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VOYAGE
EN VALAGHIE
ET
EN MOLDAVIE.
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IMPRIMER» OC A. BOBEE.
VOYAGE EN VALACHIE
ET
EN MOLDAVIE,
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DE rfOTES £T ADDITIONS POUR l'iNTEXXIOSNGB DB DITEBS POU^TS
B88BMTIEI,8.
professeur de littëratore, ex-Professeur particulier de Sou Altesse
le Prince de Moldavie,
Nihil admirari.
' - • ' •
A PARIS,
CHEË, HAS80h ET FILS, RUB DE TOURN0N« N« 6.
\ 1
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s
V
'.te I
PRÉFACE DU TRADUCTEUR.
A. lïion passage à Milan , vers la fin d'avril
dernier, je trouvai cette brochure qui sortait
de sous presses. Les détails vrais et intéressans
qu'elle renferme , les observations aussi justes
que piquantes dont elle est semée, les succès
qu elle a obtenus en Italie, m'ont déterminé d'en
donner au public la traduction, espérant qu'elle
ne manquerait pas d'intéresser et qu'elle serait
favorablement acceuillie dans un moment où
la Yalachie et la Moldavie fixent les regards
de toute l'Europe, et où l'on recueille , avec em-
pressement, les moindres détails sur ces contrées
trop peu connues du reste du continent.
Ce ^oj-agc^ dit l'éditeur dans Sa préface
est Voui^rage d'un Italien ^homme de mérite.
Pour peu qu'on ait séjourné dans le pays et
qu'on ait quelque connaissance de l'économie
politique, on reconnaîtra, sans peine, qu'il sort
d'une plume exercée dans ces sortes de ma-
tières, et que l'auteur, accoutumé à juger sai-
nement , a des vues étendues. Cependant il
existe plusieurs points sur lesquels il s'est
opéré d'heureux changemens dans le cours
a
426461
des derniers règnes , surlout depuis que la cour
impériale de Russie a pris ces deux provinces
sous sa protection et, qu*en vertu de ses
traités avec la Porte, elle y exerce tine sur-
veillance salutaire, Cest ce qui ma déterminé
dy ajouter quelques notes qui suffiront pour
faire connaître aulecteur,les divers changemens
survenus dans le régime administratif de ces
provinces depuis l'époque où cet ouvrage a paru
pour la première fois , en italien. Comme on
n'a rien écrit , à ma connaissance , depuis plus
de vingt ans sur ces deux principautés, cet
ouvrage , excellent au fond , aura , au moyen de
ces légères additions, tout l'attrait et tout le
mérite de la nouveauté. Si le public daigne
accueillir favorablement ce premier tassai, j'au-
rai l'honneur de lui offrir incessamment une
histoire particulière de la Moldavie , qui s éten-
dra jusqu'à l'époque fatale où cette fertile
contrée a été le théâtre d'une insurrection
dont elle a , la première , supporté tout le
poids, et dont les conséquences lui ont causé
des maux incalculables*
•• •
INTRODUCTION.
JM ous devons aux historiens grecs et latins, et
surtout aux Bizantins 5 les détails que nous pos-
sédons sur les peuples anciens qui ont ha}3Îté
au-delà du Danube ou qui , dans le cours des
siècles, sont, après la décadence de lempii-e
Romain , sortis de la grande Asie et ont inon-
dé FEurope. Malheureusement ces notices
sont rares , et les modernes qui ont essayé d'é-
isrire l'histoire des peuples appelés Barbares,
et tenté de découvrir leur origine, nont fait
souvent que présenter des suppositions in-
cohérentes et dépourvues de preuves ; ils ont ,
la plupart du temps, suppléé, par les res-
sources de leur imagination , et par une élo-
quence pleine d'enflure, à la vérité et à la
simple exposition des faits. En général les his-
toriens latins plus sages, à mon avis, et plus
modérés que les grecs, ont dédaigné la fiction
^t se sont contentés de dire ce qu'ils ont cru
vrai ou probable. Les grecs anciens, pleins
de vanité nationale, se sont laissé emporter à
la fougue de leur imagination, et, dédaignant
d'apprendre les langues étrangères , ont regardé
avec mépris tous ceux qui ne parlaient pas la
a *
>«.
leur. Ds ont corrompu tous les noms et les
mots qu'ils citaient au besoin, et ils regar-
daient conmie injustes et barbares les lois et
coutumes qui n'étaient pas conformes aux leurs.
Les Bizantins, après eux, tout en conservant
la vanité des premiers, se montrèrent beaucoup
plus ignorans; ils exagérèrent constamment les
victoires de leurs princes et s'attachèrent à dé-
nigrer, à qui mieux mieux , les faits des des-
tructeurs de leur empire.
L'admiration ( quoique cette asseition pa-
raisse singulière ) , doit cesser quand on veut
examiner d'un œil impartial ce que les histo-
riens modernes disent, ou racontent des di-
verses nations plus rapprochées de notre âge
ou même Contemporaines. Tous les écrivains
qui pai'lent des Aiabcs ou dc5 Turcs , ne nous
présentent que des fables dictées par la haine
religieuse. La Valachie , la Moldavie, riUyrie
et la Russie même sont moins connues que
l'Amérique , quoique faisant partie de la famille
européenne. Cependant une gtande partie de
rEuro[)c est habitée par des nations ttt^s civi-
lisées, et ((Ui ont produit beaucoup d ccri\^ains
sages et éclairés. On voyage à l'envi pour s'ins-
truire et l'on imprime journellement les ob-
aervationi de§ * voyageurs. Le premier écueil
ix
que Ton rencontre dans les pays étrangerrf^fest
la langue qui , souvent , dérive d'une plus aurr .
cienne. Le défaut de connaissance des langues
empêche de juger de tant et de si différentes
coutumes et usages reçus qui, souvent, influent
sur le caractère d'une natiqn. Le second in^
convéjàient est que Ton séjourne beaucoup trop
peu dç temps dans les villes étrangères , pour
pouvoir se fornjer la moindre idée du plus
petit pays, et, à plus forte raison, de vastes ré-
gions gouvernées , évidemment , par un seul
souverain, mais habitées, en eflfet, par des
peuples dont le génie et les coutumes diffé-
rent.
Le long séjour que j'ai fait dans les Etats
Ottomans, la connaissance de la plus grande
partie des langues tant anciennes que moder-
nes de ce peuple, m'a: encouragé d'écrire ce
que j'ai observé d'important et digne de la>
curiosité publique parmi les Turcs, Je me
borne cependant , pour le moment , à réyijir
dans mu cadre et à présenter au3c regards du
public ce que j'ai pu recueillir de plus inté-
ressant sur l'état, les coutumes et les particu-
larités des hpbitans de ces provinces , dans le
cours de onze années de séjour en Valachie
.et en Moldavie, exposant ce que Ton peut
savoir de leur antiquité et ce que j ai cru né-
cessaire pour rinstrtiction et le plaisir du lec-
teur.
La Transyl\îanie, la Valachie et la Moldavie
étaient comprises par leô Romains sous le nom
général de Dacîe^ et les habitans regiardés
comme hardis et belliqueux (i ). Je ne puis dire
s'ils furent indigènes , issus de peuples plus
éloignés [i] , ni à quel degré de civilisation ils
étaient parvenus (3). Les Romains, après une
guerre longue et opiniâtre, ayant vaincu le roi
Dëcébale^réàviisiterit ces contrées en provinces
romaines et y envoyèrent de nombreuses co-
lonies. Trajan fit bâtir , sur le Danube , un
pont de pierre qui unissait une de ces deux
provinces ( c'est-à-dire, la Misie, aujourd'hui
Bulgarie ) avec le bannat de Crayow. On cons-^
truisit la voie consulaire qui traverse les Car-
pathes au défilé appelé aujourd'hui Tourrouge^
(i| TacUojà& Morib. germ.
(2) On trouve dans ces provinces beaucoup d'aiicieilnes mon-
naies d'argent d'Amiiitas et de Philippe, ^is de Macédoine.
(3) Si le valet Dai^o, introduit dans la comédie antique et
qui fut toujours un rôle de bas comique , était un esclave pris
en Dacie, comme plusieurs le prétendent, il faut convenir que
ces peuples étaient peu de chose , ou du moins regardés comme
tels par les )ialions civilisées. ,
x
et qui fut prolongée jusqu'à Bender ( i ), comme
on le voit par les ruines qui existent encore.
Ce sont là , peut-être , les seuls ouvrages des
Romains, dans ces contrées.
La Dacie fut divisée en trois provinces; sa^
voir^ Dacie montagneuse^ riveraine et /w%
tojenne. Les mines abondantes de métaux,
renfermées dans le sein des monts carpathiens
furent creusées, et Ton en reûèontre journelle-^
ment des vestiges (2). Il est probabk qu ils ea
tiraient encore d'autres avantages puisque leurs
colonies furent si nombreuses (3). Il est certain
que la langue italienne devint , peu de temps
après que les Romains en furent les libres pos^
sesseurs , commune et unique même à ces con-
trées (4) et elle s'y conserve encore à présent
quoique fort corrompue.
Les Slaves ayant commencé dans le second
siècle de l'ère vulgaire à faire leurs incurstom
(i) L'empereur Charles VI, après la ccmquéte de Crayow,
en 1718, acheva cette route qui n'était que commencée.
(2) Un auteur Transylvanien a écrit sivrces nrnies un opus-
cule fort curieux. .
(3) Ou prétend qu'on y fit passer de Rome beaucoup de
courtisanes et de gens de mauvaise vie.
(4) Adrien, pour fermer aux barbares qui étaient proba-
blement Slaves, le passage en Misie, détruisit le pont bâti par
son prédécesseur.
en Europe et à attaquer Tempire romain , pa-
raissent avoir fiaë leur quartier-général dans
ces deux provinoes, et dans la Bessarabie, qu'ils
trouvèrent aussi commodes par leur position ,
quWantageuses par la facilité de s y procurer
des vivres. Il paraît que les hordes nombreuses
on tribus de ces nations , toujours poussées p^r
le génie des conquêtes , s'étant avancées peu à
peu vers le midi, abandonnèrent ces lieux à
d'autres troupes de barbares qui , mues par le
même principe et sollicitées par le même be-
soin, leur succédèrent.
n est certain que , pendant plusiçi|rs siècles
les Moldaves et les Valaques unis aux Slaves
Bulgares, poussèrent ^eurs exciu-sions jusqua
Andrinople et même Constantinople (i). De
tout ce qu^on trouve dans les auteiu^s de l'his-
toire Byzantine qui, par incident , font mention
de cette pation , on peut conclure qu elle fut
uniquement occupée de Tart pastoral et de la
guerre. H est dona impossi^e , et il serait fort
peu intéressant, de vouloir tracer une histoire
suivie de peuples qui, pendant plusieurs siè-
cles , adonïiés à la rapine et à Toisiveté , ne pou-
vaient avoir d'autre caractère que cçlui que
(i) Voyez l'histoire Byzantine.
Xïlj
donne un tel genre de. vie , puisqu'un climat
très froid et très humide rend plus propre aux
&tigues du corps qu a la culture de l'esprit.
Dès que l'Asie fut épuisée de tant de nations
belliqueuses et particulièrement des Slaves dont
il n'existe plus maiutenant aucune trace dans
ces contrées j une autre nation plus lointaine et
plus nombreuse , connue sous le nom de Tar^»
tares , Commença à s'approcher de l'Europe.
Semblable à un torrent rapide elle inonda la
partie méridionale de l'Asie et pénétra jusqu'aux
confins de l'Italie. Gengiskan , après avoir con-
quis l'Inde et la plus grande partie de l'Asie ,
tourna ses regards vers l'Europe où il expédia
de nombreuses troupes qui firent deux irrup-
tions dans la Hongrie et la Dacie, en i233
et 1236.
La Valaehie, et la ]\Ioldâvîe ( appelée alors
Cumanie ) avaient alors leurs princes particu-
liers ou chefs nationaux, qui étaient souvent
en guerre avec les Hongrois leurs Voisins. Pour
se soustraire à l'esclavage et pour éviter de tom-
ber sous le joug de ces nouveaux barbares, ils
se réfugièrent eux, leurs sujets et leurs bestiaux
dans les états et sous la protection des rois de
Hongrie qui prirent alors le titre de prince de
Cumanie et de Valachie , et y envoyèrent leurs
XIX
juges pour régler les affaires contentieuses de
ces peuples.
Les incursions des Tartares ayant cesse,
parurent^ sous les règnes de Bela et de Liouis I«',
rois de Hongrie, et sous leurs auspices, deux
chefs de cette nation Valaqùe retirée en Tran-
sylvanie. Ik furent chargés de repeupler Tan -
tique patrie , et prirent le titre Slaye de F^ai-
Radoulo ou Rodolphe le Noir, s'établit le
premier et occupa le terrein situé entre le Siret
et VAJut ou rOltau, et qui est aujourd'hui la
Valachie proprement dite. Un autre petit dis-
trict fut gouverné par un autre vaivode Va-
laque (i), mais cette partie fut bientôt incor^
porée à la plus grande et à la plus forte portion.
Le bannat de Crayow^, qui forme aujourd'hui la
basse Yâlachie, demeura feudataire de la cou-
ronne de Hongrie, et fut donnée aux chevahers
de St. Jean de Jérusalem, qui en étaient les
bans ou vice-rois, à la charge, par eux, de
protéger les pèlerins qui passaient d'Allemagne
dans la Terre-Sainte. 11 est de fait que l'on
trouve encore aujourd'hui beaucoup de pierres
où la croix de cet ordre miHtaire et sacré se
trouve sculpté.
( I ) Frais dans ses disserUtions.
XV
Radoulo et ses successeurs élevèrent ou res-
taurèrent différentes villes cpii ont été êuccès-
sivementla demeure des vaivôdés; de ce iiom-
bre sont : Campolongo , Curti d'Ares ^Ter-
gowiste et Bucharest. Il est probable qu il
était de la race des despotes où princes slaves de
la Servie 5 parce qu'un deses successeurs nommé
Dan Bassaraba^ son neveu, parvint ^ sans
opposition , au trône de Valacbie et le tf aiismit
à sa postérité. On voit par leurs noms qu ils
étaient Slaves , car ils se servaient dans leurs
diplômes ( i ) , dans les inscriptions lapidaires (2)*
ainsi que dans la lithurgie , de la langue slave qui
était commune à toute la nation Valaque. D'où
il parait que les princes et les boyards (3) ou
nobles étaient Slaves descendans des dernier fe
conquérans ; les sujets Valaques descendaient
des Romains et des anciens Dâces. Les tableaux
qu on voit dans la plupart de leurs égÙses bâties
(1) On voit sur la porte de PégUse de Curti d'Argis , bâtie
|)ar Niagul Baasaraba, en i5iS^ deux insctîpiîôdis en pierre^
l'une en langue slave et l'autre en vala^ue.
(2) Dans le palais épiscopal de Bucharest on conserve le
registre des diplômes accordés au monastère , ils sont tous en
langue slave.
(3) Boyard signifie guerrier et correspond au mot latin
Miles. Il fut en Europe, dans le moyen âge, un titre hono-
rifique.
ejï mémoire de quelque victoire , les représen-
tent habillés à la hongroise^
f^ogdariy autre chef qui demeurait dans le
voisinage, rassembla se§ Valaques et ^'établit
dans la Cumanie qui commença à s appeler
Moldavie 9 probablement du nom d'un petit
fleuve qui la traverse , et ensuite Bogdania ,
i>om que lui donnent encore aujourd'hui les
Turcs, n bâtit plusieurs villes cpmme Sprrocca ,
Romanow et Jassy.
On trpuvçra séparément l'histoire chrpnolq-
gique des princes qui ont régné sur ces deux
provinces. Mon dessein est de donner actuel-
leqient b^m lecteur une idée générale des chan-
gemens et réyolutioiis arrivés dans le gouverr
nement,
. Quoique les deux vaivodes fussent , dans le
principe, vassaux et tributaires des rois de
Hongrie auxquels ils reconnaissaient devoir la
conservation de leur nation , cependant dès que
leur étoblissiement acquit qxielque force et quel-
que consistance, ils commencèrent à secouer
ce joug et ils se liguèrent entr'eux , et avec
d'autres peuples voisins et rivaux des Hongrois,
poiu* leur résister à main armée.
La Pologne si voisine de la Moldavie s'est
immiscée , de tout temps , dans les affaires de son
xvij
gouvernement pour opposer son influence à
celle de la Hongrie ; d'un atiti'é côté la puis-
sance des Turcs s'étant âccriié après la destruc-
tion dé lempire grec, lé goût de ce peuplé pour
les conquêtes s'étendit aii-delà du Danube et ils
commencèrent d aspirer à la possession de la
Valachie et de la Moldavie qil^ils regardaient
comme une proie facile et avantageuse.
Les princes et les nobles dé ces deux pro-
vinces 5 naturellement inconstaris , et d'ailleurs
peu pruderis 5 profitèrent de cette occasion potuf
se soustraire entièrement au joug des Polonais
et des Hongrois. Ils cominencèreîlt à se liguer
qvec les Turcs, et leur jpâyèrétit tui tribut.
L'ambition de la noblesse contribua beâutoup
à soumettre totalement à la Porte-Ottoniàûe ces
deux principautés. Après la mort, de Louis H
qui fut tué en 1 526 à la bataille dé Mohac,
gagnée par les Turcs , les Hongrois se trouvant
sans chef 5 occupés d'ailleurs de leurs affaires
domestiques, négligèrent celles de leurs voisins.
Les boyards Valaques, particulièrement dé-
gagés de ce frein, et qui, déjà, peu d^années
auparavant s'étaient opposés aux dispositions
testamentaires par lesquelles Niagul Bassa-
raha laissait le trône à son fils Théodose , en-
core enfant, aspirèrent au gouvernement, et
XVllj
pour y parvenir, quelques-uns d entr eux eu-
rent Fimprudence de recourir à la protection
de la Portç-^Ottomane qui, devenue prépon-
dérante dans cette contrée , saisit avec empres-
sement cette occasion , d y étendre sa domi-
nation qu elle a conservée et conserve encore
sur la Valachie et la Moldavie depuis: cette
époque.
Quelques princes, il est vrai, tels que le
célèbre Michel de Valachie , qui fut généralis-
sime de Tempereur Rodolphe H, cherchèrent
ensuite à secouer le joug, mais ces tentatives
ont été infructueuses, parce quelles étaient
fondées sut le génie et le courage d'un seul
homme et qu elles n'étaient point secondées par
les forces nationales.
La Porte accorda prudemment aux boyards
Valaques et Moldaves le privilège de nommer
leurs princes, lorsque le trône viendrait à va-
quer. Les Valaques ont joui de ce privilège
depuis Fan i5ao ju^ijua Tépoque du supplice
de Constantin Brancowany qui fut décapité
à Conslantinople en 1 7 1 4? -et les Moldaves l'ont
conservé jusqu'à la rébellion, et la fuite en
Russie, du prince Cantemireen 171 1 (i. 2}.
(1)^ Les révoltes qui ont eu lieu à dififérentes époques, et les
troubles qui précédaient et qui accompagnaient toujours l'élec-
XlX
L'abus qu'on a fait île ce privilège, a coûté
la vie à un grand nombre de princes et la liberté
aux deux nations; dans le cours de deux siècles
la concurrence au trône a occasioné des guerres
civiles presque continuelles j il suffit de dire que
pendant cet intervalle il y a eu environ qua^
rante princes en Valachie et presqu'autant en
Moldavie.
Soit que la Porte ne voulut pas mécont^iter
les empereurs -rois de Hongrie ainsi que la Po-
logne, soit par d'autres motifs, elle ne prit paft
immédiatement possession de ces deux pro-
vinces (i) et se contenta de les avoir pour
tributaires ; mais pour mieux y dominer , au
lieu d'arrêter les désordres causés par l'ambition
des prétendans au trône, elle les foiouentait,
au contraire, en envoyant à celui qui demeurait
vainqueur dans le conflit, l'investiture de la
• tion^ oBt ftrvi de prétexte à la Porte pour enlever ce droit
aux deux principautéa. ( Note du Traducteur. )
(2) Quoique la Porte se soit arrogé depuis cette époque le
droit de nommer elle-même pour ces proTinces, et d'y eiw-
voyer des bospodars qui sont toujours les drogmans du IXyan
dont on récompense ainsi les services , cependant depuis les
derniers traités avec la Russie, ces princes doivent être recon-
nus par la cour Impériale et ne peuvent être déposés sans sou
consentement. ( Note du Traducteur. )
(1) n est bon d'observer que les tentatives et les incursions
des Turcs à difiérentes époques ont eu peu de succès.
if
principauté (i) consistant en une pelisse, le.4
sceaux 5 deux queues ^ une épëe et le topouse
ou masse ferrëe(2).Enfin voyant ces deuxpro*
viûces dépeuplées et désolées, elle ^ se déter-
mina, après la déposition de Brancowan, à
nommer un prince, sans consulter les boyards,
comme elle l'avait fait quelque temps aupara-
vant en Moldavie. Celui-ci était réellement
Valaque de nation, mais peu de temps après ,
la Porte le priva du trône , lui ôta la vie , et lui
donna pour successeur un grec de Cbnstanti-
nople , et elle a continué jusqu'au moment ac-
tuel de le donner à des grecs (3).
(i) Je décrirai plus loin les £!érêiti6me0 qui s'obselrvaieitt
lorsque l'investiture de la pripcipauté était donnée à un grec,
■ainsi que Yallaye^ ou iharché triomphale du piince à Gons-
tantinople. ( Note du Traducteur. )
(2) Cette masse ressemble à un sceptre , elle est terminée à
l'ime de ses extrémités par un pommeau très pesant et recou-
verte dans toute son étendue de lames d'argent sculptées et
enrichies de diamans, surtout dans le pommeau; le prince avait
le droit d'en frapper même les boyards, c'était mie espèce de
peine infligée pour certains délits^ mais au reste peu usitée.
( Note du Traducteur. )
(5) L'érudit P. PraU dans ht^ Dissertationa historiques
critiques sur les Huns j avance (Dissertation Y I paragraphe lY )
qu'après la prise de G)nstantiiiople les Turcs envoyèrent , pour
gouverner la Yalachie et la Moldavie , des grecs orientaux
descendans des empereurs de G)nstantinople , afin de les con-
soler en quelque sorte de la perte du tr5ne} mais on ne trouve
!X3lj
Nicolas Mavrocordato, fils du célèbre Aie*
xandre Mavrocordato , plénipotentiaire au traité
de Garlowitîf, fut le premier grec créé par là
Porte^ttomane prince de Valachie. Il serait
impossible de dire s'il àe conduisit* d'après des
ordres particuliers, s'il voulut flatter le goût de
son souverain ou satisfaire son propre génie qui
était très malveillant 5 mais il fut le Néron de la
Valachie 5 et il étouffa un restei de liberté, dont ,
malgré le joug oppressif qui les accablait, les
boyards Valaques et Moldaves jouissaient encore;
il lés dépouillait de leurs biens et leur était la vie.
Pendant le temps qu il fut en Moldavie, il avait
fait fortifier Tancien château de Chottin situé
sur les rives du Niester. Après sa mort, il eut
pour successeur son fiils , Constantin le jeune ,
dont le règne fut très court et qui fut renversé
dans riiistoîre , aucune trace ie ce fait. On sait seulement q^e
dans le siècle dernier , detbc Grecs ou plutôt deux Albanais
Ducas et Ghika,gexi& à.t bàâse extraction qiii s'étaient élevés
dans l'adminiistration des deux principautés, ont, ainsi que
deux Cantacuzènes (*) nés en Valacliie de parens grecs, et
qid avaient pris cô nom illiistre , Dieu sait sur quel fondement ,
régné sur les deux provinces.
(^) n existe encore en Russie des descendans de la famille
"des Cantacuzènes , et deux princes de cette maison ont été au
service de cette puissance. On ne saurait révoquer en doute
leur origine , puisque letirs diplômes sont reconnus par la cour
Impériale. ( Note du Traducteur. )
b
Xxij
par un autre parti de Grecs du Phanal , les-
quels avaient commencé à goûter les douceurs
et les richesses du gouvernement de Valachîe
et de Moldavie. La nation grecque devenue es-
clave dejs Turcs, et avilie depuis plus de deux
siècles^ avait perdu toute idée de noblesse et
de grandeur^ et se contentait d'exercer , à Cons-
tantînople, le commerce ou les arts mécaniques.
Par une combinaison étrange, et pour quelques
iservices rendus au fameux grand-visir Kiuperii
au sièee de Candie , comme interprète de la
langue italienne, un grec nommé Panàjotti y
fut ,1e premier, nommé drogman de la Porte*
Ottomane, poste qui avait été d'abord occupé
par quelque renégat. Par une autre singularité
non moins frappante, à sa mort, un autre grec
nommé Alexandre Mavrocordato, originaire de
Scio, homme plein d'ambition et de capacité,
instruit dans les langues européennes et dans
la médedne qu'il avait étudiée à Padoue, et qui
lui avait procuré crédit et protection auprès
des ^ands de la capitale , se trouva propre à
remplir cet emploi (i).
(i) Le seul moyen de s'enrichir ponr les grecs du Phanal ,
et celui par lequel beaucoup d'enti'eux sont parrenus à des
emplois importans /était depuis ce temps ^ la connaissance des
langues européennes que les Tixrcs ne peuvent pas ou ne dai-
gent pas se donner la peine d'apprendre. ( Note du Trad. }
La charge de premier interprèle et les deux
principautés réveillèrent l'ambition «t Fesprit
d'intrigues naturel aux GreOs, Beaucoup d en-^
tr euK envoyèrent leurs enfans étudier la mé-
decine en Italie; d'autres mirent les leurs au
service des nouveaux princes grecs, de sorte
qu'en peu de temps ils acquirent des connais-^
sauces, des richesses et un crédit égal à leur
capacité; maïs comme peu d'entr'eux pou^
vaient aspirer au drogmanat , et delà parvenir
à la principauté, et que tous briguaient, ce-
pendant, ces deuy dignités, ils commencèrent
à cabaler auprès de la Porte pour les oibtenir,
ce qui réduisit les principautés à une ferme, et
le rang d']iospodar à un riche fermier que celle-
ci vendait au plus offrant. Ux\ grec noiùmé
Staçragui, étranglé soug le règne du sultan
Mustapha, et qui n'était que simple agent des
deux principautés , commit des vexations telles
qu'aupup tyran n'en a jamais exercées de par
reilles;tant il est vrai que, dans tous les temps,
les esclaves qui, à l'ombre de la foveur des
princes, acquièrent de l'isiutorité , ont été les
plus odieux et les plus cruels oppresseurs du
genre humain. On ne l'a vu que trop souvent
du moment que les Grecs ont gouverné ces
malheureuses provinces. H serait fastidieux de
■ b *
raconter les détours et les inji^|ices des Grecs
du Phanal pour soutenir ou pour élever un
prince qui n'était lui-miême çie la créature et
rinstrument d'un ministre ou d'un agent près la
Porte; il suffit de dire que beaucoup ont ter-,
miné leur existence p^ff le lacet ^ qu'aucun gréa
n'est devenu riche (i) et que les deux provinces
ont été ruinées et presqu'abandonnées (2).
(1) Us auraient certainement pu s'enriphi^;, car les charges
des deux principautés étaient assez lucratives , mais le luxç et
la profusion leur faisaient dissiper leur fortune en. moins de
temps quHls ne l'avaient acquise. ( Note du T^aducteip:. )
(a) ËniMnération des Grecs ^ Yalaques et Moldaves. qui pnt
été pendus et décapités dans le siècle dernier, p<)ur o^use des
deux principautés.
1714. Le prince BrancowanjqvLatre fils et un. boyard nomméi
Vacaresculo.
1716. I^e prince Cantacuzèn^ et son père, .
L'archêque de Valachie, noyé,
lyig. Jean Mai^rooordato y prince de Valachie, empoisonné.
1737. Jean Ypsylanti^ chef des pelissiers à &)nstantinople^
couche des princes Ypsilanti , pendu.
1740. Constajitin Ghlka, drogman dé la Portç, décapité.
1760. Jean SouizOy frère atné du prince Michel' Soutzo, peudu«
1765. Stapraquiy agent des deux principautés, pendu.
Un peu auparavant dçux boyards Yalaques et trois
bourgeois, assassinés par son ordrç, à Bucharest, dans
une sédition.
1769. Grégoire Callimaquiy prince.de Moldavie, décapité,
Nicolas SoutzOj drogman de la Porte, décapité,
^777, Grégoire Ghihay prince de Moldavie,. poignardé à Jassy
par un capoudzy.
XXV
Les boyards^ et surtout ceux de Valachie,
ont pris, sans en. avoir Tespritet le génie, les
vices des Grec» gui copiaient ceux des Turcs ,
et Ton peut dire deux ce. quç disait 1^ grand
historien des Bretons :
« Ils se complurent €nsuite à se vêtir comme
M nous, à îmit<^r nos manières; ils adoptèrent
» Tusage des bains, les travestissemens, les
« sôciëtés , etc. »
Les princes et leurs ministres, afin d'empê-
cher les boyards de porter leurs plaintes à la
Porte , leur ont non seulement défendu toute
correspondance avec les étrangers, mais ils ne
leur permettent pas même de sortir de la ré-
sidence princière , pour aller dans leurs terres ,
craignant quils ne s'échappent et n'aîllent à
Constantinople. Us ont accordé la liberté aux
paysans qui sont au service des boyards et des
1778. Le visfiàpe Bogdany descendant des princes de Moldavie
que le prince Morousy fit décapiter à Jassy ayep un autre
boyard.
1786. Pétraqui de la Zecca y décapité.
Quoique les exécutions aient été moins fréquentes depuis
l'époque où les princes de Valachie et de Moldavie sont nom-^
mes pour sept ans , il y a cependant eu quelques princes grecs
décapités, tels que les Hangerly y Alexandre Soutzo en 1806
et Démêtrius Morousy en 1812 > mais leur/ hkh^ se ^lattache
plilt6t à des causes politiques qu'à desintrigiir ^
cipautés. ( Note du Tradi*
xxvj
nOmbreiK monastères, mais c'était plutôt afin
de les avôit* entièrement à leur dévotion que
par un motif d'humanité. Enfin il est défendu
aux boyards de lire les journaux et d'avoir des
nouvelles extérieures (i),
La coui* de Russie ayant, en 1782, établi un
consul datiistes deux prineipaiités , et un cour-
rier ventre Cdiistaritînople et St. Pétersboure ,
qui passait deux fois par mois par peftç route ,
les deux princes employèrent mille moyens
pour empêcher que l?^ Porte ne reçût les lettres
des paysans. Les boyards Moldaves plus en-
treprenans et plus unis eritr'eux ne se sont pas
(1) Cette défense peut avoir existé sous les règnes d^ quel-
ques princes fort soupçonneux et fort peu instruits comme la
plupart de ceux qui ont régné dans le siècle dernier; ma^
dès que les bienfaits de la civilisation s'étendirent dans les
classes supérieures de ces contrées par les soins de quelques
princes piiilantropes , les lumières s'y répandirent égalem^it,
et la noblesse jouit d'une honnête liberté à cet égard. Les
boyards en ont profité pour faire élever leurs enfans dans les
langues et les sciences de l'Europe , sous les derniers princes; et il
est à présiuner que ces deux provinces , qui avaient déjà, dans
l'espace de vingt ans, fait de si grands pas vers la civilisation ,
se seraient encore avancées davantage sans les fàcbeux événe-
mens qui viennent de se succéder, et qui, en dispersant la no-*
blesse, ont éloigné les' soutiens et les protecteurs des établisse-r
mens d'instructioii , et détruit les élémens de félicité publique»
( Note du Traducteur. )
XXVÎ}
laisse si fort opprimer , et out conservé le dix)it
de résider dans leurs terres , quand ils n ont pas
d'emploi public.
Voilà comment la Yaladùe et la Moldavie ^
d'un état monarchique indépendant passèrent
d'abord à celui d'une olygarchie féodale ^et sont
enfin tombées sous le joug du despotisme lé
plus destructif, c'est-^-^lire^de princes étrangers
esclaves d'un gouvernement absurde et tyran-
nique.
Dans le traité dé paix conclu entre la Russie
et la Turquie à Kaynardzj le 21 juillet 1774^
il existe, en faveur des deux principautés, un
article que l'on trouvera inséré dans cet ou-
vrage. C jest en vertu de cet article que le coy
lonel Peterson , ambassadeur de Ru^ie à Cons<-
tantinople, fit expédier aux deux nouveaux
princes de Valachie et de Moldavie un halts^
cherifoxx diplôme signé de la main même du
Grand-Seigneur , et dans lequel , indépendam^
ment de beaucoup d'autres privilèges, il était
expressément dit que la Porte ne changerait
point les princes sans de graves motifs et sans
.en donner connaissance à la Russie. Cependant
trois ans après elle fit , par le moyen d'un de
ses sicaires , assassiner par trahison Grégoire
Ghika, prince de Moldavie, et recommença
xtviij
de changer lés princes à son gré et à Finsu de
la Russie. EUe accabla de contributions exces-
sives les deux principautés , surtout en cornes^
tibles. Là cour Impériale de Saint Pétersbourg
fit, conjointement avec celle de Vienne, dès
représentations sur cette conduite injuste et
illégale, et obtint, en 1784^ un nouveau pri-
vilège semblÊd3lè au premier, et dont on trou*
vera ci-après la traduction.
Nonobstant tout cela, la Porte changea là
ïnême année le prince de Moldavie , sujet ex-
travagant qu a tous égards eUè n'aurait jamais
dû élever à un tel poste. Peu après Michel
Soutzo , prince de Valachiè (i) homme de bien
et vraiment estimable pour sa modération , fut
aussi déposé. On lui substitua, contre l'usage
qui est de ne nommer à cette dignité que les
fils des derniers princes ou les drogmans '
actuels de la Porte, une créature du capitan
pacha (2) qui , non seulement devint le tyran de
la Valachiè, mais qui même, à ce qu'on assure ,
contribua beaucoup par ses instigations à
ëchauflFer la tête du fougeux grand-visir et à lé
(1) Grand-père du dernier hospodar de Moldavie.
( Note du Traducteur. )
(2) Le prince N. Mayrogéni dont le règne fut s de courte
durée. ( Note du Traducteur. )
XXIX
pOrterjalorSjàdedarer la guerre à la Russie. Il
est probable que les deux princes actuels en se-
>f ont les victimes , mais surtout les pauvres Va-
laques et Moldaves dignes certainement d'un
meilleur sort, et qui, pai' ces changemens con-
tinuels, éprouvent des maux inexprimables et
souffrent les plus grandes oppressions (i).
Dieu juste, daignez un jour délivrer ces
peuples malheureux d'une si barbare tyrannie !
Vous qui leur avez accordé une terre fertile et
digne d'envie , faites que ses habitans puissent
en jouir en paix avec sécurité, afin qu'ils bé-
nissent votre nom (2) !
(1) En vertu des derniers traités avec la Russie ; la durée
du règne des princes est septennaire , cette clause a été rigou-
reusement observée depuis le traité de Bucharest, malgré les
intrigues des ooncurrens pour renverser leurs antagonistes.
( Ndte du Traducteur )
(a) On ne peut qu'applaudir à ce vœu qui est celui d'un
pbilantrope et d'im homme de bien. Cependant celui que
l'auteur réclame pour ces peuples a été en partie opéré par la
bienveillante sollicitude de la cour de Russie, et il existait
avant le traité de Bucharest des réglemens qui ont apporté de
grandes améliorations dans le sort de ces deux provinces. J'en
parlerai plus loin en traitant des chapitres auxquels ils appar-
tiennent. ( Note du Traducteur. )
VOYAGE
EN VALACHIE
ET
EN MOLDAVIE,
^/V%i^%i^^%>»^»»/%'*<^<V
OBSERVATIONS HISTORIQUES.
CHAPITRE PREMIER.
Description topographique de la Valachie et de la
Moldanfie*
Ces deux provinces sont séparées de la Pologne par
le JNicster ; de la Transylvanie et du Banal de.Temes?
war par les monts Garpathesou Crapacks. Le Da-
nube les divise de la Bulgarie , et un vaste desleft de
la Be;5sarabie. Elles présentent^ dans leur ensj^jE^Jle^
une superficie fort irrégulière. Les sources ali^oo^
dan^s qui découlent du sommet des monts Garr
pathes forment, du côté de la Transylvanie, des
limités naturelles. Celles de ces sources situées au
midi appartiennent aux deux principautés, et celles
situées au nord sont à la Transylvanie. D'un ipoté
I
< » )
une aigle^ et del'autre une grande croix de bois y plan-»
tëes sur le terrein, forment la démarcation. La Vala-
chie^ qui" est plus méridionale et presque renfermée
entre le Danube^ forme un arc de cerdie qui a pour
corde les monts Garpathes ; elle a environ cent lieues
dans sa plus grande longueur et cinquante de large ;
des rives du Danube jusqu'au milieu régnent de
vastes plaines^ et vers le milieu commencent des
vallées y et des collines agréables qui s'élèvent insen-
siblement jusqu'au sommet de ces montagnes.
La Moldavie est d'une (i) forme presqu'octangu-
laire^ et a environ soixante lieues de diamètre de
chaque côté, y compris le District de la Buchovine,
cédé par la Porte-Ottomane à la maison d'Autriche
en 17^6. Cette cession fut le résultat des sages et
prudentes négociations du baron de Thugut , inter-
nonce impérial àConstantinoplejune seule langue de
terre, renfermée entre le Pruth et le Siret, s'étend
jusqu'au Danube. Le terrein qui se compose de
jplaines très étendues, surtout du côté de la Bessa-
rabie, et de collines, de vallées et de très hautes
montagnes vers la Transylvanie, est par cela même
inégal et varié.
On trouve de tous côtés dans les deux provinces
de riches p&turages et de grandes forêts. Elles sont
arrosées par une multitude de rivières et de ruis-
(1) Elle ne présente plus à prëMut qu'une forme allongée
depuis que y par le. traité de Bucharest en 181:2, la Russie a
étendu ses fr6n)jii«s jusqu'au Pruth dans toute la longueur de
ce fleuve. ( Note Aa txvdooteor ).
(3)
saux qui sortent des monts Carpathes y et qui se réu-*
nissent pour porter leurs eaux en tribut au Danube.
Les fleuves les plus considérables de la Moldavie^
sont^ outre le Niesterqm la sépare de la Pologne^ le
PnUh et le Siret tous deux navigables^ et qui ont
leur embouchure à peu de distance l'un de l'autre*
C'est sur le promontoire d'une presque île formée
par ces deux fleuves que s'élève le célèbre et l'unique
port de la Moldavie appelé Galatz (i)^ où abordent
les vaisseaux qui viennent de Gonstantinople par la
mer Noire ^ pour charger les diyers produits de* la
province.
Les fleuves les plus considérables de la Valachiei
dont aucun n'est cependant navigable^ sont le Buséo
dangereux par ses crues subites et la rapidité de son
cours; le Ribnik (2) dont les eaux sont salées; le
Jalownitza; le Dombowitza (3) fameux par la salu-'
(1) Geftttdanscettevillequese manifestirent^en mars iSai^
les premiers symptftmes de rinaurrection contre les Turcs qui
furent massacrés, en se défendant, par ordre de Caravia, l'un
des chefs, et deux jours avant l'entrée, à Jassy, du prince A.
Ypsilanti. Le n juillet suivant elle fut encore le tliéâti% d'un
combat très opiniâtre et très sanglant entré les Turcs et les
Grecs qui y firent des prodiges de valeur, mais qui furent fc«
cables par le nombre. ( Note du traducteur ).
.{a) C'est dans ce fleuve que se noya, sur la fin de la ^frf^jfi^
campagne des Russes, en i8iâ, le fil^ 4u çél^bve général Sou*
VfHQDW. ( Note 4v traducteur ).
(3) n existe un proverbe valaque qui dit \Dombou*iUa apu^
duoe, ci ne hee non êe aduoo ^ dest'-à-dire : I^es mux de la
Domba^tdêiÊa aont doucWj qui ha boit ne peuiplus les fuifi
(4)
brité de ses eaux, et les poissons délicats qu'il pfo-*
duit. n traverse Bucharest; FArgis et FAloute ou
rOllau, qui sépare le Banat de Crayow de la Vala-
chie. Indépendamment de ces fleuves, et de beaucoup
d'autres, on rencontre à chaque pas des lacs nom-
breux, et il suffît de creuser dans la plaine à une cer-
taii!i«r profondeur, pour trouver de l'eau parfaite-
ment bonne. Les Villes capitales sont Bucbarest en
Valachie, et Jassy en Moldavie. Foxane est une ville
célèbre par le congrès qtd s'y tint eu 1772 , entre la
Turquie et la Russie (i) J le Siret là divise en deux
parties égales dont chacune appartient à une princi-
pauté, et formé la limite des deux états.
CHAPITRE IL
Dwision de la V^alachie et de la Moldavie.
La Valachie se divise en Valachie proprement dite,
qui^'étend depuis Foxane jusqu'à l'Aloute ou l'Oltau;
et en Banat de Crayow qui est la partie occidentale
au-delà dece fleuve. Les indigènes appellent la totalité
Zara Roumahescay c'est-à-dire, empire romain. On
ai)peUe lès paysans J762/mo/ne^ ou Romanis (a), pour
n^ftut encore observer que l'or recueilli dans ce fleuve est pur
et fin. n est à croire que ses soiut^s ne passent pas près de mi-
néraux qui pourraient imprégner les eaux de particules nuisibles.
"{1) Les deux autres villes sont célèbres sous le même rap-
port : Jassy par le traité conclu en 1792^ et Bucbarest par celui
de 181a. (Note du Traducteur ).
(a^Le nom de KoumomeytBt devenu^ en Valachie y un terme
de mépris^comme en Grèce celui de Bomeosêe qui signifie éga-.
- ( 5). .
les distinguer des nobles qui prennent le nom de
Boyards. •
La première partie se diviser en douze cercles,, o^
districts qui sont : FooQane^ Buséo , ^akojdniy Prar
howay Jalowniza, Dombowiza y IlfoWy Muscello,
jirgis y TVlaskay TelUormcùn y et Oltout. La seconde
pai'tie est divisée en cinq districts^ savoir : Rou/ncê-
nazjTyV'oulciay Sily Gorsiet Mehedinci.
La Moldavie se divise en vingt cercles qui sont :
Souccias^a y Campolongo, NemcioUy Romanqw y
Bacow y Poutnay TecoutZy Coi^ourlouis , ToiUoi^Uy^
J^aslouis , Falcii, Grezeni, Lapousna, Orcheij^
Sorocca, Czemautz y Dorogoi, Harlow , CaUgha--
toura et Zenout de Jassjr (i).
