dé- 
bouché assuré. Encore aujourd'hui les bois de 
construction, les fers, les chanvres et les gou- 
drons ne parviennent à Carthagène qu'avec des 
frais énormes ; vainement le commerce de deux 
provinces sollicitait à Madrid l'autorisation de 
continuer les travaux, le délégué fut renvoyé 
sans réponse, et désormais l'on cessa d'espérer- 




Depuis lors une partie de l'Espagne trouve qu'il 
y a économie à recevoir de l'étranger quelques- 
unes des matières qu'elle récolte cependant dans 
son intérieur. 

Terminons cet aperçu par une dernière obser- 
vation- Pourquoi ces immenses bâtisses deS.-Caî^ 
lo5 , ce luxe dans les constructions , cette grande 
église, ces colonnes, ces pilastres, ces avenues, 
ce pavillon au pied de la montagne? Pourquoi 
cesembellissemens, tandis que le canal elle port 
n'étaient pas encore terminés? Vainement a-t-on 
objecté que deux dotations pourvoyaient aux 
deux entreprises, la plus importante devait pré- 
céder; elle commandait naturellement la seconde; 
le gouvernement pouvait même espérer sur cdle- 
ci d'importantes économies. Le commerce eût 
bientôt constrtût des magasins et embelli la noui- 
velie colonie, s'il avait pu compter sur des bé- 
néfices assurés; mais la vanité des protecteurs 
avait besoin d'un peu d'éclat , et l'utile fut encore 



une fois sacrifié. 




CHAPITRE XI. 

A.ILROSAGE DC SEGRE; CAKAL DE rAlHCEL. 

La construction du grand canal d'Urgel , dans 
cette belle contrée que les anciens réputaient 
déjà le grenier de la Péninsule, est une des en- 
treprises les plus importantes <[\û aient été pro- 
jetées en Espagne; plus de 3oo,ooo journaux 
(ii5,33o hectares) de terre doivent être arrosés 
ou améliorés, et deux cent treize villages ou gros 
bourgs doivent profiter immédiatement des tra- 
vaux. 

Philippe II s'occupa sérieusement de ce pro- 
jet, et non content d'avoir rendu de nouvelles 
ordonnances à la suite de celles de Charles-Quint, 
il envoya reconnaître les lieux par son trésorier 
don Martin Franquesa , membre du conseil royal. 
Le délégué justifia complètement la confiance du 
monarque; il visita trois fois l'Urgel dans le» an- 
nées i554, Ï576, 1577, dressa le plan de tous 
les nîvellemens, et parvint à décider les habi- 
tans de cette vaste contiée à souscrire de nou- 
veaux tributs eu faveur du domaine : ce dernier 
se chargeait alors de la construction du canal; 
mais une intrigue de cour provoqua l'exil de 
Franquesa et réveilla quelques oppositions. L'Eu- 



L. 



L 



L 9» . 

ropc eût vu sans doute avec étonnement le som- 
bre Philippe II s'occuper d'agriculture et médi- 
ter des améliorations qui n'intéressaient le fisc 
qu'en seconde ligne. L'Urgel fut de nouveau ou- 
blié, et la perte des récoltes aggravant de plus en 
plus le sort deshabitans,OD résolut, vers le com- 
mencement du dix-septième siècle, d'imposer un 
trentième sur tous les fruits déjà soumis à la 
dirae , pour barrer les eaux du Segre vers la ville 
d'Oliana , et les diriger sur la plaine du bas Urgel. 
TeEe était alors la misère publique, que 5o lieues 
carrées d'un superbe pays et les habitans de cent 
quinze villes, villages ou gros bourgs se trouvèrent 
dans l'impossibilité de former une masse com- 
mune d'environ 70,000 ducats (i). On eut re- 
coursàla ville de Barcelone, et Pierre Ripoll (2), 
mandataire de tout l'Urgel , fut chargé de la né- 
gociation. Il exposa, dans un mémoire fort in- 
téressant, tous les avantages qu'on pouvait se 
promettre de l'arrosage projeté, et il offrit à la 
ville , si elle voulait se charger de l'entreprise , le 
trentième de tous les fruits , qu'il évaluait à la 
somme de 3o,ooo ducats. Il résulte de ce mémoire, 
que tandis qu'il n'était encore question que d'un 

(1) Le duc.1t vaut 2 livres i5 soua 1 dénier j. Voyez /û'n. 
de M. dû la Borde , t. IV, p. 544. 

(2) Bipoll, Mentor. , 1616. 



(93 ) 
caual destiné à l'irrigation de plusieurs terroirs 
on avait déjà en vue d'établir un nouveau sys- 
tème de navigation intérieure. Il est intéressant 
de voir des contrées presque oubliées par l'his- 
toire projeter de si bonne heure des travaux aussi 
remarquables, et des écrits publiés à la même 
époque signaler les principes les plus féconds 
de l'économie politique. Le conseil de cent de la 
ville de Barcelone , par des motifs qui nous sont 
inconnus, n'accepta point l'offre de llJrgel; des 
guerres sanglantes, des calamités nationales af- 
fligèrent l'Espagne durant un long période , et 
elle ne commença à respirer qu'après les guerres 
de la succession. Philippe V reprit le projet de 
ses prédécesseurs , et le cardinal de Molina , pré- 
sident du conseil de CastiUe, transmit les ordres 
du roi au marquis de Werboom , directeur gé- 
néral du corps des ingénieurs. Don Jayme de Bu- 
ran , animé d'un zèle patriotique , voulut secon- 
der les nobles intentions de Philippe , et à la , 
tète d'une association à laquelle il fit souscrire 
un secours extraordinaire de 36o,ooo pesos 
(1,080,^70 fr.), il projeta de construire le canal 
d'Oliana. Toutes ces tentatives furent sans succès , 
et la ville de Lerida , qui , placée à l'extrémité de 
la hgne, espérait compléter son arrosage, en fut 
toujours réduite à son petit canal. 
L'an 1749» le marquis de Puerto-Nuevo, ré- 
7 



( n'i ) 

gcnt de la Koyale Audience de Catalogne, jaloux 
de faire quelque chose pour la prospérité de 
la province qui était soumise à sa juridiction , 
fit quelques représentations au marquis de la 
Ënseùada, ministre tie Ferdinand VI : sa de- 
mande fut accueillie , et l'ingénieur don Ber- 
nard Laua eut ordre de se rendre dans l'Urgel. 
Les projets antérieurs subirent d'importantes 
modifications. La prise d'eau fut fixée dans le 
voisinage de Tiurana , et pour prévenir les dé- 
penses considérables que devait entraîner la con- 
duite des eaux vers quelques parties entrecou- 
pées du terroir, Lana projeta un second canal, 
dont la digue devait être construite au confluent 
de la T^oguera et au pied de la Sierra de Monclar, 
non loin de la ville de Balaguer, 

Pour la premièrefois, l'arrosage de l'Urgel re- 
cevait, dansles projets des ingénieurs, le complé- 
ment sollicité par les peuplades inférieures, et 
l'on appelait jusqu'aux terres élevées de la ri- 
vière de Sio à faire partie de la grande Commu- 
nauté. De nouveaux retards , quelques opposi- 
tions, succédèrent aux actives recherches deLana. 

La Junte Royale de commerce de la ville de Barr 
celone, établie l'an 1763, eut la sagesse de pen- 
ser que l'arrosage de l'Urgel était une entreprise 
assez importante pour honorer ses premiers 
travaux. Elle obtint de la cour la communication 



tle tous les plans ou projets présentés jusqu'alors, 
et elle chargea don Thomas Desprat et Pedro 
Lleopart de reconnaître les lieux et de lever 
de nouveaux plans. Ces tentatives ne furent 
pas encore les dernières : don Juan Cherta pro- 
posait d'autres ouvrages, et il allait chercher jus- 
qu'auprès d'Agel les eaux de la Noguera; mais 
enfin sous le régne de Charles III, le comte de Flo- 
rida-Blanca , secondant avec un zèle éclairé les 
vues bienfaisantes de son souverain, prescrivit 
de nouvelles recherches et provoqua un nouvel 
examen du projet de don Bernard Lana. 

Don Juan Soler-y-Fanega fut chargé de cette 
importante mission (i). Il s'en acquitta d'une ma- 
nière distinguée; mais la révolution française et 
la guerre d'invasion vinrent encore une fois sus- 
pendre tous les projets. La Junte de Commerce les 
reprit en i8i4, et don Thomas Soler, que nous 
avons déjà vu à la tête des travaux sur les rives du 
Llobregat, fut chargé de poursuivre l'exécution 
des pl^ns qu'il avait vu rédiger à son père; enfin 
quelques ateliers ont été placés, l'ouvrage est 
commencé (2) , et nommer le capitaine-général 
Castaûos co)nme protecteur de cette belle entrer 
prise, c'est indiquer à-la-fois tous les motifs de 



(ij (j décembre 1786. 

(a) J'écris en juillet 1819. 



(96) 

• ^ • ' * . 

réussite et la sagesse avec laquelle lés travaux se^ 
ront exécutés. 

Il serait bien difficile de calculer lés îmmeir- 
ses avantages que le reste de la Catalogne et une' 
partie de l'Espagne peuvent se promettre de Tari 
ro^ge du bas Urgel. Cette vastef plaine, dont la 
nature du sol est si riche (i), n'attend^ pour 
donner des récoltes permanentes , que leis: déri- 
vations delà Noguera et du Segre. Cent mtllejàui^ 
nattx de t^rre , c'est-à-dire le tiers de la siipierfieie, 
produiront annuellement 3 quarteras (a) on 
4io livres de blé (a hectolitres 2 diécaliti*es ) ea 
sus du produit actuel. Livrées au commerœ au 
priit de 3 duros, ou de 1 5 fr. , et extraites à Taide 
du canal, les 3oo,ooo quarteras produiront k 
somme de 900,000 duros (4,5oo,ooo fr.) : c*«t 
presque le quart de la somme nécessaire à la cons^ 
traction du même canal. Ce blé suffira à tous lés 
besoins de la province; celle-ci pourrait même 
en exporter, et Fafireuse disette qui désola Ç|}r>- 
get depuis Fan lyaS jusqu'en rana75r, iiémei 
nacera plus l'existience de ses habitans (3). 

En outre de tous les produits que le cultiva- 
teur est habitué à retirer des terres arrosées , là 

, ■ ^ . : V. ■ .•■'■» 

' " . ' ' ■ " T 

(i) a Compacta y féraz s» y dit Thomas Scier dans aoA- 
Informe. 

(2) La quartera équivaut à i36 livres 8 onces de blé. 

(3) Ambros.-Felip Derbao , Informe* 



(97) 
suppression des jachères et la .culture en grand 
des prairies artificielles , en offrant de grandes 
ressources^ favoriseront l'éducation des bétes à 
cornes : alors l'intérêt particulier décidera si les 
labours des bœufs ne sont pas plus avantageux 
sur des terres compactes et profondes , que celui 
des mules et des dievaux. Le colon , en bordant 
toutes les dérivations par des plantations raison- 
nées, ne sera plus réduit à brûler le thym et la 
bouse de vache; et plus confiant dans le résultat 
de ses travaux, il cessera de croire que trois ré* 
coites médiocres sur cinq sont un prix suffisant 
de ses labours. Les.diaavres d'Urgel , réunis à 
ceux d'Aragon , suffiront à la consommation de 
la Péninsule , ou soutiendront la concurrence 
avec^ceux du Nord. A des mares infectes on subs- 
titaera des sources pures et abondantes , et les 
épizooties seront plus rares et moins désastreu- 
ses; de nombreux moulins à farine , distribués 
sur les divers canaux et sur les branches secon- 
daires , affranchiront l'agriculteur des courses 
lointaines eu temps de sédieresse ; enfin , l'éco- 
nomie domestique ajoutera à toutes ces ressour- 
ces les riches produits des jardins , et l^ur cul- 
ture occupera d'une manière utile des milliers 
de bras. Les récoltes secondaires remplissant tout 
Fiotervalle qui sépare les grands travaux , l'agri- 
culture cessera d'être affligée par ces émigrations 



( 98) 
périodiques qui ne s'effectuent jamais sans des 
pertes annuelles. Avec ce nouveau mode de cul- 
ture, les grandes fermes de l'Urgel ne pourront 
plus se maintenir ; réduites à des proportions plus 
convenables, des baux emphytéotiques (i) dis- 
tribueront l'excédant dans un grand nombre de 
mains et réveilleront l'industrie tles acquéreurs; 
même en diminuant leurs vastes domaines , les 
anciens propriétaires acquerront plus de reve- 
nus, et la concurrence des fermiers consolidera 
leurs capitaux; toutes les contrées montagneuses 
qui forment un immense cordon autour du grand 
bassin pourront aussi tenter d'utiles réformes, 
puisque l'approvisionnement des fourrages leur 
sera assuré; la vigne, le mûrier et l'olivier cou- 
vriront de vastes surfaces et prépareront de nou- 
velles sources de ricliesses ; enfin, 5o lieues car- 
rées profiteront de ces grands travaux, et l'in- 
fluence qu'ils exerceront sur les contrées limi- 
trophes sera telle, qu'elle contribuera à amélio- 
rer le sort de plus d'un million d'individus. Nulle 
culture ne favorise plus l'amour du travail que 
celle que prescrivent les irrigations. Les récoltes 
sont si variées et si intéressantes, que non-sëu- 



(]} Enfiteusis : l'usage de ces ba|ix est très-fréquenE 
;n Catalogne. Mémorial de los artes. Barcel. , i 
m. i8j5,fol. 109. 




(S9) 
lement le colon est sans cesse au travail; mais il 
n'y a pas de jour dans l'année pendant lequel les 
femmes et les enfans ne puissent être occupés : 
de pareils résultats méritent l'attention du légis- 
lateur. 

Si la construction du canal d'Urgel doit opé- 
rer de si puissantes réformes sur l'économie ru- 
rale et domestique, elle n'en aura pas une moins 
grande influence sur le commerce intérieur et 
sur l'industrie manufacturière. Jusqu'ici les trans- 
ports se sont effectués à dos de mutet ou sur des 
chariots légers peu susceptibles de recevoir une 
forte charge. Une classe nombreuse d'individus 
passe sa vie sur les chemins sans aucune utilité 
pour l'agriculture. Ces transports ruineux élè- 
vent si haut le prix des denrées (i), qu'il est sou- 
vent plus économique a Barcelone de recevoir 
les approvisionnemens en hlé de Philadelphie 
que de Lcrida ; cependant si le canal était cons- 
truit, les barques qui partiraient de Tiurana 
viendraient se joindre avec celles du Canal impé- 
rial, et réunies sur l'Ebre elles descendraient sans 
obstacle jusque dans le port des Alfaques. Ainsi 

(i) On a calculé que ce qiii coûte par mer i franc do 
port , en coflte 3 par un canal , 9 par une charrette , et 37 
à dos de mulet : ainsi donc, i quintal de lilé. de Lerida, 
rendu à Barcelone , coûterait par mer j francs , et par 
7 francs. Th. Soler, 




( ■<" ) 

ae représentent ici tous les avantages du canal de 
S. -Carlos et de la coatinuation de celui de Sar- 
ragosse, selon les plans de Moi'a. Ainsi l'éloigne- 
ment de la mer , qui est le plus grand obstacle 
aux progrès de l'industrie , serait heureusement 
vaincu par la main des hommes. On pourrait 
croire cependant que l'Urgel manquera long- 
temps d'hahitans , et que ce premier élément de 
la force et de la prospérité des états retardera les 
grands avantages qu'on se promet de l'arrosage; 
mais en outre qu'une culture plus riche et plus 
productive protégerait l'accroissement de la po- 
pulation et appellerait successivement de nou- 
velles colonies , l'industrie manufacturière n'au- 
rait pas même à souffrir de la nouvelle direction 
imprimée aux esprits. L'homme, d est vrai, est 
appelé par la nature au travail de la terre; mais 
parmi les hahitans d'une viUe et même dans les 
campagnes, il existe toujours une classe nom- 
breuse d'individus, qui, par leur constitution, 
par accident ou par paresse , sont peu propres aux 
travaux des champs. Les ateliers et le commerce , 
qui exigent moins de force, recrutent sans cesse 
dans cette classe, et la société s'enrichit de ceux 
que les travaux agricoles n'ont pu employer. 

Les bois de construction , qui souvent restent 
six mois entiers au pied des montagnes , parce 
que les deux rivières sont trop appauvries par 




les sécheresses, descendraient en tout temps dan» 
les magasins de l'état ou dans les chantiers du 
commerce, et-cette facilité de communiquer avec 
la mer et d'exporter avec économie l'excédant de 
certains produits,ménagerait dans les retours tous 
les objets de commerce qui manquent à ces con- 
trées, en les maintenant à des prix convenables 
pour la classe pioyenne des consommateurs. 

Précédée par ces premiers résultats, l'industrie 
raanuiacturière ne tarderait pas s'établir et à se 
■développer, et lorsqu'elle aurait épuisé les res- 
sources locales, elle recevrait avec économie les 
matières premières que le commerce viendrait 
déposer à S.-Carlos. Toutes les fabriques de la 
haute Catalogne, toutes- ces peuplades actives qui 
luttent avec tant de persévérance et quelquefois 
avec succès contre les progrés de l'industrie étran- 
-gère , soutiendraient la concurrence, du moins 
dans tous les ports de la Péninsule. 

Nous venons de présenter avec quelque détail 
le tableau des résultats que l'Espagne peut se 
promettre de l'arrosage du bas Urgel et de cette 
navigation intérieure : examinons de même par 
quels moyens on doit opérer cet arrosage, et 
comment un si beau Canal pourra s'élabUr. 

Au pied de la montagne de la Abella et à plus 
de \ d'heure au-dessus de Tiurana, le Segre est 
profondément encaissé dans un lit de rochers : 




( lûa ) 
c'est sur ce point que doit être construite une 
digue en grosse maçonnerie, destinée à élever 
l'eau à la hauteur de 3o pieds catalans [g'",ii). 
Pour un pareil niveau et dans un courant rapide 
et profond, l'ingénieur a projeté l'emploi de tous 
les moyens de résistance; il protégera le barrage 
par un revêtement de fortes dalles cramponnées, 
LeSegre,en temps ordinaireetavant de se réunir 
avec quelques-uns de ses affluens, porte déjà 
plus de 4o meules d'eau (r), on propose d'en 
prendre a 5, et cette forte saignée exige k l'entrée 
ducanaldegrandesetsolides constructions. Quel- 
ques vannes dedécharge préviendront l'effort trop 
impétueux des eaux, et celles-ci ne pénétreront 
dans le canal qu'au moyen de plusieurs écluses; 
une grande maison doniinera tous ces ouvrages 
et servira à-la-fois de logement au Cequiero ou 
garde principal , et d'auberge aux agensde la navi- 
gation. La Seo-dTJrgel n'étant qu'à 3 lieues de la 
Abella, les moindres travaux suffiront pour réta- 
blir les communications et faciliter les transports. 



(.) Nous 


avons expliqué ailleurs 


et avec 


détail, ce 


que les eu 


tivateurs dea Pyrénées a 


rien ta les 


entendent 


par merile 


■l'eau ; en Catalogne c'es 


la mêm 


e mesure, 


encore que 


,'intérêt particulier soit < 


uelquefoi 


s assez tia- 


bile pour embarrasser la conscience 


des ex pet 


s. Bappe- 


ions seulement ici qu'une ouverture circulaire ayiinl 


9 pouces d^ 


diamètre suffit, avec 3 } 


isds de c 


lutc, pour 


mettre en e 


nouvemaut la meule d'ur 


moulin 






( ■o3) 
Le canal, à l'issue du grand bassin qui servira 
de port de refuge, suivra les plans inclinés qui 
dominent les villes de Tiurana et de Pons jus- 
qu'au torrent de Liobregos. Pour franchir celui- 

I ci, il faudra construire un grand pont-aque- 
duc de 445 varas (37i'",57) de longueur sur 
45 varas ( ^j^^S-j ) de hauteur dans son mi- 
lieu. Deux grandes lignes d'arceaux formeront 
cette vaste construction. A l'issue du pont, le ca- 
nal doit se diriger vers les crêtes de la Sierra de 
Monclar , jusqu'au pied de Maravilla, qu'il fau- 

, dra traverser au moyen d'un aqueduc souterrain 
d'environ 5,ooo varas (^,175 mètres). Indépen- 
damment de ces travaux et pour rendre la navi- 

; gation souterraine moius pénible, il conviendrait 

' ' d'opérer de fortes excavations à la sortie et à l'en- 
trée de l'aqueduc, afin de ménager des lieux de 
relâche. Le sol de la galerie doit avoir 10 varas 
(8<^,35) de largeur, il y en aura i4 (i i^i^g) au 
niveau de l'eau: ce qui suppose un talus de 2 va- 
ras ( i",67); un chemin de remorque de 2 va- 
ras-ï-sera établi sur chaque rive; de plus, la 
voûte à construire au-ilessus de ces ouvrages doit 
avoir a varas d'élévation au-dessus de l'eau et le 
canal 3 varas (*"',5) de profondeur : c'est donc 
36 varas (3o mètres) de déblais pour chaque vara 
de longueur, total 180,000 varas ou i5o,3oomè- 

I^JttLcubes. À ce premier résultat il faut ajouter 

L 



L 



( 104 ) 

le déblai de la voûte , celui des chemins latéraux 
et celui des nombreux regards destinés à faciliter 
les travaux et à jeter quelque peu de jour dans 
la galerie. Don Thomas Soler propose deux aque- 
ducs au lieu d'un, recevant l'eau par égale quan- 
tité et destinés l'un pour les barques qui remon- 
teraient le canal, et l'autre pour les barques de 
retour ; un seul chemin suffirait à chaque gale- 
rie et tous les deux communiqueraient par de 
fréquentes issues. Don Th. Soler croit entrevoir 
dans cette grande modification au premier pro- 
jet une forte économie de déblai, plus de sûreté 
dans l'exécution des travaux, et des constructions 
moins coûteuses, puisqu'elles auraient à opposer 
moins de résistance. 

La sortie de l'aqueduc sera dans le voisinag« 
de Cosco. Le canal rencontrera plus loin la ri- 
vière de Sio, la Sierra d'Almenara et le chemin 
royal de Madrid, qu'il devra traversera un quart 
de lieue de Tarrega ; de là , tournant un peu à 
droite vers le rio de Cervera et la ville de Verdu, 
il franchira le rio Corp près de San-Marti, les 
terroirs d'Arbeca et de Las-Borges , le rio Salado 
et le rio Sed , et il viendra enfin retomber dans 
le Segre, à trois lieues en aval de Lerida , après 
avoir parcouru aussi les terroirs de Puixbert et 
de Sonadell. 

En outre des travaux qui precèdeu! 



1 



^^^^^ ( ) ^^B 


1 d'autres que réclament la navigation intérieure ^^| 


et le commerce : on peut citer parmi les plus im- ^^| 


portans les quinze petits ports et les écluses de ^^M 


Sonadell. On propose d'établir les ports dans les ^^| 


lieux suivans : 


■ 




»... 


nl^ASCKS. 


PORTS. 


H 




lieues. 






* 


"■ 


à la Abella , contre la maison du garde 

et eu arrière de la digue. 


^1 




a 




près la Tille de Pons. 


^^^1 




3 


? ' 


près d'ORIOLi. 


^^^1 




4 


* 


àCosco, à la sortie de l'acjucduc sou- 
terrain. 


.^1 




5 


, 


à Las-Casas-de-Kehant. 


^^^M 




6 


1 1 


à LAS-rALLAHGAS. 


^^^H 




7 


» ï 


àMoNTBOiG. C'est ici le point central 
d'Asraniunt , de laRibera-de-Sîo, de 
la Sierra-d'Almenara et d'un grand 


^1 








^^H 








nombre de chemins. 






8 




àFiGUEBOSA. 


^^^1 




9 




auprès de Tarrega.. Ce port principal 
sera établi au point d'intersection 
avec le chemin de Madrid : il sera 
dans le voislaage du terroir de Sa- 
garra , et à portt5e des principaux 
moulins de l'Urgel , etc. 


■ 








^^^1 




î° 


a 


à Sak-mIrti. 


^1 




la 


a ; 


près d'AjiJiEcA. 


^^^1 




i3 


2 7 


près de Las-Borges. 


^^^1 




'4 


3 


entre Artesa et Puigveut. 


^^^1 




.5 


3 


à la fia du canal. 


■ 


24 Ueuea catalanes (i). 




(OLa lieuecataUne est de 8,000 vans ou 6,680 mètcps : H ''eue 


^1 




lga|Mnrt«»kdu.car>|. ^^M 



L 



( -oe) 

Bans ce long trajet , les eaux du canal arrose- 
ront 5o lieues carrées de pays , ou aS millions de 
varas carrées. Or , le journal de terre ou la mo- 
jada dXîrgel contient 5,6oo varas (environ 6a mè- 
tres en carré) , et la lieue carrée 4i4€4 journaux j. 
Ainsi donc, en réduisant les 5o lieues carrées en 
mesures catalanes, nous aurons 2a3,200 jour- 
naux de terre , ou 86,788 hectares. D'autre part, 
de nombreuses expériences faites en temps de 
sécheresse ont démontré que le canal pourra 
fournir en vingt-quatre heures 22,291,200 pieds 
cubiques d'eau ; en estimant les pertes opérées 
par l'infiltration et l'évaporation à 5 pour 100, 
il reste encore 21,176,644 p'cds cubiques, qui, 
répartis selon les besoins reconnus du sol, et 
en raison de 3 pouces d'eau pour chaque surfsce 
arrosable, cequi est le terme extrême, assur^ronl 
l'arrosage de 1,680 journaux 7, ou d'environ 
646 hectares chaque vingt -quatre heures : ce 
produit multiplié par 44» nombre de jours qui 
s'écoulent entre les deux arrosages dans le bassin 
d'Urgel, donne pour résultat 73,9^9 jour^aoi 
ou a8,4a4 hectares , en négligeant les fractÛM^} 
si l'on ajoute à ce premier résultat la moitié «u 
sus, qui représentera la partie des terres en re- 
pos ou seulement labourées , après avoir donné 
deux récoltes consécutives , il sera démontré 
que l'arrosage pourra s'opérer, par tour , sur 



M 



( Ï07 ) 

1 1 0.9*4 jo"''"^"''^''^ terre, ou 5G,848 hectares(i): 
c'est presque la moitié de tout le Secano. 

La culture du blé exige trois arrosages daus 
l'Urgel : l'un en octobre, à l'époque des semailles; 
l'autre en janvier ou février, au moment où la 
végétation semble recevoir un surcroit inopiné 
de force ; le dernier à la fin d'avril , époque de la 
floraison. On voit, parles calculs qui précèdent, 
qu'on pourrait accorder à la terre semée en blé 
une irrigation plus fréquente ; les économie* 
qu'il serait donc possible d'opérer sur cette cul- 
ture seraient appliquées avec de grands avan- 
tages à celle des plantes fourrageuses. 

Cependant , pour compléter l'arrosage de la 
plaine d'Urgel , on a senti qu'il fallait revenir 
auï plans de don Bernard Lana , et construire un 
second canal sur le Segre , non loin de la Noguera- 
Pallaresa. La digue doit être placée en amont de 
Camarasa , et elle exigera la même solidité et les 
mêmes frais de construction que celle de Tiu- 
rana. Cette seconde dérivation est destinée à par- 
courir le terroir de Camarasa , à joindre près de 
Sentiu les deux branches secondaires du grand 
canal. Lesquelles sont destinées à l'arrosage de 
l'immense vallée diteHivière de 5io; à contourner 




f io8 ) 
la Sierra -d'Almcnara, et à traverser enfin les 
vastes territoires de Bellcaîre , Bellvert , Palau , 
Sidemunt , Alamus , Puigvert , Artesa et Montoliu, 
jusqu'à Rio-Sed : celui-ci déverse dans l'Ebre. 

La construction de ce second canal nécessi- 
tera un grand nombre de ponts et autres ou- 
vrages, mais ce sera avec moins de frais que 
dans les terroirs supérieurs ; le sol est moins 
raviné et sa surface plus nivelée à mesure qu'on 
s'éloigne des montagnes : ainsi donc l'on ne sera 
plus exposé à des constructions coûteuses, telles 
que le pont-aqueduc du Llobregos et la galerie 
de Maravella. 

L'établissement des deux canaux est sans doute 
sufEsant pour diriger sur deux lignes très-poi- 
gnées un grand volume d'eau ; mais pour l'uti- 
liser ensuite et l'employer à Tirrigation des terres , 
il est nécessaire de construire sept canaux secon- 
daires, dont deux dans la rivière de Sio, et cinq 
dans rUrgel proprement dit. Sur ces premières 
dérivations, d'autres canaux et d'autres branchi» 
doivent opérer un autre partage entre les diverses 
parties de chaque terroir, sauf ensuite aux. pai^ 
ticuliers à construire à leurs frais les dernières 
ligoles d arrosage. Pedro Ripoll propose , dans 
son excellent mémoire , d'établir les prises d'eau 
de manière à ce qu'elles se rapprochent d'autant 
plus (lu sol du canal , que la propriété ou le do- 



priete ou le do- | 



( I09 ) 
xnaine qui en- aura l'usage, sera éloigné (i) : ainsi 
chaque œil indiquerait, par sa situation plus ou 
Hioins rapprochée du niveau de l'eau, son éloi- 
gnement de la digue. 

La d^ensé des deux Canaux principaux , celle 
des sept branches intermédiaires, calculée sur 
un grand nombre de données et après une étude 
particuUère des lieux , donne le résultat suivant: 

Canal de navigation. • • • • 55,464} ^/^l'éaux de vellon. 

Second c^nal. ....... 19,053,282 idem. 

Sept branches principales. . 3,9749689 idem* 



Total y 19,623,024 f. 25 c. ou 78,492,097 réaux. 



tes détails dans lesquels nous venons d'entrer , 
peut-être insuffîsans pour bien faire apprécier 
rilmportance des travaux et les difficultés sans 
nombre qui s'offriront à l'hoînme de l'art , suffis 
Tont, je Fespère, pour indiquer la grandeur du 
projet. Lorsque de pareilles entreprises n'intimi- 
dent point une province qui vient d'éprouver de 
si grandes pertes, il pourrait être curieux de con- 
naître le secret de cette force mystérieuse. Nôis re- 
cherches nous montreraient un peuple que l'his- 

- . ' » .... 

,' —...._-...._. — A ■ , 

(i) BipoU , JVfé/nor. , fol. 17» 

Tome I. 8 



C i>o) 
toire oublia souvent , passer rapidement de la mi- 
sère à l'opulence; et nous le verrions, k peine 
échappé ans horreurs de la guerre , adopter avec 
un zèle que le patriotisme seul peut inspirer, ces 
méthodes et ces systèmes qui, long-temps encore , 
seront les éléraens les plus certains de la prospé- 
rité des états. Nous verrions une vieille tradition 
planer sur ces contrées ; nous verrions la science 
de l'arrosage occuper le peuple comme les plus 
sages esprits ; enfin la fixité de la législation sur 
les cours d'eau nous amènerait à cette consé- 
quence immédiate , que tant de lumières et d'in- 
dépendance ne sauraient être l'ouvrage du temps, 
pas même celui du climat ; que c'est le plus beau 
legs que l'Espagne ait recueilli des Arabes ; et en 
dernière analyse, que la France se prive d'un 
puissant appui lorsqu'elle néglige les irrigations ! 
Les Maures ont aussi laissé des traces de leur 
passage dans les quatre canaux qui bordent les 
deux rives du Segre ; l'un , situé sur la rive gau- 
che , arrose les parties basses des terroirs de Ca- 
marasa, Menargues et Tenneus; l'autre, faisant 
presque suite au premier, parcourt les terroirs 
de Vilanova-de-la-Barca , d'Alcoleria, d'Albares, 
d'Albaterra,deMontohu,deSonadelletdeTorreB. 
La Noguera-Pallaresa , qui déverse dans le Segre 
un peu en amont de Camarasa , suffit aux diverses 
prises d'eau, et l'arrosage projeté ne priverait 



A 



( 



) 



point ces deux derniers canaux du volume d'eau 
dont ils ont acquis lusage. 

Sur la rive droite , deux autres canaux fertili- 
sepl uu assez grand espace de terre : Tun reçoit 
les eaux du Segre presque en face de Camarasa 
et arrose les terroirs de Gerp et de Balaguer; 
l'autre s'alimente des eaux de la Noguera-Riba- 
gorzana, long- temps avant qu'elles se perdent 
dans le Segre. Son cours est d'environ 7 lieues , et 
il arrose les terroirs d'Almenar , de Vilanova , de 
Corbins , de Lerida et autres, avant que le ca- 
nal d'Ayton reçoive l'excédant des eaux. Les belles 
huertas de Lerida et de Balaguer, les petits ar- 
rosages de la rivière de Sio , du rio de Cervera 
ou de Tarrega , du rio Berdii , du rio Corp , de U 
ribera Salada, et des terroirs limités d'Oliana, 
Tiurana, Pons et Artesa, rendent déjà les plus 
grands services à l'agriculture de cette vaste con- 
trée. L'intérêt général veille avec l'intérêt parti- 
culier pour protéger ces premiers arrosages: ils 
occupent un grand nombre de bras , assurent des 
produits agricoles inconnus dans les Secanos, et 
ils révèlent les avantages inappréciables qui ré- 
sulteraient de ta construction du grand canal. 

L'administration des canaux particuliers aux 
divers terroirs de l'Urgel a des formes simples et 
sagement combinées. On n'appelle à en faire par- 
tîe qu e les grands intérêts , et ceux-ci se me- 




(ira) 

sturent moins sur l'étendue des terres que sûrFin— 
dustrie et l'activité de chaque usager. Ainsi la so^ 
ciété, ou la masse des individus formant la po- 
pulation d'un lieu , se trouvant divisée par clasres 
distinctes , la coutume , qui est la suprême loi en 
Catalogne, appelle chaque classe à se faire re- 
présenter dans la Junte ou commission syndicale 
changée de l'administration du canal. A Lerida,? 
^lle est donc composée d'un préhcndier de la ca- 
thédrale et d'un ecclésiastique inférieur , de dem 
laboureurs ou paysans, d'unRegidorou membre 
du conseil de ville , et quelquefois aussi d'un 
noble. Cette Junte est présidée par le Corregidor 
ou l'Alcade major. Ailleurs les autorités munid-' 
pales remplacent ces fonctionnaires ; mais dans- 
aucun cas la formation des commissions n'é^ 
prouve pas de changement essentiel. 

La partage des eaux a lieu par temps , par con- 
tenance et à tour de rôle; chaque usager est im- 
posé pour les frais d'entretien , le salaire des- pré 
jposés et les autres charges de la conununaut^ 
mais la taxe se réduit presque toujours à u^ 
redevance modique et annuelle , qu'on acqui 
en nature. 



«/««WWVM 



(.ïi3) 



CONCLUSION. 



. . j 



Je suis entré dans quelques détails que j'aurais 
du supprimer, si je n'avais eu en vue que de 
faire Thistoire du canal d'Urgel. Sans doute l'Es- 
pagne n'a pas besoin qu'une plume étrangère re- 
commande ses grandes entreprises à Fattention 
des agronomes ; mais tandis que nos voisins lut- 
tent avec tant de succès contre des malheurs 
récens, et réalisent sous un climat brûlant des 
prodiges de végétation ; tandis qu'éclairés sur 
leurs intérêts nationaux ils projettent des amé- 
liorations qui tendent à les libérer des états li- 
mitrophes, et par suite à nous enlever plusieurs 
branches très-lucratives de notre commerce d'ex- 
portation (i); enfin tandis que ces ^ands travaux 
préparent pour l'avenir tous les élémens protec- 
teurs de l'industrie manufacturière , il importe 



(i) Les marchés de la Catalogne sont approvisionnés 
en bétçs à laine , mulets, chevaux, volailles , blé et autres 
produits de la terre par cinq à six de nos départ emens 
méridionaux : ce commerce d'exportation , qui vaut à 
la France plusieurs millions , cessera sans retour dans les 
cinq années qui suivront l'exécution du canal d'Urg^L 
Il me semble quUl est bien temps de soitger au remède i 



("4) 

que nous en soyons prévenus et qu'à notre tour 
nous tentions quelques efforts pour ne pas res- 
ter en arrière et pour ne pas voir tarir tout-à-coup 
une des sources de notre commerce. En portant 
souvent nos regards sur l'Espagne , nous recon- 
naîtrons le bes9in d'étudier avec moins d'indif-^ 
f(M^nce son système d'irrigation , et Thistoire de 
ses canaux nous fera sentir plus vivement la né- 
cessité de les imiter. 



Fm De la i^iiovmCiE de gxtàjloghcr^ 



i* » ww»»» ^ w^^>%vvt^^»»^^<w>^» »» ^<»^^^» ^ ^i>«<»><»^»i»^w^^/^^v»^»%<^»yM^%»»<»»»i»»%i»»»^%»v^^ 



SECONDE PARTIE. 



DE C ARROSAGE , 



ST 



DES LOIS OU COUTUMES QUI LE RÉGISSENT 

DANS LE ROYAUME DE VALENCE. 



H/vWy^^Omrùvt 



CHAPITRE PREMIER. 

^PERÇU SUR LE ROYAUME DÉ VALENCE. 

LiB royaume de Valence n'est plus aujourd'hui 
4^u'uiie des plus petites provinces de l'Espagne(i) ; 
sa su]^erficie est de 838 lieues carrées (a); des 
iHontagnes d'uhe très-grande élévation , des toi"* 
rens d'un abord difficile et liautage et dès t'ôchets 
à pic occupent 5g8 lieues de cette superficie. Sur 
les %éfO lieues restantes , des grèves itmn^ises et 



T I r rr Mi 



(i) Cavanilles , Descripcion de Valencîa, t. I^ p. 2. 
(a) Les lieues d'Espagne sont d^une heure et un quart 
de marche ou de ao au degré. 



( "6). 
quelques Albuferas (i) réduisent encore l'éten- 
due des terres arables , et l'on est étonné, en par- 
courant ces contrées, de rencontrer tant de tei> 
roirs incultes et des communications si difficiles. 
Il semble, à la vue de ces obstacles , qu'égaré dans 
sa route l'on se retrouve dans les montagnes 
solitaires de l'Aragon , ou dans les gorges resseï^ 
rées des Asturies. 

Cette esquisse de l'aspect général du royaume 
de Valence ne vient guère à l'appui des descrip- 
tions séduisantes qu'en ont faites quelques his- 
toriens, et plus d'un lecteur se demandera com- 
ment ces montagnes et ces rochers ont pu tent«- 
l'ambition des rois d'Aragon et donner lieu à ïuie 
Croisade européenne; mais ces rochers et ces 
montagnes sont les vastes réservoirs d'où dérivent 
quatre fleuves et un grand nombre de torrens 
dont on a maîtrisé le cours, afin de soumettre des 
terres inertes aux besoins d'un peuple agricul- 
teur; mais au-delà de ces barrières naturelles et 
dans le voisinage même de ces solitudes , des val- 
lées délicieuses, des bassins riches en dépôts li- 
moneux, offrent un coup d'œil aussi ravissant 
qu'inattendu : la nature alors change d'aspect; 
le climat est plus doux , et les chaleurs sont heu- 



I 

V 




(■■7) 
reusément tenipéi-ées d'une part par l'aîr vif et 
pur des montagnes, et de l'autre par les légères 
brises de la mer: point de gelées qui attristent 
le sol ; point de brouillards qui altèrent la séré" 
nité de l'atmosphère; point de vents qui dessè- 
chent les arbres et menacent les récoltes; une 
végétation permanente ne cesse d'animer le 
paysage, et au milieu des produits les plus ri- 
ches et les plus variés, l'industrie est parvenue 
à naturaliser comme sans effort une grande va- 
riété de fruits et de plantes exotiques. Des bois 
d'orangers, de caroubiers et d'ohviers forment 
un rideau immense autour de ces terres privi- 
légiées. C'est-là qu'un peuple industrieux et brave 
déploya avec tant de succès ses connaissances 
pratiques dans le ]jremier des arts. Des colonies 
de palmiers, venues avec lui des déserts de l'Ara- 
bie, attestent encore sa présence, bien qu'il ait 
été repoussé depuis long-temps sur les côtes de 
l'Afrique. 

Dans le commencement du treizième siècle , 
une population toujours active et long - temps 
puissante cultivait encore avec une rare applica- 
tion les belles plaines du royaume de Valence. 
Une théorie respectable même dans ses erreurs 
amenait chaque jour de nouveaux résultats et 
d'importantes améliorations. L'agriculture pros- 



(,i8) 
péraît, et lu commerce héritait de ses excédans; 
la terre était subdivisée en une infinité de petits 
lots que les lois encourageaient , et la main de 
■ ITioïnme la forçait à produire pour satisfaire à 
tous ses besoins. Un grand nombre de villes et 
de villages peuplaient toutes les gorges , tous les 
bassins , et s'étendaient jusqu'au rivage de la mer. 
Des habitations éparses, mais très-multipltées, 
attestaient la fertilité du sol autant que l'indus- 
trie de ses habitans , et jusque dans le moindre 
défilé l'agronome aurait rencontré des colonies 
actives et souvent des ouvrages remarquables. 

Tant de prospéritié et de richesses agricoles ne 
pouvaient rester long-temps inconnues; une in- 
quiétude générale semblait d'ailleurs appeler les 
peuples de l'Europe vers de nouvelles destinées, 
et les rois d'Aragon , conseillés par la politique 
plus encore que par le zèle de la religion, au 
nom de laquelle on semblait cependant agir, pro- 
fitèrent avec un rare bonheur de la disposition 
des esprits. On venait de conquérir l'île de Ma- 
jorque, et la puissance des califes s'éclipsait dans 
les guerres civiles ; le pape Grégoire IX prononça, 
le premier, le nom de S.-Cruzada. Le prince ara- 
gonais répondit avec empressement à cet appel, 
et généreux envers le pontife gui l'avait si bénig- 
"nement [benigrtamente) doté aux déptais d'une 



A 



( "9 5 

nation voisine, il offrit des chât€aux(i), des villes 
et des terres qui ne lui appartenaient pas encore. 
La bulle du pape fut lue aux Cortès généraux de 
Monzon. Tons les intérêts puissans manifestè- 
rent leurs prétentions et obtinrent des garanties, 
et l'assemblée, séduite par une S.-Cruzada qui 
promettait de si ricbes dépouilles, délibéra la 
conquête. 

Jacques I-'., que l'histoire a surnommé le 
conquérant et que ses sujets appelèrent quelque- 
fois le^ca/, franchit bientôt l'Ebrc, et pénétra 
dans le royaume de Valence à la tête d'une puis- 
sante armée (2). Des obstacles qu'il n'avait pas 
prévus , arrêtèrent sa marche. On lui opposa une 
résistance honorable. Les Maures se battaient 
pour la patrie et pour la liberté ; les Croisés étaient 
animées par l'amour des conquêtes et l'espoir du 
butin : les Maures succombèrent, leur roi Zaën 
fut vaincu et Valence se rendit par capitulation 
l'an 1238. 

L'heureux vainqueur acquitta toutes ses pro- 
messes. 11 commit don Asalido de Gudal et don Xî- 
roen Ferez de Tarrazona pour présider au par- 



(1) C'est peut - être du cetto époque que iliite le pro- 
leibe : Bâtir e/es ckiiten.uw en Espagne. 

(2) Arch. de» carntes iV Bnrceloae , Ilist. maniisc. de 
donJay 




tage des terres, des huertas et des châteaux (i). 
X.es dépouilles étaient immenses ; mais l'avidité 
des vainqueurs était insatiable , et il fallut lui 
imposer des born-îs pour que le soldat obtînt à 
la suite de son chef le lot qui lui avait été 
promis. Les répartiteurs réduisirent la mesure 
agraire , et de ce montent Xijovada ne se composa 
plus que de six cahizadas (2). Chacun applau- 
dit à ces spoliations, et trois cent quatre-vingt 
chevaliers catalans ou aragonais furent riche- 
ment dotés aux dépens de la seule cité de Valence. 
De nouvelles conquêtes suivirent de près ce 
premier partage. Le royaume de Valence fut 
complètement subjugué, et les Maures, humiliés 



(1) Arch. royales da Barcelone, Registrum tertium 
Jacobl,!. Anno laBç. 

(a) La jovada se compose de 6 cahizadas j ou de 
i4,58o mètres carrés; 

La cahizada , de 6 fanegas ou haaegadas , ou de 
a, 4^0 mètres (a) J 

l^& kanegada f de aoo lirassas carrées, ou de ^oS met. \ 
, La brassa, de g paimos, ou de 3in,035 ; 

he palmo ou pam , âe 8 pouces 4 lignes, pied de France, 
ou de ô^-aaS. 



(n) On appelle quftiijue fois la cxhhsda journal, parce ijn'elle 
foniii^iit l'espace de terre que deux mules peuvent taboilrcr lians 

ilix lieuresou une jaucnée de Travail, 



J 



( "I ) 

-«t vaincus, perdirent à-la-fois sur le champ (te 
Ibalaille leurs biens et leur liberté. Ainsi donc la 
"victoire enrichit une armée aux dépens de tout 
«n peuple; elle dépouilla des cultivateurs intel- 
ligens et infatigables , pour abandonner leurs tra- 
vaux à des mains inhabiles , qui eussent bientôt 
perdu le fruit de leurs exploits, si le roi Jacques, 
que de grandes qualités rendaient digne du trône 
et supérieur à son siècle, n'avait prescrit l'obser- 
vance des lois rurales et celle des antiques cou- 
tumes. Ainsi l'on vit ce même peuple qu'on ou- 
trageait par des Bulles, qu'on poursuivait comme 
des barbares , dicter encore des lois et servir de 
guide à ses nouveaux maîtres. 

Ce respect pour la législation des Maures , cet 
hommage rendu à des usages consacrés par une 
longue expérience, vinrent au secours de l'agri- 
culture et plaidèrent aussi quelquefois en faveur 
des vaincus. Grâce à des ménageraens conseillés 
par la pobtique et plus encore par l'intérêt, il 
nous est heureusement permis aujourd'hui d'ad- 
mirer ces grands ouvrages , ces judicieuses pra- 
tiques, cette puissante industrie, qui ont élevé à 
un si haut degré de prospérité la petite province 
de Valence. 

Nous allons nous livrer k l'examen de cette 
législation qui a produit de si beaux résultats; 
BOUS le ferons précéder par l'historique de quel- 




( >" ) 

ques canaux d'arrosage, en suivant la même 
marche que nous avons adoptée pour la pro- 
vince de Catalogne. 



CHAPITRE II. 



: BEKICARLO ET DE VINAROZ. 



1 



L'entriîe dn royaume de Valence est aussi dé- 
serte et presque aussi triste que la sortie de la 
principauté de Catalagne; il semble que l'indus- 
trie, partant à-la-fois de deux points éloignés, 
se soit arrêtée à l'approche des rives tic l'Ebre. 
Des causes étrangères au but de nos recherches 
ont condamné à l'abandon quelques terroirs Va- 
lenciens; mais ici du moins la nature du sol 
semble justifier ce peuple laborieux. A mesure 
qu'on s'éloigne des ruines modernes de S.-Cap- 
los et au-delà de la Cenia , qui sert de limite aux 
deux provinces, des bancs immenses de pou- 
dings (i ) occupent tout le bas-fonds d'une longue 



(i) Ce poudingue se compose de gros cailloux arrondîa 
et la plupart calcaires ; ils sont unis par une pâte de 
même nature, et ils reposent sur un lit de sabla. Quel- 
quefois ils contiennent d'autres corps moins durs , et le. 
cliM de* vagues décoUY» «ui: ces traAcIi«s rocajUflUMji 



J 



( ia3 ) • 

vallée , coxopY'i^ entr^ de hautes montagnes et 
les bords 4e la m^r ; à pein^ quelques pouces 
d'une tQiT^ rougeâtrç et desspchée recoi^vre^t 
ces croûtes pier^reus^s : point de tarrçns, point 
de rivière pour protéger la végéti^tion; la mer 
^Uerinéme. s'avance tous les jours et ron^e rapi-^ 
dément ces agglomérations calcaires ; eepeudait^ 
l'mdu^e et la constance de^ efforts des natu^ 
rels du pays soat parvenues à ccopivertir cette 
vallée en un va3te jardin. 

Si Fou compare aujourd'hui les terroirs de Vi- 
naroz et de Benicarlo avec les terres limoneuses 
^Alàacette et de quelques autres caillons de l'Ës-^ 
pagne, on remarquera avec étounemeut le triste 
abandon de ces derniers, ainsi que leurs chétives 
réédites ; tandis que les premiers assurent k l'ac*? 
ti£ Yalencien les plus beau?: produits. 

1« peuples du liyouuais, ceux des rives de la^ 
l4oire et de la Garonne, soat loin encore de con- 
cevoir par combien de tentatives et d'efforts op 
peut améliorer le sol le plus ingrat : c'est à Vina* 



dç§ débris, de corps organisés. Si Ton vérifiait la nature 
4es montagnes voisines , on venait que ces ^agglomérats , 
ainsi que le ciment qui les lie , ne sont que des dépôts 
lentement effectués par les torrens. Cette nature de roche 
«3l fréquente «ur la câte d'Espagne , et en général sur 
toutes les côtes de la Méditenranée* 



( "4) 

rôz, c'est sur les roches fertilisées de Benicarlô 
qn'on est témoin des prodiges que peut opérer 
l'industrie agricole lorsqu'elle ne s'intimide point 
devant quelques obstacles. Là de nombreuses ri- 
goles dirigent les eaux sur une légère couche de 
terre, qui serait inerte par sa nature, mais que 
le cultivateur parvient à ranimer au moyen d'a- 
mendemens copieux. La végétation la plus riche 
embellit cette terre conquise sur la stérilité. Tons 
les hortolages, tous les fruits, presque tous les 
grains et quelques-uns des produits les plus rares 
et les plus utiles aux besoins de la vie, sont ré- 
coltés sur un très-petit espace de terre , puisque 
25o journaux (i) à Vinarôz et 4oo à Benicarlô 
composent cepré ci eux bassin. Telle est l'influence 
de l'agriculture sur la population lorsque le com- 
merce et la marine marchande ouvrent les dé- 
bouchés et procurent de nouvelles branches d'in- 
dustrie, que ces deux villes ont vu quadrupler le 
nombre de leurs habitans depuis la guerre de ta 
Succession. 

Les bienfaits de l'arrosage ne sont jamais li- 
mités par le terroir sur lequel on la établi ; l'in- 
dustrie agricole , semblable en ce point à l'indus- 
trie manufacturière , anime et vivifie tout ce qui 



(i) aSo journaux ou cahj/aJas contiennent 6,0^5 a 
4oo journaux conliennent 91720 ares> 



l'entoure. Les parties les plus élevées des terroirs 
qui dominent Vinaroz et Benicarlô , ainsi que les 
revers des montagnes, sont couverts de carou- 
biers, d'oliviers et de vignes, que la main de 
l'homme n'eût jamais entrepris de cultiver si les 
belles Huertas qui bordent la mer n'eussent préa- 
lablement pourvu à tous les besoins et fourni 
tous les capitaux pour ces entreprises hasardées. 
La seule culture de la vigne y est d'un intérêt 
tellement important (i), qu'elle donne un excé- 
dant de plus de 400,000 cantaros de vin (2) , dont 
la vente à l'étranger produit plus d'un milliou de 
francs. 

Ce premier aperçu sur ia vallée de Vinarôz et 
Benicarlô ferait supposer qu'un grand canal d'ar- 
rosage, dirigé par une main puissante et habile, 
franchissant mille obstacles, vient répandre le 
tribut de ses eaux jusque sur les rives de ia 
Cenia; mais c'est vainement qu'on chercherait au 
milieu des Huertas les traces d'un tel canal , il a 
suffi de travaux moins importans pour changer 
la nature du sol. Des hommes patieus et sobres 
sont parvenus, par la constance de leurs efforts, à 
percer des bancs immenses de poudings , à cher- 



{f ) Cavatjïlles, t. I , p. 37 el Sç. 
(*) Le cantaro cniilient 3o livres 
]3 pintes \ de Pari*. A. delà Borde, Itin., t. II, p. 254. 

ITOUE I. Q 



{ ,->6 ) 
cher l'eau dans le sein de la terre et à la ramener 
k sa surface au moyen de cinq à six cents No- 
rias. Chacune de ces ingénieuses machines a dans 
son voisinage l'habitation du fermier; et cette 
multitude de maisonnettes éparscs dans les 
champs et entourées d'arbres fruitiers donnent à 
cette partie de la vallée un aspect enchanteur, 
Qn fait séjourner l'eau dans de grands bassins 
pour la soumettre à l'influence de l'atmosphère; 
plus tard, elle est répandue sur le sol avec toute 
la célérité que réclament les besoins et l'écono- 
mie des travaux; elle inonde en un moment les 
sillons très-espaces d'un champ de blé , ou les car- 
rés aussi variés que productii's destinés aux hor- 
tolages. Des rigoles principales, construites en 
béton , la dirigent sans perte vers toutes les cases 
de ces nombreux et ridies échiquiers; elle ra- 
nime par-tout la terre , favorise ta végétation et 
assure au colon des produits souvent extraordi- 
naires. Tant de soins ne sont pas toujours k par- 
tage du fermier seul : c'est im des bienfaits de 
Tairosage d'appeler les hommes au travail et de 
les habituer à mie vie laborieuse et appliquée: 
tandis que le fermier, occupé du transport et de 
la vente des denrées, parcourt avec fatig;ue les 
terroirs environnans , sa femme exécute avec une 
partie de la famille les travaux les plus urgens; 
elle cueille les fruits , prépare les hortolages pour 



A 



( "7) 
l'envoi du lendemain , surveille les irrig; 
■donne à la terre tous les soins qu'elle réclame et 
conlie la surveillance de la Noria au plus jeune 
■de ses enfans. Heureuse industrie, qui assigne à 
chacun son poste , présente des travaux pour tous 
les âges et ne laisse jamais le cultivateur sans ré- 
compense ! 



I 



CHAPITRE III. 



ARKOSjLGES DU MIJ^tRES. 



M"- 

Canal de CasteUon de la Plana. 



Si bo(is devions nous écarter des {imites pres- 
crites à nos recherches , «e ne seiait pas s;mB de 
iréqneotes surprises que nous observerions al- 
temativ^oaent les terroirs arides et montagneux. 
qui occupent toute la parlée septentrionale du 
royaume de Valence et les belles vallées d'Al* 
cala, de Borriol , de Lucena , ainsi que l'antique 
rocher de Peaiscola. Ces contrastes animeraient 
nos excursions, et lorsque nous aurions franchi 
les côtes escarpées d'Oropesa et le désert de la 
î'aïma , notre attention se reposerait avec plaisir 

Itwlques coins de terre où l'industrie -semble 
L ' 



C >3o) 
des eaux du Mijares (i). Les trois anciennes dé- 
rivations furent maintenues; Yazud, ou digue 
du canal de Castellon, pourvut à l'arrosage de 
toute la rive gauche, et la rive droite fut arrosée 
par les canaux de Villareal et de Burriana, C'é- 
tait beaucoup d'avoir obtenu ces premières ga- 
ranties; mais l'indépendance indispensable aux 
travaux agricoles &i réclamait d'autres; elles fu- 
rent consenties plus tard, et irrévocablement con- 
firmées par des chartes royales (2). Ainsi le flot- 
tage des bois fut soumis à des mesures sévères et 
conservatrices , alors même qu'on le libérait de 
péages aussi ruineux que multipliés (3); ainsi la 
juridiction sur les eaux du Mijares fut définie et 
limitée , et l'on n'eut plus le spectacle affligeant 
d'une population active , luttant sans cesse et pres- 
que toujours inutilement avec les agens du do- 
maine. 

Nous avons déjà vu que le canal de la rive gau- 
che suffisait à l'arrosage de Castellon et d'Alma- 
zora; mais lorsque les droits de ces deux villes 
furent soumis à la décision du souverain , Cas- 
tellon ne s'occupa que des besoins du moment ; 



(1) Archii^es de la ville de Castellon de la Flâna 
B". Fabrka , eseriy. real. 
(a) Branchât, t. m, ch. v , an iSâo. 
(3) Ibid., 1433. 



m 



( '31 ) 

ses magislrats oublièreot que les niarjales, c'esl- 
à-^ire les terres voisines de la mer, quoique oa- 
tiirellement fertiles, pourraient souffrir un jour 
par les sécheresses, et qu'un arrosage modéré se- 
rait dun puissant secoui-s pour protéger des rf- 
coltes chanceuses. Us ne virent que l'augmenta- 
tion des charges en raison d'une plus grande 
étendue de terre arrosable, sans prévoir que les 
besoins de la popidation s'accroîtraient avec elle. , 
Aiiuazora, mieux avisée, réclama l'irrigation de 
tout son twroir ; le partage des eaux eut lieu en 
conséquence des demandes, et les marjales de 
Cftstellon furent sacrifiés et en partie perdus pour 
l'agriculture. 

Cependant, malgré cette réduction, la ville de 
Castellon maintint ou étendit son arrosage sur 
a6,ioo hanegadas (i) de terre, et le bourg d'AI- 
mazora sur 2î,5oo hanegadas (2). Les terroirs 
de Villareal et de Buniana, qui comprennent 
une partie de la rive droite, contiennent, l'uit 

,aoo hanegadas (3), et l'autre 'ikyioa (4). 



(1) ijoSy hectares 5 ares; {a) 911 Lectares a5 aresf 
(3j 1,020 hectares 60 ares; (4) :,385 hectares 10 area r 
total, 108,000 hanegadas de terre, ou 4)^/4 hectares. 
Dans ce» résultats ne sont point compris quelques patit» i 
[■,ii prétcdent les crêtes d'A-lmciiara ol le n 



II 



JM 



izL 



f i3a) 

Le riche terroir de Castellon et des villes \ 
sines, de même que celui de Benicarlo, repose 
sur d'immenses poudings , dont les couches pé- 
nètrent à une très-grande profondeiu- et se pré- 
sentent d'une manière aussi triste que monotone 
sur les rives du Mijares et sur les bords escarpés 
et solitaires de quelques torrens(!). L'industrie 
s'imposait ainsi une tâche difficile, et nous verrons 
comment elle a su vaincre cet autre genre d'obs- 
tacles, qui paraissaient d'ailleurs insurmontables 
parles trop grandes dépressions du sol. 

C'est au pied de ces grands escarpemens et à 
environ 800 mètres en amont du beau pont de 
Villareal, que, dans des temps reculés, fut cons- 
truite l'-^zui/ du canal commun d'Almazoraetde 
Castellon. CetteAzud, appuyée sur quelques blocs 
que l'action des eaux avait insensiblement arron- 
dis et isolés, arrête et dévie avec facilité le volume 
d'eau nécessaire aux besoins de la communauté. 
Le génie de celui qui dirigea les travaux lui fit 
prévoir par combien de chances fâcheuses 1^ 
eaux, bien que déjà déviées, pouvaient e 



a pétrifiées du Mijares : soit qu'o 

luvrage des eaux ou bieu comme celui i 
hommes, îl est certain que ces grottes pièsentent den 
breux refuges. 




( ,33) 
décevoir l'attente du cultivateur : aussi fit-il cons- 
truire au pied de ia rive et sur la masse même 
des poudings un réservoir en grosse maçonnerie 
pour recevoir la dérivation et en déverser au be- 
soin l'excédant par une vanne de décharge ; puis 
à la suite de ces premières constructions , il ou- 
vrit un conduit souterrain d'environ /joo mètres 
à travers ces couches pierreuses. 1! lui fallut en- 
core toute la sagacité et toute la hardiesse du vrai 
taleut pour franchir la ^a/7zA/(2 (torrent) de la 
yiuâa , dont le Ut occupe un espace considérable. 
Aucun ouvrage pennanent n'eut pu résister à la 
rapidité et à l'immense volume des eaux qui des- 
cendent des montagnes voisines pendantia saison 
des pluies ou celle desorages. D'à il leurs, une digue 
mobile ou uu barrage provisoire eussent exigé 
des dépenses aussi considérables que chanceuses, 
puisque quelquefois il eût fallu creuser à grands 
frais , au milieu de graviers amoncelés , et d'autres 
fois relever le lit du torrent , pour le ramener au 
niveau du canal : c'est par un moyen d'autant 
plus ingénieux qu'il est plus simple, que ce bien- 
faiteur inconnu parvint à franchir cette formi- 
dable barrière. Il peut être intéressant de con- 
naître ce moyen ; les conseils de l'expérieuce ne 
sont jamais à dédaigner, et le besoin a quelque- 
ibis aussi le génie poiu' guide. 

