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Full text of "Voyage litteraire de deux religieux benedictins de la Congregation de Saint Maur"

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A PARIS, 
Chez MoNTALANT , Quay des Auguftins, i la dcfcente du B'oflif 

Saint Michel.. 

[ M. DeCXXïV. 

^ ^vt& A^fnbation , Privitty duRty^é- PiTmJTun des Su$pkuft^ 



VOYAGE 

LITTERAIRE 

DE DEUX RELIGIEUX BENEDICTINS 

DE LA CONGREGATION DE S.MAUR, 

Ou ton trowvera X\\Et^ s 

I. Plufieurs Pièces, Inferiptions, Epitaphes fervantes à éckircir lHiC | ^i \ *■ 

coire ,& tes Généalogies des anciennes familles. luij \i 

J L Plufieurs Ufages des Eglifes Cathédrales & des Monafteres,tou>. ^\ 1 1 

chant îa difcîpIine&i'Hiftoire des Gaules. . \'^\ 

ÏII. Les fondations de beaucoup de Monafteres , de une ilafînit^ de^ \^0^ 

^recherches curieuiès&intereuantes. ^ — ^ 

OUVRAGE ENRICHI DE FIGURES* 

LE VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 
Evêque de Bayeox y pour négocier la paix entrées Çoucoik. 
nés de France & d'Angleterre en 1381. 

ITER INDICUM BALTHASARIS SPINGEK. 

^ESCRTPTiet APPARATVS BELLJCf 
7(|?^« Francia Carolt intrantis civitates^ Itatia , Florentiam a&' 
^deinàe Komam^ro recu^erando regm Siciliéefi've NeapoRfan»' 



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4 



SECOND 

VO YA G E 

LITTERAIRE- 



•ENGAGEMENT OÙ nous nous 
fommes trouvez de travailler à un Ou^ 
vrage auffi intereflant , que le deflein en 
eft grand & étendu , ayant porte nos Tu . 
I perieurs affemblez à la diette annuelle, i 
Ujnous faire entreprendre un voyage dans 
les Pays.l^as èL xians TAllemagne^ pour y chercher dans 
les bibliothèques tous Içs mémoires quipouvoient contrit 
huer à ia perfection. Ils nous déclarèrent leur refolution 
i la fin du mois de May 1718. Nous la reçdmes avec tout 
Jie refpeél&lafoumiflîon que nous devions, mais en me-, 
me temps avec crainte. Car quoyque Dieu nous ait don^ 
né beaucoup d^amour pour le travail , & un zcle aflèz 
grand pour tout entreprendre lorfqu'il s'agit de rendre 
fervice à Pegliic & à Tetat , & de contribuer de notre 
part à Tutilité publique i le fucccs 4c ce voyage nous pa- 
icûiTo^t fort incertain^ dpuceux ^ puisqu'il ctoit queftioa 




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2 VOYAGE LITTERAIRE. 

d'alter dans nn pays où nous étions inconnus , dan* ua 
psiys dont nous n'entendions pas la langue, dans un pays 
oà tant d'hommes habiles avoient déjà moiflbnné avant 
nous y & racine glanné après les moiflbnneurs. 

Il étoit donc fort à craindre que nous ne nous donnaf-^ 
, fions bien de 1^ peine inutilement ^ & que nous ne rofr 
^ g(3i:ftfc^ôh^ âfi. tous nos travaux que la bonne voloaeé do 
' jértir'l^ public avec laquelle nous aurions entréjpris lèi 
voyagp; Mats Texpcrience que nous feifons tous les joursf 
*de la protedion de Dieu fur nous, & la benedidion 
vifîble qu'il donne à nos entreprifes , nous ayant relevé 
le courage , nous crûmes qu'il regardoroil auffi d'un 
ceil favorable les pieufes intentions de ceux qui nous 
envoyoient , fi nous mettions notre confiance en lui. Ainfi 
après avoir demandé le fecours des prières de nos con- 
frères, nous nous mîmes en chemin le 3o..Mayi7i8. 
Càcilc. Nous allâmes d'abord à l'abbaye de Chelle , fituée 
dans une b^lle plaine , fur 1* bord de la Marne , à quatre 
lieues de Paris. Elle eft fi connue & fi illuftre , qu'il u'eft 
pas neceflaire de nous étendre beaucoup pour en donner 
une jufte idée. Tout le monde fçait que c^eû un glorieux 
monument de la pieté de fainte Batilde reine de Fran- 
ce. L'auteur de fa vie nous apprend néanmoins que fainte 
Clorilde y avoit déjà afïemblé une communauté de vier- 
ges , qui s*étoient confacrées à Dieu par les vœux mo- 
naftiques. Mais foit que le premier monaftere eut été de^ 
truit, foit que les grands biens dont fainte Batilde enrichit 
Pabbaye ,Iui ayent acquis le titre de Fondatrice , on le 
lui donne encore aujourd'hui ^ coinme on a fait dans les 
fiecles précedcns. Non contente d'avoir rétabli le monaf* 
tere & de lui avoir fait des donations confiderables , elle 
compta tout celapoùr rien , fi elle ne s'y donnoit elle-mê- 
me : c*ejft' pourquoi après avoiir été les deliçes-de la Fran- 
ce fous le régne de. Clovîs 1 1. fon mari , apïès avoir fair 
admirer fa prudence dans la Régence du Royaume pen^. 
dant la minorité de fes trois fils , changeant fa ccoironne 
en un voile , elle apprit i la pofterité ^ qu'elle fçav:oit auffiâ 
bien çihéjiï que commander^ 6c qtrele jougde J je s usifr 



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VOYAGE LITTERAIRE. vj 

Ch m s T eft infiniment plus doux, que tout ce gîte le 
monde peut avoir d'agréable. Soa exemple attira ià^Ckel- 
leunjgrand nombre de princefles & de filles de diftiûâion, 
non feulement du royaume, mais encore des pays étran- 
gers , qui paflbient les mers pour fe confacrer au fervice 
de celui qui eft Tépoux des vierges. Je ne doute point 
que Bérçilende qui contribua à la fondation du monaftie- 
re d'Epternac , par une donation confiderable qu'elle firù 
S. VVillebrod apôtre des Frifons , ne fut de ce nombre. 
Gifèle fœur de rempereur Charlemagne , que ce grand 
prince honoroit comme fa prQpre mère , choifit Chelk 
pour fe mettre à l'abri de la corruption du fieclç. Hc- 
gilvide mère de Timperatrice Judith préféra la qualité 
d'abbefle de Chelle a tous les titres d'honneur qu'elle 
pouyoit poiTeder dans le monde , & fans remonter A ces 
fiecles éloignez ^ Chelle renferme a^ujourd'hui dans fon 
fein une des plus erandes Princefles de l'Europe y puifqu'^L 
le a l'honneur d'être du Sang Royal de Ja Couronne de 
France, & d'être la fille du Prince qui gouverne aujour- 
d'hui le rovaùme. Tout le monde fçait & admire avec 
quelle confiance elle a quitté les plaifîrs qui pouvoient 
arrêter une jeune princefleà la fleur de fon âge y & le me- 

{^ris qu'elle a fait des couronnes que fa naiuance royale 
ui pouvoir faire efperer. Perfuadée que fon royaume 
n'étoitpasdecemonde^&que l'époux des vierges enre- 
ièrvoit un autre plus durable à celles qui fe confàcrent i 
fon fervice. 

Convaincue que ce Royaume ne s'emporte que par la 
force & qu'en fe faifant violence , que le moyen le plus 
court de vaincre le monde eft de le fuir 5 elle n'hefitapas 
à fe dérober d'une cour floriffante : la retraite du cloître 
ne lui fit pas d'horreur, les exercices les plushumbles.de 
la religion ne lui parurent pas trop. bas îlesaufteritezles 
phis rudes ne l'ébranlerent point. Elle fit on facriflce par. 
Fait & des plaifîrs &des honneurs , & embrafTa genereu- 
fement la croix pour ne s'en feparer qu'à la mort. Lorf- 
que nous arrivâmes à Chelle elle fortoit d'une ^etraictc 
qu'on lui avoit £iit interompre pour quelques indifpofL 

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;4 VOYAGE lÎTTÈRAIRE. 

fions; &ctoitbttupee à faire des orriemeiïS pour règlife^ 
. Nous eûmes l'honneur de lui prefentet nos fefpeds. Nous 
.laluâmes aufE madame dç Vilats quienétoit alors abbef- 
fe. Elle nous fit auffi-tôt entrer dans l'intérieur pourvoir 
t lés archives. Nous y vîmes quatre beaux cartulaires^ 
: dont nous fîmes quelques extraits par rapport à nos def% 
feins. Nous trouvâmes dans l'un de ces cartulaires des re- 
. glemens faits il y a cinq cens ans ou environ pour la nour- 
. riture des Religieufes, Il paroît par ces reglemens qu'el- 
les aflaifonnoient leurs légumes avec de la grailTe trois 
fois la femaine feulement, les Dimanches^ les Mardis^ 
& les Jeudis, en quoy elles ëtoknt plus religieufes que 
les religieux de Cluni , qui en mangeoient autrefois tous 
les jours ^ enforte que Pierre le Vénérable fc crutoblieé 
: de leur en ôter l^ulage les Vendredis , a caufe du fcandale 
jdes feculiers qui n*en mangeoient pas eux-mêmes ce jour- 
ïi. Les grandes fêtes on leur accordoit la viande , mais 
'.elles n'en avoient que d'une forte ^ excepte le jour die 
* fainte Bertille première abbeflfe de Chelle , auquel on leur 
fervoit deux mets^ &le jour de S. Baltide auquel on leur 
en fervoit trois. 

On nous fit voir auffi le calice de faint Eloy , donr( 
la coupe eft d^t émaillc. Elle a près d'un demi pied 
: de profondeur & prefqu*autant de diamètre , le pied 
cft beaucoup plus petit. Je n'aurois pas de peine à croire 
que ce calice a été autrefois donné aumonaftere par fainte 
Batilde > qu'il fervoit pour les jours de Communion fous 
les deux efpeces , & qu'on l'appelk le! calice de S. Eloy ^ 
parce que ce faint qui ëtoit un des directeurs de la Sainte ^ 
s'en fervoit ordinairement. Quoyqu'ile» fort , on confër- 
voit encore autrefois la patène d^or du même calice y 
mais il y a plus de trois cens ans qu'on la fondit pour faire 
la chaflfe de S. Bakilde. 

Ainfi la dévotion de . ces dames pour leur fainte pa- 
trône , nous a privé de ce précieux monument, qu'on ne 
peut aflfcz regretter. Outre le calice de faint Eloy , on 
montre encore dans le threfor de Chelle deux beaux buf- 
tes d'argent j^ dans lefquels font renfermei les chefs de 



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VOYAGE LITTERAIRE. 5 

S. Geneft arcl^evêque de Lion . & de S. Eloy cvêquc de 
Noyon, tous deux aumôniers de fainte Baltilde. Les reli- 
ques de la Sainte font dans une riche & magnifique chafle 
d'argent d*un très- beau travail , e^cpofée fur la grille du 
chœur, & celle de fainte Bertille dans une autre. Tous 
les lieux réguliers de la maifon fe refTentent de fanoblef- 
le, tout y eftbeau, niais rien ne blefiè la fîmplicité reli- 
gieufe. On prétend que l*eglife des relieieufes fut bâtie par 
Gifele fœur de Charlemaene , je ne içai fî elle eft d'une 
fi grande antiquité. Elle eft belle ^ le grand autel fur tout 
eft des plus magnifiques qu*on puifle voir. Le tabernacle 
eft d'argent maffif. La Grille du chœur des rèligieufes 
eft fi délicate & d^un travail fi exquis , qu'on peut dire 
qu'il furpaflè tout ce que l'art eft capable d'inventer. 
C*eft Madame d^Orleans qui l'a fait faire par le même 
ouvrier qui a fait celles de S. Denis. On voit dans* une 
chapelle le tombeau de Clothaire 1 1 I. roi de Francé[^ 
fils de CloVis U. & de fainte Batiide y avec cette epitaphé. ' 

Hic j ace t rex Chtharius 3alchildis regina filiks^ 

Outre Teglife des rèligieufes qui eft confaerée em 
l'honneur de la Sainte Vierge , on voit encore à Chelle 
celle de fainte Croix , où fainte Baltilde fur enterrée. Elle 
eft fort petite & fert aujourd'hui aux religieux Bénédic- 
tins nos confrères qui confeflènt les rèligieufes , & donr 
la maifon fait comme un petit monaftcre fèparé. 

Le lendemain nous nous rendîmes à Kabbaye de faint S.i*joiit 
Faron de Meaux, dont nous avons parlé dans notre pré -• 
mier Voyage Littéraire. La bibliothèque eft fort bonne ^ 
& remplie d'un grand nombre de livres imprimez , bien 
choifi's ôc bien conditionnez , mars it y a très-peu^ de ma- 
nufcrits. Le principal contient les ouvrages de Nicolas 
de Lyra en quatre gros volumes écrits l'an 140 j. par Mi- 
chel Marchefien Normand. On lit à la fin des Commenf-^ 
taires fur Efdras ^ qiii font dans le fécond volume j ces 
mocsr 

Byt iytuf ^dtids afjf^ Dea y-^jui dedk mihà ^atiam fe^, 



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6 VOYAGE LITTERAIRE. 

cundmH mêdulmm ingenti met ^fmper âmms Ukros in bibiU Contenu 
tas , primo fuf et iUos qui funt de amène ^incipiendâ à Gène fi ^ ^ 
frocurrenâo ufyue aâfinem Afùcalyffis^ exceftùfine Ex^cbielis^ 
eu jus expefitionem ex caufa rationabili tetardavi: Pojiea ver^ 
fufer iâos qui nenfunt de canene^ incipitndo à likro Thobia ^ 
^terminando in libre qui dicitur fecemdus Efdr/e ^ ut fie per 
banc dtfiinBienem librerum é* ordimaticnem apparent fim^ 
fUcibus qui libri JuMt canonici , f^ quiu0n^ dr qui mujeris 
auBeritatis , ^ qui miner is. Et queniam probabiliter timee 
inplutihus defeciffe , tsmen propter magnitudinem eperis , prop^ 
ur fcienti^ me a parvitatem ^ idée de defeEiibus veniam pofiu^ 
U,(^de dliis éd Uudétndum .Deum meos legentes invite ^ de^ 
fsecans humilitêr ^devstè , Mt apud Deum me velinrjkis erd^ 
tienihus adjuvare ^ aBum Parifiis arme Demini miiefime 
cccxxx. XIII. Calendas Jiprilis. 

On voit par U en qucl^ tcms Nicolas de Lyra corn- 
pofa ks ouvrages fur TEcriture, &quel ordre il y don- 
na. On nous fîtauffi remarquer dans Teglife le tombeau 
de la comteflè Adèle , qui eft enterrée dans la chapelle 
de la Vierge , avec cette Epitaphe. 

jAles Campania tumuler quondam comitifik 
Mie pars in requie mihi fit fanEiis repromijfa. 
Gdigni cum multis ^ hoc fi coyiofcere vultis , 
Donavi donis , amore Deique Farwis 
Oratè-prome. 

^^t^^^^^ Nous partîmes le lendemain i. de Juin ^ pour aller à la 
Chartreufe de Bourg-Fontaine^ fituce dans une grande fo- 
litude^à une lieiie de Villers-Cotterêt. Elle n'eft pas fort 
ancienne , mais elle n'en eft pas moins confîderable. Char- 
les de Valois roi de France la fonda pour vingt-huit re- 
ligieux , dans le lieu même où, étoit ibn palais. Il leur 
donna pour fondation iîx cens livres de rente, qui en ce 
tems-là étoit une fomme confiderable , mais qui aujour- 
d'hui n*entretiendroit pas deux religieux. Ce grand 
prince n'eut pas la cpnfolation de voir ion ouvrage ache- 
vé j mais Philippe de Valois fon coufin , qui lui ilicceda 



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VOYAGE LITTERAIRE. 7 

â la Couronne , y mit la dernière main. Ces Princes ve- 
noient de tems entems à Bourg-Fontaine fe delafler des 
foins d*un grand rçyaume^ ils s*y édifioient de la fainfe 
vie de ces pieux Solitaires ^ qui de leur côté s'cdifioient de 
la pieté des princes. Ik alloient à couvert de leur palais 
dans Teglife ^ pour y affifter aux offices divins dans une 
tribun^ , d^où ils admiroient la modeftie des religieux 
fans être vus : tant ils étoient jittentifs à ne point trou- 
bler leur recueillement. Ils avoient fait une défenfe ex- 
prefle à tous leurs officiers tl'entrer dans le cloître, afia 
que rien n^interrompit leur filence & la tranquilitc de 
leur folitude. C'étoit une chofe admirable de voir tous 
hs mouvemens d*^une Cour nombreufe fans bfuit au mi. 
lieu d*un defert , & des Solitaires au milieu du bruit de 
cette même cour auflî tranquils que s'ils en avoient îété 
fort éloignez. Le palais de Philippe de Valois fubfifte en^ 
core aujourd'hui tout entier ^ & il fert d'officines & de 
greniers aux ReUgieux. 

Nous en partîmes le 2. jour de Juin de bonne' heure , long-Pbnt^ 
pour aller à l'abbaye de Long -Pont , qui n'en eft éloi- 
gnée que de trois lieues. Nous y avions déjà été autre- 
rois, mais nous étions bien aife de revoir encore Iqs ma- 
nufcrits. Nous y arrivâmes comme les rehgieux commen- 
çoient leur grand-mefle. Nous ne voulûmes pas fouffrir 
qu'on fit fortir perfbnne du chœur pour venir nous rece- 
voir , mais après avoir falué le Saint Sacrement , nous 
nous amufâmes à lire & à copier les epitaphes qui font 
dans le cloître & #ns le chapitre. Je crois qu'on ne fera 
pas fâché de les voir ici aufli-bien que celles qu''on voie 
dans l'Eglife. 

Dans l^eglife du côté de l'epitre. 

Hic jacet JefUnas efifcofns Suiffî^runfis ^ quiftimo aidu^ 
xit conventum hpjns domus de CUfa^vaSe temfore £^ Bernardi 
aibatis. 

Et fur une tablette près de fon tombeau* 

pJIcMMS Vil G^lknM anno m* c x x t. Sueffomm iteatm 



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% VOYAGE LITTERAIRE. 

epifcopns , ante archidiéicpnus Bituticenfis , magifier ceUlerri^ 
TimsParifienJis^ fater jufiiii/t ^ (!;• mnltorum cœnotiûrum ^ bofii$ 
vitUrnm , éf* C0^atis cnltor frétcifuns. Obiit anno m. c. JL 1,1 

Au miKen du presbytère. 

HU jdcet Anculfksefifcûf9s SueMnenfs. 

^nno Dâmini m. e c. ltHxxx. OB^iris y 1 1 1. caUnias 
êUit vit ffudens^fims ^ (^ liberalis Milo dp Bafoch , qmêHr 
dam SueîJionenfii ififçofus. Et ttflic fuit c^rffu €J»s fefultmn in 
iccUfid SueJJîoiunji , ubi nunç jacet Gerarins 9fifc6fn$ nepos 
ejnSjé'dnno m. çc. incamationis & L^cxxxyf; jxi. nonas 
OHobris hic fuit demum corpus trdnjlatuîft frout dum viveuf 
§rdinavit 1 dextrp bréchiç SueJ^onercmdne9te. Qratf fro eo. 

Au c&té de i*evangîle on voit le tombeau d« 
Jean de Montmirel&de fa fille Marie ^ quia cettç 
ppitaphp. 

Hic jacet nobilis Maria dêminade tara^q%acum fanBifp 

fime viveret , fuît in eUsmofynis larga ^ tânis çferibus plena , 

in oratime devota , filia hujus probi^mi mititis (^ dcvotilBn^ 

monachi ftatris Johannis ^ quondapi dojnini de Mpntemirabili ^ 

mater Inyranni. 

Gy gifi Menfeigneur Mnjonrrande Goucy ^ fires de Maries^ 
la F are , Montmirel , ÎFrefmes ^ Cendé en Brie , ^ vicomte 
de Meaux , qui trèpafia l^an de grâce m. c c c x i. le x x, 
jomr du mois de M^ru Briex^ Bien pour fon ame. 

P^s la Cl^âpclk de Notre-Dame. 

Cy gift mejffire Jacques Safiarà de Vendhme y chevalier ^ 

eharnbellànt du' roi ^ gouverneur de Valois ^ capitaine J^Ar- 

^ques ^ bailli de Vermandois^ $eiyieisrde Botmeval^ Signi^ 

JFortel^ H eux en T émois ^ la Vacgrie , é* de Vierff , ^ui pi^ 

paffalejpremerjoffr dVfiobre m. D. x x i Vf 

Auprès. 



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^ VOYAGE LITTERAIRE. ^ 9 
Auprès gyfi Madame Jehanne de Rubemptà fon épeufe ^ 
faravMt veufve du fienr de Crevecœur^ laquelle irepajfa le 
PriexJDieu peur cety. 

Vers la chapelle de Notre-Dame fur un tombeau élevé. 

Cy gifi frère Qreyiires , qui ^fu cbevélier , ^ tldume de 
Plaifance , & laijja par miracle f es enfans , fes amie , f^spefjèf* 
fiens peur Dieu fervir humblement , ^ perfevera en ce lieu moi^ 
ne en t arrêté de Perdre x x v. ans ^ engrand fen/eur (jr enyranà 
religien^ & rendit à Dieu fen efpritfkintement^joyeu^ment. 

Dans le cloîtrerépitaphe de Raoul le jeune & d'Eleou 
nor de Vermandois efl conçue en ces termes. 

Fratri Junfla forer ^ eemiti comitiffa Radulfa 

Nobilis Eleoner hic tumuUiajacet. ^ 
Qui cum claruerint altis natalihuf ^ alta ^ 

Victfunt morum noèilitate genusi ' \ . ; 

Scdquid honer , quidapcs , quiddeniquegloria rnundiî , ^ , 

Ecce if revis pariier claudii utrumque lapis^ 
In f^eculum , leBer^ tibt ft^pro ternes é* ipfis 

Sers tua te moveat fundere votaprecum^ 

L*epitaphe de Pierre le Chantre étok autrefois renfer-- 
mee en ces deux vers. 

Hoc jacet in loculo^ Petrus veneralilis iÏÏe^ 
MffegiusCoitter^Parifimfedecm^ 

Aujourd'hui- on lit celle-ci au lieu de fa fepulture^ 

^ D. O. M. 

Hic jacet Petrus Carnet Péetifenfs doBerceleherrimus ^ fiet 
in epifcopum Ternacenfem eleffus humiliferdeclïnav/t ^ ^ fui$ 
eeuditerihus P^iepti^ ae nerma merum exijiefu , ajfkmte in hoc 
monafittio Ciftercienf habita ^ vitam béate fine cemplevst x i T. 
ealendas Junii^ anno m. c. l xx x« corpus ejf^emowssêfnnti^ 



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^o VOYAlGE Î.ITTERA1RE. 

^g</ Àiank ^utionf , é-i^oÀMu IrlekviTiJie Coutarèt 

liujacct £nj0rf^tmhs ât h^HJ^unonicus Zaudunenfis. 

.: H^S Ji^^ff^Jb^-'J^^ ^ R JO s A Y ,. canmms SueUît^ 
:venfis , nepos domini Enjorandide R u i s canonici Laudunenfis-. 
(^iU^fmQil>SH^*^^^^ \i. Il ri. 4aiendas Mo^ 

. ■' \ * . ' - * ' * 
:H4CJacetm4igfJkrJ^ttms^fÊUi^ 
Ppjmni-J^ler49^:d€^K\U^S.^^ \. \\r: ,, ;- . ^ 

fouillant k teglifsd^ JÇ.ûng.pont. Priez^Uieu four lui. Va^ 
degrace M.QC. L'KXxi. ^ ..', 

occis en A^dijois pour la foi de Jefus-Vhrifi^ lefquels ly cuenf 
"Jean de 'Sôiffhns fit affçrter çeans tan noire Seigneur m. & 
ce. & tvîih //\ . '^ V. " ' '''■ ' 



tiin 



Cy g//? ffirar/ SàHfefsde LàmÛàfiétaind^^ 

* ^Cy 'gip nteiïîre Jehan de JPavéroles chevaliers, ^ui trefajfa, t^p 
jA. ce- i^yiyix. proyex^fours^ame. 

Cy pfi rnaiàyneMdHife'MUe jadis de rhonpigteur Jehan de 
Féverolles chevaliers y ^Ai iripaffa Pan m. ccc.x.vi, ^ 

mois d^ Avril. t - 

^-. -••----' - ' ■• 

€y p/i nudanu Matl]^ d^^ deiPCoulies. 
'••V ^ -€|Jîtàp!i\:sqki torttaiVî^^^ ' '; • 

iï/V erit é- requiti (^' ptta-éèkt)i')^9Taf$t,- ' • • •"••"^- -':- 



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VOYAGE LITTERAIRE. ip 

jl. (omitijifd pin DE Sois50»s qu:iç jac$s ici ^ Ada; 

JLeytùfelUiUcêmfitvvyfMatia^ \ 

Mét$r ey^Mfum ^ muhormn plejki bonorum i ' . 
Heu l Uns horum , cibus es m$io vermiculotum. 

Cygift meJUre Mahiu de Hoye feipieur £Aunois , qui fut 
hardis é* fletn de toute bùn%ifoi\ jadis 0re fU Pleffier^ qui ou 
royaume eut grand mefiier^car ladefituit Umal^ quiminfifiUs^ 
aanemi , fe pions tous four J^ame de U , é* trepaffa tan de grâce 
M. c c c. L X X X. au mois de Janvier^ fries^^our t'orne. 

Cygifi Trifian de Roye chevalier , Jire de Bufene é" de Haute: 
tntrefrife , qui trefaffa en E/fegne m. c è c. l X x x r u ?« 
mois de Décembre , le jour dtla conception Notre . Dame '^ J^: 
prions le Seiffteur dévotement , priex^our s'ame. 

Cii gifi Thientris de Rôye Vïdemeffè dé X^Wons, qùifuibele \ 
tonne , fage é^ très^devote , ^ trepaff^^nfon Ch4fi4 à RaJoc^ 
fue , tan m« c c c ixxiviii. k ^vi ujour becemére^ ^ 

Devant le chapitre. 

Cypfi mon feigneur Jehan J^atifo^t de Sucy^jad^^^ 
feigneur Simon Matifort evèquè de Paris. Proiex^oun s^ame^ . 
que DieuSformemircy ly.face^ / 

Cygi^ maï^e Gif as de Paitmes ^ik^noine de féglifede Jaipf 
Gervais de Soi^ons^ qui ttfpa^ait'an /?^;^«^-m! € tV.*^^^^^^ 
Septembre y priei pour s^aihk\^^ ^ i V' . : " ^ 

Hic jacet magifier Martinus de Parma quondam cano^ 
nicus de Capella in Pria, mi^avit ^ Jfa^uloann» Doynini-' 
». ce, L X X X V. ^rate froeà. J^equiejcai '^jpace. \. 

CyçfiCtlanit Crçntoyiy fritXi^ur i^Mntqife î)ièu hn-^ 

^^' ; 



. • ^ ^ i i 



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ïi VOYAGE LITTERAIRE. 

^y tfP J^^n de Zion^ Efcuyers , /// de métré "Jehan de 
Zion^ demeurant k Bruxelles^ ^ trepajja tan mil quatre cens 
diX'feft , le vingt^deuxiémejûhrde May , friexj)ieu fenr lui. 

Epi taphes qui font dans le cloître de Tabbë. 

^ pfi ^f^dame Marie ^ ki fut femme menftiyîeur Adam 
de nerx^, friex, fomr s'ame. 

^y Pfi jndUre Adans de Viertf chevalier^ friex^ femr 



same. 



Çy madame Jebanne , femf jadis menffigneur Gerart 
^'Monni^ qui trefaffa Pan }ii. c ç. Jl x x x v i. ou mQts de 
ITûvemtre. 

Ç/ pfimeQire Gerart i Aconni chevalier ^peiet^eurs^ orne. 

Çy pfi Guillaume M^i^tnejle^ qui fut jadis veneur notre 
Seigneur rai de France^ qui trefafia de ce fiecle tan de yiace 
M- C c c. I. MT meis Février^ Preiex^four s^ame , que notre fixes 
honne merci ly face. Amen. 

Nous paflames le reftc de la journée à voir les manuf- 
crits. Les -principaux font de grandes Bibles & Içs ou- 
vrages des faints Pères. Sur tout de faint Auguftin , de 
$. Hierôme , de S. Grégoire , dç Ladance , de S. Pierre 
Pamien,4^ S.Bernaird. On y trouve auflî des hiftoriens,^ 
entre autres lliiftoiré de Jofeph , Phiftoîre des Albigeois 
compofée par, Pierre abbé des Vaux de Cernai. Pluneurs 
vies de Saints, Içs Ades de la plupart des faints e vcques de 
Soiffops , & p^r rappof t à Thiftoire de France la vie de 
Siinte Bal tilde y U wle de S. Sîgifmond roi de Bourgogne. 
Les Ades de S. Cypr^en&deSainte Jiiftine compôfés éh 
çtois livres, par un auteur contemporain, que nous avons 
donné au public dans le troifiëhie tome de nos Anecdo. 
tes s'y trouvant auflî , mais fans Talteratio^j cjjiieftautroi^ 
Scme livre d^^s le jmanufcrit de S. Quen , car il y eft dit 



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2 



VOYAGE LITTERAIRE. ïj 

que le Juge renvoya ces (aints martyrs non à Pempereur 
Claude, mais à Diocletîens conformément à l'extrait, que 
Photius avoit fait de ces A6les ^ ce qui Içs fend indubi- 
tables. 

Nous partîmes le lendemain 3. jour de Juin de grand Soiffoi»^ 
matin , & nous filmes dire la méfie à Soifïons. La Ville 
eft aflez belle , le monde y eft poli, les peuples humains, le 
clergé feculier & régulier nombreux & bienreglé. La ca- i 

thedrale oui eft grande & bien bâtie, peut pafler pour 
tine des belles eglifès duRoyaume. Il y aune bibliothèque, 
dans laquelle on trouve encore quelques manufcnts. Les 
plus confiderables font l'ancienne CoUeâion d'Efoagnc 
des Conciles écrites en caraderes Lombards il y a plus de 
huit cens ans , ôc les lettres de Nicolas Clemangis , avec 
ueiques anciennes éditions* On conte à Soifibns au moins 
îx abbayes , trois de rOrdre de S. Benoift, & trois de TOr-. 
dre de S. Auguftin. 

Saint Medard , que le peuple appelle S. Marc , eft non- S, Mciird. 
feulement la plus ancienne, maisauffi une des plus illuf- 
tres de Tordre de S. Benoift. Elle reconnoît pour Fon- 
dateur le roi Clothaire l. qui ayant fait apporter i Soif. 
fbns le corps de S. Medard evêque de Noyon^ fit com- 
mencer une bafilique, c'eft-à-dire une eglifè de moines, fur 
le corps du Saint, aftez près dé fon palais. Sigebert fbn 
fils Tacheva avec une magnificence royale. Ils la choi- 
firent tous deux pour le Heu de leur fepulture , &'on voit 
encore aujourd'hui leurs tombeaux dans la crypte fou- 
teraine aux pieds de celui du faint evêque. Ce fut là qu*ils^ 
enfevelirent avecleur corps toute la gloire attachée aux 
fceptres & aux couronnes fous de fimples tombes. Car en 
ce tems . là les rois n'avoient pas encore de tombeaux 
élevez , leurs figures même qui font gravées fur leurs tom- 
bes ne font pas de cette antiquité. Nous les rapporterons 
ici afin que les S^^vàns en puiflent porter leur jugement. 



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VOYAGE LITTERAFRE. ijy 

Egive reine de France & femme de Charles le Simple, 
^enterrée auffi dans la même crypte, n*a aiiffî qu'ime iîm- 

Îrle tombe de pierre ,iur laquelle on a afTez de peine de lire 
'epitaphe faivante. 

Qua fueram qmndam titulis generûfa fuj^erth , 
Q^^e ducibus re^ni regimen memorabile Francis : 
Jlic Ethpva premar^ ierr^e fub pulvere fuhis. 
Qttàd quifquis cemis , cafus remini fcefe morêis , 
Oram ut requies dctnr mihi carne joluta. 

VII. Kal. Jan. 
-C^uelques-uns ont cru qifil y avoir eu autrefois à faint 
•Medard quatre cens religieux qui chantoient les louan- 
gcs de Dieu jour Ôc nuit, fans interruption. Ceft un fait 
dont nous fouhaitterions avoir des preuves auffi Incontef- 
tables, qu'il eft certain que le monaftere a été dans tous 
les tems très-celebre, qtf il s'yeft tenuplufîeurs condles , 
que S. Bohtface apôtre d'Allemagne & arcîhevêque de . 
Maysence y a couronne IPepin roi de France , qUe t'tm^ 
pereur J-ouis le Débonnaire y a été mis en prifon par fes 
propres epfans^ qi^e Pépin le jeune roi d'Aquitaine y a 
;été renferme & contraint d'y recevoir la tonfure , qu'il 
xomteajinombretic les ajbbcs les rois Eude&^Raoïil, qu'il 
a donné à l'eglife plufîeurs grands eYêqûes,&' feutre aii- 
irres Raoul archevêque de Bourges , Foucher evêque de 
Noyon, Ingrand evêqup de Laon, S; Arnoul êvêque de 
^oiflbns y "Geoffroy evêqué vde CMlons.- -Qg'^ ^ \fervi de 
Tetraitç à déjgrahds prélats qui* ont quitté volontairement 
fleurs evêehez^our fc^mettré à couvert des dafagefrs pref- 
.que inévitables de î^piifcopat ^ fàndifier avec tant 

de pieuxfolitaires.Çefut là vûë qu*eut le vénérable Lei- 
dradt^ en qtÉtttLnt-i'àrçhpvê Lyon pour fe faire 

:TéHgietî^4VMèdafd/^ , i. : 

CeMoti^îftère^fub^à 1^^ la 

l^u-eufdes.Calvitoilfeslereduifit à rf^^ plus qu^uneom^ 
?bi;c fprio légère: de* ^ qu^l avoit^été.Ces impies s'en étant 
emôa^yés piiîerent les cfiaffes d'argent de trente' corps 
i^^W ',M\t^ trçîs^ ^^s y^ë^ ^^ ^^îent léSs^ ^rêliqtï<» 
,tlt-$.'^McdàftI^,^;$. Seba(Heni&iS/Xiifegoire Je «Grand, ik 
*rentefrérepe-toUs ^les^^Keux tt^K^. iL^Eglife V^ ^^^ 



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i6 VOYAGE LITTERAIRE, 

magràfîque ne tarda pas long-tems après à tomber. Le 
relâchement des anciens moines s'ctant joint à cela , le 
monaftere paroiflbit entièrement cnfcveli dans C^s ruines ^ 
& afTurement il falloit la Congrégation de faint Maui 
pour lui rendre quelque^ lullre. Car lorfque la reforme y 
ftit introduite ^ il n*y avoix plus que huit religieux, qui 
vi voient prefque làn^ régularité, tous les ornemens delà 
fâcriftie confiftoient dans une aube & un calice d^é^ 
tein , le cloître étoit plein de décombres, les voûtes du 
chapitre & du refeûoire croient à bas, Therbe avoir cru 
dans le dortoir , Teglife avoir plus la reflêmblance d'un 
prçche que d'une eglifë j car Tabbé commendataire qui 
ravoir fait rebâtir , s'étant fervi d'un Calvinifte ,. &: lui 
ayant confié cette entreprise , il lui donna la véritable for- 
me d'un prêche, n'y faifant ni autel ni chapelle. Les 
chôk^ étoient en cet état lorfque environ l'an i637, ^^^ 
religieux de la Congrégation de S. Maur furent intro. 
duits au monaftere de S. Medard. Ils n'y trouvèrent point 
d'autre bâtimens pour fe loger ,que laprifonde Louis le 
Débonnaire ^ qjii fcrt aujourd'hui de preflbir. Elle leur 
fervit de dortoir , de refedorre , de chapitre , d'infirme- 
rie , & de chambre d'hôtes , & lorfqu'ils alloient à matL 
aes , ils croient obligés de marcher fui dio , dans les boues 
& dans les neiges j mais l'amour de Dieu qui les animoit 
& le defir deretabUr laregularké dans un lieu d'où le 
bon ordre étoit banni, leur rçndoic cette demeure agréa^ 
ble. Ils ne la regardoient pas con^me une prifbn, mais 
comme un palais , & Dieu donna une telle benedidtion à 
leur zèle, qu'en très-peu de temps on vit revivre la pieté 
dans un lieu, dont elle/cmbloit être éteinte , les obfèrvan- 
ces monaftiques reprendre leur première vigueur , & tous 
\qs lieux réguliers rétablis. Le cloître efk un des plus beaux 
qui foient dans le royaume. Les piliers & les feuillages 
qui ornent hs chapiteaux font d'une delicatefle qui fèm% 
Me, furpaflerTatt. Au^deâus delaportc par laquelle on 
iWt du monaftere^ on voit une ancienne pierre fur la- 
quelle les fentimeas ne font pas tmiformes. Quelques^ 
uns croyent qu'elle a fervi au tombeau d'une penbnnede 
X^^^ diitinâion. D'autres difent qu'elle a .fervi à ua 
^ temple 



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VOYAGE LITTERAIRE. ., i^ 

temple d'idoles, cequin'eft pas vrai -femblable. Nbus-lar 
rapporterons ici afin que les curieux ôc les anciquàirés^ili^ 
ient nous direxejqo^ils en penfentt ; ^'. 




Le chapitre eft grand , élevé ^ & bien voûté. Le rc:. 
Fe6toire bâti fur les ruines de l'ancien , eft. très-long ,, 
clair à proportion , & orné d^ime très-belle boiferie.Les 
dortoirs & les jardins repondent au refte du nionaftere,, 
c'eft-à^dire qu'ils fane très-beaux. On vou* encore dans 
le jardin des mazurÊs d'une ancienne, eglife bâtie fur le 
modèle de celie dé Saiiite Sophie de Conftantinople , auiE 
a^t-elle retenue le nom de fàinte Sophie.^ Il y a douze 
chanoines y. qui- font obligÈzid'âffifter les dimanches à la- 
meflè des rdigieux. Je rie parle pas de vf^gïife parce 
qu'il n'y a^riep. de remarquable dans; le; vaillçau , qui a^ 
été bâti fur le roodelle d'un prêche, bri y a niisle grand 
autel danis le milieu du fond 3 aux deux extremitez on a 
pratiqué deux chapelles ,.;dè fàint Sebaftien ^ de faint 
Grégoire le Grand. Et au bas. dii chOeliir ^wi à ménagé 
dans la nef deux petits autels , IW cfonfëcr'é à4a Vierge 
&. l'autre à faint > Bènoift On mpntre dans la façi:iftie un 
très-beau bufte d'àrgerit, dans lequel eft renfermé le che^ 
de fàint Medard. ' // v- 

De tous lès anciens moriUméhs ^11 ne refte a St 'Medàr^ . 
^'on ancien texte des Evangiles , qu'on ne peut trop efti^- 



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i^ VOYAGE LITTERAIRE. 

mer. U^ écrit en lettres d'or onciales , toutes les pages 
(bti ^n deu^icolonoes , mais travaillées avec tant de foin , 
qu'itn'y en a pas deux dç femblables. G'eft unprefent que 
l'empereur Louis le Débonnaire fit au monaftere , lorf- 

3u*on y apporta le corps de S. Sebaftien : il eft couvert 
'un très-beau filagrame de vermeil dore, qu'Iogran abbé 
de S. Medard fit faire, comme nous l'aprenons de l'i;. Vnp_ 
tion fuivante. Hac tabula faBaefi adamiu In^rantif at, ate 
hujus locianno Jncamati VerbiM, C. LXJ^IIII. fafatus 
Akxandri III. décime , rtyti Zudovicijunieris JTXXIII'. 
librum antem ifinm ûbtuUt Lodrvicui Plus Imp^r^ttr Beato Se- 
ba^iano , in exce^fitne ejufdem nurtyris inclyti é" f^M ^^' 
g»m Vrbis Roma. 

On nous montra aufli une ancienne infcription gravée 
fur une pierre qui fut trouvée il y a quelques années dans 
une dépendance du monaflere. Les curieux ne fetçnc 
peut-être pas fâché de la trouver ici. 

IMP. CAES. L. 
SEPTIMO SE 
VERO PIO PER 
TINACE AVG. ARA 
BICO A DIABENIC. 
PARTHICO MAX. 
PP. COS. UL ET IMP. C^S. 
M. AVRELIO ANTONINO. 
PIO FELICE. 

AVT. P. VIL COSS. IIL PPE 
COS. CURANTE L. P. 
POSTVMO LEG. AVGG, 
PP. AB AVG. SVESS, 
LEVG. Y.UL 

Jl faut joindre à cçtte infcription , celle qui eft gravée 
iurane colomne de pierre dans la cour du château de 
Vie fur Aine , appartenant à M. l'abbé de Sr Medard. 



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V 



VOYAGE LITTERAIRE. 19 

IMP. CAES. 
M. AVRELIO AN 
TONINO PIO. 
AVG. BRITANNI. 
COMAX. TRIB. 
POT. XIIII. IMP. II. * 
COS. IIII. PP. PRO 
COS. AB AVG. 
SVESS. LEVG. 
VIL 

On regarde à SoifTons S. Crefpin & S. Crefpini«n com. s. Ctc(^ 
nie les apôtres du pays. Il y a deux abbayes fondées en 
Jeur honneur. Celle de S. Crefpin le Grand eft la plus con- 
fiderable , tant parce qu*elle eft la plus ancienne , que par* 
ce qu'elle a eu Thonneur de conferver les reliques de ' 
ces faints martyrs. On dit que c'ctoit autrefois la^S- 
thedrale, &que cela a duré jufqu'à S.Bandaride, qui là 
tranferadans la ville en Teglife de S. Gervais: aulfi eft-il 
refté une très. grande union entre les Chanoinesdè cette 
eglife & les religieux de S. Crefpin. Les jours de S. Barn 
daride &de S. Crefpin, les chanoines viennent en proli 
ceffion au monaftere , U y chanteht la meâe iblemçellel 
avec les religieux. Et le Dimanche dans i'oûavè de l'Af-* ' 
cenfion Içs religieux vont à S. Gervais avec les corps der 
leurs SS. Patrons , où ils chantent la mefleavec beaucoup 
de folemnitc. Le Monaftere de SX!3refpin4jfiibfifté^âvec iiU 
fez d*éclat ]ufqu*i la guerre que' Ifes Cal vàniftes' déclare^ 
rent à tous les lieux laints. Pour lors il fot'rtiîné^léfbnd 
en comble. Tout ce que les religieux purent faire fut de 
fauver les reliques de leurs faints Patîrofls, qui étoient 
confèrvez dans une belle chafle d^argChfv Its criirêiit 
qu'ils ne pouvoient pas les dôpoferdans-ufUie^plus'Mr ; 
que dans Tabbaye de Notre-Dame, où madame de É où r^ 
bon fœur du prince de Condé Vqvii en étoit abbefle y avoi^ 
parole qu'on ne toucheroit pas à- fon monaftere' t commef 
eh^fièt il fut le ièiit q'ui'échap^ àîk fifrçur <lé^ ces impies. 

Ci) 



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m<» .VOYAGE LITTERAIRE, 

Les religieufes gardèrent fî bien les reliques de S. Cref. 
pin,qu*elles n*ont jamais voulu lés rendre, &tous les ans 
îorfque les religieux de S; Cre/pin portent en proceffion 
la chafle du Saint à la cathédrale , ils vont> la prendre i 
Notre-Dame^ ôc'les magiftrats s'engagent pardevant No- 
taires de la faire rapporter après la proceifion. 

Nous voilà infenfîblement tombé fur Tabbaye de No- 

jjj^c. ^ * tre-Dame , la croificme de Tordre de S. Benoift & la plus 
illuftre de toutes celles qui font aujourd'hui à Soiflons. 
Elle doit fon origine à Lentrude, femmp du fameux^Ebroin 
maire du palais , qui la dota fî richement , qull fe trou- 
ve peu d'abbaye de filles , qu'on puiflè lui comparer. On 

. k y comtoît autrefois jjufqu'à trois cens rdigieuies , .& qua- 

j:an te recluiès , fans parler des religieux deltinez pour leur 
adminiftrer les facremens , & avoir foin de leurs aâ^res ^ 
jdont la communauté a été changée en un chapitré de 
chanoines. Etherie qui en a été la première abbefle fut 
firéciie Tabbaye de Jouare-, elle a été fuivie d'un très- 

grand jjooibxede princeflcs , qui l'ont gouvernée. Les plus 
. luftres ont été Gizele fille du roi Pépin , que Tempe- 
teur Conftantiu avxHt demandé à ce prince pour être ré- 
poufe de iba jfils^ ThepdrAd^ f<j^ux de S. Adalard&cou^ 
fine germaine de l'ejapereùrCharlemagae, Rotilde fille de 
l'çmpeireur Charles Je Chauve, Mathilde fille.de Raimoiid 
comte de TojiUoiife & de Conftance fille de Louis le Gros 
roi de France , Cathexine.dç Bourbon , fans parler des da- 
mes dei-prraine, AuJQûrd:'liui elle 5. pour abbeiîé madame 
G^therine-Maïigu^rite de Eiefque:, 4oht l'illuAre maifon 
€ft fi connue^ quUJ n^eft pas iiecefiTaire que^e m'étende fui* 
ks anc^tres> 'Pour endonner ndée qu'elle merit;e,ilfuific 
de dire que U maifon de JFjefque a donné i l'egii/e deux 
ibuyer^ins poptifes ^ Innocent J V. & Adrien Y. foixante-* 
quatre cardinaux ^ &:pIuXde quatre cens .tanj ^archevêques 
gufpv^êq^esy QuieTainte Catherine de Gennes en eft fcrtie 
g,uffi-bieri que Boniface & TJbomafe de Fiefque , qui par 
J^ur vie fainté & ;iaira,culeu/e ont mérité d*ètre heatifiez 
par leS. Siçge^; . ... ? ;: 

Coffiim l!^i>bayie M liQXrçrX>M\^ cft Aiïciejinç & îlUif* 



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VOYAGE HTTERAIRE. 19 

Tjes religieufes gardèrent fi bien les reliques de S. Cref. 

Î4n,qu'elles n*ont jamais voulu lesjendre,& tous les ans 
orftjue les religieux de S. Crefpin portent en proceflîon 
la chafTe du Saint à la cathédrale , ils vont la prendre à 
Nôtre- Dame , & les magiftrats s'engagent pardevant No- 
taires de la faire rapporter après la proceffion- 

Nous voilà infenfiblement tombez fur Tabbaye de Nô-Nitct-Dame 
are-Dame , la troifîcme de Tordre de S. Benoift & la plus 
illuftre de toutes celles qui font aujourd'hui à Soiffbns. 
Elle doit font origine àLentrade.femme du fameuxEbroïn 
mairedupalais ^ qui la dota ^ richement, qu*il fe trou- 
ve peu d'abbayes de filles , qui puiflent lui être comparées. 
On y comptoit autrefois julqu'â trois cens religieufes , & 
quarante reclufes ,ians parler des religieux deftinez pour 
leur adminiftrer les facremens , & avoir foin de leurs affai- 
res , dont la communauté a été changée en un chapitre de 
chanoines. Etherie qui en a été la première abbeffe fut 
tirée de Tabbaye de Joûare , elle a été fuivie d'un très, 
grand nombre deprincefles , qui Tont gouvernée. Les plus 
illuftres ont été Gizele fiUé du roy Pépin, que l'empe- 
reur Conftantin avoit demandé ace Prince pour être l'é^ 
poufe de fon fils 5 Theodrade fœur de S. Adalard & cou- 
fine germaine de l'empereur Charlemagne,R.otilde fille de 
l'empereur Charles le Chauve, Mathilde fille de Raimond 
comte de Touloufe & de Confiance fille de Loiiis le Gro« 
roi de France , Catherine de Bourbon , ùnàs parler des da- 
mes de Lorraine. Aujourd'hui elle a pour abbeffe madame 
-Catherine-Marguerite de Fiefque , dont Pilluftre maifon 
eft fi connue , qu'il n'eft pas neceffaire que je m'étende fur 
'{qs ancêtres. Pour en donner l'idée qu'elle mérite , il fuffit 
de dire que la maifon de Fiefque a donné àTeglife deux 
fouverains pontifes , Innocent IV. -Se Adrien V. foixante* 
-quatre cardinaux , & plus de quatre cens tant archevêques 
>qu'evêques. C^e îkinte Catherine de Gennes en eft fortie, 
auffi.bien que Boniface & Thomafc de Fiefque qui par 
leur vie fainte & miraculeufe ont mérité d*être beatincz 
par le S. Siège. 
Comme l'abbaye de NôtrcJ)amc eft ancienne & illu/1 

Cij 



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to VOYAGE LITTERAIRE. 

trc y nous étions bien aife d'y voir tout ce qui pouvoir 
fervir â noftre inftrudion y madame Tabbellê nous reçur 
avec cette bonté , qui eft naturelle aux perfonnes de (x 
naiflance. Elle nous fit tout ouvrir & madame Guedoia 
religieufe d^un mérite diftinguc nous accompagna par 
tout. Nous y vîmes un trés-beau cartulaire , où il y a des 
titres trcs-anciens & en grand nombre, & je doute fort 
qu'il y ait aucune abbaye de filles en France ^ qui en aie 
t^nt. Nous y vime^ auffi des manufcrits très-beaux , en* 
tr'autres les livres de la cité de Dieu de S. Auguftin écrits 
en lettres Lombardes il y a huit ou neuf cens ans, les vies 
des anciens Pères du defert,lavie defàintDraufin evc^ 
que de Soidbns ^ celle de faint Voiié , & plufieurs livres de 

Ericres. L'appartement de Tabbeflè eft magnifique, tous les 
eux réguliers repondent à la grandeur delà maiibn. Le 
cloître eft un des plus beaux que j'aye vu dans les monaC 
teres de religieufes j le refeûoire eft grand & voûté. L'egli^ 
& eft la plus ancienne de toutes celles qui lont aujour- 
d'hui dans la ville y, fur tout le (ân&uaire. On y vort à Ten- 
trée les tombeaux de faint Draufîn evêque de Soiflfons le 
de faint Voué , qui n*bnt rien de cette magnificence , qui 
attire Tadmiration des étrangers ^ mars qui font venero* 
blés par leur antiquité. L'autel qui eft tout de marbre 
peut pafTer pour un des plus beaux qu'on puifle voir. Je 
ne dis rien du choeur des dames, qui eft orné de grands 
tableaux qui reprefentent la vie de la Vierge , tous des 
plus habiles maîtres de Paris. On en eft redevable à la 
pieté de madame Tabbeflc de Fiefque. Les chaâTes de 
faint Draufin ^ de faint Voiié , & de fainte Sigrade mère 
de faint Léger evêque d^Autun le martyr, font au def-^ 
fiis des grilles du chorur. Le trefor de reglrfe eft très- 
riche. Car fans parler de la chaflè de (âmt Crefpin qui 
eft toute d^argent. Le reliquaire qui contient une portion 
confiderable du bois de la croix du Sauveur, ne fe peut 
afTcz eftimer , le gratîd texte des évangiles orné d*une in- 
finité de pierres prétieufcs , eft d'une magnificence ache« 
vce. Je ne dis rien des autres reliques , que Nivelon evê- 
que de Soiiibns,, quiavoit fa nièce abbeue de Nôtre-Da« 



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V'OYAOE LITTERAIRE. it 

trc , nous étions bien aife d*y voir tout ce qui pouvok 
fervir à notre inftrudion , madame rabbeue nous re- 
çut avec cette bonté ^ qui eft naturelle aux perfonnes . 
de la naiffance. Elle nous fit tout ouvrir & une dame 
religieuiè d'un mérite diftingué nous accompagna par 
tout. Nous y vîmes un très Jbeau cartuiaire , ou il y a des 
titres très-anciens & en grand nombre , & je douie fort 
qu'il y ait aucune abbaye de filles en France , qui en ait 
tant. Nous y vîmes auflî des manufcrits très-beaux , en- 
tr'autresles livres de la ^cité de Dieu de S. Aueullin écrits 
en lettres Lombardes il y a huit ou neui: cens ans ^ 
les vies des anciens petes au defërt , la vie de S. Draufiii 
evêque de SoifTons , celle de S. Voué , & plufieurs livres 
de prières. L'appartement de Tabbefle eft magnifique, tous 
les lieux réguliers repondent à la grandeur de la maifon. 
Le cloître eft un des plus beaux que j^aye vu dans les monsù 
fteres dereligieufes^ letefedoire eft grand & voûté. L'eglifc 
-eftlaplus ancienne de toutes <:dles qui font aujourd'hui 
dans la ville , fur tout le fanduaire. On y voit àTentrée Ie« 
tombeaux de faint Draufîn evcque de Soiflbns & de /aint 
Voiié, qui n'ontrien de cette magnificence, qui attire 
l^admiration des étrangers ^ mais -qui ont afliz pour s'at- 
tirer la vénération de^ peuples! L*autel qui eft tout de 
marbre peut pafler pour un des plus beaux qu'on puifTe 
voir. Je ne dis rien du -chœur des damés , qui eft orné de 
grands tableaux qiri rèprefentent la . vie de la Vierge , 
peijtits par les plus habiles maîtres de Paris. Ceft Tou- 
vrage de la pieté de madame t'abbeflè de Fiefque. Les 
chaiTes de S. Drauifin , de S. Voiié, & de fainte Sigradc 
mère de faint Léger evêque d'Autun & martyr , font 
au-deflus des grilles duchœur. Le threfor<le Tcglife eft 
très-riche. Car làns parier de lachaflede S. Crelpinqui 
eft toute d'^areent. L6 reliquaire oui contient une portion 
confiderable du-bois de la croix du Sauveur , ne iè peut 
affez eftimer ^Ae grand texte dos évangiles orné d'une in- 
finité de pierres précieufes^ eft d^une magnificence ache- 
vée. Jenedts rien dés autres reliques ^ que Nivelon evê- 
que de 5oiflbhsi quiavoit fa jaieceabbeflèdeNotre-Da. 



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M VOYAGE LITTERAIRE, 

me y rapporta de Conftantinople. Je me contenterai d'é- 
crire ici ce qu'on en lit dans le Necrologe dumonaftere^ 
Jdus Seftemhris obiit Dominus Nivelo efifcapus Sueffii/nenfis ^ 
qui dédit eccUfia nofira in reverfione feregritutiônis Jua k 
eivitate ConftantinofoUtana , Zonam B. Maria Vir^inis > 
cum vafe ,' ^ imagine ip/ius , ^ de camifis ejufdem , ca- 
put A* Judiû cum vafe , braehium S, Èufiachii martyris j 
de fa/cia qua inv^lntus fuit puer J E S u S , de Sandaliê De^ 
mini ^ de Sindone munda yde ligno vivijide cntcis induobusU- 
cis cum duobus va fis , de S. Clémente , de leHo JB. P^irginis , de 
capillis S. Georgii , de S, Pantaleene , de S. Bafilio , depelliciô 
5. Heliée i deSpongia Domini^ (^ de Spinea çorona ^de vefii^ 
mente purpureo. Ptp quo in die fui obitus abbatiffa Helvidis af 
fenfu capituU fui de acquifitionibus fuis de Charli, & de 
. aliis lecis ad procurandum in granariefrumentum accipi confii^ 
tuitj é" i^ cellario vinum optimum ^ é*p^ beneficiis qua centulit 
no fine ecclefite^conventus cmcefUt fibiunamprâbendam unius mo^ 
nialis in hofpttali narrée eccUfia. Qu^dne qui s diminuât velan* 
ferat^plene capitula fub excommunicatienis interdiïio prohibitum . 
efi. Outre les reliques dont il eft fait ici mention, nous vî. 
mes encore dans le threfor les heures de faint Pierre de 
Luxembourg & fou chapelet , dont les grains font fort 
gros. Il y a quelques années que le tonnerre étant tombé 
a Notre-Dame , il y fît un terrible fracas^ parmi taus les 
effets on nous fit remarquer qu'il avoit effacé de TEpita- 
phe d'une abbeffe qui commençoit ainff : CygtfitrèsJhaute 
^ très'puifiante Prmce^e ^ iac. ces -mots Très^haute ^ très^ 
puiffante Princefie. Cela s'eft fait par un effet naturel, mais 
Dieu qui fe ièrt tous les jours des effets de la nature , 
pour nous dohner des infliruûions^nous fait en cette ren- 
contre une belle leçon, qui nous apprend qu'en religion 
il n'y a plus de grandeur & de puiUance , que celle qu'on 
s'acquiert par de grandes vertus. La profeflîon monafti- 
que eft un holocaufte qu'on offre à Dieu , & dont la vidi:> 
me par confèquent doit être entièrement détruite, Car- 
loman prince François étpitdansce fentiment, lorfqu^a- 
près avoir abandonné la couronne deFranceà fou frère 
Pepin>^ il fe retira au Mont-Caffin > où il fit, un fi grand 
facrificc de toutes ii^ grandeurs, qu'il y vécut aflèz long- 



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VOYAGE LITTERAIRE. 15 

tems inconnu, & y exerçoit les plus vils emplois de la 
cuifîne. 

Avant que de fortir de Notre-Dame je remarquerai 
ici , que parmi les perfonnes illuftres dont il eft parlé 
dans le Necrologc $ voici ce qu'on y lit de Confiance 
fœur de Loiiis le Jeune Roi de France, m. nMas jPt^ 
truarii oiiit Conjiantid ^ regali frogenie oud^ mater venerabU 
Us Mathildis abbéitijfa^ ptê qna finyilis annis récif imns decem 
modmfimmentij ^ x x. folidos , in cujns annivetfuriû dbbatijfd 
Mathildis flia ejns , cmfiiiuit nobis dari fflendidum gène* 
rale^^ liba^ é* optifriàmvinum. Ce qui méfait croire que 
Conftance s'étoit retu-ée à Notre-Dame de Soiflbns au^ 
près de fafille.Car cette chafte Princeflfe ne pouvant fupor^ 
ter les grands debordemens de Raimond comte de Tou- 
loufè fon mari , le quitta & fe retira dans un cloître , 
comme nous apprenons d'une très - belle lettre qu'Ale- 
xandre 1 1 L écrivit i Loiiis le Jeune fon Frère , pour 
l'exhorter à lui perfuader de retourner avec fon mari , ce 
qu'aucun hiftorien du Languedoc n'a encore remarqué. 
Or il eft allez probable , que le cloître qu'elle choifit 
pour le lieu de ia retraite , fut Notre-Dame de Soiflbns , 
afin d'avoir la confolation d'être auprès de (a fille.. 

Une autre chofe que j'ai a remarquer ici , c'eft que le 
fameux Pafchafe Radbert abbé de Corbîe, qui étoitde 
bafle naiflance^ avoitété élevé à Notre-Dame de Soif, 
fons, & y avoir puifé les principes de ces grandes vertus 
qui l'ont rendu digne d'être mis au nombre des Saints. 
On fçait qu'il n'a pas été fejdement Saint , mais auflî très- 
fçavant , qu'il eft le premier qui a écrit fur le Saint Sacre* 
menc,&: qui nous a donné des armes pour combattre les 
hérétiques , qui ont ofé depuis combattre la réalité du 
Corps & du Sang du Sauveur dans l'Euchariftie. Le Père 
iSirmbnd Jefuite nous a donné un .volume entier de ies 
ouvrages , le Père Dacheri a imprimé fon livre de la 
Virginité qu'il dédia à l'abbefle & aux religieufes de 
Notre-Dame. J'ajouterai à cela que lorfque Louis le Dé- 
bonnaire fonda l'abbaye de Corbie en Saxe, il fonda aullî 
celle d'Herivord, où il mit des rclrgieofes de Notre-Dàrhc 
de Soiflbns. 



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14 VOYAGE LITTERAIRE. 

s Tcan det L^abbaye de S.Jean desVignes la principale des trois ab* 
tigncf . bayes de chanoines réguliers qui font à Soiflons a été fon- 
dée par Hueues feigneur de Château-Thiery Tàù 1076. fur 
une petite élévation qui étoit autrefois environnée de vi- 
gnes. Quoiqu'elle foit fort recommandable par fa gran. , 
deur, elle Peft encore davantage par fà régularité. Car on 
dît qu'elle n*à pas encore eu beloin d'être reformée.Les re- 
' ligieux fe lèvent à minuit, ils font L'office avec beaucoup de 
niajefté, ils vivent dans une fi grande retraite, que lorfqu'ils 
font quelque vifite en ville chez leur parens ou chez leurs 
amis, ils doivent toujours être revenus à l'office, ils gardent 
un^filence exad depuis les vêpres ^ ou du moins depuis com^^ 
plies jufqu'au lendemain après primes, dans les jeunes de 
l'avent & du carême ils. ne mangent qu'un morceau de 
pain à la collation , encore le carême faut-il le demander ^ 
car lorfq^u'ils font aflcmblez au refedoire , un religieux 
s'avance au milieu du refedoire, & fe tournant du côte 
du prieur , il lui dit Placer deturfanis , & ilrepond Placei. 
Tous les lieux réguliers fe refïentent de la grandeur de la 
maifon , c'eft-à-dire qu'ils font beaux. L^egUfe eft grande ^ 
élevée , bien percée & très-bien décorée. Il y a lur tout 
une ciiivrerie qui fe fait admirer , les deux flèches de pier^ 
res font très-belles, Ôcfefont voir de loin, lafonnerieeft 
excellente. La bibliothèque ett alTcz bonne , tous les li- 
vres y font enchaînez félon l'ancien ufàge , car l'abbaye 
de S. }ean des Vignes a toujours été fort attachée à fès 
premières pratiques.. On y voit encore quelques manuL 
crits , que l'injure des temsn'a pas diffipé. hcs principaux 
font une bible avec des concordances , un grand & très- 
beau manufcrit des lettres de S. Jérôme. Les morales de 
S. Gragoire, &C.. 

Les.d&ux autres abbayes de Chanoines réguliers , font 
S. Léger, où il y a un abbé régulier, & S. Crefoin en Ghaic. 
Elles lont toutes deux delà congrégation Gallicane, qui en 
les reformant leur a rendu leur premier, luftre. Il y a en- 
' core hors de la villç une communauté de chanoinefles ré- 
gulières dans le monaffer^ de S. Paul. Elles avoient fait au^ 
trefoiii Uja échange de leucmaifojûavecles chanoines r^ 

• guliû^s 



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VOYAGE L;ITTERAÏRE. 25 

guliersde S. Etienne de Reims, qui ctoient de la congre* 
gation du Val des ccolieifs* Ceux-ci dans la fuite quitterenf 
la place, &ces deux niaifofts font aujourd'hui poflèdëes 
par des chanoinefTes , qui font véritablement régulières. 

Je ne parle pas des autres maifons religieufes de Soif- 
fons , je dirai leulemeilC qu'il y a un couvent de Minimef- 
ks , ou de filles qui gardent la règle de S. François de Pau. 
le , elles ne fe font pas fort étendues. Car je ne connois 
que ce couvent en France. 

Nous paflames la fête de la Pentecôte à Soiflbns,& 
le jour fuivant nous fâmes à Tabbaye de Braine où nous 
fçavions qu'il yavoit des manufcrits. Monfîeur delà Sale 
qui en eft prieur , nous y reçût avec beaucoup de bonté , 
& après le dîné il nous mena à la bibliothèque , où 
nous en trouvâmes effedivement un allez bon nombre ^ 
une très - belle bible en deux erands volumes , donc 
le caraâere nous parut^être de hx à fept cens ans, un re- 
cettil de plufieurs anciens auteurs qui ont écrit contre les 
Juifs y beaucoup d'ouvrages des S S. Pères , un commen- 
taire fur les pfeaumes qui a pour titre IncifiuntfiifresffaU 
mofum , qui a Beat a memoria LietbertB frius Jnfulano cano^ 
nico pofim0dum S.Kufi Mate excefti funt^in unumcoEeBi. 
Trois vies de l'empereur Charlemagne , là première écri- 
te en trois livres par le commandement de l'empereur Fre. 
deric Lia Seconde par lefaiix ITurpin , & latroifîémepar 
Eginard. On trouve à la fin jde ce volume les noms de 
tous les evêques qui alfifterent au concile gênerai de La- 
tran fous Alexandre III. que Dom Luc Dacheri a rendu 
publics dans fon Spicilege , les vies des pères du defert 
parmi Icfquels on trouve Itiner^rium Antonini monachi^ 
& un autre ouvrage qui a pour titre Sententia S. Brïiielmiy 
fans parler de plufieurs autres ^€tQs des Saints. 

Pour ce qui eft de l'abbaye , elle eft une des plus confia 
derable de l'ordre à^s Premontrez. Elle fut d'abord fon- 
dée pour des chanoines feculiers^ qui étoient chapelains 
des comtes de Braine. Mais la vie fainte des religieux que 
S. Norbert avoit afl%nblez dans le defert de Premontré > 
faifoic alors un fi grand éclat ^ qu'André de Baldimentu 6c 



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^6 VOYAGE LITTERAIRE. 

Agnès fon époufe en furent touchez , & par l'avis de Jof- 
iin evêque de SoifTons , ils expulferent les chanoines , & 
fe choifir^ent des chapelains plus faints , mettant en leur 
place des religieux de Premontré. La pieté des faints fon^. 
dateurs n*en demeura pas là , André quitta le (îecle , & fe 
fit moine à Clairyaux , & Agnès prit le voile de religieufe 
^ fe retira à Fontenelle , qui étQit affez prè^ de Premon- 
tré , ou elle mourujc l'an Jii49, Depuis ce tems les comtes 
de Braiae ont beaucoup confidere Fabbaye, & ilTonc 
choifi pour le lieu de Içur fepulture. On y voit encore ua 
grand nombre de leurs tombeaux, que nous aurions vo^ 
lontiers defîgnez pour les faire graver ici , fi nous jtvioris 
eu le tçms y mais * ce défaut nous rapporterons leurs épi» 
taphes , que nous avons tiré d*un manufcrit de la m^ûfQJH 
.& co^ife^é Air les lieiwc, 

RECUEIi DES EPITAPHES 

T)es tombeaux f4its en mémoire de hauts fg^ fuifpLns 
f rinces ^princejfes ^ comtes (^ comtejfes de "Buine & de 
Dreux , enterrés dans Feglife de S. Yvè de Braine^ ordre 
de Tremontré^ Soçefe de Soijjons. 

Au milieu du cloître eil la tombe de madame Agné? 
de Baudement, dite de Champagne, comtefiTe de Draine. 
.& fondatrice de ladite Abbaye. Son effigie eft relevée en 
boffe au naturel deflus fa tombe , qui n*eft que de pierre 
dure , fans datte & fans infcription. 

Au milieu du fanétuaire devant le grand autel eft la 
^ombe de Robert fécond du nom , comte de Dreux , du 
Perche , & de Bxaine , fils dé Robert de France premier 
du nom comte de Dreux -, & d'Agnès dite de Champa- 
gne notre fondatrice. Robert de ion vivant fit faire fa 
^tombe , qui eft de Bronze relevée en bofle , fur laquelle fç 
voit fon effigie , tenant en main une fleur de lys avec cette 
épitaphe. « ' 



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VOYAGE LITTERAIRE. 17 

Siirpe fatus regum , fius é* cnfiodia legum , 
Branna Robertm cornes ^ htc reqmiefcit oferius 
JEtfacct j4^netis fitms advefiipamatris. > 
Obiit anno gratis milleno ducenuno x v 1 1 1. die Znnoeentum. 

Devant le Crucifix à l'entrée du chœur eft une tombe 
platte de Bronze de Robert troifîéme du nom , comte de 
Dreux ^ du Perche , & de Braine, autour de laquelle felit 
fon épitaphe. 

Hic jacet illnflris àe regumfemine natus , 
Drâcarum , Braïueque cornes , Robertus ^ hmnatuSi 
Hic in amicitia The feus fuit ^ alter inatmis 
Aja^ , confilio fcllens fuit alterVlyj^es. 
Ohiit annno m. ce. y y: ^ 1 1 1. 

Au côté droit de la tombe de Robert troifîéme , eft 
celle de fon frère Pierre de Dreux , furnommé Mauclerc , 
elle eft de bronze , relevée en boffe ^ deflus i^ cuiffe font 
ks armes de Bretagne & de Dreux. Voici ion épitaphe. 

Petfusfhs camitum , Britenum cornes , hic monumentum 

Slegit^y fofitum juxia monumenta farentum. 

ZarguSy magnanimus yOudendû magna frohatuSy 

Magnatt^m frimus , regaU fiwfe cftatus 

In fanUa regione Deo famulando moratus ^ | 

Kita fublatus tediens , ]acet hic tmmUatus. 

Cœli militia gaudens ^ de miliie Chrifli 

Summa Utitia comiti cornes obvietifti. 

Anno Damini m. c c:* x x x n 1 1> 

Dans le chœur en entrant au côté droit eft une tortïw^ 
l^e platte de cuivre du fécond fils de -Robert troifiéme 
du nom, nomnié auffi Robert de Dreux, frère du comte- 
Jean de Dreux , fécond cornt^ de Ghâteaudun. Voiciibi» 
cpitaphe.. 



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ti VOYAGE LITTERAIRE- 

^nno millençfex 4c vicibus qnoque di^9 
Çum bis centeno , dunftis qEIo , duodeno 
Nobilis & gratus fuit hac tellure locatus 
Robertus ^ vit^e poffit bona cndere fjffia 
Drocenfis ^frater comitis fortis frecefitis 
fi^c vos qui lefitis , miffus m alta' fit if. 

Du côté gauche en entrant dans le chœur eft une tom^ 
te platte de cuivre de madame Clémence vicomtefle d^e 
Chateaudun , époufe dç ce dernier Robert avec cettç iij- 
fcription faijs datte. 

P/tce Çlementijfd jacet ifia proxima miffa 
At fponfilateri non foffet plus bon4 quari 

J^êbilis ^ elêmens ùb komt plus vehemettf* 

Qui tranfis ora , pdce fit abfque mora 

Spiritus ijlius ,det Deus ipfe pins 

Dicat quod fiât qui fque^ tnori qpiefeat. 

Dans la chapelle de S. Sebaftien eft une riche tombe 
ide cuivre dore de madame Marie de Bourbon, comtefle 
dç preuof ^ du Perche , & de Braine , femme de Jean pre- 
mier du nom, comte defdits lieux & de S. Valéry, lequel 
/eft auffi enterré dans notre eglifç , & dont le riche tom- 
beau qui étoit pareil à celui de fon époufe , a été enlevé 
par les Efpagnols çn i6jo. dans les guerres civiles. Au 
pied de ladite Marie de Bourbon donc Teffigie çfl; relevé 
en bofle, fe lit cette infcription. 

Cf gifi nhtdame Marif çomufie de Dreux y é" d^m de graine ^ 
fille de menfeigneur Archamband de Bourbon , priex^our iV 
mçy elle trepaffa la vigile de $. ^4r^kfl^ fn téfn de ^ace 

M- ce. LXXIV. 

Autour de cette tombe fojit plufîeurs petites ftatuës 
de cuivre doré , ornées d'autant d'infcriptions en lettrçs 
d*or , qui déclarent les noms de j:«ux& celles <ju*elles fÇ, 
prçfentâac.: 



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VOYAGE LITTERAIRE z^ 

Dans la Chapelle de S. Denis ^ autrement des comtes, 
proche la muraille eft la tombe élevée partie en marbre 
partie en pierre dure du comte Simon deRouci & de fa 
îemrne Marie deChâtillon, dont on voiries effigies rele- 
yées en boffe & au naturel, avec cette infcription autour 
de la tombe. 

Cy gtji haut ^ fuiffant prince monfeigneur Simon eemte de 
Jiouci (^ 4c Braine , ^«/ trepajfa en fin Chktel du JBois lez 
Roucy en tan de grâce m. ccc. i m iç 3ç. ^douzf, le mar^ 
XV m. de Février. 

Et en fuivant fç lit, 

Cy gifi très haute ^fuiffante dame madame Marie4fChk2^ 
tiUon comtejfe defdits lieux , (^ femme dudii manfeiffuur le 
comte ^ qui trefafia en tan de grâce m. ccc. i i i i x x. ^ 
feiKc^leonzf d^AvriU Et leur fit faire cette fefulture Révérend 
fere en Dieu monfeigneur Jean de Roucy far la ^ace de Dieu 
evèque, é* duc de Laon , fair de France , leur fils. 

Au côté droit de Tautel de ladite chapelle At% comtes 
eft la tombe partie de marbre , partie de pierre dure , de 
même hauteur &ftrudure que la précédente , de Hue fé- 
cond <iu nom , fils aîné de Simon de Roucy , & de Mariç de 
Châtillon , avec cette infcription* 



Cêmte 



Cy gifi haut é' fui/lant feigneur Menfelgruur Hue fécond ; 
%,wMte de Roucy é* de Sraine^ qui trefafiaen tan de t incarna^ 
tionde ir.S.Jefus^CbriftïA. ccc. quatré-vingt^quin^lçxxy, 
^ourdumois ioBobre^friex^ourfèn ame^ 

Et enfiiite fe lit, 

Cy fifi haute é^ fuiffante dame madame Blanche de Coucy; 
Comte fe defdits lieux ^ et femme duditmonfeiffieur le comte qui 
trepaffa en tande grâce de Notre-Seigneur M. c C c C. & K. 
le x^^i y. Février. 



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30 VOYAGE LITTERAIRE.. 

Au côté gauche de la combe du comte Simon, eft celle 
du comte Jean fîxicme du nom , comte de Roucy & de 
Braine , fon petit fils. Elle eft auflî delà même hauteur Se 
ftrudure que les précédentes ^ on lit cette infcription». 

Cy y fi trh-notli f rince monfeiynenr Jehan de Rency é* de- 
Braine , qui trepajja en la bataille J^A^ncourt ^ lez^ Blan- 
fy en Ternois , le vendredy x x v^ jeur dOElebre , le jeur de- 
S. Crefpin &de S. Creffinian ^tan de y ace mil c c c c. x v.^ 
friez^Bieu faurfoname. 

Deyant l'autel de ladite chapelle eff une très - belle 
tombe platte de bronze , fur laquelle on voit gravé avec 
le burin d'une manière très-delicate les effigies de deux 
princes de la maifoa de Roucy enterrez defibus , avec 
cette infcription^ 

Cy gtfi monpiffieur Simon die Roucy , fei^eurdu Pontater, 
fils âemonfeiyienr Simon comte de Roucy ^ de Braine jdt" dr 
madarru Marie de ClAtillon^ qui trefaffa fan de grâce ml 
c c c c é^ deuKy U Dimanche afnes U S. JeauBafti^e^ 

Se lit en fiiivann. 

Cy gifi Mue de Routy j fils de monfeiffieur Cemte de Roucy 
ér de Braine & de madame Bianche depoucy ^ qui trefaffk 
tan de grâce mil G c c G. X 1 1. le Dimanche x v 1 1 i.jour 
d^AoUu Et leur fit faire cette fepulture monfeigneur Jehan ds 
Roucy evèque é" duc de Zaon , comte d^Anify , fair de France j 
frère du dit monfeigneur Simen^ (^ ùncle dudit Mue.JPriez^our 
fon a me. Amerk^ 

Joignant la muraille de ladite chapelle des comtes, wo- 
che l'autel du côté de l'epitre^^efl: une petite tombe platte 
de marbre , autour de laquelle eu cette infcription. 

Cy gifi Charles de falote aine fils de haute" fusant frincs^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 31 

Thomas marquis de Saluce , (jr de madame Margueritte de Rou^ 
^y ^fi^^ ^ monjeigneur le comte Hue ^ ^ de madame Blanche 
de Coucy , qui trefajfa tan de grâce mil c C C c. v i. /^ v 1 1 1 . 
jourdeoefiembre. 

Au bas de la même chapelle eft une tombe de pierre 
fort élevée avec des figures tout autour , qui reprefentent 
toutes les vertus , fur laquelle on voit PefBgie relevée en 
bofle au naturel de madame Guillemette de Sarebruche. 
Voici fon epitaphe- 

Cy gift haute f^ fuifiante^ dame madame Guillemette de Sare^ 
iruche en fon vivant comtejfe de Braine , dame du Pont^Arcy , 
Mont.Agut^ ITeuf.Chktel ^ la Ferté^Gaucher ^ V'ilomer en la 
foreft de Daule 3 dame à^hormeur de la royne , ér gouvernante 
de me fiâmes filles de France , veufve de feu haut & fuiflant 
jeigneur meffire Robert de la Marck mare f chai de France Ja^ 
quelle trefaffa en fon Chapl de Braine , le Jeuiy vingtième 
Septembr£ mil cinq censfoixante et ^^Z£. 

A la gaucte du tombeau de madame de Sarebruche 
«ft celui de madame Françoife dé Brezé comteflè de Mau- 
levriçr ^ femme de monfeigneur Robert de la MarcK , 
quatrième du nom , duc de Boiiilloii , prince fouver^in de 
Sedan , Jamas , Raucourt , & comte de Braine , maréchal 
de France, chevalier de l'ordre , capitaine des Cent-fuif^ 
{ts de la garde , & des cent-hommes d^armes des ancien^ 
nés ordonnances du royaume , gouverneur & lieutenant 
,aux pays & duché de Normandie, fille aînée de haut & 

Î)uifïant feigneur meflîre Pierre de Brezé comte de Mau- 
evrier , fençchal de Normandie, & dp madame Diane 
M Poidiers , duchefTç de Valentinois , fur lequel tombeau 
farde de marbre , partie d^ jafpe , fe voit l*eflSgie de ladite 
-dame de Brezé en relief toute de marbre avec l'habille- 
anent & le voile de Cordelière , s'étant mife du tiers-ordre 
par dçYodon ;?l faittt Fraajois. Vjc^içiiauépitapheenle^. 



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31 VOYAGE LITTERAIRE. 

Francifc/e jacet hic Brexga corpus^ nfrimqné 
Ncbilis y à PetriBrez^iftirpefaterna^ 
Armi$ quîprimus pro régi lit olvius Anglis ^ 
Refiituitque fuis urbes ex ho^e receptas. 
Necftifps infeuBT materna ^ k PtHone àuBa 
Guillelmo a^mite fanctorum in templafecepto. 
Talibus orta^ Dmci nupfit BuÛonio^ eumqne 
Capttvum , nuUo vifium pretioque minifque 
Emptnm mttltû aura mofibundumve hofie reapit^ 
Sed patris orba tamm fna fiyiora texit ^ auxit 
Conjmgio affines jmngens per régna patentes 
Sic rexitque domumy colnitfacra yfivi^gencs. 

Obiit anno D^mini miBeno quingentefimû l x x ▼ 1 1. dii 

XIV- in. OHobris. 

Lteglife qui renferme tous ces tombeaux eft belle & aiï- 
tienne. On y voit dans les vitres peintes la vie de notre^ 
Seigneur reprefentée avec toutes les figures du Sauveur , ti- 
rées de l'ancien Teftament. Elleeft confacrëeàS. Yvè, 
en latin Evodius , archevêaue de Rouen , dont les relicjues 
font confervces fur le grand autel dans une fort belle cÊafle 
d'argent , autour de laquelle on lit les vers fuivans. ^ 

Prafkle Roth^magus ^ fed é* hefpite Brans beatâ^ 
Gandeat Evodiê > cap fa pr/t fente locaio 
Quem pUrentinus Celinaque ( régna régenter 
Gattica Clfftan^ } Demino gentfere favente^ 
Hoc vas fecifli gemmis aur^que décorum ^ 
Abbas Gtrarde , tibi pax cœtm fnperorum 
Aftno milien^ dmcerttenê quoque quarte 
Cnm quadragenû Damini fariter ftciatol 

Il y a encore d*autres,reliqucs à Braine: mais k plus 
confîderable eft THoftie miraculeufe , qu'on y a confer- 
rée depuis Tamij}. jufqu'ànos jours. Elle a donné oc- 
cafion a une proceffion fort folemnelle , qui fe fait encore à 
jrefcntdans Toftavede kPçflçecQte. Voici ce que nous 

trouvon» 



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VOYAGE LITTERAIRE. 33 

trouvons de cette Hoftie dans un manufcrit de Braine dont; 
récriture peut êtjre de trois cens ans. 

INSIGNE MIRACULUM CORPORIS DOMINI 

NOSTRI JeSU-ChRI/TI QyONDAM SICUT HIC PAT£T 
CELEBRATUM IN HAC ECCLESIA S. EvOÇll DE 
FrAN A. 

^ Anno Dotninîc/e incarnat ieni s milUfimo conte fimo quinquage^ 
fimoteftio^illufiris (^r pot ens Domina' Domin4 Acn Bscomitifa 
Dfocarum é^Srana^ igné diviniamoris acccnfa ^cnJHS corpus 
inmeàio çhori icclefi/e beau Evodii de 3ranain iumba lapida^ 
iumulatum efi ^ecclefiam prafatam ex mmenfa devotione fun^ 
davit é" adificavit , ac canonicorum Préemonfiatenfis ordinil 
conventum infiituit in eadem. Quo tempore placuit iUi cujui 
fapientia non ^ numerus^ éf qui'VuU omnes falvos fier i ^ fui 
facro.fanBi corporis miracuU fufcitare. Erant nempe eodem 
tempore multi Judai cum uxoribusjuis & filiis c^mmoranies in 
Brana , interquos eratqu^edam juvencula , n9n nwdicum fpecio^ 
fa^ quam diÛa comitifia tenerrime dilexit^ cupiens ipfam de 
parentum fuorum perfidia ^ ad fidem Chrifii convertere ^fpe^ 
ciofum corpus ejus fpecio^ori fideinofira puUhritudine decorarf : 
quam diHa comitiffa de domo fuorum parentum abfiraiUm ^ c^ 
violenter per fervientis (^ familiares ad propriam diomum ad\ 
dufiam ^ una cum puellis fuacamene , fuofrofrio obfequio maUr 
cipavit'^ eamque coegit fingulis diebus una fecum ad ecclefiam 
fergere ^ é* diyinis fervitiis interefie j confuUns illi ut in remij^ 
fione fuorum piccatorum baptifmi gratiam perciperet , ^ fiere$ 
chrifiianay monftrans eidem df pr^dicans jquod in fkcro^fanBo 
Eucharifiia facramentonon fantafticum^fedverum corpus Chrifii 
formatum manu SpiritusfanEU in utero yirginis^ ^ pro redemp^ 
*ione humani generis confixum in ara crucis infaHibilittr conti^ 
netur^ qui ér tertia die refumens ^4 fondit inççtUm^y ^ fil 
det ad dexteram Des patris , indi veiturusjndisare viws ^ mr^ 
tuos. Hoc ^ his fimilia quotidie difiam Judéeam edocens^ ni^ 
hil omnino proficere potuitydiBa Judea in prifiina permantntç^ 
perfidia^ é* dicente quod numquam pramiffa crederit^ ni fi cor ^ 
pus Cbrifiiinter manus faccrdotis cum Capte é* Sanguine in 

fi 



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54 VOYAGE LITTERAIRE, 

ara crucis afpiceret. Qao andito , MBa comitijja. à fuo fanïlo 
fropofito non defifiens^ divtnum avxiUum invetcavit^ (^ acce, 
dens ad JD^tnum Anfculfrm tune epiftofum Su^onenftm dio. 
cefanumfknm^pramiffaomnia ^jinplaeidem lucutenterape- 
riens , conjîlium é" adjutorium ejus fuppliciterimpîoravit. Pra- 
nominatus vero epifcopus diBa comitijfa devotionem tam ar^ 
dentem attendens ^ aures benivolas ejus frefib^s incîinavit ^ 
ftlemnes procefjfones in hcU circumvicinis indicens, çmnef po- 
fulos ad certam diem ad iiHum n^onafienum fanHi Evodii con~ 
venire pracepit. In prafentia i^itur Dominorum Henrici 
arcbiepifcopi Remenfis fratris prafata comitiffa ^ Ansculfj 
tpifcopi pradiBi ^ Pétri abbatîs diEliUci y comitijf^ fepedic- 
ta^plurium nobilium yirorum é-ntutieruin quas diîiacomitify 
eodem convocaverat , necnon totius populi ^ Jndaorum trar 
iiïlorum^ quidam deyotus relipofus dHii monafierii mijfamde 
S. Spiritu foiemniter celebrayit tn fnajori altdri pr^afata ec- 
cUfs^e^ inier cùjur tnanms hora inmolationis y fafr9,fanUum 
corpus ift cruce fufpenfmtumnibu's ibidem exiflentibus vifibiliter 
apparut t in modum cujufdam pkeri^ proutomnei tam Chriftiani 
quamjudaiy qui tune ibidern adtrant , veraciter funt tefiati. 
Et damaverunt dtfii Jud/ei cumuxortbus (^ filas ineefi*bili 
voce dieentes : F'idmus ^ videmus ip/utn corpus Chrip cama. 
titer & corporalite'r esftenfum in crùeé'y^eut domina comitijfa 
totiehsnobis indica-ùit yp- ita firmiter ^e eredimus , é-petintus 
omnes baptix^rf in, nomine Pétris & j^ilii ^ Spiritus fanBi^ 
qui cœeamno^ram perftdiam gratta é-fidèi fua luminefcmi- 
fêricorditerdi%tiatus efilluftrare ,' é- ^uidem omnes una cum 
uxerihus ^///i/^>?^B> illico bapti^^tU Satramenïum-veroper 
quodmirâculum iftud âpparuit , de confilio archièpîfcopi (^ epif- 
copi pradiBorumy ^juxta v oluntatem comitijfa ^propierhonor 
rem é" nobilitatem ipjîus rnîraculi cufloditum fuit , pôjttum iif 
proprio tttiice illo quo c'onfecrkturn extitit in quadam ihecaajirea 
^ rèconditumin armàftojpj^s è^ciefiai Vbi abfqueàuaviscqu 
fùptîone-perwianjh ùfqttf;in'fr,a/entém dieitf Ificutdàtur àcuU^ 
riter inttteri. I)èderuntq^e pr^fati^àornini archiepifco'pu's ^ 

opifeoptts ^^etiamaliquî Romani poniifcesmultasindutientiàf 
omnibus qui de bonis fuis cUBa ecclefisf in honore prafaii nUia- 



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VOYAGE LITTERAIRE. ^jt 

cmti datent eUem^Jynas in laud^m if fins cui cfi honor ^ '^hria 
fer infinita fiCtnla facnUrnm amen. , 
. L'auteur dé ce récit n^apas fait reflexioh', qu'Anïculfo 
Cvêque de SoijGTons ëtoit mort , lors qu'Henri fut faitar^ 
chevcque de Reims , & qu'Agnes quoique d'une illuftrd 
naifTance ^ n'étoit pas fœur d^e cet archevêque ^ maiis poort 
faire de femblables meprifes, il ne faut qu'écrire Un peur 
après la dbofe arrivée. Et cela n^^altere en rien la vcriré- 
du miracle. 

Cette Hoftie étoit fort petite^ ce quirjuflâfîe Honor cl 
d'Autun\, qui. écrit que» de fon jgms les: hçftie^ n'exce-i 
doient point la grandeur d'Mn deniejr. Pn confef yp encoi^e! 
àBraine les anciens fers avec lesquels on lèd, f^iibit , o» 
y voit leur grandeur & leur forme , qu'on ne fera pas fâ*- 
chié devoiricireprefentce. 




inc 



!f 



i 



Jq oe p,arre pas ici des ariciens orncmehy que ies com 

CCS deBrâine ont dônnc'a rcglire'jliïron â "ea^fom (h 

' bien conferver jufqu'à prefent. On y remarque la même^- 

•«jrttfc quèiï&ns ayonif pbiçry^P 4iq%nowcpreraiei:.voy3ge. 

littéraire. „.. 

El). 



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'"^ 



ié VOYAGE LITTERAIRE. 

Reim». • ^* lettdcmain fept du mois de Juin , nous par- 
tîmes de Braine pour aller à Reims, Nous y avions 
déjà été autrefois , mais nous étions bien aifè de voir en- 
core les manufcrits. D'ailleurs l'abbaye de fàint Rémi eft 
fi confîderable , qu'on y remarque toujours des- chofes 
nouvelles. Tous les fçavans gavent que Louis quatrième 
dit d'Outremer , & Lothaire ion fils rois de trance y fonc 
«nterrezi On y voit leursanciennes^gures aux deux côtex 
du grand autel. Le père Mabillon les a fait graver dans 
Tes annales , mais les ayant examiné fur les lieux, les fcep- 
très de ces deux Rois ne nous ont pas paru aflex fidèle- 
ment gravez , c'eft pourquoi nous avons crû qu'il écoit à 
propos de les reprefentçr ici. 

[Sceptre de Louis I V. Sceptre de Lothaire fon fils. 




On peut ajouter ici k figure d'un roi de /France cf« 



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VOYAGE LITTERAIRE. if 

nant fôn fceptre à la main tel que nous l'avons trouvé dans 
une lettre initiale d'ua manufcrit de fainf Martin de 
Tournay, 




'On me fit encore remarquer dans la nef une très-an* 
tienne épitaphe,gravée fur unepieïre qu'on a enclavée 
dans la muraille proche dekporte del*eglife,qwmcr«f 
d'être rapportée ici^ \. ' 



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3» VOYAGE LITTERAIRE 

Rachel^ Sufanna , Rebecca , Tabita y Ruth , Arma 
Sex fuit atque una Guiburps qnpim tegit uma^ 
Rachel ore ^fide Sufanna , Rebecca fudore , 
Carde Tabita pio ^ Ruth fenfu , Tnoribus Anna. ^ 

Jianc rapuit mundo lux jfejtd fequens Bened^&i^ 
Qjfiprcu fuccurrent difun^f Jitit^ bMcdiEik 

Oti croit que te cimetière des chrétiens-^ toit autrefois- 
dans l'efpace qui eft entre ràbbaye de S. Rémi & celle 
de S. Nicaiie , & on eft fyerfiiadé qu'il y a eu plufîeurs 
martyrs enterrez , ce qui paroît ailez vrai-feniblable : car 
depuis peu encore on y a; découver'^ trois corps , dont 
deux avoient de gros clous aux crânes & aux épaules, 
monfîeur Marlot dans fon hiftoire de la métropole de 
Reims , écrit que de ipn temsr on eii avoit découvert de 
femblablps , & il remarque, que c'étoit le fupplice ordi- 
naire dont RJAiovare je fer\ioit pcîur faire mourir les 
chrétiens. Parmi ceux qu'on découvrit de fon tems , on 
trouva le corps d'un enfant d*ènviran dix ans,. avec des' 
clous au crâne , aux temptes & aux jointures des bras : 
ce qui femble ôter toute^rte^e^^^^ que ce ne fut des 
martyrs. Car on n'aiam^ faitrûourir d*enfanspour cri- 
me d'un^ fembkble luppli|pe. On peut voir dans fon pre- 
mier tome ce qu'il a fait gças^ de ces corps trouvez avec 
leurs clous. ^ : • 

S^Thicrrj. Nous fûmes de Reims à^âîiît^Thiw^ , où nous eûmes 
* rhonneur de faluer monfefgneur Farçhevcque qui vi voit 
là dan j une grande* folitude*, éloigné de tout commerce 
& tout occupé des aflfaires du Tems.' 11 nous témoigna bien 
de la bonté , & nous donna des lettres pour madame l'ab- 
beflè d'Avefne fa fœur.. 

L'abbaye de S. Thierry efl à deux lieues de Reims, fîtuée 
for une petite morita^jpfe qui porte Je nom de- Mont dH^r ^, , 
fort renommée par fes bons vins. S- Thierry qui en futle 
çxcœier abbé étoit difçîplc;4^ ;$• ïUmy^.&iLejutpou^r fé- 
cond fucceilèur S. Theodùlfe, qu'ojqjnojninç.coOTmung- 
ment dans le pays S. Tliiou, leurs reliques iont^Confervces> 



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VOYAOÉ LITTERAIRE. 39 

dans deux belles chafles d'argent fur le grand autel , & 
on ne comprend pas comme les frères Prêcheurs de Trê- 
ves, prétendent avoir le corps de S. Theodulfe. Car il 
û'eft jamais forti du lieu où il a vécu , où il eft mort , & 
où il a été enterré, Auflî ne fçait-on prefque de quelle 
manière ce Saint leur eft venu. Car febn la relation qui 
nous en a été faite , ce Saint des frères Prêcheurs eft un 
faint trouvé avec le nom de Theodulfe i& fur cela, fans 
-autre examen on a avancé que c'eft le corps de S, Theo- 
dulfe de Reims. Outre S. Thierry, S. Theodulfe, Tab. 
baye a eu encore deux grands hommes , Geoffroy qui fut 
enfuite abbé de S. Medard de Soiflbns , & après evêque 
de Châlons , & le fameux abbé Guillaume ami de S.' Ber- 
nard , dont il a écrit la vie , qui quitta volontairemeiit fon 
abbaye pour fe retirer dans celle de Signy où il finit (es 
jours dans les exercices d'une très-fevere pénitence. Le 
monaft;ere eft très-beau , mais il dc^t toute fa beauté à ^ 

la reforme. L*egléfe quoiquUmparfaite a fes beautez. Le 
rond point du cœur eft merveilleux. On voit d^ns le fitnc- 
tuaire du côté de l'évangile le tombeau d*un feigneur de 
Roucy autrefois avoUé du monaftere , qui après Tavoir 
pillé, lui rendit tous ks biens. Du côté de l'épitre fous une 
colomne de majrbrç font içs, cœairs de meflîeurs Bailly 
avocats généraux & abbez conimendataires ^ &c dans la 
croiice méridionale il y a un Gf^illelmus miles Ae Crantllç 
. ibus une tombe plate. Le tableau du grand autel qui re- 
|>refènte la Transfiguration , çft <le la main du fameux 
•Champaghe. . La bibliot|ieGue n'eft pas mauvaîfe. 14 y a 
*même. d-exceilens manufcrits & en^aflez bon nombre. Les 
principaux font àe% ouvrages <les Énnt$ Pères & deis fa« 
jcramentaires. 

Le famedi onzième jour de Juin après dîné nous partî- yauciair. 
mes de: S. Thierry ipotir aller à Vauclair , paffer là fête 
4e la Trinité. Il y avoitibog-tems qtiehous fo/uhaitibns 
^e voir cette iat>baye,icaufe de la réputation quelle sVft 
acquife par fa régularité. Car après la Trape , Septfons & 
Orval, elle paffe pour une des micuH réglées de Tprdre . 
ite 'Qoïjlux-vEilexft daçs, lc4iocefe <i^Laon, à<juatrc 



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40 VOYAGE LITTERAIRE. 

lieues de la ville , dans une folicude aifez. aeréable. Oft 
y reconnoîc pour fondateur Tevêque Barthélémy , qui 
y mit des relideux deClairvaux Tan 1134. Teglife pour- 
tant qui fubfifte aujourd'hui ne fut eti état d'y pouvoir 
faire rofficc , que plus de cent ans aprcs^ Voici ce que 
nous en trouvons à la fin d*im ancien manufcrit. ^nka 
jDcmini m. c c. qninquaysjimo^ it*Q. liiiera dûminicdli cmr- 
tente , efafla tertia , concurréns vu. iniiliione X V- V 1 1 1 . idui 
jifrilisjn dieParafavi Domini^Jub j£gidi^ akhate decimo bu- 
jus Ipciy intravit^Qnvtntus P^allis clara m novam kajîlicampofi 
ibid(m fifvituius* On a ajouté d^une écriture plus récente. 
Scd quia hécc bajilica remanferat imperfeHd , dpmnâu Mufinus 
0hbMS , vel fradecefior ejus , vtl utetquejimul , cutavit eamfer* 
fiiï , •/ nunc efi , fuitque fub Marina abbate dêdicata x v 1 1' 
dieJunUaniiû BonUni mdxl. Cette eglife eft aflcz belle 
& fort propre. J*eft dis autant de tous les lieux réguliers^ 
où il eft ailé de s'appercevoir que c*eft unemaifon refor- 
4née. Car lorfque Dieu eft fervi dans un raonaftere, on y 
remarque parmi la /implicite relieieufe mi Qrdre que la 
pieté & la religion infpirent ^ qui donne du refped , & re* 
pand la bonne odeur de lefus-Chrift , qu'on ne trouve 
point dans les maifoûs relâchées , ou lorfqu'on s*eft une 
ioïs écarté de la régularité , tout manque ^ tout tombe dans 
le defordr^. 

Nous aiTiftâmes à la grande mefte , i laquelle monfîeur 
j'abbé oificioit. Avant la mefleil fit Tafperfion de Teau bé- 
nite ^ premièrement aux quatre coins de l'autel ^ puis dans 
le presbytère , où tous les religieux vinrent la recevoir 
de lui. Le fous-diacre fut la donner aux externes. A la fin 
. du Gkria in extelfis tous les religieux firent le figne de la 
croix , de même qu'au SenediUus. Les jeunes religieux qui 
dévoient communier , fe donnèrent auparavant la paix , 
qu'un miniftre deTautel vint leur apporter. Ils reçurent 
la communion au coin de Tautel^ tenant k bout de la 
nappe qui le couvroit. On nous fit voirenfinte une très- 
belle croix d*or, ornée d'un très -béan filagi-ame , & en- 
richie de beaucoup de pierres précieufes. Je ne parle 
f oiat de la coDJie^(|# S. fieniord, qu'on cooieryeâ V^uciaîr. 

Mous 



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VOVAGE LITTERAIRE. , 40 
Nous'pafïames le refte-dè la jaurnce cîâns lâ bit 
bliçtheque , qui eft vaftedc^ très -belle , & toute 
remplie d*exceilens livres très - bien conditionex. Il 
y a auflî un grand nombre démanufcxits fort bons, la 
pldpart des ouvrages des fairiti Pères. J*y viç entr'autre 
un ancien facramentaire , où dans ie canari' de'ia mèfle 
après les noms ordinaires des apôtres & Hésf martyrs , on 
lit ceux-ci. Dionyfii 3 Ruftici ^ Mleuterii , Hilarii , Martini ^ 
Auyifiiniy Gregorii ^ Hieronymi^ Bencdifii ^ é* quorum fo^ 
lemnitas hûdie in conffeBu tua majefiatis €tkbratut\ Domi^ 
ne Deus ^ in toto orbe terrarum , ^ omriikm i fanBûrum tuo^ 
rum , quorum meritis ftecilusque ifoncidas ^ ai in omnibus fro* 
tefiionis tuamuniamurauxilio Et dans Toraifon iiobis quoque 
feccatoribus , apr^s le nom de lainte Anaftâfic \ & celui de 
Ste Geneviève. J'yiremarquaiauffi cette oraifon attribuée^à 
S. Ambroifcv -' , v.v \ * A 

Infia afiionemquotidianitmS. An^trofi^^ ' ■ ^' 
MediûUnenfis anhiefifcùfi. 

Hanc igitur oblatidnem fervitutis no fine ^fed ^cwjH/efa^ 
milia tuie^ quafumus Domine ^ placatus accipias ^ quam tibi' 
devoto offerimus corde , frofàcè y t^ earitate , ^ unitate fan^i^e 
ecclefiiC, , profile icàtbàlica ^ omnium fdetUttn tuohim fâbeas 
confervari , pro facerdotibus df* omni gradu ecetejlée ^ ftro regibuT 
é^ ducibui ^ é* omnibus qui in fublimitate funt conftituti ^ pro 
familiaribus 0- eonfânguineis ^ omaihùs noiis commendatis ^^ 
pro paupcribus ^ orphanis , vidms , capfivis-^Hieragentibùs\^ 
Unguidis ^ defunciis , qui de h^Juce in reBffiie ^ in^ tuo no^ 
mine covjidenus miyraverunt s & pro onm populo catholico ^ 
pro dijitdentihus <^ difcoxiantibus y ut^ad caritatem (^ çoneor- 
diam omnes revocentur, Pro hujus (tiam neyitiiqualitau [upflù 
Citer ^ deptecamur\ dé qua in prafipiMJti^ajifinisailio vernie 
tatur^ quaunusnon humano ^fed tuorf^nBo fffoque judicio df^ 
rimata juftiti/e veritatisque termino finiatur , aies que ne^ros 
in tua pace difponas. . . 

Dans un autre manufcrîç qui contient ^s glofes fur 
S. Jean , nous lûmes les épitaphes fuivàntes^ 

£PITAPHIUM • N I C O L A I A&BATIS' CLAB^iE TALIiIS* 

Quem tegit bac tnmbd \ turtnr fifit étque (elumis , 



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4i VOYAGE LITTERAIRE. 

Hit iitnlo Mffms ^ ^i cœUh éUfme benignus. 

A LIT fi a.' 
Hic faces éMétMmflêS , jf/fis , Mr$w$4 , kesum 
Jwdicà cowvaamm^ fuem diuc^téde twkmtmH. 

4 L I T E It.. 

Migrons uniens Maii ItfitêUi calenéh > 
Culms mus ax^jtftm » i^mfint $s fim mf n dé . 

De ANMlVEÏlSÀRfO GOBEIITI DE MoNTE CA»rtQKjf$» 

Amiê miienê Sis wunêqMi vicewê ^ 
SexU G^ $nmt9r ^ DémAfiqne di§ fcftlitw. 

ErFITAYHIUM EJUSDEM* 

Cofitinet ImckwfiMM G^hirunn fr^nte vtnufimm , 
CoffùTt f$h^fiim^ m9mm mûdetémine iuftmu 

Aliter. 
Hic jacet ^ hinc fnrget , Gober tus vir révéreras ^ 
Quem non olfjmyt p^hf in /ne tremendns. 

A ^ 1 1* £ !.. 
Occuhnit patrie fil » mtmm jfêmmla ^ legnm 
SnnHio ^ miUti4f ffeciw^m y viBoria uyim. 

A^^TEH. 
Pukhir enet^foMtis^fmdens^ Paris ^ Heffor , Vfyjffei^ 
T^unc ^nê^efih^^sz^Ufiisin^ênacohorHs. 

plere tnnm noli Ooiertem^ MemCabiUnis » 
Jiegyit in 4iW felimm^is JNMt inikpMmds^ 

le ne parle pas id è^t% grands abbcz qui ont gouverna 
J'abbaye de Vaucler. Je dirai feuîemenc qu*ua de;^ plus 
illuftres ^ fut Henry, que S. Bernard tira de ce lieu pour 
le fttirt abbé da monaAere de Fontaine en Angteçcrrç ^ 
d*où il fut encore tiré pour rçniplir le fîege jtrchjepîfco-, 
pal de Pe^lifc d^TorcKf ^ * ^^ ' «^ 

Ltoo. Nous partînies le jonr (Vivant de grand matin , -com, 
blez des honnêteté^ demonfieur Paboé^&de tous les rCr 
ligiecnc d© Vaûder^ ^ ;pQii? arrivâmes alïè?; tôt à Laoa ^ 
pour y travailler le réfte de la journce* Nous comment 
çâmescparla cuhftdir^ ^ 4|ui peut paâër pour ub€ 4t^ 
plus illuftres du JBLo^^^iu^a JBUe xecoaooitpour fonditei» 
S. Reniy archevêque de R^einis , qui y çtabit S. Gonde- 



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J 
VOYA<3E UTTERARE. ^x 

p!eut>^re pdâr cela que l^âvê^irà ik Laoa €it le iècoïKà 
4iiç &.^ai^ de France ^&<)ii'au iâ?cce4ejB09orcH^,ilport6 
la/akitt Ampeiâe. Je ne cdauois^uicime cathédrale à3iXL% 
4e royaume )&ù il y aituB plus ^àtid iK>mbJre de^anoù 
nes^Gacon yen compee quatre- viagt*quacr&^ qui iurpaC 
iëot leur grand nombre par leur pieté de leur àffiduitc à 
T'OjBSke divin. Moniteur Ldeu nou^ fît Tlionneur de nous 
accompagner à la bibliothèque^ où H y a un très-grand 
nombre de manufcrits exceilem^ dont le P« Sî«mond a 
bien i^u autrefois profiter. Les principaux ^uen^tts y re« 
roaiV^iiâmesfont un manufcrit de S. Indôre au moins ile 
mille a»^ , un ancien recueil des conciles ^\ts a^stlu troi^ 
fierne concile de Coitftantinople^ le concile dl^ks £mu 
S. Cafâùre .^ les lettres dliincmar archevêque de Retms^ 
Pluikites lettres des pàpesà Oiarlesié Chauve^ i^ie^œ^ 
ouvrages de Grégoire de Tours , un tr^^-beau manuicdt 
de Foftwiat^ Akumde la ^oceffîon du 3» JEd^tit dédié à 
Charlâmlugtie , Caffiodoze iàr les p&amnes , à la £n du*^ 
quel cm trouve quelque thofehiftojrii^uede Charles^YIIi. 
Les mivrages de Raeberms evêqse ^ Vcrooe ^ ks lec*^ 
très dse Pierrcde Bèois ^ celles de^àemitedes Vignes^ l^îf^ 
toire de Reims par Fi^doaxd ^ l^kaiftosre jde5/guerres:de la 
terre faintecpoir <imbert abbé -de N<^ent , ^ane chroni^e. 
despa^squi finit à^nnoCimtVL danslaqtieileii y a ptu^ 
fieurs choies ^ûà regardent 4'hfftaiM «de France. Un an^ 
cien «àâmEfcrit il'An^iAaiè ie Sibiîotfae(pv»îte.^Àla^ ^tt^ 
quel mt lit teJFrïigffieftchiftDf iqna * 

^^am €laf[uSy ^fuitaniam rigrejjns muha temfêniifj^^nâ^tH^ 

Fi) 



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44 VOYAGE LITTERAIRE. 

Utuit % itcfMmqueÀ^Ramnnlfr ptafiUc ptrfidem decéftns , cotif^ 
frehenjus efi ^1^ di ^dfolum ad^uHu\ SilvaneEitm ^ ferpeêtif 
efi exiliê déifias. Hhihàrius vetù $% Irmingarda filU JF£$^ 
gùttls ttis hahuitfilios^idefiHludpwcwn^cni regnum Roma^ 
norum ^ Italiam tradidit ^ altcmm autem Hlotharium yCm 
/idem imperlalem nliqnii , ttrtium ueto Kdralmn , cni Pf9^ 
vifuiéfinpUfefnandam dimifit. Deceffit quoque HUtharius ani 
TU incamationis, Domini nofiri Jesu- Chuisti DQCCLYt 
itnperii ngni fui x x x 1 1 1. Poji cujus obitum Karolms fiUn$ 
efus qui Provinciam gubernabat oBavo anno moritmr. Debinc 
Hludovicus imferatêr Rjomanorum ^ Hlotharius fratret reX 
gnum ejmi , lu^c efi Provinciam inter fe difpettiunt. HludoVi:^ 
cm autem ux Naricêrurh , id efl Baj^anorum Hludivici im^ 
firatoris filius anno incarnat ioni s Domini d c c c l x v. f0ji 
fi^ivitatem pafcalem , rcgnum fuum inter fitias fuos divifit^ (^ 
KarlêfnMt^ù quidem dédit Norieam , idefi Bajeariam^ (^ M^er^ 
was^ coMraSdaws^ZmgabardÊSi HludaviCêveroTuringiam^ 
AufifaÇoSy Franco s ^ ^ Saxoni^tm dùnifit. Karlpqnoqne Alè^ 
piamniam^ é^Curwalam^ id e^ comitatum Camu-GaHia reli^ 
quit. Iffe tamenHludoviCfts fuperjlios fuos féliciter nmnepriti^ 
c^tum tentt anno iucarmtioms Domini dccclxviiii,^ 
Bt pâfi bac pbiit HindoduicUt rex anno Dominic/c, incarnationis 
p. ccc- utxvii icum tep^affet annis wxii. 

Carolus autem rex occidentalium Francontm xxxvi. regii 

fui in Jtaliam pergens orandi ca$^fa , 4d limna apofèolonm 

fervenits ibtque k cnnJcio populo Koman^ imperator eligitur ^ 

d? Àf^obanne papa in iwperatorem coufeçratur viii, Cal.Ja- 

nuam anno dominiez inc4Tnfnems p C c c j. x x .v. inde if 

Qattiaih pr^fieu-xfverfns^.efii Anno quoque tegni fui xxxviik 

é" imperii JJI. tndfPJtntefn Jtaliam ijferum perrexit ^é^coL 

kquio JçbamUs . papoi *fiff % i^ Galliam revertens tranfcenfo 

Anifàmmtâ promis Jmndniscl^mt vifu jlu. nonas Ûffobris. 

indi^L .X. Anno J}çnuni nojfri d ccclxxyii. CuifucceBt 

in rignofiHus éjps fikdovicui. Deindc anno regni fut feiumU 

Uficdum expUto. y ifdem Hludovicus obiit Compendio aUtio y. 

idus ApriliuHdimone\%ii. anno Domini DC c^c jl ;( x v 1 1 1 1. 

Diinde fiiiitjni HMov^ms é^K^ifUm^nfftJcgmêmejm inta 

ft difpesrfiifÊt^^ .^ * ♦ "• '^-^ ^ ^"^ * ••* * 4'^ • . :• 



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VÔY'AGE LiTTERAlilE. 45 

PradiEius verà rexMlikh^WSififa^f^iikinacd Cum'^T^^r^ 
mannis bellUf^pi^Syiriimfh^my^m^^^ pejl 

êbiit 1 1. nonas attgufii\^ânflo^DémM>b^\^X^ iE>V***t^i^^^ 
XV. Regnavii>^nn9t ii.yrièjtfis iii,Jfes*i^HU. Càfpiccejffît in 
regno frater ejus Karl^mMKjÊS répiaf fi ann^i\^:^ 
deinde in Euvelifkt-fiihum^^^^^KÀ^^ pet* 

cuffus efi. Obiit anno dominiez incarnationis DCCCLXxxiiirr 
//«iifïA^rvitf.-'Ui^Jt WnUbUsA A MUI H q A TI q a 



.1 :. <i o 2 o j I i: 'I 



Nous y vîmes auffi un ancien facramentaire , dans le- 
quel nous reniaïïJtdiihés'Fànatb'êttîe'fùîvaM^côntJpe?'"^ 
qui s'emparoient des^Bitti's îfc^•Pëgl8f'é.^^■*>^^''»'-'^^'-^- 

■ ^f tores , defra4^^/çfjaf^q^ ittx^^Jfifjffytttff^^i^ fanfI7 
JDei eccUfia ^non nofiriSy fid Chtifikverbis i^on(i^^^ pufBo*,^ 
rum ejus y qui eum Ml?. /*'ff ^'.•^ ''5S?f'*' > ^ îK^^'^ tt^aéiïiter^ 
CorufcAfit^in virtuteMm»{i^Ji%^fi^ 

4Brunc ligata vel iolnt^^^fifMhiA^fmimfï^ 

Bei eccMa *»^^«a%?/fM«?AM'^*'i^^¥W»WW* > ***f«* 

folwn qui faciunt , M d;i#?y/^^^^«(?î«fWficc,^* V^i^ 
ad fenitentiam & emendationem Jegatiter vocaii ventre nclue- 

Xhi ^^^ifttentify ^ gfr iiya^C^^^ ^^Jjaf}r***f !?• ^f(. 
mfeffifrnm,^sa€^mimif:^MM^^^êm9^%^ 

fentimus, Excmmtmiç^i^^l.ixçfnia^ .. 

tis! ana^henUtifimm, ^ififff^^ Jjfl^i,^ f'j^ni'ffr-S m -.n] 

E»%<l??ftft9 %ViÇ^a^uÇrij^<gbjÇt«p^5iesjCf54çV«v 

- ? - -Epi rat i?'f«tJ*f îJ<Jll.1'Kio r» iK^-id od < n., '> 

•j f vi; ;■' ; ; ■'■,:■.■. •;■:; f. '/îjirf : H .? nllononl ?arb 



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46 VOVAOfi LITTERAIRE, 

EiPÏTÀJPHiUM ÀLMANNI WONACHI 

▲ TQJ17E PHII.OSOPHI. 

yiUivillarenfi ^mna^ tiUituSm ^, 
Quifindàis radians ^ AfMtn^ f^trmine vernafii 

£UftJïàm Chripl fparpr odan èsn* 
Jv/iï»riH in tyditfit ad padatirtt 
••;■ ■ S1t(pie ^ihf^phïcnm pntifeartvtnhm', 
Mh.'^tnhts {rat pheitt>ntm Ifipji1t& pfUiat y ' 

r •' ••' Qu/tnio l^mhtfm hic '^»nit , ffUritmiO^Yitptk'^, ' 
^^lîtHUsdiféiMiifph'f^attMecjifead^ff''' ' '■;■•-' 

iuv'^; f^ftpitfiiripy4àftdilamhmaMti»^n • 
l^-iptntiifker/M^mitmp^ertertdffft^tgry '^ 

-'iïùnr; vvr-j\r vi;.-*T.r ^v. •..■.■••--■. av> ..'.\V'u.t:\w» -»J> •«'■• ,. .• _'-.•• 

é^ te vifflfeid€ft^«ft$:viai^lfc trï*.bbativ Oh peat h. met» 
tjfè'ittftbit«»^<tëi-6ièîië^*^ie$^^ Oii nous fit 

trtife^rk«îéî«s^afc^l^^^â^flëè',-qu^ h^ gtlîttide 

apJ»éi>i^tfWtef 'fi^t^jt^ W #CcftHrwattcfett' bfèvîâ^ maftuf- 
crit enfenrtl^^Bi «feciietftte ]g»ïï!fc -êChr^U. comme 
nous ^n étions, furphs. on nous die que les chai^oiivîs qui 

choeur ^ atloient autrefois reciter leurs heures caiibukle$' 
dans ce bre7yi^<^EDfii:.it>a9r^fnc)»44Pfktflçf la chaire 
dans laquelle S. Bernard a autrefois prêché y comme nous 
avions va daas~Jaj)lwb\t iJlkBM^^^meéim iM^^^JUc^ 
iêlme naicre de Piei>fci<l g MflS wi b <w 8^>ifr<a^^ 



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VOYAGl LITTERAIRE. 4> 

Il y â i Laon. cinq abfaayes. Celle de S^Vinceat eft k' 

plus andeime , 6s, reconnoic poor £bii<Ucrice:là reine Bnu 

nehaut) qui fcmda auffi S. Martin , S. Andoche & S. Jean' 

d'Autun. Celle de S. Vincent ëtoii aucrefbis le ciihedeFe- 

des evèques de Laon, fie on en cpmpœ j)afqu'i.<piarance. 

quatre, qui Tonc honorée dekur fêpuJttuer On-y ison;. 

ierve les r€^iques de S. Chano^ld <«è^*e, & le chef 

de ilàint Paul premier hermite. £^ile -ëcoirvcn cr^s*-p>^ 

toyàble état avant la relbrme, la nef écoit.àbas, on ne 

^ pottvoic Élire l'office que dans le chœur qui étoic fort maU 

propre: toUsiés''hèttx:reealiers:nq jrui>{Hloient plfis^' Aîil 

jourd'hui tout y eil retihaiM n«f eft^hâtiei, l^i^eft 

très4)elle 2c ornée , tous^ tes licou: régaliens fout enéca^v 

& le jardin eft fort agréable. jEl y a même un étang oiî 

l'on peucconièrver du poilTon, quoique furune hautemoft« 

ragne , 6i on peut dircqujBcetvej^l^we areddofsiit^aaà 

parue de fonandénçe^lMfdeuri-C^.fntde^rmcpcia^ 

qu'Ëugenel Mi lira l^dodb^ An&Iitie^noiir If faiitè ôretntet 

évoque de Toornay, lorf^u'à la; folikitationide S. ^^eé^ 

, nard , il y retdblitie /iege épifcôpal \ i^ui d^ïpuiis^S. Me 

iard a«oie i^i!é>«b!4Àlairt^|ifoyoiii '> ^/'i vu , o 'i. -A 

L^ibbayé de^^/Jedttf «ucèe^i!$ «âfè^iitluflâe^ ^^ aiâfi 

fsrèsr^ancienaé. iBaince' Sitlabttfigrle>lfoiîda ^pinir:) éiei iretii 

^eui^ r ^ y \^\t 4bpt egtifes. Hle/i; ^^^* elle-même « 

.& y vécut avtecitfmc àÀ pietéivqtt'a(>MSr£^)«iirttcllemdt 

rita d'^frr^ini(<JÉ4ttQl0lSi^4tt CàLttpéf^d^^ 

conferve les précieufès reliques & ion plêautier écrit «i 

janaenne fettnr^axoneyll^^ 4tt|a4^<^a^^v>>it^ic'^1^' ' 
bole des.apdcrG» ^<(lf)adidii»da J^!f^^;T<^ ^petK jogst 
ide ibii antiqiriaé eiur i^^;to^ie> ^o|e '^esf i-Mabilion en 4 
îm. cioirer idansl Ul £l^lM«it^tUl; i^Aà'ldonziiéfàeoii^. 
cie J^-rdig^iigRt 4»(Si jWi<>dtari|S«^itAida[éttrilaigftb ^cm 
mieqe'&nrew , ^^Açt «A'^dil pMtO^^^S^^Miaftsrf. jt|ai I4 
poâb^eat-encofe «Eijott4^1iui. é^idgoa en iAt'tiré pe« de 
cemt>|mi^^ttpâc«e|ciMfdiiMitd0|f[^\^^eieglii(e ilpmaiiiei 






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4^ YJJrlVrAÔÏimTrrEAAIBLE; 

ginê étoit dôfejîViel^pàr dfc» jcleccà. icciiliera Barthçlèini 
&vê<^ de Uami ;;}«^iâans.<^ tems s*acq\iir:tm& grande 
réputation par fa fHeBé. & par Ics'ibndatrons <pi'il fit , dès 
le commencerocct de ion posttificat y mit des clercs ré- 
guliers, mais s'ct^tapperçiic^u^iis n'augmentoieiic ni en 
oomt^re mi en'jveriu'. il dcanainda ài.S. IS^orbert des reli- 
gieux ileJBreni^ibcce » «jn'il mit. en leur place; Ilsenpri^ 
Tent'pDâeâtoir'l'a» 1124. &.ils répandirent une il. bonne 
odeur <^aas ie.pays » jque . Qaulrier premier abbé de ce mo^ 
naftcre en fiit tiyé-pour être coimcrc evêque de Laon, 
h'i^h&y»: eft:.usie dsjt plus coxiâdcraJples.dé l'ordre , elle 
i):été. rçguUcïC. jW<ïit'i nos idurs y Se l'abbc e& un des trois 
qui idoisenréonômieE 'l'clccliori de l'abbé de Pjreraohtw, 
L'e^ife & tous les Jdewx réguliers fe reflèntcnt de la gran- 
deur, idclamaifon. Il y aune allez bonne bibliothèque ^ 
4MiS3lftqiicUe:CKD.yoiC'éacore. quelques manuicrit^ , .mais 
î'^flfczr. peu'jdefconfeqùettce. Uri des prineipanx eft le Ale- 
iifetet4lniiWiQiieen;qiiailre:v<>liiine$ inmid de Jacques 
de Q\Mq, abbc de S. Vincent, qui vivoit vers l'an 1380. 
- .l,e;$.abbayies: de ^o^creuli & du Sauvoir font Jiors de 
la Ville, au bas de k^monr^ne. JBUes ibne. toutes deat 
ieT«19gi^«feîdé;rt)f<i)re|de.Cîc€aui£. Da«s feeè^^eMôn- 
irieiiil^ conT^rvéJa^ Yerio«»q«4* ou; U faùHe.Fftce de notre 
^igneut i dont le Mpe Urbain I Y. qui avpit été archi- 
diacre étilAoa y 6 ptefe»?^ à fa fisuï" qwj en ctoit abh«£. 
if /&)c'âôr(tedr c^«iiffî.'^jon nomme '»iti&i'é>bvffi./aime 

S. NJkieiM rrJN[(ms:i)ev^mes jp*^wik \^z ikjpwt àl^on. hTposenpar^ 
»> ••»». tîmes le mardi qu«orziéme de Juiri pour aller à Si Nicolas 
AUX, Bois , âbtiaye de notre epsgregacion jStuée dans une 
aâreofe iobtiideVi^ tf op. lieAlelï.dcir lài ÉUe doit ion origi- 
ne è dtfnk 'henvlitè^ , de 'ïflCOfiACÎt ponj', fbiidaceur Philip^ 
pe ipqreiiûer>J:<M def /«nctu- U.'|^fQÎCpftrjes mazurès qui y 
reftent^ qu'elle ctoit autrefois' pli»s confi^erable qu'elle 
jfk'ed auJQimd'huii Qh ysmontrc.tas grande fale , dans la- 
melle QiLpcéf end qw'U>s:^>K9U m «oiicile .dû cents de S. 
Bernard, dont on a des;l6icfe^ égneesi l'abbé de S. Ni* 
^ ^olas. .OflLyvoit efi«orç4çsf rii9iyrQ.):ales,.qm ibnchor. 



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J 



VOYAGE Littéraire. +9 

rfeur à voir. Mais ce qui nous toucha d'avantage c'eft la 
vertu d'un religieux , qui attaqué d'un mal caduc, étant 
tombé dans l'accès de fon mal dans le feu , fe brûla la 
raoitfé du vifkge , & devint fi défiguré que perfonne ne 
le peut voir fans frémir. Il vit là depuis plus de vingt- 
trois ans, fans converfation avec les hommes, mais fort 
confolé de. celle qu'il a avec Dieu dans la prière qui lui 
eft prefquc continuelle , &c dans laquelle il regarde fa • 

maladie comme une faveur du ciel. Du refte il n'y a rien 
.àt confîderable à S. Nicolas. Les peuples y révèrent Ber- 
nard Arquet, qjùi étant grand Vicaire de l'evêque de Balas 
abbé commendataire de ce moiiaftere, quitta volontai* 
rement fon en^ploi , & toutes les douceurs qui pouvoient 
l'accompagner ^ pour prendre foiiv d'une cure de eau»- 
pagne abandonnée. Il y donna toute fon attention. Il eut " 
beloin de toute fa patience/, il n'épargna .^ni peine ni tra^ 
vauk , il prêcha de p^Kole Se d'exemple , & s'y acquit une - 
il' grande réputation ^ qu'étant mort en odeur de faintetc ♦ 
l'an 1661. les peuples n'ont ceffé de venir faire leurs prie- ^ 
res fur ion tombeau , ôccroyent obtenir des grâces du ciel 
par foninterceffion. - 

Après 4e dîné nous allâmes àràbbayé de Premontré , vrtmùMt&< 
V qui n'eft' éloignée de celle'de S. Nicolas que d'une grande 
ïieiie. Toik: le nK>nde fçait que c^ell là ou S.- Norbert 
jetca les fondemens de fon ôrdrCi Elle eft fituée dajtis une 
folitude fh afrreuiè, qii'ileft. difficile d'y arriver ùins un 
guide dû pays- On y .entre d'abord» par une grande cour ^ . 
où il y a plufîeurs-.corpjdebâtimtens pour loger les abbe» 
qui viennent au chapitre général, De-là on va dans les 
lieux réguliers qui font grands & très-beaux.^ UegHfe fur 
tout eft d'une grande propreté. Moniktir-rabbë qui gou- 
verne aujourd'hui n^ riea négligé poui*4ui donner tout 
l'agrément poffible^ Le pavé ^ les eliaires du chœur , & 
plufîeurs autres ornemens font de lui. ^ On nous fit voir le 
tombeau d'un evêque pjfès du grand âUtel, qu'on dit être 
celui de Barthejemi evcque de Laon '& fondateur du mo • 
nafterev ce qui fouffre quelque difficulté. Car les auteurs 
aous apprennent que ce Barthelemi y qui avoit auffi £ondo. 

G- 



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jo VOYAGE LITTERAIRE. 

Foigni y & qui n^étoit pas moins touché de la fainte vie 
des religieux de cette abbaye , que de celle des religieux 
de Premontré , après avoir gouverné faintement Ton dio- 
cefe pendant un tems confiderable , quitta fon evcché , 
fe fit morne à Foigni , y mourut , y fut enterré , & on y 
montre fon epitapne. Je croirois plutôt que ce tombeau 
eft celui de Gaultier ^ qui fucceda à Barthelemi dans l*eu 
vêché de Laon , qui ayant été tiré de Premontré pour 
être premier abbé de S. Martin , voulut retourner après 
fa mort dans le fein de fa mère. On voit deux autres tom^ 
beaux du cqté de Pevangile , celui de Thomas Ôc celui 
d'EnguerrandeCouci. Le chapitre eft très-vafte & très^ 
beau. On travaille aujourd'hui i bâtir un nouveau cloî^ 
tJ¥ , un nouveau dortoir, & une nouvelle bibliothèque, 
Le vaifleau où font aduellement les livres n'eft pourtant 
pas petit , & il eft touç plein de fort bons livres $c bien 
conditionnez. Il y a même encore des manufcriçs ,& en- 
tre autres un Juvenal & un Perfe dont le caradere pa- 
roît être de ïept cens ans , un Suetome , un Jean de 
Saliiberi, la vie de S. Norbert écrite par Hugues fécond 
abbé de Premontré Çcdifciple du Saint. Je neparle pas 
du jardin de monfîeur Tabbe , qui a tout l'agrément qu'oi^ 
peut donner à un lieu reflerré , & dont on a très-bien 
ménagé le terrain ; mais il eft fâcheux , que pour le ren- 
dre plus beau , on ait détruit la chapelle , & le premier 
édifice de S. Norbert, qui étoit le lieu le plus vénérable 
de Premontré. On nous dit que TEglife avoir été bâtie 
en neuf mois, mais il y a apparence que cela fe doit en- 
tendre de ce premier çdificç plutôt que de Teglife d*au- 
jourd*hui. 
S,<aaentin. Nous retpurnâmes coucher â S. Nicolas, & le lende- 
main quinzième de Juin nous nous rendîmes à S. Quentin. 
Nous paflames par le Village de S. Gobin , devenu fa- 
meux depuis quelques années par^me manufa(3:ure dégla- 
ces, qui lurpallènt de beaucoup les glaces de Venife , nous 
eûmes lacuriofîté de la voir, & nous admirâmes jufqu -où v^ 
l'invention de j'homme , ou plutôt la honte de celui qui 
a créé Thomme, qui lui a donné Tefprit & l'indqftriç 



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VOYAGE LITTERAIRE. 51 

{>ôur faire de fi belles chofes. Nous pafïames la fête du 
àint Sacrement avec nos confrères de S, Quentin. Hors 
les tems de ToiEce nous jettâmes les yeux fur le cartu- 
laire du monaftere ^ Ce nous remarquâmes un titre qui 
nous apprend qu'environ Pan 1130. deux religieux de- 
mandèrent permiffion à leur abbé de fe retirer dans une 
folitude, à trois lieues de-là, & neu après ils demandè- 
rent permiifion dé pafTer dans Torare des Premontrez avec 
le lieu qu'ils habitoient^ ce qui leur fut accordé , & je 
crois que c'eft là ce qui donna commencement à Tabbaye 
du Mont S. Martin. 

Nous partîmes le lendemain pour aller au Mont faînt Mont s. 
Quentin , monaftere ^ç notre congrégation , fîtué fur une Qiî«««*o* 
petite élévation , autrefois appellée le Mont des Cygnes , 
a un quart^de lieiie de la ville de Peronne. Cette abbaye 
reconnoît pour fon fondateur Erçhinoald Maire du Palais 
fous le roi Dagobert ^ qui après avoir fondé Tabbayè de 
Lagnî pour S* Furfi, fonda encore celle du Mont des 
Cygnes. pour le même Saint, qui y établit pour premier 
abbé S. Ultain , tm de ïos compagnons venu d'Ecofle , & 
fit coiifacrer Teglife par S. Eloy. Ce faint lieu ayant été 
détruit par les barbares , fut retablf fur la fin du dixié^ 
me fiéclepar le comte Albert ,& fleurit dès lors en fain. 
teté. Un des plus grands hommes qui J'ayent gouverné , 
eft Tabbé Godefroi , auffi grand par la pieté & ^ religion , 

3ue par fon illuftre naiffance , c eft ce que nous apprenons 
e fon épitaphe , qu*oh voit dans le tour des enapelles 
derrière le grand auteL ^ 

M M JUS hafiùca ventila fer h j 

Si fie hic tantifper 
'Ad tumuiMm venerabilh GooEf KiDt , 
Hujns loci ahbdtis , 
Génère y ffokitati ^ meritis ^ 
p9fifanihs Furfeum & Vltanum 
TTulU ferte fecundU 
Çtnus difie ex nef te ejus Jda^ 



Gij 



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'5t VOYAGE LITTERAIRE. 

Cemitis Nanmrcenfis filia \ 
Quét EusTACHio comiti BoUnienfi 
Illu^res iuosfiliûs frocreavit 

GODEFUIDUM & BaLDUINUM 

SactéC expeditionis duces ^ feffs. 
Probitatemfrobatrtlipê^ 
jQ^^^^ ^^ ^^^ monafieri^ 
j4jferuit ^ auxit ;^ illnfiravit. 
[Mifita deniqme^ unus prteçateris Gode Hw;By 5 
Votorum (^ orationum ejuffruRns 
EJacfo fonte fiUus ^ alnmrms^ 
Qnem ecclefa Ambianenfi 
rpafiorenifoTmàvit. 
r^Zonge plura celât hic Upis , 
Animùs in delà majora. ' ^ 
iOiiitdie xxni. Februarïianno m Jicyuil 
Regiminisfuiis^'L. 
Senemerito patri ^ abbati 

Hujus loci afcetéC 
Tituluni cnm imnulo erexemnt. 
j4nno M D c xciiï. 

On ne fera peut-être pas fâché de trouver ici cequ'pn 
;a pu recouvrer des epitàphes tant des autires abbez de ce 
nionafterè , que des autres perfonnes illuftres , qui y ont été 
enterrées. ,: 

EPITAPHIA QU^ INVENI IN LIBRO 

MANUSCRIPTO QUiE SUNT AUT FUERUNT SCMPTA 
SUPEBw TUMULOS NOSTRiE EcCLESÏiE, 

. Dofnnus Walterus fecundus nomme jdidus 4e Hakpe- 
COURT abbas htijus monafterii ab anno 1198.. ufque ad 
annum 1241. quo mortiius eft ^ 8c fepujtus fuit in capeila 
B. Mariac in medio ante altare^, cujus rumba elevataerat 
aliquantulum à terra , & fuper quam icriptum/uifTe diçi^ 
tur hocepitaphium. \ / 



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VOYAGE HTTERAIRE. .53 

Quartononas OBebris motiturGualtems i>^ HAUDÊciouRT 
4bbài > dans ^ re(kndan$ dr. itmndans ^m(^^s ftélevms ^ é- hic 
in arïio fonitur ^ cujus Uns non fep^litur. 1 . . , 

^liobertus J^awiaus qui dédit fando .Qiiintino upum 
tnodium frumenti annuatim , obiit décima die Februarii 
1160. ejus tumba Tepo'fîta eft propè aitare capeline B. Vir^ 
gini^ inter cumbas Mathser de Dur y & Joatinfs Hennon 
abbacufn, cum atitea cflet in extrema parce capell^ie , 
in ejus ingreflu. Ejus epicaphium fîclegitur^gàlKoc; 

Chi pfi dejfus Ane Favviaus\ 
^di^d^ermcs fars freus ^ Iciaus^ 
JPlains de mncrs de chevaUerie , 
JEfferanche de fe lignie y / .! 
Vainquit? s fut , ^ nient vaincus^ 
Far tout fut maunfirejes efcus. 
JLebers fut apelUsfarmm^ 
jÇi vrais Dix U fâche pardasi^ 
u. & ce. & i. X. ans mun$» 
Dont ntdis hos fut doulas^ 

Robèrtus II, abbas hujusmonafterii ab aimo 111^7. ufque 
adannumii754q^^>fe^c dcmrfit, obiit & fepultus eft circa 
capellam fandi Andréa: , fub lapide , çirca quem legun- 
tur haec verbiar gailicè. 

Cy gifi li abbè Robert^ qui trtpaffa en tan de le Incarna- 
tion mil deux, cent quatre^vin^t ^au.dtimierjtur de.May. Priex^ 
Dieu four fon ame. 

Mathseus !• âbl)as linjus irionafteiii ab anno ïi.80, ufir 
que ad annum 1193. quo obiit die 16 Junii, jacet ante 
capellam fandi Albmi fub .lapide fubnisro , cirça quem 
intermulta qu^e. legLDon,poflîtot,>li«(ifQrum verba legunr; 
tur« Qwd fumus ifte fititfUfma. ^ ,1 

Joani[ieS de Tuiliers abbas hujijs mDnaf^eriiab anno 1195; 
u^Jiie.diaijniim;ï3i3. quo obiit Jie i. Apriliç.jjacetinçfe 



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54. VOYAGE LITTERAIRE. 

pclla B.Mariœ in choro,juxtaGerardumunumèpra:<lc- 
cefToribus fuis. In medio ejus timibse olim Hc legebacur 
gallicè , & adhuc le^itur. 

> * • " 

Chi y fi II. ahxjeu Pan dt Villets ^ qui fut Me ^ X. 
pfiex^Bieu pour lui. Et circa eamdem tumbam hxc verbd 
leguiicur latine. Hic teilus fub lapide pias ac humtlis jacet 
7. DE ViLLÇUS cjeneèiû qui fuit ppliê x. m, c. ter. Le rcfte 
he s'eft pu lire. 

Joannes II. diAuscllNCHV abbas huius motiafterii ab 
anno 1313- ufque ^d annum 1337. quo obiit 29juiii Jacet 
incapclla B. Mariai, in choro à latere epiftolx. Circa ejus 
tumbam hi veriUs leguntur. 