Il y a trois diocèses en Valachie qui sont Farohe-'
vêque Métropolitain de Bucharest, Févéque -de
Crayow, ou de Rimnik^ et celui de Buséo. Il y a, en
Moldavie, quatre diocèces, savoir :rarchevêque Mé-
tropolitain de Jassy,révéque de Fcrnauci, celui d<j
Romanow, et celui de Falci (2).
lement Romain. YoUk comment les noms les plus illustres et
les plus respectés autrefois changent de signification !.. .
(1) La Moldavie ayant perdu presqu'uii tiers de son terri-
toire par le traité de Bucharest en 1812, et ses frontières étant
bornées par le Pruth dans toute sa longueur ^ n'est plus divisée
aujourd'liid qu'en dix-sept Isprawnitcie ou Districts qui sont:
Jassyj Caligaturaj Cherlow^ Potoschani^DoroscJijoij Chertzij^
Faltzi^Vaslouisj Toultowa jCoi^oualouis j Chirtzi ^ Poutna ,
Hanou* j Momanow^NemcioUj Soutzowa et Rémi.
(NoteduTrad.)
(2) Les catholiques qui sont très nombreux dans cette
province, et qui s'élèvent à cinquante mille à peu près, avaient
• -(6)
Le patriarche de Jérusalem^ les couvents des
monts Athos et Sinaï ont^dans tes deux principautés,
âe nombreuses congrégations qui dépendent d'eux
uniquement tant au spirituel qu'au temporel.
' Tous ceux qui ont parlé de la Valachie et de la
Moldavie , se sont efforcés de trouver l'origine de ces
deux noms. jQs disent que la seconde tire le sien d'un
fleuve de ce nom, mais du reste fort peu important.
Quant à la première, il est certain que Ulahsigniûeen
Slave Italien ; la Valâchie s'appelle Vùlosèà Sémégla,
^pii veut dire littéralement Terre des Bœufs. Il ne
me paraît pas fort important de isavoir précisément
si ce nôitn lui a été donné par les Slaves , parce qu'en
entrant dans la Dacie^ ils y trouvèrent beaucoup de
bœu&, et si ce furent eux qui qualifièrent les Ro-
mains qui l'habitaient du nom de Vlossiô ou f^assi.
Si, enfin, ces derniers la connaissaient déjà par ce
obtenu , dans les temps; Térectiôn d*un évêché qni .était celui
de Bacow^ et ce siège fut occupé tiois ans; k la mort de l'évé-
que, la cour de Rome pourvut, de suite, à la nomination d'un
nouvel 4vêque , inais n'ayant pas pu obtenir du gouvernement
français qui é^t alors eu possession des Etats romains , des
passeports pour que ce prélat se rendît à son poste y
ce siège est resté vacant, et les Moldaves ont regardé ce laps
de temps comme une renonciation tacite de la part du Saint-
Siège, et comme un droit perdu par prescription , car en I818 ,
Sa Sainteté ayant envoyé dans cette province un évêquc
pour administrer la confirmation, non seulement toutes les
démarches tendantes à rétablir en sa faveur le siège de Bacow
sont restées sans succès; mais il éprouva même beaucoup de
difficultés pour remplir sa mission. ( Note du Traducteur ).
(7)
nom ou s'ils le lui donnèrent par hazard^ ce sont
toutes gestions que ]^ laisse à résoudre aux éru-
dits.
CHAPITRE m.
Climat y air et eaux.
Les deux principautés sont situées à peu près^
entre le quarante^uatrième et le quarante-huitième
degré de la^tude. Malgré cela l'hiver y est long y et
pour l'ordinaire très rigoureux^ surtout depuis le
20 décembre jusqu'au 20 février,
n est cependant plus doux en Y alachie qu'en Mol-
davie, et quoiqu'il soit vrai qu'en 1779 où la neige
fut très rare en Valachie pendant un assez long in-
tervalle du mois de janvier , le mercure était cepenr
dant descendu à vingt degrés au-dessous de la glace
dans le thermomètre de Reaumur. Les eaux àxs
puits les plus profonds étaient gelées y ainsi que le
Danube jusqu'à six pieds de profondeur; ordinaire^
ment dans cette saison le froid se maintient entre
dix et quinze degrés de ce thermomètre. Lorsqu'on
voit en automne de fréquentes aurores boréales^
cela présage un hiver long et froid. Le printemps,
qui commence en avril,est très beau. Dans le mois de
juin régnent les vents de sud ouest (qui amènent
souvent des pluies abondantes et nuisibles même,
quelquefois^ aux récoltes ) les orages , les tonnerres
les éclairs et la foudre. Il est à remarquer qu'ils ont
des périodes réglées. Le plus souvent,par exemple, il
t '
(8)
pleuvra tous les jours précisément à la même lieure^
et le ciel redevient ensuite pur et serein; dans cette
saison y quand les chaleurs sont hâtives et que le
vent du sud-est souffle , succèdent de terrihles inon-
dations tant du Danube que de tous les fleuves
des deux principautés. Le vent du midi , humide et
chaud , fond subitement les neiges 5 cela, joint aux ,
-pluies abondantes, grossit les fleuves qui, comme on
Ta déjà dit, se déchargent dans le Danube, lequel se
décharge lui-même dans la mer Noire. Dans le même
temps le vent de sud-est règne dans les mers de l'Ar-
chipel, et devient si violent dans le Bosphore, qu'il
repousse, ou tient au moins en équilible, un volume
d'eau considérable qui s'écoule ordinairement delà
mer Noire par ce canal; conséquemment le Danube,
qui reçoit tant d'autres grands fleuves dans son ht,
est contraint de refluer ou de s'élever; et sa super-
ficie, devenue ou égale ou supérieure à celle des
fleuves tributaires, les retient dans leurs cours; ils
dépassent leurs rives et inondent toutes les plaines
voisines. Souvent ces fleuves se réunissent et forment
des lacs immenses.
' Ces incidens qui, dans un pays peuplé et civihsé
seraient un mallieur inévitable, ou du moins une
chose très nuisible , ne sont que peu sentis et sont
moins redoutés dans ceux-ci où les terreins sont vas-
tes , la population peu nombreuse, et où l'on manquer
d'hommes (i). La fonte violente des neiges produit
( i ) Dans les pays où l'agriculture est encouragée et où Thonimc
peut jouir en paix du fruit de son industrie^ la population ne.
(9)
un autre effet non moins funeste dans les montagnes;
l'eau qui filtre à travers les rochers dans les en-
trailles delà terre, remplit les cavernes qu'elle ren-
contre jusqu'au point d'acquérir une force répulsive
bien supérieure à la masse de pierre ou de terre
qu'elle supporte ; elle la meut , et si cette masse est
un promontoire situé sur une montagne, elle le pré-
cipite, dans le vallon , déracine les arbres, et les en-
traine ainsi que les maisons qui se trouvent à sa sur-'
face. Dans le siècle dernier, un faubourg de Jaçsy,
situé sur le penchant d'une colline, tomba tout dpu-^
cément dans le vallon sans que personne fût blei^é ,
et les maisons, cjui fort heureusement étaien^. de
bois, d'ozier et de boue, comme celles des pauvres
gens de ces faubourgs, ne furent que peu endom-
magées*
Dans les mois de juillet et d'août les chaleurs sont
ordinairement excessives; les nuits sont cependant
manque pas. Dans ceux-ci , au contraire , le paysan gêné dans
ses travaux et qui sait d'avance que le produit de son labeur
ne servira qu'à enriçliir les castes privilégiées , devient indiffé-
rent au succès de ses travaux , il ne fait aucune entreprise
fructueuse dont le produit poturraitlui être disputé; et, con-
tent d'une modique subsistance achetée par mille dégoûts, il
croupit dans de vieilles coutumes, s'abandonne à l'oisiveté et
souvent à l'ivresse ; et si le patrimoine de ses aiicêti'es,loiu de
s'améliorer entre ses mains, ne se détériore pas, c'est qu'une
vieille habitude lui fait une loi de le transmettre à ses suc-
cesseurs dans l'état où il l'a /TCçu lui-même. Tel est le sort
des- pauvi^es agricoles de ces deux fertiles, pi^yinces.
( ISote du Trad
(lO)
toujours fraîches et presque froides. En septembre
reviennent les pluies; c'est dans le mois d'octobre
et jusqu'à la mi-novembre que règne la plus belle
saison^ un air agréable et tempëré^ et un ciel extrême-
ment pur et serein. L'hiver s'annonce par un vent du
nord très impétueux appelé Crivaz; il souffle pen-
dant trois ou neuf jours ^ et amène une grande quan-
tité de neige qui tombe ordinairement jusqu'à la hau-
teur de quatre pieds. C'est alors que le& eaux gèlent.
Plus on s'approche des montagnes et plus le froid
devient insupportable. La terre gèle si fort qu'elle
acquiert la dureté de la pierre, et qu'il s'y fiiit des
crevasses comme dans les grandes chaleurs.
La Moldavie et la Valachie sont très peu sujettes
aux tremblemens de terre (i). Les météores ne sont
ni si universels, ni si fréquens, ni si destructeurs
qu'ailleurs , surtout dans le plat pays. L'air est géné-
ralement bon ; les Yalaques et les Moldaves dorment
tout l'été en plein air ; les maladies chroniques y sont
(i) n parait qu'ils sont plus fréquents en Moldavie qu'en
Valachie. D y en a eu plusieurs secousses à Jassy dans le cours
de 1819; mais aucune n'a égalé celle qui s'est fiidt sentir dans
la nuit du 5 au 4 février i8ai. Le palais princier qui est bâti
tout en pierre et d'une construction solide fut ébranlé jusque
dans ses fondemens. Cette même année 1821 a été remarquable
par plusieurs secousses plus ou moins fortes , qui ont eu lieu
pendant les mois de juillet, août et septembre, et qui se sont
fait sentir à Kisnow en Bessarabie qui faisait autrefois partie
de la Moldavie. Ces remarques viennent à l'appui de mon
assertion. ( Noie du Traducteur ).
(■■)
peu connues. Les fièvres billieoses intermiUeDtes y
sont frëqaentes , mais pea nuisibles aux indigènes ^
sortont ijùand elles sont abandonnées à eUes-ioémes.
Malgré tous ces avantages les habitaos sont déjà
vieux à soixante ans , et surtout en Y alachîe; peu par-
viennent à leur soixante-dixième année, on en verra
clairement la raison lorsque je parlerai des cou-
tumes.
Sexiste dans les collines en Valachie des sources
abondantes d'eaux limpides et fort saines; celles
des montagnes engendrent le goitre. Les. habitans
d'Argis, stnrtoutj sont si sujets à cette terriblcnialadie
qu'ils ne paraissent pas faire partie du genre bu-
main. Ceux qui en sont attaqués ne deviennent pas
plus grands que de qnati'e pieds environ ; ils ont
une tête énorme et booffie qui paraît réunie à la poi-
trine^ et un gros volume protubérant de chair au-
tour du colj de là vient qu'il sont apboniques (i).
Les habitans savent qu'il existe dans le voisinage des
sources d'eaux qui ont la propriété de résoudre et de
détruire cette nrâladie qui devient héréditaire j mais,
soit indifférence ou superstition, ils ne se donnent
pas la peine de recourir aux remèdes pour détruire
cette difformité si incommode d'aiUeurs. U est cer-
(i) Les habitans de la Valacliie ne sont pas Us seuls sajets
à cette afireuse maladie. Dans les nontagnea de ]a Styiie et
dans le Valaîs , il n'est pas rare de voir de jolies personnes
défigurées par d'énonnes goitres. Les plu.s maltraités dans ce
genre, sont les Crétins, espèce de iM^^uetle et dilTirnip ré-
pandue dans les environs du lac Ab dS^- ( '^«tc du Tiàrl )
(12)
tain que ceux qui en sont attaqués font horreur et
compassion à la première vue. On trouve même dans
les plaines des puits creusés qui donnent d'excel-
lentes eaux^mais en général celles des puits est molle,
tiède et d'un goût désagréable.
Il y a diverses sources d'eaux minérales ferrées et
soufFrées , mais dont on fait peu d'usage. Comme il y
a des minières abondantes, il s'y trouve également
de nombreuses salines. En Moldavie où les eaux sont
plus rares, la meilleure, tant pour les hommes que
pour les animaux, est celle du Pruth; on la croit même
fort saine , mais pour la rendre potable il faut qu'elle
soit reposée et qu'elle ait déposé les particules déterre
dont elle est chargée. Les habitans des villes ^qui ont
adopté les coutumes des Grecs, conservent de la
glace pour rafraîchir les vins et l'eau pendant l'été.
Comme la Moldavie est plus au nord et que la super-
ficie de cette province est fort inégale, les saisons n'y
sont pas aussi régulières qu'en Yalachie; les pluies
sont plus fréquentes et plus nuisibles pour les biens
de la terre ; la neige est aussi plus abondante, l'hiver
long et rigoureux, et souvent l'on voit encore de la
neige au moins d'avril; je crois que le froid excessif
qu'il fait dans ce pays provient de ce qu'il n'est ni
assez peuplé ni assez cultivé, comme aussi de la'
grande quantité de nitre que contient la superficie
du sol; enfin de ce qu'il n'est pas couvert de mon-
tagnes du côté d'où vient le vent de nord-est qui, en
soufflant, transporte avec lui les particules gelées des
contrées les plus seplenlrionales de l'Çurope.
(i3)
PRODUCTIONS VÉGÉTALES. .
CHAPITRE IV.
Joignes.
La vigne, si utile par son produit, mérite d'occu-
per ici la première place, tant pour la grande abon^
^ dance que pour Texcellente qualité des vins qu'on
en tire dans les deux principautés. Ceux d'un usage
plus ordinaire sont les blancs de couleur orangée ;
Içs rouges ne sont pas tant estimés. On cultive en
général^ la vigne sur les coUines^ et après les ven-
danges on la plie et on la couvre de terre. Au prin-
temps on la découvre , on l'appuie contre des écba-
lat$ fort minces et on^la taille. En peu de temps elle
commence à fleurir, et au mois d'octobre le raisin
est en maturité. Quoique les Valaques et les Mol-
daves ne soient pas fort ingénieux dans la manière
de faire et de conserver le vin , il est cependant de si
bonne qualité qu'il devient potable et clair après la
première année. Il est .d'abord acide, ensuite il de-
vient doux et en quelque sorte huileux. Dès les pre-
miers froids les ri^bes propriétaires laissent ordinai-
remiéût à découvert un grand tonneau de vin nou-
veau dont la superficie forme, en se gelant et dans
l'espace d'une ou deux nuits, une espèce de croule
plus ou moins épaisse suivant l'intensité du froid et
( »4)
le temps que le vin reste exposé à l'air ^ ensuite on
perce la tonne , on pratique avec un fer chaud une
* ouverture par laquelle on en extrait l'essence du vin
dépouillée de ses parties aqueuses j ce vin est très
clair, a beaucoup de force et se conserve parfaite-
ment bien.
Quand le vin rouge est en fermentation , on y verse
ordinairement une certaine quantité d'absynthe, qui
lui communique son amertume et lui donne une belle
couleur deYubis. Ce vin est regardé comme très bon
pour l'estomac et plaît quand le palais y est accou-
tumé, mais dans le commehoement il parait désa-
gréable au goût.
n serait difficile de dire à quelle espèce de vin
connu on pourrait le comparer, si ce n^est une sorte
qui ressemble beaucoup au vrai vin muscat fronti-
gnan. H est certain qu'ils sont agréables au goût,
qu'ils ne font aucun tort à la santé, et que , quand
même on en abuserait jusqu'à l'ivresse, la tête demeure
libre après que celle-ci est passée. Le vignoble le
plus estimé de la Moldavie est celui d'Odobesti situé
près de Foxane ; il produit un vin semblable au
Champagne et que l'on exporte en Russie (](). Il est
à remarquer que les vignoUes situés à peu de dis-
(i) n ne faudxtit pas omcluiM 4e tout cq qu^ ^t )'«i|teur
sur ces viiis, qu'aucune qualité puwe approche^ d^ vins de
Fiance. Il y en a d'fiig^bles^ mais en général çeipc de Mol-
davie sont un peu durs et quelques-uns même ont i^e certaine
acidité qui ne les rend pas potables pour toutes sortes de per-
sonnes. ( Note du Tradncteur ).
/#
(i5)
lance du territoire valaque et qui^ autant que j'ai
pu l'observer attentivement^ sont exposés au midi,
donnent un vin faible > sans goût et qui se gâte aux
premières chaleurs.
En Yalachie les districts de Sacojani et de ilm?-
nik prés de Grajow produisent les meilleurs vins*
Une grande partie de ces vins passe en Transylvanie »
où l'on a l'habitude de les souffrer pour les rendre
plus généreux et pour qu'ils se conservent plus long-
temps y mais ils acquièrent, en même temps une qua-
lité pernicieuse et qui a coûté la vie à plusieurs sol-
dats allemands , alors en garnison à Gronstadt (i).
CHAPITRE V.
Graines diverses.
Les deux provinces produisent presque toute es-
pèce de graines et de légumes. Les nlus utiles et
les plus estimés sont le froment, l'orge , le blé de
Turquie, les pois, les fèves, les lentilles , etc. Le meil-
leur froment dont on se sert pour ensemencer et pour
conserver, se sème en automne. On sème au prin-
temps celui d'une qualité inférieure, mais c'est pres-
que toujours par nécessité, quand l'automne a été
fort pluvieux, que la terre a gelé dès les premières
neiges, et qu'on prévoit une récolte mesquine. On la-
boure ordinairement avec six bœu& et l'on creuse.
(i) Ce fut m'a été attesté par dee vi
fi pexticdiliiremfiiit par le jénln
(i6)
lé sillon très profond. On ensemence pendant nnQ
année, et on laisse reposer l'autre année les terreins
déjà en valeur ; ensuite on recommence d'y semer le
froment, Forge ou le maïs.
Quand ce sont des terreins nouvellement mis en
rapport, ce qui arrive souvent, attendu qu'il y en a
toujours un grand nombre en friche, on y plante;
dès le printeanps de la première année,des choux ca-
buts qui deviennent d'une grosseur extraordinaire,
des concombres excellens. De cette manière , non-
seùlément on extrait et l'on tempère les sels abon-
dans que renferme un terrein vierge et abandonné
depuis très long-temps , maïs encore on détruit les
herbages qui s'opposeraient plus tard à la produc-
tion du froment 5 les feuilles de, choux et de con-
combres, en couvrant les herbes naissantes, s'oppo-
sent à leur végétation et les font sécher avant qu'elles
ayent pu produire leurs semences.
Le grain semé en automne croît de suite jusqu'à la
hauteur de six à huit pouces, il est ensuite recou-
vert par les neiges dont lesf plus hautes sont les plus
favorables; elles disparaissent ordinairement en
mars, le froment croit alors ritjpidemcnt, et il est déjà
mûr en juin^ époque où se fait la moisson. On se sert
de chevaux pour le battre en grange , et on le met
ensuite dans des fosses creusées en. terre à cet effet.
Comme le climat de la Moldavie est beaucoup plus
froid et plus inconstant que celui de la Valachie, les
récoltes y sont aussi plus incertaines; dépendant ;elles
sont assez abondantes pour permettre l'exportation
(17)
d^une assez forte quantité dé froment. Le maïs, ou
blé de Turquie introduit le siècle deteier dans ces
provinces, et que l'on sème au printemps^ réussit à
merveille. Il est fort en vogue, tant parce qu'il est
facile à cultiver, que parce que les récoltes en sont
plus certaines, et qu'il fournit aux honunes et aux
animaux domestiques une nourriture saine et abon-
dante.
Les habitans conservent les épis dans de vastes
paniers d'osiers qui sont supportés sur des écbalas
près de leurs habitations, et l'égrènent à la main
quand ils ont besoin de convertir le blé en farine.
La qualité du froment est excellente pour la pa-
nisation , c'est une espèce de milieu entre le grain
rouge et dur et le blanc farineux ; il se conserve
sous terre plusieurs années. Cependant le grain qui a
été ainsi enfoui sous terre n'est pas propre aux se-
mences. L'orge est pur, beau et parfait ; on le donne
aux chevaux de préférence aux autres graines, même
à Tavoine.
On sème rarement, et en petite quantité l'avoine et
le s^gle. Je crois que cela vient delà facilité qu'on a
de se procurer de meilleures graines.
CHAPITRE VL
Arbres.
On rencontre partout, tant dans les plaines que
dans les vallées et les montagnes , d'immeqses feréts,
des arbres très hauts et qui sont de la plus grande
(i8)
Utilité pour lei usages de la société. Le plus distingué
est le chêne de la plus belle espèce , qui sert pour Ia
construction des navires , et pour tout ce qui de-
mande un bois dur et compact. H y a des chênes qui
ont deux ou trois pieds de diamètre^ droits et d'une
hauteur démesurée.
Les rues de Bucharest «et de Jassy ne sont qu'un
pont continu formé de madriers ou travées de
chêne. Quand ce pont est bien construit et l^ien en-
tretenu^ il est fort commode pour les piétons^ mais^
au contraire, il devient dangereux^ surtout pour les
chevaux, quand il est vieux et qu'on néglige de l'en-
tretenir. A tous égards l'usage de ces ponts est dérai-
sonnable , dispendieux et destructif par l'immense
quantité de pièces de bois dont il est composé, at-
tendu qu'il doit être renouvelé tous les cinq ou six
ans (i).
(i)En.Moldavieyrtt8age est de refaire à neu^ cette chaussée 4
chaque avènement de règne de Prince. Ou ne peut se faire une
idée de l'énorme quantité de bois qui entre tant dans la cons-
truction que dans la rèpariition de ce pont qui est bientôt dèté-
tiorêpar lagntbde quantité de voitures quiy passent. Les forêts
de la Moldavie^ quelque nombreuses et quelqu'èpaîsses qu'elles
soient , seraient bientôt dépouillées si l'usage de cette espèce de
pavement continue encore longtemps, tl n'y a cependant k Jassy
que deux rues qui soient pavées de la sorte ^ l'une s'étend de-
puis le Palais jusqu'à la barrière du c6té de la promenade ap-
pelée Copeau, et une autre rue transversale qui passe par les
tnarchés *, tout le reste de la ville n'a point de pavage et est im-
pratiquaUe pour les piétons une bonne partie de l'année. On
poumdt suppléer à cet inconvénient par un pavage légulier en
(19)
Les sapins ^ qui se trouvent en quantité dans les
montagnes^ pourraient être employés |>our les tra-
vées de ce pont(i). On y trouve encore des hêtres et
des charmes excellens pour la construction des voi-
tures , des ormes et des frênes de différentes espèces*
Les tilleuls, les peupliers et le noyer y deviennent très
grands et très beaux, ainsi que le mûrier blanc dont
on a fait ensuite beaucoup de plantations pour nour*
rir les vers à soie^ mais dont la culture n'est pas en-
core introduite.
Il y a de mombreuses plantations de poiriers,
ponmliers^ pruniers, cerisiers, cormiers, lotos ou
micoucouliers , et d^érables. Dans plusieurs en-
droits de la Moldavie et du Banat de Crayow, on
trouve un très grand arbre appelé Tissa. Le bois
qui est de couleur rouge est très dur; il est très pro-
pre à la confection des meubles,et peut être employé
avec autant de succès que les bois d'Amérique. Les
paysans en font de petits barils et quelques autres
Yases pour la conservation des liqueurs; ces vases
sont aussi bons que ceux de verre et d'argile, ^t
pierre ; mais la première entreprise nécessiterait une dépense &
laquelle la situation précaire des princes, l'état des finances de
cette province et Tinsouciance des boyards à cet égard, n'a pas
permis de penser jusqu'à présent. ( Note du Traducteur ).
(i) Je ne partage pas l'avis de l'auteur sur la possibilité d'em-
ployer aux constructions du pont les sapins pour épargner les
chênes. Tout le monde sait que ce bois, qui est ba^^
de peu de durée et ne peut être employé que dans ]«• \
tiQus légères. ( Note du Traducteur. ^
( ?.o )
sont surtout d'une grande utili le en voyage. C'est la
seule production que j'aie vu sortir de l'industrie de»
Valaquesf on peut encore ajouter qu'ils font aux
«apins des incisions pour en recueillir- le goudron,
dans tous les lieux où cet enduit ne découle pas de
lui-même, comme je le dirai dans la suite.
Quoique les deux provinces abondent aujourd'hui
en bois touffus^ cependant les nationaux , jaloux de
l'honneur de leur patrie, assurent que c'est fort peu
de chose en comparaison de ceux qui existaient an-
ciennement, et qu'ils formaient des forteresses natu-
]>elles et impénétrables aux ennemis ; c'est à ces avan^
tages qu'ils attribuent le mauvais succès qu'eurent
souvent les armes ottomanes dans ces contrées. Si
Jk'on réfléchit à l'énorme consommation de bois qui
se fait pour le pavage des villes, et celle que la Porte-
Ottomane a coutume d'employer pour la construc-
tion des ponts sur le Danube à chaque bruit de
guerre, indépendamment delà quantité qui s'exporte
à Gonstantinople (i), ou ne doutera pas de la dimi-
nution actuelle des forêts (a).
(i) Après la paix de 1774, des coupes de Ixns ont été com-
mandées presque tous les ans aux deux princes pour la cons-
truction du pont d'Isackcia ainsi que pour celle des barques.
Ensuite les commissaires Turcs le vendaient à leur profit
(2) On pourra facilement se faire une idée de cette eiqpor-
ttition^dès qu^oii saura qu'indépendament de la quantité exigée
par la Porte pour la marine et pour les ponts^ la plupart des
matériaux des maisons bâties sur le Bosphore, et qui sont ye-
^Kmvelées souvent ii cause des fréquens incendies ; sont to«u
( ai )
Les Yalaques ont cuutuiàd d'arracher «t de faite
aëcher les racines des arbres qu'ils employent ires
bien comme bois à brûler; ce bois est de plus longue
durée et produit un feu plus vif que celui du tronc.
CHAPITRE VU.
Fruits et herbages.
Les fruits de diverses espèces et d'un excellent
^oùt abondent, sans beaucoup de soin, non seule-r
inent dans les jardins^ mais encore dans les forets.
Les pommes appelées dornniasca , qui sont peut-r-
étre les plus remarquables de l'Europe par leur
grosseur, leur goût et leur odeur, doivent occuper
ici le premier rang. Elles se conservent d'une année
à Tautre et acquièrent^ en hiver ^ une certaine trans*
parence qui les distingue. U semble qu'elles soient
naturelles à ce sol puisqu'elles deviennent excellentes
sans la moindre culture. U s'y trouve d'autres es-
pèces de pommes qui n'ont rien de particulier, ain^i
que des cerises, des pécher, des poires, des prunes
qui y sont très abondantes à moins qu'elles ne soient
pas cultivées, alors, ce qui est très rare en ce pays,
tous les fruits, et surtout quand l'arbre est indigène,
deviennent exquis et d*un excellent goût. Les noix
et les noisettes y sont copieuses , les châtaignes rares
tirés des forets de la Moldavie. On les taille sur les lieux , et
on les apporte sur des chariots à Galatz où Ton en fiiît des ra^
deaux que Von conduit ainsi par la mer Noire fti84trat1
tinople. ( Note du Traducteur. )
(")
et mesquines j l'olivi^r^ l'amandier^ le pistachier^ les
iSguiers^ les fruits acides ne s'y trouvent pas et ne
paraissent pas propres à ce climat*
Les concombres et melons d'eau , dont j'ai déjà
parle ^ ainsi que les melons sont de bonne qualité et
forment, pendant l'été , une partie de la boisson des
gens du peuple. Autrefois les Valçiques ne connais-
saient d'autre plante nutritive que le chou-cabut.
Dans le siècle dernier , les jardiniers transylvaniens
et grecs y ont introduit toutes sortes d'herbages et
de racines potagères qui croissent avec une grande
facilité et deviennent d'un excellent goût , sans que
le terrein ait besoin d'engrais, et sans que la culture
demande beaucoup de soins. J'ai vu certaines terres,
que les étrangers avaient jugées arides et incapables
de produire quoi que ce soit , devenir d'excellens
jardins potagers et d'agrémens, et donner des fruits
en abondance.
Les fraises croissent dans les bois ; cultivées^ elles
réussissent parfaitement bien.
Les champignons sont communs : une espèce de
pommes de terre qui a le goût de l'artichaud ^ se
reproduit avec une extrême facilité. On pourrait es-
pérer le même succès des autres espèces de pommes
de terre qui sont cultivées dans toute l'Europe.
Elles seraient, peut-être , fort utiles pour engraisser
les pourceaux dans ces contrées où l'abondance des
grains fournit aux habitans un excellent aliment (i).
(1} Il n'y a pas dix anà qu'un professeur français a introduit,
eu Moldavie | la culture de ce ti:(l)ercule , dans des terres dont
( a3 )
Lëfi choux-pommés y deviennent d'une grosseur
prodigieuse et d'un excellent goût ainsi que toutes
les plantes de la même espèce, à Texception du chou
simple dont la culture demande beaucoup de soins.
Les ëpinards sont gros, pleins de saveur, et crois-
sent d'eux-mêmes j les meilleurs se trouvent dans
les petites îles du Danube.
Parmi les plantes aromatiques que produisent ces
contrées, Vabsjnthe aigre , naturelle à ce pays, doit
tenir la première place. Les champs en sont remplis
et on en extrait le sel. Le liUum coni^allium(in\igiiei)
croît en abondance et fleurit le premier dès le prin-
temps, ainsi que la rose simple sans odeur, mais
de couleurs variées. On trouve encore en abondance
une plante qui est une sorte de férule (a) ; elle sort
d'une espèce 4e bulbe blanche qui est d'un excel-
lent goût.
Le chanvre et le Un réussissent parfaileix^ent bien ^
mais ces deux produits sont peu cultivés par l'indo-
lence des paysans qui préfèrent les acheter tout pré-,
parés de leurs voisins Jes Transylvaniens.
La culture du tabac y obtient les plus heureux
il était Je fermier^ et ses premiers es8ai3 , aiiisi que les suivons ,
ont été cpuronnés -du plus heureux succès. Les boyards qui ^
daus l'origine^ avaient de la peine à introduire ce légume. dans
leur cuisine , ne font plus maintenant difficulté de l'admettre
sur leur table. ( Note du Traducteur. )
(a) La férule est une plante qui , dans les paya chauds ,
s'élève à la hauteur des arbres : les racines en sont médici-
nales. ( Note du Traducteur. )
(24)
«uccès^ et avec la plus grande facilité* La qualité pa-
raît ordinaire, mais on ne peut juger de celle qu'il
acquérerait puisque Ton ne se donne pas le moindre
soin, et qu'on n'emploie aucun moyen industrieux
pour le cultiver (i).
Uy a, en outre, une si grande variété de fleurs
charmantes et d'herbages, qu'un botaniste aurait
un vaste champ pour exercer sa curiosité.
PRODUCTIONS DIVERSES.
CHAPITRE VUI.
ANIMAUX.
Troupeaux et chèvres.
Les pâturages i^bondans qui se trouvent dans les
deux principautés suffisent pour nourrir une gi ande
quantité de quadrupèdes. Ces animaux de toute es-
(i) Si la culttu'e du tabac n'est pas {dua encouragée et n'ob-
tient pas plus de succès , il faut , je crois , la rapporter à deux
causes. Les boyards, qui ont adopté les coutumes giieeques ,
préfèrent le tabac turc plutôt par ton que par raison, et ils eu
font ime grande consommation , la coutume étant , ches eux, de
présenter, comme en Turquie , la pipe et le café à ceux qui
viennent leur rendre visite. Quant aux gens du peuple , ils so
«ervent du tabac des manufactures d'Allemagne qui leur vient
par )a Transylvanie, et qui se vend assez bon màrdhé.
( !Note du Traducteur. )
\
(a5 )
pèce font la principale richesse et la branche la plus
considérable du commerce des deux provinces. Les
pâturages de la Valachie sont plus avantageux et
plus propres à la nourriture des menus bestiaux,
La quantité de. ceux-ci , tant en moutons qu'eu
chèvres, s'élevait dans le siècle dernier à quatrû
millions environ. Il y a, en Valachie, trois espèces
de moutons 9 .savoir l'espèce appelée zigai , Tautre
barsan et la dernière stogosc. La première espèce
donne une laine très fine, coiu^te, et a une chair
excellente; la seconde porte une laine longue et
épaisse; celle de la troisième est moyenne, attendu
que ces moutons sont d'une espèce bâtarde.
Ces animaux vivent toujours au grand air et à
découvert; ils passent l'été dans les montagnes et
l'hiver sur les rives du Danube. C'est ordinaire-
ment à la St. George, vers la fin d'avril, qu'ils
passent de la plaine dans les montagnes ; dans les
plus grandes chaleurs ils remontent sur la cime des
montagnes où ils trouvent des pâturages excellents et
des eaux très fraîches. Au mois de novembre ils re-
descendent et vont sur les rives du Danube, où ils
sont moins exposés aux vents et jouissent d'un air
plus tempéré. Ils y trouvent une herbe qui se con-
serve sous la neige et que les moutons aiment beau-i
coup. Ils la découvreiît et la déterrent d'eux-mêmes.
II arrive souvent que la neige est trop haute et qu'elle
est glacée à sa superficie, ou que la terre a gelé parce
qu'il a tombé peu de neige , alors cette herbe no
peut croître. Pour parer à cet inconvénient, les
(t.6)
patres font provision d'herbe sèche dont ils forment
de grand tas au lieu de paille. Ils conduisent autour
de cette meule les troupeaux qui en mangent ce qu'ils
ont besoin. Quand les vents impétueux du nord com-
mencent à souffler, les pâtres font tourner continuel-
lement leurs troupeaux autour de cette meule, au
bord de quelque haie ou vers la saillie de quelque
terrein, les battant souvent pour faire sortir ceux qui
•ont sous la neige et les forcer à faire du mouvement^
pour les tirer de dessous cette neige , où ils s'en-
sevelissent, et pour qu'ils ne soient pas saisis par
le grand froid. Il est indispensable que l'espècp de
moutons appelée barsaji passe l'été dans les monta-^
Çnes, parce que les chaleurs la feraient périr dans les
plaines. Quant aux zigai^ ils peuvent y vivre, pourvu
qu'il y ait des bois dans le voisinage pour les retirer
pendant le jour, et de bonnes eaux. La troisième
espèce que l'on nomme stogosc supporte mieux les
chaleurs de l'été, mais est fort sensible aux intem-
péries des saisons. La chair de ces moutons est de
bon goût (i).
Après la St. George ou f^it la tonte des brebis qui
(i) En Moldavie les troupeaux se divisent en deux espèces ,
Tune est appelée Pâmai Miatrougandzi et l'autre Tzqur-
gaiidzL Ceux de la première espèce sont les plus estimés , el
clans les adjudications qui se font chaque année à l'enchère de
ces troupeaux pour la fourniture de Constantinople y elle ob-
tient toujours une augmentation de quelques paiats ( le parât
représente environ deux centimes et demi de France au cours
actuel) sur la seconde. ( Note du Traducteur. )
(^7)
donnent plus ou moins de laine selpn leur espèce.
Le mouton de Tespèce nommée barsan en donne
environ quatre livres; les autres dont la laine estplua
fine en donnent moins (i).
Les brebis donnent^ ordinairement tous les ans un
agneau j celles qui en donnent deux sont rares. Mais
si cela arrive le propriétaire en cède un au pâtre.
On conserve généralement les mâles et les femelles ,•
les unes pour la propagation de Fespèce, et les miâlès
sont châtrés pour être vendus comme on le dira ci-
aprés.
Le temps que les troupeaux sont sur les mon- .
tagnes est le seul où Ton en recueille le lait dont '
les pasteurâ font, de suite, une espèce de fro^
mage qu'ils appellent fromage blanc et qui a peu
de substance. Ils le vendent à des marchands établis
avec leurs fromageries dans les environs 5 ceux-ci en
extraient le beurre et le convertissent en un fromagç
appelé cacciocavallo y c^i a la forme et le goût de
celui qui se fait dans le royaume de Sicile. On fa-
brique encore une autre espèce dç fromage plus
grand , de forme et de pâte différente, "appelé cacio
di montagna, fromage des montagnes , qui est d'un
excellent goût , et dont la plus grande partie se con-
somme en Transylvanie.
Les bestiaux sont ici sujets à plusieurs maladies
comme ailleurs ) la plus singulière et la plus dange-
(1) En Moldavie la tonte n'a lieu que vers la fia 1
et le commencement de juin. ( Note du Traduotept^
(t.8)
reuse est celle qui leur vient après avoir mangé une
herbe qui a une fleur jaune et qui naît dans les eaux
stagnantes. Les bergers m'ont assuré que les trou-
peaux sont très friands de cette nourriture , qu'ils
se jettent avidement dessus quand ils eii trouvent ,
et qu'on ne réussit qu'avec beaucoup de peine à les
en éloigner ; c'est pourquoi les pâtres ont grand soin
d'éviter toutes les eaux où ilâ s'aperçoivent que
croissent ces sortes d'herbes qui causent à leurs trou-
peaux l'jctère et la moii:.
Une brebis coûte un florin et demi (i) environ ;
^ un agneau de douze à quinze quarantaines (2).
On égorge ordinairement les brebis pendant
qu'elles sont pleines pour avoir la peau de l'agneau
qui est dans le ventre des mères. Les noires sont
payées fort cher et servant pour faire les calpacks
ou bonnets de poil et les fourrures d'habits (3)»
Les peaux ordinaires servent pour fabriquer des
maroquiua.
(1) Le florin d'Autriche représente 2 francs 58 centimes au
cours , ce qui fait un thaler d'Allemagne ou 3 fr. 88 centimes
pour une brebis. ( "Note du Traducteur ).
(2) Ce sont leskreut2ers que les Italiens appellent quaran-
taines ^ il en faut 60 pour foire un florin*, douze kreutzers font
environ 5u centimes , quinze en font 64 et demi.
( Note du Traducteur ).
(3) Cette manière est aussi fort usitée enTartarie, à As-
tracan et en Bucbarie où ces peaux* sont fort recherchées et
^ont on fait un grand usage en Pologne et en Turquie. Elles
sont ou de couleur noire ou d'un gris cendré. J'ai vu payer une
« de ces peaux destinée à coiifectiotmer le colpak du prince d«
D^aprè« tout cela on peut calculer qu^un troupeau
de milk betcs bien soigné, rapporte par année en
Valachie , environ mille florins , à moins d^unc mor-
talité extraordinaire. En Moldavie les troupeaux
sont bien moins nombreux et la qualité de la laine
est inférieure. Malgré que l'on soigne toutes les
races de ces animaux de la même manière , il est
assez remarquable qu'il n'a cependant jamais été
possible d'introduire en Moldavie l'espèce appelée
zigaL Non seulement les petits de ces races dégénè-
rent , mais même ces troupeaux transportés de Va-
lachie en Moldavie donnent, dès la seconde année,
une laine plus longue et plus épaisse, et qui devient
même, dès la troisième année, semblable à celle des
troupeaux indigènes.
Le* prince de Valachie exige, à la naissance de
chaque mouton et chèvre, douze aspres (i). Celui
de Moldavie perçoit lo aspres. Cet impôt est com-
pris sous le nom de ferbarit , ou droit sur les trou-
peaux.
Valachie i5o florioB {*). Les noires coûtent de i5 jusqu'à 3o
florins chaque.
{^*) Les peaux dont on faisait dans ces derniers temps les calpacks
ou coiffure des princes de Valachie et de Moldavie sont appelées
Samour, d^où le bonnet a pris le nom de Santour calpach^ «t oour
taient dix. fois davantage. ( Note du Traducteur. )
(i) Cent vingt aspres font une piastre; loo piastres turques
font 80 florins d'Autriche (^).
(**} Les monnaies de Turquie sont tellement tom]>ée8 dans ces der^
nières années que la piastre turque ne vaut plus que 75 centimes de
France , ce qui élève le florin d^Autriche à 3 piastres et demie ou 350
pour cent. ( Note du Traducten
(3o)
Les comtés de la Transylvanie , limitrophes aux
deai principautés^ ne pouvant fournir suffisamment
de pâturages pour les troupeaux de cette province j
on y envoie paître un grand nombre de bestiaux^
surtout dans la Valachie qui est plus voisine (i).
Les Transylvaniens ont souffisrt des vexations, ex-
cessives dans le temps que le grec Stavraky tyran-
nisait les deux principautés. La cour de Vienne
obtint de la Porte*-Ottomane en 1768, un firmaq
qui fixait à huit aspres le droit de pacage y mais
dont les princes trouvèrent le moyen d'éluder Texé-
cution. Le prince Ypsylanti, en 1775 , après la
* guerre avec la Russie y fixa ce droit à douze aspres y
tant pour les étrangers que pour les nationaux ; mais
les princes qui lui succédèrent, ayant renouvelé
leurs vexations , Tinternonce autrichien , baron
d'Herbert , fit , auprès de la Porte, de nouvelles ré-
clamations, et en 1785, on convint de porter ce
droit à dix aspres pour chaque animal, comme on
Favait pratiqué en Moldavie, malgré le firman du
sultan Mustapha qui était dans les mains des ber-
gers Transylvaniens. La cour impériale, sans donner
formellement son assentiment à cette mesure , con-
sentit que ce droit se payât pour l'année courante ,
mais elle continua d'insister auprès des princes pour
(1) Je ne saurais douter de ce fait^ mais je pense qu'il est
sujet à de grands inconvéniens à cause des précautions exigées
par le cordon sanitaire tiré continuellement de ces c6tés.
( Note du Tipducteur. )
(3i)
que se& sujetsne fussent point vexés et imposes comme'
par le passé. Gomme la perception de cet impôt so
donne à Fenchère , les fermiers se permettent toutes
sortes de vexations pour retirer les deniers dan»
un pays où règne le despotisme et la rapacité (i).
Les deux principautés élèvent et nourrissent un
grand nombre de bœufs et de vaches j mais ceux
de Moldavie sont plus gros et plus charnus ; ils sont
de la même taille que ceux de Hongrie y mais ils ont
les pieds plus courts et le ventre plus gros. On
en exporte un grand nombre pour les pays voisins ,
surtout pour la Silésie. Une race de Bohémiens
Moldaves , appelée Lingourari ^2), parce qu'ils
fabriquent des cuillers et autres ustensiles de bois ^
nourrissent et propagent la meilleure espèce de
bœufs qu'ils vendent à raison de 60 piastres chaque^
aux Arméniens de la Gallicie , lesquels ont en Mol-
davie diverses terres qu'ils louent^ et où ils engrais-
sent les bœufs ^ et maintiennent les races de chevaux.
U ne sera pas inutile de donner ici aux lecteurs
quelques détails sur Ces Arméniens.
