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Full text of "Zoologie"

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Smithsonian Institution 
Libraries 


Bequest of 


S. Stillman Berry 


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Zeblogiet! RON EDS LOC NIET 


VOYAGE 


AUTOUR DU MONDE 


FAIT 


PAR ORDRE DU ROI. 


VOYAGE 
AUTOUR DU MONDE, 


Æntrepris par Ordre Du Mot, 


SOUS LE MINISTÈRE ET CONFORMÉMENT AUX INSTRUCTIONS DE S. EXC. M. LE VICOMTE DU BOUCHAGE, 
SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU DÉPARTEMENT DE LA MARINE, 


Cxecute sur les corveltes de P M, l'Orne ef es Phystcreune J 
pendant le annees 181% , 1818, 1819 ef 1820 ; 


Public sous les Auspices 
DE S. E. M. LE COMTE CORBIÈRE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE L'INTÉRIEUR, 

Rouv La pahe Sistotique et fes Sciences nahwcefles , 
ET DE S. E. M. LE MARQUIS DE CLERMONT-TONNERRE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE LA MARINE ET DES COLONIES, 


Rouv Pa paie Maubique ; 


PAR M. LOUIS DE FREYCINET, 


Capitaine de vaisseau, Chevalier de Saint-Louis et de la Légion d'honneur, Correspondant de 
l'Académie royale des sciences de l'Institut de France, &e.; Commandant de l’expédition. 


Zoologie, 


PAR MM. QUOY ET GAIMARD, MÉDECINS DE L'EXPÉDITION. 


JRSENE AY 
fS D 


Ÿ La coxverre LURANIE. À 
RQ MALEDE FREYCINET cOMMAND? a 


S.A.R.MŸLE DUC D'ANGOULEME 
AMIRAL DE FRANCE. 


M°LE V: DU BOUCHAGE 


mi 


PARIS, 


CHEZ PILLET AÎNÉ, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE CHRISTINE, N° 5. 


1824. 


‘4 ” + Le Voyage autour du Monde par les Conetes PUr: rame et la Physicienne, 


» + se compose des divisions suivantes : sue D 


Là 
TS © HISTOIRE DU VOYAGE, 2 vol. 2n-4.° et Atlas de 110 à Planches in-folio ; 
2.° RECHERCHES SUR LES LANGUES DES SAUVAGES, 1 sl in-4° ; 
3.° ZOoLOGIE, 1 vol. 22-/.° et Atlas de 96 Planches zx -folio ; 
LÉ 4 PORTE; 1 vol. in-4. et Atlas d'au moins 110 Planches #»- -folio ; 
VATIONS DU PENDULE et DE MAGNÉTISME, ! nd en deux paies; : 


: 6 Menorose 1 vol. in-£,; mn 
a Ho onEs 1 vol. in-7.° et Atlas de 29 Planche grand in. ol $ 
: + 


à: 


PRÉFACE. 


L'ouvrace que nous offrons au public forme la section 
de Zoologie du Voyage des corvettes /'Uranie et la Physi- 
cienne. Ce ne pouvoit être un traité systématique : aussi 
nous sommes-nous bornés à ne présenter que l’ensemble 
des objets nouveaux de zoologie que nous avons recueillis 
pendant une circumnavigation de plus de trois années. 
L'histoire naturelle ne se rattachoit que d'une manière 
secondaire aux travaux du Voyage; cest pourquoi les 
recherches propres à enrichir le domaine de cette science 
furent confiées aux médecins de la marine, chargés en 
même temps du service de santé de l'expédition. Nous 
avons fait tous nos efforts pour répondre à ce qu'on attendoit 
de nous; et si, malgré le terrible naufrage qui nous a privés 
d'une partie précieuse de nos collections *, les débris que 
nous avons sauvés peuvent fixer un instant l'attention des 
savans, nous serons assez récompensés des peines que nous 
nous sommes données, et des privations que nous avons 


souffertes pendant une navigation longue et périlleuse. 


* Notamment les oiseaux de la Nouvelle-Hollande et les insectes des îles des Papous 
et du Port-Jackson. 


PRÉFACE. 

L'ordre général que nous avons suivi est celui qui 
existe dans / Règne animal de M. Cuvier; ouvrage classique 
et familier à tous ceux qui s'occupent de zoologie. On trou- 
vera parmi Îles poissons quelques nouveaux genres établis 
par ce savant, et qu'il se propose de faire connoître bientôt 
dans un grand ouvrage sur cette classe d'animaux. 

Chacune de nos grandes classes est précédée de quelques 
considérations générales, relatives à ce que nous avons pu 
observer sur les mœurs et les différences que présentent les 
individus qui sy rapportent. 

Parmi les mammifères et les oiseaux dont nous parlons, 
quelquesuns existoient déjà dans les collections, et étoient 
décrits sans être figurés : des dessins d'une assez grande di- 
mension, faits et gravés par les premiers artistes de la capi- 
tale, et quelques particularités, résultat de nos propres 
remarques, dont nous Îles avons accompagnés, nous ont 
semblé devoir offrir, sur ces espèces, des notions plus pré- 
cises et plus complètes. 

Nous avons cru pouvoir adopter en zoologie un usage 
suivi, depuis assez long-temps, par les philologues français; 
celui de ne pas latiniser les noms propres d'hommes, de 
ne pas Îles défigurer en leur prêtant une tournure étrange, 
méconnoissable et quelquefois ridicule. Pour prouver cet 
inconvénient, les exemples soffriroient en foule ; nous nous 


bornerons à un seul. Quelques étrangers voulant latiniser 


PRÉFACE. 
le nom d'un savant helléniste français ( M. Courier ), l'ont 
appelé, les uns Cursor, Cursorius, les autres Courierus, 
Courierius, &c. Pourroit-on bien se persuader que ces 
noms, dont quelques-uns n'ont pas une physionomie fort 
latine, ne désignent quune même personne ! 

Nous devons à la complaisance de M. le professeur de 
Blainville quelques anatomies de mollusques marins; à M. le 
baron de Férussac, la nomenclature des coquilles terrestres 
que nous avons rapportées; et à M. Lamouroux, la descrip- 
tion de nos polypiers flexibles. Nous saisissons ici avec plaisir 
l'occasion de témoigner à ces Messieurs toute notre grati- 
tude. Nous remercions également MM. Gall, Valenciennes, 
Latreille, Temminck, Godart, Régley, et MM. les profes- 
seurs Geoffroy Saint-Hilaire et Cordier, des conseils qu'ils 
ont bien voulu nous donner; nous sommes sur-tout vivement 
pénétrés des honorables témoignages de bienveillance que 


M. le baron Cuvier nous a prodigués. 


Paris, Juin 1824. 


Quoy. 


P. GAIMARD. 


. VOYAGE 
AUTOUR DU MONDE, 


PENDANT LES ANNÉES 


FO17: HOLB, 1819LET4 A0 20. 
ZOOLOGIE. 


CHAPITRE PREMIER. 


DE L'HOMME. 


Observations sur la Constitution physique 
des Papous.* 


Nous commencerons nos observations zoologiques par nous 
occuper de l’homme, premier anneau de la chaîne animale. L'en- 
veloppe osseuse qui renferme les organes de son intelligence s'offre 
d'abord à notre étude. 

On auroit tort de croire qu'il est toujours facile au voyageur de 


* Lues à l’Académie royale des sciences de PInstitut, le $ mai 1823. 
Voyage de l'Uranie,. — Zoologie. I 


+ 
2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
se procurer des ossemens humains chez les peuples sauvages qu'il 
visite. Malgréla rudesse de leurs mœurs, tous s'accordent à rendre les 
derniers devoirs à ceux qui parmi eux ont cessé de vivre, soit qu'ils 
les confrent à la terre, qu'ils les déposent dans des cavernes, ou les 
suspendent dans les morais. Cette coutume seule prouve que leur 
pensée, franchissant les limites de l'existence temporaire, a reçu la 
révélation imparfaite d’une destinée future; elle suppose des combi- 
naisons d'idées qui éloïgnent infmiment l’homme de ce prétendu 
état de nature, dans lequel on a voulu faire croire qu'on l'avoit 
rencontré. Si cet état a vraiment pu exister entre des hommes 
réunis, ce que nous ne croyons pas, parce que le propre de l'es- 
pèce humaine est de tendre vers un perfectionnement quelconque, 
on ne peut disconvenir que depuis des siècles il n'existe plus, et 
que les voyageurs n'ont pu en fournir des exemples. Nous avons 
vu, sur la côte Ouest de la Nouvelle-Hollande, à la terre d'En- 
dracht, une des peuplades les plus misérables du monde, au dé- 
veloppement et au perfectionnement de laquelle un sol des plus 
affreux semble s'opposer; maïs qu'il y avoit encore loin de l'état 
des hommes de cette peuplade à celui des brutes, qui, nous le répé- 
tons, ne sauroit, rigoureusement parlant, exister pour des êtres 
que l'usage de la parole rend susceptibles de se communiquer leurs 
pensées! 

Quelques peuples même, tels que les Papous, supposent aux 
morts les mêmes desirs, les mêmes passions qui ont agité leur vie. 
Ici, des alimens et du bétel sont déposés sur le tombeau, comme 
si les besoins physiques pouvoient survivre à la dissolution de la 
matière; là, des instrumens de guerre ou de pêche rappellent les 
occupations chéries de celui qui n'est plus. Cette espèce de commu- 
nication que le sauvage cherche à établir avec les objets de ses 
regrets, et ce culte funèbre qui consacre leurs dépouilles mortelles, 
indiquent qu'il n'est point étranger aux idées d’une autre vie. 

La vengeance seroit-elle aussi un dogme religieux chez ces 


ZOOLOGIE. Lu 3 
peuples, qui paroïssent en perpétuer fobservance barbare , en 
décorant quelquefois l'asile du repos avec les crânes des ennemis 
vaincus! Ce furent de semblables trophées funéraires que nous 
crûmes pouvoir recueillir sans profanation: 

Sur le seuil du tombeau d’un chef, dans la petite île Rawak, 
nous trouvâmes six têtes symétriquement rangées sur une même 
ligne : elles étoient privées de la mâchoire inférieure; le temps 
en avoit détruit les chairs et blanchi les os. À leur gauche on 
voyoit un grand buccin, percé d'une ouverture circulaire, dont 
ces peuples se servent pour se faire entendre au loin. 

Nous n'essaierons pas de déterminer, d’après les caractères de 
la physionomie, l’origine d'un peuple que nous n'avons fait qu'en- 
trevoir. Nous ne rechercherons point ici s'il est indigène de ces 
contrées, ou si des migrations l'y ont conduit; nous ne citerons 
que le petit nombre de faits que nous avons recueillis; et notre 
but sera rempli, sils peuvent aider les recherches des savans 
occupés depuis long-temps de ces grandes questions. 

Le groupe d'îles connu sous la dénomination des des Pa- 
pous, n'a été encore qu'imparfaitement exploré par les naviga- 
teurs. Quelques géographes donnent aussi le nom de #erre des 
Papous à la Nouvelle-Guinée, dont les habitans, au rapport de 
tous les voyageurs, diffèrent tellement de ceux des îles environ- 
nantes, qu'ils furent pris pour de véritables Nègres. Il existe, en 
eflet, dans cette partie du globe, une race à peu de chose près 
semblable à celle de l'Afrique australe: elle est comme égarée au 
milieu de la race malaise qui peuple les archipels de la Sonde, 
de Bornéo et des Moluques. Tout nous porte à croire que la 
souche de cette race, dont nous n'avons vu que des individus 
isolés, se trouve dans la grande île de la Nouvelle-Guinée. Mais 
il faut prendre garde de la confondre avec celle qui habite Vaigiou 
et les autres îles voisines; car, bien que ces insulaires soïent 
presque semblables aux Nègres par la couleur de leur peau, ïls 


Te 


À _ VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

offrent des différences que nous ferons connoître, et qui les dis- 
tinguent de ceux-ci. En général, ils se désignent eux-mêmes sous 
le nom de Papoua, que toutes les nations, à l'exception de la 
nôtre, ont adopté ; en français on les nomme Papous ; et il paroît 
que ceux qui habitent les montagnes de Vaïgiou prennent spécia- 
lement le nom d’A/fourous, que quelques voyageurs écrivent aussi 
Alforeses et Haraforas. 

Cependant, il faut le dire, la proximité de toutes ces îles, qui 
commencent au continent de l'Inde et s'étendent presque jusqu'à 
la Nouvelle-Hollande, a dû favoriser tellement le mélange des 
individus qui les peuplent, qu'à présent il existe une foule de 
nuances qui rendent difficile la détermination exacte de quelques- 
unes de ces races. Les Papous sont précisément dans ce cas: ils 
n'ont pas les traits et la chevelure des Malais, ils ne sont pas 
nègres non plus; ils nous ont paru tenir le milieu entre ces peuples 
et les Nègres, sous le rapport du caractère de la physionomie et de 
la nature des cheveux, tandis que le cräne proprement dit a une 
forme qui le rapproche beaucoup de celui des Malais. Si l'on 
vouloit, parmi tant de notions obscures, avoir recours aux détails 
du langage pour faire remonter à une même origine les habitans 
de l'archipel d'Asie, on trouveroit bien quelques mots communs 
à plusieurs îles; mais les causes que nous venons d'indiquer ne 
peuvent qu'affoiblir l'importance de semblables remarques. D'ailleurs 
on ne connoît pas encore la langue des habitans de la Nouvelle- 
Guinée, ou à peine en a-t-on retenu quelques mots, qui ne s'ac- 
cordent nullement avec ceux des Papous, comme nous l'avons 
vériflé en comparant nos vocabulaires au fragment cité dans l'ou- 
vrage du président de Brosses. 

Voilà des difficultés pour ainsi dire insurmontables, qui n'existent 
pas pour les archipels beaucoup moïns rapprochés, maïs dont les 
habitans ont une physionomie et un langage moins variables, 
que des croïsemens fortuits n'ont point dénaturés, et qu'on peut 


ZOOLOGIE. s 


leur attribuer en propre. Il est aisé de décrire les naturels des îles 
Sandwich, de Taïti, des Carolines, des îles des Amis, &c.; maïs il 
est bien plus difficile d’assigner les caractères distinctifs des Timo- 
riens, des Ombaïens, et sur-tout des Papous, qui nous occupent 
spécialement. ï 

Pendant une relâche de vingt jours sur les îles Rawak et 
Vaigiou, nous pûmes nous mettre en rapport avec plusieurs cen- 
taines de naturels qui venoïent trafiquer avec nous. Ces commu- 
nications directes nous ont amenés à remarquer que les Papous 
ont en général une taïlle moyenne, assez bien prise chez quelques- 
uns; cependant la plupart ont une constitution un peu foible et les 
extrémités inférieures grêles. Leur peau est brun foncé; leurs che- 
veux sont noirs, tant soit peu lanugineux, très-touffus ; ils frisent 
naturellement, ce qui donne à la tête un volume énorme, sur-tout 
lorsque, négligeant de les relever et de les fixer en arrière, üls les 
laissent tomber sur le devant. Is n'ont que peu de barbe, même 
les vieillards; elle est de couleur noire, aïnsi que les sourcils, la 
moustache et les yeux. Quoiqu'ils aïent le nez un peu épaté, les 
lèvres épaisses et les pommettes larges, leur physionomie n'est point 
désagréable et leur rire n'est pas grossier. | 

Quelques-uns ont le nez moins écrasé que d'autres. Nous en 
avons vu qui, avec des traits peu différens, portoient des cheveux 
plats, lisses et tombant plus bas que les épaules. 

Peut-être devons-nous considérer comme le produit du com- 
merce d'un Chinoïs ou d'un Européen avec les Papous, deux 
individus dont la peau étoit presque blanche. Cette couleur, jointe 
à de longs cheveux lisses flottant sur les épaules, à plus de délica- 
tesse dans les traits de la figure, à un nez plus efhlé, les faisoit 
manifestement contraster avec ceux qui les entouroient. La sup- 
position que nous avançons pourroit être fondée sur ce que les 
Européens visitent quelquefois ces parages, et que les Chinois les 
fréquentent aussi pour y acheter des oiseaux de paradis. 


6 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Cependant nous ferons observer que, dès 1528, Alvaro de 
Saavedra vit dans ces contrées, à environ 7'ide l'équateur, quelques 
îles dont les habitans étoient blancs, ce qui le surprit beaucoup. 
Sans accorder une trop facile confiance à un tel fait, dont on na 
plus parlé depuis, nous nous bornons à le citer. Si toutefois ïl 
nous étoit permis d'ajouter une réflexion, nous dirions que sou- 
vent les voyageurs portugais et espagnols ont appelé 4ommes blancs 
des Indiens d’une teinte peu foncée et distincte de la couleur des 
Nègres. D’après cela, on pourroit croire, avec assez de probabilité, 
que ces hommes prétendus blancs appartenoïent à quelques-unes 
des îles Carolines. 

Une autre variété d'hommes qui s'est offerte à nous, est celle 
qu'on peut appeler mègre, car elle en a la couleur, la forme du 
crâne, les cheveux courts, très-laineux, recoquillés, le nez écrasé, 
très-épaté, les lèvres grosses, et sur-tout l’obliquité de l'angle facial: 
tandis que les Papous ont, sous ce rapport, la tête conformée à 
peu de chose près comme les Européens. 

Ces Nègres, aïnsi que la variété blanche, faisoient librement 
partie de la tribu qui nous visitoit chaque jour. Les anciens voya- 
geurs parlent de ces migrations partielles des habitans de la Nou- 
velle-Guinée. Le Père Cantova, par exemple, raconte que de son 
temps les Carolins avoient dans leurs îles des Nègres qui leur 
servoient d'esclaves. Il ne dit pas comment ïls y étoient venus; 
et à cette époque, il pouvoit encore moins dire d’où ils prove: 
noient. Dampier en a également vu à Pulo-Sabuti*, qui, parmi 
les Malais, subissoient le même sort. La N'ouvelle-Guinée, encore 
si peu connue, où les navigateurs n'ont fait qu'aborder et de 
laquelle Cook fut repoussé, présente donc le singulier phénomène 
d'avoir des habitans semblables, du moiïns à-peu-près, aux Nègres 


d'Afrique. 


* C’est sans doute l’7/e Savu , qu'on prononce et qu’on écrit quelquefois Sabu. Pulo signifie 
ile en langue malaise. 


ZOOLOGIE. ; 

N'ayant point eu à notre disposition des têtes de ces individus, 
nous ne pouvons indiquer les différences anatomiques qui doivent 
exister entre elles et celles des Papous, dont nous allons faire 
connoître la conformation. 

Ayant soumis ces crânes à l'examen du docteur Gall, nous 
avons la satisfaction d'offrir avec plus de confiance celles de nos 
observations qui pourront venir à l'appui de la doctrine de ce 
célèbre physiologiste. 

A leur première inspection , M. Gall remarqua dans tous une 
imégalité qu'il nomme déformation rachitique, et d’après laquelle 
il supposa que les hommes à qui ils appartenoïent habitoient des 
lieux bas et humides. Ce fut avec quelque surprise, nous devons le 
dire, que nous reconnûmes la précision d'un aperçu aussi délicat. 
En effet, la plupart des habitans de cet archipel, faisant leur prin- 
cipale nourriture de poissons et de coquillages, n'abandonnent 
presque jamais les bords de la mer, qui, dans cette partie, sont 
tellement marécageux, qu'on peut naviguer en quelque sorte dans 
les forêts. Forcés par une impérieuse nécessité de demeurer dans 
des endroits aussi malsains, ils tachent de se soustraire à leur funeste 
influence en élevant leurs maisons sur des pieux. Ils ont probable- 
ment appris par expérience que des lieux constamment submergés 
sont moins dangereux que ceux qui ne le sont que par intervalle: 
d'où l'usage qu'ils suivent de bâtir au-dessus des eaux de la mer. 

Les têtes de Papous présentent un aplatissement des parties 
antérieure et postérieure, en même temps quun élargissement 
de la face. 

Le sommet de la tête est élevé; les bosses pariétales sont pro- 
éminentes ; les temporaux tres-convexes; et le coronal, au-dessous 
de la ligne demi-circulaire des tempes, offre une saillie remar- 
quable. 

Les os du nez, presque verticaux, aplatis d'avant en arrière, 
ont peu de saïllie: ïls sont rétrécis à leur partie moyenne et élar- 


8 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


gis en haut et en bas. La forme du nez, comme nous l'avons vu, 
correspond à cette disposition, qu'augmente encore la largeur des 
apophyses montantes des os maxillaires supérieurs, dirigées en 
avant. Ces os eux-mêmes sont beaucoup plus larges que dans la 
race européenne, ce qui, dépendant sur-tout du développement 
de l'apophyse malaire, donne à la face de ces insulaires sa largeur . 
remarquable. 

L'ouverture antérieure des fosses nasales est très-évasée à sa 
partie inférieure; cet évasement est plus considérable même que 
chez les Nègres. 

Les os malaires sont dirigés plus en avant, et les apophyses 
zygomatiques plus larges et plus saïllantes. 

On remarque, dans la planche n.° 2 de l'atlas, la largeur et la 
profondeur plus grandes des sinus maxillaires et frontaux mis à 
découvert par la fracture des os. Le dessinateur, M. Chazal, a 
copié avec fidélité cet accident, de même qu'un coup d'instru- 
ment tranchant qui a altéré le pariétal gauche. 

L'arcade alvéolaire est d’une épaisseur trèsremarquable à la 
partie qui correspond aux dents molaires; l'une des têtes ( planche 
n.” 1) a cette arcade un peu dirigée en avant et en haut, dans la 
portion correspondante aux incisives et aux canines : la voûte 
palatine, plus développée dans le diamètre transversal, a moins 
d'étendue d'avant en arrière. * 

La grandeur du trou palatin antérieur indiqueroitelle un dé- 
veloppement plus considérable du ganglion naso-palatin et un 
organe du goût plus parfait! 

L'une de ces têtes, que nous n'avons point fait dessiner, très- 
irrégulière, offre dans les deux moitiés de la boite cranienne une 


+ 


différence considérable. Ici l'aplatissement, au lieu d'être dans le 
sens du diamètre antéro-postérieur, est oblique de droite à gauche 
et d'arrière en avant. Le pariétal gauche est également fort aplati, 
ce qui diminue beaucoup la capacité du crâne de ce côté, d'où 


ZOOLOGIE. à 


il devoit résulter une grande inégalité dans les hémisphères céré- 
braux. Cette tête ressemble en cela à celle de Bichat, avec cette 
différence que la dépression postérieure se trouve du côté opposé. 

Une autre tête présente deux saïllies osseuses dans le conduit 
auditif | 
Enfin une dernière, plus petite, semble avoir été celle d'une 
femme: la partie antérieure est moins large et moins relevée, 
loccipital plus bombé à sa partie supérieure, et la portion écail- 
leuse du temporal plus aplatie. C'étoit très-probablement une 
jeune femme, puisque les saïllies osseuses sont peu prononcées, 
et qu'aucune suture nest ossifiée. 

Après avoir fait connoître la constitution physique des Papous, 
nous allons esquisser rapidement les facultés morales et intellec- 
tuelles de ces peuples. Ils sont remarquables par leur circonspec- 
tion, portée souvent jusqu'à la défiance; ce qui est, d'après l’ob- 
servation, une sorte d'instinct dans les hommes à demi sauvages, 
comme chez la plupart des animaux. Il faut ajouter que, dans les 
Papous, la défiance doit être souvent mise en jeu par les guerres 
que leur font les pirates de quelques îles environnantes, qui fondent 
sur eux à limproviste, et les emmènent en esclavage. 

Sans entrer ici dans de plus grands détaïls sur leurs coutumes, 
détails qui appartiennent plus spécialement à la partie Historique 
du voyage, nous dirons seulement que, lorsque, dans un simple 
canot, l'un de nous visita le village de Boni, tous les habitans s’en- 
fuirent dans les bois, avant même qu'il eût été possible de les aper- 
cevoir. C'est sans doute cet état d'alarme, presque habituel chez 
ces insulaires, qui leur a fait placer leurs maisons vis-à-vis de récifs 
dangereux, dont seuls ils connoïssent les passages, afin d’avoir le 
temps de se soustraire à leurs oppresseurs. 

Les Papous paroïssent avoir des dispositions au vol. Cette incli- 
nation vicieuse est, pour ainsi dire, innée chez tous ces peuples, 


qui sy livrent avec plus ou moins de ruse et de dextérité. 
k Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 2 


10 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Mais le caractère le plus marqué que présentent les Papous, 
cest l'instinct carnassier, assez prononcé pour qu'il en résulte le 
penchant au meurtre; affreux penchant auquel ces insulaires 
s'abandonnent avec fureur, et dont les ossemens qui nous occu- 
pent sont probablement des témoignages. Le chef ou kimalaha de 
Guébé nous a assuré qu'il existoit des tribus anthropophages dans 
l'intérieur des îles des Papous. Cette assertion rappela à l'un de 
nous qu'en abordant à l'ile Ombaï, il avoit vu suspendue, dans la 
cabane d’un naturel, au village de Bitoka, une rangée d'os maxil- 
laires. Dans cette île, où, étant en très-petit nombre, nous courûmes 
les plus grands dangers, quelques Angjlaïs avaient été tués et dévorés 
six mois auparavant par les féroces Ombaïens. 

La tendance à la superstition, comme chez d'autres peuples 
plus civilisés, n'est réellement qu'une exaltation des idées reli- 
gieuses, et, à ce sujet, nous devons ici dire un mot du soin que ces 
peuples apportent à la construction de leurs tombeaux. Ce sont de 
petites cabanes où plusieurs personnes pourroïent tenir dans une 
attitude inclinée. Le corps y repose dans une caisse qui, le plus 
souvent, renferme de petites idoles grossièrement sculptées, des 
bracelets, un peigne et des cheveux; quelquefois on n'y trouve 
rien ; et peut-être alors ce sont de simples sarcophages élevés à la 
mémoire de ceux qui, ayant péri dans les combats, restèrent entre 
les mains des vainqueurs. D'autres fois, une statue placée sous un 
petit hangar indique le lieu de l'inhumation, ou bien les dépouilles 
reposent sur des pieux et sont recouvertes d'une pirogue renversée : 
monument symbolique qui, ainsi que le dit un éloquent écrivain, 
semble indiquer le naufrage de la vie. 

Les observations que nous avons faites sur les Papous sont favo- 
rables à la doctrine du docteur Gall; leur justesse nous ayant paru 
confirmée, jusqu'à un certain point, par l'étude des mœurs des 
individus qui en font le sujet, nous semblent contredire les para- 
doxes de ces philosophes chagrins qui, s'indignant des vices de 


ZOOLOGIE. II 
l'homme en société, ont inventé l'homme de la nature tel qu'il 
n'existe pas, et en ont fait un être idéal séduisant, pour lui prêter 
des attributs de puissance et des moyens de bonheur que la civili- 
sation et les lumières pourroïent seules donner. 

Nous devons ajouter que les Papous seroïent susceptibles d’é- 
ducation, que leurs facultés intellectuelles ne demanderoïent qu'à 
être exercées et développées pour leur faire tenir un rang dis- 
tingué parmi les nombreuses variétés de l'espèce humaine. 


12 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE Il. 


Considérations générales sur quelques Mammiféres 
et Oiseaux. 


Cest en suivant l’ordre successif des lieux explorés par notre 
expédition, que nous allons faire connoître nos observations zoolo- 
giques, et que nous donnerons une idée du genre et de la quantité 
des collections que nous avons rassemblées dans chacun de ces 
lieux. Nous y Joindrons les remarques que la briéveté du temps 
dont nous pouvions disposer, nous a permis de faire sur les mœurs 
des animaux; les différences qu'ils présentent, soit entre eux, soit 
comparés avec ceux d'autres contrées, et les modifications diverses 
que les latitudes et les localités font subir à leur instinct. 


SECTION L'° 
Brésil et Rio de la Plata. 


LA première relâche importante de / Urame fut à la capitale du 
Brésil, où un séjour de cinq mois à deux reprises, et des incursions 
faites par l'un de nous à quarante lieues dans l'intérieur, nous 
ont mis à même de présenter les considérations suivantes. 

Ce nom de Brésil rappelle tout ce que la nature a de plus beau 
et de plus fécond. Aux limites de la zone torride et là où commence 
la zone tempérée de l'hémisphère austral, un sol granitique, alter- 
nativement abaïssé en plaines ou s'élevant en montagnes, parcouru, 
fertilisé par des ruisseaux, des torrens ou des fleuves, est couvert 


5 


ZOOLOGIE. 13 


de la plus riche végétation. « Rien n'égale la magnificence des 


2 


» 


» 


» 


forêts du Nouveau-Monde, s'écrie éloquemment M. Mirbel: on 
ne peut se lasser d'admirer cette quantité infinie de végétaux 
rapprochés, serrés, confondus, si différens entre eux, et quel- 
quefois si extraordinaires dans leur structure et leurs produits; 
ces dicotylédons énormes dont l'origine remonte à des époques 


» voisines des dernières révolutions de la terre, et qui ne portent 


» 


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encore aucune marque de décrépitude; ces palmiers élancés 
contrastant par l'extrême simplicité de leur port avec tout ce 
qui les environne: ces lianes sarmenteuses, ces rotangs à feuilles 
chargées d’épines, dont les tiges longues et flexibles s'enlacent 
les unes aux autres, et, par des circuits et des nœuds multipliés, 
réunissent comme dans un seul groupe tous les végétaux de ces 
vastes contrées. En vain, pour s'y frayer un passage, s'arme-t-on 
du fer et du feu; la hache s’émousse ou se brise sur le bois 
endurci; la flamme privée d'air s'éteint dans l'épaisseur du feuil- 
lage. Le sol est trop resserré pour les germes nombreux qui s'y 
développent; chaque arbre dispute aux arbres voisins qui le 
pressent le terrain nécessaire à sa subsistance; les forts étouffent 
les foibles; les générations nouvelles font disparoître jusqu'aux 
moindres traces de la destruction et de la mort; la végétation 
ne se ralentit jamais, et la terre, loin de s'épuiser, devient de 
jour en jour plus féconde. Des légions d'animaux de toute sorte, 
insectes, oiseaux, quadrupèdes, reptiles, êtres aussi variés et 
non moins extraordinaires que les végétaux indigènes, se retirent 
sous les voûtes profondes de ces vieilles forêts, comme dans des 
citadelles à l'épreuve des entreprises de l'homme *. » 


+ Ceux qui ne sontpas appelés à jouir en réalité d’un aussi beau spectacle, pourront s’en faire 


une juste idée d’après admirable gravure faite sur un dessin de M. de Clarac, et représentant 
une forêt vierge du Brésil. Jamais pinceau ne rendit avec autant de vérité ce merveilleux 
effet de lumiére éclairant un torrent sous des massifs de végétaux énormes, dont chacun a son 
port, sa physionomie propre. Il seroit à désirer que le serpent qui anime ce tableau n’y fût 
pas, ou bien qu'il eût une position différente ; celle qu'on lui a donnée n’est pas naturelle, 


14 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Mais ce luxe de reproduction, si étonnant pour ceux qui 
viennent des contrées où la nature a ses instans de repos, n'offre 
presque plus maïntenant, dans le règne animal, de nouveautés à 
montrer à l'Europe. Dès qu'on a commencé à s'occuper d'histoire 
naturelle, tous les voyageurs ont dirigé leurs recherches vers des 
lieux qui promettoient de si abondantes et de si faciles récoltes. Et 
encore, à l'époque actuelle, une foule de naturalistes de toutes 
les parties de l'Europe, des souverains même, rivalisent de zèle 
pour mieux faire connoître cette belle contrée du Nouveau-Monde. 

On ne peut faire un pas dans le voisinage de l'immense baïe de 
Rio de Janeiro et sur les nombreuses îles qu'elle contient, sans 
rencontrer de magnifiques oïseaux, l'ornement de nos collections. 
Les insectes, plus nombreux encore, volent, sautent, bruïssent de 
toutes parts. Les papillons sur-tout y sont d'une rare beauté, et 
leur nombre surpasse tout ce qu'on peut dire. Maïs le phénomène 
des élaters et des lampyres phosphorescens, dont la lumière fugitive 
brille et disparoît tour à tour, est ce qui frappe le plus l'étranger, 
lorsque, dans une nuit obscure, au milieu des boïs, il se trouve 
entouré par des milliers de ces insectes. 

Le Brésil recèle beaucoup d'espèces de mammifères qui toutes 
sont à-peu-près connues, de même que les mœurs de plusieurs 
d'entre elles. Cependant deux individus que nous conservâmes 
assez long-temps nous offrirent quelques particularités qui ajoute- 
ront à leur histoire. L'un est le laid coati, auquel de petits yeux 
et un nez éxcessivement alongé donnent un aspect si singulier. 

Cet animal nous fut donné très-jeune. D'abord craïntif et 
offusqué par la lumière, il recherchoït toujours les lieux sombres 
et sy blottissoit : libre sur le pont, il devint peu-à-peu familier, 
s'accoutuma au grand bruit et parvint à supporter l'éclat du jour. 
H s’attacha tellement à l'inffrmier du bord qui le nourrissoit, qu'il le 
suivoit par-tout, répondoïit à sa voix par un petit cri, et accouroit 
d'une extrémité du navire à l’autre pour lui grimper sur les épaules. 


ZOOLOGIE. 15 

Le nom de César donné à ce coati étoit déjà connu de tout 
l'équipage, et les matelots, qui s'attachent facilement aux animaux 
paisibles, se plaisoient à lui donner des alimens. L’habitude de ce 
plantigrade étoit de se coucher à la tête du hamac, ou lit suspendu, 
de l’un d'eux. Aussitôt que la nuit étoit venue, on le voyoït grimper 
et parcourir la batterie jusqu'à ce qu'il fût arrivé à son gîte; et 
lorsque le marin, après avoir passé son temps de service sur le pont, 
descendoit pour se coucher, il réveiïlloit quelquefois le coati, qui, 
par des cris perçans, manifestoit son mécontentement; quelques 
coups s'ensuivoient, les cris redoubloïent; maïs le petit animal ne 
se retiroit point, et le matelot ne cherchoïit plus à le renvoyer. 
Aux heures des repas, il nétoit pas moins curieux de le voir 
parcourir les gamelles en alongeant son museau mobile à travers 
les jambes des convives. Cette bonté, nous dirons même cette 
affection des matelots pour de foibles animaux, est vraiment sin- 
gulière, et nous a toujours surpris dans des hommes d’un caractère 
grave et souvent peu endurant. 

Nous avions un chien avec lequel ïl aimoït beaucoup à jouer, 
malgré l'inégalité de ses forces. Le chien se prêétoit volontiers à 
cet amusement, et lon remarquoit quil n'en étoit pas toujours 
de même du coati, qui souvent le faisoit crier en lui mordant les 
oreilles. Il n'étoit pas difficile sur le choïx de ses mets; tout lui 
paroissoit bon : il mangeoït indifféremment de la viande crue 
ou cuite, du lard salé, du pain, du biscuit mäché, trempé dans 
le vin ou l'eau-de-vie, des bananes, des crustacés, du miel, &c. 
I aimoit de préférence le sucre et les méduses; dès qu'on lui en 
montroit, on le voyoit se précipiter dessus avec une étonnante 
avidité. I ne faisoit aucune difficulté de boire du vin et de manger 
les souris qu'il prenoïit lestement. Dans la colère, son cri ressem- 
bloit à celui de la musaraigne; il étoit seulement beaucoup plus 
fort. 


Pendant deux mois il fut notre compagnon de voyage. Les 


16 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


regrets qui accompagnèrent sa mort, survenue par empoisonne- 
ment, prouvent bien que, dans les longues navigations, on s'attache 
aux moindres objets qui peuvent en diminuer la monotonie. 

L'autre animal dont nous avons à parler, est le paresseux ou 
aï, le plus stupide et le plus informe des mammifères; vrai para- 
doxe d'organisation, dans des lieux où la vie surabonde chez tous 
les êtres, où l’agilité se joint à l'éclat et la mobilité à l'élégance 
des formes. Cependant il ne sufisoit pas que la nature l'eût traité 
en marâtre, il falloit encore que des historiens abusassent du 
charme de leur style et de la confiance qu'inspiroient leurs 
observations, pour exagérer l'espèce d'abjection dans laquelle ïül 
semble vivre, et lui refuser même, par une exception qui seroit 
unique, ce que la nature a accordé à tous les individus de sa 
classe, deux orifices distincts pour la génération et la défécation: 
mais il nen est rién, et ce qu'on a dit de ses mœurs et de son 
organisation doit être beaucoup modifié. 

Nous ferons observer, pour ce qui est des premières, qu'ayant 
conservé pendant dix Jours un de ces animaux, vivant, nous avons 
remarqué que ses mouvemens nétoient point aussi lents que l’ont 
prétendu Pison et ceux qui l'ont copié. Tout notre équipage a vu 
l'ai dos brulé partir du pont et arriver, en vingt minutes, par les 
cordages, au haut d'un mât de cent vingt pieds. Un jour même, 
il se jeta à l'eau volontairement à ce qu'il paroît, et l'on eut occasion 
de remarquer qu'il nageoït très-bien, portant la tête haute et avec 
une accélération de mouvemens beaucoup plus considérable que 
dans l'action de grimper. 

Cet animal, comme l'indique sa conformation générale, n'est 
nullement organisé pour marcher. La position de ses membres 
écartés du tronc, la direction de ses ongles, nécessitent de longs 
mouvemens de circumduction pour qu'il puisse traîner sa lourde 
masse. D'un autre côté, la longueur des membres de devant, 
presque double de celle des membres de derrière, l'action de leurs 


ZOOLOGIE. 7 


fléchisseurs qui l'emporte de beaucoup sur celle des extenseurs, lui 
rendent le grimper facile, et lui permettent sur-tout de se fixer avec 
une force prodigieuse. Aïnsi, il n'est pas obligé, comme on Fa dit, 
de se jeter par terre, lorsque, après avoir mangé les feuilles d’un 
arbre, il veut en gagner un autre. Comme il se plaît dans les en- 
droits sombres, ceux qui connoïssent les forêts d'Amérique savent 
quil doit lui être très-facile de passer d’un arbre à l'autre sans aller 
à terre, où il auroit beaucoup de peine à cheminer. 

H paroît qu'il se nourrit principalement des feuilles d’ambaïba 
ou cécropie peltée, avec lesquelles nous fournîmes à sa subsistance 
pendant trois jours. Maïs n'ayant pu en faire une provision consi- 
dérable, nous essayâmes les divers légumes que nous avions; il les 
refusa tous, à l'exception des tiges de céleri, qu'il mangeoit lors- 
quon les lui mettoit dans la gueule. Enfin, il mourut, probable- 
ment pour avoir été trop long-temps exposé au soleil *. 


: Sonnini a avancé une singulière assertion sur l’organisation des aïs, qu’il dit avoir étu- 
diée sur le vivant, à la Guiïane. Il ne leur accorde qu’une seule ouverture pour trois fonctions 
diverses, un véritable cloaque, à l'instar des oïseaux. ( Vouveau Dictionnaire d'histoire naturelle, 
tom. Î[, pag. 153; 1803.) 

Voici ce que nous avons trouvé dans les deux sexes : trente côtes, au lieu de vingt-huit; 
des clavicules bien distinctes; et dans laï femelle, huit vertèbres cervicales, au lieu de neuf. 

A la partie supérieure de lPanus du mâle, presque à toucher, on voit un petit tubercule 
qui a la forme d’un gland; c’est le pénis, qu’on peut faire sortir d’un demi-pouce, en le tirant; 
un muscle constricteur très-fort lentoure, aïnsi que lanus. Le reste des organes de la géné- 
ration est contenu dans l'abdomen. 

La femelle a deux ouvertures très-distinctes, séparées l’une de l’autre par un intervalle 
d'environ six lignes. L’inférieure ou l'anus est très-large pour les proportions de individu; 
la supérieure, un peu moindre , arrondie, ne présentant point de lèvres visibles, est surmon- 
tée d’un rudiment de clitoris. Le vagin, qui vient après, profond d’environ deux pouces, 
est terminé par Putérus, qui, dans lPanimal dont nous donnons la description, contenoit un 
fœtus de plusieurs mois. La vessie vient ‘ouvrir en haut du vagin. 

Dans une injection que nous fimes à la mer, et que le mouvement du navire rendit 
imparfaite , nous ne vimes point dans le système sanguin les particularités dont parle 
M. Carlisle, que les artères des membres commencent par se diviser en ramuscules, qui se 
réunissent ensuite en un tronc d’où partent les branches ordinaires. ( CUVIER, Règne animal, 
tom. Ï, pag. 216.) 

L’aorte descendante se divisoit, comme à Fordinaire, pour donner naissance aux cru- 
rales, &c., tandis que de sa portion supérieure partoient naturellement les sous-clavières , d’où 
naissent les brachiales. Seulement nous remarquâmes une foule de petits vaisseaux déliés, 

Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 3 


18 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Maïs revenant à ces vastes contrées, presque impénétrables, nous 
les verrons peuplées d'oiseaux ornés des plus belles couleurs. Chaque 
famille a ses localités propres, où elle semble se plaire davantage. 
Ainsi les environs de la baïe, où les montagnes sont peu élevées, 
les bois moins touffus , le terrain cultivé, et où l’on voit des fermes 
éparses, sont habités par les jolis guit-guits bleus, les pit-pits verts; 
les tangaras, dont le plumage, d'un beau rouge, contraste avec 
la sombre verdure du feuillage; ceux non moins brillans qu'on 
nomme évêques et archevëéques ; les très-petites tourterelles; et dans 
les jardins, autour des bananiers et des passiflores, bourdonnent 
de charmans oïseaux-mouches, parmi lesquels se distingue le hupe- 
col, qu'à sa petitesse on prendroit pour un insecte. 


pénétrés par Pinjection, qui accompagnoiïent le tronc des artères crurale et brachiale. Ces 
pièces furent envoyées, dans le temps, au Muséum de Paris. 

Nous nous abstenons de toutes réflexions sur l’erreur commise par un homme aussi.judi- 
cieux que Sonnini. Cependant, nous ferons remarquer linconvenance de lépithète injurieuse 
dont il s’est servi envers le chirurgien Bajon, qu’il traite d’ignorant , pour avoir dit, à une époque 
où Panatomie comparée ne commençoit que de naître, que, dans le tapir femelle, les ovaires 
ne communiquoient pas avec les trompes de Putérus. ( Dictionnaire cité, tom. XXI, pag. 404.) 

L'individu qui a été le sujet de nos recherches, a aussi servi à M. Cuvier pour compléter 
son travail sur lorganisation ostéologique de ces animaux. Ce savant, dans la premiere 
édition de ses Ossemens fossiles, n’avoit pu indiquer que laï eût des clavicules, parce 
que ces os, incomplétement développés, étoient facilement enlevés avec les chairs, en 
voulant préparer le squelette. Dans la seconde édition de ce bel ouvrage ( rom. V, r.° partie, 
pag. 71 et suiv.), on trouve la description et la connexion de ces os, qui s’articulent non- 
seulement avec lacromion, comme dans les autres animaux claviculés, mais simultanément 
avec lacromion et Papophyse coracoïde; ils ne sont point assez longs pour atteindre jusqu’au 
sternum, auquel ils ne tiennent que par un ligament. 

On sait que la singularité la plus frappante que présente Paï, est d’avoir neuf vertèbres 
cervicales , sans que son cou en paroisse plus long. Mais, à cet égard, cette anomalie n’est 
point fixe, pas plus que celle qu’offrent les côtes dans leur nombre, puisque notre aï n’a 
que huit vertèbres cervicales. 

Enfin, dit M. Cuvier en parlant de ces êtres, « on leur trouve si peu de rapports avec 
» les animaux ordinaires; les lois générales des organisations aujourd’hui existantes s’ap- 
» pliquent si peu à la leur; les différentes parties de leur corps semblent tellement en 
» contradiction avec les règles de coexistence que nous trouvons établies dans tout le règne 
» animal , que Pon pourroit réellement croire qu’ils sont les restes d’un autre ordre de 
» choses , les débris vivans de cette nature précédente dont nous sommes obligés de cher- 
» cher les autres ruines dans l’intérieur de la terre, et qu’ils ont échappé par quelque mi- 
» racle aux catastrophes qui détruisirent les espèces leurs contemporaines. » 


ZOOLOGIE. à 

Les clairières recelent le coucou guira-cantara, très-rare aux 
environs de Rio de Janeiro ; le coucou piaye, auquel les nègres 
attachent des idées superstitieuses : cet oiseau, peu craintif, se laïsse 
facilement approcher. Il en est de même des nichées d’anis, qui, 
vivant en famille, s'exposent, à la file sur une même branche, aux 
coups du chasseur. La pie-grièche à manteau, plus défiante, se 
tient toujours dans les buissons bas et épais, d'où elle fait entendre 
son cri fort et répété; tandis que le jacarini, d'un noir bronzé, 
perché à la cime des mimosas, s'exerce à faire des bonds verticaux 
qu'il exécute brusquement, en retombant toujours à la même place. 

Là où les bois sont le plus touffus, le manakin goîtreux s'agite 
avec rapidité et fait entendre un bruit semblable à de fortes pé- 
tarades. Le toucan, dévastateur des bananiers, fréquente les plaines 
cultivées; les vangas et les tyrans, les bords des prairies. 

Lorsque , dans nos courses, nous arrivions près de petites mares 
couvertes de plantes aquatiques , nous étions sûrs d'y trouver des 
jacanas, et, dans les haies des alentours, des tinamous, qui sont les 
perdrix du Brésil. Le long des ruisseaux, nous surprenions les 
martins-pêcheurs , qui aiment aussi à se percher au-dessus des 
torrens; et par-tout nous rencontrions le percnoptère urubu, 
animal craïntif et vorace, exhalant l'odeur infecte des cadavres 
dont il fait sa proïe. On le voit dans la rade voler en troupes 
nombreuses, planer des heures entières à perte de vue, ou bien 
tournoyer avec défiance autour des immondices que la mer rejette 
sur le rivage. 

Un autre oïseau de proie, habitant de la plaine, est l’épervier 
anomal | f4/co degener |, dont le cri est aïgre et très-prolongé. Ce sin- 
gulier oiseau ne paroît pas participer aux mœurs féroces de la famille 
à laquelle il appartient. Compagnon parasite des troupeaux, toujours 
sur le dos des bœufs, ïl les débarrasse des ricins incommodes qui 
leur sucent le sang : excessivement craintif, il fuit l'homme de très- 
loin; et ce n'est quavec beaucoup de peine et d'adresse que notre 


2. 


20 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


compagnon de voyage, le maïître-canonnier de /'Uranie, M. Rolland, 
nous en procura deux, dans l'estomac desquels nous trouvàmes en 
abondance les animaux dont nous venons de parler. 

Tous ces oiseaux recherchent les lieux cultivés par l'homme 
et que modifie son industrie, parce qu'ils y trouvent sans peine 
de quoi se nourrir et élever leurs petits. Aussi y sont-ils très- 
nombreux. 

Quand, abandonnant la plaine et les petites montagnes des 
environs de Rio de Janeiro, on s'élève sur la chaîne des Orgues, 
la scène change. Aux effets majestueux que produisent les cimes 
élevées, les ravins, les précipices et les torrens qui bondissent dans 
leurs profondeurs, se joint ce luxe admirable d'une végétation 
perpétuelle, d'autant plus vigoureuse et plus fraîche, qu'elle est 
sans cesse humectée par les nuages qu'elle-même attire et produit. 

Là, les espèces d'oiseaux devenues moïns nombreuses, ne sont 
pas les mêmes que celles que nous venons de laisser. On ne trouve 
plus que le cotinga jaune, le cassique jupuba remarquable par son 
croupion rouge, le gros-bec plombé, le picucule à gorge blanche, et 
celui dont le bec est singulièrement recourbé comme une faucille. 
Le joli manakin aux longues pennes y fait entendre ses espèces de 
roucoulemens amoureux. Aux bords des torrens, où la végétation se 
trouve moins pressée, apparoïît quelquefois le colibri tacheté, être 
aérien, qui, par la vivacité de ses mouvemens, semble se reproduire 
dans mille lieux à-la-foïs. Sur la pente opposée, à l'endroit où 
lon vient de fonder une colonie de Suisses, habite l’oiseau-mouche 
dont le nom de >wbis-émeraude exprime l'éclat de ses couleurs. C'est 
aussi le séjour des tangaras variés de diverses nuances : ces char- 
mans oiseaux vivent en petites troupes et paroïssent aimer l'ombrage 
des grands boïs et les lieux humides; c'est-là du moïns que, souvent 
au milieu des nuages, nous avons rencontré, sur-tout, les espèces 
nommées tricolor et septicolor. Les tamatias se plaïsent aussi dans 
la solitude : le brun, peu fuyard, jouit de la faculté toute particulière 


ZOOLOGIE. 21 


d'imprimer à sa queue des mouvemens latéraux aussi forts que ceux 
que la plupart des autres oiseaux exécutent du haut en bas. 

Si dans ces lieux se trouve une ferme isolée qui ait étendu ses 
cultures aux alentours, on est certain d'y voir arriver des cassiques 
huppés, des pies-grièches, des légions d'aras, d’amazones et 
d'autres perroquets, fléaux des plantations. 

Enfin, lorsqu'on est parvenu au point le plus élevé des montagnes, 
vers le second registo ou corps-de-garde des douanes, établi dans 
le seul lieu où l’on puisse passer pour pénétrer dans le district de 
Canta-Gallo, on est frappé de la solitude profonde qui règne au- 
tour de soi. 

C'est-là que s'opère le partage des eaux, qui ne sont encore que 
de simples filets glissant sur la surface des rochers, mais qui, 
promptement grossis par leur réunion, ne tardent pas à tomber en 
cataractes, à mugir en torrens, et, bientôt libres de tout obstacle, 
coulent paisiblement en larges rivières. Vers le Nord descendent les 
sources do Ribeiro, de Sant- Antonio, de Rio do Conego for- 
mant la rivière das Bengalas, qui augmente les eaux de Rio Grande; 
et au Sud, celles de Rio Macacu, dont l'embouchure est dans la 
grande baïe de Rio de Janeiro. ; 

A ces hauteurs, les oiseaux deviennent plus rares, et il faut 
parcourir de grands espaces pour rencontrer la pie à gorge en- 
sanglantée d'Azzara, l'élégant couroucou, ou bien quelques péné- 
lopes. On entend de temps à autre, dans la profondeur des bois, le 
pic solitaire frapper de son bec l'écorce des arbres; tandis que l'au- 
tour huppé et le roï des vautours planent au-dessus des aïguiïlles de 
granit, qui, semblables à d'immenses tuyaux d'orgues, en ont fait 
donner Île nom à ces monts sourcilleux. C’est aussi la demeure 
des singes; et là, par les sommités seules des forêts, ces animaux 
peuvent traverser des espaces considérables sans toucher la terre. 
Ceux qu'on y trouve le plus ordinairement, et dont le Brésilien 
se nourrit, sont l'atèle arachnoïde, une autre espèce noire, le 


22 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

gentil tamarin, le sajou, et, dans les régions plus inférieures et 
plus chaudes, le doré marikina. Nous y avons aussi entendu, sur 
le soir, les effroyables hurlemens de l’alouate : renvoyés et aug- 
mentés par les échos, ils épouvanteroient le voyageur le plus 
intrépide qui ne connoitroit pas l'animal qui les produit *. Voilà 
pour les mammifères et les oiseaux, ceux de mer exceptés, sur 
lesquels nous reviendrons aïlleurs, les remarques principales que 
nous ayons été à portée de faire au Brésil. Maïs nous ne laïsserons 
point F'Amérique, sans parler des rives de la Plata. 

Si, du vingt-troisième parallèle Sud on s'avance vers le trente- 
sixième , la scène change au point qu'il semble que ce n'est plus 
le même continent; et après la traversée qui sépare le nouveau 
monde de l'Afrique, les regards ne sont pas frappés par une plus 
grande métamorphose. 

Aux alpes du Brésil on voit succéder, de chaque côté du grand 
fleuve, un sol aplati; aux vastes forêts et à leurs gigantesques végé- 
taux, d'immenses plaines verdoyantes, couvertes de graminées; aux 
fréquens coups de tonnerre des montagnes des Orgues, ces vents 
furieux venant du pôle, nommés pamperos, qui rendent la naviga- 
tion si dangereuse. 

Dans quelques endroits de cette terre d’alluvion percent des 
monticules de granit et de schiste, seuls indices qui rappellent 


» C'est dans ces mêmes lieux que nous nous procurâmes le myrmecophaga tamandua dont 
le squelette a servi aux observations de M. Cuvier pour son ouvrage sur les ossemens fossiles. 

Ce fourmilier, que les Brésiliens nomment tamandua mirim, a été pris dans la colonie 
suisse, à quarante lieues de Rio de Janeiro. Sa peau est excessivement dure. Voici quelques 
détails d'organisation recueillis à Ja hâte : le foie, volumineux , avoit cinq lobes; sa vésicule étoit 
très-grosse; la rate fort longue, granuleuse , rougeâtre et frangée; le pancréas avoit plus de 
six pouces de longueur ; l’œsophage s’'inséroit au milieu de l'estomac, lequel étoit à demi- 
plein de fourmis de la petite espèce ; le pylore fort gros et renflé ; les intestins grèles, depuis 
cette ouverture jusqu'au colon, étoient longs de sept pieds, et le colon, à lui seul, me- 
suroit huit pouces; il présentoit des stries sur sa longueur. Deux capsules surmontoient les 
reins ; les testicules, placés dans l'intérieur du ventre, étoïent ronds et assez gros. 

Un paquet de glandes, plus gros que la moitié du poing , occupoit la partie antérieure 
du sternum , en s'étendant de chaque côté du cou. Ce sont ces glandes qui sécrètent le suc 
visqueux qui enduit la langue longue, rétractile et charnue de cet animal. 


ZOOLOGIE. 24 
au voyageur quil na point encore quitté le sol de l'Amérique. 
D'immenses troupeaux de bœufs, de mulets, de chevaux, errent 
dans ces solitudes herbeuses. Ces derniers sur-tout ne connoïssent 
de limites vers le Sud que le détroit de Magellan, où ils aïdent 
aux migrations du Patagon. Des bandes de tigres, de chiens sau- 
vages, accompagnent ces troupeaux, et trouvent toujours à leur 
suite une proie facile; comme, en Afrique, les lions et les tigres 
poursuivent les gazelles voyageuses : mais si le cheval et le bœuf 
paisibles craïgnent le jaguar, celui-ci redoute l'homme, qui, pour 
avoir son élégante fourrure, le poursuit sans relâche, l'atteint d'un 
plomb mortel, ou bien l’enlace quelquefois avec adresse. 

Ces grands animaux parcourent presque seuls les plaines de 
Montévidéo et de Buénos-ayres, et les petites espèces semblent 
sêtre retirées pour leur faire place. Aïnsi, l'ancien continent a 
fourni à cette partie du nouveau ces grands types quil avoit 
perdus et dont on retrouve les ossemens fossiles enfouiïs dans des 
débris d'alluvion auprès de la ville de Montévidéo. 

Si ce n'étoit pas nous écarter de notre sujet, nous chercherions 
à décrire les mœurs des peuples de ces contrées, issus du mélange 
des Européens avec la race indigène, et menant une vie à demi 
sauvage à la suite des troupeaux; nous ferions voir qu'ils sont à 
ces déserts verdoyans ce qu'est l'Arabe aux sables brûlans d'Afrique, 
indomptés comme lui, cruels et hospitaliers tout-àa-fois : toujours 
à cheval, ïls franchissent dans un jour des espaces considérables, 
avec cette différence que le noble animal, compagnon de fortune 
du Bédouiïn, n'est rien pour le barbare Gahouche, qui dans ün instant 
le force, l’excède et l’abandonne pour en prendre un autre. Ce 
ne sera point en Amérique que se renouvellera la scène touchante 
de l’Arabe pleurant sur le corps du cheval expirant qui vient de 
luï sauver la vie *. 

Les espèces d'oiseaux les plus remarquables de ces contrées sont 


* Voyez Châteaubriant, {rinéraire. 


24 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


nomades comme les mammifères. Ce sont des autruches, dont les 
troupes. vagabondes semblent établir davantage les rapports qui 
existent entre les déserts du nouveau monde et ceux de l’ancien : 
des carouges et des troupiales couvrant de leurs volées mnombrables 
les prairies dont ils fouillent la terre pour y trouver des insectes. 
Nous avons remarqué tant de variété dans leur parure, que plu- 
sieurs différences individuelles pourroïent bien ne tenir qu'à des 
disproportions d'âge. 

Une espèce plus petite, le carouge à épaulette, nous a paru avoir 
les habitudes et le ramage de notre étourneau. Comme lui ïl se 
plaît dans les roseaux et sur les bords des marais fangeux que 
couvrent les eaux limoneuses de Rio de la Plata. On rencontre 
aussi l'étourneau militaire, dont la poitrine est rouge, et le carouge 
Gasquet, vivant en petites troupes isolées. 

Le gobe-mouche leucomele, le traquet à lunette, dont l'œil est 
entouré d'une membrane jaune lichénoïde, habitent des halliers de 
faux artichauts épineux : car aucun massif d'arbres ne vient borner 
l'horizon de ces solitudes sans fin, pour en rompre la monotonie; : 
seulement d'énormes cactus étalés en candélabres forment des 
haies épineuses impénétrables, d'une couleur glauque, sur laquelle 
contraste le beau jaune de leurs fleurs. Dans les lieux arides et ro- 
caïlleux, entre les blocs de granit, se montre le cactus opuntia, dont 
les fruits violets, hérissés de milliers de piquans imperceptibles, 
sont les seuls que cette terre ingrate puisse offrir à l’homme. 

Sur les rives de la rade, le tyran à ventre jaune, le même que 
celui du Brésil, dispute à des légions de mauves et de goëlands 
les nombreux cadavres de bœufs et de chevaux jetés à la voirie. 
L'ibis des boïs, avec ses longues pattes et son grand cou, domine 
par-dessus toutes ces troupes voraces; sa défrance, que sert parfai- 
tement son organisation, est extrême, et il s'envole long-temps 
avant qu'on ait pu l'approcher. 

Une grosse espèce de wnamou à long cou et dont le corps est 


ZOOLOGIE. à 


arrondi, y est très-commune ; sur le rivage, nous navons fait 
» . . ° . . 
qu'entrevoir des oïes blanches, qui ont le bout des aïles noir. 


SECTION IL. 
Cap de Bonne-Espérance. 


Nous n'avons point eu la faculté d'observer les mammifères de 
ce pays, et nos courses se sont bornées à l’espace compris entre les 
montagnes qui forment la péninsule du Cap de Bonne-Espérance 
proprement dit. 

Au premier aspect, le voyageur est frappé de la sécheresse qui 
règne sur l'extrémité australe de l'Afrique, où ne s'offrent que des 
montagnes de grès arides et escarpées. On voit évidemment que 
Vart du laborieux Hollandais a tout fait pour forcer la nature à 
produire. La végétation y est triste dans son ensemble, quoique de 
belles liliacées, de brillans gnaphaliums et de superbes bruyeres con- 
tribuent à jeter un certain éclat sur les détails; mais les protéas aux 
feuilles soyeuses et argentées, qui, par leur abondance, forment en 
partie la physionomie végétale, répandent sur le paysage la mono- 
tonie de leur teinte. 

Les deux genres d'oiseaux les plus communs sur cette langue de 
terre, et que nous avons pris plaisir à observer, sont les souimangas 
et les promérops. Nous ferons connoître plus loin les rapports 
naturels d'organisation qui lient ces oïseaux avec certaines familles 
de la Nouvelle-Hollande, de même que la ressemblance des localités 
qu'ils habitent. 

Le moïs d'avril est l'époque à laquelle les souïmangas fréquentent 
les environs de la montagne de la Table; ils y sont attirés par la 
grande quantité de protéas mellifères, dont les cônes leur fournissent 
en abondance une liqueur sucrée; et lorsque ces arbrisseaux ne sont 


pas fleuris, ce sont les virgilias qui nourrissent ces charmans oïseaux. 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. À 


26 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Les fleurs de ce dernier arbre ressemblent à celles du robnia pseudo- 
acacia ; eHes en ont la blancheur et le parfum, mais paroissent ne 
contenir qu'une très-petite quantité de nectar. Aussi voit-on les 
souïmangas voltiger de branche en branche, et plonger leur langue 
rétractile et plumeuse dans chaque fleur. 

On les a comparés, avec Juste raison, aux grimpereaux; ils sont 
vifs et légers comme eux, et ne restent sur un arbre que le temps 
convenable pour le parcourir dans tous les sens; ce qu'ils font à 
l'aïde de leurs ongles crochus. Soit qu'ils volent ou qu'ils cherchent 
leur nourriture, ils poussent un petit cri perçant qui les fait distin- 
guer de loin. Le soir, ils ont un chant prolongé et dont les modu- 
lations sont plus agréables. 

Ces oiseaux sont faciles à conserver vivans. Nous en avons eu un 
pendant quelques jours, qui, du matin au soir, ne faisoit que tremper 
sa langue dans l'eau sucrée : d'où vient que les habitans du cap les 
nomment Decs de sucre. L'espèce la plus commune aux environs 
du Cap, celle dont on pourroït se procurer une centaine dans un 
jour, est le sourmanga à collier. Celui à capuchon violet, remar- 
quable par ses longues pennes, est beaucoup moïns répandu et 
plus difhcile à approcher. Nous avons observé que la dentelure du 
bec n'est point un caractère constant dans tous les individus. 

Le second genre que nous ayons à mentionner est celui des 
promérops, qui, comme les souïfmangas, ont une langue plumeuse, 
canaliculée, et recherchent les plantes mellifères. On les rencontre 
par petites troupes de cinq ou six; et, à l'époque dont nous parlons, 
il étoit facile de reconnoître les jeunes, qui n'avoient pas encore 
leur longue queue. Si le plumage de cet oïseau n'est pas brillant, 
du moins sa forme a une certaine élégance, sur-tout quand il est 
posé. Il n'en est pas de même lorsqu'il vole; par les secousses qu'il 
se donne, par les bonds et les ondulations qu'il est obligé de faire, 
on voit que sa queue l'embarrasse beaucoup, et qu'il na pas été 
fait pour cet exercice. 


ZOOLOGIE. 27 

Ses ongles sont crochus, etil est doué d’une force excessive dans 

les serres; de sorte que si l’on ne prend pas garde à ceux qu'on a 

blessés, ils les enfoncent dans les chairs et font promptement venir 
le sang. : 


SECTION IIl. 


[les Timor, Rawak et Vaigiou. 


L'ÎLE Timor, située vers la partie la plus méridionale de l'ar- 
chipel d'Asie, à distances presque égales des îles de la Sonde et 
des Moluques, est pauvre en mammifères, maïs assez bien peuplée 
d'oiseaux. 

Le sol de Coupang, madréporique et schisteux, n'offre pas cette 
brillante végétation que le voyageur devroit s'attendre à rencontrer 
par le treizième parallèle, etqui se fait remarquer même dans la partie 
Nord de l'ile. 

À quelques lieues des bords de la mer, les arbres, en général, 
n’ont pas cet énorme développement que nous retrouverons bien- 
tôt; leur teinte est blafarde; elle est même toute blanche là où 
dominent les mélaleucas. 

Les tourterelles et les perroquets sont les espèces les plus 
communes. C'est de là que viennent la jolie colombe kurukuru, {a 
colombe Maugé et le colombar unicolor. On y voit le petit kakatoës 
blanc, beaucoup plus gentil et plus susceptible d'éducation que la 
grosse espèce de la même couleur, du port Jackson; la belle per- 
ruche érythroptère; celle à face bleue , qui habite aussi l'extrémité 
Sud-Est de la Nouvelle-Hollande, et qu'on ne peut conserver long- 
temps, parce qu'elle succombe facilement aux convulsions. 

Nous vimes là, pour la première fois, le philédon corbi-calao, 
qui se montrera aussi au port Jackson. Cet oiseau, dont la langue 
est échancrée et les serres excessivement fortes, se nourrit de baies. 


A7 


28 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Coupang est la patrie des langrayens, dont le vol est semblable à 
celui des hirondelles, et qui ont la faculté de planer des journées 
entières dans les régions élevées ; des choucaris verts; des petits 
drongos, friands de la liqueur qui découle du latanier ; de diverses 
espèces de moucherolles ; et comme il y a beaucoup d’arbrisseaux 
et de sous-bois, dans lesquels se plaisent les petits oïseaux, on y 
trouve le padda ou calfat, quelques souïmangas, diverses espèces 
de bengalis, et, sur les casuarinas de la petite île de Kéra, le guépier 
à longs brins. 

En laissant Timor et s'élevant vers le Nord, après avoir traversé 
les Moluques et navigué parmi plusieurs îles dépendant de ce 
nombreux archipel, connu sous le nom d%s des Papous, on 
arrive à celle de Vaigiou, directement placée sous l'équateur. À 
proprement parler, notre navire nétoit point mouillé sur cette 
grande île, mais tout auprès, à un demi-quart de lieue, dans la 
jolie petite baïe de l'ile Rawak, d'où nous faisions de fréquentes 
excursions sur Vaigiou. 

De tous les lieux que nous avons parcourus, aucun ne nous a 
offert une végétation plus vigoureuse et plus belle que les îles qui 
nous occupent; par-tout, depuis la sommité des montagnes jus- 
qu'au bord de la mer, dans laquelle des arbres entiers inclinent 
leurs rameaux, elle nous rappeloit la majesté et la richesse de ces 
forêts profondes que nous avions admirées au Brésil. Sur beaucoup 
de points, la plage est ainsi envahie par le règne végétal. Bien plus, 
nos canots voguoient souvent au travers de forêts marines, dont 
les grands végétaux croiïssent au sein des eaux salées. 

Ailleurs, malgré les plus grands efforts, on ne peut pénétrer dans 
ces sombres retraites. Arrêté à chaque pas par des lianes tortueuses, 
embarrassé dans les débris des arbres que le temps a détruits, 
accablé par la chaleur, on ne tarde pas à préférer des routes plus 
faciles et plus sûres: mais on ne peut oublier l'impression profonde 
que font éprouver le calme et la majesté de cette belle nature. 


ZOOLOGIE. 29 


Les oiseaux qui habitent ce séjour, semblent, par leurs propor- 
tions, participer de sa grandeur : on n'y voit presque point de ces 
espèces naînes au brillant plumage; comme perdues dans ces vastes 
forêts, qui d'ailleurs manquent de graminées et de petits insectes, 
elles ne sauroïent y vivre, et recherchent de préférence les endroits 
plus découverts et mieux accommodés à leur existence. En revanche, 
c'est le refuge des calaos, des grosses colombes muscadivores , 
des pigeons couronnés plus grands encore, des perroquets verts, 
de l’ara noir microglosse, des cassicans, de la nombreuse famille des 
loris, des gros martins-chasseurs, et de quelques oiseaux de proie. 

Les défrans calaos occupent presque toujours la cime des arbres 
élevés, des muscadiers sur-tout, dont ïls recherchent les fruits 
qu'ils avalent tout entiers et qui donnent à leur chair un excellent 
goût. Quoique leurs ailes soïent peu développées, on les entend 
voler de loin, ainsi que l'a remarqué Dampier; ce qui tient à ce 
que leurs longues pennes, écartées à l'extrémité, font vibrer l'air 
avec force. Cet oïseau est un exemple de ce que peuvent les 
localités sur les mœurs des animaux. Ici, environné de fruits, il 
en fait sa nourriture, tandis que, s'il étoit né dans les déserts de 
l'Afrique, il se repaîtroit de la chair des cadavres, comme font 
les calaos d'Abyssinie. 

Les tourterelles muscadivores et à tubercule font entendre de 
sourds roucoulemens, effrayans pour celui qui n'en devineroïit pas 
d'abord la cause; en même temps que des troupes légères de loris 
rouges et tricolors passent avec rapidité en poussant des cris per- 
çans. Il nous étoit facile de nous procurer de ces derniers, qui 
revenoient sans cesse à un arbre dont ils mangeoïent les fleurs. 
Nous avons remarqué une singulière particularité dans ces animaux; 
c'est que leurs couleurs sont infiniment plus éclatantes après la 
mort que lorsqu'ils sont vivans. 

L'existence de ces brillans oiseaux, que les naturels façonnent 
a la domesticité, semble exclusivement liée à leur terre natale; 


30 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
car ils mouroient, malgré tous nos soins, dès que nous avions 
perdu les côtes de vue. 

I existe une petite espèce de kakatoës noir , semblable au blanc 
pour la forme et le cri, et tellement LEE, que nous ne pümes 
nous le procurer. 

Sur la petite île de Rawak seulement, on rencontre beaucoup 
de cassicans Sonnerat; oiseau vif, agile, rusé, susceptible de vivre 
familièrement avec l'homme; possédant une variété de chant qu'il 
seroit difhicile de rendre; tantôt criant très-fort, sur-tout le matin, 
d’autres fois sifant d’un ton grave et par coups, ou bien avec rapi- 
dité; et imitant avec une rare facilité le chant des autres oiseaux. 

Les cassicans fréquentent habituellement les sommités des co- 
cotiers, pour y trouver des insectes; mais nous n'avons point re- 
marqué qu'ils poursuivissent les petits oiseaux, comme on le pense 
généralement. 

Une belle espèce de martin-chasseur, que nous avons dédiée à 
notre collègue, M. Gaudichaud, chargé de la partie Botanique du 
voyage, se trouve aussi sur cette île ; nous ne l'avons rencontré que 
là. On doit à M. Levaïllant la division naturelle de ces oïseaux en 
chasseurs et pêcheurs. Cette distinction, fondée sur des caractères 
peu saillans, tirés de la forme du bec, est bien mieux établie d'après 
leurs mœurs. Nous l'avions déjà faite pour nous avant de connoître 
l'opinion de notre compatriote. En effet, les martins-chasseurs, qui 
sont tous, en général, trèsgros, habitent le milieu des bois, dans les 
lieux humides, où ils fouillent pour trouver des insectes et des vers; 
aussi ont-ils presque toujours le bec terreux; c’est du moins ce que 
nous avons vu sur Ceux que nous avons tués à Rawak,aux Mariannes 
et à la Nouvelle-Hollande, où on les trouve fort avant dansles terres 
loin des ruisseaux. Si quelquefois ils fréquentent les bords de la mer, 
c'est pour s'emparer des petits pagures qu'ils enlèvent avecla coquille. 

Dans les marécages de l'ile de Bony, nous vimes un gallinacé 
qui nous a présenté des caractères suflisans pour en former un genre 


ZOOLOGIE. 31 


nouveau, et que la longueur de ses pieds nous a fait nommer wéga- 
pode. n'est qu'à demi sauvage, vole à peine et en effleurant la 
terre. Le pigeon couronné vit en domesticité à Vaigiou; les insu- 
laires lui donnent le nom de #ambrouc. Nous avons trouvé, dans 
des cabanes abandonnées, des ceintures et des émouchoirs faits de 
plumes de casoars, qui semblent indiquer que ces oïseaux habitent 
aussi cette île. 

Les oiseaux de paradis ne sont point rares; maïs il est difficile de 
se les procurer. Nous en vimes deux dans l'aïguade d'Entrecasteaux, 
sans pouvoir les atteindre. Ils volent par ondulations, à la maniere 
des promérops à longue queue du Cap de Bonne-Espérance. Alors 
leurs belles plumes sont réunies en un seul faisceau. 

Nous terminons ce que nous avons à dire sur ce pays par les 
phalangers, seul mammifère que nous ayons pu nous procurer. 

Ces animaux, que les naturels nous apportoient pour être 
mangés, semblent remplacer ici les paresseux de l Amérique. 
Stupides comme eux, ils passent une partie de leur vie dans l'obs- 
curité; et lorsque trop de lumière les fatigue, ils s'y soustraïent 
en se blottissant la tête entre les jambes. Ils ne sortent de cette 
position que pour manger, ce qu'ils font avec beaucoup d’avidité. 
Dans les bois, ils se nourrissent de fruits aromatiques, comme 
nous l'avons vérifié; et à défaut, les nôtres dévoroïent de la chair 
crue. Leur peau est tellement fine et tendre, qu’en se battant ils 
sen arrachoïent des lambeaux. La même chose arrivoit, lorsque, 
se fixant à l’aide de leurs griffes aiguës, on vouloit les enlever de 
force par leur fourrure. Ordinairement, deux de ces animaux, 
habitués dans une même cage, vivoient en bonne intelligence : 
en ajoutoit-on un troisième, ils se battoïent à outrance en grognant 
et poussant des cris perçans. 

Que de beaux oïseaux, que de mammifères encore inconnus 
habitent ces admirables contrées, et où l'on pourroit se les procurer 
en y séjournant beaucoup plus long-temps qu'il n'est permis de le 


32 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

faire à des navigateurs, dont la mission se borne à explorer une 
partie des côtes! L'île de Vaigiou a plus de quatre-vingts lieues de 
circonférence , et l'on nous donna à entendre que, dans l'intérieur, 
se trouvoit une nombreuse population rassemblée dans une sorte 
de grande ville. 


SECTION IV. 


[les Mariannes. 


LAISsANT cette terre équatoriale, et continuant notre navigation 
vers le nord, nous arrivämes aux Mariannes, où la quantité 
de malades que nous avions alors nous força de séjourner long- 
temps; de sorte que nous eûmes le loisir de connoître les pro- 
ductions zoologiques de l'île Guam, la plus grande de toutes, et 
qui en est en même temps la capitale. 

Cette Île n’a que quarante lieues de tour. Son sol est élevé, 
montueux, en partie volcanique et en partie formé de calcaire 
madréporique. Les montagnes, qui ont toutes subi l’action du feu, 
sont arides et peu boisées. Les forêts recouvrent le calcaire et 
forment une demi-ceinture à l'île, en avoisinant les bords de la 
mer. La végétation naturelle, peu brillante, se ressent de lin- 
fluence du sol sur lequel elle se développe; tandis que les cocotiers 
et les arbres à pain, produits de la végétation artificielle, et placés 
dans un terrain convenable, joignent la magnificence à l'utilité. 

Cet archipel n'a quun mammifere qui ne luï aït pas été ap- 
porté; c'est la roussette Kéraudren, dont les nombreuses troupes 
n'occasionnent point de dégâts, parce que les insulaires ne cul- 
tivent presque pas d'arbres à fruits. 

Nous avouons que nous fûmes étrangement surpris, lorsque, 
étant, avec M. Bérard, sur la petite ile aux Cocos, nous vimes ces 
animaux, bravant l'éclat du soleil, voler en plein jour. Jusqu'à 


ZOOLOGIE. 33 
cet instant nous avions Cru que, fuyant la lumière, ïls ne sor- 
toïent que pendant les ténèbres *. Ils planent à la manière des 
oïseaux de proie, et saccrochent, dans le repos, aux arbres ou 
bien sur les rochers. Les Marïannaïis en mangent la chair, malgré 
l'odeur désagréable qu'elle exhale. 

Une petite espèce de cerf axis, qui a été apportée des Philip- 
pines, a tellement multiplié, que l'on ne connoît pas de lieu qui 
en contienne proportionnellement davantage; car il existe à Guam 
plus de mille de ces animaux. On nourrit de leur chair les équi- 
pages des navires qui touchent à cetteïle, et le nôtre n'eut presque 
pas d'autres vivres pendant le temps que nous y demeurâmes. 
Cela n'empéchoit point que les habitans n’en fissent, de leur côté, 
une assez grande Consommation. | 

Ce cerf a le bois peu développé; son pelage est noirâtre et 
rude. Le faon est fauve, et n'a point de taches comme celui 
d'Europe, à quelque äge qu'on le prenne. Les femelles doivent 
mettre bas vers la fin de mars, puisque, dans les premiers jours 
d'avril, on nous apportoit fréquemment de jeunes cerfs. 

L'habitude qu'ont ces animaux de se jeter dans la: mer lorsqu'ils 
sont poursuivis, nous donna occasion de remarquer avec quelle 
vitesse et quelle force extraordinaires ils nagent, ayant tout le 
cou, jusqu'au poitrail, hors de l'eau. Leur frayeur est si grande, 
qu'ils s'élancent quelquefois dans les brisans qui déferlent sur eux 
avec fureur. Dans les boïs, ces pauvres bêtes sont sans cesse dé- 
vorées par des légions d'insectes, qui, déposant leurs larves sur leur 
peau, la couvrent d'ulcères dégoûtans?. 

+ M. Salt a vu aussi, à Mahavilly, dans le Mysore, des chauve-souris de quatre pieds 
d'envergure, voler en plein jour. ( Voyage de Valentia, tom. Il, pag. 130.) 

? M. Cuvier décrit le crâne et le bois de cette espèce de cerf, dans ses Ossemens fossiles. 
Voici ce qu'il en dit: 

« Les bois des figures 39 et 40 viennent des Mariannes, dont ils ont été rapportés par 
» MM. Quoy et Gaiïmard. Ils sont trés-gros, très-rudes et de couleur cendrée, et lon y 
»remarque, dans laisselle du maître andouiller, une petite excroïssance qui manque aux 


> espèces voisines. Celui de la fig. 39 tient à un crâne qui ne paroît jamais avoir eu de 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. S 


34 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Le nombre des rats s’est considérablement accru ; de même qu'à 
l'ile de France, ils sont le fléau de certaines cultures, qu'ils ravagent 
avant que les fruits aïent acquis leur maturité. 

Les oiseaux paisibles sont d'autant plus nombreux dans cette 
petite île, que, ne redoutant point de guerre, ils multiplient en 
soute sécurité. Nous placerons les colombes au premier rang de 
ces hôtes innocens ; et nous indiquerons comme la plus belle, 
l'espèce kurukuru*, qui se fait remarquer par son beau plumage 
verdâtre mélangé de jaune et par sa calotte purpurine : elle est exces- 
sivement commune ; et dans nos promenades, nous la distinguions, 
sans la voir, à ses roucoulemens si plaintifs, qu’ils ressembloïent à 
de vrais gémissemens. Les Marïannaïs la nomment totot et les Pa- 
pous 7anobo. Elle fait sa principale nourriture du fruit rouge d’une 


» canines, dont le frontal est relevé longitudinalement entre les cornes, et a, en avant des 
» orbites, vers la base du nez, deux convexités longitudinales fort remarquables. Celui de 
» la figure 40 appartient à un individu empaillé, qui manque aussi de canines, et dont le 
» crâne a les mêmes formes : il est à-peu-près de la taille d’un axis ordinaire; malheureuse- 
» ment il a perdu la plus grande partie de son poil. On voit cependant qu'il Pavoit roide, 
» ondulé et d’une couleur gris brunâtre; ses fesses et les poils du dessous de sa queue sont 
» blancs; la queue ëést assez courte: il y a aussi quelques poils blancs au-dedans des oreilles. 

» C’est incontestablement une espèce particulière, bien qu’assez voisine de la précédente 
» (cervus equinus). M. Desmarest a donné cet individu, dans sa Mammalogie, pag. 426, 
» sous le nom de cervus marianus, que nous lui conservons. : 

» Un faon rapporté des mêmes îles par ces voyageurs, et considéré comme dela même espèce, 
» est généralement d’un roux de cannelle foncé, sans taches. Le dessous du corps et le dedans des 
» cuisses de devant est d’un roux plus pâle ; la gorge est blanchâtre ; ïl y a une tache blanche au 
» bout de la mâchoire inférieure, et une sous la base de chaque oreïlle. Le dedans et le bord anté- 
» rieur des cuisses de derrière sont blancs, ainsi que les fesses et le dessous de la queue qui est 
» courte; les quatre jambes fauves. » ( Ossem, foss. seconde édition , tom. IV, pag. 45.) 

+ Dans l'ouvrage qui fait suite aux Oiseaux de Buffon, par M. Temminck ( 47.° livraison, 
planche 254), ce naturaliste fait figurer une colombe qu’il regarde comme la femelle de 
Pespèce kurukuru. Elle a le dessus de la tête cendré, avec une bande jaune au-dessus de Pæil. 
Si c’est une femelle, nous ne pensons pas qu’elle doive appartenir à cette espèce. Ces oiseaux 
sont très-communs dans Vile de Guam; nous en avons tué un grand nombre; nous avons 
même possédé assez long-temps un couple, mâle et femelle, pris sur le nid, dont les indi- 
vidus ne différoient pas le moins du monde lun de l'autre, tant pour la couleur que pour 
la grosseur; et tous ces oiseaux avoient l’élégante calotte purpurine qui les distingue. Voila 
bien certainement ce qui existe dans cette île; peut-être ailleurs fa femelle présente-t-elle 
quelques différences. 


ZOOLOGIE. 35 


orangine épineuse | #monia trifoliata |, qu'elle transporte par-tout 
et contribue par ce moyen à multiplier d’une manière fort in- 
commode. : 

La colombe Dussumier y est aussi très-nombreuse; vient ensuite 
l'érythroptère à gorge blanche, et enfin une nouvelle espèce, de cou- 
leur rousse; si rare que nous ne pûmes en avoir que deux individus. 

Le martin-chasseur à tête rousse infeste les forêts. Les habitans 
le chassent d’auprès de leurs maisons, parce qu'ils le croïent capable 
de dévorer les petits poulets, opinion que nous ne partageons 
pas. On trouve le chlorocéphale à Rota, île distante de dix lieues. 

Le merle des colombiers, sa des Mariannaiïs, conserve ici les 
mêmes habitudes familières qu'on lui reconnoît à Manille. Aussi 
agile qu inquiet, il ne peut demeurer sur un arbre sans en par- 
courir toutes les branches, autant pour être en action que pour y 
chercher sa nourriture. Son chant tient de son caractère et a beau- 
coup de variété; il siffle, il se plaint, il gazouiïlle, ou bien chante 
un petit air de courte’durée. 

Des souimangas rouge et noir sans reflets métalliques habitent 
entre les larges feuilles des palmiers et pompent leur sève sucrée. 
Le moucherolle à queue étalée en éventail se tient dans les buis- 
sons, et le râle tiklin, qui ne vole pas, dans les fourrés les plus épais. 
I y a aussi des corbeaux noirs. Les bords de la mer sont couverts de 
hérons noirs et de hérons blancs, de corlieux, de tourne-pierres, de 
pluviers dorés, de chevaliers. Dans les maraïs on chasse les canards, 
la poule d'eau et le petit héron aux aïles noires : ce dernier est 
nommé 4akag par les insulaires. La chouette commune appartient 
aussi à cette île, où elle elle est connue sous le nom de #70onm0u ; 
mais nous n'y avons rencontré ni aucun autre oiseau de proie ni 
perroquets. 

Tinian a fourni une nouvelle espèce à notre genre mégapode, 
beaucoup plus petite et d'une couleur différente de celle de Vaigiou. 
La tradition rapporte que très-répandue autrefois dans l'archipel, 


se 


36 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


les anciens peuples Mariannais l’élevoient comme on fait à présent 
des volailles. 

Enfin, nous pouvons assurer que, sous le rapport de l'ornitho- 
logie *, comme de toutes les autres parties de l’histoire naturelle, 
il n'existe pas, dans le grand Océan, d'île qui soit maintenant 
mieux connue que celle de Guam, naguère ignorée; nous aurons 
occasion de le prouver aïlleurs, en traitant de chaque classe d'ani- 
maux séparément. 


SECTION V. 
Lles Sandwich. 


Nous n'avons que fort peu de chose à dire des oiseaux propres 
aux trois cônes volcaniques de cet archipel que nous avons visités, 
et rien, absolument rien sur les mammifères, qui paroïssent se 
borner aux cochons et aux chiens. On mange aussi ces derniers, 
dont les variétés sont trèsnombreuses, comme en Europe. 

N'ayant eu que peu de temps à rester sur chacune de ces iles, 
nous ne pûmes parcourir leurs hautes montagnes intérieures; et 
nos courses se bornèrent à celles des côtes, déjà assez élevées pour 
que trèssouvent elles soient couvertes de nuages. 

En oïseaux, nous ne citerons que deux moucherolles noir et 
blanc ; de petits figuiers d'un vert jaunâtre, le nouveau genre 
psittasin de M. Temminck, nommé 7aouhi par les Sandwichiens, 
qui a des rapports avec les perroquets pour les formes, mais qui 
en diffère beaucoup par un vol lent, soutenu et uniforme , tandis 
que celui des perroquets est brusque, et s'opère comme si le corps 
étoit placé de travers. 


* Ainsi, c’est à tort et par une fausse indication, que dernièrement on a dit, dans un bel 
ouvrage , que le calao à casque sillonné habitoit les Mariannes : ces oiseaux ne se touvent point 
dans cet archipel. 


ZOOLOGIE. 7 

Les plantations d'arum, toujours inondées, recèlent des foulques et 
des poules d'eau ordinaires. On trouve au bord de la mer des corlieux 
gris et des chevaliers, et sur les rimas ou arbres à pain, la chouette 
commune, que les indigènes connoïssent sous le nom de pouéhou. 

Mais, chose surprenante, malgré toutes nos recherches et nos 
courses dans les montagnes environnant les” bords de la mer, 
des trois îles d'Owhyhi, Mowi et Wahou, nous n'avons pu nous 
procurer ni même voir l'héorotaire | certhia vestiaria |, très- petit 
oiseau dont les plumes d’un rouge éclatant forment les élégans 
manteaux des chefs. Quand on pense que, pour fabriquer un 
de ces ornemens, qui a quelquefois cinq pieds de hauteur, ül 
faut des centaines, peut-être des milliers de ces oïseaux, l'étonne- 
ment redouble de ne pas en rencontrer à chaque pas. Il faut croire 
qu'on a fini par en diminuer tellement le nombre, que maintenant 
ils se trouvent relégués dans les profondes vallées ou sur les très- 
hautes montagnes que nous apercevions dans l'éloignement *. 

On peut faire quelques rapprochemens naturels entre les Sand- 
wich et les îles de France et de Bourbon. Leur sol a partout 
subi l'action du feu. Les hautes montagnes de Mowna Roa et 
Mowna Kaah ressemblent aux Salazes de Bourbon. Leur pente 
commence au bord de la mer et s'élève successivement jusqu'à 
deux mille cinq cents toises, dit-on, pour les premières; les 
secondes, moins imposantes, mais peut-être plus abruptes, n'en 
comptent que quinze cents. Très-souvent on se méprendroit sur 
la nature des produits volcaniques des unes et des autres, tant la 
similitude est parfaite; et sur la plage qu'habite une partie de la 
population d'Owhyhi, on diroit que la lave vient d'y couler. 


* Il paroîtroït, d’après ce que rapporte Dixon, que Poiseau qui fournit les plumes jaunes, 
seroit un promérops ou un guépier, dont les naturels sempareroient facilement, et auquel ils 
arracheroïent le peu de plumes colorées dont il est orné, et qu’ils renverroïent ensuite. Nous 
avons bien aperçu dans les vallées profondes quelques-uns de ces oiseaux , mais qui ne nous 
ont pas paru faciles à approcher. Nous pensons donc que le fait avancé par le voyageur 
anglais demande confirmation. 


38 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Wahou, au contraire, ressemble à l'ile de France; ce sont ses 
montagnes peu élevées, affaissées, dont les arêtes adoucies et 
décomposées par le temps, fournissent abondamment aux vallons 
une excellente terre végétale qu'on s'empresse de cultiver. Par-tout 
la végétation y est vigoureuse et pressée. Il n’en est pas de même 
à Owhyhi, la plus considérable de ces îles, où d'immenses coulées 
de laves plus récentes ont tout envahi, et où l’on est obligé de 
pratiquer des cultures à travers leurs interstices. 

Enfin, de même qu'aux îles de France et de Bourbon (avant 
qu'on y transportât des cerfs* et plusieurs espèces d'oiseaux), on 
ne peut faire aux Sandwich qu'une très-mince récolte en zoologie. 


SECTION:VI 


Nouvelle-Hollande. 


TERRE D'ENDRACHT ET NOUVELLE-GALLES DU SUD. 


CETTE immense contrée, encore si peu connue, s'est offerte à - 
nous sur deux points différens. Le premier, la baïe des Chiens- 
Marins, située à l'Ouest, est d’une sécheresse et d’une aridité 
effrayantes. Par-tout des dunes de sable recouvrant un grès rou- 
geàtre ne présentent à la vue que des mimosas et autres arbris- 
seaux contournés et rabougris. Qu'on ajoute à cela le manque 
absolu d’eau douce, et l'on concevra facilement qu'une perpétuelle 
stérilité doit être le partage de cette terre de désolation. 

Cependant elle a, nous ne dirons pas ses habitans, parce que 
la tribu que nous y avons vue ne sauroït constamment y demeurer 
et y vivre; mais enfin elle est fréquentée par l'espèce humaine, 


* Il se pourroit bien que les cerfs des îles de France et de Bourbon fussent de [a même 
espèce que ceux des Mariannes, et que les Hollandais, à qui appartint d’abord la première de ces 
iles, en eussent pris les premiers individus à Manille ou au continent de FInde. 


ZOOLOGIE. 29 
malgré la privation qu'elle y éprouve d'un des élémens les plus in- 
dispensables à son existence. Les animaux de cette baie qui vivent 
dans ses petites îles, ou sur le continent non loïn du rivage, ont 
bien été forcés de s'accommoder à cette nécessité. Ainsi, les kan- 
guroos, les péramèles, les phalangers, beaucoup d'oiseaux qui s'éloi- 
gnent peu, boivent l'eau de la mer. Les naturels qui séjournent sur 
la presqu'ile Péron, où ils trouvent, en poissons , une nourriture 
assez abondante, sont probablement forcés d'en faire autant; et 
chez eux l'habitude a rendu nuls les effets délétères de cette bois- 
son, si toutefois elle est dangereuse par elle-même. 

On trouve sur les îles de Dorre et Bernier, le kanguroo à bandes, 
que MM. Péron et Lesueur ont fait connoître. ‘II existe aussi 
dans celle plus grande de Dirck-Hatichs. C'est seulement sur cette 
dernière que nous avons trouvé une quantité d'assez grands trous 
pratiqués sous des touffes de mimosas, dont les branches s’étaloient 
sur la terre, et que nous supposons être ceux d'une très-grande 
espèce de péramèle. Ces animaux, que nous ne fimes qu'entrevoir 
parce qu'ils rentroïent au gîte avec une extrême rapidité, nous paru- 
rent de la taille d'un moyen kanguroo. La nuit ils vont sur le bord 
du rivage fouiller dans les débris que la mer y entasse. Ils courent 
fort vite, toujours à quatre pattes et sans faire de bonds. Nous ne 
pûmes nous en procurer. Une chose qui est à remarquer, c'est que 
sur le continent nous ne vimes point de semblables terriers. 

Les environs recèlent beaucoup de kanguroos-rats, à en juger par 
une infinité de têtes entières que nous trouvâmes avec des débris 
d'oiseaux, de serpens, de lézards, de crustacés, de poissons même, 
au bas de l'aire d’un aïgle ou autour à ventre blanc et à dos gris. 
Le nid de cet oiseau, haut de cinq à six pieds, formé de branches 
d'arbres symétriquement rangées en rond, et présentant l'apparence 
d'une petite tour, étoit construit sur un rocher isolé, dont la mer 
venoit battre le pied. Il étoit plein jusqu'a sa partie supérieure, 
et contenoit un œuf de la grosseur et de la forme de celui d’une 


40 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


poule, de couleur fauve avec des plaques brunes. La femelle le cou- 
voit; et par la disposition de son aire, dont on peut voir la figure 
dans atlas historique de notre voyage, elle voyoit tout ce qui se 
passoit autour d'elle et s'envoloit à notre approche. Cook fait men- 
tion d'un semblable nid qu'il vit dans une partie opposée de la 
Nouvelle - Hollande. Ces oïseaux, par leur nature, sont tenus de 
vivre solitaires : ils consomment tant de chair, que plusieurs fa- 
milles réunies sur un même point, auroïent bientôt dépeuplé d'a- 
nimaux toute une contrée. 

Au bas des dunes élevées de la presqu'île Péron où M. de Frey- 
cinet avait établi son observatoire, l'un de nous tua le petit péra- 
mèle Bougainville, que nous représentons planche j. Nous en 
vimes plusieurs qui tous étoient de même taille, ce qui feroit sup- 
poser qu'ils nacquièrent pas beaucoup plus de développement. 
Dans ce lieu tous les petits sentiers conduisant d’une touffe d'arbres 
à une autre, ont été faits par ces mammifères, qui trouvent sous 
ces réduits un asile assuré contre les attaques des aïgles, des au- 
tours et des chiens sauvages qui fréquentent cette plage. 

Les oïseaux de terre les plus remarquables sont divers traquets, 
parmi lesquels se trouve /e traquet élégant ; quelques philédons; des 
tourterelles à reflets métalliques ; un moucherolle noir et blanc ; 
de grosses corneïlles toutes noires; une nouvelle espèce de mé- 
rion, que nous avons nommée 7rérion leucoptère, et le mérion 
natté, remarquable par sa vivacité. Maïs un oïseau très-singulier est 
celui dont le chant ressemble au son d’une clochette qu'on frap- 
peroit brusquement. Il ne le faisoit entendre qu'au lever du soleil, 
etnous nous plaisions à l'écouter sans pouvoir en distinguer l’auteur. 
Ce nest que dans une autre partie, au port Jackson, qu'on nous 
le fit connoître, en nous en cédant un, qui fut perdu avant d'avoir 
été décrit. Il est d’un vert jaunâtre , pas plus gros que le philédon 
grivelé, avec lequel il a beaucoup de ressemblance. 

Le port Jackson , au Sud-Est de la Nouvelle-Hollande, est le 


ZOOLOGIE. 4 


second point de ce continent que visita la corvette /’Urame, après 
avoir parcouru cet espace immense du grand Océan, qui la 
sépare des îles Sandwich. 