•- 
Hic fuit in tnundo pner^fo fitnguine natus ^ 
Corde fuit mundo ^ clemens ^fius ac moderatus^ 
P^erbis facundus ^ fuit omni crimine munéui , 
Bonis fœcundus , hac non fuit étde fecunduf ^ 
Ipfam ditdvit quam pauptttas fpoliavit. 
Te. ...j nefcio quo mérita^ 
\é4nnus miilenustercentenus dupdenus 
Terprjpftns unus moitié dédit buic ^rave mUMtSé 

Circa figuram capitis hi duo veHul legebantur* 

J. dIkchY VMtms oHasjatet hic tumuUtuSy 
Crimine purgstus , cum fanHis ^t focidtus^ 

Anno 1317. obiit qtudam nbbilis diâus Domimis dk 
]^AV ) qtii fepuituseft ante capdlam B. Marias percircui- 
tâm chôri juxta tunibanti abbatis diâi de t^itLEKs^cu^ 
jui itifîgnia funt lilia fine numéro ^ ut patet in efiî^ vefti^ 
menti dicUDomini ibi4erti iêpulti ^ âcrocatur Major do« 
mus regiœ. 

Jôannes IIÎ. nomine didus miks, abbas hujos mô- 
. jMtftefii ab anno 1337. vSc^^ ad annum I3^i« que obiit £c 



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VOYAGE LITTERAIRE. ;î 

(êpultus eft 6. Decembris juxta capellam faudi Albini j 
cujus epitaphii h«c funtverba. 

Abba^s virrtEius jacet hic fub marmore cretns. 
DiHus y^ tmles^ fofiU^fidelis AchiUes^ 
Juftus^difcrctusfkityifte quoque clericns afuts^ 
M. C. terfumpfnm fimul ér benejunBum 
Z. hue adaas o^U ter numera tpadas 
Dum me Mus rexit ^ longe fed egregie vixit 
Jficelaifefto decej^t , mente moments 
Jn mundeDominus rtffiansfn cœUs if fi cerenans, 

Anno 1360. cœperunc Domini milites de Oajiaco eli- 
jgere fepulturam , Icu humari in capella fandi Albini in 
îioftraecclefi^. 

Joanncs IV. nomine didus de* Haudecourt abbas 
hujus monai^erii ab anno i3éri.urc][aeadannum 1370. quo 
pbiit, & fepulcus eftiri ç^pella B. IAmi^ in çhoro cujus 
|ioc eft epitaphium, 

Clam jacet in tmnba dpmnus Joannes , mère Columba , 
jProdiit bic natus de villa Combles bamati^s^ 
Sobrius (^ caftus , fatiens fuit ac moderatus ^ 
Mille ter C. cape (edJljJC. nftmera ju^$ 
^eperies tempus quo fertur fafiûr ele^lui^ 
Et decimum fitnÙus pofi annum fub Ht aufhf^ 
démentis fefio mipavH ^Jic fins tfie , - 

X^/ poSit-vivere cumfanEtis, diç mifirçre^ 

Annîs 1384; & 1385. abieiwnt Hugo Dominus de Cl arjt 
ife Margarica^jus uxor^ & fepujiri funtin capella fandi 
Albini, in qua ef^ eorum rumulus ^ cum hocepirapbip- 

Chy gifi Hues fte de Çlefy (^ de Verraient , jadis chevalier 
chmmetlent du rofnos^e ^ qsd tfcfaffa tap m. c c c. quatre^ 
yingt'tinqeiftmsdfi^eftembre.Chy gjfi:A^^ deK^ufjf 

jadis dame de Clary e^ de Nantuelfa femme qui trépana l'an 
mil trois quatre-vingt-quatre es mois de Mars. 



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j6 . VOYAGE LITTERAIRE/ 

Petrus de Tuilté abbas hujus monafterii ab anno 1379; 
ufque ad annum 1398. que obiit , & fepultus eft in capclla 
fandi Steptfani fuB lapide revolàto , fubjacct etiam abbaj 
Bâlduinus d'Ad-ouANGBv Sic,habet,cjiis epitaphium. 

prudens , fàrmofûr , humilis^ fins ^tqtte btnipius , , 
Hinc moram , rexit^annisLj^^ bid ^ hne vixiu . 

MatKxus 1 1. dichis dî . Dur.y abbas huju« monaflerii 
ab anno >i3'9'8i.uf<|ue. ad- annum i4i3.^quo obiit ultima die ; 
Tulii , & fepultus eft in capella B. Mariac à latere evan- 
gelii, ' Ejus epitap hium. - 

pdfiorfnblimis^ clâfus viriutitns a/mis , , 
yirtutes mBnacbis ter quinis viruit annis. 
j4rin0 miikneLCrih bine dmdeno ^ 
Vno 4:on}un£iù deeedens etdine fanEie 
2^Be P^tn quafiat ad VincuU ^ c/cnobitdrum 
Dompnus Matbaus de DvKy c^licelarum 
JE fi diffîfis vita face firui mérita.^ 

Joannes V. Heniton didus, îibbas hujus monaftexii 
ab anno 1413- ufque ad annum 1438. cjuo- obiit i8. Sep- 
tembris , & fepultus efb in. capella B. Mariœ à latere ep{f-. 
tolsc : cujus tumbap nihilinfcriptum reperimus,' fedquam 
coniicimus ex eo quod dicitur KùhertasFavvïatx fepul- 
tus inter tuinbasMajchxioE.DuB.y ÔcJoanniiHENNON. 

Anno 1458. die 15. Julii obiit DominusHûgo db Lon- - 
cuEVAL miles & fepultus eft in capella B. Mariai anteaJta. 
re, cujus epitaphiuminfculptiun lapidiintràjnurumlîclc- 
gitur gallicè. 

^M devant cet Mtteî gi^deffmt nunfitwr Hu^s de Lonyf^^ 
val , en fon vivant chevalier feigneur de Vanlx en Artois , ^ ^ 
\££.ly .c9n(eiUer& (bamieUm de mttnfei^mrledncdeBout- 



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VOYAÔE LITTERAIRE. fj 

^o^ne y S* anffî confeilUr é^ frtmier chambellan demonfisur le 
€4fmte iCEtampes ^ bailly de Mefiin ^ capitaine de Bafaulme , 
lequel deffunt pat fon tefiament , devis , d^ ordonnance de der^ 
niere volonté , a fondé une rneffe perpétuellement être dite (^ 
célébrée en icelle chapelle pour le remède (jr falut de l*ame 
de luin é* des âmes de monfetfjteur fon pere^ madame fa mère 
(^ de meffeiyfieurs [es amts trépafjex^ avec un ohit folenmel tous 
les ans , k tel jour que ledit feutrépaffa. Enfemhle une antienne 
de Notre-Dame ^ qui fe dira après icelui obit. Zequtl deffunr 
termina par mort le jour de S. Jacques (^ S. Chriftophe , ^an dt 
grâce mil quatre cens cinquante-huit. Pries^pour fin ame. 

Joannes V 1 1 L didus d*ÊsTR.Ez abbas hujus monafl 
terii , qui & ultimas fuit eleûus exprofeffirhirjusmonaL 
terii , quod rexit ab aano 1487* ufque adannum 1516. quo^ 
jîiortuus eft Peronac: cujus corpus relatum eftin nocmô- 
nafterium , & fepultum in medio chori , cujusepitaphium» 
olim legebatur iniculptum parvo iapidi fabnigro hîs^ 
yerbis.> 

Hic jacet veAerabUis Joannes d'Ëstkez abbas hujtsconj^ 
^regationis , qm obiit anno 1516. Januarii a/. 

Annis 156 7; 6^15^09; multi ReBgjiofî hujus monafterii' 
dbieruiit & fepulti funt in capella B. Màiriac &inecclefîa, 
quorum fepulcurcB non reperio loca fîngularia, nec quiçî* 
itifcriptunï fît eorum tumulis^ nifî quod làpidi pofiCo- 
fuper tumulo Domini i€gidii CnoqiJESEL olijn imeri|i,i 
tus fuifTe dicitur tic verlus. - 

' (^em'pedibus téritis y freciSus relevare veliiis.- 

Annô ij^i. dîê li. Novémbris obiit dominus Petrus 
B ACfHELEii; hujtfs mônafterii religiofus , bis in abbatem 
eledus , cujusT:àmen binaelêdiô à rege non fuit confirma^ 
câ. Sèpultus eft circa capeliàm fandi Andréa fub lapide 
flibnigro , iû quo \x2cc verbà leguntur gailicè. 



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5t VOYAGE LITTERAIRE. 

Cy^ifi Domp Pierre BacheUr licentiè es décrets , religicMZ 
de céans ^ deux fûts ejlu enabké^ lequel de meurs ^ biens a scelle 
eglife decoriè , é* rendit k Dieufon ejfrit le ii Novembre 1541. 

Anno 1574. die 15. Aprilis obiit Domnus Antoniu$ 
Dupuisfubpriorhujusmonafterii&fepultus eft in ingreC 
fucâpellac B. Marix^ fub cuxnba, circaquam \xxc vçrb* 
olim legebaijLtur. 

Venerabilisfreshyter Antenius Dupuris vita funSius arme 
Demini 1574. if. jifrilis, qui fuit fubpior ^ thefaurarius^ 

Anno 1^78. diç 10. Januariî Heoricus d'Argougeç 
terrius ex hac familia poftClaudiun> ejus patruum & FranT 
cifcum d*Argouges ejus fratrem abbas hujus monafterii ^ 
obiit Parifîis j cujus corpus inde hue relatum eft , & fe- 
pulcum in capella fandi Andrex die 8* Maii ejufdeman- 
iH. Cuiprior & monachi hujus monafterii hoc epitaphiun> 
pofuerunt , quod ieçere eft in eadem capella fandi An- 
àîtx. hic yerois^ 

P EO O PT. MAX. 

Hic jacet çUriOima memoriée 
I).\Ifenricu§ ^* Argouges 
Perenenfis fanBi Quintini de mante cçtucbH 
Abbas eximius 

Quinohtliffiméefamiliaf fflendoreminteferrimée vita mérité^ 
fingulari modefiik , caritate in fu9S , beneficentia in p au f ère s 
tnultis gradibus aufliorem fecit. Quifpequi reditus frofe omnes 
five inerigendis feu infiaurandis aut exomandis ecclefiis^ offi^ 
disque divinis augufiius celebrandis pie ac relipofè confump^ 
feriti hac fua certe , hacfua funt^ quia in aliis rariora : fua^ 
vifftma in fuos religiofos manfuetudo , $ccultain pauperes libcr 
ralitas , mifericers é" prudens , quod in arnica rixarum compo- 
fitione \udicium ftcut Dec gratum , ita é* çmnibus feçitçarifft^ 



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VOYAGE LITTERAritÉ. ^^ 

munt^ ddeo ut commnnibono non fibinatus ejje viâeretuf y ^ 
abbatum exemplar concûrdi omnium voce fueritnuncupatus , cum 
fofi iiluftrifftmum patruum Claudium , fratremque Francifcnm 
tertius ek Argouporum familià JCXVJ. annis cum menfibus 
JJ^. monafieria fr^efuiffet , anno Chrifti 1 6 78. die JC. Januatii 
decejjît Pari pis ^ unde cor fus ejus^ uti tefiamento cavit^ die VI II. 
Mail ejf^fdem anni hue delatum efi ^ bonorificè reconditum. 

Optimo abbati hoc fineeri amoris ^ gratianimi monumem- 
tum hujus cœnobii Prior d^ monachi lugentes pofuere. 

Requiefcat in face. Amen. 

On n'a au Mont S. Quentin pour ^life ou'un chœur 
avec fon tour des chapelles , qui eft aflez délicat & fore 
beau 3 de^là on entre dans la grande chapelle de JU Vier- 
ge , qui pojiirroit elle feule paflter pour une eglife. C'eft-Ii 
qu'on conferve le trefbr du monaftere^ où il y a un morceau 
confîderable du bois de la vraye Croix apporté des croifa- 
des ^ avec des anciennes micriptions grecques y des reliques 
de S. Ignace martyr ,& le chef de S, Boniface I V. pape. 

Uabbaye d'Aroais autrefois appellée Aridagamantia 
à trois lieues dû Mont S- Quentin , eft fituée dans une fo- 
litude , qui étoit autrefois une retraité de voleurs , mais 
trois hermites Heldemare , Conon & Roger en firent une 
demeure d'Anges,. Heldemare & Conon étoient prêtres^ 
Roger n'étoit que laïc. Usaflemblerent là une commu- 
nauté, qui donna commencement à la congrégation d' A- 
roais , dont Jacques de Vitry a fait un fî bel éloge. Ils 
ne mangeoient point de viande , ils jeunoient une grande 
partie de Tannée , fe levoient à minuit ^ travailloient du-^ 
rant le jour plufîeurs heures , gardoient un grand fîlence 
& ne portoient point de linge. Parmi tant d'excellcns rei»^ 
lîgieux il fe trouva un faux frère ,qiii afTaffina le frère Ro^^ 
ger, & donna un coup mortel au P. Heldemare. Conoiv 
prit la conduite de la congrégation , & dans la fuite fut 
créé cardinal de la iointe eglife Romaine. Je ne f^ai â; 

\ H iî 



AroAî^i 



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6<y VOYAGE LITTERAIRE, 

parmi tant de bien qu'il y avoit dans cette Cbngrcgation ,^ 
il ne fe trouvoit pas auffi quelques défauts, qui donne- 
ront lieu à plufieurs monafteres de s'en feparer pour fe 
donner à Tordre de Cîteaux. Dans la fuite des tems 
l'ambition des abbez , qui vouloient avoir parc à Tclec - 
tion de celui .d^Aroais chef de la congrégation , qui 
appartenoit aux feuls religieux dé la mailon , Ja diflbut 
entièrement. Prétention entièrement 'contraire à l'ufage 
des anciennes congrégations, dont le gênerai s'élifoitpar 
les religieux du monaftère où il demeuroit.Ceft ainfî qu'il 
fe pratique encore à Cluni , à Cîtaux , à la grande Char- 
treufe, à P remontré , fans que les autres maikmsen faflent 
aucune plainte : aujourd'hui l'abbaye d'Aroais ij'eft pas" 
dans fa preaiiere ferveur. Il y a pourtant une allez bon- 
ne pbiervance \ les religieux y vivent dans une grande re^ 
traite , & gardent le fîlence depuis cqmplies juiqu'au len- 
demain après fexte , ils obfervent la pauyreté & on ne 
voit rien de fupérflu dans leurs chambres, ^appartement 
de l'abbé même eft fort modefte, & la chariibre ou il 
couche eft fort pauvre. Il gouverne avec (agefle, & nous 
' n'avons rien remarqué que deloiiableen Iqi. On dit qu'il 
eft fils d'un charron, qui avoir fept garçons tous fcpt re- 
lijgieux , il y en îi quatre abbez, deux de hordredefaint 
Èenpift & deux de l'ordre de S. Auguftin. 11 y en a'voit 
un cinquième qui eft liiort àflèz jeune fouprieur defaint 
Bertin , & qiii avoit le riièïîte d'être abbé , un fîxiéme que 
nou^ avons Vu confefleur des damesdeYline,&quiaeté . 
auïE proposé pour être abbé. Je ne comiois pas le feptié- 
mè. On' peut dire qu*il^ étoient tous de^s erifans de bene- 
didiôn, &.què c*eft leur propre nieritp, qui les a élevé. 
Je reviens a l'abbaye d'Aroais où l'on prétend avoir les 
rehquês de iàintp ^Ionique dans une très-telle chafle 
.d^argent. Les âdes de la tranflation de la Sainte font dans 
Bbllandus. Je né parle pas de la bibliothèque, qùieft affez 
peu de chofe , il y a pourtant quelques mariulcrits alfez 
bons ', mais .qui ne conjçenoiçnt rien qui dût nous arrêter. 
Ainfî nous retournâmes coiicher au Mont S. Quentin, ^ 
)e lendemain nous allâmes à Corbie, 



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VOYAGE LITTERAIRE. 6i 

Je ne répète pas ici ce que nous avons dit de cette i\^ Corbic. 
luftre abbaye dans notre premier voyage littéraire. Jç dirai 
feulement qu*ayant encore jette les yeux fur les manuC 
cms, nous Idmes à la fin d*un manufcrit de PierreComeftor 
ces|)aroles.: Anno Vtfbi Incamati M- c. Lxxxiii. fcriptus ejf 
ifie Hier à J^hanne monoculo , ^juo rex Prancorum PhiUpfttSft- 
Uns Hludoviçi régis faffus eft horribilem guerram à ermite Flan . 
dtenfiPh. é* comité Theobaldo dr cûmitifa Campanienjf, ^ du^ 
ce Burgundienfi y é' Stéphane comité Slefenfi. Nous vîmes aufïi 
.dans Jte threîor un crucifix d^ivoir tabillc, & attaché i 
la croix avec quatre clous. Un chalumeau qui fervoit 
autrefois pour la communion du calice. Il ayoït une petite 
coupe pour recevoir le précieux fang qui pouvoir tomber 
par megarde , dVù en ce cas il retombroit dans le calice 
par deux petits tuyaux. Et des Bdurfès anciennes des che^ 
valiers qui avoient été aux croifades , avec leurs armes^ 
Enfin nous lûmes dans la chapelle de Soyecourt les épi^ 
taphesfuiv^ntes^ 

EPITAPHES AU MILIEU DE LA CHAPELLIJ 
p jp S o y E C O U K T, 

Chy gifiMefieres Hues chevaliers ^ fires de la Houjfaye qui 
trepaffa lexxin. jour du mois dOflembre tan de grâce mil ccc, 
Lxi. pfiex^pour leurs ames. t Chygifidame Perrote Day encourt 
feme dudit chevalier qui trépana ..p.. rnoif dOflembre l'an de 
grâce mil cc<:. LYiîî. ^ 

G/ gift mejlire Gilles de Soyecourt^ feigneur dudit lieu , Fran- 
villes , Moucourt , Beauvoify ^ Torcy & Artois ^ Montiffty ^ 
ichanjfon de France du tems é* règne de Philifpes de Valois^ 
qui deceda tan mil tr^is cens quarante (^ un. PfiexJDieupçur 
fin ame. 

Cy giji madame Agnès de Cayeu y dame de Soyecourt ^ & de 
fin propre des terres de JSouvainecourt é^ de Mcguelies en f^i^ 



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iz VOYAGE LITTERAIRE. 

meu > qui deeeda le troifième jour de Juin fan nul troif cens 

quarante...... 

Cy p fi mettre Jehan de Sêyecourf , feip^eur dudit lieu , Fran^ 
ville ^ JBeuvainecourt ^ Mey$eliei^ Torfy^ Verlen fut la mer^ 
qui deeeda le IJI. OÎlahre mil trois cens quatre-vin^t. Priex^ 
Dieu fQurfon ame. 

Cy fffi madame de P^arennes ^ dame deSiyecourty qui tre^ 
faffa le feftiéme Juillet mil trois censfoixante (^ treix^. Priex^ 
Dieu four fon ame. 

Attaw. Après avoir fejouriïc un jour à Carbîe , nous prîmes le 
chemin d^Àrras. Comme nous approchions de la ville , 
nous rencontrâmes des payfans qui prenoienc leur refec 
tion dans les champs ou ils cravailloient». Us nous invite- 
rent de bonne grâce à vouloir prendre part à leur repas. 
Mais nous les remerciâmes , & nous admirâmes la bonté 
de ces peuples , & combien ils aiment les religieux. Le 
-^our fuivajat nous fiâmes dire la mefTe & S, V Vaft & enfuite 
BOUS demandâmes à faluer moniîeur k gjrànd Prieur. Il 
«ous retint en Pabbaye & envoya auffi-tôt quérir nos che- 
Taux. Ceftun parfaitement honnête homme, f^avant, & 
d*un très-grand mérite. ïla été trente ans au collège de 
Doûay où il a rempli dignement les chaires de Philolophie 
*& de Théologie, & la charge de prefident du collège. Il en 
fut tiré pour ctre grand prévôt de S. V Vaft , le principal & 
le plus pénible emploi delà maifbn,,& après la mort du 
grand Prieur , il fut choifi de tous \^$ religieux pour pren- 
dre h place qu^il remplit aujourd'hui avec honneur & avec 
la fatisfadion de tous &s confrères. Mais on peut dire fans 
flaterie que cçn^eft là que la moindre chofè de ce qu'il me- 
jrite. Il envoya aniE-^tôt chercher le bibliothequaire ,& or- 
donna qu'on nous communiquât tout ce qu'il y avoit. La 
bibliothèque efï excellente ibit pour le nombre , foit 
pour k qjoalité itesUrres^ & pa^e avec juiUce pour la. 



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VOYAGÉ LITTERAIRE. 6} 

mcileurcôc la plus nombreufc qui foiten province. Il y a. 
un très-grand nombre de manufcrits ^ que nous examû 
nâmes tous à loifîr ^ & dont on nous permit de copier 
tout ce que nous voulûmes. La plupart font des ouvrages 
des faints Pères & des hiftoires ecclefiaftiques & mohad 
tiques , comme dans la plupart des bibliothèques des moi- 
nes j nous y vîmes un très-beau texte des évangiles écrit 
en lettre d*or , qui fervoit autrefois à la méfie . une grande 
bible qu'qii prétend avoir été donnée au monaftere par 
Charles le Chauve , & dans laquelle nous trouvâmes dt$ 
variations fi confîderables dans les livres des Paralipo^ 
nœnes^que nous crûmes que ce pouvoir être T^icienne ver-, 
fion Italique. Une ancienne coUeâdon des conciles U des 
decretales des papes , Thiftoire d'Angleterre du vénérable 
Bede en lettres jLombardes , Thiftoire eeclefiaftique de 
Ruffin, Phiftoirede Jofeph, un regiftre des lettres du pa- 
pe Alexandre m. Il y aauffi des manufcrits modernes 
qui peuvent feryir à illuftrer Phiftoire des deux derniers 
uecles, §c particulièrement tout ce qui s^efl; pafTé dans les 
guerres dç Flandres. Il eft à reniarquer que dans ce grand 
nombre de manufcrits , qui ornent aujourd'hui la biblio^ 
theque de S. V Vaft , il y en a grand nombre qui viennent 
de celle des Celeftins d'Amiens, qui leur avoient été don- 
né par un Euguerran prévôt de la cathédrale d'Amiens. 
On ne peut pas comprendre comme ces manufcrits font 
paflez de la bibliothèque de^ Celeftins en celle de faint 
VVaft, à moins qu'on ne dife que ce$ pères les ont venr 
dus au commencement de Timpreffioa , pour lavoir desli:, 
vres imprimez, qui leurs paroiflbient plus commodes ^8c 
que les religieux d'Arras qui ont toûjour? cultivé les let- 
tres j les ont achetez : voila ce qui pous paroît le plus pro- 
bable. Parmi les plus anciens manufcrits il y en a un de 
S. Auguftin fur les pfeaumes , écrit dans le neuvième fier 
clc } à la tête duquel le moine Radulfe qui l'a copié eft 



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64. VOYAGE LITTERAIRE, 

ainfî reprefènté avec l'ancien habit monaftique des re- 
ligieux de S. VVaft, erf cette ibrte. 



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On lit enfuite les vers fummi^ 

Jf^nr rg^ Rodnifus monacimsiantummodo âiBus.^ 
2Tomine non mmto^^ , feâ freiws ftafult Chrifio , . 
Confcripfi liirum , CMcfii dognate flennm , 
2fe grave fit cuiquam^ liirifi luira cape/cam , 
Magnum fro likro certi quia fignus habebo. 
Qu9d fignms fodesi quodfignmsijam madonojccsi 
Cum librumfcnbo ^ Vedafins ab athen fummo , 
Hèfpicit h cœlis quot aretur payna fulfis , 
Quotfoiium pun&is bine him laceretur acutis ^o 
Tumque f avens open nofiro , nofitoque labori , , 
Grammata quoi fulei , quot fuMquoi denique punBi^^ 
Znquit ^ in hoc libro ytot erimina jam tibi dono^ 



jbiaM^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. «5 

Hantqne fotefiatim dat-€hfîfiiêshaberefefenne7ii. 
JSTec Ubor i^i fibi y firaur ^ jam f rôdent Mni\ 
SedqMcifcumqUi velis detur fars magna laboriSm^ 
Hac merces ofiris , quam dat [criftanhui ipfis 
SanHus Vedafius^ fatcr opiim»s ^aîque hcnignus^ 
Mac mereedi lihnm ftrfiripfi fedulus ifium ^ 
Quem fi qnU toUat^ uUus buic ima dehifcat^ 
Kivns é* infirmam fetat amfUs ignibns atrum. liât , fi^r. 

On- peut voir par ces vers quelle écoic reïperancè de 
ceux qui écrivoient autrefois les livres , & combien leur 
travail leur paroiflbit utile, puifqu'ils croyenf qu'autant de 
mots qu'ils écrivoient , autant de péchez leurs étoient re> 
mis, & qu'ils étoient perfiiadez^que leur travail profîtoit 
à plufîeurs , en quoi ils ne fe font pas trompez , puifqu'il 
profite encore tous les jours par Tufage faint & religieux 
qu'on en fait. Parmi les manufcrits retens ^ il y en a un 
<jui a pouf titre lâVioUte ^ qui parle des vertus chrétien- 
nes , dont Tauteur s'eft fait connoîtrepar cts paroles. Jau 
Ocdefrois fiex di Jehan le Coifpelier jadis bourgeis de S. Orner y 
moyne dr Nrdre S. Benoifi de Yabie feint Eùysne deles Sene le 
veille en Toskane ^ nés en le ville de S. Orner fufdite ^fit chefi 
livre en la fovent dite vile ^ en tonnent de Dieu ^ de fe mère y 
^ de tons feins , ff éclatement de monfteur feint Georges tan de 
grafie m. c C c. ^ X L.deux , environ le feint Jehan Eaftifie 
enejlèyfour le commun fourftt é* t amour des habitant ^ oit je 
me tenoie molt aloijes tant de char & de fane , comme de lyna^ 
gOj comme defure benivolent bien defervïe envers mi fbuvent. 
Après avoir examiné la bibliothèque, monfieur le grand' 
Prieur nous mit entre les mains quatre grands cartulai-^ 
res très^beaux , & où il y a d'excellentes chofes , qui peu-^ 
vent fervir à éclaircir l'hiftoire. Nous en copiâmes quel- 
ques endroits ,.dont nous pourrons faire part au public. 
Ce que nous venons de rapporter nous fait voir que les 
fîx incendies qui font arrivées à S. VVaft , n'ont pas tout 
confirmé , & nous font aiferaent juger des trefors immen- 
ks que nous y trouverions , fi nous avions tout ce que les. 
flammes nous ont ravi ^ mais cen'eApas feukmenr la bi^ 



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66 VOYAGE LITTERAIRE. 

blîotheque & les archives qu*on doit admirer à S. V Vaft, 
Tout y eft grand ôc magninque. L'eglife eft comparable 
aux plus belles du royaume , grande , large , élevée^ dé- 
licate & ornëe : fur tout le tour des chapelles & le chœur. 
Les chaires font d*un travail immenfe. L*hiftoire de l*an- 
cien &du nouveau teftament y eft reprefentée. L*auteleft 
fîmple félon Tancien ufage, mais derrière Vautel on voit 
une pyramide de pierre loutenuc par quatre colomnes de 
porphyre , au-deffus de laquelle font les corps de $. V Vaft , 
de S. Adulfe &de S. Ranulfe dans trois chafTes d'argent ^ 
& je ne comprend pas comment monfîeur Baillet a avaacé 
que le corps de S. VVaft n'ëtoit pas dans TeglifedeTab- 
baye qui porte fon nom , mais à la cathedrak. Car les deux 
auteurs qu'ils citent pour fcs garans, n*en difènt pas un feul 
mot , & s'il avoit confulté les chanoines de la cathédrale 
d*Arras ^ ils lui auroient avoiié de bonne foi qu'ils n'ont 
pas le corps de S. VVaft , qu'ils s'eftiment fort; heureux 
jd'avoir une partie de fon chef & unoflement d'undefei 
bras y qu'ils gardent comme un très-riche tbrefor. 

Le tombeau de Thierry L roi de France, fondateur du 
monaftere , fe voit dans le fanduaire du^côté de l'évangile- 
avec cette epitaphe. 

Rex Theoioricns , ditans ut vems amicns 
Nos ope muhimoda ^ jacet hic cnm conjuge Dq(U. 
Reps Urga manus , et fr^fulViniicianus^ 
JsTobis régale dant & jus pontificale. 
In decies nono cnm quinquagies duodeno 
jinno j defnnBum fciet hune quiquattuor add^t. 
Qua legis hac hora , Dominum fro regibus ota , 
Muneribus quorum flat vita Dei familorunu 

Un peu plus bas eft le tombeau de Jean S^^fin, ar., 
chevêque de Cambray , qui fe reflbvivenant qu!ii avoic 
été religieux & abbé de S. VVaft ^ voulut y être enter- 
ré. Celui de Philippe Gavrel un à^s derniers abbez re- 
euliers eft du côte de Tepitre. Ces dç^ux, abbez oAt été 
deux grands ho^lmes, naturéUement porté à de grandes 



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VOYAGE LITTERAIRE. ^7 

chtreprifes. Sarrazin s'^étoic élevé par fbn propre mérite ^ 
il fut employé dans des négociations & dans les aflfaires 
de l'état. Son zèle pour foh prince lui procura fon affec- 
tion & l'archevêché de Camoray, Etant encore abbé dé 
S. V Vaft , il fit bâtir le cohvent des Capucins aux dépens 
de fon monâftere , & fonda les filles de lainte Agnès , doù 
tinéespburrédùcatîoh des jeunes filles. Gavneifit encore 
de jplus grandes choies ^ car il bâtit le beau collège des 
Jemites d'Arras^ & îe dota d'un bon revenu, il fonda le 
convent des Auguftins de la Baflee , le monâftere des 
Benedidins Anglois&le fuperbe collège deDouay. Je ne 
parle pas iti de tout ce auront fait les autres abbez de faint 
VVaft. On peut dire feulement en gênerai qu'il y a peu 
de. maîfons religieufes à Arras , qui n^iyent reflènti leurs 
libêràlitez , foit dans la fondation de leur convent , fbit 
dans plufieurs autres occafions.. 

Le threfor eft très-riche & dans tous les Pays-Bas, ri 
n'y en a point qui lui foit comparable. Il y a quatre buf- 
tes d'argèrit d'une grandeur qui n'eftpas commune, dans 
lefquels on conferve les chefs de S. Léger evcque d'Au- 
tun , de S. Vindicien evèque d^'Arras ^ de S. Aubert evc- 
que de Cambray^&deS. Omer evêque de Terouenne.. 
Six autres chefs d'argent, qui renferment des reUquésde 
divers Saints , une croix mâgnifiaue pour fa grandeur fie 
pouf fon travail , dans laquelle il y a une portion confî- 
derable du bois de la vraye croix ^ un calice qu'on croie 
avoir fervi à S. Thomas de Cantorberie ^ des colombes* 
dans léfquélles on eonfervoit autrefois la fainte Eucharifl 
tie , un vafe d'y voire en forme de tour , où l'on prétend 

3 lie fainte Mariê-Magdelaine mettoît des parfums, mais 
pafoîfc par une ancienne infcription , qu'on y eonfervoit 
autrefois le faint Sacrement dans un vafe d'or , quatre 
chandeliers d'argent d'ime grandeur & d'iine groflènr 
prodigieufe. 

Les lieux réguliers repondent i la erandeur die ta mai- 
fon» 11 y a deux refedoires , un pour le maigre &unjpouF 
ie gras. Le refedoire où l'on fait maigre eft grand , large- 
2C élevé , lïiais il n'eft que Tambrifle j, dans le fond on a. 

li[ 



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6n VOYAGE LITTERAIRE. 

peint i frefque la cérémonie de l'année Sainte , faite i 
Rome en niii fept cens ^ par le cardinal de Bouillon doyen 
du facré coUqge & abbé de S. VVaft. Le refedoire oà 
les religieux mangent delà viande n*eftpas*n grand, n)ais 
il eft voûté & très-beau. C'eft une ancienne coutume du 
monafterc confervée par la tradition , qu'aux grâces , qui 
(e difent après le repas, les religieux prononcent ainfi ce 
Verfet. Di/perfit dédit pauperibus ^ ju/litia ejas manetimglo^ 
fia. Je ne parle pas du carillon , qui paÔe pour le plus 
agréable , quifoit dans les Pays-Ba^, ni de Torgue quieft 
toute dorée* 

Lés religieux de S. VVaft fe lèvent emtre onze heures 
Zl minuit^ |)our chanter matines , ils difent tous lesjours 
Toffice de la Vierge , chantent trois grandes mefles 6c 
quelquefois quatre . & célèbrent les divins myfteres avec 
beaucoup de gravité. Tous les jours le prieur , ou celui 
qui preude au chœur , ofirf à la meflè la matière du fa- 
crifice. Le jour de S* Jean nous aflîftâmes à Toffice^nous 

Î^ remarquâmes quelques cérémonies particulières ^ que 
es perfonnes zélées pour les anciens rites feront bien ai- 
fes de trouver ici. Le célébrant va à l^autel précédé de 
deux prêtres feculiers en furjplis , qui portent des maC 
fes ^ & qui le ramènent de même manière. Les Acolythes 
tiennent leurs chandeliers prefque durant toute la meflè. 
Ils les depofent néanmoins au Kyrie fur un marbre , qui 
eft devant le grand candélabre. Alors ils vont â Tautel 
préparer la matière dufacrifice, les hofties pour ceux qui 
doivent communier^ & verlent du vin dans le calice ^ qu'ils 
portent enfuîte derrière l'autel Ce font eux qui chan« 
tent le graduel avec le thuriféraire. L'évangile fe chante 
au candélabre. Avant le Pater le diacre & le fous^diacre 
font à genoux , aufli-bien qu^au Domine. mn fum dirtius. Les 
religieux qui neibnt pas prêtres communient à la meflè ^ 
fie vont faire leurs aâions de grâces derrière le erandau- 
tel au tombeau de S. VVaft , où ils demeurent jufqu'à la 
fin de la meflè. Le diacre chante Vl ternira efi à coté du 
célébrant & non au milieu de l'autel. Durant le carême 
on fait le mandaium tous les famedis aux^ religieux , & 



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VOYAGE LITTïSlAIRE €9 

tous les jours aux pauvres^ Lorfqu'^ua rieligiçux mçurt , le 
prieur rétole au col frappe la tablette dans le cloîtreavec 
un marteau. Quoique les rclî^^sat^dt S* VVaftnefolent 
pas^ gênez ^ ilsïbnt pourtant tort retirez ^ U fe pstfle des 
mois entiers fans en voir un.en ville , & il y en a qui feront 
fix mois lans fortir. Tous les jours les Quatre prieurs s*a(îi 
femblent après prime pour conférer de la dilciplinemo- 
naftique , &: au chapitre qui fe tient immçdiatemettt après^ 
on fmpofe pénitence à ceux qui fe trouvent en, faute, 
Avantle repas ils s'aflèmblent encore pour voir , fioii doit 
faire mifericorde à quelqu'un. 

L'abbaye de S. VVaft eft la plt^s iUuftre de tous lés 
f^ays-Bas ^ la plus puiàante, là plus riche & celle- qui a 
de plus grands privilèges. L'àbbé lorfqu'il efl: régulier^ eft 
nreiîdent d'une petite congrégation des exempts, compo- 
sée de fix abbayes des Pays-Bas^ S. VVaft , S. Bertin ^ 
S. Amand , S. Pierre de Gand , Lobbes , & Ehinam. En- 
fin S. VVaft a été de tout tems un feminaire d'hommes 
illuftres, qui a donné â Teglifè plufieurs evêques , & i 
Tordre monaftique un grand nombre d'abbez. Nousra- 
|M>rterons ici ceux qui font tombez entre nos mains , car 
il feroit difficile de les rapporter tous. ' ' 

LES PERSONNES ILLUSTRES QUI SONT 

iOE.TI£$ Dfi S. VVaST POUH GOUVfiaNEJl 
P'AUTKBS MONASTERES. 

L £ DU i N uis établit la difcipline monaftique au rao* 
naftere de Marchienne Tan 1024. Il y mena une colonie 
de (es religieux, pour prendre la place des religieufes^ 
qu'on en avoit expuliées. Il gouverna le monaftere neuf 
ans ^ au bout defquels il fê démit , & fe retira àfon pre- 
mier monaftere. 

A L B E n I c fut abbé de Marchienne quinze ans & moi^ 
rut en 1048. 

S. Po p p o N abbé de S. VVaft le fut auffi de Mar* 
chienne , mais très-peu de tems ^ car on nç lui donne qu'un 
iiioistle;gouveriiement« 



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70 VOYAGE LItTEKAikÊ. 

G w Y abbé <dt Marthtenmdiirâût vîiigtans itiourat l*àtt 
1068. 

A L A n t) sX>bi de Mârtthtefthe<tetedc Tân 1091. 

RiChAlD abbé de S. Vàaft rétablit la d!fci|)Ime 
.régulière au rtonaftere de Lobbès , que llndîgtie Ingo- 
brand âvoit rutnée l'an ioio. Il a été auffiabbéde Florine 
félon Balderic ^hfcn. Càmor. /. 3. Mp. i%^ 
. -GuiLLAtTMï CAOLiÊk ftligieux de S. Vaaft 
fut premièrement abbé de S. Qefai'd ^ &éhfuitede tob- 
bes , i] mourut Tah 1^50. 

Le monaftere de (aint Martin de Tournày à eu pour 
abbé J A c Qjj E 5 M A K qja a i s prieur dé S- Vaaft. ^ 

Jean leGlërc religieux & prieur dfe S. Vaaft à 
été abbé de Blangi. Ott dit que ce mdhaftere a eu encore 
pour abbé un autre religieux de Sv Vâaft , dont nous ne ftça^ 
Yons pas lenom. . 

Joseph Got Oî<kè abbé^é Biâttgient^3^. 

Jean prieut de S- Vaaft a gbuvei-hé le mbrtaftelre dé 
Hunecouf. 

PiiitKERicHAiLtodï quitta Tofficede fouprieut 
de S. Vaaft pour prendre la conduite de l'abbaye d'Épter- 
naciéoy. 

Antoine de GEMiECOUKa été abbé de Éûnt 
André du Château Cambréfi. 

Jean Fachin abbé de S. Jean de Terouenne.^ 

Jean de Cavekbl fouprieur àé S. Vaaft abbé 
de Gembloux. 

Philippe Clc^eMai^ ntonrut en i6ij. abbé de 
Gembibùx. 

H A Y M E n Y rciigieux fçlvârit de S. Vaaft fut fait ab^^ 
hé d*Anchin l'an 1089. 

Alphonse Dokesmibux abbé de Favernay ea 
Franche- Comté 1608. 

' GoDEFKOY Lbmens abbé d*Ulierbec près de 
Louvain. 

V A UE T I E R abbé d^ÊJbinam' vers Tàn 1067. 

Simon VV a k l u t e l abbé de Ehinam^ 

Jean de Vilheks abbé de S. Lucien deBeau-i^ 
vais. 



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VOYA<5E LITTERAIRE. 71 

Adrien deHararci abbé d'Ancoult de Tor* 

4re de S. AuguftiiL 
Jean VVarluzel abbé du Mont S. Quentin 

en 1474. . ^ 

Simon dïl Warluzel abbé de S. Adrien de 

Grardmonc. 

Jérôme d>e M o n c u eau x . abbq ,4^ ,S. Adrien 

deG^ardmoat, 

. N. abb44*Hafiion, . . " \ . 

Claude Louvel abbc de S. Crefpin en 1^13. 
Philippe D e r g m! e s premiei: abbé de S, Sau* 

y e près de Yalencienne. , ^ ; , . i 

î E A N D ' E N Q H i c i EN ^bbc^d^AjidcjmboiV'g i^^f -, 
François Bav ç A ut af)bé die S/Sepulcrei . ,. 
Claude HaCcart abbé de S. Sépulcre: 
Claude Lawnin pommé à rabba,yje d'Audena; 

E ve;squës tirç^; b'E $.: y^^^^^^ ; \ 

S. Hadulfe abbé de S, Vafift ôceyêque d*Arra&^ 
D o D I L o n evêque d'Àî'P?;^* 

J.e:^n; S.ab^R;AvZik ax]c|^pv:êque.'dç Cambray*, . ^ 
FRAi^W ARVî/s evéqué de Noyop. , 

Jean le Fevre evêque de Chartres en 1380. 
S.YiQOf^ ev§<ïiie de^^^ayç^xx^, . ., , . * 

, La ville (fc^rras^i^vqc} w^nmî^^A^^^^ ^^ité.bitie 
(m le fond & dQW^ine de l*al^aye^ qjij jQU|it,de.,tpusles 
droit? royaux , entrç ^utre de celui de niain-moxtç ^ qui 
^eût qu'aucun joeptfjifleire ijij^ierni e/ît;rer.diwv les or-, 
4res fans le coATçntenje;!)^ de.jJajbbeViÇf J^Q^,payér,cer 

. tains. droit?,. '. ,' . ^ /, . ...^ r.V;./' i- ' y •'> .. . - 

L^l^ouze échevin$ de ta vijlé viennent tou$ les aas 

après leur éledion dans Teglifè de la Madelaine,.quie{t^ 

delajurifdidion de Tabbaye, où ils jurent en prefence 

du grand Prévôt, de$ barons^ ^boni^nes de fief fie de toius 



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s 



VOYAGE LITTERAIRE. 

es officiers de Fabbaye de gatrder les droits du Roy 8c 
de l'abbaye , & donnejit utiç pièce d'argent pour marque^' 
de leutibumiffion. ' 

L*abbaye joijit du droit de Tonlieu ^ qui fe perçoit fur 
toutes les marchandîfes qui fe vendent & débitent dans 
la ville. La police lui appartient & la connoiffance des 
poids & meiurcs, les droits detrarifage & mefurages de. 
lel^ les droits de rouage , timonnaee dans toute la villcr 
& banlieue» les droits des flots & flegars, bargagnes & 
boutures , enforte qu'on ne peut avoir de pas fur les rues » 
faire des avances » menre des enfdgnes & auvans ( ce qu'on, 
appelle i Paris dro.it du gfand voyer) ni édifier des mou- 
lins ,, crejufèr des puits & faire de nouveaux ouvrages» 
fans la jpermiffioh de Pabbaye , & fans payer les droits pour 
cedû^. 

On ne peut bâtir dans la ville aucune eglife » chapel- 
le, ou oratoire, fans fa permiffion, & fans payer larecoir- 
noiflancc. Llinfcription de la pyramide du petit marche 
d*Arras le marque expreflcment; j4nn^ Èùtmnic^ incarna^ 
tiûnif M. c G. fyramis. trtBé efi in fundo S. Vtdajli fey con^ 
ftnfum aibatis & cafituHyfint quorum confenfi^ , net aharc 
hic foteft erip ^ nec divine ctkh^r^ » «^^ àlindifcri. 

L'abbé dé S. VVâaft précède dans les aflcmblées géné- 
rales dés états d'Artois ^ tous lès abbex & chapitres de la 
province , & fuit immédiatement les evêques d*Arras &de 
S^ Orner; ^ \ 

Durant le temsqueilous étions a S. VVaaft , nous crû- 
mes qu'il étoitdç notre devoir ^ d'aller rendre nos très- 
humbles rt^éA^ à" mohfogneur Pevéque d'Arras. Mon* 
/îéurlé grand prieur nous donna Ion caroflè, &mon(ieur 
fe tiers prieur nous y accompagna. Nous trouvâmes un ve-» 
nerable vieillard oâiogepajre, 11 nous reçut avec cette 
bonté , (Juîxeft naturelle à tous fcs^ bons evcques, H nous 
témoigna, qu'il fouhaittetpitque^nous ne/uffioris jpasdanr 
Ji peinie de le" venir voir diins fon diocefe, mais cie nousy^ 
voir établis. 

Nous vîmes enfuite la cathédrale oui eft grande 8c três- 
b^Ile, le chœur fur tout felWcrôli^efonti incomparables. 



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! 

VOYAGE LITTERAIRE. 73 

& il ne fe peut rien ajouter à la delicatefle des piliers qui 
|) foutiennent ce fuperbe édifice. La nef & le tour des cha^ 

pelles ne repondent point tout à fait à cette magnificen- 
ce. Le pavé du choeur paroît auifi ancien quercgliie, qui 
peuf bien avoir été bâtie dans le teins de la feparation 
de revêché d'Arras d'avec celui de Cambray. Ileftcom- 

Ï>ofé de grandes pierres dures , fur lefquciles l'hiftoire de 
a Geneië eft reprcfentée en bofle, travail admirable qui 
s'eft confervé juliqu'à nos jours , & qui apparemment du- 
rera encore long.tems. Au defliis du chœur on voit lei 
tombeaux deplufieurs evêques, tant anciens que moder-. 
nQs. Celui de Lambert qui gouverna le premier Tcglifè 
d'Arras après le rétablillement de Tevêché^eft dans la croi- 
fée du côté du feptentrion contre la muraille du chœur , le 
caradere de fon épitaphe paroît très, ancien, mais le tra- 
vail du tombeau, & lur tout la figure de l'evêque nous 

aparuplus Inoderne. Dans la croifée du midi eft gravée 
fur ' - . . . * ....... 




roît par le catadere. On y a joint une fentence rendue 
fous le règne de Louis XL qui maintient les chanoines 
dans leur pofTeffion, 

Je ne parle pas du threfor qui eft très-riche. Il y à 
trois belles croix enrichies de pierres précieufes & ornées 
d'un très ^ beau filagrame , une croue magnifique , fix 
grandes figures d'apôtres d'argent, qu'on met fur Tau* 
tel les grandes fêtes ,une fainte épine dans une croix d'or , 
donnée par le cardinal de Granvel , & plufieurs autres 
reliquaires. Les ornemens font encore plus magnifiques. 
Celui qui vient de la chapelle d'Henry V 1 1 L roi d'An^ 
gleterre, eft d'un fort beau drap d'or, relevé en brode- 
rie plate & très- fine. 11 y a des cartouches qu'on peut re. 
garder comme des chef-d'œuvres. Ce parement fèrt le 
jour de la Pentecôte. Celui du jour de Pâques eft d'un au- 
tre goût , & au moins auflî magnifique. C*eft une riche 
tapillerie très- fine ^ tifïuë partie d'or, partie de fbye & 
de laine fine ^ dont les couleurs font tjrès. vives. Cet oiu 

K 



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74 VOYAGE LITTERAIRE 

vrage peut avoir trois cens ans. TousnosmyfteresyfbnÉ 
reprcfentez , & je n*ai rien vu de plus beau en ce genre^ 
On nous montra encore d'anciens ornemens rouges, qui 
fervent depuis le dimanche de la Paffion jufqu'au vendre- 
di Saint , & d'anciennes chappes d'un travail exquis , qui 
fervent à ceux qui iifent les prophéties. 

Il y a dans le chapitre d' Arj::as quarante chanoines , $c 
plus de cinquante chapelains. De ces quarante chanoir 
lies , il y en a au moins vingt doâeurs &c plus de trente 
occupez dans les exercices de la confeflîon , & qui tous 
les ans font des miffions. Monfîeur Ji'îtbbc Blondin doc. 
teur de la faculté de Paris , habile prédicateur , .& très- 
verfé dans les antiquitez de fon egUfc, nous fit voir U 
bibliothèque , dont les principaux n^anufcrits font les ^c^ 
tes ou Thifteire de la reftauration de l'evêchc , la chro^ 
nique de Balderiç écrite de fon tems ( ce pourroit bien 
être l'original ) de très- belles bibles , uti tr^-beau Jofeph, 
plufieurs ouvrages de S. Augullin, unTerence&c. On y 
confervoit encore autrefois le^ ades du concile de Bafle 
en fix volumes in folio , écrits de la main de Pierre Bru. 
neti chanoine d^ Arras ^ qui aâifta au concile , mais mon* 
fieur le cardinal de Richelieu les enleva pour les depofer 
dans la bibliothèque de Sorbonne , .& en fit faire une 
copie reliée très.proiMrement ^ qu'il envoya à Arras. 

Une des grandes dévotions d'Arras, eft celle qu'on a 
pour la fainte Chandelle. C'eft un gros cierge qu'on pré- 
tend avoir été apporté au Veneraï>le eveque Lambert 
par la fainte Vierge pour guérir ceux qvii Soient frappez 
du feu infernal. Le plus authentique monument quf^on en 
ait , eft un ancien tableau près du tombeau de cet evêque ^ 
où l'on voit deux anges dont l'un tient une chandelle, & 
l'autre prefente à boire à un malade une liqueur ^ dans la- 
quelle on avoit répandu quelques goûtes de cette chan- 
delle. Onl^allume tous les ans pendant un certain tems ^ 
& on prétend atfelle ne diminue point. Elle fe conferve 
dans une ^chapelle au milieu du petit marché ^ jSc on ^n 
donne tDu<s Icsans la^garde à trois boui^eois delavill^^ 
qui ont chacun une ickfd^rence/ .- ' - ' 



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> 



VOYAGE LITTERAIRE. 7^ 

Nous^ reftâmes neuf ou dix jours à Arras, durant hC 
quels nous fumes comblez des bienfaits de monfieur le 
grand prieur & des religieux de faint Vaaft; Gomme nous 
iortions 4u monaftere, on nous fit remarquer une croix à 
quarante ou cinquante pas au-delà, & on nous dit que S. 
Bernard étant venu à Arras, /arrêta en cet endroit , & * 
ne voulut pas entrer au monaftere vpar<îe que Tabbé & 
les religieux lui avoient refufé uniieu de leur dependan-^ 
ce, qu'il demandoit pour y bâtir une abbayiede fon or- 
dre. On dit que c^eftle lieu où eft aujourd'hui la prevôtd 
de S. Michel, qui eft aflez agréable. 

Nous partîmes d*Arras le jour de la Vifîtationpoui'al- MoncS.fitoj 
1er au Mont S. Eloy , illuftre abbaye,dê Tordre de faint 
Auguftin , fituée fur une petite élévation à deux lieties de 
la ville. L'abbé qui s'eft acquis beaucoup de réputa- 
tion dans le monde, n*y étoit pas, mais les religieux en 
fon abfènce nous témoignèrent toute la cordialité pofîî- 
ble. Ils font habillez de violet^ ce qui eft finguHeri leur 
maifbn. Car les autres chanoines réguliers font commu- 
ncment habillez de blanc ou de noii*. Leur egJife n'eft 

i)as achevée , mais ce qui eft bâti éft trèslbeau , fir tout 
e faaûuaire. On y conferve le corps de S. Vindicicn & 
quelques autres reliques richement; enchaflees. Il y a dans 
la bibliothèque un aflèz bon nombre de manufcrits , preil. 
que tous ouvrages des peres^dont les principaux font ley 
lettres de S. Cyprien , celks de S. Bernard ^ plu/îeurs ouw^ 
vrages de S. Aupftin & de S. Jei'ôme. Nous les vlmes^ 
tous devant le dmé , & aprèsle repa^on nous fit voir l'en- 
clos qui eft très-beau, fur toutk terrafle , d'où Fon dé- 
couvre une erande étendue de pays^ Le puits qui cftdans^ 
la cour, &d*où l'^eau fè communique par toute la mai- 
fon, eft une choie des plus curieuœs qu*on puifle voir erï 
ee genre. 

Nons parties le même jour pour Doûây , où nous ar. DoSay. 
xivâmes fur lesfept heures. Nousfômes delcendreaucoL 
lege de S. Vaaft, où inonfieur Je prefîdent & tous les rel 
ligieux qui y demeurent nous reçurent avec toute l'amie 
tié q,ue nous pouvions defirer. Le collège n'cft pas icule- 

Ki> 



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7^ VOYAGE LIITTERAIRE. 

ment magnifique pour les bârimens , il eft encore le plus 
fameux de runiverfîté. Onyfaitprofeffion d*y enfeigner 
la dodrine de S. Thomas , qui eft la plus fure & la plus 
folide de Tccole. Il y a huit regens, dont quatre enfeignent 
la philofophie , un la dialedique & trois la théologie y 
tous religieux de S. Vaaft. Il y a ordinairement quatre cens 
écoliers & quatre. vingt pen(îonn>ires, qu'on élevé avec un 
très-grand foin dans la pieté & dans les fciences. Ce col- 
lège donne un grand luftre i Tabbaye de S. Vaaft, &lui 
fournit d*cxcellens fujets. L*eglife du collège fert auiE aujç 
Benedidins Anglois , qui ont trente penfionnaires. Leur 
maifoneft aflèz bellç,&leur bibliothèque allez bonne, nous 
n'y vîmes pour tout manufcrits qu*un pfeautier qui n'eft 
recommandable que par (es vignettes. Il y a à U tête unç 

{>etite chronique des rois d^Angleterre. Nous afliftâmei 
e dimanche à*lamefle conventuelle, qui fe chante avec 
beaucoup de majefté , & quelqu'inftance que nous firent 
les religieux de refter , qojis partipies après dîné pour An-, 
çhin. ' 

Aachin. Quoique Tabbayie d* Anchin ne foit pas fort ancienne , 
& oue ks commencemens ayent été très-fimplçs , elle ne 
laiue pas d'çtre une des plus forces , des plus riches , & des 
plus iîluftres des Pays-gas. EHç doit fon origine à deux 
eentilshommes , qui dégoûtez des vanitez du monde , fç 
j^tirerent dans cette follitude , où ils fe bâtirent des cel- 
Iules de branches d'arbre. Leur vie /ainte leur attira des 
difciples, qui Couchez des exemples de leur vertus, fejoi#' 
gnirent i eux, &infenfîblement formèrent une commur 
nauté 4e religieux, qui viyoient daps une grande pauvre- 
té. Ils appelîerent IçurmonaftereAnchin , en latin ^^«z- 
cinBum , parce que de tous cotez il eft environné d'eaux , 
oui néanmoins ne le rendent pas mal fain. Cela duraainft 
fous les quatre premiers abbez , mais le nombre des re- 
ligieux s'étant beaucoup augmenté fous le gouvernement 
de S. Gofvin , il fallut bâtir des édifices plus étendus & 
plus fpatieux. Les grandes vertus de ce Saint, ôffafa- 
Çe conduite le firent admirçr, on vint à lui de toutes parts , 
les donations fe multiplièrent , & depuis ce tems là le mo^ 
uaftere dçvint un des plus augufte de l'ordre. 



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I ,* f 



I \ 



\l ^ VOVAGE LITTERAIRE. 77, 

I ' En eflfet lorfqu'on entre à Anchîn , on eft d*aborcl frap- 

■ Jy^ pé de la grandeur de la maifon. La première chofc que 

ii nous y vîmes , fut Teglife , qui nous parut très- belle. Elle 

\ a trois cens cinquante-cinq pieds de longueur , quatre- 

vingt-trois de largeur , & autant de hauteur. Les décora- 
tions repondent à fa grandeur. La nef eft ornée de plu- 
fîeurs grands tableaux, qui font à chaque pilier. Le chœur 
eft majeftueux , & Tautel très-riche 5 le retable ^ oà nos 
principaux myfteres font reprefentez , eft de vermeil do- 
ré & orné de pierres precieuics. La croix qui a au moins 
fix pieds de hauteur eft d'argent, le tabernacle, qui félon 
la coutume de la plupart des eglifes des Pays-Bas , eft à . 
côté de Pautel, eft de marbre. Il eft fait en forme de py- 
ramide , qui s*éleve prefque jufqu'à la voûte , d'un très- 
grand travail. Tout le monde admire le faiht Sépulcre, 
qui eft dans le tour des chapelles , & qui repond au gr^nd 
autel. La figure qui reprelente la Magdelaine en pleurs 
eft ineftimable. Tous les religieux prêtres ont chacun leur 
autel, où ils difent la méfie ^ leurs orhemens & leur ca- 
lices. Ce qui n^empcche pas que la facriftie ne foit en- 
core fournie de plufîeurs brnemens très-riches pour les 
principales fêtes de Taniiée. On y montre une chàfublç de 
S.ThomasdeGantorbye, & une autre qui a été donnée 
par S.Louis. Le threforrepondoic autrefois à la grandeur 
de la maifon. Il y avoit plunêurs reliques fuperbement en- 
chaflees, mais ayanjc été transportées à Cambray dans un 
tems de guerre , monfleur de Balagny qui en étoit gou- 
verneur , & qui étoit de la religion prétendue reformée , 
s?empara de tous les reliquaires , fit fondre l'argent , & 
renvoya quelque tems après \ts reliques toutes confon- 
dues dans des facs de cuir , de forte qu*on n*ofe pas auti; 
jourd'hui les expofer^de crainte qu*il n*y ait mêlé d'au-, 
très ofTemens. On croit néanifioinsencoire y avoir un pied 
de S. Martin en chair & en os, ui^ relique de S. Agnès, 
& une de S. Clément. On nous montra une croflè dont le 
travail eft admirable. Trois mitres d-abbez qu'on ne peut 
jtflez eftimer. 

Le clokrtt eft le plus beau quie nous ayons vu ^ foit pour 



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l 



X VOYAGE LITTERAIRE. 

a longueur , fbit pour la largeur , foit pour les décora:- 
tions. Ileft vitré ielon la coutume des Pays-Bas, & le^ 
vitres font peintes du côte de Teglifè ^ mais avec des cou- 
leurs trcs-vives. Les douze playes d'Egypte SclepaiTagc 
de la mer rouge y font reprefentex. On y admire lur tout 
un portrait de Pharaon, que les plus habiles peintres ef-^ 
timent tant , qu'ils croyent qu'on ne pourroit le paye» 

3uand on le couvrîroit de louis d'or. Dans les muraille» 
y a des eofonœmeas où la pailion de notre Seigneur eil 
repreièntce avec un travail immeniè. L'ancien refedoire^ 

3ui ne fêrt plus aujourd'hui , fait juger par fa grandeur 
u nombre de religieux qu'il y avoir autrefois à Anchin.^ 
Il y a trois dortoirs , un pour les religieux prêtres , un 

J)our2 les jeunes, & un pour les domeftiques y la nuit ott 
es ferme tous à clef. Dans le premier dortoir il y a un 
puitsjoù Iqs^ religieux vont fe laver les mains avant que 
d'aller i Teglife. lia cela de iln^ulier que quoy qu'il ùnt 
tout proche de l^eglile^ i'«ui neanrtiôins monte plus haut 
que n'eft le pave de l'eglife. La bibliothèque eft exceL 
lente, & une des meilleures qui foir dans les Pays-Bas. 
Les grands hommes qyi ont fleuri à Anchia n'ont pas peu 
contribué à larendreTOnne. Dans le fiodepaflë Francis? 
de Bar & Jean Defpierres tous deux grands prieurs du 
monaftere ^ fe font rendus recommandablespar leurs ou^ 
vrages> Le dernier fur tout paflbit pour le plus habile 
mathématicien defoa tems. Mais les plus grandes richef^ 
fes de cette bibliothèque, cocUîftent principalement dans 
lç$ manufcrits: en quoi il y a très-peu de bibliothèque en 
province qui lui (oient comparables. Il y a peu de Pères 
latins^ dont on ne trouve quelques ouvrages , comme de 
S. Hilaire ^ de S. Ambroife , de S. Hierôme , de S. Auguf- 
tin , de S. Grégoire > de Gaffiw^ d'Aleuin , deRupert , de 
S. Bernard^ de S^ Pierre le Vénérable , d'Hildebert , de 
Hu^ies de S. Yiâot y j^jtiçpLth pas de l'introduaion à 
k théologie de Pierre Ab:;*illard, des ouvrages d'Aelre- 
de, des fermons d^Odd^ moine de Cantorberie écrits il y 
a plus de cinq cens ans. Mais ceœc qui m'ont paru Iq^ 
pjus beaux ce font les kcçfes.d&PiecrB le Vénérable, & 



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VOYAGE LITTERAIRE.; jr. 

tous les ouvrages de S. Bernard écrits ?ers fou tems en 
trois grands volumes in folio avec un foin très-particu- 
lier. Je n'ay j'amais rien vu de plus beau en ce genre. Je 
les parcourus avec grande attention, & j'y fis fur les let- 
tres quelques remarques que nous avons rapportées dans 
le premier tome de notre nouvelle coUedion. 

Le fixiéme livre de k vie & des miracles de S. Bernard 
qui eft dédié i Samfoii archevêque de Reims dans le^^ 
icditions Se dans la plupart des manufcrits ^ eft dédié danji 
le manufcrit d'Anchin à Henri frère du roi de France re^ 
ligieux de Clairyaux jtvec cette infcription. Mpj^^laHe^ 

p$^ CUrnxallenfem manacbmm. Jibi ipecialiter deâinânduoji^ 
C'eft la kttre jque lesxeligieux de Clairvaux , qui accom* 
pagnoie^t S. Bernard en Allemagne, écrivirent à Henry 
Jrere du Roy , qui n'étoit encore que novice ^ & que aous^ 
j^vons imprimée au premer tome de nos Anecdotes. 

JBntre les plus^uriâux'manuicrics de Tabbayie A'kt^ 
cbin on doit mettre un recueil d£ pluûeurs pièces qui re» 
^rdejjt le cqncilede Baile. On y trouve plufieurs lettre» 
écrites au o«ncile , pluikucs tt^^ iaks colttre ks^icseuug 
desBoln^mi^m^parmi deiiq^l^ ûn'<fcn >t»roiwe Ufi de j&xo^ 
ine de Prague, i^âvantCamaldule, dédié au prieur de U 
..Chartreu& deBaiâe iiommë^Albftrt, uavolumé «nâerde 
difcour; prononcez au concile avec les noms & qualiteoL 
As iotvsi. quiks H:)ot;prà^té:^ (^oh tie âr^peatTiMxe pas 
ifâché de voir ici . . ^ > 



reM IV. in Céfite junii )fér /rJttrim Lup«md« ^Gjddû 
.n^^fimm in ^heélâpm ^Jk ^nntivk .IfinmHicatmÊm ^^tmkaSUto- 
mm régis Cafielle^^âùMX9tmiàêMnfikaf i^. 

^ritawdaerdinisCifitfcienfis. *^ ^ x 

.iMartmttm "StesmxsaàâiindmaàMdefia ffiM9vm«Q& ^imv^ciif^ 
Bafil. 1434. . X ' ; . J 

\,ltafennltim44n$i ddventtm D^mini. 



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ro^ VÔYAtîE LITTERAIRE. 

' Bâniinica II.adventusfirmagifi7'Bm]o. de Ragufîo ordinis 
fratfum Pradkatorum. 

Dominée a IV. adventns fer map^rnm Guillelmum 
Evrardi ambaffzat9rtm univerfitatis Parifienjis. 
^ In circumcifione Domini per quemdam doHorem de ordine 
Cifiercienfi Leodienfis dhcefis. 

Fena IV. in eafite Jejunii fer fratrem Guillelmum Jofl 
fc^nmQ de ordine Minûrmm de ohferuantia. 

SermofronunciaîMSferdominum PA^YiOXiiwva frothonotarium^ 
nefotem domini cardinalis S. Bufiaeii ^ amba//îatoris reps 
CaftelLe Domine fi vis potes me mundare. 

Sermo inàffumftione B. Mafia Virginis fermagifimm -^Egî* 
dium Car 1er ii Bafilea faBus. 

Sermo fuHus fer quemdam mapfifum ordinis Minornm in die 
S. Dominici faiins. 

IrirdieS, Francifri fer frovinciahm Zombardia oreUnis Pra^ 
diCéitornm. 

CoUatiê fdtia Domifried II. mdvenius é* die S. Nicolai 
fer frovincialem Praruia ordinis Pradiestorurru ^ 

In die S. Michaelis fer tnagifirum Jo. de Polemar andi- 
torem domini Juliani cardinalis S. jtngeli legati é*c. 

In die Vifitatiênis £. Mariée Virginisf et qnemdam doflo^ 
temord.CiJler^ . . 

In fefto afoftokrmn Pétri & Parai fer efifcofum ZeBo^ 
renfem. 

Dominical, in JTL.fer pta^ffintm Tlionam de Cour* 
cellis 1454. in concilie Bdfileenji. 

Dominica JCV. fofi. Pentecofien fermagiftmm Dionyfium 
oratorem univerÇtatis Parifieufs. 

Dominica J^care ]Qrmiûem fer quemdam do ff or om Pari^ 
fienfem nomine Thomam muionis OaUicaka. 

Sermo in dominica ZJi^JS'^fermagifirwnil^zxÛLdcx^ 
sage. 

Collath magifitk GuiddHis de Vercellis caàonici Meten- 
fs faBa dominica in.^.... Eftote mûcatores Dei ficuc filii 
Cariffimi. Ad Efhefios V. 
- CoUatUfaBa inCinsDimktifèrmfSffirnm Ludpricum 



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r ^ 



VOYAGE LITTERAIRE. 8i 

«le Piramo minifinm povincia S. Anttnii de Paima incon. 
eilit £afileenfi frommcUta amo 1434. 

CoUatio faHa fer fratrem Nicokum «rdinis Pradieato. 
nm cvmtentus Divienenfis damiaica I. JCL.in tmciliv^ Ba. 
fUenfi. 

€olUti0faBa pernugiftrtm Martinum Berruerii incên- 
■ eilioSafiUenfiin daminicaikfaMone. 

CoBatio faiia prmay.ftrum Thômam de Courcellis in 
die S. Auyifiini, 

C^Uatiofaiia fer frionm S. Seniffti DMonenfis dominica 
^Mcantatur Laetare Jerufalem 1433. 

Bominica III. fofi. eB. Pafcha pet fratrem Nicolatem. 

Bominita IV,ta adventu Bommi fer frtvincialem An- 
pia ordinis Carmelitarum. 

Bominiéa III. inadventu, 

Beminica m feftnaitfivM ferquemdam magifirum inThevi 
Upa de Ltmbardia ordinis Angufiinenfism. 
Bominica foB afienfionem Bomini, 
Per \mapfr*m yïorvjmxaa: dePraga<//ir Quafimodo 

Per frevinciakm. Lomharek^ ordinis Carmelitanm in die 

oàjê^marmm Reverendi^mi fatris anhiefifeofi MedieUnenfis. 

Sermo tnfeftoafo^elorum Petrié-Pétnlifermaglfirum Gerarl 

ês\m^t^x)X.facraTheolopa frofejjorem anno mccccxxxw" 

in facro Concilia Bafleenfi 

PfêétUqualireformatione retire forum. 
In ^e S. Jeronymi fer D. Simonem de Valle^if ditioneV^e:. 
netormm, 

ColUtio faHaferBominMm efifiofumBynenfmin eondem^ 
nationemlibeUi Auytfiini de Roma. 

Sermo in die epifLtnia anno i^y&.'inpnerati Bdfit.eonciL 
féBns fer magi/hnm doBorem Muthxum ord. ftatmm Mil 
nonm, . .1 ■ . ' . '. 

jm^fe^o fînificutinàs B.Mari^permatifirum TÊeman* 
de Cotircellis. ,[- 

Sermo. ejufdem in fefo^^ BenediBl fkBtts SaSUa-mno Bou. 
mini ii.^6» 

CtUéfth faBa fct magififum de Courcellis m exe^eûh di^i- 

h 



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îi VOYAGE LITTERAIRE- 

mini Mrchiepifcapi Kothùm. penuhims an^ftianm^ 145^. 

In annwntiatione P^irginis Mari^ pjtr nugr^rmm de Ni* 
gromonre frêvinciaUm Zomharéia ûriini$ Pr^dicatùrmm. 

De S. Stffk^nâ pr mag. M0. de ^oïcvataonditorem dê^ 
mini S Angeli cardinalis. 

Domifii^a ppfi nativitanm &die ImocntiMmfermdgiftnm 
Ra, de Porta. 

Dêminicd III. in JTZ. ftr Mdtem dt Mulenimma. 
Die emninm fanBorum fer decannm de Salceya. 
^InannumiatieneglùTiêféC Maria Virginisfermdgiftfem Jo* 
hannem de Rouvay. 

Pet magiânm ScoJe dûminicaim JCL. 
Sermê fdhus fer quemdam dêHêrtm 9râ. CifiiH. dhcef. 
Zeodienfs. 

Permagi^rum Jo.de lAonulAtxûsdênUnica Ijctarc; 
Per magij^rum Jo. de Tongrelot efd. Pnemêr^Mt. 
In die conceptionis P^irginis MAKiJEferdêmifimm efifc^Cét^ 
valicenfem in concilie Bafttenfi. 

'Deminicafofi efifhaniéÊmferfratriml^icol^xaa de^rdine 
Pradicatorum. 

Exhertatio atchidiaconi de Scotia fro libertate ecdefiafiica. 
In die omnium fanB^rmm fer frovinciaUm Avenimunjtm êr^ 
àinU Carmelitatum. 

uni. • 

In fefto apofi. Simonis & Judue perfratrém Henricum Kal- 
tifen ord. Pr/edicatorum fêcra TneoL frofefiorem ae freiviia^ 
tis h/ereticainqnifitorem 1454* 

Seqmitur epifiola Jejn-Chrifii tran/mijfa in concilio Saf^ 
leenfi imaginarie compiUta , mt fairwn emoliianimr cèrdé. 

Il eft furprenanc que dans une bibliothèque auffi com- 
plète y que celle d* Anchin y on trouve fi peu de ma« 
nufcrits des conciles, &fi peu des hiftoriens. Il y a ap« 
pwenqe.que les maoufcrits de ces maderes^^ont été enle- 
vez par dQs curieux , qui s'en feront rendus maîtres parla 
facilité de que^ques abbez. On ne laifTe pas. pourtant d'y 
trouver encore quelques hiftoriens, quoyqu'en très*petic 
uomlM^. Naus«.y^avz>ns^ vu unttès-beau Joféph des Aatu 



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yOYAGE I.ITTERAIRJE. 8f 

qmtez Judaïques. La vie de Charlemagne écrite par Egi- 
uzxdy riiiftoÂre des Normands par Dixddtt, la vie.de &iai 
Liecbert avec Thiftoiie des monafteres du diocefe dç Cam- 
bray. La vie de S. Gofviivabbé d!AnckiB , la chronique de 
Sigebert avec fa continuation par un religieux d'Anchin. 
C^iï l^ jém^tiarium À^iiùcinïien^a dannë au public par Au- 
bère Mirée , mais fi tronqué qu'on eft furpris ^ qu'un hom- 
me auffi habile que Miré^^yait fait tant de retranche- 
ment, fans en avertir les ledeurs. On ne peut pas même 
deviner les raifonsqui Tont porté à tronquerainfi cet ou- 
vrage. Nous en rapporterons ici deux exemples. Sur i'an 
iiji. l'auteur dit : LtulavûMS rex Prancorum ccnfilio dormi 
Bemàrdi ahbatisClarevallis A^neràernuxorem fu4ùn refndia-^ 
vit ^c. \è qui eft très-remarquable. Car juiqu'à prefeni; 
on a ignore que le roi eût répudié fa femme par le con, 
feil de S. Bernard. On s'eft contenté de dire qu'il s'étoit 
ïeparé d'elle, parce qu'elle étôit fa parente. Sur Tan 1181. 
l'auteur dit: ÀUxander papa fenex & flenus diemm ^ vice^ 
fimo ferme abnjrhemilliario in quad^^n Romane ecde^a pofj 
feffîoné diem claufit ultimum. Cujus ohitu quidam infifient es 
Kemani audito , et non , ut debuetunt^ obviam , cum adurbem 
defeftetur , venerunt ; é" ^i maiedicentes ^ luto etiam ^ Upi-^ 
dibus lefhcam in qua p^rtahatur lét^ffid^ntes ^ vix eum in pa^ 
triauhio Zateranmfi fepeliripefin^fmt.' On ne peut pa* 
simaginpr pourquoi Mirée a retranché ces faits de fon 
utufiuarium , fi ce n'eflr par Tif^tOt pour le faint Siège. 
Mais cela ne diminue en rien la gloire d'Alexandrte ï ÎE 
qui étoit un très-grand pape, cela fait ▼oirièùlemetkjufl 

3u'où les Romains portèrent leur infolence contre lui ,, 
ont on n^eft pas tout à fait furprfe , car on fçait qùlls 
ont été pltts d'une fois contraires è' leur* frvêqiie. Je ne 
dois pas oublier ici, qu'entre les manufcritsd^Anchin, nous 
trouvâmes une colledion des ftatuts de l'ordre de Cîreaux 
rédigez par ordre des matières l'an 135^. diiïerenre des 
autres colleaions qui font dans le A^^W4r//V^ deCîteaux. 
11 y a apparence que celhntaAùfirit ♦ient de l'abbaye de 
Fline ^ car on y lit a U fief ce qui fuit. 

Lij 



'DigitizedbyCïOOÇlC 



t4 VOYAGE HTTERAIRE. 

A L'EGLISE ET ABBAYEr^D E FLINES 

SONT GIST £T ENSEPULTUKES LES PEUSONNEÇ 
QJJ I S* ENSUIVENT. 

PREMIER. 

EnU chafelle S. AnHfoinegifinêiU dame Màuguerite 
fille du comte de Brienne y époufe monfeifflêur Thiehy de 
Beuke extraite des reixs de Cypre. 

En la chapelle de la Trinité pfi neble é" illnjlre prince 
Guillaume de Dâmpierke , frère de Guy comte de 
Flandres ^é* aupf es Rogier de Mortaigne chevalier 
fire, Defpiere fon chambellan. 

En Id chapelle de S. Hubert gifi noble é* vertueufe dame ma^ 
dame Mahaut comtefe de Flandres^ dame de Bethune ^ 
de Terremonde y femme à très^llufire prince G v Y comte de Flan^^ 
dres fondateur de céans. 

En la chapelle de S. Philippe (^ S. Jacaues ^ gifi trés4llufire 
^ très-noble dame madame Blanche fille au roi de Sicile ^ 
(^ femme au comte Robekt fils de Guy comte de Flandres. 

Devant le grand autel au cœur au Àactre citi gifi Jehan 
D5 Flandri A evique de Liège ^ fils de Guy c^mte deFlan^ 
dres fondateur de cette eglife. 

Et au cotèÇenefire devant ledit grand autel gifi Gui ll Aume 
dbFlandkia evèque de Cambray^ frère oMfurnomme] ehan 
evèque de Ziege. , . 

Ad dexterai» magni alcaris. ] .' 

Johannes^ de.Fl AND^iA epifcopus Zcodienfis filiut 
Gmdonis comitis Èlandrif hujuf eu^fiafitnJ^ 



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VOYAGE LITTÉRAIRË^^ gj 

Ad fioiftram. 

GuiLLELMUS DE Flandria efifcûpusCameraceufis 
Dominé efifcêfi "Liodienfis unfanffUnems. 

Lorfque nous arrivâmes a Ànchin la première per* 
fonne que noas rencontrâmes fut une chanoineflè regu^ 
liere^ qui oortoit une couronne de fleurs fur la tête , & 
comme cela nous furprit^ on nous dit qu'il y avoiteuce 
jour-là unej)remiere mefle au monaflrere, & qu'aux pre^ 
mieres mçfles le célébrant portoit une couronne de fletirs 
â Tautel ^ qu'il retenoit jnlqu'à Toffertoire , &^ qu'alors 
on Tenvoyok à la plus proche parente^ qui la poxtoic le 
refte de la journée.. Tous les jeudis les religieux d* Anchin 
chantent une.grandeiheflfedu S. Sacrement^ pendant la- 
qujsUe il eft expofé, A la finondonnclâbcneoidionôcon 
le reflèrre. Les dimanches les deux acolythes qui portent 
les chandeliers , chantent à la proceffion les litanies 
des Saints , qu'ils intecompent à la chapelle.de la Vierge j 
où Ton £^it une ftationi&r.oùl'on chanee.imf antiehne& 
une oraifan-de Notre <^ Dame : Us les icoqitimient dans 
le cloître ^ où l'on . fait une. féconde dation devant 
le crucifix , ôcon chante une antienne de la croix avec le 
Depnfunâii. De-là on entre dans l'eglife^ & on finit les lia 
]tani£;5 devanç T^utçl. Apdbsiyêpres on chante les litanies 
de la Vierge. A la meflfrlei^creenceD(feà;rpflfart 
célébrant, le chantre,& le foudiacrej le thuriféraire encen- 
(ç.le çhoeuf jBc donne à chaque.religieiix deuk coups d'en- 
cent. M^s lorfque le diacre tire les rideaux , il inter- 
rompt l'encenfement , & revient à l'autel. Alf iXJopfecta-^ 
tionle foudiacre &lesminiftres fè profternent , & tous les 
dimanches le diacre, le foodiicrt , &: les'religî^x qui ne 
font pas prêtres , communient, &reftentâ genoux jufqu'à 
la fin de la meflè. La veille de la fête dé la tranflation 
de notre Bienheureux Père S. Benoift nous afiîftâmes à 
vêpres. Monfieur le grand prieur ofificia. Il ëtoit revêtu 
en chappe, accompagné de deux religieux auflî revêtus en 



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chappes. Ils rcfterent durant tout Toffice affis près de Tau. 

tel. Là monfieur le grand prieur totonna la première ant- 

tienne, l'hymne & l'antienne de Magmficat. Les acolythes 

ga'allumerent leurs cierges qu'à la fin de vêpres , pour aller 

au /^tf/fr devant le célébrant. Tousle&}ours lorfque lesrelL 

gieux vont au refeûoire après l'office , ils s'arrêtent dans le 

cloître. Le fbnpiiieux àâx;£midûiuQc te&aocres répondent 

Bsus. \ls (ofkt la leâsue diofaiic la refbâdon , mats eo faveur 

des botes, ils rinterrompenc. Les novkesparlepc tx^ûjours 

latin entre eux & avec kur Pece ma)cr^ , Ûsne parlenc ja» 

mais à aucuaprêtre , & ne ibrtent point datnoBaftere ju^ 

ctt'ileiir praieffion. Quoyque les religieux d' Anchin ibient 

fournis à rê vêque , ils ont néanmoins une jurifdiâion corn* 

me epifcopale fur Gx paroifibs, répandues en divers dia» 

cefes. 

Nous reHiâmes dix jours à Anchin ^ comblez deshom 
sêtetez de monfieur le grand prieur &; àtê religieux. 
Comme nous nous difpoflons à prendre congé d'eux , il^ 
nous confeillerent d'aller voir les tombeaux des mefllenrs 
de l'Alaing^qui ont fait autrefois une aflèz^ grande figure 
dans les Pay^i-Bas» Il noos« firent môme tant d^inflances, 
^^^ nous ne pûmes nous en^dîfpeBfi^» Monfieur le grand 
prieur eût la. bonté de houë- dbnner deux tpligïeux qui 
BOUS accompagnèrent. Nousy vîmes quelques tombeaux 
qui ne font pas indiflbrens ^ nous les aurions deffiné fi 
nous avions eu le tems , mais nous primes au^ moins les 
cpitaphes que nous rai^rtêrojus i(». 

Entre la chapelle & Jean & le grand autel, fous une 
pyramide il y a une lame de cuivre rar laquelle eft gravée 
cette épitaphc* 

Cjrpfi hmh^ naUc é^pùffitU'pi^mf tMnfeifnemf Ckarles 
€0mi£dç ^Aéding ^ doyen d$s faits de Hainanpy firt dupais de 
Cotnais ^ harQn dâ. Condi^ de Mxintiffiyy de^ Wdnn^fenechalie 
FlandtCyfeipieutde BmûU^ Wafieh ^féineAlbin^ BfcauUines 

far feu de tréS'Multmemwe l^tmf ereur Charte f^. ^k royu^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. J7 

tbolique Philifft fécond ^fes princes naturels en tenrs plus gran- 
des & importantes àjjfdifes ^ tant defaix. que de guerres , étant 
dé leur chancre ^ cônjkil privé ^^ à^efiatychaief de leurs fi-^ 
nances ^ é* chevalier de leur irès.noUe ordre du toi ffn£of\ fut 

?ouvemeur premièrement des pays d*VtreÛ ^provifionel de HoU 
onde é* Ze lande ^ puis du duché de Luxembourg , & comte de 
Chiny ^ ^ finalenfieUt partâ bailly ^gouve^neur q^ capitaine gê- 
nerai de rlainault^ Camàrdy^ Çamhrejls yS*ét4nf.outre cele^ 
dit /eigneur Roy ^pendant fes conquêtes en France^ confié en luy 
du gouvernement gênerai ae tous les Pays-bas. Se trottvaaux 
guerres de Julieres , oà étani chief des chevaux Zegiers ^ k la 
journée de Zittart eut f on cheval occis foui lui i en celles de Lu- 
xembourg y oà rembarra la puijfante armée des François j en ceL 
les de Picardie ^ esquelles étant, capitaine gênerai de f armée 
Impériale , entra en pays £ ennemis sprint yervins é" Bohain ^ 
' & généralement en toutes les guerres de ces pays ^ esquelles étant 
capitaine JPune compagnie dfhemmes J^afmes des ordonnances j 
avec aultres honorables charges de gens de pieds ^ de cheval ^ 
s^efi toujours maintenu fl vallienment ^ prudixnment ^ q^e les \ 
" ennemis ne luy purent 0%^ donner ^ttaint , ny i aucuru, place 
dt importance k luy commifes. TMitta Us nytriag^s dtidit feigneur 
fon Roy à danse Matie reine d^ jtngleterre ^ France (i; Irlan- 
de : pourparla , conclud & jura au nom de t empereur es mains ^ 
de Henry fécond roy de France la trouve feptennaOt ^ (^ s^enu 
ployakt an tfàfttèé^ Cfntlujlofide ta pàîx^ntvéffelU dé chref 
tiertneté , félon fa charge fut en cette trés-fainte (^ irèsJûSablé 
emfrije appelle de ce monde i la paix é terne Se. Epoufa en pre- 
mière noce dame Marguerite de Croy\ dame de Vvdvrin^ des, 
ChauUhes ^fiUe au prince de ChiirSay^f qui fous mefme lamme 
luy eft eruërtscémpa^ie^aïtenddniUrifuneBion) de laquelle 
en vingt-deux ans qnUls fitrent conjoints ^ de douze et^ans n^en 
a laifie qrtun fiOrvivant^ Philippe comte de PAÎaing , qui en 
pieufe mémoire de fes^ tréS'^noblesproffniteun leur a fait dreffer 
cette fefûlture.' Depuis eut à femme dame ^ariie de Montmo- 
rency y de laquelle a laiffé deux fils é* une file. Trepajfa ledit 
/eigneur en ta Villr de S)tuxèlle rt xxi. de itoveinbre md. 

L V I r I. ayant vècn tu. ans mois jours. Et ladite 

dame fi^enHifexompapu le^deàxiénie' de Jnillette. mdxlV 



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U VOYAGE LITTERAIRE. 

Devant la chapelle de S- Jean . 

Cygijl mtpiîé Philifft , cemti de PAl^ing, , doyen des faits 
de Hâynault yfenechai de flandtes , Jire du pays d^EfcornaiXy 
baron de Vvaufin , f eut de S. Albin en DoUay ^ é" gouverneur^ 
capitaine générât ^ d^ grand bailly duditf^s é* comté de Hat- 
nault -gouverneur de FaleneienTie ; grand iailly des boisaudii 
Haynauh;ét du (fon^eitJtétat de fa Majefii catholique^ qui tre4 
fajfaleijàur^e May l^ii. et dame Jlfargueritié de Èigne^ dite 
cP^remberghe^ /a compagne^ qui trepajffa le xxiiii Jour du mois 
de Février 1611. pries^^ Dieu pour leurs âmes. 

« * • Du côte de l*^epitre. 

Chy gifi hault ^ nobles homes monfeigneur Otte ^ feigneuf 
de tAlaingy chevalier , qui trepajfa en l*an dé grâce m . c C c c. C^ 
quarante v 1 1\ ou mois d^ janvier , le treifieme jour. Priex, à Uïeu 
po%r fmame. Chy gifi hdulte dr noble darne YoUens de Barbaru 
cljm , dame de \ l*Alalng , fa compaigne ^ époufe , qui trepaffa 
en l^an de grâce m. c ccc. ^ xxxiv. ix. four ou mois 
de Janvier. Priex^k Dieu pour [oH ame ^ & vefqui ledit fei^ 
fftéur cent ^ trois ans. 

Au bas delà chapelle au côte de Tevangile qui repond 
au chœur. 

Chy le chœur de meffire Charles premier comie 4t PAUîng^ Sa^ 
fon (tEfcornay , dont le coVps yj^ en V abbaye des Pretx^ à Doiiay^ 
é^ui trepaffa le xvii*. jour de Juillet Pan xv^. xxv. 

CHAPELLE NO STRE-.D AME. 

Au bas de ïa chapelle du côté de revangile. 

Chy gifi meSpe Anthoine de tAlaing é^ de JBeff^icourt , 
thevalier ^confeiller^ chaTnbellan des ducs Philippe é* Char-^] 
les de Bourgogttefférss ^maUre jiu ^et^ ^evalierrne^rejacqtsejs^ 



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VQYAGE LITTERARE. 89 

.qui ttepafia l'an mil ccccLycim. le y m. jour du mois de jfan^ 
vier. Pricx^ Dieu^pour fon ame. ' 

On lit encore du côté de Tevangile cette epitaphe, 

Chy gi^ le ion chevalier meffife "Jacques de J^Alaing , ainè 
fils de haulté* noble monfeur Quitte , Jeigneurde I^Aiaing , qui 
trepajfa au fiege de Vaut-poueque le m. joupdu mois de JuiL 
let l'an m cccc liiii. Priez^pour fon ame. 

Du côté de Pepitre qui repond au côté de Tevangile du- 
grand auteL 

Chygifi hault é' «^^^^ homme monfeigneur Guillaume ^feL 
gneur de PAlaing chevalier ^ qui ttepajja en Pan de grâce 
MGCCCLXXV. ou mais d^Aoufi le xxvii. /^»r, Priex^àDieu 
pour fon ame. Chy gifi haulte ^ noble dame ^ dame Jehanne de 
Crequy , dame de iTAlaïng y fa compagne ^ époufe ^ qui trépana 
Pan de grâce tACCCCXOV. ou mois d'Oflobre le xxi .jour. Prie^ 
à. Dieu pour fin ame. 

Dans la chapelle du château*' 

D. O. U.^ 

fiis manihus D\ Francifciumitii Lalafti Phitippi Cl. hiefe^- 
disfiiiique^ Scorn^iorum dinafia.\ b'aranis p^^akriniié* AU 
binian^ inCatuacis clienteU ypatroni co'lU^U Marchianenjis^ 
dunf vixit fiudi4ifi y mnemofyni kco fofuitJ\dttryireta Artméer^ 
gia mater. 

Tene mort , formofe Moririe \ h'eroas ^ illes 
Quos Lalanigenumfers fuper aftragenus f 
Ante vicemmeritis ieras virtûtibus annos.* 
Àhte diem virtùs , mors fuit ante dierri. 

. Quem Ph^ium Carites , rex Hefiora ^patriapàiriniK,, 
Speravere Jîbi très puer unus obit. 

j. Idus Pebrtiariï anno dominiMB X C- atdtisfua: !*•• 
Adùanusde Roiilers Xnfulanusmœ^us edidit 

. • M. '■ 



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9à VOYAGÉ lITTÈRÀIHa. 

Il yavc^tèioirslittè^tifàïidedèy^urs dans les eiïviroîîs. 
On en avoit déjà arreftczfept, t^m ^oifrni ditns kspri- 
fons de Douay ^ &; comme nous retournions de TAlaing , 
on en f^rft '€fmî6i*e tin dans un villàge^r^s du«K>nftftçre , 
mais Dieu par fa miferîcorde , nous preferva -des mains 
xlé'ces hofftmès impitoyables. Le lendemain lorfque^ou^ 
allioiis à ^archienne , nous trouvâmes deux ^rciirs , <j^i 
"çn chèrélibientehcore. 

Marchîcnnc L'abbaye deMarchienne n'éft ëloi^éede<Jelle<i'A!V 
* cbin, que d'une lieiie & demie. Elle doit Ton ^origine À 
-ikînt Amànd & à f^ntie Bi<5trude , qui y ?tflemblerent 
deux communautez ^ uxie d'hommes éc une^de filles. Ce^ 
deux monafteres ayant éprouvé la fureur des Normans 
/diins'lè neuvième fîède, furent entièrement détruits. >lais 
.d;ihs l'ohziéme on y rétablit les ttioines J^ on y bâtit une 
célébré abbaye dont ks pretnic^rs abbez furent tirez de 
iaint W^aft d*Arras. L'abbîaje forma une petite ville , qui 
de nos tours a foUtetau un fiege, & qui ctoit afTez ailée 
iorfqu'il y avôit des abbez réguliers , qui confumant dans 
Je pays les reyçjuis dumonafteçe, faiipiçnt /ubfite tous 
Jes habitans. 

Mais cen^eft.pasla' villeieurle , qui fouffre à^çH com. 

.mande. Cette abbaye qui étoit auparavant florjflante, fè 

4:rouve aujourd'hui pîfr le partage diminuée du rêve- 

vnu , tedoit à Up noimbre de relieieux fort modique ^ qui ne 

;laiflçnt.pasd'obferver encore rhofpitalité avec toute la 

^^charité;p!affibk.4i« l'ont obie^vée.à notre égard >vec tant 

'de cûrdialilé^q^iMius ne* Poublierons j^tmais. Monfîeur 

le prieur donna jprdre qu'on nous.ouvrit la bibliothèque. 

Nous y trouvâmes un ^flez i?on jiombrc de très-beaux 

manufcrits. Car fans parler des ouvrages dcs^ Pères de Te - 

'glife,& patHcUliéfemènt dp laînt Auguftin ^ de S. Gre- 

^ goire, de Srdôîfté'A^oito^i^e; d'Aïeul , de S. Anfelme, de 

S. Bernard, pariai léfquels on trouve la lettre aux Char-1 

treux du Mont-DieU fous le nom de ce Saint , fans parler 

. d'une trcs-beîle collediôn de conciles* & de lettres cfes pa- 

*pWëfi'dei|x gr'psyolunies., liqus y vîmes un très-beau 

Jofeph écrie àVec g'rànd^^foftiV'àuflï-bien quImPapîas ^ & 



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VOYAOE LITTERAIRE. 91 

quelques hiftoriens dçs guerres 4e la Terrç ^iatç , doaç 
le premier commence ainfi: De yifiis FrancorumJer^p^U^ . 
expu^nantiitm lié» i. inàpit , j^nn* B(in^mf4e Ineartuiti^s 
M X c V li régnante in AUmanniaHenricainiper4t9re^ in^r^vh 
ciaPhilifpo rege , in Gracia AUxitr^ ijf ^nglia yvi(lelm9 &(- 
Le fécond eft, Frmllui dekcis facris. LetroifiémeFouçhef 
de Chartres. Le quatrième a pç^y titre. Hi^oji^ <?/- 
lonis carénalis epifcopi de vi^f.Jerfdyp^ifàfn^. C.'eft l^oiivr^- 
ge de Gilon foudiacre de P^ris, quç nous avons impri- 
mé au troidéme tome de nos Anecdotes ^ouvrage excel- 
lent , quoyque l'auteur ait ^té peu connu jufqu'àprefcnt,- 
même de ceux qui ont écrit ^qs tuteurs e<:clefiaJliqu€s, qui 
joç font pas feulement mention d^ lui. Maislfimanufcrit 
,de Marchienne nous apprend tous le^s diiFerens états p^r 
lefquels il a pafTé j car outrç le titre ,.. qui hû donne la- 
qualité de cardinal & d'èv^que,. voici ce que nous li- 
fons à la fîjB : Bxplicit libtUmGilànifPari^nfi cletiii yfôjie^ 
Clunittcenfs mpnachi^ inie cardtnaiif epifcêfi , ie via Jerafolymi- 
tana , ^uande expuifif é- eceifis pagani^ ^deviBa funt Nuaa 
Antiochjai JerufaUmà Chrifti4ni$, K y a bien de l'apparence ' 
que c'éflce Giloiï cardinal^ eVêque deTufciuç , qui 
aécrit la vie de S. Huguesabbéde Cluni , dbacnous avons ' 
imprimé k préface dans le premier tome de nos Anec- 
dotes. Enfin il y a dans Ip même volume une hiftoire dè^' 
JMahomet écrite en- vers par Hildebcrt archevêque de 
Tours. Outre c^s hiflorièns , nous trouvâmes encore une* 
chronique qui commence par la création du monde &;i 
finit cnl'an iz68. Une autre chronique compofée par un-- 
religieox de Marchieçne dont le noua commençoitparla- 
kttre R. & cela par ordre de l'âbbé Pierre^ «pimouruc 
l'an 1306. L'hiftoire de Jacques de Vitri. Un très -beau- 
It ancien manufcric de la. vie d(és Perés du defert diftri- 
bué en trois livres, dont onfak auteur Pofhimieti. La vie- 
de Hugues illuftre îibbé dé Marchienne, que nous avons- 
imprimée au troisième toroe de nos Anecdotes. Il eft fur- 
prenant que la vie de<:e grand homme iè trouvant dans- 
plufîeursmonafteres dès jPàys-Ôàs, tW'Sùit éjchappé âla 
diligence des i^ayanscontiBuafeurs de Bollandus , qi^^ 



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•' 



51 VOYAGE LITTERAIRE. 

l*ontwife au nombre des vies omifes, qu'ils n'avoient point 
trouvées. 

Un des plus curieux manufcrits de Marchienne , c*eft 
un ancien pontifical à Tufagedes eglifes d'Angleterre. Il 
y eft fait mention de Thiftoire de Bede , de S. Auguftin 
archevêque de Cantorbie, & de S. Cuthbert. On croit 
avec affez de fondement ^ qu'il vient de S. Thomas de 
Cantorbie. Dans l'ordination des diacres , il prefcrit 
l'onction des mains avec Fhuile facrée & lefaint crcfme , 
& cette prière , ConfecrentMr manus ifla , quafumus Domine , 
^ fanSiificentur fer ifidm fanBam nnïlionem nejhamqut ^ bene- 
diféionem , uf qUéecmmque fenedixerint benedi^a fînt^ qu/ecum^ 
que fanBificavetint fanilificatafinu Per. De même dans l'or- 
dination des prêtres , il prefcrit l'onction de la tête avec 
cette prierez Vngatur ^ confecreittr cafut tuum calcul bene^ 
diBione in orâinem facerdotalem , in nomine Patris f^ Filii df 
SpirituS'fanHi. Parmi les bencdidions , il marque Bene^ 
dtfiio mayiésaquéc qui fe faifoit par fept prêtres revêtus 
en aube , ou trois prêtres & quatre diacres , iorfqu'on ne 
pouvoir trouvcraifement fept prêtres. 

Voici encore quelques remarques, que nous fîmes fur 
les manufcrits de Marchienne. A la findr'un manufcritde 
S, Ifîdore, on trouve un autre ouvrage qui a pour titre , 
Pabii Plahciddii Fulgentii Ug. exfofitie ftrmonum antiquo- 
fum ad Grammaticum Calcidium. Et à la fin d'un commen- 
dtaire fur izs pfaumes fous le nom de S. Jérôme , Cefma- 
^raphia Ethic t. A la fin d'un ancien manuîcrit des Morales 
de S. Grégoire, écrit il y a environ fept cens ans, on lit ce« 
quatre vers , qui nous apprennent les noms de ceux qui 
4'ont copie, 

J^âi mena Ai très hune librum defcripfimus in Joh , 
PrimMs Tetboldms , médius Fulbertus , Amandus ^ 
Pefcimnsinde Deijugiter fentite leyamen , 
jiuxilio Pet fi , Pauliprecibusque Beat t. 

Ces tirais religieux ont écrit plufieurs manufcrits com- 
i)ie il paroîr par le témoignage qu'il s opt mis à la fin de 



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VOYAGE LITTERAIRE. 93 

leur'travail. Voici ce que Tun d'eux écrit à la fin du trai- 
téde S. Auguftin ^ de BifcipUna Chrifiianorum, Hmup libri 
fcriptoris fràiris Amandi cunBornm monachorum infimi memor 
efio S. jRiEirudis ^ eique veniàm fcettrum fuorum afud terribU 
tem judicem imfctra^ uttecnm fine fine mereatur regnare infu^ 
fera régna. Voici encore un petit fait feiftarique^ qui ne 
doit pas être omis. Il le trouve à la fin d*un manufcrit 
qui contient les évangiles , qui fe doivent lire pendant le 
cours de Tannée. 

Anno Dpmini m. c l x i v.recendita funt reliquÎM S. Ric^ 
trudis in fcrinio atgenteo ^ in qw nunc eadem reliquise vénérant 
tnr^jy^. nênasamgufii^ddomnoHEiit^iço Remenfi archiefif^ 
copo , qMifkiifiliutLudovici régis Francorum , ^ ab And41£ A. 
j4trebatenfi epifcopo y frafentibus abbdtibus MAaTiNO $.f^e^ 
défti ^Fkancone Hafnonienfi^ VVatlerjo Bergenfi^ 
Baldxjino Iprenfi^HEi^ tiico S. Quiniini Behacenfis ^ 
nftante quoque magna multitudine clericotum ^ laicerum ^ 
ante majus aUare Marchianenfis ec€lefia ^ diedêtninicay in^ 
di^ione xix^ 

Enfin ià la fin d'un traîtté âQprefe0ane ntûnaehermm^ zU 
tribué à Guillaume .de Lyon, on lit ci?s -deux vers en fau 
»veur de la vie retirée.. 

CeJla voie , tu f cala Jacob , tbrcnus Salomonic^ 
Vas venta paleas ^ 0- cœlo grana fjtpçnis. 

J'ajouterai Ici les epitîpKes fuivant^s ^ qui iç trouvent à 
la fin d'un manufcrit- d*Hugue de S, Vidpr., àont le cflu 
raAere ^'oSk pas ploigné dje fon tems^ 

Anne ab Incamati^ne Ddn^ni m c x l i,. ebutdemnfis Jtjur 
^ canonic»s ^:. Viîioris m. idus Febrmarii , qui tx Jptfinfi 
urritmo ortus > àpuero exulavit^ (jr bac éf' plnra filia Jui ^perjf 
çînokmentarflii^it. 



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j$ VOYAGE LITTERAIRE. 

.REVERENDI IN CHRISTO PATRIS DD, JACOBt 

COENE- AEBATIS £ L 1 T A ? H t U Mi 

Coénius hic recnbat Brugenfi Jacahus aè-uftc y 

Conditione abhas , religiêne pins ^ 
ConffUuus vit a , celi berfiudh adificanii. \ 

Obvia tf^aranr toi monttmenPa fatir, - 
JiUfira ofh ^ menfes bisqninque expleverat aèhaSy 

Si^ cœpium hic finit ^rite ccronat pfus.> 

EJUSDEM AD MONACHOS; 

JDifcite commonachi ^noftro exantUre labons 
Exemple^ cœptam cumn rite viéntk 

D if cite ^ hic faciles y quando nec firrea nobis 
Fata fepercerunt^ felvere legepari 
Obiit XIV. caUndas Navembtii anno mdlh. 

Le cloître répond i la maffniiîcence de l'eglife. 11 eft 
VGutc & vitre. La voûte eft dorée ^ & les vitres font peiiir- 
tes. Ces peintures nous reprefentent la vie de notre Seii 
gneur , digne objet de la méditation des religieux , qui 
autrefois paiToientune bonne partie de la journée dans le 
cloître. 

Les religieux de Mar chienne difent tous Tes jours les 
litanies avant la grand-mefle , ancien ufage de Tordre, 
u'ils ont retenus. Les dimanches ils chantent trois gran- 
es méfies, avant la troifîéme on fait la proceffion , àla- 
ijuelle le diacre &le foudiacre portent des textes, après 
la proceflîon le célébrant chante les. litanies. Il fè fied a la 
mefTe durant le gUria- in excelffs ,, Tepitre., le graduel & le 
credo.. Pendant que le diacre chante reyangiJeà Taig^e, 
le célébrant accompagné du foudiacre le recite tout bas 
à l'autel. C*eft le diacre qui^ncenfeTautel àroffcrtoire,. 
il encenfe auffi; Tautel matutinal & le chœur: le chantre 
&^le grand prieur en particulier & les religieux en gênerai 

de; 



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VOYAGE LITTERAIRE. 97 

de quatre coups d'encensi chaque côté. Je ne dois pas 
omettre ici qu*entre les raretez qui font dans le trefor , on 
y conferve une très-belle croix donée par S. Thomas de 
Cantorbie , où il y a plufieurs pierres precieufes , & en- 
tr'autres une agathe d*une grofleur prodigieulè ^ la chafii. 
ble dux Saint , & un oftenfoir de criftal en forme de croix 
pour expofer le faint Sacrement. Voici encqre une chofe 
lînguliere que nous vîmes à Marchienne ,& dont je n'ai 
jamais entendu parler. C'eft un boeuf familier , qui quittoic 
fon troupeau & venoit trouver celui qui Tappelloit. 

Comme nous étions près de Tabbaye de Hafnon , nous Hafoo». 
fûmes bien aife d'aller voir monfîeur l'abbé , que nous refl 

f>eâons beaucoup ^ comme un homme qui fait honeur à 
'ordre , & qu'on doit regarder comme le reûaurateur de 
fa maifon , puifque l'ayant trouvée prefque toute ruinée 
il l'a fi bien rétablie & pour le fpirituel & pour le tempo! 
relj qu'il l'a rendue une des meilleures abbayes du pays ^ 
& la pofterité s'étonnera qu'un feul homme ait pu faire 
tant de bien à fon monaftere. Lorfque nous arrivâmes 
chez lui , il venoit encore de, mettre en fond fix milles 
Rotins pour l'entretiea de la bibliothèque. Pour rendre ce 
fond plus folide , il avoir fait pafler l'amire en chapitre du 
confentement de toute fa communauté , & il devoit enco- 
re le faire confirmer par monfieur l'evêque d'Arras. Nou« 
croyions n'être à Hafnon qu'une heure ou deux , mais le 
boû abbé nous retint le refte de la journée. Nous vîmes^ 
cependant la bibliothèque , où nous trouvâmes des ma- 
nufcrits que nous n'avions pas vu la première fois. Entre 
avttres un très^jbeau texte des évangiles, dont tous tes conv. 
mencemens de chaque évangile lont écrits en. caraderes 
d'or ou d^'argent y un manufcrit des lettres de S. Auguftin 
un de S. Grégoire, la chronique de Sigebert & quelques 
autres plus recens dont je rapporterai ici les titres^ 
Ji^rtCMS de Pyro coffionuntê Brunanis Jegum dêiior^ quott^ 
dam 5. Pauli Zeodienfis cananJtns ^ foftea ad erdimm Carthu^ 
fienftm c^verfus , de Efu é' atfiinentia camium , Boftholomam 
facra Tbe^UgU frefejfori Cauhufenfi in Kwemonda. 

N 



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98 VOYAGE LITTERAIRE- 

Priât Hajhêniènfis de £fu caminm 14^3. 

Modus Vivendi in ordine S. BenediEh ante Jehannem Ro D I ' 
facra théologie 6acalaureum^(ir injure canenice Ucentiatnm^ 
abhatem » «S. Matthise Trevirenfis. De Simcnia in recefiiene 
menachernm auBore eedemfriêre. 

TraBatus de abllinentia camimm allatnsde Celonia 4 w## 
%afteriQ S. Martini Celonienfis erdinis S. Benediiii. 

TraEidtus contra multiplicationem divinerwn officiorum in 
ordine S. Benediili^ kfriore Hafnenienfieditms. Item traSiatus^ 
quo4 extra ohfervantiam non efi fdtus. 

TraElatus Johannis Trithemii de ftatn é* f^if^ ordinis S. 
Benedifli. A la fin de ce traité on lit ces mots. LeBmifmit 
frafens trafiatus in capitnlo frovinciali erdinis S. Benediffi 
provincia Megnntina , in Hirfaugia celebrate, ad menfam^ an-' 
no Domini mcccc. x c i i i. D^mim'M Jubilate , é'fiquen^ 
tïkus diebus ufque adfinem. Omnibus amtem abbatibus inibiadm^ 
natis volentibus ^ cenfemientibus ^ ftatutumfuit ut imprime-' 
fctur^ drinfuturis capitulis provincialibusad wunfam fublice 
legeretnr , ut patet in ^atmtis. 

^ Cellatio de republica ecclefia dr monachorum erdinis divi 
BenediSi ^habita Colonia per R.P.D. JohaÈnem abbatem 
Spanheimenfem idibus Septembris m c c c c x c 1 1 1. 

Ejufdem Trithemii liber de cttra fafteraU. 

TraEiatus novus Juper reformatieru ordinis menafiici^ auBore 
Michaele Bureau. A la tête de ce traité il y a une lettre 
addrefTée i Tauteur avec ce titre. 

Colendi/Hmo magiftronefiro Micbaeli Buream^facraremliQ 
ter arum interpreti doBiffime ^ Julianns GtsmêUMS unustxfra* 
tribus Majoris monaftm , S, JP. D. 



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VOYAGE LITTERAIRE. 99 

Nous partîmes le lendemain de grand matin pour nous s. Amtnd 
rendre à S. Amand , tant pour nous édifier , que pour re- 
voir les manufcrits que nous avions déjà vu-autrefois. Je 
ne répéterai pas ici ce que nous avons dit de cette illuftre 
abbaye dans notre premier voyage littéraire^ il fuffit en un 
motae dire qu^êlle paflepour la plus régulière desPays-bas; 
La bibliothèque étoit autrefois excellente en manufcrits. 
Les religieux fe plaignent d'une perfonne d'autorité , qui 
en a enlevé une bonne partie des meilleurs. Il en refte 
pourtant encore uh bon nombre , qui font fort précieux. 
La plupart contiennent des ouvragej des Pères de l'egii/è, 
& pluueurs anciens Grammairiens. Outre ceux-là nous y 
vîmes des anciennes glofesfur la règle de S. Benoift écri- 
ts il y a plus de huit cens ans, PEmine y eft expliquée 
en cette forte : Emina aPpendit liham mnarn qua geminatM 
facit Sextarium. Ainfî félon Tàuteur de cette glofe, qui 
par fon antiquité mérite quelque autorité , PEmine de S* 
Benoift étoit une mefure qui contenoit une livre, c'eft- 
à-dire fei^f e onces de vin , ce qui approche fort du fèn- 
timent du P. Mabillon , qui lui en donne dix-huit. Voici 
aufïî ce que ces mêmes glofes difènt fur le mot de caliga:. 
Caliye vel k calo pedum diBét y vel quia Ugantur. 2Tam 
foccinon ligamnr^ fedtantum intromktummr. Calo enimvoca^ 
tut lignam ^fiw qno \confui CMlceaments non fojjunt. Parmi les 
livres de Théologie , nous vîmes \ts commentaires de Gil- 
bert de la Porrée evêque de Poirier fur les livres de la^ 
Trinité de B'oëce. Son portrait eft à la tête avec cette inf- 
eription. M^pfter Gillebertus Piïiavtnfis efifcofus altiora^ 
TheologiCéePhilolofhi^focretaydiligentihus, attentis, &pulfan^ 
Ubns referans difcifuUs quatuor , quorum nomina fubfcrifta funt 
quia diyù funt. Au^deffous de ce portrait on voit celui de^ 
trois de fes difcioles , celui du quatrième eft dans la lettre 
initiale. Au-defibus de ces trois portraits on ht cette inf.- 
criprion. Jordanus fantafnïa^ Jvo Camotenfis decanus ^ Johan^ 
nés Belet. Hi irts & ille qmartus intonfiortfiudio attentif mentis 
acief€ffficaciffîmîy(^fola vtritatis fpecie coaBi^fub Piffavenfif 
ofifiopo Vîgutfunt difcipuli ^quorum anima uquiefcant in p ace. 
L^infcription decelui qui eft reprefenté dans la lettre inii^ 

Nij 



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roa VOYAGE LITTERAIRE. 

tiale eft conçue en ces termes. NUoUus qui fto d^ffiitatê 
fna arcanis PiHavenfis efifcopi fententiis , nt dipii intrâmiu 
tantmr ad cas ^ lucem plena expo^tionis infkdit. Voici une au* 
tre iufcription qui fe trouve à la fin du Catholicon de 
Jacques de Gefnes de l'ordre des frères Prêcheurs. Elle 
nous apprend un fait hiftorique , & en même tems l'at- 
tention & ta .charité de Matthieu de Launays abbé de S. 
Amand. Explicit liber Catholicon^ fcriftms anno mccccxxxii» 
adreqmeftam nobilis vlri Domini M^tthai de Launofs^ffo 
tune temporis abbatis S. Amanii in Fabula, quem dihusab^ 
bas tune temforis non habens gubemationem Sonêrum temfora-' 
lium ecclefiiC pTéediEie ^depropriisfuis folvitpeeuniis^ Ordina- 
vitdentque ^ idem qucd prafens liber in medio ditia ecclefia coU 
locaretuf , é* non folum conventuales illius mona^erii , quin 
immo curatus viSse ejufdem , capeEani reElor , teBor fchoUrum ^ 
ceterique clerici ^ advena in eodem profieere valerem. Rogat 
demum diflus abbas omnes in hoc libro fiudentes ^quatenusom^ 
ni menfe dicant orationem domini cam cumfalutatione angelica 
ad honorem Dei ^ é* anima fu^e mifericordiam apudj)eum con* 
fequendam. Il ciï afièz facile de juger par cette infcription 
combien les Uvres en ce tems-li ctoient rares. Je ne parle 
pas ici des ouvrages de Jean Fayt religieux de S. Amand 
& enfuite abbé de S. Bavon de Gand , Tun des plus ha- 
biles prédicateurs de Ton tems , dont l'un a' pour titre : Md^ 
nipulus exemplorum , & Tautre : Tabula fuper f^egetium de rt 
militari. Je ne parle pas non plus d'un manuTcrit qui con- 
tient 117. epitres d'Etienne de Tournai , ni du manufcrit 
dit Marinus Sanalus de expedikone Jerofolymitana. 

Lorfque nous étions à S. Amand on célébra la fête de 
la dédicace de Teglife le dimanche dans Toûave de la 
fête de notre bieimeureux père S.Benoifl:. Monfîeurrab- 
bédé S. Bertin, oui prenoit alors les eaux fur les lieux > 
y officia pontificalement avec beaucoup de majefté ^ &: 
dîna enfuite avec les religieux au refedoire qui étoit orné 
de branches d'arbre. La grande mefle & les vêpres furent 
chantez en mufique. 
Vigegnf. Avant que de quitter S. Amand , nous filmes bienaiie 
d- aller à Vigogne , pour y voir encore les mahufcxits que 



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Gpogle 



VOYAGE LITTERAIRE. lat 

iKMis avions déjà vu autrefois y nous y remarquâmes en. 
tre autres ^ un recueil d'anciens auteurs de i'iiiftoire d* Am 
gleterre, quelques ouvrages contre Beranger , les fen^ 
tences du cardinal Drbgo. Comme nous dînions au re- 
fedôireavec les religieux , un domeftique portant fîx pains 
dans une corbeille , avec la portion d'un religieux , s'ap- 
procha du fouprieur qui prefidoit à la communauté , & lui 
dit Senedicite. Le fouprieur repondit Requit fcant in face. On 
nous dit enfuite ^ que ç'étoit une aumône qu'on faifoit aux 
pauvres pour le repos deTame d'un religieux d'Hafnon 
decedé depuis peu^Sc que lorfqu'il mouroit un religieux 
à Vigogne, 6n faifoit pour lui la même chofe à Hamon. . 
Nous reftâmes lerefte delà journée à VigQgne & le len- 
demain nous retournâmes à S. Amand , d'où nous partît 
mes le 15. Juillet , jour confacré à l'apôtre S. Jacques, 

Nout partîmes de grand matin pour éviter la chaleur s. Mania de 

2ui étoit exceflîve , & nous prîmes un chemin abrégé qui Tournaj. 
evoit nous délivrer de la poufllere : mais après avoir mar- 
ché une groflc heure , nous nous retrouvâmes à la porte 
de S. Amand. Il nous fallut prendre le grand chemin de 
Tournai , où nous arrivâmes fur les huit heures. Après 
avoir falué monfieur l'abbé de S. Martin. Nous^ dîmes 
la fainte meilë » nous aflîllâmes enfuite à celle de la com- 
munauté , qui fe chanta avec beaucoup demajefté. On y 
fît la benedidion des fruits nouveaux felon l'ancienne 
coutume, & nous remarquâmes qu'après l'évangile , on 
encenfa le chœur , Se on donna le texte facré à baiier à 
tous les religieux , & la paix à MA^us Dei. Le même 
jour après vêpres on fit à la paroiflë de S. Jacques une 
proceflîon folemnelle du S. Sacrement , pour faire repa- 
ration à Dieu des injures que les hérétiques lui font dans 
le plusaugufte de nos myfteres. Il y eut prédication par 
un religieux de S. Martin. Cette proceflîon pafle pour une 
des plus belles & des plus majeftueufes au'on puifle voir. 
Pendant ce tems-lànous étions occupés a voir lesmanuf- 
crits , qui font très-beaux & en très-grand nombre. Nous 
y trouvâmes l'inftitution d'une autre proceflîon folem- 
nelle, qui fe fait tous les ai;Lsà Tournay le jour de l'exai* 



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101 VOYAGE LÎTTERAIÏlE. 

tation de la faintc Croix , que je rapporteray iciparce^ 

qu'elle eft hiftorique*. 

ReverendQ Patri é* \Dtnnino , JDci pâvidentU TrajtBenfi 
ififcofo , ^ cafitulù ceterisqne Tfaieïienfis di0cefs fidtlibns 
Vv. decdnus , J. archidiacênus iotmsqne T^rnscenfis ecclefié^ 
capitukm yfalmtîm in Sim é" glorUm in Jitm/aUm. 

UniverjUti vefira notum fitri vêkmms y qnêd cnm êlim fec^ 
catis haminum é* muli<rum fxigentiins. . •., • quidam infirmi-^ 
tas qna vulgo dicitur morûisinfernalii^ inv^frut fêfmlmm die^ 
ufisTcmacenfs ^CimefOcenfiumdiecefumyinJfUrationedivinéi^ 
Jan^i qucfum reliqmiée in nopra continentur tcclefia^ ^ étihuc. . . « 
fiatuerunt mt in die exaltmiionis fanEia cmcis §d$le4 viri^nmlie^ 
res y magni é^farvi ^ afmd Tûrnacnm i/enirent ^ (^ circa civitéu 
tem cum devotiani & âtaticniins ftêiej^enemfacefinti ita quêà 
reliquia faniiorum snte fêp^km fùrtsrmtup. Vnde Cêntiftt im 
prima froc^one , m êmnes qni hmmfinêdi in en^rmi mê^ Lu 
torabant\ divinû miraciêlù fim hleratk Idiêfiatutum fuit i 
clero Tornacenfiy confirmatUne apefiêlfca fuper hûc ^btenta dr 
indnlfcntia^ utfingulis annis in exaltaiiêuefanB^ cmcis jimiiii 
frouj^ù ceUbretun^divino miraculé contigit (^ femper ccntin^ 
pt y ut âmna viri (^ nmlines-^parvi ^ magni ^ in fide wn h/efi* 
tantes^ qui ht^modi interfunt prûcefioniy at bufufmêdi imfir- 
mitati Uèenntur^five labirantfivenenlaiêrant ^ert$tuman* 
numfint immmus. Et quia quidam Trdjefitnfis diccefis fuper 
hpc certificartp$libant:^fr^f€ntes litteras vâbis mittimus^jSgiU 
lûrum rsêftfprum munimine r^beratas. Inhis..... figillmn epif^ 

çêpi ncfiri virifaniii f^ religiâfi nan efi quia efi in terrai 

Albipnfium cumrege l^rancorum. D^tumTemaciannù JDemi^j 
ju M c c X X y I*. menfe Seftembrk^ 

Nous ne nous érendroirspasici à parler des manufirrits 
de Tabbaye de S- Martin de Tournay , parjce qu'on en ; 
trouve le catal<^ue dans Sanderus. Je dirai feulement que 
lepfautier en quatre colonnes eft un des principaux. Il con- 
tient, cpiatre anciennes veriions,. qui font la Gallicane^ la 
Romaine ^rHebraïque &la Grecque. A la fin dupfautier. 
cm lit ces mots qui méritent d'être ici rapportez^ 



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VOYAGE LITTERAIRE 103 

^Anno ab incartMiène Damini m cy. ^ i tefiaurattonehu- 
jus cknobii quarto decimo , fcriftus tfi liber ifie in hoc ipfo cœ* 
mobio à quodam fratre monacho (^ fubdiacono ^fracifiente viro 
veneranéUe n^emoria domno O d o n £ primo monacho ^ primo 
abbatchujus ÇanBi cœnobii. Qui vencranius abbas todem anno 
raptus ad epifcopatum Cameracenfis civitatis ^ non fne damno 
totius no^ra congrogationis nobis ablatus eft. Confecratusque efi 
^fficopus JupraaiEia Cameracenfis ecclefia à Manasse Rc- 
menfimetropêlitano ^vii. comprovinc^alibus epifcopis^ anno do^ 
minier incamationis m c v. indiïïione'tertia décima ^epa fia m. 
/exfo noHas Julii^ die dominica. Romane urbis cathedr^e pra* 
fidente domno ^ASCHALipapa^Francorum regnumgubetnante 
rege Philippo. Noftrum vero cotnobium rexit annis xiiui^ . 
quibus ita ei divina gratia affuit^ ut cum ante ejus adventum 
fer CGC. fere annos nullus in hoc loco manachus fuerit ^ infra 
:xi I. anms , non folum terras & manfiones é* o0cinas & qnam 
que ufibus fnvorum Dei erant neceffaria ^ verùm etiam pluf^ 
^uam Lxx. mofiachos omnipotents Domino reyslariter fervitu^ 
wos in hoc loco agfjregaverit. . 

Il parok par ce fragment qu'on croyoit i S. Martin 
«que depuis trois cens ans avant la reftauration du mo-^ 
naftere fiûte à la fin de Tonziéme (îecle par le faint ab« 
bé Odon , il n*y avoit pas eu de moines , c'eft-à-dîre depuis 
Je ravage desNormans j mais nous apprenons d*un ouvrage 
compofé par un chanoine de Tournay, qui (e fit moine 
à S. Martin de Tournay fous Tabbé Gautier, qui vivoit 
•du tems de S. Bernard, qu'il ne fout pas faire remonter 
il haut fa ruine totale, & que le méchant evêque Fui- 
cherius en e/l la principale caufë. Car voici comme Tau* 
teur s^explique li-deflus : Quidam falfo putànt monafierium 
mo/lrum alibis ( Normannis ) fuijfe fs^verfum. Pofi hancautem 
tribulattonem fetuta e^ (jr alla in epifçopatu Tomacenfié* No- 
. viomenfi per ter fenos menfes ^ epifcopante fvLCHEKO'^crudeli 
tyranno ^ qui omnes abbatias , quas defiruere fotuit , deftruxitaut 
4xpoliavit^ inser quas é* wfiram^ficut Dominus abbas GaU 



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I04 VOYAGE LITTERAIRE. 

te fus tefiabaiur^ fenitus defimens^ tertas ejns ac frétHaé^ rr- 
tir<$ quécque cUricis militilms dédit , fermittente ismen Deo , 
qui non multo pofi retribuiionem ei talent retribuit , nt k fedi^ 
culis fuffocatns felBma ntone interierit : cujus interitnm amdien^ 
^ tes viri religionis , quos exofos femper habmerat , quiddnt eûtum 
fro ejus abfoUtione non requiem éetemam , fed Te Deuffl lau- 
damus, camavemni. Nous avons crû que les ledeurs ne 
feroient pas fâchez de trouver ici ce petit fragment, qui 
nous apprend le caradere de Pevêque Fulcherius , qu'on 
f^ait d'ailleurs avoir été un très-mechant evêque. J'ajoû- 
terai encore ici un petit fragment d'un ancien Rituel d'en- 
viron (îx cens ans, fur la manière d'adminiftrer les der- 
niers Sacremens , parce qu'il contient desri^es ailèz Singu- 
liers & dignes d'être remarquez. 

luterimdmmafertuf corpus Dontini^ Uvatut bucca infime ^ 
é* antequam cammunicetur ^ confiteor Deo dicii^ & fratfi^ 
bus in commune refpondentibus^ mifereatur veftri , folusfacer* 
dos pfoftquituT Indulgentiam & abfolutionem & remiflîo- 
nem omnium peccatorum tuorum &c. Ipfumautem corpus 
pomini in vino ^ aquM mtxto inlingmitur. Quo epotéUo , bibit 
quoque ablutionem calicis , é" fi pmt j ablutionem diptormn 
fAcerdâUS ér adhuc calicis. Sinon pojjh^ dlius bibit. Aihibe^ 
_ turilli crux i facerdote , ut adcret é* ^fculetur. OfcuUtWf 
deinde facerdotem ér fofiea omnesfratres é* pueros. Redit con^ 
ventus , cfux efi contra faciem ejus affixa , et lumen ufque aâ 
clarum diem. Cumautem videbitur exitus bora imminert^ ei^ 
lïctum ad Perram pofiemitw , cinis defitper in crucis modunt 
fpdrptuf , -dfgrr defonitur. Priori nttnciatur y. qui factt coram 
eo Irp pafftoneî ;^fi habuerit memoridm^eger ^^vel f nonhabei ^ 
pfalmos cantari. Cum auiem videbitur anima fine longa mpré$> 

2reffura , percufia tabula j venit conventus cantando fymbélum 
nec anima folvaturSSi autem ad diem perducitur^ tune à/iomn0 
abbate velpriore pronunciatur h^ec letania Kyrie elejiwn &C 
Quodftnondumfinierit^ repetituf quattr aut amplius ah omnibus 
Credo in unum Deum. Si adhuc vivit^ recedit conventus^ 
retentis aliqtnbus qui cantent pfalmos &c^ 

Nou3^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 105 

Nous reftâmes deux jours i Tournay fort édifiez de la 
Communauté de S. Martin. Les religieux fe lèvent tous 
les jours à minuit pour chanter matines. Ils font roffico- 
avec beaucoup de majefté. lis recitent au chœur les lira* 
nies des Saints entre prime & tierce. La propriété eft ban^ 
nie du mônaftere j & c*ell pour cela que nwnfieur Tabbé 
ne foufFre aucune penfion pour les religieux , leur faifanc 
fournir-toutes leurs neceflîtcz avec abondance, 

Lorfque ijous prîmes congé de lui , il eut la bonté de 
nous prefter un manufcrit de Gilles de Muits abbé de 
S. Martin.de Tournay , qui contient Thiftoiredes Flagel- 
lans y & ce qui fe paua de fon tems à leur occafion dans 
le pays. Cet auteur mit à la tête de fon Jkiftoire, une 
vignette , où ils font reprefentez dans une procéffion; 
les épaules auës Se le foiiet ila main en la manière- qui 




Nbu^ prîmes enfuitela route de Bruxelie«,v&:nouî aÛ 
lames le premier jour à Cambron y. célèbre abbaye jç^*^^'^*^* 
l'*ordre de Cîteaux , à: trois lieues de Mons. Loifque noui 
y arrivâmes moniîeur l'abbé n*y étoitpas, mais Je prieur 
éc les religieux nous reçurent très-bien. Il y avoit un pè- 
re Jefuite qui enfeigpoit la philqfbphie aux jeunes reli^ 

à 



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io6 VOYAGE LITTERAIRE- 

gieux , monfieur l'abbé aimant mieux fe fervir d'un étran- 
ger pour enfeigner {es frères, que d'employer à cela un 
religieux dumonaftere^quidemanderoit des exemptions 
de l'office divin. Car à Carabron Se dans quelqu'autres 
monafteres^ ni les maîtres, ni les écoliers, n'ont aucune 
di(penfe. En quoi certes ils ibnt beaucoup plus louables , 
que certains religieux desPays-bas , qui cufpenfentnonr 
leulement du chœur, mais encore du bréviaire Içs jeunes 
frères qu'on applique à l'étude de la Piiilofophie ôc dç 
la Théologie. On ne fçait quel nom donner à cette cou-, 
tume. La moindre chofe qu'on en puiflè dire ^c'eftqu'oa 
doit la regarder comme un abus pfFroyable. Et on nç 
peut pas comprendre comipeut des religieux confacrez au 
îêrvice de Dieu par leur état , croyent pouvoir le difpen- 
fer de r^iter {qs louanges , au moins en pânÉculier. Ceil 
une chofe inouïe dans l'antiquité , & entiere^icnt coU;. 
traire à laregle de S. Bcnoift, qui défend de préférer aucu- 
ne chofe à l'office divin , & qui oblige les religieux qui vont 
dehors , de le reciter exac^tement à l'heure , $c ceux qiâ 
travaillent i faire la récolte dans la campagnç , de le re- 
citer dans le lieu même où ils fopt la moiSbci. Enfin le 
Dape Benoift a ordonné que les religieux , qui ^our des 
«mpêchemens légitimes , comme feroiWétude, ne peii- 
vent pas affifter au chœur , recitent leur office en parti:- 
culier , & même , s'il fe peut , plufîeurs enfembles. Voici 
comme il s'en exprime dans la vconftitudon qu';l a fait 
pour l'ordre de S. Benoift cap. ij, Ceterum qui ad chorum 
vtl ai tcclefiam accedere ntquiverint ^ predicationi ^ UHioni^ 
feuadminifirationi ^ vd cfficiis fuis^ a^t fiisfivi licitis oferi* 
j^us^ de Ucentia ilUus ad^uem eamdare fertinntrit^occupati^ 
in locâ aliê cmyuo ^ honifi» debitis hcriSyjnxtapo(^bilitatem 
flures finml conveniant^ê* débite dicant divinum ojg^ium , & 
quotidianum penfrm ex^lvam débitée fervitntis. 

Nous n^angeâmes avec ce R.P. Jefuit^ qui nous parut 
fort honête homme. Il étoir dans la bibliothèque lor$ 
/^u'on nous y 0iena,& prenant un maiittfcrit il y lut ces 
mots , Ziber JB. Mariée de Camkerene^fi quis emn abjhierit 
Muihima fit. VovLf lors le religieux qui iiou^ accorapa^ 



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VOYAGE LITTÉRAIRE 107 

giïoit^ dit en riant , li tous ceux qui nous ont pris des ma- 
nufcrits font excommuniez ^ il y aura bien des Jefuitcs 

^excommuniez , à quoy le R. P. repondit i Vous nous les^ 
avez donnez. Ce qui pourroit bien être : car je fuis 
perfuadé qu^on met bien des vols de manufcrits fîir le 
compte de ces révérends Pères ^ dont ils font fort inno^ 

"cens, & j^ay trouvé dans certains monafteres des manuil 
crits , qu'ils avoient renvoyez avec leurs lettres d'avis du 
jrenvoy , quoyqu'on y conlervât encore le receptjp qu'ils 
avoient donné en les empruntant. Ceux qui trouveront 
ces ffr^^(^(ra;^ne manqueront pas de dire fans examiner da- 
vantage, quexes pères ont retenu leurs nmnufcrits. Qtfoi^ 
qu'il en foit ^nous parcourûmes tous ceux de la bibl^the- 
que de Catnbron , qui font beaux & en grand nombre, 
la plupart des ouvrages des percs de l'eglilè. Nous y trou- 
vâmes deux volumes des ouvrages de Gilles Charlier,. 
doyen de l'èglife de Cambray ,quivivoit dutems duccMi^ 
cUe de Bafle ,.& dont on a une tres-ancknne édition aâèz 
rare. Nous y lûmes à la page t\j^ du manufcrii:: des erreurs 
prcchées le jour du Vendredi Saint à Cambray 6c à Dotiâi 
par deux Cerdeliers , à rbccaiîonde ces paroles que Jefiuu 
CKrift dità fa mere^tvant que d'èxpirer^m/âf icafilims tiim$. 
que je ne rapporte pas ici^mais voici des &ntimens pliisior^ 
ckodoxes iur la manière dont fe fait' ht confeeration de 
TEuchan^e , que nons^ trouvâmes dans uneancicnne ex- 
plication du Canon^de la méfie, doat le coMjQati^ a^ plus de 
fcpt cens^^, oit après les parole» dont le Sauveur lefervit- 
en donnatit foacorps & fou fang kks difciples ^l'auteur dit 
<£s mots: Uo^ &u7ikferfaUs eccl€^JMg€mmemmriamD^m 
'Reiemfturis fmiuUbrat. Jffè DmiàmS' ^ddiMtapêfi^bs y ^ 
afojiûli pneralUer omni eçcUfue in his vêthis , ^ qmikms nulUr 
lingua y nuUarjp^e ^ rntiU ciifitMS-^ id §0 nudafars tçdefia ca^ 

. thûlk^ecanjlcerej^^i^idtfi cm/ècrare/d^^ 
fanguinis Domimrqwd ap^fiohs métnifefii dematiftrat ad Cou 
rimhiûs ubi dieit : Egp enim accepi' à Domino quod & tra^.. 
didi vobis , quopiam Dominus Jefus in qua noâe trade* 
bàtur ,.accepit panem kc; O&n/i^/gp vinute en 'Oerhis ift$ 
pams & Célix àb inim cmfccratMê^ efi : Chrifii vittnu ^ vifbit 

Oij 



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io8 VOYAGE LITTERAIRE. 

fsmfif Cùnfecratnr fit CMfectdbitur. Outre les manufcrirs qui 
font à la bibliothèque ^ il y en a encore quelques-uns dans 
le chapitre, qui fervoient autrefois pour la ledure plus or- 
dinaire des religieux. Il en tomba un entre nos mains , 
qui avoir ce titre: Sfeculum^laujlr^UmmquÊdvenefMbiUs pa- 
ter ^ facefdps BarthoUnnaus Cluniacenfis ^tMnachms exddik 
S S. Patfum Gregorii , Augufiini ^ Hiitênymi^ Origenis ^ ali»^ 
nm fanHorum j Dti ftéetedente gratia , Cêmfofuit , ^ fratrikui 
fuis cUnftralihus cuftodienimm weliquit. Jn hoc enim quafi in 
ffunlo^ Dei gratia ^ merutmm fa^iis videri poftunt. Sunt enim in 
hoc voiumine homilia cvangeliotmm dominicammdietHm ^ fo - 
knmitatum fere tôt tus anni^ fciticet ncnaynta. Setmones defa^^ 
Hi$ MpoftoUs , martyribus ^ confejforitus , vifginibms multi^ 

Toutcexjue Pon voit a Cambron reflentû grande mai^ 
fon, ^ retrace en même tems la (Implicite des premier? 
rchgieux de Fordrc, Onnjontredans letrefor lacroflèdu 
bienheureux Faftrede premier abbé de Cambron , d'où il 
fîit tiré pour être troificme abbc deClairvaux & enfuite 
deCîteaux. Elle n'eftque de bois /mais elle efl beaucoup 
plus précieuie r4fi^.^ ^^ ixx>\t à!ot ou d- argent. La paffîon 
,de notre Seigneur, ^qui eft gravie defliis ,infpire là pietc , 
& j'a;(rouë que j^en fus fi touché ^ que je la baifai par re/1 
peâ. La chaiuoLe de faint Bernard qu'on montre n'en infî 
pire pas moins. Elle n'eft ni de drap d'or , ni d'argent , ni 
de foye ^ mais de fimple cotton. Elle fert le jour de fa 
fête &: à toutes les premières méfies àt% religieux. Il s'en 
faut bien que ^j^eftime autaat la belle mitre aucune vcque 
de Gand^ qui avoit befoin d'argent^ vepdita un abbé de 
Cambron , quoyqo'elle fok couverte de perles & de pier^ 
xts précieufes^ Oh dit qu'elle eft venue autrefois d'Angle- 
terre. Tous Içs bâtiioen^foxttfimples* L^ancienne infirme- 
rie fait juger du grand nombre des religieux qu'il y avoir 
dans les premiers tems defii fondation. L'eglifc eft beL- 
le , &: il y a plufieurs ienultures de perfonnes illuftres^ 
La plus confîderable eft celle, de Didier, evêque de Te*- 
roueriwe. Elle eft daps le/andimire avec cette épjtaphe. 



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\ 



VOYAGE LIT.TERÀIR.E. 109 

Dat DefiUfiê catheJram Tarvanna , fefnlcrum 
Hic UcMSy omnehonum àatfaraiifus. Amen. 

Aflèz près de l'autel du côte de revangîle , on voit le 
tombeau d'Edglébert d*Enguierf&de fa femme avec ces 
épitaphes. 

Chi gifiînejjife EngUber^ d^Enghîen jadis feigwur de Ramt^ 
ru^de le Folie ^ ér de TuUfe ^ ifui trefajjken h* cccCn. te 
II. jour de Février. Priez^ourfirt ame. 

Chi gifi madame Marie de f Alaingyipeufe dudit feipieur 
Englebett d^Enghief^ ^ ^m trefa^d Pan ^. ccccxvi. le y,vu 
Becfmbre. Jlriez^fùûr frn anu. 

Dans la croifce du côté du raidi oh lit cette cpitaphe 
de plufieursfeigneuFS de Lignes ^ enterrez ta|it dans 1-eglif^ 
^ue d»ns le cloîtrç, 

p. Os M^ ^ ^ [^ - 
Sacrum 
\4c fi^ memoria illnfiriffîmorum D. B. Tofarchamm ^ Bfnafr 
tarnn 4C militum fr^nobilis dçmus ifc familiét. 
. - • de Liyiea. ■ ^■-' 

VValterii II. \i!^o. Valterii Ifl. ly^. ' 

Walterii IV. ii'ju Johannis ^Gerardiarchidiaconi Bra^ 
banti/Cy Faftredi dynajt^e de Tpl^GRES , Michaetis domini de 
Pont OIT , Amoldi^ Fafiredi de Ellei g Ui , Fafiredi de^^ 
mini de Monstreuil , Fafiredi Hànfini de Zfgnea 1317^ 
dominée EliXfbeth^ y I). MarguaritéC ^ p:^Adèltna de 
Havkç , domina, Jnliana de 5LossoiT , è^ îfàbelU do- 
minarum de Ligne a , hujus moiîafierii Catnbefonenjis b^nefaç. 
torunt hic^ in claujlro fè^i^^orum^ _ -. n* - 



..f. . 



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Gobsie 



uo VOYAGE LITTERAIRE. 

Enfin dans h bas de la nef du côté du&ptentrion otk 
trouve ces deux ëpitaphes. 