Sous le règne de Sca Ahbas , sophi de Perse ,
qui fit la conquête de l'Arménie^ et en transporta
(1) La surveillance qUe la cour impériale de Russie exerce
depuis quelques années, en vertu des derniers traités, sur
toutes les parties de l'administration financière des deux prin-
cipautés ,par le moyen de ses consuls, a mis im frein à ces dé-
sordres et à ces vexations sans cependant les faire cesser en-
tièrement ( Note du T^P ' ^
(3) Lmgouri en moldave signifie coî \
(3a)
les habitans dans sa ville de Giulfa pour la peupler,
un grand nombre de ceui-ci se réfugièrent en Po-
logne , et s'appliquèrent principalement au com-
merce des bœufs et des chevaux. Une chose digne
de remarque, c'est que jusqu'aujourd'hui, ils ont
conservé leur langue , la physionomie nationale , et
enfin leur couleur olivâtre et le poil noir, quoiqu'il
y ait pluà de deux cents ans qu'ils vivent dans un
climat qui ne produit que des blonds.' La tyrannie
accoutumée du gouvernement Moldave , a dérangé
fortement le commerce de ces honnêtes marchands.
La Gallicie ayant eu l'avantage de retourner sous
la domination autrichienne^S.M. impériale, toujours
attentive à favoriser les justes avantages de ses sujets
^ar l'intermédiaire de son agent dans la principauté,
leur a fait accorder, par le prince de Moldavie , un
privilège qui se trouve à la fin de cet ouvrage.
Depuis ce temps , ces marchands ont été plus tran-
quilles et moins troublés dans leur négoce.
Les buffles sont d'une grande utilité , surtout en
Valachie , tant pour le lait qu'on en tire , que pour
l'attelage des chariots. Cet animal ne demande que
peu de soins. Gomme il est également incommodé
par le froid et par le chaud , il faut qu'il soit dans
une étable très chaude j l'été il aime à se plonger
dans la fange ; ces animaux sont maigres pour l'ordi-
naire, mais il y en a de blancs qui sont moins désa-
gréables à la vue. Ils sont très féroces et capables
d'attaquer l'homme quand ils sont en rut.
Il y a de nombreuses races de chevaux en Mol-
(33)
diaviie. Chaque boyard a Une race , les uns de cenl ^
et d'autres de deux cents jtiments. Les meilleures
sont celles des Armj^iéns dont j'ai parlé ^ chacun
cherche à se procui^er de leurs étalons. Les couleurs
ordinaires sont le noir et le bai. Les races vivent tou^
jours en plein air dans des campagnes ouvertes. L'été,
les chevaux paissent Therbe traîche , et on les nourrit?
l'hiver d'herbe sèche, que les propriétaires ont soin
de mettre en réserve et d'amonceler. On donne
communément pour dix jumens tm étalon qui leisi
monte , leur sert de guide , de gardien et de patron^*^
Quand vient le temps des neiges, où les loups ont
l'habitude d'attaquer les troupeaux , les étalons s'en
aperçoivent de suite , et par leurs hennissemens ^ ils
rappellent les jumens et les poulains^ ces derniersi^
sont renfermés dans le centre: les jumens occupent
la circonférence du cercle, la tête tournée 'vers le
milieu , tandis que les étalons courent à l'entôur, et
reçoivent, à coups de pieds, les loups qui ont l'audace
d'attaquer le troupeau. Les plus beaux et les pïiii
vigoureux chevaux asiatiques qui ont vécu quelques
années dans une écurie, seraient incapables âe faire
une telle défense , et encore bien moins dé. désister
à l'inclémence de l'air ; c'est pourquoi les Moldaves'
afin de renouveler les races , se servent d'étalons •
d'Asie , mais seulement pour en avoir quel(Jues pou- '
lains qu'ils élèvent avec soin. Ils s'en servent ehJsuite
pour faire pion ter leurs jumens,, et lés. étalons qui
viennent de cette sèdonde génération j^. ^ïit déjà,
indigèneis ; ils le.s. introduit Jsqi \^ C^
k» »**i »—
(34)
lilieyaux résistent au cliii^t j, et n'Q^t: aucun dé&ut.
On a observe que y sans cette préc^utioi) ,, ceux qui
sont issu^ de chevaux turcs j, arabes , espagnole ^ etc.>
^ étaient plus beaux que Iqs naturels ; mais qu^ordinai-
rem^nt a . leur sixième année ^ ils commençaient à
deyç^ir pQ|i^i& ^ bpiteux^ et 90uvent même contre-
laits des quatre pieda.
Les cheyau;! d^ ]\Iol4aYie de;viennent assez grands
iqur être propres à la ^el}^ et à l'attelage. Us ont
|e belles formçs^ ];>caucpup de feu çt de docilité;
îb sqnt x^enommés pour la bonté de la corne du sabot.
t^ Prussiei^ ^ Iç^ Autrif^iiens les achètent pour
leur cavalerie légère.
Les ya^^v(ç$ pijt ÎQfXt négligé ces races > et pré-
tendent q.];e in^lgré tpi^tgs les tentatives qu^ ont
i^dtes avec les étalons, et )uipeus moldavea^ ils |n'ont
^^ais piiL obtenir de c|i€;v4ux de cette grandeur ,
4 ou yiept que les leurs $qnt petits en général^ mais
d'ailleurs plp^n^ de feu Qt capables de supporter de
grandes fatigues* \jqs meilleurs sont ceux des pâtres
de Transylvanie^ Qt parmi ceux-ci^ il s'en trouve
aexcellen^ qui ont ^aturellepient le pas prodigieux.
je me suis aâjsi^ré que les chevaux de Valachie et de
Moldavif^^ transportés en Asie ^ y deviennent meil-
leurs. U est probable que l'orge de cette contrée
qui est plus s^bstantieUe^ contribue à ce développe-
ment> tandis qu'au contraire^ de constantes obser-
Tations ont p;rouvé qi^e les chevaux turcs^ transportés
a Vienne ;p perdept subitement leur vivacité et le feu
*qui les distingue^ ce qu'il fiiut attribuer k la nour-
riture.
(35)
La supériorité qu'ont Les bestiaux de Valachie
sur ceux de Moldavie, pour la bonté de leur laine ^
et celle qu'obtiennent les cheraux et les bœn& de
cette dernière pour leur grandeur , vient de la difiFé-
rence des pâturages et dé la qualité des eaux qui
doivent fortement influer sut tous les animaux.
£n effet, les races de chevaux les plus distinguées
se Uttuveqt dans la haute Moldavie^ aux environs
du Prutfa. Q croit dans ces parages nn foin très
mince, de la bauteur de denx à trois pieds sur des
terreins secs et élevés. Au contraire, en Valachie,
le foin ne se trouve que dans des terreins humides et
bas ; il est plus long, mais a moins de substance , et
surpasse ordinairement en hauteur le chiendent , le
cerfeuit} souvent même , il est aromatique comme
U menthe , l'absinthe , la HUum convaUium ou mu-
guet, etc. De tout cela, on peut conclure que le foin
est plus homogène, plus convenable aux grandi
quadrupèdes, et que l'herbe menue vautmi^ixpow
les petits. Voilà pourquoi les bestiaux sont, en Vala-
chie, et les hoaufe et les chevaux en Moldavie, &
meilleure qualité. Indépendamment des chevaux
courageux que produisent les deux provinces , il j a
encore une grande quantité de chevaux ordinaires^
très bons et très utiles aux uaages domestiques, aiuii
que pour le commerce.
n paraît que les mulets et les âpes n'y réussissent
pas, car ils y sont très rares. Outre le bétail dont
|*ai donné la description, il j^a. encore dans les
deux principautés , surtout, eu Va^^^iv , une grande
(36)
quaqlité de pourèeaùx que l'on exporte en Tran-
sylvanie et eii Hongrie. Les bois produisent abon-
damment des glands pour leur nourriture^ et s'ils
viennent à manquer quelquefois , on y supplée pai* le
blé de Turquie. La cbaii* dé cés animaux est fraîche ;
elle n'est pas aussi délicate que dans les climats plus
tempérés^ mais en compensation, étant salée et fumée,
aile est bien meilleure et se conserve plus long-temps,
n y a dans les montagnes y un gtand nombre de
sangliers y cerfs, durs et bouquetins. Les chevreuils,
les renards > les Uèvres, sont répandus dans les
plaines j il y a surtout un nbmbr^e prodigieux de ces
derni<3rs.
Les paysans en prennent tous les ans en Valachie
trois cent mille, et en Moldavie > deui cent mille.
C'<estdans le temps des neiges qu'on fait la chasse
avec des chiens dressés pour cette espèce d'exercice^
et pltts'iia tombé de neiges , plus la chasse est avan-
tageuse. Ges animaux ne sont ni si gfands, ni aussi
beau^ que ceux de la Tartarie; mais ils sont passa-
blement bons , et cette espèce est l'unique qui se
trouve dans ces deux provinces. Il y a encore une
grande multitude de loups qtd deviennent dange-
reux pour les troupeaux j et même pour les hommes
quand ils sont ^enragés, comme cela est souvent
arrivé (i).
(i) £n Moldavie, le prince, afin d'exterminer ces animaux
«iamàssiers, avait accordé Une prime d'encouragement; pour
chaque' tête de loap. Leâ paysans en détruisaient un assez bon
ndmlM chaque année. ( Note du Traducteur. )
(3? )
Il estçboa d'observer dans ces contrées que les pay-
sans qui paraissçjit oaturellement timides, attaquent
les ours très courageusement. Les Tziganes (Bohé-
miens) ont un airt particulier pour dompter en peu
de temps les ours les. plus fiers, et leur apprendre
à danser propiptement. '
On rencontre (J^^ïisks forêts, des pourceaux déve-
nus sauvages, qpi ressemblent parfaitement aux san-
gliers j on les distingue seulement par leur chair qui
est blanche ^ et d'un trè9 bon goût.
CHAPITRE IX,
t
Abeilles.
Une des plus estimables et des plus riches pro-
ductions des deux provinces , sont les abeilles y car
la cire qu'elles donnent, est sans contredit , la plus
belle et. la plus . recherchée de toute l'Europe. La
quantité de cire: qu'on en tire est considérable , et
le deviendrait encore davantage>si la population
était plus nombreuse. Celle de Moldavie est,ià quelv
ques égards, supérieure en qualité à celle de V*-
ûchie, et particulièrement*»dans. les diiStricts où se
trouvent des forets de tillauls qu^ donnent une fle"ur
odoriférante^ nourriture très rebheiMîhée de ces nobles
insectes. . . -
XI n'y a pas de doute que ce. climat > ou plutôt les
terreins ne soient les plus propres aux abeilles
par la quantité , et la facilité ooi^ laquelle
(38)
elles se multiplient. U est certain que ^ quand la sai-
fon est favorable ^ uu seul esssaii» d'abeilles eu
reproduit^ dan^ un éte^ trente autres > et pour Fordi-
naire de dix st quinze. Les produits > cW-ànlire^
la cire et le miel se recuâUent au commencement
de l'ëtë et en automne. Les ruches sont dé la plus
grande, simplicité^ et ne sont formées que de troncs
d'arbres creuses. Iisimaniéxie de gouverner les^ abeilles
n'exige pas non plus de grands toins de k^ part des
paysans. A la fin de l'automne^ on détiiiit la plus
grande partie des abeilles , et l'on conserve dans des
cavernes creusées sou* terre, et appelées bordées ,
une certaine quantité d'essaims de ruches , daps les^
quelles on laisse le mid mdessaire pour la nourri-
ture des essaims. Quand l'hiver est long^ et que
les insectes ne peuvent sortîor dans la cattipagna > soit
à cause du froid ou par défaut de' p&ture, Ott leur
donne du miel. Les grosses pluies si fréquentes dans
le printemps^ les chaleurs excessives de' l'été q«i
détruisent les fleur» et dessèchent ks herbt^S/ font
du ^rt aux abeilles , et rendent leurs produits plus
rares. La cire verte de Moldavie est fibvt vantée pour
HOH odeur agréable et bsdsanadqœ; cfest de &it,
plutôt une ri^ine qu'une cire. Les abeilles la recueil-
lent am lea tilleuli, et des s'en servent foft indus^
^ideuaasaeitt et avec beaucdup de patience pour bou^
cher les trous extérieurs de la ruche. Les curieux la
recueillait, naàê en petite quantité , peur s'enséi^^ir
* de pat'fu^.
(39)
CHAPrraE x.
Oiseawx^ •
Les espète^ de voktijeà; qui se trôùvëiÀ érf ^vâ
grande quântitëi ébnt les {K^ûlfes d'éati, lèspérdriij,'
les cailles^ les'bïSëâuié/Iés outardes et leîr èoi*ïi(ëUlei^J
Ces oiseaut sbnt en g[raiid noiaikh dàn^tôtis lè^ lieux
habités j et font leurs nidir tof* lèh SAixÉè^ des égtisës
et d'autres g^îùids édifices. Us inoôminô^etlt ^ par
leurs cris y le voisinage^ et détruisent léi^ ^nièÀëës
par Iciit voracité. Poui* ï^à éloigner , iyà jjlàlifô
la moH çà et là ittt deâ échàlas. Les èigo^tféà^ iîé"
font leurs nids que sur les cottl^ôle^; éllêi^ di^'à-'^
ràissent FhfVer et tè^iéaûetik i:iéà les Mrdtrdellëâ au
printemps à leuirs ahéiéns nids , ôâ éHés d'épb'sëtit
leurs osufs; on iiô ieâ foùrméhte iitdlëtàétft^ p'âi^ce
Kfot on les begardie oôiÉaË^ de» oiseaux de bbn âU^ûre.
£!les noutrissèfÉt leurs pëtH^dë sëi^ëàii ët'd'ààtfès
reptiles qu'eH^ die^c^eM à^sià lés cathip^t^ileâ: Ûàâs
le Baoiat dd Qt^M^ ^ éh trouvé dés j[)6trlé^ dé Nu-
mifbej €ft qûëlifti^éiséès^ j^ottléé f^^
lès^ bëcassiiiesy èC ^éj^àîéméiit ftrtiies léiT és|>ecés
d'àiseadx ^tii se ti*éuiléiiit dahs* If^ autres ^nti*iès-
de r£til^^é>'lébëc^figtfeéxdè|>févSé'irôuVé'M
celles-ci. Les rossignols y sont si nombreux , q[u'oh
pourrait regarder les forêts de ces pays comme leui^
terre natale : ceux de YaUchie sont fort estimes pour
la douceur de leur chant. '^ > des plus.
(
( 4o )
àonX plaisirs que Ton puisse éprouver , de se trou-
ver la nuit^ au clair de là lune, au mois de mai ou
juin^ dans une de ces forets, La majesté des chênes
qui répandent une ombre confuse ; le bruit de leurs
feuilles agitées par un vent agréable , et qui paraît
s'u^r aux doux concqij'ls des rossignols ; le murmure
d'une eau courante fl)^ reflet des rayons de cet astre
<mi. tombent sur cç? objjBts ou sur un étangs une
solitude profond^ j,J[a. J^^apquillité qijie l'ame éprouve
ordinai|^ej|ieat ^u o^f i^tans^ tout présente à l'esprit
la scène la. plus jnerveill^use que- puisse offrir la
simple aature^ et peut-être un de ce^ momèns rares
et rapides de félicité qu'il ^qit permis à Thomme
de goûter ^ . çt que l'on chercherait inutilement dans
les spectaeles public^.. ; ; _,
La grand^ abondance des grains^ propres à la
»ou,|:riti||*e des vp][aiUes , perûaçt d'élever des poules ,
' dindons^ coloivilii^ji oie$^ caoatdjs qui s'y propagent
avec Une grande facilité^ et sont d'ua excellent goût.
On . trouvfs des paons dans les. couvens et dans les
mai^QU^ de£i boyards; X^jr,^aui$sd , dans les grands lacs
et dans, lei)|i^ubQ^ Aiif^ g^andç quantité d'oiseaux
aquatiques. On prend également > dans ce grand
fleuve ^;des( àgnes^ ^es oies sauvages^ des canards
jaunes de Turquie q[ai vivant facilement dans '. les
bai^-cpurs^ pourvu qu'ils aient de l'eau abondam-
ment,
( 4i )
CHAPITRE XL
Sauterelles.
Il semble que, par une inconcevable fatalité, les
pays où la nature est prodigue de ses dons,, soient
assujettis à quelque mal , qui mêle son amertume aux
doùcèxirs de leurs utiles productions. Les sauterelles
qui, cliaque année ^ inondent ces riches et fertiles
provinces, sont pour elles un vrai fléau. Malheur au
champ' et au pré où elles viennent se reposer ! La
verdure est détruite dans Tespace de quelques heures.
Les épis de maïs r\e présentent plus qu'une tige dé-
pouillée , et ces insectes n'y laissent que leurs prduï:es
qui noircit le terrein. Quand ils s'envolent, poussés le
plus souvent par le vent, ils ressemblent à des nuages
noirs qui obscurcissent les rayons du soleil.Le mou-
vement de tant de millions d'insectes ailés , cause
uiji bourdonnement désagréable; le bruit que font
les sauterelles en paissant, ressemble à celui d'un im-
mense troupeau de chèvres. Dès qu'elles sont entr/^es
dans les deux provinces , elles s'y établissent pour
plusieurs années, et errent çà et là jusqu'à ce qu'çnfin
elles passent le Danube, ou surmontent les Çarpathes,
et entrent dans la Transylvanie, où le gouvernement
a quelquefois employé des régimens entiers pour
les détruire par le canon et par le feu. La chose pa-
raîtra extraordinaire, mais elle est certainç. I^es j^Ut
terelles déposent ordinairement en automne
œufs sur la superficie de la terre , et se retirent
( 40
un bois. Au printemps , dés que les neiges sont fon-
dues^ et que le soleil commence à réchauffer la terre^
on voit le terrein s'éfiàouvoir, et paraître ces insectes
qui commencent à sauter et à chercher leur nour-
riture. l.e seul mdmëùf pdùr les détruire , c'est celui
de leur enfance , s'il in'ést {)érmîs de parler ainsi.
Alors les {)aysai)s , pà]^ ordre du gouvernement , s'as-
^mblenf munis de sâc^ ^ ëci^asent les sauterelles , les
ramassent^ les jétteùt daiis un fbsse et les recouvreilt
de paiUe. D'atïtrèfôis , si lé lieu est favorable ^ on se
borne à les cetnét avec dé laps^Ue^ à Jaq^elle dn met
le feu. Malgré toUs ces moyens , malgré toutes les
précaution;^ qtie Ton prend, et la guerre que ïeûr font
les eôf néilles et ïes étoûnieâux , il est impossible dé
les détrùîi^é entièlrëment.
Les sàtttérëilés , à ce qt^'on croit généralement ,
vidiitiéht d'Afrique^ et d'après les observations exactes
faites par M. dé Volney , en Syrie , on pense , dans
cette contreé,qû'elle's sontoriginaires d'Àrid)ie.. Quelle
que soit leur origine , il paraît qu'elles passent de la
Syrte dàfiS l'Asiè-Mineure 5 de U ^ dans le Kouban et
dans la petite Tartarié, d'où il est certain qu'elles ar-
rivéùtdans la Moldavie et dans la Valachie. Il est boil
d'observëi* qûé le ^oUvéméût progressif de ces in-
sectes desti*uctéûrs ép oêà eôntrées, se ait vers le
Danube qu'ils ôM coùtutoe de traverser par Un vtent
itfiipéttietix. Si le véht change, ou devient contraire
dans le ihoment du passage, elles tombent dans
l'eau , attendu ({ue leur masse né leur perinet pas de
faire volte &ce pôUr opérer un mouvement rétro-
( 43 )
grade ; aussi arrive ^ t - il souvent qoo l'on trouve
les cotes de hk mer Ivoire i^mplies de Sauterelles
nojëefi- (i).
CHAPITRE Xn.
P&UsoHà.
Les truites et autres poisse»!^ de oéUe espèce se
trouvent en abondance dans les rivières ; il y en a
également dans les lacs qui se multiplient à Pinfîni ,
mais la chair n'est pas si d^îieate^ Comme ces lacs
forment une partie de l'induâtrie et des revenus de
la population de ces provinces^ ils mentent une
description particulière. Celui qUi a un terrein bas
et enfoncé > comme il y en a beaucoup y dans lequel
se trouve> par hasard^ q^dlqtie source d'eau, et où,
^ ce défaut, on peut faire passer une rivière , ou re-
cueillir les eaux, le ferme i^Vec des pieuK de ohenëi
des fascines et de la terfe du coté où la pente est
plus forte , ce qui |prme Une digue trés^ solide. On
construit pour Tordinaire ^ àrextrânâté , Un moulin
pour le village et les lieux cja:convOisin$^ Quand le
(i) J'ai cité M. de Volney pour lui donner une preuve de
iAou ts&a»f le regasdaiit e<âftead' llfid^ué vb^àg^rttr qui a su
voir et réiléefair ^ et pottf ib iMttiéitie^, éit même teinps , de ce
qiifil ft dit ( page i^ ^de mo{i A^iM. Bruce , anglais^ àiiijuel
un grai^: nbinbvè. dîetmimà^ ont' dkj^ilA éon vdjrage en Abys*^
siiiie et aux Câtàraisi^s dtt Nil, tdjage 4m htà: à éèâtë q'Uafl^
années et des . ftlt^$!D[f?s uiCfojFUfileà.
M4)
lac est nouvellement formé y et qu'on y a conduit
une quantité d'eau suffisante ^ on y jette du poisson
qui se multiplie et qui ^ dans l'espace de trois ans^
devient très gros. On commence alors à faire sortir
Teau, et on prend -à la main ce poisson renfermé
dans un petit espace, au fur et à mesure que se pré-
sentent les acheteurs. Quoique le poisson se vende à
vil prix , le propriétaire d'un étang de cette espèce, en
retire eepeiidant mille et deux mille florins ^2600 ,
ou 5200 francs)^ '^
• Les Valaqueà et les Moldaves pouvant se procurer
du poisson si^coitimii^^tnent, ne se donnent pas la
peine de le chercher dans les fleuves. Ce sont^ pour
la plupart^ les Tur-cs d^ la Bulgarie qui font la pécKe
dans le Danube. Ce, flêtive est une source inépuisable
de poisson^ rat^s et de la meilleure qualité. H abonde
principalement éô truites et en esturgeons propre^
ment dits > et d'autres poissons sans écailles , çi'une
chair très blanche, et qu'on' appelle Morouna.(a^^
avec ces deuk poissons que l'on fait le caviar (i). On
se isert d'une ruse particulière pour preùdre ce pois-
son dans le Danube^ IW rivés de ièe fleuve sont très
basses éo^ Valachie; et très rapprochées au printemps,
quand les eaux commencent à se retirer^ on forme des
(i).Le caviar , est tw. espèce de fromage compose d'œufs
d'esturgeons. G)mme u est permis ^en manger pendant' le ca-
rême grec y il s'en &it une grande consommation et exportation
à Gmstantinoplei daûs les iles et dans toute la Russie. Il y
en a de deu3^ sortf s ^ . le noir et le blanc *, on dit le premier très,
stomachique. ( Note du Txadiictéur. )
( 45 )
tanaox entre le continent et des espèces de petites iles
qui restent dans ce fleuve. Les pêcheurs bouchent
avec des roseaux les embouchures de ces cauaux > le
poisson ne pouvaftit plus en sortir^ quand les eaux
viennent à se retirer, on le prend très facilement , on
le sale et on le fume.
On prend encore des tortues amphibies que .l*oil
conserve et que Von nourrit de chair de chèvre dans
des fossés jusqu'au mois de septembre. On les trans-*-
porte ensuite dans des sacs en Allemagne^ sans leur
donner aucune nourriture dont elles peuvent se pas-^
ser tout l'hiver. «
Vers le mois de juin, on trouve une certaine espèce
de poissons qui remontent le Danube jusqu'à Vid-7
din ; ils ressemblent aux harengs } étant fumés ^ ils
ont la même apparence et le même goût^ Je suis per^»
suadé que si cette partie du Danube se trouvait, sous
la domination de quelque puissance de la chrétienté ,
la pêche deviendrait une des plus considérables et
des plus utiles branches de commerce^
CHAPITRE Xm*
Minéraux^
Il n'y a peut^tre pas de sol en Europe aussi abon-
dant en nitre que celui des deux principautés. C'est
une question de savoir si cela vient de la grande
quantité de bestiaux qui s'y nourrissent et qui pais-
sent de tous côtés j si ce sont les neiges qui le dépo-
sent; d'autres causes^ ou enfin une disposition parti*
(4<i)
GuUèr^ du sol ; j'en abandonne Pexamen aux natùra-»
Ustes. Il est de fait qu'ea Moldavie^ surtout dans le
yoi$ipagç du Niester aux environs de Sorocca ^ il se
flibiique une grande quantité de nifre saqs beaucoup
de peine et avec peu d'industrie. Les individus em^
ployés à ce genre de travail m'ont assuré qu'on voit
çlairem^it par lea vestiges d'écuries qui existent en-
core^ que ces lieux ont été autrefois trè$ peuplés. Le
prince est tenu d^envoy^ obaque année à Gonstan-
tinople vingt mille ockes (i) de nitre j les Juifs polof
Bais en exportent beaucoup en contrebande , et
l'échangent contre de l'eau-de-vie de grain. Le gou-
dron naturel y est fort abondant ; il y en a de deux
sortes s l'un noir, l'autre rouge. On le recueille pres-
que sans dépense^ par le moyen de fosses creusées à
quelques pieds de profondeur} souvent on rencontre
une veine de ce bitume liquide ^ pur et plus ordinai-
rement mêlé d'eau. On vef se le tout dans des tonnes^
et avec une grande cuiller de bois on recueille le
bitume qui surnage k la superficie.
Le goudron rouge qui est une espèce d'asphalte,
pourrait être de quelqu\isage en médecine puisqu'cm
l'emploie, sans aucune préparation, pour les maladies
des bestiaux. Il sert, en général, pour enduire les
rpue^ 4es yoUures et pour éclairer la nuit dans les
eour^ de^ bpya,?djs* i
Ces sources £Uinonoenk la présence de minières de
(i) L'ockft de CoiulantiBople pèse , k peu ]prèa, deux livres
«I àfimù de Fnmce. (Nota dn Tsaducteur. )
(4?)
cWl^oa fossile^ comïPve^ ^ ?*€|p trpuye ep effet dans
le voi^ii^age 4^s fmne§ de »el; m^is elles sont entière-^
ment oégligee^^ et Toii trouve quelquefois des mor--
tieaux de ct^rl^qn dan? \e sjsj geiimte.
J'ai vu daqs le^ »^aîp9 de quelques particuliers des
morceaux d'apil^te jaune trouvés sur la superficie
des vallons. Cette matière est prpbablemeqt une es-
pèce (f asphalta GQudensee^ reste ^ savoir si la mu-
tation est opérée par l'impression de l'^ir ou p^^r la
chaleur sputerraiqe dans les grailles de la terre.
J^avoue k regret que, d'un coté, mes occupaticms
ne m'ont pas laissé le temps de in^appUquer à l'exa-^
men, sur les lieux > des nombti^eu^^ et cuiieux phéno-t
mènes quq Vo% ve^ço^Xvç dap« ce pays y et que^ de
Vautre ^ mes coqnaiss^pçeiç snr ces sortes de matières
ne me perm^t^nt ps^ d'ep-parler ex professa. Je me
borne à l'aconter et à décrire le^ choies telles qu'elles
paraisi^nt aux yei^x du tulg^ûre, sans entrer dans au-
cunes discussiqn^ ni recherches philosophiques.
Les monts Carpat]ie$ qui^ pomme jel'ai déjà exposé^
sépu*ent la Y^dacl^iie et l$i Moldavie de la T#ansyl-!>
vanie et du fianat de Témeswar^ sont une ramifica-
tion des Alpes qui> continués par la Bulgarie^ et
réunis au mont Hémus^ vulgairement appelé par les
Turcs J^alkanj vont se perdre dans la mer !Noire. La
hauteur de ces montagnes est prodigieuse. Il fatut
ordinairemeqt à un cheval un jour et demi d'été pour
monter de la plaine jusqu'au passage qui conduit en
Transylvanie. Les sommets sont cnM "^
ton jpurs couverts de neiges qui fonÂ
( 48 )
les mois de juillet et d'août. La contexture des mon-^
tagnesparaitd'ùrie pierre calcaire qui tire sur le rouge
et qui a peu dé cotisistance; il^e trotite cependant
des veines plus dures qui ressemblent au marbre. Les
naturels du pays ëtànt fort peu curieux de pénétrer
dans rintérièur de ces montagnes ^ on ne sait rien de
positif à l'égard des productions du régné minéral.'
On trouve en beaucoup d'endroits des traces de vol-
can, et un site câèbre et des plus fréquentés qui sert
de passage entre 1^ Valachie et la Transylvanie, con-
serve encore aujourd'btd le nota de Volcan. On ne
trouve en presqu'aucun endroit la pierre nue, par-
tout les couches de terre sont élevées, propres à la
végétation, et produisent, où de riches pâturages
mêlés d'herbes aromatiques, ou des bois très épais
des différentes espèces d'arbres dont nous avons déjà
donné la description.
Dès que les neiges sont disparues dans les vallons
et dans les terrains bas, c*est-a-dire, vers la fin d'avril,
la pâture se développe avec une incroyable célérité,
et les filantes et les arbres commencent à verdir. Au
nlois de mai les sites qui, peu auparavant, n'mspi-
raient que l'horrcfur et frappaient dé terreur, devien-
nent agréables et charmans, parla variété dé leurs
positions. Des fleuves très rapides serpentent dans les
vallons tortueux; il n'y a pas une colline quine donne
une ou plusieurs sources d'eau limpide. L'ombre des
arbres, le parfum des tilleuls fleuris, et des herbes
aromatiques que foulent les chevaux et les roues des
voitures, les troupeaux paissant çà et là ; l'aspect deè
(49)
des villages toujours situes là où le terreia forme une
plaine ; les cabanes de pasteurs éparses sur les cimei
des monts ^ le silence et la solitude qui régnent dans
ces asiles ; tout concourt^ à i'enyi, pour csiuser au
voyageur de la surprise et du plaisir. Si l'on ajoute
a tout cela l'impatience naturelle à l'homme de fixer
de nouveaux objets ^ qui naissent sous ses yeux^ ou
un mont; une foret; et souvent encore la surprise de
voir^ sous ses pas^ un précipice que l'homme le plus
hardi ^ mais peu accoutumé, à un tel coup d'œil, na
peut considérer sans firayeur^ on aura de suite une
idée du spectacle^ tout à la fois agréable et horrible^-
que présentent les G^rpathes. Les nuages qui s'arré^
tent ordinairement aux deux, tiers de la montagne p
occasionnent souvent dans les vallons des pluie»
d'été, mais elles durent peu.
Ces montagnes renferment dans leur sein diverses
mines de métaux précieux et comnnns. Gomme ces*
mines n'ont jamais été exploitées dans les temps an-
ciens à cause de la rusticité et de l'ignorance des
princes de la nation^ et qu'elles ne le sont pas-
davantage aujourd'hui de peur de l'avarice des«
Turcs, on ne peut ni s'étendre sur ce point, ni parler^
avec quelque précision de l'importance et de la ri-^
oh esse de ces mines.
On peut cependant exposer les conjectures lesplosr
probables. D'abord dans la partie des montagnes qui<
sont situées au nord et qui appartiennent- a la Traii*
sylvani^ on en tirie journellement de l'or et du fer, et
dans beaucoup d'autres endroits de la partie oppo-
4
( 5o )
àée, On troure tous les indices de tùineraiùxi^.lâi plu-?
part de» eaux sont imprégnées de parcelles de diverse
métaux. Dans tous les fleuves on trouve des paiHettes<
dSr mêlé d'un peu d'argent, Ce sont les Tziganes
<jui recueillent ces parcelles d'or; chacun d'eux est
obligé d'en porter une dragme par an au trésor du
prince. Des minières de fer qui se trouvent dafts
Fahgle delà Moldavie, et qui appartiennent à l'erti-
pereur d'Autriche, ont été exploitées et mises en pleitï
i^apport dans le siècle dernier. Les seules mines qui
s'exploitent actuellement dans les deux provinces
sont celles de sel. Elles fournissent abondamment de*
cette denrée, non seulement la province , mais encore
les pays circohvoisiqs. Il est à présumer qu'elles sont
creusées depuis plusieurs siècles. Celles de Yalachie
fournissent la Bulgarie, la Servie^ et une partie de
la Bosnie. La Moldavie approvisionne la Pologne
mé^idionale^ surtout depuis que ces mines sont pas-
sées dans les mains de l'empereur d'Autriche.
On creuse ces minières fort profondes 5 les mi-
neurs y pratiquent deui ouvertures^ l'une perpendi-
culaire et l'autre oblique^ On place à une certaine
{Profondeur , dans l'embouchure de la première ^ une
grille de fer sur laquelle on brûle une grande quan-
tité de bbis^ pour changer et purifier l'air de la mi-
nière } l'autre sert d'issue.pour les ouvriers. Les tra-
vailleurs sont de deux espèces) l'une se compose de*
gens libres qui exercent ce métier par hérédité^
l'autre comprend les criminels qui sont condamnés
aux travaux pour de graves délits. L'existence de ces
(51)
sortes dé getls est de courte durée ^ et la couleur de
leur teint est un indice de leur mauvaise santé.
Os taillent des morceaux carrés de sel minéral d\k
poids d'un quintal^ on les tire dehors, par Touvep-
tujre perpendiculaire au moyen de cordages adaptés
aune peau de bœuf très dure.
Les mineurs, afin de travailler dans les excavationsy
pratiquent des chemins très vastes soutenus par des
pilastï*es, et dont le temps et l'expérience leur ont èn^
seigné la construction. Il arrive souvent qu'ils reux^
contrent une source d'eau qui rend la minière ou in*"
commode ou impraticable, et l'inondation est quel-
quefois si soudaine que les mineurs n'ont pas le temps
de fuir; mais elle est ordinairement précédée d'uit
bruit souterrain qui les prévient un jour ou deux
d'avance j tout le fossé se rempUt d'eau qui , avec le
temps^ se coiàvertit en sel, à ce qu'ils prétendent*.
Gela est d'autant plus vrai que l'on renconUft sou-,
vent dans le sel des os y des outils en f^r et autres
ustensiles ordinaires aux travailleurs.
CHAPITRE XIV.
Eiat actuel du. commerce dans les deux princi^
pautés.
. On voit, par tout ce qui vient d'être exposé jus-
qu'à présent y quelles sont les richesses naturelles et
les divers produits de ces pays , et combien il serait
fadledé les augmenter, ainsi que le coiïimerce et les
4*
(5a)
Êi)>riqttès; mais par le Vic« de leur constitution poli^
ti((ue^ Vun est très précaire , et les autres n'existent
point dé fait Ces deux choseajqui sont incompatibles
avec le despotisme, ne peuvent jamais exister que
là où régnent réellement la liberté^ la justice^ et la
sûreté personnelle. L'expérience a démontré que le
commerce ne fleurit que dans les pays oà^ après avoir
posé' pour base ce& pcemières et indispimsables con-
ditions 5 oa a encore Favàntage de tsovnrer daat bina-
tion ou dans.une société dfhoBmies.réuzii&^aa certain
intermédiaire entre le riche, propriétaire foncier et
le malheureux cultivateur cfii fermier. H feuil que te
dernier ait une éducation proportionnée à son état ^
qu'il fasse usage de sa raison-^ et que le désir naturel
d'améliorer son* sort stimule son industrie^ et l^cxcite
à se procurer l'aisance par le commerce et d'anlnre»
moyens industrieux et honnêtes. Si l'on jette un eottp
d'œil fltf les nations modernes les plua célèbres par
leur grandeur et leurs* riches^es^ onr verra* que toute»
ces cfrconstances y concourent plus ou moins^ oa qiie
cette grandeur est toujours en raison de leur réu<^
nion plus ou moins grande^ Or' ^ il ne se trouve en
y alachie et en Moldavie que des monastères et des
boyards; des propriétaires et des colons^ esclave»
soumis y les uns et les autres^ 4 un despote esclave
lui-même d'un tyran.
Tout le commerce et les petites manufactures de
première nécessité se trouvent dansi les mainâ des
étrangers. De ce nombre^ les Grecs qui viennent de
FAlbanie ou delà Macédoine sont en première ligne ;
( 53 >
^ienneot ensuite quelques VaUques d« la TransjU
vani«^ pais les Arméniens et les Juifs de la Gallicie*
11 faut, avant d'en donner une idée quelle qu'elle
soit, prévenir le lecteur que la Porte-Ottomane en-^
tend et prétend se réserver pour elle et principale-
ment pour l'approvisionnementde Constantinople(i ),
au prix qu'il lui plaît de les taxer, tous les bestiaux
tels que (es dievaux^ bœufs ^ moutons ^ et tous
les comestibles comme le miel, la cire, les grains, le
beurre , le suif, et le fron^ige , et qu'ainsi il reste peu
de CCS denrées à transporter dans les autres états.
Dans i<;s firmans ou commandemens que la Porte
esppédie aux princes pour avoir des provisions , elle
appelle les deux provinces le magasin ou grenier de
Constantinople , et elle en tire en effet une bonne
partie de ses subsistances, $i jamais tes deux princi-
pautés passaient dans les mains de quelque puissance
chrétienne , il est certain qu'elle retirerait de grandes
sommes de la Turquie pour la vente des comestihle$
nécessaires à l'approvisionnement de 6a capitale,
(i) L'approvisionnement dp Cgnstantiiiople est immense
et se fait par trois canaux principaux; i^ p^ir les iles de
l'Archipel ; st^ par la Valachie et la Moldavie ; 3^ par les pro-
yîncea asiatiques les plus voisines de la^ mer de Marmara. Les
deux premiers approvisionnent la capitale chacun pour quatre
mois de l'année environ ',1e dernier est celui qui donne le moins.
On concevra facilement^ d'après cela^ de quelle importance est,^
pour la Poite-Ottomane ,1a conservation de ces. provinoBij
lies ,et à quelles fiicheuses extrémités elle se trouverait F
si elle était privée de ces ressources qui font plus d«*'
de la consommation de la capitale de l'empire. (
(54)
' he. numéraire qui circule en aboftdance dans lés
deux provinces^ consiste çn sequins ou ducats de
Hollande et piastres turques qui sont moitié cuivre
et moitié argent (i).
- Maigre tout. cela personne ne peut réellement se
dire rioliê , parce qu'au bout du compte tout va dans
le trésor du prince et de ^es Grecs, et pass^ de là à
CoDstantinople d'où les marchands qui viennent -de
la capitale ppur acheter des denrées, le rapportent
ensuite. L'armée russQ y avait laissé beaucoup d'or
et d'argent de JloUande qiù disparut ep moins d^une
année (a).
. , Comme il a été stipulé digîs le traité de Kaynardzi
que la Russie serrât libre d'avoir des consuls où il lui
plairait, et comme les mêmes clauses existaient. à
l'égard de la maison d'Autriche par les traités antér
rieurs , les deux cours impériales résolurent d'en-r
voyer leurs ageps e^ Valaçhie et en Moldavie, Mais
(i) Il oixcule également des rouèiés on petite pièce d'or qui
vaut 2 pias.tres çt trois qiiarts \ d^s makfimoudiês ou pièces d'pr de
la valeur de a5 piastres ; enfin des besçheliqi^es , pièces d'ai^eiit
£e la grioi^ur d'une pièce de $ francs , qui valent 5 piastres.
Quelques mpunaies d'Allemagne telle que le laubthaler o^ pièûe
d3 6 francs^ les pièces de ao kreutzers et dçs tlialeris d'Italie
y qnt cours. ( Note du Traducteur. )
(2) Toutes les fois que les armées russes passent ou séjomv
lient dans les principautés , elles les enrichissent^ au lieu de
\t% olpèrev , et y laissent beaucoup de numéraire, Après la cam-r
pagne de 1813. les finances des deux provinces étaient dans \3f\
^tat très florissant. ( Noie du Traducteur. )
t 55 )
celle ianovalion éprouva de grandes oppuMÙons delà
part de la Porte , dont la politique est soupçonneuse ,
rusée et pleine de défiance. Les princes pieToyant
que cette mesure imposerait un frein à leurs extor--
sions> ont beaucoup couli*ibué à entretenir la Porte
dans ces dispo^tions. Enfin en 178*^ les dçux consuls
s'établirent^ à la grande satisfaction des indigènes
qui pensaient que les princes deviendraient plua
DM>dérés dans leur administration et dans leurs «i^ao^
lions , oe qui serait peut-être arrivé sans la guerre
qui éclata bientôt après (i). Les Grecs pour se con-
soler du déplaisir qu^, leur causaient ces hâtes ^ en out
tiré parti du c5té de leur vanité. Les consuls furent
reçus avec toute la magnificence que les grands sou-
verfons ont coutume de déployer lorsqu'il^ reçoivent
les ambassadeurs. Le consul, précédé des troupes du
pays, dans un carrosse de* la cour traîné par sis
chevaux , suivi de$ personnes de sa nation , était in*
troduit chez le prince, qui ;^ assis sur son trône, )e
recevait , environné de tous les grand.s officiers de sa
(1) L'itabllssemeiit des consuls, et surtout àe celui de Russie^
a produit ui^e grande amélioration dans quelques partie» de l'ad-
ininistratipii , parce quç comme par le traité précité « la cour
oltomaue çeoiseut que , dans le besoin , les QÛi|iciU*es de la cour
impériale à G>n8tantiuQpIe lui fuissent des représentations po«r
le bien des principautés , la présence d'un cqusuI releuail dans
le devoir les agens de l'autprité qui auiiai^nt craiut que \(u
ministres ne fissent 4^^ plpintes à la Porle \ imle irœ» Lea
princes furent ensuite obliges de recevoir les C4>ns«ls russes
flfi»!^ les principiiulés.
( Note Ju Tiadiirlf m*. )
(56)
cour. Ensuite venait le Divan-eflTendi qui lisait Fordro
du Grand-Seigneur de reconnaître le consul^ et de
le ikire jouir des privilèges et inununités accordés
par les traités entre les deux empires. Ensuite le
prince complimentait le consul et ffiis«4t rendre les
honneurs à ce fonctionnaire qui retournait cheî luk
dans le même ordre (i). Les cérëmonies se termi-»
naient par un g?ila don^é 4 toute k suite. Afi^ d^
rendre plus intéressantes ces observations, j'ai Jugé
^ propos de joindre ici U traduction du firman qb-
tenu par la cow de Vienqe , lorsqu'elle , noyoïma et
envoya dans les deux principautés un agent géné-^
rai qui avait sous lui divers officiers civils et iliili*-
taires (a) , non seulement pour protéger et assister
le commerce des sujets autrichi^iui, niais encore pour
(i) Caa cërémamea qui se passaient dans k salle du divan ,
consistaient dans lu réppnse improviaë^ que faisait le prince
au discours du pànsul ^ Içs confitures , le caft, et !# pipe qu'il
lui faisait présenter^ et qui, d'après l'usage oriental , est le plu4
grand honneur que l'on puisse faire à quelqu'un ; enfin à faire
|)aif tuner sa figure et ats liabita d'essence de rose d'après- le
uiéme usDge, ( Note du Traducteur. )
• (9) La Prusse ayant , dans ses traités avec la Porte, stipulé
qu'elle pourrait avoir d^ consuls partout où les «utres poi»-»
sauces amies en iivaient , le prince de Yalachie , en vertu d'un
beyrat ou finnan , reconnut en cette qualité M. Marcus qui
fut consul ^ Bucharest en 1818 , et qui , après sa mort, arrivée
en i8ao , fut remplacé par M. le baron de Krenchely , homme
vraiment^timable sous t .us les rapports. C'est tm hommage
que l'amitié se plaît à rendre à la vérité. La France avait aussi
dans 9»^ derniers temps im consul à Bucharest. (Note du Trad.)