Nous ferons précéder d'une légère esquisse topographique, ce que 
nous avons à dire sur les mammifères et les oiseaux de cette contrée. 

Toute la partie du comté de Cumberland qui s'étend depuis 
la mer jusqu'aux Montagnes-bleues, peut être considérée comme 
une plaine ondulée, au milieu de laquelle se trouvent quelquefois 
des collines assez hautes. Les bancs de grès dont le sol est formé, 
se montrent à nu sur plusieurs points, et nuisent au développement 
et à la propagation des végétaux, qui là, comme Sur la côte, sont 
maigres et rabougris. Des landes sablonneuses et stériles s'étendent 
depuis la ville de Sydney jusqu'à Botany-bay, dans l'espace de plu- 
sieurs lieues. 

Ce nest quen s'avançant vers le centre, le long des rivières, 
dont les débordemens fertilisent la terre, qu'on trouve de ces 
majestueuses forêts d'eucalyptus, dans l'intérieur desquelles ces 
arbres gigantesques, séparés par de larges intervalles libres de lianes 
et d'arbrisseaux, permettent de circuler à l'aise. Sous leurs ombrages, 
se développent de magnifiques prairies naturelles, auxquelles la 
renoncule, l'antropogon, lavena et l'aristida donnent le même 
aspect qu'à celles de France. Dans les moiïs de décembre et de 
janvier, revêtues de toute leur parure, elles nous auroïent occa- 
sionné l'illusion la plus complète, si les grands végétaux et les 
nombreux oiseaux qui nous environnoient, ne nous eussent sans 
cesse rappelé que nous foulions un sol étranger. 

Après avoir fait environ neuf lieues vers le Nord-Ouest, on 
rencontre la rivière Nepean, qui coule au pied des Montagnes- 
bleues. Là existe une démarcation naturelle, que nous ne franchi- 
rons qu'après avoir fait connoître quelques particularités zoologiques 
de ce quon peut appeler la plaine. 


Parmi les grands quadrupèdes, on trouve encore, en assez grande 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 6 


42 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


quantité, des chiens sauvages; mais la guerre impitoyable qu'on 
leur fait en aura bientôt anéanti l'espèce. Il en est de même des 
paisibles kanguroos , à la destruction desquels on s'attache bien 
davantage, parce qu'on se nourrit de leur chair et que leurs four- 
rures servent à faire des vêtemens ou des chapeaux. Déjà l’on n’en 
aperçoit presque plus aux environs de Sydney; ils sont rares sur 
les Montagnes-bleues, et ce n'est que dans les contrées les plus 
reculées qu'on en voit encore des troupeaux. 

Les Européens détruisent, avec autant d'activité, les grandes 
espèces de phalangers, dont les longs poils soyeux leur sont de 
quelque utilité. Les petites espèces seules échappent. On extermine 
les malfaisans dasyures , animaux nocturnes qui commettent les 
mêmes dégâts que chez nous les fouines, avec lesquelles ils ont 
des rapports de mœurs. 

Ces mammifères, en désertant les bords de la mer, trouvent 
dans les naturels d’autres ennemis qui se nourrissent de leur chair; 
car la nature, avare de ses dons envers ce peuple misérable, Jui 
a refusé presque tous ces végétaux utiles, ces fruits délicieux, 
qu'elle répand ailleurs avec tant de profusion. Obligé de se nourrir 
sur-tout d'animaux, il est sans cesse errant dans ces vastes déserts; 
et il né peut se fixer nulle part sur une terre qui exige une industrie 
agricole supérieure à la sienne, pour lui offrir des produits utiles à 
sa subsistance. 

Ainsi, l'on peut calculer le temps où ces animaux, si nombreux 
lors de l'arrivée des Anglais aux Terres australes, n'existeront plus 
que comme des objets de curiosité, et finiront enfin par dispa- 
roître tout-à-fait, pour faire place aux troupeaux, bien plus utiles 
sans doute, de bœufs, de chevaux, de brebis, &c. devenus indis- 
pensables à l’homme civilisé, et qui l'accompagnent dans ses grandes 
migrations. C'est donc la destinée de ces terres conquises, de voir, 
nous ne dirons pas seulement des espèces de mammifères étrangères 
y succéder aux espèces indigènes, mais la population elle-même 


ZOOLOGIE. 43 


s'éteindre et être remplacée par une population nouvelle et tou- 
jours envahissante. 

Le contraire de ce que nous venons de dire s'observe pour 
certaines espèces d'oiseaux, dont le nombre augmente dans les lieux 
cultivés et fréquentés par l'homme. Aïnsi, la tribu si variée des 
perroquets est plus commune aux environs de Sydney, de Parra- 
matta, de Windsor, que par-tout aïlleurs. Dans les Montagnes-bleues 
mêmes, c'est auprès des fermes isolées que nous avons trouvé le 
plus de jolies perruches omnicolores. Il en est de même du kakatoës 
blanc ou à crête, du familier cassican, de quelques philédons, du 
corbi-calao sur-tout, aussi commun dans la plaine qu'il est rare dans 
les montagnes; des élegans traquets, dont les buissons fourmillent, &c. 
Déjà nous avons fait cette remarque à l'égard du Brésil. Elle est 
évidente pour tous les pays où la culture est en vigueur, et c'est à 
ses plantes céréales que l'Ile de France doit cette grande quantité 
de petites perruches à tête grise. 

Parmi ces nombreuses variétés d'oiseaux que nous ne pouvons 
toutes énumérer et encore moins faire connoître par leurs habi- 
tudes, nous citerons l'énorme martin-chasseur choucas, vivant au 
milieu des forêts. Sa voix a un éclat extraordinaire ; et lorsque 
plusieurs se réunissent, ils se plaisent à faire un bruit terrible, res- 
semblant à des éclats de rire immodérés. Dans ce bruyant concert, 
chaque acteur semble avoir sa partie. 

Nous reviendrons encore aux cassicans, qu'on peut considérer 
comme les corbeaux de cette contrée : ils sont plus gros que ceux 
des îles des Papous , et leur chant paroît avoir moins d'élégance; 
maïs en revanche leur plumage est plus varié, quoïqu'il ny entre 
que deux seules couleurs, le blanc et le noir. Cependant nous en 
possédions une espèce nouvelle tout-à-fait grise, et beaucoup 
plus grosse qu'une corneiïlle. 

Nous ferons mention du philédon corbi-calao et de la perruche 
a tête bleue, connue ici sous le nom de perruche des Montagnes- 


6* 


44 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

bleues, parce qu'elle habite de préférence cette contrée. Ces deux 
espèces d'oiseaux sont absolument les mêmes que celles que nous 
avons trouvées à Timor, à une distance de 24° en latitude ou de 
huit cent soixante-quinze lieues. Nous viîmes la dernière sur les 
bords de la Nepean, se nourrissant de fleurs non épanouies d’eu- 
calyptus; et le corbi-calao au cou nu, dans les grands bois des 
environs de Parramatta, où il conserve son goût pour les baïes et 
son chant aussi bruyant que sous la zone torride. Il est bon de pré- 
venir que lorsqu'on ne fait que le blesser, il enfonce avec force 
ses griffes dans les chairs et fait des blessures très - douloureuses. 
Les cris qu'il pousse dans ces instans attirent ses semblables, espèce 
d'instinct commun à beaucoup d’autres oiseaux. 

Enfin, laissant cette partie basse du comté de Cumberland, et 
franchissant ces fameuses Montagnes-bleues, si long-temps inac- 
cessibles, nous irons au-delà jusqu'à la plaine de Bathurst, en con- 
tinuant à donner une légère idée de la constitution du sol, afin 
d'indiquer les affinités naturelles que doivent avoir avec lui les 
animaux qu'on y rencontre. 

Toute la première zone de montagnes peu élevées qui borne 
l'horizon dans le Nord-Ouest, est composée de grès rougeûtre, en 
couches horizontales, présentant, sur quelques parties, des escar- 
pemens à pic. Cest le propre de cette roche d'offrir cette dis- 
position , qu'on retrouve dans plusieurs montagnes d'Afrique, 
notamment sur celle de la Table, au Cap de Bonne-Espérance; 
disposition qui rendit si long-temps impraticables les Montagnes- 
bleues, jusqu'à ce qu'ayant reconnu les arêtes qui réunissent leurs 
points les plus élevés, on put se frayer un passage jusqu'aux pitons de 
granit, dont la configuration tout-à-fait différente ne présente plus 
les mêmes difhicultés. II n'existe point de transition entre ces deux 
formations. On descend les montagnes quartzeuses par une rampe 
très-roide, où l'on n'a pu éviter de tracer la route, et l'on entre de 
suite sur le sol granitique. 


ZOOLOGIE. 4 

La première partie est aride, desséchée, sillonnée par des vallées 
profondes qui ressemblent à de vraïs bassins à paroïs perpendicu- 
laires et sans eau. Cette sécheresse fut aussi un des obstacles qui 
s'offrirent à ceux qui tentèrent de pénétrer plus avant. 

A-t-on dépassé le grès, l'aspect change tout-à-coup; on ne ren- 
contre plus qu'un système de montagnes arrondies en pitons, ou 
bien présentant des ados qui retiennent une abondante terre végé- 
tale, sur laquelle d'épaisses graminées forment des prairies conti- 
nues. Des rivières, des ruisseaux, coulant paisiblement ou tombant 
en cascades, suivent les sinuosités des vallons, débordent dans les 
lieux bas et inondent les prairies. C'est où leurs ondes sont tran- 
quilles que le paradoxal ornithorynque et les cygnes noirs font leur 
habitation. Les casoars, nommés z4ran par les indigènes, recherchent 
les plaines humides, et l’une d'elles a pris le nom d’Æz, qu'on donne 
à ce volumineux oiseau, qui est à la Nouvelle-Hollande ce que sont 
les autruches à la sablonneuse Afrique, ou bien aux pampas ver- 
doyantes de l Amérique australe. 

Sur les hauteurs on trouve le crave noir à aïles blanches, animal 
stupide, armé de serres aiguës; des coucous; le kakatoës banksien, 
si différent du blanc par son vol lent, mesuré, et par son cri aigre; 
plusieurs espèces de perruches, parmi lesquelles nous signalerons 
celle à bandeau rouge, qui conserve longtemps après sa mort 
l'odeur aromatique des fruits d'eucalyptus dont elle se nourrit; 
enfin une foule d'autres oiseaux inconnus, dont les dépouilles, 
pénibles à préparer dans un voyage fait avec rapidité, n'ont pu être 
rapportées en France par l'effet de notre naufrage. 

Mais le premier oiseau de la contrée, sans contredit, est le beau 
ménure, qui déploie en lyre élégante les plumes de sa queue. I se 
plaît sur les monts rocailleux, et le poste de Spring-Wood est l'en- 
droit où il y en a le plus. 

Après avoir franchi les points les plus escarpés des montagnes, 
on les voit diminuer insensiblement de hauteur jusqu’à la vaste 


46 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


plame ondulée de Bathurst, que traverse la rivière Macquarie. 
Jusque-là on voyage dans une forêt continue d’eucalyptus; et 
lorsqu'on en est sorti, la vue s'étend au loin sur une immense 
prairie couverte de hautes et épaisses graminées. C'est là que se 
réfugient des caïlles dont le plumage est diflérent de celui des 
nôtres. 

Des hirondelles noires et blanches vivent en troupes autour de 
la ville naïssante; et leurs nids en terre, suspendus aux maïsons, 
ont pes ouverture un tube cilyndrique piolenee de quelques 
pouces *. 

Parmi les mammifères, nous n'avons distingué qu'un kanguroo 
cendré, dont le poil est laïneux, semblable à celui d’une fourrure 
que nous avons déposée aux galeries du Muséum. Le gouverneur 
avoit dans son beau jardin de Sydney plusieurs de ces animaux, 
qui atteignent une grande taille. 

Dans les régions montagneuses, ils préfèrent les hauteurs aux 
vallées humides. I en est de même des phalangers. Lors de notre 
séjour, on avoit tout nouvellement découvert à Bathurst une grosse 
espèce de péramèle, dont nous dûmes un individu à l’obligeance 
de M. le capitaine Lawson. 

Toute cette partie du comté de Cumberland qui repose sur 
des couches de grès, même une portion des Montagnes-bleues, 
nous ont paru avoir plusieurs rapports d'organisation générale 
avec la péninsule que forme le Cap de Bonne-Espérance. Comme 
en Afrique, le sol alternativement y est ou montueux, ou pré- 


? Parmi quelques oïseaux que nous acquimes au port Jackson , se trouva une sorte de 
grimpereau, dont la mandibule supérieure seulement offroit Ia singulière anomalie d’être 
recourbée en haut. Cette courbure ne commençoit qu’à la partie moyenne, et alloït vers 
la pointe. La mandibule inférieure étoit droite. Étoit-ce accidentel ! L’empaiïlleur qui nous 
le vendit, assura que non. Cet oiseau n'a été ni décrit ni figuré, non plus qu'un superbe 
Céréopsis, vivant dans le jardin du gouverneur. Son plumage étoit gris de lin, marqué de 
larges lunules ou yeux bruns. 


Un autre bel oïseau fort rare est le loriot prince-régent , dont nous apportions un individu. 
(Voyez planche 22.) 


ZOOLOGIE. L 


sente des plaines sablonneuses , arides, recouvertes d'arbres plus 
ou moins rabougris, d'un aspect monotone zet triste. Les arbris- 
seaux et les plantes herbacées ont leurs feuilles dures, épineuses : 
mais la plupart ont un caractère particulier, c'est que leurs fleurs 
sont remplies d'une liqueur sucrée abondante, seule nourriture que 
la nature ait pour ainsi dire accordée à quelques espèces d'oiseaux, 
et_pour laquelle ïls ont reçu, par une admirable prévoyance, une 
langue rétractile en pinceau, remplissant l'office d'un siphon vivant. 
C'est ainsi que nous avons vu au Cap de Bonne-Espérance les 
soumangas et les promérops, toujours suspendus aux virgilias et 
aux protéas, employer presque tout leur temps à pomper un aliment 
aussitôt digéré que pris. 

Au port Jackson, une famille tout entière participe de la même 
organisation. Si les philédons ont aussi la langue plumeuse, et sont 
obligés de picorer comme les abeïlles, la nature ici plus soïgneuse 
a mis à leur portée, avec une sorte de profusion, un bien plus 
grand nombre de végétaux mellifères. En effet, on ne peut faire 
un pas sans rencontrer d'énormes bañksias dont les cônes élégans 
fournissent un suc abondant; des forêts entières de gigantesques 
eucalyptus; des xanthoréas, plante ou arbre singulier, tout-à-fait 
propre à la Nouvelle-Hollande, comme ses kanguroos et ses orni- 
thorynques; des mélaleucas, des styphélias, et une foule d’autres 
arbres donnant plus ou moins de liqueur mielleuse aux oiseaux qui 
parcourent leurs branches. 

Le plus grand des vrais philédons est celui à pendeloques. Vient 
après une espèce grisâtre, dont nous avons nourri pendant quelques 
jours des individus, en leur présentant de l’eau sucrée dans laquelle 
ils plongeoïent tout d'abord leur langue effilée. 

Nous avons dit vraïs philédons, parce que le corbi-calao, le 
philédon à front blanc et le philédon olive qui est très-rare , sont 
des oiseaux qui, quoique placés dans ce genre, diffèrent infiniment 
des premiers, non-seulement par la forme de leur langue simple- 


48 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ment échancrée à la pointe sans être rétractile, ce qui fait qu'ils ne 
se nourrissent point de sucs, maïs encore par leurs mœurs beau- 
coup plus vagabondes, si l'on peut se servir de cette expression, 
que celles des philédons proprement dits; car ces derniers, comme 
tous les oiseaux qui sont ainsi organisés, demeurent par nécessité 
fixés à certaines espèces de végétaux, dont ils ne peuvent s'éloigner 
sans courir le risque de périr. 

Il seroïit curieux de rechercher si, ayant constamment la tête 
plongée dans les corolles des fleurs, le sens de la vue chez eux 
est moins parfait. Tout ce que nous savons, c'est qu'en général 
ils se laissent approcher de fort près. 


. 


SECTION VII 
. Lles Malouines. 


Les Malouines, sur lesquelles nous fîmes naufrage et qui man- 
quèrent devenir notre tombeau, sont le dérnier point qui doit 
nous occuper sous le rapport des oiseaux terrestres proprement 
dits. Nous n'avons rien à dire des mammifères; car, à l'exception 
du chien antarctique, seul quadrupède appartenant d'une manière 
spéciale à ces îles, et dont nous n'avons fait qu'entrevoir un indi- 
vidu , qui, vu l'état de détresse dans lequel nous étions, fut aussitôt 
mangé que tué, tous les autres, comme bœufs, chevaux, lapins, 
cochons, y ont été apportés par les Français ou les Espagnols qui, 
à diverses reprises, tentèrent d'habiter une terre qui ne paroît 
propre qu'aux herbivores ou aux phoques amphibies. 

Si l'on considère le peu de profondeur de la mer entre les 
Malouines, placées à-peu-près vis-à-vis le détroit de Magellan, et 
l'Amérique , on sera naturellement porté à croire que jadis elles 
firent partie de ce continent. La surface de ces îles offre des 
montagnes de grès et des terrains bas et unis : le sol, dans les pre- 
mières de ces localités, est nu, aride, de couleur grisätre, dépourvu 


ZOOLOGIE. 49 


-de végétation, dans les secondes, il est tourbeux, couvert de gra- 
minées, et découpé en criques salées, ou parsemé d'étangs d'eau 
douce. Des brumes épaisses et continuelles répandent une teinte 
sombre et mélancolique sur ces plages désertes, où l’on ne trouve 
pas un arbre : leur ressemblance est parfaite sous ce rapport avec 
les vastes pampas de Rio de la Plata. Seulement on voit de loin 
à loin, sur le bord de la mer, de foibles arbrisseaux clairsemés 
et rabougris, du genre epetrum , qui portent des baïes dont se 
nourrissent plusieurs petites espèces de chardonnerets et de passe- 
reaux, une grosse grive et l'étourneau à poitrine rouge. Ces deux 
- derniers paroïssent au commencement de l'hiver, lors de la matu- 
rité de ces fruits. 

Le dactylis aggloméré, roseau flexible de plus de six pieds de 
haut , couvre les petites îles de la baie Françaïse, et sert de refuge 
à un merle noir que nous avons aussi trouvé au cap Horn, et 
à des légions de manchots, comme nous le dirons ailleurs. 

Plusieurs variétés de caracaras | fz4co Novæ-Zelandiæ |, diverses 
espèces de busards, dont nous donnons des figures, et le percno- 
ptère aura, habitent ces solitudes. 

Les plus audacieux de ces oïseaux de proïe sont les caracaras. 
Nous en avons vu passer à nous toucher de l'aïle, sur-tout lorsque 
nous portions quelque pièce de gibier. Après avoir abattu une 
oïe, labandonnoiït-on un instant pour en poursuivre d'autres; au 
retour, on la trouvoit dévorée par ces animaux; et pour nous 
soustraire à leur rapacité, il fallut prendre le parti d'enterrer les 
produits de notre chasse. Dans le camp même, ïls venoïient 
enlever les restes de nos repas. Cependant ils paroïssoient vivre 
en paix avec les petites espèces timides, et jamais nous navons 
vu qu'ils les poursuivissent. 

Enfin , après que nous eûmes détruit ou fait fuir les oïes, nous 
nous rabattimes sur ces larrons eux-mêmes, dont nous trouvâmes 


la chair excellente. Si jusque-là nous ne nous en étions pas nourris, 
Voyage de l’'Uranie, — Zoologie. 7 


50 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

c'étoit moins par répugnance, que parce qu'un seul ne valoit pas- 
un coup de fusil, dans une circonstance où nous devions être très- 
économes de nos munitions. 

Les vautours, au contraire, aussi craïntifs que voraces, planoïent 
des journées entières au haut des montagnes, et l’on ne pouvoit 
les atteindre que par surprise. Quelques-uns de ces oïseaux avoïent 
la portion nue de leur tête d'un rouge cramoisi. Peut-être que 
cette différence appartient aux mâles. 

De grosses bécassines, volant horizontalement et peu loin, à la 
manière des caïlles, abandonnoïent le soir les prairies, pour venir 
chercher des insectes sous les pierres du rivage. De petits troglo- : 
dytes, peu différens des nôtres, se tiennent dans des bruyères ; et 
quelquefois nous entendions sur les récifs qui se prolongent dans 
la baie, les aboïemens du bihoreau pouacre. 

A l'exception de quelques petits oïseaux, tous les autres sont 
dans l'usage d'émigrer pendant l’hiver, lorsque la terre est recou- 
verte d'une épaisse couche de neïge, au travers de laquelle les 
chevaux et les bœufs sont obligés de fouiller pour trouver leur 
nourriture. 


ZOOLOGIE. si 


CHAPITRE IL 


Description des Mammifères. 


SIST SSII SSI IS ISIISSIIITS 


IPS ISIN SSII SSI PSSIE SSI SSII SSII SSSS SIT SIIE STI 


GENRE ROUSSETTE. — PreroPus. Briss. 


ROUSSETTE KÉRAUDREN. — Preropus KERAUDREN. N. 


FANIHI, en Îlangue mariannaise. 
POÉË, dans celle des Carolinais. 


PLANCHE 3. 


Pteropus, corpore et alis subnigris ; collo, scapuls , parteque posteriore 
capitis , flavrs ; auricules brevibus ; caudä null. 


Nous établissons cette espèce d'après quatre individus adultes, 
que nous avons pris aux îles Mariannes. Ils ne diffèrent entre eux 
que par leur envergure, qui varie de deux pieds à deux pieds 
cinq pouces. 

Cette roussette a l'occiput, le cou, les épaules et le haut de la 
poitrine d’un jaune blanchâtre un peu sale : le reste du pelage est 
mélé de gris brun et de brun noiïrâtre, avec une teinte plus claire 
sur le haut et le devant de la tête: le brun noirâtre est plus foncé 
sur le dos qu'au ventre, où lon voit quelques poils blancs qui 


donnent à cette partie une couleur gris brun. Les poils du cou, de 
*k 


7 


s2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
la poitrine et du ventre, assez longs, sont frisés, comme laineux; 
ceux du dos, plus courts, ont un aspect luisant et sont couchés. 

La membrane interfémorale est très-étroite; celle qui forme 
les aïles ne naît pas précisément des flancs, maïs presque de la 
partie moyenne du dos ; toutes deux sont noires. Les oreilles sont 
très-petites. La longueur de la tête, dans nos divers individus, est 
de deux pouces à deux pouces sept lignes. Six et huit pouces 
mesurent l'espace qui s'étend du bout du museau à l'anus. 

Les dents présentent les particularités suivantes : les incisives 
supérieures sont égales, tranchantes et symétriquement rangées ; 
les latérales sont à peine plus courtes; les inférieures, séparées à 
leur milieu par un intervalle, ont une couronne plutôt aplatie que 
tranchante ; les moyennes, plus petites que les latérales, s'élèvent 
un peu moins haut; les canines supérieures sont séparées des in- 
cisives par un espace intermédiaire, qui n'existe pas entre les in- 
cisives et les canines inférieures, et qui est destiné à recevoir ces 
dernières dents quand la gueule est fermée. Les premières molaires 
de la mâchoire supérieure sont tout-à-fait rudimentaires, ce qui les 
a fait nommer fausses molaires. EHes n'avoient pas été aperçues par 
Daubenton, comme le fait remarquer M. le professeur Geoffroy. 
Dans nos roussettes, les premières molaires d'en bas ressemblent 
assez pour la forme et le volume aux deux dernières de la même 
mâchoire ; seulement elles en diffèrent par une légère inclinaison 
de dehors en dedans que présente leur couronne. Les secondes 
molaires des deux mächoires se rapprochent autant des canines 
que des dernières molaires : elles ont deux tubercules saïllans, 
pointus ; l'externe dépasse de beaucoup l'interne. Les mâchelières, 
qui viennent après, conservent encore un peu de ce caractère, qui 
ne disparoît entièrement qu'aux trois dernières d'en bas et aux 
deux dernières d'en haut. 

Les rapports de cette espèce avec celle d'Edwards sont assez 
grands ; mais elle en diffère par sa taille, qui est plus petite; par le 


ZOOLOGIE. _ 
jaune de son cou, qui passe au roux vif dans la roussette du na- 
turaliste anglais, laquelle a les membranes brunes, tandis qu'elles 
sont presque noires chez la nôtre. Enfin, dans le port et l'air de 
tête, on reconnoît, en les comparant, des différences manifestes 
qu'on ne peut bien rendre par la description. 

Quant aux mœurs de ces roussettes, il seroit difficile d'ajouter 
quelque chose de nouveau aux observations que M. Lanux a com- 
muniquées à Sonnini sur celles de Bourbon. Aux Mariannes, on 
les nomme fzrihi, et on les mange, malgré la forte et désagréable 
odeur qu'elles exhalent. Les insulaires des Carolines les connoïssent 
sous le nom de poé. Sous ces latitudes, elles volent en plein jour, 
et, dans le repos, se suspendent plutôt aux arbres, qu'elles ne se 
nichent dans les trous ou entre les rochers; ainsi, les poils courts, 
lisses et couchés de leur dos, ne sont pas, du moins dans cette 
circonstance, une preuve de cette habitude. 

La femelle ne paroït faire qu'un petit, qui se cramponne sous 
son ventre, même dans le vol, et qui ne l'abandonne que lorsqu'il 
a assez de force pour chercher sa nourriture. À Guam, nous en 
avons vu un pendu aïnsi aux mamelles de sa mère, comme le font 
les singes, y rester même après qu'elle eut expiré, jusqu'à ce qu'il 
y mourût de faim. Nous ajouterons que ce touchant attachement 
ne peut être étudié sans faire éprouver un sentiment pénible. 

Cette roussette est dédiée à M. Kéraudren, inspecteur général 
du service de santé de la marine, l'ami particulier de Péron, et 
qui, depuis l'expédition du capitaine Baudin, n’a cessé de concourir 
au succès des voyages de découvertes, soit sous le rapport de la 
santé des marins, soit en se rendant utile aux naturalistes par ses 
conseils et par son appui. 


s4 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE D'ASYURE. — Dasrurus. Geof. 


DASYURE MAUGÉ. — Dasrurus Maucer. Geoff. 
Annales du Muséum , tom. III, pag. 350. 


PLANCHE 4. 


Dasyurus, corpore suprè oleagino, subtùs cinereo, albo punctato ; 
caudä concolore. 


CET animal, découvert par le naturaliste Maugé, lui a été dédié 
par M. le professeur Geoffroy-Saint-Hilaire, dont nous allons 
emprunter les expressions. 

« I est plus petit que le dasyure à longue queue; son museau 
» ma paru plus alongé et plus délié, les oreilles un peu plus 
» grandes, les pieds plus profondément divisés et son poil plus long 
» et plus doux au toucher ; son pelage, olivâtre en-dessus et cendré 
» en-dessous, est d'un -effet au moïns aussi agréable. Il est mou- 
» cheté de blanc comme dans Île 7acrourus, avec cette différence 
» que les taches sont répandues plus élégamment sur tout le corps 
» et sont toutes à-peu-près de même grandeur. La queue est d’une 
» même teinte, de la couleur du dos, tirant cependant davantage sur 
» le roux. Les poils ne sont verdâtres qu'à leur pointe; ïls sont, dans 
» le reste de leur longueur, cendrés; ceux au contraire qui forment 
» les mouchetures blanches sont tout-à-fait de cette couleur. » 

L'individu sur lequel le dessin a été fait a deux pieds trois pouces 
de longueur totale ; sa tête a trois pouces et une ligne; son corps, 
de locciput à l'origine de la queue, onze pouces; la queue elle- 
même en a douze: ses oreilles, qui ont neuf lignes de largeur et 
onze de hauteur, présentent, dans l'état naturel, une couleur rosée, 


ZOOLOGIE. s5 


nuancée par les ramifications de petits vaisseaux sanguins très-déliés. 

Quelques détails sur les mœurs des dasyures ne seront pas sans 
intérêt pour les naturalistes. Nous en avons conservé un vivant à 
bord de la corvette /'Uranie, pendant l'espace de cinq mois. Cet 
élégant petit animal étoit très-franc et ne cherchoït point à mordre, 
quelques tracasseries qu'on lui fit. Fuyant la lumière un peu trop 
vive et recherchant l'obscurité, il se plaisoit beaucoup dans la niche 
étroite qu'on lui avoit préparée. Lorsqu'en doublant le cap Horn, 
on voulut la lui rendre plus chaude, pour le préserver du froid, 
il arracha et rejeta au-dehors les fourrures qui la tapissoient. 

Il n'étoit pas méchant; maïs on ne remarquoit point qu'il fût 
susceptible d’attachement pour celui qui le nourrissoit et le cares- 
soit, comme nous avons vu un coati le faire. Chaque fois qu'on le 
prenoiît, il paroïssoit efrayé et se cramponnoit par-tout à l'aide de 
ses ongles assez aïgus. L'instant de ses repas étoit une scène toujours 
curieuse pour nous : ne vivant que de viande crue ou cuite, ïl 
en saïsissoit les lambeaux avec voracité; et lorsqu'il en tenoit un 
dans sa gueule, il le faisoit quelquefois sauter en l'air et le rattrapoit 
avec adresse, apparemment pour lui donner une direction plus 
convenable. Il s'aidoit aussi avec les pattes de devant; et quand il 
avoit achevé de manger, il sasseyoit sur son train de derrière, et 
frottoit long-temps et avec prestesse ses deux pattes l’une contre 
l'autre, absolument comme nous nous frotterions les mains, les 
passant sans cesse sur l'extrémité de son museau, toujours très-lisse, 
tres-humecté et couleur de laque, quelquefois sur les oreilles et la 
tête, comme pour en enlever les parcelles d’alimens qui auroient 
pu s’y attacher. Ces soins d’une excessive propreté ne manquoïent 
jamais d’avoir lieu après qu'il s’étoit repu. + 

Ces animaux sont encore assez communs au port Jackson et 
dans les environs ; mais comme on leur fait la guerre, parce qu'ils 
sont malfaisans, ils deviendront bientôt aussi rares que le sont les 
fouines dans quelques-unes de nos contrées. 


56 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PÉRAMÈLE. — PFRAMELES. Geoff 


PÉRAMÈLE BOUGAINVILLE. — PERAMELES BouGAINviLce. N. 


PLANCHE 5. 


Perameles, corpore suprà rufo, subtus cinereo ; capite elongato, acuto ; 
auribus ovatis , longis. 


IL est probable que le péramèle que nous avons fait figurer, 
remarquable par sa petite taille et le peu de développement de ses 
dents canines tant supérieures qu'inférieures, est un jeune individu. 
Son corps est alongé, plus large en arrière qu'en avant; son nez 
effilé s'avance au-delà des mächoires ; ses moustaches sont longues et 
bien fournies, ses yeux assez grands ; ses oreïlles, de forme oblongue, 
ont un pouce de long, ce qui le distingue du nasuta, avec lequel 
il a des rapports et qui les a très-courtes. 

Son poil, médiocrement dru, plus abondant sur le garrot, mêlé 
d’un peu de feutre, est cendré à l'origine, et roux ou brun à la pointe. 
Le pelage, dans toutes les parties supérieures, a une teinte rousse, un 
peu moins foncée cependant que dans le dessin. Un cendré légère- 
ment mélangé de roux se remarque au dedans des membres et au- 
dessous du corps. La queue est d’un roux brun en-dessus etrouxcendré 
en-dessous. Les ongles sont jaunätres. Quelques poils isolés très-longs 
se font remarquer sur les membres antérieurs près des articulations. 

Sa longueur, mesurée depuis l'extrémité des lèvres jusqu'à la naïs- 
sance de la queue, est de six pouces : la tête a un pouce neuf lignes; 
la queue, deux pouces et demi; les membres antérieurs, un pouce 
quatre lignes, et ceux de derrière, deux pouces et demi. 

Les dents canines sont petites, peu fortes, et ne dépassent pas 


ZOOLOGIE. e 
le niveau des premières molaires; tandis que, dans l'espèce à museau 
pointu , elles ont une longueur au moins double. De plus, l'espace 
interdentaire qui sépare la dernière incisive de la canine supé- 
rieure, est plus grand dans l'individu que nous décrivons que dans 
le rasuta ; d'où il résulte une longueur encore plus considérable 
du museau. La troisième incisive inférieure est bilobée. Les mo- 
laires tranchantes sont un peu écartées les unes des autres; la 
dernière de ces dents est très-petite et comme rudimentaire sur 
l'une et l’autre mâchoire. Les dents du fond de la bouche ne pa- 
roïssent offrir aucune trace d'usure ; elles sont à base large et à 
couronne hérissée de plusieurs petites pointes dont le nombre 
varie de cinq à huit. Cette disposition, jointe à des pieds fouisseurs 
et au prolongement du nez, doit faire admettre comme très- 
probable la supposition de M. Geoffroy, qui pense que cet animal 
est principalement insectivore. N'ayant eu en notre possession 
qu'un seul individu dont l'estomac étoit vide, il ne nous a pas 
été possible de vérifier cette conjecture. 

Ce péramele, que nous avons dédié à la mémoire du célèbre 
navigateur Bougaïinville , provient de la baie des Chiens-Marins ; 
il a été tué par l’un de nous sous des touffes de mimosas, au bas 
des dunes de la presqu'ile Péron. Il marchoït en sautillant à la 
manière des lièvres. N'étant que blessé, il poussa des cris aigus, 
comme le font les rats en pareïlle circonstance. 

Si les trous que nous avons vus sur l'ile Dirck-Hatichs, appar- 
tiennent, comme nous sommes disposés à le croire, à une grande 
espèce de péramèle , l'opinion de M. le professeur Geoffroy , que 
ces animaux doivent fouir, seroit dès-lors pleinement confirmée. 

Une grande espèce, récemment découverte, fut donnée à l'un 
de nous, à Bathurst, au-delà des Montagnes-bleues. Elle pouvoit 
avoir environ deux pieds, de la tête à l'extrémité de la queue : son 
pelage étoit roux brun en-dessus et comme fauve en-dessous. Nous 


la perdimes au naufrage de /'Uranie. 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 8 


58 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PHALANGER. — PHALANGISTA. Geoff. 


PHALANGER QUOY. — PHaLANGIsTa Quoy. N. 


PHALANGER DE LA TERRE DES PAPOUS. Desm. Aammal, pag. $41. 
RAMBAVE, en langue de Vaigiou. 
Do, en idiome de Guébé. 


PLANCHE 6. 


Phalangista, corpore suprà griseo, infrà subalbido ; parte superiore 
capitis fulvä ; gulä pectoreque albidis ; extremiratibus suprà fuscis ; auriculis 
minimis, puloses ; caudä prehensil, squamosä. 


LES phalangers du grand archipel d'Asie diffèrent beaucoup, par 
le port et les mœurs, de ceux de la Nouvelle-Hollande. Ils paroïssent 
redouter davantage la lumière; leur démarche est lourde, craintive, 
leur regard stupide, comme nous l'avons déjà fait remarquer. 

Cette espèce a le museau court et obtus, les oreilles petites et 
arrondies; tout son pelage est gris brunätre, plus particulièrement 
sur le milieu du dos, où l'on voit une ligne longitudinale noirâtre 
plus prononcée en arrière ; des taches de la même couleur occupent 
le dos et les flancs. Toute la partie supérieure du museau et le 
dessus de la tête sont d'un fauve vif, la gorge et la poitrine sont 
blanches; le dessous du ventre et la partie interne des membres 
ont une teinte grisätre ; les poignets sont traversés par une ban- 
delette roux foncé , et les doigts recouverts de poils noirätres. 

La queue, préhensile, rousse dans sa partie supérieure, n'est 
poilue que jusque vers son milieu; nue, écailleuse en-dedans, et de 
couleur rouge dans le reste de son étendue. 

Les poiïls de tout le corps sont lanugineux et brillans; quelques- 
uns, en petit nombre, sont plus longs que les autres. Les mous- 


| \ZOOHOGIE, d° e 
taches sont blanches et l'œil est rougeätre. Sur les pouces posté- 
rieurs, qui sont larges et dépourvus d’ongle, on voit quelques poils 
noirs. 


DIMENSIONS. 
Longueur du corps, du bout du museau à lori- 
gineide laiquenesir: teen 1 pi pS pouces fuEncs, 
dique EE RS 11e 0. O. 
du bout du nez à locciput......... o. 2 6 
des membres antérieurs..... TO 4. o. 
des membres postérieurs........ pioe ÿ 6 


Le phalanger Quoy habite l'île Vaïgiou, et se trouve proba- 
blement dans tout l'archipel des Papous. II ne paroït pas difficile 
à prendre, car les naturels nous en apportoïent assez souvent des 
individus enfermés dans des cages de bambous. 


PHALANGER TACHETÉ. — PHALANGISTA MACULATA. Geoff. 


DiDELPHIS ORIENTALIS..Linn. Shaw. Schreb. Séba. 
PHALANGER MÂLE. Buffon. Hisr, nat, tom. 13, pl. 11. 
RAMBAVE, en langue de Vaigiou. 

Do, en idiome de Guébé. 

Couscous, à Amboine. 


PLANCHE 7. 


Phalangista, corpore subalbido, suprà maculs griseis vel rufuls notato ; 
rostro robusto ; auriculis minimis, pilosis ; caudä& prehensik S{UaMOSÀ , 
subrubré. 


La position dans laquelle nous représentons ce phalanger 
tacheté est très-naturelle, et a été parfaitement saisie sur le vivant 
par M. Taunay. Cet individu, dans l'état adulte, est de la taille 
d’un assez gros chat. Tels sont ceux du moins que M. Temminck 
a reçus d'Amboiïne. Le nôtre, provenant de l'île Vaigiou, étoit un 

g* 


60 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


jeune mâle qui navoit point encore acquis ce développement. 

Son pelage, fort doux au toucher, est fauve clair sur la tête et les 
épaules, gris roussâtre à l'occiput et au-dessus du cou ; il offre, 
sur tout le dos et les flancs, des taches irrégulières dont la cou- 
leur varie du gris brun au gris roussätre plus ou moins foncé, sur 
un fond blanc sale. On voit, à la partie externe des membres et 
à la queue, des tâches d'un fauve plus ou moins clair. La gorge, 
la poitrine , l'abdomen, le dessous de la queue et le dedans des 
membres, sont d'une couleur blanchâtre tirant sur le roux dans 
quelques points. La queue est écaïlleuse en-dessus, comme ma- 
melonnée en-dessous, et rougeätre dans toute la partie qui n'est pas 
velue. 

Les oreilles, très-petites, sont garnies de poïls en-dedans et en- 
dehors. L'œil, le bout du nez et {a peau des pattes sont rougeâtres. 
La couleur des poïls qui recouvrent les doïgts est d'un brun nuancé 
de roussâtre. 


DIMENSIONS. 
Longueur du corps, du bout du museau à l'origine de a queue.. 14 P°%<s 
derlartète, du bout duwnéz 2 locaput-. 2-2 
(LE EU TN ME Ce RE a ns es 12: 
des membres antérieurs... .........:...... SAIS AS 
désmembres POStéNEUTS PEER LUS RE 4 — 


M. Temminck ayant bien voulu nous prêter les dessins d'un 
crâne de phalanger adulte d'Amboiïne, île peu éloignée de celle 
d'où les nôtres proviennent, nous les avons tous représentés sur la 
planche n° #, afin d'en mieux faire voir la différence. Nous ne 
sommes pas sûrs cependant que les espèces soient identiques. 

La tête de l'individu d'Amboïine (| g. 1, 2,3,4 et j ) a trois 
pouces sept lignes de longueur, et deux pouces deux lignes de 
largeur en-dehors des zygomas. Elle est munie de trente-six dents 
en tout : vingt à la mâchoire supérieure, savoir, de chaque côté, 


ZOOLOGIE. 61 


quatre arrière-molaires, présentant chacune quatre pointes sur deux 
rangs ; en avant, une- grosse, conique, comprimée, un peu usée; 
et entre celle-ci et la canine supérieure, une autre plus petite, 
conique, pointue, correspondant aux deux tres-petites d'en bas; 
puis vient la canine, qui est robuste; après elle, trois incisives, dont 
l'antérieure, plus longue, laisse un petit espace entre elle et celle 
du côté opposé. 

Le maxillaire inférieur n'a que seïze dents, huit de chaque côté : 
les cinq molaires ressemblent aux cinq dernières d'en haut; entre 
elles et les incisives, sont deux petites dents rudimentaires. Les 
deux incisives, larges, fortes, séparées , sont dirigées en avant. 

Le développement des surfaces et des saïllies osseuses corres- 
pond à l'âge et à la grandeur de l'individu. 

Le crâne de notre phalanger ( fig. 6 ), bien moins développé, 
a seulement deux pouces sept lignes de longueur. Le coronal est 
beaucoup moins bombé. Le maxillaire inférieur décrit une courbe 
alongée, et ne présente pas vers le bord incisif l'angle qu'il doit 
former par la suite : il est muni de quatorze dents; on en compte 
dix-huit en haut, dont trois grosses arrière-molaires de chaque 
côté, puis une petite antérieure rudimentaire, et une grosse, longue, 
conique; les canines et les incisives sont comme dans l'adulte. 

Le maxillaire inférieur a, de chaque côté, trois grosses molaires 
très-pointues, très-tranchantes; entre elles et l'incisive, on en voit 
trois petites comme rudimentaires. 


62 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE POTOROO. Desm. — ÆHYrPsIPRYMNUS. Illig. 


POTOROO WHITE, méle. — Hyesiærymnus Ware. N. 


KANGUROO-RAT. Phillip, Voy. pag. 247, tab. 47. 

Pororoo. White, Voy. pag. 286, pl. 60. 

MACROPUS MINOR. Shaw, Gen. Zoo, vol. 1, part. 2, pl. 116. 
POTOROO-RAT. Desm. Mammal, pag. 271. 

KANGUROO DE GAIMARD. Desm. Aammal, pag. 42. 


PLANCHE 10. 


Hypsiprymnus , corpore suprà griseo rufescente , infra subalbido ; capite 
triangulari ; rostro acuto ; auriculis latis ; tarsibus longissimis ; caudä longä, 
gracil, flexibili, et apice penicillatä. 


IL est difficile, en voyant la figure que nous donnons de ce 
potoroo, de ne pas le croire pour le moins aussi grand que le 
kanguroo laïneux, si l’on néglige au premier instant d'examiner le 
nombre qui indique le rapport des proportions. Sa forme et sa 
position peuvent contribuer encore à la méprise, qui seroït en effet 
bien grande, car le kanguroo laïneux est environ trois fois plus 
grand que le potoroo. 

La couleur générale de cette espèce est d’un gris roux; la gorge, 
la poitrine, le ventre et l’intérieur des membres, sont d’un blanc 
sale ; le dessus de la tête, le dos, une partie des flancs et des cuisses, 
d'un gris brun : ces diverses nuances sont aussi celles de la queue, 
dont le bout est brun. Les poils sont de deux sortes : les plus pro- 
fonds, courts, doux, moelleux et un peu floconneux, présentent 
une teinte gris de souris lorsqu'on les écarte; les extérieurs sont 
plus longs, roïdes et plus rares. Les tarses sont recouverts de poils 


ZOOLOGIE. 6; 


longs, rudes et fauves, dirigés d'arrière en avant, et s'étendant Jusqu'à 
l'extrémité des ongles. Ceux des pattes antérieures, plus doux, ne 
recouvrent pas entièrement les ongles. 

La tête est triangulaire, large et un peu aplatie par derrière, 
pointue en avant; le mufle et les narines, placés à l'extrémité du 
museau, sont séparés dans leur milieu par un sillon longitudinal; 
les moustaches ont une longueur médiocre ; la bouche est petite, 
et la mâchoire supérieure s'avance un peu plus que l'inférieure. 
Quelques poils noirs surmontent l'œil; les oreilles sont courtes, 
très-larges et velues à leur partie postérieure. 

La grosseur du cou donne à cette espèce quelque ressemblance 
avec les rats. Les pattes antérieures sont petites, pourvues d'ongles 
blanchätres, longs, grêles et arqués; l'ongle du milieu est plus saïllant. 
Les membres postérieurs sont proportionnellement plus longs et 
plus déliés que dans les kanguroos. 

La queue, presque aussi longue que le corps, est grêle, flexible, 
et porte à terre; son extrémité est terminée par un bouquet de 


poils. 
DIMENSIONS. 
Longueur du corps, du bout du museau à l'origine delaqueue. 1 PS © Pons lisnes 
delatqueue nr A ace Bora God palais eisre co ie o. o. 
de la tête, du bout du museau à l’occiput...... oO. 3 ©. 
des membres antérieurs. .....,......... el Ce 3. 6. 
deshmembres posté TELUS Ie ee eee tele o. 8 10. 


Ces petits animaux sont d'un naturel très-doux, et moins 
timides que les kanguroos. Dans un voyage que nous fimes dans 
l'intérieur des Montagnes-bleues de la Nouvelle-Hollande, nous 
eûmes occasion d'en voir un venir enlever familièrement, au 
milieu de la case en terre qui nous servoit d’abri, des restes d'ali- 
mens, et s'enfuir par un trou à la manière des rats. Nous croyons 
que c'est une variété de l'espèce que nous venons de décrire. 


64 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Notre individu a vécu quelques jours à bord de / Urame : ïl 
devint victime de la férocité d'un chien que nous avions pris aux 
îles des Papous, et qui l'étrangla au moment où il s'avançoit vers 
lui en cherchant à le caresser”. 

Nous avons rapporté de file Dirck-Hatichs plusieurs têtes de 
potoroos, qui ont à-peu-près les mêmes dimensions que celle de 
l'éypsiprymnus White, maïs qui en diffèrent par l'étendue plus consi- 
dérable de la cavité tympanique, par la largeur des arcades zygo- 
matiques, ce qui les rapproche de celle du kanguroo élégant, et 
par la briéveté de la voüte palatine. Elles appartiennent à une 
espèce nouvelle, que nous proposons d'appeler potoroo Lesueur 
| Aypsiprymnus Lesueur | 

Il existe au Muséum de Paris le squelette d'un potoroo dont la 
tête, longue de deux pouces onze lignes, est plus mince, plus 
pointue et plus alongée en cône que les précédentes. Les incisives 
supérieures mitoyennes et les canines ont plus de longueur; la caïsse 
du tympan est moins développée ; les arcades zygomatiques sont 
plus étroites et moins convexes. L'extrémité des os du nez dépasse 
le niveau des dents incisives supérieures. Nous proposons pour 
cette espèce le nom de potoroo Péron | hypsiprymnus Peron |, du 
savant et infortuné naturaliste qui l'a transporté le premier en 
Europe. 


# Nous avions d’abord pensé, avec MM. Desmarest et Frédéric Cuvier, que C’étoit une 
nouvelle espèce de kanguroo, et nous lavions nommé kanguroo à queue grêle | kangurus 
lepturus | ; maïs depuis lors, ayant retrouvé la tête de cet animal, qui avoit été égarée, nous 
avons reconnu très-facilement tous les caractères du genre Aypsiprymnus. 


| ZOOLOGIE. | 6s 


GENRE KANGUROO. — XANGuRuUSs. Geoff. 


KANGUROO LAINEUX. — KanGuRus LANIGER. N. 


KANGUROO ROUX. Desm. 


PLANCHE 9. 


Kangurus lanosus ; pilis suprà férrugineo-rubris ; pectore ventreque 
subalbidis ; auriculs ovalibus , longis , pilosis. 


CE kanguroo, dont nous n'avons eu qu'une peau en assez mauvais 
état, nous fut donné, au Port-Jackson, par M. Fraser, botaniste, 
directeur du jardin du gouverneur à Sydney, qui l'avoit tué aux 
environs du port Macquarie. I se distingue par sa grande taille ; 
mais son caractère essentiel est un pelage doux au toucher, court, 
serré, lanugineux et comme feutré. Chaque poil, considéré isolé- 
ment, est frisé et présente la même couleur dans toute son étendue; 
c'est une véritable laine; tandis que, dans les autres kanguroos, la 
laine est en-dessous et le poil en-dessus. 

La couleur du pelage est d’un roux ferrugineux, semblable à celui 
de la vigogne, sur la tête, le cou, le dos, les flancs, les épaules, la 
face externe des cuisses et le dessus de la queue. Cette couleur s'é- 
claircit par degrés en avançant sous le ventre, au milieu duquel 
elle finit par être blanchâtre, de même que sous le cou, en-dehors 
de lavant-bras et de la jambe, et à la partie interne des membres 
antérieurs et postérieurs. 

Lés oreilles, couvertes en-dehors de poils grisatres et en-dedans 
de poils blancs, paroïssent plus longues que dans les autres grandes 
espèces. On peut aussi faire la même remarque pour la queue et 


les jambes postérieures ; maïs nous ne pouvons donner ces der- 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 9 


66 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


niers caractères que comme douteux. Le dessin que nous présen- 
tons na de rigoureusement exact que la couleur; les formes y 
ont été ajoutées par M. A. Prévost, avec lhabileté qu'on lui 
connoît ; elles appartiennent à des études faites sur des animaux 
vivans du même genre. 

Voici les dimensions que la peau a pu fournir : 


Longueur du corps, du bout du museau à l’origine de Ia queue.. AP Opouses 
2 


defaiqueue TR NE Re ee IT 3. So 
de) la tête, du bout du nez à l'occiput 1.742220 GE 0 
desiorérlesnit ae ne NEA NRA nat aber Oo. 4. 
desunembres antérieurs 2ÉRLErERORE CREER I 10 
des'Mmembres POStÉTIEUrS: RPC SMTP EUR Àe © 


La dénomination de /zineux convient parfaitement à ce kan- 
guroo, et nous ne doutons pas qu'on n'en trouve d'autres avec 
des couleurs différentes, mais dont la fourrure sera de même 
nature. Déjà l'un de nous, dans un voyage au-delà des Montagnes- 
bleues, en avoit rapporté une espèce grisatre, dont le poil appro- 
choït beaucoup de notre kanguroo laineux, qu'on désigne com- 
munément au Port-Jackson sous le nom de kanguroo rouge. Ce 
dernier est très-rare dans cette colonie, et il faut aller fort loin 
au-delà des Montagnes-bleues pour se le procurer. M. John Oxley, 
dans ses longues et pénibles incursions dans l’intérieur de la Nou- 
velle-Galles du Sud, n'en a rencontré que sur les bords de la rivière 
Lachlan, où il a vu aussi une autre espèce remarquable par la 
petitesse et la forme de sa tête, et dont jusqu'alors il n'avoit été 
fait aucune mention. 

Nous avons assisté à une chasse aux kanguroos dans les envi- 
rons de Botany-bay. On force ces animaux avec de grands levriers 
que lon fait venir d'Angleterre. Nous en avons fait une. autre 
dans les Montagnes-bleues, aux environs de la rivière Cox; et nous 
avons remarqué que lorsque les kanguroos étoient vivement pour- 
suivis par les chiens, ils couroïent toujours sur leurs quatre pieds, 


ZOOLOGIE. 67 


et nexécutoient de grands sauts que quand ïls rencontroïent des 
obstacles à franchir. Ce n'est que dans un état de tranquillité qu'ils 
cheminent à l’aide seulement de leurs extrémités postérieures, en 
se servant de leur queue tendue roïde comme d’un balancier, pour 
prévenir la chute en avant qui pourroït avoir lieu sans cela. Cette 
allure étonne ceux qui l'observent pour la première foïs. Aïnsï, sur 
un terrain uni, il ne seroit pas facile à un kanguroo de se sous- 
traire aux chiens en faisant des bonds, par la raison que-sa queue, 
quoique forte et longue, ne pourroiït pas assez rapidement rétablir 
l'équilibre nécessaire pour en recommencer d'autres. Ce n'est que 
dans des circonstances locales qu'il tire un grand avantage de ce 
moyen. Îl ramène donc à chaque pas qu'il fait sa tête près de terre; 
il semble alors se blottir. 

Cette chasse n'est pas sans danger pour les chiens. Les kangu- 
roos leur opposent deux armes puissantes, la queue et le gros 
ongle de leurs pieds de derrière; ïls les étourdissent avec la pre- 
mière, et leur font avec la seconde des blessures profondes et 
quelquefois mortelles. 

Nous avons été à portée d'observer, sur un jeune kanguroo de 
la petite espèce conservé assez long-temps à bord de /’Uranie, que 
ces animaux, quoique essentiellement herbivores, comme le prouve 
l'organisation de leur système digestif, ont une singulière aptitude 
à manger de tout ce qu'ils rencontrent, du pain, de la viande, 
même du bœuf salé et du vieux cuir, du sucre, de la confiture, &c. : 
tout leur est bon : ils boïvent aussi du vin et de l'eau-de-vie. 

Nous devons ajouter que la chair des kanguroos est fort bonne 
à manger, et quelle a un goût analogue à celle du cerf. 


68 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE IV. 


Appendice relatif aux Phoques et aux Céfacés. 


SÉCHION TE 


Des Phoques. 


N'avaxr vu des phoques qu'aux îles Malouines, et dans un 
instant où notre position ne nous permettoit pas de les étudier, 
ce que noüs avons à en dire est si imparfait que nous avons pris 
le parti d'en faire un appendice que nous plaçons à la fin des 
mammifères. 

C'est M. Orne, capitaine américain , occupé de la pêche de ces 
animaux, qui nous a fourni les renseignemens que nous donnons. 
Malheureusement nous ne pouvons y Joindre des détails positifs 
de caractères qui, pris sur un grand nombre d'individus, servi- 
roïent à en déterminer les espèces avec précision. Deux dessins 
avoient été faits; tous deux ont été perdus. I ne reste que la des- 
cription, faite à la hâte, d'une otarie qu'on étoit très-pressé de 
dépecer pour la distribuer en rations à l'équipage. De sorte que nous 
avons moins à parler de l'organisation des phoques, que de quelques- 
unes de leurs habitudes et de ce qui tient à la pêche qu'on en fait. 

Aux Malouines, les Américains appellent on marin la plus grosse 
espèce de ces amphibies. I paroît évident que c’est la même que le 
phoque à trompe de Péron. Du moins ïl y a la plus grande ressemblance 
entre trois que nous avons vus et le dessin qu'a donné ce voyageur. 


ZOOLOGIE. 69 
Un seul, il est vrai, présentoit le prolongement charnu de la lèvre 
supérieure, qu'on a nommé #rompe; mais le capitaine Orne nous a 
dit que cette tuméfaction est passagère et tient aux époques où 
lon observe ces animaux, probablement celles où ils sont en cha- 
leur. Les mâles surpassent au moins du double les femelles en 
grandeur ; quelques-uns ont jusqu'à dix-huit pieds de long. Nous 
estimâmes à plus de deux mille livres la pesanteur de celuï que 
la providence sembla nous envoyer le lendemaïn de notre nau- 
frage : étendu sur les bords d'un petit étang d'eau douce, non 
loin du rivage de la mer, il paroïssoit s'y être traîné pour y mourir 
paisiblement. Pendant plusieurs jours il servit à la nourriture de 
cent vingt personnes. 

On rencontre ces amphibies par troupes de cent cinquante à 
deux cents; et dans ce nombre, il y a infiniment plus de femelles 
que de mâles. Ils viennent s’accoupler à terre vers le mois d'octobre, 
et retournent à la mer en mars. Cependant le reste de l’année on 
en trouve encore quelques-uns qui fréquentent la terre; mais ils y 
séjournent peu. Les femelles ont coutume de précéder les mâles. 
Dans l’accouplement, elles se renversent sur le dos. Elles font cha- 
cune un seul petit qui ne tette que deux ou trois mois. On dit que, 
dans la saison des amours, les vieux et gros mâles chassent les jeunes, 
qui reviennent ensuite lorsque Îles premiers se sont retirés. 

Le pelage de cette espèce, ordinairement d'un gris sale, est sus- 
ceptible de changer de couleur selon l’âge et les saïsons. C'est 
seulement pour sa graïsse qu'on lui fait la guerre; car sa peau, man- 
quant de ténacité, est peu consistante et se déssèche promptement. 
Ayant assisté à l'ouverture d'un mâle, nous trouvämes dans son 
estomac, une poignée de sable, quelques vertèbres de poissons, et 
une énorme quantité de petits vers lombrics amassés en boule ou 
répandus dans les duplicatures de ce viscère. 

La seconde espèce est connue des pêcheurs sous le nom de 
phoque à crins. Elle est en général plus petite, quoïque les mâles 


70 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


atteignent quelquefois la grosseur des précédens, dont on ne les 
distingue que par leur crinière, qui est rousse. Ils sont rares, tandis 
que les femelles sont encore plus nombreuses que dans l'espèce ci- 
dessus. Ces phoques diffèrent peu, nous disoitie capitaine Orne, de 
ceux qu'on trouve dans le Nord de f Amérique et dans le golfe de 
Finlande. Ils viennent s’'accoupler à terre vers le mois de novembre, 
et c'est alors la meïlleure saïson pour les chasser. Le mâle défend sa 
femelle avec fureur. Loin de fuir, il est souvent l'agresseur, et il y a 
quelquefoïs du danger à l’attaquer. On a vu un homme avoir une 
portion de la jambe enlevée par la morsure d'un de ces animaux. 

La couleur générale est un gris sale, comme celle du phoque à 
trompe; mais les poils sont plus serrés. Dans les arts, on se sert de 
la peau pour faire des souliers, des selles, &c. Lorsqu'elle est frai- 
chement enlevée, les matelots s’en font sur-le-champ une sorte de 
chaussure économique dont le poil est en-dedans. 

Leur graisse a fort peu d'épaisseur, et sous ce rapport ils offrent 
peu d'avantages aux pêcheurs. On trouve toujours de grosses pierres 
dans leur estomac. Les jeunes tettent toute une année. 

La dernière espèce de phoques qui habite ces terres australes, est 
celle à fourrure, la plus petite et la plus précieuse. Elle diffère beau- 
coup des autres. Le mâle est encore ici le plus gros. Le museau 
est plus alongé que dans ceux dont nous venons de parler, les 
dents beaucoup plus pointues; ïls ont des oreilles extérieures en 
cornet, d'où leur est venu le nom d'otarie. Leur pelage est d’un 
brun foncé, quelquefois fauve, mélangé de longs poils dont l’'ex- 
trémité est blanchâtre. Du reste, leur couleur varie avec l'âge; car 
elle est noire chez les jeunes, un peu grise et mélangée de blanc 
dans les vieux. Avant l’âge de six mois, les jeunes ne sont pas 
revêtus de ce poil sousjacent, court, serré, fin et laineux, qui 
constitue la fourrure et fait tout le prix de ces animaux. Aussi, 
quand la pêche est heureuse, on ne tue pas les jeunes qui n'ont 
point encore toutes les qualités requises. 


à ZOOLOGIE. 7 


/ 

Le phoque à fourrure est très-vorace et vit presque exclusive- 
ment de poisson. Des pêcheurs prétendent que les gros dévorent 
les petits. Ils s'accouplent en été, et les jeunes tettent trèslong- 
temps. On ne les voit jamais, dans l'enfoncement des baïes, venir 
se reposer sur le rivage; c'est sur les rochers d’un accès difficile et 
battus par la mer qu'il faut aller les surprendre *. 

Tout le monde connoît l'instinct et l'intelligence de ces inté- 
ressans animaux. Ils ressemblent en cela aux chiens, avec lesquels, 
du reste, ils ont les plus grands rapports dans l'air de la tête. Tout 
prouve qu'ils en auroïent l'adresse hors de l'eau , si leur organisa- 
tion extérieure, bien loin de répondre au développement de leurs 
facultés intellectuelles, ne les ramenoit sans cesse vers cet élément. 
Lorsqu'ils sont sur la terre, ils ressemblent à une lourde masse de 
chair informe et tronquée, gisant sans mouvement, ou bien à un 
quadrupède imparfait, selon la remarque. d’Aristote. Leur tête 
s'élevant à peine, demeure étendue sur le sol dans la même di- 


La 

# Voïci la description d’une otarie mâle , que nous nommâmés otarie Guérin | otaria Guerin], 
du nom de lun-des officiers de notre expédition, qui [a tua. Cet animal, en expirant, rendit 
par la gueule une grande quantité de matière blanche et écumeuse. 

Sa longueur étoit d'environ cinq pieds, son poil ras et de couleur brune, son museau 
aplati, avec cinq rangs de moustaches, Elle avoit de petites oreilles roulées en cornet et longues 
de cinq lignes. 

La mâchoire supérieure étoit garnie de quatorze dents molaires, simplement coniques, et de 
six incisives, dont les quatre moyennes à double tranchant, et les externes simples et plus 
petites. | 

Le maxillaire inférieur avoit douze molaïres et quatre incisives fourchues. 

Les deux nageoires antérieures ou pattes étoient découpées sur les bords et sans ongles. 
Les deux postérieures présentoient cinq digitations profondes, avec autant d'ongles saiïllans : 
les trois du milieu très-marqués , le supérieur et linférieur n’étant que des rudimens d’ongles. 


La queue étoit très-courte. 


DIMENSIONS. 


Longueur du corps, depuis le bout du museau jusqu’à l’extrémité de la queue... 4" ro" fs 
désémembresianterteursentee teen eee VOIE) o. 
dés membres postérieurs EE detre l ie eos ieesieties 1e NO o, 
dela=téte er reeect Per En en ete in elele te lea ele alerter steel etes e elle OO Oe 
déstorellies Permet: medio) th eleejeel ele cie cslensiele œ oo 5- 
GCirconierencendelas tete, EPL RL LE PLU dues seen eee Te o. 
8 De 


72 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


rection que le corps. Lorsqu'on les attaque, ils soulèvent pénible- 
ment leur partie antérieure, se dressent sur leurs deux moiïgnons, et 
pour toute défense ouvrent une énorme gueule en poussant des 
cris rauques. Au premier aspect, cette attitude ést vraiment ef- 
frayante; mais on ne tarde pas à sapercévoir combien peu est 
redoutable un animal qui se meut à grand'peine et qu'il est facile 
d'attaquer de tous côtés. 

Nous étions toujours étonnés de la quantité de sang que la 
moindre blessure leur faisoit répandre. I jaïllissoit rouge et vermeil, 
de toutes les parties de leur corps, comme d’une outre qu'on auroit 
percée. À l'inspection dés chaïirs, on voit qu'elles sont abondam- 
ment imprégnées de sang et qu'une immense quantité de vaisseaux 
serpentent dans tous les tissus. La graïsse extérieure n'en est point 
dépourvue comme celle des cochons; et lorsqu'on la divise, on 
en voit un grand nombre qui lui donnent une teinte grisâtre. 
Ce développement extraordinaire du système vasculaire dans les 
phoques, qui paroît ne contenir qu'un sang, pour ainsi dire, tout 
artériel, doit leur procurer, malgré le milieu dans lequel ïls vivent 
habituellement, une plus haute température que celle de tous les 
autres mammifères. 

Quand ïls veulent cheminer sur la terre , ils se soutiennent sur 
leurs pattes de devant, et, avec de pénibles efforts qui ressemblent 
parfaitement aux ondulations des chenilles, ïls avancent en traïnant 
la partie postérieure de leur corps *. Dans ce fatigant exercice, 
nous les avons vus se reposer très-souvent, et tourner la tête de 
tous côtés en flairant, comme pour chercher les lieux humides 
et ombragés, que certaines espèces préfèrent aux rochers battus 
par les flots. 

+ Les substances intervertébrales des phoques sont fort larges, particulièrement aux lombes 
et au cou; elles ont, comme celles des poissons, une cavité centrale remplie d’une pulpe 
rougeûtre; et, comme le fait observer M. Duvernoy, dans ses Recherches anatomiques sur 


les organes du mouvement de ces animaux, la colonne épinière obtient par-là une mobilité 
Re lante 


ZOOLOGIE. 73 


Nous terminerons ce que nous avons à dire sur les phoques, 


en donnant une légère idée de la manière dont les Anglo-amé- 
ricains en font la pêche; et, pour cela, nous'ne pouvons mieux 
faire que de copier le journal de M. Dubaut, officier de lexpédi- 
tion, qui a vécu plusieurs semaines parmi eux. 


» 


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« Les navires destinés pour cet armement sont du port de deux’ 
cents a trois cents tonneaux environ, et solidement construits. 
Tout y est installé avec la plus grande économie : par cette raison, 
les fonds du navire sont doublés en bois. L’armement se com- 
pose, outre le grément très-simple et solide, de barriques pour 
mettre l'huile, de six yoles armées comme pour la pêche de la 
baleine, et d'un petit bâtiment de quarante tonneaux, mis en 
botte à bord et monté aux îles Malouines, lors de l'arrivée. 


L'équipage du navire the General-Knox , capitaine Orne, étoit de 


vingt-quatre hommes. On estimoït à vingt-cinq mille piastres la 
mise dehors de son! expédition. 

» Ce capitaine, après être allé aux îles de Kerguelen, où ïl ne 
trouva rien, étoit venu aux Malouines, et avoit choisi l'ile West- 


point pour son entrepôt. Dans ce lieu paisible et sûr, son navire 


solidement amarré, il avoit fait Ôter ses voiles, amener ses vergues, 
et enfin mettre à l'abri tout ce qui n'est point utile dans un port. 
Quoiqu'il eût des fourneaux à bord, attendu qu'il devoit aussi 
pêcher la baleine , il en établit de nouveaux à terre. 

» Pendant ce temps-là, le petit bâtiment, très-fin et très-léger, 
avec onze hommes d'équipage et deux yoles, alloit le long des 
côtes à la recherche des phoques. Dès qu'il en apercevoit à terre, 
il expédioït ses embarcations, et se mettoit à l'abri dans la baïe 
la plus voisine pour les y attendre. Dans le beau temps, il laissoit 
des hommes sur les rochers que fréquentent les phoques à four- 
rure. 

» Quand le navire pourvoyeur étoit chargé, c'està-dire, qu'il avoit 
embarqué la graisse, coupée par gros morceaux, de deux cents 

Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 10 


« 


TA VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
» phoques et plus, ce qui donne de quatre-vingts à cent barils 
» d'huile *, il revenoit à West-point. La graisse, mise dans les 
»-yoles et transportée à la grève, étoit placée de suite dans des 
» barriques installées sur un quai de pierre, entre la mer et les 
» fourneaux. Retirée des barriques, cette graisse étoit étendue sur 
» une longue table. Là, après en avoir Ôôté toutes les parties char- 
» nues, on la divisoit en petits morceaux, qui étoient reçus dans 
» un baquet placé sous la table, et d'où ils sortoient pour être jetés 
» dans la chaudière. Une demi-heure suffit ordinairement pour en 
» extraire l'huile. On enlève lé tissu cellulaire, qui, desséché, vient 
» flotter à la surface, et il sert à entretenir le feu ; car on n'emploie 
» point d'autre combustible. 

Le capitaine Orne avoit encore deux autres petits navires qui 
” faisoient le service alternativement. 

L'économie est tout dans ces sortes d’armemens, et les matelots 
sont à la part ; ce qui ne peut être autrement lorsqu'on veut assurer 
le succès d’une entreprise fondée sur des travaux aussi pénibles. 
Deux et quelquefois trois années suflisent à peine pour compléter 
la cargaison, moitié en huïle, le reste en fourrures. 

Pendant les hivers, qui sont très-longs, la pêche est suspendue. 
Ce nest que lorsque les premiers rayons du soleil du printemps 
viennent frapper les rochers et fondre les neïges, que les phoques 
commencent à reparoître : les pêcheurs, qui jusqu'alors ont con- 
sommé leurs vivres dans linaction, reprennent leurs travaux accou- 
tumés. Mais à cette époque, ils sont dédommagés de l'espèce d’abs- 
tinence qu'ils ont été obligés de faire, par la quantité de gibier de 
toute espèce qui revient sur ces Îles. Des milliers d'œufs d'albatros, 
d’oïes, de canes, &c. leur fournissent une nourriture aussi saine 
qu'abondante. Le reste de l'année, le gibier est assez commun pour 
qu'on ne touche presque pas aux vivres de campagne. Les provisions 


* Le baril est composé de trente-un galons et demi [ cent dix-neuf litres environ ], et Îe 


galon d'huile vaut une demi-piastre. 


ZOOLOGIE. 7. 


d'hiver peuvent aussi être recueïllies sur cette terre. Avec de gros 
chiens dressés à la chasse des bœufs, on s'en procure facilement 
pour faire des salaïisons. Une petite île adjacente est tellement 
remplie de cochons sauvages, qu'on nous dit qu'un navire amé- 
ricain y étoit allé seulement pour faire une cargaison de trois mille 
peaux de ces animaux. On ne sauroit trop sévèrement blâmer une 
semblable destruction, qui, ne rapportant d'ailleurs que fort peu de 
bénéfices, prive les navigateurs d’une ressource qu'ils s'attendent à 
y rencontrer; ressource précieuse sur-tout pour les baleïniers, qui, 
revenant du grand Océan austral par le cap Horn, séjournent 
quelque temps sur ces îles pour s'y rafraîchir sans frais et faire 
reposer leurs équipages. 

L'huile des phoques est consommée aux États-Unis. Les four- 
rures sexportent en Chine, où on les échange pour du thé, &c. 

Ce que nous venons de dire prouve, ce nous semble, que ce 
genre d'industrie ne peut être exercé, pour en retirer quelque profit, 
que par des hommes sobres, laborieux et patiens. Les Américaïns 
font ce que peu de marins sont habitués à faire ; car sans vouloir 
atténuer le mérite des officiers de notre marine marchande, en 
trouveroit-on beaucoup qui, possédant autant d'instruction que le 
capitaine Orne, voulussent comme lui mener la vie la plus dure 
et la plus pénible! I remplissoit tout-à-la-fois le fonctions de com- 
“mandant et de premier matelot. 

La chasse des phoques ne se fait plus qu'avec de très-grandes 
dificultés, tant on a détruit de ces animaux, dont le reste épou- 
vanté a fui vers des terres inconnues, jusque sous les glaces po- 
laires. Les baleines deviennent rares et sauvages dans l'Océan 
atlantique. Les Anglais, les Américains, exercés à ces pêches, ont 
beaucoup de peine, dit-on, à compléter leurs chargemens: espé- 
rons cependant que les Français, qui furent jadis les premiers à 
tenter avec succès ces entreprises périlleuses, qui y instruisoient 
les nations de l'Europe, reprendront bientôt cette supériorité que 

Lot 


76 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


. de longues années d'inaction leur ont fait perdre. C’est dans le grand 
Océan et dans les mers de l'archipel d'Asie que l’on va sur-tout 
chercher les cétacés qui fournissent tout-à-la-fois l'huile et le blanc 
de baleine. On double le cap Horn, et ce sont ordinairement des , 
voyages de trois années. Pendant notre séjour aux Malouines, nous 
vimes un navire anglais qui avoit été assez heureux pour obtenir 
une cargaison complète dans l'espace de dix-huit mois. I avoit 
pêché aux environs des iles Gallapagos sous l'équateur de la Mer 
pacifique. 


SECTION IL 


Des Cétacés. 


CE que laissent encore à desirer nos observations sur les phoques, 
peut aussi s'appliquer aux cétacés : mais comme on na eu jusqu'à 
présent que très-peu de données sur ceux qui habitent lhémi- 
sphère austral, nous pensons que les esquisses que nous offrons, 
quoique incomplètes, donneront de ces animaux une idée plus 
exacte que des descriptions qu'il est difficile de bien faire à une 
certaine distance et sur des objets mobiles. 

Le dessin de la*planche n.° 12 représente un cachalot. Il a été 
fait d'après un grand nombre d'individus semblables, et nous a été: 
communiqué par M. Benjamin Hammat, commandant le navire 
l'Océan, de Londres, que nous trouvâmes, sur les côtes de Timor, 
occupé de la pêche de ce cétacé. Les diverses bosselures qu'on 
n'a point remarquées jusqu'ici sur les cachalots connus, en font évi- 
demmentune espèce nouvelle. Nous ne doutons point que le dessin, 
exécuté avec hardiesse et à grands traits, ne rende bien l'ensemble 
de l'animal, et ne caractérise ses formes principales, mais nous 
pensons aussi quil peut y avoir des fautes dans quelques détails 
ou dans certaines proportions. Nous en prévenons, afin que les 


ZOOLOGIE. =7 
naturalistes qui auront occasion de voir cette même espèce ou d'en 
donner une figure, ne prennent notre dessin que pour ce qu'il vaut. 
Nous ne ferons point la description de ce cétacé; nous le nomme- 
rons seulement cachalot bosselé 15 physeter polycyphus ol, et nous dirons 
avec le capitaine Hammat, que, par la disposition de ses yeux placés 
dans un enfoncement, il ne peut voir, ni en avant de sa fété, ni der- 
rière lui; ce n'est que de côté et obliquement qu'il peut bien distin- 
guer les objets. Nous avons laissé subsister le jet d’eau qui sort de 
son évent, en tant queau, malgré que tout récemment un marin 
fort distingué ait assuré que ce qu'on prend pour de l'eau dans l'ex- 
piration de quelques cétacés, n'est que de l'air chargé de mucus, 
qui, au sortir de l'animal, se trouvant condensé par la tempéra- 
ture extérieure, se manifeste sous une forme aqueuse, absolu- 
ment comme il arrive l'hiver lorsqu'on respire à l'air libre. Voilà 
ce que dit M. Scoresby, pour la baleine franche, dans un ouvrage 
qu'il vient de publier sur la pêche de cet animal au pôle Nord“. 
La manière dont le livre de cet habile pécheur est écrit rend 
son autorité imposante et dispose à croire ce quil avance : ce- 
pendant nous ne pouvons être de son avis, et nous allons imdi- 
quer les motifs qui nous portent à nous ranger du côté de l'opi- 
nion généralement admise. 

Entre les tropiques, sous l'équateur et dans les localités les plus 
chaudes, où nous avons vu des cachalots ou tout autre grand 
cétacé , ils lançoïent par leurs évens le jet d'eau qui de loin les 
fait reconnoître. Or, par une température de plus de 30° centi- 
grades, comme étoit celle que nous supportions devant les îles 
de l'Amirauté lorsque nous aperçûmes deux cachalots, Fair sorti 


: À moiïst vapour, mixed with mucous, is discharged from them, when the animal 
Preathes; but no water accompagnies it, unless an expiration of the breath be made under 
the surface, (Tom, I; pag. 456.) 

Ce qu'on peut traduire par : Une vapeur humide, mélée de mucus , sort de l’animal lorsqu'il 
respire; mais aucune eau ne l'accompagne, à moins qu’une expiration ne soit faite au-dessous 
de la surface, 


78 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


de leurs poumons , qui étoit tout au plus au même degré, ne 
pouvoit pas être condensé par une température extérieure différant 
si peu de la leur; et cependant le jet aqueux se manifestoit tout aussi 
bien que dans les deux zones tempérées, où nous avons cent fois 
observéele même phénomène. À tort objecteroit-on qu'il étoit dù 
alors à ‘une forte expiration faite sous l'eau, car souvent nous 
étions assez près pour voir que l'animal avoit au-dessus du fluide la 
protubérance où est placé son évent. D'ailleurs, une émission d'air 
respiré, faite au-dessous de la surface de la mer, peut bien, quel- 
que forte qu'elle soit, y occasionner un bouillonnement, maïs non 
produire un jet qui fasse retomber l'eau en une pluie fine. 

Les cachalots ne rejettent point d’eau à chaque expiration; ce qui 
paroit tenir à quelques causes que nous ne sommes pas à portée 
d'apprécier, mais dont la plus probable est que l'animal, dans ces 
instans-là, exécute l'acte de la déglutition. 

Nous lisons dans notre journal, écrit à l'instant même, que, 
nous étant approchés à vingt pas du baleïnoptère museau pointu 
qui vint échouer devant nous aux îles Malouines, nous lui vimes 
lancer de l'eau en petite quantité, mais avec assez de force pour la 
faire jaillir en pluie dès sa sortie des évens. C'étoit alors la simple 
expression d'un fait observé, sans vouloir, sans penser même 
qu'il püt servir à une explication quelconque. Lorsque à la mer, 
dans le mauvais temps, les flots brisent, et qu'à la distance d’une 
demi-lieue, d'une lieue et même plus, on aperçoit les jets d'eau 
des baleïnes, certes on ne peut pas admettre qu'une simple vapeur 
condensée puisse d'aussi loin frapper la vue. À cet égard, nous 
avons remarqué que les baleines soufflent davantage , quand la mer 
est agitée : c'est qu'alors, selon nos conjectures, certaines espèces 
de mollusques dont elles font leur nourriture, se présentant plus 
abondamment à la surface, elles rejettent l'eau qu'elles avalent 
en même temps que ces animaux. Nous avons dit ailleurs que 
jamais on n'est entouré d'un plus grand nombre d'oiseaux péla- 


ZOOLOGIE. 7e 
giens que par un gros temps, et qu'ils se portent de préférence 
vers les tourbillonnemens produits par le sillage, qui mettent à 
découvert les mollusques dont ils font leur pâture. 

Tous les cétacés ne rejettent pas habituellement de l'eau par 
leurs évens. On n'aperçoïit que très-rarement les dauphins produire 
cet effet ; nous allions dire jamais, parce que nous ne l'avons point 
vu dans des centaines qui se sont offerts à nos regards : maïs Spallan- 
zani l'a remarqué, et de très-près, en allant de Lipari à Stromboli : 
or, quand un observateur tel que l'illustre professeur de Pavie avance 
un fait, il est interdit de n'y pas croire. Ces animaux nous four- 
niront la preuve la plus convaincante et la plus irréfragable à op- 
poser à l'opinion de M. Scoresby : car, sans aucun doute, si le Jet 
visible étoit composé simplement d'air et de mucus condensés, 
les marsouins qui, dans nos contrées, viennent souvent respirer à 
la surface de la mer, émettroïent cette vapeur sous une forme 
analogue, et proportionnellement à leur grandeur. Mais ïl n’en est 
rien. Les personnes qui habitent les bords de la mer ou des grands 
fleuves à leur embouchure, et qui voient très-fréquemment des 
troupes de ces animaux, peuvent bien, lorsqu'elles en sont assez 
près, entendre le bruit qu'ils font en respirant { rowfler comme un 
marsouin est passé en proverbe parmi les matelots); maïs jamais 
elles n’ont remarqué qu'il séchappât de vapeur apparente de leur 
évent. Bien plus, en hiver, temps où cette émission doit être 
naturellement sensible à la vue, nous n'avons pu rien distinguer 
de semblable. 

Et pourquoi, par exemple, si c'étoit à la respiration seule que 
cet effet dût être attribué, ne l'eussions-nous pas observé chez les 
dauphins dans les mêmes parages où nous voyions de grands céta- 
cés le produire. On ne peut pas nous objecter l'éloignement où 
ces dauphins étoient de nous, car c'est sous la proue du navire 
que nous nous plaisions à les étudier. Le bruit qu'ils font quand 
ils viennent respirer à la surface, a du rapport avec celui d’une 


Bo VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


fusée qui part. Jamais, dans ces circonstances, nous n'avons vu 
da moindre apparence de vapeur au-dessus de leur tête, ni le jet 
d'eau observé une fois par Spallanzani dans la Méditerranée, et 
par M. de Humboldt, à l'égard des marsouins, dans les eaux 
douces de l'Orénoque, à plus de trois cents lieues de son embou- 
chure. 

Il faut donc admettre que ces agiles animaux ne sont point 
organisés pour renvoyer l'eau par les voies de la-respiration aussi 
souvent que le font d'autres cétacés. Ces jets, ïl faut le dire aussi, 
sont bien éloignés de l'idée qu'en donnent certaines gravures : ce 
sont uniquement de petites nuées d'air et d'eau retombant en 
pluie fine, absolument comme quand on s'est rempli à moitié la 
bouche de quelque fluide, qu'on y fait arriver de fair, et qu'on 
chasse le tout avec violence. 

Du reste, dans cette digression, de même que dans tous les 
points d'histoire naturelle sur lesquels nous nous permettrons de 
discuter , notre seul but sera de contribuer à faire connoître ce qui 
existe réellement. 

Revenant à l'histoire de notre cétacé, nous trouvons dans les 
notes transmises à M. de Freycinet par le capitaine anglais, que 
les cachalots vivent de sèches qui se tiennent par quatre-vingts à 
quatre-vingt-dix brasses *. C’est à cette profondeur que les pêcheurs 
baleïniers eux-mêmes prennent les mollusques pour s'en nourrir. 
On ne harponne point, disent-ils, le cachalot sur la masse énorme 
que forme son museau, RELEN LE quoiqu'il ny ait pas d'os, la 
peau y est si dure que le fer n'y pénétreroïit pas. 


* Ceci nous explique pourquoi, dans ces parages, nous avons rencontré un si grand nombre 
de coquilles de nautiles vides et roulées, sans avoir pu jamaïs nous procurer animal: c’est qu’il 
est probable qu’il vit à cette grande profondeur, comme les sèches et autres céphalopodes, 
avec lesquels il doit avoir beaucoup de rapports. Cette analogie de mœurs nous fut connue trop 
tard ; maïs notre collègue, M. Lesson, qui va visiter ces contrées, à bord de la corvette la 
Coquille, et que nous avons prévenu, ne manquera pas une si belle occasion pour rechercher 
ce mollusque. 


ZOOLOGIE. 81 


La tête d'un cachalot des Moluques, long de soixante-quatre pieds 
français, donne vingt-quatre barils de blanc de baleine {nommé 
aussi, mais improprement, sperma cet); et après qu'on a enlevé le 
lard par zones perpendiculaires, soixante-dix, quatre-vingts et quel- 
quefois cent barils d'huile pure‘. Les femelles acquièrent une moins 
grande dimension que les mâles, et ne donnent pas au-delà de dix- 
huit ou vingt barils de blanc de baleïne. Sur les côtes de la Nouvelle- 
Zélande, elles peuvent fournir de vingt-cinq à trente barils; mais 
les mâles, plus grands aussi en proportion, rendent beaucoup plus 
des deux substances que ceux du grand archipel d'Asie. 

On assure qu'il n'y a maintenant à Londres qu'un prix pour le 
blanc de baleine et l'huile; on les vend 120 livres sterling les 
2,000 pounds; ce qui n'avoit pas lieu, dit-on, il y a cinq ou six ans; 
la première denrée valoit 12 à r$ livres sterling de plus par ton- 
neau que la dernière. Jadïs aussi on vendoit les deux productions 
séparément; les fabricans les mélangeoïent ensuite : à présent on 
vend le tout ensemble. 

L'ambre gris, qui paroît fort rare chez ces animaux, se vend 
18 shillings l’'once; il arrive souvent qu'on fait deux ou trois voyages 
et autant de caïgaisons sans en trouver. Le second capitaine du 
navire /’Océan eut une fois le bonheur de recueillir cinquante livres 
de cette substance dans un seul cachalot, près des îles Goula Bessi. 

On conserve les os des mächoires pour en faire des cannes et 
des épissoirs; on les vend aussi aux naturels des îles d'Asie, qui les 
transforment en crits ou autres armes. 

Pendant notre séjour aux Malouines, un baleinoptère de l'espèce 
museau pointu vint s'échouer sur les rochers de la baie Française. Un 
chasseur, qui se trouvoit dans cet instant près de là, lui tira plusieurs 
coups de fusil à balles qui probablement le blessèrent grièvement. Le 


* Le baril contient trente-un galons et demi; le galon est de quatre pintes françaises environ: 
ce qui donne exactement un total de 307$ pintes de blanc de baleine [2859 litres], et 
12812 pintes d'huile [ 11913 litres], lorsqu'un de ces cétacés produit cent barils. 

Voyage de l'Uranie. — Zoologie. II 


82 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


soir il étoit encore vivant. La marée basse lui avoit laissé une portion 
du dos et les évens à découvert. De temps en temps il rejetoit de 
l'eau par ces ouvertures en respirant avec bruit. Un canot fut expédié 
pour tâcher d'amener ce cétacé plus près de notre camp, afin d’en 
tirer le meïlleur parti possible. Ce fut en vain qu’on s’efforça deremuer 
cette lourde masse, qui, d'aïlleurs, encore animée, portoit presque 
sur tous les points. On se contenta d'envoyer sur son dos un homme, 
qui, armé d’une hache, y fit un trou dans lequel il fixa un grappin d’em- 
barcation, auquel tenoït une chaîne, puis une corde attachée à terre 
pour que la marée montante n'entrafnât pas l'animal. Mais lorsqu'il 
se sentit soulever par le flux, à l’aide d'une légère secousse il cassa la 
corde, et par un mouvement plus fort il se retira de dessus les rochers 
et gagna le large. Ce fut vainement qu'il chercha à s'enfuir; blessé à 
mort, nous le trouvâmes le lendemain sans vie vers le même endroit. 
A l'instant où il échoua, quoique ce fût un mâle, plusieurs 
petits baleinoptères qui étoient dans la rade rodèrent long-temps 
autour de lui. La nageoïre dorsale de ces jeunes, du double plus 
grands qu'un dauphin ordinaire, nous parut beaucoup plus consi- 
dérable et pas autant reculée vers la queue que celle de l'individu 
adulte que nous avions sous les yeux. Nous acquimes la preuve 
que ces animaux ne sont point à craindre, par ce qui arriva à un 
matelot qui, étant allé à la nage examiner de très-près la baleine 
échouée, en fut tout-à-coup entouré. Saisi d'une frayeur extrême 
qu'il manifestoit par de grands cris, il se hâta de gagner la terre de 
toutes ses forces. Plusieurs personnes qui étoïent sur le rivage crai- 
gnoïent pour sa vie. Nous nous efforçämes de le rassurer en lui 
criant qu'il n'y avoit rien à redouter, persuadés en effet que cette 
espèce de cétacé n’a jamais volontairement fait de mal à l’homme. 
Ce baleinoptère museau pointu étoit placé sur le dos et incliné du 
côté droit. Le lendemain de sa mort, les mâchoires étoient encore 
fermées ; le jour d’après, elles étoient entr'ouvertes par l'effort de la 
vésicule aérienne propre à cet animal, qui faisoit une saillie consi- 


ZOOLOGIE. 8; 


dérable ; lorsque la putréfaction commença, les gaz qui s'accumu- 
lèrent distendirent davantage cette vésicule et agrandirent de plus 
en plus l'ouverture de la gueule; ce qui donna la facilité de couper 
les fanons à coups de hache. 

Les vautours et tous les oïseaux de mer eurent bientôt enlevé 
son épiderme excessivement mince et déchiqueté sa peau. L’huïle 
qui découloit de toutes ces blessures, répandue sur le rivage à deux 
cents pas à la ronde, rendoit les rochers très-glissans. Le capitaine 
Orne, qui survint dans ces entrefaites, en retira encore quelques 
barriques. 

En général, ces cétacés ne sont pas très-estimés, à cause du peu 
d'épaisseur de leur lard et de l'extrême vivacité de leurs mouve- 
mens, qui fait qu'on ne peut pas facilement s'en rendre maître. Voici 
les seuls détaïls anatomiques que notre fâcheuse position nous ait 
permis de recueillir sur le nôtre. 

Sa longueur, prise de l'extrémité de la mâchoire inférieure au 
bout de la queue, étoit de cinquante-trois pieds quatre pouces. Les 
mâchoires avoient, de l'extrémité à la commissure, neuf pieds six 
pouces; la supérieure, un peu plus avancée que celle d’en bas, por- 
toit seule des fanons sur chaque côté de ses bords. Dans leur arran- 
gement, ils forment comme un V tronqué par la pointe : l’animal 
étant renversé, ils représentoïent assez bien le /er ou berceau sur 
lequel est posé un vaisseau qu'on va lancer. La largeur et la lon- 
gueur de ces fanons, vus en-dehors de la gueule, alloïent en décrois- 
sant à mesure qu'ils se rapprochoïent du gosier; leurs franges étoient 
en-dedans : les plus longs avoient deux pieds six pouces et neuf 
pouces de largeur à la base. 

- Le dessous du corps, près de la queue, étoit caréné; le balenas, 
sorti dans toute sa longueur, très-pointu à son extrémité où étoit 
placé le méat urinaire, avoit cinq pieds neuf pouces de long, et 
un pied de diamètre à sa base. En le coupant, il en sortit du sang 
et beaucoup d'air. 


L 11* 


84 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Les plis longitudinaux du ventre commençoïent au bout de la 
mâchoire et s'étendoïent jusqu'à trois ou quatre pieds du nombril; 
le plus grand nombre se prolongeoïent par une ligne continue, 
pendant que d’autres se bifurquoient ; les bandelettes qu'ils for- 
moient, peu saïllantes, larges d’un pouce et demi à deux pouces, 
étoient noirâtres au milieu, avec un petit cordon plus clair sur les 
bords ; les interstices offroïent une teinte rougeûtre. 

La longueur des nageoires pectorales étoit de six pieds trois 
pouces; la largeur de celle de la queue, de treize pieds. La dorsale, 
située à l'opposite du balenas, na pu être mesurée; nous nous 
sommes aperçus quelle se dirigeoït en arrière en formant un peu 
le croissant. 

L'œil, très-peu apparent à l'extérieur, placé à la commissure 
des mâchoires, étoit à-peu-près de la grosseur d’un boulet de six 
livres, et pesoit six hectogrammes, ou environ une livre et un 
cinquième. 

Le globe avoit une forme aplatie de la partie antérieure à la 
postérieure ; de sorte que son grand diamètre étoit à-peu-près dans 
le sens de la longueur du corps de l'animal : ce diamètre avoit 
quatre pouces six lignes; le vertical, quatre pouces seulement, et 
l'axe, deux pouces neuf lignes. La sclérotique formoit extérieure- 
ment deux saïllies aux extrémités de l’axe longitudinal, à l'endroit 
d'insertion des muscles droits latéraux. 

A la partie postérieure , la sclérotique laissoit apercevoir un 
enfoncement considérable, ovalaire, dirigé dans le sens du grand 
diamètre, et où se trouvoit, mais non au milieu, un trou de Îa 
grosseur d'une forte plume à écrire, pour le passage du nerf 
optique : de chaque côté, deux ouvertures obliques, du calibre 
d'une plume de cygne, donnoïent accès à deux grosses artères; 
et tout autour de l'entrée du nerf optique, vingt-six autres ouver- 
tures plus ou moins grandes étoient destinées au même usage. 

Sur le devant, la cornée transparente présentoit une forme 


ZOOLOGIE. 8s 
ovalaire, dont le grand diamètre, dirigé aussi dans le sens longitu- 
dinal, avoit un pouce six lignes, et le vertical dix lignes; de sorte 
que ces diamètres étoïent, avec ceux du globe de l'œil, le premier 
comme trois est à un, et le second comme un est à cinq. La 
cornée étoit peu convexe. À son insertion sur la sclérotique, elle 
offroit un petit cordon blanchâtre , d'environ une ligne de large. 
Sur sa face interne, une membrane, ou plutôt un enduit noirâtre, 
assez semblable par la couleur à la choroïde de l’homme, mais 
plus consistante, formoit un cercle de près d’un pouce de largeur. 
En raclant cette substance avec la lame d'un scalpel, on l'enlevoit 
facilement. Par conséquent, le plus grand diamètre de la cornée, 
susceptible de laïsser passer les rayons lumineux , se réduisoit à six 
lignes. 

L'iris étoit noire sur ses deux faces ; la pupille transversale comme 
dans les ruminans; la choroïde argentée, et la rétine rougeâtre. Le 
cristallin avoit une forme arrondie ; ïl pesoit quatre-vingt-deux 
grains. Son grand diamètre étoit de neuf lignes, et son axe de sept. 

La plus grande épaisseur de la sclérotique étoit d’un pouce; elle 
n'étoit que de onze lignes en haut et en bas; elle diminuoiït telle- 
ment à la partie antérieure, qu'à sa réunion avec la cornée, elle 
étoit tout au plus d'une ligne. Aïnsi le volume de l'œil, assez con- 
sidérable extérieurement, ne produisoit qu'une cavité dont le plus. 
grand diamètre, le longitudinal, n’avoit que deux pouces dix lignes ; 
le vertical, deux pouces cinq lignes et demie; et l'axe, un pouce neuf 
lignes et demie. De sorte que son rapport au plus grand diamètre 
se trouvoit à-peu-près être comme sept est à onze. 

Ces baleines étoïent assez communes vers le cap Horn, à l'é- 
poque du voyage de Forster; car ce naturaliste en vit plus de 
trente dans un Jour autour de $on navire, qui, en lançant de 
l'eau, répandoïent une odeur infecte. 

Lors du coup de vent que nous éprouvâmes dans le détroit 
de Lemaire, nous passämes très-près d'une baleine qui étoit morte 


86 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
et que nous reconnümes, aux nombreux plis de son ventre, pour 
être de la même espèce. 

Nous allons passer à d'autres cétacés beaucoup plus petits, les 
dauphins : ceux de la planche n.° 11, dont nous parlerons d’abord, 
ont été vus de près et esquissés avec assez d'exactitude pour que 
ceux qui auront la faculté de se les procurer, puissent reconnoître 
l'identité des espèces. Bien que, dans notre longue navigation, nous 
ayons été à portée de voir autour de nous beaucoup de ces ani- 
maux, qui sembloïent en se jouant vouloir rivaliser de vitesse avec 
notre machine flottante; cependant, malgré tous nos efforts pour 
en prendre, nous n'avons pu y parvenir; il est vraï que le plus sou- 
vent ils soffroïent à nos coups lorsque la mer étoit agitée ou que 
la marche du vaisseau étoit trop prompte. 

Dans le mois d'octobre 1819, en allant des îles Sandwich à la 
Nouvelle-Galles du Sud, nous vimes, par $° 28° de latitude N,, 
beaucoup de dauphins ( planche 11, figure 1), exécutant en troupes, 
autour du vaïsseau, leurs rapides évolutions : tout le monde à bord 
fut surpris, comme nous, de leur voir sur le front une corne ou 
nageoire recourbée en arrière, de même que celle du dos. Le 
volume de l'animal étoit à-peu-près double de celui du marsouin 
ordinaire, et le dessus de son corps, jusqu'à la dorsale, étoit ta- 
cheté de noïr et de blanc. 