Chi gip mejffsfe Jehan ^ firede Zens en Bfaibant j ki trepafia 
fn tan de grâce u. cccx. le jpur Gri^re^ Ptii^pûUPslame. 

chi fi fi dame AnUïs de Dothenghien , jadis dame de Lens^ 
ki trefaffd tan de grâce u. Qccét xxiy.Jendemain den^JQur 
S. Marc. Priex^Dieu fonrs^ame^ 

Nous partîmes de Cambron le trentième Juillet , pour 
aller au ôrand Bigard^oous pailames par Enguien où nous 
fumes faluer monfieur TAJobé de Cambron , que nous 
avions vu autrefois à Mons confefleur des dames d'Efpein- 
lieu y & pour lequel nous avions confentc beaucoup d*ef. 
xime. C'eft un fort honnête homme ^très-digne de la pla^ 
ce qu'il occupe aujourd'hui* jLl nous fit toute Tamitié pot- 
fibîe. - ^ 

Kg^^*""* L'abbaye de Grand Bigard fut fondée dans le douziè- 
me fiecle pour des religieufes Benediûines. On n^y re. 
coït que des demoi&Ues d'une nobleâeinconteftable , mais 
leur principale nobleflè c'eft leur vertu. Elfes ne font point 
cloîtrées ^ mais elles n'en font pas moins folitairesj car el- 
les ne fortent q,ue pour des neceâîtez de la dernière inv 
portance. Deux fois l'année ^dans le tems des minutions ^ 
elles peuventibrtir le matin & revenir le foir. Elles ont 
tous les jours Ats heures réglées pour le travail manuel , 
durant lequel on fait une ledure de quelques livres de 
pieté. Elles ont deuxrefedoires^un pour lliyver & Tiaurre 
pour l'été. Leur cloître^ft f^t joli. Ilefl voûté ^^vitré^êc 
orné de tableaux & de petits oratoires, où ces dames vont 
faire leurs prières. Madame de Velafco leur abbeflè joint 
a une illuftre naiflance une folide pieté. Lorfqu'élle fut 
clûë abbeâè , elle trouva la maifon endettée de ibixante 
mille florins, de fès fermes ruinées par les guerres, fie char- 
gées dé contributions. Mais elle trouva un grand trefor 
dans la confiance enDieu fie aux mérites de fainte Vivine. 



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VOYAGE LItTERAIRE. m 

Uannéc du grand hyvcr elle fît publier dans les viL 
kges d*âientour ^ qu'on pouvoir ailer couper du bois 
dans Cqs forêts^ pourvd qu'on ne touchât pas aux gros 
arbres. L'année fuivante elle ouvrit fes grçniers à tous 
les pauvres : mais l'année d'après elles les trouva pleins. 
Elle a payé toutes (es dettes ^ reparé fes fermes & les bi- 
rimens de fon monaftere ^ décoré l'eglife & fait faire une 
chafle'd'argent à fainte Vivine première abbefle du Grand 
Bigard , qui revient à fîx ou iept milles florins. Cette 
Sainte paUe dans le pays pour une thaumaturge , on vient 
de »tous côtés dans fon eglife implorer fon aiEftance & 
on lé fait avec fuccès , on donne à tous les pèlerins * dà 
Teau de la fontaine de la Sainte, qui ne fe corrompe ja^ 
mois, & ilscrouvent dans cette eau un remède falutaire 
à leurs maux. Il n*y a pas mêmejufqu'aux hérétiques qui 
viennent implorer le lecours de iainte Vivine. Peu de 
tems avant que nous arrivaffions là un ({ollandoif âquiil 
ctoit mort vingt-xjuatre beftiaux, & 'à qui il eH reftôic 
ièize malades , vintau Grand Bigard demander à la Sainte 
leurguerifon, il les trouva tous parfaitement guéris âfoa 
retour. Il admira la vertu de la Sainte , & reconnut que 
dans fa (e6k& on ne trouve point de (î habiles médecins. 

Le lendertiain de notre arrivée, cm célébra la fê« 
te de la dédicace. Le chapelain dit la mèHk à £4: 
heures, &y communia les dames. Avant la méfie il doii. 
na U benedidion du S. Sacrement au peuple avçc le faint 
ciboire au grand autel , M le porta erifoite à l'autel de 
fainte Vivine^ où il donna ta benediâion aux religièufes, 8c 
Texpofa durant Icfaint facrifice.- A la fin delameffcyil 
donna encore la benedidîon &le reflèrra. Le con^cfleur 
^i écoit un religieux de Grarmond dit la grande mefle> 
& y obiferva lès mêmes cérémonies t à la fin de la méfie 
celle qtii devoir faire la leduife au rdfeabîre dit trois fois 
ikh<mt ' Domine Ukia med aptries. Nous fuities fort édi^ 
^ez de <es bonnes ^mes /qui nous reçurent avec toute 
ia bohtë pofiibie , & qui même nous oflBrirerit de Tar- 
gent lorânie nous lès quijttâmes, m^is nous nous conteiu 
^âmes de W^dimtïnéer Ad prières. . . ' 



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- ni VOYAGE LITTERAIRE. 

Siimixrg, Après dîne noa^ partîmes pour alkr i i*abbaye de 
Grimbergyqaiii*€ftqu*à deux tieiies de-U, <?ntre Malines 
& Bruxelles. Elle fut fondée d*abord pour des Bc- 
aedidins ^ qiû k poffederent environ vingt-cinq, an^^elle 
pafïa eniuite aux chanoines réguliers y qui peu de tems 
après la cédèrent aux P remontrez à cauiè de Cx pauvre- 
té. Ceux-ci, qjai ont un talent particulier pou^: Ifœconomie, 
en firent une puiflante maifon. Elle fut entièrement rui;. 
née dans les guerres de la religion par les Huguenots, 
mais les Premontrez l'ont rétablie avec niaenifieence. 
L*eglife qui eft d'Une nouvelle flrudure y ell fiiperbe , 
& très-bien ornée. Tous les. lieux réguliers font neufs & 
très-beaux , excepté le cloître qui elt ancien & vitré. La 
vie de S. .Norbert en peinture. en fait le plus bel orne- 
ment. La bibliothex^ue ayant été brûlée par les héréti- 
ques y tous les manuicrits ont été consumés par le ha. 
Il n'yjfefte aujpurd'hui que deux bibles manufcrites , & 
^'anciei^ ftaruts fynodaux de Teglife de Cambray depuis 
l-aû i'3oto^ iufqtt'à 1514. L^abbé qui gouverne aujourd'hui 
cette maifoniiou^ parut un très-honnête homme , il nous 

3uitta aprés' foupc pour aller lui-même faire la prière aux 
Qn)eftique5>.&:noas vint retrouver un peu après. U nous 
-fit \i;<>ir jmç très-heUe fale, où il y a des tableaux d'un 

fraod;pri^ Nous ne vîmes dans ce monaftere que des 
ijôts d'édification. Le procureur nous dit qu'il y avait 
ime benediâion de Dieu particulière fiir leur maifon ^ 
qu'ils faiUbient de très^grandes depenfes , 6c qu'ils ne, man- 
jquoiencde rien, mais qu'il attribuoit cela a ce quç l'on 
tecevi^it tous les novices grMfS , & qu'on avoif banni le 
peculium du cloître. Il nous donna enfuite un homme à 
cheval pour nous conduire à Dilig^en^autre abbaye de 
PremcAtré'â trois quarts de lieues de Brux^les. 
DiHclicd Cette abbaye *tçprouvé Je même fort^ije celle d^ 
^'^^'^'.Grimberg. Ç'eft-à-dire qn'elfe a^^ été ruinée par leshe.. 
x^dqueSi Aujourd'hui on la rétablit , àc on lui a redon^^ 
né fon premier lufbe. L*eg|ife eft fort îplie,, l'argente- 
rie très-riche, le refe^oireprçé de jtrcs-beaux tabjieaux-^ 
le jardin fon agréable ,, ^ la jp^ij^l]^.^^^ aSkz bonne , 

mais. 



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VOYAÇE LITTERAIRE. 113 

mais il n'y a que très-peu de manufcrits qui ne font pas 
de confequence. Comme nous ne trouvâmes rien qui 
nous arrêtât â Dilighen , nous allâmes le même jour à 
Bruxelles, 

Le lendemain nous fômes dire la meflè aux . Jefuiccs; BîmcIIo. 
C'étoit dans l'oûave de S. Ignace, tous les confeffion- 
naux^toient remplis^^plus de quarante perfonnes com- 
munièrent dans le peu de tcms que nous femes là. L'e- 
glife eft très-belle & très-ornëe , la facriftie eft grande 
& toute pavée de marbre, la plus belle que j*aye jamais 
vue. Après la meflè nous demandâmes à voir la biblio- 
theque, mais le frère nous pria d'attendre jufqu'â dix 
heures&demie, parce que tous les pères étoient occupez 
au confeffional , & les regens ètoient en claflè. H fe trouva 
néanmoins la un Jeluite , qui s'offirit forr obliçeament 
de nous la faire voir. Il fut chercher la clef & nous me^ 
na jufqu'a la poree , mais il la trouva' barricadée à caufe 
des émotions populaires, qui s'étoient élevées dans la 
ville, contre lesquelles ils avoient crû devoir fe précau 
tionner, parce qu'on les avoit menacé de piller leur maifon" 

Nous vîmes feulement â rentrée quelques anciennes in. 
kriptions fur des pierres enclavées dans la muraille. Nous 
tûmes de-Ia cher monfieur le prince de Rubanpré qui 
paflc pour un^horarae de lettres j mais il étoit alors au 
conteil. Monfieur Vanderbooii pour lequel nous avions- 
«ne lettre, nous reçut chez lui avec beaucoup d'honnê- 
teté, li nous fit voir plufîeurs manufcrits qui c6àternent 
les fiefs de la province , k plupart aflèr recens II en 
yoya quérir un libraire qui pur nous indiquer les meil-" 
leures bibliothèques de la ville, & les endroits où nous 
pourrions trouver des manufcrits. Celui-ci nous dit ou'ii: 
n y avoit |>erfonne de lettres à Bruxelles ,parce queïous 
ceux ^m ctudioient & qui menoient une vie un peu plus 
réglée que les autres , paflbient pour des Tanfemftes & 
que perfonne ne voulôit avoir cette réputation : quelorf. 
quil lui tomboit des manufcrits entre les mains, lés An^ 
^lois & les HoUandois les enlcvoient auiE-tôt , que la meiU 



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ccc 



114 VOYAGE LITtERAïRE. 

leure bibliothèque qui fut à Bruxelles ccoit celle de ram- 
baiTadeur de Tempereur /mais qu'elle étoitiiiaceflîble* il 
nous invita enfuite d'aller en (a boutique^ nous y fûmes 
parx:omplairance^& nous lui demandâmes s'il avoitqûeL^ 
quesbons livres. Les meilleurs, nous dît41, font les livres 
des Janfeniftet. Et en avez-vous , lui dis-je ^ ouy , mon 
père ^ en voilà , il nous montra les ouvrages du P. Sir- 
mond & du P. Petau Jefuites. Je lui dis qu'il avoit bien 
railènvde dire que ces livres étoient bons. Voilà encore un 
Janfenifte^ ajouta^l, en nous montrant les livres des Rites 
ecclcfiafliques. Il ne nous connoifToit pas , & ne f^avoic 
pas même de quel ordre nous étions, l'eus bien de la 

()eiae à m'empêcher de rire , & je vis par là ce que 
^on doitpenfer de la plupart de ceux qu'on appelle aujouf^ 
d'hui Janfeniftes. 
^•«ge-<^i®Â- Nous partîmes l'après-dîné pour aller au monaflere de 
Rouge-Cloître , une des plus belles maifons des chanoi- 
nes réguliers de l'ordre de S. Auguftin dans^les Pays-Bas. 
Lorsque nous y arrivâmes, on faifbit le fervice d'un de 
leurs confrères quiëtoit mort. Dhs que les religieux nous 
japperçdrent , ils vinrent nous recevoir , & nous firent le 
meilleur accueil du monde. Nous y allions principale- 
ment pour y voir les manuicrits qui font en ailez grand 
nombre , quoyque nous les enflions déjà vu autrefois , nous 
étions bien aife de les voir encore ^ parce qu'en fait de 
manufcrits on profite toujours à les examiner. Jenerepe^ 
cerai pas ici ce que nous avons rapporté ailleurs des qua- 
tre gros volumes de GuUlimannus prieur du monaftere, 
quoy qu'on pût y faire encore beaucoup de remarques, fur 
tout dans le tome qui a pour titre : l-li^oriêtogimm Bra^ 
kaniinorum tam fétcuUrtum frincifnm , qiuim nltùofêfum^in 
àuç mutâtQ temporum ordtne , locum pTétêCcmpat hifiorU Jtrofo^ 
lymitAna. Car (ans parler de tous les ouvrages qui regar« 
dent les croifades , on trouve un livre dt ytHmadmck 
Urakdntmpum é- cUiikms Zeodienfium , à la fin duquel , on 
lit le nom de l'auteur en ces termes: Ex finit bf/inUcenUt 



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VOYAGE LITTERAIRE. nj 

.fiftiiofd detriumfho dncis Brahantnfii & cUdihns terra Zeo^ 

dienjîs édita à vira Htterato é" venerahili fatre Henrico de 

Merica friore canemcormn ref^nUrinm frefe Zovaniumama 

MCCCCLXix. féliciter. 

On y trouve encore les ouvrages /uivans» • 

EleEiiB illm^rifftmi frincifis arcbidëcis Anfirdfiormn (^ 
Sraiantinorum in regemRomanorum^ videlieet Maximiliani g^r 
neri Caroli ultimi ducis in tivitate ïrancofordienfi. 

Mjnfdem corondtiem 

MfiJleU jEne/e Silvii ai Philipfum dùcem Surgundia ^Cr 

. Bpifiifla S, Thoma de Aqninù ad Aleydem d^iffkm Bfa^ 
harttiafmidatricernVallisJiMtis^ 

Gefia Jatùkdiyitriacei 

Itinerarium generofi militis Demini JEgidiide Trafeiffiiejf 
p$i /kit cegnatus ducis Srabanti. 

' La colleâion des vies des Saints en quatre volumes' 
d'aune écriture trcs^nenuë, recueillies par Jean Ghentius 
chanoine régulier de Rouge-Cloître ^ n'eft pas om dQs 
moindres manufcrits delà b^bliothecpie. Parmi ces vie^ 
écrites par des anciens auteurs , j'y lu celles de deux faints. 
du monaftere.de Fontenelleen Normandie, fijavoir de 
S. Erembert evèque de Touloufe & moine de Fontenelîe 
& de S. Condet moine & confeflèur y dont la fête.eft mar- 
quée au XII. des calendes de Novembre. Elle finit par fon 
cpitaphe^ qu'on ne trouve pas aujourdliui à Fontenelîe ^ 
ni dans la chronique impimée de t&i illuftre monaftere*. 
C'eft pourqupy nous croyons qu'on ne fera pas fâché de 
la voir icL 



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né VOYAGE LITTERAIRE- 

Extitit in Gallis meritis dignij^mus olim 

Cujus membra facra hic tumuUta jacent. 
2Tômine Condetus virtntumfiêre corufcus^ 

Pfo quibns in tœlis nunc vigit eximius. 
Qui Tjjeùderico JPrancorum fceftra régente , 

Rura BritannâTum Tranfvend defermit. 
Q^llorum adiit fartes lux christ ulamm^ 
JnfuUhnnc fequana quse Seltinnacd vocatur^ 

CurricuUs mnltis favit cf- hic fepelit. 
£jus fiecréites cintres fofi tempna lenga , 

Bgregio cnltu turba fdcrata tulit 
Fûntanalenjîs ^ tummlans in cefpite fulcr^ ^ 

Ifunc iti fofcentes mnneriHs cunutUt. 

On y trouve aufCles ouvrages fuivans de quelques au^l 
teurs de l'ordre des frères Prêcheurs. 

TraFiatus de cakatione métlignpmm ffirituum editus kfratrt 
2TiC0êao Jdcquers otdinis frdtmm Pradicaterum. 

Liher de fenjîbilibus deliciis paradif editus kfratfe Jehan^ 
ne de Tambaco ordinis Pnedicatorum provincia TheutoniCée. 

Johannes Tîyder de reformatîone religioforum. Quafiiê de 
fecreto confejjionis ceUnio cum determinatione data per magif» 
trum Bernardum de Reyde facrdTheeUgiée profeQorem. 

J'ajouterai à ces auteurs jimbrofii oratio habita Ba(ile£ 
in facra fynedo feptimê caUndas Septembris anno Demini 
MCCCCXXXV. cum ijluc à R^mano Pontifice^Eu^io If^. 
mijfus efiet orator. On y trouve auffi l'expofition dl^aimon 
fur les epitres de S. Paul , oà il a la qualité d*evêque de 
Cologne , mais il n'y a aucun evêque de Cologne de ce 
nom. 

• Après le repas , on nous mena dans le jardin pour 
un peu nous recréer } & Ton nous y fît voir une chapelle 



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VOYAGE LIJ^TER AI RE. 117 

de la Vierge fur une petite élévation , où les religieux 
vont tous les famedis chanter le Salve regina. Il y avoit 
autrefois une petite chambre qui joignoit la chapelle ^où 
ils alloient tous les ans faire une retraite de huit 
|ours. Car les chanoines réguliers de la congrégation de 
Vindefhein , dont Rouge-Cloître ëtoit, s^appliquoient 
fort aux exercices fpirituels , & pour y vaquer avec pluis 
de liberté , ils gardoient la clôture , comme font aujour- 
d'hui les Chartreux, Il n'y a pas cent ans qu'ils ont ceflc dé 
la garder, 

Lorfque nous partîmes , monfieur le prieur eut la bonté 
de nous donner un religieux y qui vint nous reconduirez 
^ cheval jufqu'à Notre-Dame du Chêne. C'eft une eglife 
de dévotion bâtie par le prince Albert & la princefle Ifa- 
belle, quieft deffervie par un Premontrc de Tabbayedu 
Parc près de Louvain. Nous fumes de-làdîner à la pré- 
vôté de Baflèvavre deflervie parifix religieux de l'abbaye 
d'Afflighen, Il y aune Notre-Dame miraculeufe ,'qui y at- 
tire un grand concours de peuples. Et comme les perfon- 
nes-fimples ont ordinairement plus de foi & plus de pieté 
que \ts autres , ces bonnes gens marchent à genoux au 
tour de l'autel , dévotion qu'ils ont réitérée h fouvent, 
que le pavé quoyque de marbre eft prefque tout ufé. 

Nous filmes le même jour couchera l'aobaye deGem- ccniUpttv. 
bloux, la plus noble du Brabant. L'abbé a droit défaire 
battre monnoye^ mais il y a au moins cent vingt-cinq ans 
qu'on n'en a battu. Les religieux font fort réguliers, le jour ^ 
précèdent ils avoient été cinq heurea»durant a la campa- 
gne y pour faire la récolte. Ils mangent à la vérité trois ^ 
fois la femaine de la viande , mais ils n'en ufent jamais 
le foir^ & les vendredis ils n'ont que du pain fec à la col- 
lation. Nous paflames la matinée à voir ce qui reftoit de 
manufcrits de l'incendie générale du monaftere, & après- 
dîné nous partîmes fur les trois heures pour aller à Oi- 



gmes. 



C'eft un monaftere de chanoines réguliers , fameux par ^^tf^^^ 
la retraite^de fainte Marie d'Oignies, dont l'illuftre cardia 
^al Jacques de Yitri chanoine régulier du liea & fon direc-^ 



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nS VOYAGE LITTERAIRE, 

teur , a écrit la vie. Nous y trouvâmes un venera- 
ble prieur , qu*on peut regarder comme le reftaura^ 
teur de U maifon & pour le fpirituel & pour le tempo» 
reL II étoit curé lorfqull fut élu prieur. La mailbn 
étoit chaînée de trente- fix mille livres de dettes, le» 
bâtimens en defordre, & la difcipline régulière fort aâbi- 
blie. Il commença par réduire fes religieux à la vieconw 
mune, il leur interdit les pendons , & le pécule; il def» 
fendit les dotes pour la réception des novices ) il fît de 
grandes aumônes 5 & avec cefecret il trouva le moyen de 
payer toutes les dettes^ de rebâtir lemonaftere^defaire 
une bibliothèque 2c des ornemens pour Teglife. Il établir 
des lieux & des temps de (ilence. Il appliqua fes religieux 
a rétude , & leur donna de bons maîtres pour les former 
dans les fciences y ce qui a fi bien réufQ , qu'aujourd'hui il 
y a dans le monaftere pliiikurs rcflieieux capables d*enfei* 
gner. Pour ajBFerrair ies religieux dans le bien qu'il avoir 
établi j il leur fit foutenir dans une thefc que le vice de pro* 
prieté eft un dérèglement qu'un abbé doit retrancher ^ 
& que chaque religieux eft obligé en confcience de lui 
obéïr fur ce point y quoy qu'un uiàge contraire eut wé-^ 
valu dans fon monaftere , 6e qui^ ^ême il ne ie fe^ 
roit engagé que dans la vue de joUir de cette dou^ 
ceur. Cette thek choqua ks religieux d'une fameuie ab- 
baye y qui s'ien plaignirent. Mais on leur répondit 
qu'on n*avoit pas foutenu cette thefe pour les criti- 
quer j qu'on n'avoit eu en vue que d'expofêr la vérité ^ 
que )oui0ant du ^nheur de la vie commune y ils. 
fe faifbient un véritable plaifir de s'occuper des avanta* 
ges qu*on peut en retirer pour s'animer a la confervcr 
ians relâche. Si ces religieux avaient autant de foin d'étui 
dier leur règle , qu'ils en ont de bien recevoir ceux qui 
les viennent voir , ils verroient qu'il n'y a rien de piis^ 
deffendu, &queS. Benoift \cuz qu'on eii retranche juf. 
qu'aux moindres racines.Toutes les règles monaftiques fiii. 
virent en cela celle de S. Benoift. Et le pape Innocent IIL 
étoit fi perfuadc de cette vérité, que dans une cooftitu^ 
tiûn qu'il a faite poux ic^ Benediâins , il déclare qu'uA 



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VOYAGE LITTERAIRE. nj 

*l>bé ne doit pas croire qit'il ait le pouvoir de difpenfer 
{es religieux fur h. propriété > que le vœu de pauvreté auffi 
bien que celui de la chaftètc eft tellement annexé à Té- 
tat monaftique, que le pape même ne peut pas en dîù 
penièr. 

f Le monaftere d'Oignies reconnoit pour fondateur un 
iâint prêtre^ nbmmé Gilles de VValcour , qui en jetta 
les fondemens vers Tan 1191. 8c fit confacrer reglifepar 
Pevêque de Liège en Thonneur de S. Nicolas. Il eut pour 
compagnon Jean de Nivel dodeur en Théologie , célè- 
bre prédicateur & doyen de Teglife de Liège. Jacques de 
Vitri doébeur de Tuniverfité de Paris ^ attiré par la re- 

{>utation de fainte Marie d'Oignies , vint exprès pour 
a voir^ charmé de ùl fainte converfation , il ielaifla ai- 
fément perfiiader d'embralTer la vie religieufe , & de (e 
faire chanoine régulier à Oignies. Son mérite It fit bien- 
tôt connoitre auprès des fouvendns Pontifias. Il fut créé 
cardinal de la fainte egliiè Romaine ^ evêque d'Acon ^ & 
employé dans des légations confiderables , ce qui lui don- 
na occafion de faire preiènt à fon moiiaftere de plufîeurs 
iàintes reliques^ entre autres, du bois de la vraye croix, 
d*une côte de S. Pierre/ d'une mâchoire de (aint Barna. 
bé , d'im oflement du pied de faint Jacques le majeur, d*une 
dent de S. André, d*un doigt de S. Martin, de Thuille 
de S.Nicolas &c. On voit encore dans le threibrladif- 
ciplinc decegrand cardinal, fon miflèl, fon pontifical , 
£tcrofle d'y voire, deux de fes mitres , une de parchemin 
qui fait voir la fimplicité de ce tems-U, &:une pluspré^ 
cieufe. On y voit auffi une très -belle chafle d'argent, qui 
renferme le cMpsde fainte Marie dX>ignies) ton chef ^ 
fon couteau & ut chemife de laine. Le calice de Gilles de 
yValcour premier prieur du monaftere, eft fëmblabléà 
ceux que nous avons vu ailleurs de S. Thomas de Can« 
torbie. L*eglife eft aflez belle , on y voit le tombeau de 
Jacques de Vitry en marbre noir aans le fanduaire du 
côté de l^epitre , & près de la facriftie celui de Gérard 
fîre dé Morbais, châtelain de Bruxelles. Le tableau de 
Jointe Marie d'Oignies qui eft dans fa chapelle pairepoiir 



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iio VOYAGE LITTERAIRE, 

wn chef-d'œuvre^ Il n'y a point de manufcrits dans lemo^ 
naftere que ceux qu'on voit dans la facriftie. Le plus pré- 
cieux eft un facramentaire écrit il y a plus de lept cens 
ans. Nous fîmes quelques extraits au calendrier qui nous 
apprenoitle^tems de l'ordination de plufîeurs evêquesde 
Tongres & de Cambray j des cérémonies de l'extreme-onc- 
tion qui renferment des rites finguliers , & d'autres pour le 
premier mercredi de carême qui font afièz conûderabks 
pour être rapportez ici. 

Ex ANTIQJJO SACJLAMENTAHIO OiGNACr. 

In CaUndario à nono Cal.\martiitrdnJUti0 dMommfratrum 
Thtuduvai é" Chtodldi. 

XVI. C0I. jifrilis ordinatio DodiUnls Cameracenfit eccle^ 
fie ipifiofi dtmù ak mcarnatione Domini dccclxxxviii> 

. III, Jdus Affilis fccunda tranflatiQ Theuduvardi. 
▼ 1 1. CdL Mail natale S. Ermini epifcofi (^ Cân/efioris. 
VI. Nonas Maiiordinatiê FarabertifanEi^Tnnffenfistc^ 
îlefiée efifcopU 

XI. Cal. JnlU natale S. Enfebii htfiorioyafhK 
. VI. IdMî JnlH tranfitns S. Ettoni (onfefjcris. 

XVII. CaLaug. natalis Gundulf atque MonMlfi efifcofi ^ 
€(nf efforts. 

XII. CaL Seftemiris ondinatie EverOiCfiS. Zeodienfis eule- 
fée epifcofi. 

X. Cal. Sept, ordinatio Stephani fanBée Tnngtenfs ecelefiét 
efifcopu 

VII. Cal. OiloBfis natalis S. Roierti epifcopi. 
XIV. Cal. Novembris ordinatio Ogonis S. Tnngrenfs eccle^ 
fa epifcopi anno incamationis Domini dccccxlvi. 

X. Cal. Novembris tefiitutio corporisS. Amandi epifcofi 

II. Trônas Novembris Koma ordinatio Richarii epifcopi 
Tungrenfs ecclefia. 

XVI. CdL Januarii vocatio Dodilonis monachi exmona^eZ 
fio S. Vedafti ad epifcopatnm anno ab incamationc JOomini 

DCGCLXXXYIU 

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VOYAGE LltTEHAÏRÉ. nr 

Ïn ordinb ad visitandum in fi km um. 

Ingredienus facerdotesmdomum infitmi dècàmew vi i.ffaV^ 
fœninntia cum letania ^c. 

Et fie perunguant finguli facttiotes infirmum de ûleofàiiBi^ 
ficAto , fac tentes cruces in coilùm ^ é* P^^tur\ ^ feitus yé^ift^ 
ter fcapulas , é* fufer y^.fenfus corporeos , ^ infupercilia ocu^ 
Urum , d^ in aures intus (^ forts , (^ in narium fummitate five^ 
mterius^^ in labià , id eflexfèrius^é' inmttnus fimiliter ex^ 
terius idefi de fous , %t niacul^e qua fer y. fenfus mentii (^ cor^ 
forts fragilitate camis aliquo modo inhaferunt hac medidna 
Jfiritati ^ Domini mifericordia felluntur. . 

Dumttngunt facerdotes infirmum ydicanp bas oràtiànei moro*' 
fiu^ unguendox 

Ungp te oleo fâridificiatô in nominef Patris & FiKi te 
Spiritus fandijUt more militiS undi. pjraspjaratus ad lue^^: 
tûm, poiEs acreas fuperare catervas. 

Item alla ait alto faeerdote dicenda. 

In nomine Patris & Filii & Spiritus- fanéti. Sit tibi haerô 
unftio olei faridificati ad purificationem mentis & cor- 
poris, & ad munimen & defenfionem* contra jacula imi; 
mundorum fpirituum. 

Jteni alia ab allé facefdotâ dicenda. 

Ungo te oïeo fândo , invocata magni creàtoris mâjeft 
tàte, qui juffit Samuelem pfophetam ungui David in re^^ 
gem. Operare crçacura oiei in nomine Dei Patris omnii 
potentis , ul non lateat hic fpiritus immundus , neque in 
medullis ^ néque iii ulla compagine membrorum , fed ha», 
bitet in ea virtus Cbrifti altiffimi , & fanûificatio Spiritua 
fandi;^' 

Jtem dlial 

Ungo te oleo fahûo in riomine P^atris 8c Filii & Spirii 
Kis-fandi \ obfecrans mifericordiam ipfius unîus Dominî 
acDei noftri, ut fugatis omnibus doloribus vel incom*» 
moditatibus corporis tui, recuperetur in te virtus & falus, 
quaterius pèr hujus operationem myfterii , ^ per hanc fa- 
crati olei undionem^virtfttem fanâiiSma: Trinitatis me. 



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MI VOYAGE LITTERAIRE. 

dicatus , priftinam & magis robuftam recipere merean^ 

fanitatem. 

VnEio infirma , dicantur ha finguU oratjiones. 

Sequuniur in mf. quatuor orationts. 

Blinde communicet eumfacerdos corpçre ^ fanguine Domif^ 
ni ^& fie faciant iUi fer fsfttm diebus ^ fi necefiîtas fuerit tatu 
de communione quant é* de mliê cfficio i Çf Jkfcitabit eum JDo^ 
minus ad fatutemfua clementia ^ & fi in feuatis fuerit ^dfr 
mittentur et. 

iyi;iS$A PILO ÏNFIRMO IN DOMP. 

Cum anima in agone fui exitus diffolutione corporis fuivifa 
fuerit lahorare , convenire ftudtbunt frdttes velceteri quiquefi^ 
deles , & communicandus efi infirmus de facriitcio fanÙo , etian^ 
fi comediffet ipfo die^ quia communio eût et defenfatrix é^ad^ 
jutrix in refurreBione jfêfiorum.Ipfaenimrefufcitabiteum. Po^ 

eommunionem vero ( unum folium deefi ) 

In fa.cris ordinationibus nulla affignatur inftrumento- 
nim porre<îlio, Poft grdirucionem epifcopalem legitur 
edidum , quod dat pontifex epifcopo cui bencdixit. 

Diledo npbis fratri ilii epifcopo Ule poniifex.. punj 
etenim credimus &c, 

Feria IV. ïNFRA Quinquagefiinam irationes é^' preces fu- 
ferpœnitentemconfitentempeccatafua morefolito. Exaudi Do- 
mine preces noftras ,& confitentium tibi parce peccatis , 
ut quos cQnfcientia: reatus accufat , jndulgentia tua: mi- 
ferationis abfolvat. Per. H te mittendus efi cinis fuper caput 
pœnitentis , & dicendum. Mémento horap quia pulvis es & 
in pulveiiem reverteris. Statimque ponendum cilicium ^ di^, 
cendum. Contere cor tuum , & humilia animam tuam in 
çinere& cilicio, corenim contritum & humiliatum Deus 
non defpicit. Oratie. Prxveniat hune famulum tuum ^ qux- 
fumus Domine , mifericordia tua > ut omnes iniquitate? 
ejus céleri indulgentia deleantur. Per. 
Pêfl bac euciendus efi ab ecclefia ^c. 
^lorcf. Nous partîmes d'Oîgnies fort édifie! de la régularité 
de la maifon, & nous Simes à l^bbaye de Floref , qu^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 123 

h'eft qu*à deux lieues de là^ &à deux de Namur. Floref 
eft un des plus illuftres & des plus anciens monafteres de 
Tordre des Premontrez. Son abbé eft un dt^s trois , qui 
ont le droit de confirmer i'eleûion de celui de Premon- 
tré. Cette abbaye reconnoît pour fcs fondateurs les com- 
tes de Namur , qui charmez de la fainte converfation de 
S. Norbert & de &s frères , lui demandèrent des reli-, 
gieux dés Pan 1121. c'eft-à-dire un an après la fondation 
de Premontré , & leur cédèrent le château qu'ils avoient 
dans ce defert , pour y bâtir un monaftere. I4s le choifi- 
rent dans la fuite pour le lieu de leur fepulture , & on> 
voit devant le. grand autel fur un marbre blanc leur epi- 
taphe , qui eft conçue en ces termes.- 

Hic facent carpêta pietate é* fanguine iUufirium virorum 
Godefridi ^ Henrici quondam Câmitum Namur cenfium ^ hn* 
jus ecclejia fundaiarum^ ex antique choro fer admodum rr- 
verendum DD. Cdreium de Severi ejufdem ecclefia antifiitem 
buctranjlata 6. Ftbruarii anno md cxlti. ip forum animap 
fœltèm fttfiifiaP\ quorum corpora hic terra foffsdet.- 

Et du côté de Tèvangilei;' 

jinno Domini M D c X i r i. vï.. FehuarH ex aritîquo choL 
n? hic tranjlata funtper R. D. Dl Carolum de Severi hujusmo^ 
nafierii archimandritam corpora piiOmarum^ nobilifftinarum 
feminarum Ermenfendis ^ Agnetis eomitifjarum Nanmtcen^ 
Jtum , ^ hujus ecclefiof fundatricum y quarum prior hune locum' 
S. Patri Norberto pietati confecrandum donavit. In pace fip 
locus earum. 

Sur le marbre blanc de la t>alufl:rade qui eft dii côti^ 
de l'évangile.' 

. A rep/e ^irpii niajoribtts ortuni 
JÉque repetunt Godefridiis é* Ermenfendif.^ 
h/iperatores ^ regei ^heroes\fdcri9rumprincipes divos" 
Jumelant imirpefietQs é^ feroinepotes. 



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«4 VOYAGE LITTERAIRE, 

Ptobanâa regU nmnificentiée 
. Vnafatejiplêrefia. 
Jnfimornm cçnverformn frofejpf fiatn^ 
QfitntaHonisfafinm defrefferunt ^ 
Jlluferum vefte candida 
Vixitmnt Cûnjnges pacificL 
Fdxis UBor dprmiant confratrts 
Jn face, 

^ur le marbre du baluftre du côté de Tepitre. 

p. O. M. 

Vis fcire qugm non fit aliéna à bellica 

Foftitudine chriftfona fietasi 
Henricus Namutci é* Zucemburgi cornes ^ 
Godefridi & Ermen fendis non deymer filins ^ 
Vtramqne felici fœdere copuïavit. 
Bello firennus , face fins, 
twdatétm k ^atentiius Florefiam fovit , dotavit , diUvit ionis^ 
Snilimdvit honorilus , in tantum dilexit , 
yt afmd iffam fmm jiffiete eonthorali ftfelirl 

VokferiisnnoMC^Lxxx. 
Pfincifiins dileffa viris JFlorefia juges 
Md^ihns ifforunt grat^ refende freces. 

Lprfque nous arrivâmes â Florefonchaotoic la grande 
meile , & comme c'ëcoic un dimanche nous fumes bien 
;Mfe de Veotendre, On y chanta la préface de la Trinité , 
^ les jeunes feligi^ux. y communièrent. Après la mefle 
nous demandâmes monfieur l'abbé , mais comme il étoit 
malade , le prieur vint nous recevoir d'une manière fort 
igracieiife. Après le dîné on nous mena à la bibliothè- 
que , oà il y a un erand nombre de manufcrits trè^-beaux. 
Nous les examinâmes tous , & nous travaillâmes defliis 
le refte du jour 6c tout le lendemain. Nous y vîmes en- 
tre autre une trèsrbellc bible ^ les lettres de uintÀuguf- 
tin , celles 4e faint Grégoire ^ de S. Bernard , de Yyçs de 
Chartres, de Piprre d'Herentels prieur deFloref. Celles^ 



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VOYAGE LITTERARE. 115 

ci font toutes spirituelles, Piiftoire Romaine de Sextus 
Ruânus djvifée en vingt -fept livres, dont le dernier 
iînit eh 804. Nous y vîmes auffi un ancien auteur anonyme, 
^uia plus de cinq cens ans, & qui fous le titre de ViduU 
tate traitte en plufîeuts homélies diverfes matières. La 
txoifiéme partie de fbn ouvrage eft de TEuchariftie. Il 
jrapporte dans fa préface différentes erreurs touchant 
xet augufte Sacrement: & voici comme il s'en explique. 
^lii quoi de membres diciturcapiti afcribmnt , alii quodde 
capiie dicitur Vicm^ris àfponunty qui ^ de utroque vêl alter^ 
utfo tam confufe fehiiunt ^ ut aut capui nimis humilient , aut 
membra nimis gUrificent^ qui non foium de veritate corporis 
Chfifii , fed ^ de facramento varios erroref ^ harefes incur^ 
runt. ÎTam alii panem (^ vinum non mutatum dicunt^ fed fo^ 
Irnn fdframtntum effe ^ficut eft aqua baptifmatis ^ vel oleum 
ehripjftaiis ^ ficque corpus Chrifii nonvere ^ fed figurate vocari 
dicunt , ficut , inquiunt^ cum dicitur , accipe ve^em candidam , 
quam perferas ante tribunal ChriJIi , nec famen^pfitm , fed ab 
ipfa fiffiificdtam intellipmus , ita e^ hic. Alii pani^fn dicunt 
non foîum factamentum ^fed etiam in pane Çhriftum quafiinh 
fanatum. Alii dicunt parum ^ vinum in carnem (§- fangui* 
nem mutari , non tamen Chrifii , fed cujuslibet ftUi hominis 
fanlii (^ -D^^ accepti. Hic enim dicunt impleri quod Chrifius 
Jicit: nift manducaveritif carnem filii hominis^ non habebitis 
vitam in vobis. Alii J^ci yratia derogantes^ dicunt malisfa^ 
cerdotum meritis annulatnréivini invocationominis. Non enim 
fanis in carnem Chrifti nifi confecratione digna poteB converti^ 
Alii adhuc deterius délirantes , dicunt mutari quidem in came 
.Chrifti , fed ma lis meritis fumentium non permanere in carnem 
Chrifti^ fed iUfum reverti inpurumfacramentumpanis.Alii^ 
jquod adhuc deterius eft , Mcunt quod per corne ftiorum coriverta^ 
tur in corruptionem fœdée di^eftionis ^ utreliqui cibi. 

Après If prologue il divife ion ouvrage en plufieurs 
chapiti^s , dont jnou;s rapporterons lèiuçment ici les 
titres. 

Prologo finito^pfimo expediamus de vnitate Dominici corporis^ 
dfinde de ipftufS facramenti variis difputemus j proui Domir^ifs 
dtdcrit , qua^iunculiSp 



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lié 'VOYAGE LITTERAIRE. 

u Cafiiulum quod Deus hominem Daménkmm fro nobis af-^ 
fumtnm fufer omnia exaltavit. 

II. Qttûd utcettius in fimili natura fergratiam Chrifii'ffi^ 
wnus glûriam , nosfratns fuas fecit , é* i^^^ & cwnriUo nobii^ 
êfnnia donaviK 

lu^ Quod ad majortm tanta ^4tia certitudineM^ ipfnmca^ 
fut nofttnm Deus nos membra ejus ita confiituit^ut nos cotfup 
ejus cum ipfù cafite dfCimuryChriftûs facramento ^ voritatecor- 
foris fui nos fibi uniens f^ concorporanr. 

IV. duid fit factamentum ^ quot tniodts accipiatur. 

V. Quod vifibik facramentum fanis- et ^i^ nuncnpatii^i 
dicatur corpus ChriftK 

VI. QuoàChrifius in prane facramentali non perfonaliter itd 
fit impanatus y ut in carne incamatus. 

VII. Quod remanentibus qualitalibus fuis y fubfiantia panU 
^ vini in verum Chrifii corpus mutetur.^ 

VIII. Quomodê facramentum corporis Chrifii ceterisfacfa^ 
mentis différât aut conveniat. 

IX. Quod nevus panis & vinum in corpus Chrifii mutata 
novam camem aut fanyuirum non générant. 

x^ Qùod de quolibet filio hominis non , tue ni fi de ipfo Chri^ê 
intelligendum fit. Nifîmanducaveritiscanaemfilii hominis 
non habebitis vitam in vobis. Vidua fuis{cum ftmiUbus Sara^ 
ptena non nifi Chriftum novit Filium hominis y prêter fiUos homi^ 
num , quibus diciiur Filii hominum ufqueq^o graves corde, ^ 
ut quid diligitis vanitatem.- 

XI. Quod in Sacramento vifibili fit fprirituaU ^ ittvifiiile^ 
corpus Chrifii^ 

xir. Quod corpus Chrifii crnn in facramento fit fpifituaUter 
é^ invifibiliter y non tamen minus fub fi antialiter^ ver e. 

XIII. Qjuod vtritas MTporis Chrifii etiam ^gnis fit fepius' 
êfienfa. 

XIV. Quodcorpus Chri^i cum fit locaU^tarmneofdem moment 
to indiverfis locis fit ^ quia efiindtelo (^ in terra. 

XV. Quod corpus Chrifii diwjim & àfidelibus fumttm pef^ 
manei ina^nuptum & inteffum. 

XVI. Quod imnivlatio Chrifii in altari mndêdtur^^noditê^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. «7 

rMm oecidatmr^ fed quod vera ejus immoUtio reft^efentaid idem 
in altari nunc quod tune in eruce oferetun 

%si\.Que4dufli£iter feu tripliciier corfus Chrifti iicatur\ 
ndm feftem. modis facramentum dicitur. 

XVI H. Q3^d iwifibile corpus Cbrifii in facramento fit fa^ 
CfomentumvifibiUs corforis Chri^iin humana forma.. . vert idem 
ejufdtm^ 

XIX. Quôd fkcrdmentumduobus modis ji(^nîficatur ^ velfua 
ex fe fimiUtudine y vel aUcufus aHionis erga fe fimilitudine. 

XX. Quia in faerificioffi facramentum cerporale ^ corpus 
Çhrifii fpirituale ^ ^ quod du/e funt etiam ejus corne fiiones , una 
corporalis y altéra fpiritualis , ^ boni quidem duabus corne ftio^ 
nibus jummt corpus Chrifii , maU tantum una comefiione. 

^rsii. Quod ^cut nec minus à malo , ftec magis à bonofacer^ 
dote fonfecratur veritas corporis Chrifii , fie nec minus à maUf , 
nec magis h bono quolibet fumatur quantum ad fubfiantiam. 

XXII, Quornodo vête & falubriter à quolibet poffitfumicor^. 
fus Chrifii. 

XXIII. De diverfis qu^fiionibus qud oriri folent de facra^ 
jnento corpotis ^ fanguinis Domini. 

J'ajouterai à cela un ancien manufcrit quia pour titre 
Honorims Eremita in Cantica & les conftitutions de l^eglife 
icoUegiàle de S. DenysdeLiegç. ^ 

Après avoir yû la bibliothèque on nous fit voirlaniai* 
jfon qui eft affez belle , mais Peglife eft cequ'ij y adeplus 
.coniîderable. Elle eft très-bien bâtie & fort décorée de 
^arbre & de peintures. On croit y coniërver une grande 
partie des reliques de S. Gereon martyr , qu'on dit y avoir 
cté apportées de Cologne p^r S. Norbert même , &une 
portion confiderable'du bois de la vraye croix donnée par 
les comtes de ISf amur. Ces deux rçliques ibnt renfermées 
dans deux reliquaires très-riches & pour la matière ôf 
:,pour k fiiçon^ Qn lit fur celui de U croix, une infcrip- 
- tion ancienne^ qui attefte qu'il en eft fortideux fois du 
jfang. 

Comme nous étions à Florçf^il y vint deux Carmes 
Dçchaux y dont Punavoit demeuré fix ans à leur convens 



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ik» VOYAGE LITTERAIRE. 

de Vienne en Autriche. Il nous apprit une circonftancc 
remarquable du dernier fiege de cette vilte^ fçavoir que 
durant tout k fiege , le commandant des troupes Otto- 
manes les avoit vifîté fouvent , & leur avoir dit de ne rien^ 
craindre , qu'il fuffifort qu'ils fufïent les enfens du grand 
prophète Elie pour qu'il les prît fous fet proteftion. \Jn> 
Premontré qui entendoit ce difc'ours , & qui avoit bien de 
Ta peine à s'empêcher de rire , lui dit qu'ik n'ctoient 
cas du tems d'Elie ^ mais le Carme lui répliqua d'un tom 
fort ferieux ^ mon coufin y vous n'avez pas toutTlû; 
S.Gerari L'abbaye de S, Gérard n'eft qu'a deux lieues de Flo- 
ref dans une campagne aflex agréable. Elle fut fondée, 
dans le dixième fiecle par S. Gérard religieux de S. De- 
nys en France y qui y porta des reliques de S. Eugène , Se 
reforma en même tems dix-huit monafteres des Paysi- 
Bas. Celle de Bronne dont nous parlons , a laquelle le 
Saint a donne fon nom , ctoit autrefois confîderable , mais 
l'ereûion. de l'evcchc de Namur ,. l'a mife à deux doigts 
de ia ruine rotafe. Car les evêques s'ctant laifi« de tous 
les revenus , à peine y ont - ils laifle de quoy entre* 
tenir un petit nombre de religieux^ quoyque parla bulle 
d'union , il foit. porté qu'ils entretiendroient le nombre 
ordinaire. Mais il s'en rautbien qu'ils ayent gardé cette 
iclaufe. On peut bien juger par4i que nous ne devions pas 
nous attenclre à trouver grand-cholè dans cette abbaye; 
On- y conferve pourtant encore les reliques de S. Gérard ^ 
de S. Eugène & des faints Innoccns en trois belles chafïès 
d'argent, &un trcs-beau reliquaire du bois- de la vraye 
croix, dont onalesades de la tranflation. On voit dans 
une chapelle où les religieux font l'office le tombeau d'un 
evêque de Namur ,& un puits au milieu de l'èglife, dont 
Fcau. eft faliïtaire aux malades. On l'appelle le puits de 
5. Gérard, parce qu'on prétend que le Saint en a obte- 
nu la fource par (es prières. Je ne me fouviens plus fic'eft 
àzns Teglife., que nous avons lur cette épitaphe du dernier 
i^bé régulier. 

Mit 



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VOYAGE LITTERAIRE. u> 

tïic facef fevennius in Chrifto fater Dùminus BenedïBus 
iMailli j ultinms aihas hujus iHonafieril y qui pojtquam rexit 
€»m laude âiBnm mânafterium^ diem clau^t extremum anno 1564. 
meri^ Junii die ly 

Nous ne reft&iïes pas longrfômsl'SL Gemrd, •& le 
rtiême jour nous allâmes coucher à l'abbiaye de S. Jean 
de Florine , qui n*eft qu'4 trois lieuiîs de S. Gérard. 

Cette abbaye eft -petite ^ mais elle efb fort jolie , Peglife .. 
cft propre , & le fanftuaire orne d'âne bellt boifene 5c de ^ 

tableaux. On croit y conferver un doigt de S. Jean-Bap- 
tifte , & le corps de S. Maur iiîartyr de Rekns. Il y a dans 
la bibliothèque plufîeurs^beauxi&ancicïnsmanufcrits, une 
bible de neuf cens ans , les lettrés & divers ouvrages de 
S Jérôme, d'Origènfe , de- Ga:ffien; de S. Gregoire>jde faint 
Colomban*, de Pafchafe Radbern Mais ce qui nous a le 
plus cKarméy^e font lesWandès aumônes qu'an fait en ce 
moiiaftereôclaregulante exade des religieux^ Ils fe le^^^nt 
tous les jours à' minuit, & après matines ils font une.de- 
mie heure de.meditation. \Xs font toujours debout & la ttt^ 
riuë à roflScé, ils chantent avec une gravité édifiante. Ils 
rie portent point demanthes-à leur'froc, frcen'eft lorf. 
que Taobé officie. L'abbé lui-même né porte ni la mitre 
ni la Ctoix. lisobfèrvént un (îlenee exacfc toute lamati- 
dée, une heure devant les vêpres & une heure* devaftt 
compiles. fLQs religieux 'ont trois fois lai- femàiw"l*ufage 
du vin & de la vîandp , mais i tous les jeuries de réglé auf- • 
iî-biejï'qu*au3C jeunes* d*eglife , ils rfoftt qi^e du jtain à la^ 
collation. Enfin ils ont banni du cloîtlre le^^^«//>?», ce 
qui entretièri une grande-paix dans leut ïtiaifbn \ càrrex- 
perience fait voir que toutes les djvîfîons qui *arri vent dans ' 
fcsmonaiïeres, viennent 'dù;?>i^i!f^& àyi^titmrt.^ Les réli-^ 
gieux croyent fé mettre^au^ large d^ fe |^r6cutànt des pen- 
flons de leurs parens & la jpuifiTarice de quelque petits - 
revenus: & Ton voit tous les jours qu'ils ne font jamais^ 
glus â rctroit 6c dans Tindigence , & que le moyen le plus^ 



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«50 VOYAGE LITTERAIRE. 

propre pour perdre une maifo^ religieqfe , c^eft d'y intro- 
duire le fecmUmm, 
i^ottUni. Nous paflâmes la fiètç de S. Laurent iFJiorine, &le len- 
demain nous partîmes de grand matin , pour aller i Fabr 
baye^de Moulins, fîtuée dans une agréable folitude, à cinq 
quarts de lieues deDinant. On dit qu*ellc ijt été fondée 
parles tomoes de Hainur pour de^ rçligieuiès dçl^'ordre de 
'Oteaux vers T^ iz}o. & qu'environ deux cens ans après 
pn la donna i dps moines. Nous n*y avons rien trouvé dç 
grand , que le bon cœur de Fabbé 6c des religieux. Voici 
fiéanmoios quelques cpitaphes que nous avoQsprijfes d^n^ 
Ji'eglife. ' 

Du côte de Tevangiie. 

Ai morUs nutum WitMnmm fieie fnhmtum 
Solventem juvenes , fie te dûkndo fines. 

/fie cliens magnmsfuh erfu, miàis ut a^nus ^ 
Lamdihms omatns j mortis in pre datus. 

A nece defnnBi mortales difcite cuniii , 

yt nece cmh^a rmMf^ & veJfM umbrafluunt^ 

I>u jcôtcdel'epitre, 

jinni^ Defmni m c c. fip^^^Sffim fexH , fniie ick$ 
J4Mi okiit f^viilelmms miles. 

fmifeie fmm trifii VvillelmMm mers rafmifii^ 

Ji4C recubante J^n^ qu^ fieat ûmnis Mm^. 
MilMée nemen , ffemlum ^ fio$ , Uns ^decus , ometi ^ 

GUfia fdmd tacent ^ intumuUta jacent. 
'Ttns vinm peefdet tamum/efeliri quodaudet^ 

Qu^ fiufetoi coU reffui fuferna foU, 
2^0n vidi:tnundum dare tama laude fecundum. 
Hfinc ^fUvê I}eus ^nefciat ejfe reus . , 

Amen^ 



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VOYAGÉ LItTEKAIR.Ev 131 

Cypfi méiJkme Mariede Zigtui (t^tmfc khanh ^ ûfihh ,(^ 
fitijfam feipietr^ méire Gilks bdtûndç Mcrfaymnt & 4f 
liâmes fur SeUy jinnor^ JParmie » Vvingbeyts^ qui tufaffk 
au chafei de J}€4uramg tan hiQCCCh^ii. le xixii. de 

Le mêmfe JOUI" jittui p^^ .o^ixt^ heure? vifi^i 

j^ur aller couchei: à Voibr. C^eft une ancjctnne abtayç 
de nDtre ordrey fituce fiir le bord de la Meuie dans une 
folitude afliegçe de tous cotez; de mpfitagnes. EUç.dQM: 
fa fondation au comte Èilbferc', qoifojgid^auffi lexiipdttà^ 
ceré de S. Michel en Thier^çhel B^le açu pojic ci-ehuec 
abbé le iaint cvêque FôranànnUs^^dontcUe conicrvç les 
preci^ufes reloues ^ auffi-bieû- que celles de S. Éloque ab. 
Dc de Lagni dans fe diocefer de P a?b* L 'egliiè n*eft pas 
foxt^^iès^^'^vt^^ vQutce que 

dans le iànd^iaire^fjji efl' ojt^ très^bcUc boiferie y 

liiaisle plafond du chœur & de la nef qui eft enrichi de 
nrès-bi?Ue* peintures rie laiilè pas d'avoir ronjmerite. Il n'y 
a'poiitifÇ 4e pi^te ài9s^ le fond' de la npf non plus qu'à Flo,^ 
rine^^c^qui^f^k.aroire qu'anck^ on n'y entroic" 

que par le 4pd^rij5 dn ^crti^ftere ^ & que par cûafeqvieap 
lès feculiers^'foirtouç les femmes, n'y en croient jamais*- 
Voici deust epitaphes très-fim^lesde deux perfonnesiU 
luftres que- nous y avons h;iës»«' 

, , Éji iefonde d^ la jie£ 

\éMê Jiéttàni iiç^^txru^ winks Si^mAH^^^ 
tordus firater temiti^ de Z^Ki 

t4 



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k3i VOYAGE LITTERAIRE- 

. Le monaftere eft proportiopnc à l'eglife , c*eft.à-dîrc 
'qu'il éft petit , iiiais fort propre ,*fur tout le cloître , où l*on 
carde eij touttemsuti fîlence inviolable. La bibliorheaue 



garde eij touttemsuh fîlence inviolable. La bibliothèque 




tant les meilleurs liyrps. Les appartemens de fon logis ab- 
batial font maçnffiquçs , on y vxrit dé tyès4>elles tables 
de marbre de Gènes ^ ^esornemens des portes &dèschew 
minées font de même matière. Il nous lit voir un criftal 
de roche ojrnéde pierres precieufts , iîir 4eqael on voit 
l*hiftoirè de Sufannp ,très-hnement gravée, â ce qu'on prê- 
tent , par S. Eloi y fur iequel on lit LatbMriMiux ftxntontm 
mefiert ju/Bt. Autrefois les abbez le portoient for leur 
poitrine lorfqu*ils officioient. Jip ne parle pas du monade- 
ire d*Haftier , ^iii;i*eft qu'à trois qtiarts de lieuëydeVa, 
for, ôc? qui a;vmt'autrcf«s^ lef'iiîèmeàbbé. ileft^jouri 
é^hm cèduit en prieuré , où Pal;>bë^tieyaj(br envoyé cinq 
^ religieux. Nous rçftâmes unibùr entièràVafor comblez 

des homictetez de mon/îeiir Tabbé/qui eutja bonté de 
nous' communiquer fon cârtulaire , 6^ de nqUs Canner 6^s . 
copieij:^^!? prihcijpatix fcitres;, qui peuvent fervir i éclair-, 
tir ttiiftbîfp' xfupays.-jEnfinldrfq^^ nous p^rtînies pour a|* 
ier à S. Hubert , il nous donna un homme à cheval , qui 
nous conduifît d moitié chen^in , 6c nous addrefla à un 
bon curé qui nous donna à dtné. ' \ - - '■ 

L^^bayp àt ,S. Hubert ij'eft pas feulement une des 
s. Hubert. pJ^^ côfiftderâ)leis qti iViént dàhsles J&fdénnes & dans le 
diocefe de Liège ^ eUe eljb encojre une à^s plus illuftres de 
l*ôrdré de S-'Benoift^ foit pburic's privilèges , foit ppur 
fes grands biens ^ foi t. par (on peleripage. Saint Beregife 
qui avoir été élevé â Sl'^fi^oh ;• éh fut le premier abbé. 
O^ préfend qu'il y établit une communauté dé clercs, 
aufqiiélà fuccedereftt dfei hicKnès-Vtù ëems dé Lbttis Ïe-De^ 
bonnaire. Mais il n*y a guère d'apparence qu'un Saint ele- 
vé daas im monaftçre de Tordre de S. Benoift ^ eut port^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 135 

iPepîn maire du Palais à fonder une abbaye de clercs, dont 
il deyoit avoir la conduite-, & cela dans unèfolitude a£- 
iireufe, dont les clercs, qui aiment les villes & les lieux fré- 
quenter , neibnt pas capables de porter l'aufterité. D'ail- 
ieiurs on /çait que les anciens entendent affez ordinaire, 
ment par le nom de clerc celui de moine , comme on 
peut vx)ir dans Grégoire de Tours. Peut-être queTabbayc 
.^yant été d'abord fondée pour des moine , pafla dans la 
^te à des clercs , comme cela eft arrivé aflez fouvent -â 
xi*autres lieux , & que ces clercs étant beaucoup déchus , 
cMit crut que pour r^ablir Tabbaye dans (on îuftre , il faL 
•Joit y remettre des religieux* <^oyqu*il en foit , tout le 
4tiondé convient au moins, queTe faint evcque de Liegç 
Vvalcandus y établit des moines , Se qvCii y transfera le 
rcorps de S. Hubert de Peglife de S. Pierre de Liège, oà 
il avoit été enterré. JCettc ttanflation fe fit avec beaucouj^ 
jde folemnité Taa 8.25. fous le règne de Tempereur Loiiis 
Je Débonnaire. Depuis ce tems les pegeoîs ont fait, i 
ce qu^on dit, plùfieurs tentatives pour reprendre les re- 
liques de ce Saint, qu'ils regardent tomme un de leur prin- 
cipaux protedeiirs , .& qui félon là tradition du pays a 
.ixansfeiré le fîege epifcopal dp Tongre'i oii de Maftrich 
/dans leur ville. Ces tentatives ont obligé les rdigiejix i 
;mettre le corps de leur^aint Patron en lieu de fureté , & de 
le û bien cacher, qu'il n^y a jamais que deux religieux dans 
l'abbaye, qui fçachent le lieu où il eft. On montre feu- 
lement dans le treforfaj;:ro(Ie qui eft d/'y voire , &fonétolc 
dans un coffre d'or , donné l'an 1J54. par Diane de 
Domp- Martin marquife d'Au*rccb^ la femele d'un de 
ies fouliers , & fo^ peigne ^ dont on donna un mor« 
céau au prince Palatin, qui en reconnôiiïance a donné 
iiux religieux ua fond de deux cens écus. Les religieux de 
leur côtéfe font un devoir de lui faii« tous les:ansun fer- 
vice. On montre outr^ cda dans le tr^eforun calice d'or 
£c un trcs-beau texte des évangiles , orné de pierres pré. 
^eufes^ donné par Pempexeui: Louis I9 Débonnaire à U 



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134 VOYAGE LITTEKAIRÉ. 

franflarion^ de S. Hubert. Un^ trèsubeaapieautiêr écrit eh 
kttres d'or d<M:)tié par l^empereur Ixxhaij^e fan fils , qua^ 
tre coarotines impériales fc plufieurs autres dont trës-nu.' 
ches, faits par divers prkices. On eonicrvoit encoi^ a\itre- 
fois dans le trefor les corps de fainr Beregi& & de fâint 
Thëodoric abbea du nsonaCBereyiviais ayant ét^ bhUel par 
les Calyiniftes , on n^plus aujourd'hui que leurs ceîïdres. 
On voit encore aux piiliers de la nef des manques de la^ 
flireur de ces impies^ fie des tentatives qu'ils firent pour 
ruiner l'ëglife. S'flsavoîent exécute leur deflèitf , ib au- 
roienr fait; un crès-grand mal. Car reglifeeft très-belle'^^ 
grande y largç^élevce^ U très-bien percée. Il y a double 
collatéral , le chœurfclefiinâuaire font pavez de maiu 
bre y ràutel eft magnifique. Séjour derAflomtiôn l'abbé- 
#fficia pootificalement. Outteles principaux minières de 
l'autel qui étoient rèligietur y, il avoir quatre chapelains 
ieculiers^.dont l'iin portoh fa croilfe, l'autre ià mitre, le 
croifiémelegremial yfit lequaciriéme labiougie. Iles Acol. 
lythes pendant la mefiê^y n'alliunerent leurs cierges qui^ 
étoient fiir la^credenceyqu'àl'èvangile&àA/^gxr/^^^des^ 
vêpres , & ^uffi^tôt aorès ils leséteignirenc £e maître des 
cérémonies encenia le choeur ^ donnant i chaque reli- 

E'eux un coup d'èttcerffi.' il f a. d'autres ceremonks qui' 
ursfont particulières. Aprè^vôpresion fit une proceflîon,. 
on chanta le falve regina fie les litanies de la Viergev^q^'onA 
termina dans l:^ne£ 

Pour ce qui eft dumonaftepe^ileft propre ^rtgulier fie 
commode^ mais il n'a rien de trop foniptueux. La biSlia* 
t^equeeil la meiUenre du pays, â y en a à Liège qui ont 
un plus grand nombre de manu&rits ^ mais qui ne lotit pas * 
meilleurs* Lès principaux/ont' une ancienne bible defaint 
Jérôme en trois colomnesr, deux anciennes colleâions de- 
conciles , l'hifloire d'Angleterre par le Vénérable Béde& 
dans le même volume celle de France par Grégoire de 
Tours^parFredegaiie.liyiuanqiieplufiêurschapkres de 
ceUe de Grégoire d$ Tours v<^ ^^M^^s m 



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VOYAGE LITTERAIRE. ï3Î 

«oint rhiftoîre denos rois, mais celle de quelaues chèques 
în particuUer. Il y a auffi pkfîeurs manufcrits d'Ongene de 
•S. Auguftiû , de S. Jérôme & de S. Grégoire , il y en a deux 
très-ancieçis de S. Ifîdore en lettres Lombardes , les vïes 
des Percs da defert, qui font plus amples que dans Rol- 
wdde. On trouve auffi à la fin des retraAations de b. Au- 
guftiB , un dialogue coMïreies Juifs, 'qui a pour titre Dtf~ 
fmtatio Jttàai &ChriJli4ini fims nom d'auteur. Ceft unou- 
yrage de Rupert , que le P. Gerberon nous a donné a la faa 
^e S. Anfelme. Mais les plus confiderables font ceux qui 
^ont dans le trefor , fur tout le pfeautier écriten lettre d or , 
dont nous avons parlé , & qui a été donné pw l'empereur 
Lothaire. On voit à la tête le portrait de ce prince , que le 
R.P.Dom Benoift Mourraane procureur de S. Hubert a, 
eu labonté de nous faire deffiaer. Ceft une *atiquJtfiCOtt. 
fiderable & qui mçrite, d'avoir place ici. 







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lui.. 



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VOYAGE LITTERAIRE. 137 

Après le portrait de Tempereur Lothaire on lit ks 
-^rs fuivans^ 

Inclytd CafÀreum diffundit fama triumphum 
Hlotharii , célébrât quem maximus amhitus orbii» 
flunc oriens recoltt\ mittens veneranter Acbivos ^ 
Q^i veniam curvi fofcanté^fèdeta fucis. 
Sy défis ecctdui populi fuajura itemifcum ^ 
Et tanto gaudent froni fe fubdere régi. 
Quem noft verba valent titnlis èxponere certis-^ 
Ingenii lûcuples ^ nequft fuffidt iUiui umi^am' \ 

Virtutes animi prâpriis percurrere verbis , 
ITec fi centeno lequeretur linyta meatn. 

L*image du roi David eft au feCond feuillet avec 
ces vers, . ^ 

Rex fuit eximiUs , de muUis fhttribùs nnum > ^ 
Quem Deus elegit regnandi ut fceptra teneret ^ 
Cielitus hune facto Spiramine namque coegit y 
Pfallere bis' qtUnts cœleftia carmina chordis , 
Qtue nafetturum regalisjfemine ventrii- 
Signarent Chrifiufn , rAundi pef enigmatd regèm^ 
Quem canit ^ citharne modulàntisverbereple£hi^> 
Organa multiplici cotnponit inclpafenfi ^ ^ 

Cymbala pJalUriumprad^Bopollice put fat , > 
Myfica defignent ut nobis ùarmina regMt. 

Au troifîéme feuillet eftTimage de- S; Jerômeav^c^ - 
œs wQïs. 

Hieronymus m^ndi celeberrimts extat in orbe ,, 
Qrfem meritis vita fulgem vemratnr :Eopfi 
Syderis occidui reminifcitur ultitna Thyle , . 
Tefiamenta Dei gemirkcque confona legi^ 
Tradidit ac vertit , muians fermons latirto^- 
M^c quoque pfalmorum fjratiJBma çar^ifitn^h. 



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€38 VOYAGE LITTERAIRE. 

Tranfmlit , ac demumjreEium comxit ad unguem. 
Continet ut frafens àefcriftus namque libelTus , 
Quem fie fi régis veneratio magna coëgit. 
Cujus amor mundi quadri^da climata complet. 

Il y a enfin au quatrième feuillet un ancienne formule 
de confeffion générale , & une très-belle prière qu'on re- 
citoit autrefois avant de commencer le pfeautier. On nç 
fera pas fâche de les trouver ici. 

CONFESSIO OPTIMA P £ Ç p A T O B. U M. 

Cêtifiteor Dec (^ pmnibus fanEiis ejMi^ ^tibifatet^quia ego mi^ 

fer^ficcatorfeccavi in legemDeiJn cogitétionibus fejjîmis ^ in 

wieditatiûnibns f ravis , in verbis , in fa^is , inpoUutiênibns , in 

detraElionibus ^ in ferjmriis , in fuferbia ^ in vana gloria ^ in vi* 

gilando ^ in dormiendo ^ in mafidncando , in bibendo ^ in luxu- 

fiando y fen in omnibus vitiis. Oàividifciflinam Damini^ ^pre^ 

jeci firmones ejus retrorfum. Si vidifurem^ cucurri cumeo , ^ 

cum adulteris tuis foriionetn meam fofui. Osmeum abnndavit 

malitis (^ lingua mea mifcuit dolos. Sedens adverfus fratrem 

loCMtus fui y (^ adverfus fiUum mairis me4$ fofui fcandalum. 

Non efi feccatumjufer ftccatum meum j non efl iniquitasfu^ 

fer iniquitatem meam. îfullum invenitur feccatum ^ cujus for- 

dibus non fim coinquinaius. Quoi pollicitus fum non confervavi ^ 

femfer ad feccatumredii yfrioriius fceletibus femfer détériora 

conjunxi. Ifegligens fui ^/umdeofereDei (^ de ordine meo^ 

Infinita funtfeccata mea.Ideofrecor te^ ora fro me mîjfero feç^ 

îatore ad Dominum. 

OkATlO ANTE KECITATIONEMPSALTEKII. 

Immenfe mifericors Deus ^ Pater omnifotens , qui fer os Da^ 
vid eleEli tui carmna no^ àuUiflue docuifii , ^ fetitionis af^ 
feîium nobis miferabiliter^eciarafii^ concède mihi , qua^fo , in» 
digno ilL famulo tuâ y fjwfu^s cafacitafis ffi^iturefkri ^ utficui 
illefer hujus carmina moHuiatiMis gmtiâm tua tonfoîatitnis 



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VOYAGE LITTERAIRE 13? 

ptctfit^ é^feccatommindMlgtntiam frenuruit: it4 fnein hac 
hora , cUmentîimejfaUT^ digndnHr ufpidds ^ ^ quidqnidad 
aures tn^e pietatis dipie fulfétvtf^ , miH miftricorditer concé- 
das. Tu enim\corda wfti omnium ^ifcogitMionisé^ vit bacon^ 
fderds , tn nofii quid mihi nuys expédiât. In quibufcumque 
fartibus mihi neceffe fuerit^ mifeticerdiam iuam invenire me^ ' 
rear. De cujus anima é* frefferitate te invecavero , afudmife^ 
ricerdiam tuam indulgentiam fuam ferci^at. Prâfia ^Oreator 
mundi , qui cnm écteme Filie tuo & Sfiritm fànHo ^qualis.yi^ 
vis é- régnas fer infinita fecula fécculerum. Amen. 

Après cette prière fuit la préface de S. Jérôme écrite 
en lettres d*or , & enfin k pfcautier avec ce çitre* 

INCIPIT LIBER PSALMÔRUM 

BMENDATUS A B. Hl£A.ONTMO PRE^BYTERO. 

Les cantiques qu'on a coutume de chanter dans l'eglife 
font à la fin dupfeautier, ÏQTeDtftm^ ]e((\vàhcAQ4ititcnm- 
que^cmi cft attribué à S. Athanafe , Poraiion Dominicale 
& le lymbole des Apôtres. Tout ceci efl encore écrit en 
lettres d*or. . \ 

On lit enfuite Izs prières, fiiivaniass , qui font d'un ca- 
ractère prefque auifi ancien que le manufcrit, 

0RATIONÉS PRO STATU SANGT^ 

Bgo dixi Domine miferere mei^ fimet animam meam quia 
feccayi tibi. 

Peccavirims ^uni fatribus noftris^ iH^ufie egimus ^iniqnita^ 
' Umfeciffius. 
* Domine w m^minétis. ini^^e^fUttltm nefiff/arum ^mtéquatum y 
cita anticipent nos mifericordi/e tua^. 

Ad^uva nos Deus faièuaris no/ier. Profiter gforiam nop^nis 
iniy Démine ^liberanos & propittus efio. 

Si| 



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141 VOYAGE LITTERAIRE. 

JFidnt immohiUs fuafiUfis , dtntc ftrtrdnfeat fêfuîusiuus- 
Domine^ 

Keniat nurs fnftt iUos i & defitntLm* in inftmum viventes^ 

Enbe/iant (^CfiM»iientMrmfectiùm/^c»li : ^cotifunâan- 
tur&f«reant. 

Et cognofeant fuia nomentihi DtmttiMS, Tufolus altiffimwi 
fitfer 9mntm terrain» r 

Nefortt dicant in ^entihus »ii tfi Dens *9ruiHl Et innouf- 
tat i»naHpniiMS, 

Vltio fétnfftinip firv»r»m tuemm quieff»finef ^introeétim 

ctnfffButm*. 

Secundum mayùtudifum krachii tui fêjBUe filios nurtificd-^ 
tomm» . • , 

Vtdtam fanftrts é* Utentur, qnterit* Dtum ér vivet am'^ 
ma vtfira. v 

Ad^ntorium nofimm in ntmm Domiai , f«> ficit cœhm é^ 
terrant. 

Domine exnudi *$ationem meum: é* cUnw meut ad 4e w- 

niât. 

Ecclejiam tnam , quafumm frofrie fanguine fiîii tut redem. 
tamjm^iims dffendt fnefdiis , iu ferjecutione faganerum fro- 
enlrefulfa^ tâi tmni temfere fitmiiUtur.J>er. . 

O K A T I O^ 

Ahfohe^ quafumns Domine ^deliHa famuU iui Stephanf 
fentificis^é'ittetcedtnteM. Dà génitrice Maria ^àfeccatorunu 
fiterum nejtiius^tftiie projeta ffagilitate contraxit, tua mi Je. 
fatàone liber etur^ Fer Domimm. 

A X I A^ 

Otunipotens fetàfitem P^^, éedifcatoré' Cfifios civiutitfu- 
fema , intercedente B. Lamberto martyre tuo atque fontifice ^cnf- 
todi fammlumtuttm StebhaNuu fontificem^ut fttn eodo- 
mictiinm inçokmitatis ^£aeis. Ver Dominim. 



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VOYAGÉ LITTÉRAIRE. 143 

A L I A. 

Prêtes nofhas^ quafumus Dâminr^ mentor frafititstis huma- 

fia j placatus admitte ^ ^ quia noftraad imfetranda ^ 

qua pofcimus « .qualitate diffiiimus ^pieutem tuamhu* 

militer 'impUramus , ut interceptant fanBa ï)ei genitricis Ma* 
fia ^ ^beatarum omnium cœlefitum virtutum fanEiorumquepa^ 
' triarcharum ^prophetarum , àpoflolorkmy martyrum ^ confèjforum , 
ac virginum , omniumque calefiium tuorumfamulorkm\^ Steplya* 
no pfopriarum indulgent iam culfatum , & plenitudinem aterfto^ . 
rum largiaris gaudiorum. Per Dominfim ftofirum Jefutn^Crift 
tum. 

« 

INCIPIT ORAtiO PROVIVORÛM 

QJJI PSALTÏRIUM IN O R D ï N E V I C I S S U Jl 
C ANT ARE DEBE NT ItALICOM. P R I M U M 
GENI^US FLEXIS IN TERRA ORATIONfiM 
DOMINICALEM ET SlMBOLUM,TUM ' 
DENUO, REPETAT E A M D E M O R A T I O N E M 
DOMINICALEM SUPPLICITER OBSECRANS, • . . . • 

Deus omnium rerum créât or ^ qui in veritate pirfeEia do^ ^^V^^^^ 

, , ' 7 . *^ -' , qui cft d une 

mtnaris (y restas ^ad precem meamaures tuapietatis incltna ^ écriture très^ 
^ licet peccatorum ac facinorummeorumvinculis ^m ad|ifiC'^.^^^^^^^ 
ta^ ut tibi non j;aleam digne fupplicare: tu tamen clemenf é* couverture 
mifericors^ qui exaudire dignatus es Jonam pradicantekt , Nini^ Ju m&niii^ 
vitas ad te revertentes yproftrato ac pœnitenti ptrNathanpr^^ "'^ 
phetamrevelafii David ^ etiam Jkorum fecc^torum facinora 
ejfe dimijfa i exaudi me infdicem coram majejlatii tuse c^nf^ 
peBu froUratam , ûc fcelere peccatorum meorum nimium pr^gra- 
vatam : qui etiam dixifii ftêlomortem peccatoris ^fed magis ut 
€onvertatur ^ vivat , quique Chananaam (^ puilicanmm vo^ 
cajii ad pœnitentiam ^ tu miferearis mei pofMantis in ojrdme 
vicis mea. InprimitusHlothario^ Karolo^ atque Hludovicoger^ 
manos meos y necnon ^ germanas -mea/ iU. videiicet : Karolum 
feniorem no^rumfive reginas adeo^ avunculos meos , pro fratrie 
tus nofiris fivefoi^i in hoc cœnuéio ima in fami/i^Mpt dsi 



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.144 . ' vo.Y:4s;^Ç;fciTTERA:i|LE. 

gentibu$ ^ fcilicet tam viventibus quam etiam olim iefunElis , 
quorum nomina in capUcJfUJMS^ ^alierii vel in fine inferta tfit 
videnturHlothariâ^Hyrmingardis^TbeobertOyVel quorum mani- 
•ius in f^miliarîtati fHiat4n in amûnmfufcepejimt j vd quorum 
^ quarum elemoftnasfumus adjunilit^^ virofumquoque acfe^ 
mtnarum utrorumque fexuumabfque infidiis diabolica anisita 
difionas^df' tua virtute re^s , ut $ibi toto corde . . .^ • . famu^ 
lemur^ & qua^iyie f^ftuUnt confequimereantur ^ cumdies fu^- 
. $uri judicii advenerit , tunc^ . •_ fromereantur audire : Venite be^ 
nediiii pains mei percipite regnum., quod^vobis paratum efiah* 
oripne mundix ut fint confortes ^ participes interfanilos ^ 
tleîios mos per infintta fMuki faculorum. Amen^ 

Poft haine orationem dicat. Ego dixi Domine. ConvertCm 
te , Domine. Oculi Domini. Salvos fac fervos tuos, Mttte eis 
Domine aUxiliûm, Requiem tcternam donet eis. Domnus. • ^ . ^ , - 
anima: eorum, m bonif. Requiefcant^ in pace^ Amen. Domine 
tâcaudi orationem meam. PfaL Miferere mei Deus cnva glo- 
ria. Finit» glom.Jnchoatantiplionam Beatus vir, Pfal. . 
JBeati i'nmaeulaji. ^ 

Manu vero longe recentiori hase addita fuere. 
Apud Durifcl m comitatu de Salmis pro remedto anima fu/t - 
^ mariti fui Anfelmi Domina Gela femina nobilis tradidit ad 
aUarfiS. Pétri fanilique Huberii ad luminaria ecclefia xxx*. 
denerendascer/t , qua. Jolvuntur in fefio S. . Hubert i. 

J'ajouterai a ces pbfervations fur le pfeautier deTem? 
pereur Lothaire , q\i'on conferve encore dans le trefor de 
S. Hubert un petit miflel d'environ trois cens ans, dans 
lequel on lit à la fin du.Caaoa les oraifons foi vantes. 
Après l'oraifon. Domine JefuS'ChnJie dixifii apojiolis tuis 
facem^meamétc. 

Fax Chri^i ^ ecclefia abundet in cordibus nofiris. Ametu 
Dandb pacem die. Mabete vinculum pacisé^ caritatis^ , 
ut aptifitis facro.faniiis myjieriis Cbnjli^ 

Okatiq s. Augustini. 

Domine 'Jefu-Chri/l^ Fili DH vivi. é'Cf. 

P.erceptio corporis é'C- SalutATione J 



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VOYAGE LItTERARE. 145 

S'ALUTATiaKES COR. PO RIS C H ILl'S 1 1.' 

©RATIO. 

^id retrihiMm Domino ph omnibus qu^ "fetnbuii mihi iPai 
nem cœle^m aeàpamde menfa JOt^omini^^ ér nomen^ Dominti 
invocaho.' 

O bC À ri o; 

Corpts JXomini nofiri J jb s u - C h k i s T-i fralkia*^ mibà^ 
ffccatori in remfPHntmpucatorum meçrum. Amon^^ 

Avé in atemum cœUfiis fptus anu omnià (^ fiifn otniHà ^ 
tâ^i duiciSé^ ' 

d R. A:T I a:- 

Sangnis ejufdemBomini nojif^ Jifu^Chifi fioficiat'mihi'' 
f^ccatofi in remU^onomffceaêorum moormm ^advitam am-^ 

Tout Ié?m6nde fçaici qùelé plus puisant remède côtw 
tfe la rage, ,c'ëft-^d*avoir recours à la pjrotcdion de iaint 
Hubert. Lorfôue nous étions dans fbn* monaftere , il y ' 
4arriva'dix perioiraes du dioceië:de Langrés'^ qui avoient • 
été mordues par un chien enragé. Après s'être confeffées » 
& avoir communië,le facriftainleur ntùhpetîce inci/îon au • 
ftont, inféra uûe très-petîite parcelle^le 1- ëtolê dé S- Hubert^ 
danis là plâyé ^ la referma proprement &f là .banda avec 
un linge ^ & leur pjrefcrivit certaines loix à g^tif der. Ces loix ^ 
font : • ^ 

I. De fé confefler , fie fcômmùnier durant ''neuf jours. - 
i; Durant cetems-U déboucher ^feul'd^s des draçr^ 
ÈÎancs . ou biéil vêiu.-' 

,1? 



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I4Î VOYAGE LITTERAIRE. 

3. De boire dans un verre, ou un autre, vafe particu. 
lier, ôc^de^ne fe po^nt b^ifler la tête pour boire dans des 
fontaines ou dans des rivières, 

4. De boire du vin mêlé avec de Teau , ou de Feau 
toute pure. 

^ y. On peut manger du pain blanc ou autre, de la chair 
d*un porc mâle d'un an ou plus , des chapons ou poules 
îlufîîcruaanou plus, des poiflbns portant écailles ,'com. 
me harangs forets , carpes &des œufs cuits durs, le tout 
froid, 

6. On ne doit point peigner (qs cheveux durant qua^ 
rante jours. 

' 7. Le <fixiéme jour il faut fe faire délier fon bandeau par 
un prêtre qui le brûle , & jette les cendres dans le facraire. 

8. Il faut garder tous les ans la fête de S. Hubert qui 
arrive le 3. Novembre. 

9. Si la même perfonne recevoir dans la fuite quelauç 
bleffure ou morfure d'un chien ou autre bête enragée , 
qui allât jufqu'au fang, il n'eft pas neccfTaîre qu'elle re- 
vienne à S. Hubert, n iùflSt qu'elle fafleles mêmes abfti- 
nences durant trois jours. 

On ajoute qiie ceux qui font une fois venus à S. Hu^ 
bert, & qui ont été eueris, peuvent donnerrepit ou de- 
lai de quarante jours , a ceux qui ayant été mordus & étant 
empêchez ne peuvent venir à S.Hubert avant le dixième 
jour , & même renouveller plujfîeurs îFois ce délai de qua* 
fante eh quarante jours, s'il eft ncceiTaire. 

Quelques berfonnes regardent ice régime comme une 
fupeHUtion , il eft toutefois certain que tous ceux qui Pob- 
fervent Tout guéris , & que ceux qui le négligent périflent 
de la rage. Il eft encore certain , que cette pratique eft 
très-ancienne, pui(qu^ii en eft parlé dans \e Cantatorium^ 
dtS.^Hubetjc, ouvrage écrit il y a plus de fîx cens ans, Ôc 
dan^ W aftes delà tranflation de ce Saint écrits par lonas 
evêque d'Orléans , qui font encore plus anciens. Ennn Te- 
vêque deXiëge,Jes examinateurs fynodaux du diocefb, 
!• univiBJ^fité de Lôuvâin , les doreurs en médecine étant 



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VOYAGE LITTERAIRE. 147 

confultez là< defTus, ont approuve ce regime,& y oici lès raL 
fons qu^ils en apportent. 

On leur ordonne de coucher fèuls dans des draps blancs 
& nets pour éviter les accidens tant pour eux , que pour 
les autres, s'ils couchoientavec d'autres perfonnes& dans 
des draps infedezj ou bien vêtus par la même raifon, & 
auflî par mortification. 

On leur ordonne de boire dans un verre particulier , 
pour éviter les dangers , & pour eux & pour les autres , 
& de ne fe point baiiTer pour boire dans des fôjataines ou 
des rivières^ de crainte que dans ces mouvemens la par-, 
celle de Pétole de S. Hubert , qu*on a inférée dans leur 
front, ne tombe. 

On leur ordonne de mettre de Teau dans leur vin ou de 
là boire pure , & par mortification & pour ne pas échauflfer 
le fang , ce qui feroit contraire à la guerifon de la rage. 

On leur permet certains alimens&on retranche les au- 
tres , on veut qu'ils les mangent froids par mortification. 
Et pour la même raifon on veut que les animaux dont on 
leur permet l'ufage foient d'un an ou plus, parce que la* 
viande des jeunes animaux eft plus délicate. 

Enfin on leur défend de fe peigner durant quarante^ 
jours,, & cela dans un efprit de pénitence. 

Les religieux entretiennent un hôpital joignant le monail- 
tere pour recevoir les pauvres pèlerins, qui arrivent tous les 
jours à S. Hubert, Ils entretiennent encore quatre prêtres 
feculier5 , pour recevoir leurs confeffiôns. Car encore biea^ 

au'ils ayent parmi eux plufieurs religieux très-capables , 
s fe font interdit volontairement le foin d'entendre les 
confeffiôns des externes, pour accomplir leurs fondions 
du cloître avec plus de liberté & moins de diftradionv 
G'èft un règlement qu'ils fe font prefcrit eux-mêmes en 
recevant la reforme des pères de fa Congrégation de faint 
Venne, qu'ils fuivent fans relâchement depuis l'an i6i8. 
quoy qu'ils n'ayent pas les fecours des monafteres qui font 
unis en congrégation. Mais leur fidélité leur tient lieu de 
tous ces fecours. Lorfque nous étions. chez eux, ils fu-, 
rent travailler à la campagne pour faire la récolte. Ils di. 

Tij 



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ini VOYAGE LITTERAIRE. 

renc les vêpres aune heure & travaillèrent jufqu^au fbupé.. 

•^•** Comblez de leurs hpnnçtetez' , nous partîmes le 
19 d'Aodt avec un homme -i cheval qu'ils nous donne, 
rent^ pour nous conduire â Stavelo. Nous couchâmes le 
lendemain au village de Braz. rhez le cure ^ Ponde d*ua 
religieux de5. Hubert. C*eft un grand homme de bien^ 
qui depuis quarante ans exerce rhofpitàlitc fans en être 
ipcommodc. Perfuadc que le bien des eççlelîaftiques eft 
Ip patrimoine des pauvres , il leur donne tout ce qu'il ^ 
Il avoitim frère eufli prêtre^qui rempli des mêmes princi . 
pes, & anfmé du même cfprit, diftribuoit auffi tout ce qu'il 
avoit aux membres de jESus-GnursT. Ce frère en mou* 
rant le fît ion héritier. Mais le bon curé donna tout aux 
pauvres ,& il apprehendoit tellement qu'il ne;lui reftât 
quelque cho/e du 45ien de -fon frère, qu'il donna 'en* 
core ^crois cens ^cus du /îen. il a fait de grands ac- 
commodemens dansfon presbytère, de très beaux or- 
nemens pour fon eglife , éc meqite d'en bâtir une nou- 
velle. Heureux les peuples qui ont de femblables pafteurs. 
U eft l'arbitrp de tous les differens des ecclefîaftiques du 
pays. 

Siaxcip. Le lendemain nous partîmes de erand matin pour aller 
dire la mefle à l'abbaye impériale de Stavelo. Nous trou- 
vâmes monfieurleprieiir à l'entrée du monaftere, qui nous 
r^çût avec tout Tacceuil poflîble.il nous mena jui-piêmc 
à l'eglife , nous fît donner des ornemens , & nous combla 
d'honêtetez . L'aprcs midi il nous ûr voir la bibliothèque ^ 
qui eft dans un tietit édifice très-ancien joignant le dortoir. 
Il y a un autel confacré du tenv de S. Poppon comme 
il paroît par cette infcription. 

Anna 4b incamatipne Domini m. -x x x. indiiiione x 1 1 1. 
Chnonrad» .y 11. anno imperàtore , Raïnardô vi. efifcopo Ltodi^ 
cenfiy PofpoUi ejus loci xi. MfHio ahbate^ deduatum e fi hoc al- 
tare in honore fantiorum Ntcolai , Martffii^ Medardi^ Vcdafii^^ 
Amandiy Afti ^Columbdni^ RemigU^ Maxim/vi , vi j . Kaicnd, 
yanuarii^ quorum rclifui^ inibi continemur. DcogratUs. 



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VOYAGE LITTERAIRE. 14^ 

Au-deflbus de la bibliothèque eft le noviciat dans un 
tpetit lieu voûté. Les^diflferentes révolutions arrivées à Sta- 
vélo font caufe qu'aujourd'hui on n'y trouve pas un fi 
grand nombre de manufcrits , mais ïepeu qu'il y en a eft 
bon. On y voit entr^utres une très belle bible en deux 
grands volumes , écrite en quatre ans par Goderan&Er- 
nefton religieux du monaftere , à la fin de laquelle on 
lit cette inlcription, 

Càdices hi anibo quia continuatim (^ tamen morofinsfcripU 
funt fer ^nnos fermi un. in ûmni fua procurât ionè , hoc e^ 
fcriftura ^iOuminatione,^ ligatura uno eodemquc anno perfeEH 
funt ambo. Licet hicfofi,€TioT qui eft anteriof^ ^ ipfe efi annus ah 
^cam^io^e DaminivL. xcvii. indi£iione\. Henrico un. im^ 
f crante ,^ Chriftianorum exercitufuperpaganos violenter ayante,. 
K)kberto Leoâicen^ frafule , Rodulfo Stabulenfi abbate^ Chrifio 
Domino utjemferfer 'mfinitaf^cuiorumfacula récitante. Arne% 

On jit auffià Jatête les yers fuivaBS, qiû font de l'ab ^ 
hè V'volphelme , que je crois être S. Vvolphelme abbç 
de Brunvillaire à deux lieues de Cologne. Je les rapporte^ 
rai ici ^feulenvent.à caufe du mérite de ççluiqui en eft 
auteur, 

VERSUS DOMNI VVÔLPHELMI ABBATIÇ 

SUPER NOVUM ET VETU? TESTAI^ENTUM* 

Late iiffufus 'fie MCÎefafticas ufut 
Se teftamentis exercet Def omnipotentis ^^ 
Ut légat h/ec anibo feâ ^amni compleaianno^; 
Sicutin hebdomadaffdlmorum clauditur oda. 
A^ hinc ffallendi cum ftetftatus , inde legendi i 
Zeffio quo profit , numquam ptafatio défit , 
Qua clavi limen fatet ad quodcumque v^olumeUp 
Panàat ftt admifio^quid clamet abyjfus abyffo 
Admitti vero dédit ejus gratia clerc ^ 
Qui pofulif ipfio parât hinc documenta mini firê. 
Sedcunflis aque non detégit intima /pt^qut. 



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ijo VOYAGE LITTERAIRE. 

Qmis tamen interca non abnuit imcfiora. 
u4ng<ks hinc enfem fuffendit feuntientemi, 
uiltius infiifius Mn Inédit fulminis iBus | 
2^cn iffiis torrcnSy non vultus damonis horreni. 
Captivés dif/t difctdunt fenfibns ira. 
^ Vafia lues morbi quaftfe fupervenit orbi j 
Ant non accedit^citiufvefrecando recedit^ 
Excepto natoi quod vultpdter effe paras os^ 
Verbertbus tangi pœnifque fkgacibus angL 
Queis abficTTtndi nocuo funt fœdere mundi. 
Sed non donorum Beus ufum fubtrahit horumi 
QMois pairem fi fi per verbera comprabat ejfi^ 
Si fit iis ritns , leysiittr hicfiabilitus 
Vt ^t ^pfallatur au diximusatque Ugaiuf. 
Utilisas OKUapattt h^^ laUt altiorintra^ 
Hue introduQus gufiabitmunerafru&âs ^ 
Cui donat mentem Dominus gufiare finentem^ 
IruBus majoris quant pandit linysa faporis^ 
Sed née erit gu^um qui firiptis exprimat iftum^^ 
Gufiet : ipfi magiyfiit quant fit terra fuavis , 
Quàm fcripturarum. eonfirvat aula facrarum :■ 
Et quai dtffundifi vult per elinutamundi >: 
Quo zenus bumanum fit in hoe medicamine fanum.. 
Quod naturarum peragit eompagoduarum. 
Dum Beus inde pater parité hinc parit innutamater^ 
Nil cœlis illinc , nil terris eJarius iftine. 
Quafpecie bina tomponitur héec medieina.. 
Chrifius pâtre fatus Beus efi , honto Vitgine rtatus.. 
Qui cum patte Beus Jed ^alnto Pneumate vêtus ^ . 
Ad nos induites, pandat fita vi fiera culpis 
Saera per examen dumjufte difiutit. Amin.. 

Le manufcrit qui contient rhiftoîre de JofèpheIl'èftpa5^ 
moins beau que la bible. La plupart des.autres manufcrits 
font des ouvrages des pères de Teglife, fur tout de faint 
Auguftin, de S. Jérôme & de S. Grégoire. On y voitauflî. 
les ades d*un chapitre gênerai des moines noirs tenu â 
S. Maximin de Trêves en mil quatre cens^^vingt - deux , & 



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VOYAGE LITTERAIRE. i^ 

des reglemiens faits au concile de BaAe Pan mil quatre cens 
trente-fix pour la reformation de Tordre de S. Benoift. 
Dans un ancien facramentaire qui femble avoir été à Tu- 
fage de Pegliie de Mayence, ou de quelqu'autrê eglife dé 
cette Métropole , il eft prefcrit que dans la dédicace des 
eglifes, on renfermera dans Tautel trois portions du corps 
de Jefus-Chrift avec les faintes reliques. Deinde fonattres 
fonienes corforis Domina in confeMonem é* très de incenjo^é^ 
tnnc fonantur feliquise in conftBonem. Dans Tordiaation du 
diacre , il n'eft pas prefcrit qu*on lui donne i toucher le 
texte facré des évangiles. Mais le plus curieux de tous les 
manufcrits eft celui qui comprend les lettres de Vvibaldus 
un des plus grands hommes de fon tems , & qui étoit alors 
dans Tempire ce que Sugere étoit en France, Monfîeur 
le prieur nous fit la grâce de nous en donner une copie. 
Le chartrier eft un des plus propres & des mieux or- 
donnés quej^aye vu. Il eft dans une andenne chapelle, 
qu'on dit que Tabbé Vvibaldus s*étoit fait bâtir fur le mo- 
dèle de fainte Sophie de Conftantinople. Nous y vîmes 
un ancien cartulaîre , qui renferme un u grand nombre de 
chartes des rois de la première race, qulln'y a que faint 
Denys qui puiffe lui dilputer pourie nombre. Mais ce que 
nous n'avons trouvé dans aucune eglife de France , nous 
y avons vd ime charte de l'empereur Lothaire I L accor- 
dée à Tabbé Vvibaldus , écrite en lettre d'or. On en voit 
une toute femblable en l'abbaye de Corbieen Saxe dont 
Vvibaldus étoit auffi abbé. Aloeric en fa chronique rap- 
porte fur Tan 940. que S. Edmond roi d'Angleterre don* 
na à Tabbayede Glafton un privilège écrit en lettre d'or 
dans un livre des évangiles. L'eglifeeft une des plus belles 
du pays. Elle a près de trois cens pieds de longueur, 
quatre- vingt lûi de largeur. Elle eft haute à proportion ^ la 
croifée a cent cinquante pieds de longueur j Tancien 
clocher en avoit trois c^ns de hauteur , mais en' 1701. 
il fut brûlé avec toute la couverture delà nef par lé feu 
du ciel, qui en trois heures de temsconfuma ce bel edi. 
fice. Les décorations de Teglife font très-belles, le jubé 
fort joli, ôcTautel magnifique. Le devant qui eft de ver- 



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151 VOYAGE LITTERAIRE, 

meil dore reprefentc la defcente du S.Efpricfur les apô*^ 
très , qui' y lont en boflfe aveo cette infcription. JSafims 
ift te fente, fonus tamquam djvenientis ffiritus vehementis , 
^ refleti fnnt ormes Sfîfitu fanBo. Le retable beaucoup 
plus riche eft tout d'or maffif. Ilreprefentfe les priiïcipaux 
myfteres de la paflion & de larelurredioiî du Sauveun 
G'eft Pouvrage du srand V vibaldus , liont on voit la figu* 
re d'un côté, & de l'autre celle de rimperatrice -Irène. U 
a voit autrefois fontoinbeau dans lefànduaire^ avec cet te- 
courte, épitaphe, - 

jinno Dûmtm mc l v m. indiBîone vnri. êbiit rHolenià • 
wetMTia àamrms VviboliMS StabuUnfs é* Cêrieien/s sitas. 

Mais comme il embarraflbit réglifevpnl"a détruit, fans • 
qu'il paroifle aujourd'hui aucun monument fbr la place,, 
qui cottferve la mémoire d'un fi grand homme:. On a eu 
plus de foin dé la tombe de Guillaume deMandrefcheit 
qui eft^ devant le grand autel, /ur laquelle on lit cette- 
c^kaphe:. 

Hic fepfibMS quiefcit revertnius inChrifi^fateracitinfifis' 
Daminus Gnillelmus ex c^mitibus i M A N D h^e se h £^i i> H^ > 
H L.A H ex E:N H El Mv, infiytis StabuUnfif é* Bfumienfis mo^ 
nafteriorum abbas m f ta fui ofthne meritus , cttjus inter ceterai 
ffo^clare afe^ dnnt in vivis ageret^ us^eftas^ infritnis memù* 
ratu. dipue^fifnt^^ quoddifformationeniqna $nonafieriàinvaferat "' 
fftrgavit ^ fafirumZpnpa muliis ^nnis ab exteris cceufatum'^f 
Cafare anfpice^ recuferdvit^ arcemque vicino in monte erexiti 
QbUt.MnnoDfimimfefqnimillefimo quadra^fimofexto ^fecunda ' 
Juin ^ fMJff s Animai. Dtës.mifertatnrv 

On montre derrière Je grand 'autel lâ challe qui reiiy 
ferme les prcciéufçs reliques dé fâint Remacle, patron du - 
raonaftère. Elle a (îx pieds & trois quarts de longueur , , 
deux^é lareeur, ^ trois |)^eds-& un pouce de. hauteur; 
Elle efV trèsrbeHc &trèis-riçhé, la figare du Sauveupaffis ^ 
&;.tena£it un globe en fa main fait l'ornement de la par« 
tie . de devant . oh on lit cette - infcr ipaon : - 



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VOYAGE LITTERAIRE. 1^3 

Soins ab deternocreo cunfhi , créa ta gubemo. 

De l'autre côte rôn voit la figure de la fainte Vierge ;; 
^ui tient fon fils entre ks mains,, avec cette infcriptionf 

Tu mihi nate fater^ é* tu mihi filia mater. 

Saint Remacle aurfiilieu de fix apôtres ièparez paï de*^ 
colonnes , & faint Lambert au milieu de fix ^utres apô- 
tres feparez de même manière , font reprejfentez aux 
deux cotez.. Le defliis en forme çl^rtoîc reprefente en^ 
xeliefs les principaux myfteres du Sauveur. Toutes les 
figures , les colonnes & Jes reliefs font d'argent doré : 
on croit que .le refte de la chaflè n'eft que de cuivre 
dore. Entre les pierres precieufes dont elle eft enrichie, 
on remarque une-agathe qui par fa grofleur & fon tra^* 
vail fe fait admirer. Elle reprefente un roy à demi corps.- 
On croira Stavelb que c*eft faint Goduin quatrième abbé 
qui a fait faire cette chaÏÏe , parce , dit-on, que c'eft lui 
qui le tira de Toratoire de faint Martin où il avoit: été- 
enterré, Dour- le transférer dans la principale eglke, où 
il Pexpofa dans^unlîeu émînent,.mais elle ne nous pa^ 
.roît pas d'une fi grande antiquité ^ je ferois plus porté a^ 
croire que. c'eft l'ouvrage de faint Poppon ou de^ Vibal- 
dtts. Je trouve même qu'en 1163. les religieux de Stavelo- 
fediipofoientà n\ettre les reliques de faint Remacle dans 
une. nouvelle, chaffe, qu'ils avoient fait faire. C'eft et 
qu'on vpit dans une lettre, qu'ils écrivirent cette année 
aux religieux deSolignac en Limoufîn , qui leur avoient' 
demandé, des reliques de leur faint patron. 

Outre le corps -de faint Remacle , on . montre encore- 
dans lexrefor la chafuble , fon étole , fon manipule, iii 
chappe , its fandales , fa cucule & fon peigne. Rien au 
monde ne m'a taiK touché que de voir fa cucule. Elle 
eft d'une étoffe très groffe ,-de couleur brune & toute 
xapetafTée. C'étoit-là l'habit d'un homme qui dans le 
fîeçle avoit paru avec éclat à la^ cour de nos rois, & qui: 



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154 VOYAÔE LITTERAIRE. 

après avoir joiiî plufîeurs années d'un très-grand & très- 
riche evêché, s'ctoit reciré dans une folitude afireufe^ 
pour y vivre dans les exercices d'une rigoureufe pénitence. 
La forme de la cucule efl fëmblableâ celle des anciennes 
chaAibles,c*eft-à-dire qu'elle couvre tout le corps & qu'il 
n j a pas de manches , avec cette différence qu'il y a au 
deffus un petit capuce pointu, qui y eft attaché t ce qui con- 
firme ce que dit S. Ifîdore dans Ton livre des Etimologies ^ 
CafrU ift veftis cucéÏÏMa , fer diminutionem à cafa , ifuod to. 
4nm baminem iegat^ & l'abbé Theodemare dans fa lettre 
à Charlemagne. CpcuUamnof effedicimus^ qmam dlionâmine 
cd/klam vocamus. C'eft le plus précieux monument d'anti^P 
' quiti que nous ^yons enceeenre , & il m'a paru firefpec^ 
table y que j'ai cru faire plaiur aux lei^eurs de le reprefea- 
ter ici. 



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15^ VOYAGE LITTERAIRE. 

Il fant ajouter à cela unetrès-belle croix d'or , dans Ta- 
quelle il y a du bois de la vraye croix , que Vvibaldus 
rapporta de Conftantinople , & le chef de faint Alexan- 
dre martyr. Pour le corps de faint Poppon , il eft à la 
facriflie dans une belle chafTe d'argent. 

Si Ton en croit l^ tradition du pays , la crypte fbuter- 
;raine eft l'ouvrage de faint Poppon , mais nous la croyons 
|)lus ancienne,, parce que nous trouvons dans un ancien 
calendrier écrit vers le temps de faint Poppon même^ 
que la dédicace en fut faite l'an 1008. & par confcqucnt 
longtemps avant faint Poppon. Il y a plus d'apparence 
-qu'elle a été bâtie par l'abbé Odilon, lorfqu'il rétablit le 
monaflere,quiavoit été ruiné par les Normans, & que c'é* 
mt-là l'eglilc qui fervoit alors aux religieux ^ fur l'extrémi- 
té de laquelle on bâtit dans la fuite Peglife qu'on voit au- 
jourd'hui. Quoy qu'il en foit , cette crypte eft aflez belle , 
il y a trois autels , ^ faint Poppon y fut enterré devant la 
.chappelle de la Vierge. Son tombeau eft fort fréquenté , 
parce que tous les malades y trouvent un fouverain re- 
mède à leurs maux. Ceft aflèz proihe de cette crypte 
.qu'on voit le lieu , où du temps de faint Renâcle les re- 
jligieux qui avoieiit failli en quelque obfervance alloient 
faire pénitence devant: la croix , comme il arriva à faint 
Lambert , qui ayant fait du bruit dans le dortoir en fc 
levant longtemps avant matines pour prier Dieu , Tabbé 
lui or4onna d'aller à la croix , où il demeura durant les 
matines expofë aux injures du temps & tout couvert de 
neige. On dit qu'elle étoit de bois , & que les chanoi» 
fies de Liège en mémoire de ce qui arriva à iaint Lam- 
bert y ont youlu Savoir. Aujourd*ui il y en a une de fen 
Tout le rpfte du monaftere fc relient de la /implicite des 
premiers religieux de Stavelo. Le cloître eft grand, voû- 
té & vitré fçlon la coutume du|pays , on y voit la fuite des 
abbex rcprffenteziur les vitres. Le chapitre eft bâti dans 
Je lieu ou étoit autrefois l'oratoire de Iaint Martin , il eft 
petit & très-ancien , comme il paroît par les vitres qui 
font peintes , & fur lesquelles ont lit les vers fuivAns. 



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VOYAGE LITTERAIRE- 1J7 

Judicii fratrum quibns efi commifia pu^ai 
Judicii horrendi menti diem teneant. 

Jndicmm de judkiis qui funtfnbituri , 
JudUium jubeant ae fietate magit. 

iiuod rex feccéivit humilis eonfeffîe lavit 
JEt tu , fralate ^fimili farcas fietaie.^ 

Cum^mittis lapidem^ qui eriminis es retu idem 
Pro lafju mœfio pus (^ tu labilis t^o. 

Mfi gUdio verbi finguedû ftcanda fuferbi ^^ 
Sedne diftiterisficonvitio maculeris. 

Cum ft Utfonis ffelunca domus SdUmênis ; 
Ulcifcenio [celus débet fervefeere x^luSm 

Oeft dans ce lieu-li que feint Reniaclea été enterré ^ 
& on y voit encore (on tombeau y fur lequel on a gravé 
les vçrs fuivans. 

Httifquîs humum doHa voftatum Cûnfficis atu^ 
' •: JFleBe genu^ tali efi dignuf hùnore locui 
Prafulis hoc tumulojacueruntûffa Remacli , 

Offa inhenorato non retinenda frU. 
fTobiîe depefitum teOtts Jervavii hmore 

Arcubus agnofcens mtmen ine£e facris. 
Reddidit intaiium fiilvû qucd dignius dutê 

Conderet artificis doïia Ubcre manur. 
Mine igitur màveat greffus , dBufque prophanQS , 

jfcceftum frperis iunc venerare locum. 

L*abbé Thepderic a été auflî enterré dans le même 
lieu , devant le pupitre , & on lit encore fur fon tombeau 
cette epitaphe. 

' P^eniUgit ifit lapis Juit AbbdsTheodificus 
Expulfum Tteveri ^ quem StabuUms minet. 



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^t VOYAGE LITTERAIRE.. 

JTêbilitdS naniis feftenis artibus auBa 
^ 2fon fuit inferior nobilitate Patrum. 

Simfliciêf quam temfui ei frddebat (jr ^rio y 

Bxciâit officia fimflicitdtt fu^ ^ 
Sid tfibulatorum ffes^ fortus é" aura Kemaciu^ 

CoUipt hêffitio fofi tunmli titulo.. 
Prims Noviméfis eum Cdtnis de csutre folviu 

HictigituT Cêffus yffiritus afira fetiu 

Voici ce que j'ai trouvç dans un vieux mémoire dis 
lieu y & du temp s de la fepulture de l'abbé Cuonoû. ^me 
fcriftêfiumfubur magnum Upidem recnmbit fia Tnemori/t dom-^ 
nus abbds Cuona Stabuitnfis^ , afiMo Domini Mcxxviiir 
indiBiane vu. v. idns decembris vUm univerfa camis in^ 
yrefins. Cette infcription nous apprend qu'à Suvelo il y 
avoit autrefois un lieu deftiné pour écrire des livres^, 
comme on voit encore aujourd'hui à Ciileaux & à Cler- 
.vaux. L'auditoire joint le chapitre ,. c'ell le lieu, où les 
religieux viennent après la réfeûion faire un quart d'heure 
de leâure fpixituelle avant que d'av<Mr le colloque. Nous 
ailiftâmes on dimanche k la grandc-mefle^ & je remar- 
quai qu'un religieux fortit dit chœur vers le commence^ 
ment de Tepître pour aller faire rafperfion de l'eau bé- 
nite dans toutes les officines du monaftere y à. l'cvangile 
•n alluma un cierge qu'on éteignit auHi-tôt après. 

Les premiers religieux de Stavelb commencèrent dans» 
un grand efpric de irnipUcité ^ d'humilité & de pénitence. 
Le roy Sieebert qui les fonda à la demande de faine 
Remacle, leur ayant donné douze lieues d'un defert in« 
culte^ ils luy en rendirent fîx^&fe contentèrent ainii de la 
moitié, qu'ils cultivèrent avec beaucoup de peine, dans» 
un efprit de pauvreté & de pénitence. Et cette vie bien 
loin d'éloigner le monde de; leur defert ^4eur attira, un: 
grand nombre d'excellens fujets ,. qui $'y difHnguei^enc 
par leur fainteté & par leur propre mérite^ On ne fera 
peut-être pas fâché de voir icy une lifte des perfonnes illu- 
ares qui ont fleuri à Stavelo, telle que jcl'ai crouvcejdan»/ 
ua ancien manufcrit.. 



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VOYAGE LITTERAIRE. ij) 

VIRMLLUSTRES QUI EX MONASTER-IO 
Stabulevsi phodieblon j. 

' s. Remâclus epifcopus Tungrenfîs abbas L 
S. Theodardus epifcopus Tungrenfîs 6c martyr. 
S Larabertus epiicopus Tungrenfîs '& martyr. 
S. Floribcrtus epifcopus Tungrenfîs. 
S. Babolenus epifcopus regionarius abbas 1 1. 
S. Sigolenus abbas III. 
S. Godainus abbas I V. 
S. Anglinus abbas X. 

S. Agilolfus archiepifcopus CoLoniènfîs 8c martyr. 
S. AlbriacusabbasXIL 
S. Richarius epjfcopus Leodiénfis. 
S. Odilo abbas XXXI. 
S. Poppoabbas XXXV. 
S. Theodericus abbas. S. Hubertl 
s!. Vvolbodo epifcopus Leodicçnfi«. 
Lambertus abbas Elvangenfîs archiepifcopus M«- 

guntinus 
ÎLodulfus abbas, Herfeldcnfis poftea epifcopus Pa, 

.derbonenfis> 
Johannes de E n g h e i n epifcopus Leodienfîs. 
Vvirundus abbas XIV. Carolo magno charus. 
Odulfus praîpofitus Malmundarienfis & Carolo ma- 
gno charus. 
Johannes S. Popponis difcipulus abbas Limburgca. 

fis & S. Maximini Trevirenfis,- . 
Fulmarus abbas Vvizemburgenfîs, 
Nortbertus abbas S, Gall». 
Humbertus abbas Eptemacenfîs. 
Heribrandus abbas S. Gifleni in Hannonta. 
Ello abbasS.Nicolai Pravvillarienfis juxtaColomam. 
Cuoooàbbas monàftçrii Bofondorpenfîs in Lotha- 

ringia. 
Herigerus abbas S. Pauli Ultrajcaenfu. 
Everheimu.s abbas Altimontenfîs. 



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i6m VOYAGE LITTERAIRE. 

, Heribertus abbas S. Vincentii Metenfis. 
Theodericus abbas Neuvîllerenfis. 
Lambertus Vvalciodorenfis abbas. 
Bertulfus abbas S. Matthia: Trevirenfîs. 
Vvibaldus abias Stabulenfis ,Cafinenfis , Corbeiciî;. 

fis & Vvalciodorenfis. 
Robertus abbas Vvalciodorenfîs. 
' Petrus Lufius abbas. B. Mariac. Monaflerienfîs prope 
Lucemburgum. 

L^amour de la pauvreté & de la pénitence n*àttira pas 
ièulement à Stavelo de grands hommes en vertus & en 
mérites , il lui procura encore de grands biens & de beaux, 
droits ^ enforte que dans la fuite Tabbc eu devenu. fouve- 
rain & prince du faint empire.: Les^ grands biens, qu'on 
donna aux religieux , ou qu'ils acquirent par leur travail , 
les mit dans la neceflîté d'avoir des defenfeurs ou advo. 
cats, communément appeliez jidvêMez^^^our les defen* 
drc contré les entreprilcs & les pcrfecuxions fbit de leurs 
voifins , foit de toutes autres perfonnes*. 

Dans ks premiers fiecles ils n'eurent point d'àutrei^. 
avouez & protefteurs que les rois de France , qui les 
avoient fondez & les empereurs: Dans la fuite du temps 
les empereurs leurs donnèrent d'autres princes qui rece. 
voient a fief de leurs mains impériales le titré & la char. 

te d'avotié, fans qu'elle fut héréditaire. Leur ofiu5e ctoit 
éprendre les armes pour la defenfe du monaftere, mais 
ils ne dévoient les prendre quç lorfqu'ils croient appeliez 
& requis papl'abbe. Et pour rccompenfe de leurs fervi- 
ces^ ils avoient la troifieme partie des amandes^ qui rc- 
fultoient des exécutions qu'ils avoient faites. Ils n'a voient 
rien autre chofe , & l'abbe même ne leur donnoit pas' lé 
logement : mais dans la fuite du temps ils s'emparèrent 
par force de plufîeurs grofles terres & fcigneuries i 
comme ces avouez ont toujours été des perfbnnes puififan» 
tes, nous' allons en rapporter une fuite depuis environ, 
huit cent ans ^ comme on nous l'a communiquée. 

DE 



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VOYAGE LITTERAIRE. i6i 

DE ADVOCATIS M ON ASTER II 

S T A BU L E N S I S. 

Ab initia abbatidm Stabulenfem advocaios non habuifft^ /i4 
tnmediate fub froteHiite ^ Tnundïburiio regum atque tmpera^ 
forum fuiQe certum efl ^ ^ coEiptur ex infirumento ï,udovici 
reps ^ubi habetur^. Ç^^XitQt ipfe princeps &rex Sigibcrtus^ 
fcilicet pro mercedis (nx impendio & alterna retributione 
villas aliquas &c. abfque introitu advocatorum conceflît. 
Pauca de étdvocatis ex cartis menafierii , ^ aliis auHoribn 
breviter hic annotabo. 

BuiLGBKicws fubfcfifft iondtigni cujufiam Lamberth^ 
étmio pxy 

Odilardu'S interfutt donationi Rainulfi (^ uxoris 
fJMS Huoda , anno domirU ^-f /. reps Ztfdovici j. 

Ekenfuidus cornet in quddam f recaria faBa in favù^ 
rem cujufdam Ramberti anno 949. Sub Brunone duce é^ ar. 
chiefifcopo Colonienfi\ qui iumju£u Ottonis. impe$atoris fratris 
fui reyium Lotharienfe adminifirabar. 

G o z I L o cornes anno 966. con^rmavit donationem 
W aller i de Domekena ^ Comina. In c art a fie leptur: Ciim' 
audoritate & teftimoDio comitis^&advocati GoziloniS. 
Ejufdem fit mentio in donatione Emulfi (^ Go^elini fratrum ^ 
faita de allodio fuo in Crovia fuper M^f^am , anno Ott^nis 
tertii V II i. Chrifii^^u 

FridekicvS cornes interfuit donationi de G lama c ho ' 
faBd:anno 1604. fef Gerundumfub Ravengero abbate. In do. 
natione fie legituriTcdcs idoneos adhibemtis Fridericum' 
ipfius loci advccâtum^Henricuni eomitem, Giflebertum» 
eomicem». 



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i^i VOYAGE LITTERAIRE. 

Frii>ericus J!lius pracedentis^ f rater Henrici ducis 
Sairana rx comité iMomlmfgnfi , irueifuit çemmuiMini 
faSia fer S. Popponem cum Kanthero éikbxte S. Martini 
Metenfis. Ininfirument9 fie habetur.VzGt2it{i ha^c donatio 
apud Duvillam , ubi colloquium fuit inter imperarorera 
& Henricum Francorum regem , ducatum Lotharienfis 
regni tenente Gozilone , eodem fuper bona S. Martini 
advocato^ fuper abbatiàmS. Maximini comité Henrico , 
fuper bona S. Remacli fratre ejus comité Friderico. JFit 
0tiam ipjius tnentiê in alia commmutieTU per eundem S.^ Pûp^ 
forum faBa de vittd f^endenps^ cnm villa de Lufengia anne 
1042. /fie dnx Lotharinforum infierierum loeo Goxilenis IgnéU 
vi confiitMitur érme 104e. Pro remédie anima fua et fepnU 
tnra lece dédit eccle^a StaMenfi anno 106 y. ecclefiam de 
Sprimont y cum deminio. Theedericm abbas in fuis miferiis 
dif/tùi Médnmndarienfis , qno moné^erinm Malmmidarienfe 
À Stabnlenfi diveliebatnr ^ emn ex jure antiqnitatis ntrimfqme 
ecclefia advecatnm pro anxilio interpellavit } qtti fe mnrttm 
profanai Remacli eau fa oppo finit , ^ ut vivens fiatuerat ^ nnnu 
qnam à S^ Remacli patrocinio difcedere ^fic mortnus implevit ^ nt 
honorificam haberet fepulturam in ejusmonaBerio. Ad ejus enim 
limiru fepultns cum Gerberga nobiliffma conjnge ^ diem refnrre^ 
ïiionis expeHat. Lib. triumphi fanûi Remacli ^ cap. j. 
Mortnus videtur cirea ann. %io6%. 

GoDEfp.iDUS Marchie Longebardi^e fitcce^t fine fratri 
Fridericâ j qni efferente Theodorice ^ advocatiam Stabnlenfiem 
nna cum dncamine in curia apnd Gefiar ab imperatore adeptus 
efi. Fuit vir potens & fifenuus benusque cenfilio. Vide lib, 
l. triumphi S. Remacli cap, 10. 11. 13. 

Henricus flius Alherti comitis Nammcenfis regebnt 
advocatiam Stabmenfem anno 1088. uti confiât ex donatiene 
Be%snis de Bra , in qma hoc legnntnr. Fada efl: hxc traditio 
per manus Henrici majoris advocati cjufdera ecclefix, 
fîlii comitis Namucenfîs Alberti ^ pra^fente Rudolpho ab- 
batc. H>V Heriricns per filiam Hyredemnnptiis fibi fociatam , 
fa^us erat Rupenfis éf Dnrbucenfis cornes , qui fine proie ùbiit. 



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VOYAGE ilTTERAIilE. 1^5 

Albektus III. cornes Namurcenfis frater diBi THLen^ 
rici^advocatiam StabuUnfem circa annMm 1090. regendam/uf- 
eepit , evque auîiùre fer confliBnm juduiarium dominmm de 
Fraipent , propter qy^^d cades pradaque acetba intet ahbatia 
Stabulenfis ér ecclefia Ayrien^i fuhditos ptrpettata étant ^ ec- 
clefia Stabulenfi revindicMum efi citca anrmm 1094. Mentià 
enim ejus confliïiusfit in infeudatiane quant fecit GifUbtrto de 
terra de Saviegne anne 1095. Mt in donatiene quamfeeit ab- 
bas Folmarus Stabulenfibus menachis anno 11 00. de villa de 
Kaulin , quj: fc finit. Ada fuiit haec anno Dominicce in- 
carnationis m c. quinto ordinationis noftra^ anno &c. AL 
berto comité Narmurcenfî Stabulenfis eccleiî« advocato ^ 
Tiiietbaldo de Haja fubadvocato. MortMus eft ^ ut vult 
Agurne apud nos manu/eriftus eodem anno iioo. 

Henricus Alberto fatri fuccejjit in advocatia , ex he^ 
reditase etiam cornes Rupenfis (^ Dttrbtuen^^ MuUis annis 
eam advocatiam adminifiravit j uti confiât ex multis infiru^ 
mentis. Donatio alicujus allodii in villa de Monnont , jie 
explicita Wxc traditio fada eft anno incarnationis Domi- 
nicac m c v. proeffente ejufdem loci abbate Folraaro , ad- 
ftantibus advocatis Henrico & Tictbaldo. Tefiis etiam 
occurrit in donatioru faiia éinno m c x v 1 1 1. fer Bopmem de 
Bras , tefiibus Henrico advocato ^ JPetro fubadvocato. Adfirui^ 
tur etiam advocatus in infirumento , quo Anfelmus de Bras 
accefit mutuo 11. marcay ^ dimidiam fufer beneficio fuo eccle^ 
fia de Bras his verbis : Teftes font Henriciis advocaiius & 
filius ejus Henricus. Anno 11 28. Rolandus Doroit, tradidn 
ad altare S. Kemacli. quicquid habebat in Doroit ^ Malin ^ 
^c.per manus Henrici majoris advocatia Circa annum 11 50. 
ut f lacet K^MïnQafudnêsmf. obiitnulla frôle reUBa.^ 

Henricus vulgodiBus Cœcus cornes Navmrunfis Pa^ 
truo /ua Henrico in comitatus Hupen/em ^ Durbucenfitm ^ 
advocatiam Stabttlenfem fuccefiît^ qui antea , Conradû fub an- 
num 113 9. noortuOj cornes Zucemburgenfis rjfefhts erat. .Hic 
fient alii advocati^ ut verbis utar Wikaldi fcribpttis ad fitoy 
monachos^ Fuerunc nonpauperum defcnfores, ioi crude« 

Xij • 



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1^4 VOYAGE LITTE^RAIRE. 

jilïîmi vaftatore* & libertatis abbatia: Srabulcnfis inimi- 
ciffimi infîdiatores Hune vit am frotraxijfe ad annum ii88« 
vult Defenfîo S. Maximini f tope Trcviros. 

Theobaldus Baffcnfls cornes fucce.ffit , eut Ermejîn^ 

dis nnica Henrici Cœci filia (^ in ttfi ditionihus hères , uxor 

abtigerat. Qui relifia tanium nnica filia , difia IfabeSa , ann: 

i 11 ^. fecundum De fenfionem S. Maximini pag. 43. mortuusefi* 

Mac JfabeSa nnpta VvaWanno Limburgen fi junior i ^ mater 

ejus Ermenfindis ad fecunda vota nuptiarum tranfiens ^ nnpfit 

Vvalranno feniori comiti Arlimenfi ^ ^ pofiea duci Limburgen- 

fi ^patri T^valranni junioris , eo faiio antenuptiali ^ %t bona 

non ad fofieros qui ex IfabeUa filia Ermenfindis nati erdnt ^ 

devolverentur , fed ad poftetos (/m ex J^valranno feniôre (jj* 

Mrmenfinde najcerentur, 

VvALRANNus tgituf advocaiiam Stalulenfim anno 1214. 
nna cum Ermefinde adminifiravit nfque ad annum 114e. que 
vit a cejjitjuxta Defenfionem S. Maximini , pag. 43. 

Hi advocati potius rapacitate fita devorabant bona abba^ 
tia. Occupaverant enim injufie , magno menacer iorum damr^o , 
caftrum Longi^e ^ domum fortem de Com biens ^ qua annô 
iiij. per judiciariam fententiam refiituere coguntur ad infian^ 
tiam Friderici de^ Petra abbatis^ in imperiali curia. Sententiam 
hic adjungimus. 

Tm£Odericus Deigratiaarchiepifcopus Treviren- 
/îs, Hugo eadem graciam epifcopus Leodienfîs , & L, 
cornes palatinus & aux Bavariie. Nocum facimus om- 
nibus pra^fens fcriptuhi infpeduris , quod cum quacftio 
coram Domino rcge Henrico & fuis principibus apud 
Acjuisgranmii inter dominam comitiflam Ermesindem 
Lucemburgcnfem, & abbatem & eonventum vStabulenfem 
iuper caftro de Longia & domo de Coblens^ & jure eccle- 
dx Çyxx , fècundum quod in privilegiis fuis continebatur , 
vertererur : Tandem mediantibus domino rege & fuo con- 
fîlio , fcilicec Henrico Colonienfi archiepifcopo , & ^ 
Lu? o LD o duce Auftriac, iiihauc formam pacis con^ ^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. i6j 

Ycneririt fupradidi , comitifla videlicet , abbas. & conven* 
eus, quod in continent! prxdida comitifla jam didis ab- 
bâti & coaventuî caftrum lîium de Longia , & domum 
4e Coblens libère reftituet, &ipfos abbatem fcilicet & con- 
. ventum Stabulenfem de cetero terra fua quiète & paci- 
fice ubique gauderc permittet. De daranis igiwr cildem 
illatis ftabit dido noftro , ita quod lî ambo.ad id profe- 
quendum interefle non poterimus, al ter noftrorum de 
me& domino Leodiend, fine contfadidione , bona fide 
proièquetur. Et fuper hoc fidejuflerunt pro prxdid^ Et- 
ixiefînda comitifla -dominus Vvairannus de Lernbourg^ dora- 
nus Thomas de Hofalir^^ & D. Ar. de Rotjimach^ prxdi- 
dis abbati & conventui. Si vero prsedida domina contra 
prasdidam formam pacis aliquo modo contraire , quod 
non credimus , attentaverit j terra fua quac eft in dio-*' 
cefi Treverenfî & terra fua qua: eft in diocefl Leodienfî , 
tamdiu fub interdîdo audoritate noftra jaoebit , quouf- 
que ad plénum de violatione pacis pracdidis abbati & 
conventui Stabulenfî fuerit fatisfadum. Nos autem de 
Caftro Longia & de domo de C0mblens providebimus in- 
demnitati comitiflk , abbatis & conventus Stabulenfîs, 
&ordinationem indemnitatis nobis refervamus faciendam, 
quam abbas fepedidus fide interpofîta in mànus noftras 
ie fervaturum repromifît , &; fuper hoc nobis litte- 
ras fuas patentes exhibere tenebuntur. Ut ergo abbas 
& conventus fua in pace quietâ de cetero poflîdeant ^•' 
nos fupradidis abbati & conventui pracfentem paginarn 
figillis noftris roboratam dedimus in perpetuuîn robur 
& munimen. Datum Aquisgrani , Dominica Iftifuntdies^ 
anno Domini m c ex xrv 1 1. 

Quanta mala d:Hu Ermefindis ^ damna mona/teriis ^ pa^ 
tria intuUritvide afud Laurentium meumftaiecejfonm , in FfL 
derico ahiate^ 

Vvaltannum fairem excefit Henb.icu5 uyiomtnt^ 
Maftius y dit tus etiam Blondus. 

Annû J144. donavit Friderico abbati mcecomit^tnm fuum 
de.£raxé ? ipjf^ 4amtn cam fratn fuo Gerstdo comité /kb.fréC* 



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i66 VOYAGE LITTERAIRE. 

textM quod Henkicus GueUnnfis abbas Stahnlinfis ept 
ffo ddvacaiis agnafeire nolltt^ wn folnm fatriam Stéhulenftm 
rafinis , inc€ndi9 ^ cJi^diim vafiavit i fid etiam iffum m^nafie^ 
Tturn dii S. CicUU^ amiê 1149. ufin§ ad ifjum Sigillum 
Jfùlidvit. 

In Sytiam iiurus circa annmn 1270. cumaliis fe cmcefiffut- 
vit^ undc uduxfatê uncuSti^ rcUUis ex fe flnrilms libtfis. 

H E N R I c u s filimi Henricù fattifuccejfit , qui duBs in 
uxorem Beatrict Avefnenfi^ [fi^^^ JBelUm^ntani in Han^ 
nûnia donUni ^Jiliûs genuit HenriCMm III. Cêmitcm Zucem* 
hurgenfem Vvakafnum comitem^ &filidS duas. 

H E N R I c u s Jufim ex comité Zutemburgertfi é- Rafnnfi^ 
deinde imperatBT patri fno fucce0. Refiituit Henruo de Botu 
lan Maii^ arcem Zêngianam afmo 1309. uti ex infiiumento^ 
Jf^enti videre eji. 

Univerfîs litteras infpcâuris Henricus de Bolan y 
Dei gratia monafteriorum Stabulenfis &Malmuiidarien(îs 
abbas , & ambo convencus iplbrum locorum fâlutem in 
Domino. Noverint univerfiquod cum fereniffimus domi- 
nus nofter , dominas Henricus eadeai gratia Romanorunx 
rex femperAuguftus, cuncLucemburgcnfis cornes, caftrun^ 
noftrum de Longia occupaiSët & dc^tinerct y non ad aufe- 
rendum , fed potius ad conlèrvandum nobis & ecclefîis 
noftris adverius pericula imminentia , ut dicebat , idem 
dominus cornes ad rcgnum praidiâum divinaprovidentia 
vocatus & aifumcus , caftrum ipfum eo pado nobis refti- 
tuit y quod comiti Lucemburgenfi non deberet efle noci- 
Tum per aiiquos coramorantes in eodem, nifi forte , quod 
abfît, cornes ipfè vel fui nobis , vel ecclefiis noftris, aur 
eidem caftro , vel fuis appenditiis invaderent aut ad inva- 
dendum vel nocendum fe paràrent 5 quibus caufis abbas 
& fui cum caftro eodem fe poflent adverfus eundem comi- 
tem & fuos complices defendere , tueri & refîftere hujuil 
niodi violentiis fîbi à dido comité & fuis complicibus 
infereiKiis vel illatis. Promiiimus etiajn didus abbas U 



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VOYAGE LITTERAIRE. iSi 

promitcimus bona'fide , quod didum caftram extra maniîl 
noftras & ecclefiarum noftrarum pcr lios velalium non 
ponemus : & il nos pro tiobis & ècclefîis noftris coticing^^ 
ret diéfci comitis , qui nofter efle dignofcitur advocatus , 
auxilium invocare ^ quod facerc non dfebemus , nifi de 
confenfu capitulonim noftrorum ^ ad defiendendum nos 
feu ecclefias noftras contra quofctimque mjuriani feu Vio- 
lentiam infcrentes, caftrum ipTum aperiemus & accommo. 
dabimus ei ad hoc ut injuriampropulfetipfam, (î ipfa in- 
juria vel violentia hoc requirat , quo ceflante ipfe cornes 
& fui caftrufh ipfum exire tenebuntur j & nobis libère 
. dimittere & abfolute ^ in cujus reiteftimonium , pracfenti- 
bus litteris fîgilla noflra duximus apponenda. Datum an- 
no Domini millefîmo trecentefîmo nono feria fecunda 
ante Afcenfionem Doinini. 

JDifium autem cafirum Henricus cornes amo 1300. frauda^ 
Unser ù€CMfavit inprofefio S. LamherH^ Thibalào fratre ^. 
jyiii tune temfaris abbatis ^illud frodente ^vendante ma^a 
ficunia vi Obiit anm 1313. «/ vmlt Agurne. 

JoHAWNES Boherni/c rex (^ cornes Zucemburgenjis 
Henrico fatri fucce£xt. Hic cum Adolpho i Marca epifcopo 
Leedienfi paEium iniit^ ne unquam arx Zangiana ab abbatia 
Stalinlenfi divelleretur , nec ipfe-nec fucuffores ilUm invadere 
conarentur^ idque approbantibns Carolo diHi reps filio primo^ 
%enit0 ^ capitula Leodienji^ necnon VvenriceStabulenfi abbate 
.^ moîMchû. Henricus enim de Bolain eam arcem ad tempus 
ffo munitime concefierat diSio epifcopo Leodienfi ^cum Leodien^ 
fes adverfus eum rebellantes igné ^ armis ex Hdrmalia , quo 
ffi receperat^expulijient. 

C A !L L u S filius Jâhatmis impekdtor crèatus ^ diHus efi 
CaroUsJV, ke/evavit anno i^^é^ab Hègoneabbate advoca^ 
Uam Stabûlenfem cujH ohthihus pertiientiis , é" quadtietmio pofi 
anno 1349. tefcripfie officitatis fuicofnitatus Lucembutgenfis , 
ut ptiviUpa é' i^rmenitates abbdtiie ^iabtlleHjis manu tentant 
^ f on fervent. Ttnor litterarnnt toits ef. 



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168 VOYAGE LITTERAIRE. 

C A R o L Tj s Dei gratia rcx Romanorum\ iniperator 
Auguftus^Boheraia: rcx,& cornes Lucemburgiac , univer- 
fis & dfingulis officiatis didi noftri comkatus prsefentibus 
& futuris falutem. 

Cum jure noftro herediratio fîmus advocatus abbari* . 
Stabulenfis , ac iilius.perrinenriarum & appendicum , eanw 
que confervare & dcfendere teiieamur , prout noftri an- 
necefforeifccenint • idcirco vobis mandamus , &c. 

Vencesla iTSfirce^nemfuifidiris Caroli IV. impe^ 
ratorisfa^Ms advfcatus a diSo CaroU anno Chrifii 1357. '^Z^- 
fii fui fanndÊ « Utttras Mtcepit mmndatorias ^ ut confervaret (jf 
tueretUT pri^ikgi^ ^bbatia StahuUnfis. Taies litteras fcrtpfe^ 
^aP dilhs Cdrolms fuê fratti y'venajlao anno Chrtjfi i 3 J 4. 
infavonm monafterii 5. Maximini qu^t octant in Dejenjtcne 
S. Ataximmiy fag. 6r. 

Hic anno 1394. in comitiis ordinum imferii afudMetenfim 
civitatem fïçquentij^me ceUbratis , à fratre fuo CaroU IV. cx^ 
comité dux Lucemkmrffcus crcatut efi. 

Venceflao fine frôle mortmo , futceffk Vencesla tjs ejus 
nef os ^ Caroli JV.filius. Is infiigante frafofito Ardenn^ 
dominiumde Odoigne ^ Piroufter annp 1360. ratione fui 
comitatus Rupènfisjihi arrogare conabatur: fed re examinata^^, 
â conatu fuo dejiitit.. 

Coronatus fuit anno Chrifii IJ76. Jtqui{yrani rex Roma* 
norum ^ Iptavus diEius.. Hic anno 1384. advocatia Stabum 
Un fi s relevium fecit in hune modum. Vence5LAUS Dei 
gratia Romanorum rex. femper: Auguftus , & Bohemix 
rex, Lucemburgenfis dux j marchio Arlunenfis^ôc cornes 
Rupenfîs, recognofcimus tenore pr^efentium univerfis^ 
quod villam noftram Marchiae relevaverimus-à-venerabili 
abbate & monafterio. Stabulenfî ordinis S. Benedidi, 
Leodienfîs diocefîs , & cetera bona qucc ab eis tamquam 
cornes Rupenfîstenemu&^adinftarprardeceiïbrum noftro- 
rum cohiitum Rupenfium ^ & ob hoc didum monafte^ 
xium , perfonas, & c]\is bona tamquam abvocatus ^ defen- 
&r&£rotedortueri, defendere & protegere intendimus, 

yENCESIJi.US^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 169^ 

Venceslaus & JQB ocv s m^chioJBrifmleiurgi 
érM^ravi^e ^ ffc prolis Eiiz^betham GofUxiam nifUmJ^vin^^ 
cefiai ex firatre Jobanne dtfce Goriis^Jf ^maffinum^ fMBxe^ 
Tunt jintonio Buryindù ^ftomil^s eiin iotem \xo. Flmenomm 
dureorum^ ea conditione ^ ut donec diiia fumma folveretur ^ fro^ 
ffictaum dncdtus Lucemburpnfis éf^ camisann Chinenfis cmm^ 
fhHilmspoJlidcrent.Attamenf^inceJUms c^mitatuiç Rufpenfem. 
^ Dominiàm Dnrbutenfi in Cûnvfn^içjfMm nufiidlium tabnlis^ 
exemerat bis verbis^ réfcrvé tant' feulemeot floftre forte-^ 
refle & ville de la Roche en Ar denne. Qu^e hca temijîe^ 
Sigifmnndfêfn ifnferâtorem ej«fifu$ heredes certum efi ^ donec 
Philip fus c^ffiêmentê Bmus , Antmi JRurffindifili^s ^ ingenth 
peçMni4 db Sigifnmndi berediius^ qmi omnia jdtiMii^s Zuxem^ 
Imrgia fuiefiejuriS'Cântendebant& armis repetebdnt ^btinmity ut- 
non impignoratione , fed bereditario jure ducatumcum adjunHiy 
comitatibus ^ doniiniis fibi fuis que poffideret. 

