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Full text of "Voyage en Valachie et en Moldavie: avec des observations sur l'histoire, la physique et la ..."

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VOYAGE 

EN VALAGHIE 



ET 



EN MOLDAVIE. 






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IMPRIMER» OC A. BOBEE. 



VOYAGE EN VALACHIE 



ET 



EN MOLDAVIE, 



▲VBÇ O^S OPSIRTATIOVC COA l«*HI8TOIBBy hk PHTCIQQBIIT LA POLITIQUE : 

DE rfOTES £T ADDITIONS POUR l'iNTEXXIOSNGB DB DITEBS POU^TS 

B88BMTIEI,8. 

professeur de littëratore, ex-Professeur particulier de Sou Altesse 

le Prince de Moldavie, 

Nihil admirari. 

' - • ' • 




A PARIS, 

CHEË, HAS80h ET FILS, RUB DE TOURN0N« N« 6. 



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V 



'.te I 



PRÉFACE DU TRADUCTEUR. 



A. lïion passage à Milan , vers la fin d'avril 
dernier, je trouvai cette brochure qui sortait 
de sous presses. Les détails vrais et intéressans 
qu'elle renferme , les observations aussi justes 
que piquantes dont elle est semée, les succès 
qu elle a obtenus en Italie, m'ont déterminé d'en 
donner au public la traduction, espérant qu'elle 
ne manquerait pas d'intéresser et qu'elle serait 
favorablement acceuillie dans un moment où 
la Yalachie et la Moldavie fixent les regards 
de toute l'Europe, et où l'on recueille , avec em- 
pressement, les moindres détails sur ces contrées 
trop peu connues du reste du continent. 

Ce ^oj-agc^ dit l'éditeur dans Sa préface 

est Voui^rage d'un Italien ^homme de mérite. 
Pour peu qu'on ait séjourné dans le pays et 
qu'on ait quelque connaissance de l'économie 
politique, on reconnaîtra, sans peine, qu'il sort 
d'une plume exercée dans ces sortes de ma- 
tières, et que l'auteur, accoutumé à juger sai- 
nement , a des vues étendues. Cependant il 
existe plusieurs points sur lesquels il s'est 
opéré d'heureux changemens dans le cours 



a 



426461 



des derniers règnes , surlout depuis que la cour 
impériale de Russie a pris ces deux provinces 
sous sa protection et, qu*en vertu de ses 
traités avec la Porte, elle y exerce tine sur- 
veillance salutaire, Cest ce qui ma déterminé 
dy ajouter quelques notes qui suffiront pour 
faire connaître aulecteur,les divers changemens 
survenus dans le régime administratif de ces 
provinces depuis l'époque où cet ouvrage a paru 
pour la première fois , en italien. Comme on 
n'a rien écrit , à ma connaissance , depuis plus 
de vingt ans sur ces deux principautés, cet 
ouvrage , excellent au fond , aura , au moyen de 
ces légères additions, tout l'attrait et tout le 
mérite de la nouveauté. Si le public daigne 

accueillir favorablement ce premier tassai, j'au- 
rai l'honneur de lui offrir incessamment une 
histoire particulière de la Moldavie , qui s éten- 
dra jusqu'à l'époque fatale où cette fertile 
contrée a été le théâtre d'une insurrection 
dont elle a , la première , supporté tout le 
poids, et dont les conséquences lui ont causé 
des maux incalculables* 



•• • 



INTRODUCTION. 



JM ous devons aux historiens grecs et latins, et 
surtout aux Bizantins 5 les détails que nous pos- 
sédons sur les peuples anciens qui ont ha}3Îté 
au-delà du Danube ou qui , dans le cours des 
siècles, sont, après la décadence de lempii-e 
Romain , sortis de la grande Asie et ont inon- 
dé FEurope. Malheureusement ces notices 
sont rares , et les modernes qui ont essayé d'é- 
isrire l'histoire des peuples appelés Barbares, 
et tenté de découvrir leur origine, nont fait 
souvent que présenter des suppositions in- 
cohérentes et dépourvues de preuves ; ils ont , 
la plupart du temps, suppléé, par les res- 
sources de leur imagination , et par une élo- 
quence pleine d'enflure, à la vérité et à la 
simple exposition des faits. En général les his- 
toriens latins plus sages, à mon avis, et plus 
modérés que les grecs, ont dédaigné la fiction 
^t se sont contentés de dire ce qu'ils ont cru 
vrai ou probable. Les grecs anciens, pleins 
de vanité nationale, se sont laissé emporter à 
la fougue de leur imagination, et, dédaignant 
d'apprendre les langues étrangères , ont regardé 
avec mépris tous ceux qui ne parlaient pas la 



a * 



>«. 



leur. Ds ont corrompu tous les noms et les 
mots qu'ils citaient au besoin, et ils regar- 
daient conmie injustes et barbares les lois et 
coutumes qui n'étaient pas conformes aux leurs. 

Les Bizantins, après eux, tout en conservant 
la vanité des premiers, se montrèrent beaucoup 
plus ignorans; ils exagérèrent constamment les 
victoires de leurs princes et s'attachèrent à dé- 
nigrer, à qui mieux mieux , les faits des des- 
tructeurs de leur empire. 

L'admiration ( quoique cette asseition pa- 
raisse singulière ) , doit cesser quand on veut 
examiner d'un œil impartial ce que les histo- 
riens modernes disent, ou racontent des di- 
verses nations plus rapprochées de notre âge 
ou même Contemporaines. Tous les écrivains 
qui pai'lent des Aiabcs ou dc5 Turcs , ne nous 
présentent que des fables dictées par la haine 
religieuse. La Valachie , la Moldavie, riUyrie 
et la Russie même sont moins connues que 
l'Amérique , quoique faisant partie de la famille 
européenne. Cependant une gtande partie de 
rEuro[)c est habitée par des nations ttt^s civi- 
lisées, et ((Ui ont produit beaucoup d ccri\^ains 
sages et éclairés. On voyage à l'envi pour s'ins- 
truire et l'on imprime journellement les ob- 
aervationi de§ * voyageurs. Le premier écueil 



ix 

que Ton rencontre dans les pays étrangerrf^fest 
la langue qui , souvent , dérive d'une plus aurr . 
cienne. Le défaut de connaissance des langues 
empêche de juger de tant et de si différentes 
coutumes et usages reçus qui, souvent, influent 
sur le caractère d'une natiqn. Le second in^ 
convéjàient est que Ton séjourne beaucoup trop 
peu dç temps dans les villes étrangères , pour 
pouvoir se fornjer la moindre idée du plus 
petit pays, et, à plus forte raison, de vastes ré- 
gions gouvernées , évidemment , par un seul 
souverain, mais habitées, en eflfet, par des 
peuples dont le génie et les coutumes diffé- 
rent. 

Le long séjour que j'ai fait dans les Etats 
Ottomans, la connaissance de la plus grande 
partie des langues tant anciennes que moder- 
nes de ce peuple, m'a: encouragé d'écrire ce 
que j'ai observé d'important et digne de la> 
curiosité publique parmi les Turcs, Je me 
borne cependant , pour le moment , à réyijir 
dans mu cadre et à présenter au3c regards du 
public ce que j'ai pu recueillir de plus inté- 
ressant sur l'état, les coutumes et les particu- 
larités des hpbitans de ces provinces , dans le 
cours de onze années de séjour en Valachie 
.et en Moldavie, exposant ce que Ton peut 



savoir de leur antiquité et ce que j ai cru né- 
cessaire pour rinstrtiction et le plaisir du lec- 
teur. 

La Transyl\îanie, la Valachie et la Moldavie 
étaient comprises par leô Romains sous le nom 
général de Dacîe^ et les habitans regiardés 
comme hardis et belliqueux (i ). Je ne puis dire 
s'ils furent indigènes , issus de peuples plus 
éloignés [i] , ni à quel degré de civilisation ils 
étaient parvenus (3). Les Romains, après une 
guerre longue et opiniâtre, ayant vaincu le roi 
Dëcébale^réàviisiterit ces contrées en provinces 
romaines et y envoyèrent de nombreuses co- 
lonies. Trajan fit bâtir , sur le Danube , un 
pont de pierre qui unissait une de ces deux 
provinces ( c'est-à-dire, la Misie, aujourd'hui 
Bulgarie ) avec le bannat de Crayow. On cons-^ 
truisit la voie consulaire qui traverse les Car- 
pathes au défilé appelé aujourd'hui Tourrouge^ 

(i| TacUojà& Morib. germ. 

(2) On trouve dans ces provinces beaucoup d'aiicieilnes mon- 
naies d'argent d'Amiiitas et de Philippe, ^is de Macédoine. 

(3) Si le valet Dai^o, introduit dans la comédie antique et 
qui fut toujours un rôle de bas comique , était un esclave pris 
en Dacie, comme plusieurs le prétendent, il faut convenir que 
ces peuples étaient peu de chose , ou du moins regardés comme 
tels par les )ialions civilisées. , 



x 



et qui fut prolongée jusqu'à Bender ( i ), comme 
on le voit par les ruines qui existent encore. 
Ce sont là , peut-être , les seuls ouvrages des 
Romains, dans ces contrées. 

La Dacie fut divisée en trois provinces; sa^ 
voir^ Dacie montagneuse^ riveraine et /w% 
tojenne. Les mines abondantes de métaux, 
renfermées dans le sein des monts carpathiens 
furent creusées, et Ton en reûèontre journelle-^ 
ment des vestiges (2). Il est probabk qu ils ea 
tiraient encore d'autres avantages puisque leurs 
colonies furent si nombreuses (3). Il est certain 
que la langue italienne devint , peu de temps 
après que les Romains en furent les libres pos^ 
sesseurs , commune et unique même à ces con- 
trées (4) et elle s'y conserve encore à présent 
quoique fort corrompue. 

Les Slaves ayant commencé dans le second 
siècle de l'ère vulgaire à faire leurs incurstom 

(i) L'empereur Charles VI, après la ccmquéte de Crayow, 
en 1718, acheva cette route qui n'était que commencée. 

(2) Un auteur Transylvanien a écrit sivrces nrnies un opus- 
cule fort curieux. . 

(3) Ou prétend qu'on y fit passer de Rome beaucoup de 
courtisanes et de gens de mauvaise vie. 

(4) Adrien, pour fermer aux barbares qui étaient proba- 
blement Slaves, le passage en Misie, détruisit le pont bâti par 
son prédécesseur. 



en Europe et à attaquer Tempire romain , pa- 
raissent avoir fiaë leur quartier-général dans 
ces deux provinoes, et dans la Bessarabie, qu'ils 
trouvèrent aussi commodes par leur position , 
quWantageuses par la facilité de s y procurer 
des vivres. Il paraît que les hordes nombreuses 
on tribus de ces nations , toujours poussées p^r 
le génie des conquêtes , s'étant avancées peu à 
peu vers le midi, abandonnèrent ces lieux à 
d'autres troupes de barbares qui , mues par le 
même principe et sollicitées par le même be- 
soin, leur succédèrent. 

n est certain que , pendant plusiçi|rs siècles 
les Moldaves et les Valaques unis aux Slaves 
Bulgares, poussèrent ^eurs exciu-sions jusqua 
Andrinople et même Constantinople (i). De 
tout ce qu^on trouve dans les auteiu^s de l'his- 
toire Byzantine qui, par incident , font mention 
de cette pation , on peut conclure qu elle fut 
uniquement occupée de Tart pastoral et de la 
guerre. H est dona impossi^e , et il serait fort 
peu intéressant, de vouloir tracer une histoire 
suivie de peuples qui, pendant plusieurs siè- 
cles , adonïiés à la rapine et à Toisiveté , ne pou- 
vaient avoir d'autre caractère que cçlui que 

(i) Voyez l'histoire Byzantine. 



Xïlj 

donne un tel genre de. vie , puisqu'un climat 
très froid et très humide rend plus propre aux 
&tigues du corps qu a la culture de l'esprit. 

Dès que l'Asie fut épuisée de tant de nations 
belliqueuses et particulièrement des Slaves dont 
il n'existe plus maiutenant aucune trace dans 
ces contrées j une autre nation plus lointaine et 
plus nombreuse , connue sous le nom de Tar^» 
tares , Commença à s'approcher de l'Europe. 
Semblable à un torrent rapide elle inonda la 
partie méridionale de l'Asie et pénétra jusqu'aux 
confins de l'Italie. Gengiskan , après avoir con- 
quis l'Inde et la plus grande partie de l'Asie , 
tourna ses regards vers l'Europe où il expédia 
de nombreuses troupes qui firent deux irrup- 
tions dans la Hongrie et la Dacie, en i233 
et 1236. 

La Valaehie, et la ]\Ioldâvîe ( appelée alors 
Cumanie ) avaient alors leurs princes particu- 
liers ou chefs nationaux, qui étaient souvent 
en guerre avec les Hongrois leurs Voisins. Pour 
se soustraire à l'esclavage et pour éviter de tom- 
ber sous le joug de ces nouveaux barbares, ils 
se réfugièrent eux, leurs sujets et leurs bestiaux 
dans les états et sous la protection des rois de 
Hongrie qui prirent alors le titre de prince de 
Cumanie et de Valachie , et y envoyèrent leurs 



XIX 

juges pour régler les affaires contentieuses de 
ces peuples. 

Les incursions des Tartares ayant cesse, 
parurent^ sous les règnes de Bela et de Liouis I«', 
rois de Hongrie, et sous leurs auspices, deux 
chefs de cette nation Valaqùe retirée en Tran- 
sylvanie. Ik furent chargés de repeupler Tan - 
tique patrie , et prirent le titre Slaye de F^ai- 

Radoulo ou Rodolphe le Noir, s'établit le 
premier et occupa le terrein situé entre le Siret 
et VAJut ou rOltau, et qui est aujourd'hui la 
Valachie proprement dite. Un autre petit dis- 
trict fut gouverné par un autre vaivode Va- 
laque (i), mais cette partie fut bientôt incor^ 
porée à la plus grande et à la plus forte portion. 
Le bannat de Crayow^, qui forme aujourd'hui la 
basse Yâlachie, demeura feudataire de la cou- 
ronne de Hongrie, et fut donnée aux chevahers 
de St. Jean de Jérusalem, qui en étaient les 
bans ou vice-rois, à la charge, par eux, de 
protéger les pèlerins qui passaient d'Allemagne 
dans la Terre-Sainte. 11 est de fait que l'on 
trouve encore aujourd'hui beaucoup de pierres 
où la croix de cet ordre miHtaire et sacré se 
trouve sculpté. 

( I ) Frais dans ses disserUtions. 



XV 

Radoulo et ses successeurs élevèrent ou res- 
taurèrent différentes villes cpii ont été êuccès- 
sivementla demeure des vaivôdés; de ce iiom- 
bre sont : Campolongo , Curti d'Ares ^Ter- 
gowiste et Bucharest. Il est probable qu il 
était de la race des despotes où princes slaves de 
la Servie 5 parce qu'un deses successeurs nommé 
Dan Bassaraba^ son neveu, parvint ^ sans 
opposition , au trône de Valacbie et le tf aiismit 
à sa postérité. On voit par leurs noms qu ils 
étaient Slaves , car ils se servaient dans leurs 
diplômes ( i ) , dans les inscriptions lapidaires (2)* 
ainsi que dans la lithurgie , de la langue slave qui 
était commune à toute la nation Valaque. D'où 
il parait que les princes et les boyards (3) ou 
nobles étaient Slaves descendans des dernier fe 
conquérans ; les sujets Valaques descendaient 
des Romains et des anciens Dâces. Les tableaux 
qu on voit dans la plupart de leurs égÙses bâties 

(1) On voit sur la porte de PégUse de Curti d'Argis , bâtie 
|)ar Niagul Baasaraba, en i5iS^ deux insctîpiîôdis en pierre^ 
l'une en langue slave et l'autre en vala^ue. 

(2) Dans le palais épiscopal de Bucharest on conserve le 
registre des diplômes accordés au monastère , ils sont tous en 
langue slave. 

(3) Boyard signifie guerrier et correspond au mot latin 
Miles. Il fut en Europe, dans le moyen âge, un titre hono- 
rifique. 



ejï mémoire de quelque victoire , les représen- 
tent habillés à la hongroise^ 

f^ogdariy autre chef qui demeurait dans le 
voisinage, rassembla se§ Valaques et ^'établit 
dans la Cumanie qui commença à s appeler 
Moldavie 9 probablement du nom d'un petit 
fleuve qui la traverse , et ensuite Bogdania , 
i>om que lui donnent encore aujourd'hui les 
Turcs, n bâtit plusieurs villes cpmme Sprrocca , 
Romanow et Jassy. 

On trpuvçra séparément l'histoire chrpnolq- 
gique des princes qui ont régné sur ces deux 
provinces. Mon dessein est de donner actuel- 
leqient b^m lecteur une idée générale des chan- 
gemens et réyolutioiis arrivés dans le gouverr 
nement, 

. Quoique les deux vaivodes fussent , dans le 
principe, vassaux et tributaires des rois de 
Hongrie auxquels ils reconnaissaient devoir la 
conservation de leur nation , cependant dès que 
leur étoblissiement acquit qxielque force et quel- 
que consistance, ils commencèrent à secouer 
ce joug et ils se liguèrent entr'eux , et avec 
d'autres peuples voisins et rivaux des Hongrois, 
poiu* leur résister à main armée. 

La Pologne si voisine de la Moldavie s'est 
immiscée , de tout temps , dans les affaires de son 



xvij 
gouvernement pour opposer son influence à 
celle de la Hongrie ; d'un atiti'é côté la puis- 
sance des Turcs s'étant âccriié après la destruc- 
tion dé lempire grec, lé goût de ce peuplé pour 
les conquêtes s'étendit aii-delà du Danube et ils 
commencèrent d aspirer à la possession de la 
Valachie et de la Moldavie qil^ils regardaient 
comme une proie facile et avantageuse. 

Les princes et les nobles dé ces deux pro- 
vinces 5 naturellement inconstaris , et d'ailleurs 
peu pruderis 5 profitèrent de cette occasion potuf 
se soustraire entièrement au joug des Polonais 
et des Hongrois. Ils cominencèreîlt à se liguer 
qvec les Turcs, et leur jpâyèrétit tui tribut. 
L'ambition de la noblesse contribua beâutoup 
à soumettre totalement à la Porte-Ottoniàûe ces 
deux principautés. Après la mort, de Louis H 
qui fut tué en 1 526 à la bataille dé Mohac, 
gagnée par les Turcs , les Hongrois se trouvant 
sans chef 5 occupés d'ailleurs de leurs affaires 
domestiques, négligèrent celles de leurs voisins. 
Les boyards Valaques, particulièrement dé- 
gagés de ce frein, et qui, déjà, peu d^années 
auparavant s'étaient opposés aux dispositions 
testamentaires par lesquelles Niagul Bassa- 
raha laissait le trône à son fils Théodose , en- 
core enfant, aspirèrent au gouvernement, et 



XVllj 

pour y parvenir, quelques-uns d entr eux eu- 
rent Fimprudence de recourir à la protection 
de la Portç-^Ottomane qui, devenue prépon- 
dérante dans cette contrée , saisit avec empres- 
sement cette occasion , d y étendre sa domi- 
nation qu elle a conservée et conserve encore 
sur la Valachie et la Moldavie depuis: cette 
époque. 

Quelques princes, il est vrai, tels que le 
célèbre Michel de Valachie , qui fut généralis- 
sime de Tempereur Rodolphe H, cherchèrent 
ensuite à secouer le joug, mais ces tentatives 
ont été infructueuses, parce quelles étaient 
fondées sut le génie et le courage d'un seul 
homme et qu elles n'étaient point secondées par 
les forces nationales. 

La Porte accorda prudemment aux boyards 
Valaques et Moldaves le privilège de nommer 
leurs princes, lorsque le trône viendrait à va- 
quer. Les Valaques ont joui de ce privilège 
depuis Fan i5ao ju^ijua Tépoque du supplice 
de Constantin Brancowany qui fut décapité 
à Conslantinople en 1 7 1 4? -et les Moldaves l'ont 
conservé jusqu'à la rébellion, et la fuite en 
Russie, du prince Cantemireen 171 1 (i. 2}. 

(1)^ Les révoltes qui ont eu lieu à dififérentes époques, et les 
troubles qui précédaient et qui accompagnaient toujours l'élec- 



XlX 



L'abus qu'on a fait île ce privilège, a coûté 
la vie à un grand nombre de princes et la liberté 
aux deux nations; dans le cours de deux siècles 
la concurrence au trône a occasioné des guerres 
civiles presque continuelles j il suffit de dire que 
pendant cet intervalle il y a eu environ qua^ 
rante princes en Valachie et presqu'autant en 
Moldavie. 

Soit que la Porte ne voulut pas mécont^iter 
les empereurs -rois de Hongrie ainsi que la Po- 
logne, soit par d'autres motifs, elle ne prit paft 
immédiatement possession de ces deux pro- 
vinces (i) et se contenta de les avoir pour 
tributaires ; mais pour mieux y dominer , au 
lieu d'arrêter les désordres causés par l'ambition 
des prétendans au trône, elle les foiouentait, 
au contraire, en envoyant à celui qui demeurait 
vainqueur dans le conflit, l'investiture de la 

• tion^ oBt ftrvi de prétexte à la Porte pour enlever ce droit 
aux deux principautéa. ( Note du Traducteur. ) 

(2) Quoique la Porte se soit arrogé depuis cette époque le 
droit de nommer elle-même pour ces proTinces, et d'y eiw- 
voyer des bospodars qui sont toujours les drogmans du IXyan 
dont on récompense ainsi les services , cependant depuis les 
derniers traités avec la Russie, ces princes doivent être recon- 
nus par la cour Impériale et ne peuvent être déposés sans sou 
consentement. ( Note du Traducteur. ) 

(1) n est bon d'observer que les tentatives et les incursions 
des Turcs à difiérentes époques ont eu peu de succès. 



if 



principauté (i) consistant en une pelisse, le.4 
sceaux 5 deux queues ^ une épëe et le topouse 
ou masse ferrëe(2).Enfin voyant ces deuxpro* 
viûces dépeuplées et désolées, elle ^ se déter- 
mina, après la déposition de Brancowan, à 
nommer un prince, sans consulter les boyards, 
comme elle l'avait fait quelque temps aupara- 
vant en Moldavie. Celui-ci était réellement 
Valaque de nation, mais peu de temps après , 
la Porte le priva du trône , lui ôta la vie , et lui 
donna pour successeur un grec de Cbnstanti- 
nople , et elle a continué jusqu'au moment ac- 
tuel de le donner à des grecs (3). 

(i) Je décrirai plus loin les £!érêiti6me0 qui s'obselrvaieitt 
lorsque l'investiture de la pripcipauté était donnée à un grec, 
■ainsi que Yallaye^ ou iharché triomphale du piince à Gons- 
tantinople. ( Note du Traducteur. ) 

(2) Cette masse ressemble à un sceptre , elle est terminée à 
l'ime de ses extrémités par un pommeau très pesant et recou- 
verte dans toute son étendue de lames d'argent sculptées et 
enrichies de diamans, surtout dans le pommeau; le prince avait 
le droit d'en frapper même les boyards, c'était mie espèce de 
peine infligée pour certains délits^ mais au reste peu usitée. 

( Note du Traducteur. ) 

(5) L'érudit P. PraU dans ht^ Dissertationa historiques 
critiques sur les Huns j avance (Dissertation Y I paragraphe lY ) 
qu'après la prise de G)nstantiiiople les Turcs envoyèrent , pour 
gouverner la Yalachie et la Moldavie , des grecs orientaux 
descendans des empereurs de G)nstantinople , afin de les con- 
soler en quelque sorte de la perte du tr5ne} mais on ne trouve 



!X3lj 

Nicolas Mavrocordato, fils du célèbre Aie* 
xandre Mavrocordato , plénipotentiaire au traité 
de Garlowitîf, fut le premier grec créé par là 
Porte^ttomane prince de Valachie. Il serait 
impossible de dire s'il àe conduisit* d'après des 
ordres particuliers, s'il voulut flatter le goût de 
son souverain ou satisfaire son propre génie qui 
était très malveillant 5 mais il fut le Néron de la 
Valachie 5 et il étouffa un restei de liberté, dont , 
malgré le joug oppressif qui les accablait, les 
boyards Valaques et Moldaves jouissaient encore; 
il lés dépouillait de leurs biens et leur était la vie. 
Pendant le temps qu il fut en Moldavie, il avait 
fait fortifier Tancien château de Chottin situé 
sur les rives du Niester. Après sa mort, il eut 
pour successeur son fiils , Constantin le jeune , 
dont le règne fut très court et qui fut renversé 

dans riiistoîre , aucune trace ie ce fait. On sait seulement q^e 
dans le siècle dernier , detbc Grecs ou plutôt deux Albanais 
Ducas et Ghika,gexi& à.t bàâse extraction qiii s'étaient élevés 
dans l'adminiistration des deux principautés, ont, ainsi que 
deux Cantacuzènes (*) nés en Valacliie de parens grecs, et 
qid avaient pris cô nom illiistre , Dieu sait sur quel fondement , 
régné sur les deux provinces. 

(^) n existe encore en Russie des descendans de la famille 
"des Cantacuzènes , et deux princes de cette maison ont été au 
service de cette puissance. On ne saurait révoquer en doute 
leur origine , puisque letirs diplômes sont reconnus par la cour 
Impériale. ( Note du Traducteur. ) 

b 



Xxij 

par un autre parti de Grecs du Phanal , les- 
quels avaient commencé à goûter les douceurs 
et les richesses du gouvernement de Valachîe 
et de Moldavie. La nation grecque devenue es- 
clave dejs Turcs, et avilie depuis plus de deux 
siècles^ avait perdu toute idée de noblesse et 
de grandeur^ et se contentait d'exercer , à Cons- 
tantînople, le commerce ou les arts mécaniques. 
Par une combinaison étrange, et pour quelques 
iservices rendus au fameux grand-visir Kiuperii 
au sièee de Candie , comme interprète de la 
langue italienne, un grec nommé Panàjotti y 
fut ,1e premier, nommé drogman de la Porte* 
Ottomane, poste qui avait été d'abord occupé 
par quelque renégat. Par une autre singularité 
non moins frappante, à sa mort, un autre grec 
nommé Alexandre Mavrocordato, originaire de 
Scio, homme plein d'ambition et de capacité, 
instruit dans les langues européennes et dans 
la médedne qu'il avait étudiée à Padoue, et qui 
lui avait procuré crédit et protection auprès 
des ^ands de la capitale , se trouva propre à 
remplir cet emploi (i). 

(i) Le seul moyen de s'enrichir ponr les grecs du Phanal , 
et celui par lequel beaucoup d'enti'eux sont parrenus à des 
emplois importans /était depuis ce temps ^ la connaissance des 
langues européennes que les Tixrcs ne peuvent pas ou ne dai- 
gent pas se donner la peine d'apprendre. ( Note du Trad. } 



La charge de premier interprèle et les deux 
principautés réveillèrent l'ambition «t Fesprit 
d'intrigues naturel aux GreOs, Beaucoup d en-^ 
tr euK envoyèrent leurs enfans étudier la mé- 
decine en Italie; d'autres mirent les leurs au 
service des nouveaux princes grecs, de sorte 
qu'en peu de temps ils acquirent des connais-^ 
sauces, des richesses et un crédit égal à leur 
capacité; maïs comme peu d'entr'eux pou^ 
vaient aspirer au drogmanat , et delà parvenir 
à la principauté, et que tous briguaient, ce- 
pendant, ces deuy dignités, ils commencèrent 
à cabaler auprès de la Porte pour les oibtenir, 
ce qui réduisit les principautés à une ferme, et 
le rang d']iospodar à un riche fermier que celle- 
ci vendait au plus offrant. Ux\ grec noiùmé 
Staçragui, étranglé soug le règne du sultan 
Mustapha, et qui n'était que simple agent des 
deux principautés , commit des vexations telles 
qu'aupup tyran n'en a jamais exercées de par 
reilles;tant il est vrai que, dans tous les temps, 
les esclaves qui, à l'ombre de la foveur des 
princes, acquièrent de l'isiutorité , ont été les 
plus odieux et les plus cruels oppresseurs du 
genre humain. On ne l'a vu que trop souvent 
du moment que les Grecs ont gouverné ces 

malheureuses provinces. H serait fastidieux de 

■ b * 



raconter les détours et les inji^|ices des Grecs 
du Phanal pour soutenir ou pour élever un 
prince qui n'était lui-miême çie la créature et 
rinstrument d'un ministre ou d'un agent près la 
Porte; il suffit de dire que beaucoup ont ter-, 
miné leur existence p^ff le lacet ^ qu'aucun gréa 
n'est devenu riche (i) et que les deux provinces 
ont été ruinées et presqu'abandonnées (2). 

(1) Us auraient certainement pu s'enriphi^;, car les charges 
des deux principautés étaient assez lucratives , mais le luxç et 
la profusion leur faisaient dissiper leur fortune en. moins de 
temps quHls ne l'avaient acquise. ( Note du T^aducteip:. ) 

(a) ËniMnération des Grecs ^ Yalaques et Moldaves. qui pnt 
été pendus et décapités dans le siècle dernier, p<)ur o^use des 
deux principautés. 
1714. Le prince BrancowanjqvLatre fils et un. boyard nomméi 

Vacaresculo. 
1716. I^e prince Cantacuzèn^ et son père, . 

L'archêque de Valachie, noyé, 
lyig. Jean Mai^rooordato y prince de Valachie, empoisonné. 
1737. Jean Ypsylanti^ chef des pelissiers à &)nstantinople^ 

couche des princes Ypsilanti , pendu. 
1740. Constajitin Ghlka, drogman dé la Portç, décapité. 
1760. Jean SouizOy frère atné du prince Michel' Soutzo, peudu« 
1765. Stapraquiy agent des deux principautés, pendu. 

Un peu auparavant dçux boyards Yalaques et trois 

bourgeois, assassinés par son ordrç, à Bucharest, dans 

une sédition. 
1769. Grégoire Callimaquiy prince.de Moldavie, décapité, 

Nicolas SoutzOj drogman de la Porte, décapité, 
^777, Grégoire Ghihay prince de Moldavie,. poignardé à Jassy 

par un capoudzy. 






XXV 

Les boyards^ et surtout ceux de Valachie, 
ont pris, sans en. avoir Tespritet le génie, les 
vices des Grec» gui copiaient ceux des Turcs , 
et Ton peut dire deux ce. quç disait 1^ grand 
historien des Bretons : 

« Ils se complurent €nsuite à se vêtir comme 
M nous, à îmit<^r nos manières; ils adoptèrent 
» Tusage des bains, les travestissemens, les 
« sôciëtés , etc. » 

Les princes et leurs ministres, afin d'empê- 
cher les boyards de porter leurs plaintes à la 
Porte , leur ont non seulement défendu toute 
correspondance avec les étrangers, mais ils ne 
leur permettent pas même de sortir de la ré- 
sidence princière , pour aller dans leurs terres , 
craignant quils ne s'échappent et n'aîllent à 
Constantinople. Us ont accordé la liberté aux 
paysans qui sont au service des boyards et des 

1778. Le visfiàpe Bogdany descendant des princes de Moldavie 
que le prince Morousy fit décapiter à Jassy ayep un autre 
boyard. 
1786. Pétraqui de la Zecca y décapité. 

Quoique les exécutions aient été moins fréquentes depuis 
l'époque où les princes de Valachie et de Moldavie sont nom-^ 
mes pour sept ans , il y a cependant eu quelques princes grecs 
décapités, tels que les Hangerly y Alexandre Soutzo en 1806 
et Démêtrius Morousy en 1812 > mais leur/ hkh^ se ^lattache 
plilt6t à des causes politiques qu'à desintrigiir ^ 

cipautés. ( Note du Tradi* 



xxvj 

nOmbreiK monastères, mais c'était plutôt afin 
de les avôit* entièrement à leur dévotion que 
par un motif d'humanité. Enfin il est défendu 
aux boyards de lire les journaux et d'avoir des 
nouvelles extérieures (i), 

La coui* de Russie ayant, en 1782, établi un 
consul datiistes deux prineipaiités , et un cour- 
rier ventre Cdiistaritînople et St. Pétersboure , 
qui passait deux fois par mois par peftç route , 
les deux princes employèrent mille moyens 
pour empêcher que l?^ Porte ne reçût les lettres 
des paysans. Les boyards Moldaves plus en- 
treprenans et plus unis eritr'eux ne se sont pas 



(1) Cette défense peut avoir existé sous les règnes d^ quel- 
ques princes fort soupçonneux et fort peu instruits comme la 
plupart de ceux qui ont régné dans le siècle dernier; ma^ 
dès que les bienfaits de la civilisation s'étendirent dans les 
classes supérieures de ces contrées par les soins de quelques 
princes piiilantropes , les lumières s'y répandirent égalem^it, 
et la noblesse jouit d'une honnête liberté à cet égard. Les 
boyards en ont profité pour faire élever leurs enfans dans les 
langues et les sciences de l'Europe , sous les derniers princes; et il 
est à présiuner que ces deux provinces , qui avaient déjà, dans 
l'espace de vingt ans, fait de si grands pas vers la civilisation , 
se seraient encore avancées davantage sans les fàcbeux événe- 
mens qui viennent de se succéder, et qui, en dispersant la no-* 
blesse, ont éloigné les' soutiens et les protecteurs des établisse-r 
mens d'instructioii , et détruit les élémens de félicité publique» 

( Note du Traducteur. ) 



XXVÎ} 

laisse si fort opprimer , et out conservé le dix)it 
de résider dans leurs terres , quand ils n ont pas 
d'emploi public. 

Voilà comment la Yaladùe et la Moldavie ^ 
d'un état monarchique indépendant passèrent 
d'abord à celui d'une olygarchie féodale ^et sont 
enfin tombées sous le joug du despotisme lé 
plus destructif, c'est-^-^lire^de princes étrangers 
esclaves d'un gouvernement absurde et tyran- 
nique. 

Dans le traité dé paix conclu entre la Russie 
et la Turquie à Kaynardzj le 21 juillet 1774^ 
il existe, en faveur des deux principautés, un 
article que l'on trouvera inséré dans cet ou- 
vrage. C jest en vertu de cet article que le coy 
lonel Peterson , ambassadeur de Ru^ie à Cons<- 
tantinople, fit expédier aux deux nouveaux 
princes de Valachie et de Moldavie un halts^ 
cherifoxx diplôme signé de la main même du 
Grand-Seigneur , et dans lequel , indépendam^ 
ment de beaucoup d'autres privilèges, il était 
expressément dit que la Porte ne changerait 
point les princes sans de graves motifs et sans 
.en donner connaissance à la Russie. Cependant 
trois ans après elle fit , par le moyen d'un de 
ses sicaires , assassiner par trahison Grégoire 
Ghika, prince de Moldavie, et recommença 



xtviij 

de changer lés princes à son gré et à Finsu de 
la Russie. EUe accabla de contributions exces- 
sives les deux principautés , surtout en cornes^ 
tibles. Là cour Impériale de Saint Pétersbourg 
fit, conjointement avec celle de Vienne, dès 
représentations sur cette conduite injuste et 
illégale, et obtint, en 1784^ un nouveau pri- 
vilège semblÊd3lè au premier, et dont on trou* 
vera ci-après la traduction. 

Nonobstant tout cela, la Porte changea là 
ïnême année le prince de Moldavie , sujet ex- 
travagant qu a tous égards eUè n'aurait jamais 
dû élever à un tel poste. Peu après Michel 
Soutzo , prince de Valachiè (i) homme de bien 
et vraiment estimable pour sa modération , fut 
aussi déposé. On lui substitua, contre l'usage 
qui est de ne nommer à cette dignité que les 
fils des derniers princes ou les drogmans ' 
actuels de la Porte, une créature du capitan 
pacha (2) qui , non seulement devint le tyran de 
la Valachiè, mais qui même, à ce qu'on assure , 
contribua beaucoup par ses instigations à 
ëchauflFer la tête du fougeux grand-visir et à lé 

(1) Grand-père du dernier hospodar de Moldavie. 

( Note du Traducteur. ) 

(2) Le prince N. Mayrogéni dont le règne fut s de courte 
durée. ( Note du Traducteur. ) 



XXIX 

pOrterjalorSjàdedarer la guerre à la Russie. Il 
est probable que les deux princes actuels en se- 
>f ont les victimes , mais surtout les pauvres Va- 
laques et Moldaves dignes certainement d'un 
meilleur sort, et qui, pai' ces changemens con- 
tinuels, éprouvent des maux inexprimables et 
souffrent les plus grandes oppressions (i). 

Dieu juste, daignez un jour délivrer ces 
peuples malheureux d'une si barbare tyrannie ! 
Vous qui leur avez accordé une terre fertile et 
digne d'envie , faites que ses habitans puissent 
en jouir en paix avec sécurité, afin qu'ils bé- 
nissent votre nom (2) ! 

(1) En vertu des derniers traités avec la Russie ; la durée 
du règne des princes est septennaire , cette clause a été rigou- 
reusement observée depuis le traité de Bucharest, malgré les 
intrigues des ooncurrens pour renverser leurs antagonistes. 

( Ndte du Traducteur ) 

(a) On ne peut qu'applaudir à ce vœu qui est celui d'un 
pbilantrope et d'im homme de bien. Cependant celui que 
l'auteur réclame pour ces peuples a été en partie opéré par la 
bienveillante sollicitude de la cour de Russie, et il existait 
avant le traité de Bucharest des réglemens qui ont apporté de 
grandes améliorations dans le sort de ces deux provinces. J'en 
parlerai plus loin en traitant des chapitres auxquels ils appar- 
tiennent. ( Note du Traducteur. ) 



VOYAGE 

EN VALACHIE 



ET 



EN MOLDAVIE, 



^/V%i^%i^^%>»^»»/%'*<^<V 



OBSERVATIONS HISTORIQUES. 



CHAPITRE PREMIER. 

Description topographique de la Valachie et de la 

Moldanfie* 

Ces deux provinces sont séparées de la Pologne par 
le JNicster ; de la Transylvanie et du Banal de.Temes? 
war par les monts Garpathesou Crapacks. Le Da- 
nube les divise de la Bulgarie , et un vaste desleft de 
la Be;5sarabie. Elles présentent^ dans leur ensj^jE^Jle^ 
une superficie fort irrégulière. Les sources ali^oo^ 
dan^s qui découlent du sommet des monts Garr 
pathes forment, du côté de la Transylvanie, des 
limités naturelles. Celles de ces sources situées au 
midi appartiennent aux deux principautés, et celles 
situées au nord sont à la Transylvanie. D'un ipoté 

I 



< » ) 

une aigle^ et del'autre une grande croix de bois y plan-» 
tëes sur le terrein, forment la démarcation. La Vala- 
chie^ qui" est plus méridionale et presque renfermée 
entre le Danube^ forme un arc de cerdie qui a pour 
corde les monts Garpathes ; elle a environ cent lieues 
dans sa plus grande longueur et cinquante de large ; 
des rives du Danube jusqu'au milieu régnent de 
vastes plaines^ et vers le milieu commencent des 
vallées y et des collines agréables qui s'élèvent insen- 
siblement jusqu'au sommet de ces montagnes. 

La Moldavie est d'une (i) forme presqu'octangu- 
laire^ et a environ soixante lieues de diamètre de 
chaque côté, y compris le District de la Buchovine, 
cédé par la Porte-Ottomane à la maison d'Autriche 
en 17^6. Cette cession fut le résultat des sages et 
prudentes négociations du baron de Thugut , inter- 
nonce impérial àConstantinoplejune seule langue de 
terre, renfermée entre le Pruth et le Siret, s'étend 
jusqu'au Danube. Le terrein qui se compose de 
jplaines très étendues, surtout du côté de la Bessa- 
rabie, et de collines, de vallées et de très hautes 
montagnes vers la Transylvanie, est par cela même 
inégal et varié. 

On trouve de tous côtés dans les deux provinces 
de riches p&turages et de grandes forêts. Elles sont 
arrosées par une multitude de rivières et de ruis- 

(1) Elle ne présente plus à prëMut qu'une forme allongée 
depuis que y par le. traité de Bucharest en 181:2, la Russie a 
étendu ses fr6n)jii«s jusqu'au Pruth dans toute la longueur de 
ce fleuve. ( Note Aa txvdooteor ). 



(3) 

saux qui sortent des monts Carpathes y et qui se réu-* 
nissent pour porter leurs eaux en tribut au Danube. 
Les fleuves les plus considérables de la Moldavie^ 
sont^ outre le Niesterqm la sépare de la Pologne^ le 
PnUh et le Siret tous deux navigables^ et qui ont 
leur embouchure à peu de distance l'un de l'autre* 
C'est sur le promontoire d'une presque île formée 
par ces deux fleuves que s'élève le célèbre et l'unique 
port de la Moldavie appelé Galatz (i)^ où abordent 
les vaisseaux qui viennent de Gonstantinople par la 
mer Noire ^ pour charger les diyers produits de* la 
province. 

Les fleuves les plus considérables de la Valachiei 
dont aucun n'est cependant navigable^ sont le Buséo 
dangereux par ses crues subites et la rapidité de son 
cours; le Ribnik (2) dont les eaux sont salées; le 
Jalownitza; le Dombowitza (3) fameux par la salu-' 

(1) Geftttdanscettevillequese manifestirent^en mars iSai^ 
les premiers symptftmes de rinaurrection contre les Turcs qui 
furent massacrés, en se défendant, par ordre de Caravia, l'un 
des chefs, et deux jours avant l'entrée, à Jassy, du prince A. 
Ypsilanti. Le n juillet suivant elle fut encore le tliéâti% d'un 
combat très opiniâtre et très sanglant entré les Turcs et les 
Grecs qui y firent des prodiges de valeur, mais qui furent fc« 
cables par le nombre. ( Note du traducteur ). 

.{a) C'est dans ce fleuve que se noya, sur la fin de la ^frf^jfi^ 
campagne des Russes, en i8iâ, le fil^ 4u çél^bve général Sou* 
VfHQDW. ( Note 4v traducteur ). 

(3) n existe un proverbe valaque qui dit \Dombou*iUa apu^ 
duoe, ci ne hee non êe aduoo ^ dest'-à-dire : I^es mux de la 
Domba^tdêiÊa aont doucWj qui ha boit ne peuiplus les fuifi 



(4) 

brité de ses eaux, et les poissons délicats qu'il pfo-* 
duit. n traverse Bucharest; FArgis et FAloute ou 
rOllau, qui sépare le Banat de Crayow de la Vala- 
chie. Indépendamment de ces fleuves, et de beaucoup 
d'autres, on rencontre à chaque pas des lacs nom- 
breux, et il suffît de creuser dans la plaine à une cer- 
taii!i«r profondeur, pour trouver de l'eau parfaite- 
ment bonne. Les Villes capitales sont Bucbarest en 
Valachie, et Jassy en Moldavie. Foxane est une ville 
célèbre par le congrès qtd s'y tint eu 1772 , entre la 
Turquie et la Russie (i) J le Siret là divise en deux 
parties égales dont chacune appartient à une princi- 
pauté, et formé la limite des deux états. 

CHAPITRE IL 

Dwision de la V^alachie et de la Moldavie. 

La Valachie se divise en Valachie proprement dite, 
qui^'étend depuis Foxane jusqu'à l'Aloute ou l'Oltau; 
et en Banat de Crayow qui est la partie occidentale 
au-delà dece fleuve. Les indigènes appellent la totalité 
Zara Roumahescay c'est-à-dire, empire romain. On 
ai)peUe lès paysans J762/mo/ne^ ou Romanis (a), pour 

n^ftut encore observer que l'or recueilli dans ce fleuve est pur 
et fin. n est à croire que ses soiut^s ne passent pas près de mi- 
néraux qui pourraient imprégner les eaux de particules nuisibles. 
"{1) Les deux autres villes sont célèbres sous le même rap- 
port : Jassy par le traité conclu en 1792^ et Bucbarest par celui 
de 181a. (Note du Traducteur ). 

(a^Le nom de KoumomeytBt devenu^ en Valachie y un terme 
de mépris^comme en Grèce celui de Bomeosêe qui signifie éga-. 



- ( 5). . 

les distinguer des nobles qui prennent le nom de 
Boyards. • 

La première partie se diviser en douze cercles,, o^ 
districts qui sont : FooQane^ Buséo , ^akojdniy Prar 
howay Jalowniza, Dombowiza y IlfoWy Muscello, 
jirgis y TVlaskay TelUormcùn y et Oltout. La seconde 
pai'tie est divisée en cinq districts^ savoir : Rou/ncê- 
nazjTyV'oulciay Sily Gorsiet Mehedinci. 

La Moldavie se divise en vingt cercles qui sont : 
Souccias^a y Campolongo, NemcioUy Romanqw y 
Bacow y Poutnay TecoutZy Coi^ourlouis , ToiUoi^Uy^ 
J^aslouis , Falcii, Grezeni, Lapousna, Orcheij^ 
Sorocca, Czemautz y Dorogoi, Harlow , CaUgha-- 
toura et Zenout de Jassjr (i). 