Nous nous attachämes à observer ces dauphins pendant tout le 
temps qu'ils nous accompagnèrent : mais quoïqu'ils passassent sou- 
vent à toucher la proue de notre corvette, ayant le haut du corps 
hors de l'eau, leur tête y étoit tellement enfoncée, que ni M. Arago, 
ni nous, ne pümes distinguer si leur museau étoit court ou alongé: 
leur allure même ne put rien nous indiquer à cet égard; car ils ne 
sélançoient point au-dessus des eaux comme les autres espèces. 
D'après leur conformation toute particulière, nous les avons nom- 
més dauphins rhinocéros | delphinus rhinoceros |, 

Une autre fois, traversant ce vaste espace qui existe entre la 


ZOOLOGIE. 87 
Nouvelle-Hollande et le cap Horn, nous observâmes en janvier 
1820, par 49° de latitude, d’autres dauphins ayant de chaque côté 
du corps , dans presque toute sa longueur, deux larges lignes 
blanches, coupées à angle droit par une noire; ce qui, vu par Îe 
dos, formoit une croix noire sur un fond blanc. Ils n'avoient qu'une 
nageoire dorsale assez aiguë. Nous ne fûmes pas non plus assez heu- 
reux pour nous les procurer. Il en fut de même de l'espèce suivante, 
que nous renconträmes quelques jours après, et qui se faisoit remar- 
quer par une bandelette blanche de chaque côté de la tête. Peut- 
être étoit-ce une variété de l’espèce qui précède; peut-être encore 
ce caractère ne tenoit-il quà la jeunesse de l'individu : toutefois, 
pour les distinguer, nous nommäâmes la première crucigère | del- 
phinus cruciger | ( planche 11, figures 3 et 4), la seconde æ/bigène 
[ elphinus albigena | (même planche, figure 2 }. 

Sans mentionner ici plusieurs individus à couleurs obscures que 
nous vimes dans divers parages, nous distinguerons le dauphin à 
museau blanc et long! de/phinus Peroni de Lacépède|, que nous trou- 
vämes par 2° de latitude, près de la Nouvelle-Guinée ; et un autre 
moitié blanc, moitié noir, à museau peu ‘alongé, des îles Ma- 
louines, que M. Bérard tua, et qui coula à l'instant même si 
profondément, que nous ne pûmes l'avoir. 

Toutle monde connoît l'allure de ces animaux, lorsqu'ils chassent 
à l'embouchure de nos fleuves. Is vont de compagnie en nageant 
plusieurs de front, ou par couple à la queue les uns des autres. 
Mais ce qu'il y a de plus remarquable, ce sont les longues ondu- 
lations qu'ils décrivent, semblables à celles d'une mer qui cesse 
d'être agitée; de sorte que, lorsque la partie supérieure de leur 
corps paroît à la surface, comme on n'aperçoit qu'une portion 
de la courbe qu'il décrit, il semble vraïment que l'animal, en s'en- 
fonçant dans l’eau , tourne sur lui-même comme une roue. H n’en 
est plus ainsi, lorsque, jouant autour d'un vaisseau qui cingle à 
pleines voiles, ils veulent le dépasser; alors ils filent droit et font 


38 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

même quelquefois des bonds en l'air. Dans ces diverses évolutions, 
M. Gaudichaud a remarqué que deux dauphins, se tournant de 
côté, s'accoloïent par le ventre et nageoïent ainsi un court instant. 
S'accouplent-ils’ ou bien, ce qui seroiït plus probable, sont-ce de 
simples préludes d'accouplement! c'est ce qu'on ne peut pas dé- 
terminer. Comme, dans ces violens exercices, ils sont obligés de 
faire une grande dépense de forces et que leur sang circule avec beau- 
coup plus de vitesse, ils viennent fréquemment respirer à la surface. 

Lorsque, parcourant l'Océan, les dauphins aperçoivent un navire, 
il est presque certain qu'ils viendront roder autour un instant, et 
continueront ensuite leur route. Ils disparoîtront très-vîte, si un 
de leurs compagnons blessé teint la mer de son sang. Maïs il n'est 
pas vrai, comme on l'a avancé, qu'ils recherchent l'ombre des vais- 
seaux pour se soustraire à l'action des rayons du soleïl, et que dans 
ce but ils accompagnent les flottes qui font alors pour eux l'effet 
d'une forêt. Ce sont des histoires faites à plaisir, et que maïnterant 
de sévères observations ne permettent plus d'admettre. Huit fois 
au moins sur dix qu'on rencontrera de ces animaux, le vent sera 
fort, le ciel couvert de nuages, et l'on remarquera que c’est presque 
toujours le matin et le soir, souvent même la nuit, qu'ils se plaisent 
autour des navires. 

Soit qu'on ait réellement reconnu qu'ils aïment la musique, soit 
que les agréables fictions de la Grèce exercent sur l'imagination 
des navigateurs la même influence dans l'Océan que jadis dans la 
Méditerranée; toujours est-il vrai que, dès que les matelots aper- 
çoivent des dauphins, is silent pour les attirer. Très-souvent nous 
les avons vus employer ce moyen, sans avoir remarqué qu'il pro- 
duisit quelque effet sur ces animaux. 

Is disent encore que, lorsqu'on les voit en troupes suivre une 
ligne constante, le vent ne tardera pas à souffler de la direction 
qu'ils prennent, &c. &c. 

Les dauphins vivent de poissons. Nous avons pêché des muges 


ZOOLOGIE. 89 


qui, ayant échappé à leurs dents aiguës, survivoient à de larges 
blessures avec perte de substance. Ils paroïssent très-friands de 
sèches; mais ils nen mangent que les tentacules et la tête : c'est 
du moins ce que nous ont assuré des marins et des pêcheurs de la 
Gironde. L'un de nous, ayant séjourné assez long-temps à l'em- 
bouchure de ce fleuve, eut souvent occasion de voir que, dans le 
mois de maï, le flux apportoït une grande quantité de ces mollusques, 
auxquels il manquoiït la tête, et qu'on envoyoit prendre sans la 
moindre difficulté. Leur état de fraîcheur indiquoit que tous avoïent 
été mutilés à-peu-près à la même époque. Ils fournissoient un mets 
assez appétissant, quoïqu'un peu dur et indigeste. L'effet des courans 
réunissoit par bancs ces céphalopodes tronqués ; et assez Souvent 
des traces d'écume déceloient leur présence : quelques toises plus 
loin, on n'en trouvoit plus. Ils paroïssoïent manifestement venir de 
la mer. Ce fait semblé prouver que les sèches sont susceptibles 
d'aller en troupes, et qu'aïnsi rassemblées, elles deviennent victimes 
de la voracité des marsouïns; car, quel poisson iroit aïnsi leur en- 
lever la tête! Il arrive même que, parmi les mortes, il s'en trouve 
de vivantes qu'il est rare de pouvoir prendre, parce qu'elles plongent 
à l'approche du panier emmanché qui sert à amasser les premières. 

Les seuls fragmens de cétacés herbivores que nous ayons apportés, 
sont deux mâchoires de dugongs, trouvées dans l'ile Dirck-Hatichs, 
à la baie des Chiens-Marins, sur la Nouvelle-Hollande, et qui pré- 
sentent un trou mentonnier plus grand que dans l'espèce connue. 

Nous n'avons pas pu nous procurer de ces animaux ; seulement 
quelques-uns de nos Messieurs en ont vu qui paissoient l'herbe 
à une très-petite profondeur. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 2 


90 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE V. 


Description des Oiseaux. 


SSSSISSTISISISISISISSISSESISSISISISSSIISSSIIISSISIISISIISSISSSIISS SISISSIIISISIISS SISSIISILISIT 


OISEAUX DE PROIE. 


RezanivemenT aux oiseaux de proie de la division des faucons, 
dont nous avons à traiter, nous ferons remarquer, avec les natu- 
ralistes, combien ïl est difficile de classer par espèces, des individus 
dont les caractères distinctifs ne sont parfois qu'apparens, et dus 
ou au sexe, ou à certaines nuances du plumage, ou à l'âge, ou 
même aux. saisons de l'année auxquelles on les observe. Aussi a-t-on 
dit, non sans raison, que c'est uniquement d'après leur histoire 
suivie et l'observation des changemens qu'ils éprouvent pendant le 
cours de leur existence, qu'on peut en donner de bonnes descrip- 
tions. Maïs ce moyen, tout au plus praticable pour nos oïseaux 
d'Europe, ne sauroït s'appliquer à ceux qui se montrent d'une ma- 
nière fugitive aux regards du voyageur qui parcourt à la hâte des 
régions lointaines. Nous nous bornerons donc, dans l’état actuel de 
nos ressources, à approcher le plus près possible de la vérité, et à 
tâcher de ne commettre aucune erreur grave. 


ZOOLOGIE. 91 


Sous-GENRE AUTOUR. — Fazco. Linn.; AsTUR, Bechst. 


AUTOUR CU-BLANC. — Fazco LEeucorrHous. N,. 


PLANCHE 13. 


Falco , corpore fusco-nigricante ; cer pedibusque Jlavis ; uropygio albo ; 
caudà subtis tribus fasciis albis ornatà. 


CET oiseau, que notre séjour au Brésil nous a procuré, a tout 
le corps d'un brun noirâtre , avec quelques légères teintes de roux 
sur les plumes qui recouvrent le talon et le haut des tarses. Le 
dessous des aïles est d’un blanc nuancé de roussâtre. Les pennes 
alaires sont marquées de traïts blancs en-dessus. Une teinte blanche 
se remarque au pli des aïles, cette couleur est pure au croupion 
et aux couvertures inférieures de la queue; d'où le nom de c4-blanc 
a été imposé à cet oiseau. La queue, rayée en-dessous de trois 
bandes transversales blanches, offre en-dessus, et dans le même 
sens, un trait et une bande blanchâtres. Lorsque le jabot est di- 
laté par les alimens, on voit, à l'endroit qu'il occupe, une tache 
blanche qui ne paroît pas dans l'état de vacuité de cet organe. 

Le bec est noir; la mandibule supérieure pointue, assez for- 
tement recourbée. La cire et les pieds sont jaunes. 

La longueur totale de cet oïseau est de treize pouces; celle 
de la queue, de cinq; son envergure est d'un pied sept pouces; 
le bec a un pouce. Les aïles pliées s'étendent jusqu'à deux pouces 
de lextrémité de la queue. 


92 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SOUS-GENRE BUSE. — F4Azco. Limn.; BuTeo. Bechst. 


BUSE POLYOSOME. — Farco PoryosomaA. N. 


PLANCHE 14. 


Falco, corpore cinereo ; cer& pedibusque flavis; caudä albidä, fusco 
transverse lineatä, nero ad apicem marginata; als longs. 


CETTE buse, remarquable par la longueur de ses aïles, qui arrivent 
jusqu'à un pouce de l'extrémité de la queue, est plus grande que 
l'épervier cendré de Caïenne, avec lequel elle a des rapports. 

Elle a le bec et les ongles noirs, la mandibule inférieure blanche 
à la base, les tarses et les doïgts recouverts d'écailles jaunätres, 
l'iris jaune, et la cire d'un jaune verdâtre. Tout le corps est d'un 
gris cendré. Les pennes alaires, rayées de gris et de blanchätre 
en-dessous, sont brunes à leur extrémité. Les couvertures infé- 
rieures de la queue sont marquées de quelques traïts blancs. La 
queue offre, sur un fond blanchâtre, des raies transversales brunes, 
ondulées , plus marquées en-dessus qu'en-dessous; elle est terminée 
dans ces deux sens par une large bande noiïrätre bordée de gris. 
Les jambes et le haut des tarses sont couverts de longues plumes 
de la même couleur que celles du reste du corps. 

Sa longueur totale est de dix-sept pouces , sur laquelle la queue 
en prend six. Le bec a un pouce cinq lignes, et l'envergure deux 
pieds six pouces. 

Elle habite les îles Malouines. 


ZOOLOGIE. 93 


Sous-GENRE BUSARD. — F41co0. Limn.; CrrGuSs. Bechst. 


BUSARD BARIOLÉ, mâle adulte. — FALCO HISTRIONICUS. N. 


PLANCHE 15. 


Falco, corpore suprà griseo, subtàs albo fascis transversis fuscis 
cincto ; cerâ pedibusque flavis. 


CE busard, considéré comme un mâle adulte, a le cou, le dessus 
de la tête et du dos gris cendré; les plumes de la couverture des 
ailes sont de la même couleur et bordées de blanc; l'extrémité 
des grandes pennes est noirâtre, avec une petite bordure blanche. 
Le dessous des aïles, blanc dans la moitié supérieure, est noirâtre 
dans le reste de son étendue. Tout le devant du corps offre des 
bandes transversales légèrement ondées, alternativement blanches 
et d’un roux vif. La couleur de ces raïes est moins tranchée à 
la poitrine qu'au ventre, sur les plumes qui recouvrent le haut 
des tarses et les couvertures inférieures de la queue. Les grandes 
pennes caudales, blanches en-dessous avec quelques taches brunes 
sur le bord, sont cendrées en-dessus et terminées par une large raie 
irrégulière, brunâtre, bordée de blanc. 

Une tache fauve mêlée de brun, qui se voit sur le cou, semble 
indiquer que cet oiseau n'avoit pas encore entièrement perdu la 
livrée du jeune âge. Cette opinion paroît encore fortifiée par la 
bande et les taches brunes de la queue. La cire, l'iris et les pieds 
sont jaunes; les ongles noirs. Le bec est médiocre, pointu , très- 
poïlu et blanchätre à sa base, noir à sa pointe dans les deux man- 
dibules; l'arête de la supérieure est assez saillante. 


94 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sa longueur est de quinze pouces; celle de la queue, de six; 
celle du bec, d'un pouce; et son envergure est de deux pieds. 

Ce busard provient des îles Malouines. Plus petit que le faz/co 
cyaneus , | diffère du œnereus, avec lequel ïl a des rapports, par 
la longueur relative des plumes alaires. Dans ce dernier, les ailes 
s'étendent jusquà l'extrémité de la queue, et la troisième rémige 
excède en longueur toutes les autres; tandis que, dans le nôtre, 
les ailes ne vont qu'a deux pouces du bout de la queue, et que les 
troisième et quatrième rémiges sont d'une longueur égale. 


BUSARD BARIOLÉ, jeune mâle. — FALCO HISTRIONICUS. N. 


PLANCHE 16. 


La couleur du plumage de ce busard a fait supposer que c’étoit 
un jeune mâle de la même espèce que le précédent, dont ïl a la 
taille : comme lui aussi, il provient des îles Malouines; et parmi 
les oïseaux de proie qui nous disputoïent les oïes que nous tuyions, 
s'il n'étoit pas le plus audacieux, ïl se montroït du moins le plus 
confiant, car on pouvoit lapprocher presque à toucher. 

Son vêtement n'offre pas la même élégance que celui du pré- 
cédent. Toutes les parties supérieures sont d'un brunâtre varié 
de roux. Les plumes de la tête, du dos, les scapulaires et les 
couvertures supérieures des aïles, sont bordées d'un roux clair. Les 
rémiges secondaires, de couleur brune, ont une bordure blanche 
qui disparoît insensiblement sur les pennes primaires. Un collier 
de plumes blanchâtres entoure le cou; une ligne de la même 
couleur se fait remarquer derrière et un peu au-dessus de l'œil. - 
Le devant du cou, la poitrine et le ventre sont d’un roussätre 
varié de traits longitudinaux, un peu plus foncés en couleur, et 
placés dans la direction du tuyau de la plume. Le croupion est 
d'un blanc pur. La queue , blanchâtre en-dessous, a une large raie 


ZOOLOGIE. o 
transversale brune auprès de l'extrémité, et, à un pouce de distance, 
une seconde raie moins foncée qui n'occupe que la moitié de sa 
largeur. En-dessus, les deux pennes moyennes sont rayées trans- 
versalement de brun et de cendré très-foncé : les latérales offrent 
aussi des bandes transversales, alternativement noirâtres et roux 
clair. 1 
Le bec est noir, avec une légère raïe blanche à la base de chaque 
mandibule; la supérieure est plus pointue, plus alongée et moins 
brusquement courbée que dans l'individu précédent. 

Les ailes pliées s'étendent jusqu'à deux pouces et demi de la 
queue, et leur envergure est un peu moins grande que dans l’autre 
individu. Les plus grands rapports de cet oïseau sont avec le bu- 
sard Montagu de New-York. 


96 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-cENRE PIE-GRIÈCHE. —. Lanrus. Linn. 


PREMIÈRE" DIVISION. 


À mâchoire supérieure arquée. 


PIE-GRIÈCHE A VENTRE ROUX. — Lanius FERRUGINEUS. Lath. 


FERRUGINOUS BELLIED SHRIKE. Lath. Sy». vol. 1, pag. 163. 
LANIUS FERRUGINEUS. Gmel. Sysr, 1, pag. 306. 


PLANCHE 17. 


Lanius, corpore suprà rufo; abdomine ferrugineo; capite fusco ; rostro 
mgro ; caudä apice subalbidé. 


CET oïseau, que Latham a décrit, et qu'il soupçonnoit être une 
variété du fiscal, mais que depuis il a reconnu former une espèce 
différente, en est en effet une très-distincte. L'individu qu'il a vu 
venoit du Cap de Bonne:Espérance, où se trouve aussi Z fiscal ; 
le nôtre provient de l'île de France *. Dans cette colonie, on con- 
fond cet oiseau avec les merles, malgré la différence de son plu- 
mage et de ses mœurs. Il ne va point en troupe comme ces derniers, 
vit seul, isolé, et traverse brusquement les grands bois; c'est dans 
ceux de moindre élévation qu'il paroït plus particulièrement se 


+ Mais ïl est originaire d'Afrique, et on Île reconnoît manifestement dans ce passage de 
Bernardin de Saint-Pierre : « On a fait venir du Cap, dit-il, un oïseau bien plus utile. Les Hol- 
» landaïs Pappellent l’ami du jardinier. I est brun et de la grosseur d’un gros moïneau; il vit 
» de vermisseaux, de chenilles et de petits serpens ; non-seulement il les mange, mais il en fait 
» d’amples provisions, en les accrochant aux épines des haies. Je n’en aï vu qu’un : quoïque 
» privé de la liberté, il avoit conservé ses mœurs, et suspendoit la viande qu’on lui donnoit 
»aux barreaux de sa cage. » ( Voyage à l’ile de France, tom. I, lettre XV.) 


ZOOLOGIE. 07 


plaire. Cette pie-grièche est assez rare; nous ne vimes que cet indi- 
vidu, que l'un de nous tua dans une excursion autour de l'île. 

Sa longueur est de huit pouces et demi : sa tête est brune, 
ainsi que la partie postérieure du cou. La gorge, la poitrine et le 
ventre sont roux; la même couleur se remarque sur les couver- 
tures supérieure et inférieure de la queue. Le dos est d'un roux 
moins foncé. Les grandes pennes alaires sont brunes en-dessus, 
légèrement bordées de blanc sale, et gris de lin en-dessous, vers 
leur pointe. On voit près du pli de l'aïle une petite bande blanche. 
Les plumes de la queue sont de la même couleur que celles des 
ailes en-dessus, avec une tache d’un blanc roussâtre clair à leur 
extrémité. 

Le bec est noir et la mandibule supérieure très-recourbée à sa 
pointe ; sous la gorge se voit un petit espace blanchâtre. Les pieds 
sont bruns. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 13 


08 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE VANGA. — V4nca. Buff. 


VANGA RAYÉ, mâle. — VANGA STRIATA. N. 


VANGA GRIS. Vieill. JV, Dice, d’hise, nar. 2.° édit, t. 35, p. 200. : 


PLANCHE 1:18. 


Vanga, capite suprà ngro ; dorso, als , caudäque fasciis nigris et albrs 
transversè variegatis ; pectore et abdomine, ex griseo cœrulescentibus. 


CE vanga a le dos, le croupion, les aïles et la queue rayés 
transversalement de noir et de blanc. Les raïes noïres ont beau- 
coup plus de largeur que les blanches. Les plumes qui forment sur 
la tète une huppe élégante, sont noires. Le dessus du cou, les joues, 
la gorge, la poitrine et l'abdomen, sont d'un gris bleuâtre, avec une 
teinte plus claire sous la gorge. 

Les aïles, courtes et arrondies, recouvrent à peine l'origine de 
la queue, qui est longue de cinq pouces et demi et uniforme. 
Le bec, grand, robuste, comprimé, a un pouce trois lignes de lon- 
gueur, il est brun, avec une couleur de corne sur les bords, depuis 
le milieu jusqu'à la pointe. Les pieds sont bruns. 

La longueur totale de l'oiseau est de treize pouces; son enver- 
gure seulement de onze pouces. IH habite le Brésil, d'où nous avons 
rapporté un autre vanga, jeune mâle, qui commence à perdre son 
plumage roux. 


ZOOLOGIE. È 


VANGA RAYÉ, femelle. — VANGA STRIATA. N. 


VANGA ROUX. Vieill. Zoco cifato, 


PLANCHE 19. 


LE vanga femelle se distingue du mâle en ce que les raies trans- 
versales de la partie supérieure du corps, des aïles et de la queue, 
au lieu d'être blanches et noïres comme dans le précédent, sont 
alternativement noires et d'un roux plus ou moiïns foncé. Tout 
le dessus du corps est d'un gris tirant sur le roux et blanchissant 
sous la gorge. La huppe est rousse à la base et noire à l'extrémité. 
Les plumes qui recouvrent le haut des tarses sont rousses. La queue 
est très-longue. Le bec est noir à la base, et couleur de corne vers 
la pointe. 

Ces oïseaux, très-vifs, sont presque toujours en action. Leur 
longue queue, droite dans le repos, s'élève lorsqu'ils courent à 
terre ; leur bec, robuste et fortement courbé à 1a pointe, indique 
qu'ils doivent ne pas dédaïgner la chair. Cependant ïüls vivent le 
plus habituellement de vers, comme les tyrans, et c'est pour cela 
qu'ils habitent les bois qui avoisinent les prairies. 


100 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE CASSICAN. — B4RITA. Cuv. 


CASSICAN FLÜTEUR. — BARITA TIBICEN. N. 


CORACIAS TIBICEN. Lath. 
GRACULA TIBICEN. Sh. 
CRACTICUS TIBICEN. Vieill. 


PLANCHE 20. 


Barita, fronte, pectore, abdomine et caudä nigris ; occipite, dorso, 
scapulisque albo-cinereis; uropygio et remigibus in medio albis. 


Nous avons déjà fait observer combien ces oiseaux varient dans 
leur plumage. L'espèce que nous représentons en est un exemple 
remarquable; car, quoique les limites de ses couleurs paroïssent être 
celles du cassican flüteur, elles ne sont pas les mêmes pour la teinte. 
Dans les Montagnes-bleues de la Nouvelle-Hollande, nous avons 
beaucoup vu de ces oïseaux vivant en petites troupes; nous en avons 
tué plusieurs, et nous avons remarqué que tous diffèrent plus 
ou moins entre eux. La détermination précise des espèces, la 
distinction des mäles d'avec les femelles, les changemens dans le 
plumage selon l’âge, demanderoïent donc une étude particulière 
que peut seul faciliter un long séjour dans les lieux qu'ils habitent. 

Aïnsi, nous ne pouvons décider si cet individu est mäle ou 
femelle. Il appartenoïit à M. de Freycinet, qui l'a donné au 
Muséum, où il vit encore. Il est très-doux et se laisse facilement 
caresser. Son aptitude à imiter le chant des autres oiseaux nous a plus 
d'une fois servi de distraction à bord de /’Uramie. I contrefaisoit le 
jeune coq à sy méprendre, il gloussoit et caquetoit comme la 
poule. On lui avoit enseïgné, au Port-Jackson, à siffler plusieurs 


ZOOLOGIE. 101 
s, qu'avec nous il avoit un peu désappris; mais il sufhisoit de le 
mettre sur la voie pour qu'il fit chorus. 

Ceux qui vivent dans les bois aux alentours des habitations, sont 
devenus défrans comme nos pies. Aïlleurs, on les approche beau- 
coup plus facilement. 

La dénomination de ffäteur qu'on a donnée à cet oiseau est peu 
convenable comme spécifique, puisqu'elle est, pour ainsi dire, 
applicable à tous les individus que l'on connoît. Cependant nous 
nous sommes bien gardés de la changer, pour ne pas grossir la liste de 
la synonymie. Celuï qui a été décrit par Latham « avoit la nuque, 
» les couvertures des aïles, la base de plusieurs pennes primaires, 
» le croupion, les couvertures inférieures de la queue et les pennes, 
» à l'exception de leur extrémité, d’un beau blanc, le reste du 
» plumage noir, le bec de cette couleur à la base, et ensuite bleu; » 
ce qui, d'après Fobservation de M. Vieïllot, lui donne de grands 
rapports avec le cassican noir et blanc. Il seroït possible encore 
que l'un fût le mâle et l’autre la femelle. 

Le cassican dont nous donnons la figure, a treize pouces de 
longueur. Le devant de la tête, la poitrine et le ventre sont d'un 
noir foncé à reflets verdätres ; la queue et les pennes alaires sont 
également noires. On remarque quelques plumes blanches vers le 
milieu de l'aile. 

Le derrière de la tête est couvert d'une calotte nettement 
marquée, d'un assez beau blanc, dont les plumes sont noirâtres à 
leur base. 

La partie postérieure du cou, le manteau, les couvertures des 
ailes et le dos sont d'un blanc grisâtre; tandis que le croupion, et 
les plumes qui recouvrent la queue en-dessus et en-dessous, ont 
une couleur blanc pur. L'œil est rougeâtre. Le bec, long de vingt- 
une lignes, est blanc, bleuâtre à la base et noir à la pointe; les 
narines sont presque linéaires; les pattes sont noires; les ongles 
trés-forts, crochus; les tarses ont deux pouces de longueur ; la queue 


102 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
est carrée, les aïles vont presque jusqu'à son extrémité ; leur enver- 


gure est de deux pieds quatre pouces. 
Leshabitans des îles des Papous nomment les cassicans #74n7kahok 


et #angahouk:; les insulaires de Guébé, dans les Moluques, les 


désignent sous le nom d'oskouakou. 


ZOOLOGIE. 102 


Sous-GENRE CHOUCARI. — GRAUGALUS. Cuv. 


CHOUCARI VERT. — GRAUCALUS viripis. N. 


SPHECOTERA VIRIDIS. Vieill. An. d'ornith. 


PLANCHE 21. 


L] 
Graucalus, capite et collo suprà migris; pectore ventreque flavo-viri- 
dibus; dorso et scapuls virid-mgricantibus ; oculorum ambitu nudo et 
rubro; rostro nigro. 


Nous avons trouvé cet oiseau à Timor, d'où l'expédition du 
capitaine Baudin l'avoit déjà rapporté. I habite les arbres les plus 
touffus des environs de Coupang, et les naturels de l'ile lui donnent, 
nous croyons, le nom de kakraya. 

Sa longueur est de neuf pouces quatre lignes, sur laquelle la 
queue prend trois pouces et demi. Le bec a dix lignes ; il est noir: la 
mandibule supérieure est aïguë et fortement recourbée à la pointe. 

La tête et le dessus du cou sont noirs; la membrane charnue 
qui entoure l'œil est ovalaire et rouge; le contour des paupières 
est d'une couleur rosée. La gorge, la poitrine , le milieu du ventre, 
sont d'un vert mélangé de jaune; le jaune est tacheté de blanc 
à la partie postérieure du ventre et sur les couvertures inférieures 
de la queue. Le manteau, le dos et les scapulaires sont verdûtres, 
avec de légères lignes noirâtres au milieu de chaque plume. 

Les grandes pennes sont d'un brun tirant sur le noir; cette 
couleur est aussi celle des moyennes, dans leur milieu , qui ont de 
plus un petit liséré verdâtre. La queue est longue, carrée, noirâtre 
en-dessus, avec des reflets verdâtres ; elle est gris de lin en-dessous, 
de même que faile dans cette partie. 

Les pattes sont brunes; les ongles presque noirs, crochus; le doigt 
postérieur est muni d'une assez large membrane sur sa longueur. 


104 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE GRIVE. — 7urpus. Linn. 


GRIVE DES MALOUINES. — TurDpus FALCKLANDI. NN. 


Turdus , pectore ventreque rufescentibus ; gulä punctis nigris notatä. 


Nous laïssons à cet oiseau le nom qui lui a été donné au Muséum, 
bien cependant qu'il ne fasse que se montrer aux îles Malouines pen- 
dant un certain temps de l'année, attiré par les baïes succulentes 
d'empetrum. Sa vraie patrie paroît être l'extrémité de l Amérique 
méridionale. 

Cette grive est de la grosseur de notre drenne; elle a beaucoup 
de rapports avec le griverou du Brésil, qu'a décrit et figuré M. Le- 
vaillant | Orseaux d'Afrique, tome IT, planche 98). Comme ce 
dernier oiseau , elle a la poitrine et le ventre d'un roux assez vif, 
et des lignes noirâtres sous la gorge; maïs ces taches linéaires sont 
plus nettement tranchées dans la grive des Malouines. Le dessous 
de la queue est d'un brun clair. 

Ces oiseaux vont en troupes de trois ou quatre, et sont peu 
fuyards. 


ZOOLOGIE. 1oS 


GENRE LORIOT. — ORrrozus. Linn. 


LORIOT PRINCE-RÉGENT. — OrioLus REGENS. N. 


PLANCHE 22. 


Oriolus, capite, collo suprà, alarum dimidiä parte, luters ; pectore, 
ventre caudäque nigris ; rostro flavo. 


CE bel oïseau appartient à la Nouvelle-Hollande. Il est fort rare 
au Port-Jackson, où on le nomme pruce-régent, dénomination que 
nous lui avons conservée ; il habite les bords de la rivière Patterson, 
et fréquente les broussailles épaisses. Nous en possédions un indi- 
vidu que l’on nous dit avoir été tué à environ trente milles de la ville 
de Newcastle, et que M. de Freycinet avoit acheté une guinée; nous 
lavons perdu au naufrage, ainsi que notre collection d'oiseaux 
de la Nouvelle-Hollande, parmi lesquels nous comptions, au pre- 
mier aperçu, huit ou dix espèces nouvelles : de sorte que la figure 
que nous en donnons a été prise sur un dessin assez bon de 
M. Lewin, gravé à Sydney même, sans indication de genre 
ni d'espèce. Nous avons ouï dire que cet auteur, dans les figures 
qu'il a publiées des oiseaux du Port-Jackson, appelle celui-ci melli- 
phaga chrysocephala ; maïs nous nous sommes assurés que cest un 
vrai loriot, ainsi qu'on peut le voir à la forme du bec. 

Sa taille est d'un peu plus de huit pouces. 

Les plumes du dessus de la tête, courtes, très-serrées, formant 
velours, sont d’un très-beau jaune, de même que celles du cou et 
des épaules; ce qui fait paroître ces parties comme couvertes d'un 
camail. Les moyennes pennes alaires sont également jaunes : un 


petit cercle de la même couleur entoure l'œil, qui est rougeätre, avec 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. I 4 


106 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
des paupières noires : le bec est d’un jaune plus clair. Tout le reste 
du corps est d'un noiïr pur : cette couleur prend à la mandibule 
inférieure , et forme comme une espèce de cercle irrégulier autour 
de l'œil. 

Les pattes sont noires et les ongles forts et crochus. L’individu 
que nous avions acquis, et un autre qui étoit chez le gouverneur, 
sont les seuls que nous ayons vus pendant notre séjour dans la 


colonie. 


ZOOLOGIE. 107 


GENRE MÉRION. — Mazurus. Vieiïllot. 


MÉRION NATTÉ. — Mazurus TExTILIS. N. 


PLANCHE 23, fig. 1. 


Malurus, corpore toto rufulo, longitrorsum bruneo punctato ; rostro 
migro, robusto ; caudà longä. 


CE genre a été formé par M. Vieiïllot aux dépens des fauvettes, 
avec lesquelles les individus qui le composent ont divers rapports. 

Nous avons tué cet oïseau à la baïe des Chiens-Marins, dans la 
Nouvelle-Hollande. Déjà les naturalistes de l'expédition du capi- 
taine Baudin f'avoient fait connoître; mais il n’étoit point figuré. I 
est remarquable par l'habitude qu'il a de se tenir presque toujours 
sous les buissons, et de passer de l’un à l'autre en courant avec 
vitesse. On le prendroiït pour une souris, méprise qu'augmentent 
encore sa couleur rousse et le petit sifflement aigu qu'il fait alors 
entendre. 

Sa longueur totale est de six pouces et demi; celle de la queue, 
de trois pouces deux lignes. 

Sa couleur générale est roussâtre : cette teïnte est plus claire et 
devient même grise au devant du cou et à la poitrine, dégradation 
qui y est produite par de petites taches de roux et de blanchätre 
dont chaque plume est uniformément nuancée. La même disposi- 
tion existe sur la tête, qui est un peu plus brunâtre, et sur le dos, 
où chaque plume a une ligne d'un blanc sale au milieu. 

La queue est rousse dans toute son étendue; l'oiseau la tient 
toujours tres-relevée : le bec est noir, court et robuste; les pattes 
sont noirâtres. 


14 


108 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Dans un des mérions de cette espèce, qu'on voit aux galeries 
du Muséum, la mandibule supérieure est très-aiguë et recourbée 
à sa pointe. Chez un autre individu , la couleur du plumage est un 
peu plus foncée. 


MÉRION LEUCOPTÈRE. — Marurus LEucoPTERUSs. N. 
PLANCHE 23, fig. 2. 


Malurus, capite, collo, pectore dorsoque cæruleo-mgricantibus ; alis 


albis ; caudä subcæruleä. 


CET oïiseau vient du même lieu que le précédent. Nous ne 
l'avons rencontré que sur l'île Dirk-Hatichs, vivant parmi des 
traquets, dont il nous a paru avoir les mœurs. 

Il est représenté de grandeur naturelle, d'après un dessin qu'en 
fit alors M. Arago. I a toute la tête, le cou, le ventre et le dessus 
du dos d'un bleu tellement foncé, qu'il en paroît noir ; les aïles 
sont blanches dans leur moitié antérieure et brunâtres à leur 
extrémité : peut-être que cette dernière teinte dépend de l'âge, et 
nest pas celle qui doit toujours subsister. La queue est également 
bleu foncé, maïs moins que le corps. Le bec est noir et les pattes 
sont brunes. 

Longueur totale, trois pouces quatre lignes environ. 


ZOOLOGIE. 109 


GENRE BRUANT. — ÆEmgERrizA. Linn. 


BRUANT A GORGE NOIRE. -- EMBERIZA MELANODERA. N. 


Ermberiza , corpore luteo-vrrescente ; capite et collo suprà fuscrs ; gulà 


7 Igrä ; 


CETTE nouvelle espèce habite les iles Malouines. Dès le mois de 
février, elle commence à se réunir en petites troupes qui parcourent 
les dunes sablonneuses où croît un empetrum dont les baïes servent 
a leur nourriture. 

Cet oiseau a le dessus de la tête et du cou ardoïsé, de même 
que les joues; le dessus du dos et le ventre sont d'un jaune mélangé 
de verdätre, et cette dernière partie est marquée latéralement de 
quelques taches brunes. Une plaque très-noire occupe la gorge, 
de chaque côté de laquelle se voit une ligne blanche. 

Les grandes pennes alaires sont d'un assez beau jaune sur leur 
bord extérieur, et tachées de noir à leur extrémité. La queue, lége- 
rement fourchue, a ses pennes extérieures jaunes et les moyennes 
d'un noir verdâtre. 

La femelle est de la même grosseur que le mâle. Ses couleurs 
sont moins bien tranchées. Dans deux individus femelles que 
nous avons rapportés, et qui sont au Muséum, on remarque sur 
le-dos un mélange de roux dans lun et de verdâtre dans F'autre : 
une teinte grivelée remplace sous la gorge le plastron noir du mâle. 

La longueur totale de ces oïseaux est de cinq pouces et demi. 


110 VOYAGZ£ AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE CAROUGE. — X4nraorNus. Cuv. 


CAROUGE GASQUET. — XanNTHoORNUS GASsQUET. N. 


PLANCHE 24. 


Xanthornus, corpore et als fuscis; ventre, alarum flexurä uropygioque 
flavis. 


M. Cuvier a formé, dans son grand genre cassique, le sous- 
genre carouge, qui correspond aux troupiales de M. Vieiïllot; et les 
carouges de cet auteur sont les troupiales de M. Cuvier. 

Nous dédions l'oiseau qui nous occupe à la mémoire d'un brave 
général, le baron Gasquet, oncle de lun de nous. I a beaucoup 
de rapports avec le troupiale bicolor décrit par M. Vieïllot ; maïs ce 
n'est pas le même oïseau, et il en diffère principalement par une 
large bande jaune qu'il porte sur le croupion. 

Sa tête est d'un brun tirant sur le noïrâtre, tandis que le cou, 
la poitrine, le dos, les aïles et la queue sont d’un brun plus clair; 
les pennes alaires sont grises en dessous : un jaune élégant colore 
le dessous du pli de l'aïle, le ventre, et, comme nous venons de le 
dire, tranche sur le croupion, par une large bande, avec la couleur 
brune. | s 

Les pieds sont rougeätres; le bec est noir, robuste, formant un 
angle aigu entre les plumes du front. Il a treize lignes de longueur : 
la queue a trois pouces six lignes; l'envergure est de dix pouces et 
demi, et, lorsque les aïles sont pliées, elles s'étendent jusqu'à deux 
pouces de l'extrémité de la queue. Enfin, la longueur totale de 
l'oiseau est de huit pouces neuf lignes. 

Ce carouge habite les rives de Rio de la Plata ; il fréquente les 


ZOOLOGIE. Tilt 
prairies, de même que les troupiales; mais il ne paroît pas vivre 
en grandes troupes comme eux; nous ne l'avons jamais rencontré 
que par petits groupes. 

Nous avons rapporté des individus de la même espèce, dont 
le plumage incomplet ne présentoit de jaune que sur le ventre; 
chez d’autres, cette couleur commençoit à se manifester au pli de 
l'aile. Nous avons vu, dans les manuscrits de Commerson, de 
mauvais dessins de ces oïseaux parvenus à cet état, qui semble- 
roient avoir été faits par Sonnerat. 


112 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


4 


GENRE MARTIN-CHASSEUR. — Dacezo. Leach. 


MARTIN-CHASSEUR GAUDICHAUD.—DaAcELo GaupicHaup. N. 


MANKINETROUS et MANGROGRONE, dans la langue des Papous. 
SALBA, en idiome de Guébé. 


PLANCHE 15. 


Dacelo, capite, scapuhs parteque superiore dorsi nigris; gulà albä; collo 
ex albido rufescente ; uropygio ex cyaneo colore ; pectore abdomineque rufis. 


CE genre, très-naturel, pris dans celui des martins-pêcheurs, in- 
diqué d'abord par M. Levaillant, et formé par M. Leach, a pour 
caractère un bec échancré et courbé à la pointe. Maïs c'est sur-tout 
par les mœurs que ces oïseaux diffèrent des précédens : en effet, 
ils vivent de vers et d'insectes, se tiennent dans les bois ou dans 
les lieux secs et arides, et ne pêchent point, comme l'indique leur 
plumage, qui, au lieu d'être lisse, a beaucoup de douceur et de sou- 
plesse. Du reste, ïls ont les mêmes caractères que les martins- 
pécheurs. 

L'espèce à laquelle nous donnons le nom de notre collègue 
et de notre ami, chargé de la partie Botanique du voyage, habite 
les bois des îles des Papous : les naturels l'appellent rangrogrone 
et manhanetrous ; les habitans de Guébé la nomment s4/44, dénomi- 
nations également employées par ces insulaires pour les martins- 
pécheurs. Elle n’est point farouche et se laïsse facilement approcher. 
Les individus que nous avons tués avoient encore le bec couvert de 
la terre qu'ils venoïent de fouiller pour y chercher leur nourriture. 

Ce martin-chasseur, remarquable par l'élégance de son plumage, 
a la tête, les scapulaires et le haut du dos d'un noir foncé; un 


ZOOLOGIE. ES 


plastron blanc couvre la gorge, s'étend sur les côtés du cou, 
en diminuant de largeur, pour former postérieurement un collier 
nuancé de roussâtre, dont les plumes sont noires à leur base. 
Un trait blanc se voit derrière l'œïl et à la racine du bec. Le bas 
du dos et le croupion reflètent un superbe bleu d'aigue-marine, de 
même que les couvertures supérieures des ailes; maïs cette couleur, 
dans cette dernière partie, est plus foncée; ce qui tient à ce que 
chaque plume, noire dans une partie de sa longueur, n'est bleue : 
que vers le bout. Les grandes pennes alaires et caudales sont d'un 
beau bleu foncé en-dessus, noires à la pointe et noirâtres en-dessous. 

La poitrine et le ventre jusqu'à la couverture inférieure de la 
queue, ont une couleur rousse agréable quoique foncée ; le pli de 
l'aile en-dessous et les côtés du corps sont fauves: on y remarque 
une tache noire qui ne devient visible que lorsque f'aile est élevée. 

La partie supérieure des tarses est emplumée. Les pieds sont 
courts et de couleur brune; l'ongle du doigt du milieu est dilaté sur 
son bord interne. Le bec, gros, tétragone, pyramiïdal, long de deux 
pouces quatre lignes, est verdâtre sur ses faces et couleur de corne 
sur ses arêtes. Les mandibules sont aiguës à leur pointe; la supé- 
rieure dépasse linférieure. L'œiïl est rougeâtre. 

La longueur totale de l'oiseau est de onze pouces et demi. Deux 
autres individus, provenant des mêmes lieux, présentent quelques 
légères différences : la queue de lun n'a point de noir à l'extrémité, 
et celle de l'autre est rousse en-dessus ; nuance qui, chez le dernier, 
est probablement due à l’âge; car quelques taches bleues semblent 
indiquer qu'avec le temps cette partie du sp irÉee doit prendre 
entièrement la même couleur. 


Voyage de l’Uranie, — Zoologie. 15 


114 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-cENRE COUCOU. — Cucuzus. Linn. 


COUCOU GUIRA CANTARA. — Cucurus GuirA. Lath. 


GUIRA ACANGATARA. Maro. Hist, nat. Bras, pag. 95. — Ray, Sy. 
av. pag. 45, n° $.— Will. Orn. pag. 140. tome 22. 

CUCULUS CRISTATUS BRASILIENSIS. Briss. 4, pag. 144, n.° 130. 

GUIRA CANTARA. Buff. Ois, tome 6, pag. 407. 

CucuLus GUIRA. Gmel. pag. 414, n.° 32, 

PIRIRIGUA. Azara, tome IV, page 24. 

ANI GUIRA CANTARA. CROTOPHAGA PIRIRIGUA. Vieill. M. Dhicr. 
d'hist, nat. ï 


PLANCHE 26. 


Cuculus cristatus, ex flavicante albus, caudà alisque fusceis ; capite in 
medio fusco, ad latera flavicante ; collo in medio flavicante, ad latera 
fusco. Gmel. 


QUOIQUE cet oiseau soit très-connu, il n'en existe cependant 
pas encore de bonnes figures; car celles que Marcgrave et Wil- 
lughby ont fait graver sur boïs sont tout-à-fait dénuées de ressem- 
blance : c'est ce qui nous a décidé à en donner une nouvelle. 

La longueur totale de notre individu est de quatorze pouces, 
sur lesquels la queue en prend environ huit. 

Les parties latérales de la tête et la poitrine ont une teinte 
blonde qui devient un peu plus claire sous le ventre. Les plumes 
de l’occiput, lâches, très-eflilées et rousses, avec une ligne brune 
dans le milieu, forment une huppe dirigée en arrière; celles du 
devant et des côtés du cou et de la poitrine sont efflées aussi, 
et ont leur tige presque noire, ce qui présente ces parties comme 
inégalement rayées en long. 


ZOOLOGIE. 115 


Les couvertures supérieures des aïles sont noirâtres, bordées 
de blanchätre; les plumes du manteau présentent aussi cette teinte, 
avec la différence que la’ ligne blanche est au centre de chacune 
d'elles : les barbules sont très-écartées à leur insertion. 

Les grandes pennes alaires sont d'un roux clair, et les moyennes 
de la queue, en-dessus, blondes depuis leur origine jusqu'à leur 
moitié et noires dans le reste de leur étendue ; les latérales sont 
traversées par une large bande noire et tachées de blanc salé à 
leur extrémité. La queue offre en- dessous, vers le milieu, une 
bande noire. 

Le bec est robuste, arqué, lisse et jaunâtre; cette couleur est 
aussi celle des pieds. Les tarses sont bruns. 

Dans trois guiras qui sont aux galeries du Muséum, les cou- 
leurs varient un peu, de même que la taille; ainsi, l'un est plus 
blanc , et un autre plus roux : la couleur du nôtre tient le milieu 
entre les deux. 

Cet oiseau a quelques rapports de forme et de mœurs avec 
le coucou piaye. Comme lui, on le voit voltiger en ondulant entre 
les bois peu élevés où le soleil pénètre. H est infiniment plus 
rare au Brésil que ce dernier, qu'on trouve presque par-tout, après 
qu'on a laïssé les alentours de la rade. Il vit seul, et jamais nous 
ne l'avons vu aller en troupe comme les anis, parmi lesquels un 
ornithologiste la placé. Ses plumes, très-lâches, le font paroître 
plus gros qu'il n'est réellement, et il en perd beaucoup lorsqu'on 
le tire. 


1) 


116 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SOUs-GENRE PERRUCHE. — PsiTTA cus. Linn. 


PERRUCHE ÉRYTHROPTERE.— Psrrracus ERYTHROPTERUS. Lath. 


PSITTACUS MELANOTUS. Shaw. pl. 653. 
PERRUCHE JONQUILLE, Vieill. AVouv, Dicr, d'hist. nat. 


PLANCHE 27. 


Psittacus viridis ; capite, colo, flavo-viridibus ; dorsi inferiore parte 


cyaneà; tectricibus alarum rubris. 


CETTE jolie perruche, remarquable par l'éclat et la variété de 
ses couleurs, provient de l'île de Timor : on la trouve aussi, dit-on, 
à la Nouvelle-Hollande; c'est ce que nous n'aflirmons pas, et encore 
moins qu'elle appartienne à d’autres localités d'où on la fait venir. 

Une personne de notre équipage, pendant notre séjour à Cou- 
pang, en acheta une qui paroiïssoit vivre en domesticité depuis 
assez long-temps : malgré cela, elle étoit très-méchante et lançoit 
des coups de bec à ceux qui lapprochoïent. Nous la gardâmes 
plusieurs mois sans que son naturel s'adoucit, malgré les moyens 
qu'on prenoit à cet effet. La position qu'on lui a donnée est à- 
peu-près celle que le desir de nuire lui faisoit très-souvent prendre. 
Elle mourut à bord, en arrivant aux Mariannes. 

La perruche à aïles rouges a quatorze pouces et demi de lon- 
gueur totale; sa queue a un peu plus de six pouces. Son bec, court, 
fortement courbé, est rouge à la base et blanchâtre ‘vers la pointe. 

La tête et le cou sont d'un beau vert nué de jaune, tandis que 
la poitrine, le ventre et les couvertures supérieures et inférieures 
de la queue et des aïles sont d'un jaune nué de vert clair. Les 
plumes du manteau se font remarquer par une couleur verte un 


ZOOLOGIE. I 17 


/ 


peu foncée. La partie inférieure du dos jusque près du croupion 
laisse voir un magnifique bleu d'outre-mer. Les grandes pennes 
alaires sont d'un beau vert dans leur recouvrement, et noires avec 
un liséré jaune à leur partie interne ; ce qu'on ne peut voir quen 
les écartant un peu. Une longue bande rouge occupe l'aïle depuis 
son pli jusque vers le milieu , d'où est venu le nom d'éythroptère 
que Latham a donné à cet oiseau. Le dessous de l'aile est presque 
noir , excepté vers la jointure, où lon remarque une plaque d’un 
jaune verdâtre, et dans ce même endroit , à l'extérieur , quelques 
taches d'outre-mer. 

La queue est longue, à pennes réunies, d'un vert velouté en- 
dessus, avec des reflets jaunätres sur les bords. Chaque plume a 
sa tige noire et son extrémité jaune jonquille; d'où M. Vieïllot a 
tiré le nom qu'il a donné à cette perruche. En-dessous, elles sont 
noires, avec du jaune sale sur les bords; celles du milieu, plus longues, 
donnent à la queue une forme arrondie lorsqu'elle est étalée. 

Les pieds sont courts et noirâtres. 

En comparant notre figure avec celle de Shaw, on aura de la 
peine à croire que ce soit le même oiseau qu'on ait voulu figurer. 


118 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE COLOMBE. — Corumg4. Linn. 


COLOMBE PINON. — Corumsa PinoN. N. 


AMPAHÈNE, dans Ja langue des Papous. 
BIOUTINE, en idiome de Guébé. 


PLANCHE 28. 


Columba, capite, collo, pectore et dorsi magnä parte cinerco-fuscis; als 


caudäque ardostatis ; caudä fascià albà transversè notatä ; pedibus rubris. 


CETTE grande et belle colombe provient de Rawak, une des îles 
des Papous; nous l'avons dédiée à M."° Louis de Freycinet, née 
Pinon. 

La tête, le cou, la poitrine , et une grande partie du dos de cet 
oiseau, sont d'un gris-brun avec de légers reflets rougeüitres. Le 
dessus et le dessous des aïles, ainsi que les grandes pennes et la 
queue, sont d'un bel ardoiïsé : une large raïe blanche traverse 
cette dernière plus près de son extrémité que de son origine. 

Le ventre est d'un roux ferrugineux, de même que les couver- 
tures inférieures de la queue. Les plumes de cette couleur qui 
garnissent les tarses, sont mélangées avec d’autres d'un blanc sale 
et qui sont rousses à la pointe. 

Le bec est noir dans sa plus grande étendue, blanc de corne 
à la pointe; il est solide, un peu aplati, avec une arête au milieu 
de la mandibule supérieure , de chaque côté de laquelle sont deux 
sillons ; les narines sont petites. L'œiïl est rougeûtre, environné de 
quelques plumes blanchätres courtes, qu'on retrouve aussi à la base 


du bec. 


ZOOLOGIE. 119 


Les pieds sont rouges, robustes, garnis d'assez larges membranes, 
et munis dongles aigus un peu recourbés. La queue est carrée. 

Longueur totale, dix-sept pouces trois lignes ; sur laquelle la 
queue prend environ cinq pouces et demi. Les aïles, dans le repos, 
ont dix pouces et demi; le bec, quatorze lignes. 


COLOMBE MUSCADIVORE, mâle. — CozumBA ÆNEA. Lath. 


PALUMBUS MOLUCCENSIS. Briss. vol. 1, p. 148; pl. 13, fig. 2. 
PIGEON CUIVRÉ MANGEUR DE MUSCADES. Sonnerat, Voy. fig. 102. 
PIGEON RAMIER DES MOLUQUES. Buff, Ois, t.2, p. 58, fig. 164. 
CoLuMBA ÆNEA. Lath, Znd. orn. v. 2, p. 602. 

NUTMEG PIGEON, {bid, part. 2, pag. 636, sp. 30. 

CoLuMBA ÆNEA. Gmel. p. 780, n.° 22. 

COLUMBA PACIFICA. Gmel. p. 777, n.° 44. ° 

COLOMBE MUSCADIVORE. Temiminck, Æist, des col, pag. 7, fig. 
MANROUA , en langue des Papous. 


PLANCHE 29. 


Columba, supernè viridi-aurea in cupri puri colorem mutans, imferne 
cinereo-alba ad vinaceum inclinans ; tectricibus caudæ inferioris castaneo- 


purpureis, rectricibus subtus cinereis; pedibus plumosis. Briss. 


M. Temminck est le seul qui ait donné une bonne figure co- 
loriée de cette colombe, dans son magnifique ouvrage sur les 
pigeons. Celles qu'on trouve dans les planches enluminées de 
Buffon et dans l'ouvrage de Brisson sont défectueuses. On con- 
sidère comme une variété de cette espèce, le pigeon ramier man- 
geur de muscades , dont parle Sonnerat , et qu'il a représenté en 
noir. Maïs nous pensons, avec M. Temminck, que les méthodistes 
doivent rayer la columba pacifica de la liste des espèces et la rap- 
porter à la columba æœnea. 


120 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Ainsi, nous neussions pas cherché à reproduire un oïseau qu'on 
s'est attaché à si bien faire connoître, si, parmi ceux que nous avons 
rapportés, il ne s’étoit trouvé un mâle dans tout son développe- 
ment, et dont la partie supérieure du bec est surmontée, à sa 
naissance, d'une grosse excroissance charnue , qu'on suppose, avec 
raison, devenir plus sailiante au temps des amours. Sous l'équateur, 
cette époque seroit alors dans les mois de janvier et de février. 

Ces colombes habitent les mêmes lieux que la précédente. Elles 
se perchent à la cime des arbres les plus élevés, et font entendre 
des roucoulemens ou, pour mieux dire, de sourds mugissemens, 
capables d'effrayer. 

Nous ne pouvons mieux faire que de citer la description d'un 
naturaliste aussi distingué que M. Temminck. 

« Ces oiseaux diffèrent sensiblement pour la taïlle, dit cet auteur, 
» à raison de l'abondance ou de la disette en grains ou en fruits 
» qui leur servent de nourriture. 

» Cette espèce a le bec foiblement arqué vers la pointe: il est 
» plus fort, d'une substance plus cornée que ne l'est d'ordinaire 
» le bec des pigeons. Les tarses sont robustes, très-courts et en 
» partie emplumés ; les doigts ont des rebords charnus qui forment 
> une plante de pied épatée comme dans les pigeons colombars. 
» Les pieds de cette colombe ressemblent à ceux des calaos. 

» Le mâle adulte a toute la tête, le cou, ainsi que les parties 
» inférieures du plumage, d'un beau gris bleuâtre; le manteau, le 
» dos, les grandes et les petites couvertures des aïles sont d'un 
» beau vert foncé , à reflets métalliques ; les grandes pennes alaires, 
» ainsi que les pennes secondaires, sont d'un bleu verdoyant; la 
» queue, composée de douze plumes, est d'un beau bleu de roi 
» changeant en vert doré ; en-dessous, ces plumes sont noirâtres. 
» Les couvertures inférieures de la queue sont d'un roux ferru- 
» gineux. Les pieds sont rouges, le bec et les ongles noirs, et 
» l'iris d'un rouge orangé. 


ZOOLOGIE. 12% 

» La femelle, toujours moins forte de taille que son mêle a 
» en général tout le plumage d'une couleur plus terne que ce der- 
» nier; le cou et le ventre ont une teinte vineuse : sur la nuque 
» est un grand espace roussâtre foncé. » 

Les légères différences que présente notre individu sont d'avoir 
la couleur grise du ventre nuancée de rougeâtre, le dessous des 
ailes d'un gris sombre, et quatorze plumes à la queue au lieu de 
douze. 

Sa longueur totale est de quinze pouces et demi; celle de la 
queue est de cinq pouces ; l'aile, dans le repos, a neuf pouces dix 
lignes ; le bec, un pouce. 


COLOMBE PAMPUSAN, = Cocunsa PamPusAN, N. 


PLANCHE 30. 


Columba, corpore rufo; caudä transversè nigro fasciatà ; rostro nigro ; 
pedibus rufulis. 


_ CETTE petite colombe habite l'archipel des Mariannes et vient 
de fîle de Guam, où elle est rare. On peut dire que l’ensemble 
de son plumage est roux; cependant il présente diverses nuances 
de cette couleur que nous allons décrire. 

La tête est petite, d'un roux tirant sur le rougeätre. Le cou, 
la poitrine et le ventre sont simplement roux; les plumes du dos 
reflètent un brillant métallique un peu verdätre; les scapulaires et 
les couvertures supérieures et inférieures de la queue sont bor- 
dées d’un roux vif; l'extrémité des grandes pennes est brun clair. 
La queue a douze pennes; elle est assez longue, rougeätre, avec 
une large ligne noirâtre vers l'extrémité. 


Le bec, long de neuf lignes, est noir, mince, eflilé, un peu 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 16 


122 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
courbé à la pointe, qui a une teinte cornée ; les jambes sont longues 
et rousses ; le tarse a un pouce de long. 

La longueur de cet oïseau est de dix pouces. 


COLOMBE MACQUARIE. — CorumBa MAcQUARIE. N. 
PLANCHE 31. 


Columba longicauda ; capite , pectore uropygioque cinereo-cærulers ; 
oculis nudis subflavis ; alis lunulis albidis notatis. 


Nous navons point eu cet oïseau en notre possession ; nous 
le connoïssons seulement d'après la figure quen a fait faire 
M. Macquarie, gouverneur de la Nouvelle-Galles du Sud, qui a 
bien voulu la donner à M. de Freycinet. 

Les différences que présentoit cet oiseau avec tous ceux de son 
genre déja connus au Port-Jackson, engagèrent M. Macquarie à 
le faire dessiner. La reconnoïssance nous fait un devoir de le 
dédier à ce respectable gouverneur, qui eut la bonté de nous le 
faire connoître , et qui, lors de notre relâche à la Nouvelle-Galles 
du Sud, nous accueillit avec une affabilité extrême, et faciülita, 
par tous les moyens qui étoient en son pouvoir, nos recherches 
d'histoire naturelle. 

Cette nouvelle espèce de colombe à longue queue est repré- 
sentée ici de grandeur naturelle. Sa longueur totale est d'un peu 
plus de sept pouces, sur quoi la queue en prend trois et demi. Son 
plumage, sans être très-brillant, offre diverses nuances agréables : 
ainsi, la tête, le cou, la poitrine, sont d'un cendré bleuâtre ; le 
ventre, d'un blanc sale; le dos et le croupion, d'un brun clair. 
Les petites couvertures des aïles sont brunâtres et irrégulièrement 
parsemées de nombreuses taches oculaires blanches bordées de 
noir dans la moitié de leur contour ; les grandes couvertures sont 


ZOOLOGIE. 123 


cendrées avec des taches comme ci-dessus à leur extrémité. 
Quelques lunules ‘brunes se font remarquer vers le bout des 
grandes pennes alaires, qui sont d'un brun rougeûtre. 

La queue est étagée, pointue ; la couverture supérieure et 
les premières pennes sont d'un cendré bleuâtre, comme la gorge. 
Les pieds sont rougeätres, assez longs ; le bec est noir : l'œil est 
entouré d'un cercle aurore au milieu duquel se dessine le rebord 
noir et piqueté des paupières : l'iris est rougeâtre ‘. 


: Nous ajouterons ici la description succincte d’une sorte de colombi-palline que nous 
vimes, au Port-Jackson, à Régent-ville, maison de campagne que M. le docteur Jamieson possède 
sur les bords de la Nepean. Cet oïseau, moins gros qu’une poule, en a le port et la marche 
rapide. La tête, les ailes, le dos et la queue sont d’un ardoiïsé clair, la poitrine et le ventre 
blancs, marqués de taches triangulaires ardoisées ; deux lignes blanches, allant du cou au 
ventre, circonscrivent un plastron ardoisé. Nous donnerons à ce colombi-galline , dont nous 
n'avons vu la description nulle part, le nom de Jamieson. 


& 


16* 


124 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE MÉGAPODE — Mecaropius. N. 


Bec grèle, foible, droit, aussi large que haut, et aplati en-dessus à sa base; man- 
dibule supérieure plus longue que linférieure , légèrement courbée à son extrémité ; 
mandibule inférieure droite, point cachée par les bords de la supérieure. 

Narines ovalaires , ouvertes, placées plus près de la pointe du bec que de sa 
base; fosses nasales longues , couvertes d’une membrane garnie de petites plumes ;. 
tour de l'œil nu; cou presque nu, garni de quelques petites plumes rares. 

Pieds grands et forts, placés à l'arrière du corps; tarse gros et long, couvert de 
grandes écailles, comprimé sur-tout en arrière ; quatre doigts très-alongés ; trois en 
devant presque égaux, réunis à leur base par une petite membrane plus apparente 
entre le doigt interne et celui du milieu, qu'entre ce dernier et lexterne ; le pos- 
térieur horizontal, posant à terre dans toute sa longueur. 

Ongles très-longs , très-forts, plats en-dessus, très-peu recourbés , triangulaires , 
à pointe obtuse, presque comme ceux des ménures. 

Ailes médiocres , concaves , arrondies; les troisième et quatrième rémiges les 
plus longues de toutes. 

Queue petite, cunéiforme , dépassant à peine les ailes, et formée de douze pennes. 


CE nouveau genre, que nous découvrimes en décembre 1818, 
sur les îles des Papous, et que nous avons nommé wégapode, d'après 
son caractère le plus saïllant, la grandeur de ses‘pieds, appartient 
à l'ordre des gallinacés, et semble faire le passage entre ceux-ci et 
les échassiers. La forme de ses doigts et de ses ongles le rap- 
proche des ménures. Sa place la plus naturelle paroît étre entre 
les cryptonyx et les tinamous; cette opinion est celle d’un savant 
ornithologiste, M. Temminck, qui considere les mégapodes comme 
les représentans des tinamous dans les contrées chaudes de l'ancien 
continent. 

Ces oiseaux habitent les Moluques, les îles des Papous, les Ma- 
riannes et les Philippines. Nous tenons de MM. Dussumier et 
Calvo , que dans ce dernier lieu on les nomme é#ason, mot qui en 
langage tagalle signifie exfouir , parce que les mégapodes déposent 


ZOOLOGIE. 125 
leurs œufs dans le sable et abandonnent à la chaleur solaire le soin 
de les faire éclore. M. Calvo, amateur de la chasse et qui a fait 
un séjour de quinze ans dans ces îles, en qualité d'agent de la com- 
pagnie des Philippines, ajoute que le même trou ne renferme 
jamais qu'un seul œuf. Dès que le petit sort du sable, il se met 
à courir ; la mère ne lui donne aucune espèce de soins. Quelque- 
fois on trouve de jeunes poussins morts dans le sable à une assez 
grande profondeur. 

Ces oiseaux sont timides, redoutent les chasseurs, et se cachent 
dans les touffes de bambous, d’où il est difficile de les faire sortir. 
[1 en existe aux Philippines des espèces noires et rousses. 


MÉGAPODE FREYCINET. — Mecaropius FREYCINET. NN. 


BLÉVINE, en idiome de Guébé. 
MaNKIRIO, dans la langue des Papous. 


PLANCHE 32. 


Megapodius  Corpore subnigro ; rostro fusco, apice albido ; collo ferè 
nudo subnigro ; pedibus-concoloribus. 


CET oïseau habite les îles des Papous et provient de celle de 
Vaigiou. Les habitans de l'île Guébé avec lesquels nous avons eu 
des relations, nous ont dit qu'il étoit très-commun dans leur île, 
et quil pondoit des œufs excessivement disproportionnés à sa 
taille. En effet, ils nous en vendirent un grand nombre de très- 
gros et de couleur rougeätre, qu'ils nous assurèrent provenir de 
ce mégapode. 

Sur les îles Vaïgiou et Boni, ces oïseaux paroïssent vivre dans 
une demi-domesticité, à-peu-près comme les canards qui habitent 
les maraïs que traverse la petite rivière de Sèvre, dans le dépar- 
tement de la Charente-inférieure. Les Papous, qui leur donnent 


126 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


le nom de wzankirio, nous en apportoïent de vivans pour être 
mangés. Nous en avons chassé nous-mêmes dans la petite île 
Boni. Ils se tiennent dans les lieux humides, volent peu et en 
efHeurant la terre. 

L'individu que nous décrivons, et qui a vécu plusieurs jours à 
bord de l'Uranie, est vraïsemblablement une femelle; car nous 
avons eu occasion d'en apercevoir un autre de couleur rousse, 
qui faisoit entendre une sorte de gloussement, et que nous sup- 
posons être un mäle. La démarche de cet oiseau est lente ; ses 
pieds, placés en arrière, projettent son corps en avant, ce qui 
le rend comme voüté. 

Sa longueur, du bec à l'extrémité de la queue, est de treïze pouces. 
Tout son corps est d’un noir brun: cette couleur est un peu plus 
claire au ventre et sous les ailes. Les plumes de la tête, étroites, 
effilées , se relèvent un peu en huppe en arrière. La peau du cou est 
presque nue, brunätre et recouverte de quelques petits bouquets 
de plumes courtes. 

Les grandes pennes alaires se réunissent sur une petite queue 
ovalaire, convexe, qui ne les dépasse que d'un pouce, ce qui 
donne à l'oiseau la forme d’un ovale alongé.Le dos est légèrement 
convexe; les plumes qui le recouvrent sont longues et larges. La 
tête est petite : le bec a dix lignes de longueur; il est brun, un peu 
blanchätre à la pointe. La peau qui embrasse la base de la man- 
dibule supérieure, est noire, et couverte, aïnsi que la membrane 
qui environne l'œil, de quelques petites plumes rares. Nous croyons 
l'œil noir. 

Les tarses, gros et robustes, ont deux pouces cinq lignes de 
longueur ; ils sont recouverts de larges écailles d’un brun très- 
foncé, formant un rang en avant et deux rangs en arrière qui se 
touchent immédiatement sous les losanges intermédiaires. Les 
doïgts de ces oiseaux ressemblent à ceux des ménures ; cependant 
leur doigt de derrière est proportionnellement plus long; et 


ZOOLOGIE. 127 
dans les ménures, les articulations sont plus marquées et comme 
noueuses. 

Des trois doigts de devänt de ce mégapode, celui du milieu, le 
plus long, mesure deux pouces; il est réuni à l'interne par une 
membrane assez large, et à l'externe par une membrane très-petite. 
Le doïgt postérieur horizontal, reposant sur le sol, a dix-huit 
lignes de longueur ; les ongles, noirâtres, sont planes en-dessous: 
quelques-uns ont dans ce sens une ligne blanche au milieu. 

Cet oïseau porte le nom du commandant de notre expédition, 
M. Louis de Freycinet, à qui nous l'avons dédié. 


MÉGAPODE LA PÉROUSE. — Mecaroius LA PÉROUSE. N. 


s 


SASSÉGNIAT, en langue mariannaise. 


PLANCHE 33. 


Megapodius , corpore rufo ; rostro nigricante, apice albido ; collo nudo 
subflavo ; tarsibus subflavis. 


CETTE espèce, plus petite que la précédente, et à tarses moins 
élevés , habite l'archipel des Mariannes , où autrefois elle étoit très- 
commune. Les anciens habitans lui donnoïent le nom de sasségniat. 
On nous dit même qu'elle vivoit en domesticité ; mais à présent 
cet oiseau n'existe plus dans les îles principales , à Guam et à Rotta: 
il faut aller à Tinian pour le trouver ; encore y est-il rare. Nous 
devons celui-ci à M. Bérard, qui le tua dans le voyage qu'il fit à 
cette île. La peau colorée de son cou et la couleur un peu moins 
sombre de ses plumes indiquent peut-être un mâle. 

Ce mégapode est absolument semblable pour la forme à celui 
que nous venons de décrire ; mais il n’a que neuf pouces et demi 
dans sa plus grande longueur. 


128 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Les plumes de la partie postérieure de la tête sont d'un brun 
clair, effilées , et susceptibles de se redresser un peu. Celles du dos 
et des aïles sont brunes, irrégulièrement mélangées de roux vers la 
pointe. Cette couleur rousse est plus claire sur et sous la queue, 
à la poitrine et au ventre. 

Le bec est noirâtre en-dessus à sa base , et couleur de corne 
dans ses autres parties. La mandibule supérieure est plus courbée 
et plus pointue que dans l'autre mégapode. 

Le caractère spécifique le plus saïllant de cet individu est d'avoir 
la peau nue du cou de couleur jaune tirant sur le rougeâtre. Les 
tarses sont jaunâtres, médiocrement forts, et les doïgts noirs vers 
leur extrémité , ainsi que les ongles. 

Nous avons dédié cette seconde espece à la mémoire du célèbre 
et malheureux la Pérouse : nous nous félicitons d’être les premiers 
a rendre un pareil hommage à l'une des plus illustres victimes de 
la science. 


ZOOLOGIE. 129 


GENRE HUITRIER. — AzmaATopus. Linn. 


HUITRIER NOIR. — Hzmartopus NiGer. N. 


PLANCHE 34. 


Haæmatopus, corpore toto nigro ; alarum flexurä nodo obtuso munitä ; 
rostro rubro; pedibus roseïs. 


C'EST avec quelques doutes que nous donnons comme espèce 
l'huîtrier noir : en effet, quoiqu'il se montre dans une foule de 
lieux de l'hémisphère austral, on ne l'y voit jamais seul; il est tou- 
jours avec lhuîtrier vulgaire ou l’huîtrier à manteau. Sa couleur 
pourroit donc bien appartenir au jeune âge, comme cela paroît 
avoir lieu pour les cormorans à ventre blanc des terres magel- 
laniques. Cette opinion est celle de M. Vieïllot, que tendroit à 
confirmer une ou deux plumes blanches qu'on remarque à l'aile de 
plusieurs de ces oiseaux. Cependant, dans le but de contribuer à 
éclaircir ce point, nous devons dire qu'en septembre, sur les côtes de 
la Nouvelle-Hollande, et en février, mars et avril, aux Malouines, 
les huïtriers noirs qui y furent aperçus, ne présentoïent, à ces deux 
époques assez éloignées, nulle anomalie dans le plumage, nulle 
bigarrure qui pût indiquer une mutation de couleur, à l'exception 
de la plume blanche dont nous venons de parler, ordinairement 
cachée par les noires. 

Ainsi, en attendant que de nouvelles et de meïlleures obser- 
vations nous fassent connoître la vérité, nous ferons remarquer 
que, dans l'espèce qui nous occupe, les diverses nuances du noir 


sont plus ou moins intenses; ce qui tient peut-être à l'âge ou 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. Ji 


130 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
à la saison. Dans notre individu, cette couleur -n'est pas tres- 
foncée. 

Sa longueur totale est de dix-huit pouces; cellé du bec, de 
deux pouces dix lignes. Les aïles, très-longues , arrivent à un 
pouce de l'extrémité de la queue , qui est carrée; elles ont à leur 
pli un tubercule corné, arrondi comme celui du bec-en-fourreau, 
tubercule dont nous ne savons pas qu'on ait fait mention. Le bec 
est d'un jaune orangé vif; mais cette couleur perd de son intensité 
ou s'efface par la dessiccation. Les mandibules sont toujours écar- 
tées vers la pointe; c'est un caractère constant : l'inférieure offre 
en-dessous, un peu en avant des narines, un renflement tres- 
saïllant. 

Les pieds sont charnus, de couleur rosée : les doigts sont larges, 
légèrement bordés; celui du milieu a vingt-une lignes de longueur; 
les tarses ont un peu plus de deux pouces. L'œil et les paupières 
sont orangés. 

Les hufîtriers sont des oiseaux très-défians, qui vivent en troupes 
nombreuses. Comme ils se nourrissent de petits crustacés et des 
mollusques qui habitent des coquilles, ïls ne quittent presque jamais 
les bords de la mer; maïs il ne faut pas croire que leur bec soit assez 
fort pour ouvrir les huîtres, comme leur nom semble l'indiquer. 
Le cri aigu et prolongé qu'ils poussent en s'envolant, les fait 
reconnoître de loin. Ils ont l'habitude de chasser la nuit; car dans 
nos courses nocturnes sur les plages désertes de l'île Dirck-Hatichs, 
_c'est le seul oïseau que nous ayons rencontré. Ils ne nagent pas ha- 
bituellement ; toutefois lorsqu'ils sont trop pressés, il n'hésitent 
point à le faire, et s'en acquittent assez bien. C’est ce dont nous 
fûmes témoins un jour, aux iles Malouines, en allant pour en 
ramasser un que nous avions abattu. 


ZOOLOGIE. 131 


GENRE BEC-EN-FOURREAU. — CxionN1s. Forst. 


BEC-EN-FOURREAU BLANC. — CHionis ALBA. Forst. 


VAGINALIS ALBA. Gmelin, Sysr. pag. 705. 
VAGINALIS CHIONIS. Lath. Syr. pl. 80. 
CHIONIS NECROPHAGUS. Vieill. Mouv. Dict, d'hist, nat, 


PLANCHE 30. 


Chioms, corpore toto albo; rostro apice subnigro ; facie verrucis 
subflavis obsité ; nodo alarum subflavo ; pedibus crassis rubro-nigri- 
cantibus. 


CET oiseau, dont l'espèce unique est le type du genre, est assez 
difficile à classer dans un ordre méthodique. Celui que nous avons 
donné au Muséum , où ïl ne se trouvoit pas auparavant, a été 
placé par M. Cuvier entre les foulques, avec lesquelles il a quelques 
rapports par la forme du bec, et les giaroles. 

Les plages les plus reculées de l'hémisphère austral sont la patrie 
du bec-en-fourreau. Forster, qui l'a fait connoître le premier, le 
trouva sur la terre des États. Le nôtre, qui fut tué par M. Bérard 
aux iles Malouines, étoit alors occupé à se repaître de moules, 
dont la force de son bec lui donne la facilité d'ouvrir les valves. 
Sa chair fut mangée, et elle n'exhaloït aucune mauvaise odeur, 
comme celle des oïseaux de la même espèce que Forster se procura, 
et qui probablement s'étoïent nourris de cadavres d'animaux à 
moitié corrompus. 

Les diverses figures qu'on a données de cet oïseau, sont en 
général si mauvaises, que nous avons cru devoir en offrir une 
meilleure, faite d'après l'original réduit à mi-grandeur. 


1710 


182 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Tout son plumage est d’un blanc peu éclatant; les plumes du 
cou sont un peu soyeuses. Le bec est fort gros, légèrement ar- 
rondi, d'un blanc sale, noirâtre à la pointe; sa longueur «est de 
quinze lignes ; sa circonférence, de vingt-cinq à la base. La man- 
dibule supérieure, un peu arquée, convexe, ne dépasse que de très- 
peu l'inférieure. Les plaques cornées qui entourent la base du bec 
sont immobiles , à l'exception, peut-être, de celle dont la mandi- 
bule supérieure est recouverte, qui paroît susceptible de mouve- 
ment. Les narines sont latérales et irrégulières; les joues nues, 
Jaunâtres , avec des caroncules de la même couleur. 

Les pieds, d'un noir rougeûtre, sont largement écailleuxet charnus 
sur les bords, comme ceux des huftriers. Des trois doigts de devant, 
celui du milieu a vingt lignes de longueur ; la membrane qui unit 
les deux extérieurs est courte. Les tarses ont dix-neuf lignes de 
hauteur; les ongles sont noirs. 

L'aile dans le repos a neuf pouces et demi de longueur; son 
pli est muni d'un tubercule jaunâtre. Les extrémités des grandes 
pennes étant un peu usées, nous n'avons pu bien établir leur rap- 
port de grandeur ; cependant, nous croyons la seconde et la troi- 
sième les plus longues. Elles atteignent jusqu'a environ un pouce 
de la queue, qui est large et presque carrée. 

La longueur totale de l'oiseau est de quinze pouces. La couleur 
de l'œil est blanchätre ou plombée. 


ZOOLOGIE. 152 


Sous-GENRE GRÈBE. — Poprcrps. Lath. 


GRÈBE ROLLAND. — Popicers RoLLanp. N. 


PLANCHE 36. 


Podiceps , rostro ‘nigricante ; cristà nigrä laxä; genis albis ; ocuks 


ruberrimis coruscis ; collo pectoreque fusco-nigricantibus. 


Nous donnons à cet oiseau le nom d'un de nos compagnons, 
qui a rendu des services de plus d'un genre à l'expédition, soit 
en chassant pour lhistoire naturelle, ou bien en contribuant à 
nous nourrir par son adresse, après que nous fümes naufragés sur 
les plages désertes des Malouines. C’est dans ces îles que M. Rolland, 
maître canonnier de /'Uramie , a tué le grèbe dont nous allons faire 
la description. Bougaïnville en parle sous le nom de plongeon à 
lunettes ; maïs ce n'est pas un plongeon proprement dit ; et Pernetty 
fut frappé comme nous de l'éclat de ses yeux, dont l'iris est, dit-il, 
du plus beau rouge de cinabre carminé. 

Le cou, le haut de la poitrine et le manteau sont d'un brun noir : 
les plumes du sommet de la tête sont noires, longues, et forment 
une huppe lâche au-dessus de l'occiput; l’espace entre le bec et l'œil 
est noir aussi. On remarque sur les côtés de la tête un petit pinceau 
de plumes blanches un peu écartées, qui contraste avec la couleur de 
la huppe et du cou. Le bas de la poitrine et le ventre sont d’un roux 
teinté de brun. Les aïles, blanches en-dessous, sont brunes en-dessus, 
avec un trait blanc plus ou moins apparent selon les individus; du 
roux et du brun se voient auprès de la queue, qui n'est autre chose 
qu'un petit faisceau de plumes soyeuses. Le bec et les ongles 
sont nojrâtres. 


134 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Un trèsjeune grèbe encore couvert de son duvet a le ventre 
blanc, le dos gris-brun et le cou rayé longitudinalement de blan- 
châtre et de brun. La tête a aussi plusieurs lignes en long. 

Cet oïseau, de la taïlle du grèbe à bec cerclé, habite les rivières 
et les lacs d'eau douce. Rarement effrayé dans ces contrées, il n'est 
pas aussi difhcile à tirer que les nôtres, qui d'ordinaire plongent 
avant que le plomb puisse les atteindre. 


ZOOLOGIE. 135 


GENRE PÉTREL. — PROCELLARIA. Linn. 


Sous-GENRE PUFFIN. 


PÉTREL BÉRARD. — ProcELLARIA BÉRARD. N. 


PLANCHE 37. 


Procellaria minuta, corpore suprà migricante, infrà albido ; rostro 
nigro, maculis albis notato ; pedibus plumbei coloris. 


Nous dédions cet oiseau à l'un des officiers de l'expédition, 
M. Bérard, dont l'adresse à la chasse nous a rendu beaucoup de 
services. 

Ce pétrel, représenté de grandeur naturelle, a environ huit 
pouces dans sa plus grande longueur. I a le port des damiers, 
c'est-à-dire qu'il est gros, court et ramassé. [l provient des îles 
Malouines, et il fut pris en venant se reposer à bord; chose exces- 
sivement rare, puisque c'est la seule fois que nous l'ayons vue pen- 
dant tout notre voyage. 

Ses jambes sont assez longues, ses pieds largement palmés, son 
bec court, robuste, noir avec des taches blanches. 

H a la tête, les joues, le dessus du cou et des aïles, aïnsï que le 
dos et la queue, d'un noir peu intense, avec des reflets. Quelques 
plumes d’un blanc sale, répandues çà et la sur ces parties, indiquent 
que l'oiseau n'avoit pas encore sa véritable livrée; le dessous de la 
gorge, la poitrine et le ventre sont d'un blanc pur. Une plaque 
noirâtre savance de chaque côté du corps vers le milieu de la 
poitrine. Nous supposons, à la nuance des plumes qui la forment, 
qu'elles finissent par devenir blanches. 


136 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Les aïles sont de même longueur que la queue; l'œil est noir, 
et les pieds sont couleur de plomb. Il manque à cet oïseau l'onglet 
propre à sa famille, lequel, à cause de sa petitesse, aura peut-être 
été perdu lors de l'empaïllage. 

On trouve dans les manuscrits de Commerson, sous le nom de 
procellarius falklandius, un pétrel qui a quelques rapports avec celui-ci. 
Cependant il a le dos parsemé de plumes blanches qu'on ne voit 


pas dans le nôtre. - 


ZOOLOGIE. 137 


GENRE STERCORAIRE. Briss — ZLesrris. Hlig. 


STERCORAIRE CATARACTE. — LesTris CATARRACTES. Temm, 


LARUS FUSCUS. Brisson, tom. 6, pag. 165. 
GOËLAND BRUN. Buffon, tom. 8, pag. 408. 
POoRrT-EGMONT HEN. Cook. 

LARUS CATARRHACTES. Gmel. tom. 1, pag. 603. 


PLANCHE 38. 


Lestris, superné obscurè fuscus, capite et collo concoloribus , inferne 
griseus, fusco transversim striatus ; remigibus majoribus, rectrictbusque 
migris, rectricibus lateralibus in exortu albidis. Briss. 


Nous navons point cité toute la synonymie qui a été appliquée 
à cet oiseau, sur-tout celle qu'on trouve dans Gmelin, parce qu'il 
n'est pas sûr quelle appartienne bien à cette espèce. On peut expri- 
mer le même doute touchant la figure qu'on voit dans Albin. 

Les premiers oïseaux que nous aperçümes le lendemaïn de notre 
naufrage aux les Malouines, furent les stercoraires ; ils venoient 
enlever près de nous les débris d’alimens qui sortoïent du navire 
couché sur le côté. Ce sont eux que, dans ces mêmes parages, les 
matelots de Cook appeloïent poules du Port-Egmont. Ce navi- 
gateur en a vu jusque dans les glaces polaires. Is sont très-faciles 
à reconnoître à leur couleur brune, et, lorsqu'ils volent, à la large 
bande blanche qu'ils ont sous les aïles. On les retrouva à la mer par 
cinquante et cinquante-quatre degrés de latitude Sud: M. Banks en 
a tué à la Nouvelle-Zélande et sur la Terre de Feu. 

Notre individu a vingt-six pouces de longueur; son bec est noir 


et mesure vingt-une lignes. La couleur de la tête et du cou tire 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 18 


138 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


sur le cendré; les plumes de la partie latérale et postérieure du cou 
sont efhlées à leur pointe, et marquées, au milieu, d'une ligne longi- 
tudinale rousse. La poitrine et le ventre sont d'un brun cendré, tandis 
que le dos, les aïles et la queue ont une couleur brune foncée ; le 
dessous des aïles est brun aussi, excepté vers le milieu, où les princi- 
pales pennes sont traversées par une large bande blanche : dans le 
repos, il ne paroït à l'extérieur qu'une tache de cette couleur; mais 
quand l'oiseau vole, on l’aperçoit très-bien. Les aïles ne dépassent 
pas la queue. 

Les tarses sont élevés de deux pouces et demi, noirs, garnis 
par devant d'un rang de larges écailles saïllantes. Le doïgt du milieu, 
qui est le plus long, a deux pouces neuf lignes; le postérieur, court, 
est assez élevé; les ongles sont très-forts, crochus et noirs; l'interne, 
très-robuste, relevé, est plus recourbé que les autres. 

Un des stercoraires que lon voit aux galeries du Muséum de 
Paris, a la tête moins grosse, le front moins élevé, le bec un peu 
plus alongé et moins brusquement recourbé; ce qui, Joint aux 
plumes plus effilées de son cou, lui donne un air plus dégagé et 
le fait un peu ressembler aux grands oïseaux de proiïe terrestres : son 
plumage à aussi une teinte plus rousse. 


ZOOLOGIE. 139 


Sous-GENRE CANARD. — Anw4s. Meyer. 


CANARD AUX AILES COURTES. — Anas BRACHYPTERA. Lath, 


RACE-HORSE. Wallis, Cook. 

OIE GRISE ou DE PLEIN. Pernetty. 

LOGGERHEAD DUCK. Zrans, philos. tom. 66, part. 1. 
ANAS CINEREA. Gmel. tom. 1, p. 506. 


PLANCHE 39. 


Anas cinerea , subtus obscura ; crisso albo ; remigibus caudäque acutä 
Orevibus nigris ; rostro, iridibus , tuberculo alarum et pedibus flavis. 


Gmel. 


CET oïseau, que sa grosseur a fait mettre parmi les oïes, est 
un vrai canard. I habite les îles Malouines, se tient presque cons- 
tamment dans l'eau ou sur les rochers du rivage, et ne s'en écarte 
jamais pour aller paître dans les plaines environnantes, comme 
font les oies. II se nourrit de petits coquillages et de vers. 

Pernetty l'a bien reconnu pour être un canard; ce ne sont que 
les matelots du navire sur lequel il étoit, qui lui ont donné le nom 
d'oie grise ou de plein. Sonnini pense de même qu'il ne faut pas 
le confondre avec l’oïe magellanique. 

A l'époque où nous étions aux Malouines, dans les mois de fé- 
vrier, mars et avril, quoique les couvées fussent à-peu-près achevées, 
ces oiseaux continuoient d'aller par couples; cependant il leur arri- 
voit quelquefois de se réunir en troupes de quarante à cinquante. Il 
n'est pas probable que ce fût pour émigrer, la nature leur ayant 
donné des aïles si courtes, qu'elles ne sauroient leur servir à s'élever 
dans l'air; mais en revanche, elles leur sont très-utiles, lorsque, 


1 


140 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


s'élançant dans la mer, ils en parcourent la surface avec une vitesse 
extrême : c'est ce qui arrive sur-tout quand on les blesse; alors, 
comme l'ont remarqué Pernetty et Forster, ils fuient tant qu'il leur 
reste un souflle de vie; d'où leur est venu le nom de race-horse 
[ cheval de course | que leur ont donné les marins anglais *. 

C'est en chassant ces canards pour en faire notre nourriture, 
que nous avons observé qu'ils prennent un très-grand soin de 
leurs petits. Lorsque la couvée se met en marche, le père et la 
mère, semblables pour la couleur et la taille, se tiennent l'un 
devant, l'autre derrière, et la dirigent au large ou à terre, selon 
que la crainte du danger le leur suggère. D'autant plus défians 
qu'ils ne pouvoient pas se soustraire rapidement à nos coups par 
le vol, il nous falloit employer plus d'une ruse pour les atteindre. 
Leurs plumes, petites et serrées, les préservoient souvent aussi 
de faction du plomb. Le meilleur moyen étoit de les pousser à 
terre avec une ou deux embarcations; alors ils ne pouvoient échap- 
per. Leur chair n'est pas bonne, et ils sont si difficiles à plumer, 
que, pour avoir plutôt fait, on leur enlevoit la peau. 

Après avoir dit ce que nous savons des mœurs du canard aux 
aïles courtes, indiquons les caractères qui le distinguent de ceux de 
son genre. 

Il'est aussi grand que le tadorne; sa longueur est de deux pieds 
deux pouces : son cou est long, et approche un peu de celui des 
oïes ; mais ses jambes sont courtes et placées à l'arrière du corps. 

I] a la tête, le cou, le dessus du dos, des aïles et de la queue, d'un 
cendré sombre; cette teinte est un peu plus claire au cou, où les 
plumes sont plus effilées; celles du dos seulement sont bordées de 
noir. 

Les plumes de la gorge et de la poitrine sont d’un roux vif et 


* Le canard aux ailes courtes paroît aussi habiter la côte occidentale de l'Amérique, dans les 
environs du détroit de Magellan, puisqu'il en est parlé dans la relation du naufrage du 
vaisseau le Wager. On ajoute même que les femmes indiennes filent le duvet de cet oiseau, 
et en font des couvertures qu’elles vendent aux Espagnols. 


ZOOLOGIE. 141 
bordées de gris : dans le repos, la couleur rousse est très-peu appa- 
rente; elle ne se montre à découvert que lorsque loïseau se dé- 
veloppe et alonge le cou. Le ventre, les cuisses et les couver- 
tures inférieures de la queue sont d'un blanc pur. 

Quelques pennes secondaires, entièrement blanches, décrivent 
une bande sur f'aile. Les grandes pennes sont d'un gris foncé. Les 
ailes, petites, foibles, n'ont chacune que huit pouces et demi de 
longueur; elles finissent à cinq pouces et demi de la queue, qui est 
peu longue, pointue et lisse dans les deux sexes. 

Le bec à deux pouces cinq lignes de long; ïl est brun à la base, 
mélangé d'orangé vers la pointe, qui a un écusson noir. 

Comparativement aux autres canards, les jambes sont de moyenne 
grandeur, le tarse n'ayant que deux pouces cinq lignes; il est orangé, 
de même que les doigts, qui sont longs et largement palmés. 

Chaque aïle est munie de deux éperons jaunes, obtus, dont l'in- 
férieur, beaucoup plus saillant, est traversé par un petit sillon. Ces 
tubercules sont susceptibles de faire d'assez fortes meurtrissures 


lorsque ces oiseaux ne sont que blessés. . 
+ 


142 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE VI 


Kemarques sur les Oiseaux pélagiens et sur quelques 
autres Palmipèdes. 


L 
L'octan a ses oiseaux comme la terre. Forcés d'en parcourir sans 
cesse les solitudes pour y trouver leur subsistance, ils furent doués 
d'une puissance de vol extraordinaire, afin de pouvoir, en quelques 
heures, franchir des espaces immenses et se porter où l'instinct les 
appelle. k 

Parmi ces nombreuses tribus , il existe des distinctions de mœurs 
aussi tranchées que les caractères physiques qui$ervent à les classer : 
c'est ce qui nous détermine à ne donner le nom d'oiseaux pélagiens 
proprement®#dits qu'aux pétrels et aux albatros. On trouve les pre- 
miers dans toutes les mers, sous tous les méridiens et presque par 
toutes les latitudes. Excepté le peu de temps qu'ils donnent à la 
reproduction, tout le reste de leur vie est employé à parcourir 
l'océan, et à rechercher péniblement, au milieu des orages ,une nour- 
riture rare, presque aussitôt digérée que prise : ce qui semble mettre 
ces animaux sous la dépendance d'une seule fonction, celle de la 
nutrition. Aïnsi nous avons vu précédemment toute une famille 
d'oiseaux à langue plumeuse que cette organisation particulière 
contraignoit à être sans cesse en action pour se nourrir. C'est vrai- 
ment de ces animaux qu'on pourroit dire avec justesse qu'au lieu 
de manger pour vivre, ils semblent ne wvre que pour manger. 

Les frégates, les païlle-en-queues, les fous, les noddis, quoïque 
s'avançant quelquefois fort loin sur l'océan, ne méritent point le 
nom de pélagiens. Ce sont pour eux de simples excursions; et, préfé- 


ZOOLOGIE. 143 
rant aux ondulations des flots leurs rochers solitaires, ils y reviennent 
ordinairement chaque soir. 

Avant de parler successivement de ces diverses espèces, nous 
dirons que la difliculté de se les procurer a fortement embrouïllé 
leur synonymie. Des navigateurs de toutes les nations leur ont 
donné des noms différens et en ont fait des descriptions en les 
voyant seulement passer; de sorte que, excepté les espèces qu'on 
possède et dont on connoît avec précision les demeures habi- 
tuelles, on doit se tenir en garde contre les méprises des nomen- 
clateurs. Il seroit cependant utile de bien s'entendre sur les noms 
assignés à quelques-uns de ces oiseaux : tout n'étant pas encore 
découvert en géographie, la navigation, dans de certaines circons- 
tances, pourroît en retirer des avantages. : 

C'est ce que l'expérience démontre chaque jour, principale- 
ment dans le grand Océan, ainsi que nous le dirons bientôt. 

Nous étant particulièrement attachés à l'étude des oïseaux grands 
voiliers, et, dans nos navigations, leur ayant entendu donner des 
noms divers par les marins, comme ceux de coupeurs d'eau, de 
sardiniers, de manches de velours, de cordonniers, fous, &c., nous 
avions essayé d'abord de faire concorder cette synonymie avec celle 
des naturalistes : mais bientôt nous abandonnâmes cette idée, en 
voyant que les navigateurs ne s'entendoiïent pas bien entre eux sur 
les noms imposés aux mêmes individus, et que beaucoup de ces 
animaux nous manquoient pour les reconnoître. Aïnsi nous nous 
bornerons à parler des habitudes de quelques-uns, et nous com- 
méncerons par les albatros. 

Ces oiseaux sont bien connus. Les personnes qui sont allées jus- 
qu'à l'extrémité Sud de l'Afrique, savent que ce sont les woutons du 
cap des navigateurs français. C’est le plus grand des palmipèdes : 
trés-rare dans le nord, il appartient plus spécialement à lhémi- 
sphère antarctique : encore n'est-ce pas dans nos mers qu'on 
l'aperçoit. I faut dépasser l'équateur et visiter celles qui s'étendent 


144 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
depuis la Chine jusqu'aux côtes d'Amérique. On dit qu'au Kam- 
tchatka il y en a beaucoup. 

Dans le Sud, on commence à voir des albatros au tropique, en pe- 
tit nombre, il est vrai; nous n'en avons même aperçu qu'une fois de 
l'espèce chlororhynque, près du cap Frio, au Brésil. Ordinairement 
ils ne dépassent pas le trentième degré : on en trouve davantage à 
mesure qu'on s'élève en latitude. G'est du cinquante-cinquième au 
cinquante-neuvième parallèle que nous en vimes le plus ; et probable- 
ment que, dans cette direction, ils ne reconnoiïssent de limites que 
les glaces polaires. Ils parcourent tous les méridiens de cet espace 
immense, les coupent ou les prolongent avec la vitesse de l'aigle, 
suivant qu'ils trouvent plus ou moins de nourriture. Cependant ils 
ont des parages de prédilection : ce sont les extrémités les plus 
australes des deux continens, le cap Horn et celui de Bonne-Espé- 
rance, séjour des tempêtes ou de perpétuels frimas, où viennent 
se briser les flots de deux océans sans bornes. Tous les navigateurs, 
en voyant leurs troupes nombreuses, savent qu'ils sont peu éloignés 
du Cap de Bonne-Espérance. Le même signe se renouvela pour 
nous en approchant de la Terre de Feu. Nous avions franchi tout 
d'un trait l'espace qui sépare le Port-Jackson de l'Amérique : dès 
notre sortie, nous vimes de ces oiseaux qui nous accompagnèrent 
presque constamment, et lorsque, par une grosse mer et au tra- 
vers des brouïllards, nous reconnûmes la Terre de Feu dans le 
voisinage du cap de la Désolation, leur nombre augmenta consi- 
dérablement. 