C A K o L u^ C9gnoment& Auiax , fofi mortem patrisjurr 

. bereditario ducatum Lucemburgenfem ^ adwfcatiam Siabu^ 

Unfem adminifiravit. Tempore bujus ddvocâti é* fequentium 

multa maU Stabulenfis patria perpeQa efi^ pr^cipue ab Zueem-^ 

burgenfibus , Limburgenfibus é* Georgio Ru^enfipr^tenfi comité. 

j» * 

Maria CdroUfilia nupta Mdxitniliano arthiduci Aufl 
tria^ fofiea imperatori ^ ejus nominis frima y una cum ducatur 
Zucemburgenfi é^ comitatu Rupenfi tenuit advocatiam Stabu^ 

Unfem. \ ^ 

» • • • 

P H 1 1 1 p p u s arcbiduK Aufiri^efofi rex Hifpania^ ^ ^Âr 
vente pâtre Zuœmburgum fimulque advocatiam Stabulenfem^ 
obtinuit. Is ad informationem artno x^ox.Vvillelmi abbatis de 
vialentia ab annis^ qmindecim illata ecclefia Stabulenfi é* fub- 
ditis^per Gerardmm de Ghok^ y mandavit gubérnatoriburZu^ 
eendmrgenf (^ Zimburgenfty aliisque officiatif , ptJiSum Ge* 
rardum apprebenfum carceri manciparent , é" bona ipfius' 
fiquefirarent. Sed illo fauU fo^ è vivis fnblatê , fiecinus^ 
. inukum remanfit.. 

% 



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ITQ VOYAGE LITTERAIRE. 

Carolus V. imperaur Philippo patri fnccejjît in ai- 

vtKdtia. Egfepmnfife ectUfiét Stahnlenfis advocatmm é" ^^* 

fenfêftm ^fitndiÈ. 2/étm in eomitiis jlqmfgranenfibns €on^ 

ndndjis ^ Gnillilmi ptéifhlh in CBUftffn ptincipnm f^ procemm 

imperii penfomis facmndié$n% admiratus , JSmulque fncibns 

ex0ratns , p^ims^ sivtîati fià^mi panes pr^itit in nvinii^ 

iania afC9 Zêngiana , ^/mamjdm k jo. amis Mdrchani titnh 

impiff90Mii9^$ ptfSupMom n/Hmen mnfahanu Jmifm éostem 

Carèli Cétfariê Hewicus J^dfêvins tatèndis Maii 1511. ex^ 

pedito ixenitm oijeffsm ^ppnfflore incheavit , dieqne êHava 

ixpnffidtam /knoOms dirnendam cmavit. J^ulUm mliam txpâ- 

Mti9nés mifîfèim rek^Ufiifimm Cafar pet Ht 3 nifi fieret ei hae 

gratia^ nt qnet annis ejùs memâria infàndendis ad Deum précis 

bus eelehraretnr j qmod imoncuffe in hnnc nfqne diem ehfervdtnm 

efi^& dies ipfa de Ubitinarf.o pridie indicijur. 

^êimiiM^ L'abbaye de Malmidy eft â une lieue & demie de StaV 
velo^ dans une vallée un peu plus /étendue & plus agréa- 
ble. Elle reconnoît pour fondateur faint Remacle cvê- 
que de Tongres > qœ â la prière de faint Cunibert evê- 
que de Cologne , la bâtit d^ns Pextremîté de ion fliocefe , 
& ordonna que ces deux monafteres n^auroient que le 
même fuperieur , que les novices des deux maifons feroient 
profeffion à Stavelo , & qu*à la mort de l'abbc les deujf 
comraunautez s'y aflTembleroient pour procéder à uae nou- 
vçliç eleâion. Ce qui s'eft obfcrvë julqu'à prefent. Nou? 
nous rendîmes à Malmidy leVingt-fçpt du mois d'Aouft , 
tK>us y trouvâmes |es religieux, occupez à réparer le^ 
ruines de leur monaftere ^ qui ayoit ^téj entie;rement 
réduit en cendres dans Jes dernières guerres par \qs 
prançois. Il nç rc^a de tous les pdificei que la grotte 
ou Papcicnne egfiife , refpedable par fon antiquité %c par, 
^ forme. I! y a trois autels^ îjc aujourd'hui on y enterre 
les religiçu;!. l^a vSle qui avoit été enveloppée dans le 
malheur du monaftcre , étoit déjà rebâtie , & elle nous 

Îrarût aflez jolie. Il y a de? Capucins auflî bien qu'à Stave- 
o , des ^eligieufes du faint Sepulçhre , de nne vingnine 
de prçfjres a la paroifle. L'abbaye étoit auffi prefque cntie> 



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VOYAGE LITTERAIRE. 171 

retnent rétablie. Il n'y a plas que TegUie à faire^ En act€n# 
dant on fait TofEcedaiis an^'grande diapcllft qu'on a bade 
exprès. Nous y arrivinKs on iamedi. Si le même jour après 
compUes on donna deux fois la béé^diââon du faint Sa. 
crement , une fois après le Sdhe Kcpna^ y fie une fois après 
les Litanies. Nous^fperions trourer du travail à MaLni. 
dy , mais de tous les anciens monumens on a à peine fauve 
, de Tincendie cinq ou fix manufcnts, dont les principaux 
font une bible en4eux volumes , & im Joieph. On a auffi 
iauvé les reliques de iaint Scuvicule compagnon de iaint 
Nigaife , premier evêque de Rouen , dont laous avons 
imprimé les aâes de la tranflation dans nos Anecdotes, 
& quelques autres reliques. Nous paflâmes le dimanche 
i Malmidy avec nos chers confrères , qui nous comble^ 
rent d'honnêtes , auffî-bien que ceux d^ Stavelo. Comme 
nous nous entretenions familièrement avec le prieur , il 
nous demanda fi parmi nous TabitiMnce de la vilandt 
obligeoit fous peine de péché morreL Je lui répondis que 
nous n'examinions pas fi nos régies nous obligeoient fous 
peine de péché mortel ou non , qu'il nous ixsSè&Àt de 
i^ivoir ce qu'elles nous prefcrivcnt po«r l'obferver ^ qu'il 
n'y a <pie des efckves & àt% mercenain^ qui obfervcnt 
leurs règles par la crainte de la peine ^ mais qoâ àt% veri- 
tables enfans fe portoient avec inclination à fiiivre \^% 
volontez de leur père, dès qu^eÙes leiir font connues ^ fans 
penfèr s'ils feront punis ou non , s'^ils manquent d'y obéïr^ 
Mais que puifqu'il vouloit fçavok mon ^ntinient^queré^ 
tois perfoadé qu'il n*y a point de régies qui n'obligent foU5 

3uelque péché ^ que les règles eiièndelks qui regar-^ 
ent les vœux , ^obligeoicnt fous peine de péché mor- 
tel , qu'outre les regWs éfïentielies qui regardent les 
vœux ^ il y en a encore de capitales, fans Ifefqiselles i'ob. 
fervance de la religion ne peut fubfîftcr , comme l'Office 
Divin , qu'on ne peut omettre fans pèche moartel 5 & que 
l'abftinence delà viande dans les Congrégations bien re^ 
glées , peut être confîderée fur ce pied } (qp'enfin il efl 
très-dimcile de la violer fans pécher mortellement. ^11 
convint du principe , & il me dil qu'il étoit periuadé qu'un 

Y ij 



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17* VOYAGE LITTERAIRE. 

«ligicux qui romftit le filencede k nuit, pechc mortelle- 
^ii«ft'^ ù'eft aufli le feocimenc de Suares^ qui doit faice 
trembler bien des rëligie«x, qui né le font pas un graji^ 
Scrupule de parler daœ le temsdufiience de la nuit. 
Licgc. Nous partîmes le 19, d'Août pour aller à Liège. Mon^ 
/îeur le prieur eue la bonté de nous donner un guide ^ qui 
nous condûifît jufqu'à Spa , petite ville , fameufe par les 
eaux minérales , qui font fort faliitaires. Lorfque nous y 
{>aflames , il n*y avoir pas long-tems que le Czar de Mofco-. 
jvie les avoir prifes , &^omme elles lui avoit bien fait , il 
avoit envoyé une belle infcription , qu'on devoip placer 
au-dcfUts^des Bains dans le lieu le plus remarquable ^ pour 
apprendra à la pofterité, qu'il y avoit ctc guéri ^ mais 
comme elle n'ëtoit pas encore placée^nous ne la vîmes pas^ 
Nous arrivâmes i Liège fur les quatre heures , & nous fui 
L'akbâYc s. ^^^ defcendre à l'abbaye de S. Jacques. Monfîeur l'abbc 
Jacques. itoit allé à Huy pour recevoir la profeffion de froisreli- 
gieufes; Le prieur ctoit auffi abfent , mais le fouprieur , qui 
icft un homme de mérite ^ nous reçût avec beaucoup de 
jcharitc. Cette illuftre abbaye fut fondée l'an 1Q14. par 
Balderic evêqiie de Liège , qui y mit un bras de S, Jac^ 
ques , & la choifît pour fe lieu de ia fepulture. On voit en^ 
core fon tombeau élevé au milieu du chœur. Celui d'Olr 
bert ^ quien fut le premier abbé ^ eft au bas du fandtuaire , 
& un peu plus haut on voit celui d'un autre abbé, dont 
on eftime le travail. L'eglife eft fans contredit une des plus 
Jbelles du pays , on y admire fur tout la nef, dont, la voûte 
eft fort hardie. Il y a à tous les piliers dçs figures de mar- 
bre blanc , la plupart achevées. Les collatéraux font or- 
nez de tableaux, le jubé eft magnifique^ on ne fçait cç. 
' qu'on doit y admirer davantage , la matière ou le travail , 
on montre dans l'egljfc un degré double , comme une chq- 
fe très-rare. Tous les étrangers l'admirent , & ce fut ce que 
ie Czar trouva déplus finguUer dai;is l'abbaye. On croit 
à S. Jacques qu'il eft l'unique en fon eipccp , mais il y en fi 
jun femblable en Teglife deMarmoutier , par lequel ofi 
monte au repos de S. Martin. Le; refte àt% batimens du 
monaftere ne repond pas tout i fait à l!eglife. L^apcien 



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f VOYAGE LITTERAÎRE. 175 

refeAoire eft dépendant très-beau , ôcilpeut contenir cent 
religieux. Apparemment qu'il y avoit autrefois ce nombre. 
Aujourd'hui il ne fert plus , & les religieux mangent en 
deuxfales plus petites: Tune fert pour les jours gras, 5c 
l'autre pour les jours maigres. Les cloîtres font voûtez , 
mais il n'y a que deux cotez qui foient vitrez. Au côté 
de l'eglife il y a des bancs de bois & des pupitres , ce qui 
me fait croire que c'étoit le lieu oà les religieux étudioîcnt,, 
autrefois, ficfaifoient leurs ledures. La bibliothèque eft 
dans une grande fale voucce , qui repond au cloître. Elle 
eft plus confiderable par les nianufcrits que par les livres 
imprimez. On y trouve encore prefque tous ceux qui fu- 
rent donnez par le fondateur , comme il paroît par un an- 
cien catalogue des livres du monaftere , écrit fous l'abhé 
Olbert. La plupart font des ouvrages des Pères de l'eglife. 
Outre ces manufcrits ily en a encore ^luiîeurs autres de 
tous les ficelés fui vans, & fur toute forte de matière , donc 
les principaux foïit une très-belle bible en quajcre ou cinq 
gros volumes , écrite il y a fîx cens ans ^^ les lettres de fàint 
Cyprien, plufîeurs ouvrages de S. Thomas écrits de fon 
tems, les livrés délimitation de Jesus-Christ aufqueli 
on a mis le nom de Thomas à Kempis d'une main aiTez re^ 
cente , pour juger que cette addition s'eft faite depuis le«r 
conteftations fur l'auteur de cet excellent ouvrage. Plu-i 
fieurs anciens théologiens & auteurs de pieté, ce qui fait 
voir qu'on s'eft appliqué de tous tems à l'étude dans cette 
maifon , & qu'il y a eu beaucoup d'obfèrvance. Cependant 
comme les chofes hum^^ines font fujettesi. la yieiffitude des 
tems, vers la fin du treifîéme fîecle la difcipline régulière fe. 
trouva fort altérée par le fréquent changement des abbez, 
& par la raauvaife conduite d'un certai^i Henri, qui fut de^ , 
pofé : mais ks fuccefleurs reformèrent le mon^çre, qui fç^ 
trouva bien-tôt en état de fournir des religieuse avi célèbre 
monaftere de S. Matliias de Treye^ , pour jettçr les^fondç-^ 
mens de la congrégation de Bursfelde. On peut même dire^ 
que dans tous les tems S.Jacques a produit de grands hom. 
mes, pour gouverner d'autres Jylonafteres^ c'eftce qû^on 



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174 VOYAGE LITTERAIRE. ; 

peut voir par la lifte rpivante,que nous avons cirée d'un md- 

nufcrit de la maifon. 

yiRI ILLUSTRES Q^Ul EX S. JACOBI 

C OE N O B lO PRODIEILUNT. 

Thietmarns dbbds Florhunp lo jo. 
Guirtnmndus abbas Bronieufis io6x. 
CMncabbétiSigebergenfis ér'fifiop»s Ratisbonenfis iwj, 
Htribrunéms dbltMS S. Lsitrentii 1105. . 

EverUims de Foux MhltMsS. LoMrtntii. 

Bibertmiabàds S.Hubtrti 1167. 

Oïrtferiut de He^emont Mbbss ValUs S. Zamberti ivxû. 

Hemumims dt Zcbh efifc»fs & fàffirays^us Adttlfi tfifcofi 

Zfoditnfis I31Z. 

FTétHCê ejmfdemfitffrdptnens. 

yrUoUns de Twuutdbbss Criffinitnfis 1565. 

j0hMmes Hoccon , sbbas Fkrintnfii 14x1. 

Caroks Orchen abbas FUrincnfis, 

Ja^bmmssbbas S. Heriberti. 

Kddulfus abbas S.Heribfrti, 

Kicflaus abbas Flmnenfis, 

EnmtUnnus abbas di Lniis. 

Mufiachifû à Stràax fritr fctifjtt in reptUm S. BfnediUû 

Lé premier dimanche du mois de Septembre on célébra 
la £ête de l'Ange Gardien. Après tierce le célébrant fit 
^fa^eriîoa de l'eau bénite à tous les autels , &21a fin de la 
procefiîon on chanta le Salvt reghu. Durant toute la mefl 
(t \^s deux acolythts demeurèrent à eenouxâ la creden^ 
ce , lifant des prières dans un livre, Us allumèrent leurs 
cierges i l'evaneile , &les éteignirent après. A la fin de la 
mel& ilskt rallumèrent. Le <uacre & le foudiacre furent 
durant le Kyri* àlacredencepour préparer Tepitre ScTe- 
vangile , 8c la matière du facrifice. Lorsque le diacre chan- 
ta Tevangile , il dit Dixit D*miiuis Je fus crc» félon Tancien- 



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VOYAGE LITTERAIRE. 175 

ne coutume y au lieu que nous difons (implement Dixit Je^ 
fri &c. Il porta enfui te le texte à Tabbé pour le Baifcr , 
mais^aux autres il leur prefènta un texte plus petit. Il y et^ 
communion à la fin de la mefle ^ 8c après vêpres on dit les 
litanies. 

Peu de jours après notre arrivée à Liège, nou^ fûmes 
voirmonfieur le baron de Craflîer , que adus avions dcja î:!^*!^!" 
nonneur de connoitre de réputation. Il nous témoigna fleurie baioir 
;ivoir beaucoup de joye de nous voir, & il ne fc peut rien ** Craffict* 
ajouter à toutes les honêtetex qu'il nous fit. Il nous ap- 
prit le trî0e fort de la bibliothèque de S. Oat, & notfs 
moocra U-deflus une lettre d'un de fes amis qui avcHt . 
voyagé en Allemagne , & comme elle contient quelques ^ 

points de littérature allez intereflants , je crois que les Iça- 
vans ne feront pas. fâchez de la voir ici. Nous en adjoûte- 
ronsune autre également curieufe. 

EXTRAIT DEDEUX LETTRES 

écrites à monfieur le baron de Cra£er par un de fes amis 
voyageant çn Allemagne. 

Nuremberg le 21. Seftemire 1717. 

l^es trois tmienxquef ai vU fanant k Francfori mânjtenr de 
Vffenbach très^ricbe farticéliery demewéa» détns U më de Ef- 
(henheimeTy efi celui qnifemfêftevje ne Cfêis fas même qiCilfe 
trouve fin fareildafisjeemePABemapie. Car entre MU très^l^MU ^ 
cabinet de médailles ^ il a des buBes yfiatués , bas^reliefi ^ des 
bijou» en y and nombre ^ ^ farJUj/ps cela une biblietbeque des 
flus riches (^ des mieux ordonnées. Pourvous en dennermne idée, 
je vous dirai qu* il travaille aBuellement À en donner le catale^ 
ffie au public y en deux ffvs volumes in folio , dont Cun ne contiens ^ 
dra que fes matmfcrits , tous également rares. Cet ouvrage fera ^ 

dans Ifgpàt de Zambecius , mais flus futçint. Parmi Ces manufi 
crits il y ena qui lui vierment du pliage de t abbaye de S. Gal^ 
qu^ il a acheté du foids feulement ^ ayant fait exprès un voyage 
à Aufhoufg , eà il avoit offris^ mais trop tard , qu'oUfenave^it 
amené des chariots pleins^ qui furent Sabord vendus chet^des 



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176 VOYAGE LITTERAIRE. 

tàteiifS itof-f^ des rtlieufs de livres^ ^ périront ainjimiferahle^ 
jme4^. Du rejieje nefçdttrois ^iffex^ vous vanter le fiavoir é* les 
manières naUej (j^gracieufes de ce monfiem de Ufferihach ^ qui 
ne fouhaite rien tant que la connoiffance des p^avans , k qui ilfe 
fait un pUifir de communiquer teut fans nferve é^c. 
, Pendant men fijour à Wirtzjfourgj'aivà M. Siegler fectetau 
te du c&nfeileccle^fiique ^ dont le medaillier n^efi pas yrand-cho^ 
yî, auffiiieji.ce pas à quoi H s'applique: fa curiofite confifie à 
amajfer toutes les anciennes monnayes des evèques de Wirtz^ourg 
depuis prh de 700. ans^ qu'ils en ont eu le droit , ^ nous prépaie 
fLdeffus une differtation hifiotiquefort ample ^I la encore une col- 
Isiiion des çbartrcf les^ plus anciennes de l'abbaye de Fuldc, avec 
les fceaux des anciens empereurs (^ rois très -bien deffine^.maïs 
Ci qui va vous furprendre , e^ qu'ayant depuis peu , delà per^ 
million de monfieur le baron de Hutten grand doyen de la Cathe^ 
dr aie ^foidlli fous les toits de cette eglife ^ ilyatrouvéuntrefor ^ 
conjtjiant enmanufcrits^ qui étoient entièrement oubliés ^ ^ que 
Von croit y avoir refit cachex^depuisla guerre de Suéde ^ fi pas 
plus long'tems. Ces tnanufcrits dont je n'ai f(^à voir que queL 
ques^uns^font des plus anciens (^ la plupart écrits : cum litte- 
ris femiuncialibus fans interponFiions. Entre autres un codex 
Juftiniani que je crois être du tems de cet en^ereur. J'ai fort 
exhorté ce monfieur Sieglerànous donner un catalogue exa^ de 
tous , avec la gravure des caraEieres , ce qu'il rda promis : çum 
licencia tamen^ruperiorum. 

PaiTaa le 3. Oax)bre; 

F ourvous continuer quelque chofe de mon voyage yje dois vout' 
dire , qu'étant arrivé a Ratisbonne ^ce qui m'y a le plus frappé 
a' admiration ^,a été-la main droite de S. Chrifoftbme , que ton m 
fit voir k la cathedraU ,c'efi une relique precieufe ^ confirvée k 
miracle ^ le pouce qui en a^été coupé ^ efi en vénération dans la cha- 
pelle de t empereur k ce qu'on m'adit. Ceprefenta été fait kPe^ 
glife de Ratifbonne par un de fies chanoines , neveu d^un evèque 
étOfnabruch y qui en 1 6j6. t obtint de P abbaye ^Ifhourg ^ oàon 
la gardait depuis plufieur s fieeles. Le livre aux évangiles que je 
vis dans l'aibaye defaint Mmeram^efientore une /are dr trés^ 



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VOYAGE LltTERAIRE. ^4- 

rîche Mti^oitè , c'eft ttn don de l'empereur Heriry JV. On n/i 
dit i^ue Maximitie^\^rani.prè du dùt'di ^B^t^fè dfa pre feni^ 
tt f^avott afftt^tddinîrer^ &'^qûHl^eh ' avoîi 'iifért fà vitté dt 
Siranùingén avec fei d^endantes-, ûais^ les ^ons' kdifies perl 
ffiâdez^ que ce duc les leur reprendroit eiifuite ^ quàfiH il vou. 
droite trouvèrent convenable de refu/er ûH fihl ojffe. 
■^Efiant k Munie ,jt vous y .tyfeWMitW'avn ààMr de' 
]^&uVTix\ fut-thut hrfqié l^on ë'e lâf^fk feU kaks la Lse dès 
àntiqu^i de Ut O>ér^oà oubliant le Uite é" te ,k^nter j'y 
piffai tûuii la journée, defuis îtsMû he'àtes du matin iùfqJk 
fix heurei du fiir,^ cirttenipler des fi^aïuU \ des hufies deï 
vafes^ dès portraits en médailles , des b-^S reliefs ^ é- mille-- 
4Htres antiq»ite^^ t^nt de nytrbri ^.de bronxfi , qu^ M pierres dé' 
touche, maii d^une beauté fi furprenante , que fin devins pref 
que ftatué moi-même, Cefti [aie efi d'une î^nyieur prodiqieufè • 
toute voùtee ,é- •ffrée des quatre cbte^, de mam>rè que je croi] 
m rien voir dt fi beau en Italie , d^oû prefque toutes ces rares 

fitiquiteiuiihteSi''^J^réei:^dtndttiMpn^ii\i\nkAfesii^^^ 
k ait feu dué{Maximilien. 

Pour Ci qui fdi lu Umt^qut, pêr/itai'néi/^t médire^ 




timps\^e c*luy?i^iehrdU clefî\ 'éfèïï%mï6oiiri:^!t%i^. . 
damel'Elearice r<'éj^*6ién<d»mm^ê^^Vinim^fi^omà^'i - 
fipèudansles^feiences, é' q^e farmy tant déduire s dépefiïes . 
Ponnefeurniffe pas k l'entretien d^une perfonne, qui comme ui 
Be^f';:ml(dK)iurles hfUes chifii qàè j'idfi/^mi tâi^out ' 

iif'Arfchoti é- tdnt^df^umi > (onfm%imYwm'fm «^mnàl ■ 



\^ ,r,i 




deiiilès monnoies de àbï rois - dôs' AièdMéi ^mWi 



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178 VOYAGE LITTERAIRE, 

un Fra-Paolo , & un faint Pierre martyr ^ ineftiniabfes. 
Le plaifir que nous avions à voir toutes ces richeflès , & 
la manière obligeante avec laquelle ce fçavant homme 
les montroit, nous firent paflèr là pluâeurs heures, fans 
prefque nous en appercevoir. 

Outrp les manufcrits , mo^fieur de Craflîer a en- 
core plujfieurs pijpces fugitives, & même originales j il 
nous montra entr'aucres une lettre de faint François de 
Sales^ ëvêque jde Genève,. écrite de la propre main du 
3ainten Italien: Et comme elie.n'eft pas imprimée , nous 
croyons qu*il eft de notrie djevoir dp iuy donner place icy 
^vec fa tradudion. , 



LETTRE 

D£ SAINT FRANqOiS DE SALES» 

a:RADUITE D£ L'ITALIEN. 

MÔko rcvcrcpdo p*- SSfXPn trè^-cher ^ près* 
igokrmenpe carifiltno •ffià^^xffi^» 
fie oâ|îcio(îinino. 

Qnajmmqueiovedevadi Quoiqtu je me viffi difvm 

■non |>otef M »ùun modo Ump^ h»fs ^itèt de pomi^ir 

fçrivere çpnyçnicnteineiitc ^^l^ U vit àt tMt^iyuur 

Jâ vïz^ délia fclice memoria fèviqne votre frère /heiirenf» 

.di monfîgnor Vefcovo fuo meiMire^ («it À caufe de ma 

frello pèr la mia troppo trep ^andt impoUteffe ^ [oit k 

grandç Tozzcflà ^inluffi- tanft de men incapacité ^ i^t 

pienri^a jiicnî«diin^oa 11 ff^ant U fatis/kBi»» fi(tf 

ViOetro chio havjrei di dai" f4iU9is *m de faire pUifirkî^^ 

guftpi V. R. & di 4ar tefti- ^ & de marquer ntan ejfim 

monio délia ftima di quefto pour a grand fervitew de 

«an/ervo diddio roi daya Dieu^mefaifeit en queJgue 



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VOYAGE LITTERAIRE. 179 

manière efferer de pouvait en^ un certe che di fperanza di 

rref rendre cet •uvra^ j mais potêrlo fare in qualche mo- 

me voyant apfellé à Paris fat do. Ma vedcndom adeflb 

notre ferenillime f rince cardia tirato in Parîgi , pcr fervire 

nal^ je ferds toute farte d^ef- il fcreniffimo principe car- 

ferance de pouvoir rn^aff ligner dînali noftrp^ in quefto yiag- 

à écrire i & fur tout cette hi. gip diFrancia i perdb ogni 

^oire , qui demande un homme lortî di fperanza di fçriverc, 

qui fuijie s'informer Sun ires* & maflîme che detta hifto* 

yrand nombre de farticuldfi^ ria richiede di efïèr fcritta 

te^^ que je ne fuis affrendre da huomo che pofla faper 
ny entendre icy\ Je la fupfife\ moltiffimepamcolarira cÉe 

donc de vouloir là'excufer^ fi ip non poflo cognofcere y ûe 

je ne luy rends fas ce fervice fntender qui & molto meno 

dans cette occafion , que j'^em^ in Francia. Mi perdoni 

brafferois dUitteurs avec fiai- adunque V. P. sio non la 

/r, (^ êeflreferfuadé queu fervo in queffà occafîone 

n'efi que far imfofjîhilite que che per altro mi farebbe 

je m'endiffenfe. Je ne Uifferai ffata gratîflîma & veda che 

pourtant fas de vous envoyer lafolaimpoffibilira mlmpe^ 

dam [on temps quelques te. dîTce. Ma non làfciaro à luo 

marques touchant cette Ar- tempo di mandargli alcunî 

fhire ^ qui feront peut-être de ofTêrvanoni circa quell hi- 

quelquefecours ^ celuy qui N. ftorîà che potranno foj^ 

erira. Je fuis en toute manière, giovare il fcrittorc, & iii. 

é-feray toàjours de votre fa^ ogni modo ibno 3 & fara 

femitéletresjur& tres-àfeC^^ fempre df Y.P.certiflîmoffi 

tionni frère é'fetvi^eur. \ affediffimo frello & fervi- 

-Aiiifrfipté',''^' tore. Sic fi^natum, 
François, Evefque de Francisco, Yefcovô dfc 
Genève. Geneva. 

:at Anecj cei^QB^bre 161». Ih Anneiîî ail xvi. dî Otro* 

bre 1618.. ^ - 

Cette lettre de faint. François de Sales me dbntte^ oc-^ 
cafibn d*èn joindre une autre du même Saiùt ,, dont' 
T*ày roriginaï €*ntre Je? mdns V,.çlîe" éff cciltè. à \ \z 
mieJ^e'Angelîque', abfeéàe dié t>ôrt.royalV & contient desi 

Ziiî 



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iSo VOYAGE fîTTERAI^E. 

partkd^^^ çonAUësi; ... . 

Il «y aufa^ aànc^fs'en m$y, dg mànfesfr fjiur vons , ny m 
^vous de madame fçkrmoy ^ Jes anciens^ cordiau;: ^.(jr cbarU 
takles noms de père (^ deJUlefinisplus. chrétieni^flus,dçupc\^ ^ 
de plus grande f&ra £&tir ièjf^i^(r Udiif^Unf^^^^ 
Sei^ne^r^d Vêulu ^rt^ entre Ji^us \je, djts^ \mfi h^r^rnent , que 
i)îèM. a^miu efite^ ^epte mù/:yp^r^e ^^^^^ fens fuij^amme^t^ 
(^^ ne creis fas ' que^ ce fentiment.fmfie venir d'ail Je^urs. ' Èi d^ 
fÏMS^ je connois q%\l m'ejifrafitjaïle ^ é* qf^il ,m\enfoMra^ 
t mmK faite i €'efi fùurquoy j^leconffrveraif^ignwfemeMç 
fie v&us dire que vau$ enfâ^ezj.dc, mefmyjene Le.fer^i paj^ 
far j sUlfUï^ à Dieu ^ il vousj^^infpircra^^je ne puis /loutit^ 
qu^H ne lefaffe\ Or fus dancj^ma tres^cherefille^c'efi la veiiti 
que je fui ^ meshuy en f grande incertitude du teriffs de mpn dé^- 
part , que je ffofe plus me promettre la confolatien de v^tfs re- 
voir de mes yf^ux mortels. Mais fi ^j* en ai Ulaifir , j^ Ufer^ 
tres-affetiueufenientx d^ fifje crois que votre cœur iienrOfméjeu 
doive recevoir quflque'notatle Ktiïid ^ je ferai tout ce.que je 
fourrai fourceU- Cependant^ matres cbere filû ^fouvene%^vous 
fouvent de ce que je vaus ai dit : Dieu a jette le^ yeu^ Juf vous^ 
pour.fe feivif de vous en chofes df cot^eqtferiçf , ^^ Jt^^JM^r 4 
un^ éxéeBtnte forte [de i}ie. PortfiZ^ dMC reJpeS à fan ^leiîion^^^ 
^ fuivex^ Jidelemept fin intentiçn.. Anirnçx^ (or^imellernent 
votre courayt it humilité ^ (^ votre humilité^ c*efi k dire^^yotre^ 
[mifere^ '(^le ^efir d^e^rt humble ^ animex^les de confiance en > 
î^^'^^f ^ ^n^r\e(iu^^^^ fiUkatmhU , & vftre kmiM^ 

ioufdfeup. , Pkrjemex^ toutes l^s pietés ^ va^te ;c^§ffefjiffijf(f{ ^ 
tant intérieure qu^exterieure ^de finceriiè , damfeùf t^allegrejje , 
fuivant tayis de Pj4pbtre:É.éjoUijTex^'Vous toAjoujfS en] notre 
Seigneur -y je vous dis fie rechef ^ rejoiiiffez^vous : q^e v^tre mom 

igauen humeur\ &.qt(e toutes vos aEiions fe reffentènt de U 
réfolution que vous avèx^ faite d* aimer confiamment tamotir du 
Dieu.Ceifnjfortet^ Htu faim cordialeif%e^t^tA^e^qu% eft 

tOfitVOti ' "* ^^ •>^ -r^* - o - . ff 




fieinéden 






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A Ue^lue^ ÇaÛtcdraûT. 
B JLe Palais £pùcopat. 
C SfNicolus/^ ^ 
D JLe Marchés 



£ 

r 



SfJtiartm' 



G Xo^ C/uMpelle . 



Plan de la Ville et du Siège 

DE TilLOUANNE 

Vne def phu anciennes et dcfvius Farter pioeàf 
despœiJ!f^ha^,damUCàmté.di^ 
redoiUahle auooTlamans et le haulenoar de tcL 
Trance,quiFutassi^éc par LarmeeJmperiale 
dcCharîeif'ifturuUxui.annilJtpLin. ecprif& 
dUusaut leXXJuùvSur les hzdbheuref divnialin^ 
après une larurue et apiniatre résistance, et 
Zjin ra^éepkr U cJnmsms^^ 
cjueur dont Une reste au/cntr-dJug/ qûtLvpùzût 
an dit aiContrawvcL alarj dans Lahhca/e 'de J^ 
Oi^mutuv cette inscription^ Jean terra vcata.peris, 

ianvnoh terra, vana ntanèbts » 




IY Four U/ Châvaua> dcd' ChariûU . CC Camp £UM^. de. Rzen 

ZHerbeiU. TSDVvhm^. 

AJi.C€pitaàu&rarge,diccùut^nei^ TL Munitunu . 

: alltmaiu ^ JTCamp du hou dUlmu 



iby 



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vSi 



T O Y A G JE LITTERAIRE, 



4uandie p^i gravf\je ne dis fai mortie ^'ny a^eïtie ^ ny fèmbn^ 
ny dê^âihienfe , ny aiiiete | mai$^ je vestx 4^fe faintt ié* charL 
tajite. Le bj^nfetf a une opinhn fofi^i^fnJ^^^wriM^humiù^ 

f^itvoir Utmfraire l Cétr f*4i yu fiupi^rfrdfney kUh exàmi^eiJj 
ne dire rien q^uâ je fuiffe remm/juer efltepeif}€ ^ ^^ cn^^ 
fh^ureufe fervdnte de Diem mademaiptleAçàrii. 7e ne dis ^ai 
que fent-effre il ne Je p^JJ^àt quclqpçs cïûîpes. vemélès "^maiY^e 
dis qu^eltè ne les pQUVQU remarquer èk/^^on èxa^ 
'connoifife en fa c^nfellhn \^ quf partant fa^vcis fêifondeh*i 
faire repetet i^accufathn de quûlque^ Cûulpe ancienne, Vaùs fie 



M .Jv'-'r' î:j 



dfYex^poini cecy àperfinne ^ s'il V9us pUiS ^ ma iriSJ:here§Ue 5 
*caf le ley ère ^hautement ce èm père ^ & ^ue 

fe n( voudrais pas qu*ûû jf^kt qi^en qecy me [me je me feii^aM 
Ûe lUi. Outré que (e ne f^ai pas comnie il diifd c'cUchè cet'af* 
ticle ^ne l^ ayant pas là enfin livre ^ que ie ne tài point "vâ en* 
core yatnsjfulemmt le luy ayant oUi dire ^ (^ je parle a vâire 
ce^ur confi^T^Mçnt j ne vous ^hargezcfas de thf de 'ùellles nj^ 
d*aûjiei^ttê\ & erayez^may ^ ma trcs'cher^filîe ^ car jyÀtcndi 
iièii%' qiîè je dis en cecy. Mais attex^ au Pùrt-râyaldela vie 
ieii^ieufe par le chemin reyal de la dileiiion de lyietâ ^ du ph i 
xhaîn^ dff humilité , de la dehmnairetè. Si jamais vous m'ê^ 




ira ï^fe jfSt y ' ^, îf Afu Wê tout te mien mpdHahlàmeèï v^p-A 

W^tâc? ?#. Al.;SSfeiS= Wî|g?i ^i,sli 



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ï8t VÔtAGE LITTERAIRE, 

lès lieux de la ville oà. nous voudrions, aller , & ea 
m^metémpsi il\ dojwja avis de notre arrivée à mon^ 
ffcur. de Louvrex^ ^ 'ancien, bçurgmèftre & échevin 
de Liçge', Tan des plus beaux efprits ôt des plus fcavans 
qui foienc dans. le pays.. Il quitta auffiltôt fa! maïloB de 
^ campagne où il eftoîc diepuis quelques jourSj^ pour nous fai^ 
"rc l'honneur de nous venir voir ^& ne nous abandonna pas. 
durant tout le temps, que hous refHnies i. Liège;. 
tM^Kolânn. Le cinquième de Septembre , monfièur. le. Baron de 
Craflier Sf. monficur de Louvrex nous menèrent >ux Ja^ 
^cobins-^oii, ilj: avoit. autrefois une a{Ièz. bonne biblioJ 
d)eq^iie[i; mais if y à quelques années que tous les manuf^ 
"çriç? perirèÀt dans un incendié-, qui confama entièrement 
i.e mdnaftere.. Il eft à préïènt rebâti aflêz- proprement;, 
l'églife,, faite e^i forme, dedôme, fur le modelé de celuy 
de laine Pierre de Romie, ett, tres-bellé j on y admire la • 
fhaf pente,, où l'on tomgte jiifqu'i dîx-fept cens pièces. 
Oii y confervç àuflî. une croix tres-bellè ,,.dàns laquelle il 
y a du bois de la vraie croix. : une épine de la couronne 
de notre Scignejur ,^ dbnnéa par iaint Lottis ^ comme il 
Çaroift pari fe^ . lettres ^, qu'on, nous fit voir : un calice d'un 
très beau tràva^,. dans, le pied duquel if y a dii bois; de 
la crçi'x de! riotjfé Seigneur , donné aufïî par iàint Louis ? 
' un- oiiiemerit; dii'manteau royal de ce fàiiit roy, qui fert 
le jour dé fà fefte.,le jour d&Noëlà là meflè de minuit 
4f le jour dé rEpipbanie,. Nous fûmes enfuitc à l'abbaye 
4ç ;$eaiirépç/£.^'dé TOrdrfc des prémptttre^ 
grei^ié^^ajgb^é VbJçiJhéureux Luc- Il y a uq.e çglife aOè^ 
j^Jie • 'flgiajj!. i|!n y'à:iiufcun manufcrit dans la bibfîothéqjie." 
ï»-. biWî»- ^^ .léfld!?n)aiiï nous iumes voir moniîeur dç^vLouvrex y, 
iJxeqitedeM. SteiTmêrne téçnps nous, examinâmes fa biblÎQtKequç^qiri 
4«Utt»«x. d|; excdlènf é,^ & GQmpbfé^^^^ jg 

.''. . ^^S-S^i.^P îf?^^".';^ Hiftonenis , 'des Jiirifcoafulte? , "de 
; ' livres des Beltes^létt'res. . Il y a aufllquel<^ues in^ufçi;it&. 

& quelques antiquitéz, entr'àikre's la Viàoirc àc Cbn»;" 
ijj^ncîii. fur le tyran; Maxence v,. gravée, fur un criftal : «u. 

, , çnfiuce. «a. caroge -à J^i. Chartreufc ^ avec njcflleurs de: 



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VOYAGE, LITTERAIR]^ Xi}. . 

Craflier Se du Chaftçau: ,^mcien bourgmcftre de Liège; , qui *-«« «k«- 
iroulurenc bien nous faire rjxcmneur de^iu y accotnpju "^"^ 
gner. Cette chartreufe eft L^rs de la Wie, îiir aneiémL 
hence d*ovi on découvre toute la ville ^.-6ç dans lelieitt 
même où ctoit autrefois Pabbaye de Beaur^epert. Il t 
avoir autrefois beaucoup de manufcrits 5 maisie mqqaU, 
tére ayant elle entièrement Tiduit^jen ceo^e^d^As^lf^s 4^4:^ 
nîeres -guerres^ ils, ont tous eû^icpnfuraez dans le^ lîanw» 
mes. Il n'y a que les lermoiisde Jacques de Vitry , en quatrç 
ou cinq volumes,^ qui ayenc échappé à Pincendie. Qu 
nous montra iin très-beau tableau de faint Bruno , qu^on 
dit être an naturel^ Au-deflbus de la montagne 'ip^n.yôiy 
la Leproferit de la fameufe ^intie Julienne ; qu; a doni^ 
occ^uon à la Fefte du Saw Sàctement- A no tfe, retour;^* 
/nous vîmes la bibliothèque de monfieur du Chafteau. 

Le "huit de Septembre, accompagnez de. monfieur de ta Catthp. 
Craffier 8c de monfieur de Louvrcx , «tous filâmes pré-. *^*^** 
fenter nos refpeçls à Tnonîîéur le. -grand doyen5iîpus^fnr^ 
tâmes eniiiîte aux Vêpres fol«mj^dles qui,fe,^îi^erent4 
la cathedriale. Elles furent précédées de Pexpoûtion du 
Saint Sacrement , après laquelle le chantre revêtu en 
chappe, fut avjçrtir legjrand doyen.jJe coçrunençer. Oa 
cîhanta tous les pfeaumes en plein cha^jôc irajpijdi^ter 
ment après Phymne^&ns. capitule, la n^ufique^commen* 
ça la première ïlrophe dans le jubé , le chœur reprit la 
féconde €n"plein chant, enfuite la mufique , & ainfî juC 
qu*à la fin. ,^A)^rhs Thymne on chanta une profe^ea mu. 
uque. A\iM4gni^c4t\ M- le grand doy eu aJ|ia^fepdj^ 
chappe, ècenccnfa Tautêl, .^s.cli^noine^^^^i^^^ 
irréfonciers^ & le chantre : le' thuriféraire renconii lé bas 
thocur , enfuite monfîçur le^rand doyen chanta Toraifon 
à Taigle. Les Vêpres furent fuivies des Complies, & les 
iDomplies de la proceïïîpn .&. dg, \^ bçnedix^ ,du tre§v 
lfaîntf8actement^qu*on 4<>nna^ jdcux w^troi§i^^ ^;; . _ ^ 
Ajrètf y êpr^^,^ mpnfieîjf: le -grand -dpye^ ^tçi^t 
dans ie cha:pitré , poupious fawVoîr les jreliqi^^ 
ornemens . qui font trcS-riclies!,'êç dïgnçs '^'unç ,cles plus 
îUufb-e^ cathédrale^' deTEçUfet ï^^taous^en^^ ^nçiu^j^ 



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i84 VÔVAÔE LÎfTERArRE: 

• entt'autres, qu'on prétend avoir fcrvi à faint Lamtert^ . 
à^t\t la cha^f^è ^ k chafuble fôjit fous^ couverts de pferfcsj^ 
& deiiït le travail' fuTpafferfc: beaucoup la matière : les 
filn|dates & Ite» boânes àt feinç^Hùbcrr, évcqlie de Liège : 
le J^alliumde Grégoire X.. qui avoit efté archidiacre de • 
cette églife } &uûe croix faite du bois de celle où le Sau- 
Yèfîttf a cfteaïtachc pou? hdix^ raéhettr^ . dôtnée' ètir ce ' 
grâricl pâpié:^ Le B^arirelfrtù^ii^^ui contient' le chef de ' 
laintXanibéf t-, eft tôùti'd^ '& d*un ctavail ei^qais ^ irton. 
^eur le grand doyen eut la bonté de l'en tirer, & nroliS » 
fit l'hortoeur dé nous le faire baifèr à nud. On nous fît 
^f erifuîtaun faint<jeorge^ xï*orj donné par Cbarlés le 
Mà*ë^ ,-dUc*de Bourgogne ,*foûrVép^ cfës vexations - 
qu'il àtoît faites 4 féglife ëe^Ëiege : deux cialicés' d'or: ■ 
une Image de la fainte Vierge ' & une autre de faint Jo- 
fcph d'argent', de hauteur naturelle , des anciennes dyp- 
tiqiies ^ & le manufcrit ' des' aricicns fcrutins qui s^obier-. 
vbient autrefois duraji^tîlè'cirêfric Turjes cathecumenes^ , 
& qui fôîïé^ encore aujmiirà'îluy en uïîgè dans l'églife de 
Liegç, auflî-biëh ^qft'én celle de Vienne enDauphinc. La 
châfle de faint Latrlberteft dans le jubé 5 n^onfieur le grand 
4o^en' vtiiiltit'bîdn (^u^dn'la découvi^îè p<5ur riôiisr lafairç 
voir; Elle eft\ d*mf traVail .atatiqite , ^^rtic^ d'or , "partie 
d'ài-gent , ornée d'an grand Jaôàibire (iepiei^fes pfécieufes ^ , 
. ic êntr'âutres d'une agathé àui'répréfente rimperatrict- 
Fauftinev^nt lé travail eft admirable. 




fépulturç 

au Val faint Lambert -, mais les chanoines, qui étoient 
tres-âttachez à ce Bdri évêqtaiî, fe fendirent maîtres ^p 
fon côrpi. JVl^^ etf fait! é!èr {ibxiithrè , il n^y a iieii qiiiii 
proche dûté^Vci^ â^Ëttrûdè la' Mark. q;ue.cegrai5 
évêque de LlegèTeïtx^onftfûifé p^^^^ vie, dSis }e 
fanâruajStf j Hcrtci'un'cîuji^rê' doré , dont le travail furoâic 
la nxatierc : & iious crbvbns que iès çurièu;!: pôik içauxont 
Èkm-grétlfcie^épïéi&Y^^ ^ ^' " '^^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 185 

Monfîeur le grand doyen nous montra daos un des 
collatéraux de lanef^Pendroit où Ton croit que lefaint 
^vefque Frédéric a efté enterré j il n'y a aucune epitaphe/ 
ny aucune infcription ^ ny rien qui défigne le lieu d'une 
fëpulture , & nous trouvons au contraire dans un ancien 
auteur qui a écrit fa vie , qu'on ne fçait point le lieu où 
il a e(ié enterré. Voicy comme il s'exprime : Mnlta & 
alla fer Jervum furnn Demiifus miracuU oferari dignatus efiy 
épia î quêdétm cUrko fcriftm fkèfnnt ^ fed ea referire numquani 
ftuL Hac auum qua fiifêfiès coniinentm^ Nonnms Renerins 
hmjus monafierii monachus , qui tune temp^rh prafèns fmt ^ 
difcriffit^ ut firme wri Iki implereinry qui nmlfis eum tniut» 
cuits ^ fofi ûhitumfmm ilkfirafi fradixit j (^ hc^ tanta ch^ 
fipulçmm ejus Doijfinms mirabilia monfiraverit\ lieits taméf 
fipultitr^e ejus modo ai 0fimilms ipioràtur , quia qmamvis m 
icclejia antiqua^ fepnltus fnmt^ in nova tccleftéi qua moda-cer^ 
nitur yfuit forû fepuhura ejus , aut juxta murum 3 aué in^ an^ 
ptU altquo cafu cMti^à y & fc i memoria hominum excidit. 
Voila quel eft le ibrc des grands Eomnrves j mais E^ietf 
fçaura oien le retrouver au jour du jugement , pour Iç 
faire paroître avec gloire à la face de tout l'Univers. On 
voit encore dans la nef la chaire où iàint Bernard a prê- 
ché ^ & une couronne femblable à celle qui eft au milieir 
du chœur de faint Remy de Rheims. Dans le £onè de la 
nef eft l'ancien chœur , qu'00 croit eftrç le lieu même où; 
iaint Lambert a fouffert le martyre. Les tréfonciers y 
vont encore en proceffion , & y font l'Office , lorfque ^ fe- 
lon la coutunve du pays , on expofè le Saint Sacrement 
dans la nef. Il y a plufietfrs fépultures de perfonnes de 
diftindion , qui fè font fait un honneur de mêler leurs 
cendres dans cette terre, qui avoit efté arrofée du fang . 
du faint Martyr. 

Nous pafïame^deJà à l'églife des Jefuites, ^ù il y avoit 
mufiqùe & une grande fefte pour le jubilé d'un congre- 
ganifte, qui avoit depuis cinquante ans frequehté les af- 
fcmblées de pieté de ces Pères. C'étoît notre deiïèin id'y 
Yoir la bibliothèque j mais on étoit trop occupé aux ré- 
joûiflànces de cette fefte. Cela nous donna occailon d'al^ - 

A.a.^ 






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tU . VOYAGE LITTERAIRE. 
1er chez les Carmes, qui ont un très -beau cloître , oà 
Ton voit leur fondation & leur nécrologe. Nous allâmes 
enfui te voir Teglife collégiale de farnt Paul, qui paile 
pour la plus befie de lia villes elle eft effedivement tres^ 
délicate , fort ornée , & toute pavée de marbre. 

Le lendemain , qui étoit un vendredy , raonfîeur le 
grand doyen nous bt Thonneur de nous donner a dîné , 
& nous Ht en même temps bien des offires de ks fer- . 
vices. Le ikmedy dixième Septembre ^ monfîeur de 
Louvrex vpulut aufE nous donner 1 dîné , & après le dîné 
il nous mena aux Auguftins. On celebroit ce jour- là la. 
fefte de f^nt NicolardeTolentin , & nous aflîftâmes aux^ 
complies^ qui furent phantées en mufîque, & fui vies de 
Ube^ediidion du Saint Sdcremenc Nous vîmes^la biblio. 
chèque^ qui eft tre^peu de ^hoiè ^ mais les jardins font 
' tres-beaux^ 

Après avoir pafTé environ quinze jours en Tabbaye de 
Vàiikifê 4c {^\^i JacGue^ y nous fômes à celle de fiant Laurent , qift 
ff.l^Mccat. ^ j^^^^ ^^ j^ ville, fur une petite élévation^ que les an- 
ciens appelloient Mûns fmtlicms. Sa (îtuation eft des plus 
agréables qu'on puifle s'imaginer. La vue y eft char^ 
mante j on y découvre toute la ville : & ce qui eft de plus 
avantageux , c'eft qu'il eft facile d*y découvir le ciel des 
yeux de rame. Les Religieux y vivent dans une grande 
regularitf^ , qui s'y maintient depuis plufîeurs fîecles dans 
toute fa vigueur j le fileiKe , la retraite, la pauvreté , l'o* 
béïffance, ic toute? les vertus religieufês y fontprati- 
quées avec beaucoup de pureté. Ils fe lèvent tous les 
jours à crois heures , pour chanter matines ^ & félon une 
ancienne pratique- de TOrdre^ avant de les commencer, 
ils font tous trois oraifons devant l'autel , trois après 
'prime ,& trois après Complies. Ils mangent de la viande 
crois fois la femaine ^ m4i$ jamais le foir. Ils ont trois 
refci^oirep ^ l'un pour le maigre , aui eft tres-gr^nd , très- 
beau, tç orné de peintures: unpour legras^qui âplus petit: 
& le troiftcnje pour les jours de minutions , ou il eft permis 
4e parler. Le iîlence eft inviolable dans le cloître , dans 
Jp cjiapitre, ^dans le refedoire. Ils parlent tous les jour? 



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VOtAÔE tïtTERAÏÏli:. iiy 

|(cfncfantuiîe heure après le repas j mais depuis le dîne îuiL 
qu'à Quatre heures , les portes du monaftère font fermées ,^ 
four éviter leîs vifites des féculiers , qui- preràient ordinale 
fement ce temps pour âfler voir leurs ahiis. Ils ne ibuflfirentf 
boint p^rmy eux ïtfeeulittm^ perfuadez de ce qu'écrit un^c 
leurs auteurs , que rien n'eft plus capable de ruiner un mo-^ 
ûartere de fond en comble, &pottrieipirituef^& pour le 
temporel , que la propriété. Pour cet eflfet , l'abbé a uit. 
grand foiû de pourvoir aux néceflttez de tous lès reli-^ 
gieux. Il eft jeune) mais il a la maturité des vieillards. Vt 
n'exige rien de fes frères, qu'il ne pratique lui- même; 
il les éveille hu-même tous les jours pour matines , mange 
avec eux au refedoire , & leur montre par Çés adions tout 
ce qu'ils doivent faire pour être bons religieux. Il avoiiJ 
onze novices , tous fujets d'efperance , aufquels il fedi/po^ 
foit de donner un (çavant maître pour les élever dans 
Its fciences , après leur profeflîon. Son prédeeefïèur avoic 
amaflé une des meilleures bibliothèques qut fbieht I 
Liège j il continua d'y mettre de bons livres. Nous y 
vîmes un grand nombre de mamifcrits très-, beaux & 
très-anciens, fur toutes fortes de matières j la plupart 
néanmoins font des ouvrages des SaîntsPeres. H y en a^ 
plufieurs du bienheureux Ritpert , qui avoir efté tiré de 
laint Laurent , pour gouverner le monaftere de Tuit , prêaf 
de Cologne. Voicy ce qu'on lit de luy en deux maiiufcrits^ 
d^un caradere d'environ trois cens ans : Ziber dûinni Ro'. 
berti , abbatrs menafimi' fanïh Heribem irtTMith jêxia CoU^ 
niam\.frimp monachi fan&i Zantintii pofe Ziodinm , nèi ah 
infantia fnit obUtus ^ nntritus é"' eruditus. j4nno' m c x 1 1 r. 
in abbattm promotms ^ obiit anno Bcmini M c x x y 1 1. ^ /^ 
Tuitio teqniefcit : ce qui ne s'accordfc pas avec un épitaphcf 
qu'on nous montra , & qu'on nous dit être tirée du moi» 
naftere de Tuit même j elle eft d'une main récente , & coiv; 
^aë en ces termes : Anno Domini m c x x x r. iv. N^nas" 
Martii y cbiit venerabilis fater é* dominns Rnpcrtms abbas" 
hnjus mona^nii , vir dùBiBmms dtque religiêfiffmMS^ nt- in U^ 
bfis/uis qnos edidit clarct apertiffimè. Nous ne levons pasr 
çiand cette épitaphe a elle faite^nyd'où elleaeftéco-^ 

A^aij, 



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i88 VOYAGE LITTERAIRE, 

mce, & nous ne Pavons pas trouvée à Tuic^ où on ne 
f^k pas m^me oûilaeft^cnterrç, quoiqu^on croyequc 
ç'eft dans le cloître. Outre les ouvrages de Rupert ^ on 
nous montra un livre ailez confîderable de Confnfu Evan^ 
pliftérum ^ compofé par Vvafelinus abbé de faint Lau* 
rcni;, qui vivoit dans le douzième fiecle. Ceft apparemi 
ment ceVvazelinusdont Je père Mabilfon nous a donné 
\i9e exccilerite lettre de Coniinentia conjug^t&rum y adreflee^ 
non pas à Tabbé de Florine ^ comme il a dit -, ni^s i 
i'abb4 du monaûere de Flonne ^ de l'Ordre de (kînc 
Augoftin , i quatre lieues de Liège ^ comme nous 
.avons lu dans^ le manufcrit de faint Laurent ^ qui tfk 
^icrit du temps de Pauteun Je ne fçay pas fi ce n*eft 
pas ce Vvazeiinus j premièrement prieur de iaint Jac- 
<ques , à qui Raimbault chanoine r^ulier à adrefTé 
quelques - uns de fès ouvrages , pour les corriger; 
On peut voir (es Lettres ^ que nous avons imprimées 
4iu premier tome de nos Anecdotes. Ces petites rc^ 
marques m'obligent d'en faire encore deux fur les manuC 
xrits de faint Laurent. La première eft^que la lettre de 
'Berenser ad Enmitas , imprimée au premier tolne de nos 
Anec^tcs^fur un manufcrit de l'abbaye d*Alne ^ fe trouvé 
;dans un manufcrit de faint Laurent^ fous le nom de Be- 
itcnger archevêque: Jî^rf^g^^ri/ archiepifcopi. La féconde, 
qu'au commencement d'un manufcrit des fhc livres de 
-faint Jérôme fur le prophète Jeremic , on lit ces mots: 
Nets quêd glâtiêfns doiU f Hier inymus [cri f fit nn. libres fm fer 
Jeremiétm frepbetam^ quonm fexpimi baientur in ifio veln^ 
mitteytfii ulnmi referiuntur sfud ReguUres Sepenufentium 
* in JBraiantia: fed mndecim medii nen inveniuntur^ qnod deplo^ 
rant Çdffiodaams , Rahams , & Jebsnnes Andréas. Outre les 
manufcrits des Saints Pères , .dont nous venons de parler^ 
il y en a auiS plufieurs hifloriques , un très-beau marty- 
K)loge d'U fuard , dont le caraâere approche du temps de 
;l'auteur : Phifîoirc de France de Grégoire de Tours, oiji 
il manque quelques chapitres , avec celle de Fredegaîre , 
flufîeurs manufcrit? dejrhifloire dm monaflere^ écrits par 
plufîpvrs auteujrs^(]^fe îoat fuccedex les^ms aux^autres , fiç 



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VOYAGE IITTERAIRE. j«9 

tjuiont confervc à lapofterité ce qui s*étoit pafle de leur 
^emps : une ancienne colledion de canons divifée en deux 
Jirrcs, qui pourroit bien être cette dont parle Alberic 
<lans fa chronique fur l'an 1008. ou il dit ce qui fuit: 
£aldiricus ^vir nobiUs ^ Lfdienfium ^rdinatur epifco/us ^ qui 
in fcfiftnfis ftudiofus ^ magnum iSud vùlumen eanonum edid t , 
fcrifturarum fententiis mndique compilâtes defloratum , coSaio^ 
tante fibi in hoc magifiro Otherto abbaie^ viro undecumque 
doiiijmo : Un recueil de conciles , à la tefte defquels on 
trouve la chronique de Bede : Le concile de Pifc , accom- 
pagné de plufîeurs pièces qui y ont rapport: Durand, da 
Modo celetrandi concilii goneralis 5 & d'autres Traitez en ce 
genre, qui font dans le même volume : Nicolas Simcri, 
^ rOrdre à^s Frères Prefcheurs,V^ Inquifitione contrs 
hanticos , ouvrage qui comprend plufîeurs excellentes 
pièces. Je ne pane pas de pluficurs manufcrits à^s livres 
<le Pimitation de Jesus-Christ , qui font fans nom d'au- 
teur, ny de pluueurs manufcrits de droit, qui ont eftc 
autrefois à Tuiage du fameux Lambert deStifito , religieuse 
<k faint Laurent , qui affifta au concile de Confiance , & 
fut députe dcvla part du concile , pour all'^r fommer Be- 
noift XIIL de venir comparoitre devant les évêques, & 
q[ui par fon propre mérite eut l'honneur d'être un de ceux 
•qui furent nommez par le concile pour -élire le, pape 
Martin V. 

Comme nous étions dans la bibliothèque , le révérend 
père Dom Celeftin , religieux d*an véritable mérite , qui 
BOUS accpmpagnoit , & qui prenoit plaifir à nou« faire 
voir tout ce qui pouvoir contribuer a nôtre iatisfadion y 
nous apporta deux autels portatifs: Pun de porphyre, 
long feulement d'un pied, ou environ , &' large d'un de- 
mi pied , orné d'une bordiire de bronze-doré , fur le. 
quel on Kt ces paroles: Anne Dominiez Imcarnat. ulxu 
indiBioM xiv. iv. idmi Jtitpfii , dedic^M^ ^^ hoc altan in 
hênoreDomim i^i^ri Jesxj-ChuisTi ^é^ fat^UCrucis ^& JS. 
Maria fimper ViT%inis\ et f^BiJokamU Bêtifia ^ é* om^ 
nium jêpoJioUrum ^ é* Mar^ttm Lawemii^ PanêratH > Geèr» 
^i^ ^ umUiimnUJbmm p^irgàwm\ & omnium Sanîhnm^ 



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19Ô VOYAGE LITTERAIRE 

CMfiTdnte Lmmbeffê II. hujns l$ci Mate. 

MifMrid domni HiUini frafofiti ^ jHdjpnm ejns. 

Autour de cet autel y les douze Apôtres font reprc*- 
fentez en y voire. L^àutre autel eft d*line pierre verte , quf 
n'a que deux pouces de long ^ & trois de large j le refte 
eft couvert d\ine lame de bronze , fur laquelle eft gravée 
cette infcription: ^m^ sb Incémuitinie Ihmini mcxxxviî» 
indiBhne r. cpnjecratumefi hoc altati in honore fanïtéc f^in^ 
dividuét Trinitatis y^&fan&x Cmcis , (ft fanBa Msria yir^ 
finis ) é^fanBi Zsnrontii Martyris ^ (^ omnium SanRornm^ 
a domiho Rodulfho Ltoditnpmn efifiopo , xv. Cal^nids MartH^ 

Hic datUT if fi Je fus animarum fotus (^ ^frs^ 

Mac tibiGt Cârs ^ cui caro fii ^ ctucfs arts. 

Cet autel eft orné de plufieurs pierres précieuies. Aux 

Îuatre coins font répréfentez les quatre Evangeliftes , ôc 
eflbus on voit un crucifix d*y voire ^ attaché à la croix, 
avec quatre clbux. 

Pour ce qui eft de Teglife , quoiqu'elle ne foit pas de fa 
beauté de celle de faint Jacques, elle ne laifle pas d'être 
fort jolie 5 elle eft^ornée , & tout le fanduaire eft pavé de 
marbre. On y voit encore ITmage de la fainte Vierge ^de- ' 
vant laqueHe le bienheureux Kupert avoit coutume de 
foire fes prières. Tout fe monde fçair ce qu'on rapporte 
de ce grand homme: qu'il avoit Teiprit fi pefant&iî oou* 
ché pendant ïa jeuneflè , que ks maîtres ne pouvoient rieur 
Ihy taire comprendre j mais que s'étant adreffé avec fer- 
veur à cette mère de la divine fagefle-, il obtint le don d'în- ^ 
tellîgence dans un fi fouveraih dbgré , qu*U devint lui- 
même dans la fuite un grand maître des autres , & en état ^ 
de compofer plufieurs excellens ouvrages. Autrefois les? 
révérends pères Jcfiiites avoient coutume d'amener tour 
les ans leurs écoliers â fàint Laurent ,pour y demander la^ 
même grâce à la fainte Vierge j mais cepuis quelques an- 
nées ils ont interrompu cette dévotion. La crypte foute, 
raine ièmWe avoir efté la première égliledu^monaftere. 
On y voit \ts tombeaux de faint Wolbodon^ & de Durante 
évêques de Liege,&: celuy d*Eftienne premier abbé du ma- 
;aaftere, Attjourd'huy le corps de faint V?oIbodon efi^aœ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 191 

entier dans le thrcfor. Il y aauflî un morceau confîde* 
xable du bois de la vraie Croix, une tres-riche argente- 
rie , un calice , une bourfe d'argent & une croflè , dont on 
admire le travail L*^bbayed'Averbode,derOrdre des 
Prémontrez , fe trouvant preflce d*argent u y a quelques 
années , lés vendit à celle de (aint Laurent , qui n'a garde, 
de s*en défaire. 

Le dix*{eptiéme de Septembre , on célébra à Liège U 
fefte de faine Lambert , patron de la Cathédrale, Nous 
fômes bien-aifes d'y voir les cérémonies de ce jour- là. 
Lorfque nous y arrivâmes, on étoit déjà au G/m-c /« ^jc- 
€e/^s. Le fuflPragant qui officioit , étoit aflîs dans un fau- 
«eiiil fur le marchepied de Toutel, au coin de Tévangile^ 
a;yant ponr minières un preftre ajfliftant , un diacre , utt 
foudiacre , deux acolytes , & un thuriféraire , revêtus en 
tuniques. Au verfet Sujtipe iefncatimtm meam^ il fe mit 
â genoux fiir le degré fans ôter fâ mitre. Le GUria fini , ii 
dit Dominus vobifcum au milieu de l'autel , & le diacre fe 
tourna avec luy vers le peuple j il dit ^nfuite l'oraifon au 
coin de l'autel. L'épître & l'évangile furent chantées lau 
jubé , & les acolythes y portèrent des flambeaux au lieu 
de chandeliers. Après l'évangile , le foudiacré porta le 
texte au chœur. Ce texte étoit difïèrent de celuy qu'on 
avoit donné i baifer au célébrant. Le thuriféraire, qui 
précedoitle foudiacré^ encenfa le chœur pendant quelle 
loudiacre préfentoit le livre à baifer. Il le préfènta jpre^ 
mierement au prevoft & i tous les tréfonciers de fbn coté j 
enfuite aux trois chantres , puis au grand doyen , & à tous 
les tréfonders de fon côté. A l 'offertoire, le diacre en- 
cenfa les obUta & l'autel. En même temps un acolythe 
apporta une écharpe au foudiacré, qui prit lui-même la 
patène fîir l'autel, & la foutint en fa place ordinaire, 
jufqu'au Pauf. Au Pater ^ il la donna au diacre, qui la 
tint auflî avec une écharpe Jufau'â la fin de l'oraifon do* 
tninicale , jqu'il ia donna au célébrant. A la préface, deux 
thuriféraires apportèrent leurs encenfoirs fur le degré de 
l'autel , & retournèrent enfuite à la fâcriftie prendre deux 
jBambeaux , qu'ils mirent entre les mains de deux petits 



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19^ VOYAGE LITTERAIRE. 

cnfans. Ils retournèrent une feconde fois , & apportèrent 
encore deux flambeiiux^ qu'Us donnèrent de même à 
deux autres enfans ^ puis reprenant leurs encenfbirs , ils les 
agitèrent jui'qu^au Pater. A l'cievation ^ le diacre, le fou-- 
diacre , & les thuriféraires demeurèrent debout. Le diacre . 
durant tout le canon ne fît aucune fondion à Pautel.. 
Avant V j4pins Dei ^ le célébrant chanta les anciennes be- 
nedidions au coin de Tàutel j & après VAftius Dit , deux 
trcfonciers vinrent à Tàutel recevoir la paix, qulls por* 
lurent enfuite chacun de leur côté, ôc fe la donnèrent les 
uns aux autres ,. no» pas ens^embraflant , mais^ar une fim- 
pic incHnation. 

Après la rae0e,on fît une proceffîdn folemnelle , i la^ 
quelle- afEfterent dans Tordre fuivant, les Minimes, les^ 
Gapucins , les Auguftins , les Cordeliers , les Recollets, les. 
Jacobins, les Garmes, lesTrcfonciers , dont chacun ctoit 
luivi de fon laquais. Suivoit le Chef de (aint Lambert , &. 
enfin le Saint Sacrement , porté par le fuflFragant. Enfuite. 
marchoient les Bûurguemeftres & les Echevins , portans 
en main de grands bâtons^ ceux dés premiers étoie»t 
blancs , ceux^ des féconds étoient rouges. Après la mefle ^ 
monfîeur du.Chafte^u nous fit. l*honneur d!e nous donner 
un dîné magnifique. . 

Le dimanche fuivai^^, oa fit Téledioh des bourgue^ 
nieftrcs^quiifut fuivie de grandesi réjoûiffances. DuranV 
Téleàion, toutes les portes de la ville furent fermetés.. 
Nous affirmes cependant à la meffe à faint Laurent ^ elle 
fut précédée par les litanies de la Vierge , & par Texpoû* 
tion du Saint Sacrement. Durant toute la mefle , les acor 
lythes furent à genoux fur le marchepied de Fàutel: le 
foudiacre ne prit point de benedidion après avoir chanté, 
répître 5 mais le cUaçre la prit au coin de Tautcl du côté 
de révangile. A l-ôfièrtoire , le célébrant bénit Tencens j 
mais il ne le mit pas dans Tencenfoir. Il encenfa le Saint 
Sacrement & les oblau -, le diacre encenfa Tâutcl , & fc 
tourna auflî avec le célébrant , lorfqu*il dit Dominus vokifi 
cum. Les jeunes Religieux y communièrent , & ce jour4â. 
ils eurem; du vin au refeâoire , à cau& de la communioiu 

A. 



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VOYAGE LITTERAIRE. 193 

A la fin de la mefTe , on donna la benediâion du Saînc 
Sacrement ^ qu'on rcflerra auffi tôt. 

Après Vêpres , nous accompagnâmes le révérend perc 
Dom Celefnn Lombard au prieuré de faint Nicolas, où 
il donna trois fois la benedidion du Saint Sacrement avec 
le Saint Ciboire, i. après Ta voir tiré du tabernacle, i> 
après avoir chanté l'antienne O factum convivium^ les li* 
tanies , & le Tantum eivo Sacramentum , 3. après Pàvoir en. 
cenfé avant de le reflerrer. Nous retournâmes par l'ab- S. ^^^^ 




tapbe récente d'AIberon L évéque de Liège , <\vi\ , 

palier pour fondateur de cette abbaye , quoiqu'elle doive 
Ion origine à Beringerus abbé de faint Laurent; 

D. O. M. 

Et memofid donnU j4lheTonis hujus noiHinis primi , epifcoff 
^ frincipis Leoiienfis , Ment ici il. comitis Zovanii , O* Odir 
//> Zantgravii Thuringia fororis filti , hu\us ahbatia faniH 
^gidii primarii ftftndatcris. Obiit anno Domini Mcxxviir, 
Câlinais Febmarii. D^minus Johannes de NoUet aèbas api 
timipatroni monumentum snna mdlxviii. ignc ccrrupimm ho$ 
nova refiduravit anno mdcxlti. menfis Februarii die xxir. 

Alexandre I. évêque de Lieee , qui cft enterré dans la n 
croifée, en a une plus limple 3 elle eft conçue en ces termes: 

Hic jacet Alexander I. epifcopns LeodienRs M cxxx v . 

Adalberoh pouvoit bien en avoir une femblable avant 
^llHicèndie qui a détruit fbn tombeau. 

Le lendemain , nous fîâmes à faint Martin, ancienne s^Uictia; 
collégiale fondée par Everacle evêque de Liège , en Phon- 
nèur de ce Saint , qui Tavoit gneri miraculeulement d'une 
maladie tres-fâcheufe. L'egliie eft fort belle , & monfîeiir 
le doyen prend plaifîr à Torner de très- riches tableaux, 
gu'il y fait faire. Le tombeau du fondateur eft dans le 
fanduaire , du côté de Tevangile , & dans le lieu même 
où repofoit autrefois le Saint Sacrement. C*eft dans cette 

Bb 



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1^4 VOYAGE LITTERAIKE. 

cglife, que la Fefte du Safnt Sacrement a elté inftituée; 
dans une chapelle qui eft au bas de là nef ^ qu'on appelle 
pour cela la ChaftlU Jm Saint Sacrement. Tous les jeudis 
il y eft expofc depuis les cinq heures du matin juiqu'au 
ibir^ & meffieurs les chanoines fe fuccedcnt les unsuux 
autres pour Tadorer. 
Se Pierre, * Nous fômés de-là -i fâint Pierre ^ la plus ancienne eglift 
de la ville , ^ant efté fondée par faint Hubert evê que de 
Lieee , qui y mit une communauté de Benediûins , tire*; 
de fabbaye de Stavelo , &la choifît pour le lieu de ùl fé. 

Î culture. On montrç encore dans' la crypte fouterraine le 
ieu bû il fut enterrié , & à roppofîte celuy de la fépulture 
de Tevêmie Richard. Le tombeau de faint Hubert fiit de- 
puis ,trampofté dans PegUfe fuperieute j mais on ne peut 
pas aujourd'huy montrer en quel endroit. On y conferve 
" une étole qui a efté à fon ufage , & la clef qu*on dit luy 
avoir efté donnée par le pape Sergius , lorfqu'il l'ordonna 
^êqvie à Rome , avec un ancien martyrologe , à la fin du- 
,quel eft la règle des chanoines. L'an 891. les Normans 
-ruinèrent le monaftere, te maHacrerent tous les moines. 
On prétend avoir conferve jufqu^à préfent leurs oflemens. 
Quarante atis après on mit en leur place des chanoines^ 
qui y font encore aujourd^huy. On voit dans la nef la 
totïiDC d^in chanoine^ où il eft reprefenté avec fon au. 
n)ufle fur la tefte , félon l'ancien uiage. L'eglife de faint 
fHetre eft certainement tres.^tncienne j mais depuis queL 
xfixes anhées on luy u ^ooné im 4ir de nouveauté , qui la 
^end' tôtït-i^ JFait gaye. 

Ut Corde. ^ ^^^ rfieùz de-li iacat CordeKers , djtns l'efperancc 

«ctt, que nous pourrioosy trotrver quelques manufcrits j ma'is 

- its nous aMÔrerent qu'ils titn avoient aucun. Ils nous fi-. 

f èïït remarquer dans Peglife une e^ccellente copie dSm ta- 

Jbfeau ineftîmable, qui reprefentoic lepape rendant vifîtîp 

i •feîffr François. Ils lïous dirent qu'ils avoient eu autrefois 

^ i*t)riginal j mais qu^in prince d'Allemagne pafTant i Liège, 

]enfutfichatmé,qtfilen offrit dix mille irvres,& qu'ils ne 1 
j)ureot le luif efufer. Nous vîmes dansla'nef le tombeau 
)ie ftere tulrcn^ difciple de faint François : ce qui |n:ouve 






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VOYAGE LITTEKATICE.^ i^y 

tàfitiquicc de cette maifon. Il n Y * point 4!f^itâ|i|ie ^ car 
celle que Bifça y ou quelques autresauieiics. q^'il a copié 
luy ont faite , n'a aucun caraâerie d'àmiquieé. 

Le vingt deuxième de Septembre ^ aoti^ bon amY 
ÎDom Celeftin Lombard voulut bkn: nous accompagner 
jufqu'au Val faint Lambert^ oùoou» allânséstLwek iaëSs. 7*^?'"* 
G*eft une illuftre abbayjC de l'ordre dt CiAca^iur; qiii avoié '^ 

d'abord efté fondée i quatre It^Aëa de.LJég^V^v«rs l'en 
ii88.maisdansuBUeafidirgr^ié,&£daDraédes commo- 
ditez de la vie,,que les religieux^qu'on ayait éirci étSipiy .. 
prirent le party de s'en re^ujînçr àsLaiihiiryrtmi&p%n£ 
naftere. Hugues <^?mK*^]itemiévècj^d€!tœp£:^4nif^ 
les perdant, 4u'M avoit p«Ddwi8n::graBÉithnéfopj il^ûede- 
ièfpera pas pourtant de les fairt réwenir. Il allaJui.:mêm« 
au Chapitre gênerai à Ofteaux, &dffi:itun autre lieu plui • 
commode fur le bord de la Meufeçideux lieoës feulèmétté 
de la yillCjpour avoir la cooToIaddn.dé s'.y r«tirer de tem|>} 
en temps. Il y bâtit le Qionaftém, ££ y reçut uiie coAimcfat 
aauté ran mccii. comme nôu« l'apprenons de cette étoSL 
taphe 4'ùn des principaux- bienfaiâxur^ du moaaftere)> 
qui felitvdao&lecloîtrçv ? 



Te fid Viri* Dtifovtat^ H^B^ribthm^ 
Imx tulit^ tj^. cœii ^tern^det pnulM.vitiiei.- 
uinno milûno iis umtnç f90qm kw • .. . ' > 

11 y aroit autrefois U0 aâêibcn nomlate ièmamiférié^i 
au Val faint Lambert} mais la plûjMUX ont efté veadus . 
ou perdus : il en r^ cependa«t encore qoelquefr^nns! 
Nous y avons yâ entr'a^tres quelques .buvragesde ùmt- 
Bernard , & iks bomiliaures aflèi bcajixi L'églife eft bie»- 
bâtie ) le cboeur & kiànâuaire fontpavez.de marbre, O0 « 
voit dans la facriftie un très- beau reliquaire^ où il y^autt^ 
inorceau confiderable du bois de k^ vraie croix', StuAcz^ 
lic&d'oreftimé quatorze vullelivres. Xé cloître eS^pstgify, 

B^bi), 



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i9f ^ VOYAGE LITTERAIRE 

voûté & vitré 5- le chapitre & le refcdoire répondent -au 
irçfte, L^enclos eft fi grand , qu'il faut au moins une heure 
pour faire le tour dès murailles. 

. Il nous rcftoit à voir là bibliothèque des Pères Croi- 
iîersi moofieur le baron de Craffier , monfieur de Lou- 
vrex, & monfieur de Rimer fçavant chanoine de fainc 
Barthélémy ) nous firent Thcmneur de nous y mener. Elle 
çQ; jcpnfiderable par les anciennes éditions 6c par les ma^ 
nufcrits qui y font. Lesprincipaux contiennent quelques 
ouvrages de faint Auguftin , de faint Jérôme , de Caffien , 
de faint Jean Climaque, & le concile de Bafle ^ monfieur 
le priçur eut la^bonté de nous en prêter quelques-uns. 
.JNpuç demeurées près d'un mois à Liège. La ville efk 
grande,;^ riche & peuplée. Le clereé fecuUer & régulier y 
pft nombreux. Outre la cathédrale , qui efl compofce de 
fçixante chanoines^ il y a fept collégiales, toutes de 
trente chjuioines. Toutes les prevôtez du diocefe doivent 
î^trç po0edées par des chanoines de la cathédrale ^ qui 
jToAt tous de naifiance. 

Enjjre le clergé régulier , faint Laurent & faînt Jacques 
tiennent par-tout le premier rang. Ce font deux ancien- 
nes abbayes de T Ordre de faint Benoifl ^ illuflres par les 
grands hommes qu'elles ont eu , par les ailciens nionu^ 
jnens qu'elles ontconfçrvez,& par les grands bieiis Qu'elles 
pofTedent. Les chanoines 'réguliers y ont trtois mailons^S, 
Gilles , faint Léonard , & les Efcoliers. Celle-cy fe diftingue 
4ès autres par la régularité & par la pieté , depuis que les 
chanoines réguliers jie France y- ont mis la reforme : ce 
qui leur a attiré l'eflime & l'admiration de toute la ville. 
JLes P remontrez:, les Chartreux, les Croifiers, les Guil- 
lelftiite^, y ont tous des monafteres, & tous le^ Ordres 
mojulians ides iconvensî très- nombreux. Parmy les mona^ 
îfteççs^^de filles^. les Benedidines de là PaiK'paffent pour 
jies plibS'Jjégiilièrex j c'éft eflfeâii vement une -communauté 
fiù, il y. a beaucoup de bien & une grande obfervanct. 
JE^llçs opt. néanmoins un peu terni lejuftre de leur regula- 
fitépi-çsi fe- jrelâchant ^depuis quelques années de l'abfti- 
ilpaçe de U viind)e!^ qui a4:ôujoUrspaflc idans l'Ocre de 



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VOYAGE LITTERAIRE. i^j 

fidnt Benoift pour un des principaux points de la règle. 
Auffi a-t-on remarqué que dans ce grand Ordre , qui a 
donné 1 TEglife un nomore fi prodigieux de Saints cano- 
nifèz ^ on n*en trouve aucun qui ait vécu dans les mona- 
fteres oùrabftinencene fût pas en vigueur. Mais on doit 
plutôt attribuer ce relâchement aune trop grande indul- 
gence de quelques diredeurs peu inftruits des devoirs mo- 
Aaftiques ^ qu*au défaut de ferveur dans ces bomtes reli* - 
gieufes , qui d*elles-mêmes font portées au bien &: à leur 
devoir ; heureufes iî elles trouvoient des perfonnes aflez 
éclairées & aflèz zélées pour leur perfiiader de reprendre 
une obfervance , qu'elles ont quittée un peu trop légère- 
ment, & fans aucune bonne raifon. 

Nous partîmes de Liège le 26^. de Septembre , après 
avoir remercié monfîeur Tabbé&nos chers confrères de 
faint Laurent , qui nous avoient comblé d'honnêtetez. 
JN!ous allâmes ce même jour â Tabbaye de faint Tronc ^ 
où nous avions déjà efté autrefois } mais nous étions bien- 
aifes d'y voir encore les manufcrits. Nous nous atten- 
dions d'y eftre bien l'eçus, tantparceque Tabbé paifepour 
un prélat qui aime les lettres, que parce que nous avions 
très. bien reçu â Paris un de ks rehgieux qu'il avoit 
envoyé â Rome , nous ne pûmes cependant rien voir , pour 
des raifons dont il eft inutile de rapporter les motifs & le 
détail. 

Nous partîmes le lendemain pour aller i Tongres. 
Nous delcendîmes au monaftere de l'Agoiiie de Jefus^ 
Chrift ^ de Apvia Chrifii^ de l'Ordre des chanoines régu- 
liers de S- Auguftin , de la congrégation de Vvindesheim ^ 
6û nous nous trouvâmes dédommagez du peu de fatisfac- 
tîons que nous avions eu à faint Tronc ^ par le bon ac- 
cueil que nous fit le prieur , homme d'une, pieté & d'un 
mérite diftingué. Il nous fit auflî - tôt ouvrir la biblio- 
thèque , où nous trouvants un aflez bon nombre de ma- 
nufcrits^ la- plupart recens ^& des ouvrages de pieté. On 
y voit pourtant quelques ouvrages des Saints Pères, les 
lettres de Pierrç de Blois dans un gros volume , A.deo* 
iat fur les cantiques , 6c Alger de Cor^ore dr' Sanguine Do- 



S. Troué- 



Tongfet; 



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i9f VOYAGE LITTERAIRE. 

PMfi , i la fin duquel font les bulles d'Urbain IV. & Mactiir 
IV. touchant TinHitution de la Fefte du Saint Sacrement, 
un ouvrage qui a pour titre J^r^nco humilis mânachus , de 
InftitMtione Encharijtia. La vie de faint François , écrite par 
trois de ks difciples : La vie des hommes illuftres de la. 
congrégation de Vvindesheim : Quelques ouvrages de 
Thomas à Kempis^.qui portent foniiom à la tefte : Deux 
volumes de imitation de JjEsus-CHRiST^run écrit Tan 
1513. l'autre un peu plus ancien , tous dicu^^fans nom- 
d'auteur ^ jufqu*â ces derniers temps, qu'une main rc* 
cente y a mis celuy de Thomas à Kempis.. 

Le monaftere de Tongres , comme la plupart de ceux 
Àc la congrégation de Vvindesheim ,.n'eft pas ancien. IL 
fut bâti l'an 1414. & les chanoines réguliers y furent in^ 
&oduits i la ikmande àts bourgeois , , par l'autorité de 
Jean de Hoerfbeeck évêque de Liège. La pieté & la ré- 
gularité y ont toujours fleuri j elles y font encore en vi- 
gueur :& pous en fbxtîmes fort édifier, pour aller à l'ab- 
baye de Val-Dieu^ 
tt YaLPici. Cette abbaye eft<Iè rOirdre de GifFeaur , fituce i quatre 
lieuës de Tongres ,. autant de Maftrech & de Liège , & i 
cinq d*Aîx-la Chapelle. Elle fut fondée l'an 11 6 8. à Hocht^ . 
qui n'eft qu'à une ueuc de Maftrech , Henry ducdeLim^ 
bourg la transfera en 121 6. dans un valonïort folitaire^; 
mais aflcz agréable^ qui depuis prit lenomxlu ^irA2)/>»- 
L'ancienne eglife^qui fubfifte encore, aajpurd'huy^ nous 
fait juger de la pauvreté., i& en même temps dcLla fainteté 
des premiers habitans de ce defert. Elle eft dans le cloître 
proche du chapitre, & n'a pas [plus de vingt-cinq pieds 
de long, environ douze d'élévation, jSc dix de largeur. Les, 
anciens pupitres , qui fubfiftent encore, reilèntent entière*, 
ment la fimplicitc des premiers religieux de, Cifteaux. Au» 
jourd'hxiy k monaftere a plus d'étendue ^ & il eft bâtiaflez. 

JSfropremeht 3 mais ce n'eft que par la bonne ceconomîe de. 
^ftboé d'âpréfent, qvii a rétabli tous les lieux re^liers. O^. 
lit dans le, chapitre, cette épitaphe : 

Hkj4cct ilUftri de Menyocfiemmate naiwsj^ 



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TOYAGE LITTERAIRE: 199 

Waîramms miles ^ monacjfum qmm vûia cuafient , 
Si nmpTéemaimrè è vivis buwcfdtd mlijffenL 
jR^e^iefcai in féce, 

La bibliothèque ri* eft pas fort confiderable. Nous ti'y 
avons trouve pour tout manufcrit , qu'une bible aflez 
belle ^ mais nous avons trouvé une grande cordialité dans 
tous les religieux 3 qui nous ont paru réguliers 6c fort zelez. 
Ils font tous les dimanches des exhortatimis aux peuples , 
^ui viennent des environs recevoir d*eux le pain de la pa- 
Tolc de Diett. Il y a près du m<maftere une fontaine d*eaux 
minérales ^ mais qui ne font pas -connues. 

Nous pailames au \ral'X>ieu lafefte de fàint Michel^ 
& le lendemain nous nous rendîmes à Aix4a-Chapclle^ ^c^'^*^ 
lieu de la naiflance de Charlemagne^ & de la réitdence ' 
des emj)ereurs qui Tont fuivi. La ville eft aflèz grande ^ 
les rucsibrt larges, & les édifices beaux. Il n'y a point 
'de rivière ) mais il ne ièroit pas difficile de faire un canai ^ 
^qui aurait communication aans la Mofèlle , & la ville fe- 
. xoit marchande & le trafic confideraWé- il confiftè au- 
jourd'huy en draps& en cuivre. Les eaux minérales y at>. 
:«irent beaucoiro de monde ^ & c^eft ce qui fait i prcfent 
3a richeâe de la ville. La maifon de ville eft dans une 
'belle place^ 4c la face eft magnifique , mais un peu négli- 
gée. Il ne refte plus aucun véftige de Tancien palais des 
empereurs , qui depuis Charlemagne y ont fait leur réfi- 
dence : ce qui fait voir Tinconftance des choies de ce 
inonde. On montre fculementproche des bains Pendroit 
où on croit qu'il étoit. Et eneftet les bains paroiflent an- 
ciens ^ & les vodtes qu'on y voit, ont quelques reftesde 
;grandeur. Quoique da ville d' Aix-la-Chapelle ait éprou- 
vé la fiireur des Normands , comme plufîeurs autres villes 
qu'ils ont réduites en cendre , on prétend que la fainte 
chapelle ^tiu'on nomme U grande eglife , bâtie par Charle- 
magne, fiïbfifte encore aujourd^huyj c*eft une rotonde 
tres.maçm(fique,^ i peu près fembiable i celle de faint 
Bénigne de Dijon , fi ce *n*eftqu*eUte eft plus augufte. On 
dit que Charlemagne y fut enterré , & qae le caveau dans 



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ido VOYAGE LITTERAIRE, 

lequel il fut mis, eft encore dans fon entier. On en a tiré 
cnliiite le iîege de pierre fur lequel il avoit eftc mis , & on 
?a placé dans une chapelle du troificme étage de la ro- 
tonde. C*eft fur ce fîege que les empereurs font affis à la 
cérémonie de leurfacre. Le chœur des chanoines, qui eft 
au bout de la rotonde , eft d*une ftrudure plus récente , ÔC 
alTez délicate. On y voit le tombeau de l'empereur Otton 
IIL qui n*a rien de magnifique , & le drap mortuaire de 
Louis XIII. roy de France, qui eft expofé au-deffus de 
l'autel j car c'eft une ancienne coutume d'y envoyer les 
draps mortuaires de tous nos rois , après leur mort. Ils at- 
tendoient celuy de LoiiisXlV. qu'ils n'avoient pas encore 
reçu. Le corps de Ciiarlemagne eft fur le grand autel , 
dont le retable eft d'or. 11 eft dans une châffe magnifique j 
mais foû chef eft dans le thrcfor , dans un tres-beau bufte, 
enrichi de pierres précieufes. O^ y voit auffi le bras de ce 
grand empereur, que le roy Louis XL fit enchaifer dans 
un reliquaire également riche : le texte des évangiles écrie 
en lettres d*or fur duvelin pourpré, qui fut trouvé entier 
dans fon tombeau , lorfqu'on le canonifa : fon épée , que 
les empereurs portent trois jours durant à leur couronne^ 
ment. Cette épée eft grande & belle ^ il y a 4 la poienée 
une peau de ferpent , qui fuë lî on l'approche de quelque 
poifon : ce qui fait voir les jprécautions que ce prince pre- 
«oit contre les entreprifes qu'on aurôit pu faire contre fa 
viej & combien la condition des grands eft à plaindre^ 
d'être toujours dans la crainte de quelque trahifon. Le 

J>lus riche reliquaire du thréfor, eft celuy qui conferve de 
a terre arrofée du fang de faint Eftienne premier mar- 
tyr. Il eft d'or maflîf , ôc enrichi d'une infinité de pierrei^ 
tres-prccieufes. C'eft fur ce reliquaire, que les empereurs 
font leur forment à leurfacre. Que fi le couronnement ne 

J)eut fc faire à Aix-la-Chapelle pour des raifons particu» 
. ieres , on le porte avec l'épée de Charlemaene au lieu oà 
il fe doit faire. On montre encore dans le trcfor une figure 
de la iainte Vierge , gravée fur fon image peinte par laint 
Luc j & on prétend qu'elle a efté gravée par le même 
5aint:la ceinture de la Vierge, & celle du Sauveur -.un 

morceau 



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VOYAGE LITTERAIRE. loi 

morceau de la corde avec laquelle il fut arraché a. la co- 
lonne, & plufîeurs aurres reliques. La tribune où l'on 
chante Tevangile , faite comme une chaire de prédicateur 
cft de vermeil doré , & ornée de figures d'y voire , dont le 
travail eftineftimable. Elle eft à l'extrémité des chaires du 
choeur. Les ornemens font tres-riches & tres-précicux 
les plus confîderables pour leur antiquité font une très- 
ancienne chappe , qu'en dit avoir fèrvi au pape Léon III. 
lorfqu'il fit la dédicace de l'eglife d'Aix-la-Chapelle : & 
une chaiGible qu'on prétend avoir fervi à /àint Bernard. 
Un Sçavant l'ayant vue , l'a fait dciEner pour la faire gra- 
ver dans un ouvrage fur les Rites ecclefiaftiques , qu'il iê 
propofe de donner au public. Mais il ne faut pas être fort 
verlé dans l'antiquité, pour voir que fi cette chafuble a 
fèrvi â faint Bernard , elle a efté tres-certainemeut échan- 
crée i car du temps de ce Saint, & même long-temps après" 
leschafubles étoient toutes rondes par lejbas, comme oa 
voit dans d'autres chafubles qui ont fervipi même Saint. 
L'ornement entier que la princeflè Ifabelle a donné eft 
beaucoup plus précieux. Il eft compofé de foixante pièces 
dont le fond eft d'argent, & les orfrois d'or battu f char- 
gez d'une infinité de perles tres.groflès. Il eft accompa-' 
gné de deux couronnes d'or garnies de diamans, qu'on 
met fur la tefte de la Vierge & de l'enfant Jefus les jours' 
des grandes fdïcs. Elles n'ont pcfat de prix , non plus que 
lés d^x robes que la même princeflè a données pour les 
deuk mêmes figures. Je ne parle pas de l'ornement rouée 
<le 1 empereur Jofeph, qui cft auflî complet que celui.lt 
quoiqu'une foit pas fi riclie. MenfieurLaroberti chanoine* 
& monfieur Bomerfon chantre de la graade eglife , eurent 
la bonté de nous faire voir toutes ces richeCes. Ils nous 
montrèrent auffi quelques manufcrits quilcur font reftex 
Ce ne font que des livres d'eglife , le martyrologe d'Adon ' 
des homiUaires & desmiflels. J'en vis deux chez mon! 
Jieur Bomerfon d'environ fix cens ans $ je jettai les yeux 
deflus, & je remarquai que l'Office du vendredy faint fi. 
mt dans l'un par ces paroles : P^nat pantm corpms D»mi. 
ni m talke nibil dicetu, Confecratnr dtttem vHum ^ ttamt 

Ce ' 



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^o^ VOYAGE LITTERAIRE. 

ferfantm (anBtficatum. SU cénfummmtw Officium^Yx dan« 
Tautre \ Sumat de fanBa ^ é- fonat in calice nihil dtcens , nifi 
forte éUiqpii fetfete vmh diare in nomrne Pétris ér Filii^ i& 
Sfiritus fenBi. Pax Domini nen dicitur^qmis non fefunntm 
ofcuU circnmftanHnm. SanHificatur amtem vinum nom temfè^ 
Cfatum fer fanem fanHificatum. L'on fait tous les mois i 
Aix-la Chapelle l'Office de faintCharlemagne 5 mais on y 
cftiî peu éclairé, qu'au lieu de prendre l«s leçons dans les 
meilleurs auteurs qui ont écrit de ce grand prince, on 1er 
tire des adei fabuleux du faux Turpin. 

Après avoir vd la grande eglife , nous fiâmes au mo. 
naftere des chanoines réguliers de la congrégation de 
Windesheim^ qui fut fondé il y a trois cens ans^ â Aix- 
la-Chapelle par un bourgeois de la ville. Son premier 
deiTein étoit de fonder une Chartreufe } mais fes tacultez 
ne s'étant pas trouvées fuflSfantes pour cela , il tourna (^s 
wûës fur jes chanoines réguliers de la congrégation de 
Vvindèsheim , <i|^t la vie avoit quelque rapport a celle des 
(Dhartreux^ car ils gardoient la clôture comme eux : & 
nous parlâmes à un ancien chanoine, qui nous aflura qu'il 
avoit vu un ancien père , qui avoit fait pjofeifion dans le 
cemps qu'ils gardoient la clôture j c!*cft pourquoy exKorc 
aujourd'hiiy ils n^affiftent pas aux proceffions publiques. 
^ préfent ils ne font pas fi rei&rrex^ mais ils ne laiâfent 
pas d'être fort regulierf. Leur maifon eft fort jolie , & 
leur prieur fort honnête. Il bous £t voir leur |)ihliothe-* 
que, qui n'eft compofée que de quelques anciennes ^di^ 
tiens, tiL de oueiaues xnanufcrits cecens« Les principaux 
fent la règle de^ cnanoines faite au concile d'Aix4a-Cha^ 
|)elle du temps de Louis le Débonnaire : les anciens i^ 
xuts fynodai» de Colore : les conflitutions des chanoines 
réguliers de Nanemberg. On nous n^iantra dans Teglife 
un petit crucifix de bois très- bien travaillé , qu*pn pré- 
tend avodr efté apporté du concile de Confiance par le 
fondateur. Comme nous allions prendre congé^u prieur^ 
la prince0e Chriitiflie arriva au monaftere ^ & comme elle 
avoit demeuré en France, elle fiit bien aife de nous voir. 
JN[ous filmes le lend^naain chçz elle , pour lui préfenter 



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VOYAGE LITTERAIRE. 2*5 

ftof re/peds , elle nous témoigna beaucoup de bonté , nous 
retint quelque temps auprès d'elle , & nous montra le por*. 
trait en y voire du père Mabillon^ qu'elle avoit dans foui 
cabinet* 

L'abbaye de Roldue , aufli de Tordre de faint Augullîn ,. 
à deux lieues d'Aix-Ia Chapelle, eft beaucoup plus an- 
cienne. Les premiers Religieux de cette maifcn rivoient 
dans un grand détachement de toutes choies , & leur fain- 
teté éclatoit dans tout le pays. Saint Norbert s'y retiroic 
quelquefois , pour vaquer a Toraifon. On prétend que c'eft. 
dans la crypte de cette maiibn , qu'il reçut la règle de faint 
Auffuftin. Il s'en faut bien qu'elle foit à préfcnt fiauftere. 
L'abbé d'àujôurd'huy^ qui a la réputation d'un grande 
homme de bien , Ta réformée à peu près fur le pied des^ 
chanoines réguliers de fainte Geneviève. Nous n^en dirons- 
rien davantage , parce que nous n'y fumes pas* 

Il y avoit 4oB€- temps que nous fouhaittions de voir le' ^ .^ 
monaftere d'Inde , qu'on nomme communément C^meiL ««nS!^ 
mupfier , dont le grand faint Benoift d'Aniane a efté 
le premier abbé. On fçait que c'eft à ion occafion , 
qu'il a eilc fondé par Tempereur Loiii6 le Débonnaire , qui 
1 avant choiil pour fon confeifeur & fon confeil , étoit bien- 
aiie de Ta voir toujours auprès, de luy. Ce monailere eft à 
deux lieues d' Aix-la-Chapelle , dans un lieu très-profond 
& tres-iblitaire. Le Saint y aifembla trente religieux , qui 
vivoieiît comme à Aniane , & dans les autres monaiteres^ 
de France y 0Ù4I àvoit rétabli Tobièrvance de la règle. Auw 
jourd'huy il n'y en a que dôme ^ qui font tous preuve de 
nobleflèj mais qui font bien éloignez de Tobièrvance de 
leurs premiers pères. L'abbé qui gouverne aujaurd'huy,^ 
eft très- bien intentionné , & il ne tiendra pas â luy , qu'il ne 
ramené fes frères a une bonne régularité. Nous y arri^ 
yâmes un iâmedy dernier jour de Septembre. Lelende^ 
main, qui étoit le premier dimanche d^Odobre^oriyce- 
febra là feile de Notre Dame du Rofaire. On commença 
par Tëxpofidon du Saint Sacrement dans le ciboire i Tàii^ 
tel de la Vierge. Avant la grande meflfe, on Texpofa âa? 
I^and autel ^ on donna, la benedidioa^ & on le porou eir 

Ccij: 



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Z04 VOYAGE LITTERAIRE. 

proceflîon dans le cloître. A la tefte de la proceflîon maf- 
choit rimage de la fainte Vierge , portée par des filles. A 
Tofiertoire, un Dominicain en furplis, & l*ctole au col, 
prêcha en allemand , il ne dit point d\^ve AfarU. Après 
la meiTe , on reflèrra le Saint Sacrement , qu*on e^xpoia de 
nouveau avant les vêpres , qui furent fuivies des complies, 
chantées en faux* bourdon avec Torgue, après lefquelles 
on donna la bénediûion du Saint Sacrement. L*abbé pré* 
tend avoir droit de faire la cérémonie du couronnement 
de Tempereur , lorfque l'archevêque de Cologne eft ab- 
fcnt. Quand Tabbé vient i mourir, les religieux s'aflem- 
blent auflî-t6t pour procéder i Téleâion d'un fuccelTeur ^ 
8c celui qui eft élu , tait les funérailles de fon prédeceflcur. 
Il eft furprenant que dàms-wie maifoa aulli illuftre , il ne 
s'y foit confervé aucun ancien monument ^ on nous fie 
voir feulement quelques chartes originales de Lotlis le 
Débonnaire, & entr'autres une accordée à faintBenoïft^ 
trois )ours avant fa mort. Il eft encore plus furprenant , 
qu'on ignore aujourd'huy le lieu de fa iepulturey&qu'on 
ne puiJÛie montrer les reliques d'un des plus grands utints 
de l'Ordre de faint Benoift , qui par un zèle incroyable a 
rétabli l'obfèrvance de fa règle , & travaillé avec tant de 
fuccez à la réforme des abbayes , qui étoient tombées en 
décadence, qu'il mérita d'être appelle dans l'Ordre -ff^. 
UêdiRns II. On dit néanmoins qu'il y a dans ce mona- 
ftere un grand nombre de reliques très - précieufes , & je 
n^ay pas de peine à le croire $ mais on s'eft fait une loy de 
ne les montrer qu'en certain temps. On nous fit feulememc 
voir les phefs de faint Corneil & de faint Cyprien , aufquçls 
il y a grande dévotion. 

Nous partîmes le deux d'Oàobre de Corneil-munftcr^ 
ckAach. p^^^ ^jj^j, ^ J'abbaye de Gladbach , qui en eft diftante de 
treize lieues. Le pays eft allez beau, & on trouve de deux 
en deux lieues de petites villes , qui font un agrément pour 
les voyageurs. Nous paftames par Efch veiler , Aldenho* 
yen, Linnich, Ercklens, & Dahlen. En fortant de LiqJ* 
jpich , où nous avions dîné , notre garçon voulut prendre 
un ^^min plus court que nous^ mais il ne put nous re- 



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VOYAGE LITTERAIRE. zey 

3oin(lre: ce qui nous embarraila un peu, parce que nous 
n'entendions pas la langue du paysXorfque nous arrivâmes 
à Ercklens , on nous arrêta i la porte , 6c comme nous ne 
fçayions pas Tallemand, nous répondîmes en latin. Le 
garde ^ qui pe Tentendoit pas plus que nous Tallemand , fîc 
venir un miniftre Luthérien , qui à peine pouvoit nous 
entendre j mais comme dans tous nos voyages^ nous avons 
remarqué fur nous des eflfets de la divine providence, il 
fè trouva là un foldat Bavarois, qui écorchoit un peu de 
François , qui nous dit qu'il n'ctoit pas néceffaire de pafv 
fer dans la ville. Il eut même la charité de nous conduire 
i pied plus d*une grande lieuë. A la fortie de Dahlen ^ , 
la providence nous envoya un autre homme qui fçavoic 
le françois, pour cous conduire jufqu'à Gladbach. Nous 

Îr arrivâmes à Hx heures & demie ^ & comme monfieur 
'abbé étoit en compagnie , nous ne pûmes luy parler ; mais 
il nous envoya -un officier, qui nous reçut avec beaucoup 
de charité. Le lendemain tnonfieur l'aboé nous fit avertir^ 
& nous témoigna avoir beaucoup de joye de nous voir^^ 
nous afTûrant que tout ce qui étoit dans Ton monaftere^ 
nous fèroit communiqué, & qu'il nous rendroit fer vice e« 
tout ce qui dépendroitde luy. Nous fiâmes enfui te dire la 
méfie, & après nous vîmes la bibliothèque, qui dans le 
ays doit paffer pour excellente. Nous trouvâmes trois 
dbles tres^-eftimaoles pour leur rareté : la première ma^ 
npfcrite en deux grands volumes d'un caradere hébreux : 
la féconde latine en deux grands volumes in folio , qui 
pouvoit avoir fept cens ans d'antiquité : la troîfiéme étoit 
auffi en deux volumes de la première imprelEon , qui efl:. 
fort recherchée & fort rare: deux très- beaux textes des 
évangiles : les traitez de faint Auguflin fur faint Jean: les 
conférences de Caflien: quelques ouvrages de Smaragde ;. 
la vie de faint Grégoire , écrite par Jean diacre : la vie de 
Charlemagne , écrite par Eginard : celle de Loiiis le Dé- 
bonnairepar Theean: l'hi ftoire des guerres de la Terre 
fainte, écrite en dou^e livres par Albert d'Aix. Tous ces 
manufcrits , qui étoient dans la bibliothèque, ont au moins 
£x cens ans d'aotiquité. Monfieur l'abbé nous fit encore 



t 



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xo6 VOYAGE LITTEBLAIRE. 

Toir quelques anciens miffels qu'il avoic dans fa chamBre 
J'en vis cntr'autres un d'environ fix.cens ans, où leMe^ 
fnento eft exprimé en ces termes \ Mémento ^Domine ^famu- 
larnm ^ fameUarumque tuarum y (^ omnium eorum quorum eiee^ 
mojynas frfcefi , ^ quorum con/ej^onem audivi , ^ quorum mum 
nus inmemofUm familtariutis affumfi^^tùTumqui mihiami^ 
eiiia vel cognatUffe junguntut ^ etUm eorum qui emendabiles mi^ 
mki/unty ^ ceterorum famulorum fMmuUrumque tuarum ^ ^ 
omnium ctrcumfiantium y &c. Dans Tôraifon. Communicantef^ 
après les noms de faint Cofme Se de faint Damien y on lie 
tncore les fui vans \ BonifMii y Lamferti ^ f^ Jan£hnm con^ 
feffofum tuorum Sylvefiri , Marnni , Augufiini , Greforii yHie^ 
ronymi yGulli^SenediSii ^ NicoUiy Oudaltici^ necnou ^ illo^ 
rum quorum foUmnitas hodle in CênfpeHu majefiatis tUée ceU'^ 
kratur ^Domine Deus no fier ^ tn toto orbe Urrarum^ eorum que* 
que quorum reliquia in hacfanHa Ecclefia Dei conUta funt^ (^ 
omnium SanHorum tuorum ^quorum meritis^ &c. L'oraHbn qui 
jGoit immédiatement la confécraticn , commence ainfî: 
"Vnde (jr memores Domine ^ nos fervi tui , fed ^ flebs tua Jan^ 
Bs eju/dem Fila tui Domini nofiri tam veturandanativitatis y 
quam keatét faffionis. Avant le Mémento pour les morts,, 
an lit celui-cy i Mémento mei^ quafo Bonune^ <^ miferere^ 
iick béec funfta indigné tik , fienSe PateTyomnipotens , ^eterne 
Dfus^meis manibus offerantur fitcrificin^quia nec tnvocaro 
fétniium dc venerabile nomen tuum dignus fum : fed quoniam in 
honore é* l^ude ér memoria gloriofiffîmi m dileÙiffpni Filii tui 
Domini nofiri J E * w - C h k i s Ti offeruntur^ fcut incenfum 
inconffeSfu divina majeftMistua ^ cum odorefuawtéitis afcen^ 
dant. Per^ A la fin de Toraifon Nokis quoque feeuuoribus^ 
il eft. fait mention dc ces Saints , ^gna , Ce<ilia ^ Beatricé^^ 
Mugenia^ MMtgarita ^Arutfia^a y Sofbiu , lide , Sfe , (jr Cha^ 
titate. Dans Poraifon Libéra nos y après ces mots, atque 
Jlndrea , on lit ceux-cy , Stefhano^ Bonifacio ^ funEHs Con^ 
fefforibus Gregorio , Nieolao ^ J^enedifU. Enfîn,^ avant que de 
donner le baifer de.paix , on doit dire ces paroles : Habete 
mncuhm caritatis ^ focis^ ut aftifitis facro faniiis^ myfiertis 
Qfculun^paeis é' dileciienis fimptr maneat in cordibus] nofiris 
|ieft;encgreâ.remar^uer que dans la henediâion.du cierge 



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VOYAGE LITTERAIRE. 207 

pEfclaid, on n'y trouve pas ces mots : O neeej^armm Àda 
feccatum. 

L*eglife du monoftere eft ancienne & aflez ornée j il y 
X une fort belle crypte^ où font les tombeaux de faint 
Sandrade premier abbé de Gladbach , & de faint Alberic. 
L'Office m vin s'y fait très-bien &avec gravité. Tous les 
jours â huit heures^ on y dit une mefTe , à la fin de laquelle 
on fait une petite exhortation au peuple. Après l'exhor- 
tation, les aâîftans lortent deux à deux, recitans des 
prières., parcourant fept oratoires, pour obtenir la con- 
Terfîon d'un officier qui leur fait de la peine. 

Le trefor de Gladbac pafle pour un des plus coniîde'- 
râbles qu'on voye dans le pays, tant pour la quantité que 
pour la qualité des reliques j car ils prétendent avoir les 
chefs de faint Laurent , de faint Vite , & de fainte Chrif- 
tine: les bras de faint André, de faint Eftienne martyr, 
de faint Eftienne pape , de faint Benoift : un morceau con^ 
iîderable de la robe de pourpre de notre Seigneur , & de 
la nappe qui fervit à la cène du Sauveur, & plufieurs au- 
tres. Les plus authentiques font les corps de faint Sendrade 
premier abbé du monaftere^ de faint Aiberic , qui font des 
Saints locaux. Le bras de faint Benoift peut bieneftre de 
faint Benpiftd'Anianè, qui étant mort dans levoiûnage^ 
au monaftere deCorneil-munfter, peut aifément avoir, 
efté donné à celuy de Gladbach. Pour ce qui eft du chef 
de faint Laurent , une des plus grandes preuves qu'on 
puiife apporter pour en prouver la veritc , ce font les ef- 
forts que Philippe II. roy d^Efpaene fit pour Pavoir. Ce 
grand prince ayant fait bâtir l'EÎcurial en l'honneur de 
laint Laurent martyr. Tune des plus brillantes lumières de 
l'Efpagne, ne crut pas fa pieté, fatisfaijte , de luy avoir fait 
conftruire un des plus fuperbes édifices qu'on puiflèyoir } 
il crut encore qu'il étoit de fa religion de l'enrichir de 
quelques rfeliques confîderables du Saint. Ayant f<ju que le 
chef de faint Laurent étoit à Gladbach, il le jugea digne 
de remplir it^ defirs, & penfa ferieufement aux moyens 
de l'avoir. On aura de la peine à croire tous les mouve- 
mens qu'il fe donna pour Fobténir. Jamais place de guerre 



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%o$ VOYAGE LITTERAIRE, 

lie luy a coûté tant d'inquiétude, &: jamais il n'a tant don- 
né d'afTauts pour prendre une forterefle , qu'il en donna 
aux religieux de Giadbach , pour en devenir maître. Dès 
Tan 1570. il engagea Salentin archevêque & eleéleur de 
Cologne , d'en faire la demande. Ce prélat ep écrivit là 
dix-huit de Septembre à l'abbé Pierre. L'année fuivante 
il joignit la recompenfe à la demande , & Godefroy de 
Buchoel s'engagea de la part du Roy , de donner au mo- 
naftere une rente de fix cens maldres de froment par an. 
L'ade de Bochoel eft du dix.neuf Septembre 1571. L'ar- 
chevêque de Cologne prefTé par le roy , réïcera fa de#^ 
mande par une lettre qu'il écrivit à l'abbé Pierre au mois 
de Décembre 1571. Cela n'ayant pas réûffi^ Godefroy de 
Bochoel fit de nouvelles propofîtions à l'abbé le douze 
Mars 1571. & luy fit offre de la part du roy , de deux cens 
paires de maldres de froment , dont il lui donna toutes les 
afSHrances poffibles. L'année fuivante , le fix de Juin 1573. 
il s'engagea de nouveau à luy doiiner une rente d.e fix cens 
florins. On ne fçait ce que l'on doit plus admirer icy , ou 
l'ardeur du roy pour avoir le chef de faint Laurent, ou 
la perfcverance de l'abbé à refufer de fi grands avantages , 
pour conferver un trcfor fi précieux. Mais il n'en demeu- 
ra pas là j car le treize du même mois de Juin , il refufa 
encore cinq villages, que Jean* de Vvittenhoift luy offrit 
de la part du roy. Philippe ne fe rebuta pas pour cela } il 
fit faire de nouvelles inftances auprès de l'abbé par Louis 
de Reguifën gouverneur des Pays, bas , qui luy en écrivit 
une lettre fort preflante , dattée d'Anvers le trois Dé- 
cembre 1573. Je ne fçay fi environ ce temps-là Salentin ar- 
chevêque de Cologne fe brouilla avec le roy d'Efpagne , 
pu avec Ces officiers , ou fi ouvrant les yeux , il» fit refle- 
xion fur la perte que feroit fondiocefe^s'ilfouffroitqu'on^ 
transférât en Efpagne la tefte de faint Laurent 3 mais je 
iTçay que le neuf de Janvier 1574* il tevoguala permiffion 
qu'il avoir donnée auparavant^ & fit défenfe à l'abbé de 
céder une fi précieufè relique; L'abbé Pierre étant mort, 
le roy crut qu'il auroît meilleure compofitîoii de l'abbé 
Hcch^en qui luy fucceda- Il luy fit écrire par legouver- 

ncur 



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VOYAGE LITTERARR ^j 

û€ur des pays-bas le 15 Mars i5:74^ ce qui n*ayant pas mieux 
reuffi , on donna un Peu de relâche aux religieux. Mais l'an 
1587. Philippe 1 1. étant venu à TEfcurial , Tenvie d*avoif 
le chef de S. Laurent le reprit avec plus d'ardeur , & le 15. 
de Septembre il écrivit de ce monaftere au duc de Parme 
une lettre^ par laquelle il lui ordonne de donner tous fcs 
foins à procurer la tranflarionr du chef de S- Laurent à VEÙ 
curial. LeDuc fe mit en devoir d'exécuter les ordres du roi 
£t ce fut en conformité i ces ordures que Ferdinand Lopes 
gouverneur de Kempenen écrivit le 13 Mai 1 588. & le huit 
Juin de la même année à Odendal, q.ui étoit alors abbé 
de Gladbach. Erneft archevêque de Cologne fè ioignît i 
LopeSy.& il écrivit de Liège une lettre très-preflaitte â l'ab- 
hé , dattée du 29 Juillet 1588 • qui fut fuivie d'une autre de 
Lopes , écrite deuxjours après ^c'cft-i-dire le 51 de Juillet. 
Ces lettresn'eurent aucun eflfet. Tantd'aflaut^ donnèrent 
falarme dans le pays , & la crainte qu'on eut de perdre le 
chef de faintLaurentengagea leduc de Juliers a écrire à 
Pabbé de Gladbach une lettre pour Texhorter à mettre 
fa Relique i couvert des ru&s &des furprifes ^ & qu'il lui 
confeilloit de l'apporter en depôt4 Juliers. Sa lettre eft 
du 27 Mars 15^1. & en même tems il lui envoyoit une obli^ 
gadon ,. par laquelle il s'engageoit de rendrie la Reli^ 
que, qu'il reconnoifToit n'avoir qu'eu dépôt. B|en-tôt après 
la batterie recommença, & des lettres tr^s.prefIâQtesvo« 
lerent de toutes parts.. Le ducde Parme écrivit de Bnixel% 
les à l'abbé le 7 Septembre 1 59 ï. Le comte de Mansfeld le 
30 d'Avril 1552. Ferdinand Lopes & Baltazar Delgado le 
j Juin x59a. Erneft archevêaue de Cologpele 23 Juin de la. 
même année. Enfin le 5 Juillet 1:592. le duc de Parme énu 
voyaâ Lopes & à Delgado une inftruâionpour fèrendrJr 
maître du chef. 

Il eft difficile de comprendre comme ces pauvres reli* 
gieux purent tenir bon contre tant d'attaques. Leurrefif^ 
tance ne fie qu'allumer le défit du roi &de &s courtifan^^. 
qui croyoient par làlui faire plaifir. Philippe voyant que 
tout ce qu'il avoit fait jufqu*alors av<)it été inutile , cruc^ 
^a!iln'en falloit pas fairea deuxfois. Ils'a4reiIaauPape^ 



/<>•;•«%-'■ 



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lia VOYAGÉ tlTtERAIRÉ. 

& obtint fans peine un bref de Clément V 1 1 L pour avoir 
le chef de faint Laurent , confervë dans Tabbaye de GladJ 
bach , & le 19 Juillet le Nonce du pape rciîdantà Colo- 
gne , envoya Delgado à Gladbach , avec une lettre à Tab- 
bc, pour avoir la relique. Ferdinand Lopeslui écrivit de 
même le 13 d'Août^ & le Nonce une féconde lettre duij. 
du même mois 1591. On peut bien s'imaginer dans quel 
embarras fe trouva le pauvre abbé. Mais Te duc de Juliers 
par bonheur Ten tira , lui faifant une défenfe exprefle le 
31 Août ^ d'entrer dans ftocun accommodement fur la tranf. 
latioQ de la relique de faint Laurent , & la ducheflè réitéra 
la même défenfe le 11 Septembre 1591. affurant Tabbé , 
qu'elle aimeroit mieux perdre la moitié de fçs états, que 
ie chef de faint Laurent. 

Cependant Tabbé Hulfen ayant fuccedé à Odendal ^ 
«n crut que dans un changement de gouvernement, on 
pourroit avoir ce qu'on n'avoit pu obtenir fous les autres 
xhbet. Baltafar Delgado dans cette penfée lui écrivit le 
13 d'Août 1J93. qu'il eut i porter au roi d'Efpagne la re- 
lique qu'il iouhaittoit depuis û long.tems. Erneft archi« 
duc d'Autriche Ccjgouverneur des Pays- bas, l'exhorta 
auflB par une lettre qu'il lui écrivit le 4 Septembre de la 
même année :1e docteur Lavemberg par une autre écrite 
de Cologne le 23 du même tvtais rHermamt comte de Bergh 
par une autre écrite à Gueldreîe 11 Odobre enfuivant.En, . 
fin pour qu'il ne manquât rien à la recommandation , l'em. 
pcreur Rodolfe à h prieriB du roi d'Efpagne écrivit lui- 
même i l'abbé^e GKKibach, |)Our le porter i fatisfaire 
ia -pieté ide<:4; ^rahid Priûet'Çn 4uî accordant le chef de 
£aàntiLMi^et^.Là^ Itttte <tel*-eiwpiereur -eft dattée du quinze 
Oâoibre 1^593. 'dette Icfttre fut fuivie de deux aittres de 
Baltazar Delgado , Tune du 18 Odobre 1593. l'autre du 
*dlAôûri555. 

. J)l iemble igu^iïie Ci forte hAitttié , ne fit qu'aJflfcmiir la 
«cxinâance nie Tabbé &^dés religieux -, car ih fourinrent en- 
xroie de;plus tudes aflauts les anpéés 1596. & r597. L'an 
ï f 9^6, ie 9 JuÔtet le papeOement V H I. add rSfla un 'bref 
iJ'abbé m^e ,-par ïeqtiel il lui enjohigneit de Hvrcr au 



t ^ . , 



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VOYAGE LITTERAIRE. xn 

* plutôt le chef de faint Laurent au roi d^Efpagne. Le treize 
Décembre le duc de Juliers demanda d'être informé de 
tout ce quiavoitétc traitté. L'année fuivante le roi Phi- 
lippe écrivit une lettre le lo Février , & Tempereur Rodol- 
fe une à l'abbé & une autre aux confeillers du duc de Ju- 
liers^ dattes du 27 Mars 159^7. Coriolanus nonce du Pape à^- 
Cologne ^joignit à cela désordres précis à Tabbé ,par une 
lettre qu'il lui écrivit le zi Mai de la même année ^ & il 
donna en même tems une commiflîon à George Braun 
doyen de Notre-Dame adGradus de Cologne ^àl'abbé de 
S. Martin le Grand , & à Léonard religieux de la même 
maifon , de mettre en exécution le bref du Pape. Les com- 
miilàires dreflèrent un procès verbal de ce qu'ils avoient 
exécuté. Ondreffa en même tems un décret d'excommu* 
nication contre l'abbé , s'il n'obeïflbit dans huit jours aux 
ordres de fa Sainteté ^ avec une prorogation de trois fe- 
maines accordée fur la requête de l'abbé le 29 Mai 1597. 
Dans cette extrémité Jean Vvilhen duc de Juliers vint au 
fecours du pauvre abbé , & après lui avoir foit une feverc 
réprimande le 6 Juin 1597. cle ce qu'il avoir voulu entrer 
en compoiition avec les commiflaires fans fa permiffiori , 
il lui deifendit de fe deiaifîr de la relique^ & de faire aucun 
traitté là,.deffus. Cependant le marquis de Mendoza écri- 
vit deFrancfort une lettre audit abbc deGladbach^ dattée 
du 9 Juin y par laquelle il demandqit au nom de Tempe- 
reur Se de l'archiduc une conférence avec lui à Cologne 
ou ailleurs. L'abbé de fon coté manda au duc de Juliers 
l'état où il fe trouvoit réduit , Taflurant qu*il n'avoit pu 
obtenir qu'un délai de trois femaincs. Sa lettre eft du neuf 
Juin 1597. Le jour fuivant les confeillers du duc de Juliers 
écrivirent au nonce & aux commiflaires nommez par lui , 
de faire celler toutes leurs procédures; ce qui n'empêcha 
pas le nonce de faire de nouvelles inftances auprès de l'ab» 
bé par une lettre qu'il lui écrivit le douze du même mois , 
& le marquis de Mendoza ^qui ctoit déjà arrivé à Colo. 
gne , pour traitter avec lui ^ & qui pour ce fujet lui écrivit 
une lettre le 14. de Juin. Mais pour arrêter toutes ces 
poorfuites . le feize du même mois le duc de Juliers fît uœ 

Ddiî 



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a« VOYAGE LITTERAIRE. 

<jleffênfe expreflè à l'abbé de faire aucun traitté furxette 
matière , fur peine d'être chaflfé de ks états , & de la^ 
tout le temporel de fon monaftere. Cette dcfenfe obligea 
le marquis de<îuadalefte , qui^toit à Aix - la - Chapelle , 
^'écrire au confeil du duc pour tâclier de le ga^er. Sa let- 
tre eft du II Juin , mais le 19 enfuirant, le doâeur Harden. 
raeds écrivit au même confeil, que le nonce & les co«imi£. 
faires avoient iufqu'alors ignoré fes privilèges , 6c que les 
^connoiflant, ils deCftpicnt de leur entreprife , &ne fe- 
roient là-deflits aucune ^ine à l'abbé deGladbach ni d Ces 
religieux. Auffi-tôt Jle duc donna avis à Tabbé de ce defifte- 
ment par une lettre ^u'il lui écrivit le*8 juin 1597. 

Mais Tannée fuivante la batterie recommença, & dès le 
4 de Janvier ij^8. le cardinal Albert, gouvejrncur des Pays- 
bas , écrivit au duc de Juliers pour le prier de <c rendre fa- 
vorable aux pieux defirsdu roy d'Efpagne au fujet de la 
icranflatiôn du chef <je faint Laiirent a l'Efcurial. il «crivit 
fin même tçmsàfoa confeil, & demanda d'avoir là-deirus 
june conférence. On. la lui accorda, mais il n'y put rien ob- 
tenir. Pour couper court .& terminer enfin cette afl^re, le 
^x Février le duc de JuKcrs écrivit au Pape une lettre fort 
touchante , dans laquelle il lui marque , que fes états étant 
.depuis huit cens ans en poflbffion du chet de S. Laurent , ii 
ne pouvoit pas Ibufirir ^u'on les privât de la protedion 
d'un fi grand ^aint, & qu'il le prioit de dilfuader ic roi Phi. 
iUppe de le demander davantage. Il manda la même chofe 
^u roi d'Eipagne. Ce qui ne lui plût point. Le fept d'Avril 
/iiivant l'ilfuftre Henry.CuycKius evêque de Ruremonde , 
fi recommandable par fon érudition , écrivit à l'abbé de 
Gladbach de n'avoir g.ucun égard à toutes les deâènfes, 
qu'il avoit reçues de la part du: duc , Se de ne point faire de 
difficulté d'accorder i un grand monarque, tel qu'étoit le 
roi d'Efpagnel, le chef de faint Laurent. L'archiduc Albert 
fouyerneur des Pays-bas, fit de fon côté de nouvelles inf- 
tances auprès de Tabbé le neuf d'Août , & pour le âéchir il 
tâcha de gagner la ducheflè, lui écrivant pour ce fujet le 
,trente du même mois. Enfinlejourfuivantquiétoitle3i, 
iif ^oût ce même prince muni du confentement du pape , 



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VOYAGE LITTERAIRE. iij 

«le Tempereur^ & de Tarchevêque de Cologne^ s'addrefla 
tout de nouveau à l'abbc , au confèil du duc de Juliers , & 
au duc même , & le huit de Septembre il écrivit au maref- 
chai du duc de Juliers , de s^emoloyer auprès de la ducheC- 
fè , du conjfeil du duc ^ 6c de Tabbc de Gkdbach , &; de faire 
enlbrte.^ «qu'ils accordaâ^nt à la pieté du roi d'Efpagnecc 
qu'il fouhaittoit avec tant d'ardeur. Mais cette lettre eut 
lin fucccs tout contraire à ce que ce prince s'ctoit propofé. 
Car le confeil du duc de Juliers ayant fçu que l'archiduc 
avoit envoyé le fieur de MilendoncK à Gladbach y pour 
négocier la tranflation du chef de faint Laurent , il iignifîa 
i rabbé une deficnfe de foire U-deffus aucun traitté. Elle 
fut expédiée le ii Septembre 159 S, cependant Tarcfaiduc 
ne k rebuta point , & le dix-icpt du même mois les con- 
ibillers de Cleves envoyèrent à ceux de Juliers des lettres 
jd' Albert pour les porter à favoriferle defir du roid'Efpa* 
igné y mais ils accompagnèrent ces lettres d^une déclara* 
cion du duc & de la duchefle de Juliers par laquelle ^ ils te- 
moignoient qu'ils fe rendroient indignes des benediâions 
<iu ciel y Ôcauroient iîijet de craindre fes plus terribles ma^ 
lediâions ^ s'ils confentoient qu'on enlevât de leurs états 
nn fi précieux threfbr. La mort duroy Philippe qui arri- 
¥a en ce tems-là , donna aux religieux de Gladbach une 
crevé de treize ou quatorze ans. 

Philippe III. qui avoir fuccedé i fon père , renoiia cette 
^ntrepri/e, & le 8 Juillet 161 2. il donna ordre au marquis 
<le Guadalefle de travailler ierieufement à la tranflation 
xlu chef de S. Laurent. Celui-ci envoya le 17 Septembre 
Thomas Grammaye muni des lettres du roy d'Elpagne à 
Gladbach pour traiter avec l'abbé y & lui promit de 
lui rendre des ferviceis confiderables i la cour de l'empe- 
reur y s'il vouloir céder la fainte Relique au roy fon maître. 
Deux ans après Vvolfgange Vvilhz duc de Juliers fe trou-i 
vad l'armée duroy d'Efpagne devant Vvefel, d'où il écri- 
vit le i40âobre 1614. à l'abbé de Gladbach de ne point 
donner le chef (/mais peu après ce prince ne put pas tenir 
iong-tems contre l'autorité d'un fi grand roi, qui lecom- 
hloitdebontez. Il écrivit donc peu de tems après àV^bc 



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2T4 VOYAGE LITTERAIRE, 

de lui envoyer le chefdefaint Laurent, pour le prefènter 
lui même au roi. Ce fut en cette occafion que le bon abbé 
fe trouva très-embarrafle , mais il fe tira d^aflfaire écrivant 
au duc y qu^en Pabfence de quelques-uns de fes feigneurs y 
il ne pouvoit rien délibérer fur une chofe de cette confe- 
quence. Le i8 Novembre 1614. le duc étant au Camp du 
roi d'Efpagne y écrivit encore à l'abbé pour lui demander 
quelque petite relique pour le marquis de Spinola. Mais 
en cette occafion il ne s^agiflbit pas de celle de faint Lau- 
rent. 

L*an 161 7. le II. Mars le duc de Juliers écrivit encore i, 
Tabbé de G lad bac h de prendre enfin une dernière refo- 
lution fur la tranflation du chef de iaint Laurent à TEf- 
curial , & le xj Février 1618. il députa le fieur de Vvonf- 
heim pour traitter de cette afïàire avec Tabbé. L^archi. 
duc Albert de fon côté écrivit auffi U-deiTus une lettre 
trës-preflante au même abbé dattée du 21 Novembre , fi 
bien que le 26 Janvier 161 9. les religieux de Gladback 
femblerent entrer en compofîtion , & propoferent queL 

3ues conditions. Celle que Tabbé demanda fut qu^on le 
elivreroit deTavouairie des ducs de Juliers. Lesfçavan;^ 
fçavent que les princes donnèrent autrefois aux monafle- 
res des avocats pour les defïendre contre ceux qui entre-^ 
prendroient fur leurs biens & fur leurs privilèges : mais 
que dans la fuite ces avocats aulieu de protéger les reli- 
gieux y en devinrent les plus cruels perfecuteurs , appa- 
remuant que Tabbé propofa cette condition , pour le de- 
bartalTer d^s inftances empreffées du duc de Juliers. Quoi- 

3u'il en foit on trouve une inftrudion de Tarchiduc Albert' 
u 4 Juin de la même année pour traitter avec V abbé 6c 
les religieux y & une o0re de douze /bille écus duodecim miU 
lUm PhilippeûTum , fans compter beaucoup d^autres chofês 
donc on pretendoit les oratiner j mais le douze Septembre 
de la même année Tabbé pria très-humblement l^arcti- 
duc de Texculèrfurle refus qu'il faifoit de céder une reli- 
que d\in Saint qu*il regardoit comine le proteâeur de fon 
abbaye. Enfin on trouve encore une lettre fur le même 
ikjlei^ de la pieulb priacefie l£ibelle Eugénie , qui gouver^ 



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VOYA(5E LITTERAIRE. 215 

noit les Pays-bas , addreflce à l'abbé & aux religieux de 
Gladbach, & dattcedu xi Février i>6z8. Ce qui raie voir 
que les pour fuites des rois d*E(pagne pour avoir le chef de 
laint Laurent ont duré foixanteans , & on admirera la fer- 
meté & la confiance de Tabbé & des religieux à refîfler i 
tant de puiflances. On conferve à Gladbach tous les aétes 
originaux que nous venons de citer, nous ne les rapporte^ 
rons pas ici , parce que cela groflîr/wt trop cet ouvrage , 
nous nous contenterons feulement de donner les deux breÉi 
4e Clément VIII. deux lettres des rois d*Efpagne, ^ 
deux de Tempereur Rodolfe, 

BREVE CLEMENTIS PAP^ VIIL AD 

RiEGEM HlSPANlAHi^M. 

Clemens papa TIII. 

Cdrijffme in Chrifiofili no^n^ faiumn ^ sfôjtolicét^ UneJ 
diHhnem. Pr^clara majefiatis tua in CûUndfi énmi ^Ç^ni0iand^ 
Yèliffonis officio , mque fanBfmm rtlùmiê miitmiis fUuti^ 
facit y ut votis fuis , iis frafntim , quitmi am tfmfiUm relipêm 
nis iiyiitate facrarum rerum cnttus non iMmKp tù^^nmm , fti 
étngeri etiM^ f^tefiy lihenter annuamms. CmnitM^ fient éicce^ 
fimns j majefias tua in magnifito ^ excri/atémfU S.LdMnfi* 
iii lévite ^martyris vnlgû Éi Real Efcwial ^rdinis S. Hiê^ 
nnymi nmncnpdto , dndmn magtio ac flâne ^igi^pmn cmÊfimBê^ 
tjufdem Seati Zanrentii reiiqtdat fkmmûjkauç mtqm Jiiigen^ 
tia refont cufi^t , eafqut fafBmJhdiùfe tcnéptiMt ^^vdnfqtiffn 
dileSfiJîmum filium nohftem virum Aat&nénm de Carflona é^ 
Coninia dnctfn SnejU/tfît S^m^ tnum afdnêiêMteum^ttfêni 
feceris , <afut^jnfdem S. Lâurentii in tcdefia wtMdjhfHdeQiadm 
iach , in ojyntjutiacenfi ^ ftoft BrKoiens ^CoimUnfis diecefis 
ttt fie tredituf , ftfefiri « ^ frefterest tadêm majejias ^m defii, 
deret ^fre funtmo tna erga iffumBemfttm ^n¥9H$timfiet4tH 
at^ue devotionis affeSu ^ cafnt fradiBim ex diHa ecclefiét di 
temfhm ftéfahtm tranifirri ^ nii dignieri lece refofitum tntins 
gtidmebjervabitnr. Nos tua fietati bénigne fdtisfAcere , qman^ 



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zi6 VOYAGE LITTERAIRE. 

tnm CMm Domino fojfumms yfummopeu cufanus^ têtis fer ejnndem 
Antonium dmcemdffme ofdtonmtMMm nokis fomBis fufflica^ 
tioniins intlinati ^ mdjefiati tn^e ^ ut unam vel flures ferfondi 
occUfisfiicas/iCCnlsriS , vel cniusUbet ordinis regulares , tibi gne^ 
tas é* acceptas ^d" ad hoc munms feragendum idoneûS^ dirigert 
foSts , qtta ad ecclefiam di&i monafierii accédant , ^ inde frat.^ 
ditfum cafMt J?« ZamHntii martyrts ea qna decet révèrent ia ex^ 
trahant^ tjr ad. prafatmm templnmS. Lanrentii £1 real defe^ 
tant ^ d' in loco itidem ad idper majefiatem tmam eligendo coU 
locent y anfioritato apo^olica tenore pra/entinm kcentiam &faJ 
iultatem concedinms ^ mandantes p^opterea dileSis filiis abiati 
é^ conventui prétfati monafierii de Gladhéch , in virtmte fanBa' 
êhdientiéty é* fiti inài^timUtnofira ^ aUifqwe arbitùo ftofirê 
ipfofaBo incMrrendis pemiSyMi idemcapnt S Zamrentii , regijo 
tma pietati fatisfaciendo ^ ad préodiBnm tempùm S. Lsmrentit 
£1 Real perperfonam feu perfonas à te depntandas ttansferrir 
fermittant, Majeftatemvero tnamhortanonr^mteidemmona^e^ 
Ho aUqetam okomo^fnamfinytUri tna^ piefate ^ é* ^^^^i mnni^ 
jjuentia dignamlargiatmr > utipfiahbas (^ conventns iiberaiitatg 
tma fnbtevati , ^ inopiam^ fi qua laborant yfnbUuent ^ é*t^^^ 
fatamiranjlationim minore cnm incommodo fii/lineant ^ nonob^^ 
frantibtts confiitmtionibms, cf ordinstionibus apoftolicis.^ac di&i 
monafierii ^ iBiui ordénis^etiamjnramento^ confirmatione a ^ofiom 
lica , vel qnavis Jfrmitate alia roboratis ^fiatntis ^ & confuettu 
dinibnf.ceterifqMecontratiisquibufcnmqme. jDiemm.intereaaÛtdttê 
fûgabimms » nt qui in fanRisfuis nobiso^ prafidimn confiituit ^ 
otxemplnm , ac per eo/dem totmn.tnrarum orbem gloriafna iBns^ 
-oravity mê^efiatemetiam tmam falvam é* incolmnum qmam ditu 
îiJBSme. effe velit , nt Chrifiianam religionomy quéthoc tanpore ma» 
ximis in dijffScnltatibns verfatnr^ ejnfdem S.Zamrenfii ttvitM 
& mar^sprecibns non^ad occafnmfolmn yfedadfoUsmfqne or^ 
inm éib omnibus imtommodis fkrtamteRamqne tneatnr. Datnm 
JLonui âpnd S. Marcnm/nl nnnlo pifcatoris die xujl Jplii 
%l%ufomificatni nofiri étmto u 

MrVXSTKJVS BAILBiANVt; 

RREVE 



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VOYAGE LITTERAIRE. il-p . 

ttREVE CLEMENTIS PAP^VIILADv 

A3BATEM ET. CONVENTUM GlADBACENSEM. 

DileSis fiUis abbati é* conventui monafterii de Gladbacb » 
4^n juluiunjls frope BrcK^clcnsColûnienfis diœoefis. 