( 57 )
entretenir les relations qui ont ordinairanent lien
cnti^e des pays limitrophes,
CHAPITRE XV.
Exportations qui se font pour Constantinople,
Tous les ans au printemps ^ les marcliaiiicU grecs
munis de firmans de la Forte^vieunent ^dans les deux
principautés, acheter le^ moutons dont ils eulévent
pinq à six cents mille qu'ils paient au prix qui leur
convient , vexant , 4U re3te , et opprim^int les patres
selon leurs caprices et sans que les princes ou d^aur*
très fonctionnaires osent s'y opposer, attendu qu'ua
de ces marchands retournant à Gonstantinople , est
capable de crier au milieu du marche, que la' prince
de Yalachie ou de Moldavie est un traître qui
s'entend avec les Russes et les Allemands , et qu'il
entrave la vente des moutons , afin de £ûre mourir
de faim le peuple mahométan. Comme une action
de cette espèce est très facile à faire et qu'elle
causerait, à Gonstantinople, un soutènement qui
pourrait faire déposer le princo ou lui coûter U
vie, personne n*ose réprimer ce désordre (i). J'ai^
remarqué que ces marchands, quoique grecs,.
(i) Ces abus cvmiM «ivsuent cewé depuif quelquo temps per
les raisons que j'ai exposées plus bauL Cette branche de re*
veuu de la province s'était même fort amélioré , derniàrement
eu Moldavie , attendu que le prince avait , en 1820 , mis
l'adjudication dç cçtle fourniture à Teiicbère et qu il était ré?
(58)
font ceux qui humilient l'orgueil des princes , et
ise croyent d'importans personnages^ étant ap«-
puyés par les janissaires auxquels ils fournissent la
ration de viande ; de plusieurs grands seigneurs } du
chef des bouclieriesy et du Grand-Seigneur lui-
même. H^ yoa encore une autre espèce de marchands
appelés capenleiy du nom du marché où se vendent
en gros à Gonstantinople les provisions. Ces mar*
dhans fitout une ' association de Grecs et de Turcs.
Ils viennent avec des lettres du grand-visir et achè-»
t^nt lejfroiïiage^le beurre ^ le suif^ la. dre^ la viande
funiée^ etc. (i) au prix qui leur convient. On égorge
dans les deux principautés environ quatre-vingt miÛo
bœufs et vacheis,et qn grand nombre de chèvres
dont on fait bouillir la chair dans de grandes chau-
dières jusqu'à ce qu'elle soit entièrement consumée.
On en recueille le suif dans une outre faite de peau
de bœuf ; <^qué .millier donne ordinairement un
quintal de soif ^ sans l|i moëUe que l'on retire^ et qui
suite de ce mode de concurrence un bénéfice réel au pix)fil des
babitapg. Quant .aux vexations dpnt parle fauteur > ce prmce
poor les éviter avait çxigé dçs çntrepreneurs qu'ils répon-
dissent de la coniduile de leurs préposés à cet égard , et ce point
essentiel faisait lUie des clauses du contrat d'adjudication,
( Note du Traducteur. )
(i) Ces capenlel forment une corporation privilégiée qui fait
beaucQup de tort aux paysans , tant parce qu'ils ont le com-
merce excliisif des denrées et comestibles ; que par les msef
qu'ils emploient pour se les procurer à bon compte y et par
les monnaies altérées dont ils se servent pour faire leiu*s paie-
mens. ( Noie du Traducteur. )
fundue séparément se conserve dans des barils. Les
Turcs qui demeurent au-delà du Danube , prennent
pour leur usage un grand »ombre de bœufs.
Eb'été abordent dans Icsportsde Galatz et d'Ibraïl
situés sur les rives du Danube^ grand nombre de
bâtimens Turcs appartenant aux relaps qui naviguent
de Trébizonde et qui sont tous janissaires y la plus
insolente canaille que l'on puisse imaginer y capable
de se livrer à toutes sortes d'excès , se faisant une
gloire d'assassiner pipr trahison. Les Valaques et les
Moldaves sont obligés d'envoyer tous leurs grains à
ces deux marchés où ces espèces de marchands les
achètent y à leur manière , tant pour le poids que
pour la mesure. Les pauvres paysans sont fort con-
tens pour l'ordinaire , quand ils peuvent retoumèr
sains et s^ufe à leur chaumière, et ils sont fort heu-
reux quand ils y rapportent un peu d'argent, hà
peste contribue encore communément à rendre le
séjour de ces deux ports plus funeste dans cette sai-
son (i).
(i) Ce redoutal^e fléau afflige aussi quelquefois les deux
provinces; immédiatement après la campagne de Russie en
181a et la entrée des Turcs dan» les dçux principautés, 1^
peste se manifesta à Bucliarest et dans la Yalacliie, d'une ma-
iiière effrayante. Cette terrible maladie emportait journelle-
ment un grand nombre de victimes. Elle &e montra aussi* en
Moldavie ^ diverses reprisea depuis oette époque , et s'était
étendue jusqu'à Jassy où elle se cachait sous la larve d'une
fièvre endémique. En 1819 , 1® prince Soutzo qui venait d'ê-
tre nommé hospodar, fit de suite, de Conslantlnople où il
était encore /établir des lazarets; et les sages précautions sa-
CHAPITRE XVL
Exportations qui se font pour lu chrétienté*
Nonobstant les prohibitious de la Porte-Otto-r
mane^ la Moldavie qui possède une grande quautita
4e chevaujc courageux^ et d'autres plus ordinaires^ en
fait passer en Pologne près de vingt mille par année.
Ce commerce s^ fait ordinairement par Mohilow ^
ville de FodoUe sur le ISiester^ où le roi de Prusse a
un officier supérieur qui achète un assez^ bon nombre
de cbevaux de toute espèce. L'empereur d'Autriche
Cil f9,it acheter $iussi beaucoup et ordinaii^ement dans
les races même où il fait choisir .les meilleurs^ qui
se payent de treize à quinze sequins et qui sont des-*
tinés aux hussards. Les Arméniens delà Gallicie dont
j'ai déjà parlé ^ transportent ^ par l'Allemagne, et
surtout par Breslau, cinq piille bœufs gras et six
mille vaches. Les Grecs établis à Jassy ou à Vienne
achètent cinquante mille oques de cire^etlês Juifs de
Brody, deux cent mille peaux de lièvres qui s\ ven-
dentdepuispeu d'années cinqu£mtepiastreslecent.Les
Eusses achètent les meilleurs vins que les Grecs éta-
blis dans ce pays font passera Moscou. Lesprincîpau](
articles 4e commerce qui> de Valachie, passent en
Âllcmagnei sont les laines fines au nombre de plus de
Jnitaircyi qu^l'on prit et que l'on suivit avec rigueur , éteigiiireul
pe 0éai| deatructeur ranace suivante.
( Note du TraductHU\ )
mille balles^ les cires , les maroquins, les pourceaux^
et, en Transylvanie, les laines ordinaires, le vin, et le
poisson sale du Danube.
Un gouvernement vicieux et oppressif entraîne
mille desordres à sa suite, et quiconque a le mal*
heur de vivre sous un tel joug en éprouve les funestes
effets. Toutéd les provin<^d soumises directement ou
indirectement à la tyrannie ottomane , sont dans ce
cas; les plus grands comme les plus petits sont égaler
tnent exposes aux effets de ce despotisme. Les grands
étant plus voisins de la foudre, peuvent à chaque
instant en être pulvérisés ^ le faible et le cultivateur
étant, en géiïéral , plus éloignés du volcan ^ ne sont
pas si fort exposés à perdre la vie , mais il semble
qu'ils no jouissent de l'existence que pour travailler
continuellement et se voir ensuite enlever le fruit de
leurs sueurs et de leurs travaux. Le malheureux cul-*
tivateur de la Yidachie et de la Moldavie, obligé de
débourser à chaque instant de l'argent pour ses con^
iributions et 4^ taxes assez fortes sur toute, espèce
de production ^ a recours a ceux-mémes qui les oat
préparées. La crainte d^étre bâtonné, incarcéré^ et de
se voir ravir par les maias cruelles des exacteurs, ses
instrumens aratoires et ses bœufs seuls^ compagnons
de ses fatigues , et enfin le seul moyen de pourvoir à sa
propre subsistance^ l'empêche de réfléchir et d'exa-
miner à quelles conditions il emprunte pour se pro^
curer quelque argent > il s'engage et cède, par ahtir-
eipation, tout le produit qu'il attend de ses tevtèé
pendant l'année ; le grain qu'il a semé , la vigne qu'il
C 6a )
à Cultivée, la are de ses abeilles , la laine dé scâ bYe*.
bis, le veau, le poulain, rien de tout cela n'est plui^
à lui. Tous les produits, à peine recueillis ^ passent à
l'avide créancier ; Les princes emploient la -plus
grande rigueur dans la saison que les fruits delà tei^re
mûrissent) et ne laissent pas aux paysans le temps de
les vendre j de peur qu'ils ne détournent ailleurs l'ar-
gent qu'ils en retirent. Dans le ménie temps les mar-
chands grecs et épirotes sortent avec des sacs remplis
d'argent, et parcourent les villages pour offrir -des
secours à ceux qui en ont besoin; ils examinent la
quantité des produits et l'estiment par anticipation,
à lin prix très vil» Si la grêle, ou toute autre intem-.
périe de la saison ^ ' trompe les espérances des culti-
vateurs^ et si la quantité de la marchandise ne re-
pond pas à la somme reçue comptant , ils restent
débiteurs pour l'année suivante. S'il leur survient ^
dans l'intervalle, de nouveaux besoins^ ils ont re^
cours . au marchand pour se procurer de l'argent et
s'engagent à de fortes usures pour l'ancienne et la
nouvelle dette. En un mot> le cultivateur se trouve
en peu d^années , dans la nécessité de travailler et de
suer toute sa vie pour autrui ^ et à peine lui reste- tp-il
de quoi vivre médiocrementi
Avant la guerre ,.les Turcs qui habitent au*delii
du Danube , étaient devenus au moyen de ce com-,
mer ce, les patrons des deux Provinces ; sous.prétei^te
de se faire, rembourser les deniers qu'ils avaientpré-
tés , ils s'établissaient dans les maisons des débiteurs^
usant librement de leurs personnes 6t de leurs moyens
d'existence.
Tous les peuples qui ont inondé l'Europe dans
les premiers siècles de Fère chrétiome ^ ont générale^
ment réduit en esdxvmge les nations concpiises. Les
Sli^es ont usé de ce privilège plus que tous les autres^
témoins la Russie et la Pologne qui conservent encore
aujourd'hui ce barbare usage ; ce n^est que sur la fin
du siècle dernier que la Bobéme et la Moravie ont été
afiianchies par rbumanité de Marie Tbérèse et de
Josepb IL L'usage du servage introduit proba-
blement par les Slaves y s'est conservé en Valacbie et
en Moldavie jusqu'en I774> ^Jolb Constantin Ma-
vrocordato abolit la servitude , sans faire donner ou
accorder à ces nouveaux afiranchis un tenrein en
propriété^ ce qui eut été très praticable^ si lesopéra*
tions de ce prince eussent été dirigées par la raison
et l'équité.
Les deux provinces avaient alors d'immenses ter^
reins qui appartenaient aux princes ; et si ^ au lieu de
donner les moins peuplés à ses favoris comme il l'a
fidt ainsi que ses successeuts^ illes avait distribués aui;
cultivateurs qui sont peu nombreux en raison du
sol y alors ou les propriétaires des terres les au-
raient cultivées eux-màmes^ ou ils auraient été aban-
donnés de tous leurs colons^ qui se seraient trans-
portés sur les terres qui leur étaient ôfiG^rtes^ k titres
de dons gratuits^ par le prince. De cette manière la
liberté qu'on leur a accordée n'eist qu'imaginaire , et
l'agriculteur en cultivant un tcrrein qui ne lui appar-
tient pas^ est contraint de partager avec le proprié-
taire le fruit de ses travaux ^^ tandis que ce dernier^
( 64 )
certain d& sa subsistance > ne se donne pas la nioindre
peine pour le faire mieux fructifier^ s'abandonne k
l'oisiveté et seinéle des intrigues de côur^et^imbu des
maximes d'a^rice et d'oppression y trouve le moyen
d'acquërir de Fàutorité pour mieux vexer le mais-
heureux cultivateur ^ ses térires.
Danaila situation actuelle des choses le nonibre des
prapriétaireis^ déduction faite des coùvens. qui pos-
sèdent un tiers^ des deux provinces ^ est très restreint^
de sorte que» si elles passaient sous un gouvernement
juste y les bo jards deviendraient en peti de temps les
plus TUites paJrticuHers de FEurope (i)»
TouMto les monnaies qui ont cours dans les autres
ëtats de l'anpîre ottoman^ passent également dans
ceus»-ci (2)..Les poids et mesures sont les mêmes. Le
quintal est de quarante-quatre . oqUes qui cor-*
respond k cent livres de Vienne. Cependant les mar«
cfaands qui achètent des indigènes les divers produits
de la principatiLté^ se servent de poids et mesured
à la rcNDiaîiie^ ^ui donnent un avantage de six k dix
^i) 3é ne soi» pAs de Pavis âe Tauteur^ car Messieurs Teêr
boyaxdts neîoiiiidexit sous encan des gouvemem^is %VLTapbènê
des dmtset privilèges dont ils )<missent sous celui de Turquie.
Aus beaucoup d'entx^ux- sont-ils intéressés à ce que oefc
ordre de choses se continue pour conserver des emplois études
prérogatives qui sont pour eux des sources inépuisables de
richesses cntaines. (Note de Traducteur.)
(s) y si d^à fait commttre plus haut les différentes monnaies'
qui ont cours dans Sbs» Principautés.
(Note du Tx«diict0ar.)
N
(65)
pour cent. Quand ils vendetit , ils font plus d'attention,
et ont grand soin d'avoir d'autres poids, et les bou-
tiquiers, marchands en détail , ne se font pas un scru-
pule de les diminuer d'un quart environ.
Il n'y a que les draps qui sont vendus au pique ou
à la brasse , qui équivaut à la mesure vénitienne j et les
soieries au pique de Constantinople qui est beaucoup
plus petit que la brasse.
CHAPITRE XVIL
Marchandises introduites des pàjs étrangers.
Comme le luxe apparent est défendu, en Turquie, à
tous ceux qui ne sont pas nés musulmans, les Grecs,
qui sont les princes et les patrons de. la Valachie
et de la Moldavie, s'y trouvant entièrement libres, se
sont abandonnés aux dépenses les plus extravagatlte^
que l'on puisse imaginer^ et qui excèdent celles de^
Grands-Seigneurs Turcs eux-mêmes. Les dames, sur*
tout, se parent des fourrures les plus fines, d'étoffes
des Indes brodées et de galons européens. Ce luxe a été
naturellement imité et bien souvent surpassé par les
naturels. C'est ce qui donne aux négodans l'occasion-
d'introduire dans le pays des marchaildisés de toute
espèce. Au printemps de chaque aQnée les fourrures
les plus précieuses telles que les martres, vair (i), her-
mines, sûbelines, renards, loups cerviers et auti^
(i)Le vair est un animal tacheté de^la grosseur de Téciueuil.
( Note du Traducteur. )
5
{66)
viennent régulièrement de la Russie. Les Grecs appor^
tent de Canstantinople toutes les étoffes, et mousselines
des Indes et d'Alep , les tiasus en or de Sdo, indépeji-
danmient d^une infinité d'autres objets fabriqués à
Constantinople. D'autres Grecs vont deux fois Tannée
aux foires de Leipsick et de Vienne d'où ils rappoîteni ,
par terre, une grande quantité de draps fins de toutef
espèce en laine, velue, ras^^^y^e^ ou jaquettes en
laine fine et autres étoffes, toiles imprimées, galons
et broderies de Vienne, ouvi*ages en fer de la Styrie^
papiers de Venise, drogues, sucre raffiné de Fioume,
café d'Amérique, plomb, étaim, et quincailleries de
Nuremberg, Vienne, France et Angleterre, grand
nombre de bijoux, perlés, montres et autres ouvrages
d'or et d'argent. Enfin t;ous les produits écrus qui
s'exportent des deuxpi*ovinces,pourla cbrétienté,sont
échangés contre tous deux de ces manufactures. Une
compagnie composée de Valaques , Thmsylvaniens et
Bulgare»^ établis à|Cronstadt, fait fabriquer dans ces
environs beaucoup d^ustensiles ordinaires à l'usage
des gens du peuple, et ce trafic monte à cinq mille
charges de chevaux. Cette compagnie jouit de di-
vers privilèges qui lui ont été accordés par les an-
ciens prinôes de la nation^ mais que les nouveaux
princes ont pcfa confirmés. D'après cet exposé on
pourrait croire que beaucoup de marchands se soîit
enrichis dans ces pays par le commerce, mais il n'y
en a pas un seul qui puisse se dire vraiment riche,
parce que le gouvernement misérable et vicieux en
lui-même tyrannise chaque individu.
(67)
Avant la dernière guerre > les princes afin de $ul>-
venir aux fortes dépenses qu'ib sont obligés de fiiire
à Constantinople^ pour payer kurs dettes ^ ^ ëatis^
fidreà leurs caprices ^ empruntaient de rargèût à
gros intérêts, et hypothéquaient^ d'avancé^ lés reve^
nus de la capitation^ des salines et des douanes. Les
marchands ^attirés par le gain ^ et souvent par fovce,
donnaient lent argent aux princes. Si^ dàols cet in«-
tervalle^ il survenait un chfingeihent de gùû-Vùtn^
ment, le nouveau prince, contfne dç raison, s'eûipd»
rait des revenus, et les marchands perdaient, sans
appel, leurs capitaux. *
Ce cas est arrivé si souvent, que tous ces mar-^
chauds sont devenus insolvables ^ et ont fait un tort
considérable aux crédules négocians de Leipsick qui
leur livraient des mar chandiâeâ à ci'édit ( i )•
Les gains que divers marchands nouvcUemeiit
établis , avaient ùlXÉ pendant la guerre, et lors du
séjour. des armées ruâses^ ainsi que la sage adminis^
tration du prince Ypsilanti, qui l'égnâ sept ans apràs
cette guerre, avaient rétabli le Commerce, ft reWvé
le crédit en Vàlacticé . ,
Divers négocians de Vienne, eâco.uràgés pâf les
traités de commerce entre la maison d'Autridl^e et
la Porte-Ottomane conclu à Passarowitz, confirmés
(i) Cet abus a cessé dès que la durée du règne des princes
a été fixée , et je dois dire que ikàs éeà derniers temps les 1l>ail-
leurs de fondât tecevkiënt des liypothêques plus solides que les
reveims âiitîcîpé^ des deibL prbicîptttités^
(Note du Traducteur.)
5*
(68)
et remis en Tiguèur eh i784i comme ôri le verra
par la tràdûcfion ci-après , avaient essaye d'établir
par le Danube un nouveau commerce avec les détix
principautés et les autres états de l'empire Ottoman.
Les tentatives furent infructueuses ^ tant par les di&
ficultés que rencontrèrent les nouveaux eritrepre^
neurs^que par l'opposition ouverte des princes qui
Voyaient leilrs intérêts froissés ^ et les tergiversations
du gouvernement Ottoman. La guerre a mis fin à
toutes ces entreprises^
CHAPITRE XVnii
Système du gouçèrhèmeni.
I^onobétant les fréquens changemens survenfis
dans le gouvernénient de ced deux principautés y et
quoiqu'elles àyent perdu lêuf liberté, la Porte-Ot-
tomane leur à ^cependant laissé toutes les apparences
delà souveraineté^ et les andetmes charges avec
leurs titres honbtifîques^ ain&i que le droit d'avoir
Un divan pour rendre la justice aux indigènes.
Voici l'énumératiôn deà charges qui composent
te divan)
En P^alàcJué^
i<> Le bàti de Cràyowa.
V^ Le grand fornique ^ où grand juge»
^^ Le grand Logothète y ou grand diancelier.
Ip Le grand Spatharé, ou généralissime.
«3^
(«9 y
5^ Le grand f^istiary ou grand tré^riev.
& Le grand Clout^^are^ ou commissaire e|i chef
de Farmée (i).
70 Le Pahamik, ou échanson.
$0 Le Stolniky ou sénéchal.
^ Le Serdary officier dont le titre est emprunte
des Turcs.
io<> Le MédUnitziare y ou chef de Toffice.
iio Le Stoutziare , on pourvoyeur des viyre^.
1 20 Le Dziatrar, gardien des tentes.
l3<> Le ;^econd Chutziqre.
En Moldiiviex
m
1^ Le grand ijogothète.
2P Le grand Dvorrdk.
^ Le Hetmanny ou généralissime (s).
^ Le grand Vistiary grand trésorier (3).
50 Le Spq^tharey ou bano,
Les autres charge sont à penprès leSii^eme^^qu'^
Vojacliie (4).
(1) Cette dbarge n^est pli)# qu'honori%iie,
(Note 4u Traductetir.)
(2) Eu Sfoldayie fl y a deux het9iani|^ l'un fait les fonc-
140118 de général en chef ^ l'autre y appela betmann du Pruth »
a l'inspection sur toute la t\v^. 4n)ite ,4ft ^ fle^ave pour le»
a^u^ipes de commerce, etc. (Nçtç âir>Tn^ducteur.)
(5) Cette charge de granj^yistifr^t, à proprement parler,
une charge particulière à la Moldavie d'oii çlb a été introduite
^nsuilç ei^ Yaladiie. ( J^ot^di^ Ti^f^ducleur.)
(4) Ea géi^éral dan^ Içs de^ pi^ovinces , quoique les chargesL
( 70 )
L'arch«\é^9< lotétfQpolitaio , est président du
divan, et pour raîosi dire Toraefe de la loi. En Va-
lacliie, c'est celui deBucharest^ et en Moldavie celui
de Jassy. Le prince. Ypsilanti a. encore admis dans
ce divan, en Valachie,. les évéques de Rimnik et de
3usieo; en a,ugn»eiit«^t: ainsi l'autoritë de ces trois
prélats , et en leur accordant des marques distinctives
et honorifiques, o^ priocesayaittrés bien l'incroyable
ascendant qu'ils avaient si^rl'e^prit inculte et supers-
titieux de la multitude. . .
Le ban de Crayowa ea^Valacbie, n'est plus au-
jourd'hui qu'un vain titre j puisqu'il n'a aucune in-
fluence dans le gouvernement de cette province.
Il a seulement le droit de npmmer 4 certaines places
soient multipliées^ les attrîbutipns §out ÇGOifondnes^ «t il est
difficile de les disUnguer bien clairemeiit. En Moldavie , par
exemple^ le grand Postelnik c^td est^ à proprem^nt parler , le
lieutenant ou visir du prince ^ a l^inspectiôii stir toutes les par^
ties de Padminifirtraiiony ^t peut en templir toutes les fonctions;
il a 8QUS lui un deuxième et un troisième postelnik. Il porte
une masse , accompagne Iç prince , reste au divan ^ et dans cer*^
tains cas il fait les fanètioiis de grand maSti^ de» cérémonie» ou
d'introdjAGteyr. •
\IAga est encore, à Jfudy, une plaoe tirèa importante et très
lucrative : elle est à là fois militaire et dvile^ il est génénd
d'infUntçrie et à la' Uute pôtice des marchés.
En Moldavie, dM&x qui sont revêtus des grandes chaii^fea
d.jut je viens de pailer ont le droit de déployer un massalla :
p'est une grande torche alkunée , portée le soir par un coureur
qui précède la voiture, afin ie les distinguer des boyards de
seconde clause. ^ ■ " i ( Note du Traducteui;. )
(71 )
subalternes pour lesqueDes il reçoit des présens , et
qui sont ensuite confirmées par le prince.
Les logoihètes sont les chefs et les directeurs de
la chancellerie. C'est de leurs mains que sortent tous
les diplômes^ et ce sont eux qui font et conservent
tous les protocoles dés causes civiles. Ils ont une
juridiction immédiate sur les nombreux couvens
et monastères. Ils ont, sous leurs ordres, un second
chancelier qui est toujours un jeune homme de la pre-
mière noblesse , et qui entre fort jeune dans la carrière
desemploisJ^e trouve cet usage très bon et trèslouable^
parée qi;ie l'habitude donne à ces jeunes gens la con-
naissance de fonctions qu'ils exerceront dans un âge
plus avance, et qu'alors ils enteiidènt la procédure
légale et judiciaire sans aucune étude préliminaire.
Il y a i^n troisième, chancelier qui.r^ise les procès,
et qui a sous lui un grand nombre de copistes pour,
toutes les écritures qui se fontenlangue vernaculaire,
attendu que lit langue slave, autrefois en us^ge dan^
les diplômes , est tombée en désuétude depuis long-
temps.
Après le logpthete ou grand chancelier, vient le
garde dçp scews: (i) qui appose en cire, sur les di-
plômes appelés çrx&ovoidoSjt d'pn mût grec, le cachet
(i) C'e^t un officier appelé moupourdare qiii est chargé d'ap-
poser SUIT les diplômes et autres actes, le cachet soit en cire
soit en encre d'impression ; il perçoit im droit de timbre qu'il
partage avec le déyictare ou porte-pliune. Au reste il n'est p^s
le gardien des sceaux \ le prince seul en est le dépositaire.
( Note du Traducteiu". )
(7» )
du prince. Les ^rmes de Ifi Valachie sont un corbeau
sur une colline^ tenant une croix dans son bec, dans*
le milieu le soleil et la lune (i). Je crois que ces
armoiries spnt fort antiques, et quelque peu altérées,
attendu que je possède des nioqnaie^ grecques de la
vil^e de Nicopplis sur le Danube. Elles sont presque
les menées ,^ si ce n'est que l'oiçe^u tient dans le bec
un çerpetit au lieu d'une croi?. Les armes de la
MpHavie sont jine tête 4e bœuf (a).
Les dwomicks sont regçirdé^ coinme les premiers
juges exercQs dans la coutume du divan, les usages
et les loi^ de ^a prpyince. Ils nomment les juges de^
frontières.
Le spaihqrq ei^ Valaçl^ie et le hetmann en Moldar
' (i) Ces armoiries changent souvent àîi gré deç princes. De**
puis quelque temps dans celles delà Yalachie la pièce domi-
nante est toujours la même, mais l'écusson est supporté tantôt
par des lions , tantôt par des licornes, et surmonté d'une cour
roune priucière accompagnée du topouse et du gl^we avec les
lettres initiales du pr^ce régnant et le millésime.
nHoU du Traducteur.)
(2) Le grand sceau de la Moldavie est plus compliqué. Au
milieu de dix-sept médaillons portant les noms et les attributs
des dix-sept intendances de cette province , est l'armoriai sva-r
monté d'mie couronne , du glaive et du topouse. Dans le milieu
de récusson une tête de bœuf avec le soleil , la lune et les étoiles;
au-dessus une sphère surmontée d'une croix; au bas et sur les
côtés, des trophées militaires, tels que drapeaux, tambours
canons, etc. Le cachet particulier du prince est de même avec
c^tte différence qu'il n'a point les ipédaillons , la splière ni la
ci<ûx , et que Fécusson est supporté par des lions. ( Idem. )
(73)
vie ^ assistent et ont voix au divan. Ils sont de Mt
les généraux en cbef des troupes qui se trouvent
dans la capitale et de celles qui sont éparses dans la
province, et en nomment les capitaines. Ils exercent
encore la haute police dans les faubourgs des deux
capitales , ont dans leur maison une prison , et in-
fligent des peines corporelles et pécuniaires. Comme
cette charge donne beaucoup d'autorité, et qu'elle
est très lucrative, elle est toujours occupée par un
Grec, parent ou favori du prince. Le spatbare a
encore Pintendance des postes (i).
Le vistiar ou trésorier, est toujours un indigène,
devant être consommé dans les usages du pays , et
connaître à fond tous les moyens pour tirer du peuple
le plus d^àrgent qu'il est possible. U a sous lui un
second vistiar qui est un jeune homme noble, et un
troisième vistiar. Ce dernier est ton jours une personne
qui joint l'intelligence à une grande pratique, et qui
est consonmiée dans les affaires. U est ordinairement
fixe dans ce poste, et jouit delà confiance du prince.
Les places ci-dessus mentionnées qui sont les plus
importantes, sont toujours occupées par les premiers
nobles des deux provinces. Ils doivent avoir la barbe
(i) Les noms de quelques-unes de ces charges annoncent
qu'elles sont imitées de l'ancien empire grec. Le spatibare ^tait
^e grand coimètable, etc. Les autres telles que capoudsiovLgnnà
^rtier, TnoucourdarejCtgaj dét^icùafe^, portar^ etc. etc. sont à
Tinstar des officiers Turcs du sérail*, enfin celles de dpomik
hettmanrij etc. paraissent venir des anciens Slaves.
(Noie du Traducleuri)
(74)
qui est un signe de vénération, et ils ont le droit de
dire leur opinion au divan où ils siègent, tenant ,
pour l'ordinaire, à la main un bâton qui les dis*
tingue. Les autres boyards n'ont pas la parole et se
bornent à mettre leur signature au bas de la déci-
sion. Je ne sais pa^r quel usage singulier toutes ces
signatures sont en monogrammes , cft si compliquées
que, depuis quelques années , il est impossible de
devine^ les nojpas de ceux qui oi|t signé ces ^ctes,
CHAPITRE XIX,
Autorité du divan et des autres tribunaux.
Tous ceux qui ont quelques procès, présentent
à l'hospodar, en public ou en particulier , une sup-
plique selon la qualité du pétitionnaire , l'importance
de l'affaire et le degré de justice et de popularisé
do ce prince. Ces suppliques sont lues par le troi-
sième logotliète, et l'on écrit sur le champ au do§
le tribunal auquel l'affaire est renvoyée pour Vexa-
men , ^t elles sont rendues au. pétitionnaire même.
Si l'ajQfaire est du ressort ecclésiastique , elle est ren*
voyée à un prélat, et si au contraire elle est civile, à
un des tribunaunc subalternes qui sont de diverses es-*
pèces. Quand les parties contentieuses s'en réfèrent
à cette première décision , l'affaire est terminée j si
au contraire ils en appellent , elle est portée au divan.
Lorsque la décision de ce tribunal ne convient pas,
on demande que la c«^use soit révisée en présence du
(75)
prince qui, ordinaironent, tient ses séances deux
fois la semaine dans une chambre appelée spatarie
ou petit divan 9 et qui est environné^ et précédé d'un
^and nombre d'officiers civils et militaires. Quand
l'Jiospodar s'est placé avec beaucoup de gravité sur
ua sopha élevé , ayant un cimeterre suspendu sur
la téte^ et sur xme table voisine^ une masse ferrée
(le topouse) , une écritoire et le cachet ; le troisième
chancelier s'avance et lit toute la procédure ainsi
que la sentence 5 les parties apportent ensuite leurs
raisons; quelques membres du divan disent leurs
»vis^ lep'rinpe décide^ et les parties sont renvoyées.
Quapt aux affaires criminelles^ il y a un tribunal
particulier composé de nobles du second rang qui
ont déjà exercé des emplois inférieurs dans le divan.
Toutes les sentences de ce tribunal sont examinées le
samedi par le prince lui-même en présence de l'ar-
maohe ^ qui estle gouverneur des prisons du or iminel.
La peine la plus ordinaire est le bâton ; une autre
plus grave est d'être condamné à travailler pendant
quelques années s^uxmincs , et la^plus fi>rte est d'à-*
voir uneoreilla coupée^ et d'être condam^ aux
travaux à perpétuité. La peine dre mort a été presque
totalenicnt abolie* par les derniers princes auxquels
il est juste d'accorder la louange qu'ils méritent
d'avoir été en: général humkijûs, d'avoir eu horreur
des cruaùtéis, particulièrement le prince Ypsilanti
qui s'étudiait à faire le bonheur des Valaqucs (i).
(t) Ceslle malheureux père de ce prince, ayeul du prince
(76)
Dans le cas où la sentence de mort doit , suivant les
circonstances et la gravité du délits être absolu-?
ment signée par l'hospodar , Parmache retourne à
trois reprises différentes , avec des intervalles de
temps chez ce prince, pour lui demander s'il per-
siste dans la résolution de répandre le sang humain.
Si la troisième fois , le prince répond affirmative-
ment , le coupable e^t de suite conduit au supplice,
qui est ordinairement la potence. Cet usage m'a
paru très louable, et mériterait d'être indté par les
nations les plus civilisées, où la Vie d'qn hpmme
dépend de la volonté d'un seul ou d'un petit nombre
d'autres. J'ai o)3servé, à ma grande satisfaction, que
les grands crimes sont rares. Les déUnquans. sonf
presque toujours des^^/^ane^ qui volent les l]|estiaui:
et font le métier d'assassins sur les graùds chemins.
Quelque fois même ils commettent dese^cès de
cruautés: et de barl>arie , et tourmentent les maU
heureux qui tombent entre leurs mains, pour leur
l'aire déclarer où se trouve leur argent j mais à peine
le gouvernement en est-il informé^ qu'il prend toutes
les m^fures nécessaires pour lf& faire arrêter et leur
ôter la faculté de continuer ce métier.
Jl n'y a point 4^ code, de (ois. écrites (i), et le«
Alexandre Ypsilaiiti chef de l'armée grecque en Moldavie',
qui fut appliqué par les Turcs à de si liorri|;)les tortures à Gon-
slantinople, pour lui' faire dédfirer les trésors qu'on lui sup-
posait cachés. (Note du Tradiicteur.)
(i) Le prince Charles Gallimaqui, le même qui a régné sur
}a Moldavie depuis réyaçuation ^esQiusseiB en i8ij3y)usqi|'en
( 77 "^
lois romaine» et impépiales qu'ils disent suivr^ ne
sont ni comprises ni étudiées de personne. Ils citent
sans cesse leur Obicei pemuntide ; ce sont les cou-*
tûmes simples du pays et traditions capricieuses^
ensôrte que les juges sont créés sans réflexion^ et selon ^
la volonté des princes. De là vient une confusion géné-
rale dans la propriété, parce que la sentence d'un
prince peut être révoquée par son successeur, et que
les procès se renouvellent et se reproduisent sans
cesse (i).
Quoique le divan s'immisce^ en apparence^ dans les
affaires du pays^ il n'a de fait aucune autorité, et
tout se termine par -le prince ou par ses ministres.
On dresse^ par exemple, tous les ans^ un bilan du
trésor qui est examiné et signé par les membres du
divan alors en activité de service; mais ce n'est qu'une
jpure formalité^ et il n'y a pas de stratagèmes que
l8ig a tdity pour cette province y un code de lois qui porte son
aém et qui a été suivi jusqu'à présent. Onm'aasauré, à Odessa^
.que ce malheureux prince qui pendant 16 années a rendu à la
Porte les plus grands serrices y et qui dernièrement çj^icore a
été employé dans les négociations les plus importantes et les
plus délicates, est iùort à Btousà où il avait été relégué avec
toute sa famille!!... (Noté du Traducteur.)
(1) Le prinece Ypsilanti a fait im code très succinct ou plu-
•iM' une instruction pour servir de règle de conduite aux ju-
gés dans les cas les plus fréquens. La clarté, la brièveté et la
simplicité qui y régnent font beaucoup d'honneur à l'auteur
de cet ouvrage qui a été d'un grand secours à la Yalachie.
Cela est «l vrai que ses successeurs ont été obligés de s'y con-
former et qtfils te conservent.
( 78 )
Ton^n^emploie pour leur fermer la hmxchs, et le^
empêcher de faire parvenir leurs plaintes à la Porte >
de rinformer que le prince a reçu^ sans les consulter^
des sommes immenses^ et ruiné lé pays^ comme ils
le faisaient autrefois. Le divan intervient dans l'ad-»
judication des fermes qui Ée fait au plus offrant ^maià
cette fonction est purement passive^ attendu que ces
membres sont eux-mêmes les acquéreurs, et que c'est
le pribce qui décide. CVst lui-même qui, avec sel
grecs, traite toutes les affaires de Constantinople^qni
sont impénétrables pour les nationaux } et malheur
à celui qui cherche à en pénétrer le secret I Comnle
ces nobles ne peuvent régir eux-mêmes leurs terres,
et qu'ils ont depuis long-temps perdu le goût dé
Tagriculture, toutes leurs vues sont tournées vers les
charges, et tous leurs soins se bornent à en obtenir
une. C'est là qu'est fixée toute leur attention , ôt c'est
là le but de toutes leurs cabales et de toutes leurs
intrigues.'
Indépendamment des charges du divan que j'ai
déjà décrites, il on existe encore d'honorifiques et dé
nobles, telles que :
Le grand Postelniky ou maréchal de la cour, qui
a sous ses ordres deux autres Postelniks nobles et
un grand nombre d'antres subalternes, appelés Pos^
telnitsseles (i). C'est ordinairement un ministre
(i) J'ai déjà parlé plvm haut de cette charge 8t importasile
et de diverses autres attributions quiy.smit attachées.
(Notsvjdu Traducteur. )
(79)
grec , et c*est par lui que s'obtiennent les grâces, et
que se finit toutes les affaires. H marche devant le
prince en fonctions, porte une longue niasse dW--
gent^ et reste aux pieds du trône. H doit avoir la
barbe.
Le grand commisse, ou grand ecuyer. C'est tou-^
jours un jeune grec parent du prince, il a sous ses
ordres le second commisse qui est le maître des écu-
ries. La plus brillante fonction de cet officier, est
celle qui se fait le jour de Saint-George, (27 avril
vieux style) 5 mai (i), lorsque Ton conduit dans la
prairie les chevaux du prince qui sont ordinairement
fort nombreux; ils sortent des écuries conduits à la
main par deux valets d'écurie couverts de manteaux
rouges. Le cortège passe sous les croisées du prince,
le grand écuyer ferme la marche; il est monté sur
le cheval qui est un présent du Grand-Seigneur
à l'hospodar^ et qui occupe toujours la première
place dans l'écurie. Ensuite vient la musique tur-
que (2). Toutes CCS cérémonies sont à l'instar de
celles qui ont lieu jdUns le sérail à Gonetantinople.
(1) n a encore une autfe cétimonie moins brillante , sans
doute, mais plus imposante par le caractère religieux qu'elle
respire i c'est la bénédiction des eaux qui a lieu solennellement
le 6 Janvier, jour de l'épipHanie, sous une vaste te^te dressée
dans la cour du palais. C'est Farclievéque métropolitain qui
ftdt les fonctions dans cette cérémonie à laquelle assistent
tous les officiers supérieurs de la cour et du gouvernement.
(Note du Traducteur.)
(3) Cettemusique turque est une chose vralmentassommaiitc.
(80)
VagUy général d'infanterie, a l'intendance des
marchés, il vérifie les poids, s'assure de la qualité
des vivres, et faij donner hifalangue (i) publique-
ment et sur le fait. Il fait sa ronde la nuit pour pré-
venir ou pour faire éteindre les incendies (2); investit
les maisons qui sont suspectes , où dans lesquelles il
se trouve des femmes de mauvaise vie. Ordinaire-
ment, ils abusent de leur autorité en faisant ^ mille
vexations, et en dépouillant les gens impunément.
£lle se compose d'une espèbe de galoubet , de trompettes , de
Âk petites tymballes et de grosses caisses. Trois fois par jour elle
. 'y se fait entendre pendant trois quarts d'heure sous les croisées
du palais , au mechterkané. Le tutti qtii la termine s'élève en
tréscendo d'une manière désagréable qui ressemble à un cha-
rivari , attendu la discordance et le nombre des instrumens.
( Note du Traducteur. )
(1)^ La falangue est un gros bâton auquel s'adapte une corde
fine attachée au centre par les deux bouts. On passe les pieds
dans ce lacet. On tourne ensuite le bâton qui est soulevé aux
deux extrémités par deux hommes. Le patient se trouvant
dessous^ a les pieds élevés , tandis que deux autres hommes
le frappent de verges sur la plante. Ce châtiment est très
cruel. On en donne ordinairement cent coups.
(2) Si l'incendie qui s'est manifesté en quelqu'endroit est
considérable, on en avertit le prince, qui s'y porte avec ses
principaux officiers et donne les ordres lui-même; s'il est de
moindre importance , c'est son grand camarache qui le rem-
place. Cette coutume est imitée des Turcs. A Constantinople
c'est le Grand-Seigneur, ou le grand-visir.
( Noteidu Traducteur. )
(8i)
Il a sous lui deux autres offidiers^ qtti font Au mêiHéf
ce qui cause un désordre insupportable.
Grand Camarache^ ou trësoriei^ particulier (i).
Tous les marchands^ et particulièrement les juifs,
sont sous sa juridiction. Il a (certains petits revenus,
et fournit le prince de tous teâ bbjAs dé hiie et les
habillemens de la cour* Les prïiices, inde'pendam-i
ment des choses qui sont à leur liSâgé'ôu qui ''dé-
pendent de leurs caprices, acliéfent d^ la' Httissdb
une infinité de peaux fmesyiiijotrt: et' âutrësf'hàgâi-
telles fabriquées en Europe, pôiif-lèà envoyée ' en
présens à Gonstantinoplc« Le camaractië a- lén bé^
néfice sur tous les objets confectionnés, outrd lèS
gains indirects qu'il ret^ire dies Ventes; de sc*tô-que
ses profits sont très con«[dérabiëS. Cette 'cliar^e* est
toujours occupée par titi pt-oche pai^ent' datkiidôÉ?*
Grammaticosse y ou, secrétaire* grec. Il âf*la'Cdrt»es*
pondance avec les agens die Gonstïkhtin^^é (2)/ et
; 1 1 «
(1) Le grand camarache édt eiicote lliomme. de coufiancé
du pnnoe. Il a les dépenses fle bondhe^ !^:C(miimgiKfe;à'tottteii
les personnes du service. C'est , en quelque. scaftev'leifgBiuid'*
maréclial du palais. ( Note:dUf'Xi^*«4ttçteiur. j .