Un bassin profond reçoit les eaux du canal à 



( ■34) 
la sortie de la première galerie. Elles y arrivent 
par une pente très-forte, et disparaissent aussitôt 
<laus un large siphon ouvert sous le lit du torrent, 
et dont l'issne est à 1 19 varas (i) plus loin : là, 
eUess'écliappentenbouillonnant,aprèsavoirpassc 
avec uneétonuaiite rapidité dans cet impénétrable 
conduit. Il serait difficile aujourd'hui de recon- 
naître l'importance et la nature des travaux exé- 
cutés sous le lit de ce torrent, d'ailleurs profon- 
dément encaissé. On ne peut visiter ce siphon , 
parce qu'il est toujours plein d'eau , et le secret 
de sa solidité ne peut s'expliquer qu'en nommant 
le peuple dont il fut l'ouvrage. Pour donner une 
idée de la force du courant, il peut suffire d'ap 
prendre qu'une pierre pesant plusieurs livres 
parcourt rapidement ce mystérieux conduit et 
reparaît presque aussitôt à son issue ( i). 



(i) 53 br&saos ou lOO mètres. 

(a) C'est en employant un semblable 
-suis parvenu à mesurer ce siphon : une i 
chcB à la pierre que je livrais ai 
pétai plusieurs lois l*opëratioii , 
pour réauhal 6g5 palmos valenc 
.T palmos { i56"',37). Celte me 
ment exacte; mais elle doit suffi 



moyen que je 
orde était att»- 



de l'oau} je re- 
loue fois elle donna 
ou bien 173 varas 
l'est point parfaite- 
igronome, etpoiit- 
méme à l'homme de l'art. Il convient aussi d'observer 
l'ean , à l'entrée du siphon , est de i palmo 8 
(0'»,375) plus élevée qu'à 



L 




( .35) 

On présume que cet aquçduc, après avoir 
été creusé dans les grandes masses de poudings , 
fut protégé par un revêtement en maçonnerie. 
Les parties de ce revêtement qui se laissent aper- 
cevoir ont 3 mètres de hauteur et forment une 
ouverture de a mètres; cependant malgré la forte 
pente et l'extrême vitesse des eaux elles s'élèvent 
quelquefois, aux deux issues, jusqu'à la naissance 
de la voûte. Les Maures, dont nous admirons 
pour la première fois l'ouvrage , portaient trop 
de prévoyance dans les travaux, trop d'économie 
dans leur exécution, pour négliger les avantages 
que leur offraient les localités lorsqu'ils surmon- 
taient d'autre part les obstacles avec autant de 
succès. Quelques désastres que la Kambla occa- 
sionne sur la contrée voisine, soit qu'elle creuse 
on exhausse son lit, le siphon est k l'abri de tout 
accident. Il reçoit et rend sans perte un volume 
d'eau très-considérable , et de temps immémorial 
il n'a été fait aucune réparation. 

La même nature du sol et l'obligation de mé- 
nager la pente du canal exigeaient encore d'an- 



calion (le cette différence n'entre point dans le but de nos 
rechcrcbes; mais il é'aît curieux d'apprendre ijue la ihiio- 
rïe du siphon était connue daiis un caiitou de l'Espagno 
huit siècles avant qu'on l'orfrit comme une découverte 
dans le midi de U France. 



( .30) 
1res constructions importantes, quoique moins 
curieuses que celles dont nous venons de nous 
occuper. Un aqueduc souterrain de 344 varas ( i ) 
longe la rive gauche du Mîjares, passe sous la 
culée du pont de Villareal et sous l'antique 
château des Maures ; un second aqueduc re- 
prend en aval du pont, et se dirige jusqu'au 
pied du coteau à'Jhnemzor (2). Ce n'est qu'à 
partir de cette rive , fameuse par plus d'un com- 
bat , que les eaux coulent à découvert et sur un lit 
de cailloux jusqu'au Partidorou lieu départage. 

Dans ce long trajet, la prévoyance de ceux qui 
ont présidé aux travaux n'a presque rien donné 
à faire aux arrosans; l'eau coule toujours avec 
une très-grande rapidité, sans occasionner de 
dégâts et sans exiger la moindre surveillance. 

La digue toute moderne de Bun-iana est pra- 
tiquée sur la rive droite et en face du Partîdor. 
Celle bien plus ancienne de Villareal est supé- 
rieure à Tazud de Castellon , et au pont mau- 
resque de Santa-Quiteria. On ne lirait pas sans 
intérêt la description de ces grandes construc- 

(1) Environ 287 m et ru s. 

(2) Ou Almansor. Cette expression arabe est traduite 
en castillan par celle de defensor, c^ost-k-diie pmlecteur- 
iia elTct, le château d'AlmaitzOT commanile àcette partie 
ne la plaine, et protège la tète do pont sur la me gaucha 



<lu Ml 






^ 



(>37) 
lions, qui opposent à la force du courant des 
masses presque indestructibles; mais parce que 
nous retrouverons ailleurs et avec encore plus 
de développement ces azuds fixes et maronnées, 
il est inutile de nous répéter, et nous reviendrons 
au Partielor. 

Le temps n'avait pas respecté les antiques tra- 
ditions, et les tenanciers d'AJmazora, déjà favori- 
sés par un premier partage, exerçaient encore sur 
l'AcequiadeCastellon un arbitraire préjudiciable; 
l'abus se perpétuait malgré les plaintes; enfin il 
se présenta des réclamans plus habiles , en même 
temps qu'un ministre digne d'apprécier leur de- 
mande. Un décret du 3 novembre 1787, émané 
du roi Charles III , mit un terme au procès qui 
divisait depuis si long-temps les deux villes d'AU 
mazora et de Castellon; le partage des eaux fut 
ordonné ainsi que la construction du Partidor 
qui devait y pourvoir (i). Ce Partidor consiste 



(0 II fut 
cription su 



.789, 



CARLOS rv 



A £XFENSAS PKOPttlAS 

M DCC LXXXIX. 



( '38 ) 
ilans un bâtiment d'une forme aussi élégante que 
solide , soïis lequel passent toutes les eaux du 
canal , et dont le ti-op-pleiii se déverse par une 
grande vanne de décharge. Deux fortes grilles 
de fer rendent impossibles les infractions et pro- 
tègent le partage des eaux , qui s'opère en dedans 
du bâtiment et au moyen de deux écluses. On 
serait parfois tenté d'accuser le luxe de ces cons- 
tructions, si l'on n'y acquérait presq:iie aussitôt 
la preuve de l'importance attachée à l'irrigation 
pM-'lout où ce mode admirable de culture «t 
une fois bien connu. 

I^a prévoyance des tenanciers ne leur ] 
pas de se reposer aveuglément sur les lois c 
liqe qui règlent l'usage tles eaux ; ils voulureiit 
que le Partidor, éloigiié de toute habitation, ee 
dérfendît lui-même contre les entreprises témé* 
raires de quelques airosaos , -et cette iinposaibi- 
iifté de faire le ma;! , dans laquelle se sont placées 
les deux communautés , est une mesure de sa- 
gesse bien préférable sans doute aux lois, qui ne 
savent que punir. 

A l'issue du Partidor, les eaux se dirigent sans 
obstacles, et à travers un beau terroir, vers le 
ville d'Almazora. L'Acequia de Castellon , lorsque 
ies constructions modernes modifièrent l'an- 
cienne direction , eut aussi à surmonter de nou- 
velles difficultés; le* mêmes bancs de cailloux 



TigaHon 
Ituree^l 

s depo^ I 




( '39) 
roult'S se continuent encore sous le plateau qui 
(lomhie la belle Huerta de la Plana. Pour ne pas 
contourner à grands frais cette immense bar- 
rière, et pour éviter les pertes d'eau r^-sultant 
de l'éraporation et des filtxations sur un trop 
long trajet, on perça sous le plateau un aque- 
duc de a,i25 varas valenciennes (i), dont le dé- 
blai , y com^n'is celui de vingt et un regards , s'é- 
leva à 29,436 varas cubes. Cette belle galerie est 
quelquefois k 49 pams (2) au-dessous du soi , 
quelquefois à 20 selon les irrégularités et les 
accidensdu terrain, La ville de Castellon dépensa 
environ 34,ooo pesos (i-i^tfSoo fr.) pour l'exé- 
cution de cet ouvrage. Cette dépense, très-forte 
sans doute pour le pays qui la consentit, indé- 
pendamment de celle qu'il fallut souscrire pour 
l'aqueduc d'AImanzo^ et pour la construction 
du Partidor, n'intimida point la communauté; 
elle ne voulut calculer que les avantages immen- 
ses qui devaient résulter de ces grands sacrifices, 
et l'espoir bien fondé de rédimer les tenanciers 
arrosans des abus qui jusqu'alors avaient si pé- 
niblement compronvis leurs intérêts. 
'C^était déjà beaucoup pour la ville Je Cas- 
11 d'avoir levé une puissante opposition et 



(0 1 



• ( ao ) 

d'avoir obtenu un décret royal qui réglait ses 
droits. Au mérite d'avoir conservé pendant des 
siècles des ouvrages utiles, elle avait ajouté celui 
d'en construire d'autres nou moins remarqua- 
bles. Tant d'efforts et de succès divers prépa- 
raient au terroir de la Plana de grands moyens 
de réussite ; mais il fallait pour que cette con- 
trée parvînt à cet état de prospérité que semblait 
lui promettre le climat, une belle Aceqaia et 
le génie actif et appliqué de ses habitans ; il fal- 
lait, dis-je, modifier un régime sujet à trop d'a- 
bus ; régler par les mêmes principes et dans des 
formes nouvelles les droits des usagers ; ratta- 
cher à l'intérêt général tous les intérêts privés, 
et créer, au moyen d'un sage règlement, des ga- 
ranties nouvelles et des lois morales plus efficaces 
que les lois écrites. Bien des motifs d'ailleurs 
rendaient ces réformes indispensables. 

Les diverses secousses éprouvées par l'Espa- 
gne depuis une vingtaine d'années avaient pa- 
ralysé le commerce , menacé l'agriculture et fa- 
vorisé le brigandage. La classe pauvre , enhardie 
par le silence des lois , et démoralisée par la pa- 
resse et le besoin, se livrait à des excès d'autant 
plus à craindre, qu'ils devaient être considérés 
comme les préludes de plus grands désordres. 
Bientôt survinrent les sécheresses extraordinaires 
de i8i5 et de 1816, et elles rendirent les abus 




( >4. ) 

si grands, les besoins si pressans; on fut si sou- 
vent exposé au maraudage, aux vols dans les 
sentiers , aux insultes et aux usurpations , qu'un 
habitant plus sage et sur- tout plus courageux 
proposa des mesures de police et un nouveau 
système d'administration. Heureusement pour l'a- 
griculture que ce zélé citoyen fut accueilli par le 
gouverneur de Castellon , don Antonio Bermudez 
de Castro. Les principaux notables applaudirent 
àce projet, et , réunis d'intérêts comme d'opinion, 
ils commissionnèrent un agent , pour suivre au- 
près du conseil de Castille le succès d'une de- 
mande que bien des gens considéraient comme 
inexécutable. Après bien des délais, le gouver- 
nement connut et accueillit cette demande. Le roi 
rendit, sous la date du 6 avril i8i8, une ordon- 
nance par laquelle il créa la Corporation des la- 
boureurs ( Gremio de Labradores ) et approuva 
toutes les mesures de police proposées. Cette or- 
donnance fut à peine connue, qu'on s'occupa de 
son exécution, et sur la convocation du nouveau 
gouverneur, la Junte générale (^l'assemblée) des 
laboureurs nomma vingt-quatre Gremios ou syn- 
dics cbargés d'administrer tous les intérêts de la 
corporation. Conformément au règlement , le tiers 
des membres fut commissionné chaque année et 
à tour de rôle , pour exercer la police la plus sé- 
vère sur la campagne , les canaux , les chemins 



t 



e"i4» ) 

et les récoltes. I^es résultats furent étonrians dès 
la première année, et une sûreté inespérée vint 
rassurer le cultivateur, puisque l'on vit les fruits, 
oubliés par le propriétaire , pourrir sur l'arbre. 

Un des grands moyens employés par le Gre- 
mio pour assurer les résultats de son organisa- 
tion, c'est d'imposer tous les ans une taxe légère 
sur chaque contenance arrosable ; le produit 
sert à indemniser celui qui a souffert d'un délit 
quand les dommages ont été légalement consta- 
tés. L'excédant de ce produit, cumulé à défaut 
d'emploi , doit servir plus tard à la réparatio» 
des canaux et des chemins , ou doit être distri- 
bué à la classe indigente. 

Tout syndic, tout individu, par le seul fait 
qu'il appartient à l'association , est de droit 
garde du Gremio , et sa déposition devient l'ar- 
rêt du maraudeur. Quels que soient les motifs 
qui peuvent faire hésiter dans sa dénonce celui 
qui aura été témoin d'un délit , son intérêt l'em- 
porte et lui commande de parler; car il n'ignore 
pas qu'il doit contribuer à l'indemnité promise 
par les réglemens. 

Ce système de garantie mutuelle, établi d'une 
manière si heureuse , et combiné avec la police 
des eaux , des fruits et du sol , assure le régime 
le plus régulier et le plus convenable au canal 
d'arrosage, et aux habitans de la Plana. Si d'utile* 



A 



( ''(S ) 
résultats ne démontraient pas avec succès l'effi- 
cacité de ces mesures réglementaires, il suffirait 
sans doute d'apprendre que, tous les ans, il y 
avait dans la ville de Castellon neuf Juntes ou 
■ assises, dans chacune descjiielles on jugeait de- 
puis deux cents jusqu'à quatre cents délits ru- 
raux ; tandis que depuis la nouvelle ordonnance , 
et dans l'espace d'une année (j'écris en juillet 
1819), il n'y a eu qu'une seule Junte , laquelle n'a 
« jugé que cent cinquante délits. 

Ainsi donc l'institution d'un Gremio ou corpo- 
ration de cultivateurs a produit à-la-fois, parmi 
les habitans d'une ville et ceux de sa banlieue, 
une heureuse réforme dans les mœure, l'extinc- 
tion presque totale du maraudage , et une grande 
sécurité chez tous les colons. De pareils résul- 
tats méritent bien notre attention , puisque nous 
avons des départemens qui sont désolés par le 
maraudage et par quelques-uns des délits qu'il 
traîne à sa suite ; mais si l'on tentait en France 
l'arolication de ce nouveau mode de police ur- 
baine et rurale , ce ne pomxait être qu'avec d'im- 
portantes modifications. Les magistrats de Cas- 
tellon , en proposant leur projet, ont moins eu 
en vue d'attaquer de front tous les abus que de 
mettre un ternie à quelques-uns des plus fu- 
nestes : ils ont soumis leurs nouvelles lois aux 
^^|Uïurs actuelles, aux besoins et au cacactère de 






t 



( ■.« ) 

ceux qui doivent leur obéir. S'ils ont réclami 
heureusement obtenu du gouvernement une ju- 
ridiction privée, c'est qu'en Espagne presque 
toutes les professions ont leurs privilèges , et que 
l'agriculture, soumise, comme toutes les indus- 
tries , à des impôts qui retomlient en entier 
elle, ne serait point oubliée sans de graves 
véniens (i). 

Avant de terminer nos recherches sur cette 
belle Plana , nous allons rapporter la traduction 
littérale de l'ordonnaiice précitée. Mieux que tous 
les commentaires , elle nous dévoilera par quels 
moyens on est heureusement parvenu à rassurer 
le cultivateur et à protéger ses récoltes. 

Sn. 

REGLEMENT 



Becueiî d'ordonnances pour le canal d'arrasage 
de Caslellon de la Plana. 

De tous les arts qui constituent la richesse et 
la prospérité de la monarchie , cdui de l'agricnl- 




(i) Ca.jn^oma,nesyj7tdustr.popal., J i5i,p. 



109. .^^1 



. ( i45 ) 
turc est le plus puissant et le plus utile ; il pro- 
tège rhomme dès son berceau , il assure son 
existence , favorise la population , enrichit l'État; 
et c'est enfin celui qui a le plus de droits aux 
grâces, aux privilèges et à la protection du gou- 
vernement ; aussi les diverses classes d'individus, 
toutes les provinces de la monarchie espagnole, 
sont convaincues que les premiers intérêts de 
rhomme dépendenttlesencouragemens accordés 
à l'agricultuTe : c'«st pourquoi elles ont travaillé 
à r«nvi , au moyen des sociétés économiques et 
sous la protection du souverain , à répandre les 
plus saines doctrines et à perfectionner rapide- 
ment les études agronomiques. Cependant les 
connaissances pratiques acquises dans ces di- 
vers établissemeiis et par suite des ordonnances 
royales , étaient ignorées des hahitans de la 
Plana : instruits aujourd'hui par l'adversité, ces 
habitans ont enfin compris combien l'union leur 
serait utile et combien il leur importait de mettre 
leurs intérêts entre les mains de personnes choi- 
sies, qui sauraient à-la-fois secourir l'indigent, 
établir les ouvrages convenables pour faciliter 
les arrosages et réparer les chemins des Huertas 
et des 5eca/!Oiî, Ces derniers travaux sont indis- 
pensables à la conservation des chevaux de trait 
et de labour; ils préparent insensiblement les 
véritables richesses agricoles , tandis que les éltiSf 



{ MO ) 
choisis panni les individus les plus distingués par 
leurs lumières , peuvent tout-à-la-fois tenter de 
nombreuses expériences, coopérer d'une ma- 
nière remarquable à t'amélioration des récolles, 
et prescrire les mesures les plus utiles pour 
préserver les fruits exposés aux vols par la mi- 
sère des uns ou l'inconduite des autres. Aussi 
les cultivateurs de Castellon attendent avec im- 
patience un prompt remède aux abus qui en- 
chaînent l'agriculture; ils désirent ne pas rester 
étrangers aux progrès du plus noble des arts , 
et confians dans la bienveillance de Sa Majesté 
ils espèrent qu'elle daignera leur accorder une 
association ou Gremio. Pour obtenir cette grâce, 
que l'intérêt général leur prescrit de sollicita, 
ils présentent comme base du règlement les ar- 
ticles suivans : 



L'association est projetée dans l'intérêt des 
cultivateurs de Castellon , et comme il importe 
de détenniner la classe des individus appelés à 
en faire partie, afin de connaître ceux qui au- 
ront le- droit d'invoquer ses privilèges , il est 
en conséquence décidé que tous les habitons de 
la ville et de ses faubourgs , exerçant fétat de 
cultivateur, sont membres du Gremio, soit 
qu'ils cultivent leurs propres terres ou des terrw 



I» uu ut» lentn I 



( '47 ) 

aHerm^, soit qu'ils dirigent l'exploitation par 
l'iatermédiaire de valets et autres ouvTiert. En 
outre si des artisans ou bien quelques étrangers 
domiciliés à Burriol, à Benicassim et autres lieux 
circonvoisins, cultivent des terres comprises dans 
le terroir de Castellon et demandent à être com- 
pris dans le Gremio , ils y seront admis et ife 
jouiront de toutes les prérogatives , moins celle 
d'être employé de l'Acequia , parce que , étarit 
étrangers ou membres d'autres Gremios, ib ne 
pourraient remplir avec exactitude les emplois 
qui leur seraient confiés. Les diverses classes 
d'individus formeront le Gremio des laboureurs 
de Castellon de la Plana , sous l'invocation de 
S. -Michel. 

Syndics du Gremio. 

ART. a. 

Le but que se proposent les cultivateurs fai- 
sant partie de la société, est d'encourager l'agri- 
culture, de veiller sur les intérêts particulÏCTS et 
sur le bien général du Gremio. Pour obtenir ces 
résultats , tous les membres du Gremio doivent 
travailler avec persévérance et concourir à tou- 
tes les mesures , de même qu'à toutes les déli- 
bérations , avec une parfaite égalité de voix et de 
vote , puisqu'ils ont tous les mêmes droits. 



i 




( »48 ) 

Mais considérant l'impossibilité de réunis jia* 
bitueUement un si grand nombre d'hommes, 
comme aussi les inconvéniens d'un retard ou la 
perte de temps qui aurait toujours lieu ain pré- 
judice des travaux , le Gremio nommera yingl- 
quatre individus distingués par leurs connais- 
sances y lesquels sous le nom de Junte de choix 
{Junta Cabildo) ou de représentans du Gremîo ^ 
seront investis des pouvoirs nécessaires pour 
régler les intérêts de la corporation avec l'inté- 
grité et le] zélé convenables , et durant l'espace de 
trois ans. 

Du Président 

^ ART. 3. 

On a déjà déclaré qu'il doit régner une par* 
faite égalité entre tous les membres du Gremio , 
puisqu'ils sont tous d'une égale condition; mais 
pour que cette égalité soit bien ordonnée, et 
que , conformément à l'ordonnance , on accorde 
la protection et le secours convenables aux tra- 
vaux dudit Gremio, l'assemblée générale doit 
nommer un président et lui concéder la faculté 
de substituer la présidence à une personne dis- 
tinguée par son rang et par ses lumières^ avec 
tous les pouvoirs convenables pour présider et 
convoquer les Juntes (assises) en cas de néce^ 



('49) 
site. A cet effet , tant pour te présent que pour 
l'avenir, le Gremio nomme et recounalt pour 
président-né le Corregidor de cette ville, et à 
son défaut l'AIcade-Mayor, lieutenant dudit Cor- 
regidor, afin que, guidés par leurs devoirs, et 
suivant les lois que la confiance du souverain a 
commises à leur surveillance , ils accordent au 
Gremio ou à ses syndics les secours qu'ils se- 
raient dans le cas de réclamer, et veillent avec 
soin à la sûreté des récoltes et aux progrès de 
j'afflâculture. 



, Xagn culture. 

m 



Nomination des Syndics. 



ART. 4- 



Les vingt-quatre syndics devant représenter 
le Gremio , ils ne peuvent dès-lors être nommés 
que par lui. En conséquence , lors de chaque 
réorganisation , ledit Gremio sera convoqué en 
assemblée générale [Caèildo gênera/); mais afin 
d'éclairer son choix , et pour prévenir les dan- 
gers de l'intrigue, le Député-Mayor (autrefois 
Clavario), et dans certains cas aussi le même 
Gremio, proposeront vingt -quatre individus 
choisis parmi les plus notables du lieu et parmi 
les plus fortunés , pour que l'emploi de syndic nç 
8oit pas une charge trop onéreuse. Ces présen- 




b 



C 'So) 

talions étant approuvées ou rectifiées par la Junte 
générale , les élus nommeront immédiatement 
le Député-Mayor, les députés, le secrétaire, les 
collecteurs et tous les autres officiers du Greraio, 
chargés d'exécuter les délibérations des syndics 
ou représentans. 

Député-Mayor. 



Tout Gremio ou junte doit avoir des chefs pour 
diriger ses délibérations et pour exécuter les me- 
sures prescrites : à cet effet, les vingt-quatre élu» 
qui représentent ladite Junte choisiront parmi 
eux un député-mayor , qui, dans les processions 
comme dans les autres réunions , aura le pas sur 
tous et sera le chef du Gremio. Ces attributions 
lui sont concédées comme remplaçant le Clava- 
rio, lequel a jusqu'à ce jour occupé le premier 
rang parmi les cultivateurs. 

Députés. 

ART. 6. 

L'antique corporation des laboureurs de CaS- 
tellon avait toujours eu à sa tète quatre maîtres 
(/7ia3'orofej)pourseconderleC/ai'ano dans l'exer- 
cice de ses fonctions; et comme celles-ci ne sont 



i^H 



( '5i ) 

pas^âhs importinee, sùT'-tout siles mûiVetles oi> 
donnances leçotvent leur exécatîon , on a jugé 
eoav«nable de remplacer les quatre may orales 
par -six députés dioisis parmi les vingt-quatre 
élus» Onn'appdlera à ces importantes fonctions 
que lès plus ijistruits et les plus dignes , pjôce 
que, diargés à^la^ois de tous les intérêts du Gre^ 
miô , ils devront observer lion-seulement Tétat 
présent de l'agriculture et celui des laboureurs, 
pour veiller à ce que ces derniers ne manquent 
point de graips tant pour les semences que pour 
leurs besoins personnels, mais encore vérifier si 
les ^hemins^ les Acequias et tout ce qui intéresse 
le cultivateur, nécessitent quelques réparations, 
et enfin réunir dans tous les temps leurs efforts 
à ceux du Cabildo (conseil) pour améliorer le 
sort de l'agriculture. Les députés auront le droit 
de dénoncer les infractions commises aux ordon- 
nances municipales, puisqu'ils sont institués les 
gardiens du Gremio et des syndics. 

Secrétaire. 

ARt. 7. 

w 

Coihmé la gestion du Gabildo doit conster 
par des écrits , il est convenable de lui accorder 
un secrétaire d\me capacité reconnue , pour être 



( .!«) 
chaîné (le la garde des archives , lequel aussi aura 
voix et vote avec l'obligation, i", d'assister aux 
séances des Juntes ; a", de transmettre les ordres 
qui lui seront donnés; 3". de tenir en outre trois 
registres , dont l'un pour l'incorporation des indi- 
vidus admis dans le Gremio ; l'autre pour les ra- 
«liations, et le troisième pour transcrire les déli- 
bérations du Cabildo, Le secrétaire pourra être 
élu soit parmi les syndics, soit parmi les autres 
membres du Gremio, parce qu'il pourrait arri- 
ver que les individus les plus distingués par leurs 
connaissances et les plus aptes k cet emploi , sans 
contredit le plus pén ible , ne fissent pas tous par- 
tie du Cabildo. Il sera affecté à ces fonctions un 
salaire proportionné aux soins et au temps que 
ie secrétaire sera dans le cas de leur consaci 



m 

^^^ porta 



Durée des emplois. 



1 



Les emplois du Gremio étant de quelque im- 
portance, pour qu'ils ne soient point onéreux à 
aucun individu en Tobligeant à les exercer trop 
long-temps , il a paru convenable de décider que 
les syndics seront élus pour trois anset les députés 
pour un seul, suivant à cet égiird les traditions 
relatives aux Clavarios et aux Majoraies, a ux- 




( -53 ) 
quels ils succèdent et qui n'ont jamais servi au- 
delà de ce temps , depuis qu'on a quelques no- 
tions sur leur existence. Ainsi donc tous les ans 
et le jour de Noël, lorsque les comptes auront été 
sévèrement examinés et liquidés, on nommera 
le député-mayor et les autres députés. A pareil 
jour aussi et de trois ai trois ans, le Gremîo 
célébrera sa Junte générale et nommera les vingt- 
quatre syndics dans les formes prévues par l'ar- 
ticle 4- Immédiatement après ces diverses nomi- 
nations, les officiers sortans abdiqueront leurs 
pouvoirs et feront remise de tout ce que le Gre- 
mio avait commis à leur surveillance entre les 
mains des nouveaux élus; ceux-ci se régiront et 
gouverneront la communauté d'après les prin- 
cipes établis par les présentes ordonnances. 



^^^mpi 



ileuxmertt et admission dans les emplois. 

ART. g. 



Comme les emplois du Gremio ne doivent^tre 
confiés qu'aux individus les plus dignes de les 
remplir et les plus intéressés à leur institution, 
ii ne sera pas permis d'accueillir les refus qui se- 
ront présentés , à moins que ce ne soit par des 
motifs justes et bien fondés, comme de n'être pas 
I <4»ifde maison , d'avoir peu de fortune et d'être 

L 



J 



( 154 ) 
inhabile; mais de l'autre part on n'insistera point 
pour faire accepter ces fonctions à ceux qoi , 
après les avoir exercées pendant le temps fixé , 
refuseront de s'en charger de nouveau ; car il est 
juste que celui qui a rempli un emploi, s'il n'a 
pas obtenu une vacance de trois ans, soit rem- 
jiiaLcé par un autre. Dans le cas de mort avant 
l'an d'exercice ou avant le terme convenu , afin 
de prévenir les vacances qui pourraient occa- 
sionner des préjudices au Gremio , les syndics ou 
Juntas de représentans nommeront d'avance l'in- 
ilividu qu'ils jugeront le plus apte pour occuper 
l'emploi qui viendrait à vaquer, lequel devra 
servir un an si c'est comme député , ou jusqu'à 
la prochaine réunion du Cabildo si c'est comme 
syndic^ 

Charges du Cabildo. 



Ce corps ainsi organisé, ayant les mêmes 
vot^à remplir que le Gremio, et celui-ci étant 
tenu de veiller aux progrès de l'agriculture , aux 
besoins du cultivateur et de secourir les indigens, 
le Cabildo ne pourra donc jamais perdre de vue 
les motifs de son institution ; à cet effet, il con- 
sacrera quelques-unes de ses réunions ou Juntas 
àrexamen des causes qui intéressent le 



unie J 



î nlua l'a- 

J 



( i55 ) 

grleubure» cherchant aussi à mettre en pratique 
les mesures prescrites par les chapitres sulvans. 

^Des Chemins. 

AKT. II* 

• s 

% 

Le mauvais état des otiemind de FHuerta, la 
floajeufe pajrtie du temps inondés; la nature du 
soi et la désunion des cultivateurs qui négligent 
^eaJMùBSOxt des communications, ayant causé des 
préjudices notables par les retards occasionnés à 
la culture des champs^ lé Cabildo védlera avec 
un soin particoUer i ce que les chemins soient 
réparés, et il avertira chaque cullivaitteur pour 
qu'il lél entretienne selon les servitudes impo- 
sées à sa propriété. 

Des jicequias. 

AHT. la. 

' La tanda ou la distributioh des eaux (i) 9 le éu- 
zage des caaàaux et Tentretien des francs-bords 



(i) La distribution des eaux y lorsqu'elle s'opère d'uiiQ 
manière légale. et sur des bases déjà convenues dans les 
assemblées générales , s^appelle tanda :■ ce mot a cepenr 
dont d\ratre« acceptions ^ que nous expliquerons plus 
tard. 



C .56) 
opérés selon le régime des ortlonnances munici- 
pales, maintiennent l'abondance des arrosages et 
celle des récoltes ; mais le défaut de surveillance 
ou les égards accordés à quelques cultivateurs 
qui négligent d'observer les ordonnances avec 
exactitude, comme aussi le silence des lois dans 
quelques portions de terroir, entraînent des pré- 
judices notables à l'agriculture ; en conséquence 
le Cabildo,et non le Cequîero-Mayor, veillera à 
l'exécution stricte et rigoureuse des réglemens; 
tous les tenanciers contribueront aux travaux 
selon l'usage maintenu jusqu'à ce jour, de même 
qu'au curage et aux répartitions exécutés par 
les Cequier(»-Mayors de la ville, sous la surveil- 
lance des membres {sehores) de la municipalité. 

Des Fruits. 



Les récoltes, qui comblent de satisfaction le 
cultivateur, parce qu'elles sont le fruit de son 
I travail, étant exposées auvoletsouvenldévastées 

I par l'inconduite des uns et la misère des autres , 

I malgré les ordonnances rendues par le gouver- 

P nement, il est ui^ent de remédier à ces abus et 

d'assurer au laboureur, après tant de fatigues, ' 

Lune récompense digoe de ses efforts. Le Gremio j 
J 



, ( «^7 ) 
a conçu l'espoir de réaliser ce but utile en faisant 
observer rigoureusement les ordonnances muni- 
cipales , et -en autorisant non-seulement les six dé- 
putés i mais encore tous les membres du Gremio 
à dénoncer toutes les contraventions qui n'au« 
-raient pas plus de deux ans de date. Par ce 
moyen, on secondera efficacement )es Gardes 
dans la surveillance qu'ils exercent par ordre de 
1- autorité municipale, et l'on coopérera à l'obser- 
Tance de diverses lois émanées du Souverain , 
qui, pour protéger la propriété et les droits pri- 
vés , autorise et accorde à chaque individu la fa- 
culté de dénoncer les infractions, sans respect m 
égard pour l'infracteur. 

Contributions. 

m 

f 

ART. 14. 

. Un grand nombre de cultivateurs privés de 
moyens sont obligés de prendre à crédit les che- 
vaux et les instrumens de labour, et comme ils 
doivent satisfaire avant tout aux intérêts souvent 
usuraires que leur imposent les traitans , ils dé- 
naturent leurs propriétés et s'appauvrissent in- 
^nsiblement. Le Gremio , selon le but de son 
institution , devant réparer ces pertes occasion- 
nées par la misère , a jugé convenable de créer 
Tome L i i 



( i58 } 
un fonds de réserve destiné à y faire face et que 
ion obtiendra par un léger sacrifice imposé à 
chaque cultivateur; savoir, de 8 maravedis de 
vellon (i) pour chaque hanegada(a) de terre ar- 
rosable; de 4 maravedis de la même monnaie 
pour chaque hanegada de terre voisine de la 
mtr (marj'aiy, de 8 maravedis pour 6 hanegadas 
ou chaque cahizada (3) de terre non arrosée, et 
de 4 maraveths pour chaque hanegada d'oUvet 
arrosable. Ces diverses taxes pèseront sur la gé- 
néralité des propriétaires ou fermiers qui for- 
ment le Gremio , et cette distribution ne saurait 
être établie sur une base plus équitable, puis- 
qu'elle conserve un juste équilibre entre les fa- 
cultés des divers membres de l'association, et 
qu'en outre le montant n'est pas tellement exa- 
géré, qu'il puisse jamais devenir trop onéreux. 
Un^calcul sévère et dicté par la prudence a dé- 
montré qu'il ne dépassera jamais la modique 
somme de 12,000 réaux (environ 3, 000 francs), 
somme suffisante pour couvrir les dépenses an- 
nuelles du Gremio , pour assurer les secours ac- 
cordés aux nécessiteux et pour solder les travaux 
d'urgence que l'intérêt commun signalera. 

Cl) \4 deniers, monnaie île France. 
(a) 4 sr^s 5 mètres carrés. 
(3) 24 ares 3o mètrea. 



( »59 ) 

• • • - . 

Emploi des fonds, 

ART. i5* 

La caosse du Gremio devant être auâ» consi* 
aérée comme un des objets les plus importans de 
la Gorporation , puisqu'elle forme un dépôt pri»* 
cipal^Doent destiné à prévenir les besoins et à 
acdder tous les travaux d'urgence, le Gremio 
fera <^îx de trois individus et au besoin dW 
ptas'|[raiKl nombre, lesquels seront tenus (fe se 
conduire par les règles et dans les limites qui 
leur seront imposées. Le Cabildo veillera à ce 
que les fonds ne soient alloués que pour une dé- 
pense d'une utilité générale, ou en secours ac*- 
cordés aux cultivateurs appauvris par des mal^ 
heqrs imprévus , afin que ces derniers se relèvent 
promptement et secondent^ par leurs efforts les 
intérêts du Gremio et ceux de l'agriculture. Ces 
secours seront concédés selon la nature des be- 
tM^ins;. mais. dans le cas où on les effectuerait en 
^(raiiÉS^ comme la chose est probable, afin d'ofirir 
les semences nécessaires au cultivateur, les graine 
seront plus tard réintégrés dans les magasins d\i 
Gremio^ avec la quantité en sus d'une varchil]a(i) 



I ■!■ 



(i) tAvarckilla, ou plutôt harchilla, contient 4 ceie- 
mines y ou 38 livres 9 onces |. 

fr.. 



( >So) 
par cahiz (i ) , qu'on est dans l'usage d'exiger pour 
le déchet, ou avec telle autre indemnité qu'on 
estimera plus juste et plus convenable , ainsi 
qu'on le pratique pour les fonds de secours à 
Villanueva de Alcolea et autres lieux du district 
(partido) de Morella. Cette rétribution sera main- 
tenue sur cette base modique et dans aucun cas 
onéreuse, afin d'assurer l'existence et une der- 
nière consolation à un grand nombre de malheu- 
reux ; mais ces derniers seront tenus , en recevant 
les secours, d'offrirdes garanties, qui devront être 
agréées par les Syndics du Gremio, dans le but de 
conserver toujours intact le fonds de réserve. Si 
la caisse renferme un excédant lorsqu'on avn. 
soldé les divers travaux entrepris pour le compte 
de la communauté , on modifiera ou l'on sus- 
pendra certaines taxes, ou bien encore on répar- 
tira le même excédant entre les cultivateurs les 
plus nécessiteux, conformément aux vues que 
l'on se jffopose dans l'institution du Gremio, et 
afin de ne jamais négliger l'agriculture, qui dé- 
' choit toutes les fois que l'homme des champs s'ap- 
pauvrit. 



(0 ^c caÂiz contient 12 varcliillas , ou 4M livres: 
c'est donc '/la imposé en faveur du Gremio, pour chaque 
prit en nature. A. de la Borde , Itia. , t. IV, p. 53.1. 



A 



...... é\ 

Collecteurs. 

• # . • ■ ■ 

ART. l6. 

La perception des taxes précitées devant s*o». 
pérer par l'intermédiaire des Collecteurs , le Ca- 
bildo fera choix d\in ou de plusieurs individus^ 
selon qu'il le jugera nécessaire; il aura le droit 
de les prendre, soit dans le Oremio, soit en 
«dehors, et il leur imposera l'obligation d'efFec- 
tuer leur recette avec zèle, mais avec le moins 
ée rigueur possible, afin que les Syndics ne per- 
dent jamais de vue , dans leurs fonctions , cet 
esprit d'union et de fraternité qui doit exister 
danà le Grémio. 

Pour garantir la sûreté des fonds, et afin que 
personne ne puisse porter atteinte aux intérêts 
de la (Corporation , il sera tenu des registres de 
recette, et celle-ci ne s'opérera que dans les 
formes et d'après le mode déterminé par le 
Cabildo. 

jfi^isizdon 

ART. 17. 

Le Cabildo devra quelquefois se réunir, ainsi 
qu'il a déjà été prescrit, pour régir les intérêts 
•du Gremio ; il devra se réunir en outre pour a$^ 



sister aux cérémonies religieuses, aux proces- 
sions générales, aux Rogations, etc. Pour assurer 
l'exécution de ces diverses dispositions , et pour 
opérer les convocations convenables, un mem- 
bre du Greraio ou bien un étranger, seront dé- 
signés pour remplir les fonctions d'Avisador 
(^Moniteur) avec la charge d'indiquer à chacun 
la place qu'il doit occuper, et de faire exécuter 
les mesures prescrites par le Député-Mayor. 



Jurtta des Syndics. 



ART. i8. 



i 



à 



L'exécution desdiversesmesures prescrites par 
cette ordonnance devant donner lieu à des joge- 
mens , à des sentences [et autres actes , le Cabildo 
se réunira au moins six fois l'an et plus si le cas 
l'exige , et comme le succès de sesréunions dépend 
autant du bon ordre que de l'instruction de ceux 
qui y concourent , nonobstant la parfaite égalité 
qui doit régner parmi les Syndics, chacun d'eus 
prendra place par rang d'âge. A cet effet, les plus 
âgés occuperont les premiers sièges et ainsi suo- 
cessivement, à l'exception du Député-Mayor (au- 
trefois le Clavario ) , lequel , comme chef du 
Cremio et comme seul investi du pouvoir de 
convoquer les Juntas, a droit de siéger le 



jerle pr^^J 



( «63 ) 
tnier du immédiatement après le président. Le 
même cérémonial sera observé pour les proces- 
sions et autres réunions publiques qui pourront 
survenir, 

Juntades Députés. 

ART. 19. 

Si les députés, qui sont les exécuteurs immé- 
diats des mesures prescrites par l'assemblée, 
reconnaissent le besoin de se réunir pour déter- 
miner la réparation des chemins, des Acequias, 
de leurs francs-bords, et pour tous autres objets 
concernant le bien général du Gremio , comme 
aussi d'arrêter la liste des individus qui méritent 
des secours sur les fonds communs , ils seront 
autorisés à former des Juntes particulières aussi 
souvent qu'ils le jugeront nécessaire , afin qu'ils 
puissent remplir leur mandat avec toute l'exacti- 
tude que leur impose la confiance des Syndics. 
Tous les deux mois , ils donneront à ces derniers 
. ua compte fidèle de leurs opérations. 

Amendes. 

ART. ao. 

Pour obtenir tous les résultats que Von a en 
vue, il importe avant tout d'assurer l'observa- 



( -84) 
tîon rigoureuse des ordonnances : en consé- 
quence tout individu du Gremio qui, par suite 
de sa négligence dans la charge qui lui sera con- 
fiée , aura trahi la confiance de ses commettans, 
sera condamné chaque fois à l'amende de 4 réaux 
de vellon (environ 20 sous) , en faveur de la caisse 
du Gremio. Cette amende ne sera imposée que 
pour des fautes légères; mais si elles étaient plus 
graves, si elles étaient commises dans le but dan- 
gereux de contrarier les vues de la corporation , 
alors, soit que le coupable fût employé ou mem- 
bre du Gremio, il encourra une amende double 
du capital qu'il aura compromis , ou des pertes 
occasionnées, ou bien encore à telle autre amende 
à laquelle il pourra être taxé et dont il sera pas- 
sible en bonne justice. 



4 



Telle est l'ordonnance à laquelle le terroir de 
Castellon doit ses heureuses réformes et cette 
étonnante sécurité qui vient de succéder aux plus 
tristes désordres. Exécutée sans arrière-pensée et 
avec un zèle bien honorable par ceux-là mêmes 
qui ont conçu et présenté le projet (i), elle a con- 



Vilallave, i 



icipLil auteur de cette ordonnance e^t don Ji 
lemhre actue 1 de la coin mission Ryndicaje. 



caje. J« j 



( i65 ) 

duitvà des résultats plus satisfaisans encore que 
ceux qu'on s'en était promis ; ils ont fixé dès le 
début l'attention des villes voisines : Almazora 
et YiUareal, Burriana et le vaste terroir de Nulès 
ont Téclsmné successivement l'institution d'un 
Gremio de iabaureurs, avec les ordonnances 
de police concédées à Castellon. Ces demandes 
éprouveront des retards inévitables, car elles doi- 
vent passer par bien des mains avant de parvenir 
au Souverain et revenir aux cultivateurs ; mais 
enfin les réformes seront autorisées , et ces villes 
et leurs terroirs , déjà riches par la quantité et la 
yariété des produits agricoles , verront consolider 
encore et agrandir leurs ressources. 

Ce sentit donc sans utiUté que nous nous oc- 
cuperions des irrigations de la rive droite du 
Mijares et des deux canaux (i) destinés à par- 
courir la belle plaine qui sépare ce fleuve du 
terroir d'Âlmenara. Notre attention ne serait que 

dois à son obligeance d^utiles renseignemens. Sa modestie 
égale son mérite. Un état n^est pas loin d^obtenir des amé- 
lloralions lorsque de pareils hommes se rencontrent dans 
la classe des simples cultivateurs. . ■ 

(i) Ces deux canaux ont probablement la même ori- 
gine jqne celui de Castellon f ils sont construits sur le même 
plan et subdivisés diaprés la même méthode ..Ils sont sou* 
vent cités dans la. Collection de: Branchât , et IHmmense 
Recueil du domaine royale 



C.66) 
faiblement intéressée par l'historique des arro- 
sages de Villareal , de Burriana et de Nulès. 
L'influence trop immédiate des Regidors nous 
signalerait des abus; nous verrions ces chefs des 
municipalités présider aux travaux, imposer les 
taxes, régler les droits, se défendre contre les 
forts, combattre les faibles avec l'autorité toute- 
puissante du Gouverneur, et administrer enfin 
les intérêts de la Communauté avec une indé- 
pendance si absolue, qu'elle n'est pas quelquefois 
sans de graves inconvéniens. Du moment où l'in- 
dustrie agricole projette des réformes, nous pou- 
vons bien les indiquer, mais nous devons cber- 
cber ailleurs des leçons et des modèles. 

Les arrosages de Murviedro (i) et duPalcncia 
n'offriraient également qu'im intérêt bien secon- 
daire, après ceux de la Plana , et à la veille de 
décrire ceux de Valence ; je crois donc inutile de 
m'en occuper. Le voyageur se livre quelquefois 
à des impressions que le lecteur ne saurait par- 



(l) L'Acaqiiia de Murriedro est mentionn^a dans plu- 
sieurs concessions, qui datent du règne de Jacques-le- 
Conquérant. Lorsqu'on consulte la précieuse Collection 
deBraacIiat, on acquiert la conviction que presque tOUï 
le» canaujt existons sont l'ouvrage des Maures , puisqu'ils 
sont mentionnés dans les diverses concessions qui re- 
montent aux dix premières années de la conquête. 




( '67) 
tager : ce sont des résultats que celui-ci demanda 
lorsque l'autre est souvent entraîné j)ar l'attrait 
des découvertes , et plus tard par l'influence des 
souvenirs. Du reste , l'agriculture de la Plana 
présente des résultats auxquels ne peuvent plus 
être comparés ceux qui nous ont occupés jus- 
qu'ici. Un terrain profond et limoneux devait,avec 
le secours de l'arrosage, être susceptible de toutes 
les cultures. Sept canaux et leurs innombrables 
rigoles traversent en t»us sens cette contrée, et 
chaque propriété reçoit les eaux à l'heure même 
où le colon en reconnaît le besoin; tandis que 
l'excédant, s'il en existe, profite au voisin, qui 
le déverse à son tour sur l'inférieur, et ainsi suc- 
cessivement, jusqu'à ce que chaque dérivation 
disparaisse au milieu d'un champ ou dans les 
sables de la mer. La distribution des eaux au 
moyen des œils , des mottes <le terre , des doubles 
sillons, des petits fossés, s'opère de même qu'en 
Roussillon. Une sage économie a présidé au par- 
tage ; le temps mesure les besoins , et ceux-ci di- 
rigent la construction des prises d'eau et le dia- 
mètre des œils. Des ponts-aqueducs, des rigoles 
mobiles, des ponts en bois jetés sur les Acequias 
et plus souvent encore sur les rigoles ou sur les 
fossés, corrigent toutes les irrégularités du sol : 
les eaux semblent se perdre à travers cette infi- 
nité de directions que l'économie et le besoin 




( .68 ) 
ont pourtant commandées; des barrages fréquens 
modifient les niveaux , augmentent le volume et la 
force du courant , et accélèrent l'arrosage. Sou- 
vent les mûriers dessinent leurs branches tor- 
tillées à l'entourdes champs, et quelquefois aussi 
de superbes épis de blé s'élèvent et viennent se 
confondre dans leur feuillage. Dans ce même 
champ, au milieu de ce blé, la main prévoyante 
du cultivateur a semé de la luzerne. La faucille 
et la faux feront successivement disparaître la 
paille et le chaume ; la luzerne restera pour four- 
nir, pendant sept à huit ans, dix k onze coupes 
annuelles; les haricots succédait aussi au blé et 
sont remplacés l'année suivante , et dès le mois 
d'avril , par le chanvre; une nouvelle espèce d'ha- 
ricots, semés en août, complète la quatrième ré- 
colte (i) dans l'espace de deux ans. D'autres pro- 
duits, d'autres cultures sont intercalées à celles- 
ci; mats j'indique les principales, car il serait 



(t) Chaque hanegada de terre , que nous savons conte- 
nir 4o5 mètres carrés , produit annuellement, en blé, 
12 barchillat ou uu caliiz , du poids de 4^4'"''^^! et en 
chanvre, de 5 à6 arrobaa, ou environ i5o livres. Les dé- 
penses pour la culture (3u cbanvre s'élèvent quelquefois 
jusqu'à i5 livres valencïennes (5/ fr. »5c. ) par hane- 
gada; mais il convient d'observer que la majeure partie 
(le ces dépenses profite à la récolto du blé. 



difiBdle de tout apercevoir dans un cadre aussi 
vaste. La vigne occupe plusieurs terroirs éten- 
dus; elle est souvent arrosée sans recevoir ce- 
pendant tous les travaux qui paraissent lui con- 
venir. Enfin le Caroubier et le Figuier, relégués 
dans lt& SecanoSy et par-tout où les Oliviers au- 
raient trop à souffirir de la sécheresse, assurent 
au commerce une branche importante des rêve» 
nus àéhi Plana. 



PLAINE DE VALENCE 



CHAPITRE IV. 

ARB0SA<;ES DU guabalavur. 

NoiTs sommes enfin parvenus dans la contrée 
la plus riche, la mieux cultivée ^t sans contredît 
aussi la plus intéressante de la Péninsule. Tous 
les voyageurs qui l'ont visitée, tous les historiens 
qui Font décrite, nous représentent la pleine de 
Valence comme un immense jardin qui renferme 
à-la-fois tous les produits et toutes les cultures. 

Mais au milieu de ces richesses agricoles, dans 
ce paradis de quelques poètes nationaux ^ ce qui 



(,7°) 
mérite sur-tout de fixer l'attention de l'agronome, 
c'est cet admirable système d'irrigation qui parait 
avoir résisté aux siècles sans subir le plus léger 
changement. Là, des lois simples et des usages déjà 
bien anciens président à tous les travaux j des 
régisseurs expérimentés dirigent tous les intérêts 
et tous les besoins, et enfin des juges incorrup- 
tibles, sortis des rangs des mandataires , règlent, 
punissent ou libèrent sans appel : c'est donc de 
ces lois et de ces usages , de ces régisseurs et de 
ces juges que nous allons principalement nous 
occuper ; et si parfoi s nous cédons à l'attrait des 
découvertes , ce sera sans perdre de vue le but que 
nous nous sommes proposé. Nos recherches se- 
ront précédées par quelques considérationsgéolo- 
giques et par un coup d'oeil général sur la contrée. 

La plaine de Valence est une conquête faite 
sur la mer dans des temps inconnus ; elle paraît 
l'ouvrage du cap Canet, non loin de Murviedro 
et du rocher de CuUera , placé en arrière du cap 
Dénia {S.~j4ntoni6). 

En effet, la Méditerranée (i) a laissé des traces 



(i) L'Albiifera doit son origine à ces deux pointes. Cflt 
étang a. été formé par les sables que charrient le Guada- 
laviar et le Xiicar , lesquels , repoussés par le courant 
•oas-marin , ont élé déposés en arrière du même courant 
et Au rocher de CuUera. Le* marais de Murviedro, ûtoéi 



C'7' ) 
de son séjour dans ui: banc immense de sable , 
qui s'étend depuis son rivage jusqu'au pied des 
montagnes. Une argile plus ou moins compacte 
recouvre cette première base et se cache elle- 
même sous une légère couche de terre végétale. 
Trois fleuves peu distans entre eux, mais sépa- 
rés par de hautes montagnes ou par le vaste ma- 
rais de l'Albufera , déposent périodiquement sur 
ce sol factice les débris et les terres des vallées 
supérieures. Une amélioration progressive s'o- 
père donc dans la plaine de Valence et sur les 
rives du Guadalaviar, du Xiicar et du Palencia. 
La nature, livrée à elle-même, eût confié aux 
siècles le soin d'accomplir son ouvrage; secondée 
depuis long-temps par la main des hommes, elle 



près du cap Canel , ne peuTenC pas avoir d'autre origine. 
Les Tents d'est , qui sont si fréquens et quelquefois si ora- 
geux dans ces parages , dirigent de ce côté tes dépAts du 
Pa.lencta et du Guadalaviar. 

La ville de Valence , située à égale distance de Canet et 
de Culleraj occupe donc le milieu d'un grand arc de 
ceTcle , et son territoire doit s'agrandir insensiblement 
et occuper avec le temps le grand espace compris entre 
le même arc de cercle et sa corde; mais ces conquêtes lui 
seront funestes , à moins que , par de grands travaux, 
on ne se défende contre les vapeurs pestilentielles qui 
l'exhalent avec une intensité toujours croissante des ma- 
rais et de toutes les parties basses. 




( "7^ ) 

l'ii rapidement perfectionné. Ce fut vers le milieu 
du neuvième siècle qu'on entreprit de barrer 
quelques rivières et de maîtriser le cours des 
eaux : dérivées alors dans de vastes canaux , puis 
distribuées dans des milliers de rigoles, ces eaux 
furent répandues avec une merveilleusa écono- 
mie sur des terres inertes ou sur des sables sté- 
riles : par-tout des dépôts limoneux modifièrent 
et enrichirent le sol. Des produits variés, un nou- 
veau système, de culture succédèrent aux vieilles 
routines , et la nature se réveilla dans la plaine 
de Valence , plus belle et plus puissante que ja- 
mais par les soins et les efforts d'un seul peuple. 
Lorsqu'on songe à l'antique prospérité de Sa- 
gonte, dont les ruines fameuses terminent au 
nord le ricbe bassin du Guadalaviar; lorsque plus 
récemmentonvoitlessuccesseursdes Califes rame- 
ner dans l'Occident les sciences , les études natu- 
relles, et les arts enfans du luxe, l'on se demande 
avec surprise par quel secret des terroirs peu éten- 
dus et d'étroites vallées ont pu entretenir des 
armées nombreuses et fournir à tous les besoins 
d'une immense population. Cette considération, 
qui devait ici trouver sa place, vient à l'appui 
de ce que nous avons déjà dit en décrivant le 
Campo de Tarragone. D'injustes préjugés nous ont 
trop souvent empêchés de porter des regards at- 
tentifs sur l'antique Ibérie ; cependant l'industrie 



( '73 ) 
agricole, qu'on a fait voyager avec les peuples et 
souvent aussi avet* les demi-dieux , a dû quelque- 
fois hriller d'un vif éclat dans la patrie des Colu- 
melle , des Abu-Zacharie et des Herreras. 

La ville de Valencia ou Palencia, aujourd'hui 
Valence, fut d'abord située à l'extrémité de la 
plaine et à l'entrée de la grande vallée formée 
parle Guadalaviar, Cette position était heureuse 
dans les temps reculés, parce qu'en l'absence d'un 
commerce extérieur, elle semblait rappeler vers 
le centre de l'Espagne l'excédant des récoltes et 
les produits de quelques manufactures. Sous les 
Romains et long-temps après eux , Valence con- 
serva sa position toute militaire; mais elle dut 
changer de place lorsqu'un peuple agriculteur 
s'en fut pendu maître. 

Le vainqueur se rapprocha de la mer, parce 
que Tagricnlture a besoin du commerce; mais il 
n'abandonna point les rives du fleuve, parce que 
le voisinage d'un grand cours d'eau est indispen- 
sable à une grande population. Alors la nouvelle 
Valence s'éleva comme par enchantement au mi- 
lieu de cette vaste contrée; elle devint la capi- 
tale d'un nouveau royaume, fondé aux dépens et 
sur les débris du trône Wisigothique, Bientôt l'in- 
dustrie agricole fut assez puissante pour varier 
tous ses produits et les livrer à bas prix à la classe 
indigente, tandis que l'industrie manufacturière, 
Tome I. la 



(m) 

favorisant ie luxe ties riclies , créait de nouveaux 
besoins pour les classes inter&édiaires. Les arts 
eecondèrent tous les efforts ; un beau ciel , une 
température délicieuse protégeaient toutes les 
entreprises. Des travaux étonnans, des ouvrages 
admirables furent exécutés et prodigués sur les 
rives du Guadalaviar, et leur grandeur intimide- 
rait peut-être ceux qui en sont devenus les heu- 
reux propriétaires , s'ils étaient appelés à les en- 
treprendre aujourtl'liui qu'une longue expé- 
rience leur en a démontré tout le prix. 

Ce n'est pas le moment de fouiller dans les ai^ 
chives pour en extraire et donner ici une date cer- 
taine à tous les canaux d'arrosage alimentés par 
les eaux du Guadalaviar. Ces intéressantes recher- 
ches trouveront leur place ailleurs ; mais on n'ap- 
prendra peut-être jaas sans étonnement que la 
main de l'honiine, guidée uoiquemeut par les be- 
soins agricoles , a construit ti'ente et un canaux 
depuis jidemuz, situé vers la frontière d'Aragon, 
jusqu'à la plaine de Valence. 

Vers le commencement du dix-septième siècle, 
des discussions survenues pour la distribution 
des eaux d'arrosage , ayant rendu nécessaire l'iu- 
tervention de l'autorité , la Royale Audience pres- 
crivit la visite des lieux et ordonna une enquête 
sévère. Le fiscal don MelcbiorCisternas, délégué 
par elle, parcourut le fleuve dans toute sa Ion- 




( 175) 

gueur 9 reconnut tous les canaux et les terroirs 
qu'Us arrosent , prit note des besoins comme des 
abus , et s'occupa d'établir une meilleure répar- 
tition. Son rapport , relatif aux vingt premières 
Âcequias, date de l'année 1617. Je le transcris ici 
sous la même forme qu'il fut présenté à la Royale 
Audi^çe , mais en y joignant une autre colonne, 
pour Ifintelligence des mesures valenciennjes. 



1^.. 




^ Loriguin» 

5 Chulilla. . 
Idem. . 



. n^imodeClieWa. 
. DelRiodeChelT» 
. DelRiodeClielTa 
. DelRiodeChL-Wa 
. Del Rio de Clielvii 
. DelMûlino. . . , 

. Del Rio 

. DeChesulgar.. . 
. De Bugarra. . . . 
. DelaObra. . . . 
. DcIMolino. . . . 



.,54 
0,563 



(■} Les prises il'eait 
moyen d^uxie ou de plus 



( }77 ) 
Ces vingt Acequias servent à l'arrosage des 
terroirs situés sur les deux rives du Guadalaviar 
et sur une longueur de plus de ao lieues ( ma- 
.rines) ; d'autres Acequias ont été établies en aval 
de celle de Pedralva. Elles sont dans Tordre 
suivant : 



ai 

23 

»3 


Vinamarchant. 

BeneguacîL 

Rivarroja. 



Enfin huit autres Acçquias terminent ce vaste 
ietbeau système d'arrosage. Elles absorbent toutes 
.les eaux du fleuve et déversent leur excédant , s'il 
€n existe , dans les marais et sur les Marjales où 
Usiéres de tet*re qui bordent les rivages de la mer. 




Moncada y reçoit. 
Quart y M^nysas. 
Tormos. • • • • . 
Mislata..^. . • • • 
Mestalla. • . « » • 
Favara* ..•••• 
Rascana^** • • • -• 
RoTella • • 



48 filas d'eau (1). 
M- 

10. 
10. 

14. 

14. 



Total, i38 filas d*eau. 



(1) Dans un premier travail 9 nous nous sommes lirrës 
à quelques rechercher sur la dénomination , jusqu^ici ia- 



( ,78) 
L'historique de tous ces canaux nous entraitae- 
rait trop loin , et il n'est pas nécessaire au but dé 
nos recherches. Nous les limiterons aux huit der- 
nières dérivations, parce qu'elles nous présenteiït, 

certaine , de la meule d'eau Roussillonitaise ; dans la tem 
classique Je l'arrosage , nous éprouvons les mêmes embu- 
riLSjiour l'interpréta ci on du molkila ou ^/u. Quelque* in- 
teurs veulent que ee soit la mesure du volume d'eau né- 
cessaire au rouet d'un moulin à farine ; d'autres y moins 
vagues dans leurs défiititions , disent que ce sont les deux 
tiers de ce dernier volume , en supposant à l'eau lapenla 
strictement indispensable pour continuer son cours; enËD 
l'on a dit , et on le pratique encore à S.-Felipe ( Xativa) 



cJen (o^jaaS) en cai 
fait les usagers , ni n 
hommes de l'art ontc 
portantequestioiï, et i 
sans doute parce qu'ils 
tablir des calcul 



igou 



formée par un palmo valen- 
Ces recherches n'ont pas satii- 
s encore les jurisconsultes. Des 
ppelés à prononcer sur cette iiu- 
i-lù encore ont différé d'opinion, 
toute la difficulté d'é- 
tés données Tarîablei. 



s décidèrent que deux ouvertures égales «I 



, pratiquées 



1 , si toutefois 
r toute la loue 



n pian hori- 
, mesure- 



Ainsi les 

chacune d'un^am e 
zontal et dans un i 
raient exactement \a.fila d'ea 
ployait une minute à parcour 
cais'ement. Les autres , et nous pouvons citer dans la 
nombre don Thomas de Villanueva et Joseph Soto, pré- 
tendirent que la^/n est le volume d'eau qui, introduit 
dans une ouverture d'un paîmo en carré, emploie una 
•econde à parcourir l'espace de 4 palmos, Joseph Ser\-era, 



C »79 > 
sur le même terroir et dans des lieux bien con- 
imi'j, le tableâu complet d'un beau système d'ar^ 
raèdgé protégé par d'excellentes lois , et opérant 
tout le bien qu'il est possible d'en exiger sur un 
sol en généfai peu fécond. 