Cle>mens P^APA. vrii. - 

TlileBifilii ^faktem'^apofùlkambineâiHianem. P-ùs nupéf^^ 
curiffîmi n Chri^ofiUi no fit P h i l i p p i HiffanUrum régis Ca^ 
tholici voiis annuentei , eidem Phtlipfo régi ex caufis tune ex-' 
fr^jffîs , ut ex ectlefia vefiri monafietii de Gladbach ^ in ayro Ju^ 
lii^cenfifrûpe ErcK^ïén^ , Colohienjts diœcefis , caput S- Lauren^ • 
tii levit^e ^ martyris in difia. ecclefia , ut pie creditur , recondi^ 
ium ; adiTffipie é^ excelfnm témplUrn e\ufdem faniti Laureniti 
El -Real Têletanenfiydiœtefii^ ab eedem Philip fo rege fundatum^ 
^ magno fumtu confiruîium , transferendi licentiam (^faculta^ 
ttm conceffîmus ^proutinnofirii defuperin forma Brevis x 1 1 1. - 
Julit M D X c 1 1. pontifie atus noftri anno i.expeditis littens^plê^ • 
nius eonttnetur > quarum tenorempro exprejjo haberi volumus. Cu^ 
fientes auttm fradiEàas litterds noftras dehita ^xecutioni deman- 
dari ^ vùbiJ jSti ex^ommunicationis Uta fententia ^ aliisque ee* 
clefiajiicis fententUs^ cenfuris (^pœnis eo ipfo incurrendis^perprom 
fentes tnjunpvtt^SyMtfiatimvtfis & receptis prxfentibus ^ nulU 
alio k nohis expelhtto mandata^ -^ eifdem noftris lïuefis in omni^ 
tus^peromnia pareatis ét^btemperetis ^ juxta earumdem fe^^ 
Tient é'ttnofem Qmod fi eifdem Utttris parère quoquo modo difiu^ 
leriùSy univerRsé* fingulis eedefiarumpt glatis ^éilitsqUie m e$^ 
clefiafiica dipiitaie confiitutis ^ tenore prafentium committimus " 
^mandamus^ ut^pofiqmam pro farte ejnfdemPhilippi régis re^ - 
qetifiti fuerint ^ litteras nofiras ptad.Bas ixeeutioni débita de^ 
mandent ^' dr demandari^faeiant y fer fe velalium feu akos ^ quoi * 
ad td tdoneos duxerint deputandos yCumpotefiate declarandi^os in 
nasdemfententias^ cenfuras^ poenasincidiffè\ rticnon illas dgffa^ 
Vandi^reaf^ravandiy interdiBum ecclefiafiicum affonendi ^ ^ 
4uxilium ir^chiij^eularis^ Çopusfuerit^ invocdrtdiy onmia&fin^ - 



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II? VOYAGE LITTERAIRE. 

ytUfacienii^ dicendi , gerendi^ exercendi^ é- exequendi ^qmek ' 
framiUis é- cifca ea^ acfn Mali é-flenarU earumâern littera^ 
rumnofirarumexecutioneneceffaHaifenquomodolibetêffonuna^ 
nonohfiantibus canjUtutUnibus é' ordinationibus apojl^licis é- 
frafenimBonifaeiialiorumqut Romanomm fontificim fr^de^ 
âefortm ntflffnm, de reliquiis non extrahendis^ quontm pmnima 
tenons fr^fentibus fre exprej/ts haberi velumus , nec non omniJ 
bms éff nantis ^qua in eifdem litteris nofins volmmen non obfisre^ 
ceterisqne contrariis qnibmscMmqme.DatumRomaapudfanRum 
Marcmn fitb annule pifcatoris , die «. JnliiH d x c v i. d#atf , 
ficatns noftri Mm» v. 

M. Vestrius Barbiamus. 
EPISTOLA PHILIPPI II. REGIS HISPANIARUM 

AD ABBAT£M ET CONVENXUX GlADEACïUSEM. 

yenerétbili abbétti fjr devotis feitpofis menafieni S» yiti in 
Ghàbach. 

P H 1 1. 1 F p u 3 Beif^rdHdCafiella , Zegionis , Ara^nmm , 
e^ttfque Sicili/e, Hierufalem, Ponmyellix , 2f£Vê»ra^ Im» 
diétmm rex (è-c. 

Venerabilif sbbas & devoti reli^J!^ non dubstaums , ^mi» 
frattr Balthafar Pelgado tucurate expUcueritvobis pium nos- 
trum defiderium , qMo ipfum venerandfrm capnt S. Lamentai nutft- 
tyrisadnofirumfefftum Hifpani^e ^ fuum nativumfolum^inec-' 
clefiam in Efcuriai , qnam Deo ^ eidem fanBo extruximus , ex 
vefiro menafierio ttmiylatum iri cupimus Cwm ergo pr/ediitus fra- 
ter pelga^Q y quem ea d* caufa AiUgavinws , oimes veâras 
cunflattoaes ^ ^ poti/^um quoâ ^ falva confcientia ^ non fuU- 
fis tranjlationi ejusmodi vosajlentiri poj/jt^ tmmiliternobis res- 
cripferit ^ quamumvii tnhoc fnfficere vobis potnifiet laodabilis 
^pervetufia eulefia confuetudo ^qua po incttmento Chrifiiana 
pietatit tranflationes fanSarttmreUqtiiarumdenno loco in alfum 
adhucindiei re8e infiitmntur i tanun pto omni fecuntate con^ 



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J 



VOYAGE LITTERAIIIÉ. arcj^ 

ftknttarum ve^rarum , qua nlterius cunHari non vaUatis , cum 
ff^efentilms tran mifimus confenfum ac bftve afofioUcum^ gra- 
ùofe fttentes ^ utejufdem tenorem, ^ circa hoc piumncfirum de^ 
fierium , tjuod ex fupradiBo pâtre Delgado fleniffzme femper 
cognolcerepotentis y d:ligenter adimpleatis. Quod fi feceritis^ 
front confidimus , omnibus favoribuj et clemuntia in futurum vos^ 
^atiofe ptofequemur. Datum Màdritidte ^.menfis febiMarii^ 
anno m.dxcvi^ 

P H I L 1 p p u 5w 

Maftinus Jdioq. 

EP1ST0LA REGIS HISPANIvC AD ORATOR:E]Çl 

. SUUM IN ReLGIUM. 

Illnfiri manhieni de Guadali^e cognato , k mets confiliis ^ ^ 
meo oratori in Belgio. 

R E x^ 

Illnfirif marchio de Guadalifie , ctpiate , mihi à cenfilits , ^ 
mi le^ate in Belpo , jamdudumfet medtum Hurtunis de Ugar^ 
te Pagadoris generaUsmei exercitus iftarum regionnmé'T bo- 
rna Gramaye , qui mt fcis defrajenti refidet CoUnia\labora. 
mm fuit in ne^etiê tranfl<ttionis in Hi^aniam cafitis gUriofi 
S^LAurentiiy. inceno monafierio fratrum BenediBinorumprof^ 
diEtam civitdtem exifiemitt & quia extrême dt/idero ^é- gau^ 
dtbo qu«dhaiestfuum effeHum^ ttUmando & fracifio ^ut en- 
tes exflorari eaqu^e cire* occurfunt^certioremmereddensdefori 
m* ^ qua tiii videbiturcnvenientior^addeducendam hanc rem 
adperfeBionem ^mutu» te intelUgendê in bac materiéfcumàotm 
Baltafar de Runiga , cui etiam jcriU , «/ drcd htc çmeffen»-: 
deat teatm, Di Madrid 9^fulii i6ii, 

Y O »L R B ¥fc ' 

'jlh$0ni* de Arofie^oa, 

Eeiji 



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^lo VOYAGE LITTERAIRE; 

I^PISTOLA RODULPHI IMPERATORIS 

AD AB,BA.T£M Gl A D B A C £ N S £ M. 

HoMrabilis é* dévote^ exfonitnobifferinWhnus frinceps 2}^- 
mnus Phiuppus Mi^ania é^umusqueSicilia rcx^ Dçminus^ 
Câgnatus^ affinis é* frdUf noficr carijjtmus fer futan in mmU 
noftra refidentem oraurem ^ qmod religiofmm quemdam adlega^ 
verit ^Mi iscafut S. Lautentii ^quodin abbatia tua c$nfervafi 
intiUexit^ fro caritate fna obtinere^ f^ fecum in Hi/j^anias 
trans ferre fêJifet , quandoquidem tam amice quamfrateme nos re^ 
fMiféit ^s Mt CMitasfua p^r intercejfionem.m^rMm dejideratas rc^ 
Hquids eê me lins ^ facilius pbtinere foffit. Qnafrofter tegra* 
tisfime requiro^ ^^ fr^ caritatis fma regia voto é* defiderio arU 
ttUéiS^ quatenms caritas fna in hoc interctSienfs po^ra effe^nm 
Jèntidt. QMod nobis fingnUriter fUcebit. 

'Ad m4ndatum facra Çdf^rç^ 
tnajeftatis. 

JSx duU Sragenfi 
'dieiyOiiobris. J. - B A n k i si us. 

JEPISTOLA RODULFI IMPERATORI^ 

AD AJBATEM G L A D B A C £ N S £^. 

Honordbilis & dévote. Adfetitionem cognaii^ étffinis & 
fiatris no^ri Hi^aniarum régis ^ ratiojfe reliquiarum cafitis 
fanQi Laurentii ^ quod in abbatia tna eonfervatnr ^ te ante^ 
gratiofe requifivimns^ qmatenus Ad^eci^ftem noftrum honorem coe^ 
ritatisfua voto (jf* defiderio étrmuds^ Quandoquidem nosreqnitit 
fer caritatis^fuée regiaminiftrmm dom îrancifco de lAcnàoT^ 
regni Àrragoniée aimirantem , k nobis fetitum , ut fia cantatis 
fua voto é- defiderifi annuM^is. Quafroftergratiofe te requiro ^ut 
jam memoratum cafut S. Lautentii ad\ ffecialem devotioncm 
^fietftçm caritatis fua extendas y^ teinhocita.o^nda^y 



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VOYAGE LITTERAIRE. lU 

• Et non folum caritas fita^fed etiam nos in omni gratia iibié* 
^ mbbatia ina obli^emur. 

Die i^j. Mdttii in aula 
nofira Brage^(i. 

^d mandatum facra C^fafeie 

majeflatiSi 

J. B A K R I S I US. 

'Nous réftâmes trois jours à Gkdbach , fort édifiez de 
la communauté , qui cft compofée au moins de trente-cinq 
religieux fort réguliers. Il y a deux cens ans qu'on n'y rece- 
voit que des nobles , & ils étoient réduits a fept ou huit 
religieux j mais le monaftere ayant été uni à la congréga- 
tion de Bursfeld, îl fûtouvertà tous* ceux qui défîroietit 
fervir Dieu en efprit&en vérité / eonformem'ent à la rè- 
gle de S. Benoift , & au lieu de fept ou huit gentilshommes , 
îans règle & fans pieté , quidiffipoient tout le bien de la 
maifon , il fc vit tout d'un coup rempli d'un grand nombre 
de ferviteurs de Dieu , qui édifioieiit les peuplespar leurs 
exemples ,^ukigeoientles pauvres ^ar4eiirs 'aumônes , & 
attiroient labenedidion du Ciel fur le pays par leurs priè- 
res. L'abbé qui gouverne aujourd'hui eft un homme de mé- 
rite. Il a rebâti toutfon monaftere , &fa mémoire y fera i 
jamais en benediâion. ie jourdefaintPlacidenous dinâ- 
^mcsau-refedôirè avec k cemmunattté , & nous remar- 
quâmes que les religieux qui viennent tard , fe profternent 
à terre tout de leur long. Lorfque l'^wg^/»/ fonne, tous les 
frères fe lèvent , le Prieur dit tout hznt ^nge/as Bt^mini ^ un 
autre Ave ^M'arià-Sc lin troifiéme Dep grattas (jr Maria. La 
ville de 'Gladbach tîft petite , il y a des Calviniftes & des 
Juifs 5 mais le nombre des Catholiques , qui ont pour cure 
. un religieux , eft plus grand. C eft là qu'on fait ces belles 
toiles , qu'on tranfporte dans^toutes les parties de l'Europe, 
& qu'on appelle ordinairement toiles de Hollande, parce 
que lesHollandois viennent les enlever , & en font un trêsw 
grand commerce. 



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111 VOYAGE LITTERAIRE. 

Duflcidorp. Nous partîmes de Gladbach leô.Odobre pourallerii 
. DufTeldorp , ou nous étions bien aife de voir la bibliothe* 
que de L'éleveur Palatin , dont on nous avoir fait grandi 
récit- Nous paflames par Nuflc, petite ville affez jolie,, 
qui n*eft qu'aune lieiie de DufTeldorp. Lorsque nous fûw. 
mes arriva au bord du Rhin , nous le trouvâmes fi agité* 
des vents , qu'aucun batelier n'ofoit le bazarder à le pafler,, , 
fi bien que le Courier fut obligé d*attendre. Unous fallut 
prendre: le. même parti , & nous, demeurâmes là au moins- 
deux, heures. Lèvent s'étanc ua peu appaifé , le bateau quîi 
étoit de l'autre côté de la rivière, pafla charge de monde.. 
torfqu'il fut arrive à notre bord, le courier y entra, & nous, 
avec lui & environ vingt perfonnes j nous voguâmes afler 
teureufementT jufqu'aitmflieu du Rhin. Pour lors il s'éle- 
va un coup de. vent fi furieux, que nous crûmes tous perir^ 
En eflfet ce coup fut fi violent , que nos chevaux en tomber 
rent, &par leur contre-poids remirent le bateau dans fbn 
équilibré, qui fans cette chute auroit tourné. Le refte du- 
pafiTage ne fut pas fans danger^ car les flots en tr oient de 
tout côté dans le bateau j mais comme le vent nous pout- 
foit vers le bord , nous y arrivâmes bien-tôt. Nous rendL. 
mes grâce a Dieu de nous avoir délivré d'un danger, fi c vi^ 
dent ^ & nous dîmes de boa cœur le Te Demm Umdamus^ 

Nous fumes auffi-tôtau palais de Tèledeur Palatin , qut 
fait ojpdinairement fit^ refidenceà Dufleldorp. Nous de- 
mandâmes monfieur Ruchei , confeiller & bibliothequaire 
de fon Altefle Eledorale : mais les gardes nous dirent qu'il 
ne logeoit pas au palais , ils ne purent même nous enfeigncp 
fa maiibn , &nous eûmes affez de peine â la déterrer. Cela, 
nous donna occafion de voir toute ta ville , qui eft grande 
& bien bâtie. U y a. deux places a0èz belles , & la ftatuë dut^ 
defFunt Eleûeur eft au milieu de la principale. Enfin après, 
avoir parcouru toute la ville ,, nous apprîmes que celui que 
nous cherchions demeuroit hors de la ville. Nous trouvât 
mes enfiiji fa maifon , mais nous ne pûmes alors lui parler ,, 
parce qu'il n'y était pas* Le lendemain après avoir dit la. 
meflè chez les pères Cordeliers , nous retournâmes chez 
lui. IlAQu&attendoit avec impatience, & nous témoigna 



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VOYAGE LITTERAIRE. 113 

îbîcn de la joye de nous voir. Il nous montra d*abord fa bi- 
bliothèque qui eftaffezbonn^. Hy a plufieurs manufcrits. 
î^cs principaux font deux anciens textes des évangiles très- 
beaux , dont les commencemens font écrits en lettres d'or • 
le concile de Bafle 5 les lettres d'Yves de Chartres j quel- 
ques ouvrages des Percs j un très-beaumiflel orné de plu- 
sieurs mignatures très -fines , écrit par un CordeUer à Pufa- 
ge d'un evcque d* Arras , quiaétéenfuite archevêque de 
Palct-mejun livre de fecrets, compofé par un moine appelle 
Théophile j un livre de prières en Arabes , fur lequel on lit 
cette infcription. ManudU fntumimperatotis Solymanm Im^ 
ffta Arabica , multis litteris ^ lituris aureis eleganter fcri^tnm^ 
Cêntinens varias freces ex Alcoranno fumtas ^ut^ ^ffiras quaf^ 
dam et fchemata ^ qna mapatn Turcicam olem. 

Captus ifihiclibirinterirnpidimentaSolymanni^cumanno if 19. 
0bfiiio7temy^iennafolveret^ impellente Philifpo comité Palatino^ 
£m acceptumtuUt dnx B avaria^ ex cuJMshbliotheca feculi fe^ 
quentis anno^i. in manus Gufiavi Aàoljî régis Suevia tranfiit. 
Nous y vîmes auffi une ancienne impreffîon de la chronique 
de Tritheme,à la fin de laquelle on lit ce qui fuit : Imprejfum 
^ Cêmplitnm pr^fens chrenicarnm opns anno Domim 1515. in 
^igilia Margarit/e virpnis^ inwMifamofaqueurbe Magun^ 
tina ^ hujus anis imprefforia inventrice frima ^ per Johannem 
Schoiffer , nepotem qnondam honefii viri Jobannis Fuflh , civis 
Moguntini^ memorata artis primarii auBoris^ qui tandem impri^ 
mendi artem proprio ingénia excogitarecœpit armo dominiez na^- 
tivitatis 1450* indifiiênei}. régnante illuftriMmo Romanorum 
imperatore frederico iii.fr^fidenteSan&a Mêguntime fedi re^ 
verendiffimo in Chrifto paire Domina Theoderico pincema de 
Erpû,ch principe eleff are ^ anno autem 145t. perfecit deduxitque 
€amy divina favente gratia^in opus imprimendi^ opéra tamen 
4ic nmltis necejfariis adinventionibus Pétri Schoiffer de Geruf- 
heim miniftrifui ^filiiqneadûpttvi : cui etiamfiliam fuxm chrif^ 
tinam Pufihin pro dignalaborummultorum adinventionum mtt^ 
neraiione nuptui dédit. Retinnerunt autem ht duo pranominati 
Johannes Fufih é* Peirus Schoiffer hanc artem in fecreto ^ om^^ 
nibus minifiris ac familiaribus eorum ^ ne illam quoquo mode 
manifefiarent ^jurejurando afiriïiis ^qua tandem de anno 1462^, 



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îii^ VOYAGE LITTERAIRE. 

fer eofâem familiares in diverfas terrarumfrovmciaS divulga^ • 
ta^^ haudparvum fumfit incrermntum. 

Cum yatia ^ pivilegto Cafaiea majefiaiis yjpffu ér impen^^ 
fis hone/ii Jahannis H^ fil f erg ex Aia majore C^njiantienfiiè 
diacefis. 

Après avoir pafTé environ djcux heures enlabibliothe-:- 
quc de monfieur Buchel, il nous mena à celle de l'Elec- 
teur. .Nous l'examixiâmes à.notre loifîr , fur tout les ma-^ 
nufcrits , parmi Içfqnels nous, trouvâmes une bible traduite- 
en Allemand il yaplusde 300. ans. Cequi£ait voir que» 
c!cft fans fondementqu'oa a avance, que Luther ^toit le 
premier qui en eûç donne une tradudion. Il y a auflî quel- 
ques anciens auteurs^prophanes , qui font d'une antiquité 
refpedable , entre autre un Horace , quelques ouvrages de 
Ciceron , ceux de Bpëce^ de Thenjiftius, de Luidprand, un 
très-beau Vitruve^, un très-beau recueil de lettres origi* 
nales de plufieurs grands honjmes , par:mi lefquelles il y en 
a une de Calvin, Après dîijc monfieur Buchel nous vint 
prendre pour nous faire voir le jardin de TEledeur , & 
nous accompagna jufqu'à Tabbaye de DufTelthal. 
Dp/ÇîkVL , Cette abbaye nouvellement fondçc.eft-de Tordre de Cî- 
teaux, de rpbfervanc^ d?Orval. Monfièujf Dacmen cha- 
noine de la cathédrale de Cologne , charme de la fainte 
conyerf^tix^n 'de .ces religieux , crut ne pouvoir faire un 
meilleur ufage des grands biens que Dieu lui avoir donné , , 
qu'en fondant uneabbayçoùl'pn obfèrvâtlamême iregu- 
larité , perf^adé qu'il ne pouvoit rien faire de plus agréa- 
ble à Dieu, déplus utileà fon ame>&à fa famille; & de ; 
plus édifiant pour le public. Il.leur donna un bien coniîde- 
rable& les établit dansAmelfle fur le Rhin. Maisils n'y 
furent pas long tems , qu'ils s'apperçurent que les inoûda- 
tiens de cette grande rivière rencloient le lieu inhabitable : . 
& la chofe étoitiî fenfible, que le fondateur en convint.^ 
& leur permit de s'établir ailleurs. Le pyinceeledeur Pa- 
latin fut ravi d'avoir.cettc occafîon , de laiflèr à la pofterité 
un monument de fa pieté, & d'attirer par.liJes benedic* 
tiens du ciel fur fon illuftre maifon. Non-feulement il Xqmt 
permiç de Rétablir daas fes états ^ mais il voulut les avoir 

auprès 



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VOYAGE LITTERAIRE. 115 

stupres de lui , leur donnant un grand terrain â un quart 
-de lieuë deDufleldorp^ des terres , des bois ,& de grands 
privilèges. 

Le titre de cette donation eft fi beau & fi édifiant , que 
je ne puis me difpenfer de le raporter ici tout entier ^ 
pour la confolation de ceux qui liront ceci. 

Nos Jêonnes yvilhdmus JDei gratta Cornes Palatinus Rhe^ 
fli^ Sacri Romani Jmferii Anhithefaurarius ^ Eldior^ Sa^- 
varia ^ Jnli/e , Clivia é* Montium Dttx^ Princefs Marfa^^ 
Cornes P^eldenii^y Sfonheimij^Marchia ^. Ravensberga^Domi^ 
niss inRavevJiein é'C. Vniverfis fnefentes litteras infpeEiutis 
falntem ^ gratiam EleHoralem. Cum inter ea , qua aifide^ 
Hum nobis fubditorum regimen pertinent y ad hoc pracifueani* 
mum inhndimus ^ utfacer Religiofornm cœtus in tranquilla fe^ 
curitate Deofidelius digninfque famulari valeat^ fié in Domino 
confidentes ^ qua tenus , quia nosrpfi fumus hujus mundinegotiif 
bellorumque tumultibns continuo imflicati , ffiritualtbus fror 
voto vacare non fojffùmus ,. ijdem fine imfedimento Dominunt 
obfecranies^ Hivinam mifericordiam fedulcf fervitio fuo faci. 
lius nobis reddant fropitiam. Mine fer penfisincormnoàitatibus]^ 
cutis ^ ac moUftiis ^ quibus Religiofi Patres Ordinis Ctfiercien^ 
^s ftriîia obfervantiie ad Infulam Luricenfem^ infra refiden- 
tiam noflram EleBoralem^ nuperper R. D. Dacmen Metro^ 
folitana Ecclefia Colonienfis Canonicum evocati , ob imptovi^ 
fam aquarum ibidem exundantiam inter dum fer fitan inquiet a^ 
ri pojfent } nos eorumdem patrum iranquillitati , quantum cum 
Domino foffumrts , confiilert , omnemque timorem ac damnum 
quod evtnire poffet ^ maturtt remedio pravenire volentes , iif 
éem de alio commodiori ioco , cum defiderio f^ ajfienfiijamdiîil 
Domini Dacmen , cujus fia intentumiper hunt donationcnt 
nonfolum non derogare , verum eidem in bono propofito fùo ad 
adificandutn iiidem Monafitrium^ contra quofcuntque potenti 
manu intendimus â,fftftere^ clernentifftmeprovtdendùyn ejje duxi^ 
mus^ fflvam tulgo dem unter flinger buch uridt Broich^/V/^ 
MontemComitumvutgoGt^ÎQnhtr^fitam\ ad hoc aptumju^ 
dicantes, Quam fyivam igitur cum aiiiiexis pratis é^pafcuis fb 
txierukntom ^ ^^»/^ Zoppenbt^ueli'/MW viamcommunem u£r^ 



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xi6 VOYAGE LITTERAIRE. 

que ad pedem diFH momis in lonfitmiine ,in laHUfdim veroà 
jamdifio fonte transfluvium ï)\xSt[ufque ad f raid Von De- 
rendorâF^ cisflwuium ante villas Spech nuncufatas ^ indeéjuc 
mrfus ufqne ad f idem frataBi mentis , peut dénotant frota^ 
collum defuper faBum é" plantati lapides feu termini ^ qui^ 
eus pet Cêvtmffaries ne^s ea circttmfcribi curavimus. Item 
jam tafias binas villas illas Speck hondiffas ac terras earum^ 
dem condiyto fretio cum fupradiiia Jylva praviè nobis eonu 
faratas ^ infuper (^ alteram memerati fluvii ripam ante hae 
ad pharmacopaum Zebalii aliofqnc refpeBive fpeîianternyfci^ 
licet ix parte terrarum arabilium k ponte Zoppenbruch uf^ 
que ad eafdemhas villas una cum via ^per quam allas yre^ 
ges pecorum ex civitate nofira Dujfellanâ in JylvampradicJ 
tam duBifunt^ ineipiendo extra^ çm^ciforth pofivirgamjacu* 
latoriam vulgo di^ Scldcthatht diflam ^ fupra dlBis patribui 
eeterme retributionis intuitu prafentium ténor e clententiffhne li^ 
bera conferimus acdonamus ^ cum omnibus eorumafpertlnentiis^ 
jnribus , privilegiis , reditibus ^ proventibus ac emolumentis , ad 
effeBum ut ibidem Abbatiam juxta prlm^evum inJUtutumeri^ 
gère , monafierium fuum ^ efclefiam ac reliquas offiçinas per 
fiatuta vel regulam prafiriptas , etiam moUndinum , ad pro^ 
prium tamen ufum tantum^ exftruere , ac Fratres inibl numéro 
ac pietate crefcentes \ remotis omnibus turbationis ob^acuUs , 
foli Deo , cujus obfequia féliciter fe devoveruut ^in folitudlne ^ 
filentio ac pœnitentia fpiritu fecundum profeQSonem fuam de* 
fervire ^ac facras hofiias pro noftra fît dileïiiOima nofira do^ 
tnirue cortfouis Anrue Mariée Zudovica Magnai DucijféO 
Jàtruria , ac totius EleHoralis Dmms incolumitate y pradecef^ 
forumque ac fuccejforum f^ftrorum falute jugiter immolare pof^ 
^nt acteneantur: déclarantes ^ prafentium ténor e iridislgen^ 
tes ) quatenus illnd novum monafierium illiufque fuperior ac 
familia libère frui & gaudere po^p aç debeant immunitatibus^ 
oxemptionibus , Itbertatibus , juribus , privilegiis ae facultatif 
bus quibufcumque ^ quibus alii ejufdem Ordinis é" inftitutifu* 
periofes^ religiofi ^ monafteria gaudere diff^ofcuntur ^ eximen^ 
tes ideo délibérantes locum^ perfonas^ nec non animalia ad fu-^ 
pra diflûs patres fpeïlantia ^ hifce in perpetuum ab omni quo* 
rumcumque faculari jurifdiHiorte , feryitio aut qnocumque aliê 



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VOYAGE LITTERAIRE. 117 

0nepe ^fjtavamine vel taxa imfofitk aut imfonendà. Jnfuper^ 
boiM eorum ad fropriam confumptienem (^ mater ialia ad adU 
fcatimêM vel reparationem monafterii , icclejï^e yannexomm. 
fue pertinente ^ pet àquam ^ terram ducenda fub jurifdtc^ 
tione no^rk ah omni ielonii , pedagii aut cujufcumque alterius 
titulati cneris exaiihne , ita tamen ^ut pûft viginti ann^shanc 
exaSiionum immnnitatem reprodncere ac rénovât e teneantur. Et 
quoniam eofdem patres in fpecialem ferenitatis nofira Eleiio* 
ralis proteÙicnem ab hinc fufcipere plaettit y volumus qttoqut 
fpeeialibus eos gratiis ^ favoribns tlementiffîme prefequi^con-^ 
^cedentes ut quedcumque pradium ^ terra , pfata , fylva , vi- 
nea , aut aliud quodcuntque banum illis frnrit in eleemojinam 
datum^ aut aliisju^is modis c^mparatum^ ab onmi onere ^cui 
antea fêrfitan /ubfeffum fuit { exceptis détint is ) liberum fit ^ 
immune , eo ipfo quoip forum effe eœperit ^ ufque dum quinqua^ 
gintareligiofi ex reditibus eorum b^norum acquijttorum honejfà 
fuft intari valeant , perfonamper afinum eomphtando ad 50 im^ 
feriales ^ quod ipfum fubfetna reftitutionis frivilepi hujus 
percepti nobis & nofiris fuccefforibns quam primum aenuntiom 
re tenebuntur. Denique iis gratiofiffhnà c&medentes ^ut per fu^ 
pra donatum territorium ^ rivuU Dui&l tam ad faciendum 
molendinum ficut prataHum eft ^ quam ad p&ntem exjiruen^ 
dum^ aliafque necejfitates^ uti pofint ^ é* ff^g^tm ovilem im 
pradia fuburbana /tquè ac in^lvam vuigo Stap difiam paf^ 
eendum mittere ac tenere juxta morem aîiorum qui eodemjure 
vel privilegio gaudent y/âlvp niminm cujufcumque parjndU 
cio : de cémentes ut nûlti ornnino hûmtnumfas ^ fupradi&H 
Patres vel fucceffores eorum ^ fuper hac libéra dofutticneac ref^ 
peEiivê exemption e perturbate ^ bma^poffeSknes eorum quafi 
cumque onerare feu auferre vel ablata injufie detinere , aui^ 
quibufkbet temtrariis vexationibus fatigare Jed omnia iifdenê 
eorumque fuccejforibus intégra (^illabata conferventur ^ u^bus- 
eorum profutur a. Si quis autem huitnofira donationi aut confm 
titutioni temere contraire pr/efumpferif , indignationem no^ram* 
'^ fuccefforum nofhorum (quorum confcientia nos hac execum. 
fioni exaBifUma tnjungimus y (^ coram Judice fupremo de Ht 
refpondere debeant )qraviter fe noverit incurfurum ^ acpro tan^ 
ta tçmeritatii excem fevinfimam é* irremit^bilempœnamatu 



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m8 . VOYAGE LITTERAIRE. 
bhrariamfubiturmm. Vt antem pro gUria Dii^Ecclefiaétdi: 
ficdtione^^Fratrum falute ûptime ibidem infiitutéidifcifUnd 
ferpttnus tempêribus vigen pofiit ac valent , velumus harmm 
fetie , & nebis dr fi^cce/Joribus noftns expteffe refervamus , mt in 
neviter etigendo monafterio fimplicitoj é* paupertds , ac Re^ 
gula SanHi Benedifii invielabiliter fervetur^fecundum illam 
Ordinis formam^ quamprimavi PP. Ciftercienfes primo Ordi-* 
nis feculo U$UabiUtefJn^ifuemnt ^ Uudabilius praBicamnt^ 
(jr Fratres fupradifii tMilUinfrU modo praSicanf ^ de qua 
date tenebuntur nobis ^ regimini nofiro ^uti huit DkfJeldoTr^ 
fienfi ^enodochio ^mnicuiqne fcriptmmexemplar ad affervan^ 
dum in fiêfiraprivatàtamtegiminis nofiriCancellaria^ uti é'ii^ 
hpc Dujfeldofpienfi ^enodochio. Quodfihujufmedi Fratresper 
fragiliiatem ant faténue fuMfftiênem (quod abfit) litteralem 
tegnU fiue fenfiriSiam obfrvantiam relaxare é* profefiionem 
fuam negUgore contfgerit^ ac fr^viis monitionibus caifonicis\ 
de jure & ab Ordine reqmfiii^ non refipuerint^ morefqme fuos 
non correxerint^ (^ adfrioum mfum ad litteram nobis é' ^^^ 
gimini nofiro, nfi é^ hnic DMffeldorpienfino0rê JÇenodochio , co^ 
fialiter traditi inftituti non ipfe fdBo redmxerinti tam fupe^ 
rior quam Céttetf mona^bi diBi m^nafietii per diverfa purfûJ 
fis feu f$pfadiBa prions ôbfervMtiat monafferia difpefgantnr^- 

raranmrqme ^ advoconinr ad diffnm menafierium ^ fi mlli* 
locorum sTiperiri poj^ni religiofi ejufdem ordinis^ qmprinuer 
vam obfervantiam feu prim^evum infiitntum fine uUa contra^ 
diBione profiteantur. ^Qjnd fi autem po^ fatfant diligentiam 
mecefiariam iales non ampUus reperiantur ^ tune bonaqu^rcum^ 
que ptadi^l ntPiafiejli tam mobili^ quam immobilia ^ene^ 
dochiohuic Bufftldotpienfi fine conttadiïiione applicemur ^fer^ 
VatÀ annui penfione pro aifperfis illius monafierii quamdin 
vivunt. Ne autem oorum fuccefiores hujus no fit ^ difpofitionis 
iffiorantiam frivole aUeg4re po^nt ^ volmnus quoqne ^ hifce 
mandamus ^ ut hoc decretum \é* iUe yit^ modus , qpem fape me^ 
mofdti fratres , dnm Junt nnmtff duodecim ( prout juxta fia^ 
tuta ejje debent ) fervare tenfnttfr^ reguU in capitule legi fo^ 
Uf^ anneïlatuT^ nobifque& regimini noftro^ ^tum etian^ hujuf 
jDuJfeldorpienfis JTenodochii proviforibus inira annum ejufmodi 
fàpia tra4étiur\ad vigilemfemper eçukn$ defuper habend^m^^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. ii. 

In quorum omnium ^ fingulorum fidem fra fentes manu frofrtk 
fufcfipfimus &figiUo noftro EleBorali cémmuniri fecimus. Da^ 
M Dujieliorfii die frima menfis Auguftianno ijoj. 

JOHANNES VVILHELMU5 Elcâor. 

(L. S.) 

f^iditB. De GiSE. 

Voilà peut- être la plus belle adion que ce Prince aie 
jamais faite en fa vie , & qui rendra fon nom recommat^ 
ilable à la pofterité. Mais tandis que le pieux Eleékeur 
ëternifoit fa mémoire y le Sieur Dacmen ternit la fien- 
iieparla revocation qu*il fit de fa fondation, foitpar une 
Hiconftance naturelle, foit par le conièil de quelques in- 
dignesDirc6teurs,prétendant que les religieux ayant aban^ 
donné llfle inhabitable oùil lesavoit établi,ilétoit en droic 
de reprendre tojxt ce qu'il leur avoit donné. Mais l' Ade de 
la fondation & de fon confentement i ia tranflation du 
Monaftere,étoient faites en trop bonne forme pour pou^ 
vcHr en revenir. Cependant ces faints Religieux pour le 
bien de la paix , lui remirent volontairement une bon> 
ne partie de fa donation , ce qui le rendit indigne du 
£:cours de leurs fiiârages, qui étant mis dans la balance 
avec fes biens , Tauroient lans doute emporté de beau* 
coup. Il avoit mis dans les greniers du Ciel fon or & fon 
urgent. Ils étoient à Tabri des voleurs , en lieu de feo- 
reté,&Diea les lui auroit confervé avec ufure danstou- 
te réternité. Il a eu la foiblefTc de les retirer , il a per* 
du le mérite d^une fî bonne œuvre. 

No.u« eûmes une joye nonpareille de voir ces Anees^ 
du defert : nous remarquâmes en eux des véritables dif. 
ciples de S. Bernard , Se dans leurs édifices une image par- 
faite du premier monaflere de Clairvaux. L'efprit de 
càarité qui les anime tous , cette mortification extrême 
dont ils font profeflîon , cette grande pauvreté qui fait 
^oute^ leur^s ricHefIcs ^ £c cette fimplicité qui règne dans 



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%io VOYAGE LITTERAIRE. 

tout ce qui paroît chez eux, les rend xefpeaablcs à tous 
les gens de bien, & même aux libertins. Il n'y apasjull 
qu*aux ProteAans qui n'admirent leurs vertus. Ils dilent 
hautement , que fi tous les Religieux avoîent été comme 
eux , il s n'auroient jamais penfé aie reformer. Ils me mi- 
rent dans une chambre ou ils avoient logé un Evcque. 
Elle ctoit petite à la verité,& je touchois prefque le placher 
avec la main : on peut juger durefte j mais je n'aurois pas 
voulu la changer arec le palais du Prince. Leur Eglife 
cft auflî fort petite & fort bafle , de fimples bancs leur 
ièryent de chaires du choeur. & leurs livres de chant font 
fir de pauvrç9 pupitres. Ils font toujours debout à l'o£EU 
C€^ la tête nue, hc les yeux entièrement fermez , fi ce 
n'eft qu'ils les ouvrent pour lire ce qu'ils ont à chanter^ 
leur- raodeftie eft angeliquie. Nous aififtâmes le Diman* 
che à leur grande meile , & nous remarquâmes que le 
diacide & le foâdi^cre le lavèrent les mains après Tof* 
fertwre , que le foôdiacre foûtint la patène avec le voi-. 
U du calice^ que les Religieux non prêtres, après s'être 
doon^ la( paix y communièrent au coin dé l'autel , iê &r^ 
vant de la na^pe même qui le couvre nour communier^^ 
qja^'ils paflèrent enfuite derrière l'àutef pour aller rece- 
VQÎT l'ablution à- l'autre coin , que tous les ornemens ë- 
tokitfi fans or, ians argent ,^ fans foye. Leurs lits font au 
milieu de leuf dprtoir^divi&z les uns des autres par une- 
ièpararion. Us ëeoient au moins vingt Religieux de choeur,, 
fans parier des Frères convers & des novices. Parmi les 
Religieux de choeur ils avoient un abbé Benediâin,hom» 
me de même, & coofideré daxxs fon Ordre, qui a foulé 
aux pieds iâ. dienité abbatiale , pour embrafler l'humble 
état de fimple religieux de Duflelthal,où il fait aujourd'hui 
l'office de cellerier. II y avoit aufC un Chanoine régulier 
de RoLduc , âgé de foirante & dix ans , qui après s'être 
oppofié* de touaes jfes focées à la reforme de ibn mon^ere „ 
V9At ettihrajSer. la plus rigoure^fe qu'on puiife s'imaginer^ 
Nous paflames le Bûnanche^âDunelthal avec beaucoup^ 
de confblatioa , charmez de la charité & de la fainteté. 
dbe ce^ pieux Religieux, fur tout de l'Abbé, qui ànôt;r6: 



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VOYAGE LITTERAIRE. ijt 

départ nous donna un homme pour noiu conduire à Ver^ 
den. 

L'Abbaye de Vcrden eft dan5 le diocefe d£ Mwftcr ^ iftti^n: 
fur le bord de la rivière de Rure , environnée de tous 
cotez de bois & de montagnes j elle fut fondée vers Tan 
796 par faint Ludger premier evêque.de Munfter , qui 
la cnoifît pour le lieu de fa retraite durant fa vie , &. 
pour celui de fa fepulture après fa mort. Lorfque nous 
y arrivâmes, Tabbé qui ctoit un homme de mérite , & pre- 
Adent de la Congrégation de Burfefeld , étoit malade ^ 
c'eft pourquoi nous ne pûmes lui parler ^ mais il donna des 
ordres fi précis, que tout nous fut communiqué. Nous vî- 
mes la biolioteque , qui eft une des meilleures qu'il y aie 
dans le païs.Il y aolufieurs manufcrits.Les principaux font 
une ancienne colledion de Canons , écrite il y a plus 
de 800 ans. Nous croyons que c*eft celle de Denys le 
Petit , dont le pape Hadrien L fit prefent a l'empereur 
Charlemagne après l'avoir augmentée de plufieurs let- 
tres & décrets de Ces predecefleurs. On y voit à la tête 
un éloge de cet Empereur en vers acroftiches , dont les 
premières lettres forment ce titre , Domino excell.fiUo Ca^ 
fulo Hadrianus papa. C'eft l'epître dedicatoirc qu'Haï 
drien I. a mife au commencement de cet Ouvrage , i 
la place de celle de Denys le Petit, adreffée à Eftienne 
cveque de Salone. Charlemagne ayant apporté cette 
coUedion en France , on en fit un grand nombre de co- 
pies en très-peu de tems : mais il fe trouve peu de ma- 
nufcrits comme celui dont nous parlons ici , qui contien- 
nent Tepître dedicatoire. On la voit encore dans un an- 
cien manufcrit de la Bibliothèque de S. Germain des 
Prez, d'où le fçavantP. Sirmond Ta fait paffer dans foti 
édition des Conciles tome II. pag. 118 , ce qui nous dif- 

J>enfe de la rapporter ici II y a aulfi une ancienne col- 
eûion de Conciles, l'Hiftoire de Jofeph, plufieurs Ou- 
vrages des Pères ^ les Homélies de Smaragde fur les 
évangiles , & fur les epîtres de S.Paul Un ancien Pon- 
tificat de plus de 600 ans ^ où il y a àts rites très-iin* 
juliers , de très-anciens textes des Evangiles : mais ceux 



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iji VOYAGE LITTERAIRE, 

que f cftime le plus font le texte des évangiles écrit de 
la propre main de S. Ludger , & celui des epîtres de S. 
Paul , écrit de celle de S. Hitdcgrin evêque d^Halber- 
ftade , avec les homélies de S. Grégoire , écrites par le 
même Saint , lorfqu'il n'étoit encore que diacre , à lai 
tête desquels on lit les vers fuivans. 



Bn iiti perpetna eupiens infunden vitét 
Gamdid ^ leffûr prudens^ ne frducMtis ai ifiîu 
Omnid ifta voUni y^firuémtnt m 4ethere ilU^ 
Folia confcripf héec paupetum mfibns afta ^ 
JSxemflû ^Mét effe hnis, per f^cula opto^ 
Zurnina perpetu/e jamjam effundire Incis ^ 
Vifibusui fùmmis fallentia fugert di fiant ^ 
Vaftaque fumigerée vincani incendia flamme , 
jingelicêfqne augert choros , perqne éethera poj/int 
Zaudibns sternum gaudenus ftandeu limen ^ 
JDulcia p0fi pnefenS' funuuri mnnera faclum. 

• Les vers qui fui vent ne- font pas du même auteur ,. 
ni de la même main , quoiqu'ils foient fort anciens. 

CregûriMsmaffTi fublimia diRa propheta 

DifcMtiÈj athereas doUus adiré viaf 
Captivofqme feris revecat Sahylonis ab undis 

Qjêo patrinm Sofyma Carmen inarce fonent. 

ALII VERSUS 
Gregêrius^ ielficœlefiiavifa prophétie 

ExpUnat y calUs gnams adiré poli. 
£n aliam ingredtens Sion in coUibus urbem 

Aurea muliifidos pandiê ad aftta gradns. 

A là( fin du volume on lit ce qui fuit. 

JExpliàuni homilia fanBi Gregctii pap/c nrbis Rornsejuper 
f.9içhiel Prspheta^numero duodeitm^ f»4S ego Hildigrimus 

Xndignus 



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VOYAGE XITTERAHE. zjj 

JindignMS iidconns fcrihere cenavi , ad utilitatem mnltorum j 
anxtliànti Dominû nûjfro Jesu Chkisto , ad finem nfque 
€omple%4. Bonum ûfusfi^bis involuntaîefit^kBto auttmerit 
m fetfcBione. 

11 y a deux eglires d Verden , une pb« petite , qu'on 
«prétend. avoir été bâtie par S* Ludger^ mais qui nenou« 
^^aroit pas d^une fl grande antiauitc , Se une, plus Si^an* 
xie 9 qui efl plus ancienne que l'autre , in qui n'eft pas 
'éloignée du tems de S. Ludger. Le dernier Âbbé y aiait . 
beaucoup d'ornemens, qui lui donnent un air de nou« 
'veauté. Ce ri'eft par tout que dorures, depuis le basjur. 
rqu'au haut de la voûte« L'orgue efl: magnifique ^l'arcld- 
.ted^ure très-riclie 8c très.belje , la lampe eft la^plus grofle 
«que j'aye jamais vûë , mais .avec i:out cela j'ëftime en« 
core plus le<:alice de S.Ludger , quoiqu'il ne foit que, 
de bronze doré ^ 6c qii'il foit très-petit^ mais celui qui 
s'en fervoit itpit un evêque tout d'or;, fctrès-erandpaç 
?fcs vertus^ & fur tout par fon ardente charité. Le ré- 
vérend pereLudger Gebhardts^ religieux dumonaftare^ 
4&^d'un mérite très-difldngué , qiii fçait l'hebreu j&l la 
^inture en perfeâion , rarchiteâure & les mathemati- 
>ques , fans jamais avoir eu 4e maîtres , mais qui furpafle 
•encore ks grands talens par fon humilité , eut la bont!S 
de le deflîner avecaCoutes iès dimenfîoas ^ comme on le 
vpitici 



«s 



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VOYAGE LITTERAIRE. ï35 

'Le Saint fut enterre dans la criptedereglifè» où l'on 

'Voit encoreibn tombeau, Sôû c<yh^ eft aujourd'hui a,a 

i^and autel dans une .grande chaile^ qu'on découvre les 

jours de grandes fêtes. XDutrè le tonneau de faine Lud- 

ger , on voit encore dans la même cri{>te les tombeaux 

■de quatreiaints evèques , fçavoir , de S. Hildegrin;, ht* 

Te de S. Ludger , & premier evèque d'Halbentad ; du 

S. Geofroi , ^cond ^vêque de Munfter , & neveu de S. 

Ludger & de S. Hildeerin , de S. Thidgrin , ou Tbiad- 

,grin , aufC neveu desnStttes ^siincs , 6c evêque d'rïalbt^£< 

'Cad, & du fi. Al&idus evêque de Miii^r, qui ai écrie 

là vie de faint Ludger» dont iiiUvdit été on des princi* 

paux difciplec On ne ibra |>as ^bé <k toir ici le«t; 

«piti^hes. 

l EP ITÀPHE DE S. HlLBEGiLîN. 

fMlHtredetimisnfiUoêicamttMlendis^ 

Hildef^nmsmmlo tlkmiiiwr/tpfafitWt 
^rster Mgeri^ cȑpifi*fm Mqm kesti^ 

EPITAPHE DU B. GÉOJBf PX 

Çi^mafudl>cmiiutmf»rt€viff*7ntrittm 
Itks Sefttmhis firfthit Mit» tmiiis^ 
Defotum mi^ém friik 4orf«rtém, 

EPITAPHE DU B; THIDGRIN. 

^4cr€cuiémtf»£aThiigrimip'itfitks !oga^ 

IJUms in Ftimi ^i tbit aj^tui Chr^t^ 
Pr9mmtûiViféegaùdi*f«tff^ML 



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lié VOYAGE LITTEKArRE:, 

EPITAPHEDU B;ALTFRIBî. 

jlflffiidws iumulnmfr^e/ujfiiiwndfcat i^nm^ 

Pneunu créât ori dans , cineumcincri. 
Qbiit in decimis Maiifaur ifte talndis ,^ 

Çupt^ nos. ficris ffoti^muT mniUs.^ 



Oiî nous fit roii- encore i Verdèn un fccptre de Pèmpe-. 
ncur Charleniâgne, compofé de plufieurs fortes de pierres, , 
fur lequel on faiciaire le ferment aux valTauxdu monaftere. 
Après âwir ftjourné deux ou. trois jours à Verden, nous 
coniptions aller à Cologne , mais quelques Religieux jt»us' 
jperfuaderept d'avancer dans la Vvéftphalie ^Scde poufl.^ 
ier jufqu'à Corviéf . Quoique nous fuflions bien avancez, 
dans Taiitônuie^ qui ne nous promettoitpkis qu'un tems, 
fort incommode à dc^ voyageurs, le deltr que nous a^. 
vions de voir Gorv^,ui>e des plus illuftres abbayes d'Alle->- 
nuiçne^nous détermina aifement à partir. Nous prîmes con- 
gé de nos cliers confrères, qui nous avoienc témoigné beau-r 
coup d'anûtié.5 &* comme nous montions ii:heviil; i'ab^ 
bé tout malade. qWil et oit , voulut encore nous donner 
des marques de fon bon cœur. Car il nous envoya par 
fon Spûprieur deux groiles pièces 4'areent, nou^priant 
de les recevoir comme une marque de ion amitié. Nous^ 
jxe. fçavions ce que c'ctoic smais le Spûprieur nousayanr 



dit: avec enapreûement , fum^ntimijinatd ^ novLS crûmes 

3ue cfétQÎt de; médailles , & nous les reçûmes avec bien- 
e la reconnoiâance# Mai$ lorfquei nous fûmes un peu 



avancez , on nous dit que c'étoic deux* pièces de mon- 
noyé de JBronfvvic , qui pouvoient valoir deux ecus^de - 
France j alors nous prtmes là refolution-, lorfque nous fe. . 
rions de retour de lui envoyer dcsJlivres pour cette fom- 
me, ce que nous fifiwes^aioffi-tôt que nous fumes arrivez^ 
en France. Mais la mort qui enleva le bon abbé fur la . 
£n du mois de Décembre, nous priva aufli de laconfb- 
la.tipnd'appreadre qu'il ksaroit reçus. Après trois jt>ua\^ 



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VOYAGE tItrEIl.AIRË. x'Sf 

demarthe, nous arrivâmes le 15 d*Oftobre à Liefborne, tic»boriir^ 
qui eftf à une lieue de Lipftadt petite ville affez belle. 
Le même jour Tabbé ëtoit'allë i Munfter , pour exa^ 
miner une DemoifeUe qui devoit prendre Thabic de re- 
ligieufedansunnïonafterede nôtre Ordre. M^s le Prieur 
& tous» les religieux nous témoignèrent toute Tàmitic 
poffible. Nous vîmes le^ maiiufcrits , dont les principaux 
font une très-belle bible en deux volumes. Su Auguftin^ 
de la^ dté de Dieu , & plufieurs autres ouvrages des Pe- 
x^^ de rEglifè , fur tt>ut d'Origerie , de S. Ambroife, de^ 
& Jérôme , & de S. Grégoire. Nous y- trôuvâmesauffi' 
quelques'ouv rages de ràbbcTritheme, & un ancien ca-- 
t-alogue des livres dumonajftere, écrit l'an 1225, daHs le- 
quel il eft fait mention d'une lettre de Pjerre Abaillard' 
à 3* Bernard , qui ne ie trouve plus aujpurd'liui dans la bi-~ 
bliotheque. On dit que Bernard Veith pf ieur de Liefbor- 
ne a écrit une excellente biftoire des troubles de Luther^, 
dans laquelle onrpuifé tfDus ceux qui depuis ont écrit fur 
cette -matière- Nous ne pûmes la voir , pajfce qu'elle étoîr 
t - dans l'appartement de l'abbé. 

g^ Selon la tradition du monaftere , Charlemagne^enfut le* 

St ^ premier fondateur ,& il le bâtit-d'àbord pour-des fflfes^n fa- 
gj vcur de fa-fiteur , qui en fUt là première abbeflê- Mais ayant* 

©té brûlé en 1 13 1, un evêque de Munfter y mit des moinéif^ 
en leur place. L 'Eglîfè eft confier ée fous l'invocation de S.^ 
Shneon , qui reçut le Sauveur au TêmpIè , dont ife ont un > 
bras , &H des SS. Cofme ficDamien ^ don^ ih ont auffi queL 
ques reliques.Nous affiftâmcsledimânthéàl'ofEcej&nou^* 
Remarquâmes qu'à là proceffibn on chanta les litanies de U 
Vierge en l'honneur de nôtfe^Dame deMont- Carm^l^dont 
en porta l'image à la proceilîon. On y porlâàuffile faint 
Sacrement , qui futrtxpoA^ durant la mefle -, & on- donna? 
trois fois la benediébon. Piremieremênt^n^ l'éxpofanti fc- • 
condement aprçs^ laptfoCeflîoh, & enfin iaj^rès la mefle. 

Le 4 7 d'Odobre nous partSmes^de L^fbornfe,pour aller à yr^ ^^w 
Marienfeld , en latin Campus Mari^^ la plus riche & la plus 
iUuftre abbaye qui foit dans la Vveftphalie , après celle de 
Q>rvée. £Ile eftfituée dans une grande folitudeàdoùzt^ 



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n^ T'OYAGE LITTERAIRE- 

ilieucs de Munfter, de Paderborne & d'Ofnabruch. Le ter- 
.raiftyefttrès-aride, & on y cueille une efpece de grain ^ 
,dont le pain eft noir comme du charbon , & prefque pefant 
,comme de la pierre, .On dit çjqe Lypfe en ayant vu ^ sfécria: 
.0 qnalis tegio ^inquM h^mines c^gmntMf nomcdere urram. On 
;rappellerCommunemeot dm k0nf0urmc , nom qui lui eft ref- 
vtéarocçaûon d'un François, qui appclloitibn cheval Ni. 
.colas > & qui s'ëtant vu fervir de ce pain en eut horreur , & 
•s'écria qu'il ctoit bon pour Nie encore ne^fçai.je fi les 
.chevaux en voudroient manger. J[l eft bien certain au'ea 
.l^rance aucun païTan pour pauvre' qu'il ibit n'en voudroit 
pas. Cependant pluiieurs perfonnesejti font là leurs délice^, 
'^ i ce qu'on dit^ entre autres le roi derPru^e, Herman evè- 
que de Munfter., qui avoit;étéreligieux de l'Ordre de Cî- 
:teaux ^ fomda^cette j^bbaye pour des religieux du même or. 
^eranii90^<iclachoi(k pour^e lieu defa fepulture. On 
voit fon tonil>eau ^u milieu du'âmâuaire. Jl y a à. coté cie 
f autel comme une pyramide , oà je crois qu'on mettent 
^ , autrefois < le iàint Sacrement. L'Eglife eft belle ^ & t^ouc le 
Imonaftere rjCnouveHié. Et quoiqu'il foit aflez beau ^ il refte 
.cependant un coté de l'ancien cloître ^ qui fait re^etter 
;les premiers édifices. Nous de^and^es à voir laXiblio* 
/teque ^ mais comme on batiiZbit ^oq nous repondit que les 
livres étoient répandus dans toutes les chambres des re- 
ligieux , 4& qu'il n'y avoit point de maaufcrits. 
ft/txtûMnt. ALaii nous nrinaes la route de Paterborae ^où nous^tf*^ 
^ rivâmesile 1 9 a'Qékobre^f)^ les neuf heures du macin.Nou9 

>Bou& ètioos formé une crandjc idée de cette ville ^ mais 
.nous fibres très.^rpris de n'y-crouverque é^s maiibns cbs 
.>ois , 8c des rues dont plusieurs ne font pas pavées. Outre; 
la Cathédrale^ ilnty a dans la ville que l'abbaye d'Ab- 
dinghpff) la collégiale de Bui^off^ des Ji^fiiites, des .CaJ 
jmcitsts ) 3c de^.religieux dei'Obfervancé de fâint François' 
avec une ai>baye de Benediâines. La Cathédrale e^ n^u 
gntfique^^l yavii^gt-quatre Çhanoiiie;s capitulans^ , qui 
^doivent fiiûrè preuve de nobiejflè. Ils ne portent au choeur 
.que le furplis lur leur foucane. L'Eglife cligrande&d*uiip 
^t^elie largeur , ksjcoU^stcer^ux fow auiïi jéleve^ que 1* 



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VarAGE riTTERAI'KÊ: ^* 

JiEfte de U nef où il y a des chapelles très ornées. Le 
elMçur qui eft élevé lur une crypte, eft magnifique. Oa- 
y voit les tombeaux desevêquesdelamaiiondeEurftem 
berg, qui>nt,très-beau3^. Celui de Théodore, de Furf 
temberg qui s'élève jufqu'à la voûte, eft d'un travail im 
meule. Qn remarque par tout des momimens de la pieté-; 
de. ces evcques. On nous montra dans la facriftié une- 
grande croix d'argent haute de fix ou fept pieds fixchan 
Sehers de mêmeSK^tail, quirepondenfà^la^^^^^^^^ 

beaux buftcs auffidWnt,pùW renfermez' iScheX' 
de S Liboireevêquc du Mans, patron de la Cathedral^^^^ 
atdeS. Menulfc diacre , qui apprtadu Mans ie corps de 
ce ^ j ce ront d« dons dupieux & fçavant evôqui Fer 
dinand de Furftembem , audbien que le devantïautel 
r.f ^'F°'"*^/ d'un t,ès.gr2nd travail. No^v:: 
mes auffi des vers gravez^ fur une lame d'argent qu'il al 

i^^ircomDofécnformcdepriereenl'honneiJdVsïiboî 
15. BOUT lui demander d»étre delirré des doukuï^l^^t. 
Bicrre j car il étoirauffi bon poète qu'il étoit bo^ hi^i 
nen. Nous Im femmes rcde.^lts l livrai ^pot^ 

ttc ;»/«r.«^.^/>^^«,^^..GnnoasmonlraaEa^^ 
h facnftie une lîgore de S. Anne d'or maffif dcWe ^ 

«efois par Imadusev^ue de. Paderborne , ^euTctlic^;: 
dor, &un d'argent, qu'on dit avoir fer^i Jb co^fl 
l^mpereur Gharlemagne , dont la forme con^i^rai; 
anciens calices On nous montra encore un coffiedW 
gent plein de faintesxeliq«e5,aii milieu duqud^vau^:- 

gerreprecieufe.OnIe porte^chezles chancres loJfS! 
fcnt malades, & cuand ils ontrecouvrée k1;i?n,fc 
«portent eux. mimes 41>éçlife , mais s'ils Sent f 
«ouiir, on le porte devant leur corps i leurs S^l 
k croîs que c'eft m» ancien autel pJtatif % tX. 
é£oit la meFe aux chanoine* malSdes , & oSls Xoo " 
•went eux-mêmes lorfqu'ils étoient gûen's. >ne KL 
eubher quele coiçs de y.Uboireevêque5uM;^^cft 
*Ui$ «ne grande cWe d'argent. OnlSia^ibue^l.n 
fervatibn delà religion cathliîque^rpSo^^^^^ 



^%*y 



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-140 TOYAGE XITTE-RAIUE. ' 

Ycchc de Paderborne , fous les mêmes condiriom qif on 
leur avoit accordé celui d^Ofnabruch, les chanoines fuf- 
plierencle Roitrès^hretien d'être protedeur d'une eglL- 
le qui avpic pour j^atron un Saint de France , ce que le 
Roi leur accorda. La ville .écoit déjatoute pervertie , au* 
jourd'hui il n*y a pas un feul hérétique. On enterre tous 
les chanoipçs dans le cloître^ où ils ont de fuperbes epi- 
caphes. 
AHUVithoff L!Abbaye d'Abdinghoff doit (on origine au bien-heu. 
reux Meinverc évoque dePaderbomc, qui revenant dç 
Rome avec Tempereur S.Henri^&pafTantpar Cluny^ a^ 
mena douze rpligieux de ce ^nonaftere , que l'abbé S^ 
Odiion lui accorda. Il leur bâtit & fonda un xelebre mo^ 
naftere., qui dependoit encor/e de Cluny^ily^ttroiscem 
ans y éc le choi^t pour le lieu de fa (epulture. On voit en- 
core dans la crypre foutèrraine .l'endroitxiù il fut inhu* 
.mé. Il y çft rcfté pendant plufieurs fiecles y£c ce a*eft qu'en 
137 e que Tabbé Conrad ^e cr^uisfera au milieu <du«chœur^ 
dû il eil: aujourd'hui dans un tombeau élevé. ^Ondui trou^ 
•va fa crofie de boi^ , & la chafubli? avec laquelle il fut en* 
terré ^ fans aucun veftige de corruption , & encore apjoutu 
d'hui çlle fert à lamefle le jour de la mort du S. £vêquc;« 
Voici quatre yçts qu'on a fait pour en conferverja ,mj^ 
jmoire. ^ 



V'eficm qnam cemis é'pifens Cêntinet é$Mé$. 

Miinverci eftegii fréefmlis iffafidt. 
Vinoàis Vit ires C. ter. x(qme loqnrnntnr 

AmUs hiclatpit cjerfm ^ ifféifimml, 

Depuis qtfil aététir^ du lieu de(a^reœiere ^ultis: 
re, on n'a point voulu reparer l'enc^roit ^>fin. qu'il fiât 
plus coni^u. 

Lorfque le faint Çyêque fonda cettp abbaye ^ il eut 
foin qu'elle ne n[ianquât de rien , principalement en <^ 
qui regaxdoit le culte de Dieu. .On .trouve à la fin d'wn 
^ anden 



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VOYAGE Lirf ER'AIRE. r^ 

ancien texte des évangiles , Tinventairc de ce qu'il don^ 
im à la facriftie. Je le rapporterai ici pour Pinftruâion' des 
kdeurs, &j'y joindrai un \autfe invfcntaire fait' du tems 
de Gombert quatrième abbé d'AbdinghofF. 

^ Jfit'eji ihefauTMt qutm fràter Andréas , tonfiptante epiftofo 
Meginverco^ & commandante asiate Si G EH AKDO yincuf^ 
todia recepit confervandum. Aurcus caltx i. eum patena LX^i 
lapidumdecoratus oynatu. Arfentei veto y ii. cofpa i airgentea^ 
cmces I JU cum^baculis y oEio dwfolia coccinea , itî: pallia , v. //- 
nea dorfalia^ cappa xxv. cafuU xi v. dalmatica v.Jtola yi.au^ 
Tùtexia^^dequtbusuna xxviiJ^aSuit tintinnabula ^alia xxi adi 
junfiis cingulomm é" mappularum^pertinentiis \: fine cinyilo ^ 
mappula^ i.fne cinfftlo , nna habensmapfulam. Iterumuna cum 
cingulo ftne-mappuUyadprie^ingendam albam^ I4 coccineam cinc^ 
tortum yfioU vir^ cum fuis -mAnipultiprater quai dixinms yjitéi 
tilia II. ^unumvffertoriumi,palli0lumi\fuperanaldgiuifiy la^ 
fides crifiallini xxxiii. cervicalia uï.veLmina altarium vnf» 
linea I* laneum ^ ^ unum de vetuftij/îmo pallie ^ manutergiaiv. 
^Iba !.. fuperhumetalia xxxy.ampulUy. ^na xv. cortin^e 
T. bancalia vu, tapetia xuiJififéC lu-candelabra vu. é" viA 
f^poralia^. 

JJle ijtthefaururqmmfr. cemmendanteabbateGÙmbertoHn 
cmfiodia recepit confervandum. Aureus calix i. cumfua patena 
Lxxxii. lapidum decoraius omatu. Arpentent calix nujer. Item 
calix fufili^quem liiL^t^KiCVS epifcopus abfiulit. Item v. calik. 
c^s minores ^d cottidianum ufum. Cruces argente^i 1. cum bacteu 
lii^ fuis ^fandelabracuprea ii.fertea lyvthuriknlum xjdiaurs^ 
tum c^ 1 1 1 • cupteay alba xx;. cum cingulis xi coceàneiSy cafula coe^^ 
cinea xi 1 1 . veteres coccincée 1 1 1. cafuUylaneJe 1 1 . coopertofia aU- 
turis variigeneris vidanea \y.tappitcoccinea:..flàU auro intejt^ 
ta yii.cummanipuUsé'CinptliSyiv fiola tottidianétxummanipu* 
iis fine cingulis xi v. dalmatica vu i. tunica coctinea \r.mappulie 
coccmef viii. dtnrfalia Une a viii. duocheralia^ cortina lincée ' 
VTi, efferteria 11, plenaria iv.df tria evangelia^ plumaria vl. - 
miffalis liber plenus , item abus , très alii cum colleBis y très lec-^ - 
tionafiiét quattus cum cvangeUo ^ due veilla , duo jhila^eria-^ 



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^t VOYAGE LITTERAIRE. 

€0ccined ^tdpetié ix.iancdliayi.càopenoriMm anaUgii cocei* 
nenm i. pallia ceccinia xiii. et ifiallini lapides yLxya. enycbini 
Upidts XX. é'alii x\(i. q^phus cnpteui deargentatus i. palU oL 
taris linea iv. i^em. 

Au commencement du texte des évangiles dont nous 
avons tiçé ces deux inventaires , JefusjCVift eft reprefcnté 
, crucifié avec quatre doux &. vitu. 

Aujourd' hui on moiïtre dans le trefor une portion du 
^bois de la vraye croix, renfermée dans une très belle croix 
/^*or 5 furlaquelle on lit ces mots : Mcinvercus fpifc0pns au^ 
rfumChfijio obtuletat ^ hoc ucltfd in commmmsnfus expendit. 
F rater Thietmarus eccUfd nddidit in opms hnjns crucis ^ calii 
;tis , p0 redemiione ^iéc Jirêfrlfmtarue : qu^fiquis abfimUrit ^ 
anathema fit. Cette croix eft enrichie de. plufîeurs pierres 
/précieufes, entre lefquellesondiftingue un très bdonix, 
dur lequel ont lit ces deux mots en anciens caraderes 
^Romains : MARCl TERTULUI^L .On conferve de plus 
à Abdinghoff , le coros de fitint Félix martyr d'Aquilée , 
.dans une très-riche cnaflè d'argent. Il fut apporté àPa* 
dterborne par faint Meinverc ^ & la vérité de la relique a 
été éprouvée par le feu. Dans lesneceffitez publiques ^n 
fia porte en proce0ion , & les f requens fecours qu'en re- 
çoivent les peuples , font des preuves certaines du pouvoir 
du Saint auprès de Dieu. Il faut ajouter ice que nous vç- 
fiions de rapporter, trois andens autels portatifs en forme 
^e coffire d'argent , dont le deflus eft d'unepierre de por- 
tphyre. On lit fur un de ces,autels les vers fui vans , qui font 
))uger qu'il a,étécon£acré par fâint Grégoire ylodfqullefi* 
>oya faint Augu^n en Angleterre* 

Prêt ewnSis ans hétc Gregoriana vocarts:^ 
A que facrarisMns petit Anglai daris^ 
Pofihuc pertaris ^bis ofibms aJfociaHs^ 

Cnm quitus ejfe faris vis meritique paris. 
Xirlitus ignaris nêta fis 3 perfigna prolaris^. 

Petra falmtaris debilitate varis. 

.pojxime {fLiQX Pwrre |çft le patron du monaftpre , on» 



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VOYAGE LITTERAIRE. 24r 

«prefenté far l'un de ces autels l^hiftoire de fon martyre, > 
avec les vers fiaivans. 

Sur la première face,. 

Bum crucis fotna dat Ptttù ytuiUfUfm ; ' 

Dum CTMCiaiur ita , fit dignus perfete viUi. ^ 
Hum fetimit liitbt , Pknhs fit fangnim viRir. 
HifC tibi delatmn fit amarii fiffiMS , J^eiu, gratmm; 
Shrifinm^flacatmn reddem , Uxando rMnm. 

&ir les trois autres faces. 

- Qisnts afofiêlici Chtifio diUïttfenatus^ 
Ante Deum precibms fopuli delete tmèmu 
McUfiam Chfifii tua-graM fie tueéUur, 
£xfers 9U fortts divinéO^nên hmieMtmr. 

Sûr liiace.ftiperieuf c. - 

M CTUCt fàfftnfus^d fe trahit ûmnia Chrifins^ 
Surgit & inviBns dofàniregUrtfesatMS. 

Je rie parlé pas 4e l*églife , qui eft aflez* belle pour le^ 
I9iys,mais elle n'éft pas îfccorée. Ony conferve le/aiot Sa. 
crement ,xion au grand autel ^ mais dans un 'armoire en* 
foncée dans le mur du côté de l'évangile ,& fermée d'une: 
fimple grille de fer & d'ua voile» On montra dans la nef 
un pain converti en pierre , on ne dit pas comment , ni 4^ 
quelle occafion. Nous vîmes dans là^crypteibâterraineun^ 
aucel^ au milieu duquel il y a un trou de la. largeur d'unp^ 
demi pied de diamètre, couvert d'une plaque defei'. C'eft: 
adurement où on a mis les reliques /lorfqu'on en a fait la 
dédicace. Gri prétend que Témperttir faint Henry venoir. 
dans cette crypte par un lieu foûterrain , avec fainte Gune- 
gonde fon époufe , pour affiftér la nuit à matines avec ler^ 
religieux. De Teglilè on entre dans une grande chapelle ,, 
qgiîert de ièpultmcaux abbez j on dit qu*un poffedd y^ x» 

Hlxi| 



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-t44 VOYAGE 1-ITTERAIRE. 

pcé ddivrc du dçmon fur Iç tombeau du faine *bbc Jean- 
de Sufat,un des premiers réformateurs du monaftere. Tougt 
le monde fçait que c*eftà AbdinghofFqu'a vécu le fameux 
, faint Paterne reclus, jqui.ayant prédit qije la ville de Pader-.. 
.borne feroit confumée par le reu du ciel , & voyant fapro- 
;phetie accomplie , aimamieux brûler tout vif, que de fortir 
; de la cellule ou il s*étoit volontairement enfermé, pour té- 
.moigner à Dieu fon amour, comme k rapportent Sigebert^ 
^Marianus $cojtus&d'auti:cs auteurs- On voit. encore dans 
;Je jardinles mafures de fa cellule , & tout proche on a bâti 
, une chapelle en Phonneur de faint Alexis. 

Je n'ai pas parlé jufqa'i prefentdelabibIioteque,ily(a 
peu de manulcrits. Les principaux font quelques ledio- 
^laires , des recueils de vies d^s ùdnts , celle de laint Mein- 
.verc , des obfcrvations fiir la règle de faint Benoît d'un 
Mdgiftri Hu%9nisX\ y a auffi deitr^s-beaux textes àt% évan- 
giles. Dans Tun de ces manufcrits nous trouvâmes les.vea 
yiuivans en Thonneur du pape Pafchal IL par un Milon , 
jqui apparamment eft le cardinal Milon,moine de faint Au- 
[bin d'Angers, duquel on a quelques versfemblables. 

[Maffiificandms (^ onmieolenJms Mb$qMg Hmmélms^ 
Jnfiitiét fidem qui Pétri ceminet adem. 
-Nômine P a^ch alis venerandus vir fpecialis^ 
Zmx^decusetclefiét^tafMtQtbis^imdgofofhiét^ 
MxMmenjmris , pa forma fiqu^nia futur i s ^ 
Cujus ad ddveruufn terrer fregit Beneventum. 
&itpnemmfah;us quem VirgirUs edidJsalvus. 
Si genus é* fpeciem diaUBiea cun^a^âVétret^ 
Magttus Ari^oteles fifcirefuum refara^ret , 
TuMus & Plato fi furgantfonu remat» j 
SidcPdrnafo trânifmtt çarmina Nafpy 
Magni^candus ut cs^vixdignHmlaudefinarent. 
^obilitate tui generis nimis esfp.ecialis\ 
^ Mortkus ^vita magis es quéimpontificalii. 
J^0ma capuà mundi f pra:munita fuijfet y 
Sfdis apofiolica tibi pridem jura dediffet^ 
J^ftitié^ legi tua vox ni^il antç mliffet^ 



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r 

I 



VOYAGE LITTERAIRE. Mt 

Un Samiofummû bivio fie vit a fegatuK 
N^Uve lava levet , levitatem dextrafequ4tur. 

Le5 religieux de cette maifon étudient très - bien , 
ils ont une neuriflante jeuneflc , qui eft de grande cfoeran- 
ce , & depuis ryoo ils ont donné neuf maîtres de pnilofo- 
piiie & de théologie à plufîcurs monafteres de differens or^ 
dres ; à la célèbre abbaye de Corbie en Saxe un ledeut 
de théologie j aux chanoines réguliers de Riechenberg uii 
leâeur de philophie & de théologie • aux chanoine^ ^^^g^- 
liers de*I>aibeim un lefteur de philofophie & de théolo- 
gie }aux chanoines réguliers de GranhoflF, ou Georgii Mon^ 
tis ^ uniedeur de philofophie & de théologie j aux chanoi- 
nés réguliers d'Hamerfleben deux lefteurs de philofophie 
& de théologie j aux chanoines réguliers de BodeKen deux 
kdeurs de philofophie&de théologie -aux religieux d'Har- 
denhoufen de l'ordre de Cîteaux,un ledeur de théologie. 

Comme les religieux d*Abdinghoff fe diftiqguent pat 
leurs vertus & par leurs fciences , on ;ie doit pas s*étorv. 
ner s'il&jotiiflènt de très-beaux privilèges. 

Dans toutes 4cs aflemblées Pabbétient ie premier rang 
^rès le prince , dans les proceffions publiques ^Ics reli- 
gieux ont le pas au-deflus des chanoines.de latathedra- 
le, privilège dans leqnelils ont été maintenus par un jù^ 
gement contradidoire du faintSiege.Xorfquetes chanoi-. 
nés viennent au monaftere avec les religieux , ris h*ont dans 
" le chœur que la gauche ,& les moines occupent la4roite. 
Te ne connois aucun monaftere, qui en ce genre ait de fî 
beaux privilèges. Je trouve feulement que Pempereur Ot- 
ton ayant érigé Tabbaye de Maedebourg en cathédrale, 
il transfera les moines dans un rauxbourg^ de la ville , & 
pour adoucir la peine qu*îls pouvoient avoir d'abandon- 
ner leur monaftere aux chanoines , il ordonna que dans 
toutes les proceflîons & aflemblées publiques les moines 
auroient la droite. . C'eft ce que nous ajpprenons d'une 
ancieime chronique de Saxe , imprimée par Libnitz fur 

JLesR. P^Jefuite^ occupent le convent desCorddiers^' 



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î4< VOYAGE LITTERArRE 

mais comme Teglife de ces pères ctoir petite ^ ils vont là*: 
convertir en d'autres ufages. Ferdinand de.Furftemberg : 
leui: en a bâti une magnifique. Ils ont; une image de la.^ 
Vierge ^ qu'ils croyent & qu'ils honorent comme miracu* 
leufe , & on dit que c*eft devant cette image que le fameuXi 
Kirker étant encore novice,, fut guéri de la lèpre. Nous^ 
y^ vîmes une partie de la chafuble de S. François Xavier, 
& un calice d'or. Leur bibUotheqjje.ettla-meilleare^ que 
j*ay£ vue en Allemagne. Elle eft digne d'une compagnie 
qui fait profeflSon d'étudier ,,& de communiquer la (cien- 
ce aux autres,. C'eft encore. un Furftemberg quia faitbâ- 
tir le convent des. Capucins , & qui leur adonné le bras, 
de faint Liboire.. Les religieux de l'Obfervance.recon- 
noiflent auilt Ferdinand de Furftemberg pour leur fonda- - 
teur ,il eft enterré, chez^eu», & it vouloir leur donner ia^i 
hibliothequc^mais ils le remercièrent, difant qu'elle é- 
toit trop belle pour des pauvres. .Il la donna aux Jefui- 
tes , qui profiterent-avec joye de la fimplicité dfc cesbon:^ 
peres^qui n'Ont pas de biblioteque^quoiqu'ils foient obligeT;, 
d'étudier pour fe rendre capables de prêcher & de diriger. 
Hdecbtn . Le monaftere de Bpdeclieiî fitué L trois lieues de. 
Paderborne dans une folitude afireufe ^ environné de. 
tout côté de bois ôc de hautes montagnes .^ étoit dans, 
ion origine une abbaye de religicufes Benediâines , , 
fondée par faint Menulfe diacre, qui apporta du. 
Mans à Paderborne les reliqwes de faint Liboire. Il 
le cboifii pour le lieu de iafepulture , & fon corps y. 
eft eiKXjre aujourd'hui en grande vénération.: Dans la ^ 
f«ite ces religieufes s^étant relâchées de. Tétroite obfer— 
vançe , elles oublièrent infenfiblen>ent ce qu'elles étoient^ ^ 
& eurent la vanité de prendre la qualité de chanoinefTes , 
& de fe fecularifer. Leursexcèsalloient fi loin, quel'eVê. . 
que de Paderborne fe crut obligé de les fiipprimer entier, 
xement , ftcde mtettre en leur : place jies chanoines régu- 
liers de la congregation.de Vvindesheim , dont la. vie &. 
la pénitence égaloient celle des moinei les plus auftêres.. 
Us y aflemblerent plus de cent cinquante religieux ^qui par^ 
kai:ex3^efUfciplineiîrenc. tant de.bxuit dans le £ays , ^ 



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l^DYAGE LTTTETIATRE. ^47 
cette maifon devint bien.tôtla mère de vingt fept autres, 
-où Ton vivoit avec la même aufteritc- On conferve encore 
4es vies des fept premiers prieurs ou prévôts^ qui {ont G, 
cdifiantes., qu*il eft furprenant qu'on laifle dansrobfcu. 
rite de fi brillantes lumières , qui feroient fans doute bien 
du fruit , fi on les mettoit au jour. 

Le prieur qui gouverne aujourd'hui merîteroit bien d'à- 

•^oir rang parmi ceux-U^ carilala réputation d'un iâintL 

^ il pafïe ordinairement toute la matinée en prières dans 

îl'eglife. Il nous parut un grand homme de bien , & nous 

-édifia beaucoup. Il nous retint deux jours chez lui , &nous 

•fit voir ùl bibliothèque avec beaucoup de boiitc. Elle 

pafie pour une des plu5 riches du pays en manufcrits. Les 

plus confiderables font un recUdl de vies des faints e* 

douze gros volumes^ dent chaque volume contient les 

mes des faints d'un mois. Ceft le recueil le plus ample 

4c le plus accompli que j'ayê jamais vu- On dit que les 

Jefixites d'Anvers en ont beaucoup profité. 

•Le public en eft redevable aux foins d'Amaul Huis 

Septième prieur de Bodeken , qtiî les a ramaffôT. avec beao- 

coup de peine /les a réduits en ordre, & les a faits tranf- 

*crire. La plafoart des autres manufcrits font récents , le 

plus ancien eft un fragment de la chronique d^Èginard^ 

& lin ouvrage qui a pour ritre , H^norius cardinalis de vi- 

tée côgniiimt. Je ne parle pas d'un manufcrit de Ladance;^ 

à la fin duquel on lit^ces mots, titmiani LaBantti viti 

fracelUntis ingénié ^ qui vel folus intet Chrifiian^ ftôfeffionis 

fcriptores fuperemii^tiiitore quodam H^ copia ^ velnnUumep^ 

9fwn feqnitur faeundia fimut (j^ lenitate fermonum^ Vivinarum 

inftitutionum adverjus génies , de Ira quoaue ]3ei ad Bonatum^ 

necnon é'de Oftfici^ Dei ^frrmatione honUnis ad Bemetria^ 

mum fimunt libriferfratres presfyteres é'clerices congrégation 

^s domus y^riJ^s-boni ad S. MichaSîem in opfido Roftockceni 

^ panium inférions Sclaviit , front facultas ér induftria tuUt 

emendati fatii^ accmrato confummati^anno Incamationis Do^ 

minier miUtfimo qMaétingentefimo Jeptuagefimo fexto quinto ca^ 

iendas Aprilis. Deo gratias. 

X.orfque nous ctiops à Bodexen nowB Agîmes un mar- 



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1+1. VOTAGE LITTERAIRE: 

chand, qui nous xlit avoir autrefois mené de li à Paris^ 
treize mille moutons^ & qu'en trois heures detemsitlesi 
ayoit vendus^ & avoit été payé de tout. Ce qui fait voir, 
la confommâtion qui fe fait dans Paris< 
Iriiidicr Le 18 d'Odobre.nous partîmes de Bodeken pour aller: 
à Brindler : c*eft une petite abbaye de Tordre de Cîteaux ^ 

3ui a été d'abord fondée pour des filles, mais aujourd'hui 
y a des moines. Elle cfÉ. fîtuée , comme la plupart de^ 
monafleres de cet ordre, dans une grande iblitude. Lorfl; 
que nous y arrivâmes l!Abbé étoit en compagnie , mais 
celui qui avoit foin de^ hôtes vint nous recevoir fortcha^ 
litablemeot , dcen .attendant le.dînc, il nous mena chauf-^ 
fer à la cuilinc , car en ce pays-là on n'y regarde pas de 
il près , & on ne. fût pas tant de façons. Nous y-compi 
tâmes jufqu'à dix, chiens de chafle , qui^fe chaufïbient au- 
près d'un grand feu propre à. rôtir un tœuf -, la coutume 
de ces.cantons là, étant de mettre au feu^ des arbres env 
tiers , qu'on fait tirer ^nar des chevaux. Après, dîné nous 
demandâmes avoir la bibhotheque.^njais Je religieux qui 
nous avoit déjà parlé , nous dit de la parc de fon abbé ^ . 
qu'il n'y, avoit poiw de. bibliothèque à voir pour nousi 
Nous ne crûmes pas y, perdre beaucoup , car tout nous 
parut fort petit & fort mince dans cette maifon , ainfi^^u» 
perdre tems^nous reprîmes nôtre équipage^ & nous re- 
montâmes à cheval pour aller couehex à Statberg , qui : 
n'eft qu'à une lieue & demie de là. . 
s»«ibctg. Statberg eft une petite ville fituée fur une haute mon> 
tagne , où. les Saxons . adoroienc l'idole Irmenful ; que 
Charlemagne détruifit , après les avoir vaincus. On dijc 
que ce pieux Empereur y bâtit un monaflereda» le mê- 
me endroit. C'eft aujourd'hui une prévôté qui dépend du 
monaftere de Gorbie en Saxe , oh iî^y a huit religieux. On 
l'appelle en latin j S. Pétri in Monte Martis. On voit der- 
rière l'egliie une colomne dans le lieu même où on croit 
qu'étoit Tidolc Irmenful, avec cette infcription. 



HTJX 



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VaTAGE LITTERAIRE. 14^ 

DUX OLIM FUI SAXORUM 
^ ATQ^UE 

DEUS. .. . ' 

t 

MARTIUS ME POPULUS-^ 

COLUIT. 

FOPULUS QJJI ME RITE ET PERPETIMtCOLIT;, 

EORUM CIVITAS.' 

ERINGEPS ESSE SOLET , ET PRIMO LOCO'^ 

P:iUELIUM COMMITTERE. ' 

Il ne refte plus aujôurdTiui . aucun ' veftîge nixle Pinferip-;. 
tron ni de Tidole , mais on ne fera pas. fâché de voirv 
ici la.defcription qu*en fait Ernftius dans fes obTervacionsf - 
lib. 2. cap. .l'j.^Hac effigies in mmUis Sdxonnm temflis de^ 
fiBà fuit^ j^ hac quidem forma. Vit erat ofinatus ^ fioribus^ 
adf^bem nfqne circnm enmundique è terra futgentibns. Deus^ 
€ninh:fraliorum' habebatur Qftnmque à fl^re dnxiffe credeba^ 
tur. liac mente idjiffum ita ^ M bella graviMma levi fafe da^' • 
ULUfa fnfcifii fignificarent jé^ velflùfem ad arma hominey^on^ 
citare interdurrk ofienderent. Gladiâ erat auinftMi. J)extrayeJ' 
xilium gerebat^ eut infigne erat fios furpureus^ Leva laruem^- 
GaUée injîdebat ^allus gallinaceits\ quodmagnorum bellornm ^ 
erat fignum.- Zanxmulta effe ferfendendm dHebatyaedo^n^^' 
bella fitfcipienda ut removeatur ermiis temeritas , (^ injujfitia^ 
JPeffus idalinudum erat^ intente èi tfrfr ^.qua foriitmdinem > 
dâcebant atquc intrefidtm in fericulis animum. Nerno enim^ 
militum videri valt ip^rare^^ f^ttitet in^ofiem ejfepn^rw 
A$m , &fi quande in fugam cenjfHus fit^ mfims mores xapie$(^ 
dafy(ir(um/ficien4Mmque yé'Jl vi^krit eum ^Lj^uo ftfmc^ - 



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ï5o VOYAGE LITTERAIRE- 

fitus , impetum in eumfaciendum , fi tam^n expédiât ^ pof/tt. 
Clypeum quoqàe adjecerant^ cui infcripta erat^ Lanx , Rofa, 
^ Léo : quod hue fpeiiabdt , ni forîitndine atque calliditaU 
omnia effe bella expedienda docerent. Hiec fiatud Manisbur- 
gi in Vveftphalia quoque erat , quant Carolus magnus aboievit. 
On a érigé une autre figure dans le cimetière, qui a 
beaucoup plus de vertu que celle d'Irmenful , pnîfqu'eU 
le fauv« la vie aux criminels. CTeft celle de Roland ge. 
fierai des armées deCharlemagne , dont on fait un faint. 
Elle fert d'axyle à tous les criminels ^ & on n'oferoit mettre 
la main fur celui , qui étant pourfuivi , peut feulement la 
cpucher. Le Prieur ne le peut faire arrêter, il n'y a que^ 
l'Empereur feul qui ait ce pouvoir. Il y a dans Teglife du 
monaftere une paroifle , qui eft deffervie par un religieux. 
Lorfque nous y étions , une femme vint offrir fon enfant 
â Dieu quarante jours après ît% couches , & le pafteur re^ 
cita fur elle & fur fon enfant un grand nombre de prie, 
res, 
Dilkeim ^^ Statberg nous filmes à Dalheîm , qui n'en eft cloî. 
gné que de troi^ lieu£s. Nous vîmes en pailànt le lieu oà 
Charkmagne défit 1rs Saxons pour la dernière fois , & 
fcs reduifit i ftm obéiflance après trente ans de guerre . 
& prefqu'autanc de viiStoires remportées fur ces peuples 
barbares. Dalheim étoit originairement un monaftere de 
' religieuies , qui s'étant relâchées ^ prirent la qualité de 

chanoineflcs } mais leur vie étoit fi lic^ntieufe , qu'on fiie 
obligé de mettre en leur place des chanoines réguliers 
de la Congrégation de Vvindesheim , dont la vie fainte 
répandoit un grand éclat dan* le pays. Ils furent tirez du 
monaftere de Bodeken , & s'accrurent tellement, qu'on 
y compta jufqu'à cinquante frères convers:ott peut juger 
par li du uombre des religieux de chœur : aujourd'hui il 
n'y eijiapas tant , mais leur maifoneft fort jolie, & paflç 
pour une des belles du pays, A la vérité il n'y % rien de 
magnifiaue, mais tout y eft propre & riant. Il y aune très- 
grande liaifon entre eux & ki Benedidins , qui de tems 
en tems leur donnent des maîtres pour enfeigner la phi- 
éofbphie ^ U théologie à leurs jeunes religieux. L'abbé 



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VOYAGE LITTERAIR:^. ifjf 

de d^AbdinghoflF a été de ce nombre, & il y a fait de iî 
bons difciples , qu'il les a rendus capables d*enfeigner 
eux-mêmes. Nous y fûmes reçus fort cordialement, La 
bibliothèque eft remplie d^anciennes éditioi^ , ôcdeplu^ 
fleurs manufcrits prefque tous recens , & d'ouvrages de 
pieté. Car les premiers chanoines réguliers de la congré- 
gation de Vvindesheim cherchoient plus a s'édifier quU 
devenir fçavans. Les principaux font les ftatutsfynodaux 
de Pierrearchevêque de M ayence, la chronique de Hen- 
ri de Herefort ^& les livrées de l'imitation de Jefus-Chrift 
avec le nom de Thomas à Kempis. Mais il faut remar. 
quer i. que fon nom n'y a été mis qu'après coup ^ôc à la 
marge : il eft néanmoins de la première main. x. Que le 
manufcrit n'eft pas fort ancien ^ & qu'il peut bien avoir 
été écrit après la première édition , où cet ouvrage efl 
attribué à ce pieux chanoine reguKer. j. Que cependant 
il paroît qu ou a fait grand fonds fur ce manu(crit dans les 
conteftations qui ont partagé les favans fur ^'auteujr de cet 
excellent ouvragejcar on n'a pas négligé de marquer qu'ila. 
été envoyé à Paris par la pofte, pour fervir de défenfe c«û* 
treceux qui vouloient attribuer ce livre à un autre. M^ 
le Prieur nous fit toutes fortes dlionnêtetez , & il ne tint 
pas à lui que nous ne reftaf&ons plus long-temschezeux*^ 
Mais la failon ctoit trop avancée , & nous étions bien aife 
d^avancer. Ainfi nous prîmes le chemin de l'abbaye 
d'Hardenhoufen de Tordre de Cîteaux y. qui û'eft qu'i «udcnïoii^ 
trois lieues de Dalheim . ^^ 

Cette abbaye eft dans un^ grande folimde^ ct>mme le 
font prefque toutes celles de cet ordre. Elk fut fondée 
r^n 1140 par Bernard evcque de Paderborne ^quilachoi* 
fié pour le lieu de fa fepulture ^ qu'on voie au milieu du^ 
chœur où il fut enterré. U y avoit autrefois cent religieux^ 
& quarante cenvers : aujourd'hui il n'y a que vingt- fîx: 
jpeligieux, La maifon eft aflez belle. L'eglife eft l'ouvrage 
des premiers religieux qui ont habité ce defèrt ^ auffi fe 
f eflent-elle de la fimplicité des premiers pères de l'brdrejj 
mais on y a fait des ouvertures & desornemensquiendél' 
(uiient un peu rantiquît4- Le cloître eft aiTez beau ^ l'àpr 

li ij 



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*5« VOYAGE LITTERAIRE. 

partement 4e l*abbé, fur tout la grande fale eft magmfîquc, 
'La bibliothèque ,ià ce qu'on dit , ^toit autrefois remplie 
<l*un grand nombre de manufcrits^ dont la plus grande par- 
tie eft poflc^dans celle du prince de Vvolfenbutel. 'il ea 
xefte pourtant encore quelques-uns, dont les principaux 
-font S. Auguftin fur les pfeaumes , les lettres dlves de 
-Chartres , l'biftoire des guerres de la-terre fainte par Ro-^ 
^ert abbé de faint Remy , quelques ouvrages de S. :Ber- 
-iiard , un recueil de fçrmons prononcez au concile delBaf^ 
le , les fermons d'Egbertus , legloflTaire d'Albert moine de 
•Sibourg, un ouvrage du moine Guillaume^ur la virginité, 
^ous paflâmes à Hardenhoufen la fête de la Touflaint. 
L'Abbé offida pontificalement. H avoir pour miniftres un 
prêtre affiftant, un diacre, un fouEiacre, un thuriféraire^ 
^deux ceroferaires.Deux feculiers revêtus de gris avec des 
^nanteaux portoient fa crofle Se fon livre. Le prêtre afliil 
cant avoit une petite baguette d'urgent attachée à fon 
;i>ras , avec laquelle il montroit au célébrant ce qu'il de* . 
jvok, lire. La meffe fut chantée en mufique , mais elle n'en 
£at pas plus longue ^ car lefoûdiacrene chanta qu'une pé- 
riode ou deux de Tepître , le célébrant ne chanta que le 
commencement de la préface jufqu'à ces mots , aquum (^ 
falmtan wi tibi /Wfi/frgr^/i4i/igrir.îl ne chanta de même 
^ que la préface de Toraifon dominicale , Oremus paceftisÇa^ 
Utaribus tfiioniti , & divitia infiitntione f^rmati , audewms dice^ 
f€ ,4cjrccita toutbas le Paur. Avant l'^g»»/ Bti il ne chan- 
*ta point D^minus vobifçum , Pdx Dwiini fit femper vohifcnm. 
Nousavions déjà remarqué quelque chofe de femblable 
en d'autres eglifes d'Allemagne, ainfi cela ne nous furV 
^rit ^Mts. Etf France on le regarderoit cet ufage com- 
4ne un grand abus, mais en cepays-là on y cft fl accoûtif- 
jfté, qu'on n'y fait pas réflexion. On ne fçait pas même . 

Sue le concile de Baflel'a condamûé Car voici comme 
s'exprime dans la feffîon xxi. chapitre %. Abnfum 
aliquMum ecclefiarum ^ im qnibus cxtào unum Deum quoi 
itfi fymbolwm -^ çonfiSio fidei nofitét , non complète ufqne ai 
^nem cantatnt ^ aut frétfatio feu oratio Dominic4 omitti^ 
jf^r^ yelineul^is cantiku^t feçuUriSjftdmfientt^ ^ fouf»^4 



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VOYAGE l^ltTERAIRE. 2/3 ' 

^IvaUfine miniftro aut ferfecretas orationes itafubmi/iavo. 

c^àicitur , quoà à circmmSdntitus audiri non fotefl , abolentes, 

Jtatuimus , ut qui inhis ttansfrepof invcntus fuerit y k fuo /i- 

^^feriore débite cafiigttur. Arolertoirç le diacre enccnfa cha- 

'^ue religieux en particulier. L'AUbc communia fon foû- 

diacre au coin de l'autel avant de dire le Mifereaturtui^mzïs 

lies autres religieux communièrent au coin de Tautel après 

< le Confiieor , é-c Lts veipres furent chantées fans folemni. 

te 5 & il n'y avoir que deux cierges allumez à l'autel. Aprète 

les vefpres du jour , on dit celles des morts , à la fin def- 

* quelles les domeftiques chantèrent des cantiques en langue 

Tulgaire pour les âmes du purgatoire. 

Le lendemain nous prîmes congé de monfîeur PAbbé; 
quieutlagenerofîté de nous offrir de l'argent , mais nous 
le remerciâmes, & nous nous contentâmes d'un guide qu'il 
nous donna poumons conduire à Gerdeb, 

Gerden eu une abbaye de religieufes Benediâines à fîx Gcrdén 
lieues de Paderborne, qu'on peut regarder comme l'ouvra- 
ge de l'evêque Bernard. Il y a trente religieufes , qui vivent 
tlans une bonne régularité. Elles gardent la clôture , fe lè- 
vent à minuit , & rentrent au chœur à fix heures. Les fêtes 
'&les dimanches elles y demeurent depuis ce tems jufqu'â 
onze heures. Les vîfiteurs ont -voulu de tems en tems les 
Toulager d'une fî grande fatigue , mais elles tf ont jamais 
voulu interrompre une (î fainte pratique, qu'elles ont reçue 
de leurs anciennes. C*eft encore une règle inviolable parmi 
elles , d'entendre tous les jours toutes les mejfles qui fedi- 
fent dans leur eglife. Leur pieté rend leur maifon floriffan- 
te ,& je ne fçai s'il y en a aucune où Thofpitalité foit exer- 
cée avec tant de generofîté. Elles ont un corps de logis 
magnifique, & des appartemens très-propres pour recevoir 
les hôtes. Elles ont trois religieux de Marienmunfter pour 
les diriger , qui nous attendoient , & qui nous témoigne^ 
xent beaucoup de bonté. Il paroît par leurs titres ^ue dès 
Recommencement de. leur fondation elles tfont point eu 
^d'autres diredeurç que des Benedidins, & que de tout tems 
il y a eu des religieux & des religieufes ^ Gerden. 

X'ahbaye de Marienmunfter eft à cinq Ueuës de Gerden ^^^««ma 



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154 VOYAGE LITTERAIRE, 

dans une très-grande folkude. Il y a quarante relieieittr, 
dont treize derfervent les cures ou des maifons de filksXar 
dans toute ^Allemagne les religieux Benedidins ont plus^ 
de cures que les chanoines regdiers & les Prcmonftrez. 
L'Abbé eft fcavant , & a enfeigné lojjg-tems avec apphu- 
diflemcnt la doôrine de faintThomas r mais il ne refte dans 
le monaftere aucun monument qui ait échapé à la fureur 
des hérétiques , ainfî nous partîmes dès le lendemain pour 
aller k Corvée. 
ï^r? é« Il y avoit long-tems que nous defirions de voir cette ab- 
baye,qui eft un eflain de nôtre Corbie de France:c*eft pour- 
quoi nous y fumes re<^us , non comme des étrangers , mais 
comme des confrères. Tout le monde fçait qu'elle doit foiv 
origine à Tabbc iaint Adalard y coufîn germain de 1 empe- 
reur Charlemagne, oui après avoir donné de grands biens^ 
i fon monafteire, où il y avoit alors trois cens religieux , ap-- 
prehendant qu'il ne fût trop riche, fonda de fes propres, 
revenus Tabbaye de Corbie en Saxe, où il vouloir avoir des^ 
predicateurs^pour la converflon des Saxons &c des pays fep- 
tentrionaux* En quoi il réuffit fi bien , que cette nouvelle 
Corbie devint un ieminaire de faints Evêques & d'Abbez j. 
entre lefquels faint Anfchaire evêtjue d*Hambourg,& apô* 
tre des pays feptentrîonaux y a porté la lumière de l'évan- 
gile dans le royaume de Danemarck* Saint Adalard avoit 
d'abord fondé la nouvelle Corbie à deux lieues de l'endroit 
où elle eft aujourd'hui , in Uco hêtroris ^ véfiét folituÀinis y 
mais ce defert affreux fe trouva tellement dépourvu des 
chofes les plus necefTàires à la vie^que les premiers religieux 
qui s'y établirent d'abord , ne purent pas y refter long- 
tems,&quelqu'attrait qu'ils eullcnt pour fa retraite^pôur la. 
pauvreté & la pénitence ^ ils furent obligez d'abandonner 
un lieu tout à fait fterile , & où ils raanquoicnt de tout ^ 
pour fixer leur demeure fiirlebordduVefer^ dans un lieu 
fort agréable , & quipafle pour le paradis terreftxe de la 
Saxe. La fainteté de leur vie, & leur zèle apoftolique , leur 
attira Teftime & Tamour de tous les nouveaux convertis i 
la for , qui leur firent tant de bien , que l'abbaye de Corbie 
devint bieiu^àt une des plus puiiTantçs deTAllemagne, & 



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VOYAGE LITTERAIRE- lyj 

-que les pltis grands Seigneurs du pays , les Princes mêmes, 
le firent gloire d*ctse ks vaflaux. On ne fera peut-être pas 
fiche d'en voir ici une liie que nous avons tirée de l'iiiftoi-. 
jre du monaftere. 

AnNO 1300. CIUCITEH TALES E&ANT VASSALLU 

Intif feudales ftMipMS Cotbeia olim numerabantnr. 

Dux Stetinenfis cum infuU Rnpanaé^ frovinciaSclav^nnù 

JDux in Luneburg ^ Bordevvich , Bomeneborg , Vvelpe cum 

adjacentibms advccatiis. 
Dux in Braunfweig Vvulffenbuttel divocatiam in Krop- 

penftede/ii Schemingen cuni decimis é" mancipiis. 
D«x /12 Embecke caftrum Eberftein cum faltu ^ princifatm 

Solinge , qui âicitut Forft ^ fuis mancifiis ^ bona minif- 

urialia in Hoyen , in Borge ^ in Detmaringhufen, é* ^^ 

Bretthulèn 1^ Frygen. 
Dux in Gottingen Uuar Nien Nouwer ^^^/^ SoUngiét^ 

in quajamftruSunt eft de Furftènberg,tf^^/</iifi«Northeimb 

cum aliis decimis (^ mdncipii s ^ oppidum Munden cum fuis 

fndncipiis. Lanyravius Héijjîée qua b^na hdbcds i Cêtbcia^ 

vide cartuL i. fol 520. 
Cornes de Kn{o\t.Comes ^f Holften in Sconborg. Cornes in 

Eberftein. Cornes de Pyrmondt. Cornes de Vroldenberg. 

ITunc habet ecclefia Hitdefier^fu Cornes in DzSél^.Nunc ha* 

bet ecclefia Hildelienfis. 
Cornes in Schvvalenberg. Ex parte eicle/sa Padirbonenfismi^ 

nus débite. Cornes de Borga. Comis !<> Vvaldeck. Cornes 

in Regenilein. Cornes in Ravenfberg. Cornes in Sternberg. 

Cornes in Oldenburg. Cornes in Tecklenborg. Cornes m 

Spegelberg. 

B A K O K E S« 

Dominus in Mansfeldt. Dominus /«Hadcmersfledc. Domi^ 
««j^/f Lippia. Dominusin Schonenberg. DominusinDc- 
pholt. D^»/«»y/>rHumborg. D^w/n^^/ w Bruchhaufén, 
Dominus Efcherde. 

Dominus in Schavenborg alias Von Dalvvig. Domirnss in 



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2S^ VOYAGE LITTERAIRE. 

Defenberg alias de SpegeU« DcminMdt Brakelè.*. 

J/i omnes Jim exemti in pfopria ferf4ma. Ad fequendum^ 
- cnm armis ^ fêtent ta Romanum imperium^erit- in ûrdinatione-' 
abbatis Corbeienfis ^ficntiin litteris regum ^ imperatorumRe^- 
manoriim fUnius continètMK 

L*âbbaye de Corbie ayant dés \Faflàùx fi puifïàhs , il: ne • 
faut pas s'étonner fi Taboc eft prince du faint Empire , s'il \ 
a rang dans le^ diètes , sll fait battre monnoye, & s'il a tou- - 
tes les prérogatives d'un fouverain. Mais quelque floriflan- 
te que foit cette abbaye , & quelqu'illuftres qu'ayent été de - 
tous temsles abbez qui l'ont gouvernée , elle a ctéfujet* 
te , comme une infinité d'autres, à^bien des révolutions, qui^ 
l'ont quelquefois mife à deux doigts de fa perte. On ne 
peut s'imaginer lesviolences& les prophanations que les 
Luthériens y ont commifes : le fiécle pafle elle a été entie- 
rcment ruinée paries Suédois- enfin il ne refte aujourd'hui • 
de Tâncien monaftere que le portail de l'eglife^qui pourroit : 
bien être du tems de faint Adalard : tout le refte eft nou- 
vieau,mais Tabbé qui gouvernoit alofs Ta entièrement - 
réparée , avec tant de magnificence ^ qu'elle paffe pour le • 
plus beau ôcle plusfomptueux'raonaftere'de toute l'Alle- 
magne. L'eglife néanmoins qui a été bâtie fous fesprede- 
cefieurs,efl petite^mais tous les lieux réguliers font vaftes & 
fpjendides , & l'appartemtnt de l'abbé eft fi étendu , qu'on 
prétend qu'il pe-ut y loger trois princes avec toute leur fui- ^ 
$e.Il y avoit autrefois àGorbie une très- riche bibliothèque, 
mais on peut juger que tes hérétiques ne l'auront pas épar- 

Îjnée. Prefque cous4es manufcrits ont été transferez dans . 
a bibliothèque du prince de V volfenbuteJ . Il ne laiflè pas . 
d'y en refter encore quelques-un« quine font pas ijnépri. 
fer. Voici ksprincipauxt un très-ancien texte des evan. 
gilés 3 un recueil d'anciennes loix dés Saxons, des François, 
dts Thuringiens ^ & des anciens canons penitentiaux 5 ïqs . 
coutumes du monaftere écrites eivdeux livres il y a.plus de 
fix censansj un recueil de traitez fpirituels infolio , dont 
Jk premier écrit Tan 1436. eft une expofition for le canon- 

4e.; 



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VOYAGE LITTERAIRE. 157 

cfe la meffe ^ les quatre livres de rimitation deje fus- Chrift. 
d*un caractère plus beau ^& qui paroît plus ancien j deux 
autres manufcrits de l'imitation de Jems^Chrift, l'un de 
Tan 1461, & l'autre de 1479, tcais fans nom d'auteur j ua 
commentaire fur la règle de faintBenoît ^ fans nom d'au- 
t€ur. De la bibliothèque on entre dans le chartrier , Tua 
des plus beaux & des mieux en ordre que j'aie va, je puis a* 
jouter , & des mieux, confervc ; car nonobftant les diverfès» 
révolutions qui font arrivées dans cette illuftre maifon , il 

{►aroît encore dans fon entier , & c'eft là qu'on apuii'c tout 
e fonds de l'iiiftoircde Paderborne. 

Lorfque nous étions à Corvée on célébra la fête de la de- 
dicace.de Teglife, & le même jour nionfiear l'Abbé fit la. 
dédicace d'une chapelle qu'il avoit fait bâtir dans la cour> 
pour les domeftiques, Car l'abbé, de Corvée a droit de 
confacrer les églifes. Il donna enfuite à tous {qs religieux 
un magnifique repas dans une grande faleoù il mange d'or- 
dinaire avec les hôtes. ^ Elle eft ornée d'un très^gjrand 
nombre de tableaux très-fins ^ qui pour la pjufp^x tient doi 
prefensdu dernier prince de Brunfvvic^ quiétoitcatholi-r 
que. Nous remarquâmes dans tous les repas que nous pr$. 
mts avec l'abbé , que lorfqu'il boit à la fan té de quelqu'un,* 
celui-là fe tient debout & fe découvre, tandis qu'il boit^ 
de quelque condition qu'il foie. Quand il nous ht l'hon^ 
neur de boire ilanôtre,, nous voulûmes auflî obferwr le 
cérémonial , mais il nous fît alïèoir & couvrir. C'eftun pré- 
lat fort humain^ qui. n'a rien défier, & on ne reconnoît 
qu'il eft prince , que par les honneurs qu*onr iuirend. Sa. 
dignité.de prince ne lui fait pas oublier qu'iï eft religieux^ 
Iieft:>trcs^reeulier dans fa conduite, «cexad dans tousfès 
exercices. Il affifte tous les jours très - poniîtuellement.i 
l'office divin avec fes frères , fans fafte & fans oftention. 
Enfin c'eft un très-bon abbé, dont nousnepouvons dirCk- 
que du bien, non plus que du prieur , qui eft un homme 
gavant , & du Soûprieur , qui^ft un très-laint religieux , & 
généralement de toute la conamunauté.,qui.nous a édifiée 
Nous y demeurâmes trois jours, mais nous n'y filmes pas 
aiTez.poui Tabbé , qui fie tout ce ^a'il pût pour nous recex^ 

Jv i^ 



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i5« VOYAGE LITTERAIRE, 

nir pendant Tiiyver, Nous efperions aller de à la ce- 
lebre abbaye de Fulde,la première & la plus ill uftre de tou- 
te TAllemagne , mais comme il nous falloir pafler plufîeurs 
jours fur les terres des hérétiques ^ tout le monde nous dit 
qu'ils ne manqueroient pas de nous infulter , (î nous ne 
changions pas d'habit. Cela nous obligea de porter nos 
vâcs ailleurs , & de prendre la route de Cologne. Ainfi 
sous repadEmes à Gerden &à Paderborne, d'où nous par- 
tîmes le lo. de Novembre. Nous allâmes coucher ce jour* 
UàAltenruden dans la Surlande, chet leCur^qui ëtoic 
un religieux de nôtre ordre ^ à qui nous portâmes une lettre 
de nos confrères d'Adbinghofit : il nous re4^ut fort charita. 
blement , & aufli bien qu'on peut fouhaiter dans un pays 
où Ton n'a pas les commoditez que nous avons en Fran^ 
, ce. Le lendemain qui étoit le jour de faint Martin , nous 
fàmcs dire la mefTe a la paroifle, & par la propreté que nous 
y remarquâmes 3 tious vîmes qu'elle avoir pour paileur on 
«çulier. Nous y apper^âmes i côté de l'autel un crucifix 
Jiaî>illé & attaché avec quatre doux. Nous prîmes enfui- 
ce congé du bon curé , <|ui nous donna un-guide & une let- 
tre pour fon abbé, qui^ok i Vvartheim petite ville à deux 
lieues de là. Nous trouvâmes en lui un nomme de mérite 
Se i^vant , 4^ nous témoig&a de la joye de nous voir. 
N^owB 4'etifiSti dîné ^4i nous aonm un guide , qui nous con« 
duUk à<|«iati« lko£s de U chez un curé, qui ctoit un de 
fes rdiî^Hix,avec ordre de nous domier un autre guide ^ 
qui ifiottsconduifit le lendemain à fon abbaye de Gr^ 
dhat ,<:e qui nous et un très-grand plaifir, car dans toute 
la Surlande on ne trouve que des montagnes 6c des bois^ 
nn pays dtkn , peu peuplé , 6c deftitué de toutes les corn* 
moditez de la vie. 
ghSàau Nous paMmes la fête de tous iesfàints de nôtre ordre 
avec nos confrères de Graffchat y qui nous édifièrent tous 
6c par leur régularité 6c par leur zèle à bien faire i*ofiîce 
divin. Us font quarante religieux, vingt, fept dans lemo- 
ndlere ,s8c treize dans les cures : ils étudient bien , 6c tous 
les dimanches ils prêchent Tun après l^autre en latin. V^ 
hi eft primat de Vveftphalie. TJn peu ^vmo, la refbrine de 



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VOYAGF LITTERAIRE. aj^ 

Bursfeldc^ on n'y 'recevoir que<lesgentilhommes , com- 
me on fair encore aujourd'hui dans quelques monafteres 
illuftres d'Allemagne. Mais cet abus caufà bien- tôt un fi 
grand defordre dans le fpirituel Se dans le temporel, qu'on 
vit deux fois la maifon fans aucune refrource,& à deux 
doigts de fa perte. Elle ctoit réduite à un état H pitoya- 
ble quand elle fut unie à la congrégation de Bursfelde , 
qu'il y avoit à peine de quoi entretenir cinqoufix moines. 
Depuis ce tems on s'eft fait une loi de ne recevoir aucun gen- 
tilliome,quelque mérite qu'il ait, & il n'y a pas encore lonz- 
tems qu'oji rehifa un proche parent d'un des principaux ab- 
bez de la congrégation , qui s'offroit de faire beaucoup de 
bien à la maifon. On fe contente d'admettre des enfan$ d|e 
bons boiugeois^qui ne fe font pas religieux pour décl^rger 
leur famille & chercher du pain,mais pour travailler ferieu^ 
iement à leur falut dans l'éloignement du monde.^^fut U 
l'intention de faintAnnon archevêque de Cologi^B&foiu 
da, a ce qu'on dit , cinq monafteres de nôtre ordr^lPTentrC 
autre celui de GrafFchat. Tous les lieux réguliers font de 
la dernière fimplicité. Il n'y arien de plus pauvre, ce qui 
n'empêche pas les religieux d'y vivre pluscomens que&'ik 
ëtoient dans des palais : ils font leurs richefies de leur reu 
gularité II refte dans la bibliothèque quelques manuicrits^ 
dont les principaux font la vie de laim: Annon, les vies des 
pères du defert & de quelques autres faints^ l'hiftoire ecck- 
fiaftique d'Eufebe de la verûon de Rufin y Rabajoi fiur Jiu 
dich&Efter. 

Nous fumes de Graflfchat au monaftere des clianoittes ^^^ 
réguliers d'Ev vich de la congrégation de Vindesheim , où 
nous n'arrivâmes que fort tard , parce que les chemins 
font fort mauvais. Ce monaftere efl: fitue dai^s un Iku fort 
agréable , fur le bord d'une petite rivière qui eft fort poiil 
fonneufe, à un quart de lieue d'Aitendoff. Il ne fèpeut rien 
ajouter àtoutes les honêtetex que nous reçûmes du Prévôt^ 
(car dans la congrégation de Vvindesheimil n'y a point 
d'^bc,mais feulement des prévôts ou prieurs}il nous retint 
un jour entier. Nous vîmes cependant les manufcrits qui 
ibac cous recens , le mosaftere n'ayant été fondé que l'an 

kkij 



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i6o VOYAGE LITTERAIRE. 

1414 par un riche marchand , qui fe nommoit Henry 
V vich. Ils ne contiennent que des ouvrages de pieté ^ dont 
le principal eft celui de Timitation de Jefus-Chrift Tans 
nom d'auteur , à la fin duquel on lit cqs propres mots : 
Exflicitltbelius divotus de imita$io/fe jesv-ChkîSTi diEins. 
,<^i fequitur me non ambulat intenebr is , finitus pet Johun^ 
ntsKmhten manus , cognomtnatus Bnfcn^ Domini m. ce ce. 
XXXVI. annoj txaltatienis Crmcisfefio^ quod tnmcelebrabatnr ijf- 
fa VI. feria. On peut juger par cette inscription de ce 
-qu'on doit penlèr au prétendu original deThomas deKem- . 
pis^confervé chez les Jefuites d*Anyers , qui n'a été mis 
au ^onde que r^ni44i^c*eft-à*dire ftx.ans après le ma- 
nufcrit d'Evvich. 
>ltembcrg Nous vîmmes en deux jours d'Evich à Tabbaye d'Aï- 
temberg de Tordre de Cîteaux , appellée en latin Vetcris 
Mmtj^^oit parce qu elle eft environnée de tout côté de 
inoni|Hes^, loit parce qu'elle a été dabord bâtie fur le ' 
haut dPlà montagne , <:ar aujourd'hui elle eft dans un 
lieu très • profond. Elle paife avec juftice pour une des 
principales de Tordre. L'eelife eft la plus .belle que nous 
ayons vue en Allemagne , la plus grande ^ la plus élevée, 
4a plus délicate, & la mieux percée. Le dortoir dont la 
eVoute eft -{obtenue par des petits piliers de marbre noir , 
le cloître & le chapitre \ repondent à la beauté de 
l'Eglife. On voit dans le cloître la vie de faint Bernard 
peinte fur les vîtres. La bibliothèque n'eft pas fi confî. 
derable,il y a pourtant encore quelques mariufcrits des Pè- 
res de Teglife, parmi lefquels nous en trouvâmes un de plus 
^e 500 ans, qui a pour titre,: Herenei Lngdunenfis eftfcpfi 
in Afocaliffim. Ce titre nous frappa , mais ayant examiné 
Touvrage , nous reconnûmes aifement que cet ouvrage ne 
pouvoit être de faint Irenée -, c^r il y eft fait mention de 
d* Arius & de faint Martin. Saint Ambroife , faint Auguf- 
tin & faint Grégoire y font citez. Il n'y a guère de mo- 
naftere où il y ait tant de fepultures illuftres qu'à Alten- 
berg , car on y compte jufqu'à feizé Comtes , cinq Com- 
tefles , fept Ducs , trois Ducheflcs , quatre Archevêques , 
,& quatre Evêques, dodt nous ne rapportons pas les nom; 



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VOYAGE LITTERAIRE- lôt 

TÎi les epitaphes , qu'on trouve dans Jongelin , qui parle 
aflez au long de cemonaftere dans la notice des abbayes 
de Tordre de Cîteaux. On croit y avoir les chefs des {aines 
martyrs Jean & Paul , & cette maifon a toujours pafle pour 
avoir des reliques fore avérées. La dixme des corps des 
onze mille Vierges , qu'ils difent avoir , en eft une preu-* 
ve. Toute leur eglife en eft garnie, & à tous les autels on 
ne voit depuis le basjufqu'au haut que de leurs oflèmens. 
11 n'y aaflfuremenc aucune maifon de cet ordre, qui ofe fe 
glorifier d'avoir onze cens corps faints comme Altenberg. 
On en doit fans doute être furpris , mais la manière dont 
ten dit que ce nombre prodigieux de faints y eft venu , eft 
encore plus furprenantc. Il faut rapporter ici la choie , 
pour la rareté du fait, telle que les religieux nous l'ont 
rapportée eux - mêmes d'un ton fort ferieux. Il y avoir, 
nous dirent-ils , dans une grange du monaftere un faint 
Frère convers , qui étant une nuit en oraifon , vit une gran* 
de proceffion de (aintes Vierges , qui venoient de. Colo- 
gne. Il futfî charmé de leur modeftie & de leur dévotion, 
qu'il ne pût s'empêcher de les fuivre. Elles vinrent droit 
à Altenberg, entrèrent dans l'eglife, & de Teglifefe re- 
tirèrent dans le chapitre. Le Frère convers ravi de ce 
qu'il avoit vu , paffa le refte de la nuit dans l'eglife. Sur 
ces entrefaites le facriftain étant venu fonner matines i 
deux îieures , fut fort furpris de trouver à l'eelife ce frère, 
qui devoit être à (a grange j & quoique ce tut le tems de 
la nuit , où félon la règle on doiç garder un plus grand 
iîlence , il ne pût s'empêchej? de lui demander ce qu'il fai- 
foitlà. Belle demande, lui repondit le frère , n'avez- vous 
pas vu cette belle proceffion de faintes Vierges qui font 
venues de Cologne ? Le facriftain lui repondit que non. ' 
Vous n'avez , lui dit le frère , qu'à aller au chapitre, vpus 
les y trouverez. Cependant xm chante matines , lefquel- 
ks étant finies , le facriftain avertit l'abbé de ce qui fe paf- 
foit : l'abbé attendit jufqu'aprcs primes , qu'il vint à la tê- 
te de la communauté , & trouva le chapitre tout rempli 
d'oflemens. Mais comme le démon fe plaît toujours à troo. 
Jbler les chofes faintes , il avoit mêlé parmi tant de fain^ 



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léi VOYAGE LITTERAIRE- 

tes reliques un os de cheyal , qui exiialoit une odeur & 
puante, qu'on ne pouvoitla fupporter. Alors Pabbc exor- 
cifa ces oiTemens , &à Tinflant l'os de cheval fauta de lui^ 
même hors du chapitre, & la mauvaife odeur ceiTa. L^ab- 
bc ramafla tous ces oiicmens , & les porta avec refped 
jdans Teglife y & pour ne pas être trompé , il envoya à Co- 
logne des reliçieux à Paboaye des Machabces ^ pour fça- 
voir fi toutes les onze milles Vierges s'y trouvoient eoco* 
re, lefquels virent la place d'onze cens vuides,& vinrent 
faire leur rapport à l'abbc , qui rendit grâces à Dieu du 
prefent qu'il lui avoit fait. Cefarius qui ctoit liir les lieux,. 
& qui écoit fort crédule fur tout. ce qui regardoit les vi- 
ûons & les miracles, parlant de cette translation , ne die 
pas un mot de la proceuîon desVierges^ni duConversVoici 
comme il s'explique dans iès dialogues diiL8.ckap.8.8.& S9. 
JSLetmlit mibi quidam mcnachus de f^aeri^ Monte y in ^0 am^ 
flius quam mille dicuntur effecafpora ^qn^dnulUsf alfas intir 
fefatiantuf reliqnias. Tempère qmedam cnm flurima illic alla^ 
tafnifient CQtpora. Monachi lavernnt illa ^ cumque eadem fem 
fuijfent fuperfedes cafituU ^pannis mnndis (tikfifatis ^Jkcaren^ 
tut , fœtor intolerabilis q^afi ex eis exhalans omnium nares ig^ 
fecit. Timens i/ero domnus Gofvvinus akbas fœtorem , eumdem 
ex aliquo diaboli ludib rio fuiffe creaium ^ ut fer eum devotionem 
fratmm etpt reliquias martyrum exinpieret , afumtis fecum 
facerdotibus^ vefies facras induit , cum quibuseircahofiiumea^ 
fitulifians fie ait : adjure te immunde ffiritus ^ fer eum quivef^ 
n^fus efijudicare vivos ^ mortuos ^ féeculumfer ignem^ utfali^ 
quidtui opetis efi inhoc faïio remanifeftetur (^ annihiletUTy de^ 
quehonorem Deo ^ Sauf fis ^ejus. Mira res. Vix verba complet 
verat , ^ eue os grande equinum cuniiis videntibus de medi^ f/« 
liquiarum exiliens extra capituhm quafi turbine impulfmmpr^ 
jeHum efi^ eum quo onmis fœtor exiraÛus e^^advenitque odorfua^ 
wJUntus. Nous avons rapporté ici ce que ks religieux 
nous ont raconté eux-mêmes , ôcce que Jongelia en a. 
écrit dans fa notice des abbayes del'ordj-e de Citeaux^ 
pour faire voir la crédulité des ÂUemans. Il cft furprenant 
de voir jufqu'^ quel tnxîk^ ils la portent fur le fait des mi- 
racles fie desi^eli^iies ^ fie il nou^ rapportions tout ce qu'ils 



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VOYAGE LITTERAIRE. 1^3 

nous en ont raconté , on ne pourrait pas s'empécKer d'en 
rire. Ils s'imaginent avoir tout ce qui a fervi à Jefus-Chrift 
&à la Vierge Marie , & ils rendent tous les refpeds pofS- 
ëles 4 ces reliques fort incertaines , pendant qu'ils négli- 
gent celles des kints locaux , qui font indubitables, & pour 
îelquelles ils devroient avoir plus de dévotion. Lorique 
nous arrivâmes à Altenberg Tabbe n'yctoit pas, mais le 
prieur & les religieux nous firent aflèz d'amitié. Il n'y eut 
qu'un brutal de palefernier qui donna à un de nos >che- 
vaux un grand coup de fourche,qu'il lui enfonça fort avant 
dans la cuiffe. Nous foufFrîmes cette infulte en patience, 
ic nous n'en dîmes rien ni au^ religieux ni à l'abbé , qui 
étoit à Cologne. Nous traînâmes -comme nous pûmes nô- 
tre bête jufques-U , oà nous la troquâmes avec une per- 
te confiderable. 

Le premier monafterequi fe prefenta à nousfujt l'ab- Tof 
baye de Tuy , qu'on nomme vulgairement DufTe. Elle eft 
fîtuée fur le bord du Rhin, & reconnoit pour fondateur 
ikiht Heribert archevêque de Cologne. On y voit fa cha- 
fiible qui eft fort grande , & qui fort le jour de fa fête j Ùl 
cro0ê qui eft de bois & en forme de potence 5 fa taflè de 
bois , qui eft «nchaflee dans de l'argent ; Tinfcription qui 
fut trouvée dans fon tombeau fv^ une lame de plomb en 
ces termes : ^nno incamatienis Dominé noftti Jefu Chri0i 
Mxxi. indiSi^ne v. xviii. calmàas Afrilis ^ohiit Hirihertms 
architpifdfpus , qui hoc monafierinm fecit. Son corps eft dans 
«ne grande chafTe faite dans le tems qu'il fut élevé de 
terre. L'abbé Rupert a été le plus bel ornement de cet- 
te maifon. Il ^toit religieux de laint Laurent de Liège , & 
avoit re^u du ciel une fciènce infufe, qui Ta fait admirer 
dans les iîecles pofterîeurs. Il fut abbé de Sibourg&de 
Tuy , où il mourut en odeur de faintetéTan 1127. Il fut 
«iterré dans le cloître , maïs aujourd'hui on n*a aucune 
comnoiffancede l'endroit oùil eft. Voilà le fort des grands 
liommes. Il refte peu de monumens dans Tabbaye , nous 
«W avons vd de conCderaMe qu'un beau texte des évan- 
giles , & k vie de Éûnt Heribert. L'abbé & les religieux 
«pus re^ent^vecde çtanécs <iiemai^ratioiis d'amitié ôc 



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i64 VOYAGE LITTERAIRE, 

d'eftimé. Outre ceux qui refîdcnt dans le monaflcre au) 
'nombre de trente ou environ , il y en a au moins dixw^ 
neuf qui deflervent les cures: ils fontide bonnes études^ 
& font fort réguliers. L'abbaye étant expofce , a ctcfu^ 
rçtte à plufieurs révolutions. Du tenis de Rupert ellefuL 
bruléç , & il nous apprend qu'on ne fît ceflër Tmcendie^ 
qu'en lui oppofant un corporal , qui fe garde encore au- 
jourd'hui. Depuis ce tems-là elle a été ruinée plus d'une 
fois dans les guerres j c'eft pourquoi les religieux nous di^ 
rent qu'ils fe leroient rebâtis il y a long-tems dans une 
folitude , qui eft bien plus propre à la vie monaftique , (i 
faint Heiibert n'avoiç pas eu révélation que Dieu vouloiu 
être fervi dans ce lieu. 
s Pantaieon Outre l'àbbaye de Tiiy qui elt hors de la ville au. delà< 
it Cologne du Rhin , il y a dans Cologne quatre abbayes de nôtre 
ordre, deux d'hommes, & deux de filles. Celle de feint 
Pantaleon efb la plus con/îderabie. U y avoit autrefoisr 
plufieurs manufcrits, mais les religieux qui n'en connoif.. 
ibient pas le prix., les ont vendus pour fort peu de cho- 
ie: il n'yrefte qu'une trèt-belle bible , l'hiftoire ecclefiaii 
tique de Pierre le Mangeur & Jean Belet. Il y a dans l'e-* 
glifc trois tombeaux renurquables : Celui- de Bruno ar* 
chevêque de Cologne , frère de l'empereur Otton 1. & 
fondateur du monaftere y celui du faint abbé Heriman^ 
BUS , & celui de l'impératrice Theophanu femme de Tem* 

{)ereur Otton H. qui , à ce qu'on dit , apporta de Rome 
e corps entier de faint Alban martyr d'Angleterre. C'eft 
une des belles reliques qu'on puifTe voir. Car le corps eft 
tout entier lans corruption , la tête feparée du corps , 
parce qull eut la tête tranchée , ce qu'on remarque bien 
encore. On eut la bonté de nous faire voir à découvert 
ce précieux monument ,.& nous fumes furpris de voir la 
ïacilité avec laquelle on ouvre les chaâes des faints , car 
on ne. fait aucune difficulté de les ouvrir à toutes les per^ 
£3nnes un peu coDfiderables,& cela eft afièz ordinaire dans 
tout le pays. Si au lieu de s'^ippliqucr uniquement à l'é^ 
tude de la fcholaftique & des cas de confcience, ils étu* 
dioieixc la difciplloede l'Egliie, ilsyerroienc qu'iLn!y a 

nen 



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VOYAGE LITTERAIRE. <r^^ 

f ïèn de plus défendu dans les conciles ^ & cjue cette fa. 
cilitc eft capable de rendre leurs reliquesifufpeAes.r^' 

L'abbaye de fiiint Martin le Grand pafle aùffi pouiicon- 
lîderabfe. L'eglife eft ancienne & afTex joHe. ïly a^^qu^K ^-Mani* 
ques manufcritS' dans la bibliofheque , mais comme Qp 
bâtiffoit , elle ctoit toute dérangée , & les livres en confu- 
fion les uns fur les autres , de forte que mous tnc pâmes 
riea voir. L'abbaye des Machabées eft fîtuée^ d^x 'le 
lîeu^même oit Poniafait mourir feinte Urfuiç & leslGoni. 
pagnes. C*eft. pourquoi elle eïl en: pofleffion de ce grand 
trefok/qui fcrt d'ornement & de tapiflerîe à Tej^lrfe , car 
leurs Qjûiemens y font rangez depoklehautjuiqufeiibas^ 
i On y. niontre encofte à l'awcet ics.fept; chefs des fept fw^ 
. tes Macjiabccs ^ & cebûder £aint JoaXklifimi Pour i*aJ:>baye 
de faiofte Agathe y elleétôit ôrigihadrement de>I- ordre de 
feint Augumnr, & il n'y a pas «rois cens ans, que les reli- 
gieufcs.ont pris la règle defaiatBenoît..Je no parle pas 
de k Cathédrale ^. qu'on nommq lc:Dâme^ Silellc étoit 
Achevée ^. elle fcroit une des belles çglifick qiîlaa.ipuifle 
voir , mais il n*y a que le chœur dfc rait^ & il n'y apas 
d'apparence qu'on y mette jamais la dernière^ inain,; "On^ 
y conferve les corps des trois Roiirquifikrent- apportez 
de Milan à Colbgne du.tem^ de l'emjpereur Frédéric Bar- 
feerouffe^ Outre la cathédrale iliya^-dans la- ville onze egiî^ 
fes collégiales , dix. neufparbifTes , quinze convenus d'horti-- 
iries^vingt-deuy de filles ^ & plufieurs autres eglifes moins 
coofideraoles; Nous vîmes feulement celles où nous ;ef- 
perionstrouver quelques manufcritS^ , La roaifoodes cha- 
noines réguliers^ qu'on - nomme C^r;(>^^rz/ Chrifil^ efbfort 
. belle. Bile eft de la cotigréeation dfc Vvindesheim, On y 
conferve une trcs^bdle bible en cinq volumes in folio ,, 
qui eft d'autanr plus refpedable , quelle a été toute écrite 
.de4a propre main de Thomas^ à Kempis , cûmine: noas 
apprennent ces paroles qu'on lit a la fin du' cinquième 
volume- Completwm eft, hoc vohm^n novi Tcfiamenti itfmû 
^omini m cccc KX'Viiiinvi^HiaPtntéeôfies^perntdnusfra^ 
<f/f Thoma^K'^^is ad laudem Dti. Cette ihfcrîpBion fait 
affez-voir ce. qu'on doit penfer de foû prétendu origjittat. 



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msitx 



^^ VOYAGE LITTERAIRE. 

de rimitation de Jcfus-Chjrift , confervc chez ksjefuîtes 
d'Anvers , à la fin duquel on lit cette infcription , lur la- 
. quelle on ie fonde pour lui attribuer cet excellent ouvra^ 
ge, qui é toit au monde pluiîeurs années auparavant. Fi^ 
ni fus é^ complètes amo Dommi m cccc xli. per manus fra'^ 
tris Tham/e Kempenfis in Mante S. j4pietis prafe Zvvoll. 

Comme on cous avoir beaucoup vanté la bibliothèque 
<les Bngittains^ nous funtes dire ia méfie ch'ei eux, & après 
ravoir ^te^nous demandâmes i voirie maQurcrits.AuâS. 
tôt le fuperieur ho^me d*efprit , nous 7 mena lui. même* 
Nous y trouvâmes quelques manufcrits , mais recens & 
.die peu ^ cnnfèqikence s dn reftela bibliothèque n'eft pas 
lùftuYaîfe pour le pays. Oetce hiaiâ» eft double , car ^I 
y a xa&t x:qihm^uMUo6 d'kommi^si&uiiejde filles , quin'<Mit 
toutes deux qu*une mêmeegliée , où ils chantent fuccefl 
iîvement Tomce divin tes uns après tes autres. Lorfque 
noxis y arrivâmes , les religièalc thantoient prime j auffi^ ^ 
tôt qu'ils eurent iîni , les religiéufes c<m)mencerent les 
leurs^rEHes font quaurlaoœ,& portent une petite couroa. 
«e fur leurs voiles; 
« Char, jsjxMis fômesdelà aux Chartreux ^ qui paflent pour avoir / 
la meilleure bibliothèque de Cologne. Lof fque nous y ar- 
-ritâmeS) ils tétoèent occupez à donner l'habit d uniiovi* 
ce. Après la^rànde méfie , tous les religieux étant aâêm^ 
l>îel dans le chapitre , le polhilant vint en robbe de cfeaiA • 
bre faire fa <ilemande au prieur , qui lui fît une exhorta* 
tion en latin fort oathetique. Il la lût toute entière hiis 
aucune îniftçâion de roix ,& ila fin , il lui dit d'aller fe 
* revêtk des habits de gloire. Le novice fe leva , & entrilit 
<ians une chambre voifîne, il y prit fes habits religieux. 
On le conduifît ejifoite à Peglife, où on chanta le î^mi 
Oeé^Uf ^ & le prieur redtafur lui quelques prières. Il en- 
tonna içMifiretey &le mena en cérémonie avec toute la 
communauté dans ïa cellule ^ où il dit encore des prières, 
& lui donna Quelques avis. Le lendemain nùùs retournâ- 
mes pour voir la bibliothèque, qui eft eifedivement la meil- 
leure qui foit à Cologne. Il y a un très-grand nombre de 
lAanuédts^ mais la plus grande partie font récents^ &fie 



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VOYAGE LITTERAIRE- 1^7 

contiennent que des ouvrages de pietés Les principaux 
font Içs viesdes faines dont Veft fervi L^^ï^ot S4jri*>* y les 
ades originaux du concile de Bafle ^ le^ ades du concile 
de Calcédoine^ les lettres de Jean Calcar Chartreux ^& 
plufîeurs autres ouvrages des pères de cette maifon y qui . 
a été féconde en grands hommes 5 car c^eft de la char- 
treufe de Cologne que font fortis Laurent Surius, Jean 
Lanfpergius , dont les ouvrages font fi pleins de pieté ^ 
Jean Calcar. Je ne fçai fi Denis Richels n'en étoitpas aufli 

{)rofez. A la fin d'un manufcrit de faint Thomas contre 
es Gentils^ on lit c^s. mois i Jftum librumdf dit nqkis Cartu^ 
fienfihus in Colonia commorantxbns ^ dominus kçjfftérus d^Pé^ 
ineri0 miles devems fponte teclufus apudS. PamateoiîemihCâ* 
ionia y qui otiit ^mna doptini 14 cjcp L^xiçi j^ i^ ^^ ^ Remi^ 
fii y ^nmafciiicit die men^i OJtifi^fis^ cuiui anima,reqmefcat im 
face^ 

Nous partîmes de Cologne; le pirerQ^er p^RiançJbe dç, ««wnHDei» 
rÀvent , pour aller à rà]?baye de Brunvvjjlers/, qui n'en 
cft éloignée que de deux lieues. Nous y ^rriyâniesfurles 
onxe heures^ & monfîeur Tabbc n^ vp^lut point fç met- 
treàtable, qu^on ne noiis eût préparé queîquç choie i 
dîné y afin que nous puifior^s maii|;er avec luu . C/eft un 
Prélat qui a de fort bdlçs.quia^ijfe? j,ij[eft^fpiri^ 
nête y régulier & fçavant. l\ a^enfeigqc 1*. théologie ei» 
plufîeurs monafteres de fa congrégation, & élevé les re- 
ligieux dansiez fciçnçç5.>AW3i»ç que h gçn« dttpayMe 
peu« perrnetîrç^ IJ[>ftJe feul quj.^it à. Colpgqcm« iç^jt 
nairç ^ovl il en^teçi^nc^s ij^i^ reUgiç»^ pv>ui^ 4^dicff 
dans rUniverfité.Pour ce qui eft de fôn^ iqfiQ9îlç{^^^^ ç^eft; 
jun des plus illuftres de Tordre ^ & le plus beau qiiî foie 
dans le pays. On y ypit encore; tous les ancicfi^ ljilj)TOÇiî«^ 
qui font aifèmçnt jugçi? qu^ijvy^fi ^ dç.ïQ^Ç^^çi^l^rand 
nombre de relîdçux, Eï*PaÊî;eiîf^c^YvÇç^^^ 
Mathilde fon epdujfe ^ txk ç>r^.,é%^U^J^^ Oa y 

Tok encore kur^ toqabeaux yt^ vpi(d îe^s .çjjît^pjies^ - 



-Vw. 



U.4- - ' * -» 



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4« voyage litteraire. ' 
:epitaphedeezzon erenfroIt 

Comte Pal ATI N, 

S^omen Erenfridi trihnat fnpcf ^thera fcribi ^ 
Notnine pro cnjusfifuBa fiai ift.a domms. 
^Jtd^quod eumfaEîum ccnjmx càriffima traffum* 

Flexit , ^ hitc obiit , liqMit ^ hicfubiii. 
.CuJMS fœcmndi dederint cumpiytçTét lumbi ^ 

Subfiraxittuitis quod daret hic monachis. 
fiuùmfkb bis finis Oemini mi/ere calendis , 
^.^Quafivit ilîfi domo qni Diusefi^ bêm^. 

^ ^PITÀPHE demathilpje 

vÇoMTESSB Palatine. 



0^ .. .ntlyi'A .'jr jf'j'y i 



jOhâ 'dviis yÇttâ péter ^ fuerénthnic Oitoque frater^ 
** "j knb ^utis Itomd potenifubdidit otmu nefas, 

Hatijujus 4eBi firu&rix duxfemina foBi ^ 
Machiiiih nobilins fkfcipit inde genns 

'Arcitenens ipfam quarte jhb Inminefixam 
' ' ^^ranfiftUtkd'wtdmÎMcisin arcé^um. 

Cmiquod debenms\qéid noH ihipUrewIemms ^ 
''\ TnferfotafrienCèrifièlUdémoramtfi. 

il faut joindre à ces 4etrx epkaphes celui il'Otton duc 
de Suabe Icot rils| qui fut eiitef ré i Bf unwiliers, i ce qu'où 
cfitvWf' ÔijUïio'evêqué'd^Toul, qui depuis f ut trabc foiis 

Vir^neitm Jtdês ikmfipiem terminât iims ; 

A^âk^eihié -ûmm ttl^gàt ifi4i %emenf^ . > 

^UihiC'^èrwniem tuUt Ott» nomine nonun ^ 
. Cmi MathiU nutter ^/Mt fiiit EkS$ fater. 