Ces oïseaux ayant une si grande dimension et-passant très-près 
des navires, il seroït assez facile d'établir des espèces par la couleur 
du plumage, si les nuances n'en varioïent pas à l'infini dans les deux 
sexes, selon l’âge et les saisons, comme il arrive dans les goëlands. 
Aïnsi nous nous contenterons d'indiquer par localités les espèces 
dont les caractères sont bien tranchés; et nous réunirons dans un 
même groupe, comme n'en constituant qu'une seule, le diomède 


ZOOLOGIE. 145 
exilé | diomedea exulans |, plusieurs individus sur lesquels on n’a 
encore que fort peu de données. 

C'est par cette dernière espèce que nous commencerons, parce 
que nous la vimes la première aux approches du Cap de Bonne- 
Espérance, dans le mois d'avril, et qu'elle nous accompagna, en 
allant à l'ile de France, jusqu'à cent lieues en-deçà du tropique du 
Capricorne. Nous la retrouvämes, à la fin d'août, à-peu-près dans 
les mêmes parages jusqu'auprès de la baïe des Chiens-Marins, à 
la Nouvelle-Hollande, par environ 26° en latitude. C’est encore 
à la même espèce qu'appartiennent les albatros du Port-Jackson 
et du cap Horn que nous vimes dans ces mers depuis novembre 
jusqu'en février. 

Les différences qu'ils nous ont offertes se réduisent à celles que 
nous allons indiquer pour chaque individu : 

1. Dos et couvertures des aïles d’un brun sale ; ventre blanc. 
C'est probablement cette variété qui a servi de type pour l'espèce 
diomedea Spadcea. 

2.° Dos grisâtre; cette couleur s'étend sur les aïles et devient 
brune à mesure qu'elle approche de leur extrémité : le ventre est 
brun. 

3° Dos et poitrine d’une couleur blanche éclatante, ainsi que 
les couvertures des aïles : le reste de ces mêmes ailes est noir en- 
dessus. Il existe de légères variétés à cet égard dans le blanc, qui 
s'étend plus ou moins loin. 

4.° Aïles brunes, ventre et dos blancs. Cet individu est prin- 
cipalement distingué par une raïe noire sur l'extrémité de la queue, 
qu'il porte en éventail : peut-être est-ce une espèce différente. I 
habitoit avec les précédens.à quelque distance de la baïe des Chiens- 
Marins. 

5.° Par 36° de latitude nord, en allant des Mariannes aux îles 
Sandwich, nous vimes un albatros beaucoup plus petit que les 


précédens, maïs marqué comme eux de taches d'un gris blanc. Un 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. F9 


146 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


caractère constant pour tous les individus, c'est d'avoir le dessous 
des aïles blanc jusqu'à la pointe, qui est noire. 

Les autres espèces bien distinctes sont : l'albatros brun de la 
Chine, qui, à cause de sa couleur et de sa petite taïlle, peut être 
pris, en le voyant voler, pour un grand pétrel; le fuligneux, que, 
pour peu qu'il approche des vaïsseaux, on distinguera toujours du pé- 
trel géant, à sa teinte brune plus foncée, à son bec blanc, et sur-tout 
au demi-cercle de la même couleur qu'il a autour des yeux*. Nous 
nous en procurâmes deux individus dans le grand Océan, par des 
latitudes bien opposées, d'abord en allant des Mariannes aux îles 
Sandwich, par le trente-sixième parallèle Nord, puis par le cnquante- 
huitième Sud, à quatre cents lieues du cap Horn. 

Vient ensuite le chlororhynque, que l'on reconnoît de loin, 
parce qu'il est plus petit que le domedea exulans, et que, tout blanc 
du corps, les couvertures de ses ailes sont toujours noires. Ce signe 
ne varie Jamais, il est plus saïllant et pour le moins aussi positif 
que celui qu'on a tiré de la couleur du bec. 

Cet oïseau n'approche jamais beaucoup les navires, comme les 
autres espèces. Nous l'avons vu près de la Terre de Feu, par 55° de 
latitude, dans la baie Française aux îles Malouines, et enfin, longeant 
la côte orientale d'Amérique, s'avancer Jusque sous le tropique. 

Les pétrels, infiniment plus nombreux en espèces que le genre 
précédent, sont aussi beaucoup plus difhiciles à déterminer. Ces 
oiseaux sont les compagnons inséparables des marins pendant leurs 
longues navigations. On les trouve, comme nous l'avons dit, dans 
toutes les mers et d'un pôle à l’autre. Tournoyant sans cesse autour 
des vaïsseaux, ils ne les abandonnent que quand le vent cesse de 
les pousser, et cela par un instinct dont nous parlerons après avoir 

+ Cet oiseau ale corps d’un gris cendré, la tête, les aïles et le bout de la queue de cou- 
leur brune ; un demi-cercle blanc autour de l'œil prend la largeur de la paupière ; la man- 
dibule inférieure offre une ligne membraneuse d’un blanc bleu : contre l'ordinaire, les pattes 


ont postérieurement des rudimens d’onglets. 
L’envergure est de six pieds deux pouces. 


ZOOLOGIE. 147 
fait mention des caractères physiques de quelques-uns d’entre eux. 
Nous avons vu le plus commun et le mieux connu de tous, le 
damier, fréquenter en même temps, dans le mois de février, les 
parages brumeux des îles Malouines, par le cinquante-unième pa- 
rallèle, et le beau ciel du Brésil, où nous le retrouvâmes encore 
en septembre. Aïnsi, s'arrêtant en latitude vers les limites de la 
zone tempérée, il parcourt en longitude l’espace qui sépare l'Afrique 
du Nouveau-Monde et de la Nouvelle-Hollande. Ces oiseaux sont 
donc bien éloïgnés d'être relégués sous le quarantième degré de 
latitude australe, comme l'a dit Linné, sur le rapport des voyageurs; 
et nous-mêmes, à cet égard, nous ne faisons qu'avancer un fait, 
sans vouloir en inférer qu'ils ne poussent pas léurs courses plus loin 
que dans les parages où nous les avons vus. Dans certaines parties 
de l'histoire naturelle, l'époque n'est point encore arrivée, où, 
aidé d'un nombre suflisant d'observations précises, on pourra tirer 
des conclusions générales et mvariables. 

Il faut ajouter aux habitudes connues de ces oïseaux, celle 
de ne pouvoir plus s'envoler lorsqu'on les pose sur une surface 
plane, le pont d'un navire par exemple. Cependant leurs aïles ne 
sont pas très-longues ni leurs jambes très-courtes. 

Après les damiers, le groupe qu'on rencontre le plus fréquem- 
ment est celui des très-petits pétrels, dont on possède quelques 
espèces dans les collections. Maïs il s'en faut beaucoup que toutes 
soient CONnuEs. 

I ne nous reste rien à dire de foiseau de tempête | procel- 
laria pelagica|, le satanicle des matelots, qui se montre depuis les 
mers du Nord jusque vers le pôle Sud, sinon qu'on est bien revenu 
de Fopinion où l’on étoit que sa présence annonce la tempête. 

Nous nous bornerons à indiquer quelques espèces différentes 
que les navigateurs confondent souvent, à cause de leur taille, 
avec celle-ci. Aïnsi, sous l'équateur atlantique, par 25° de longitude 
Ouest, en octobre, nous vîmes pendant plusieurs Jours de petits 


19” 


148 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


pétrels noirs, à croupion blanc, ayant sur chaque aile une large ligne 
longitudinale d'un noir plus foncé. 

Avant d'entrer au Cap de Bonne-Espérance, dans le mois de 
mars, des milliers de ces petits palmipèdes, noirs, tachés de gris 
en-dessus , se tenoient constamment dans notre sillage. 

Sous la ligne équinoxiale, dans le grand Océan, par environ 
1 50° de longitude à l'Ouest de Paris, nous fûmes suivis par-une 
espèce noire à ventre blanc, à queue fourchue, qui voloit avec 
beaucoup de rapidité. 

Enfin, après notre départ du Port-Jackson, nous dirigeant vers 
l'extrémité Sud de l Amérique, nous en vimes beaucoup de noirs à 
ventre blanc, mais dont la queue étoïit carrée. 

Passant des plus petits de ces oïseaux aux plus grands de la même 
famille, qui sont entre eux, pour les dimensions, ce qu'un moineau 
est à une oïe, nous dirons que le pétrel géant habite depuis le cap 
Horn et au-delà jusqu'à celui de Bonne-Espérance, et que ses limites 
en latitude paroïssent être celles de la zone tempérée, hors de 
laquelle on laperçoit très-rarement. Nous l'avons rencontré aux 
Malouines, où même il fit quelquefois partie des mauvais alimens 
qui composoient notre nourriture. Nous tenons du capitaine amé- 
ricain Orne, qui s'occupoit alors de la pêche des phoques dans 
ces parages, qu'au printemps ces pétrels venant en grandes troupes 
pondre sur la grève, son équipage se nourrissoit en partie de 
leurs œufs, dont il pouvoit charger des canots. D'après ce qu'a 
écrit Delano, autre capitaine américain, il sembleroit que ces 
oiseaux sont susceptibles de mettre beaucoup d'ordre dans l'arran- 
gement général de leurs œufs, et que, vivant à cette époque 
comme en république, ils exercent tour-à-tour une surveillance 
toute particulière dans l'espèce d'établissement temporaire qu'ils 
forment. Le capitaine Orne, qui connoît parfaitement les Ma- 
louines pour les avoir fréquentées : plusieurs fois, ne nous ayant 
point parlé de cette particularité, nous ny accorderons que le 


ZOOLOGIE. 149 


degré de croyance dû à un fait qui paroît extraordinaire et qu'on 
n'a point vu soi-même. 

A la mer, le pétrel géant peut être pris pour l'albatros gris, dont 
il a la taille; toutefois, pour peu qu'il soït proche, on le distin- 
guera facilement à la protubérance très-saïllante que forment sur 
son bec les deux rouleaux de ses narines, protubérance qui, chez 
l'albatros, est à peine apparente. 

Les caractères dont nous allons nous servir pour les espèces ou 
les variétés suivantes que nous avons à faire connoître, ne sont 
point assez exacts pour être donnés comme sûrs, puisque nous 
navons pu avoir à notre disposition les individus: c'est donc 
seulement d'après un examen attentif et souvent répété, auquel 
nous nous livrions lorsqu'ils passoïent et repassoient à toucher 
notre bâtiment, que nous nous hasardons à les décrire; ce qui 
est bien insuffisant sans doute. Maïs si l'on réfléchit qu'il n'y a que 
les albatros et les pétrels qui soïent ainsi dans lhabitude d’accom- 
pagner les vaisseaux, il paroîtra aisé aux navigateurs d'appliquer 
aux uns ou aux autres ce que nous allons en dire, et de recon- 
noître les traits d’analogie qui existeroïent entre les espèces qui 
s'offriront à leurs regards et celles que nous avons vues dans tels 
ou tels parages. Au reste, ce moyen, mis en pratique par des 
observateurs attentifs, est peut-être le seul à l'aide duquel on pourra 
éclairer l’histoire de ces oïseaux : car, comme ils n'entourent jamais 
les vaisseaux que quand la mer est agitée, il est assez facile de les 
tuer, et c'est ce que nous faisions quelquefois ; mais il est rare 
qu'on puisse aller les chercher, sans compromettre l'existence des 
hommes qui sy hasarderoïent. D'un autre côté, la plupart des 
terres qu'ils fréquentent étant des rochers inaccessibles battus paï 
les flots, on ignorera encore long-temps quelles sont leurs habitudes 
pendant la ponte et l'éducation de leurs petits. 

Près du Cap de Bonne-Espérance, nous vimes des pétrels gris, 
d’autres noirs avec une lunule blanche autour de l'œil; et entre ce 


150 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


lieu et l'île de France, une grande espèce toute brune, qui parut 
en même temps qu'une plus petite dont la couleur étoit presque 
noire. 

En allant de l'île Bourbon à la baïe des Chiens-Marins, il sen 
offrit successivement de tout noirs, d’autres joïgnant à cette couleur 
un ventre blanc avec des taches brunes sur la tête et le dos. La 
même espèce, sans taches brunes, nous a accompagnés depuis les 
Malouines jusquà Montévidéo, et de là au Brésil; de sorte qu'elle 
habite en-deçà et au-delà du Cap de Bonne-Espérance, jusqu'au 
détroit de Magellan. 

Le pétrel cendré se trouve à la baie des Chiens-Marins, à la 
Nouvelle-Hollande. 

Non loin du Port-Jackson, nous rencontrimes, en novembre, 
des troupes de ces oiseaux, qui suivoient la direction des bancs de 
poissons ou de certains mollusques, et péchoïent avec beaucoup 
d'activité: ils étoient noirs en-dessus, bruns en-dessous. 

Par $ 3° de latitude Sud, aux environs de l'ile Campbell, se montre 
un pétrel qui a la forme et le vol des damiers; sa couleur est gri- 
satre. C'est probablement cet oiseau que le capitaine Cook compare 
aussi au procellaria capensis, sans qu'il soit cependant de la même 
espèce. 

On en voit d'à-peu-près semblables près des Malouines, avec 
cette différence que l'extrémité de leurs aïles est marquée en- 
dessus d'une tache noire et blanche. II ressemble beaucoup au 
pétrel colombe. $ 

C'est aux approches de cette même île Campbell que nous vîmes, 
pendant plusieurs jours, de grands pétrels dont le corps étoit blanc, 
le dessus des aïles, le dos dans sa largeur, le bout dela queue, noirs ; 
en-dessous, les aïles étoïent noires, avec une bande longitudinale 
blanche. 

Une variété de ces oiseaux, au lieu d’avoir la tête blanche comme 
les précédens, lavoit toute noire. 


ZOOLOGIE. 151 


Peu après avoir laissé ce rocher, nous vimes roder autour de 
nous un pétrel tout-à-fait différent, pour la forme et le vol, de ceux 
que nous avions vus jusquà ce jour. H est fort gros, d'un noir très- 
foncé, avec quelques taches blanches à l'extrémité de faile, d'un 
vol peu agile; ce qui tenoit probablement à ce que ses aïles n'avoïent 
pas le développement de celles des grands voiliers. 

Toutes les fois que les navigateurs verront leurs vaisseaux en- 
tourés et suivis assez long-temps par des oiseaux de mer planant 
sans cesse, ils pourront être assurés que ce sont des pétrels. Les 
grandes espèces peuvent quelquefois être confondues avec les alba- 
tros; mais, comme nous l'avons dit, on pourra, si elles approchent 
assez, les distinguer à la proéminence de leurs narines. 

Ces oïseaux doivent être considérés comme essentiellement 
pélagiens. Ils fréquentent toutes les mers, et, pour ainsi dire, dans 
toutes les saisons. On peut croire seulement que, dans celle des 
amours, ils s'éloignent moins des rochers où sont leurs petits, qui 
demandent une nourriture continue. 

H est indubitable que des poissons servent de proie aux albatros 
et aux pétrels : cependant nous ne les avons jJamaïs vus poursuivre 
les poissons volans, et nous n'avons point trouvé dans leur estomac 
de débris de ces animaux, pas plus que de certains mollusques qui 
parfois couvrent les mers, et dont un seul sufliroit pour rassasier 
tout un Jour un de ces oïseaux. Nous avions beau être entourés de 
méduses, de biphores, de physales, de vélelles, &c., ils ne s'en 
nourrissoient point et recherchoïent avec activité d’autres alimens. 
Il n'en est pas de même des sèches et des calmars, dont nous trou- 
vions toujours des fragmens dans leur ventricule. 

Une circonstance qui n'a pu nous échapper pendant de longues 
navigations, c'est l'habitude, nous dirions presque la nécessité dans 
laquelle ils sont de fréquenter les mers agitées : la tempête même 
ne les effraie pas; et, lors du coup de vent, mémorable pour nous, 
que nous reçûmes dans le détroit de le Maire, nous voyions des 


152 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


pétrels entourer le cadavre d'une baleine, voler contre le vent, et 
se jouer entre les montagnes mobiles d’une mer en fureur. 

Le calme, au contraire, aplanit-il la surface de l'Océan, ils fuient 
vers d’autres régions, pour reparoître avec les vents. Ceci tient, 
on ne peut en douter, à ce que l'agitation des flots ramene à leur 
surface une plus grande quantité des animaux marins qui servent 
de pâture à ces oiseaux. C'est par la même raison qu'ils se tiennent 
dans le tourbillon que forme le sillage du vaisseau, que la mer 
soit grosse ou belle. Cette cause nous fut démontrée de la manière 
la plus évidente, en abordant au Cap de Bonne-Espérance. Nous 
étions accompagnés par une grande quantité de petits pétrels de 
la grandeur de ceux qu'on nomme ordinairement alcyons, qui 
noccupoient en volant à fleur d'eau qu'une ligne exactement de 
la largeur de notre sillage. Par-tout aïlleurs on n'en voyoit point. 
Nous fimes bien attention qu'on ne jetoit rien de la corvette; et 
cependant nous les voyions à chaque instant lancer des coups de 
bec comme pour attraper quelque chose que nous ne pouvions 
distinguer. 

La durée, la rapidité, la force et le mode même du vol de ces 
oiseaux, en général, ont toujours été pour nous un sujet d'étonne- 
ment et d'étude. Leur agilité à s'abattre sur leur proie, comme 
un harpon qu'on lance, à l'enlever avec le bec, leur prestesse à 
frapper du pied le dos des vagues écumantes, ou bien à parcourir 
leurs longs sillons mobiles, étoient quelquefois le seul spectacle 
que, pendant des mois entiers, pouvoïent nous offrir les solitudes 
de l'Océan. 

Encore un des caractères propres à ces palmipèdes, c'est que 
leur vol s'effectue presque toujours en planant. S'ils battent quel- 
quefois des aïles, c'est pour s'élever avec plus de rapidité; mais ces 
cas sont rares. Ce mécanisme peut s'étudier principalement sur les 
albatros, comme étant plus gros et approchant davantage les navires. 
Nous nous sommes assurés, et nous avons fait observer à diverses 


ZOOLOGIE. 153 


personnes de l'état-major de /'Uranie, que leurs aïles étendues et 
formant en-dessous une concavité, n'offroient point de vibrations 
apparentes, quelles que fussent les positions que prissent ces oiseaux, 
soit qu'effleurant la surface de l'onde, ils soumissent leur vol à ses 
ondulations, soit que s'élevant ils décrivissent de grandes courbes 
autour du vaisseau. Les oïseaux de proie terrestres, qui planent 
beaucoup, ont coutume de s'abaïsser quand ils tiennent cette allure. 
Les albatros et les pétrels au contraire s'élèvent avec facilité, 
tournent brusquement sur eux-mêmes à l’aide de leur queue, et 
vont contre le vent le plus fort, sans que leur marche en paroisse 
ralentie et sans imprimer à leurs aïles le moindre battement sensible. 

Cependant, il faut bien admettre une action, une impulsion 
quelconque sur le fluide qui les soutient, qu'on ne peut apercevoir, 
il est vraï, parce qu'elle ne s'opère probablement qu'à l'extrémité de 
très-longs leviers, maïs qui n'en existe pas moins; car autrement on 
ne pourroit pas concevoir comment la progression de l'animal 
pourroit avoir lieu. 

Quelques -uns de ces oïseaux grands voiliers ont des aïles si 
démesurément longues, qu'après s'être abattus sur les eaux, üls les 
tiennent étendues un instant. Lorsqu'elles sont serrées, elles nuisent 
à l'élégance des formes par le renflement qu'elles produisent vers 
la partie postérieure du corps. Mais c'est dans le vol que ces oiseaux 
déploïent avec avantage leurs agrémens naturels : ils sont doués, 
pour l’exécuter, d'une force prodigieuse; par 59° de latitude sud, 
où il ny a presque pas de nuit quand le soleïl est sous le tropique 
du capricorne , nous avons vu les mêmes pétrels voler sans inter- 
ruption plusieurs jours de suite. 

Les pétrels n'ont pas l'habitude de plonger pour atteindre leur 
proie; ils se reposent d'abord à la surface de la mer; et si animal 
qu'ils guettent se tient à une certaine profondeur, ils s'efforcent de 
le saisir en enfonçant sous l’eau une partie de leur corps. 


I doit résulter de tout ce que nous venons de dire, que la pré- 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 20 


154 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
sence seule de ces oiseaux n'est point un signe assuré de l'approche 
des terres. 

Après cette nombreuse famille, viennent les frégates, oïseaux 
bons voiliers , mais qui ne méritent pas le nom de pélagiens , 
d'après le sens que nous avons attaché à cette dénomination, fondée 
sur des habitudes particulières. En effet, les frégates s’éloignent peu 
des côtes; deux fois seulement nous en avons vu quatre très au 
large; et comme c’étoit dans des parages peu connus, nous soup- 
çonnâmes qu'il existoit quelques rochers aux environs. Ce genre 
est très-circonscrit; les espèces que nous avons vues nous ont toutes 
paru se rapprocher infiniment de la plus ordinaire , le pelecanus aquila, 
même celles que les habitans des Carolines apportent en cadeau 
au gouverneur des Mariannes *. Par-tout les frégates font une grande 
consommation de nourriture : à Rio de Janeiro, où elles viennent 
jusque devant le palais du roi chercher leur pâture parmi les immon- 
dices de la rade, nous avons vu un de ces oiseaux qu'on avoit tué, 
rejeter de son estomac, en expirant, plus de deux livres de poisson. 

Elles se tiennent le plus souvent dans les régions élevées, planent, 
ou battent des ailes d’une manière qui leur donne un air disloqué. 
Lorsqu'une proie se laïsse apercevoir, elles descendent en tour- 
noyant, fondent dessus, et, sans toucher à l'eau, l'enlèvent avec 
leur long bec. 

Nous avons lu dans des relations de voyageurs, et souvent en- 
tendu dire à des marins, que plusieurs fois ils avoient vu très au 
large des frégates en grand nombre. La chose est possible : cependant 
il seroit convenable de s'assurer si c’étoit bien réellement cet oiseau 
tout noir, ou noir avec le ventre blanc, à longue queue fourchue, au 
cou alongé, avec ou sans le jabot rouge, volant fort haut et n'appro- 
chant presque jamais des vaisseaux. Pour nous, nous ne l'avons vu 


* Ces oiseaux, donnés par un peuple doux et simple, étoient apprivoisés et nourris avec du 
poisson. Il y en a des individus au Muséum. La couleur fauve qui recouvre leurs aïles tient à 
leur jeune âge, ce qu’indiquent encore mieux des traces de duvet. 


ZOOLOGIE. 155 


qu'aux approches de l'ile de l'Ascension dans la Mer atlantique; à 
Rio de Janeiro; près de l'ile Rose, que nous avons découverte dans 
le grand Océan; à Timor et dans quelques autres lieux, toujours près 
des terres. | 

Les autres oiseaux de mer dont nous avons à parler, non-seule- 
ment s'éloïgnent et diffèrent des espèces précédentes par les formes, 
mais encore par les mœurs. Leur énergie dans le vol est moins 
puissante; ils sont dans la nécessité de se reposer souvent, soit sur 
les eaux, soit à terre. En général, ïls s'éloignent peu et en grandes 
troupes des lieux qu'ils ont choïsis pour demeure: ils plongent ou 
s'abattent brusquement sur leur proie. 

Nous mettrons les fous au premier rang. Quoïqu'on en trouve 
rarement au milieu de l'Océan, ils sont au moins aussi répandus à 
la surface du globe que les pétrels; avec cette différence que leurs 
espèces ne paroissent pas si régulièrement limitées à certains 
parallèles. La plus commune, celle qui est toute blanche avec le 
dessus des aïles noir | pelecanus bassanus |, habite les côtes de France 
et d'Angleterre : on la retrouve au Cap de Bonne-Espérance , où 
nos navigateurs lui donnent le nom de #anche de velours ; comme 
les Portugais celui de #anga de veludo. Le célèbre marin et hydro- 
graphe d'Après indique même la présence de ces oiseaux comme 
un des signes certains de l'approche de cette partie de l'Afrique. 

Nous en vimes de semblables à l'île de France; non loin des 
«ôtes de la Nouvelle-Hollande, en allant à la baïe des Chiens- 
Marins ; ils nous annoncèrent Timor, placé sous une latitude 
brûlante, et les îles Howe, qui précèdent le Port-Jackson; ils étoient 
en grand nombre devant Amboïne, aux Mariannes, autour de l'île 
Rose; enfin, si nous voulions citer les lieux qu'ils fréquentent, 
il faudroit presque énumérer toutes les terres que nous avons 
visitées ou seulement aperçues. 

Cette espèce, par le noir qui couvre ses aïles en tout ou en partie, 
est très-facile à distinguer, même de loin. 


20* 


156 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


H en est d'autres dont les couleurs incertaïnes varient avec l'âge: 
nous nous bornerons à les indiquer. Il n'en est pas de même du 
fou boubie | pelecanus parvus |. Sa taïlle moyenne, sa’ couleur toute 
brune, quelquefois avec le ventre blanc, le feront aisément recon- 
noître. Dans les mois de décembre et janvier, nous en vimes beau- 
coup au Brésil, ils habitoïent, à cette époque, les nombreuses 
petites îles de la rade de Rio de Janeiro; et chaque jour, lorsque 
la brise agitoit la surface de la mer, nous les voyions accourir par 
centaines à l'entrée de la baïe, plonger de très-haut, en se laissant 
tomber, les aïles pliées, comme un corps inerte. Dans cet exercice, 
qu'ils renouvellent jusqu'à ce que leur énorme estomac soit rempli 
de poisson, ils demeurent de six à huit secondes sous l’eau. Il paroît 
nécessaire, pour que leur pêche réussisse, que les ondes soïent un 
peu troublées ; car, retirés pendant le calme, ils ne se montrent 
que sur les dix heures, lorsque les vents réguliers commencent à 
souffler. 

Quand, trois ans après, nous revinmes dans les mêmes lieux, 
les mois de juillet, août et septembre se passèrent sans que nous 
vissions presque aucun de ces oïseaux. Ils avoient changé de de- 
meure ; quelques-uns seulement, qui n'avoient pas suivi l'émigra- 
tion générale , se faisoient voir de temps à autre dans la rade. 

Armés d’un bec très-fort et dentelé en scie, les fous sont sus- . 
ceptibles de faire des blessures d'autant plus dangereuses, qu'on a 
remarqué que, comme les hérons, ils s'élancent à la figure lors- 
quon veut les prendre après les avoir abattus. 

Nous ne pouvons que faire mention d'une espèce que tua 
M. Bérard, en allant, dans les pros des Carolines, de Guam à 
Tinian. Elle étoit remarquable par la couleur rose des membranes 
qui recouvrent ordinairement la tête et le haut de la gorge. Les 
Carolinoiïs, pour qui la chair de ces oïseaux est un mets friand, s'en 
régaloïent avec un empressement tel, en se contentant de les pré- 
senter au feu pour faire tomber les plumes, que notre compagnon 


ZOOLOGIE. 157 
put seulement nous apprendre, sur cette espèce nouvelle, ce que 
nous en rapportons. 

Le signe le plus certain pour reconnoître les fous à la mer, 
seroit de les voir plonger et disparoïtre sous leau. Nous nous 
exprimons ainsi, parce quil existe d’autres oiseaux qui semblent 
plonger et qui ne font que s’abattre à la surface. Maïs comme ceux 
dont nous parlons ne sont pas dans l'usage de recourir souvent à 
cette immersion, et que même nous ne nous en sommes aperçus 
qu'une seule fois, on les distinguera aisément à leur cou alongé, 
étendu dans la même ligne que le corps, à leur vol lourd, s'exé- 
cutant moitié en battant des aïles, moitié en planant. Is tournent 
un petit nombre de fois autour du navire qu'ils vont reconnoître, 
en portant la tête de côté et d'autre, puis gagnent le large. 

Avec d'Après, Bernardin de Saint-Pierre, Cook et Péron, nous 
dirons qu'il nest pas d'oiseaux marins dont la présence soit un 
indice plus certain de la proximité des terres; cependant il faut 
ajouter que c'est lorsqu'ils se montrent en troupes. En eflet, on 
en rencontre quelquefois d’errans au nombre de trois ou quatre : 
mais il est facile de voir alors qu'ils ne suivent pas une direction fixe 
et constante, comme ceux qui, chaque soir, retournent vers leurs 
rochers accoutumés; et, quand la nuit est close, on les voit se 
reposer sur eau. C'est aïnsi quen allant des îles Sandwich à la 
Nouvelle-Galles du Sud, nous en vimes à plusieurs reprises, d’abord 
deux, puis quatre, par 8° de latitude Nord, nous estimant à cinq 
cents lieues de toutes terres connues. 

En suivant la direction du vol de ces oïseaux réunis en grand 
nombre aux frégates, aux hirondelles de mer, aux pétrels, certains 
navigateurs ont découvert des terres. C'est ce qui arriva au capi- 
taine américain Delano, qui, à l'aide de ces indices, n’hésita pas 
de dire à son frère : A//ez reconnoîrre l'ile on les rochers gu'indiquent 
les oiseaux que vous voyez voler, W y alla et découvrit la petite île 


Pilgrim. 


158 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Nous aurions pu en faire autant, si, au lieu d'arriver directement 
sur l'île Rose, nous en eussions passé à une certaine distance. C’est 
le soir sur-tout, lorsque ces animaux, s'étant occupés le jour à pé- 
cher, reviennent à leur gîte, qu'on peut tirer plus d'avantage de 
la direction qu'ils prennent. 

Tous les marins parlent de fous qui, pendant les traversées , se 
reposent la nuitsur les agrès. Nous croyons le fait vraï dans quelques 
cas; maïs le plus souvent on se méprend sur le genre de ces oiseaux, 
qui sont des noddis | rod: noir, sterna stolida |. Aux yeux de per- 
sonnes peu exercées à la méthode des naturalistes, ils peuvent bien 
passer pour des fous, dont ils ont un peu le port; cependant ils en 
diffèrent , en ce qu'ils sont moins grands, de couleur noire, avec une 
calotte blanche sur la tête ; leur bec, moins fort, plus effilé, demeure 
toujours entr'ouvert à cause de la courbure des deux mandibules, 
et il est dénué de peau nue à sa base. On peut ajouter que leur vol 
tremblotant ressemble à celui d'un oïseau très-fatigué et qui est près 
de tomber. 

Cependant des personnes qui avoient navigué plusieurs fois entre 
les tropiques, nous ont tellement dépeint les oïseaux qui, chaque 
soir, venoïent se reposer sur leur navire, que nous navons pu 
nous refuser à reconnoître le boubie | pelecanus parvus |. Jamais 
semblable chose ne nous est arrivée. Seulement une fois, dans les 
Moluques, un fou d'un brun foncé vint se faire prendre à bord. 

Nous joïndrons dans un seul groupe, comme ayant des rapports 
de conformation, les païlle-en-queues et les hirondelles de mer. 

Les premiers, parfaitement connus des navigateurs pour annoncer 
l'approche des terres, habitent la zone torride , dont ïls ne s'é- 
loïgnent guère. Le plus loin qu'on les aït vus peut-être, hors de 
cette limite, est par le vingt-sixième parallèle Sud. Nous n'avons 
que peu de chose à dire sur ce bel oïseau aux plumes satinées, qui, 
dès qu'il aperçoït un navire, vient le reconnoître et planer au-dessus 
des mâts. On assure que, pour fattirer, on na quà placer un 


ZOOLOGIE. 159 
pavillon rouge au sommet du plus élevé, et qu'il approche jusqu’à le 
becqueter. Nous avouons que lexpérience n'a pas réussi. Nous 
savons cependant qu'à Bourbon on les fait venir sur la plage en 
agitant simplement un mouchoir. Du reste, à la mer, lorsqu'ils 
passent au-dessus du navire, on peut les tirer avec l'espoir qu'ils 
tomberont à bord. Nous en eûmes plusieurs ainsi, que nous dûmes 
à l'adresse de M. Bérard. 

Les espèces les mieux connues sont le phaéton aérien, dont 
le plumage d'un beau blanc est plus ou moins tacheté de noir, 
selon l'age, et le païlle-en-queue à brins rouges, beaucoup plus gros 
et plus rare, dont le bec est assez ordinairement rouge aussi. On 
trouve ce dernier à l'île de France, à celle de Norfolk; on en a vu 
par 25° de latitude Sud; nous en avons souvent rencontré dans 
notre traversée des îles Sandwich à la Nouvelle-Hollande, sur-tout 
une fois, sous l'équateur, par 1 50° de longitude à l'Ouest de Paris. 
- [ faut beaucoup d'attention pour distinguer en l'air les deux plumes 
rouges de leur queue. 

On voit les païlle-en-queues traverser l'ile de France dans tous 
les sens. Is se reposent sur les arbres et font leurs nids entre 
des rochers inaccessibles. Nous nous plaisions souvent à les voir, 
dans les profondeurs des cascades qu'offre cette île, tournoyer en 
faisant entendre leur voix criarde; la blancheur de leur plumage 
contrastoit admirablement bien avec la teinte noirâtre des rochers 
volcaniques. Le même spectacle nous a été offert sur l'île Bourbon, 
sur-tout auprès de la ville de Saïnt-Paul. Les jeunes, encore dans 
Je nid, ramassés en boule et couverts d’un duvet d’une éclatante 
blancheur, ressemblent parfaitement à des houppes à poudrer, 
en duvet de cygne. 

Ces oiseaux ont une manière de voler qui leur est particulière. 
Is semblent, par leur tremblement, être épuisés de fatigue et tou- 
jours sur le point de tomber. Quelquefois ils planent, mais rare- 
ment. [ls s'abattent de très-haut, en s'abandonant à l'impulsion de 


160 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
leur propre poids, et saïsissent le poisson sans plonger, comme les 
hirondelles et les martins-pêcheurs. 

Les hirondelles marines parcourent l'Océan en petites troupes, 
comme les phaétons. On les reconnoît à leur vol oblique, irrégu- 
lier, en zig-zag, à leurs grandes aïles triangulaires pointues, et 
au peu de saïllie de leur téte. Plusieurs espèces joignent à cela 
une queue fourchue. La plupart font entendre par intervalles des 
cris aigres. Ordinairement elles ne suivent ni n’entourent les vais- 
seaux, et ne font que passer. 

On ne peut rien présager de la présence de quelques-uns de 
ces oiseaux vagabonds. Il n'en est pas de même lorsqu'ils appa- 
roissent en grand nombre : réunis aux fous, ils nous annoncèrent 
dans le grand Océan l'île sablonneuse de Christmas, quoique nous 
en fussions assez éloïgnés. Dans les belles mers équatoriales, les 
hirondelles voyagent quelquefois la nuit; car nous les entendions 
pousser des cris perçans. 

Les îles et les côtes désertes en recèlent des milliers qui vivent 
en troupes. La baïe des Chiens-Marins est le lieu qui nous en offrit 
le plus à-la-fois. Ces hirondelles indiquent, aïnsi que plusieurs 
autres espèces aquatiques, des plages poissonneuses : cependant, 
vu leur grand nombre, elles sont exposées à de longues abstinences, 
sur-tout lorsque la mer est orageuse, ce qui n'est point pour elles, 
comme pour les pétrels, un instant favorable à la pêche; elles de- 
meurent alors entassées en troupes sur le rivage. 

Une espèce assez rare est la petite hirondelle toute blanche, 
dont les plumes sont soyeuses et satinées comme celles des païlle- 
en-queues. Sparmann l'a figurée. Elle habite le Cap de Bonne-Es- 
pérance, les environs de lîle Christmas et les Mariannes : nous 
l'avons fréquemment observée à Guam. Elle pêche sur le rivage, 
et va se reposer sur les arbres; mais les pieds palmés de cet oiseau 
sont si courts, qu'il a beaucoup de peine à s'y percher. Sa peau et 
le duvet qui la recouvre sont d'un noir foncé, de même que le 


ZOOLOGIE. 161 
bec, dont la forme ne nous a pas paru être absolument la même 
que dans les autres hirondelles. 

Il nous reste à parler des cormorans, des manchots, et de quel- 
ques autres palmipèdes qui, s'éloïgnant très-peu de terre, vivent 
dans les baïes paisibles. 

Pour cela, nous nous placerons aux îles Malouines, ot, de toutes 
les parties de l'hémisphère austral, viennent se réunir des myriades 
de ces oïseaux. Nous y verrons les stupides cormorans couvrir de 
leurs essaims tous les rochers qui se projettent dans la mer. Nous 
les-abattions à coups de fusil ou en leur lançant des pierres, sans 
que notre présence, ni le bruit, ni la vue de leurs compagnons 
blessés qui se débattoïent, fussent capables de les inciter à fuir avec 
plus de hâte. Il est vraï que leurs petites aïles disproportionnées avec 
leur lourde masse, sont un obstacle physique à ce qu'ils puissent 
s'envoler facilement : s'élancer dans l'air est pour eux un travail 
pénible qu'ils n'exécutent que lorsqu'ils y sont forcés; alors on les 
voit étendre le cou, déployer leur queue, battre long-temps avec 
effort la surface de la mer, avant de pouvoir s'élever. La surprise, 
l'effroi, leur font rendre le poisson dont leur ample estomac est 
rempli. 

Il règne beaucoup d'incertitude relativement aux diverses espèces 
de ces oïseaux, dont le plumage varie selon l'âge, le sexe, les loca- 
lités, et peut-être les saisons. Par exemple, parmi les innombrables 
bandes -qui habitent le Cap de Bonne-Espérance, on peut en 
reconnoître une espèce unique et très-distincte dans le cerbo 
cristatus, dont la couleur paroît demeurer constamment brune. 

Il n'en est pas ainsi de ceux de la baïe des Chiens-Marins, du 
cap Horn et des Malouines, qui nous semblent ne former qu'une 
seule et même espèce, si variable, il est vraï, par la multiplicité des 
nuances, qu'on ne sait pas au juste quelle est celle qui lui est la 
plus ordinaire et qu'elle conserve après toute sa croïssance. Voici 


ce que nous avons observé. 
Voyage de l’Uranie. — ‘Zoologie. 2I 


162 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


La baïe des Chiens-Marins a des cormorans tout noirs, et 
d'autres qui ont le ventre blanc avec le tour des yeux Jaune. 

Ceux que nous avons vus, au cap Horn, tournoyer autour de 
nous, avoient de même le ventre blanc. 

Aux îles Malouines, où notre séjour, prolongé assez long-temps 
après l'époque des couvées, nous permit de mieux observer ces 
oïseaux, nous avons remarqué que les jeunes, moins gros, sont d'un 
noir verdâtre. À mesure qu'ils grandissent, leur cou d'abord, puis 
la poitrine, deviennent d’un blanc soyeux. I] paroît que lorsqu'ils ont 
atteint tout leur développement, un des sexes conserve le jabot 
blanc. Quelques-uns portent autour des yeux et à la racine du bec 
des caroncules jaunâtres. 

Des individus, beaucoup plus grands et plus gros, ont ces ca- 
roncules plus développées, le cou et la poitrine blancs. 

L'incertitude qui existe sur la couleur la plus commune de ces 
oiseaux nous a empêchés d'en faire figurer quelques-uns. 

Ce sont eux qui le plus ordinairement blanchissent de leur 
fiente les rochers qu'ils habitent, au point que dans l’éloïgnement 
on pourroit les supposer couverts de neïge, sur-tout quand les 
localités peuvent favoriser cette illusion. 

Les îles Malouines sont, sans aucun doute, l'endroit de l’hémi- 
sphère austral, et par conséquent de toute la terre, où il y a le 
plus de manchots | aptenodytes demersa |. Pernetty a déjà parlé de 
ces singuliers amphibies. Maïs comme ils furent pour nous de la plus 
haute importance, puisqu'ils contribuèrent à nous nourrir, et que 
nous fûmes obligés de les chasser souvent et d'étudier leurs ruses 
HOONS en à CPS EUROS CE à en dire pourra ajou- 
ter à ce qu'on sait déjà de leurs mœurs. 

Les oïseaux nAgEUrS Ont ordinairement une portion du COrps 
hors de l’eau; il n'en est pas de même des manchots, qui ne laissent 
paroître que la tête. Cette allure est analogue à leur conformation: 
ne pouvant voler pour atteindre leur proie, et contraints de la 


ZOOLOGIE. 163 
poursuivre à la nage, il falloit que la nature leur donnât la faculté 
de se maintenir sous l'eau par leur propre poïds, afin qu'ils pussent, 
dans l’occasion, consacrer toutes leurs forces à l’action de nager. 
Aussi sen acquittent-ils avec une rapidité qui égale et surpasse 
même celle de certains poissons. Ils chassent encore en sautant à 
la manière des bonites, et les imitent en cela au point qu'en-dehors 
des Malouines, nous les primes d’abord pour une troupe de ces 
scombres. : 

Cet oïiseau-poisson, qu'on nous passe ce terme, habite exclusi- 
vement les petites îles qui se trouvent enclavées dans les Ma- 
louines. L'instinct l'a déterminé à prendre cette précaution, afin 
que lui et sa progéniture ne devinssent pas la proie des chiens 
antarctiques qui se trouvent sur la grande terre. 

Pour faire connoître la nature de ces petits flots, nous choi- 
sirons un de ceux qu'on voit dans la baïe Françaïse, et que fort à 
tort on a nommé /% aux Pingoumns *. 

[ peut avoir quatre milles de tour environ. Dans toute sa circon- 
férence, et sur le bord de la mer seulement, règne un cordon d’une 
belle verdure sombre, que de loïn on prendroit pour des arbres; 
ce nest qu'en arrivant dessus qu'on reconnoît qu'elle est produite 
par de grands dactylis à larges feuilles. Ces plantes agglomérées en 
faisceaux par le bas, s'élèvent sur des tertres et croïissent jusque 
sur le rivage de la mer. Chaque année leurs nombreuses feuilles se 
pourrissent en tombant et forment de nouvelles couches de détritus 
qui exhaussent le contour de l'ile. 

Les manchots ont pris ces touffes d'herbes pour demeure pen- 
dant six mois de l’année, l'été et l'automne, c'est-à-dire, jusqu'à 
ce que leurs petits soïent en état d'aller à la mer. Ils sy sont 
tracé des sentiers en tous sens, dans lesquels les hommes mêmes 
peuvent circuler librement, en écartant le haut des feuilles avec 


+ C’est ile aux Manchots que l'on devroit dire, les pingouins ne se trouvant pas dans l'hémisphère 
Sud. IT est vraïquele nom de pingouins fut donné d’abord aux manchots parles Hollandais. 


DNS 


164 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


la main. Leurs demeures sont des trous en forme de four, de 
deux à trois pieds de profondeur, dont l'entrée est assez large et 
très-basse. Il faut toute la force du bec de cet oïseau pour pouvoir 
les creuser dans des racines aussi tenaces. Quelques -uns sont ta- 
pissés d'herbes sèches. C'est là qu'ils déposent leurs œufs, d’un jaune 
sale, et gros comme ceux de dinde. Ils ne doivent étre qu'au 
nombre de deux ou trois, autant que nous avons pu en juger par 
les jeunes qu'on rencontroit autour du mäle ou de la femelle. 

De grand matin et le soir, tous les manchots sortent des trous 
et vont à la mer pêcher. Ceux qui ont l'estomac plein demeu- 
rent encore pendant quelque temps en troupes sur le rivage, où 
ils ont l'air de faire assaut à qui criera ou braira le plus fort: puis 
tous rentrent et demeurent pendant le jour au milieu des herbes 
ou dans leurs trous. Cependant on en voit quelques-uns qui, 
moins heureux que les autres dans leur pêche , regagnent l'île plus 
tard. Ces oïseaux prennent tant de nourriture à-la-fois, qu'ils sont 
souvent obligés d'en dégorger ; on trouve alors, dans les sentiers 
où ils ont passé, des fragmens de sèches et de poissons. 

Lorsque les petits ont acquis un accroïssement convenable, un 
beau jour, à une heure fixe peut-être, la troupe entière abandonne 
l'île et gagne la haute mer. Où vont-ils’... Nous n'en savons rien. 
Le capitaine Orne, qui habite souvent ces parages pendant toute 
l'année, pense qu'ils passent l'hiver à la mer. L'émigration s'est faite, 
en 1820,du 20 au 25 avril. Nous ne fûmes pas peu surpris, en allant 
pour les examiner une dernière fois, de ne trouver qu'un malheureux 
infirme, là où la veille nous eussions pu les compter par milliers. 
A cette époque, il n'y eut que notre curiosité de trompée : maïs si 
pareille chose avoit eu lieu un mois auparavant, nous eussions 
été probablement obligés de nous passer de manger ce jour-là; car, 
lorsque nous n'avions pas d’autres provisions, nous allions de suite 
sur cette île, que nous considérions comme notre magasin de 
réserve. Voici comment nous découvrimes cétte ressource. 


ZOOLOGIE. 165 

Deux ou trois jours après notre naufrage, chargésavec M. Bérard 
de faire une excursion dansle but de trouver des vivres quelconques, 
nous nous dirigeimes sur ce point, espérant y rencontrer des 
phoques : nous fûmes trompés dans notre attente. En approchant 
de file, nous entendions un bruit épouvantable. Comme il étoit 
à peine jour, nous ne pouvions distinguer ce qui le produisoit. 
Enfin, lorsqu'il fit plus clair, nous aperçümes sur le rivage des 
centaines de manchots qui crioient tous à-la-fois. On jugera quel 
vacarme ce pouvoit être, quand on saura que le cri d'un de ces 
oiseaux est semblable à celui d'un âne, et presque aussi fort. Nous 
desirions bien nous en procurer, mais comment faire! Instruits 
par ce que nous avions déjà vu au Cap de Bonne-Espérance, qu'ils 
étoient fort durs à tuer, et quun coup de fusil bien ajusté n'en 
procuroit jamais qu'un ou deux, attendu que les blessés gagnent 
promptement la mer; voulant d’ailleurs utiliser davantage nos muni- 
tions, nous avions résolu d'abandonner cette chasse pour celle 
des oïes. Maïs en traversant les grandes herbes, nous rencontrâmes 
quelques manchots qui fuyoient devant nous dans leurs petites 
routes, et que nous tuimes facilement. Dès-lors nous fûmes ins- 
truits de la manière dont il falloit sy prendre pour en avoir: 
chaque fois que nous avions besoin de vivres, on se rendoit à 
l'île avec huit ou dix hommes, dont quatre étoient armés de 
bâtons courts; on s'avançoit en silence; et dès qu'on apercevoit ces 
oiseaux à travers les feuilles des graminées, on les assommoit. Un 
seul coup sur la tête suflisoit pour les abattre et les étourdir, mais 
non pas pour les tuer; car, si on les abandonnoit, ils revenoient 
à eux et s'échappoient; il falloit leur ouvrir la tête, pour être bien 
sûr quils fussent morts. Lorsque ces malheureux animaux se 
voyoïent surpris, ils poussoïent des cris vraiment lamentables , 
et se défendoient en lançant des coups de bec qui pinçoïent jus- 
qu'au sang. Les jeunes déceloient ordinairement leur gîte par un 
cri particulier que nous savions reconnoître; nous étions alors 


166 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


assurés d'en rencontrer trois ou quatre avec quelques vieux. 
C'étoit la saison de la mue pour ces derniers; nous les surpre- 
nions quelquefois hâtant avec le bec la chute de la couche exté- 
rieure des plumes qui ne tomboïent que lorsqu'elles étoient rem- 
placées par d'autres. Des ricins dont ils ne peuvent pas toujours 
se débarrasser, les incommodent beaucoup. 

Lorsqu'ils fuyoient à travers les labyrinthes de leurs sentiers, on 
auroit cru entendre trotter de petits chevaux. Nous les poursuivions 
avec tant d'ardeur, qu'ils nous échappoïent rarement; et quand ils 
se réfugioïent dans leurs trous, un des nôtres, armé d’un fer pointu 
terminé en tire-bouchon, les amenoit facilement en-dehors. Ceux 
de ces oïseaux qui dans ces instans revenoïent de la mer, tomboïent 
aussi en notre pouvoir; dès que nous apercevions au-dessus de 
l'eau leur tête en czmal, pour nous servir de l'expression caracté- 
ristique du bénédictin Pernetty, nous nous cachions jusquà ce 
qu'ils fussent engagés, en s'aidant péniblement de leurs pieds ar- 
rondis et de leurs très-petites aïles, au milieu des pierres qui recou- 
vrent la plage, et alors il nous étoit facile de les tuer. Dans l'espace 
de six heures, nous en prenions de soixante à cent vingt : ce der- 
nier nombre fournissoit pour deux jours de vivres à l'équipage. 
Chaque manchot pesoit de dix à douze livres : mais comme il avoit 
une masse considérable d’intestins, qu’on étoit forcé de lui enlever 
la peau pour le faire cuire, et qu'il perdoït alors toute sa graïsse, 
on nen retiroit que trois ou quatre livres de viande tout au plus. 
C'est un très-mauvais aliment; et certes une dure nécessité pou- 
voit seule nous forcer à faire une guerre impitoyable à ces mal- 
heureux animaux. Quelques cochons que nous conservions et qui 
se nourrirent de leurs peaux huïleuses, contractèrent un goût de 
sardine vraiment détestable. 

Cette espèce de manchots, la même que celle du Cap, nous a 
offert un canal intestinal de vingt-quatre pieds de long, à prendre seu- 
lement de la fin de l’estomac, qui s'étend, comme on sait, chez cet 


ZOOLOGIE. 167 
animal , jusqu'à la partie inférieure de l'abdomen; ce qui donne un 
tube digestif d'environ vingt-cinq pieds, dontle rapport avec l'oiseau, 
qui avoit dixneuf pouces, est à-peu-près comme quinze est à un. 

On rencontre aussi aux Malouines, maïs rarement, le manchot 
huppé et le grand manchot | aptenodytes patagonica |, un de cette 
dernière éspèce pesoit vingt-neuf livres. Ils s'avancent très au large; 
nou en vimes deux ou trois entre l'île Campbell et le cap Horn. 
I est vrai qu'ils ont la faculté de se reposer sur les flots de glaces 
flottantes qu'on trouve dans ces parages. 

Les troupes d'oies qui paissent dans ces plaines herbeuses, et 
dont Bougainville a parlé très au long, nous furent d'un grand 
secours. Elles ne demeurent dans les îles de la baie Française que 
le temps nécessaire pour élever leurs petits, après quoi elles émigrent 
vers d'autres parages. À la fin d'avril, époque où nous quittâmes 
les Malouines, on n'en voyoit presque plus dans les prairies. Elles 
diffèrent de l’oie commune, nonseulement par le plumage et les 
tubercules qu'elles portent au pli de l'aile, maïs encore par leur cri, 
qui nest point retentissant; il a quelques rapports avec de petits 
éclats de rire. Nous remarquâmes qu'elles n'alloïent à l'eau que lors- 
qu'on les y forçoit. 

De petites sarcelles se tiennent dans les étangs d’eau douce, et 
les canards dans toutes les anfractuosités de la rade. Nous ne recon- 
nûmes que deux espèces de ces derniers : l’une, de moyenne gran- 
deur, de couleur enfumée, voloit très-bien ; l’autre, au contraire, 
très-grosse, a reçu, à cause de la petitesse de ses ailes, qui ne lui 
permet pas de s'élever dans l'air, le nom de canard aux ailes courtes. 
Nous le représentons planche 39. Leur extrême défiance les sous- 
trayoit souvent à nos coups; mais la nécessité nous apprit bientôt 
qu'en les poussant à terre avec un canot, ils ne pouvoient nous 
échapper. 

H nous falloit bien imaginer diverses ruses afin de fire des vivres, 
comme disent les marins, pour cent vingt personnes privées de 


168 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

toute autre espèce de nourriture. Mais les navigateurs qui fréquen- 
teront cette terre pour se reposer et se procure du gibier en abon- 
dance, feront bien de négliger ces canards, qu'on ne peut plumer, 
et auxquels on est forcé d'enlever la peau. 

Des légions de goélands, d'alouettes de mer, d'huftriers revêtus 
de noir et de blanc ou tout noirs, se joïgnoiïent aux espèces que 
nous venons de citer, parmi lesquelles ïl ne faut pas omettre le 
stercoraire cataracte, qui est la poule du Port-Egmont des naviga- 
teurs anglais. Il sera facile de le reconnoître à la large bande trans- 
versale blanche qu'il a en-dessous des aïles, et qui contraste avec la 
couleur brune de son corps. 

L'hémisphère austral nous a montré dans plusieurs lieux les 
espèces communes de mauves et de goélands, comme au Cap de 
Bonne-Espérance, à la Nouvelle-Hollande, à la baie des Chiens- 
Marins, aux îles Malouines, à Montévidéo et au Brésil, qui est la 
latitude la plus élevée par laquelle nous en ayons vu. À Rio de 
Janeiro, on en fait la chasse dans la rade, parce que leur chair y est 
autant estimée quon la dédaigne chez nous. 

Quoique sans aucune ressource dans les solitudes des Malouines, 
d'où nous ne prévoyions pas sitôt sortir, nous n'abandonnâmes jamais 
l'étude de la nature; nous y trouvions une distraction puissante 
contre les inévitables et secrètes réflexions sur notre position, que 
l'hiver qui s'approchoït alloit rendre plus terrible. C’est dans nos 
chasses, en épiant les animaux, que nous surprenions quelquefois 
ces singularités de mœurs, ces habitudes sociales propres à chaque 
tribu, qui disparoiïssent et font place à l'effroi lorsque l'homme 
se montre à découvert. 

I résulte de ce que nous venons de dire des oïseaux de mer, 
relativement à l'utilité dont ils peuvent être pour la navigation, 
qu'il n'y en a qu'un trèspetit nombre qui soit susceptible d’an- 
noncer avec quelque précision, et dans de certaines circonstances, 
le voisinage des terres; quon ne doit tirer aucune induction 


ZOOLOGIE. 169 


semblable de l'apparition de quelques espèces qui errent sur l'Océan 
pour y chercher leur nourriture. En indiquant les parages dans les- 
quels nous les avons rencontrées, nous n'avons point prétendu les 
leur fixer pour limites; celles quê trop tôt on s’est empressé de 
vouloir leur assigner, ne reposent pas sur un assez grand nombre 
d'observations pour être exactes. D'ailleurs, les saisons, les calmes 
ou les vents, les font se rapprocher ou s'éloigner plus ou moins de 
certaines zones. 

D'un autre côté, nous ne pouvons nous dissimuler que toutes 
ces déterminations de genres, maïs sur-tout d'espèces, sont assez 
difficiles à appliquer, à la simple inspection, aux oiseaux de mer, 
pour les marins qui, étrangers à l'histoire naturelle, se sont déjà 
fait une nomenclature usuelle, excessivement variable, comme nous 
l'avons dit, et qui laissera long-temps du vague et de l'obscurité 
dans cette-branche de lornithologie. Cependant s'il est possible 
de faire faire des progrès à l’histoire de ces oiseaux, on doit s'at- 
tendre à y voir contribuer avec succès quelques-uns des officiers de 
l’Uranie, qui, témoins de nos études en ce genre, y donnoïient infr- 
niment plus d'attention que n'ont coutume de le faire les personnes 
de leur profession. Nous citerons particulièrement M. Bérard, que 
son goût pour la chasse, Joint à son adresse, portoit à nous procurer 
tous ceux de ces animaux qui $’offroient à ses coups. Cet officier, 
parcourant avec la plus grande distinction sa carrière, êst parti pour 
un second voyage autour du monde : il explore en ce moment de 
nouvelles contrées , affronte de nouveaux dangers, et satisfait ce 
besoin impérieux pour l’homme de mer, de sensations fortes et 
sans cesse renouvelées. 

# 


Ê 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 22 


170 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE VIL 


Des R eptiles. 


L: petit nombre de ces animaux dont nous donnons les planches, 
atteste les pertes que nous avons faites : on devoit s'attendre, en 
eflet, à nous voir rapporter des contrées équatoriales une ample 
récolte en ce genre. 

L'aspect plus ou moins hideux de la plupart des reptiles, les 
blessures si promptement mortelles qu'ils sont susceptibles de faire, 
sont bien capables d'épouvanter. Maïs, ïl faut en convenir encore 
ici, comme pour beaucoup d’autres choses, les voyageurs ont 
grandement abusé du droit de raconter. 

Sans vouloir passer en revue tout ce qu'on a dit dé ces animaux, 
nous nous contenterons de parler de quelques-uns. Aïnsi, par 
exemple, lorsque nous allâmes pour la première fois au Brésil, nous 
nous attendions, d'après tout ce qu'on nous avoit débité, à ren- 
contrer des serpens à chaque pas. Il faut croire que le hasard nous a 
mal servis, puisque, dans cinq mois de séjour à deux époques dif- 
férentes de l’année, nous avons parcouru une foule de lieux divers, 
sans presque aucune précaution , et nous n'avons Vu que quatre 
de ces reptiles : deux n'étoient pas venimeux ; letroisième nous 
échappa, et le dernier étoit la vipère brésilienne, nommée chrara- 
rague à Rio de Janeiro, dont la morsure, selon ce que nous a 
rapporté M. Langsdorff, peut causer la mort à un homme dans 
l'espace de quatre heures. Nous ne disons pas que, dans certaines 


ZOOLOGIE. . 171 
circonstances , ces reptiles ne puissent se montrer en plus grand 
nombre ; maïs ces cas sont rares et sortent de la règle commune. 

De tous les points que nous avons explorés, la petite île de 
Rawak est celui où les serpens nous ont paru pulluler davantage ; 
ils glissoient avec vitesse entre les herbes ou tomboïent du haut 
des cocotiers; mais ils s'enfuyoient promptement à notre pet 
Dans un seul jour, on en tua cinq, et le reste ao peu-à-peu 
sans qu'il arrivât d'accidens. 

Le Port-Jackson a des couleuvres de sept à huit pieds de long 
qui ne sont point dangereuses, et que l'on nous apportoit vivantes ; 
on y trouve aussi un serpent, nommé amant nor, de grandeur 
moyenne, excessivement venimeux, puisque, si l'on en croit ce qui 
nous a été assuré, un homme, sur le bord de la rivière Macquarie, 
auroit-péri de sa morsure en quinze minutes. Nous vimes, à l’hô- 
pital de Liverpool, un convict qui, blessé à la jambe par ce redou- 
table reptile, avoit enlevé lui-même d'un seul coup de rasoir toute 
la partie mordue. Nous avons déposé au Muséum de Paris la dé- 
pouille d’un individu de cette espèce. | 

L'île de France, Bourbon, les Sandwich, les Mariannes, n’ont 
point de serpens *. Il est à remarquer que ces iles sont volcaniques; 
et si, à l'appui de ce rapprochement, on citoit quelques-unes des 
Antilles, qui ont avec elles des rapports géologiques, on pourroit 
être d'abord disposé à penser que les terrains qui ont subi l’action 
du feu ne conviennent pas à ces animaux : mais la Martinique, 
qu'on sait en être infestée, est là pour déposer du contraire. 

Si nous passons à un genre non moins redoutable par sa grandeur, 
sa force et sa voracité, celui des crocodiles, nous verrons encore 
qu'on a souvent exagéré le danger de s'en approcher. Sans doute 
nous n'irons pas jusqu'à nier que ces reptiles, poussés par la faim, ne 


* Du moins, sil en existe à ile de France, ils sont relégués sur Pilot qui porte leur nom; 
ce qui auroit besoin d’être confirmé. 
A (& » / , . a : \ : 
uam, nous n'avons trouvé qu'une fois un très-petit typhlops, de deux à trois pouces 
de longueur. 


2210 


172 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


soient quelquefois assez hardis pour attaquer l'homme sur la terre 
et en plein jour; maïs il faut dire aussi que le plus souvent ils fuient 
à l'aspect de cet être supérieur et n'attendent pas ses coups. C’est 
du moins ce que rapportent plusieurs voyageurs, et ce que nous 
avons constaté à Timor, lorsque, dans les marais de Babao , nous 
fimes une chasse à ces reptiles, qui y sont en grand nombre. Con- 
duits par un Timorien à la vue perçante, qu'un des chefs de cette 
colonie hollandaise, M. J. M. Tielman, nous avoit donné pour 
guide, nous en vimes trois ; et malgré toutes nos précautions pour 
en approcher de très-près, afin de les tirer avec la certitude de 
les atteindre, nous ne pümes y réussir : ces monstres amphibies 
senfuirent du plus loin qu'ils nous aperçurent, ‘en regagnant la 
mer, sur les bords de laquelle ils se trouvoïent. Voïlà un fait dont 
fut témoin une partie de notre état-major. Cependant nous devons 
ajouter que les crocodiles se montrent assez fréquemment dans la 
rivière de Coupang, qu'ils viennent ordinairement de nuit sur le 
rivage, à la marée montante, et que, dans l'espace de cinq ans, 
nous at-on dit, cinq personnes avoient eu le malheur d’être dévo- 
rées par ces monstrueux reptiles, que quelques naturels ont encore 
en vénération. Nous trouvâmes, dans les marais de Babao, la tête 
osseuse d’un crocodile de l'espèce à deux arêtes | crocodilus bipor- 
catus |, que nous avons déposée dans les galeries d'anatomie com- 
parée du Muséum. 

Les timides lézards nous ont par-tout offert leurs nombreuses 
tribus, si l'on en excepte les îles Malouines. Nous nous rappelons 
tous qu'à Timor nous étions quelquefois éveillés par le cri singu- 
lièrement aspiré du gros gecko à gouttelettes, dont la couleur est 
fauve et le regard affreux. 

Diverses espèces de ces reptiles abondent aux îles Mariannes, et, 
pour mieux dire, par-tout entre les tropiques. Aux Sandwich, 
cependant, ils sont en petit nombre. Le peuple les a en horreur. 
Sur l'île de Wahou, l’un de nous, revenant un jour chargé de col- 


ZOOLOGIE. 173 
lections, avoit fixé.sur son chapeau , avec une grosse épingle, un 
petit scinque à deux raies : à cette vue, trois ou quatre cents insu- 
laïres, assemblés auprès des jeux, les quittèrent pour l’entourer en 
témoignant leur étonnement. Il n'étoit point gêné dans sa marche, 
car il lui sufhisoit d'avancer rapidement-sur eux, pour que l'approche 
de l'animal qu'il portoit les fit reculer avec précipitation. Toutefois 
nous vimes un de ces hommes qui avoit osé se faire tatouer sur les 
joues des figures de lézards; aussi le montroit-on avec des gestes 
où se peignoit l'effroi qu'inspirent ces reptiles, qui du reste sont 
aussi innocens là qu'ailleurs. 


174 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE TORTUE DE TERRE. — 7rsrupo. Brongn. 


TORTUE NOIRE. — Tesrupo NIGRA. N. 


PLANCHE 40. 


Testudo, toto corpore migro; testä gibbä, scutellis dorsalibus priori 
(4 61704" 

posteriorique altius in medio elevatis, cunctis loricæ margine striatrs, 

lateribus subcarinatis. 


Les enveloppes de cette tortue ont douze pouces de longueur 
et huit de largeur. La carapace est très-bombée, arrondie, et le 
disque composé de treize écailles; des cinq qui forment la rangée 
du milieu , deux ont un diamètre transversal plus considérable que 
les autres; plusieurs sont protubérantes à leur centre, maïs sur-tout 
l'antérieure et la postérieure. Toutes sont régulièrement et concen- 
triquement striées; ces stries suivent dans leur direction la forme 
des plaques. 

Les bords de la carapace sont garnis de vingt-trois lames irrégu- 
lières, dont les deux premières forment, par leur disposition, une 
échancrure en avant. La postérieure, impaire, est plus large. Près 
des pattes de derrière, on en remarque deux qui se sont trouvées 
génées dans leur développement. Celles qui correspondent aux 
membres et au cou se déjettent en-dehors. Ces lames, dans leur 
réunion avec le plastron, forment une carène arrondie. 

Le plastron se compose de seize pièces, dont huit en avant, 
une paire beaucoup plus large au milieu, et six en arrière : les deux 
premières sont arrondies et courbées en bas; les postérieures assez 
profondément échancrées. Toutes offrent des stries concentriques 
et parallèles entre elles. 


: ZOOLOGIE. 17 

Le cou de l'animal est long; la tête grosse, élargie sur les côtés; 
les mandibules profondément dentées, très-saïllantes, sur-tout l’in- 
férieure, dont le bec plus aïgu est logé sur celui d'en haut. L'œil est 
noir. 

. Les pattes de devant sont par-tout recouvertes d'assez larges 
écailles polygonales et arrondies : aux pattes de derrière, ces grandes 
écailles n'existent qu'en-dedans; celles du dehors sont excessivement 
petites. Les ongles, au nombre de cinq pour les premières et de 
quatre pour les dernières, sont séparés, forts, aplatis, et arrondis 
à leur extrémité. La queue est courte. 

La couleur générale est noire , plus claire au centre des grandes 
plaques dorsales , ainsi que sur la tête et aux mächoires. Les ongles 
sont d'un noir foncé. 

Cette tortue vient de la Californie : elle fut donnée vivante, 
aux îles Sandwich, à M. de Freycinet, par M. Meek, capitaine du 
navire américain l’Aigle de Boston. 


176 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE SCINQUE. —- Scicus. Daudin. 


SCINQUE JAUNE ET NOIR, male. — Scincus NIGRo-LUTEUS. N. 


PLANCHE 41. 


Scincus, corpore nigro, luteo variegato; caudä tereti, apice obtus ; 
pedibus æqualibus, digitis humanos simulantibus. 


CE bei animal est le seul objet d'histoire naturelle échappé au 
naufrage, qui puisse rappeler à l’un de nous le fatigant voyage qu'il 
fit au-delà des Montagnes-bleues de la Nouvelle-Hollande. 

Nous nous en procurämes deux individus. Le premier, exposé 
dans un chemin sablonneux à un soleil ardent, digéroit les insectes 
dont son estomac étoit rempli. Aïnsï, les précautions que nous 
primes pour en approcher doucement afin qu'il n'échappät pas, 
étoient bien inutiles, car nous le trouvâmes engourdi et donnant 
à peine quelques signes de vie. Le’ second se trouvoit absolument 
dans le même état, et nous pûmes le porter une grande partie de la 
nuit dans la poche sans que le mouvement du cheval le tirât de 
sa torpeur. Cette manière d'être paroît plus spécialement appar- 
tenir à l'espèce qui nous occupe, puisque nous en avons vu beau- 
coup d’autres très-agiles, quoique leur ventre fût gonflé par les 
alimens qu'ils avoient pris. 

Ce scinque se fait d’abord remarquer par sa grande taille, qui 
est de dix-huit pouces, par sa grosseur, qui en a sept de circonfé- 
rence, et par ses formes arrondies et raccourcies, relativement au 
développement total. La queue a cinq pouces de longueur, ce qui 
n'est pas tout-à-fait le tiers de l'animal. 

La tête est triangulaire, aplatie, fortement renflée sur les joues; 


ZOOLOGIE. 197 
le museau obtus, arrondi; les narines, larges, ovalaires, percées au 
milieu d’une écaille. La gueule est bien fendue ; la langue, aplatie, 
très-légèrement bifurquée et pouvant saïllir au-dehors. Les dents 
sont fortes, obtuses, comme usées, très-espacées sur-tout à la 
mâchoire inférieure, où elles sont au nombre de trente-deux: on 
en compte vingt à celle d’en-bas. Le conduit auditif est tapissé de 
fines écailles, et de plus grandes en recouvrent l'ouverture, qui est 
très-étroite et dirigée en arriere. 

Au milieu de la tête sont placées quatre écailles impaires, en 
y comprenant celle du bout du museau, et douze symétriques, en 
retranchant celles des narines : toutes sont rugueuses, élevées et 
irrégulières. L'œil est jaune et les paupières squammeuses. On 
remarque à la mächoiïre supérieure, du côté gauche, six lames 
écaïlleuses, quadrilatères, verticales, et cinq seulement à droite. 

Les pattes antérieures et postérieures sont aplaties latéralement, 
coudées et dirigées en arrière; elles sont terminées par des espèces 
de mains, dont les doïgts ont dans leur longueur les mêmes rap- 
ports que ceux de l'homme, et sont armés d'ongles épais, peu 
crochus, couverts en-dedans d’une seule rangée d'écaïlles. Nous 
avons dit que les membres étoïent de même longueur; la seule 
différence que présentent ceux de derrière, c'est d'avoir les doigts 
moins larges et un peu plus longs que ceux de devant. 

Le corps est aplati en-dessus, arrondi sur les côtés et sous le 
ventre. L'anus est situé un peu en arrière de l'insertion des extré- 
mités postérieures. La queue, grosse, prismatique à son origine, 
finit par s’arrondir, et se termine en pointe obtuse. 

Les écailles de la partie supérieure du corps, depuis la tête jus- 
qu'à la queue, sont rugueuses et non luisantes; toutes sont osseuses, 
formées de plusieurs petites pièces réunies les unes aux autres: 
celles des parties latérales de la poitrine sont infiniment plus petites 
et plus minces; en général, elles sont ou arrondies ou subtrian- 


gulaires. Le dessous de la queue offre trois rangées d’écaïlles poly- 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 29 


r78 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
gonales, dont celles du milieu, beaucoup plus larges, affectent la 
forme et la disposition des écaiïlles abdominales de cértaïins serpens. 

La couleur générale est noire; les côtés des joues, le dessous de 
la gorge, sont jaunes: des plaques de la même couleur, mélangées de 
verdâtre, occupent la poitrine, le ventre et le dessous de la queue. 

Sur le dos, les taches sont d’un plus beau jaune, et se tiennent 
par des lignes déliées de la même couleur, au nombre de six ou 
sept, qui vont de l'occiput au bassin. La première maculature est 
impaire, et commence au haut du cou; elle est suivie de deux 
autres parallèles; puis de trois rangées composées de quatre et de 
trois taches, qui vont finir au bassin : la queue en est pareïllement 
marquée ; elles forment un demi-anneau en-dessus et sont alternes 
en-dessous. Sur les flancs, quelques-unes de ces taches ont un point 
noir au milieu. Les membres ont aussi sur leur longueur des lignes 
ponctuées de jaune. 

On aperçoit mieux et plus distinctement l'arrangement de ces 
taches sur l'animal que dans le dessin, où elles paroïssent un peu 
confuses; ce qui tient à ce qu'on ne peut pas voir tout le dos. 

La grosseur de ce reptile, hors de proportion avec ses membres 
mal conformés, doit contribuer à son défaut d'agilité, et lui donner 


une allure rampante. 
SCINQUE A FLANCS" NOIRS. — Scincus viTTaTUs. N. 


PLANCHE 42, fig. 1. 


Scincus, suprä fuscus, subtis albus; vittä lateral nigrä ; cauda qua- 
drangulatä , squamarum dupl: serie distinctä ; pedibus posticis penultimo 


digito longiore enstructis. 


LA longueur de ce reptile est de près de neuf pouces, y compris 
la queue, qui en forme plus de la moitié. 


ZOOLOGIE. 179 


La tête est alongée, aplatie; le museau gros, arrondi; les dents 
peu saïllantes.et serrées; l'ouverture du conduit auditif ovalaire et 
libre; le dos plane. La queue, quadrilatère à son origine, légèrement 
arrondie ensuite, un peu comprimée latéralement vers la pointe, 
se présente, par la disposition des écailles, sous deux aspects diffé- 
rens, comme nous le dirons bientôt. 

Les pieds de devant, moins longs que ceux de derrière, sont munis 
de doigts grêles, onguiculés et inégaux. Les extrémités postérieures 
sont absolument celles des lézards ordinaires, c'est-à-dire que le 
quatrième doigt dépasse de beaucoup les autres. Selon M. Cuvier, 
les espèces munies de ce caractère seroïent susceptibles de former 
un nouveau genre, que nous proposerions de nommer sencosaure 
[ SCINCOSAUTUS À; comme participant des scinques et des vrais lézards. 
Les deux individus que nous allons décrire en feroïent partie. Il 
est même possible que ces animaux, qui proviennent de la Nouvelle- 
Hollande, remplacent sur cette terre les vrais lézards, qu'on n'y a 
pas, que nous sachions, encore trouvés. 

Tout le dessus du corps est brun; la tête est couverte de taches 
noirâtres. On remarque sur l’occiput une sorte de croissant plus 
ou moins bien marqué, tourné en avant, de chaque côté duquel 
part une raie noire, prolongée bientôt par des points qui vont jus- 
qu'au milieu de la queue. Une ligne semblable occupe toute l'épine 
dorsale. 

Une bandelette noire, large d'environ trois lignes, prend au 
conduit auditif, parcourt les flancs, et versé le bassin dégénère en 
petits carrés, qui se touchent et finissent à la queue. Elle est parse- 
mée de lignes transversales formées de taches blanchâtres, et bordée 
en-dessus, sur les côtés du dos, d’une raie blanche. Au-dessous de 
la bandelette noire existent des points irréguliers de la même cou- 
leur. Une semblable disposition se fait remarquer à l'extérieur des 
membres. 

Le dessous du corps est d’un blanc bleuâtre, tacheté , de même 


200 


180 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


que le dedans des pattes, d'une foule de petites lignes longitudi- 
nales noirâtres formées de points très-rapprochés. 

Les écailles sont luisantes et douces au toucher, sous le ventre 
sur-tout. Elles sont composées de plusieurs pièces, comme dans 
. l'espèce précédente. Celles de la queue diffèrent selon fendroit 
où on les examine : depuis le bassin jusqu'à son milieu , elles sont 
larges , un peu pointues et égales, cependant, toutà-fait en-des- 
sous , il en existe une seule rangée d’un peu plus grandes et poly- 
gonales qui s'y prolongent jusqu'à l'extrémité. Les écaïlles du reste 
de la queue sont beaucoup plus petites, plus serrées, et ont cela de 
remarquable qu'à la rangée supérieure, elles deviennent très-larges 
et polygonales. Les taches qui viennent du haut du corps finissent 
à cette portion de la queue, dont l'extrémité est terminée par un 
petit cône pointu qui ne paroît point être l'effet d'une rupture. 

C'est au point de jonction des deux parties squammeuses que 
la queue de cet animal se rompt très-facilement. 

La langue nous a paru à peine divisée à sa pointe. 

La rade de Sydney au Port-Jackson est la patrie de ce scinque. 
Ce ne fut pas sans peine que nous nous en procurämies deux 
individus non loin de l'aiguade de Neztral-Bay. H habite aussi sur 
lîle Bruny, près de l'ile Van-Diémen. 


SCINQUE QUEUE COMPRIMÉE.—ScIncus coMPRESsICAUDA. N. 


PLANCHE 42, fig. 2. 


Seincus, caudä compressä ; corpore longiori; dorso longitrorsim virgato 


lineâ subalbä, nigricantibus lineis utroquè comitat. 


CE saurien a onze pouces de longueur, sur lesquels la queue en 
prend sept. La tête est triangulaire , très-aplatie en-dessous, lége- 
rement convexe en-dessus. Le museau est obtus; la mâchoire 


ZOOLOGIE. 187 
supérieure recouvre un peu celle d'en-bas. L'œil est brun et les 
paupières jaunes. Le bord antérieur du méat auditif est garni d’une 
membrane à trois dentelures jaunätres. 

Les extrémités antérieures sont plus courtes que les postérieures. 
Elles ressemblent, pour la conformation des doigts, à celles des 
lézards proprement dits. Le thorax est très-aplati, de même que 
le dos. La queue, grosse à sa naïssance, diminue insensiblement, 
et finit par être très-déliée à son extrémité : le dessus et le dessous 
en sont légèrement arrondis , maïs les côtés sont comprimés, de 
sorte que son plus grand diamètre est vertical, comme on peut 
le voir par la coupe qui accompagne le dessin. 

Une ligne droite blanchätre parcourt le dos depuis le com- 
mencement du cou jusqu'à l'origine de la queue; cette ligne, divisée 
dans sa longueur par une strie brune, est accompagnée, à chaque 
côté, de deux raïes plus larges ponctuées de blanc. 

Les flancs, la partie supérieure de la queue, l'extérieur des 
membres, sont tachetés de points noiratres, tandis que le dessous 
du corps, de la queue, et le dedans des pattes, reflètent une teinte 
bleuâtre. 

Les écailles, quoïque lisses, paroïssent rugueuses; ce qui tient 
a ce quelles sont plus relevées, moins bien appliquées les unes 
sur les autres que dans l'espèce précédente; et comme la plupart 
sont blanches vers leur extrémité, elles ont l'air d'être encore plus 
inégales. Elles sont aussi formées de pièces juxta-posées. Ces 
diverses nuances font d’abord ressembler ce scinque au /acerta 
muricata de White, surtout quand on le voit par le dos; mais 
le plus léger examen suffit pour ne pas les confondre. 

Le Port-Jackson est la patrie de ce scinque. 


152 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE RAINETTE. — Æy14. Laurenti. 


RAINETTE FAUVE. — Hyra Fuzva. N. 
Hyla, corpore fulvo ; dorso lneä longitudinal nigrä notato. 


CETTE rainette, qui est d'une grande taille, a une couleur 
générale fauve, parsemée de quelques légères marbrures de brun 
clair. Une ligne noirâtre prend entre les deux narines «et finit 
au milieu du dos ; une raïe brune règne tout autour de la mâchoire 
inférieure ; le derrière et les articulations fémorales sont d'un brun 
foncé ; l'extrémité de chaque phalange est revêtue en-dessous de 
deux ou trois houppes visqueuses. 

La patrie de cette rainette est le Brésil. Celle-ci a été trouvée 
à Rio de Janeiro, sur la route du jardin botanique. à 


ZOOLOGIE. 18; 


CHAPITRE VII 


Remarques sur quelques Poissons de mer. 


La nature de l'élément qu'habitent ces animaux, la difficulté de 
_se les procurer, et celle non moins grande de les observer avec 
fruit, ont fait que leur histoire est une des parties de la zoologie 
qui offrent le plus de lacunes. Si, dans la classe la plus brillante et la 
plus belle, celle des oïseaux, qui de tout temps a attiré les regards 
et fixé l'attention, on ignore encore la patrie de certains d'entre 
eux; si lon confond ou si l'on sépare à tort l’âge et les sexes, selon 
que les teintes varient, à combien d'incertitudes et de méprises 
nest-on pas à plus forte raison exposé en ce qui regarde les pois- 
sons marins, qui, dans le milieu où ils vivent, peuvent si aisément 
se soustraire à nos moyens d'investigation. Quoique les voyages 
nautiques soient les plus propres à ce genre de recherches, par la 
facilité qu'ils donnent d'explorer les côtes, le temps manque tou- 
Jours à ceux qui veulent observer. Former des collections est 
encore tout ce qu'on à pu faire jusqu'à présent. 

Avant de faire connoître les espèces nouvelles que nous avons 
apportées , nous hasarderons quelques considérations générales, 
quelques remarques surperficielles saisies à la hâte en sillonnant 
l'Océan; notions bien incomplètes sans doute, mais qui, jointes à 
celles qui viendront s'y rattacher par la suite, contribueront à combler 
les vides qui existent dans cette branche de l'histoire naturelle. 

Comme les animaux qui parcourent la surface de la terre, 
plusieurs habitans de l'onde ont leurs contrées, leurs parallèles, 


184 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

d'où ils ne s'éloïgnent guère, parce qu'ils y trouvent, selon la diver- 
sité de leur nature, la subsistance qui leur est propre, la fraîcheur 
et l'ombre ou la chaleur et la lumière qui leur conviennent. D’autres, 
ne se fixant nulle part, parcourent en vagabonds les vastes solitudes 
de l'Océan : ce sont ordinairement ceux qui, à l'instar des animaux 
carnassiers qui habitent la terre, font, au sein des ondes, une 
guerre perpétuelle aux espèces plus foïbles, destinées à satisfaire 
leur voracité. À leur tête sont Îles squales, parmi lesquels se dis- 
tingue le requin. | 

Ce nest point pour répéter tout ce qu'on a dit d'un peu exa- 
géré sur ce terrible animal, que nous allons en parler. Il est assez 
redoutable par lui-même, sans qu'il soit nécessaire de grossir encore 
l'effroi qu'il inspire. Nous n'avons à citer que quelques remarques 
faites sur le grand nombre de ceux que nous avons vus ou pris. 

Quoi qu'on en dise, le vrai requin | squalus carcharias | nous a 
paru habiter presque toutes les mers. Il fréquente l'Océan atlan- 
tique, la Méditerranée, les rives de l'Inde, les Moluques, les plages 
de la Nouvelle-Hollande et celles des archipels du grand Océan. 
Dans tous ces lieux, nous avons comparé les espèces entre elles, 
et par-tout nous avons reconnu une identité parfaite de formes. 

Les allures de cet anïfmal sont naturellement lentes, et nous ne 
lui avons Jamais vu la vivacité de certains autres poissons, même 
après qu'il a été légèrement blessé. Cette dernière circonstance 
donne lieu à remarquer, ou que sa sensibilité est très-obtuse, ou 
bien que le sentiment impérieux de la faim l'emporte sur la dou- 
leur; car on le voit revenir mordre et se prendre à l'appät qui 
l'a déchiré. 

Sa voracité est extrême dans certains cas : dans d’autres, elle 
est nulle, sans quon puisse en donner de bonnes raisons. Nous 
avons vu des requins rôder autour du vaisseau des journées en- 
tieres , refuser pendant long-temps la chair qu'on leur présentoit, 
enfin se laisser prendre, et ne rien offrir dans leur tube digestif. 


ZOOLOGIE. 185 


On a dit qu'ils ont la faculté de s'élancer hors de l'eau, pour 
saisir leur proie; nous ne l'avons jamais remarqué. On raconte 
l'histoire de ce matelot qui, en se baïgnant, fut poursuivi par 
un de ces animaux voraces: à ses cris, on lui lance une corde 
qu'il saisit, mais à peine a-t-il abandonné la surface de l'eau, que 
le requin furieux l'atteint et lui emporte une jambe. Nous nous 
arrêtons à combattre cette narration , parce qu'elle est évidemment 
contredite par tout ce qu'on sait des mouvemens que l'organisa- 
tion des squales peut leur permettre. Par la position de leur gueule 
au milieu et au-dessous d'un long museau, ils ne peuvent saisir 
une proie qu'en se renversant sur le côté ou sur le dos. Or, nous 
le demandons, dans une posture aussi défavorable, cet. animal 
peut-il s'élancer en soulevant une masse d’eau considérable qui 
pèse non-seulement sur son corps, maïs encore sur ses immenses 
nageoires pectorales, dont la direction constamment horizontale 
est un des plus grands obstacles à la faculté qu'on luï prête de 
bondir hors de l’eau. Sans nous en tenir au raisonnement, nous 
avons voulu, à plusieurs reprises, recourir à l'expérience; et c'étoit 
toujours en vain que nous présentions au requin le plus affamé, 
une amorce à six pouces de la surface de l’eau; il labandonnoit 
alors sans faire la moindre tentative pour la prendre. Jamais ces 
poissons n'ont le corps et la tête au-dessus du niveau de la mer; 
tout ce qu'ils peuvent faire, c'est de montrer l'extrémité de leur 
nageoire dorsale ; quelquefois, mais rarement, le lobe supérieur 
de celle de la queue; c'est même à ce premier signe que, dans 
le calme, on peut les reconnoître de loin. 

Nous croyons aussi qu'on a trop accordé à la puissance de leurs 
mâchoires et à l'action tranchante de leurs dents. Certes, aucun 
poisson nen a de mieux afhlées; mais si lon considère leur 
position très-oblique en arrière, qui fait que quelques-unes sont 
parallèles à l'axe du corps, et la manière dont elles se comportent 


les unes par rapport aux autres; si l'on examine le mécanisme des 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 2 À 


186 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


mâchoires,, qui, ne se correspondant pas, sont dans l'impossibilité 
de se fournir mutuellement un point d'appui, on verra qu'elles 
n'agissent pas perpendiculairement sur le corps à diviser, qu'elles 
ne peuvent le trancher net, s'il est très-résistant, comme un os, par 
exemple. D'après cela, nous regardons au moins comme exagéré 
ce qu'on rapporte d'hommes coupés en deux, ou qui ont eu les 
jambes emportées ; de semblables faits mériteroïent une confir- 
mation authentique. Toutes ces rangées de dents crénelées, diri- 
gées vers la partie postérieure, paroïssent plus spécialement des- 
tinées à déchirer et à vaincre les efforts d’une victime encore 
vivante dans le gouffre qui l’engloutit. Les squales ne peuvent briser 
et démembrer un homme que lorsqu'ils sont plusieurs tirant en 
sens contraire. C'est ainsi qu'à Caïenne on est encore effrayé de 
la mort vraiment horrible de notre malheureux confrère Robinet, 
qui, se baïgnant imprudemment trop au large, fut entraîné et 
dévoré par ces monstres. Le lendemain, on trouva ses membres 
épars sur le rivage. 

Nous leur supposons l'odorat très-développé. Cependant, la 
finesse de ce sens ne les porte pas à suivre les navires où il y a 
des malades, comme le disent les matelots. Ils n'apparoïssent jamais 
que dans les calmes ; et, pour peu que les voiles s'enflent, ïl ne 
leur est plus permis de suivre le vaisseau. 

I seroit fastidieux de relever toutes les puérilités qu'on a débitées 
sur les squales. Bien des marins ont encore l'imagination remplie de 
ce merveilleux que les premiers navigateurs répandoïent sur tous les 
objets qui avoient frappé leurs regards dans des contrées lointaines. 

Laïssons ces tyrans de la mer, dont les formes hideuses décélent 
la férocité, pour ne nous occuper que de ces belles espèces qui, 
vivant dans des ondes pour ainsi dire enflammées, approprient 
à leur substance l'éclat de la lumière, décomposent ses rayons 
et les reflètent de toutes les parties de leur corps en mille nuances 
aussi variées que brillantes. 


ZOOLOGIE. 187 

Ce seroit à tort qu'on croiroit que les poissons fourmillent au 
milieu de l'Océan. Il a, comme la terre, ses solitudes et ses déserts 
dans lesquels errent certaines espèces. Les coryphènes, la nom- 
breuse famille des scombres, qui vivent de chasse, n’ont point de 
limites fixes, et le traversent en troupes dans tous les sens. Ceux-la 
exceptés, et quelques autres encore, il arrive quelquefois au navi- 
gateur de parcourir des espaces de mer immenses sans rencontrer 
un seul de ces animaux. Ce n’estréellement que sur les grands bancs 
sous-marins et aux approches des côtes qu'on les voit en grand nom- 
bre : ils y trouvent des abris et des lieux commodes pour y déposer 
leurs œufs. 

Les régions équatoriales sont admirables par l'étonnante quantité 
de ces êtres animés qui pullulent de toutes parts. Sur ces fonds 
de peu de profondeur où l'œil pénètre sans obstacle, on ne sait ce 
qu'on doit le plus admirer, ou l'éclat des madrépores, des éponges, 
des alcyons et de tous ces animaux-plantes, ou bien les riches 
couleurs des poissons qui circulent dans ces parterres émaïllés de 
l'Océan. C'est là qu'habitent les chétodons comprimés, les glyphi- 
sodons, les pomacentres, les acanthures, &c. Les localités se pré- 
sentent-elles sous un aspect différent ; aux lieux calmes succède-t:il 
des côtes rocheuses battues par une mer profonde et limpide: alors 
s'offre l’éclatante tribu des balistes au nager vacillant et incertain, 
des labroïdes à lèvres charnues et rétractiles, des gomphoses, des 
diacopes, des scares, des caranx. Maïs par-tout l'or et l'argent mêlent 
leur teinte aux couleurs du prisme; par-tout dans la zone torride les 
mêmes dispositions ramènent les mêmes phénomènes. Ils se repro- 
duisent à l’île de France, à T'imor, dans les Moluques , aux Mariannes, 
dans les archipels de l'Inde et du grand Océan. Aux îles Mariannes 
sur-tout, où nous avons fait un long séjour, nous avons eu tout 
le loïsir de contempler cette fécondité organique. À Guam, devant 
Agagna, existent des récifs de madrépores qui découvrent à mer 
basse : alors, on voit de pauvres femmes enlever les branches de 


240 


188 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


coraux, dans lesquelles se sont refugiées toutes les petites espèces 
propres à ce climat, et les recevoir dans des paniers de feuilles de 
cocotier. La réunion de ces poissons forme le contraste de couleur 
le plus charmant qu'on puisse voir : il semble que l'imagination vaga- 
bonde d'un peintre aït tenté d'exécuter toutes les combinaisons de 
nuances que son art peut produire; et comme la plupart de ces 
riches parures ont été refusées aux poissons de la zone que nous 
habitons, on a long-temps douté, et l’on doute même encore, de 
l'exactitude des peintures de ‘ceux d'Amboine que Renard nous a 
transmises. Nous pouvons assurer que s'il y existe des erreurs, c'est 
plutôt dans les formes que dans ces merveïlleux reflets de couleurs 
quon diroit calculés à plaisir, et qui, pour le plus grand nombre 
des espèces, sont cependant reproduits d'après nature. 

I en est des poissons comme des oiseaux, des insectes, des 
végétaux; à mesure qu'on s’éloïgne, dans les deux hémisphères, des 
parallèles où règnent une chaleur et une lumière constantes, on 
leur voit perdre successivement leurs belles couleurs pour en 
revêtir de plus sombres, analogues aux fonds et aux rochers qu'ils 
fréquentent. Ce n'est pas qu'entre les tropiques on ne rencontre 
quelquefois des espèces peu brillantes, comme des baudroïes, des 
percis, des saurus et quelques pleuronectes, qui, fuyant la lumière, 
vivent habituellement à l'abri des fucus, dans les sables, ou sous 
la vase, et semblent en emprunter les couleurs ternes; de même 
que, sur certains points de notre climat tempéré, comme la Mé- 
diterranée et le golfe de Gascogne, on trouve des labres avec leur 
riche livrée : maïs ce ne sont que des exceptions à la règle générale. 

Déjà la baie des Chiens-Marins, quoique placée par environ 26° 
de latitude Sud, na plus de beaux poissons, mais de nombreux 
squales, d'où elle a tiré son nom, des tétrodons, des balistes peu 


2 « C’est une grande merveille que la diversité prodigieuse de ces poissons, tous d’une beauté 
» inimitable, et dont les couleurs sont aussi vives que les plumes des perroquets et que les ailes 
» des plus charmans papillons. » (Renard, tome 2, note de la planche 2.) Et il ajoute : « Ces 
» belles couleurs se fanent comme les fleurs, quand les poissons sont hors de l’eau. » 


ZOOLOGIE. 189 


brillans. Le Cap de Bonne-Espérance, situé par un parallele encore 
plus élevé, nourrit des gades, d'énormes sciènes, et des essaims de 
chimères antarctiques, animal informe qui ne meut sa lourde 
masse qu'au fond des eaux. On le prend à l'hameçon; cependant, 
l'un de nous se souvient que, lors d'un voyage antérieur dans cette 
contrée, il en vit pêcher, avec la seine, une quantité si grande 
que tout un canot en fut rempli. ; 

Les sillagos, les muges, les picarels et les sidjans, que l'on voit 
au Port-Jackson, ont tous des couleurs sombres. Il en est de même 
pour les poissons des Malouines. II est vrai qu’à l'exception de quel- 
ques muges qui se cachent dans les trous des ruisseaux d'eau douce, 
ces plages n'offrent point de grandes espèces; elles ne sauroïent s’y 
développer, parce que des milliers d'oiseaux aquatiques les dé- 
vorent en naissant. Chaque fois que nous jetions des filets, nous 
ne prenions pas dix livres de très-petites clupées, qui formoient 
l'espèce dominante. En évaluant à cinquante mille livres la con- 
sommation journalière de fretin que font ces oïseaux, nous croyons 
être au-dessous de la vérité; car l'estomac d’un manchot ou d’un 
cormoran bien repu en contient plus de deux livres. 

Pendant tout le temps que nous demeurimes sur les eaux 
bourbeuses et peu profondes de Rio de la Plata, l'équipage se nour- 
rit des silures qu'on prenoit en abondance à la ligne. Ce poisson, 
qui dans les fleuves du nord acquiert un si grand développement, 
atteint à peine ici la longueur de deux pieds. 

Bien que Rio de Janeiro soit sous le tropique, il offre peut-être 
une exception à la règle qui fait coïncider l'éclat des poissons 
avec la position des parallèles. La couleur de ceux que nous avons 
aperçus dans les marchés, est en général terne; ce sont des raies, 
la rhynobate sur-tout, quelques espèces de la famille des salmones, 
comme des curimates, des hydrocyns, des saurus, des scombres, 
&c. Nous n’y avons vu qu'une ou deux fois des labroïdes en petite 
quantité; mais les gals et les trichiures y abondent. 


190 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Les îles volcaniques des Sandwich, principalement celles qui 
n'ont point de ports, dont les eaux sont limpides, semblent être 
plus spécialement habitées par les labres. On ne voyoiït pour aïnsi 
dire que des poissons de ce genre dans les pirogues qui revenoïent 
de la pêche. Ceux que nous représentons viennent d'Owhyhi et 
de Movwi. Les naturels les mangent crus au sortir de l'eau et encore 
palpitans. Lorsqu'ils pêchent à la ligne, ïls ont la singulière habi- 
tude d’attacher une pierre près de l’hameçon pour le faire couler, 
mais de manière que lorsqu'il est au fond, elle puisse se détacher, 
en donnant un léger coup. Nous ne savons pas s'ils ont reconnu 
un avantage particulier à cette méthode, qui nécessite un nouveau 
caillou pour chaque fois qu’on retire la corde. H sembleroiït bien plus 
simple de l'y fixer à demeure. 

Les labres ne paroïssent point fréquenter en grand nombre les 
côtes coralligenes et herbeuses des Moluques et des Mariannes. 
Ils cèdent la place aux espèces que nous avons précédemment 
énumérées. 