Il y a trois diocèses en Valachie qui sont Farohe-' 
vêque Métropolitain de Bucharest, Févéque -de 
Crayow, ou de Rimnik^ et celui de Buséo. Il y a, en 
Moldavie, quatre diocèces, savoir :rarchevêque Mé- 
tropolitain de Jassy,révéque de Fcrnauci, celui d<j 
Romanow, et celui de Falci (2). 

lement Romain. YoUk comment les noms les plus illustres et 
les plus respectés autrefois changent de signification !.. . 

(1) La Moldavie ayant perdu presqu'uii tiers de son terri- 
toire par le traité de Bucharest en 1812, et ses frontières étant 
bornées par le Pruth dans toute sa longueur ^ n'est plus divisée 
aujourd'liid qu'en dix-sept Isprawnitcie ou Districts qui sont: 
Jassyj Caligaturaj Cherlow^ Potoschani^DoroscJijoij Chertzij^ 
Faltzi^Vaslouisj Toultowa jCoi^oualouis j Chirtzi ^ Poutna , 
Hanou* j Momanow^NemcioUj Soutzowa et Rémi. 

(NoteduTrad.) 

(2) Les catholiques qui sont très nombreux dans cette 
province, et qui s'élèvent à cinquante mille à peu près, avaient 



• -(6) 

Le patriarche de Jérusalem^ les couvents des 
monts Athos et Sinaï ont^dans tes deux principautés, 
âe nombreuses congrégations qui dépendent d'eux 
uniquement tant au spirituel qu'au temporel. 
' Tous ceux qui ont parlé de la Valachie et de la 
Moldavie , se sont efforcés de trouver l'origine de ces 
deux noms. jQs disent que la seconde tire le sien d'un 
fleuve de ce nom, mais du reste fort peu important. 
Quant à la première, il est certain que Ulahsigniûeen 
Slave Italien ; la Valâchie s'appelle Vùlosèà Sémégla, 
^pii veut dire littéralement Terre des Bœufs. Il ne 
me paraît pas fort important de isavoir précisément 
si ce nôitn lui a été donné par les Slaves , parce qu'en 
entrant dans la Dacie^ ils y trouvèrent beaucoup de 
bœu&, et si ce furent eux qui qualifièrent les Ro- 
mains qui l'habitaient du nom de Vlossiô ou f^assi. 
Si, enfin, ces derniers la connaissaient déjà par ce 

obtenu , dans les temps; Térectiôn d*un évêché qni .était celui 
de Bacow^ et ce siège fut occupé tiois ans; k la mort de l'évé- 
que, la cour de Rome pourvut, de suite, à la nomination d'un 
nouvel 4vêque , inais n'ayant pas pu obtenir du gouvernement 
français qui é^t alors eu possession des Etats romains , des 
passeports pour que ce prélat se rendît à son poste y 
ce siège est resté vacant, et les Moldaves ont regardé ce laps 
de temps comme une renonciation tacite de la part du Saint- 
Siège, et comme un droit perdu par prescription , car en I818 , 
Sa Sainteté ayant envoyé dans cette province un évêquc 
pour administrer la confirmation, non seulement toutes les 
démarches tendantes à rétablir en sa faveur le siège de Bacow 
sont restées sans succès; mais il éprouva même beaucoup de 
difficultés pour remplir sa mission. ( Note du Traducteur ). 



(7) 
nom ou s'ils le lui donnèrent par hazard^ ce sont 
toutes gestions que ]^ laisse à résoudre aux éru- 
dits. 

CHAPITRE m. 

Climat y air et eaux. 

Les deux principautés sont situées à peu près^ 
entre le quarante^uatrième et le quarante-huitième 
degré de la^tude. Malgré cela l'hiver y est long y et 
pour l'ordinaire très rigoureux^ surtout depuis le 
20 décembre jusqu'au 20 février, 

n est cependant plus doux en Y alachie qu'en Mol- 
davie, et quoiqu'il soit vrai qu'en 1779 où la neige 
fut très rare en Valachie pendant un assez long in- 
tervalle du mois de janvier , le mercure était cepenr 
dant descendu à vingt degrés au-dessous de la glace 
dans le thermomètre de Reaumur. Les eaux àxs 
puits les plus profonds étaient gelées y ainsi que le 
Danube jusqu'à six pieds de profondeur; ordinaire^ 
ment dans cette saison le froid se maintient entre 
dix et quinze degrés de ce thermomètre. Lorsqu'on 
voit en automne de fréquentes aurores boréales^ 
cela présage un hiver long et froid. Le printemps, 
qui commence en avril,est très beau. Dans le mois de 
juin régnent les vents de sud ouest (qui amènent 
souvent des pluies abondantes et nuisibles même, 
quelquefois^ aux récoltes ) les orages , les tonnerres 
les éclairs et la foudre. Il est à remarquer qu'ils ont 
des périodes réglées. Le plus souvent,par exemple, il 



t ' 



(8) 

pleuvra tous les jours précisément à la même lieure^ 
et le ciel redevient ensuite pur et serein; dans cette 
saison y quand les chaleurs sont hâtives et que le 
vent du sud-est souffle , succèdent de terrihles inon- 
dations tant du Danube que de tous les fleuves 
des deux principautés. Le vent du midi , humide et 
chaud , fond subitement les neiges 5 cela, joint aux , 
-pluies abondantes, grossit les fleuves qui, comme on 
Ta déjà dit, se déchargent dans le Danube, lequel se 
décharge lui-même dans la mer Noire. Dans le même 
temps le vent de sud-est règne dans les mers de l'Ar- 
chipel, et devient si violent dans le Bosphore, qu'il 
repousse, ou tient au moins en équilible, un volume 
d'eau considérable qui s'écoule ordinairement delà 
mer Noire par ce canal; conséquemment le Danube, 
qui reçoit tant d'autres grands fleuves dans son ht, 
est contraint de refluer ou de s'élever; et sa super- 
ficie, devenue ou égale ou supérieure à celle des 
fleuves tributaires, les retient dans leurs cours; ils 
dépassent leurs rives et inondent toutes les plaines 
voisines. Souvent ces fleuves se réunissent et forment 
des lacs immenses. 

' Ces incidens qui, dans un pays peuplé et civihsé 
seraient un mallieur inévitable, ou du moins une 
chose très nuisible , ne sont que peu sentis et sont 
moins redoutés dans ceux-ci où les terreins sont vas- 
tes , la population peu nombreuse, et où l'on manquer 
d'hommes (i). La fonte violente des neiges produit 

( i ) Dans les pays où l'agriculture est encouragée et où Thonimc 
peut jouir en paix du fruit de son industrie^ la population ne. 



(9) 
un autre effet non moins funeste dans les montagnes; 
l'eau qui filtre à travers les rochers dans les en- 
trailles delà terre, remplit les cavernes qu'elle ren- 
contre jusqu'au point d'acquérir une force répulsive 
bien supérieure à la masse de pierre ou de terre 
qu'elle supporte ; elle la meut , et si cette masse est 
un promontoire situé sur une montagne, elle le pré- 
cipite, dans le vallon , déracine les arbres, et les en- 
traine ainsi que les maisons qui se trouvent à sa sur-' 
face. Dans le siècle dernier, un faubourg de Jaçsy, 
situé sur le penchant d'une colline, tomba tout dpu-^ 
cément dans le vallon sans que personne fût blei^é , 
et les maisons, cjui fort heureusement étaien^. de 
bois, d'ozier et de boue, comme celles des pauvres 
gens de ces faubourgs, ne furent que peu endom- 
magées* 

Dans les mois de juillet et d'août les chaleurs sont 
ordinairement excessives; les nuits sont cependant 

manque pas. Dans ceux-ci , au contraire , le paysan gêné dans 
ses travaux et qui sait d'avance que le produit de son labeur 
ne servira qu'à enriçliir les castes privilégiées , devient indiffé- 
rent au succès de ses travaux , il ne fait aucune entreprise 
fructueuse dont le produit poturraitlui être disputé; et, con- 
tent d'une modique subsistance achetée par mille dégoûts, il 
croupit dans de vieilles coutumes, s'abandonne à l'oisiveté et 
souvent à l'ivresse ; et si le patrimoine de ses aiicêti'es,loiu de 
s'améliorer entre ses mains, ne se détériore pas, c'est qu'une 
vieille habitude lui fait une loi de le transmettre à ses suc- 
cesseurs dans l'état où il l'a /TCçu lui-même. Tel est le sort 
des- pauvi^es agricoles de ces deux fertiles, pi^yinces. 

( ISote du Trad 



(lO) 

toujours fraîches et presque froides. En septembre 
reviennent les pluies; c'est dans le mois d'octobre 
et jusqu'à la mi-novembre que règne la plus belle 
saison^ un air agréable et tempëré^ et un ciel extrême- 
ment pur et serein. L'hiver s'annonce par un vent du 
nord très impétueux appelé Crivaz; il souffle pen- 
dant trois ou neuf jours ^ et amène une grande quan- 
tité de neige qui tombe ordinairement jusqu'à la hau- 
teur de quatre pieds. C'est alors que le& eaux gèlent. 
Plus on s'approche des montagnes et plus le froid 
devient insupportable. La terre gèle si fort qu'elle 
acquiert la dureté de la pierre, et qu'il s'y fiiit des 
crevasses comme dans les grandes chaleurs. 

La Moldavie et la Valachie sont très peu sujettes 
aux tremblemens de terre (i). Les météores ne sont 
ni si universels, ni si fréquens, ni si destructeurs 
qu'ailleurs , surtout dans le plat pays. L'air est géné- 
ralement bon ; les Yalaques et les Moldaves dorment 
tout l'été en plein air ; les maladies chroniques y sont 



(i) n parait qu'ils sont plus fréquents en Moldavie qu'en 
Valachie. D y en a eu plusieurs secousses à Jassy dans le cours 
de 1819; mais aucune n'a égalé celle qui s'est fiidt sentir dans 
la nuit du 5 au 4 février i8ai. Le palais princier qui est bâti 
tout en pierre et d'une construction solide fut ébranlé jusque 
dans ses fondemens. Cette même année 1821 a été remarquable 
par plusieurs secousses plus ou moins fortes , qui ont eu lieu 
pendant les mois de juillet, août et septembre, et qui se sont 
fait sentir à Kisnow en Bessarabie qui faisait autrefois partie 
de la Moldavie. Ces remarques viennent à l'appui de mon 
assertion. ( Noie du Traducteur ). 



(■■) 

peu connues. Les fièvres billieoses intermiUeDtes y 
sont frëqaentes , mais pea nuisibles aux indigènes ^ 
sortont ijùand elles sont abandonnées à eUes-ioémes. 
Malgré tous ces avantages les habitaos sont déjà 
vieux à soixante ans , et surtout en Y alachîe; peu par- 
viennent à leur soixante-dixième année, on en verra 
clairement la raison lorsque je parlerai des cou- 
tumes. 

Sexiste dans les collines en Valachie des sources 
abondantes d'eaux limpides et fort saines; celles 
des montagnes engendrent le goitre. Les. habitans 
d'Argis, stnrtoutj sont si sujets à cette terriblcnialadie 
qu'ils ne paraissent pas faire partie du genre bu- 
main. Ceux qui en sont attaqués ne deviennent pas 
plus grands que de qnati'e pieds environ ; ils ont 
une tête énorme et booffie qui paraît réunie à la poi- 
trine^ et un gros volume protubérant de chair au- 
tour du colj de là vient qu'il sont apboniques (i). 
Les habitans savent qu'il existe dans le voisinage des 
sources d'eaux qui ont la propriété de résoudre et de 
détruire cette nrâladie qui devient héréditaire j mais, 
soit indifférence ou superstition, ils ne se donnent 
pas la peine de recourir aux remèdes pour détruire 
cette difformité si incommode d'aiUeurs. U est cer- 

(i) Les habitans de la Valacliie ne sont pas Us seuls sajets 
à cette afireuse maladie. Dans les nontagnea de ]a Styiie et 
dans le Valaîs , il n'est pas rare de voir de jolies personnes 
défigurées par d'énonnes goitres. Les plu.s maltraités dans ce 
genre, sont les Crétins, espèce de iM^^uetle et dilTirnip ré- 
pandue dans les environs du lac Ab dS^- ( '^«tc du Tiàrl ) 




(12) 

tain que ceux qui en sont attaqués font horreur et 
compassion à la première vue. On trouve même dans 
les plaines des puits creusés qui donnent d'excel- 
lentes eaux^mais en général celles des puits est molle, 
tiède et d'un goût désagréable. 

Il y a diverses sources d'eaux minérales ferrées et 
soufFrées , mais dont on fait peu d'usage. Comme il y 
a des minières abondantes, il s'y trouve également 
de nombreuses salines. En Moldavie où les eaux sont 
plus rares, la meilleure, tant pour les hommes que 
pour les animaux, est celle du Pruth; on la croit même 
fort saine , mais pour la rendre potable il faut qu'elle 
soit reposée et qu'elle ait déposé les particules déterre 
dont elle est chargée. Les habitans des villes ^qui ont 
adopté les coutumes des Grecs, conservent de la 
glace pour rafraîchir les vins et l'eau pendant l'été. 

Comme la Moldavie est plus au nord et que la super- 
ficie de cette province est fort inégale, les saisons n'y 
sont pas aussi régulières qu'en Yalachie; les pluies 
sont plus fréquentes et plus nuisibles pour les biens 
de la terre ; la neige est aussi plus abondante, l'hiver 
long et rigoureux, et souvent l'on voit encore de la 
neige au moins d'avril; je crois que le froid excessif 
qu'il fait dans ce pays provient de ce qu'il n'est ni 
assez peuplé ni assez cultivé, comme aussi de la' 
grande quantité de nitre que contient la superficie 
du sol; enfin de ce qu'il n'est pas couvert de mon- 
tagnes du côté d'où vient le vent de nord-est qui, en 
soufflant, transporte avec lui les particules gelées des 
contrées les plus seplenlrionales de l'Çurope. 



(i3) 

PRODUCTIONS VÉGÉTALES. . 



CHAPITRE IV. 

Joignes. 

La vigne, si utile par son produit, mérite d'occu- 
per ici la première place, tant pour la grande abon^ 
^ dance que pour Texcellente qualité des vins qu'on 
en tire dans les deux principautés. Ceux d'un usage 
plus ordinaire sont les blancs de couleur orangée ; 
Içs rouges ne sont pas tant estimés. On cultive en 
général^ la vigne sur les coUines^ et après les ven- 
danges on la plie et on la couvre de terre. Au prin- 
temps on la découvre , on l'appuie contre des écba- 
lat$ fort minces et on^la taille. En peu de temps elle 
commence à fleurir, et au mois d'octobre le raisin 
est en maturité. Quoique les Valaques et les Mol- 
daves ne soient pas fort ingénieux dans la manière 
de faire et de conserver le vin , il est cependant de si 
bonne qualité qu'il devient potable et clair après la 
première année. Il est .d'abord acide, ensuite il de- 
vient doux et en quelque sorte huileux. Dès les pre- 
miers froids les ri^bes propriétaires laissent ordinai- 
remiéût à découvert un grand tonneau de vin nou- 
veau dont la superficie forme, en se gelant et dans 
l'espace d'une ou deux nuits, une espèce de croule 
plus ou moins épaisse suivant l'intensité du froid et 



( »4) 

le temps que le vin reste exposé à l'air ^ ensuite on 
perce la tonne , on pratique avec un fer chaud une 
* ouverture par laquelle on en extrait l'essence du vin 
dépouillée de ses parties aqueuses j ce vin est très 
clair, a beaucoup de force et se conserve parfaite- 
ment bien. 

Quand le vin rouge est en fermentation , on y verse 
ordinairement une certaine quantité d'absynthe, qui 
lui communique son amertume et lui donne une belle 
couleur deYubis. Ce vin est regardé comme très bon 
pour l'estomac et plaît quand le palais y est accou- 
tumé, mais dans le commehoement il parait désa- 
gréable au goût. 

n serait difficile de dire à quelle espèce de vin 
connu on pourrait le comparer, si ce n^est une sorte 
qui ressemble beaucoup au vrai vin muscat fronti- 
gnan. H est certain qu'ils sont agréables au goût, 
qu'ils ne font aucun tort à la santé, et que , quand 
même on en abuserait jusqu'à l'ivresse, la tête demeure 
libre après que celle-ci est passée. Le vignoble le 
plus estimé de la Moldavie est celui d'Odobesti situé 
près de Foxane ; il produit un vin semblable au 
Champagne et que l'on exporte en Russie (](). Il est 
à remarquer que les vignoUes situés à peu de dis- 

(i) n ne faudxtit pas omcluiM 4e tout cq qu^ ^t )'«i|teur 
sur ces viiis, qu'aucune qualité puwe approche^ d^ vins de 
Fiance. Il y en a d'fiig^bles^ mais en général çeipc de Mol- 
davie sont un peu durs et quelques-uns même ont i^e certaine 
acidité qui ne les rend pas potables pour toutes sortes de per- 
sonnes. ( Note du Tradncteur ). 



/# 



(i5) 

lance du territoire valaque et qui^ autant que j'ai 
pu l'observer attentivement^ sont exposés au midi, 
donnent un vin faible > sans goût et qui se gâte aux 
premières chaleurs. 

En Yalachie les districts de Sacojani et de ilm?- 
nik prés de Grajow produisent les meilleurs vins* 
Une grande partie de ces vins passe en Transylvanie » 
où l'on a l'habitude de les souffrer pour les rendre 
plus généreux et pour qu'ils se conservent plus long- 
temps y mais ils acquièrent, en même temps une qua- 
lité pernicieuse et qui a coûté la vie à plusieurs sol- 
dats allemands , alors en garnison à Gronstadt (i). 

CHAPITRE V. 

Graines diverses. 

Les deux provinces produisent presque toute es- 
pèce de graines et de légumes. Les nlus utiles et 
les plus estimés sont le froment, l'orge , le blé de 
Turquie, les pois, les fèves, les lentilles , etc. Le meil- 
leur froment dont on se sert pour ensemencer et pour 
conserver, se sème en automne. On sème au prin- 
temps celui d'une qualité inférieure, mais c'est pres- 
que toujours par nécessité, quand l'automne a été 
fort pluvieux, que la terre a gelé dès les premières 
neiges, et qu'on prévoit une récolte mesquine. On la- 
boure ordinairement avec six bœu& et l'on creuse. 

(i) Ce fut m'a été attesté par dee vi 
fi pexticdiliiremfiiit par le jénln 



(i6) 

lé sillon très profond. On ensemence pendant nnQ 
année, et on laisse reposer l'autre année les terreins 
déjà en valeur ; ensuite on recommence d'y semer le 
froment, Forge ou le maïs. 

Quand ce sont des terreins nouvellement mis en 
rapport, ce qui arrive souvent, attendu qu'il y en a 
toujours un grand nombre en friche, on y plante; 
dès le printeanps de la première année,des choux ca- 
buts qui deviennent d'une grosseur extraordinaire, 
des concombres excellens. De cette manière , non- 
seùlément on extrait et l'on tempère les sels abon- 
dans que renferme un terrein vierge et abandonné 
depuis très long-temps , maïs encore on détruit les 
herbages qui s'opposeraient plus tard à la produc- 
tion du froment 5 les feuilles de, choux et de con- 
combres, en couvrant les herbes naissantes, s'oppo- 
sent à leur végétation et les font sécher avant qu'elles 
ayent pu produire leurs semences. 

Le grain semé en automne croît de suite jusqu'à la 
hauteur de six à huit pouces, il est ensuite recou- 
vert par les neiges dont lesf plus hautes sont les plus 
favorables; elles disparaissent ordinairement en 
mars, le froment croit alors ritjpidemcnt, et il est déjà 
mûr en juin^ époque où se fait la moisson. On se sert 
de chevaux pour le battre en grange , et on le met 
ensuite dans des fosses creusées en. terre à cet effet. 
Comme le climat de la Moldavie est beaucoup plus 
froid et plus inconstant que celui de la Valachie, les 
récoltes y sont aussi plus incertaines; dépendant ;elles 
sont assez abondantes pour permettre l'exportation 



(17) 

d^une assez forte quantité dé froment. Le maïs, ou 
blé de Turquie introduit le siècle deteier dans ces 
provinces, et que l'on sème au printemps^ réussit à 
merveille. Il est fort en vogue, tant parce qu'il est 
facile à cultiver, que parce que les récoltes en sont 
plus certaines, et qu'il fournit aux honunes et aux 
animaux domestiques une nourriture saine et abon- 
dante. 

Les habitans conservent les épis dans de vastes 
paniers d'osiers qui sont supportés sur des écbalas 
près de leurs habitations, et l'égrènent à la main 
quand ils ont besoin de convertir le blé en farine. 
La qualité du froment est excellente pour la pa- 
nisation , c'est une espèce de milieu entre le grain 
rouge et dur et le blanc farineux ; il se conserve 
sous terre plusieurs années. Cependant le grain qui a 
été ainsi enfoui sous terre n'est pas propre aux se- 
mences. L'orge est pur, beau et parfait ; on le donne 
aux chevaux de préférence aux autres graines, même 
à Tavoine. 

On sème rarement, et en petite quantité l'avoine et 
le s^gle. Je crois que cela vient delà facilité qu'on a 
de se procurer de meilleures graines. 

CHAPITRE VL 

Arbres. 

On rencontre partout, tant dans les plaines que 
dans les vallées et les montagnes , d'immeqses feréts, 
des arbres très hauts et qui sont de la plus grande 



(i8) 

Utilité pour lei usages de la société. Le plus distingué 
est le chêne de la plus belle espèce , qui sert pour Ia 
construction des navires , et pour tout ce qui de- 
mande un bois dur et compact. H y a des chênes qui 
ont deux ou trois pieds de diamètre^ droits et d'une 
hauteur démesurée. 

Les rues de Bucharest «et de Jassy ne sont qu'un 
pont continu formé de madriers ou travées de 
chêne. Quand ce pont est bien construit et l^ien en- 
tretenu^ il est fort commode pour les piétons^ mais^ 
au contraire, il devient dangereux^ surtout pour les 
chevaux, quand il est vieux et qu'on néglige de l'en- 
tretenir. A tous égards l'usage de ces ponts est dérai- 
sonnable , dispendieux et destructif par l'immense 
quantité de pièces de bois dont il est composé, at- 
tendu qu'il doit être renouvelé tous les cinq ou six 
ans (i). 

(i)En.Moldavieyrtt8age est de refaire à neu^ cette chaussée 4 
chaque avènement de règne de Prince. Ou ne peut se faire une 
idée de l'énorme quantité de bois qui entre tant dans la cons- 
truction que dans la rèpariition de ce pont qui est bientôt dèté- 
tiorêpar lagntbde quantité de voitures quiy passent. Les forêts 
de la Moldavie^ quelque nombreuses et quelqu'èpaîsses qu'elles 
soient , seraient bientôt dépouillées si l'usage de cette espèce de 
pavement continue encore longtemps, tl n'y a cependant k Jassy 
que deux rues qui soient pavées de la sorte ^ l'une s'étend de- 
puis le Palais jusqu'à la barrière du c6té de la promenade ap- 
pelée Copeau, et une autre rue transversale qui passe par les 
tnarchés *, tout le reste de la ville n'a point de pavage et est im- 
pratiquaUe pour les piétons une bonne partie de l'année. On 
poumdt suppléer à cet inconvénient par un pavage légulier en 






(19) 

Les sapins ^ qui se trouvent en quantité dans les 
montagnes^ pourraient être employés |>our les tra- 
vées de ce pont(i). On y trouve encore des hêtres et 
des charmes excellens pour la construction des voi- 
tures , des ormes et des frênes de différentes espèces* 
Les tilleuls, les peupliers et le noyer y deviennent très 
grands et très beaux, ainsi que le mûrier blanc dont 
on a fait ensuite beaucoup de plantations pour nour* 
rir les vers à soie^ mais dont la culture n'est pas en- 
core introduite. 

Il y a de mombreuses plantations de poiriers, 
ponmliers^ pruniers, cerisiers, cormiers, lotos ou 
micoucouliers , et d^érables. Dans plusieurs en- 
droits de la Moldavie et du Banat de Crayow, on 
trouve un très grand arbre appelé Tissa. Le bois 
qui est de couleur rouge est très dur; il est très pro- 
pre à la confection des meubles,et peut être employé 
avec autant de succès que les bois d'Amérique. Les 
paysans en font de petits barils et quelques autres 
Yases pour la conservation des liqueurs; ces vases 
sont aussi bons que ceux de verre et d'argile, ^t 

pierre ; mais la première entreprise nécessiterait une dépense & 
laquelle la situation précaire des princes, l'état des finances de 
cette province et Tinsouciance des boyards à cet égard, n'a pas 
permis de penser jusqu'à présent. ( Note du Traducteur ). 

(i) Je ne partage pas l'avis de l'auteur sur la possibilité d'em- 
ployer aux constructions du pont les sapins pour épargner les 
chênes. Tout le monde sait que ce bois, qui est ba^^ 
de peu de durée et ne peut être employé que dans ]«• \ 
tiQus légères. ( Note du Traducteur. ^ 



( ?.o ) 
sont surtout d'une grande utili le en voyage. C'est la 
seule production que j'aie vu sortir de l'industrie de» 
Valaquesf on peut encore ajouter qu'ils font aux 
«apins des incisions pour en recueillir- le goudron, 
dans tous les lieux où cet enduit ne découle pas de 
lui-même, comme je le dirai dans la suite. 

Quoique les deux provinces abondent aujourd'hui 
en bois touffus^ cependant les nationaux , jaloux de 
l'honneur de leur patrie, assurent que c'est fort peu 
de chose en comparaison de ceux qui existaient an- 
ciennement, et qu'ils formaient des forteresses natu- 
]>elles et impénétrables aux ennemis ; c'est à ces avan^ 
tages qu'ils attribuent le mauvais succès qu'eurent 
souvent les armes ottomanes dans ces contrées. Si 
Jk'on réfléchit à l'énorme consommation de bois qui 
se fait pour le pavage des villes, et celle que la Porte- 
Ottomane a coutume d'employer pour la construc- 
tion des ponts sur le Danube à chaque bruit de 
guerre, indépendamment delà quantité qui s'exporte 
à Gonstantinople (i), ou ne doutera pas de la dimi- 
nution actuelle des forêts (a). 

(i) Après la paix de 1774, des coupes de Ixns ont été com- 
mandées presque tous les ans aux deux princes pour la cons- 
truction du pont d'Isackcia ainsi que pour celle des barques. 
Ensuite les commissaires Turcs le vendaient à leur profit 

(2) On pourra facilement se faire une idée de cette eiqpor- 

ttition^dès qu^oii saura qu'indépendament de la quantité exigée 

par la Porte pour la marine et pour les ponts^ la plupart des 

matériaux des maisons bâties sur le Bosphore, et qui sont ye- 

^Kmvelées souvent ii cause des fréquens incendies ; sont to«u 



( ai ) 

Les Yalaques ont cuutuiàd d'arracher «t de faite 
aëcher les racines des arbres qu'ils employent ires 
bien comme bois à brûler; ce bois est de plus longue 
durée et produit un feu plus vif que celui du tronc. 



CHAPITRE VU. 



Fruits et herbages. 



Les fruits de diverses espèces et d'un excellent 
^oùt abondent, sans beaucoup de soin, non seule-r 
inent dans les jardins^ mais encore dans les forets. 
Les pommes appelées dornniasca , qui sont peut-r- 
étre les plus remarquables de l'Europe par leur 
grosseur, leur goût et leur odeur, doivent occuper 
ici le premier rang. Elles se conservent d'une année 
à Tautre et acquièrent^ en hiver ^ une certaine trans* 
parence qui les distingue. U semble qu'elles soient 
naturelles à ce sol puisqu'elles deviennent excellentes 
sans la moindre culture. U s'y trouve d'autres es- 
pèces de pommes qui n'ont rien de particulier, ain^i 
que des cerises, des pécher, des poires, des prunes 
qui y sont très abondantes à moins qu'elles ne soient 
pas cultivées, alors, ce qui est très rare en ce pays, 
tous les fruits, et surtout quand l'arbre est indigène, 
deviennent exquis et d*un excellent goût. Les noix 
et les noisettes y sont copieuses , les châtaignes rares 

tirés des forets de la Moldavie. On les taille sur les lieux , et 
on les apporte sur des chariots à Galatz où Ton en fiiît des ra^ 
deaux que Von conduit ainsi par la mer Noire fti84trat1 
tinople. ( Note du Traducteur. ) 



(") 

et mesquines j l'olivi^r^ l'amandier^ le pistachier^ les 
iSguiers^ les fruits acides ne s'y trouvent pas et ne 
paraissent pas propres à ce climat* 

Les concombres et melons d'eau , dont j'ai déjà 
parle ^ ainsi que les melons sont de bonne qualité et 
forment, pendant l'été , une partie de la boisson des 
gens du peuple. Autrefois les Valçiques ne connais- 
saient d'autre plante nutritive que le chou-cabut. 
Dans le siècle dernier , les jardiniers transylvaniens 
et grecs y ont introduit toutes sortes d'herbages et 
de racines potagères qui croissent avec une grande 
facilité et deviennent d'un excellent goût , sans que 
le terrein ait besoin d'engrais, et sans que la culture 
demande beaucoup de soins. J'ai vu certaines terres, 
que les étrangers avaient jugées arides et incapables 
de produire quoi que ce soit , devenir d'excellens 
jardins potagers et d'agrémens, et donner des fruits 
en abondance. 

Les fraises croissent dans les bois ; cultivées^ elles 
réussissent parfaitement bien. 

Les champignons sont communs : une espèce de 
pommes de terre qui a le goût de l'artichaud ^ se 
reproduit avec une extrême facilité. On pourrait es- 
pérer le même succès des autres espèces de pommes 
de terre qui sont cultivées dans toute l'Europe. 
Elles seraient, peut-être , fort utiles pour engraisser 
les pourceaux dans ces contrées où l'abondance des 
grains fournit aux habitans un excellent aliment (i). 

(1} Il n'y a pas dix anà qu'un professeur français a introduit, 
eu Moldavie | la culture de ce ti:(l)ercule , dans des terres dont 



( a3 ) 

Lëfi choux-pommés y deviennent d'une grosseur 
prodigieuse et d'un excellent goût ainsi que toutes 
les plantes de la même espèce, à Texception du chou 
simple dont la culture demande beaucoup de soins. 

Les ëpinards sont gros, pleins de saveur, et crois- 
sent d'eux-mêmes j les meilleurs se trouvent dans 
les petites îles du Danube. 

Parmi les plantes aromatiques que produisent ces 
contrées, Vabsjnthe aigre , naturelle à ce pays, doit 
tenir la première place. Les champs en sont remplis 
et on en extrait le sel. Le liUum coni^allium(in\igiiei) 
croît en abondance et fleurit le premier dès le prin- 
temps, ainsi que la rose simple sans odeur, mais 
de couleurs variées. On trouve encore en abondance 
une plante qui est une sorte de férule (a) ; elle sort 
d'une espèce 4e bulbe blanche qui est d'un excel- 
lent goût. 

Le chanvre et le Un réussissent parfaileix^ent bien ^ 
mais ces deux produits sont peu cultivés par l'indo- 
lence des paysans qui préfèrent les acheter tout pré-, 
parés de leurs voisins Jes Transylvaniens. 

La culture du tabac y obtient les plus heureux 

il était Je fermier^ et ses premiers es8ai3 , aiiisi que les suivons , 
ont été cpuronnés -du plus heureux succès. Les boyards qui ^ 
daus l'origine^ avaient de la peine à introduire ce légume. dans 
leur cuisine , ne font plus maintenant difficulté de l'admettre 
sur leur table. ( Note du Traducteur. ) 

(a) La férule est une plante qui , dans les paya chauds , 
s'élève à la hauteur des arbres : les racines en sont médici- 
nales. ( Note du Traducteur. ) 



(24) 

«uccès^ et avec la plus grande facilité* La qualité pa- 
raît ordinaire, mais on ne peut juger de celle qu'il 
acquérerait puisque Ton ne se donne pas le moindre 
soin, et qu'on n'emploie aucun moyen industrieux 
pour le cultiver (i). 

Uy a, en outre, une si grande variété de fleurs 
charmantes et d'herbages, qu'un botaniste aurait 
un vaste champ pour exercer sa curiosité. 

PRODUCTIONS DIVERSES. 



CHAPITRE VUI. 

ANIMAUX. 

Troupeaux et chèvres. 

Les pâturages i^bondans qui se trouvent dans les 
deux principautés suffisent pour nourrir une gi ande 
quantité de quadrupèdes. Ces animaux de toute es- 

(i) Si la culttu'e du tabac n'est pas {dua encouragée et n'ob- 
tient pas plus de succès , il faut , je crois , la rapporter à deux 
causes. Les boyards, qui ont adopté les coutumes giieeques , 
préfèrent le tabac turc plutôt par ton que par raison, et ils eu 
font ime grande consommation , la coutume étant , ches eux, de 
présenter, comme en Turquie , la pipe et le café à ceux qui 
viennent leur rendre visite. Quant aux gens du peuple , ils so 
«ervent du tabac des manufactures d'Allemagne qui leur vient 
par )a Transylvanie, et qui se vend assez bon màrdhé. 

( !Note du Traducteur. ) 



\ 



(a5 ) 

pèce font la principale richesse et la branche la plus 
considérable du commerce des deux provinces. Les 
pâturages de la Valachie sont plus avantageux et 
plus propres à la nourriture des menus bestiaux, 
La quantité de. ceux-ci , tant en moutons qu'eu 
chèvres, s'élevait dans le siècle dernier à quatrû 
millions environ. Il y a, en Valachie, trois espèces 
de moutons 9 .savoir l'espèce appelée zigai , Tautre 
barsan et la dernière stogosc. La première espèce 
donne une laine très fine, coiu^te, et a une chair 
excellente; la seconde porte une laine longue et 
épaisse; celle de la troisième est moyenne, attendu 
que ces moutons sont d'une espèce bâtarde. 

Ces animaux vivent toujours au grand air et à 
découvert; ils passent l'été dans les montagnes et 
l'hiver sur les rives du Danube. C'est ordinaire- 
ment à la St. George, vers la fin d'avril, qu'ils 
passent de la plaine dans les montagnes ; dans les 
plus grandes chaleurs ils remontent sur la cime des 
montagnes où ils trouvent des pâturages excellents et 
des eaux très fraîches. Au mois de novembre ils re- 
descendent et vont sur les rives du Danube, où ils 
sont moins exposés aux vents et jouissent d'un air 
plus tempéré. Ils y trouvent une herbe qui se con- 
serve sous la neige et que les moutons aiment beau-i 
coup. Ils la découvreiît et la déterrent d'eux-mêmes. 
II arrive souvent que la neige est trop haute et qu'elle 
est glacée à sa superficie, ou que la terre a gelé parce 
qu'il a tombé peu de neige , alors cette herbe no 
peut croître. Pour parer à cet inconvénient, les 



(t.6) 

patres font provision d'herbe sèche dont ils forment 
de grand tas au lieu de paille. Ils conduisent autour 
de cette meule les troupeaux qui en mangent ce qu'ils 
ont besoin. Quand les vents impétueux du nord com- 
mencent à souffler, les pâtres font tourner continuel- 
lement leurs troupeaux autour de cette meule, au 
bord de quelque haie ou vers la saillie de quelque 
terrein, les battant souvent pour faire sortir ceux qui 
•ont sous la neige et les forcer à faire du mouvement^ 
pour les tirer de dessous cette neige , où ils s'en- 
sevelissent, et pour qu'ils ne soient pas saisis par 
le grand froid. Il est indispensable que l'espècp de 
moutons appelée barsaji passe l'été dans les monta-^ 
Çnes, parce que les chaleurs la feraient périr dans les 
plaines. Quant aux zigai^ ils peuvent y vivre, pourvu 
qu'il y ait des bois dans le voisinage pour les retirer 
pendant le jour, et de bonnes eaux. La troisième 
espèce que l'on nomme stogosc supporte mieux les 
chaleurs de l'été, mais est fort sensible aux intem- 
péries des saisons. La chair de ces moutons est de 
bon goût (i). 

Après la St. George ou f^it la tonte des brebis qui 

(i) En Moldavie les troupeaux se divisent en deux espèces , 
Tune est appelée Pâmai Miatrougandzi et l'autre Tzqur- 
gaiidzL Ceux de la première espèce sont les plus estimés , el 
clans les adjudications qui se font chaque année à l'enchère de 
ces troupeaux pour la fourniture de Constantinople y elle ob- 
tient toujours une augmentation de quelques paiats ( le parât 
représente environ deux centimes et demi de France au cours 
actuel) sur la seconde. ( Note du Traducteur. ) 



(^7) 
donnent plus ou moins de laine selpn leur espèce. 
Le mouton de Tespèce nommée barsan en donne 
environ quatre livres; les autres dont la laine estplua 
fine en donnent moins (i). 

Les brebis donnent^ ordinairement tous les ans un 
agneau j celles qui en donnent deux sont rares. Mais 
si cela arrive le propriétaire en cède un au pâtre. 
On conserve généralement les mâles et les femelles ,• 
les unes pour la propagation de Fespèce, et les miâlès 
sont châtrés pour être vendus comme on le dira ci- 
aprés. 

Le temps que les troupeaux sont sur les mon- . 
tagnes est le seul où Ton en recueille le lait dont ' 
les pasteurâ font, de suite, une espèce de fro^ 
mage qu'ils appellent fromage blanc et qui a peu 
de substance. Ils le vendent à des marchands établis 
avec leurs fromageries dans les environs 5 ceux-ci en 
extraient le beurre et le convertissent en un fromagç 
appelé cacciocavallo y c^i a la forme et le goût de 
celui qui se fait dans le royaume de Sicile. On fa- 
brique encore une autre espèce dç fromage plus 
grand , de forme et de pâte différente, "appelé cacio 
di montagna, fromage des montagnes , qui est d'un 
excellent goût , et dont la plus grande partie se con- 
somme en Transylvanie. 

Les bestiaux sont ici sujets à plusieurs maladies 
comme ailleurs ) la plus singulière et la plus dange- 

(1) En Moldavie la tonte n'a lieu que vers la fia 1 
et le commencement de juin. ( Note du Traduotept^ 



(t.8) 

reuse est celle qui leur vient après avoir mangé une 
herbe qui a une fleur jaune et qui naît dans les eaux 
stagnantes. Les bergers m'ont assuré que les trou- 
peaux sont très friands de cette nourriture , qu'ils 
se jettent avidement dessus quand ils eii trouvent , 
et qu'on ne réussit qu'avec beaucoup de peine à les 
en éloigner ; c'est pourquoi les pâtres ont grand soin 
d'éviter toutes les eaux où ilâ s'aperçoivent que 
croissent ces sortes d'herbes qui causent à leurs trou- 
peaux l'jctère et la moii:. 

Une brebis coûte un florin et demi (i) environ ; 
^ un agneau de douze à quinze quarantaines (2). 

On égorge ordinairement les brebis pendant 
qu'elles sont pleines pour avoir la peau de l'agneau 
qui est dans le ventre des mères. Les noires sont 
payées fort cher et servant pour faire les calpacks 
ou bonnets de poil et les fourrures d'habits (3)» 

Les peaux ordinaires servent pour fabriquer des 
maroquiua. 

(1) Le florin d'Autriche représente 2 francs 58 centimes au 
cours , ce qui fait un thaler d'Allemagne ou 3 fr. 88 centimes 
pour une brebis. ( "Note du Traducteur ). 

(2) Ce sont leskreut2ers que les Italiens appellent quaran- 
taines ^ il en faut 60 pour foire un florin*, douze kreutzers font 
environ 5u centimes , quinze en font 64 et demi. 

( Note du Traducteur ). 

(3) Cette manière est aussi fort usitée enTartarie, à As- 
tracan et en Bucbarie où ces peaux* sont fort recherchées et 
^ont on fait un grand usage en Pologne et en Turquie. Elles 
sont ou de couleur noire ou d'un gris cendré. J'ai vu payer une 

« de ces peaux destinée à coiifectiotmer le colpak du prince d« 



D^aprè« tout cela on peut calculer qu^un troupeau 
de milk betcs bien soigné, rapporte par année en 
Valachie , environ mille florins , à moins d^unc mor- 
talité extraordinaire. En Moldavie les troupeaux 
sont bien moins nombreux et la qualité de la laine 
est inférieure. Malgré que l'on soigne toutes les 
races de ces animaux de la même manière , il est 
assez remarquable qu'il n'a cependant jamais été 
possible d'introduire en Moldavie l'espèce appelée 
zigaL Non seulement les petits de ces races dégénè- 
rent , mais même ces troupeaux transportés de Va- 
lachie en Moldavie donnent, dès la seconde année, 
une laine plus longue et plus épaisse, et qui devient 
même, dès la troisième année, semblable à celle des 
troupeaux indigènes. 

Le* prince de Valachie exige, à la naissance de 
chaque mouton et chèvre, douze aspres (i). Celui 
de Moldavie perçoit lo aspres. Cet impôt est com- 
pris sous le nom de ferbarit , ou droit sur les trou- 
peaux. 

Valachie i5o florioB {*). Les noires coûtent de i5 jusqu'à 3o 

florins chaque. 

{^*) Les peaux dont on faisait dans ces derniers temps les calpacks 
ou coiffure des princes de Valachie et de Moldavie sont appelées 
Samour, d^où le bonnet a pris le nom de Santour calpach^ «t oour 
taient dix. fois davantage. ( Note du Traducteur. ) 

(i) Cent vingt aspres font une piastre; loo piastres turques 

font 80 florins d'Autriche (^). 

(**} Les monnaies de Turquie sont tellement tom]>ée8 dans ces der^ 
nières années que la piastre turque ne vaut plus que 75 centimes de 
France , ce qui élève le florin d^Autriche à 3 piastres et demie ou 350 
pour cent. ( Note du Traducten 



(3o) 

Les comtés de la Transylvanie , limitrophes aux 
deai principautés^ ne pouvant fournir suffisamment 
de pâturages pour les troupeaux de cette province j 
on y envoie paître un grand nombre de bestiaux^ 
surtout dans la Valachie qui est plus voisine (i). 
Les Transylvaniens ont souffisrt des vexations, ex- 
cessives dans le temps que le grec Stavraky tyran- 
nisait les deux principautés. La cour de Vienne 
obtint de la Porte*-Ottomane en 1768, un firmaq 
qui fixait à huit aspres le droit de pacage y mais 
dont les princes trouvèrent le moyen d'éluder Texé- 
cution. Le prince Ypsylanti, en 1775 , après la 
* guerre avec la Russie y fixa ce droit à douze aspres y 
tant pour les étrangers que pour les nationaux ; mais 
les princes qui lui succédèrent, ayant renouvelé 
leurs vexations , Tinternonce autrichien , baron 
d'Herbert , fit , auprès de la Porte, de nouvelles ré- 
clamations, et en 1785, on convint de porter ce 
droit à dix aspres pour chaque animal, comme on 
Favait pratiqué en Moldavie, malgré le firman du 
sultan Mustapha qui était dans les mains des ber- 
gers Transylvaniens. La cour impériale, sans donner 
formellement son assentiment à cette mesure , con- 
sentit que ce droit se payât pour l'année courante , 
mais elle continua d'insister auprès des princes pour 

(1) Je ne saurais douter de ce fait^ mais je pense qu'il est 
sujet à de grands inconvéniens à cause des précautions exigées 
par le cordon sanitaire tiré continuellement de ces c6tés. 

( Note du Tipducteur. ) 



(3i) 

que se& sujetsne fussent point vexés et imposes comme' 
par le passé. Gomme la perception de cet impôt so 
donne à Fenchère , les fermiers se permettent toutes 
sortes de vexations pour retirer les deniers dan» 
un pays où règne le despotisme et la rapacité (i). 

Les deux principautés élèvent et nourrissent un 
grand nombre de bœufs et de vaches j mais ceux 
de Moldavie sont plus gros et plus charnus ; ils sont 
de la même taille que ceux de Hongrie y mais ils ont 
les pieds plus courts et le ventre plus gros. On 
en exporte un grand nombre pour les pays voisins , 
surtout pour la Silésie. Une race de Bohémiens 
Moldaves , appelée Lingourari ^2), parce qu'ils 
fabriquent des cuillers et autres ustensiles de bois ^ 
nourrissent et propagent la meilleure espèce de 
bœufs qu'ils vendent à raison de 60 piastres chaque^ 
aux Arméniens de la Gallicie , lesquels ont en Mol- 
davie diverses terres qu'ils louent^ et où ils engrais- 
sent les bœufs ^ et maintiennent les races de chevaux. 
U ne sera pas inutile de donner ici aux lecteurs 
quelques détails sur Ces Arméniens. 