Lorsque le désir de conserver succéda à l'am^ 
bitioo de conquérir , le roi don Jayme P^*., dont 
la politique, supérieure à son siècle, entrevoyait 
ésLDS Favenir les immenses avantages de sa nou« 
velle conquête, s'empressa dé prendre les mesures 
convenables pour que les Croisés , ou les indivi- 
dus admis dans le partage de terres , héritassent 
aussi des traditions agricoles et des pratiques en 
usage parmi ceux qu'ils venaient remplacer. Dans 



-.1 1 



adbptàÂt ce moyen , veut cependant que ce soient 6 palmos 
au liéii de 4 9 mais quelles que soient ces différences , tous 
ces auteurs conTiennent dû moins que la fila doit suffire 
4 Parrosage de 4oQ hanegadas ( i ,620 ares) de terre. Nous 
verroDS cependant plus loin que les huit canaux de la 
plaine de Valence , n^ayant que i38 £las d'eau, arrosent 
aSa^çsa hanegadas de terre; ce qui fait ijSiç hanegadas, 
au lieu de 400; différence énorme qui) si comme on doit 
le croire d^abord , résulte de la nature du sol , doit aussi 
être attribuée à la parfaite intelligence , à Tordre et à Pé- 
conomie qui président à Parrosage. 



C '»") 

le nombre des ordonnances réglementaires qui 
furent rendues par ce souverain , et qui , plus 
tard , ont servi de base au droit public , et de titre 
aux droits privés, on doit en distinguei- une qui 
fixe dans les siècles antérieurs la date de l'établis- 
sement de l'arrosage, ainsi que des ouvrages qui 
en forment le système. Cette ordonnance est de 
l'an laSg, et a pour objet la concession des sept 
dernières Acequias du Giiadalaviar ; elle est écrite 
en langue Umosine , qui était alors la langue vul- 
gaire. Nous en donnons ici la traduction littérale, 
parce que nous aurons souvent occasion de rap- 
peler ce titre primitif : 

1 Jacques P''., aoi. ^^| 

jo Pour nous et pournos successeurs, nous doH- 
w nons et concédons pour toujours à vous tous 
» réunis , et à chacun des habitans ou pobla- 
B dors (i) de la cité, du royaume de Valence et 
j> des divers terroirs dudit royaume, toutes et 
« chacune des Acequias franches et libres , prin- 
B cipales, moyennes et petites avec leurs eaux, 
u leurs prises , et avec les conduits de ces mêmes 
» eaux , comme aussi les eaux de fontaine , à l'ex- 



(r) On désigne i. 



n àt pobladors les^^^^^^ 



» ception de l'Acequia Real qui se dirige vers 
» Puçol; desquelles Acequias et fontaines, vous 
» posséderez pour toujours les eaux, les prises et 
j> les divers conduits, soit de nuit, soit de jour, 
» de telle sorte que vous pourrez arroser et pren- 
» dre Teau , sans servitude , sans corvée et sans 
» tribut; enfin vous jouirez desdites eaux selon 
2> qu'ianciennement on l'avait établi et pratiqué 
» du temps des Sarrasins (i). » 

Nous voyons , par cet acte , que le toi se réserva 
TAcequia de Puçol, connue bientôt après sous la 

(l) JaCOBUS FRIMUâ, ILEX. 

ce Fer nos é per ios nostres donam é atorgain per tots 
3» temps à vos tots ensemps é sengles habitadors é pobla- 
a> dors de in Ciutat é del Règne de Yaiencia , é de tôt lo 
3> terme de aquell Règne , totes é cascunes Cequies fran- 
9 qaes é liures ,. majors , é mijanes é menors, ab aygues é 
» âbmanaments, é ab duhîments d^aygues , é encara ay- 
99 gués de fonts , exceptât la Cequia real qui va à Puçol , 
30 de les quais Cequies é fonts hajats aygua, é enduhiments 
30 é manaments d^aygues tots temps continuament de dia 
30 é de nit: en axi que puscats d^aqu elles regar, é pendre 
30 aygues sen alcuna servitut é servie! é tribut, é que pre-* 
30 nats aquellas aygues segons que antiguament es é fo sta- 
30 bllt é acostumat en temps de Sarrahins (a).» 

(fl) Branchât , t. III , ch. ti , f 33 , fol. 276, — jdureum opus Régal, 
— Fueros de P^alencia , foero 35 , rubr. de Servit. 1. 1 , loi. 90 , I. H. 
— Josep Lop , Murs-y- f^alls f ch. xxxvii , fol, 355. 



( .8. ) 
dénomination d'^ce^uia Real de Moncade. Celle 
réserve fut une opération fiscale que Jacques l''^ 
n'entreprît , du reste , que parce que la donation 
des autres canaux suffisait , et au-delà , aux be- 
soins des nouveaux colons. Mais lorSqu'après 
avoir déposé les armes , le soldat eut accoutnmé 
ses bras aux travaux agricoles ; lorsque la culture 
des terres , protégée par de nombreux privilèges, 
eut pris des accroissemens , il fallut aussi reculer 
les limites de l'arrosage, en étendant le bienfait 
des eaux sur les terroirs vers lesquels Tindns- 
trie semblait se diriger de préférence. Ce fut 
l'an ia68 et le g du mois de mai, que le même 
roi don Jayme î". fit donation de l'Acequia Real 
de Moncade aux tenanciers arrosans de cette 
Acequia , avec des réserves imposées en faveur 
du fisc. 

Ces huit Canaux parcourent toute ta plaine de 
Valence. Ils se croisent , s'unissent, puis se sépa- 
rent pour se réunir encore et se diviser plus loin. 
Ces nouvelles brancbes forment à leur tour tan- 
tôt des canaux d'arrosage , tantôt des canaux de 
dessèchement, selon que le réclament les acci- 
dens ou la nature du sol. Tous les coins d'un 
vaste terroir sont visités et bonifiés par les eaux ; 
par-tout l'industrie a vaincu les obstacles , par- 
tout elle a dirigé avec une parfaite intelligence 
des milliers de rigoles. 



1 



( i83 ) 

Ce inouvemeût continuel qu*on remarque dans 
ec^ JWïUes hiiërtM; cet air de vie communiqué à 
là fJèrre ; cette pui^àncè d'action qui dirig'e tous 
lès tràvau* et protège tous lés besoins, sont bien 
'êStffkéàduotiApèr l'observateur. Placé stir une émî- 
apïiiè ,' où , lûieux encore , sur là tour colossale du 
Miqiièlei , il peut en contempler tout l'ensemble 
et JOUÎT d'un coup d'œrl enchanteur. De là sa 
viifè s'étend à-là-fois depuis la mer jusqu'au vaste 
rideafà dé montagnes qui termine là plaiiïè de 
Talèhcé; elle plonge sur cette belle contrée que 
èîUànnent lés biillahs reflets des eaux , et c'est 
avëè raison àloi^ que l'homme peut s'enorgueil- 
fir éii admirant son ouvrage. 



CHAPITRE V. 

CAKAL ROYAL DE MONCADA. 

L'iCÉQtnÀ Real de Moncadà arrosé la majeure 
partie de la rive gauche du Guadalàviar, depuis 
Patérha jusqu'aux lagunes de Murviedro. C'est 
ùh dèa canaux qui, par son importance et la 
beauté de ses ouvrages, mérite lé plus d'être ob- 
servé ; c'est en suivant son cours que j'ai compris 
combien était admirable ce bèâù système d'ar-* 
rosagè qui a créé depuis des siècles des ressources 



' ( "84 ) 

inépuisables dans des terroirs arides et dévorés 
par les ardeurs du soleil; c'est dans le régime de 
ses eaux , dans la simplicité des moyens, et dans 
la sage économie établie dans tous les travaux, 
que j'ai trouvé d'utiles leçons et les traditions 
d'un peuple qui a laissé à l'Espagne tant de sou- 
venirs. Les mœurs simples de cette portion d'ha- 
bitans que l'amour du travail a fixés sur les bords 
du Canal Royal ; l'expérience des nombreux agens 
de la Communauté; les travaux variés et toujours 
couronnés par lesuccès qui animent Id contrée; 
l'esprit d'association qui a résisté aux orages ré- 
volutionnaires et k tant de guerres désastreuses, 
démontrent mieux que toutes les dissertation&, 
l'utilité de l'arrosage. C'est en l'étudiant que j'ai 
vu s'agrandir insensiblement le cercle de mes 
recherches, et que, tandis que je lie venais re- 
cueillir que des notes, j'ai eu le bonheur de 
rencontrer dans les archives publiques , dans le 
cabinet de quelques savans, et sur-tout dans 
les communications obligeantes des officiers de 
\Jcequia, une collection, je pourrai dire com- 
plète , de documeus. Il me serait facile sans doute, 
en en donnant l'analyse, de les coordonner au 
plan que je me suis imposé en commençant les 
recherches ; mais puisque le Canal de Moncada est 
d'une haute antiquité , que ses lois et ses usages 
méritent notre attention, je crois plus conve-^ 




( «85 ) 

nable de classer les traductions des pièces qui 
spot en mon pouvoir, dans le même ordre chro- 
nologique observé dans les archives du canal et 
dans celles du domaine. Cet ordre nous permettra 
de reconnaître avec quelle lenteur les institutions 
les plus sages s'améliorent; combien les abus se 
glissent avec une dangereuse facilité dans les 
grandes associations , et combien sur-tout Ton 
aurait tort de reculer quelquefois devant des 
obstacle que le temps combat toujours avec 
succès, et qui jamais n'ont intimidé l'heureux 
Yalencien. Cet ordre entraînera peut-être quel- 
4jues répétitions^ mais je craindrais de les faire 
disparaître. Mon but est de montrer l'irrigation 
s'améliorant avec les siècles, et l'usager recueillant 
jkfBC respect toutes les traditions et jusqu'aux 
£ibles dont il cherche à couvrir l'origine de ses 
droits^i En un mot , j'assemble ici des matériaux 
pour qu'une plume plus habile les utilise un 
jour. La France doit tôt ou tard améliorer son 
système agricole par l'adoption de l'arrosage; 
l'puvre la carrière pour que d'autres la parcou- 
reût avec pli^s de succès. 



( >8«) 

SI"- 

Nouvelle rédaction des Réglemens. 

Il s'était inlroduit quelques abus dans l'adim- 
nistration de X Acequia de Moncada pendant les 
guerres de la Succession; ces abus subsistaient 
encore lorsque les usagers , entraînés par de 
puissantes sollicitations, résolurent d'y mettre 
un terme. A peine cette résolution fut-elle prise, 
qu'on mit en ordre les archives et que l'on s'em- 
pressa de recueillir et de traduire tous les titres et 
toutes les vieilles écritures. Ces recherches et ces 
travaux avaientété délibérés par la Junte générale 
du i*^''.octobre lySy.Onyreconnutqueleregistre 
de la communauté, datant de l'an 1671 et 1677, 
était dans un tel état de vétusté, qu'il avait telle- 
ment souffert et que son écriture était si illisible, 
que désonnais ce registre ne pouvait plus être con- 
sulté par le commun des usagers. L'assemblée gé- 
nérale commit donc le notaire syndic de Xjâcequiay 
PhiHppeMateu, et son collègue , Pedro Rodrigo, 
auxquels elle adjoignit plusieurs Syndics , pour 
. s'occuper sans délai de la rédaction du nouveau 
Livre Noir (i). Elle décida que les frais en seraient 



(i) C'est assez l'ui 
de désigner les regist 
I»i[ la couleur de tui 



, dans les contrées méridionales, 
Jescummunes etdesrorporalîoni 



1 



(.8,) 

supportés par la caisse sjndicale, et qu'il serait 
déposé entre les mains tlu greffier -laJjoureur, 
alors désigné ^qus le titre d'Ajcr/èano ouFielde 
Fechos. 

Philippe Mateu remplit avec intelligence et 
célérité l'honorable mandat qu'il avait reçu. Son 
registre fut présenté à l'Assemblée générale, qui 
l'approuva et prestrivit de Le prendre désormais 
pour guide dans toutes les contestations qui s'é- 
lèveraient touchant le réginae de XAcequia et les 
intérêts des usagers. 

Ainsi donc , les renseigneraens qui suivent ne 
sont que la traduction plus ou moins littérale des 
principaux documenscontenusdansleLivre Noir, 
et l'on se doute bien qu'en tète de ce précieux 
recueil , le zélé Mateu n'a pas manqué d'insérer 
toutes les traditions fabuleuses qui tendraient à 
rapporter l'origine de l'Acequia aux règnes non 
moins fabuleux d'Espero et d'Atlas , huit cent 
cinquante ans après le déluge. Une date bien plus 
importante et sur-tout plus certaine, est celle 
qui rappelle l'abolition des Fueros valenciens, et 
l'ordre donné par Philippe V, le \t\ août 1707, 
pour que désormais le royaume de Valence 
obéisse aux Fueros de Ca&tille, Cet ordre , qui 
émanait d'un vainqueur irrité, fit trembler lesusa- 
gers de Moncada; mais l'agriculture obtint grâce 
auprès du Souverain , et depuis cette époque ca- 




( -88) 

kmîteuse il n'a été apporté aucun changement 
au régime de YAcequia , ni par les agens du gou- 
vernement, ni par les Cours Supérieures de jus- 
tice, Mateu observe au contraire que la Royale 
Audience recommanda, par un grand nombre 
d'arrêts , le maintien des droits et des privilèges 
de la Communauté. Il cite à l'appui quelques- 
uns de ces arrêts , et il rappelle enfin que le roi 
Ferdinand VI, informé de l'heiu'euse influence 
des lois usagères sur la prospérité des terroirs 
dépendans de l'association de Moncada, ordonna 
à son ministre , le marquis de la Ensériada , d'en 
recueillir une copie complète et authentique. Ces 
recherches furent l'ouvrage du même Mateu, et 
il les inséra plus tard dans le Livre Noir. 



. II. 



Ancienneté du Canal Boyal, et sa concession. 



On trouve au commencement du Livre Noir, 
écrit l'an 1671, parA'incentValls, premier com- 
pilateur des choses mémorables qui concernent le 
Canal Roval , qu'au rapport des historiens l'Azud 
de Moncada est encore aujourd'hui établie dans 
le même lieu où elle fut primitivement cons- 
truite. Il décrit ensuite la position de la petite 
ville de Paterna , dominant le fleuve Guadalaviar 




( ï89 ) 
OU Twia, et voisine de Féminence sur laquelle 
était autrefois la vieille Valence, appelée pour lors 
Falancia, à cause de Palatulo son fondateur (i), 
Yalls ajoute ensuite que , dans les temps posté* 
rieurs et huit cent cinquante ans.après le déluge, 
les rois Romains Espero et Atlas ouvrirent le ca- 
nal royal de Moncade pour l'arrosage des terres 
qui avaient été défrichées et cultivées depuis 
Palancia(Pa^e/7ïa) jusqu'au bourg de Puzol près 
de la mer. Après la destruction de l'ancienne Va- 
lence, dont les habitans furent dispersés, et lors- 
que la ville actuelle , appelée Valencia d'el Cid , 
eut été fondée au lieu où nous la voyons main- 
tenant^ tandis que le bourg de Paterna s'élevait 
sur lès ruines de l'ancienne cité; enfin pendant 
1^ aimées 970 et 1 001 , depuis le déluge imiver- 
sel, ledit canal royal, ainsi que plusieurs autres 
servant pareillement à l'arrosage des terres ou à 
l'entretien de la propreté dans l'intérieur de Va- 
lence, furent renouvelésou rétabUs, et l'usage en 
fut ^laissé aux arrosans respectifs, sous les condi- 
tions portées dans les réglemens particuliers. Cet 



(1) J^observerai ici que Yalls et son successeur Mateii 
fixent le règne de Falàtulo à Pan çSo de la création. 11 faiit 
convenir que les historiens espagnols sont bien habiles 
lorsqu'ils pénètrent si avant dans le secret de la chrono- 
logie des temps fabuleux. 

Tome I. i3 



( '9" } 
orili<e Biibsiiitit jusqu'au tiioiiient de la conquête 
du royatime par l'invincible don Jayme I*"", , roi 
d'Aragon , qui parvint à en chasser les Maures et 
les Sarrasins, long-temps possesseurs de ces beaux 
climats. Immédiatement après la conquête, ce 
grand prince concéda et fit don aux Juratsetaus 
habitans de Valence, par privilège donné en cette 
ville en date du 2 janvier i aSg (cette concession 
est la huitième inscrite dans le corps des privi- 
lèges accordés au royaume) , de toutes les eaux et 
de tous les canaux grands et petits ; mais , coninie 
noua l'avons déjà vu , il se réserva expressément 
le canal appelé Canal Royal , c'est-à-dire celui qui 
s'étendait jusqu'à Puzol, et le même que l'on 
nomme aujourd'hui de Moncade. Plus tard, le 
même roi en fit don aux possesseurs des lieux, des 
biens-fonds et des terres qui s'arrosent des eaux 
de ce canal, en considération des services et des 
secours qu'il en avait reçus avant et après la 
conquête. Conste par un autre privilège de ce 
prince inséré dans lexecued déjà mentionné sous 
le n", 68 , et daté rie Valence le 4 avril 1268. 
Cette concession fut faite auxdits habitans pos- 
sesseurs des bourgs ou villages, des métairies, 
des terres, ou de toute autre nature de proprié- 
tés qui s'arroseraient des eaux du canal royal, à 
perpétuité, libre et franche, sans servitudes ni 
redevances d'aucune d'espèce envers le roi ou 



A 



( '9' ) 
toulea autres personnes ; et elle comprenait en 
outre toutes les branches du canal , les aqueducs, 
lesgrandesetlespetitesdérivationsfaitesouà faire, 
avec toutes leurs eaux, pour arroser, moudre on 
être appliquées à tel autre usage qu' il plairait aux 
concessionnaires de leur assigner. 11 leur accorda 
aussi, le droit et le pouvoir de nommer un juge- 
arbitre des eaux (appelé cequiero), qui serait in- 
vesti de la même autorité que les autres cequie- 
ros du royaume. Devenus, par cette concession , 
propriétaires dudit canal royal et de ses eaux , les 
maîtres et possesseurs des villages , des biens- 
fonds , des terres , des moulins adjacens au canal 
ou à ses dérivations et qui s'arrosent de ses eaux, 
purent librement régler les formes d'adminis* 
tration , le régime, l'emploi et la distribution des 
eaux, et réunis en Juntas ou assemblées générales 
de tenanciers arrosans, établir tels statuts et tels 
réglemens que les circonstances et les besoins de 
la communauté ont requis jusqu'à ce jour. Ces 
statuts sont en substance de la teneur suivante : 



§ m. 

Forme d'administration et régime suivi par les 
officiers du canal royal, et leur Juridiction. 

Aiin de remédier sans doute aux graves incon- 
Tén iens qui résulteraient de l'impossibilité d'aa- 
i3.. 




(■ '9' ) 
srmbler , clans toutes les occasions où la réunion 
deviendrait nécessaire, tous les |)ropriétaires-le- 
oanclers , à cause de leur grand nombre , l'admi- 
nistration du canal , tant sous le rapport écono- 
mique, que sous celui (le la surveillance et de la 
police , est confiée de temps immémorial à douze 
administrateurs désignés sous le nom de syndics 
du canal royal de Moncade. Ces fonctions sont 
exercées par les douze premiers Regîdors des 
bourgs et des villages formant la primitive asso- 
ciation. Ces lieux sont Paterna, Burjasot, Mon- 
cade , Alfara del Patriarca, Meliana, Foyos, Al- 
!balat delsSorells, Museros, Yinalesa, Masama- 
grell, el Puig et ta petite ville de Puzol^ situés, 
ainsi que leurs terroirs respectifs, sur les deux 
rives du Canal Royal. Les Ayuntamientos de cha- 
cune desdites villes et bourgs, au nom de tous 
les babitans ou tenanciers ( Regidors ou usagers 
des eaux du canal), délèguent aux Syndics-Ju- 
rats leurs pouvoirs généraux pour régir et ad- 
ministrer i'Acequia, prononcer sur le partage de 
l'eau et généralement sur tous les litiges qui sur- 
viennent et qui font partie de leurs attributions. 
Tous les pouvoirs, tous les droits des proprié- 
taires arrosans et autres tenanciers temporaires, 
comme fermiers des terres ou des moulins ad- 
jacens au Canal Royal , résident dans ces douze 
syndics. En vertu de cette transmission, ceux-ci 



eux-ct 



( '})i ) 

accordeut l'arrosage aux terrains qui en sont sus- 
ceptibles, lorsque de cette concession il ne peut 
résulter aucun dommage à un plus ancien tenan- 
cier; ils nomment aussi les agens ou officiers né- 
cessaires à la police du canal , afin de le garantir 
46S dégradations, des fraudes et des vols qui au- 
raient lieu.lUeurcstencore imposé d'autres obliga- 
tions ci -après détaillées. Ces douze syndics élisent 
le juge des eaiix, appelé Cequiero Beat, lequel, pour 
êjtre nommé, doit jouir d'une réputation de pro- 
fité bien établie; il doit aussi être tenancier du 
Canal Royal, n'avoir aucun emploi, ne posséder 
auc-aoe terre dans un terro ir étranger à celui du 
Canal Royal de Moncade, ou bien qui s'arroserait 
au moyen des eaux d'un autre canal , afin que les 
eaux de Moncade ne soient point exposées à être 
détoiu-nées et conduites dans les Acequias voi- 
sines. Le juge des eaux et les douze syndics ont 
la connaissance exclusive, i". de tous les diffé- 
rens et de tout litige relatif au partage de l'eau ; 
30, de la desti'uction ou dégradation des francs- 
bordsdu canal ; 3°. des préjudicesqueces dernières 
entraînent , des amendes prononcées contre les 
tenanciers qui prendraient un plus grand volume 
d'^au que celui qui leur revient, ou contre ceux 
qui, sans étie tenanciers ni avoir droit à l'eau, 
tenteraient de la dérober; fy>. du recouvrement 
de ces mêmes amendes; 5". de la répartition des 




I 
I 



( -94) 

eaus , de la réduction de l'arrosage à des heun 
limitées , à l'époquedes grandes sécheresses, et da 
amendes prononcées contre toute contravention ; 
6". enfin, de l'imposition des taxes au moyen des- 
quelles chaque tenancier concourt à la conserva- 
tion et à l'entretien de l'Acequia, ainsi que des ou- 
vrages d'art et desrigoles qui en dépendent. Cette 
taxe est appelée taxe d'entretien et de Cequiage; 
le montant en estversé dans la caisse d'un Déposi- 
taire nommé par les douze syndics , lesquels re- 
çoivent, à la fin de l'année, le compte de sa gestion 
et le vérifient. Toutes les causes qui ressortent de 
cette juridiction syndicale sont expédiées verbale- 
ment sans délais ni ajournemens et sur le simple 
exposé des parties, comme étant d'une nature spé- 
ciale et privilégiée. Elles sont jugées en première 
instance par le juge Cequiero Beal, des sentences 
duquel on peutappeler; en second lieu, par le tri" 
bunal des douze syndics et non par aucune autre 
cour, sous peine de 251ivres(87fr. 5oc.) d'amende. 
Les décisions des syndics sont exécutoires , sauf le 
recours à la Royale Audience, devant laquelle on 
peut encore former appel. Toutes ces formes ju- 
diciaires résultent des privilèges spéciaux des rois 
d'Aragon, Jacques H et Pierre II, remontant aux 
années i3a6 et i349 •, lesquels sont insérés dans 
' le recueil des privilèges desdits monarques , sous 
1«6 n"*, 56 et 2 1 , et furent confirmés plus tard 



^ 



Î9«) 

par plusieurs décisions et jugemens de la Boyale 
Audience, nommément par celle du 19 septem- 
bre lyio. 

Après avoir nommé le Cequiero Real, les douze 
syndics procèdent encore à la nomination de di- 
vers officiers ou agens du canal, tels que les Ae- 
hedors. Ceux-ci sont chargés de reconnaître et 
d'évaluer les dommages; de surveiller les négli- 
gences et les abus qui auraient lieu lors du cu- 
rage du Canal Royal et de ses ]>ranches, comme 
aussi d'inspecter toutes les opérations où leur ex- 
périence devient utile ou nécessaire. CesVehedors 
sont pris parmi les habitans domiciliés dans les 
lieux dépendans de la communauté, à l'exception 
cependant de ceux qui ont déjàfourni un syndic. 
Tous les bourgs et villages sont successivement ap- 
pelés à fournir des Vehedors , mais en suivant l'or- 
dre et le rang qu'ils occupent entre eux de temps 
immémorial. Les syndics nomment aussi un Gref- 
fier-laboureur ( /ïe/ ^e yècAo.ï ), qui est néces- 
sairement un des tenanciers - usagers de ladite 
communauté. On exige de lui une expérience con- 
sommée dans l'administration du canal ; il assiste 
îe juge-cequiero ; il procède conjointement avec 
lui à l'administration des affaires; il prend part 
aux décisions verbales qui les terminent, et il 
expédie les sentences et les ordres concernant 
soit l'administration et le partage de l'eau, soit 




le recouvrement des amendes prononcées contre 
les infipacteurs des r^lemens. Ces ordres ou ces 
sentences sont signés par le Cequiero Real et par 
le greffier-laboureur, et revêtus du sceau armorié 
du Canal Royal. Il y a aussi un Huissier attaché au 
Canal Royal et nommé pareillement par les syn- 
I . dics , lequel est chargé de porter les ordres du 
Cequiero et d'en assurer l'exécution; il est encore 
obligé de fournir une caution pour garantie des 
sommes qui lui sont confiées et de celles qu'il 
perçoit en paiement des amendes ou des dom- 
mages. Les justices ordinaires ( i ) , tant des lieux 
faisant partie de la communauté que de tous 
autres lieux , sont tenues de lui prêter main- 
forte et de le protéger dans l'exercice de ses fonc- 
tions ; elles doivent sans délai faciliter l'exécu- 
tion des ordres dont il est porteur, afin que, 
sans le moindre retard , il puisse réclamer et re- 
couvrer les portions encore dues par les tenan- 
ciers retardataires, soit pour leurs taxes d'entre- 
tien et de cequiage , soit pour le montant des 
amendes auxquelles ils ont été condamnés. Toutes 
, ces dispositions ont été presciites par arrêt de la 
Royale Audience du i3 janvier i66g, qui con- 
damne à cent livres d'amende les justices qui au- 



(i) Ce sont des Alcadaa et autres oli(i( 
es membres dos corps munïcîpatix . 






raient refusé de concourirà l'exéculion des ordres 
transmis par l'huissier du Canal Royal. Le Cequiero 
nomme encore, avec Tapprobation des syndics, 
deux aides ou Ueittenans appelés Canacequies, 
dont les fonctions consistent à assister le Cequiero 
lors des visites et des reconnaissances que celui-ci 
esttenudefaire sur toute rétendue du Canal pour 
la surveillance des eaux, et pour empêcher toute 
entrepriseillégale. Acet effet, lesdits aides ou Ca- ' 
nacequies doivent exercer une surveillance per- 
manente, se transporter continuellement de jour 
et de nuit sur tous les points du Canal, en suivre 
le cours , sur-tout aux époques de grande séche- 
resse , afin de prévenir les fraudes et d'assurer 
le libre cours des eaux. Les douze syndics élisent 
aussi trois gardes parmi les cultivateurs et les 
usagers du Canal de Moncade , auxquels on con- 
fie la surveillance dudit Canal sur des points dé- 
terminés. Ces gardes sont tenus de rendre compte 
au Cequiero, qui à son tour en instruit les syn- 
dics , des dégradations et des fractures pratiquées 
ou survenues aux francs-bords du Canal, des vols, 
des usurpations et autres fraudes qui ont lieu , 
afin d'y porter un prorapt remède. Les syndics 
font aussi chois d'un ou de plusieurs avocats pour 
défendre les droits et diriger les affaires conten- 
tieuses de la communauté; d'un notaire royal, 
chargé en même teinps des poursuites judiciaires, 




t ■gST 

d'assister et de concourir aux Juntes des syndics 
et aux redditions des comptes des dépositaires 
des fonds du Syndicat; de légaliser les actes et les 
délibérations desdites assemblées, etc. Les Syn- 
dics ont le droit de seraoncer, punir et changer 
non-seulement les officiers ou les agens qui sont 
à leur nomination, mais encore le Cequiero Real; 
ils peuvent informer contre les malversations ou 
les délits dont celui-ci se rendrait coupable , lui 
infliger telles peines pécimiaires déterminées par 
les statuts et en ordonner le recouvrement; soit 
qu'il ait provoqué ces mesures de sévérité en tai- 
sant les abus qui se seraint introduits dans le ré- 
gime de l'eau et en négligeant d'y apporter le re- 
mède convenable ; soit parce qu'il aurait accordé 
l'usage de cette même eau à d'autres que ceux qui 
y ont droit, soit enfin pour avoir commis toute 
autre malversation, Àim que le Tribunal des Syn- 
dics soit toujo'irs maintenu au complet , ceux-ci 
sont autorisés, en cas d'absence ou de maladie 
de quelqu'un ou de plusieurs d'entre eux , à les 
remplacer provisoirement par un substitut ayant 
la même délégation que le Syndic principal , et 
comme lui choisi parmi les habitans du même 
lieu et sur la liste des propriétaires-tenanciers du 
Canal Royal. Les substituts doiventréunirlesqua* 
lités et les mêmes conditions requises pour être 
(Kirtc an Syndicat; ils doivent, lors de la tenue 




(^99 ) 
des Juntes , exhiber Tacte de leur délégation, pour 
y être admis en cette qualité. Cette clause est de 
rigueur et doit toujours précéder l'admission. 
Toutes les charges et emplois dépendans du Ca- 
nal Royal jouissent habituellement d'un salaire 
fixe payé sur les fonds communs et réglé sur les 
obligations respectives de chacjue employé. Les 
douze syndics et les vehedors reçoivent lo sous 
( 1 fr. 5f5 c.) par jour employé à la visite du Ca- 
nal Royal, ou à l'expédition d'affaires qui le con- 
cernent; lecequiero real reçoit i6o livres (56oép.) 
par an ; chacun des trois gardes , 4^ livres lo sous 
^ 169 fr. yS c); le greffier-laboureur, ao livres 
(70 fr.); l'huissier, 18 livres (63 fr.); le syndic 
notaire royal , procureur de la communauté , 
60 livres (aïo fr.), avec 4 livres (i4 fr.) en sus 
pour vacations, toutes les fois que les intérêts 
du GanalRoyal, ou toute autre cause, exigent qu'il 
s'absente du lieu de son domicile , et de plus en- 
core 10 livres (35 fr. ) lors de la vérification des 
comptes du dépositaire. Ainsi donc, les dou^e syn« 
dics constituent une administration centrale, de 
laquelle dépendent les Juntes particulières d'ar- 
rosage établies dans chacun des bourgs ou vil-* 
lages composant la communauté , ainsi qu'il va 
être expliqué. 



§IV. 

Description du Canal Boyal de Moncade , en 
suivant son cours , depuis le lieu de son ori- 
gine jusqu'à son eniboucJiure; à laquelle est 
joint un aperçu des terroirs qu'il parcourt, des 
ouvrages servant à l'introduction et à la dîslri- 
lution des eaux , et le relevé des lieux qui com- 
posent la communauté de ses tenanciers, avec 
l'indication des taxes assignées à chacun d'eux 
en particulier. 

Le Canal Royal commence , ainsi qu'il a été dit 
plus haut , à l'extrémité du terroir du bourg de 
Patema,non loin d'un boiscontiguaufleuveTuria 
ou Guadnlaviar. Les eaux de celui-ci sont barrées 
par une Âzud et dirigées vers le canal au moyen 
d'une .vaste et solide construction. On trouve à 
peu de distance du fleuve un petit bâtiment d'en- 
viron 3opanis,ou S'"75 de longueur, sur i5 d'é- 
lévation et 1 5 de largeur, destiné à couvrir et à 
garder les tours à vis , au moyen desquels on fait 
manœuvrer les vannes, qtii servent à mesurer le 
volume des eaux introduit dans la Real Acequia. 
L'ouverture du canal en avant de la Casilla est de 
I j palmos Y (^"'TgSy) (i). Toute cette partie qui 



(il Ilya 
registre. J'a 



n évidente dtin; le texte iu 
3t -l'azud de Moncade t le 




(.0, ) 

précéile les vannes, et celle qui les suit sont cons- 
truites en pierre de taille. La Real Acequia suit 
dès-lors son cours , en traversant ou dominant les 
terroirs des lieux composant la communauté, 
ainsi que d'autres terrains particuliers qu'elle ar- 
rose successivement jusques et y compris le bas- 
sin de Puzol, situé dans le voisinage de la mer. 
Cette vaste dérivation doit avoir sur toute sa lon- 
gueur un lit fixe de g palmos (i), et en outre 
C( au très palmos de francs-bords sur chaque rive. 
Le Cequio Real est spécialement chargé de veiller 
à la conservation et à l'entretien des francs-bords, 
et il s'oppose à toute entreprise qui tendrait à les 
dégrader, ou à empiéter sur les dimensions pré- 
citées , à partir du point où l'on a établi la pre- 
mière aimenara (déversoir), jusqu'aux terres ar- 
rosables de Patema ; on a construit à diverses dis- 
tances et sur le lit même du Canal Royal sept 
autres déversoirs, distingués par des noms diffé- 
rens , afin de prévenir des méprises , et poiir rendre 
la surveillance plus facile. Ces Almenaras présen- 
tent une issue suffisante à l'excédant des eaux qui 
s'introduisent dans le Canal Royal àl'époquedes 



5 ma 



lies 



que je trouve consignées 
ilans mea notes : largeur du canul sous la Casilla: 5™,70; 
]iaateur de l'eau , \'^,^5. 

(Voyez la note ci- dessus. 




* 



( ■XQ1 ) 

inoïKlalions, et elle^ servent en outre à secoprir 
les autres canaux en temps de disette , et selon les 
conventions particulières qui lient les usagers de 
ces canaux. Elles servent encore à l'écoulement 
des eaux lors du cuiage, ou bien lorsqu'on exé- 
cute un travail quelconque dans le lit de l'Ace- 
quia, ou sur ses francs-bords. Les eaux sont par- 
tagées et dérivées vers les divers terroirs , les mou- 
lins et les propriétés qui ont droit à l'arrosage au 
moyen de Boqueras (i), d'œils {Holis, Filas) on 
d'aquedus souterrains {^Canos) (a); mais les di- 
mensions de ces derniers dépendent du nombre 
de Jovadas , de Cabiz adas ou de Fanegadas de terre 
que contient chaque 'terroir contigu au Canal 
Royal. Ces Boqueras , ou fortes saignées , et ces di- 
verses natures de prises d'eau , alimentent les dé- 
rivations et les canaux secondaires qui amènent 
et conduisent les eaux vers les lieux qui en ont 
l'usage, filles sont pratiquées^ les unes au niveau 

(i) C'est une prise d'eau de forme Garfée^ que l'on 
ferme au moyen d'une vanne , et que l'on établît en ma- 
çonnerie sttr le franc-bord d'un canal. 

(2) On désigne russi sous ce nom les petits ponls-aqud- 
ducs, et en général toui les conduits destinés à faire fran- 
chir l'eau à. traversun obstacle qui s'opposerait à son cours 
naturel. Les divisions en maçonnerie établies nu traven 
d'un canal ou d'une branche , et se fermant au moyen da 




llentencoreci 



A 



( ■'O'i ) 

du sol du cnnal; les autres à une plus grande êlé- 
I vation , et d'autres aussi à fleur d'eau , selon la 
>- situation des terres arrosables et le volume d'eau 
auquel les tenanciers ont droit. Chacune de ces 
ouvertures ou prises d'eau est construite en pierre 
de taille; elle a un seuil fixe et permanent, afin 
qu'elle ne puisse pas dévier un volume d'eau supé- 
rieur à celui qui lui est assigné, Laforme et la di- 
mension varient selon les lieux et les besoins ; il y 
en a qui ont la forme d'un carré parfait, d'autres 
celle d'un carré long , d'autres aussi sont rondes. 
Elles ont depuis un pouce jusqu'à im demi- 
palmo^i), un palmo, a palmos et plus, selon la 
distance et le nombre de Jovadas de terre qu'elles 
doivent arroser. Afin d'obvier à toute méprise 
quant a l'arrosage assigné à chacune desdites Bo- 
queras, ou prises, chacune d'elles porte un nom 
particulier. On en compte aa^ dans tout le terri- 
toire parcouru par le Canal Royal, non compris 
ks petites saignées , trop nombreuses pour être 
comptées. De plus, comme plusieurs terroirs fai- 
sant partie de la communauté occupent une posi- 
tion plus élevée , et sont plus éloignés que d'autres 
du Canal Koyal, et parce qu'il existe entre les ter- 
rains bas et les terrains élevés , un torrent profon- 
I dément creusé, appelé Rio-Seco, lequel n'est 

) Le palmo valencien est de 8 po. 4 l'g- Co'",235). 



( -M ) 

qu'une branche du ravin de Vinalesa, afin de mé- 
nager l'arrosage des terroirs ainsi séparés par le 
Rio-Seco , sans que les crues d'eau auxquelles il est 
syjet puissent y apporter aucun obstacle , on a 
construit sur toute la largeur de ce dernier ravin 
un aqueduc en pierre de taille, au moyen duquel 
les eaux du Canal Royal parviennent sans diffi- 
culté, des terrains bas à ceux dont le niveau est 
beaucoup plus élevé, jusqu'à ce qu'elles seper- 
dent dans les sables de la mer. 

Les bourgs et villages qui ont un droit spécial 
à l'arrosage des eaux du Canal Royal , sont au nom- 
brede trente-quatre, non compris les anciens vil- 
lages [despabladosy , qui, quoique déserts au- 
jourd'hui , n'en ont pas moins conservé leur droit 
d'usage. On compte aussi dix moulins en activité 
presque toute l'année. On estime que ces divers 
terroirs contiennent environ r,o64 jovadas. La 
jovada contient 6 cahizadas , ou journaux , et clia- 
cun de ces derniers 6 fanegadas. En outre 6 ca- 
hizadas et trois fanègues de terre ont part k l'ar- 
rosage; ce qui forme un total de 6,386 cahiza~ 
das ~y ou journaux (r,55i hect. gi ares, gStoè- 
tr&s carrés), La taxe d'arrosage est de i5 sous 
( 1 fr. 63 c. ) -Ç9.T jovada. Il existe en outre une se- 
conde taxe également de i5 sous, destinée à sol- 
der tous les frais d'eutreticn, de réparations, ou 
de constructions nouvelles qui ont lieu à l'Azud 




( ^"5 ) 
(digue) et aux bâtimens dépendans du Canal 
Eoyal : ainsi donc la contribution s'élève à 
1 5 réaux ( i ) par jovada , ou à 5 sous (87 c.) par 
cahizada, monnaie de "Valence. Elle est supportée 
par les propriétaires des terres arrosables, dépen- 
dantes de ladite communauté. 1^ produit sert au 
paiement du salaire des employés ; de plus , à sol- 
der, 1°. les dépenses considérables et souventtrès- 
onéreuses qu'exigent l'entretien continuel ou les 
dégradations survenues, soit aux francs-bords, 
soit aux diverses constructions dudit canal ; a", les 
frais de curage et d'entretien des ponts. Le recou- 
vrement de ces taxes est confié à un Collecteur, 
nommé par les douze Syndics, lequel donne une 
caution suffisante, et est tenu chaque année, et le 
jour de S.-Mathieu, de rendre compte de sa re- 
cette et de l'emploi des fonds pendant l'année 
écoulée. 

Dans chacun des bourgs et villages dépendans 
de la communauté qui ont un ou plusieurs ca- 
naux secondaires , ily a un sous-cequiero nommé 
par les tenanciers du même Heu. Ces sous-ce- 
quieros sont chargés desdits canaux et des ri- 
goles qui en dépendent; ils exercent dans leurs 



(1) Le réal provincial ou valencieii , d'après M, de la 
Borde, t. IV da son Itinéraire, -ç. 546) \aut environ asous 
provinciaux, ou 35 centimes. 

Tome I. i4 



( 2UG ) 

terroirs respectifs , relativement à la dislributlou, 
à la réduction et à la police des eaux, une juri- 
diction pareille à celle que le Ceqiiicro Real exerce 
sur le Canal Royal. Ils rvident leurs comptes à 
ce dernier de même qu'aux douze Syndics, et ils 
ont recours à eux toutes les fois qu'il se présente 
quelque cas difficile , sur lequel ils ne sont pas 
plus autorisés à prononcer que les justices on 
les assesseurs desdits lieux. Ils sont aussi char- 
gés de la recette des taxes ou droit de ccquiage 
imposés à chacun des usagers du Canal Royal , à 
raison de l'étendue des terres qu'il arrose, et d'en 
opérer ensuite le versement entre les mains du 
dépositaire des fonds dudit canal. Il est décerné 
des contraintes contre les justices ou leur ayans 
cause, si elles tolèrent le retard, et le recouvre- 
ment del'arriéréestopérédans ce cas àleurs frais. 
Afin que tous les intéressés connaissent po- 
sitivement les obligations qui leur sont impo- 
sées et les peines auxquelles s'exposent ceux 
qui contreviennent aux mesurses d'ordre et de 
police prescrites pour le Canal Royal et ses di- 
verses branches, plusieurs statuts et réglemens 
ont été arrêtés à diverses époques et à ftir et me- 
sure des besoins ; mais comme une partie de ces 
dispositions ont cessé de recevoir leur exécution 
du moment où les causes qui y avaient donné lieu 
n'existent plus,ilconvientderecueitlirséparément 



Lirseparement | 



( «>7 1 
les régleineiis qui ont été conservés et qui servent 
aujourd'Imi de règle générale pour iadinUiistra- 
tion de l'Acequia. 



nÉGLEMENS 

Pour l'administration dit Canal Royal de Mon- 
iade, et pour le partage et f emploi des eaux. 

D'après les anciennes lois municipales tlu 
royaume de Valence, les privilèges spéciaux con- 
cédés par divers souverains, et en vertu des sta- 
tuts et régleniens du Canal Royal, l'administrateur 
responsable avant tout est le Cequiero Real dudit 
canal, lequel doit, avant d'entrer en exercice, dé- 
signer les trois gardes et ses deux lieutenans ou 
Canacequies, en faire approuver la nominatioa 
par les douze Syndics, seuls aptes à les admettre, 
et consécutivement la faire enregistrer au registre 
du grefiîw-laboureur, conservateur ou déposi- 
taire des actes de la communauté [fiel de/échos). 
Dans ce même procès-verbal , il y sera fait men- 
tion de la division du territoire en trois parties et 
du nom du garde auquel la surveillance de cha- 
cune de ces trois parties sera confiée. 

Le Cequierorvealestchargéde parcourir le ca- 
naldans toute sa longueur <'t de veiller àce que le 

i4.. 




L 



( 208 ) 

sul duilit , ses francs • bords ot ses dérivations 
soient curés et déblayés, afin que rien ne porte ob- 
stacle au libre cours de l'eau. Il doit, une fois l'an, 
faire essarter et mettre en bon état leCanal Royal 
d'un boutàl'autre, de même que les rigoles et au- 
tres dérivations , avec les mêmes soins que pour les 
francs-bords. Il doit dévier l'eau et la retenir hors 
du canal tout le temps du curage et jusqu'à ce 
que les douze Syndics et les Vebedors en aient ef- 
fectué la visite et déclaré ledit curage dûment 
exécuté. Si au contraire lesdits Syndics etVehe- 
dors désapprouvent les travaux , le Cequiero ïtesâ 1 
est tenu de les effectuer à ses frais et de payereA<l 
outre les dommages qui seront légalement pro^- I 
nonces. La totalité des frais de curage est soldée J 
en partie sur les fonds du Canal Royal etle restant < 
par les tenanciers. Ces derniers sont tenus, dam I 
certaines parties du terroir, de curer et dégager 
complètement soit le canal , soit ses francs-bords : 
en cas de refus ou de négligence , le Cequiero Heftl 
est chargé d'en confier l'exécution à des ouvrio^ 
qui sont à la cbarge des retardataires. 

ïl est expresséraentrecommandéaudit Cequiero 
Beal de veiller à ce qu'on ne détourne point les 
eauxhors des canaux secondairesdes rigoles et des 
aqueducs destinés à l'arrosage des diverses parties 
des terroirs. S'il est contrevenu à ce règlement, 
soit par le cequiero, soit par les gardes, en vea- 




C"9) 
dant l'eau ou en consentant qu'elle soit dirigéu 
vers des canaux ou des terres qui n'y ont aucun 
droit , ce délit sera puni , quant au Ceqniero , par 
une amende de i oo livres {35o fr.) et par celle do 
lO livres (35 fr.) pour chacun des gardes. Cette 
amende sera appliquée toutes les fois que lesdits 
agens seront convaincus d'une infraction. La 
moitié du produit de ces amendes sera versée dans 
la caisse syndicale pour subvenir à l'entretien et 
Mux dépenses dudit canal. Lorsque le Cequiero 
ige de rendre justice aux tenanciers auxquels 
loustrait une ]}ortion de l'eau à laquelle ils 
R'droit, il est tenu de les indemniser par une 
■ne égale à celle qu'ils étaient menacés de 
perdre. Le Cequiero doit prescrire aux tenanciers 
de réparer les brèches, les éhoulemens et autres 
dégradations qui sont signalés par le gartle, soit 
Ldans les canaux secondaires , soit sur les ponts- 
iieducs ; savoir , en hiver dans le délai de quinze 
JDurs, et en été dans celui de huit , le tout sous 
s mêmes peines énoncées dans l'article précé- 
illent. Il est pareillement obligé , sous peine d'être 
nndamné aux dommages, de veiller à ce que le 
r Canal Royal contienne le volume d'eair nécessaire 
et concédé aux dérivations principales, aux ri- 
goles , aux œils et aux divers aqueducs. Tout te- 
nancier a le droit d'actionner le Cequiero pour le 
contraindre à l'exécution stricte du règlement et 




pour signaler ses infractions. I^es plaintes sont 
portées devant les douze Syndics, qui sont auto- 
risés à prononcer sur les délits etles peines encou- 
rues, et veillent en outre à ce que les amendes pro- 
noncées contre ledit Cequiero soient acquittées, 
de même que les dommages qu'il a occasionnés, 
sans préjudice d'un nouveau jugement s'il y a 
lieu, et nonobstant tout privilège. Le cequiero 
est aussi tenu, sous les mêmes peines, de donner 
avis au greffier-laboureur, qui les inscrit immé- 
diatement au registre de la communauté , de tou- 
tes les peines et des amendes prononcées, sans 
qu'il puisse les commuer. Cette faculté demeure 
exclusivement réservée au tribunal des douze 
Syndics unanimement d'accord. A l'époque des di- 

isettes ou de grandes sécheresses, le Cequiero est 
obligé de modifier la distribution de l'eau et de 
réduire l'arrosage. Il procède à un nouveau par- 
tage entre tous les tenanciers, lesquels ne peu- 
vent cependant recevoir les eaux que par les 
almenaras (déversoirs) etXes boqueras ou prises 
d'eau affectées à cet «sage; il assigne à chacun 
des arrosans les heures et les jours auxquels ils 
peuvent disposer de l'eau, tandis que les autres 
boqueras , rigoles et œlls du Canal Royal sont fer- 
més, afin que les eaux, étant réunies elles n'aient 
d'autres issues que par les seules almenaras dé- 
signées sous le nom de Tanderas ou dise tte. 



lîmenaras dé- 
dise tte. ^^^1 



{■ 



) 



:irusage, lorsque la ville de Valence ou b 
banlieue souffrent de la sécheresse et que le fleuve 
manque d'eau, que les autres Âcequias qui s'ali- 
mentent de ce dernier déversent dans le lit du 
fleuve une partie de leur contingent, afin de se- 
courir, ainsi qu'elles y sont tenues, la Cité et son 
terroir. Si cette quantité n'est point suffisante, 
alors le Cequiero Real de Moncada est obligé de 
laisser retomber dansle fleuve une partie des eaux 
appartenant à son canal pour venir au secours de 
la ville et de ses moulins; mais ledit Cequiero Real 
de Moncada est seul juge de cette concession , et 
dans aucun cas il n'est permis à la cité de Va- 
lence de s'ingérer dans l'économie et dans la dis- 
tribution des eaux dudit Canal Royal. Si cepen- 
dant de cette concession temporaire il en résul- 
tait quelque préjudice au Cequiero Real , dans ce 
cas le Bayle Général, en sa qualité de subrogé 
dudit Cequiero, avait autrefois le droit d'inter- 
venir dans la décision ; ce qui conste par plusieurs 
privilèges ou chartes des rois de Valence et par 
les arrêts de la Reale Audiencîa de cette province. 
Tl est encore statué envers les tenanciers arro- 
sans, que quiconque introduira les eaux du ca- 
nal et de ses branches dans d'autres dérivations 
pour l'arifïsage des terres qui ne feiont point 
partie de la Communauté de Moncade, sera pmii 
tfane amende t\v 25 livres a la diligence du Ce- 




( "') 

quiero Real et des autres officiers de l'Aceqnia. 
Cette disposition est applicable à celui qui , n'ayant 
aucun droit d'usage et parce que les eaux traver- 
seraient son fonds tenterait del'arroser , lorsmênie 
qu'il serait prouvé par lui qu'il n'est pas cou- 
pable d'avoir détourné l'eau; le montant de l'a- 
mende sera applicable par tiers au Cequiero Real, 
au dénonciateur et k la caissse syndicale ; que 
tout tenancier qui dégradera un Partidor, un 
Brazal ou une Fila dépendante du canal sera puni 
de 3 livres d'amende partageable par tiers , comme 
la précédente, entre la caisse syndicale, le Cequiero 
Real et le dénonciateur ; que tout tenancier sera 
tenu , sous la même peine, de restituer l'eau au 
Canal Royal de suite après avoir terminé l'arro- 
sage ; que quinconque fera des barrages dans le 
Canal Royal sera condamné à aS livres d'amende 
(87 fr. 60 c), laquelle somme sera distribuée de 
même que dans les cas précédens ; que quicon- 
que dégradera une prise d'eau (choquera) ou en 
pratiquera une nouvelle paiera 3 livres d'amende 
s'il est découvert , et à son défaut les habitans du 
lieu sur le terroir duquel on aura commis le dé- 
lit; cependant s'il existe dans l'endroit ou près de 
l'endroit quelque moulin, le meunier sera pré- 
sumé auteurdu dommage, et comme tel condamné 
au paiement de l'amende ; que toutes les fois que 
Von trouvera ouvert un œil ou prise d'eau daiU 




un moulin aura l'usage hors îles jours où il a 
tiroit à l'eau , le meunier sera puni d une amende 
de 3 livres; que quiconque ouvrira une prise 
d'eau dépendante du Canal Kojal sera puni 
de 3 livres d'amende; que tout propriétaire ou 
simple usager qui déviera l'eau d'une rigole 
d'arrosage dans une autre paiera une amende 
de 3 livres; que lorsqu'il aura été pratiqué sur 
les francs-bortls du Canal Royal quelque ouver- 
ture ou brèche par où s'écoulera l'eau, l'auteur 
du donamage paiera lo livres d'amende, s'il est 
reconnu, et dans le cas contraire cette peine 
sera supportée collectivement par les proprié- 
taires ou fermiers des terres situées dans la par- 
tie du terroir où aura eu lieu le dommage; que 
dans les temps de disette, lorsque l'eau est t;ixée 
(landeo), tout tenancier qui arrosera des eaux 
du canal hors des jours et des heures qui lui sont 
assignés, sera puni d'une amende de 3 livres, 
dont le produit sera employé conune il est dit 
plus haut; que tout tenancier dont les terres au- 
ront reçu le premier labour , s'il n'a besoin d'eau, 
pourra en disposer, lorsque son tour viendi'a, en 
faveur des moulins; que tous les tenanciers pos- 
sédant des terres arrosables contiguës aux ca- 
naux secondaires {brazaîes) seront tenus d'en opé- 
rer le curage et d'en réparer les francs-bords, clia- 
pour la partie du canal et pourle seul coté avec 




( 2-4) 

lequel il confronte : pareilles charges leur sont 
imposées dans quelques parties du Canal Royal ; 
que ai les intéressés négligent de remplir cette 
double obligation , il y sera pourvu à leurs frais 
par les soins du Cequiero Real , lequel exigera un 
salaire double de celui accordé à chacun des ou- 
vriers employés pour le compte des retardataires ; 
que les francs-bords du Canal Royal devront tou- 
jours avoir une largeur fixe de () paimos (^'",oiiS) 
ou la brasse royale, et que lors des visites du Ce- 
quiero Real et delà reconnaissance dudit canal, 
s'il est prouvé qu'on ait empiété sur cette largeur, 
il sera ordonné de la rétablir aux dépens destiN 
nanciers confrontans et en prenant sur leurs 
propres terrains ; que les préjudices que les te- 
nanciers pourront respectivement s'occasionner 
devront être dénoncés au Cequiero dans le délld 
de dix jours, à l'expiration desquels les plaintes 
ne seront plus recevables ; que ledit Cequieroile 
son côté sera tenu de faire droit aux plaintes et 
de rendre justice dans un autre délai de seize 
jours;faute de quoi, il sera lui-même respontt* 
ble de l'amende établie contre le délit signalé: 

En outre de ces ordonnances , il existe d'autnft 
régiemens ]>articuliers qui ont pour objet de|»^ 
venir certains abus dont se rendent coupables 
quelques tenanciers ari'osans; mais il n'en est pas 
fait mention ici, attendu que n'étant pas sufii 



( 2i5 ) 

tibles d'une application générale, et que n'ayant 
été rendus que pour des cas spéciaux et dans des 
circonstances particulières, leur application est 
confiée à la prudence du Cequiero et des douze 
l&jrndics. Ces décisions , ainsi qu'il a été dit , n'é- 
tant suivies que dans certaines circonstances, 
pour réprimer certains abus ou des innovations 
au régime de FAcequia , toutes les fois qu'on juge 
convenable de les invoquer, le syndic dans le res- 
sort duquel l'abus est signalé prévient les autres 
Syndics, les invite à se réunir dans le lieu ordi- 
naire des assemblées, pour statuer sur le fait et 
prendre telle décision convenable, le tout aux 
frais du lieu (bourg ou village) en faveur duquel 
on a provoqué la réunion ; bien entendu en outre 
que lesdits frais seront payés séparément et sans 
lésion pour les fonds communs. 

§VI. 

Ces réglemens formaient la partie la plus gé- 
néralement connue des usagers de Moncade , et 
elle suffisait pour l'administration ordinaire dudit 
canal ; mais lorsque don Pedro de ReboUar , in- 
tendant général du royaume de Valence , et chef 
supérieur des domaines royaux, conformément 
aux ordres du marquis de la Enseiîada , prescrivit 
aux officiers de l'Acequia de lui remettre une tra- 



(,■6) 
tluction littérale et complète des réglemens de 
Moncada, le mt^nie Phdippe Mateti , rédacteur du 
nouveau Livre Noir, fut chargé du second tra- 
vail. Il s'en acquitta avec une parfaite intelligence, 
et nous en présentons ici la traduction , faite sur 
une copie de l'original que nous devons à l'obli- 
geance de don C. de Vargas , Bayle-Général Aw 
domaine royal, dans le royaume de Valence. 



S VU. 
NOUVEAUX RÉGLEHERS. 

Donation de la liéal Acequia, par le 
don Jajme /'"", 

ciiapithe T'■^ 






Le sérénissime roi don Jaymc fit don du Canal 
Royal à tous les tenanciers et aux arrosans des 
eaux dudit, ainsi qu'il conste ci-après (i). Cette 
donation faite à Valence, le neuf mai mil deux 
cent soixante-dix-huit , et comprise dans le Re- 
cueil des privilèges sous le n", G8, fol, aS, p. a, 
est de la teneur suivante : « Nous , don Jayme, par 
» la grâce de Dieu , roi d'Aragon, de May orque. 



(i) Brancliât, Collée, du t/uciim., t. iJI, t 



^ 



» t'.e Valence , comte de Barcelone et d'Urgel , sei- 
« gneur de Montpellier, etc., pour nous et nos 
n successeurs, donnons et octroyons à perpétuité 
p à vous tous en général et à chacun en particu- 
n lier, qui possédez ou posséderez des châteaux, 
» biens patrimoniaux , métairies ou toute autre 
» espèce de propriété , situés dans ie terroir dti ca- 
31 nal de Moncade, ce même canal appelé Royal, 
» libre et affranchi de toute servitude, de toute 
n imposition royale ou particulière , ainsi que 
» vous en avez joui jusqu'à ce jour; avec ses dé- 
M rivations et ses rigoles grandes et petites , faites 
n ouà faire, et avec toutes les eaux qui couleront 
T dans icellesjvoulantquevousetvossuccesseurs 
D puissiez librement et perpétuellement arroser, 
n moudre , et faire desdites eaux tout ce qui vous 
» paraîtra bon et utile à vous et à vos propriétés , 
■a sans aucun empêchement ni opposition de 
n notre part, ni de celle de nos successeurs, ou 
n ayans cause, nonobstant tout Juero ou Statut 
n rendu ou à rendre, portant réserve en notre 
» faveur dudit canal. Octroyons et concédons à 
j> vous et les vôtres la faculté d'établir, à votre 
» volonté, un ou plusieurs Cequieros, exerrant sur 
» ledit canal la même autorité qu'exercent les 
» Cequieros des autres Acequias (^canaux^ du 
» royaume* de Valence; laquelle faculté vous est 
» dévolue dans l'étendue de nos domaines ainsi 




( 5.8 ) 
» que sur tout autre terroir sur lerjiiel il vous jia- 
» raîtra convenable d'en user selon que vos inté- 
» rets vous le conseilleront. Promettons à vous et 
H les vôtres de ne jamais révoquer la présente 
j> donation , qui sera maintenue par nos succes- 
» seurs , ni de la faire révoquer ou suspendre ; de 
a jamaisy contrevenir, soit dLrectementjSoit par 
a nos agens ; de ne point permettre que , par nous 
B et nos successeurs, vous soyez contrariés ni 
o molestés sur le fait dudit canal. Voulons égale- 
a ment et vous octroyons , poiu" nous et nos suc- 
B cesseurs, que personne ne puisse arroser ni se 
» servir des eaux dudit canal, ni moudre au 
n moyen d'icelles sans votre permission : réser- 
» vaut , toutefois , à vos moulins et à ceux qui 
B nous appartiennent, ou qui sont sujets à cens 
» ou à toute autre redevance , le droit de jouir de 
n Teau ainsi qu'ils en ont joui jusqu'àce jour. Oi^ 
» donnons à nos Ueutenans (l'icarios), bayles, 
» autorités locales {j'asticûts), et k tous autres of- 
» ficiers ou substituts , présens et à venir , de tenir 
» pour stable la présente donation ou concession, 
a de ia maintenir et de la faire maintenir. Que si 
» quelqu'un contrevenait à notre présente dona- 
» tion et concession, il encourra notre disgrâce 
u et notre indignation et sera condamné à payer 
» 1,000 morabetinos au profit du Trésor, etson 
» délit sera rendu public. Beconnaïssoiis, enfin, 



A 



( ^19 ) 
» avoir reçu de vous et à cause de la présente do- 
» nation et concession cinq mille sous (i) mon- 
» naie de Valence. Donné à Valence, le neuf mai 
» de l'an de grâce mil deux cent soixante-huit. 
» Mar^^-que de nous don Jayme , par la grâce 
j) de Dieu , roi d'Aragon , de Mayorque et de Va- 
» lence, comte de Barcelone et d'Urgel et sei- 
» gneur de Montpellier. » 

CHA.P. n. 