Dans ces belles mers où l’on navigue païisiblement, il nous est 
quelquefois arrivé de déplacer des poissons, qui, lorsque nous 
passions près de quelque île, prenoïient notre navire pour leur 
rocher accoutumé , et le suivoient dans sa route. Nous avons vu, 
de cette manière, des chétodons, des glyphisodons, nous accom- 
pagner pendant près d'un mois. Dans le jour, ils fuyoiïent l'éclat 
du soleil et cherchoïent l'ombre sous les flancs de la corvette. 
Aïnsi, lorsque dans la haute mer on rencontre de petites espèces 
qui semblent comme perdues, c'est que, le plus souvent, elles y 
ont été entraînées par les courans, à l'abri des fucus ou de grands 
arbres déracinés. Ce besoin de se mettre à couvert leur est quel- 
quefois funeste, quand le hasard les conduit dans des parages où 
il existe beaucoup de physalies : trompées par la vue des longs 
tentacules bleus de ces zoophytes, qui leur offrent l'apparence 
des plantes marines qu'elles affectionnent, elles s’en approchent 


ZOOLOGIE. 191 


et sont frappées, au moindre contact, par une brûlante électricité 
qui les tue. 

Les poissons ne nous ont jamais paru phosphorescens par eux- 
mêmes pendant leur vie : nous donnerons, dans un article relatif 
à la phosphorescence de la mer, les raïsons qui ont pu quelquefois 
accréditer cette croyance. 

Ces animaux sont sujets à rencontrer dans les eaux, des causes 
délétères inconnues qui instantanément en détruisent un grand 
nombre. C'est aïnsi, par exemple, que M. Dussumier, négociant 
de Bordeaux, qui se plait à contribuer aux progrès des sciences 
naturelles , a remarqué sur les côtes du Pégu, pendant plus de 
vingt lieues, une énorme quantité de centrisques de l'espèce scuta- 
tus , qui étoient morts, et que pareïllement M. Salt a vu, en sep- 
tembre 1809, par environ 8° de latitude Sud, à cinq lieues de la 
côte de Zanguebar, non loin du cap Delgado, le temps étant très- 
frais, un banc de plusieurs milliers de poissons morts qui flottoient 
sur l'eau. C'étoient principalement des spares, des labres et des 
tétrodons. Ils sembloïent, d'après la vivacité de leurs couleurs et la 
rougeur de leurs oulïes, avoir cessé de vivre tout récemment. Le 
lendemain ïl rencontra encore un autre banc de poissons; mais 
ceux-ci étoient en putréfaction. ( Deuxième Voyage en Abyssinie , 
traduction française, tome Î, pag. 119 et 120.) 

Dans l'état actuel de nos connoïssances en zoologie, il est 
probable que c'est parmi les poissons qu'il y a le plus d'espèces 
à faire connoître, ce qui tient aux causes que nous avons indi- 
quées au commencement de ce chapitre. 


192 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE IX. 


Description des Poissons. 


SEINS SSI PSS SF II IS III 


IIIF SISE SES SISE SI SIIS SSII LSIIS III TS ISIIS SSII SSII SITE" 


SOUS-GENRE ROUSSETTE. — Serzzium. Cuv. 


ROUSSETTE FREYCINET , mäle, — Scyizium FREYcINETI. Cuv. 


Scylhum, naribus fimbriatis ; pinnä ani sub caudä, pectoralibus ven- 
tralibusque latis, rotundatis ; corpore subrubente , fusco annulato. 


CE poisson, que nous avons rapporté de l'ile Vaigiou, appartient 
à la division des roussettes étrangères de M. Cuvier : nous lui con- 
servons le nom spécifique que ce savant lui a D dans les gale- 
ries du Muséum. 

Notre individu a environ un pied de long; son corps, arrondi - 
et gros en avant, devient effilé graduellement ; son museau est obtus 
et arrondi; la bouche, peu éloïgnée, n'en est séparée que par les 
narines, qui sont frangées. Les lèvres sont saïllantes, plissées ; les 
dents petites, nombreuses, et sur plusieurs rangées. Les évens, 
beaucoup plus grands qu'ils ne le sont ordinairement dans ce sous- 
genre, sont placés très-près et au-dessous des yeux. Les quatrième 
et cinquième ouvertures des branchies sont plus rapprochées l'une 
de l’autre que les précédentes, et en partie cachées par la base des 
pectorales. Ces nageoires, de même forme que les ventrales, maïs 


ZOOLOGIE. 193 


un peu plus larges, en sont éloïgnées de neuf lignes. Les deux 
dorsales, de grandeur égale, sont triangulaires et obtuses ; leur 
distance entre elles est de quatorze lignes. L'origine de la première 
correspond au milieu des ventrales. L'anale, petite, alongée et 
tout-à-fait reculée sous la caudale qu'elle touche, ne paroît être 
que son premier lobe. Cette dernière nageoiïre, comprimée , comme 
tronquée à son extrémité qui offre l'indication d’une échancrure, 
est formée de deux lobes distincts, dont le premier est le plus grand. 

Les appendices génitaux sont peu saïllans, ce qui doit faire 
supposer que cet individu est un Jeune. 

La peau est très-rude. Le fond de la couleur est rougeâtre, avec 
de larges anneaux d'un brun rougeâtre aussi, mieux dessinés vers 
la queue. Les dorsales ont chacune deux taches arrondies, de même 
teinte. 

Les deux individus que nous avons déposés au Muséum ont un 
peu souffert. 


Voyage ae l'Uranie. — Zoologie. ; 215) 


194 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SoUus-GENRE REQUIN. — CARCHARIAS. Cuv. 


REQUIN A NAGEOIRES NOIRES.—CARCHARIAS MELANOPTERUS. N. 


SQUALUS CARCHARIAS MINOR. Forskal. For. ægyp. arab. Amphibia, p. 20. 
SQUALUS USTUS. Duméril. 
Oui, en idiome de Guébé. 


PLANCHE 43, fig. 1 et 2. 


Carcharias subfulvus , piunis omnibus apice nigris. 


LE squale dont nous donnons la figure, a été connu de Com- 
merson, qui en a laissé dans ses manuscrits une esquisse au crayon, 
laquelle à été reproduite dans le grand ouvrage de M. le comte 
de Lacépède, à la planche #, figure 1 du tome 1.”, sous le nom de 
squale requin. 

Nous ne croyons pas que ce soit cet individu que Commerson . 
ait voulu décrire sous le nom de requin proprement dit, car ül 
ne fait que l'indiquer comme une variété, qu'il n'a pas vue plus 
grande que le dessin qu'il en donne. C'est cependant une espèce 
bien distincte : elle n'acquiert pas, ïl est vrai, les dimensions des 
grands squales, maïs nous nous sommes convaincus que sa longueur 
peut aller au-delà de quatre pieds. 

Du reste ses caractères génériques diffèrent si peu de ceux du 
requin ordinaire, que nous emprunterons à M. de Lacépède ce 
que nous avons à en dire, en y ajoutant les particularités spéci- 
fiques du nôtre. 

Sa longueur est d'à-peu-près vingt pouces ; le museau est aplati 
et très-rond vers le bout, bien qu'il paroïsse pointu dans le dessin, 
où on le voit de profil; mais la figure 2 en donne une plus Juste 


ZOOLOGIE. 195 


idée, de même que de la configuration de la gueule. Les dents 
de la mâchoire inférieure sont pointues; celles d'en-haut, plus 
aplaties, triangulaires et découpées sur leurs bords. 


» 


> 


2 


» 


2 
Ÿ 


« Toute la partie antérieure du museau est criblée, par-dessus et 
par-dessous, d'une grande quantité de pores répandus sans ordre, 
très-visibles, et qui, lorsque l'on comprime fortement le devant 
de la tête, répandent.une espèce de gelée épaisse et cristalline. 
» Les ouvertures des branchies sont placées, de chaque côté, 
plus haut que les nageoires pectorales. Ces branchies, semblables 
à celles des raïes, sont engagées chacune dans une membrane 
très-mince. 

‘» Toutes les nageoires sont fermes, roïdes, cartilagineuses. Les 
pectorales, triangulaires et plus grandes que les autres, s'étendent 
au loin de chaque côté. La première dorsale plus élevée et plus 
étendue que la seconde, placée au-delà du point auquel corres- 
pondent les nageoires pectorales, et égalant presque ces dernieres 
en surface , est terminée dans le haut par un bout un peu arrondi. 
» Plus près de la queue, et au-dessous du corps, on voit les 
deux nageoires ventrales , qui s'étendent jusqu'aux deux côtés de 
l'anus, et l'environnent comme celles des raïes. 

» La seconde nageoïire du dos et celle de l'anus ont à-peu-près 
la même forme et les mêmes dimensions; elles sont les plus 
petites de toutes, situées presque toujours l’une au-dessus de 
l'autre, et très-près de celle de la queue. 

» Au reste, les nageoires pectorales, dorsales, ventrales, et de 
l'anus, sont terminées en arrière par un côté plus ou moins 
concave, et ne tiennent point au corps dans toute la longueur 
de leur base , dont la partie postérieure est détachée et prolongée 
en pointe plus ou moins déliée. 

» La nageoiïre de la queue se divise en deux lobes trèsinégaux : 
le supérieur est deux fois plus long que fautre, triangulaire, 
courbé, et augmenté aupres. de sa pointe d'un petit appendice 


25 


196 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


» également triangulaire. Auprès de cette nageoïre, se trouve, sur 
» la queue, une petite fossette faite en croissant, dont la concavité 
» est tournée vers la tête. » 

Nous ajouterons que, dans le requin à nageoires noires, qui est 
un mâle, les appendices de la génération sont peu saïllans, et que 
son museau-est plus arrondi et moins pointu à l'extrémité, que dans 
les autres individus du même sous-genre. II diffère beaucoup encore 
pour la couleur, qui est d'un cendré jaunätre, tandis qu’elle est d’un 
brun foncé dans le squalus carcharias. La sclérotique est verdâtre s 
l'iris jaune et la pupille transversale. Inférieurement , on remarque 
une double fausse paupière aussi rude que la peau extérieure et 
susceptible de recouvrir l'œiïl. Enfin, à l'extrémité de chaque na- 
geoire est une tache noire, plus foncée sur la première dorsale, 
les pectorales et le lobe inférieur de la caudale. 

Ce poisson provient de l'ile Vaïgiou. 

Étant aux îles Mariannes, nous en avons vu, sans pouvoir nous 
en procurer, qui surpassoient celui-ci de plus du double en dimen- 
sion. Les pêcheurs leur font la guerre pour les empêcher de manger 
ou d’effaroucher les poissons auxquels ils tendent leurs filets dans 
des endroits resserrés où l’eau est peu profonde. 

Ces animaux nous ont paru avoir l'ouïe très-fne et bien meilleure 
que la vue; l'un deux que nous observions sur le rivage, arrivoit 
très-près du bord sans nous apercevoir, et ce n'étoit que lorsque 
nous venions à parler qu'il s'enfuyoit avec beaucoup de vitesse. 

D'après ce que dit Commerson de ce squale et d’après ceux 
que nous avons vus, nous ne pensons pas qu'il faille croire avec 
les Arabes, comme le dit Forskal, que la couleur noire de l'extré- 
mité des nageoires soit susceptible de disparoître avec l'âge. D’aïl- 
leurs cette espèce a encore un caractère distinctif; c’est sa couleur, 
qui n’est jamais semblable à celle du requin ordinaire, quel que 
soit son âge. 


ZOOLOGIE. 197 


Sous-GENRE LEICHE. — Scrmnus. Cuv. 


LEICHE LABORDE, mäle, — SCYMNUS BISPINATUS. N. 


PLANCHE 44, fig. 1 et 2. 


Scymnus, corpore cylindrico, nigricante; pinms pectoralibus apice 


albidis, ventralibus spinatis. 


CETTE leïche, qui na que sept pouces quatre lignes de long 
et dont la couleur est brune foncée, presque noire, est le seul 
individu de son espèce que nous ayons pu nous procurer à l'île 
de France. C'est très-probablement un jeune. Son corps est alongé, 
presque cylindrique ; sa tête et son museau sont arrondis ; ses 
narines, largement creusées sur les parties latérales de ce dernier, 
présentent une petite membrane qui semble les diviser comme en 
deux portions, dont la supérieure est arrondie. Les yeux sont grands, 
situés vers le sommet de la tête; les paupières ne sont point rondes 
et forment un angle en arrière; la pupille est jaune et orbiculaire. 
Les évens, placés à quelques lignes ‘en arrière des yeux, forment 
comme un D majuscule, dont la convexité seroït tournée en 
avant; ils sont divisés par une membrane verticale. La bouche est 
à neuf lignes de l'extrémité du museau ; elle est légèrement arrondie 
et paroît plus grande qu'elle ne l'est réellement, par les plis que 
forment les commissures des lèvres. La mâchoire inférieure n'a 
qu'une seule rangée de dents trèsaiguës et tranchantes, un peu 
inclinées les unes à droite, les autres à gauche ; la mâchoire supé- 
rieure en présente plusieurs rangées plus petites et droites. Les 
cinq trous branchiaux viennent peu après et se trouvent dans la 
direction de la commissure des lèvres; le dernier finit où com- 


198 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


mencent les nageoires pectorales, qui sont peu grandes, arrondies, 
noires à la base et blanches dans le reste de leur étendue. La 
première dorsale, excessivement petite, est fort éloignée des pec- 
torales ; la seconde, plus alongée, a peu d’étendue en hauteur. 
La queue est alongée, grêle, et sa nageoïre est arrondie dans les 
deux lobes qui la forment. Les ventrales, placées très en arriere, 
sont fort petites et terminées chacune par un aiguillon. Les ap- 
pendices de la génération, qui se trouvent à leur partie interne, 
sont proportionnellement très-développés : à leur base se voit un 
petit prolongement creux et conique, qui est peut-être le fourreau 
de l'organe excitateur. 

Nous dédions ce poisson à la mémoire d'un ofhcier distingué 
de notre expédition, M. Théodore Laborde, mort pendant le 
voyage de /’Uranie. 

Un autre très-petit individu femelle , pris par nous au Brésil, et 
nommé scymnus brasiliensis par M. Cuvier, a à-peu-près la forme du 
précédent; mais il se fait remarquer par la grosseur démesurée de 
sa mâchoire inférieure, par sa gueule plus rapprochée de l'extrémité 
de son museau, par la largeur plus grande de ses nageoires dor- 
sales, et par l'absence d'aïguillon aux ventrales. Les deux lobes de 
la caudale sont aussi plus profondément divisés. Enfin, sa couleur 
est d’un brun plus clair, et l’on remarque une large bande d'un brun 
foncé sous la gorge. 


ZOOLOGIE. s 199 


Sous-GENRE TORPILLE. — TorPEpo. Dumér. 


TORPILLE ŒILLÉE — Torrepo ocELLaTa. N. 
T'orpedo , corpore orbiculari, subrubro, maculis fuscis notato. 


LA baïe de la Table, au Cap de Bonne-Espérance, est la patrie 
de cette petite torpille, dont le corps est presque entièrement orbi- 
culaire. Son diamètre est de vingt-une lignes ; sa queue, assez grande, 
large à son origine, a deux pouces quatre lignes de longueur; sa 
bouche est grande, ses mâchoires sont proéminentes, ses dents petites 
et aiguës. Le dessous du corps est d'un blanc rosé, et le dessus, rou- 
geâtre, est parsemé de taches livides, irrégulières, plus foncées à 
leur contour qu'à leur milieu. Les yeux sont bordés de petites granur- 
lations. L'ouverture anale est large. 


200 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-cENRE MOURINE — Raïa. Linn. ; MyLroBATis. Dumér. 


RAIE A CINQ AIGUILLONS. — Raïa QUINQUEACULEATA. N. 


FANIHI TASSI, en langue des îles Mariannes. 
MURCIELAGO DE LA MAR, par les Espagnols qui habitent cet archipel. 


PLANCHE 43, fig. 3. 


Raïa, rostro elongato in orbem desinente ; corpore ocellis cæruleis 


notato ; caudà quinque aculers longissinmms erenatis armatä. 


Nous nous bornerons à fixer l'attention sur cette singulière espèce 
de raïe, prise à Guam, une des îles Mariannes, et dont le dessin, 
fait sur les lieux par M. Arago, a malheureusement été perdu. Ayant 
seulement pu conserver la queue d’un animal aussigrand, nous l'avons 
déposée au Muséum, et nous n'avons pas hésité à la faire repré- 
senter dans nos planches. 

La raïe à laquelle cette queue appartenoït, du poids d'environ cent 
livres, a le museau alongé et arrondi à son extrémité. Sa couleur 
générale est d’un brun foncé, parsemé de taches rondes d’un bleu 
céleste. La forme particulière de sa queue armée de cinq dards très- 
longs, barbelés et saïllans à l'extérieur, nous a déterminés à lui 
donner le nom de raie à cing agullons. Nous ne pouvons dire 
précisément quelle est la longueur de cette queue, parce qu'elle 
nous a paru tronquée par accident. On trouve dans Aldrovandi la 
figure d’un de ces poissons à deux aiguillons; mais jusqu'ici on 
n'en connoïssoit pas qui en eussent cinq. 

Les habitans des iles Carolines, qui, sans boussole et seulement 
à l'aide des étoiles, se hasardent dans de frêles esquifs à faire des 
traversées de cent lieues, montent sur un manche plusieurs de ces 
dards, et s'en servent, dans leurs pratiques superstitieuses, pour 
conjurer la tempête. 


ZOOLOGIE. 201 


GENRE DIODON. — Droponx. Linn. 


DIODON BLEU, — DropoN CÆRULEUS. N. 


PLANCHE 65, fig. 5. 


Diodon, dorso cϾruleo ; ventre nigro punctato ; aculeis densis, Basi 


triquetris. 


CE poisson, dont la forme paroîïtra toujours singulière, a été 
pris sous l'équateur, au Nord de la Nouvelle-Guinée, par 1 42° de 
longitude à l'Est de Paris. M. Taunay en a représenté les couleurs. 
Cependant nous ne pouvons indiquer exactement les caractères 
des nageoires, parce que l'individu s'étant conservé en boule dans 
l'alcool, elles se sont desséchées au point que nous n'avons pu 
compter que douze rayons à celle du dos et une vingtaine environ 
aux pectorales. 

Mais le dos et les côtés de ce diodon colorés d’un beau bleu, 
son ventre argenté et ponctué de noir, le feront facilement distin- 
guer des autres espèces. Ses nageoires sont arrondies, il a les yeux 
grands et argentés; et les piquans, fixés au corps par trois points 
triangulaires , sont très-développés en raison de la petitesse de 
l'animal. 

Ayant parcouru long-temps les contrées équatoriales, nous avons 
rencontré beaucoup de ces poissons, qui ne se plaïsent que dans 
les températures élevées. On ne les mange point : aux iles Mariannes, 
on en a même une certaine horreur, parce qu'on les croit veni- 
meux. Seroit-ce parce qu'ils se nourrissent quelquefois de madré- 
pores! Lors de notre séjour sur ces îles, nous trouvâmes dans l’es- 


tomac d’un de ces animaux plus d’une livre de débris pierreux du 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 26 


202 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


madrépore prolifère. Un accident nous priva de faire les expé- 
riences qui auroïent pu constater si sa chair est malfaisante ou non. 
Nous reviendrons sur cet objet lorsque nous traiterons des polypes 
à enveloppes pierreuses. | 


ZOOLOGIE. 203 


GENRE TÉTRODON. — TErrAoDON. Linn. 


TÉTRODON BARIOLÉ. — TETRAODON STRIOLATUS. 


Téetraodon orbicularis ; dorso fusco, lines cærulescentibus notato ; 
basi pinnæ dorsals oculo lato maculatä ; caudä rotundä. 


Do tP us ANS GIE: 


CE tétrodon, ainsi que la plupart des individus de ce genre; a 
une forme bien difficile à déterminer. Cependant, comme il est 
de ceux qui se mettent promptement en boule au moyen de l'air 
qu'ils avalent, il est tout orbiculaire par-devant. Le sommet de la 
tête présente une saillie. La queue est forte, épaisse, et sa nageoire, 
légèrement arrondie, est composée de huit rayons ; l'anale, qui est 
très-petite, en a le méme nombre ; la dorsale en compte neuf, et 
les pectorales en ont quinze. 

Les épines qui recouvrent tout le corps de ce poisson sont petites 
et peu saïllantes. La couleur du ventre est blanc jaunâtre; celle de 
la tête, du dos et de la queue, est brune avec des lignes bleuâtres 
symétriquement parallèles; sur le museau et la tête, elles forment 
des demi-cercles dont la concavité est tournée en arrière; sur les 
flancs, elles sont longitudinales et inégalement ondulées. A la base 
de la nageoïre dorsale se voit une raïe noire, au-dessous de laquelle 
est une large tache brune entourée d’un cercle bleuâtre. 


La longueur de ce tétrodon est de trois pouces. I habite l'ile 
Timor. 


210 


204 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


TÉTRODON FUNÈBRE. — TETRAODON LACRYMATUS. 


Tetraodon fuscus ; corpore et pinnis punctis albidis irroratis ; caudé 
rotundé. 


Nous joïgnons ici le tetraodon lacrymatus , assez grande espèce 
ainsi nommée par M. Cuvier, parce que tout son corps est parsemé 
de gouttelettes blanches, serrées, sur un fond très-brun. | 

I a sept pouces de longueur; sa forme est alongée; ses mächoires 
sont très-fortes; toutes ses nageoires arrondies et couvertes aussi 
de taches blanches. Les petits piquans dont le corps est recouvert 
sont plus nombreux au ventre et sur le dos. 

Nous l'avons rapporté des îles Sandwich. 


ZOOLOGIE. 205 


Sous-GENRE BALISTE. Cuv. — BALiISTEs. L. 


Division des balistes proprement dits, dans laquelle la queue estarméed'épines 
courbées en avant , avec des écailles plus grandes derrière les ouies. 


BALISTE PRASLIN. — BALISTES PRASLINENSIS. 


Commerson, manuscrits, 4.° cah. 
Lacépède, tom. 1, pag. 363. 
SOUME, en idiome de Guébé. 


: PLANCHE 46, fig. 1. 


Balistes, pinnä dorst primatä radiatà, triple aculeorum ordine ad 
Basin caudæ, lineä purpureä à supremo rostro ad basim pectoralium, 
maculà latissimä nigrä medium utrinque latus occupante. Comm. 


2 HD 240 PS A 2 ra Cr 12 


Nous donnons une figure de ce poisson, que Commerson n'a 
fait que décrire et qu'il a trouvé au milieu des rochers de l'île 
Praslin. Notre individu, dessiné sur le vivant par M. Taunay, pro- 
vient de l'île Vaigiou. Sa forme est un losange alongé. Ses lèvres 
sont grosses, charnues, et son front élevé par la saïllie des orbites. 
L'œïl est jaune. Le fond de la couleur est jaunâtre. Les lèvres, 
le haut du museau et les deux plus longs rayons de la queue sont 
rosés. On remarque une bande bleu de ciel au-dessus de la lèvre 
supérieure : elle est côtoyée par une ligne rouge, qui l'abandonne 
pour se porter vers la nageoire pectorale, à l'extrémité d'un large 
triangle diversement coloré, qui part de l'œil. Les nuances de cette 
sorte de bandeau vertical sont le noïr liséré de bleu, avec une 


206 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

ligne semblable au milieu; deux bandes jaunes en forment f'exté- 
rieur. En arrière est une large plaque noïre touchant à la nageoire 
de l'anus; une teinte de la même couleur se montre à la queue. 
La grosse épine dorsale est bleue. 

A la partie supérieure on voit des vestiges irréguliers de la ligne 
latérale. L’os du bassin est carré et mobile. . 

Le plus fort des troïs aiguillons de la première nageoiïre du 
dos, simplement rugueux en-devant, peut se cacher entièrement 
dans sa fossette. La seconde nageoire, arrondie, est composée de 
vingt-quatre rayons; celle de la queue en a douze, formant un 
arc de cercle au milieu, et dépassés sur les bords par deux plus 
longs. L'anale, à-peu-près de même grandeur que la dorsale, en 
a vingt-un, et les pectorales treize. Derrière les ouïes se trouvent 
trois écailles grandes, orbiculaires et striées:; celles du reste du 
corps sont, en général, losangées; elles ne deviennent rhomboï- 
dales irrégulières qu'au ventre, à la gorge et aux joues; toutes sont 
comme chagrinées. 

La queue a trois rangs d’aiguillons sur les côtés : le supérieur, 
moitié moins long, n'est formé que de quatre épines. 


BALISTE MÉDINILLA. — Barsres Mepiniza. N. 


PLANCHE 46, fig. 2. 


Babstes, primo dorsal aculeo levi; macul& nigrä infra oculos et ante 
pinnam ant; vittà latà triangulari flavo-nigrä , apice verso ad rostrum ; 
caudä rotunda. 


CE poisson, dessiné sur le vivant par M. Taunay, a été perdu 
ensuite. Il provenoit des îles des Papous. 


ZOOLOGIE. . 50% 

Sa partie supérieure est arrondie, peu élevée ; son ventre est 
saïillant. La seconde nageoïire du dos, celle d'en bas et la caudale 
sont noirâtres et arrondies. La première dorsale est noire; le plus 
fort de ses aïguïllons, court, pointu, épais et lisse. 

L'extrémité des lèvres est rosée, avec un cercle bleu de ciel 
Le reste de la couleur, jusqu'au-dessous du ventre, est d’un jaune. 
sale, ainsi que le dos. 

Au-devant de l'œil est une bande transversale triangulaire, on- 
dulée, jaune, avec deux lignes d’un beau bleu. Vient ensuite une 
plaque noire embrassant l'œil dans la moitié inférieure de son 
orbite, et s'étendant jusqu'aux pectorales, qui sont blanches, avec 
une ligne rose à leur base. Une raie bleue, prenant au-dessus de 
l'œil, suit le contour de la plaque noire et va se rendre à la 
sommité du triangle que représente l'espèce de chevron brisé qui 
embrasse la partie postérieure de l'animal. Sa pointe est dirigée 
en avant, et il est formé par deux bandes noirâtres lisérées de jaune. 
Au-dessous de lui et sur le devant de la nageoïre anale, se trouve 
une large plaque irrégulière d’un noir foncé. 

La queue, de même couleur que les nageoïres dorsale et anale, 
a de plus une teinte rougeâtre à son extrémité. Les écailles sont 
triangulaires et chagrinées. 

Nous dédions ce baliste à Don Joseph de Médinilla y Pinéda, 
gouverneur des îles Mariannes, en reconnoïssance de l'accueil si 
obligeant et si généreux que notre expédition et nous tous en par- 
ticulier avons reçu de lui. 


208 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


BALISTE LAMOUROUX. — BaustTes Lamouroux. N. 


PLANCHE 47, fig. 1. 


Balistes, corpore myricante, lineis rubris duabus ex ore procedentibus, 
plurimis similibus suprà recurvis, caudä rotundä lemniscatä, cum duplici 


ordine aculeorum. 


25-29 HP AC ere 


CE poisson a le corps alongé, noir, varié de lignes rouges dans 
l'ordre suivant : une première part du museau et se porte à la 
nageoire de l'anus; une seconde commence à la lèvre supérieure , 
envoie une branche à la mâchoire d'en bas et se termine au-dessous 
des pectorales. 

Quatre ou cinq autres plus déliées prennent naïssance dans les 
environs de la première dorsale, décrivent en arrière une ligne 
parabolique, et remontent vers la nageoïire dorsale, où elles se ter- 
minent. L'une d'elles, qui suit ce trajet, ne commence que vers 
la pectorale, de même que trois autres, qui, ne formant qu'une 
simple courbure, se portent vers la nageoire inférieure. I y a un 
peu d'irrégularité dans les deux premières raies supérieures, tandis 
que les autres sont parallèles entre elles. 

La queue est armée de cinq épines, sur deux lignes. Sa nageoire 
arrondie a six rayons épais colorés en rouge et quatre en bleu, 
qui alternent pour les couleurs; au milieu on en voit d'autres 
rougeâtres plus déliés. 

Les nageoires du dos et de lanus sont assez étendues; leur 
teinte est jaune et leurs rayons rougeätres, avec un point noir à 
la base de chacun. La supérieure en compte vingt-neuf et l'in- 
férieure vingt-cinq. La grande épine dorsale est lisse, pointue, 


ZOOLOGIE. 00 


et la membrane qui la soutient, jaune, avec une tache noire. Les 
pectorales, peu développées, sont rouges. 

Les lignes qui, sur la surface du poisson, forment par leur 
croisement des losanges grenus, sont par-tout triples. L'œil est 
petit et l'extrémité du bassin peu saïllante. 

Nous obtinmes ce poisson des habitans des Carolines, lorsque 
nous passämes entre leurs îles. M. Taunay le dessina sur-le-champ: 
mais la pénurie de vivres frais dans laquelle nous étions, ne nous 
permit pas dele conserver; etil fut donné, ainsi que plusieurs autres, 
à nos nombreux malades. 

Nous l'avons dédié à l'auteur de l'Histoire des polypiers, M. La- 
mouroux, correspondant de l’Institut royal de France et professeur 
d'histoire naturelle à l'académie de Caen. 


BALISTE OXLEY. — BALISTES JACKSONIANUS. N. 


Balistes, corpore glauco, ovato, anticè rotundo ; pinnis dorsi, ani, 
caudæque rotundis , maculatrs. 


2 D 427.10 MA 22 NC 12 


CE tres-petit baliste a une forme ovale, presque arrondie, le 
museau très-obtus et le bassin un peu saïllant. Sa couleur est glauque, 
avec de légères taches noires aux nageoïres et sur quelques parties 
du corps, lequel est recouvert de petites épines aiguës, recourbées 
en arrière et placées en quinconce. L'œil est argenté ; derrière lui 
s'élève l’aïguïllon de la première nageoiïre dorsale, qui est rugueux 
par-devant ; la seconde dorsale, l’anale et la caudale sont arrondies : 
elles comptent, lune vingt-sept rayons, l'autre vingt-deux, et la 
troisieme douze ; les pectorales en ont quinze. 

On remarque au dos, sur les côtés de la raïinure qui reçoit le 
premier aiguïllon , des épines plus fortes que celles du corps. 


Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 27 


0] 


210 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


La longueur de ce poisson est de quinze lignes; sa hauteur, de 
huit ,et son épaisseur, de troïs à-peu-près. 

Nous l'avons pris dans la rade de Sydney, au Port-Jackson, et 
nous le dédions à M. John Oxley, ingénieur-géographe de la colonie. 


BALISTE ANGULEUX. — BaArISTES ANGULOSUS, 


Babstes, corpore nigricante ; rostro obtuso ; aculeo dorst robusto, an- 
trorstm Sptnoso ; pinmes dorst anique triangularibus ; caudà Brevi, rotundä. 


2 Di230 PP; 152 A V204C; 12: 


LA forme de ce baliste est subovalaire ; son front est élargi, avec 
une petite carène au milieu; son museau arrondi, ses dents sont 
tranchantes et pointues ; la bouche et l'œil sont petits. C'est assez 
en arrière de ce dernier que s'élève le court et fort aiguillon de 
la première dorsale, lequel offre en avant trois lignes d'épines. 
L'extrémité du bassin est saïllante , rugueuse, et derrière sont d'assez 
fortes épines. 

Les nageoires du dos et de l'anus sont élevées, triangulaires, 
obtuses, rejetées en arrière, et presque aussi grandes l'une que 
l'autre ; cependant la première a vingt-trois rayons et la seconde 
n'en a que vingt ; le lobe de la queue est quadrilatère et la nageoire 
arrondie ; les pectorales, très-petites, dirigées en haut, sont formées 
de quinze rayons. Le corps est noir et recouvert de petits piquans 
écartés, à base triangulaire et penchés en arrière. 

La longueur de ce poisson est de troïs pouces; sa hauteur de 
vingt lignes et son épaisseur de six. I habitoit les eaux des îles 
Sandwich. 


ZOOLOGIE. DIU 


our MONACANTEHE. Cuv. 


BALISTE PELLION. — BaxisTEs spiNosissiMus. N, 


PLANCHE 45, fig. 3-8. 
Balstes, corpore glauco, spinosissimo, punctis lnersque migris sparso. 
2,°, DEP. '12 AN 23 C\12."8 


CE baliste a le corps très-comprimé, suborbiculaire; le front 
forme avec l'axe longitudinal un angle de près de 45°, tandis que 
le dos et le ventre décrivent une ligne ronde. Le museau est 
alongé ; les mâchoiïres sont fortes, munies de six dents en haut 
et de quatre en bas , lesquelles paroïssent formées de deux plaques 
osseuses superposées. Les yeux sont grands, ronds, argentés, et 
placés au sommet du front. Toutes les nageoïres sont arrondies et 
flexibles : la seconde dorsale, distante de près d'un pouce de la 
grande épine, a vingtcinq rayons ; l'anale, vingt-trois ; les pec- 
torales et la caudale, douze chacune ; cette dernière est très- 
large. L'épine qui constitue la première nageoire du dos, a dix 
lignes de hauteur; elle est hérissée de piquans assez forts. L’os 
du bassin, tres-extensible, est terminé par de petites pointes en 
forme de roue ; et tout-à-fait à son extrémité est un petit appen- 
dice articulé et rugueux. 

Le corps est couvert d’épines excessivement fines et poin- 
tues , toutes dirigées en arrière. Celles du ventre, des joues et 
du contour de l'œil sont multifides, quelquefois rayonnées, tandis 
que celles des autres parties n’ont que deux pointes ou bien une 
seule, Le côté qui s'implante dans la peau est concave. Les rayons 


27 


2112 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


des nageoiïres dorsale, caudale et anale sont aussi parsemés de 
petits aïguillons. On remarque çà et là de légers appendiïces charnus 


et flottans comme dans le baliste pénicilligère de Péron. 
La teinte générale de cetindividu, dans son état naturel, est un vert 


de mer clair parsemé de points noirs sur les joues et de lignes noires 
ponctuées et longitudinales sur le reste du corps : des taches pareïlles 
existent sur les membranes qui réunissent les rayons des diverses 
nageoires, et l'on remarque près du dos deux macules noirâtres. 

Ce baliste provient de la baie des Chiens-Marins, à la Nou- 
velle-Hollande; il a été assez facilement pris à la main par l'un 
de nous, à une-très-petite profondeur. Sa longueur est de cinq 
pouces dix lignes; sa hauteur, de quatre pouces, prise de l'extré- 
mité de l'épine dorsale à celle du bassin. 

Nous l'avons dédié à l'un des officiers de /'Uranie, M. Alphonse 
Pellion, qui a rendu à l'expédition des services importans et de 
plus d’un genre, comme on peut le voir par les beaux dessins dont 
il a enrichi l'Atlas historique, et par ceux quil a fournis, avec 
autant d'habileté que d'obligeance, à la partie zoologique de notre 
Voyage. Æ 


BALISTE FER-A-CHEVAL. — BaALISTEs HIPPO CREPIS. 


Balstes, corpore elongato, nigricante; fascià nigrä senuctrculart la- 


teribus ; caudä subrotundä quatuor aculeis instructä. 
2, D SSP ANS CM: 


CETTE espèce est grande, alongée, ovoïde, de couleur noire, 
remarquable par une bande noir foncé en fer-à-cheval placée sur 
les flancs, et dont la convexité est dirigée en avant; bande d'où ce 
poisson a tiré son nom. 

Son museau est gros : la mâchoire inférieure dépasse un peu celle 


ZOOLOGIE. 218 
d'en haut; elle est munie de dents larges, dont quatre antérieures 
dirigées en arrière s’enfoncent profondément sous la mâchoire 
supérieure ; les dents d'en haut sont plus étroites. L'œil est rond, 
jaunâtre ; les narines ont deux orifices. Le grand aïguillon de la 
première dorsale n'a qu'un pouce de hauteur, ce qui est peu re- 
lativement à la grandeur du poisson ; il est simplement rude : le 
second ne s'aperçoit pas. La distance entre eux et la seconde dorsale 
est de plus de deux pouces et demi. Cette nageoïre, peu élevée, 
compte trente-cinq rayons flexibles, et l'anale, qui est de même 
forme, trente-trois. La queue est longue, épaisse, munie de quatre 
aïguillons dirigés en arrière, sur deux lignes égales: la nageoire 
est arrondie et formée de douze rayons ; les pectorales, très-petites, 
en ont treize. 

Le ventre est gros et saïllant, et l'os du bassin très-mobile. La 
peau est chagrinée, à-peu-près comme dans les roussettes, et les 
grains en sont excessivement fins. Outre la ligne en fer-à-cheval 
dont nous avons parlé, il en existe d’autres longitudinales et de 
la même couleur, irrégulièrement placées sur le ventre et au-dessus 
de la nageoiïre de l'anus. 

La longueur de ce balïste est de onze pouces, et sa hauteur de 
trois pouces neuf lignes. 

I habitoit l'île de France, d'où nous l'avons rapporté. 


BALISTE FREYCINET. DT ere FREYCINETI. Cuv. 


Balistes, corpore ovato, aterrimo ; aculeo dorsi lateribus uncinato ; 
caudé lunatä, spins sex in duplct ordine instructä. 


DD MP Ta AE SIAIGN 12 


CE monacanthe est ovalaire; sa couleur est d’un noir foncé. 
Les rugosités de sa peau sont beaucoup plus fines que celles de 


214 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


l'espèce précédente. L'os du bassin est proéminent, trèsmobile, et 
armé à son extrémité de petits aïguillons rayonnés. Le museau est 
obtus, les lèvres grosses , les mächoires égales. On remarque au- 
dessus des narines, qui sont doubles, une bosse arrondie. L'aïguillon 
de la première dorsale est robuste, rugueux, long d'un pouce, 
hérissé sur ses bords de piquans dirigés en bas. La seconde dorsale 
est pourvue de trente-huit rayons, et l’anale de trente-cinq; les 
pectorales, petites, en comptent treize. Le lobe de la queue, assez 
alongé, est armé, sur les côtés, de six petits aiguïllons dirigés en 
arrière sur deux lignes parallèles. La queue est arrondie et formée 
de douze rayons comme dans la plupart de ces poissons. 

On aperçoit sur les joues, en avant des branchies, et à la partie 
supérieure du corps, des stries très-fines qui semblent être formées 
par des pores rapprochés; celle qui précède la pectorale décrit une 
courbe convexe en avant. 

Sa longueur est de huit pouces; sa hauteur de trois, et son 
épaisseur, d'un pouce. 

Ce poisson, que nous avons rapporté de l'ile de France, a été 
dédié à M. Louis de Freycinet par M. Cuvier. 


BALISTE SAND WICHIEN. — BaALISTESs sANDWICHIENSIS. N. 


Balistes, corpore subfulvo; rostro elongato, triangulart ; pinnä dorsal 
anteriore rugosà, longissimé ; caudà subæqual. | 


2: D,3534P: 12 AL 60 2GT2 


LE corps de ce baliste est très-comprimé; son museau, de forme 
triangulaire , est plus alongé que celui des deux monacanthes qui 
viennent d'être décrits. L'os du bassin est aussi plus saïllant, et 
terminé de même par une petite roue dentée; cette portion de 
l'abdomen est brusquement coupée. La bouche est petite; les 


ZOOLOGIE. 215 
mâchoires sont égales; l'os maxillaire supérieur présente une saillie 
remarquable; le front est arrondi; les narines petites, et l'œil placé 
près du sommet de la tête. 

L’aiguillon de la première dorsale est rugueux, blanchätre, 
presque droit, et très-long pour la grandeur de flindividu, car ïl a 
quatorze lignes ; il est placé directement au-dessus de l'œil, ce qui 
n'a pas lieu dans les deux balistes précédens. La deuxième dorsale, 
triangulaire, alongée, a trente-cinq rayons. L’anale, qui est de même 
forme, en compte trente. Le lobe de la queue est petit, quadri- 
latère, sans épines; sa nageoïre, presque carrée, a douze rayons: 
les pectorales en ont treize. 

La couleur de ce poisson est d’un fauve tirant sur le noir. Sa 
peau, finement chagrinée dans la plus grande étendue de sa sur- 
face, est plus rugueuse à la base des nageoires dorsale et anale et 
à l'abdomen; elle paroït comme feutrée à la naissance de la queue. 

La longueur de cet individu, dont le nom spécifique indique 
la patrie, est de six pouces deux lignes, et sa hauteur de deux 
pouces sept lignes. 


216 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE ALUTÈRE. Cuv. 


BALISTE AYRAUD. — Baustes AyrAaup. N. 


PLANCHE 47, fig. 2. 


Balistes, corpore virescenti elongafo, tribus lineis longitrorsim dis- 
tincto ; rostro prominente; aculeo spinoso ; caudà rotundà. 


LE nom imposé à ce poisson rappelle une des nombreuses vic- 
times de la fièvre jaune parmi les médecins de la marine. C'est dans 
la dernière épidémie que M. Ayraud est mort à la Martinique, 
après avoir vu un de ses frères, enseigne de vaisseau, succomber 
à la même maladie. 

Le corps de ce baliste est très-alongé, et la courbure de son 
dos est peu arquée. Son museau est saïllant. L’aiguillon dorsal est 
long, aigu et dentelé des deux côtés: il est éloigné de la nageoiïre 
du dos, qui est concave et s'étend jusqu'à celle de la queue, dont 
la forme est arrondie. 

Le dessous de la gorge présente un renflement. La nageoire 
de l'anus, de même grandeur que la supérieure, est irrégulière. Elles 
ont un grand nombre de rayons, dont nous ne pouvons assigner 
précisément la quantité, parce que l'individu a été perdu. 

L'œil est grand, jaune, avec une bordure rougeûtre, et la na- 
geoire pectorale est formée de quatorze rayons. 

La couleur générale est verdätre. Troïs bandes longitudinales 
d'une teinte un peu plus foncée occupent la partie supérieure 
du corps. Les nageoires sont rougeûtres; celle de la queue est 
brune. 

Ce baliste, long de huit pouces, que nous primes en sortant de 


ZOOLOGIE. 217 


la baie des Chiens-Marins, à la Nouvelle- Hollande, est dessiné 
par M. Taunay. 

Malgré le peu de développement de la bouche de ces poissons, 
ils peuvent encore mordre avec beaucoup de force, comme lun 
de nous a eu occasion d'en faire par lui-même l'expérience. 


BALISTE QUEUE NOIRE. — BALISTES SPILOMELANURUS. 


Balstes, corpore elongato, fubo; rostro triangulari; aculeo dorsi 
recto, Spinosissimo; caudà subrotundä, apice nigrä. 


20 Da. PATIO MANN 20 ICE; 


CET alutère a le corps alongé, comprimé, la tête triangulaire, 
le museau obtus, la mâchoire inférieure un peu plus longue que 
la supérieure, et toutes deux munies de dents larges et égales. Le 
ventre a peu de saïllie. 

L'aiguillon dorsal est court, quadrilatère, hérissé sur ses quatre 
faces de fortes épines dirigées en bas; ïl est placé en arrière de 
l'œil. La deuxième dorsale est élevée vers son milieu, de même 
que l’anale. La première de ces nageoires a trente-un rayons et la 
seconde vingt-neuf. La queue est alongée; sa nageoire est tant 
soit peu arrondie, avec une ligne noirätre peu sensible à son extré- 
mité. Les pectorales ont dix rayons. 

La couleur de ce poisson est d'un fauve foncé vers le haut 
du corps et argenté sous la gorge et sous le ventre. Une ligne 
brune longitudinale prend à la commissure des lèvres, traverse 
l'œil, qui est argenté, et finit à la partie postérieure du corps. 

I provient du Port-Jackson. Sa longueur est d’un peu moins de 
quatre pouces, et sa hauteur d'un pouce seulement. 


Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 28 


218 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE COFFRE. — OsTRrAcION. Linn. 


COFFRE MACULÉ, — OSTRAGION MACULATUS. N. 


Ostracion, corpore flavo-aureo, punctis migris consperso ; prnnä dorsal 
radis decem ; caudä rotundä. 


D.:9:P.:10. A9. C:T0: 


LE plus grand ostracion de cette espèce que nous ayons vu 
n'avoit que dix-huit lignes de longueur, et nous en avons trouvé 
de bien plus petits encore en pleine mer, cantonnés dans des 
fucus, non loin du Cap de Bonne- Espérance. Cet individu, à 
corps quadrangulaire, sans épines, ne présente rien de remar- 
quable parmi ceux de la division à laquelle il appartient. Ce 
n'est donc que par la couleur qu'il forme une espèce distincte. 
Le fonds de la sienne est un beau jaune d’or parsemé d’une foule 
de petits points noirs, ce qui donne beaucoup d'élégance à ce 
poisson. Les plaques de la cuirasse sont hexagonales, avec un petit 
tubercule obtus au milieu. 

Les pectorales et la caudale sont arrondies; elles ont dix rayons: 
la dorsale et l'anale en comptent chacune neuf. 


ZOOLOGIE. 219 


Sous-GENRE CURIMATE. — CURIMATA. Cuv. 


CURIMATE GILBERT. — CuRIMATA GILBERT. N. 


PLANCHE 48, fig. 1. 


Curimata edentulus, maxillà superiore longiore ; pinn& dorsali radis 
undecim ; maculà nigrä ad caudam. 


BAM DEEP GE ANVEN Oo PAM S CNE 2 


CETTE espèce, qui provient des eaux douces du Brésil, près de 
Rio Macacu, paroîtroit aimer, contre les goûts de la famille à 
laquelle elle appartient, les lieux marécageux; car c'est là que nous 
l'avons vu prendre. Elle a quelques rapports de forme avec les raïis 
quon trouve dans les mêmes localités, et plus encore avec le cha- 
racin mélanure de Lacépède et de Bloch. 

Le dos est saïllant, arrondi, le ventre gros, la tête pointue. La 
mâchoire inférieure est plus courte que la supérieure, sous laquelle 
elle semboîte : elles n'ont point de dents visibles. L'œil est doré; 
l'ouverture des narines divisée en deux par une membrane. Les 
branchies sont soutenues par quatre rayons. 

La première nageoire dorsale correspond aux abdominales : elle 
a dix rayons, dont le premier est fortifié à sa base par un petit ren- 
flement ; la seconde est adipeuse et fort petite. Les pectorales ont 
quinze rayons, et les ventrales neuf; ces dernières ont leur base 
munie d'un appendice écaïlleux, comme les wylètes. L'anus est 
près de sa nageoiïre, laquelle, placée très en arrière, est composée 
de huït rayons. On en compte de vingt-un à vingt-deux à la caudale, 
qui est fourchue. 


28* 


220 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

La ligne latérale simple, droite, est ponctuée. Les écailles sont 
grandes, arrondies et argentées; quelques-unes ont des stries dont 
l'ensemble forme des lignes longitudinales peu sensibles. Une tache 
noire occupe la base de la queue. D'autres taches plus ou moins 
apparentes, selon la position de l’animal, sont répandues sur le 
corps : les opercules et les joues sont lisses et argentés. 

Ce poisson, représenté de grandeur naturelle, est dédié à la 
mémoire de M. Gilbert, chirurgien de la marine, mort de la frèvre 
jaune aux Antilles. 


ZOOLOGIE. 22 


GENRE HYDROCYN. — Hyprocyon. Cuv. 


PREMIÈRE DIVISION. 


Une rangée serrée de petites dents aux maxillaires et aux palatins ; la 
première dorsale répond à l'intervalle des ventrales et de l'anale. 


HYDROCYN FAUCILLE. — HyprocyoN FALCATUS. N. 


SALMO FALCATUS. Bloch, pl. 385. 
OSsMÈRE FAUCILLE. Lacépède, t. 5, p. 237. 


PLANCHE 48, fig. 2. 


Hydrocyon bimaculatus., pinnä ani triginta radis ; falcatä. 
BAD AT TAMPONS MANS Oo: 


MALGRÉ la différence de quelques-uns des caractères de ce pois- 
son avec ceux du sz/mo falcatus qu'a décrit et assez mal figuré Bloch, 
c'est évidemment le même que nous représentons. 

« La mâchoire supérieure est plus avancée que l'inférieure, dit 
» M. de Lacépède; les dents en sont fortes et inégales ; d’autres dents 
» pointués garnissent les deux côtés du palais; la langue est étroite 
» et lisse : un os court, large, dentelé et placé à l'angle de la 
» bouche, s'avance lorsqu'elle s'ouvre et reprend sa première 
» position lorsqu'elle se referme. Il y a deux orifices à chaque 
» narine; les opercules sont rayonnés; les écailles, assez minces, se 
» détachent facilement; la ligne latérale se courbe vers le bas; 
» l'anus est à une distance presque égale de la tête et de la caudale; 


202 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


» on voit un appendice écailleux à chaque ventrale. La couleur 
» générale est argentée, le dos violacé; chaque nageoire grise à sa 
» base et brune vers son extrémité. » 

Nous ajouterons que les deux grandes dents de la mâchoire d'en 
bas traversent celles d'en haut, et font saillie à l'extérieur; qu'une 
bandelette argentée occupe toute la longueur du corps depuis l’oper- 
cule jusqu à la queue; on remarque à ses deux extrémités une tache 
noire : l'œil est rouge doré; et la membrane des branchiïes a quatre 
rayons. 

A l'insertion de la première dorsale, qui est composée de onze 
rayons, le dos présente une élévation. L'adipeuse est petite, placée 
très-près de la nageoïre de la queue, qui est fourchue. 

L'anale a trente rayons, les abdominales huit et les pectorales 
seize. 

M. Cuvier, qui a examiné une partie des intestins de ce poisson, 
dit « que l'estomac est grand, alongé , à cu-de-sac pointu. Le 
» pylore est tout près du cardia. Une vingtaine de cæcums gar- 
» nissent la première moitié du duodenum. Le canal est court, 
» varie peu d'épaisseur et ne fait que deux plis Le rectum est 
» séparé par une valvule, de l'intestin qui le précède. Le foie est 
» grand, formé de deux lobes très-inégaux. La vessie natatoire est 
» fort grande et divisée en deux par un étranglement, comme celle 
» des carpes. 

» Son squelette offre vingt-deux vertèbres abdominales portant 
» toutes des côtes courtes, grêles et flexibles comme des filets, et 
» vingt vertèbres caudales, dont la dernière est élargie. C'est 
» sur les dernières abdominales et sur les premières caudales qu'est 
» élevée la dorsale. » 

Les individus que nous avons déposés dans les galeries du 
Muséum , et qui proviennent du Brésil, ont de cinq à six pouces 
de longueur. 


ZOOLOGIE. 223 


GENRE SAURUS. — Saurus. Cuv. 


SAURUS VARIÉ. — SauRus vVARIEGATUS. N. 


SALMONE VARIÉ. Lacép. t. $, pl. 3, fig. 3. 


PLANCHE 48, fig. 3. 


Saurus, corpore conico, plurimis maculis transversalibus notato ; orbitis 
emarginatis ; pinnä ant radus decem. 


BA MD US NP.213 VENUS MAMRrO: 


LA dénomination de ce genre indique que les individus ont 
des rapports de ressemblance avec les lézards. En effet, leur forme 
alongée tout d'une venue, celle de la tête, et des mâchoires sur- 
tout armées de plusieurs rangées de dents excessivement aiguës, 
leur donnent l'air d’un reptile saurien. On les prendroit pour des 
scinques lorsque leurs nageoires sont rapprochées du corps. 

Ce poisson, qui habite toujours la mer, a été retiré du genre 
saumon pour entrer dans les osmères de M. de Lacépéde. M. Cuvier 
en a formé le genre saurus. Si l’on juge de ses mœurs par la dis- 
position de ses dents, ïl doit être très-vorace, et par conséquent 
doué de beaucoup d’agilité. 

Cette espèce, que Commerson a le premier fait connoître, avoit 
été jusqu ici si mal représentée, que nous avons cru devoir en donner 
une figure plus exacte. 

Son corps est alongé, cylindrique, légèrement aplati sous le 
ventre; sa bouche est très-fendue:; les mâchoires, la langue et le 
palais sont hérissés de dents aiguës dirigées en arrière : ses orbites 
sont profondément échancrées à leur partie supérieure. Le dos 


224 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


présente une carène sur laquelle est située la première nageoïre du 
dos; cette nageoïre, qui correspond aux ventrales, a treïze rayons. 
L'adipeuse, très-petite, qu'on aperçoit à peine, parce quelle est 
toujours couchée, est placée au-dessus de l'anale. Les pectorales 
comptent treize rayons; les ventrales, très-développées, huit; et 
l'anale, qui l'est fort peu, dix. La caudale est fourchue; quatorze 
arceaux soutiennent la membrane branchiostége. 

Le ventre de ce poisson a une teinte légèrement rosée; le dos 
est d'un gris sale, parcouru par huit ou neuf bandes transversales 
brunes, larges et irrégulières, lesquelles s'arrêtent vers le milieu du 
corps. L'œil est rouge et brillant. 

La ligne latérale est droite, ponctuée et placée un peu au-dessus 
de la nageoïre pectorale. Les écaïlles sont lâches et tombent faci- 
lement. 

Commerson avoit trouvé à l'ile de France l'individu qu'il a décrit; 
le nôtre provient des îles Sandwich. 


SAURUS GRÈLE. — Saurus cracicis. N. 
Saurus , corpore gracil, elongato, maculis nigris notato ; orbitis plants. 


BTO TE MD er PS VEN AMAR CAT OS 

LE corps de cette petite espèce, long de quatre pouces et demi, 
va en diminuant et en s'arrondissant vers la queue. Sa tête est plus 
alongée, plus pointue que celle du précédent; et l'on ne remarque 
point d'échancrure au-dessus des yeux. 

Les mâchoires sont coupées obliquement sur leur longueur, de. 
dehors en-dedans, et garnies, ainsi que le palaïs, de plusieurs ran- 
gées de dents aiguës et trés-fines qui paroïssent malgré l’occlusion 
de la bouche : les plus grandes sont intérieures et les plus petites 
extérieures. Il n'y en a point au vomer. 


ZOOLOGIE. 225 


Les couleurs de ce saurus sont ternes et tiennent beaucoup de 
celles du saurus varié; c'est un gris sale parsemé de taches irrégu- 
lières noirâtres, plus marquées sur les côtés et vers la queue. 

Toutes les nageoiïres sont couvertes de lignes de points bruns, 
plus réguliers sur les pectorales, où ils forment trois raïes transver- 
sales. Ces nageoïres ont treïze rayons; la première dorsale, douze; 
les ventrales, neuf : elles sont aussi plus petites que dans le saurus 
varié, et accompagnées à leur base d’une longue écaiïlle. L'anale a 
onze rayons, et la caudale, qui est fourchue, environ une vingtaine. 
Ce poisson provient des îles Sandwich; on le trouve aussi à lle 
de France. 

Nous avons encore rencontré des saurus aux îles des Papous, à 
Timor, et, nous croyons, aussi au Brésil. L'alcool! n’altère pas sen- 
siblement leurs couleurs. Les membranes qui unissent les rayons 
des nageoires sont d'une délicatesse extrême et presque toujours 
déchirées. Ces poissons sont remarquables par leur mollesse : on 
les diroit habituellement remplis de matières digérées; ils en con- 
tiennent en effet beaucoup, et salissent promptement le vase dans 
lequel on les renferme. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologic. 2 9 


226 _ VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE ORPHIE. — BEzoNE. Cuv. 


ORPHIE ALMEIDA, — BELONE ALMEIDA. N. 


Belone, maxillä inferiore paul longiore , cum appendice membranaceä; 


pinnä dorsal quatuordecim radis ; caudä bifurcatä. 


Bo "D TAPER CAN IG ENNE 


CE poisson a la tête un peu plus grosse que le corps, subtrian- 
gulaire, aplatie en-dessus et sur les côtés. Le corps est arrondi 
dans son milieu, prismatique vers la queue, qui est comprimée 
à son extrémité. Le bec est trèslong; la mandiïbule inférieure est 
plus avancée que la supérieure, et munie d'un petit appendice 
membraneux flexible; elle présente en-dedans deux gouttières pro- 
fondes, et, comme celle d'en haut, elle est armée de crochets droits 
et très-aigus, dans les intervalles desquels sont d'autres petites 
dents. Les crochets d’en bas débordent le maxillaire inférieur. La 
langue est membraneuse et en gouttière, comme celle des oïseaux. 
L'œil, grand, couleur d'or, est placé près de la commissure de 
la bouche; au-devant de luï est un large espace arrondi, au 
milieu duquel est une petite membrane flottante. Nous pensons 
que c'est là que doivent se trouver les orifices des narines, quoïque 
nous nayons pu les découvrir. Les ouïes sont grandes, serrées, 
soutenues par environ dix rayons. Les pectorales sont petites, 
triangulaires et formées de onze. Les autres nageoires ont aussi 
fort peu d’étendue relativement à la grandeur du poisson. La 
dorsale et l'anale, très-rapprochées de l'extrémité de la queue, se 
correspondent et sont à-peu-près de même grandeur; la première 


ZOOLOGIE. 227 


est formée de quatorze rayons et la seconde de dix-sept; la caudale, 
médiocrement fourchue , en compte quinze. 

Les écailles sont petites, argentées ; une rangée de plus grandes 
forme de chaque côté, à la partie inférieure du poisson, une 
petite bandelette carénée qui remplace la ligne latérale. Les joues 
et les opercules, recouverts d'écailles, reflètent une belle couleur 
nacrée. Le dos, le dessus de la tête et les mandibules sont d’un 
bleu verdâtre; le dessous du corps tire un peu sur le rougeâtre. 
Les arêtes sont vertes. 

Ce poisson, déposé au Muséum de Paris, provient de la baïe de 
Rio de Janeiro. Sa longueur est d'un pied cinq pouces, et son 
épaisseur d’un pouce. 

Nous l'avons dédié à un jeune Portugais qui, par la noblesse 
de son caractère, son instruction et sa modestie, honore le pays 
qui l'a vu naître. D. Francisco d'Almeïda, actuellement secrétaire 
de l'ambassade portugaise à Paris, a bien voulu, pendant notre 
séjour à Rio de Janeiro, nous fournir un grand nombre de 
renseignemens précieux sur la législation et l'état moral de cette 
contrée. 


29 


228 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE PIMÉLODE. — Prmezopus. Cuv. 


PIMÉLODE QUÉLEN. — PrmeLopus QUELEN. N. 
PLANCHE 49, fig. 3 et 4. 


Pimelodus , pinnä dorsali inermr, postic4 adiposä prolxä; cirres 
sents ; duobus maxillaribus longissimis ; plurimis transversis Uineïs ; caudä 


bifidé. 
B:}7. D:7./A7 11:1P° 9. VA6.1C/1r8: 


CE pimélode a la tête aplatie en avant, la nuque élevée et le 
corps comprimé sur les côtés; les mâchoires arrondies ; la supé- 
rieure un peu plus avancée que l'inférieure; six barbillons, dont 
les deux supérieurs, plus grands, s’enfoncent à leur origine dans 
une rainure qui ne dépasse pas les yeux, et arrivent jusque près 
de l'anale. Ils égalent probablement la longueur du corps chez 
quelques individus. La bouche est grande, arrondie, la langue 
large et obtuse; les dents petites, en cardes et très-nombreuses, 
les os pharyngiens en sont aussi munis. Les narines ne nous ont 
offert qu'une seule ouverture de chaque côté; les yeux sont ova- 
laires; les ouïes grandes et soutenues par sept rayons. L'opercule, 
très-mobile sur le préopercule, présente des stries rayonnées en 
forme de triangle. ‘a 

La plaque de la nuque a trois pointes seulement indiquées ; 
elle est recouverte d'une peau épaisse et ciselée. Ce poisson se 
fait remarquer par sa première nageoire dorsale, qui manque du 
fort aiguillon dentelé dont ce genre est ordinairement pourvu; 
elle a sept rayons branchus. Les pectorales en ont neuf, le premier 


ZOOLOGIE. 229 
très-gros, osseux, et dentelé des deux côtés *. Les ventrales et 
l'anale sont sans aïiguillons : les premières prennent naïssance où 
finit la dorsale; elles ont six rayons : l'anale, couchée en arrière, 
en compte onze. L'adipeuse, peu élevée, mais très-longue, com- 
mence derrière la dorsale et finit à l'extrémité de la queue, dont 
la nageoire est médiocrement fourchue, et les lobes égaux. 

La ligne latérale décrit d'abord une courbe au-dessus des pec- 
torales, et se continue ensuite à droite. L'’anus a deux ouvertures 
distinctes aussi grandes l'une que l'autre. 

La couleur générale est brune, plus foncée sur les nageoires ; 
celle du dos offre une tache demi-circulaire qui en occupe le tiers 
inférieur. Le corps présente des teintes rougeâtres, et les muscles 
se dessinent en bandes transversales qui se réunissent à la ligne 
latérale comme sur un raphé. 

La mâchoire inférieure, et le thorax en-dessous, sont d’un gris 
sale légèrement argentin. 

Ce poisson porte le nom de M. l'abbé de Quélen, chanoiïine 
titulaire du chapitre royal de Saint-Denis et aumonier de lexpédi- 
tion, à qui nous l'avons dédié. 

I provient du Brésil, et a des rapports avec le pimélode Rares 
mais il en diffère par sa première dorsale, qui a un plus grand 
nombre de rayons. Sa longueur est de huit pouces, sa hauteur de 
dix-sept lignes, et son épaisseur de huit lignes. 


+ C’est, d’après M. Geoffroy Saint-Hilaire, Pos coracoïde des poissons, très-développé dans 
ce genre pour Jui servir d'arme. ( Voyez la Philosophie anatomique de ce savant professeur. ) 


230 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE BAGRE. — B4crus. Cu. 


BAGRE BARBU. -- Bacrus BARBATUS. N. 


PIMÉLODE BARBU. Lacépède. 
BARBUE, MÂCHOIRAN, par les matelots français. 


PLANCHE 49, fig. 1 et 2. 


Bagrus, pinn& primä dorsal radis octo, cirris labialibus sex ; caudæ 
lobo superior: elongato. Comm. 


Bis 1.%D. 8. P. 117. MAONAT n7-1CiKr8: 


COMMERSON a décrit ce poisson. Comme lui, nous l'avons trouvé 
en abondance dans les eaux bourbeuses et peu profondes de l'im- 
mense Rio de la Plata. Nos matelots, qui le nommoïent #4chotran, 
ne Jetoient pas leurs hameçons sans en prendre; et malgré la récente 
et terrible abstinence à laquelle nous venions d'être astreïnts sur 
les plages des îles Malouines, nous ne pouvions convenir, avec 
l'ilustre compagnon de Bougainville, que sa chair fût exquise. Aussi 
ce poisson est-il peu estimé dans la ville de Montévidéo. 

Nous empruntons à M. le comte de Lacépède, la description 
de ce poisson, qu'il a traduite sur les manuscrits de Commerson. 

« La couleur générale du barbu est d’un bleu plus ou moins 
» foncé ou plus ou moins semblable à la couleur du plomb; la 
» partie inférieure de Fanimal est d’un blanc arfenté; les côtés 
» réfléchissent quelquefois l'éclat de l'or ; quelques nageoires pré- 
» sentent des teintes d'incarnat. La couverture osseuse de la tête 
» est comme ciselée, et relevée par des raies distribuées en rayons; 
» la mâchoire supérieure dépasse et embrasse l'inférieure ; de petites 


ZOOLOGIE. 231 
» dents hérissent l'une et l’autre, aïnsi que deux croissans osseux 
situés dans la partie antérieure du palais, et deux tubercules placés 
auprès du gosier ; la langue est très-large, unie, cartilagineuse , 
dure et attachée dans tout son contour; chaque narine a deux 
orifices, et l'orifice postérieur, qui est le plus grand, est fermé 
» par une petite valvule que le barbu peut relever à volonté ; une 
carène osseuse et aiguë s étend depuis l'occiput jusqu’à la première 
dorsale; la ligne latérale, courbée d'abord en bas, est droite ensuite; 
le ventre est gros, et devient très-gonflé et comme pendant, lorsque 
l'animal a pris une quantité de nourriture un peu considérable. 
» Le premier rayon de chaque pectorale et de la première nageoire 
» du dos est dentelé de deux côtés, très-fort, et assez piquant 
pour faire des blessures très-douloureuses, graves et si profondes 
» qu'elles présentent des phénomènes semblables à ceux des plaies 
»-empoisonnées. La nageoire adipeuse est plus ferme que son nom 
» ne l'indique. On aperçoit au-delà de l'ouverture de lanus un 
» second orifice. Le foie est rougeâtre, très-grand, et divisé en 
plusieurs lobes ; l'estomac, dénué de cæcums ou d'appendices; le 
canal intestinal replié plusieurs fois ; la vessie natatoire attachée au- 


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» dessous du dos, entourée de graisse, et séparée en quatre loges. 
» Lorsqu'on le tourmente ou l'effraïe, il fait entendre une sorte 


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» de murmure, ou plutôt de bruïissement. » 

Nous ajouterons que ce bagre a six barbillons, dont les deux 
supérieurs, plus longs, prennent naïssance auprès de la commissure 
des lèvres. La première dorsale a huit rayons; les pectorales onze, le 
premier très-fort, légèrement courbé et fortement dentelé à sa partie 
interne. Les ventrales, petites et écartées l'une de l’autre, ont six 
rayons; l'anale, subtriangulaire, en compte dix-sept, et la caudale, 
très-fourchue, dix-huit; de ses deux lobes, le supérieur est le plus 
long. 

La longueur de ce poisson est de cinq pouces et demi; et celle 
des forts aiguillons de la dorsale et des pectorales, de dix lignes. 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


b 
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bb 


Sous-GENRE CALLICHTHE. — CazzicaTayrs. Lmn. 
CATAPHRACTUS. Lacép. 


CALLICHTHE RUDE. — CALLICHTHYS ASPER. 


Callichthys, capite depresso; corpore subcylindraceo; primä pinné dorsal 
novem radis ; squamis rudibus, ciliatis; caudä rotundä. 


DM PUS VEN PAS IA CAS 


CE singulier poisson, si bien revêtu de fortes plaques écaïlleuses, 
a le corps épais et subcylindrique, la tête très-large, très-aplatie et 
arrondie en devant; la bouche peu grande; les mâchoires égales 
et les dents presque imperceptibles; celles qui recouvrent les os pha- 
ryngiens sont plus marquées. La membrane buccale forme un repli 
demi-circulaire au palais. Les lèvres, proéminentes et charnues, 
ont de chaque côté de leur commissure deux longs barbillons qui 
peuvent loger leur base dans un sillon latéral. Les yeux sont très- 
petits et placés sur les bords de la tête; entre eux deux, et un 
peu en avant, s'ouvrent les narines. ss? 

L'ouverture des ouïes est étroite et susceptible d'être close par 
la membrane des branchies, qui dépasse de beaucoup l'opercule, 
lequel est très-petit. C'est probablement à cette disposition que ce 
poisson doit la faculté de pouvoir vivre hors de l’eau pendant 
quelque temps. 

La première nageoire dorsale, légèrement arrondie, a neuf rayons, 
dont le premier, tronqué, est très-court; la deuxième, qui touche 
la caudale, n’a qu'un seul et fort rayon à son bord antérieur. Les 
pectorales , placées au bas de la poitrine, assez éloïgnées des ven- 
trales, joignent presque lopercule; elles ont un fort rayon osseux, 


ZOOLOGIE. 233 


mousse et hérissé d'une foule de petites épines, et sept rayons 
branchus. L’os de l'épaule est large, épais, rugueux et très-saillant. 
Les ventrales correspondent à l'arrière de la première dorsale ; 
elles sont grandes, arrondies, écartées l'une de l'autre. L'anus, 
placé à-peu-près au milieu du corps, s'ouvre dans leur intervalle 
et présente en arrière une petite languette charnue. La nageoire 
anale, petite et très-reculée, touche à la caudale et correspond à 
la seconde dorsale; elle compte sept rayons, dont le premier est 
rudimentaire. La caudale, arrondie, en a quatorze. 

Le corps est cuirassé de chaque côté par deux rangées de plaques 
alongées, bombées, un peu obliquement placées d’arrière en avant, 
et qui, par leur réunion au milieu, forment un sillon représen- 
tant la ligne latérale. Elles sont très-serrées, rugueuses, ciliées sur 
leur bord; il y en a vingt-neuf à la rangée supérieure et vingt-huit 
à l'inférieure. La poitrine et le ventre sont nus, de même que la 
partie supérieure et antérieure du dos, tandis que la postérieure 
présente quelques petites écailles ciliées. 

La tête est recouverte au milieu par un écusson irrégulier, 
entouré d'environ vingt plaques. Au-devant de lécusson est une 
petite fossette ovalaire. 

La couleur de ce poisson est brune sur toutes ses parties osseuses, 
et d'un violet foncé au ventre, au,bout du museau et sur une 
portion du dos. Sa‘longueur est de six pouces, sa hauteur de treize 
lignes, et son épaisseur d'a-peu-près autant, ce qui le rend comme 
carré par-devant. 

Les deux individus que nous avons déposés au Muséum, habi- 
roient les eaux douces du Brésil; ils proviennent d'un ruisseau qui 
coule devant la ferme de Santa- Anna, sur le chemin qui conduit 
de Rio de Janeiro à Ja colonie suisse. 


Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 20 


251 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CALLICHTHE BARBU.— CALLICHTHYS BARBATUS. 


Callichthys, rostro elongato, setigero ; fronte elevato ; prim& pinnä 
dorsah elevatà triangularique ; caudà bifurcatä. 


BAND Mo. PERTE IC MAMSAESTE, 


CETTE espèce a le front et la nuque fort élevés, la tête grosse, 
le museau alongé et pointu; la bouche petite, la mâchoire infé- 
rieure moins avancée que celle d’en haut; les lèvres proéminentes 
et pourvues de quatre barbillons ; l'œil assez grand, rond, situé 
au sommet de la tête; les narines s'ouvrent au-devant de lui. Les 
Joues sont parsemées d'assez longs poils rudes. 

Le corps est arrondi, gros par-devant, aminci en arrière; la pre- 
mière dorsale est élevée, triangulaire, pointue, formée de neuf 
rayons, dont le premier seul est osseux et le plus court; la seconde, 
très-éloignée, n'est formée que d’une épine. Les pectorales, placées 
au bas de la poitrine, sont trèslongues, pointues ; elles dépassent 
les ventrales et atteignent presque l’anale; leur premier rayon, très- 
gros et très-fort, un peu recourbé et couvert de petites soïes roides, 
se termine en un filament çharnu. Les ventrales et l'anale sont 
petites; les premières ont au milieu d'elles l'anus; la dernière, 
touchant à la queue, a huit rayons mous. La caudale, longue et 
fourchue , en a treize. 

Ce poisson est entièrement couvert de chaque côté par deux 
rangées de plaques osseuses, qui se touchent sur le dos et sous 
le ventre. La rangée supérieure en compte vingt-six et linférieure 
vingt-trois, sans y comprendre l'os de l'épaule, qui est très-large, et 
quelques petites écaïlles, au nombre de six environ, qui embrassent 
la base de la caudale. Une plaque triangulaire et pointue termine 
le sommet de la tête. 


ZOOLOGIE. 235 

La couleur de ce callichthe est d'un brun rougeâtre plus clair 
sous le ventre. La dorsale et la caudale sont tachetées de brun 
foncé. ; 

Sa longueur n'est que de trois pouces, sa hauteur de sept lignes, 
et sa plus grande épaisseur de six. 

Cette espèce diffère essentiellement de la précédente par la 
hauteur de sa tête, par son museau alongé et non aplati, par ses 
longues pectorales, sa queue fourchue, les poiïls de ses joues, et 
enfin par la disposition de ses quatre rangées de plaques qui se 
touchent toutes entre elles. D'après la grandeur de ses ouïes dé- 
pourvues d’une membrane flexible, susceptible de les clore, nous 
ne pensons pas qu'elle jouisse comme l'asper de la faculté de vivre 
quelque temps hors de l'eau. 

Notre individu habitoit aussi les eaux douces du Brésil, et il 
fut pris par l'un de nous dans les petits ruisseaux qui arrosent, 
près de Rio de Janeiro, la ferme de Mandioca, appartenante à 
M. Langsdorff, consul de Russie. 


30 


236 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SOUS-GENRE TURBOT. — RAomBus. Cuv. 


TURBOT A LONGS FILETS.-—Ruomgus MAcroPTERUS. N. 


PLANCHE 50. 


Rhombus, corpore oblongo, maculs fuscis consperso ; capite levi ; pinnä 
pectorale radis longissimis desinente. 


Nous ne connoissons que ce pleuronecte et le rancus de 
Broussonnet qui aient à une des nageoires pectorales des rayons 
aussi prodigieusement longs. Ils n'ont de commun entre eux que 
ce caractère; car le nôtre est ovalaire comme une sole et le sien 
arrondi comme une plie. Le premier a la tête lisse; la mâchoire. 
approchant la dorsale, plus alongée que l’autre: c’est le contraire 
dans le zancus, qui de plus a un appendice à la lèvre d'en haut. 
Nous ne nous arrêterons point sur une foule d'autres termes de 
comparaison qui serviroient à les différencier , et nous dirons que 
le turbot à longs filamens a une couleur fauve bleuâtre, avec des 
taches irrégulièrement arrondies sur le dos seulement. 

La dorsale prend entre les deux yeux, et laïsse un espace libre 
entre elle et la queue: on y compte quarante rayons dont les pointes 
ne dépassent pas la membrane qui les soutient. L'anale en a un 
peu plus de trente qui finissent vis-à-vis ceux de la dorsale; ïls ne 
commencent qua environ dix lignes des ventrales, lesquelles 
touchent presque l'opercule. 

La pectorale supérieure a quatre rayons filamenteux qui, séparés 
à un pouce de leur naissance, s'étendent jusqu’à la queue, dont la 
nageoire est arrondie. 


ZOOLOGIE. 237 
Ayant perdu ce poisson, nous ne pouvons que reproduire Île 
dessin qu'en fit M. Taunay à l'instant où l'on nous l'apporta. On 
verra qu'on a oublié de marquer la ligne latérale : peut-être même 
nétoit-elle pas apparente, comme cela arrive dans quelques pleu- 
ronectes. Toutefois cette espèce est si rare, que nous n'avons 
pas hésité à la faire graver telle qu'elle est. 
Nous la rencontrâmes parmi les nombreux poissons que, chaque 
jour, les habitans des îles des Papous nous apportoient, lorsque 
nous étions mouillés sur file Rawak. 


238 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE MONOCHIRE. — Monocarrus. Cuv. 


MONOCHIRE RAYÉ. — MoNoCHIRUS LINEATUS. 


Monoclurus, corpore orbiculart, suprà fusco cum maculis Uneisque 
transversalibus subnigris ; caudà latä, rotundä. 


B: 6. D'Us 2 NP 4 IV A A M2 NICE: 


LE corps de ce poisson est orbiculaire, assez épais; sa bouche, 
peu grande, a de fines dents du côté opposé aux yeux; ceux-ci 
sont rapprochés l'un de l'autre, de manière que le supérieur est 
un peu antérieur. La nageoire du dos, composée de cinquante- 
deux rayons, commence au-dessus de la mâchoire supérieure et 
finit au lobe de la queue, dont elle est distincte aïnsi que l'anale. 
Cette dernière, séparée des ventrales seulement par fanus, a 
quarante-deux rayons. Les ventrales, petites, distinctes l’une de 
l'autre, éloignées de l'extrémité de la mâchoire inférieure de quatre 
lignes, ont seulement quatre rayons. Ce nombre est aussi celui de 
la pectorale supérieure, qui est excessivement petite et touche 
l'ouïe. La caudale a seize rayons; elle est très-large, arrondie sur 
ses bords, et finit en pointe. ‘ 

La ligne latérale est droite, visible des deux côtés; les yeux 
sont bleuâtres, avec un contour jaune; les écaïlles sont fines, serrées; 
vers le contour supérieur de la tête, on en remarque une petite 
série de plus larges et finement ciliées. La couleur de ce poisson 
est d’un brun sombre, avec des taches brunes et blanches sur tout 
le corps, lequel est traversé par cinq à six lignes déliées et noï- 
râtres. La face inférieure est blanche, et la queue marquée de points 
bruns. 


ZOOLOGIE. 
Nous l'avons pris dans la baïe de Rio de Janeiro. 
Son diamètre longitudinal est de troïs pouces quatre lignes; le 


transversal , de deux pouces et demi; et son épaisseur, de deux à 
trois lignes. 


239 


Quelques individus, en tout semblables par la couleur et la forme, 
offrent de légères différences dans le nombre des rayons. 


240 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SoUs-GENRE PLAGUSIE. — Pz4Gusr4. Browne. 


PLAGUSIE MARQUETÉE. — PLAGUSIA TESSELLATA. 


Plagusia, corpore elongato , &ntice et postice acuminato ; macubs fuscis 


transversalibus ; pinnä pectorali radis quatuor minimis. 
Do V4 As 


CE poisson a le corps très-alongé, la tête un peu pointue, la 
bouche petite, les yeux très-rapprochés sur une même ligne et de 
couleur bleue. Sa partie postérieure est acuminée. Les nageoires 
verticales se réunissent à la caudale; la dorsale, qui prend naïssance 
au-dessus des yeux, est formée de quatre-ving-dix-neuf rayons, et 
l'anale de soïxante-dix-huit. Les ventrales, très-petites et assez dis- 
tinctes, en ont quatre. Le contour de l'ouverture des branchies 
présente de petites villosités; les écailles sont très-petites. La ligne 
latérale, droite en-dessous, n'est pas apparente en-dessus. 

La couleur de ce poisson est brune, avec des. bandes transver- 
sales peu indiquées de la même couleur. Sa longueur est de quatre 
pouces, sa largeur d’un pouce, et son épaisseur de trois lignes. 

Il provient, comme le précédent, de la baie de Rio de Janeiro. 


ZOOLOGIE. ve 


2 


SOUs-GENRE ANGUILLE. — AnGurzzA. Cuv., MURÆNA. Lacép. 


ANGUILLE MARBRÉE. — ANGUILLA MARMORATA. N. 


PLANCHE 51, fig. 2. 


Anguilla, maxillà inferiore longiore ; tubulis duobus rostro ; vigintr 
radis pinnæ pectorali ; corpore vartegato. 


CETTE anguille a le museau aplati, la mâchoire inférieure plus 
longue que la supérieure; cette dernière est munie de deux petits 
tubes à son extrémité. Plusieurs rangées de dents aiguës garnissent 
les deux mâchoires et le vomer. Les ouïes sont très-larges; la na- 
geoire pectorale, assez petite, a vingt rayons, la dorsale naît loin 
des branchies; elle enveloppe la queue de même que l'anale, qui 
prend naissance un peu après le conduit des excrémens. L'une et 
l'autre sont tellement adipeuses, qu'il est impossible d'en compter 
les rayons. 

La couleur générale est brune sur le dos, avec des marbrures 
blanchätres; le dessous du ventre est plus blanc. 

Ce poisson, qui a dix-huit pouces de longueur, provient de 
l'ile Vaigiou. 


Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 3 It 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


N 
ESS 
[0 


Sous-GENRE OPHISURE. — Opxisurus. Lacép. 


OPHISURE LONG MUSEAU. -— OPHISURUS ROSTRATUS. N. 


PLANCHE 51, fig. 1. 


Ophisurus, rostro acuminato ; dentibus magnis , recurvis ; corpore 
suprà fusco, subtus argenteo. 


CE. poisson, long de trois pieds, vient de la petite île Rawak. 
H fut pris de nuit, et depuis a été tellement maltraité, que nous 
ne pouvons détailler les caractères des nageoires, du dos et de 
l'anus. Maïs nous ferons remarquer qu'il a les mächoires excessi- 
vement longues, très-déliées, ce qui donne une grande ampleur à 
sa gueule armée de dents fortes et crochues. Tout-à-fait à l'extrémité 
des mâchoires, on en voit six ou huit en bas, trois en haut, 
beaucoup plus grandes que les autres. Le palais en a de même une 
rangée, tandis que celles des côtés sont à peine marquées. 

La membrane des branchies a dix-neuf rayons; on en compte 
environ seize à la nageoire pectorale. La ligne latérale est assez 
large. 

La couleur de ce poisson est brune sur le dos, et d'un blanc 
argenté sous le ventre. 


ZOOLOGIE. 243 


OPHISURE ALTERNANT. — OPHISURUS ALTERNANS. N. 


PLANCHE 45, fig. 2. 


Ophisurus , corpore subcompresso, cærulescente, annulis et oculs fuscis 
alternatim notato; caudä compressé. 


LA forme très-grêle de cet ophisure, jointe à son bariolage, 
lui donne, plus qu'à tous ceux du même genre, de la ressemblance 
avec un serpent d'eau. II est un peu comprimé latéralement; sa 
queue l'est davantage; sa tête est petite et son front se courbe 
brusquement. La mâchoire supérieure se termine carrément; elle 
est munie, de chaque côté de son extrémité, de deux petits appen- 
dices tubulés qui communiquent avec les narines; la mâchoire 
inférieure est beaucoup plus, courte que celle d'en haut : toutes 
deux ont plusieurs rangées de dents; ïil s'en trouve aussi sur le 
vomer. Les yeux sont recouverts d'une membrane diaphane. Les 
branchies forment sous les tégumens un renflement considérable, 
et souvrent de chaque côté par un trou placé à quatorze lignes du 
museau. 

La nageoire dorsale naît sur le sommet dé la tête et se termine 
à dix lignes de l'extrémité de la queue, tandis que l’anale ne com- 
mence qua un pouce et demi avant la partie moyenne du corps; 
elle paroît aussi s'approcher moins de l'extrémité de la queue que 
la précédente ; l'une et l'autre ont peu de largeur et décroiïssent 
insensiblement, au point qu'on les aperçoit à peine vers le bout de 
la queue. L'anus précède immédiatement la nageoire de ce nom. 
Les pectorales sont rudimentaires, et si petites, qu'il faut une loupe 
pour les voir; elles sont placées de chaque côté de l’ouverture des 
branchies, dont elles semblent former le rebord postérieur. 

Le fond de la couleur de ce poisson est bleuâtre: trente an- 


10 


244 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


neaux bruns et complets sont répartis sur toute sa longueur; le 
premier traverse le museau; ils alternent avec des taches rondes 
de même couleur, inégalement et irrégulièrement placées; car ül 
y en a tantôt une, tantôt deux, dans l'intervalle que laïssent entre 
eux les anneaux ; d'autres fois ïl ne s’en présente pas du tout, comme 
en avant des neuf premiers ; dans un endroit seulement, vers le 
tiers antérieur, trois de ces taches tendent à former un anneau. 
Nul doute que l’âge ne doive apporter des changemens dans le plus 
ou moins grand nombre de bandelettes colorées dont est revêtu 
cet animal, que nous supposons être un Jeune. Les deux nageoires 
ont seulement des taches brunes dans les espaces qui correspondent 
aux anneaux. La ligne latérale est très-marquée. 

Ce poisson a vingt pouces de longueur. Nous l'avons rapporté 
de l'île Guam. Ses mouvemens sont assez lents dans l'eau. Un autre 
individu beaucoup plus petit et plus grêle, maïs en tout semblable 
pour la forme et pris dans le même lieu, a trente-deux cerceaux 
bruns sans taches dans les intervalles. 


ZOOLOGIE. 245 


Sous-GENRE MURÈNE. — MurÆN4. Thunb.: 
MuRrÆNOPHIS. Lacép. 


MURÈNE PINTADE. — MURÆNA MELEAGRIS. Shaw. 


PLANCHE 52, fig. 2. 


Muræna , corpore nigricante, maculs creberrimis albis irrorato; 


maxillà superiore longiore. 


Nous conservons à ce poisson le nom latin que Shaw luï a 
donné, ainsi que la phrase spécifique qui exprime bien ses prin- 
cipaux caractères. Nous en avons fait faire un dessin exact parce que 
la figure contenue dans l'ouvrage du naturaliste anglais { tome VIT, 
planche 220) ne correspond point à la description placée à 
cÔté. | 

Notre individu a quinze à dix-huit pouces de longueur. L'ouver- 
ture de la bouche est de grandeur médiocre; les mâchoires sont 
armées de dents aïguës dirigées en arrière; celles de devant plus 
longues et plus fortes. La branche inférieure, un peu moins avancée 
que la supérieure, offre de chaque côté du museau deux petits 
tubes creux par lesquels ïl peut Jjaïllir un liquide. Les narines sont 
placées au-dessus des yeux, lesquels sont grands et voilés. Les 
ouvertures branchiales s'ouvrent à un pouce un quart de la com- 
missure des lèvres. La nageoïre du dos commence en avant des 
branchies et va s'unir à l'anale à l'extrémité de la queue, qui est 
aplatie et pointue. L’anus est placé un peu en avant de la moitié 
du corps, et aussitôt commence la nageoire anale. 

La couleur générale est d’un brun clair, moins foncé sous le 
ventre, parsemé de taches rondes blanches, de grandeur inégale; 


246 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
elles augmentent de dimension vers la queue, où elles sont plus 
alongées, sur-tout à la partie inférieure. 

Le bord libre des deux nageoires est parcouru par une ligne 
entrecoupée d'un noir foncé qui forme comme des taches. 

Nous avons pris cette murène dans la baie de Rio de Janeiro. 


MUREÈNE PRAT-BERNON. — MURÆNA VARIEGATA. N, 


PLANCHE 52, fig. 1. 


Muræna, maxillà inferiore longiore; corpore plurimis guttis subnigris 
imæqualibus sparso. - 


LA longueur de cette espèce est d'environ deux pieds : sa tête 
est grosse, élevée ; ses yeux sont voïlés; ses dents égales, peu aiguës, 
dirigées en arrière. La mâchoire inférieure dépasse la supérieure, 
à l'extrémité de laquelle on remarque deux petits tubes. L'ouverture 
des branchies est distante de près de deux pouces et demi de la 
commissure des lèvres; la dorsale naît un demi-pouce en avant de 
cette ouverture par une ligne insensible : cette nageoiïre,adipeuse, 
très-peu élevée d'abord, prend successivement plus de développe- 
ment, et va se terminer à l'extrémité de la queue avec celle de 
l'anus, dont l’origine prend un peu au-delà de la moitié postérieure 
du corps. 

- La teinte générale est noirâtre, ce qui est dû à une multitude 
de taches de cette couleur, irrégulières et très-rapprochées. 

Nous primes cette murène à l'île Guam, lorsqu'elle dormoiït sur 
les rochers du bord de la mer. On en trouve aussi sur la côte de 
Coromandel. Nous l'avons dédiée à la mémoire de M. Prat-Bernon, 
élève de la marine de première classe, mort dans les premiers jours 
de notre voyage. 


ZOOLOGIE. 247 
MURENE MARBRÉE. — MURÆNA MARMORATA. N. 
Muræna, corpore compresso, subluteo, marmorato; maxillis æqualbus. 


LE corps de ce poisson est comprimé. Sa couleur est d'un 
jaune rougeâtre recouvert de lignes irrégulières affectant une dis- 
position annelée. La bouche est bien fendue, garnie de dents 
petites et serrées. On aperçoit sur le vomer deux crochets mobiles 
dirigés en arrière, dont le postérieur est plus grand. L'œil est près 
de l'extrémité du museau. Les narines sont tubulées. L'ouverture 
des branchies est à six lignes de la commissure des lèvres. L'anus 
est placé au milieu du corps, tout près de la nageoire anale; celle 
du dos prend naïssance près du sommet de la tête. 

La longueur de cette murène est de six pouces : elle habitoit 
les îles Vaïgiou et Rawak. 


z MURÈNE DENTÉE. — MuRÆNA CANINA. 


Muræna, corpore cylndraceo, mericante; capite crasso; maxillä 
superiore longiore; dentibus longis, acutis. 


LE corps de cette murène est moins comprimé que celui de 
l'espèce précédente; il est uniformément noirâtre. La tête est grosse, 
large ; la bouche grande, bien fendue; les mâchoires armées de 
dents longues, aiguës et recourbées en arrière, d'où luï vient son 
nom spécifique ; l'inférieure, un peu moins longue que la supérieure, 
s'emboîte sous cette dernière. Le vomer est garni de deux crochets 
mobiles susceptibles de se coucher tout-à-fait en arrière. Les narines 
sont tubulées ; les yeux grands; l'ouverture des branchies est à un peu 
plus de six lignes de la commissure des lèvres. L'anus est plus près 


248 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


de la tête que de l'extrémité de la queue; ïl touche sa nageoire. 
La dorsale prend naïssance au-dessus de la tête. 

Cette espèce, dont la longueur est de sept pouces et demi, 
habite comme la précédente les îles Vaigiou et Rawak. 


EN terminant cet ordre de poissons anguiïlliformes, nous parlerons 
des leptocéphales, que nous avons rencontrés dans presque toutes 
les mers. 

C'est toujours très au large, soit que la mer fût calme ou agitée, que 
notre filet a amené ces singuliers poissons. [s semblent en effet fuir 
les côtes, sur les rochers desquelles leur mollesse extrême ne pour- 
roit résister. [Is sont transparens et gélatineux; et quoïque mieux 
organisés que certains mollusques, ils semblent doués de moins de 
vie; car leurs mouvemens sont très-lents et un rien les fait mourir. 

Les dents longues et pointues, prolongées en avant, dont leurs 
mâchoires sont armées, doivent leur servir à peu de chose, puis- 
qu'ils manquent de la vivacité nécessaire à la poursuite d’une proie. 
Leurs grands yeux bleu de ciel occupent toute la tête et contrastent 
avec la blancheur du corps. 

Il paroît constant que ces animaux changent de peau; car nous 
en avons pris de plus ou moins mous; et l'enveloppe extérieure 
de quelques individus conservés dans l'alcool, s'est naturellement 
séparée sous le ventre dans toute la longueur. Alors on voit le 
nouvel animal beaucoup plus gélatineux et plus blanc, avec l'indice 
de toutes les lignes transversales qui le caractérisent, lesquelles sont 
formées par les côtes; une bande opaque indique le canal ver- 
tébral. 

Les individus que nous avons pris avoiïent de six à huit pouces 
de longueur; le plus grand nombre appartenoiït à l'espèce connue 
sous le nom de worissien. D'autres individus nouveaux ont été 
nommés éænia par M. Cuvier. Il est à remarquer que l'esprit de vin 


ZOOLOGIE. 249 


altère les eouleurs de quelques-uns et les rend noirâtres, tandis que 
d'autres conservent toujours leur blanc mat. 

On trouve des leptocéphales dans l'Océan atlantique, aux en- 
virons du Cap de Bonne-Espérance, dans les Moluques, pres 
des côtes de la Nouvelle - Guinée, des îles de l'Amirauté et des 
Carolines. 


Voyage de l'Uranie. — 7ooïogie. 3 > 


250 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SOUS-GENRE BLENNIE. — Bzennius. Cuv. 


BLENNIE PONCTUËÉ. — BLENNIUS PUNCTATUS. N. 


Blennus, corpore elongato, compresso, plumbeo, punclis fuscis irro- 
rato ; maxrllis æqualibus ; dentibus camnis quatuor; operculo suprà emar- 


gtnato ; 


BG ND:28 PR NS PAM M CNET 


LA forme de la tête et du corps de ce blennie lui donne 
quelque ressemblance avec les rasons connus sous le nom de cory- 
phènes ; en effet, sa tête est grosse, son museau coupé verticale- 
ment, et son corps comprimé sur les côtés. ! 

Les yeux sont placés au sommet de la tête, près l'un de l'autre, 
et surmontés chacun d’un assez long tentacule pointu. La bouche 
est grande, la langue obtuse, charnue; les mâchoires presque 
égales ; les dents longues, aplaties, excessivement fines et serrées, 
sur une seule rangée demi-circulaire, après laquelle, en haut et en 
bas, sont deux crochets forts et coniqués. 

La nageoire du dos est très-élevée, de même que celle de l'anus: 
toutes deux finissent près de la queue : la première à vingt-huit 
rayons, et la seconde dix-huit. Les pectorales, larges et arrondies, 
en ont quatorze, et la caudale, de même forme, onze. Les ven- 
trales, placées sous la gorge, ont trois rayons bien distincts. Les 
ouïes sont larges et soutenues par six rayons. L'opercule est échancré 
à sa partie supérieure. 

La couleur de ce blennie est plombée, marquée de points bruns 
irréguliers. La mollesse de son corps un peu altéré, n'a pas permis 
de voir la direction de la ligne latérale. On distingue seulement 


ZOOLOGIE. 251 
sur la peau les stries musculaires formant des triangles réguliers 
dirigés en avant. 

La longueur de ce poisson est de trois pouces et demi; sa 
hauteur, de sept lignes. Son estomac contenoiït des polypiers 
flexibles. 

Il est indiqué venir de la baïe des Chiens-Marins; mais nous 
nen sommes pas sûrs, parce qu'ordinairement, dans les lieux où 
existent les blennies, on les voit sauter à la surface des eaux et 
se fixer aux rochers en formant ventouse avec leur abdomen et 
leurs nageoires pectorales et ventrales, ce que nous n'avons point 
remarqué à la baïe des Chiens-Marins. 


BLENNIE FISSICORNE. — BLENNIUS FISSICORNIS. 


Blennus, corpore fusco, subcylindraceo; cirris ocularibus elongatis , 
ramosis, buus; operculo supra emarginato; lneä lateral cubitatä. 