D»fc qui Snevorum mêrietu ^ft fUnHus ecnm, 
Sid fU pHfti Dews himc rffdra mflips» 



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VOYAGE LITTERALE. 1S9 

f ïntre les grands hommes qui ont fleuri à Brunvvîllers, 
im doit mettre faint Vvolpheme ahbë , dont on vcJit le 
tombeau dans Teglife , & les facrées reliques dans le tre- * 
for j & Tabbé Emilius qui reçut faint Bernard dans fbn 

, naonaftere. On dit que cç faint avoit grande envie d'u- 
nir Tabbaye de Brunvvillerç à fon ordre, & on montrfe 
encore un autel fl^r lequel on croit qu'il a dit la meflèJ ' 
Comme le monaftere a beaucoup fouffërt par les guer- ' 
Tes, & qu^lactc fujet comme les autres aux révolutions» 
on ne doit pas être furpris s'il n*y a plus qu'un manuf- 
crit des lettres deCiceron $ ainfi rien n'étant capable de 
nous retenir , nous partîmes le lendemain pour aller à 
l'abbaye d'Eifterbach de l'ordre de- Cîteaux, qui eft au- 
^elà du Rhin à deux lieues de Bonne , le lieu ordinaire ^ 
de la refîdenee des Eledeurs. 

L'abbaye d'Eifterbach étoit originairement un monaf- *ift«*** 
tere de chanoines réguliers bâti' fur le haut de la mon* ' 

* tagne : mais la pauvreté^ lieu les ayant obligez 4el'a« * 
bandonner , on le donna aux religieux de iVrdre de Cî- 
teaux, qui descendirent dans la val^e^ c'éft pourquoi on 
l'appelle en latin , VaUis S. Fttfi: Ils y bâtirent un monaf- 
tere confiderable. L'egUfe eft une dès plus belles de l'or- 
dre. Les lieu^ régulier? .repoHdoient à l'eglife , mais dans * 
Je tems des guerres tout a été ruiné. Uabbé qui gouver- 
ne aujourd'hui travaille à les teparer , mais fa plùsgran* 
de gloire eft d'avoir £ait iQ% efforts pour rétablir l'obfer- . 
Yance <iaûs toute iâ pureté ^ & d'y aybir introduit toii-' 
tés le5 ^pratiques de la fameufe abbaye d^Oirvai. Cela ne • 
s'eft pas fait Étnfi de grandes conttadiétions , tant <lu de- 

' 4lans que du dehors } mais Dieu lui ayant îm, la grâce 
4e les furmcMter ^ il faut le prier qu'il tontinue à verfer 
jfes Ijehedidiôtts fw? iui & fur it^ frerës- :Qn peut regar- 
der comme un miraicle de la grâce, Ja^îe qu'ils mènent, 
2c on adeilatieine'âcdmprehdtieyque dans un pays oà 
le$ hommes tont prqfefllon de bien manger &: de biea 
boire ^ on trouve des gens confacrez àlaplus auftere pe- > 
liiceâce^ éldgiieZide tout commerce du monde, âeiaii*- 



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ayo VOYAGE LITTERAIRE, 

midi , ou aprcsTefpres , avec des légumes. Ils ctoichc vingt- 
trois ou vingt- quatre religieux ,qniavoient la paix pein- 
te fur leur vidage , Se qui nous apprenoient par leur exem- 
ple, que le véritable moyen d*^cre heureux en ce mo»k. 
de , eft de renoncer à tout , ^ de n^aimer que Dieu. Ce- 
lui qui avoir foin des Ilotes^:, i^ovt$ charnnoit par h cha-< 
lité i & il n'ctoit pas difllciiedeYQB' qull s'ctoitperfua- 
dé felon nôtre règle , qu'il ««^çevoit Jésus.- Chmst ea 
fes metnbres , quelqu'indigoe» <|tt'ils foient de ce nom. 
Lorfque nous le quittâmes y il npus offrit de Targent , mais 
nous le Femef<;^me&. ^.il^^u^ d&KOà: un guide pout nous 
ipet^re dans le chemin.. 

Comme tous les anciens monutneos de Tabbaye d'EiC 
terbac ont été di(fîpez dans les guerres ,. nous n'y trou, 
vâmes de manufcrits qu'Une bible > avec les dialogues 4C 
lei homélies de Cefàriu^ ^ aindnous n'y reftâmes qu'iu. 
t^pt- qu'il étoit nec^c^ire pour nous éaifier de la vie dç- 
ce* faints religieux. Nous en partîmes le 30 Novembre 
dan) le deflèia d'aller i l'abbaye du Lac , mais il nous ^t 
knpofHble d'y arriver.. Nou$ tàm^i obligez de pai&r I^l 
tmt ds^ un. villaeç-» oi nous, couchâmes dans on petict 
poëte; i terre fi^* ^ Igp^Mk-K Lejour&uvanc nous vn^Vr 
ck&mfi^ toute la journu^ avec ^m grand vent fans poiiyoir 
trouver mie ville où no^lG ^Bons coucher. Nous pa0? 
inesL U nuit à-peurprè^çotnme 1» précédente, & dan^uik. 
gros village^ „ où- nous, Bfi- f^mes pas feulement trouver 
dulaiti. Ijç joiv Suivant oQQsmiifchâmcs presque toujours 
avec l^ piuye).<c Wriquc «o«j fômes adrriveTr au lie» où» 
nom devions dîner ,. qqu$ ne ttouvâmci? aucune hôeelle^. 
xie dans le village,, mai) qB: nous avérât d^aUer au châ» 
seau , o{^ œadanve de Santés. , dont la pieté eil connue 
dans toufi le p^ys^iêfaiioityii plaiilr de recevoir lesr«.. 
ligieux. N^ns envoyâme» n^e gardon demander fi ojt; 
vpttdroif bieo^ oou» perœeixre d'approcher du feu pour 
«pus. fçcher y Se au^-tôc o» vint prendre nos chevalîx », 
«l'on mit dans r^ciode. Oaiumsfit approcher d'un grand 
«»,. & la, DamenoDs. fe doixMc i duec^ Elle à:^«y«a 
la^vod Sailli àb Qwfeknf» » ^aUok iLoxmahoms > 



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VOYAGE LITTERAIRE. 171 

& qui devoit ce piême jour aller coucher à Prum. Nous 
fumes bien aife de cette rencontre, afin d*y aller en mê« 
me-tems j mais la pluye avoit tellement rompu les che^ 
mins , quefon carrofle ne pouvoit avancer j ainU nous fô- 
mes obligez de le quitter: mais la Providence qui a tou- 
jours veille fur nous dans tous nos voyages , nous envoya 
un guide , qui nous mena , £c qui eut la charité de des- 
cendre de cheval , pour y faire monter nôtre valet , q^ûi 
ëtôit fort fatigué* Cela nùus avan^d^uae heure & demie. 
Nous n'arrivâmes pourtant i Pnim qu'à la nuit. 

L'abbaye de Prum eft /îtuée datis une vallée au oied p™** 
d'une montagne fur latérite -rivière de Prum ^ qui a don- 
né font nom au ijiona{)ber^&a la ville* Elle a été fondée 
par Bertradc grand-mère delareiHe Bertefcmme dû roi 
Pépin, laquelle avoît un château à^ine iieucde la^&quila 
fit bâtir dans fon propre fonds Pan Jity qui étoit le pre- 
mier du roiThiery, QuaranceansaprèsPepin,àrinftance 
delà reine Berte Ion cpoule , transféra le monaftere dans 
le lieu où il eft aujourd'hui ^ le bitifc avec tant de mag- 
nificence , & le dota fi rich(Sftieiit , qu'il éclipfa la premiè- 
re fondatioiî. Afluerus comee d'Anjou ^ qui en fut le pre- 
mier abbé ^ & quelques autres feigneurs , qui Tavoient 
fuivî dans fa converfion ^ Iw donnèrent prefqu'en même- 
tems de fi grands biens dttnsl*A*jdu^ dans le Maine, & 
lians k Bf etagne ^ qu'ils àuroieift iiiffi pour bâtir un autre 
monaftere. Les Princes, les Rois S^les Empereurs, lui fi- 
rent aoffi de fi grandes donatioîjs , que l'abbaye paflbit 
Ipour la plus floriiTinte qui fot en Allemagne ,& je doute 
tort qu'ducuitô etât pu lui difputer. L'empereur Lothaire 
fils de Louis le Debonnaii^ y l'aimoit fingulierement , & 
après avoir fait trembler toute la terre par la force de Ces 
arpies , il y fit un facrifice à Dieu de toutes ks grandeurs, 
en prenant l'habit de moine , dans lequel il mourut , & fut 
-enterré au milieu du chi£ur , eùPenvoit fon tombeau , 
^ui eft affet fimple. L^sÊfiipereurs fes fucceflèurs honnore- 
rent lesabbe^ de Prum de la qualité de Prince du iaint 
Empire ^ & continuèrent de combler cette mailon dé fi 
grands honàeurs êc de fi grandes richeiTes ^ qu'ils excite^ 



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17^ VOYAGE LITTERAIRE, 

rent la concumfcence des archevêques de Trêves ,qui re- 
gardèrent Paobaye dePrum comme un objet qui n'ctoir 
pas indiffèrent Ils penferent plus d*unc fois i s*emparer 
ac Cous (es grands biens ^ &à les unir à leur manfe archie- 
pifcopale. Vernier de Konitîgftein dès le tems de Boni- 
face IX. obtint de ce Pape une bulle fubteptice pour exé- 
cuter ce projet ^maisJe. même Pape ayant connu la fauf- 
fetc de Pexpofé-, revoqux lui^mcme fa bulle. Jean de Ba^. 
de fit la tiicxne tentative fous le pape Sixte IV. mais il ne 
reuffit pas mieux. ^ car ce Pape revoauacauflî lui -môme la 
bulle d'union qu'il lui avoit accordée. Enfin Jacques de* 
Eltz rcuflît mieux- fous le pape Grégoire XIII. Le pretex* 
te des prétendus dommages qu'il avoit fouflfert des Lu- 
thériens ^& d'autres motifcs qu'on dit n'être point vérita- 
bles, lui rendirent de P'ape propice. Il eaobtint une buU 
le fubreptice , que quelques-uns regardent même comme 
fauilè & fuppofëe. Elle eft faufle cflfèdivement dans ùl. 
datte , telle qu'elle aétc produite dans un procez par le 
chapitre de Trêves j mais cela fuffifoit â un homme avi- 
de au bien , quine cherchoit ni l'utilité de fon egliiê , ni^ 
ceUe.de l'abbaye , mais feulement fes propres intérêts. Il 
y trouvoit fon compte^ il augmentoit par U ics grands; 
oiens y il n'en falloit pas d'avantage pour lui. Avec cette 
bulle , fans aucune formalité, il s'empara à main.armée de 
tous les biens de l'abbaye, dont. lesEledeurs de Trêves 
ont jouijufqu'àprefent,& encore aujourd'hui ils jottiflenc 
detrei^te fix mille écus de rente du monaflere de Prum,, 
fans parler des grandes terres, qu'ils ont alienéesL II 
eft vrai que l'éleàeur d'aujourd:!!^^!^ plus raifonnable 
que Tes predecedèurs , & on dk qu'il eft dans la refolution 
de rebâtir l'eglife & tous les lieux réguliers ^ qui tombent' 
en ruine. Mais quelque mal que cesarchevêques de Trê- 
ve ayent fait à l'abbave dePrum y ils n'ont pas empêché 
<juc la difcipline n'y loir encore en vigueur, & on peut div 
jre fans faire tort aux autres , qu'elle^ft la plus régulière 
de toutes celles que noqs avons vôës en Allemagne. Il y 
a pribs de trente religieux- ,. qui vivent ièlon les uikges dfc 
h congregaûoA de JS^orsield ^ qaçiq^i'Usi)'/ ^yent Jamias 

éid: 



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VOYAGE LITTERAIRE. xy^ 

•té unis* Ils font très retirez, & grands obfcrvateurs du 
filence , de la pauvreté , &des autres vertus religieufes. Ils 
font TofEce divin avec beaucoup de dévotion , & paroif- 
iènt fort intérieurs. Ils ont àleur tête un prieur, qui dans 
tout le pays a la réputation d'un faint , quijoint la fcien- 
c€ i la pieté ,.un homme fort mortifié , & qui defirant por- 
ter {t% religieux par fon, exemple à reprendre TabAinenf. 
ce, a paflc deux années entières fans manger de viande. 
La feule plainte qu'on fait de lui fait fon éloge : car on die 
qu'il eft trop retiré y & qu'il ne voit pas aifez le monde j 
mais oa convient en même^ tems , qu'il n'y en a point qui 
faflè mieux les affaires de la maifon aue lui. C'eft une 
erreur fort groffiere , de croire que les fuperieur^ qui fè ré- 
pandent dans le monde „ quilacultivent & font des repas^ 
magnifiques aux feculkfrs,s*acquierent plus<l*eftime & plus 
d'appuy auprès d'euXi au contraire ils n'en ont d'ordinaire' 
que du mépris. Il a un grand foin de faire étudier fes frè- 
res, & pour cet effetil leur a procuré deux maîtres, l'un 
Q^\ enfeigne le droit & les fâcremens ^ un autre le trai- 
te des ades humains. Outre cela il entretient dans la: 
maifon un feculier doâ^eur en. droit.. 

L'eglife qtii • fiiWîfte aujourd^huieftancienne & fort fim. 
pie. Le fanduaire eft pavé de marbre, & a^ffiune partie 
du chœur , au milieu duquel çn voit le tombeau de l'em^, 
pereur Lothaire. Il eft de marbre noir , mais il n'a riea 
de magnifique. On conferve dans le trefor une très-belle 
croix , dana laquelle il y a du bois de la vraye Croix. Elle 
eft enrichie de pierres précieufes ,fur tourde deux agathes 
de grand prix , dont une reprefente l'empereur Lothaire. 
On montre auffi la femelle a'un à&^ fbuliers^ du Sauveur , 
donnée aivroi Pépin par le pape Zacharie , &il en eft fait 
mention dans le titre de la. fondation du monaftere ; uh 
bras de faint Jacques , un^ os de ^intBarthelemi , la ms- 
ehoire de faint Thomas. Ils ont auffi les corps de faint Pri- 
me & de faint Eelicien>^ qui font encore en^terre : ceux des- 
iaints Marius^, Audifax , &c. apportez^de Rome par Tab^. 
faé Marcuardus dans le neuvième fîecle. On peut voif le^ 
ades de leur tranflation dans le P. Mabillon. 



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*74 VOYAGE LITTERAIRE. 

Il refte très-peu de manufcrits à Prum , mais ceux qu*on 
a confervez font très-précieux. Nous y avons vu un texte 
des évangiles très-ancien, écrit en lettre d'or, avec des con- 
cordances des Evangeliftes à la marge. Un autre texte des 
évangiles , dont les commencemens font cents en lettres 
d'oTunciales , à la fin duquel on lit ce qui fuit d'un carac 
tere très-ancien. 

Anno Dominiez incarnaiionis D c ce lu, indiSliane x v . Ad- 
'vtniens Z^tharius imperator Prumiam wnnafiniim , qu9à efi 
CânjlrMEhm in bMoreDâtniniérSéihatikm nêfiri] es u Ch r i st i , 
necnon & genitricis efnfdemDei é* Domininofiri^ beatiOimi 
awoqMâ Johamis Bé/ftift^ffétcurforis ejm^ fMnBSmorum etiam 
apûfioiorttm Petri & Pmdi , cetetmmmque npùfioUrum , Stepha* 
nifuoqitepothomanyris , wnBvnmujM€ fai^orum Martyrum , 
Méiftini etiam (^PemdiSi veneraèilij^m^rmm confejfmtm^cunc- 
tonmfUi fanBêrum ^ mfin§ impirii fui initalia xxxiii. é- in 
pruncia xiiï. ohtnlithM numte itv$U fanBo Salvatari é* 
omnibus frafdiis [suBis fu rtmedio ammafu^ ^ conjugis de^ 
funEliC ^ poli/que (jr omnium fnedecejforum fuorum fro fiatn 

ttgni. 

Ce qui fuit eft d'une autre main. 

Anno abincmnatione Domini m x c vi 1 1 • indiBione v i , con^ 
currente ini. epaBa xv. cal. OBoiris. Rcgatuimperatoris Hen* 
rici 1 1 1 . é" p^rmijju domini Ei g i lb E rt i Trevirorum archiepif. 
copi confecratu efi h^c crypta à vonerahili V i c e l o n e Vviter* 
nenfiepifiopo , inhonorofanBa & individus Trinttatis^é'fanc^ 
téC Crucis , é'fanBiO Deigenitricis Maria , é" S. MichaëUs ar- 
ohJtngeli , ^ S. Andrew ^ofioii , ^ SS. viginti quatuor fenio^ 

rum^ 

Nous y vîmes la chronique de Reginon^qui diflfere en plu- 
fieurs endroits des imprimez,&dans le même volume la vie 
deCharlemaene,& les annales fans nom d'auteur,qui com- 
mencent ainu : ï) ce xxi , ftT^f^»/^^ C^n?/«/ «w^^^^rw, &c. 
qui font fuivies de quelques fragmens de Thegan auffi fans 
oom d'auteur, à la fin defquels on lit ces mots : Anno Domi^ 
nitaincamoHénis ul lkxxiv. firiptum efi hoc volmmen abAr. 
naldo fcholari , pnecipiente domino Vvolframmo fio ac v^era^ 
biliabbate Prumicnfis cœnobii. Les dialogues de faint Gre^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 17/ 

goire , les vies de faint Rémi ôc de iaint Remacle , & ce que 
nous eftimons le plus , un très-ancien cartulaire , qu'on 
nomme communément le livre d'or ^ parce que la couver- 
ture fur laquelle on voit les anciens habits des Rois , eft do* 
rce. Il faut ajouter à cela le livre des cens , écrit de la main 
de l'abbé Celàrius , qui après avoir gouverné quelques an- 
nées Tabbaye de Prum avec édification, par un généreux 
mépris de toutes les grandeurs humaines , renonça à fa di- 
gnité, & fe retira au monaftere du Val faint Piçrre , qu'on 
nomme aujourd'h^ii Eifterbacb ^ pour y palTer le refte de ics 
jours dans ks exercices de la^ pénitence la plusauftere. U 
ne faut pas le confondre avec le Cefarius aufli religieux 
d'Eifterbac , auteur des douze livres des dialogues qu'on 
trouve dans la bibliothèque de Cîteaux , dans tefquels il 




qui ne fçache que le fameux Vvendalbert, dont nous avons 
un martyrologe envers^ & quelques autres poëfîes, ctoit 
religieux de Prum* Dans la préface de fon martyrologe, 
il promet de donner auffi en vers une explication de l'Exa* _ 
meron : comme elle n'eft pas imprimée , j'avertis ici les lec- 
teurs qu'elle fe trouve dans un manufcrit de Vvendalbert ^ 
écrit du tems de l'auteur , que j^ai vu autrefois dans la bi- 
bliothèque de monfîeur Bigot, 

Nousreftâmes fîx jours entiers iPrum ^ fort édifie? du S.Tfcoma» 
prieur &des religieux.Nous prîmes enfuitele chemin d'He- 
merode-, mais comme la journée eft un peu forte y on nous 
confeilla de coucher à faint Thomas ^ où l'on nous aflura 
que nous ferions les bien venul C'eft une abbaye de reli- 
gieufes de Tordre de Cîteaux,- où Ton ne reçoit que des de- 
moifelles , c'eft pourquoi elle eft très pauvre \ car le moyen 
de ruiner les monafteres, & pour le temporel & pour le fpir 
xitueljC'eft de n'y admettre que des perionnes nobles.CeluL 
ci eft confacré lous l'invocation de faint Jhomas de Can- 
torbie ^ & fitué fur le bord d'une petite rivière» Nous y ar- 
rivâmes fiir les trois heures , &nous demandâmes d'abord 
rabbeffe^ijuinous fit dire qu'elle »e pouvoit pas nous 1^ 



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176 VOYAGE LITTERAIRE, 

ger , & que nous allaflîons au cabaret. Nous demandâmes 
où étoic ce cabaret, & on nous montra une petite chau- 
mine près du monaftere , où il n* y avoit ni vin , ni œufs , tA 
poiflbn , ni lait , mais feulement du pain trcs-noir. Nous . 
demandâmes où nous pourrions coucher, on nous montra 
un petit pocle , mais qui ctoit ii infede , qu*il ctoit impoil 
fible d*en fuppocter la mauvaife odeur. Comme il n*y avoit 
point de cheminée dans la maifon , nous nous promenions 
pour nous échauffer, & nous étions déterminez<ous deux 
de paflèr la nuit dans l'écurie avec nos chevaux. Nohs<:^« 
kbrions alors le tems de TaClvent , & confiderant que -l|t 
laintc Vierge ôcfaintjofeph étant allez à Bethléemi /n'y 
avoient pas trouvé où fe loger , & que la première demeu- 
re du Sauveur en ce monde avoit été une étable , nous fouf- 
frions fans peine cette petite avanture. 
• Environ iine heure après Tabbeffe ayant fait quelque^ 
reflexions , nous envoya fon Jardinier , qui étoit François, 
pour tenter nos difpoutioivs. Nous nelui témoignâmes au. 
cun mécontentement , ni aucune envie d'être mieux j car 
nous étions très.contens.Une heure après l^abbeife n'ayant 
point de reponfc dujardijiier, nous envoya le confe(feur^ 
qui nous demanda excufe , reiettant la faute fur la tour* 
xierc , ^^louspria de revenir a l'abbaye. Nous y allâmes, 
& nous y trouvâmes un Jacobin & un ReColet qui faifoienc 
la quête du grjain. La bonne abbefle nous fit tout l'accueil 
poflîble , & h elle avoit fait une faute en nous refufant d'à- 
bord , elle la repara bien par toutes les honnêtetez qu'el- 
le nous fie , & le lendemaih^Ue nous donna unliomme qui 
nous conduifit âHemerode. 
ff€mittoU L'abbaye d'Hemerode qu'on appelloic autrefois le CloS<^ 
tre , CUuftfum , reeonnok pour ton fondateur Alberon ar- 
chevêque de Trêve. Elle eft fîtuée dans une grande folitu- 
de^ environnée de toute part de montagnes 5 c'eft pour- 
quoi faint Bernard étant venu fur les lieux pour en jetter 
les premiers fondemens , éc en ayant confideré la fitua» 
don, on dit qu'il s*écx\^:J^erehiceftclauftrum £. Marid^ 
& que c'eft de là que lui eft refté le nom CUmfimm. On pré- 
fîend néanmoins que les prenaders religieux , s'itoienc é'^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. if7 

"bord établis à quatre lieues de li , mais qu'ils n*y furent 
pas long-tems,&; qu'ils vinrent prefque auffi-tôt après fixer 
leur demeure où ils fbnt.De tous les anciens bâtimens,il ne 
refte queTeglife, quieft grande, mais qui fe relient de 
cette nmplicité qui faifoit tout rornement des premiers 
tems de Tordre deCîteaux.Les chaires du chœur font fem^ 
blables à celles de Claiîrvaux. Tousles autres lieux régu- 
liers font îiou?eaux. On prétend que la chapelle de Tin- 
firmërie eft la première eglife du monaftere,&que fkînc 
Bernard dont on montre Tétole ,y a dit lamefTe -, mais ce 
petit édifice ne nous paroît pas fi ancien, & il peut avoir 
été renouvelle fur un autre d'une plus grande antiquité. 
Il-yavoit autrefois à Hemerode un grand nombre demoir< 
nés. Il y a quatre cens uns que l'abbé de Clairvaux les 
fixa à foixante religieux de chœur , & dçux cens convers. 
Environ cent ^ns api?fcs ce grand nombre fe trouva reduir 
à quarante moines , & à neuf convers feulement. Je ne 
fçai fi aujourd'hui ils font autant- L'abbé qui gouverne 
depuis plus trente-dnqans^eft un homme deftingué par fon 
mérite perfonnel , par fon zèle pour Tobfervance , & par 
{es emplois. Il a affifté à plufîeurs chapitres généraux^ dans 
-lefquels il a été definiteuril eft aujourd'hui vicaire de l'or- 
dre dans la Vvçftphalie & dans la Saxe^ & il a plus de 
<}uarante monafteres i yifiter. Comme il eft porté pour les 
lettres^ il nous mena lui- n>ême dans la hiWîotheque , & 
nous permît d'en tirer tout ce que nous voulions. La plus 
grancle partie des manufcrits font des ouvrages des pères, 
•On y trouve pourtant quelques ouvrages hiftoriques. One 
hiftoire des guerres de la Terre fahite ^ écrite parle pa- 
triarche de Jerufalera, la chronique de Mathieu de Flo- 
xence , celle de Martin le Polonois , dans laquelle il n'eft 
pas fait mention de la papefie Jeanne , les lettres de faint 
Hildegarde , quelques ouvrages d'^neas Silvius , fçavoir , 
de origine BoheTnorum aiAlfhonfum TegemAf4genums TtaEiàtus 
inMahametumxDntra Tntcas. TfuBatuseàtns ni tegem Bohe^, 
TfUée Laiiflamn ium tfiet epifcopus Tergefiinns de infiUntione 
fueroTum. TraBdtus five dialogns contra Bohemos five Ta^ 
hritas de commmUone CorforisChrifii ^ & quelques Lettres^ 



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17» VOYAGE LITT&RAIRE. 

Un autre Ouvrage qui a pour titre : Jicnirarimsét terra 
jinglia in fortes letifolymiunas ^ in nlteri^rti tfanfmari* 
nds editus ffimp in lingud Gallica d milite fua anHore émn^ 
incsmdtiêni Bomini u ccc lt. in civitate l4eaiio ^ (^ in m- 
iem trdtiflatns in hdnc forniMm Zdtinam^ 

Parmi \^s ouvrages des Pères nous trouvâmes un fort 
beau manufcrit de Pafcafè Kadbert. Mais celui qui nous 
frappa le plus ^ fut un volume qui contient vingt livres 
fur le prophète Jcremie , fous le nom de faint Jérôme. 
Tous les içavans fçavent que les commentaires de ce Pè- 
re fur Jeremie font imparfaits , & que jufqu*â prefent on 
n*en a pâ trouver que ux livres , quoique Caffiodore nous 
afTure qu*il en a écrit vingt ^ autant que furifaye. Nous 
trouvâmes d'abord trois livres fur les lamentations , & 
enfuite dix-fept livres fur la prophétie. Nous en colla- 
tionnâmes quelque chofe du commencement fur Timpri^ 
mé , & nous y trouvâmes les propres termes de faint Jé- 
rôme r de forte que nous priâmes monfîeur TAbbé de 
nous permettre de l'apporter avec nous en France. Ce 
qull nt de la meilleure grâce du monde. Mais l'ayant 
examiné après nôtre retour, nous remarquâmes qu'il con- 
tient dans les douze premiers livres les fîx de faint Jérô- 
me fur lertmie, qui y font copiez mot pour mot : que 
Us conférences de Caffien y font citées , qu'il y a même 
quelques expreffions de faint Grégoire. Nous crûmes d'a- 
bord que faint Jérôme ayant travaillé à deux fois fur Je« 
remie ^ il avoir dans fa revifîon compris en ùx livres ce 
qu'il avoir d'abord divifé en douze , & que les copiftes 
en récrivant auroient pu l'interpoler de quelques endroits 
de Caifien & de faint Grégoire. Mais rayant examiné 
plus exadement , nous trouvâmes que ce n'étoit qu^un 
abrégé de Touvrage de Raban Maur. Et nous en aver- 
tiiibns le pubHc , afin que perfonne n'y foit trompé. 

S. Mtxîmin Nous partîmes d'Hemerode le vendredy des quatre. 

4e Txcvcs tems de l'ad vent, & nous eûmes delà pluye toute la jour- 
née. Sur les deux heures nous defcendîmes à ime petite 
ville pour y dîner y mais nous n'y trouvâmes ni poiflbns, 
jûttufs, ni lait ^ mai» feulement du pain fiç du fromage^. 



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VOYAGE LITTERAIRE. 279 

de forte que nous fûmes oblieez de norus contenter de 
faire feulement collation^ & dt refervernôtrc dîné pour 
lefoir. Nous arrivâmes i Trêves à l'entrée de la nuit, & 
nous fumes deicendre à l'abbaye de iaint Maximin , dont 
TAbbc ctoit abfent. Il étoit «ocore à Luxembourg , où 
il étoit allé prefider aux Etats ^ mais peu de jours après 
il revint. En fon abfence, le prieur, lefoûpriear,lesof* 
ficiers , & généralement tous les religieux nous reçurent 
avecdegrandesdémonftrationsd'amitié.Nousfûmeschar- 
mez de leur régularité , & on peut aflurer en toute vérité 
que Dieu efl bien fervi en cette maifon. La retraite^le fîlen* 
ce , Texaâitude à VoMcc divin , Se généralement toutes 
le fainteîi pratiques de la rdLigion y font autant en vi- 
gueur qu'en aucun monaftere des plus reformez de Fran- 
ce. Ils le lèvent tous les jours à minuit • ils difent tous les 
jours l'office de la Vierge , même le Vendredy faint 5 leur 
plein chant eft majeftueux ^ leursccremonies (impies, mais 
vénérables. Ils ont gardé Tahâinence de la viande pref. 
crite par la règle jusqu'aux decmears «tems , qu'ils furent 
extrêmement incommodez par les guerres , pendant leC» 
quelles ils ne jotilifoient que cTune très petite partie de leurs 
revenus. Mais ils n'en vinrent là qu'après avoir conful- 
té toutes les plus faraeofes Univerfitez d'^Allemagne, qui 
toutes furent d'avis qu'ils pouvoientfe relâcher fur cet ar- 
ticle, A cela près , on peut dire que Tobfervance eft dans 
toute fa vigueun Tout le mocide en eft fî perfuadé i Tre- 
ves , qu'un père J[acobin que nous trouvâmes à, faint Tho- 
mas , nous dit qu'il aimoit mieux être fimple religieux 
parmi les frères Prcfcheurs , que xi'être prieur de S. Ma- 
ximin^ & que le Prieur tout prieur qu'il étoit , étoit plus 
ferré & plus gêné que lui , ne confîderant pas que cette 
prétendue gêne fait la véritable liberté de^ enfans de 
Dieu , qui ont plus de joye en un jour, que les autres avec 
toute leur grande liberté n'en ont en toute leur vie. Il 
eft vrai que leur abbé ^ qui depuis ce tems.là eft mort, 
adouciiïbit bien la pefanteur du joug qu'ils s'étoient im- 
pofez eux-mêmes. Son exemple étoit capable de leur 
taire tout Supporter avec joye. Sa douceur & fa bonté 



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t»o VOYAGE LITTERAIRE, 

âvoienc une force à laquelle il n'étoit pas pofiible de re^- 
fifter. Son humilicé & fon amour pour la pauvreté fufE- 
foient pour confondre les plus difficiles. Il croit tous les. 
jours le premier à matines ^exadd tous les offices divins^ 
aflîdu aux exercices de la communauté. Il mangeoit toû*^ 
jours aurefedoire avec fes religieux , & il falloit que les. 
Jiôtes fufTent d*une grande crnlinâiont pour le retirer 
d^avec fes. frères. Il ne fe répandoit point au dehors, & 
il étoit rare de le voir fortir , fans des raifons & des ne- 
cefBtez très.prefTantes. Quoiqu'il y ait à faine Maximin 
des appartemens magnifiques pour les hôtes, le fien étoit 
très-fimple ^ & dans foa lit & dans fes meubles , on ne 
s*appercevoic pas qu'il étoit ua des plus grands abbez^ 
d'Allemagne.. Enfin nous fommes obîieez de rendre té- 
moignage à la vérité , le de dire que dans le fejour que 
nous fiimes afaint Maximin^ nous n'y vîmesrien ni dans, 
l'abbé ni dans les religieux , qui ne nous ait édifié. Cette, 
abbaye efl très . certainement la plus ancienne de toute. 
l'Allemagne; On eft perfiiadé i Trêves qu'elle fut fon% 
dce dès le tems de l'Empereur Conflantin. Il efl au moins 
certain , qu'il y avoit des religieux du tems de /àint Au- 
guftin ^ fs$ conférons en font foL Pour Ces richeflès & 
pour ks grands hommes qu'elle a renfermé dans fbnfein; 
ou qu'elle a donné il'Eelifc, il n'y a en Allemagne que 
Fulde qjLii foit capable ae lui difputer. L'Eglifè recon- 
noit plufleurs de fes religieux pour faints^ &en a tiré un > 
grand nonrbre d'evêques & d'abbez. On ne fera peut- 
être pas fâché de voir une lifte des principaux , que nous 
avons tirée de l'hiftpire du monaftere. 

SANCTI QUI VIXERUNT IN MONASTERIO 

SA^NCTI MAXIMINI ET QtJOKUM FIT ME^TIO IN. 
▲KNAUSUS MANVSCHIPTlSv. 

S. Bapnus êx duce, Lotharingia fanSi MdximinimondchMSi 
inde arcbiepifiçfus Xr^virenfs ac tMwdm mfHdçhui^ fémfH 
MMximinia. 

S.. 



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/VOYAGE /LITTERAIRE. xpi 

S.Bemofdus ahbas fanSii Maximmi. 

S. Fiticius nantis ahbas & pofieaarchiep. Trevirenfis. 

S. Htldutphus ex monach^ fanBi Maximini archiefifcéfuf 

TfTvinn(ts\ é^ fundatar cœnêbii Mediani inmonte P^cfago. 
5î. J^anniS ^ Benignùsfrahresgemini (^ m^nachi fanBi Md^ 

ximini in Angn^i eadem die mêritmtnr i^ e^detn tumutofe^ 

feiiMMur. 
S. Nicetins €x rtliyofe fanUi Maximini archiep. Trevirenfis. 
S. Popp9 abbasfa^ii Maximini ^ aliommin Oalliamenaf- 

terierum. 
S. RamuûUms ex faceUano archiepifcppi Trevirenfis m$na2 

chus S. Maximini , et dein abhas fanHi Emmeramni. 
S. Sandradms ex eellerarie fanSii Maximini abbas Gladbacenfis^ 

(jf Virtenburgenfis (^ reforjmator monafierii SanBi^GoL 

• kfiyfs* 
:S. Simeon manashns orient aii$ ad fdnSum Maximinum diu 

eemmeratus. 
$. Spinnius ex monacbû fanBi Maximini abbas fanB^Omcis 

imnense V'ofago^ tantispefi manem ntiraculis claruit^ ntk 

fanHi Hildulpho inhiberi debuerit , ne oftcium divimtm 

tnrbaretnr adventantiummmititndine ^ tumnltu. 
S. VvolfganyiS mena^bus fanEli Maximini ^ epifcopus Kam 
: ttsbonenfis. 
S. Vvenido iedituns fen cnftos é* menachus fanBi Mdximini 

una vini lagena manente repléta LJChemines feficit , ^ ener* 

psmenmm finu exceptum kmalo damme Hberat iioî. 
S. Vveemadms tx abbate archiepifcopns Trevirorwm. 
S. f^voïfbelmsn ex canonico metrepoUtano CoUnienfi mond^ 

chus S. Maximini & pofiea abbas Gladbacenfis é* Brun^ 
willerenfis. 
S.CUdàlfbns ex mendcbo fan3i Mdximini ififcopus Mi^ 
unfis. 

VIRI ILLUSTRES. 



^daUertès ex tmebttà fànBi Maximini primMt Magdelwri 
ffnfis dnbiefifcùpss JUnbenermm at SÙvomm apofietms ac 



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ajft VOYAGE LITTERAIRE.. 

pfimds Germanie fpiritm prophéties claruit. 
Abjalm cœnobUa janSii Maximini e^vfi^^r égtti fonUs dd 

fanfhm Maximinmm.. 
jfpno ta afcctdfanBi Maxhmmi dbtèts MMpUiurffnfis^w^ 

bu Ss.P:etfi dr MéfMfitii ^ VangisHum epifcopms.ak Ou 

une imp. confiitmtMS ^fkit^Ure H afforum génère procreatus. 
^jireiio difcipuU fanEii Nicetii dmm adfanHnm Msxmtnum . 

in chute pfallit cohmbd cspiti mfidere cmfjficitwf. 
JBlidnlphns ex primiceriê Mfienfi meuéiehms finiiè Méixmmi: 

^ abbas ac te formater cœnebh Medi^nU 
^rengûfas abbas fanêif MsximiMiy fibres ediU^Lents C^ fiàp 

tanti/e monajiffii teeuperatêK 
Cenradus exjeligiefejaniii Mdximini abbétSétd.SMéêêhidm 

T/evens, 
Ijlh ex canobita fanîU Méximini primas sbbtn BfunwiSe^ 

renH^ ^futt vit omm ^trtmtum gendre êmmufimeii^ 
Erneftuf iœnebita fanHs Maximiru divms feveUiiênibmJfU- 

rus. . 
CMndiLnkns ex.mênaehe.fiiniii Maximini :dbbdS:& referma* 

Uf Affdiuni let^obii. 
Çi/elarims illufin Uce n^tm ex ^fcets ^Meiximintéf^ ^ifiepms 

Merfelmrge9fi[. , 
Hartwioey exjnenad^.fanRi Maximini étbbas Tegemfenf$\ 

eetnebii in Béiv^ri^t (^ refermat^f* . 
Ifumbe*tm^f$nHiM^xijmpiMas& refermaUr. Eptenaceru, 

fiy iotnoki^ menfam ecekfam ^ difciplinam^ Epteneuenfem 

reftitnit , ^ texpmt féinHi yviitibf%fdi.tna%fen. 
Jcfelif^char ê^ abbofe fsnHi Maximam nuipius OailîMXan^ 

cellarieif yVir di^HJfimms fjh afitiphematn n%{i09 
IfumbcrtM> fehpefus fanait, Maximim prepter amevem Chrifii 

»xx^ armi Jetffum pfclnfi ^epuliêf, JiUf 0iUj^ê/4niU An^ 

dtiée^*, 
JJtéiël m&nachu\finffi' Maximini vir doBijJh/teus^fnit psefep^ 

ter Btnnenïs fratns Ottanis msigm &epsfiê/ms /» Britannia. 
Xj/tmÀerrmi exaftetu (unHi Maximini ^bb^i fTvaksederenfis, 

jfHpue H^fam^ f^ Haperienfis.; 
XfnWummi^ tx monacho, jantti Afaxhnini epifiopusTnttififh^ 
Ql^^.9e^éiMf0Ht mimjieru ^mUi M4xtmm U^^ tx êkb^tt ; 



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VOYAGE LITTERAIRE. 185 

■tfifcùpui Tnngrenjis & Leoditufis. 

^chvvinus monachms faniH MaximitU gravi /egritudine in 
•mijfadiaramcvrrtftuSyPÂifocini» fanHi Maximini fanatur. 

'X.egino aibas Pmmia tjtBus.y ad fatiilum Maximinum ntâ* 
nadjum egit , mortmus ibi & fefultus, 

^eginariusfrtsbyter é-'lHândchus fanBi Mdxlmini^ctpis tfe pir 
Tinttamina quitus fratntmjkormn pedes futrant deterji ^ mi*- 
Jum nùrahilittr n^tftU ■♦ 

'Mjtvengerns ex monacha fanBi Maximini aihas Epternacem^ 
fis yCammendatariis qui eentum annos abiatiam tenueraitt 
fucctJSit , âffumtifuue pscum ex monafieriofue xl. menachis^ 
clerices ejuit , ^ monafiicen r^ituit^ vocatus pater monacbû- 
tutn, 

'Xudelphus exmenach» fanBi Maximini prapefitusStahuUnfù^ 
abbas Hersfeldenfis^ci'demum epifctfus Padatberwenfis. 

^upertus ex menatho fanBi Maximni abbas adfan^hm Mat" 
ihiam, _^ 

Theod» ex duce Eavariie menachus fanBi Maximni. 

Thietfridus Monacbus fanBi Maximini cantand» ÂlIeluyaV 
cum verfu LaudacepueriDomiBUm^^v^nio» tidamone li- 
bérât. 

T^vicherus abbas fanBi Maximini prapojttura Babennenjts 
fnndator ^ vpe fanBi Maximini ad cu]ust»mulum infirmas 
ér reptando auefferut ^fanitatem eonclamatam récupérât. 

Vvèlmafus extelifjwfo fanBiMaximiniP^vijfenburgenfis abbak 

Il faut pourtant avotter que Pablsaye àt ^aiiat Maxi- 
'min a eu fes révolutions , & qu'elle a eu le fort d'une in- 
finité d'autres. Dans le neufvicme fiecle elle fut détrui- 
te par les Normands'^ & dans les darfùeres guerres des 
François , elle fut entièrement rafée avec l'eglife colle*' 
giale defaint Paulin, & la Chartreitfe. L*auteur de cet- 
te barbare exécution étoit un officier proteftant , qui avoit 
defTein de faire la même cKofe aux abbayes defaint Mat. 
thias , ^e Nôtre-Dame des martyrs, &de 6int Martin, 
mais pieu arrêta fes^éteftabks etitfeprifes^ de le punit 
vifiblement } car paflànt à cheval fur le pont, fon che*. 
val frappe d'»a ceup d'éclair, pot l'épouvante & le jetta 

NniJ 



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tS4 VOYAGE LITTERAIRE, 

dans la rivière., où il alla rendre fa maudite ame i celui' 
dont il avoir été l'organe D an fi pitoyable évenemenc 
Dieu en tira un bien, car Tabbc Alexandre frère de l*ab- 
bc de faint Matthias , la rétablit en peu de tems avec 
plus de magnificence qu'auparavant. Mais on ne repare- 
ra jamais certains monumens qui ont été entièrement 
ruinez. Tel eft le tombeau d*Ada fille du roi Pépin , & 
fœur ftaturelle de Charlemagne ,*qui, ctoit au milieu du 
chœur , avec cette epitaphe : y4da a^CilU ChtiHi , foror 
Cafôli M %ni. Le necrologe de faint Maximin fait men- / 
tioj> d'elle en ces termes :/^. y^«/ W4// okiit j4(U ancUU 
Cbnfii ptit memoriée , filta Pippini reps ^ foror Caroli Magni 
imper at or is , ^»^ multa iona cire m, fjj^ tnfra Mapàhtiam ^ 
J^vormattam , $n loco Nachovvc S. Maximino contmltt , (^ 
fofi fin^m vitte^ hic fepuUa e/mtei/jt. •* 

Lorfqu'on rebâtit TegUfç , oj» trouva, ea creufiint les epi^ 
taphes fuivantes. 

. HIC >CET PERPETUUS IN CHRISTO; 

DEO SUO PERBENEA4ERITUS. 

QUI VIXIT ANNOS XXV. 

JUEGONTI A MATER TITTJiUM POSUIT IN PACE: 

YWO HIC REQUIESCET IN PAGE 

HDELIS VIGOR. 

Cûlomh. A. vf . ©,. C0lêmh, 

BÏLIUS IRSms PATRlPIOi 

•nXULUM PRO • • . • OSULl^ . 



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VOYAGE Lï'TTEllArRÈ. i«j> 

H n'èft refté de toute 1 ancienne eglife, que Fa crypte 
•ui eft fous le grancl autel On y voit les tombeaux dfe 
mint Maximin, de faint Agnce, &de1aiht Nicer arche- 
vêque 4^ Trêves , & âfler proche de. là^ trois tombeaux 
anciens , qu*oo croit être de trois martyrs. On^y a confet- 
vcles reliquesde feint B'afîn & de faint Veomade arche- 
. vêques de Treves; Pour le eorpsdeiîiiiïtMaxiinin', il eft' 
dans une grande chfàflèd^argént \ & foir chef dans vm- 
beiu bufte auffi d^airgont , que monfieur TAbbé nous fit 
là grâce d'ouvrip pour trous le faire- voir à découvert II 
nous montra auffi le couteau dont Notre- Seigneur fè fer- 
vit à la ccne , & le voile de la^ faiate Vierge , qu'ik croyent ' 
avoir à faint Maximin. 

La- bibliothèque avoit été mîfe à cbkveït', -çç q^ut n'ém- 
pêche pas qU*il rCf air beaucoup^ de livres perdus. ïL\ 
eft* pourtant refté un afiez grand nombre de manufcrits- 
pour faire plaifir aux- curieux, & à-ceux qui-recherchenc 
ic$ antiquicez; La plufpart font des* ouvfajges des'Peres,, 
qui font aflez communs dans les bibliothèques des mô- 
nafteres^ où les mornes en faiioîent leurs ledures ordi-- 
naires. Il y a auffi un très-Beau recueil de vies- de Saints , . 
diftribuées par mois , en huit gros volumes , d'une écri- 
^ture d^cnviron fîxcens ans. Une très belle hiftoire Ro- 
maine diftribuéedn vingt -fix livres, avec cette in fcrip-» ^ 
tîon IncipU hifiefia R^mzna Eutropii ptntilis ufque ad obi^ 
tmmJownUniimperatùrtS y cmi alï^naP^utus Ai^itepenfîS' 
diéconus addidit ropitu Adelberye YineventMna' dttfhicis.^ 
jDeinde_Pûnlui exdtvetfis auBorikms €0llipns'^ à VaUntiniani^ 
' imfêno incipiens ^uPfueadtempora Jujhnianh qntm l^ttndulfks 
8a%axflurimM ^ iffêr ex^ diverfis^ atiffirtièits coHigtns ^ in rif- r 
dem hi/ioriit addidit ^(^perduxii ea itftjué adtmpèrium Jbtûnh. > 
Bfi annws Domintca inearnatiottis \ : . nftnufimus fixtus indtc- 
Pionevn. Le recueil des anciennes règles monaftiques ra- 
maflees-par fainl Benoift d* Aniane il yap^us^de neuf cçhs- 
ans dans iin gnrand volume in folio , eft' le plus beau que 
jVlye jamais. vu. Nous remarquânKs^ qu'à là fin de la re^ 
glê de S. Cefaire , pour dés vierges, il y aie privilège d'fe- 
xempcioir accoiilé par le pape Hormiidas à là. demande- 



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tu -VOYAGE LITTERAIR1E. 

de faint Cefairc même , &c fignc par plufieurs cvcqties^ 
.dans lequel il eft deflfendu à Tevêque de fe mêler-en au- 
cune fa^on du monaftere ^ de ri*y pas même mettre le 
pied , fi ce n*eft qu'il y vienne quelquefois avec Ton cler- 
gé enproceffion. Ce qui fait voir que les exemptions des 
monaiteres font prefque auffi anciennes que les monade- 
res mêmes, & que les plus f^avans Scies plus faines evê- 
.<]ues les ont. crû necelTaires , pour 4illerau- devant desen* 
treprifes de quelques eviques , qui li'ayant aucune tein- 
ture des obfervances régulières^ pourroient même contre 
rieur propre volonté y apporter de la confufioa, & y in- 
troduire le defordre s'ils en avoient la conduite. Ce pri% 
vilege meriteroit xl'être rapporté ici tout entier ^ mais 
«parce que le père Bollandus l^a rapporté avec la règle de 
iaint Ceiaire pour les Vierges a la hq de la vie de uince 
Cefàrielbcurdu fàint Evêque , au nK>is de Janvier J'aime 
mieux y renvoyer mes leàeurs. J'ajouterai icy qu'à la fia 
de la règle de £aint Aureiien archev^êque d'Arles ^.onlir 
xe qui fiât. 

In Chftfii nêVfAnt fnidtumtfi mênsfiârimn vhùrnmVei iH 
civitati AreUienfi à S. AuA.£a.iANO ^fifcopo^jut^ntt fam^ 
ts mimoriéeCHiLDi^UEKTorege Framorum xv^ KaL Décernée 
Jnslifi. XI. Afm0qmini9 foft confnUtnM Safilii junUris cÏT 
^ Ba^liCM ikdim in bàWêfem fanS^nm a^fiêlormn (^ mmr^ 
4yrwm. Habetque iiidim nliépUas fùfitas ^ idefi 3i Crma Z)«. 
Mini n0jlri}E$x3 Chkisti ^Btauei Mdfui^ Gnitmis Bmm^ 
nin^firi Jbsu Chiusti, J^bsnms Bapifiât é^frMntfotis !>#• 
mini mafirijzsi^ Chkist i ^Sfefhétni ^ Pétri ^ Psmli » Jûhém^ 
Mi ^ J^toti ) jùUfm , PhiJUffi , Thowue^ SarthêlêMéti^ MéU^ 
ihai ^ Jdc^ii ^ SimMSS^^néU^ ^ Matthi^e ^GfmjU ^ Symfb9^ 
aiétni , BéMéUia , KiHêfii ^ WUrii €fi(c9fi i^ sm^jpni^^ 
Martini efifiofi ^ cnfeffms , Caférii efifcêpL 

Sinudqut frtcémes wsmMS ttiétrn^ Dêmintfr^ émmétkmféh 
mnlêrnm tn^mm fatrmm Mtqne in^itntêrmn gmmUm^M^f^ 
jmm Aurelinni , Pétri ^ pCtirentini ^ Reden^i^ Cen/léPitini^ 
HioUuri , HiUrini ^ JanMarini ^ Riférsti^ ChddehûrH,^ 
VvlttPfftnm ^vel omniàm fratrmm ne/lronm ^ qn^s dekocU^ 
^# ddJi vefétr€ âiffuuus eSj cmeli^mmfMi etiéumJmjfU U4i 



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VOYAGE LITTERAIRE. xtr 

7Êim(tns JldiUumy f^riicrquifaremMMm^roTfum atqmeferviifu 
Umm hMfus Uci ^.é" f^ anmsitÊS omninm fidelinm yf^mnlo^ 
mm tM0rum ^ vet famulamm^.ac ftreynnofum i^ pau eccU^ 
fiéi d€fknHoTMm\^ ut ei$ im Domine Mfier peccatûrmm triSmas^ 
veniam ^ (jf rtqmtem Lirgfaris dttemam , minus i^ intercef^ 
fiwkni fan^Miun tnorumjifanétGinetrixis D^mini nû/lrijE^ 
sv Chmstf; Jêihtnnts Bàf.ifia^ é'prmurfêriî Di^imni n^jtri - 
Jesu Chkisti , Stephéêui^ Pèttt , PuAi , Jvh-innis yjacom. 
àâ , Aname^^ Phdipfi ^ Tb9ma , B^nhpiêméT , M^Hth^i , 7-r-^ 
ni/, Simonh yjûde^y M^Mthi^^GenefiijSj^mpbùriani^San^ 
dtlii , ytffâhp^^ Htlsrn epifcopi ^ f^^ftj^pms^ Màmniepif^ 
C0p é' confiait h , Cafarii ipijcopi.^ 

HJtc propitiM} prafiarê é" ixaudiu dàgneris ^ qni vivls ^^ 
Tifftds m^nnitau SpirUm fanfh Dcms » facuLa Jéuulotwnn.^ 
jimen. 

A roccafîbn de cet ancien mtonimiefir cfe la^cSedicacè-: 
de l'egliièclu moDaftere 4e faint Aurelkn, je rapporte- 
jrai icy^ ce que je. trouvai dam uo ancien manuicrit dr^ 
âttûtMaximin de lia: conkcracion: de. Tégiiie &*desaiu/ 
tels de cet illuibre. monaftere. / 

^nn0Mi^lnciirHatijùM'Dmmn^ lxctK^%tÂ%.itMMtafjH»flicsr^ 
tn.hûnêTê ff^i Jêhamms^apê/lêU & evu^ydijta ap^d^thm-^ 
Treviricam-^ kvimtéhilepmtifietip^S «fé^ RûoraERTO^* 
^ n^trjlàta fmiim eumdemeidtfi^m^CêTpêf^ SS.archupifcû^ 
fcfum Maximim^.Afri€u^^tceÈû yà Révérendes pr^fmUiu%^ 
RoQl)BlK.TOi^0#rituM«/^^ Tiextrenfi ^ hbilAl^^ 

&ONE. Af^/#^.^ à.fèhpofis éihhàténi &^'aHWejmfdemfaK^^ 
ti MaxéwdMmenéiJtePti ^ qui ipfmm ecclefiAm. peffum datam fê^ 
Im À fundamemis ertxit , K^'EnKlJyo^ etUm<ii^r%^nfi\^ui^ 
&Eutotioa.^TuUenfi,^ IrÏEtJkhZM^o S: Afnt^lfi cœnêêii ,* 
'BMJRT^iKico/itvfirJHFmiim , SALOcnonz/ànfif^ MmrttMi ^. 
fèn^fênte muUù mmuahûtum-^ellepe ac uspi^fa f9pmlo9um*fte^- 
qmentia. TtetendtM v/ere- fknt pnthfà funiUmm-Xêrpmra fimuk ^ 
imcrfp$éiMHsoftfica''i in^diverfis farcmphaps ^/uàtus ^akart tm-i 
hêuetê fanUi Johaumis ev4Ên^eUfiMéenedîiium^i^f0mda99>^j^ 
Êàfiite ky,,.m quê^ ceminmmr ipfimt fMMHt: J^hùinu ptatipiumt 
rtliquiie.\ et buMta tr9S cum pHuU dtmidHjCuéiH^^eUjphatm 
4^ pknu, HliquiU mtth(fnÊ ê € ênmt»/MSi r umrt ■ j rfira i wî j^ v 



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^W yt5TAGE LITTERAIRE. - 

Martini ixtas à dextris bu)us sltarts , C9nfecratum i frmfiAi 

MediomdtriCQfum fr^efata Adalbekone j in qu9 hattmm 

,buxtje sriycumreliqMiisfan&ormm.Superhoc altare habtturturrU^ 

cntinms otatorium faniii PmuU cumreiiqniis Hlims. ASinif 

tris fiatnttÊm tfialtan èenediSittm in honore S. Anif€£ afif- 

jûA^ ^militer kpimtifice vtnnétnda A. in qn9 fnnt bnxtét tn$ 

fimiiiterrtliquiisrifiitje. Quctum tviv fanSiêtum rtlUfmde in^ 

\hi$ C0nsiuniur iitxtis ^muLsitudo if fatum fcmtaH nonfefmifit. 

Super hûc aUéui efi turris babem ^ratêrimn S.Pttri.^ baiens 

nUqnias if fins tU carf^rg, dr catena^ejps^ ^ de ntiq$fiisS. 

^Gfaris. BedkatiêMisvaf^dies iii.idms OH^btis V0Htnr. 

Ànno ah incamatione D^mini Dcccc lviiix. mUMtcYvL^ . 
jOLE^à ^ eruditç adnudttm viro^ iffmm cœwbimn fafienttr re» 
ymtt y canfecrata funt très arainjam diHa bafUca ^ tnut quét 
étd S. Cmcem dicitmr ^ in qua babeturde Crua Domini &C.' 
jtdioctiJmtifflent'partem êcdefia à dexfriiUcaU ejt ara S. 
G^mi^cantMins iUtnrxftlifmas ^f^ kfinifitis vtrê urtiafém 
faa efi .arafanRi Stefbanifretiomartfris , ejus babem reltqmas 
C^. « « kjdextris iffms. ara j^iue efi ad S. Cmcem e^ altart in 
,quo fnnt reliqnia SS. martyrmm Nerei ^ Achillei etc. à firufi 
ttis' alittd aÙoM in quâ fnmt teliqttige SS. Cofma (^ Dami^m. 
ni é'e* ^^ ^ttrri varo contre a^jun S^ Cmcis efi altare in Ji^. 
MfÊTp^^ Midfaelix é'C. 

jinnw abJncamatiene Damini dcccc "Lii.abbaie Vvelleu* 

ngimen snonachile gmbernante^ Ruodbeuto vira fra/nU- 

tumiiifpdnente ^ieàicata efi cryftafuperier ad pedes fanBe^ 

rrnm . CMfeffermnjipitii , Nicetii ^ ^ altare in bonere Salva^ 

tpris nefiti é'êmninm fanBermm. A dextris bnjns abbstis fanc^ 

tificatUM eê âltau fanSi Sixtij^^c. àfinifiris vere efi altare 

in henerejanfti BenedtRiétc. Ad pedes fanBorumCenfeffprum 

;l^aximJmiyAgricii^.2ficetii facratnmsfi altare inbnnwreepifcê^ 

fermnTresuirenfium (^, In inferieti 4pji die cpnfecratmm efloL 

tare fanSi Calixti^j^ fuxta iUnd altare efi ara fanfli M^ou 

ritii ^c. In mediff fnpradiUa inferiaris ttypta babttnr aita^ 

re fanEla iAaria é'C. à finifiris ipfiets altatis cûnfecratnm efi 

altare fanSi Sehafitani ^c. in fnifir^ aliari ^fi aUan im 

fjk^norefanSiammf^irpneim f^c. 

. ^wt^^DoiÊûniCée incamati0niSM%>ruu indiBinncf.reffta»^ 

te 



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VOYAGE LITTERIARE. a«, 

/# H B N R I c o imper atore , venerabilis P o p p o Trevirorum ar^ 
çhiepifcopus fetitione devoti aièatis Y y mKici y fogatusora^ 
culnm quod efi capelU abbatis confecravit. , 

^nno Dominicdt Incamationis m Lxxu.indiflivnex. de^ 
dicainm efi hoc oratorinm v. idu^ Jannarii d venerabili Trevi^ 
Têfum archiefifc9po Udone , quod dicitur S. Blafii^ in ho^ 
Mêu S. Benediffi abbatis é*^. nnUo terrena nmnere ille&ms , 
fid foU Dei amore ^ fratrum fetitione idem Udo archiepifl 
copMS confecravit , c^ ea folum modo conditione , mt fingulis 
annis in anniverfarioipfius dedicationis commnnis mijfa in ea^ 
dim capellapo to é^ parentibns' epis ferpetualiter célèbre iur^ 

Je ne parlerai pas ici de lliiftoîre de la tranllatiott 
des reliques de faint Benoît en France , écrite par un au- 
teur plus ancien qu'Adrevald , que le père Mabillon ti- 
ra d*un manufcrit d'Allemagne qui avoit plus de 900. 
ans, & qu'il imprima enfuite au quatrième tome de (c%^ 
Analedes, que nous avons auflî trouvée à faint Maximin. 
Je ne parlerai pas non plus de Thiftoire des antiquiter 
de Luxembourg cpmpofée par k fçavant P, Vvilthenv 
Jefuite , qui meriteroit bien de voir le jour ^ ni d'un au* 
tre manufcrit récent qui a pour titre Metropolis Treviren- 
fis. Mais je ne puis me difpenfer de parler ici du plui 
beau & du plus précieux manufcrit qui foit à faint Ma- 
ximin. C'eft un grand texte des évangiles très. ancien^ 
écrit en lettres d'or, qui fait plaifîrà voir. C'efl unpre- 
ient de la pieufe princefTe Ada fille du roi Pépin , comv 
me nous apprenons de ces vers qui font écrits à la. fi» 
en lettres uncialcs. 



JFi/V liber efi vita ^ faradi fi ^ quatuor amnes^^ 
Clara falutifcri pundens miracula Chrijii\ 
Qute fius cb nofiram voluit feciffefalutemi 
Quem dévot a Deo fuffit prefcnbert mater ^ 
Ada ancilla Det y puUhrijque ornai e metaUi^^ 
^ro qua^ quifqueUyts verfus y^orare mémento. 



00» 



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i^6 VOYAGE LITTERAIRE; 

La couverture du livre eft encore plus prccieufe ^ puîd 
qu*elle eft enrichie d'une infinité de pierres d'un prix 
iueftimabie. La plus confîderable eft une agathe qui ne 
fe peut payer. Le R. P. Nicetius Lucas maître des no- 
vices de faint Maximin, homme d'une rare pieté , a biea 
voulu nous la deflîner,& nous croyons que les curieux 
nous fçauronc bon gré de la reprefentericL 



F^^ «^t» 







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VOYAGE LITTERAÏRE. ifft 

A k fin du texte on trouve les capitules des evangi- 
Ics^ qui fe lifoient à la mefle durant le cours de Tanna; ^ 
dans lequel il y a cela de remarquable , que depuis le 
jour de faint Valentin ^dont l'eglife fait la fête le 14. de 
Février, jufqu'à la faint Tiburce qui vient au 14. du moi» 
d*Avril y on ne trouve aucune fête : ce qui fait voir qu'en 
ce tems-là on ne faifoit Toffice d'aucun faint durant le 
carême^ Nous trouvâmes la même choie à la fin d*un 
autre texte des évangiles d'environ fix cens ans, & enfuite^ 
Tofâifon fuivante , qui(e difoit iV^gnus'Dei de lamefle- 
contre ceux qui gerfecutoient le monaftere. 

CLAMOR ADVERSITS PERSECUTORES; 

Jn fpiritm hnmilitatis j & in animo contrite anU fanBmm 
slîareinum » é^ facratij^mum corpus é* f*%ninem tnnm^Do'^ 
»i/»f Je su CHKiSTE^acccdimmSj^de fcccatis nofinsfroqni^ 
kns jufie afflipmur ^ cul^abiUs coram tenosprofitemut , ^ ud^ 
divms. Ad tt Domino vonimus ^âdto froftrati clamamMiydr" 
ad tuam genitriccm é* dd B. Johannom apoftolmn (^ ovan^ 
ffliftam ^ é* ad fanBos patronos nofitoi MaximinMm y Agri^, 
cinm et atque Nicetium^ {^ ad omnes fanBos quorum nlim 
quiét in ifia continentuf ccclefa ^ quorum meritis (^ pietatifi 
vifceribus miftricordiét auxilium impUramms y quia iniqui ^ 
fuperbi bona pradiBorum fonBorum tuorum fervorumqui^ 
tuorum hofiiliter invadunt , (^ crudeliter diftrahunt hominos ^ ^ 
qui tibi & tua fanBa gonitrici ^& S. Johanni evan^elifi^- 
firvirr veUeni (^ doberenty /ko propriojubjacerefervitio ^fuét^ 
que potefiati (^ fuo faciunt ferviri dominio. pauperes tuos* 
fervos éf' oscillas y mini ftros ^ agricolas in dêlore é-augufr 
iia vivtre confiringunt ,nofiras étiam res , unde in tuo fanBojfer^ 
vitio vivere dcbetcmus ^ (^ quas beata anima huic loca pro^ 
falutefua reliquerunt ydiripuerunt (^ violenter auferunt. Ecclr* 
fia tua hac , Domine j quam pri/cis temporibus fundafti ^ gj» 
in honore S. Johannis evanqelifia\ fanBorumque Maximini y, 
Agriciiy atque Nicetii Juïlimafii ^ Jidet in trifiitia , non efi^ 
qui confoletur eam , é* liberet^nifi tu D eus no fier. ExurgeDo^ 
tnine^ Jesu Chjliste, & intendo in adjutorium nofirum^^y^; 



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X91 VOYAGE LITTERAIRE. 

judica caufam nofiram , & conforta nos ^ auxiliarc nohis. 

Expugna impugnantes nos y frange fuperhiam (^ feritatem eo^ 

mm y qui hune locum é* nos affiigunt , é' ^J^ig'^re cupiunt. Jufm 

tifica eos Domine ^ Çcut fcis , ^ in virtute tuafac eos , qUiC^ 

fumns Domine , tecognofcere fua mdlefaEla , ^ libéra nos in 

multituàine mifericorditc tu^. Ne defpicias nos Domine , cla^ 

mantes ad te ^ fed propter gloriam (jr magnificentiam no^ 

ministm épater omnipotens ^vifita nos in pace ^ ^ in falutari 

tuo , é* ^^^^ '^^y ^ prefentiangmftia , ^ ab omnibus malisqna 

innovantur in nabis , ut cognofcant omnes diligentes te é* no^ 

men fanHum tuum invocantes^ quia tuesDtns folus ^quifaU 

vas fupplices tuos propter magnammifeticordiam tuam. 

Confpifantes Domine contra tua plenitudinis jîrmamentum 
dextera tUét , quafumus y'virtute prafieme , ut jufiitia non domi^ 
uetur iniquitas , fed veritati omnium reproborum femper fub^ 
daturfalfitas. Fer. 

Il faut encore ajouter icy les vers fuivans , que nous 
» trouvâmes aufli dans un manufcrit de faint Maximin. 

HI VERSUS CONTINENTUR INJ 

COKONA PlPINI. 

ÇhriJIe fave votis Pipinl gratia régis , 

qitdm mi fit fuppltx dignare coronam. 
j Corpore quo paj^us jacuifti vita fepulchro 
Bt de quo furgens folvi^i vincuU mortis. 
Jllum tu firma regno fariterque falutei 
Conjuge quin etiam ^ necnon ^ftirpe nepoimn^ 
Pro quorum vita fariimque hétc munera regno 
Ojbtuîit atempm fperans pippinus bowrem^ 

S.MttkiAf Outre Pabbaye de faint Maximin il y a encore à Tre- 
"rts trois autres abbayes de nôtre ordre , faint Mathias, 
faint Martin^&fâinte Marie aux Martyrs,aufquellesil faut 
ajouter Tabbaye de faint Irmine , dans laquelle on ne 
reçoit que des demoifelles. L'abbaye de faint Mathias eft 
la plus confiderable. Elle eft ancienne , riche 8c iUuftrc 



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VOYAGE ^LITTERAIRE. 2^5 

par les grands hommes qui y ont fleuri. Elle a eu le 
bonheur de donner naiflaace à la congrégation deBurf- 
felde. Jean Rode prieur des Chrartreux , & abbé defaint 
Mathias , par un ordre exprès du Pape , lui donna com. 
mencement , introduifant le premier la reforme dans*ce 
monaftere , par le moyen de quelques religieux qu'il ti- 
ra de ^int Jacques de Liège. Il y a à faint Matthias 
quatre eglifes toutes vénérables. Celle où les religieux 
font Toffice divin , & qui fut autrefois confacrée par le 
pape Eugène III. eft la plus grande. C'eft dans cette 
egîilê qu'on croit conferver le corps de faint Mathias 
apôtre , & une partie de celui de faint Philippe , dans 
une grande chafle expofr^ fur Pautel , qui leur eft con- 
facrç dans le milieu de la nef , aflez proche du chœur. 
On y a une très-grande dévotion dans tout le pays , & 
il ne fe pafle point d'année qu'il nV vienne des procef- 
lions de plus de trente lieues. Deflous le chœur de cet- 
te eglife il y a une grande crypte , qui eft peut être le 
lieu le plus refpedable qui foit à Trêves. On y voit les 
tombeaux des premiers evêques de Trêves , qui i'* nt 
tous faints , & on en compte jufqu'à quatorze , mais le* 
noms ne font marquez qu'à ceux de faint Euchaire , ôc 
de faint Valere. La féconde eglife , qu'on appelle faint 
Materne , eft plus ancitnne , mais plus petite , & faite 
en forme de croix. Elle a été reparée il n'v a pas long, 
tems par un homme qui avoir été élevé à faint Mathias, 
& qui ayant fait fortune à la cour de l'Empereur , envoya 
en reconnoiflance une fomme confîderable pour être em-» 



ployée à cette réparation , & voulut y être enterré. La 
' troifîéme eft l'eglifè de faint Quirin & de faint Quentin 
martyrs, fous laquelle il y a aufll une crypte , ou l'on 
voit des tombeaux qui pourroient bien être de quelques 
martyrs. Ce lieu eft fi vénérable qu'on ne peut le voir 
fans dévotion. La quatrième , & la plus récente de tou- 
tes, eft celle de Nôtre-Dame, qui étoit autrefois la cha- 
pelle des abbez , & qui fert aujourd'hui de cimetière aux 
religieux. Il y a un tombeau élevé, mais fans epitaphe , 
ficfans figure.Oo y voit auiU fur Tautel un fepiilcre fufpendii 



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194 VOYAGE LITTERAIRE. 

qui eft de marbre, ou d'une autre pierre qui yautlemar^ 
bre. On ne pût nous dire de qui il ctoit. Maisjenedou-» 
te point qu'il ne ibit celui de quelque faint. On montre 
dans le monaftcre un -endroit , où Ton prétend que S- 
Eucbaire détruifit une idole de Diane j mais aujourd'hui 
onTnevoit aucun veftige ni de l'idole ni defontemple» 

Le jour de Noël nous afiiftâmes à la meSé de minuit, 6c 
nous remarquâmes qu'à la fin le diacre dir^ lumiffa eji 
dllcluia alléluia ^ ce que je n'ay vu pratiquer en aucune 
eglife. A la grande meffe les religieux feproftemerent fur 
les formes depuis l'clevation» , jufqu'à YAynt^s Dei^ mais 
Jes jeunes relieieux , qui font aux baffes chaires durant 
l'office, fe profternerent tout le corps à terre. Cette prof* 
trationeilen ufage parmi les Chartreux , 8c comme Jean^ 
Rode abbé de faint Mathias , avoit été Chartreux ^ il y 
a bien de l'apparence qu'il introduifît â faint Mathias éç: 
dans fa congrégation de Bursfelde beaucoup de leurs ufa*- 
gcs. C'eft pourquoi ils n'ont que très- pea de cérémonies^ 
A vefpres & i laudes lorfqu'on chanta , Kerbumcarpfa^iMm 
eji ^ tout le chœur fè mit à genoux. 

La bibliothèque de faint Mathias eft riche en manu£^ 
crits des ouvrages des pères, & des «aitez de pietc. Il y a 
aufiplufieurs auteursprofuies. Ala fin d'un manufcrit on 
lit les vers fuivans* 

URB ANUS PAPA IV. MISIT IMPERATORI: 

AGKUM CONS£C£lATUM CUM HIS V£KSIBUS«. 

Balfamus (^ rnndd cera cum crifmaU munda ^ 
Conficiunt agnum ^ qnod do tihi munere magnum ^ 
Fonte velnt natnm per myftica fanSiificatmm , 
tnlyira de furfnm defellit , é- ^mne malignum^ 
Prayians falvatnrjine vi par tus liberatur. 
Portatus mund^ falvat àfiuihbus undéty 
Peceatumfranpt ^ut Christ funpiis , ^ angit^. 
Dona confert diytis ^viftuttbus defiruit ignis. 
Mortem repentinamredimit fathanaque ruinam^ 
Si fui S honorât cum retinciit ab ho^c ttiumphum^ 



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VOYAGE LITTERAIRE: i^^ 
Je ne parle pas àts lettres de Jean de Veris. 

Avant que de fortir de S. Mathias^ je remarqueray 
qu*originairement le monaftere portoit le nom de faint Eu- 
chaire premier evêque de Trêves , & que ce n'eft que de- 
puis environ le ii. fiecle qu'on a commencé à Tappeller 
laint Mathias. 

L'abbaye de faint Martin , & celle de Notre-Dame des Nôtrt-D*me 
Martyrs^ ne font pas considérables comme les deux au- ^JJ^Jî^^S] 
cres. Elles font néanmoins anciennes , j>âties furie bord 
<le la Mofelle. Nôtre-Dame Ats Martyrs eft dans le lieu 
même où furent jettez dans la rivière les martyrs de la 
légion Thebaine, dont on conferve plufîeurs corps , avec 
un morceau delarobbe blanche donc Herode revêtit le 
Sauveur^ôc une robbe de laVierge.S . Martin eft bâti dans le 
lieu où étoit le palais de Tetradius, que ce faint evêque 
convertit à la foi. On croit y avoir le peigne & lé rafoir du 
faint, & plufîeurs autres reliques très-richement enchaf- 
£éts y mais la plus prëcieufè & la plus certaine eft le corps 
de faint Magneric evêque de Trêves , qui eft encore dans 
fon tombeau fous Tautel de la crypte* 

Ueglifè collégiale de faint Simeon ëtoit dans fon origi- s.simcan 
ne une porte delà ville, qu'on nommoit la porte noire , 
ouvrage admirable des Romains. Poppon archevêque de 
Trêves, la convertit en eglife en Phonneur de faint Simeon 
f eclus , qui avoit eu fa cellule tout auprès. Il y a trois 
eglifes Tune fur Tautre , & ii faut monter au moins cent 
marches pour aller à la troifîéme , oà eft le corps de faint 
Simeon dans une grande chaffè. On enterre les chanoi- 
nes dans la féconde , &ils font Tofficedans celle où font 
les reliques de leur faint patron. Ils ont eu le foin decon- 
fervef une ancienne bibliotheque,qui eft compofce des plus 
anciennes éditions , & d*un grand nombre de manufcrits, 
dont les plus rares font un texte des évangiles écrit en let- 
tres Saxones il y a plus de mille ans , les vies des faints ar- 
chevêques de Trêves dans un grand manufcrit d'environ 
fix cens an^ , les commentaires deServius fur Virgile , les 
lettres dlvcs de Chartre , £c de Tempercur Rodolphe ^ 



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1^6 VOYAGE LITTERAIRE. 

celles de Pierre des Vignes en fix livres, & quelques ou- 
rrages du Cardinal de Cufa. 

La cathédrale appellce communément le Dpme ^ ed 
une ancienne eglife^ qui dansfon temsëtoittrcs-lnagni- 
fîque. Il y a deux chœurs aux deux bouts , comme dans 
Teglife de Befançon ^ & dans ccjlle de Liège. On n*y en*, 
terre que les archevêques. Les domaires ou chanoines 
font enterrez dans Teglife de Nôtre-Dame qui joint le 
Dôme j en forte qu'on entre d'une eglifedans l'autre. CeL 
le-ci eft faite en forme de croix, & eft très. délicate. 

Nous reftâmes à Trêves jufqu'au 30. Décembre , com- 
blez des honnêtetez de tous les religieux des quatre mo^ 
«afteres, mais en particulier demonfieurrabbc defaint 
Maximin, que Ton peut propofer comme un modèle d'un 
fuperieur accompli. Il ne faifoit jamais rien fansconièil, 
& ne difpofoit de rien fans le confentement de fa conu 
munautc. S'il vouloit par exemple établir un prieur , ua 
fbûprieur , un père- maître , un cellcrier , il demandoit 
l'avis des uns & des autres , ^ parce moyen il baniffoit du 
cloître toutes fortes de murmures. Que fi après avoir pris 
ces mefures , on lui faifoit par hazard quelques plaintes 
de ceux qui ctoient en charge y il rcpondoit avec dou* 
ceur : c'eft vousqui les avez choifis , vous avez tort de vous. 
plaindre. Les religieux à. làint Maximin ont accoutume 
de reciter le pfeautier le Vendredy faint , félon l'ancien- 
ne pratique de l'ordre. Ce pfeautier joint aux autres offi* 
ces , qui ibnt fort longs ce jour là^ occupe toute la mati* 
née, & fatigue fort tout le monde à caufe du jeune. Le 
prélat pour foulager au moins les plus foibles , reprefen- 
ta un jour qu'il feroit plus à propos de n'en reciter qu'une 
partie le njatin , & de remettre le refte pour l'aprcs-dî* 
née, qui eft aflez vuide d'exercices. Cependant ne vou- 
lant gêner perfonne, il laiiTala chofe au choix d'un cha- 
cun , & voulut bien confentir qu'on ne changeroit rien 
de ll'aflcienne pratique. Lorfque nous partîmes pour aller 
iEpternac , il nous fit encore de grandes démonftrarions 
d'amitié. Nous fûmes biCài aife devoir en paflantà deux 
lieues de Trêves le tombeau des Seçondins ^ ouvrage des. 

Komains^ 



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VOYAGE LITTERAIRE. 297 

Romains , que le P. Vvilthem a fait deffuier dansfès an- 
tiquitez de Luxembourg, & qui eft gravé dans les anna- 
les de Browerus. 

L^abbaye d'Epternac eft à quatre lieues de Trêves. S. ^P'^"^^ 
Vvilbrod apôtre de Frife, qui en eft le principal fonda- 
teur,enjettalesfondemens dans une grande folitude,ovi 
depuis il s'f;ft forme une petite ville qui eft aflez peuplée. 
Son deffein ctoit d*y élever des miflîonnaires qui pufTenc 
le féconder dans {es travaux apoftoliques. Et deflors cet- 
te abbaye devint très-puiflante , comme ilparoîtparplu, 
(leurs donations qu*il lui fît ou qu'il reçut comme abbé 5 car 
illa gouverna une longue fuite d'années en cette qualité , 
& voulut enfin y être enterré. On y conferve encore au- 
jourd'hui fes facrées reliques dans une belle chafle , fon 
calice/a croffe de bois.Son tombeau eft fous le grand autel. 

Cette abbaye fut ruinée dans le neuvième fiecle 
par les Normands. Les moines furent difperfez , & on 
mit des chanoines en leur place. Mais l'empereur Ot- 
tc|n dans le dixième fiecle, tira de faint Maximin'de Trê- 
ves un abbé & des moines , qui y rétablirent l'obfervance, 
qui fubfifte encore aujourd'hui. Les grandes révolutions 
arrivées à Eptcrnac , n'ont pas tellement ruiné les an- 
ciens mbnumens , qu'il n'y refte encore plufieurs manuf. 
crits : ils font prelque tous très- anciens. Les plusconfi- 
derables font un texte des évangiles écrit en lettre d'or 
fur du grand velin d'une beauté charmante , & je ne crois 
pas qu'on puiflè rien voir de plus beau en ce genre. On 
y voit toute la viedeJefus-Chrift reprefentée en migna- 
ture. Il y eft crucifié avec quatre doux , & habillé de vio- 
let. Les deux larrons y font auffi reprefentez habillez. On 
croit , & avec afièz de probabilité , que c'eft un prefent 
de l'empereur Otton ,qui y eft reprefenté fur la couver- 
ture avec l'impératrice Theophanu. Ce prefent eft fans 
doute digne d'un fi grand prince. Les fçavans qui aiment 
l'antiquité n'eftimeront peut-être pas moins un autre tex. 
te des évangiles beaucoup plus ancien , écrit en lettres 
Saxones ,& corrigé à ce qu'on prétend fur l'original mê- 
me de faint Jérôme ^ comme il paroit par ces mots qui 

pp 



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19? VOYAGE LITTERAIRE, 

fe Hfcnt à la fin du manufcric. Prêemendavi nt p&tni /§• 
crtndum codicem de btbliotheca Bugipi fraffiteti ^ éfuem firunt 
fuiffe S. Hteronymi^ indiffiêne vi. pojl cêtifulatum B^filn ^ 
ann9 fèptim9 décima. On voie dans les marges dumanuC- 
crit les concordances des quatre Evangelifcs » & les cor- 
redions qui y ont été faites fur Toriginal , marquées par 
cette nottCT. On ne peut trop eitimer ce maquicrit , vé- 
nérable parfon antiquité ^ & il y a bien de Tapparence que 
c'eft faint Vvilbrod lui-même qui Ta apporté d'Angle- 
terre. J'en dis auunt d'un très- ancien martyrologe de 
faint Jérôme ^ écrit auflî en lettres Saxones, quelesBoL 
landiltes ont fait graver & inférer dans leur recueil des 
vies des faints. On peut juger de fon antiquité par ces 
paroles qu'on lit aune marge du calandrier^qiiieft i la 
nti du martyrologe ^ écrites cTune autre main un peu moins 
ancienne. In nâmine Domini Clemens yvilbf9rdm$ anwfex^ 
centefimo nonagefimo ab incamatiùne Chti^iveniebai in Fran* 
xia j ^ in Dei nomim annê fexcntefm^ n^nagefimo ab incdu 
natione Domini ^ quamvis indignms , fitit prdinatus in Roms 
ipifeopus ab apofiolico vira Domino Sergio pdpa. Nnnc veto 
in Deinomine agens annum foptinysnu^mnm vigi^fimum oEla^ 
vum ab incamationo Domini nofiri Jbsu CHaiSTi /« Dei no^ 
mine féliciter. Il y a bien de l'apparence que c'cft faint 
Vvillebrod qui a écrit lui- même ce calendrier ,& cette 
apoftille qui eft à la marge du mois de Novembre. Quoi 
du'il en foit, on ne peut douter au moins qu'elle ne foit 
écrite de fon temps. Dans un autre manufcrit auflî très- 
ancien , & dont les commencemens font déchirez , nous 
trouvâmes l'ouvrage que faint Jérôme a fait des noms 
hebraiques , avec ce titre. Defcriptio Enfebii Sophronii 
Jheronymi deformis HebraUarum liueramm, Jnterpreiatio 
nominum Hebraicomm. A la fin du manufcrit on lit ces 
mots. Explie antnr interpretdtiones nominum Hebraicomm técm 
in veteri éjnam in novo tefiamento, Incipii précfatso Domi^ 
ni Eufebii Sophronii Hieronymi in libro locomm ab Eufebio 
Pamphili C^farien^ epifiopo frins edito quidem inGrétco ^fed 
k prétfato Jeronymo pojlmûdnm diligentius in Utinum fykm 
tranflato^ J'ajouterai ici ce que j'ai remarqué dans un ma* 



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VOYAGE LITTERAIRE. in 

nufcrit de Thiftoire de France écrite par Grégoire de 
Tours ^ dont le ca^raâere a au moins 8 ce ans. Le pre- 
mier livre contient 44 chapitres , & tout ce qui regarde 
les evêques de Clermont en a été retranché. Leiccond 
livre a 34. chapitres', qui font raportez^ans un ordre 
différent de celui qui eft dans les imprimez. Le- qua- 
trième efl compofé de 40 chapitres , dans lequel tout ce 
qui touche les evêques de Clermont eft obmis. Le cin- 
quième livre a 33 chapitres, & le fixiéme en a autant ^ 
mais le chapitre 14 eft imparfait , & le 15 manque tout 
entier. J'ai crû que ce manquement vient de ce qu^on 
aura coupé un feuillet , car on trouve enfuite un feuillet 
blanc , pour remplacer fans doute ce qui manque de ces 
deux chapitres^ & récriture qui fuit immédiatement eft 
d*une main différente. Le feptiéme livre a 40 chapitres,, 
le premier qui eft tie faint Salvi y manque. Le huitième 
livre comprent 20 chapitres dont le premier eft obmis,. 
Enfin dans le neuvième livre qui eft de 15 chapitres , le 
premier & le fécond font retranchez. Voilà ce que j*ay 
pu remarquer en paffant fur ce nianufcrit. On pouroit 
peut-être en dire davantage , fi on Texaminoit plus à loi. 
lîr. Il faut ajouter icy les epitaphes de quelques anciens 
abbez , que nous avons trouvées dans un vieux manuf. 
crit. 

EPITAPHE DE L^ABBF RAVANGERUS. 



Hac ftcubant f^ffé K^vanfffi fatris offa 

Et fiunt hêménif Uge fûimêa cinàs 
Hune Otto frimus tranfinifit Csféf ofiwms^ 

Siffidi montis efregii Cêmitis. 
Mifit & huBC takm qui vUétm cœnêiiaUm 

Hk rtfaroH fh fiiffice^itfudiê. 
jtféffn locMS $00 tHtirkoc umfmfe nUiffonis 

FaSus erat f^aenm , rekm é* exiffm^^ 
Dttmfue vir inlt^ns êrilus Mimif fix fmoqnê kfiris] 

J^fégfi^îuUJHtm ndâidii iximiém. 

Ppij 



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500 VOYAGE LITTERAIRE. 

ieftemhris flendis n^ms dinifynt Cdkndss 

CUuferat if fi diem, nunc habeat rtfuiim^ 

EPITAPHEDE UABBE^ VROLDE. 

Ccntinet bie arfias Ucus Vt^ldi patris artus 

Cmjus in ecclrfa fnnt monumenta fia^ 
JpUmma vêf^x fedes Umfli confnmfit ^ é^dc/^ 

AnM CMM decimo fra/kit i minima. 
Qwis mêtus damnis undenis fifcerat annis 

Quod te parafa pic fars fuit ealefis. 
Deinâe loco cedens annis qnoque quinqne nadens^ 

Se voiuit foli crtden Lcucop^li : 
Qno migrans membris fifUna Imce Novtmbrii 

Snb cUro titulo credttus eft tnmulo. 
Ordine fofi jnfio tranjlatns ab hoffite bufi^^ 
Hac tumba f reprise cUnditur tcclefiét, 

EPITAPHE DE TABBE* GODEFROY. 

Quod caro fit vertnis ^ quodhomo fitfulvis inermis 

Affrobat illudhûmê vermcfcatens in humû. 
Hmncpéiteradmortm Godefkidus tamis bânorem ^ 

Qfi fkgit ut fumus ^ mutât , j^ hicjft humus. 
Provida mens ^ habilis comfUxio ^fanguis hertlis ^ 

Huic dederant adiium culminis ad meritum. 
Sid geminos fhœbus tumfcandfrtt oE^o diebtfs 

Camis deliquio tranfiit emedio. 
yinnis ter dénis & quatuor haud modo flenis 

Abbatis titulo funiius ^ hinc tumulo, 
Aft homo qui cineris fors hic dum vivus haboris ^ 
Ad cineres bominis vota fer if fi cinis. 

Nous n'avons rien dit de Teglife d^Epcernac qui eft dikz 
belle. On y montre dans la nef un cierge de ,3 50 livres ^ 
qu'on dit être un vœu de Tempereur Maximilien, qui étant 
♦ venu à Trêves tenir une diète , eut la douleur de voir la 
ville attaquée de la^ pefte. Perfuadé que dans des occadoiis 
femblables les fecours ipirituels font les plus efficaces, il 



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VOYAGF LITTERAIRE. 501 

. vînt i Epternac demander à faine Y vilbrod la délivrance 
d'un fi grand.flcau, & lui offrit le gros cierge qu'on r 
voit encore. Nouspaflames la fête de la Circoncifîon i 
Epternac, On y chanta la grande mefleen mufîque. Elle 
foulage les religieux du chant , mais elle n^infpire pas la 
dévotion comme un pleinchant bien réglé. 

Il ne nous reftoit plus à voir que Je monaftere de Nô. 
tre.Dame de Munfter, qui eft à Luxembourg. Monfîeur 
Tabbé d'Epternaç çut la bonté de nous donner un de fes 
religieux pour nous y conduire. Comme ; Luxembourg eft 
une place de guerre , Tabbaye de Munfter a été fujette 
à bien des révolutions. 

Dans le fëiziénie fîeclç les François ayant pris Luxem^ 
bourg , ruinèrent entièrement Vabbaye qui étoit dans un 
Jieu affez agréable, Jean Bertels un de (es plus illuftres 
abbez , eut foin de faire transférer le corps de Jean roi 
d'Hongrie & comte de Luxembourg ^ qui rut tue à 1^ ba- 
taille de Creci^dans Teglife dçsCordeliers,où ilfutdé- 
poféderriçre l'autel dans unecaifle de bois aflez fimple. 
C'eft de quoi il fe plaint dans un poëme où Pautçur le 
fait ainfi parler. 

Dum mea mœnU Zuxemburgi rex tapit armis 

\Frand/iUs Gallus , fellor egû 9 tumuU. 
Qui fcèf tris iijfi Cafimiro ffonte PaUnis , 

Régné ^t ^rejù ftétfins ejfftmierque juo. 
Qmi Hts M^ftésfpm , qm Iffminê quamvis 

Orhatm^fMffid Qr^acm ^eiiJ^i\ 
S^ftiUf a0ai pfo Gall0 rege ^ritannfS 
î - Inctf»fns , triims his nnm merni tnmu^m î 

'-' L'abbé PiiçrrpRoberti, homme d'un rare mérite, ayant 
fuccéclçXjeaii "3çttels, e^t aflêz d'accès auprès del'ar. 
id^ijduc Âlt|ërt, pour lui pèrfuadef de faire ériger un ri^ 
ç^e maufolçe i ce grahd.pirinçe.* It le fit avec une mag- 
nificence digne de çc roi. Le maufolée étoit de marbre 
ètHe iafp«; Les plus belles avions de fa vie & fa mort y 



Munfter, 



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301 VOYAGE LITTERAIRE; 

ctoicnt reprefentces en bas relief, & fa figure au natu^ 

rcl en marbre blanc , avec cette epitaphe,» 

Jûhannes ttx BohemisB comef Zuxembutff 
Henricivii imperatoris fiUus ^ 

Carok IV. imferatoris faut^ 
Vvenceflai é" Sigifmundi imfefatarnm avns^ 

P rince f s animo maximus ) 
Sed nw corforis vitia inftlix , quodcMCUS. 
InBritannos auxilia fro ref^ea^ne ducens ^ 

Ptalio Crefciaco cecidit. 
AcU difrupu ^rebmfqne dejjperatii , in viBores imii^ 

Etcmn non vident hoftem feriit , 
2Ton fugnando tMium^fed eccmmbendâ fortis. 

Mccc XLVi. iiucalendas Septemhîs.] 

Tantum heminem jaCere fne epitaphio 
Maytus Belgarnm princefs wnpajfus , Albertni 

ZtherAlitate ^ maytificentia fua monumentnm feri 

Volnit ^(^ iniqë^e foTtis ^ fed inviUée virtutii 
Memoriam éetemitati commendavit. 

CIXIX XIII. 

Le roi Louis XIV. ayant fournis Luxembourg à la for* 
ce invincible de k^ armes , Tabbaye de Munfter éprou^ 
va une feconde fois le fort de la guerre, & fut entière- 
n^ent rafée. Mais le pieux Monarque ne. voulant pas l'ai, 
neantir , la transfera dans un fonds^ hors de la ville , où 
il la fit rebâtir. On y transfera en même-teois les oflfew 
mens du roi Jean , qui font encore dans une caiffe de 
bois , en attendant qu'on lui fafle ériger un nouveau maa- 
folce. Après tant de révolutions on ne pouvoit pas s'at- 
tendre à faire des découvertes dans la bibliothèque. En 
effet, nous n'y avons trouvé ^ùe cinq ou fixmamïftrits, 
dont le plus confiderable condcnt plufïeurs ouvrages de 
Tertulien. Le manuscrit n'eft pas ancien, mais la rareté 
à^% ouvrâMces manufcrits de cet auteur le rend précieux. 
Nous pariâmes un jour entier avec les religieux de MfUf- 



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VOYAGE LITTEHAIRE. 303 

ter , quinous témoignèrent bien de ramitié. Nous les 
quittâmes le j, de Janvier pour aller à Orval. Nous cou- 
châmcs ce jour là a Arlon , & le lendemain après avoir 
dit la meflè chez les pères Carmes, nous nous mîmes en 
chemin pour nous y rendre, Lorfque nous fumes arrivez 
à deux lieues de l'abbaye , nous prîmes un guide pour 
nous conduire dlns les bois, & en marchant nous lui de- 
mandâmes ce qu'on difoit des religieux d'Orval^ôcnous orvaU 
remarquâmes avec plaifîr la bonne odeur qu'ils répan* 
dent dans le pays. Ce font des faints, difoit-il , ils jeû- 
nent continuellement , 6c donnent tout leur bien aux 
{pauvres j enfin ils font vivre tout le pays. Il ajouta qu'on 
eur avoit offert plufîeurs fois des fonds à acheter , & 
3u'ils n'en avoient point voulu , difant qu'ils avoient aflèz 
e bien , & que fi après avoir pris leur entretien , il leur 
reftoit quelque choie de leur revenu , ou du travail de 
leurs mains, il devoit être employé en aumônes, & non 
pas en acquifîtions. Voilà comme ce bon homme nous 
parloir , & comme on en parloir dans tout le pays. Ce 
qui fait voir le bien que font les reformes dansunroyau* 
me , & les fervices qu'elles rendent à l'Etat , puifqu'elles 
font fubfifter tant de fujets du roi, &les mettent en état 
de payer les impôts publics. Avant la reforme d'Orval 
il n'y avoit qu'environ vingt religieux dans l'abbaye. L*e- 
glife étoic couverte de paille, & les lieux réguliers tous 
en defordre, & pour comble de malheur ce monaftere 
ëtoit chargé de cinquaqf e mille écus de detes.Âujourd*hui 
il y a près de cent cinquante religieux. L'eglife & tous 
les lieux réguliers font reparez , toutes les dettes font 
payées , & Ton fait vivre tout lé pays. 

Ce fut pour nous une grande confolation de conver- 
fer un jour ou deux avec ces faints folitaires, & de nous 
iSdifier de leur vie admirable. Us nous aprirent que le 
coros de faint Menne martyr, dont TEglife fait mémoi- 
re 1 onzième de Novembre , étoit dans leur monaftere , 
6c quc.monfîeur Baillet Tavoit confondu avec faint Mef- 
me ou faint Mange ^ comme on dit dans le pays, evê« 
que de Chaalons , de même qu'il avoit confondu un 



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304 ^ VOYAGE LITTERAIRE. 

iMtit More , qui eft en vénération à Huy ^ avec /aînt 

Maur. 

D'Orval nous vînmes à Moufon, de là à Eflant , & 
d'Eflanc à Tabbaye de Signi , où nous fouhaittions de 
voir les manufcrics que nous avions parcouru autrefois 
en paflant ^ mais comme nous étions dans un commen- 
cement d*annëe ,1c prieur qui en avoit la clef ^ croit allé 
voir quelques uns defes amis j on crût même qu*il a voie 
pouffe juKju'i Reims. Ainfî après avoir attendu un jour 
entier ^ nous partîmes pour rabbaye de la Valroy que 
nous n'avions pas encore vue. Nous cfperions trouver 
des manufcrits dans cette ancienne abbaye de Tordre de 
Cîteaux , comme on en trouve dans laplufpart dcsmo- 
nafteres de cet ordre : mais nous n'y trouvâmes que 
quelques reftes d'un monaftere détruit , & on nous dit 
qu'un abbé commandataire l'avoir démoli pour tranfl. 
porter les matériaux à Reims , où il bàtiffoit le collège 
des révérends pères Jefiiites : Louable d'avoir conftruit 
un collège pour Tinftrudion de la jeunefle : très- blâma- 
ble d'avoir détruit un monaftere qu'il auroit du rébâ- 
tir s'il avoit été ruiné. Il épargna au moins Teglife y qui 
eft très-grande , très belle & très- décorée par les foins 
du fage prieur, qui gouverne aujourd'hui cette maifon. 
Nous y trouvâmes un ancien tombeau qui avoit cette 
cpitaphe. 

Çy pft pince de nable mémoire monfeiyftenr Jeh^n comte de 
Rouci ^ de Bruine , qui trepaffa Van de yrace mcccxlvi* 
Cy y S dame de noble mémoire madame Margueniè fille de 
monfeiyfieur Thiebaut le Grand fetgneur de Bovies ^ de nuu 
dame Marguerite fille au comte de Comminges , jadis com* 
teffe defdits lieux , (jr file dudit comte Jehan , qui trepajjd 
fan de grâce mccc lxviii. g^ leur fit faire cette fepuU 
ture Monfeigneur Jehan de Rouci evèque ^ Duc de Zaon 
comte d'j4nifi , pair de France , fils de monfetgneur Simon 
comte de Rouci é* de Braine , fils des fufdits comte éh com^ 
tejje. 

Nous fiâmes de la a Laon , où nous paflfames la (ètt 
de iaint Maujr avec nos confrères , & dans peu de jours 

nous 



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VOYAGE LITTERAIRE. 30J 

nous nous rendîmes à Paris pour y jouir du fruit de nos' 
travaux , & nous difpofer à taire un plus long voyage , 
qui doit fe terminer à réternité. Je lupplie les ledeurs de 
prier Dieu qg'il nous la donne bien-heureufe. 




a^ 



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AVERTISSEMENT. 

C^BfeMond f^oys^e LiiMrski n'étant fui it U gfiofftnr du 
^ fr€fnier^fûMr/a$fefi f^êlmnft unftnflntf^tt^fajêkttray Uy 
quelques fitu$ dêtachéts dt nbtrt grande tilUHîÊn : il femble 
même que ce fait icy U Ut m fqni tesnrs^conviemt^ l^fy^ qmeiqnes^ 
nnes portent le- titre df ^^y^t ^ fj^ qnectjent des redu tiens de 
ce qmi i*efi p^ffé dans Us Vâyaps dt ceux qmi en font auteurs^ 
Jecroy queles favans nttn fétmrtnt Iton pé ^ ^ qne t*exceL 
lence de c^s anciens montsmetts les dtdtmagtra de ce qni peuf 
manquer dans t ouvra ff qpe /f viens de donner. 



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VOY AGE 

DE NICOLAS DE BOSC 

EVECiUE DE BAVEUX^ • 

f o u R négocier la paix entre ks côunoBnes de- 
Fratice fie d*Atiglererce. 

Tiri £m manufifit de fm monteur Bidteau^ curé i^ 
Jâ S»LdÊtrfnt dt RoH€H^ 

€y après ^enfuit ItWfO^e fait .ftmr h tfMté dt lâpii» es «.^jg^j. 
purtie dé Pkardie ^éin iefptce mUtr9iscensf^atre^vlnp^fi^ 
m»fsrPordonHanc9d» tpy é'tk nêfJiigMéMrf-fes émUfi^ 
y tnvoyennt. 

^L T prcmieremcfit, je evêque de Bayetctpsutii 
" de Pkm en la compagnie moniéigoeurrcw- ^- _. 
chetêque deltottea* le xxi». jjïutd'XvrH,. ieûLt^^ 
& arrivâmes s^Moiiftereul'k|imitiier pur de ^r** ^'^C- 
^^,,,,^,_^ Màyy& apportai avec moi^ttï» iivftradiBii' ITcT^wsïïr 
lire pùi le Coniëil du Roi- nètre Sire , H û^ïkée di la» Kettcnpar i» 
maitt de moniteur d'Aniott,;doat la tetteuf enfuie- l^"^**^ 




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5o8 VOYAGE DE NICOLASDE BOSC 

" • •-•-ri 

InfifnHion baillle farmeJIfeigneMrs aux .mefjs^iges poMt U traite 
de la faix. . ■ * * 

i> Premièrement eft ordonné par nofleigneurs , que ils 
M ayeni crois lejtres , Tune pour traiter, de la paix final, 
f» l'autre pour donner trieves , (i befoing eft , gcûerauij: 
fi oa particuliers , l'autre de donner iaufcondùit par touk: 
» auffi qu'autrefois. i 

M Item. Quant du lieu & jour pour aflèmbler , il plaift 
w à nofleigneurs que par l'ordonnance & bon pourchas 
13 de monfeigneur de ILoiien foit £f^t ^ic pirj'avisdes 
>3 meflkges. '-• ' 

>3 Item, Il plaift à nofleigneurs que les meflages puiflènc 
»3 donner trieves particulières eii la niâtche oà TcrT trai- 
rt tera brefves ou longues, & outre fcc. -générales e» com ^ 
3>prenans tous aos alliez. 

>3 Item. Auflî plaift que leiîlits: mèfliî^ges pdiflent don- 
„ ner faufconduits , ainfi que bon leur femblera \ au 
^, profit du traite ^ & gardent bien à qui & pour caufe. 
,, Item, Il plaift que le traité foit repris en Tétat où fut 
„ îaiflc , & pour ce que Ten eftoit fur trois points ,& plaift 
^, que ainfi foit entendu c'eft aflayoir. 
,, Premièrement , quant aux mariages du roi d'Angle» 
terre, & de madame Jeh Anne, il plaift deyentendr^ 
& auflî tenir paroles de monfieur de Valois , & oir de- 
,^ quelle dame l'en parlera, & de ce refcripre, fanspafler 
„plus, 

, „Secondemieots d^aliieiaceil plaift de les faire bonnes, 
,-, & pour ce vbyent les confaulx des alliances , que les 
„ Rois ont avant les autres , & par confeil foit avifé com- 
,,ment tout fe feraà l'honneur des feigneurs , fureté du 
„ pais , & profit de la befogne- 

! „Tierceniçnt V il plait que parmi le$ proteftations Ôf 
„ refervations autrçfois/aites 5 c*eft à favoir quîe foy , Wm- 
„ mages , fouverainetç , & reflbrtde toutnoiis demeure. 
Que en rien ne renoncent à nos. demandes ,. droits, al- 
liances ) &c. ^ foit offert comme autrefois, ^ oultre 



3> 



5Î 



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EVEQUE DE BAYEUX. 305 

ce que nofleigneurs ont ordonne , qui eft bailler clos '' 
par nofTeigneurs A/' 

Et foient les meflages bien ayifezen parlaotquenul-^^ 
lement ne le départent , ne diçnt, paroles qui Tentent ^* 
département d^alliances de nos alliez. " 

Si plaife à nofleigneurs de mettre en cedule&char- " 
gier ceux qui ^cur plaira de ce qu'ils .voudront que l'on *' 
oflFre au plus fort , & la manière de procéder auXur- ''^ 
plus foit laiffiée en la difcretipn des, meflages. " 

Ainfî figné, LOYS. 

Item. 1 Edit premier jour de May que nous filmes mon- 
.^leigneur de Rouen & moy arrivez i Monfteteul, 
nous trouvâmes que les meflages d'Angleterre, n'eftoienc 
pas encore venus à Calais , ne paflfez la mer j & pour ce 
demeurâmes oudit lieu de Monftereul. Et le Jeudy 1. jour 
de May y arriva Tarchidiacre de Chaalon ^ & y apporta 
une inftrudion dedans laquelle avoit une ce iule, de la- 
quelle infl;rudion & cedule U copie s*enfuic. 

C*eji ce qui efi avip par le roi noftre Sire é" fin confiil fur 
lei^xhfffes qui luy enttfié rapfertées par les gens envoyexjfar 
luy à Boulogne fur le f^it du traite de la paix. 

Premièrement , que Icfdites gens quand ils feront re- " 
tournez par delà lâchent par les meilleures voyes & ** 
manières que ils pourront, dequoi les gens du roi d'An- *' 
gleterre fe voudront apeticier de leiir demande ^ & â* ^' 
quoi finalement eux reftraindre j&femble qupainfi de-** 
vroit eftre fait par raifon conflderé que le Roy a fait** ^ 
réponfe ôc offre à ladite demande» ** 

Item. Si les gens du roi d'Angleterre rie vouloient ce ** 
faire, fe premièrement les gens du Roy ne s'élargiflbient ** 
oi|ltfe L'offre autrefois faite ^ veut le Roy que fefdites ** 
gens montrent aux Anglois le bon droit & la bonne *' 
juftice qu'il a en cette dernière guerre , & es p^s & ter- ** 
tes dont les Anglois font demande, & aufli quil a de** 



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310 VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 
, , leur faire iieman4e pour les dommages & interefts, que^ 
,^ilj fes pais & fubgiets ont porté par les Anglois tant: 
\^pottr les compaignes, cottime pour ce que le roi d'An» 
\,gleterre nefîftpas iFuider les fortere&s qu'il tenoitoc^ 
^ cupées ou royaume ou temps du trairt de la paix ^^ 
^^ comme en plufieurs autres manières ^ainfi comme con« 
^ tenu eft plus à plain csinftruâions autre£oi» baillées aux 
,, gens du roy j Ac ce isionobftant encore plaife au roy^. 
,,pouf bonne aâfeâion que il a. au. €iaité, par les^ pro» 
,, teftatioBS autrefois faites par Ccs^cns en cette matière 
„foy élargir , ooltre ce que autrerois a efté olïêrt de la; 
,, cité de Caours fie de la partie du païa^d'Elreriîn qui fut 
,^ refervcen ladite offre , & dlibondanr. s'feflargir ,& veut 
^,eflargir de tout le pats de Fierregord ^ &veut miefefl 
„ dites gens fe. tiennent le pks longuement que bonne- 
„ ment pourront en fes termes , & que par toutes Yoyes^ 
„& manières que ils fauront, montreront aux Angiois. 
,^ comme cette offire eft raifonnable, & que ils doivent 
„eftre contens.- 

„ It€m. Si. les Anglois tteti eftoient contens , reut le roy 
„ que fes gens fâchent comme deffus leur intention, à quoy 
^^ils fevouJJront reftraindre & diminuer leur demande. 

yy/fem.Si les Anglois fevouloient tenir en leur termes,, 
^ & que ils tie fuflcnt contens de ce que dit. eft , encore 
„ plaàl au Roy de foy eflargir de la partie du pars de 
„ Xaintonge , qui' eft oultre la rivière de Charente. 

^^Item. Plaift au Roy donner pour le mariage du roy 
„ d'Angleterre avecques madame Catekine fa fille la 
^comtc d'Angolefme & le païs de Roergjie, qui fera he- 
), ritage de lamte Dame , & aux hoirs qui iftrons dice* 
j^hiy. mariage ^& fe il n*èn iflbit hoirs ^ lefdites terres re- 
»^ tourneront au Roy Ôc î la couronne de France, & fe* 
„aihfi bonnement ne pouvoiteflre fait, encore plairoit. 
„il an Roy que ledit païs de Roerçue d^nNHiraft pour 
„ le fait prœcijAh, & ladite comté aAngolefme pour le* 
^mariage parla manière deâiis^ dite. 

^yjtem, % les Anglois fe determinoient pour- le marîa»^ 
Mge du roy d'Ang^terre â une des niepces du Roy ^ îSi 



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ce 
ce 
ce 
ce 



EVEQUEDE BAYEUX 311 

plaift au Roy de donner une fomme d'argent , jufques ^^ 
à dçux cens ou crois cens mille francs. ^^ 

Item. Sur ce que les Anglois ont parlé de faire au- *^ 
cunes modifications du reflort & fouverainetc &c.,ii" 
plaift au Roy que toutes les bonnes & raifonnables mo- ^^ 
<iifications fbient faites fans enervacion de fonhomma..*^ 
ge y reflort &ifouveraineté } & fur ce foit advifé par le " 
vconfèil au mieux que il pourra eftre fait.** 

Item. Pour ce que les Anglois ont parlé que le Roy fe ** 
^oulfit départir des alliances qu'il avoir avecques au- ' 
cuns de leurs adverfaires^&^emhlablementilsfc dépar- 
tiront deleurcoftc des alliances qu'ils ont avecques au- 
cuns des adver!Êiires du Roy ^ veut île Roy afin que les 
Ariglois voyentfa bonne voulenté Scèonne foy, & com- ** 
ment il veutplaîneœeat ^procéder en cefte matière , que ** 
les copies des alliances que il aaver^ues fèsalliet. foient ** 
toutes taiiellionnée^ £c monftrées aux Anglois , & foit ** 
veu & regardé en leur prefènce , & bonnement le Roy ^ 
fe pourra d^épartir^efdi^s alliances :: carie Roy en veut *i 
faire tout cp que il pourra fans 4e&honneijMr. ** 

/tem^. Que ou cas que il icra wjeu que bonnement le *^ 
Roy fauf ïon honneur ne pourroit partir des alliances , ** 
îemble au Roy que Pen pourroittraitw bonne paix en.** 
tre lefdits alliez & ledit roy d'Angleterre ^ Iç duc de ** 
Lencaftre ^ & autres qui peuvent avojr avec le0its al- " 
liez aucuns débat ou difcort, ain£ comme autrefois a** 
efté parlé , & le Roy y travaiUeroit & mettroit toutes ** 
les diligeaces A: paines qu'il pourroit , & auflî à l^aide de ^ 
Dieu par le moyen du Roy pourroit eftre bonne paix, ** 
bon accort & aroitiez entre lefdits roy dç Fraçce ic^{ 
d'Angleterre, & defdits alliez..^ 

Item. Veuk le Rby en toutçs manières que le chajftel ^ 
ife Chierebôurc luy demeure par le traité de Ijjt paix/* 
&fe par la paix ne le pouvoir avoir, que il Teuft Mt** 
Je mariage de monfi^ur de Valois & de la fille au duc** 
.d'Encaftre. Et fi lefdits Anglois parloient de r*avolr A^^-*^ 
ilreandruic , Banelinghen> & la Planche, il plaift au Roy ^ 
qa% leur foiçpt rendue avant qfi'ii y Çuft empejGbhp-^ 



y" 



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1> 



3U VOYAGE DE NICOLASDE BOSC 
„ ment au traité de la paix : inais il veult en toutes ma- 
„ nicres fe ils font rendus , que ils foient abatus & de- 
„ molis. 

>y /^^»» Si les Anglois parloient du fait du roy de Na* 
,,Nvarre ^ du duc de Brçtaigne ^ & du comte de Saint Poï^ 
„il femblc au Roy que Ton leur a a repondre , que les 
^^deffus dits font fubgcs & vafïaulx du Roy , & que leC 
„ dits Anglois par voyes de raifon ne s*en doivent entre- 
„ mettre de leur fait , confiderces & attendues les grans 
„ fautes que ils ont faites contre le Roy ^ & que ce que 
,,le Roy a fait à Teocontre deulx,il a fait juftement& 
raifonablement & par voye de juftice. Et néanmoins 
veult le Roy que leur donne bonne e(perance , que ou 
casque l'en chera en paix & en accort ^ que pour hon^ 
„neur du roy d'Angleterre, & par fon bon.advis mef* 
„ mes y & de fon comeil , il fera tant en cette matière ^ 
y, que le roy d'Angleterre en devra être content. 
. y^Jtem Veult le Roy que (es gens entretiegnent le trai^ 
^té au mieulx que ils pourront fans rompre de fa partie,. 

CHARLES. 

Cofie de la cedule qui eftoit deians t infiruElion. 

„ Item. Ou cas aue les Anglois fc determincroient au 
,, mariage du roy d'Angleterre , a l'une des niepces du 
„ Roy , & ils n'cftoient contens de la fomme d'argent 
„.qu*il a ordonnée leur ofEre pour caufe de ce , il li plaiil 
„ donner pour ledit mariage le païs de Roergue fans ar- 
,, gent. Et de fait ou cas qu'ils ne feroient contens dudit 
„ païs de Roergue , il plaift au Roy de donner la comté 
^^d'Angoulefme en lieu de Rouergue , qui veult qui H 
,, demeure en tel cas , par celle manière toutes voyes que 
„ les terres qui feront données pour ledit mariaee feront 
^ héritage de la Dame & des hoirs qui iflront dudit ma^* 
^ riage. Et ou cas qu'il n'en iftroit hoirs ,quelefdites ter* 
^res retournaffent au.Roy & à la couronne de France. 
5^ Item. Veult le Roy fcmblablement avant que il ne 

viengnc 



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EVEQUE DE BAYEUX. 313 

TÎengneàbonneconclufîon de paix laiffierlepaïs de Ly. ** 
mofin,exccptc la comté de Limoges, pour retourner à U. ^' 
Vicomteflè. " 

Item Veut le Roy que pour le mariage qui pourra^ ** 
venir par argent fans terre , que Ton offre pour méfda-'* 
mes fes niepccs deux ou trois cens mille franc^-oplus^'* 
& pour Jk fille trois ou quatre cens mille francs o plus. " 

CHAR.LES. 

ET Pinftrudion & eedule deflfus dite fedîf monfTeur 
Tarccdiacre apporta feellée &clofe du feel monfei- 
gneur d'Anjou j & ledit archidiacre les ouvrit & les coi 
pia , les me montra^ fi eufmes advis que bon feroit que le- 
dit archidiacre retournaft vers le Roy ôcmonfieur d'Ani 
jou pour trois chofes. La première pour ofter les autires 
ménages ordonnez? à venir ,, la feeonde fâvoir aux<]uels 
Pen montreroit la eedule y la tierce pour fa voir fe le Ly^^ 
mofin feroit offert pour mariage & peur le traitié du 
païs j ôcainfr t'eferimes-à monfeigneur d*Anjou ; & ledit 
archidiacre s*èn partit le Lundy vi. de May. 

Item. Le vit. jour dé May maiftre Yves vint àMonfi- 
treul , & apporta trois^Jettr«s du Roy : Pune pour trait- 
tier y l'autre pour trêves , & Pautre pour faafconduis don» 
ner. Je m'en rapporte à leur fourme j car eulx font fe* 
Ion la fourme autrefois faite en Pautre cayer. 

Item. Le mcrqûedy xv; de May au foir retourna ledit 
monfeigneur Parchediacre,& rapporta une petite cedu^ 
le pour reponfe&inftru6lion aux demandes par li faites,. 
& dont k teneur s'enfuit, & me chargea que rien n'ea* 
deiffe, ne parlaflè , fors à monfeigneur de Coucy quant 
il vendroit*. 

Mémoire dé dire k iTeviqne £g B'ayeux , quf quant du fiiirJê* 
la eedule y n*en.j eut oncques f9ini à* autres que celle qui^a 
efté env9yh. 

jÈenrAl ne plaifVpoint air Roy^que oh facenuITeTnen->**^ 



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314 VOYAGE DE N^ÎCOLAS DE BOSC 

cion aux gens du Koy d* Angleterre du pa'û de Lymo# 

fin, ne par mariage , ne autrement, ne n'eft pas l'en- 

tencion du Roy que l'en face poinfplus grans offres 

qae Ten a fait du tems de fon père. 

^yltim. Que on ne face nulle mencion à ceulx qui font 

„ bu traittic , que ce fut l*entcncion du Roy defoy clar- 

,, gir du païs de Lymoûn , k ce a'eft à monleigneur de 

„Coucy. 

LOYS. 

ET demouray à Monftereul cootioadlemenc jufques 
au Samedv xv. jour de May , auquel joui: après-d). 
per nous partiimes Tarcli. maiflre Yves & moy, alafmes 
i Abeville ) & la vint à nous Dimenche Regnaufion » 
q^ui venoic de Calais , & nous apporta les lettres que 
moniêigneur de Rouen avoit receu. Les copies font au 
r^. Et poui: ce que point o'apparoit que les Angloîs fuT. 
i^Qt venus y U pour plufieuts autres cauiês nous partif- 
mes & aJktfmes ï Paris, & y arrivâmes merquedy xxix. 
jour de May, parlafmes à monfeigneur & au confeil,& 
ordenerent & baillèrent par écrie ce qui leur pleuft,&y 
miAreot leuc feauLx ^ Se dont la teneur s'enfuit. 

,; I^^U coaiHl tenu en Toftel de faint Pol à Paris en 
„ V^ la garde-robe de la chambre monfeigneur d*An- 
,Jou , le premier jour de Juing qui fut la veille de Pbn* 
^, tecoufte , Tan mil trois cens quatre -vingt & un , ouquel 
^^eftoieot mooJbigfiouc les ducs d'Anjou ,, Rourgoine U 
^àQ Bourboa ^ aïonfeigneur le Chancelier de France ^ 
,^ jDonfeigpeur le Chancelier du Dalphiné v Tevcque de 
^^.Bayeux , meflîce P. de Bonmafiau ^. Tarchidiacre de 
,, Chaalons , & Jehan Te Mercier, fut délibéré que la Cou- 
yy té d'Angolefme , qui pour le mariage avoit autrefois 
^oflé accordée eilre baillée au roy d* Angleterre pour le 
^ traittié de la paix , fi comme plus â. plain appert par 
,,la grant cedule efcripte de la main meffire Arnault de 
yy Corbie, & fignée de la main du roy noftre Sire, que 
,,0ieu abfiiille^i fois oôertc aufdics Angtois^ pour ledit 



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EVEQ^UE DE B A YEUX. 515 

traittié Hinplement, ransinariaee,otiltrece qmâatrefois 
leur a efté offert , & noit autre chofe. 



LOIS. 

Le fîgnet dcmorifcrgneur de Bourgoigne. 

(O) 

Item. T E premier jour de Juing fe parti le chcvaucheur , 
jL^& alla vers monlcicncur de Rouen pour nous 
excufer, qui retourna le omiicme de Juing, nous apporta 
les lettres de monfcigucur de Rouen , comme ks Anglois 
eftoient venus , qui vindrent le vu i Juing ^ fî pourfuit nos 
Seigneurs favoir fi rien vouldroient muer ne adjouter , di- 
rent en efFet que Ton s'y preifmes congic le xvi, de Juing. 

Le XVI I . de Juing Tan quatre ving & ung , je parti de Pa- 
ris vint à Monîtereul Vendredy xxi. de Juing, «tantoft le 
fis favoir à Boulogne à nronfeigneur de Roiîcn -, & audit 
lieu de Monftereul trouvay noftre faufeonduic du Roy 
d'Angleterre dont la teneur s'enfuit. 

RICHARD par la grâce de Dieu roy d'Angleterre & *^ 
de France , féigncur d'Irtand, à tous nos lieutenans , ^* 
connefl:ables,marefchaitx, capitaines, fcnechaux, baillis, ^' 
prevofts, maieur , efchevins, gardes de bonnes villes ," 
chafteaux , forterefles , de pons , de pors , & de pafTo- ^* 
ges ,& à tous nos autres officiers , & de noftre pouvoir, *^ 
ou à leurs Heutenans , & autres nos bienveillans,aTViis , aU " 
liez , & adherans , feilut. Commei Tonneur de Dieu fai- ^^ 
feur de toute paix, & pourefcLevcr l'efïufion de fane hu- *^ 
main , nous avons grant alïêdion au bien de la paix éftre *' 
entre nous & noftreditadverfaire de France , &pour ce " 
nous foyonsaffcntus au traité d'icelle. Etpource que Te-'* 
vêquc de Bayeux, Enguerrant (eigneur de Coucy , " 
Raoul feigneurdeRaineval,REGNAuT desDormans" 
archidiacre de Chaalons , & fêigneur deSernpy, Gilles " 
deGalois, ôc maiftreYvEi dcDcrian, mefTages & de-" 

Rrij 



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>v 






5ié VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

,, putczdeparncftrcdit adverfairCjdoivent venir prochain, 
„ es parties de Picardie , îi comme nous avons entendus , i 
j^caufe dudittraittic, nous voulant pourveoir a la feurtc 
^ d'eux , leurs gens , familiers , chevaux , harnois , & biens 
quelconques , avons pris , mis , & re<ju j prenons , met- 
tons, ôc recevons les dcfluldismeflagcs^êc chacun deux 
j, avec leur gens, tamilîers , chevalliers, efcuiers, clers , 
„ varies, chevaux, harnois, & autres biens quelxconques, 
,^ en noftre fauf & leur conduit, protedion , tuicion , fauve- 
garde ôc defFenfe eipeciauJx ,en venant, allant Ôcpaflanc 
par noftre royaume, es parties de Picardie , & ailleurs où 
mediers fera, pouriedittraittié,&làdemourant,fejour-. 
nant,&eulx retournant vers les parties de France par 
terre & par mer ^ tous enfemble ou par parties -, fi comme 
il leur plaira, jufques au nombrede deux cens perfonnes 
„ i cheval ou à pic , &: ainfy fouvent comme ils voudront , 
^,& à faire fera par quatre moys prouchains venans après 
„ la datte de ces prefentes. Et pour ce nous mandons & 
„ commandons à vous tous nos fubgicz & nos amis ^ bien - 
veillans , alliez & adherens ^ prions Se requérons à cha^ 
cun d'eux ,& leurs lieutenam, officiers & députez , que 
les deflufdis meflagcs denoftreditadverfaire,leurgens, 
„ familiers, chevaliers, efcuiers, clcrsôc autres de quel. 
„ conque eftat ou condicion qu'ils foient jufques audit 
nombre de deux cens perfonnes a cheval ou à pied , les 
chevaux , monnoye , biens , & harnois quelxconques , 
vous foufifrez 8c UilHez , foufifrent & laiilènt paifiblemenc 
paffer&repafïèr,demourer & fëjourner, aler , retour^ 
ner , cnlemble ou par parties,à leurs voulentez,& tant de 
„ fois comme il leur pl^iira , tant par mer comme par terre^ 
^, par tout noftre pouvoir ^jufques audit nombre par lefdis 
„quatre mois prochains venans aprcs la date de ces prefen- 
„ tes,fans faire, donner ^ou/buffrir eftre fait ou donner par 
„ voie d arreft à caufe de marque repulfaire ou autre cours 
^, par autre caufe, couleur ou occafion quelconque à eulx 
„ ou à aucun d*eulx, en perfonne,chcvaax,monnoye, biçns, 
„ bernois , & autres cnofes 5 griefs , dommages , molefte , 
^, vilenie, arreft, deftourbiez, ou empcchemens aucuns , 









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EVEQjUE DE BAYEtJX. 317 

■ancoîs femeftier eft , & par culx ou aucun d'eulx en efVcs *' 
requis, leur faites avoir faufconduic, gens , vivres, &au. '^ 
très chofcs necciïaires pour leur paflage , & pour denvcu- '^ 
rer & retourner à leurs defpens railonnables. Donné '* 
par tefmoignagc de noftre grant feel à noftre Palais de '* 
Vveftmouftier le xxx. jour de May l'an de noftre règne ^' 
quart. Ainfy fîgnc par leRoy &Confeil.FFRAYNGTON. " 

LE XXII. dejuingvins àBouloigne , & mo^pricur Tiir- 
chidiacre de Chaalons vint le xxi 11 . &c maiftre Y ves le 
xxuii. & le XXV. au matin parlâmes à monfeigneur de 
Roiien pour faire reparef les terres rompues , avoir iàuf- 
conduit pour monfeigneur de Brefne y & nous offrir de pro- 
céder au principal ^ &: prendre jour & lieu 6i par ordre. 

Lexxvi. àfouper vint le conte de Brefne^ &aprés fou- 
per fufmes tous chez monfeigneur dé Roiien^ & là furent 
lettres écrites à Calais , & ordonne que maiftre Pierre Ma- 
rie compaignon mqnfeigneur de Rouen , & Bertrant ef- 
cuyer dudit archevefque iroient à Calais : qui y allèrent 
Jeudy XXVI i. dudit mois , & le Vendredy retournèrent, 6c 
apportèrent que bref les Anglois ne reftitueroient rien de 
prefent, mais s*offroient daiTembler, & eux otiis fe par 
raifon dévoient reftituer , eulx le feroient ^ ainfî Tefcrip- 
rent à Tarchevefque -, & lors fut délibéré par nous pre- 
mier,que nousaUemblerions avec lesAnglois/econdement 
que nous accorderions trêves Jufques au xv. dejuillet foleil 
levant , & de ce efcriproit 1 archevefque â Calais , & y en- 
vpya pour ce Regnaudon & Bertrant, qui partirent tan- 
toft ,& lors efcripmes i Paris par Colinet le chevaucheux 
toutes nouvelles, & fi furent eicriptes les nouvelles de la 
mort d^'archevefque de Cantorbiere, & toute la corn- 
mocipn ; & Regnaudon porta Ut cedule de trêves toute 
feellée de nous & de noftre povoir. 

Samedy XXIX. jour de luingenviron vefpres ^ retourne- 
rent Bertrant & Regnaudon y & nous apportèrent comme 
Iqs Anglois eftoient d'accort d'aflcmbler le Mardy enfui- 
,yant à Lilengueen pour parler à nous, & fi nous apporta ce- 
dule des Anglois contenant trêves jufques au xv. de Juillet 



é.^-'' 



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3i8 VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

foleil levant, & amc ncrcnc deux efcuyers Anglois^qui nouf 
virent jurer Icfdirtes trêves, les clers les mains mifes à la 
poitrine , & lés laïs par leur foy , & (I oiront crier les trêves 

félon lar-cedule , lefquelles furent ce jour criés j & de la- 

ditte cedule la teneur s'en fuit. 



^'^T OUS Jehan feigneur de Cobehan , Jehan d'Eu- 
,, JLN reux capitaine de la ville de Caleys Jehan de Sho- 

*r«LIji€oln „peyedoyfn de* Nicole, & Richart Stury chevallier , 
„ meflages envoyez par le Roy noftre Sire é$ parties de Pi- 
,, cardie pour trait tier de paix entre lui & fon adverfaire de 
„ France , & ayant plain povoir' à ce qui s'enfuif. Avons 
„acordc& oâroyc pour la partie de npftredit feigneur, & 
„ en ks gens fubgcz & obeiflans , aliez , & adherens , & aux 
„ fortereflcs de tondit adverfaire de France trêves & abfti- 
„ nence de guerres éspaïs d'entre les rivières de Somme & 
„ d'Oife , & la mer , & généralement ou pais de Picardie, 
„&de Pontieu, jufques au xv. de Juillet prochain venant 
„ foleil levant, Etpromettonsôc jurons en l'ame du Roy 
„ noftredit feigneur fufdit , queicelles trêves & abftinences 
,,nous ferons tenir & garder par les gens, fubgez Scobeif- 
„ fans , alliez , & adherens du Roy noftredit Seigneur fans 
„enfraindre, & fans faire ne venir encontre foitpar voye 
„ de marque de reprehenfailles , ou par quelconque autre 
„ voye ou manière que ce foit j & reparer , rétablir , & re- 
„ mettre au premier eftac tout ce qui feroit pris, fait ou 

* „ attente au contraire durant le temps fufdit. En tefmoî- 

„gnancede ce nous avons plaquez nos feaulx à cefte fce- 
„dule. Donné à Caleys lexxix. jour de Juing mil trois 
„ cens quatre ving & un. 

Mardy fécond jour de Juillet afiemblafmes à L||îguQhen 
monfeigneur Tarchevefque de Rouen comme moyen , le 
conte de Braine, Tarchediacre de Chaalons, maiftre Y v es 
Daricn & moy pour le Roy, meffire Jehan Cobehen , 
Bejltrant Deftapeton , capitaine de G uines, maiftre Je- 
han Sepoie doyen de Nicole, & meffire Ri ch art Stu- 
ry pourleroy d'Angleterre j & faite la recommendation* 
par monfeigneur de Rouen , & requefte de bien procedct 



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EVEQlUE de BAYEUX. 319 

&c. Nous ofFriftnes procéder d'uncoftc & d*autre plaine- 
ment &c. Mais je qui parlay requis refticutioia des chofès 
prifes le Dimanche devant des trêves ^ & cuidafmes que 
par caacion juratoire faire fedeuft^&prindrentlesAnglois 
delay pour en parler au capitaine de Caleis. Apres fut par- 
lé & accordé des trêves accordées jufques au xv. dejuiîler, 
& mettre par lettre en feaulx penclans, & les povoirs d'une 
partie & d'autre encorporer^ôc du faufconduit pour le con- 
te de Braine faire femblablement : puis les uns devant les 
autres jurafmes les trêves dcflufdites, &fur le livre. Et 
ainû départilmes. 

LE Mef quedy envoyèrent les Anglok deflufdis, exce- 
pté meffire Bertrant , lettres à nous, archevefque de 
Roiien , le conte de Braine , & moy, faifant mencion com- 
me aucune reftîtution ne fc feroit jufques par meffire de 
Coucy & autres capitsaines en feroit ordené,& fus le prin- 
cipal voufiffiez procéder, & nous en déclarer , car trop 
avoient demouré fans fruit &c. Les apporta un Anglois, 
qui ne favoitFrançois, Repondu que monleigneur deRoûen 
n'eftoit pas meflage du Roy, ôtJe Conte & moy fans les au- 
tres ne povioos rien faire. 

Le Jeudy iiti. de Juillet fufmes d^accort queTarche- 
diacre de Chaalons iroit à Paris dire Teftat d'Angleterre^ 
des me0ages envoyez d'Angleterre &c. porta par memoi. 
re i & ainfy fufmes d'accort de requérir monleigneur de 
Rouen , qu'il al^tft vers les Anglois pour trois chofes. La 
première pour parler de la reftitucion comme deflus , la fe- 
conde pour lestreves, & faufconduit fait fceller , la tierce 
pour monftrer que nous favions bien Peflat 6c mutacion 
d'Angleterre , & que le Confeil eftoit mort -, & pour ce 
doubtions queeulx ne voulfiflent proceder,tendant à fin de 
delay , pour Êûr e venir greigneurs Seigneurs fie avifèz par 
le moyen confeil &c. 

Le vendredy v. dejuillet envoya monfeigneur de Rotien 
Regnaudon à Caleis reqt^rir les mef)age$,qui veniffent â 
Lehguehem^ & que monfeigneur deRoUen peut parler i 
culx y, rapporta qui feroit àfaiacGuiden^t Iç famc^Iy , Se 



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5ZO VOYAGE DE NICOLAS DEBOSC 

monfeigneur de Rottcn s*âccorcia de y aller , & nous Ty 
deifmes qu'il tendift à reftitucion , & fi non par caucion aux 
mains des perfonnes , finon de tout hinc & inde , & au fort 
accordafmes d'aflembler Lundy fus tout. Le Samedy par- 
tit monfeigneur TArchevefque , & ledit Vcndredy bien 
tart vint Colart le chevaucheur de Paris , nous^apporta 
lettre du Roy & de monfeigneur d'Anjou, qui nous man- 
doient que nonobftant la reftitucion nous procediflîons ^ fi 
les Anglois avoient bonne volentc de procéder fus le prin^ 
cipal. Dimanche vu. de Juillet retourna Regnaudon de 
Calais , nous rapporta que les Anglois eftoient d'àccopc 
d'affembler Marciy. 

Mardyix. de Juillet aflèmblafmes a Lelinguehem,&y 
fu le capitaine de Calais : parlafmes longuement de la re^ 
titucion , finalement fiifmes d*accort que les Anglois ef- 
criproient , &: nous auflî dedens la fin de Juillet ^ & ce ièroit 
baillé ou envoyé à monfeigneur d,e Coucy , monfeigneur 
de Braine, monfeigneur de Raine val, & monfeigneur de 
Sempy , le/quelx quatre, trois ou deux d'eulx en devroient 
ordener dedens la fin de Aouft , fe reftitucion feferoit pie* 
Diere , ou quelle : & ce que eulx ordonneroicnt feroit tej- 
nu : ainfy fu juré : & cependant le corps des perfonnes fè- 
roient x^%x,Mt%hinc,é>^inii jufques au dit des eileuscpar ain- 
fy que le maire de Boulongnejureroit faire fonpovoir de 
faire retourner ceulx de noftre partie qui feroient reftitués>. 
Su casque, dit feroit que retourner devroient :& ainfi fa 
juré par les capitaines de Calais & de Guines de rendre 
Içurs prifonriiers fe ditcftoit^ 

Et après ce entrafmes ou principal. Si fift maiftrc Jïh ak 
Sepoie la demande de tout ce qui bx baillé , & aïnfy fii bail*^ 
lé pourleroy JjEHAH. Si fu repondu que point n*ycnten^ 
drions: & pour ce fut recité lé lendemain appointement de 
la fouveraineté pour, nous , du mariage du roi d'Angleter- 
re à madame CATERiNE,d*aliances & des ofFres fait€i> 
iur ce fans déclara cîon quelle. Et après accordèrent aflez 
\t% Anglois que ainfi avoit^fté parlé , (mais tout eftoit nient 
par \(t% proteftations toujours faites , & pour noftre nou- 
viau. Roy ,.ea diûint que r.oftre ne fouffriroit point j &que 

auu 



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EVEQUE DE BAYEUX. . ; .^ 321 

au confeil d'Angleterre jamais nefouffiroit \ 6c encore? 
nous dit oultre, que au mariage pkiçn'àttendroient,nepuiC 
fance rfênavoient j & pour ce prifmes journée de ypenfer 
fiir tout , & de y retourner un jour , tel que monfeigneur de 
Roiien feroit favoir. Et après ce il fu parlé de trêves conti- 
nuer } &fur ce eufmes conieil au feigneur de Clary & de Bé; . 
&con{îderéreftatdu païs,& tout fufmes d^accort^Çc conti- 
nuafmes &jurarmes- trêves jufques au premier jourd'Aouft 
foleil levantr&nous accordèrent que mcffons ne racrrien de 
maifons.n'enporteroient ^ ne arbre portant fruit ne coupe-, 
roient. Et fe fait eftoit , reparer îe feroient. Par ainfi furent 
les trêves, écrites i Liliguehem , & après à Bouloigne Jeu. 
dy onzième j©ur de juillet efcripmes à nos Seigneurs tout ce 
qjjjp dit. Et parti pour ce Colart le cKevaucheur. 

Vendredy xii. de Juillet vint Aubert le cKevaucHeur,ap-- 
porta lettres de TArchevefque , comme il plàifoit à nos Sei- 
gneurs que nous continuiflbns trêves laïques à X vu jours: ce 
que fait, avions. 

SamedyxHi. de Juillet aflemblàfines ^ Se fètindrent ks 
Anglois tort, que nos offres eftoient trop petites. Et pour.' 
ce nous convint parler,(î deifmes au lonc le droit du Roy en^ 
là nouvelle guerre , les demandes qu'il povoit faire , le tort 
des Anglois qui avoient fail lî,&iî que ledit traittié dé l'an- 
LX. ne povoit eftre accompli , concluant que par les An- 
glois avoir efté refufc & empclchié ledit traittic. Et nient- 
moins comme nous renoncions a nos demandes par protef- 
tacions 6cc. & n'offrions xx-. diocefes & trois ou quatre m. 
chafteaux , & ce qui bncques ne fu au roy d'Angleterre Sic. - 
en concluant que nous nous mettions bien en raifon , & of. 
frions grans chofes , $c dur^i longuement .^ & fe débatirent 
pour les Anglois : mais prirent journée pour monflrer' que 
nos ofFres eftoient captiéufés , mains fbuffifantes , ^&> trop - 
petites au mardyenfdivantxv. de Juillet. 

Lundy parti Aubert lé méfTager , & par lui efcripmet à nqs'> 
Seigneurs. 

Mardyxvi. aiïèmblafmes,& là fuie capitaine de Calais* - 
Commença à parler maiftrejEHAN Sepore^& ^Pfés tàntoft 
continua ledit. capitaine >& monftra» que ce que nous 0/5^ 



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31Z VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

frions eftoit petit , & y avoit forterefles& pou y tenions j^& 
ce que nous retenions eftoit leurs , & avoient ciiafteaux 
pour nous y contraindre, en mônftrant que en tout ce que 
nous baillions ne tenions rien clcr,& concluant les offres 
petites. Et nous contra longuement. Si nous firent les Anglois 
par interval les deux demandes. La première fe nous avions 
point de puifTance ne voulenté de plus offrir , & ad ce ref- 
pondifiiies que aflez puiflance avions & bonne voulenté de 
traittier & nous mettre à raifon. La féconde le au fort nous 
vouldrions retenir la Rochelle & Poitou. Adcene voulfîf- 
mes refpondrc , fors que les mains que nous pourrions, bau- 
drions&c. Apres fe mirent à part les Anglois, & pour ce 
que monfeigneur de Rouen avoit dit que le reflfort eftoit 
paflc, au retour ledit Sepoie nous dit ,& par manière de con- 
clufîon , que le refort point ne tenoient paffc , mes tout ce 
qui avoit eftéfait au temps paflc pour nient confideroient 
que par condicion , & que noftre foy eftoit morte, & oultre 
que nos offres jamais n*accepteroient. Si monftrafmes que 
le reflbrt avoit efté paflc &c. Mais les Anglois trop fort (i 
tindrent. 