Sous le règne de Sca Ahbas , sophi de Perse , 
qui fit la conquête de l'Arménie^ et en transporta 

(1) La surveillance qUe la cour impériale de Russie exerce 
depuis quelques années, en vertu des derniers traités, sur 
toutes les parties de l'administration financière des deux prin- 
cipautés ,par le moyen de ses consuls, a mis im frein à ces dé- 
sordres et à ces vexations sans cependant les faire cesser en- 
tièrement ( Note du T^P ' ^ 

(3) Lmgouri en moldave signifie coî \ 



(3a) 

les habitans dans sa ville de Giulfa pour la peupler, 
un grand nombre de ceui-ci se réfugièrent en Po- 
logne , et s'appliquèrent principalement au com- 
merce des bœufs et des chevaux. Une chose digne 
de remarque, c'est que jusqu'aujourd'hui, ils ont 
conservé leur langue , la physionomie nationale , et 
enfin leur couleur olivâtre et le poil noir, quoiqu'il 
y ait pluà de deux cents ans qu'ils vivent dans un 
climat qui ne produit que des blonds.' La tyrannie 
accoutumée du gouvernement Moldave , a dérangé 
fortement le commerce de ces honnêtes marchands. 
La Gallicie ayant eu l'avantage de retourner sous 
la domination autrichienne^S.M. impériale, toujours 
attentive à favoriser les justes avantages de ses sujets 
^ar l'intermédiaire de son agent dans la principauté, 
leur a fait accorder, par le prince de Moldavie , un 
privilège qui se trouve à la fin de cet ouvrage. 
Depuis ce temps , ces marchands ont été plus tran- 
quilles et moins troublés dans leur négoce. 

Les buffles sont d'une grande utilité , surtout en 
Valachie , tant pour le lait qu'on en tire , que pour 
l'attelage des chariots. Cet animal ne demande que 
peu de soins. Gomme il est également incommodé 
par le froid et par le chaud , il faut qu'il soit dans 
une étable très chaude j l'été il aime à se plonger 
dans la fange ; ces animaux sont maigres pour l'ordi- 
naire, mais il y en a de blancs qui sont moins désa- 
gréables à la vue. Ils sont très féroces et capables 
d'attaquer l'homme quand ils sont en rut. 

Il y a de nombreuses races de chevaux en Mol- 



(33) 

diaviie. Chaque boyard a Une race , les uns de cenl ^ 
et d'autres de deux cents jtiments. Les meilleures 
sont celles des Armj^iéns dont j'ai parlé ^ chacun 
cherche à se procui^er de leurs étalons. Les couleurs 
ordinaires sont le noir et le bai. Les races vivent tou^ 
jours en plein air dans des campagnes ouvertes. L'été, 
les chevaux paissent Therbe traîche , et on les nourrit? 
l'hiver d'herbe sèche, que les propriétaires ont soin 
de mettre en réserve et d'amonceler. On donne 
communément pour dix jumens tm étalon qui leisi 
monte , leur sert de guide , de gardien et de patron^*^ 
Quand vient le temps des neiges, où les loups ont 
l'habitude d'attaquer les troupeaux , les étalons s'en 
aperçoivent de suite , et par leurs hennissemens ^ ils 
rappellent les jumens et les poulains^ ces derniersi^ 
sont renfermés dans le centre: les jumens occupent 
la circonférence du cercle, la tête tournée 'vers le 
milieu , tandis que les étalons courent à l'entôur, et 
reçoivent, à coups de pieds, les loups qui ont l'audace 
d'attaquer le troupeau. Les plus beaux et les pïiii 
vigoureux chevaux asiatiques qui ont vécu quelques 
années dans une écurie, seraient incapables âe faire 
une telle défense , et encore bien moins dé. désister 
à l'inclémence de l'air ; c'est pourquoi les Moldaves' 
afin de renouveler les races , se servent d'étalons • 
d'Asie , mais seulement pour en avoir quel(Jues pou- ' 
lains qu'ils élèvent avec soin. Ils s'en servent ehJsuite 
pour faire pion ter leurs jumens,, et lés. étalons qui 
viennent de cette sèdonde génération j^. ^ïit déjà, 
indigèneis ; ils le.s. introduit Jsqi \^ C^ 



k» »**i »— 



(34) 

lilieyaux résistent au cliii^t j, et n'Q^t: aucun dé&ut. 
On a observe que y sans cette préc^utioi) ,, ceux qui 
sont issu^ de chevaux turcs j, arabes , espagnole ^ etc.> 
^ étaient plus beaux que Iqs naturels ; mais qu^ordinai- 
rem^nt a . leur sixième année ^ ils commençaient à 
deyç^ir pQ|i^i& ^ bpiteux^ et 90uvent même contre- 
laits des quatre pieda. 

Les cheyau;! d^ ]\Iol4aYie de;viennent assez grands 
iqur être propres à la ^el}^ et à l'attelage. Us ont 
|e belles formçs^ ];>caucpup de feu çt de docilité; 
îb sqnt x^enommés pour la bonté de la corne du sabot. 
t^ Prussiei^ ^ Iç^ Autrif^iiens les achètent pour 
leur cavalerie légère. 

Les ya^^v(ç$ pijt ÎQfXt négligé ces races > et pré- 
tendent q.];e in^lgré tpi^tgs les tentatives qu^ ont 
i^dtes avec les étalons, et )uipeus moldavea^ ils |n'ont 
^^ais piiL obtenir de c|i€;v4ux de cette grandeur , 
4 ou yiept que les leurs $qnt petits en général^ mais 
d'ailleurs plp^n^ de feu Qt capables de supporter de 
grandes fatigues* \jqs meilleurs sont ceux des pâtres 
de Transylvanie^ Qt parmi ceux-ci^ il s'en trouve 
aexcellen^ qui ont ^aturellepient le pas prodigieux. 
je me suis aâjsi^ré que les chevaux de Valachie et de 
Moldavif^^ transportés en Asie ^ y deviennent meil- 
leurs. U est probable que l'orge de cette contrée 
qui est plus s^bstantieUe^ contribue à ce développe- 
ment> tandis qu'au contraire^ de constantes obser- 
Tations ont p;rouvé qi^e les chevaux turcs^ transportés 
a Vienne ;p perdept subitement leur vivacité et le feu 
*qui les distingue^ ce qu'il fiiut attribuer k la nour- 
riture. 



(35) 

La supériorité qu'ont Les bestiaux de Valachie 
sur ceux de Moldavie, pour la bonté de leur laine ^ 
et celle qu'obtiennent les cheraux et les bœn& de 
cette dernière pour leur grandeur , vient de la difiFé- 
rence des pâturages et dé la qualité des eaux qui 
doivent fortement influer sut tous les animaux. 

£n effet, les races de chevaux les plus distinguées 
se Uttuveqt dans la haute Moldavie^ aux environs 
du Prutfa. Q croit dans ces parages nn foin très 
mince, de la bauteur de denx à trois pieds sur des 
terreins secs et élevés. Au contraire, en Valachie, 
le foin ne se trouve que dans des terreins humides et 
bas ; il est plus long, mais a moins de substance , et 
surpasse ordinairement en hauteur le chiendent , le 
cerfeuit} souvent même , il est aromatique comme 
U menthe , l'absinthe , la HUum convaUium ou mu- 
guet, etc. De tout cela, on peut conclure que le foin 
est plus homogène, plus convenable aux grandi 
quadrupèdes, et que l'herbe menue vautmi^ixpow 
les petits. Voilà pourquoi les bestiaux sont, en Vala- 
chie, et les hoaufe et les chevaux en Moldavie, & 
meilleure qualité. Indépendamment des chevaux 
courageux que produisent les deux provinces , il j a 
encore une grande quantité de chevaux ordinaires^ 
très bons et très utiles aux uaages domestiques, aiuii 
que pour le commerce. 

n paraît que les mulets et les âpes n'y réussissent 
pas, car ils y sont très rares. Outre le bétail dont 
|*ai donné la description, il j^a. encore dans les 
deux principautés , surtout, eu Va^^^iv , une grande 




(36) 

quaqlité de pourèeaùx que l'on exporte en Tran- 
sylvanie et eii Hongrie. Les bois produisent abon- 
damment des glands pour leur nourriture^ et s'ils 
viennent à manquer quelquefois , on y supplée pai* le 
blé de Turquie. La cbaii* dé cés animaux est fraîche ; 
elle n'est pas aussi délicate que dans les climats plus 
tempérés^ mais en compensation, étant salée et fumée, 
aile est bien meilleure et se conserve plus long-temps, 
n y a dans les montagnes y un gtand nombre de 
sangliers y cerfs, durs et bouquetins. Les chevreuils, 
les renards > les Uèvres, sont répandus dans les 
plaines j il y a surtout un nbmbr^e prodigieux de ces 
derni<3rs. 

Les paysans en prennent tous les ans en Valachie 
trois cent mille, et en Moldavie > deui cent mille. 
C'<estdans le temps des neiges qu'on fait la chasse 
avec des chiens dressés pour cette espèce d'exercice^ 
et pltts'iia tombé de neiges , plus la chasse est avan- 
tageuse. Ges animaux ne sont ni si gfands, ni aussi 
beau^ que ceux de la Tartarie; mais ils sont passa- 
blement bons , et cette espèce est l'unique qui se 
trouve dans ces deux provinces. Il y a encore une 
grande multitude de loups qtd deviennent dange- 
reux pour les troupeaux j et même pour les hommes 
quand ils sont ^enragés, comme cela est souvent 
arrivé (i). 

(i) £n Moldavie, le prince, afin d'exterminer ces animaux 
«iamàssiers, avait accordé Une prime d'encouragement; pour 
chaque' tête de loap. Leâ paysans en détruisaient un assez bon 
ndmlM chaque année. ( Note du Traducteur. ) 



(3? ) 

Il estçboa d'observer dans ces contrées que les pay- 
sans qui paraissçjit oaturellement timides, attaquent 
les ours très courageusement. Les Tziganes (Bohé- 
miens) ont un airt particulier pour dompter en peu 
de temps les ours les. plus fiers, et leur apprendre 
à danser propiptement. ' 

On rencontre (J^^ïisks forêts, des pourceaux déve- 
nus sauvages, qpi ressemblent parfaitement aux san- 
gliers j on les distingue seulement par leur chair qui 
est blanche ^ et d'un trè9 bon goût. 

CHAPITRE IX, 

t 

Abeilles. 

Une des plus estimables et des plus riches pro- 
ductions des deux provinces , sont les abeilles y car 
la cire qu'elles donnent, est sans contredit , la plus 
belle et. la plus . recherchée de toute l'Europe. La 
quantité de cire: qu'on en tire est considérable , et 
le deviendrait encore davantage>si la population 
était plus nombreuse. Celle de Moldavie est,ià quelv 
ques égards, supérieure en qualité à celle de V*- 
ûchie, et particulièrement*»dans. les diiStricts où se 
trouvent des forets de tillauls qu^ donnent une fle"ur 
odoriférante^ nourriture très rebheiMîhée de ces nobles 
insectes. . . - 

XI n'y a pas de doute que ce. climat > ou plutôt les 
terreins ne soient les plus propres aux abeilles 
par la quantité , et la facilité ooi^ laquelle 



(38) 

elles se multiplient. U est certain que ^ quand la sai- 
fon est favorable ^ uu seul esssaii» d'abeilles eu 
reproduit^ dan^ un éte^ trente autres > et pour Fordi- 
naire de dix st quinze. Les produits > cW-ànlire^ 
la cire et le miel se recuâUent au commencement 
de l'ëtë et en automne. Les ruches sont dé la plus 
grande, simplicité^ et ne sont formées que de troncs 
d'arbres creuses. Iisimaniéxie de gouverner les^ abeilles 
n'exige pas non plus de grands toins de k^ part des 
paysans. A la fin de l'automne^ on détiiiit la plus 
grande partie des abeilles , et l'on conserve dans des 
cavernes creusées sou* terre, et appelées bordées , 
une certaine quantité d'essaims de ruches , daps les^ 
quelles on laisse le mid mdessaire pour la nourri- 
ture des essaims. Quand l'hiver est long^ et que 
les insectes ne peuvent sortîor dans la cattipagna > soit 
à cause du froid ou par défaut de' p&ture, Ott leur 
donne du miel. Les grosses pluies si fréquentes dans 
le printemps^ les chaleurs excessives de' l'été q«i 
détruisent les fleur» et dessèchent ks herbt^S/ font 
du ^rt aux abeilles , et rendent leurs produits plus 
rares. La cire verte de Moldavie est fibvt vantée pour 
HOH odeur agréable et bsdsanadqœ; cfest de &it, 
plutôt une ri^ine qu'une cire. Les abeilles la recueil- 
lent am lea tilleuli, et des s'en servent foft indus^ 
^ideuaasaeitt et avec beaucdup de patience pour bou^ 
cher les trous extérieurs de la ruche. Les curieux la 
recueillait, naàê en petite quantité , peur s'enséi^^ir 
* de pat'fu^. 



(39) 



CHAPrraE x. 

Oiseawx^ • 






Les espète^ de voktijeà; qui se trôùvëiÀ érf ^vâ 

grande quântitëi ébnt les {K^ûlfes d'éati, lèspérdriij,' 

les cailles^ les'bïSëâuié/Iés outardes et leîr èoi*ïi(ëUlei^J 

Ces oiseaut sbnt en g[raiid noiaikh dàn^tôtis lè^ lieux 

habités j et font leurs nidir tof* lèh SAixÉè^ des égtisës 

et d'autres g^îùids édifices. Us inoôminô^etlt ^ par 

leurs cris y le voisinage^ et détruisent léi^ ^nièÀëës 

par Iciit voracité. Poui* ï^à éloigner , iyà jjlàlifô 

la moH çà et là ittt deâ échàlas. Les èigo^tféà^ iîé" 

font leurs nids que sur les cottl^ôle^; éllêi^ di^'à-'^ 

ràissent FhfVer et tè^iéaûetik i:iéà les Mrdtrdellëâ au 

printemps à leuirs ahéiéns nids , ôâ éHés d'épb'sëtit 

leurs osufs; on iiô ieâ foùrméhte iitdlëtàétft^ p'âi^ce 

Kfot on les begardie oôiÉaË^ de» oiseaux de bbn âU^ûre. 

£!les noutrissèfÉt leurs pëtH^dë sëi^ëàii ët'd'ààtfès 

reptiles qu'eH^ die^c^eM à^sià lés cathip^t^ileâ: Ûàâs 

le Baoiat dd Qt^M^ ^ éh trouvé dés j[)6trlé^ dé Nu- 

mifbej €ft qûëlifti^éiséès^ j^ottléé f^^ 

lès^ bëcassiiiesy èC ^éj^àîéméiit ftrtiies léiT és|>ecés 

d'àiseadx ^tii se ti*éuiléiiit dahs* If^ autres ^nti*iès- 

de r£til^^é>'lébëc^figtfeéxdè|>févSé'irôuVé'M 

celles-ci. Les rossignols y sont si nombreux , q[u'oh 

pourrait regarder les forêts de ces pays comme leui^ 

terre natale : ceux de YaUchie sont fort estimes pour 

la douceur de leur chant. '^ > des plus. 



( 



( 4o ) 

àonX plaisirs que Ton puisse éprouver , de se trou- 
ver la nuit^ au clair de là lune, au mois de mai ou 
juin^ dans une de ces forets, La majesté des chênes 
qui répandent une ombre confuse ; le bruit de leurs 
feuilles agitées par un vent agréable , et qui paraît 
s'u^r aux doux concqij'ls des rossignols ; le murmure 
d'une eau courante fl)^ reflet des rayons de cet astre 
<mi. tombent sur cç? objjBts ou sur un étangs une 
solitude profond^ j,J[a. J^^apquillité qijie l'ame éprouve 
ordinai|^ej|ieat ^u o^f i^tans^ tout présente à l'esprit 
la scène la. plus jnerveill^use que- puisse offrir la 
simple aature^ et peut-être un de ce^ momèns rares 
et rapides de félicité qu'il ^qit permis à Thomme 
de goûter ^ . çt que l'on chercherait inutilement dans 
les spectaeles public^.. ; ; _, 

La grand^ abondance des grains^ propres à la 
»ou,|:riti||*e des vp][aiUes , perûaçt d'élever des poules , 
' dindons^ coloivilii^ji oie$^ caoatdjs qui s'y propagent 
avec Une grande facilité^ et sont d'ua excellent goût. 
On . trouvfs des paons dans les. couvens et dans les 
mai^QU^ de£i boyards; X^jr,^aui$sd , dans les grands lacs 
et dans, lei)|i^ubQ^ Aiif^ g^andç quantité d'oiseaux 
aquatiques. On prend également > dans ce grand 
fleuve ^;des( àgnes^ ^es oies sauvages^ des canards 
jaunes de Turquie q[ai vivant facilement dans '. les 
bai^-cpurs^ pourvu qu'ils aient de l'eau abondam- 
ment, 



( 4i ) 

CHAPITRE XL 

Sauterelles. 

Il semble que, par une inconcevable fatalité, les 
pays où la nature est prodigue de ses dons,, soient 
assujettis à quelque mal , qui mêle son amertume aux 
doùcèxirs de leurs utiles productions. Les sauterelles 
qui, cliaque année ^ inondent ces riches et fertiles 
provinces, sont pour elles un vrai fléau. Malheur au 
champ' et au pré où elles viennent se reposer ! La 
verdure est détruite dans Tespace de quelques heures. 
Les épis de maïs r\e présentent plus qu'une tige dé- 
pouillée , et ces insectes n'y laissent que leurs prduï:es 
qui noircit le terrein. Quand ils s'envolent, poussés le 
plus souvent par le vent, ils ressemblent à des nuages 
noirs qui obscurcissent les rayons du soleil.Le mou- 
vement de tant de millions d'insectes ailés , cause 
uiji bourdonnement désagréable; le bruit que font 
les sauterelles en paissant, ressemble à celui d'un im- 
mense troupeau de chèvres. Dès qu'elles sont entr/^es 
dans les deux provinces , elles s'y établissent pour 
plusieurs années, et errent çà et là jusqu'à ce qu'çnfin 
elles passent le Danube, ou surmontent les Çarpathes, 
et entrent dans la Transylvanie, où le gouvernement 
a quelquefois employé des régimens entiers pour 
les détruire par le canon et par le feu. La chose pa- 
raîtra extraordinaire, mais elle est certainç. I^es j^Ut 
terelles déposent ordinairement en automne 
œufs sur la superficie de la terre , et se retirent 



( 40 

un bois. Au printemps , dés que les neiges sont fon- 
dues^ et que le soleil commence à réchauffer la terre^ 
on voit le terrein s'éfiàouvoir, et paraître ces insectes 
qui commencent à sauter et à chercher leur nour- 
riture. l.e seul mdmëùf pdùr les détruire , c'est celui 
de leur enfance , s'il in'ést {)érmîs de parler ainsi. 
Alors les {)aysai)s , pà]^ ordre du gouvernement , s'as- 
^mblenf munis de sâc^ ^ ëci^asent les sauterelles , les 
ramassent^ les jétteùt daiis un fbsse et les recouvreilt 
de paiUe. D'atïtrèfôis , si lé lieu est favorable ^ on se 
borne à les cetnét avec dé laps^Ue^ à Jaq^elle dn met 
le feu. Malgré toUs ces moyens , malgré toutes les 
précaution;^ qtie Ton prend, et la guerre que ïeûr font 
les eôf néilles et ïes étoûnieâux , il est impossible dé 
les détrùîi^é entièlrëment. 

Les sàtttérëilés , à ce qt^'on croit généralement , 
vidiitiéht d'Afrique^ et d'après les observations exactes 
faites par M. dé Volney , en Syrie , on pense , dans 
cette contreé,qû'elle's sontoriginaires d'Àrid)ie.. Quelle 
que soit leur origine , il paraît qu'elles passent de la 
Syrte dàfiS l'Asiè-Mineure 5 de U ^ dans le Kouban et 
dans la petite Tartarié, d'où il est certain qu'elles ar- 
rivéùtdans la Moldavie et dans la Valachie. Il est boil 
d'observëi* qûé le ^oUvéméût progressif de ces in- 
sectes desti*uctéûrs ép oêà eôntrées, se ait vers le 
Danube qu'ils ôM coùtutoe de traverser par Un vtent 
itfiipéttietix. Si le véht change, ou devient contraire 
dans le ihoment du passage, elles tombent dans 
l'eau , attendu ({ue leur masse né leur perinet pas de 
faire volte &ce pôUr opérer un mouvement rétro- 



( 43 ) 

grade ; aussi arrive ^ t - il souvent qoo l'on trouve 
les cotes de hk mer Ivoire i^mplies de Sauterelles 
nojëefi- (i). 

CHAPITRE Xn. 
P&UsoHà. 

Les truites et autres poisse»!^ de oéUe espèce se 
trouvent en abondance dans les rivières ; il y en a 
également dans les lacs qui se multiplient à Pinfîni , 
mais la chair n'est pas si d^îieate^ Comme ces lacs 
forment une partie de l'induâtrie et des revenus de 
la population de ces provinces^ ils mentent une 
description particulière. Celui qUi a un terrein bas 
et enfoncé > comme il y en a beaucoup y dans lequel 
se trouve> par hasard^ q^dlqtie source d'eau, et où, 
^ ce défaut, on peut faire passer une rivière , ou re- 
cueillir les eaux, le ferme i^Vec des pieuK de ohenëi 
des fascines et de la terfe du coté où la pente est 
plus forte , ce qui |prme Une digue trés^ solide. On 
construit pour Tordinaire ^ àrextrânâté , Un moulin 
pour le village et les lieux cja:convOisin$^ Quand le 

(i) J'ai cité M. de Volney pour lui donner une preuve de 
iAou ts&a»f le regasdaiit e<âftead' llfid^ué vb^àg^rttr qui a su 
voir et réiléefair ^ et pottf ib iMttiéitie^, éit même teinps , de ce 
qiifil ft dit ( page i^ ^de mo{i A^iM. Bruce , anglais^ àiiijuel 
un grai^: nbinbvè. dîetmimà^ ont' dkj^ilA éon vdjrage en Abys*^ 
siiiie et aux Câtàraisi^s dtt Nil, tdjage 4m htà: à éèâtë q'Uafl^ 
années et des . ftlt^$!D[f?s uiCfojFUfileà. 



M4) 

lac est nouvellement formé y et qu'on y a conduit 
une quantité d'eau suffisante ^ on y jette du poisson 
qui se multiplie et qui ^ dans l'espace de trois ans^ 
devient très gros. On commence alors à faire sortir 
Teau, et on prend -à la main ce poisson renfermé 
dans un petit espace, au fur et à mesure que se pré- 
sentent les acheteurs. Quoique le poisson se vende à 
vil prix , le propriétaire d'un étang de cette espèce, en 
retire eepeiidant mille et deux mille florins ^2600 , 
ou 5200 francs)^ '^ 

• Les Valaqueà et les Moldaves pouvant se procurer 
du poisson si^coitimii^^tnent, ne se donnent pas la 
peine de le chercher dans les fleuves. Ce sont^ pour 
la plupart^ les Tur-cs d^ la Bulgarie qui font la pécKe 
dans le Danube. Ce, flêtive est une source inépuisable 
de poisson^ rat^s et de la meilleure qualité. H abonde 
principalement éô truites et en esturgeons propre^ 
ment dits > et d'autres poissons sans écailles , çi'une 
chair très blanche, et qu'on' appelle Morouna.(a^^ 
avec ces deuk poissons que l'on fait le caviar (i). On 
se isert d'une ruse particulière pour preùdre ce pois- 
son dans le Danube^ IW rivés de ièe fleuve sont très 
basses éo^ Valachie; et très rapprochées au printemps, 
quand les eaux commencent à se retirer^ on forme des 

(i).Le caviar , est tw. espèce de fromage compose d'œufs 
d'esturgeons. G)mme u est permis ^en manger pendant' le ca- 
rême grec y il s'en &it une grande consommation et exportation 
à Gmstantinoplei daûs les iles et dans toute la Russie. Il y 
en a de deu3^ sortf s ^ . le noir et le blanc *, on dit le premier très, 
stomachique. ( Note du Txadiictéur. ) 



( 45 ) 

tanaox entre le continent et des espèces de petites iles 
qui restent dans ce fleuve. Les pêcheurs bouchent 
avec des roseaux les embouchures de ces cauaux > le 
poisson ne pouvaftit plus en sortir^ quand les eaux 
viennent à se retirer, on le prend très facilement , on 
le sale et on le fume. 

On prend encore des tortues amphibies que .l*oil 
conserve et que Von nourrit de chair de chèvre dans 
des fossés jusqu'au mois de septembre. On les trans-*- 
porte ensuite dans des sacs en Allemagne^ sans leur 
donner aucune nourriture dont elles peuvent se pas-^ 
ser tout l'hiver. « 

Vers le mois de juin, on trouve une certaine espèce 
de poissons qui remontent le Danube jusqu'à Vid-7 
din ; ils ressemblent aux harengs } étant fumés ^ ils 
ont la même apparence et le même goût^ Je suis per^» 
suadé que si cette partie du Danube se trouvait, sous 
la domination de quelque puissance de la chrétienté , 
la pêche deviendrait une des plus considérables et 
des plus utiles branches de commerce^ 

CHAPITRE Xm* 

Minéraux^ 

Il n'y a peut^tre pas de sol en Europe aussi abon- 
dant en nitre que celui des deux principautés. C'est 
une question de savoir si cela vient de la grande 
quantité de bestiaux qui s'y nourrissent et qui pais- 
sent de tous côtés j si ce sont les neiges qui le dépo- 
sent; d'autres causes^ ou enfin une disposition parti* 



(4<i) 

GuUèr^ du sol ; j'en abandonne Pexamen aux natùra-» 
Ustes. Il est de fait qu'ea Moldavie^ surtout dans le 
yoi$ipagç du Niester aux environs de Sorocca ^ il se 
flibiique une grande quantité de nifre saqs beaucoup 
de peine et avec peu d'industrie. Les individus em^ 
ployés à ce genre de travail m'ont assuré qu'on voit 
çlairem^it par lea vestiges d'écuries qui existent en- 
core^ que ces lieux ont été autrefois trè$ peuplés. Le 
prince est tenu d^envoy^ obaque année à Gonstan- 
tinople vingt mille ockes (i) de nitre j les Juifs polof 
Bais en exportent beaucoup en contrebande , et 
l'échangent contre de l'eau-de-vie de grain. Le gou- 
dron naturel y est fort abondant ; il y en a de deux 
sortes s l'un noir, l'autre rouge. On le recueille pres- 
que sans dépense^ par le moyen de fosses creusées à 
quelques pieds de profondeur} souvent on rencontre 
une veine de ce bitume liquide ^ pur et plus ordinai- 
rement mêlé d'eau. On vef se le tout dans des tonnes^ 
et avec une grande cuiller de bois on recueille le 
bitume qui surnage k la superficie. 

Le goudron rouge qui est une espèce d'asphalte, 
pourrait être de quelqu\isage en médecine puisqu'cm 
l'emploie, sans aucune préparation, pour les maladies 
des bestiaux. Il sert, en général, pour enduire les 
rpue^ 4es yoUures et pour éclairer la nuit dans les 
eour^ de^ bpya,?djs* i 

Ces sources £Uinonoenk la présence de minières de 

(i) L'ockft de CoiulantiBople pèse , k peu ]prèa, deux livres 
«I àfimù de Fnmce. (Nota dn Tsaducteur. ) 



(4?) 

cWl^oa fossile^ comïPve^ ^ ?*€|p trpuye ep effet dans 
le voi^ii^age 4^s fmne§ de »el; m^is elles sont entière-^ 
ment oégligee^^ et Toii trouve quelquefois des mor-- 
tieaux de ct^rl^qn dan? \e sjsj geiimte. 

J'ai vu daqs le^ »^aîp9 de quelques particuliers des 
morceaux d'apil^te jaune trouvés sur la superficie 
des vallons. Cette matière est prpbablemeqt une es- 
pèce (f asphalta GQudensee^ reste ^ savoir si la mu- 
tation est opérée par l'impression de l'^ir ou p^^r la 
chaleur sputerraiqe dans les grailles de la terre. 

J^avoue k regret que, d'un coté, mes occupaticms 
ne m'ont pas laissé le temps de in^appUquer à l'exa-^ 
men, sur les lieux > des nombti^eu^^ et cuiieux phéno-t 
mènes quq Vo% ve^ço^Xvç dap« ce pays y et que^ de 
Vautre ^ mes coqnaiss^pçeiç snr ces sortes de matières 
ne me perm^t^nt ps^ d'ep-parler ex professa. Je me 
borne à l'aconter et à décrire le^ choies telles qu'elles 
paraisi^nt aux yei^x du tulg^ûre, sans entrer dans au- 
cunes discussiqn^ ni recherches philosophiques. 

Les monts Carpat]ie$ qui^ pomme jel'ai déjà exposé^ 
sépu*ent la Y^dacl^iie et l$i Moldavie de la T#ansyl-!> 
vanie et du fianat de Témeswar^ sont une ramifica- 
tion des Alpes qui> continués par la Bulgarie^ et 
réunis au mont Hémus^ vulgairement appelé par les 
Turcs J^alkanj vont se perdre dans la mer !Noire. La 
hauteur de ces montagnes est prodigieuse. Il fatut 
ordinairemeqt à un cheval un jour et demi d'été pour 
monter de la plaine jusqu'au passage qui conduit en 
Transylvanie. Les sommets sont cnM "^ 

ton jpurs couverts de neiges qui fon 



( 48 ) 

les mois de juillet et d'août. La contexture des mon-^ 
tagnesparaitd'ùrie pierre calcaire qui tire sur le rouge 
et qui a peu dé cotisistance; il^e trotite cependant 
des veines plus dures qui ressemblent au marbre. Les 
naturels du pays ëtànt fort peu curieux de pénétrer 
dans rintérièur de ces montagnes ^ on ne sait rien de 
positif à l'égard des productions du régné minéral.' 
On trouve en beaucoup d'endroits des traces de vol- 
can, et un site câèbre et des plus fréquentés qui sert 
de passage entre 1^ Valachie et la Transylvanie, con- 
serve encore aujourd'btd le nota de Volcan. On ne 
trouve en presqu'aucun endroit la pierre nue, par- 
tout les couches de terre sont élevées, propres à la 
végétation, et produisent, où de riches pâturages 
mêlés d'herbes aromatiques, ou des bois très épais 
des différentes espèces d'arbres dont nous avons déjà 
donné la description. 

Dès que les neiges sont disparues dans les vallons 
et dans les terrains bas, c*est-a-dire, vers la fin d'avril, 
la pâture se développe avec une incroyable célérité, 
et les filantes et les arbres commencent à verdir. Au 
nlois de mai les sites qui, peu auparavant, n'mspi- 
raient que l'horrcfur et frappaient dé terreur, devien- 
nent agréables et charmans, parla variété dé leurs 
positions. Des fleuves très rapides serpentent dans les 
vallons tortueux; il n'y a pas une colline quine donne 
une ou plusieurs sources d'eau limpide. L'ombre des 
arbres, le parfum des tilleuls fleuris, et des herbes 
aromatiques que foulent les chevaux et les roues des 
voitures, les troupeaux paissant çà et là ; l'aspect deè 



(49) 

des villages toujours situes là où le terreia forme une 

plaine ; les cabanes de pasteurs éparses sur les cimei 

des monts ^ le silence et la solitude qui régnent dans 

ces asiles ; tout concourt^ à i'enyi, pour csiuser au 

voyageur de la surprise et du plaisir. Si l'on ajoute 

a tout cela l'impatience naturelle à l'homme de fixer 

de nouveaux objets ^ qui naissent sous ses yeux^ ou 

un mont; une foret; et souvent encore la surprise de 

voir^ sous ses pas^ un précipice que l'homme le plus 

hardi ^ mais peu accoutumé, à un tel coup d'œil, na 

peut considérer sans firayeur^ on aura de suite une 

idée du spectacle^ tout à la fois agréable et horrible^- 

que présentent les G^rpathes. Les nuages qui s'arré^ 

tent ordinairement aux deux, tiers de la montagne p 

occasionnent souvent dans les vallons des pluie» 

d'été, mais elles durent peu. 

Ces montagnes renferment dans leur sein diverses 
mines de métaux précieux et comnnns. Gomme ces* 
mines n'ont jamais été exploitées dans les temps an- 
ciens à cause de la rusticité et de l'ignorance des 
princes de la nation^ et qu'elles ne le sont pas- 
davantage aujourd'hui de peur de l'avarice des« 
Turcs, on ne peut ni s'étendre sur ce point, ni parler^ 
avec quelque précision de l'importance et de la ri-^ 
oh esse de ces mines. 

On peut cependant exposer les conjectures lesplosr 
probables. D'abord dans la partie des montagnes qui< 
sont situées au nord et qui appartiennent- a la Traii* 
sylvani^ on en tirie journellement de l'or et du fer, et 
dans beaucoup d'autres endroits de la partie oppo- 

4 



( 5o ) 

àée, On troure tous les indices de tùineraiùxi^.lâi plu-? 
part de» eaux sont imprégnées de parcelles de diverse 
métaux. Dans tous les fleuves on trouve des paiHettes< 
dSr mêlé d'un peu d'argent, Ce sont les Tziganes 
<jui recueillent ces parcelles d'or; chacun d'eux est 
obligé d'en porter une dragme par an au trésor du 
prince. Des minières de fer qui se trouvent dafts 
Fahgle delà Moldavie, et qui appartiennent à l'erti- 
pereur d'Autriche, ont été exploitées et mises en pleitï 
i^apport dans le siècle dernier. Les seules mines qui 
s'exploitent actuellement dans les deux provinces 
sont celles de sel. Elles fournissent abondamment de* 
cette denrée, non seulement la province , mais encore 
les pays circohvoisiqs. Il est à présumer qu'elles sont 
creusées depuis plusieurs siècles. Celles de Yalachie 
fournissent la Bulgarie, la Servie^ et une partie de 
la Bosnie. La Moldavie approvisionne la Pologne 
mé^idionale^ surtout depuis que ces mines sont pas- 
sées dans les mains de l'empereur d'Autriche. 

On creuse ces minières fort profondes 5 les mi- 
neurs y pratiquent deui ouvertures^ l'une perpendi- 
culaire et l'autre oblique^ On place à une certaine 
{Profondeur , dans l'embouchure de la première ^ une 
grille de fer sur laquelle on brûle une grande quan- 
tité de bbis^ pour changer et purifier l'air de la mi- 
nière } l'autre sert d'issue.pour les ouvriers. Les tra- 
vailleurs sont de deux espèces) l'une se compose de* 
gens libres qui exercent ce métier par hérédité^ 
l'autre comprend les criminels qui sont condamnés 
aux travaux pour de graves délits. L'existence de ces 



(51) 

sortes dé getls est de courte durée ^ et la couleur de 
leur teint est un indice de leur mauvaise santé. 
Os taillent des morceaux carrés de sel minéral d\k 
poids d'un quintal^ on les tire dehors, par Touvep- 
tujre perpendiculaire au moyen de cordages adaptés 
aune peau de bœuf très dure. 

Les mineurs, afin de travailler dans les excavationsy 
pratiquent des chemins très vastes soutenus par des 
pilastï*es, et dont le temps et l'expérience leur ont èn^ 
seigné la construction. Il arrive souvent qu'ils reux^ 
contrent une source d'eau qui rend la minière ou in*" 
commode ou impraticable, et l'inondation est quel- 
quefois si soudaine que les mineurs n'ont pas le temps 
de fuir; mais elle est ordinairement précédée d'uit 
bruit souterrain qui les prévient un jour ou deux 
d'avance j tout le fossé se rempUt d'eau qui , avec le 
temps^ se coiàvertit en sel, à ce qu'ils prétendent*. 
Gela est d'autant plus vrai que l'on renconUft sou-, 
vent dans le sel des os y des outils en f^r et autres 
ustensiles ordinaires aux travailleurs. 

CHAPITRE XIV. 

Eiat actuel du. commerce dans les deux princi^ 

pautés. 

. On voit, par tout ce qui vient d'être exposé jus- 
qu'à présent y quelles sont les richesses naturelles et 
les divers produits de ces pays , et combien il serait 
fadledé les augmenter, ainsi que le coiïimerce et les 

4* 



(5a) 

Êi)>riqttès; mais par le Vic« de leur constitution poli^ 
ti((ue^ Vun est très précaire , et les autres n'existent 
point dé fait Ces deux choseajqui sont incompatibles 
avec le despotisme, ne peuvent jamais exister que 
là où régnent réellement la liberté^ la justice^ et la 
sûreté personnelle. L'expérience a démontré que le 
commerce ne fleurit que dans les pays oà^ après avoir 
posé' pour base ce& pcemières et indispimsables con- 
ditions 5 oa a encore Favàntage de tsovnrer daat bina- 
tion ou dans.une société dfhoBmies.réuzii&^aa certain 
intermédiaire entre le riche, propriétaire foncier et 
le malheureux cultivateur cfii fermier. H feuil que te 
dernier ait une éducation proportionnée à son état ^ 
qu'il fasse usage de sa raison-^ et que le désir naturel 
d'améliorer son* sort stimule son industrie^ et l^cxcite 
à se procurer l'aisance par le commerce et d'anlnre» 
moyens industrieux et honnêtes. Si l'on jette un eottp 
d'œil fltf les nations modernes les plua célèbres par 
leur grandeur et leurs* riches^es^ onr verra* que toute» 
ces cfrconstances y concourent plus ou moins^ oa qiie 
cette grandeur est toujours en raison de leur réu<^ 
nion plus ou moins grande^ Or' ^ il ne se trouve en 
y alachie et en Moldavie que des monastères et des 
boyards; des propriétaires et des colons^ esclave» 
soumis y les uns et les autres^ 4 un despote esclave 
lui-même d'un tyran. 

Tout le commerce et les petites manufactures de 
première nécessité se trouvent dansi les mainâ des 
étrangers. De ce nombre^ les Grecs qui viennent de 
FAlbanie ou delà Macédoine sont en première ligne ; 



( 53 > 

^ienneot ensuite quelques VaUques d« la TransjU 
vani«^ pais les Arméniens et les Juifs de la Gallicie* 

11 faut, avant d'en donner une idée quelle qu'elle 
soit, prévenir le lecteur que la Porte-Ottomane en-^ 
tend et prétend se réserver pour elle et principale- 
ment pour l'approvisionnementde Constantinople(i ), 
au prix qu'il lui plaît de les taxer, tous les bestiaux 
tels que (es dievaux^ bœufs ^ moutons ^ et tous 
les comestibles comme le miel, la cire, les grains, le 
beurre , le suif, et le fron^ige , et qu'ainsi il reste peu 
de CCS denrées à transporter dans les autres états. 

Dans i<;s firmans ou commandemens que la Porte 
esppédie aux princes pour avoir des provisions , elle 
appelle les deux provinces le magasin ou grenier de 
Constantinople , et elle en tire en effet une bonne 
partie de ses subsistances, $i jamais tes deux princi- 
pautés passaient dans les mains de quelque puissance 
chrétienne , il est certain qu'elle retirerait de grandes 
sommes de la Turquie pour la vente des comestihle$ 
nécessaires à l'approvisionnement de 6a capitale, 

(i) L'approvisionnement dp Cgnstantiiiople est immense 
et se fait par trois canaux principaux; i^ p^ir les iles de 
l'Archipel ; st^ par la Valachie et la Moldavie ; 3^ par les pro- 
yîncea asiatiques les plus voisines de la^ mer de Marmara. Les 
deux premiers approvisionnent la capitale chacun pour quatre 
mois de l'année environ ',1e dernier est celui qui donne le moins. 
On concevra facilement^ d'après cela^ de quelle importance est,^ 
pour la Poite-Ottomane ,1a conservation de ces. provinoBij 
lies ,et à quelles fiicheuses extrémités elle se trouverait F 
si elle était privée de ces ressources qui font plus d«*' 
de la consommation de la capitale de l'empire. ( 



(54) 

' he. numéraire qui circule en aboftdance dans lés 
deux provinces^ consiste çn sequins ou ducats de 
Hollande et piastres turques qui sont moitié cuivre 
et moitié argent (i). 

- Maigre tout. cela personne ne peut réellement se 
dire rioliê , parce qu'au bout du compte tout va dans 
le trésor du prince et de ^es Grecs, et pass^ de là à 
CoDstantinople d'où les marchands qui viennent -de 
la capitale ppur acheter des denrées, le rapportent 
ensuite. L'armée russQ y avait laissé beaucoup d'or 
et d'argent de JloUande qiù disparut ep moins d^une 
année (a). 

. , Comme il a été stipulé digîs le traité de Kaynardzi 
que la Russie serrât libre d'avoir des consuls où il lui 
plairait, et comme les mêmes clauses existaient. à 
l'égard de la maison d'Autriche par les traités antér 
rieurs , les deux cours impériales résolurent d'en-r 
voyer leurs ageps e^ Valaçhie et en Moldavie, Mais 

(i) Il oixcule également des rouèiés on petite pièce d'or qui 
vaut 2 pias.tres çt trois qiiarts \ d^s makfimoudiês ou pièces d'pr de 
la valeur de a5 piastres ; enfin des besçheliqi^es , pièces d'ai^eiit 
£e la grioi^ur d'une pièce de $ francs , qui valent 5 piastres. 
Quelques mpunaies d'Allemagne telle que le laubthaler o^ pièûe 
d3 6 francs^ les pièces de ao kreutzers et dçs tlialeris d'Italie 
y qnt cours. ( Note du Traducteur. ) 

(2) Toutes les fois que les armées russes passent ou séjomv 
lient dans les principautés , elles les enrichissent^ au lieu de 
\t% olpèrev , et y laissent beaucoup de numéraire, Après la cam-r 
pagne de 1813. les finances des deux provinces étaient dans \3f\ 
^tat très florissant. ( Noie du Traducteur. ) 



t 55 ) 

celle ianovalion éprouva de grandes oppuMÙons delà 
part de la Porte , dont la politique est soupçonneuse , 
rusée et pleine de défiance. Les princes pieToyant 
que cette mesure imposerait un frein à leurs extor-- 
sions> ont beaucoup couli*ibué à entretenir la Porte 
dans ces dispo^tions. Enfin en 178*^ les dçux consuls 
s'établirent^ à la grande satisfaction des indigènes 
qui pensaient que les princes deviendraient plua 
DM>dérés dans leur administration et dans leurs «i^ao^ 
lions , oe qui serait peut-être arrivé sans la guerre 
qui éclata bientôt après (i). Les Grecs pour se con- 
soler du déplaisir qu^, leur causaient ces hâtes ^ en out 
tiré parti du c5té de leur vanité. Les consuls furent 
reçus avec toute la magnificence que les grands sou- 
verfons ont coutume de déployer lorsqu'il^ reçoivent 
les ambassadeurs. Le consul, précédé des troupes du 
pays, dans un carrosse de* la cour traîné par sis 
chevaux , suivi de$ personnes de sa nation , était in* 
troduit chez le prince, qui ;^ assis sur son trône, )e 
recevait , environné de tous les grand.s officiers de sa 

(1) L'itabllssemeiit des consuls, et surtout àe celui de Russie^ 
a produit ui^e grande amélioration dans quelques partie» de l'ad- 
ininistratipii , parce quç comme par le traité précité « la cour 
oltomaue çeoiseut que , dans le besoin , les QÛi|iciU*es de la cour 
impériale à G>n8tantiuQpIe lui fuissent des représentations po«r 
le bien des principautés , la présence d'un cqusuI releuail dans 
le devoir les agens de l'autprité qui auiiai^nt craiut que \(u 
ministres ne fissent 4^^ plpintes à la Porle \ imle irœ» Lea 
princes furent ensuite obliges de recevoir les C4>ns«ls russes 
flfi»!^ les principiiulés. 

( Note Ju Tiadiirlf m*. ) 



(56) 

cour. Ensuite venait le Divan-eflTendi qui lisait Fordro 
du Grand-Seigneur de reconnaître le consul^ et de 
le ikire jouir des privilèges et inununités accordés 
par les traités entre les deux empires. Ensuite le 
prince complimentait le consul et ffiis«4t rendre les 
honneurs à ce fonctionnaire qui retournait cheî luk 
dans le même ordre (i). Les cérëmonies se termi-» 
naient par un g?ila don^é 4 toute k suite. Afi^ d^ 
rendre plus intéressantes ces observations, j'ai Jugé 
^ propos de joindre ici U traduction du firman qb- 
tenu par la cow de Vienqe , lorsqu'elle , noyoïma et 
envoya dans les deux principautés un agent géné-^ 
rai qui avait sous lui divers officiers civils et iliili*- 
taires (a) , non seulement pour protéger et assister 
le commerce des sujets autrichi^iui, niais encore pour 

(i) Caa cërémamea qui se passaient dans k salle du divan , 
consistaient dans lu réppnse improviaë^ que faisait le prince 
au discours du pànsul ^ Içs confitures , le caft, et !# pipe qu'il 
lui faisait présenter^ et qui, d'après l'usage oriental , est le plu4 
grand honneur que l'on puisse faire à quelqu'un ; enfin à faire 
|)aif tuner sa figure et ats liabita d'essence de rose d'après- le 
uiéme usDge, ( Note du Traducteur. ) 

• (9) La Prusse ayant , dans ses traités avec la Porte, stipulé 
qu'elle pourrait avoir d^ consuls partout où les «utres poi»-» 
sauces amies en iivaient , le prince de Yalachie , en vertu d'un 
beyrat ou finnan , reconnut en cette qualité M. Marcus qui 
fut consul ^ Bucharest en 1818 , et qui , après sa mort, arrivée 
en i8ao , fut remplacé par M. le baron de Krenchely , homme 
vraiment^timable sous t .us les rapports. C'est tm hommage 
que l'amitié se plaît à rendre à la vérité. La France avait aussi 
dans 9»^ derniers temps im consul à Bucharest. (Note du Trad.) 