(2) En vertu àù traite de Kaynardzy, les deui t>niites d^
Yalachié et de Moldavie ont, auprès de. la Sublime t^orte ,
deux ùapoukidyaa oU cliargès d'aàsdres / jp^ l^îi^teîinédiaire
desquels se tintent toutes les a$iires des deuk provinces >
entre les princes et la t'orte. Ces deux places sont très ïucra-
tives , mais très dangei^uses , attendu que les agens sont jcon-
«idèrès par la Porte comme otages; cVst toujours iln fits'ôu un
intodi^ parent du prince, qui les remplit. Elles demandent
aiViAres ajffaires de, çqoiîapce (i). Il a sous lui deux
autres secrétaires qui écrivent les lettres de félicita-
tions à 'Noël et à Pâqljeis. Les princes reçoivent une
infinité de lettres dé félicitations écrites en style
oriental^ çt bien éliOtgné du style en usage chez les
Grpecs ancieiis. L^ Grecs modernes ne font que tra-
d.iûrQ,e1; copier c^lesdes Turcs, ^ les princes ré-
|>pnde9t à toutes ces lettres qui contiennent des adu-
Il^tioBIs et flattent le^r vanité, vu qu'on se sert à tous
{propos du litre de sérénissime (2).
. . Le ^^mà^Armache est gouverneur des prisons du
xritniqeltf et a l'i» tendance des Tziganes ou Bohé-
miiens.
. Le grand P,ort(irj ou portar bachi, est l'introduc-
teur des Turcs; Il a sous tés ordres deux autres su-
balternes et un, grajid nontbre de satellites. Tous
doivent, savoir la languô turque.
i^jLe^I^iprawniks, ou gouverneurs des districts^
sont afu nombre de deux dans chacun; leurs plus
dhm cftté un divouement sans bornes , et de l'autre lui grand
eécàft de iconfiance» ' ( Note du Traducteur. )
(1) Le grainmatiame ùa premier secrétaire ^ est en même
temps le chef du département des affidres étrangères , c'est-à-
dire y du Imieau oii se traitent les affaires des exut>péeus, H a
encore* la correspondance avec les consuls étrangers , et c'est
par son intermédiaire que ces fonctionnaires obtiennent des au*
diences et sont introduits cbez le prince régnant.
( Note du Traducteur. )
(3) Ce titre cP altesse êérénissime leur est ^nné par les cours
impériales de Russie et d'Autriche. ( Note du Trad. )
(83)
grancU soins sont de percevoir les coutributibqs y et
de pourvoir aux fournitures demandées par la Porte.
Le Divafi effendiy ou secrétaire turc Ses fonctions
sont d'écrire les dépêches adressées à la Porte-Otto-
mane^ de lire au divan lesfirmansdu Grand-Seigneur,
et de juger, conjointement avec un cadi ou juge turc
de la forteresse la plus voisine, les différends qui s'é-
lèvent entre les Turcs et les indigènes. Ce cadi est ,
dans ce cas, «nvoyé par ordre de la Porte, et vient
muni d'un firtnan dôntvoicila teneur* iVb^re sublime
Porte ayant été informée qiiun tel sujet turc a des
prétentions sur tel Vcâaque ou Moldas^e , nous vous
ordonnons à vous y comblé dé science et de sagesse,
de vous transporter à Bucharest "(ou à Jassy )> d'exa-
miner et de juger l'afiaire conjointement ai^ec le
divaneffèndiy attendu que les GiaoUrs (les infidèles,
c'est-'à^ire , les Chrétiens^ ne connaissent et n*ont
aucune loi écrite, et ne sont point éclairés parles
lumières de la justice (i).
Quoique iétiîva:ùéfféndï soit ceùsé au service de
l'hospodar, et qu'il en reçoive de bons émolumens,
iï est (iependaùt considéré coçune officier de là Porte,
et inqjédÉcur fle Jà conduite ies princes {^, et çigit
à leur égitfdavec lieaucoup de supériorité. Il est dç
' (i) Leâ'dëtUeM^pirincyï'dè'Ilfkl^^ ayaieht étendu leur
àutoiÂ^ju^iieflriôrled Txii^és ibaânéliaibit^ de cette prînd-
pauté; et n'avaient plus besoin de ces formalités pour les juger.
.'• '■ '^ »■ .. = (NotédtiTinducteur.)
'{^ tjes'priA69â'%av«iflàt t^ bien fermer les oreilles et la
tMid»B ta ce' «urVwlkuiU - ( Note du Traducteur. )
G*
( 84 )
fait qu^il parviendrait à le faire tremLler^ attendu
qu'il est impossible à un Grec^ quelqu'oi^eilleux et
quelque fier qu'il èoH d'ailleurs^ de se dépouiller en**
tièrement des premières idées de servitude et de sou«
mission envers les Turcs ^ idées qu'il a sucées avec
le lait.
Pai vu plus d'une fois en Turquie , un gurçon de
cinq à six àns^ battile et mettre en fuite quatre ou
un plus grand nombre de Grecs âgés de dix ans<
Les premiers qui se qualifient de sujets efifendi^ se
permettent toutes sortes d'excès; ils enlèvent^ pour
leur usage^ des garçons et des filles des chrétiens ^
et les font changer publiquement de religion.
n y a encore une infinité de charges subalternes
qui sont non-seulement inutiles^ mais même à charge
à l'état, n serait fastidieux de vouloir les énumérer*
CHAPITRE XX*
Autorité et faste des. prin^^es.
Quoiqu^eil Valachie et en Moldavie le despote soit
précaire; que ce soit bien souvent un homme sans
naissance et sans talent élevé par les intrigues des
Grecs^ l'argent et la faVeiir de la Porte-Ottomane^
et qu'un autre intrigant détruit, et fiujt, rentrer dans
sa première nullité (i); fl s^'y ^ cependant pas de
•' •
(i) Pour mettre fin. à ces intr^ues sans cesse xenaissantes ,
la Porte^ttomaue av«t £ût en ijSiS, un riglettent plein da
sagesse approuvé par le GriQ4-Seigneiiraet|M|]l| ftpair lequel
(85)
gottyeFBement plus despotique que celui de ces deux
princes. Ce despote prend envers les sujets qui ont
le malheur de vivre sous un tel joug^ une teUe gra-r
vite y que les boyards en l'approchant se présentent
en tremblant et avec la contenance la plus servile.
J'en ai vu beaucoup . en ouvrant la portière , pour-
entrer à Faudience si désirée^ faire un signe de croix
et se recommander à leur saint patron. Il n'y a qu'un
petituombre des plus distingués à qui il soit permis de
htib^erla main) pourrordinaire^oni lui baisa lepied
ouïe pan de son manteau. Les pnnoespeuventdi^oser
des biens et de la vie des sujets (i). Quand ils veulent
leur faire appliquer la falangue^ils Içs relèguent dans
quelque prison d'un pouveat isolé^ et quelquefois
quatre Hunfllet de greos du Plianal comméB pcmr les senrioes
rendus à l'état par leurs ancâtres y auraientyà rarenli^ droit aux
deux places de drogmans et aux deux prindpautés. Ces quatre
familles étaient : la famille du prince Morousy ; celle de Calli-
maqui et les deux fismiilles des Soutzo. Le chef de l'une d'elle ,
Alexandre y était prince de Y alacbie , et celui de l'autre , Michel
régnait sur la Moldavie à l'époque des derniers ^yénemens. On
s^t quel a été le sert 'de la plupart des individus de oes nial-t
heureuses liuiiilles!!... ( Note du Traducteur. ) ,
(i) Bs ne l'ont jamais ftdt et le feraient encore moûis à pré-t
sent. Les bcrjraids moldaTes plus unis enti^eux ^na laissent pas
facilement empiéter sur leurs droits , ^t notamment dépuis que
le tiers de la Moldavie est passé dans les mains des Russes ,
car ils se retirent dans let|rs terres situées aurdelà du Pmth ,
oà ils sont à l'alni des poursuites , dès que le prince meut les
tourmenter ce qi|i oblige l'hospodar, par cela même de les
inénage ( Note du Tvaducteiu-. )
(86)
dans un premier mouvement de ioolére^ il les frappent
avec la masse ferrée (le topouse) qu'ils ont toujours
près d'eux (i). .
Us disposent de tout et distribuent selon leur, vo-
lonté les terreis et les villages^ de manière qu'ils ont-
tout aliéné pour leurs propres intérêts avec cette
prodigalité qui leur est âùnilière (n).
Us changent à leur gré ie$ sujets qui occupent les
emplois. Cependant ces employés après leur suppres-
sion, conservent leurs titres , les honneurs €t quel-
ques avantages. Les princes les font ordinairement
passer par lès grades. Par exemple^ un postelnifc n'est
pas fait de.droit9 ban de Gwyowa ou Logothète. Un
ban peut, cependant, devenir sans difficmlté trésorier,
(i) Sur la fin du âède dernier un boyard', grée d'origine ,
que l'ou crçiyait. ^voir été le chef d'une, confpiratiixi contre le
prince , fut relégué au. couvent du Mont Sinaï. Sbu seulement
loffîcier q\ii était duucgé de l'arrêter y le fit cha^rger de cLaînea
et mettre au pain et à l'eau y maia par raffinement de cruauté
çiahn fit eoadiie aea habits sur le corps , afin qu'il soiifirlt de
l'infection et f&t tourmenté par la vermine,
Le prince Gmstantin Racowitza ,mort à Bucfaarest eu 1763^
fit renftmier dans une cage de fer^ un malheureux médecin
allemand en l'aociuant d'avoir ensoiœlé sa feimne. par des mé-r
dicamens.. n liû fidsidt donner la bastoiuiade en sa présence
tous les jours jusqu'au point qu'il en mourut. Heureusement
ces exemples sont fort rares , et je m'étonne ^ qu'ftvec là consti-,
tutioèi de ces pays> ils ne soient pas plus fréquents,
. (2) Tout cebi a'est fort amélioré , «t les prinic^fe depuis une
viugtaiiie d'années sont devenus plusdéboiiiiairea, plus accès-?
sibles et pliis populaires, *{ Kote du Trad. )
(8?)
spatfaar OU hettman. Le nombre àea titres est fort
grand , parce que les princes , ou par faveur ou pour
de l'argent que reçoivent les ministres^ confèrent
cliaque jour des titres de noblesse^ et l'on sait à
peu de chose près, ce que chacun coûté.
Dans ces deux provinces , l'honmie le plus vil est
créé noble avec un peu d'argent (i). Les porte-faix
oïl valets d^écuries sont transformés en boyards , et
se traitent entre eux de cestii bojrar en valaque, ou
de eifieniasou en grec,x ce qui veut dire votre sei-
gneurie.
En 1775^ un boyard y alaque , nomme Ghindes-
coulo ^ ayant tramé un complot, le prince, pour faire
connaître son autorité, le fit arrêter et lé fit revêtir
des habits d'un paysan qui se trouva là par hasard;
Il obligea ce dernier de jft*endre les habits du boyard
qui , ayant été dégradé, reçut publiquement la bas-*
tonnade, et fut mis. aux fers. La ci^aiate et la surprise
que témoigna d'abord le paysan ^ la fierté et la vanité
qu'il montra ensuite, amusèrent beaucoup les spec-
tateurs. Il alla dans cet acoutrement visiter le ban
PhUipesculo , boyard du premier ran§ et ^on pa-
(1) Cette noblesse de detudème et tfoîsième classe itait
effectivement fort nombreuse , mais comme les nobles sont ob«
bligés à chaque avènement de faire renouveler leurs titres et
privilèges , le dernier prince de Moldavie avait éiitrepris de
réformer cet abus en vérifiant les titres de noblesse, 4t/^
les confirmant qu'à ceux qui y atu^ait droit par de vèi|l
services rendus à l'état. Les ciromstances-ne lidontil»^^
d'opérer cette utile réforme* , ( Note 4v
(88)
%v:ox\ I qui, croyant que le paysan avait été ennobli
par le prince, comme le bruit s'en était répandu^ le
fît asseoir prés de lui y et lui fit donner le café. Cette
comédie dura ,peu ; après le dîner ^ lé nouveau
boyard fut dépouille,, et reçut en présent cinquante
piastres. .
Tous les princes amèpent avec eux de Gonstanti-
l^ople, un grand nombre de Grecs auxquels ils
donnenJ; Içs chai^ges les plus lucratives (i). Après la
pfiix 4q 1774 y exAve jla Porte et la Russie , les Va-
laques et les Moldaves s'étaient opposés à cet usage ,
fît recoururent au colonel Peterson, ministre de
Rujs^ie iqui était fort disposé à les appuyer j mais lés
Grpps firent tant de démarches auprès de la Porte ,
que Wïï^Ot ne réussit pas^
U a. assez bon nombre de Grecs au moyen delà
faveur (ivL prince 9 réussissent à conclure des mariages
avajdtc^eux en .Moldavie et en V^achie , deviennent
boyards^ propriétaires de bien-fonds. Ils intriguent
ensuite tellement qu'ils parviennent jusqu'aux charges
de bans, dwomiksy logothètes et vestiars qui ne
sont ordinairement conférés qu'auj^ naturels du pays,
descendans de quelques anciennes familles ou réputés
pour tels. Eja un mot, la Valachie et la Moldavie
sont un véritable pérou pour les Grecs.
(1) H y a cependant des charges telles que celles de Dvor-i
nik, Aga, LogoUiètei, etc. qyà appartiennent de droit aux no-»
ble« d^A deux prinâpvoités, et d'autres conune les Ispraynika »
etc? f ^m soii,t partagèet à k fins entre un grec et un indigène.
( Note du Ti«dùctaiir. )
( 89 )
Non-seulement toutes les charges ont des émo«-
lumens disproportionnés , mais encore dans toutes
depuis la plus grande y tant ecolésiastique que ci-
vile, jusqu'à la plus petite, on a le droit de dépouiller
le peuple , surtout quand les princes ne payent pas
les traitemens. La noblesse, les évéques, les monas-
tères sont exempts de toute espèce de taxe et contri-
bution, et ont même, en proportion de leurs titres,
un certain nombre de paysans qiii leur sont donnés
en propre, et qui ne payent rien au trésor, afin de
réserver tout ce qu^ils possèdent pour leurs patrons( i ),
Quand la Porte-Ottomane crée un prince , il va
quelques jours après sa nomination, avec sa nom*
breuse suite à cheval, rendre visite au Sultan q\ii le
reçoit sur le trône et dans la salle de réception des
ambassadeurs européens (2). Qxk lui poçe sur la tête,
(1) C'est ce qu'on appeUe les socotetniks. Ils sont en grand
nombre dans les deux provinces. Dans la seule Moldavie , ils
coûtèrent au trésor, potir Tan 1820 y à raison de 2 piastres par
individu , 56o,ooo piastres, ( Note du Traducteur. )
(2) Yoid les cérémonies qui suivent les nominations des
princes y et telles que je les ai vu observer lors de la création
des deux derniers liospodars de Yalachie et de Moldavie en 1 8 1 8
et 1819 à Constantinople. Le lendemain de sa nomination, un
officier supérieur va , de la part du grand-vislr , et conduit à
la Porte, le prince qui, cette première fois, est suivi d'un
petit nombre des siens à cbeval. Le grand- visir lui remet l'in-^
vestiture de la principauté , et le revêt d'un caftan ( espèce de
manteau à fleur d'or, qui est cbe? les Turcs un signe d'hon-*
neur ). Toute sa suite , qui a iga](ement reçu des caftans , le re-
coudqit à son palais. Il reçoit ensuite , tour à tour, et à quel->
(90)
en présence de S. H. la couccay qui est un cimier
de feutre, recouvert de poils, couleur cramoisi^ et
surmonté d'un immense panache de plumes d'au-^
truelle. Il est encore revêtu de la cabamzza^ vête-
ment que portent seuls les sultans et les magnats en
ques jours de distance, les queues, les étendards^ et le camcery
où poignard enricH de diamans. Cliai:;un de ces objets , qui lui
sont apportés par les oâiciers du sérail ou de la Porte , est ac-^
compagne d^vai cortège'plus ou moins noiiibreiix, et le prince
les reçoit tantôt assis sur le divan et quelquefois sur le seuil
de son palais. Il est complimenté par Içp siens et ces mêmes
ofBciers e.t d'autres employés du gouvernement toutes les fois
qu'il reçoit quelque chose, et fait remettre aux derniers,
par son grand çamarache , des présens plus ou moins richest
La cérémonie la plus importante , est l'audienée que lui donne
le Grand-Seigneur assis sur son trône et dans laquelle , après
un compliment que fait le prince à S. H. , il en reçoit une
riche pelisse et d'un très grand prix. Cet usage qui parait si
fort en^ contradiction avec la fierté musulmane vient, m'a-t-
on dit, de ce que Soliman revenant de la chasse, trouva
Bogdan, prince de Moldavie , qui venait le reconnaître comme
son suzerain. Cette démarche fut si agréable à l'empereur
Turc , qu'iT-^t revêtir de «a propre pelisse ce nouveau
vassal. Le prince reçoit encore \à,coucao\Ji cftsque de janis-
saire, surmontée d'une belle plume . d'autruche , et s'en re-
tourne avec un cortège nombreux , mais dont très peu de per-
sonnes ont pu pénéti*er dans .la salle d'audience , ( l'usage , dans
tous les cas , n'en admet pas plus de dix ). Le prince pendant
son séjour à Constantinople jouit d'ime grande influence ,
c'est pourquoi on hâté son départ. Cette dernière cérémo*
nie , est la plus brillante. Le cortège, appelé allaye , est pom-
peu,x ; il est ouvert par. un corps d« cavalerie albanaise î
( 91 )
fonctions. Il retourne chet lui, portant un cimeterre
ceint par le grand-seigneur et la masse ferrée (le
topouse). Il monte un cheval richement caparaçonné,
tiré des écuries impériales, et dont S. H. lui a fait
présent. On porte devant lui deux queues. La marche
viennent ensuite les étendards portés parles officiers mflitaircs;
puis les différens officiers de sa maison , suivant leurs grades,
la députation que la province â envoyée pour le complimenter
au nom des Italiens , les bannières dia Saint Georges et Saint
Michel et ceUe de la Vierge et les armes de la principauté. Les
fils du prince , à cheval j ont le satnour calpak ou bonnet de
riche fourrure et pelisse de même*, l'aîné porte le heyrat ou
décret de nomination^ douze chevaux les plus beaux , riche-
ment caparaçonnés^ conduits par des écuyers et portant chacun
un large bouclier ciselé ^ éclatant d*or, de pîon*eries ( lisàge qui
vient des princes Tartares ) ; enfm le prince lui-même monté
sur vxL chev/d donné par le Grand-Seigneur. Il porte la pelisse
et la couca; les trois queues marques de sa dignité sont portées
devant lui ^. il est précédé par im capoudzihachi ou garde de la
Porte; accompagné de gardes-du-corps et environné des plus
grands officiers dé sa maison. Dans cette dernière cérémonie ,
tous les officiers grands et petits portent des manteaux rouges ^
qtd est la couleur de la Porte. La marche est fermée Jwit un corps
de musique turque. Le cortège se dissout à la porte de Constan-
tinople , et le prince , qui est censé parti , s'en retourne chez
lui incognito où il demeure encore quelques jours pour faire
les derniers préparatifs de son départ réel. Quoiqu'il ne règne
aucune suite dans toutes les cérémonies tiirques et qu'elles
aient toujours lieu ah hoc et ah luic , elles frappent cependant
par l'imposante gravité des persoimages , la richesse àa'iml
habits^ l'éclat et la magnificence des accessoires j etc. *
( Note du Traducteur. ^
(9«)
est fermée par la musique turque qui vient chaque
jour, après le dîner, jouer sous ses croisées comme
cela se pratique dans les sérails du Grand^eigneur
et du grand^visir. H tient tous les jours un divan ,
qui dure peu, environné de ses officiers pour juger
les causes de ses nouveaux sujets, s'il s'en présente (i).
Il part de Constantinople avec le même train ,
accompagné d'un capoudzibachi dcj la Portç , et de
quatre gardes-du-corps du sultan qui le conduisent
à sa résidence , et qui sont gracieusement récom->
pensés.
Sur les limites de la principauté, il est reçu p«tr
la noblesse qui l'accompagne jusqu'à un monastère
situé à une lieue de distance de la capitale, où il reste
quelques jours pour faire les préparatifs de son entrée
solennelle. La marche s'ouvre par le^ milices ur-i
haines , ensuite les petits officiers , puis le$ hoyards
marchent deux à deux suivant leurs rangs, viennent
après neuf chevaux richement harnachés j suivent
les officiers attachés à la maison du prince dans le
même ordre qu'ils gardaient à l'wdience du Grand-
Seigneur. Il monte le même cheval ^ est environné de
sm gardes-du-corps , et à ses c^tép sont ce capoudzi-^
bachi^t quatre turcs ; suivent ses pages et chambel-
lans. Un oorp3 nombreux de musique turque ferme
(i) AuBsit&t après sa noiniiiation, le prince envoie sea cai^
nuiçamea oa lieutenans qui {»ennent, en son nom, possession,
jle la principaut6 et gouvernent jusqu'à son arrivée.
( Notç du TraducUur. )
la marche. La princesse , dans un carrosse ^ et suivie
d'un nombreux cortège de dames y vient après.
Le prince monte à la chapelle -de la cour, où il
reçoit des mains de l'archevêque l'onction et Thuile
sainte (i). De là^ il passe au divan^ monte sur le
trône ^ et tandis qu'il est encore debout^ le divan
effendi donne lecture du diplôme impérial qui le
constitue prince^ et conçu en ces termes d'après le
formulaire turc. N. célèbre parmi les princes de la
nation du Messie, étant une plante aromatique
cidùvée de nos mains , et un flambeau allumé
par nous y etc. y nous vous Valons donné pour votre,
vaivode, c'est vous dire que vous lui obéirez^ etc.
Après la lecture y les tur cà se retirent > le prince s'as-
sied^ les assistans sont admis à lui baiser la inain.
Ensuite y quand le prince est dépose^ et que le mi«*
nistre de son successeur arrive^ il est abandonné de
tout le monde, souvent insulté^ et il part incognito.
De retour à Gonstantinople^ il se retire dans onq
maison sur le bosphore où il mène unç vie privée.
Les Grecs prétendent qu'il conserve tous ^&& hon-
neurs, et qu'il peut paraître en public avec son cor-,
tège à l'égal d'un magnat turc; mais le fait est que
ceux qui ont osé le faire, ont payé cher leur vanité ,
soit par l'exil ou en déboursant de grandes sommes.
(i) Quelquefins cette cérémonie se fait dans Féglise pa-
triarcbale à Gmstantinople et est accompagnée d'mi Te Deum^
c'est ainsi ^u'on en usa pour le prince de Moldavie en 18 13*
( Note du Traducteur. )
(94)
Toutes les fois que le prince sort en public, il con-
duit avec lui le même train (i).
Quand il y a baise-main, il s'assied sur le trône. Gela
a lieu toutes les fois qu'il donne l'investiture de nou-
velles charges (2), alors il fait revêtir le fonctionnaire
d'une longue chlamyde fond blanc à fleur d'or (3)
et lui remet le bàtQp qui est diffe'rent selon les
emplois, après quoi ceux qui sont nommés aux prin-
cipales charges, s'en retournent chez eux sur un cheval
de là cour; En un niot lesprinces exercent une Souve-
raine autorité et prennent, à l'égard de leurs sujets,
tout l'appareil de grandeur et de magnificence d'un
souverain.
Jusqu'au temps de Nicolas Mavrocordato, les
pirinces étaie«t' traités par la Porte avec beaucoup
plus de distiâetion , et n'étaient pas obligés de s'avi^
lii'si fort devant les Turcs ; ils portaient sur lé bonnet
un diamaiit' et lune ]plume de héron semblable à celui
du* Grand-Seigneur. Aujourd'hui , renonçant à cette
prérogative et se faisant gloire d'être les esclaves de
la sublime Porte, ils ne portent plus cette aigrette
^tie dans le»* tableaux qti'ils fopt peindre' pour le^
églises j où ils sont sûrs que les Turcs n'entrent ja-^
mais. ■ ■ ■'•;.?,' . .
(1) Cela n'arrive que deux ou trois fols Tannée aux grandes
fêtes, et lorsqu'il va à la métropole. ( Note du Trad. )
(a) Ainsi qu'aux jotcrs de grandes fêtes, de la sienne, celle»
des personnes de sa famille et dans quelques autres circons-
tances. ( Note du Traducteur. )
(3) Ceât le caftan dontf ai déjà parlé. ( Note du Trad. )
' .. ( 95 )
La Porte-Ôttomane leur donne le titre de vaivode,
mot slave adopté par les Turcs (i), ce qui, en ita-
lien signifie chef d'armée, ils Fappellent vulgaire-
ment bejr , c'est-à-dire , prince ; la Porte donne ce
même titre de bejr aux ministres étrangers résidons
à Gonstantinople , et les pachas en qualifient égale- I
ment les consuls.
La cour impériale de Vienne le qualifie d'altesse et
de prince , celle dq Ilu;$sie hospadar, mot slave qui
signifie seigneur ou maître' (jï). Les princes commen-
cent toujours leurs diplômes en slave (3) par ces mots
Moi. — Par la grâce de Dieu hospodar de V empire
Valaque ou Moldas^e^ ifioi N: JY: P^aii^ode^, etc (4).
L'oisiveté et la vanité ont introduit dans Bucharest
une mode bien singulière. Touj^Icsl boyards, em*^
ployés ou non^ passent toute la matinée à faire con-*
versation, en cercle, dans quelque salle à la cour.
Cette manie s'est communiquée aux négooi^^ns, et
celui qui uç va pas perdre ainsi son temp^.d^ns quel*
que réduit passe pour un homme de néai^t; Leès dov
(i) Le vulgaire des Turcs appelle les princes hisy pdiieè^ ott
igiaoureffendiy c'est-à-dire, pri|içQ mécréant. (Note du Trad. )
' (2) J'ai déjà dit plus haut le| titre qa& leur doiu^^plj ^ctu,el,-r
lement ces deux cours. Le roi de^ Prusse , écrit siiuplement.
Monsieur le prince hospodc^r de.,», ( Note du Traducteur.)
(3) Ce n'est plus en slave j mais bien en grec ou eu langue
du payjs. ( Note du Traducteui'. ) '
(4) Le protocole de la cour de Moldavie était ainsi conçu ^
N6ii8 N.'—par la grâce d^ Dieu j prince régnant actuel de
Moldavie ^ etc. ( Note du Traducteur. )
(96)
mestiques même y ont attaché une idée de distiiic-
tion, et se font gloire dH être Jichior de Bofer de la
Curti^ c*est*-à-dire, au service d'un noble appartenant
à la cour^ et sont capables d'abandonner un maître
qui ne la fréquente pas.
CHAPITRE XXI.
Passage des pachas et autres Turcà^ -
La proximité des deux forteresses turques de Cho*
lin et de Bender ^ où commandent des pachas à trois
queues ^ les obligé de traverser la Valacliie et la Mol*
davie , et leur procure l'occasion dé rendre visite
aux princes leurs amis (i). Mais ceux-ci font tout leur
possible pour se soustraire à un tel honneur qui leur
coûte beaucoup ^ et les rabaisse aux yeux de leurs
sujets^ attendu qu'ils sont tenus de voir le pacha ^
et d'aller au devant de lui avant qu'il arrive au logis.
A peine l'aperçoivent-ils qu'ils descendent de cheval
et l'abordent respectueusement pour baiser le pan
de son habit ^ et l'accompagnent à pied jusqu'à ce
qu'il descende. Arrivés dans l'appartement ^ ils ne s'af^
seoient qu'après y avoir été invités itérativement, et
se tiennent dans la posture la plus humble > c'est-à-
dire, les genoux croisés. Si le Turc ^st peu civil ou
peu ami, U laisse le prince dans cette position jus-t
(1) Depuis qtie ces deux forteresses appartiennent à la
Russie ; ces passages n'ont plu# lieu. ( Note dtt Traducteur. )
( 97 )
qvkk la fin de la visite, dans tout le. cours delacjuelle
il prend toujours le ton d'un maître j quelque vexa-
tion qu'il fasse, l'hospodarles endure, parce que, si le
pacha devenait un jour grand-visir, il lui ferait payer
cher son irrévérence. .Le prince, envoie ensuite un
présent considérable au pàcha.
Indépendamment de ces pachas, il passe continuel-
lement des officiers et autres employés du gouverne-
ment turc, qui tous vont rendre visite au prince, afin
d'en recevoir des présens toujours proportionnés
à leur rang. •
Il a existé à Bucharest et à Jassy une grande mki**
son, appelée Bejlik (i) , et destinée à les loger.
Les hôtes les plus redoutables que la Porte, em-
ploie dans les commissions importantes, et souvent
pour déposer le prince oalui ôter Ja vie, sont les
capoudzibachi. L'arrivée d'un pareil émissaire fait
toujours trembler. La Porte se. servit de l'un d!eux
pour faire assassiner en 1777 .Grégoire Ghika, prince
de Moldavie, qui, d'abord drogman delà Porte,, avait
régné sur cette province avant la guerre des Russes ,
et mérité tous les suffrages dans l'exercice de ces, deux
emplois.' Ayant été envoyé en Valachic au commence-
ment de la guerre , il fut pris parles Russes, et con-
duit prisonnier à Saint-Pétersbourg. On prétendit
qu'il avait été d'intelligence avec eux, attendu qu'il
(1) Les dépenses et frais d'entretien du BeyUk
des étrangers turcs à Jassy , ont coûté à -k -^
de 2i5,ooo piastres pour Tannée iBaa' '.
C 9» )
n'ayait pas fiai la moindre résistanœ COntlt Uoe (K)i-
gnée dWenturiers indisciplinés^
De la cour de Russie , ce prince passa à Farmee de
Moldavie commaudée par le &ld*mâréchal comte de
Romanzow qui s'aperçut bientôt qu'il entretenait une
correspondance secrète avec les Turcs ^ et leur don*^
naît une idée peu avantageuse des forces russes. Cet
acte d'ingratitude et d'extravagance indigna au dér-
ider point le comte qui le fit garder à vue loin du
camp. Nonobstant cela, l'impératrice ^ dans sa clé-
mente et sa générosité , oublia cette offense , et à k
paix conclue en 1774^ ^U^ le fit nommer prince de
Moldavie, où il s'occupa uniquement de ramasser de
l'argent, et de li^r les intrigues les plus mal con-^
certée&
A l'époque où des t]X>uble8 édatècent en Crimée ,
la Porte songea à se dé&ire d'un tel sujet , mais d'une
manière vile et basse* Elle envoya' un capoudzibadbi
qui était précisément un anû de Gbika , lui doi>-
nant le titre d'écuyer du Grand-Seigneui*, et d'in^
.pecteur delà forteresse de Chottin. Ce caractère extra-
ordinaire que la Porte n'a coutume de donner que
dans le cas d'une exécution fort importante ; et les
extravagances que Gbika avait commises en Valacbie,
devaient être to^ectes à ce prince, déjà prévenu par
ses amis de Constantinople , des mauvaises disposi-
tions de la Porte à son égard , et des vexations de cet
officier, ainsi que par une lettre du prince de Vala-
cbie qu'il reçut au moment où,contre Tavis de ses plus
fidèles serviteurs, il voulait rendre visite au car-
(99)
poadzi qui avait fieint une maladie; Le capitaine de «ei?
gardes albanaises, homme brave et couragbux, et qui
lui était fort attaché;^ voulait raccompagner comme à
l'ordinaire, mais il le renvoya et entra seul dans la
chambre du Turc. Celui-d peu d'instaas après lui
demanda du tabac, et feignant de ne pas le trouver de
son goût, il ordonna à un <les siens d'en donner au
prince de meilleur qui était dans une boîte près délai
En le lui présentant ^ il lui donna deux ou trois coups
de poignard dans la , poitrine. Le prince étant fort
a'jile et très hardi , se leva pour sauter par la fenêtre ,
mais malheureusement les boiseries étroites de la
croisée l'en empêchèrent ainsi que plusieurs sicaires
qui le retinrent et qui achevèrent de le poignarder.
On lui coupa sur le champ la tête qui fut envoyée à
Constantinople, et exposée pendant trois jours a la
porte du sérail. Le corps fut abandonné à sa famille ,
ses effets et son argent confisqué* au profit du Grand-
Seigneur. -
• Une chose remarquable, c'est que Ghika qui por-
tait toujours un stylet à sa ceinture, ijte l'avak pa3
dans cette occasion. On voit par ce tirait infâme que
la Porte avait trois ans après la signature, contrevenir
au traité de paix de 1774 ^ et à l'article positif de np
pas déposer les princes à l'insu de la Russie. Le gou-
vernement turc, soupçonneux par nature, eoyqjifjÇom-
jours, dans les deux principautés, des i^miii
travestis pour espionner la conduite des piia^t^
qui font les rapports qu'il leur piltfit^^.f^
mission étant ignorée^ ils se font th
i loo )
extorquer quelque bonne connue. E!n Utt mot, oeâ ^ei^
potes sont un contraste de grandeur et d'humilité^
oppresseurs et opprimés , et condamnés par letr pro*
pre ambition à vivre pendant tout le cours de leur
règne, dans une ct'ainte et une agitation cotitiniielles,
exposés en retournant à Gontantinople aut vexations
non-seulctnent dés ministres Turcs, mais encore de
tout particulier > surtout quand ils ont de l'argent.
Nonobstant tous œs inconvéniens , il se trouve en*
core des gens qui , à 06 prix ^ souhaitent une princi»
pauté de cette nature»
CHAPITRE XXIÎ.
Recettes et dépenses des deux principautés*
VALACHiE.
La recette de cette principauté consistait, en
1782^ en une capitation de paysans^ montant à la
somme de * . . * . ... piastres 2^200^000
Capitation des Maziles, espèce de gen-
tilshommes de la campagne, et celle des
Inarchands •*•«•«.••«« aoo,ooo
Capitation des Valaques émigrés de
la Transylvanie , qui Sont au nombre de
treize mille familles, et qui payent moins
que les indigènes • ..•.,.. ï4<>^ooo
Salines. données à fertne • • • • • 3oo,ooo
a^840jOOo
( »ol )
Report^ .... a^84o^ooo
Douanes données à ferme. . . * , aQOjOOO
Uoyarit, ou tribut qui se paie pour
lesf àturages des troupeaux 280,000
Vismarity ou taxe sur les abeilles. » 70,000
Vinarit^ ou droit sur Jes vins , . . 6q,Q00
( Ces deux dernières taxes ont été fort
rai^s cette année ) * 9 t
Revenus 4e la princesse • • , , , t^o/xoo
Taxe sur le tabac du pay^, le sel qui se
vendendc^il,le r/i!^man^ et autres petite^
contributions 4e la viUe 4e Bucharest • 60,000
Somme totale en piastres . • 3^55o,ooo
Les années suivantes ^ oes recettes y et particuliè-it
rement l'impôt sur le sel^ se sont accrues. Il faut
convenir que le gouvernement 4ps princes est, de-»
puis la guerre de 1774 > beaucoup plus humain, et
qu'il porte moins d'atteinte à l'industrie (i)j puisque
je trouve, qu'avec toute la fofce et les violences
employées^ les recettes de l'année 1767 étaient 4e;
•"%
(1) Presque toutes les parties de radministration se sont
améliorées depuis la fin du dix-lmitième siè(de^ et il n'a meu-
que 4 quelques-uns des derniers princes qu'une plus longue
durée de règne et moins d'obstacles du c6té de la Popte et des
boyards , pour introduire dans les deux prindpaiilés le système
le plus convenable à leurs vrais intérêts; mar^ le bien ne va
que lentementi* et il était impossible d'opérer cette régénératioii
4an8 le -court intervalle de sept années,
(Note du Traducteur.).
( ^^'^ )
La càpllaliou tles* paysans • • • • l^Sio^ooo
Dons faits à* l'arrivée du prince;' v , iSoiooo
Capitulation des gentilshommes de la
eani pagne et des mareliands. • . • • i^oo^ooo
'- Taxé snrlespâtutages. . . . . • 226,000
; Idem sur les abeilles . . ... , 65,ooo
/fl^em sur les vins . i -s ... > 75,000
Salines, s : ; ; ; ; . *. • . i5o,ooo
' Douanes et taxes 4e Jîj ville; - . ; w 10 0,000
Piastres. . : , 2,175,000
En comparant ces deux sommes, on viprra que les
derniers princes avaient^ un bénéfice d'un million et
idleizii^de plus.que leurs prédécesseurs. Autrefois^
les princes jetaient établis pour trois ans, et il fallut
qnfils;en obtinssent à la fin de chaque année j I4
confirmation de leurs charges^ ce qui se faisait par le
^loj^en d'un firman dont la dépense était de: 750,000
Xe- tribut ordinaire 3oo,ooo
• ••* t • ■
. Présent du Pçjrrap^ • ^ . . . , 6o,poa
Dépenses pour les agens et protec-
teurs à Constantinople ...... 25o,ooq
Dépenses dti prince . . ^ . • . • 5oo,ooo
Total en piastres . 1,860,000
Ce qui restait de larecette,aprèsles dépenses faites,
était le bénéfice (|u prince, quan4 c'était un honune
habile et maître de lui-même j mais en général, ce
reliquî^t était la proie de ses ministres et des agens
a Constantinople ^ui lui avaient procuré la princi-
pauté, et qui ^'efforçaient de le maintenir dans c»
jposte.
Pendant les deux premières années qui suivirent
la paix sous le règne du prince Ypsilanti, la Porte,
suivant la teneur de la convention, n'exigea point
de tribut, et nWait point demande de grands pré^
sens au prince ; niais ce ne fut qu'une fiction poli-
tique,» parce que dans la àiite elle obligea celui-ci
à payer deux tribus par anticipation , promettant de
lui en tenir compte plus tardj il fut encore obligé
de payer au comptant les fournitures de grains , lé^
gumes et autres objets, afin de ne pas désespérer les
babitans qui avaient repris un peu de courage pen-
dant la guerre; en un mot ta Porte> ges ministres et
les Grecs de Constantinople, retiraient de la Vala-
chie sou$ divers prétextes, les n^émes sommes qu'au-
paravant, et nonobs^t cela, il restait encore çba(iu0
apnée au prince un million de piastres.
Recettes de la Moldai^ie en 1785*
Capitation des paysans (i) . . . . 1,775,000
Idem des gentilsbommes de la cam^
pagne . • 5t5,ooo
Dixme, ou taxe sur les abeilles t • • • 120^000
Droits sur les vins ..,..•. 200,000
Idem sur les troupeau:!^. . . , . • 170,000
Salines ..,.,.,*., 3oo,ooq
Douanes ..... ^ ... . 200,000
Petites t^xes et contributions de Jassy. 5o,ooo
Total des piastres . , . . 5^,840,000
(i) Par un anaphora donné sous le priiicc Alexandre Mo-
( io4 )
Les revenus se sont également augmentés de beau-
coup dans cette principauté, coiiMne on le verra par
ime pièce authentique dont je donne ici la traduc-
tion. Elle fut présentée i^n 1770 par les députés
Moldaves àiS. M. l'impératHce de toutes les Russies.
Je l'ai extraite des registres de la chancellerie de
Jassy, où elle se trouve jointe à un mémoire, et une
supplique que le lecteur sera bien aise de trouver
ici, vu que ces documens intéressent le pays dont
je lui donne la description.
Mémoire surf état présent de la Moldavie.
Ce pays ayant été, pendant le cours de deux années,
le théâtre d'une guerre que les Turcs et les Tartares
ont renouvelé par de fréquentes incursions, et comme
ils n'y ont laissé que la terre inculte, ceux des habi-
tans qui n'ont pas été réduits dans l'esclavage, se
sont dispersés pour chercher une subsistance qu'on
leur avait enlevée j les ressources de la province ont
çté par cela même fort affaibUes. Dieu ayant ensuite
rendu victorieuses les armées de S. M., nous avons
vu, après avoir été délivrés du joug des Turcs, notre
pays désolé de nouveau , en partie par ses propres
halDitans qui s'étaient unis aux Cosaques, et qui s'a-
^
Xoxxsy en i8o4 la .capitation fut fixée à 1, 600, 000 piastres
pour toute la province. Le prince Charles Gallimaqui ^ en iSia,
après le traite de Bucharest, la diminua d'un tiers pour la por«
tiou de la Moldavie qui avait été concédée à la Russie.
( Note du Ti-aducteur.)
(io5)
bandonnaient aux pillages; d'autres se sont elpignés'
de leurs propres familles pour se soustraire à leurs
devoirs ,et,en dépouillant leurs propres concitoyens,
ils les ont mis dans l'impossibilité de contribuer
aux besoins de la province. Ces désordres en firent
naître d'autres, et les fourrages, les provisions dont
chacun is'etnparait suivant ses besoins, furent con-'
sommés en peu de temps , ainsi qu'il résulte du rap-
port que nous avons fait à S. Exe. le feld-maréchal
comte de Romaqzow, lorsqu'il était à Labizow où
nous le priâmes^ dans le même temps, de mettre à
Jassy un commandant pour se concerter avec. les
boyards du pays sur les besoins de l'armée, et tout
ce qu'on jugerait nécessaire à son service, attendu
que la situation du pays leur est connue, et que les
commissaires- seraient dans le cas d'esiécut^r .plus
promptement les ordres qu'ils recevraient. Cette
demande a été de suite accordé^ par .S. Exe, .. î
Mous ne manquerons pas d'exécuter promptement
tous les ordres donnés par S. Exe. , ainsi-que tous les
autres, relatifs aux provisions et fourrages néce^aircs
à l'armée, comme aussi de faire l'acquisition des
chevauxr de quatre mille recrues , €t U dépense dq
leur équipement.
Exposition de ce que le pays pourrait fournir»
Gomme il est notoire que notre;j^](^^^ftpuffert
beaucoup dans la guerre actuelle , ncmS'ptff
établir d'une manière précise nos contvi
( io6 )
mais nous sommes unanimement résolus de donner
et de contribuer de tout ce qui s'y trouve. Nos biens
et notri^ existence sont d'autant plus k la disposition
de S. M, qii'Elle nous a promis que nous serions
ëternellement sous Sa protection (i ), et si nous avions
le malheur de retomber sous le joug d^ Turcs ,
nous sérions totdbment perdus. Si les troubles ces^
sent > et si les parties détachées sont réunies à notre
pays (2)^ nous sommes en état et uous nous obli-r-
^eons d'entretenir à nos dépens ; pour la garde de
k pi'Qvince , douze mille soldats ,. et de fournir les
iriVres à huit mille de S. M^
'■■ ■ Supplique à sa majestés
Nous supplions S. M, de nous faire la grâice d'or*
donner* aux commandans de l'^mée de donner / à
leurs subalternes ., l'ordre de ne pas se faire délivrer
dés provisions de fourrages sans eu donner connais
sance aux commissaires des districts. Dans le mo-*
tnent que leé volontaires se présentent pour marcher
contré l'ennemi , nous avons un commimdant qui les
maintient dans la discipline^ et ceux que l'onpren-»
dra sur le fait seront Uvrés aux commissaires ^e%
(1) Les lettres de S. M. Impériale ont été lues six foif dans
toutes les églises,
(2) AUtisidn tnx terres usurpées stn^ la Moldavie par les
forteresses turques ^ ce qtii intéressait particulièrement les
Moldaves,
r
( K>7 )
districts aiuiqueb ils tppattieifnent, et les vols se^
ront restitués au]( propnétaiï*es (i).