Merquedy deliberafmes d'envoyer monfeigneur de Rouen 
1 Calais, mais il accorda dealer aux Anglois j mais que je 
Nicolas de Bayeuxalafle avec luy, & pour ce y alay , & 
affemblafmes à Linguehem prés de Syeules , & monftray 
comme fus traittier de fou verainctc jamais n*aflembleroient 
nous feigncurs j&auflî comme c*eftoit contre raifon de di- 
re tout nient , & qu'il fembloit que les Anglois vouloient 
tout rompre 5 allégué plufîeurs raifons , en concluant que 
meflcigneurs 6c compaignons jamais ne vouldroient, fe nous 
n'auions odroy de la (ouverainetc. Et le Anglois contra : 
mais marchandoient que nous nous atreigniflîons, & par fe- 
rement de plus offrir &grantchofe,&parmy cceulxpar- 
ieroicnt àladitte fouverainetc : & ce debatiànous rienat- 
traindrc. Si me dirent pour final,que fans mes compaignons 
rien ne me diroient , ne feroîent , & fu monfeigneur de 
Roiien chargé de favoir, fe mefleigneurs vouldroient aflem- 
bler avec eux & quant. 
Vendrcdy xixjour de Juillet vindrent nK>nfeigneur deRai- 



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EVEQ^UEDE BAYEUX. ^ }if, 

i:cvaf, & Gilles de Galois ,aurquels nousdeifm« tôucrel'- 
tar de la befoigne , cheumes en acort de dire i monfeigneur 
de Roiien que famedy pafïë vouloient aflembler. Ainfy le 
fis favoir aux Anglois , qui eflirent à afièmblef au mardy 
xxii.dejuillcc Et cependant fu efcript par {îreGilles à moii-» 
ieigocur de Coucy & monieigneur le Chancelier, que ils 
voulfîflent venhr jufques à Monftweul , &'au feigneur de 
Sempy qu'il venift j & (î monftrafnies au fîre de Raineval de 
Gilles toutes nos inftrucions, & informafmes de tout le 
fait. * • 

Dimanche xxi. jour de Juillet bien tart rétourna Tar-i^ 
chedîacrc deChaaionscleParis. * ; 

Lundy enftiire xxi ï. de Juillet parïâ à iious , Se tious baîlla; 
certaines inftrucions qu'il av oit apportées dont la teneur 
s'enfuit». 

Mémoire à i^'evèfqfie de Bayeux , auj^igflent dt Caucy , an cohee 
deBrairii ^ dr aux àvtreS envoyiideyarlt kdf en Picardie y 
fourletùîimérdelafdix. 

Que nonobftanr que les meflages envoyez de Ta partie ^^ 
des Anglois ne foient pas de lî grant autorité comme ceu* ^^^ 
de par deçà. " 

Jtemi Que nonobftant la difcenfion d'^Angleterre , le ^^ 
Roy veut que fefdires gens procèdent avec les Anglois**" 
félon llnftruccion que autrefois leur a eftc baillée."' 

Item. Que ou cas que les Anglois traitteront fur le fait**" 
principal,que les gensduRoy leur pourront oÔrir ee qu'ils^* 
ont autrefois offert, tant fur le principal,que fur mariage. ^^' 

Item Leur pourront dire, que pour ce que autrefois leur ^ 
aeftéoffert,que pour bien de paix encore leur offronsicota-**^ 
bien que ièce fut àfaire de nouvel,on ne leur enoffriroit en" 
pièces tant.Trcs cher&amé frère (bubs voftre corrçâdon il 
m'eft avis que ilferoit bon ajouter à ceft article, que Tofïrc 
que autrefois leur fut faite , ce fu fur Tefperance du pour- 
parlé,qurayoit efté,dum^ariage faire entre le roy d'Angle, 
terre, & l'une des fœurs du Roy ^ lequel ne fe peut faire d^* 
, prefcnt. Et pour ce leur ofiire L'en plus que on ne fift one-**" 
qucsmais." Sf ij^ 



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15 



^14 VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

„ Item. Leur pourra Ten dire , que il le rapportent en An- 
„ gleterre^Sc que enxevicngiient à certain jour^& plus graiit 
„ Seigneur pour aller avant en la befoigne. 

„ Item. Ou cas qup TofFre ne leur plairoit ,& que fls di- 
,^ roicnt^ que fur cettp ofFrenje vouldroient jamais retour- 
,, ner , ne veut on point que on le mue plus avant :nncfme- 
.^ ment que en ceft cas i^ retourne y av,oit, elle vcndroit de 

leur cofté. 

,^ lum. Que toutes ces cliofes fe facent , ppurveuqueles 

Anglois confelTeroient le reflbrt & fouverainetc , ainfi Se 

par telle manière que autrefois ont fait. 

^,Sur ce que iVchediapre de Cbaalons u rapporté de 
,, vers le Roy, de par fes gens eftant au traittié,&que ils 
y^ OQt après efcript , advifé eft par lie Roy , nofleigneurs fes 
„ Oncles, & le Confbil en la manière qui s'enfuie 

,, Premièrement que les gens du Roy procèdent en tout 
^ félon la forme & teneur desinUracions jijui leur ont efté 
p, baillées , tant en offres comme ^utres-chofes ,fv>nobftant 
„ choies qui foienjc entrevenuës , &; que il a rapportées pour- 
„ veu que avant toute œuvre les mefTages d'Angleterre 
„ confeflent l'hommage , reflbrt, & fouveraineté enlam^u 
), niere qup autrefois a eftc fait, 

LOIS. 

LE mardy XXIII, de Juillet audit lieu deLinguhem fuî- 
mes aflemblez les meflages tous.de F rançe^ôc d'Angle- 
terre ,^ après plufieursparples'^ fufmes d'acort que les An- 
Çlois jureroient tout dire ce qui^hargié leur eftoit^ tant de 
iouverainetc quc4e reflbrt^que de ce aqaoi ils fe pourroient 
reftroindre At leur demande : & nous meflages <le France 
jurerops ce à quoi nous nous pourrions haul^fer des offres 
autrefois faites , Scque Tordre icroit tel ^ que premièrement 
les Anglois diroieut icnousodroiroientle r/eflbrt , & fou- 
verainetc ,ainû comme autrefois avoieut fait: après nous 
dirions nos offres : & derrier eulx diraient ce à quoi ils pou^ 
r*ent condefcendre^ôc ainfî le jurafmes fur les evangihs.Et 
ce fait les Anglois firent leurs prpteftations dev^çt trois ça- 



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EVEQUE DE fiAYEUX. 32; 

bellions& plufîcurs teimoings , lefquelles ils baillèrent par 
cfcript : & les proteftacions faites , les tabellions & tef- 
moings partirent. Et après ceparmy les proteftacions les 
Anglois offrirent par la bouche de maiftre Jehan Sepyede 
tenir tout ce que ils tenoientde prefent, &qui baillé leur 
£èroit:j '&generaument tout ce qu'ils tendroient par. deçà* 
la mer ou royaume de France, en lafoy , hommage , reflTort^ 
& fouverainetc du Roy Ch ailles qui eft à prefent , {qs fuc- 
cefTeurs , & de la couronne de France^parmi bonnes modifia, 
cations , &condicions contenues es proteftacions. 

Après ce pournoftre partie nousfeifmes en la prefènce 
defdits tabellions & tefmoings plufîeurs proteftacions, qui 
fuxent depuis baillées par écrit , & auxquelles je me rap- 

CKte^ & en demandai mes inftrument-:&ce fait, partirent 
s tabellions & tefmoings. Et après ce feifme^ nos offres , 
oultre ce que autrefois avoit efté fait de tout ce que le Roy 
tenoit en Roergue&Angolefme. Après lefquelles chofes 
les Anglois dirent que confiderè le reflbrt qu*ils avoient 
lailTè par proteftacion, comme dit eft, eulx n'a voient puif- 
fance^ ne charge de rien laiflîer de tout ce qui leur avoit eftc 
promis par le traitté de roy Je h an ^ &par efpecial de Poi- 
tou.ôc de Xaintonge , ne de rien de la duché de Guienne : & 
pour ce que autre chofe ne povions faire , il fu parlé fur 
deux voyes,ou rapporter vws les Seigneurs de faire venir 
grcigneurs Seigneurs ^ ôçgraigneur puifTance, &fur cefu 
pris -jour d'alTembler le jcudy cnfuite^ Voir eft que en la 
fin&furnoftre département, nous accordafmes&juraf- 
mes' prorogacions de trêves jufques au ix. jour d'Aouft fo- 
leil levant. 

'^ Merquedy xxiiii. jourdudit mois efcripmes ces chofes 
par monfeigneur de Raineval à monfeigneur le Chancelier^ 
& à monfeigneur de Coucy j & iî fuîmes d'accort de les cù 
dire au Roy &à NolTeigneurs. 

Jeudy XXV, dudit mois fufmes tous audit lieu ck Leuling- 
• hem , excepté le lire de Raineval qui s'en eftoit^é , & le 
capitaine de Calais qui ne vint point ^ & là fut parlé en ré- 
pliquant les uns aux autres fiir toutes les chofes deflufditesj 
& parla maiftre Jehan Sepie , & vout reculer de ce qu*il 



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3i6 VOYAGE DE NICOLAS DEBOSC 

avoit offert le reflbrt & la fouverainctc : & je lui fis déclarer 
fi plainemenc& plus que oncqucs n'avoue fait,parmaiflre 
Jehan de Vranderez , comme par ledit inftrument peut 
apparoir. Et oultre parlafmes que greigneurs Seigneurs 
veniflent , & que Ten prift autre journée pour aflembler j & 
ne vouidrent oncques les Anglois prendre plus briefve jouiî^ 
ncc que à la faint Martin driver, Et accordafmes chacua 
de rapporter cependant vers NofTeigneurs. Et lors parlai 
mes de trêves prendre longues & brèves -, mais oncques les^ 
Artglois n*y vouidrent entendre j& pour l'abfccnce du ca- 
pitaine de Calais preifincs journée de rafTemblèr le famé- 
dy enfuivant. 

Vendredy XXVI. Juillet partirent de Bouloignc Tarche- 
diacre de Chaalons & Gilles le Galois, à aler à Amiens^ 
devers monfçigneur le Chancelier ôcmonfeigneur de Coo- 
cy , pour les advifier de mettre pourvifîon fur le païs. 

Du banc qmtji batUi f^tlU iêmon freL 

Samcdy xxvii. de Juillet â Lenlînghem fufmes , & y vihc 
• fe capitaine de Calais , & ne peufmes rien plus profiter que 
devant eft dit ^ mais qui pis fia , déclarèrent lès Anglois que 
ils ne fc chargeroient point de faire venir aucuns des oncles 
du Roy : mais feulement fe chargeroient de rapporter , & 
parler fur le principal , & fur trêves longues de douze ans ,, 
Ôc de retourner audit jour de la faint Martin , &: de faire 
fevoir le xx. jour d'Oûobre quelles gens , de quel eftat , & 
en quel nombre ils envoyeroient à la journée , afin que le 
Roy y puiffe envoyer femblables : & ainfî le jurèrent, & avec 
ce prinrentparefcript ledit appointementfdubsle feel de 
monfeigncur de Roiien , & ainfi départifmes, & fufmes d'à- 
cort d'eftre vers le Roy mardy vi. jour d'Aouft. 

Et nota que maiftre Yves a toutes les lettres clofes qui 
nous furent envoyées du Roy &de nos ièigneurs , & copie 
de toutes les lettres que nous envoyafmes , & copie de tou- 
t^îs les inflffuccions j ôc fi eft charge de faire inftrument com- 
me tabellion de la manière comment les Anglois odroyent 
premieicment le reflbrt & iouveraineté. 
liem. Au firc de Barquetes & au maire de Bouloigne nous> 



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EVEQUE DE BAYEUX. 317 

taillafmes toutes les trêves & abftinences qui avoient efté 

fmihs. en ce voyage -, & (î les advifafmes dé faire crier que 
es bonnes gens fe retraiflent,que lefdites trêves faudroient 
le IX. jour d'Aoufl: foleil levant. 

Item. Nota que monfeigneur le conte 4e B rai ne empor- 
ta les raifons que nous avions faittes &: celles des Anglois 
ainlî touchant le fait de la reftitucion des cliofes priles la 
veille de faine Jean dont nouseftions à débat , & maiftre 
Yves en emporta les lettres clofes des Anglois touchant ce 
fait , que li furent baillées par monfeigneur de Roiien. 
Et je evefque de Bayeux , pour ce que je 6ye dire à Abbé- 
ville par le receveur gênerai, que monfeigneur de Coucy , 
monfeigneur le Chancelier eftoient partis de Amiens , prini 
mon chemin àaler avec monfeigneur de Roiien. 

Armoire des offres qui ont e^è faites. 

Et premièrement en la grant affemblce qui fut à B oui oigne 
l*an Lxxvii.le xxi.jour dcjuin meflèigneurs les archevêques 
de Roiien & de Ravane offrirent toutes les terres poflîdées 
par lePrincede laGaronn€,& auffi toutes les terres poflîdces 
de parti delà laDerdongne,&oultre de ce qui eft par deçà la 
Derdongne , encore furent offres baillées Bourc-liborne , 
faint Milion,& Cbafteillon Mais en recompenfacion de Ca- 
lais , _& de ce aue le roy d'Angleterre tient à prefent en 
Picardie,veult leRoy retenir des chofes deflfus dites,Caours 
& Caërcin , & toutes les terres qui font entre l*Oft & la 
Derdongne , & la cité de Montauban, & tout le païs qui 
eft entre Voron ôcTarcn, aveccefurent offert douze cens 
mille frans pour toutes les terres , droits &c. Et par m y cer- 
taines proteftacions d'avoir reffort ^ fouveraineté, homma^ 
ge de ce qui eft deçà la mer. 

Item Mardyxxii. deMay Taû quatre ving,aprés,ce que 
les Anglois orent câert & confenti reflort , fouve- 
raineté , hommfl^c , & foy de tout par proteftation.de la- 
ditte fouveraineté avoir ,& que à nos autres drois & tort 
fait ne renoncerions ^ fors en cas de paix , ne à nos aliances 
&:c. Oultre ce que deffns eft , meffire Ernaut &c. offrit plu- 
fieurs terres danc les Anglois roulclrenc avoir par efcripc 



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^28 VOYAGE DE NICOLASDE BOSC 
copie , & monfeigneur de Rotien àyx confeiïtemeflLâcnoui, 
les bailla , &fu<ie ce ÏFàite crédule ddnt U teneur s'enfuit. 

Ohlationes ffc. ultra é^lUs dudum faElas Juper oblàtia^ 
nihus terrarum. .,..% ^^ 

• Pfimo civitas ^ tota diœcefs Catnrcenfis. 

Item. Civitas Petrapricmfis ^ SarUtenfii^ (jr t$tMmfdtriamr 
Petrdgoricenfem. 

Item. Civitates Bjtthenenfem ér Vvabrcnfem^é* totem p^atriam 
^ûthenenfem. * 

, Item. Civitas JTantonenfis ^ fatria JCantonenfis ^ quidquid 
ifi Mitra /^ Tharente 

£tffro matrimûniû Domina Cathaki^ M cum rege An^itt 
civitas terra ^ totus comitatus jingoUfmefifis. 

Item. Pro terris re ternis é* non obîatis regij4n^àfM€ii^ ohli-^ 
gâta pect^ia y utfttpra^nn.c. milliM Francomm. 
; Et fie de terris qua antiqmitms fmemnt regum AngliiC , rex: 
Francis non retinet niji fatriam Lemomcertfem. 

PiHavienftm ^ jilnifienfem^ qu/e eftpars diœtefs JiTdntonenS 
fi^ , in qno efivillaM RufeLle. Retinetmr ^ civitas ^ terra de 
Monte. Alhano ^mbi funtfolum XV. velxx, parochi/t y inter qua 
ha^ienusfsfemnt de Comitatn Tolofano.Retirutnrér comitatus de 
diocefisAmbiantnfis. Et frmpter qua retema^é* in recompenfatione 
pradiEhrumper regem Francis offemntuf civitates Ruthenenfis ^ - 
Vvabrenfis , é^ tota terra Ruthenenfis^ civitas Tarbenfis ^ tota 
terra Bigoir^e. Retinit rex Anglia infnpef Callefim ^G^ints (^ 
terras circumvjcinés y. qrtét alias anse tempns gnerrarum nonfuc^^ 
runt de dominio régis Anglorum. Etrtltrahac offeruntur ^ ntdic* 
tum efl y inpccunia x 1 1 . c millia Francontm. 
£< quibus pofiquampax eft faBibilis étfacilisad inveniendurrk 

Et oultte encore avoit le Roy voulu oflFiir&c. & de ce^ 
avoic povoir à part monfeigneur de la Rivière , monfeigneur 
le Prefident , ôc Jçao le Mercier m tn.parva cedmla continetur 
/ffpria in folio. 

L'an de grâce, mil ccc. quatre vingt & trois le jour 

d:e Décembre en TEglife de Lclmguehem affife entre Bou- 
Ipigne: &. Calais ^furent prefcns meffeigneurs les ducs de 

Berry 



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EVEQUEDE EAYEUX. ^9^ 

Berry , & avec li mefleigneurs le duc de Bretagne, & le con* 
te de Flandres , rèvefque de Laon, & plusieurs autres du 
confèil du Roy ooftre fire , pour & ou nom^ de noftredit 
Seigneur d*une part : &monfeigneur le duc de Lenclaftre,, 
le conte Darby^meffirc Jehan de HoUand, revefque de 
Herefort , &plufieurs autres du confeil du roy d'Angleter- 
re d'autre part , & ou nom dudit roy d'Angleterre. Et après 
ce que une chacune part ont moinrc ion povoir , & firent- 
plufieurs proteftacions^qui-vouWrontavok toujours pour 
répétées en chacune article &c journée^que euhc parleroiene 
enièmble , & lefquelles proteftacions ont ctc autrefois baiU- 
lées parefcript audit jour. Et jours enfui vans ont été par-*, 
lées plufieurs chofes 5 & premièrement furent faites de la 
partie d'Angleterre plufieurs & grans demandes ,& de la 
partie de France fumonftré kditte demande eftre defi:ai-r, 
ionnable, & neantmoins fu offert ou parle d'aucunes chofes- 
en: 6as.de paibc.finaL^ & aucas qui plairoit au Roy noftre* 
iîre y parmy ce que de tout que tenoitou baillé ferok au roy 
d'Angleterre , foy & hommaee y reflbrt ôcfouveraineté, de-- 
mourroit & fëroit du Roy noftre fir-e. 

/tfm. Pour ce q.ue de la partie d'Angleterre fa requis 
avoir & declairé eftre plufieurs modificaciens fiiFîÇimtiï^/ 7 
reflbrts & fouvérainetc , de la partie d'Angleterre furent' 
baillée parefcript plufieurs parties ou efcritures pour reC- 
traindre lefditsreflbrt&fouveraineté,& déclarer lefdittes- 
modi^adons ^fi comme par la teneur defdits articles peut 
apparoir. 

Item. De la partie dé France y furent faites aucuhes refl^ 
ponfès de bouche y & depuis baillée par efcript , fi comme 
contenu eft en la fin d'un chacun article baillée de la tfartie- 
d'Angleterre j 6^ font lefdisartieles&refponfes fignces de 
maiftre Jehan Tabaryfecretaire du Rx)y noftre fire , & eu) 
chacune partie copie. 

luM. Fu parlé des alliez , adherens , & bicnveillans d'une^ 
partie & d'autre eftre compris au fait principal de la paix ,, 
& en tout le traittié; 

7/^». Fu parlé que pour mieux accomplir les chofes donc-' 
Barlc avoir eflé, bon fèroit d-*avoir trêves generaulxentr^* 
. 1c^ 



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350 VOYAGE DE NICOLAî?DE BOSC 

les parties , fubgez & alliez ^ à durer jufques à la ||ian<ic. 
leur qui fera l'an quatre ving cinq. 

Item. Pour ce que aucun ne fe fit fort de {t% alliez ^ parlé 
fu que chacun relcriproit àfonallic , pour avoir le confèn» 
tementfic plaine volenté de izs alliez dedans le jour qui 
fu prins pour raffembler , commef dit fera cy. après. 

Itim. Pour ovier aux inconveniens , qui pourroient venir^ 
ce que Dieu ne veille/u parlé entre leldis Seigneurs de plu-» 
fîeurs chofes^^fic par efpecial. d'aucunes terres particuliers 6c 
en certain païs , & Icfquelles furent accordées $c feellécs , û 
comme par la teneur defdittes terres feellées,comme dit eft^ 
pourra apparoir , à durer par certains païs 6c tems , (î corn- 
itie plus plainement eft déclaré es lettres fur ce faites. 

lum. Fu parlé que tout feroit mis par efcript •) 6c pour ce 
que parlé tu que chofe diâe ou parlée d une partie ou d'au- 
tre ne tournât à préjudice ^ fu parlé oultre que chacune par- 
tic retoufneroit vers fon Seigneur pour favoir fa volenté 
fur toutes les choies déflus dittes , dépendantes 8c apparte^ 
nantes^ 6c generalment fur tout ce qui pourroit venir ou va« - 
loir a fin principal de bonne paix. 

y/^m.Fu parl^ que chacun dçfdits ducs biens avifé, bien 
confeillé, retôurneroient au premier jour de Juing prochain- 
venant Se au lieu dedfus dit , 6c amerroit chacun avec li ceulx 
oui mieulx li plaira, par fpecial. Se faire fe peut , ledit mon- 
feigneur de Berry amerra avec li le duc de Boureoigne ion 
frère , ôc autre tels qu'il vouldra , 6c ledit de Lanclaft amer- 
ra auflî fon frère le conte de Bouginghem , 6c tielx autre? 
qu'il li plaira. 

Item. Que chacune partie apportera bon pouvoir pour 
traittiér , 6c retournera avifé 6c bien confeillé pour procé- 
der au parfait de la befongne , ainfi que mieulx fe pourra 
faire à l'oni^eur de Diçu, 



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b^OOgl( 



EVEQUEDE BAYEUX. 331 

COPIE DE CE Q^UI FUT FAIT AU 
traittié à Bouloigne en Juillet 1 an quatre - vingt- 
quatre , ouquel furent noflcigneurs les ducs de 
Berry & de Bourgogne , & pluficurs autres. 

TTêta^ /^ UE Mercrcdy xx. de Juillet quatre vingt & qua- 
vJltremeflîre Pierre Loup de Harala, &maiftrè 
Pierre Loup docteur en décret, parti de Pam , vint â J3ou* 
loigne Jeudy XXVIII. maiftrc Yves xxxi. & nos Seigneurs 
Mercredy&Jeudy,& le Cardinal Vendrçdy v. d'Aouft , 
Samedy partirent par confeil meffire Parceval de Collonge, 
G. de Meafet , G.delaTremoille , 6c N. Paynel chevalier^ 
alerent à Calais faire trois chofès , quérir faufconduiç 
pour tous nos Seigneurs , & confeil , & autres non nommez 
au premier pour les Efcos ou Efpaignos venir jurer les fauf- 
conduis, parler de jour & place pour afièmbler les con^ulx, 
&furceorent inftruâion &ce^Ie duXermem > dont la te^ 
reur après s'enfuit. 

Vous jurez fur les faints évangiles de Dieu corporelle- '* 
ment touchées par la foy de voftre corps & par nonneiir " 
de chevallier, que bien & loyammcnt , ceflant toute frau- " 
de & mal engin, vous tendrez & ferez tenir entièrement*^ 
les/aufcondujs donnez par voftre feigneurle rqy d*An-** 
glaterre & par vous à meifeigneurs les ducs de Berry i^^ 
de^ourgogne & aux autres eens du roy de France, com- " 
mis fur le fait du traittié de la paix entre lefdis Roys^^ 
..pour eulx & pour leurs gens & bien,felon les fourmes defl ** 
dis faufcondws , fans mrc ne foufFrir eftre fait par vqus " 
nepar autres pour quelconque cauiê ouocc^fion que ce *^ 
£bit aucune chofe au contraire, de fe aucuns d'eulx qui** 
ibnt compris enefpecial ou en gênerai efdisfanfconduis,*^ 
ou aucuns de leurs familiers ou biens eftoient pris ou ar- 
fieftez durant le tems defdii faufcondois par les fubjez^ 

T tij 



44 



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)9 

• 



I3t VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

amis , ou alliez dudit roy d'Angleterre ou parles voftres ^ 
TOUS ie ferez délivrer -, & generaietnenc ferez tour repârpr 
^, & mettre au premier eftat ce qui auroit eftc fait au con. 
,, traire j ne pour quelconque chofe aucune, ou qui puiflc 
„ avenir, ne fera que lefdis faufconduis vou6 ne raciez te* 
^^ nir & fairez tenir lelon leur fourme & teneur. Et if i voftre 
^, cognoiflance vient qi^ç l'en voulût faire le contraire, vous 
„ enaviferez mefdis ieignetirs de Berry & de Bourgojigne , 
^, &les autres à qui lefdis faufconduis ont efté donnez , fi 
,, à temps qu'ils y puiflentpourveoir à leur fcureté j & ou 
,, cas <)ue aucuâs feroicnt au contraire, vous ferez partie 
,, avec nofdis^eîgneuirs de Berry & de^Bourgongoe contre 
9,x:eulx qui x:e auroat fait. Et ainû le promettez vous au 
), nom de voftre Seigneur , ou en vos propres noms par la foy 
\^ de vôtre corps j & y obligiez vous ,.vos biens prefens & a 
,, venir -y & (emblable ferement faites de tenir vos faufcoR. 
9, duis 9 que donrez aux meflàges des roys de Caftelle ^ 
„d'Efcoc«. . 

Samedi vcndrent les Efcos /Dimanche ru. d'Aouft par- 
lèrent à nos feigneurs^ dirent premièrement conime eftoient 
venus 4 plainpovoir déparier dutraittié de paix final ^ (î 
non de crever , fi non comi|y? nous nous gouvernerons en la 
giicrre. Et oultre dirent quatre poins. Le preinier comme 
nous avions failli i l'alliance en deux point :1e premier en 
ce que guerre ouverte en Efcoce comme notoire eftoit, nous 
devions faire guerre de noftre povoir : le fécond comme 
nous avions pris^reves fans eulx : le troifîéme comme con- 
tre lés convenances parlée a Orliçns , & après confirmées 
& jurées parmaiftreJo.Frefnel nous n'avions pas env«iyé 
nlil hommes d'armes chevalliers &Efcuiers, nul harnois, 
& XL. mil frans^ comme tpnus y eftions par la promeflè dont 
àuroient eu grand dommage: requéraient eftre amande âc 
provifion pour le tems à venir , Se quelle feuné pourrôienc 
avoir. Refpondu fîi par le confeil , par la bouche du prefi«^ 
dent , que le cardinal de Glafco avoit un m. avoient efte à 
Paris requerre aide pour les trêves qui failloient , dit li fix 
que plus ne s'en poroit faire , que de mil Sec. comme en la 
convejiiancc faite par f refnel , Scpar ce le &.oy n'eftoit plus 



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EVEQUEDE BAYEUX. 335 

•tenu de faire guerre en Angleterre contre fon povoir j & la^ 
-ditteaide n'avoit point efté ikite parler trêves iurvenucs ; 
^quansaux trieves prifes, rien n*eftoit mal fait appart , car 
les Efcos eftoient comprins comme nous , s*il leur plaifoit ^ 
&pour ce envoyez meflagespour fçavoirleur volenté & 
<iccort par le duc de Lanclaftre : cependant riens ne fe fe^ 
«roit de guerre , fe mal a efté fait, ce n'eft pas par la coulpe du 
Roy , mais la faute des Anglois , <ïui titidrent les meflages . 
trop j & montrer oultre comme le Roy a voit fait fon devoir, 
& nos Seigneurs ne onques feurfeisn*avoient guerre contre 
£fcos : mes undacênira , & auffi avions eu tousjours guerre^ 
& n'a voient pas fait les Efcos guerre , concluant que tout 
iivons bien fait , & au furplus offrir de bien fere &c. 

Lundy VI H . d* Aouft retoùrner^t ceulx qui eftoient alcz 
à Calais ,viûdrent avec cuir quatre cbevilliers Anglois ^ 
meflîre RiCHAurBeulle, Ode de Granffon, & autres deux, 
dirent comment tes Anglois avoienc juré félon la fourme , 
apportèrent leur faufconduis ^ic un gênerai pour les alliez, 
dirent que les Anglois requirent le fauf conduit du Roy eftre 
proroguë jufques au XV. d^Odobre 5 racontèrent avoir veu 
plufieurs lieux pour aflembler &c. Et les Anglois apporte, 
rent faufconduit gênerai pour les Efcos & Caftellans , oh 
eftoit fevil contenu pour ceux que Tenvoudroit amener de 
quelconques païs & nacion &c. Et fi n*eftoit pas la claufc 
nonobftant quelconques chofes faites ou i faire en la fin , 
comme aunoftre&c. nonobftant cejurcrent nos feigneu s 
les Ducs feulement ièlon la fourme delà claufe , & fu die 
^u*il convenoit reparoir faufconduis pour les Efcos & Caf . 
tellans , & fere comme le noftre. Si requirent que l'envoya 
â Calais fere noftre refponfc j & de ce fu- chargez deux 
chevalliers , dont fu l'un meflire Guichart pour requerre 
faufconéuis pour Efpagnos & Efcos : dirent que l'en eftions 
d'accort d'afembler les confaulx,nQn pas les feigncurs pre- 
mierement ^ & â Marquife, non pas à Suihent. Et mercredi 
X. de ce mois de Aouft odroyé fut faufconduit i meffire Je* 
hain de ^eauchamp capitaine de Calais au feizneur de laint 
Vyalier &c. & furent renvoyez.de Calais meflages dire noC 
tre ikttfçonduit bon ,celhii4«$ Efpagnos <c££cos fault rç» 



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334 VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 
faire nous avions jure. //rw. Qull vaille autant dire bien, 
veillant comme alliez,//riw.Que Tenenvoyeraau Roy qu'il 
alonge lefaufconduitjufques auxv. d*Odobre. Item Que 
nousaflemblons à Marquife & mercredy^ fe nouj avons le 
faufconduitpour Efcoséc Efpaignos. W^<?/^.Que les Anglois 
>F. GêoA. requerent les meiTages du roy de Navarre & de * Gault fu(l 
fent en faufconduit. Et mercredy matin furent leucs le$ 
. lettres ou copie de monfeigneur le duc de Bretaigne fai* 
iànt mencion du département monfeieneur de Berry U 
du duc de Lanclaftre ^ & autres des conuulx des Roys ^ & 
après confeillé commf Ten y cntreroiten traittic. Ou cas 
que les Anglois vendroient , fut conclus que povoir^ fe- 
roient demandez àveoir^&aprcs faite mencion de dcpai;- 
tement, & comme nous avons fait venir nos alliez prés de 
Veir ^ comme ou fait d« alliez l'en procédera. Carcnnof* 
tre fait eft affez procédé &e{boché &c. 

Audit jour au foir retournèrent meflîre Guichart & N. 
Paynel : rapportèrent comme avoient tout fait ce que char- 
gé leur fu , & que les Anglois eftoient d'accort d'afTembler 
vendredi ou famedi à V vifent ou i Lelinguefaem , non pas à 
Marquife: car c'eftoit Une lieuë plus prés de nous ^ & que 
les confaulx de France & d'Angleterre aflemblafTent fen9 
ceulx des alliez ^& lors diroient aucunes chofês pourquoi 
ne donnoient faufconduit aux alliez : amerent auuî meflire 
OoEdeGrancon fie autres chevalliers Anelois, qui dirent 
en créance comme deOTus. Après fut conleillé , conclu fie 
refpondu aue famedy à Lelinguehem \q$ confaulx de$ 
Roys , fans les alliez , s'aflèmbleroient , ôc que Ten dit bien 
des raifons pourquoi Ton ne devoir pas donner faufconduit 
aux Gantois^ ficyavoit olufieurs raifons ôc péril que s'en 
pourroient enfuir } ne n'eftoit pasfaitdevoulenté^nonobL 
tant Topinion de TevefquedeBayeux. ^ 

Samedyxui. jour d^^ouft fuf^nes aOcmblez âLelii^e* 
hem les confaulx des Roys } fie pour fur ce qui fut conièiîlé , 
nous parlafmes pluficurs raifons que les Gantois ny deuflent 
eftre pour honneur , prouffit fie bonne exemple , fie périls 
qiii s*en pourroient enfuir j-fie finablement partifmes par 
trois conclttiîoAs que nous baillèrent \s. Anglois ^ ou que 



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EVEQUE DE BAYEUX. 535 

nuls de nos alliez y fuffenc ou par faufconduic gênerai ou 
par efpecial tous nommez -, & combien que nous debâcif. 
fions tous ^u contraire , néanmoins jour pris pour pourfuir 
le mardy après, & rapporter voukntc de nos leigneurs, par 
foecial que les Anglois euflènt mis que les Gantois n*y hif. 
{ent point , mais nos autres alliez, bien rapport fut fait. 
Dimanche xiiii. d*Aouft fut confeillé que nous retour- 
niffions , tendiffions que les Gantois n'y fuflent , mais que 
tous nos alliez y fuflentparfaufconduitexprez, &nos po- 
voirs veus, & fut dit que nous euifions nos povoirs & de aos 
alliez , & les portiflîons, ou copie. Ainfî fut fait. 

Mardi xvi.d'Aouft aflèniblafmes, tendirent les Anglois 
que nous traitiffions fens nos alliez j Se par plufîeurs raiibns. 
Premièrement , c*eft le principal , & les alliez fuiront leur 
mal , \qs trouveront trop d^empcfchemens . le quart nous 

{courrions encore eftre moyens ^ deffendu fut de non pour 
'appointement , pour honneur , pour confiance ^ pour ce 
que ainfl le nous ait fait , pour ce que ainfi fommes obligez^ 
pour ce queparplufieurs pourront mieulx eftre confeillez 
que par pou, reipondu&c. &plufieursalteracions ,& fina^ 
blement voulmes (avoir &> les Anglois vouldroient traittier 
en ce lieu avec alliez , &fè leurs alliez avoient puifTance de 
traitter comme nous 6c les noftres. Et pour ce montrafmes 
nos povoirs de de ûos alliez. Ecceulx nous demandèrent fe 
nous vould rions reparer les grands attentats, 2c traiter avec 
alliez. Sur cejourprisiveiidredy. Et nota que fort fut par- 
le contre lefdis Ë{cos,qtte eulx âvoient pris trêves fans nous 
pris à traitter au pleint à Doubvre , 8c que oncque l'en avoic 
traittié àeulx de paix , ne de trêve , fors là en Angleterre 
&c. ic largement fut rapporté mercredy dix • feptiéme 
d*Aouft. Jeudi XV II î.d'Aouft fut délibéré que nous refpon- 
derîonscierement au premier avis, & aux deux au(i%s par 
raifon^ôc à chacun ièlon foneftat : mais nous pourfuirons 
que les Anglois répondirent premièrement. 

Vendredi aâèmblafmesà Lelinguehem , pourfuifmes que 
les Anglois refpondifTent. Refpondirent & dirent que leurs 
alliez avoient bonrpovoir : mais ne les avoient pas apportez} 
mais bien le leur. Car quant Ton traitteroit d'eulx qui feroic 



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j3^ VOYAGEDE NICOLAS DE BOSC 
en cas de paix final , lor» en enfeigneroient , non devant: 
eftoit befoing aux Caftellans : eftoicnt prés de traitticr. Lr 
duc deLanclailre eftoit prefenc ^& outre fouffirgic leur poJ< 
voir^ quant Efcos vouloient ailèmbler avec nos feigneurs, &. 
lors leurs refpondroient , & dirent chofes fecretes , que les 
confaulx ne povoient lavoir autrement, nevouldxont refl 
pondre, combienquefortpourfuis.. Sirefpondilmespar eux 
requis ainfi que en charge fit, eaconduant que clerement: 
& iouffifamentrefpondrions,.requeBant queainfi feiflènt :. 
mais pour néant , &c nous vouldrent charger de rapporter 
feulement/e nos feigneurs vouldcoient affembler ou non, &l 
refcripre parce. Si debatifmes &c. comme deflus,& fîna« 
blement jour pris à mardi enfuivent & rapporter». 

Dimanche environ veipres vindrent àBouloigne mefCret 
Thomas de Parfy , Ode de Grancon , & le Caucune de Ro*. 
berfàc : apportèrent lettres des ducs de Lanclaftre ^ & con^ 
te de Bourguiguehem dont la. teneur s'enfuiL 

,,, npRés-hauts & trcs-puillans princes 6c nos trcs^chers &. 
„ X amez coufins , nous penfons comment vous avez bien 
,^ mémoire qu'au premier jour de Juingderrain pafle les 
„ commiflTairesj^d'une part & d^autre dévoient aflcmbler 
„ pour procéder ou traittic de paix a doncque]comtnencic, . 
,, félon ce que appartiendrait fie k nature de la befoigne le 
„ requeroit- : depuis lequel jour nous vous avons longue- 
„ment attendus tant par delà c<Miime par deçà la mer ,. 
^ comme vous^bien favex. Et neantmoins pour le grant bien. 
,, de paix , nousPavonstoujours pris en patience , comment 
„ que {don la commune opinion du monde, & a eftc en par- 
„tie contre l'honneur du Roy noftre fi»e& de nous. Et deJ 
„ puis vous venezen ceftes parties à inftance fit plaifirs de. 
„vou»vtiousfurmesaflèntiis encontre lesavifemens de nosi 
,^ confeils,& contre la fourme accouftumée devant ces heu- 
5, res en femblable traittié,q»ie les confeiller»-de Ambedeux . 
^ nos parties fe devront premierementencontre pour par- 
,^ler de certaines chofes préambules audit traitic, lefquielx 
j^ont eftc maintenant aflemblez d trois journées, & qu'elle. 
j^finiCj ou effet en foit enfuis. Nouspenlons qjie vous eftes* 



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ce 
ce 



EVESQUIE DE BAYEUX. 537 

aflèz prés par relacion de vos confeillcrs avant dis : mais-'® 
par fpeciai nous merveillons que à la journée de Venrçdi '* 
derrain pafle ^ là où nos confeillers ont plainement parle *^ 
du fait d^Efpaigne , & auffi du fait d'Efcocc , fi avant com '* 
me ils ont pût , ouquenouspovons bonnement vous fai- *' 
rc favoir devant nos premières aflemblées, & ce pour cer- " 
raines caufes, qu'elles nous vous déclairerons a nos af." 
fcmblées avant dictes, vofdits confeillers ne fe veullent" 
chargier de rapporter à vous ce qui leur eftoit dit de par ^* 
nous touchant ledit fait d'Eicoce , s*il le vous plairoit , ou** 
non mie. En quelle chofe faifant , il nous femole que at- " 
tendue les matières avant dittes, ilsfaifoient mais que** 
poy de honneur à vous. Et ainfi eft entreprife journée à** 
mardy prochain venant , pour rapporter les voulçntex de '* 
vous & de nous comment il fcroit de procéder en avant *^ 
furie fait dudit traittic. Pourquoi trés-chers & amer cou^ *f 
fins, vous plaift confiderer & chargier deuëment les cho- 
fes avant dittes 5 ôcnousfignifîer enefcript par nos cbe. 
valiers porteurs de ccftes vos voulentez touchant noiHites *** 
aflemblcesperfonnellesj & quefoit fi. prefentcs comme **^ 
4omme pourral)onnement : car feurementnouspenfbns**' 
que ce leraexpedient&befoignable , ne il ne nousiem. ^ 
ble proufitable au befoigne principal denousouvrir plus** 
avant à voldits confeillers devant nosdiâes aflemblécs, ** 
Trcs-hauts & trés-puiflans princes &nos trés.chers amez** 
confins nofl:re Seigneur Dieux vous ait en fa ires faintc **' 
garde. Efcript de Calais fous noftre feaulx le xi. jour**^ 
d^AoufL.". 

Le DucdeLanceastjle & Le Cokte de 

BukiNGUEHEKC 

fins , UsÀùcs dcStfry (^ de £^urym^n€. ] 

Et alors fti délibéré que Ten auroit avis fiir Ici lettres ,, 
& qie l'en vaudroit lettres au Anglois^ faifant' mencion:» 
quc-refponfes, feroient envoyées gar nos cjbevalliers : ôcle^' 



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55^î VOYAGIDIB WrOOXAS DEBOSC 

lundi fu délibéré êc réponse faite par écrit ; £c Atreittchàr.^* 
gez monfieur de Rcncval , N. Paynel ^ G. de Marfei de 
porter la rerponfe doûC k tfiQeur $^en<uic. 

TRés hâuls&trés-paidans princes & nos trés^chers 
amex coufîns ^ tos lettres que nous receafmes hier 
aufoir tant par vos chevalliers, comme par ceulx vous 
ontefcript, contenant enfubftance, que puis le premier 
jour de Juing , que les commifTaires d'une part & d*autrt 
fe dévoient auembler pour procéder au traittié de la paix ^ 
vous nous avez longuement attendus delà & deçà la mer} 
& que depuis nos venues, à noftre inftance & pour noftre 
.plaifir vous vous eftes afTentus contre les avis devoscon- 
,iaulx,àce que les confeillers d'une part & d'autre (eaf. 
^ fembla(2ent premièrement pour parler d'aucunes chofes 
^ préalables «u traittié contre la fourme de la paix accouf* 
^4nimée en femblable traittié ,' & qu'il ont ja aiTemblc par 
trois joonrées , dont vous penfez que nous povons auei 
favoîr quelfrui s'eneftenfuy : & aui& que le confeilde 
monfe^eurle Roy, qui fa alTemblé vendredi derraia 
avec le confeil deveftre oartie, fie fe veut chargier de 
noas rapporter ce quevoftredit confeil leur a voit refpofl- 
du fur ie Êitt d^Ëfcoice :dcoultre que nous vousvueiiions 
figmâerparefcriptnos voulentez fur nos aiTembtées per. 
fonnelles. Très chers 6c très amez coufins nous tenons 
que vous beau coufin de Lanclaftre éftes bien recors, que 
la journée dudit premier jour de Juing fui voftre inÛan^ 
ce efloignée jufques au xii. jour dudit mois, pour ce d 
comme vous diuez que vous deviez eftre au parlement 
lors tenu par le rt>y d'Angleterre à Salesbur , fi ques vous 
ne povez bonnement eftre audit premier jour de Juing par 
,deçà : & depuis pour plufîeurs occupacions que je duc de 
, Berry ay eoi^s es parties de la Languedoc , où je m'eilois 
,tran(porté pourpourveoirâlafeurté dupà]Ls,& auffi doi 
, païs de Guienne ^ defquels monfeigneur le Roy m'a baiK 
,iéla-cbarge& le gouvernement j & efquéls païs les gens 
, de ¥dftt«-pai!rie< n'ont tenu, ne vouk tenir , ne encore 
,:^tieifneiit4acttfiesitHeves: pourqiioi convînt q[ueje7de- 



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EVEC^UE DE BAYEUX. y^i, 

moorafle plus lonçuemen; que je nepenfoie, Ai ladite^* 
journée proroguce jufques i la Maedeiéne., lendemain ^^ 
de laquelle furent plu£eurs du conleil de monfeigneur ** 
le Roy à Bouloigne •) & nous deux y venifines aflèz toft *^ 
après. £c auflî vous favex que les meUages de noilre coufîn ^^ 
d'Efcoce noftre allié^devoient avoir faufconduic pour cftre ' 
i ladite journée : lequel n'ont pu avoir , & par ce n'oQt pu.^^ 
lu^nir jufques nagueres par dê^à ^ où ils fojK venus ea^^ 
grant péril de leurs perionnes par défaut dudit conduit. ^^ 
Quant eft de ce que vos dittes lettres contiennent , que '* 
vous eftes aflentus à Taflèmblée' des con£uiJ]c: contre la^ 
fourme accouftumée : nous fommes biens recors que ^ in- ^^ 
6 a efbé fait autrefois : car fi comme vousifavez les^ con- ^^ 
/aulx d'une part & d'autre fWrent aflèmblez avant nof. ^^ 
«e aflemblée perfonnelle par plufieurs fois en divers lieux/^ 
c'cft adavoir à faint Y nglenert, à Bouloigne & autre part: ** 
finousfemble quecen'cft pas contre^ mais eft (èlon la^^ 
fourme accouftamé^ & fe petit fruit s'en eft ciifuy > il fem- " 
ble que ce n'a pas tenu en nous ^ car fi uous -eiimcz envo* ^^ 
yé les Àufconduis pour nos alliez ^ & vos gens eufiênt rcC ^^ 
pondu plainement fur le fait d'Efcoce, comme le confeil ^^ 
de monfeigneur le Roy a refpondu derementaux deman- ^^ 
des qu'ils leursont faites de voftre part , ce euft efté grant ^* 
avancement en la befogne : & vous devez bien favoir que ^^ 
noftre entencion a tousjours efté , & eft que nos alliez ^^ 
fufientcomprins en noftre traitdé, de que L'en parlaft de ^^ 
leur £ait fi avant comme du fait de monfeigneur. Et quant 
eft de ce que vous dittes , que le confèil de monfeigneur 
nefe veut chargier de nous rapporter les refponfes que 
vos eens leur firent fur les faits d'Efpagne & d'Efcoce -, *♦ 
vueillez favoir que il nous^ont rapporté ^ que ils s'en.cfaaxr ^ 
gèrent :& certainement ils ont fait relacion de tout ce^ 
que vofdittes gens leur refpondirc4it poiu: en rapporter^ 
noftre volenté â la journée mardi prochain. Et quant eft ^^ 
denosafrembléesperfonnelles^ faite&nous avoir les fauf ^ 
conduis pour nofdits aliez , & refpondre derement zvol^ 
demandes que le confeil de monfei^eur ont faites^ com^ ^ 
me ils ont refpondu à^cellei^du confeil de vgftre partie. ^^ 

Yvij 



ii 

u 



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343 VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

^^& par efpecial furie fait d'Efcoce : laquelle chofenous 
„femble raifonnable pourplufieurs raifons , que le confèil 
,^ de monfeigneur nous ont rapporté qu'ils ont dittes aux 
^, gens de voftre confeil / lefqueles nous penfons que ils 
j, vous ont rapportées aufli ^ & lefquelles ne recirons pas . 
„ pour caufe de briefveté. Nous procéderons en oultre en 
,, cette befoigne il avant comme il appartiendra,i8c tant que 
„ nous mettrons tousjours Dieu & raifon de noftre part. 
,, Très haults & puiflans princes & nos très chers & ame^^ 
,, cou fins , noftre Seigneur vous ait en fa très fainte garde^ 
^, Efcript i BouloigttC le xxii. jour d^Aouft, 

Les Ducs de Behily & de Bouhcongke. 

'^ trh haults & fuifiuns princes é^Ànês très cbers ^ éoneT^jêU^ 
fins U imcde LcncUfin ^ & le conte dis Bnkynysehem. 

Et partirent lundi après- difner, retournèrent mardi aJ 
prés vefpres , dirent que la journée ne fe povoit tenir, 
mais que les Anglois envoieroient de leurs confaulx vers 
nos feigneurs à Bouloigne , & lors feroit parlé de raflem- 
hier jeudi ou vendredi, & fur ce apportèrent lettres. Et 
nota que des lettres de créance apportées par n^onfeigneur 
Eude , & de ce que lui fu ouvert, & par médire Thomas 
de Parfy 5 & que meffire G. porta auffi lettres de créance , 
fa que tout fut dit au confeiL 

Mercredi xxiiii. d'Aouft vindrent meiEre Thomas Par^ 
fy , maiftre V varier Scarlaire, le juge de Bourdeaux &; au^ 
très apportèrent lettres de créance , & faifant mencion que 
eulx eftoient envoyez pour re/pondreaux lettres. Dirent 
i part à nofdits feigneurs leur créance ^ laquelle nos fei* 
gneurs rapportèrent au confeil: ôcen efiet parlèrent au long 
de jufBfier leurs lettres, & que les noftres ne fouffifoienr par 
les raifons autrefois dittes : en adjoutant premièrement 
que oncque n^avoit efti: parlé que les alliez veniffent^n^onc- 
ques n*avoit efté dit que les Ejfcos euffent faufconduit , 
û'^oncques àlarequeûeduDuclp terme ne fu cfloigné du 
preiiûer jour de Juing , mais pir meffirç Gviçh^rt, ou nçm 



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EVEQ.UE DE BAYEUX. 341 

^e rapnfeigneur de Berry &c. Si fu en confeil & conclu, que 
1-en refponderoit que nos feigneurs envoyeroient de leur 
confeil auffi à Calais pour refpoiidre : & furent ordonnez 
monfeigneur le conte de Sancere , le prefîdent RaynevaJ 
&c. Et après leurfu refpondu aux Anglois ,& journée pri- 
fe d'aflembler leurs confaulx à Lilinguehem. 

Jeudi XXV. d* Aouft vindrent le chancelier du roy des Ro- 
mains , & plufîeurs autres AUemans : parlèrent à noflei- 
gneurs j & n'y fu point ^ mais je fu à la reiponfe faite , où 
fut récite queeulx avoicnt demandé & requis , c*eft afla^ 
▼oir,quc eulx ayoient envoyé nofTeigfteurs a paix en monf- 
trans les biens ôcinconveniensôcc. Secondement avoit re- 
quis que je .. . toutes dilacions & frivoles noflèigneurs j 
voulfiîlènt entendre. Tiercement comme eulx fe oflFroient 
cftre moyens-, & plus l'empereur, s'il plaifoit i noflèigneurs^ 
y vendroit. Et après auflî avoient parlé que le roy des Ro- 
mains verroicvoulentier le roy & noflèigneurs , & que ce 
I>ôurroit eftre très grant bien. Etpourcerequeroient que 
ieu&jour fufl: pris, &quipleutt à bailler par efcript fur 
quoi eulx avoient à parler : ainfî que le roy des Romains 
venift y advifé refpondu fu par le confeil de noflèigneurs j 
& lors fu que noflèigneurs mercieroicnt le Roy de fa bon* 
jae voulenté, & 4^ ce qull les avoit envoyez. Secondement 
fu dit la bonne voulenté & raifonnable que le roy & noflèi- 
gneurs avoient en la paix , & comment s'en eftoient mis 
en leur devoir , comme l'on y avoit plainement procédé. 
Et fu dit que appart après fouper monfeigneur le Cardinal 
les informeroit ,afin que eulx nefuflent delaiez. Fu après 
montre comme il plaitoit au roy & à noflèigneurs que eulx 
fuflent médiateurs : autrefois l'avions oflfert de tout le vou- 
loir de eulx plus pour la confiance^ pour leur fens , pour 
l'aliance, & lignage ôcc. Et après dej'aflèmblée quideuft 
eftre /amedi de nous 6c les Anglois fuft touché , afin que ils 
yfuflfent, ôcderaflèmblée du roy des Romains; fu mis en 
leur deliberacion de prendre le jour prefcnt en enchier. 
<ju'ils partiflent , prindrent d'attendre ,puis eurent congié j 
£fC leur furent baillé deux chevalliers & deux fergens (Tar^ 
^es pour aller à Calais^Sc leur fu dit que point n'entraflènt^ 



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341 VOYAGE DE NICOLAS DEBOSC 

y^ T Ehan &c. A tous ceulx &c. lavoir faifons que nous z^ 
^> J voDs voulu ^ accordé y & promis, par vertu du povoîr 
,, cfpecial que nous avons de monfeigneur le Roy i nos 
),cou(îns le duc de Lanclaftre & le conte de Bukpgue* 
y^ hem ^ & par la xeneur de ces lettres permettons & accor^ 
yy dons que la forterefTeilela viile.&les habitans de Gand 
yy & les fors qui fe tiennent à prefent pour eulx y & les habi* 
,, tans d'iceulx , & autres qui à prefent tiennent leur parti, 
^/feront & demoiueront en bonne & loyal feurté ^ fans fraiu 



yydc Ufams mal engin ^ celé que moniéignear le Koy > ne 
y^ ncilre très chier frère le duc de Bourgongne ^ conte de 
yy Flandre, duquel nous nousfaifbns fort en cefte partie,ne 
,, ferons ou ferons ferepareiilx^neparlenrsfubgerouaul- 
,>tre à laditteforterefle, ville, oanaJbitans de Gand^ ne 
y^ aux autres forterefles qui fe tiennent i prient pour eulx^ 
^^ne aux habitans d'iceulx , ne autres qui à prefent tieiu 
,,pent leur parti , comme dit eft, grief oa dommage quel- 
,) conques en corps ou en bien par voyede fait ou autre- 
,, ment, jufques au premier jour de May prochain venant. 
„ Parmi ce toutes voyes que iceulx habitans & autres defl 
„ (us nommez ne mettrons empefchement ^ ne feront cho. 
,, ic pourquoi noftredit frère de Bourgongne & les gens 
y, d'cglife , chevalliers ^ efcuiers 6c autres fes fubgez ne 
„ joïifent à plain de leurs rentes & revenus , qu'ils ont ou 
„païs de Flandres ou dehors de ladite ville de Gand , 6c 
yyauÇa ne entreront lefditshabitans ou autres deflusaom* 
„ mez es chafteftux , villes fermées , ou fortcrefTes dcVo^ 
„bciflance de noftrédit firerc durant ledit temps, fèn'eft 
„pas licence ou congic de nofbredit frère, ou de fes gens^ 
„ou ofHciers ayant puiflance depar lui à ce & oultre pro«. 
yy mettons comme devant,que nous ferons que monieigneur 
„ le Ray aura. les choies, agreables^fic ratifiera & confère. 
„mcra nus prefentes lettvespar les iienncs. Enteibioing 



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EVEQ^UE DE BAYEUX, 343 

Cefi U fait dm traittii ucomnuntié m P^%4mk ccc. ^uatfre- 
vingt & cinq. 

Premièrement lundy xvii. jout d'Avril ccllui an aprc« 
P^it^ues vindrent iBouloigné fur la merrerefque deBà- 
yeux nommé meflîre Nicol. duBos, 6c mcffireArnaulc de 
Corbie premier prefident de parlement ^ qui envoyer yeC 
toient par le Roy pour ledit traictié j& làorent rerponfe 
àvi fait d*unchevaucheur qu'ils avoient devers les Anglois3 
& tantoft refcriprent auxdits Angloi's à Calais , &^y envo- 
yèrent deux efcuyers^qui prindrcnt le ferement pour le (auf- 
conduit. Et lé mardi eniuivant xviii. jour dudit mois les 
Anglois leur envoyèrent femblablement lettres & deux ci^ 
cuiers , auxquelx ils jurèrent pour le faufconduit. 

Item. Ledit mardi vindrent à Bouloigne le feigneur de 
Reneval , meflîre Ancel de Salins , feigneur de Montfer- 
rand , confeillers & maiftrc Yves Daricn fecretaire du roy: 
& bailla ledit maiftrcYves auxdits evefque & prefîdent unes, 
lettres ieulx envoyées parleduc de Bourgongne. 

Juin, Le mercredi enfui vant xix. jour dudit mois d'A- 
vril aflemblerent tous Icfditsinefïages du Roy avec les Ad- 
Î;lois } & lafu le fîre deSenipy : & y furent pour les Angloif 
'evefque deHerefort, meffire'Quillaume deBeauch?imp, 
maiftre Yvatier Scarlare^meffire.. . & deux notaires^ oc 
la révérence faite & les povoirsmonftrez, parla ledit evef- 
que de Herefort de trêves en Picardie depuis Somme juf- 
ques a la mer , en comprenait le V voit de Flandres , & fens 
Gand , i durer jufques^ au premier jour de Juingenfuivant : 
& fî fu parlé de trêves generaulx à durer jufques à la Chan- 
iieleur prouchaint enfuivant y& de U en un an ^ c'çd aifa^ 
voirjmquesà la CbaBdeleur l'an mil ccc- quatre Vingt & 
fix. Étauififu parlé de parler iur le principal :& pour ce 
fere venir grcîgneur fei^eur. Si fuprinfè journée de raf. 
Sembler au famedi après ; & refcriprent lefdittes gens du 
roy à raoniëigneur de Boujcgongne par un chevaucheur qui 
parti ce jour^deux cbo(ês^ premièrement s'il vouldroit trê- 
ves particuliers ji ce les ^ comme ils li envoyereixt par copie, 



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î44 VOYAGE DE NICOLAS HE BOSC 

le lie parce que lesAnglois fe haftoicnt d*eftrc en Angle- 
terre à^lafaint George ^ que ils penfoient de tout ouvrir 
fur les trêves generaulx , ainfi que efcripc leur avoit , s'il 
ne leur mandoit le contraire dedens le vendredi enfuient. 

Copie des lettres fut ce envoyées far le duc de Bouffongne ann 
dejjnfdis evefqme é^frefident. 

;,TJ Evcrent père en Dieu & très cher & bon ami ^ nous 
„ avivons reçu par maiftre Yves Darien les lettres du 
,, cardinal de Laon & du chancelier de monfeigneur leRoy^ 
,, contenant créance , & Tavons oy en ce qu*il nous a dit de 
^ paît eulx : & fur ce que efcript leur avions, que pour ce 
„ que les meflàges d'un coftë & d*àutre peuflent parler feu- 
„ rement enfemble , nous fèmbloitque bien fepovoit faire 
y^ que les trêves feulent eflbignées^particulierement es païs 
„ cle Picardie & de Flandres : mais ce qui en feroit fait Vea 
,, feift fçavoir aux Efcos. Encore nous femblc-t'il que ledit 
'„e{loienement eft bien convenable & expédient :& quant 
j, à le fere (avoir aux Efcos,quant prefts feront , femble qu'il 
eftneceffaireavec ce que Ten leur face fa voir la caufe 
„pour laquelle y celles trevits feront efloignces, laquelle 
eftpoui* ce que les mefTagespuiffentfeurement parler en- 
fèmble , comme dit eft , fans laiffier nou« faire ou fait de 

?;aerreës autres parties & frontières de nous & de nos aî« 
iez; Gar par. les alianees d'entre monfeigneur le Roy & 
,, les Efcos , on ne peut prendre paix ne trêves générales ne 
,, particulières avec les Anglois jTens le faire favoir aiixdis 
5, Efcos, fi comme ils dient. Et femble aufli qu'il eft bon 
jrde leur faire favoir kt diligence mife de la partdemon^ 
,,feigneur en cequiaefté oâroyé ou fait d'Efcoce de fon 
5, colle , & que de la partie du roy ny aura point de def^ 
5» faut. Et nous plait bien que Gand y (oit comprinspar feur- 
5, té à part , comme autrefois a eftc fait. Quant eft depro- 
^j céder fur les attentas de Gand, nous voulons bien que 
^ Ton procède à ce que Vvaftines & Sandrebecque qu'ils 
;,^,ont fait fors depuis les trêves prifes , qui eft choie notoi. 
;»,^rie^Iaquelle choie ne fe povoit taire par la teneur defdittes 

trêves . 



)) 



53 



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^' ÊVEQtJEDE BAYECX. y^f 

trêves , fufTent defem parez. Et quant au demeurant pour ^^ 
ce qu^on y pourroit longuement deniourer ^ que ce non- ^^ 
obftantPen procedaft fur te fait demonfeigneurleRoy^*^ 
& au fort fuppofc qu'ails île voulfîflènt faire defemparcr/* 
ne voulons nous pas que Ten laiflè à procéder ou fait de** 
monfeigneur le Roy & à fon confeil , ouquel ont eftc nofl *• 
ttecouun de Bourbon , noftre coufin le Conneftable , le *^ 
jîre de la Rivière , le fire Domont , & autres que la meil- ** 
leure manière de procéder en ce fait pour venir à conclu ** 
iîon de bonne paix , feroit de prendre une longue trêve ^* 
de quatre ans ou de plusjufques àx. ans ^ouàxii. ou à** 
plus y s'il plaifoit à la partie de Tadverfaire de monfei- ^^ 
gneur : mais de moins de quatre ans , non comme fi a efté *^ 
refpondu à Cambray à Canonne de Roberfac , qui avoir ^ 
elle devers les Anglois,& en parloir prefent noftre fre-*^ 
Tp leduc AxTBiiiT ^ fens comprendre efdittes crevesTPor-** 
tfigal', ne Gand : & que icelles trêves fuffient bien gardées " 
SCtenuës j & que Tadverfaire d'Angleterre & ks oncles & ** 
iies prélats , des nobles^ & des communs du païs d*An- *^ 
gleterreles jurafïenten la prefence des gens de monlbi-'*^ 
gneur le Roy : & auffi que monfeigneur ôcgens de pareil «* 
eftat de fon coftc les juraflent femblablemenr prefens dos ^* 

tens de (on dit adverfaire 5 & que mefiages folemnels ^^ 
•un cofté & d^autre fuflent envoyez fur les frontières ^* 
pour les y faire tenir mieulx que autrefois n'y ont efté '* 
tenues : & que ren|to:orde que moderacion foit mife fur '^ 
les partis que les ^^lois prennent fiir les frontières & *• 
païs voifins j Si que cependant journée foit prif? dés main- ** 
tenant pour lors, queles trêves feront mifes en ordenance ** 
d^eftre tenues jpour traitter de paix final en lieu conve* ^* 
fiable. Et femble que les Anglois ^ slls procèdent de bon. * * 
ne foy ,ne le peuvent bonnement refufer : car en ce ne** 
puet on noter fraude ne mal engin , fi comme nous avons '^ 
pleinement dit auxfèigneurs de RaynevÉll^de Montfer^** 
rand &c de Sempy qui par l'ordonnance de monfeigneur ** 
vont par delà pour le fait duquel traittié. Et en ce cas '* 
monfeigneur fe pourroit fere fort du roy de Caftelle, car *^ 
il n'y a point dlntereft , puifque Portugal en' fera hors j**; 



?* 



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54^ VOYAGE e^NICOLAS^DE BOSC 
^, Ce auflî dcsEfcos. Car puîfquc Ten leur aura fait fa voir , 
^ monfcigneur eh fera acquitte acceptant les trêves ounoo^ 
^ félon les aliatices. Et plaift bien à monfeigneur le JK.oy 9c 
^ âfon conlèil que le duc Aubeut ou la duchefle de Bra. 
^, bant j s'il plaîft aux Anglois , ou fe plus veulent, que le 
,, roy des Romains foit moyens audit trattti^. Noftre Sci* 
,^ Çneur voas ait en fa^nte garde. Efcripti Arras le xvu 
„ jour d'Avril. 

Ç^ enfuit ce qnifkt lot s fait audit traittiê^ é^farU entre les mef 
fages de France (^ ctj4ngleterre ^afrés la réception des lettres 
dudit Juc de Beurgon^ne apportée auxdismefjafftde Franct 
far un de Je$ chevamcneurs le vendre dy . . . jour d^ Avril. 

Premièrement lefdîs meflâges de France aflemblerenc 
avec les meffages d'Angleterre Tan mil ccc. quatre ving 
cinq deilufdit au lieu accou(himé:& pour leur povoir f^ 
rent tout cç que ledit duc de Bourgongne leur avoir e(l 
cript. Et quant eft des trîeves generaulx & longues à durer 
jufquesâ quatre ans au moins (ans comprendre G and ne 
Portugal : &(ur les circonftances que ledit duc deBour* 
gongne leur avoir efcript , les Anglois vouldrent avoir dc- 
Hberacion , & en parler au confeu en Angleterre. Et pour 
enrefpondre, fie venir tous advifez^prindrent journée ait 
XX. jour de May prochain enfuivant. Et auflî pour parler 
dçs fèigneurs qui pourroient eftre moyen en fait principal 
de paix,& furent nommez ceulx quefle duc de Bourgon* 
gne avoit eicript' £t quant efl des trêves particuliers lef. 
dits meflages de France pourfuirent félon les derreniere$ 
lettres dudit feieneur^ que toute Picardie & toute Flan-, 
xlres , hors Gand , y fuidênt compris : mais les Anglois refl 
pondirent que faire ne le povoient , & que fur ce avoiene 
efcript en Angleterre , & eue reiponfe , fi ne le feroient-ils 
nullement de tout Flandres comprendre en ces trêves par- 
ticuliers ^ fe Gana n'y eftoit auffi comprins : & pour ce que 
de laditte partie de France fut fort debatu , lefdits d'An- 
gleterre ouvrirent trois voyes fur les trêves particulières^ 
Lapremiere que eulx efcriproient icçuls4eGand , & fe^ 



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EVEQUE DE BAVEUX. 347 

lofl ce enparleroient au confeil en Angleterre ^ & fe le con. 
&il Tordenoic y ils fe feroienc foi^t pour G and ^ & que par- 
mi tout ce y fuft compris. Eccçfte voye n'eurent pasceulx 
du confeil de France agréable ^ tant por la longueur que 
pource qu'il leur eftoit défendu par les lettres dudit Ici- 
gneur. Et pour ce lefdis Anglois ouvrirent autre voye que 
en celle trêve particulière ne fuft comprins ne Gand ne 
Flandres j nuis feulement Picardie; & que ainfifuft ac« 
cordé par les meffages ^ ou que les deux capitaines des païs 
5*en feiflent font d'icelle trêves tenir en Picardie feulement, 
ians Flandres & Gand : mais bien y pouvoit ,eftre compnhf 
Gravelipghes & le païs de Vvoit Flandres, & que ainfî le 
pafFeroient, lefquelx meilagçs xie France n^en firent rien 
jufques â ce qu'ils fceuJÛTentla volenté dudit feigneùr ^ Ôc 

{>ource lui efcripreiit afin qu'il leur refcrifit fur ce Ùl vou- 
enté y & qu'il pourveifl à la frontière dudit naïs : car ils 
avoientprins journée i refpondre auxdis Anglois au Jeudi 
prochain enfuivant. Et pourlaneceffîté qui eftoit de pour- 
Toir àladitte frontière, & pour entretenir mieux le trait- 
tié, prindrent une abftinence particulière depuis le pre- 
mier jour de May jufques au xv. foleil levant prochain en-» 
fuivant* 

Jrem^ Le Jeudi xxvii. jour dudit mois aflemblerent , & 
furent trêves prifes Se jurées par toute Picardie depuis 
Somme jufques à la mer, en comprenant Gravelinghes , 
& tout le Vvoit Frandres jufques au premier jourdejuing 
lors prochain enfuivant ^ &c ainfi fu crié -, &puis ie depar^ 
tirent 8c deurent retourner le xx. jour dudit mois de May 
M ccc. quatre vingt & cinq. 

Le XXII. jour dudit mois de May cellui an furent leH 
ils meiËiges du Roy à Monftereul ^ & U' teceurent lettres 
del'evefquedeHerefort^ maiftre Vvatier^&meffire Clau- 
Yem, failant mencion que ikvouk>ient bien crevés , toutes^ 
fois générales & égales, & que tous y fuâent codn^ns, tant 
Gand que Portugal. Si refcriprent au capitaifiede Calais 
pour lavoir quant ils voudrqienc , &. pour avc^r iâufcon- 
ëuit, &s'il voudroientproroguer trêves au païs deffufdit) 
&il leur lefcript ^'ii avûit eicript Sceûv^é en Anglecexr 

Xxij 



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34» VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

re : mais encore n'eftoienr point itcnns , & refcripc qu*il acl' 
cordoît trêves jufques à vi. femaînes, & que ils envoyafleiH: 
pour les fermer ^ & pour ce furent ordonnez les feîgneurs 
de R^cneval &<ieSempy^& maiftre Yves, qui furent à Li- 
lingbem. 

/tâm. xxYiK )ourd.u mois deMay defTufclit y prorogaeJ 
rent iefdittes trêves en la manière qui enfuit. i 

^^'VTOus RAOTjLfire de Rainerai pannetîerde France^ 
^, JL il & Jehan fire de Sempy capitaine gênerai pour le 
,, Roy noftre (îre es parties de Picardie , d* Artois ^ de Bon. 
,, longnois , aians plains povoir du Roy noftredit fîre à ce 
^, qui s'enfuit , (i comme plus i plaint puet apparoir par (es 
lettres , defauelies la teneur eft telle. Charles &c. fai* 
fons favoir a tous que comme certaines xreves générales 
par mer & par les terres furent piex^a prifes & accordées 
entre nos feigneurs ies ducs d^ Berry & de Bourgongnc 
pour le Roy noftredit fire 6c ks aliez d'une part ^ & le duc 
_4eLenclaftre 6c le conte de Buquinghem pour foa ad^ 
^, verfaire d'Angleterre d'autre part , en efperance de par- 
^ler& traittier de bonne paix entre Iefdittes parties, icel- 
,,]es trieves durant jufques au premier jour de May der- 
^^ rain paiTé 5 6c depuis pour certain caules aient eftë ief« 
),dittes trieves eflonguéés es marches de Picardie par ter*. 
^, re entre la rivière de Somme & la mer , en y comprenanc 
Gravelinghes^ le païsdeVeft Flandres jufques au pre* 
niier jour de Juing prochain venant ; nous pour entrc^^' 
tenir ledit traittic, ôcpour ce que lesme(rages& depuJ 
tez d'une partie 6c d'autre fur le fait d'icellui traittic puit 
fent feurement aflembler & parler fur ce , ^ que cliofe 
quelconques n'y puiflè entrevenir, qui donne empefche- 
ment ou dclay i la bcfoingne , 6c pour autres caufes ^ 
,,qui à ce nous meuvent , avons par vertu de noftredit po- 
,, voir enoignédcefloignons j 6c de nouvel accordons led 
,, dites trieves efdites marches de Picardie parterre entre 
laditte rivière de Somme 6c la mer, en y comprenant le*. 
dit lieu de Gravelinghes & la terre qui eft feche fur les 
heures une fpis le jour ^ tant d'une part comme d'autres^ 












^5 
"5> 



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EVÉ'QUE DE BAYEUX. 349 

idedam les mettes defdittcs tricvcsy8c le pàïs de Vveft^* 
Flandre^à durer jufques au xv. jourde Juillet pMchain^* 
venant foleil le vaut par 1a forme manière ftromeffe ; A** 
condicions contenues es lettres faites , fur les trêves ge. *^ 
nerales d'une partie & d'autre : Et promettons Jurons que ^^ 
Xe aucune chofe y eftoit faite ou attentée au contraire , ^^ 
x|ue Dieu ne veiiillc , nous le ferons reparer & adrefler au^* 
-pluftofl: que boAiiement fe pourra fere , après ce que rè. '^ 
iquisen ferons, ccflant toute fraude & mal engin. En te-^* 
moing^c. 

InJiruBion baillée dux meffages du T{oy qui nièrent i 
Baulongne tan mil ccc, quatre ^vin^t & cinq ou mois 
r de Février. 

INfifuflion ^rdeneeé^ taillée par le Roy enfonconfeilypuquel 
efioient meffeiy/ieun tes ducs de Sourp>ngne (^ de Stfurhn ^ 
le cardinal de La^n, mejlite Huy^ê de ChaUn^Us chanceliers 
dm Dauphiné (^r^de Beurgongne , lefire de ChafiiUon 3 Padmirsl 
dit tance y é^plufieurs autres à tevefque de Bayenx ^ aux contes 
de Sancerre ^ de Dampmartin y mejfîre Pierre de ^ac chance^ 
lierdeFrance^lefieurdeRaineval^meffire Amaultde Corhiepre* 
mier prefident en parlement , mefftre Almaury dOrgememt y ^ 
mettre Pierre de Semur fenefchal de Berry , ordonnes^ parle Rey 
pour aller i Boulengne fur la mer pour parler de traittie de paix 
s» de trieves avec les meffages du roy d* Angleterre qui pour ce 
doivent efire lors k Calais. 

Premièrement femble pour plufieurs caufès quifurew** 
touchées oodit confeil, que il vault mieulx quant à prefent^^ 
cr^itcier des crieves générales 6c longues par mer 6c par ^^ 
terre, que de paix final. 

Item Se les meffages d'Angleterre vouloient procéder ^^ 
fur le fait de la paix , leur pourra eftre refpondupour les** 
ijfter de ce propos, que i parler de paix final à prefenr '* 
convtendroit que les alliez des parties, qui y doivent eftre '^ 
compris en leur 'meffages ayantàce fouffifant povoir,y*^ 
feuffent prefens j laquelle chofe ne fe peut faire fi hafti-^l 



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3Î0 VOYAGE DENICOLASDE BOSC 

,, vement\ confîderë la brièveté cie la journée phiè pour 
aflembler. 

Ittm Que le derrain appoidtemefii qnî fa pris iiir la 
darreniere départie desmeflages d'un coftc & d'autre y 
fa fur fait de trieves , fi femble que Ton derroit illec re- 
prendre. Aufli les trieves font & doivent eftreenefperan- 
), ce de venir à bonne paix avec autres raifons , qui y pour. 
y y roient élire advifées par la difcretton defHits meflages. £c 
„auin leur pourra eftre dit/que fe ils veulent procéder fur 
,,Japaix,que certaine journée foit pour ce prifeyaprés avoir 
,, juré , publié , & exécuté lefdittes trieves félon le conte- 
,, nu es articles cy deflbubs. A laquelle journée les mtttk^ 
,,ges des aliezd'un codé &: d'autre puifle^teflreavecquet 
plaine puiflance de y procéder. 

licm. Soient lefdittes trieves générales par mer & par 
terre a durer àvi.âvi|i. i x.àxii.àxv. ans,&pluslonz 
temps fe les puet j & qui n'y pourra venir ^ foient phfes s 
,) quatre ou â trois ans qui plus ne pourra. 

„ liem. Que les alliez du Roy , c'eft affavoir le roy de Cad 
„ telle y & le roy d'Efcôce y foient comprins. 

yjltem. Que pour tenir icelles trieves mieulx que ks au« 
jy très priiai au temps paffé n*ont efté tenues , ycelles trie- 
yy ves (oient jurées par le roy d'Angleterre , par fes autres ic 
,, autres grands feigneurs, par aucuns archevefques&eveC 
„ques ,& par fouffifàns bourgeois des bonnes villes d'An.' 
,, gleterre y Se par les capitaines 6c gardes des chafteaulx & 
,, villes que ils tiennent par deçà , & par leurs principaux 
3y officiers eftre tenues & gardées loyaument , &c reparer ce 
,,Qui fcroit fait au contraire.Et le roy fera ce femblable de fa 
9,partie:Et fe aucuns efloient refufâns de les jurer&tenir^que 
iy à ce foient contraire par la puiâânce des deux roys : & oui;. 
,, tre que toutes les meilleures voyes de &ureté qui y pouru 
yy ront eflre advifées , y foient priks. 

yy Ji^m. Que les alliez d'une panie & d'autre. qui feront 
,) comprins es dittes trieves , baillent leur lettres d'icelies 
„ trieves^ par lefquelles promettent & jurent pai^ leur fois 
,, &fèrement de les tenir ^fic faire tenir en leurs obeiâances 
)) bien U laygument. 



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EVEQUE DE BAVEUX. jçi 

Item. Quç gçans fcigncurs d'une partie ôc d'autre (oieac ** 
envoyez fur Jes frontières pour les y faire jurer & tenir ^ " 
& contraindre les fubgiezdefait & par force d'armes ^le ^^ 
meftiereft/' 

Jtem. Que tous partis cefTent durant Jefdittes trieves /^ 
& fmç les chafteaulx qui preiment partis ,& auxquels ap. ^^ 
partiennent revenues /fe gouvernent de leurs revenues ^ ^ 
&c ceulx qui n'ont aucunes revenues foient abatus^ ou les ^^ 
feigneurs à qui ils obéiifent les fouftiennent & gouVer- ^^ 
nentduleur^ouaultrement y foitpourveu par ad vis dcs^^ 
iages hommes 9 aux mains des grets defubgiez que faire 
fe pourra. *^ 

Item. Les forterefTes & chafteaulx^quifetienn€;nt par 
larrons & robeurs , fans obeïr à aucuns des roys l'en puif- 
ie prendre par guerre ou par traittié y fens enfraindre lef- ** 
dittes trieves } £cque la force des deux parties feaiTem* 
ble pour ce faire» ^* 

Ce ftt fait oudit confeil en la chambre du Roy à S. 
Pol,lc V. jour de Fevrier^l'an mil ccc. quatre vingt & cinq. *f 

Le xxii. jour dudit mois de Février lefdis mefTages du 
Roy vindrent à Bouloigne | & le premier jour de Mars en- 
fuite afTembkrent à LiUaghem avec les mefTages d'Ân^ 
gleterre, C*efV affavoir maiure Vv auti eu evefque de Con- 
ventre U de Sulfort ^ le chancelier d'Angleterre meflîrc 
* Guillaume de Beauchamp, meflîre Hugues Segranne^ 
mefltre Jehan d'Evreux « meflire Jehan Clanvant^ScmaiC 
treRiCHA&T Rouale^ & virent leur povoir &c. Et au po* 
voir monflrc des Anglois n'eftoit faite mencion d'aliez 
d'uncoflcne d'autre ^ 8c parlèrent de trêves particulières 
jufques au premier jour de May. 

Jiem Le jeudi viii. jour de Mars à Lilinghem après plu» 
jQeurs paroles jurèrent trêves par toute Picardie en com« 

Erenant G ravelinghesfic le Vvefb Flandres , ic donnèrent 
tufconduit au capitaine de Calais ^ au fire de Saveufcs, 8c 
aufirede Sempy^ &^nt leur demande ou principal. 

//^m.Lundy XII* jour dudit mois de Mars laifTié le prin. 
ctpalpour plufîeurs caufesôcc» monflrerent povoir fouffi^ 
iant pour les aliei les Anglois. Si entrèrent les roeilages d» 



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ui VOYAÔE t)E NICOLAS DE BOSÇ 

Roy à pafler de trie^es longues , & y comprendre tout t Se 
lors ouvry ledit d'Evreux du fait ou alëe du duc deLaù- 
claftre. 

Jiem. Le Jeudy xv, de Mars fu parlé comme fensles at- 
liez ils ne poroierit prendre trêves longues ne traittc de 
paix. Et pour ce £u ^arlc de plufieurs cfeofes , & fînâl|Je. 
nrent fii conclut,qùedelaparIance fe feroit cedule & baïl^ 
ice par le roy d'Ermcnie ^ & retournet^nt le lundy xix. de 
Mars 'pour accorder lacedule audirjour. Et ce jour receu- 
rcnt lefdits meflages lettres du Roy dont la teneur s -enfuit^ 

DE PAR LE ROY- 

;,'X70s amez &feaulx, fur le contenu de vos lettres ,. 
^jJL^ que tantoft avons receucsV parlefcjuels nous efcri^ 
^vez que lundy darriin paffcaflcmblaftes avec les meffa* 
y, ges d^Angleterre y ^ qi^e apfcs ce que ib^ vous-e^enè 
mônftrc lé pbvoir qu'ils? ont , fiiiaAt-nyencion des âlhez: 
de noftre adverfarre , ils ont voulu que Ten tfhtenéic aa 
fait principal d'entre nous & noftreditadverfalre^enlaif- 
fant les faits des alliez d un coftc & d'autre comme accet 
foire: à quoi ne voulfîftes aucunement condefcendre^ ne 
laiffier de^rriêr ne eh delay le faitdcfdits alli^»; Et pouif 
ce fuparlç moyen d\t roy d'Ermenie noftre doufin parlé 
,, d^avoir une trieves générales par mer & par ferre , entre " 
,\ nous & nos alliez d'uoepart & noftredit adveriaire & (es 
aliez d'autre partjufques a fîx ans. Sur k forme &: te* 
neur defqueles fcroit faite une cedule'& rajpportée de- 
vers les feignein^^pour en Ésivoir leur éntehtion, & d^ leur 
aliez , & prife une journée environ la Pentecofte ou la S* 
•, Jehan, pour rapporter laditte enteiicton,& procéder em 
j^oulrre fur ce, h comme il appartiendroit -, & qiu^entre 
„ denx toutes nouvelle entreprilcceflaft ^ dont teidis mef*. 
„iâges n'ont pas eftc d'accortpour plufîeurs^canfesque ils 
„ vous ont sillegu^es j & efpecialement pour Karmée que 
,,vous ont ouvert que met fus Leduc deLancTaHreenen- 
iy tencion d'aller en Caftelle. Ains a efté finablement prife 
>, une journée au Jeudi prochain , potir raflèmbler tous ad^ 

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EVEQJJE DE BAYEUX. sjy 

v\{è fur ce, &que nous vousefcrifons ce qu*il nous plai- 
TX que vous faites , ou cas que lefdis adverfaires dépor- 
ter ne fe vouldront de laditte armée. Sachez quant au 
premier point , c'eft aflez que vous m^avez volu enten- 
dre au fait pripcipal en tant que nous touche , fens '^ 
fembîablement entendre ou fait de nos alliez ^ que en ^^' 
ce vous avez* bienfait , & l'avons bien agréable. Et quant '^ * 
au fécond vous povez faire efcripre la cedule defdites" 
trieves çeneraulx , & pour toujours mettre Dieu & droit ''^ 
par devers rious^fe Icfdits meflages veulent envoyer ou*^ 
aller aucuns d'eulx par devers noftrcdit adverfaire^ &". 
ïedit duc de. Lanclaftre ,^our fa.voir fe de laditte armée ^\ 
fè vouldJront déporter. 11 nous plait bien que. vous de-" 
mourez encore par delà jufquesàviii.ou x. jours- pour " 
attendre leur reiponfe fur ce.. Et ou cas que déporter ^. 
s'en vouldront , eflongnez les trieves particulières juf . " 
ques à la Pentecouftc ou à la faint Jehan :& dedans icel- '^ 
les prenez une journée à laquelle Ton raffemblêra pour^*/* 
conclure ou fait defdittes trieves generaulx, & pour en-^^ 
tendre ou fait principal ^ pour les deux parties &rles al- 
liez d'icelles 5 & vous faites fort que laditte prolonga 
cion de trieves & acceptajcion de journées nous aurons 
agréables ^ & nous faifonsforr que nofidits, alliez envoy- 
Tont à laditte journée pour entendre oa fait- defdittes *^ 
trieves gene^aulx , & procéder en oultre au principal, '^ 
ainfi comme ii appartiendra. Et ou cas que noftredit ad- V' 
verfaire & ledit duc ne fe vouldroient déporter de ladit- '^ ' 
te armée ou enprife^ nous ne veons,& auifi ne voit nof *^' 
tre oncle de Bourgongne & autres denoftre confeitef^ " 
tant de prefent avec nous , que Yen puifle entendre i '^ ' 
trieves generaulx, ne à paix- final avec noftredit adverfai- *^ 
re^ attendues les alliances & convenances que vous fa^'^ 
vcz que nous avons à nofdis alliez, tant de Caftelle con^^ ^' ' 
med'Efcoce. Donnéà Abbeville le xi m. jours de Mars*' ' 
M. ccc. quatre vingt & cinq, ainfi fignéj. Hue, Sftper/crij[r^ " " 



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^54 VOYAGE DE NICOLAS DE frOSC 

Ji MêS énnez^ é" fi^x g^^ êfiemf^efiant à Hpuloiffu four U 
traUtié^C 

Et ces lettres reccuês refcriprent lefdis ineiEigcs au Roy 
de ce quSls avoient fait auditlundy, & Le vcndredy cn- 
fuivant XVI. de Mars deâufdis envoyèrent audit roy d'Er- 
menie copie d£ iaditte cedule que envoyer luy dévoient^ 

LE roy d:*Ermeme dira aux meiËtges d'Angleterre^ 
que lesmefTages de France ont accordé Iaditte ce- 
duie en fubftance^ qui leur futiiaillée par lefctits mefla- 
ges d'Angleterre lundy derrain à Lilinghom , & Tout 
baillée a«ditroy d'Eri^enic, fceUccdelcuri&caulx pour 
^,la leur bailler en prenant la iemblablc de leur cofté. 

,, Ittnu Pour ce que ledit roy d'Enneiûe i^ dit auxdits 
^^, raeii^ges de France., qui en parlant ^s chofes dont a 
» efté parlé aux jours que les ineâfages^t'ime partie & d'au* 
M très ont eftç ai&molez jmdit Lilnf^iem en /a prefeo- 
^, ce ) il ii^a pars tmtendu que lefdis meflàges de France ont 
,, olEerc d'accorxler dés maintenant les trieves generaulr 
^ par mer <& par terre pour eulx & leurs jLlUiex julques i 
99 VI. ans ^iceulx ménages de France dient qu'ils otit oflert 
» auxdis meââges d'Aogleterrp de accepter At% mainte^ 
»)nast lefdittes xxïtyf^s juiques audit cerme pour eulx fie 
M leurs alliez , & encore /ont preftes dp \p iâ,ire. Ainfî , 
.1» leixiits meâà^ d'Aftg|leterre le veulleot faire Sembla- 
»>blement de fcno: cofté^j&c que ilie facvntfoit pour leur 
91 aliez 5 iL ceox de k partie de France fe ùumvs, fors pour 
,,1es leurs, aiin que leroy xè'Ernienie&chacun voye qiia 
,/le JR.oy y veut fcoceder de la partie hoïûùi^msssi & de 
„ bonne foy. . 
,,/Mn.i0n cas que oe.uix de la partie d'Aagl^erre m 
le Touldroient de prefent ainfi &re^ & que il iemblf^roir 
audit roy d'Erfvenie que le terme 4e leodeoiain de la 
S. Jehan , donc parlé a efté , fuft trop long ; foit prife 
Iaditte journée plus briefvc. C'eft aiSlavoir à la xv. oa 
^, aurno.is de Pafques ainû comme les nieiTages de lapar- 



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EVEQUE DE BAYEUX. ^^f. 

rfe de France Tout autrefois ôflfert , aiîn que il ajpperque/* 
de la partie du Roy l'en ne veult pas oiener ceuc beioi- '* 
gne pardelav." 

liem. Baillera ledit r oy dTrmenîc auxdits meilages **' 
d'Angtccerne les lettres des trieves particulieres^quHuy "' 
ont eftc baillées ibubs ks feaulx des meflages de Fran* '^ 
ce, en reprenant £smblables lettres (bubs les âraulxdeC ^^ 
dits mefiagcf d'Angleterre. Ain£l fignées , 

NO us N"i co L É cvefque de Bayeu*, Pieuble de *** 
Giac chancelier de France , Ji:H jlh coate de San- "' 
cerre ^ Raoul fire de Rainerai, Arnault de Corbie "' 
premier prefident au parlement dudit Roy noftrc fire à*^' 
Paris^ PiEHHEdc Semur cbambellan,& AtM auhy Dor- *^ 
gemoiit,maiftre des requeftes de Tèftel dl<*luy feigneur^/^ 
commis & ordonnez^ de par le Roy noftre fire pour aflèm- ^^^ 
bler avec les commis ficordennez de par ion ad verfaire^^' 
d'Angleterre,pour traittier & accorder avec «ubc paix ou" 
triçves générales ou nom &pour noftredit feigneur^à tous " ' 
ceux qui' ces lettres veront, ialut.Saxvoir fai^ns que à la " 
requefte de n<^le & puiiTant prince le roy d*Ermenie mé- 
diateur en ce prefent traittié. Et pour ce que nous & les 
mefTagies dudit ad verfaii^ d'Angleterre puiâîent plus &u 
rementaflèmbler & parler fur ce fait, & quo aucun incon. "^ 
venient n'y aviegne, que y puifle donner empefcliement i^^'' 
flous par la vertu du povoir que noftreditfeigneur no^is*^' 
* donné fiir le fait defdittes trieves ^ duquel povoir la ^''^ 
teneur s'ênfiiît. Ch a RLES^par la grâce de Dieu roy- de " ' 
Srance , à tous ceux qui ces prefentes lettres verront/a- ** ' 
lut. Savoir faifons que pour Tonneur de Dieu & pour *^ 
efchever rêffufîon du fitnc chreftien , & les maux^ &^*^ 
dommages irreprochablcsqui par le fait des guerres d'en-** ' 
tre nous & noftre adverfaire d'Angleterre pourrok en- " 
iiiir ou temps i venir , fi comme lont enfuis oir temps *• 
paiTé , defirant venir i bonne paix & concorde^ avec nof- ^^"^ 
«redit, adveriaire > & coofîans i^laÂades feas loyautez U^^ 



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^^6 VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 

diligence de nos amez & feaulx Pierre de Giac 
noftre chancelier , revefque de Bayeinc, les contes de 
SancereôcdeDamprnarcin, Arnault de Corbie pre^ 
,, mier prefidenc en noftre parlement , le (îre de Raineval 
„pannetier de France, noftre chambellan, Almaurry 
„Dorgemont maiftre des recjueftesde noftre hoftel , & 
,,'PiEARE de Semur fenefchal de Berry chevalier, yeulx 
^^ avons ordenez & commis, ordonnons &; commettons, 
y^ pour & en lieude nous pour aflembler fur le fait du trait* 
„ tic de laditte paix avec les gens de noftrcdit adverfai- 
„ re , en quelconque lieu & place que befoing fera: & avons 
„ donné & donnons à nofdis commis , & aux fept , aux vk 
^,auxv. aux un. &c aux m. d'eulx plainpovoir audori. 
„ té & ma^ndement fpecial de accorder , donner , odroycr, 
„& accepter arccqiies les députez de noftredit adverfai. 
„ re, ayant de ce faire botttte&/ouffifjntepuifrance de par 
,, lui; bonnes , fermes & loyaulx triôvés^ouffrances & abf. 
„tinences de guerre générales ou particulières, pir mer & 
„ par terre , par la meilleure fourme , manière , & cohdî^ 
,,cion qu'il fe pourra faire ,-tant pour nous, comme pour 
„nos royaumes, fubgiez, amis, aliez,aidans, & adhe-: 
„rans,&pour leurs reigneuries,terre5,pays & lieux quelcon-. 
\] ques -, & noft redit adrer faire , fon royaume , (es fubgez, 
„ amis , aliez , aidans & adherans ^ & pour leurs feigneu- 
„ries , terres, païs& lieux quelconques : à durer icelles 
„ trieves , foufFrances , & abftinences tant & fi longuement 
„ comme bon leur femblera avecques toutes les chofes , 
» condicions , modifica<:ions & circonftances , qui pour- 
,,ront eftre ncceflaires expediens «, & feront accordées de 
„ mettre, ordener, & établir commiffaircs députez, gar- 
„des , & confervateurs defdittcs trieves, tant & tels & en 
„ tels lieux ôcpaïs comme ils verront qu'il fera àfeire , de 
„ affermer & afleurer par foy & feremcnt en l*ame de nous 
„&fur faintes evangi-les de Dieu & autrement au mieux 
„ qu'il pourra eftre fait icelles trieves , foufFrances, & abf. 
^,tinences , avecques toutes les claufcs , condicions , mo- 
„dificacions, & dependences , qui y feront mifes & pa/1 
^jfces, & 4c les faire crier .5c publier partout oà memer 



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ÏVEQUEDE BAYEUX. 357 

'fora : & auflî de promettre & jurer par la manière que " 
defTus eft dit ,& reparer ., faire réparer , amender , èc '^ 
adrecicr tous attemptats, & griefs contraires auxdittes^^ 
tricves, foufFrances,&abftinences, (î avant comme te" 
nus y feront^par ainfî que noftredit adverfaire fera à nous " 
& à nos iiibgiez les cas femblables de voir jurer^afFer- " 
mer & aflèurer lefdittes trieves & autres chofes defTuf " 
dittes, & chacune d'icelles en femblable manière par" 
les gens de noftredit adverfaire, & généralement de tai. " 
re autant fur ks chofes deflufdittes&: chacunesd'icelles'^ 
comme nous mefmes ferions & pourrions fere , fe prefens 
y eftions en propre perfonne , combien quelles foient 
ou fufTent plus grans, & telles que rcqueiflent mande^ 
ment plus efpecial j & encore de jurer & promettre , fe 
meftier eft , en Pâme de nous, en bonne foy , & en parole 
de roy , que nous aurions agréable , & tendrons , & fe. *^ 
rons tenir ferme &eftable ^ & accomplirons tout ce qui'^. 

f>ar les deffus nommez les fept , les vi. les v. les un. & " 
es trois d'eux fera traittic , accorde , promis & con-" 
venancié en cefte part j & le confermerons par nos let-*^ 
très toutefois que requis en feront. Entemoing de ce^* 
jious avons fait mettre noftre feel à ces lettres. Donné ** 
àParis le VI. jour de Février Pan de grâce m ccc. <]ua- *^ 
tre vingt & cinq 5 & de noftre règne le vi. Avons oc- '• 
troy c & accorde , & par CCS prefentes odroyons & accor- " 
dons pour & ou nom du Roy noftredit fire , bonnes & *« 
loyaulx trjèvcsfeurtez,& abftinences de guerre par tout" 
le jpaïs & langue de Picardie , des la rivière de Somme ^ 
jufques à la mer , en y comprenant auflî lavi^edeGra-" 
Yclinghes, &toat lepaïs de Vveft#landres jufques à la" 
ville deNeufport 3 à durer du jourd'hui jufques au pre- " 
mier jour de May prochain venant ,foleil levant: Du. " 
rant lefquelles trieves , feurtez & abftinences cefferont " 
efdits païs toutes prifes de perfonnes , de fortereffes , de " 
biens & lieux quelxconques , demoliflemens de maifons" 
& de murailles , jabatcmens d'arbresportans fruit, tous", 
larcins , pilleries^ & roberies ^ & ne ferons aucuns chaf-/* 
teaux , villes , ou fortefles affaillies , combatucs ^efchd^ ^^^ 



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35S VOYAGE DE NICOLAS DE EOSC 
Iccs , ou emblées , ne perfonne ou biens prins de lapar titr 
du Roy noftredit fire , es tcrre*,^, païs & lieux demirdis 9^ 
foit foubs couleur de marque, reprifailles, caucions, pro- 
^ mefïes ^ obligations ,, ou par autre naaniere quelconque}. 
^&generakment& particulièrement ne fera faite parle- 
„ Roy noftre flre ne par îès fubgez y ou aîîez pour guclcon- 
^ques caufe, pccafion ou coulenr que ce foit choies queU 
^ conques, qui ne pourokoupeuft eftre foite loifîblemenc 
^en temps de bonne paix ledit temps durant. Ets*aucui 
^ ne perlonne ^ biens ou lieux eftoient prins ^ ou aucune' 
^chofe autrement attentée contreJèfdites trieves , feure^ 
^ tez & abftinences par quelconques manières qtie ce fuft,^ 
^le Roy noftre fire te fera rendre &reftituer,_& tout re- 
parer ùlv^ nulle faute : & pour ce que lefdittes trieves- 
loiene piieutx ternies Se gardées , avons ordennc ^&par 
ces prefèntes ôrdenons , Si conftituons le lire de Saveu- 
/es capitaine gênerai pour le. Roy nodredit Sire ou païs- 
de Picardie , confervaceur dleelles trieves oudit païs de 
Picardie j & le fîter de Sempy ou pars de Vveft Flandres 
ficdcGravelinghes , lefijueix prometteront & jureronr 
en là prefence des meflages dudic adverfaire d'Angle- 
,> terre les tenir & faire tenir & garder Ibyament & yerii 
^^tableioenC) Se tout Éaire reparer , comme deflus eft dir: 
^, Se accordé ^ & avons promis & aecordc ou nom de nofl- 
^,tredit fire le Ro^^ comme defTus, que pour aucuns mefl 
)^ fait , attemptac , ou entreprife ^ fi aucun entrevenoit ^ 
,^ que Dieux ne v^uillle , rx^ntre les choies defKifdittes ou 
,, aucunes d'icelles y^ ne ^ronc ou pourrons ces prefentes. 
yy trieves efVrf^ tenues ou réputées pour enfraintes ^ ne guer- 
,>re pour ce eflrefaitdde la partie du Roy noflredit fîrer- 
mais feront réparez- Si rpmis au premier & deu eflae 
lefditsmesfaits^attemptas^Quentrepriies qui (eroient fait:^ 
delapartieduroy.ûoftredit fîre contre lefdites trieves^ 
„& les malfaiteurs punis félon l^dxigence des cas^ceflànc 
,, en toutes choies defïuiclites,& chacune d'icelles toute* 
jj, fraude & mal engin : toutes voyes a eflc parlé Se accor.- 
\^ dé d'une partie & d'autre que k forme de ces prefeiw. 
j«tes< trie.v£s touchant kpaïs de Vveft Fiandres ^lefqueU 



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EVEQPÉDEBAYEtrX. 319 

les font ainfi accordées à l'inftance dudic roy d*Errae- " 
lîie pourcefte fois ne puiflcnt porter prcjadiceàlapar-" 
tie dudit adverfaire , îieéftre traittce âconfequence en^^ 
aucun temps à venir. En témoins de ce nous avons feel- *^ 
3c ces lettres de nos feaulx. Donné àLilinghem leviii." 
jour de Marsl^an mil trois cens quatre vingt & cinq. '* 

Aujourd*huy xv. jour de Mars m ccc, quatre vingt & 
cinq à Lilinghem ou eftoient aflcmblcz les meffages des^ 
deux Roysqui eftoient envoyez es marches de Picardie, 

f>our traittier de paix entre eulx & leurs aliez, a eftépar- 
é en la prefcnce du roy d^Ermenie médiateur dudit traie- 
tté , que pour venir à bonne conclufîon de paix , foient 

{)rifes unes trieves générales par mer & par terre entre 
efdits roys pour eulx & pour leurs alliez à durer jufques 
i VI. ans. 

Et pour ce lefdits deux roys tfont pd favoir PentenJ 
tion deleurfdits alliez,s'ilsvouldroient eftre coniprins ef- 
dittes trieves ou non : & parlé que iceulx melïSiges ou 
Autres que lefdits feigneurs roys y vouldront ordener 
foient audit lieu de Lilinghem lendemain de la Nativi- 
té de faint Jean Baptifte prochaine inftruits de la volen- 
té chacun de fon feigneur & de {es alliez. Et que lefdits 
roys feront favoir audit roy d^Ermenie ^ c*eft afïa voir que 
la partie d'Angleterre fera tenue de certifier i Boulon- 

Î;ne , ou à Ardre :& la partie de France à Calais devant 
a Paiques prochaine, ic ils vouldront que laditte jour- 
née de lendemain de la Nativité fe tiengne par la ma- 
nière deflufditte , & que jufques à la veille de Pafques 
prochaine nulle armée royal fera chevauchant de guer-. 
re , de oar aucun des deux Roys , ne de part le Duc» de 
Lancaftre , ne nul ne arrivera fur l'autre dedans les ro- 
yaumes de France & d'Angleterre y & par fpecial en 
Gafcoigne , ne auffi es royaumes de Caftelle 6c de Por- 
tugal. 

liem. Que ou cas que lefdittes trieves générales fe-* 
ront auffi accordées , eft parlé que à icelle journée foie 
pri^ un autre jour après ce que icelles trieves feront jo. 



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3éo VOYAGE DE NICOLAS DE BOSC 
rces & aflurées par manière que accordées feront , de 
raflembler pour procéder fur le fait de la paix d*entre 
lefdits roys principaument & leurfdits alliez , chacun: 
félon fa nature , 6c comme le ca$ le requière 




ITER. 



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ITER INDICUM 

BALTHASARIS S PINCER 

Bx manufcripfo coiice cl, v,domifâ haronis de Crajjitr 
"., Leoàimfis. 

JtjtUiip Bahhdfatis Sfin^ de maximd Jma marina fneffl^ 
. nathne expanihns HpUandi^ in Zflixhnam Pûftnga/ùjc ^ 
. ac diinde fer ocianum anfirale Dit fus folnm AmafticnmiH 
. Indiam > & ijus infulas^ 

EG O Bahhatar Sfinger \nà\x&m prccibus amicorum 
iîmul bc animi mei attraâfus deleâatione , ut aln 
quoque in his capianc deiicias, qu^ verguncmChriftia* 
' Xïx ndei incrementum , neqaaquam filentio pr^tcrire vo- 
Jiii maximam peregrinationcm & viam maris , qua claf. 
iîbus oceanum fulcantes , ex Hollandix partibus ad civi. 
tacem regalem Ulixbonam regni Portugalliae , ac deinde 
^or muita régna infuiàs & marina pericula inlndio: pro- 
jvinciam Calcoet pervenimus, ac in patriam tandem ré-, 
divimus. 
( NARRATIO, 

. Anno isicurdomini m dvii. fol ventes abUIixbona Lu- 
£tanix,iimul cum clafCbns inclyti régis Emakuelïs & 
ipeâabilium mercatorunv nationis TeHtonica: , qui di* 
4uncur vulgàriter Fuchrde Velferem Hve^fiederem^^ Hirfi 
Vûgelan , fociorumque eorum vigefima quinta die Mar- 
xii perrenimus in infulam Canariam , qua: diftat centum 
^QÎnquaginta nùlliaribas ab Ulixboiia^ U bsec infuiacft 

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jtfi ITERINDICDM 

pofkâ 4i»cer iktts «Ims ^ m ly ia nwii tma i un t ho m iBM fe»; 
ne compodri ^ qui faciimc czCcos de la&e lîlveÛrhim cs« 
prariiro , pircaturac qno<)ue dedica piTcium mercibus vtci. 
nas provincias foftcntat. Soccaram quocme rnde abuiu 
dancer evehitur. Alla vero infula eft inhabitabilis ^ licec 
aliquibus locit paacos habeât incolas^ Sudc âucem ifta^ 
très infubfc Tatis pulcrar , ferf rlro habitatofe. Exinde ve- 
nitur in regnum Barbarix, iquoufque in Gennea,quod 
ed reguum Matrorum, ^nt ducenca cjuinqutgirta ahi^ 
îiaria. Habec autem regnum Gennea in principio fuipra« 
moncorium^ quodgallice diçitur Capuvverde fcucaput vi- 
ride, juxta quod eft civitas B///fg/V/ quîrigentis diftans 
miiliariis ab Ùlixboqa , in cujus mari funt multse baie* 
na^ ) & pifces volantes. Introrfus hic puer oceanum fpatio 
CCD. miiliarium navigatur perpendicaJariter fub ibiê 4c 
liina & circule a^quinoâiali, qcK> nique potus nofter ar- 
tiens non apptreat , Ted antarticus ex ad^erfo pofitiis« 
maximum hic paflî fumus folis xftum ^ <)ui Mauros habi- 
tatores regni nigerrimos facit , qui nudi prout funt nati 
tam viri quam mulieres beftialiter ficfîne verecandiaill* 
cedunt, habentes plurcf anulos aureos in digicis&pedi-* 
ciS) & cathenulas ab auribus dépendantes. Extendicur an^ 
tem regnum Gennea in longum mcccc. milliriabua. Poil 
hxc navigavimus in regnum AlUgê diâum , quod dl« 
milliaribus extenditur ufque ad fines Arabi«. In/terra 
jiUefo eft regnum quoddicitur Sa f halle ^^ hic inccdniit 
homines tedi pellibus leonum , leopardorum , éc alî». 
rum beftiarum.Habêntiftinaturaiem Tcrecundiam. Nam 
viri verenda fua^ qux in morem palHorum appettfispdi- 
libus minus tegunt , in qaibuidain teceptaculis de ligno 
vel corio faAis , & columbis coiligatis gerunt. Muliercs 
vero circa vcrecundiora Tua pelUcûlas nabenc dependen- 
tes : Ç^put etiam pellibus oviois vel quibuilibet aliis vd- 
lant ., filiisj^tiani fuif verenda rurfum ligant. Viri qaoaoe 
capiUo^ & crines înduranc & pice luunt. Habeat àobii- 
tacuia in locis fubterraneis* Habent boves ic oves ma^ 
enas & alia pecora muita & pulcra. Terra eft fatis àcf^ 
M^abiiis y fivis aq^acuro & herbis atiomatîm. 



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BALTHASARilS SP:I:NGER. ;3^5 

velocem loqaeUm.; PecuaML;miUa:eft ibi, praîter moûet 
tam d4 ferro^ qua ^a^ ibi poiTiinc finguUcomparari. Ge^ 
xonc b^mines in jpanibus parvos & aibos bacuios , quo^ 
rum arma Aine cela longa ve^ lapides y quas fortice^ vi* 
branc in. aiiveriarips. Terra h«c: çft adeo îabwlofa , quod 
»ui> inriquam mulieres necplTario fub planci^ liganc afle* 
rf« pifçulare» ,;« jîç fineliacfioBe periareoamiu^edant,. : 
Pgfteà vçnimas m Ayabiam ^ unde.dicitur fuiffe unus 
de cribui regibus^ cujusîncolas ligant adaures boum au« 
rum Arabicum;^ coriubu3 anuuk>5 aurco^etiam inferen* 
te^^ a cruribus. IdaoeduQf aurem. panms llneîs vel feri^ 
ci^palleis fuper qii4o dependentibu^c N4m aurum.com* 
paracur ab ms cpmraut^aong linpi panni ye) ferid quera 
mercacores iUuc advêhunc^uc in figura caiihabentnr det 
pied. . 

i Poft Arabiam fuflti qwnqqe inful«^ qttamni prima dû 
c:icur M^nfékhit ^in qua prqvidiipus navibttj de dolci aqua. 
P^rvapimus quoque iu tivitatem i2*//#^ regiam , que \m^ 
milliaribus diftat à terra Saphatlc. Hatiç cîvitatem inva* 
iîipD$ & fpoliavimus ^ & cives awltos intcrfcdmus , quia 
erant immicinoftri ^ rege fugacos^ qui Ixabebat arcêm jux^ 
t^ çivitacem , quam & ipramoccupa^iïnus^Tocantesèani 
ftrcem S. Jacôbi ^ pro tuitioneejus & torius terra: reliai, 
quentes ibi milites armatos centun». DeindeLxx.milliat 
ribus diftat à Qnike civitasregia^qux Booibafla dîcitur , 
quam occupautes /poliavimus, incendtmus, £cmultosii£: 
terfecimus , divitias inde maximas cxpprtantes. Undena^ 
vigaacef xxiv. milliaria , pervenimiis ad ciyiràtem quat 
dicitur Meliinda , cu^us habic^torei craot nobis amici^ 
Hicfunt multi Sclàvi&ièrvi venditi exGemica..AMeU 
Hnda funt xc. milliaria ufque ad fines Perfidis. Ab hac igi* 
turnavigavimw per magnum mare juxracivicatcmMecha; 
»bi Moj^omeces oâa in magna revereocia âSarracenisSc 
TUrcis habentur , urque in infulam qua: dicitur Auxeax 
idiira^ àquapatati^r fuUTe alius de tribu» MagtsfiveRpgi* 
bus. Ab bac iflfula navigavimus c milliaribus in regnum 
Caûanorum ^ in quo incipic ere/cere diverfitas pretiofa^ 
imm i£ecienun. Abbiac perYenûnns usuiem in xnajorem 

Zzij 



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5<Î4 ItBH INDICUM 

Iddiam , ubi homines (une fuici coloris ^ oudi incedentes^ 
practer fola verenda qua: lintheis tegant\ longos^habene 
capillos. Eft aurcm India hase magna & pretiofa provinr 
cia ^ mirabilibus plena. Vîdimus circa litras terras ho^ 
mines pueros & uterifilia domus fecum portantes. Hkin^ 
venitur Zinziber ^ Pîp^) Gariofili^ CynatHomum^ &alia& 
fpecies pretiofx , necnon & lapides pretiofî , qux om- 
nia parvo pretio comparari poOTunt. Crefcant hic fruc. 
tus optimi & ficus maxime , longitudine exteaiâ: manus 
viriiis , & /piflitudine trium vel quatuor <ligitorum , opti« 
mi Toporis. Habent multa armenta bubalorum ^ boum ; 
vaccarum ^ fed non maâant ea. Crelcunt htc optima 
viua y abundant mellaâc diverfa bona. £ft in ^ndîa ciyi^ 
tas qvLX Banderana dicitur, àquafeptem milliarîbus per<^ 
yenitur in CaUcoet. Abhinc funt xl. miliiaria ufque a4 
êmporium ^ unde comparantùr omnes fpecies ^ ad quod 
etiam adhuc Veneti tendunt y ut navigiis per mare rubrum 
fÇï Alexandriam ad Europam vebantur (pecies. Sed poft« 
quam inventa eft hase nova &longa via'ab Ulixbonaper 
oceanum în CaUcoet pro fpeciebus grave difpendium 
mercatores Veneti ab Hifpanis & Teutonibus pratventi 
patiuntur. Invenientur autem in CaUcoet multi ChriC 
tiani indicas nationis de terra S. Thonut. A Gutfckim 
navigamus in regnum Gmtfchim. 

Poflquam autem pervenimus in reenum Gmtfchim ^ 
ex jufljone régis Portugalias fabricatas funt ibi dua: ma- 
^nx ciailes. Âb hoc regno putatur fuiflè tertius Mago« 
rum vel Regum. In hoc regno crefcit piper in magna 
abundantia , & eft ibi principale emporium Piperis. Ab* 
hinc pervenitur uiterius per xxiv. miliiaria in regnum Co« 
Ion. in quo funt multi Cnriftiani illius nationis. HabetSc 
elephantes grandes valde & multos, & miranda dever- 
a generis , fed nobis incogniti animalia ^qualium formas 
nequeo exprimer-e. Frudus etiam terrx funt ibi multo 
majores quam in noftraEuropa. Ulterius per c. miliiaria 
pervenitur in aliud regnum (ive infulam Meiaqua^ à qua 
otiam muitcT fpecies vehuncur ^ & res pretiofUfimac ibi ckL 
cunt. Abhinc pervenitur in àn^s anas iafulas ^ quarura 



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- BALTHASARIS SPINGER. s6y 

«ma didtur Bandan ^ in qua foli gariofili abundatiter 
crefcunt , quos juxea noftrum Tcutonicum idioma nagel^ 
IfOs ¥ocamus , propter fimilitudînem quam habenc cum 
clavis parvis, kïix autem fpccies hic non inveniuntur. Al- 
téra infuJa dicitur Thanagora five Naguaria ^ & hic crefl 
cit lignum album , quod Cethi dicitur , & rubrum quod 
Sandel nominamus. Hic abundant uniones & margaritac. 
Nam^ro uno fpeculo comparavit quidam ex noftris mOc^ 
iiuip piemtnd niargaritis. Hic 6c in regno Gutfchm fubditi 
& famiiiares portant regem fedenteminferetro, cui vul^ 
^u« i4fi tautum liibjicitur & obedit ^ quod non aliter nid 
irege dicente Seminemus & metamus ,omncs paflîmfemi- 
liant & metunt , ac deinde (uam partem de irugibus ac- 
cipientes, partem regiam in agro fine contradidione re- 
linquunt. Idipfum etïam de fingulis mercibus faciunt.Tan- 
<lcm ab iftis regnis & infuiis, diftat xxx. miiliaribus ma<^ 
çnum regnum Arfinias, ubi habetur corpus S. Thom* , 
cuj[us rex habet xii. reges fub fe. 

Hic fUniêfim facit narraiionem de miraiiliins vifis. 

Superius fuccihdi & fuperficialitçr viam peregrînatio- 
nis noftrac propofuimus magis quam expofuimus 3 (èd quo- 
niam defcendentes mare in navibus ^ & facientes opéra- 
tionem in aquis multis ^ vidimus opéra Domini & mira- 
biha ejus in profundo ^ memores illius quod dicit fapiens 
£cclefia(tici43. ouinavieat mare enarrat pericula ejus , 
& audientes auribtts noftris ammirabimur illic prxclara 
opéra & mirabilia^ varia beftiarum genera^Sc creaturas beL 
Juarum. Propter ipfum canfirmatus eft itineris finis. Ara- 
monemur vobis dileâi domini fîngulaplenius exponere , 
ut fciatis ^ quibus diebus , in quibus inmlis^ & regionibus 
fuerimus, quac mirabiliain fingulis viderimus,quac péri- 
cuk incurrimus ^ quantumque in <tunâi$ antea negâtum 
oceanum vento impcllente excurrimus. 

Ex induftria igitur régis Portugalliae Emanuelis pro 
expeditione Indica & navigîttione^prîeparatis ciallîbu^, ha^ 
buimus fimul c\^m navibus regiis in portu Ulixbona: na« 



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i66 . ITEil.INDiCU.M ' 

ves XXX. omnibus nece0arii$ & bonis onuftas. CuBimagiM 
igitur armonia muncorum indrumencorutn Se fiduçiadefl 
ccûdentes in concinenci, terra per v^qi^E^as ad monafterium 
Rc/lel ^qaod uno millario dillac abUUxbonse porta. Ubî 
mandmus duobus diebus^ (cilicec à Kxiii^ die-utque ad 
xxv.Marti^, quosfuicillius annirdlicetijo^jannunciatio^ 
nis Dominiez folemnicas fcria tertia PaTchst. Tuncexgo 
cœpimas oceanum fulcare^quodextehdit fc in longumab 
Hiip^ni^ iinibu$ ufqùein Indiam plufquaim ^oqo millia<> 
ribus, 

Poftquam igitur i monafterio Rûjlel difçcSîmus^ & veiî» 
torum flatit>u$ catbafa commiiimas , venit ad naves cj( 
CKcano Portugalend pifcis quidam ienotus y toto corpor^ 
niger & terhbilis , longitudine xii. veTamplius pedum , oui 
habcbatalaslongicudinis fex peduni. Hic piicis coUeâiC^ 
in ic aère poftquam fe undis immeriit y cvoooutt aqjuami 
in altum vi fpiritus ad longitudiiiena virilis meniurae* Vi- 
cefimo igitur die Mardi veneruntjuxta naves muloptici:^ 
& varii , qui naves fequebantur iongius. Vicefimo feptima 
etiani die jaculo tormenti ceperunc naucae belluam mari- 
nani magnitudine virilis ftaturac. Hxc habebat corpus 
obefum & tcfticulos ut porcus, finûlitcr inteftioa* Osve. 
ro iiabebat ut agmis ^ fed Jatius ^ ^ in mandibutis parvo^ 
dentés. Hujus carne cibavimus uno die ii6 Jbomioe^ Vi^ 
ceiîmo oâavo die Martii pcr noûem navigevîmus iotcr 
duas infulas , quxabinvicem disant LX.miUiaribus^qua-^ 
rum una dicitur Canaria, dîflans ab Ulixbona cixxx. miU 
liaribus, altéra lUa Madera diftans ajb ea cci;. a»îlliari^ 
bus. 

Ultimo die Martii afpicieûtesreliquîmttspoft.nps infii^ 
las Canarixe , quae novem funt ^ & de domioio régis Hifpai- 
lîiarum five Caftellse & Legionis. In his abondât fuccarum* 
Ex his multi Sclavi & Mauri Chrîftianis yeiKluntur, ifto 
tandem die ab Ulixbona elongiati iumqs ccjl. millMri^ 
bus. . , 

Tertio quoque die Aprilis perveQimos fuper mare Gen. 
nea, ubi diu navigamus circa terram nigrorum i£tlûopuni 
Tiii. yelxv. milliaribus à littore. Ibi apparaenmt aobis 



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BALTHASARÏS SPINGER, 3^7 

cete gtandtaScfflulta^ dircrfetamen magnicudinîs, quar- 
to (cilicec die Aprilis. 

Sexto die navigantes ad contîneatis littus teadiraus ad 
promoHtoiium tcrr^ quod vocant Capuwerde gallice y id 
•eft caput viridc, intérim muitos pifces capîentes in via 
maris. 

Scptimo die relinquentes poft nos promontorium Ca^ 
fmvvtrde , pervenîmus juxta terram nigrorum Maurorum;^ 
'ykjQds anchoris tribas milliaribus àcivicate regni qua: ^r/- 
faptl9 dicitur, Habent ifti rcgem fiium , incedunt ifti tam 
vin quam mulieres nudî velutbeftke fîneverecandia^exr 
cavantes truncos vetuftiffimaram arborum , quibus pro 
lembis utuntur in pifcatura. Venerunt hoc die ad galeas 
ttoftras eorum quatuor in duabus naviculis , loqucntes no* 
■bifcum in lîngua Hifpanica , quod bene poterant incelii- 

Si, Habent copiam diverforum pecorum & animaliuin, 
oum , vaccarum , caprarum fcilîcet,& gallorum & pullo- 
Tum , fed non vendunt ea pro aliqua moneta, quia ignota 
^ft eis omnis pecunia. Sub ramis Se frondibus arborum fa- 
ciuuc fibihabitacula,& parvascafas cum luto&gleba^te- 
gentes eas culmis vel gracilibus virgi^'arborum. Has ca- 
fas eorum duodecim quandolibct pro temporc portant ad 
pratum, Diftat autem ab UlixbonaD. milliaribus. 

Duodecima diemenfîs Aprilis mifît rex provincix fi- 
lium fuum ad naves noftras, quem plus reputamus deri- 
dendum, quam honorandum,undeeum illufumpatri re- 
miiîmus. Manfîmus ibi in portu odo diebus cum novem 
iiavibus. Quarta décima die Aprilis ab eo loco naviga* 
vimus odo milliaria ad locum , in quo invenimus naves ca- 
pitaneiprincipalis oceanicarum claffium , à quo tali caiu 
antea leparati fuimus, Navigantibus enim nobis à Roficl 
ventorum magna vi impulfa eft alia quacdam navis in no{l 
tras , quibus laefuram intulit , quam neceiTe habuimus ali* 
quo tempore reparare. In ejus igitur reparatione occupa- 
ris, prarceflît nos capitaneus nofter cum fuis navibus D. mil- 
liaribus ufque in hanc diem , quo tandem cum difficultate 
ad eum redivimus. . . 

-Qjiinto decimo die Aprilis redintegrato numéro navium 



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3^8 ITER INDICUM 

plena clafle navigavimus i terra Nigrorum Maurorum per 
maximum oceanum Gennea , quooeft longum mcccc. mii« 
iiaribus ufque adpra^celfummostcminmari^GalliceCf* 
te de bonàfperanxg dicitur ^ id efl mons bons fpei. A regno 
Bifigith \i\ii. milliaribus in medirerranea eit illudmaxû 
mum rcgnum Gennea, fed eft terra mala, peftilentem ha- 
bens aerem & malum populum. £ft autem mons diâus ex- 
celfus valde ôcrotundus i fuudo mari , in cujos medio fi. 
tus eft in altum furredus, nullum habitatorem habcns^^ 
circa cujus pedem inferius funt maximse quxdam arbo. 
res, quas quatuor viri brachiis compleâi vixexten fis poil 
font. Habent autem folia in fimilitudinem nucum, & fruc^ 
tus pra^grandes valde ^ Ôc noftris hominibus incognitos. 

In hoc oceano ,ut etiam fupra retulimus , perpendiciik* 
lariter fub fole&lunaScper circulum acquinoâialem na- 
vigavimus. In hoc miranda vidimus , pifciculos albos z\%^ 
tos à nrnri in altitddinem aeris in magna copia in modum 
avium volantes , quorum ala: lunt de membrauis, ut vei^ 
pertilionum. In tantum autem in oceani hujus interiora 
alatere excurrimus navigando, quod nec volucres , nec 
pifces,necquicquajn vivens reperimus^ fed erat omnino 
defertum & invium. Iterum tandem navigavimus verfits 
Cahe de boneYp^ranfe , montem fcilicet bonx ipei^à quoeva» 
gatifuîmûs mcccc. milliaribus. Ut autem venimus ad la. 
cum maris , qui ab eodem montt didabat d. milliaribus \ 
erat ibi frigida hiems in Junio, ficut in noftris terri&eft tem- 
pore natalis Chrifli. Hic fcepe contingit' violcntia imbrium^ 
& tempeftatc ventorum naves everti , nifi nautce (îbi in hoc 
providerint. Navigantes igitur per vaftum iftud oceanum ^ 
reliquimus montem Cabe a latere ccc. milliaribus, ut conv 
pendiofîus in Indiam tendereiTuis. Verumtamen longe per 
multa centcnaria milliariorum oceanicam viara legentes^ 
ncfcivimusprorfus ubi eflcmus» Cumqueadhuc nelcien- 
tes ubieflcmus^longiusevageremur,. tandem venimus ad 
locumuhipaulatimapparueruntnobiscetegrandia & inw 
menfa multa ^ kA & Dclluas maris plurcs^&monftraoceau 
ni valde longa & terribilia. Excurrimus^ autem i monte^ 

Céiêt 



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BALTHASARIS SPINGER. 3(59 

Cahe XV. hebdonladibus , quod nuUam omnirto vidimus 
terram ^ fed taâtum cxlam & aquam. 

Quinta décima vero hebdomada^xliefcilicetxiT. Julii 
apparuerunt navigancibus nobis adhucmultipifces. Pau- 
lo poftfcilicet in Ipatioduarum horarum habuimus in ail 
pedu Doftro cerram inter SéiphaSe & Monfimbil. Iftam au- 
tem terram practereuiites , venimus ad aliam infulam. Ab 
eacL. milliaribus diftar. In bac infula mecropolis dicitur 
Quiloa régni fcdes. 

Vicefhna tcrtia die menfîs Jûiii jadis claflîum anchorisîn 
profpeâu civitatis Quiloa^ ^ cum omnibus lembis noftris 
ipadando m^ portu juxta palacium regale ^ explora vimus 
ttcrum amici eflent & tributum dare vellent ^ vel inimici & 
repugnare fatagerent. Sed experto quod omnimodis no. 
bis nocere vellent ^6cadrebellionem afpirare, redi vimus 
cum lembisad naves. Vicefimaigicur quarta die Julii cum 
odo navibus violenter in civitatem irruentes ^ cam cepû 
mus inortu folis^occidentesejushabitatoresinore gladii^ 
ipoliantes eam maximis divitiis auri & argent! ^ margarita- 
rtim & pretiolorum lapidum & fupelleémi & ornamentis 
pretiofiâîmis. Extra civitatem autem invenimus arcem 
nondum perfedam quatuor turrium ^ quam rex pro rebel. 
lione xdifîcaverat ) fed nondum confîimmaverat. 

Vicefima feptima die Julii, ejffugatorege Quiloa, coro* 
navit dominus capitaneus aliumquemdam provincialem de 
regia ftirpeinregem corona aurea,cum magna pompa & 
folemnitate, fub practextu quod in omnibus obediret ré- 
gi Lufitania:fivePortugalix, reftituit iîbi regnum , ut id 
pateret Portugalenfibus, 

. Quarto die Augofti, rediitrexfugatus , coiifugiens ad 
mifericordiam , petiit pro regno aliquem ducatum , 6c 
pofteâ fi fe fiipervivere contigerit poft obitum novi régis , 
qui patruus fuus fuit & nutritius , reftitui in regnum : noU 
le autem propter fe privari patruum,quemamaret,accc-- 
pto regni jure. Igitur in pr^fentia mtiltorum principum 
creatus «ft abrogatus rex cum magna pompa in ducem 
fub pietatis intuitu. Sexto die cum pleno exercitu regret 
£ a civitate, diipofitisbene rébus, redkbamusadnaves, 

Aaa 



tv/- 



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370 ITÉRINDICUM 

quibus folutis , fcrebamur direde verfus civîtatcm aliftm 
Bombaflam , mulcum timcnces ne forte focia: naves in 
noftras impingercnt^audoetiam timoré propter littoris 
yicinitatem. Sed Deo propîtiocam undecim navibus pro- 
greflî abfque periculo iumus. Tertio decimo die Augufti 
ciim X. navibus intravimus porcum civitaris Bombai fa- 
tis pulcrum^fêd cives erant inimici no(bri. Habebantau- 
tem fortalirium in portu ^ quod paulo ante fecerantpra 
fui tuirione in fcopulo prxrupto maris. Ab hoc jaculaban- 
tur contra nos fpicula & tcla. Sed nobis in illud irruen- 
tibus y omnes fugerunt incivitatent , qux parum ab eo diù 
rabat , quos continuo fequentes civifatem oppugnauimus 
ficut potuimus. 

Quarto decimo die Augufti oppugnantibus nobis ci. 
vitatem, corquebant contra nos lapides & miflUia terri- 
biliter, multosexnoftris Ixdentes. Nos veroignemgrx^ 
cum in quatuor angulos civitatis jaculantes , multas do^ 
mus incendimus. Provocaverant enim nos duobut ele^ 
phantis^quos circumducebant coram nobis deriforie. 

Quinto decimo vero die fcilicec. . . maria ^irruentes in 
civitatem omnimodis munitiiEnum ^ ma»s auxilio Dei 
quam viribufi noftris cepimus eam. Habeoat autem pla. 
teas val de arâas , & Maurorum multitudinem populofif. 
ilmam ^ per quas compreffi incedentes, terribiliter de fu- 
per à domibus jaculantibus Mauris^ dritatem laboribfefic 
cum pericuio obtinuimus. Plures ibi gentiles interfeci- 
mus y tantum duobus ex noftris interfeâis. Fugerac au- 
tem rex &civesin(tlvamcivitati vicinam, conglobantes 
ibi maximam multitudinem Maurorum. Nos vero pofi. 
tis cuftodiis juxta portas^ ne fubito in nos irruerent, ci- 
vitatem fpojiavimus ^ ubitantas divitias auri.&: argenti » 
niargaritarum , aureorum, veftium ^ 6c fuppelieâilium pre- 
ciofiflimarum invenimus^quod valor xftimariommnone^ 
• quit. 

Décima oâava die Augufti i portu nobis navigantibus 
îevenit periclitari navem in qua ego eram , quot ZtHMrt 
dicebatun Nam ex fociis navibus una fxegit nobis guber- 
jdacttlum y& fie vendus q|ito volebat^beraaculo carencc« 



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BALTHASARIS SPINGER. 371 
ferebat , dooec tandem impulir iterum juxta pr^ediclum 
forcalicium fuper fabulum. Amiifis ergo fociis navibus , in 
jmagna defolatione fuimus. Auxiliance ranien Domino y 
mane fequentis diei fcilicet xix, Augufti arrepti à vento 
jadi fuimus juxta civitatem , fcd hofpitati & adjuti ab aliis 
navibus qu« nobis fuccurrcbant, fecimus quantocius no- 
vum gubernaculum. Vicefîma tcrtia die cum magno la» 
bore navem ex portu in mare perducentes ^ cœpimus na- « 
vigare cum quinque navibus^ fedxi. naves habuimus in 
oppugnationccivitatis,quarum decem prius applicuerunr 
ad civitatem , undecima ^ero periclitatain mari , fequcnti 
die applicuit , Raphaël dida. Habuimus nos Teutones 
très naves , prima dicebatur S.Hieronymi, fecunda];Ra- 
pbael y tertia S.Leonardi, qua^ in omnibus noftris pra^liis^ 
&laboribus femper participes erant. Rex Portugali;E prius 
non habuit plures quam très naves proprias , reliquat per- 
tinebant Teutonicis , praeterillas quas quidam ex Longo- 
bardia mei%atores habebant. Diftat BombafTa à Quiloa 
Lxyc milliaribus. A Bombafla autem ufque ad civitatem 
Melinda, quac illius provincial ^^goi fedes eft , funt ccl, 
milliaria ^ cujus rex femper habet bellum contra regem 
Bombailà: } fèd erat amicus nofler. Nam capîtaneus nof. 
^^f y q\M>^ nos impediti fëqui nequivimus , ad Melindam 
applicam cum quinque navibus^multum fuit honorifice ex- 
ceptus ab eis y congratulantibus quod regem BombafTaer 
vicimus , civitatem incendimus , &inimicorum fuorum vir- 
tutera énerva vimus , prxter quaiHam excelfas Bombaflac: 
domus teftudinatas , quibus ignis pracvalere non poterat. 
Vicefîma quarta die Augufti cœptum praccedentis diei 
iter profequentes^fuflinuimus periculum. Nam qua:dam 
navis iterum in noflram iilata, unam exnoflra^ anchorx 
alis fregit. Aquacum difficultatc divifi & eruti, tandem 
quarto die in magnum mare Mecha: civitatis pervenimus^ 
Melindam à latcre relinquentes. 

Vicefîma (èptima cœpimus magnum oceanum Mecha^ 
extenfîs carbaus navigare ufque inindiam. Diflat autem 
a Melinda lxx. milliaribus. Navigantes igitur per vaftum 
Mcchx mare , quod & Indicum dicitur , tandem ubiper. 

Aaij 



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y^nt ITER ÏKDICÛM 

pendicularitct folem & lunamSccirculuinacquiiiodîalera 
pcrmeavimus , cura quatuordecimnavibus pervenimus ad 
locum , ubi fixis ancnoris , in profpeâu habuimus ccrram 
Cananorum, quod eft principium India^ Se regnum opu- 
ientum y ubi pernoâavimus xii. die Sepcembris. Tcrtia 
décima die Seprembris retraâis anchoris, navigavimusin 
infulam Anfediffe didam ^ cujus portas eft fatis aptus ^ fed 
ipfa eft inhabitabilis. Intrantes tamen in interiora infu* 
Ix , pervenimus ad quamdam arcem y ubi quofdam non 
longe à litcore vidimus homines. Manfîmus autem ibi 
XXXI il. diebus, quoniam in India non ipvenitur melior 
porcus, quamifte, ubi naves pofiînthabererefugium.Eâ: 
autem in India xftastcmpore noftra: hyemis , tempore ve- 
, fo quo in hacinfula ftianfimus , feceruht carpentariinof. 
tri novam galeam & lembum. Ântequam autem ex ocea- 
noad hanc infulam pervenimus, fequebantur navemflui* 
tantes itinere trium dierum in magno numéro cancri ma« 
rini , & ferpentes. Non longe ab infula eft cflioddam op- 
pidum y cum arce fortifltma in monté , & regnum mon»' 
tuofum. Intérim quod manfimus hic quieti, venit qaa:« 
dam navis plena ^thiopibus cum magno impetu ad nos: 
quod videntes , quantocius cum Icmbts noftris occurri- 
mus eis, torquentes tcla & lapides contra eos Me ficre. 
pulfîs eis^obtinuimus campum , quem ilii juxta^ortum in- 
•vadere volebant. Rejecit etiam ventus tam fortiter eo- 
rum navem ad quemdam fcopulum , quod fîraâa periit. 
^thiopes vero fc equi eorum natantes eva&runt pericu« 
lum , fugientes in montem ubifetutosarbitrabantur,quia 
erat locus fub ditione régis £m##r. Diftat autem Enncor^ 
AnfediiTa x v. miliiaribus. i£thiopes vero & equos eorum 
dicebant judices terrx ad jus régis refediile , unde nullunv 
fpolium ab tis habere potuimus. 

Décima fexta tandem Oâobris die rurfus navigantes 
verfus £«»<#r,applicuimusillucin profefto S. Lucas. Tune 
capitaneusnofter, mifit quemdam provincialem terrx ad 
regem, utrequireret ab eo homines & equos pracdidos, 
Refpondit rex fe nefcire fadum hujufmodi , peirro fî veU 
lemus eiTe amici^exponeretneofffîcati noftrap cibaria çme». 



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ÔALTHASARÏS.SPrNGETl 575 

dâ & quac libcret. Sin autemparatus cflet cxcipere nos 
inpugna. Habebat cnimjuxta fc paratos ad pr«lium oc- 
tomillia hominum. 

Décima odava die , fcilicetin fefto S. Lucx , inaurora 
lîavigavimus cumxviii.lembis^ inquibus eranc non mi- 
nus quam odingentaexpediti ad praclium ad terra: illius 
littus y ubi vidimus innumerabilem populum albis cami- 
ùia veftitum & omnino incrmem, qui dîcebant fibi pla- 
cerc quicquid capitancus nofter vellet , ncc aliud oprare: 
fcd poftquamjuflu capitanciin eos jecimus jacula^omnes 
fugerunr. Poft parvam tamen mo^m rcdierunt cum in- 
numcra biliexercicu,gerentes pulcrafcutainlaterc ,ÔcfuL 
genres gladios in dextra. 'Habebant etiam plures naves , 
in quas & in aliquot eorum domus ignem grsccum jcci- 
mus, ipfos tamen in littoredeclinavimus, jaculadirigen- 
tes in exercitum eorum , quod illi parvipendebant . Re- 
lictis ergo illis , quibus impares eramus , eodem die S. Lu- 
cx navigavimus verfus regnum Cananêr. Vicefîmo autem 
fecundo die Odobris ^ illuc applicuimus , manentes ibi 
quatuor diebus , quia ibi in>^nimus multitudinem zinzi- 
beris , cinamomi , margaritarum , &aliorum pretiofdrum 
lapidum. Intérim venitamicus nofler rex Cananorzà ca« 
pitaneum noftrum , quem poft obitum fui fccit hercdem , 
& futurura regem terrac illius. 

Vigefima fcptima die , quac fuit Simonîs & Judac, itorum 
fol ventes claflem,navigavimus verfus regnum Gmischin. Vi. 
ceHma oâava die navigantes reliquimus à latere emporium 
deftruâum CaUcot , a quo fequenti die fequebantur nos 
multac (ambuccac , fie enim vocant in CnUcot fuas naves. 

Tricefima die venimus ad regnum Gntschim^ ubi jadis 
anchoris, quievimus unaleuca alittorefeparati^infecun* 
dumvdiem Novembris. Die fêcunda quatuor naves pi- 
pere cœpimus oncrare ^ qux dida: funt Raphaël , Leonart, 
Judaca , Conccptionis Marix, quarum très oneratx migra- 
vcrunt in redîtu verfus datanau Nos tamen cum noftra 
nave S. Leonardi manfimus aliquot diebus in Cmtschirn. In- 
térim defcendit rex ad capîtaneum noftrum, à quo diade- 
mate aureo coronatus eft , quod fibi rex Portugalix mifir. 