( 57 ) 

entretenir les relations qui ont ordinairanent lien 
cnti^e des pays limitrophes, 

CHAPITRE XV. 

Exportations qui se font pour Constantinople, 

Tous les ans au printemps ^ les marcliaiiicU grecs 
munis de firmans de la Forte^vieunent ^dans les deux 
principautés, acheter le^ moutons dont ils eulévent 
pinq à six cents mille qu'ils paient au prix qui leur 
convient , vexant , 4U re3te , et opprim^int les patres 
selon leurs caprices et sans que les princes ou d^aur* 
très fonctionnaires osent s'y opposer, attendu qu'ua 
de ces marchands retournant à Gonstantinople , est 
capable de crier au milieu du marche, que la' prince 
de Yalachie ou de Moldavie est un traître qui 
s'entend avec les Russes et les Allemands , et qu'il 
entrave la vente des moutons , afin de £ûre mourir 
de faim le peuple mahométan. Comme une action 
de cette espèce est très facile à faire et qu'elle 
causerait, à Gonstantinople, un soutènement qui 
pourrait faire déposer le princo ou lui coûter U 
vie, personne n*ose réprimer ce désordre (i). J'ai^ 
remarqué que ces marchands, quoique grecs,. 



(i) Ces abus cvmiM «ivsuent cewé depuif quelquo temps per 
les raisons que j'ai exposées plus bauL Cette branche de re* 
veuu de la province s'était même fort amélioré , derniàrement 
eu Moldavie , attendu que le prince avait , en 1820 , mis 
l'adjudication dç cçtle fourniture à Teiicbère et qu il était ré? 



(58) 

font ceux qui humilient l'orgueil des princes , et 
ise croyent d'importans personnages^ étant ap«- 
puyés par les janissaires auxquels ils fournissent la 
ration de viande ; de plusieurs grands seigneurs } du 
chef des bouclieriesy et du Grand-Seigneur lui- 
même. H^ yoa encore une autre espèce de marchands 
appelés capenleiy du nom du marché où se vendent 
en gros à Gonstantinople les provisions. Ces mar* 
dhans fitout une ' association de Grecs et de Turcs. 
Ils viennent avec des lettres du grand-visir et achè-» 
t^nt lejfroiïiage^le beurre ^ le suif^ la. dre^ la viande 
funiée^ etc. (i) au prix qui leur convient. On égorge 
dans les deux principautés environ quatre-vingt miÛo 
bœufs et vacheis,et qn grand nombre de chèvres 
dont on fait bouillir la chair dans de grandes chau- 
dières jusqu'à ce qu'elle soit entièrement consumée. 
On en recueille le suif dans une outre faite de peau 
de bœuf ; <^qué .millier donne ordinairement un 
quintal de soif ^ sans l|i moëUe que l'on retire^ et qui 

suite de ce mode de concurrence un bénéfice réel au pix)fil des 
babitapg. Quant .aux vexations dpnt parle fauteur > ce prmce 
poor les éviter avait çxigé dçs çntrepreneurs qu'ils répon- 
dissent de la coniduile de leurs préposés à cet égard , et ce point 
essentiel faisait lUie des clauses du contrat d'adjudication, 

( Note du Traducteur. ) 
(i) Ces capenlel forment une corporation privilégiée qui fait 
beaucQup de tort aux paysans , tant parce qu'ils ont le com- 
merce excliisif des denrées et comestibles ; que par les msef 
qu'ils emploient pour se les procurer à bon compte y et par 
les monnaies altérées dont ils se servent pour faire leiu*s paie- 
mens. ( Noie du Traducteur. ) 



fundue séparément se conserve dans des barils. Les 
Turcs qui demeurent au-delà du Danube , prennent 
pour leur usage un grand »ombre de bœufs. 

Eb'été abordent dans Icsportsde Galatz et d'Ibraïl 
situés sur les rives du Danube^ grand nombre de 
bâtimens Turcs appartenant aux relaps qui naviguent 
de Trébizonde et qui sont tous janissaires y la plus 
insolente canaille que l'on puisse imaginer y capable 
de se livrer à toutes sortes d'excès , se faisant une 
gloire d'assassiner pipr trahison. Les Valaques et les 
Moldaves sont obligés d'envoyer tous leurs grains à 
ces deux marchés où ces espèces de marchands les 
achètent y à leur manière , tant pour le poids que 
pour la mesure. Les pauvres paysans sont fort con- 
tens pour l'ordinaire , quand ils peuvent retoumèr 
sains et s^ufe à leur chaumière, et ils sont fort heu- 
reux quand ils y rapportent un peu d'argent, hà 
peste contribue encore communément à rendre le 
séjour de ces deux ports plus funeste dans cette sai- 
son (i). 

(i) Ce redoutal^e fléau afflige aussi quelquefois les deux 
provinces; immédiatement après la campagne de Russie en 
181a et la entrée des Turcs dan» les dçux principautés, 1^ 
peste se manifesta à Bucliarest et dans la Yalacliie, d'une ma- 
iiière effrayante. Cette terrible maladie emportait journelle- 
ment un grand nombre de victimes. Elle &e montra aussi* en 
Moldavie ^ diverses reprisea depuis oette époque , et s'était 
étendue jusqu'à Jassy où elle se cachait sous la larve d'une 
fièvre endémique. En 1819 , 1® prince Soutzo qui venait d'ê- 
tre nommé hospodar, fit de suite, de Conslantlnople où il 
était encore /établir des lazarets; et les sages précautions sa- 



CHAPITRE XVL 
Exportations qui se font pour lu chrétienté* 

Nonobstant les prohibitious de la Porte-Otto-r 
mane^ la Moldavie qui possède une grande quautita 
4e chevaujc courageux^ et d'autres plus ordinaires^ en 
fait passer en Pologne près de vingt mille par année. 
Ce commerce s^ fait ordinairement par Mohilow ^ 
ville de FodoUe sur le ISiester^ où le roi de Prusse a 
un officier supérieur qui achète un assez^ bon nombre 
de cbevaux de toute espèce. L'empereur d'Autriche 
Cil f9,it acheter $iussi beaucoup et ordinaii^ement dans 
les races même où il fait choisir .les meilleurs^ qui 
se payent de treize à quinze sequins et qui sont des-* 
tinés aux hussards. Les Arméniens delà Gallicie dont 
j'ai déjà parlé ^ transportent ^ par l'Allemagne, et 
surtout par Breslau, cinq piille bœufs gras et six 
mille vaches. Les Grecs établis à Jassy ou à Vienne 
achètent cinquante mille oques de cire^etlês Juifs de 
Brody, deux cent mille peaux de lièvres qui s\ ven- 
dentdepuispeu d'années cinqu£mtepiastreslecent.Les 
Eusses achètent les meilleurs vins que les Grecs éta- 
blis dans ce pays font passera Moscou. Lesprincîpau]( 
articles 4e commerce qui> de Valachie, passent en 
Âllcmagnei sont les laines fines au nombre de plus de 

Jnitaircyi qu^l'on prit et que l'on suivit avec rigueur , éteigiiireul 
pe 0éai| deatructeur ranace suivante. 

( Note du TraductHU\ ) 



mille balles^ les cires , les maroquins, les pourceaux^ 
et, en Transylvanie, les laines ordinaires, le vin, et le 
poisson sale du Danube. 

Un gouvernement vicieux et oppressif entraîne 
mille desordres à sa suite, et quiconque a le mal* 
heur de vivre sous un tel joug en éprouve les funestes 
effets. Toutéd les provin<^d soumises directement ou 
indirectement à la tyrannie ottomane , sont dans ce 
cas; les plus grands comme les plus petits sont égaler 
tnent exposes aux effets de ce despotisme. Les grands 
étant plus voisins de la foudre, peuvent à chaque 
instant en être pulvérisés ^ le faible et le cultivateur 
étant, en géiïéral , plus éloignés du volcan ^ ne sont 
pas si fort exposés à perdre la vie , mais il semble 
qu'ils no jouissent de l'existence que pour travailler 
continuellement et se voir ensuite enlever le fruit de 
leurs sueurs et de leurs travaux. Le malheureux cul-* 
tivateur de la Yidachie et de la Moldavie, obligé de 
débourser à chaque instant de l'argent pour ses con^ 
iributions et 4^ taxes assez fortes sur toute, espèce 
de production ^ a recours a ceux-mémes qui les oat 
préparées. La crainte d^étre bâtonné, incarcéré^ et de 
se voir ravir par les maias cruelles des exacteurs, ses 
instrumens aratoires et ses bœufs seuls^ compagnons 
de ses fatigues , et enfin le seul moyen de pourvoir à sa 
propre subsistance^ l'empêche de réfléchir et d'exa- 
miner à quelles conditions il emprunte pour se pro^ 
curer quelque argent > il s'engage et cède, par ahtir- 
eipation, tout le produit qu'il attend de ses tevtèé 
pendant l'année ; le grain qu'il a semé , la vigne qu'il 



C 6a ) 

à Cultivée, la are de ses abeilles , la laine dé scâ bYe*. 
bis, le veau, le poulain, rien de tout cela n'est plui^ 
à lui. Tous les produits, à peine recueillis ^ passent à 
l'avide créancier ; Les princes emploient la -plus 
grande rigueur dans la saison que les fruits delà tei^re 
mûrissent) et ne laissent pas aux paysans le temps de 
les vendre j de peur qu'ils ne détournent ailleurs l'ar- 
gent qu'ils en retirent. Dans le ménie temps les mar- 
chands grecs et épirotes sortent avec des sacs remplis 
d'argent, et parcourent les villages pour offrir -des 
secours à ceux qui en ont besoin; ils examinent la 
quantité des produits et l'estiment par anticipation, 
à lin prix très vil» Si la grêle, ou toute autre intem-. 
périe de la saison ^ ' trompe les espérances des culti- 
vateurs^ et si la quantité de la marchandise ne re- 
pond pas à la somme reçue comptant , ils restent 
débiteurs pour l'année suivante. S'il leur survient ^ 
dans l'intervalle, de nouveaux besoins^ ils ont re^ 
cours . au marchand pour se procurer de l'argent et 
s'engagent à de fortes usures pour l'ancienne et la 
nouvelle dette. En un mot> le cultivateur se trouve 
en peu d^années , dans la nécessité de travailler et de 
suer toute sa vie pour autrui ^ et à peine lui reste- tp-il 
de quoi vivre médiocrementi 

Avant la guerre ,.les Turcs qui habitent au*delii 
du Danube , étaient devenus au moyen de ce com-, 
mer ce, les patrons des deux Provinces ; sous.prétei^te 
de se faire, rembourser les deniers qu'ils avaientpré- 
tés , ils s'établissaient dans les maisons des débiteurs^ 
usant librement de leurs personnes 6t de leurs moyens 
d'existence. 



Tous les peuples qui ont inondé l'Europe dans 
les premiers siècles de Fère chrétiome ^ ont générale^ 
ment réduit en esdxvmge les nations concpiises. Les 
Sli^es ont usé de ce privilège plus que tous les autres^ 
témoins la Russie et la Pologne qui conservent encore 
aujourd'hui ce barbare usage ; ce n^est que sur la fin 
du siècle dernier que la Bobéme et la Moravie ont été 
afiianchies par rbumanité de Marie Tbérèse et de 
Josepb IL L'usage du servage introduit proba- 
blement par les Slaves y s'est conservé en Valacbie et 
en Moldavie jusqu'en I774> ^Jolb Constantin Ma- 
vrocordato abolit la servitude , sans faire donner ou 
accorder à ces nouveaux afiranchis un tenrein en 
propriété^ ce qui eut été très praticable^ si lesopéra* 
tions de ce prince eussent été dirigées par la raison 
et l'équité. 

Les deux provinces avaient alors d'immenses ter^ 
reins qui appartenaient aux princes ; et si ^ au lieu de 
donner les moins peuplés à ses favoris comme il l'a 
fidt ainsi que ses successeuts^ illes avait distribués aui; 
cultivateurs qui sont peu nombreux en raison du 
sol y alors ou les propriétaires des terres les au- 
raient cultivées eux-màmes^ ou ils auraient été aban- 
donnés de tous leurs colons^ qui se seraient trans- 
portés sur les terres qui leur étaient ôfiG^rtes^ k titres 
de dons gratuits^ par le prince. De cette manière la 
liberté qu'on leur a accordée n'eist qu'imaginaire , et 
l'agriculteur en cultivant un tcrrein qui ne lui appar- 
tient pas^ est contraint de partager avec le proprié- 
taire le fruit de ses travaux ^^ tandis que ce dernier^ 



( 64 ) 

certain d& sa subsistance > ne se donne pas la nioindre 
peine pour le faire mieux fructifier^ s'abandonne k 
l'oisiveté et seinéle des intrigues de côur^et^imbu des 
maximes d'a^rice et d'oppression y trouve le moyen 
d'acquërir de Fàutorité pour mieux vexer le mais- 
heureux cultivateur ^ ses térires. 

Danaila situation actuelle des choses le nonibre des 
prapriétaireis^ déduction faite des coùvens. qui pos- 
sèdent un tiers^ des deux provinces ^ est très restreint^ 
de sorte que» si elles passaient sous un gouvernement 
juste y les bo jards deviendraient en peti de temps les 
plus TUites paJrticuHers de FEurope (i)» 

TouMto les monnaies qui ont cours dans les autres 
ëtats de l'anpîre ottoman^ passent également dans 
ceus»-ci (2)..Les poids et mesures sont les mêmes. Le 
quintal est de quarante-quatre . oqUes qui cor-* 
respond k cent livres de Vienne. Cependant les mar« 
cfaands qui achètent des indigènes les divers produits 
de la principatiLté^ se servent de poids et mesured 
à la rcNDiaîiie^ ^ui donnent un avantage de six k dix 

^i) 3é ne soi» pAs de Pavis âe Tauteur^ car Messieurs Teêr 
boyaxdts neîoiiiidexit sous encan des gouvemem^is %VLTapbènê 
des dmtset privilèges dont ils )<missent sous celui de Turquie. 
Aus beaucoup d'entx^ux- sont-ils intéressés à ce que oefc 
ordre de choses se continue pour conserver des emplois études 
prérogatives qui sont pour eux des sources inépuisables de 
richesses cntaines. (Note de Traducteur.) 

(s) y si d^à fait commttre plus haut les différentes monnaies' 
qui ont cours dans Sbs» Principautés. 

(Note du Tx«diict0ar.) 



N 



(65) 

pour cent. Quand ils vendetit , ils font plus d'attention, 
et ont grand soin d'avoir d'autres poids, et les bou- 
tiquiers, marchands en détail , ne se font pas un scru- 
pule de les diminuer d'un quart environ. 

Il n'y a que les draps qui sont vendus au pique ou 
à la brasse , qui équivaut à la mesure vénitienne j et les 
soieries au pique de Constantinople qui est beaucoup 
plus petit que la brasse. 

CHAPITRE XVIL 

Marchandises introduites des pàjs étrangers. 

Comme le luxe apparent est défendu, en Turquie, à 
tous ceux qui ne sont pas nés musulmans, les Grecs, 
qui sont les princes et les patrons de. la Valachie 
et de la Moldavie, s'y trouvant entièrement libres, se 
sont abandonnés aux dépenses les plus extravagatlte^ 
que l'on puisse imaginer^ et qui excèdent celles de^ 
Grands-Seigneurs Turcs eux-mêmes. Les dames, sur* 
tout, se parent des fourrures les plus fines, d'étoffes 
des Indes brodées et de galons européens. Ce luxe a été 
naturellement imité et bien souvent surpassé par les 
naturels. C'est ce qui donne aux négodans l'occasion- 
d'introduire dans le pays des marchaildisés de toute 
espèce. Au printemps de chaque aQnée les fourrures 
les plus précieuses telles que les martres, vair (i), her- 
mines, sûbelines, renards, loups cerviers et auti^ 

(i)Le vair est un animal tacheté de^la grosseur de Téciueuil. 

( Note du Traducteur. ) 

5 



{66) 

viennent régulièrement de la Russie. Les Grecs appor^ 
tent de Canstantinople toutes les étoffes, et mousselines 
des Indes et d'Alep , les tiasus en or de Sdo, indépeji- 
danmient d^une infinité d'autres objets fabriqués à 
Constantinople. D'autres Grecs vont deux fois Tannée 
aux foires de Leipsick et de Vienne d'où ils rappoîteni , 
par terre, une grande quantité de draps fins de toutef 
espèce en laine, velue, ras^^^y^e^ ou jaquettes en 
laine fine et autres étoffes, toiles imprimées, galons 
et broderies de Vienne, ouvi*ages en fer de la Styrie^ 
papiers de Venise, drogues, sucre raffiné de Fioume, 
café d'Amérique, plomb, étaim, et quincailleries de 
Nuremberg, Vienne, France et Angleterre, grand 
nombre de bijoux, perlés, montres et autres ouvrages 
d'or et d'argent. Enfin t;ous les produits écrus qui 
s'exportent des deuxpi*ovinces,pourla cbrétienté,sont 
échangés contre tous deux de ces manufactures. Une 
compagnie composée de Valaques , Thmsylvaniens et 
Bulgare»^ établis à|Cronstadt, fait fabriquer dans ces 
environs beaucoup d^ustensiles ordinaires à l'usage 
des gens du peuple, et ce trafic monte à cinq mille 
charges de chevaux. Cette compagnie jouit de di- 
vers privilèges qui lui ont été accordés par les an- 
ciens prinôes de la nation^ mais que les nouveaux 
princes ont pcfa confirmés. D'après cet exposé on 
pourrait croire que beaucoup de marchands se soîit 
enrichis dans ces pays par le commerce, mais il n'y 
en a pas un seul qui puisse se dire vraiment riche, 
parce que le gouvernement misérable et vicieux en 
lui-même tyrannise chaque individu. 



(67) 

Avant la dernière guerre > les princes afin de $ul>- 
venir aux fortes dépenses qu'ib sont obligés de fiiire 
à Constantinople^ pour payer kurs dettes ^ ^ ëatis^ 
fidreà leurs caprices ^ empruntaient de rargèût à 
gros intérêts, et hypothéquaient^ d'avancé^ lés reve^ 
nus de la capitation^ des salines et des douanes. Les 
marchands ^attirés par le gain ^ et souvent par fovce, 
donnaient lent argent aux princes. Si^ dàols cet in«- 
tervalle^ il survenait un chfingeihent de gùû-Vùtn^ 
ment, le nouveau prince, contfne dç raison, s'eûipd» 
rait des revenus, et les marchands perdaient, sans 
appel, leurs capitaux. * 

Ce cas est arrivé si souvent, que tous ces mar-^ 
chauds sont devenus insolvables ^ et ont fait un tort 
considérable aux crédules négocians de Leipsick qui 
leur livraient des mar chandiâeâ à ci'édit ( i )• 

Les gains que divers marchands nouvcUemeiit 
établis , avaient ùlXÉ pendant la guerre, et lors du 
séjour. des armées ruâses^ ainsi que la sage adminis^ 
tration du prince Ypsilanti, qui l'égnâ sept ans apràs 
cette guerre, avaient rétabli le Commerce, ft reWvé 
le crédit en Vàlacticé . , 

Divers négocians de Vienne, eâco.uràgés pâf les 
traités de commerce entre la maison d'Autridl^e et 
la Porte-Ottomane conclu à Passarowitz, confirmés 

(i) Cet abus a cessé dès que la durée du règne des princes 
a été fixée , et je dois dire que ikàs éeà derniers temps les 1l>ail- 
leurs de fondât tecevkiënt des liypothêques plus solides que les 
reveims âiitîcîpé^ des deibL prbicîptttités^ 

(Note du Traducteur.) 

5* 



(68) 

et remis en Tiguèur eh i784i comme ôri le verra 
par la tràdûcfion ci-après , avaient essaye d'établir 
par le Danube un nouveau commerce avec les détix 
principautés et les autres états de l'empire Ottoman. 
Les tentatives furent infructueuses ^ tant par les di& 
ficultés que rencontrèrent les nouveaux eritrepre^ 
neurs^que par l'opposition ouverte des princes qui 
Voyaient leilrs intérêts froissés ^ et les tergiversations 
du gouvernement Ottoman. La guerre a mis fin à 
toutes ces entreprises^ 

CHAPITRE XVnii 

Système du gouçèrhèmeni. 



I^onobétant les fréquens changemens survenfis 
dans le gouvernénient de ced deux principautés y et 
quoiqu'elles àyent perdu lêuf liberté, la Porte-Ot- 
tomane leur à ^cependant laissé toutes les apparences 
delà souveraineté^ et les andetmes charges avec 
leurs titres honbtifîques^ ain&i que le droit d'avoir 
Un divan pour rendre la justice aux indigènes. 

Voici l'énumératiôn deà charges qui composent 
te divan) 

En P^alàcJué^ 

i<> Le bàti de Cràyowa. 

V^ Le grand fornique ^ où grand juge» 

^^ Le grand Logothète y ou grand diancelier. 

Ip Le grand Spatharé, ou généralissime. 



«3^ 



(«9 y 

5^ Le grand f^istiary ou grand tré^riev. 

& Le grand Clout^^are^ ou commissaire e|i chef 
de Farmée (i). 

70 Le Pahamik, ou échanson. 

$0 Le Stolniky ou sénéchal. 

^ Le Serdary officier dont le titre est emprunte 
des Turcs. 

io<> Le MédUnitziare y ou chef de Toffice. 

iio Le Stoutziare , on pourvoyeur des viyre^. 

1 20 Le Dziatrar, gardien des tentes. 

l3<> Le ;^econd Chutziqre. 

En Moldiiviex 

m 

1^ Le grand ijogothète. 

2P Le grand Dvorrdk. 

^ Le Hetmanny ou généralissime (s). 

^ Le grand Vistiary grand trésorier (3). 

50 Le Spq^tharey ou bano, 

Les autres charge sont à penprès leSii^eme^^qu'^ 

Vojacliie (4). 

(1) Cette dbarge n^est pli)# qu'honori%iie, 

(Note 4u Traductetir.) 

(2) Eu Sfoldayie fl y a deux het9iani|^ l'un fait les fonc- 
140118 de général en chef ^ l'autre y appela betmann du Pruth » 
a l'inspection sur toute la t\v^. 4n)ite ,4ft ^ fle^ave pour le» 
a^u^ipes de commerce, etc. (Nçtç âir>Tn^ducteur.) 

(5) Cette charge de granj^yistifr^t, à proprement parler, 
une charge particulière à la Moldavie d'oii çlb a été introduite 
^nsuilç ei^ Yaladiie. ( J^ot^di^ Ti^f^ducleur.) 

(4) Ea géi^éral dan^ Içs de^ pi^ovinces , quoique les chargesL 



( 70 ) 

L'arch«\é^9< lotétfQpolitaio , est président du 
divan, et pour raîosi dire Toraefe de la loi. En Va- 
lacliie, c'est celui deBucharest^ et en Moldavie celui 
de Jassy. Le prince. Ypsilanti a. encore admis dans 
ce divan, en Valachie,. les évéques de Rimnik et de 
3usieo; en a,ugn»eiit«^t: ainsi l'autoritë de ces trois 
prélats , et en leur accordant des marques distinctives 
et honorifiques, o^ priocesayaittrés bien l'incroyable 
ascendant qu'ils avaient si^rl'e^prit inculte et supers- 
titieux de la multitude. . . 

Le ban de Crayowa ea^Valacbie, n'est plus au- 
jourd'hui qu'un vain titre j puisqu'il n'a aucune in- 
fluence dans le gouvernement de cette province. 
Il a seulement le droit de npmmer 4 certaines places 

soient multipliées^ les attrîbutipns §out ÇGOifondnes^ «t il est 
difficile de les disUnguer bien clairemeiit. En Moldavie , par 
exemple^ le grand Postelnik c^td est^ à proprem^nt parler , le 
lieutenant ou visir du prince ^ a l^inspectiôii stir toutes les par^ 
ties de Padminifirtraiiony ^t peut en templir toutes les fonctions; 
il a 8QUS lui un deuxième et un troisième postelnik. Il porte 
une masse , accompagne Iç prince , reste au divan ^ et dans cer*^ 
tains cas il fait les fanètioiis de grand maSti^ de» cérémonie» ou 
d'introdjAGteyr. • 

\IAga est encore, à Jfudy, une plaoe tirèa importante et très 
lucrative : elle est à là fois militaire et dvile^ il est génénd 
d'infUntçrie et à la' Uute pôtice des marchés. 

En Moldavie, dM&x qui sont revêtus des grandes chaii^fea 
d.jut je viens de pailer ont le droit de déployer un massalla : 
p'est une grande torche alkunée , portée le soir par un coureur 
qui précède la voiture, afin ie les distinguer des boyards de 
seconde clause. ^ ■ " i ( Note du Traducteui;. ) 



(71 ) 

subalternes pour lesqueDes il reçoit des présens , et 
qui sont ensuite confirmées par le prince. 

Les logoihètes sont les chefs et les directeurs de 
la chancellerie. C'est de leurs mains que sortent tous 
les diplômes^ et ce sont eux qui font et conservent 
tous les protocoles dés causes civiles. Ils ont une 
juridiction immédiate sur les nombreux couvens 
et monastères. Ils ont, sous leurs ordres, un second 
chancelier qui est toujours un jeune homme de la pre- 
mière noblesse , et qui entre fort jeune dans la carrière 
desemploisJ^e trouve cet usage très bon et trèslouable^ 
parée qi;ie l'habitude donne à ces jeunes gens la con- 
naissance de fonctions qu'ils exerceront dans un âge 
plus avance, et qu'alors ils enteiidènt la procédure 
légale et judiciaire sans aucune étude préliminaire. 
Il y a i^n troisième, chancelier qui.r^ise les procès, 
et qui a sous lui un grand nombre de copistes pour, 
toutes les écritures qui se fontenlangue vernaculaire, 
attendu que lit langue slave, autrefois en us^ge dan^ 
les diplômes , est tombée en désuétude depuis long- 
temps. 

Après le logpthete ou grand chancelier, vient le 
garde dçp scews: (i) qui appose en cire, sur les di- 
plômes appelés çrx&ovoidoSjt d'pn mût grec, le cachet 

(i) C'e^t un officier appelé moupourdare qiii est chargé d'ap- 
poser SUIT les diplômes et autres actes, le cachet soit en cire 
soit en encre d'impression ; il perçoit im droit de timbre qu'il 
partage avec le déyictare ou porte-pliune. Au reste il n'est p^s 
le gardien des sceaux \ le prince seul en est le dépositaire. 

( Note du Traducteiu". ) 



(7» ) 
du prince. Les ^rmes de Ifi Valachie sont un corbeau 
sur une colline^ tenant une croix dans son bec, dans* 
le milieu le soleil et la lune (i). Je crois que ces 
armoiries spnt fort antiques, et quelque peu altérées, 
attendu que je possède des nioqnaie^ grecques de la 
vil^e de Nicopplis sur le Danube. Elles sont presque 
les menées ,^ si ce n'est que l'oiçe^u tient dans le bec 
un çerpetit au lieu d'une croi?. Les armes de la 
MpHavie sont jine tête 4e bœuf (a). 

Les dwomicks sont regçirdé^ coinme les premiers 
juges exercQs dans la coutume du divan, les usages 
et les loi^ de ^a prpyince. Ils nomment les juges de^ 
frontières. 

Le spaihqrq ei^ Valaçl^ie et le hetmann en Moldar 

' (i) Ces armoiries changent souvent àîi gré deç princes. De** 
puis quelque temps dans celles delà Yalachie la pièce domi- 
nante est toujours la même, mais l'écusson est supporté tantôt 
par des lions , tantôt par des licornes, et surmonté d'une cour 
roune priucière accompagnée du topouse et du gl^we avec les 
lettres initiales du pr^ce régnant et le millésime. 

nHoU du Traducteur.) 
(2) Le grand sceau de la Moldavie est plus compliqué. Au 
milieu de dix-sept médaillons portant les noms et les attributs 
des dix-sept intendances de cette province , est l'armoriai sva-r 
monté d'mie couronne , du glaive et du topouse. Dans le milieu 
de récusson une tête de bœuf avec le soleil , la lune et les étoiles; 
au-dessus une sphère surmontée d'une croix; au bas et sur les 
côtés, des trophées militaires, tels que drapeaux, tambours 
canons, etc. Le cachet particulier du prince est de même avec 
c^tte différence qu'il n'a point les ipédaillons , la splière ni la 
ci<ûx , et que Fécusson est supporté par des lions. ( Idem. ) 



(73) 
vie ^ assistent et ont voix au divan. Ils sont de Mt 
les généraux en cbef des troupes qui se trouvent 
dans la capitale et de celles qui sont éparses dans la 
province, et en nomment les capitaines. Ils exercent 
encore la haute police dans les faubourgs des deux 
capitales , ont dans leur maison une prison , et in- 
fligent des peines corporelles et pécuniaires. Comme 
cette charge donne beaucoup d'autorité, et qu'elle 
est très lucrative, elle est toujours occupée par un 
Grec, parent ou favori du prince. Le spatbare a 
encore Pintendance des postes (i). 

Le vistiar ou trésorier, est toujours un indigène, 
devant être consommé dans les usages du pays , et 
connaître à fond tous les moyens pour tirer du peuple 
le plus d^àrgent qu'il est possible. U a sous lui un 
second vistiar qui est un jeune homme noble, et un 
troisième vistiar. Ce dernier est ton jours une personne 
qui joint l'intelligence à une grande pratique, et qui 
est consonmiée dans les affaires. U est ordinairement 
fixe dans ce poste, et jouit delà confiance du prince. 

Les places ci-dessus mentionnées qui sont les plus 
importantes, sont toujours occupées par les premiers 
nobles des deux provinces. Ils doivent avoir la barbe 

(i) Les noms de quelques-unes de ces charges annoncent 
qu'elles sont imitées de l'ancien empire grec. Le spatibare ^tait 
^e grand coimètable, etc. Les autres telles que capoudsiovLgnnà 
^rtier, TnoucourdarejCtgaj dét^icùafe^, portar^ etc. etc. sont à 
Tinstar des officiers Turcs du sérail*, enfin celles de dpomik 
hettmanrij etc. paraissent venir des anciens Slaves. 

(Noie du Traducleuri) 



(74) 

qui est un signe de vénération, et ils ont le droit de 
dire leur opinion au divan où ils siègent, tenant , 
pour l'ordinaire, à la main un bâton qui les dis* 
tingue. Les autres boyards n'ont pas la parole et se 
bornent à mettre leur signature au bas de la déci- 
sion. Je ne sais pa^r quel usage singulier toutes ces 
signatures sont en monogrammes , cft si compliquées 
que, depuis quelques années , il est impossible de 
devine^ les nojpas de ceux qui oi|t signé ces ^ctes, 

CHAPITRE XIX, 
Autorité du divan et des autres tribunaux. 

Tous ceux qui ont quelques procès, présentent 
à l'hospodar, en public ou en particulier , une sup- 
plique selon la qualité du pétitionnaire , l'importance 
de l'affaire et le degré de justice et de popularisé 
do ce prince. Ces suppliques sont lues par le troi- 
sième logotliète, et l'on écrit sur le champ au do§ 
le tribunal auquel l'affaire est renvoyée pour Vexa- 
men , ^t elles sont rendues au. pétitionnaire même. 
Si l'ajQfaire est du ressort ecclésiastique , elle est ren* 
voyée à un prélat, et si au contraire elle est civile, à 
un des tribunaunc subalternes qui sont de diverses es-* 
pèces. Quand les parties contentieuses s'en réfèrent 
à cette première décision , l'affaire est terminée j si 
au contraire ils en appellent , elle est portée au divan. 
Lorsque la décision de ce tribunal ne convient pas, 
on demande que la c«^use soit révisée en présence du 



(75) 

prince qui, ordinaironent, tient ses séances deux 
fois la semaine dans une chambre appelée spatarie 
ou petit divan 9 et qui est environné^ et précédé d'un 
^and nombre d'officiers civils et militaires. Quand 
l'Jiospodar s'est placé avec beaucoup de gravité sur 
ua sopha élevé , ayant un cimeterre suspendu sur 
la téte^ et sur xme table voisine^ une masse ferrée 
(le topouse) , une écritoire et le cachet ; le troisième 
chancelier s'avance et lit toute la procédure ainsi 
que la sentence 5 les parties apportent ensuite leurs 
raisons; quelques membres du divan disent leurs 
»vis^ lep'rinpe décide^ et les parties sont renvoyées. 
Quapt aux affaires criminelles^ il y a un tribunal 
particulier composé de nobles du second rang qui 
ont déjà exercé des emplois inférieurs dans le divan. 
Toutes les sentences de ce tribunal sont examinées le 
samedi par le prince lui-même en présence de l'ar- 
maohe ^ qui estle gouverneur des prisons du or iminel. 
La peine la plus ordinaire est le bâton ; une autre 
plus grave est d'être condamné à travailler pendant 
quelques années s^uxmincs , et la^plus fi>rte est d'à-* 
voir uneoreilla coupée^ et d'être condam^ aux 
travaux à perpétuité. La peine dre mort a été presque 
totalenicnt abolie* par les derniers princes auxquels 
il est juste d'accorder la louange qu'ils méritent 
d'avoir été en: général humkijûs, d'avoir eu horreur 
des cruaùtéis, particulièrement le prince Ypsilanti 
qui s'étudiait à faire le bonheur des Valaqucs (i). 

(t) Ceslle malheureux père de ce prince, ayeul du prince 



(76) 
Dans le cas où la sentence de mort doit , suivant les 
circonstances et la gravité du délits être absolu-? 
ment signée par l'hospodar , Parmache retourne à 
trois reprises différentes , avec des intervalles de 
temps chez ce prince, pour lui demander s'il per- 
siste dans la résolution de répandre le sang humain. 
Si la troisième fois , le prince répond affirmative- 
ment , le coupable e^t de suite conduit au supplice, 
qui est ordinairement la potence. Cet usage m'a 
paru très louable, et mériterait d'être indté par les 
nations les plus civilisées, où la Vie d'qn hpmme 
dépend de la volonté d'un seul ou d'un petit nombre 
d'autres. J'ai o)3servé, à ma grande satisfaction, que 
les grands crimes sont rares. Les déUnquans. sonf 
presque toujours des^^/^ane^ qui volent les l]|estiaui: 
et font le métier d'assassins sur les graùds chemins. 
Quelque fois même ils commettent dese^cès de 
cruautés: et de barl>arie , et tourmentent les maU 
heureux qui tombent entre leurs mains, pour leur 
l'aire déclarer où se trouve leur argent j mais à peine 
le gouvernement en est-il informé^ qu'il prend toutes 
les m^fures nécessaires pour lf& faire arrêter et leur 
ôter la faculté de continuer ce métier. 
Jl n'y a point 4^ code, de (ois. écrites (i), et le« 

Alexandre Ypsilaiiti chef de l'armée grecque en Moldavie', 
qui fut appliqué par les Turcs à de si liorri|;)les tortures à Gon- 
slantinople, pour lui' faire dédfirer les trésors qu'on lui sup- 
posait cachés. (Note du Tradiicteur.) 

(i) Le prince Charles Gallimaqui, le même qui a régné sur 
}a Moldavie depuis réyaçuation ^esQiusseiB en i8ij3y)usqi|'en 



( 77 "^ 

lois romaine» et impépiales qu'ils disent suivr^ ne 
sont ni comprises ni étudiées de personne. Ils citent 
sans cesse leur Obicei pemuntide ; ce sont les cou-* 
tûmes simples du pays et traditions capricieuses^ 
ensôrte que les juges sont créés sans réflexion^ et selon ^ 
la volonté des princes. De là vient une confusion géné- 
rale dans la propriété, parce que la sentence d'un 
prince peut être révoquée par son successeur, et que 
les procès se renouvellent et se reproduisent sans 
cesse (i). 

Quoique le divan s'immisce^ en apparence^ dans les 
affaires du pays^ il n'a de fait aucune autorité, et 
tout se termine par -le prince ou par ses ministres. 
On dresse^ par exemple, tous les ans^ un bilan du 
trésor qui est examiné et signé par les membres du 
divan alors en activité de service; mais ce n'est qu'une 
jpure formalité^ et il n'y a pas de stratagèmes que 

l8ig a tdity pour cette province y un code de lois qui porte son 
aém et qui a été suivi jusqu'à présent. Onm'aasauré, à Odessa^ 
.que ce malheureux prince qui pendant 16 années a rendu à la 
Porte les plus grands serrices y et qui dernièrement çj^icore a 
été employé dans les négociations les plus importantes et les 
plus délicates, est iùort à Btousà où il avait été relégué avec 
toute sa famille!!... (Noté du Traducteur.) 

(1) Le prinece Ypsilanti a fait im code très succinct ou plu- 
•iM' une instruction pour servir de règle de conduite aux ju- 
gés dans les cas les plus fréquens. La clarté, la brièveté et la 
simplicité qui y régnent font beaucoup d'honneur à l'auteur 
de cet ouvrage qui a été d'un grand secours à la Yalachie. 
Cela est «l vrai que ses successeurs ont été obligés de s'y con- 
former et qtfils te conservent. 



( 78 ) 
Ton^n^emploie pour leur fermer la hmxchs, et le^ 
empêcher de faire parvenir leurs plaintes à la Porte > 
de rinformer que le prince a reçu^ sans les consulter^ 
des sommes immenses^ et ruiné lé pays^ comme ils 
le faisaient autrefois. Le divan intervient dans l'ad-» 
judication des fermes qui Ée fait au plus offrant ^maià 
cette fonction est purement passive^ attendu que ces 
membres sont eux-mêmes les acquéreurs, et que c'est 
le pribce qui décide. CVst lui-même qui, avec sel 
grecs, traite toutes les affaires de Constantinople^qni 
sont impénétrables pour les nationaux } et malheur 
à celui qui cherche à en pénétrer le secret I Comnle 
ces nobles ne peuvent régir eux-mêmes leurs terres, 
et qu'ils ont depuis long-temps perdu le goût dé 
Tagriculture, toutes leurs vues sont tournées vers les 
charges, et tous leurs soins se bornent à en obtenir 
une. C'est là qu'est fixée toute leur attention , ôt c'est 
là le but de toutes leurs cabales et de toutes leurs 
intrigues.' 

Indépendamment des charges du divan que j'ai 
déjà décrites, il on existe encore d'honorifiques et dé 
nobles, telles que : 

Le grand Postelniky ou maréchal de la cour, qui 
a sous ses ordres deux autres Postelniks nobles et 
un grand nombre d'antres subalternes, appelés Pos^ 
telnitsseles (i). C'est ordinairement un ministre 

(i) J'ai déjà parlé plvm haut de cette charge 8t importasile 
et de diverses autres attributions quiy.smit attachées. 

(Notsvjdu Traducteur. ) 



(79) 
grec , et c*est par lui que s'obtiennent les grâces, et 
que se finit toutes les affaires. H marche devant le 
prince en fonctions, porte une longue niasse dW-- 
gent^ et reste aux pieds du trône. H doit avoir la 
barbe. 

Le grand commisse, ou grand ecuyer. C'est tou-^ 
jours un jeune grec parent du prince, il a sous ses 
ordres le second commisse qui est le maître des écu- 
ries. La plus brillante fonction de cet officier, est 
celle qui se fait le jour de Saint-George, (27 avril 
vieux style) 5 mai (i), lorsque Ton conduit dans la 
prairie les chevaux du prince qui sont ordinairement 
fort nombreux; ils sortent des écuries conduits à la 
main par deux valets d'écurie couverts de manteaux 
rouges. Le cortège passe sous les croisées du prince, 
le grand écuyer ferme la marche; il est monté sur 
le cheval qui est un présent du Grand-Seigneur 
à l'hospodar^ et qui occupe toujours la première 
place dans l'écurie. Ensuite vient la musique tur- 
que (2). Toutes CCS cérémonies sont à l'instar de 
celles qui ont lieu jdUns le sérail à Gonetantinople. 

(1) n a encore une autfe cétimonie moins brillante , sans 
doute, mais plus imposante par le caractère religieux qu'elle 
respire i c'est la bénédiction des eaux qui a lieu solennellement 
le 6 Janvier, jour de l'épipHanie, sous une vaste te^te dressée 
dans la cour du palais. C'est Farclievéque métropolitain qui 
ftdt les fonctions dans cette cérémonie à laquelle assistent 
tous les officiers supérieurs de la cour et du gouvernement. 

(Note du Traducteur.) 

(3) Cettemusique turque est une chose vralmentassommaiitc. 



(80) 

VagUy général d'infanterie, a l'intendance des 
marchés, il vérifie les poids, s'assure de la qualité 
des vivres, et faij donner hifalangue (i) publique- 
ment et sur le fait. Il fait sa ronde la nuit pour pré- 
venir ou pour faire éteindre les incendies (2); investit 
les maisons qui sont suspectes , où dans lesquelles il 
se trouve des femmes de mauvaise vie. Ordinaire- 
ment, ils abusent de leur autorité en faisant ^ mille 
vexations, et en dépouillant les gens impunément. 

£lle se compose d'une espèbe de galoubet , de trompettes , de 
Âk petites tymballes et de grosses caisses. Trois fois par jour elle 

. 'y se fait entendre pendant trois quarts d'heure sous les croisées 

du palais , au mechterkané. Le tutti qtii la termine s'élève en 
tréscendo d'une manière désagréable qui ressemble à un cha- 
rivari , attendu la discordance et le nombre des instrumens. 

( Note du Traducteur. ) 

(1)^ La falangue est un gros bâton auquel s'adapte une corde 
fine attachée au centre par les deux bouts. On passe les pieds 
dans ce lacet. On tourne ensuite le bâton qui est soulevé aux 
deux extrémités par deux hommes. Le patient se trouvant 
dessous^ a les pieds élevés , tandis que deux autres hommes 
le frappent de verges sur la plante. Ce châtiment est très 
cruel. On en donne ordinairement cent coups. 

(2) Si l'incendie qui s'est manifesté en quelqu'endroit est 
considérable, on en avertit le prince, qui s'y porte avec ses 
principaux officiers et donne les ordres lui-même; s'il est de 
moindre importance , c'est son grand camarache qui le rem- 
place. Cette coutume est imitée des Turcs. A Constantinople 
c'est le Grand-Seigneur, ou le grand-visir. 

( Noteidu Traducteur. ) 



(8i) 

Il a sous lui deux autres offidiers^ qtti font Au mêiHéf 
ce qui cause un désordre insupportable. 

Grand Camarache^ ou trësoriei^ particulier (i). 
Tous les marchands^ et particulièrement les juifs, 
sont sous sa juridiction. Il a (certains petits revenus, 
et fournit le prince de tous teâ bbjAs dé hiie et les 
habillemens de la cour* Les prïiices, inde'pendam-i 
ment des choses qui sont à leur liSâgé'ôu qui ''dé- 
pendent de leurs caprices, acliéfent d^ la' Httissdb 
une infinité de peaux fmesyiiijotrt: et' âutrësf'hàgâi- 
telles fabriquées en Europe, pôiif-lèà envoyée ' en 
présens à Gonstantinoplc« Le camaractië a- lén bé^ 
néfice sur tous les objets confectionnés, outrd lèS 
gains indirects qu'il ret^ire dies Ventes; de sc*tô-que 
ses profits sont très con«[dérabiëS. Cette 'cliar^e* est 
toujours occupée par titi pt-oche pai^ent' datkiidôÉ?* 

Grammaticosse y ou, secrétaire* grec. Il âf*la'Cdrt»es* 
pondance avec les agens die Gonstïkhtin^^é (2)/ et 



; 1 1 « 



(1) Le grand camarache édt eiicote lliomme. de coufiancé 
du pnnoe. Il a les dépenses fle bondhe^ !^:C(miimgiKfe;à'tottteii 
les personnes du service. C'est , en quelque. scaftev'leifgBiuid'* 
maréclial du palais. ( Note:dUf'Xi^*«4ttçteiur. j . 