D 6 METIERS MC NUS 


CE petit blennie a la tête médiocrement grosse, le corps arrondi 
en avant, légèrement aplati en arrière, où il finit en pointe. Le 
front est large, oblique ; les narines sont écartées, l’inférieure 
tubulée. Les tentacules oculaires sont longs, grêles, avec quelques 
légères ramifications à leur base. Les mâchoires sont égales, et, après 
leur simple rangée de dents, viennent quatre crochets coniques. 
L'opercule est un peu échancré à sa partie supérieure : cette dis- 
position, qu'on retrouve dans presque tous les blennies, ne seroiït- 
“elle pas propre à favoriser le séjour momentané que ces pois- 
sons font dans l'air! En effet, en rapprochant la partie inférieure 
de leur opercule, ils ferment leurs ouïes de manière à ne laïsser 
qu'une légère ouverture, pourvue d'une membrane, dans léchan- 
crure que nous signalons. Ce qui n'est formé qu'accidentellement 

32° 


22 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

dans les blennies, existe toujours dans les baudroiïes, dont l'ouver- 
ture des branchies est fistulaire, et qui, comme on sait, peuvent 
vivre long-temps hors de l’eau. 

La nageoiïre dorsale: prend naïssance au niveau de lopercule ; 
quoique tous ses rayons soient mous, elle paroît formée de deux 
parties contiguës, dont la première a onze rayons, et la seconde, 
arrondie et fixée au lobe de la queue, quinze. Les pectorales et 
la caudale sont arrondies ; -elles ont chacune treïze rayons; l'anale 
en a dix-huit, et les ventrales, deux. L'anus est large et son appen- 
dice petit. 

La ligne latérale, placée à la partie supérieure, est droite d'abord, 
se courbe brusquement et reprend ensuite sa première direction. 
La couleur de ce poisson est brunätre, et le bord des nageoires 
noirâtre. Son séjour dans l'alcool l'a couvert d’un dépôt blanc. 

Sa longueur est de deux pouces. Nous croyons l'avoir pris dans 
la baie de Rio de Janeiro. 


[8] 
VA 
ES) 


ZOOLOGIE. 


Sous-GENRE SALARIAS. — Sarari4s. Cu. 


SALARIAS FRONT BOSSU. — SaLARIAS GIBBIFRONS. 


Salarias, capite obtuso , fronte gibboso, verticali; corpore marmorato ; 


pins migro punctatis ; lineä lateral interruptä. 
De SP tm AN he AR ONCE 12; 


CETTE espèce est remarquable par son front obtus, arrondi, 
tronqué, et tellement avancé qu'il forme un angle de plus de 90°; de 
sorte que les narines se trouvent toutà-fait dirigées en avant. Au 
premier abord, à peine aperçoit-on la bouche placée au bas de cette 
troncature; cependant elle est grande et élargie transversalement. 
La mâchoire supérieure recouvre l'inférieure ; les dents, excessi- 
vement petites, ne sont visibles qu'à la loupe ; la mâchoire infé- 
rieure seule a deux crochets. 

Les yeux sont larges, placés au sommet du front, dirigés obli- 
quement l'un vers l'autre, et surmontés de deux petits cils mem- 
braneux. Les opercules sont échancrés à leur partie supérieure, où 
se remarque une membrane fine; ils sont réunis sous la gorge par 
une membrane commune, immédiatement après laquelle viennent 
les ventrales, qui sont petites et bifides. Les pectorales sont arrondies, 
légèrement acuminées, et formées de quatorze rayons, dont les su- 
périeurs sont les plus petits. La dorsale prend naissance au sommet 
du front et s'étend jusqu'a l'extrémité de la queue: elle est compo- 
sée de deux lobes distincts et continus, dont le premier a douze 
rayons et le second vingt. Le ventre est saïllant. L’anus et son 
appendice sont fort petits; il touche presque la nageoïire de son 


254 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
nom, laquelle a vingt rayons; la caudale en a douze. La ligne latérale 
est interrompue. 

Ce poisson, assez agréablement nuancé, a le corps rougeâtre 
marbré de brun; la tête et la gorge sont pointillées de la même 
couleur. Toutes les nageoires, maïs principalement celles du dos, 
de la queue et de l'anus, sont marquées de points très-noirs formant 
des lignes longitudinales un peu irrégulières. Sa longueur est de 
trois pouces cinq lignes, et sa hauteur , à la saïllie du ventre, de 
neuf lignes. 

Nous flavons rapporté des îles Sandwich. 


ZOOLOGIE. 25 


A 


Sous-GENRE CLINUS. -— CziNus. Cuv. 


CLINUS BAZET. — CLINUS NUCHIPINNIS. 


Clinus, corpore fusco, marmorato ; fronte cillato; maculä violaceä in 
apice operculi ; caudä subrotundä. 

BYé Diupn4bVs Aer) Cons: 

CE clinus a la tête petite, les nageoires grandes, le corps com- 
primé , très-mou, le museau un peu pointu, la bouche très-grande, 
les mâchoires égales pourvues de dents à crochets, derrière les- 
quelles en sont d’autres plus petites, de même qu'au palais et aux 
os pharyngiens. Les lèvres sont lâches et peuvent recouvrir tota- 
lement les mâchoires. Les yeux sont rapprochés du sommet de la 
tête; leur conjonctive, à la partie supérieure de laquelle adhère un 
petit faisceau de cirres membraneux, a beaucoup de laxité. On en 
remarque également un de chaque côté au-dessus de la tête et au- 
devant de la nageoïre dorsale. Les orifices des narines sont écartés 
l'un de l'autre ; les ouïes sont grandes et soutenues par six rayons 
dont les supérieurs dépassent en arrière le bord de lopercule. 
L'os qui supporte les arcs branchiaux fait une saïllie tranchante 
dans le contour de l'opercule. La nageoire dorsale, continue dans 
toute sa longueur, est cependant comme formée de deux parties, 
dont la première plus longue à dix-huit rayons aiguillonnés, et la 
seconde, plus élevée, douze branchus ; le dernier adhère à la base 
de la queue. L'anale a deux rayons aiguillonnés et dix-huit mous; la 
caudale , arrondie, en compte treize; et les pectorales, de même 
forme et portées sur un pédicule court et écailleux, en ont qua- 
torze ; les ventrales trois. 


256 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Les écailles sont fines et serrées; la base des nageoires dorsale 
et anale en est couverte. La ligne latérale, droite d’abord, s'in- 
cline fortement vers le bas pour reprendre ensuite sa première 
direction. 

La couleur générale de ce poisson est brun foncé; le corps est 
marbré; le bord des nageoires du dos, de l'anus et des pectorales 
est violacé; une tache de la même couleur occupe le haut de 
l'opercule ; la nageoïre de la queue est ponctuée de brun. 

La longueur de ce clinus est de cinq pouces; sa hauteur, de 
reïze lignes, et son épaisseur, de quatre. 

Ce clinus, qui se nourrit de petits crustacés, et que nous avons 
pris dans la baie de Rio de Janeiro, est dédié à M. Bazet, médecin 
français attaché à la colonie suisse du Brésil. 

Un autre individu, entièrement semblable dans son organisation, 
n'en diffère que par sa couleur plus uniformément sombre et sans 
marbrures. 


ZOOLOGIE. 257 


SOUS-GENRE PÉRIOPHTHALME. — PERIOPHTHALMUS. Schn. 


PÉRIOPHTHALME FREYCINET.-PERIOPHTHALMUS FREYCINETI. Cuv. 


Periophthalmus, corpore fusco; capite crasso, albido punctato; dentibus . 


valides ; pinnà dorsal radis quatuor, apice albida. 
ADAM SMD ITA SPAIN AMMAMCNE: 


GRANDE espèce à corps cylindrique par devant, comprimé par 
derrière, où il samincit en pointe. La tête est large, arrondie, obtuse 
en face, le front presque vertical, les yeux placés à son sommet, 
rapprochés l'un de l'autre et munis de paupières lâches. Les narines 
sont près des yeux. La bouche est très-grande, arrondie; les lèvres 
sont amples et molles; la mâchoire inférieure est plus courte que 
la supérieure, sous laquelle elle s'emboîte; toutes deux sont munies 
sur le devant de longs crochets, et de dents coniques sur les côtés. 
Les crochets supérieurs sont les plus longs; derrière eux est une 
rangée d'autres dents petites et obtuses. Les os pharyngiens en sont 
aussi couverts. La langue est arrondie, et la membrane buccale forme 
un large repli au palais. Les opercules, bombés, présentent dans 
leur intérieur une assez large excavation, qu'augmente encore l'am- 
pleur de la membrane branchiale disposée de maniere à ne laïsser 
qu'une petite ouverture aux ouïes. 

Les pectorales, arrondies et munies de seize rayons, sont por- 
iées sur des espèces de bras écaïlleux dont l'origine est couverte 
par des opercules. Les ventrales, placées sous la gorge, réunies 
entre elles par une membrane, forment un disque concave. La 
première dorsale, distante de seize lignes de la seconde, est élevée, 


peu large et soutenue par quatre rayons flexibles; la seconde en 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 
9} age € ranlie, 00 091€ 5 à 


258 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


a quatorze articulés ; ce nombre est aussi celui de l'anale, au-devant 
de laquelle est placé le petit appendice charnu qu'on retrouve dans 
tous les mâles de cette famille et de celle des blennies. La caudale, 
alongée, arrondie, a douze rayons; elle paroît pointue dans le repos. 

Les écailles sont lisses, assez grandes, serrées et agréablement 
striées lorsqu'on les examine à la loupe. Toute la tête en est cou- 
verte, ainsi que les joues. La ligne latérale, presque droite, occupe 
le milieu du corps. 

La couleur générale de ce périophthalme est sombre, brun foncé 
sur la partie supérieure du corps et les nageoires, blanchâtre et 
comme nacrée sous le ventre, d'un rouge sale vers la queue. La 
tête est marquée de points blancs. La première dorsale a une tache 
blanche à son extrémité, et l’anale est blanchâtre. 

Ces poissons habitent l'embouchure des rivières de l'île Timor; 
ils se logent dans les trous et sont très-défians. Ils sont remar- 
quables aussi par la facilité qu'ils ont de pouvoir rester long-temps 
à l'air libre, et de courir avec une étonnante rapidité sur l'eau et la 
vase, en s'aidant de leurs nageoires pectorales et ventrales ; ce qui 
leur donne fair d'avoir de vrais bras pour faciliter leur marche; et 
comme dans cette action les pectorales sont dirigées en avant eten 
bas, elles élargissent en même temps qu'elles bouchent l'ouverture 
operculaire, qui, par ce moyen, peut contenir l’eau dont l'animal a 
besoin pendant tout le temps qu'il demeure à l'air. Les ventrales lui 
donnent la facilité de s'appliquer sur les corps lisses. On remarque 
que, pendant qu'il est hors de l’eau, ses yeux deviennent plus saïllans, 
ce qui a lieu aussi dans les blennies. I est probable que la finesse de la 
peau de la partie interne des bras sert à faciliter le sens du toucher. 

Le périophthalme Freycinet, ainsi nommé par M. Cuvier dans 
les galeries du Muséum, fut tué par l’un de nous d’un coup de fusil, 
dans la rivière de Babao. Sa longueur totale est de sept pouces; sa 
hauteur, de seize lignes, prise au ventre, qui est assez saïllant ; et son 
épaisseur, de huit lignes. 


ZOOLOGIE. 2 


Sous-GENRE ÉLÉOTRIS. — £zrorris. Gronov. et Cuv. 


ÉLÉOTRIS NOIR. — Errorris NIGER. N. 


PLANCHE 60, fig. 2. 


Eleotris, corpore migricante ; capite plagioplateo ; maxtllà infériore lon- 
gore; præoperculo aculeato. 


TMD 2 D Mo PE LS EVE TA NC" 572: 


CE poisson a la tête grosse, aplatie, la queue presque aussi large 
que le corps, le museau arrondi, la bouche dirigée en haut, et les 
mächoires garnies de plusieurs rangées de dents aiguës; l'inférieure 
se portant au-devant de la supérieure, qu'elle dépasse un peu; la 
langue est large, lisse et détachée. Les yeux, placés très-près du 
sommet de la tête, ont leur orbite qui saïlle en avant. 

L'opercule est fixé dans tout son contour supérieur, et le préo- 
percule présente un aïguïllon dirigé en bas et en avant. 

La première nageoire du dos a six rayons flexibles, penchés très- 
obliquement en arrière comme les dix de la seconde. La caudale, 
alongée et très-légèrement arrondie, en a environ trente-deux, et 
l'anale neuf. 

Les ventrales, éloïgnées l’une de l’autre, ont six rayons, et chacune 
des pectorales quinze. Les membranes de ces dernières sont flexibles 
et portées sur un pédicule charnu couvert d'écailles. 

L'anus, placé un peu en avant dela nageoire qui en porte le nom, 
a par derrière un appendice assez alongé. 

Les écaïlles sont arrondies, serrées; toute la tête et les opercules 
en sont recouverts ; le ventre est saïllant et arrondi. La couleur 


3510 


260 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
de ce poisson est d'un brun presque noir, aïnsi que l'indique son 


nom. 
Sa longueur est de trois pouces et demi; nous en avons rap- 
porté un autre individu de plus grande taille. Hs proviennent de 


Vaigiou. 


ZOOLOGIE. 261 


GENRE SILEAGON— rico Cu. 


SILLAGO MACULÉ. —— SILLAGO MACULATA. N. 


PLANCHE 53, fig. 2. 


Sillago subrosea; corpore arcuato, maculis obliquis septem vel octo 


supernè imfuscato; macula basi pinnæ pectoralis. 
BC RD he DS 0 MP EC NCA ETES 


CE poisson, depuis le bout du museau jusqu'a la queue, est 
courbé en arc. Cette disposition de forme, jointe à ses lèvres alon- 
gées, protractiles, et à ses grands yeux, lui donne un air stupide. 
La mächoire inférieure s'emboîte sous la supérieure; les dents 
sont nombreuses et en velours. La langue est tellement reculée au 
fond du gosier, qu'on diroit que l'animal en est privé. Les narines, 
placées au sommet de la tête, au-devant des yeux, ont deux 
ouvertures séparées. L'iris est doré en bas et noir en haut. 
L'opercule est presque arrondi, et l’aïiguillon caractéristique n'est 
seulement qu'indiqué. À peine aperçoit-on les dentelures des préo- 
percules, qui forment, en se terminant sous la gorge, deux sillons 
larges et lisses se prolongeant jusqu'au bout de la mâchoire. Les 
opercules sont couverts d'écaïlles, et la membrane des branchies 
compte six rayons dont, l'extérieur est le plus large. 

La première dorsale en a douze, alongés, flexibles à leur extré- 
mité, diminuant insensiblement de hauteur jusqu'au dernier, qui 
est trés-court et se lie par une membrane étroite avec la seconde 
nageoire, laquelle à vingt rayons mous, couchés en arrière. La 
queue, légerement échancrée, en compte dix-huit; les pectorales 


262 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
seize; les thoraciques, éloignées l’une de l’autre, six; et l'anale, vngt- 
un flexibles. 

La ligne latérale se courbe d'abord et se dirige ensuite droit vers 
la queue. Les écailles forment des losanges alongés dont le plus 
grand diamètre est vertical. La couleur générale est rosée. Une 
bande argentée prend naïssance au-dessus de la nageoïre pectorale 
et finit à la queue. Le corps est marqué en-dessus de sept ou huit 
taches noirâtres, irrégulières et obliques ; et la nageoiïre pectorale 
en a une de la même couleur à sa base. 

La longueur de ce poisson est d'environ huit pouces. Nous 
l'avons pris dans la rade de Sydney, au Port-Jackson. 


ZOOLOGIE, 263 


Sous-GENRE LABRE. — Zaprus. Cuv. 


LABRE ARAGO. — LaBrus AR4Go. N. 


PLANCHE 65, fig. 2. 


Labrus, corpore toto viridi ; macularum aurearum triplict ordine 


prunes dorst et ant; caudà rotundä. 


Del rs MAMA C0: 


CE joli poisson a le corps alongé, un peu arrondi, et le front 
élevé. La mâchoire supérieure dépasse celle d'en bas; toutes deux 
ont des dents aïguës. 

La dorsale prend très-près du front, et laïsse un espace entre elle 
et la nageoiïre de la queue ; elle est composée de vingt-un rayons 
égaux : l’anale, moins étendue, mais de même forme, en compte 
quatorze; les pectorales, environ quinze; et la caudale, qui est 
arrondie, à-peu-près dix-neuf. 

La couleur générale de l'individu est verte; la tête offre trois 
lignes violettes bordées de rouge, et les joues trois autres de couleur 
orange, se dirigeant sous la mâchoire inférieure. L'œil est noirâtre. 

Le milieu du corps présente des raïes rougeätres qui, partant 
d'en haut et d'en bas, viennent se croiser au centre. Six taches 
noires et arrondies couvrent la queue : les rayons de la nageoire 
caudale sont alternativement verts et rouges. 

L'intervalle de chaque membrane qui réunit entre eux les 
rayons de l’anale et de la dorsale, est taché de trois points aurore, 
placés les uns au-dessus des autres, et dont l’ensemble forme trois 
lignes parallèles à l'animal. Les pectorales et les ventrales sont 
rosées. 


264 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Cet individu, dessiné au sortir de l'eau par M. Taunay, a été 
ensuite perdu. Les couleurs ont été appliquées avec exactitude; 
mais il semble y avoir quelque incorrection dans la ligne latérale, 
qui ne nous paroît pas être celle des labres. 

Ce poisson se trouve dans les eaux des îles des Papous. Nous 
l'avons dédié à M. Jacques Arago, dessinateur de l'expédition. 


ZOOLOGIE. 265 


*  Sous-GENRE GIRELLE. — Juzrs. Cuv. 


Division de celles qui ont des pores à la tête. 


GIRELLE GAIMARD. — Juzis GarmarD. N. 


INARÉA LOUAÏNÉ, dans la langue des îles Sandwich. 


PLANCHE 54, fig. 1. 


Juls, corpore rubro ; primo radio pinnæ dorsals longissimo , flexibih ; 
pinnä ant qundecim radis ; caudä rotundé , fubvà. 


Base D21. Pi 12. V. GA SC, 14 


CE beau poisson a le corps alongé, arrondi par le haut, presque 
aplati sur les côtés, ses mâchoires, également avancées, sont 
armées chacune de deux rangées de dents; les extérieures, plus 
grandes et dirigées en avant; quatre de celles-ci sont en crochets 
et font saïllie au-dehors. Les deux crochets inférieurs sont reçus 
dans l'écartement de ceux d'en haut; la langue est courte, et l'on 
voit une membrane demi-circulaire au palais. L'œiïl est arrondi, 
rougeätre, et l'orbite striée dans la partie inférieure de son contour. 
Les joues sont lisses; l'opercule se termine par un prolongement 
membraneux, irrégulier et obtus; les ouïes ont cinq rayons. Sept 
ou huit pores forment sur le sommet de la tête, de chaque côté, 
une ligne courbe, prenant un peu en avant des narines Jusque 
derrière l'œil; d’autres, au nombre de sept ou huit, bordent également 
la partie inférieure de l'orbite; enfin, on en compte sept autour de 


lopercule. La nageoiïre dorsale, dont l’origine correspond au pro- 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 34 


266 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


longement de l'opercule, est composée d'abord de deux rayons 
flexibles plus longs que ceux qui suivent : de ces deux rayons, le 
premier est beaucoup plus alongé ; viennent ensuite sept autres 
rayons épineux, et enfin douze branchus, qui font en tout vingt- 
un. Cette nageoiïre est rouge, avec deux petits lisérés bleus, et a 
des points bleus aussi à sa base. L'anale, beaucoup moiïns étendue, 
a trois aiguillons et douze rayons articulés; son limbe est jaune, 
tranché de trois raies bleues, et sa base est d'un rouge ponctué 
de bleu. La caudale a quatorze rayons; elle est légèrement arrondie 
et d'un beau jaune, avec deux rangées de points d'un bleu foncé 
à son origine. Douze rayons disposés en triangle forment les pec- 
torales, qui sont nuancées de rose et de jaune, avec une tache 
brune dans l'aisselle. C'est aussi la couleur des ventrales qui ont 
de plus une ligne bleue longitudinale. L'anus, placé plus près de 
la nageoïre de son nom que des précédentes, a son orifice bleu 
deiciel 

La couleur générale du corps est d'un beau rouge de carmin, 
avec des points bleus irréguliers vers la partie postérieure et la 
queue. Le ventre, le thorax et une portion de l’opercule en remon- 
tant vers la nuque, offrent une teinte brune : une large tache jaune 
occupe les flancs. Les joues et les lèvres sont rosées, tandis que la 
base du préopercule et de l'opercule reflète une belle couleur bleu 
de ciel. Une bandelette ondulée, d'abord verdâtre, puis bleue, 
part du premier rayon de la dorsale, est à moitié divisée par l'œil, 
et vient finir sur le museau ; elle passe sur l'extrémité anté- 
rieure d'une autre bandelette beaucoup plus large, blanchätre 
au milieu, rosée sur les bords, qui se porte vers la pointe posté- 
rieure de l’opercule; enfin, une troisième de la même couleur, un 
peu courbée en haut, prend à la lèvre supérieure et se termine 
au contour operculaire: on remarque dans cet endroit un point 
blanc. 

Deux lignes partant du sternum se dirigent, la première, qui est 


ZOOLOGIE. 267 
rosée, vers la base de la nageoïre pectorale, et la seconde, de couleur 
bleu de ciel, vers les ventrales. 

Les écaiïlles sont serrées, médiocrement larges. La ligne latérale 
est près du dos et en suit le contour; elle n'est point interrompue, 
mais brusquement coudée; et avec un peu d'attention, il est facile 
d'en suivre la trace. 

La longueur de ce poisson est de neuf pouces et demi. I pro- 
vient des eaux limpides de Mowi. I fut dessiné, au sortir de la 
mer, par M. Taunay. Mais depuis, le bocal dans lequel ïl étoit 
s'étant cassé, il S'est trouvé altéré au point que des insectes y 
avoïent déposé leurs larves, lorsqu'il fut remis dans l'alcool. Il est 
au Muséum d'histoire naturelle. 


GIRELLE RAIE AURORE. — Juris BALTEATUS. N. 


O-OUMA MAAOU VÉLA, enidiome sandwichien, 
PLANCHE 56, fig. 1. 


Juls, pinnis ant et dorst subflavis ; fascrä sublavä longitudinal et latä ; 
dentibus oris commissuræ. 


Bus D PR. VE GA Cure 


12 


ON reconnaîtra cette girelle à sa forme ovoide, à son museau 
alongé, à ses mächoires arrondies, garnies de dents égales; aux deux 
dents supérieures aiguës qui, de la commissure de la bouche, font 
saïllie au-dehors. Maïs c'est principalement l'examen de ses couleurs 
qui fournira les principaux caractères. Ainsi la tête, et le corps en 
long, jusqu'au milieu, sont verdâtres ; une large raïe longitudinale 
aurore, bordée de violet, prend depuis l'opercule jusqu'à la queue. La 
poitrine, le ventre, les nageoires pectorales, ventrales, anale, sont 
d’un jaune sale, tandis que celles du dos et de la queue sont aurore. 


34F 


268 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Trois raïes violettes traversent les joues en long : la premiere 
correspond à la ligne latérale ; la seconde ou moyenne prend sous 
l'œil et se continue avec celle qui côtoie la bande aurore. La der- 
nière commence à la lèvre inférieure, se courbe en haut et suit le 
même trajet que la première. 

L'œil est jaune; les narines doubles; la membrane branchiostége 
a cinq rayons, et la ligne latérale ponctuée fléchit brusquement 
vers la queue. 

La nageoire du dos, régulière, est composée de neuf aïguillons 
et de douze rayons flexibles. L'anale a deux piquans et treize rayons 
branchus : ce nombre de rayons est aussi celui des pectorales et de 
la caudale, qui est arrondie. 

Les écaïlles du corps sont larges : les joues en sont dépourvues. 

C'est à lle Mowi que nous avons pris ce poisson. I y paroît 
commun, et nous en avons remis plusieurs individus au Muséum. 

I est figuré de grandeur naturelle. 


GIRELLE DUPERREY. — Juzis Durerrex. N, 


PLANCHE 56, fig. 2. 


Juls cyanocephalus ; corpore fascià rubrä transversè notato ; caudä valde 
bifurcatä. 


BA6 2 DSP MMA CN 


CETTE girelle a, au premier aspect, beaucoup de rapports avec 
le labre cyanocéphale de Bloch; maïs si, comme lui, elle a la tête 
d'un bleu foncé, elle en diffère par une large bande rougeâtre qui: 
vient après les opercules. Les nageoires ne sont pas non plus les 
mêmes : celle de la queue sur-tout, au lieu d'être arrondie, comme 
dans la girelle tête bleue, a deux longs filamens qui la font ressembler 


ZOOLOGIE. 269 
à la queue d'une hirondelle. La forme de la nôtre est oblongue; sa 
tête, arrondie, finit en pointe; ses machoires sont égales, armées 
de dents, dont celles de devant, plus longues que les autres, se 
trouvent recouvertes dans l'état naturel par des lèvres rétractiles. 
Les os pharyngiens ont aussi des dents. Les narines sont doubles; 
l'œil petit. L'opercule, divisé inférieurement en deux pièces, se 
termine par une pointe obtuse. La tête est garnie d'un grand nombre 
de pores : on en remarque deux rangées autour des yeux, trois ran- 
gées sous la gorge et quelques-uns d'épars sur le préopercule. La 
membrane des branchies a six rayons. 

La nageoiïre du dos en a huit aïguillonnés;, moins élevés que les 
mous, qui sont au nombre de quatorze; l'anale a deux aïguiïllons et 
onze rayons articulés; les pectorales en comptent quinze; les ven- 
trales, qui sont très-petites, six; et la caudale, qui est carrée, 
quatorze. La ligne latérale, après avoir suivi la courbure du dos 
jusqu'à la queue, s'incline brusquement en escalier sans s’inter- 
rompre. D'espace en espace, deux petites branches latérales dirigées 
vers l'arrière s'ajoutent à chaque ponctuation. 

Les écailles paroïssent finement striées; leur limbe est arrondi. 
Nous en avons compté vingt-cinq depuis lopercule jusqu'à la queue. 

Sous l’opercule et derrière la nageoïre pectorale, on remarque 
deux membranes formant le cu-de-sac. 

Nous avons déjà dit que la couleur bleu foncé de la tête étoit 
circonscrite par l'opercule : la même teinte existe sur la dorsale, 
l'anale, au milieu de la nageoire de la queue, à la base et à l’extré- 
mité des pectorales; le reste du corps est brun, avec des stries 
transversales de la même couleur. 

On pêche ce labroïde aux îles Sandwich. 

Nous favons dédié à M. Louis-Isidore Duperrey, officier de 
l’Uranie, qui commande, en ce moment, une expédition scienti- 
fque autour du monde. 


270 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GIRELLE GEOFFROY, — Juris GEorrroy. N. 


PPANCHE SO Ie. 2: 


Juls, corpore subcæruleo, oculis numerosissimis sparso; pinnis ant et 
dorsi latis ; caudä rotundaä. 

Bis PDA AP One VOA CAS 

CE poisson a le front élevé, arrondi; lé museau peu avancé; 
la mâchoire supérieure dépassant un peu celle d'en bas: les dents 
de devant sont plus longues que les autres et saïllantes ; on en 
remarque une déviée en-dehors à chaque commissure de la bouche; 
l'ouverture des narines, à peine sensible, touche l'œil. L'opercule se 
termine par une pointe membraneuse. On compte environ vingt-cinq 
pores sur le museau, le préopercule et dans le contour de l'orbite. 

La queue est large; la nageoïire caudale, légèrement arrondie, a 
quinze rayons. Les nageoires du dos et de l'anus ont la même forme: 
la première, qui prend en avant au sommet de la tête, est com- 
posée de neuf rayons aïiguillonnés et de onze articulés trifides; la 
seconde en a quinze, dont deux épineux ; les pectorales, onze; et 
les thoraciques , réunies à leur base, six, 

La membrane qui soutient les branchies a cinq arceaux. La ligne 
latérale ponctuée et ramifrée se courbe brusquement à sa fin, sans 
discontinuer son trajet jusqu'à la queue. 

La couleur générale est d’un bleuâtre foncé. Chaque écaille est 
légèrement ponctuée de la même couleur. Tout le corps est par- 
semé de lunules bleues bordées de brun, irrégulières sur la queue 
et les thoraciques, mais décrivant trois ou quatre lignes à la dorsale 
et à l'anale. Les pectorales sont jaunes; cette couleur est plus 
marquée à leur base. On voit sur le front, les joues et la gorge, 


ZOOLOGIE. : 271 


plusieurs lignes et points bleus; quatre de ces raïes, parallèles entre 
elles, descendent obliquement des environs de l'œil vers la bouche. 
Les membranes qui unissent les trois premiers rayons de la dorsale, 
sont tachées de Jaune. 

Cette girelle, représentée de grandeur naturelle, habitoit les eaux 
des îles Sandwich. Plusieurs individus ont été déposés au Muséum. 

Nous avons dédiée au généreux ami de M. Haüy, à l'auteur 
de la Philosophie anatomique, M. le professeur Geoffroy Saint- 
Hilaire. 


GIRELLE TÉNIANOTE. — Juris TÆNIANOTUS. Cuv. 


Jules, corpore compresso; fronte elevato ; spinis pinnæ dorsals novem ; 
ventralhibus filamentosis ; caudä rotundé. 


DSP ET VGA AC 2: 


CETTE girelle a le corps très-comprimé; le front élevé, arrondi; 
la bouche placée bas, les dents fortes; deux crochets à chaque 
mâchoire par devant. L'œil est situé au sommet de la tête; les 
narines s'ouvrent par deux orifices au-devant de lui. On remarque 
seulement quelques pores au-dessus de l'orbite. Les pectorales, 
arrondies, comptent onze rayons; les ventrales, placées au-dessous, 
en ont six, dont le second, filamenteux, s'étend jusqu'à l'anale. Cette 
dernière nageoïre a trois rayons aiguillonnés et treize branchus. 
La dorsale, qui prend au haut du front, est égale dans toute sa 
longueur et formée de vingt-troïis rayons, dont les neuf premiers 
sont épineux, avec une petite pointe à la membrane qui les soutient. 
La caudale, arrondie, est composée de douze rayons. 

Les écailles sont très-larges, flexibles. La ligne latérale est inter- 
rompue. Quoique les couleurs de ce poisson aïent été altérées par 
l'alcool, on aperçoit encore sur les joues trois bandes violacées, 


7 2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

des points noirs à la queue, une tache de la même couleur au- 
devant de la nageoiïre dorsale, et d’autres taches le long de cette 
nageoire et de celle de l'anus. 

Longueur, quatre pouces trois lignes; hauteur, un pouce; épais- 
seur, trois lignes. 

Nous flavons rapporté de l’île Vaigiou. 

Nous pensons que cet individu pourroit bien être notre labre 
Arago {p£. 65, fig.2), qui fut perdu après avoir été dessiné, au sortir 
de l’eau etavec toutes ses couleurs, par M. Taunay. Si les couleurs de 
la girelle ténianote ne paroïssent pas être semblables en tout point, 
c'est qu'elles ont été altérées d'abord par la liqueur et par une dessic- 
cation qu'elle a ensuite subie. Nous indiquons nos doutes, afin qu'on 
puisse rectifier notre erreur, si cette espèce vient à se retrouver. 


GIRELLE AXILLAIRE. — Juris AXILLARIS, 


Jus, corpore roseo ; maculà luteä in axillä ; punctis nigris duobus 


basi caude ; caudà subrotundä. 


B. 5. D. + P. 13. V. 6. À, Z C. 12. 


CETTE espèce a le corps assez élevé et le ventre saïllant; le front 
présente, entre les yeux, un petit enfoncement ovalaire; le museau 
est obtus; les mächoires égales, protractiles et recouvertes par les 
lèvres. Les dents sont aplaties et bien rangées: la bouche est petite; 
chaque côté de sa commissure est muni d’un crochet horizontalement 
dirigé en avant comme chez les girelles raïe aurore et Geoffroy. Les 
os pharyngiens ont aussi des dents. Les orifices des narines sont 
doubles et excessivement étroits. Au-devant d'eux se trouvent 
quelques pores; on en voit d'autres, écartés, autour des yeux et sur le 
préopercule. 

Les nageoires pectorales, placées un peu plus haut que le milieu 


ZOOLOGIE. 27; 


du corps, petites, triangulaires et arrondies à leur pointe, ont treize 
rayons; les ventrales, plus petites encore, six; la dorsale, peu élevée, 
est formée de neuf aïguillons et de douze rayons flexibles; l’anale 
en a deux des premiers et douze des derniers ; la caudale, légère- 
ment arrondie, a aussi douze rayons. 

Les écailles, serrées, ont une forme de losange. La ligne latérale 
est branchue : après s'être fortement courbée vers la queue, elle se 
termine sur une large écaïlle triangulaire pointue. Ce poisson a une 
teinte rosée; tout le corps et la tête, principalement en-dessus, sont 
garnis de très-petits points bleuâtres; le dos est enfumé, de même 
qu'un plastron qui couvre le front et le museau. Le ventre, la gorge, 
les nageoires et les yeux tirent sur le jaune; une tache d'un jaune 
plus éclatant occupe laisselle un peu au-dessus des pectorales et 
très-près de l'opercule, d'où le nom d’axillaire donné à cette espèce. 
Le lobe de la queue est marqué, de chaque côté, de deux petits 
points noirs cerclés de jaune ; une tache brune se voit à la base 
des pectorales. 

Longueur, quatre pouces trois lignes ; hauteur, dix-neuf lignes ; 
épaisseur, six lignes. 

Nous l'avons rapporté des îles Sandwich et déposé au Muséum. 


Voyage de l'Uranie, — Toologie. 35 


274 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE CHEILION. — Carrzro. Lacép. 


CHEILION DORÉ. — CHerrro AURATUS. 


Lacép. tom. 4, pag. 433. 
IROU, dans la langue des îles Sandwich. 


PLANCHE 54, fig. 2. 


Cheilio, corpore elongato, fusco-flavo; vittä medià longitudinal mera ; 
rostro elongato ; caudä rotundä. 


BD 25 00P 0 Dr Ans CE MA 


LE genre cheilion est peu nombreux en espèces. Nous avons 
cru devoir donner une figure de celle-ci, que Commerson a fait 
connoître et qua décrite M. de Lacépède. 

Ce poisson sera toujours facile à reconnoître à sa forme très- 
alongée: son diamètre vertical, pris de l'extrémité d'un rayon de 
la nageoire du dos à celle de Fanus, n'est que le sixième de la 
longueur totale , qui, dans cette espèce, est de six pouces. 

La tête s'unit au corps par une ligne insensible. Le museau est 
très-pointu ; la mâchoire supérieure, munie de deux crochets, dépasse 
l'inférieure. Les lèvres sont charnues et extensibles ; les narines ont 
deux ouvertures; l'œil est grand; l'iris couleur d'or. L'opercule se 
termine en une assez longue pointe émoussée; il est recouvert de 
quelques écailles, de même que le contour de l'œil. Six rayons sou- 
tiennent la membrane des branchies. 

La nageoire dorsale, par-tout de la même hauteur, est com- 
posée de vingt-trois rayons égaux, dont aucun n'est épineux. Il 
en est ainsi de lanale, qui en a quinze. La caudale, arrondie, 


ZOOLOGIE. 276 


en a quatorze, et les pectorales sont composées de onze rayons. 

La ligne latérale n'est point interrompue; elle se courbe d'abord 
un peu et parcourt la partie moyenne du corps jusqu'à la termi- 
naison de la queue. D’espace en espace, elle offre de petites rami- 
fications. 

Ce poisson est brun rougeâtre dans la moitié supérieure du 
corps; sous le ventre ïl est jaune. La séparation de ces deux 
couleurs est indiquée par une bande noire longitudinale. La 
nageoire de la queue, l’anale et les pectorales sont jaunes, tandis 
que la dorsale participe de la couleur brune du haut du corps. 

Les écaiïlles, dans leur imbrication, paroïssent carrées, quoïque 
leur pointe soit aiguë. 

Commerson dit que la chair du cheïlion doré de l'île de France 
est blanche et agréable au goût, maïs peu recherchée, parce que 
ce poisson est très-commun au marché. Apparemment que pendant 
les trois mois de séjour que nous avons faits dans cette île, en mai, 
juin et juillet, ce n'étoit pas l'époque de la pêche de ce poisson, 
car nous n'avons point eu occasion de l'y voir. 

L'individu que nous avons fait représenter de grandeur natu- 
relle, provient des îles Sandwich; il est petit, comparé à celui que 
possède le Muséum. 


276 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SoUS-GENRE ANAMPSÈS. — Anampses, Cuv. 


ANAMPSES CUVIER. — Anamrses Cuvier. N. 


OPOURÉ, dans [a langue des îles Sandwich. 


PLANCHE 55; f@. I. 


Anampses, corpore subvirid suprà, subtùs purpureo, punctis albis 


amussim lineato ; caudà rotundà. 
B. 5. D. 2; P. 12. V. 6. A, 2 C: v4. 


Nous offrons à M. G. Cuvier le tribut de notre reconnoissance 
pour les conseïls qu'il a bien voulu nous donner, en lui consa- 
crant, dans la classe qu'il a le plus travaillée, l'espèce elle-même 
qui lui a servi à l'établissement de ce nouveau sous-genre. 

Ce beau poisson, dont une esquisse a été faite sur le vivant par 
M. Taunay, a le corps ovoïde et très-comprimé; le front assez 
brusquement abaïssé; le museau saïllant et pointu; les mächoires 
presque égales; les lèvres charnues; la bouche petite, sans autres 
dents que quatre crochets aplatis, écartés et faisant saillie au- 
dehors ; les deux d'en bas sont reçus dans l'écartement que pré- 
sentent les deux d'en haut. Les dents pharyngiennes sont fortes. 
Les narines sont doubles, petites; l'œil est grand, rond, avec 
quelques pores à son contour. La tête et les joues sont sans écailles; 
l'opercule présente des stries rayonnées, et se termine en arrière et 
en haut par une assez longue pointe membraneuse. 

Les nageoires, légèrement arrondies, du dos, de l'anus et de la 
queue, sont rosées; les deux premières avec quatre lignes longitu- 
dinales déliées, ondulées et verdâtres. Dans des individus plus 


ZOOLOGIE. 277 
petits, ces lignes ne sont encore que des points. Cette teinte ver- 
dâtre existe aussi au haut de la tête, sur les flancs et à l'extrémité 
de la caudale. La poitrine et le dessous du ventre, jusqu'au milieu 
de l'anale, sont d'un beau rouge pourpre ponctué de blanc. Ces 
couleurs, jointes au jaune pur des pectorales, aux taches rouges 
qu'on observe sur les joues et aux douze lignes longitudinales formées 
par des points blancs comme réunis en chapelet, forment entre 
elles des contrastes qui tendent à embellir ce poisson. D'autres 
points blancs plus petits et irréguliers avoisinent la dorsale. 

Les écaïlles du corps sont larges, arrondies et membraneuses; 
celles qui recouvrent la nuque sont petites et triangulaires. La ligne 
latérale, placée haut, se recourbe brusquement sans s'interrompre: 
elle offre quelques ramifications. 

La nageoïre du dos, uniforme dans sa courbure, a neuf aiguillons 
et treize rayons; ce dernier nombre est aussi celui de l'anale, qui 
a de plus trois épines. Les pectorales, pourvues d'une tache brune à 
leur base, ont douze rayons, et les ventrales six; ces dernières sont 
réunies entre elles et au corps par une membrane. La caudale à 
quatorze rayons; elle est légèrement arrondie. 

Cette espèce provient de l'île Mowi. Nous en avons déposé 
plusieurs individus au Muséum. Les plus grands que nous ayons 
vus avoient près de huit pouces de longueur. 


b 
NI 
ee] 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SOUS-GENRE CHEILINE. — CHEILINUS. Lacép. 


CHEILINE SINUEUSE. — CHErILINUS SINUOSUS. 


Cheilinus, rostro acununato; corpore subviridi, fascus nigricantibus 
undulatis transversé notato ; caudä rotundä. 

B. SDS P. Cr ME TT AMEMOC. 15, 

LE corps de ce poisson est moins élevé par derrière que par devant: 
la tête est conique; le museau alongé et pointu; les lèvres épaisses; 
la bouche médiocrement grande, les mächoires égales, pourvues de 
dents fortes et longues et de deux crochets recourbés en avant; les 
deux supérieurs plus écartés pour recevoir ceux d'en bas dans leur 
interstice. Les os pharyngiens ont aussi des dents. Les narines sont 
à peine perceptibles. Les ouïes sont plus ouvertes que dans les labres 
proprement dits. Les pectorales, arrondies et munies de onze rayons, 
sont aussi placées plus bas et plus près des ventrales; ces dernieres, 
appuyées sur une large écaïlle et couvertes à leur base par d'autres 
écailles triangulaires, sont fixées au corps par une membrane. La 
dorsale a neufaiguiïllons qui augmentent de grandeur en avançant du 
côté de la queue, et onze rayons branchus très-inclinés en arrière. 
Cette dernière disposition existe aussi pour lanale, laquelle a douze 
rayons, dont trois aiguillonnés. Ces deux nageoires sont presque 
entièrement revêtues de larges et longues écaiïlles triangulaires; et 
la membrane qui soutient les rayons aïguillonnés, est découpée en 
pointe derrière chacun d'eux. Le lobe de la queue est fort large; 
la nageoïire caudale , arrondie, a quinze rayons qui sont enveloppés 
de chaque côté par deux très-larges écailles. 

La ligne latérale, droite, ramifiée, tout-à-fait interrompue vers 


ZOOLOGIE. 279 


la fin de la dorsale, reprend un peu plus bas, et se continue jusque 
sur l'écaille inférieure qui embrasse la queue: les écailles qui re- 
couvrent toute la tête et le corps sont larges, arrondies et lâches. 

Le fond de la couleur de cette cheïline est verdâtre, coupé 
transversalement par cinq larges bandes noiïrâtres, irrégulières, dont 
trois parcourent le corps et les nageoires, une le lobe de la queue, 
et la dernière couvre presque entièrement la nageoïre caudale. Les 
rayons aiguillonnés du dos et de l'anus sont verdâtres. 

Longueur totale, trois pouces et demi, hauteur du corps, un 
pouce; épaisseur, quatre lignes. 

Nous avons rapporté cette espèce des iles Sandwich. On la trouve 
aussi à Madagascar, où elle acquiert un plus grand développement. 


280 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE GOMPHOSE. Lacép. — Æzors. Commers.; 
GomPHosUs. Cu. 


GOMPHOSE LACÉPEDE. — Gomrnosus TricoLor. N. 


PLANCHE 55, fig. 2. 


Gomphosus, corpore virid ; pinms ventris, dorst, caudæ et ani flavis , 
pectoralibus vittà cæruleä notatis ; caudä paululim bifurcata. 


Bus. D'ÉTAT PUS Me NGC: ve. 


CE genre, dont Renard a donné le premier une figure incorrecte, 
na été bien décrit que par Commerson, qui a rapporté des mers 
de l'Inde et de Taïti les deux seules espèces connues jusqu'à nous, 
le cœæruleus et le variegatus. L'archipel des îles Sandwich nous a 
fourni le #ricolor et le pectoralis. W est à remarquer que ces îles, 
quoique très-éloïgnées de Taïti, se trouvent avoir avec elle les 
plus grands rapports, non-seulement par le sol, la ressemblance 
qu'ont entre eux leurs habitans, maïs encore par une foule de pro- 
ductions de la nature que les voyageurs y ont observées. Le singu- 
lier genre de poissons qui nous occupe, rare en espèces, en est un 
exemple. 

Les gomphoses ont la tête lisse. Ce qui est remarquable en eux est 
le prolongement de leurs intermaxillaires et de leurs mandibulaires, 
en forme de tube, que Commerson a comparé à un clou, et qui a 
quelque ressemblance avec le boutoir d'un sanglier ou plutôt avec 
le bec d’un oïseau. Le gomphose Lacépède a le corps alongé, épais, 
un peu arqué sur le dos et davantage au-dessous du ventre. Sa tête est 
médiocre; le front est convexe, arrondi; on voit, en avant des yeux, 


ZOOLOGIE. 281 


deux saïllies osseuses; le museau est arrondi à son extrémité; les 
mächoires sont égales, munies de dents en crochet, les antérieures 
un peu plus grandes que les autres; le pharynx en est aussi pourvu. 
Les lèvres sont épaisses, rétractiles, et une seconde espèce de lèvre 
surnuméraire, moins avancée et lâche, recouvre la mâchoire supé- 
rieure. L'œil est petit et rapproché des orifices des narines, qui sont 
doubles; l'antérieure paroît comme recouverte d'un très-petit 
appendice membraneux. Le sous-orbitaire présente un demi-cercle 
de stries rayonnées. Les opercules, membraneux, se dirigent en 
pointe en arrière, et se réunissent sous la gorge à l'aide d'une 
membrane épaisse; ils offrent, dans le haut, des stries ramifrées. 
Les ouïes sont serrées; nous n'avons distingué que cinq rayons à la 
membrane des branchiés. Les pectorales, larges, triangulaires, for- 
mées de quinze rayons, s'insèrent à la moitié de la hauteur du 
corps; elles correspondent aux ventrales, très-petites et pointues. 
La dorsale et l'anale sont peu développées: la première, moins 
élevée devant que derrière, a huit aïguïllons et quatorze rayons 
branchus; la seconde en a quatorze, dont deux épineux. Le lobe 
de la queue est large, comprimé, et prolongé au-delà des deux 
nageoires dont nous venons de parler. La caudale, légèrement 
échancrée, a douze rayons. 

La ligne latérale, après avoir suivi la convexité du dos, s'incline 
brusquement vers la queue et devient horizontale. Dans son cours, 
elle est marquée de petites raies divergentes, dont quelques-unes 
sont ramifiées, principalement celles qui avoïsinent sa courbure. 

Tout le corps et le dessus du front sont recouverts de larges 
écailles, assez serrées, membraneuses, un peu triangulaires à leur 
pointe et striées à leur surface; de plus petites occupent la base des 
nageoires du dos, de l'anus et de la queue: et une autre écaille, 
excessivement large, se voit au-dessus des pectorales. 

Le fond de la couleur de ce gomphose est un vert bleuâtre ; 


le bout du museau, l'œil, la partie antérieure du dos et toutes 
Voyage de l'Uranie. — ‘Zoologie. 26 


282 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


les nageoires, sont d'un beau jaune ; une bande d’un bleu céleste 
traverse les pectorales, et deux lisérés violacés bordent la dorsale 
et l’anale. Les deux rayons extrêmes de la caudale sont bleuâtres. 
Une tache d'un bleu foncé se voit à la partie inférieure de F'ais- 
selle, et toutes les écaïlles de ce poisson sont marquées d’une tache 
de la même couleur. 

Ce gomphose a huit pouces de long, deux de hauteur et neuf 
lignes d'épaisseur. La distance de l'œil au bout du museau est 
d'un pouce et demi. Il provient de l'île Mowi. 

Nous l'avons dédié à M. de Lacépède, au savant ichthyologiste 
à qui l'on doit l'établissement du genre gomphose. 


GOMPHOSE COMMERSON. — GoMPHOSUS PECTORALIS. 


Gomphosus, corpore nigricante ; pinnis omnibus subflavis ; pinnä dorsal 

fusco maculatä; caudä subæqual. 
Bip OA eNipiinte Vi (6nICMTA 

CE gomphose a les plus grands rapports avec le précédent pour 
la forme du corps: son museau est tout aussi alongé ; maïs ses man- 
dibules ne sont point égales, et la supérieure dépasse de beaucoup 
celle d'en bas. Les dents, petites et serrées, sont coniques; celles de 
devant, un peu plus grandes, sur-tout à la mâchoire supérieure, 
où l'on remarque deux crochets. Les os pharyngiens ont aussi des 
dents. Nous n'avons point remarqué de langue, à moins que l'on 
ne veuille considérer comme cet organe le long repli membraneux 
qui occupe toute la gouttière que forme le maxillaire inférieur. 

Le double repli des lèvres est semblable à celui du #rcolor. 
L'œil est plus petit; le sous-orbitaire et le haut de l’opercule sont 
couverts de stries divergentes. Les narines sont doubles. Les oper- 
cules, membraneux, pointus en arrière, touchent les pectorales et 


ZOOLOGIE. 283 


vont se réunir sous la gorge. La ligne du front est surbaissée et 
un peu carénée. Les pectorales, larges, subtriangulaires, sont for- 
mées de quatorze rayons; les ventrales sont petites et pointues : la 
nageoire dorsale a huit rayons épineux et quatorze rameux; les 
premiers, accompagnés d'une pointe membraneuse, sont plus élevés 
que les seconds : l'anale a deux rayons épineux et douze articulés. 
Ces deux nageoires paroïssent plus larges que dans l'espèce pré- 
cédente ; elles sont recouvertes d'écailles à leur base. La caudale, 
élargie et droite, est composée de quatorze rayons. La ligne latérale. 
est presque droîte jusqu'à l'endroit de sa courbure : chacun de ses 
points est formé de trois ramifications. Les écailles de ce gomphose 
sont larges, assez serrées, membraneuses sur leur bord et striées à 
leur milieu; une, très-large, surmonte les pectorales, et de très- 
alongées recouvrent la base de la caudale. La couleur générale du 
corps est un brun très-foncé, tandis que les nageoires sont d'un 
jaune très-clair, les pectorales exceptées, dont le limbe seul est de 
cette dernière couleur. Le premier et le dernier rayon de la cau- 
dale sont bruns, de même que la base de la dorsale et de l’anale. 
De plus, on remarque trois ou quatre taches brunes sur cette 
dernière nageoiïre, et une tache noire au-dedans de f'aisselle. L'œil 
est blanchâtre. 

Longueur, sept pouces et demi; hauteur, vingt lignes; épais- 
seur, huit lignes; distance de l'œil au bout du museau, un pouce 
et demi. 

I provient des mêmes lieux que le précédent. 

Nous avons dédié ce gomphose à la mémoire du célèbre Com- 
merson. 


36* 


284 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE RASON. — XyrIcHTAYSs. Cuv. 


Fo 
RASON LÉCLUSE. — Xyricuryxs LECLUSE. N. 


PLANCHE 65, fig. 1. 


Xyrichthys roseus; spinis pinnæ dorsalis novem ; lineà lateral duobus 
puncts cœrulers utrinque intermissä ; caudà subrotundä. 


B. SD. RP UT TIME ANS CM r2; 


LA forme de ce poisson est alongée, très-comprimée sur les côtés, 
presque sans courbure au dos ni au ventre. Le front va en s'arron- 
dissant jusqu'au museau. Les lèvres sont charnues; les mâchoires 
égales, protractiles, garnïes de plusieurs rangées de dents coniques. 
Quatre forts crochets font saillie en avant ; les deux d'en bas 
sont reçus dans l'écartement de ceux d'en haut. Les os pharyn- 
giens ont aussi des dents. Les joues sont lisses ; et l'opercule, ar- 
rondi, se termine en haut par une pointe obtuse. L'œil est rouge 
et placé au sommet de la tête. La partie supérieure du corps est 
légèrement rosée; l'inférieure, d'un blanc bleuâtre, aïnsi que la tête. 
Une teinte de la première couleur se fait remarquer sur le bord 
de la nageoiïre d'en haut et à l'extrémité de la caudale. L’anale est 
rougeâtre. Deux points bleu d’outremer, peu éloïgnés l’un de l'autre, 
se voient aux deux côtés de la ligne latérale, laquelle est très- 
près du dos, et interrompue avant de se terminer à la queue. 

La nageoire dorsale, uniforme dans son étendue, a neuf aïguil- 
lons peu saïllans et quatorze rayons articulés; les pectorales, onze ; 
la caudale, qui est légèrement arrondie, douze; et l'anale, seize, 
dont les deux premierssont épineux. Les ventrales, peu développées, 


ZOOLOGIE. 28; 


sont retenues à l'abdomen par une membrane; leur premier rayon 
est aiguillonné et court. Les écailles sont petites et arrondies. 
Ce poisson a six pouces de longueur, sur un peu plus d'un et 
demi de hauteur. Nous l'avons rapporté de île Owhyhi. M. Taunay 
en fait une esquisse sur le vivant. 
Nous l'avons dédié à la mémoire de M. de Lécluse, chirurgien 
de la marine, mort de la frèvre jaune. 


286 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE CHROMIS. — Caromrs. Cuv. 


CHROMIS DU BRÉSIL. — Caromis BRASILIENSIS. N. 


Chromis, spinis dorsalibus guindecim ; maculä nigrä in utroque latere ; 
caudä rotundä, punctis conspersä. 


Bis DE NP HrA AT NC A6: 


CE poisson a le dos arrondi, la tête grosse, le front élevé, le 
museau obtus, la bouche placée bas, petite, les lèvres et les inter- 
maxillaires protractiles; les mâchoires égales, munies d'une rangée 
de petites dents en crochet, derrière lesquelles en sont d'autres 
en carde, il y en a aussi aux os pharyngiens. Nous n'avons pu 
trouver qu'une ouverture à chaque narine. 

Les pectorales sont larges, pointues, formées de quatorze rayons. 
Le deuxième rayon des ventrales, filiforme, atteint jusqu'à la na- 
geoire de l'anus; cette dernière se prolonge en pointe en arrière, 
et a douze rayons, dont trois aiguillonnés. La dorsale à quinze 
épines et douze rayons mous : sa partie postérieure se prolonge 
aussi en arriere ; elle offre cela de particulier que chaque aïguïllon 
est accompagné d'une petite pointe membraneuse. 

Les écaïlles sont arrondies, serrées, un peu bombées; la ligne 
latérale, courbée d'abord, s'interrompt brusquement vers la queue 
pour reparoître ensuite plus bas. La couleur générale de ce chromis 
est jaunâtre. Une large tache noire est empreinte sur chaque flanc. 
Le museau est brun ; des taches de cette couleur se voient au 
limbe de la dorsale, des pectorales et de l’anale. Ces deux der- 
nières sont ponctuées ; mais Cest sur-tout à la queue que cette 


ZOOLOGIE. 28> 


moucheture a le plus de régularité ; car là les points décrivent des 
lignes demi-circulaires, comme le contour de cette nageoire. 
Longueur, cinq pouces; hauteur, dix-huit lignes; épaisseur, sept 
lignes. 
Nous avons pris cette espèce dans la baie de Rio de Janeiro. 


VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


[N2 
[#2] 
c 


GENRE SCARE. — SCARUS. Linn. 


SCARE DE VAIGIOU. — Scarus valGiENsis. N. 


Scarus , corpore elongato; capite compresso; prnnä dorsal undengint: 


radis ; caudà lunatä. 


Bas DO P 012 VE CA Tec NC MTA 


CE petit scare a le corps effilé, le dos peu élevé, la nageoïre 
dorsale haute, la tête alongée, le front aplati, le museau arrondi, 
obtus, les dents peu saïllantes, les yeux jaunes. 

Les pectorales sont petites, arrondies, de même que la caudale; 
les premières ont douze rayons et la dernière quatorze. La dor- 
sale en a dix-neuf, tous très-flexibles ; et l'anale, dix. 

La tête et le corps sont couverts de larges écailles subtrian- 
“gulaires ; celles qui embrassent le lobe de la queue sont beaucoup 
plus alongées. La ligne latérale est ramifiée et interrompue vers 
sa fn. 

La couleur de ce poisson est verdâtre, avec une large tache 
brune sur le front; le corps est tacheté de brun-rougeâtre, de même 
que la nageoire de l'anus. La caudale et la dorsale sont vert de 
mer. 

Sa longueur est de troïs pouces cinq lignes; sa hauteur, de dix 
lignes; et son épaisseur, de quatre. 

Nous l'avons rapporté de l'île Vaigiou. 


ZOOLOGIE. 289 


SCARE A DENTS ÉPINEUSES. — SCARUS SPINIDENS. 


“ CATus , capite crasso; dentibus spinosis ; ventre prominenti; caudâ 
rotundé. 
BAD 20 PE T2 VC AM NMCMTEE 


CE scare, dont la tête est grosse maïs peu élevée, ressemble 
beaucoup aux labres proprement dits. Son museau est obtus; sa 
mâchoire supérieure se dirige un peu en haut, et l'inférieure s’ar- 
rondit pour aller à sa rencontre : elles sont égales entre elles, armées 
de dents pointues, dont les supérieures sont en crochet et rayon- 
nantes ; les plaques pharyngiennes ont aussi des dents. Les lèvres 
sont rétractiles; la langue obtuse, cartilagineuse ; le front aäplati; les 
yeux grands, rapprochés et placés au sommet de la tête. Les joues 
sont écailleuses, le bord de l’'opercule membraneux, et les ouïes bien 
ouvertes. La courbure du dos est à peine sensible, tandis que le 
ventre forme au contraire une saïllie très-remarquable. Les nageoires 
dorsales, pectorales et ventrales se correspondent à leur origine : la 
première a vingt rayons mous; les secondes, arrondies, en ont douze, 
de même que l'anale et la caudale; les ventrales sont petites. 

Les écaïlles, larges, assez serrées et membraneuses , sont arron- 
dies ; plusieurs d'entre elles, trèslongues, couvrent la base des 
rayons de la queue, qui est ronde. La ligne latérale est ramifrée, 
presque droite jéque vers le lobe de la queue, où elle se courbe 
fortement sans s'interrompre. 

La couleur de ce scare est verdâtre, avec des taches rougeûtres 
sur les écailles ; le sommet de la tête est brun; la caudale et les 
pectorales sont ponctuées de brun pâle. 

Sa longueur est de troïs pouces dix lignes; sa hauteur, de qua- 
torze lignes, et son épaisseur, de cinq. 


Nous l'avons rapporté de l'île Vaïgiou. 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. A7 


290 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PICAREL. — Sysaris. Cuv. 


PICAREL RAILLIARD. — Smaris MAURITIANUS. N. 


PLANCHE 44, fig. 3. 


Smnaris, corpore plumbeo ; spims pinnæ dorsalls novem; caudä valde 


bifurcä. 
B:.6.1D.2: Piio. Vilén A Ci 20 


CE smaris a quelques rapports de forme avec le c/upea sprattus 
de nos côtes; il a le dos un peu arrondi, la tête assez grosse, l'œil 
grand, très-rapproché de la commissure des mächoires, dont l'infé- 
rieure dépasse un peu la supérieure; toutes deux n'ont que des 
dents à peine perceptibles. Les narines ont chacune deux orifices. 
Les oufïes sont grandes, et l'opercule présente en arrière une pointe 
membraneuse sur laquelle repose un piquant osseux. La membrane 
branchiostége a six rayons ; le premier arceau branchial seul est 
pectiné dans sa partie concave. | 

La nageoire dorsale, élevée d'abord , décroît insensiblement 
jusque près de la queue; elle est formée de neuf rayons simples 
et de seize branchus. L'anale en a troïs des premiers et douze 
des derniers ; les pectorales en ont dix-neuf. Les ventrales sont 
réunies au corps par une membrane, et la caudale est très-fourchue. 
On remarque, vers les dernières vertèbres de la queue, une saïllie 
osseuse sous-cutanée, formant un petit crochet immobile, dirigé en 
arrière. L'anus occupe la partie moyenne du corps. 

Les écailles sont lâches ; celles qui recouvrent la tête sont plus 
serrées; les abdominales offrent de légères stries, formant des lignes 


ZOOLOGIE. 291 
longitudinales qu'on ne peut voir qu'en les examinant attentive- 
ment. La ligne latérale, presque droite, est placée vers le tiers 
supérieur du poisson. 

La couleur de ce smaris est plombée en-dessus et sur les flancs, 
et légèrement argentée sous le ventre. Sa longueur est de quatre 
pouces. 

Nous l'avons rapporté de l'île de France, et dédié à M. Raïlliard, 
lun des officiers de /'Uranie. 


37 


292 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE GERRÈS. — GERrRES, Cu. 


GERRÈS DE VAIGIOU. — GERRES vVAIGIENSIS. N. 


Gerres, corpore argenteo subluteo; ore protractih; spinis pinnæ dorsalis 
novem; squamus latis; caudà valdè bifurcä. 


B: 6. D: 24 P: 16. V. 6. AC 7. 


Er 


CE poisson est ovoïde, médiocrement comprimé; sa tête est 
grosse, assez large, couverte d'écailles; ses yeux sont très-grands et 
de couleur d'or. Les narines ont deux orifices. Lorsque la bouche 
est dans le repos, elle est très-oblique en haut et paroït comme 
pointue ; mais, par la faculté qu'a l'animal de faire saïllir ses inter- 
maxillaires, comme les sublets et les filous, elle s'alonge de huit 
lignes, et son ouverture devient alors inférieure. En lexaminant 
dans cet état, on voit qu'elle est peu grande et que les mächoires 
sont égales; les dents sont petites, en velours, et dirigées sur plusieurs 
rangées en arrière ; il y en a aussi sur les os pharyngiens. Les oufïes, 
grandes et bien détachées, sont soutenues par six rayons. 

Le dos présente une courbure uniforme, avec une carène remar- 
quable par-devant. La dorsale, très-élevée d'abord, décroit succes- 
sivement ; elle est formée de neuf aiguillons et de onze rayons: 
l'anale, très-petite, a trois des premiers et huit des seconds. Les 
pectorales, longues et efhlées, en ont seize, et les ventrales six. 
Ces deux dernières sont accompagnées, à leur origine, par un long 
appendice écailleux. La caudale, très-profondément fourchue, a dix- 
sept rayons. 

La couleur de ce poisson est d’un blanc sale argenté. Ses écailles, 
très-larges, tiennent fort peu. La ligne latérale, légèrement courbée, 
traverse une série d'écaïlles plus petites et arrondies. 


ZOOLOGIE. - 293 


Sa longueur est de cinq pouces deux lignes: sa hauteur, d'un pouce 
cinq lignes ; et son épaisseur, de six lignes. 
I habite les îles Rawak et Vaigiou, d’où nous l'avons rapporté. 


GERRES PETITE BOUCHE. — GERRES GULA. 


Gerres, corpore argenteo subrubro; oculis magnis; ore protractil; 
squarnis longitudine punctatis; pectorahbus longs, angustis; caudà bifurcä. 
BN 6 DNA MPN VE LE ANS. IC To; 

CETTE espèce a le corps moins oblong que celui de la précé- 
dente: son front est beaucoup plus élevé, et larête qui en part 
est plus arrondie et plus saïllante. Le dos est aussi plus courbé, et 
lϕl infiniment plus grand. Du reste, la bouche est absolument 
semblable à celle du vagrensis. 

La nageoire dorsale, garnie de chaque côté de sa base par une 
bandelette membraneuse recouverte d'écaïlles, a neuf aiguillons et 
onze rayons ; l'anale, qui est petite, trois des premiers et huit des 
seconds; les pectorales, très-longues et eflilées, en ont treize, et les 
ventrales six: un long appendice écaïlleux accompagne la base de 
ces nageoires. La caudale, profondément échancrée, a environ 
dix-neuf rayons. 

La couleur de ce gerrès est un rougeñtre argenté ; l'œil reflète 
une belle couleur d'or. Ses écailles sont très-larges, assez serrées, 
et ponctuées de manière à former des stries longitudinales. La ligne 
latérale est légèrement arquée. 

Longueur, cinq pouces; hauteur, un pouce six lignes ; épaisseur, 
six lignes. 

Nous l'avons pris dans la baie de Rio de Janeiro. Il habite aussi 
la Martinique, où il est connu sous le nom de petite bouche. 


294 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PENT APODE. — PENTArOoDpUSs. Cuv. 


PENTAPODE BANDELETTE. — Penrapopus viTTA. N. 


PLANCHE 44, fig. 4. 


Pentapodus , corpore suprà fusco; vittä longitudinal nigrä; spinis 
dorsalibus denis ; caudä bifurcä. 


B::6- 1D..#201P. 216. M6 ASE CT r7 


CE poisson, qui a de la ressemblance avec les harengs, a la tête 
grosse , les yeux larges à pupille jaune, le museau arrondi, légè- 
rement pointu, les mâchoires égales, les dents fines et nombreuses, 
avec quatre crochets par-devant; la langue est rudimentaire ; chaque 
narine a deux ouvertures, et l'on remarque tout autour, ainsi que 
sous la gorge, une foule de pores arrondis. Le préopercule est strié 
en-dessus vers le bord, sans être dentelé. L'opercule est muni, à sa 
partie supérieure, d'une pointe assez forte, mais peu apparente. Les 
arcs branchiïaux sont pectinés dans leur concavité; le plus extérieur 
présente trois appendices mobiles et comme osseux. 

La nageoire supérieure, légèrement arrondie, commence à l'o- 
percule et finit à la queue; en s'abaïssant, elle est comme cachée 
entre les écailles qui bordent sa base; elle est formée de dix ai- 
guillons et de dix rayons simples ; les pectorales en ont seize et les 
ventrales six. Les rayons de ces dernières, très-longs, couverts à 
leur base par des écailles larges et triangulaires , sont aplatis et se 
recouvrent obliquement entre eux comme des jalousies. L’anus 
touche presque la nageoïire de son nom, laquelle, peu étendue, a 


ZOOLOGIE. 295 
trois épines et huit rayons mous; la caudale, grande et fourchue, 
en a dix-sept. 

Le corps est couvert d'écaïlles assez larges et assez serrées, 
très-fnement ciliées sur leur bord, comme on peut le voir dans 
celle qui est flgurée grossie. L'opercule et le préopercule en sont 
également revêtus, mais elles y sont plus denses. La ligne latérale, 
légèrement courbée, avoïsine le dos. En l’examinant avec attention, 
on voit que chaque point est formé d'un axe d'où partent de 
petites branches supérieures et inférieures dirigées en arrière. La 
couleur de ce poisson est brun ardoiïsé en-dessus, s'éclaircissant 
et passant à l'argenté à mesure qu'on descend vers le ventre. Il est 
remarquable par une bande noire qui part de la mâchoire supé- 
rieure , reprend derrière l'œil, arque un peu et s'étend en s’élar- 
gissant jusqu'à la nageoire de la queue. Vers cette région, elle 
traverse la ligne latérale. 

Sa longueur est d’un peu plus de sept pouces, et sa hauteur de 
deux. 

Nous l'avons rapporté de la baïe des Chiens-Marins. 

Une variété de cette espèce, prise dans le même lieu, a le ventre 
et les flancs plus clairs et plus argentés ; on remarque aussi vers 
l'extrémité de la dorsale une tache brune. Du reste, même forme 
et même nombre de rayons aux nageoires. 


296 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE BOGUE. — Boops. Cuv. 


BOGUE TRICUSPIDÉ. — Boops TRICUSPIDATUS. 


Boops, corpore ovoïde, compresso, fusco; rostro oltuso ; dentibus tricus- 
pidatis ; caudà bifurcatä. 


B. GS D. 250 P AN V. GA Cr. 


LE corps de ce poisson est ovale alongé, comprimé; ïl a le 
front peu élevé, caréné; le museau obtus; les mâchoires arrondies, 
pourvues d'une rangée de dents extérieures serrées, aplaties, à 
trois pointes, et derrière ces dents on en voit d'autres en velours 
très-petites ; les os pharyngiens en sont aussi pourvus. Les orifices 
des narines sont doubles et très-rapprochés des yeux. La mem- 
brane des branchies a six rayons. 

La dorsale est composée de quinze rayons articulés, et de qua- 
torze branchus; l'anale a trois des premiers et douze des derniers; 
les pectorales quatorze, et la caudale, qui est fourchue, dix-sept. 
Les ventrales, placées un peu en arrière des pectorales, atteignent 
jusqu'à l'anus. 

Les écailles sont denticulées, plus hautes que larges, peu adhé- 
rentes ; l'opercule, le préopercule et le sommet de la tête en sont 
recouverts. La ligne latérale décrit deux courbures; l'une, anté- 
rieure, vers le dos, et l’autre, en bas et en arrière, moins mar- 
quée vers la queue. 

La couleur de ce bogue est brune en-dessus, un peu plus foncée 
au museau , et rougeätre au ventre. 

Sa longueur est de quatre pouces; sa hauteur, de quinze lignes ; 
et son épaisseur, de quatre. 

Nous l'avons pris à la baïe des Chiens-Marins. 


ZOOLOGIE. _. 


Sous-GENRE SARGUE. — Saircus. Cuv. 


SARGUE HUMÉRAL. — SARGUS HUMERIMACULATUS. N. 


Sargus, corpore rubente ; humeris_ocello nigro ; squamis rotundis 
longitrorsüum lineatis ; caudä paululim bifurcä. 


B. ÿ. D. . P. 54. V. 6. À. +. C. 57. 


CE sargue a le museau obtus, coupé presque verticalement; le 
haut du front et de la nuque, taillé en carène, s'élève beaucoup 
en sarrondissant. La bouche est petite, protractile et placée très- 
bas presque au niveau de la ligne abdominale. La mâchoire in- 
férieure s'emboïte sous celle d'en haut: la première a huit dents 
incisives, légèrement bifurquées ; la seconde n'en présente que 
six. Derrière ces dents, on en voit plusieurs rangées d’autres, 
arrondies et en pavé. Les os pharyngiens en sont hérissés. 

L'œiïl est grand, de couleur d'or, et placé au sommet de la tête. 
L'orbite fait en avant une saïllie sous laquelle on aperçoit l'orifice 
supérieur de la narine, percé en fente, et long de deux lignes; 
l'inférieur est très-petit et arrondi. Le contour de l'opercule pré- 
sente une pointe peu saïllante, un peu au-dessus des pectorales. 
La membrane branchiostége a cinq rayons. 

Les nageoires dorsale et anale ont peu d'élévation, vu la gran- 
deur du poisson ; la première a treize rayons aïguillonnés, dont 
l'antérieur est immobile et dirigé en avant comme dans les sidjans. 
Les douze rayons qui viennent ensuite sont articulés. L'anale 
a trois rayons épineux, dont le moyen est très-fort, et onze bran- 
chus. Les pectorales en ont quatorze; elles sont longues, falci- 


formes , placées au bas du corps, et atteignent jusqu'à l’anale. Les 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie, 38 


298 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ventrales ont à leur base et de chaque côté un long appendice 
écaïlleux et pointu. La caudale, peu échancrée, a dix-sept rayons. 

Le haut de la tête et les Joues sont recouverts d'écailles : celles 
du corps, larges, arrondies, un peu lâches, présentent des stries 
dont l'ensemble forme des espèces de lignes longitudinales peu 
apparentes. La courbure de la ligne latérale est peu considérable. 

La couleur de cé poisson est un rougeûtre argenté assez bril- 
lant. Le dessus de la tête est brun; une tache noire et ronde 
occupe l'origine de la ligne latérale, au-dessus de l'épaule ; une 
autre tache linéaire se fait remarquer au milieu de la caudale; on 
en voit aussi plusieurs au contour de la membrane de la nageoire 
dorsale. 

La longueur de ce sargue est de six pouces et demi; sa hauteur, 
de deux pouces trois lignes ; et son épaisseur, de huit lignes. 

I a été pêché dans la rade de Rio de Janeiro. Un autre individu, 
en tout semblable , na que onze rayons articulés à la dorsale. 


ZOOLOGIE. 299 


Sous-GENRE DAURADE. — CarrsoParyrs. Cuv. 


DAURADE UNICOLORE. — CHrYsoPHrys UNIcoLOR. N. 


Chrysophrys, corpore compresso, roseo; dorso elevato ; pinnis pecto- 
raliôus longis; caudä valdè bifurcä. 


LE corps de ce poisson est comprimé; le front et le dos, très- 
élevés, décrivent un demi-cercle, tandis que la ligne de la poi- 
trine et de l'abdomen est presque droite. Le museau est obtus; la 
bouche médiocrement grande; les machoires sont égales, avec 
plusieurs rangées de petites dents coniques; la supérieure présente 
en avant quatre crochets recourbés, et l'inférieure, six plus petits. 
Les os pharyngiens ont aussi des dents. L'œil est très-grand , placé 
au sommet de la tête; au devant de lui sont les deux orifices des 
narines, assez éloignés l'un de l'autre, le supérieur ovalaire et l'in- 
férieur arrondi. L'opercule présente vers son bord supérieur un 
rudiment d'aiguillon couvert par la membrane. 

La nageoïre dorsale, médiocrement élevée, se cache, quand elle 
est immobile, dans une rainure propre à la recevoir; elle est formée 
de douze rayons aïguillonnés et de onze articulés : l'anale, qui est 
petite, en a trois des premiers et neuf des derniers. Les pecto- 
rales, placées un peu bas, au-dessus des ventrales, sont efhilées, très- 
longues, et atteignent jusqu'au milieu de l'anale ; elles ont quinze 
rayons. Les ventrales ont à leur base un appendice écaiïlleux; la 
caudale est grande et profondément fourchue. 

Les écaïlles qui couvrent la tête et le corps sont larges et peu 

38” 


300 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
serrées. La ligne latérale forme une légère courbure; les points qui 
la composent sont très-rapprochés. 

La couleur de ce chrysophrys est d'un rose tendre, par-tout 
argenté. Il abonde et vit en troupes dans la vaste baie des Chiens- 
Marins. Nous en primes beaucoup à lhameçon, à l'ile Dirck- 
Hatichs ; les plus grands pouvoïent avoir environ un pied de 
longueur. 


ZOOLOGIE. 30 


GENRE DENTÉ. — DEnTEx. Cuv. 


DENTÉ A SIX DENTS. — DENTEx HExoDoN. N. 


Dentex, corpore rubescente; spinis dorsalibus decem ; uträque maxillä 


dentibus majoribus sex ; caudà bifurcatä. 


B, 5. Die. Pinus V26.,4, 4: C7: 


. 

LE corps de ce poisson a la forme d’un ovale alongé; ses flancs 
sont arrondis, son museau très-obtus, sa bouche grande. Six cro- 
chets, dont le devant de chaque mächoire est armé, ont fait 
donner à cette espèce le nom d’#exodon : derrière ces crochets 
sont de petites dents en velours ; il'y en a aussi aux arceaux des 
branchies et sur les: os pharyngiens. La langue est petite et char- 
nue. L'œil, placé au sommet du front, est de couleur d’or; les 
narines s'ouvrent chacune par deux orifices. 

La nageoire supérieure, peu élevée, a dix aïguiïllons et le même 
nombre de rayons branchus ; l'anale est petite, et en a trois des 
premiers et huit des seconds. Les pectorales, peu développées, 
ont dix-sept rayons, de même que la caudale, qui est fourchue. 
Les ventrales ont dans leur intervalle, et de chaque côté de leur 
base, des appendices écaiïlleux et triangulaires. L’anus est éloïgné 
d'un demi-pouce de sa nageoire. 

Les écaïlles sont larges et serrées; leur plus grande étendue 
est dans le sens vertical. Les joues en sont couvertes, de même 
qu'une partie de la nageoïire de la‘queue. La ligne latérale est fort 
peu courbée, placée très-haut et branchue. 

La couleur de cet individu est un rouge tendre uniforme et 


302 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


argenté. Sa longueur est de sept pouces et demi; sa hauteur, de 
deux pouces, et son épaisseur, de onze lignes. 

Cette espècee habite l'île Timor. Il est probable qu'elle se tient à 
de grandes profondeurs, ce que semble indiquer la portion d'estomac 
qui fait saïllie dans la bouche ; phénomène qui arrive à la plupart 
des poissons brusquement soustraits à la forte pression à laquelle ils 
sont habitués. 


DENTÉ DE VAIGIOU. — DENTEX valGIENsis. N. 


Dentex, spims pinnæ dorsals noms; rostro acuminato ; maxillis 
æqualibus ; squamis latis ciliatis ; caudà bifurcatä. 


Le 


BSD. Pilu2)V068 AS C7: 


CETTE espèce, plus petite que la précédente, a le corps com- 
primé, la tête grosse, le front abaïssé assez brusquement ; le museau 
alongé, pointu. Les mächoires sont égales, et la supérieure a quatre 
crochets : le palaïs et les arceaux des branchies ont aussi des dents. 
La membrane qui soutient les branchies a six rayons. L'œil est grand 
et doré. 

La nageoïre du dos a dix aïguillons et neuf rayons; celle de l'anus 
douze rayons, dont trois sont épineux. Les pectorales, assez longues, 
pointues, en ont douze ; et la caudale, qui est fourchue, dix-sept. Les 
ventrales sont entourées d'écailles triangulaires à leur insertion. 

Les écaïlles sont larges et peu serrées. La ligne latérale est très- 
légèrement courbée. 

La couleur de ce poisson est d'un blanc argenté, mêlé de 
taches brunes, plus foncées sur le museau et à la base de la nageoire 
de la queue. x 

Sa longueur est de quatre pouces et demi; sa hauteur, de quatorze 
lignes. Nous l'avons rapporté des îles Vaigiou et Rawak. 


ZOOLOGIE. 303 


GENRE LUTIJAN. — Zuryanus. Cuv. 


LUTJAN DEMI-CERCLÉ. — LUTJIANUS SEMICINCTUS. 


Lutjanus, rostro elongato, conico ; spinis dorsalibus decem ; corpore 
griseo, vittis fusers semicmcto; caudä, vix bifurcä, maculà nigrä in lobo 


distinctä. 
B7 D PS UNI A." C Nr. 


CE poisson a le corps alongé, assez gros; le dos peu élevé, la 
tête conique; le museau alongé, obtus ; les mächoiïres égales, la 
bouche grande, les lèvres extensibles, et celle d'en haut bordée de 
noir. La langue est longue et bien détachée. Les dents de la pre- 
mière rangée sont aiguës, mais peu longues; celles qui viennent 
après sont en velours ; la mâchoire supérieure en a six en crochet 
sur le devant; le vomer, les parties latérales des maxiïllaires, les arcs 
branchiaux et les os pharyngiens sont aussi pourvus de dents. 
L'œil est grand et de couleur d'or. Les orifices des narines sont 
éloïgnés l'un de l'autre. Les ouïes sont très-ouvertes et soutenues 
par sept rayons. Le préopercule est dentelé ; l'opercule se termine 
par une pointe membraneuse en arfière, et il est surmonté par 
une plaque osseuse denticulée. . 

Les pectorales, placées bas, sont alongées, pointues et formées 
de quinze rayons; les ventrales en ont six. L'anus est un peu 
éloigné de sa nageoire, laquelle a trois aïguillons et neuf rayons 
branchus. La dorsale en a dix des premiers et quatorze des derniers ; 
la caudale, à peine fourchue, en a dix-sept. 

Les écaïlles sont peu grandes, peu serrées, et ciliées sur leur bord; 
les joues, le museau et le sommet de la tête en sont dépourvus. 
La ligne latérale décrit une courbe dans toute sa longueur. 


304 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


La couleur du corps est d'un gris bleuâtre, plus pâle*et argenté 
sous le ventre, brune au sommet de la tête, où elle forme un 
triangle dont la pointe est en avant. Sept à huit bandelettes 
brunes ceïgnent le haut du corps jusque vers son milieu; de petites 
lignes très-fines et brunâtres en sillonnent en long la partie infé- 
rieure. L'extrémité du lobe de la queue est tachée de brun. 

La longueur de ce lutjan est de quatre pouces cinq lignes; sa 
hauteur, de quinze lignes ; et son épaisseur, de six. Nous l'avons 
rapporté des îles Rawak et Vaïgiou. 


LUTJAN UNIMACULÉ. — LUTIANUS UNIMACULATUS. N. 


Lutjanus, corpore elongato, maculà nigrä notato} rostro conico; maxtllis 
æqualibus ; Spinis pinnæ dorsalis decem ; caudä paululim bifurcä. 


B. 7. D. -<. P. 16. V.6. A. i.- C. 17. 


14 


ON reconnoîtra cette espèce à la grosseur de sa tête, à son 
museau alongé, conique et obtus à la pointe ; à sa bouche grande, 
à ses mächoires égales, munies d’une rangée de. dents fortes et 
coniques sur les côtés, derrière lesquelles en sont d'autres en 
carde. La mâchoire supérieure. présente sur le devant quatre cro- 
chets. Le vomer, le palais, les branchies et le pharynx ont aussi des 
dents. Les orifices des narines sont éloïgnés lun de l'autre. L'œil, 
placé près du sommet de la tête, est grand et de couleur d'or. 
Le préopercule est dentelé: l'opercule se termine par une 
pointe membraneuse ; il est surmonté d'une pièce osseuse denti- 
culée. 

La nageoiïre dorsale est formée de dix forts aïguillons et de 
quatorze rayons mous; l'anale a trois des premiers et neuf des 
seconds. Les pectorales, très-pointues, rapprochées des ventrales, 


ZOOLOGIE. 305 


ont seize rayons. La caudale, à peine échancrée, en a dix-sept. 

Les écaïlles sont serrées et ciliées sur leur bord; leur plus grand 
diamètre paroît être le vertical. Les opercules, la base des nageoires 
du dos, de l’anus et de la queue, sont recouverts par de plus fines 
écailles. La ligne latérale est très-peu courbée. 

La couleur de ce lutjan est jaunâtre, un peu plus brune sur la 
tête et le dos, argentée sous la gorge et le ventre. Une tache 
noire, ovoïde, est placée sur la ligne latérale, à la partie postérieure 
du corps. 

Longueur, quatre pouces trois lignes; hauteur, quinze lignes ; 
épaisseur, six lignes. 

Ce poisson nous a été fourni par les habitans des îles Rawak 
et Vaigiou. 


Voyage de l'Urani . — Zoologie. 29 


306 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE DIACOPE. — Dracopr. Cuv. 


DIACOPE CALVET. — Diacore TIMORIENSIS. N. 


« 


PLANCHE 57, fig. 1. 


Diacope, corpore rubro, aurato; pinnä dorsali radis quinque et vigint:; 
pinnâ ant undecim; caudà rectè terminatà. 


BAD ENIP, 116. Vi 6.0 At 2 CU 


LE nom. donné à ce poïsson est encore celui d'un des médecins 
de la marine morts de la fièvre jaune. Cette maladie sévit avec beau- 
coup de violence sur le navire dont M. Calvet étoit le chirurgien- 
major ; car son collègue, M. Vidal, y succomba aussi *. 

Ce diacope est comprimé latéralement; son dos est très-arrondi, 
sa bouche grande : ses mâchoires, presque égales, sont armées par 
devant de dents aiguës, derrière lesquelles on en trouve d'autres 
plus petites; la lèvre supérieure est un peu rétractile. Chaque 
narine s'ouvre par deux ouvertures assez éloignées l'une de l'autre, 
au-devant de l'œil, qui est grand et de couleur d'or. 

Le préopercule est finement dentelé dans tout son contour; 
l'opercule, lisse au contraire, se termine en arrière par une pointe 
membraneuse, aplatie, sur laquelle est appliqué un aïguïllon peu 
apparent. Ces deux pièces sont recouvertes d'écaiïlles. A leur partie 
inférieure, se montrent plusieurs rayons des branchies, qui dans cet 
individu sont au nombre de sept. 


# M. Calvet, si digne de nos regrets par son instruction, son caractère et son courageux 
dévouement, s’enferma avec un officier de la marine atteint de la fièvre jaune, pour lui 
donner ses soins. L’officier mourut. On trouva l'histoire de sa maladie complètement rédigée 
par ce médecin; elle se terminoït par ces mots : Le 12, mort, M. Calvet mourut le 14. ( De la 
Fièvre jaune observée aux Antilles et sur les vaisseaux du Roi; par M. Kéraudren. Paris, 1823.) 


ZOOLOGIE. 0. 


La nageoire du dos, arrondie, composée de vingt-cinqrayons, en 
a onze fortement aiguillonnés, le premier plus petit; des quatorze 
articulés, quelques-uns sont plus longs et embrassés à leur base par 
de nombreuses écailles, ce qui leur donne l'air d’être supportés 
par un appendice charnu. Il en est de même pour la nageoïre de 
l'anus, qui a trois forts aiguillons, celui du milieu infiniment plus 
développé, lesquels sont suivis de huit rayons articulés. 

La queue semblesortir de l'espèce d'échancrure que formententre 
elles ces deux nageoires. Ses rayons, au nombre de dix-sept, sont 
coupés droit, et recouverts, assez loïn de leur base, par de petites 
écailles formant des bandes longitudinales symétriques et séparées. 

Les pectorales, falciformes, atteïgnent le milieu de l’anale; elles 
ont seïze rayons, et les ventrales six, dont le premier, plus court 
est aïguillonné. 

La ligne latérale suit la courbure du dos. Les écailles sont petites, 
serrées, denticulées sur leurs bords, comme chez les mulles. 

La couleur générale est un rouge brillamment doré. Au milieu de 
la partie supérieure de la nageoïre dorsale paroît une strie noirâtre. 

Ce diacope a été pêché à la ligne dans la rade de Coupang, 
à Timor : quoiqu'il ny eût que quatorze brasses d'eau, dès qu'il 
fut à l'air, on vit sortir son estomac boursouflé, comme dans les 
poissons qui, vivant à de très-grandes profondeurs, supportent une 
pression considérable. 


DIACOPE DE VAIGIOU. — DracoPe valGIENsis. N. 


Diacope, corpore suprà arcuato, subluteo, lineoles fuscis obliquè super- 
positis; aculeis dorsalibus decem ; rostro subacuto. 


BCD DAV. C4 AS. C7 


LE dos de ce poisson décrit une courbure régulière : son front 
est élevé; son museau alongé, pointu; sa bouche assez grande, 


39* 


308 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


placée bas. Ses mâchoires sont égales, avec plusieurs rangées de 
dents, dont les extérieures sont plus fortes et coniques; le vomer, 
les maxillaires sur les côtés, les arcs branchiaux et le pharynx, en 
sont aussi pourvus; la mâchoire supérieure a quatre crochets par 
devant. La langue est grande et bien détachée, l'œil ovoïde et 
jaune verdâtre. Les narines sont à égale distance de l'œil et du 
museau. La base du préopercule est arrondie en roue dentelée; 
au-dessus de lopercule est une pièce osseuse denticulée. 

La nageoire du dos, médiocrement élevée, est formée de dix 
rayons aiguillonnés et de quinze articulés; l'anale en a trois des pre- 
miers et neuf des seconds ; les pectorales, triangulaires et pointues, 
en ont quatorze ; et la caudale , qui n'est qu'échancrée, dix-sept. 

Les écailles sont grandes, pressées, denticulées sur leur bord; 
les inférieures présentent de petites stries qui forment des lignes 
longitudinales. Les joues en sont recouvertes; maïs le front et 
le museau sont lisses. La ligne latérale suit la courbure du dos et 
devient droite à l'extrémité de la queue. 

La couleur de ce diacope est jaunâtre : cette teinte est plus 
claire sur le ventre, où elle passe à l'argenté; la gorge est blan- 
chätre. Le dos est couvert de petites lignes brunes et obliques. Les 
nageoires ventrales et anale sont d'un assez beau jaune; les pre- 
mières ont à leur base un appendice membraneux recouvert d'écailles. 
La dorsale est blanchâtre, avec une ligne noire sur le 1imbe de sa 
membrane. Lorsque les lobes de la caudale sont réunis, on voit dans 
son milieu une tache brune. 

La longueur de ce poisson est de cinq pouces trois lignes ; sa 
hauteur, d'un pouce et demi; et son épaisseur, de sept lignes. 

Nous l'avons rapporté de file Vaigiou. 


ZOOLOGIE. 309 


DIACOPÉ RAYÉ. — Dracope LINEATA. N. 


Diacope, corpore griseo, lineis fuscis obliquè ornato; aculeis dorsalibus 
decem; pectoralibus longis ; caudä bifurcatä. 


B7- D: PVR CA NC 7e 


CETTE espèce a à-peu-près la même forme que la précédente; 
cest-à-dire que le dos est élevé, arrondi; le museau pointu et 
alongé; les mächoires égales, armées de plusieurs rangées de dents, 
dont les plus extérieures sont les plus longues; on en trouve aussi 
au palais et sur les arceaux des branchies. Les narines sont à égale 
distance des lèvres et de l'œil. Ce dernier est grand, un peu ovoïde, 
recouvert d'une conjonctive lâche. Le bas du préopercule est den- 
telé et arrondi ; l'opercule s'alonge en pointe membraneuse, et 
l'on voit au-dessus une plaque osseuse dentelée. 

La dorsale, assez élevée, a dix rayons aiïguïllonnés et quinze 
qui ne le sont pas; l'anale, troïs épineux et huit branchus; la cau- 
dale, dix-sept; elle est fourchue et son lobe alongé. Les pectorales, 
triangulaires, pointues, placées près des ventrales, atteignent jusqu'a 
l'anus; elles sont formées de seize rayons. 

Les écailles, serrées et striées sur leur bord, ont plus d'étendue 
en hauteur qu'en largeur. La ligne latérale suit le contour du dos. 

La couleur de ce poisson est gris de lin. Un grand nombre de 
petites lignes brunes rapprochées se dirigent obliquement d'arrière en 
avant. La gorge et le ventre sont argentés. La dorsale à des taches 
noiratres sur le bord de la membrane qui unit ses rayons. La caudale 
est brune. 

Longueur, quatre pouces; hauteur, quatorze lignes; épaisseur, 
quatre lignes. 

Il habite les iles Rawak et Vaigiou. 


310 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE BODIAN. — Bopranus. Bloch et Lacép. 


BODIAN ONDULÉ. —— BoDIANUS UNDULOSUS. 


Bodianus , corpore lines imæqualibus in longitudinem undulato ; spinis 
dorsalibus undecim ; maxillà inferiore longiore; pinnis ommbus rotundis ; 
caudä lunatä. 


B. 7. D. £ P. 15. V. 6, À. À C. 17. 


CE poisson a le corps alongé, comprimé; le dos peu courbé; 
le museau pointu, conique; la mâchoire inférieure dépassant un 
peu la supérieure; les dents petites et aiguës : en haut sont deux 
crochets écartés de manière à recevoir la mâchoire d'en bas. Le 
palais et les arcs branchiaux ont aussi des dents. La langue est 
étroite, flexible et bien détachée; l'œil, placé près de l'extrémité 
du museau, est ovalaire, et recouvert d’une conjonctive lâche et 
noirâtre. Le préopercule, finement dentelé en haut, l'est plus 
fortement en bas; l’opercule a trois aïguïllons et une pointe mem- 
braneuse dirigés en arrière. Les ouïes sont très-lâches et grande- 
ment ouvertes. 

Les nageoires sont arrondies : la dorsale a onze rayons épineux 
et dix-sept branchus plus élevés; l'anale, quinze, dont trois sont 
aiguillonnés; les pectorales, rapprochées des ventrales , en ont 
quinze; et la caudale, qui est arrondie, dix-sept. L'anus est distant 
de quatre lignes de sa nageoire. : 

Les écailles sont excessivement fines et rapprochées ; les oper- 
cules et le haut de la tête en sont recouverts. La ligne latérale est 
presque droite. | | 

La couleur générale de ce bodian est un brun clair, recouvert de 


ZOOLOGIE. 311 


lignes longitudinales irrégulières’, ondulées, d’une teinte brune peu 
foncée. Le museau est noirâtre, de même que toutes les nageoires 
sur leur bord. Plusieurs lignes brunes parcourent les joues en long : 
on en remarque une noire qui part des intermaxillaires etva finir 
au préopercule. | 

Sa longueur est de quatre pouces neuf lignes ; sa hauteur, de 
quatorze lignes; et son épaisseur, de cinq. 

Nous l'avons rapporté des îles Vaigiou et Rawak. 


312 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE SERRAN. — SERRANUS. Cuv. 


‘SERRAN BOURIGNON. -— SERRANUS BORBONICUS. NN. 


PLANCHE 67, Ho:,2. 


Serranus, corpore cæruleo fer nigro; pinns omnibus et basi caudeæ 
lutess ; duodecim vel quindecim punctis cyaners in utroque latere. 


B:7 D Pl VGA Gt: 


CETTE espèce est encore dédiée à l'une des nombreuses victimes 
que la fièvre jaune a moiïssonnées parmi les médecins de la marine : 
c'est un hommage dû à la mémoire d'un de nos collègues, dont 
l'esprit et l'amabilité ont mérité tous nos regrets. 

Le corps de ce poisson, à l'exception de la queue, est d'une 
couleur bleue si foncée, qu'elle en paroît noire; l'extrémité de la 
queue, ainsi que toutes les nageoires, sont d’un beau jaune : le 
bleu anticipe un peu et décrit une ligne sur la base de la dorsale : 
il tache aussi l'insertion de l'anale et de la pectorale. La lèvre supé- 
rieure est rayée de jaune, et douze ou quinze points d’un beau bleu 
d'outremer occupent le milieu de chaque flanc. 

Le ventre est proéminent, la tête grosse, le museau un peu 
pointu, les lèvres égales, et la bouche presque verticale. Les mä- 
choires sont garnies de plusieurs rangées de dents fines et aiguës; 
le palais en aausst, de même que les arceaux intérieurs des branchies. 
On en voit deux beaucoup plus fortes à l'extrémité de chaque 
maxillaire. La langue est lisse, détachée et pointue. 

Les narines sont doubles, et s'ouvrent devant l'œil, dont l'iris est 
d'un jaune verdâtre. Le préopercule est finement dentelé dans une 


ZOOLOGIE. 313 


partie de son contour ; et l’opercule, qui se termine en une pointe 
alongée, charnue, est muni de trois aïguillons, dont le plus long 
occupe le milieu. . 

Les branchies, saïllantes au dehors, montrent cinq de leurs 
rayons. La ligne latérale suit la courbure du dos et finit à la queue. 
Les écaïlles sont fines. 

La nageoïire du dos est formée de onze rayons aïguillonnés et 
de seize articulés, plus longs et dirigés en arrière, assez près de 
la caudale, qui en a dix-sept presque également longs. L’anale 
est petite, arrondie, composée de onze rayons, dont les trois 
premiers sont fortement épineux; les ventrales en ont six; les pec- 
torales, arrondies, dix-sept. L'anus est près de la nageoire de son 
nom. 