Privilège royal concernant les obligations im- 
posées aux Cequieros des divers canaux d'arro- 
sage , et le mode de remplacer ou suppléer ces 
derniers en cas de contravention ; concédé dans 
la ville de Montpellier par le même sérénissimè 
roi don Jayme P'^., le quinze février de l'an mil 
deux cent dix. Cette concession est insérée dans 
le Recueil des privilèges , fol. 1 1, pag. 2 , n^. 34. 

GHAP. 3. 

Premièrement. Que lesdits Cequieros ^ une fois 

— i— — — ■ I M II I ■■ I ■ ^ 

(1) S*il est question ici du sou proyincîal , cette somme^ 
réduite en monnaie de France , équivaut à 876 fr. \ mais 
depuis le quatorzième siècle 9 Pargent a 8 fois plus de ya- 
leur ; nous aurons donc pour résultat équivalent 7,000 fr. ; 
mais il est croyable qu'il est ici question du sou d'or, et 
alors là somme serait très-considérable. 



( 210 ) 

l'an, feront ciircr les Acequias daus toute leur 
t'tendue et jusqu'au sol primitivement établi. 



Que lesdits Cequieros sont aussi tenus de faire 
essarter tous les ans les mêmes Jcequias. 

CHAP. S. 

Que lesdits Cequieros feront rétablir dans leiir 
état primitif et aux frais des tenanciers respectifs 
les divers canaux secondaires , branches ou ri- 
goles dépendantes du Canal Royal. 

CHAP. 7. 

Que lesdits Cequieros feront rétablir ou répa- 
rer par les propriétaires-tenanciers et arrosaiis 
les ponts dont ils ont l'usage pour l'exploitation 
de leurs propriétés. 



D 



Que lesdits Cequieros feront solidement 
rer les ruptures, les brèches et autres détériora- 
tions survenues aux francs-bords des Acequias, 
dans le délai de quinze jours en hiver, et celui 
de huit jours en été. 

CHAP. g. 

Que les Cequieros feront exécuter les 



«ter les pCTagi 



( 231 ) 

ttabiies contre les tenanciers convaincus d'avoir 
dégradé quelque point du canal; contre ceux qui 
feront un mauvais usage de l'eau , ou bien ceux 
qui ne la rendront point audit Canal Royal à l'é- 
poque requise, et lorsqu'elle a cessé d'être utile 
fdits arrosans. 



m 



CSIP. to. 



lue lesdits Cequieros feront curer et essarter 
«ne fois l'an les dérivations principales [brazales) 
par les propriétaires ou fermiers des terres con- 
tigués à ces dérivations ; que si , dans le délai fixé 
par le Cequicro , les arrosans n'ont pas effectué 
le curage et autres réparations , ledit Cequiero 
devra exiger d'eux l'amende déterminée par les 
réglemens , et fera curer et essarter à leurs frais 
lesditesbranclies en leurimposantune taxe double 
des frais. 



Que tout tenancier qui, arrosant hors des épo- 
ques prescrites et dans un mode illicite, déversera 
Teau sur un chemin, paiera cinq sous d'amende 
et sera tenu à des dommages envers les passans 
ou ceux qui auront souffert quelque préjudice. 



Oue les tenanciers pourront, avec l'aveu des 
■TOHE I. I S 



{ ^,1 ) 

Jurats, aclionnCTleCequiero extrajudiciairement, 
àdéfautparluick satisfaire aux charges suivantes, 
premièrement, lorsque le canalne contiendra pas 
la quantité d'eau prescrite, toutes les fois qu'il 
pourra la prendre dans le fleuve Godalviar(Gi«i- 
dalaviar ou Turia). ^^- 

CHA.P. i3. ^^1 

Quand il omettra de faire curer ou essarterie 
canal dans la forme déjà prescrite. 

CHAP. i4> 

Lorsqu'il introduira l'eau dans le Canal Royal, 
avant que celui-ci ait été visité par les Jurats. 

CHAP. ï5. 

Lorsqu'il n'aura point fait curer et essarter 
lesdits canaux secondaires dans les formes pres- 
crites. 

CHAP. 16. 

Quand il n'aura pas défendu de déversée les 
eaux d'arrosage sur la voie pubUq;ue. 



Lorsqu'il aura négligé de faire réparer les 
brèches et autres d^radations reconnues sux 



III le^^ 



( "3 ) 
fies-bords de l'Acequia. Dans ces divers cas, 
ledit Cequiero pourra, avec l'aveu et le consente- 
ment des Jurais, être poursuivi extrajudiciaire' 
ment par les tenanciers-arro&aas. 

CHAP. i3. 

Privilège rojvt. 

Le roi don Jayme H donna ce privilège à Tor- 
tose aux ides d'avril de Tan mil trois cent dix-huit. 
Il se trouve comprb dans le Recueil des privilèges 
des rois d'Aragon ,fol, 60, pag. a, n". 89. Sa Ma- 
jesté ordonne au magistrat de la ville de Valence 
et autres officiers de justice de ne point troubler 
les Gequieros dans la faculté dont ils sont investis 
de juger les contestations et d'imposer des taxes. 



n. 



CHAP. 19. 

Privilège royal. 



Lfr raêrne roi don Jayrae II, dans une Charte 
datée <te ïfercelone le preraiçr août mil trois cent 
dis, et iasérée dans le Recueil des privilèges, 
fol- 6a, pag, 2, n". gG, défend de construire de 
noavelleftdigues (arsucles) et de nouveaux canaux 
sur le Godalviar ( Godalaviar et plus tard Gua- 
dalaviar ) ni de donner le moindre accroissement 
aux canaux déjà exislans. 



( a»/, ) 



CHAP. 20. 



Privilège dudit roi don Jayine II, donné k Va- 
lence le premier mai rail trois cent vingt et un, 
inséré au Recueil des privilèges, fol. 70, pag. 2, 
n". i3o , par lequel Sa Majesté défend au Bajle- 
Gènéral ( administrateur principal du Domaine ) 
d'intervenir en aucune manière dans les affaires 
concernant les Acequias, attendu que la connais- 
sance de ces affaires est exclusivement réservée 
aux Cequieros , hors le cas cependant où les in- 
térêts de Sa Majesté se trouveraient compromis, 
à raison des moulins qui dépendent du Domaine. 



Privilège dudit roi don Jayme II, donné à f^illa- 
francad'el Panades lehuitdescalendesdejuinde 
l'an mil trois cent vingt, inséré au Recueil des pri- 
vilèges, fol. 71, pag. 2, sous le n°. i35, par lequel 
Sa Majesté ordonne que dans le cas de disette 
d'eau dans le fleuve Godalviar, le magnifique 
gouverneur des châteaux de Pedralva, yUlamta- 
chant, Benaguacil et Ribarroja , veille en per- 
sonne à ce que les eaux desdits terroirs soient 
dérivées dans le même fleuve à certains jours de 
chaque semaine , afin de suppléer par ce secours 
au besoin des autres canaux d'arrosage j qneq 



ige^qnegg^ 



eau sera répartie par les Jurats de Valence et pa^ 
ceux des autres Acequias , dans le mode qu'ils 
jugeront convenable de déterminer , avec la ré- 
serve cependant des concessions précédemment 
accordées par Sa Majesté au canal de Moncade; 
voulant, Sa Majesté, que l'usage des eaux con- 
cédées conserve toute sa force en faveur dudit 
canal. 

CHAP. 22. 

Privilège du roi don Jaymell, donné à Gi- 
rone le troisième jour des nones de juillet dé 
l'an mil trois cent vingt et un , inséré au Recueil 
des privilèges , fol. 72 , pag. i , n®. 1 67, Sa Majesté 
ordonne que lorsqu'il y aura disette d'eau , les- 
dites villes de Villamarchant , Pedralva,Benagua- 
cil et Ribarroja , auront l'usage de l'eau du fleuve 
Oodalviar pendant quatre jours et quatre nuits 
de chaque semaine, et que ce partage s'exécutera 
pendant tout le temps de la disette. * 

CHAP. 23. 

Privilège dudit roi don Jayme II, donné à Va- 
lence le huit des calendes de mai de l'an mil trois 
centvingt et ua, compris dans le Recueil des privi- 
lèges , sous le n«. i38, fol. 72, pag. I , par lequel 
Sa Majesté ordonne : Qu'en cas de nécessité sur 



( «26 ) 
les 4 lal>ias{i)d'eaxique doitcontenir IW/ne/tam 
du Canal de Moncade , les lenaBciers des ^cequias 
de Busafa, Mislata, Favara et Bascana auront 
droit à une tabla pendant deux jours el deux 
nuits, et même à deux tablas pendant le même 
espace de temps si les besoins viennent à s'ac- 
croître; que ce sera les lundi et mardi de chaque 
semaine; que ce besoin sera reconnu et réglé par 
le Cequiero dudit canal de Moncade : bien en- 
tendu cependant que les tenanciers des quatre 
Acequias dénommées pourront, s'ils se trouvent 
lésés par la décision dudit Cequiero, recourir au 
Bayle-Général , seul juge dans ce cas ; que celui-ci 
sera tenu de pronoucer sur la plainte sans écri- 
tures, ni aucune formalité de justice; enfin que 
tous les ceils et toutes les rigoles seront fermées 
pendant tout le temps de ladite tauda ou taxe 
d'eau , à l'exception des œils qui seront reconnus 
indispensables pour alimenter les moulin s, abreu- 
ver les chevaux et autres bêtes de somme, et pour 
tous autres besoins des tenanciers du Canal Royal. 
La connaissance de ces besoins est uniquement 
confiée audit Cequiero. 



(0 Cest un Tolume d'eau plus ou moins considérable, 
selon la grandeur de la vanne (Aii/ir), qui sert à le mesurer. 



A 



cfiAP. a4- 



r Privilège dudit roi dou Jayme II , donné à Bar- 
: le quinzième jour des calendes de sep- 
to tenabre de l'an mil trois cent vingt-six , compris 
dans le Recueil des privilèges sous le n". î56, 
fol. 77 , pag. I. Sa Majesté défend aux magistrats 
de la ville de Valence et à tous autres juges d'in- 
tervenir dans les causes concernant les tenanciers 
des Acequias, c'est-à-dire dans les différens qui 
s'élèveraient parmi eux relativement à l'arrosage 
et à l'usage des eaux qui circulent dans les divers 
canaux, non plus qUe d'intenter la construction 
d'un barrage ou de tout autre obstacle dans les- 
dites Acequias ou dans leurs rigoles , parce que 
cette juridiction est excliLsivement réservée aux 
cequieros et aux douze proviseurs ou syndics 
chargés de l'administration du Canal Moncada. 
Cette concession n'est limitée que tout autant que 
les intérêts du domaine seraient compromis. 



Privilège dn roi don Peilro II , donné à Valence 
le cinq des nones de mai de l'an mil trois cent 
trente-neuf, compris dans le llecueil des privi- 
lèges sous le n". ai, fol. 107, pag. I. Sa Majesté 
ordonne que dans toutes les contestations et dans 




( 2a8 ) 

le procès concernant les Acequias et l'usage de 
leurs eaux, il est défendu à tout juge au civil ou 
au criminel d'y intervenir et de rendre aucune 
ordonnance , parce (lue cette juridiction appar- 
tient aux seuls Cequieros, et qu'ils ont seuls le 
droit de prononcer sur de telles matières, comme 
aussi d'expédier des ordonnances; ordonne de 
plus que s'il est nommé des adjoints auxdits Ce- 
quieros, ils devront agir et procéder dans l'ins- 
truction de ces mêmes différens de la même ma- 
nière qu'en agiraient en pareil cas lesdits Ce- 
quieros. 

CHAP. 26. 



Juridiction des officiers de VAcequia. 



I 



» 



Les douze Syndics ou administrateurs des eaux 
du Canal Royal de Moncade ont le droit ; 1°. de 
connaître et de juger en seconde instance, après 
avoir déjà prononcé une première fois sur toute 
espèce de litige et de différent relatif aux eaux 
et à leur répartition , ^nsi que sur les amendes 
et leur recouvrement , soit que les contrevenans 
^^H prennent un volume d'eau plus considérable que 
^^H celui qui leur appartient, soit qu'ils n'aient au- 
^^^B cun droit à l'arrosage et ne soient point usagers 
^^^H dudit Canal Royal \ 1°. d'imposer des taxes et au- 
^^^L très corvées {cequiagè), ainsi que de détermiuec 



détermiuec 

J 



( "9^ 

le-mode de perception et de recouvrement de ces 
taxes annuelles, qui varient selon les besoins; 
S", de décider quels doivent être les premiers ar- 
rosans et l'ordre à suivre par tous les autres ; 4"- de 
prononcer sur toutes les contestations et autres 
matières relatives à l'administration dudit canal 
et au bon régime de ses eaux; 5". finalement de 
condamner aune amende de 2 5 livres (8^ fr. 5oc,) 
tout individu qui tenterait auprès d'un tribunal 
l'instance sur une décision du Cequiero sans en 
avoir préalablement référé à la Cort (iribunal) des 
Syndics. Ce dernier privilège conste en effet de 
la sentence expédiée par don Josepb-Laurent de 
Sahoya, notaire-greffier de la Royale Audience, 
le neuf septembre de l'an mil six cent soixante- 
dix-sept, à la suite du procès intenté par-devant 
le noble don Carlos Balterra y Blanes , avocat des 
conseils de Sa Mnijesté, chevalier de Tordre de 
N. -D.de Montesa, entre Vincent Casaûa, notaire- 
syndic du Canal Royal d'une part, et l'administra- 
teur du Domaine royal de l'autre; Pierre Sesse, no- 
taire , étant rapporteur. Copie dudit procès , des 
sentences et de l'arrêt de la Royale Audience est 
■déposée dans le coffre renfermant les divers re- 
gistres, les privilèges et autres papiers relatifs au 
Canal Royal, sous le n". i ; mais attendu l'impor- 
tance et l'utilité dudit arrêt et afin d'assurer parla 
suite la libre administration dudit Canal, on a 



(.3a) 
jugé convenable de transcrire 
l'arrêt, pour se prémunir contre le danger de 
perdre ladite copie et le dossier du procès : 

« Très-illustre et très-excellent seigneur duc 
o de Ciudad Real, etc. , etc. 

» Vincent Casaiia, notaire-syndic de la Com- 
» munauté et du Canal Royal de Moncade , péti- 
o tionnaire , avec tout le respect convenable cï- 
■o pose : Qu'en vertu de divers privilèges royaux 
» et en particulier du soixante-huitième, concédé 
n par le roi don JajTne I<'^ , inséré dansle Recueil 
» des privilèges , foL 23 , pag. a , sous le n°. i3o, 
» et confirmé par le roi don Jayrae II, ainsi qu'il 
» conste du n". i36 du même recueil, fol. 70 
^ et 77 ; ainsi qu'en force de l'usage , de la cou- 
» tume et de la possession immémoriale, ladite 
» royale jicequia de Moncada a toujours coramis 
H à son Cequiero-Mayor la connaissance et la dé- 
M cision de toutes les affaires litigieuses et autres 
» différens qui s'élèvent entre les usagers pour 
» le partage de l'eau , le droit d'imposer dts 
» amendes et d'en poursuivre le recouvrraneut 
n contre ceux qui dérivent plus d'eau qu'il ne 
» leur en revient, et contre ceux qui usemt de 
o ladite eau sans y avoir aucun droit et sans être 
■j usagers; le droit de [irononcer sur l'impositioa 
^ des taxes et droits de cequiage qu'on établit 
» tous les ans suivant les besoins de !a Commu- 



A 



( a3. ) 
» nautéetsurlamassedetous les tetiaiiciers,aiiisi 
* que sur le mode de recouvrement ; qu'en outre 
B ledit Cequiero-Mayor a la counaissance exclu- 
a sive, i**. de tous les inctdens et de tout autre 
accessoire connu ou ioconnu tendant à modi- 
y fier , suspendre ou activer la poursuite et le re- 
u couvreraent desdits droits ou amendes; a", des 
i> débatset des prétentions qui s'élèvent touchant 
» l'arrosage entre les usagers du Canal Royal; 
» qu'il désigne les premiers arrosans et l'ordre à 
» suivre par les autres; qu'il est chargé de faire 
» curer et essarter aux époques convenables et 
» dans les formes requises le Canal Royal et ses 
» branches par les individus qui en ont la charge, 
D et à défaut par eux d'obtempérer à ses assigna- 
o lions , d'infliger aux contrevenans telles peines 
» pécuniaires que de droit , d'en poursuivre le 
» paiement et d'exécuter les travaux pour le 
« compte et aux frais de ces derniers; que ledit 
» Cequiero-lVIayor est Juge privatif àe toutes les 
» contestations relatives à l'administration et au 
» régime du Canal Royal , de même que de l'u- 
» sage de ses eauic, des arrosages , des amendes, 
» des dénonciations, des taxes d'entretien, du 
a droit de cequiage et du recouvrement de ces 
» derniers par l'entremise du greffier et de son 
» huissier, aux termes de la concession faite atix- 
» dits usagers et tenanciers du Canal Royal par 



( =3. ) 
» le même roi don Jayme, privilège 68, fol. aS, 
» pag. 2 ; que dans la supposition où un ou plu- 
» sieurs individus se prétendraient lésés par les 
» décisions verbales prononcées par le Cequiero- 
» Mayor dans quelqu'un des cas indiqués ci-des- 
» sus, ou tels autres cas prévus ou imprévus, soit 
» qu'ils intéressent un ou plusieurs usagers , qu'a- 
» lors ces derniers en appellent aussi de vive voix 
o aux douze syndics composant et représentant 
» la Communauté dudit Canal Royal ; que ceux- 
» ci ont toujours prononcé et prononcent encore 
JB sur ces appels . confirmant , révoquant ou rao- 
» di&antles décisions du Cequiero-Mayor; qu'ils 
» remettent les amendes ou en ordonnent l'exé- 
» cution en vertu d'un autre privilège concédé 
» par le roi don Jayme II, sous le n''. i56, fol. 77 
» du recueil déjà cité , paragraphe des litiges et 
» des contestations écrites entre lesdits airosans 
» et propriétaires tenanciers dudit Canal Royal. 

n Qu'à ces fins et pour assurer la conservation 
3> dés droits de ladite Royale Communauté et 
» desdits privilèges royaux , il fut délibéré et ac- 
» cordé en Junte générale , suivant l'acte reçu par 
n Vincent Valls, notaire, le dix-huit juin de l'an 
» mil six cent soixante-deux (sans dérogation ce- 
» pendant d'aucune délibération ni des privilèges 
u antérieurs), que sous peine d'une amende de 
» vingt-cinq livres , exécutée irrémissiblement el 




( "33 ) 
a reparlie dans fa fonne intliquée par ladite dé- 
» libération, aucun des tenanciers , propriétaires 
« et autres ne pourront réclamer, appeler ni re- 
» courir en matière de contestations et différens, 
» soit qu'elle intéresse la masse ou seulement 
» quelques particuliers, non plus que pour tous 
» autres cas et occurrences qui pourront sur- 
X. venir, des décisions du CeqTiîero à aucun autre 
» juge qu'au tribunal des douze Syndics ; que cet 
j> appel aura lieu verbalement lors de la première 
» Junte ou assemhléeque lesdits Syndics sont dans 
» l'usage de tenir dans le cours de l'année, afin 
» que ces derniers jugent si la décision du Ce- 
» quiero est fondée ou non en droit et justice; 
» que si quelqu'une des parties se prétend lésée 
» par le jugement des douze Syndics, elle aura 
» la faculté de recourir et d'en appeler au juge 
» supérieur; que cette forme de procédure, en 
n outre qu'elle est sage et déjà déterminée par 
u le susdit Royal Privilège, est encore très-favo- 
» rable aux intérêts de tous les tenanciers, pro- 
s priétaires et autres, dont se compose la Com- 
lï munauté, puisqu'elle sert à éviter les frais ex- 
» cessifs auxquels donnent lieu les procès écrits, 
» sur^tout quand les intérêts contestés sont de 
» peu d'importance et d'une faible utilité; car 
» alors on a pour juge , tant en première qu'en 
e instance , des hoiiimes experts et très- 



elle fl^ 



( .34 ) 
I» instruite dans les matières dont il s'agit; que 
u si quelque juge supérieur était appelé à pro- 
D noncer soi- ces contestatitms , il serait lui-même 
» contraint de recourir aax lumières desdits Ge- 
» quiecosetSyndics^parcequ'il est indispensable, 
» pour en juger avec la sagacité requise , d'ei 
» cer la profession de cultivateur {labrador)<. « 

» Ainsi donc les motifs de celte délibérî 
» étant suffisamment justifiés , puisqu'elle : 
* pour but que de mieux défendre les intérêts 
» de la Real Acequia et ceux de ses usagers : 
Il Eu égard à ces causes , etc. , et sur la présen- 
» tation de la délibération précitée, vous sup- 
» plie d'ordonner une enquête ou attestation 

■ sommaire de témoins accrédités , tendante à 
» prouver les avantages qui résultent en faveur 

■ de ladite Royale Communauté etpour chacun 
B des tenanciers en particulier, du maintien des 
» usages que l'on vient de détailler; comme aussi 
» la possession immémoriale qu'elle a acquise de 
» Toir juger paisiblement et sans opposition toute 
>» sortede débats et différens en première instance 
» par son Cequiero-Mayor, et en seconde instance 
» par les douze Syndics : et sur cefite preuve, 
D de peiTTiisis , velde necessariisparUer , supplie 
» Votre Excellence, et subséquemment le Conseil 
> de Sa Majesté , de décréter l'exécutio» de laditt 
u délibÉratioB,ainsique lajurutetion des c 



ton oes ca nset 



(a35 ) 
n ci-(!e53us rapportées; qu'elles seront horaolo- 
u guées, afin d'en assurer le maintien , et en outre 
» pour la validité des amendes et des autres peines 
n [Ht)noncées contre les contrevenans et pour la 
v confirmation des cas spécifiés dans ladite dé- 
» libération ; enfin que l'exécution de ce décret 
» sera commise au noble don Carlos Baltnra y 
» Blanes, chevalier de l'ordre de N.-D. deMon- 
» tesa et de S.-George d'Alfama , avocat du Con- 
a seU de Sa Majesté et auditeur (i) de la Royale 
j0 Audience, lequel a déjà une connaissance ap- 
» profondie des affaires relatives à la Royale Com- 

B munauté de Moncade Cette instance fut 

» commiseauditdonCarlosBalterra y Blanes, au- 
a dileur de l'Audience Royale, lequel rendit la 

n sentence suivante: Don Carlos, etc ,pour- 

» voit et déclare que ladite délibération est utile 
n à ladite communauté el aux individus qui la 
» composent; ordonne d'en garder et d'en obser- 
» ver le contenu conformément au privilège i 56 
» dadit roi don Jayme II , avec la clause expresse 



(i) Membre ou conseiller de l'audiance royale. Cetto 
cour supérieure de justice se compose de huib oidors ou 
auditeurs formant les deux premières chambres, et de 
qufttre alcoMts del crinien composant la chambre chargée 
des ftHaires criminelles. Le capitaine -général de la pro- 
. et en son absence le régent , président l'audience. 




(,36) 
» que les Syndics du canal s'assembleront clans 
» les dix jours qui suivront l'appel dans chacun 
n des cas spécifiés ci-dessus; qu'ils feront droit 
» aux réclamations, faute de quoi, et après l'ex- 
» piration dudit délai , il sera licite aux parties 
» intéresséesderecourirauxtribunaux ordinaires 
B pour se faire rendre justice; enfin déclare que 
■ tout ce qui est exposé en ladite instance est en 
» tout conforme au droit ainsi qu'aux lois et pri- 
» vilégesdu roya.ume, et non ampliùs ; qu'en cor- 
u sidération de ces motifs , Sou Excellence ap- 
» prouve et confirme les demandes contenues en 
» ladite instance et délibération, et interpose à 
n ces fins son autorité et celle du Roi : ordonne 
» que le présent décret sera notifié à qui il ap- 
» paitiendra. u — La sentence ci-tlessus fut lue et 
publiée par José Lorenzo de Saboya , notaire- 
greffier de l'Audience Royale , le neuf septembre 
de l'an mil six cent soixante-dix-sept, par suite 
de l'instance et de la réquisition de Vincent Ca- 
saiia, agissant au nom de la partie intéressée, 
en présence et avec le concours testimonial de 
Vincent Exulve et de Rasile Rambla , notaires, 
domiciliés à Valence. 



. ( ^37 ) 

Svin. 

ANCIENS RÉGLEMENS 

Du Canal Royal de Moneade, non révoqués. 

CHAP. 35. 

I 

Premièrement. Par-tout où les francs-bords du 
Canal ont une Fara Reai{o^j^) de largeur, le 
Cequiero est obligé d'en réparer les brèches ; 
lorsque ces méme^ francs-bords auront moins 
d'utie Fora Bealj et que les dégradations ne 
pourrcmt être imputées à la négligence dudit 
Gequiéroy ce dernier n'est alors tenu que d'en 
surveiller la réparation , qui s'opère aux frais de 
la communauté. 

« 

c^AP. 36. 

n. Le Cequiero doit signifier aux tenanciers 
confrontans de ^établir les fractiu*es survenues 
aux fr*ancs-bor<is du Canal. En cas de refris, ledit 
Cequiero exécutera ladite réparation à ses pro- 
pres frais; après quoi, il imposera aux confron- 
tans une somme ^ale au double des frais. 

CHAP. 37. 

in. Le Cequiero est obligé de faire curer et 
nettoyer la prise d'eau ou le bassin qui précède 
Tome L 16 



( ''38 ) 
les vannes , jusqu'iiu sol primilif et dans tout 
l'espace compris entre les deux rives, toutes les 
fois que cette opération sera jugée nécessaire par 
les Vehedors diidit Canal de Moncada, ou 
lement par quatl'e d'entre eux. 



cuAP. 38. 



m 



IV. Il est obligé de faire curer le Canal dans 
toute sa longueur et jusqu'au sol primitif, une 
fois chaque année , comme aussi de le faire es- 
sarter (desbrozar) à ses propres frais; mais seu- 
lement depuis la première prise d'eau ( i^Roll, o 
Caho) àe Paterna, établie un peu en amout de 
iazud de Tormos , jusqu'à V^zitd , et d'entre- 
tenir ladite Acequia dans l'état prescrit par let 
réglemens, toutes les fois qu'il sera jugé conve- 
nable de le faire , soit pour réparer des brèches 
existantes, soit pour prévenir celles qui pi 
raient survenir. 



Y. Le CequieJro est obligé d'effectuer le curage 
dans tout le mois d'arvfil ; de faire curer à la même 
époque, par les tenaaciers, les portions de Ca- 
nal à leur charge , et de veiller à ce que cette 
opération s'exécute complètement, ainsi que de- 
vient s>'en convaincre les Fehedors. Il sera t 




( ^39 ) 
- pai*eillein^it de faire essarter les rigoles et les 
c canaux «eeondaires«ùr la fin du mois d'août. S'il 
j avait des taupinières , d^s brèches ou autres 
' obstacles^ui s'opposassent à la libre circulation 
4e TeaUj, le Cequiero les fera eulefar, réparer ou 
détpuire par ceux des tenanciers obligés au cu- 
rage du Canal et par-tout où <^s entraves exis- 
teront* À défaut par lui de remplir cette charge , 
«lisara pnai^'une amende de 60 sous (lofr. 5oc.), 
pajable -coinme il sen dit plus bas. 

CHAP. 4o. 

Vi. Si quelqu'un tente d'introduire quelque 
innovation à l'usage reçu , quel qu'en soit le mo- 
tif, le Cequiero est tenu d'eflfectuer envers le no- 
vateur la saisie d'un meuble ou autre objet pour 
la vaSeur de 60 sous. Atléfaut par ledit Cequiero 
d'eJQFectuer la saisie, les tenanciers intéressés à 
en ^poursuivre le recouvrement pourront., avec 
le con^uÂdes Vehedors, en rendre responsable 
le^it Cequiero et le contraindre à rétablir les 
choses dans leur état primitif. La présente dispO' 
sition émane du privil^e inséré dans le Registre 
ou. Livre Noir^ fol. aS, ch. 28, n*. 28. 



r • * ■ t p 



CHAP. 4ï' 

« 

im. S'il plaisait au Cequiero ou à celui qui le 



( »/.o ) 
rpprésciite cIp itoiiner ou de refuser l'eau à quel- 
qu'un (les tenanciers, selon qu'il y aura droit, 
ou que les réglemens la lui refussnt, ledit Ce- 
quiero sera puni, pour chaque contravention, 
d'une amendç de 60 sous, bien qu'il ait prétendu 
agir en vertu d'un ancien usage de la Commu- 
nauté , les droits des usagers devant être respectés 
avant toute chose. Le tiers de cette amende sera 
applicalile aux travaux du Canal. L'instruction 
de ces infractions appartient aux Vehedors ou au 
Syndic le plus immédiat, et le tenancier qui for- 
mera la plainte en sera cru sur la foi du serment. 
Le Cequiero ne pourra appeler de la décision. 



CHAP. 4^' 






i 



Vni. Si , par la faute du Cequiero , on par le 
manque d'eau , il en résultait des dommages en- 
vers un ou plusieurs des propriétaires usagers 
du Canal, ceux-ci pourront demander et 'exiger 
ime indemnité par-devant les Vehedors, dans Tes 
dix jours qui suivront les dommages reçus ; les- 
dits Vehedors , dans un autre délai de dix jours, 
instruiront la plainte, entendront les témoins, 
visiteront les lieux, et prononceront sans retard 
et sans aucune formalité de justice, tant sur l'in- 
culpation dirigée contie le Cequiero , que sur le 
montant des dommages,. On ne pourra appelw de 



urra appeiCT de j 



(a4l ) 

la décision des Vehedors, qu'aux Syndics mêmes 
ou à quatre d'entre eux; quiconque contreviendra 
à cette clause paiera 60 sous d^amende. Si dans 
les dix jours prescrits il n'y a pas eu d'amendes 
prononcées , elles ne pourront plus l'être à l'ave- 
nir; enfin, si lesdits Vehedors refusaient ou né- 
gligeaient de faire droit aux plaintes dans ledit 
délai , nonobstant la réquisition qui leur en au- 
rait été faite, ils encourront la peine de 60 sous 
d'amende payables de leurs propres biens, et par- 
tageables ainsi qu'il a été dit ci-dessus. Ce règle- 
ment est conforme au 34"^^- Privilège Royal in- 
séré dans le Livre Noir y fol. 4- 

CHAP. 43. 

IX. Lorsqu'il s'élèvera entre les tenanciers quel- 
que dispute ou contestation concernant leurs 
droits d'usage , quel que soit le degré d'impor- 
tance de ladite contestation , les plaignans seront 
tenus d'établir leur recours dans le délai prescrit 
ci-dessus; à défaut de quoi, leurs réclamations ne 
seront plus admises. 

CHAP. 44* 

X. Le Cequiero sortant de charge fera complè- 
tement réparer XJzud et X Acequià^oxxv la re- 
mettre à son successeur, sinon il répondra, sur 



( a4-> ) 

ses propres biens, tle toute détérioration quiS 
raît signalée par les ^ekeilors^et dont la rép; 
tion est coûfiée à leur seule vigilance. 



CHAP. 45- 

XI. Dans chacun de ces lieux compris dansl 
CommunautédeMoncade,ilyauraunof6cier(yttJ- 
ticia) ou un préposé de l'autorité, spécialement 
chargé de percevoir ou de poursuivre en justice 
le droit de Cequiage dû par chacun des liabitans 
desdits lieux. Faute de se conformer à la présente 
disposition, lesdits habitans supporteront tous 
les frais occasionnés par ladite perception. 

XII. Le Cequiero en faveur duquel l'adjudica- 
tion du Canal aura lieu, ne pourra affermer d'au- 
tre canal, ni être associé ni membre d'aucune 
autre Communauté tandis qu'il sera en exercice. 
S'il contrevient au règlement, il sera puni de 
lOoMorabetinos. Cetteamendeestapplicableaux 
travaux ordinaires dudit canal ; de plus, les actes, 
contrats, et autres pièces consenties en faveur du 
Cequiero, seront annullées, et les frais qu'elles 
auront occasionnés resteront à sa charge et se- 
ront remboursés sans délai. Ce]>endant les Syn- 
dics ou \es f^'ehcdors, ou seulement quatre d'cntra 




( ^43 ) 

eux pourront remettre au Çeqêder^ les ame»<)e6 
prononcées contM lui. 

Xni. Le Cequiero ne pourra donner la Tanda ( i ) 
aux tenanciers , aux habitans de Valence , ni à 
tout autre usager, sans en avoir préalablement 
référé aux Syndics du canal et sans leur auto- 
risation, sous peine de loo morabetinos d*or, 
payables ut supra} si ledit Cequiero trafique de 
la Tanda ^ vend Teau, ou tolère quelque fraude 
sur ledit cariai, il sera de même puni chaque 
fois d'une amende de loo morabetinos d'or. Sur 
cette somme, un tiers sera distrait en faveur du 
dénonciateur , et les deux tiers restans seront ap- 
pliqués aux ouvrages du Canal : les Syndics de- 
meurent chargés de la perception de cette amende, 
de laquelle répondent tous les biens du Cequiero. 

CBAP. 4d. 

XIV. Le Cequiero est obligé 4'avoir deuxlieu- 
tenans ou adjoints, lesquels sont agréés «t. nom- 
més par les Fehedors , ou seulement par deux 



(i) C'est une cpncessioQ d*eau temporaire, qui n'a lieu 
qu'à l'époque des fortes sécheresses. Cette distribution 
d'urgence est toujours soumise à un règlement provisoire. 



( a44 ) 
d'entre eux. Ledit Cequiero sera condamné à u 
amende de soixante sous, chaque fois qu'il aura 
négligé de se conformer au présent règlement ; 
et cette amende sera partagée ; savoir , un tiers 
pour le dénonciateur, et les deux autres pour la 
caisse de la communauté. 



Nota. Ofl a dérogé A ce règlement quant à la 
tion des adjoints du Cequiero , confiée d'abord ai 
dors ! l'usage a décidé qu'ils seront élus et mis t 
par les Syndics. 



CHAP. 49- 



1 



XV. Quiconque prendra l'eau de l'Acequia 
l'autorisation du Cequiero ou des Fehedars sera 
condamné à l'amende de loo morabelinos d'or, 
dont un tiers sera remis au dénonciateur, un tiers 
au Cequiero, et le tiers restant à la caisse des fonds 
du Canal, pour être appliqué aux ouvrages dudit 
Il est aussi défendu au Cequiero, à ses adjoints, 
ou à tout autre tenancier, d'amener et d'introduire 
l'eau dans le Canal, jusqu'à ce que les Vehedors 
aient reconnu et déclaré que le curage est parfait, 
sous peine de la même amende de loo morabeti- 
nos d'or, qui seront répartis comme il est 
dessus. 

CHAP. 5o. 

XVI. Tout tenancier ou usager du Caui 




( »-',5 ) 
Moucada , qiii sera ou se prétendra lésé dans 
ses intérêts , pourra accuser tout autre co-usager 
comme auteurdu dommage; mais la plainte, lors- 
qu'elle sera conforme à la vérité et à la justice, 
et qu'une intention perfide ne l'aura pas dictée, 
devra être faite dans les dix jours qui suivront im- 
médiatement le délit, faute de quoi elle nesera plus 
admise.Celuiouceuxqui contre viendront auxpré- 
sentes dispositions seront condamnés à l'amende 
de 60 sous pour chaque contravention, et l'amende 
sera partagée par tiers entre le Cequiero, le dénon- 
ciateur, et la caisse des fonds réservés pour les 
ouvrages du canal. Les Fehedors réunis , ou seu- 
lement deux d'entre eux seront appelés à instruire 
la plûnte. Leur instruction sera verbale, et s'ils 
viennent à acquérir la preuve que le désir de 
nuire a seul dicté l'accusation , l'accusé sera im- 
médiatement déchargé de l'amende , et l'accusa- 
teur condamné aux frais qu'il aura méchamment 
occasionnés. 

CHAP.Sl. 

vH. Les amendes dont il est fait mention dans 
les précédens réglemens et dont l'emploi n'a pas 
été déterminé seront partagées comme suit, un 
tiers pour le dénonciateur, et un autre tiers pour 
la caisse de XAcequia. Quant aux amendes îm- 
isées au CcquierOf le dénonciateur aura aussi 



l^oosées au Cequicn 



{ a46 ) 
droit à un tiers ; le tenancier ou les tenanciers 
qui auront éprouvé le dommage, à un autre tiers, 
et le tiers restant sera affecté aux ouvrages de la- 
dite Acequia. Les amendes payées par les Vehe- 
dors et les Syndics seront réparties ainsi qu'il a 
été dit dans les précédens ré^lemens. 

CUAP. 52. ^^H 

XVni, Tout Vehedor ou Syndic assigné pei^ 
sonnellement sera tenu de se rendre au lieu (le 
l'assignation , sous peine de 20 sous d'amende, 
payables par chacun de ceux desdits Syndics ou 
Vehedors qui auront refusé de s'y transporter. Le 
produit de cette amende sera partagé entre ceux 
qui seront présens sur le lieu ou sur les lieux as- 
signés ; le tout à la diligence du Cequiero. Mais 
s'il arrive que ledit Cequiero assigne ou fasse as- 
signer lesdits Syndics ou Vehedors^ ou qu'il soil 
assigné par eux, et qu'aucune des parties assi- 
gnées ne se rende sur les lieux, le premier paio-a 
20 sous auxdits Vehedors ou Syndics , et ceux-ci 
paieront la même amende au Cequiero , confor- 
mément aux anciens réglemens. ^^H 

cnAp. 53. ^^^1 

XIS. Lesdits Syndics ordonnent que les amen- 
des spécifiées dans les précédens réglemens 1 



gleme»s|^^ 



( 247 )' 

ront exigible! dinsi qu'il suit i si le Cequiero est 
cDAdaimiié an paiement de l'une ou de plumeurs 
desdites amendes, les ^ipAe^/or^ feront une saisie 
sur leâ biens dudit Cequiero pour en assurer te 
paieiïie&t ; sî^ an contraire, les Syndics encourent 
lesdites anuendes , lôsdits Fehedors effectueront, 
dans le même but, la saisie sut les biens des Syn- 
dics ; &D&n si les Vehedors sont eux-mêmes con- 
damnéSy les Syndics pourront, aux fins précitées, 
opérer la saisie des biens desdits Vehedors. 

CHAP. 54. 

XX. Si le Cequiero , par négligence ou autre- 
ment , retarde un seul jour d'introduire dans le 
Canal le volume d'eau accoutumé , il devra répa- 
rer cette négligence dès aussitôt la notification 
qui lui en sera faite par l'adjoint ou par quelque 
autre tenancier , dans le délai d'un jour et sous 
peine de 60 sous d'amende ( 10 fr. 5o c). Si ledit 
adjoint néglige d'avertir ledit Cequiero^ il en- 
courra lui-même l'amende ci-dessus. 

CHAP. 55. 

XXI. Il a été délibéré et ordonné par les Syn- 
dics qu'afiii que les Syndics et les Vehedors du 
Canal de Moncada surveillent désormais avec 
plus d'activité le curage du Canal , et pour qu'ils 



( :.4S ) 
soient plus sévères envers les individus employés 
audit curage, ils seront changés tous les ans, de 
telle sorte que les Vehedors seront successivement 
pris dans chacun des bourgs ou villages dépen- 
dans de la communauté , sans que les mêmes in- 
dividus puissent être réélus. Toutes les fois qu'ils 
contreviendront à quelqu'un des réglemens dudit 
Canal, ib seront passibles d'nneamende de 60 sous, 
dont la répartition aura lieu dans la forme déjà 
iiidiquée. 

CHAP. 56. 

XXII. La taxe comprend , en outre du droit Je 
Cequiage , les frais et dépenses occasionnées par 
les ouvrages et les travaux du Canal. 

CHAP. 57, 

XXII. Quiconque , sans y être obligé , aura es- 
sarté les francs-bords du Canal , sera tenu d'en- 
lever les broussailles et de les jeter hors dudit 
Canal. Si Ton néglige d'exécuter le présent règle- 
ment, le Cequiero^ assisté de deux Vehedors, 
fera retirer lesdites broussailles aux frais du con- 
trevenant, qui sera en outre condamné à payer 
le double des frais! 

CHAP. 58. 
XXIV. Aucun Ceguiero n'exercera sur les. 




era sur les,^^^^ 



( M9 ) 

xnins d'autre surveillance que celle qui lui appatr- 
tient sur le grand chemin et jusqu'au terroir de 
Mtirviedro; la surveillance des eaux et des che- 
mins des divers lieux est confiée à leurs Cequieros 
respectif, ainsi que la poursuite des amendes en- 
courues dans chacun desdits Ueux. 

CHAP. 59. 

XXV. Chaque boiu*g ou village compris dans 
la communauté peut nommer et élire un Parti- 
dor ou CequierOy auquel il commet le soin de par- 
tager Feau entre tous les tenanciers de son ter- 
roir. Ce Cequiero prononce en outre sur toutes 
les contestations qui s'élèvent entre lesdits tenan- 
ciers relativement à l'usage des eaux ; il surveille 
aussi le curage et Fentretien des Canaux secon- 
daires et de leurs dérivations, et lorsqu'il le juge 
nécessaire il inflige ou exempte des amendes. 

. .■ ". ' • 

CHAP. 60. 

XXXVI. Aucun citoyen ou habitant de Valence 
ni de tout autre lieu ne peut être élu Cequierxy 
du £anal de Moncada ,'s'il n'est en même temps 
tenancier et usager dç ses eaux ; de plus , tant 
qull conserve son emploi , il lui est défendu de 
clerenir habitant deVàlence, sous peine de 1 00 mo- 
rabetinos d'or payables au profit du Canal. Cette 



( j5o ) ■ 
. aineatle sera prononcée immédiatement apri-s 
avoir acquis la preuve de la contravention, sans 
qu'il soit besoin d'attendre la déposition d'un 
dénonciateur. ^^ 

C1TA.P. 6i. I^^l 

XXVII. Aucun individu exerçant encore ou 
ayant déjà exercé les fonctions de Cequiero ne 
peut être de nouveau réélu s'il ne s'est écoulé d'a- 
bord un délai de dix ans. <^e règlement concerne 
pareillement le Canaceqat, ou lieutenant du 
Cequiero. 

Nota. Ce règlement a t'té plus tard moiliiié 
autra , qui limite le délai h trois atis au lieu de dix. 
le diapître ^3. 



REGLEMENS 



I 



^^B tembre i553 , suivant l'acte reçu, par Pedro 

[^^ Palait , notaire. ^^^H 

I Prenûèrement. Il est ordonné que l'éled^^^l 

^^L d'un Syndic , faite par chaque lieu , sera constalée 

^^f par un acte public , afin qu'il puisse être produit 

^^ en justice; de plus, que le Syndic sera choisi 
parmi les plas cxpérinaentés, et que ses fonctioas 

y ne dureront qu'un an. 



( ^5i ) 

CHAP. 63. 

n. Les douze Syndics , immédiatement après 
leur élection , procéderont à celle de trois dépu- 
tés, lesquels seront en dbsurge pendant trois ans; 
il leur 5^a assigné par les Syndics ou par la ma- 
jorité d'entre eu:i un traitement proportionné 
aux fatigues et aux soins qu'ils seront dans le cas 
de s'imposer. 

CHAP. 64. 

nL Aucun meunier ae poun^ être Cefuiero^ 
f^&as ipéine â*êtae i^ootnédiatement destitué. 

CHAP» 65. 

iV. Aucun Syndic ni J^éhedor n'aura le droit 
dlrffligèr à aucune Communauté une amende qui 
s^élèV^ê à to ducats. 

C9AP. 66. 

V. Aucun tenancier ou usager de Tormos ne 
pourra être élu Syndic, Vehedor ni CequierOy 
sous peine de voir annuller sa nomination. 



( a5a > 

CHAP, 67. 

RÉGLEMENS 

Rédigés et arrêtés par la Junte Générale de tenon- 
ciersarrosans du Canal de Moncade, le 27 sep- 
tembre l56a, suivant acte reçu par Pierre de 
Pau, notaire. 

\". Toutes les fois que des tenanciers , des usa- 
gers ou quelqu'un des bourgs ou villages dé- 
pendans de la Communauté requerront le Ce- 
quiero pour cause de sécheresse, celui-ci sera 
tenu d'en informer les Syndics et de les convo- 
quer, afin de désigner trois députés, qui, selon 
l'usage, doivent instruire la plainte : à cet effet, 
ces députés et le Cequiero seront tenus de se 
transporter dans le village qui a formé la plainte; 
ils s'informeront auprès de l'autorité locale, ou, 
à son défaut, auprès de quelque habitant, et au 
besoin même ils les requerront de fournir la 
preuve de la disette d'eau. Ces députés seront 

élus suivant l'usage ; ils prêteront serment 

entre les mains du Cequiero de ne parler que 
d'après leur conscience et la vérité ; après quoi , 
ils examineront et s'assureront de l'état des lieux: 
si l'exposé des besoins est réel, ils donneront 
l'ordre audit Cequiero de conduire et de ( 



ire et de di riggr | 



( »53 ) 
l'eau vers le lerroir en souffrance , et ce nonobs- 
tant el tandeo , ou état de distribution , si toute- 
fois il existe. Il est de plus convenu et décidé que 
si les députés refusent ou négligent de se trou- 
ver sur le lieu de la convocation à l'heure indi- 
quée, le Cequiero est alors autorisé à faire tout 
ce que le présent règlement prescrit auxdits dé- 
putés. 

cuAP, 68. 

II. Le curage général aura lieu tous les sept 
ans, à partir de l'Azud de l'Acequia jusqu'à son 
embouchure dans la mer. 



CHAP. 6g. 

RÉGLEMEINS 

Rédigés et arrêtés parla Junte Générale , le ti sep- 
tembre I ^Ç)^, suivant t acte reçu par ledit Pierre 
de Pau , notaire. 

I". Lorsqu'un des Syndics demandera la con- 
vocation d'une Junte , afin de délibérer sur des 
intérêts particuliers et non sur les intérêts de la 
Communauté à laquelle appartient ledit Syndic, 
les frais et les dépenses résultant de la tenue de 
cette Junte seront à la charge du lieu représenté 
par ceSyndic; cependant, commelebourgduPuig 
^^^ Tome L 17 



( «SA ) 

et le village de Piizol sont, à cause de leur éloi- 
gnement , plus particulièrement dans le cas d'être 
aidés et secourus, chacun d'eux aura droit à trois 
Juntes annuelles , et les frais de celles-ci seront 
soldés sur les fonds de la Caisse Syndicale. Il n'est 
point dérogé à l'usage qui n'accorde qu'une Junte 
à chacun des autres lieux compris dans la Com- 
munauté. 



cïJ\p. 70. j^H 

ïW 
IL Comme il appert que les Cequieros, oubliant 
la crainte de Dieu , et au grand préjudice des ar- 
rosans, s'approprient souvent les sommes desti- 
nées à solder les journaliers requis par les f^ehe- 
dors pour l'exécution des travaux, et que cepen- 
dant l'Acequia et ses dérivations restent sans cu- 
rage, afin de détruire cet abus et cette odieuse 
coutume, la Junte générale décide : i". lorsqu»; 
les Fekedors effectueront les reconnaissances ac- 
coutumées {^visuras^^uT toute l'étendue du Ca- 
nal et qu'ils s'apercevront qu'une..de ses branches 
n'a pas été curée avec tout le soin convenable , 
ils désigneront tel nombre d'hommes qu'en leur 
conscience ils croiront indispensable pour ce 
curage partiel; 1". le Cequiero mettra ensuite 
lesdltft journaliers à la disposition du Sj-ndicou 
des Syndics chargés de la surveillance dfe ladite 



A 



( î^55 ) 

branche , et paiera en outre 4 sous au lieu de 2 ( i ) 
pour chacun des individus anployés aux tra- 
vaux ; >. enfin, si ledit CeqiUem n'applique pas 
auxdits travaux la totalité des journées désignées 
par les Fehedors , dans ce cas il ne pourra exi- 
ger des usagers de ladite branche que le salaire 
des hommes qui auront réellement travaillé toute 
la journée sur cette même branche. 

RÉGLEMENS 

Pour /'Açequia Real, rédigés par ledit Pierre de 
PaUf notaire^ /eai septembre iSyy. 

CHAP. 71. 

Considérant que dans les terroirs dépendans dû 
Canal Royal de Moncade , il existe trois grandes 
dérivations vulgairement désignées par le nom 
dé firazo^ (branches), lesquelles sont situées entre 
le pont de Musaroches, et les villages d'Albalat 
et tfAlbuixech , presque en face de S.-Onofre ; 
que leur .curage est à la charge de tous les te- 
nanciers ; qu'à l'époque où les Vehedors et les 
Syndics se transportent sur lesdites dérivations 



{\) Le sou valencien vaut 3 sous 6 deniers de France : 
Àlez. de la Borde | U IV, p. 546. 

17.. 



( ^56) 

pour s'assurer si le curage en a élé fait avec soin, 
ils les trouvent mal réparées', mal curées, par- 
fois totalement oubliées , ou bien encore dégra- 
dées , ensablées et sans aucune communication 
entre elles; qu'à raison du grand nombre de te- 
nanciers intéressés à ces travaux, on ne sait à 
qui en attribuer le retard; que les Vehedors et 
les Syndics, embarrassés sur les moyens de ter- 
miner le curage , le retardent indéfiniment , puis- 
que souvent celui des tenanciers qui a été le plus 
négligent soutient au contraire que les dériva- 
tions qui le concernent sont les mieux réparées; 
que ces incidens produisent une confusion in- 
surmontable , par la difficulté de réunir tous les 
tenanciers pour la vérification du fait : afin d'ob- 
vier à de tels abus , il a été ordonné que le curage 
de chacun des trois Brazals susdits sera confié à 
un tenancier-arrosant; que celui-ci sera nommé 
dans une assemblée des tenanciers de chacun 
desdits Brazals , et avisera à la confection des 
divers travaux, ainsi qua la répartition des fixais 
entre les tenanciers des trois terroirs au prorata 
des propriétés arrosables possédées par chacun 
d'eux; que le Cequiero pourra commettre le cu- 
rage de ces diverses branches aux individus ainsi 
désignés , et que par ce moyen le Canal sera com- 
plètement réparé ; de plus, il est ordonné que le 
Cequiero pourra imposer telles amendes qii^ï 





i: =»57 ) 

4àroira nécessaires pour contraindre les tenanciers 
du curage desdites dérivations. 

CHAP. 72, 

IL Dans Tacte reçu par Juan Munoz, notaire, 
le 2 1 septembre 1 636 , la Junte générale du Ca- 
nal Royal de Moncade ordonne qu'au lieu de six 
'vehedors et de six syndics qui jusque-là ont été 
chaînés de vérifier et de reconnaître les travaux 
d'entretien effectués sur les fi^ancs-bords du Ca- 
nal, cette reconnaissance sera désormais confiée 
aux douze syndics et aux douze vehedors. 

CHAP. 73. 

ïn. Par acte reçu par Vicente Valls, notaire, 
le 2 1 septembre 1 663 , ladite Junte générale du 
Canal Royal arrêta et ordonna que tout Cequiero 
pourra être réélu , s'il s'est écoulé un délai de trois 
ans depuis qu'il a quitté son emploi. 

Le présent cHapître déroge au règlement 61, qui est le 
27e. de ce recueil , lequel porte que ce n'est qu'après dix 
, années révolues que le Cequiero peut être réélu. 

CHAP. 74. 

rV. On trouve dans un registre in-folio de 
^rand format et recouvert en parchemin, inti- 
tulé : Livre des. Statuts et des Juntes du Canal 



( »58) 

Royal de Moncade, une délibération prise par^ 
Cequiero et les Syndics alors en exercice , et ins- 
crite depuis la première page dudit jusqu'à la 
fin de la seconde. Elle porte que le syndic-notaire 
ne peut être Syndic ni tenancier d'aucun autre 
Canal. ^^ 

CHAP. 7 5. ^^1 

V. Dans le même registre, folio 38, on trouve 
encore une délibération de la Junte générale des 
arrosans , par laquelle il est arrêté qu'à l'avenir 
et à compter de la présente délibération, toute la 
comptabilité relative à la communauté de Mon- 
cade, confiée jusqu'à ce jour à un Juge-Contador, 
sera désormais à la charge des douze Syndics. 



cbap. 76. ^^1 

Articles de la convention signée par les te- 
nanciers arrosans du Canal Royal , reçue par An- 
dré Puig, notaire, le 27 mai iG58, pour régler 
le mode d'administration et le régime des eaux 
et des arrosages des divers tenanciers ou usagers. 
Cette convention fut approuvée par l'Audience 
'Royale de Valence, à la suite du décret rendu 
par le noble don Cosme Gombau , et publiée par 
Eiisebio de Benavidés , greffier ou secrétaire des 
commandemens , le 3 août i658. 



CHAP. 77. 



Premièrement. Il a été convenu et arrêté par 
les parties délibérantes qii'afin de faire connaître 
à chacun des lieux compris dans la Communauté 
comment i! doit se régir pour l'usage des eaux 
du Canal Royal, il est décidé que, dans les temps 
d'abondance , les deux terroirs de Puig et de Pu- 
zol arroseront le dimanche depuis le coucher du 
soleil jusqu'à son lever le lundi, sous la condition 
cependant que par cette distribution les terrains 
inférieurs au Rio-Seco seront arrosés, ayant soin 
d'intercepter à cet effet toutes les eaux tant hautes 
que basses, courantesou stagnantes , qui seraient 
supérieures audit Rio-Seco. 

KCHAP. 78. 
. Il a été convenu que le lundi , toutes les 
eaux d'arrosage coulant tlans le Canal Royal, 
depuis l'Azud jusqu'au torrent de Rio-Seco, se- 
ront interceptées , sous la condition cependant 
que le moulin de Moncada ne discontinuera pas 
de recevoir le volume d'eau qui lui est nécessaire , 
ainsi qu'il a été pourvu et arrêté par les Syndics , 
les élus et les experts , avec les clauses qui seront 
ensuite détaillées, et à l'exception aussi de la prise 
d'pr.u ( Roll ) d'Alfara ; que le même jour lundi , 



I 




tous les œils [Rolls) situés depuis le Rio-Seco ji 
qu'aux derniers terroirs arrosaus seront fert 
jusqu'après le coucher du soleil , excepté la I^ila 
ou Hila de Meliana, celle d'Albalat , la prise d'eau 
ou œil de la Maza et celui de MasamagreU, pourvu 
toutefois que le Syndic de ce dernier village ac- 
cède à la présente convention. ^h 

cHAp. 79. ^ 

m. Il a été convenu que les terres élevées de 
Pontarro ne pourront être arrosées qu'en se con- 
formant à l'antique convention , c'est-à-dire toutei 
les fois seulement qu'elles auront obtenu l'eau. 



CHA.P. 80. 






IV. Il a été convenu que les terres au-des! 
du Rio-Seco pourront, à l'avenir, s'arroser de la 
même manière qu'elles l'ont été jusqu'ici , c'est-à- 
dire qu'elles disposeront et jouiront de l'arrosage 
toutes les fois que l'eau parviendra jusqu'à elles ; 
pourvu qu'il n'ait pas été donné d'ordres con- 
traires par les douze syndics réunis aux experts 
nommés par les parties intéressées. 

M 

CHAP. 81. ^H 

"V. Il a été convenu qu'afin que chacun des ter- 
roirs jouisse de l'eau à laquelle il a droit, et pour 




( 26l ) 

quie celle-ci ne se perde point, le dernier aitosant* 
sera tenu de faite rentrer Feau dans lejPanal Royal 
et qu'il en sera cru sous serment toutes les, fois 
qu'il affirmera l'avoir fait , ainsi que sur plusieurs 
autres points qui seront plus bas détaillés. Sont 
exceptés de cette obligation les usagers de la fila 
de Meliana , à cause des obstacles qui s'opposent 
au retour de l'eau dans le canal principal ; ceux 
des filas d'Alfara, d'Albalat, ceux des rigoles et 
œils de Foyos , d'Albalat et d'Albuixech , par le 
motif que leurs terres sont situées en aval du 
grand chemin ; avec cette clause cependant que 
le garde pourra retirer et priver de l'eau les ri- 
goles ou œils (Rolls) de Foyos et d'Albalat, la fila 
d'Albalat et la rigole (Cano) d'Albuixech, lorsque 
cette eau ne sera pas utilisée par les usagers. Tous 
ceux qui contreviendront à cette disposition se- 
ront punis d'une amende de 3 livres monnaie 
courante ( lo fr. 5o c). 

CHAP. 82. 

VI. Il a été convenu que quiconque établira 
des barrages ou interceptera le cours de l'eau 
dans le Canal principal, paiera a 5 livres d'a- 
mende , conformément aux réglemens et aux di- 
verses sentences qui sont intervenues. Sont ex- 
ceptés de ce règlement les terroirs inférieurs aux 



( a6a ) 

vannes de partage ( tanderas) de Puig et de Pu- 
zol et à la p^ise d'eau ou Quadrado de Moncada. 

CHAP. 83. 

VIII. 11 a été convenu que toutes les fois que 
les terres seront suffisamment arrosées , les tenan- 
ciers pourront disposer chacunen faveur des mou- 
lins de la portion d'eau qui lui appartient sans 
encourir aucune peine. ^^H 



Vni. Il a été aussi convenu que lorsque la 
dérivation ou l'œil d'un moulin sera trouvé ou- 
vert pendant les jours d'arrosage indiqués au 
bourg d'el Puig et au village de Puzol, ou pen- 
dant tel autre jour auquel ledit moulin n'aurait 
aucun droit à l'eau, le meunier sera puni de 
3 livres d'amende , dont un tiers sera rem 
dénonciateur, un autre tiers au Cequiero 1 
tiers restant à la Caisse Syndicale. 



CHAP. 85. 



■enua^^^ 

I 



IX. Il a été convenu que celui qui, arrosant 
les terres élevées avec les eaux de la rigole ou 
œil d'el Puig, déversera ces mêmes eaux sur les 
terres inférieures, sera puni de 3 livres d'amende, 
partagées comme il est dit ci-dessus. On excepte 



A 



( a63 ) 

de cette disposition la rigole des Huertas de Vi- 
nalésa, dont les eaux coulent toute la semaine, et 
la petite rigole (i) de San-Onofre, qui coule aussi 
continuellement , et fut, autrefois comprise dans 
les distributions d'urgence , concédées aux lieux 
duPuig et de Puzol, ainsi qu'il conste d'une con- 
vention. 

CHAP. 86. 

X. Il a été convenu qu'on ne pourra établir 
aucune dérivation ni ouvrir aucun œil dans la 
partie supérieure du Canal Royal , sous peine de 
3 livres d'amende ( réparties comme il est déjà 
dit) pour chaque dérivation ou œil établi , à l'ex- 
ception de ceux dont il ser^ fait mention plus 
bas , et dont l'existence sera autorisée par le pro- 
cès-verbal de reconnaissance. 

CHAP. 87. 

XI. Il a été convenu que si par quelque ouver- 
ture , rigole , œil ou vanne , il s'opère des injSltrâ^ 
lions préjudiciables , ou bien si les eaux-dérivées 
servent à l'arrosage de certaines terres hors des 
époques prescrites, et en particulier pendant 
qu'elles appartiennent aux bourgs de Puig et de 

(i) Fileta ou hileta p dimiautif de hila ou de la meule 
d'eau valencienne. 