(2) En vertu àù traite de Kaynardzy, les deui t>niites d^ 
Yalachié et de Moldavie ont, auprès de. la Sublime t^orte , 
deux ùapoukidyaa oU cliargès d'aàsdres / jp^ l^îi^teîinédiaire 
desquels se tintent toutes les a$iires des deuk provinces > 
entre les princes et la t'orte. Ces deux places sont très ïucra- 
tives , mais très dangei^uses , attendu que les agens sont jcon- 
«idèrès par la Porte comme otages; cVst toujours iln fits'ôu un 
intodi^ parent du prince, qui les remplit. Elles demandent 



aiViAres ajffaires de, çqoiîapce (i). Il a sous lui deux 
autres secrétaires qui écrivent les lettres de félicita- 
tions à 'Noël et à Pâqljeis. Les princes reçoivent une 
infinité de lettres dé félicitations écrites en style 
oriental^ çt bien éliOtgné du style en usage chez les 
Grpecs ancieiis. L^ Grecs modernes ne font que tra- 
d.iûrQ,e1; copier c^lesdes Turcs, ^ les princes ré- 
|>pnde9t à toutes ces lettres qui contiennent des adu- 
Il^tioBIs et flattent le^r vanité, vu qu'on se sert à tous 
{propos du litre de sérénissime (2). 
. . Le ^^mà^Armache est gouverneur des prisons du 
xritniqeltf et a l'i» tendance des Tziganes ou Bohé- 
miiens. 

. Le grand P,ort(irj ou portar bachi, est l'introduc- 
teur des Turcs; Il a sous tés ordres deux autres su- 
balternes et un, grajid nontbre de satellites. Tous 
doivent, savoir la languô turque. 
i^jLe^I^iprawniks, ou gouverneurs des districts^ 
sont afu nombre de deux dans chacun; leurs plus 

dhm cftté un divouement sans bornes , et de l'autre lui grand 
eécàft de iconfiance» ' ( Note du Traducteur. ) 

(1) Le grainmatiame ùa premier secrétaire ^ est en même 
temps le chef du département des affidres étrangères , c'est-à- 
dire y du Imieau oii se traitent les affaires des exut>péeus, H a 
encore* la correspondance avec les consuls étrangers , et c'est 
par son intermédiaire que ces fonctionnaires obtiennent des au* 
diences et sont introduits cbez le prince régnant. 

( Note du Traducteur. ) 

(3) Ce titre cP altesse êérénissime leur est ^nné par les cours 
impériales de Russie et d'Autriche. ( Note du Trad. ) 



(83) 

grancU soins sont de percevoir les coutributibqs y et 
de pourvoir aux fournitures demandées par la Porte. 

Le Divafi effendiy ou secrétaire turc Ses fonctions 
sont d'écrire les dépêches adressées à la Porte-Otto- 
mane^ de lire au divan lesfirmansdu Grand-Seigneur, 
et de juger, conjointement avec un cadi ou juge turc 
de la forteresse la plus voisine, les différends qui s'é- 
lèvent entre les Turcs et les indigènes. Ce cadi est , 
dans ce cas, «nvoyé par ordre de la Porte, et vient 
muni d'un firtnan dôntvoicila teneur* iVb^re sublime 
Porte ayant été informée qiiun tel sujet turc a des 
prétentions sur tel Vcâaque ou Moldas^e , nous vous 
ordonnons à vous y comblé dé science et de sagesse, 
de vous transporter à Bucharest "(ou à Jassy )> d'exa- 
miner et de juger l'afiaire conjointement ai^ec le 
divaneffèndiy attendu que les GiaoUrs (les infidèles, 
c'est-'à^ire , les Chrétiens^ ne connaissent et n*ont 
aucune loi écrite, et ne sont point éclairés parles 
lumières de la justice (i). 

Quoique iétiîva:ùéfféndï soit ceùsé au service de 
l'hospodar, et qu'il en reçoive de bons émolumens, 
iï est (iependaùt considéré coçune officier de là Porte, 
et inqjédÉcur fle Jà conduite ies princes {^, et çigit 
à leur égitfdavec lieaucoup de supériorité. Il est dç 

' (i) Leâ'dëtUeM^pirincyï'dè'Ilfkl^^ ayaieht étendu leur 
àutoiÂ^ju^iieflriôrled Txii^és ibaânéliaibit^ de cette prînd- 
pauté; et n'avaient plus besoin de ces formalités pour les juger. 
.'• '■ '^ »■ .. = (NotédtiTinducteur.) 
'{^ tjes'priA69â'%av«iflàt t^ bien fermer les oreilles et la 
tMid»B ta ce' «urVwlkuiU - ( Note du Traducteur. ) 

G* 



( 84 ) 

fait qu^il parviendrait à le faire tremLler^ attendu 
qu'il est impossible à un Grec^ quelqu'oi^eilleux et 
quelque fier qu'il èoH d'ailleurs^ de se dépouiller en** 
tièrement des premières idées de servitude et de sou« 
mission envers les Turcs ^ idées qu'il a sucées avec 
le lait. 

Pai vu plus d'une fois en Turquie , un gurçon de 
cinq à six àns^ battile et mettre en fuite quatre ou 
un plus grand nombre de Grecs âgés de dix ans< 
Les premiers qui se qualifient de sujets efifendi^ se 
permettent toutes sortes d'excès; ils enlèvent^ pour 
leur usage^ des garçons et des filles des chrétiens ^ 
et les font changer publiquement de religion. 

n y a encore une infinité de charges subalternes 
qui sont non-seulement inutiles^ mais même à charge 
à l'état, n serait fastidieux de vouloir les énumérer* 

CHAPITRE XX* 

Autorité et faste des. prin^^es. 

Quoiqu^eil Valachie et en Moldavie le despote soit 
précaire; que ce soit bien souvent un homme sans 
naissance et sans talent élevé par les intrigues des 
Grecs^ l'argent et la faVeiir de la Porte-Ottomane^ 
et qu'un autre intrigant détruit, et fiujt, rentrer dans 
sa première nullité (i); fl s^'y ^ cependant pas de 

•' • 

(i) Pour mettre fin. à ces intr^ues sans cesse xenaissantes , 
la Porte^ttomaue av«t £ût en ijSiS, un riglettent plein da 
sagesse approuvé par le GriQ4-Seigneiiraet|M|]l| ftpair lequel 



(85) 

gottyeFBement plus despotique que celui de ces deux 
princes. Ce despote prend envers les sujets qui ont 
le malheur de vivre sous un tel joug^ une teUe gra-r 
vite y que les boyards en l'approchant se présentent 
en tremblant et avec la contenance la plus servile. 
J'en ai vu beaucoup . en ouvrant la portière , pour- 
entrer à Faudience si désirée^ faire un signe de croix 
et se recommander à leur saint patron. Il n'y a qu'un 
petituombre des plus distingués à qui il soit permis de 
htib^erla main) pourrordinaire^oni lui baisa lepied 
ouïe pan de son manteau. Les pnnoespeuventdi^oser 
des biens et de la vie des sujets (i). Quand ils veulent 
leur faire appliquer la falangue^ils Içs relèguent dans 
quelque prison d'un pouveat isolé^ et quelquefois 

quatre Hunfllet de greos du Plianal comméB pcmr les senrioes 
rendus à l'état par leurs ancâtres y auraientyà rarenli^ droit aux 
deux places de drogmans et aux deux prindpautés. Ces quatre 
familles étaient : la famille du prince Morousy ; celle de Calli- 
maqui et les deux fismiilles des Soutzo. Le chef de l'une d'elle , 
Alexandre y était prince de Y alacbie , et celui de l'autre , Michel 
régnait sur la Moldavie à l'époque des derniers ^yénemens. On 
s^t quel a été le sert 'de la plupart des individus de oes nial-t 
heureuses liuiiilles!!... ( Note du Traducteur. ) , 

(i) Bs ne l'ont jamais ftdt et le feraient encore moûis à pré-t 
sent. Les bcrjraids moldaTes plus unis enti^eux ^na laissent pas 
facilement empiéter sur leurs droits , ^t notamment dépuis que 
le tiers de la Moldavie est passé dans les mains des Russes , 
car ils se retirent dans let|rs terres situées aurdelà du Pmth , 
oà ils sont à l'alni des poursuites , dès que le prince meut les 
tourmenter ce qi|i oblige l'hospodar, par cela même de les 
inénage ( Note du Tvaducteiu-. ) 



(86) 

dans un premier mouvement de ioolére^ il les frappent 
avec la masse ferrée (le topouse) qu'ils ont toujours 
près d'eux (i). . 

Us disposent de tout et distribuent selon leur, vo- 
lonté les terreis et les villages^ de manière qu'ils ont- 
tout aliéné pour leurs propres intérêts avec cette 
prodigalité qui leur est âùnilière (n). 

Us changent à leur gré ie$ sujets qui occupent les 
emplois. Cependant ces employés après leur suppres- 
sion, conservent leurs titres , les honneurs €t quel- 
ques avantages. Les princes les font ordinairement 
passer par lès grades. Par exemple^ un postelnifc n'est 
pas fait de.droit9 ban de Gwyowa ou Logothète. Un 
ban peut, cependant, devenir sans difficmlté trésorier, 

(i) Sur la fin du âède dernier un boyard', grée d'origine , 
que l'ou crçiyait. ^voir été le chef d'une, confpiratiixi contre le 
prince , fut relégué au. couvent du Mont Sinaï. Sbu seulement 
loffîcier q\ii était duucgé de l'arrêter y le fit cha^rger de cLaînea 
et mettre au pain et à l'eau y maia par raffinement de cruauté 
çiahn fit eoadiie aea habits sur le corps , afin qu'il soiifirlt de 
l'infection et f&t tourmenté par la vermine, 

Le prince Gmstantin Racowitza ,mort à Bucfaarest eu 1763^ 
fit renftmier dans une cage de fer^ un malheureux médecin 
allemand en l'aociuant d'avoir ensoiœlé sa feimne. par des mé-r 
dicamens.. n liû fidsidt donner la bastoiuiade en sa présence 
tous les jours jusqu'au point qu'il en mourut. Heureusement 
ces exemples sont fort rares , et je m'étonne ^ qu'ftvec là consti-, 
tutioèi de ces pays> ils ne soient pas plus fréquents, 
. (2) Tout cebi a'est fort amélioré , «t les prinic^fe depuis une 
viugtaiiie d'années sont devenus plusdéboiiiiairea, plus accès-? 
sibles et pliis populaires, *{ Kote du Trad. ) 



(8?) 
spatfaar OU hettman. Le nombre àea titres est fort 
grand , parce que les princes , ou par faveur ou pour 
de l'argent que reçoivent les ministres^ confèrent 
cliaque jour des titres de noblesse^ et l'on sait à 
peu de chose près, ce que chacun coûté. 

Dans ces deux provinces , l'honmie le plus vil est 
créé noble avec un peu d'argent (i). Les porte-faix 
oïl valets d^écuries sont transformés en boyards , et 
se traitent entre eux de cestii bojrar en valaque, ou 
de eifieniasou en grec,x ce qui veut dire votre sei- 
gneurie. 

En 1775^ un boyard y alaque , nomme Ghindes- 
coulo ^ ayant tramé un complot, le prince, pour faire 
connaître son autorité, le fit arrêter et lé fit revêtir 
des habits d'un paysan qui se trouva là par hasard; 
Il obligea ce dernier de jft*endre les habits du boyard 
qui , ayant été dégradé, reçut publiquement la bas-* 
tonnade, et fut mis. aux fers. La ci^aiate et la surprise 
que témoigna d'abord le paysan ^ la fierté et la vanité 
qu'il montra ensuite, amusèrent beaucoup les spec- 
tateurs. Il alla dans cet acoutrement visiter le ban 
PhUipesculo , boyard du premier ran§ et ^on pa- 

(1) Cette noblesse de detudème et tfoîsième classe itait 
effectivement fort nombreuse , mais comme les nobles sont ob« 
bligés à chaque avènement de faire renouveler leurs titres et 
privilèges , le dernier prince de Moldavie avait éiitrepris de 
réformer cet abus en vérifiant les titres de noblesse, 4t/^ 
les confirmant qu'à ceux qui y atu^ait droit par de vèi|l 
services rendus à l'état. Les ciromstances-ne lidontil»^^ 
d'opérer cette utile réforme* , ( Note 4v 



(88) 

%v:ox\ I qui, croyant que le paysan avait été ennobli 
par le prince, comme le bruit s'en était répandu^ le 
fît asseoir prés de lui y et lui fit donner le café. Cette 
comédie dura ,peu ; après le dîner ^ lé nouveau 
boyard fut dépouille,, et reçut en présent cinquante 
piastres. . 

Tous les princes amèpent avec eux de Gonstanti- 
l^ople, un grand nombre de Grecs auxquels ils 
donnenJ; Içs chai^ges les plus lucratives (i). Après la 
pfiix 4q 1774 y exAve jla Porte et la Russie , les Va- 
laques et les Moldaves s'étaient opposés à cet usage , 
fît recoururent au colonel Peterson, ministre de 
Rujs^ie iqui était fort disposé à les appuyer j mais lés 
Grpps firent tant de démarches auprès de la Porte , 
que Wïï^Ot ne réussit pas^ 

U a. assez bon nombre de Grecs au moyen delà 
faveur (ivL prince 9 réussissent à conclure des mariages 
avajdtc^eux en .Moldavie et en V^achie , deviennent 
boyards^ propriétaires de bien-fonds. Ils intriguent 
ensuite tellement qu'ils parviennent jusqu'aux charges 
de bans, dwomiksy logothètes et vestiars qui ne 
sont ordinairement conférés qu'auj^ naturels du pays, 
descendans de quelques anciennes familles ou réputés 
pour tels. Eja un mot, la Valachie et la Moldavie 
sont un véritable pérou pour les Grecs. 

(1) H y a cependant des charges telles que celles de Dvor-i 
nik, Aga, LogoUiètei, etc. qyà appartiennent de droit aux no-» 
ble« d^A deux prinâpvoités, et d'autres conune les Ispraynika » 
etc? f ^m soii,t partagèet à k fins entre un grec et un indigène. 

( Note du Ti«dùctaiir. ) 



( 89 ) 

Non-seulement toutes les charges ont des émo«- 
lumens disproportionnés , mais encore dans toutes 
depuis la plus grande y tant ecolésiastique que ci- 
vile, jusqu'à la plus petite, on a le droit de dépouiller 
le peuple , surtout quand les princes ne payent pas 
les traitemens. La noblesse, les évéques, les monas- 
tères sont exempts de toute espèce de taxe et contri- 
bution, et ont même, en proportion de leurs titres, 
un certain nombre de paysans qiii leur sont donnés 
en propre, et qui ne payent rien au trésor, afin de 
réserver tout ce qu^ils possèdent pour leurs patrons( i ), 

Quand la Porte-Ottomane crée un prince , il va 
quelques jours après sa nomination, avec sa nom* 
breuse suite à cheval, rendre visite au Sultan q\ii le 
reçoit sur le trône et dans la salle de réception des 
ambassadeurs européens (2). Qxk lui poçe sur la tête, 

(1) C'est ce qu'on appeUe les socotetniks. Ils sont en grand 
nombre dans les deux provinces. Dans la seule Moldavie , ils 
coûtèrent au trésor, potir Tan 1820 y à raison de 2 piastres par 
individu , 56o,ooo piastres, ( Note du Traducteur. ) 

(2) Yoid les cérémonies qui suivent les nominations des 
princes y et telles que je les ai vu observer lors de la création 
des deux derniers liospodars de Yalachie et de Moldavie en 1 8 1 8 
et 1819 à Constantinople. Le lendemain de sa nomination, un 
officier supérieur va , de la part du grand-vislr , et conduit à 
la Porte, le prince qui, cette première fois, est suivi d'un 
petit nombre des siens à cbeval. Le grand- visir lui remet l'in-^ 
vestiture de la principauté , et le revêt d'un caftan ( espèce de 
manteau à fleur d'or, qui est cbe? les Turcs un signe d'hon-* 
neur ). Toute sa suite , qui a iga](ement reçu des caftans , le re- 
coudqit à son palais. Il reçoit ensuite , tour à tour, et à quel-> 



(90) 

en présence de S. H. la couccay qui est un cimier 
de feutre, recouvert de poils, couleur cramoisi^ et 
surmonté d'un immense panache de plumes d'au-^ 
truelle. Il est encore revêtu de la cabamzza^ vête- 
ment que portent seuls les sultans et les magnats en 



ques jours de distance, les queues, les étendards^ et le camcery 
où poignard enricH de diamans. Cliai:;un de ces objets , qui lui 
sont apportés par les oâiciers du sérail ou de la Porte , est ac-^ 
compagne d^vai cortège'plus ou moins noiiibreiix, et le prince 
les reçoit tantôt assis sur le divan et quelquefois sur le seuil 
de son palais. Il est complimenté par Içp siens et ces mêmes 
ofBciers e.t d'autres employés du gouvernement toutes les fois 
qu'il reçoit quelque chose, et fait remettre aux derniers, 
par son grand çamarache , des présens plus ou moins richest 
La cérémonie la plus importante , est l'audienée que lui donne 
le Grand-Seigneur assis sur son trône et dans laquelle , après 
un compliment que fait le prince à S. H. , il en reçoit une 
riche pelisse et d'un très grand prix. Cet usage qui parait si 
fort en^ contradiction avec la fierté musulmane vient, m'a-t- 
on dit, de ce que Soliman revenant de la chasse, trouva 
Bogdan, prince de Moldavie , qui venait le reconnaître comme 
son suzerain. Cette démarche fut si agréable à l'empereur 
Turc , qu'iT-^t revêtir de «a propre pelisse ce nouveau 
vassal. Le prince reçoit encore \à,coucao\Ji cftsque de janis- 
saire, surmontée d'une belle plume . d'autruche , et s'en re- 
tourne avec un cortège nombreux , mais dont très peu de per- 
sonnes ont pu pénéti*er dans .la salle d'audience , ( l'usage , dans 
tous les cas , n'en admet pas plus de dix ). Le prince pendant 
son séjour à Constantinople jouit d'ime grande influence , 
c'est pourquoi on hâté son départ. Cette dernière cérémo* 
nie , est la plus brillante. Le cortège, appelé allaye , est pom- 
peu,x ; il est ouvert par. un corps d« cavalerie albanaise î 



( 91 ) 
fonctions. Il retourne chet lui, portant un cimeterre 
ceint par le grand-seigneur et la masse ferrée (le 
topouse). Il monte un cheval richement caparaçonné, 
tiré des écuries impériales, et dont S. H. lui a fait 
présent. On porte devant lui deux queues. La marche 



viennent ensuite les étendards portés parles officiers mflitaircs; 
puis les différens officiers de sa maison , suivant leurs grades, 
la députation que la province â envoyée pour le complimenter 
au nom des Italiens , les bannières dia Saint Georges et Saint 
Michel et ceUe de la Vierge et les armes de la principauté. Les 
fils du prince , à cheval j ont le satnour calpak ou bonnet de 
riche fourrure et pelisse de même*, l'aîné porte le heyrat ou 
décret de nomination^ douze chevaux les plus beaux , riche- 
ment caparaçonnés^ conduits par des écuyers et portant chacun 
un large bouclier ciselé ^ éclatant d*or, de pîon*eries ( lisàge qui 
vient des princes Tartares ) ; enfm le prince lui-même monté 
sur vxL chev/d donné par le Grand-Seigneur. Il porte la pelisse 
et la couca; les trois queues marques de sa dignité sont portées 
devant lui ^. il est précédé par im capoudzihachi ou garde de la 
Porte; accompagné de gardes-du-corps et environné des plus 
grands officiers dé sa maison. Dans cette dernière cérémonie , 
tous les officiers grands et petits portent des manteaux rouges ^ 
qtd est la couleur de la Porte. La marche est fermée Jwit un corps 
de musique turque. Le cortège se dissout à la porte de Constan- 
tinople , et le prince , qui est censé parti , s'en retourne chez 
lui incognito où il demeure encore quelques jours pour faire 
les derniers préparatifs de son départ réel. Quoiqu'il ne règne 
aucune suite dans toutes les cérémonies tiirques et qu'elles 
aient toujours lieu ah hoc et ah luic , elles frappent cependant 
par l'imposante gravité des persoimages , la richesse àa'iml 
habits^ l'éclat et la magnificence des accessoires j etc. * 

( Note du Traducteur. ^ 



(9«) 

est fermée par la musique turque qui vient chaque 
jour, après le dîner, jouer sous ses croisées comme 
cela se pratique dans les sérails du Grand^eigneur 
et du grand^visir. H tient tous les jours un divan , 
qui dure peu, environné de ses officiers pour juger 
les causes de ses nouveaux sujets, s'il s'en présente (i). 

Il part de Constantinople avec le même train , 
accompagné d'un capoudzibachi dcj la Portç , et de 
quatre gardes-du-corps du sultan qui le conduisent 
à sa résidence , et qui sont gracieusement récom-> 
pensés. 

Sur les limites de la principauté, il est reçu p«tr 
la noblesse qui l'accompagne jusqu'à un monastère 
situé à une lieue de distance de la capitale, où il reste 
quelques jours pour faire les préparatifs de son entrée 
solennelle. La marche s'ouvre par le^ milices ur-i 
haines , ensuite les petits officiers , puis le$ hoyards 
marchent deux à deux suivant leurs rangs, viennent 
après neuf chevaux richement harnachés j suivent 
les officiers attachés à la maison du prince dans le 
même ordre qu'ils gardaient à l'wdience du Grand- 
Seigneur. Il monte le même cheval ^ est environné de 
sm gardes-du-corps , et à ses c^tép sont ce capoudzi-^ 
bachi^t quatre turcs ; suivent ses pages et chambel- 
lans. Un oorp3 nombreux de musique turque ferme 

(i) AuBsit&t après sa noiniiiation, le prince envoie sea cai^ 
nuiçamea oa lieutenans qui {»ennent, en son nom, possession, 
jle la principaut6 et gouvernent jusqu'à son arrivée. 

( Notç du TraducUur. ) 



la marche. La princesse , dans un carrosse ^ et suivie 
d'un nombreux cortège de dames y vient après. 

Le prince monte à la chapelle -de la cour, où il 
reçoit des mains de l'archevêque l'onction et Thuile 
sainte (i). De là^ il passe au divan^ monte sur le 
trône ^ et tandis qu'il est encore debout^ le divan 
effendi donne lecture du diplôme impérial qui le 
constitue prince^ et conçu en ces termes d'après le 
formulaire turc. N. célèbre parmi les princes de la 
nation du Messie, étant une plante aromatique 
cidùvée de nos mains , et un flambeau allumé 
par nous y etc. y nous vous Valons donné pour votre, 
vaivode, c'est vous dire que vous lui obéirez^ etc. 
Après la lecture y les tur cà se retirent > le prince s'as- 
sied^ les assistans sont admis à lui baiser la inain. 
Ensuite y quand le prince est dépose^ et que le mi«* 
nistre de son successeur arrive^ il est abandonné de 
tout le monde, souvent insulté^ et il part incognito. 
De retour à Gonstantinople^ il se retire dans onq 
maison sur le bosphore où il mène unç vie privée. 

Les Grecs prétendent qu'il conserve tous ^&& hon- 
neurs, et qu'il peut paraître en public avec son cor-, 
tège à l'égal d'un magnat turc; mais le fait est que 
ceux qui ont osé le faire, ont payé cher leur vanité , 
soit par l'exil ou en déboursant de grandes sommes. 



(i) Quelquefins cette cérémonie se fait dans Féglise pa- 
triarcbale à Gmstantinople et est accompagnée d'mi Te Deum^ 
c'est ainsi ^u'on en usa pour le prince de Moldavie en 18 13* 

( Note du Traducteur. ) 



(94) 

Toutes les fois que le prince sort en public, il con- 
duit avec lui le même train (i). 

Quand il y a baise-main, il s'assied sur le trône. Gela 
a lieu toutes les fois qu'il donne l'investiture de nou- 
velles charges (2), alors il fait revêtir le fonctionnaire 
d'une longue chlamyde fond blanc à fleur d'or (3) 
et lui remet le bàtQp qui est diffe'rent selon les 
emplois, après quoi ceux qui sont nommés aux prin- 
cipales charges, s'en retournent chez eux sur un cheval 
de là cour; En un niot lesprinces exercent une Souve- 
raine autorité et prennent, à l'égard de leurs sujets, 
tout l'appareil de grandeur et de magnificence d'un 
souverain. 

Jusqu'au temps de Nicolas Mavrocordato, les 
pirinces étaie«t' traités par la Porte avec beaucoup 
plus de distiâetion , et n'étaient pas obligés de s'avi^ 
lii'si fort devant les Turcs ; ils portaient sur lé bonnet 
un diamaiit' et lune ]plume de héron semblable à celui 
du* Grand-Seigneur. Aujourd'hui , renonçant à cette 
prérogative et se faisant gloire d'être les esclaves de 
la sublime Porte, ils ne portent plus cette aigrette 
^tie dans le»* tableaux qti'ils fopt peindre' pour le^ 
églises j où ils sont sûrs que les Turcs n'entrent ja-^ 
mais. ■ ■ ■'•;.?,' . . 

(1) Cela n'arrive que deux ou trois fols Tannée aux grandes 
fêtes, et lorsqu'il va à la métropole. ( Note du Trad. ) 

(a) Ainsi qu'aux jotcrs de grandes fêtes, de la sienne, celle» 
des personnes de sa famille et dans quelques autres circons- 
tances. ( Note du Traducteur. ) 

(3) Ceât le caftan dontf ai déjà parlé. ( Note du Trad. ) 



' .. ( 95 ) 

La Porte-Ôttomane leur donne le titre de vaivode, 
mot slave adopté par les Turcs (i), ce qui, en ita- 
lien signifie chef d'armée, ils Fappellent vulgaire- 
ment bejr , c'est-à-dire , prince ; la Porte donne ce 
même titre de bejr aux ministres étrangers résidons 
à Gonstantinople , et les pachas en qualifient égale- I 
ment les consuls. 

La cour impériale de Vienne le qualifie d'altesse et 
de prince , celle dq Ilu;$sie hospadar, mot slave qui 
signifie seigneur ou maître' (jï). Les princes commen- 
cent toujours leurs diplômes en slave (3) par ces mots 
Moi. — Par la grâce de Dieu hospodar de V empire 
Valaque ou Moldas^e^ ifioi N: JY: P^aii^ode^, etc (4). 

L'oisiveté et la vanité ont introduit dans Bucharest 
une mode bien singulière. Touj^Icsl boyards, em*^ 
ployés ou non^ passent toute la matinée à faire con-* 
versation, en cercle, dans quelque salle à la cour. 
Cette manie s'est communiquée aux négooi^^ns, et 
celui qui uç va pas perdre ainsi son temp^.d^ns quel* 
que réduit passe pour un homme de néai^t; Leès dov 

(i) Le vulgaire des Turcs appelle les princes hisy pdiieè^ ott 

igiaoureffendiy c'est-à-dire, pri|içQ mécréant. (Note du Trad. ) 

' (2) J'ai déjà dit plus haut le| titre qa& leur doiu^^plj ^ctu,el,-r 

lement ces deux cours. Le roi de^ Prusse , écrit siiuplement. 

Monsieur le prince hospodc^r de.,», ( Note du Traducteur.) 

(3) Ce n'est plus en slave j mais bien en grec ou eu langue 
du payjs. ( Note du Traducteui'. ) ' 

(4) Le protocole de la cour de Moldavie était ainsi conçu ^ 
N6ii8 N.'—par la grâce d^ Dieu j prince régnant actuel de 
Moldavie ^ etc. ( Note du Traducteur. ) 






(96) 

mestiques même y ont attaché une idée de distiiic- 
tion, et se font gloire dH être Jichior de Bofer de la 
Curti^ c*est*-à-dire, au service d'un noble appartenant 
à la cour^ et sont capables d'abandonner un maître 
qui ne la fréquente pas. 

CHAPITRE XXI. 

Passage des pachas et autres Turcà^ - 

La proximité des deux forteresses turques de Cho* 
lin et de Bender ^ où commandent des pachas à trois 
queues ^ les obligé de traverser la Valacliie et la Mol* 
davie , et leur procure l'occasion dé rendre visite 
aux princes leurs amis (i). Mais ceux-ci font tout leur 
possible pour se soustraire à un tel honneur qui leur 
coûte beaucoup ^ et les rabaisse aux yeux de leurs 
sujets^ attendu qu'ils sont tenus de voir le pacha ^ 
et d'aller au devant de lui avant qu'il arrive au logis. 
A peine l'aperçoivent-ils qu'ils descendent de cheval 
et l'abordent respectueusement pour baiser le pan 
de son habit ^ et l'accompagnent à pied jusqu'à ce 
qu'il descende. Arrivés dans l'appartement ^ ils ne s'af^ 
seoient qu'après y avoir été invités itérativement, et 
se tiennent dans la posture la plus humble > c'est-à- 
dire, les genoux croisés. Si le Turc ^st peu civil ou 
peu ami, U laisse le prince dans cette position jus-t 

(1) Depuis qtie ces deux forteresses appartiennent à la 
Russie ; ces passages n'ont plu# lieu. ( Note dtt Traducteur. ) 



( 97 ) 

qvkk la fin de la visite, dans tout le. cours delacjuelle 
il prend toujours le ton d'un maître j quelque vexa- 
tion qu'il fasse, l'hospodarles endure, parce que, si le 
pacha devenait un jour grand-visir, il lui ferait payer 
cher son irrévérence. .Le prince, envoie ensuite un 
présent considérable au pàcha. 

Indépendamment de ces pachas, il passe continuel- 
lement des officiers et autres employés du gouverne- 
ment turc, qui tous vont rendre visite au prince, afin 
d'en recevoir des présens toujours proportionnés 
à leur rang. • 

Il a existé à Bucharest et à Jassy une grande mki** 
son, appelée Bejlik (i) , et destinée à les loger. 

Les hôtes les plus redoutables que la Porte, em- 
ploie dans les commissions importantes, et souvent 
pour déposer le prince oalui ôter Ja vie, sont les 
capoudzibachi. L'arrivée d'un pareil émissaire fait 
toujours trembler. La Porte se. servit de l'un d!eux 
pour faire assassiner en 1777 .Grégoire Ghika, prince 
de Moldavie, qui, d'abord drogman delà Porte,, avait 
régné sur cette province avant la guerre des Russes , 
et mérité tous les suffrages dans l'exercice de ces, deux 
emplois.' Ayant été envoyé en Valachic au commence- 
ment de la guerre , il fut pris parles Russes, et con- 
duit prisonnier à Saint-Pétersbourg. On prétendit 
qu'il avait été d'intelligence avec eux, attendu qu'il 



(1) Les dépenses et frais d'entretien du BeyUk 
des étrangers turcs à Jassy , ont coûté à -k -^ 
de 2i5,ooo piastres pour Tannée iBaa' '. 



C 9» ) 

n'ayait pas fiai la moindre résistanœ COntlt Uoe (K)i- 
gnée dWenturiers indisciplinés^ 

De la cour de Russie , ce prince passa à Farmee de 
Moldavie commaudée par le &ld*mâréchal comte de 
Romanzow qui s'aperçut bientôt qu'il entretenait une 
correspondance secrète avec les Turcs ^ et leur don*^ 
naît une idée peu avantageuse des forces russes. Cet 
acte d'ingratitude et d'extravagance indigna au dér- 
ider point le comte qui le fit garder à vue loin du 
camp. Nonobstant cela, l'impératrice ^ dans sa clé- 
mente et sa générosité , oublia cette offense , et à k 
paix conclue en 1774^ ^U^ le fit nommer prince de 
Moldavie, où il s'occupa uniquement de ramasser de 
l'argent, et de li^r les intrigues les plus mal con-^ 
certée& 

A l'époque où des t]X>uble8 édatècent en Crimée , 
la Porte songea à se dé&ire d'un tel sujet , mais d'une 
manière vile et basse* Elle envoya' un capoudzibadbi 
qui était précisément un anû de Gbika , lui doi>- 
nant le titre d'écuyer du Grand-Seigneui*, et d'in^ 
.pecteur delà forteresse de Chottin. Ce caractère extra- 
ordinaire que la Porte n'a coutume de donner que 
dans le cas d'une exécution fort importante ; et les 
extravagances que Gbika avait commises en Valacbie, 
devaient être to^ectes à ce prince, déjà prévenu par 
ses amis de Constantinople , des mauvaises disposi- 
tions de la Porte à son égard , et des vexations de cet 
officier, ainsi que par une lettre du prince de Vala- 
cbie qu'il reçut au moment où,contre Tavis de ses plus 
fidèles serviteurs, il voulait rendre visite au car- 



(99) 
poadzi qui avait fieint une maladie; Le capitaine de «ei? 
gardes albanaises, homme brave et couragbux, et qui 
lui était fort attaché;^ voulait raccompagner comme à 
l'ordinaire, mais il le renvoya et entra seul dans la 
chambre du Turc. Celui-d peu d'instaas après lui 
demanda du tabac, et feignant de ne pas le trouver de 
son goût, il ordonna à un <les siens d'en donner au 
prince de meilleur qui était dans une boîte près délai 
En le lui présentant ^ il lui donna deux ou trois coups 
de poignard dans la , poitrine. Le prince étant fort 
a'jile et très hardi , se leva pour sauter par la fenêtre , 
mais malheureusement les boiseries étroites de la 
croisée l'en empêchèrent ainsi que plusieurs sicaires 
qui le retinrent et qui achevèrent de le poignarder. 
On lui coupa sur le champ la tête qui fut envoyée à 
Constantinople, et exposée pendant trois jours a la 
porte du sérail. Le corps fut abandonné à sa famille , 
ses effets et son argent confisqué* au profit du Grand- 
Seigneur. - 
• Une chose remarquable, c'est que Ghika qui por- 
tait toujours un stylet à sa ceinture, ijte l'avak pa3 
dans cette occasion. On voit par ce tirait infâme que 
la Porte avait trois ans après la signature, contrevenir 
au traité de paix de 1774 ^ et à l'article positif de np 
pas déposer les princes à l'insu de la Russie. Le gou- 
vernement turc, soupçonneux par nature, eoyqjifjÇom- 
jours, dans les deux principautés, des i^miii 
travestis pour espionner la conduite des piia^t^ 
qui font les rapports qu'il leur piltfit^^.f^ 
mission étant ignorée^ ils se font th 






i loo ) 

extorquer quelque bonne connue. E!n Utt mot, oeâ ^ei^ 
potes sont un contraste de grandeur et d'humilité^ 
oppresseurs et opprimés , et condamnés par letr pro* 
pre ambition à vivre pendant tout le cours de leur 
règne, dans une ct'ainte et une agitation cotitiniielles, 
exposés en retournant à Gontantinople aut vexations 
non-seulctnent dés ministres Turcs, mais encore de 
tout particulier > surtout quand ils ont de l'argent. 
Nonobstant tous œs inconvéniens , il se trouve en* 
core des gens qui , à 06 prix ^ souhaitent une princi» 
pauté de cette nature» 

CHAPITRE XXIÎ. 
Recettes et dépenses des deux principautés* 

VALACHiE. 

La recette de cette principauté consistait, en 
1782^ en une capitation de paysans^ montant à la 
somme de * . . * . ... piastres 2^200^000 

Capitation des Maziles, espèce de gen- 
tilshommes de la campagne, et celle des 
Inarchands •*•«•«.••«« aoo,ooo 

Capitation des Valaques émigrés de 
la Transylvanie , qui Sont au nombre de 
treize mille familles, et qui payent moins 
que les indigènes • ..•.,.. ï4<>^ooo 

Salines. données à fertne • • • • • 3oo,ooo 

a^840jOOo 



( »ol ) 

Report^ .... a^84o^ooo 
Douanes données à ferme. . . * , aQOjOOO 
Uoyarit, ou tribut qui se paie pour 

lesf àturages des troupeaux 280,000 

Vismarity ou taxe sur les abeilles. » 70,000 
Vinarit^ ou droit sur Jes vins , . . 6q,Q00 
( Ces deux dernières taxes ont été fort 

rai^s cette année ) * 9 t 

Revenus 4e la princesse • • , , , t^o/xoo 
Taxe sur le tabac du pay^, le sel qui se 

vendendc^il,le r/i!^man^ et autres petite^ 

contributions 4e la viUe 4e Bucharest • 60,000 

Somme totale en piastres . • 3^55o,ooo 

Les années suivantes ^ oes recettes y et particuliè-it 
rement l'impôt sur le sel^ se sont accrues. Il faut 
convenir que le gouvernement 4ps princes est, de-» 
puis la guerre de 1774 > beaucoup plus humain, et 
qu'il porte moins d'atteinte à l'industrie (i)j puisque 
je trouve, qu'avec toute la fofce et les violences 
employées^ les recettes de l'année 1767 étaient 4e; 



•"% 



(1) Presque toutes les parties de radministration se sont 
améliorées depuis la fin du dix-lmitième siè(de^ et il n'a meu- 
que 4 quelques-uns des derniers princes qu'une plus longue 
durée de règne et moins d'obstacles du c6té de la Popte et des 
boyards , pour introduire dans les deux prindpaiilés le système 
le plus convenable à leurs vrais intérêts; mar^ le bien ne va 
que lentementi* et il était impossible d'opérer cette régénératioii 
4an8 le -court intervalle de sept années, 

(Note du Traducteur.). 



( ^^'^ ) 

La càpllaliou tles* paysans • • • • l^Sio^ooo 

Dons faits à* l'arrivée du prince;' v , iSoiooo 

Capitulation des gentilshommes de la 

eani pagne et des mareliands. • . • • i^oo^ooo 

'- Taxé snrlespâtutages. . . . . • 226,000 

; Idem sur les abeilles . . ... , 65,ooo 

/fl^em sur les vins . i -s ... > 75,000 

Salines, s : ; ; ; ; . *. • . i5o,ooo 

' Douanes et taxes 4e Jîj ville; - . ; w 10 0,000 

Piastres. . : , 2,175,000 
En comparant ces deux sommes, on viprra que les 
derniers princes avaient^ un bénéfice d'un million et 
idleizii^de plus.que leurs prédécesseurs. Autrefois^ 
les princes jetaient établis pour trois ans, et il fallut 
qnfils;en obtinssent à la fin de chaque année j I4 
confirmation de leurs charges^ ce qui se faisait par le 
^loj^en d'un firman dont la dépense était de: 750,000 
Xe- tribut ordinaire 3oo,ooo 

• ••* t • ■ 

. Présent du Pçjrrap^ • ^ . . . , 6o,poa 

Dépenses pour les agens et protec- 
teurs à Constantinople ...... 25o,ooq 

Dépenses dti prince . . ^ . • . • 5oo,ooo 

Total en piastres . 1,860,000 
Ce qui restait de larecette,aprèsles dépenses faites, 
était le bénéfice (|u prince, quan4 c'était un honune 
habile et maître de lui-même j mais en général, ce 
reliquî^t était la proie de ses ministres et des agens 
a Constantinople ^ui lui avaient procuré la princi- 
pauté, et qui ^'efforçaient de le maintenir dans c» 
jposte. 



Pendant les deux premières années qui suivirent 
la paix sous le règne du prince Ypsilanti, la Porte, 
suivant la teneur de la convention, n'exigea point 
de tribut, et nWait point demande de grands pré^ 
sens au prince ; niais ce ne fut qu'une fiction poli- 
tique,» parce que dans la àiite elle obligea celui-ci 
à payer deux tribus par anticipation , promettant de 
lui en tenir compte plus tardj il fut encore obligé 
de payer au comptant les fournitures de grains , lé^ 
gumes et autres objets, afin de ne pas désespérer les 
babitans qui avaient repris un peu de courage pen- 
dant la guerre; en un mot ta Porte> ges ministres et 
les Grecs de Constantinople, retiraient de la Vala- 
chie sou$ divers prétextes, les n^émes sommes qu'au- 
paravant, et nonobs^t cela, il restait encore çba(iu0 
apnée au prince un million de piastres. 

Recettes de la Moldai^ie en 1785* 

Capitation des paysans (i) . . . . 1,775,000 
Idem des gentilsbommes de la cam^ 

pagne . • 5t5,ooo 

Dixme, ou taxe sur les abeilles t • • • 120^000 

Droits sur les vins ..,..•. 200,000 

Idem sur les troupeau:!^. . . , . • 170,000 

Salines ..,.,.,*., 3oo,ooq 

Douanes ..... ^ ... . 200,000 

Petites t^xes et contributions de Jassy. 5o,ooo 

Total des piastres . , . . 5^,840,000 

(i) Par un anaphora donné sous le priiicc Alexandre Mo- 



( io4 ) 

Les revenus se sont également augmentés de beau- 
coup dans cette principauté, coiiMne on le verra par 
ime pièce authentique dont je donne ici la traduc- 
tion. Elle fut présentée i^n 1770 par les députés 
Moldaves àiS. M. l'impératHce de toutes les Russies. 
Je l'ai extraite des registres de la chancellerie de 
Jassy, où elle se trouve jointe à un mémoire, et une 
supplique que le lecteur sera bien aise de trouver 
ici, vu que ces documens intéressent le pays dont 
je lui donne la description. 

Mémoire surf état présent de la Moldavie. 

Ce pays ayant été, pendant le cours de deux années, 
le théâtre d'une guerre que les Turcs et les Tartares 
ont renouvelé par de fréquentes incursions, et comme 
ils n'y ont laissé que la terre inculte, ceux des habi- 
tans qui n'ont pas été réduits dans l'esclavage, se 
sont dispersés pour chercher une subsistance qu'on 
leur avait enlevée j les ressources de la province ont 
çté par cela même fort affaibUes. Dieu ayant ensuite 
rendu victorieuses les armées de S. M., nous avons 
vu, après avoir été délivrés du joug des Turcs, notre 
pays désolé de nouveau , en partie par ses propres 
halDitans qui s'étaient unis aux Cosaques, et qui s'a- 

^ 

Xoxxsy en i8o4 la .capitation fut fixée à 1, 600, 000 piastres 
pour toute la province. Le prince Charles Gallimaqui ^ en iSia, 
après le traite de Bucharest, la diminua d'un tiers pour la por« 
tiou de la Moldavie qui avait été concédée à la Russie. 

( Note du Ti-aducteur.) 






(io5) 

bandonnaient aux pillages; d'autres se sont elpignés' 
de leurs propres familles pour se soustraire à leurs 
devoirs ,et,en dépouillant leurs propres concitoyens, 
ils les ont mis dans l'impossibilité de contribuer 
aux besoins de la province. Ces désordres en firent 
naître d'autres, et les fourrages, les provisions dont 
chacun is'etnparait suivant ses besoins, furent con-' 
sommés en peu de temps , ainsi qu'il résulte du rap- 
port que nous avons fait à S. Exe. le feld-maréchal 
comte de Romaqzow, lorsqu'il était à Labizow où 
nous le priâmes^ dans le même temps, de mettre à 
Jassy un commandant pour se concerter avec. les 
boyards du pays sur les besoins de l'armée, et tout 
ce qu'on jugerait nécessaire à son service, attendu 
que la situation du pays leur est connue, et que les 
commissaires- seraient dans le cas d'esiécut^r .plus 
promptement les ordres qu'ils recevraient. Cette 
demande a été de suite accordé^ par .S. Exe, .. î 
Mous ne manquerons pas d'exécuter promptement 
tous les ordres donnés par S. Exe. , ainsi-que tous les 
autres, relatifs aux provisions et fourrages néce^aircs 
à l'armée, comme aussi de faire l'acquisition des 
chevauxr de quatre mille recrues , €t U dépense dq 
leur équipement. 

Exposition de ce que le pays pourrait fournir» 

Gomme il est notoire que notre;j^](^^^ftpuffert 
beaucoup dans la guerre actuelle , ncmS'ptff 
établir d'une manière précise nos contvi 



( io6 ) 

mais nous sommes unanimement résolus de donner 
et de contribuer de tout ce qui s'y trouve. Nos biens 
et notri^ existence sont d'autant plus k la disposition 
de S. M, qii'Elle nous a promis que nous serions 
ëternellement sous Sa protection (i ), et si nous avions 
le malheur de retomber sous le joug d^ Turcs , 
nous sérions totdbment perdus. Si les troubles ces^ 
sent > et si les parties détachées sont réunies à notre 
pays (2)^ nous sommes en état et uous nous obli-r- 
^eons d'entretenir à nos dépens ; pour la garde de 
k pi'Qvince , douze mille soldats ,. et de fournir les 
iriVres à huit mille de S. M^ 

'■■ ■ Supplique à sa majestés 

Nous supplions S. M, de nous faire la grâice d'or* 
donner* aux commandans de l'^mée de donner / à 
leurs subalternes ., l'ordre de ne pas se faire délivrer 
dés provisions de fourrages sans eu donner connais 
sance aux commissaires des districts. Dans le mo-* 
tnent que leé volontaires se présentent pour marcher 
contré l'ennemi , nous avons un commimdant qui les 
maintient dans la discipline^ et ceux que l'onpren-» 
dra sur le fait seront Uvrés aux commissaires ^e% 

(1) Les lettres de S. M. Impériale ont été lues six foif dans 
toutes les églises, 

(2) AUtisidn tnx terres usurpées stn^ la Moldavie par les 
forteresses turques ^ ce qtii intéressait particulièrement les 
Moldaves, 



r 



( K>7 ) 
districts aiuiqueb ils tppattieifnent, et les vols se^ 
ront restitués au]( propnétaiï*es (i). 