Que S; M. nous pemlette de lui reppésenteF que
laibrteresse de Bender^ est la sûreté de dotré pays,
la clef du Danube et le seul moyen de tenir les
Tartares en respect; et que, nous ne pourrions
puir d'un repios durable dès qu'elle serait prise,
■ •
Recettes de la Moldaviç,
Contributioùs ou capitatioii • , • 984>o49
. Taxe sur les abeilles, et sur les pour-»
Keaux ..•..,....» 7407^
Taxe sur les troupeaux . . , , , < 74>o i ^
Droit sur les vins et dont les prélais et
la noblesse sont exempts • ... ^ v^ «> 106,110
Douanes suivant le tarif . , , . , 87,50a
Droit sur le sel ....,., a5,ooo
. Contribution des Taitares ^ui OCca«^
peut des t^jrres dans la Moldavie • , , 8>6oQ
Contributions des autres étrangers* » . 9>A5a
(ai) Total en piastres , , 1,368,59g
• ' \ . t
(1) Tous leagens de mauvaise vie de la province s'enrôlaient
comme tolontajbres et. ai| lieu de tEMUrchei^ eontrç J-eunéinîj, ils
commettaient mille^désordres.
. (1) En i8ao les revenus de laprovince, qui- étaient di;viséa
en deux parties y se montaient ensemble à 2^864,658 piastres,
savoir: i, 44i, 638 piasl^esdes recettes de la trésorerie d'après
les règlemens, et composées de la capitation, de Timpôtpour le*
postes , plub de'i, 4a3;oo6 piastres de la caisse des Routéumatê
ou liste civile du |>riiiC6. Je donnerai plus loin les détails et
Vétut des dépenses, (Note du Traducteur.)
(io8)
Ayant été contraiotd'ëtablir^par le pass^^ les taxes
selon les circonstances et sans cpimaître les moyens
pécuniaires des habitans dont nous ignorons le nom-
bre ; vivant sous le joug des Turcs et environnés de
pays étrangers, nos taxes ont été modérées afin que les
kobitans n'émigrassent points mais puisque le sort
nous fera jouir désonnais. de la protection de S. M.,
nous sommes certains que les revenus de notre pays
s'accroîtront en même temps que les habitans s'aug-
jgenteront et que les étrangers s'y établiront*
Le prince que la Porte-Ottomane nous envoyait,
d^)bs^t des revenus, du. pays pour payer , en argent
eompitant ou en nature, le tribut que nous impo^
le Sultan , ainsi que les dépenses courantes pour les
passages des pachas et ie rétablissement des forte-^
resses. '
On aura unb idée 4u systièsne de ce gouvernement
par lés comptes oi-après qui sont extraits des re-i
gistres.
Dépehses de la principauté de Moldavie (i)
a<> Tribut au Grand-Seigneur . . . 65,ooa
a» Présent du Bayram . . . . . 60,000
3® Au résident du ban des Tiar tares , g^^oo
t • f ■ . ^^■^•— m'
% . 1 34,2^00
(i) LesUrtides- numArotis 3,7, 8> 9, et to ne fignusnt
plus depuis longtemps daiift-ks-cemptei de dépenses.
(Note du Traducteur.)
Report . * • i34>ioo
{9 Dépenses secrètes faites à Gonstan-
tinople • . ' • • • • • • • • « aSo^ooo
5^ Intérêt de Targent empmnté par le
prince à son avènement au tr^ie • • « 68>6ao
G» Au grand-yisir« . ^ ^ % • . i3>6o8
j^ Fournitures de la forteiresse de
Ghotin . • 4 • ^ • i6>aoo
&> Au han des Tartares et des pachas
voisins ^«. ^Sfioù
9» Aux pachas qm traversent la Mol-
davie , .^ » « • « • 3a^6oo
10^ Aux officiers turcs qui traversent
la province . » ^ » • ^ ^ ^ • • 80^000
1 10 Aux amis du prince à Constantin
nople^ et aux veuves de ceux qui ont servi
TéUt . . ^ 4 • . • 65,ooo
I a^ Aux Turcs qui se trouvent à Jassy^
à l'occasion de leurs fêtes de Ramazan et -
de Beyram • • % ^ • . • • • • 4ja5o
i3^ Au prince^ à son arrivée et à son
départ ........... ia>ooo
i4^ Pour Fentretien de la maison des
étrangers Turcs ... . , ; . , • . a,ooo
i5<» Toile pour les sacs d'argent qui
s'envoient à Gonstantinople •••.•• 4^5
i&> Aux courriers qui vont à Gonstan-
tinople •••«...•«..... 3,85o
170 Gourriers expédiés dans les pays
Total ^ piastres . . • 7^7,733
. *.
k
Report . . . 527,733
étrangers . •. ...... • • , •. . 1 2>4oo
I ifto Aux courriers de la prQVînce . . 7,^09
190 Cheyayxde poste et postillons . fio^ooo
ûf/^ Pour le? gazettes et autres feuilles
publiques (Je yicunç et de la Pologne . ^^Sgo
2i«> Pour' les courri^s extraordinaires
à Coostantinople 1 2,75o
!i2^ Courriers exti^ordinaires pour les
pay3 étrangers ......... . .... 4^3oo
aSo Pour iefe caftans que le prince dis-
tribue en apcord^mt les places .... 5^ 800
24® Gratilfication9 à divers particuliers 56^ooo
aS^ Papier, cire, etc. du secrétaire
grec ...;.. 480
260 Pour là secrétairerie turque . . • g6o
270 Pour les .vins et liqueurs de .la .
table du princei et les présens envoyés à
Gonstantinople ........ 5,ïbo
Jû8«> Pour Tentretien du palais et la
nourriture des gardes * * • 36,ooo
399 Pour les chaussures des domesti-
ques du prince . • . . . • « . . 4/>oo
3oo Pour la cuisine ...... ^ . a i^ooo
3 10 Pour les écuries ...... i5,6oo
320 Pour la nourriture des domestiques 12,000
330 Pour les uniformes de 200 hommes
et l4 officiers /commandes parle hetmann • 1^270
34^ Gratifications à diverses personnes '
Total en piastres j . • 945,383
^-
Report . 4 9$5^83
âiut fêtes de Noël et de Pâques . . « So^ooo
35o Pour les prêtres et maîtres d'école
qui viennent complimenter le prince les
jours de grandes fêtes l^^oo
36^ Aumônes aux veuves et aux or-
phelins » . . la^ooo
37«> Salaire des prêtres qui desservent
les chapelles du palais^ et entretien des-
dites • • . . i ^ . • • i . * ^fil^
38o Présens faits à l'ocotsiôn des bap-«
témes et mariages des particuliers ^ et
auxquels assistent le prince et la princesse 6^006
39^ Culture des vignes qui appartien-
nent à la cour» 4 é 4 « • * • « 5ao
4o^ Papier et lumière de là cbaucd-
lerie . . ^ k * • • k . ^ • • 790
4i^Pourrentreti^i de quelques per-
sonnes nobles attachées à la cour « . . 3^Soo
4^^ ^^^ Turcs qui sont au service du
prince. 44* 3 1^800
430 Aux troupes nationales « • • « 7x^5919
44^ -^ux levcntins^ troi:^ étrangère* oo^SoS
450 A la musique turque^ y compris
deux cents séîmen avec leurs officiers. • i4^^44
Total des piastres (i) . . , I,i4ij669
-(ï) Les dépenses se sont considéiablement aocraes depiiîs
cette époque. La dépréciation des monnaies turques en est une
des principales causes. Par exemple le ducat d'Hollande qui,
( "» )
Dépenses de la princesse.
Pour les habits de là princesse et des
personnes de sa cour 22,908
Pour rhuilé et Tencens qui se consom-
ment dans les églises où sont les sépultures
des princes ........... 6,000
Pour les fêtes du prince 3,ooo
Aumônes distribuées par la princesse. 38,4oo
Total des piastres ... . 70,308
dans ces principautés , sert de base à toutes les opérations finan-
cières , valait en 1785 , quatre piastres et demie; dix-neuf ans
après^ c'est-à-dire, en 180a ^ il en valait sept et un quart; enfin
il s'est tellement élevé dans ces demiertr temps, qu'au commen-
cement de 1821 > il valait quinze piastres et demie ou trois
quarts. Une autre cause de l'augmentation des dépenses est
l'introduction de certains articles exigés par la Porte, comme
les frais de correspondans dans diverses cours de l'Europe, lea
courriers extraordinaires, les demandes de riches fourrures pour
les officiers du sérail, etc. , et dont quelques-uns n'existaient
point sous les règnes précédens^, de plus les dépenses extraor-
dinaires nécessitées par les circonstances, telles quB l'établisse-*
ment et l'entretien des lazarets, etc. etc.
Quoique la Moldavie eût perdu par le traité de Bucharest
un tiers de son territoire, les dépenses étaient tellement en di»-
proportion avec les recettes , qu'en 1820 il se trouva un déficit
de 68o,ooQ piastres environ pour l'exercice de cette année, et
que le prince fut obligé de le couvrir en partie des revenus de
sa propre caisse; sans entrer dans aucune explication à cet
égard, et pour ne pas reproduire ici l'état général et détaillé
des recettes et .dépeusesi dont lesartidea sont presque toupura
(113)
Les dépenses de la priadpauté de Valachie ont
été à peu près du même genre et de la même espèce
dans un intervalle de treize années^ bien que quel-
ques-unes soient devenues plus fortes en raison de
l'augmentation des revenus. Les dépenses particu-
lières de i'hospodar s'élevaient^ dans le temps du
prince Ypsilanti^ à 750^000 piastres,
CHAPITRE XXm.
Mode de perceptions des impôts. Population.
Les diverses impositions telles que sur les vins y
les troupeaux, les abeilles et d'autres d'un moindre
rapport^ sont mises tous les ans publiquement à
l'enchère en temps opportuns^ et s'adjugent au plus
les mémesy je me bornerai k donner un aperça de la recette
et des dépenses de ladite année. Les recettes de la vistîarie,
composées 10 de la capitation qui est payable par trimestre de
chacun 311^690 piastres; de l'imp&t de postes et de quelques
autres, formèrent une somme totale de i944i^638 piastres.
Les dépenses à solder avec cette recette s'élevèrent i 3^1211901
piastres*
Les revemis de la caisse particulière du prince qtii consistent^
comme on l'a déjà dit, dans les salines, douanes, droits sur les
vins et liqueurs distillées et exportées, les potut^eaùx, les ra-
dies à abeilles, le menu bétail, etc. s'élevèrent à i,425/)oo
piastres et les dépenses particulières de la liste civile à 1,322,1 54
piastres; le bénéfice du prince n'aurait été que de 100,866
piastres, s'il n'eût pas été obligé d'abandonner cette somme pour
couvrir une partie du déficit. (Note du Traducteur.)
8
(t'4)
offrant qui est obligé ^ payer sur-le-chaiHp au
trésor^ une partie de la 'somme à laquelle elles ont
été fixées^ et le reste dans un terme ûxe ot plus
éloigné- Comme ces contributions ne pèsent que sur
les gens de la campagne^ l'adjudicateur a un libre
cliamp pour exercer toutes sortes de vexations et dé
supercheries, afin de- recevoir Je plus qu'il peut y à
l'instar des autres pays où règne le même système.
Les revenus jdés douanes et des salines ont été per-
çus dans ces derniers temps ^ pour le compte des
princes^ ce qui est plus avantageux pour le com-
merce, attendu que celui qui est vexé, peut recou-
rir à l'autorité^ et obtenir justice > surtout pour les
deux nations privilégiées, l'Autriche et la Russie^
La capitation se paye en Valachie et en Moldavie,
par trimestre j elle est répartie sur les villages, plutôt
que sur les individus. Un village, par exemple , est
réputé de cent maisons^ et imposé à 4oo piàsti^es. L'Is^
prawnick ou gouverneur du district , reçoit le rôle
de la trésorerie , il envoie ses préposés pour prévie-
nir et recevoir Farg'ent J mais il se trouve quelquefois
que le village a réellement plus ou moins de mair '
sohs. S'il en a un plus grand nombre , les paysans se
réunissent^ et font entre eux la répartition avec le
plus grand secret > crient, se disputent et se battent;
mais il n'y a point d'exemple qu'ils aient été se plaindre
à rispraWnik pour quelques désordres survenus entre
eux. Le chef SL^p^elé Procalabe , moi que je crQÎs
venir du latin parochusy .et qui en fait les fonctions^
ra porter les deniers à l'exécuteur. Si le village est
( «t5 )
au contraire moins nonxbreiux,, illfout dear^pitesed^
talions pour faire efiaoerdu rôl^ l^nominre de^jnias4
sons^et consequeixunent diminufsr les charges* Sîils né
sont point écoutés^ tout le village «se. «épai^e» etle^
habitans passent dans un autrejéf^jt voisia.ou s'in*^
corporent dsuis un autre vUlagaplas élaigné^. et dans
un autre district. Delà vient :qxi'on ne peut Jamais
connaître exactement^ et que'.Ie.^ouvcnrnemexit loi»»
même ignore le nombre desj^al^itaaa^ ..
Autant que j'ai pu le calculer.^ an gëaeral et mo^
dérément> la population des deux ■ principautés 36
monte à un million d'ames. Dans le t^nps <|ne le
prince l^psilanti gouvernait la. Yalacbie^ un ^tssei
bon nombre de Bulgares venaient^ de l'autre rive du
Danube ^ s'y établir; comnoiç :la:Porte les réclamait
par l'organe de ses coninij[ssairej?> iU s'en retour-^
naient souvent sans avoir rien fait; mais ils étaÈiçaf
bien récompensés*
De . temps en, tempçi la. Porte fait . des . demande^ ^
extraordinaires ou en iargent/o^d^'^^î^l^eiiii.pTo^
duits. Dans ce cas^ on Uve une 'tùe partieiûièie
sans préjudice de l'impôt ordinaire ^Eii' laquelle led
nobles • les couvens et les monastères : epnfcribueiiti
En considérant l'étendue des .Aetx% principautés^
la grande fertilité des terreins.;^ et la variété dés
produits^ il est certain que la pppulatîon est.^ès
petite j.et cela prouve évidemment que^ malgré. totni
les avantages de .la nature^ on ne la trcnive . jamais
nombreuse que ta où l'homme peut jouir > avec une
certaine liberté, du fruit de son industrie et de lii
8 * '
("6)
Ittvfluxy fiâuk crâiiil^ d^éii^e toOrmente^ les habU
lénB des demc pmtliiliei^ t)OiiYaient jouir d'une sem-
yableséoutité) ils fieraient parfaitdment heureux y
leur nombre pottrmîis'iEiiignienter du double^ et peut-
être dârTaâtagé sàhil*craitidre de manquer de suÏïsîs-
tance du d'être obligësâ'aîbandontier leur patrie pour
te procurer leur è&ii^téiiee^ comme cela arrive dans
Ici pa^ où-lajpopiiktioii abondé. Tous ceux qui
écrivent aujourd'hui sur l'économie politique^ pô^
sent là population! pour là plremière base du bonheur
d^un él«t# Si cette félicité consiste dans ces armées
nDBifaréus6ft> qUie les s^uvétains se plaisent à former
à Pcftiti ruh d^l'îlutre^ si c'est daui un luxe si ex^
tnivagant> OU 'pour mieuiL dire destructeur des fi-
nances et des grands^ propriétaires^ j'en conviens avec
eux ; mais je ne k'ptiis sani compatir à la misère de
la phis grande pftttie des iiidividus qui , manquant
de subsistance, sont contraints de s'enrôler dans
lei troupes^, ou db prenait» la livrée > de servir la
seDS)ialité ei'lei*AQii|)ricë^ dés riches^ de s'abândôn-
ndr à toùtef igghi'de viees> et de terminer lehr exis-
lehoeÀ }'h6pl(Ri ou dans une prison, et souvent
làénK'SUF' un éciiafaud« Nous voyons le continent
améidcain peûj^ d'Européens venus principalement
de l'Allemagne^ qui , pour posséder tin petit terreiil
•e eoitt exposés à tant de périls , se sont privés même
pendant (|uclque tenips de la Ubetté, non pas pour
virre ensuite dans l'oisiveté, mais pour suer en cul-
livantv une terre- qui, au pt-emier aspect/ présente
mille obstadei. Une nourriture saine et abondante.
( «t7 )
un vêtement bon et simple ^ ime maisQo ' et du boîs
suffisamment pour se obaufTer l'hiver^ font le vrai
bonheur de l'homme ; tout le reste est ar.Teable et bon^
mais ne pourra jamaisqu'exciter^ pour un moment, no4
appétits et faire naître de nouveaux dësir^, On regarde
les métaux précieux con^me le ^uveraiQ bicn^ sani
considérer que pour le$ arracher du sein de la terre^
tant d'infortunés qui, par maUieur ^ont nés dans des
pays où se trouvent des mine^^ sacrifient leur exis«
(ence. L'abondance des n^étaux n'a &it que les rendre
plus vi}s. Les vraies minières sont qn yiiste cbftinp
pour semer et pour £dre paître de nombreux trou-
peaux^ et un bois^ une rivière ou up lac d^ns le voi-*
sinage. Les troupeaux sont, ^ mon avis ^. plus ntiles
à Thomme que l'or et les bijoux> et j'e^Mmerfti (our
jours très beureux un p^r^rs qù les terreins sont plus
étcnduçf que la population, et nop pas celui ou le
sol ne suffit pas à ^es h^itiins. Le prppriéta;ir$
fiime s^ patrie, travaille avec plaisir et multîpUe
avec facilité , et s'il lui est nécessaire de prendre les
^rmes , il devient un excellent soldat pou^ 4^fendr^
^ propriété.
CHAPITRE XXIV,
Postes et courrierSf
Les relais de poste sont établis, dans les deux prhi»
f ipautés , à la distance de quatre li^ues^ Les postes
doivent toujours tenir prêts un grand ncnnbre de
chevaux pour le service de la Porte et l'usage de^^e^
(ii8)
x)fficiers qui non^eulèment ne paient rien, mais
eaacôre cjuijipoUr le moindre retard , et par caprice ,
chargent de cjups le maître des postes et les postil-
lons, et les obligent de courir en de'sespér^s. Quand
il passe quelque péf èbtitiàge distingué , le prince esÇ
^enu de lui fourùirun bon carrosse et grand nombre
d'autres t^oitures. Chaque domestique en prend une
pour lui et une auti^'pour 3a selle et sa valise, ce qui
fait que ^^ns uû^ occasion semblable, il y a 70 "à
80 chevaux* d'ànplôjés 'à chaque poste, indépendàm-
t\k6ût de» chevaux fixés- tju'il faut changer tous les
atn* *Le.prihce les fait prendre à yi} prix chez les
paysans, ce qui multiplie les violences et les oppres^
fiions.
^ Les princes ont deux geitrès de courriers ; les uns
appelés Calarasches font le voyage de Constanti-f
nbpfeyet les autre» lApcanes qui ne servent qiiédans
la prQvi|i)pe pour porter les ordres aux gouverneurs et
aut|^ officiers. Les derniers sont payés en raison du
vGfya^e qu'ils font et d'après le tarif du trésor.
Cleux qui vont à Gônstantinople sont souvent dé-
pouillés en Turquie par des assassins , attendu qu'ils
portent toujours des bijoux et de l'argent apparte-
nant aux princes. Il y a 4^f) lipcanes destinés à porter
jusqu'aux frontières les lettres et gazettes qui viennent
de la chrétienté j -les princes étant obligés d'infor-
mer la Porte ^s nouvelles poUtiques. Autrefois ils
avai^qt mi agent à Viursovie; ils se contentent au jour- ^
d'hui d'y avoir un simplof oorrespondfmt et un à
Vienne* — • J ' ;.". «.«'i ..* t. • • .
CHAPITRE XXV;
Les nationaux prétendent qu'ils avaient^ autrefois ,
de nombreuses armées. Je suis porté à le croire y ne
pouvant me persuader que ces deux provinœs ne fu-
rent jamais très peupl^s^ surtout après. les irruptions
des Tartares , dans le treizièn^ siècle , et que lesf in-
digènes, prinQipalen;(ent les vyàis Yalaqufes, n'eussent
été très belliqueux. On voit dans l'histoire de Vala-
icUie que , dans le oommencen^ent du dix - septième
siècle^ le corps des Seïmènes et des Tarabans, com-
posé d'étrangers de la Servie , s'étaient révoltés en
Valachie , et qu'ib saccageaient le pays. Le prince
Constantin Baçs^^rabs^ implor{i la prqtection du sul-
tan Amurat qui ordonna aux princes de Moldavie
et de Transylvanie de marcher à son secours et de.
l'aider à c|iâtier les rebelles ; ils n'avaient donc pas
de troupes palionalcs capables àfi leur résister , ou
s'ils en avaient elles étaient insuffisantes ou peu nom-
breuses comme aujourd'liui. Les deux provinces
étaient en qutre couvertes de forçts , comme elles le
sont encore à présent , et l'on s^t que c'était la prin-
cipale défense du pays d?ms le temps que les Turcs y
faisaient des irruptions. Il est certain que là où il y
^ beaucoup de forêts , la population , première
source d^^f puissaiites arn^ées , n'est pas nombreuse.
\
( *a^ )
Quelle qu'elle ai,t été dans les temps passés^ voyons
ce qu'elle est actuellement.
Les deux principautés continuent d'avoir des Tara-
bans et des Seïmènesj ce nç sont plus des étrangers,
mais des nationaux commandés par le Spathare. Ils sont
distribués sous différens capitaines, dans les deux ca-
pitaleii et dans d'autres postes. I/Âga en a aussi une
partie qui est indépendante des premiers. Le nombre
devrait s'élever, à ce qu'on croit, à 6000 dans chacune
des deux provinces, mais il n'en existe probablement
pas autant par les fraudes et les tromperies qui s^exer-
çent dans toutes les affaires. Une partie de cette
troupe est à pied , les autres montent des chevaux
qui leur appartiennent. Ils Jouissent de l'avantage
d'être exempts des contributions, font alternati-
vement le service pendant une semaine , et s'occu"-»
peut , l'autre partie du temps , à des travaux pour
exister. Us reçoivent, tous les ans, un coupon de drap
j^rossier de couleur et dont ils doivent se faire con-
fectionner un surtout pour paraître en faction ; les
armes , qui consistent en un fusil de peu de valeur ,
leur appartiennent. Les Turcs se servaient autrefois
de ces milices comme mineurs et pour les travaux
nécessaires àl'armée. On pourrait en former de bonnes
troupes , puisque l'exemple tout récent de la Tran-
sylvanie démontre qu'un sage gouvernement peut ,
avec une éducation appropriée aux mœurs, faire
clianger le caractère d'une nation. Les Vakques de la
Transylvanie sont de la même race que ceux des
deux provinces que je décris 3 ils ont la même religion.
( l" )
la même langue et les mêmes coutume^^ Les uns
étaient avilis par les conquérans Hongrois , comme
les autres le sont par les Turcs et par les Grecs , et
plus encore^ à tel point que dans le code hongrois-
tiansylvanien, il y a des lois qui mettent les Valaques
au rang dqs brutes (i). L'immortelle Marie-Thérèse,
qui a tant fait de bien à ces peuples , forma, en Tran^
sy Ivanie^ deux régimens composés de Valaques qu'elle
racheta auxbarons auxquels ils appartenaient. Dansla
dernière guerre avec la Bavière , les Valaques , de
l'aveu de toute l'armée impériale, se sont comportés
avec beaucoup de courage , et il nous resté à voir
ce qu'ils feront dans cette partie , sous le çomman^
dément du brave général Fabris y commstndant n[ii^
litaire de U Transylvanie (2),
Le3 deux princes ont duicun un corps de deux
cents hommes , partie à pied , partie à cheval. Ces
gardes sont composés de Serviens et d'Albanais,
qui sont de beaux hommes et biens vêtus. Us en
im^posent beaucoup aux nationaux, et se font craindra
des voleurs de grands chemins , en Turquie , quand
ils accompagnent des convois d'argent ou des per-
sonnes qui vont à Gonstantinople, Ils sout réellement
honmies de beaucoup de valeur.
Ils donnent encore une autre preuve de ce que
peut produire la Uberté et l'esprit de corps, car il
•
(1) J6 suis fôché de ne pas avoir le livre sous la main pour
citer tout au long ce moniunent de barbarie.
(2) Ils sont devenus de bous soldats, et plusieurs ont servi
dans les dernières c^mffLffiç^^ ( Noie du Traducteur.)
( laa )
est indubitable que dans leur pays ils ^'osent pas re^
garder en face les Turcs sous le joug desquels ils vi-
vent. Hs viennent en Valachie ou en Moldavie y se
font soldats^ s'exeroent au maniement des armes , et
quand ils repassent ensuite en Turquie y ils défient
ceux qui les faisaient trembler auparavant.
Indépendamment de ces milices , les princes entre-
tiennent encore un of&cier Turc avec une garde peu
nombreuse j pour piaintenir les Turcs qui passent et
pour empécher^daiis les marchés et aux postes^les dé-
sordres qu'ils ne manqueraient pas de commettre^ se
croyant tout permis dans les provinces qu'ils regard-
dent comme pays conquis.
Les princes ont aussi à leur service un asse% bon nom-
bre de tambours et de fifres Turcs qui font entendre j,
deux fois par jour devant son palais, leur bruyante
musique.^ ce qu'ils regardent comme une des plus
grandes prérogatives. Les dames grecques, malgré
ia délicatesse de leur goût , vont l'entendre et sont
enchantées en pensant que leurs époux jouissent d'un
tel honneur (i),
(i) Les mœurs sont assez changées k cet égard depuis que
les étrangers y ont introduit les arts de l'Europe ^ et surtout
depuis les dernières campagnes des Russes. Les dames Grecques,
Vali^ques çt Moldave^ goûtent et cultivent la musique euro-r
péenne^ et presque toutes chantent et jouent de quelqu'ins-
trument. Si par hasard elles sont condamnées à entendre la
musique turque y elle ne leur cause ni extase ni plaisir. Elles
la supportent oonune tant d'autres choses qui tiennent aux
co|itumes. ( Note du Trfiducteur. )
/
^ ( i2»3 )
La coutiune est d'avoir, dans les deux cours, des
chiaousc Tares , espèce de portiers, qui prdcèdent le
prince, et portent un bâton garni de sonnettes d'ar^
gent.Le plus souvent ce sont des Arméniens qui font
ce service, et qui servent encore de bouflFons pour
divertir son altesse quapd elle est à table j ils jouent
aussi la comédie en langue turque, mais oc n'est
qu'une farce aussi indécente dans les actions que
dans les paroles (i) j ils ont encore le talent de ra-
conter des historiettes ou anecdotes; ce qui est fort
en usage dans les cafés de la Turquie pour divertir
|e3 oisifs, .
CHAPITRE XXVI.
Forme et police des villes et villages^
Les deux yilles capitales, Bucharest (2) et Jassy (3),
pourr^eptr plutôt ^'appeler de grapds viUliges que
(1) Ces boufibns n^ sont plus de mode^ et ces farces ne se
représentent plus, depuis que les princes ont trouvé de plus
noUes amusemens. On conserve seulement des tziganes qui
viennent les jours de grandes fêtç^ , et dans les bals de la cour,
chanter et joiier des chansons çt des airs nationaux.
(Note du Traducteur.)
(2) BiicJiareaty capitale de If^Yal^chie^ est divisée en deux
parties p^r U IKimbowi^a. ]£lle a 80,000 habitans, une biblio-r
thèque , un lycée , un théâtre , un club , deux hôpitaux , etc.
(3) Jassy est, il beaucoup d'égards, préférable à Budiarest.
Pepuis Adngt ans environ oni y a construit beaucoup de mai-
sons de ville çt 4e Cfuppagne, des jardins dans le goût moderne,
des villes y attendu qu'elles sont çom^posëes de maisons
çt de chaumières entourées de grsuids jardins et de
cours qui occupent un grand espace de terrein. Après
l'àyantr-dernière guerre de Eussie^on à cpnstruit dans
les deux villes beaucoup de palais et dé teaisons ea
pierre, vastes et commodes^ mais sur Ip même plan ,
sans ordre et sans symétrie. Autrefois les toits des
loiaisoAS étaient formés de petites tablettes de bois ^
on se sert aujourd'hui de tuiles de terre cuite, très
élevées et £ibriquées à angles ^gus, afi|i de suppor^t
ter le poids des neiges. Il y a ds^ns toutes les cham^
bres des poêles pour les échauffer pendant l'hiver.
C'est dans le centre des villes que se trouvent les
Le palais princier^surtout, qui ejpt bâti en pierres et en briques,
et d'une forme régulière y occupe ei^ longueur un 8996? grand
(Bspace; il n'a qu'une seule aile de face, un étage et re^-der-
cbaussée. Jje défi^ut qu'on lui trouve c'e^t qu'avec tine forme
extérieure européenne , la distribution intérieure est tout^-à-
fait orientale, et que tout est sacrifié aux grandes salles d'ap-r
parât et de chancelleries d'état. Il ne contient que 70 chambres,
et pourrait en comporter plus de 100. Il a été construit en i8o4
par le feu prince Alexandre Morousy qui n'eut pas la satis-
faction de l'habiter, o|r il était à peine achevé que la guerre
éclata entre la Russie et la Porte. Il est fermé par une enceinte
et bâti sur une hauteur qui domine toute la plaine arrosée par
le Yaslouis. ^es jardind sont au pied de la colline, mais les in-
ondations empêchent d'y rien faire de durable. Bucharest n'^i
()as de palais princier proprement dit. Geliu qui existait , a été
consumé hi première aimée du règne du prince J. Caradza.
Ce sont deux maisons de boyards réunies et distribuées à l'o-
rientale, qui formaient, «ou* le dernier prince A. Soutzo, là
résidence prindèuPr {Note du Traducteur.)
»;* •■
( tûS ) ^-
V
knaidies à l'instar de la Turquie, pour là venté clést
deiifées et coibestibles. Les boutiques sont, pour la
plupart, construites de terre et de bois, récrépiés dé
cliâux^ et les rues de ces boutiques couvertes de toiti
de sapin. Il y a dans l'eticeinte des marchés des cou-»
vens clos de bonnes murailles, et dont les portiques!
intérieurs ont diverses boutiques et magasins pduf
lea marchandises plus, précieuses, des bàtitnens sont
d'une grande utilité en temps de guerre pour réfugier
les pauvres hafaitims exposés aux rapines et à tous lés
excès des milices turques (i)j il y a daïis tous téà
quartiers des cantines souterraines qui sont à la fois
des cabarets et des lieux de prostitution^
Le nombre des églises et des couvons qhi èé trou-*
vent dans l'enceinte et hors des villes est încroyable
Tous les princes et bèducoup dé riches particùîiéfâ
ont eu la vanité d'en faire bâtir pour perpétuer leur
ménfoire , et n'ont pas oublié de faire peindre sûr
les murs intérieurs leurs portraits et ceux de leur fa-
mille. Les église^; sont fort obscures; les mùraïQéiï
sont couvertes intérieutenient de peinturés repré-
sentant des figures de saints et les miracles qu'ils^ 'àûX
opérés , et ces sortes de représentations ne font hon-
neur ni au pinceau ni au géiiie du peintre. H n'y à
(i) Dans ces derniers temps il n'y avait plus Xaaie respec*
il, car les Wrbares ont forcé [(es couYjeiis, applî^u& les garr^
i&ûBB à la question pour leur faire «découvrir les choses.^
emmené les religieuses en esclavage^ et commis toutea.lie
cités qui leur sont familières. (Voyez les journaux.)
(NotedaXBV
dans la chi^pelle du fond qu'un seul autel dont la
vue est cadiiëe par des rideaux et un portique de
bois doré^' ainsi qu'il est d'usage dans les églises du
titgrec(i).
Le long des murailles règïient des sièges ôomme
d^nsie chcBur de nos églises; dans les principales
il y a un trône âlevé pour le prince et un autre plus
petit pour la princesse* A Ventrée se trouvent les
tombes en marbre des fondateurs. dont les descen-
cLans çeuls ont le droit d'y être enseirelisj les autres
personnes ainsi que les gens du peuple sont enterrés
dans des cimetières voisins.
Les villages situés dans les plaines sont peuple
de pauvrtE^s gens^ ce qui présente une idée de mi-^
' sere et de désolation. Les maisons y ou plutôt les ta-
nières, sont creusées sous terre et s'appellent bordeù
De loin oifi n'aperçoit que la fumée qui sort des
cheminées > et de près on voit le toit qui formé une
légèraproéminence au-dessus de la superficie du sol;
il est çQpiposé de perches recouvertes de terre, de
sorte que l'herbe croît dessus; les habitans fuient
toujours les grandes routes et cherchent quelque
f^pss^ pu terrein bas .pour n'être point aperçus des
voyageurs I et pour se soustraire aux rapines et aux
-. . .. ..... • 1
(i) Çèâ é^setf et ices couvens ont tôos des revenus consv*
détables. Ceux de la métropole de^Bucharest se montaient dana
ces derniers temps /à 4€k)pbo piastres environ ^ c'est-à-dire ^
SôôyOoo francs ; et ceux du mëtropolitÎBdn de Jassy, a à peuprâji
autant ' (Note du Traducteur.)
( î^7 ) f
vexations; tel e^t l'état d'aviUssetnent où Toppressioa
et la tyrannie réduisent l'homme 1.. 4
Les villages situés sur les montagnes sont plus
rians; les maisons^qui sont élevées et assez coilimodes^
ont leurs écuries et des magasins pour conserver le«
provisions. . "/'r^i
La police urbaine n'est pas excellente; les ppiiicèii
qui ont soin que les villes soie&t toujours bi^ ap-
provisionnées de pain et de viande ^ se travestissent
et font àouve)it eiix-mémes la visite dans les mar-
chés. Tl y à la nuit des gardes disposés daûs tous le§
quartiers , outre ceux qui font la patrouille ^ po^rr
prévenir les incendies et saisii* les voleurs. Il y a des
crieurs publics qui avertissent dç balayer les ruesj^
nettoyer les cheminééd et qui publient les ordres el^
réglemens nouveaux. La nuit on ne peut sortir saqs
lanterne (i), et les tavernes doivent être fermé.es;
mais on a déjà dit que les of&ciers abusent de leur
autorité^ et qu'ils commettent différences espèces
d'avanies et de vexations sous prétextei de maintçniif
le bon ordre* ,
.. . f ■ ■) ■
(i) C'est plut6t une nécessité qu'une obligalimi dans.oii
pays où les rues qui sont édxoites, sales et raboteuses , ne sont
point éclairées ^ et où la police n^est paa suffisante poui^ veiller
À la sûreté des citoyens. {Note du Traducteur.)
♦ ( ia8 )
CHAPITRE XXVII.
Iteligion^ tolérance ^ écoles y hôpitaux *
La religion dominante est ceïie de Féglise grecque
orientale j et les ecclésiastiques reconnaissent pour
leur chef spirituel le patriarche de Constantinople;
mais comme ils sont en général fort ignorans^ le
peuple n'a d'autres principe^ que ceux d'un culte
extérieur et Superstitieux,
Le point principal^ et celui dans lequel ils font
consister la religion, est d'observer, dans le cours de
i'annfe, quatre carêmes (i) fort rigoureux àl'égard de
la qualité > mais non de la quantité des alimens, et
de jeûner deux jours dans la semaine (2). Les confes-
seurs slont des prêtres mariés (3), et des prélats que
l'on choisit toujours dans les monastères des moines
de Saint-Basile, auxquels l'exercice de cette fonction
sacrée n'est paft permis étttiit dans l'état monacal. Le
pénitent^doit donner une aumône au confesseur qui
rie manque pas dé lui recommander de faire dire
quarante messes en mémoire des morts. Un de ces
confesseurs conseilla un jour à sa pénitente de pren-
âi*e en cachette à son maître l'argent nécessaire pour
(1) C^ux de Koêl y de Pâques , des Apfttres et de l'Âssomp-*
iioiié V ( Note du Traducteur. )
(2) Le mercredi et le yendredi*
(3) . L'Église grecque orientale admet des hommes qui étaient
dèîà mariés avant d'exercer la prêtrise; mais s'ils sont entrés
dans l'état ecclésiastique^ étant cËUbataires, ils ne peuvent con-
tracter de mariage. (Note du Traducteur.)
( Î29 )
faire dire des messes, Passurant que, comme il n'e'tait
pas chrétien, c^est-à-dire qu'il n'e'tait pas du rit
grec (i), ce n'était pas un péché de lui dérober celte
petite somme pour l'employer à une œuvre si sainte.
Quoique ce fait soit très vrai ^ j'aime à croire que
de tels principes ne sont pas généralement ceux des
ecclésiastiques (ti). Il est certain que le vulgaire qui
n'a pas la moindre idée de la morale chrétienne, re-
garde comme infidèle tous ceux qui ne sont pas do
son rit. Delà vient qu'il rend plus de culte à
une image qu'au sacrement de rEucharislic. H y a,
par exemple à Bucharest, une image de la vierge .
Marie regardée comme miraculeuse j quand le prince
ou quelque grand seigneur est malade, on envoie le
plusbeau carrosse pour la transporter j on lacon^serye^.
dans un monastère appelé Sérandaru L'abbé monte
dans la voiture qui est environnée de torches allu-*
mées, et tient l'image sur sa poitrine j si le malade
( i) Ces peuples, dans leur ignorance ^.considèrent les Gaifaô^
liques à peu près camme ils sont eux-mêmes. considérés' jdôs
Turcs, * ' ( Note du Traducteur.) : ?
(2) J'ai connu à Constantinople plusieurs évéques qui f(â*
saieut partie du saiut synode sous les vénérables patriarche^
Cyrille et Grégoire , et dont, hélas! la plupart sont tombés
sous le fer des Mustdmans. J'ose aiErmer que ceu respectables
pasteurs unissaient à la philosophie la plus saine et la plus éclai-
rée, la morale la plus douce jointe au désir de voir terminer les .
diSerens des deux églises par une réunion sincère que tout de-,
mande ^ que les temp ont préparée ^ et que la seule crainte def .
Turcs empêche de provoquer. (Note du Traducteur.)
( t3o )
est d^uii rang inférieur, c'est un moine qui conduit
dans une calèclie, une plus petite image qui est pro-
bablement k copie de Tautr'e. Enfin si c'est un pauvre
homme, c'est un nldine ordinaire qui porte à pied
un petit tableau. Tous ;5'en retournent ensuite au
monastère et font quelque présent. Dans les rues où
p2LSse cette image, le peuple se prosterne avec une
vénération qui croît toujours en raison de sa gran-
deur. •
Au contraire l'Eucharistie est porté à pied^ par
un prêtre , dans un petit coffre. Il est précédé d'un
enfant qui porte une lanterne fort sale, et n'attire pas
la moindre attention du peuple (i). Le prêtre ne fait
aucun scrupule d'entrer dans une maison pour cau-
^ ser et même dîfns une taverne pour boire.
On ne célèbre dans chaque église qu'une seule
messe au point du jour^ excepté dans la chapelle des
princes où eUe se dit à la mi-matines. H y a un nom-
breprodigieux de fêtes, et l'on célèbre même en Va-
lacbîe, le second mercredi d'après Pâques, la fête du
diable avec une infinité de superstitions.
Ce n'est pas seulement le vujigaire qui est crédule^
maid encore les personnes dont l'esprit est le mieyx
cultivé croient aux devins et aux sorciers et à tout ce
que la fourberie humaine peut avoir inventé. Ils sont
persuadés qu'il y a des personnes si malfaisantes
(i) L'Euclianslie , selon le rit grec^ est du pain et du vin
consacré, et non pas dés hosties, comme dans le nôtre.
(Note du Traducteur.)
( «3, )
I
qu^elles peuvent faire sécher un arbre en le regardant
fixement^ et rendre un homme malade. Ils n'aimeht
pas entendre louer trop fort leurs enfans, leurs che-
vaux ou d'autres objets de leurs affections, et suspen-^
dent à leur ,col une tête d'ail qu'ils croient un anti-
dote efficace contre les maléfices. S'il arrive que
quelqu'un loue un objet avec enthousiasme^ on le
prie de suite de cracher sur cet objet. Au reste c'est
un usage général dans tout le levant. Une des scènes
les plus ridicules et les plus utiles aux prêtres c'est
celle des vampires. Ils prétendent qu'un cadavre qui
ne se corrompt pas sur la champ conserve encore
une espèce de vie; que l'ame n'est point séparée du
corps et qu'elle ne peut s'en séparer, si, pendatR;
qu'il vivait, l'individu a encouru quelque censure
ecclésiastique, l'cxcomniunication ou tacitement pu
explicitement , et que pendant la nuit elle sort de là
tombe et cherche à faire aux vivans tout le mal pos-
sible. La première preuve ou suspicion de cette situar
tion pour les âmes déjà soupçonnées, est si la terre
qui recouvre le cadavre vient à se mouvoir et à se
déranger. Le prêtre, son épouse d'abord, et ensuite
tout le voisinage comme étant les plus exposés, com-
mencent à répandre le bruit et à faire appeler les pa-
rens du défunt qui sont obligés de payer le prêtre pour
faire exhumer le cadavre et le délivrer de l'èxcom-
mimication. Si le corps se trouve intact, on le pose
contre un mur, et souvent il arrive que le cadavre
tombe en poussière pendant que le prêtre fiiit les
exorcismes. Si au contraire^ il retarde ou r^
( r3a )
bout sur pieds^ lesassistaDs redoublent leurs plaintes
et leurs hurlémens^ et sont persuades que Vexcom-
munication qui pèse sur lui est d'une grande impor-
tance et du premier ordre. On fait en conséquence
venir un prêtre d'un degré plus élevé et même un
évéquequi ordinairement opère le tniracle« Gomme
les nobles sont ensevelis soùs des tombes de pierre ,
ils n'ont probablement pas le plaisir de passer pour
vampires > et leurs cadaVres ne sont jamais exposés à
cet inconvénient. Ceux qui sont le plus fréquemment
exposa à ce malheur sont les capitaines delà police
et les marchands de comestibles^ gens odieux au
peuple, qui, vraisemblablement, laissent du bien
mal acquis et auxquels il paraît juste de le faire par-
tager, après leur mort, aux prêtres.