{ 264 ) 
Puzol: dans l'un et l'autre cas, celui ou ceux qui 
auront ouvert lesdits œils, rigoles ou vannes, se- 
ront punis de r o livres d'amende , et celle-ci sera 
répartie comme il est dit ci-dessus : bien entendu 
que ce règlement concerne seulement les usa- 
gers de Muncada ; car si le contrevenant était usa- 
ger de Tormos , il serait passible de l'amende im- 
posée par divers arrêts de la Royale Audience, 
laquelle est de aS livres valenciennes (87 fr. 5oc.), 



XII, Il a été convenu qu'attendu qu'il est dé- 
montré qu'un grand nombre d'usagers , tandis 
que l'eau appartient aux terroirs de Puig et de 
Puzol ou à tous autres , arrosent leurs terres sous 
prétexte que l'eau serait indubitablement per- 
due; qu'attendu, d'autre part, que les infracteurs 
sont admis à se justifier par simple serment, en 
vertu d'un ancien règlement de l'Acequia; que 
ce moyen de se libérer est à-la-fois préjudiciable 
pom? la conscience desdits infracteurs , et pour 
les usagers, qui sont ainsi privés d'une partie de 
l'eau qui leur est assignée dans le partage: pour 
remédier en tant que possible à ces abus, et au 
besoin révoquant les réglemens antérieurs, la 
Junte dispose, délibère, détermine, accorde et 
arrête que tout tenancier ^iii^ra tïpuvéJ 



irpuvé^l^ 



sant sa propriété hors des heures déterminées 
par le règlement de partage , lors même que l'eau 
devrait se perdre, sera condamné au paiement 
d'une amende de 3 livres , réparties comme il est 
dit ci-dessus , sans que ledit tenancier puisse être 
admis à prêter son serment. Sont exceptés de 
cette disposition les tenanciers compris depuis la 
rigole ou œil de la Maza, jusqu'à la vanne ou 
prise d'eau d'el Puîg et de Puzol , parce qu'il 
existe sur leurs terroirs un grand nombre de dé- 
rivations qui reçoivent naturellement les eaux 
supérieures, et qu'ils sont dans l'impossibilité de 
s'y opposer. Ces tenanciers seuls seront admis à 
prouver par serment qu'ils n'ont point ouvert 
ledit oeil ou ladite rigole, et qu'ils n'ont utilisé 
l'eau que parce qu'ils ont reconnu qu'elle allait 
se perdre. De plus, pendant les jours d'arrosage 
fixés aux lieux de Puig et de Puzol, la défense 
d'user de l'eau sera absolue et les infracteurs ne 
seront point admis au serment. 

CHAP. 89. 

Xin. Il a été convenu que toutes les fois qu'on 
nommera des députés conformément aux anciens 
réglemens du Canal de Moncade , ces députés se- 
ront obligés d'accorder l'eau aux usagers qui en 
auront le plus pressant besoin, en observant 




( aGG ) 
l'ordre établi par lesdits réglemens; qu'aucun te- 
nancier ne pourra arroser aucune des produe- 
lions dont l'arrosage aura été interdit par les syn- 
dics et les Députés ; que la Tanda d'el Puig el de 
Puzol est aussi comprise dans cette interdiction, 
qui durera tout !e temps de la disette d'eau et 
jusqu'à ce que les besoins des co-usagers soient 
satisfaite. Il n'appartient qu'aux seuls députés, 
puisqu'ds ont tout vu et tout reconnu par eui* 
mcraes , d'apporter au mal le remède convenable. 



CHAP. 90. 

XIV. Il a cto convenu que les réglemema»- 
cieus publiés jusqu'à ce jour, que les délibéra- 
tions prises et à prendre pour le partage de i'eau, 
aux époques d'une grande sécberesse ou de sté- 
rilité, lesquelles ne sont point révoquées , corri- 
gées ou modifiées par les présens réglemens, se- 
ront observées et exécutées dans la forme jus- 
qu'ici prescrite ; cette déclaration concerne aussi 
tous autres réglemens, ordonnances, privilèges, 
délibérations, statuts et décisions quelconques, 
publiées jusqu'à ce jour, pourvu qu'elles n'aieat 
pas été révoquées, modifiées ou corrigées par les 
présens , ainsi qu'il est déjà dit et qu'il sera spé- 
cifié plus bas. 



A 



(!.67) 



cnAP. 91. 

XV. Il a été convenu qu'attendu qu'il conste, 
à n'en pouvoir douter , que la disette d'eau si 
souvent éprouvée par les derniers arrosans de 
de Rafel-Bufiol, de Masamagrell , et parfois de 
Museros, provient des grands abus qui ont lieu 
depuis la vanne établie vers le milieu du Canal , 
et en remontant son cours jusqu'au lieu de Pa- 
tema : pour ces motifs , les douze Syndics et les 
Cequieros , réunis à Guillem "Nicolau , de Meliana , 
Pedro Carsi, de Moncade, Francisco Serra, d'Al- 
balat dels Sorells, et Miquel Javi, de Masama- 
grell, et de plus avec les quatre députés qu'il 
plaira aux communautés (^universidades) d'el 
Puig et de Puzol d'envoyer, se réuniront dans le 
terroir de Paterna, et suivront le cours de l'Ace- 
quiajusqu'à la Tanda ou vanne établie à mi-canal, 
pour réduire , faire boucher , ou pour condam- 
ner toute espèce d'œil, de meule, de dérivation 
ou de rigole qui leur paraîtra superflue, à des 
terres qui s'arrosent par d'autres moyens plus 
commodes; avec cette clause cependant, que 
lorsque les résolutions prises par les douze Syn- 
dics ne seront point unanimes, elles devront 
être soumises aux buit élus , et approuvées par 
emàb pluralité des voix , et sur leur déclaration , 




(,69 ) 
les douze Syndics pt le Ceqiiiero veilleront incon- 
tinent à ce que lesdites résolutions soient exécu- 
tées. Dans le cas ou les douze Syndics, comme 
nous l'avons déjà observé, ne seraient point d'ac- 
cord, et où les huit élus seraient partagés en 
nombre égal, alors la contestation sera soumise 
à des hommes de l'art désignés par les parties, 
et agissant, deux pour leur compte , et un troi- 
sième comme arbitre. Dans tous les cas, toutes 
les mesures de prudence seront prises par le Ce- 
quiero et par les Syndics , comme chefs ( Sehores) 
et administrateurs de ladite Acequia et de ses 
eaux , dans la forme et avec les qualités et les ré- 
serves qui leur sont concédées dans les privilèges 
royaux. On se conformera aux dispositions qui 
précèdent , dans tout ce qui est relatif aux chan- 
gemens et aux améliorations projetées depuis le 
B-io-Seco jusqu'à l'embouchure du Canal. On 
opérera ceschangemens en veillant à ce qu'il par- 
vienne une quantité d'eau sufËsante à Rafel-Bu- 
iïol , afin d'ôter , par là, tout prétexte aux derniers 
arrosans pour détourner l'eau destinée aux ter- 
roirs d'el Puig et de Puzol. 



CDAP. 9a. 
XVI. Considérant que par les arrêts tje ia 




(»69 ) 
Koyale Audience relalifs au Readrezo (i), il est 
ordonné de supprimer di-verses prises, rigoles, 
œils et boqueras (2) , par le motif que l'arrosage 
ne pouvait avoir lieu qu'au moyen de Tendas, et 
que celles-ci ne peuvent s'imposer à des terres 
qui exigent une semaine entière pour s'arroser ; à 
cet effet, les douze Syndics, de concert avec les 
élus susdits, distribueront les eaux conformément 
à la répartition existante en 1616, et prendront 
les mesures nécessaires pour garantir ce nou- 
veau partage, ainsi qu'ils en auront l'obligation 
par les présens réglemens ; de plus , comme il 
conste que certains œils et autres prises particu- 
lières manquent aujourd'hui d'eau, il est provisoi- 
rement déclaré : 

i". Que le B.0U del Enferris devra fournir à 
l'arrosage de quatre autres jovadas de terre , et 
qu'à défaut la rigole, ou Roll dels Frares^y sup- 
pléera. ; 

2°. Que les jours d'arrosage du terroir de Mou- 
cade on doit retirer l'eau à toutes les prises supé- 
rieures et inférieures , et veiller à ce que toutes 



(j)On désigne par ce mot la reconnaissance qui eut lieu 
sur les deux bords du canal , et la décision prise à l'égard 
de cbacnne des prises d'eau alors . 

(2) La baquera fournit un volui 

^^^^ Tome 



( ^1<J ) 

les vannes soient baissées, aûn dt; prévenir le» 
infiltrations ; 

3". Que le RoU eîe Carraget sera rétabli à la 
mesure de 12 pouces (o^fSoS) ; 

4". Que les prises d'eau pour le terroir de 
Foyos seront rétablies dans leur ancien état; 

5". Qu'il sera donné au Iloll d'Albalat une 
- meule (muela) d'eau suffisante pour mettre en 
jeu un rouet quelconque d'un moulin à farine; 

6". Que le Roll de Museros sera agrandi de 
manière à recevoir la meule d'eau nécessaire à 
son moulin ; 

7", Que la prise d'eau de Meliana sera baissée 
jusqu'au seuil antique , pour qu'à l'époque des 
sécheresses elle puisse recevoir un plus grand 
volume d'eau , ainsi que le décideront les Syndics 
et Ifisélus, conformément aux réglemens qui pré- 
cèdent ; 

8°. Que dans le terroir de Masamagrell on ré- 
tablira l'œil inférieuret qu'on l'accroîtra de 3 pou- 
ces valenciens (o™,oa 5) ; 

9°. Que l'on rétablira le Holi de la Grifa dans 
l'état où il se trouvait à l'époque des anciennes 
transactions ; 

io<*. Que l'on partagera l'eau entre l'œil ovi 
Boll de la Cruz et celui de la CeboUa , d'après le 
nombre de Jovadas de terre que chacun d'eux 
devra arroser; 



A 



( a?' } 

CHAP. gi. 

^XVII. Il a été convenu que pour mieux assu- 
rer le régime des eaux, chacune des rigoles fi) 
Itolls , Filas et lîoqueras , aujourd'hui existantes 
depuis l'Azud jusqu'à la grande vanne (taruîera) 
d'el Puig et de Puzol , recevront un nom parti- 
culier; qu'en outre chacune de ces prises d'eau ' 
sera inscrite sur un registre avec les dimensions 
et la situation que lui aurunt précétlemment as- 
signées lesdits Syndics par suite du présent rè- 
glement : ainsi l'on mettra les usagers dans l'im- 
possibilité d'établir de nouvelles prises ou d'a- 
grandir les anciennes; qu'à cet effet le Cequîero 
et les Syndics, assistés du notaire-syndic de la 
Communauté, devront effectuer la vérification 
desdites prises d'eau aux époqiies du curage de 
l'Acequia; qu'ils supprimeront les dérivations il- 
légales et rétabliront dans les dimensions pres- 
crites celles qu'on aurait détériorées; que pour 
ces diverses opérations il sera rédigé des actes, 
dont on délivrera des copies, afin que chacun 



(i) Câhos : on entend ici par ce mot non les petits 
aqueducs , mais les barrages en maçonnerie établis sur un 
canal, et servant à le diviser immédiateinenl en deux ou 
mbre de branches. 




Radie quels sont les iirrosages du Canal Roy 
Moncade et le régime de ses eaux; enfin, qu'il 
demeure entendu et arrêté que la vérification et 
la rectification desdites prises d'eau seront à la 
charge des Communautés particulières sur le 
terrain desquelles on signalera les abus et l'on 
effectuera les travaux, avec la réserve que celles- 
ci pourront poursuivre ceux qui se seront mali- 
cieusement rendus coupables d'une infractioi 



I 

leotâ 



P 



XVITI. Attendu que les arrêts du Reai 
rendus par la Royale Audience , condamnent 
a 5 livres d'amende quiconque dégradera ou pra- 
tiquera une brèche sur le Canal Boyal ; que si le 
nom de l'infracteur reste inconnu , la Commu- 
nauté ou village sur le terroir duquel le dom- 
mage aura eu lieu sera passible de l'amende ; que 
cependant si l'inft'action est faite sur un Roll ou 
hila (meule d'eau) de moulin , l'amende sera sup- 
portée par le ttieunier : à ces causes , il a été re- 
connu et arrêté : toutes les fois qu'on remarquera 
des brèches ou des dégradations dans les pierres 
de taille servant à établir les diverses prises 
d'eau (Filas ou Rolls) , ou bien dans les francs- 
bords del'Acequia, comme aussi des taupiuières 
on devra immédiatement en prévenir le Svndic 



1. on devra immédiatement en prévenir le Svndic 



(^73) 

du lieu sur le terroir duquel existeront lesdite5f 
brèches , dégradations ou taupinières; celui-ci, 
dans le délai de trois jours, à compter de celui 
où il recevra l'avis , fera réparer les donunages ; 
à défaut, ladite amende de 2 5 livres sera à la 
charge dudit lieu et imputable sur ses biens. Cette 
solidarité est exigée toutes les fois que le malfai- 
teur ne peut être découvert; mais la Commu- 
nauté l'exerce à son tour contre le Syndic qui 
néglige en pareil cas l'avis , ou bien contre le mal- 
faiteur lui-même, se réservant, à cet effet, toute 
espèce de droits et recours , tant contré les au- 
teurs du dommage que contre les Syndics qui 
auront négligé de le signaler. Il est encore arrêté 
que ledit avertissement sera donné au Syndic 
ou aiix Syndics en personne par tout autre Syndic, 
par le Cequiero, ou par les gardes du Canal, et 
que ceux-ci en seront crus sous serment lorsqu'ils 
déclareroïit avoir donné l'avis. 

CHAP. 95. 

XIX. Il a été convenu qu'aucune Communauté 
ni aucun tenancier-arrosant ou propriétaire de 
moulin ne pourront aujourd'hui ni en aucun 
temps s'appuyer d'écrits ni contr écrits pour sou- 
tenir des prétentions contraires aux réglémens 
convenus et arrêtés par le présent acte, puisque. 



( -74 ) 

ainsi qu'on le verra plus bas, les douze Syndid 
réunis aux élus des lieux d'el Puig et de Pozol, 
rendront justice k quiconque se prétendra lésé, 
et que si par hasard elle lui était refusée , il reste 
toujours à l'offeiisé son recours au Bayle-Général, 

„„.™.....,.„..„... 

CHAP. 96. ^^1 

XX. 11 a été convenu qu'afin de protéger Tad- 
ministration du Canal , il sera établi trois Gardes, 
qui, conjointement avec le Cequiero, seront te- 
nus d'en parcourir incessamment les bords, et de 
le garder avec le zèle et la vigilance que leur im- 
posent les réglemens. En cas d'oubli ou de négli- 
gence , ils seront, à la troisième fois, privés de leur 
salaire , et celui-ci versé dans la caisse de la Com- 
munauté ; s'il arrive que l'un d'eux soit malade 
ou légalement empêché de veiller sur VJcequiay 
il devra se faire remplacer à ses propres frais; le 
remplaçant ira déclarer au greffier qu'il a par- 
couru et gardé le Canal au lien et place soit du 
Cequiero , soit de l'un des Gardes. Le Cequiero 
pourra, dans des occasions urgentes, augmenter 
le nombre des Gardes ainsi qu'il est d'usage, mais 
sous la condition expresse qu'il en fera préalable- 
ment la déclaration au greffier-laboureur, afin 
qu'il conste du nombre des Gardes et des mol 



t des mot^^^ 



( -75 ) 
qui ont détenniné leur augmentation ; s'il en «tait 
autrement, la dépense fîite à ce sujet ne serait 
point allouée audit Cequîero; cependant si les 
lieux d'elPuig et de Piizol réclament plus des trois 
Gardes assignés, ou bien d'autres encore en sus 
de ceux déjà établis extraordinaireraent par le 
Cequîero , il leur sera licite de le faire à leurs frais 
particuliers , pourvu toutefois que ces nouveaux 
Gardes soient agréés par le Cequiero, conformé- 
ment à l'ancien usage. 

CHAP. 97. 

XXT. 11 a été convenu que les trois Gardes or- 
dinaires du Canal de Moncade devront tenir les 
vannes prêtes dès midi , afin qu'après le coucher 
du soleil tous les canaux , Rolls , Filas et Boque- 
ras, qui doivent cette nuit être fermées , le soient 
exactement et spécialement , pour réserver toute 
l'eau du Canal le samedi après le coucher du so- 
leil. Si l'un desdits Gardes néglige de fermer 
quelqu'un des Rolls, Filas ou Boqueras dans les 
nuits et aux heures assignées, il sera puni d'une 
amende de 20 sous (3 fr. 5o c), appliquée utsuprà. 

CHAP. qS. 

XXII. Il a été convenu que les amendes en- 
pQUr n'avoir point rendu l'eau à l'Ace- 



^Murn^pQur n avoir pc 



f 276) 

quia après l'arrosage, pour avoir arrosé hors^ 
temps permis , ainsi que toutes autres amendes 
prononcées par les présens réglemens , ou par les 
anciens réglemens (le l'Acequia Real et de la Com- 
munauté, comme aussi celles relatives à toute 
détérioration , seront , après la preuve , exécutées 
sans rémission, à moins que les douze Syndics ne 
décident à l'unanimité qu'il y a lieu de remettre 
l'amende. Nul autre ne peut exempter ni taire 
grâce non - seulement pour le tiers revenant k 
le caisse syndicale, mais même pour les parts dé- 
volues au dénonciateur et au Cequiero, S'il arri- 
vait que le Cequiero remit ou fit grâce de l'a- 
mende aux contrevenatis, ou s'il gardait le si- 
lence et cherchait à éluder la plainte ou les 
plaintes qui seraient vérifiées et transcrites sur 
le registre du greffier-laboureur , il sera lui- 
même contraint au paiement de l'amende : dans 
tous les cas, si celui-ci ou le dénonciateur renon- 
cent à leur tiers respectif, il sera versé dans la 
caisse syndicale. 



■99- 



I 



XXIII. Il a été convenu que pour quei 
plaintes et les amendes soient admises et apj 
quées à la rigueur , le dépositaire annuel des fonds 
de la Communauté devra, à l'époque de la r edr 



1^^^^ 



A 



( 377 ) 
<litiot) de ses comptes , présenter le compte par- 
ticulier des dénonciations et des amendes ins- 
truites et prononcées dans l'année: ainsi l'on par- 
viendra , par la confrontation avec le registre du 
greffier , k s'assurer si l'on n'a pas clandestine- 
ment fait grâce ou remis lesdites amendes. 



XXIV. Il a été convenu qu'attendu que les 
procédures du Readrezo ont occasionné des dé- 
penses et des frais éiiormes , tant en écritures et 
matériaux employés à rétablir les diverses déri- 
vations [Cahos') , les Jtol/s, les Fi/as et les Boque- 
ras dans l'état prescrit par ledit Readrezo, qu'en 
vacations du noble don Cosme Gombau, jour- 
nées des officiers de justice et salaire des ouvriers 
employés à la vérification desdites prises d'eau ; 
qu'encore qu'il ne soit pas fait expressément men- 
tion de la condamnation aux frais de la procédure, 
ainsi que l'on peut s'en convaincre par la teneur 
del'arrèt publié par ledit don Cosme Gombau, 
mêmecettedisposition semble cependant être une 
conséquence naturelle des motifs qu i ont provoqué 
le Readrezo ; mais d'autre part , comme il y aurait 
de grandes difficultés pour reconnaître par qui 
d'entre nousdevTaient être supportés lesdits frais: 
à ces causes, et afin d'éviter tout procès, il a été 




C »78 ) 
par nous convenu , accordé et arrêté que deut 
avocats et le Syndic de la Communauté , réunis à 
deux autres avocats nommés par les villages et 
bourgs d'el Puig et de Puzol , et aux Syndics de 
ces deux derniers endroits , réviseront la procé- 
dure du Readrezo et les décisions rendues par 
les commissaires de Sa Majesté; ces dernières 
concernant sur-tout lesdites dépenses , ils feront 
aussi le relevédecelles relatives àiareconnaissance 
{visura) du Canal et aux matériaux employés; 
enfin lesdits arbitres régleront à l'amiable, sans 
éclat ni formes judiciaires , ia liquidation desdtttt 
dépenses : promettant les parties, comme «Iles 
promettent par le présent, de s'en rapporter et 
de se conformer en tout à ce qui sera délibéré 
et décidé par lesdits avocats et Syndics , obligeant 
à cet effet tous leurs biens. 



XXV. Il a été convenu que les réglemens 
compris dans la présente convention et chacun 
d'eux en particulier , sont exécutoires pour deus 
ans , à compter du nouveau partage de l'eau 
mentionné ci - dessus. Pendant ce délai , les 
bourgs ou villages , les moulins et chaque usager 
en particulier , pourront réclamer contre les 
préjudices dont ils se prétendraient atteints 



its^l^ 



'79 ) 
la nouvelle répartition de l'eau faite par les 
douze Syndics et par les éins, conformément au 
présent ; lesdits Syndics et élus feront droit aux 
plaintes et demandes dans la forme prescrite ci- 
dessus , sans éclat niformes judiciaires, mais seu- 
lement par actes publics reçus par le syndic-no- 
taire de la Communauté; mais si, à l'expiration 
des deux années précitées, personne ne réclame 
ou n'a réclamé , ta présente convention et l'acte 
rédigé à l'appui seront irré"vocablenient approu- 
vés; se soumettant, comme dès à présent se sou- 
mettent les contractans les uns envers les autres, 
au silence le plus absolu. Cette décision est prise 
sous la réserve expresse que l'œil (//Va) de Me- 
I lîana servant d'une manière notoire à un arro- 
! sage plus étendu que celui d'aucune autre déri- 
vation du Canal Royal, et étant avéré que déjà 
sous le régime des anciens réglemens ledit œil 
était celui qui avait le plus de besoins, il conser- 
vera ie droit de réclamer , en quelque temps que 
) ce soit et même après l'expiration desdites deux 
, années. Cette disposition s'étend pareillement 
aux tenanciers de Masamagrell jusqu'à la grande 
vanne (tandem) d'el Puig et de Puzol, attendu 
qu'ils sont les derniers arrosans, et que toutes 
les usurpations et tous les abus retombent sur 
l'arrosage dudil lieu de Masaraagrell et terroirs in- 



(,8o) 
réclameront un supplément d'eau pour l'iq 
sage, on y fera droit dans la forme suivante: 
le Cequiero et deux Syndics examineront et véri- 
fieront la demande, s'assuraiit que la disette d'eau 
provient de lappauvrissement duCanal etnonde 
toute autre cause : après quoi , ledit Cequiero 
et les douze Syndics , réunis aux experts et 
aux élus, ainsi que l'indique le chapitre i5 du 
présent règlement , y pourvoiront et y remédie- 
ront dans les huit jours qui suivront, non-seiîle- 
mentune fois, mais toutes les fois qu'on en aura 
prouvé la nécessité, à l'exception des jours de 
distribution (tanda) del Puig et de Puzol, A dé- 
faut par eux de se conformer à ce qui vient d'être 
ici prescrit , les tiroits des arrosans de Masama- 
grell et de MeUana, et de la majeure partie des 
arrosans, depuis Masamagrell jusqu'à la grande 
vanne ( tandcra ) demeureront à l'abri de toute 
atteinte , quelles que soient les dispositions du 
présent acte, et conserveront la même force qu'ils 
avaient avant la signature du présent. ^^^ 



CHAP. foa. 



XXVT, 11 a été convenu que , si , par quelque 
subtilité de droit, ou à la faveur de quelque pré- 
texte , la présente convention ne pouvait être du- 
rable et perpétuelle , ainsi que nous l'avonfr dfe 



A 



( tiSi ) 

daré; que SI une ou plusieurs communautés , uli 
ou plusieurs individus, élevaient des contesta- 
tions et des procès les uns contçe les autres , et 
spécialement contre les communautés d'el Puig 
et de Puzol , tentant de méconnaître en tout où 
en partie les articles de la présente convention , 
il soit bien connu que , dans aucun de ces cas , on 
n'a entendu porter aucun préjudice auxdites com- 
munautés d'el Puig et de Puzol, non plus qu'aux 
autres t^aanciers du Canal Royal , tant pour les 
droits qui leur compétent en vertu des conces- 
sions royales , des arrêts et des sentences obtenues 
jusqu'à ce jour parles procédures du Readrezo, 
que pour tous autres droits qui peuvent appar- 
tenir, à quelqiiè titre que ce soit, à chacun des 
réçlamàns , et en particulier aux lieux d'el Puig 
et de Puzol. Enfin,. nonobstant la présente con- 
corde, ils conservent tous leurs droits dans une 
parfaite intégi:ité, comme dans les temps anté- 
rieurs au présent* acte , et lés procédures restent 
dans toute leur forcé, sans quélelèinps puisse 
jamais les annuUer. 

V 

cïiAP. ro3: 

XX Vn. ïl a été convenu qu'afin que là pré- 
sente convention soit connue de tous les tenan- 
ciers de l'Acéquia Real , elle sera publiée dans 



( .8. ) 

chacun des lieux de la communauté qui ont un 
Syudic, le lendemain de la S.-Mathîeu ; car on est 
dans l'usage de présenter les comptes ce jour-là. 

Nota. Maintenant l'usage est de rendre les comples 



GHAP. Io4. 

XXVIII. Il a été convenu que la présente con- 
vention devra être autorisée et décrétée par le 
tribunal de la Royale Audience , aux frais de la 
Communauté. 

CHAP. io5. 

XXIX. Il a été convenu que les présens régle- 
mens et chacun d'iceux devront être conservés et 
observés par les partie^ contractantes , sous peine 
de 200 livresd'amende payables par la partie con- 
vaincue d'infraction à la partie soumise auxdits 
réglemens. Celle-ci ne recevra ladite somme qu'à 
titre d'amende ou peine de convention. Dans tous 
les cas , le présent acte conservera toute sa force 
et sa valeur. 

CHAP. 106. 

XXX. Il a été convenu que les présens régle- 
mens et chacun d'eux en particulier seront exé- 
cutoires avec tous les privilèges des Fueros, 




( a83 

cliangemens d'instances judiciaires, et avec lo- 
bligation de biens, et autres clauses exécutoires, 
usitées par le notaire soussigné. 

CHAP. 107. 

Procès-verbaux de reconnaissance des dériva- 
tions , wllSfJUas et bagueras, qui existaient sur le 
Canal Royal, et du mode assigné pour leur ar- 
rosage, dressés en exécution des présens régle- 
menset reçus par André Puig, notaire, le 117 mai 
i658 , sur l'instance des douzeSyndics, par actes 
reçus par ledit Puig , les 10, la, 17 août de la 
même année. Ces divers actes sont insérés dans 
le registre in-4". intitulé : Protocole de la Royale 
AcequiadeMoncade. La reconnaissance précitée 
commença au premier roll, appelé de laSallsa, 
situé dans le terroir de Paterna. 

CHAP, 5o3. 

Le Cequiero et les douze Syndics de la Royale 
Acequia de Moncada peuvent imposer des taxes 
sans l'intervention de qui que ce soit; les Syndics 
donnent l'ordre au Cequiero d'en poursuivre le 
recouvrement ; ils peuvent nommer des collec- 
teurs et des receveurs , leur faire rendre compte 
et leur délivrer quittance définitive pour les 



( !>84 ) 
sommes perçues : co liste le tout par la copie d'une 
procédure authentique et légalisée pour être pro- 
duite en justice, laquelle se trouve, dans l'armoire 
des archives , marquée de la lettre F. L'arrêt fut 
rendu sur lerapport de don Francisco deAguirre, 
docteur du Royal Conseil, section civile, à la 
suite de la requête de Vicente Juan, notaire, 
agissant comme Syndic du Canal Royal , le 1 1 dé- 
cembre 1643, et à la diligence de Yincent-Martb 
Llop , notaire, l'un des greffiers de la section ci- 
vile de l'Audience Royale. Quelques individus 
faisant partie de la Communauté tentèrent de dé- 
fendre leurs droits par une fausse interprétation 
de ladite sent^ice, mais ils furent déboutés: 
conste de la copie précitée. Voyez le Livre JVoir, 
fol, aa/j, cap. 34) n"- 85. 



CBAP. 5o4- 



n 



De la juridiction qu'exerce le Cequiero de la 
Real Acequia deMoncada en première instance 
sxn- toutes les contestations relatives au régime et 
à l'administration dudit Canal, résultant de di- 
vers privilèges concédés par les sérénissimes rois 
d'Aragon , coimne il conste et il appert an Liyre 
Noir, fol. 7, cap. 18, n". 18; cap. ao, fol. 18; 
cap. aS, a". 24- Cette juridiction se trouve de 
plus confirmée et corroborée : i". parla ; 




( -i85 ) 
dure existante dans ladite amioire des archives à 
Valence , sous la lettre L. , laquelle fut suscitée 
par le lieu et village de Puzol contre les usagers 
de la Royale Acequia , par-devant le s', don Pedro 
RipoU, docteur d'el RealConsejo; a", par rarrèt 
intervenu à la suite dudit procès et rédigé par 
Vincent Ferrera, notaire-greffier près la cour, le 
2^ novembre 1667 Dans cet arrêt, le lieu de 
Puzol non-seulement fut débouté, mais il fut 
de plus condamné aux dépens. 

r.BA-P. 5o5. 



Le droit irrévocable qu'ont le Cequiero et les 
douze Syndics d'imiioser librement des taxes sans 
i'int«Tention d'aucune autorité; d'en exiger le 
paiement par la voie des contraintes et à la dili- 
gence du Cequiero dudit Canal Royal; de nommer 
les collecteurs et les receveurs desdites taxes; de 
leur faire rendre compte, et de leur délivrer 
quittance définitive , conste d'une procédure dû- 
ment légalisée, existant dans ladite armoire de 
Valence , sous la même lettre L. Malgré la teneur 
des royales provisions (sentences) : De evocatâ 
causa et admisis juris firtna , etc. Vincent Grifo, 
notaire, agissant comme Syndic du couvent de 
S.-Onuphre , don Vincent Pardo de la Casta et 
autres tenanciers ou usagers, formèrent leurins- 



TOMK 1 



'9 



L 



( M ) 
fancesous ia dalc du i y décembre i643; maÎB ils 
ftirentdéboutéspar décision de l'Audience Royale 
du 4 aoîit 1647 , qui déclara reconnaître et vou- 
loir maintenir ladite décision de Juris firtna. Le 
rapportenr [oidor) de cette affaire fut le noble 
don Francisco de Aguirre, avocat au Royal Con- 
seil civil, et le greffier Vincent Martin Llop, 



CHAP. 5 18. 

Par acte de Vincent Casafla , Syndic dudit Ca- 
nal, le 19 octobre 1678 , transcrit au fol. 108 du 
livre intitulé : Premier livre et Réglemens , Statuts 
et actes de la Real ^cequia , il fut arrêté par les 
Syndics alors en exercice qu'à compter dudit jour 
aucun bourgeois de Valence,, aucun notaire ai 
aucun chirurgien, mais seulement les cultivateurs 
étrangers à tout autre Gremio ( corporation ) se- 
raient aptes à exercer les fonctions de greffiw du 
Canal Royal; et s'il arrivait qu'on, eût nommé 
audit emploi quelque bourgeois , notaire ou bar- 
bier, etc., ladite nomination serait considérée 
comme nulle et non avenue. 



CHA.P. 5ai. 



mon- ' 



L'on explique dans ce chapitre l'usage remon- 
tant à une haute antiquité , dans lequel sont les 
boiffgs et les villages usagers des eaux du CaaaJ 



( »87 ) 
Royal, de nommer chaque année des Syndics 
chargés du régime et del'adm inistration dudit Ca- 
nal Royal, et des FehedoTs pour veiller au curage 
et autres travaux d'entretien. Dans le nombre 
desdits bourgs et villages sont compris ceux de 
Paterna, de Moncade, d'Alfara, de Meliana, de 
Foyos, d'Albalat-dels-Sorells , de Museros, de 
Masamagrell, d'el Puig et de Puzol. Il y a encore 
nombre d'autres villages situés depuis le Rio-Seco, 
en remontant vers l'Azud , lesquels sont appelés 
déserts-d'en-Iiaut ou terroirs supérieurs, et qui 
arrosent aussi des eaux dudit Canal ; mais ils ne 
nomment pas annuellement des Syndics ou des 
Vehedors , et ils n'exercent ce droit qu'alterna- 
tivement et dans la forme suivante ; savoir, Tan- 
née que le Syndic est du village de Benifaraig, le 
Vehedors doit être du village de Carpesa; l'année 
où le Syndic est du village de Rocafort , le Vehe- 
dor doit être du village de Masarrochos; l'année 
où le Syndic est du village de Carpesa , le Vehe- 
dor doit être du village de Benifaraig; l'année où 
le Syndic est du village de Masarrochos , le Ve- 
hedor doit être du village de Rocafort ; et l'année 
où le Syndic est du village de Burjasot, le Ve- 
hedor est de celui de Godella; enfin il existe 
d'autres villages au-delà du Rio-Seco , en descen- 
dant vers la mer , lesquels sont appelés déserls- 
<i'cn-Aaj, ou terroirs inférieurs, llss'arrosent aussi 
ig.. 




( ^88) 
diiilit Canal Royal, mais ils n'ont pas de Syndics 
ni de Vehedors annuels; ils nomment ceux-ci 
par tour et dans la forme suivante : l'année où 
le Syndic est des villages de Monrrepos et de Mi- 
rambel , le Vehedor doit être du village de Bina- 
lesa; l'année où le Syndic est du terroir d'Al- 
buixech , le Vehedor doit être du petit lieu de 
Farnals; l'année où le Syndic est du terroir de 
CeboUa, le Vehedor doit être de Rafel-Buiiol; 
l'année où le Syndic est du village de Masalfasar, 
le Vehedor doit être de celui de Monrrepos; 
l'année où le Syndic est du village de Binalesa, 
le Vehedor est du terroir d'AIhuixech; Tannée 
où le Syndic est de Rafel-Bunol , le Vehedor est 
de Masafalsar, et l'année où le Syndic est du lieu 
de Farnals , le Vehedor est du terroir de Cebolla. 

CHAP. 5a2. 

Le salaire desdits Syndics et Vehedors est, sni- 
vant l'antique usage, de lo sous (i fr. T5c.)par 
jour pour chacun d'eux et pour chacun des jours 
où il y aura des Juntas ayant pour objet les ifi- 
térêts, les besoins et le régime du Canal RoyS^ ' 
Ils jouissent du même traitement pendant tes 
jours de curage et d'essart du Canal et lors de» 
reconnaissances qui s'opèrent dans le courant de 
l'année. 



A 



( ^89 ) 

CHAP. Sa 3. 

Le salaire des trois Gardes ordinaires du Canal 
Royal , établis d'après une très-antique coutume, 
est, pour chacun, de 48 livres lo sous ( i68 fr. ) 
par an; ce salaire s acquitte par douzième et à la 
fin de chaque mois. 

CHAP. 524* 

r 

Le salaire de l'huissier dudit Canal Royal est , 
d après la même coutume , fixé à 1 8 livres (66 fr.) 
par an , payables aussi par dousjième à l'expira- 
tion de chaque mois. 

CHAP. Sa 5. 

L& salaire du Syndic-Notaire du Canal Royal 
est de 6o livres (210 fi:, ) par an , payables en un 
seul paiement, le jour de Saint-Mathieu. Le même 
reçoit en outre pour fixais de vacation , et chaque 
fois que les intérêts ou la surveillance à exercer 
sur ledit Canal l'obligent à sortir de Valence, 
4 livres par jour; enfin il lui est alloué 10 livres 
pour 1^ vérification des comptes rendus annuel- 
lement par les receveurs des fonds appartenant 
à l'Acequia Real. 

§IX. 
Les détails dans lesquels nous venons d entrer 



( 290 ) 
pour rAcequiii Real de Moncada suffisent sans 
doute pour faire apprécier toute l'iiuportance de 
cette grande dérivation ; cependant nous ne lei^ 
rainerons point sa notice sans y joindre quelques 
notes et l'analyse de quelques mesures irordre ou 
dispositions réglementaires que l'usage a intro- 
duites plus tard dans la Communauté et qui n'ont 
pu trouver place dans l'analyse des réglemens. 

Le Canal de Moncada est la propriété de tous 
les usagers réunis en communauté; mais celle-ci 
ne se compose légalement que des dix-neuf vil- 
lages qui ont formé la primitive association. L'ad- 
ministration est confiée à un Cequiero-Mayor et 
à douze Syndics, sous la juridiction en premier 
appel du Bayle-Général du domaine, et en dernier 
appel de la Royale Audience et du Conseil su- 
prême de Castille. Un village n'a le droit de 
nommer un Syndic que lorsqu'il possède plus de 
loo cahizadas ( 24 arpens métriques et 3o ares) 
de terres arrosables. La réunion de plusieurs 
villages donne à cette association particulière les 
mêmes droits, pourvu que leurs terroirs réunis 
excèdent la contenan ce exigée ; cependant quelle 
que soit l'étendue d'un terroir arrosé , le village 
auquel il appartient ne peut jamais avoir droit 
qu'à un seul Syndic, 

La Communauté de Moncada possède plus de 
6,000 cahizadas ( i ,4 58 hectares ) de terres a 




sables. Chaque cahizadaest comprise à la taxe ]ïour 
demi-peso, ou losousvalenciens (i fr.75c.);les 
moulins construits sur l'Acequia même paient 
aS pesos (87 fr. 5o c.) de droits fixes; ceux éta- 
blis sur les déj-ivations ne sont imposés qu'en 
raison" du volume d'eau dont ils ont l'usage : on 
compte vingt-six moulins dans le seul terroir de 
rassociation. 

Le premier Regidor ( officier municipal ) de 
chaque village est chargé de la perception du 
droit de Cequiage , sous la protection de l'Alcade 
du lieu ; il verse les fonds dans la caisse du rece- 
veur (depositario) de rAcet|uia, et celui-ci solde 
toutes les dépenses au moyen des mandats déli- 
vrés par la majorité des douze Syndics. 

Tous les deux ans, les Syndics, et pour eux le 
Cequiero-Mayor , rendent les comptes : ils sont 
aujourd'hui vérifiés et approuvés par le Bayle- 
Général, après avoir long-temps ressorti de la 
Royale Audience. 

Enoutredes officiers de l'Acequia mentionnés 
dans les réglemens , la multiplicité des affaires 
qui surviennent journellement nécessite l'inter- 
vention d'un avocat, auquel on commet la pour- 
suite de tous les procès et de toutes les contesta- 
tions; il est habituellement consulté dans tout ce 
qui intéresse la Communauté. Cette délégation 
■est arabitiomiée par les avocats les plus distin- 




I 
■ 



gitcs et elle est à-la-fois pour celui qui l'ubtim 
honorable et lucrative (i). 

Le volume d'eau concédé à Moncada est tel- 
lement considérable, qu'il offre toujours un excé- 
dant, partagé depuis long-temps et avec le plus 
grand succès , mais dont l'usage temporaire, quel- 
que utile qu'il soit, ne saurait même, par le laps 
des temps, donner un titre in'évocable aux terres 
basses qui bordent les rivages de la mer, et les 
seules qui en profitent. L'on désigne ces terres par 
le nom d' Esfremales , cesont les Marjales de Castel- 
lon. On suppose qu'elles forment une contenance 
à-peu-près égale à celle des terres de la commu- 
nauté ; m.'ùs comme elles n'ont pas droit à l'eau , 
etque les irrigations, quelque fréquentes qu'elles 
■ soient, nesont jamais assurées; que d'ailleurs cette 
incertitude place toujours le cultivateur dans une 
situation pénible, les Estrameles ne sont point 
soumises à aucune taxe d'arrosage. En réunissant 
les deux terroirs arrosés , nous aurons pour ré- 
sultat environ 3,ooo hectares de terre , non coin- 



(i) L'aTOcnt actuel de l'Acequ 


îa et Communauté de 


Moncada est l'Auditeur de marine 


, don José IVIarlinet, 


ilonl: il sera fait aussi nieutiou dan: 


î la noiice d'Alcira. Jo 


dois à son obligeance d'utiles rousi 


eignemens. It gèrefa 


aiTairas de Moncada ilepiiis vicigt- 


■neuf ans. {J't'c/iJM 


septembre 1819.) 


■ 





pris les secanos, que traverse l'Acequîa sur plu- 
sieurs points. 

L'Acequia a toujours droit aux quarante-huit 
meules ou Filas d'eau qui lui furent primitive- 
ment concédées. Une extrême sécheresse même 
ne saurait porter atteinte à son titre; mais dans 
ces époques oalamiteuses, les agens de la commu- 
nauté sont toujours disposés à venir au secours 
des terroirs en souffrance. Si, par des causes plus 
ou moins justes , l'on refusait le volume d'eau né- 
cessaire, ou bien si, malgré le désir d'être utile, 
le même volume était insuffisant, l'usage alors 
autorise les Acequias appauvries par la séche- 
resse à solliciter un supplément des Acequias 
supérieures à Moncada. Dans ce cas, on mesure 
exactement l'eau recueillie par cette dernière ; on 
baisse les vannes jusqu'à cette mesure, et l'eau ne 
discontinue point de couler depuis les Azuds de 
Vilamarchant et autres, jusqu'à celles qui doi- 
vent la recueillir. Cependant si la sécheresse était 
telle qu'il n'existât qu'une seule /î/a d'eau dans le 
Guadalaviar : dans ce cas , on doit quels que soient 
les titres des communes usagères , laisser descen- 
dre cette faible ressource jusqu'à l'Aceqiiia de la 
Hoi'el/a , pour les besoins de la ville de Valence, 

11 est bien rare que l'Acequia de Moncada souf- 
fre de la sécheresse. Son terroir, quoique vaste, 
absorbe difficilement toute leau qu'elle dévie par 





son Azu(t,et pour nous fonner une idée approxi- 
mative de cette immense quaniité d'eau , il nous 
suffira peut-être de remarquer que dans le très- 
court espace compris entre l'Azud et le lieu de 
Bentmamet , le sol de l'Acequia a 1 5 varas valen- 
ciennes (iS^iS) de pente. Sur ces plans inclinés, 
les eaux coulent avec rapidité; leur vitesse s'ac- 
croît encore de tout le poids qu'exerce sur elle- 
même une si forte dérivation. C'est en général 
«ne des premières conditions du succès de l'ar- 
losage dans les pays chauds , que la pente du ter- 
rain ; car alors les irrigations s'opèrent avec une 
extrême célérité , et quels que soient les besoins et 
le nombre des saignées, le Canal remplace rapi- 
dement et sans obstacle l'immense volume d'eau 
qu'il perd à chaque instant. 

Nous terminerons cette notice par le relevé des 
Almenaras et des principales Boqueras, Rolls, 
Caiïos, RoUets et Filas du Canal de Moncada, 
lequel relevé a été littéralement copié sur le re- 
gistre de l'Acequia déposé aux archives du Do- 
maine Royal. Il fait partie du procès-verbal de 
reconnaissance des deux francs-bords du Canal, 
rédigé par les Syndics , les i o , 1 2 et 1 7 août de 
i'ani658(i). 

(0 Arch. de k Baillie g.'nérale, Pmiocolo de ia Rcul 
Aceq.f&A. 58. 



22^^i_J|^B 



p— ■— 


( ^95 ) 








ALMENARAS (i). 

• 


MESl 
yaletic 

largeur. 


DRES 
iennes. 

hauteur. 


MESURES 

françaises. 

largeur. hauteur. 


1 

2 

3 

4 
5 

6 

7 


Cette Almenara est 
placée en face de Pa- 
zud de quart 


palmos. 

4 

4 
6 

4 Va 

4 

4 

5 i/a 


palmoi. 

i4 

i6 

i4 
i6 

i4 

12 
11 


1 
Om,9 

om,9 

* 

im,35 
i'n,ai 

Oni,9 
Om,9 

i™,237 


3ni,l5 
3ni,6 
3m,l5 
3ni,6 

3m, 1 5 

2ni,7 

2™,475 




dite d'el ChincLoUer. 

— d'elMasd'elTeo. 
— . d'elColom. . . . 

— d'el Ponto. . . . 



PRISES D EAU. 



BjfirOMIirATIOITS. 









i 
2 

3 

4 

5 
6 



RoU ou Cano. 

Roll 

Boquera. . • 

id.. .... 

id. 

id,\ .... 



_. 



Terroir de Patenta, 

de la Sallsa. 
d'el Olivar. 



La notice fait men- 
tion de sa4 priiu 
d'eau 'sans y com- 
prendre encore les 
petites saignées , 
trop nombreuses 
pour être comp- 
tées. Ce tableau ne 
renferme donc que 
les principales dé- 
rÎTatioas. 



(,]) Ces Almenaras. ou déversoirs servent à déverser le 
trop plein j et à âUinenteï' aussi des branches secondaires* 



i 



PRISES DEAV. 



( '96 ) 



DEN0MIMATI0N3. 



7 
8 

9 
10 

:i 
: 

'7 
iS 

23 

H 
15 


Boquera. . . 

id. 

id. 

id. 

Roll 

Bo,«e,.. . . 

id. 

Roll 

id 

id 

id. 

id. 

id. 

id. 

itl. 

id 

id 

id. 

Boquera. . . 



Suite du Terroir de Paieraa. 



Carloa. 
de Carlos. 



de Cdrios. 

de clonaFeli[)ii. 

d'el Marmar. 

de la Uncia.. 

d'el CaHar- 

d'el Dabo. 

de Mesquita. 

de la Glosa de Mascaro. 

de don Tomas Real, 



l point Tnentionaés dans k 



J 



( 297 ) 



PRISES D EAU. 



DlÉNOMmATIONS. 



■s 

J 

o 



26 
27 
28 
29 

3o 

1 

32 

33 
34 
35 
36 

37 
38 

39 

40 

41 
42 

43 

44 
45 

46 

47 

48 



Terroirs 


de Benimamet et Benitachi 


RoU 


de OHvera. 


Boquera. . . 


de Bautistti Rubio. 


RoU 


de los Rubios. 


id. 


d^el Puente de Benimamet. 


id. 


de José Brisa y d'el Retor. 


Boquera. . . 


de Miguel Alonso. 


RoU 


de Beniferri. 


id. 


de Munon. 


RoUet. . . . 


de Blasco. 


RoU 


de los Diablos. 


Boquetta . . 


d'el BatUe. 


RoU 


de Naiger. 


id. 


de Abrabador 


id.. . . .. 


de M. MoUner. 


id. 


d'el doctor Arques Joyer. 


id. 


idem. 


id. 


de Pedros. 


Boquera. . . 


de Pedros. 


RoU 


d'el Lagoster. 


Boquera* * . 


de Pardo. 


RoU 


d^el Pino de GodeUa* 


id 


d'el MoUno. 


id. 


de JuUan Pardo. 



Ce RoU «Bt 

éubti 

pret^u* en 

face Au 

lieu de 

Barjasot. 



( '98) 



PRISES DEAU. 



DENOMINATIONS. 



Suite du Terroir de Béni 



Boque 

id.. 



Boquera. 



68 B 

I ^ 

II ''° 



de Coscolloaa> 

e Fraacli. 

e Francisco A lia go- 
de Pedro Fabrer. 
d'el Chincholler. 
de la Olivera, 

e Malo. 

de los Frares. 

de Valeria Folgada. 

'el Ain elle r. 
de la £la de Masanochcs. 
de En -Oarcia. 

e don Luis Cairos. 

'en Calp. 

e la Puente de Moncada. 

, d'el Governador de Moncada, 
e Bcnifaraig. 



C =99 ) 



PHISE5 D £AU. 



DEMOMINATIOMS. 



Suite du Ternir de Benimatrtet et de BeniCacha. 
Kla.. 

N.gU.. 



HoUet. 
KoU. . 
RoUet. 
Fila. . 
HoU. . 



FUa. 
Holl. 



id.. 
Fila. 
Fila. 

id.. 



RoUet. 
Fila. . 



RoLlet. 
Roll. . 



(le Caraixet. 

de Los Huertos. 

de Meliana. 

de Foyoa. 

de ËECardo. 

de AILalaC. 

de Albalat. 
de Albuixet. 

d'el Molino de Museros. 

de la Masa. 

de Alcasal. 

de San-Onofre. 

d'el Arbol. 

de k Foct. 

de Miralles-. 

de RafaLeU. 



4 



Terroir de Masamagreîl. 
de Masque fa. 
de Masamagreîl. 
de la Piedra, 
Baxa. 



A 



( 3oo ) 



IRISES D EAU. 



DENOMINATIONS. 



r de Lacrujc et de Kafelbunal. 



RoU 
Fila. 
RoU 
RoU 



de la Crux. 

de los CarboneUs. 

d'a'ValledeJesuj 



JVoia, Chacune de ces prises d'eau est parfaitement 
décrite dans le procès'-verbal de reconnaissance. On y dé- 
termine le niveau des eaux, celui du seuil de chaijue prise, 
et en général on y trouve relaté tout ce qui peut à-ta- 
foîs servir de moyen de défense en cas de contestation , ou 
^épreuve irréfragable, si l'on voulait empiéter sur les 
droits d'un tiers. 



CHAPITRE YI. 



^ 



Le vaste terroir de Quart ou Quarte et de Ma- 
nisses est sur la rive droite du Guadalaviar, Il oc- 
cupe toute la partie supérieure de la plaine de 
iValence, ets'étend depuis les crêtes de fiivarroja> 



) «e iuvaiToja> I 



(3o, ) 
jusqu'au torrent de Catarroj a. Une forêt d'Oliviers 
et de Caroubiers le domine , et ce n'est qu'à me- 
sure que le sol s'incline vers ta mer, que l'arro- 
sage vient ranimer ïon inertie, et seconder la 
patiente industrie de ses liaLitans. 

L'Azud du Canal de Quart est construite dans 
le voisinage de celle de Moncade. Comme dans 
celle-ci , ce sont encore de grandes et solides cons- 
tructions à l'abri desquelles les usagers placent 
leurs droits et leiu's besoins. Les détails dans les- 
quels nous sommes entrés pour l'Azud supé- 
rieure nous dispensent de décrire celle-ci. 

L'Accquia reçoit quatorze /'ï/oj d'eau en vertu 
de son ancien titre et conformément aux ordon- 
nances de partage qui ont été rendues plus tard. 
Le volume d'eau , administré avec une sage éco- 
nomie, suffit et au-delà aux besoins des usagers. 
Il parcourt successivement les terroirs de Ma- 
nises, de Quart, d'Alday, d'Alaquas, de Chiri- 
vella, de Vistabella, de Paiporte, de Benituser, 
une partie de ceux de Torrente et de Picaiia, et 
enfin ceux de Benacher et de Faytanar : la dis- 
tribution en est réglée par les ordonnances. Six 
partidors , trois rolls ou principaux oeils , d'autres 
prises encore , servent à alimenter plusieurs ca- 
naux secondaires , et un très-grand nombre de 
dérivations ; des chefs librement élus et toujours 

' r évocables régissent l'Acequia de même que 

^^L Tome 



( 3oo ) 



PUISES D EAU. 



DENOMINATIONS. 



;f de Kafelbunol. 



Roll. 
Fila. 
Roll, 

HoU, 



de la Crux. 

de los Carbonells. 



d'el V aile de Jesm. 



Nota, Chacune de ces prises d'eau est parfaitement 
décrite dans le procès-\erbal de reconnaissance. On ydé- 
termine le niveau des eaux, celui du seuil de chaque prise, 
et en général on y trou-ve relaté tout ce qui peut à-la- 
foÎB servir de moyen de défense en cas de contestation , ou 
de preuve irréfragable , si l'on voulait empiéter sur les 
droits d'un tiers. 



CHAPITRE VI. 



CANAL DE QUART. 



J 



Le vaste terroir de Quart ou Quarte et rie Ma- 
fiisses est sur la rive droite du Guadalaviar, Il oc- 
cupe toute la partie supérieure de la plaine de 
Valence, ets'étend depuis les crêtes de Eivarroja^ 




(3oi) 

jusqu'au torrent de Catarroja. Une forêt d'OCviers 
et de Caroubiers le domine , et ce n'est qu'à me- 
sure que le sol s'incline vers la mer, que Farro- 
sage vient ranimer ^n inertie, et seconder la 
patiente industrie de ses habitans. 

L'Azud du Canal de Quart est construite dans 
le voisinage de ceUe de Moncade. Comme dans 
celle-ci , ce sont encore de grandes et solides cons- 
tructions à Fabri desquelles les usagers placent 
leurs droits et leurs besoins. Les détails dans les- 
quels nous sommes entrés pour FAzud supé- 
rieure nous dispensent de décrire celle-cL 

L'Acequiareçoit quatorze ^i/o^ d'eau en v^ta 
de son ancien titre et conformément aux ordon- 
nances de partage qui ont été rendues plus tard* 
Le voftune d'eau , administré avec une sage éco- 
nomie, suffit et au-delà aux besoins des usagers. 
Il parcourt successivement les terroirs de Bia- 
nises, de Quart, d'Alday, d'Alaquas, de Chirî- 
veUa, de Vistabella, de Pàiporte, de Baiituser^ 
une partie de ceux de Torrente et de Pieana, et 
enfin ceux de Benacher et de Faytanar : la dis- 
tribution en est réglée par 1» ordonnances- Six 
partidors , trois rolls ou principaux ϔls , d'autre* 
prises encore , servent à alimenter plusieurs ca- 
naux secondaires , et un très-grand nombre de 
dérivations ; des chefs librement élus et toujom 
révocables régissent FAcequia de même que 
Tome I. ^^ 



( 3a» ) 

l'associatinn ; cepeiidaut les intérêts privés sont 
appelés à surveiller directement leurs prises d'eau. 
Il existe pour chaque grande dérivation, pour 
chaque œil, pour chaque rigole, une association 
particulière, qui jouit des mêmes privilèges et 
est soumise aux mêmes charges que la masse de 
tous les usagers , considérés comme membres de 
la, grande association. C'est une règle invariable 
que l'eau ne rétrograde jamais; elle parcourt sans 
exception toutes les parties de son vaste do- 
maine; elle pénètre dans les lieux les plus diffi- 
ciles, franchit, au moyen de petits aqueducs, les 
fossés et d'autres canaux; se croise en tous sens, 
et jamais sans perte pour l'usager. La direction 
qu'on lui donne est toujours la plus utile, la 
plus économique et la plus courte, soit que, re- 
cueillant l'excédantdea rigoles supérieures, eUeen 
augmente le volume pour servir à l'arrosage d'un 
nouveau terroir, soit que, parvenue au terme de 
sa course, elle se perde insensiblement et dis- 
paraisse au milieu d'un champ. 

Chaque prise d'eau est soumise à un régime 
invariable; chaque association a son garde, et 
par-tout où il tend à se glisser un abus il se trouve 
un surveillant : chacun donc se repose sur son 
droit, et il ne peut en sortir sans s'exposer à des 
amendes, qui compromettent sa fortune. 

Quatre moulins sont construits sur l'Acequia 






f 3o3 ) 
lies branches. lis ont l'usagt^ des 
eaux, mais ils n'en usent que sous l'influence des 
réglemens, qui ont prévu toutes les usurpations 
en garantissant tous les droits. 

Le terroir de Quart est séparé de celui de Ma- 
nises par un large ravin. Les Maures y ont cons- 
truit un aqueduc de 200 mètres environ de lon- 
gueur, formé de vingt-huit arcades, dontla plus 
élevée, quiest celle du milieu, a 8 mètres de hau- 
teur. Les eaux y ont à la longue formé un revête- 
ment de stalactiques ou d'agglomérations calcai- 
res, qui enveloppe les arcades, les piliers, et jus- 
qu'aux faces extérieures. Des arbustes croissent 
avec force sur ces antiques masses, qui , au premier 
coup d'oeil, ne paraissent être l'ouvrage que de la 
nature. Elles ont l'aspect de rochers usés par le 
temps , et percés sans art comme sans but appa- 
rent. Cet aqueduc, dont on n'a point parlé jus- 
qu'ici, mérite cependant d'être connu. On con- 
çoit, en le voyant, la constance de ce peuple agri- 
culteur , que nul oiratacle ne rebutait lorsqu'il 
s'agissait d'améliorer le sol et d'augmenter les ri- 
chesses de l'état. 

Les réglemens de l'Acequiade Quart sont aussi 
en partie l'ouvrage des Maures. Cette antiquité, 
quoique bien digne de remarque, peut facile- 
ment s'expliquer. En effet les lois rurales doi- 
vent être plus stables et plu s impérieuses que les 



k 



( 3o4 ) 
lois civiles et criminelles; car cette stabilité esî 
toujours l'ouvrage du temps et de l'expérience; 
elle s'établit sans résistance par le seul bien (ju'elle 
promet, et par l'assentiment unanime de tousceux 
qu'elle protège. Les lois civiles au contraire sont 
soumises aux progrès <les lumières. Utiles à la gé- 
nération qui les reçoit , elles sont quelquefois fu- 
nestes aux générations qui lui succèdent; et l'his- 
toire nous prouve qu'il ne faut pas cent ans à 
une nation pour que les mœurs changent on 
SE corrompent (i). Aussi le royaume de Valence, 
pauvre par ses lois civiles , le serait bien davan- 
tage sans ses lois rurales. L'indépendance que 
celles-ci ont acquise , et ce mieux qu'elles sont par- 
venues à atteindre , peuvent seuls dédommager 
l'agriculture de ses efforts et de ses sacrifices. 

Ainsi donc les réglemens qui vont nous occu- 
per sont déjà bien anciens, du moins dans leurs 
principales dispositions. Les changemens les plus 
notables que le temps leur a fait subir, ont eu 
principalement pour but de maintenir un juste 
équilibre , d'une part, entre les prix des travaux et 
les taxes, et de l'autre entre ces mêmes prix, les 
traitemens, les indenmités et les amendes; car 



(i) Lorsque Locks fiit chargé de dooner des loïi à la 
Caroline , il TOulut qu'elles n'eussent de force que pour 



A 



( 3o5 ) 
celles-cireprésententtoujoursoula valeur du dé- 
gât commis, ou un certain nombre de journées 
de travail, La Junte générale des tenanciers dé- 
ïibéra sur la rédaction de ces réglemens vers 
l'an i35o, le 8 avril 1488, le 9 avril i5o6, et en 
dernier lieu le 7 avril i-jSa. Ils furent révisés et 
approuvés de nouveau par le Conseil suprême 
de Castille, le 4 novembre 1740» et la Royale 
Audience ordonna qu'ils seraient désormais exé- 
cutés sans opposition, et jusqu'à ce que la même 
Junte générale eût délibéré , dans les lomies pres- 
crites, de nouvelles modifications. L'analyse que 
nous allons en donner sera un peu longue; mais 
il serait bien difficile , avec le désir de pénétrer 
dans le secret de la législation sur les cours d'eau , 
de comprendre dans un cadre rétréci toutes leurs 
dispositions essentielles. J'ai cru devoir inter- 
vertir l'ordre établi dans le Recueil des Régle- 
mens (ce qui est sans inconvénient, puisque j'ai 
pris le soin de rappeler le nmnéro d'ordre du B.e- 
cued), parce qu'il y règne quelque confusion, et 
que j'ai tàcbé de suivre une classification plus 
régulière en séparant tout ce qui est relatif aux 
fonctions des divers employés de l'Acequia, des 
dispositions générales et réglementaires. 



( 3o6 ) 

§1". 
De la Junte Générale. 

N". 98 du Règlement. Conformément à l'anctea 
usage , on convoque tous les deux ans , et pour 
l'une des fêtes de Pâque , l'assemblée générale 
des tenanciers-aiTosans de l'Aceqnia de Quart 
et Manises. La convocation est à la charge du 
crieur public, qui remet au domicile de chaque 
intéressé un billet d'avis. En outre, le trompette- 
major de la ville fait les publications d'usage 
dans les lieux prescrits ; il est fait aussi des criées 
par le même agent dans les lieux de Chirivella, 
Alaquas, Aldaya, Torrente, Picaiïa, Vistabella, 
Payporte, Benituser, Manises, Quart:, Benacher 
et Faytauar. 

La Junte générale nomme les officiers de l'A- 
cequia ou confirme les anciens. 

9g. La Junte générale s'occupe d'abord de la 
I vérification des droits de chaque votant; le Ce- 

I quiero ou fermier du Canal, en vertudu serment 

■ qu'il a prêté, assiste à la vérification , afin de si- 

^^^L gnaler les instrus. 

^^^1 100. Lorsque l'assemblée est régulièrement 

^^^B composée, on procède à la nomination des huit 
^^^K J^lectos ou élus , ainsi que du Syndic ou procu- 
^^^B reur général et du juge contador. 



idic ou procu- I 



(3o7) 

104. La Junte générale afferme l'entretien de 
TAcequia, la perception dés taxesi et celle dés 
amendes. S'il ne se présente point de fermier ou 
Cequiero, elle confie la régie de TAceqUia aiî 
Syndic, qui l'adminisjtre par économie. 