La longueur de ce serran est de sept pouces et sa hauteur de 
trois. I provient de file de Bourbon, et a été dessiné sur le vivant 
par M. Taunay. La figure que nous en donnons a des rapports 
avec celle de l'holocentre gymnose de M. de Lacépède ( tom. HT, 
planche 27, fig. 2), dont notre individu pourroit bien n'être qu'une 
variété. 


SERRAN RAYONNANT. — SERRANUS RADIANS. N. 


PLANCHE 58, fig. 2. 


Serranus  subfubvus, plurimis nigricantibus vittis transversè, tribus 
longitrorsum , utrinquè virgatus ; prœoperculo bilobato, echinato. 


BS7 DEP ns VON A NC. 17. 


1 


LA forme de ce poisson est alongée. La courbure du dos, peu 
sensible, devient plus marquée depuis la nuque jusqu'au bout du 
museau. La mächoiïre inférieure dépasse celle d'en haut; toutes 


deux sont munies d’une première rangée de dents crochues, re- 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. AO 


+ 


314 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


courbées en arrière, et d'une seconde rangée de crénelées comme 
celles qui sont au palais. 

Les narines sont doubles; l'œil grand, doré, et placé au som- 
met de la tête. Le préopercule est divisé en deux parties arron- 
dies, hérissées de longues épines aiguës divergentes; l’opercule, 
terminé par une longue pointe, a deux aïguïllons, et les branchies 
sont soutenues par sept rayons. 

La nageoïre dorsale, qui commence au point où finit le prolon- 
gement de lopercule, est uniforme, composée de dix rayons 
aiguillonnés et de douze branchus. La caudale en a dix-sept; elle 
est fourchue, et le lobe supérieur dépasse un peu l'inférieur. 

Les pectorales et les ventrales s’insèrent au-dessus les unes des 
autres; les premières ont quinze rayons, les dernières six; l’'anale 
dix, dont trois épineux. L'anus est peu distant de cette dernière. 

Le fond de la couleur de l'animal est jaunâtre. Ses côtés sont mar- 
qués chacun de huit ou neuf raïes transversales noirâtres de diverses 
largeurs, qui sont coupées d'abord par une bande longitudinale 
de la même couleur, au-dessous de laquelle en sont deux autres 
Jaunâtres et beaucoup moins larges. Les points d'intersection de 
ces lignes acquièrent une teinte plus foncée. De plus, troïs ou quatre 
autres raies, bleuâtres, parcourent obliquement les joues. 

La ligne latérale n'a qu'une très-légère courbure. Les écailles 
sont fines, arrondies, profondément dentelées et striées. 

Cette espèce habite les eaux de Rio de Janeiro. Notre serran 
est représenté de grandeur naturelle. 


ZOOLOGIE. 315 


SERRAN BANDELETTE. — SERRANUS viTTA. N. 


PLANCHE 58, fig. 3. 


Sérranus subalbus ; vittä longitudinali nigrä; plurimis Üneis fuscis, 
supra in obliquum , infrà in longum prolatis. 


LE dos de ce serran décrit un arc assez élevé. Ses machoires un 
peu alongées sont égales; celle d'en bas a des dents de même 
longueur, et la supérieure est munie de deux crochets qui sortent 
en dehors quand la bouche est close. Derrière ces premières ran- 
gées de dents, il y en a d’autres en velours, de même qu'au palais 
et sur les arcs des branchies. La langue est alongée, bien détachée 
et lisse. 

Les narines ont chacune deux orifices ; les yeux, rapprochés, 
très-grands, sont placés au sommet de la tête. Le préopercule et 
l'opercule sont couverts de fines écailles : l'un n'a que deux petits 
aiguillons ; l'autre est dentelé. La membrane branchiostége a sept 
rayons. 

La nageoïire du dos, plus élevée à son origine, devient uniforme 
ensuite ; elle a dix aiguillons et treïze rayons branchus : celle de 
la queue, médiocrement échancrée, a dix-sept rayons. Le lobe 
supérieur est un peu plus long que l'autre. 

L'anale, étroite, placée très en arrière, est formée de trois aïguil- 
lons et de huit rayons. L'anus est plus près de cette nageoïre que 
des ventrales. Celles-ci ont à leur base une écaiïlle triangulaire 
alongée. Les pectorales sont en faulx et dépassent les ventrales. 
Toutes les nageoires sont incolores. 

Les écailles, très-fnes et serrées, reflètent à la partie supérieure 


407 


316 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


du poisson une couleur brune, sur laquelle tranchent de petites 
lignes obliques d’une teinte plus foncée, qui aboutissent à la ligne 
latérale et paroïssent formées de points rapprochés. 

Au milieu du corps, une bande noire assez large part de l'œil 
et va se terminer à la queue. Au-dessous de cette bande, on re- 
. marque plusieurs lignes semblables à celles du dos, pour la forme 
et la couleur, mais qui sont longitudinales : elles deviennent gra- 
duellement moins apparentes, à mesure qu'elles se rapprochent du 
ventre, qui finit par être d'un blanc argentin. 

La ligne latérale suit la courbure du dos et traverse la bande noire. 

Ce serran est représenté de grandeur naturelle. Nous l'avons 
rapporté de l'ile Vaïgiou. 


SERRAN BOURSIN. — SERRANUS RADIALIS. 


Serranus, corpore suprà fusco, infrà albido subroseo ; vittis transversa- 
bus fuscis ; prœoperculo valdè armato ; caudà paululim bifurcä. 


B:6.1D4552 Piur6 VGA; à (CURE 


CE serran a beaucoup de rapports avec notre radians : comme 
lui, il est alongé, épais, arrondi, avec des couleurs ternes, mais 
différemment disposées, de même que les épines du préopercule. 

Cette espèce a la tête grosse, conoïde, le museau obtus, le 
front très-peu élevé ; les mâchoires égales, l'inférieure remontant un 
peu vers la supérieure. Elles sont munies de plusieurs rangées de 
dents très-fines, à l’extérieur desquelles sont de petits crochets 
espacés ; ceux d'en haut recouvrent les inférieurs. A la réunion 
des intermaxillaires se trouve un petit espace dépourvu de dents. 
Le vomer, le palais et les arceaux des branchies ont aussi des dents. 
La langue est aplatie et bien détachée. 

Les yeux sont grands, ovalaires, placés au sommet de la tête, 


ZOOLOGIE. 5 y 
et recouverts d'une conjonctive lâche. Les narines ont deux 
orifices un peu distans lun de l'autre. Le préopercule présente 
en arrière et inférieurement un prolongement arrondi, garni de 
pointes rayonnantes; le reste de son étendue est finement dentelé. 
L'opercule a deux piquans couchés sur un appendice membra- 
neux. Les ouïes sont larges, et la membrane qui les soutient a six 
rayons. 

La ligne du dos est presque droite. La nageoïre dorsale, sans être 
divisée, présente cependant deux lobes distincts, dont le premier a 
dix rayons épineux, et le second, treize articulés. L’anale, petite, en 
a trois des premiers et huit des derniers; les pectorales, qui sont 
larges, ont seize rayons ; ce nombre est aussi celui de la caudale, qui 
est grande. 

Ce poisson est brun en-dessus. Des bandes transversales et irré- 
gulières de cette couleur descendent jusquà l'abdomen. La poitrine 
et le ventre sont rosés, de même que les nageoires inférieures ; 
la dorsale a des taches brunes en arrière, et la caudale plusieurs 
lignes transversales de la même teinte. Les écailles du corps 
sont rondes, serrées et finement striées sur leur bord; celles 
qui recouvrent les opercules et les joues sont plus fines. La ligne 
latérale est presque droite. 

La longueur de ce serran est d'un peu plus de six pouces; sa 
hauteur, de quinze lignes, et son épaisseur, de dix. H provient du 
Brésil. 

Un autre individu de la même espèce se faisoit remarquer par 
une teinte plus rougeûtre. 

Ce poisson est dédié à la mémoire de M. Boursin, médecin de 
la marine, mort de la fièvre jaune, qui, lorsqu'il en fut atteint, 
désespérant de sa guérison et voulant que sa maladie ne fût fatale 
qu'à lui-même, se renferma dans sa chambre , refusa tout secours 
et expira le surlendemain. 


318 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PLECTROPOME. — PzEcTRoOPOomMA. Cuv. 


PLECTROPOME PONCTUÉ. — PLECTROPOMA PUNCTATUM. NN. 


PLANCHE 45, fig. 1. 


Plectropoma, corpore fusco, maculis subcæruleis longiusculis perfuso} 
aculers octo in pinn& dorsi; maxillä inferiore longiore; caudä æqualiter 


desinente. 
B.7. D.£. P. 16. V. 6. A. 


C6. 


wlb 


CE poisson a le corps alongé, un peu aplati, les chairs molles, 
la tête grosse, le front abaïssé assez brusquement, les lèvres exten- 
sibles, la bouche grande, la langue mince, alongée et bien détachée. 
La mâchoire inférieure dépasse la supérieure; toutes deux sont 
munies de plusieurs rangées de dents dirigées en arrière, de même 
que le vomer et les arcs branchiaux. En avant de chaque mâchoire 
sont deux forts crochets. Les yeux sont grands, placés au sommet 
de la tête et rapprochés lun de l'autre. L'orifice de chaque narine 
est double. Les ouïes, très-écartées, permettent de voir dans l'in- 
térieur de la bouche; leur membrane est lâche et soutenue par 
sept rayons. Les dentelures du contour du préopercule sont à 
peine perceptibles; mais les trois pointes dirigées en bas, qui forment 
le caractère de ce genre, sont très-visibles. L'opercule a deux aï- 
guillons très-saïllans dont l'inférieur repose sur un prolongement 
membraneux taïllé en pointe et dirigé en arrière. 

La nageoiïre du dos, petite d'abord, s'élève ensuite en s’arron- 
dissant ; elle est formée de huit aïguillons et de onze rayons 
flexibles. Celle de la queue est grande, carrée, et composée 
d'environ seïze rayons. Ce nombre est aussi celui des pectorales, 


ZOOLOGIE. 319 
lesquelles sont placées un peu bas. L'anale est petite; elle a deux 
aiguillons et neuf rayons. L’anus, placé plus près de cette rageoire 
que des pectorales, laisse apercevoir dans son ouverture un cu-de- 
sac dirigé en avant. 

Les écailles de ce poisson sont fines et assez serrées sur le corps; 
celles qui couvrent la tête et la base des nageoires du dos, de l'anus 
et de la queue, le sont davantage. La ligne latérale décrit vers 
son milieu une forte courbure dirigée en bas. 

Le fond de la couleur est un brun très-légèrement rougeûtre, 
agréablement parsemé d'une infinité de taches alongées bleuâtres, 
placées sans ordre par devant, et formant des lignes régulières 
vers la queue. Ces taches sont plus petites et rondes sous la gorge 
et sur la membrane des nageoires dorsale , caudale et anale. La 
membrane qui soutient les rayons épineux de la nageoïre supérieure 
est presque noire, de même que la partie supérieure de la scléro- 
tique. 

La longueur de ce plectropome est de six pouces et demi. 

Nous l'avons rapporté de l'ile de France. Il a des rapports avec 
le bodian tacheté de Bloch; maïs ce n'est pas la même espèce ; il 
en diffère par sa forme générale, par ses couleurs, et sur-tout par la 
disposition de sa queue, qui est terminée carrément. 


320 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PRISTIPOME. — PrisriromA. Cuv. 


PRISTIPOME SIX LIGNES. — PRisTIPoMA SEXLINEATUM. N. 


Pristipoma flavo-argentéeum; spinis dorsalibus duodecim ; nes fuscrs 
longitudinalibus sex ; caudà bifida. 


B.16:: Da: Pu62 VGA NC. 17: 


10 


e 
L] 


La tète et le corps oblongs de ce pristipome, son museau obtus, 
sa couleur argentée, ses petites écaïlles, et ses six bandelettes étroites, 
le font ressembler à notre esclave six lignes { planche Co, figure 1). 
Du reste, ces deux genres, qui ne diffèrent que parce que les 
esclaves ont une légère séparation dans la nageoïre du dos, ne 
devroient être que fort peu éloignés lun de l'autre. Quoiqu'il en 
soit, le corps du pristipome est comprimé ; sa tête décrit une ligne 
oblique jusqu'à l'origine de la dorsale; le dos est presque droit; 
la bouche est grande, arrondie; les mâchoires égales , garnies d’une 
rangée de dents fines, derrière lesquelles en sont d’autres plus 
petites. La langue est peu saïllante; les narines ont deux orifices 
éloignés l'un de l'autre ; l'iris est argenté ; le sous-orbitaire a des 
dentelures en avant, de même que le préopercule ; l'opercule a 
deux piquans dirigés en arrière; les ouïes sont grandes, leur mem- 
brane a six rayons, la plupart visibles à l'extérieur. Comme dans 
les térapons, l'os de l'épaule est dentelé au-dessus des pectorales. 

La dorsale, élevée, arrondie, disparoït presque entièrement dans 
une rainure quand l'animal est en repos; elle a douze aïguïllons, dont 
ceux du milieu sont plus longs, et dix rayons; les pectorales, seize 
rayons ; les ventrales, six ; et anale, quatorze, en y comprenant les 


ZOOLOGIE.: 321 
trois épineux. La queue est alongée ; sa nageoire, légèrement 
échancrée, a dix-sept rayons. 

La couleur de ce poïsson, d'un bel argenté sous le ventre, devient 
plus foncée au dos; les nageoires sont blanches; la dorsale seule 
présente quelques taches noiïrâtres sur son bord. Six lignes longitu- 
dinales presque noires ornent le corps de ce poisson; les quatre 
supérieures se réunissent sur la tête. Toutes les écaïlles sont exces- 
sivement fines et tombent facilement. La ligne latérale décrit une 
légère courbure ondulée et affecte ensuite une direction droite. 

Nous avons rapporté de la rade de Sydney, au Port-Jackson, 
trois pristipomes, dont le plus grand a quatre pouces de longueur 
et quatorze lignes de hauteur, sans y comprendre la dorsale. Ces 
trois individus sont parfaitement. semblables, à quelques légères 
différerices près dans le nombre des rayons des nageoires du dos 
et de l'anus. 


Voyage de l'Uranie. — Toologie. 4 cl 


322 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE SCOLOPSIS. — Scozorsis. Cuv. 


SCOLOPSIS RAYÉ. — ScoLopsis LINEATUS. N. 


KATBOTTO, en idiome de l’île Guébé. 
PLANCHE 60, fig. 3. 


Scolopsis, capite crasso ; utroque latere tribus recurvis liners submigris 
in longitudinem virgato. 

Bas DSP. as: Var AZ Ctuy: ET 

CETTE espèce a la tête courte, le front aplati, le museau très- 
obtus. Ses mâchoires sont également avancées, rétrécies, armées 
de dents aiguës à crochet simple. Les yeux, très-grands, occupent 
toute la largeur de la tête; ils sont recouverts d'une membrane 
lâche. Au bas de chaque orbite est un fort aïguillon mobile, avec 
deux autres plus petits, tous dirigés en arrière. Le préopercule est 
dentelé, et l'opercule a un aïguiïllon; Fun et l'autre sont couverts 
d'écaiïlles. La membrane des branchies a cinq arceaux. 

Trois larges raies longitudinales et noirätres occupent la partie 
supérieure du corps. La première part du front, et finit après avoir 
côtoyé les deux tiers de la nageoïre dorsale; elle ne se réunit point 
sur le front à celle du côté opposé; là une ligne blanche les sépare. 
Il nen est pas de même de la seconde, qui, après avoir formé 
avec la raie correspondante un demi-cercle vers le même point, 
traverse et noircit la partie supérieure du globe de l'œil, et va 
aboutir à l'extrémité de la nageoire du dos. Enfm, la troisième 
décrit une courbe pareïlle sur le bout du museau, couvre le 


ZOOLOGIE. 323 
milieu de l'orbite, se marie un instant avec la seconde ligne, et 
l'abandonne pour aller aboutir au haut de la queue. 

La nageoire du dos a dix rayons aiguillonnés et neuf qui ne le 
sont pas; la caudale, échancrée, en a. dix-sept de ces derniers; les 
pectorales, quinze, et l'anale, dix, dont les trois premiers sont 
épineux. : 

Chez quelques-uns de ces poissons, ces bandes sont quelquefois 
interrompues dans deux endroits, et l'espèce de membrane con- 
jonctive qui couvre l'œil est susceptible de beaucoup d'extension. 

Les écailles sont larges, d'un blanc sale un peu argenté. La 
ligne latérale se courbe vers le dos. 

Ces animaux, qui proviennent des petites rivières salées de 
Vaigiou, nous rappellent l'adresse d'un Portugais élevé parmi les 
Malais, qui nous les procura en les frappant à coups de sabre pen- 
dant la nuit, à la lueur d’une torche: 

D'après les couleurs de cette espèce, on pourroit la confondre 
au premier aspect avec lholocentre esclave de Bloch, si un examen 
attentif ne venoit pas bientôt faire connoître les différences géné- 
riques qui caractérisent ces poissons. 


324 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-cENRE SCORPÈNE. — ScorræNA. Schn. 


———— 


SCORPENE DE VAIGIOU. — SCcoRPÆANA vaIGIENsis. N. 


PLANCHE 58, fig. 1. 


Scorpæna , corpore fusco, maculis imparibus subnigris notato ; binis ten- 
taculis naribus præfixis ; fronte retrorsüm depresso. 

B: 7 D PS VAN ANS C7: 

LE corps de ce poisson est élevé, sa tête grosse; derrière le 
front , qui est arrondi, on remarque un enfoncement, puis une 
bosselure, au-dessus de laquelle la dorsale prend naïssance. La mà- 
choire inférieure est un peu moins avancée que celle d'en haut; 
les dents sont presque imperceptibles et serrées; le palais et les 
arceaux des branchies en sont munis. On voit à l'orifice antérieur 
de chaque narine un tentacule charnu, très-mou, aplati et peu 
long. L'œil est très-grand, recouvert d'une membrane sur laquelle 
est tracé un cercle de points noirs, qui semble indiquer les limites 
de l'agrandissement de la pupille. Le contour postérieur du préo- 
percule est dentelé, linférieur aïiguillonné. L'opercule est trian- 
gulaire , alongé, avec une seule épine : il est débordé en bas par le 
dernier des sept rayons branchiostéges. | 

La nageoire du dos est arrondie; elle est formée de quatorze 
forts aiguillons et de onze rayons branchus: les pectorales, larges et 
arrondies, ont treize rayons, la caudale dix-sept, et les ventrales 
six; ces dernières sont fixées au corps par une membrane. L'anus 
occupe le milieu de l'espace compris entre elles et la nageoire 
de son nom, laquelle a cinq rayons mous et trois aiguillonnés, 


ZOOLOGIE. 325 
dont le second, très-long et très-fort, atteint le milieu de la cau- 
dale. 

La ligne latérale, très-peu courbée, est placée assez près du dos; 
les écaïlles sont denticulées sur leur bord libre, qui est un peu 
relevé. 

La couleur générale de cette scorpène est brune , avec de nom- 
breuses maculatures : une entre autres, plus saïllante, coupe trans- 
versalement la base de la queue, et deux plus larges couvrent la 
nageoire de l'anus. Les taches des pectorales et des ventrales tendent 
à former trois lignes régulières. 

Ce poisson, placé dans le genre scorpène, en diffère cependant 
sous plus d'un rapport. Il est représenté de grandeur naturelle, et 
provient de file Vaïgiou. 


SCORPENE DE RAWAK. — ScoRPÆNA RAWAKENSIS. N. 


Scorpæna, ore imberbi ; capite subcavernoso, aculeis armato ; corpore 


maculis subnigris notato ; caudä rotundä. 
B7 DSP 7419. AC. 


CETTE scorpène à le corps alongé, assez épais; le dos médiocre- 
ment élevé, la tête grosse, caverneuse, formant plus du tiers du 
poisson, armée de forts piquans, dont quatre au-dessus des orbites, 
cinq sur une seule rangée au sous-orbitaire ; les autres irrégulière 
ment placés. Les narines ont quatre grands orifices. La laxité de 
toutes les pièces de la tête laisse à ce poisson la faculté d'ouvrir 
une large gueule. Les mâchoires sont égales; l'inférieure remonte 
vers la supérieure; les intermaxillaires sont écartés en devant pour 
recevoir une protubérance de la mâchoire d'en bas. Les dents 
sont en velours : il y en a sur le vomer, les branchies et les os 


pharyngiens. 


326 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Les nageoires pectorales sont larges, arrondies, couvertes 
d'écailles à leur base, et formées de dix-neuf rayons, dont les infé- 
rieurs touchent aux ventrales; ces dernières sont arrondies aussi. 
L'anale, placée en arrière, a trois aïguiïllons et six rayons ; la dorsale 
en a treize des premiers et neuf des derniers. La caudale est orbi- 
culaire; elle a vingt-trois rayons, dont six, placés à la base, sont 
aiguillonnés. 

Les écaïlles sont serrées, plus hautes que larges. La ligne latérale 
est presque droïte; on voit à son origine un grand piquant, ainsi 
qu'a l'os de l'épaule. 

Ce poisson, comme la plupart de ceux de ce genre, a des cou- 
leurs sombres; il est tacheté de larges plaques brunes irrégulièrement 
placées sur la tête, le corps, les nageoïres du dos et de l'anus. La pec- 
torale et la caudale sont mouchetées de points dela même couleur. 

Sa longueur est de trois pouces et demi; sa hauteur, d'un pouce; 
l'épaisseur du corps est de six lignes, et celle de la tête, de huit. 

Nous l'avons rapporté des îles Rawak et Vaigiou. 


SCORPENE DE GUAM. — ScoRPÆNA GUAMENSIS. N. 


Scorpæna, ore imberbi ; corpore elevato ; capite subcavernoso , aculeis 
armato ; macul& ner 1n operculo. 


B; 7. D. P. '19. VW. 6 A2 C 23. 


CETTE petite espèce, semblable à la précédente par la disposition 
des nageoires et le nombre de leurs rayons, n'en diffère que parce 
que son dos est un peu plus élevé et que les aïguillons du sous- 
orbitaire sont moins nombreux. La nageoiïre dorsale présente aussi 
quelque différence, en ce qu'elle paroît comme formée de deux 
parties distinctes, dont la première a douze rayons épineux, et la 
seconde un épineux et neuf branchus. 


ZOOLOGIE. 327 


Le corps, sur un fond brunâtre, est marqué de bandes transver- 
sales brunes, irrégulières, et d'une tache noire sur l'opercule, ce 
qui forme le caractère distinctif de cette espèce, dont la longueur 
est de deux pouces trois lignes et la hauteur de huit lignes. 

Ce poisson habite l'ile Guam, d'où nous l'avons rapporté. 


SCORPÈNE DU PORT-JACKSON.-- ScoRPÆNA JACKSONIANA. N. 


Scorpæna, transversim fasciata ; spinis dorsalibus sexdecim ; caudä 
subæqual. 

BG D RP ENV IG VAT C2. 

CETTE espèce a le corps alongé, la tête grosse et obtuse, hé- 
rissée d'épines peu saïllantes. Les orbites, élevées, forment un sinus 
au milieu du front ; les yeux sont grands, la pupille jaune. Les 
narines n'ont que deux ouvertures. La bouche est grande; les mä- 
choires sont égales et munies de plusieurs rangées de très-petites 
dents; il y en a aussi au fond de la gorge et sur les arcs branchiaux. 
On voit au-dessus de la mâchoire supérieure, de chaque côté, un 
long aiguillon mobile dirigé en arrière; des quatre qui couvrent le 
préopercule, un seul est bien saïllant; ceux de l’opercule sont peu 
visibles. La membrane branchiostéège a six rayons. 

La nageoire dorsale, tres-élevée, est formée de seïze forts aïguil- 
lons et de huit rayons branchus; l'anale à huit rayons, dont trois 
épineux,; les pectorales, quatorze; les ventrales, six, et la caudale, 
douze : cette dernière est presque carrée. 

La ligne latérale est droïte, et l'anus est à égale distance des 
ventrales et de la nageoïre de son nom. Les écailles sont fines 
et serrées. 

La couleur de ce poisson est brune en-dessus et d'un rosé sale 
en-dessous; quatre bandelettes verticales, presque noires, se par- 


328 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
tagent l'étendue du corps; une très-large, inégale, prend à la poi- 
trine ; une seconde, au milieu de la nageoïre de l'anus; la troisième 
termine le lobe de la queue, et la dernière en traverse la nageoïre : 
des taches de la même couleur couvrent la tête, les joues et les 
diverses nageoires. 

Longueur totale, un peu plus de trois pouces. 

Cette espèce habite la rade de Sydney, au Port-Jackson. 


ZOOLOGIE. 329 


Sous-GENRE PTÉROIÏS. — Preroïs. Cuv. 


PTÉROÏIS ZEBRE. — PreRoïs ZEBRA. 


Pteroïs, dorso elevato, carinato ; spinis dorsalibus tredecim}  cirris 
binis longissimis suprà oculos ; vittis transversalibus quinque. 


BA 7 MDN IS MP IVG MAl RCA 2: 


ON reconnoîtra ce ptéroïs à la grosseur de sa tête armée 
d'épines, à l'élévation de son dos, qui est caréné, aux deux longs 
flamens qui s'élèvent au-dessus des orbites, et aux cinq larges ban- 
delettes de couleur rougeâtre qui traversent le corps. Les mäâchoires 
sont presque égales, armées de petites dents; l'inférieure, moins 
large, va à la rencontre de la supérieure, et s'insère dans un angle 
rentrant que cette dernière faït à son extrémité. L'œil est grand; 
les orbites, saïllantes, forment une gouttière au sommet de la tête; 
les joues ont plusieurs barbillons. Le préopercule a trois épines ; 
les ouïes, bien détachées, sont soutenues par sept rayons. 

Les pectorales, larges, composées de dix-sept rayons, s'étendent 
jusqu'au lobe de la queue; les ventrales, qu'elles touchent presque, 
atteignent jusqu à la nageoire de l'anus : cette dernière a trois aiguil- 
lons et sept rayons branchus; la dorsale en a treize des premiers, 
dont ceux du milieu sont très-élevés, et onze des seconds; la cau- 
dale, pointue, en a douze. Toutes ces nageoires sont traversées 
par des raies ponctuées, de même couleur que celles du corps. 
La tête en est aussi couverte, et l'une de ces raïes occupe l'œil. 

La longueur de ce poïsson est de deux pouces et demi; sa hauteur, 
de neuf lignes, et son épaisseur, de cinq. 


Nous l'avons pris dans la baie de Coupang. 
Voyage de l'Urante. — Zoologie. 42 


330 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE MULLE ou SURMULET. — Muzzus. Linn. 


MULLE MULTIBANDE. — Murius MULTIFASCIATUS. N. 


MoOUANO, en idiome sandwichien. 


PLANCHE 59, fig, 1. 


Mullus, cirris gemims; maculs quinque fuscis, transversis ; alterä 
ponè oculum ; caudà bisulcä. 


Bi D 7.120D0. Pense A Cris. 


CE mulle, qui a pour patrie les îles Sandwich, a le corps légère- 
ment arrondi, les mâchoires égales, les dents fines et séparées. 
Les deux barbillons ne dépassent pas l'opercule ; l'os qui les sup- 
porte est très-proéminent. L'œi est couleur d'or, et les narines 
n'ont qu'une seule ouverture. L'opercule a un aïiguillon court, mais 
acéré : il est recouvert, ainsi que les joues, de larges écailles; infé- 
rieurement, il est débordé par une portion de la membrane des 
oules. 

La première nageoïre du dos est triangulaire et armée de sept 
rayons aiguillonnés, dont le premier est plus court et plus fort: 
la seconde en a neuf articulés ; le dernier, beaucoup plus long, et 
divisé en deux par la base, se porte tres-obliquement en arrière. La 
queue est fourchue, à lobes égaux, avec quinze rayons recouvérts 
d'écaïlles à leur origine. Les pectorales en ont le même nombre; 
l'anale, sept dirigés en arrière ; et les ventrales, six, avec une écaïlle 
alongée et pointue de chaque côté de leur base. 

La ligne latérale est peu courbée: sur toute sa longueur, et 

_de distance en distance, de petits groupes de rayons forment 


ZOOLOGIE. 331 
comme des fragmens d'étoile. Ce caractère est commun à plusieurs 
espèces de ces poissons; ainsi que d'avoir des écailles larges et très- 
finement dentelées sur les bords, de sorte que, comme le remarque 
M. de Lacépède, on éprouve une résistance en promenant la main, 
de la queue vers la tête de l'animal. 

Celui qui nous occupe, de couleur rougeâtre, a une tache 
noïâtre derrière l'œil ;-une légère ligne semblable passe au-dessus 
de l'orbite : cinq bandes perpendiculaires de la même couleur 
règnent de distance en distance sur toute la longueur du corps 
dans sa partie supérieure. Deux ou trois petites raies jaunes se font 
remarquer à la nageoire de l'anus et à la deuxième dorsale : le der- 
nier rayon de celle-ci est alongé et noir. 

On trouve, à la page 29 du singulier et intéressant Recuerl des 
poissons de Renard, un mulle qui approche beaucoup de celui-ci. 
Ce seroit le même, que cela ne nous auroiït point empêchés de le 
faire représenter, parce que les figures de ce livre, bonnes à con- 
sulter pour connoître quel étoit alors l'état de la science, sont loin 
de suffire aujourd'hui. a 

C'est à Owhyhi que nous nous procurâmes le nôtre. Nous vîmes 
la femme d'un chef de cette île se régaler d’un de ces poissons, 
ainsi que de beaucoup d'autres : l'apprêt n'en étoit ni long ni recher- 
ché, car elle les dévoroit crus de la manière la plus dégoûtante ; 
on avoit seulement l'attention de les tremper dans de l’eau de mer, 
apparemment pour en faciliter la déglutition. 


332 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE ATHÉRINE. — ATHERINA. Linn. 


ATHÉRINE DU BRÉSIL. — ATHERINA BRASILIENSIS. N. 


Atherina, corpore rubente, fasctä longitudinal argenteä; pinnä ant 
radis viginti, primäque dorsal quatuor spinis ; caudä bifurcatä. 


Be SSD fe. D 8 PE nt NV CR AA 0 NC en 


CETTE athérine a le corps alongé, épais; le dos droit; le ventre 
saillant, décrivant même une courbure; le sommet de la tête large 
et aplati, le museau proéminent, la mâchoire inférieure plus courte 
et plus rétrécie que la supérieure, au-devant de laquelle elle se 
porte ; toutes les deux sont armées de petites dents très-pointues, 
dont les plus extérieures sont les plus saïllantes. L'œiïl est grand, 
doré; les narines sont larges ; les ouïes bien fendues, soutenues par 
cinq rayons; les joues et le sommet de la tête couverts d'écailles, 
lesquelles sont arrondies dans cette dernière partie. 

Les pectorales, placées très-haut, au niveau de la partie supé- 
rieure de l'opercule, sont larges, subtriangulaires, formées de quatorze 
rayons. Les ventrales, courtes, et placées plus en arrière, sont sépa- 
rées par une écaille triangulaire et accompagnées latéralement par 
un appendice écaïlleux. L'anus précède de quelques lignes la na- 
geoire de son nom, qui est grande et composée de vingt rayons. 
Le lobe dela queue est alongé, épais; sa nageoiïre, fourchue, a dix- 
sept rayons. Les deux dorsales, très-petites et bien séparées, corres- 
pondent à l'anale: la première, à peine perceptible, a quatre rayons 
épineux; la seconde, un peu plus développée, huit branchus. 

Les écailles du corps de ce poisson sont larges et très-serrées. 
La ligne latérale est presque droïte: peut-être y en at-il deux en 


ZOOLOGIE. 333 
partie masquées par l'éclat de la large bandelette argentée que l'on 
voit dans toute l'étendue du corps. 

Le fond de la couleur est rouge tendre, plus foncé au-dessus de 
la ligne latérale, avec une tache brune au bout du museau et à l'ex- 
trémité de la queue. La tête est argentée. 

Nous avons rapporté de la baïe de Rio de Janeiro des individus 
qui avoient une longueur de trois à cinq pouces. La hauteur du 
corps, dans les plus grands, est de onze lignes, et l'épaisseur, de six. 


ATHÉRINE DU PORT-JACKSON. a ATHERINA JACKSONIANA. N. 


Atherina , corpore gracili, elongato ; rostro acumunato ; primä dorsal 
elevatà , radus septem ; caudà valdè bifurcatä. 


BSD 72 MD 1e PA NN EAL oO NC T7 


CETTE athérine a, comme {a précédente, le corps alongé, 
arrondi, mais plus grêle; la tête effilée, aplatie en-dessus; la ma- 
choire inférieure plus courte que celle d'en haut ; toutes deux munies 
de dents petites et pointues; l'œil grand , rond, de couleur d'or. 
Mais ce qui distingue sur-tout cette espèce de l'autre, c'est sa pre- 
mière nageoire dorsale, élevée, et correspondante à l'intervalle qui 
sépare les ventrales de l'anale : elle est formée de sept rayons; la 
seconde dorsale en a douze; les pectorales, quatorze; l'anale, vingt: 
et la caudale, profondément fourchue, dix-sept. 

Les écaïlles sont très-fines, argentées, si peu adhérentes que le 
moindre contact les enlève. Le fond de la couleur est rougeâtre, 
marqué de taches brunes sur le bout du museau, le sommet de la 
tête, le haut du corps et les nageoires pectorales et caudale. Les 
joues et l’opercule sont argentés. La bandelette éclatante, de même 
couleur, qui occupe ordinairement le corps de ce poisson, est ici 
bleuâtre dans sa partie supérieure; elle est parcourue par la ligne 


334 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


latérale, qui est presque droite. On remarque au-devant de l'œil une 
ligne demi-circulaire de pores assez grands. 

La longueur de cet individu est de quatre poutes et demi; sa 
hauteur, de six lignes, et son épaisseur, de quatre. 

Nous l'avons pris dans la rade de Sydney, au Port-Jackson. 


ATHÉRINE D'ENDRACHT. — ATHERINA ENDRACHTENSIS. N. 


Atherina, corpore brevi, subcylindraceo, vittis punctatis longitudinalibus 

À ; A A 

notato ; capite crasso, quadrato; oculis magms; primä pinnä dorsal 
radiis quinque. 


1 D: 512" Drome AV NON A EC nr 


CETTE espèce, très-différente des deux précédentes, a le corps 
gros, assez court; la tête large, carrée, aplatie, et se rapprochant 
beaucoup de celle des muges. En dessus, le crâne forme une saillie 
triangulaire dont la pointe est dirigée en avant. La bouche est 
grande; la mâchoire inférieure, un peu plus courte que la supé- 
rieure, se porte au-devant de celle-ci. Les dents sont en velourset sur 
plusieurs rangées; il y en a aussi sur le vomer. L'œil occupe presque 
toute la tête, et l'orbite fait même saïllie en-dessus. Les narines 
sont à l'extrémité du museau, latéralement placées, et susceptibles 
d'être confondues avec de larges pores qui s'ouvrent près d'elles. 
L'opercule et le préopercule sont lisses et argentés. 

Les nageoires pectorales, placées haut, ont quinze rayons; la 
première dorsale correspond à intervalle qui sépare les ventrales 
de l'anale; elle a cinq rayons, et la seconde, dix; l’anale, peu 
étendue, douze, et la caudale, qui est fourchue, dix-sept. 

Les écailles sont larges, si peu adhérentes, que le moindre contact 
les fait tomber, même du vivant de l'animal. La ligne latérale est 
droite. 


ZOOLOGIE. Le 

La couleur de ce poisson est fauve, argentée sous le ventre, 
marquée de taches noires au-dessus de l'œil, sur le haut du corps 
et à la queue. On remarque inférieurement trois petites stries lo: 
gitudinales formées de séries de points noirs; d’autres stries sem- 
blables, mais moins colorées, sillonnent le haut du corps. La bande 
argentée est moins saïllante que dans les espèces précédemment 
décrites. 

Cet individu étoit femelle, d’où provenoit peut-être la saïllie de 
son ventre. Sa longueur est de quatre pouces; sa hauteur, de neuf 
lignes, et son épaisseur, de cinq. 

Nous l'avons rapporté de la baie des Chiens-Marins, à la terre 
d'Endracht. 


ATHÉRINE DE VAIGIOU. — ATHERINA VAIGIENSIS. N. 


Atherina, corpore subcylndraceo, vittis punctatis longitudinalibus 
notato ; capite crasso, quadrato; pinnä anali radis quatuordecim. 


DS 2 D RP 8 VIN OR A AC, 


CETTE athérine a les plus grands rapports avec celle de la terre 
d'Endracht. On pourroit, dans ce genre, former une division de 
celles à tête alongée et une autre de celles qui l'ont aplatie-et carrée. 
L'espèce décrite ici appartiendroït à la seconde division. 

Comme la précédente, elle est peu alongée, arrondie; sa ban- 
delette argentée est peu saïllante. Ses écaïlles présentent aussi des 
stries ponctuées qui forment des lignes longitudinales. 

La première dorsale correspond à l'intervalle des ventrales et 
de l'anale; elle est formée de cinq rayons, et la seconde de onze. 
Les pectorales en ont dix-huit; lanale, quatorze : cette derniere 
correspond à la seconde dorsale. Le lobe de la queue est arrondi 


336 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
et sa nageoire fourchue. L'œil est doré. Le haut du corps est bru- 
nâtre, et sa partie inférieure argentée, de même que le préopercule. 

La longueur de ce poisson est de quatre pouces; sa hauteur et 


son épaisseur, de six lignes. 
Nous l'avons rapporté des îles Vaigiou et Rawak. 


ZOOLOGIE. 337 


GENRE MUGE ou MULET. — Mucrz. Linn. 


MUGE CHRÉTIEN. — Muaiz vaiciensis. N. 


PLANCHE 59, fig. 2. 


Mugil, pinnä dorsali anteriore radus quatuor, fortiter aculeatis , 
posteriore octo radiatä; squamis magnis; puncts plurimis longitrorsum. 


BAG D A2 DB PAIN GANG 16. 


CE poisson a la tête large, excessivement aplatie ; le museau 
court et arrondi, ce qui lui donne l'aspect de celui de certains 
squales ; la bouche petite, comparée au volume du corps; la lèvre 
inférieure lisse et la supérieure crénelée. L'œil est très-grand ; le 
peu d'intervalle qui existe entre luï et la bouche est occupé par 
une petite plaque saillante, arrondie et dentelée. Les narines ont 
chacune deux ouvertures rondes, et l’opercule est entièrement re- 
couvert de cinq rangs de larges écailles. 

. La première nageoire du dos a quatre fortes épines qui peuvent 
se loger dans une rainure que borde de chaque côté une longue 
écaille; la seconde a huit rayons articulés; la queue, qui est à peine 
fourchue, en a seize; les pectorales, quatorze, et les ventrales, six. 
Une membrane unit la base de ces dernières au corps, et elles sont 
recouvertes et accompagnées d'écaiïlles alongées, plus ou moins 
pointues; de sorte que, génées dans quelques-uns de leurs mou- 
vemens, elles ne peuvent former, comme celles de certains pois- 
sons, un angle droit avec le corps. L'anale est composée de dix 
rayons, dont deux aiïguillonnés, accolés l'un à l'autre, sont peu 


sensibles, 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 43 


338 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Les écailles sont larges, peu serrées : nous en avons compté 
vingt-quatre, depuis la base de la pectorale jusqu'à la queue: leur 
bord est uni; mais on voit sur le milieu une ligne déliée, dont 
l'ensemble forme sept à huit raies longitudinales, c'est-à-dire, autant 
que l'animal a d'écailles dans sa largeur. 

La couleur de ce poisson est jaunâtre, un peu plus foncée en- 
dessus; sa longueur est de quinze pouces. Nous l'avons rapporté 
de l'ile Vaigiou, et dédié à la mémoire de M. Chrétien, chirurgien 
de la marine, mort de la fièvre jaune aux Antilles. 


MUGE FERRAND. — Muciz ARGENTEUS. N. 


PLANCHE 59, fig. 3. 


Mugil, pinné anteriore dors: radus quatuor, pinnæ posteriort proximä; 
ventre prominent; squamns argentalis. 


LEA DIEANSS D, 16, Pin IN EAN 2 aise 


La Nouvelle-Hollande a aussi ses muges : ce. petit individu 
vient du Port-Jackson. Il est remarquable par sa forme comprimée 
latéralement, par la rectitude de son dos et l'ampleur de son ventre; 
par ses écailles fines et nacrées, ce qui lui donne une couleur 
argentée; par ses deux dorsales, moins éloïgnées l'une de l'autre 
que dans l'espèce précédente, puisque l'aiguïllon de la première 
touche presque à la seconde. Le préopercule est couvert d'écaiïlles, 
et l'opercule est lisse et brillant. 

La bouche est grande, les lèvres crénelées, les narines doubles, 
et l'orbite armée, sur le devant, d'un appendice osseux dentelé. La 
ligne latérale est sensible. 

La première nageoïire du dos a quatre aïguillons saïllans, lors 
même qu'ils sont couchés, parce qu'il n'existe pas de sillon pour 


ZOOLOGIE. 2. 
les recevoir. On en compte huit à la seconde et quinze à la queue, 
qui est fourchue. Les pectorales en ont quinze aussi. Les ventrales 
sont réunies entre elles par une membrane. L'anus est très-près de 
da nageoiïre de son nom, qui a treize rayons, dont trois épineux. 

La membrane des ouïes a de quatre à cinq rayons ; ce caractère 
est susceptible de varier dans ce genre. Nous avons dédié ce poisson 
à M. Ferrand, l’un des officiers de notre expédition. 


CN 
U9 


340 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE ESCLAVE. — TERrAPoN. Cuv. 


ESCLAVE SIX LIGNES. — TERAPON SEXLINEATUS. N. 


PLANCHE 60, fig. 1. 


Terapon, corpore oblongo, argenteo; pinnä dorsali bipartitä ; lines 
Ip P SO, Arg ? 74 
longitudinalbus nigricantibus utrinquè sex. 


LE corps de ce poisson est oblong, son dos presque droit, 
son museau obtus, et son front assez brusquement courbé. La lèvre 
supérteure est un peu rétractile;, les mächoires sont égales, armées 
d'abord d’une rangée de dents régulières divisées en trois pointes, 
et de plusieurs autres rangées en velours, placées derrière celles-ci 

L'œilest grand; les narines s'ouvrent chacune par deux ouvertures. 
Le préopercule est dentelé dans son contour, et l'opercule à deux 
piquans aigus : tous deux sont recouverts d'écailles très-fines. 

La première nageoiïre du dos a onze rayons très-acérés : il y en a 
un pareil nombre à la seconde, qui n'est, à proprement parler, que 
la même nageoire sous une autre forme; mais le premier seul y est 
aiguillonné , tous les autres sont flexibles. Les rayons aïguiïllonnés 
peuvent seuls se loger dans une raïinure qu'offre le dos. 

La queue, peu échancrée, a seize rayons; les pectorales, quinze, 
et l’anale, qui est petite et très-rapprochée de la queue, troïs épineux 
et dix articulés. 

Les écailles, petites, reflètent une couleur bleu nacré à la partie 
supérieure du corps, et blanc nacré à la partie inférieure. Derrière 
l'aiguillon de l’opercule est une plaque osseuse, lisse. 


ZOOLOGIE. 341 

Le corps est marqué de six lignes longitudinales, dans l’ordre 
suivant : sur la nuque se trouve une arête parcourue par une ligne 
noire qui, arrivée à la dorsale, fe divise de chaque côté pour se 
perdre au milieu de cette nageoïre; une autre raie paroît au-dessous 
de celle-ci; puis une troisième, qui, unie à celle du côté opposé 
entre les deux narines, va finir à l’extrémité de la dorsale ; la qua- 
trième traverse l'œil, qu'elle colore, et aboutit à la queue; la cin- 
quième, moins sensible, part de la bouche, et se termine de même; - 
la dernière enfin, seulement indiquée, ne prend que de la nageoïire 
pectorale jusqu'à celle de l'anus. 

La ligne latérale côtoie la troisième bande , traverse la quatrième 
pour la suivre parallèlement jusqu'a la queue, où elle se perd. 

Cet individu, qui a environ six pouces de longueur, provient de 
la baïe des Chiens-Marins. 

Nous ferons mention d'une autre espèce qui ressemble beau- 
coup à celle-ci, parce qu'elle a six bandes, mais qui en diffère par 
la forme de son corps, beaucoup plus élevé et moins long, par ses 
dents à une seule pointe, par son unique nageoiïre dorsale, com- 
posée de douze aïguiïllons et neuf rayons; les pectorales en ont 
treize, et la caudale, quinze. Du reste il existe quelques variétés 
dans les individus de la même espèce que nous avons déposés au 
Muséum, relativement au nombre des rayons des nageoires, de 
celle du dos: sur-tout. 


ESCLAVE DE TIMOR. — TERAPON TIMORIENSIS. NN. 


Terapon subruber; spinis pinnæ dorsaus duodecim}; tribus utrinque 
vitis longitudinahbus fuscis; maculà ngrä in pinnä dorsal; caudà 


bifurcatä. 
BAD EP 12 Ve CA 3 C7: 


CE poisson a la tête grosse, le museau obtus, arrondi, l'œil 


342 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


grand et de couleur d'or, le dos élevé, le ventre saïllant, la nageoire 
de la queue large et fourchue. Sa couleur est argentée, avec une 
légère teinte rosée. Troïs bandes‘brunes courbes et longitudinales 
parcourent ses flancs ; une large tache noire occupe la nageoire 
du dos. 

A ces détails suffisans pour faire reconnoître ce térapon, nous 
ajouterons que ses mâchoires, égales, ont une rangée de petites 
dents derrière lesquelles en sont d’autres plus nombreuses et en 
velours; que les orifices de ses narines sont grands, sur-tout les supé- 
rieurs; que le sous-orbitaire est dentelé et le préopercule muni de 
forts piquans dans tout son contour. Le sommet de l’opercule est 
armé d’une longue et grosse épine ; un peu au-dessus en est une 
autre très-petite, et plus haut se voit une plaque osseuse dentelée. 
La membrane des branchies est soutenue par six rayons dont quel- 
ques-uns paroïssent au-dehors. 

Les nageoires pectorales et anale, d’une petitesse remarquable 
par rapport à la grandeur du poisson, ont, les premières, douze 
rayons, et la dernière, onze, dont trois épineux. La première dorsale 
a onze aiguillons, dont les troïs premiers sont très-petits; la seconde, 
plus basse, a un aïguillon et dix rayons branchus : on compte dix- 
_ sept rayons à la caudale. 

Les écailles sont petites, serrées, arrondies, argentées ; elles 
ont chacune à leur milieu une petite tache blanche. En les exa- 
minant à la loupe, on s'aperçoit qu'elles sont dentelées sur leur 
bord libre; ce qu'on sent très-bien en promenant la main dessus en 
sens contraire de leur direction. Celles qui couvrent les bords de la 
rainure où se loge en partie la nageoiïre dorsale, sont alongées et 
forment une ligne distincte. La ligne latérale occupe le haut du 
corps : elle n'a qu'une légère courbure jusque vers la queue, où elle 
est droite. 

Les trois bandes brunes dont nous avons parlé ne dépassent 
pas le devant de l’opercule; elles se réunissent sur la nuque. Cette 


ZOOLOGIE. 34: 
disposition rend ce poisson facile à reconnoître lorsqu'on le voit 
nager dans une eau paisible. L'inférieure de ces bandes, qui est la 
moins marquée, ne va pas au-delà des pectorales. 

Longueur, huït pouces; hauteur, deux pouces et demi. 
Nous l'avons pris dans la rade de Coupang. 


© 


344 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE APOGON. — AP0Gon. Lacép. 


APOGON A BANDES. — APOoGON FASCIATUS. N. 


à Me œ,. Fe Hd 5 PA 5 
Apogon, primä pinnä dorsal septem radus; vittis longitudinahbus 
migricantibus utrinque quatuor; caudä longä, crassä, cum prnnä subæquali. 


BNC ED 17002 MD ESP A Ver 


10° 


Cen7 


we 


CE poisson a la tête grosse, l'œil grand, le haut du corps élevé 
en même temps qu'il est arrondi par les flancs, le ventre saïllant, 
la queue longue et épaisse : la nageoïire de celle-ci est large, peu 
étendue et presque carrée, ce qui lui donne une forme assez par- 
ticulière. Le museau est obtus, surbaissé, la bouche grande, les 
dents petites et en velours. Le préopercule est dentelé, avec un 
rebord antérieur uni; l'opeeule a deux pointes membraneuses di- 
rigées en arrière. Les ouïes, très-ouvertes, ont six rayons. 

Les pectorales, petites, sur la même ligne que les ventrales, ont 
treize rayons : ces dernières ont leur base revêtue d'une large 
plaque écaïlleuse, ovalaire. L'anale, assez longue, a deux rayons 
épineux, dont le premier est très-petit, etneufbranchus; la première 
dorsale, qui est élevée, a sept aïguillons, et la seconde, plus haute 
encore, a un aïguiïllon et dix rayons ; on compte dix-sept rayons à 
la caudale. 

Les écaïlles sont grandes, liches, beaucoup plus hautes que larges, 
et ciliées; les joues en sont recouvertes. La ligne latérale, dont 
les points sont très-rapprochés, se courbe d'abord, puis devient 
droite. 

Les couleurs de cet apogon sont très-tranchées. Sur un fond 
rougetre, se dessinent quatre bandes longitudinales noiïrâtres, dont 


D 


ZOOLOGIE. 345 


trois parcourent le corps dans toute son étendue; la supérieure 
ne règne que sur les deux nageoires d'en haut; la moyenne traverse 
l'œil; elles viennent se réunir à la tête, quelles font paroître plus 
brune : une bandelette de la même couleur entoure les deux mà- 
choires. 

Longueur, deux pouces et demi; hauteur, neuf lignes; épaisseur, 
trois lignes. 

Nous Favons rapporté de l'île Guam. 


APOGON BRUN. — Arocon Fuscus. N, 


Apogon, capite crasso; corpore fusco, maculà subnigrà ad caudan 
oculs magnis ; dorso elevato ; caudä subæqual. 


Bi 1 M Di7 2 D Pis VGA. 2 Cu 


CET individu, moins richement coloré que le précédent, en 
diffère aussi par son dos moins élevé, sa tête beaucoup plus grosse, 
dont les yeux bien plus grands occupent presque toute la largeur. 
Sa bouche est grande, oblique en haut; ses mâchoires égales ; ses 
dents sont petites et en velours. Les orifices inférieurs des narines 
sont rapprochés l'un de l'autre. Le préopercule est dentelé, et la 
pièce qui le précède est lisse. L’opercule est un peu frangé sur ses 
bords. La membrane branchiostége a six rayons. 

Les pectorales, petites, placées au niveau des ventrales, ont 
. treize rayons : ces dernières offrent, à leur réunion en dessous, 
une large plaque écaïlleuse ovalaire. L’anus est caché entre les 
écaïlles de l'abdomen; l'anale a deux épines et neuf rayons. La 
première dorsale a sept aïguiïllons; la seconde, un seul, et dix 
rayons branchus qui s'étendent jusqu'à l'extrémité du lobe de. la 


queue, dont la nageoire, cunéiforme, a dix-sept rayons. 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. À À 


346 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Les écaïlles sont grandes et ciliées; la tête et les joues en sont 
recouvertes. La ligne latérale présente deux courbures. 

La couleur de ce poisson est brune en-dessus , jaune doré infé- 
rieurement, avec quelques points de la même teinte vers les joues. 
Une tache noiïrâtre demi-transversale se voit au lobe de la queue. 

Sa longueur est de deux pouces et demi, dont la tête prend le 
tiers; sa hauteur, de dix lignes; et son épaisseur, de quatre. 

I provient des mêmes lieux que le précédent. 


ZOOLOGIE. dr 


Sous-GENRE SCIÈNE. — ScrÆN4. Lacép. 


SCIÈNE OPERCULAIRE. — SCIENA OPERCULARIS. 


Sciæna, corpore elongato, fusco-argenteo, valdè compresso; præoperculo 
Jortiter aculeato ; caudä subrotunda. 


29° 


BY D 0124 D 0 CP TS AV NC PAIE C7, 


LE corps de cette sciène est alongé, plus élevé dans sa partie 
antérieure , et décroissant rapidement jusqu'à la queue, où il est 
excessivement comprimé. La tête est grosse, renflée; le museau très- 
obtus et arrondi; la bouche grande, la langue petite. La mâchoire 
supérieure, protractile, recouvre l'inférieure : l'une et l’autre sont 
pourvues de plusieurs rangées de petites dents en crochet. Les os 
pharyngiens et les arceaux des branchies ont aussi des dents. Les 
orifices des narines sont ronds et grands. Le contour du préopercule 
est arméde piquans, dont deux plus forts, dirigés en arrière et en 
bas, d’où ce poisson tire son nom spécifique. Au-dessus du front 
est une arête assez vive. 

Les deux dorsales, médiocrement élevées, se touchent : la pre- 
mière a dix aiguillons; la seconde, un seul, et vingt-neuf rayons 
branchus. La queue est longue et efhilée ; sa nageoïre, légèrement 
arrondie, a dix-sept rayons; les pectorales, petites, falciformes et 
rapprochées des ventrales, en ont dix-huit: l'anale a deux aiguiïllons 
et huit rayons; elle se trouve placée à égale distance des ventrales 
et de la caudale. | 

Les écaïlles sont rapprochées et denticulées; la tête et les joues 
en sont couvertes. La ligne latérale, d'abord recourbée en haut, 
devient droite dans le reste de son étendue. 


44” 


SAS VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

La couleur générale de ce poisson est brun argenté. On remarque 
sur le dos des lignes obliques peu sensibles, dirigées d'arrière en 
avant, et formées de points bruns. Chaque rayon des nageoires dor- 
sales a aussi un point de cette couleur à sa base. 

Sa longueur est de cinq pouces; sa plus grande hauteur, de treize 
lignes , et l'épaisseur de sa tête, de huit. 

Nous l'avons pris dans la baie de Rio de Janeiro. 


ZOOLOGIE. 349 


GENRE PERCIS. — PERcis. Schn. L 


PERCIS MONNOT. — PercIS NEBULOSA: N. 


Percis leucophæa ; pinnä dorsal indvisä, cum maculä nigrà; caudä 


bifurcatä. 
BE CM Dhar a D SUN Ont AVS ONE COR OSANT 


CETTE espèce a la tête grosse, raccourcie, arrondie; le corps un 
peu comprimé latéralement; la queue fourchue; les opercules 
armés de deux piquans, dont l'un est double; le préopercule lar- 
gement dentelé ; la mâchoire inférieure munie par devant de six 
crochets très-recourbés, qui recouvrent une semblable rangée de 
dents implantées sur l'intermaxillaire, et derrière lesquelles il y en a 
d'autres en carde. La langue est osseuse, peu large. 

Les yeux sont rapprochés et placés vers le sommet de la tête. 
La membrane des branchies a six rayons; les nageoires pectorales 
en ont dix-sept, les ventrales, six. La première dorsale, réunie 
a la seconde, commence sur la nuque, au-dessus des pectorales; 
elle est marquée d'une tache noire, et a cinq aïguillons recourbés : 
la seconde, qui vient immédiatement après, étend ses vingt-deux 
rayons jusqu'à la caudale, qui en a dix-sept ou dix-huit. Cette 
dernière est fourchue, filamenteuse aux deux bords. 

L'anale a dix-neuf rayons; ils sont reçus, comme ceux de la dor- 
sale, dans une raïnure, où ils ne paroïssent presque pas, lorsque 
l'animal les couche le long du corps. 

La ligne latérale est droite. On remarque au-dessus des oper- 
cules deux lignes osseuses, saïllantes, dirigées obliquement d'avant 
en arriére. Les écailles sont serrées. 


350 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


La couleur du poisson est d'un gris sale en dessus, blanchâtre 
sous le ventre. Une tache écailleuse, fine et argentée, occupe l'ori- 
gme de chaque pectorale. 

Ce percis a huit pouces de longueur; ïl se nourrit de petits 
crustacés, et habite les eaux peu profondes de la vaste baie des 
Chiens-Marins. Nous l'avons dédié à la mémoire de M. Monnot, 
chirurgien de la marine, mort de la fièvre jaune aux Antilles. 


ZOOLOGIE. 351 


GENRE PERCOPHIS. — PErcoPais. Cuv. 


PERCOPHIS FABRÉ. — PERCOPHIS BRASILIENSIS. N. 


PLANCHE 53, 19. 10€t 2. 


Percophis , corpore elongato, cylndraceo , cinereo suprà, subtis roseo; 
maxillà inferiore longiore ; caudä æœqualr. 


By ie D Vo 2 PDAS2 IPS n9 IN META AS EC ENT. 


CE nouveau genre, établi par M. Cuvier d'après un individu 
que nous avons rapporté du Brésil, tire son nom de sa ressem- 
blance avec les percis, et de celle qu'on peut lui trouver avec un 
serpent, lorsque l'animal a ses nageoires supérieures et inférieures 
cachées dans les rainures propres à les recevoir. 

Ce percophis a le corps alongé, efhilé, cylindrique au milieu, 
comprimé vers la queue. La tête est tout-à-fait aplatie; elle forme 
avec les ouïes le quart de la longueur du poisson. Le museau 
est alongé, pointu, la bouche grande. La mâchoire inférieure 
dépasse de beaucoup celle d'en haut, sur laquelle elle se replie. 
Toutes deux sont ‘armées de dents fortes et crochues, recourbées 
en dedans; les supérieures, plus grandes, très-fines , présentent 
d'abord plusieurs rangées sur l’intermaxillaire , dont l'extérieure est 
plus saïllante , et dix crochets à l'extrémité de cet os; puis viennent 
d'autres rangées sur le maxillaire et le vomer. Les arceaux des 
branchiés ont aussi des dents. La mâchoire inférieure n’a qu’une 
seule ligne de crochets espacés, entre lesquels se trouvent de petites 
dents; son extrémité est munie d'un court appendice charnu. La 
langue , aplatie et bien dégagée, s'élargit vers la pointe. 


352 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Les narines ont chacune deux ouvertures. Les yeux sont grands, 
rapprochés et placés au sommet de la tête. Les opercules sont 
alongés, sans piquans, et ils s'élargissent comme deux aïles. La 
membrane des branchies a sept rayons; et les branchies, quatre 
feuillets et demi. 

La première dorsale est distante d’un pouce de la seconde; elle 
correspond aux deux tiers postérieurs des pectorales, et a neuf ai- 
guillons. Les trente-deux rayons de la seconde occupent presque 
tout le dos et se terminent près de la queue, dont la nageoire, 
carrée, a dix-sept rayons. Les pectorales, très-larges, ont dix-neuf 
rayons. Les ventrales, placées tout-à-fait sous la gorge et au devant 
des pectorales , les touchent un peu dans le repos. L'opercule 
recouvre une portion de la base des ventrales. 

L'anus, qui a deux ouvertures, est placé au point où se terminent 
les pectorales. L’anale a quarante-deux rayons prolongés jusqu'à la 
queue. 

La ligne latérale est droite. Les écaïlles, arrondies, très-serrées, 
présentent cela de particulier, que les supérieures sont rudes et 
ciliées, à-peu-près jusqu'à la ligne latérale; et que celles d'en bas 
n'ont point ces deux caractères : la tête et les opercules en sont 
recouverts. 

La couleur générale de ce percophis est grise en dessus et jusqu'au 
dessous de la ligne latérale, où commence une teinte rosée un peu 
argentée. Sa longueur est de quatorze pouces, et il habite la rade 
de Rio de Janeiro. À la taille efhilée de ce poisson, au dévelop- 
pement de ses nageoires, au nombre de ses dents aïguës et à la 
grandeur de sa gueule , on juge qu'il doit être vorace et dangereux 
pour les petites espèces. és 

Nous l'avons dédié à M. Fabré, l'un des officiers de /'Uranie. 


ZOOLOGIE. 353 


Sous-GENRE PLATYCÉPHALE. — PzarycepHAzus. Bloch, 
éd. de Schn. 


PLATYCÉPHALE D’'ENDRACHT. — PLATYCEPHALUS 
ENDRACHTENSIS. N. 


Platycephalus, capite corporeque maxime depressis ; aculers duobus 
suborbiris ; maxillà inferiore longiore; caudä rotundä, trivittatä. 


Br DEC AUD. TAMP 20 0V. FO TUA MAMIC I 


La tête et une partie du corps de ce poisson sont larges et 
"excessivement aplaties ; le reste va en s'amincissant et s'arrondissant. 
La tête a la forme d’un triangle arrondi par devant; la bouche est 
grande, les mâchoiïres sont armées de dents aiguës; celles de l'in- 
termaxillaire et du vomer sont en carde et celles des maxillaires 
en crochet ;il y en a aussi sur les arceaux des branchies. La langue 
est large, membraneuse, en forme de spatule; les yeux sont grands, 
placés au-dessus de la tête. L'orbite est épineuse, de même que la 
partie postérieure du crâne. Les sous-orbitaires présentent en avant 
et en arrière deux forts aïguillons réunis par leur base et dirigés 
dans ces deux sens ; il s’en trouve aussi un au milieu. Les ouïes 
sont grandes, très-mobiles et soutenues par sept rayons. L'opercule, 
membraneux, surmonté d'une épine , recouvre la base des pecto- 
rales, qui sont larges, arrondies et pourvues de vingt rayons ; ces 
nageoires s'appuient en partie sur les ventrales, lesquelles sont fixées 
par une pièce osseuse appartenant à l'épaule. L'anale, qui touche 
la caudale, à quatorze rayons. 

La première dorsale, formée de six rayons, correspond aux 


\ \ A » 
ventrales; la seconde, à-peu-près de même grandeur que l'anale, 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 45 


354 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


en a quatorze ; c'est aussi le nombre de la caudale, qui est arrondie: 
toutes ces nageoires sont tres-flexibles et couchées en arrière. Les 
écailles sont très-fines et légèrement argentées. La ligne latérale 
est droite. : 

La couleur et la forme de ce poisson indiquent qu'il vit au 
fond des eaux; en effet, on a de la peine à le distinguer des sables 
sous lesquels il se cache; ïl est grisätre en-dessus, nacré et un peu 
rougeâtre en-dessous. Ses yeux sont argentés. La queue présente 
troïs bandelettes longitudinales noiïrâtres. 

C’est de la baïe des Chiens-Marins, dans la terre d'Endracht, que 
nous avons rapporté cette espèce, dont la longueur est de sept 
pouces; la largeur, d’un pouce trois lignes pour la tête, et d'un 
pouce seulement pour le corps. Son épaisseur est de quatre lignes. 


ZOOLOGIE. 355 


GENRE BAUDROIE. =- Zopaius. Linn. 


SOUS-GENRE CHIRONECTE. Cuv. 


BAUDROIE GÉOGRAPHIQUE. — Lorxius GEoGRarHicus. N. 


PLANCHE 65, fig. 3. 


Loplius, fronte unicornt ; corpore subflavo, maculs nigricantibus ds- 
tincto; caudä rotundä, tribus vittis notatä. 


Vorci un poisson dont les couleurs sont aussi bizarres que les 
formes. Son corps est alongé, sa bouche presque verticale ; sur le 
front est un appendice charnu frangé. La première nageoïire du 
dos est étroite ; la seconde, beaucoup plus étendue: elles sont sémi- 
adipeuses comme toutes les autres, c'est-à-dire qu'on n'aperçoit pas 
leurs rayons au travers de l'épaisseur des membranes qui les recou- 
vrent. La caudale est arrondie, de même que l’anale. Les ventrales, 
réunies sous la gorge, s'écartent pour former des espèces de pieds 
à trois digitations. Les pectorales, assez larges, présentent cinq 
rayons, sous lesquels vient aboutir l'ouverture étroite des bran- 
chies. 

L'œil est petit. Le fond de la couleur de l'animal est jaunâtre, 
marqueté irrégulièrement de taches et de lignes noires bordées de 
blanc. La caudale a troïs de ces bandes, parallèles, régulières, 
suivant son contour, avec un point blanc à chaque bord ; l'anale 
en a seulement une, accompagnée d'une tache de même couleur : 
la plus considérable de ces maculatures prend à la nageoire dor- 
sale, descend jusqu'à la pectorale, et va former un rond près de 


AS 


356 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
la queue : l'abdomen est parsemé de petits lobes charnus blan- 
châtres. 

Cette baudroïe fut pêchée et dessinée par M. Taunay, dans 
un calme, sous la Ligne, près de la Nouvelle-Guinée. Elle se trou- 
voit cantonnée, avec d'autres petits poissons, dans une touffe de 
fucus de même couleur qu’elle. Elle est représentée de grandeur 
naturelle. 


ZOOLOGIE. 357 


Sous-GENRE THON. — THrNNus. Cuv. 


THON BICARÉNÉ. — THYNNUS BICARINATUS. N. 


PLANCHE 61, fig. 1. 


T hynnus, corpore elongato, lines lateralibus duabus notato ; pinnulis 
superioribus septem, sex infrà; pinnà primà dorsal cœruleä ; caudà bica- 


rinatà. 


CE beau scombre, dessiné par M. Taunay, habite la baie des 
Chiens-Marins. Il est très-alongé ; la mâchoire supérieure dépasse 
l'inférieure, et les dents sont aiguës. 

La première nageoiïire du dos, composée de douze aïguillons, 
prend naïssance au milieu des pectorales : il existe une légère 
“séparation entre elle et la seconde, qui est fortement échancrée ; 
puis viennent sépt autres petites nageoires. Les pectorales, assez 
larges, sont en faulx. L'anale, pointue, décroît insensiblement, et 
finit par toucher la première des six petites nageoires inférieures; 
la caudale est en croissant, avec ses lobes à-peu-près égaux. Sur les 
côtés de la queue, on voit deux petits osselets tranchans, d'où ce 
poisson a tiré son caractère spécifique. Toutes ses nageoires sont 
brunes, excepté la première dorsale, qui est bleu de ciel. 

Le dessus de la tête est verdätre, ainsi que le ventre, les côtés 
et la queue. Le contour du dos est bleu ; après quoi vient une 
large bande longitudinale irrégulière, de couleur rose, au-dessous 
de laquelle on en voit une autre violacée. Les yeux sont jaunes. 
Deux lignes latérales , légèrement arquées en sens contraire, partent 
des pectorales ; l’une passe près du dos, et l'autre côtoie la partie 
inférieure du ventre. Ce poisson est représenté de grandeur naturelle. 


358 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE CAR ANX. — Caranx. Lacép. 


CARANX SIX BANDES. — CarANx SEXFASCIATUS. N. 


PLANCHE 65, fig. 4. 


Caranx flavo-viridis ; fascus transversahibus sex ; lineä laterali antice 
duplicr. 
Br re D Nos na DANS PS ACER CINAE 


19 


ne CS ANRSE 

CE poisson a le corps ovalaire, très-comprimé, le ventre un peu 
saïllant, le museau obtus, arrondi, la bouche grande, placée bas, 
les mâchoires égales avec une rangée de petites dents. L'œiïl est 
grand, de couleur d’or ; les narines ont chacune deux orifices très- 
rapprochés. 1 

Le ventre est d’un jaunâtre argenté; les joues et le dos sont . 
verdätres. Six bandes transversales de la même couleur, maïs plus 
foncée, occupent le corps et finissent en pointe.vers l'abdomen. 

La première nageoiïre du dos, touchant presque à la seconde, 
est formée de neuf aiguillons, dont le premier est immobile, tout- 
à-fait couché et dirigé en avant, comme dans les sidjans ; caractère 
qu'aucun naturaliste ne paroît avoir remarqué. Au devant de la 
seconde dorsale sont deux petits aiguïllons précédant dix-neufrayons 
branchus peu élevés. Les pectorales, en faulx, ont vingt-un rayons; 
les ventrales, six; et l'anale, dix-huit, dont le premier seul est aïguïl- 
lonné. Au-devant d'elle est la petite nageoiïre, soutenue par deux 
épines. On compte environ quinze rayons à la nageoire de la queue, 
qui est fourchue, et sept à la membrane branchiostége. 

La ligne latérale est double par devant. La supérieure se courbe 
brusquement en haut pour devenir ensuite horizontale vers le 


ZOOLOGIE. 359 


milieu du corps; simple d'abord, elle ne tarde pas à devenir carénée 
jusqu'à l'extrémité de la queue. L'inférieure, de moitié moins éten- 
due, horizontale, part de l’opercule et se termine à la carène 
écaïlleuse. h 

Cette espèce a deux pouces trois lignes de longueur, et dix lignes 
de hauteur. Elle a été dessinée, au sortir de l’eau, par M. Taunay, 
et nous croyons quelle habite les îles des Papous. 


CARANX DE L'ILE-DE-FRANCE. —— CARANX MAURITIANUS. N. 


Caranx, corpore elongato , argenteo ; maxillà inferiore longiore; cauda 
bifidä. 
Brut DAS 0e DA 7 APN SON OMAN ENG: 


CETTE espèce , bien différente de la -précédente, a le corps très- 
alongé et arrondi, comme les scombres, ou plutôt comme les clupées; 
son museau est saillant , obtus à l'extrémité; sa bouche grande, sa 
langue bien détachée. Les mâchoires sont munies de dents exces- 
sivement petites ; l'inférieure dépasse un peu celle d'en haut. L'œil 
est grand, de couleur d'or, pourvu en arrière d'une membrane 
lâche et flottante. Les orifices des narines sont fort rapprochés ; 
l'opercule, denticulé supérieurement, a son bord découpé en deux 
pointes membraneuses. ( 

Les nageoires du dos sont assez élevées; la première a huit 
rayons, dont un seul, le premier, est aïguillonné et précédé d'une 
épine dirigée en avant quon aperçoit sous la peau ; la seconde 
en a vingt-sept, avec un seul aïguillon aussi. I n’y a que les 
premiers rayons qui soïent réunis par une membrane ; les autres 
se terminent en fausses nageoires. Îl en est de même pour l'anale, 
qui a vingt-trois rayons précédés aussi par une épine. Les pecto- 
rales et les ventrales sont petites; les premieres ont environ vingt 
rayons. La queue est profondément fourchue. 


360 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Le corps de ce poisson est d'un blanc argenté sur le ventre, 
les flancs et la tête: le dos est bleuätre. Les écaiïlles, excessive- 
ment fines, sont à peine apparentes. La ligne latérale, étroite d'abord, 
se courbe vers le haut et devient horizontale vers le milieu du 
corps, où elle est munie d’écailles larges et carénées. Comme dans 
l'espèce précédente, le commencement de l'arc de cette ligne est 
soutenu par une autre très-fine. 

Nous avons rapporté ce caranx de l'Ile-de-France. Il a beaucoup 
de rapport avec le scomber crumenophthalmus de Bloch. Sa longueur 
est de quatre pouces; sa hauteur, de dix lignes, et son épaisseur, 
de quatre. 


Nous indiquerons, sous le nom de scombre du Brésil [ scomber 
brasiliensis |, une grande et belle espèce, fort bonne à manger, 
commune à Rio de Janeiro, et que l'on pêche en dehors de la 
baie, en décembre et janvier. Ce poisson, long de trois pieds, a 
le corps assez eflilé, arrondi; la tête grosse, les dents petites, le 
museau obtus. Sa couleur est noirâtre sur le dos et légèrement 
argentée au ventre. La première nageoire dorsale, assez élevée, 
composée d'environ dix-sept rayons, touche à la seconde, laquelle 
est divisée en trente-quatre petites fausses nageoires, se tenant 
entre elles par une membrane commune : la dernière de ces fausses 
nageoires, très-longue, déliée et recourbée, atteint le lobe de la 
queue. L’anale a vingt rayons; les pectorales sont assez larges, 
mais peu longues ; les ventrales petites ; la caudale est grande et 
fourchue. Les écaïlles sont excéssivement fines. 

Ce scombre, que nous n'avons pu conserver, pourroit être placé 
dans le sous-genre thon, quoique plusieurs caractères l'en éloignent. 


ZOOLOGIE. 361 


SOUS-CENRE) CURE CmvrANCuv: 


CITULE PLOMBÉE. — Cirura PLUMBEA. N. 


Crtula, corpore subcompresso, plumbeo ; primä spinä dorsali antrorsum 


recumbente ; maculà nigrä in operculo. 


Br END IE MESD IE PE VENT AE NE: 


LE corps de ce poisson est ovalaire, comprimé; sa tête grosse, son 
museau obtus, arrondi; ses mâchoiïres sont presque égales, quoïque 
l'inférieure paroisse plus avancée lorsque la bouche est ouverte; 
elle se porte vers la supérieure, qui estprotractile. Les dents sont 
petites, aïgués, écartées; derrière la première rangée en sont d'autres 
plus fines. Le vomer , les maxillaires, le pharynx, les arcs branchiaux 
et la langue ont aussi des dents. L'œil est grand, rond; le préo- 
percule est dentelé et l'opercule a une pointe mousse ; les bran- 
chies ont sept rayons. 

La première nageoïre dorsale, susceptible d’être reçue ane une 
fossette, est formée de huit aiguillons, dont le premier, peu ap- 
parent, immobile, est couché obliquement en avant. La seconde 
dorsale, qui vient immédiatement après, se prolonge jusqu'à la 
queue; ses rayons sont au nombre de vingt-deux, dont le premier 
est aiguillonné ; le deuxième, le troisième et le quatrième salongent 
en faulx. L’anale a la même forme que la dorsale; elle est précédée 
de deux aïguiïllons courts, et formée de dix-huit branchus. Les pec- 
torales, pointues, ont vingt-deux rayons; la caudale, seize. Cette 
dernière est très-fourchue et portée sur un pédicule arrondi. 

Les écaïlles de ce poisson sont tellement fines, qu'on ne peut 


les distinguer que quand elles sont sèches. La ligne latérale est 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 46 


362 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


double; les plaques écaïlleuses et imbriquées qui recouvrent sa ter- 
minaison, ont une arête dirigée en arrière. 

La couleur générale est plombée , plus sombre sur le dos, plus 
claire sous le ventre, où elle est argentée. Une tâche noirâtre se fait 
remarquer à l'opercule; une ligne de la même couleur borde les 
lèvres; un replimembraneux, en forme de capuchon, qui recouvre 
là tête, a une teinte brune. La chair de cette citule est molle et 
d'assez mauvais goût. 

Elle habite lHe-de-France. Sa longueur est de cinq pouces; sa 
hauteur, d'un pouce neuf lignes, et son épaisseur, de quatre lignes. 

Un autre individu, que nous avons pareïllement rapporté de 
cette île, en tout semblable pour la couleur et la forme des 
nageoires, nen diffère que par l'absence de tache à lopercule, 
et parce que sa seconde dorsale a vingt-trois rayons au lieu de 
vingt, et l'anale vingt au lieu de dix-huit. H est aussi un peu plus 
petit que le précédent. 


ZOOLOGIE. 36; 


Sous-GENRE SÉRIOLE.=— SEr10L4. Cuv. 


SÉRIOLE BIPINNULÉE. — SERIOLA BIPINNULATA. N. 


PLANCHE 61, fig. 3. | 


Seriola, corpore elongato, viridi; duabus vittis longitudinalibus cœruleis; 
pinnulà unicä suprà et infrà; caudä valdè bifurcatä. 

BTS END 062 DIE NER. 201 VANE) ANSE UEC: 

CETTE sériole , plus petite qu'un maquereau, en a la forme et la 
rondeur. Son dos décrit’ une courbure. alongée ; son museau est 
légèrement pointu, sa bouche médiocrement grande: ses mâchoires 
sont presque égales, et ses dents en velours sur plusieurs rangées ; 
l'intermaxillaire et le maxillaire supérieur en sont munis, de même 
que les arceaux des branchies et toute la surface de la langue. Cette 
dernière est large, excessivement aplatie et bien détachée. La mem- 
brane interne de la bouche forme à la mâchoire d'en haut un repli 
sémi-lunaire, libre et dirigé en arrière. Les narines ont chacune 
deux orifices. L'œil est grand et de couleur d'or. La membrane 
des branchies a sept rayons. 

En général, les nageoires sont petites, excepté la caudale, qui est 
profondément fourchue. La première dorsale, peu élevée, a six aï- 
guillons; et la seconde, qui*va toujours en décroissant vers la 
queue, offre un rayon épineux et vingt-cinq branchus; l'anale, de 
même forme, a deux aïguillons, dont l'antérieur très-petit, et seize 
rayons mous : après ces deux nageoires, on remarque en haut et en 
bas, une pinnule formée de deux rayons unis par une membrane. 


Les pectorales, correspondant aux ventrales, ont de dix-huit à vingt 
467 


364 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
rayons, et ces dernières, six. L'anus, peu éloïgné de la nageoïre 
de son nom, est placé à l'arrière du corps. 

Les écaïlles sont fines ; elles recouvrent les joues et le préo- 
percule , mais l'opercule est lisse. La ligne latérale, d’abord droite 
et tracée haut, se courbe et devient horizontale en se terminant 
à la queue. 

La couleur de ce poisson est d'un beau vert, plus foncé sur le 
dos, et devenant un peu argenté sous le ventre. Deux bandelettes 
longitudinales d’un bleu verdâtre le parcourent dans toute sa lon- 
gueur ; la supérieure aboutit à l'œil, et l’inférieure à la commissure 
des mächoires. 

Notre individu , dont M. Taunay avoit pris les couleurs sur le 
vivant, provenoit des îles des Papous. Celui qui est au Muséum 
a été rapporté par Péron; on ignore sa patrie. Sa longueur est de 
neuf pouces. 

H existe dans les manuscrits de Commerson un dessin de cette 
espèce fait par Sonnerat, et qui paroît avoir échappé à M. de Lacé- 
pède, parce qu'il est mélé parmi des oiseaux. Cette figure seroit 
très-bonne s'il n’y manquoiït pas la première nageoire dorsale. 


ZOOLOGIE. - 365 


Sous-GENRE LICHE. — ZrcH14. Cuv. 


LICHE QUIEBRA. — LicHiA QUIEBRA. N. 


QUIEBRA ACHA. Parra, pl. 12, fig. 2. 


Lichia, corpore compresso, oblongo, argenteo; primo aculeo dorsali 
antrorsüm recumbente; pinnuls pinnäque dorsal coadunatis in unum ; 
maxilhs æqualbus; caudà bifurcatä. 


By. ALBD 682: Do tP. Ré IN. GMA ar C5n8! 


C'EST probablement ce beau poisson que le naturaliste espagnol 
Parra a voulu indiquer dans son ouvrage , comme provenant de la 
Havane. L'ayant aussi trouvé dans les eaux du Brésil, nous croyons 
devoir en donner une description plus détaillée. 

Son corps est comprimé, ovalaire, alongé. La courbure que 
décrit le dos est peu élevée et présente en devant une carène qui 
se termine sur le museau, lequel est court et obtus. Les mâchoires 
sont égales et linférieure se porte vers le haut. Les dents sont 
coniques, excessivement fmes, et sur deux rangées seulement ; la 
langue, qui est libre et longue, le palais et les arceaux des branchies, 
en sont aussi munis. Les narines, fort petites, s'ouvrent par deux 
orifices ovalaires qui se touchent. L'œil, de couleur d'or, est placé 
près de la réunion des mächoires. Les branchies sont soutenues 
par sept rayons. 

La première nageoïre du dos est composée de six aiguïllons, 
dont l'antérieur, immobile, est dirigé en avant. Les rayons de la 
seconde nageoire, d'abord plus élevés, dégénèrent bientôt en pin- 
nules réunies par des membranes et formant une nageoire continue 
de vingt rayons, dont le dernier est plus flexible et plus alongé. 


366 - VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


L'anale, de même forme et de même grandeur que la précédente, 
a vingt-un rayons; les pectorales, larges et courtes, en ont seïze ; 
les ventrales, cinq: ces dernières peuvent se cacher presque entie- 
rement dans une petite raïnure propre à les recevoir; il en est de 
même des deux forts aiguillons placés au-devant de l’anale. Le lobe 
de la queue est mince et arrondï ; sa nageoïire, fourchue, est formée 
de dix-huit rayons. 

Les écailles, d'une petitesse excessive, ne sont pas visibles à l'œil 
nu. La peau offre de légères striés longitudinales. La ligne latérale 
forme au-dessus des pectorales un angle obtus, puis devient droite 
et à peine sensible dans le reste de son étendue. 

La couleur de cette liche est celle d’une lame d'argent écla- 
tante. Le dos et le dessus de la tête ont une teinte plombée. L'o- 
percule et les joues sont lisses. 

Sa longueur est de huit pouces; sa hauteur, d’un pouce dix lignes, 
et son épaisseur, de six lignes. 


ZOOLOGIE. 367 


GENRE SIDJAN. — AmPHACANTHUS. Schn. 


SIDJAN MARBRÉ. — AMPHACANTHUS MARMORATUS. N. 


PLANCHE 62, fig. 1 et 2. 
Amphacanthus, corpore ovato, leucophæo, lineolis sinuosis sparso. 
BANDE MP Un VE MAP G 7: 


LE corps de ce poisson est ovalaire, très-comprimé ; le museau 
arrondi, coupé droit ; la bouche peu grande, avec une membrane 
lâche au palais. Les mâchoires, dont la supérieure recouvre l'in- 
férieure , sont garnies de dents à deux ou trois pointes. L'œil est 
grand, rond, blanchâtre ; l'orbite, saïllante, forme sur le devant et 
en haut une arête. Les narines sont doubles. Le préopercule est 
dentelé, couvert d'écailles ; on en voit aussi sur le haut de l'oper- 
cule. La membrane des branchies a quatre rayons. 

La nageoire du dos est composée de quatorze forts aiguillons 
acérés , placés alternativement à droite et à gauche d’une large 
rainure qui les reçoit quand ils s’inclinent en arrière. Le premier 
est tout-à-fait couché en avant et immobile ; les autres rayons, au 
nombre de dix, sont articulés. L’anale, dont l’origine correspond 
à-peu-près au milieu de la dorsale, s'emboîte de même dans une rai- 
nure ; elle a sept aïguillons et neufrayons mous. La queue est étroite; 
ses dix-sept rayons forment le croissant et sont recouverts d'écailles 
à leur base. Les pectorales ont dix-huit rayons ; les ventrales, cinq, 
dont le premier et le dernier sont épineux; de plus, elles sont unies 
au corps par une membrane. 

La ligne latérale, placée haut et légèrement ondulée, suit le 


368 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

contour du dos et finit à l'extrémité de la queue; les écailles sont 
d'une finesse extrême. La couleur de ce sidjan est grisätre, plus 
foncée sur le dos et plus claire au ventre, où elle tire sur l’argenté; 
des lignes brunes en forme de méandres parcourent le corps d’une 
manière assez agréable. 

Cet individu, qui est une femelle, habitoit Guam; son estomac 
contenoit beaucoup de débris de polypiers flexibles dont ces ani- 
maux se nourrissent. [ est représenté de grandeur naturelle, et a été 
déposé au Muséum. La longueur des plus grands que nous ayons 
vus étoit de six à sept pouces. 


SIDJAN MAGNAHAC. — AMPHACANTHUS ARGENTEUS. N. 


PLANCHE 62, fig. 3. 


Amphacanthus, corpore elongato, compresso, argenteo, suprà rufo; 
caudä bifurca. 

D. *$-P. 18: V. 5 AZ Cry. 

CE petit sidjan diffère des espèces que nous avons à faire 
connoître, principalement par sa couleur et par la forme alongée 
de son corps et de sa tête. Du reste il est très-comprimé, et a les 
nageoires semblables, pour le nombre des rayons, à celles des autres 
espèces. 

Son front nest point élevé : ses mâchoires sont présque égales ; 
toutefois les dents inférieures s’emboîtent derrière celles d’en haut; 
elles sont rangées uniformément sur une seule ligne demi-circulaire. 
L'œil est doré; les orifices des narines sont écartés l’un de l'autre, 
et les os de la tête, au-dessus des orbites, sont striés. 

La partie supérieure de ce poisson est d'un brun jaunâtre; toutes 
les nageoires sont de couleur blonde, et le reste du corps d'un bel 


ZOOLOGIE. 369 
argenté, ainsi que les joues. Les écaiïlles sont inapercevables, et la 
ligne latérale, presque droite, est fort rapprochée du dos. 

Les pectorales correspondent aux ventrales : les premières ont 
dix-huit rayons; les secondes, cinq: la caudale, échancrée, portée 
par un court pédicule, en a dix-sept; la dorsale, quatorze 
épineux et dix branchus; l'anale, sept des premiers et neuf des 
derniers. ; 

Ce poisson n'est peut-être qu'un jeune de l'espèce précédente. 
Il a reçu, aux îles Mariannes, le nom de rapnahac, que nous lui 
conservons, et il est d'une très-grande utilité aux indigènes de cet 
archipel. En effet, à des époques, nous dirions même à des jours 
fixes de l'année, ces petits sidjans, que nous n'avons jamais vus 
avoir plus de deux pouces et demi de longueur, apparoïssent 
par myriades sur les côtes de Guam. Tous les insulaires s'em- 
pressent de les pêcher au filet et d'en faire une ample provision ; 
car il paroït que ces poissons ne font que passer, puisque trois 
ou quatre jours après il n’y en a plus. On les fait sécher au soleil, 
et on les sale, ou bien on es conserve dans un mélange de 
vinaigre ét de plantes aromatiques. 


SIDJAN NÉBULEUX.— AMPHACANTHUS NEBULOSUS, N. 


Amphacanthus, corpore compresso, subovato, nebuloso-nigricante ; 
caudà subfurcatä. 


LEE IDR 0 PANICT A SREMEE CT GER 


CE sidjan a le corps alongé, très-comprimé ; le museau arrondi, 
surbaissé ; la mâchoire supérieure recouvre totalement l'inférieure ; 
la bouche est petite, et les dents sont régulièrement placées sur 


une même ligne. L'œil est grand, jaunâtre ; le devant de l'orbite est 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 47 


370 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
saïllant et a une pointe à sa partie supérieure. Les orifices des 
narines, de forme ronde, sont éloignés l'un de l'autre. 

La nageoïire dorsale a quatorze rayons épineux, le premier di- 
rigé en avant et immobile, et onze rayons branchus qui touchent 
la queue. L'anale a sept aïguiïllons et dix rayons; les pectorales, 
seize, et les ventrales, cinq ; ces dernières sont unies à l'abdomen 
par une membrane, et leurs premier et dernier rayons sont épineux. 
La caudale, à peine échancrée, a dix-sept rayons. 

Les écailles sont d'une ténuité extrême. La ligne latérale est 
placée près du dos, dont elle suit la courbure. 

La couleur de ce poïsson est d’un brun foncé un peu plus clair 
vers le ventre. On remarque à la queue, du côté droit seulement, 
deux ou trois petits points noirs qui pourroiïent bien être accidentels 
et ne point faire partie de la teinte naturelle. 

La longueur de ce sidjan est de cinq pouces trois lignes ; sa 
hauteur, d'un pouce sept lignes, et son épaisseur, de trois lignes 

[ habite la baie de Sydney au Port-Jackson. 


SIDJAN MACULÉ. — AMPHACANTHUS MACULOSUS. N. 


Amphacanthus, corpore ovato, compresso, cinereo; caudà bifurcatä. 


BIS DMRENIPE, ÉIVINSIOA PANIEN L 10) 


11 10 


TouTEs les espèces de ce genre se ressemblent tellement par 
la forme, la disposition des nageoires et le nombre de leurs rayons, 
que, lorsqu'elles ne présentent pas des teintes différentes , il est 
difficile de les bien caractériser. C'est ce qui nous arrive pour cet 
individu, qui tient le milieu entre le sidjan marbré et le nébuleux. 
Son dos est plus élevé que celui de ce dernier, ce qui lui donne 
une forme ovalaire; mais du reste, le museau, les dents, les 


ZOOLOGIE. - 371 
mächoires , les nageoïres, sont semblables. La caudale est un peu 
plus échancrée. 

. La tête est brune; le haut du corps est brun clair; la gorge 
et le ventre sont d'un blanc légèrement argenté. 
La longueur de ce sidjan est de cinq pouces ; sa hauteur, d'un 
pouce dix lignes, et son épaisseur, de trois lignes. [{ provient. du 
méme lieu que le précédent. 


372 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE ACANTHURE. — AcanTaurus. Bloch. 


ACANTHURE ARGENTÉ. — ACANTHURUS ARGENTEUS. N. 


PLANCHE 63, fig. 2. 


Acanthurus, corpore perlucido, leviter striato; genis argenters ; caudà 
vix bifurcatä, maculà subnigrä ad basim. 


D: Pos. V6: AN 2 C7: 


Daxs cet acanthure, le front est oblique, couché en arrière, 
et la bouche, au lieu d'être placée inférieurement, est située au 
milieu de l'extrémité de l'ovale que forme le corps. Le thorax est 
un peu saillant. 

Les joues et le sternum sont argentés. Le reste du corps est 
translucide, un peu jaunâtre, avec des lignes brunes longitudinales 
peu sensibles, et des stries transversales excessivement fines, rem- 
plaçant les écaïlles. On voit aussi de ces stries sur les lames bril- 
lantes de la tête et de la poitrine, maïs dirigées en sens contraire; 
c'est-à-dire que leur concavité regarde en arrière. 

La ligne latérale est continue, sans ramification. Une tache brune 
existe à l'extrémité de la queue ; les dards qui l'accompagnent sont 
trés-pointus, Et sa nageoire, peu fourchue, est composée de dix-sept 
ou dix-huit rayons : celle du dos en a trente-un précédés de huit 
aiguillons; l'anale, vingt-huit avec trois aiguiïllons, et les pectorales, 
quinze, sans y comprendre le rudiment osseux accolé à la partie 
supérieure de la nageoire. Les ventrales sont réunies au corps par 
une membrane. 

Il est probable que la transparence de ce poisson tient au Jeune 


ZOOLOGIE. 373 
âge, ce dont nous navons pu nous assurer, nen ayant point eu 
de plus grands en notre possession. 

habite l'ile Guam et il est représenté de grandeur naturelle. 


ACANTHURE STRIÉ. — ACANTHURUS STRIATUS, N. 


PLANCHE 63, fig. 3. 


Acanthurus, corpore rubescente, in longum fasciato; caudä 
Bifurcatä. 


De Pr Ve TEA BANC 26: 


CÈTTE espèce, quia des rapports avec le rayé, maïs qui n'est 
pas la même, a le front élevé et perpendiculaire, la bouche petite, 
et les dents différentes de celles que nous avons ordinairement 
observées chez les acanthures. Elles sont blanches, longues, séparées 
les unes des autres et dentelées d'un seul côté; aïnsi celles qui corres- 
pondent au côté droit, le sont à droite, et vice versä. La dent du 
milieu de la mâchoire d'en haut seulement l'est des deux côtés, 
comme nous l'avons fait figurer en a. 

La nageoire du dos, assez élevée, a neuf aiguillons et trente- 
trois rayons; l'anale compte trois des premiers et environ vingt- 
quatre des derniers. Les pectorales en ont quinze, les ventrales, 
six, et la caudale, seïze; cette dernière, profondément fourchue, 
a son lobe supérieur plus alongé que celuï d'en bas. 

La ligne latérale se courbe d’abord en haut et s'infléchit vers 
l'aïguïllon de la queue, qui est aigu, noir et reçu dans une raïnure 
où il peut disparoître presque entièrement. 

Sur le vivant, la couleur de ce poisson est d'un brun rouge 
silonné longitudinalement de neuf bandes de la même couleur, 
mais plus foncée. 


374 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


I est représenté de grandeur naturelle, et très-probablement dans 
le jeune âge. Ses dents sont grossies. 

Cet acanthure et le précédent fréquentent l'archipel des Ma- 
riannes ; ils sont du nombre de ceux qui chaque année viennent 
pendant quelques Jours, comme le siÿan magnahac, fournir abon- 
damment à la nourriture des habitans de l'ile Guam, sur-tout 
l'acanthure strié, dont on prend des millions, qu'on fait sécher au 
soleil sur des claïes, et qu'on assaïisonne ensuite avec du vinai- 
gre, de l'huile de coco, des herbes marines et des plantes aroma- 
tiques. Mais comme le vinaïgre qu'on retire de la sève du cocotier 
nest pas assez fort pour conserver long-temps ces préparations 
par des températures aussi élevées, elles se gâtent promptement. 
C'est ce qui nous arriva, quelques jours après notre départ, pour 
celles que nous avions reçues. Il est vrai que l'odeur désagréable 
pour nous qu'elles exhaloïent, est comptée pour peu de chose par 
les Mariannais, peu délicats sur ce point. 


ZOOLOGIE. 375 


Sous-GENRE ASPISURE. — Asprsurus. Lacép. 


ASPISURE LAMARCHE. — AsPISURUS CAROLINARUM. N. 


PLANCHE 63, fig. 1. 


Aspisurus, corpore maculs trregularibus notato ; spints pinnæ dorsalis 
gunque; pinms caudeæ et ant rubris ; caudà bifurcatä. 


D;> Æ,9P."r2 M6, AIS ICir. 

ON reconnoîtra cet aspisure à sa forme élevée et comprimée 
latéralement, à son front haut; à son museau alongé, terminé par 
des lèvres renflées, arrondies et rouges; à la nageoire de sa queue, 
élargie en croïssant. Son corps, de couleur brune, est parsemé de 
longues et larges taches plus claires, irrégulières , dont une, plus 
considérable, parcourt la partie inférieure de l'animal, depuis le 
commencement de l’anale jusqu'au lobe de la queue, qui est rouge, 
de même que les deux épines qu'on y remarque: la plaque osseuse 
triangulaire , placée au milieu d'elles, est blanche. 