Que S; M. nous pemlette de lui reppésenteF que 
laibrteresse de Bender^ est la sûreté de dotré pays, 
la clef du Danube et le seul moyen de tenir les 
Tartares en respect; et que, nous ne pourrions 
puir d'un repios durable dès qu'elle serait prise, 

■ • 

Recettes de la Moldaviç, 

Contributioùs ou capitatioii • , • 984>o49 
. Taxe sur les abeilles, et sur les pour-» 

Keaux ..•..,....» 7407^ 

Taxe sur les troupeaux . . , , , < 74>o i ^ 
Droit sur les vins et dont les prélais et 

la noblesse sont exempts • ... ^ v^ «> 106,110 

Douanes suivant le tarif . , , . , 87,50a 

Droit sur le sel ....,., a5,ooo 

. Contribution des Taitares ^ui OCca«^ 

peut des t^jrres dans la Moldavie • , , 8>6oQ 

Contributions des autres étrangers* » . 9>A5a 

(ai) Total en piastres , , 1,368,59g 

• ' \ . t 

(1) Tous leagens de mauvaise vie de la province s'enrôlaient 
comme tolontajbres et. ai| lieu de tEMUrchei^ eontrç J-eunéinîj, ils 
commettaient mille^désordres. 

. (1) En i8ao les revenus de laprovince, qui- étaient di;viséa 
en deux parties y se montaient ensemble à 2^864,658 piastres, 
savoir: i, 44i, 638 piasl^esdes recettes de la trésorerie d'après 
les règlemens, et composées de la capitation, de Timpôtpour le* 
postes , plub de'i, 4a3;oo6 piastres de la caisse des Routéumatê 
ou liste civile du |>riiiC6. Je donnerai plus loin les détails et 
Vétut des dépenses, (Note du Traducteur.) 




(io8) 

Ayant été contraiotd'ëtablir^par le pass^^ les taxes 
selon les circonstances et sans cpimaître les moyens 
pécuniaires des habitans dont nous ignorons le nom- 
bre ; vivant sous le joug des Turcs et environnés de 
pays étrangers, nos taxes ont été modérées afin que les 
kobitans n'émigrassent points mais puisque le sort 
nous fera jouir désonnais. de la protection de S. M., 
nous sommes certains que les revenus de notre pays 
s'accroîtront en même temps que les habitans s'aug- 
jgenteront et que les étrangers s'y établiront* 

Le prince que la Porte-Ottomane nous envoyait, 
d^)bs^t des revenus, du. pays pour payer , en argent 
eompitant ou en nature, le tribut que nous impo^ 
le Sultan , ainsi que les dépenses courantes pour les 
passages des pachas et ie rétablissement des forte-^ 
resses. ' 



On aura unb idée 4u systièsne de ce gouvernement 
par lés comptes oi-après qui sont extraits des re-i 
gistres. 

Dépehses de la principauté de Moldavie (i) 

a<> Tribut au Grand-Seigneur . . . 65,ooa 
a» Présent du Bayram . . . . . 60,000 
3® Au résident du ban des Tiar tares , g^^oo 

t • f ■ . ^^■^•— m' 

% . 1 34,2^00 

(i) LesUrtides- numArotis 3,7, 8> 9, et to ne fignusnt 
plus depuis longtemps daiift-ks-cemptei de dépenses. 

(Note du Traducteur.) 



Report . * • i34>ioo 

{9 Dépenses secrètes faites à Gonstan- 
tinople • . ' • • • • • • • • « aSo^ooo 

5^ Intérêt de Targent empmnté par le 
prince à son avènement au tr^ie • • « 68>6ao 

G» Au grand-yisir« . ^ ^ % • . i3>6o8 

j^ Fournitures de la forteiresse de 
Ghotin . • 4 • ^ • i6>aoo 

&> Au han des Tartares et des pachas 
voisins ^«. ^Sfioù 

9» Aux pachas qm traversent la Mol- 
davie , .^ » « • « • 3a^6oo 

10^ Aux officiers turcs qui traversent 
la province . » ^ » • ^ ^ ^ • • 80^000 

1 10 Aux amis du prince à Constantin 
nople^ et aux veuves de ceux qui ont servi 
TéUt . . ^ 4 • . • 65,ooo 

I a^ Aux Turcs qui se trouvent à Jassy^ 
à l'occasion de leurs fêtes de Ramazan et - 

de Beyram • • % ^ • . • • • • 4ja5o 

i3^ Au prince^ à son arrivée et à son 
départ ........... ia>ooo 

i4^ Pour Fentretien de la maison des 
étrangers Turcs ... . , ; . , • . a,ooo 

i5<» Toile pour les sacs d'argent qui 
s'envoient à Gonstantinople •••.•• 4^5 

i&> Aux courriers qui vont à Gonstan- 
tinople •••«...•«..... 3,85o 

170 Gourriers expédiés dans les pays 

Total ^ piastres . . • 7^7,733 



. *. 



k 



Report . . . 527,733 

étrangers . •. ...... • • , •. . 1 2>4oo 

I ifto Aux courriers de la prQVînce . . 7,^09 

190 Cheyayxde poste et postillons . fio^ooo 
ûf/^ Pour le? gazettes et autres feuilles 

publiques (Je yicunç et de la Pologne . ^^Sgo 
2i«> Pour' les courri^s extraordinaires 

à Coostantinople 1 2,75o 

!i2^ Courriers exti^ordinaires pour les 

pay3 étrangers ......... . .... 4^3oo 

aSo Pour iefe caftans que le prince dis- 
tribue en apcord^mt les places .... 5^ 800 

24® Gratilfication9 à divers particuliers 56^ooo 
aS^ Papier, cire, etc. du secrétaire 

grec ...;.. 480 

260 Pour là secrétairerie turque . . • g6o 
270 Pour les .vins et liqueurs de .la . 
table du princei et les présens envoyés à 

Gonstantinople ........ 5,ïbo 

Jû8«> Pour Tentretien du palais et la 

nourriture des gardes * * • 36,ooo 

399 Pour les chaussures des domesti- 

ques du prince . • . . . • « . . 4/>oo 

3oo Pour la cuisine ...... ^ . a i^ooo 

3 10 Pour les écuries ...... i5,6oo 

320 Pour la nourriture des domestiques 12,000 
330 Pour les uniformes de 200 hommes 

et l4 officiers /commandes parle hetmann • 1^270 

34^ Gratifications à diverses personnes ' 

Total en piastres j . • 945,383 



^- 



Report . 4 9$5^83 
âiut fêtes de Noël et de Pâques . . « So^ooo 

35o Pour les prêtres et maîtres d'école 
qui viennent complimenter le prince les 
jours de grandes fêtes l^^oo 

36^ Aumônes aux veuves et aux or- 
phelins » . . la^ooo 

37«> Salaire des prêtres qui desservent 
les chapelles du palais^ et entretien des- 
dites • • . . i ^ . • • i . * ^fil^ 

38o Présens faits à l'ocotsiôn des bap-« 
témes et mariages des particuliers ^ et 
auxquels assistent le prince et la princesse 6^006 

39^ Culture des vignes qui appartien- 
nent à la cour» 4 é 4 « • * • « 5ao 

4o^ Papier et lumière de là cbaucd- 
lerie . . ^ k * • • k . ^ • • 790 

4i^Pourrentreti^i de quelques per- 
sonnes nobles attachées à la cour « . . 3^Soo 

4^^ ^^^ Turcs qui sont au service du 
prince. 44* 3 1^800 

430 Aux troupes nationales « • • « 7x^5919 

44^ -^ux levcntins^ troi:^ étrangère* oo^SoS 

450 A la musique turque^ y compris 
deux cents séîmen avec leurs officiers. • i4^^44 

Total des piastres (i) . . , I,i4ij669 

-(ï) Les dépenses se sont considéiablement aocraes depiiîs 
cette époque. La dépréciation des monnaies turques en est une 
des principales causes. Par exemple le ducat d'Hollande qui, 



( "» ) 

Dépenses de la princesse. 

Pour les habits de là princesse et des 
personnes de sa cour 22,908 

Pour rhuilé et Tencens qui se consom- 
ment dans les églises où sont les sépultures 
des princes ........... 6,000 

Pour les fêtes du prince 3,ooo 

Aumônes distribuées par la princesse. 38,4oo 

Total des piastres ... . 70,308 

dans ces principautés , sert de base à toutes les opérations finan- 
cières , valait en 1785 , quatre piastres et demie; dix-neuf ans 
après^ c'est-à-dire, en 180a ^ il en valait sept et un quart; enfin 
il s'est tellement élevé dans ces demiertr temps, qu'au commen- 
cement de 1821 > il valait quinze piastres et demie ou trois 
quarts. Une autre cause de l'augmentation des dépenses est 
l'introduction de certains articles exigés par la Porte, comme 
les frais de correspondans dans diverses cours de l'Europe, lea 
courriers extraordinaires, les demandes de riches fourrures pour 
les officiers du sérail, etc. , et dont quelques-uns n'existaient 
point sous les règnes précédens^, de plus les dépenses extraor- 
dinaires nécessitées par les circonstances, telles quB l'établisse-* 
ment et l'entretien des lazarets, etc. etc. 

Quoique la Moldavie eût perdu par le traité de Bucharest 
un tiers de son territoire, les dépenses étaient tellement en di»- 
proportion avec les recettes , qu'en 1820 il se trouva un déficit 
de 68o,ooQ piastres environ pour l'exercice de cette année, et 
que le prince fut obligé de le couvrir en partie des revenus de 
sa propre caisse; sans entrer dans aucune explication à cet 
égard, et pour ne pas reproduire ici l'état général et détaillé 
des recettes et .dépeusesi dont lesartidea sont presque toupura 



(113) 

Les dépenses de la priadpauté de Valachie ont 
été à peu près du même genre et de la même espèce 
dans un intervalle de treize années^ bien que quel- 
ques-unes soient devenues plus fortes en raison de 
l'augmentation des revenus. Les dépenses particu- 
lières de i'hospodar s'élevaient^ dans le temps du 
prince Ypsilanti^ à 750^000 piastres, 

CHAPITRE XXm. 

Mode de perceptions des impôts. Population. 

Les diverses impositions telles que sur les vins y 
les troupeaux, les abeilles et d'autres d'un moindre 
rapport^ sont mises tous les ans publiquement à 
l'enchère en temps opportuns^ et s'adjugent au plus 

les mémesy je me bornerai k donner un aperça de la recette 
et des dépenses de ladite année. Les recettes de la vistîarie, 
composées 10 de la capitation qui est payable par trimestre de 
chacun 311^690 piastres; de l'imp&t de postes et de quelques 
autres, formèrent une somme totale de i944i^638 piastres. 
Les dépenses à solder avec cette recette s'élevèrent i 3^1211901 
piastres* 

Les revemis de la caisse particulière du prince qtii consistent^ 
comme on l'a déjà dit, dans les salines, douanes, droits sur les 
vins et liqueurs distillées et exportées, les potut^eaùx, les ra- 
dies à abeilles, le menu bétail, etc. s'élevèrent à i,425/)oo 
piastres et les dépenses particulières de la liste civile à 1,322,1 54 
piastres; le bénéfice du prince n'aurait été que de 100,866 
piastres, s'il n'eût pas été obligé d'abandonner cette somme pour 
couvrir une partie du déficit. (Note du Traducteur.) 

8 



(t'4) 

offrant qui est obligé ^ payer sur-le-chaiHp au 
trésor^ une partie de la 'somme à laquelle elles ont 
été fixées^ et le reste dans un terme ûxe ot plus 
éloigné- Comme ces contributions ne pèsent que sur 
les gens de la campagne^ l'adjudicateur a un libre 
cliamp pour exercer toutes sortes de vexations et dé 
supercheries, afin de- recevoir Je plus qu'il peut y à 
l'instar des autres pays où règne le même système. 

Les revenus jdés douanes et des salines ont été per- 
çus dans ces derniers temps ^ pour le compte des 
princes^ ce qui est plus avantageux pour le com- 
merce, attendu que celui qui est vexé, peut recou- 
rir à l'autorité^ et obtenir justice > surtout pour les 
deux nations privilégiées, l'Autriche et la Russie^ 

La capitation se paye en Valachie et en Moldavie, 
par trimestre j elle est répartie sur les villages, plutôt 
que sur les individus. Un village, par exemple , est 
réputé de cent maisons^ et imposé à 4oo piàsti^es. L'Is^ 
prawnick ou gouverneur du district , reçoit le rôle 
de la trésorerie , il envoie ses préposés pour prévie- 
nir et recevoir Farg'ent J mais il se trouve quelquefois 
que le village a réellement plus ou moins de mair ' 
sohs. S'il en a un plus grand nombre , les paysans se 
réunissent^ et font entre eux la répartition avec le 
plus grand secret > crient, se disputent et se battent; 
mais il n'y a point d'exemple qu'ils aient été se plaindre 
à rispraWnik pour quelques désordres survenus entre 
eux. Le chef SL^p^elé Procalabe , moi que je crQÎs 
venir du latin parochusy .et qui en fait les fonctions^ 
ra porter les deniers à l'exécuteur. Si le village est 



( «t5 ) 

au contraire moins nonxbreiux,, illfout dear^pitesed^ 
talions pour faire efiaoerdu rôl^ l^nominre de^jnias4 
sons^et consequeixunent diminufsr les charges* Sîils né 
sont point écoutés^ tout le village «se. «épai^e» etle^ 
habitans passent dans un autrejéf^jt voisia.ou s'in*^ 
corporent dsuis un autre vUlagaplas élaigné^. et dans 
un autre district. Delà vient :qxi'on ne peut Jamais 
connaître exactement^ et que'.Ie.^ouvcnrnemexit loi»» 
même ignore le nombre desj^al^itaaa^ .. 

Autant que j'ai pu le calculer.^ an gëaeral et mo^ 
dérément> la population des deux ■ principautés 36 
monte à un million d'ames. Dans le t^nps <|ne le 
prince l^psilanti gouvernait la. Yalacbie^ un ^tssei 
bon nombre de Bulgares venaient^ de l'autre rive du 
Danube ^ s'y établir; comnoiç :la:Porte les réclamait 
par l'organe de ses coninij[ssairej?> iU s'en retour-^ 
naient souvent sans avoir rien fait; mais ils étaÈiçaf 
bien récompensés* 

De . temps en, tempçi la. Porte fait . des . demande^ ^ 
extraordinaires ou en iargent/o^d^'^^î^l^eiiii.pTo^ 
duits. Dans ce cas^ on Uve une 'tùe partieiûièie 
sans préjudice de l'impôt ordinaire ^Eii' laquelle led 
nobles • les couvens et les monastères : epnfcribueiiti 
En considérant l'étendue des .Aetx% principautés^ 
la grande fertilité des terreins.;^ et la variété dés 
produits^ il est certain que la pppulatîon est.^ès 
petite j.et cela prouve évidemment que^ malgré. totni 
les avantages de .la nature^ on ne la trcnive . jamais 
nombreuse que ta où l'homme peut jouir > avec une 
certaine liberté, du fruit de son industrie et de lii 

8 * ' 



("6) 
Ittvfluxy fiâuk crâiiil^ d^éii^e toOrmente^ les habU 
lénB des demc pmtliiliei^ t)OiiYaient jouir d'une sem- 
yableséoutité) ils fieraient parfaitdment heureux y 
leur nombre pottrmîis'iEiiignienter du double^ et peut- 
être dârTaâtagé sàhil*craitidre de manquer de suÏïsîs- 
tance du d'être obligësâ'aîbandontier leur patrie pour 
te procurer leur è&ii^téiiee^ comme cela arrive dans 
Ici pa^ où-lajpopiiktioii abondé. Tous ceux qui 
écrivent aujourd'hui sur l'économie politique^ pô^ 
sent là population! pour là plremière base du bonheur 
d^un él«t# Si cette félicité consiste dans ces armées 
nDBifaréus6ft> qUie les s^uvétains se plaisent à former 
à Pcftiti ruh d^l'îlutre^ si c'est daui un luxe si ex^ 
tnivagant> OU 'pour mieuiL dire destructeur des fi- 
nances et des grands^ propriétaires^ j'en conviens avec 
eux ; mais je ne k'ptiis sani compatir à la misère de 
la phis grande pftttie des iiidividus qui , manquant 
de subsistance, sont contraints de s'enrôler dans 
lei troupes^, ou db prenait» la livrée > de servir la 
seDS)ialité ei'lei*AQii|)ricë^ dés riches^ de s'abândôn- 
ndr à toùtef igghi'de viees> et de terminer lehr exis- 
lehoeÀ }'h6pl(Ri ou dans une prison, et souvent 
làénK'SUF' un éciiafaud« Nous voyons le continent 
améidcain peûj^ d'Européens venus principalement 
de l'Allemagne^ qui , pour posséder tin petit terreiil 
•e eoitt exposés à tant de périls , se sont privés même 
pendant (|uclque tenips de la Ubetté, non pas pour 
virre ensuite dans l'oisiveté, mais pour suer en cul- 
livantv une terre- qui, au pt-emier aspect/ présente 
mille obstadei. Une nourriture saine et abondante. 



( «t7 ) 

un vêtement bon et simple ^ ime maisQo ' et du boîs 
suffisamment pour se obaufTer l'hiver^ font le vrai 
bonheur de l'homme ; tout le reste est ar.Teable et bon^ 
mais ne pourra jamaisqu'exciter^ pour un moment, no4 
appétits et faire naître de nouveaux dësir^, On regarde 
les métaux précieux con^me le ^uveraiQ bicn^ sani 
considérer que pour le$ arracher du sein de la terre^ 
tant d'infortunés qui, par maUieur ^ont nés dans des 
pays où se trouvent des mine^^ sacrifient leur exis« 
(ence. L'abondance des n^étaux n'a &it que les rendre 
plus vi}s. Les vraies minières sont qn yiiste cbftinp 
pour semer et pour £dre paître de nombreux trou- 
peaux^ et un bois^ une rivière ou up lac d^ns le voi-* 
sinage. Les troupeaux sont, ^ mon avis ^. plus ntiles 
à Thomme que l'or et les bijoux> et j'e^Mmerfti (our 
jours très beureux un p^r^rs qù les terreins sont plus 
étcnduçf que la population, et nop pas celui ou le 
sol ne suffit pas à ^es h^itiins. Le prppriéta;ir$ 
fiime s^ patrie, travaille avec plaisir et multîpUe 
avec facilité , et s'il lui est nécessaire de prendre les 
^rmes , il devient un excellent soldat pou^ 4^fendr^ 
^ propriété. 

CHAPITRE XXIV, 

Postes et courrierSf 

Les relais de poste sont établis, dans les deux prhi» 
f ipautés , à la distance de quatre li^ues^ Les postes 
doivent toujours tenir prêts un grand ncnnbre de 
chevaux pour le service de la Porte et l'usage de^^e^ 



(ii8) 

x)fficiers qui non^eulèment ne paient rien, mais 
eaacôre cjuijipoUr le moindre retard , et par caprice , 
chargent de cjups le maître des postes et les postil- 
lons, et les obligent de courir en de'sespér^s. Quand 
il passe quelque péf èbtitiàge distingué , le prince esÇ 
^enu de lui fourùirun bon carrosse et grand nombre 
d'autres t^oitures. Chaque domestique en prend une 
pour lui et une auti^'pour 3a selle et sa valise, ce qui 
fait que ^^ns uû^ occasion semblable, il y a 70 "à 
80 chevaux* d'ànplôjés 'à chaque poste, indépendàm- 
t\k6ût de» chevaux fixés- tju'il faut changer tous les 
atn* *Le.prihce les fait prendre à yi} prix chez les 
paysans, ce qui multiplie les violences et les oppres^ 
fiions. 

^ Les princes ont deux geitrès de courriers ; les uns 
appelés Calarasches font le voyage de Constanti-f 
nbpfeyet les autre» lApcanes qui ne servent qiiédans 
la prQvi|i)pe pour porter les ordres aux gouverneurs et 
aut|^ officiers. Les derniers sont payés en raison du 
vGfya^e qu'ils font et d'après le tarif du trésor. 

Cleux qui vont à Gônstantinople sont souvent dé- 
pouillés en Turquie par des assassins , attendu qu'ils 
portent toujours des bijoux et de l'argent apparte- 
nant aux princes. Il y a 4^f) lipcanes destinés à porter 
jusqu'aux frontières les lettres et gazettes qui viennent 
de la chrétienté j -les princes étant obligés d'infor- 
mer la Porte ^s nouvelles poUtiques. Autrefois ils 
avai^qt mi agent à Viursovie; ils se contentent au jour- ^ 
d'hui d'y avoir un simplof oorrespondfmt et un à 
Vienne* — • J ' ;.". «.«'i ..* t. • • . 



CHAPITRE XXV; 

Les nationaux prétendent qu'ils avaient^ autrefois , 
de nombreuses armées. Je suis porté à le croire y ne 
pouvant me persuader que ces deux provinœs ne fu- 
rent jamais très peupl^s^ surtout après. les irruptions 
des Tartares , dans le treizièn^ siècle , et que lesf in- 
digènes, prinQipalen;(ent les vyàis Yalaqufes, n'eussent 
été très belliqueux. On voit dans l'histoire de Vala- 
icUie que , dans le oommencen^ent du dix - septième 
siècle^ le corps des Seïmènes et des Tarabans, com- 
posé d'étrangers de la Servie , s'étaient révoltés en 
Valachie , et qu'ib saccageaient le pays. Le prince 
Constantin Baçs^^rabs^ implor{i la prqtection du sul- 
tan Amurat qui ordonna aux princes de Moldavie 
et de Transylvanie de marcher à son secours et de. 
l'aider à c|iâtier les rebelles ; ils n'avaient donc pas 
de troupes palionalcs capables àfi leur résister , ou 
s'ils en avaient elles étaient insuffisantes ou peu nom- 
breuses comme aujourd'liui. Les deux provinces 
étaient en qutre couvertes de forçts , comme elles le 
sont encore à présent , et l'on s^t que c'était la prin- 
cipale défense du pays d?ms le temps que les Turcs y 
faisaient des irruptions. Il est certain que là où il y 
^ beaucoup de forêts , la population , première 
source d^^f puissaiites arn^ées , n'est pas nombreuse. 



\ 



( *a^ ) 
Quelle qu'elle ai,t été dans les temps passés^ voyons 
ce qu'elle est actuellement. 

Les deux principautés continuent d'avoir des Tara- 
bans et des Seïmènesj ce nç sont plus des étrangers, 
mais des nationaux commandés par le Spathare. Ils sont 
distribués sous différens capitaines, dans les deux ca- 
pitaleii et dans d'autres postes. I/Âga en a aussi une 
partie qui est indépendante des premiers. Le nombre 
devrait s'élever, à ce qu'on croit, à 6000 dans chacune 
des deux provinces, mais il n'en existe probablement 
pas autant par les fraudes et les tromperies qui s^exer- 
çent dans toutes les affaires. Une partie de cette 
troupe est à pied , les autres montent des chevaux 
qui leur appartiennent. Ils Jouissent de l'avantage 
d'être exempts des contributions, font alternati- 
vement le service pendant une semaine , et s'occu"-» 
peut , l'autre partie du temps , à des travaux pour 
exister. Us reçoivent, tous les ans, un coupon de drap 
j^rossier de couleur et dont ils doivent se faire con- 
fectionner un surtout pour paraître en faction ; les 
armes , qui consistent en un fusil de peu de valeur , 
leur appartiennent. Les Turcs se servaient autrefois 
de ces milices comme mineurs et pour les travaux 
nécessaires àl'armée. On pourrait en former de bonnes 
troupes , puisque l'exemple tout récent de la Tran- 
sylvanie démontre qu'un sage gouvernement peut , 
avec une éducation appropriée aux mœurs, faire 
clianger le caractère d'une nation. Les Vakques de la 
Transylvanie sont de la même race que ceux des 
deux provinces que je décris 3 ils ont la même religion. 



( l" ) 

la même langue et les mêmes coutume^^ Les uns 
étaient avilis par les conquérans Hongrois , comme 
les autres le sont par les Turcs et par les Grecs , et 
plus encore^ à tel point que dans le code hongrois- 
tiansylvanien, il y a des lois qui mettent les Valaques 
au rang dqs brutes (i). L'immortelle Marie-Thérèse, 
qui a tant fait de bien à ces peuples , forma, en Tran^ 
sy Ivanie^ deux régimens composés de Valaques qu'elle 
racheta auxbarons auxquels ils appartenaient. Dansla 
dernière guerre avec la Bavière , les Valaques , de 
l'aveu de toute l'armée impériale, se sont comportés 
avec beaucoup de courage , et il nous resté à voir 
ce qu'ils feront dans cette partie , sous le çomman^ 
dément du brave général Fabris y commstndant n[ii^ 
litaire de U Transylvanie (2), 

Le3 deux princes ont duicun un corps de deux 
cents hommes , partie à pied , partie à cheval. Ces 
gardes sont composés de Serviens et d'Albanais, 
qui sont de beaux hommes et biens vêtus. Us en 
im^posent beaucoup aux nationaux, et se font craindra 
des voleurs de grands chemins , en Turquie , quand 
ils accompagnent des convois d'argent ou des per- 
sonnes qui vont à Gonstantinople, Ils sout réellement 
honmies de beaucoup de valeur. 

Ils donnent encore une autre preuve de ce que 
peut produire la Uberté et l'esprit de corps, car il 

• 

(1) J6 suis fôché de ne pas avoir le livre sous la main pour 
citer tout au long ce moniunent de barbarie. 

(2) Ils sont devenus de bous soldats, et plusieurs ont servi 
dans les dernières c^mffLffiç^^ ( Noie du Traducteur.) 



( laa ) 

est indubitable que dans leur pays ils ^'osent pas re^ 
garder en face les Turcs sous le joug desquels ils vi- 
vent. Hs viennent en Valachie ou en Moldavie y se 
font soldats^ s'exeroent au maniement des armes , et 
quand ils repassent ensuite en Turquie y ils défient 
ceux qui les faisaient trembler auparavant. 

Indépendamment de ces milices , les princes entre- 
tiennent encore un of&cier Turc avec une garde peu 
nombreuse j pour piaintenir les Turcs qui passent et 
pour empécher^daiis les marchés et aux postes^les dé- 
sordres qu'ils ne manqueraient pas de commettre^ se 
croyant tout permis dans les provinces qu'ils regard- 
dent comme pays conquis. 

Les princes ont aussi à leur service un asse% bon nom- 
bre de tambours et de fifres Turcs qui font entendre j, 
deux fois par jour devant son palais, leur bruyante 
musique.^ ce qu'ils regardent comme une des plus 
grandes prérogatives. Les dames grecques, malgré 
ia délicatesse de leur goût , vont l'entendre et sont 
enchantées en pensant que leurs époux jouissent d'un 
tel honneur (i), 

(i) Les mœurs sont assez changées k cet égard depuis que 
les étrangers y ont introduit les arts de l'Europe ^ et surtout 
depuis les dernières campagnes des Russes. Les dames Grecques, 
Vali^ques çt Moldave^ goûtent et cultivent la musique euro-r 
péenne^ et presque toutes chantent et jouent de quelqu'ins- 
trument. Si par hasard elles sont condamnées à entendre la 
musique turque y elle ne leur cause ni extase ni plaisir. Elles 
la supportent oonune tant d'autres choses qui tiennent aux 
co|itumes. ( Note du Trfiducteur. ) 



/ 

^ ( i2»3 ) 

La coutiune est d'avoir, dans les deux cours, des 
chiaousc Tares , espèce de portiers, qui prdcèdent le 
prince, et portent un bâton garni de sonnettes d'ar^ 
gent.Le plus souvent ce sont des Arméniens qui font 
ce service, et qui servent encore de bouflFons pour 
divertir son altesse quapd elle est à table j ils jouent 
aussi la comédie en langue turque, mais oc n'est 
qu'une farce aussi indécente dans les actions que 
dans les paroles (i) j ils ont encore le talent de ra- 
conter des historiettes ou anecdotes; ce qui est fort 
en usage dans les cafés de la Turquie pour divertir 
|e3 oisifs, . 

CHAPITRE XXVI. 
Forme et police des villes et villages^ 

Les deux yilles capitales, Bucharest (2) et Jassy (3), 
pourr^eptr plutôt ^'appeler de grapds viUliges que 

(1) Ces boufibns n^ sont plus de mode^ et ces farces ne se 
représentent plus, depuis que les princes ont trouvé de plus 
noUes amusemens. On conserve seulement des tziganes qui 
viennent les jours de grandes fêtç^ , et dans les bals de la cour, 
chanter et joiier des chansons çt des airs nationaux. 

(Note du Traducteur.) 

(2) BiicJiareaty capitale de If^Yal^chie^ est divisée en deux 
parties p^r U IKimbowi^a. ]£lle a 80,000 habitans, une biblio-r 
thèque , un lycée , un théâtre , un club , deux hôpitaux , etc. 

(3) Jassy est, il beaucoup d'égards, préférable à Budiarest. 
Pepuis Adngt ans environ oni y a construit beaucoup de mai- 
sons de ville çt 4e Cfuppagne, des jardins dans le goût moderne, 



des villes y attendu qu'elles sont çom^posëes de maisons 
çt de chaumières entourées de grsuids jardins et de 
cours qui occupent un grand espace de terrein. Après 
l'àyantr-dernière guerre de Eussie^on à cpnstruit dans 
les deux villes beaucoup de palais et dé teaisons ea 
pierre, vastes et commodes^ mais sur Ip même plan , 
sans ordre et sans symétrie. Autrefois les toits des 
loiaisoAS étaient formés de petites tablettes de bois ^ 
on se sert aujourd'hui de tuiles de terre cuite, très 
élevées et £ibriquées à angles ^gus, afi|i de suppor^t 
ter le poids des neiges. Il y a ds^ns toutes les cham^ 
bres des poêles pour les échauffer pendant l'hiver. 
C'est dans le centre des villes que se trouvent les 

Le palais princier^surtout, qui ejpt bâti en pierres et en briques, 
et d'une forme régulière y occupe ei^ longueur un 8996? grand 
(Bspace; il n'a qu'une seule aile de face, un étage et re^-der- 
cbaussée. Jje défi^ut qu'on lui trouve c'e^t qu'avec tine forme 
extérieure européenne , la distribution intérieure est tout^-à- 
fait orientale, et que tout est sacrifié aux grandes salles d'ap-r 
parât et de chancelleries d'état. Il ne contient que 70 chambres, 
et pourrait en comporter plus de 100. Il a été construit en i8o4 
par le feu prince Alexandre Morousy qui n'eut pas la satis- 
faction de l'habiter, o|r il était à peine achevé que la guerre 
éclata entre la Russie et la Porte. Il est fermé par une enceinte 
et bâti sur une hauteur qui domine toute la plaine arrosée par 
le Yaslouis. ^es jardind sont au pied de la colline, mais les in- 
ondations empêchent d'y rien faire de durable. Bucharest n'^i 
()as de palais princier proprement dit. Geliu qui existait , a été 
consumé hi première aimée du règne du prince J. Caradza. 
Ce sont deux maisons de boyards réunies et distribuées à l'o- 
rientale, qui formaient, «ou* le dernier prince A. Soutzo, là 
résidence prindèuPr {Note du Traducteur.) 






»;* •■ 



( tûS ) ^- 

V 

knaidies à l'instar de la Turquie, pour là venté clést 
deiifées et coibestibles. Les boutiques sont, pour la 
plupart, construites de terre et de bois, récrépiés dé 
cliâux^ et les rues de ces boutiques couvertes de toiti 
de sapin. Il y a dans l'eticeinte des marchés des cou-» 
vens clos de bonnes murailles, et dont les portiques! 
intérieurs ont diverses boutiques et magasins pduf 
lea marchandises plus, précieuses, des bàtitnens sont 
d'une grande utilité en temps de guerre pour réfugier 
les pauvres hafaitims exposés aux rapines et à tous lés 
excès des milices turques (i)j il y a daïis tous téà 
quartiers des cantines souterraines qui sont à la fois 
des cabarets et des lieux de prostitution^ 

Le nombre des églises et des couvons qhi èé trou-* 
vent dans l'enceinte et hors des villes est încroyable 
Tous les princes et bèducoup dé riches particùîiéfâ 
ont eu la vanité d'en faire bâtir pour perpétuer leur 
ménfoire , et n'ont pas oublié de faire peindre sûr 
les murs intérieurs leurs portraits et ceux de leur fa- 
mille. Les église^; sont fort obscures; les mùraïQéiï 
sont couvertes intérieutenient de peinturés repré- 
sentant des figures de saints et les miracles qu'ils^ 'àûX 
opérés , et ces sortes de représentations ne font hon- 
neur ni au pinceau ni au géiiie du peintre. H n'y à 

(i) Dans ces derniers temps il n'y avait plus Xaaie respec* 
il, car les Wrbares ont forcé [(es couYjeiis, applî^u& les garr^ 
i&ûBB à la question pour leur faire «découvrir les choses.^ 
emmené les religieuses en esclavage^ et commis toutea.lie 
cités qui leur sont familières. (Voyez les journaux.) 

(NotedaXBV 



dans la chi^pelle du fond qu'un seul autel dont la 
vue est cadiiëe par des rideaux et un portique de 
bois doré^' ainsi qu'il est d'usage dans les églises du 

titgrec(i). 

Le long des murailles règïient des sièges ôomme 
d^nsie chcBur de nos églises; dans les principales 
il y a un trône âlevé pour le prince et un autre plus 
petit pour la princesse* A Ventrée se trouvent les 
tombes en marbre des fondateurs. dont les descen- 
cLans çeuls ont le droit d'y être enseirelisj les autres 
personnes ainsi que les gens du peuple sont enterrés 
dans des cimetières voisins. 

Les villages situés dans les plaines sont peuple 
de pauvrtE^s gens^ ce qui présente une idée de mi-^ 
' sere et de désolation. Les maisons y ou plutôt les ta- 
nières, sont creusées sous terre et s'appellent bordeù 
De loin oifi n'aperçoit que la fumée qui sort des 
cheminées > et de près on voit le toit qui formé une 
légèraproéminence au-dessus de la superficie du sol; 
il est çQpiposé de perches recouvertes de terre, de 
sorte que l'herbe croît dessus; les habitans fuient 
toujours les grandes routes et cherchent quelque 
f^pss^ pu terrein bas .pour n'être point aperçus des 
voyageurs I et pour se soustraire aux rapines et aux 



-. . .. ..... • 1 

(i) Çèâ é^setf et ices couvens ont tôos des revenus consv* 

détables. Ceux de la métropole de^Bucharest se montaient dana 

ces derniers temps /à 4€k)pbo piastres environ ^ c'est-à-dire ^ 

SôôyOoo francs ; et ceux du mëtropolitÎBdn de Jassy, a à peuprâji 

autant ' (Note du Traducteur.) 



( î^7 ) f 

vexations; tel e^t l'état d'aviUssetnent où Toppressioa 
et la tyrannie réduisent l'homme 1.. 4 

Les villages situés sur les montagnes sont plus 
rians; les maisons^qui sont élevées et assez coilimodes^ 
ont leurs écuries et des magasins pour conserver le« 
provisions. . "/'r^i 

La police urbaine n'est pas excellente; les ppiiicèii 
qui ont soin que les villes soie&t toujours bi^ ap- 
provisionnées de pain et de viande ^ se travestissent 
et font àouve)it eiix-mémes la visite dans les mar- 
chés. Tl y à la nuit des gardes disposés daûs tous le§ 
quartiers , outre ceux qui font la patrouille ^ po^rr 
prévenir les incendies et saisii* les voleurs. Il y a des 
crieurs publics qui avertissent dç balayer les ruesj^ 
nettoyer les cheminééd et qui publient les ordres el^ 
réglemens nouveaux. La nuit on ne peut sortir saqs 
lanterne (i), et les tavernes doivent être fermé.es; 
mais on a déjà dit que les of&ciers abusent de leur 
autorité^ et qu'ils commettent différences espèces 
d'avanies et de vexations sous prétextei de maintçniif 
le bon ordre* , 

.. . f ■ ■) ■ 

(i) C'est plut6t une nécessité qu'une obligalimi dans.oii 
pays où les rues qui sont édxoites, sales et raboteuses , ne sont 
point éclairées ^ et où la police n^est paa suffisante poui^ veiller 
À la sûreté des citoyens. {Note du Traducteur.) 






♦ ( ia8 ) 

CHAPITRE XXVII. 

Iteligion^ tolérance ^ écoles y hôpitaux * 

La religion dominante est ceïie de Féglise grecque 
orientale j et les ecclésiastiques reconnaissent pour 
leur chef spirituel le patriarche de Constantinople; 
mais comme ils sont en général fort ignorans^ le 
peuple n'a d'autres principe^ que ceux d'un culte 
extérieur et Superstitieux, 

Le point principal^ et celui dans lequel ils font 
consister la religion, est d'observer, dans le cours de 
i'annfe, quatre carêmes (i) fort rigoureux àl'égard de 
la qualité > mais non de la quantité des alimens, et 
de jeûner deux jours dans la semaine (2). Les confes- 
seurs slont des prêtres mariés (3), et des prélats que 
l'on choisit toujours dans les monastères des moines 
de Saint-Basile, auxquels l'exercice de cette fonction 
sacrée n'est paft permis étttiit dans l'état monacal. Le 
pénitent^doit donner une aumône au confesseur qui 
rie manque pas dé lui recommander de faire dire 
quarante messes en mémoire des morts. Un de ces 
confesseurs conseilla un jour à sa pénitente de pren- 
âi*e en cachette à son maître l'argent nécessaire pour 

(1) C^ux de Koêl y de Pâques , des Apfttres et de l'Âssomp-* 
iioiié V ( Note du Traducteur. ) 

(2) Le mercredi et le yendredi* 

(3) . L'Église grecque orientale admet des hommes qui étaient 
dèîà mariés avant d'exercer la prêtrise; mais s'ils sont entrés 
dans l'état ecclésiastique^ étant cËUbataires, ils ne peuvent con- 
tracter de mariage. (Note du Traducteur.) 



( Î29 ) 
faire dire des messes, Passurant que, comme il n'e'tait 
pas chrétien, c^est-à-dire qu'il n'e'tait pas du rit 
grec (i), ce n'était pas un péché de lui dérober celte 
petite somme pour l'employer à une œuvre si sainte. 
Quoique ce fait soit très vrai ^ j'aime à croire que 
de tels principes ne sont pas généralement ceux des 
ecclésiastiques (ti). Il est certain que le vulgaire qui 
n'a pas la moindre idée de la morale chrétienne, re- 
garde comme infidèle tous ceux qui ne sont pas do 
son rit. Delà vient qu'il rend plus de culte à 
une image qu'au sacrement de rEucharislic. H y a, 
par exemple à Bucharest, une image de la vierge . 
Marie regardée comme miraculeuse j quand le prince 
ou quelque grand seigneur est malade, on envoie le 
plusbeau carrosse pour la transporter j on lacon^serye^. 
dans un monastère appelé Sérandaru L'abbé monte 
dans la voiture qui est environnée de torches allu-* 
mées, et tient l'image sur sa poitrine j si le malade 

( i) Ces peuples, dans leur ignorance ^.considèrent les Gaifaô^ 
liques à peu près camme ils sont eux-mêmes. considérés' jdôs 
Turcs, * ' ( Note du Traducteur.) : ? 

(2) J'ai connu à Constantinople plusieurs évéques qui f(â* 
saieut partie du saiut synode sous les vénérables patriarche^ 
Cyrille et Grégoire , et dont, hélas! la plupart sont tombés 
sous le fer des Mustdmans. J'ose aiErmer que ceu respectables 
pasteurs unissaient à la philosophie la plus saine et la plus éclai- 
rée, la morale la plus douce jointe au désir de voir terminer les . 
diSerens des deux églises par une réunion sincère que tout de-, 
mande ^ que les temp ont préparée ^ et que la seule crainte def . 
Turcs empêche de provoquer. (Note du Traducteur.) 



( t3o ) 

est d^uii rang inférieur, c'est un moine qui conduit 
dans une calèclie, une plus petite image qui est pro- 
bablement k copie de Tautr'e. Enfin si c'est un pauvre 
homme, c'est un nldine ordinaire qui porte à pied 
un petit tableau. Tous ;5'en retournent ensuite au 
monastère et font quelque présent. Dans les rues où 
p2LSse cette image, le peuple se prosterne avec une 
vénération qui croît toujours en raison de sa gran- 
deur. • 

Au contraire l'Eucharistie est porté à pied^ par 
un prêtre , dans un petit coffre. Il est précédé d'un 
enfant qui porte une lanterne fort sale, et n'attire pas 
la moindre attention du peuple (i). Le prêtre ne fait 
aucun scrupule d'entrer dans une maison pour cau- 
^ ser et même dîfns une taverne pour boire. 

On ne célèbre dans chaque église qu'une seule 
messe au point du jour^ excepté dans la chapelle des 
princes où eUe se dit à la mi-matines. H y a un nom- 
breprodigieux de fêtes, et l'on célèbre même en Va- 
lacbîe, le second mercredi d'après Pâques, la fête du 
diable avec une infinité de superstitions. 

Ce n'est pas seulement le vujigaire qui est crédule^ 
maid encore les personnes dont l'esprit est le mieyx 
cultivé croient aux devins et aux sorciers et à tout ce 
que la fourberie humaine peut avoir inventé. Ils sont 
persuadés qu'il y a des personnes si malfaisantes 

(i) L'Euclianslie , selon le rit grec^ est du pain et du vin 
consacré, et non pas dés hosties, comme dans le nôtre. 

(Note du Traducteur.) 



( «3, ) 

I 

qu^elles peuvent faire sécher un arbre en le regardant 
fixement^ et rendre un homme malade. Ils n'aimeht 
pas entendre louer trop fort leurs enfans, leurs che- 
vaux ou d'autres objets de leurs affections, et suspen-^ 
dent à leur ,col une tête d'ail qu'ils croient un anti- 
dote efficace contre les maléfices. S'il arrive que 
quelqu'un loue un objet avec enthousiasme^ on le 
prie de suite de cracher sur cet objet. Au reste c'est 
un usage général dans tout le levant. Une des scènes 
les plus ridicules et les plus utiles aux prêtres c'est 
celle des vampires. Ils prétendent qu'un cadavre qui 
ne se corrompt pas sur la champ conserve encore 
une espèce de vie; que l'ame n'est point séparée du 
corps et qu'elle ne peut s'en séparer, si, pendatR; 
qu'il vivait, l'individu a encouru quelque censure 
ecclésiastique, l'cxcomniunication ou tacitement pu 
explicitement , et que pendant la nuit elle sort de là 
tombe et cherche à faire aux vivans tout le mal pos- 
sible. La première preuve ou suspicion de cette situar 
tion pour les âmes déjà soupçonnées, est si la terre 
qui recouvre le cadavre vient à se mouvoir et à se 
déranger. Le prêtre, son épouse d'abord, et ensuite 
tout le voisinage comme étant les plus exposés, com- 
mencent à répandre le bruit et à faire appeler les pa- 
rens du défunt qui sont obligés de payer le prêtre pour 
faire exhumer le cadavre et le délivrer de l'èxcom- 
mimication. Si le corps se trouve intact, on le pose 
contre un mur, et souvent il arrive que le cadavre 
tombe en poussière pendant que le prêtre fiiit les 
exorcismes. Si au contraire^ il retarde ou r^ 



( r3a ) 

bout sur pieds^ lesassistaDs redoublent leurs plaintes 
et leurs hurlémens^ et sont persuades que Vexcom- 
munication qui pèse sur lui est d'une grande impor- 
tance et du premier ordre. On fait en conséquence 
venir un prêtre d'un degré plus élevé et même un 
évéquequi ordinairement opère le tniracle« Gomme 
les nobles sont ensevelis soùs des tombes de pierre , 
ils n'ont probablement pas le plaisir de passer pour 
vampires > et leurs cadaVres ne sont jamais exposés à 
cet inconvénient. Ceux qui sont le plus fréquemment 
exposa à ce malheur sont les capitaines delà police 
et les marchands de comestibles^ gens odieux au 
peuple, qui, vraisemblablement, laissent du bien 
mal acquis et auxquels il paraît juste de le faire par- 
tager, après leur mort, aux prêtres. 