I ï 5. Elle Confirme ou remplace les iiidividus 
nommés provisoirement aux emplois par la Junte 
ordinaire lors du décès des titulaires. 

Enfin elle délibère sur les réglemens, propose 
les modifications et traite de tous les objets qui 
peuvent intéresser la Communauté dés ârrosans. 

I 

• §11. 

De la Junte ordinaire. 

100. La Junte ordinaire se compose du Syndic 
ou procureur général , du Juge-Contador ou vé- 
rificateur et de huit élus, dont quatre cultivateurs 
et quatre citadins (i). Les nomittations ont lieu 
pour quatre an^ , et les remplacemens s'opèrent 
par moitié tous les deux ans , de telle sorte ce- 
pendant que la ville et la campagne aient tou- 
jours dans la Junte un égal nombre d'élus. Cha- 



(i) Parmi les citadÎHS on compte toujours deux ecclé- 
siastiques ou membres de communautés religieuses , et 
deux nobles ou citoyens privilégiés. 



C 3o8) 
que cominunauté religieuse et chaque vîlkge 
fournissent par tour lui membre à la Junte, en 
observant que celui d'une communauté est ad- 
mis en déduction des quatre membres citadins; 
en outre, comme les nobles [cavaileros) sont 
trois fois plus nombreux que les citoyens {ciuda- 
danos) possesseurs de terres , ceux-ci n'envoient 
deux élus à la Junte que tous les quatre ans, 
tandis que les premiers sont représentés pendant 
trois années consécutives : le notaire ( syndic- 
escrivano) de la Cominunauté est aussi membre 
de la Junte. 

1 1 1 . La Junte s'assemble le deuxième dimanche 
de chaque mois, en été de huit à dix heures du 
mat'm , et eu hiver de neuf à onze heures : la 
réunion a lieu, selon l'usage, chez le notaire de 
la Communauté. 

1 14- Elle adjuge aux enchères toutes les répa- 
rations imprévues et urgentes. 

1 1 5. Elle surveille la conduite de tous les agens 
de l'Acequia, et pourvoit à leur remplacement. 

lyS-i^S. En cas de sécheresse, elle opère les 
distributions d'urgence, en n'ayant uniquement 
égard qu'aux besoins ; elle délègueun ou plusieurs 
de ses membres pour suivre ces distributions. 

i83. La Junte interprète les réglemens et or- 
donne de se conformer à ses décisions jusqu'à la 
procliaine Junte générale. 




(3o9) 
12. La Junte, et pour elle la majorité de 

{ membres , a le droit de susciter un procès ; 
elle définit tous les pouvoirs, surveille les re- 
couvremens, afferme la perception, et veille en 
général et d'une manière spéciale sur tous les 
intérêts de la Communauté. 

Il est alloué à la Junte, pour chaque réunion, 
une indemnité de 3 livres, qui est répartie entre 
tous les membres présens. Sont admis au par- 
tage les élus, le Syndic, le Juge-Contador et le 
notaire. 

Les officiers ou employés de l'Âcequia sont : le 
Syndic, le Juge-Contador, le Notaire, le Secré- 
taire, le Cequiero , les Veliedors et le Garde. 

§m. 

Du Syndic. 



loi. Le Syndic ou procureur général de la 
Communauté est toujours uu cultivateur. 

I02. 11 est nommé, à la pluralité des suffrages 
de l'assemblée générale , sur une liste de trois 
candidats , présentée par la Junte ordinaire et par 
le Syndic sortant. 

lOi. Après quatre années d'exercice, s'il n'est 
continué dans ses fonctions , le Syndic reste de 
droit élu pour la classe des cullivateurs et peu- 




( 4oo > 
de l'Acequia. Aucun noble, chevalier, gentil- 
homme ou citoyen, ne peut être Cequiero ni 
fermier de ladite Acequia, soit directement, soit 
indirectement , par des prête-noms ou par des 
agens, ni même avoir aucun intérêt dans l'af- 
ferme; sinon celle-ci est nulle de droit et elle est 
renouvelée aux frais des délinquans. 

i38. La Junte générale afferme les travaux et 
les revenus de l'Acequia; s'il ne se présente pas 
de fermier, elle désigne un individu, qu'elle 
charge d'exercer pendant deux ans les fonctions 
de Cequiero. 

Le Cequiero se rend tous les jeudis sur la place 
de la Seo (cathédrale), où il assiste le Syndic dans 
l'instruction des affaires et tient les audiences 
avec lui, 

1 44- Il reçoit un traitement fixe de 1 2 livres , non 
compris les amendes. La junte ordinaire peut, par 
une délibération, lui accorder un supplément, 

139-141- II parcourt très -souvent l'Acequia 
dans toute sa longueur et dans chacune de ses 
branches; il signale les dommages s'il en existe, 
et dans le délai de trois jours il fait déblayer le 
Canal de tout ce qui peut retarder le cours de 
l'eau. En cas de négligence, il encourt une amende 
de G livres au profit de la caisse, et il peut en 
outre être condamné à payer les dommages. 

i4o. 11 remet l'eau dans le Canal six hewes 



)anal six h eatei \ 

m 



(3'7) 
après que les curages et les réparations seront 
terminés, et il encourt même amende en cas de 
négligence. 

142. A l'époque des fortes sécheresses , le Ce- 
quiero se rend aux Azuds de Villamarchant et 
lieux voisins, pour veiller sur le volume d'eau 
concédé par ces terroirs; il reçoit 3 livres toutes 
les fois que ce déplacement a lieu : dans cette in- 
demnité sont compris les jours de voyage. S'il 
néglige de se rendre à ces Azuds, il paie une livre 
par jour. 

143. Il s'oppose à ce que les meuniers ou les 
arrosans établissent des barrages sur l'Acequia et 
ses bran cbcs ; s'il autorise ces entreprises, il paie 
pour une première contravention ime amende 
de I o livres , pour une seconde celle dp 20 livres 
et il perd son emploi pour la troisième. 

174-175. Le Cequiero , si la Junte ordinaire 
Je délègue, est chargé seul, ou conjointement 
avec le Syndic, de la distribution de l'eau in- 
troduite dans les Acequias à l'époque des disettes, 
en se conformant aux instructions qui lui sont 
transmises. Il n'accorde l'eau qu'aux fruits {Jrutos) 
de première nécessité, et parmi ceux-là à ceux 
qui souffrent le plus de sécheresse, sans aucun 
égard ponr le rang ni l'ordre déjà établi : s'il s'é- 
lève des contestations, la Junte prononce en der- 
nier ressort. 

kTomb I. ai 



^^ 



i 3iS ) 
107. En cas d'abus de la part du Cequiero , il 
«8t destitué. 

] I o. Il veille avec soin sur le cadastre général 
de» terres, rédigé, par ordre de la Junte, par 
José Siscar. Les mutatiuns sont à sa cliarge ainsi 
qu'à celle du collecteur; chaque omission est 
punie de l'amende d'une livre valencienne, tandis 
que chaque mutation qui s'opère lui donne droit 
à la rétribution de a sous valenciens(35 c). 

Le Cequiero est chargé, comme fermier, d'en- 
tretenir l'Acequia et ses branches; il est égale- 
ment chargé de l'entretien des maçonneries ( ar- 
gamas ou béton) et: autres ouvrages destinés à 
protéger le cours des eaux. Ces réparations, 
quelque im[>ortantes qu'elles soient, sont à la 
charge du Cequiero , hors le cas de guerre étran- 
gère. 

97-a. Il est désormais exempté de réparer les 
brèches de l'aqueduc de Manises; mais il paie, 
tous les ans, jusqu'à concurrence de 5o pour sod 
entretien. S'il survient des réparations majeures, 
il eet compris dans la dépense pour la somme de 
ao hvres. 

3-4- Il paie les appointemens du notaire et du 
Syndic, ceux du Corredor ou crieur public 
ceux de tous les agens de l'Acequia. 

Il est tenu d'acquitter les indemnités a 
au Syndic, aux Députés , aux Vehedors 1 



lia. I 

nités accordécB I 
ehedors etjRfl 

J 



( 3i9) 
Garde loi-s des visites générales; en outre il leur 
donne un repas vers le milieu de chaque jour. 

6. Il est défendu au Cequiero de dévier les 
eaux d'aucun canal , et notamment de les diriger 
versTAcequia de Mislata,sou5peined'une amende 
de 60 sous, dont l\o sous au profit du dénon- 
ciateur, et 20 sous au profit du noble Gouverneur 
chargé d'en connaître. 

8. Le Cequiero ou son agent veillent sur les 
vannes, les points de partage et tous autres lieux 
dépendans de l'Acequta. 

9. L'un ou l'autre, réuni au Syndic et à un des 
Vehedors, visite avec soin l'Acequia au moins 
une fois chaque fois. Le Cequiero paie au pre- 
mier Vehedor 2 sous (35 c.) par jour; s'il néglige 
cette visite et si le Syndic lui en a fait la réquisi- 
tion, il encourt une amende de 20 sous, dont 
moitié est versée dans la Caisse Syndicale. 

r ! . Il reçoit tous les ans le serment du Garde 
général de l'Acequia, celui des Gardes particuliers 
des divers terroirs , des biens des églises, de ceux 
des nobles et autres. 

la. Le Cequiero ne peut intervertir l'ordre de 
distribution au détriment d'un autre usager; il 
ne peut aussi autoriser les arrosages qui s'effec- 
tuent par échange. 

i3. Il est tenu de maintenir en bon état l'Ace- 
quia de Benat'her, et de veiller à tous les ou- 



I 



( 3^0 ) 
vragesjsousla surveillaHce du SjiifUcet des Ve- 
hedors. 

43. De déblayer les Acequias et branches se- 
condaires de la boue , des broussailles et autres 
obstacles qui gêneat le cours des eaux. 

14. 11 est également tenu d'eïïectuer le curage 
de certaines parties de l'Acequia, de manière à 
bien démasquer les œils ou prises d'ean. 

i5. De faire réparer les Partidors par leurs 
usages respectifs ; de relever les francs-bords, le 
tout conformément à l'avis du Syndic, des Ve- 
hedors et des Députés. 

1 6. D'entretenir enfin la partie de l'Acequia qui 
avoisine le torrent de Catarroja ; de veiller sur 
les vannes et leurs serrures; de réparer les ma- 
çonneries et autres ouvrages, sous peine d'y être 
contraint. 

1 7. Le Cequiero doit aussi demander la visite 
des ouvrages au Syndic , aux Vehedors et aux 
députés , avant de remettre l'eau dans l'Acequia. 
S'il contrevient, il lui est défendu de percevoir 
les taxes ordinaires. 

18. Il ordonne, après le curage, des publica- 
tions à son de trompette dans les lieux habitués, 
et notamment sur les places du marché et de la 
Seo , pour annoncer que l'eau coule de nouveau 
dans l'Acequia. Ces criées ont pour but de pres- 
crire à chaque tenancier d'opérer dans la quiii- 



^ 



(3., ) 
zaiue, le curage des Ërasals, mais seulement pour 
la moitié du Ërasal avec lequel il confronte. 

rg. Le Cequiero effectue le curage de l'Acequia 
et de ses principales dérivations , toutes les fois 
qu'il en est requis par un usager. En cas de refus , 
il y est contraint par le Syikdic, ou bien par le 
noble Gouverneur, devant qui on forme recours. 
Celui-ci prescrit les travaux et impose uneamende 
de 1 6 sons. 

20. Le Cequiero visite l'Acequia chaque année 
au mois d'août, et il fait soigneusement enlever 
les broussailles qui gênent le cours de l'eau. Cette 
opération se répète toutes les fois qu'il en est re- 
quis par le Syndic ou par les Veliedors. 

24. Il prête serment qu'il fera curer les filas et 
les brancUes ou plus fortes prises , aussitôt que 
l'eau sera dérivée. En cas de retard, on lui impose 
le double des frais, et 60 sous d'amende pour un 
.plus long retard. 

a 5. Il désigne parmi les tenanciers un garde 
chargé de surveiller le Partidor de Torrente, au- 
quel il accorde un salaire. Il lui est défendu de 
faire grâce , sous peine de payer l'amende à la dé- 
charge de celui que le garde cherche àexerapter, 

26-27-29-30-3 1-32, Il désigne pareillement un 
garde pour la branche de Ters, un autre pour celle 
de Faytanar, et il en place encore d'autres dans 
les terroirs de Torrenlc, Faytanar et Befiacher. 




( 3" ) 
4 1 . Il fait relever , dans le délai de trois j< 
les éboulemens cjui surviennent dans l'Acequm, 
ou bien il y est pourvu à ses frais par le Syndic, 

55-57-58. Le Cequiero est chargé d'entretenir 
une vanne fermant à clef au lieu dit de Palmar, 
et de réparer en outre les maçonneries du dît lieu. 
Il paie une amende de i oo sous , s'il néglige de se 
conformer à ce règlement. Même obligation pour 
les vannes des autres Almenaras. Le Syndic con- 
naît de ces infractions , et reçoit un tiers de l'a- 
mende. Si quelqu'un relève la vanne ou dégrade 
les ouvrages , il est puni d'une amende de 6o soua 
au profit du Cequiero et du dénonciateur. 

6o. Le Cequiero fournit une caution sufHsante 
avant de percevoir le cequiage sur les arrosans; 
il la doit , lors même qu'il ne percevrait pas celte 
■taxe. La garantie est vérifiée et acceptée par le 
Syndic et par les Députés. 

G-2. Le Cequiero opère le curage des acequias à 
la même époque où s'exécutent ceux des Acequias 
de Faytanar et de Mislata. Il remet l'eau en même 
temps que la dernière; il est surveillé, à cet égard, 
par le Syndic, les Députés et les Vehedors , mais 
si le Syndic néglige d'ordonner les travaux à l'é- 
poque prescrite; s'il exempte le Cequiero de l'a- 
mende de loo sous, il y est pourvu à ses frais 
par ordre du noble Gouverneur. 



4. Le Cequiero est tenu de laisser les A4 



les Acequw 



(3a3) 

en bon état à la fin du bail ; il doit aus»i démas- 
quer tous les ceiis ou Rolls, et déblayer l'Azud ( i ). 
Il est défendu de lui faire grâce de ces divers tra-* 
vaux , âous peine d'amende. 

6i. Les fonctions de Cequiero sont révocables* 
Le Syndic, les Députés et les Vehedors peuvent 
destituer le Cequiero pour cause d'inconduitè ou 
d'abus , et le remplacer à ses risques et périls. 

62. La perception des taxes délibérées par la 
Junte générale esta là charge du Cequiero. 

65. Quinze jours avant l'expiration du bail, le 
crieur public de Valence fait , aux frais du Ce- 
quiero et sur sa demande, des publications pour 
annoncer le renouvellement de l'afferme. Elles 
ont lieu , un jeudi , sur les places du marché et de 
la Seo; et hors de Valence, dans tous les lieux 
accoutumés , et aussi dans les terroirs que par- 
court le canal commun de Manises et Quart. 

66. Le Cequiero ordonne et opère des saisies 
contre ceux qui ne paient point les amendes. Il 
en prête le serment devant la Junte générale; s'il 
le trahit en faisant grâce aux récalcitrans ^ il paie 
pour eux ^ et est soumis en outre à une amende 
de 100 sous. 

( I ) Ou déblaie PAziid en releyant les grandes vannes. 
Par cette seule manœuvre , il s'établit un fort courant , 
qui entraîne rapidement les dépôts et laisse peu de chose 
à faire aux ouvriers. 



( 3j4 ) 
67. Avant (l'entrer en exercice, et en présence 
de l'assemblée qui vient de l'élire, le Cequiero 
prête serment de veiller au curage de toutes les 
branches et ramifications des Acequias ; il promet 
en outre qu'il ne se reposera point sur le fermier 
de l'Acequia de Chiriveîla d'une partie de son 
ouvrage, à moins qu'il n'y soit formellement au- 
torisé par le Syndic , les Vehedors et les Députés. 

§YUI. J 

Des Fehedors [Repartidors). 

Les Vehedors sont les inspecteurs et quelque- 
fois aussi les répartiteurs de l'eau. 

io3. Il y a huit Vehedors chargés d'inspecter 
les huit terroirs formant la communauté des ar- 
rosans. 

145. Les Vehedors sont nommés par la Junte 
ordinaire ou par la Junte générale. Ils sont choi- 
sis parmi les tenanciers des terroirs sur lesquels ils 
doivent exercer leur surveillance. Avant d'entrer 
en charge, ils prêtent serment, devant le Syndicel 
le Notaire, de se conduire loyalement et fidèle- 
ment; le Notaire dresse acte du serment. 

Les Vehedors s'engagent aussi à se soumettre 
aux ordres transmis par la Junte des élus, et à 
les faire exécuter. 

146. Chaque Vehedor distribue également. 



Jl 



(3a5) 
par tour l'eau de son Partùlor, entre toiis les 
usagers , en commençant par le plus voisin de la 
prise d'eau , et successivement jusqu'au plus éloi- 
gné, sans jamais interrompre cet ordre, ni le 
cours naturel de l'eau. 

Il s'engage à dénoncer tout arrosant qui con- 
trevient aux réglemeiis en prenant l'eau avant ou 
après son tour, 

i47- Le Vehedor assiste le Sjndic dans toutes 
ses agences , à l'époque des grandes sécheresses. 
S'il néglige de se rendre à son poste , et s'il ne jus- 
tifie son absence, il est privé de son office et 
remplacé. 

148. Le Vehedor reçoit pour salaire 16 sous 
par jour de travail fait pour le compte de la Com- 
munauté. 

149. Il encourt, en cas de contravention aux 
régleraens, une amende de 3 livres valencîennes 
au bénéfice de la caisse, 

18. Il surveille les criées qui sont à la charge 
du Cequiero, de même que le curage des bran- 
ches secondaires qui sont comprises dans son 
district. Si les tenanciers confrontans négligent 
de faire ce curage dans le tlélai de quinze jours , 
ainsi qu'il est prescrit, le Yehedor établit' alors 
un atelier d'ouviiers aux dépens des tenanciers 
négligens; ceux-ci paient, dans ce cas, le double 
delà dépensc,et moitié de cette somme sert à in- 



^ 



( 326 ) 
deniniser le Vehedor de l'exactitude de ses re- 
cherches : si le curage n'a eu lieu qu'en partie , 
l'amende est réduite à 20 sous. 

19. Le Vehedor veille, conjointement avec te 
Syndic et le Cequiero, à ce qu'on exécute les 
travaux négligés et réclamés par un tenaucier; 
celui-ci, en cas de refus ou de négligence, se 
pourvoit devant le Gouverneur , qui en ordonne 
l'exécution et impose en outre une amende de 
iG sous, qu'il partage avec le dénonciateur. 

88. Les Vehedors de l'Acequia de Benacher 
sont francs de cequiage jusqu'à concurrence de 
jo cahizadas de terre. Cette franchise, accordée 
pour la première fois le 9 avril 1806, sert à in- 
demniser ces officiers des soins gratuits qu'ils se 
donnent, et notamment le jour de la visite géné- 
rale. Ce jour-là, les Vehedors descendent dans 
FAcequia et marchent constamment dans son 
intérieur; s'ils demandent à monter surles francs- 
bords , l'autorisation leur en est refusée par les 
officiers présens à la visite, et s'ils persistent et 
transgressent le règlement , ils perdent de droit 
l'exemption précitée. 

Les Vehedors ne peuvent, au lieu du dîner 
que doit leur donner le Cequiero le jour de la 
visite, en accepter ni moins encore en exiger le 
montant en argent : en cas d'infraction, ils per- 
dent l'exemption de la taxe. 



A 



( 3^7) 
Les Vehedors sont tenus à de fréquentes vi- 
sites; ilsserendent le jeudi sur la place de la Seo 
toutes les fois qu'ils en sont requis par le Syndic 
et le Cequiero : en cas de refus, ils paient une 
amende de losous valencieus. 

89. Les Vehedore de Benacher et de Faytanar 
préviennent les usagers lorsqu'il doit y avoir des 
distributions extraortUnaires d'eau. Le partage a 
lieu d'après la contenance; en cas d'infraction ou 
d'oubli de ce règlement, les Vehedors sont sou- 
mis à une amende de Go sous valenciens. 

90. Le "Vehedor qui dcvie les eaux de BenacVier 
vers l'Acequia de Faytanai est soumis k une 
amende de 1 00 sous valenciens (i 7 fr. 5o c.), 

91. Si celui de Faytanar demande l'eau et la 
reçoit pendant les jours auxquels il ne doit pas 
la recevoir, il est soumis à une amende de 1 00 sous 
valenciens. 

§ IX. 

Ua Garde { Gaardia , Partidor , jétandador). 

I^e Garde est nommé par la Junte générale ou 
bien par la Junte des élus. 

1 5o. 11 convoque les Juntes toutes les fois qu'il 
en est requis par le Syndic ou par le notaire, 

iSi. Il exerce une surveillimce générale sur 
l'Azud , sur les petites et grandes vannes, sui' les 




(3.8) 
uiaisonnettes et sur les j^lmenaras ou déversoîis ; 
U s'assure que l'Acequia est constamment remplie 
d'eau. 

Tout usager a le droit de le dénoncer au Syn- 
dic , et en cas d'infraction celui-ci le condamne 
à une amende de 3 livres. f 

iSa. Le Garde ferme les Rolls et Filas ou prises 
d'eau , et baisse les vannes à l'époque des inon- 
dations, pour prévenir les ravages que le trop- 
plein occasionne sur les divers ouvrages et sur 
les francs-bords du Canal. 

1 53. Il veille sur Xjézud pendant le flottage; il 
a aussi le soin des madriers et des planches de 
l'Almenara Real et des autres déversoirs, pour 
les replacer plus tard lorsque le délai pour le 
flottage est expiré. En cas de contravention , ii est 
puni d'une amende de 3 livres, et il est tenu en 
outre de remplacer les pièces égarées. 

1 54. Il assiste le Syndic et le CequJero lors du 
partage des eaux du Guadalaviar; il veille à ce 
que les autres Acequias ne prennent point un 
excédant d'eau au préjudice de ses commettans. 

i55. 11 est chargé démettre l'eau dans le Ca- 
nal et d'y introduire tout le volume concédé par 
l'ordonnance de partage; s'il néglige de le faire, 
il est puni la première fois d'une amende de 6 li- 
vres valenciennes; la seconde fois, d'une amende 
de 1 2 Uvres , et pour la troisième il est privé de 



J 



(3^9 ) 
son emploi. L'amende est prononcée par le Syn- 
dic et versée dans la caisse syndicale. Le Syndic 
paie pour le Garde, s'il est convaincu de lui avoir 
■ fait grâce. 

1 56. Le Garde reçoit un traitement annuel de 
37 livres 10 sous valenciens, payable par dou- 
zième , le premier de chaque mois. Il ne peut ré- 
clamer d'autre indemnité, si ce n'est pour les 
voyages entrepris avec le Cequiero aux Azuds su- 
périeures : dans ce cas , il rçoit a livres si le voyage 
dure cinq jours ; mais il est soumis à une amende 
(le 10 sous pour chaque jour d'absence, s'il ne 
fournit d'ailleurs une excuse légitime. 

\o-i^-Zo jusqu'à 36. Quand le Cequiero le 
propose , on nomme des Gardes particuliers pour 
les divers terroirs. 

Ces Gardes ont une surveillance spéciale sur 
leurs terroirs respectifs, conformément à des ré- 
glemens spéciaux ; les infractions sont punies par 
des amendes. 

37. Le Garde d'un terroir est tenu de répartir 
l'eau d'après le tableau de distribution , et de ne 
l'accorder, en cas de disette, que pour des be- 
soins dont l'urgence est bien reconnue; si l'ordre 
est inteirerti par le seul fait du Garde , celui-ci est 
puni d'une amende de 100 sous valenciens, 

38. Le Garde du RoU d'el Palmar doit laisser 
retomber l'excédant des eaux de ce Roll dans VA- 




( 33o ) 

cequia principale; s'il Ven abstienti il paie une 
amende de 60 sous valeuciens. 

10. Les Gardes ou Partidors sontréyocableset 
peuvent être destitués p2|;p le Syndic et par les dé^ 
pûtes. 

Leur paie est confiée au Cequiero : à cet e£fet, 
le collecteur 9 qui est son agent, s'oblige perscm- 
nellement et par écrit pour les sommes allouées 
aux Partidors par la Junte des élus; il vopse ces 
sommes en trois paiemens entre les mains du Ce- 
quiero, qui solde à mesure les Gardes : une 
amende de 100 sous punit la négligence du Golr 
lecteur. 

1 1 . Lies Gardes des divers Partidors ou terroirs, 
conmie aussi ceux des villages , des communautés 
ecclésiastiques , des nobles et de tous autres pro- 
priétaires, sont tenus de prêter serment. 

§X. 
Dispositions Générales. 

Le partage des eaux d'irrigation s'opère sous la 
surveillance du Syndic, du Cequiero, des Vehe- 
dors et du Garde. 

a8. Lors des fortes sécheresses, cette distribu*- 
tion se Cait sans égard à l'ordre établi pour les 
temps ordinaires. 

Le tenancier qui réclame l'eap dans les temps 



( 33r ) 

de disette doit prêter serment sur l'Évangile que ' 
c'est pour des besoins urgens et pour des récoltes 
de première nécessité, 

a I . Il est défendu aux tenanciers chrétiens ou 
maures (i) de prendre l'eau soit avant, soit après 
leur tour, sous peine d'une amende de ao sous^ 

Si le Cequiero fait grâce , il paie l'amende au 
lieu du tenancier. 

a a. Il est défendu aux tenanciers de vendre, 
d'échanger ou de céder l'eau , sous peine d'une 
amende de 60 sous , qui se partage entre le dé- 
nonciateur et le Cequiero. 

73. Il est défendu aux tenanciers de se prêter 
ou céder l'eau sans l'assentiment non-seulement 
du propriétaire inférieur à qui elle peut être utile , 
mais encore sans celui de tous les usagers, sous 
peine d'une amende de 70 sous valanciens, dont 
deux tiers appartiennent au plaignant. 

7. Il est défendu au Cequiero ou fermier, au 
Syndic , aux Vehedors et au garde de déplacer les 
vannes , de dévier l'eau , et d'occasionner aucun 
préjudice auxtaaanci^s, avant d'eaa avoir obtenu 



Cl) La rédaction de cet article est antérieure à Texpul- 
6Îon des Maures : même après cette époque , on continua 
d^appeler Maurisques ou Maures ceux qui ne s'étaient 
convertis à la religion chrétienne que pour ne pas quitter 
PJBspa^ne* 



■( 3Ï> ) 
l'ordre de la Junte générale , sous peine d'une 
amende de Go sous valenciens. 

4o. Il est défendu aux tenanciers , soit qu'ils 
agissent pour le compte des villages et des com- 
munautés ecclésiastiques, soit encore pour celui 
d'un noble, d'un chrétien ou d'un maure, d'éta- 
blir des barrages sur un cours d'eau : amende de 
60 sous en cas d'infraction. 

Ilest défendu, 

43. Aux tenanciers de Manises d'avoir plus de 
3 Rolls sur l'Acequia; chaque roll doit rendre le 
superflu de l'eau dans l'Acequia principale , et non 
le dévier vers les autres roUs, sous peine d'une 
amende de 100 sous ; 

44- Aux arrosans de Quart d'encombrer le 
Partidor de Benacher avec des broussailles ni 
au moyen de vannes , sous peine de la même 
amende ; 

56, Aux mêmes arrosans de laisserprendrel'eau 
lorsqu'ils ont terminé luer arrosage; 

45. Aux arrosans de Benacher et de Faytanar 
d'encombrer le Partidor de Quart; 

46. Aux arrosans d'Aldaya d'usurper l'eau l 
ceuxd'Alaquas; 

47. Aux arrosans d'Alaquas d'usurper l'eau 
d'Aldaya ; 

48. Aux arrosans et meuniers des divers ter- 
roirs de dévier les eaux dans l'Aceqtiia de Ma- 






( 333 ) 
nises, ni de laliii faire franchir, au moyen d'aque- 
ducs mobiles, pour arroser d'autres terres. 

4g. Il est enjoint à tout arrosant de rendre l'eau 
au Canal immédiatement après l'arrosage. Celui 
qui occasionnera une perte d'eau sera puni, 
comme dans les cas précédens, d'une amende de 
loo sous Talanciens. 

5o-5i. Celui qui usurpera l'eau du voisin , 
quels que soient son rang , ses qualités ou ses 
besoins, paiera les dommages et une amende de 
60 sous valenciens. Les dommages seront cons- 
tatés par le Syndic et les Vehedors. 

52-80. Il est défendu d'arroser par toute autre 
dérivation que par celle fixée dans le tableau de 
distribution. Toute infraction est punie d'une 
amende de 60 sous. 

53. Celui qui déverse l'eau sur les sentiers pu- 
blics paie les dommages qu'i 1 occasionne, et une 
amende de 10 sous. 

54. Celui qui déverse l'eau sur la propriété de 
son voisin , paie également les dommages et une 
amende de ro sous. 

72. Celui qui arrose hors de son tour, et re- 
cueille des eaux perdues, soit qu'elles s'échap- 
pent par les parties dégradées des ouvrages de 
maçonnerie , soit qu'elles sourdent de dessous les 
vannes , sera condamné à taus les dommages et 
à l'amende de 60 sous valenciens, 

TosiE I. aa 



h. 



( "4 ) 

rf\. Celui qui conduit les eaux d'arrosage <ic 
(elle sorte qu'il en peut résulter quelque préju- 
dice pourson voisin , comme celui qui entreprend 
de brouiller l'ordre établi, sans le consentement 
des parties intéressées , est puni d'une amende de 
60 sous valenciens. 

■jS. Celui qui se sert des eaux avant son tour, 
et sans avoir prévenu les tenanciers supérieurs 
qui négligent d'arroser , est puni d'une amende 
de 20 sous valenciens. 

7g. Celui qui établit un barrage dans une ri- 
gole pour faire refluer l'eau, avant de l'avoir 
laisser couler, pendant un délai fixé, en faveiir du 
barrage inférieur, paie une amende de Go sous. 

iSy. Celui qui ouvre un roli sans la permis- 
sion du distributeur, ou qui, après avoir fini d'a^ 
roser, ne détruit pas le barrage et ne ferme pas 
le rolI, encourt l'amende de 3 livres valenciennes. 

i58. Celui qui utilise l'eau perdue d'un roU 
qu'on a négligé de fermer , ou le meunier qoî en 
profite, sont considérés comme les infracteuis et 
punis dune amende de 6 livres valenciennes. 

160. Celui qui établit un barrage dans l'Ace- 
quia , les brasals et les rigoles , et occasionne quel- 
que préjudice au tenanciercoufrontant, encourt 
l'amende de 3 livres et paie les dommages. 

161. Celui qui porte atteinte aux francs4)ords 
de l'Acequia et de ses principales branches 



( 335 ) 

tRte amende de 6 livres, et rétablit à ses frais les 
choses dans leur premier état. 

162. Celui qui dégrade les mottes de terre , en- 
core qu'elles soient mitoyennes, afin de dévier 
l'eau de sa propriété , paie les dommages et 3 livres 
d'amende. 

i63. Celui qui introduit quelque bête dans les 
canaux secondaires paie une amende de 5 sous. 
Elle est de a livres si c'est dans l'Acequia. 

i6/(- Celui qui arrose par des brasals ou par 
des rigoles sans avoir d'autres rigoles de dessè- 
chement, pour recueillir l'excédant des eaux, et 
qui par là occasionne des dommages , est tenu de 
de les réparer et de payer 3 livres d'amende. 

Il doit construire sur son propre fonds le bar- 
rage et le déversoir , sous peine de la même 
amende. 

165-167, C^l'ji qui prend l'eau d'une fila, d'un 
roll ou d'un brasal sans en avoir le droit , oii ce- 
lui qui dirige l'eau sur sa propriété par une ri- 
gole sur laquelle il n'a aucun droit d'usage; 

166. Celui qui établit un barrage en dessus de 
celui qui arrose , lorsqu'il en a le droit; 

j68. Celui qui, autorisé à dévier l'eau d'une ri- 
gole dans une autre , prend l'eau avant que ceux 
qui le précèdent aient arrosé ; 

iGg. Celui qui établit un barrage ailleurs que 



É. 



droits d' 



arrosage. 



En cas de rehis , le contreveni 



^^^1 est privé de l'eau jusqu'après le paiement d^P 

^^H taxes. 

^^^1 Une amende de a5 livres est imposée à celui 

^^^B qui accorde ou donne l'eau avant le paiement 

^^^1 de tout l'arriéré. La même amende est imposée 

^^^B envers le débiteur. 

^^H ] o6. Il est défendu d'esempterdes amendes sans 

^^^1 lapermission de l'une des deux Juntes. L'employé 

^^^1 qui enfreint cette disposition , ou quinéglige d'ap- 

^^^H pliquer l'amende , est privé de son emploi. 

^^^1 9a. Il est défendu à tout usager, distributeur 

^^^B ou autre agent , d'arroser par un canal autre que 

^^^1 , celui mentionné dans le tableau de distribution; 

^^^m d'enlever delà terre d'aucun francrbord , d'aucune 

^^H rigole, sous peine d'une amende de 5 sous pour 

^^H chaque coup de pioche donné , et de payer les 

^^^1 dommages. Ceux-ci seront évalués aux frais du 

^^^K contrevenant par le Syndic, le Cequiero etj| 

^^^B Vehedors. 

^^^1 8 1 . Il est ordonné de rétablir les dommages 

^^^H les dégradations survenues, quelles qu'en soient 

^^^H les causes, aux Partidors d'Aldaya, Quart, Ala- 

^^H quas ,Ters,Palmar, naPastora, Faytanar et au- 

^^^1 très, de même qu'à tous les ouvrages en maçoa- 

^^F nerie destinés à protéger le partage. Ces travaux 

I s'exécutent sous la surveillance du Syndic et sur 
l'avis des Élus , des Députes et des Vehedors. lU 



(339) 
sont à la charge des usagers respectifs , ou à celle 
du Syndic s'il néglige de les faire exécuter. 

82. Si l'Acequia se dégrade sur quelque point, 
le Syndic , les Vehedors et les Députés peuvent 
la rétablir de la manière et comme ils le jugeront 
plus convenable , dans le lieu où il sera permis de 
le faire. En cas de négligence , et sur la demande 
d'un usager, il y sera pourvu par le Gouverneur 
aux frais de la communauté des tenanciers. 

85. Il est fait concession des eaux de l'Acequia 
à ses confrontans toutes les fois que l'Azud vient 
à se rompre, et jusqu'à ce que la répartition pro- 
visoire soit de nouveau établie. Celle-ci s'opère 
sous la surveillance du Syndic, ou s'il la néglige 
il y est pourvu par le Gouverneur. 

68, Lorsqu'il sera nécessaire d'établir des bar- 
rages ou des vannes provisoires sur une Acequia 
principale, ou sur une de ses branches, pour dé- 
vier les eaux dans une autre branche, qui inté- 
resse un grand nombre d'usagers, le premier ar- 
rosant est chargé de placer ces vannes ou d'établir 
ce barrage. S'il néglige de le faire, ou s'il les en- 
lève , il est mis à l'amende de Go sous. 

Lorsque tous les tenanciers ont arrosé, le der- 
nier arrosant doit compte au premier, des vannes 
et autres matériaux ; il les paie s'il n'en fait immé- 
diatement la remise, en outre il est passible des 
^dommages s'il en existe. 



L 



C 340 ) 

76. Il est défendu aux Part 
delà de la quantité d'eau fixée par le tableau do 
distribution à celui qui, ne possédant dans le 
terroir qu'une cahizade de terre, la sèmerait toute 
en blé pour sa convenance, lors même qu'il souf- 
frirait d'une forte sécheresse. En cas d'infraction, 
le Partidorest puni d'une amende de 60 sous va- 
lenciens. 

75. Lorsque, dans une assemblée générale, la 
majorité des tenanciers, réunie aux plaignans, 
désigne un Syndic spécial pour poursuivre d'of- 
fice une prpcès, une instance, une fraude, tut 
dommage , ou toute autre affaire d'un intérêt gé- 
néral, cette majorité, par sa décision, lie la mi- 
norité et peut la contraindre au paiement de la 
I portion des frais, ou à celle des indemnités allouées 
aux plaignans , de même qu'à tous autres frais, 
même à ceux accordés au Syndic spécial. 
Cbaque usager qui refusera de solder sa taxe 
sera condamné à une amende de 20 sous (i). 
: 



{ I ) 11 ne m'a pas été possible de connaître les frais an- 
lela â''entretïen du Canal , et le montant des taxes ïm- 
isées ! j'a-vals cterché à réparer mon oubli en écrivant i. 

Valence ; mais ma demande h été mol interprétée. J'ai ce- 
3«dant la certitude que ces taxes ne dépassent jamsts 
illesde Meslalla , (fui varient depui.f 5 jusqu'à 10 sous 

ralcnciens ( 5 fr. y 5 c, ) par caliizade de terre arrosablie. 



A 



(34. ) 

i3. Celui qui arrosera pour un autre paiera, 
la première fois , une amende de 2 sous , la se- 
conde de 20 sous , et s'ilne peut payer son amende, 
il sera renfermé chaque fois pour huit jours dans 
la prison de la ville. 

58. Il est défendu d'accorder l'eau à celui qui 
n'aura point acquitté ou qui refusera d'acquitter 
sa taxe ou son amende. 

59. Les amendes et peines imposées aux arro- 
sans , dans les cas d'infraction et tous autres cas, 
seront prononcées sur la place de la Sec , eC non 
ailleurs. Le Cequiero est chargé de l'instance : s'il 
la néglige , il sera condamné à une amende de 
1 00 sous valenciens, 

1 Sg. La distribution des amendes est fixée en 
partie par le règlement. Toutes les fois qu'elle 
n'est pas mentionnée, on en répartit le montant 
de la manière suivante: un tiers à la caisse syndi- 
cale, un tiers au juge ou aux juges , et l'autre tiers à 
l'accusa tciu-, lors même qu'il seraitofficier de l'A- 
cequia ; à défaut de dénonciateur, la même caisse 
reçoit le tiers qui aurait été dévolu à ce dei nier. 

1 1 3. Toutes les déhbérations sont consignées 
sur un registre, qui est confié au notaire de la 
Communauté. 

109. Les taxes sont imposées de manière à pré- 
senterunexcèdantde3oo livres, qui sertannuel- 
lemeat à l'acquit de l'arriéré. 




(34a) 

iio. Le cadastre général des terres arrosées , 
exécuté d'ordre de la Junte par José Siscar , est 
gardé avec soin ; il est souvent vérifié , et toutes les 
mutations y sont consignées à la charge du Ce* 
quiero et du Collecteur. 

96. n est défendu à tout tenancier de contre- 
venir aux présens réglemens. S'il s'élève une con- 
testation , si un usager intente un procès à la Com- 
munauté des arrosans , cet usager ne pourra exer- 
cer les fonctions de Syndic, de Vehedor, de Ce- 
quiero , de Partidor , de Collecteur et autres char- 
ges de la Communauté. En cas d'infraction au 
présent article , l'usager sera puni d'une amende 
de 10 livres , et sera privé en outre de son emploi 
à la diligence du Syndic. 

176. Ces divers réglemens sont , pour plus de 
validité, soumis à l'homologation de la Royale 
Audience et du Conseil de Castille. 

§ XL 

Telles sont les nombreuses dispositions qui ont 
protégé jusqu'à ce jour l'industrie agricole dans 
le beau terroir de Quart et dans les lieux voisins. 
Quelques-unes paraîtront superflues, d'autres 
insuffisantes ; mais peut-être pour les juger fau- 
drait-il mieux connaître la nature et les besoins 
du sol qu'elles régissent, le caractère et les mœui's 



(343 ) 

du peuple qui les a adoptées. Souvent la rigueur 
de certains réglemens nous a conduits à des re- 
cherches particulières , et lorsque nous avons été 
sur les lieux et en présence des hommes qui les 
observent non-seulement sans murmurer, mais 
encore avec respect , nous avons compris que les 
succès en agriculture dépendent d'une foule de 
circonstances qu'il n'est pas donné à tous les 
hommes de deviner. Ainsi, pour tout comprendre 
dans une seule citation, cette disposition, en ap- 
parence si sévère, qui défend d'échanger son tour 
ou de céder à son voisin le volume d'eau dont on 
a l'usage, prévient de graves abus et remplit 
en outre d'une manière spéciale le but que le 
prince s'est proposé dans la concession de l'eau: 
en effet, un cours d'eau public n'est aliéné , même 
en partie, que pour des besoins réels et bien re- 
connus. Telle est la condition essentielle de la 
concession. Où les besoins cessent, la puissance 
publique reprend ses droits , car l'arrosant n'est 
qu'usager de l'eau et non propriétaire. Il ne peut 
donc en disposer , moins encore la vendre à son 
bénéfice, et l'intérêt général veut que cette eau 
rentre dans le Canal ou dans la rivière. 

Il convient cependant de remarquer qu'il n'y 
a pas toujours une égale proportion entre les 
charges imposées aux officiers de l'Acequia et leur 
traitement, entre les usurpations et les amendes^ 



(344) 

Ces inégalités réelles sont l'ouvrage du temijs; 
elles doivent disparaître toutes les fois que la Junte 
générale délibère sur les réglemens , et comme ces 
déliliératious n'ont lieu qu'à de longs intervalles, 
elle supplée à la modicité des traitemens par des 
décisions spéciales et assez multipliées ; mais les 
abus qui résultent de la modicité des amendes 
restent plus long-temps; ils sont parvenus au- 
jourd'hui au point t^u'on ne peut plus en différer 
la réforme. 



CHAPITRE VII. 



CXNAI. DE TORMOS. 



i 

e distance dt • ■ 



I/AcEQuiA de Tormos est à peu de distancée . 
celle de Moncada ; elle arrose nue grande étendue 
déterres. Son Azud, construiteen aval de celle de 
Quart , se compose d'un grand massif de maçon- 
nerie en béton, protégé par un revêtement de 
cinq assises en pierres de taille, solidement cram- 
ponnées , et échelonnées par une très- forte pente. 
Cette Azud a environ 80 varas (72 mètres) (1) 
de longueur, et 5 varas (4™, 5) de largeur. 




(345 ) 

L'Acequia tle Tormos arrose ou t^a^■erse 1™ 
terroirs de Patema, Benîmamet, Beniferri, Beni- 
calaf, Borboto, Carpesa, Almosera, MeliaDa, et 
autres dont les villages n'existent plus. Elle passe 
sous le torrent de Caraixet, au moyen d'un aque- 
duc souterrain , dans les environs de Mirambell , 
et à peu de distance de la route royale de Barce- 
lone. D'autres ouvrages protègent le cours de 
l'eau dans toute la longueur de l'Acequia, Eta- 
blie pour des besoins pareils à ceux du terroir de 
Quart, protégée par les mêmes intérêts, cette 
Acequia offre les mêmes résultats et est soumise 
au même régime que celle de Quart. Un Ce- 
quiero et huit Elus , choisis dans les trois classes 
de propriétaires ou intéressés, un Juge, un No- 
taire et un Secrétaire, des Vehedors et un ou 
plusieurs gardes, complètent l'administration de 
cette Acequia et régissent tous les intérêts de la 
Communauté, 

Les réglemens n'ont jamais été imprimés ; îl en 
existe de nombreuses copies , et les originaux sont 
déposés, selon l'usage, chez le Notaire, qui est à- 
la-fois archiviste, et rédacteur de tous les actes, 
ainsi que de toutes les délibérations. 

L'Acequia est comprise dans la distribution gé- 
nérale pour yg de l'eau qui coule dans le fleuve 
depuis E.ivarroja : c'est donc dix filas ou meules 
d'eau, si nous adoptons l'expression usuelle. Il n'y 



k 



( 346 ) 
a que l'Acequia de Mislata qui en reçoive une si 
petite quantité. Cette eau alimente six moulins, 
et arrose plus de deux mille cahizades (486 hec- 
tares ) de terre , portées sur le cadastre ordinaire, 
non compris les terres qui avoisinent la mer, et 
qui n'ont pas un droit légalement reconnu à VaX' 
rosage. 

Une fâcheuse avidité avait engagé les tenan* 
ciers de Tormos à établir des rizières dans les par- 
ties basses de leur terroir , il y a environ 45 ans. 
L'autorité ignora un moment cette entreprise oo, 
si elle la connut , elle négligea' de ta réprimer. Des 
résultats affiigeans signalèrent tous les dangers 
de cette culture au milieu d'une contrée où, à 
chaque pas , on rencontre une habitation. D» 
ordres tardifs proscrivirent les rizières; une po- 
pulation languissante hérita de celle que les ma- 
ladies contagieuses avaient moissonnée et il fallut 
bien des années pour réparer le mal. Aujourd'hui 
de beaux mûriers et la plus riche végétation em- 
bellissent un terroir jadis empoisonné. 

La taxe imposée aux tenanciers pour l'entretien 
du Canal et de ses ouvrages est de 3 sous par 
cahizade de terre. Cette taxe est la plus modique. 




{ 347 ) 
CHAPITRE Vm. 

CAWAt »E MISLATA. 



L'AcEQUiA de Mislata, placée sur la rive droite 
du Guadalaviar, s'étend depuis le coteau de Ma- 
nises jusqu'au village d'Albal, après avoir par- 
couru plusieurs terroirs et traversé, sur la fin de 
son cours, le torrent de Catarroja. Cette Acequia 
reprend l'arrosage de Quart, et recueille quel- 
ques-unes de ses dérivations . Les villages qui oc- 
cupent tout l'intervalledeVistabella et Clïirivella, 
à Valence, font partie de la Communauté des 
Arrosans, et dans cette grande association qui 
réunit tant d'intérêts et d'individus , est comprise 
aussi la majeure partie des laborieux colons qui 
peuplent ce grand nombre d'Alquerias placées sur 
la rive droite du chemin de Madrid. Les habita- 
tions sont ici plus rapprochées, car la terre est 
plus limoneuse et plus profonde, et l'on obtient 
des récoltes plus abondantes sans plus de soins 
ni d'activité. Il existe quatre moulins sur cette 
Acequia, Ce n'est que depuis peu d'années que 
les arrosages de l'Acequia de Mislata ont reçu le 
développement dont ils étaient susceptibles, et 
qu'ils avaient probablement perdu au milieu des 
guerres civiles, ou à la suite des pestes. On dé- 
truisit beaucoup d'oliviers et de vignes; on sol- 



I 



(348 ) 
licila et l'on obtint de conslruire de nouvelles 
diTivations; mais lorsque la Communauté se vit 
menacée de perdre une partie de l'eau que de- 
vaient exigerlesnouvelles irrigations, elle réclama 
à son tour les garanties pour ses droits et pour 
ses besoins. Une réclamation aussi juste devait 
être admise par une autorité qui n'a jamais été 
étrangère au bien.de la contrée, et qui asu, dans 
tous les temps , faire respecter des droits acquis 
par un long usage. Aussi , et par suite de la déci- 
sion qui intervint , les nouveaux arrosans n'en- 
trent en partage de l'eau que lorsque les anciens 
ont arrosé conformément aux anciennes distriLu- 
tions et aux réglemens établis. De là cette diffé- 
rence si injuste au premier abord, qui existe sou- 
vent entre les droits de deux propriétaires voi- 
sins, alors même que des contenances égales et les 
mêmes besoins semblent commander les mêmes 
usages. 

L'administration de l'Acequia de Mislata est 
la même que celle de Quart et de Tormos ; mais 
elle a deux Syndics ou Cequieros majors au Uch 
d'un , parce que la moitié de son eau est destinée 
à l'iuTosage du vaste terroir de Faytanar , et que 
la surveillance est alors divisée de même que 
les intérêts et l'association. C'est toujours à huit 
électos ou élus, à un Notaire-archiviste, à un 
Garde principal, à un Cequicro ou fermier . et à 



u fermier ^^^1 



( 343 5 
t|iiatre Vehedors qu'est confiée fa régie du Canal. 

Les conditions d'admission, les charges im- 
posées àchaque employé, lemodede distribution, 
celuidesurveillance,lesystèine des amendes, sont 
les mêmes que pour les autres Acequias. Les dif- 
férences qui existent sont donc peu remarqua- 
bles; cependant, pour ne rien laisser à désirer 
à cet égard, nous transcrirons ici la traduction 
de quelques dispositions secondaires et particu- 
lières au Canal de Mislata. 

Art. 10 et 11 du Règlement. En outre du regis- 
tre ou cadastre général des terres arrosables, il 
sera formé un second registre, destiné à y ins- 
crire le nom de tous les fermiers des terres taisant 
partie de l'association , pour faciliter la perception 
des taxes et la rendre plus régulière. 

14. La Junte générale aura le droit d'imposer 
jusqu'à 8 sous walenciens (i fr. 40 c.) de taxes ou 
tribut par caliizade de terre. Le droit de Cequiage 
ou de redevance annuelle est fixé à 4 sous va- 
lenciens , quelle que soit l'importance des travaux 
entrepris; tous les arrosans de l'Acequia de Mis- 
lata sont soumis à ces taxes et à ces redevances , 
quels que soientleurrang, leurs privilèges et leurs 
immunités. Lepaiemeutalieu tous les ans le jour 
de Pâque selon l'antique usage. 

^. Dans les Juntes générales sont admis les pro- 
cureurs fondés (les absens ; mais ceux-ci n'auront 
ToM L aî 



[, Toi 



( 35o ) 
jamais qu'un vote rt qu'un suffrage, quel qnesuit 
le nombre des propriétaires ou des fermiers qu'ils 
sont appelés à représenter. 

48. Les propriétaires ni ics fermiers des naoulins 
ne peuvent être officiers ni employés subalternes 
de l'Acequia. 

6. Le Syndic , de même que les autres officiers 
«ontnommés parla Juntegénérale. La proposition 
des Syndics et des Élus est faite à la Junte géné- 
rale et à la Junte des Élus par le Syndic «1 exer- 
cice. Il propose quaïre laboureurs , dont deux de 
chacun des terroirs ou branches principales de 
l'Acequia, surlesqueison en choisit deux, chargés 
d'administrer les deux grandes dérivations. 

a6. Le Syndic a un traitement fixe et annuel de 
1 1 livres et une indemnité de i o sous valenciens 
pour chaque journée employée à la surveillance 
des travaux de l'Acequia; il jouît en outre de 
rexeraptioD de cequiage pour toutes ses tares, 
selon l'antique usage. 

3 1 . Les Syndics de l'Acequia de M islata se ren- 
dent tousles jeudis , de onze heures jusqu'àmidi , 
au tribunal de la Seo pour y discuter avec 1« 
autres Syndics les intérêts de leur canal, cera 
des autres canaux, et pour y prononcer aussi sur 
toutes les causes soumises aux délibérations du 
Tribunal des ^cequieros. 

lies quatre Vehedors sout nommés I 




A 



(M. ) 
deux ans par le Syndic , avec l'approbation de la 
Junte des Elus. 

Ils jouissent des mêmes exemptions et des 
mêmes privilèges , et ils sont soumis aux mêmes 
charges que pour les autrec Acequias. 

Ils sont exemptés du droit de Cequiage jusqu'à 
concurrence de lo cahizades de terre. 

34. L'Acequiaaun avocat, nommé par la Junte 
générale, chargé de défendre les causes et de sou- 
tenir les procès de la communauté. Il a 8 livres 
<J 'appointemens. 

37. Le notaire-archiviste (jiWico-ejcwano) a 
lo livres d'appointemens. 

39. Le Garde de l'Acequia a 3o livres valen- 
ciennes d'appointemens. 

45. Le Garde parcourt FAcequia deux fois par 
semaine , et à l'époque des grandes sécheresses et 
des distributions d'urgence, il la visite tous les 
jours. Amende de 3 livres diaque fois qu'il sera 
convaincu de négligence. 

46. Si le Garde trouve une prised'eau ouverte, 
il suit l'eau déviée jusqu'au dernier arrosant : ce- 
lui-ci, sur la dénonciation du garde, paie une 
amende de 3 livres. 

G5. Les plaintes et les réclamations formées 
contre d'autres arrosans sont portées devant le 
Syndic; laccusé se rend sur la pkce de la Seo 
devant le Tribunal des Acequieros, Sa le dénon- 

23.. 



( i5^ ) 
dateur ni'gligp de paraître, il perd son droit er 
la plainte est annuUée. 

Les réglemens de Mislata ont subi diverses 
modifications à des époques déjà éloignées : la 
dernière et la plus récente date de l'an lySo. La 
nouvelle rédaction fut soumise au conseil de Cas- 
tille, et approuvée par le roi Ferdinand Vl, le 
3o juin 1761 ; l'exécution en fut prononcée par la 
Royale Audience , le 1 7 juillet de la même année. 

La balance qu'on avait cherché à établir entre 
le délit et l'amende n'existe plus , et il peut quel- 
quefois être avantageux de se rendre passible d'un 
délit , puisque le sacrifice pécuniaire imposé par 
l'amende est loin d'égaler celui des produits aux- 
quels on eût renoncé dans un temps de disette et 
de besoins. II est donc probableque ces réglemeiui 
subiront bientôt quelque réforme : l'intérêt de 
l'agriculture et la protection qui lui est due la 
rendent indispensable. 



CHAPITRE IX. 



CANAL nE HESTALLA. 



J 



L'AcEQniA ouCanal deMcstalla reprend l'arro- 
sage des terres qui sont inférieures à l'Acequi 






( 353 ) 
ïomios,elparcourt une partie des terroirs tleCam- 
paiiar, celui qui environne le vaste faubourg de 
Murviedro, et ceux de Benimaclet, d'Algiros, du 
Cabatial et du Grau. Le chemin d'Alboraya di- 
vise ce beau terroir en deuxparties inégales, qui 
sont soumises à la même organisation syndicale, 
et dont chacune est régie d'une manière spéciale 
par un agent particulier. 

L'Azud de Mestalla, placée dans le voisinage 
de celle tle Mislata, est formée, de même que 
toutes les autres, par un grand massif de béton 
qui barre le fleuve dans toute sa largeur. Elle 
s'appuie sur la rive droite, contre une construc- 
tion très-solide, qui pénètre dans l'intérieur des 
terres et qui estasses exhaussée pour contenir les 
eaux et fixer le grand courant dans le milieu du 
fleuve , même à l'époque des fortes crues. 

Sur l'autre rive, une autre muraille prolonge 
la dérivation de l'eau; deuK Almenaras placées à 
quelque distance l'une del'autre déversent le trop- 
plein et précèdent le Castell ou la maison des 
vannes : celle-ci est à l'abri des eaux et suffisam- 
ment protégée soit par les terres qui l'avoisinent, 
soit paries solides ctmstructions qui l'environnent 
et la précèdent. 

Cette Azud, dont la largeur est de 7 varas 
(6 mètres), est consolidée par un revêtement de 
fortes pierres de taille, distribuées en six assises 



k 



( 354 ) *■ 

régulières et toutes inclinées au courant, k w^Ê 
ceptiun de la première. ^M 

Elle fournit à l'Acequia quatorze filas d'eaifjH 
ce volume suffit à tous les besoics et à toutes fflP 
cultures. 

Le village de Mestalla n'existe plusjlong-teraps 
il eut le premier intérêt à la conservation de l'A- 
cequia, qui portait son nom; mais les guerres 
ont fréquemment désolé la plaine de Valence , 
l'agriculture a souvent eu à gémir du désordre 
des camps , et l'industrie , sans changer de tei 
a dû quelquefois changer d'asile. 

Les règlement de Mestalla ont également 
les modifications indiquées par le temps et par 
de nouveaux intérêts. D'ailleurs lorsque lldiome 
Valencien n'a plus été en usage |>our la rédaction 
des actes publics ou «otaries, il a fallu traduire 
dans la Langue Castillane tous les anciens régle- 
mens , et faciliter au Conseil de Castitle 
autres cours supérieures les moyens de |>ro] 
cer sur le mérite des usages dans un 
connu et voulu par les lois. 

Les modifications les plus importantes 
de l'an 1734- Les guerres civiles et la fatali 
position qui ruinèrent le royaume de Valeni 
compromirent tous ses privilèges , avaient 
tribué à laisser tomber les réglemens et les lob 
rurales dans une funeste désuétude. I^e mal 



ÎFRH^^^ 



■aduire 
régie- I 

1 



( 355 ) 
tait tléjà de l'expulsion des Maures , et pendant 
cent vingt-huit ans des coutumes et des usages 
quelquefois arbitraires , des abus imposés par la 
puissance du rang ou de la fortune avaient rem- 
placé les lois ; les distributions s'opéraient sans 
règle invariable et sans cette parfaite équité qui 
seule peut garantir tous les droits et la stabilité; 
les agens de la Communauté se régissaient pai- 
(les règles arbitraires ou incertaines , et ils man- 
quaient des pouvoirs suffisans pour réparer le mal 
qu'ils étaient disposés à signaler; ils ne pouvaient 
généraliser les travaux et les frais sans rencontrer 
des oppositions formidables, et quelquefois les 
petits intérêts se plaçaient sur la ligne des grands 
abus par la constance de leurs efforts, par les 
procès qu'ils suscitaient et par leur funeste ré- 
sistance; enfin l'industrie parut se réveiller. Plus 
de calme et sur-tout plus de force et de sagesse 
dans le Gouvernement permirent à l'agriculture 
de suivre sa marche naturelle; en cessant de gé- 
mir , elle s'achemina rapidement vers cette amé- 
lioration dont elle était susceptible sous le beau 
climat de Valence, 

Dans sa séance du 26 avril , la Junte générale 
des tenanciers délibéra les premières modifica- 
tions; dans les Juntes suivantes, un en délibéra 
d'autres suivant l'antique usage. L'impulsion une 
fois donnée, chaque Junte voulut continuer le 



f 35C 1 
travail; mais il ue fut complété que dans 
tlu 1 1 septembre 1761 : cent vingt-trois articles 
ou ordonnances séparées furent à-la-fois décré- 
tées. Dans cette longue série de mesures régle- 
mentaires , tous les pouvoirs , toutes les charges , 
tous les emplois, furent spécifiés et limités avec 
une sévère et prudente prévoyance. La Junte du 
ao avril 1 766 voulut , par une sage méfiance , vé- 
rifier de nouveau la rédaction des Réglemens; ils 
furent encore examinés et discutés dans celle du 
i5 mars 1769; mais cet examen fut le dernier. 
1*4 décembre de la même année, la Royale Au- 
dience approuva la nouvelle rédaction , sur la de- 
mande qui en fut formée par l'administration 
syndicale au nom de la Junte. Le fiscal du Con- 
seil de Castille imposa quelques modifications an 
projet par sonrapportduaa juin 1771 : le roi les 
accueiUitet les approuva définitivement le 7 juillet 
suivant; enfin la Royale Audience, comme Cour 
supérieure, usant de son droit d'homologuer les 
décrets et de les rendre exécutoires dans tout son 
ressort, enregistra les Réglemens le 26 août 1771. 
Nous allons en faire l'analyse , mais nous la li^ 
miterons aux articles qui sont parti cuUers à S 
talla, pour éviter les répétitions inutiles; i 
omettrons tous les articles qui sont coramunsji 
diverses Acequias et que nous avons eu déjàl 
easton de relater. 





(3%) 
S»- 

Alt. 1 '■'■. du. Béglement. La J iinte générale s'as- 
semble tous les deux ans, pendant les letes de 
Pàque, dans une des salles de l'Hôtel-de-Ville. 

a. La Junte élimine les intrus par les soins et la 
vigilance du Cequiero et du Collecteur. 

3. Le Notaire de l'Acequia prévient l'Alcade- 
Major au civil du jour et de l'heure assignés pour 
l'assemblée générale, et reçoit \es provisions con- 
venables pour autoriser les convocations; l'al- 
cade préside la Junte selon l'antique usage. 