Rien n'est jplus ordinaire et ne se réitère plus sou-
vent que le serment en public. Quand deux personnes
sont en litige, et qu'on ne peut prouver le fait, le
juge ouïes parties demandent le serment solennel. Les
plaideurs vont ensuite à l'église métropolitaine où
ils font serment <levant le prêtre en touchant une ^
image de la vierge. Le-parjure est censé excommunié
sur le champ, et il est probable que quelques indi-
vidus ont été plus d'une fois dans ce cas pendant
leur vie, et que les prêtres sont fondés à les dédarer
vampires. Pour déflorer les pauvres Yalaques et
Moldaves de ce terrible malheur , les patriarches
grecs ont usé de leur autorité apostolique en accor-
dant aux fidèles une indulgence pléniére et, avec
Fab olution de tous les péchés, la levée des excom-
( i33 )
municationsqu^ils pourraient avoir encourues volon-
tairemeat ou inTolontairement pendant leur via.
Le patriarche de Jérusalem vint sur la fin du siéde
dernier en Valachie et en Moldavie pour visiter les
nombretuL couvens et les biens annexés à sa mense
patriardhale ^ et pendant son séjour , pour consoler
les fidèles^ il. ^urdisteibuait^ avec les indulgences ,
une feuille imprimée qui devait servir pour les vivans
et pour les morts, et qu'on ensevelissait avec eux (i).
Heureux celui qui pouvait obtenir du patriarche
qu'il célébrât une messe solennelle pour le repos des
âmes de ses ancêtres ! mais bien peu jouissaient de
cette faveur , parce que la messe patriarchale coûtait
dix sequins. Cependant le patriarche fut continuelle*
ment occupé à dire des messes pendant deux annets
quM honora les deux provinces de sa présence.
Pour ne pas priver les pauvres d'un si grand avan-
tage y le secrétaire du patriarche distribuait ces
feuilles imprimées moyennant une aumône pour le
saint sépulchrede Jérusalem et qui passait dans les
mains de» ce prélat. La moindre était d'un demi^
floriu ( I fr. 3o cent. ). J'ai lu une lettre que ce se-^
cré taire écrivait , de Jassy , à un évêque de Bucha-
rest , dans laquelle il lui disait que , grâce k Dieu i sa
sainteté avait éprouvé une grande satisfaction à trou-
ver tant de ferveur dans les fidèles de la Moldavie ,
(i) Le patriarclie de Jérusalejn- dispeuse les indulgecv^es
dans tout le levant Cette fisLveur n'est pâ^ spéciale pourle^IV»
ces aeV^m^nt, etc.
( »3.^ )
qui avaient, à Fenvi , imprimé de leurs mains toutes
les cartes d'indulgence j qu'il le priait cependant d'en
faire imprimer quelques autres milles à l'imprimerie
de l'archevêché , mais à un prix plus modique.
Non-seulement on haise ]a main à un pré}at y rsmsk
on lui rend y en quelques sorte y m^e espèce* d'adora^
ûon eu se prosternant devant lui , et j'ai vu )ea dfunei
]es plus distinguées; se conformer à cet usage (i).
Ils prennent le titre de saint , très saint , très pur ,
etc. Leurs vices et leurs désordres ne sont cependant
ignorés de personne , mais la vénération que le peu-
ple a pour eux est si grande , qu'il n'ose en murmu-
rer de peur d'excommunication. Il ne me paraît pas
hors de propos de citer ici une anecdote singulière
qui m'a été rî^contée , avec la plus grande ingénuité ,
par la personne ii laquelle le fait est arrivé. Un riche
particulier, grec de Jfmina, employé à Constanti-f
nople dans les afiaires des deux principautés ^ fut
enfermé par ordre du sultan Mustapha à la redou-
table prison appelée le Four . Nonobstant les angoisses
de sa situation et les tourmens qu'il endurait, toutes
ses pensées et tous ses désirs se tournaient vers son che-»»
val favori dont il n'avait p^ cessé de prendre soin ,
ni de s'occuper du fond de son cachot , et qui fut le
premier objet de ses caresses, quand il eut recouvré
sa liberté^Jeu de temps après, et comme il se dispor^
(i) Les dames ne se prosteiTient pas plus que les homines
devant les prélats ^ tuais se bornent à'icur baiser respectueuse-
ment la main. (Note du Traducteur.)
(«35)
sait à Fetourner dans sa patrie^ un ëvécpie d'Asie qui
devait 9 dans le même temps, aller visiter son diocèse,
lui emoy^ soq diacre pour lui demander }e cheval en
présent. La d»nan4e parut fort étrange au bon-^
Jiomme qui s'excusa de son mieux , Régnant i'^iffeo-
tion qu'il portât à son dftval et le besoin urgent
qu'il en avait.- Peu de temps apriès parut l'évéque lui-
même qui lui laissa l'^temative qi^ d'cnjcourir immér
(diatement s^ malédiction ou de lui faire présent du
cheval. Le Grec surpris content^ sur le ph^mp le
désir de l'éyéque, quoiqu'il connût bien son injustice
et sa prépondérance ; i) m'avou^ qu'il n'av4t pas eu
le courage de s'exposer à ses foudres.
Indépendamment deis évéques natione^ux , il y efi
^ eucore d'autres in partibus qui résident dans les
deux provinces, et qui vivent splendidement des
aumônes des fidèles. Beaucoup prennent àferme quel-
ques monastères richemens dotés , appartenant au
saint sépulcbre de Jérusalen) , aux monts Atl^os ou
Sinaï et que leip: louept les moines eux-mêmes. Le
nombre des monastères est , conune je l'ai déjà djt ,
très grand dans les deux provinces , et ils possèdent
presque la troisième partie des terres.
L'offite divin se célébrait autrefois en langue slave
que le clergé et le peuple ignoraient également : le
prince Constantin Mavrocordato , homme d'un
esprit très inquiet , le fit célébrer en langue valaque^
mais comme cette langue est très pauvre d'expres-
sions , la tradiiçtion ep est ridicule ^t même peu goû-
( »36 )
tée aujourd'hui (!)• Totite la sciepce d'un prêtre
consiste à savoir lire médîocremenjb la langue du
jîays et chanter au lutrin. Dans beaucoup d'églises ,
desservies par des moines grecs , la lithurgie se Fait
en langue grecque. A Bi^harest et à Jassy , il y a un '
séminaire pour les prêtres et d'autres écoles publi-
ques où l'on enseigne la grammaire, et où l'on explique . .
la logique d'Aristote (2). Un d'entr'eux, et c'était le
plus célèbre , eut le talent d'écrire un volupie in-4°.
sur la quatrième partie de la grammaire grecque de
Gazi. H se vantait de nous démontrer beaucoup
d'astronomie qu'il n'avait jamais étudiée , il parlait
de la découverte' de l'Amérique , nous étions fort
maltraités, nous autres francs, déistes, il traitait
d'ignorans les modernes écrivains qu'il n'avait jamais
lus , et se permettait d'autres semblables fadaises.
(1) Les âeiix frères Crccciano ont traduit la tible en Y^r*
laque qui est devenue très rare (*)
{*) Il a paru en 1820 ( à Jassy ) une nouvelle ttaduction de la bible
en Moldave qui est très exacte et très soignée. (Kote du Trad )
(1) Il y avait à Jassy un collège pour renseignement des
langues grecque, latine, française et allemande et autres scien-^*
ces. Le dernier liospodar qui encourageait les arts et le progrès
de réducation publique avait autorisé rétablissement d'une
école d'enseignement mutuel , et comme le pays , déjà trop
diargé, ne pouvait en supporter les frais, la dépense était prise
sur sa cassette. Il avait encore envoyé' des jeunes gens étudier
la peinture à Paris. Ces boiuies dispositions n'ont eu aucune
suite y à cause des événemens.
(Note du Ti-a^ucUur.)
/
( i37 )
Le Êdtest que les modernes docteurs grecs sont
généralement fort ignorans et ne sont occupes toute
leur vie que de minuties grammaticales sans aticùne
teinture des sciences , des belles-lettres et sans
aucune idée du bon goût. Dés opinions subtiles' et
superstitieuses font tout leur savoir théologique. Ils
nient la validité du Itaptême des autres clirétieiis ; il
les obligent , quand ils embrassent leur rit , à se sou-
mettre à l'immersion. Les jplus modérés se contentent
de les oindre avec de Pbuile sainte , et leur font tou-
jours changer de nom. Ily a dans les écoles un maître
de langues latine et française ^ cette dernière est fort
en vogue et il y a même des dames qui la parlent (l).
Quelques hommes de bien ont fondé des hôpitaux
principalement pour les maladies vénériennes j niais
les indigènes , quelque pauvres qu'ils soient d'ail-
leurs , n'y vont qu'avec beaucoup de répugnance.
Il y a à Bucharest une imprimerie grecque et vala-
que établie au commencement du dix-huitième siècle
par un archevêque, grec de nalion (j2). Les presses
sont occupées à l'impression des livres d'égU^e queles
•
(i) Tous les boyards entendent et parlent aujourd'hui le fran-
çais, et il n'y a pas de personne qui , pour peu qu'elle ait reçu
de réducatiouy ne soit en état de tenir conversation dans cette
langue. (Noie du Traducteur.)
(2) Il y avait également à Jassy une imprimerie pour les
langues grecque et moldave. C'est de ces presses que sortit, il
y a 4 années , indépendamment de quelques autres bons ouvra-
ges , la belle édition in-quarto du code Callimaqui dont j'ai
parlé plus haut. (Note du Traducteur.)
I
( m )
prêtres sont obliges d'achjeter fort cher de temps 4
autre. Ainsi la typographie den&^nt même ici un insrr
trument d'oppressipn (i). Toutes les autres sectes oxi
religions sopt tolérées dans l'exercice de leurs foncr
tions sacrés. Jl y a en Valachie divers couvens de
frères observantins de Fordr^ de saint François, qui
dépendent de l'évéque de NicSpoUs en Bulgarie. Il
y a même des églises luthériennes et fies synagogues.
Ces églises sont, au reste, fréquentées par lesétranger^
allemands, hongrois et arméniens. Il y ^ en Moldavie
douze missionnaires envoyés par la cour de Ronie(a)^
qui instruisent et $oignent 12,000 catholiques hon-
grois (3) , qui , pj^ssés dans les temps antérieurs , se
SQnt établis dans ces provinces ; ce sont les meilleur^
cultivateurs et des gens d'une excellente morale.
Les juifs étant très nombreux oi^t obtenu lâpermis-
sion d'avoir dei^ synagognes eij beaucoup d'endroits,
(i) Il y avait dans lé palais de l'arcHevéque de Bucharest
une collection nombreuse de livres grecs, latjns et français en
proie aux insectes et à la poussière.
(2) Ce sont des frères mineurs conventuels qui dépendent
du couvent de FAssomption à Jassy , église catholique qui est
asse^ bien dotée. Il y a encore dans la province douze églises
catholiques et deux palais épiscopaux , rnaia qui n'ont pu être
rétablis des dégâts causés par les dernières irruptions des Tar-
tares. ( Note du Traducteur. )
(3) Le nombre de ces Catholiques s'est fort accru dans ces
derniers temps , puisqu'il s'élève à présent à près de 5o, 000.
Voyez la note, u^ 2, pgfB 5.
(Note du Tradi^cteur.)
r ( i39 )
CHAPITRE 3CXVUL
Educatiqny coutume > génie , etc^
' 1
U est cerU^n que*|kn9 l'état actuel de l'E^rop^
chrëtiem^e y la partie )a plas iniportante de réduca-r
tion pabU({ue se trouve dans les mains di^ cler|gé, et
daiis les pays où il est instruit^ et attentif à rempliir
son devoir y }es coutmnes , ainsi que la morale sont
bonbes j mais il arrive tout le contraire quand les
prêtres ne cherchent que leurs intérêts personnels ,
et que, pour les satisfaire , ils abusent de leur saint
ministère ou en négligent les devoirs. JNous avons
déjà vu quel était J'état du clergé en Dadej on ne
peut , d'après cela, espérer de trouver dans le peuple
des principes meilleurs et plus droits^ d'un auÇre
côté, si l'on considère qu'un gouvernen^ent despoti-
que et souyent lyrannique contribue à les ren4re
vils et défians, il paraîtront, aux yeuxdtin observa-
teur impartial , dignes de compassion plutôt que de
b}âme. L'oppression les rend spupçonneux et sou-
vent ils deviennent trompeurs pour éviter d'être
trompés. Ils fuient autant qu'ils peuvent le travsjil ,
parcp qu'ils savent, par expérience, que plus ils
posséderont, plus ils seront obligés de contribuer (i).
Delà vient qu'ils ne s'appliquent à aucune découve^rte
(0^<^y®2 la note i , x^age 8. Dans les pays on Fagricultuie
est ^icouragée etc.
( i4o )
utile el qu'ils négligent même beaucoup Paericulture
si nécessaire et si généralement encouragée. D'un
autre Coté les terres sont si fertiles , qu'avec peu de
soin ils se procurent le nécessaire. En effet tous les
arls mécaniques sont exercés ou par Içs Tziganes ou
par les étrangers venus des coiHrées voisines y et qui
y trouvent un grand profit , attendu que ces der-
niers sont plus favorisés que les nationaux. Devenus
paresseux par circonstances , ils étendent cette non-
clialance jusque dans leur manière de vivre. Ils pré-
fèrent la farine de blé de Turquie , parce qu'il leur
coûte beaucoup moins de peine à en faire journelle-
ment une grosse bouillie qui sert à la fois de pain et de
soupe à toute une famille, que de pétrir et d'enfour^
ner le pain de fiomei^t (i). Ils mangent ordinaire--
ment cette bouillie, mêlée de sel, avec du lait et du
fromage frais ou du poisson salé dont ils sont très
friands^ parce qu'il excite la soif et les porte à boire
du vin ou de l'eau-de-vie de grain qu'ils aiment à
l'excès. Il est* évident qu'une diète de cette nature ,
jointe à l'usage immodéré des femmes , auxquelles
(i) Cette manière de vivre est effectivement plus commode
pour les paysans Yalaques et Moldaves quand ils sont dans la
campagne. Quelque part qu'ils se trouvent, ils allument du
feu et suspendent, au moyen de trois morceaux de bois croisés,
leur marmite, remplie d'eau, sur le foyer. Dès que l'eau est
en ébullition, ils y versent la farine qui prend à l'instant la con-
sistance d'une bouillie fort épaisse dont chacun coupe un mor-
ceau avec un .fil, dès qu'elle est devenue plus compacte et
taiit soit peu refi-oidie.' (Note du Traducteur.)
( ï4i )
ik s'adonnent dès l'enfance , doit énerver le corps et
le rendre débile. La multiplicité des fêtes chômées
doit beaucoup contribuer à fomenter leur disposi*
tion pour Toisiveté , et cette dernière les conduit à
des vices honteux et nuisibles à eux-mêmes. Les habi*
tans de la plaine sont généralement plus petits , plus
faibles et vivent moiris long-temps que ceux des
montagnes. Les grandes eaux^ un air moins pur, les
habitations souterraines, et les vexations du gouvcr-
ment et des passagers turcs, auxquels ils sont plus ex-
posés que les autres, surtout les maladies vénériennes
qui y sont beaucoup plus fréquentes {i) ; tout cela
contribue à rendre leur existence plus courte. On
trouve dans les montagnes des hommes bien faits ,
d'une belle carnation , et particulièrement parmi les
nobles villageois , qui probablement descendent des
slaves, et qtti. ne manquent ni de courage ni de forces
corporelles. Ils aiment beaucoup la chasse, attaquent
avec intrépidité les our^. les plus féroces des monts
Carpathes , et , en général , ils vivent long-temps.
Les habitans du Bannat de Crayow sont réputés fort
braves , et dans toutes les guerres qui sont survenues
entre les Turcs , les Russes et les Autricliiens , ils se
sont distingués comme volontaires valaques. Un
moine de cette . nation , abbé du célèbre monastère
(i) Ajoutez-y encore la grande, l'excessive malpropreté
da^s les deux texes, le mauvais air qu'ils respirent dans leurs
maisons qui n'en reçoivent ordinairement que par une ou deux
ouvertures, de la grandeur de six pouces en carré.
(Note du Traducteur.)
( ^^^^ )
d'Argis, fut le premier à prendre les armes dans les
guerres du siècle passé, en faveur des Russes. Le
vêtement ordinaire de cette nation est un surtout de
drap blanc fait par leurs femmes , avec des haut-de-
chausses longs (i). Ils portent sur la tête un long
bonnet de poils de mouton qui les garantit du froid,
mais non de la pluie, et ils.se voient pour ainsi dire
téte-nue quand il pleut , parce que ce bonnet a les
bords très-courts. Les montagnards portent toujours
en bandouillière une grande bourse de même étoffe
que leurs habits, et qui leur sert à la fois pour coli-
server leurs provisions et pour se couvrir la tête
quand il pleut. En hiver , ils se couvrent de capottes'
de laine qui sont excellentes pour se garantir du
froid; ceux de la plaine se servent de peaux de mou-
ton. Ils aiment beaucoup le feu, même Fêté , quand
ils sont en voyage. La nuit ils en allument un grand
dans le miheu d'un champ ou dans un bois , et ib
se couchent autour. Il est vrai que le froid excessif
qu'il fait la nuit dans ces contrées , même pendant
l'été , dîgis le moment ou l'atmosphère se purifie et
se délivre des cousins et autres insectes , rend sou-
vent l'usage du feu nécessaire. Les femmes , qui sont
plus laborieuses que les hommes, préparent les draps
et les toiles pour l'usagé dé la famille. Leur vêtement
(i) Ils se couvrent encore d'une espèce de surtout de peaux
de moutons doublé en poils ^ et qui est de toutes les saisons :
rbiver le poil se trouve en dedans; l'été ils la retournent, et
c'est alors la peau« (Note du Traducteur.)
( '43 )
ordinaire est très simple et ne consiste qu'en une
chemise de grosse toile avec une ceinture aii-dessus
des reins, un tablier par derrière qui sert de jupon ;
quelquefois elles en portent un autre par devant. Les
maris et les femmes ont un visage humble , et sur
lequel se peint la tristesse et l'abattement ; les enfans
sont gais"^ aiment beaucoup à danser et à s'orner de
fleurs. Les mères dut un très grand soin de la pu-
deur de leurs filles , et se croiraient déshonorées si
les maris , ne les trouvant plus vierges , venaient à
les leur renvoyer J elles sont très attentives de faire
voir y après la première nuit des noces , les signes de
îeur virginité ; mais après cette formalité les mères et
les filles sont ^ en général ^ fort peu fidèles à leurs
maris.
.La première nuit des noces^ tandis que l'époux est
occupé à consommer le mariage, les parens de la
mariée donnent la chasse à ses jeunes frères et à ses
plus proches parens pour leur faire subir ce qu'ils
appellent la peine du tallion, et venger la tendre vic-
time des douleurs qu'elle endure* A là fin de l'année,
tous les parens se réunissent pour célébrer l'anniver-
saire du mariage, et on recommence à tourmenter de
la même manière ces jeunes gens, qui peuvent cepen-
dant se racheter par une certaine quantité de vin.
Cet usage indique de la corruption, et une extra-
vagance dans les idées de cette singulière nation. J'ai
toujours été fort étonné de ce que ni le ffouv^rnement
ni les ecclésiastiques ne cherchaient ]
ger ce défaut. Quelques vieux boyard*
( i44 )
que cette même coutume e'tait usitëe, il nV a pas
long-temps parmi la noblesse et qu'elle paraissait
éprouver un sentiment de regret de la voir aban-
donnée. La noblesse même ne reçoit pas une édu-
cation plus distinguée (i); leurs maisons sont rem-
(i) H ne paraîtra pas hors de propos de parler ici des chan-
gemens survenus dans les moeurs el dans les coutumes ^ depuis
les deux dernières guerres. Le séjour des Européens qui fré-
quentent les meilleures maisons ; l'éducation presque europé-
enne que l'on donne aux enfans nobles depuis une vingtaine
d'années ; avaient déjà apporté de grandes améliorations dans
diverses parties de l'économie domestique, mais la dernière
campagne et un séjour de six ans des armées russes dans ce^
deux provinces ont opéré une révolution presque totale dans
les moeurs. Les meubles, la distribution des maisons, les re-
pas, les bals, les fêtes, tout a cnangé de face, et à l'exception
des usages nationaux consacrés par le temps et de quelques '
autres introduits parler circonstances ou la nécessité, et qtii
ne manqueraient pas de changer avec la forme du gouverne-
inent, le reste est un mélange de russe et de français, car les uns
et les autres y sont fort-aimés. Les boyards conservent sous leurs
babillemens orientaux, les manières les plus polies. L'année
dernière , quelques-uns d'eiitr'eux qui de Valachie étaient pas-
sés ei} Russie à l'occasion des événemens, avaient pris le cos-
tume des Européens et il eût été difficile de les distinguer d'a-
vec ces derniers. Les dames surtout, qui suivent alternati-
vement les modes, allemandes et françaises, s'habillent aveo
beaucoup de goût et dansent avec un certain abandon qui leur
est naturel, et qu'elles auraient tort de voidoir quitter pour
suivre entièrement la méthode des maîtres.
Qu'il me soit permis de payer , en cette occasion , aux
dames Grecques, Valaques et Moldaves, iui tribut justement
mérité pour la grâce et l'amabilité avec laquelle elles remplissent
( i45 )
p^ed d'esclaves des deux sexes, qui sont chargés de
tous les devoirs domestique^, tels que cuisiniers,
cochers, tailleurs, boulangers, etc. Les Tziganes
sont la race la plus vile et la plus mal propre qui
existe en Eu^pe, voleurs, méchans et libertins dés
l'âge le plus tendre, et il est clair qu'un enfant élevé
par ces sortes dô gens ^ ne peut avoir iii sentimens
généreux ni principes élevés.
La langue grecque étant en usage à la cour des
princes, les boyards s'empressent de la faire ap^
prendre à leurs enfans, et ils leur donnent pour
gouverneur et pour maître quelque moine grec qui,
aii lieu de vivre dans un monastère isolé, prend la
fuite ,^outroave, par ce moyen, l'occasion d'en sortir:
U y a dans les deul provinces un grand nombre de
semblables sujets dont les mœurs ne font pas honneur
à l'état ecclésiastique (i). J'ai connu au reste beau-»
les devoirs de l'hospitalité envers les étrangers. Chargé des hon-
neurs de la maison, ce sexe charmant s'en aqnitte avec une
aisance qui ne serait pas désavouée des françaises mêmes.
En général,, et sans crainte d'être accusé de voir à travers l6
prisme de la partialité, j'oserai avancer qvfîl ne manque à ces
nations qu'ime autre forme de gouvernement et de bonnes in-
stitutions, poiur se mettre, un jour, au niveau des nations
civilisées. La roideur et la ténacité de quelques vieux boyards!,
surtout en Moldavie, forme vu contraste frappant avec l'élan
rapide qui pousse la jeunesse pour se mettre sur les rangs de
ces dernières.
(Note du Traducteur.)
(i) L'éducation des garçons est maintenant confiée, dans les
bonnes maisons, à des maîtres français ou allemands, et celle
lO
C «46 )
coup de vieillards opiaiâtt'es pour la conservation des
antiques coutumes^ et qui n'ont jamais voulu parler
le grec. La langue nationale est un mélange de slave
et de latin ^ ils disent par exemple, bouna oureme
domnoulcy bonjour, monsieur; shuga aàdomniata, je
suis votre serviteur, monsieur. Oureme etslouga sont
dés mots slaves. Ces nations, surtout les Yalaqucs,
aiment beaucoup le bal, les assemblées et les repas
tumultueux. Les hommes graves et déjà avancés en
&ge ne dédaignent pas de danser et de s'enivrer dans les
n6ces et festins qui se font à la cour. Us'aiment beau-
coup les spectacles et les jeux de hasard. Ils conser-
vent en cela les coutumes antiques|de leurs jvoisiils,
les Hongrois et les Polonais^ et on voit, par ce qu'en
dit Antoine Marie del Chiaro chins ses Révolutions
modernes de la p^alachiey ouvrage imprimé au com^
mencement du dix-huitiènie siède , qu'ils ont en-*
core dans les coutumes et les usages beaucoup d'au-
tres rapports de ressemblance avec ces deux nations ,
comme aussi plus de magnificence et de générosité j
mais tout cela est changé depuis qu'ils sont gouver-
Iics et qu'ils partagent le sort des Grecs, qui se sont
efiorcés de les oppdlmer et de détruire toute semence
de vertu, pour régner plus facilement. On a ce-
pendant vu pendant les guerres antérieures où les
aes demoiselles à des institutrices que Ton fait venir exp^ de
Vienne ou de Francfort^.et i^uisoiit assez bien payées; Le maîti^
Grec n^a plus ^ue la reli^onet la langue .grecque liXtérale à
enseigner. (Noté du Traducteur.)
(»47)
Russes occupaient ces provinces^ que les nationaux
çtaient très disposés à devenir d'excellens sujets. Les
inimitiés entre les boyards naissent dans le temps des
promotions aux emplois publics ; ils font alors tout
leur possible pour se dénigrer mutueUement^ et ceux
même qui sont étroitement liés de parenté^ ne s'épar-
gnent p^ plus que les antres en ces circonstances;
mais des que les emplois sont distribués ils redevien-
nent amis conmie auparavant. Les dames ^ qui aiment
la vie oisive et à passer toute la journée en visite^
permettent qu'on leur fasse la cour; mais au surplus il
n'y a pas de pays où l'on se plaigne moins que dans
ceux-ci^ et il faut que le scandale soit trop grand pour
qufon en parle. Dans le vulgaire il y a beaucoup de
de libertinage et de débauches. Toutes les tavernes
sont des lieux de prostitutions*
Le hixe dan» les ^habiUemens des deux sexes est
excessif^ et entraine la ruine des maisons. Les dames
ont la coutume dé porter de nouveaux vétemens aux
fêtes de pâqiies , de noël et de l'assomption. Geâ
vétemens qui sont ou d'étofifes des Indes^ de schals
de cachemire doublés de zibelines et d'autres pré-
cieuses fourrures de la Russie^ et garnis sur toutes le^
coutures et aux extrémités de galons ou de brode-
ries de Vienne^ coûtent jusqu'à trois nulle florins.
Leur table est abondante^ mais de mauvais goût.
Us aiment d'avoir un grand nombre de convives j et
quiconque se présente à l'heure des repas , est tou-
jours bien accueilli^ et trouve promptement sa place.
Auciennement, les hommes allaient à cheval^ et les
lO '*
f .48 )
ânmeâ sur uu« espéci de char suspendu^ appelé JRâ-
dhaii, et dont on se sert encore en voyage. On y a
introduit, depuis là fîti dU 3iéclë dernier, les voi-
tures de Vienne, et c'est à qui en aura une plus belle*
Le luxe a besoin des artis, et les nationaut n^ayant
aucune habilité pdttJf les exercei*, ont appelé dans
leurs contrées beaucoup d'étrangers de la Transyl-
vanie, qui font payer très cber lès produits de leuf
industrie. LesValaques etles Moldaves épousent leurs
fenlnies ll*ès jeunes ; ce sont les filètes qui les choi-
Isissent, attendu que les demoiselles sont cachées aux
regards des hdmmes. Les notes diltent huit jours >
tpfe Ton emploie à danset* et à faire bonne chère.
On rie les célèbre plus à présent avefc Cette magnifi-*
cence décrite par Chiaro (i). Les funérailles sont
accorçpagnéed des proches parens du défunt. Lea
VeuVes ne tnanquent pas de paraître les chevcuiL
épars, de se déchiret* les joiles > et de pousser de
grands cris près du cadavre de leurs inàrisl Sou-
Vent la douleur est sincère, parce qu'Une veuve, et
surtout une vieille, tombe dans un grand mépris ,
et qu'elle ne jouit plus des mêmes avantages et
de la mériie considération que du vivant de son
tnari^ surtout quand c'était un honune en charge.
Le seul avantage qui lui reste, c'est de recevoir
de la coût une pension , et de conserver quel-
ques immunités ^ coutume que je trouve très
louable (2)4 Us sont plutôt mesquins que magnifiques
(1) Auteur d'un ouvrage intitulé: RiifùluHon de Falachie.
(a) Le règlement de 18 18 dont j'ai parli plus haut reUti-
( »49 )
4aiis l'intérieur de leurs maisons^ non par yolotilé ^
mais parce qu'ils tremblent d'exciter la cupidité^ et
d'être en proie aux rapines et à l'avidité, des Turcs ,
comme il est certain qu'ils le sont actuellement. Ces
barbare^ se fpnt un jeu de détruire les maisons^ et
de voir en flanmies tout un village entier. Apres upe
4es dernières guerres^ on ne voyait quq les vestiges
des terres considérables situées dans les pleines ^ et
qui depuis peu d'années^ étaient dans un état floris-
^nt. Malheureux habitai:|^ de si Celles contrées j, voys
méritez avec raison U con^passion de tout ce qui
porte un cœur sensible et humain^ et surtout 4e
celui qui a vécu si long-temps pariQ^ vous^ et qui se
faisai^t im plaisir ^\ uq devoir de contribuer tou-
jours à votre bonheur^ a mérité votre reconnais-
sance (i)I
Autant que je puis en juger, je trouve que loûsi
les vices de cette nation ont leur source dans un
gouvernement plus que despotique j| çt. une mauvaise
vement iiiut\iiatTe fkmfltes qui devaient régner excljQ^vemeQt
•ur les deux prin4pa,utés a,vait assigné sur la caitie de la vis*
tiarie , des pensions pour les boyards et les Grecs hors d'état
de servicei'aprè^ \p% certain nç«mbre d's^nnéefli^ ainsi que pour le^
veuve^ de peux qui étaient niorta fiu service de l'état; et leurs
fils avaient droit «i^iu^ ^mpl(>i9.
(Note du Traducteur.)
(i) Que dirait celui qui, après avoir vu css provinces si flo-
rissantes^ il n^y a qu'^n an^ comme je les voyais, y retourne**
if-ait^ aujourd'hui y C^ue Isi foudre 1^ a ravagées! !f
ÇNote du Traducteur.
( i5o )
éducation; je suis persuadé, que si le sort les faisait
un jour devenir sujets d'un souverain juste, humain
et éclairé, elle deviendrait toute autre, rivalise-
rait avec les nations les plus civilisées. Malgré tous
ces inconvéhiens et tous leurs malheurs, il se trouve
parmi les ValaqUes des hommes de bien et des per-
soimes de mérite. Parmi les Moldaves, les familles
Gantacuzène^ Rosetti, Balsch et autres, ont d'ex-
cellens sujets qui pourraient figurer parmi les na-
tions civilisées, et qui sont d'autant plus dignes
de louange et d'admiration, qu'elles ont su conser-
ve^ leur caractère de noblesse et de générosité, au
milieu de tant de désordres publics et particu-
liers (i).
(i) Je pourrais bien enchérir 9ur ce tableau et augmenter
la liste de quelques autres noms dans les deux nations, mais
îe craindrais de blesser la modestie de ces aimables familles ,
et la délicatesse m'ordonne de garder le silence. Si cet écrit
leur parvient jamais^ qu'elles jouissent en le lisant de la ré-
compense qui leur est due à juste titre.
(NoijB du Traducteur.)
( ï5, )
CHAPITRE JPLIX.
Traduction de quelques pièces^^ mentionnées dans
le courait de cet ouvrage.
Mo I.
Article seizième du traité de Kouisouk-Kajrnardzi y
conclu le 21 juillet 1774^ entre la cour.de Russie
et la Porte* Ottomane,
La Russie restitue à la sublime Porte toute la
Bessarabie avec les villes d'Akkerman^ Kilija, Is-
maïl^ ainsi que les bourgs^ villages et autres lieux
situés dans cette province. Elle. lui restitue également
la £)rteressc de Bender^ ainsi que les deux princi-
pautés de Moldavie et de Valachie avec . toutes les
forteresses^ villes^ bourgs et villages^ et tout ce qu'ils
contiennent. La sublime Porte les reçoit aux^condi-
tions suivantes^ qu'elle promet^ de la manière la plus
solennelle^ d'observer religieusement.
z. D'observer, à l'égard des habitans de ces prin-
cipautés de quelque dignité, état, condition ^ carac-
tère ou nation qu'ils soient, sans aucune exception ,
l'amnistie absolue et l'éternel oubli stipulés dans le
premier article de ce traité , en faveur de tons ceux
qui effectivement se seraient rendus coupables de
quelque faute^ ou -auraient été soupçonnés df^jr^'
eu l'intention de nuire aux intérêts de la subL'
( i5a )
Porte; de les rétablir dans leur première dignité,
rangs et possessions^ et de leur restituer tout ce
dont ils jouissaient avant la présente guerre ;
2. De n'apporter aucun empêchement quel«-
conque au libre exercice çl^ la religioq chrétienne
qui sera parfaitement hbre, et de ne mettre ^ucuii
obstacle k U construction des nouvelles églises^ et
a la réparation des ftncieqneS) ainsd qqe cela s'est
pratiqué précédemment ;
3. De restituer aux coùvens et autres particuliers
les biens et terres qui leur appartiennent, et dont
ils ont été* dépouillés injustement dans les environs
de Bender, Ibraïlow, Chottin^et qui s'appellent au-
jourd'hui Rajas pq Paradis'^
4- ^6 traiter les ecclésiastiqq^ avec les honneurcii
et distinctions dûs à leur caractère;
5. D'accorder |i\)i( familles qui voudront qukter
leur pat|îe pour s'établir ailleurs^ la liberté d'en sor-
tir avec tout ce qu'elles possèdent) et afin que ces;
m.émes familles puissent disposer de leurs biens^ on
leur accordera, pour profiter du bénéfice de cet
article, le terme d'une année à dater du jour de l'é-
phange du présent traité ;
6. De n'exiger ni demander auiç habitant aucune
somme d'argent ni taxe à titre des contributions ar-*.
riérées dp quelque nature qu'elles soient;
7. De n^exiger de ces peuples aucune taxe ni
contributions pour toute la durée de la guerre; mais
au contraire j en copsidération des pertes qu'ils ont
{[^prouvées pendant sa durée ^ ils seront exempts de
( i53)
tout impôt pendant deux années^ à dater de l'échange
du présent traité;.
8. Après l'expiration de ce terme de deux années^
la sublime Porte promet d'user avec ces peuples,
de toute l'humaiiité et la modération possible dans
les impositions pécuniaires qu'elle leur demandera,
lesquelles seront reçues par le moyen des députés
qui seront envoyés tous les deux ans j qu'au terme de
payement de ces impôts, ni les pachas, ni les gou-
verneurs, ni quelqu'autre personne que ce soit, ne
pourra i)i les vexer, ni les opprimer, et exiger d'eux
jaucune somme pi impositions sous quelque titre ou
prétexte que ce puisse être; mais qu'ils jouiront de
tous les avantages qui leur ont été accordés sous le
règ:ne du sultan Mehmet IV de glorieuse piémoire, et
de Sa Hautesse le sultan régnant (i) ; .
"^. La sublime Porte permet aux princes de ces
deux principaut(fs^ d'avoir près d'elles chacun un
phargé d'aSaires, professant la religiop chrétienne
du rit grec, pour veiller m^ intérêts des dpux pro-
vinces , et qui , pouo})3tant la médiocrité de leur
condition, relativement à la sublime Porte, seront
traités par elle avec bonté, et considérés comme des
personnes jouissant du droit des gens, c'est-à-dire
à l'abri de toute violence ;
(i) Le sultan Aclimet, et non pas Mehmet IV, était père
du sultan régnant (à l'époque du traité s'entend) ; on n'a jamais
pu savoir quels sont ces avantages que les nationaux réclamaient
pour les deux principautés , sans avoir de docnmenSi P pMjtt
qu'ils ont induit en erreur le» ministres russes.
( i54 )
lo. La sublime Porte consent encore que les mi-
nistres de la cour Impériale de Russie^ résidant près
d'elle^ puissent^ selon les circonstances dans les-
quelles se trouveraient les deux principautés^ parler
en leur faveur , et la Porte promet d'écouter ces
remontrances avecl'attention et les égards qui con-
viennent à des puissances amies et respectées (i et 2).
(1) Presçu'aucim de ce» dix points n'a été obserré ni nus en
pratique, d'un côté par la dispositioa natnrellt de la sublime
Porte-Ottomane à manquer de parole, et de Vautre, parce que
les princes des deux nations n'ont pas eu le coiurage d'insister
eur leur exécution (*), et que les ministres n'ont pas fait valoir le
traité dès son origine. Enfin par toutes les autres raisons qui
finalement ont amené ime nouvelle guerre.
(*) Un prince grec prudent se gardait bien d'insister , il n'eût point
été écouté. Il n'y avait que les ambassadeurs quipussent le faire.
(Note du Traducteur.) ..
(3) Les dix points contenus dans l'article 16 du présent
traité ont été maintenus par tous les traités postérieurs et leur
exécution a été soigné rigoureusement , dès que là cour Im-
périale de Russie a eu des consuls dans les deux principautés.
(Note du Traducteur.)
( «55 )
No a.
Tituluction du haltischerif, du sultan Abdulhamidy
en faiseur des deux principautés de Moldavie
et de P^alachie , renouvelé Vannée 1784 (i).
TMots écrits de la main même du Sultan.
1^ Tu te çonfbnneias à aa teneur.
Alexandre Scherletzadcy (fils de Charles) Vaivode
dé Moldavie et célèbre entre les princes qui suivent la
religion de Jésus, que la fin soit heureuse,
Nous te faisons savoir par le présent que nous
avons donné au mois de shewal de Tannée -i 1 88 ,
deux ordres revêtus au haut de notre signature Im-
périale , et de la teneur suivante concernant la Vala-
chie et la Moldavie :
i.'Les sujets des deux principautés, lesquelles
sont les greniers de mon puissant Empire, après
avoir payé l'impôt fixé, ne payeront, à l'avenir, au-
cune autre contribution sous diverses dénominations,
comme cela se pratiquait avant la dernière guerre i
2. Les Vaivodes] ne seront pas déposés, à moins
d'avoir donné des preuves apparentes de rébellion,
et ce règlement sera pour toujours observé sans au-
cun changement ni modification^ confi)rmément aux
traités antérieurement conclus entre notre puissant
(1) Geschite und Verfussung der FalU^ey umi MMa u
et histoire des treit^j par Martens. ( Note clu Tiaductenr. )
( i56)
Empire et la cour de Russie. A cette fin^ il sera dén
livré aux princes des Bejrath (diplômes)^ revétusi
de notre chiffre révéré, et accQmpagnés de grâces,
afin que les habitans consolés puissent vivre tran-
quilles, et que leurs princes jouissent du calme de
Tame.
3, Le paiement du tribut imposé sur les sujets,
s'effectuera tous les. deux ans un^ fois à notre trésor
impérial à Constantinople par les agens des prince^
4- Les sujets Valaques et Moldaves seront eji^empts
de ce tribut et de toute autre contribution pendfint
deux ans^ à commencer d^la \\xx\^ de Gemasiulnewçl
de l'an ii88^ jusqu'à l'expiration de ce term^
5. Après le terme de ces deu^ années^ le tribut
qui doit être perçu avec une miséricordieuse dou-
ceur et modération, aéra ^ cpmme il est dit plù^ut^
versé dans, notre trésor p^ l'agent du prince prç&
potre 3ublime Porte.
6. n ne sera exercé aucune po^rs\dtç pour let
anciens compte^ ou dettes arriérées ,^ de (quelque na-
ture qu'ils soient. .
7. S'il survient quelque contestaliojn entre un turo
et un sujet chrétien, l'affaire sera examinée par le
prince de Moldavie, conjointement avec son Divan
Effendi et autres Turcs qui seront présens, et l'çn
cherchera les moyens d'accommoder le différend, de
manière qu'ils soient conteus tous deux; mais si la
médiation ne produit pas l'effet désiré, le cadi d'Ib-
raïlow sera mandë^ et il jugera l'affaire avec U plusi
grande intégrité, et sans opprimer cp aucune m*-»
( «57 )
nière ITiabitant', attendu que notre (eviûé volonté
est iffu'il he soit pas cité à dWtte tribunal qu'à celui
du pays;
8. S'il existe une décision sacrée onjëtwa dans leis
causes civiles, où le témoignage de P/erre grec contre
Omar turc, est recevable en matière d'hérédité > soit
par testament ou ab intestat, le téinoignage du grec
contrli» le turc, ne ^era reçu que selon la teneur du
j^aut ^twa.
i^. Si des militaires ou toute autre personne com'-
mettait quelque délit en Moldavie , ils seront arrêtés^
conduits dans les forteresses voisines pour être punis
par leurs commandans respectifs.
lo. Attendu que nous avons déjà expédié plu-
sieurs firmans^ relativement aux n[iilitaires et habi-*
tans des rives du Danube > qui, contre nos ordres^
entrent sans permission dans ces deux principautés,
élèvent des rixes, se massacrent, et cherchent à ven-
•ger lesangverâé, à susciter des procès; demandent
ensuite de l'argent aux sujets Moldaves , et leur
t^ausent d'autres inquiétudes ; voulant également ex-
tirper les vagabonds qui parcourent le pays , et
détruire (aux termes des susdits réglemens) les ha-*-
bitations qu'ils construisent sur les terres de la
Moldavie; n'étant pas éloigné de croire que ces
«malveillans aient l'intention de recommencer leurs
déprédations , Nous voulons que le règlement pré-
(i) Le Fetu^a est une décision du Muphti.
(Note du Traducteur.)
( i58 )
cité et les autres ordres soient exécutes k là lettre^
et qu'à l'avenir il ne puisse entrer en Moldavie
qu'un nombre fixe de négociants connus dans les
forteresses, lesquels doivent être munis d'une per-
mission écrite de leurs commandants, et qu'ils exhi-
beropt au prince de Moldavie ou à ses officiers^ et
dont ils recevront en échange un permis également
écrit; JNous voulons encore qu'ils ne puiss^t ni
acheter de maisons dans les districts^ ni s;emer> i^
molester les sujets, ni prêter frauduieusement de l'ar^
gent à usure. ^ •
11. Les visirs, les commandans et les juges ne
permettront pas, que pour de semblables causes ^
le sujet soui&e aucun dommage par l'expédition de
commissaires.