Rien n'est jplus ordinaire et ne se réitère plus sou- 
vent que le serment en public. Quand deux personnes 
sont en litige, et qu'on ne peut prouver le fait, le 
juge ouïes parties demandent le serment solennel. Les 
plaideurs vont ensuite à l'église métropolitaine où 
ils font serment <levant le prêtre en touchant une ^ 
image de la vierge. Le-parjure est censé excommunié 
sur le champ, et il est probable que quelques indi- 
vidus ont été plus d'une fois dans ce cas pendant 
leur vie, et que les prêtres sont fondés à les dédarer 
vampires. Pour déflorer les pauvres Yalaques et 
Moldaves de ce terrible malheur , les patriarches 
grecs ont usé de leur autorité apostolique en accor- 
dant aux fidèles une indulgence pléniére et, avec 
Fab olution de tous les péchés, la levée des excom- 



( i33 ) 

municationsqu^ils pourraient avoir encourues volon- 
tairemeat ou inTolontairement pendant leur via. 

Le patriarche de Jérusalem vint sur la fin du siéde 
dernier en Valachie et en Moldavie pour visiter les 
nombretuL couvens et les biens annexés à sa mense 
patriardhale ^ et pendant son séjour , pour consoler 
les fidèles^ il. ^urdisteibuait^ avec les indulgences , 
une feuille imprimée qui devait servir pour les vivans 
et pour les morts, et qu'on ensevelissait avec eux (i). 
Heureux celui qui pouvait obtenir du patriarche 
qu'il célébrât une messe solennelle pour le repos des 
âmes de ses ancêtres ! mais bien peu jouissaient de 
cette faveur , parce que la messe patriarchale coûtait 
dix sequins. Cependant le patriarche fut continuelle* 
ment occupé à dire des messes pendant deux annets 
quM honora les deux provinces de sa présence. 

Pour ne pas priver les pauvres d'un si grand avan- 
tage y le secrétaire du patriarche distribuait ces 
feuilles imprimées moyennant une aumône pour le 
saint sépulchrede Jérusalem et qui passait dans les 
mains de» ce prélat. La moindre était d'un demi^ 
floriu ( I fr. 3o cent. ). J'ai lu une lettre que ce se-^ 
cré taire écrivait , de Jassy , à un évêque de Bucha- 
rest , dans laquelle il lui disait que , grâce k Dieu i sa 
sainteté avait éprouvé une grande satisfaction à trou- 
ver tant de ferveur dans les fidèles de la Moldavie , 



(i) Le patriarclie de Jérusalejn- dispeuse les indulgecv^es 
dans tout le levant Cette fisLveur n'est pâ^ spéciale pourle^IV» 
ces aeV^m^nt, etc. 



( »3.^ ) 
qui avaient, à Fenvi , imprimé de leurs mains toutes 
les cartes d'indulgence j qu'il le priait cependant d'en 
faire imprimer quelques autres milles à l'imprimerie 
de l'archevêché , mais à un prix plus modique. 

Non-seulement on haise ]a main à un pré}at y rsmsk 
on lui rend y en quelques sorte y m^e espèce* d'adora^ 
ûon eu se prosternant devant lui , et j'ai vu )ea dfunei 
]es plus distinguées; se conformer à cet usage (i). 
Ils prennent le titre de saint , très saint , très pur , 
etc. Leurs vices et leurs désordres ne sont cependant 
ignorés de personne , mais la vénération que le peu- 
ple a pour eux est si grande , qu'il n'ose en murmu- 
rer de peur d'excommunication. Il ne me paraît pas 
hors de propos de citer ici une anecdote singulière 
qui m'a été rî^contée , avec la plus grande ingénuité , 
par la personne ii laquelle le fait est arrivé. Un riche 
particulier, grec de Jfmina, employé à Constanti-f 
nople dans les afiaires des deux principautés ^ fut 
enfermé par ordre du sultan Mustapha à la redou- 
table prison appelée le Four . Nonobstant les angoisses 
de sa situation et les tourmens qu'il endurait, toutes 
ses pensées et tous ses désirs se tournaient vers son che-»» 
val favori dont il n'avait p^ cessé de prendre soin , 
ni de s'occuper du fond de son cachot , et qui fut le 
premier objet de ses caresses, quand il eut recouvré 
sa liberté^Jeu de temps après, et comme il se dispor^ 



(i) Les dames ne se prosteiTient pas plus que les homines 
devant les prélats ^ tuais se bornent à'icur baiser respectueuse- 
ment la main. (Note du Traducteur.) 



(«35) 

sait à Fetourner dans sa patrie^ un ëvécpie d'Asie qui 
devait 9 dans le même temps, aller visiter son diocèse, 
lui emoy^ soq diacre pour lui demander }e cheval en 
présent. La d»nan4e parut fort étrange au bon-^ 
Jiomme qui s'excusa de son mieux , Régnant i'^iffeo- 
tion qu'il portât à son dftval et le besoin urgent 
qu'il en avait.- Peu de temps apriès parut l'évéque lui- 
même qui lui laissa l'^temative qi^ d'cnjcourir immér 
(diatement s^ malédiction ou de lui faire présent du 
cheval. Le Grec surpris content^ sur le ph^mp le 
désir de l'éyéque, quoiqu'il connût bien son injustice 
et sa prépondérance ; i) m'avou^ qu'il n'av4t pas eu 
le courage de s'exposer à ses foudres. 

Indépendamment deis évéques natione^ux , il y efi 
^ eucore d'autres in partibus qui résident dans les 
deux provinces, et qui vivent splendidement des 
aumônes des fidèles. Beaucoup prennent àferme quel- 
ques monastères richemens dotés , appartenant au 
saint sépulcbre de Jérusalen) , aux monts Atl^os ou 
Sinaï et que leip: louept les moines eux-mêmes. Le 
nombre des monastères est , conune je l'ai déjà djt , 
très grand dans les deux provinces , et ils possèdent 
presque la troisième partie des terres. 

L'offite divin se célébrait autrefois en langue slave 
que le clergé et le peuple ignoraient également : le 
prince Constantin Mavrocordato , homme d'un 
esprit très inquiet , le fit célébrer en langue valaque^ 
mais comme cette langue est très pauvre d'expres- 
sions , la tradiiçtion ep est ridicule ^t même peu goû- 



( »36 ) 

tée aujourd'hui (!)• Totite la sciepce d'un prêtre 
consiste à savoir lire médîocremenjb la langue du 
jîays et chanter au lutrin. Dans beaucoup d'églises , 
desservies par des moines grecs , la lithurgie se Fait 
en langue grecque. A Bi^harest et à Jassy , il y a un ' 
séminaire pour les prêtres et d'autres écoles publi- 
ques où l'on enseigne la grammaire, et où l'on explique . . 
la logique d'Aristote (2). Un d'entr'eux, et c'était le 
plus célèbre , eut le talent d'écrire un volupie in-4°. 
sur la quatrième partie de la grammaire grecque de 
Gazi. H se vantait de nous démontrer beaucoup 
d'astronomie qu'il n'avait jamais étudiée , il parlait 
de la découverte' de l'Amérique , nous étions fort 
maltraités, nous autres francs, déistes, il traitait 
d'ignorans les modernes écrivains qu'il n'avait jamais 
lus , et se permettait d'autres semblables fadaises. 

(1) Les âeiix frères Crccciano ont traduit la tible en Y^r* 

laque qui est devenue très rare (*) 

{*) Il a paru en 1820 ( à Jassy ) une nouvelle ttaduction de la bible 
en Moldave qui est très exacte et très soignée. (Kote du Trad ) 

(1) Il y avait à Jassy un collège pour renseignement des 
langues grecque, latine, française et allemande et autres scien-^* 
ces. Le dernier liospodar qui encourageait les arts et le progrès 
de réducation publique avait autorisé rétablissement d'une 
école d'enseignement mutuel , et comme le pays , déjà trop 
diargé, ne pouvait en supporter les frais, la dépense était prise 
sur sa cassette. Il avait encore envoyé' des jeunes gens étudier 
la peinture à Paris. Ces boiuies dispositions n'ont eu aucune 
suite y à cause des événemens. 

(Note du Ti-a^ucUur.) 



/ 



( i37 ) 

Le Êdtest que les modernes docteurs grecs sont 
généralement fort ignorans et ne sont occupes toute 
leur vie que de minuties grammaticales sans aticùne 
teinture des sciences , des belles-lettres et sans 
aucune idée du bon goût. Dés opinions subtiles' et 
superstitieuses font tout leur savoir théologique. Ils 
nient la validité du Itaptême des autres clirétieiis ; il 
les obligent , quand ils embrassent leur rit , à se sou- 
mettre à l'immersion. Les jplus modérés se contentent 
de les oindre avec de Pbuile sainte , et leur font tou- 
jours changer de nom. Ily a dans les écoles un maître 
de langues latine et française ^ cette dernière est fort 
en vogue et il y a même des dames qui la parlent (l). 

Quelques hommes de bien ont fondé des hôpitaux 
principalement pour les maladies vénériennes j niais 
les indigènes , quelque pauvres qu'ils soient d'ail- 
leurs , n'y vont qu'avec beaucoup de répugnance. 

Il y a à Bucharest une imprimerie grecque et vala- 
que établie au commencement du dix-huitième siècle 
par un archevêque, grec de nalion (j2). Les presses 
sont occupées à l'impression des livres d'égU^e queles 

• 

(i) Tous les boyards entendent et parlent aujourd'hui le fran- 
çais, et il n'y a pas de personne qui , pour peu qu'elle ait reçu 
de réducatiouy ne soit en état de tenir conversation dans cette 
langue. (Noie du Traducteur.) 

(2) Il y avait également à Jassy une imprimerie pour les 
langues grecque et moldave. C'est de ces presses que sortit, il 
y a 4 années , indépendamment de quelques autres bons ouvra- 
ges , la belle édition in-quarto du code Callimaqui dont j'ai 
parlé plus haut. (Note du Traducteur.) 

I 



( m ) 

prêtres sont obliges d'achjeter fort cher de temps 4 
autre. Ainsi la typographie den&^nt même ici un insrr 
trument d'oppressipn (i). Toutes les autres sectes oxi 
religions sopt tolérées dans l'exercice de leurs foncr 
tions sacrés. Jl y a en Valachie divers couvens de 
frères observantins de Fordr^ de saint François, qui 
dépendent de l'évéque de NicSpoUs en Bulgarie. Il 
y a même des églises luthériennes et fies synagogues. 
Ces églises sont, au reste, fréquentées par lesétranger^ 
allemands, hongrois et arméniens. Il y ^ en Moldavie 
douze missionnaires envoyés par la cour de Ronie(a)^ 
qui instruisent et $oignent 12,000 catholiques hon- 
grois (3) , qui , pj^ssés dans les temps antérieurs , se 
SQnt établis dans ces provinces ; ce sont les meilleur^ 
cultivateurs et des gens d'une excellente morale. 
Les juifs étant très nombreux oi^t obtenu lâpermis- 
sion d'avoir dei^ synagognes eij beaucoup d'endroits, 

(i) Il y avait dans lé palais de l'arcHevéque de Bucharest 
une collection nombreuse de livres grecs, latjns et français en 
proie aux insectes et à la poussière. 

(2) Ce sont des frères mineurs conventuels qui dépendent 
du couvent de FAssomption à Jassy , église catholique qui est 
asse^ bien dotée. Il y a encore dans la province douze églises 
catholiques et deux palais épiscopaux , rnaia qui n'ont pu être 
rétablis des dégâts causés par les dernières irruptions des Tar- 
tares. ( Note du Traducteur. ) 

(3) Le nombre de ces Catholiques s'est fort accru dans ces 
derniers temps , puisqu'il s'élève à présent à près de 5o, 000. 
Voyez la note, u^ 2, pgfB 5. 

(Note du Tradi^cteur.) 



r ( i39 ) 

CHAPITRE 3CXVUL 

Educatiqny coutume > génie , etc^ 



' 1 



U est cerU^n que*|kn9 l'état actuel de l'E^rop^ 
chrëtiem^e y la partie )a plas iniportante de réduca-r 
tion pabU({ue se trouve dans les mains di^ cler|gé, et 
daiis les pays où il est instruit^ et attentif à rempliir 
son devoir y }es coutmnes , ainsi que la morale sont 
bonbes j mais il arrive tout le contraire quand les 
prêtres ne cherchent que leurs intérêts personnels , 
et que, pour les satisfaire , ils abusent de leur saint 
ministère ou en négligent les devoirs. JNous avons 
déjà vu quel était J'état du clergé en Dadej on ne 
peut , d'après cela, espérer de trouver dans le peuple 
des principes meilleurs et plus droits^ d'un auÇre 
côté, si l'on considère qu'un gouvernen^ent despoti- 
que et souyent lyrannique contribue à les ren4re 
vils et défians, il paraîtront, aux yeuxdtin observa- 
teur impartial , dignes de compassion plutôt que de 
b}âme. L'oppression les rend spupçonneux et sou- 
vent ils deviennent trompeurs pour éviter d'être 
trompés. Ils fuient autant qu'ils peuvent le travsjil , 
parcp qu'ils savent, par expérience, que plus ils 
posséderont, plus ils seront obligés de contribuer (i). 
Delà vient qu'ils ne s'appliquent à aucune découve^rte 

(0^<^y®2 la note i , x^age 8. Dans les pays on Fagricultuie 
est ^icouragée etc. 



( i4o ) 

utile el qu'ils négligent même beaucoup Paericulture 
si nécessaire et si généralement encouragée. D'un 
autre Coté les terres sont si fertiles , qu'avec peu de 
soin ils se procurent le nécessaire. En effet tous les 
arls mécaniques sont exercés ou par Içs Tziganes ou 
par les étrangers venus des coiHrées voisines y et qui 
y trouvent un grand profit , attendu que ces der- 
niers sont plus favorisés que les nationaux. Devenus 
paresseux par circonstances , ils étendent cette non- 
clialance jusque dans leur manière de vivre. Ils pré- 
fèrent la farine de blé de Turquie , parce qu'il leur 
coûte beaucoup moins de peine à en faire journelle- 
ment une grosse bouillie qui sert à la fois de pain et de 
soupe à toute une famille, que de pétrir et d'enfour^ 
ner le pain de fiomei^t (i). Ils mangent ordinaire-- 
ment cette bouillie, mêlée de sel, avec du lait et du 
fromage frais ou du poisson salé dont ils sont très 
friands^ parce qu'il excite la soif et les porte à boire 
du vin ou de l'eau-de-vie de grain qu'ils aiment à 
l'excès. Il est* évident qu'une diète de cette nature , 
jointe à l'usage immodéré des femmes , auxquelles 

(i) Cette manière de vivre est effectivement plus commode 
pour les paysans Yalaques et Moldaves quand ils sont dans la 
campagne. Quelque part qu'ils se trouvent, ils allument du 
feu et suspendent, au moyen de trois morceaux de bois croisés, 
leur marmite, remplie d'eau, sur le foyer. Dès que l'eau est 
en ébullition, ils y versent la farine qui prend à l'instant la con- 
sistance d'une bouillie fort épaisse dont chacun coupe un mor- 
ceau avec un .fil, dès qu'elle est devenue plus compacte et 
taiit soit peu refi-oidie.' (Note du Traducteur.) 



( ï4i ) 

ik s'adonnent dès l'enfance , doit énerver le corps et 
le rendre débile. La multiplicité des fêtes chômées 
doit beaucoup contribuer à fomenter leur disposi* 
tion pour Toisiveté , et cette dernière les conduit à 
des vices honteux et nuisibles à eux-mêmes. Les habi* 
tans de la plaine sont généralement plus petits , plus 
faibles et vivent moiris long-temps que ceux des 
montagnes. Les grandes eaux^ un air moins pur, les 
habitations souterraines, et les vexations du gouvcr- 
ment et des passagers turcs, auxquels ils sont plus ex- 
posés que les autres, surtout les maladies vénériennes 
qui y sont beaucoup plus fréquentes {i) ; tout cela 
contribue à rendre leur existence plus courte. On 
trouve dans les montagnes des hommes bien faits , 
d'une belle carnation , et particulièrement parmi les 
nobles villageois , qui probablement descendent des 
slaves, et qtti. ne manquent ni de courage ni de forces 
corporelles. Ils aiment beaucoup la chasse, attaquent 
avec intrépidité les our^. les plus féroces des monts 
Carpathes , et , en général , ils vivent long-temps. 
Les habitans du Bannat de Crayow sont réputés fort 
braves , et dans toutes les guerres qui sont survenues 
entre les Turcs , les Russes et les Autricliiens , ils se 
sont distingués comme volontaires valaques. Un 
moine de cette . nation , abbé du célèbre monastère 

(i) Ajoutez-y encore la grande, l'excessive malpropreté 
da^s les deux texes, le mauvais air qu'ils respirent dans leurs 
maisons qui n'en reçoivent ordinairement que par une ou deux 
ouvertures, de la grandeur de six pouces en carré. 

(Note du Traducteur.) 



( ^^^^ ) 
d'Argis, fut le premier à prendre les armes dans les 
guerres du siècle passé, en faveur des Russes. Le 
vêtement ordinaire de cette nation est un surtout de 
drap blanc fait par leurs femmes , avec des haut-de- 
chausses longs (i). Ils portent sur la tête un long 
bonnet de poils de mouton qui les garantit du froid, 
mais non de la pluie, et ils.se voient pour ainsi dire 
téte-nue quand il pleut , parce que ce bonnet a les 
bords très-courts. Les montagnards portent toujours 
en bandouillière une grande bourse de même étoffe 
que leurs habits, et qui leur sert à la fois pour coli- 
server leurs provisions et pour se couvrir la tête 
quand il pleut. En hiver , ils se couvrent de capottes' 
de laine qui sont excellentes pour se garantir du 
froid; ceux de la plaine se servent de peaux de mou- 
ton. Ils aiment beaucoup le feu, même Fêté , quand 
ils sont en voyage. La nuit ils en allument un grand 
dans le miheu d'un champ ou dans un bois , et ib 
se couchent autour. Il est vrai que le froid excessif 
qu'il fait la nuit dans ces contrées , même pendant 
l'été , dîgis le moment ou l'atmosphère se purifie et 
se délivre des cousins et autres insectes , rend sou- 
vent l'usage du feu nécessaire. Les femmes , qui sont 
plus laborieuses que les hommes, préparent les draps 
et les toiles pour l'usagé dé la famille. Leur vêtement 

(i) Ils se couvrent encore d'une espèce de surtout de peaux 
de moutons doublé en poils ^ et qui est de toutes les saisons : 
rbiver le poil se trouve en dedans; l'été ils la retournent, et 
c'est alors la peau« (Note du Traducteur.) 



( '43 ) 

ordinaire est très simple et ne consiste qu'en une 
chemise de grosse toile avec une ceinture aii-dessus 
des reins, un tablier par derrière qui sert de jupon ; 
quelquefois elles en portent un autre par devant. Les 
maris et les femmes ont un visage humble , et sur 
lequel se peint la tristesse et l'abattement ; les enfans 
sont gais"^ aiment beaucoup à danser et à s'orner de 
fleurs. Les mères dut un très grand soin de la pu- 
deur de leurs filles , et se croiraient déshonorées si 
les maris , ne les trouvant plus vierges , venaient à 
les leur renvoyer J elles sont très attentives de faire 
voir y après la première nuit des noces , les signes de 
îeur virginité ; mais après cette formalité les mères et 
les filles sont ^ en général ^ fort peu fidèles à leurs 
maris. 

.La première nuit des noces^ tandis que l'époux est 
occupé à consommer le mariage, les parens de la 
mariée donnent la chasse à ses jeunes frères et à ses 
plus proches parens pour leur faire subir ce qu'ils 
appellent la peine du tallion, et venger la tendre vic- 
time des douleurs qu'elle endure* A là fin de l'année, 
tous les parens se réunissent pour célébrer l'anniver- 
saire du mariage, et on recommence à tourmenter de 
la même manière ces jeunes gens, qui peuvent cepen- 
dant se racheter par une certaine quantité de vin. 
Cet usage indique de la corruption, et une extra- 
vagance dans les idées de cette singulière nation. J'ai 
toujours été fort étonné de ce que ni le ffouv^rnement 
ni les ecclésiastiques ne cherchaient ] 
ger ce défaut. Quelques vieux boyard* 



( i44 ) 

que cette même coutume e'tait usitëe, il nV a pas 
long-temps parmi la noblesse et qu'elle paraissait 
éprouver un sentiment de regret de la voir aban- 
donnée. La noblesse même ne reçoit pas une édu- 
cation plus distinguée (i); leurs maisons sont rem- 

(i) H ne paraîtra pas hors de propos de parler ici des chan- 
gemens survenus dans les moeurs el dans les coutumes ^ depuis 
les deux dernières guerres. Le séjour des Européens qui fré- 
quentent les meilleures maisons ; l'éducation presque europé- 
enne que l'on donne aux enfans nobles depuis une vingtaine 
d'années ; avaient déjà apporté de grandes améliorations dans 
diverses parties de l'économie domestique, mais la dernière 
campagne et un séjour de six ans des armées russes dans ce^ 
deux provinces ont opéré une révolution presque totale dans 
les moeurs. Les meubles, la distribution des maisons, les re- 
pas, les bals, les fêtes, tout a cnangé de face, et à l'exception 
des usages nationaux consacrés par le temps et de quelques ' 
autres introduits parler circonstances ou la nécessité, et qtii 
ne manqueraient pas de changer avec la forme du gouverne- 
inent, le reste est un mélange de russe et de français, car les uns 
et les autres y sont fort-aimés. Les boyards conservent sous leurs 
babillemens orientaux, les manières les plus polies. L'année 
dernière , quelques-uns d'eiitr'eux qui de Valachie étaient pas- 
sés ei} Russie à l'occasion des événemens, avaient pris le cos- 
tume des Européens et il eût été difficile de les distinguer d'a- 
vec ces derniers. Les dames surtout, qui suivent alternati- 
vement les modes, allemandes et françaises, s'habillent aveo 
beaucoup de goût et dansent avec un certain abandon qui leur 
est naturel, et qu'elles auraient tort de voidoir quitter pour 
suivre entièrement la méthode des maîtres. 

Qu'il me soit permis de payer , en cette occasion , aux 
dames Grecques, Valaques et Moldaves, iui tribut justement 
mérité pour la grâce et l'amabilité avec laquelle elles remplissent 



( i45 ) 

p^ed d'esclaves des deux sexes, qui sont chargés de 
tous les devoirs domestique^, tels que cuisiniers, 
cochers, tailleurs, boulangers, etc. Les Tziganes 
sont la race la plus vile et la plus mal propre qui 
existe en Eu^pe, voleurs, méchans et libertins dés 
l'âge le plus tendre, et il est clair qu'un enfant élevé 
par ces sortes dô gens ^ ne peut avoir iii sentimens 
généreux ni principes élevés. 

La langue grecque étant en usage à la cour des 
princes, les boyards s'empressent de la faire ap^ 
prendre à leurs enfans, et ils leur donnent pour 
gouverneur et pour maître quelque moine grec qui, 
aii lieu de vivre dans un monastère isolé, prend la 
fuite ,^outroave, par ce moyen, l'occasion d'en sortir: 
U y a dans les deul provinces un grand nombre de 
semblables sujets dont les mœurs ne font pas honneur 
à l'état ecclésiastique (i). J'ai connu au reste beau-» 

les devoirs de l'hospitalité envers les étrangers. Chargé des hon- 
neurs de la maison, ce sexe charmant s'en aqnitte avec une 
aisance qui ne serait pas désavouée des françaises mêmes. 
En général,, et sans crainte d'être accusé de voir à travers l6 
prisme de la partialité, j'oserai avancer qvfîl ne manque à ces 
nations qu'ime autre forme de gouvernement et de bonnes in- 
stitutions, poiur se mettre, un jour, au niveau des nations 
civilisées. La roideur et la ténacité de quelques vieux boyards!, 
surtout en Moldavie, forme vu contraste frappant avec l'élan 
rapide qui pousse la jeunesse pour se mettre sur les rangs de 
ces dernières. 

(Note du Traducteur.) 
(i) L'éducation des garçons est maintenant confiée, dans les 
bonnes maisons, à des maîtres français ou allemands, et celle 

lO 



C «46 ) 

coup de vieillards opiaiâtt'es pour la conservation des 
antiques coutumes^ et qui n'ont jamais voulu parler 
le grec. La langue nationale est un mélange de slave 
et de latin ^ ils disent par exemple, bouna oureme 
domnoulcy bonjour, monsieur; shuga aàdomniata, je 
suis votre serviteur, monsieur. Oureme etslouga sont 
dés mots slaves. Ces nations, surtout les Yalaqucs, 
aiment beaucoup le bal, les assemblées et les repas 
tumultueux. Les hommes graves et déjà avancés en 
&ge ne dédaignent pas de danser et de s'enivrer dans les 
n6ces et festins qui se font à la cour. Us'aiment beau- 
coup les spectacles et les jeux de hasard. Ils conser- 
vent en cela les coutumes antiques|de leurs jvoisiils, 
les Hongrois et les Polonais^ et on voit, par ce qu'en 
dit Antoine Marie del Chiaro chins ses Révolutions 
modernes de la p^alachiey ouvrage imprimé au com^ 
mencement du dix-huitiènie siède , qu'ils ont en-* 
core dans les coutumes et les usages beaucoup d'au- 
tres rapports de ressemblance avec ces deux nations , 
comme aussi plus de magnificence et de générosité j 
mais tout cela est changé depuis qu'ils sont gouver- 
Iics et qu'ils partagent le sort des Grecs, qui se sont 
efiorcés de les oppdlmer et de détruire toute semence 
de vertu, pour régner plus facilement. On a ce- 
pendant vu pendant les guerres antérieures où les 

aes demoiselles à des institutrices que Ton fait venir exp^ de 
Vienne ou de Francfort^.et i^uisoiit assez bien payées; Le maîti^ 
Grec n^a plus ^ue la reli^onet la langue .grecque liXtérale à 
enseigner. (Noté du Traducteur.) 



(»47) 

Russes occupaient ces provinces^ que les nationaux 
çtaient très disposés à devenir d'excellens sujets. Les 
inimitiés entre les boyards naissent dans le temps des 
promotions aux emplois publics ; ils font alors tout 
leur possible pour se dénigrer mutueUement^ et ceux 
même qui sont étroitement liés de parenté^ ne s'épar- 
gnent p^ plus que les antres en ces circonstances; 
mais des que les emplois sont distribués ils redevien- 
nent amis conmie auparavant. Les dames ^ qui aiment 
la vie oisive et à passer toute la journée en visite^ 
permettent qu'on leur fasse la cour; mais au surplus il 
n'y a pas de pays où l'on se plaigne moins que dans 
ceux-ci^ et il faut que le scandale soit trop grand pour 
qufon en parle. Dans le vulgaire il y a beaucoup de 
de libertinage et de débauches. Toutes les tavernes 
sont des lieux de prostitutions* 

Le hixe dan» les ^habiUemens des deux sexes est 
excessif^ et entraine la ruine des maisons. Les dames 
ont la coutume dé porter de nouveaux vétemens aux 
fêtes de pâqiies , de noël et de l'assomption. Geâ 
vétemens qui sont ou d'étofifes des Indes^ de schals 
de cachemire doublés de zibelines et d'autres pré- 
cieuses fourrures de la Russie^ et garnis sur toutes le^ 
coutures et aux extrémités de galons ou de brode- 
ries de Vienne^ coûtent jusqu'à trois nulle florins. 

Leur table est abondante^ mais de mauvais goût. 
Us aiment d'avoir un grand nombre de convives j et 
quiconque se présente à l'heure des repas , est tou- 
jours bien accueilli^ et trouve promptement sa place. 
Auciennement, les hommes allaient à cheval^ et les 



lO '* 



f .48 ) 

ânmeâ sur uu« espéci de char suspendu^ appelé JRâ- 
dhaii, et dont on se sert encore en voyage. On y a 
introduit, depuis là fîti dU 3iéclë dernier, les voi- 
tures de Vienne, et c'est à qui en aura une plus belle* 
Le luxe a besoin des artis, et les nationaut n^ayant 
aucune habilité pdttJf les exercei*, ont appelé dans 
leurs contrées beaucoup d'étrangers de la Transyl- 
vanie, qui font payer très cber lès produits de leuf 
industrie. LesValaques etles Moldaves épousent leurs 
fenlnies ll*ès jeunes ; ce sont les filètes qui les choi- 
Isissent, attendu que les demoiselles sont cachées aux 
regards des hdmmes. Les notes diltent huit jours > 
tpfe Ton emploie à danset* et à faire bonne chère. 
On rie les célèbre plus à présent avefc Cette magnifi-* 
cence décrite par Chiaro (i). Les funérailles sont 
accorçpagnéed des proches parens du défunt. Lea 
VeuVes ne tnanquent pas de paraître les chevcuiL 
épars, de se déchiret* les joiles > et de pousser de 
grands cris près du cadavre de leurs inàrisl Sou- 
Vent la douleur est sincère, parce qu'Une veuve, et 
surtout une vieille, tombe dans un grand mépris , 
et qu'elle ne jouit plus des mêmes avantages et 
de la mériie considération que du vivant de son 
tnari^ surtout quand c'était un honune en charge. 
Le seul avantage qui lui reste, c'est de recevoir 
de la coût une pension , et de conserver quel- 
ques immunités ^ coutume que je trouve très 
louable (2)4 Us sont plutôt mesquins que magnifiques 

(1) Auteur d'un ouvrage intitulé: RiifùluHon de Falachie. 
(a) Le règlement de 18 18 dont j'ai parli plus haut reUti- 



( »49 ) 
4aiis l'intérieur de leurs maisons^ non par yolotilé ^ 
mais parce qu'ils tremblent d'exciter la cupidité^ et 
d'être en proie aux rapines et à l'avidité, des Turcs , 
comme il est certain qu'ils le sont actuellement. Ces 
barbare^ se fpnt un jeu de détruire les maisons^ et 
de voir en flanmies tout un village entier. Apres upe 
4es dernières guerres^ on ne voyait quq les vestiges 
des terres considérables situées dans les pleines ^ et 
qui depuis peu d'années^ étaient dans un état floris- 
^nt. Malheureux habitai:|^ de si Celles contrées j, voys 
méritez avec raison U con^passion de tout ce qui 
porte un cœur sensible et humain^ et surtout 4e 
celui qui a vécu si long-temps pariQ^ vous^ et qui se 
faisai^t im plaisir ^\ uq devoir de contribuer tou- 
jours à votre bonheur^ a mérité votre reconnais- 
sance (i)I 

Autant que je puis en juger, je trouve que loûsi 
les vices de cette nation ont leur source dans un 
gouvernement plus que despotique j| çt. une mauvaise 

vement iiiut\iiatTe fkmfltes qui devaient régner excljQ^vemeQt 
•ur les deux prin4pa,utés a,vait assigné sur la caitie de la vis* 
tiarie , des pensions pour les boyards et les Grecs hors d'état 
de servicei'aprè^ \p% certain nç«mbre d's^nnéefli^ ainsi que pour le^ 
veuve^ de peux qui étaient niorta fiu service de l'état; et leurs 
fils avaient droit «i^iu^ ^mpl(>i9. 

(Note du Traducteur.) 
(i) Que dirait celui qui, après avoir vu css provinces si flo- 
rissantes^ il n^y a qu'^n an^ comme je les voyais, y retourne** 
if-ait^ aujourd'hui y C^ue Isi foudre 1^ a ravagées! !f 

ÇNote du Traducteur. 



( i5o ) 

éducation; je suis persuadé, que si le sort les faisait 
un jour devenir sujets d'un souverain juste, humain 
et éclairé, elle deviendrait toute autre, rivalise- 
rait avec les nations les plus civilisées. Malgré tous 
ces inconvéhiens et tous leurs malheurs, il se trouve 
parmi les ValaqUes des hommes de bien et des per- 
soimes de mérite. Parmi les Moldaves, les familles 
Gantacuzène^ Rosetti, Balsch et autres, ont d'ex- 
cellens sujets qui pourraient figurer parmi les na- 
tions civilisées, et qui sont d'autant plus dignes 
de louange et d'admiration, qu'elles ont su conser- 
ve^ leur caractère de noblesse et de générosité, au 
milieu de tant de désordres publics et particu- 
liers (i). 

(i) Je pourrais bien enchérir 9ur ce tableau et augmenter 
la liste de quelques autres noms dans les deux nations, mais 
îe craindrais de blesser la modestie de ces aimables familles , 
et la délicatesse m'ordonne de garder le silence. Si cet écrit 
leur parvient jamais^ qu'elles jouissent en le lisant de la ré- 
compense qui leur est due à juste titre. 

(NoijB du Traducteur.) 



( ï5, ) 
CHAPITRE JPLIX. 

Traduction de quelques pièces^^ mentionnées dans 

le courait de cet ouvrage. 

Mo I. 

Article seizième du traité de Kouisouk-Kajrnardzi y 
conclu le 21 juillet 1774^ entre la cour.de Russie 
et la Porte* Ottomane, 

La Russie restitue à la sublime Porte toute la 
Bessarabie avec les villes d'Akkerman^ Kilija, Is- 
maïl^ ainsi que les bourgs^ villages et autres lieux 
situés dans cette province. Elle. lui restitue également 
la £)rteressc de Bender^ ainsi que les deux princi- 
pautés de Moldavie et de Valachie avec . toutes les 
forteresses^ villes^ bourgs et villages^ et tout ce qu'ils 
contiennent. La sublime Porte les reçoit aux^condi- 
tions suivantes^ qu'elle promet^ de la manière la plus 
solennelle^ d'observer religieusement. 

z. D'observer, à l'égard des habitans de ces prin- 
cipautés de quelque dignité, état, condition ^ carac- 
tère ou nation qu'ils soient, sans aucune exception , 
l'amnistie absolue et l'éternel oubli stipulés dans le 
premier article de ce traité , en faveur de tons ceux 
qui effectivement se seraient rendus coupables de 
quelque faute^ ou -auraient été soupçonnés df^jr^' 
eu l'intention de nuire aux intérêts de la subL' 



( i5a ) 

Porte; de les rétablir dans leur première dignité, 
rangs et possessions^ et de leur restituer tout ce 
dont ils jouissaient avant la présente guerre ; 

2. De n'apporter aucun empêchement quel«- 
conque au libre exercice çl^ la religioq chrétienne 
qui sera parfaitement hbre, et de ne mettre ^ucuii 
obstacle k U construction des nouvelles églises^ et 
a la réparation des ftncieqneS) ainsd qqe cela s'est 
pratiqué précédemment ; 

3. De restituer aux coùvens et autres particuliers 
les biens et terres qui leur appartiennent, et dont 
ils ont été* dépouillés injustement dans les environs 
de Bender, Ibraïlow, Chottin^et qui s'appellent au- 
jourd'hui Rajas pq Paradis'^ 

4- ^6 traiter les ecclésiastiqq^ avec les honneurcii 
et distinctions dûs à leur caractère; 

5. D'accorder |i\)i( familles qui voudront qukter 
leur pat|îe pour s'établir ailleurs^ la liberté d'en sor- 
tir avec tout ce qu'elles possèdent) et afin que ces; 
m.émes familles puissent disposer de leurs biens^ on 
leur accordera, pour profiter du bénéfice de cet 
article, le terme d'une année à dater du jour de l'é- 
phange du présent traité ; 

6. De n'exiger ni demander auiç habitant aucune 
somme d'argent ni taxe à titre des contributions ar-*. 
riérées dp quelque nature qu'elles soient; 

7. De n^exiger de ces peuples aucune taxe ni 
contributions pour toute la durée de la guerre; mais 
au contraire j en copsidération des pertes qu'ils ont 
{[^prouvées pendant sa durée ^ ils seront exempts de 



( i53) 

tout impôt pendant deux années^ à dater de l'échange 
du présent traité;. 

8. Après l'expiration de ce terme de deux années^ 
la sublime Porte promet d'user avec ces peuples, 
de toute l'humaiiité et la modération possible dans 
les impositions pécuniaires qu'elle leur demandera, 
lesquelles seront reçues par le moyen des députés 
qui seront envoyés tous les deux ans j qu'au terme de 
payement de ces impôts, ni les pachas, ni les gou- 
verneurs, ni quelqu'autre personne que ce soit, ne 
pourra i)i les vexer, ni les opprimer, et exiger d'eux 
jaucune somme pi impositions sous quelque titre ou 
prétexte que ce puisse être; mais qu'ils jouiront de 
tous les avantages qui leur ont été accordés sous le 
règ:ne du sultan Mehmet IV de glorieuse piémoire, et 
de Sa Hautesse le sultan régnant (i) ; . 

"^. La sublime Porte permet aux princes de ces 
deux principaut(fs^ d'avoir près d'elles chacun un 
phargé d'aSaires, professant la religiop chrétienne 
du rit grec, pour veiller m^ intérêts des dpux pro- 
vinces , et qui , pouo})3tant la médiocrité de leur 
condition, relativement à la sublime Porte, seront 
traités par elle avec bonté, et considérés comme des 
personnes jouissant du droit des gens, c'est-à-dire 
à l'abri de toute violence ; 

(i) Le sultan Aclimet, et non pas Mehmet IV, était père 
du sultan régnant (à l'époque du traité s'entend) ; on n'a jamais 
pu savoir quels sont ces avantages que les nationaux réclamaient 
pour les deux principautés , sans avoir de docnmenSi P pMjtt 
qu'ils ont induit en erreur le» ministres russes. 



( i54 ) 

lo. La sublime Porte consent encore que les mi- 
nistres de la cour Impériale de Russie^ résidant près 
d'elle^ puissent^ selon les circonstances dans les- 
quelles se trouveraient les deux principautés^ parler 
en leur faveur , et la Porte promet d'écouter ces 
remontrances avecl'attention et les égards qui con- 
viennent à des puissances amies et respectées (i et 2). 

(1) Presçu'aucim de ce» dix points n'a été obserré ni nus en 
pratique, d'un côté par la dispositioa natnrellt de la sublime 
Porte-Ottomane à manquer de parole, et de Vautre, parce que 
les princes des deux nations n'ont pas eu le coiurage d'insister 
eur leur exécution (*), et que les ministres n'ont pas fait valoir le 
traité dès son origine. Enfin par toutes les autres raisons qui 
finalement ont amené ime nouvelle guerre. 

(*) Un prince grec prudent se gardait bien d'insister , il n'eût point 
été écouté. Il n'y avait que les ambassadeurs quipussent le faire. 

(Note du Traducteur.) .. 

(3) Les dix points contenus dans l'article 16 du présent 
traité ont été maintenus par tous les traités postérieurs et leur 
exécution a été soigné rigoureusement , dès que là cour Im- 
périale de Russie a eu des consuls dans les deux principautés. 

(Note du Traducteur.) 



( «55 ) 

No a. 

Tituluction du haltischerif, du sultan Abdulhamidy 
en faiseur des deux principautés de Moldavie 
et de P^alachie , renouvelé Vannée 1784 (i). 

TMots écrits de la main même du Sultan. 
1^ Tu te çonfbnneias à aa teneur. 

Alexandre Scherletzadcy (fils de Charles) Vaivode 
dé Moldavie et célèbre entre les princes qui suivent la 
religion de Jésus, que la fin soit heureuse, 

Nous te faisons savoir par le présent que nous 
avons donné au mois de shewal de Tannée -i 1 88 , 
deux ordres revêtus au haut de notre signature Im- 
périale , et de la teneur suivante concernant la Vala- 
chie et la Moldavie : 

i.'Les sujets des deux principautés, lesquelles 
sont les greniers de mon puissant Empire, après 
avoir payé l'impôt fixé, ne payeront, à l'avenir, au- 
cune autre contribution sous diverses dénominations, 
comme cela se pratiquait avant la dernière guerre i 

2. Les Vaivodes] ne seront pas déposés, à moins 
d'avoir donné des preuves apparentes de rébellion, 
et ce règlement sera pour toujours observé sans au- 
cun changement ni modification^ confi)rmément aux 
traités antérieurement conclus entre notre puissant 

(1) Geschite und Verfussung der FalU^ey umi MMa u 
et histoire des treit^j par Martens. ( Note clu Tiaductenr. ) 



( i56) 

Empire et la cour de Russie. A cette fin^ il sera dén 
livré aux princes des Bejrath (diplômes)^ revétusi 
de notre chiffre révéré, et accQmpagnés de grâces, 
afin que les habitans consolés puissent vivre tran- 
quilles, et que leurs princes jouissent du calme de 
Tame. 

3, Le paiement du tribut imposé sur les sujets, 
s'effectuera tous les. deux ans un^ fois à notre trésor 
impérial à Constantinople par les agens des prince^ 

4- Les sujets Valaques et Moldaves seront eji^empts 
de ce tribut et de toute autre contribution pendfint 
deux ans^ à commencer d^la \\xx\^ de Gemasiulnewçl 
de l'an ii88^ jusqu'à l'expiration de ce term^ 

5. Après le terme de ces deu^ années^ le tribut 
qui doit être perçu avec une miséricordieuse dou- 
ceur et modération, aéra ^ cpmme il est dit plù^ut^ 
versé dans, notre trésor p^ l'agent du prince prç& 
potre 3ublime Porte. 

6. n ne sera exercé aucune po^rs\dtç pour let 
anciens compte^ ou dettes arriérées ,^ de (quelque na- 
ture qu'ils soient. . 

7. S'il survient quelque contestaliojn entre un turo 
et un sujet chrétien, l'affaire sera examinée par le 
prince de Moldavie, conjointement avec son Divan 
Effendi et autres Turcs qui seront présens, et l'çn 
cherchera les moyens d'accommoder le différend, de 
manière qu'ils soient conteus tous deux; mais si la 
médiation ne produit pas l'effet désiré, le cadi d'Ib- 
raïlow sera mandë^ et il jugera l'affaire avec U plusi 
grande intégrité, et sans opprimer cp aucune m*-» 



( «57 ) 

nière ITiabitant', attendu que notre (eviûé volonté 
est iffu'il he soit pas cité à dWtte tribunal qu'à celui 
du pays; 

8. S'il existe une décision sacrée onjëtwa dans leis 
causes civiles, où le témoignage de P/erre grec contre 
Omar turc, est recevable en matière d'hérédité > soit 
par testament ou ab intestat, le téinoignage du grec 
contrli» le turc, ne ^era reçu que selon la teneur du 
j^aut ^twa. 

i^. Si des militaires ou toute autre personne com'- 
mettait quelque délit en Moldavie , ils seront arrêtés^ 
conduits dans les forteresses voisines pour être punis 
par leurs commandans respectifs. 

lo. Attendu que nous avons déjà expédié plu- 
sieurs firmans^ relativement aux n[iilitaires et habi-* 
tans des rives du Danube > qui, contre nos ordres^ 
entrent sans permission dans ces deux principautés, 
élèvent des rixes, se massacrent, et cherchent à ven- 
•ger lesangverâé, à susciter des procès; demandent 
ensuite de l'argent aux sujets Moldaves , et leur 
t^ausent d'autres inquiétudes ; voulant également ex- 
tirper les vagabonds qui parcourent le pays , et 
détruire (aux termes des susdits réglemens) les ha-*- 
bitations qu'ils construisent sur les terres de la 
Moldavie; n'étant pas éloigné de croire que ces 
«malveillans aient l'intention de recommencer leurs 
déprédations , Nous voulons que le règlement pré- 



(i) Le Fetu^a est une décision du Muphti. 

(Note du Traducteur.) 



( i58 ) 

cité et les autres ordres soient exécutes k là lettre^ 
et qu'à l'avenir il ne puisse entrer en Moldavie 
qu'un nombre fixe de négociants connus dans les 
forteresses, lesquels doivent être munis d'une per- 
mission écrite de leurs commandants, et qu'ils exhi- 
beropt au prince de Moldavie ou à ses officiers^ et 
dont ils recevront en échange un permis également 
écrit; JNous voulons encore qu'ils ne puiss^t ni 
acheter de maisons dans les districts^ ni s;emer> i^ 
molester les sujets, ni prêter frauduieusement de l'ar^ 
gent à usure. ^ • 

11. Les visirs, les commandans et les juges ne 
permettront pas, que pour de semblables causes ^ 
le sujet soui&e aucun dommage par l'expédition de 
commissaires. 