4-8- Le Syndic ou procureur général est nommé, 
à la pluralité des voix, sur une liste double pré- 
sentée par les élus. Il est choisi dans 1» classe des 
cultivateurs; iljouit d'un traitement fixe de lo li- 
vres valenciennes , d'une indemnité de iG sous 
par jour lorsqii'il surveille les travaux, et de la 
franchise de toutes les taxes ou autres redevances 
imposées aux terres par l'adniinisti'ation de l'A- 
cequia. La durée de son emploi est de deux ans. 
i8. Le Syndic nomme le sous-syndic, les ve- 
hedors et les répartiteurs. Ils sont confirmés par 
les Elus. 

7- La Junte générale nomme sept Electos, 
parmi lesquels doivent se trouver un ecclésias- 
tique, un chevalier, un citojen ou noble ( hijos- 



( 358 ) 
dalgd) et deux cultivateurs. Les autres Elus sout 
choisis parmi les tenanciers sans distinction de 
rang ni de classe. 

8-g. I^ Syndic, au nom des Elus, est chaîné 
de toutes les propositions qui sont faites à la 
JuQte.Il transmet touteslesplaintes et les diverses 
réclamations formées par les tenanciers; mais, 
d'après les réglemens, ces plaintes doivent être 
d'abord soumises aux Elus, qui décident si elles 
méritent d'être accueillies , et évitent par là à la 
Junte générale des discussions ihtempestivcs , 
dontle moindre mal est de retarder indéfioiment 
les délibérations. 

lo. Les Elus reçoivent aussi les plaintes for- 
mées contre le Syndic, le sous-syndic et autres 
officiers. 

Ils nomment les avocats de l'Acequia , le no- 
taire, et les divers agens de la Communauté. 

I r. Les Elus sont réélus ou remplacés, sur la 
proposition du Syndic , par la Junte générale. 

14. Les frais et taxes de l'Acequia sont ré- 
partis en trois lots égaux. Le premier est à la charge 
des propriétaires des moulins construits dans son 
terroir, et alimentés par ses eaux. Les deux tiers 
rcstans sont de nouveau répartis ; savoir , 7 à k 
branche de Petra , y à celle de Itambla , et le der- 
nier tiers à celle d'Algiros. Les taxes sont égale- 
ment réparties entre les trois branches, encore 




( 3%) 
que les contenances ue soient pas les mêmes en- 
treelles ; mais dans cliaciine de ces sous-divisions , 
les tenanciers paient selon la contenance de leurs 
terres et jusqu'à concurrence des sommes im- 
posées à chaque branche. 

i5. Le Cequiage, la perception des taxes, le 
curage et autres travaux sont à la charge du Ce- 
quiero , ou des fermiers de l'Acequia et de ses 
branches. 

Deux Vehedors nommés par le Syndic sur- 
veillent spécialement îe curage et l'entretien des 
branches, 

ao. Une partie du curage est à la charge des 
propriétaires des moulins , par suite d'ime tran- 
saction reçue par Pedro Meseguer, notaire, le ag 
décembre 1733. 

16. La Junte générale nomme le Garde, sur 
une hste triple , proposée par les Elus. Pour éviter 
les retards et les frais (l'une nouvelle Junte , cette 
nomination est faite à la pluraHté des suffrages 
des membres présens. 

19. Le Syndic ou Prcureur-Général se rend, 
tousles jeudis, àla placede la Seo, de dix heures 
à midi. Il peut se faire remplacer par le sous- 
syndic, s'il prévient celui-ci dans la journée du 
mercredi. 

a4-L«Syndic, pendant la disetted'eau, surveille 
ia concession immémoriale de la moitié de l'eau 



k 



iaJ. 



( 36o ) 
du Cuiial de Moucada; il se rend à l'Azud, les 
lundi et mardi de chaque semaine , et il dé- 
rive le volume d'eau concédé , par le déversoir 
appelé fondera ou de disette. Les Acequias de 
Mestalla, Favara, Rascana et Busafa (Rovella), 
ont seules droit à cette dérivation d'urgence ou 
de secours. 

aS. Le Syndic, en cas d'urgence, corumantk 
les premiers travaux. 

27. 11 rend compte des amendes et des dis- 
cussions auxquelles elles donnent lieu. Dans la 
Junte des Elus qui précède la Junte générale, il 
rend un compte provisoire et général de la situa- 
tion de la caisse syndicale. 

ag. Le Syndic , les Elus , le Notaire et le Garde 
reçoivent 8 sous pour chaque Junte. 

3i. Lesous-syndicestnoraraéparle Syndic, et 
comme le terroir de la Communauté de Mestalla, 
est divisé en deux parties par le chemin d'Albo- 
raya, le sous-syndic doit toujours être pris et 
avoir son domicile dans la partie où n'Iiabite pas 
le Syndic. 

32. Le sous-syndic peut ordonner des travaux 
d'urgence , à la charge d'en rendre immédiatement 
compte au Syndic. 

33. Les Electos nomment un avocat pour dé- 
fendre les causes et les intérêts de la Commu- 
nauté. Cet avocat jouit d'un Iraitement fixe de 7 



it fixe de 7 J 



(36i ) 
livres valencienes , non compris les émolumens 
d'usage pour chaque procès. 

34. Le Notaire est chargé d'instruire et de di- 
l'iger tous les procès. Il convoque les Juntes poui' 
délibérer sur les affaires de la Communauté. 

35. Il a 7 livres valenciennes d'appointemens , 
et reçoit en outre les frais d'écritures et sa pan 
des indemnités et des amendes. 

42. Le Cequiero, à la fin du bail, laisse l'Ace- 
quia en bon état. 

Le curage de l'Acequia est à la charge de plu- 
sieurs fermiers ou Cequieros. 

44- Le Cequiero principal est chargé delà partie 
du Canal comprise depuis l'Azud jusqu'à Vj^l- 
menara tandem établie dans le voisinage du pont 
de Manises. 

45. Les quatre fermiers de Petra, Rambla, 
Algiros etMolinos,se distribuent, par la voie du 
sort, le curage depuis l'Alnienara jusqu'au pont 

46. Le meunier du moulin appartenant au 
couvent Royal de Zaydia est chargé de ce soin , 
depuis le pont CCAnillo jusqu'à la prise d'eau de 
la branche de Petra. 

— Les articles 47 et suivans déterminent les di- 
visions établies pour le curage de l'Acequia et de 
ses trois principales branches jusqu'à la mer. 




( 36t. ) 

65. Les dépôts limoneux qui sont retirés de 
l'Acequia par les riverains ou les' fermiers ne 
.peuvent rester sur les chemins. Ils doÎTent être 
enlevés dans le délai de trois jours, 

66. La conservation des francs-bords, des rigo- 
les , des branches et des canaux est à la cbarge du 
propriétaire riverain. Elle est à celle de la Com- 
munauté pour les parties qui confrontent avec un 
chemin. 

68, Le propriétaire d'un champ sur lequel passe 
un canal , est tenu d'opérer , à ses frais , le curage 
des deux bords. S'il confronte seulement d'un côté, 
il n'est tenu qu'au curage de la moitié du Canal ; 
enfin, celui dont la propriété a laservitude d'une 
rigole, lors même qu'il n'userait pas de l'eau 
pour l'arrosage, est tenu de maintenir en tout 
temps cette rigole en bon état , afm de donner un 
libre passage à l'eau. 

69. Le Syndic nomme dix Vehedors, dont trois 
pour chacune des trois principales branches. Ils 
sont choisis dans leurs terroirs respectifs , et 
n'exercent qu'après avoir prêté le serment, ce 
dont on dresse acte. Ils ont un traitement fixe de 
I a sons valenciens par journée de sarveîllaiice 
sur le partage des eaux , et de 8 seras valenciens 
pour le curage; ces traitemens sont à la charge 
du Ccqaiero on des fermiers. 

70-7 1 . Ces Vdiedors font leiw rsf^orl awSi 



rsf^ori awSj» | 



( 363 ) 
ilic sur l'état de l'Acequia : ils surveillent les œils 
ou prises d'eau, 

72. Les Vehedors dirigent l'atelier ou les ate- 
liers d'ouvriers établis par le Cequiero sur les 
parties commises à leur surveillance. 

73-74-75-76. Le curage s'opère pendant les fêtes 
de Pàque et dans le délai de trois jours ; le qua- 
trième jour est consacré à la visite des travaux. 
Les parties négligées sont réparées à la charge 
des Vehedors, en cas de retard du Cequiero. 

77-85. On exécute un second curage dans le 
mois d'août, ou plus tôt, si leSyndic le juge con- 
venable. 

78-8i-8a-83-84- Passé les délais fixés pour te 
curage, un Vehedor de chaque branche , suivi de 
quatre ouvriers munis de pioches, parcourt les 
deux rives de son Canal, et répare, aux frais des 
tenanciers ou du Cequiero, les parties négligées 
ou en mauvais état. Si ce Vehedor rencontre un 
riverain occupé au curage de la partiedu Canal ou 
de la Rigole qui est à sa charge , il est tenu de 
s'arrêter aus^tôt, de s'adjoindre audit riverain 
et de ne continuer sa visite que lorsqu'il aura 
terminé aux dépens de celui-ci tous les travaux 
en retard. 

79. On ne peut opérer de curage , si le Syndic 
n'ordonne de dévier l'eau, 

80. Le Syndic, réuni à un Vehedor de chaque- 



(364 ) 
branche, opère une visite générale de l'AtM 
Il est suivi de trots ouvriers, afin d'effectuer tous 
les travaux en retard, et qui sont à ta charge des 
propriétaires riverains ou des Cequieros. 

86. Le Syndic nomme , pour chaque terroir, un 
Atandador, ou répartiteur, qu'il choisit parmi les 
usagers de chaque branche, en se conformant, 
autant que possible, au choix qui paraîtra inspirer 
le plus de confiance auxdits usagers. 

1 09. Nul ne peut arroser sans la permission de 
l'Atandador. 

87 jusqu'à 92. La construction des barrages 
provisoires , et la distribution des eaux entre les 
diverses branches, s'opèrent à des époques déter- 
minées par le règlement, 

93. Les barragesne peuvent être établis ni en des- 
sous ni en dessus du niveau des divers Partidors. 

94. Le tenancier qui arrose ne peut déverser les 
eaux sur les francs-bords au moyen d'un barrage, 
à moins que ce barrage ne soit établi en dessous 
desdits francs-bords. 

95. On ne peut établir à-la-fois deux barrages 
sur la même branche. 

98. Le garde de l'Acequia prend les ordres du 
Syndic, et convoque la Junte des élus. 

99, Il ouvre ou ferme les déversoirs selon les 
ordres du Syndic. Il peut le faire sans ordre à la 
veille des pluies ou des inondations. 




( 365 ) 

1 G. Il jouit d'un traitement fixe de 36 livres va- 
lenciennes, et (l'une indemnité de 8 sous pour 
chaque convocation de Junte. 

io3. Toute infraction au règlement peut être 
dénoncée par le Syndic, les Sous-Syndics, les Élus, 
les Ceqiùeros, les Répartiteurs, le Garde, ou tout 
propriétaire, fermier, ou colon même à gages, 
des terres arrosées par les eaux de l'Acequia de 
Mestalla. Les fils deces derniers peuvent dénoncer 
un délit lorsqu'ils y sont autorisés parleurs pères. 
Le Syndic reçoit les plaintes, et à son défaut les 
Élus. 

io5. Pendant la distribution d'urgence à l'épo- 
que des fortes sécheresses, les meuniers ne peu- 
vent barrer les eaux que jusqu'à midi du premier 
jour d'arrosage. 

io6. On place des seuils et des limites aux van- 
nes et aux prises d'eau des moulins. 

1 o8. Tout arrosant est tenu de maintenir un filet 
d'eau , pour renouveler constamment celle de la 
fosse , dans laquelle on fait rouir le chanvre, sous 
peine de lo sous valenciens. 

Si on lui refuse l'eau , le répartiteur reçoit la 
plainte et y fait droit, en imposant une amende 
double de la première. 

1 1 3. Tout arrosant qui porte une contestation 
devant le Syndic ou le Cequiero doit se présenter 
le premier jeudi suivant, ou au plus tardau second, 
ToMK 1. a4 



I 



( 366 ) 
à 1.1 place de la Seo , tlovnnt le Syndic, pour re- 
nouveler sa plainte. S'il néglige de comparaître, 
il est passible des dommages , et sa demande ne 
peut plus être accueillie. 

1 1 5. Sera présumé avoir usurpé l'eau celui qui , 
le premier, sera convaincu d'avoir arrosé , ou le 
meuniej"qui s'en sera servi. 

Les articles dont il n'est pas fait mention dans 
cette analyse, sont, ainsi que nous l'avons déjà 
observé, communs aux réglemens des Acequias 
décrits. Ils complètent le régime auquel estsw- 
mis le vaste terroir qui forme l'association de Ak>- 
talla. Nulle interruption n'a eu lieu depuis Fannée 
1 77 1 . Les tenanciers ont intérêt à ce qu'il ne soit 
porté aucune atteinte à ce règlement. Ils veillent 
en sa faveur, et telle est la sagesse des disposi- 
tions prescrites , qu'elles ne rencontrent jamais 
qu'une opposition momentanée et toujours in- 
fructueuse. 

Il pourrait être intéressant de connaître com- 
ment se dirigent les travaux que des inondations 
ou d'autres causes rendent nécessaires sur quel- 
ques parties de l'Acequ ia ; mais comme, dans ce cas. 
le règlement a prévu de quelle manière il fallaiCy 
pourvoir et dans quelles proportions les tenanciers 
devaientycontribuer, il nous faudrait rentrer daniî 
•l'analyse qui précède. Il nous suffira donc , 



ulfira donc , pour | 



(367) 
apprécier le régime del'Acequia, de connaître avec 
quelle célérité et sur-tout avec quelle économie 
furent conduits les travaux de l'Aziid de Mestalla. 
Une inondation venait d'en dégrader quelques 
parties, il fallait les réparer sans retard , ou s'ex- 
poser à des pertes incalculables, La Junte géné- 
rala n'hésita point , et elle commit le Syndic et sept 
Elus pour surveiller l'exécution des travaux men- 
tionnés dans le devis qui en avait été rédigé par 
trois hommes de l'art. On créa une caisse parti- 
culière, qui fut confiée au même Syndic et à deux 
Élus; on obtint du Capitaine-Général l'autorisa- 
tion d'imposer une somme de 6,000 livres valen- 
ciennes(2 1,000 fr.) à compte de celle de 9,538 liv. 
(33,383 fr.) à laquelle s'élevait le devis. Le recou- 
vrement en fut rais aux enchères et adjugé pour 
la modique rétribution d'environ 2 pour cent. On 
adjugea de même la confection des ouvrages et 
la fourniture des matériaux, La chaux vive coûta 
5 centimes le kilogramme; le moellon, 31 cen- 
times par quintal de 4o kilogrammes, La pierre 
de taille destinée à former les revètemens de tous 
les ouvrages en maçonnerie fut également four- 
nie à des prix très-modiques. I^es travaux , com- 
mencés le 3i juillet i8i5, et terminés le i3dé- 
csmbre suivant , furent soldés moyennant la 
somme de 92,4 1 o réaux de vellon (-l'i, 1 02 francs) 
provenant de la perception des taxes et d'autres 

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ques 
le régleiT 
pourvoirc 
devaient y c 
J'analyse qui 




( 368 ) 
l'ftL-elIts ou lions voluiil aires. Toutes les dépenses, 
tous les frais imprévus, de même que les hono- 
raires, sont compris dans cette somme; et l'on a 
lieu de s'en étonner lorsque l'on songe à l'impor- 
tance des réparati&ns effectuées sur les vastes 
massifs qui forment les Âzuds du Gnadalaviar, 
et à la grande solidité des almenaras ou déver- 
soirs qui les accompagnent. Il est vrai que la sur- 
veillance des neuf employés de l'Acequia fut gra- 
tuite; que la direction des travaux, confiée à 
un habile architecte , fut plus honorable que lu- 
crative pour celui qui l'entreprit, et que tous 
ceux qui coopérèrent aux travaux parurent plus 
empressés de servir la cause commune et de bien 
mériter des commettans , que de spéculer sur 
l'entreprise. Les frais , conformément au règle- 
ment, furent répartis de telle sorte que les pro- 
priétaires des raouli ns en payèrent un tiers , et les 
usagers de l'eau les deux tiers restans. Ainsi 
chaque meule fut taxée à io4o réaux de vellon 
(a6o fr.), et chaque cahizade de terre ( a4 ^res ) à 
i& réaux ou 6 fr. 5o c. 

D'importantes économies furent donc opérées 
sur le premier devis . Nul doute qu'elles ne soient 
l'ouvrage de la Junte particulière chargée de su^ 
veiller spécialement les adjudications, les fourni- 
tures et les ateliers. Les membres de cette Junte 
avaient en outre d'aiitresdevoirsàremplir,coHaiBe 



i-eiiipiir^couiuw ■ 



( 369) 
officiers de l'Acequia; mais loin de s'intimider de- 
vant ce surcroît de travail , on les vit redoubler de 
zèle , et n'en réclamer d'autre prix que la publicité 
de leurs opérations. Elle eut lieu dans un rapport 
fait à la Junte générale et imprimé à ses frais. 
Ce compte rendu , destiné à rassurer tous les in- 
térêts, devint en même temps un témoignage pu- 
blic et honorable, accordé par l'assemblée à ceux 
(le ses membres qu'elle avait précédemment délé- 
gués pour veiller sur ses intérêts (i ). 

Nousavons vu, par l'analyse des réglemens, que 
l'Acequiase divisait en plusieurs branches, et que 
ses dérivations étaient soumises à un régime dif- 
férentselon les localités elles besoins des usagers. 
Les trois principales brandies , et celles qui absor- 
bent aussi toute l'eau du Canal avant de parvenir 
au chemiu d'Alboraya, portent les noms suivans : 

BiasilcPetra, il arrose., fiig caliixad. déterra et i haneg, « caii. 

— de Ratnhia.. .... 1071 idem, . » 3 

— il'AJgiros 653 idem a 3 

To:aI (JGsliect. 46aies) 2343 cahizadas 3 Juiu a cai-r. 



(1) Je citeraî parmi lesplusactifs et les^usintelligens 

le ces officiers le Syndic Thomas Coltell , et l'Élu Vi- 
:ente CasaiiOTa. Je dois à l'obligeance de ces habiles culti- 
,'atQurs,etsur-lOiit à ce dernier , des renseigne m en s précis 
iur l'agriculture et le régime des e«ux dans la plaine do 






( 37» ) 

D'autre pari 2,601 

Braso de S.-Geronimo 281 

Roi de la Cruz del Falco 76 

rila de la Mobia 67 

Fila de Aters aai 

Braso del CoscoUano agS 

Broso deCarot 175 

3,7 15' 
ou 619 cahîzadas et 3 hanegada. = 148 hei 
60 ares. 




§1" 

L'AcEQCiA DE Favaba. reçoîtles eaux du Gui 
laviar un peu en aval du vUlage de Quart. Elle 
se divise en deux principales branches et les ter- 
roirs que celles-ci parcourent, en se subdivisant 
en dix branches secondaires, s'étendent depuis 
Mislata jusqu'aux lagunes de l'Albufera, au-delà 
de Catarroja. Cette vaste communauté d'intérèls 
agricoles est une de celles qui sont le phts heu- 
reusement établies pour profiter du voisipage 
d'une grande ville; et comme si les produits du 



A 






r> 



lie sespouvoirsâ une 

- de celle-ci dureront 

' umnettans immédiats. 

. Syndic , un Cequiero , 

er et dix Yehedors , dont 

îx branches principaks. 

la Junte des Quinze dési- 

'^ * ^ osa remploi , dont trois de 

1^ I ^ \illages voisins. Les deux 

* f •.,, , i yndic sera de la banlieue et 

'^/. oirs voisins; pour les deux 

iiangera , et les villages four- 
, le Syndic, que Ton prendra 
le précitée. Ces nominations 
lanche dans l'octave de Saint- 

ou Cequieros ne pourront être 

.éme emploi qu'après deux autres 

JL un délai de quatre ans. 

ommera point de Cequiero tandis 

jn fermier de l'Acequia. Celui-ci en 

dons et jouira de tous les privil^es. 

irront exercer les charges de l'Acequia 

meuniers qui se servent de ses eaux , ni 

jQft'aux premier et second degrés. 

tt exclus des emplois les te- 
rélla. 

a l'eau à celui qui en sera 







( 3,6 ) 
rières d'autant plus utiles, que celui qui 
de les franchir a été presque aussitôt réduit à ta 
honte d'échouer et condamné à de fortes amendes. 
Nous suivrons, pour l'analyse des réglemens 
de Favara, la marche que nous avons adoptée 
pour les autres canaux. Nos recherches se bor- 
neront à indiquer les dispositions particulières à 
Favara. 

S"- 



er du 

1 



N". I '^'■. du Règlement. La Junte de réformé^ 
(les vingt Elus sera Junte ordinaire, à dater du 
jour ou les réglemens seront homologués i 
l'autorité compétente. 

Pour concentrer ie pouvoir et en rendreil 
tion plus facile, la Junte des vingt désignera (t 
son sein cinq individus ; savoir , un ecclésiastique, 
un chevalier, un citoyen, un cultivateur de la 
banlieue et un autre des lieux voisins, pour 
exercer les fonctions A'Èlu pendant les quatre 
années qui suivrontjeur nomination, 

La même Junte des Vingt nommera, à la plu- 
ralité des voix , dix autres élus, qui, réunis aux 
cinq premiers, formeront la Junte ordinaire et 
administreront l'Acequia pendant quatre année» 
entières : chaque classe sera représentée 
nombre proportionnel d'éUis. 

3. Pour fitcilitcr la surveillance, 




(377 ) 

Quinze déléguera une partie de ses pouvoii-s à une 
Junte de Cinq; les pouvoirs de celle-ci dureront 
autant que ceux de ses commettans immédiats. 

3. Il y aura en outre un Syndic , un Cequiero , 
ou, à son défaut, un fermieret dix Vehedors, dont 
un pour chacune des dix branches principales. 
On les nommera ainsi : la Junte des Quinze dési- 
gnera six personnes aptes à l'emploi , dont trois de 
la banlieue et trois des villages voisins. Les deux 
premières années, le Syndic sera de la banlieue et 
le Cequiero des terroirs voisins ; pour les deux 
dernières , le choix changera , et les villages four- 
niront, à leur tour, le Syndic, que l'on prendra 
toujours sur la liste précitée. Ces nominations 
auront lieu le dimanche dans l'octave de Saint- 
Vin cen t-Ferrer, 

Les Syndics ou Cequîeros ne pourront être 
réélus dans le même emploi qu'après deux autres 
nominations ou un délai de quatre ans. 

4- On ne nommera point de Cequiero tandis 
qu'il y aura un fermier de l'Acequia. Celui-ci en 
fera les fonctions et jouira de tous les privilèges. 

5. Ne pourront exercer les charges de l'Acequia 
aucun des meuniers qui se servent de ses eaux, ni 
leurs parens aux premier et second degrés. 

6. Seront également exclus des emplois les te- 
nanciers de la Rovella, 

7. Celui qui donnera l'eau à celui qui en sera 




(378) 

privé pour avoir refusé d'acquitter les taxes, sera 
puni d'une amende de a6 livres valenciennes 
(87 fr. 5o c). 

8. Les discussions surv^iues entre les usagers 
seront portées en première instance devant les 
officiers et la Junte des Élus. 

Celui qui refusera de reconnaîtrecette première 
juridiction sera privé de l'eau. 

9. En cas d'abus, ou d'appel contre un délai 
trop prolongé, les plaignans demanderont l'ad- 
jonction des cinq Élus, qui, dans ce cas, com- 
pléteront la Junte des Vingt 

la. Celui qui tentera de comprendre de nou- 
velles terres dans l'ancien tableau des terres for- 
mant la Communauté de Favara, paiera une 
amende de 3 livres. 

i4 Celui qui dégradera les prises d'eau, ou 
seulement négligera de les entretenir en bon état 
sera condamné à une amende de 2 5^ livres valen- 
ciennes et sera privé en outre de l'eau d'arrosage 
qui lui est concédée par les réglemens, jusqu'à 
ce qu'il ait rétabli les lieux dans leur premier état 
et payé tous les frais sans exception. 

i5. Un excédant de 3oo livres valenciennes 
( io5o fr.) compris dans les recettes et dans la 
perception des taxes, sera consacré, tous les ans, 
à l'extinction de la dette de la Communauté. 

17. On imposera de nouvelles taxes , s'il sur- 



( 379 ) 

t 

vient de nouvelles dépenses , s^ns jamais porter 
atteinte à la destination bien précise de l'excédant 
de 3oo livres précité. 

20. La Junte des Quinze, lorsqu'elle aura de- 
mandé au juge compétent l'autorisation de déli- 
bérer, aura le droit d'imposer de nouveaux ré- 
glemens ; mais elle ne pourra modifier les anciens 
sans en avoir reçu le mandat 

12 1 . La Junte des Quinze , instituéeét déléguée 
par celle des Vingt et qui représente la Junte gé- 
nérale, aura l'administration de l'Acequia avec 
le droit d'emprunter et de solder selon l'urgence 
des travaux et au prorata des fonds de la caisse 
syndicale , pourvu que ses délibérations soient 
prises à la majorité de dix membres au moins , et 
que le Gorregidor ou lieutenant du gouverneur 
ait autorisé le but de la délibération. 

!22. La Junte des Quinze s'ass^nblera dans la 
maison de l'avocat de l'Acequia ou dans tout autre 
lieu , le dimanche dans l'octave de Saint- Vincent- 
Ferrer, pour rédigap et approuver la liste des in- 
dividus proposés pour l'emploi de Syndic et de 
Cequiero, 

a3. La Junte des Quinze déléguera ses pouvoirs 
à la Junte des Cinq, à l'exception du droit d'im- 
poser de nouvelles taxes, et d'élire le Syndic et le 
Cequiero. 

!24. La Junte des Cinq, à laquelle s'adjoint le 



( 38o ) 

Syntiic-Notaire, s'assemblera régulièrement le se- 
cond dimanche de ctiaque mois. Chaque memhre 
recevra, pour droit de présence, cinq réaux castU- 
!ans. L'indemnité des absens sans cause légitime 
sera versée dans la caisse syndicale, 

a5. Si la Junte des Cinq ne se réunit point au 
jour indiqué , les trois livres valenciennes foi^ 
mant l'indemnité ordinaire seront appliquées à 
des dépenses communes. 

a6. Il sera formé un registre destiné à y inscrire 
toutes les délibérations des Juntes ordinaires et 
extraordinaires. 

27. Le Syndic de l'Acequia surveille, propose 
et dirige tous les ouvrages. 

a8. Il veillera à ce que le garde s'acquitte avec 
ponctualité des devoirs qui lui sont imposés par 
les réglemens. 

29. 11 maintiendra dans le canal le volume d'eau 
dont il a le droit et l'usage. 

3o-32. Il assistera au curage et surveillera l'A- 
zud durant la saison du flottage. 

II surveillera aussi le partage des eaux du fleuve 
en temps de disette et se rendra à l'Azud de Mon- 
cade, à certains jours fixés pour la distribution. 

3^\. Il exécutera, avec l'autorisation de la Jimte 
des Cinq, tous les ouvrages jugés convenables 
aux partidors et autres lieux du partage. 

35. Il provoquera la réunion de la Junte 'des 



Mf m junTC 006 I 



(38. ) 
Quinze et celle des Cinq, toutes les fois qu'il le 
jugera convenable. 

36. Il se rendra chaque jeudi, de onze heures 
à midi, sur la longueta de la place de la Seo , 
pour y tenir audience , et y délibérer sur les in- 
térêts de la Communauté, 

37. Il concédera l'eau , à titre de secours , toutes 
les fois qu'il le jugera nécessaire à la conservation 
d'une récolte. 

38. Il ne pourra, sous aucun prétexte, autori- 
ser ni permettre aux meuniers de construire des 
barrages , sous peine d'amende , et d'être privé 
de son emploi à la troisième contravention. 

39. Il jouira d'un traitement de a^ livres valen- 
ciennes , de la franchise de dix cahizades de terre, 
et delà part qui lui est accordée par les réglcmens 
sur le produit des amendes. 

40. En cas de mort, le Syndic s'il n'est remplacé 
dans les formes ordinaires , doit l'être par un Élu 
pris dans la Junte des Quinze, lequel n'exerce que 
durant le temps qu'aurait encore exercé son pré- 
décesseur, et jouit, au prorata, du traitement et 
de l'indemnité alloués à l'emploi de Syndic. 

4 1 . Le Syndic-notaire sera nommé , à la majo- 
rité des suffrages, par la Junte des Quinze. Sa no- 
mination sera révocable. 

/|6. On pourra nommer un Sous-Syndic, destiné 
Tome I. a 5 



f 38^ ) 
à remplacer le Syndic-iiotairc en cas de maladie, 
d'absence, ou de décès. 

47. Le Cequiero remplacera le fermier de 
l'Acequia, et jouira de toutes ses prérogatives, 
comme il en supportera toutes les charges. 

Il assiste au tribunal de la Seo , et reçoit le ser- 
ment des dénonciateurs ou des plaignans avant 
de prononcer sur les contestations soumises an 
jugement des Syndics réunis. 

48. Le Cequiero veillera aux distributions d'ur- 
gence en temps de disette. Il lui est défendu , de 
même qu'au Syndic, d'exiger ni de recevoir au- 
cune indemnité pour ces concessions momen- 
tanées. 

49-5o-5i-5a. Il assistera au curage de l'Ace- 
quia , et veillera à ce que l'eau soit remise dans le 
Canal dans les six heures qui suivront le curage. 

57. Il défendra aux meuniers et autres usagers 
d'opérer aucun barrage sur l'Acequia et ses prin- 
cipales dérivations. 

. Son traitement est fixé à 24 livres valen- 
ciennes et il jouira en outre de la franclùse des 
taxes pour dix cahizades de terre ( «43 ares ) et 
de sa part des amendes et des indemnités coDcé- 
dées par le règlement. 

5g. Lorsque l'Acequia sera affermée, le droit 
de suffrage et autres droits concédés au Cequiero 
seront exercés par un Elu pris dans la Junte d 



A 



( 383 ) 
Quinze, et dans la partie du terroir à laquelle 
n'appartient point le Syndic, de telle sorte que, 
les divers villages d'une part, et la banlieue ou 
huerta de l'autre, soient constamment représen- 
tés par le Syndic et le Cequiero ou Elu. 

60. L'Elu -Cequiero assistera aux délibérations 
du tribunal de la Seo conjointement avec le 
Syndic. 

61. Il remplacera celui-ci dans la distribution 
de l'eau en cas d'urgence. 

62. Il jouira de la franchise des taxes pour dix 
cahizades de terre, et recevra en outre sa part 
daiis les amendes. 

62. Le dix Vehedors de l'Acequia seront nom- 
més par la Junte des Cinq et choisis de préférence 
parmi les tenanciers des terroirs commis à leur 
surveillance. 

65. Les Vehedors des cinq premières branches 
se rendront tous les jeudis , de onze heures à 
midi, sur la place de la Seo pour assister le Syn- 
dic et le Cequiero, sous peine d'amende, à moins 
d'excuse légitime. 

66-67. ^-"^ Vehedors surveilleront la construc- 
tion et la hauteur des barrages dans les branches 
secondaires et dans les rigoles. 

69. Les Vehedors des cinq premières branches 
jouiront de la franchise des taxes pour dix cahi- 
zades de terre. Les Vehedors des branches dAI- 
a5.. 



( 384 ) 
farar,Benetusei\IVIasanasa,Catarroclia et Albat, 
ayant moins d'occupation , n'auront la francliise 
que pour cinq cahizades. En outre les premiers 
recevront une indemnité de 5 livres valenciennes 
et les autres celle de a livres lo sous valenciens 
(8 fr.^S.c). 

71-73. Ilyauraun surveillant desro/^ ou prises 
d'eau, qui recevra un traitement de 10 livres et 
le tiers de toutes les amendes prononcées sur sou 
rapport. 

75. Le garde de l'Acequia convoquera les 
Juntes. {Nota. Ses attributions sont les mêmes 
que pour les autres canaux). 

83. Son traitement est fixé à l\S livres (i), il 
recevra aussi une indemnité de 2 livres pour la 
surveillance de l'Azud en cas de disette , et le tiers 
des amendes imposées sur son rapport. 

84- Les grands barrages construits sur les bran- 
ches de l'Acequia pour faciliter l'arrosage de 
quelques terroirs élevés seront construits et sur- 
veillés par deux répartiteurs ou alandadors Aoi- 
sis parmi les dix Vehedors. 

87- Ces grands barrages ne sont que momen- 
tanés et pour des cas d'urgence. Il ne peut en 

(1) Son traitement a été augmenté, de même que celui 
de plusieurs autres officiers de l'Acequia, depuis la ré' 



A 



( 385 ) 
exister plus dun à-la-fois sur toute la longueur 
(lu Canal. 

88. L 'alandador qui pour l'arrosage des terroirs 
trop élevés construira un grand barrage sur l'A- 
cequia , fera fermer tous les œils et autres prises 
d'eau en amont du barrage et jusqu'au point où 
reflue l'eau, 

go. Les grands barrages sont défendus sur l'A- 
cequia le mercredi , jeudi et vendredi , afin de 
laisser incrément couler l'eau en faveur des bran- 
ches qui en ont l'usage. 

92. Le produit des amendes est partagé ; savoir , 
un tiers pour la caisse syndicale , un autre tiers 
pour les juges qui prononceront ladite amende, 
et le dernier tiers pour le dénonciateur ou les 
dénonciateurs du délit. 

io3. Toute plainte d'un usager contre un délit 
commis par un autte usager ne sera admise que 
dans les dix jours qui suivront le délit; le juge 
fera prêter serment à celui qui formera une telle 
plainte. 

108. L'usager de l'eau de l'Acequia ne peut 
donner aux planches de son champ plus d'une 
hanegada ( 4 ares 5 mètres) d'étendue , sous peine 
de 3o sous valenciens d'amende. 

11.5. Le propriétaire du moulin dit des neuf 
meules sera tenu d'opérer le curage de l'Acequia 
depuis le pont de ias Meaîies, sur le chemin de 



( 386 ) 

fafar,MisIata, jusqu'au partidor de la Estaca^ 
entre Valence et Patraix. 

1 16. n s^ra chargé en outre de l'entretien des 
francs-bords de l'Acequia dans cette partie, en 
conservant à ces francs-bords la largeur fixe de 
9 pams valenciens (2%oa5) et la hauteur con^ 
venable pour protéger le cours des eaux. 

1 1 7. n ouvrira Fahnenara ou déversoir de son 
moulin, le samedi depuis le coucher jusqu'au 
lever du soleil du jour suivant. 

118. Si l'eau de l'Acequia reflue en amont du 
moulin, au*dessus du niveau indiqué par une 
barre de fer scellée sur un des cotés du bassin, le 
propriétaire du moulin sera condamné à une 
amende de 2 livres vtlenciennes. 

1 19. Lia partie du Canal en amont du pont de 
MealleSj jusqu'à la grande jébnenara^ ou nou- 
veau déversoir, s^:*a à la charge du moulin de 
Mislata , dont est propriétaire le comte d'Aranda. 

120. Le meunier ou propriétaire du moulin 
de Mislata sera tenu envers les francs-bords de 
l'Acequia aux mêmes obligations imposées par les 
articles 1 16 et i i8, au moulin dit de noû moles 
(neuf meules). 

121. Les demandes en distribution d'eau à 
titre de secours seront transmises au Syndic ou 
au Gequiero , chaque jeudi, sur la place de la Seo. 
Elles seront communiquées aux Vehedors ^ pour 



( 387 ) 

qu'ils puissent ooncéder Feau selon les ordres 
qui leur seront transmis, et seulement les jours 
d'arrosage assignés à chaque bras. 

122. La distribution des eaux à F^oque des 
disettes s'opérera dans Tordre suivant: le samedi, 
les parties du terroir qui bordent à gauche le 
chemin d^Albal non loin de Patraix ; le dimanche, 
le terroir de Benetuser; lundi et mardi ceux d'Al- 
fafar, Sedavi, et lieux voisins; mercredi , jeudi et 
vendredi jusqu'au soleil levant du samedi, les 
terroirs de Masanasa , Catarrocha et Albal. 

123. Les distributions d'urgence en temps de 
disette ne s'opéreront que sur le tiers de l'eau 
qui coulera dans le Canal. 

iq6. L'usager ou les usagers d'une branche 
qui mésuseront de l'eau ou négligeront d'utiliser 
celle qui leur est concédée à titre de secours , en 
seront irrévocablement privés pendant un mois 
pour la première fois , et pour un terme indéfini 
en cas de récidive. 

128. Tous les officiers de l'Acequia surveille- 
ront le partage de l'eau à l'époque des grandes 
disettes. 

1 29. Toutes les branches secondaires , les filas, 
les œils et les rigoles , de même que les diverses 
parties de terroir, devant se secourir entre elles, 
l'eau d'une branche , quels que soient les droits 
des usagers y sera concédée aux usagers d'une an« 



( 388 ) 

tre branche, lorsqu'il sera bien prouvé que les 
besoins de ceux-ci sont plus urgens. 

i3o. Les branches servant à l'arrosage du der- 
nier tiers du terroir ^ece^Tont, chaque semaine , 
et pendant deux jours et deux nuits consécutives, 
toute l'eau du Canal de Favara. Le reste de la 
semaine l'eau appartiendra aux branches supé- 
rieures , et dans Tordre qui sera déterminé par 
les besoins de l'arrosage et le dépérissement des 
récoltes. 

i33-i34-i35. L'eau sera concédée successive- 
ment aux trois parties du terroir, en commen- 
çant toujours par la première, qui s'étend depuis 
l'Azud jusqu'à la branche dite Gabia. 
. i36. Le Syndic et le Cequiero , ou l'Élu qui en 
feit les fonctions, veilleront au partage de !'eau, 
de telle sorte qu'elle ne soit jamais accordée 
qu'aux usagers et aux récoltes les plus en souf- 
france, sans égard pour les droits et les barrages 
déjà établis. 

1 38-1 3g. L'établissement et l'entretien des van- 
nes, les gages des gardes provisoires, et les aides 
nommés par la Junte pour faciliter la distribu- 
tion des eaux, sont à la charge d'une Commu- 
nauté. 

142. A l'époque des disettes, la distribution de 
l'eau du fleuve se fera en présence des officiers 
cle-l'Acequia, quij après s'être assurés que le vû-^ 



J 



f 389) 

lume d'eau auquel la Communauté a droit a été 
introduit dans le Canal , le parcourront dans toute 
sa longueur, reconnaîtront ses principales bran- 
ches, et veilleront à ce que l'eau parvienne sans 
obstacle et sans retard sur les terres où elle est la 
plus nécessaire , conforménaent aux articles qui 
précèdent. 

1 4 3 . La Junte des Cinq recevra les plaintes f 01^ 
mées par les usagers , et se réunira à cet effet deux 
fois la semaine. Celui qui enfreindra les régle- 
mens et la distribution de l'eau ordonnée par la 
Junte, sera privé par ladite Junte de l'arrosage 
pendant un mois. 

i44- Dessaisies pourront avoir lieu poursoldei- 
les amendes selon le mode usité par le Ose. 

Telles sont les dispositions réglementaires et 
particulières à l'Acequia de Favara. Elles sont le 
résultat d'uue longue expérience, et d'une appli- 
4:ation constante aux intérêts de l'agriculture. 
Chaque terroir a ses accidens et des besoins qui 
lui sont propres; dans chacun, la nature du sot 
a influé sur les mœurs, et celles-ci sur les lois. 
La sagesse des législateurs s'est montrée dans ces 
égards pour les exceptions et les localités : de là 
cette variété dans les ordonnances qui régissent 
les diverses A cequias, destinées cependant à l'ar- 
rosage du même bassin. 



Les derniers changemens avaient été précédés 
par de longues réclamations. Ils furent aussi sol- 
licités par le Syndic ou Procureur - Général de 
i'Acequia dans l'assemblée des tenanciers arro- 
sans, le ^3 avril 1753. La Junte, suivant l'usage, 
délégua tous ses pouvoirs à uu petit nombre d'É- 
lus , pour vérifier, changer ou simplement mo- 
difier la rédaction ou les dispositions des .divers 
articles du règlement. Ce travail important ne 
fut terminé et présenté à la Junte que le 5 mai 
de l'année suivante. Cette seconde réunion fut 
annoncée par les criées d'usage, et présidée par 
l'Alcalde- Major au civil. Les propriétaires des 
moulins y assistèrent selon le droit qu'ils eii 
avai^it. Le travail des commissaires fut approuvé 
après avoir été soumis à un long examen , et le 
Syndic Procureur-Général le transmit au Conseil 
suprême de Castille par sa pétition du 39 mai 1 756. 
Mais avant d'être homologué, il fut soumis à un 
nouvel examen, par l'Audience Royale de Va- 
lence : celle-ci y donna son assentiment le 3 mai 
1 7 58 ; cependant de nouveaux retards furent en- 
core imposés aux pétitionnaires. IjC fiscal du Con- 
seil ne fit son rapport que le 29 novembre 1 764 , 
et le Roi ne signa l'ordonnance que le 1 2 février 
de l'année suivante. Enfin la Royale Audience 
enregistra l'ordonnance et la rendit exécutoire le 
i4 mars suivant. Tant de délais devraient étoUr< 



A 



( 395 ) 
ner dans ia terre classique de l'arrosage, si l'on 
ne savait, d'autre part, que les lois rurales dit 
royaume de Valence étaient à-peu-prés incon- 
nues au reste de l'Espagne, avant qu'une voix gé- 
néreuse en eût pris la défense dans les Cortès de 
Cadix (i). 

Avant de présenter l'analyse du règlement, 
fixons un moment notre attention sur l'Âzud de 
Rascaiïa. Cette belle construction, qui, comme 
toutes les autres, s'appuie et repose sur une grande 
masse de béton , est formée i". par une première 
assise de pierres de taille, inclinée en amont; 
2°. par deux autres assises placées horizontale- 
ment, et dont une forme retraite; 3". enfin par 
deux dernières assises très-inclin ées au courant 
et échelonnées. La partie gauche de l'Azud vient 
s'appuyer sur un grand déversoir réservé pour 
le flottage; celui-ci est adossé à la Casette ou 
maison qui ferme l'entrée de l'Acequia et il do- 
mine les deux écluses ou vannes. 

Pour prévenir les dommages que causeraient 
les eaux à leur sortie des écluses , on a protégé 
l'entrée du Canal par deux fortes murailles, qui, 
placéesài5palmos(3'",375)dedistance, se pro- 
longent sur chaque rive bien avant dans l'inté- 



(1) Don Xavier Borr 
lire de la Royale AuJie 



mjourd'hui Oirior 



( 394 ) 
rieur des terres. La hauteur de l'eau est fixée à 
5 palmos (r",i2 5) par une ligne de repère inva- 
riable. Mais ici, connue pour tous les canaux va- 
lenciens, nous ferons observer que la pente très- 
rapide du canal , et la forte charge en amont des 
vannes , donnent au courant une grande force; 
ce qui rend assez difficiles les calculs destinés à 
apprécier le volume d'eau fourni par le Canal. Il 
est probable que des calculs un peu rigoureux 
nous conduiraient à des résultats surprenaiis; 
mais cependant on peut déjà Içs pressentir, si l'on 
jette un coup-d'œil sur la carte du terroir qne 
parcourent les dérivatious de Rascaiia. 

Parmi les branches secondaires qui servent à la 
distribution des eaux, l'une des plus importantes 
est celle qui, commençant dans le voisinage de 
l'Esperanza, parcourt dans un aqueduc souter- 
rain une partie du terroir qui domine la gauche 
du faubourg de Murviedro, et qui, après avoir 
traversé le grand chemin, se dirige vers les bas- 
fonds de S.-Michel de lors Reyes (i). Ce riche 
monastère , qui doit sa fondation et ses vastes do- 



(i) Ce monastère possède une très-belle biblîotlièque 
et vne collection rare de manuacrîts antérieurs au quin- 
zième siècle. J'y ai sur-tout reina.rqué un Virgile , ub 
Thucydide, un Quinlilien, ua Cicéron et un Tite-Li»e. 
Le manuBcrit de Sénêqiie est très-bcati. 




( SgS ) 
maines à Va pieuse prodigalité d'un prince espa- 
gnol, occupe aujourd'hui l'eiuplacenient de l'an- 
cien village de Rascana, Il est rare que l'industrie 
agricole ne souffre point de ces changemens , et: st 
nous eu faisons la remarque , c'est que le terroir 
de S.-Michel, plus riche que les autres, et sub- 
divisé par la petite culture , s est moins aperçu 
que bien d'autres qu'il avait changé de maître. 

L'ordonnance du Canal de Bascaîla présente 
un grand nombre de dispositions qui se trouvent 
aussi dans les régleraens des autres canaux : en 
efifet l'arrosage doit avoirsurle même sol, dans le 
même climat et avec les mêmes colons , des règles 
, communes et presque uniformes. Elle ne varie 
que dans quelques mesures dont l'adoption est 
commandée par des intérêts dii'férens , et sur-tont 
par les localités. Nous n'indiquerons que celles<:i, 
et le lecteur suppléera facilement aux lacunes, en 
se rappelant qu'une sage disposition adoptée par 
une Acequia est une leçon qui n'est jamais perdue 
pour l'Acequia voisine, et qu'il serait bien diffi- 
cile à supposer que le Canal le plus rapproché 
de Valence après celui de la Rovetla eût été le 
dernier à améliorer son régune. 

su. 

Les employés de l'Acequia sont : le Syndic, 



k 



( 395) 
te Sous-SyiiiHc, ies Klus, le Ceqiiiero, les Vehe- 
«lors, le Garde et le Notaire. 

^rt. I '■'■. du Règlement. Pour avoir le droit d'as- 
sister ou de voler dans les Juntes générales , il 
faut être propriétaire ou fermier pour le moins 
de 3 hanegadas ( 1 1 ares 1 5 mètres) de terre, 

2-3, La Junte s'assemble régulièrement tous 
les deux ans, le premier jour de Pàque, dans 
(me des salles de l'Hôtel-de- Ville, et sous la pré- 
sidence de l'Alcade-Major. Elle afferme aux en- 
chères l'entretien du Canal, reçoit les comptes, 
nomme aux emplois , et délibère , s'd y a lieu, siïT 
les réglemens. 

1 4- Le Syndic est nommé pour trois ans et peut 
être prorogé ; il a sous ses ordres un Sous-SjTidic 
pour chacune des branches du Canal, lesquels 
font lesfonctions dévolues ailleurs aux Vehedors. 

5-7. Le Syndic propose et fait nommer six élus, 
chargés de l'administration ordinaire de l'Ace- 
quia. Il fait choix d'un Sous-Syndic pour le rem- 
placer, au besoin, dans toutes ses attributions, 

8-g. 11 surveille la distribution des eaux à l'é- 
poque des grandes sécheresses; il assiste chaque 
jeudi , de dix à onze heures du matin , au Tribunal 
des Syndics, rend compte de l'emploi des fonds 
etveille, chaque année, au fennage des taxes et 
du Cequiage, 

\t\. Le Cequiero fournit une caution, qui est 



A 



( 397 ) 
agréée par le Syndic et par les Elus; il est révoca- 
ble; il visite l'Acequia et l'Azud au moins une fois 
par semaine. 

i6. Le Cequiero ne peut percevoir les droits de 
Cequiage que durant les deux années de son bail. 
Ses créances prescrivent après ce délai. 

17-18-19. Il surveille le curage des diverses 
branches, le lieu des dépôts de limon , et effectue 
le curage général depuis le jour de Pâque jusqu'à 
celui de la Pentecôte. 

23. Le Cequiero de Rascaiïa ne peut exercer 
aucun des emplois d'un autre canal. 

a4. Les Sous-Cequieros , ou agens du Cequiero, 
sont nommés tous les ans par la Junte générale : 
ilsprêtent serment, et font, sur les diverses bran- 
ches, les fonctions de Vehedors. 

îS. Les fermiers ou propriétaires des moulins 
ne peuvent être Cequieros. 

3i. Le tenancier dont la propriété est arrosée 
par une Fila ou œil d'eau hors le temps prescrit, 
doit, sans délai, dévier cette eau dans l'Acequia , 
sous peine d'amende. S'il déclare sous serment 
qu'il n'a pas usurpé cette eau, le Syndic le dis- 
pense de l'amende, par respect pour le serment, 
et parce qu'il convient de supposer, sauf la preuve 
du contraire , qu'un autre tenancier est coupable 
du délit. 

35. Celui qui arrose ou inonde les propriétés 
Tomf; l, 26 



(398) 
voisines, paie les dommagps estimés par le Syndic 
et eu outi^ une amende de 2 livres valenc. (7 fr.), 

32. Celui qui, pendant l'arrosage de sa pro- 
priété , fait refluer l'eau sur les propriétés supé- 
rieures, ne peut être condamné àraiTiende, pourvu 
que son barrage soit établi selon l'usage , par le 
motif que les possesseurs des premières doivent 
barrer les Rigoles, et se défendre contre les eaux 
après qu'ils ont arrosé. 

38. Celui qui inonde les propriétés voisines en 
introduisant dans la rigole un trop fort volume 
d'eau, paie les dommages et une livre valenc. 

34- Celui qui cause la moindre dégradation sur 
l'Acequia et sur ses branches, dans le but d'usur- 
per l'eau, est puni d'une amende de 2 5 li\Tes va- 
lenciennes (87 fr. 5o c.). 

43- Celui qui déverse dans l'Acequia ou dans 
une ses branches l'eau sortant d'une fosse desti- 
née au rouissage du chanvre paie , chaque année 
et à l'époquedu curage, une indemnitédë 5o sous 
valenciens (8 fr. ^5 c). 

46. Celui qui possède des arbres ou des ro- 
seaux sur les bords d'un canal est tetrn d'opérer, 
à ses frais , le curage de la partie du canal avec la- 
quelle il confronte. 

47. Personne ne peut dévîCT les eaux sous pré- 
texte de curage, sous peine de 2 5 livres d'amende 
(87 fr. 5oc.), 



A 



■ ( 399 ) 

^■49- Le Syndic de l'Acequia signifie aux Regi- 
<lors des lieux d'ALboMyaetAlmac^^ d'opérer, 
dans un délai déteniiiné,le curage des deux bran- 
ches destinées à l'arrosage de leurs terroirs, afin 
que les eaux aieiU leur écoulement naturel et 
qu'elles ne laissent pas de dépôts trop considé- 
rables dans les parties supérieures. 

5i- Lorsque le curage de l'Acequia ou Canal 
principal a eu lieu, le Syndic ordonne des criées, 
pour que les tenanders arrosaus opèrent, dMis le 
délai de dix jours, le curage des branches se- 
condaires et des diverses rigoles. Passé ce délaà, 
tous les travaux arriérés sont confectionnés par 
des ateliers , que le Syndic place aux frais des re- 
tardataires. 

53. Le curage de l'Acequia sopère à la dili- 
gence du Syndic , qui peut ^'ordonner sans avoir 
recours à l'autorité d'aucun juge. 

54. Le Syndic reçoit les |)laintes , mais seule- 
ment dans les dix jours qui suivent la contraven- 
tion ou le délit. Il prononce sur les contestations 
ordinaires, et est spécialement chargé de fairp 
observer les diverses ordonnances relatives à 
l'administration de l'Acequia et au régime établi 
pour les divers droits d'usage, 

55. Celui qui plaide ou soutient une contesta- 
tion avec la Communauté des arrosaus ne peut 

tpiprrtir aucun des emplois de l'Acequia. 
a6.. 
^ 



( 4oo ) 

56. La taxe annuelle de Rascaila ne peut è 
céder 3 sous valendens (o fr. 53 c.) par cahizade 
déterre arrosable (i). Le Cequiage, comprenant 
tous les travaux ordinaires et extraordinaires, 
tous les frais et dégradations survenues sur tous 
les points, n'excède pas uoq plus ladite somme 
de 3 sous valenciens. 

Nul ne peut être dispensé de solder la taxe et 
le Cequiage avant le jour de Pàque, selon l'an- 
tique usage. Toui retardataire est privé de l'eau 
jusqu'à lacquittement. L'employé de l'Acequia 
qui concède l'eau avant que rarriéré soit soldé, 
comme tout retardataire qui tente de l'usurper, 
est puni d'une amende de ï5 livres valenciennes 
(87 fr. 5o c). 

58. Le Syndic reçoit une indemnité de i6sous 
valenciens (2 fr. 80 c .) pour chaque jour employé 
à surveiller la distrLbution des eaux. qui s'opère 
à l'Azud de Moncada. 



(1) Le montant de ces deux ta;ses n'a point dépassé, 
depuis quelques années , la modique somme de 5 suus vol. 
ou 88 cent. 11 s'en faut bien que le trop petit nombre d'ar- 
rosages que la France possède , s'obtiennent à si peu de 
frais; en croyant perfectionner le système, nous u'aToni 
fait que multiplier les agens, ajouter aux charges ei com- 
promettre l'agriculture. 



A 



CHAPITRE XII. j 

CANAL DE LA ROVELLA. ^ 

§ I"- 

L'AcEQUiA dite la Rovella est la dernière com- 
prise dans le vaste système de dérivation du Gua- 
dalaviar; elle fut long-temps connue sous le nom 
de Buça/h, pSTCC qu'elle arrosait le terroir de ce 
jiom, ainsi qu'il conste des privilèges concédés 
par le roi don Pedro II, sous le n°. 87 , et par le 
roi don Jajme II , sous le n". 1 38. 

L'origine c!-; la llovella n'est pas plus connue 
que celle des huit Acequias qui la précèdent im- 
médiatement. Elle se lie probablement à celle de 
la ville de Valence, dont elle est destinée à ar- 
roser les rues , à nettoyer les égouts et à alimen- 
ter plusieurs établissemens publics : c'est pour- 
quoi les officiers municipaux ou leurs délégués 
interviennent dans l'administration syndicale , 
ainsi qu'on pourra s'en convaincre ci-après et plus 
amplement encore dans José Llop , historien de la 
ville et de la Rovella ( i) : c'est aussi àcause de cette 
même intervention que la Junte municipale est 
quelquefois venue au secours de la Junte syndi- 




cale, et notamment lors de la réparation de l'Azud, 
qui eut lieu l'an i5g8 (i). 

Cette Acequia a ses réglemens , en vertu des- 
quels elle est régie, et l'on ne peut opérer dans ces 
derniers aucune modification , même dans leur 
rédaction, sans l'assentiment delà Junte générale 
des tenanciers , l'avis des Juntes syndicales et le 
concours des magistrats de la ville. La dernière 
rédaction de ces réglemens date do 27 juillet de 
Fan 169g ; ils fijrent imprimés cette même année, 
et c'est sur un exemplaire datant de cette époque 
que j'en ai tenté la traduction. J'ai cherché à la 
rendre aussi littérale que possible ; mais l'idiome 
valencien m'a présenté quelquefois des difficul- 
tés que je ne me flatte point d'avoir toujours ré- 
solues : du moins j'ai accordé à mon travail toute 
Tattention qu'il méritait (2). ^M 



(i) José Llop, cap. xxxvii, fol. 347. 

(3) Nous avons déjà vti qu'à la suite d'une forte inon- 
dation survenue vers Je milieu du dix-huitième siècle, 
l'Azud de la Rovella ava.it été tellemeni dégradée, que 
des motifs d'économie avaient fait proposer et conclure 
une transaction avec les tenanciers du Canal de Favara, 
et au moyen de lai^uelle l'Azud de ce dernier Canal dé- 
rive 38 filas d'eau , et en cède plus loin 14 au Canal de 
la Rovella. Un Canal particulier favorise ce partage. Du 
reste, le Canal delà Aovella est, pour l'uiage de ses 
«aux, complùtemeiil indépendant du syndicat de Fa'vara, 




(4o3 ) 
SU- 



REGLEMENS ET ORPONNANCES 

Rédigées par les Elus de la Cequia(i) de RovcUa 
pour l'administration de ce Canal, avec la dé- 
libération reçue par Emmanuel Molnèr, No- 
taire et Syndic de ladite Cequia, le i"', mai 
>699. 

Dans la délibération sont relatés les noms st les pou- 
voirs de chacun desdits élus, ainsi C[U8 les réglemens et 
ordonnances décrétéessaiis aucune réserve, parle tribunal 
de l'Audience Royale; confirmées par Lettre s -Patentes 
de Sa Majesté, en date du 37 juillet 16(^9, et expédiées 
par Vincent de Saboya Gencrôs , secrétaire des comman- 
demeus (3) , feisant pour Eusèbe deBenavidès-CavalIer, 
e des commande mens. 



Considérant que l'assemblée générale de la 
Bovella, qui fut célébrée par les tenanciers, le 
ao avril 169S , en l'hôtel-de-ville de l'illustre cité de 
Valence, et en présence du magnifique Assesseur 
civil , lieutenant de l'illustre Gouverneur-général 
(de ladite ville et du royaume de Valence, ne par- 
vint jamais à s'accorder et à élire le Syndic-labou- 



(0 Ti^as l'idiome catalan et ^et 
ppond à celui à'Acequia , usité par I 
(x) Etcrivâ de manament. 



lien, le mot Ceqiii 
sCaslîilaos. 




(4o4) 

reur de ladite communauté ; que cette élection 
devait avoir lieu , selon l'usage , le second jour de 
la fête de Pâque de la susdite année , dans la 
forme et de la manière jusqu'alors accoutumée , 
c'est-à-dire , à la pluralité des voix de l'assemblée 
générale; qu'elle fut entravée par les embarras 
et les difficultés qui se présentaient lors de cha- 
que élection de Syndic. Ce que voulant éviter, 
comme aussi les abus qui accompagnaient cette 
nomination, et les intrigues employée» pour ob- 
tenir le syndicat , au point que plusieurs per- 
sonnes donnaient leur suffrage non-seulement 
sans avoir le zèle nécessaire et sans se pénétrer de 
l'importance de ces réunions, mais encore sans 
faire partie de la communauté ; abus déplorables, 
que l'on doit sans doute attribuer à la diversité et 
au grand nombre des individus qui concouraient 
à l'élection : ladite Junte générale , dans son as- 
sembléedu 20 avril , rechercha les moyens de pré- 
venir ces tumultes et ce conflit d'ambitions. Afin 
d'en rendre impossible le retour , elle donna pou- 
voir auxdits Élus ( déjà prévenus contre les di- 
verses oppositions, et seuls capables d'y résister 
et de maintenir le bon ordre ) de nommer le Syn- 
dic-laboureur et autres officiers chargés de l'ad- 
ministration et du régime de ladite Cequia , précé- 
demment confiés à la totalité des individus com- 
posant la Junte générale bisannuelle; elle céd» 



A 



( 4o5) 
tous ses pouvoirs aux Élus, et leur confia en 
outre la faculté de les transporter au Syndic et à 
ses subordonnés , suivant qu'ils le reconnaîtraient 
nécessaire , et selon la nature des attributions res- 
pectives. Les Élus furent donc investis du droit de 
confier et d'affermer le recouvrement des rentes , 
d'impdser des corvées et des Cequiages (i); de 
faire de nouvelles ordonnances ; de changer , 
de modifier ou d'annuller celtes existantes ; de 
plus , il leur fut permis d'augmenter , de réduire 
et de choisir les ouvriers pour toute espèce d'ou- 
vrage ; d'imposer à volonté telles peines , pactes 
et conditions qu'ils croiraient convenables; exer- 
çant par cette délégation une administration gé- 
nérale et complète. On fut entraîné dans ces con- 
cessions par l'indispensable nécessité d'avoir des 
réglemens qui eussent force de loi, et une ad- 
ministration soumise à des règles invariables. 
L'urgence de ces mesures avait , dès les années 
antérieures, été reconnue dans divers actes re- 
<;us par le notaire soussigné, par lesquels on ac- 
cordait les pouvoirs de rédiger lesdits réglemens , 
ce qui cependant n'avait pas encore eu lieu. Il 
fut décidé en outre dans cette assemblée qUe la 
nomination des Elus forains, pour cette fois seu- 
lement , aurait lieu pour quatre ans , après les- 



( 4o6) 
quels le renouvellement s'effectuerait tous les 
deux ans, le jour de la seconde fête de Pâque ; 
que les Elus actuels , avant le terme précité de 
quatre années pour eux , et de deux années pour 
leurs successeurs, devraient, réunis aux Elus de 
Valeuce , nommer ceux qui doivent les rempla- 
cer, les deux années suivantes ; que les Élus de 
la ville seraient perpétuels , et qu'échéant le cas 
où quelqu'un de ces derniers ne pourrait , pour 
cause de décès , de maladie ou de tout autre acci- 
dent, assister aux Juntas, alors lesdits Syndics et 
Elus de la ville et terroir de Valence , réunis eu 
majorité, devraient nommer un autre Elu ; que 
ces remplacemens se renouvelleraient aussi sou- 
vent qu'ils seraient nécessaires, en ayant soin de 
désigner toujours deux candidats pour chacune 
des places vacantes , sous les clauses , formes et 
conditions contenues plus en détail dans l'acte de 
nomination , auquel il était référé. En vertu de 
ces concessions et à la suite de fréquentes réu- 
nions et autres démarches non moins utiles pour 
que le régime de ladite Cequia soit déterminé par 
des usages constans et réguliers , il a été convenu, 
et par le présent statué, ordonné, dressé et ar- 
rêté que les actes , ordonnances et statuts trans- 
crits plus has, seront à l'avenir inviolablement 
observés par tous ceux qu'ils concernent, sous les 
peines y annexées ; les Élus se réservant en outre 



éservant en outt^l 



( 4o7 ) 
la faculté d'ajouter, corriger, supprimer ou chan- 
ger en tout ou en partie et de la manière qu'ils 
l'entendront la rédaction desdits actes, ainsi qu'ils 
en ontreçulepouvoirparla délibération précitée. 
Pour plus de sùretéet d'intelligence, de même que 
pour en faciliter la recherche , lesdits réglemens 
ont été divisés et classés dans la forme suivante : 



REGLE MENS 

Pour r administration générale de la Cequia de la 
Bovella. 