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J74 ITER INDICUM 

Viccfîma die Decembris , dilcedentes i Gutscbim 
navigavimus verfus Cananor^ quo perveniraus in rigî- 
lia nacivitatis Chrifti ^ ùbi cxoneravimus partim navim 
noftram ^ propter duas alias naves/cilicet Raphaël & Con- 
ceptionis , quac fufceperunc â nobis ducenta millia piperis 
talenra & fcxingenta , & oneratx difceflerant i nobis fe- 
cundadicjanuarii^ tendcntcs verfus Portugalliam. Nos 
autcm cum fola hoftra nave permanentes in CananoT^txo* 
neratam navem aliopipere in C<««^»#r replevimus^donec 
adhuc alia^dax naves ex Gntscbin ad nosredierunc. 
Vicefima prima diejanuarii cum tribus navibus tendimus^ 
verfûsPortugalliam navigantes dirtOtt iCafunêrvtxÇwsAn^ 
fediJfeJESk autem infraC^»^«#r&^«/^i(^regnum quoddam 
Catarkalla didum^cujusincolx erantinimicinoftri.Unde 
abhoc divertentes,)uxta y^«/?^//^ quoque tranfeuntes^ 
quinto die Februarii vaftum Mechac oceanum intravimus^ 
ubi iterum perpendicularitcr fub foie & luna navigavi- 
mus , fcilicet à quinto decimo die Februarii ufque ad oc- 
tavum Martii , & tune tandem vidimus infulam quamdam^ 
quar tamen à çontinenti diftabatcxL. milliaribus. Diflai;^ 
etiam alia quxdam infula S. Chriftpphori â priori xl. miL 
liaribus^ cujus terra in abundantia producit zinziber 6c 
abundat pecoribus & vidualibus. Hanc habuimus in pjof- 
peau undecimodie Martii , fed duobus diebus mannmus 
in mari , nequeuntes ad ejus littus perveniri. Terra eft fa- 
lis bona , fed difiîculter ad eam poteft pervcnire. At poft* 

3uam ventus carbafa implcvit, à loco ilfo drfcedentes ten- 
imus ad continentem ^ quac adhuc diflabat c. milliard 
bus. 

XIV. die Martii iterum vidimus terram quae diflabat à 
Monfebit fexaginta milliaribus , fedillam rclinqucntes xix. 
Martii pervenimus ad infulam M^nfebit^Cibi jadis ancho- 
ris ufque adxiv.diem Aprilis manfimus purgantes naves^ 
quas lignis & dulci aqua ibi oneravimus. xiv* autem die 
Aprilis inde difcendentes^in magnum oceanum navigavi^ 
mus verfus montem Céibe de bonne fferanxf yïà ^ Montem 
hotix fpei. Sed eo tempore quo venimus ad Monfebit^ una 
noftrarum naviumdlda Magdalena^periclitataeft^fundo 



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fiALTHASARIS SPINGER. 37J 

.& trenximpulfa, propterquamdiutius in porta A/#ii/^- 

èit manfimus ^ erucntcs ex ca fpecies , & fie cas à nocumen- 

tis redintegrances excra navem , tandem in lociim (uum 

abfque magno damno repcfuimus , ibique bene proyidimus 

navibus pro magna oceani via de carnibuspullorum^ca- 

prarum, & {.liorum viélualiam, quorum in Monfebit co- 

piam invenimus.Tendentes vcrfus C^^^,tempefl:atcm ctiam 

paflifumus. Decimo nono enim die Mail fuir magna corn- 

fnotio aeris Scfluduum , (îc quod cujufdam terrlbilis undx 

tnoles naviiiiifa^ omnes nos fere perdidit ^ frontem navis 

fregit, vélum majusrupic,à(îniflro quoque latere incli- 

naca navis fluâibus replebatur^unaedam caméra piperts 

frada non parvum damnum accepit^flcaue omnes inul- 

tima fere defperatione pofiti^clamavimus rorticer invocan- 

tes auxilium divinum&beatscVirgînis^quo fololiberati, 

in cancum laboravimus die ac no&e illa , aquam ex navi 

Erojicientes , quod prac nimia debilitate defîcienribus viri- 
us , refocillabant nos pane & vino ^ fîcque tandem navis 
nobijfcum pcrditaàmaximo periculo emergens^tempefta- 
tem evafit. Vicefimo igitur die Maii veio rcdintegrato ^ al- 
téra die ^fciiicet xxi. incipientes iterumnavigare in me* 
ridie, invenimus alias naves duas, quas prxcedens tem- 
peftas longius abegit à nobis. Simul igitur navigantes ver- 
fus montem Cabe cxxv. miiliaria habuimus ventum con- 
^ trarium , quod proccdere ncquivimus ; fèd habentes ibi 
vicinum ^quem portum , illic manfîmus ufque in ulti- 
mum diem Maii , ibique defecerunt nobis vinum & ali- 
menta , quod praster panem & aquam omnia erant con- 
fumta. Ibietiam duas anchoras amifimus. 

Ultima igitur die Maii navigavimus cum duabus navî- 
bus ver(us montem Cabe^ id eft bonx fpei. Nam capitaneus 
fupremus , amiffis duabus anchoris , à nobis feparatus, ne- 
cefTc habuit in oceanum cxcurrere , quo eumventusfere- 
,i>at, quempoftquam invenimus ,prarcepit nobis utfecum 
omnes rediremus ad A4Vii/^*i/. Tempeftas enim venti co- 
gebat nos rctrorfum^ quod în anteriora tendere nequivi- 
mus. 
Secundo die Junii , confilio habite , nitebamur redire ad 



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37^5 ITER INDICUM 

patriam , & non ad Monfebtt ^ fed fse viente iiimia aeris coni^ 
motione , prxcipit nobiskerum fuprcmus capiraneuSyfub 
intejminacione viras ^ & omnium bonorum noflrorum ne 
difccderemus ab co tendente ad Monfebit. Tune nauclc- 
rus nofteraka voce inclamabac : Miièricordia , rogandcr 
ut fe converteret ad reditum patrix , alioquin navis no^ 
tra nobifcum periret : quia in ea non habuimus panem ^ 
nifî ad très menfes ; fi autem ad Monfebit nos redire co- 
geret , famés nos perderet. Eo igitur die dif cedcntes à dua^ 
DUS havibus fociorum contra ventum navigantes tendis 
mus verfiis Cabf. 

Decimo die Junii venimus îterum ad portum , uSi duai^ 
anchoras amifîmus. Nam ab ea retrorfum per multa mi^ 
liaria coa&i eramus redire ad Monfebit. Ibi per noâem pao- 
fâvimus prootcr contrarium ventum. Scquenti autem die, 
undecïma icilicet^venimus ad alium portum ^ qui dickur 
Zabai de rock, xi 1 1. die intrantes navem ^ venimus ad 
portum j4lUff ^ ibique mukos pifces cepimus ubi ali« 
qiiot dies manfimushabentes^ ventum adverfum. InrenL 
mus autem ibi oves^&boves ^2c armenta pecorum muL 
ta ^ de quil)us vendebant nobis Mauri fufHcienter pro mo-- 
dico ferro y quod apud eos pretiofum eft. Incedunt ifti , 
ut antediximus^nudiy tantum utentes pellibus loco pal« 
liorum , ligantesverenda in tefta&c mirabilem k>qiielam 
habentes. Strident enim quando k>quuntur quafî fîftular^ , 
XXVI die Junii profperum habentes ventum , navij^avimus 
inde in infulam S. Blafii , à qua difcedentes die itequentf^ 
tendimus verfus Cabe i quo adhuc eramus lx» milliarû 
bus. 

Sexto dit Julii habentes inprofpeâu îpfum Cdbe ,tota. 
ÀÏQ ac noâe navigavimus contraria vento^quod longiu5 
ab eo nequivimus difccderej fed femper in oculis eum ha- 
buimus. Septimo tandem die relinquentes poft nos moit- 
tem bonxfpei, intravimus in magnum oceanum Gennea. 
Sunt autem Mcccc.milliariaàmonte C^^rperipfumo^ea^ 
num ufque ad civitatem & regnum Bifapih. Intantaau- 
tem navigatione tnuka pericula & tempeftates fâcpe ha^ 
buimus» Tempore quo inEuropameUor eft 2tfta& & dies 

longiore^ 



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^BALTHA^ARIS SPINGER. 377 

lôngiores , eft circa montem Cabé hyems , dies brèves , noc- 
tcs verolongx, quod expert! fuimus hoc tempore^ do* 
nec percurrentes per mulca cencenaria milliariorum Ocea- 
num^Gennea îrenim venimus ad locum ubi perpendicu- 
lariter fub foie & Itma nayigavimus, ficut ante in mari Me^ 
€he eciam fecimus^ 

XXI. die Julii vidimus in profpedu infulam S. Helenar 
didam , quac diftac i Cabe dcl. milliaria, kà ad ejus por. 
tum venire ncquivirous» Eam autem tranfeuntes cœpimus 
habere ventum mitiorem, afpicientesàlonge,quanidam 
aliam infulam Afcenfionis diâam. Continua autem navi« 
gatione intenti , tandefn xt. die Augufti vidimus novem 
infulas ^ quarum una dicebatur S. Jacobi ^ altéra de Mai 
&c, fub tertia îlla deFoco&c. In nia de Mai fi kprofus 
aliunde deferatur ^ infra biennium quo ibi manferit , aut 
curatur aut moritur. Jaftis igitur anchoris ante infulam 
S. Jacobi , providimus navi de aqua dulci, carnibus ,li- 
cnis & fruâibus, quiibiabundantercrefcunt, &nos prx 
tame his indignimus, Sunt ibi laiiiger;r arbores in abun- 
dantia. Sunt autem bac novem infuJx fubjcdar régi Por- 
tugalicc , diftantes ab Ulixbona d. milliaribus , quarunt 
aliqux funt bene provifat de habitatoribus ,*aliquxpene 
omnino defertac. Manfimus autem juxta infulam S. Jaco- 
bi ufque in xvr 11. diem Augufti ,invementesibi cjuamdam 
nzytm ^Karveil Teutonice,quac ex Gennea veniens tende- 
bat verfusPortugaliam. Oàavo die Septembris poftquamr 
àprîedidis infulis navigavimus LX.milliaribus^rejecitnos 
aaeafdem ventus contrarius, ibique déficient? pane , da- 
bantur cuilibet quotidie in vidum taiitum fex uneix panis^ 
Confilio igitur ex neceflîtatc habito , decimo tertio die 
iterum venimus ad infulam S. Jacobi , ubi comparavimus 
pro navi carnes , rifi , & milrum pro navi & aquam dudcem. 
XX. die iterum navigantes tendimus verlus Portugaliam^ 
& tune cœperunt plures ex noftris febricitare quartana. 
Primo enim Odobris die habuimus in navi n<)ft:ra xx. vi- 
rosargrotos, quorum Eres moriebantur. Navigavimus igi- 
tur ufque in xxi. diem Odobris, & tune appropinquare 
cccpimus fd infulam lUamadjeram , ubi xxii. die jadis 

»bb 



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57» ITERtNDiCUM BALTHASAMSSPINGER; 
anchoris manfîmus xn. diebus providçntçs navi de fino 
& pane , prout neciçATarlum crar. Tertio die Novembrii 
rurfus navigare ccepimus ufque in xii, diem iç cubc vidi« 
mus montem S. Vinccntii diftantera ab Ulixbona xxxv^ 
milliaribus , à quo difcedentes in direc^um xv* diç No* 
yçmbris tandem Ulixbon^ portun}iatraTin)u$^ 




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S79 



DESCRIPTIO 

APPARATUS BELLICI 

tie^s Frdncia Cérad intramis crviMtes Italie , Florent 
tiam ac deinde Komam y pro recu^ranJlo regno Si- 
ciliae p'ixe Neap^litAnQ^ 

DEfignatu? eftduxEMGîEWETiTs de Glivi« prxfee:-^ 
tus , & capiwneus genjeralis ac primarius omnium pe- 
^tum AlçBaaniîprum^videUcec d^cem millia Switenfîupnr^' 
^r in trifariam divifî iaos peculiares capîtaneos hab^nt^ 
quorum fex millia lanceislongis ^ ut Svviirenfïummosel^^ 
^uorunveft capitanicus Swiceofis cognomine5/«^rrei beL- 
llc« fciencifliraus^inftruiUfunt.. 
Duomillia Hellenbrorduscapiraneo quodam BàCkcn^- 
^ nonaine Schutfer. Reliqua vcro duo millia bombardis^ 
nunualibus^accapitaaea Henrico de Vvyfm ex ducatui 
Gelrenfi. 

Deinde habet xxiv: millia peditum defcrentium arcu^ 
manuaks exmilicibus Francigenis , qui Latrones & vuU 
gariter Arcigeri nuncupantur. 

Poftremo duodecim millia SagittarijorumexEricanm^ 
^ Bafconia , qui baliftis calibeis utuacur. 
Summa omnium peditum quadragintafcx millia.- 
Dux Aurelianenus dux&praçfedusprinurius omniimp 
equitum habet fub iê capicaneum fubftitucum dominum^ 
Robertum de Arrenborch , virum rei railitaris gnarum^, 
quemadmodiim Leodieiifes atceitantur,. Is enim pra^efl:: 
quatuor milUbus^ l^ancea wtein q^ia^libet continet equices> 
«ernov Bbbij; 



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38o APPARATUS BELLICTJS 

.Dcincîe eques quidam aureatus nomine Sefegge Aie- 
mannus praceft lanccis mille & quingencis, 

Jtem. Ludovicus de Z»^^^ Burgundus vir tantac ftrcnui. 
tatis, uc per cotam Franciamfîbifecundumhabere dica- 
turneminem, fub fe çontûnet lanceas mille. 

Dux Engelbercus de Clivis pro tuitione ,-& defenfione 
fuorum peditum habet équités mille , cetero:» équités de- 
dvicet ipfe dux Aurelianenfis impcrator gencralis. 

Summa omnium equitum lancearum quatuordecim 
millia, 

,,Pr2cterça iivftrudac funt infinitxclaflesïîvenaves,, <jiii. 
bus mari bellum gerendu^n eft^ ad quas inftruendas afTu- 
muntur loco rcmigum catenatorum, omnes illi qui per 
totam Franciam ultimo fupplicio deputantur , & quo ma» 
giscredatur, vidit horum omnium relator mille & qua.. 
dringeiKos ex civitacc Parifienfî deduci , qui omnes f ue. 
runt vel malefici , vel latrones , yel vagabundi , & cales 
quos mendicQs yalidos appellamus. Eodem ipfo die ^ quo 
liane fchedulamxionrcriberem ,rumor increbuit Bononiac 
ex his nayibuiS tôt circa arcem Oftienfem adrenifle , ut de- 
ccm millia militum xontinerent , ô^ id quidem ad rcpul- 
iionem exercitus papalis Ofliam obfîdentis. C^id autem 
canfa: fit quod cardinaHsad Viiicula Pétri <:larnfe in Fran- 
ciam receperic , ac eo animo ^ ut permulta illic moliatur in 
perniciem papa: & régis Neapolitani , qui mediante quo- 
dam in gratiam redierunt , & cardinalem ab omni fœdcr 
rejexpulerunc 

Comitabantur exercitum pracfcriptum papiliones , 6c 
tentoria tria millia , bombardx ferpentinx quingenta: , 
€fix plerumque tantce longitudinis fiuit , ut viginti qua- 
tuor pedes excédant :breviffima namque omnium pedes 
fuperat fcxdecim , extorquent globos fpr-r eos omnes libra- 
mm duodecim* Item bombardas quas Cortouvve appel- 
Umus^ducentorumque^plerumque funt pedum decem odo 
fie vigintiejiciunticidem elobosxxiv. & xxx. libràrum. 
• Poltremo habet machmas bclkcas quafdam tantac ion^ 
gitudims , utincrcdibiliter prima fronte videacur. Nam 



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CAROLl VlII. REGIS IN ITALIAM. 381 
. ad Cas provehendas opus funt equi lexaginta & hujuf* 
modi tam mirac molis funt , & ad minus numéro decem* 
Qui mihi fcribenti préfaça didavit, rede venit ex Fran, 
cia per Lugdunum ^ & illic omnia Te viditle aifîrmabac. 
Adjecic exercitum omncm^iginti odomillia ex Lugdu. 
no iter arii^ere Italiam verfus , fedadverfum quos nomi% 
nacim procédèrent ^ nondum fatis divulgatum fuit ^ aliis 
aliter conjedantibus. Et quod djxerim de equis fexagin- 
ta , ip(e non rrederem , nifî repetitis vicibus fie affir* 
maiTet. Nec parum credulitatis eciam mihi adjecitMau^ 
xitius Lu^dunenfis ^ quèm nofli ^ cum diceret fe Lugduni 
vldifTe machinas bellicas tantas magnitudinis , ut non ni- 
a fexaginta paribus boum pervehi potuerint. Experiemur 
forte noftro incommodo fingula. Bononienfes metuunc 
0ihil ^ emori malient quam exterum dominum, benevo * 
lis profligatis, admittere. Inftaurant quotidiemagis atque 
inagis muros& portas, bombardas fundunt, pulverescon^ 
liciunt 9 comparant etiam permulta alimenta qux ad rem 
bellicam acpnent. 

<!ofia litteratum refais francut fmhlicataimm FUnntiée , é* 
fête in omnibus civitatibus Italta ^ dmm exercitum ducerei 
centra regem NeMfelitanum df infefiifjhms Turces. 

Caholus Dei gratia Francorum rex univerfîsChrifti 
fîdelibus prasfentes litteras infpeduris , zelum catholica: li- 
^<lei & falutem in Domino fempiternam. 

Confiderantes attendus, 8c iatra noftrac mentis arca« 
ha (àspenumero revol ventes innumerabilia damna & in« 
commbda, cxdes ,& vorangias,ac nobilium civitatum âc 
fidelium populorum defolationes, & devaftationes , ac pla. 
ta alia horrendiffima facinora , quibus (purciffimi Turci 
^i^nguineiQ Chriftianuminfeflarunt^debaçchantes à quin* 
quagint» ^nnis&citra , ut àprifcis noftris profedo fide 
idignis didicimus , inhumanîflîme perpetrarunt. Cupien* 
tes more progenitorum noftrorum Francorum regum 
Chriftianiffimorund tantis fceleribus^qusipfi perfidi^Imir e^ 



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38t APPARATUS BELLICUS 

ligioni Chriftianx continue minancur pro viribus occur-r 
rere , ac eoram furibundam rabiem totis conatibus ^ <|pri- 
mcre , poftquam placuit Alciffimo in rcgno & dominiis 
noftris luam pacem ponere ^ ac ilU tranquillitcr potiri ^ 
propofuimus , pro repellendo Turcorum eorumdem furo- 
ft rabido , & recuperanda terra fanda , & aliis dominiis^ 
per eos Chridianis principibus & populis ablatîs , propri« 
perfonac , laboribus , facultatibufque non parcere : qui» 
immo dilediffima uxore & filio unico regnoque ampliflî- 
mo pacifico & opulentiflimo practçr voîuntatem princi- 
pum Ôcregni noftri procerum rclidis, ftatuinïus cumad- 
jutorio Dei , cujus caufam ampleâimur , ac fummi om- 
nium Chriftianorum pontificis & paftoris , necnon prin- 
cipum ac aliorum prxfîdio fideiium , hoc fanâiilimum opus» 
Èdeli devotione & magno animo aggredi . Quod quident 
ikndum propofitum divina credimus infpiratione noftra 
cordi infixum. Nec arbitretur quifquam , ut ad occupan- 
da quorumcumque principum vel populorum dominia aut 
civitates opus hoc tam licitum tamque laudabite aggredia- 
mur j fed,ut ipfe Deus inefïàbihs rerus ctftis efty hoc fo* 
lum ad ejos laudem & gloriam , fuxque fîdei & Chriftianacr 
religionis exaltationem & amplifîcationem ampledimur. 
Sperances in Chrifto Deo , à, quo omnia profeâio opéra; 
perfeâ:if)nem fufcipiunt , nos hoc fanâum deiîderium noi- 
trum adopratum efFedum perduûuros Sed quia regnum 
Sicilix, quod Neapolitanum appcllant^ fupcrius per ge- 
nitores noftros à manibus infidelium & aliorum Romande 
ecclefix & apoftolicîc. fedis hoftium ereptum , & idem ec- 
cledat refticutum fuit , & de quo ipfî progenitores noftri 
XXIV. invefticuras^videlicet xxii.àdiverfis Romanis pon- 
tificibus , ac duas alias â duobus alirs facris conciliis rece- 
perunt, & quod ad nos jure hxreditario pertinet , quamvis 
Pius papafecundus volens fuosex humili plèbe natos ad 
principarus faftigium extollere^ regnum ipfum nobis con- 
tra juftitiam abftulit, ôcilludquondam FfUDiNANçodc 
Aragonia conceflît,ad oppugnandum diâos perfîdiflîmos 
Turcos, prxcipue per portum Velana?5 & nonnullaaiia 



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CAROLI VIIL REGIS IN ITALIAM. 58} 
loca Dobis facile ingreifuin pra^bere poterie , illud Dco 
nuxiliante intendimus recuperare , ut nobis &c noftris fa« 
cilis mgreifus £c cgreflus ac totum pr^ddium eflepoflîc. 
Nec intendimus propterea alma^ urbi Romana^^prouc mo- 
dernus Alfonfus de Aragonia&fui pr^decefTores alius Al- 
fonfus & Ferdinandusma^natemeritace&rebellioneeam 
obfidendo fecerunt , aut aîiis terris Romanac ecclefîc-e pra:- 
judicium aliquod feu damnum inferre ; fed iliam & ec- 
clcfix fubditos , pro iliius apoftolicie fedis honore & rcve* 
rentia ab omni damno &c injuria pro pofTe noflro illa^fos 
(Coofervare , ac ipfîus ecciefîa^ (latum Se honorem , digni « 
tatemque more progenitorum diâorum noftrorum , quan- 
tum cura Deo poflumus , potius adaugere. Quia veropro 
dido regno recuperando , & noftro fando propofito exfe- 
^uendo^pro facilioriScbreviori via adUrbem prxdidam 
yeniendo , per nonnullas terras didsp ccclefi^ tranfîcus fît 
nobis faciendus ^ fjtnâiilîmum in Chrifto patrem & domi- 
jium Alexakdrum divinaprovidentiapapamfcxturn,fa^ 
crô.T fandum Kom^n^ ecclefîs coHegium , necnon quo- 
rumcumque civitatum^oppidorum , terrarum , & locorum 
ejufdena Romana^ eccleuap redores , gubernatores ^ potef- 
tates y officiales , cives , incolas & habitatores quofcumque 
in domino requirimus 8c hortamur & obteftamur , ut laL 
tem quemadmodum hoftibus noftris , & in hoc fando pro- 
pofito adverfantibus ^ favores & auxilia, quaç potuerunc 
prxftiteruBt jU pracftant 5 ita nobis & noftris liberum in- 
greflfum per civitates & oppida ^ terras & loca pra? dida , ut 
Yidualîa neceffarîa noftris fumtibus Scexpenfis exhibera 
^gnentur. Nifîenim nos în hoc falubcrrimo opère impe- 
divifTent , credimus jam urbem Neapolim Se magnam re^ 
(gni partem expugnaire^& in princtpio vçris proxime fu- 
i:uri , fines hoftium ingredi potuifle. Si vero ingreflus 8c 
regreâus ac liber tranfîtus èç vidualia nobis & noftris (oU 
vendo débita prçtia fuerint , quod non credimus , denega^ 
ta , nihilominus conabimur totis viribusmeatum invenire^ 
;& capere viduaJia neceflaria quibus poterimus mediis pro- 
iâdere, proceftaoccifolemniter nobis ad culjpam non de- 



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384 APPARATUS BELLICUS 

bere hnputari^ fed potius illisqui oerfida iniquiucedefi^ 
de ûoftra non rcâe fapientes , noftrum pium & fanâum 
propoficum volucf inc impedire j proteftando iniuper de 
injuriis&Dco&nobis faciendis, damnisquoque & inter. 
cfle pcr nos propterea jam incurfîs , &. fi qux in fucurum 
incurfuri fuerimus y quas proceftationés p^oièqmimur co* 
ram univerfali ccclefia ac principibas totius chriftianira* 
tis y quos convocare intendimus , pro hac £in&iiima ex* 
peditionc Deo duce féliciter adimplenda. In quorum om- 
nium fîdem &teftimottium prxfentes litteras neri , & per 
nocarium publicum infraft:riptum fubfcribi &: publicari> 
noftrique regalis iîgilli appenfione communîn fecimus. 
Dacum Florentin die xxii. menfiiNovembris anno Domi- 
ni M ccccxciv.&regni noftriduodecirao. 

INTROITUS REGIS IN UBLBEM. 



Acceffus é' intfêitms ferenijihni regh FrancoruminVrbemÊ^o*. 
mam fcriftns domina élmci de Borbonio. 

Faventc pfopitioque Deo* , die Mercurii pridfe calan- 
das Januarii anni Chrifti m cccc xciv Chriftianiflimus do- 
minus Bofter rex Francis bora fere quinta poft merrdiemv 
aère obdudo caIigine6ccenebris,propius urbemRomam ex* 
crcitum j^aro per reliquam kaiiara cradudum admovit,cum 
comicatumagûo , tara ijluftriuoa, quam nobilium virorum, 
necnonetiam milituro., bellantiiimque validorum maximal 
caterva , nihil taie tamque iîibitum verito fummo pon* 
tifice. Precedebant autcm quatuor «iilia arcua & balifta 
iâgictariorum , exquibus fopra mille veftiti erant tunicis 
argentatis, fîgna regias crucis in peâore adnotato, Sequei 
bantur fcx millia equitum ftrenuorum paratiffirai ipfi ad 
pugnam. Pofthosaiioagmine o6ko millia bcllatoru m mix. 
ti peditfbus équités inftruAiffimi adprxlium. Manevero 
poilquam bxc res ad fandiffimi domini noftri papsc pec. 
Ycnic audit um > actonitus re fiibita, ambaiTatorcs & legatos 

ire 



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CAROLI VIII. REGIS IN ITALIAM. 3^^ 

ire juflît ad dominum noftrum rcgem^ cardinales duos , qui 
in primis à rege peterentfalvum , ut vocanc , condudum , 
eommeatumquc liberum pro duce Calabrix,qui unius tan-* 
tum diei itincre aberat cum expedico equitacu & eo non 
cxiguo ab-Urbe -.quibus proficifcentibiis , non fatis confiftis 
fibi & fuis , fi qua incideret mora , fimul meruens, ne à noll 
tris^ qui jamdudum oram Campanix cum cxe'rcitu ingreflî 
crant , circumveniretur , aut oovios eos fîbi haberet , pof- 
tulavit liberum tantummodo fibi difceflum concedi , non 
expcftaturo ingrcflum régis noftriinUrbem. Quod adpe- 
ticionem fandiffimi dominrnoftri papaf rex libens permifln 
Quo fado , Fepetcnteque terras Campanasduce, pn-efatus- 
landiflîmus dominas nofter pienam per expreflRim concef- 
fit deditquc audoritatem revcrendîs patribus cardinalibus 
Alcanio-ôc s. Severini , de ceteris rébus cum rege noftro 
tradandi. At rex ^confultisproceribusfuis^, famdiunihil 
de conGordia&condicionibustradïindh cum pontifice^qui 
fcipridem adweriae partis , NeapolitanaB feilicet , fautorem 
gelferat , tradandum cenfuit, donecUrbemfalvifr omni*. 
bus fuis ingrefliis fiiiflèt ,nt tuncopportuniorfacultasdai 
retur alloquendî pontificis.Quod refponfum probantes car- 
dinales ipfi, una cum rege Urbem acceflèrunt^ ingreflufque: 
eft rcx per. {oc\xn\cviinomQn M^ontemaer.^ 

Zifter/e miffa fer nfjnn dkci deSêrbonh: 

Frater mi , examinatisper ordinem fingulis iregotiis nô£ 
tris, &vifis ftivoribuS',uibfidiis&auxiliis per pontificem^ 
adverfac noftf ^^arti prxftiris , necnon in nwiximum de. 
trimenrum,etiamprâcjudiciiim meûm peradis, coniultum? 
mihi videtur & utile , quatenus tran fi tum liberum in meum^ 
regreflum ôccommeatum meis & mihi faventrbus aflecura- 
ri faciam. Intellige paucis quid fentiam. Pra^terea, frater, , 
redditic funt nobis litterx veftric xv. menfis Decembris , , 
per quas certioratus fiim de fingvilis regni mei fueceifibtrs, ^ 
Quod autem infinuaftis eapitaneis deputatis in confinibus • 
&extremitatibus regni , quatenus fenon mavere , aut adi 

Ccc^ 



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386 * APPABLATUS BELLÎCUS ' 
alia loca transferre prxfumanc , percauce & confuItiiEm« 
adum fuit ^remque laudabilem y obis & obfequium non 
parviim mihi intulifti : quare velut optime merito de no- 
bis, fî quam rem poflUmpro veftrafraternitate ,non erit 
hâ^capud audoritatem meam vobis denegara, etiamper- 
fcverando , de quo non dubito , cafiis difFortunii non emer^ 
gentur in noftro regno. 

Similiter , frater mi , perfpicaciiEme adum fuit à no- 
bis y uno conglobando cumulo baliftarios liberos , ut 
(i opus effet ôc neceflîtas poftularet , in aliquibus finibus 
regni noftri ad reiîftendum oromti & habiles reperirentur. 

Item. Conflilte adum eft communicationem habuiffc 
cum marifcaico de jP^fWw^irr/^&eumrepentinoregreffu 
remifîffe ad partes Burgundiœ.Quod fi urgentibus hoftium 
incurfibus opprimeretur , patria fine tuitione & fuccurfu 
relinqueretur , abfente prxfedo noftro. Frater , omnibus 
negotiis noftris confideratis , non, dubito quin opus eft ma- 
gnis pccuniarum furamis , tam in viaticis , dictis fervandis^ 
quam in (înguUs aliis , qua: concernant rempublicam 6c 
utilitatem noftri regni. ScripH generaii Balhardo de Nor- 
mandia quatenus largamanu exburfet omnia quarper y os 
ordinata extiterint. 

Item. Veridica didici reiatione, qualiter officiatores & 
ballivi comitatus noftri d^yiUnçon magnam in prxjudi- 
cium meac audoritatis, & vioiationem noftnx legis comnû- 
fere protervitatcm , nec dubitent quin magnam meam 
incurrerint indignationem. Nihiiominus exploratis & in- 
formationibus claris de hac re habitis , fecundum quod 
iorefadum & crimen requirit , juftitiam miùiftrare non 
differatis. Scitis cnim horum exemplo , nid emendatum 
fit corredumque delidum , quod fimilia creari mala pof- 
fent. Idcirco rogo attente perfpiciatis , quatenus tali^ in 
regfto mco non habeant locum, 

Infuper ^ frater mi , fi qu.is fînt & oriantur novitates 
apud vos , rogo vos defupcr, me veftris inftruatis litteris , 
vice verfa autem de ftatu & fucceffibus noftris cfficiam yQ$ 
certiorem. Valeçe. ExUrbexii. menfisjanuarii. 



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/ CAROLl VIII. REGIS IN ITALIAM. 387 

jilia lit.era. 

Frater mi, reccpilittcrâsnoftriexcrcitusexiftentisjam- 
diu in regno Neapolitano. Sunc cnim duo comités inco- 
\x rcgûi mei Neapolitani , qui fe fubjeaioni & obedienrisc 
noftrac dederc. Obtinent autem pracfari comités multa 
fortalitia & loca bene munita , per quac pocerimus facilius 
iiôbis fubjugareadverfarios. Verifîmiliter fpm avifatus per 
jnonnullos nuncupantcs fe de Laquilla , qui etiam toto cor- 
dis defidcrio optant ditioninoftrx fefubjicere , nec anhe- 
lant in dies aliud , quam mitteretur per nos fufficiens nu- 
merus militum prxfidio , formidantes fcilicet fibi , quia 
fufpedi fuis metuunt per adverfarios noftros fe pofTeinva- 
di. Quare,faventeAltiffimo,.fpero in brevidehisacaiis 
noftrû profpcris fucceffibus ab alto pracdefWpatis veftrum 
la^tificari animum. Infignum. 

Carolus. Robertet. 

Snperfcriptio litterarum Fratri meo ducîdc Borbonio d* 

Seqntintur jcopia litterarum miffamm fer dncem BarbêiUi con^ 
juUtui dt* communitétti civitatis Parifienfis. 

Petrus de Borbonio amicis fuis S. D.Placuitregixma- 
jeftati Caroli noftrse vitac dudloris nos fuis litteris de fi- 
bi ab Alto fecundis conceffis fucceffibus folari. Quare non 
dubitavi vos de his cum magna cordis aviditate certio^ 
rari pofle. Volui vos non ignorare admemiflas novitates, 
quarum copias authenticasad vosdirigo. Valete. Raptim, 
Malinixxii, mcnfîs Januarii. 

Petrus. Robertet. 

Cccij 



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'il. 



3S8 APPARATUS BELLICUS ^ 

Qualiter rege inyrejjo nrhem Romam , Inonnnlli cardinales fau^ 
Ures pontificis venerunt ad re^em^ frovia concorcit ^oafta 
ferfictenda^ 

Elapfis duobus dicbus poft ingreffum rcgismUrbem^ 
'cardinalis de Valentia , comicantibus fe f luribus cardi- 
nalibus & epifcopis , venir ad confpedum régis pro con- 
cordia incer fanctiflimum dominum noflrum & regem ^ fî 
qux reperiri poflet^ pertradanda , & omnibus pcr anccdic- 
xumcardinalem in mulca facundia & urJ^anicace nonme* 
diocri prolacis ^ refpondit rex paci & concordia: amicus ^ 
quod le in omnibus atquicati fubjiccre velic. Sedtriafibi 
concedi poftulavit. 

Primum, quod pontifex fuo auxilio^ conniio,& favo- 
re profcquertf ur regem in f ubjugando (îbi re^num Neapou 
licanum. 

Secundum , fi concefla prima petirio foret , traderetur 
fibi prxfatus cardinalis Valentia^ in obfidem , & id qui* 
dcm ut pecitio majori potiretur virtute. 

Tertium rex petiit pofleffionem fortalicii cujufdam in 
Urbe, Caftrum S.Angeli nuncupatum. Ad quod dum fibi 
daretur facultas &occafio,intrare& exire, & eo ad libi- 
tum frui poflet. 

Item. PrcTcer pctita volait fiiper omnia fibi ad cuftodiam 
mancipari Turcum magnum , qui^ut fertur,toto cordis de- 
fiderio cupit baptizari. 

Cardinales prxdidi per regem petitarctulerunt.pon. 
tifici , ad qu« pontifex pro rcfponfo dixit fuas non eflein- 
tentionis , condcfcenderc minimal petitioni iftarum : alle- 
gans quod fi petitionibus régis , maxime autem de caflro 
S.Angeli confentiret , fi qui tumuitusôc motus in Urbe, fi^ 
ve per inimiciflîmum fui cardinalem S. Pétri ad vincula , fi- 
vequem alium, incaput&fortunas fieret , contra hujus- 
modi cafu emergentia , non haberet quo fe tuto recipcret. 
jHis condicionibus fenon petere communicationem cum 
;rege & focietatem j led permittere ei qux animo concepic 



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CAROLI VIII. REGIS IN ITALIAM. 389 
pcrficere , nihilominusrexcultorpotius concordia: quam 
rancoris , conceffit pontifici pro maturiori deliberatione 
fex dicrum fparium , incerea examinaret débite fin^ula &c. 
nihilominus , fîcut infra patebit , amice fç confœderavei e 
papa&rex, 

ITota fequens. 

//^Tw.Corruic magna pars mûri caftri S. Angelirquare Ro- 
mani muitum percerrici augurantur plagam fibi defuper 
deftinatam. 

Jtem. Miniftratrcxrigorifîffimam jufticiam ,nec quovis 
modo vult quod aliqua depr^edatio fiatinUrbe. Quare 
quidam prajpofitus nomine Turquera,ad fufpendium per- 
trahi jufficquinque de fatelitibus régis in campo Fior^^qui 
deprxdarunt quemdam Romànum, 

Cêpia concêrdîit (^ pacis inter fontifictm é* ngem Carolum 
Franciit Delphinum^cum cofiis liturammmiJarumdêmiM 
4lmci deSorbênh. 

Coopérante ad hoc Spiritu fanûo, amoris diflenfîonif. 
que inimico ^ qui induratos animos & opinlones malas pla- 
carc fua mifericordia dignatus eft. Hodic quac fuit xv. 
menfisjanuarii S . D.N. una cum Chriftianiflîmo rege Fraa- 
ciar, omnibus difïerentiis olim obortiscxtindis , reconci- 
liatus eft , pax^ unio , & concordia firmataeft. Undeomnù 
potenti Deo de fua clementia digne regratiari debemus. 

Ténor antem contêrdi^ fer orHculos difiinBus feqnUwt & efi 
talis. 

Et primo fandiflîmus dominus nofter & rex Chriftianit» 
fîmusFrancix una fe confœderavere amicitia , quatenus 
quamdiu fanâiHimus dominus nofter fuperftes hac invita 
cxtiterit, bonus pater , plus fautor domini noftri régis per- 
manebit , & in Angulis fîbi poffibilibus ,Taltem xquitati ia- 
jhacrcntibus , régi complaccbit : rcx autem vice verfa ca^ 



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390 APPARATUS BELLICUS 

rusfiliusfanaiwcisdomini noftripapic cric, & omnibus rc- 
bellizantibus fandas Romacac ecclefîae promifît fe toto co. 
namine , quantum ad reeiam fuam majeftatem pertinebit, 
violenter & fid^licer refiftere. Et fi qux pridem fuerint in- 
ter eos difcordiaî,remittuntur fingulx & abolirac cenfen- 
tur y tamquam numquam perpctrata: aut fufccptœ fuiflent. 
Jiem. Condefcendendo petitioni & fatis faciendo defi- 
dcrio Chriftianiflîmi régis ^fandiffimus dominus noftcr in 
primis juflît fecitque cardinalem Valenti« cum comitiva 
celeberrima' dodorum virorum ac etiam bellantium de. 
centiflîma caterva fequi regem , atquc ab illo nifi ipfo per . 
mittentc non difcedere, Quamobrem rex /ândiflîmo do- 
mino noftro ineentes retuîit grates , ac fpopondit antc 
didum cardinaJem humaniffimc fc tradaturum & habi- 
turum. 

Item. Confîgnabit & tradet pontifex de communi con- 
fenfu cardinalium Zihzimam tratrem perdiciffimiTurciin 
manus régis , quem non transférer ad alia loca , quam per 
didos cardinales extiterint deputata , etiam /îcuata in ter- 
ritorio ecclefix Romanac , videlicet in Terracina , aut in 
alio loco bene munito , ubi fecurius poterit cuftodiri. Et 
quidem fècum dticit Turcum Jboc confîiio , quod cum ejus 
animi fit , ut in Turcos, fî volet Deus, bellum peradurus 
fît , per bunc, qui plurimos habct in regno & imperio Tur- 
corum fautores, motus & feditiones, defediones Se con- 
cordias apudTurcos efficere poflît. Qu« res folet maxi^ 
mis regnis ruinac efle principium , fît quoque Italia tutior 
ab incurfu Turcorum , fi forte conduditiummilitemTur-. 
cum rex Neapolitanus adverfus regem Francix evocatu- 
rus fit , cum principem multis eorum cariilîmum^tamquam 
obfidem cum regeFrancia: videant. Etiam promictit rex 
antequam regnum fuum Franciac répétât , reftituerc Tur- 
cum praedidum ad manus & poteftatem ecclefiic Romande, 
fipetatur, ut fecundum tenorcm bullo? cditx per felicis 
i-ecordationis InnocentiumpapamVlII. cuftodi^ manci- 
petur. 

/icm. Promittic rex, quod caufantibus Turcorum 



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CAROLI VIII. REGIS IN ITALIAM. 391 

infultibus qiios Turcus fratcr praedidi Zinzimcc ccclc^ 
Cix moverc pofTcc , proptcr tradicionem fui fratris ad ma^ 
nus rcgis , totis viribus realicer & cum efFedu tuebitur cuin 
refîftentia,& defendet4)ontificem & terramecciefias; Ro- 
mana:. 

Item. Promittit rcx follicicis ftudiis infr^ fèx menfîum 
fpacium id in cfFedum deducere , îjuatenus cardinalis ma- 
gifter de Rhodis habebic ratum articulum pra^cedentem, 
facientem expreflam mcntionem de Turco jamdido. 
.Item. Pro majori fecuritate de Turco jamadmanus re- 
gis tradito habenda , obligabunt fe omnes in gcnerali 

{principes, comités, barones, milites & quicumque nobi- 
es informis caméras apoftoliae,cafu&eventu quo Tur- 
cus non reftitueretur in carceribus ecclefîac Romanac , aut 
eventuacciderec eum evadere , adfummam debici quin- 
gcntorum milliuni ducatorumde caméra perfolvendorum 
incamera apoftolica. 

Item, Occafîonecujufdam tributidefumma quadragin- 
ta millium ducatorum annue perfolvenda per Turcum tra^ 
tremZinzimx , intendit rex , quod fumma illa perfolva* 
tur pontifici , fîcut moris fuit , obligando fe in forma apof- 
tolica fidejuflbribus deputatis ad perfolvendamantcdi^^am 
fummam quadraginta millium ducatorunl. 

Item. Tradet fandiflîmus dominus nofter civitatcm dic- 
tam Civita T^efche , cum appendiciis , caftris , & fortalitiis 
pracdi(9:<e civîtatis ad manus domini régis , quam rex , du- 
rantibus illis ^ ad quac regalis fua celfitudo devenire inten- 
dit, occupabit , ac fuo pracfidio tenebit , fopitifque propo- 
fitis fuis reftituet fingula pontifici,& ecclefiac Romana^» In 
quorum teftimonium defuper confedac funt iittero: per 
manus régis fubfcriptx , & figillo fuo fecretiori fîeillatiç. 
Item. In ea civitate & locis pracfixis non minHlrabit rcx 
juftitiam feujurifdidionem, nec fî qui denarii occafîonc 
teloneorum veniant ,nonintromittct ferexde his, fed de- 
putati per pontificcm. 

Item Quod omnes mcrcatores vidualia déférentes & 
iînguli n^ercantiis jjicumbentes, cogentur neceflario ap- 



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591 APPARATUS BELLICUS 
- plicare ad portum prardiâx civitaris , & in éam acque alia< 
civitates ccclelîx domino régi conceflas vidualia défèrent, 
aliaque exercitui regio opporruna. Et fi qui veniantdere- 
gno Ncapolitano mercatores, habebunc petereà fandi^ 
hmo domino noftro falvum condudum ^ profpiciantque 
illi quatenus armaci non fîtit , nec prxjudicium inferamt 
Francis in his locis aufu tcmerario,iub pocna criminislx- 
^ majeftacis. Similiter fi quis procurée illic donnno régi 
inimicos aut rebelles iicceris aut verbisaliquibus. 

liem. Promittic fanâidimus dominus nofter quatenus 
liberum tranfitum , retranfitum dabit omnibus his qui m 
fubfidium prxfati régis advenerint nec inferenrur ipfis mo- 
leflix , in aliquo tamen cafu , quo forefadum non requi* 
rat corredionem. Ac mandabit toti terrae ecclcfix RonwLr 
nx fubjedac id obfervare. 

Item. Rege optante redire in urbem Romanam , & ibi 
refidere , aperientur fibi & fuis omnia loca , fortalitia^hofl 
pitia exiftentia m Urbe, excepto tamen caftro S. Angeli. 

Item. Promittit fanâiâimus dominus nofter mandare om-^ 
nibus fibi ôceccleficT fubjedis, quatenus fautorcs adha:ren« 
tefque prxfati régis humaniter & bénigne tradent & fo-^ 
Ycan-D. 

Item. Promittit rex quod omnia loca & fingula fortali- 
ria exiftentia & fituata in territorio ccclefiac aut dominio 
cardinalium occupata per reeem reftituentur inteerali- 
ter infra xi i. dieriïm fpatium iandiflîmo domino noftro & 
cardinalibus^exceptis regiconceffis, exceptis etiam illis 
jam occûpatis per adverfarios régis , fi qua^ recuperentur 
& expugnentur , exceptis etiam civitatibus & fortalitiis 
illorum non reconciliatorum cum rege , ac pracftantibus 
auxilium & favorem régi Alphowso. 

Item. Givitas Oftia: tradetur reverendiflîmo domino car- 
dinali. S, Pétri ad vincula , quam- ciyitatem rex etiam ob- 
tinebit, donec fuaimpleantur vota. 

liem Remittet fandiflîmos dominos noftros omnibus 
Lis quifavoribus &auxiliis profecuti funt regem, & loca 
ccckfix in fubjedione régi dedidere^ yideficet Digna:-, 

Prudent, 



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CÀROLI VIII. REGIS IN ITALIAM. jyj 
Pf udent , Monfilla ^ Ceronac , Balfonac, Viterbe & alia loca 
ttgix irtajeftaf i favcntia ^ nec inquictabit fandiffimus eos 
in aliquo , permancntibusetiam omnibus in fuis officiis& 
dignicatibus; 

Jtem. Obligabitur iànâiflîmus dominus nofter reftitucrc 
t>fflîiibus patribas cardintlibus foventibusparrem domini 
régis omnia loca, privilegia,libertatcs,dignitatcs& offi- 
cia , non intervcnientibus ccianv aliquibus^ exemcionibus* 
nec inquietationibus , rcnovabiturque aniicitia & diledio 
priftina , nec improperabit una pars altcri quicquam. Ta- 
ftien promittent etiani prardidi cardinales tamquam obe- 
drentras filii in omnibus xquitati confonis complacerc^fc 
obedire faûiffimo domino- noftro pra^fatd*. 
• Irem. Similitcr ïcmittet irrevocabrliter & indulgebit om- 
nibus forefaAis commiffis & perpccratrs contra iuam fane, 
titatem pcr rrobiîcs&batones àç:Colitmna^ Sakelles ^ />7^ 
telles , Hieronyme^ dtEfioteville , & aliis nobilibus commu^ 
nitaribiïs fanftrtatiftiac fubjeâis. Verifimiliter rex remit- 
tet omnibus qui fibi advcrfatifunt in aliquo , videircet do- 
minis de tJrfinrs , Jacobo Comitis, & airis dominis & cora- 
munibus popuJrs , nec umquanr rntendet eos de hrs in ali- 
quo jtioleftare , refervatîs tamen aliquibus controverfîis ÔC 
©bjedis per Jacobum C omitis dominis de Columna. 

Jfeni Petitîoni régis obtemperando , fandiffimus domi- 
nus nofter affenfum prccber , quatenus in opprdo & caftro: 
dcSexamfierQx^Tt]cdio caftellano per pontificem pra:dic- 
tum ibidem deputato ,cuftodiam alteri fîbi magisfavora- 
Lili committet ,. tamen ununi ex pradatis^cardinaltbus^auc 
cpifcopis ecclefia^ Romance. 

Item. Ad îegationem ad Marchiam Chonitanam fanûif- 
lïmus dominus nofter fubftituet unumdccoUegiocardina- 
lium , quem rex etiam de confenfu pontificis eliget. 

Jtitn. Similiter per didum regera deputabitur legatus ïxt 
leeatione patrimonii^ etiam per pontificem ratihabitione 
fubfequuta'. 

Jtem. Durante controveriia inter Alphon^um regem 8c * 
iregem Francorum . mittct rcx tamquam fautorem car^ 

Pdd 



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59+ APPARATUSBELLICUS 

dinâiem de Columna ad legationem Muricimanenfèm. 

Ittuf^. Qiiia pro nonnullis rixis & conditiombu^ & dif!, 
fcrciiiiis intcr pontificcm& prarfcduni Urbis habitis , iàuc 
tiflîmus doniinus indignatus graviter in praçfe^um ante. 
diclum extitic, c^uarcrçx tamquam fautoripfîuspia:fedi 
recepit eumdem in protcdionem fuam , voluirquc qiiate- 
nusper fandilîîmum antedidum aut ipfiusfautorwinom* 
cibus bonis mobilibus , poiTeflîonibus, ftatu,gradu, di- 
gnitate,ip{î pra:fedo fpedantibus ^ non fit qui prarfui-nfe- 
rit quicquam immutare aut innovare. Etfiqux adverfuj 
fanditatem domini noftriper prarfcdum antcdidum pcr- 
petrata fuerint , aut per parentes ipdus prarfe^fti , fandif- 
fiaius irrevocabilitcr remittit & indulger.Epiamfi fuerint 
nonnulli fautores didi prarfedi , tamecclçiîaftki , quam 
fxculares principes , communitates , aut quarcui^uceriam 
perfonac, cujulcumquc conditionis aut ftatus exciterint ^ 
qui etiam ftipendiarii ipfîus fuerint , aut fcrvitium in ali- 
quo impedierint , plenariam rcmiflîanem irrevocabilitcr 
ip fis papa conccdit. Quod fi fandiflîaio contravçnicnte fuis 
pollicitatiombus & remiffionibus^ipfos moleftare aut op* 
primerc y nifi faltem légitima occauone id poftulante , con- 
tingeret -, rex eos & fingulos in fuam protedionem & de- 
fenfioncm recipit. 

Item. Occafîonc quadraginramilliumducatorum ^ qux 
fandiifimus dominus nofter ab eodcm domino prxfedo Ur- 
bis petit , etiam certa alia bona ac captivos , rex infra qua- 
tuor menfium fpatium eamcootrovcrfiamdifcutcrchabc- 
bit y hacc etiam ôcfîngula modcrare, 

lum. Sandiffimus dominus nofter tenebitur in integrum 
reftituerc reverendifllmum c^rdinalem S. Pétri ad vincu^ 
ia, reflituendo eum ad legationem de j4vignon^ etiam ad 
omnia caftra , ci virâtes , loca , dominia , iibertates y privi ^ 
legia ) officia , & ad omnia & fingula jure fibi débita , con. 
ceila tamperfàndifllmum dominum noftrum modernum^ 
quam felicis recordationis prxdeceflbres fuos. Gaudebic- 
que fingulis oiim per eum pofleffis ^ ac de novo fibi con- 
cedencur&confirxnabantor, ac fi numquam per cumadi^ 



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CAROLI VIII. REGIS IN TTALIAM . 395 
^rfus fanéticatem fuam aliqua perpetrata extitiflTent. Et 
hxc promittit fandiffimus in vircute fvx fanditatis , id in 
«ternum fe irrevocabiliter obfcrvaturum. 

Jiem. SanâilTimus dominas nofter intercéder apud do- 
minos cardinales^ quatenus reverendiflîmus dominas car- 
dinalis Dugur/e integraliter gaudere poflît eis pri^ilegiis, 
fru6tibus cardinalatus , & libertatibus , ac fi perfoiialiter in 
Urbe refidcret. Procurabitque idem fandiffimus id in con- 
fiftorio fibi confirmari ^ confirmando etiam provifionem 
fibifadam epifcopatus MetQnfis&cBifanz^n. 

Jtem. Sandiflimus dommus nofter in integrum reftituet 
irevercndiffimum cardinalem Sabille ad legationem de Ca^ 
th^nbiVoiWtiQ gaudebitque illis ficuti antea gavifus fue- 

rat. 

///«!. Domini deColurana, Sabella , Vitelles , Ihero^ 
nymc , d'EftotevUle ^ & alii domini barones , comités , fau- 
tpres domini régis Francix in integrum reftituentur ad 
fingula bona mobilia&immobilia, & fi qua: irrogatx fue- 
rint ipfis injurix per abftraÛionem aliquorum officiorum 
in Urbe ^ ad iila ingreflum , ulla non intervenience contra- 
didione , habebunt^ & hoc fandiflîmus promittit cum com- 
plicibus &c. 

Jtem. Renuntiabit fandiflîmus dominus nofter cuidam 
adioni , qua cardinales inoleftare pofTet , videlicet de obli. 

fatione quadam per cos fada,de non abfentando fe ab Ur. 
e , nifi liccntia prias ab eodem fandiflîmo petita , etiam fi 
fandiflîmus dominus nofter transfcretfe adalia loca, eum 
fcqui quocumque iret , & fîngulis contentis in bulla per 
«)s firmata renuntiabit. Et poterunt libère prxdidi car. 
dinales ad quxcumque loca vel provincias fe transferre 
fine licentia pontificis , & rcmanere^ extra Urbem abf- 
que quod pontifex eos redire compellere poflèt ^ ipfis ia- 
vitis , & hoc promittit &c. 

Jtem. Rege redeunte,& completis his qucc animo con. 
cepit , rcftituetur fandiflSmo urbs Romana,clavesurbis, 
portx , pontes , aua: fandiflSmus regix majcftati fubje- 
ccrat. 

Dddij 



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39^ APPARATUS BBLLICUS 

Item, l^on gravabic rcx fanv^iflliVium in aliquo icc pe-. 
tcndo incraicum ac pofleflîonem caftri $• Angcii , nec fa* 
cier cunndem fanâbimmum per aliquem re(juiri, tiec inC 
taatias iîeri. 

Item. Rege redcuntc ^tamqnam fanélacecclefîacfu'bjcc.. 
tus & tutor , obedientiam fandillîmo domino noftro eXf 
hibebic, antcquam répétât Franciam^înrirtuiceconclu^ 
fionis omnium articulorum pr^cfcriptorum. 

/um. Promijctit rex in yim 6c virtutem fax regîx no^ 
bîlitatis , non oifendejre fanûiflîmum in aliquo , tam in fpi- 
ritualibus quam in tcmporalibus. Et û occafîone traâa* 
rus initi incer regem .& eumdcm fandidîmum ab aliquo 
gravetuf ,rex xoos viribus eum defendetjSc tueticur. Eç 
hxc promittit&c. 

Item. Conciudendo /àndifliraus dominus nofter cautio* 
nem fidçju0bj:iam d^bit fufficientem tara profux fandi^ 
tatjs periona , quam pro doininis cardinalibus 6c populo 
Romano ^ de npn offendèf e xegem in aiiquo. Et fi qui fiie- 
rint auxiliatores^ coippUccs & fautore* pra:(lafites favo* 
rero , aut auxiUum in peç^niis y armatis , & aliis fubrentio^ 
nibus , adrerfari^s re^s direde aut indirede, juftitiam tam« 
quam de perjuris & falfariis miniftrare non différât. At- 
tentâtes auten) i^miii^ ^ ftabit juri ^aerquitati , difcutiendo 
?\xx forcfada ppr fandif&mun» doinmum fie eumdem 6c 
hriftianiflîmunj regem. 

Finitur tradatus concardiac initus inter (andillimum noC 
trum papam Alexandrum V L & ChriftianiiRmum regeni 
Francix conclufus xr. menfîs Januarii anni m cccc xc^ 
in exaiucionjemChriitiana: Aofbrx fidci. Infignum 6cc. 

B^oyijLTsr* 



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CARÔLIVm. REGIS IN ITALIAM. 397 

JSiijJa celehrasa fer fûnti/icem in frafentia régis JFrancia vi- 
tefima frima menfis Januarii , (cripta duci Borbonio cum ce* 
remûniis ^fofUmnitate faj[iis in e/tj. 

'Dic'xxf. menfîs Januarfi ânnî Chrîfti m ccccxcv. înf- 
itanter pôftulante chriftianiflîmo regc Franciac , fanAiflî- 
jtius dôminus nofter papa ad fummura apicem cardiiia- 
latus crcavît, decoravit^ & publiée nuncupari fccit domi- 
jiuin de Mans {/e) quamobrem dominus de Mans maximam 

Î;ra,tiam débet domino noilro régi , fperoque brevi pil- 
eum ad eumdem dominuni de Mans papam cranimiiru- 
xum. Prarterea metuende domine^ quo in rébus huixianis 
doeque jucundius , necfalubrius audiri quicquam poflè reor 
,tradatu fœderîs & concordia^ , qui inter fanûiilîmum do- 
jninum noftrum & doxninum noftrum reeem cft initus ^ 
qua de re rtiaxima Deo agenda gracia eft ^ quod fcilicet 
tantus ignis , tantufque animorum motus & dîfcordia tan- 
ça moderatione fedatus^&unione deletuseft, ut ne luius 
quidçn) exambabus fedis tanto inter fe odio diilîdenti- 
busarmatusincrmîfve cedderit , vcrc potius divinum hoc 
reor quam humanum: UndeDeo&ctoticohorti fupercœ- 
lefti regratiandum non immerito videtur. 

Die lunas quac fuit xx. Januarii in confiftorio publier 
dominus nofter rex tamquam obediendix filius & fandx 
«cclefîx cultor debitam fandiifîmo domino noftro papac 
cxhibuit obedientiam , ofculando pedes fanditatis ejus ,' 
hoc quod nondum fadum fuerat,& poftea ad modicum 
. temporîs ^atium Joquebatur pontifici. 

pominus autem nofter rex ignarus idiomatis illius re- 
gîonis, accerfîri juflît fuum prasSdentem. Vir ïs eft fagax 
&pruden$ nomine iJ^^/w^y^. Hic Bafnaus domini noftri ré- 
gis pr^fideas ^ qux dominus rex referebat iibi Gallico 

l^) PUUppum ï Luxonburgo qrfrcopoiD Cenomanenfem , quem pet»' 

Etam quidam alTerunt armo 1497. purpura donacuxafoilTc j cum ca 
ennio decoratum doceac haec telatio. 



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t^S APP ARATUS BELLICUS 

idiomatc , latine interpretàbacur ponnfici , & pontifias 
verba invicem Gallice rcddidit régi : qui prsefidens muU 
tum profila induftriaac eloquentia laudatus fuit per po»- 
tifîcem. 

Deinde die Martis qnx fuit xxi. menfîs ejufdem c:Ie- 
bravit fummus pontifex miflani inpr«fentia domini noC 
tri régis, &pro firmiori conglutinatione amicitix accor* 
roboratione.virtuteconcordiccpertradatas, fecit papahas 
ceremonias fubfequentes , nec credo aligucm in humani* 
cxiftere , qui meininerit fe majorem folemnitatem vi- 
diilè. 

Primo fandiflîmus dominus nofter fccit fe portari in 
cathedra de palatio fuo ufque ad fummum altare ^ fîcuti 
confuetum eft. Hic fandiflîmus dominus nofter prxterfo- 
litam folemnitatem, mitratus erat mitra «ftimationem pre- 
tiumque habentetrecentorum milliumducatorum,utvuL 
go ferebatur. Acceffit altare cum comitiva centum&vi. 
ginti epifcoporum, qui antecedebant cum in al bis, déco- 
rati veftibus facerdotalibus cum mitris de albo ierico 
ficut moris eft, ôccappisinduti maximipretii. 

Sequebantur xx. cardinales etiam mitrati mitris albis 
de damafcoalbo, ficut moris eft. Cardinales epikopivef* 
titi cappis pretiofiflîmis, cardinales preft)ytcri vcftiti cafu- 
lis prcfbvteralibus, cardinales diaçoni fecundum cxigen- 
tiam y fubdiaconi fecundum quod fl:atus^ordo Se conditip» 
corum rcquirebat. 

Duo fcniores cardinales diaconi miniftrabant fandiffi- 
mo domino in i^iiffa. 

/rem. Licet bona unio firmata fnerat inter fânâiflîmum 
Dominum noftrum &aliquos de cœtu fecollegiocardina- 
Iium^inter quos controverfia grandis priftinis temporibus 
fuerat , noluerunt in perfona fua papali miflTse interefle. 
Quamobrem fandiflîmus dominus nofter noiuit quod in^^ 
dulgenti.x datac&remiflîones àpœna & à culpa fufFraga-' 
rentur ipfis in aliquo. 

Dominus de Fotx archîcamerarius régis dominî noftri 
ccimpelvi Ôcaqua fequebatur faudifilmum dominum no£» 



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CAROLI VIII. REGIS IN ITALIAM. 39? 
tfum ufque ad fummum.altare, qui poflquam iilo venic, 
porrexit aquam ad lavandum pontinci. 

Deinde veflibus allatis vediebatur fedens in catliedra^ 
alba cafula de aliisornamcntis ad di vina m yfteria pcragen- 
da requificis. Qux cafula iapidibus pretiods , adamantibus^ 
zaphyris ,margaricis, unionibus^ aliis variarum virtutum 
£c pretioforum lapidum gcncribus ornata erat. Qux cafula 
cum ccceris indumcaris & reiiqua fuppellcdili illioffîcio 
opportuna , cum veftitu diaconi & fubdiaconî, acftimabaa- 
tur vulgo ad quingenta millià ducatorum. 

Sandi/Iîmus dominus nofter in ordine debico ad divina 
myfteria celebranda pofîcus , acceflic ad fummùm altare. 
Legcbatur cmfiteor. Illocxplcto, afccndît cathedram à ter- 
ra clevatam ad quantitacem trium cubitorum , nec du- 
rantibus miiTarum folemniis ie de cathedra , nifi tcmpore 
elevationis corporis Domini^ amovit. 

Cantata fuere duo evangelia perdiaconum ^ unum la- 
tine.aiterum grxce. Cantatat fuerunt du« epiftoI« per fub- 
diacoDum^una grcece&alia latine. 

Miniilrabant pontifici in mifla domini àe Montfânfier & 
de Breffe , fcd non ad fînem. N^m dominus nofter rex • 
Chriftianiflîmus miniftravit poft fumtionem eucbariftiac , 
quam pontifex in quatuor divifît partes ^ quarum ipfemet 
unam Xumût ^ fecundam diacono tradidit , tertiam fub- 
diacono , quartam in fîgnum foederis régi domino noftro 
dédit, Etiam de fangiiine verifîmiliter quatuor fumferunt 
per ordinem prxfcriptum. Et illis folcmnitatibus finitis ^ 
rex accepta aqua ^ mperfudic fuper manus pontificis. 

Inthrono fuperiori in quo pontifex fedebat à dextris de 

Aniftris tantum ad quantitatem cubiti demiilîus ac humi- 

lius erant duac alix cathedra^ , in quibus in dextro iatere 

fedebat cardinalis Neapolitanus decanus collegii cardi- 

nalium , in (iniftro fedebat dominus nofter rex. Ad mo« 

dicum loci fpatium à dextris 6c (îniftris fedebant reliqui 

cardmales ÔC epifcopi^imufquifquefecundum quod gra* 

• dus requirebat^&dignicas fuapoftulabac. Ejpifcopiautetn 

pra&nominati fedebant Juxta pedes cardinaliumiin ordine 

& confeffu proprio^ 



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400 APPARATUS BELLICOS. 

lum. Mifla & ccremoniis iftis ka. iblcmAÎter p'eradSs^ 
fanâifTimus domiousnofter papa benediut cod |k)pulo exif- 
renci in miiTa, Nec dubitet quifiquara quin* in ifta foicm.- 
pirate fuerint plu(<^uam viginci millkt perfonar^im , in- 
tcrquas, ut arDitror^ vix mille cranc Romam^ maxima. 
pars exteri & Ejrancigenac. In itinerc per quod rex per- 
nicare debuerar ^ monftrabatur ferrum lancer Domini ^, 
per qood latus ejus apertum fuk^ôcexmtfànguis&aqira^ 
in ^cmiflîonx^^l peccacorum^ 

Etiara paulo poft papa & rege dcambulantibus demonf- 
trabatur faciès Veronka. Ibidem toto populo congregato' 
dédit fândiiTimu^ dominos aoftep remimonem omnium^ 
pcccatotum à po£;na&: à culpa. Et ut turba ibidem éxiftens' 
audire attentius ac melius intellieere poifët , publicaba- 
tur per très cardinales. Unus pubficabat in kalko ferma-- 
ne, alius latine , tertius Gallice ^ quodà memoria homi- 
nu m non rcperitur faâtunu Datura Romx apud fanûiim^ 
Petrum xfxr. menfis Januarii m cccc xc^. 

Quia hiftoriàn» totkis reibcllkx pei^ rcgem' Francorum* 
aux occafione repetendi regniSkilix , quod fcilicet cum* 
^ Neapolitano conjundum eft, & fehem-placuit perfcribe- 
re^nimc poftquam fùinmam ingrefliis ejus in urbem Ro-. 
mam expoiûimus , jam demura in Neapolim quomodcv 
pervenerit ^ brevi libet hoctempoi^cfermone proponere,, 
iecundum ea qux di verfis r.^mporibusex^ caftris at<jue exer- 
citu regio in patriam regnumque fuum prxfcripta funt. 

Accejks régis Franeàrum in Neapolim: 
Item. XX. Februarii fuit Cakolus rex Franciac ad triai 
milliaria apud Neapolim^ quo loco convenere nobiîes- 
Neapolitani , & quinque civkates qua:. funt in liga^natione 
Neapolitana , & inter alios principalismagifter dcGoas,, 
&deinde omnes captivi nobiJcs qulfuerunt ilKc font rc- 
laxati , & obvram régi profcûi funt ,.&prastereaunus xviii 
annorimi captus,& uxor^m Frcderki & Bolfridum nepou 
%cm papa: rccepit ad fe rex cura honore. 

Jtcm^ Rex Femandus habet captivusa iîlium principis 
Salerna^ Jfcm^ 



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CAROLI VIII. REGIS IN ITALIAM. 4ot 

Itew, Ne rex Franciic navigio trajiceret,incenditFer- 
nandus très nares. 

Jttm, Neapolimingreflî funt nomine régis Francis prxi 
fîdio , cornes de Af^^^^^/Trr ,8c Virgilius de Gie dominus de 
Cleri, qui habet cuftodiam portirs. 

7/^»i. Neapolitani hàbuerunt in manu caftellumdomi- 
cellce Fredericie nomine Cappon. 

Z/fOT.Erat conftitutum regem Eraneix ingreiTurum Nea. 
polim xxii.Februarii;& dominus Virgilius & cornes de" 
PiteUnt non potucrunt habere falvumconduclum à rege 
Francis., & abfuerunt à Neapoli xv. miHia pafTuum^éc 
fuerunt eoanimo machinati contra regem malum. 

Item. Caftellum novum obièfTum cft xx. Februarii à re- 
gc Francia: , in quo erat rex Fernandus , qui propere fugit;. 




Elc^' 



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TABLE 

DU VOYAGE LITTERAIRE. 



A^bc de Florinc ne porte ni 
mitre ni croix page 1x9 

Abdinghofmonafterecle Bénédic- 
tins à Patcrborne 140 

Abfalon religieux de fabt Maxi- 
min i8i 

Ada fille de P^pîn & fceur de 
Cîharlemagne enterrée à S. Ma- 
ximin Z84289 

AdacomtefCedeSotiTons 11 

S. Adalard bnde Corbie en Saxe 

Adalbergc ducheiTe de BenevcDC 

Adalberon I. evc(}ae de Liège 193 
Adalberon evêque de Mecs xij 

i88 
Adalbect premier dVcque 4e Mag^ 

debourg j.81 

Adam de Vierzi chevalier 1 1 

Adèle comteiTe de Champagne de 

de Drie/on epitaphe 6 

Adeodat fur les cantiques 197 
Adolfe evêaue de Liège 1 67 

Adrien I • donne à Charlemagne 
une coUeâion des canons 131 
Adrien de Habarci abbé d'Au- 

court ' 71 

S. Adulfe evêqued*Aras 66 71 
Aneas Silvius manufcrit 115 177 
S.Agathe abbaye deJBenediftines à 



Cologne 16^ 

Agathe très goofle 15^ 

Agenald abbe de Gorze 
Su AgilolÉî archevêque de Colo- 
gne & martyr 159 
Agnes comteiTe deNamur uj 
Agnes comteiTe de Brainereligieu* 

ledieFontenelle 16 

Son epitaphe 27 

Agnet coàitelTe de Dreux & de 

Brainc 33 

Agnes de Cayec ilame de Soyen- 

court 61 

Agonie de JefiMuChrift monaftere 

de Chanoines réguliers 197 

S. Agrice archevêque de Trêves , 

ion tombeau itf 

AixIaChtpelie 199 

Alard abbé de Marchienne 70 
S. Alban martyr » fes reliques 2^4 
S. Alberic religieux de Gladbach 

207 
Alberic abbé de Marchienne 6f 
Alberon archevêque de Treves275 
Albert comte rétablit Tabbaye du 

Mont S. Quentin 51 

Albert Ill.comte de Namur avoiié 

de Stavelo 1^5 

Albert gouverneur des Pays- bas 

212 
Albert d'Aix manufcrit souchanc 



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DUVOYAGE 

les guerres falntcs 105 

iflbcrt de Sibourg 151 

Alcuîn manufcric 90 

Alexandre IIL maltraité par les 
Romains après fa mort 8^ 

Ses lettres* 63 

Alexandre I. cvcquc de Lîegc 19 i 
AlfonfeDoreûnleux abbé dé Fa- 

vcmay 70 

Alfridus eveque de Munfter 3 fon 

epitaobe 136 

Alger (urlc faint Sacrement 197 
Almannus fçavant moine d*Hauc^ 

vîllîers' 4^ 

Altenberg abbaye de l'ordre de 

Cîteaux 260 

Altenruden zji 

Alvlfusevêque d'Aras, (on cpita- 

phc 94 

S* Amand evcque de Tx)ngtcs iio 

S". Amand abbaye de l'ordre de S. 

Bcnoift 59 

SL Ambroife , oraifon du canon de 

la mefTe qui lui eft attribuée 41 
Ambroife Camaldulc Ton oraifon 

prononcée au Concile de Bafle 

uS 

Anathcme contre les ufurpateurs 

des biens eccleiiaftiques 45 

Anchin abbaye de Tordre de faint 

Benoiflr 76 

Anculfc c /êque deSoiffons,fon epi- 

taphc 8 

S; Andréi fôn bras 207 

André evêqued'Arras 93 

André de Baudemont fondateur de 

Braine , religieux de Clairvaux 

2^ 
Angélique abbcffc de Port - royal 

180- 

Si Ahglin abbé de Stavek) 159 

Anne Marie Loiiife grande Du*» 

che^ de Tofcane , epou£e de 



LITTERAIRE. 

Telefteur Palatin 1 1^ 

S. Annon archevêque de Cologne 

259 
Annon abbé de Magdebourg& en- 
fuite evcque de Vormes 282 
S. Anfchaire archevêque deHam** 
bour| ^ 184 

AnfculteevêquedeSoiiTons 34. 3j 
S. Anfelme manufcrit ^o 

Anfelme abbé de faint Vincent de 
Laon premier evcque de Tour- 
nay 47 

Anfelme de Laon 4^^ 

AtitoinedeGcmiecour abbé de S. 
André Chiteau-Cambrcfi 70 
Antoine de Lalaing chambellan 
des ducs de Bourgogne 88 

Archambaud abbé de Toul 287 
Aredius religieux de S. Maximin 

282 
S. Arnoul evcque de Soldons 15 
Aroais abbaye de l'ordre de S. Au- 
guffln 5j^ 

Arras ville cpifcopalc 6t: 

S. Aubertcvêquede Cambray 67 " 

Aubert Mirée tronque le conti- 
nuateur de Sigebcrt 85/ 
S. Aubri abbé de Stavelo 159' 
S. A uguftin manufcrit n 
S. AiiguftindelaCitédcDien 21* 
Auguftins de Lièges 18^ 
Aulaïs de Dothenghien dame de 
L'ens 110/ 
Aumuifefurla refte 19 ^ . 
Avouez de Stavelo i^ itfl &c. 
S. Aurelicn archevêque d'Arles - 
fonde un monaftcro d'iîommcs à 
la prière de Childebcrt 2S6 ' 
Autels portatifs très- anciens 189- 
Autel portatif confacté p^r faine 

Grégoire pour les Anglois 2i|-t - 
Autel portatif fur lequel on difôkx 

Eeeij; 



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y 



,bbi 






oafng'^ '^ io8 

ç]nte B^àldc reine de France fon- 

^ditricc 8c rcligicufc de Ctjielle x 

pnjdoûin abbé d*Ipre ^3 

Pcâtdx d'Avefnc i6( 

J5<?aurepert abbaye de Premontrez 

Bedc, fa clironîque manufcrite 189 
Son hiftoirc ecclefiaftique d' Angle- 



'93 



terre 
Benediâins Angloii à Doëal 
Bencdidinesde Lièges 
Benediftion du S. Sacrement 

104. 137 
S. Bcnign^ religieux de faint Maxt- 

min lit 

Hiftolre de la tranflation de faint 

Beno)(l . ^gy 

Bcnoiû de Mailli dernier abbc re- 

gu lier de faint Gérard i z^ 

S. Beregife premier abbé de (aint 

Hubert . 131 

Percnger archevcqiie 188 

Çerengofus abbé de Moyenmoa- 

ticr xii 

S. Bernard 4(5 8 \. Il veut fonder 

une abbaye de fon ordre à Arras 

75. L'epîcre aux Charrreux du 

Mont-Dieu lui eft attribuée 90. 



^ / ^uuhf^f^i^ Sa coule. 40 
^ *^^y^r<r^uc de Paderborne ^ 

-//^ '^'"^Jif^ ^"^nditcuï d'Hardenhoufen iji 
'^'^'hM^'^ "^^^^"^ *^^ S' ^cn^ abbé de faint Maximia 
"^ ' ' 181 

BernaEd Vvefth prieur de Lief- 
|]K>rne écrit Tbiftoire destroubles 
c^ufez par Lutber Z37 

Bernard Arquer prêtre mort en o* 
deur de fainteté 49 

Bcrtilinde religieufc de Chellc j 
J^ertulfe abbp de faint Mathias de 
Trêves 1^0 

Bibles manufcrîtcs 14 j 199 

Bible de faint Hicrôme 134 

Bible donnée par Charles le Chau« 
veà faint Vvaft 6} 

Bible copiée par Thomas à Kern, 
pis Z6J 

Bible avec des concordances i^ 
Toute la Bible lAc en Teglife pen- 
dant Tannée 149 
6ibliothe<}ue de rdeéieur Palatio 

Bibliothèque de Bodeicen 147 

Bibliothèque des Chartreux de Co- 
logne 26^ 

Bibliothèque de monfieur le Baron 
de Cramer 177 

Bibliothèque de S. Laurent de Liè- 
ge iSi 

Bibliothèque de monteur de Lou- 
vrex 181 

Grand Bigard roonaftere de Bene* 
divines | |o 

Blanche fille du roy de Sicile com. 
teffedeFlan4re ^4 

Blanche de Coucy comrcflTe de 
Brainc ^^ ^^ 

Blidulfe religieux de faint Maxi* 

min & abbcdeMoyenmouftier>8i 

Bodcchen monaftere de chanoines 
^rcguliers ,^^ 



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DU VOYAGE 

"Bonpournic pain dcVvcftphaUci38 
Bourgfontaine Charrrculc 6 

Bourles anciennes des Chevaliers 

croifez pour la Terre- faintc 6i 
Brainc abbaye de P-rcmoncrcz 15 
Cure de Braz 148 

Bréviaire à J'ufagc des chanoines 

de Laon 4^ 

Brigiccains de Cologne i66 

Brindler abbaye de l'ordre de Cî- 
tdàux 24g 

S« Bruno peint au nafturel 1 8 3 
Bruno archevêque de Cologne léi 
1^4 
Brunvvillers abbaye de Tordre de 

S.Benoift 167 

Bruxelles 1 1 3 

Buchel bibliothécaire de Teledeur 

Palatin m 

Burgeric avoUé de Sta<relo 1^1 
Congrégation de Bur^fclde , fon 

commencement ^9i 

C 

CiEfarius abbé dePrum&cnfui- 
te religieux duVal S* Pierre 175 
Calice d or 133 

Calice de fal nt Eloy 4 

Calice de fainrLudger 234 

Calice defaint Thomas de Cantor- 
beric ^f 

Calice donné par faint LoUis aux 

Jacobins de Liège 181 

Cambron abbaye de Tordre deCÎ- 
teaux 105 

Canon At la metTe 40 

Canonspenttentiaux manufcritsiff 
Carmes de Liège ; i Z6 

Carmes de Vienne 127 

Cathédrale de Liège 185 

Catherine de Bourbon abbeffe de 

N.D. de Soi (Tons 10 

Catherine Marguerite 4e Fiefquc 

abbeiTç de N. D, de SoiiTons 20 



LITTERAIRE. 

Catholicon de Jacques de Gefne 

100 

Celeftîns d'Amiens, leurs manuf- 

critstranferezà S.Vvaftd'Arras 

«} 

Cérémonies de la mefle 20^ 

Cérémonies du Vcndredy faint 201 
Cerenwnics pour les mourans 104. 
Cérémonies particulière d' A nchin 

Cérémonies de Duffelthal 23» 
Cérémonies d*Hardenhoufen 252 
Cérémonies de faint Hubert 134 
Cérémonies^ S. Laurent de Lic^ 

gc * 1^2 

Cérémonies de Teglife de Liège 

183 191 
Cérémonies de Lîesborne 137 
Cérémonies de Marchienne Ijtf 
Cérémonies de S.Martin de Tour- 
. nay 104 

Cérémonies de faint Mathias [de 

Trêves (194 

Cérémonies de la mefTe à S. V vall 

éS 
S.Cefaîre exempte les religieufes de 

la jurifdiâion des evêques xo6 
Chalumeau pour la communion 

fous les deux efpeccs 61 

Sainte Chandelle d'Arras 74 

S. Chanoald evêque de Laon 47 
Chanoines réguliers d' Aix la Cbft* 

pellç . 212 

Chanoines réguliers de Cologne 

Chappedu pape Léon III. 201 
Chapitre gênerai tenu à Trêves à 
faintMaximin 150 

Charles de Severi abbc de Floref 

Charlemagnei99 100. fonfceptre 
23^.fes trois vies 2;. fpa oflSçe 
tous les mois . 202 



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T A 

Charles le Chauve 45 

Charles 1 V. empereur avoué de 
Stavelo 1^7x^8 

Charles de Valois roy de France , . 
fondateur de Bourg-fontaine 6 
Charles le Hardi duc de Bourgo» 
gne fait des prefens àTegllfe de, 
Liège 184 

Charles comte de T Alaing, fon epi- 
^ taphe 8^. 

Charles de Saluce 30 

Chartres de rem[>ereurLotkaireII. 
écrite en lettre d*or 1 j i 

Chartreuxxle.Cologne i€6 . 

Chartreufe de Liège .ft 181 

Chafuble de faint Bernard 201 
Chafuble de faint Lambert 1S4 
Chafûb^e de faint Melnvverc 140 
Chafuble defainr Thomas de Can- 
torberie 77^ 

Ghafuble donnée à.Anchin par S. 
LoUis ibid. 

Cbelles abbaye 1 

Chroniquesmanufcrite» 91 

Chronique de Henry de Hereferd 

Childcbert fondateur d'un œonaf- 
tête d'hommes à Arles 18& 

Gilice donné aux penitens le mer- 
credy des Cendres m 

Cimetière des Chrétiens à Reims 

38 

Cimetière des evéqi^es de Laon 47 - 

Claude Haccarc abbé de faint Sé- 
pulcre 71 

Èlaude Louvct abbé de Crefpin 

ibid. 

Clcmangîs manufcrit 13 

Clémence vicomteflc de Château- 
dun^ fonepitaphe 28- 

GJcment VIH. adrefTê un bref à 
Philippe IL roy d'Efpagne par 
l«]uel il lui accorde le chef de $. 



BLE 

Laurent confervé en l'abbaye dé 
Giadbachaij. Second bref du 
même pape addreflé à Tabbè 8c 
aux religieux de Gladbach 11 7 

S'. Clodulfe evéque de Mets i8 1 

Clotaire L fondateur de iaint Me* 
dard de SoiÛbns 13. fon tom-» 
beau I 4 

Clotaire H L roy de France^ fon 
tombeau & fon epitaphe y, 

S. Clotilde aflèmble une comtnu- 
nauté de Vierges à Chelles i 

Clôture des chanoines reguHers de 
Vindeshcim 117 aoi 

CoUeâion de canons par Balderic 
evéque de Liège 189^ 

CoUoflion de canons par Denys le 
périt iji^ 

Colledîon des ftatuts de l'ordre de- 
Gîeeaux 8} 

S. Colomban manufcrit 1 x^ 

Communion des malades fous les 
deux efpeces m. 

CoUeâion de conciles 43* ^3* 90.. 

Concile de Bade manufcrit 79. 113 

2jt. 2^7. 
ConcUe. de Calcédoine manufcrit 

2^7 
Colleâion d'Efpagne des conciles 

roannfcrite 13 

Concile de Latran fous Alexandre 

IIL 15 

Concile de Pi fe manufcrit 189 
S.Condctreligicux deFontcnellc 1 1 j 
<Sonfefl]on des péchez ancienne 138 
Cûnon chanoine régulier cardinal 

59 
Conrad abbé d' Abdinghoff 240 
Conrad abbé de faint Mathias de 

Tteves 282 

Confecration de Teuchariftie par 

les paroles de Jefus«Chrift 107 



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BUVOYAGE L 

'-Coéfccratlon &C ondion de la tcte 
des prcftres, & des mains des dia- 
cres en leur ordination 9 z 
•Conftancc fille de Loiiis le Gros , 
comteflcdc Touloufeio. Se reti- 
re à N. D. de Soiffons 13 

Confticutions des chanoines régu- 
liers de Nuremberg -201 

Corbieen Saxe 154. Ses coutumes 
manufcrites. zf6 

L'abbé de Corbie a droit de con* 
facrer les eglifes 257 

Cordeliers de^Lieges 194. 

-Coriolanus nonce du pape 111 

•Corneil-Munfter abbaye de Bene- 
diâins 103 

Coule de faint Bernard 40 

Couronne de Pépin 29 2 

Couteau de N &tre-Sdgneuc 2 8 ; 

Le Baron de Ciailier^ Ta bibliothè- 
que 177 

S. Crefpîn , festcliques 20 

S. Crefpin le Grand abbaye de Be- 
nedidtins à Soiflbns f 9 

S. Crefpin en Chayc abbaye de 
chanoines reguUers à Soiflbns 25 
D 

DAcmen chanoine de Cologne 
fondateur de Tabbaye deDuf- 
feldhal 224 

Dalheim monaftere de chanoines 
réguliers 25a 

David , vers à fa loiiange lyj 

Dédicace des egUfes x ^ i 

Dédicace de Teglife faint Maximin 
de Trêves 287 

Denys Ib petit ^ fa colleâion de ca- 
nons 231 
Diane de Dommartin 133 
Didier evcque de Teiouonnê toS 
Diligfaen abbaye dcPrtnaontrezdi 
Diptiques de Liège 1 $ 4 
Dodilon 4pvcque d'Arras ic àc 



ITTERAIRE. 

Cambray 71 no 

Doiiai ville de Flandres 7 5 

Drogon abbé defaintjeande Laon 

cardinal 47 

Dudon doyen de faintQucntin ma- 

nufcrit 83 

Durand evêque de Liège 190 

Du0eldhal abbaye de l'ordre de 
Cîteaux nouvellement fondée 224. 

Sa fondation 225^ 

DuiTeldorp ville capitale du Pala- 

tinat 222 

Eccehomô peint Tan mcxi 11 177 
Les écoliers religieux doivent reci- 
ter l'office divin en particulier 106 
Ecritoire lieu où l'on écrivoit les li« 

vrcs dans les mohafteres 158 

Egbert us fes fermons 252 

Eginard de la vie de Charlemagnc 

manufcrit 83. 205 

Egive reine de France 9 fon epita- 

phe 15 

Egilbert archevêque deTreves274 
Egilbert fondateur de Vafor Se de 

Taint Michel en Thierrache 1 3 1 
Eifterbach abbaye de Tordre de 

Glteaut. 169 

Eleâiondelabbé d'Inde avant U 

fepulturede fabbédeffunt 204 
Eleâion desBourgmeftre de Lie* 

gC IJ2 

Eleottor comteflfe de Vemundoh^ 

fou eptiaphe f 

EUzacar religieux de faint MaxI- 

mlxiy Se Chancelier de TEmpe- 

reur 28A 

Ello abbé de B rauviltiers 15^282 

S. Ebque abl>é de L agnl 1 3^ 

S. Ëloy , fon calice 8c fon chef 45 

Emioe^fa mefur^ 9^ 

Engelbert d*£ng^ien feigneur de 

Ramera 109 

Ei^ucranc de Coucy enterré i 



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TAB 

.Prcmonftrc 5a fonepitaphe 8 
Enjorrand de Ruis chanoine de 
Laon i<y 

Epine de la couronne de Nôtre- 
Seigneur iSlr 
Epicaphes du Mont faint Quentin 

Eptcrnie abbaye de 1 ordre de S. 

Benoift * 1^7 

Erard de la Mark evêque de Lie- 

ge, fon tombeau 1^4; 

Erciiinoald maire du Palais 5 1 
S. Ereroberc EK>incde Fontenelle 

& evêque de Touloufe 1 1 f 

Erenfrey comte avoiié de Stavelo 

Ui 
Ermenfinde corateflè de Luxera- 
bourg 1^4 
Ermenfcndc comtefle de Namur 

11J164 
S.Ermineveque&confefleur 110 
Ernefte religieux de faint Maximin 

xti 
Erreurs fur reuchariftle 1 1 j 

Ethcric première abbcfle de Nôtre- 
Dame de Soiflbns ao* 
S. Eftienne, fon bras i07Jrcrre ar- 

roféc de tan fang " 10a 

Eftienne evcquedeLiegeiio 14a 
Eftienne premier abbé de faintLau» 

rcnt 1^0 

Eftienne de Tbumay œanufcrit 

100 
Eftienne comte d&Bk>is ^i* 

S. Etton confeflcur \to 

Evangiles manufcrites 189- 1^7 
Evangiles enicctre d'or iS 274. 
Evangiles defaint Jeromecorrigez 

par le prêtre Eugipe 2^8 

L'Evangile chanté dans une. tribu- 
ne ioii 
S^ Eucharrccvcquc de Trêves 293 
L'Euchatiftie confervécdans un ar* 



LE 

moireborsderautel24). Boete* 
où elle étoit confervée 6y 

Euchariftie enfermée dans l'autel 
lorfau^bn fait la dédicace d'une 
egliie 151 

E^eracle evcque de t iege 1 10 
Everhelmeabbé d'Haut-mont 15^ 
Eugène I IL pape confacre leglife 
de faint MatÛas de Trêves i^f 
Eufebe de Cefarée evêque 1 20 
Eufebe manufcrit 259 

S. Eufebie , fes reliques 9 5 

Euttope hiftoire romaine 285 
Evvicn monaftere de chanoines ré- 
guliers 259 
Exemption des religieufes de fainte 
Cefaire de la jurifdiâion deséve* 
ques 18^ 
Extréme-onâtion donnée par plu- 
sieurs prêtres 121. & plufieurs* 
jours de fuite 121 
Exzon Erenfroi comte Palatin 267 

2^8 

Fabius PlanciaJes Fulgentius ma* 
nufcrit 9 2 

Farabert evcques de Tongres 120 
S. Faron abbaye à M eaux 5 

Faftrede abbé de Cambron & en- 
fuite de Clairvaux & de Cîteaux, 
h, croce 108 

S. Félix maityr d^Aquilé 242 

Ferdinand de Furftembcrg fçavant. 
evêque de Patfaerborne 239 

Pcftes y on n'en faifok pas autrefois 
pendant le Carême 291 

S FibiceabbédefaintMaximin Se. 
enfuite archevêque de Trêves 

i8l 
Fiefquc maifon illuftre 20 

Flodoard hiftoire de Reims 4^ 
Floref abbaye de Tordre des Pr- 
montrez ' 122. 

S. Jloribert evêque de Tongres 1 59 

Folmar 



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DU VOYAGE 

rolmarabté 163 

Fondation de l'abbaye Hc Duflcl- 
rhal 125 

Forannanus abbé de Vafoc 1 31 
Fortunat manufcrits 43 

Eoiicher evcque dcNoyoti 15. Il 

détruit toutes i|cs abbayes qu'il 

peut 105 

Franco a:bbé'd*H'afnon jrj 

Franco de corp9rexir fdnguine D$* 

mini 198 

S. François de Sales, deux de fes let- 
tre s xySSfeq. 
S.François Xavier /a chafuWc 24^ 
François Boucautabbé defaint-S^- 
gulcre , 71 
François de Bar fçavant prieur 

d'Anchin 78 

Frinçois comte de tahing' . 8^. 
Frnnçoife de Brczç comtclft' de 
Braioe , Ton eprtaphc ji 

Fraftnarus evêque deNoyofi 7I 
Fve Jc^Airc manufcrit 1 88 

S. Frédéric cvequc de Liège 18 j 
Frîderic abbédcfaint rtubcrti87 
Ftideric abbé de Stâvcb 16c 

Fiideric comte avoiié de Scavelô 

FridcTÎc II. comte avoiié de Stuvc- 

lo ' i6i 

Fulmareabbé de Vvirzçbourg 159 

Furftemberg, cvêquesdcPadher- 

bornes de cette miifon 239 

6 

GAutidMi'Hardecour abbé du 
Moncfaînt Quentin- * 5I 
Gautier abbé de laint Martin de 
Laon cvcqne de cette ville 48 
Gembloux abbaye de l'ordre de' S. 
Benoift" 1^7 

S. Gencft archevêque de Lyon au- 
mônier de faittc Batildc, fe^. rcli- 



LITTERAIRE. 

Geofroy evcque de Cbîlons 15 

Gcbfroy fécond evcque de Mun{- 

ter, fonepitaphe 235 

Geofroy abbc defaint Mcdarddc 

Soiffbns, & enfuite evcque de 

Châlons 39 

Geofroy marquis de Lombardic 

avoiié de Sravclo i^i 

S. Gérard abBayede Tordre de S. 

Benoift nJ 

Gérard evcque de Soi (Tons 8 

Gérard comte , , 1^5 

Gérard frère du CQmte de Loz; i ji 
Gérard de Mbrbais cKâtellaia de 

Btuxelle . " r • n^ 

Cerbcrge dame ti es noble 161 
Gerden abbaye de Bçnedidincs 

S, Geteon naartyr de Cologne , fes 
reliques à Floref 1 2.7 • 

Gilbert de la-Porée, fes dlfciplcs ^ 
S. Gilles abbaye de chanoines rcgu- 
IfersàLiegi? i^j. 

Gilles de M uits abbé defaint Mar- 
tin de Tournay 105 
Gilles abbé deStavelo 166' 
Xîîires abbc de Vauclak 40 
GillesÇharliers doyen dcCambray ' 

107 

Gilles de Soyencourt- 6y 

Gilles de Valcour fondateur d'Oi- ' 

gnies " 119* 

. Gîlon cardinal auteur des pocfi<«- 

fur les guerres de la Terre- faintc 

Gïral de Parme chanoine de Soi(>^ 
fons* ii.i 

Glfclair evêque deMerfebourg 28^ - 
Gifelefœur de Charlemagpercji-- 
geufe de Chelle ) ' 

Gifelle abbefle de Notre -Damede- 
' Sbiffons zQ • 

Giflébert comte 1 €t^ 



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TAB 

Gladbach monafteredeBencdiâins 

Gobcrt de Monc-Chalon 4 1 

Se Gobin manufadure déglaces fo 
Godcfroy abbc d'Eptcrnac , fon 
cpitapkc 300 

<îodcfroy abbé du Mpnt $• Quen- 
tin, fon cpitaphe 51 
Godcfroy Lçmcns abbc d'Ulier- 
bcrc 70 
<îodefroy comte de Namur enterré 
à Florcf I xj. où 11 s*étoit fait frcrc 
convers • 114 
iGôdefroy auteur du Hvre de laVlo- 
Icrte ^4 
S. Goduinabbédc Stavelo 155 159 
S. Gofvvin abbé d* Anchin 74 
<?ozilon avoué de S. Martin de 
Mets 161 
Cozilon comte avcÂié de Stavelo 

Ui 

(Graffcfaat abbaye de l'ordre de S. 

Bertoitt xst 

S . G regoire manufcrit 1 1 

Grégoire de Tours manuCcrit 154 

188 299 

Grégoire Vidamc de Plaifance r^ 

ligieux de Long- pont 9 

Griraberg abbaye de Premontrei 

11& 

guerre entre Philippe roy de Frao- 

ce, & les comtes de Flandres , de 

Champagne & de Blois 6t 

,Gai abbé de Marchienne 70 

Gui de Mcieni lo 

Xîuiburgc , fon épitaphe .j 8 

Guillaume de Flandria evêque de 

Cambrajr 84 

Guillaume Caulier abbc de faint 

Gérard Se de Lobbcs 70 

Guillaume de Mandrefcbeit abbé 

de Stavelo & de Prum iji 

Guillaume abbé de faint Thicrri j^ 



LE 

Guillaume de Dampierre H 

Guillaume de Grandie if 

Guillaume dcTAlaing 8j 

Cuillcmctte de Sarebcuche conw 

tedc de B raine » fon ^itaphe 3 ( 
Guilliman prieur des chanoines re« 

gulicrs de Rouge -cloîttc 1 1 4 
Gumbett abbéd'Abdinghoff 141 
Gundilac abbé de Moyeo-moutier 

281 
S^ Gundulfè evéque 

H 



120 



HAblc ancien des religieux de 
S^Vvaft <4 

^airooofur lesepîtres de S. Paul 

ni 

Hardenhoufen abbaye de Tordre 

deCîteaux x$i 

tiarty vie abbé de Tegem itS 1 

Hafnon abbaye de Tordre de Saine 

Bcnoift 57 

Haymeri abbé d' Anchin 70 

Hcgilvidc mcre de Timpcratricc 

J udith abbeife de Cfaelles ) 

Henry archevêque de Cologne 

1^4 

Henri archevftqvede Reims 54 ^} 

Henri de CuicK evéque de Rure- 

monde 212 

Henri d'Argongcs abbé du Monc 

faint Quentia, fon épitaphe 58 

Henri abbé de faint Q^ntin de 

Beauvais . 95 

jHlenri dp Bolan abbé de Staveb 

j46 U7 
Henry de Guddreabbé de Suvelo 

i€i 

Henri abbc de Vauclair 4^ 

Henri de Py t chanoine de S, Paul 

de Liège & enfuite Chartreux , 

écrie & Tabftinçncede U ^rian- 



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DU VOYAGE 

de . ^1 

S. Henri empereur M} 

Henri comte de Luxembourg j & 
enfuiie empereur 1 6^ 

Henri roy de France 1 6% 

Henri duc de Bavière & comte de 
Luxembourg 1^2 

Henry comte 161 

Henri comte avotié de S.Maximin 
de Trêves \6% 

Henri comte de Namur enterré à 
Florcf xxj 

Henri fils d'Albert comte de Na- 
mur avoiié de Stavelo i^a 1^5 
Henri l'Aveugle comte de Namur 

Henri le Grand furnommè leBiond 
avoiié de Scaveio i6y 

Hentile Jufte comte de Luxem- 
bourg r^^ 

Henri de Hcrefort auteur d'une 
chronique 151- 

S. Hcriberc archevêque de Colo- 
gne ^ fa chafubk ^ fa croce & fa- 
chafle 13^5 

Heribert abbé de faint Arnoul de 
Jidets 2«7' 

Heribert abbé de fiint "Vincent de 
Mets ito 

Heiibrandibbé de (aint Guilhen 

Heriger abbé d'Utrech 159/ 

Heriman abbé de faint Sàntaleon 

de Cologne 2^4, 

Herivotd' abbaye déBenediâines 

Hemtnevéque de Munfter fon- 
dateur de Marienfeld t3.8 
JfavldeabbdTexfaNi. H.àt Solf- 
ions . ir 
S•Hidulfeaxchev)^^ejde Xreve^ 

281 
Hildebatvdeia vie dcMabomet ^i 



OrtERAIRE. 

S. Hildegrin cvêque d'Halbctftai- 
de écrit les homélies de faint Gre- 
goif e , fon epitaphe 1 5A 

Himcrode abbaye de Tordre de 
CîteaUx ir}6 

Hifteirc dumonaftere deS. Lau- 
rent de Liège 188 

Hiftoire des troubles caufcz par 
Luther 157 

Hiftoriens des guerres de la terre- 
Sainte 9^1 

Honoré cardinal 1 47' 

Honoré l'Ermite fur Tes cantiques 

Hoftte miracule^fe à Braitie ji^ fon 
hiftoire \y 

Hofties^ ieur^fbrme fie leur gran- 
deur 5j . 

Huars Soibers chaftfclain de Vi- 



viers 



10 



S". Hubert eyéque de Li^ \%^ 

S; Hubert abbaye dans les Arden- 

nés iî7^ 

Hugues ev^ue de Liège 1^4- 

Hugues de Pierre- Pont evêquc de 

Liège 1S4/ 

Hugues abbé de-Marchlenne ^ (a 

vte 9f 

Huguesabbé deStarela x^^ 

Hugues de S . ViiStor, fon epitaphe 

Hugues Comte de R<9tici 8c de 
Braine ^ 2^ jo' 

Hugues feigncurde la Houflaye ^t ^ 

Hugues de Longeval enterré au- 
Mont faint Q^entiA jt^ * 

Hugues de Clery fie de I^rioiont 

Humbert abbé d'Eptemac \^^ 

Humbert reUgieia dé fatef^axips 
inii0' 2ti> 

3ii\ 



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T A 



ÎAcobinsdeLicge 181 

J acqucs de V irri chanoine rcgu- 
lier d'Oignics 117. cardinal & 
cvccjuc d'Acon 119. fa difcipline, 
fon pontifical Ôclacroflcuj. Tes 
geftcs 1 1 5 

Jjcqucs de Eltz archevêque de 
Trêves obtient j'abbaye de Prum 

Jacques Coëne abbé dcMarcbien- 
ne -95 

Jacques Marquais abbé de S.Mar- 
tin de Tournay 70 

Jacques de G uife abbé de S. Vin- 
cent de Laon , Ton Mémorial hif- 
,toriquc ^48 

Jacques de Lalaing^ecedé au fie- 
,gc de Vautpoueque %9 

Jacques Baftar de Vendôme , (on 
epitaphe 8 

S. Jacques abbayedc Liège 29^ 

S. Jean-B iptifte , fon doigt i ly 

S. Jean de, Laon, abbaye 47 

S. Jean des :V ignçs abbaye 4c cha- 
noines réguliers 14 

5. Jean ôc iaint4^aul martyrs , leur 
chef 1^1 

Jean Sarafin abbé de S. Vvaaft 9c 
archevêque deCambray ê€ 

Jean de Baden archevêque de Trê- 
ves obrienèrabbaye-dc Prum 171 

Jean Le Fevreevcquede Chartres 

Jeande-RoucievcqucdeLapn is 
Jean d'Enghcin évoque dc^^Lieg< 

Je^ai de Flandria evêqoc de Lisgd 

- 84 

Jean de 5ufat tréi laint abbé d'Ab- 

4ipghoff .^44 



B L E^ 

Jean d'Enghiclen abbé d'Auden- 
bourg 7^ 

Jean Fay t abbé de faint Bavon ioq 
Jean le Clerc abbé do Blangi 70 
Jean de Cardrel abbé de Gcm- 
bloux 7^ 

Jean de Nollet abbé de faint Gilles 

195 

Jean abbé de Huncourt 70 

Jean Fachin abbé de S. Jean de 

Terouennc 7® 

Jean de Villicrs abbé de i. Lucien 

70 

Jean difciple de faint Poppon ab 
bé de Limboutg & de faint Ma- 
ximînde Trêves 159 

Jean Bertels abbc de Munfter )Oi 

Jean III abbé du Mont S. Quen- 
tin 54 

Jeand'Eftrez abbé du Mont faint 
Quentin 57 

Jean d'Hardencour abbé du Mont 
faint Quentin 55 

Jean Henon abbé du Mont faint 
Quentin 5^ 

Jean d'Incbi abbé du Mont faint 
Quentin 54 

Jean de Villicrs abbé do S. Quen- 
tin 5z 

Jean VvarluEel abbc du Mont S. 
Quentin 71 

Jean Thrithcmc ^8 

Jean de Nivel doyen de Liège 119 

Jean Ghencius chanoine régulier 
de Rouge.cloitre fait un recueil 
de vies des Saints 115 

Jean de Mont - mire! religieux de 
Long- Pont « 

S. Jean reiigicuxVle faint Maximin 

181 

JeanCalcar Chartreux i6y 

Jean Rode Chartreux abbc de S. 
, Mathias de TicVjcs donne x:om« 



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Dû [VOYAGE 

incnccment à la congrégation de 

*Bursfeldc Z9J 

Jean Nydcr frerc Prc fcheiir 1 16 

Jean de Tombac frète Prefcheur 

ii6 
JeanBelctdifcîple de Gilbert de 
laTorrce o$ 

Jean roy de Bohême, comte de Lu- 
xembourg , avoiié de Stavelo 1 67 
Jean roy d'Hongrie enterre dans 
TabbayedeMunder }0i 

Jean iGuillaume eleâ:cur Palatin, 
fonde l'abbaye de DulTelthal 21 y 
Jean de Dreux ij 

Jean comte dcRoucy Sc de Draine, 
fon epitaphe jo 

Jean de Fa véroles 10 

Jean de Lens enterré à Cambron 

110 
Jean de Lion cfcuier 1 1 

Jean de Malifort 11 

J ean de Soyencour €1 

Jeanne de Crequi dame deLalaing 

i9 

Jeanne de Rubemprc 5 

S. Jérôme «(^nufcrît 11 198. fur 

Jeremiei88 xy 8. fes lettres ma. 

nufcritcs 14 

Jérôme de Moncheaux- abbé de 

Grardmon 71 

Jcfuites de Liège ^ 18^ 

Imadus evcquede Padcrborne 139 
Imitation de Jefus-Chtlft 257 160 

166 
Impreffion quand elle a commencé 

Inde nionaftere de Tordre de faint 
Benoiftprès.d'Aix la Chapelle 

Ingobrand abbé de Lobbes 70 

logran evcque de Laon 1 j 

Saint Jonas premier abbé de Mar* 

chienne 94 



LITTERAIRE. 

Hiftoiredcjofeph manafcritc ^j 

Jofeph Colonne abbc de Blangy 

70 

Joflin evequc de Soiflbn , fon cj i- 

, taphe 7 

Jourdain Fantalma difciplc de G *I.' 

bert la Portée 9^ 

"S. Irenée manufcrit " x6o 

Irminful idole des Saxons 248. fa 

figure 24^ 

Ifracl religieux de faint Maximin , 

& enfuite evcque agi 

Itineiaire du moine Antonin z j 

Jtineraire de Gilles de.Tracfcigfiiès 

S. Jude , fon chef xt 

S. Ivé archevêque de Roîicn , fes 
reliques à B raine 31 

I ve dç^Chartres , fes lettres 15 j 
Ive doyen de Chartres , dîfciple 
de Gilbert de la Porrée 59 

Frère Julici\,difciple de faint Fran- 
çois 1J4 
K 



K 



Arloman roi de France 
KîtKer Jefuitc 



44 
M* 



L Avance manufcrit 11 corri- 

Lalaing mailon illuftre 87 

Saint I-ambcrt evcque deTongres 

martyr 1 59. il fait pénitence de- 

v^ntlacroixi5^. ion chef 184 

fesornemens ^84 

Lambert archevêque de Maycnce 

Lambert evcque d* A rras * 75 

Lambert abbé de faim Laurent de 

Liège i^ 



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TA 

Lambert abbé de Vvâfor i^o 181 
hsimbcïtdcStipin religieux de S*. 

Laurent de Liège 1S9 

Lanfpergius Chartreux i<7 

Laon ville epifcopale 4^ 

S. Laurent y Ton chef à Gladbacli 
107. pourfuitcs faites par Pliilip- 
pelLfc Philippe IILroysd'Ef. 
* pagne pour l'avoir 107 & feq*. 
S. Laurent abbaye de Benediâins 

à Liège i»^ 

tcduinusabbédeMarchîcnne ^f^ 
Saint Legçr evcqucd'Autun , (oa 

chef, 67 

S. Léger abbaye de chanoines ré- 
guliers * 14 
Leidrade archevêque de Lyon 15. 
Xentrud« fondatrice de N. D. de 

Soiflbns 10 

Leopoldduc d'Autriche 1^4 
Leproferic de fainte Julienne i g^ 
S. Liboire evèque du Mans patron 

de Patherbornc 13^ 

Liesborne abbaye de* Benedidins 

dans le diôccfede Munfter 177: 

Lignes feigneur de Lignes enterré 

à Caoïbron 109 

Loix des Saxons , des François tc 

desThurineiens manufcrites tjé 

Long-pont abbaye 7 

Lotbaire L empereur 45 

Lorbaireempereur,(bn porfraiM)^. 

vers à fa louange 137.il fe fait moi- 

.ne à Prum 171. où ileft. enterré 

Loiiis de Bourbon evîque deLJe« 
ge 1(4. 

Louis le Débonnaire prifonnicr i 
faincMedard 15 

l^ouis IL empereur 44. 

^uis (oy de Germanie 41 

Louis le Bègue roy de France 44 
Jtfr. de Louvrex i ix 



BLE 

Luc premier abbé de Beaureperr- 

Xudelme ^eque de Toul aS t 
S.Xudger premier evèque dcMunf- 

ter 1 3 1 . écrit les évangiles x 3 x. 

fon calice X3 4 
Ludger Gebhardofavanc religieux. 

de i^erden. ^^ 

M 

LEs Machabées âbkiye de Be« 
nediâines à Cologne 16 $• leur 
reliques 2^. 

Marchienne abbaye de * Tordre de^ 

faint Benoid * 90 

Maedebourg abbaye érigée en evé^ 

che xj^. 

Manaâes archevêque de Reims lO) 
^fanousdamedeVoulces 10 

Marguerite d*Arcmberg comtefle 

de Lalaing t^ 

Marguerite de Croy comtelTe de 

Lalaing 87- 

Marguerite de Roucy 34 55 ^4 
Marguerite fille du comte deBden- 

ne ♦ 84 

Sic. Marie d^Oignies 1 1 9 

M arie reine d' Angleterre 87 

Marie de Chatillon comtefle àc 

Braine a 9 

Marie comteilê de Dreux fie de 

Braine» fonepitaphe xS 

Marte de Lalàing 109 

Marie de Lignes femme de Gille» 

baron de Berkymont enterrée i. 

Moulins 4JI 

Marie fille dejeaa de Moomirel 6c 

mère d*Enguerant de Coucy 8 

Maricnfcld monafière de l'ordre de 

Ctteaux dans le diocéfe de Munf. 

ter 2^y: 

Marlenmunfter abbaye de Besci»^ 



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BTJ VOYAG 

Marie abbé de Y auclah 40 

MadousSanus des guenc» de la ter- 
re Sainte 100 
S.Martin, Tes reliques 77 
S. Martin de Cologne abbaye de 
l'ordre de S. Benoiâ 1$$ 
S. Martin de Laon abbaye de Pre- 
monftreft 47 
S* Martin de Toudiay abbaye de 
l'ordre de faint Benoit roi 
S^ Martin deTreves abbaye désor- 
dre de (àint ^enoift 2 95 
S. Martin coUegble de Liège 153 
Martin a1>bé. de faiat Vvaft 93 
Martin de Parme chanoine de la 
Chapelle en Bcie 11 
Martin le Polonois , fa chronique 

Martyrologe de ftinc Jeron^e an* 

cien X9I 

S» Mathias de Trêves abbaye de 

l'ordre de S • Benoift 19) 

Mathilde abbefTe de N«D..de Soif. 

fons 10 

Mathilde coxntefie Palatine x^7 

16% 
Matthieu dcLannays abbé de faint 
Amand 100 

Matthieu abbc du Mont S. Qyen. 

tin Ji 5* 

Matthieu de Ftorenc^fx chronique 

Matthieu de Roye 11 

S. Mauc martyr de Rehns 129 
Maximilien empereur ^oafon élec- 
tion Se fon couronnement j 15 
S. Maxfanm,£iacombeatt 185. Se 
(et reliques ibid. 

S, Maximiii de Trêves abbaye de- 
Tordre de faint Benoift 27g. fes 
faine <c (es gnmdi hommes tiga 
S. Medard(K^Soi&D& abbaye jj 



E LITTRAIRE. 

6cfeq« 
S. Mcinvcrc evêquede Parcrbome 

fondateur de Tabbayc d'Abdtn* 
ghofFr4.o. fon tombeau i^o» fa 
charuble 1^0 

Mémento fingulicr de la mefTe xo^ 
S. Menne Martyr à Or val joj 
S. Menulfe diacre 14^ 

Mefle , première mefle J j 

Mefle dans la chambre d'un- mata- 

de Ht 

Michel Bureau auteur d*un trait4 

de la reformation de l'ordre roo- 

naftiquç ^ 

^inimcflès à Soii&ns tf 

Mitre précieufe 108 

Ste. Monique^ fes reliques à Atoais 

Monftrueil abbaye de l'otdre de 

Citeaux. 4g 

Mont S. Elojrabbaye de chanoines 

réguliers 7^ 

Mont S. Martin raonaftcre 5 1 

Mont S. Qjientin ji 

S» Momdfe e vèque 1 1^ 

Moulins monaftere de Tordre de 

Citeaux 139 

Munfler abbaye de Tordre de faint 

Benoift 201 

N 

NAnter.abbé de S. Marti» da 
Mets ,^a 

S.Nicetius archevêque de Trêves 
i8 1. fon tombeau ig^ 

Nicolas abbé dè-Vaucler 41 

Nicohs de Lyra , fes ouvrages 51^ 
Nicolas Jacquers frère Prefcheur 
^ né 

Nicolas Simeri de Tordre des frères 
Pnefcheurs 189 

S. Nicolas aux bois abbaye de Tor- 
dre de S. Penotft 4g 



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y 



TA 

Nî velon evêque de SoiCTons 1 1 
Sv Norbert reçut U règle de faine 
. Augu^in \ Rolduc 103 

Norbert abbé de S. Gai' i ^ ^ 

Nôtre Dame duChefnc lieu de dé- 
votion • 117 
Notre-Dame des Martyrs abbaye 
de Tordre de S, Benoift 19 j 
Nôtre- Dame de SoiflfoDS abbaye 
de 5. Benoift. 10 



o 



Dilard avouéde Stavelo itfi 
Odilon abbé de Stavelo 15^ 



Odon abbé de S. Martin dcToui> 
,nay & enfuicc evêque de Cambray 

loj 
O don moine de Cancorbtc 7 % 
Ogon evcque de Tongres 1 10 181 
Ogon abbe.de faint Maximin 287 
Oignies monaftere de chanoines re«> 

giiliers 117 

S. Omer evcque de Terouenne ^7 
Oraifon àdireavautkpfeauticri3$ 
OrJfons pourrétatdereglife 139 
Orvat abbaye de Tordre de CU 

teaux J03 

Otbôit evêque de Liège 149 

Ocbert abbé de S. Jacques de Lie^ 

Qtton duc de Suabe 268 

Otton feigneur de Lalaing &8 



PA in con vef ti en pierre- 2 45 : 
Pain de Marienfelde appelle 
Bonpournic ijg. 

Ballium de Grégoire X<. . 1*4 

S, Pàïitalcon de Cologne abbaye 
4çJ ordre de S. Benoift 2(^4^ 



BLE 

Pafchal fecoT.d, fon éloge par le 
cardinal Milon 244 

Pafcbafc Radbert élevé à N. D- de 
Soiftbns 2 3, fes ouvrages ibii. 119* 
278 
Piferbome ville cpifcopale 238 
S. Paul premier Ermite 47 

S.Paul monaftere de chanoinefles 
, régulières 25 

Pépin roy de France couronné à S. 
Medard de Soifions 15. vers an- 
tour de (a couronne 2 9^2 
Pépin fils de Pépin roy d* Aquitai* 
ne renfermé à laint Medard 43 
Perrette Doyencourt dame de kt 
Houflàyc&c. ^1 
Philippe ClconuD abbé de Gcm^ 
bloux. 70 
Philippe Dergmies abbé de Sauve 
près V alenciennes 7 1 
Philippe Gauvicl abbé deS.V vaft 

Philippe Augufteroy de France 61 

Philippe de Valois achevé la Char* 

rreufe de Bourg Fontaine € 

Philippe II. roy. d'Efpagne veut 

mettre àTEfcuriallechef de S.. 

Laurent 207. pourfuice qu'il fit 

pour Ta voir 207. U le demande 

par une lettre addreflce à Tabbé 

& aux religieux de Gladbach 

218. Lettre du même au marquis 

de Guadaliftepourlemêmefujet 

21^ 
Philippel niait deDOUvelles pour- 
fuites pour Ta voir 2 1 3. 
Philippe comte de Flandres 61 
Philippe comte de Lalaing 87 S8: 
Philippe comte Palatin 223 
Pierre archevêque de Mayence ,. 
fes Statuts Synodaux ^51 
Pierre le Chantre élu evêque de 
Tournay ^ religieux de Long-^ 

Pont: 



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DU VOYAGE L 

Pont 9 

Pierre Damlcns manufcrit it 

Pierre le Vénérable manufcrit 7 1 
Pierre al>bé de Brainc 54 

Pierre Ricbardot abbé d-'Epternac 

70 
Pierre Lufîus abbé de Noftre- Da- 
me de Luxembourg i €0 
flbrre Bacbciici: élâ abbé du Mont 
S. Quentin 57 
Pierre Puiile abbé du Mont faint 
Quentin 5^ 
Pierre Robert! abbé de Munfter 

501 

Pierre abbé de Vaux de Cernay 

manufcrit 1%^ 

Pierre Abaillard fon introdudion 

à la théologie jS» fa lettre à faint 

Bernard 2 $7 

Pierre d'Herentals prieur de Flo- 

ref y Tes lettres 124 

Pierre Bruneti chanome d'Arras 

74 
Pierre de Rofaycbanoine de Soi(- 
Tons 10 

Pierre doyen de la Ferre 10 

Pierre Mauclerc comte de Breta- 
gne & de Dreux , fon epitapht ^7 
S. Pierre ancienne abbaye de Be- 
nèdiâinsà Liège aujourd'hui col 
legiale 194 

Pontifical ancien matiufcrit % ji 
Pqnrificardcfarnt Thomas arche- 
vêque deCarrorbie 9.1^ 
S.Poppon abbé de S tavelo 1 48. t ) ^ 
16% de S. Vvaaft & de Mar- 
chienne 69. àc Trêves %tu fcs re- 
liques rj^ 
Poppon archevêque deTreves X6^ 

Prtface de la Trinité chantfe les 

Dim mchcs à la Mefle 1 X4 

Premoaftrez abbaye chef d'ordre 



ITTERAIRE. 

4f 

Prières contre les pcrfecuteurs 291 
Saine Prime & Félicien transfctez à 

Prum 27 j 

Prifons royales à S. Nicolas aux 

Bois 4S 

ProcefHon pour obtenir la guéri fon 

du mort infernal 102 

Procefljon folenmelle àLie^e 112^ 
Proceffion de Flagellans 105 

Prum abbaye de Tordre de S. Be^ 

noift xji 

Pfeautier recité pat fen)aine 1 49* 
Pfcautier recité le Vcndredy faine 

a 

i^Aint Quentin monaftere 5» 



RAban fur Judith Sc Met ma. 
nufcrit ^^9 

Rage y le plus puiflant remedr con-' 

tre la rage eft d*aVoir secours à S.^ 

Hubert 14 j 

S»Ramnoldabbédefaidt Emme* 

ran %t% 

S. ^a^ulfe 6fi 

Raoul ev êque deLiegjo^ 190 

Raoul abbé 16 S 

Kâoul abbé de Stavelo . 149» 
Rao>il religieux de S. Vvaft , fon 
portrait ^ €^ 

Raoul comte de Vermandois , foa 
epitaphe 9 

Raoul comte entecré au cfaapitrr 

de Long Pont lO' 

Ratheriusevêquc de Vérone ma-» 

nufcrit 4f 

Ravenger abbé d'Epternac S8) f(m 

epitaphe >$9 

Rayuard cvêque At Lîcge n^ 



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T A B 

Rcgalc accotdceàrcgitfe d'Arras 

73 

Reginairc très faint religieux de S. 

Maxltnln J-ii 

Rcginon de Prum mort à S. Maxi- 

rtûn de Trêves *8}, fa chronique 

Règles roonafti.ques 185 

Règle des chanoines faites à Aix la 

^Chapelle xoi 

Rcglemciit jpourla nourriture des 

Rcligieulcs de ChcUes ,4 

Saku Reroacle, fa tranflatipn 153 

fachâfuble Sc fes autres omemens 

1 5jfa cuculle.154.15 5 fa chalTe^ji 

Renerius écrit les miracles de faint 

Frédéric cvêque de Liège 185 

iCcynier Pomier reclus à faint Pan- 

taleon de Cologne x 67 

S. Richard evêquc de Liège L59 

194 
Richard abbc de faint Vvaaft 4e 
' Lobbes & de Florines 70 

Richer evcque de Tongres i 10 
Richuln religieux de faint Maxi- 
nain <x8j 
S. Ridrudc fondatrice de Mar- 
chicnne90.fatranflation 9 y fes 
reliques * 95 
S. Robert evcque î lo 
Robert archevêque deTreves 1 87 
■ x88" 
Robert abbé du Mont S. Qyentîn 

Si 

Robert âbbé de S. Remy , fon hil- 

toirc de la Terre-fainrc 251 

Robert abbé de Vvafqr \6o 

• Robert I L comte de Br aine 1 7 

Robert IIL comte de Braine , fon 

epltaphç a.7 

Rciiert frère 4e Jean comte de 

Dreux -17 

Robert de la Marck marefchal de 



LL 

France -^i 

Rodolfeabbc de Hersfcld; evêquc 
dePaterborne 159 

Rodolfe empereur écrit deux let- 
tres àTabbé de Gladbach pour 
faire donner le chef de faint 
Laurent au roy d'Efpagne 110 
Roger religieux d'Aroiisafralfiné 

Ro^erde Mortagne S 4 

Roland gênerai des troupes de 
Charlemagne 250 

Rolduc abbaye de chanoines régu- 
liers lOJ 

Rotilde abbdTe de N- D. de Soif, 
fons 11 

Rotonde d*AIx la Chapelle 159 

Rouge - Cloître monaftere de cha- 
noines réguliers ii^ 

Rudolphcabbc d'Hersfcld evcque 
de'P^^dcrborne 1,59 183 

Rupert abbé de Saint Macbias de 
Trêves . z8j 

Rupert abbé de Tuy religieux de 
S.Laurent de Liège 187. il obtient 
de la Vierge le don 4e fcience 1 90 

Rufin fbp hift9Ïrecccl(;i[îafHque ^3 



SAcramentairc de Maycnce 151 
Inftitdtiondelafètedu S. Sa- 
crement à Liège 194 

S. Salabcrge , fon P/eautfer 47 
Sale de antiques de la cour de Mu* 
nich 177 

Salaucon abbé de faint Martin de 
Trevçs iZj 

Madame de Santés dame de pieté 

170 

-Sauvoir abbaye de Tordre de Cî- 

teauxàLaon 48 

Sceptre de Charlemagne fur lequel 



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t>UVOYAGE 

les Vaflaux de Vcrdcn font fer- 
ment de fidélité 13^ 
Sceptre ancien d'ua roy de France 

37 
Sceptre de Loifls IV, roy de Fran- 
ce 3^ 
Scptredc Lothaircroy de France 

36 

Scrutins des catbecumenes 1S4. 

S* Sebaftien, Tes reliques trans&rées 

à faint Medard de SoifTons 1 8 

S. Sendtade > abbé de Gladbacb 

Z07 i8 i 
Sent gênerai de F^Uans 1 80 
Servius fur Virgile 19 f 

Sexcus Rufinus hiftoire Romaine 

Sidoine Appolfinaire manufcrit 90^ 
SIgebertroy de France , fon- tom« 

beau 14 

Sigebert , fa chronique 83 

Sigehard abbé d' Abdinghof i/^i 
S. Sigolen abbé de Stavefo 1 59 
S. Sierade mère de S^ Leget , fes 

reliques 11 

S. Simcon Hcttnltc sk Trêves 184 
S^ Simcon collégiale de Trêves 29^5 
Simon Maiifort evéque de Paris 11 
Simon de Vvarluze abbé d'Ehi- 

nam 70 

Simon dcVvarliizcI abbé deGi:ai:d- 

mond 71 

Simon de Rouci comte de B'raine 

Simon de Cbaavre^' 10 

Smaragde fur tes évangiles , tc Çat 

les epicres de S. PauU x^i 

Solyman^ ion livie àc pderes en 

Arabe 113 

S; Sophie chapitre de chanoines à 

S. Medard de Soiflons Vf 

S: Spinule religieux de faint Ma- 

xîsnin . xZv 



LITTERAIRE. 

Statbcrg autrefois abbaye, mainte- 
nant prevofié deCorbie en Saxe 

Statuts Synodaux de Cambray ni 
Statuts Synodaux de Cologne lox 
Statuts Synodaux de Pierre arches 

vêquc de Mayence 151 

-îta vélo abbaye impériale 1 48. Lc« 

religieux de Stavclo rendent la 

moitié de leur fondation 158; 

Hommes iHuftres tirez de Sta* 

vélo 

T 



159 



TErcblien manufcrit 30I 

Thegan manufcrit de la vie de 

Loiiis le Debonaire 105 

S.Theodard evcque de Tongres 

martyr ijj 

Theodon duc de Kaviere religieux 

de Se Maxlmitl x8 j 

Théodore de Furftembérg evêque - 

dcPaterbbrrte ajj 

Thcodoric abbé de Staveb , fon 

epitaphc 1J7 

S. Theodufe abbé> ^ 

Theophànu impératrice enterrée à 

faint Pantaieon de Cologne 2^4- 
Thcodradc abbcffe de N*. ï>. de 

5oi(fons xo * 

Thibaut comte de Châmpagife 6t 
Thibaut comte de Bar avoué* de •' 

Stavelb 1^3 1^4 i 

S%Thidgrin evèqued'Halbetftàde^ 
fonepitaphe i^jj • 

Thiefroy faint religieux de faint ' 

Maximin 28^ ; 

Ihientris deRôye Vidamèflè de 

Chalons if 

Thierry arckcvcqde deTrcVcs i6/^A 
S.Thierry abbé de S. Hubert i0 ^ 
Thierry abbé de Neuvittiièrs^ - itfo ^ 
Thierry ^bbé de Stavelo ' Ux i- 



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TA 

Thierry I. toy de France^ fon tom- 
beau 66 
Thierry <îe Bal vrc 84 
S.Tbieri y abbaye 38 
Thlctmaru$ abbé d'Abdinghof 

S. Thomas d'Aquln , fa lettre à la 
DuchefTe de lUabant 115 

S. Thomas de Cantorberie> Ton ca- 
lice ^7. il donne une croix à 
Marchienne • 97 

Thomas à Kempis i^S. 151 «il co- 
pie la Bible i6f 

S. Thomas abbaye de Tordre de 
CîteauK a75 

Thomas marquis de Saluce 3 1 

Thoma de Coucy ^ fon tombeau 

Thomas de Cour celles Si 

Toiles d'HoUande fabriquées à 

Gladbach ait 

Tongres ancienne ville epifcopale 

Tranflation des reliques de iainte 

Riftrude ^3 

Tribune d' Aiz la Chapelle 201 

TriftandeRoye 11 

Tritheme, la chronique 113 

S.Tronc abbaye 197 

Tuy abbaye de ror4re de faint Be- 

Roift a63 

V 

VAUDieu monafterç de Tordre 
deCiteau^ 198 

Val • faint Lambert abbaye de Tor. 
dre de Ctceaux ^ 8 4 1 9 5 

l^z Val-Roy abbaye de Tordre de 
Ctteaux 304 

^, Valeceevcquc de Trêves 193 
Vafeliausabbi de faint Laurent de 
Llcge 1 8 8 fes lettres ibid. 

Vafor abbaye de Tordre de faint 



189 
100 
Z85 



B LE 

Benoift 
Vaflaux de Corbieen Saxe 
Vauclair abbaye 
Udo archevêque de Trêves 
Vegedus de Tart militaire 
S. V eomade , fes reliques 
Verden abbaye du DioccTe de 

Munfter aji 

Véronique 48* 

Vicelon evêquc de Vitemc 17 4 
Vies des Saints 115 

Vies des Pcrei du defertpar ?oU 

tumien 91 

Vigogne abbaye de Premonftrez 

100 
S. Vigot evêquc de Bayeux 71 
Villerus abbédefaint Maximin de 

Treva 1S8 

Sf Vfncent de Laon abbaye 47 
S. Vindicien evêquc d* Arras 67 

(es reliques 75 

La Violette manufcrit qui traite 

des vertus ^5 

S. Vivine abbede du Grand Bf- 

eard 110 

uTtrogote reine de France 1 8 IT 
S. Voiié , fes reliques 11 

Urbain IV« archidiacre de LaoM 

4« 
Urold abb^ d*£ptemac ^ fon epita- 

*phc 300 

Ste.Urfule^ reliques df Tes Com- 

!>agnes à Altenberg 2^1 

uard manufcrit 188 

Vvalcandus evêque de Liège 1 3 3 
Vvaleran avoiié deStaveio 164.16^ 
Vvamier de Koningftein archevê^ 
que de Trêves obtient Tabbaye 
de Prum ij% 

V varncrlus abbé de V^for 131 
S. y ad abbaye 6 a» Ta biblioteque 
64* fon eglife 66* fes reliques ^7, 
fos cérémonies 68* fes rerc(^oires 



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DU VOYAGE LITTERAIRE. 

(6y. les grands hommes 69 • (es pri* V vitundus abbé i r ^ 

vîlcecs 71 Vvolbodon cvcquc de Lîege 15^ 

Vvaultîcr abbcdc Bcrg 9} 190 

Vraultier abbé d' Ehinan 70 $• Vvolfgang evcquc de Ratisbone 

VrcnceflausavoucdcStavclo i^S igr 

S. Vvcnidc religieux de faine Ma- Vvolfgang Vvilhs duc de Julllcrs 

xlmln de Trêves agi 2 1 j 

Vvibaldus abbé de Scavclo & de Vvolfrarti abbé de Prum 174 

Corble .151 itfo Vvolmar abbé de Yviffcmbourg 

Vvlcher abbé de S. Mazimin aS) 2S5 

S. V vilbrod evcquc fondateur d*E- S. V volpheme abbé de Brunvlllers 

ptemac 297. fon ordination a^J 169 

V vîlthcm Jcfulte 259 S. Vrolfliclmc abbé dcGladbach 8c 

y vlnric abbé de faint Maxitnln de de Brunvillaire 281. (es vers fur 

Trêves xtf Tancien teftament 14^ 

FIN DELA TABLE. 



Fautes i corrigera 

)Age t^. ligne t. i*éttin /iy#^d*£ca!tti. p. 17 U 11 ttttnvtci. rctenv. p. lé 
dcttz écfffUceic de.p. xo 1. it d'abbajc/^d'abbajes. p. %€ L 10. ekoifi ^ choiC 



clioiCel. 



i /. qu'il cite, p. lis L ) f fuivircnt /• Cuirtai^ f.U^l af gratiam /. gracia, p, 
«V, 1. «//. Brazi /. Braz^ p. i^ U 4 z^o florcaorûm /. czzic florcnaram, p. t6o\ 
|o Saines 4 Sainccs,p. ai9 UH' Bclgiam /. Belgio, p. ttS I5 perpétuas /« perpecaii^ 
p. a )7 1. iS on /. onr, p. ^9 1 aS recouvrée A ctcouvré. 



sent 
lés 



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NOês avons dii en pMrUnt di l^ahbaye de S. Hubert , fd^ 
ge 13 5. qu'ony eonfervoitmn Pfeantier écrit en lettres d^or, 
dormi far l* empereur Zêthaite ^ , dont, n vêit le for trait à la 
the^rrtais depuis ayant fait attention k Nraifon qrson difoit 
avant que de commencer le Pfeautier ^écrite fur la couverture^ 
du manufcritd^urte^mmin auOidncienru ^ ilrtousfuroitflus vrai^ 
femblable que ce Pfeautier a £ abord affartenu k unefiile de 
Lothaire^abbeffe ou religieufi d^ên morufiere de filles : car ellki 
prie four fes frères Lothaife , Charles , (^ LoUis^ tous trois fils 
dehmfereur latbaire. Elle y prie anffi'ponr Charles fortfei. 
gfteur^ ^ejl' à dire^ comme je crois ^ Charles le Chauve quelle ap^. 
fellefonfesgneur^ parce qrf apparemment fon ménagère étoitfous 
la dominatéonde ce Prince. Les trois oraifons quife trouvent aujff! 
à la fin dumhao Pfeautier pour Pévhque , Efiienne , qui vingt 
fi^ ans après lamort dcCharUs le Chauve gouvemoit l^egtife 
do Liège -^ font croire que ce Pfeautier paffa enfuite des mains 
de cette prince ffi dans celles do> ce prélat ^é* que lui ou queU 
qtfun defesfuccejftursledonna à S. Hniert^ . 



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Il ■ •'' I - ' " ^ ' ^ . ' ' ■ ■ ^ ■ " 'l^' " ■'■ 
JPtrmiÛîon dn R. P^ Suferitmr General. 

FRepc [Charks de rHoftallerîe humble Supérieur General de U 
Congrégation deS. Mauc Ordrede S. Benoift, à notre très-cher 
Frère Dom Edmond Marrene Religieux de la même Congregr.iion, 
Nous TOUS permettons de faire imprimer votre Second f^oyage Littéraire. 
bonnéauMonaftcredeS.Gcpmain des Prex le fécond jour du mois de 
Janvier ran mil fept cens vingt% 

f r.CHARLE5 DE L'HOSTALLERIE; 



j4 P P RO £ AT I ir. y 

3^ Ay tu par ordre de Monfeigneur le Garde des Sccaoïc , un Manufcrft 
qui a pour titre Second f^oydge Littéraire , dans lequel je n*ai rien trou- 
vé, qui puiffe cri empêcher rimprçffion. Fait à Paris cejMremier Oâobu 
mil (cpt cens vingt*uois« 

-DE VERTOT. . 



P R I V 1 L E G E H V K Y. 

LO U I S » par la grâce de Dieu , Roy de France ec de Navarre , à nos amc« 
ScfcauxC^nfcilicrsics gcnstcnans nos Cours de Parlement, Maîtres des 
Requêtes ordnaircs de notre Hôtel, grand Confcil , Prévôt de Paris , Bail- 
lifs Séncchaux , leurs Licutenans civils & autres nos Jufticicrs qa'il appar- 
tiendra: Salut. Notre bien amé Français Moçitalant Libraire à Paris ^ Nous 
ayant fait remontrer, qu'il foukaiceroic faire imprimer de donner au public an 
manufcrit qui a pour titre ^Second Kêy^ie ùttersirê dt d€0x RtUiietêx Bemediaims 
^ U CQ^ireiéithmde Saint Métmr^s'ïi Nous plaifoit lui accorder nos Lettres de Pri- 
vilcecfurceneceffaircs. Aces caufes fayorablemcnt Toulant traitter ledit Ix« 
Bofant , Nous lui 4ivon« permis & permeitonfparccsPreicntes de faire impri- 
mer IcdU Lirre en tel volume , forme, marge, caraderes , conjointement ou 
«parement,. & autant de fois que bon l»i fembleta 5 & de les rendre, faire ren- 
drc le débiter par tout notre Royaume pendant le tçmps de huit années con(ècu« 
tires à compter du jour de la datte defdites Prefentes. Faifons défenfes à coottt 
fortes de pcrfonnes de quelque qualité 8c condition qu'elles foient, d'en introduire 
il'iroprcffion étrangère dans aucun lieu de notre obéiffance j comme anfG à 
-tous Imprimeurs , Libraires & autres , dimprimer , faire imprimer, rendre , fai. 
re rendre , débiter , ni contrefaire ledit Lirre , en tout, ni en partie , ni d'en faire 
aucun extrait fous quelque prétexte que ce foit d'augmentation, correâion, 
changement de titre ou autrement, (ans la permiflion exprcûe& par écrit dudit 
Azpofanc ou de ceux qui auront droit de lui 1 à peine de confifcatioA dci esemp lai- 



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nans , dont un tiers a. Noas , vn tiers à l'Hoftel • Diea de Diris , Tautre tiers^ 

audit Bzpofant , & d^ tous dapeos , «b^image»^ âcinioi^ > à la^dûrge que ces 

prefentes feront enregillr^es. tout aa long furie Regiifie de bCommuiuoté. 

des Imprimeurs & Libraires*de Paris, 6t ce dan s-t rois mois dcladacted'icelles: 

Que l'impce^n de ce Livre ferac faite dan» n«cte RojFaume êc R«n ailleurs ^ 

en boa papier 3c en beaux cacaâereSv conformément aux- Reglenens de la Li- 

brairie>Sc qu'a^ntquedel^xpoferenvente,IeiBanufcrieou imprimé qpiauxfti 

f^ryi de copie à rimpreflSon dudît Livre (èm remis dans le irème écart oïl 1 appro« 

bation y aura été donnée es oaains 4e nptre trés-cher 9C féal Chevalier , Garde 

dtts Sceaux de FranCfl ieSrFleufîatt DannenonWlle Commandeur de nos Or«- 

dres ; & qu'il en (iéra enfuite remis deux Exemplaires dans notre Bibliothequec 

publique , un dans celle de notre Château du Louvre , Se un dans celle de no« 

tredit tris- cher ^ féal ÇHe^lier,€arde des Sceaux de Fraace le Sr Fleuriau Dar. 

menonville Commandeur de nos Ordres j le tout à peine de nullité des pre- 

fentes. Du contenu defquelles vous mandons 6c enjoignons de faire fouir ledit 

Ex pofan t on €cs ayans caufic pleinement ft paifîblement , fans fouf^ir qu^l leii» 

foit&it aucun troul^e ei^ enc^picheraenr. Vouloiis que la copie dcfdites prefen- 

qui fera imprimée tout au long au commencemeÂt ou à kfin-dud.livre,loit tenue 

pour dûèment (îgnifiéej& qu'aux copies collationnées par Tun de nos amez6cfeaux- 

Conicillet» ôcSecr^aireSyfo^toic^ijpotée comme à l'original Commandons ai^ 

premier notre HuiKer ou Sergent de faire pour l'éxecution d'iccllcs tous A^es 

% xcquis ^ necçiTaires , fans demander autre permiflion « & nonobdant CUmrut:* 

ie Haro> Charte Normande, 0e. Lettres a ce contraires : Car tel eft notce*plâifir« 

Donné à Paris le trentième* jour du mois de Juin, Tan de grâce mil iêpt cent- 

.vingt quan;iC ^ 9câfi mofirl Régna le ncuTiéme. Bar le Roy en fon ConfciU 

C A R P O T.. 

Fémt N if/17 ctmfirmritment MMM gmciems Regiemems , €onJirm€^f4$r cihidm il> 
Hvmr X715» ^ tMmU^JmUtt i7M^BRXJN£X, Siodic,. 



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