12. Les possessions et terres qui appartenaient
autrefois aux monastères et aux boyards , et qm •
•après leur avoir été ravies injustement, ont été ap-
pelées ensuite anitz-rayay soient restituées aux pro^
priétaires après un juste examen.
i3. n ne sera pas permis aux marchands turcs
d'acheter ou d'avoir des propriétés, ni de faire paître
•des animaux en Moldavie.
i4. Les habitana ne souffriront aucun dommage
quand les visirs, les pachas ou leurs gens seront
obligés de dévier de la grande route pour entrer en
Moldavie. Il est défendu aux grands visirs et aux
honorables pachas, quand ils se rendent dans leurs
gouvernemens, de molester les pauvres^ de changer
de route pour entrer en Moldavie, de se faire donner
( i59 )
par les habitaos des provisions gratuitement^ ou de
les inquiéter par d'autres demandes* Egalement^ que
les personnes qui voyagent quelque part que ce soit
pour des affaires importantes, ne sç détournent pas
de leur route pour passer en Moldavie, et que
,^ celles qui viennent dans cette province, ne deman-
dent pas à la poste plus de chevaux que le nom-
bre fîxé^ dans leurs firmans de poste; les ordres
^antérieurs déjà existant à cet égard, doivent être
à Tavenir exécutés ponctuellement. Si quelqu'un
contrevient au présent ordre, il sera puni sur-le-
champ.
i5. Les sujets Moldaves qui, pour raison de com«
mer ce, passent dans les villages, les pays et dans les
marchés de l'autre rive du Danube, ne seront point
vexés par les préposés aux impôts et autres officiers
de cette espèce, pour des demandes de tribut, capita-
tion ou pour toute autre cause. Les habitans des rives
du Danube n'entreront point en Moldavie sous pré-
texte d'y chercher leurs esclaves. Il sera déUvré à cet
égard des firmans particuliers à qui de droit, con-
tenant des ordres positifs, et ménaçans.
i6. Les habitans de la Moldavie ^ suivant la teneur
des coutumes, privilèges de ce pays^ ne seront point
molestés de qui que ce soit, sar la manière 'de se
vêtir.
17. Dans le cas qu'un sujet vînt à embrasser la re-
ligion tnahométane^ il ne peut recoa^ u
héréditaire qui lui reviendrait Omhi
pendant une matière obscure en ûit
( iGo )
ihiné Xefetfuy et il y a quatre sacrés felfas d'émanés
à cet égatd : i® Si le père de Pierre ^ chrétien, mou-
rait après que celui-ci aurait été sanctifié par Tisla-
mistne ou la vraie foi, il n'en hériterait pas. a® Si
Marié, chrétienne, vient à mourir après que Pierre ,
son mari chrétien, s'est fait Turc, il n'héritera pas .
de sa femme. 3^ Si Pierre ^ chrétien, décède après
avoir embrassé la Religion mahométane, ^6n pète
Paul n'héritera pas de lui. 4^ Méhmét turc n'héri- 4
tera de son esclave Pierre ^ chfétien, s'il lui a donné
la liberté et ft'il vient à mourir sans s'être ùit TurCé
Ces quatre fetfas seront exécutés.
18. Le nombre accoutumé de moutons sera acheté,
en Moldavie, par les préposés du boucher en chef, et
comme ceux-ci ont été préjudiciables aux pauvres
habitans et ont commis des injustices. Nous, dans
Notre clémence. Nous avdns aboli l'ancienne manière
de faire cet achat; mais comme il est nécessaire et
indispensable de conduire des troupeaux à Constan*
tinople pour les rations de viandes qui sont distribuées
par le trésor de Ma couronne, et pour la nourriture
des habitans de Mon empire, les sujets Moldaves ne
cacheront pas leurs troupeaux, mais ils les vendront
aux bouchers, et le prince de Moldavie doit avoir
soin que les troupeaux soient retnis aux susdits mar-
chands pour les transporter à Constantinople et non
ailleurs.
19. La Moldavie étant le grenier de Mon trône for-
tuné, quand la vente des denrées nécessaires à la Va-
lachie et à la Moldavie sera terminée, les sujets Mol-
davesjpour çompeiisatioD de la conlribution en gfain
qui fut, par un effet de Notre clémence, très modérée,
feront porter en abondance aux échelles du Danube
les grains et l'avoine qu'ils recueilleront de leurs
moissons, et vendrontle tout au prix courant aux
capitaines des navires, du marché appelé - ca^dQ k
Gonstaotinople ; Us ne les porteront point en d'autres
lieux; que la levée de ladite contribution ne les em-
pêche point de semer ; qu'ils ne cachent point les
Itrains de leurs récoltes pour en faire le monopolci
Cette manière leur^sera plus profitable , etleshabi-
tans de mon empire seront délivrés de la cherté.
Les vaivodes et les boyards seront à perpétuité
chargés de ce soin.
20. Tous les délits et les fautes commis par les
boyards et sujets de la Valachie et de la Moldavie,
et que la guerre a coutume d'entraîner avec elle,
leur sont pardonnes et mis dans un étemel oubli;
qu'on ne pense ni à punir ni à leur reprocher leur
conduite passée, et qu'ils soient certains à l'avenir
que, tant qu'ils ne sortiront pas du centre de l'obéis-
sance, qu'ils acquitteront les tributs, qu'ils fourni-
ront les provisions demandées, et qu'ils rempliront
les autres devoirs des sujets, ils ne doivent attendre
de nous que clémence et protection.
21. Les princes de Valaclùo et de Moldavie sont
libres de donner les emplois du pays laolJ
jets distingués parmi les nationaux qu'à q
à tous ceux d'entre eux qui sont £
gouverner. Le prince p«u!t s*e^l
( i6îi )
diffëreiis emplois^ et se servir selon le besoin des
Orecis et des indigènes^ donnant cependant là ptéîé-^
tence aux seigneurs du pî\ys pour les charges qui lent
iùïkX propres.
^^. La quantité de bois nécessaire pour les forte-
resses situées en RoHiélie, doit être , comme par le
passé , taillée et transportée des monta «[nesMe la Va-
îaçïiie et delà Moldavie, moyennant un juste salaire
q^uipodr là taille et le transport s^acquillera surlestrî-
buts des deux provinces , et d'après les récépissés de»
întendans des b&timens, sans la moindre diminu-
tion.
dlS. On aura soin qu'à l'àYènir il ne soit point en-
voyé, sans nécessité, de douaniers à Galatz tant de la
part du gouverneur de Kilia que de celui d'Isachkia.
24* Personne n'ira en Moldavie diercher, sous
le nom de fermier, )ie nitre pour l'usage de Notre
hôtel des monnaies, mais le nitre nécessaire sera
livré par le prince; le coût et les frais de transport
seront défalqués de la somme du trîbut, et l'on en
donnera avis à Notre hôtel impérial des monnaies, qui
le fera recevoir à l'échelle qui sera indiquée pour le
conduire à Constantinople. Gomme jusqu'à présent
les hàbitans du pays n'ont manqué en aucun point
aux devoirs auxquels ils sont assujétis, les articles
suivans dictés par Notre miséricorde impériale, ont
été ajoutés aux points susdits; qu'ils se gardent donc
bien de commettre à l'avenir la moindre omisjiion ,
et cj[lie l*on use de promptitude et de diligence, quand
il s'agit de Notre service; qu'ils obéissent à leurs
/•*- - »<».»
j^riace^^ ci ne m$knq^eol pas d^ua iota k )a fid&litf
, et au service. C'est pourquoi JNou^&ij^ons savoir qu!à
Tavenir on jiWgera de laValacLiiie qne 619 bour-*
$e^ (i), et de la Moldavie i35 bourses et 444 pîa^
très (a) pour leur tribut p qui sera payé à la #q ds
chaque année k I3ia couronne glorieuse^ d^ns le cag
où ces sommes n'auraient pas été employées en isom^'
missions.
p,$. Jje présent du Bajram i&st fî^é> pour Iâ¥âia-«
, dbie à 90^000 pia$tre$ en ap*ge|it; ot en inarchaadisasi
et 40^000 piastnes^ pour le Richiabiei^) ; la Moldavie
payera 90,000 piastres (4) tant cft argent qu'en mar*
cUandi$e8 pour \e J^ajrapi^ et dS^OûO piastres pour
le Bichiabiey et àl ne sera rieo exigé die plus.
26. Il ne sera rien exigé des princes pour les conn
firmer dans leur charge (5) > (^ \^ i^e ^eromt pas dé-^
(1) C'est uae ittaiiière de compter en Turquie ^ une 'bouràe
est de 5oo piastres , donc 3o9,5oo piastres pour la Yaladiie;
et 67^94 i piastres pour la Moldavie.
(Note du Traducteur.)
(2) DepujLs le trtdté dje BudpiArest^ la iJUpldavie n'apla;;^ paj^
pour le iam/2 x>u capitfition q^i^e 96 ibomae^B et 069 piast^res^
ou 47,769 pia^res à cause de la perte qu'elle a subie.
(Note du Tiadiicliepr.)
(3) PrésQut particuUer que £ût ia province à Ifi caisse du
Graud'-Seigneur* (Note du Tr^dw^teu^.)
(4) Cette soumet aussTiprouvé une réductioiii apirèslapaix
de 1812 9 pour la Moldavie; cette province ne payait plus^
dans ce^ derniers teii^, que -60,984 piastres.
(Notedu
(5) Ea Turquie les places sont dctunées ipur.i
(iG4)
posés à moins qu'ils ne se soient évidemment rendue
coupables de quelque délit.
27. Il ne sera rien demandé aux ptinces de plus
que de coutume , pour les droits et présens , et ceux-
ci d#leur côté n'exigeront rien des sujets pour y
satisfaire; mais ils les acquitteront de leurs revenus
particuliers.
^S. Nous ne souffrirons pas que les pachas^ cadis
et autres commandans qui se. trouvent dans les énvi-
roos prétendent un tribut ou se fassent donner des
présens par les deux provinces 5 attendu que cela
tombe au détriment des sujets, comme il ne leur
est pas permis , noil plus , d'envoyer en leur nom
des commissaires^ excepté dans le seul et unique cas
de faire toucher le tribut que Nous avons ordonné.
29. Les princes ne seront pas obligés de faire des
présens, lorsqu'il arrive des changemens dans les mi-
nistères de Notre puissant Empire (i).
30. Les besoins de Notre puissant Empire exigent
des deux principautés des fournitures de différentes
révolue la Porte confirme ou destitue le fonctionnaire. Dans
le premier cas il paie une somme pour le décret qui le continue
dans son emploi. (Noté du Traductem*.)
(1) Cet article est purement illusoire. Les princes n'étaient
pas de droit obligés à faire des présens aux ministres lors de leur
nomination, mais ceux-ci regardaient cet ^sage comme ime
chose due> et les princes se gardaient bien 4jy manquer dans
la crainte dé se faire des ennemis dans les nouveaux ministres.
Comme en Turquie le ministère est très souvent renouvelé,
cela coûtait beaucoup. En 1820 la Moldavie paya 120,000
piastres pour ce seul ob)et. (Note du Traducteur.)
( -85)
espèces, mais graduées "de manière que les liabitans
n'éprouvent aucune disette, et quand le trésor lea '
demande, il doit les payer comptant, seloD le tai-if du
marché où elles sont achetées, sans charger les haJbi-
tans des frais de transport. •
3l. Les injustices et les vexations commises par
les préposés du boucher eo chef lors de l'achat des
bestiaux, étant venues à Notre connaissance, ce
mode de vente est supprimé. Mais rapprovisîonbe-
ment de Constantinople devant s'opérer par les
soins de rfotre Sublime Porte, les sujets des deux
provinces qui voudront vepdce leurs bestiaux , les
céderont aux marchaods au prix courant, et lea
princes auront soin qu''on ne manque pas de les Uf
vrer à Notre empire.
3a. Quand il Nous plaira d'exiger des deux pro-
vinces des bois ou autres matériaux pour les édiCces
publics, 00 en donnera d'avance avis aux princes f
ces b.oi« seront transportés sur les frontières des deux
principautés j et les commissaires destinés à les rece-
voir en payeront au comptant le prix aux habitans
ainsi ^ue les frais de-transport. On n'usera point de
violacé pour les faire transporter hors des fivntiérep,
et quand on aura employé les sujets des deux pays
on leur .payera cc»nptant,.et sans diminution ni re-
lard f le prix de leurs travaux- .
33. Il est défendu a.px dUabitgpg> nùHtaires on au-
tres, des pays limitrophes, d
vinces pour exif^er de Varff,
sera permise qu'ai
( i66)
il leur est également défeûdu de semer où de faire
paître des animaux sur les terres appatteâant ant
faabitans^ comme aussi de s^eû emparer. Celui qui
emploierait la. ruse pour ebfreiadre cet article , sera
puni. •
.^4' lacs terres^ quiy après là paiit^ auraient ëfé usur-
pées par- les 'Tarés ées montrées voisines daust l^d
deux provinces, seretit restituées à leurs propriétaîresw
35w II ne sera envoyé de commissaire de Notre Su-
blime Porte dans les deuit principautés que da^^ lëi
«&(S d'un besoiii ur^edt^^ et quand ce ca^ écherra les
$ujets fie paieront pâsf sa éommia^iôii , ti U ne p^o*
Joigera pas $011 ^jéjôtir sous divers prétextes ou mo-
tifs. •• .'."-■ ■'- ■'"' J ■ ....
36. Nous ordonnons, dans Notre clénïfehce fet Vo-
lonté iiflpéiîale, qiie tous ces ârlifcles soient eléèu tés
èonIbrméûkëM'i k t^lieur du pt^e^Bier règlement. Et
comirië là miséricorde efnvers les pauvres et les faibles,
et laclémètice efif fers leS sujets, est l^ jp>fopr€f attribut
de la justice fe^gtialée de Notre gouvernement, Nou^
tc^ul^ns; que leé Isa jets Valàqû^^ et Moldaves soient
eikdblés.die^ grades et de bi^t^fàits, «Éfin qu'Usi vivent
pré8éi*tés de totttfe espèôe d'inîu^fee, ét'àlâ|)l^ dftn$
un bonheur et Uttc tran(j[ililtitQ ^i^rmaiieiite , à Tôm-
bre de Nôtre ^^daMëtripirë. A cet eflfet ttous avoua
donné le présent ordreî^éett: dt ûott*ô signature iin-
périâle; iHjiMthatidQllf^-^ti'l^i'è»' âVo âans les
assctobléfes générales dé tous leS évéq^ues métropoli-
tains, éveqùeis, abbés>* boyards-, ^boyàtîtàsés, capi-
taines, officiers, hdbitans et sujets^ et qtt'lhen aUroat
■t.
( ^r»7, )
pris connaissance, il soit remis aux juges pour être
conservé par eux. Qu'à l'avenir il soit exécuté ponc-
tuellement dans tout son contenu et de manière qu'il,
a été expliqué et publié. Tu prendras le soin d'écrire
et d'informer Notre Sublime Porte> si quelqu'un y.
contrevenait, afin qu'il sôitpuni sur-le-champ.
37. Les boyards de Valacbie et- de Moldavie qui
resteront fidèles a TNotre puissant empire et qui se
conduiront avec obéissance et soumission envers
leurs princes , demeureront en ipossession tant de$
terres et propriétés que des titrés et emplois qulls
ont obtenus en vertu des diplômes ^ ^insi que. Nous
Tavons précédemment ordoi>né.
38. Nous voulons que ces ordres soient / dans la
suite , exécutés soigneusement çt à perpétuité ;
que la prospérité règne dans ces provinces , car
c'est de leur félicité que dépend celle des nol)les;
quand les pays sont tranquilles^ il ne se fait point
d'intrigues; tous obéissent aux princes' et se rendent
dignes d'obtenir , selon les antiques coutumes du
pays , des emplois et les émolumens qui y sont atta-
chés. Si, dans la suite, quelque boyard se. permet-
tait des demandes exagérées ( ce qui apporte ordinai-
rement dp la confusion dans le système adopté ) ,
ainsi qu'on l'a déjà fait par le passé, comme aussi de
mol ester -les habitans, contre Notre volonté, et si ,
après leur avoir recommandé de s'abstenir de ces
excès , ils n'obéissent pas et entrépr elque
chose contre 1^ volonté du prince Wi^
choisi pour les gouvernerai^ ' '
C ^68 )
autorité de châtier ïe« téméraires et de les punir
qCHBme ils le méritent! j^t toi , prince actuel , tu veil-
leras soigneusement à ce que de pareils gens soient
punis ^ et tu employeiras to^s tes soins à maintenir le
bon ordre , afin que les pauvres sujets vivent tran-
quilles ^ que hk répartition de^ijiipôts s'opère égale-
ment sans aggraver personne j et^que tout se fasse
selon les règles de Véquité.
39. Tu auras également grand soin de irecommai^-
der et d'insinuei: à tous les noblea et sujets de faire
des vœuî pour la conservation de Notre existence et
pour la durée heureuse et glorieuse de Notre puis-*
sant Empire ^ fais en sorte que tous ^ taut Dobles que
sujets ^ se pénètrent (Jjqt sens, des oi:dres: précités ,
c'est-à-dire, que tous les observent fidèlement, etc. j
qu'aucun d'entr'eux n'oublie son devoir et la subor-
dinatio^ qu'il doit 4. ^0$ d^écrets impériaux qui
demandent une obéissance sans bornes; qu'ils soient
assurés qu'en né s'écartant jamais de la fidélité et de
la loyauté accoutumées , et qu'en €Oji^ervant la pu-
reté de leurs mœurs, ils jouiront d'une tranquillité
parfaite et ne cesseront d'éprouver les effets de Notre
cltémence et de Notre;, miséricorde impériales.
40. Toi et tes successeurs , eo montrant du lèle
pour notre service et de la reconnaissance pour
Notre magnificence impériale , et en obser\'ant
fidèlement les présens commandemens ^ vous n*au-
rez pas à craindre d'être déposés à moins d^étre
évidemment coupables de quelque délit qui donne
lieu à la déposition j mais au contraire Tu seras affermi
1 **
( ï6o )
dans la principauté de Moldavie , ti il est certain et
indubitable que , du moment qu'on sera informé que
des habitons des autres rives du Danube et deafllli^
resses , grands et petits quels qu'ils soient , auront
osé contrevenir au préseut. ordre, il en sera fait
justice.
4i • Nous veilleroos , ainsi que ûos grands-visirs et
nos honorés pacbas, avec la plus soigneuse attention,
au maintien des privilèges qui ont éii accordés sous
le règne équitable de notre grand-père le sultan
Mehiped-Han.,
Geschiete und Verfassung der Valîojchey imd Moldau,
Histoire et Constitution de la Valacliie et de la Moldavie,
page 21 3. Recueil des Traités, par Martens, tome 3,pagea8i.
*.'.
v-.^*-
( i7« )
Ko 3.
JJI^kction du Chtjsovole {i) accordé par le prince
jflexandre aux marchands arméniens , sujets de
S. M. I.etR. A.^ y le Q mars 1784.
Il est du devoir et de la prudence des scorerainsde
veiller sans cesse et de favoriser ceux qui, pour Futi-
lité des sujetstà eux soumis, s'empressent de faire
prospérer leur industrie^ leurs travaux, le commerce
et l'agriculture. G)mme il se trouve , depuis long-
temps , dans cette principauté , un grand nombre de
marchands arméniens, sujets autrichiens de la Gal-
licie , avec leurs bœufs , chevaux et autres bes-
tiaux , et comme il est de notoriété publique qu'ils
ne sont pas d'une médiocre utilité au pays , attendu
qu'ils élèvent, à la satisfaction des babitans, le prix
des bestiaux et autres objets j et comme ils ont été
favorisés par nos illustres prédécesseurs qui leur ont
accordé des grâces , ainsi qu'il résulte de leurs pri-
vilèges et notamment de celui qu'ils ont eti mains
et à eux délivré par notre oncle défunt le Vaivode
Jean-lNîcolas , avec des privilèges exclusifs, nous
avons, en conséquence cru qu'il était juste non seule-
ment de renouveler et de confirmer lesdits privilèges,
mais de les augmenter et d'y joindre quelques noi>- | '
velles grâces pour les rendre plus stables , et c'est à
( 1 ) Vient du grec xpu» ^oûXo , c'est-à-dire , huile d'or , c'est
pi'0|xremejit dit diplôme. ( Note du Traducteur. )
( Ï70
cette fin que Nous avons délmé le présent diplôme.
1. Ayant appris que quelques-uns des proprié-
taires des terrains que louent annuellement ces mar-
chands arméniens pour leurs besoins , s'entendaient
nvec leurs Voisins , feignant d'en trouver un plud
haut; prix que celui payé pat les arméniens y et qu^ils
employaient encote d'autres moyens frauduleux qui
obligeaient les marchands à se transporter ailleurs
avec leurs troupeaux, ou de donner, à leur détriment,
aux propriétaires le prix qu'on leur demandait/
cdmîne de pareils moyens sont contraires au bon
ordre et à la justice , toutes les fois qu'un pareil stra-
tagétne sera reconnu , non seulement le voisin qui
se prête à la fraude exercée par le propriétaire sera
puni avec toute la rigueur de la justice , mais encore
le prcJprii^taire Ini-même sera traduit par devant
notre divan pour y être jugé. Aucun habitant du
voisinage tfosera moi^ester ou chasser avec le mot
protimissis ou. priorité, les marchands qui sont étabUs
depuis long-temps sur tm terrain avec leurs trou*
peaux ,^t qu'ils occupent du consentement du pro-
priétaire. Le voisin aura pour Pavenir le droit de
priorité sur les premiers biens qui se vendront an-
nuellement. Le sujet autrichien qui a obtenu la pos-
session d'une terre et qui l'a occupée quelques
années , y a fait des constructions ou toute autre
^hose pt)Ui* son utilité et son commerce , ne pourra
êti*e inquiété èa aucune manière par son voisin sous
le titre de protimissis.
S{. Qui que ce soit du voisinage ne peut semer ^
(>70
laboarer oa couper llierbç forcément sur les terres
qui sont louées annuellemeDt par ces marchands
étrangers pour l'usage exclusif de leurs bestiaux.
3. Quant au £bin qu'ils voudront £adre pour l'usage
on la nourriture de leurs bestiaux y ils auront la
faculté de s'accorder avec les gens d'un endroit quel-
conque y soit avec les étrangers ou paysans de ces
provinces , selon qu'il leur conviendra*
4« A l'égard des bœu& qu'ils achèteront pour
leur commerce 9 ils paieront pour le droit de cornarit
une piastre et un potronic ( monnaie ancietme ) pour
chaque bœuf ^ selon l'usage. Us auront encore à payer
pour tout le t^upeau ^ lorsqu'ils sortiront des firon-
tières^ une piastre et soixante deniers aux douaniers
des limites. Ils paieront également pour chaque béte
échappée ^ deux piastres à ceux qui les ramèneront ^
mais ensuite , s'il ne vient à s'égarer qu'un ou deux
bœufs , les propriétaires ne paieront ^ • de récom-
pense , qu'une piastre , selon l'usage.
5. Us paieront également pour tout le bétail
qu'ils ont dans le pays ( excepté les bœufs de com-
merce ) , comme vaches , chevaux ^ jumcns y la co-
nilza y à raison de quarante aspres par tête y selon
l'usage ; mais on ne l'exigera pas pour les poulains et
les veaux. A l'égard des bestiaux qu'ils adiètent à la
foire pour les exporter y comme ils sont dans Fin-
tentiou de leur faire passer la firontiére deux mois
après ^ ils ne sont pas obligés de payer la conitza pour
cet espace de temps ; mais si ces troupeaux restent
plus longtemps dans le pays, ils seront tenus de payer
ce droit.
( «73 )
0. On n'exigera aucun droit à la douane pour \ei
chevaux de leurs propres races qu'ils voudront trans-
porter en Pologne ; mais pour tous les autres articles
qu'ils achèteront dans le pays , comme chevaux, bes-
tiaux, etc. , et qu'ils exporteront hors des frontières;
ëgalf^neht lès autres marchandises de quelque nature
qu'elles soient, qui^ venant de quelqu'autre pays,pàs^
seront dans celui-ci , ils seront tenus de payer à la
douane d'après le tarif de notre chancellerie qui a
été fait et réglé cette année , et où Ton indique que
tous les sujets autrichiens doivent payer le trois pour
cent , selon l'ordre.
7. S'ils ont des abeilles et des pourceaux en cette
province de Moldavie , ils paieront la dissetine , à
raison de dix vieux deniers pour tout le nombre
qu'ils en ont.
8. On ne pourra prendre pour Volac ou pour la
poste leurs chevaux , ni ceux de leur race ni ceux de
leurs habitations et de route.
9. S'il s'élève des différends entre ces marchands ,
leurs proposés et quelques-uns de nos sujets , et qu'ils
ne soient pas satisfaits de la décision deslsprawniks^
41s peuvent en appeler à notre divan -, dans ce cas les
parties litigieuses seront renvoyées devant Nous par
les Isprawniks pour être jugées définitivement.
10. Si quelques-uns des sujets sus-dénommés
commettaient quelque délit , les Isprawniks ne pour-
ront ni les incarcérer , ni les punir , mais les envoyer
de suite ici en dénonçant le délit , afin de pouvoir
procéder à leur égard , selon la teneur des anciens
( «74)
traités suivis à Constantinoplc y et en énoDyant les
moti& de cette arrestation.
1 1 . Nous invitons amicalement \es autres princes ,
nos frères et nos successeurs ^ que 0icu substituera
après N dans cette principauté , de ne point altérer
cette grâce ni ces privilèges^ mais Hen de s'y confor*
me^ pour leur propre honneur et étemelle mémoire.
Donné en notre résidence de Jassy^ l'an second de
notre principauté de Moldavie^ le 9 mars 17B4 (i}«
Signé
INous Alexandre Yaivode
L. S.
Grand-Vi&tiar.
(1) Geschieie und Ferfanangàer FaliackeyandMMau;
jit Histoire des Traités par Mmtons^ to«ie 5.
»
( I75')
— » • • •
TmdiéC^ion dacomm^ndement du Orand-Seigneur,
adressé dinseiement uu prince de f^idachie.
A» vaivode de Valadiii^ Miekel, célèbre pannî les
princes de la nation du Messie^ que tes derniers jours
soient heureux. Vous apprendrez par le présent ordre
impérial émâtné de Moi, que le seigneur baron d^Her-
hert ( que le ciel lui accorde une heureuse fin ) ,
illustre entre les grands de la nation chrétienne,
internonce impérial , résident près de Ma Sublime
Porte , lui a présenté un mémoire dont le contenu
ayant été traduit , expose qu'afin de procurer aide
et protection wx marchands sujets de S*. M. l'empe-/
reur des Romains , qni, pour le commerce , traver-
sent les deux provinces de la Valachic et de la Mol-
davie , et sur les routes du Danube , il a été envoyé
dn côté de S. susdite M. l'année dernière dans les
environs , l'ilkistre seigneur Raicewich ( que sa
sagesse ^iaccroisse ) ^ célèbre parmi les seigneqrs de
la nation du Messie , et secrétaire actuel de la cour
impériale. Comme le commerce s'augmente «et que les
ramificartions s'étendent, les intérêts et le bon ordre ,
la sûreté des marchands allemands qui parcourent les
deux principauté3 ou qui y résident, et l'arrangement
de leurs affaires commerciales , a déterminé la cour
impériale d'envoyer ledit seigneur pour son agent
dans les principautés. Tout en se louant des bons
( 176 )
procédés des vaivodes de Valacbie et de Moldavie et
de l'assistance qu'ils ont donnée jusqu'à présent au
commerce, la cour impériale ne voulant cependant
rien omettre de ce qui convient à son caractère ^ tant
sous les rapports de protection que des convenances^
d'après les coutumes , la susdite cour impériale
demande amicalement qu'il soit donné des or-
dres , tant à vous vaivode de Yalachie^ qu'au vaivode
de Moldavie , afin que tous les droits ^ immunités ,
privilèges et concessions d'usagp stipulés par les ca-
pitulations impériales à l'égard des consuls et agens
de ladite cour^ soient accordés au dénommé ci-dessus*
Le ministre susdit nous fait savoir en même temps
que cette demande tend uniquement à confirmer et
affermir de plus en plus le commerce et l'amitié qui
subsistent entre les sujets respectifs des deux em-
pires , ainsi que pour l'avantage des deux cours , et
qu'à cet effet il a sollicité directement que ces deux
nobles conimandemens soient adressés Tun à vous et
l'autre au susdit prince de Moldavie. Comme nous
nous faisons un devoir de complaire à la cour d'Alle-
magne qui est une cour ancienne y magnifique , amie
sincère et voisine de Ma Sublime Porte , que la
loyauté parfaite et la candeur qu'elle lui témoigne
est évidente ; comme il est d'une grande importance
de faciliter ses intérêts ^ sdion les capitulations impé-
riales , et comme il est en outre très clair et évident
que Je désire et que Je suis dans l'intention de défé-
rer , d'après la teneur exacte desdites capitulations ,
aux vœux et aux réquisitions de cette cour aniie^
afin de protéger le commerce qui est un fruit de
l^heureuse paix , et qvte les sujets et marchands de
cette paissance qui parcourent les provinces soient ,
selon la teneur des capitulations impériales , proté-
gés et as^sistés j trouvant ericotè datfs le toémoîîre
présenté par le susdit mînistf e que ïe bon oi*dré de
leur commence dépendra des ptocédés et de la idôn- v
sidération qu'obtiendra le susdit agent , Ma volonté
impériale est que vous, vaivôde, votts etoj^loyiez tous
vos soins et toute \btre application à remplir les con-
ditions des capitulations impériales , qtiànt sxtx pro-
cédés, aux égards, à la considération dus à la dignité
d'agent dans la personne du susdéiiommé quial'oi'drè
de suivre les aiSaires et intérêts àeà sii]eis iîsr^liMsluky
comme aussi de lui donner, en vertu d^ ^stliteà
capitulations impériales, toute àSsistânc'e éf J)ro-
tection. C'est à cet effet qu'est donné le |>Tése]lt et
suprême commandement , en vertu duquel Je veui
et vous cùmtnatidè, âès qûô vous eu aupèsi pris con-
noissance, de. vous conformer ôtrîctenofént, avec toute
soumission, r^||][iect et t>béissatice, à îâ teriév^ de cet
otdre éîinané de SJoi, vous absteil'ani sôîgneti^emèùt
de rien faire de àontrairè et ei^ai'gnaiit d'y contre^
venir. ^
r r
_ i i
Donné dans ma résidence de Gonstantinople^ vers Iq -
milieu de la lune zileodeade de l'an 1 197 qui corres^ *
pond au 16 octobre 1783.
12
(178)
No 5.,
Traduction du sened de la sublime Porte^-'Otlomane
contenant les droits et prérogatives dont jouira
le commerce des sujets de S. M. impériale et
royale dans les états de T empire ottoman.
AtJ NOSi DE L^ÊTRE-SÛBRÊME.
Nous avons renda le présent firman d'après ia
démarche dé Finternonce de l'empereur d'Autriche
notre ami, lequel nous ayant présenté^ de la part de
sa cour^ un mémoire où, s'appuyant sur Tartide 2
du traite de Belgrade ^ il rédame l'exécution des dif-
férentes dispositions en faveur des marchands sujets
de l'empereur dans les pays soumis à la domination
ottomane.
La subliïne Porte , ayant examiné le contenu de
ce mémoire , a vu que l'article précité sert de base
aux propositions de la cour impériale à ce sujet. En
conséquence, et d'après les assurances positives don-
nées dans le mémoire susdit que les bâtimens mar-
chands et su j ets de la sublime Porte qui exer cen tle com-
merce, tant par terre que par mer, et sur les fl eu ves dans -
tous les états de l'empereur, jouiront constamment
des droits, immunités et privilèges dont jouissent ,
relativement au commerce , les nations les plus favo-
risées. La sublime Porte, toujours disposée à exécuter
avec la plus grande loyauté les obligations contrac-
(n9)
tées par les traités j toujours atteutive à pourvoir aux
moyens les plus propres de donner a la cour impé-.
riale son ancienne amie et voisine , dç3 preuves non
équivoques de la sincérité de se^ $entimçn$ çt de sa,
parfaite amitië y a rësojlu de s'engager {solennellement
par le présent sened d'observer religieusement les
points et articles suivans , Ie3quel3 serviront à Fave-
nir de régie invariable ^ur la manière dp se cçimppr-
ter envers la natiou allemaude ^^et qui auront |s^
piéme force quei le traité même de Belgrade,
Art. !«'•
Le traité de commevoe signé à Passarov^itz l'année
1 132 de Vh4gjrre^ qui sert de base à l'article i i du
traité de Belgrade est, comme il le doit, maintenu et
sera exécuté dans tous ses points , dans tous les états
de l'empire ottoman, en faveur des marchands et
sujets de l'empereur j .et la sublime Porte ne per-
mettr£t ni autorisera la moindre infraction à ce traité.
Quant à ce qui regarde le conmierce sur les mers et
les fleuves , on se conformera à l'art. 6 du présent
sened.
Art. II.
A l'égard de^ droits que devront payer, à la
4ouane, les ma|*chands' et sujets impériaux, la sublime
Porte reconnaissant de nouveau par le présent les
anciennes cqnventioni? , savoir : qu'ils ne paieront
jamais;à la douane plus que trois pour cent une fois
pour toutes j^ soit dans le lieu oyi ces marchandises
i .
(180)
seront introduites ou dans eelui pour lequel elles
sont destinées. Us paieront égalepient trois pour
cent une foi^ seul^ement et dans xifi seul eqdroît pour
toutes les marchandises qti'ils adièteront pour ex-
porter, et qui ne sero^^t pas de celles prohibées, de
manière que le commepce des march^ds autrichiens
désignés ci-dessus , sera , tant pour l'importation
que pour l'exportation, libre de -tous les autres
droits et spécialement de ceux appelés Mastarie ,
Cassable jBidaaty Resmiy Houi^amiey Reffty Badch,
Jassacouli , etc. Quoique les dispositions relatives à
cet article soient clairement et évidemment expli-^
quées dans le susdit traité d^ Pai5*£^rowite,et qu'U ait
été déclaré à rinternoiicc q»9> dw^k laps de temps^
il se soit introduit dans les provinces ottomanes et
notwiment dans celles de Valachie et de Moldavie ,
difliérens abus contraire9 à la règle adoptée , la su-
blime Porte confirma formellepent par le présent ces
dispositions , pour être dorénay^pt pleinement ol^«9
servées dans tous les états de Feinpire ottpm^o,
Art.IIL
Lesnégocians et sujets iEppériaux jouiront encore,
tant pour l'introduction de toutes les marchandises
non prohibées que 'd^ins la vepte el l'achat desdites
marchandises , d'une liberté pleine et entière, et il
ne sera |)ermis en aucune manière aux corporations^
compagnies et monopolistes , ou à qui que ce soit ,
4e mettre , ouvertement ou clandestinement , le
moindre obstacle , ni de molester ou punir les sujeta
•
^
( i8i )
* (le la subUme Porte pour eu avoir vendu ou acheté ,
comme s^usai de géoer ou vexer x],ui que ce 3oit des
marchands ou sujets olt(N33iwâ ^ sous prëtextif ou
parce qu'il aurait acheté des uégocians allemauds
quelques effets ou marchandises. A cet effet , l'exé^
Cation du présent sened sera confiée aux chefs et
magistrats de3 provinces , tant de^ mers que des
C^tes; aux ojSciers des douanes /par des firmans très
positifs et très énergique3 et contenant avec les
règles ci-dessus y la manière de ^ comporter envers
les sujets impériaux qui voyagent ou demeurent
dans toute l'étendue des états ottomans. Des copies
de ce firman seront , en même temps , données à la
couir impériale , afin que ses consuls ^ agen^^ aussi
bien que les commandans des frontières , puissent en
être informés et se diriger e^ conséquence.
Art. IV.
Pour prévenir les doutes ou soupçons que pour«»
« raient élever les çommaudans^ magistrats et ^^
pMyés des provinces Ottomanes^ suriiltendans du
commerce de meri et des fleuves ^ la sublime Porte
déclare qu'ep vertu des traitée ^ il est ptJTJpis aux
marchands et sujets impériaux^ munis de leurs passe-
ports, d'filler ^t venir librement par mer et sur les
fleuves, et d'exercer le commerce dans tous les* états
et provinces de Uempire Ottoman , et qu'ils pourront
également, dans leurs voyages de mer, 3ur terre
pt sur les fleuves, approcher et décharger leurs mar-
( 'i82 )
chandises^ charger celles qui ne sont pas prohibées
dans tous les lieux qui leur conviendront en payant
lés A*oit3 auxquels ils sont tenus.
AnT. V.
La sublime Porte reconnaît qu'en vertu du trsùté
de Belgrade, et de eehii de commef ce signé à Passa-* .
rowitz, comme aussi ^n conformité de la parfaite et
sincère amitié qui subsiste entre les deux empires, lsi .
cour impériale a le droit de réclamer, pour ses mar- .
chauds et sujets, les mêmes faveurs, privilèges et
avantages de commerce sans aucuue exception, dont
jouissent et jouiront à Tavenir sous les rapports com-*
merdaux, les autres nations franques , spécialement
les Français, Anglais, Hollandais, Russes et autres;
nations les plus favorisées.
Les sujets et marchands impériaux pourront libre^r
ment, et sans que l'exception insérée audit traité de
Passarowitz pùiise former quelqu'empéchement, pas* .
ser pour raison de commerce, de^ fleuves à la mer eé *
vice versa avec leurs navires, pavillons et équipages
allemands, et ils ne seront tenus que de payer une
fois pour toutes, comme il a été dit ci-dessus, le 'droit
de douanes pour les marchandises importées et ex- .
portées.
Art. vil
Le transit sur les cotées par les canaux et détroits
( '83)
dé la domination Ottomane, et notamment par le
canal de la mer Noire, sera Ubre à tous les n^arcliands
et sujets impériaux qui viennent par mer ou sur les
fleuves avec le pavillon impérial, pour pas3er des
provinces allemandes dans celles des éours jétrangèrps,
ou qui de ces dernièreè se rendent daiis les provinces
allemandes. Ik seront exempts de tout droit quel-
conque et ne seront ni vexés, ni gânéâ, ni forcés de
décharger leurs marchandises. Bien entendu que les
marchandises qu'ils feront dé^iharget de leur propre
volonté chemin faisant, pour l#s vendre, serontexemp-
tes de toute espèce de taxes excepté les droits ordi-
naires des douanes, pourvu que les susdits bâtimens
ne soient pas^plus gros que ceux dont la navig^y^^n
est permise aux Russes* Les marchands susdits et
sujets de l'empereur seront encore assistés ^t secourus
amicalement pendant le cours de leurs voyages dans
les provinces ottomanes, comme appartenant à la cour
la plus amie de cet empire. Gomme on doit considé*
rer que les bâtimens marchands qui naviguent sur
les fleuves iie sont pas propres à la navigation ma-
ritime, les capitaines seroiitlibres en arrivant dansles
lieux voisins de la mer, de faire transporter leurs
marchandises sur d'autres bâtimens qui fréquentent
la mer Noire ^ et dans ce cas on ne leur fera payer
aucun droit.
Art. Vin.
S'il s'élève des difficultés sur l'exécution de quel-
que point du présent sened^ principalement à l'égard
( »84 )
des marchandises prohibées^ ainsi qne sur le traite
dePassaro-witz et sur eduide commerce de Belgrade,
la sublime Porte condescendra à les applanir d'un
commun accord et d'une manière amicale et juste j
mais si ces différens points en difficulté ne pou-
vaient «'arranger de cette manière, elle consent à ce
qu'ils soient applanis, réglés et décit^és amicale/nent
suivant la teneur des dispositions du traité de com-
mence conclu avec l'empire de Russie l'année der-
nière^ et d'une manière convenable ad commerce
allemand. ^
Donné à Gonstantinople le deuxième de la lune
Rabiaid^akir de l'an de Phégjrre 1^98, c'est-à-dire,
le 24 février 1784.
Celui qui implore le secours de l'Etre-Suprénie,
Hamid^ fils de HaU grand-visir^ et sCéHédeson
grand cachet.
FIN.
TABLE
t)GS MANIÈRES COUtttmjtÈ t^AlfS èSt OVtâàGÊ.
Préface du Traducteur . i i i i ^ . « . « . . r
Introduction • « • • ^ > 4 * 4 viî
m «
é . ■ -
Obtervadona hUtoriquesi
Chapiti^ I. Descripticm topograpHqiie dé la Valaolde et
de la Mold^r^ ...••....*. 1
Ghap. n. Division de la Vaïacfiie ei de ta Moldavie . * 4
Cliap. m. Climat, air, eaux 7
Praduùtians vègéiàkê,
Ghap. IV. Vignes . * . . i3
Gliap. V. Graines diverses l5
Ghap. VI. Arbres , î^
Ghap. Vit Herbages , frulbr . • ^1
Productions ditnBrseê.
f Règiie animal.
Ghap. Vm. TKwpeauit et ebèvvctt 2l4
Gfaap. IX. AbeâïeB . j ^ 3j
Ghap. X. Oiscnnc . « « 59
Ghap. Xi SauterttUes 4i
Gha<,XIf. Pois8<ms .43
Ghap. XIll. Minérafùx , 45
i3
Chap. XTV* Etat acluol du commerce dans les deux
principautës • . . 5i
Chap. X V. Exportations qui se font pour G>nstan-
tinoplë i i .. i .*..,. 5^
Chap. XYL Exportations qiii se font pour la chrétienté 60
Chajp.Xyn. Marchandises introduites des pays étrangers 65
Chap.XVIIL Système du gouvernement. . . * i • ^8
Chap. XGIL. Autorité du divan et des autres tribtinaxtit; 74
Chap. XX. Autorité et faste des princes 84
Chap. XXI. Passage des pachas et autres Turcs ... 96
Chap. XXn* Recettes et dépenses des deux principautés. 1 00
Mémoire sur l'état présent de la Moldavie. io4
Exposition dé ce que lejiays peut fournir. io5
Supplique à S. M» ^ ' . . . . i . . 106
Chap. XXlIL Mode de perception dès imp6ts etc. Popu-
lation. . i . , i, 11^
• ■ « « 1. 14
Chap. XXrV. Postes et courriers i * . ^ - . . . 117
Chap, XXV. Troupes diverses. . . ; . * . . . 117
Chap. XXVI. Forme et police des villes et villages . . ia3
Chap. XXVn. Religion^ tolérance > écoles , hôpitaux . ^ 1128
Chap. XXYlil. Education , coutumes , génie ^ mœurs , etc. 1 59
Chap. XXIX. Traduction de quelques pièces mention-
nées dans le cours de cet ouvrage . . 1 5l
N° 1. Article 16 du traité deKoutchouk-
Kaynardzi, conclu le ai juillet 1774^
entre la Russie et la Porte . « « . i5i
N^ 2. Traduction duhaltscheriff du sultan
Abdulhàmia, en faveur des princes de
Valachie et de Moldavie, ijenouvelé
en 1784 i55
N° 5. Traduction du Chrysovolc accordé
aux marchands arméniens , sujets de S.
M. I. et R. A^'>^, etc 170
( 187 )
fragc.
N° 4. Traduction da coilmUlhdemént du
Crand-Seigneur ; adriBssë directement
&u prince de Valacliie . • • . • • ij6
N"^ 5. TtaductioU du Séned dé la Subliiilâ
Porte, contenant les droits et préroga-
tives dont jouira lé commerce des sujets
de S. M. I. et ft» dans les états de l'em^
pire Ottoman «•'i«k»4* 1^8
FIN DE lA TABLE.
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9
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