I . Par acte reçu par Emmanuel Molnèr , no- 
taire soussigné, Sjiidic de ladite Cequia, et ledit 
jour vingt avril mil six cent quatre-vingt-dix- 
huit, les tenanciers arrosons de la Rovella , ayant 
concédé auxdits Elus réunis en majorité le droit 
de nommerle Syndic et les officiers de ladite Com- 
munauté de la Rovella pour les causes précitées, 
les Élus, en force desdits pouvoirs et délibéra- 
tion , ordpnnent , disposent et arrêtent que do- 
rénavant, le jour de la seconde fête de Pàque, 
ils se réuniront au Syndic dans le domicile de la- 
vocat de la Communauté (actuellement le docteur 
Revilla) ou dans tout autre lieu convenu, sans 
que la convocation puisse jamais désigner un lieu 
en dehors de ia ville ; que le Syndic sortant propo- 



( 4o8) 
sera trois canilidats, lesquels devront être agréés 
au scrutin secretpar la majorité des Elus, et qu'au 
cas où cette première proposition ne serait pas ac- 
cueillie , le Syndic désignera et proposera de nou- 
veau un ou plusieurs autres candidats , suivant le 
nombre îles exclus ; que ce second scrutin sera 
secret comme le premier , et que dans le cas où 
cette nouvelle proposition ne réunirait pas la ma- 
joritédes voix, le Syndic sera privé du droit de pro- 
poser , et la troisième présentation sera faite alors 
par les Élus ; que chacun d'eux indiquera un in- 
dividu parmi lesquels le sort désignera ceux qui 
devront compléter la liste interna ) des trois can- 
didats, et que sur celle-ci on fera choix du Syn- 
dic ; de plus , celui qui obtiendra six voix au moins 
après le Syndic le remplacera deux ans plus tard. 
Arrête encore que dans le cas où l'on rejetterait 
pour la seconde fois un ou plusieurs des trois 
candidats proposés par le Syndic, et que l'on dût 
réunir les Élus forains ou de la cité pour recueil- 
lir leur suffrage et compléter par le sort la liste 
de présentation , s'il arrive alors que deux , trois 
ou un plus grand nombre d'Élus , fixent leur 
cboixsurl^mèmepersonneet la portent sur leur 
bulletin, tous ces buUet'uis devront être déposés 
dans un chapeau. £fi supposant que les candidats 
à élire soient au nombre de deux, à cause d'uo 
pareil nombre rejeté de \i'terna du Syudic, ou 






(409 ) 
sortira d'abord un bidletin , et la personne dont il 
contiendra le nom fera partie des trois candidats. 
Il sera ensuite extrait un second bulletin, et ce- 
lui-ci contenant encore les mêmes noms que le 
précédent, il sera annullé et l'on procédera à 
l'extraction d'un autre bulletin , jusqu'à ce qu'on 
ait complété la liste de trois sujets distincts, parmi 
lesquels un d'eux sera choisi et élu Syndic dans 
les formes précitées. 

a. Statuent et ordonnent qu'aucun Syndic ne 
pourra être maintenu dans l'exercice de sa charge 
après l'expiration des deux ans, sans qu'au préa- 
lable il n'y ait eu un intervalle de deux autres 
années; qu'il en sera de même à l'égard des Elus, 
lesquels ne pourront être continués qu'après une 
semblable interruption de deux ans ; qu'enfin au- 
cun des Elus actuels ne pourra être nommé Syn- 
dic que lorsqu'il sera resté pendant deux ans éloi- 
gné de toute fonction, 

3. Statuent, délibèrent et ordonnent qu'im- 
médiatement après la nomination du Syndic, ce 
dernier, conjointement avec les Elus, procédera 
à celle d'un Cequier (i), dont les fonctions cesse- 
ront avec le Syndicat; que le Syndic nommera en 
outre quatre Vehedors ou inspecteurs, qui seront 



< 4.0 ) 

en même temps Partidors f i ), afin de diminuer les 
dépenses communes. Il est expressément recorn- 
mandé de faire choix pour ces divers emplois des 
sujets les plus aptes , et parmi ceux qui réuni- 
ront les qualités prescrites par les réglemeos. Si 
après leur nomination ils ne remplissent pas 
les devoirs de leur charge d'une manière satis- 
faisante, ou bien s'ils ne conviennent pas à l'em- 
ploi, le Syndic pourra, après en avoir conféré 
avec les Elus et avoir obtenu leur assentiment, 
nommer tin ou plusieurs sujets en remplaceiHeBJ 
des premiers, qui demeureront révoqués, gâta 
qu'il soit besoin de îeur en déduire les moti&, 
et sans qu'ils puissent former de rédamations 
ni recourir à aucun juge. Cette clause sera de 
nouveau rappelée lors de chaque nomination des 
Vehedors ou des Partidors , afin qu'ils soimtbîen 
convaincus qu'ils ne sont en place que pour Ip 
temps qu'il plaira au Syndic et à la majorité des 
Elus de leur assigner, et que , pouvant être ré^o- 
qués par etnt à volonté avant !e terme de deux 
ans, ils n'ont aucun moyen d'opposition à invo- 
quer. C'est ainsi que l'on parviendra à prévenir 
les litiges et à protéger avec succès (es intérêts 
de la Communauté et ceux des arrosane. Pour 
indemniser les Partidors et Vehedors des charçes 

(0 Ce sont les réparti leurs. 




(4.. ) 

qui leur sont imposées, ils jouiront de l'exeinp- 
tion du droit de Cequia et des corvées d'usage 
pour6 cahizades de terre qui leur appartiendraient 
en propre; mais s'ils en possédaient moins, la- 
dite exemption sera applicable aux terres qu'îk 
tiendraient en afferme, et jusqu'àconcurrencede 
6 cahizades. La durée de ces divers emplois sera 
la même que celle du syndicat bisannuel , sous les 
conditions et réserves détaillées dans la présente 
ordonnance. 

4. Statuent, délibèrent et arrêtent qu'à l'épo- 
que du renouvellement du Syndicat actuel et à 
chacun des subséquens , on devra affermer le 
curage de ladite Cequia; donnant à l'eau un libre 
cours , et déblayant depuis le sol de la Ceqitia jus- 
qu'à ses francs-bords, ou toute autre limite qui 
serait placée ; que dans Valence il est défendu de 
placer les vannes et de détoTimer l'eau, avant 
que le Syndic, le Ceqiiier et les Vehedors nom- 
lïiésàcel effet par le Syndic elpar la majorité des 
Elus, aient reconnu si la Cequia est en bon état, 
I et si l'on en a affermé le curage, sous les peines 
infligées par les articles du bail et de payer en 
outre les vacations des personnes présentes à la 
■ïisite, et réparé les dommages aux frais des fer- 
miers , ainsi que ces derniers y sont tenus con- 
formément à leur bail et aux dispositions de cette 
ordonnance. 



5. Statuent, délibèrent et ordonnent que le 
premier Syndic qui sera élu après la rédaction 
des présentes et toutes autres ordonnances qui 
se feront à l'avenir, sera tenu de percevoir lui- 
même , ou de faire percevoir par le collecteur, 
pendant la durée de son syndicat , toutes les som- 
mes dues par quelque débiteur ou employé que 
ce soit; qu'il devra en poursuivre le recouvre- 
ment pendant qu'il sera en charge , comme aussi 
faire rendre compte et régler avec tous ceux qui 
ne l'auront pas encore fait, afin d'apurer les di- 
vers arrérages et d'en exiger le paiement. LeSjii- 
dic fera un rapport exact de ses opérations dans 
chacunedes six Juntes annuelles qui seront pres- 
crites dans l'ordonnance suivante , afin que les 
Elus donnent an Syndic-notaire l'ordre de faire 
les poursuites convenables. Toutes les fois que le 
Syndic contreviendra à quelqu'une des disposi- 
tions contenues au présent règlement, il encourra 
la peine de lo livres d'amende (i), dont un tiers 
sera adjugé à son dénonciateur, le second tiers 
au juge par-devant qui la plainte sera rendue, et 
le tiers restant sera appliqué aux charges de la 
Communauté. II sui'fira, pour le dénonciateur, 
qu'un seul des Élus déclare qu'il a reçu la pre- 



(i) Mous rappelons ici que la iivre provinciale 

1 4 rrâux , ou 5 fr. 5o c. de notre monnaie. 




ïiiière plainte , et que c'est par lui qu'il a appris 
l'infraction du Syndic à la présente ordonnance. 
6, Statuent, délibèrent et ordonnent qu'at- 
tendu qu'il est démontré par l'expérience que c'est 
au m anque de réunions que l'on doit attribuer la 
négligence de certaines choses et les préjudices 
occasionnés à d'autres , d'où dérive une mauvaise 
administration; qu'à ces fins, les Elus devront se 
réunir six fois par an, un jour de dimanche ou 
de fête , déterminé par le Syndic , ou indiqué par 
un des Élus forains ou de la cité , pendant les 
mois de février, avril, juin, août , octobre et dé- 
cembre , afin de vérifier s'il n'y a point quelque 
dommage à réparer, quelque procès à suivre, 
ou bien si Vjizud et la Cequia nécessitent quel- 
ques réparations ; si enfin il n'y a pas quelque 
question à examiner et à discuter par les Élus , 
relativement au régime de ladite Communauté. 
Il est enjoint au Syndic de visiter, seul ou accom- 
pagné, l'Âzudet la Cequia; de reconnaître leur si- 
tuation , de voir s'il convient de prendre quelques 
mesures pour prévenir ou réparer les dommages 
survenus ou qui pourraient survenir. Dans cha- 
cune desdites six Juntas, et non dans aucune des 
autres réunions , on recevra les comptes du Syn- 
dic et du collecteur, et afin de s'assurer de leur 
exactitude, de même que de celle des Elus, ils 
Tome I. a^ 



( .'M'i ) 
rpcfvroiit, pour (li-uit tle ()rés(aice,atx sous{i) ou 
ime livre de cire , ainsi qu'en .pareil cas en usent 
les magistrats les plus respectables. Cette ^ti- 
fication est accordée en considération des motife 
;pré<âlés , vu d'ailleurs que Icsdits Elus et Syndic 
ne reçoivent aucun autre salaire- Le Syndic-no- 
taire de la Conmiunauté participera à cette rému- 
nération de six sous, ou une livre de cire, puis- 
qu'il est obligé d'assister à ladite assemblée. Con- 
sidérant en outre qu'il importe d'accomplir, dans 
le plus bref délai , ces diverses mesures , et no- 
tamment d'effectuer la réunion des Élus, il est de 
plus statué que la première Juuta aura lieu dès 
le mois île juin de la présente année , et que les 
autres seront successivement tenues dans les mois 
suivans et déjà désignés. 

7. Attendu qu'il est notoire que l'ignoranre 
où l'on a été de beaucoup de choses , et les pré- 
judices occasionnés à la Communauté 'de la Ro- 
vella, doivent être attribués à la négligence avec 
laquelle on a veillé sur le dépôt des registres et 
autres papiers ; que souvent on a vainement cher- 
ché certains procès, des titres d'acquisition de 
biensfonds, des sentences ou jugeu]ens»«taub«s 



C 1 ) I-a livre p 



e compose à 



. lV,p«g. 5^6.) 



z sons valen- 



is de notre monnaie. (Atex. 



A 



( 4'5 ) 
décisions importantes, rendues en faveur de la 
Communauté : pour ces motifs , délibèrent et ar- 
rêtent qu'il sera tenu un li-vre intitulé : J)e l'Ad- 
ministration de la Cequia de la Rovella etde tout 
ce qui intéresse la Communauté , dans lequel on 
tiendra note des procès actueb et de ceux qui ont 
eu Heu ; des jugemens obtenus ; des rentes cons- 
tituées qu'on aura consenties , et de celles qu'on 
aura acquittées; des liquidations opérées, ainsi 
que de tout ce qu'il importe de savoir et qui sera 
digne d'être consigné. En outre, le Syndic y trans- 
crira le journal de ses opérations, classées par 
ordre de matières et par articles séparés. Le Syn- 
dic-notaire sera chargé derecueillir les rensetgne- 
mens les plus complets sur les événemens anté- 
rieurs et sur les anciens usages. On gardera le 
livre dans le coffre destiné à renfermer tous les 
papiers de la Communauté, lequel coffre sera 
fermé psu" deux clefs différentes , et déposé chez 
l'avocat, ou bien dans le lieu assigné par les Élus. 
L'une de ces clefs sera au pouvoir du Syndic-no- 
taire, et l'autre entre les mains du Syndic-labou- 
reur, qui tous les deux en feront la remise à 
leurs successeurs en sortant de charge, 

8. Délibèrent, statuent et ordonnent que cha- 
que Syndic devra, en entrant en fonctions, pour- 
voir à la garde de la Cequia pour tout le temps 
dp son syndicat , et moyennant le salaire qui sera 




(4.6 ) 
assigni; annuellement <lu conseiilemeut des élus; 
que le garde sera soigneux de remplir tous les 
devoirs desa charge , conformément au règlement 
qui le concerne, et transcrit ci-après; qu'il s'ac- 
quittera de même des autres obligations stipulées 
dans l'acte même de nomination , lequel sera im- 
médiatement rédigé pour rendre public et faire 
bien connaître tout ce à quoi s'oblige le garde, 
et afin que celui-ci sache que, venant à y man- 
quer, il sera réprimandé ou puni, et contraint de 
s'exécuter. 

g. Délibèrent , stàtitent et ordonnent qne telles 
affaires pouvant advenir qui rendraient néces- 
saires des Juntas fréquentes et une prompte dé- 
termination, que, dans ce cas, l'intervention du 
Syndic ou d'un ou plusieurs Élus paraît suffi- 
sante; que d'ailleurs la difficulté de réunir ces 
derniers , jointe aux inconvéniens du retard et 
de la publicité, pourrait nuire à la réussite des- 
dites affaires; que, sur ces motifs, il sera licite ou 
même il est ordonné de réduire provisoirement 
le nombre des Elus et d'accorder les pouvoirs né- 
cessaires à un, deux ou trois d'entre eux, et plus 
au besoin, dans le mode qui paraîtra le plus con- 
venable, et selon l'urgence du cas. 

10. Statuent, délibèrent et ordonnent que le 
Syndic actuel, en achevant les deux années de son 
syndicat, remplacera, comme Élu, Laurent Ta- 




(417 ) 
tay , qui exerce maiutenant celte charge , à laquelle 
il fut nommé après avoir rempli antérieurement 
et pendant deux ans les mêmes fonctions de Syn- 
dic ; conste de l'acte reçu par le notaire soussi- 
gné, le 1"] avril de l'année dernière, que le Syn- 
dic actuel exercera les fonctions d'Élu jusqu'à 
l'expiration des quatre années accordées aux Élus 
forains uommés par la Junte générale ; qu'après 
le terme de quatre années , la durée des charges 
des mêmes Élus sera désormais fixée à deux ans , 
ainsi que l'a déjà décidé la même Junte géné- 
rale; qu'il en sera de même du Syndic, con- 
formément à l'usage suivi jusqu'à ce jour pour 
l'élection des Elus forains; mais attendu que la 
Jmite générale , en nommant les Élus forains ac- 
tuels, ledit jour ao avril , voulut aussi qu'ils fus- 
sent au nombre de cinq comme pour la cité , et 
qu'elle décida en outre que le Syndic serait pa- 
reillement choisi dans la classe des laboureurs, 
soit pendant le syndicat actuel, soit dans les ul- 
térieurs ; que dès-lors le nombre des Élus forams 
était porté à six , sans prendre garde que le Syn- 
dic sortant devait encore compter parmi eux pen- 
dant les deux années suivantes ; attendu encore 
que l'on doit attriliuer cette imprévoyance à l'im- 
possibilité où se trouva ladite Junte générale de 
prononcer avec le même succès sur la diversité 
des causes et le grand nombre des affaires quifu; 



(4.8) 
ît disciitées ; qu'il parut convenable s 
que le Syndic sortarit restât Élu , à cause des ren- 
seignemeiis qui sont en son pouvoir et qii'il est 
dàiis le cas dé cdnïmtiliiquer à soh successeur ; 
qu'eiitraînés par ce motif, ils convinrent de 
ûdmmer à cette charge Laurent Tàtay , Syndic, 
qui venait d'achever les deux années d'exercice 
qui précédèrent le syndicat actuel; conste par 
l'Scte du vingt-sept avril mil sis cent nonante- 
huit; reconnaissant enfin qu'il est utile et juste 
defcontinuerà l'avenir ce même mode d'élection: 
à ces causes , délibèrent et arrêtent , en vertu 
de l'autorité dont ils sont investis , que lorsque 
le Syndic qui remplacera celui actuelleinent en 
exercice aura accompli les deux années de Son 
syndicat, on procédera à l'élection de trois Élus 
forains ; que le Syndic sortant de charge sera le 
quatrième Élu, et que le cinquième sera désigné 
parmi neuf candidats : ainsi s'accomphra le vœu 
exprimé par la Junte, qu'il y ait égalité dans h 
nombre des votans soit forains, soitdela ville, et 
que le SyTldic sortant soit maintenu sous le nom 
d'Élu dans le nombre des administrateurs de la 
Communauté, selon l'usage pratiqué jusqu'i ce 
jour. Il est en effet convenable qu'il soit compris 
dans le corps des Élus, par les'con naissances qu'il 
a acquises sur la régie delà Ceguta pendant son 
administration ; de plus arrêtent que cette on 



■ordd^^H 



(4>9) 
nauce sera perpétuellement observée à l'époque 
(le chaque renouvellement bisannuel. 

II, Délibèrent, statuent et ordonnent que le 
Syndic, avec le consentement des Élus, fera rem- 
placer des seuils et des œih ( i ) en pierre dans les 
lieux où ils seront jugés convenables ou nécessai- 
res, avec recommandation de fournir ponctuelle- 
ment l'eaU aux lieux où l'on aura construit lesdiu 
œils , vannes , seuils ou Partidors (2) ; que si, par ■ 
hasard, quelqu'un refuse d'acquitter la taxe impo- 
sée, soit qn'il fasse partie du corps des arrosans du 
Canal principal, ou du bras dit dïn-Roca , soit 
qu'il aprose au moyen des autres branches secon- 
daires , des sections et des Rigoles qui s'alimen- 
tent aussi de» eaux de la Kovella ; soit enfin qu'é- 
tant forain oa eitewlLn , il soit soumis aux taxes 
(l'entretien pour divers conduits , les égouts, les 
1 atrines, etc. ; que si te moulin de la Rovella refuse 



(ij Lieu où s'ojièi'â lu partage de 1' 

visée en autant de rouduits ou rigoles qu'il y a de direc- 
tions difFéreAtes à donner à l'eau. 

(2} 11 n'est pasinutile de rappeler ici qtie l'tei7eat une 
oiiverlure circulaire opérée dans nue pierre verticalement' 
placée sur l« franc-bord d^ici Canal. Le diamètre de Vœ\Ï 
varie selon l'étendue des terres aiueipiettes il doit foutnii 
l'jnu d'*.rrojnRo- ! 





( *">■) 

de payer ce qui est dû ou ce qui sera convei 
le Syndic alors privera de l'eau les récalcitrans; 
il ordonnera de barrer les ruisseaux d'arrosage, 
interdira les prises d'eau, et préviendra les élus 
de ces mesures de sévérité, afin que ceux-ci met- 
tent leurs soins à réparer les dommages et à pré- 
venir de nouveaux préjudices : car il n'est pas 
juste que tandis que les bénéfices de l'arrosage 
sont communs, quelques-uns se croient dispen- 
sés de payer, et que d'autres soldent leurs taxes 
etleurfournissentgracieusement toute l'eau dont 
ils ont besoin. 

12. Délibèrent, statuent et ordonnent que lors- 
qu'on découvrira ou l'on sera informé que, dans 
les jardins potagers situés dans Valence, les- 
quels s'arrosent soit du bras d'Iji-Roca,soit de 
toutautrebrasoudelaCequianiémedelaRovelIa, 
quelque usager prend l'eau tout autre jour que 
le vendredi de chaque semaine depuis le lever 
du soleil jusqu'au samedi aussi au lever du so- 
leil (méthode usitée de mesurer le jour, et qu'où 
assigne de nouveau en tant que besoin), le con- 
trevenant encourra une amende de 3 U'^tcs pour 
chaque infraction au présent règlement. Cette 
amende sera répartie; savoir, un tiers au Syndic, 
un tiers au dénonciateur oy à l'agent de la Com- 
munauté qui aura découvert la contravention , 
et le tiers restant sera versé dans la caisse «y»^ 




( /." ) 

dicale conformément aux dispositions prescrites 
par les réglemens ci-après. 

i3. Statuent, délibèrentet ordonnent que nul 
autre que celui possédant en propre des terres 
sujettes à l'arrosage de la Rovelta , ne pourra être 
élu Syndic, Élu, Cequier, lûPartidor, tant de la 
Rovella que de ses dérivations , sauf ce qui sera 
ajouté, relativement au l'artidor, dans le vingt- 
cinqu ième règlement, 

1 4- Statuent, délibèrent et ordonnent que lors- 
que ton aura construit quelque barrage dans la 
Cequia de la Rovella ou dans quelqu'une de ses 
branches , et que le Partidor ordonnera de la dé- 
truire conuueuneentreprise illégale, si celui qui 
l'a opéré , ou celui qui profite de la construction , 
résiste à l'ordre qui lui sera donné et laisse sub- 
sister le barrage , il encourra la peine d'une 
amende de 5 livres applicable; savoir, un tiers 
à la caisse commune , un autre au Partidor , et le 
troisième au Syndic; et attendu que ledit Syndic 
ne reçoit d'autre indemnité des obligations nom- 
breuses qu'on lui impose et qui lui ont été impo- 
sées jusqu'ici, qu'un traitement annuel de lo li- 
vres, ce traitement, pour ue point s'écarter de l'u- 
sage, est encore alloué et lesdites lo livres seront 
de nouveau soldées au Syndic pour chacune des 
deux années de son Syndicat. En outre on affran- 
chit destaxçs çt 4es__ d^roits, apnuels de.Çequîage, 



^^ 



dix cahizadas de terre appartenajit en propriété, 
ou par bail à ferme, audit Syntlic, qui recevra en 
sus le tiers des amendes, concédé par les précé- 
den9rég!emens,pourcon]pléter les indemnités al- 
louées jusqu'à ce joitr. Statué enfin que la preuve 
de la résistance opposée par celui qui aura cons- 
truit le barrage hors des heures assî^ées par te 
distributeur, sera suffisamment établie par le ser- 
ment du Partidor, reçu par le Syndic ou parle 
Juge, lesquels veilleront de leurcôté à ce que l'a- 
mende soit acquittée, et à ce que la J>eine encou- 
rue ne soit point éludée. 

i5. Statuent, délibèrent, arrêtent et ordon- 
nent que toiit tenancier arrosant, propriétaire 
ou fermier, qui construira des fosses ou des Ri- 
goles , et qtii prendra l'eau de la Cequta de la Ro- 
veRa, ou de quel(Ju'nne de ses dérivations pour 
faii* dti fumier sans la permission du Syudie et 
des Élus, ou au moins de la majorité de ces der- 
niers, encourra la peine de i o livres d'amende. En 
outre le Syndic pourra faire combler ladite ftisse 
aia* frais du contrevenant , et rtième ordonner 
une saisie par l'intermiéttiaire du garde ou de 
tous antres officiers de la Coramunàtité, soif pour 
acquitter l'amende , soit pour comlîler on répa- 
rer les coupures. Le produit de l'amende set-a par- 
tagé par égalPi portions entre le dénonciateur, le 
Syndit et la caisse commune ; et s'il n'y a pas^^^ 



11 n'y a pas^tfe^J 



4a3 ) 

dérioiïciàtexir, son lot àéra flffïoué sont autres co* 
pârtagèâns. 

§ IV. 

RÉGLEMENS 

Pour le régime particulier du Càfial dé la Ro~ 

vélld et ses dérivàiions. 

Obligations du Syndic. 

< 

i6. En premier liéù, stâtiiéht, délibèrent éi 
ordonnent qu'en outre des obligations imposées 
au Syndic , lesquelles sont exprimées et conte- 
nues dans les àiticles 4 ^ 5 et lo dé l'administration 
générale, et toîites les fois qiTil èh sera besoin, 
tant à ladite Cequia où à ses branches , qu'au 
Bras (i) d'En-Roca , lequel passe dàiis là tue de la 
Cequiola , ou bien encore sur tous autres points , 
ledit Syndic devra non-seulement faire placer des 
seuils, ainsi qu'il est enjoint pài* lesdîts articles qui 
précèdent, mais encore des vannes, des partiddrs 
et des œils par-tout où ils seront recôhiiùs né- 
cessaires, soit qu'on en forme la demande , soit' 
que le Syndic le jugé convenable sans en être 
requis. 

17. Statuent, dêlibèfëiit et ordonnent qu'aux 

' . . . \ • . . 

(1) On appelle bras et brassai lés prîiicîpaleâ dériva- 
tions d'un Canal secondaire. 



(4^4 ) 

époques qui précèdent et suivent les crues or- 
dinaires du Guadala-viar, le Syndic sera tenu de 
se transporter à l'Azud [la digue) , soit pour pré- 
venir, soit pour réparer les dommages. Il de\Ta 
se faire accompagner par l'Obrer (i) de la ville, 
actuellement Raphaël Marti, auquel la Commu- 
nauté alloue chaque année i livres i o sous de sa- 
laire. Qu'à cet effet , ledit Obrer est confirmé dans 
son emploi , et qu'il continuera de recevoir la 
même indemnité, pourvu qu'il ne discontinue 
point de donner ses soins à ladite Azud , cette 
nomination devant être considérée comme un 
témoignage de satisfaction pour l'active surveil- 
lance que ledit Marti a exercée lors de la recons- 
truction de la digue ; que, cependant, s'il devait 
résulter quelque retard préjudiciahle de l'invita- 
tion faite audit Obrer de la ville , le Syndic et à 
son défaut le Cequiero exécuteront seuls la vi- 
site, ayant soin de reconnaître au moins tous les 
deux mois si l'Azud, l'Aliiienara (^déversoir), la 
maison du garde , le tour à vis des écluses ou tout 
autre lieu, nécessitent quelque réparation, afin 
qu'on puisse y pourvoir en temps convenable, 
avec économie et avec plus de facilité. 

(i) C'est le régisseur des travaux. Dans les hôpitaux, 
ou désigne sous re nom l'économe , et dans les égliset le 



argiiillier , ou les membres d'une fabriqui 



kL 



^ 



( 4»5 ) 

i8. Statuent, délibèrent et ordonnent qu'iin- 
inédiatement après son élection le Syndic devra, 
par acte pidilic, affermer ou désigner un garde, 
sous des clauses et des obligations qui seront 
énoncées dans l'acte , et sans exemption des cor- 
vées établies pour la Cequia et la Digue , en outre 
de celles qui seront détaillées plus bas , au titre 
Desde\'oirs eteinpîoidu Garde. Cet acte sera con- 
senti avec les conventions et peines contenues au- 
dit titre , ou avec toutes autres dispositions qu'il 
paraîtra convenable au Syndic d'y ajouter, afin 
de garantir la police du Canal, et pour que l'cm 
sache positivement à quoi le garde s'est obligé. 

ig. Statuent, délibèrent et ordonnent que le 
Syndic, en vertu de sa charge , sera tenu à perpé- 
tuité de poursuivre auprès du collecteur le re- 
couvrement des taxes et le paiement des censives 
ou des droits de Cequia et d'Azud sans frais ni 
pertes pour la Communauté; que dans le cas de 
négligence ou d'omission de la part du collec- 
teur pour faire rentrer les fonds et solder les dé- 
penses, ou de la part du Syndic pour le requérir, 
comme ils'ensuivra des frais, la majorité des Elus 
pourra les faire supporter au Syndic , en lui ré- 
servant son action envers le collecteur, puisque 
caiui-ci, en vertu des ordonnances, est respon- 
sable des recouvremens. Statué de plus que le 
Syndic-laboureur est pareillemcnl obligé de sur- 



(4^6) 

veiller le Syndic-notaiKe,pour qu'il poursuive dé- 
sormais les causes relatives à Jia «Cecjpiia pu à son 
Azud , et tputes autres instances coD;iipjises à sa 
diligence : devant ;redoubler de zèle et de soins, 
selon l'urgence du ten[ips et celjle 4,^ Cfius^. 

20. Statuent , 4élibé;r.ent et ordonnent qu'il 
l'époque .du flottstge , le Syndic deypra se trans- 
porter à la digue ^isté .et accompagué du garde 
pour v^er à x:e. xjue le bois n'occasionne aucun 
préjudice à l'Azud; qu'il fera dévier ou arrêter 
les pouti;es9 et consentira toutes lies démarches 
coinvenables cqntre les ageps du flottage , c^ der- 
niers étant tenus d'aviser à ce que le bois n'en- 
dommage ni les digues ni les déveii^oirs. 

2 1 . Statuent , délibèrent et ordonnent .que 

toutes les fois que le fleuve .éprouvera disette 

d'eau ) le Syndic devra opér^ le partage (i),sous 

peine d'être privé d'un tier? de son .traitement 

annuel pour chaque contravention ;.que lorsque 

la distribution ne sera pas ordonnée , le Syndic 

ne pourra dévier l'eau, jusqu'à ce que celui qui 
f 

(i) Cette distribution, qui s'opère toujours en raison 
des besoins et des contenances^ est exprimée , dans Je 
royaume de Valence , jmr un seul mot , tanda , et ses dé- 
rivés tajideje et atandar, I^oiis ,n\apquoq8 d'expr^^aipn 
pour indiquer cet^e. opération :. il fa>Ll^Ac^ inots nouveaux 
f^uand on veut parler de choses nouvelles. 



(4»7) 
aura commencé , ait tenniné son arrosage, sous 
peine d'amende au profit de la Communauté. 

Obligations du Cequier. 

Q3, Premièrement , statuent, délibèrent et or- 
donnent que le Cequier assiste au curage de la 
Cequia, tant dans l'intérieur de la ville que dans 
la campagne , ai toutefois ladite Cequia n'est point 
affermée; que si l'eau vient à manquer, et s'il de- 
venait nécessaire de visiter les écluses ( i ) , le Ce- 
quier sera obligé de s'y rendre sans retirer aucun 
salaire, attendu qu'il lui est alloué lo livres (a) 
par an pour cette visite et autres agences; que le 
même n'aura droit à aucune vacation ni supplé- 
ment de frais , quel que soit le nombre de ses vi- 
sites, et lors même que les deux années de son 
exercice l'assujettiraient à un travail plus assidu 
que celui des années précédentes. 

a3. Statuent , délibèrent et airétent que le 
Cequier est tenu de placer et de déplacer les 
vannes ; d'accomplir en outre les devoirs de sa 
charge de la manière et aux époques prévues 



(i) On appelle Castell la maison construite au-dessus 
des principales écluses et en tête ilu Canal ; elle se ferme 
À clef et met le partage des eaux â l'abri de toute Infrac- 

(a) 35 livres de notre nioni)aie. 



lAJki 



C 4-^8 ) 

dans la transaclion consentie par l'illustre Fabri- 
que ( i J des remparts et fossés ou égouts (^Murs- 
y-Falls) d'une part, et le Syndic de ladite com- 
munauté d'autre part ; conste par acte reçu par 
Deois- Jérôme Clément, notaire, sous la date du 
deux mars mil cinq cent cinquante^Ieux , trans- 
crite au livre des ordonnances et des anciennes 
délibérations de ladite Communauté; qu'il djavi-a 
également se cbarger de la manœuvre de^ gran- 
des vannes (a) tant au dehors que dans l'intérieur 
de Valence , ainsi qu'il y est obligé , ou lorsqu'il 
en sera requis par le Syndic; que dans le cas 
enfin où il néglira de relever les vannes des fos- 
sés, et qu'il s'ensuivra quelque destruction ou 
simple dommage, tandis qu'il aura été en son 
pouvoir de les éviter, il sera tenu de réparer ou 
refaire le tout à ses frais; que le Syndic et les 
Élus, réunis en majorité, décideront si le Cequier 
est réellement coupable. 

■i4- Statuent, délibèrent et ordonnent que i' 



(i) Cette délibéralion el les charges împoséetftu Syi»- 
dic-Cequier , sont relatées dans le précieux DUfiftge du 
docteur Joseph Llop, intitulé -Mura-^-fa&, cJt.xxm- 

Le curage doit s'opérer pendant le mois d'auùt. 

(2) On appelle Cadires les grandes vanaes placén 
d''orJinaire dans une petite bâtisse, et qu'on ne peut faire 
manceuvrer qu'au moyen d'un tour ri vis. 



( -'1^9 ) 

toutes les fois qu'un int^'ressé invitera le Cequier 
à placer un atelier d'ouvriers dans quelques-unes 
des branches , ramifications ou canaux secondai- 
res (i) pour en opérer le curage : si le Cequier 
laisse passer trois jours sans rien faire , encore 
qu'il ait reçu la somme de deux livres huit sous, 
qu'on est dans l'usage de compter pour subvenir 
aux dépenses requises, dans ce cas le Syndic de 
ladite Communauté aura le droit de placer l'a- 
telier aux frais dudit Cequier. 



JDes quatre Farlïdors gi 

de Vehedc 



d les fonctions 



25. Statuent, délibèrent et ordonnent que, 
tous les deux ans , et lors du renouvellement du 
Syndic , celui-ci sera tenu de désigner immédia- 
tement quatre Vehedors faisant aussi fonctions 
de Partidors, lesquels ne pourront exercer hors 
du terroir où sont situées leurs propriétés, ou 
bien encore dans celui où ils exploiteraient des 
terres, soit en vertu d'un bail à ferme et à chep- 
tel, soitdans tout autre mode usité. S'il était pro- 



(i) On appelle CequiolXai principales branches d'u 
Canal d'arrosage. Bras ou Brassalles subdivîsionsd'u 
Canal secondaire , et Regadora la dérîvalion temporaii 
ou la simple rigole dâstinée à l'arrosage d'une ou d 
plusieurs propriétés, 

Tome I. ' 28 



( 43o) 
cédû contre cet usage , les Élus pourront ni^ 
mer un autre Vehedor-Répartiteur, afin de rei 
placer celui qui aura été nommé par le Synt) 
lequel n'aurait pas les qualités ci-des»us esiga 

De l'Emploi de Garde de la Ccquia. 

aG. Premièrement, statuent, délibèrent et j 
rétent que le Garde convoquera les Élus i 
chacune des six Juntes dont il est fait mention 
au chapitre VI , toutes les fois que, requis par !e 
Syndic - Laboureur ou par le Syndic -Notaire, 
ceux-ci lui remettront une note indiquant le jour 
fixé pour l'assemblée. Cette note renfermera le 
nom du Syndic et celui des Elus. Il sera alloué 
au Garde trois sous pour chacune desdites six 
convocations. 

37. Statuent, délibèrent et ordonnent que le 
Garde est tenu de veiller sur l'Azud, la Caseta et 
l'Almenara (i); qu'il ne doit introduire dans 1» 

(1) La Caseta est la niaison construite au-iletasu" îles 
vannes principales, à l'entrée du Canal. Elle sert à-la- 
fûîs à protéger la prise d'eau et d'habitation au garde , et 
aux Bgena du Canal. On dit aussi Castell s voyez las notes 
qui précèdent. 

UjilmeTiara est un déversoir solidement c 
en existe d'ordinaire plusieurs sur un Canal. 
porlantfait toujours partie de la digue. 



anal. Le plut ^^^^| 



[ 



(43t ) 
C.eqiiia que le vohime d'eau reconnu nécessaire, 
lequel lui sera prescrit par le Syndic ou le Ce- 
quier; élevant ou baissant la vanne ( /orn ) selon 
les ordres qui lui seront transmis ; que toutes les 
fois que le fleuve déborde, il est encore chargé 
de fermer la Cequia et de baisser la vanne. En cas 
de coQtraveption en tout ou en partie au présent 
règlement, ledit Garde sera condamné cbaque fois 
à une amende de trois Uvres, applicable par tiers 
au Syndic , au dénonciateur et à la caisse syndi- 
cale, et à défaut de dénonciateur le Cequierv sera 
compris dans le partage. 

28. Statuent, délibèrent et ordonnent que lors 
des crues d'eau, ou toutes les fois qu'on les at- 
tendra, le Garde devra relever les vannes qui fer- 
ment l'Almenara ou déversoir, tandis que la Ce- 
quia sera fermée et le tour à vis totalement baissé, 
afin d'éviter les ensablemens et tous autres dom- 
mages qui surviennent fréquemment : le tout sous 
peine de cinq livres d'amende la première fois ; de 
dix livres , la seconde ; d'être privé de son emploi , 
à la troisième, et d'être déclaré incapable d'exercer 
jamais l'emploi de garde de ladite Cequia. Le 
montant de l'amende sera réparti conformément 
au précédent règlement. 

39. Statuent, délibèrent et ordonnent que le 

garde doit accompagner le Syndic et le Cequiero, 

ou celui des deux qui dirigera le passage du bois 

a8.. 



*> 



( 43« ) 

sur la d igue de la Rovella, afin de prévenir les dom- 
mages , sous peine d une livre d'amende pour cha- 
que jour de flottage que ledit Garde négligera de 
se rendre à FAzud , et d'assister le Sjfudic ou le Ge^ 
quier de ladite Communauté lorsqu'ils se trans- 
porteront à r Azud pour opérer la distribution des 
eaux du fleuve , ou Lien lorsqu'ils percevront les 
taxes imposées en temps de disette ou de partage, 
sous la même peine d'une livre par jour d'oid[>li, 
et toutes les fois qu'il aura négligé de se confor- 
mer aux obligations stipulées dans le présent rè- 
glement. Cette amende sera répartie ainsi qu'il est 
statué dans le chapitre précédent. 

3o. Statuent, délibèrent et ordonnent que le 
Garde aura pour salaire la somme qui sera déter- 
minée par le iSyndic et par les Élus ; qu'en outre 
des conditions stipulées dans les réglemens qui 
concernent l'emploi de Garde, celui-ci sera tenu 
de se conformer à toutes les conditions imposées 
par Pacte de nomination ou d'affermé ; que cet 

acte enfin sera renouvelé, tous les deux ans par 
le Syndic nouvellement élu. 



( W3 ) 



UEGLEMENS 

Concernant quelques abus et contenant quelques 
dispositions qu'il importe défaire connaître et 
obsen'er par les tenancCers-ariosans. 

3i. Premièrement, statuent, délibèrent et ar- 
rêtent que les tenanciers et jardiniers qui pos- 
sèdent ou cultivent des terres dans le terroir 
des Hortolans, lequel s'étend depuis l'Azud jus- 
qu'en dehors de la porte de Quart , peuvent et 
doivent arroser le mardi, depuis le lever du so- 
leil jusqu'au moment où il 3e lève de nouveau le 
mercredi , et de même depuis le lever du jeudi 
jusqu'à celui du vendredi ; ce qui fait deux jours 
par semaine. Ces jours ont été assignés par ladite 
Junte de la Rovella, dans l'acte reçu par Vincent 
Flores, ci-devantnotaire, le treize juin milsix cent 
quatre-vingt-trois, homologué par l'illustre lieu- 
tenant du Gouverneur-général de cette ville et du 
Royaume de Valence,letrentedumà[pemois;et 
enfin par les officiers de l'illustre Cité, le 2 juillet 
suivant. Cette décision fut prise nonobstant l'op- 
position que l'illustre dame Marguerite Zarcuela , 
marquise de Sofraga, et don Antoine Zarcuela 
formèrent, le 3o juin précité, contestant à-Ia- 



( '134 ) 
fois la teneur dudit acte et la ilistribiition i 
eaux. L'opposition resta longues années en litige : 
ladite dame avait interjeté appel devant la Royale 
Audience par provision et sentence royale, en- 
tegiatrées par Vincent Pareja , secrétaire des com- 
mandemens de S. M. , le ai mai 1697; mais Sur 
le rapport du noble don Florens Matheii y Vil- 
lamayor, docteur du Royal Conseil , dans ladite 
Royale Audience , et de Pierre Matheu, notaire 
et membre de la même Royale Audience, il fut 
déclaré qu'il n'y avait pas lieu d'accueillir l'appel 
formé par lesditsZarcuela; qu'ils étaient condam- 
nés aux dépens; que toute concession antérieure 
était révoquée, et que leur demande était jugée 
en dernier ressort. En conséquence il est statué 
que si un ou plusieurs individus contreviennenif 
audit règlement et à ladite délibération, en 93*^ 
rdsant hors des jours et des heures fixées, ils en- 
courront pour chaque infraction une amende dé 
6 livres (ainsi assignée dans la délibération ci- 
dessus datée et décrétée), laquelle sera applicable 
par tiers à ta caisse de la Rovella,au dénoncia- 
teur et au Syndic. 

32. Délibèrent, arrêtent et ordonnent qUè les 
tenanciers de la partie du terroir dite Rinco de 
Jîovella, laquelle partie s'étend depuis l'enclpoît 
où l'eau sort de Valence, jusqu'à celui où ellei 



( 435) 
tombe dans le Vall{i), devront arroser les lundis, 
mardis , niercredia et jeudis seulement ; que les te- 
nanciers du terroir del Salcnar, depuis le nouveau 
partidor, situé dans les terres du docteur Michel- 
Jérôme Llop, jusqu'au domainedu docteur Louis- 
Vincent Salvador, contigu aux arbres de Salvat; 
que les autres terres arrosables des environs , qui 
font partie dudît terroir, s'arroseront des eaux 
du grand égout, pendant les lundis, mardis, mer- 
credis et jeudis susdits; de plus, que les tenanciers 
du terroir d'el Pirù , Compris depuis l'Alraenara 
située sur les terres de Miguel Berengeret celles 
de Valero Cabanes, jusqu'à lamer, pourrontelde' 
vronlarroser le vendredi;que les tenanciers du ter- 
roir désignésous le nom de Ptlnta d' En-Sylvestre 
qui s elenddepuis les terres de JérômeQuiles, atte- 
nantesauxdits arbres de Sal vat, jusqu'à l'Almenara 
desdits Cabanes et Berenger, devront et pour- 
ront arroser les samedis etdirtianches : ce qui s'en- 
tend pour les tenanciers de ces divers terroirs , 
depuis l'instant où le soleil se lève , le jour assi- 
gné, jusqu'au même lever du dernier jour égale- 



, dans l'idiome valeucien , les 



(i) On appelle VaU 
égouts , les aiiueducs , les canawx creusés dans les l'oasi 
de la ville , uu bien encore les cauaux destinés à porli 
l'eau dans Valence, et à la reprendre à sa sortie. Lci 
l'alimentent des eaux de Farara et de la Hovella. 



^^* 



la v«U. 



i rfgie 



( 43C) 
nient assigné par la Tanda( distribution ) , cha* 
terroir devant arroser par tour. Statué , de plus , 
que celui des tenanciers qui arrosera hors des 
jours etheuresqui lui seront assignés et qui cor- 
respondent à son terroir , encourra une amende 
de trois li\Tes , applicable par tiers aux personnes 
et dans le mode annoncé dans le précédent règle- 
ment, toutes et quantes fois le cas se présentera. 
La distribution de l'eau demeure ainsi établie 
pour tous les jours de la semaine, et conformé- 
ment aus dispositions des 12^. et 3i^.réglemens, 
ainsi qu'au présent. On connaîtra de la sorte le 
jour et le temps d'arrosage accordés àchaque ter- 
roir, de même que la peine à laquelle on s'expose 
en cas de contravention : seul moyen de prévenir 
certains abus qui surviennent quelquefois. 

33. Statuent , délibèrent et ordonnent que 
toutes les fois que l'un des tenanciers de ladite 
Cequia sera convaincu d'avoir dérobé l'eau à un 
autre tenancier, d'avoir détruit ses barrages , ou 
d'avoir établi un contre-barrage en terre, eu brous- 
sailles, en pierres ou en tous autres matériaux, 
exceptécependant en planches, parce que celles-ci 
sont les seules permises, encourra, pour chaque 
contravention , une amende de trois livres. Cette 
amende sera aussi applicable envers tout arrosant 
qui sera convaincu d'une infraction au présent 
règlement, et lesdites 3 livres seront partaeées 



d 



c 437 ) 

ainsi qu'il est prescrit dans le règlement qui pré- 
cède. 

34. Statuent , délibèrent et ordonnent que tou- 
tes les fois que l'on trouvera ou qu'on dénou- 
cera quelqu'un des tenanciers de ladite Commu- 
nauté de la Rovella pour avoir dévié l'eau d'une 
des branches delaCequiadans une autre branche 
sans la permission du Syndic ou du Partidor; 
que lorsqu'il aura inutilement répandu l'eau sur 
les chemins , ou qu'il l'aura dirigée vers tous au- 
tres lieuï incultes, bien qu'il; ne puisse arroser 
ni utiliser cette eau , ledit tenancier encourra ce- 
pendant uue amende de i livres, qui sera appli- 
quée et répartie dans le mode prescrit par le pré- 
cédent règlement. Sont exceptés de l'amende les 
terrains sujets auK taupinières, ou les tenanciers 
qui ])erdront l'eau par suite de ces mêmes tau- 
pinières. 

35. Statuent, délibèrent etordonnent que tout 
tenancier de ladite Cequia de la Rovella sera tenu 
de prendre l'eau lorsque son tour lui en donnera 
le droit, au seul Partidor du terroir dans lequel se 
trouvent ses propriétés. S'il contrevient à cette or- 
donnance, ilsera condamné à 3 livres d'amende, 
qui seront appliquées et réparties dans le mode 
prescrit par l'avant-dernier règlement. Il est fait 
réserve envers le Syndic des dispositions conte- 
nues dans le vingt-unième règlement. 



I 



C438) 

36. Statuent , délibèrent et ordonnent que tou- 
tes les fois que dans les parties incultes ou so- 
litaires du terroir on aura détérioré ou détruit 
soit les revétemens en planches, soit les francs- 
bords de laCequia, les auteurs du dégât, contre- 
venant au présent règlement , encourront chaque 
fois lapeinedeaSlÎTres d'amende. Statué déplus 
que lorsqu'il constera que quelqu'un a empiété 
sur les francs-bords, ou les terres de soutènement, 
il lui sera imposé une amende de 5 livres, ap- 
pliquée et partagée comme il est dit dans lesré- 
glemens qui précèdent , et il sera condamné en 
outre à réparer à ses frais et à rétablir les choses 
dans leur premier état. 

37. Statuent, délibèrent et ordonnent que tout 
tenancier confrontant le grand égoul , qui sera 
convaincu d'avoir curé ledit égout(i) aux dépens 
de son voisin , ou du tenancier du bord opposé, 
sera puni d'une amende de 3 livres, applicable 
comme il est déjà dit ci-dessus , et qu'il sera tenu 
en outre de remettre ledit égout dans son pre- 
mier état , conformément à l'aVis et aux ordres 
qui seront uniquement transmis par \e Syndic et 
les Élus. 



(1) Pour comprendre l'utilité de cette mesure , il coa- 
lienC de savoir que le limon extrait des cgouts et des ca- 
laiix sert de base oud'ageiit principal dans le mélange et 



J 



( 439 ) 
38. Statuent, tft^libèrent et ordonnent que 
dans les terroirs eli friche que traverse la Cequia 
(le la Rovella , aucun tenancier ne puisse possède* 
des arbres, des roseaux ni autres plants , quelle 
que soit leur nature , comme aussi d'effectuer de 
nouvelles plantations dans les neuf pams(2",025) 
de francs-bords, sans l'autorisation de ladite Com- 
munauté. Celle-ci , et pour elle le Syndic et les 
Elus , réunis en majorité , ont seuls le droit d'ac- 
corderetdelimiterces permissions. Statuédo plus 
que si quelque tenancier muni de ladite autori- 
sation projette ou cultive le franc^bord avec le- 
quel il confronte , il sera tenu de curer à ses frais 
et sur la même confrontation la moitié de la Ce- 
quia; que dans le cas où un ou pldsieurs tenan- 
ciers prétendraient, contre la teneur du présent 
règlement, et sans être pourvus de l'autorisation 
prescrite , posséder des arbres et cultiver les 
francs-bords sans effectuer ledit airage, ils se- 
ront condamnés; savoir, pour avoir planté et 
élevé des arbres, à les abattre incontinent et A 
leurs frais, sur l'ordre qui en sera donné par le 
Syndic et les Elus; dans le second cas et pour 
avoir cultivé le franc-bord sans curer le canal , à 
l'amende de 1 5 livres , attendu que c'est dégrader 
le franc-bord et contrevenir aux réglemens et à 
la cojitume. Cette amende sera répartie par tîerà 
entre la Communauté , le Syndic el le dénoncia- 



k^B. 



(440 ) 

leur, toutes les fois que riiifraction se renouvel- 
lera, sans que les infracteurs puissent, sous au- 
cun prétexte, invoquer la possession et arguer 
de leurs droits contre ladite Communauté, 

Sg. Afin qu'il ne puisse être élevé au(^n doute 
sur l'interprétation des présens réglemens , et sur 
l'expression consacrée de tenanciers de la com- 
munauté {regants de la comiinà) , on déclare que 
toutes les fois que les ordonnances prescrivent 
ce que doivent faire et observer les tenanciers de 
la Communauté de la Rovella, de même que les 
peines dont ils sont passibles, par ce mol de 
regants on entend désigner non-seulement ceux 
qui arrosent du grand égout, mais encore ceux 
des diverses branches de la Cequia, puisqu'ils 
sont tous tenanciers-aiTosans et qu'Us composent 
la même corporation, ou la Communauté de la 
Rovella. Cette déclaration est faite pour plus de 
garantie et pour éviter toute espèce d'ambîguité. 

4o. De plus, pour faire reconnaître, observer 
et accomplir avec une plus grande vigilance les 
précédentes ordonnances, et afin d'éviter, par la 
nature des peines encourues et leur prompte 
exécution,cesrixcs multipliées, ces débats et ces 
tracasseries qui se renouvellent fréquemment en- 
tre les tenanciers; pour maintenir enfin la paix 
et le calme , ainsi que l'observation desdites or- 
donnances , délibèrent et statuent que loraqu'nn 



(44. ) 

membre de la communauté des arrosans, quel 
qu'il soit, sera dans le cas d'être condamné à quel- 
qu'une des amendes énoncées dans les réglemens 
qui précèdent, le Syndic sera autorisé et tenu d'en 
poursuivre le recouvrement au moyen d'une sai- 
sie, selon l'antique coutume, selon l'usage des 
autres communautés , et selon l'usage aussi établi 
envers les débiteurs du fisc. Cette saisie sera 
opérée par ledit Syndic, soit dans les maisons, 
soit sur les propriétés des contrevenans , et pour 
une valeur suffisante à l'acquit de l'amende, à 
celui des frais et à tous autres dépens. Les objets 
saisis seront mis à ladisposition du crieur public, 
et l'on avertira en même temps le contrevenant 
qu'il ait à les retirer dans le délai de trois jours ; 
faute de quoi, ils seront vendus sans qu'il soit be- 
soin d'une nouvelle requête ni d'autres formali- 
tés. La sable et la vente auront lieu toutes les 
fois qu'il sera ordonné des poursuites par suite 
d'une contravention. 

4i. Finalement, statuent, délibèrent et ârrc^ 
tent que, pour plus de garantie, les réglemens 
ci-dessus et le présent acte seront homologués 
et décrétés par le tribunal compétent , et qu'ils 
seront, au besoin, publiés dans tous les lieux con- 
venables, afin qu'ils parviennent à la connais- 
sance de tous ceux qu'ils intéressent. 

Ont été lus et publiés lesdits réglemens, etc. 



§ VI. 
COPIE DE L'ORDONNANCE CO 

Transcrite dans les Lettres- Patentes qui furent 
expédiées par le Conseil Royal et suprême de 
Castille, le (> novembre l'j'jS , contresignées par 
don Pedro Escolano de Airieta^ secrétaire des 
commandemens de Sa Majesté , et dontl'exé- 
cutionfut ordonnée par les Membres du Real 
Acuerdo de cette Hoyale Audience, dans leur 
séance du iQ novembre même année. Cette or- 
donnance est de la teneur suivante : 

i.On tiendra, chaque année, pendant les fêtes 
de Pàque, une Junte générale , qui recevra de la 
JuDte de^ Quinze et de celle desT^euf un coinpte 
exact des opérations de l'année. 

a. La Junte générale aura la faculté d'imposer 
des taxes ou des contributions extraordinaires et 
de prendre de l'argent à cens , sauf l'autorisation 
préalable de notre Conseil; elle pourra en outre 
concéder les eaux d'arrosage et rétablissement des 
moulins, pourvu que personne n'en éprouve de 
dommage ; coœmissionner qui bon Jui semblera 



(i) Le texte dit: des dix ordonnances, parce qu«f^^ 
:tm des artklec de cette ordonnance furent dél^éiât^i^ 



(443) 
pour transiger sur les affaires en litige; approu- 
ver les demandes qui auront pour but de ga- 
rantir les droits des tenanciers-airosans ; recevoir 
les comptes et nommer enfin , chaque année, trois 
individus, destinés à remplacer dans la Junte des 
Quinze un pareil nombre de membres sortant de 
ladite Junte pour passer à celle des Neuf. Ces 
trois individus seront : l'un Ecclésiastique ou re- 
ligieux , nommés par les seuls tenanciers appar- 
tenant à cette classe ; l'autre , habitant de Valence, 
nommé aussi par les mêmes habitans; et le troi- 
sième, laboureur, lequel sera uniquement pré- 
senté par le seul corps des laboureurs. 

3. Il sera maintenu ou établi une Junte de 
quinze députés; savoir , cinq ecclésiastiques , cinq 
bourgeois de Valence et cinq cultivateurs ou la- 
bradors, lesquels resteront en charge pendant 
cinq ans et se réuniront une fois l'an (à moins 
d'un cas pressant et particulier) , et dans le cou- 
rant de juin, pour prendre couDaissance de la 
Régie Syndicale, de la recette et de la dépense, 
de même aussi que des diverses plaintes qui sur- 
viendront. Les décisions de cette Junte seront en 
tout exéciitoiFes jusqu'à la prochaine convocation 
de la Junte générale , et elle aura la faculté d'ap- 
peler, ou de poursuivre elle-même les instances 
convenables pour défendre les droits de la Com- 
munauté. 



L 



L 



( 444 ) 

4. Dans le cas où la Junte générale déciderait 
la révocation ou la modification de quelqu'un des 
dix nouveaux réglemens , elle en rendra compte 
à notre Conseil pour en obtenir l'approbation , et 
après l'avoir obtenue, on fera imprimer et re- 
mettre un exemplaire du nouveau travail à cha- 
cun des membres des Juntes. 

5. La Junte des quinze Députés établira et 
nommera une administration de neuf Elus, dans 
laquelle seront appelés trois individus de cbaciuie 
des trois classes des ecclésiastiques, des bourgeois 
de Valence et des laboureurs, Ceslilus seroutpour 
trois ans en charge; tous les ans, dans la Junte des 
Quinze , les trois classes procéderont séparément 
au renouvellement par tiers , et chacune d'elles 
nommera un Elu laboureur, un autre, ecclésias- 
tique, et un troisième, bourgeois de Valence. 

6. La même Junte des Quinze nommera, cha- 
que année, deux Syndics, dont un laboureur et 
l'autre sera déjà revêtu d'un emploi honorifique. 
Ils n'auront pas voix, tlélibérative; mais ils seront 
spécialement chargés de l'administration des eaui 
et de leurs dépendances sous les ordres et la di- 
rection de la Junte des Neuf. La charge de Syn- 
dic-Laboureur sera remplie par un des Élus la- 
boureurs sortans appartenant à l'une ou à l'autre 
JuQta, et en qui l'on aura reconnu le plus d'apti- 
tude, comme le plus de droits à la confiance dès 



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arrosans. ït rendï-a , chaque année, ses comptes à 
la Junte des Neuf, qui les transmettra à celle des 
Quinze, et celle-ci les présentera sommairement 
àlaJunte générale. Si le SyndicnégUge cette red- 
dition annuelle, il ne pourra être continué dans 
son emploi. 

7. La Junte des Neuf sera présidée, convoquée 
et dissoute six foisl'an par son conservateur, choisi 
parla Junte des Quinze entre les Députés séculiâ'S 
de Valence, et parmi les propriétaires fonciers les 
plus opulens , les plus instruits et les plus digties 
de la confiance des deux Juntas. Ce conserva- 
teur n'aura point voix délihérative dans lesdites 
Juntes, et ne recevra aucun traitement; mais il 
pourra protester et former opposition (sauf à en 
donner avis à la Junte des Quinze) contre tout ce 
qu'il remarquera de préjudiciable aux: intérêts de 
!a Communauté. Il sera dépositaire d'une clef des 
archives et d'une autre de la caisse ; il autorisera 
avec son visa les versemens ou les paiemens, et 
légalisera les bons de la Junte des Neuf. La durée 
de ses fonctions est exclusivement soumise à l'as- 
sentiment de la Junte des Quinze. 

8. Le conservateur ne pourra point refuser la 
convocation de la Junte des Neuf, toutes les fois 
qu'un des Élus en fera la demande ; mais la Com- 
mjinauté ne supportera jamais d'autres (raisque 
ceux alloués pour les six Juntes annuelles , c'est- 



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à-dire six sous pour chacun des membres pré- 
sens , ou bien une livre de cire. Ne sont pas com- 
pris dans cette taxe le greffier et le garde , qui ne 
sauraient travailler gratuitement ; mais si les Jun^ 
tes sont volontaires, ou convoquées en faveur de 
quelque particulier , les frais seront supportés par 
ceux qui les aoitint provoqués. 

9. La nomination du greffier ( si cet emploi 
n'est pas rempli par le Syndic-Notaire) et celle 
d'avocat de la Communauté seront faites par la 
Junte des Quinze et parmi les [^us dignes. 

10. Le conservateur pourra de même convo- 
quer la Junte,des Quinze quand il le croira con- 
venable , et il ne sera attribué aucune indemnité 
aux individus qui la composent. 

Lesquels réglemens sont en tout conformes à 
l'original déposé aux archives de la Communauté 
actuellement commises à ma surveillance et aux- 
quelles je me réfère. En foi de quoi ^ j'ai délivré 

le présent. 

Yalence , le 25 mai ï779. 

Signé Frajvco- ViCEWTE Alfonso. 



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FHNT nu tome premier. 

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