12. Les possessions et terres qui appartenaient 
autrefois aux monastères et aux boyards , et qm • 
•après leur avoir été ravies injustement, ont été ap- 
pelées ensuite anitz-rayay soient restituées aux pro^ 
priétaires après un juste examen. 

i3. n ne sera pas permis aux marchands turcs 
d'acheter ou d'avoir des propriétés, ni de faire paître 
•des animaux en Moldavie. 

i4. Les habitana ne souffriront aucun dommage 
quand les visirs, les pachas ou leurs gens seront 
obligés de dévier de la grande route pour entrer en 
Moldavie. Il est défendu aux grands visirs et aux 
honorables pachas, quand ils se rendent dans leurs 
gouvernemens, de molester les pauvres^ de changer 
de route pour entrer en Moldavie, de se faire donner 



( i59 ) 
par les habitaos des provisions gratuitement^ ou de 
les inquiéter par d'autres demandes* Egalement^ que 
les personnes qui voyagent quelque part que ce soit 
pour des affaires importantes, ne sç détournent pas 
de leur route pour passer en Moldavie, et que 

,^ celles qui viennent dans cette province, ne deman- 
dent pas à la poste plus de chevaux que le nom- 
bre fîxé^ dans leurs firmans de poste; les ordres 

^antérieurs déjà existant à cet égard, doivent être 
à Tavenir exécutés ponctuellement. Si quelqu'un 
contrevient au présent ordre, il sera puni sur-le- 
champ. 

i5. Les sujets Moldaves qui, pour raison de com« 
mer ce, passent dans les villages, les pays et dans les 
marchés de l'autre rive du Danube, ne seront point 
vexés par les préposés aux impôts et autres officiers 
de cette espèce, pour des demandes de tribut, capita- 
tion ou pour toute autre cause. Les habitans des rives 
du Danube n'entreront point en Moldavie sous pré- 
texte d'y chercher leurs esclaves. Il sera déUvré à cet 
égard des firmans particuliers à qui de droit, con- 
tenant des ordres positifs, et ménaçans. 

i6. Les habitans de la Moldavie ^ suivant la teneur 
des coutumes, privilèges de ce pays^ ne seront point 
molestés de qui que ce soit, sar la manière 'de se 
vêtir. 

17. Dans le cas qu'un sujet vînt à embrasser la re- 
ligion tnahométane^ il ne peut recoa^ u 
héréditaire qui lui reviendrait Omhi 
pendant une matière obscure en ûit 



( iGo ) 

ihiné Xefetfuy et il y a quatre sacrés felfas d'émanés 
à cet égatd : i® Si le père de Pierre ^ chrétien, mou- 
rait après que celui-ci aurait été sanctifié par Tisla- 
mistne ou la vraie foi, il n'en hériterait pas. a® Si 
Marié, chrétienne, vient à mourir après que Pierre , 
son mari chrétien, s'est fait Turc, il n'héritera pas . 
de sa femme. 3^ Si Pierre ^ chrétien, décède après 
avoir embrassé la Religion mahométane, ^6n pète 
Paul n'héritera pas de lui. 4^ Méhmét turc n'héri- 4 
tera de son esclave Pierre ^ chfétien, s'il lui a donné 
la liberté et ft'il vient à mourir sans s'être ùit TurCé 
Ces quatre fetfas seront exécutés. 

18. Le nombre accoutumé de moutons sera acheté, 
en Moldavie, par les préposés du boucher en chef, et 
comme ceux-ci ont été préjudiciables aux pauvres 
habitans et ont commis des injustices. Nous, dans 
Notre clémence. Nous avdns aboli l'ancienne manière 
de faire cet achat; mais comme il est nécessaire et 
indispensable de conduire des troupeaux à Constan* 
tinople pour les rations de viandes qui sont distribuées 
par le trésor de Ma couronne, et pour la nourriture 
des habitans de Mon empire, les sujets Moldaves ne 
cacheront pas leurs troupeaux, mais ils les vendront 
aux bouchers, et le prince de Moldavie doit avoir 
soin que les troupeaux soient retnis aux susdits mar- 
chands pour les transporter à Constantinople et non 
ailleurs. 

19. La Moldavie étant le grenier de Mon trône for- 
tuné, quand la vente des denrées nécessaires à la Va- 
lachie et à la Moldavie sera terminée, les sujets Mol- 



davesjpour çompeiisatioD de la conlribution en gfain 
qui fut, par un effet de Notre clémence, très modérée, 
feront porter en abondance aux échelles du Danube 
les grains et l'avoine qu'ils recueilleront de leurs 
moissons, et vendrontle tout au prix courant aux 
capitaines des navires, du marché appelé - ca^dQ k 
Gonstaotinople ; Us ne les porteront point en d'autres 
lieux; que la levée de ladite contribution ne les em- 
pêche point de semer ; qu'ils ne cachent point les 
Itrains de leurs récoltes pour en faire le monopolci 
Cette manière leur^sera plus profitable , etleshabi- 
tans de mon empire seront délivrés de la cherté. 
Les vaivodes et les boyards seront à perpétuité 
chargés de ce soin. 

20. Tous les délits et les fautes commis par les 
boyards et sujets de la Valachie et de la Moldavie, 
et que la guerre a coutume d'entraîner avec elle, 
leur sont pardonnes et mis dans un étemel oubli; 
qu'on ne pense ni à punir ni à leur reprocher leur 
conduite passée, et qu'ils soient certains à l'avenir 
que, tant qu'ils ne sortiront pas du centre de l'obéis- 
sance, qu'ils acquitteront les tributs, qu'ils fourni- 
ront les provisions demandées, et qu'ils rempliront 
les autres devoirs des sujets, ils ne doivent attendre 
de nous que clémence et protection. 

21. Les princes de Valaclùo et de Moldavie sont 
libres de donner les emplois du pays laolJ 
jets distingués parmi les nationaux qu'à q 
à tous ceux d'entre eux qui sont £ 
gouverner. Le prince p«u!t s*e^l 




( i6îi ) 

diffëreiis emplois^ et se servir selon le besoin des 
Orecis et des indigènes^ donnant cependant là ptéîé-^ 
tence aux seigneurs du pî\ys pour les charges qui lent 
iùïkX propres. 

^^. La quantité de bois nécessaire pour les forte- 
resses situées en RoHiélie, doit être , comme par le 
passé , taillée et transportée des monta «[nesMe la Va- 
îaçïiie et delà Moldavie, moyennant un juste salaire 
q^uipodr là taille et le transport s^acquillera surlestrî- 
buts des deux provinces , et d'après les récépissés de» 
întendans des b&timens, sans la moindre diminu- 
tion. 

dlS. On aura soin qu'à l'àYènir il ne soit point en- 
voyé, sans nécessité, de douaniers à Galatz tant de la 
part du gouverneur de Kilia que de celui d'Isachkia. 

24* Personne n'ira en Moldavie diercher, sous 
le nom de fermier, )ie nitre pour l'usage de Notre 
hôtel des monnaies, mais le nitre nécessaire sera 
livré par le prince; le coût et les frais de transport 
seront défalqués de la somme du trîbut, et l'on en 
donnera avis à Notre hôtel impérial des monnaies, qui 
le fera recevoir à l'échelle qui sera indiquée pour le 
conduire à Constantinople. Gomme jusqu'à présent 
les hàbitans du pays n'ont manqué en aucun point 
aux devoirs auxquels ils sont assujétis, les articles 
suivans dictés par Notre miséricorde impériale, ont 
été ajoutés aux points susdits; qu'ils se gardent donc 
bien de commettre à l'avenir la moindre omisjiion , 
et cj[lie l*on use de promptitude et de diligence, quand 
il s'agit de Notre service; qu'ils obéissent à leurs 



/•*- - »<».» 



j^riace^^ ci ne m$knq^eol pas d^ua iota k )a fid&litf 
, et au service. C'est pourquoi JNou^&ij^ons savoir qu!à 
Tavenir on jiWgera de laValacLiiie qne 619 bour-* 
$e^ (i), et de la Moldavie i35 bourses et 444 pîa^ 
très (a) pour leur tribut p qui sera payé à la #q ds 
chaque année k I3ia couronne glorieuse^ d^ns le cag 
où ces sommes n'auraient pas été employées en isom^' 
missions. 

p,$. Jje présent du Bajram i&st fî^é> pour Iâ¥âia-« 
, dbie à 90^000 pia$tre$ en ap*ge|it; ot en inarchaadisasi 
et 40^000 piastnes^ pour le Richiabiei^) ; la Moldavie 
payera 90,000 piastres (4) tant cft argent qu'en mar* 
cUandi$e8 pour \e J^ajrapi^ et dS^OûO piastres pour 
le Bichiabiey et àl ne sera rieo exigé die plus. 

26. Il ne sera rien exigé des princes pour les conn 
firmer dans leur charge (5) > (^ \^ i^e ^eromt pas dé-^ 

(1) C'est uae ittaiiière de compter en Turquie ^ une 'bouràe 
est de 5oo piastres , donc 3o9,5oo piastres pour la Yaladiie; 
et 67^94 i piastres pour la Moldavie. 

(Note du Traducteur.) 

(2) DepujLs le trtdté dje BudpiArest^ la iJUpldavie n'apla;;^ paj^ 
pour le iam/2 x>u capitfition q^i^e 96 ibomae^B et 069 piast^res^ 
ou 47,769 pia^res à cause de la perte qu'elle a subie. 

(Note du Tiadiicliepr.) 

(3) PrésQut particuUer que £ût ia province à Ifi caisse du 
Graud'-Seigneur* (Note du Tr^dw^teu^.) 

(4) Cette soumet aussTiprouvé une réductioiii apirèslapaix 
de 1812 9 pour la Moldavie; cette province ne payait plus^ 
dans ce^ derniers teii^, que -60,984 piastres. 

(Notedu 

(5) Ea Turquie les places sont dctunées ipur.i 



(iG4) 

posés à moins qu'ils ne se soient évidemment rendue 
coupables de quelque délit. 

27. Il ne sera rien demandé aux ptinces de plus 
que de coutume , pour les droits et présens , et ceux- 
ci d#leur côté n'exigeront rien des sujets pour y 
satisfaire; mais ils les acquitteront de leurs revenus 
particuliers. 

^S. Nous ne souffrirons pas que les pachas^ cadis 
et autres commandans qui se. trouvent dans les énvi- 
roos prétendent un tribut ou se fassent donner des 
présens par les deux provinces 5 attendu que cela 
tombe au détriment des sujets, comme il ne leur 
est pas permis , noil plus , d'envoyer en leur nom 
des commissaires^ excepté dans le seul et unique cas 
de faire toucher le tribut que Nous avons ordonné. 

29. Les princes ne seront pas obligés de faire des 
présens, lorsqu'il arrive des changemens dans les mi- 
nistères de Notre puissant Empire (i). 

30. Les besoins de Notre puissant Empire exigent 
des deux principautés des fournitures de différentes 

révolue la Porte confirme ou destitue le fonctionnaire. Dans 
le premier cas il paie une somme pour le décret qui le continue 
dans son emploi. (Noté du Traductem*.) 

(1) Cet article est purement illusoire. Les princes n'étaient 
pas de droit obligés à faire des présens aux ministres lors de leur 
nomination, mais ceux-ci regardaient cet ^sage comme ime 
chose due> et les princes se gardaient bien 4jy manquer dans 
la crainte dé se faire des ennemis dans les nouveaux ministres. 
Comme en Turquie le ministère est très souvent renouvelé, 
cela coûtait beaucoup. En 1820 la Moldavie paya 120,000 
piastres pour ce seul ob)et. (Note du Traducteur.) 



( -85) 
espèces, mais graduées "de manière que les liabitans 
n'éprouvent aucune disette, et quand le trésor lea ' 
demande, il doit les payer comptant, seloD le tai-if du 
marché où elles sont achetées, sans charger les haJbi- 
tans des frais de transport. • 

3l. Les injustices et les vexations commises par 
les préposés du boucher eo chef lors de l'achat des 
bestiaux, étant venues à Notre connaissance, ce 
mode de vente est supprimé. Mais rapprovisîonbe- 
ment de Constantinople devant s'opérer par les 
soins de rfotre Sublime Porte, les sujets des deux 
provinces qui voudront vepdce leurs bestiaux , les 
céderont aux marchaods au prix courant, et lea 
princes auront soin qu''on ne manque pas de les Uf 
vrer à Notre empire. 

3a. Quand il Nous plaira d'exiger des deux pro- 
vinces des bois ou autres matériaux pour les édiCces 
publics, 00 en donnera d'avance avis aux princes f 
ces b.oi« seront transportés sur les frontières des deux 
principautés j et les commissaires destinés à les rece- 
voir en payeront au comptant le prix aux habitans 
ainsi ^ue les frais de-transport. On n'usera point de 
violacé pour les faire transporter hors des fivntiérep, 
et quand on aura employé les sujets des deux pays 
on leur .payera cc»nptant,.et sans diminution ni re- 
lard f le prix de leurs travaux- . 

33. Il est défendu a.px dUabitgpg> nùHtaires on au- 
tres, des pays limitrophes, d 
vinces pour exif^er de Varff, 
sera permise qu'ai 




( i66) 

il leur est également défeûdu de semer où de faire 
paître des animaux sur les terres appatteâant ant 
faabitans^ comme aussi de s^eû emparer. Celui qui 
emploierait la. ruse pour ebfreiadre cet article , sera 
puni. • 

.^4' lacs terres^ quiy après là paiit^ auraient ëfé usur- 
pées par- les 'Tarés ées montrées voisines daust l^d 
deux provinces, seretit restituées à leurs propriétaîresw 

35w II ne sera envoyé de commissaire de Notre Su- 
blime Porte dans les deuit principautés que da^^ lëi 
«&(S d'un besoiii ur^edt^^ et quand ce ca^ écherra les 
$ujets fie paieront pâsf sa éommia^iôii , ti U ne p^o* 
Joigera pas $011 ^jéjôtir sous divers prétextes ou mo- 
tifs. •• .'."-■ ■'- ■'"' J ■ .... 

36. Nous ordonnons, dans Notre clénïfehce fet Vo- 
lonté iiflpéiîale, qiie tous ces ârlifcles soient eléèu tés 
èonIbrméûkëM'i k t^lieur du pt^e^Bier règlement. Et 
comirië là miséricorde efnvers les pauvres et les faibles, 
et laclémètice efif fers leS sujets, est l^ jp>fopr€f attribut 
de la justice fe^gtialée de Notre gouvernement, Nou^ 
tc^ul^ns; que leé Isa jets Valàqû^^ et Moldaves soient 
eikdblés.die^ grades et de bi^t^fàits, «Éfin qu'Usi vivent 
pré8éi*tés de totttfe espèôe d'inîu^fee, ét'àlâ|)l^ dftn$ 
un bonheur et Uttc tran(j[ililtitQ ^i^rmaiieiite , à Tôm- 
bre de Nôtre ^^daMëtripirë. A cet eflfet ttous avoua 
donné le présent ordreî^éett: dt ûott*ô signature iin- 
périâle; iHjiMthatidQllf^-^ti'l^i'è»' âVo âans les 

assctobléfes générales dé tous leS évéq^ues métropoli- 
tains, éveqùeis, abbés>* boyards-, ^boyàtîtàsés, capi- 
taines, officiers, hdbitans et sujets^ et qtt'lhen aUroat 



■t. 



( ^r»7, ) 

pris connaissance, il soit remis aux juges pour être 
conservé par eux. Qu'à l'avenir il soit exécuté ponc- 
tuellement dans tout son contenu et de manière qu'il, 
a été expliqué et publié. Tu prendras le soin d'écrire 
et d'informer Notre Sublime Porte> si quelqu'un y. 
contrevenait, afin qu'il sôitpuni sur-le-champ. 

37. Les boyards de Valacbie et- de Moldavie qui 
resteront fidèles a TNotre puissant empire et qui se 
conduiront avec obéissance et soumission envers 
leurs princes , demeureront en ipossession tant de$ 
terres et propriétés que des titrés et emplois qulls 
ont obtenus en vertu des diplômes ^ ^insi que. Nous 
Tavons précédemment ordoi>né. 

38. Nous voulons que ces ordres soient / dans la 
suite , exécutés soigneusement çt à perpétuité ; 
que la prospérité règne dans ces provinces , car 
c'est de leur félicité que dépend celle des nol)les; 
quand les pays sont tranquilles^ il ne se fait point 
d'intrigues; tous obéissent aux princes' et se rendent 
dignes d'obtenir , selon les antiques coutumes du 
pays , des emplois et les émolumens qui y sont atta- 
chés. Si, dans la suite, quelque boyard se. permet- 
tait des demandes exagérées ( ce qui apporte ordinai- 
rement dp la confusion dans le système adopté ) , 
ainsi qu'on l'a déjà fait par le passé, comme aussi de 
mol ester -les habitans, contre Notre volonté, et si , 
après leur avoir recommandé de s'abstenir de ces 
excès , ils n'obéissent pas et entrépr elque 
chose contre 1^ volonté du prince Wi^ 
choisi pour les gouvernerai^ ' ' 



C ^68 ) 

autorité de châtier ïe« téméraires et de les punir 
qCHBme ils le méritent! j^t toi , prince actuel , tu veil- 
leras soigneusement à ce que de pareils gens soient 
punis ^ et tu employeiras to^s tes soins à maintenir le 
bon ordre , afin que les pauvres sujets vivent tran- 
quilles ^ que hk répartition de^ijiipôts s'opère égale- 
ment sans aggraver personne j et^que tout se fasse 
selon les règles de Véquité. 

39. Tu auras également grand soin de irecommai^- 
der et d'insinuei: à tous les noblea et sujets de faire 
des vœuî pour la conservation de Notre existence et 
pour la durée heureuse et glorieuse de Notre puis-* 
sant Empire ^ fais en sorte que tous ^ taut Dobles que 
sujets ^ se pénètrent (Jjqt sens, des oi:dres: précités , 
c'est-à-dire, que tous les observent fidèlement, etc. j 
qu'aucun d'entr'eux n'oublie son devoir et la subor- 
dinatio^ qu'il doit 4. ^0$ d^écrets impériaux qui 
demandent une obéissance sans bornes; qu'ils soient 
assurés qu'en né s'écartant jamais de la fidélité et de 
la loyauté accoutumées , et qu'en €Oji^ervant la pu- 
reté de leurs mœurs, ils jouiront d'une tranquillité 
parfaite et ne cesseront d'éprouver les effets de Notre 
cltémence et de Notre;, miséricorde impériales. 

40. Toi et tes successeurs , eo montrant du lèle 
pour notre service et de la reconnaissance pour 
Notre magnificence impériale , et en obser\'ant 
fidèlement les présens commandemens ^ vous n*au- 
rez pas à craindre d'être déposés à moins d^étre 
évidemment coupables de quelque délit qui donne 
lieu à la déposition j mais au contraire Tu seras affermi 



1 ** 



( ï6o ) 

dans la principauté de Moldavie , ti il est certain et 
indubitable que , du moment qu'on sera informé que 
des habitons des autres rives du Danube et deafllli^ 
resses , grands et petits quels qu'ils soient , auront 
osé contrevenir au préseut. ordre, il en sera fait 
justice. 

4i • Nous veilleroos , ainsi que ûos grands-visirs et 
nos honorés pacbas, avec la plus soigneuse attention, 
au maintien des privilèges qui ont éii accordés sous 
le règne équitable de notre grand-père le sultan 
Mehiped-Han., 

Geschiete und Verfassung der Valîojchey imd Moldau, 
Histoire et Constitution de la Valacliie et de la Moldavie, 
page 21 3. Recueil des Traités, par Martens, tome 3,pagea8i. 



*.'. 
v-.^*- 



( i7« ) 
Ko 3. 

JJI^kction du Chtjsovole {i) accordé par le prince 
jflexandre aux marchands arméniens , sujets de 
S. M. I.etR. A.^ y le Q mars 1784. 

Il est du devoir et de la prudence des scorerainsde 
veiller sans cesse et de favoriser ceux qui, pour Futi- 
lité des sujetstà eux soumis, s'empressent de faire 
prospérer leur industrie^ leurs travaux, le commerce 
et l'agriculture. G)mme il se trouve , depuis long- 
temps , dans cette principauté , un grand nombre de 
marchands arméniens, sujets autrichiens de la Gal- 
licie , avec leurs bœufs , chevaux et autres bes- 
tiaux , et comme il est de notoriété publique qu'ils 
ne sont pas d'une médiocre utilité au pays , attendu 
qu'ils élèvent, à la satisfaction des babitans, le prix 
des bestiaux et autres objets j et comme ils ont été 
favorisés par nos illustres prédécesseurs qui leur ont 
accordé des grâces , ainsi qu'il résulte de leurs pri- 
vilèges et notamment de celui qu'ils ont eti mains 
et à eux délivré par notre oncle défunt le Vaivode 
Jean-lNîcolas , avec des privilèges exclusifs, nous 
avons, en conséquence cru qu'il était juste non seule- 
ment de renouveler et de confirmer lesdits privilèges, 
mais de les augmenter et d'y joindre quelques noi>- | ' 
velles grâces pour les rendre plus stables , et c'est à 

( 1 ) Vient du grec xpu» ^oûXo , c'est-à-dire , huile d'or , c'est 
pi'0|xremejit dit diplôme. ( Note du Traducteur. ) 






( Ï70 
cette fin que Nous avons délmé le présent diplôme. 

1. Ayant appris que quelques-uns des proprié- 
taires des terrains que louent annuellement ces mar- 
chands arméniens pour leurs besoins , s'entendaient 
nvec leurs Voisins , feignant d'en trouver un plud 
haut; prix que celui payé pat les arméniens y et qu^ils 
employaient encote d'autres moyens frauduleux qui 
obligeaient les marchands à se transporter ailleurs 
avec leurs troupeaux, ou de donner, à leur détriment, 
aux propriétaires le prix qu'on leur demandait/ 
cdmîne de pareils moyens sont contraires au bon 
ordre et à la justice , toutes les fois qu'un pareil stra- 
tagétne sera reconnu , non seulement le voisin qui 
se prête à la fraude exercée par le propriétaire sera 
puni avec toute la rigueur de la justice , mais encore 
le prcJprii^taire Ini-même sera traduit par devant 
notre divan pour y être jugé. Aucun habitant du 
voisinage tfosera moi^ester ou chasser avec le mot 
protimissis ou. priorité, les marchands qui sont étabUs 
depuis long-temps sur tm terrain avec leurs trou* 
peaux ,^t qu'ils occupent du consentement du pro- 
priétaire. Le voisin aura pour Pavenir le droit de 
priorité sur les premiers biens qui se vendront an- 
nuellement. Le sujet autrichien qui a obtenu la pos- 
session d'une terre et qui l'a occupée quelques 
années , y a fait des constructions ou toute autre 
^hose pt)Ui* son utilité et son commerce , ne pourra 
êti*e inquiété èa aucune manière par son voisin sous 
le titre de protimissis. 

S{. Qui que ce soit du voisinage ne peut semer ^ 



(>70 
laboarer oa couper llierbç forcément sur les terres 
qui sont louées annuellemeDt par ces marchands 
étrangers pour l'usage exclusif de leurs bestiaux. 

3. Quant au £bin qu'ils voudront £adre pour l'usage 
on la nourriture de leurs bestiaux y ils auront la 
faculté de s'accorder avec les gens d'un endroit quel- 
conque y soit avec les étrangers ou paysans de ces 
provinces , selon qu'il leur conviendra* 

4« A l'égard des bœu& qu'ils achèteront pour 
leur commerce 9 ils paieront pour le droit de cornarit 
une piastre et un potronic ( monnaie ancietme ) pour 
chaque bœuf ^ selon l'usage. Us auront encore à payer 
pour tout le t^upeau ^ lorsqu'ils sortiront des firon- 
tières^ une piastre et soixante deniers aux douaniers 
des limites. Ils paieront également pour chaque béte 
échappée ^ deux piastres à ceux qui les ramèneront ^ 
mais ensuite , s'il ne vient à s'égarer qu'un ou deux 
bœufs , les propriétaires ne paieront ^ • de récom- 
pense , qu'une piastre , selon l'usage. 

5. Us paieront également pour tout le bétail 
qu'ils ont dans le pays ( excepté les bœufs de com- 
merce ) , comme vaches , chevaux ^ jumcns y la co- 
nilza y à raison de quarante aspres par tête y selon 
l'usage ; mais on ne l'exigera pas pour les poulains et 
les veaux. A l'égard des bestiaux qu'ils adiètent à la 
foire pour les exporter y comme ils sont dans Fin- 
tentiou de leur faire passer la firontiére deux mois 
après ^ ils ne sont pas obligés de payer la conitza pour 
cet espace de temps ; mais si ces troupeaux restent 
plus longtemps dans le pays, ils seront tenus de payer 
ce droit. 



( «73 ) 

0. On n'exigera aucun droit à la douane pour \ei 
chevaux de leurs propres races qu'ils voudront trans- 
porter en Pologne ; mais pour tous les autres articles 
qu'ils achèteront dans le pays , comme chevaux, bes- 
tiaux, etc. , et qu'ils exporteront hors des frontières; 
ëgalf^neht lès autres marchandises de quelque nature 
qu'elles soient, qui^ venant de quelqu'autre pays,pàs^ 
seront dans celui-ci , ils seront tenus de payer à la 
douane d'après le tarif de notre chancellerie qui a 
été fait et réglé cette année , et où Ton indique que 
tous les sujets autrichiens doivent payer le trois pour 
cent , selon l'ordre. 

7. S'ils ont des abeilles et des pourceaux en cette 
province de Moldavie , ils paieront la dissetine , à 
raison de dix vieux deniers pour tout le nombre 
qu'ils en ont. 

8. On ne pourra prendre pour Volac ou pour la 
poste leurs chevaux , ni ceux de leur race ni ceux de 
leurs habitations et de route. 

9. S'il s'élève des différends entre ces marchands , 
leurs proposés et quelques-uns de nos sujets , et qu'ils 
ne soient pas satisfaits de la décision deslsprawniks^ 
41s peuvent en appeler à notre divan -, dans ce cas les 
parties litigieuses seront renvoyées devant Nous par 
les Isprawniks pour être jugées définitivement. 

10. Si quelques-uns des sujets sus-dénommés 
commettaient quelque délit , les Isprawniks ne pour- 
ront ni les incarcérer , ni les punir , mais les envoyer 
de suite ici en dénonçant le délit , afin de pouvoir 
procéder à leur égard , selon la teneur des anciens 



( «74) 

traités suivis à Constantinoplc y et en énoDyant les 
moti& de cette arrestation. 

1 1 . Nous invitons amicalement \es autres princes , 
nos frères et nos successeurs ^ que 0icu substituera 
après N dans cette principauté , de ne point altérer 
cette grâce ni ces privilèges^ mais Hen de s'y confor* 
me^ pour leur propre honneur et étemelle mémoire. 

Donné en notre résidence de Jassy^ l'an second de 
notre principauté de Moldavie^ le 9 mars 17B4 (i}« 

Signé 
INous Alexandre Yaivode 

L. S. 

Grand-Vi&tiar. 



(1) Geschieie und Ferfanangàer FaliackeyandMMau; 
jit Histoire des Traités par Mmtons^ to«ie 5. 



» 



( I75') 

— » • • • 

TmdiéC^ion dacomm^ndement du Orand-Seigneur, 
adressé dinseiement uu prince de f^idachie. 

A» vaivode de Valadiii^ Miekel, célèbre pannî les 
princes de la nation du Messie^ que tes derniers jours 
soient heureux. Vous apprendrez par le présent ordre 
impérial émâtné de Moi, que le seigneur baron d^Her- 
hert ( que le ciel lui accorde une heureuse fin ) , 
illustre entre les grands de la nation chrétienne, 
internonce impérial , résident près de Ma Sublime 
Porte , lui a présenté un mémoire dont le contenu 
ayant été traduit , expose qu'afin de procurer aide 
et protection wx marchands sujets de S*. M. l'empe-/ 
reur des Romains , qni, pour le commerce , traver- 
sent les deux provinces de la Valachic et de la Mol- 
davie , et sur les routes du Danube , il a été envoyé 
dn côté de S. susdite M. l'année dernière dans les 
environs , l'ilkistre seigneur Raicewich ( que sa 
sagesse ^iaccroisse ) ^ célèbre parmi les seigneqrs de 
la nation du Messie , et secrétaire actuel de la cour 
impériale. Comme le commerce s'augmente «et que les 
ramificartions s'étendent, les intérêts et le bon ordre , 
la sûreté des marchands allemands qui parcourent les 
deux principauté3 ou qui y résident, et l'arrangement 
de leurs affaires commerciales , a déterminé la cour 
impériale d'envoyer ledit seigneur pour son agent 
dans les principautés. Tout en se louant des bons 



( 176 ) 

procédés des vaivodes de Valacbie et de Moldavie et 
de l'assistance qu'ils ont donnée jusqu'à présent au 
commerce, la cour impériale ne voulant cependant 
rien omettre de ce qui convient à son caractère ^ tant 
sous les rapports de protection que des convenances^ 
d'après les coutumes , la susdite cour impériale 
demande amicalement qu'il soit donné des or- 
dres , tant à vous vaivode de Yalachie^ qu'au vaivode 
de Moldavie , afin que tous les droits ^ immunités , 
privilèges et concessions d'usagp stipulés par les ca- 
pitulations impériales à l'égard des consuls et agens 
de ladite cour^ soient accordés au dénommé ci-dessus* 
Le ministre susdit nous fait savoir en même temps 
que cette demande tend uniquement à confirmer et 
affermir de plus en plus le commerce et l'amitié qui 
subsistent entre les sujets respectifs des deux em- 
pires , ainsi que pour l'avantage des deux cours , et 
qu'à cet effet il a sollicité directement que ces deux 
nobles conimandemens soient adressés Tun à vous et 
l'autre au susdit prince de Moldavie. Comme nous 
nous faisons un devoir de complaire à la cour d'Alle- 
magne qui est une cour ancienne y magnifique , amie 
sincère et voisine de Ma Sublime Porte , que la 
loyauté parfaite et la candeur qu'elle lui témoigne 
est évidente ; comme il est d'une grande importance 
de faciliter ses intérêts ^ sdion les capitulations impé- 
riales , et comme il est en outre très clair et évident 
que Je désire et que Je suis dans l'intention de défé- 
rer , d'après la teneur exacte desdites capitulations , 
aux vœux et aux réquisitions de cette cour aniie^ 



afin de protéger le commerce qui est un fruit de 
l^heureuse paix , et qvte les sujets et marchands de 
cette paissance qui parcourent les provinces soient , 
selon la teneur des capitulations impériales , proté- 
gés et as^sistés j trouvant ericotè datfs le toémoîîre 
présenté par le susdit mînistf e que ïe bon oi*dré de 
leur commence dépendra des ptocédés et de la idôn- v 
sidération qu'obtiendra le susdit agent , Ma volonté 
impériale est que vous, vaivôde, votts etoj^loyiez tous 
vos soins et toute \btre application à remplir les con- 
ditions des capitulations impériales , qtiànt sxtx pro- 
cédés, aux égards, à la considération dus à la dignité 
d'agent dans la personne du susdéiiommé quial'oi'drè 
de suivre les aiSaires et intérêts àeà sii]eis iîsr^liMsluky 
comme aussi de lui donner, en vertu d^ ^stliteà 
capitulations impériales, toute àSsistânc'e éf J)ro- 
tection. C'est à cet effet qu'est donné le |>Tése]lt et 
suprême commandement , en vertu duquel Je veui 
et vous cùmtnatidè, âès qûô vous eu aupèsi pris con- 
noissance, de. vous conformer ôtrîctenofént, avec toute 
soumission, r^||][iect et t>béissatice, à îâ teriév^ de cet 
otdre éîinané de SJoi, vous absteil'ani sôîgneti^emèùt 
de rien faire de àontrairè et ei^ai'gnaiit d'y contre^ 
venir. ^ 

r r 
_ i i 

Donné dans ma résidence de Gonstantinople^ vers Iq - 
milieu de la lune zileodeade de l'an 1 197 qui corres^ * 
pond au 16 octobre 1783. 



12 



(178) 
No 5., 

Traduction du sened de la sublime Porte^-'Otlomane 
contenant les droits et prérogatives dont jouira 
le commerce des sujets de S. M. impériale et 
royale dans les états de T empire ottoman. 

AtJ NOSi DE L^ÊTRE-SÛBRÊME. 

Nous avons renda le présent firman d'après ia 
démarche dé Finternonce de l'empereur d'Autriche 
notre ami, lequel nous ayant présenté^ de la part de 
sa cour^ un mémoire où, s'appuyant sur Tartide 2 
du traite de Belgrade ^ il rédame l'exécution des dif- 
férentes dispositions en faveur des marchands sujets 
de l'empereur dans les pays soumis à la domination 
ottomane. 

La subliïne Porte , ayant examiné le contenu de 
ce mémoire , a vu que l'article précité sert de base 
aux propositions de la cour impériale à ce sujet. En 
conséquence, et d'après les assurances positives don- 
nées dans le mémoire susdit que les bâtimens mar- 
chands et su j ets de la sublime Porte qui exer cen tle com- 
merce, tant par terre que par mer, et sur les fl eu ves dans - 
tous les états de l'empereur, jouiront constamment 
des droits, immunités et privilèges dont jouissent , 
relativement au commerce , les nations les plus favo- 
risées. La sublime Porte, toujours disposée à exécuter 
avec la plus grande loyauté les obligations contrac- 



(n9) 
tées par les traités j toujours atteutive à pourvoir aux 
moyens les plus propres de donner a la cour impé-. 
riale son ancienne amie et voisine , dç3 preuves non 
équivoques de la sincérité de se^ $entimçn$ çt de sa, 
parfaite amitië y a rësojlu de s'engager {solennellement 
par le présent sened d'observer religieusement les 
points et articles suivans , Ie3quel3 serviront à Fave- 
nir de régie invariable ^ur la manière dp se cçimppr- 
ter envers la natiou allemaude ^^et qui auront |s^ 
piéme force quei le traité même de Belgrade, 

Art. !«'• 

Le traité de commevoe signé à Passarov^itz l'année 
1 132 de Vh4gjrre^ qui sert de base à l'article i i du 
traité de Belgrade est, comme il le doit, maintenu et 
sera exécuté dans tous ses points , dans tous les états 
de l'empire ottoman, en faveur des marchands et 
sujets de l'empereur j .et la sublime Porte ne per- 
mettr£t ni autorisera la moindre infraction à ce traité. 
Quant à ce qui regarde le conmierce sur les mers et 
les fleuves , on se conformera à l'art. 6 du présent 
sened. 

Art. II. 

A l'égard de^ droits que devront payer, à la 
4ouane, les ma|*chands' et sujets impériaux, la sublime 
Porte reconnaissant de nouveau par le présent les 
anciennes cqnventioni? , savoir : qu'ils ne paieront 
jamais;à la douane plus que trois pour cent une fois 
pour toutes j^ soit dans le lieu oyi ces marchandises 



i . 



(180) 

seront introduites ou dans eelui pour lequel elles 
sont destinées. Us paieront égalepient trois pour 
cent une foi^ seul^ement et dans xifi seul eqdroît pour 
toutes les marchandises qti'ils adièteront pour ex- 
porter, et qui ne sero^^t pas de celles prohibées, de 
manière que le commepce des march^ds autrichiens 
désignés ci-dessus , sera , tant pour l'importation 
que pour l'exportation, libre de -tous les autres 
droits et spécialement de ceux appelés Mastarie , 
Cassable jBidaaty Resmiy Houi^amiey Reffty Badch, 
Jassacouli , etc. Quoique les dispositions relatives à 
cet article soient clairement et évidemment expli-^ 
quées dans le susdit traité d^ Pai5*£^rowite,et qu'U ait 
été déclaré à rinternoiicc q»9> dw^k laps de temps^ 
il se soit introduit dans les provinces ottomanes et 
notwiment dans celles de Valachie et de Moldavie , 
difliérens abus contraire9 à la règle adoptée , la su- 
blime Porte confirma formellepent par le présent ces 
dispositions , pour être dorénay^pt pleinement ol^«9 
servées dans tous les états de Feinpire ottpm^o, 

Art.IIL 

Lesnégocians et sujets iEppériaux jouiront encore, 
tant pour l'introduction de toutes les marchandises 
non prohibées que 'd^ins la vepte el l'achat desdites 
marchandises , d'une liberté pleine et entière, et il 
ne sera |)ermis en aucune manière aux corporations^ 
compagnies et monopolistes , ou à qui que ce soit , 
4e mettre , ouvertement ou clandestinement , le 
moindre obstacle , ni de molester ou punir les sujeta 



• 



^ 



( i8i ) 

* (le la subUme Porte pour eu avoir vendu ou acheté , 
comme s^usai de géoer ou vexer x],ui que ce 3oit des 
marchands ou sujets olt(N33iwâ ^ sous prëtextif ou 
parce qu'il aurait acheté des uégocians allemauds 
quelques effets ou marchandises. A cet effet , l'exé^ 
Cation du présent sened sera confiée aux chefs et 
magistrats de3 provinces , tant de^ mers que des 
C^tes; aux ojSciers des douanes /par des firmans très 
positifs et très énergique3 et contenant avec les 
règles ci-dessus y la manière de ^ comporter envers 
les sujets impériaux qui voyagent ou demeurent 
dans toute l'étendue des états ottomans. Des copies 
de ce firman seront , en même temps , données à la 
couir impériale , afin que ses consuls ^ agen^^ aussi 
bien que les commandans des frontières , puissent en 
être informés et se diriger e^ conséquence. 

Art. IV. 

Pour prévenir les doutes ou soupçons que pour«» 
« raient élever les çommaudans^ magistrats et ^^ 
pMyés des provinces Ottomanes^ suriiltendans du 
commerce de meri et des fleuves ^ la sublime Porte 
déclare qu'ep vertu des traitée ^ il est ptJTJpis aux 
marchands et sujets impériaux^ munis de leurs passe- 
ports, d'filler ^t venir librement par mer et sur les 
fleuves, et d'exercer le commerce dans tous les* états 
et provinces de Uempire Ottoman , et qu'ils pourront 
également, dans leurs voyages de mer, 3ur terre 
pt sur les fleuves, approcher et décharger leurs mar- 



( 'i82 ) 

chandises^ charger celles qui ne sont pas prohibées 
dans tous les lieux qui leur conviendront en payant 
lés A*oit3 auxquels ils sont tenus. 

AnT. V. 

La sublime Porte reconnaît qu'en vertu du trsùté 
de Belgrade, et de eehii de commef ce signé à Passa-* . 
rowitz, comme aussi ^n conformité de la parfaite et 
sincère amitié qui subsiste entre les deux empires, lsi . 
cour impériale a le droit de réclamer, pour ses mar- . 
chauds et sujets, les mêmes faveurs, privilèges et 
avantages de commerce sans aucuue exception, dont 
jouissent et jouiront à Tavenir sous les rapports com-* 
merdaux, les autres nations franques , spécialement 
les Français, Anglais, Hollandais, Russes et autres; 
nations les plus favorisées. 

Les sujets et marchands impériaux pourront libre^r 
ment, et sans que l'exception insérée audit traité de 
Passarowitz pùiise former quelqu'empéchement, pas* . 
ser pour raison de commerce, de^ fleuves à la mer eé * 
vice versa avec leurs navires, pavillons et équipages 
allemands, et ils ne seront tenus que de payer une 
fois pour toutes, comme il a été dit ci-dessus, le 'droit 
de douanes pour les marchandises importées et ex- . 
portées. 

Art. vil 
Le transit sur les cotées par les canaux et détroits 



( '83) 

dé la domination Ottomane, et notamment par le 
canal de la mer Noire, sera Ubre à tous les n^arcliands 
et sujets impériaux qui viennent par mer ou sur les 
fleuves avec le pavillon impérial, pour pas3er des 
provinces allemandes dans celles des éours jétrangèrps, 
ou qui de ces dernièreè se rendent daiis les provinces 
allemandes. Ik seront exempts de tout droit quel- 
conque et ne seront ni vexés, ni gânéâ, ni forcés de 
décharger leurs marchandises. Bien entendu que les 
marchandises qu'ils feront dé^iharget de leur propre 
volonté chemin faisant, pour l#s vendre, serontexemp- 
tes de toute espèce de taxes excepté les droits ordi- 
naires des douanes, pourvu que les susdits bâtimens 
ne soient pas^plus gros que ceux dont la navig^y^^n 
est permise aux Russes* Les marchands susdits et 
sujets de l'empereur seront encore assistés ^t secourus 
amicalement pendant le cours de leurs voyages dans 
les provinces ottomanes, comme appartenant à la cour 
la plus amie de cet empire. Gomme on doit considé* 
rer que les bâtimens marchands qui naviguent sur 
les fleuves iie sont pas propres à la navigation ma- 
ritime, les capitaines seroiitlibres en arrivant dansles 
lieux voisins de la mer, de faire transporter leurs 
marchandises sur d'autres bâtimens qui fréquentent 
la mer Noire ^ et dans ce cas on ne leur fera payer 
aucun droit. 

Art. Vin. 

S'il s'élève des difficultés sur l'exécution de quel- 
que point du présent sened^ principalement à l'égard 



( »84 ) 

des marchandises prohibées^ ainsi qne sur le traite 
dePassaro-witz et sur eduide commerce de Belgrade, 
la sublime Porte condescendra à les applanir d'un 
commun accord et d'une manière amicale et juste j 
mais si ces différens points en difficulté ne pou- 
vaient «'arranger de cette manière, elle consent à ce 
qu'ils soient applanis, réglés et décit^és amicale/nent 
suivant la teneur des dispositions du traité de com- 
mence conclu avec l'empire de Russie l'année der- 
nière^ et d'une manière convenable ad commerce 
allemand. ^ 

Donné à Gonstantinople le deuxième de la lune 
Rabiaid^akir de l'an de Phégjrre 1^98, c'est-à-dire, 
le 24 février 1784. 

Celui qui implore le secours de l'Etre-Suprénie, 
Hamid^ fils de HaU grand-visir^ et sCéHédeson 
grand cachet. 



FIN. 



TABLE 



t)GS MANIÈRES COUtttmjtÈ t^AlfS èSt OVtâàGÊ. 



Préface du Traducteur . i i i i ^ . « . « . . r 
Introduction • « • • ^ > 4 * 4 viî 

m « 

é . ■ - 

Obtervadona hUtoriquesi 

Chapiti^ I. Descripticm topograpHqiie dé la Valaolde et 

de la Mold^r^ ...••....*. 1 

Ghap. n. Division de la Vaïacfiie ei de ta Moldavie . * 4 

Cliap. m. Climat, air, eaux 7 

Praduùtians vègéiàkê, 

Ghap. IV. Vignes . * . . i3 

Gliap. V. Graines diverses l5 

Ghap. VI. Arbres , î^ 

Ghap. Vit Herbages , frulbr . • ^1 

Productions ditnBrseê. 
f Règiie animal. 

Ghap. Vm. TKwpeauit et ebèvvctt 2l4 

Gfaap. IX. AbeâïeB . j ^ 3j 

Ghap. X. Oiscnnc . « « 59 

Ghap. Xi SauterttUes 4i 

Gha<,XIf. Pois8<ms .43 

Ghap. XIll. Minérafùx , 45 

i3 



Chap. XTV* Etat acluol du commerce dans les deux 

principautës • . . 5i 

Chap. X V. Exportations qui se font pour G>nstan- 

tinoplë i i .. i .*..,. 5^ 
Chap. XYL Exportations qiii se font pour la chrétienté 60 
Chajp.Xyn. Marchandises introduites des pays étrangers 65 
Chap.XVIIL Système du gouvernement. . . * i • ^8 
Chap. XGIL. Autorité du divan et des autres tribtinaxtit; 74 

Chap. XX. Autorité et faste des princes 84 

Chap. XXI. Passage des pachas et autres Turcs ... 96 
Chap. XXn* Recettes et dépenses des deux principautés. 1 00 

Mémoire sur l'état présent de la Moldavie. io4 
Exposition dé ce que lejiays peut fournir. io5 
Supplique à S. M» ^ ' . . . . i . . 106 
Chap. XXlIL Mode de perception dès imp6ts etc. Popu- 
lation. . i . , i, 11^ 

• ■ « « 1. 14 

Chap. XXrV. Postes et courriers i * . ^ - . . . 117 
Chap, XXV. Troupes diverses. . . ; . * . . . 117 
Chap. XXVI. Forme et police des villes et villages . . ia3 
Chap. XXVn. Religion^ tolérance > écoles , hôpitaux . ^ 1128 
Chap. XXYlil. Education , coutumes , génie ^ mœurs , etc. 1 59 
Chap. XXIX. Traduction de quelques pièces mention- 
nées dans le cours de cet ouvrage . . 1 5l 
N° 1. Article 16 du traité deKoutchouk- 
Kaynardzi, conclu le ai juillet 1774^ 
entre la Russie et la Porte . « « . i5i 
N^ 2. Traduction duhaltscheriff du sultan 
Abdulhàmia, en faveur des princes de 
Valachie et de Moldavie, ijenouvelé 
en 1784 i55 

N° 5. Traduction du Chrysovolc accordé 
aux marchands arméniens , sujets de S. 
M. I. et R. A^'>^, etc 170 






( 187 ) 

fragc. 

N° 4. Traduction da coilmUlhdemént du 
Crand-Seigneur ; adriBssë directement 
&u prince de Valacliie . • • . • • ij6 

N"^ 5. TtaductioU du Séned dé la Subliiilâ 
Porte, contenant les droits et préroga- 
tives dont jouira lé commerce des sujets 
de S. M. I. et ft» dans les états de l'em^ 
pire Ottoman «•'i«k»4* 1^8 



FIN DE lA TABLE. 



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