La caudale, composée de dix-sept rayons, est frangée à son 
extrémité, de couleur cendrée, avec une bandelette jaune et blanche. 
La dorsale occupe toute la partie supérieure; elle a cinq rayons 
fortement aiguïllonnés: nous n'avons pu nous assurer du nombre 
des articulés. La membrane qui unit ces derniers, recouvre leur 
pointe; elle est presque noire, avec un liséré blanc sur le contour, 
et un bleu à sa base. L'anale, très-longue aussi, est rouge, avec deux 
petites bandelettes noires; elle a trois aïguïllons et environ trente- 
un rayons mous; les pectorales en comptent douze, et les ven- 
trales , six. 


376 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

L'œil est brun; une ligne blanchâtre en part pour se porter au 
museau. L'opercule est arrondi, et le préopercule coupé presque 
droit. Les écaïlles sont à peine perceptibles. 

La longueur totale de l'individu est d’un peu plus de six pouces. 
Il nous fut cédé par les habitans des Carolines lorsque nous pas- 
sämes parmi leurs îles. Nous ne pûmes le conserver, parce qu'il 
fut donné aux malades que nous avions; mais M. Taunay le des- 
sina sur-le-champ. À Guam, M. Arago représenta au trait un 
aspisure qui a les plus grands rapports avec cette espèce. Nous 
n'avions encore vu de figures de ces poissons que dans Renard. 

Nous avons dédié celui-ci à M. Lamarche, premier lieutenant 
de l’expédition, actuellement capitaine de frégate et sous-gouver- 
neur du collége royal de marine à Angouléme. 


…MOYAGE 


AUTOUR DU MONDE 


FAIT 


PAR ORDRE DU RO. 


AVERTISSEMENT. 


On a pensé que quelques personnes trouveroient plus commode de faire relier en 
deux parties ce volume de Zoologie. La coupure seroit alors à la page 377; et l'on 
donne à cet effet un titre particulier, destiné à precéder le second tome. Ce titre 


sera regardé comme nul, et supprimé par ceux qui préféreroient de réunir le tout en 
un seul volume. 


VOYAGE 
AUTOUR DU MONDE, 


ÆEntrepris par Ordre Du Roi, 


SOUS LE MINISTÈRE ET CONFORMÉMENT AUX INSTRUCTIONS DE S. EXC. M. LE VICOMITE DU BOUCHAGE, 


SECRÉTAIRE D'ÉTAT AU DÉPARTEMENT DE LA MARINE, 


Cxecute sur les corveltes de A AM. PO ame ef Fr Phusicienne J 


Jendent Ls annecs 181%, 1818, 1813 ef 1820 ; 


Public sous les Auspires 


DE S. E. M. LE COMTE CORBIÈRE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE L'INTÉRIEUR, 
Pour Lx pabie Gistovique et Les Scieuces uabtuebles , 
ET DE S. E. M. LE MARQUIS DE CLERMONT-TONNERRE, SECRÉTAIRE D'ÉTAT DE LA MARINE ET DES COLONIES, 


@ouo fx pache Maubique ; 


PAR M. LOUIS DE FREYCINET, 


Capitaine de vaisseau, Chevalier de Saint-Louis et de la Légion d'honneur, Correspondant de 
V'Académie royale des sciences de l’Institut de France, &c.; Commandant de l’expédition. 


Zoologic, 
PAR MM. QUOY ET GAIMARD, MÉDECINS DE L'EXPEDITION. 


2.t PARTIE. 


SŸLA CORVETTE L'URANIE. 
= MA LSng FREYCINET cowmAxD? Ÿ 


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S.A.R.M° LE DUC D'ANGOULEME‘ 
AMIRAL DE FRANCE. 


M°LE V: DU BOUCHAGE 
% MINISTRE DE LA MARINE. 
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PARIS, 


CHEZ PILLET AÎNÉ, IMPRIMEUR-LIBRAIRE, RUE CHRISTINE, N° 5. 


1824. 


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ZOOLOGIE. 377 


GENRE PRIODON. — Prropon. Cuv. 


PRIODON ANNELÉ, — PRIODON ANNULATUS. N. 


Priodon, corpore compresso, ovato, cinereo ; dentibus serratis ; caudé 
bifurcatä, basi albo annulatä. 


D. 5. P. 18. V.+ A. 2. C. 16. 


\O 


CE nouveau genre, établi par M. Cuvier, ne diffère de celui 
des aspisures que par le manque d’armure à la base de la queue. 

Cet individu a le corps très-comprimé, ovalaire ; le front élevé, 
arrondi; le museau protractile, saïllant; la bouche ronde, les 
mâchoires munies d'une rangée de petites dents serrées et barbe- 
lées sur leur bord. L’œil est grand, argenté, placé au sommet de 
la tête; l'orbite est saïllante et touche aux narines, qui s'ouvrent 
par deux orifices ; les ouïes sont très-serrées et linéaires. 

La nageoiïre du dos, élevée, uniformément arrondie, commence 
au sommet du front, et s'étend jusqu'à la queue ; elle compte cinq 
rayons épineux et vingt-neuf branchus : anale, moins large, en a 
deux épineux et vingt-neuf articulés ; elle s'étend aussi jusqu'à la 
caudale. Cette dernière, portée par un pédicule court et arrondi, 
est à peine échancrée. Les pectorales, petites, triangulaires et 
dirigées en haut, ont dix-huit rayons; les ventrales, un épineux 
et trois branchus ; elles touchent l’anale, et sont liées au corps par 
une membrane : dans leur intervalle se trouve l'anus. 

La couleur de ce poisson est d'un gris cendré. Un anneau 
blanc entoure la base de la queue, et une bande de la même cou- 
leur borde l'extrémité de la caudale. La membrane qui soutient 


les rayons épineux de la dorsale a un liséré noirâtre : tous les 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. A3 


378 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
rayons. mous de cette même nageoire sont blancs à leur pointe. 
Les pectorales sont jaunätres. 

La peau est dure, garnie de petites écaiïlles chagrinées. La ligne 
latérale, placée près du dos, dont elle suit la courbure, est peu 
visible. 

Nous avons rapporté ce priodon de l'île Timor. Sa longueur est 
de deux pouces et demi; sa hauteur, d'un pouce, et son épaisseur, 
de trois lignes. 


ZOOLOGIF. 379 


GENRE CHÉTODON. — CHÆropon. Lacép. 


CHÉTODON TAUNAY. — CHÆToDON TRIFASCIALIS. N. 


PLANCHE 62, fig. s. 


Chætodon, corpore tribus fascis mgris distinct; pinnis ventralibus 
longrs ; caudà æquak. 


D. +. P. 15. V.6. A. #. C. 17. 


LE corps de ce trés-petit chétodon a plus de longueur que 
d'élévation ; il est aussi plus large à la partie postérieure qu’à l’anté- 
rieure : son front fuit en arrière; son museau est placé bas, et 
pointu. 

Les nageoires ventrales sont longues, car elles atteïgnent l’anale ; 
cette dernière a quatre rayons articulés, et quinze environ qui ne 
le sont pas : la dorsale a quatorze des premiers et dix-sept des 
derniers ; les pectorales en ont quinze, et la caudale, qui est carrée, 
en a dix-sept. 

Les écailles sont grandes, serrées. La ligne latérale.est peu arquée. 

La couleur est d'un blanc légèrement argenté, sur le fond duquel 
se dessinent des lignes brunes peu sensibles, formant un triangle 
dont le sommet est en avant. Mais le caractère le plus distinctif de 
ce poisson consiste en trois bandes noires verticales : la première 
traverse la joue, en passant sur l'œil, qu'elle colore; elle est bordée 
de deux lignes d'un beau blanc d'opale : la seconde occupe la 
partie postérieure du corps et les extrémités des nageoires du dos 
et de l'anus; elle n'est bordée qu'en devant: la troisième, qui 
n'est qu'un simple trait, traverse la nageoire de la queue. 


48” 


380 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Longueur, dix-huit lignes ; hauteur, huit lignes. 

Cette espèce habite les coraux de File Guam ; nous l'avons dédiée 
à M. A. Taunay fils, l'un des dessinateurs de l'expédition. 


CHÉTODON MILIAIRE. — CHÆrToboN MiLiaRis. N. 


MANINI, dans la langue des iles Sandwich. 


PLANCHE 62, fig. 6. 


Chætodon, corpore albicante, moro punctato; fascià marà ad oculos ; 


caudä æqual ; 


CE chétodon a le corps excessivement comprimé, rhomboïdal : 
le front élevé presque verticalement, le museau un peu alongé, 
placé bas; les mâchoires égales. La nageoire du dos est grande, 
large et s'avance jusqu'au front. Une bande noire verticale prend 
depuis le premier aïguïllon et descend jusqu'au bas de l'opercule, 
en traversant l'œil, auquel elle communique sa couleur. 

Tout le corps est d’un blanc jaunâtre, couvert d'une foule de 
petits points noirs formant des lignes verticales ou horizontales, 
selon le sens dans lequel on les observe : les plus volumineux de 
ces points paroissent quadrilatères. La queue, courte, a une légère 
teinte noirâtre en haut et en bas; sa nageoire, presque carrée, 
a dix-sept rayons. La dorsale en a treize aïguiïllonnés et vingt- 
deux articulés. L’anale en a également vingt-deux; maïs les trois 
premiers sont fortement épineux. Les pectorales ont quinze rayons, 
et les ventrales six, dont le second, filamenteux, atteint jusquà la 
nageoire de l'anus. Les écailles sont assez larges, peu serrées. La 
ligne latérale décrit une courbure un peu différente de celle du 
dos, et finit avec la nageoire supérieure : elle est formée de petites 


ZOOLOGIE. 381 
écailles arrondies et imbriquées comme dans certaines espèces de 
scombres. La membrane branchiostége a cinq rayons. 

Cette espèce, représentée de grandeur naturelle, habite les îles 
Sandwich. 


CHÉTODON LUNULÉ. — CHÆToDoN LUNULATUS. N. 


Chætodon, corpore suborbiculari, argenteo ; rostro obtuso, subrecur- 
vato; fasciä mgrà oculari; caudä æqual, basi ocellatä. 


D. 5. P.r5. V.6. À. À. C. 16. 

CETTE espèce, plus petite encore que la précédente, a avec 
elle quelques rapports ; mais elle en diffère par sa couleur, par sa 
forme moins alongée et plus orbiculaire, et par la disposition de 
sa mâchoire inférieure, qui, en s'arrondissant, va au-devant de la 
supérieure, qu'elle dépasse un peu. 

Son museau est obtus, son dos arrondi, de même que sa nageoire, 
laquelle, assez élevée, a treize aïguïllons et vingt-un rayons. L'anale 
en a trois épineux et dix-neuf articulés ; la caudale, qui est carrée, 
seize ; les pectorales, quinze, et les ventrales, six : ces deux dernières 
sont eflilées. : 

Les écailles sont larges. La ligne latérale, presque droite, se 
dirige en haut, et va finir vers les deux tiers postérieurs de la 
nageoire dorsale. 

La couleur de ce chétodon est un blanc un peu argenté, avec 
des stries fmes longitudinales et brunes. La joue est coupée verti- 
calement par une bandelette noire qui passe sur l'œil. La base de 
la queue est couverte par une tache oculaire noire et blanche. 

Sa longueur est d'un pouce. I habite les mêmes lieux que le 


précédent. 


382 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHÉTODON PÉRON. — CuzÆroponN Lucruosus. N. 


Chætodon, toto corpore subnigro; rostro obtuso; appendicibus Squamosts 
ventralium basi; caudä rotundä. 


B. 5. D: 0P. 15. VC ASE NC. 7. 


CETTE espèce, de forme ovalaire, a le museau peu saïllant, 
placé au milieu de l'ellipse que décrit le corps en avant. L'œil est 
grand, rond ; les narines sont ovales, placées au-devant de lui et 
fort près ; les opercules sont très-serrés, et la membrane des bran- 
chies a cinq rayons. 

La nageoïire du dos, médiocrement élevée, a quatorze forts 
aïguillons et dix-huit rayons; l’anale, trois des premiers et seize 
des seconds : l'anus touche presque le premier aïguillon de cette 
nageoire. Les pectorales, petites et arrondies, en ont quinze, et 
la caudale, dix-sept. Cette dernière, ronde, courte et élargie, se 
confond presque avec les nageoires du dos et de l'anus. Les ven- 
trales sont triangulaires et se touchent ; on remarque, à leur inser- 
tion, de chaque côté, un appendice alongé, formé de plusieurs 
écailles effilées et réunies. 

Les écaïlles du milieu du corps sont larges, lisses et serrées : 
celles qui recouvrent toute la tête et une partie des nageoires 
sont plus petites. Toutes sont un peu inégales sur leur bord, 
sans être striées régulièrement. La ligne latérale, placée à la 
partie supérieure du corps, s'infléchit d'abord un peu en bas, 
vers l'opercule, et se relève aussitôt en suivant la courbure de la 
dorsale. 

La couleur de ce poisson est d’un brun noir uniforme. Lors- 
qu'on l'examine dans l'alcool, il semble que son corps soit couvert 
de taches d’un blanc jaunâtre ; mais ces maculatures dépendent 


ZOOLOGIE. 383 
de ce que les écailles manquent dans ces points, comme on peut 
s'en assurer. 

Longueur du corps, quatre pouces; hauteur, trois pouces et 
demi. Îl est moins comprimé que certaines autres espèces, ét plus 
épais par devant que par derrière. 

Nous l'avons dédié à la mémoire de Péron, dont les sciences 
déploreront long-temps la perte. 


OBSERVATION. 


En terminant la description de ces chétodons, nous en signalerons 
une espèce, que nous avons bien regretté de ne pouvoir nous 
procurer, et quon trouve à Guam devant Agagna, dans l'espace 
de mer paisible qui est en dedans des récifs. Nous l'avons nommé 
belliqueux | chætodon bellicosus |, parce qu'un jour que nous étions 
dans l'eau à la recherche des mollusques, nous fümes assaïllis par les 
coups qu'il nous donnoïit avec le museau, en cherchant à défendre 
l'approche du rocher sous lequel il logeoïit avec plusieurs autres. 
Nous lui tendimes la main, et il se précipita dessus de la même 
manière. Cherchant à nous en emparer, nous lui portâmes plusieurs 
coups qui le firent reculer sans l’épouvanter, car il revint à la 
charge. Enfin ïl finit par se retirer tout-à-fait dans un trou formé 
par les coraux. 

Nous n'avions jamais rencontré un semblable courage dans des 
espèces aussi petites. Celle-ci étoit à peine grande comme la main: 


et ses couleurs, quoique brunes, étoient cependant agréables. 
e? 


384 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SoUs-GENRE SÉSÉRINUS. — SrserinNus. Cuv. 


SÉSÉRINUS QUEUE JAUNE. — SESERINUS XANTHURUS. N. 


Seserinus, corpore orbiculart, maximè compresso, argenteo ; primes 
radis ani dorsique longis ; caudà flavä, valdè bifurcatä. 


B. 6. D. H. Pers var de. C. 19 


CE poisson a le corps orbiculaire, très-comprimé, pourvu 
de grandes nageoïres en dessus et en dessous; son museau est 
tellement obtus et arrondi, qu'on a de la peine à distinguer la 
bouche lorsqu'elle est close; ce n'est que quand elle est ouverte 
que la mâchoire inférieure paroît plus avancée que celle d'en haut, 
sous laquelle elle se porte cependant. Les narines et l'œil sont fort 
rapprochés dela bouche, qui est ronde. Le front présente une petite 
carène en saillie, et les ouvertures des branchies sont très-grandes. 

La dorsale est d'abord composée de quatre aïguillons, dont les 
deux premiers sont triangulaires ; puis viennent quarante-cinq rayons 
branchus, dont les six premiers s'alongent en filamens. La nageoire 
de l'anus, aussi grande, affecte la même disposition falciforme: elle 
est composée de trois épines, dont deux sont triangulaires, et de 
quarante-quatre rayons mous. Les ventrales sont remplacées par 
une seule pointe osseuse, derrière laquelle est l'anus. Les pectorales 
ont vingt-un rayons, et la caudale, très-échancrée, dix-neuf. 

Les écailles sont imperceptibles. La ligne latérale supérieure 
est très-recourbée vers le haut, tandis que l’inférieure est horizon- 
tale et à peine sensible. 

La couleur de cet individu est d'un blanc argenté fort éclatant; 
les nageoires sont plombées, à l'exception de la caudale, qui est 


ZOOLOGIE. 385 


jaune, d'où lui vient son nom spécifique. De petits points se re- 
marquent à la base de la dorsale et de l’anale. L'œiïl est doré. 
Au-dessus de la nuque est un capuchon membraneux grisâtre. 
Longueur, quatre pouces quatre lignes; hauteur, deux pouces 
deux lignes; épaisseur, quatre lignes. 
Nous Flavons pris dans la baie de Rio de Janeiro. Sa chair est 
peu ferme. 


Voyage de l'Uranie. — Tooiogie. 


386 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PIMÉLEPTÈRE. — PrmELEPTERUS. Lacép. 


e 


|. 
PIMÉLEPTÈRE MARCIAC. — PIMELEPTERUS VAIGIENSIS. N. 


PLANCHE 62, fig. 4. 


Pimelepterus fuscus ; plurimis lines longitudinalibus subnigris ; caudé 


bifid. 
B:°3 D MP Er 87 VEN ANNE TC Mr 


Ce poisson est assez épais, sa forme ovalaire, son museau peu 
saïllant, ses mâchoires égales, munies de dents sétacées. Les narines 
ont chacune une seule ouverture imperceptible, placée au devant 
de l'œil, qui est grand et arrondi. Le préopercule est triangulaire, 
finement dentelé, et l'opercule muni d’un appendice peu saïllant 
en arrière. La membrane des ouïes a trois arceaux. 

Les nageoïres pectorales, petites, ont dix-huit rayons. La dorsale, 
qui commence à-peu-près au même niveau qu'elles, en a dix aïguil- 
lonnés et quinze branchus, presque entièrement couverts de petites 
écaïlles. La queue a environ dix-sept rayons; elle est échancrée : 
les ventrales en ont six, et l'anale, seize, dont les trois premiers sont 
fortement aïguillonnés. 

La couleur de l'animal est un brun foncé sur le dos, qui s'é- 
claircit inférieurement sous le ventre. Une foule de lignes lon- 
gitudinales de la même couleur occupent tout le corps, les joues 
exceptées. Les écailles sont fines et serrées. Les opercules en sont 
recouverts, de même que l'origine des rayons de plusieurs nageoires. 
La ligne latérale suit la courbure du dos et se termine à l'extré- 
mité de la queue. 


ZOOLOGIE. 387 

Ce piméleptère habite les îles des Papous. Nous l'avons pris 
dans une course que nous fimes sur la petite île Bony. Il a beau- 
coup de rapports avec le /osquien de M. de Lacépède. 


Nous l'avons dédié à la mémoire de M. Marciac, chirurgien de 
la marine, mort de la frèvre jaune. 


49 F 


338 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE GLYPHISODON. — GzrPxisopon. Lacép. 


GLYPHISODON VIDAL. — GLYPHISODON LACRYMATUS. N. 


PLANCHE 62, fig. 7. 


Glyphisodon, corpore elevato, subrotundo , nigricante, ocellis albidis 


perfuso ; caudà bifurcatä. 


CET élégant petit glyphisodon a le corps assez épais, et telle- 
ment élevé, que, lorsque ses nageoires sont étendues, il est presque 
orbiculaire ; son front est haut et large, sa bouche excessivement 
petite, ses mâchoires égales, ses dents plates, carrées et bien 
rangées sur une seule ligne. L'œil est grand et placé au sommet 
de la tête. Les ouïes sont bien détachées. 

La dorsale, arrondie, a treize rayons aiguillonnés et quinze 
branchus ; l’'anale , deux et quatorze; les pectorales, vingt; et la 
caudale, formée de deux lobes, dix-huit. 

Les écaïlles, grandes et un peu lâches, couvrent la tête et le 
corps; celles qui enveloppent la dorsale et l’anale sont plus petites. 
La ligne latérale, placée haut, ne suit pas exactement la courbure 
du dos; du reste, elle finit avec la dorsale. 

Le fond de la couleur est un brun très-foncé, avec une légère 
teinte rougeätre, agréablement parsemée de petits points blancs 
opalins, et bleuätres sous la gorge. 

La longueur de cet individu est de dix-huit lignes; sa hauteur, 
de huit, et son épaisseur, de quatre. 

Nous l'avons rapporté de l'ile Guam. Malgré sa petitesse , il est 


ZOOLOGIE. 389 
du nombre de ceux que les pauvres femmes vont rechercher dans 
les coraux au milieu desquels ils se plaisent. 

Nous le dédions à la mémoire de M. Vidal jeune, chirurgien 
de la marine, mort de la fièvre jaune. 


GLYPHISODON BIOCELLÉ, — GLYPHISODON BIOCELLATUS. N. 


Glyphisodon, dorso lunulis duabus cœruleis ; caudä integrä. 


D. 5. P. 17. V.6. À. =. C.18. 

CE très-petit poisson, à peine long de quinze lignes, beaucoup 
moins élégant que les précédens, a le corps assez épais, le front 
élevé. Sa nageoïre dorsale, grande et arrondie, a treize aïguiïllons et 
le même nombre de rayons. Le deuxième rayon des ventrales pré- 
sente un filament qui atteint jusqu'à l'anale. Cette dernière nageoïre 
est formée de deux aïguillons, le second beaucoup plus grand, 
et de douze rayons branchus. La caudale, carrée, en compte en- 
viron dix-huit, et les pectorales, dix-sept. 

Les écaïlles qui couvrentle corps et la tête sont larges, pressées, 
très-fnement et profondément denticulées sur leur bord libre. La 
ligne latérale, placée très-haut, atteint à peine l'extrémité de la 
nageoire dorsale. 

La couleur de ce poisson est un brun rougeûtre, avec des points 
azurés à la poitrine et sur les joues; mais ce qui le distingue sur- 
tout, ce sont deux lunules, d’un beau bleu foncé bordé d'azur, qui 
occupent la base de la dorsale, à sa partie postérieure. 

[ provient aussi de l'ile Guam. 


390 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GLYPHISODON ABDOMINAL. — GLYPHISODON ABDOMINALIS. N. 


Glyphisodon , corpore compresso, supra elevato ; fascus fuscis quatuor 

transversis ; rostro sursüm retorto; caudà longä, bifurcatä. 
BSD Pi 0 Ve CA C7 

CE glyphisodon a le corps élevé et comprimé des chétodons; 
son museau, avancé, recourbé en haut, présente vers le front un 
enfoncement. Les mâchoires sont arrondies; linférieure va au- 
devant de la supérieure, sous laquelle elle s'emboîte. La bouche 
est ovale ; les dents sont petites, tranchantes, échancrées, et sur 
une seule rangée. Le pharynx en est aussi muni. L'œil est grand, 
l'opercule bien détaché ; les branchies.ont cinq rayons. Le ventre 
est très-saïllant, d'où ce poisson a reçu son nom. 

Les nageoires pectorales, petites, ont dix-neuf rayons ; les ven- 
trales atteignent jusqu'à l'anale, qui est formée de seïze rayons, dont 
deux épineux. La dorsale en a treize aiguillonnés et seize articulés ; 
la caudale , longue, profondément échancrée, compte dix-sept 
rayons, dont les supérieurs et les inférieurs se prolongent un peu en 
flamens. 

Les écaïlles sont grandes, plus hautes que larges, très-légèrement 
ciliées. La ligne latérale suit la courbure du dos et se termine à 
la fin de la dorsale. 

La couleur de cet individu est d'un brun sale; quatre bandes 
transversales de cette couleur, mais plus foncées, occupent le haut 
du corps sans dépasser les pectorales. 

Sa longueur est de cinq pouces ; sa hauteur de deux, et son 
épaisseur, seulement de quatre lignes. 

Nous l'avons rapporté des îles Sandwich. 


ZOOLOGIE. 391 


GLYPHISODON DE VAIGIOU.— GLYPHISODON VAIGIENSIS. N. 


Ghyphisodon, corpore subalbido, fascis transversalibus migris quinis 
notato ; rostro rotundo; caudäà bifurcatä. 

B:6)D,2. P20 V6. A2. CG. 

CETTE espèce est marquée de bandes transversales comme la 
précédente, maïs sa forme et ses couleurs sont différentes; son 
front est élevé, arrondi; son museau gros et très-obtus; la bouche 
et les dents semblables à celles du glyphisodon abdominal. La 
gorge est saillante ; les pectorales sont larges, triangulaires, formées 
de vingt rayons ; la dorsale en a treize aïguïllonnés et quatorze 
articulés; l'anale, deux des premiers et treize des derniers. La 
queue, en forme de croissant, en a seize. 

Les écailles, plus hautes que larges, sont ciliées sur leur bord. 
La ligne latérale est la même que dans les poissons de ce genre. 

La couleur est d'un blanc bleuâtre légèrement argenté; cinq 
lignes transversales, nettement tranchées, occupent tout le corps. 
Le bout du museau est noir, de même que la base de la nageoire 
caudale. 

. Nous avons remis au Muséum cinq individus de cette espèce, 
dont le plus long a trois pouces et demi, seize lignes de hauteur 
et trois seulement d'épaisseur. 

Les glyphisodons qui habitent les îles des Papous, suivent quel- 
quefois assez long-temps les navires, sous les flancs desquels ils se 
placent de manière à être à l'abri des rayons du soleil. 


392 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GLYPHISODON AZUR. — GLYPHISODON CYANEUS. N. 


PLANCHE 64, fig. 3. 


Glyphisodon, toto corpore cyaneo; pinnis pectoralibus, abdominalibus 
caudalique flavis. 

B. $. D. 15. P. 15. V. 6. À. =. 

RIEN nest joli comme de voir ces petits poissons , que la mer 
en se retirant a laissés dans de petites mares, varier par mille 
positions le brillant de leurs couleurs. Ceux que nous avons à 
décrire reflètent l'azur le plus pur, sur lequel tranchent le jaune et 
quelques légères teintes de noir. 

Le glyphisodon azur a le corps alongé , pas trop comprimé. Le 
contour du dos s'abaisse rapidement vers le front. La bouche est 
petite; les dents serrées et crénelées. L’opercule est armé de deux 
petites épines en arrière, et la membrane branchiostége a cinq 
rayons. 

La nageoiïre dorsale est très-étendue, assez uniforme, excepté 
vers la fin, où les rayons s'alongent davantage ; elle est composée 
de treize rayons épineux et de onze articulés; celle de l'anus en 
a quatorze, dont deux sont aïguïllonnés ; les pectorales, environ 
quinze, et les ventrales, six. 

Les écailles sont serrées, et présentent leur plus grand diamètre 
transversalement. La couleur du corps est d’un bleu d'azur, et toutes 
les nageoires sont Jaunes; celle de la queue est presque droite. 
On voit sur le museau une tache jaune. 

Une variété de cette espèce a le front plus élevé et le museau 
plus obtus. 


ZOOLOGIE. 303 


GLYPHISODON UNIOCELLÉ,. — GLYPHISODON UNIOCELLATUS. N. 


* PLANCHE 64, fig. 4. 


Ghyphisodon, corpore cyaneo; pinnis pectoralibus, abdominalibus 
caudalique flavis ; puncto nigro ad extremitaten pinnæ dorsals. 


DR ANS 


o L 


SANS la tache noire que ce glyphisodon porte à la fin de la 
dorsale, on ne le distingueroit pas de l'espèce précédente, tant 
est grande la ressemblance qu'il offre avec elle. 

La différence porte principalement sur les nageoiïres du dos 
et de l'anus, dont le nombre des rayons n'est pas le même. Dans 
la première, il y en a treize aïguillonnés et dix articulés; dans la 
seconde, treize en comptant les deux épines qui précèdent. Toutes 
les nageoires sont jaunes; celle de la queue est coupée droit. La 
petitesse de l'individu ne nous a pas permis de donner les détails 
des rayons de cette dernière nageoïre, non plus que de ceux des 
pectorales. 

Ces deux poissons, représentés de grandeur naturelle, ne nous 
paroissent pas susceptibles d'atteindre une beaucoup plus grande 
dimension : du moins ne l'avons-nous jamais vu. Ils ont été pris 
dans la rade de Coupang : il y en a aussi aux îles Mariannes. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. s° 


394 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GLYPHISODON SPAROÏDE. — GzLyrxisopon sPAROÏDES. N. 


Glyplusodon, rostro supra compresso; fronte elevato ; macul& ngrä 
ad caudam ; caudà valdè bifurcatä. 

B:6: D: VPaui8eVe)6 MAN CIC. 

CE poisson ressemble un peu aux spares, comme l'indique son 
nom; il est moins comprimé que les précédens; sa queue est 
profondément fourchue ; son front s'élève en s'arrondissant ; son 
museau , un peu moins obtus, présente un enfoncement en-dessus. 
Du reste, les dents, les nageoires, les écaïlles et la ligne latérale, 
sont celles des glyphisodons. 

Cet individu, qui n'est qu'une variété du sparaïllon de M. Lacé- 
pède { vol. 4, pl. 2, fig. 1), se distingue par sa couleur bleuâtre 
argentée, plus blanche sous la gorge et au ventre, et sur-tout par 
une tache noire qui occupe le lobe de la queue. 

Sa longueur est de troïs pouces trois lignes; sa hauteur, de 
quinze lignes, et son épaisseur , de cinq. 

Nous avons rapporté de l’He-de-France. 


ZOOLOGIE. 395 


GENRE POMACENTRE. — PomAcENTRUS. Lacép. 


POMACENTRE PONCTUÉ.—PoMACENTRUS PUNCTATUS. N. 


PLANCHE 64, fig. 1. 


Pomacentrus fuscus; corpore punctis cæruleis trrorato; maculà nigrä 
basi dorsalis. ® 


BMD ER NET VEN EIG STARS) 

CE poisson est moins comprimé et plus développé en longueur 
que quelques-uns de son genre. Sa tête est grosse, obtuse, forte- 
ment arrondie. Les lèvres, rétractiles, laïssent apercevoir ses mä- 
choires en demi-cercle, dont les dents serrées ne sont que très- 
peu découpées sur leur bord libre. Les narines n'ont de chaque 
côté qu'un seul orifice, rond et imperceptible. L'œiïl est grand, 
blanchätre. Le sous-orbitaire est dentelé, de même que le préo- 
percule, qui est grand, coupé droit et libre, au point qu'on pourroit 
le prendre pour l’opercule. Celui-ci est arrondi, lisse, débordé un 
peu par la membrane des branchies, qui a cinq rayons. 

La nageoiïre du dos occupe presque toute la partie supérieure; 
elle est formée de douze aïiguillons garnis de membranes jusqu'à 
leur pointe, et de seize rayons frangés , ceux du milieu plus longs 
que les autres. Celle de l'anus, au contraire, peu considérable et 
placée très en arrière, n’en a que quinze, dont deux épineux. La 
queue est carrée; sa nageoiïre, peu échancrée, se divise en deux 
larges faisceaux qui ont chacun neuf rayons. 

Les ventrales atteignent jusqu'à l'anus. Elles sont réunies entre 
elles, à leur base, et au corps, par deux membranes. Une écaiïlle 

507 


396 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


alongée, pointue, les accompagne sur le côté; et à leur réunion, 
elles sont recouvertes par d'autres écailles découpées sur leur bord 
libre. Les pectorales, placées au-devant d'elles, ont dix-sept rayons. 

Les écailles sont larges et striées ; leur plus grand diamètre est 
perpendiculaire : la tête et les joues en sont recouvertes. Des 
écailles déliées garnissent la base des nageoires du dos et de l'anus. 
La ligne latérale, ponctuée, n’atteint pas jusqu'à la terminaison de 
cette première nageoire. 

La couleur générale est un brun clair ; des taches irrégulières 
bleu de ciel occupen® le front et les opercules. Sur le corps, ces 
points forment dix ou douze lignes longitudinales de la même 
couleur. Une large tache noire, bordée de bleu, se voit à la fin 
de la nageoiïre dorsale. 

Ce pomacentre habite les récifs madréporiques de lHe-de-France. 
Il a quelques rapports avec le chétodon tacheté, tant par la forme 
que par les couleurs ; maïs il en diffère par la disposition des 
rayons de ses nageoires, des ventrales sur-tout, qui n'ont point 
deux aïiguillons, l'un en avant, l'autre en arrière, comme le tacheté, 
qui, par ce caractere, devroit rentrer dans les sidjans de M. Cuvier. 

Notre poisson a près de cinq pouces de longueur. On en trouve 
à l'Ile-de-France une variété dont la couleur est beaucoup plus 
foncée, qui na que les joues de tachetées, avec le point noir de 
la dorsale. Nous en avons rapporté encore une seconde variété 
des iles Sandwich, distinguée par une large tache noire et irré- 
gulière au milieu du corps. 


ZOOLOGIE. 397 


POMACENTRE BLEU. — POMACENTRUS CÆRULEUS. N. 


PLANCHE 64, fig. 2. 
Pomacentrus cæruleus; fronte punctis cyaners irrorato; candà bifurcatä. 


Bo. DPI GA EC 

CE pomacentre a les formes beaucoup plus alongées et moins 
comprimées que le précédent ; la courbure que décrit la partie 
supérieure de son corps est plus douce; son front est moins élevé. 
Sa bouche, ses dents, ses yeux et ses narines sont semblables. 

Le sous-orbitaire, au lieu d'être dentelé, a simplement deux 
petites épines. L'opercule en offre une aussi; le préopercule seul 
est crénelé. 

La nageoire du dos finit où commence la queue; elle a treize 
rayons aïguillonnés et quatorze articulés. L'anale en a quinze, dont 
deux fortement épineux; les pectorales, seize: la caudale, qui est 
fourchue, dix-sept; le 1obe supérieur est un peu plus long que celui 
d'en bas. 

Les ventrales sont fixées au corps par une membrane latérale, 
recouvertes à leur point d'union par de longues écailles, et ac- 
compagnées à leur base par une écaiïlle triangulaire dirigée en 
arrière. 

La membrane des branchies a cinq rayons. 

Tout le corps de ce poisson reflète une belle couleur bleu 
d'outremer. Le front est recouvert de points de la même teinte; 
de même que l'intervalle membraneux des nageoires du dos et de. 
l'anus , où ils forment des lignes verticales régulières. Les extré- 
mités des nageoires sont brunes. La plupart des écailles, dont le 
grand diamètre est vertical, ont une tache brune à leur base. 


398 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Cette jolie espèce, provenant des mêmes lieux que la précédente, 
tient un peu du chétodon paon de Bloch, qui est aussi un po- 
macentre. 


POMACENTRE SCOLOPSIS.— POoMACENTRUS scoLoPsEUSs. N. 


Pomacentrus, corpore subalbido, maculà migricante basi pinnæ dor- 
salis et pectoralium ; caudä bifurcatä. 


ESA MDN SIP SA VEA NS TCN 6 


LE corps de ce poisson est très-comprimé par le haut, plus épais 
par-devant que par-derrière; sa tête est grosse, son front large 
et élevé, son museau obtus, ses mâchoires égales et ses lèvres un 
peu extensibles. L'œil est large et arrondi, la pupille dorée; chacune 
des narines n'a qu'un orifice. Les ouïes sont larges, soutenues par 
quatre rayons. L’opercule, armé de deux petits aiguillons dirigés 
en arrière, est articulé d'une manière lâche avec le préopercule. Le 
sousorbitaire est dentelé. 

La courbure du dos est peu saïllante; sa nageoïire , médiocre- 
ment élevée, est composée de douze rayons épineux et de dix- 
sept branchus; l'anale, de deux aïguillons, dont l'un petit et l’autre 
grand , et de treize rayons. Les pectorales en ont dix-neuf, et la 
caudale , seize ; cette dernière nageoiïre est fourchue , maïs chacun 
de ses lobes est arrondi. Les ventrales atteignent l'anus, lequel 
touche à la nageoïre de son nom; les premières ont plusieurs écaïlles 
alongées à leur insertion. : 

Les écailles sont larges, lâches, légèrement dentelées sur leur 
bord; les joues en sont recouvertes. La ligne latérale est près du 
dos. 

La couleur de ce pomacentre est d’un fauve un peu argenté: 
le museau et les nageoires ont une teinte brunâtre. On remarque 


ZOOLOGIE. 399 


une tache de cette couleur, plus foncée, à l’origine des derniers 
rayons de la dorsale, à la base des pectorales, et quelques autres 
bleuâtres à la nageoire de l'anus. 

Longueur, trois pouces neuf lignes; hauteur, un pouce et demi; 
la plus grande épaisseur, six lignes. 

Nous l'avons pris à l'Ile-de-France. 


POMACENTRE NOIRATRE. — PoMACENTRUS NIGRICANS. N. 


Pomacentrus , corpore migricante ; caudä subfurcatä. 


B: 6. D. ° P. 19. V: 6. A. C: 16. 

CE pomacentre diffère du précédent par la moïndre élévation 
de son front, qui décrit aussi une courbure moins brusque, par la 
saïllie plus grande de l'abdomen, par le sous-orbitaire moins pro- 
fondément dentelé, et enfin par la couleur. 

Il a treize rayons aïguïllonnés et seize articulés à la dorsale, 
deux épineux et treize mous à l'anale, dix-neuf aux pectorales, six 
aux ventrales, et environ seize à la caudale, laquelle est peu four- 
chue et formée de deux lobes arrondis. Les branchies ont six rayons. 

L'œil est grand; les narines sont simples; les écailles, larges, 
finement dentelées et peu serrées ; l’opercule et les joues en“sont 
couverts. La ligne latérale est placée à la partie supérieure du 
COrps. 

Ce poisson est noirâtre, avec une tache plus foncée de la même 
couleur sur les flancs. 

Sa longueur est de quatre pouces trois lignes; sa hauteur, d'un 
pouce neuf lignes. è 

Nous l'avons rapporté des îles Sandwich. 


e° 


400 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE TEMNODON. —_ Trmnopon. Cuv. 


TEMNODON HEPTACANTEHE. — TEMNODON HEPTACANTHUS. N. 


CHEILODIPTÈRE HEPTACANTHE. Lacép. tom. 3, pl. 21, fig. 2. 


PLANCHE 61, fig. 2. 


Temnodon argenteus ; pinnä dorsal priori depressä , heptacanthä ; 
caudà falcatà. 
BAND. 2 DIE END MONA ARE CRT 

LE corps de ce poisson est comprimé sur les côtés; le dos 
forme un arc régulier; la tête est obtuse. La mâchoire inférieure, 
épaisse, dépasse un peu la supérieure; toutes deux sont garnies 
d'une rangée d'assez fortes dents, derrière lesquelles, à la mâchoire 
d'en haut seulement, s'en trouvent d'autres plus petites, de même 
qu'au palais et sur les arceaux des branchies. La langue est dégagée, 
et sa pointe est logée dans un repli de la membrane buccale. 

L'œil est grand, rond; l'iris, jaune doré. Les narines s'ouvrent 
par deux orifices très-rapprochés, l'antérieur arrondi, le postérieur 
en fente. Le préopercule et l'opercule sont recouverts d’écaïlles ; le 
bord postérieur de ce dernier offre une pointe molle en arrière. La 
membrane des branchies a sept rayons. 

Les sept aiguïllons de la première nageoire dorsale ont fourni 
le caractère spécifique, et sont susceptibles d'être logés dans une 
rainure ; dprès eux commence la seconde nageoïre, au-devant de 
laquelle sont deux très-petites épines: les rayons de cette nageoïire, 
grands d'abord, frangés à leur pointe, diminuent successivement 
de longueur; ils sont au nombre de vingt-cinq, en y comprenant le 


ZOOLOGIE. 401 
premier, qui est épineux. L'anale, presque aussi étendue, a la même 
conformation; les deux épines qui la précèdent sont également 
très-petites; son premier rayon est aiguillonné, et les vingt-cinq 
qui viennent après sont branchus. Les pectorales en comptent 
seize, les ventrales, six, et la queue, profondément échancrée, en 
a dix-sept. 

La couleur générale est argentée, bleuâtre en-dessus. On re- 
marque une tache brune à la base des pectorales. Les écailles sont 
grandes, très-minces, et tiennent fort peu. Les nageoires du dos, de 
l'anus et de la queue en sont recouvertes à leur base, de même que 
l'opercule et les joues ; sur la ligne latérale, elles sont petites, arron- 
dies et imbriquées. La teinte argentée que reflète ce temnodon tient 
plus au derme qu'aux écailles, qu'il a presque toutes perdues. 

H habite le Port-Jackson; sa longueur est de huit pouces et demi, 
et sa hauteur d’un peu plus de deux; il est susceptible d'acquérir de 
plus grandes dimensions. Commerson la vu aussi dans le grand 
Océan. 

A Sydney, c'est un des poissons que les naturels vont prendre 
dans la rade, et qu'ils vendent ensuite à la ville. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. $ I 


402 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


“ 


CHAPITRE X. 


Observations sur quelques Mollusques et Zoophytes, 
envisagés comme causes de la phosphorescence de 
la mer. 


S: la vie, considérée au sommet de la chaîne des êtres, est un 
spectacle merveïlleux par sa complication, on nest pas moins 
étonné de la simplicité qu'elle affecte dans les derniers anneaux de 
cette même chaîne. À ce terme, on croit saisir ses phénomènes; 
on étudie, on sempresse ; et les derniers résultats sont que, là 
comme ailleurs, elle est impénétrable à nos sens et se dérobe à nos 
moyens d'investigation. 

C'est dans les lieux où les phénomènes qui en facilitent la propa- 
gation sont sans cesse renaissans, où des torrens de lumiere et 
de chaleur pénètrent et échauffent les eaux, où l'électricité semble 
répandue avec profusion dans tous les corps, qu'on voit se déve- 
lopper, pour ainsi dire spontanément, des myriades d'animalcules. 
Lorsque aux brises légères qui agitent la surface de la mer succède 
un calme parfait, il semble qu'une baguette magique anime le sein 
des eaux, et que leurs principes constituans se réunissent, se con- 
crètent pour produire la vie. 

Nous avons souvent contemplé ce spectacle ; il rompoit pour 
nous la monotonie des calmes et diminuoiït l'ennui des longues 
navigations. Mais personne n'ignore qu'il faut être initié à l'étude des 
secrets de la nature, pour apprécier ses merveilles: car ces mers 


ZOOLOGIE. 403 


animées pour l'observateur, sont mortes et dépourvues d'intérêt pour 
le vulgaire, qui n y remarque que les objets les plus saïllans. 

C'est principalement dans les détroits, à l'approche des terres et 
dans les lieux peu profonds, que les animalcules se reproduisent 
en plus grand nombre. Dans les Moluques, par exemple, ïl suffisoit 
de puiser de l'eau dans un vase pour s'en procurer un grand nombre 
d'espèces. Les uns étoient alongés, cylindriques; d’autres orbicu- 
laires, aplatis; le plus grand nombre, de forme ronde; ceux-ci na- 
geoient, tourbillonnoïent avec vitesse; ceux-là paroïissoïent simple- 
ment formés d'une masse gélatineuse immobile. Quelquefois la mer 
étoit couverte de fibrilles, de filamens déliés, ou bien d’une sorte de 
poussière inerte en apparence, quoiqu'elle fût probablement orga- 
nisée. I est difficile de se faire une idée de cette fécondité ; elle 
égale, si elle ne surpasse pas celle qui s'opère sur la terre. Quels 
en sont les moyens!...... Ces animalcules dépourvus d'organes 
perceptibles procréent-ils! transmettent -ils l'existence À d’autres 
individus! ou bien, à ce dernier terme de lanimalité, sufhroit-il, 
comme l'ont pensé quelques philosophes, de la combinaison de 
certains principes simples pour produire des êtres organisés’ Cette 
opinion est aussi celle d’un célèbre naturaliste de nos jours ; nous 
ne faisons que l'indiquer sans nous y arrêter davantage, parce 
qu'aucune observation précise né l'a encore fait sortir du rang des 
hypothèses. 

Dans les espèces les plus simples qui affectoient une forme 
ronde, on ne pouvoit distinguer aucun organe propre à une 
fonction quelconque. Ici l'irritabilité est tout; elle constitue à elle 
seule la vie, comme le dit Bonnet; et l’on est parfaitement disposé 
à croire, avec cet illustre penseur, que la première des fonctions, 
la nutrition, s'opère par toute la surface du corps. 

Un phénomène propre à plusieurs espèces différentes d'animaux, 
maïs qui. appartient plus spécialement aux mollusques pélagiens, 
c'est la phosphorescence, sur laquelle on a beaucoup écrit, et qui 


GAiis 


404 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


laisse encore un si vaste champ aux systèmes, puisque tout est à 
découvrir dans la manière dont elle s'opère. Cependant, pour 
contribuer à éclairer cette matière, il ne faudroit pas répéter à 
satiété ce que l'on sait déjà, et se croire obligé, parce qu'on met 
le pied sur la mer pour la première fois, de renouveler des appli- 
cations de physique tout-à-fait surannées, et dont on ne parle plus 
depuis long-temps. Certes, nous pouvons dire avoir observé ce 
singulier spectacle sous tous les méridiens, puisque nous les avons 
tous parcourus ; nous en avons même vu des effets que personne 
ne cite : eh bien! nous devons avouer que nous ne sommes pas 
plus avancés dans la connoïssance du principe producteur de la 
phosphorescence, que lorsque nous commençämes à lexaminer, 
il y a dix ans. Aussi, sans aspirer à l'honneur facile d'émettre une 
hypothèse, nous nous contenterons d'ajouter aux faits positifs 
déjà connus, quelques simples remarques à l'aide desquelles des 
observateurs plus habiles dévoiïleront peut-être un jour la cause 
de la surprenante faculté que possèdent les animaux dont nous 
nous occupons. 

Nous ne sommes plus à une époque où l'on mette en doute les 
causes générales de la phosphorescence de la mer. Les naturalistes 
ont démontré qu'elle est produite par les animalcules qui pullulent 
dans ses eaux; qu'elle n'appartient ni au liquide, ni à l'électricité, 
encore moins à la putréfaction, quoique, dans cet état, certains mol- 
lusques, tels que les biphores et les calmars, soient susceptibles 
d'émettre quelques lueurs, mais toujours de peu de durée *. 

Une phosphorescence active tient essentiellement à la vie; car 
les animalcules et les mollusques chez lesquels les fonctions vitales 
sont ralenties, n émettent presque plus de lumière, et elle s'éteint 
lorsqu'ils cessent d'exister. Ce principe lumineux est parfois inhérent 


+ Nous avons aussi remarqué cette particularité sur une tortue de mer vivante, à qui on avoit 
enlevé les écailles. La superficie du dos s’étoit ulcérée, et lon y voyoit la nuit plusieurs points 
lumineux. 


ZOOLOGIE. 4o$ 


à la substance de quelques méduses, de certains biphores, béroës, 
&c. ; il la pénètre, et ces animaux ne sont pas maîtres de le rendre 
plus actif ou de l'affoiblir. D’autres au contraire, chose merveilleuse ! 
jouissent de cette faculté, et modifient tellement la lueur qu'ils 
répandent, qu'à volonté ils laugmentent, la diminuent, ou la font 
tout-à-fait disparoître, ainsi que nous le dirons plus bas. 

Le calme, la chaleur, une surabondance d'électricité dans l’atmo- 
sphère, accroiïssent l’intensité de la phosphorescence. La nuit la 
rend plus apparente et le mouvement la développe. Tous ceux qui 
ont navigué entre les tropiques, dans le voisinage des terres et par 
une petite profondeur, savent quelle brillante traînée de lumière le 
vaisseau laïsse après lui. Ce beau spectacle a exercé la plume de 
plus d’un voyageur; et chacun, en le dépeïgnant selon l'impression 
qu'il produisoit sur lui, ne l'a que trop souvent embelli encore par 
une narration un peu fastueuse. Quoi qu'il en soit, le développe- 
ment de la phosphorescence par la collision est vraiment une 
chose admirable. Dans le repos, les ondes ne laissent apercevoir 
d'autre lumière que celle de quelques gros mollusques; mais lors- 
qu'on les agite, chaque molécule animée devient lumineuse. Si, 
dans ces instans, les agiles dauphins se jouent autour du navire, 
on les voit décrire sous. les eaux des serpenteaux semblables à ceux 
des feux d'artifice; et quand ils viennent respirer l'air avec bruit, 
l'illusion augmente, et il semble voir et entendre la déflagration 
d’une fusée. 

Nul doute que la viscosité de la mer ne soit due à cette in- 
nombrable quantité d'animaux. La plupart, que leur transparence 
dérobe à la vue, deviennent, à l’aide de la phosphorescence, 
des points lumineux qui s'attachent aux corps que lon plonge 
dans l'eau. De là est venue probablement l'idée que beaucoup 
de poissons vivans sont phosphoriques : il peut y en avoir, nous 
ne Je nions pas, cependant ïl faut croire qu'ils sont rares, car 
nous n'en avons jamais vu. On les aperçoit très-distinctement nager 


406 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


quand la mer est lumineuse, et il sembleroït même qu'ils contribuent 
à lui donner cette apparence; maïs si on les examine quand ils se 
tiennent en repos, il est facile de se convaincre que la faculté de 
scintiller ne leur est point inhérente, et que l'effet qu'ils produisent 
dans cette circonstance est le même qu'on obtiendroïit en agitant 
dans l'onde un corps inerte. 

Voici quelques expériences faites sur ces animalcules; elles sont 
de peu d'importance ïl est vraï, maïs nous ne les donnons que 
pour ce quelles valent. En septembre 1817, étant dans la Médi- 
terranée près des côtes de Murcie, par un calme très-profond, 
la mer en parut couverte dans l’espace de plusieurs lieues ; ïls 
étoient de couleur grisâtre et on les apercevoit à quelques pieds 
de profondeur. A yant rempli un seau de cette eau lumineuse, nous 
la gardâmes jusqu'à la nuit, où la phosphorescence commença à 
se montrer, en même temps que celle de la mer, mais beaucoup 
moins éclatante : ce qu'il faut attribuer à l'impossibilité de renou- 
veler le liquide de notre vase ; car le propre de tous les zoophytes 
et mollusques est de sécréter un mucus qui les entoure et les fait 
périr lorsqu'ils ne nagent pas librement dans de grandes eaux. Quoi 
qu'il en soit, nous soumiîmes les uns et les autres, c'est-à-dire ceux 
de la mer et ceux que nous avions auparavant pris dans un seau, 
à l’action de quelques réactifs que nous avions sous la main. 

D'abord nous versàämes dans le vase qui contenoït ces ani- 
maux, de l'acide sulfurique affoibli : ïls brillèrent tout-à-coup, se 
dessinant parfaitement en globules, et finirent par ne plus donner 
de lueur. Une nouvelle dose d'acide les fit encore paroître; 
mais à la troisième expérience, ils avoient péri, et rien ne put 
les forcer à briller de nouveau. L’acide étoit-il pur, ils péris- 
soient subitement en répandant une légère lueur. Le vinaigre et 
l'acide hydrochlorique produisoïent le même effet; le dernier sur- 
tout avec beaucoup plus de force. I est une précaution à prendre, 
c'est de répandre les acides très-doucement et de manière à tou- 


ZOOLOGIE. do7 


cher le vase; car de l'eau simple, versée d'une certaine hau- 
teur, fait paroître la phosphorescence ; et si lon agissoit ainsi 
avec les réactifs, on ne pourroit distinguer ce qui dépend de la 
cause mécanique, de ce qui appartient à leur action chimique, 
laquelle détermine une agitation très-vive parmi ces animalcules 
avant de les faire périr. Ces agens, en altérant leur substance, les 
rendent un peu plus visibles à l'œil nu. 

La phosphorescence de la mer ne se manifeste pas seulement 
entre les tropiques; elle a lieu aussi dans nos parages, et nous 
l'avons remarquée jusque par le soixantième degré de latitude Sud, 
où elle étoit peu intense ïl est vrai. L'eau saumâtre ou presque 
douce n'est pas non plus étrangère aux effets de ce phénomène, 
que nous vimes reproduits avec force dans la rivière de la Plata. 

Quelle en est la cause essentielle! quel est l'organe qui, dans les 
mollusques les plus simples comme dans les plus composés, sert 
à transmettre ces effets à nos regards! Ce sont des questions aux- 
quelles on ne répondra peut-être jamais péremptoirement. Nous 
nous bornerons à faire une remarque à cet égard; c'est qu'en étu- 
diant ces animaux, en en maniant des masses, notre odorat a 
toujours éprouvé la même sensation que produit celle d’une grande 
quantité d'électricité accumulée sur le plateau d’une machine élec- 
trique. 

L'observation par laquelle nous allons terminer ce chapitre, est 
le fait le plus singulier que nous ayons encore vu en ce genre. 

Étant mouillés sur la petite île Rawak, directement placée sous 
l'équateur, nous vimes un soir, sur l'eau, des lignes d'une blan- 
cheur éclatante. En les traversant avec notre canot, nous voulûmes 
en enlever une partie; mais nous ne trouvämes qu'un fluide dont 
la lueur disparut entre nos doigts. Peu de temps après, pendant la 
nuit, et la mer étant calme, on vit près du navire beaucoup de 
ces mêmes zones blanches et fixes. 

En les examinant, nous reconnûmes qu'elles étoient produites 


408 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

par des zoophytes d'une petitesse extrême , et qui avoient en eux 
un principe phosphorescent si subtil et tellement susceptible 
d'expansion, qu'en nageant avec vitesse et en zigzag, ils laissoient 
sur la mer des traïînées éblouissantes, d’abord larges d’un pouce, 
qui alloïent ensuite jusqu'à deux ou troïs par le mouvement des 
ondes. Leur longueur étoit quelquefois de plusieurs brasses. Gé- 
nérateurs de ce fluide, ces animaux l’émettoient à volonté: on 
voyoit tout-à-coup un point lumineux jaïllir de leur surface et 
se développer avec vitesse. Un bocal que nous mîmes à la surface 
de la mer reçut deux de ces animalcules qui rendirent immédiate- 
ment l'eau toute lumineuse. Peu à peu cette lueur diminua, et finit 
par disparoître. Ce fut en vain qu'à la loupe et à la lumière (moyen 
facile de distinguer dans l’eau les mollusques transparens) nous 
fimes des efforts pour apercevoir quelque chose; tout avoit dis- 
paru. Seulement nous pouvons assurer qu'à l’aide de la lueur que 
répandoïent ces animaux, nous discernämes qu'ils étoient excessi- 
vement petits. 

Deux officiers de /’Uranie admirèrent avec nous ce phéno- 
mène, dont nous ne sachons pas qu'on aït parlé. D'autres, obser- 
vateurs plus heureux, pourront peut-être reconnoître l'animal qui 
le produit. 

Nous avons souvent réfléchi à l'étrange faculté dont sont 
doués ces zoophytes microscopiques, et nous l'avons toujours 
trouvée inexplicable , à moins de supposer, pour se rendre raïson 
d'un fait aussi singulier, qu'ils recèlent en eux un des principes de 
la phosphorescence, qu'ils l'émettent à volonté, et que ce principe 
devient seulement visible lorsqu'il se combine avec l'eau de la mer. 

Nous ne disons rien du sentiment des auteurs sur le sujet qui 
nous occupe ; nous ne faisons point de citations; nous ne com- 
battons point les opinions qui tendroient à faire croire que la phos- 
phorescence de la mer est due à d'autres causes qu'à la présence des 
animaux : il seroit en effet absolument oiseux de rappeler des systèmes 


ZOOLOGIE. 409 
que la seule observation devoit renverser; et c'est aussi ce qui a eu 
lieu. Nous n'apportons que des faits, peu nombreux sans doute, mais, 
nous osons le dire, aussi bien observés que nous pouvions le faire 
dans nos doubles fonctions de médecins et de naturalistes, et en 
franchissant avec rapidité des espaces immenses *. 

Nous allons passer à la description des espèces nouvelles que 
nous avons à faire connoître, en ajoutant à certaines d’entre elles 
quelques considérations générales. 


# En allant des îles Mariannes aux îles Sandwich, nous rencontrâmes tres au large, par 
35° de latitude nord, et dans une étendue de plusieurs degrés, une énorme quantité d'œufs 
de mollusques : ils étoient tous de la même espèce, rougeûtres, et formés d’un grand nombre 
de petites cupules alongées, fixées par une de leurs extrémités sur une petite bandelette longue 
d’un pouce et demi à deux pouces, laquelle, dans l’eau, étoit un peu recroquevillée sur elle- 
même ; de sorte que la masse des œufs avoit une forme arrondie. En pressant les cupules, 
il en sortoit beaucoup de petits grains noirs qui, examinés au microscope, étoient autant de 
petites coquilles discoïdes et planorbiques, ayant quelques rapports avec celles du genre atlante 
de M. Lesueur, et que nous avions déjà trouvées dans d’autres parages. Maïs les atlantes sont 
très-rares ; et si les œufs dont nous parlons eussent seulement donné chacun une coquille, 
la mer en eût été couverte. D'ailleurs, les atlantes connus jusqu’à ce jour sont presque 
microscopiques, et les mollusques desquels provenoïent ces œufs devoient être fort gros. 
Les localités et la fraîcheur de la température ne permettent pas de supposer que ce soient 
des nautiles ; d’où il suit que nous ignorons complétement quel est le mollusque dont embryon 
discoïde et aplati couvre ainsi ces parages. 


Voyage de l'Uranie. — Toolosie. S2 


410 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XL 


Description des Mollusques. 


SES SISISSIESS SSI SSI SI SISIESIISISSITIIIS SISIS STIST SSI FSIIS SSI SIIS SSIT IS IS ISIISIISE 


GENRE CALMAR. — Zozrco. Lamk. 


CALMAR A CROCHETS. — Lorico UNCINATA. N. 


PLANCHE 66, fig. 7. 


Lolo, corpore Brevi, nigricante; alis subrubris ; tentaculis subcæruleis, 
duobus majoribus uncinatis, cucurbitulä destitutis. 


CE calmar a été pris dans la mer qui avoisine la terre d'En- 
dracht ; il est représenté de grandeur naturelle, et a sept pouces 
de longueur. Son corps, oblong, a peu d'étendue, et les aïles qui le 
terminent forment un losange transversal. Elles sont rougeâtres, 
tandis que le haut du corps est d'un bleu noir avec quelques taches 
blanchâtres. Une arête longitudinale règne sur la ligne médiane. 
Les yeux sont saïllans. 

Les dix tentacules ont une couleur bleue piquée de noir ; huit, 


ZOOLOGIE. dit 


garnis de ventouses, ont une médiocre étendue, tandis que ceux 
qui dépassent ordinairement les autres , sont très-longs dans cette 
espèce, et seulement munis de crochets acérés à la partie interne. 
Ce caractère a paru suffisant à M. Lesueur pour former le genre 
onychia, et notre individu a les plus grands rapports avec son onychia 
angulata, si toutefois ce n’est pas la même espèce. Voyez le Journal de 
l’Académie des sciences naturelles de Philadelphie, septembre 1822, 
planches 1, 2 et 3. ; 

Cette famille des sèches est plus commune qu'on ne pense dans 
les mers; c'est la principale nourriture des oïseaux grands voiliers. 
Les albatros et les pétrels que nous avons tués, en avoient presque 
toujours des lambeaux dans leur estomac. En effet, fæ chair de ces 
animaux est très-nutritive, et ne ressemble en rien, si ce n'est par 
la couleur, à celle de quelques autres mollusques et zoophytes 
pélagiens dont les oïseaux ne paroïissent pas se soucier; car nous 
les avons constamment vus paroître affamés au milieu de myriades 
de biphores, de méduses, de vélelles, de physalies, de por- 
pites, &c. 

Dans l'Océan atlantique, près de l'équateur, par un temps calme, 
nous recueillimes les débris d'un énorme calmar; ce que les 
oïseaux et les squales en avoient laissé, pouvoit encore peser 
cent livres, et ce n'étoit qu'une moitié longitudinale entièrement 
privée de ses tentacules; de sorte qu'on peut, sans exagérer, 
porter à deux cents livres la masse entière de cet animal. Quelles 
devoient être la grandeur et la puissance de ses bras! A présent, 
si lon veut transporter idéalement une dimension aussi considé- 
rable à un poulpe, dont les tentacules sont excessivement plus 
longs, on concevra sans peine qu'un de ces effroyables mollusques 
puisse facilement enlever un homme d'un assez grand canot, 
mais non d'un navire de moyen tonnage, et encore moins 
faire incliner ce navire et le mettre en péril, comme on a voulu 
le faire croire. Péron a vu aussi un calmar gigantesque dans les 

s2* 


412 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

parages voisins de l'ile Van-Diémen. Quelques-uns des viscères du 
nôtre sont déposés dans les galeries d'anatomie comparée du 
Muséum. Nous avons parlé, dans notre chapitre sur les Cétacés, 
de la singuliere habitude qu'ont les dauphins de nos mers de ne 
manger que la tête des sèches. 


ZOOLOGIE. 413 


C2 


GENRE CLIODITE. — Czr0DITA. N. 


Corps oblong, membraneux , turbiné, rétractile, surmonté d'une tête 
saillante sans tentacules apparens, portée sur un cou gros et assez long, 
offrant deux petits points noirs, qui sont probablement des yeux. Deux 
nageoires subtriangulaires , insérées de chaque côté du cou *. 


CLIODITE CADUCÉE. — Cropira capuceus. N. 


PLANCHE 66, fig. 1. 


Cliodita carnosa, nigricans; als subtriangularibus, claris, procum- 
bentibus, cucullo ligatis ; extremitate inferiore rotundä. 


LES particularités que présente ce nouveau ptéropode sont, une 
tête obtuse, alongée, avec un léger enfoncement au milieu, et deux 
points noirs, un de chaque côté, qui sont probablement des yeux. 
Au-dessous de la tête se voit une sorte de capuchon d’où partent 
les deux nageoires, subtriangulaires , inclinées en forme de caducée. 
Elles sont translucides, revêtues d'un réseau à mailles quadrilatères. 
Plus bas est un cou, gros, alongé, rétréci inférieurement à l'endroit 
où il s'insère au corps proprement dit, lequel est plus volumineux 
et arrondi par le bas. 

La couleur de ce mollusque est noirätre. I] se meut avec beau- 
coup de rapidité à l'aide de ses deux nageoires, qu'il tient un peu 


* Ces mollusques ont avec les clios de très-grands rapports; mais, comme ils s’en éloiïgnent 
éussi sous d’autres, nous avons cru devoir en former un genre particulier. 


414 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


plus relevées qu'elles ne le sont dans le dessin. Dans le repos, elles 
sont tout-à-fait abattues le long du cou. 


CLIODITE EN FUSEAU. — CriopirA FUSsIFORMIS. NN. 


PLANCHE 66, fig. 2 et 3. 


Cliodita fusiformis , carnosa, nigricans ; als subtriangularibus, claris, 
extensis; extremitate inferiore acuté. 


CETTE cliodite a, comme la précédente, une tête obtuse, avec 
deux points noirs ; mais elle manque de capuchon, et les nageoires 
partent immédiatement du cou, qui est aussi moins long et moins 
gros : elles sont presque triangulaires , translucides, réticulées, 
étendues de manière à former un angle droit avec le corps, qui 
est gros, conique et terminé en pointe par le bas. 

Ayant aussi pris ce mollusque vivant , nous pûmes, après l'avoir 
placé dans un vase, observer la rapidité des mouvemens qu'il se 
donne à laide de ses nageoires. Dans le repos, il tomboït au fond 
de l'eau, et s'élevoit dès qu'on l'excitoit. Un peu avant de mourir, 
il plia ses petites nageoires et se retira en lui-même, comme il est 
représenté | figure 3 ). 

Ces deux espèces ont été recueillies dans l'hémisphère austral, plus 
près du Cap de Bonne-Espérance que de lHe-de-France, où nous 
allions, et dessinées par M. Arago. Les détails et la symétrie de 
ces animaux ne sont peut-être pas assez bien exprimés ; mais pris 
dans une mer assez agitée, et ayant par eux-mêmes des mouvemens 
très-rapides , il étoit difficile de mieux faire. 


ZOOLOGIE. 415 


GENRE CLÉODORE. — CzEopor4. Péron. 


CLÉODORE OBTUSE. — CLeopora oBtusA. N. 


PLANCHE 66, fig. 5. 


Cleodora, testà cylindricä, hyalinä , extremitate obtusä; als elongatis, 
apice rotundis. 


CE ptéropode a été pris dans la traversée de Bourbon à la 
Nouvelle-Hollande, par 31° de latitude Sud, la température de 
la mer étant à 17° centigrades. 

Sa coquille, cylindrique, est transparente comme le verre le plus 
pur, et aussi fragile. Les deux petites nageoires en forme d'aïles 
qui débordent le têt à volonté, sont blanches; elles conduisent 
l'animal, qui a la propriété de se rendre plus léger en dégageant 
de son intérieur une bulle d'air : maïs alors il culbute, ses na- 
geoires deviennent inférieures à la coquille, et il nage dans cette 
position. 

Divers organes se dessinent au travers de son enveloppe vitrée: 
les plus saïllans, d'un brun foncé, paroïssent être ceux de la di- 
gestion. 

Ce sont probablement aussi de nouvelles espèces de cléodores 
dont nous avons fréquemment rencontré des débris dans notre 
filet à mollusques. Le têt en étoit transparent, du diamètre d’une 
grosse aiguille à coudre, de la longueur d’un demi pouce, exces- 
sivement aigu à la pointe et recourbé comme une dentale. Ces 
enveloppes, toujours altérées à cause de leur grande délicatesse, 
offroïent cependant, à leur unique ouverture, des restes informes 
des animaux qui les habitoient. 


416 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE TRIPTÈRE. — TRrIPTERA. N. 


Corps oblong, charnu, contractile, à extrémité inférieure arrondie, la 
supérieure présentant une ouverture large, dentelée sur ses bords, munie 
de deux petites nageoires latérales insérées en dedans du limbe, et 
surmontées d'un voile membraneux de même forme et de même grandeur 


qu'elles. Point d'apparence de tête nt d'yeux. 


TRIPTÈRE ROSE. — TRIPTERA ROSEA. N. 


PLANCHE 66, fig. 6. 


Triptera oblongula, rosea; extremitate obtusä ; orificio crenato ; alis 
subrotundis. | 


Nous établissons le genre triptère d’après ce singulier ptéropode, 
trouvé sur les côtes de la Nouvelle-Hollande, près du Port-Jackson. 

Il étoit vivant, engagé dans les longs tentacules de la belle méduse 
rose de la planche &$, figure 1. Sa longueur est d'un demi-pouce; 
son corps est charnu , terminé en cu-de-sac arrondi, avec des fibres 
transversales, plus apparentes quand l'animal se contracte. L’ou- 
verture unique est denticulée, et présente à son milieu un petit 
voile mobile, de chaque côté duquel sont deux nageoires arron- 
dies, translucides et d’une couleur rosée moins foncée que le reste 
du corps; elles s'inserent un peu en dedans du limbe et se meuvent 
avec beaucoup de rapidité ; dans le repos, elles se resserrent sur 
elles-mêmes et ferment l'ouverture, au fond de laquelle se trouve 
l'ensemble des viscères. 

Ce petit mollusque a été perdu avant que nous eussions pu exa- 
miner son organisation avec détail ; mais le dessin rend parfaite- 
ment ses formes extérieures. 


ZOOLOGIE. 10] 417 


GENRE POLYCÈRE. — Pozycer4. Cuv. 


POLYCÈRE DU CAP. — PorycerA carensis. N. 


PLANCHE 66, fig. 4. 


Polycera , corpore oblongo , posticè caudà instructo ; Uneä nigrä 
lateribus ; tentaculis duobus submigris, sex minimis luteis. 


CE mollusque, long d'environ un pouce et demi, habite le Cap 
de Bonne-Espérance. Nous l'avons trouvé sur le grand fucus buc- 
cinalis, que la mer détache des rochers et que les courans entraînent 
au loin. 

Son corps est oblong, blanchâtre , à pied légèrement frangé ; sa 
tête est surmontée de deux tentacules noïrâtres, au bas desquels en 
sont six autres beaucoup plus petits, d’un jaune orangé. Parmi les 
franges des branchies, situées sur le dos, ïil s'en trouve une de cette 
même couleur. La partie postérieure de l’animal se termine en 
une queue assez alongée, bordée en haut d'une ligne jaune; tandis 
que sur les côtés du corps on en remarque une très-noire. Un 
peu plus en avant se trouve, au côté droit, l'ouverture des organes 
de la génération. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. S 3 


418 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE SCYLLÉE. — Scyzzxa. Linn. 


SCYLLÉE FAUVE. — Scy1iÆA FuLvA. N. 


PLANCHE 66, fig. 13. 


Scyllæa, corpore oblongo, fulvo, infrà canaliculato ; alis quaternis fim- 
Briatis; tentaculis apice dilatatis. 


IL appartient à M. Cuvier, non-seulement de donner l'anatomie 
de ce mollusque , maïs encore de le faire revivre, pour ainsi dire, 
et de lui fixer sa vraie place ; car depuis Osbeck et Forskal, qui 
les premiers en avoiïent parlé, Linnæus, malgré toute sa sagacité à 
le reconnoître dans la figure informe de Séba, et Niebuhr, en 
avoient laissé des idées si peu exactes, que quelques auteurs mo- 
dernes s'étoient, jusquà ce jour, abstenus d'en faire un genre à 
part, quoique Forskal en eût donné une assez bonne figure. 

Notre scyllée, qui a quelque ressemblance avec celle du natu- 
raliste suédois, a été prise sur des fucus, sous l'équateur, dans les 
environs de la Nouvelle-Guinée. Elle a un pouce et demi de.lon- 
gueur; sa couleur est fauve. Elle a cela de remarquable, que ses 
branchies, très-nombreuses et déliées, n'occupent que les extrémités 
de ses nageoires, et qu'il ne s'en trouve point sur le reste du corps. 
L'animal a été dessiné dans l'eau, vu par le dos et ses aïles ra- 
battues de chaque côté. 


ZOOLOGIE. 419 


GENRE PHYLLIDIE. — ParzziprA. Cuv. 


PHYLLIDIE TROIS LIGNES.  PHyLriDIA TRILINEATA. 


Cuv. Annales du Muséum, tom. $, pag. 266, pl. 18, fig. 1 et d. 
PHYLLIDIÀ VARICOSA. Lamk, Anim, sans vert.v. 6. 1." partie, p. 315. 


PLANCHE 87, fig. 7, 8, o et 10. 


Phyllidia, corpore ovato-elongato; dorso convexo miericante, varicibus 
longitudinalibus subnodosis luteis ternis ; lineä nigrä longitudinal subtis. 


Nous donnons une figure coloriée de ce mollusque gastéro- 
pode, dont M. Cuvier a le premier fait connoître l'organisation : 
et nous empruntons à ce savant les caractères qui servent à dis- 
tinguer ce genre peu nombreux en espèces. « Le corps des phyl- 
» Jidies est un ovale alongé ; le bouclier coriace qui en forme toute 
» la partie supérieure est légèrement bombé, et déborde le pied 
» de toutes parts. Celui-ci est plus étroit à sa partie supérieure qu'à 
» celle par laquelle il pose sur le sol; et c'est dans le canal ovale 
» qui règne tout autour entre lui et le manteau, que sont les feuil- 
» lets minces, transverses et serrés les uns contre les autres, qui 
» constituent l'organe de la respiration. 

» Ce cordon de feuillets branchiaux est interrompu en avant, 
à l'endroit de la bouche, où l'on remarque deux petits tentacules 
» coniques, et au côté droit, vers le quart antérieur, par un tu- 
» bercule saïllant, percé de deux trous, et qui sert d'orifice aux 
organes de la génération. A la superficie du manteau, ou du 
» bouclier coriace, on remarque trois trous : deux pairs en avant 
» pour recevoir les tentacules supérieurs, car la phyllidie en a quatre 
» comme les doris; le troisième en arrière est l'anus, placé par 


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53 


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420 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


» conséquent aussi comme dans les doris, maïs non entouré comme 
» elles par un cercle de branchies. 

» Dans l'espèce trilineata, les verrues du milieu sont alongées 
» et forment trois lignes presque continues qui règnent tout le long 
» du dos. Celles des bords sont transversales et coupent ces bords 
» perpendiculairement de toutes parts. Toutes ces verrues sont 
» jaunes sur un fond noir. 

Notre individu, que nous avons rapporté de l'ile Timor, pré- 
sente quelques légères différences qui, à la rigueur, pourroient 
constituer une variété. [| est moins grand que celui qu'a représenté 
M. Cuvier; les tubercules de la ligne du milieu sont les seuls qui 
se touchent presque. Ceux des deux autres rangées latérales sont 
bien séparés les uns des autres; et ceux qui avoisinent le bord du 
bouclier, au lieu d'être transversalement placés, ont leur plus grand 
diamètre dirigé en avant, maïs sans affecter des lignes droites. 

Du reste, ces espèces de varices sont élevées, et d'un beau jaune 
sur un fond noir, ce qui donne à ce mollusque une couleur écla- 
tante. Les branchies sont noires, et le pied blanchâtre, avec une 
raie noirâtre dans le milieu de sa longueur. 

Cette phyllidie ayant été racornie par l'esprit de vin, est repré- 
sentée de grandeur un peu moindre que la naturelle. 


‘ZOOLOGIE. 421 


GENRE APLYSIE. — Apzysr4a. Linn. 


APLYSIE LONGUE QUEUE. — Aprysia LONGICAUDS. N. 


PLANCHE 66, fig. 8. 


Aplysia viridis; punctis suprà cæruleo-rubris ; caudä longissima, 


acutä. 


CETTE élégante aplysie pélagienne a été prise sur des fucus, 
sous l'équateur, dans les parages de la Nouvelle-Guinée. Elle aura 
suivi la plante sur laquelle elle étoit lorsque les flots la détachèrent ; 
car il n'est pas dans la nature de ce gastéropode de quitter les ri- 
vages pour la haute mer. 

Son cou est assez alongé; ses tentacules sont pointus, son corps 
ovalaire , l'ouverture de ses branchies peu élargie, sa queue exces- 
sivement longue, et sa couleur générale d'un joli vert parsemé 
de points rouges entourés d'un cercle bleu de ciel, et çà et là de 
quelques autres taches blanches et bleues. 

Quoïque cet animal aït été dessiné sur le vivant, il se trouve 
cependant que certains détails ne sont pas assez bien marqués, 
comme d'avoir le pied plus relevé sur le dos ; cela tient à ce 
que, dans l'instant où ïil a été esquissé, il embrassoit un fucus 
et ne pouvoit pas présenter ce caractère aussi saillant que lorsqu'il 
rampe sur une surface plane. 

Nous avons trouvé des aplysies à Ile-de-France, aux Sandwich, 
à la baie des Chiens-Marins. I y en a beaucoup dans la rade de Rio 
de Janeiro, sur-tout au bas du couvent des Capucins, près l'anse 
de la Gloria, où elles parcourent les rochers à marée basse, et 
par conséquent respirent l'air en nature. Nous insistons sur cette 


422 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


remarque, parce qu'on a cru qu'elles n'étoient pas susceptibles de 
sortir de l'eau. 

Le même pays nous en a offert une espèce tout-à-fait nouvelle 
qui a été perdue avant qu'on eût pu la dessiner. 


Nous dirons un mot du genre dolabelle, qui vient immédia- 
tement après celui-ci, et que nous avons rencontré à l'He-de-France, 
aux îles des Papous, sur les grèves de la petite île Rawak, et 
nous croyons aussi à Timor. Maïs c'est aux Mariannes que nous 
avons vu la plus belle, et probablement la plus grande des espèces. 
Elle avoit au moins dix pouces de longueur, et réfléchissoit une 
superbe couleur verte. Comme l'a supposé M. Cuvier par analogie 
avec les aplysies, cet animal laïsse transsuder de la partie supérieure 
de son corps une matière colorante qui, dans le nôtre, teïgnit en 
violet une grande quantité d'eau dans laquelle nous voulions 
le conserver, et qu'à cet effet nous renouvelions souvent. Ce fut 
en vain, l'eau ayant manqué, la chaleur en détermina la putréfaction 
avant que nous eussions pu en avoir un dessin. 


ZOOLOGIE. 423 


GENRE BULLÉE. — Buzzæ4. Lamk. 


BULLÉE FÉRUSSAC. — BuLLÆA GUAMENSIS.eN. 


PLANCHE 66, fig. 10, 11 €t 12. 


Bullæa, corpore variegato, ovato-oblongo, plantusculo, supernè lobato ; 
capite duabus appendicibus planis distincto. 
T'esta ovata, pellucida, plurimis Uneis migris undulatrs longitrorsum , 


et tribus transverse sulcata. 


LE mollusque que nous donnons ici comme une bullée, en diffère’ 
sous certains rapports, et seroit susceptible de former une section 
dans ce genre, caractérisée par le plus grand développement du 
disque tentaculaire, lequel recouvre une partie de la coquille et 
s'épanouït en avant sous forme de tentacules, et par deux petits 
lobes aplatis placés de chaque côté du corps. 

Cet animal est ovale, assez déprimé. Le manteau qui tapisse la 
coquille a les bords peu épais; il se prolonge par derrière en une 
sorte d'appendice festonné placé au-dessus du pied: entre ce 
dernier est la masse viscérale. Le pied est assez épais, également 
ovale en avant comme en arrière, bien distinct et non düilaté sur 
ses CÔtÉs. 

La tête est considérable, épaisse, recouverte par une sorte de 
bouclier dermoïde qui s'élargit en arrière en deux grands lobes 
contractiles, susceptibles de cacher la partie antérieurede la coquille, 
et forme par-devant deux auricules subtentaculaires et aplaties. 
Nous n'avons pu apercevoir d'yeux; peut-être est-ce à cause de leur 
petitesse. La bouche, placée à l'extrémité d'une sorte de trompe 


424 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


labiale, est armée de chaque côté de trois ou quatre aïguïllons 
portés sur autant de tubercules. L’estomac ne contient point de 
plaques osseuses. 

La cavité de la respiration, de grandeur médiocre, n'a qu'une 
seule branchie oblique, dont l'extrémité, dirigée vers le côté droit, 
est flottanite ; en arrière on aperçoit l'anus , qui est sessile. 

L'orifice de l'oviduc est au côté droit sous un appendice palmé, 
pédiculé, placé au devant de l'extrémité de la branchie. Le côté 
gauche a aussi un semblable appendice, maïs non palmé. Le trou 
par où sort l'appareil mâle est en avant de l'auricule droite. 

La longueur de ce mollusque, prise pendant toute son extension 
lorsqu'il rampoit, est de treize lignes. Sa couleur est d'un blanc 
bordé de bleu tendre nuancé de jaune et parsemé de petites taches 
plus blanches groupées deux à deux. 

La coquille occupe à-peu-près le milieu de l'animal; on n'en 
voit qu'une partie lorsqu'il est en mouvement. Elle est recouverte 
d'un épiderme mince, évasée, et plus large par devant que par 
derrière ; la spire, obtuse, rentrée, décrit un peu plus de deux 
tours. Le fond est blanc, translucide, parcouru d’abord par trois 
lignes déliées, nettes, noires, un peu obliquement transversales et 
également écartées; puis par environ dix autres de la même couleur, 
longitudinales, fortement et irrégulièrement ondulées, coupant les 
premières à angle droit. Elle paroît être évidemment la même que 
la coquille représentée par Lister (r4b. 715, fig. 74), à que Mar- 
tini a copiée; mais ce n'est pas la Oulla undata de Bruguières. Sa 
longueur est de cinq lignes et sa largeur de trois. Elle a été déposée 
parmi les bulles du Muséum , et l'animal dans les galeries d'anatomie 
comparée. 

Nous avons trouvé ce mollusque devant A gagna, sur l’île Guam. 
I se tient ordinairement dans l’eau ; cependant à mer basse il rampe 
à l'air libre sans en paroître incommodé, ce que ne font pas les 
bulles, qui alors sont toujours contractées sur elles-mêmes et reti- 


ZOOLOGIE. 425 
rées sous leur coquille. La figure n.° 10 a été faite par M. Taunay 
sur l'animal vivant et pendant qu'il marchoït sur une fenêtre où 
nous l'avions placé. Celle du n° 12, qui le montre vu du côté 
droit, est due à M. de Blainville, aïnsi que les particularités anato- 
miques que nous venons d'indiquer. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 


426 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Sous-GENRE LIMACE. — Zim4x, Lamk. 


LIMACE GRANDE DENT. — Limax MEGALODONTES. N. 
Limax, corpore luteo nigris maculs variegato ; maxillä latà , in medio 


acuta. 


OUTRE ses hélicarions, la Nouvelle-Galles du Sud a encore des 
limaces proprement dites. Elles y sont en petit nombre, il est vraï, 
vu la sécheresse de cette contrée pendant une partie de l'année. 

M. de Blaïnville, qui a éxaminé cette espèce et la suivante, les 
range toutes deux dans le groupe des limaces grises. Elle est fort 
petite; son corps, étroit, alongé, est à peine caréné en arrière. Le 
pied, partagé en trois bandes longitudinales, n'est séparé du corps 
que par un léger sillon; libre en devant, il se prolonge au-dessous de 
la tête plus que dans les autres limaces. Le manteau, assez étendu, 
est ovale, et susceptible sans doute de recouvrir la tête. L'ouver- 
ture de la cavité pulmonaire est à l'extrémité d'une sorte de T 
que forme l'incisure du bord du manteau. Cette disposition est 
très-différente de ce qu'elle est dans l'espèce qui suit. L'alcool 
ayant racorni les tentacules, il est difficile de s’en faire une idée. 
La dent labiale est très-forte, épaisse, large, et son bord, tran- 
chant, est armé, dans son milieu, d'une pointe très-prononcée. 

La peau du dos est légèrement squammeuse par la disposition 
irrégulière des tubercules qui la recouvrent. La couleur de cet 
individu est d'un blanc jaunätre parsemé de taches noires. On re- 
marque des taches plus claires sur le bouclier. Sa longueur est d'un 
pouce huit lignes. 

H provient des environs du Port-Jackson. 


ZOOLOGIE. 4 


1 
1 


LIMACE NÈGRE — Limax maurus. N. 


Limax minimus; corpore nigro, anticè tumescente , posticè acuminato , 
siprà cartnato.e 


LE corps de cette espèce est plus court, plus renflé par devant, 
et caréné dans sa partie postérieure et supérieure. Le pied, partagé 
inférieurement en trois bandes longitudinales, n’est séparé du corps 
que par un sillon encore moins profond que celui de la limace 
précédente; il ne présente pas d'avance antérieure séparée de la tête. 
Le bouclier estaussi plus petit, subcirculaire et moïns avancé sur 
le cou. L'ouverture de la cavité pulmonaire, très-reculée, est un 
petit trou rond tout-à-fait distinct de fincisure oblique du bord 
du manteau, et de laquelle part un sillon oblique qui semble cir- 
conscrire la place de la coquille. La dent labiale est étroite et peu 
arquée. L'organe excitateur mâle est court, assez gros, en forme 
d'auricule. 

La peau de ce mollusque présente, sur les côtés, des lignes 
obliques dirigées d’arrière en avant, à-peu-près comme dans l'héli- 
carion; sa couleur, noire en-dessus, est d'un brun foncé en-dessous. 
Sa longueur est d'environ dix lignes. 

I habite les mêmes lieux que le précédent. 


54" 


428 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE ONCHIDIE. — Oncaipium. Buchanan. 


ONCHIDIE APLATIE. — OxcHipium PLANÆTUM. N. 


Onchidium, corpore ovato, plano, virescente ; dorso verruculs rotundes 
cooperto. 


CETTE espèce, comme son nom findique, est tres-aplatie. Le 
manteau qui déborde le pied est parfaitement ovalaire et couvert 
en-dessus d'une grande quantité de petites verrues arrondies et 
sessiles. La couleur de l'animal est d'un vert glauque un peu sale. 

Nous en trouvàmes plusieurs individus à Guam, dans les petites 
criques que la mer laisse à découvert en se retirant. Is étoïent un 
peu contractés sous l'eau et immobiles, lorsque nous les primes, de 
sorte que nous n'avons pas pu nous assurer si, comme le pense 
M. Cuvier d'après l'examen de l'organe de la respiration assez 
semblable à celui de la limace, ils viennent à la surface de l'eau 
respirer l'air en nature. 

La longueur de cette onchidie est de deux House sa largeur 
de dix-neuf lignes. Elle a quelques rapports avec l'orchidium peront, 
dont elle diffère par sa taille plus petite, sa couleur, la forme et 
la disposition de ses verrues. 

M. de Blainville a remarqué, dans cette espèce, des yeux excessi- 
vement petits placés à la partie supérieure des tentacules. 


ZOOLOGIE. 429 


ONCHIDIE DE VAIGIOU. — ONCHIDIUM VAIGIENSE. N. 


Onchidium parvum , subglobosum ; dorso elevato, rotundo, levi, 
naculs nigris notato. 


CETTE petite espèce est remarquable par sa forme presque glo- 
buleuse, par son dos élevé, lisse, ainsi que toutes les autres parties 
du corps, et marqué de quelques taches noïres irrégulières sur un 
fond blanchâtre. 

Cette onchïdie, déposée, ainsi que la précédente, au Muséum de 
Paris, habite les îles Vaigiou et Rawak. Sa longueur est de six à 
huit lignes. 

La baie des Chiens-Marins nous avoit fourni une nouvelle 
espèce de ce genre, que nous avons perdue. Elle étoit longue d'un 
pouce et demi, d'un noir velouté intense, avec de petites bosse- 
lures sur le dos. Comme elle rampoït sous l'eau par une petite 
profondeur, nous avons pu voir que ses tentacules étoient très- 
alongés. 


ONCHIDIE COUPÉE. — Oncniprum sECATUM. N. 


PLANCHE 66, fig. 9. 


Corpore elongato, ovato, nigricante, insuper transversè quast bipartito, 
margine cœruleo ; duabus appendicibus extremitate. 


LE mollusque que nous rangeons ici parmi les onchidies, n'en 
est probablement pas une; maïs l'ayant perdu peu d’instans après 
qu'il fut dessiné, et avant d’avoir pu indiquer les caractères sus- 
ceptibles de le faire distinguer des onchidies, avec lesquelles il a 


430 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


des rapports, nous le laissons sous ce nom jusqu'à ce qu'on soit à 
portée de l’observer de nouveau. 

C'est dans l'ile Guam, en parcourant les bords de la mer avec 
M. Pellion , que nous trouvâmes ce mollusque, dans un lieu où il y 
avoit peu d’eau. Ses couleurs, quoique sombres, étoïent d’un velouté 
si pur, que notre compagnon désespéra de les rendre, malgré son 
habileté dans l'art du dessin. 

Cet animal a deux pouces de longueur; son corps est ovalaire, 
assez alongé, presque aplati, présentant en-dessus, vers les deux 
tiers postérieurs, une large raïnure qui le fait paroîftre comme coupé 
en deux. Le manteau déborde le pied tout autour. À une des ex- 
trémités, on voit deux tentacules, ou plutôt deux renflemens, dépas- 
sant à peine le manteau, lesquels sont ornés dans leur contour, 
ainsi que ce dernier, d'un beau vert d'émeraude. La couleur du 
corps est bleu foncé avec des reflets verts. 

L'ayant examiné dans l'eau pendant assez long-temps, nousavons 
positivement remarqué que, lorsqu'il rampoit, la partie qui se pré- 
sentoit la première étoit celle qui, toute unie et lisse, se trouvoit 
opposée à des appendices postérieurs qu'on pourroït prendre pour 
des tentacules, maïs qui n’en sont pas. 

Ce mollusque est rare aux Mariannes, car nous ne l'avons ren- 
contré que cette seule fois. 


ZOOLOGIE. 431 


GENRE PORCELAINE. — CyPRrÆ4. Linn. 


PORCELAINE GÉSIER — CYPRÆA VENTRICULUS. 
Lamk. Annales du Muséum, tome 15, page 452. 


PLANCHE 72, flg. 6. et 7. 


Cypræa ovato-ventricosa, castanea, subtùs albida; maculä dorsal 
albä lanceolatä ; lateribus cinereo-lividis , transversim lineatis. 


Nous ne pouvons mieux faire que d'emprunter à M. de La- 
marck la description’qu'il a donnée le premier de cette porcelaine, 
qui na point encore été figurée. 

» Cette espèce est voisine, par ses rapports, de la porcelaine saiï- 
» gnante et de la livide, maïs elle en est bien distinguée par ses 
» caractères. C'est une coquille ovale, bombée sans être bossue, 
> épaisse , pesante et qui a deux pouces et demi de longueur. Elle 


4 


» ressemble en quelque sorte à un estomac d'oiseau. Son dos, d’un 
» brun marron, présente dans le milieu une tache lancéolée blanche 
> et longitudinale; ses côtés sont d’un gris livide et finement rayés 
» en travers. Le déssous et les dents de l'ouverture sont blan- 


Y 


» châtres. » 

Elle habite la Nouvelle-Hollande. 

Celles que nous avons rapportées proviennent de Guam. Elles 
présentent quelques légères différences entre elles dans la tache 
lancéolée de la partie supérieure, laquelle est, ou plus claire, ou 
plus ou moins large, et traversée par trois ou quatre petites ban- 
delettes d’un roux clair. Ce dernier caractère existe dans toutes 
ces coquilles. La porcelaine gésier est rare dans le commerce et 
se vend ordinairement cent francs. 


432 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE OLIVE. — Oziv4. Brug. 


OLIVE LACERTINE. — OLIvA LACERTINA. 


PLANCHE 72, lie 4NeLNS. 


Olva cylindracea, fusco-ianthina, punctis albidis triangularibus et vittä 
transversah fuscà ornata. 


M. Dufresne, chef des laboratoires de zoologie du Muséum, a 
donné ce nom à une espèce envoyée de Manille par M. Perrotet, 
et que nous avons trouvée aux Mariannes et peut-être aussi à Timor. 

Cette coquille est cylindracée, légèrement ventrue; la spire en 
paroît assez courte, car, par une singulière fatalité, les exemplaires 
que nous avons rapportés, de même que celui du Muséum, étoient 
roulés et avoïent perdu le sommet de leur spire. 

Le fond de la couleur de l’olive lacertine est un brun violacé, 
tacheté de petits triangles blanchätres, qui paroïssent imbriqués 
comme les écailles d’un lézard ; leur direction a lieu de la colu- 
melle vers le bord droit. La partie postérieure de cette coquille 
est enveloppée d'une large bande brune transversale; une autre 
bandelette, plus foncée maïs moins large, traverse le dos un peu 
obliquement. L'ouverture est blanche dans ses deux tiers antérieurs; 
en arrière elle présente les mêmes bigarrures qu'on voit en dessus, 
seulement un peu moins foncées. 

Longueur, treïze lignes; largeur, sept lignes. 

La couleur des olives est tellement sujette à varier selon l'âge et 
certains accidens, le frottement par exemple, qu'il seroit possible 
que la lacertine fût la même que la tricolore, dépouillée de sa 
première couche verdâtre. 


ZOOLOGIE. 433 


GENRE ERIDON TREND 


TRITON AUSTRAL. -— TRITON AUSTRALIS. 


Lamk. Anim. sans vert, tome 7, page. 170. 
MUREX TRITONIUM AUSTRALE. Chemnitz, conch. 11, tab. 194, 
fig. 1867 et 1868. 


PLANCHE 72, fig. 1, 2 et 3. 


Triton, testä ovato-conicä, tubiformi , infernè ventricosä , transversim 
cingulatä et striatä, strits longitudinalibus tenuissimis decussatä, albo et 
roseo-violacescente nebulosä, maculis rufescentibus pictä ; anfractibus dorso 
bisertatinr tuberculatis ; columellä superne uniplicatä , medio lævigatä, 
basi rugosä. ; 

CETTE description. appartient à un individu de près de huit 
pouces de longueur, de la collection de M. de Lamarck. Le nôtre, 
qui n'en a que deux et demi, est une variété ou. un jeune âge que 
nous caractériserons ainsi: Zestà rubrà ; strigis transversalibus fusco 
punctatis ; columellä denticulatä. 

Ce triton est d'un joli rouge, ventru au milieu , terminé en 
pointe assez brusquement et également en avant et en arrière. 
Les deux ou trois rangées de tubercules des premiers tours de la 
spire, sont peu saïllantes, obtuses. Deux autres rangées qui occupent 
le dernier tour sont également obtuses, rapprochées, mais plus 
développées. Le canal est plus alongé. L'ouverture est ovalaire, 
blanche, offrant à son angle postérieur une dént transversale d'une 
grande blancheur. La columelle est chargée de plusieurs plis. 

Le corps en dessus est par-tout strié transversalement de lignes 


fines, coupées en long par d’autres à peine perceptibles. Plusieurs 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. S $ 


434 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


lignes de points bruns suivent les stries transversales du dernier tour 
de la spire. D'autres maculatures se voient à la base des plus gros 
_bourrelets , au dedans et au dehors de la lèvre droite et sur le 
bord gauche de l'ouverture. 

Cet individu, que nous avons recueïlli au Port-Jackson, est 
placé dans les galeries du Muséum à la suite de deux autres plus 
grands du double et qui paroiïssent venir du même lieu. La cou- 
leur de l’un est rosée, avec des taches longitudinales rousses; celle 
de l'autré&test grisâtre, avec une légère teinte de violet et des 
maculatures brunes. 


ZOOLOGIE. 435 


) 


GENRE BUCCIN. — Buccinum. Lamk. 


BUCCIN LISSE. — BuccINUM LÆVISSIMUM. 


Gmelin. Dyllwyn. Lamk. Anim. sans vert. tom. 7, p.265. 
BUCCINUM FLAMMEUM. Bruguières. 
BUCCINUM LÆVIGATUM. Chemnitz. Martini. 


PLANCHE 72, fig. 8 et 0. 


Testä ovato-oblongä, lœvissimä, nitidä, luteo-fubà et cærulescente ; 
anfractibus convexiusculis ; spirä Breviusculà, obtusiusculà ; apertur 
lævi; labro arcuato, infernè repando. 


C'EST moins pour faire connoître la coquille de ce buccin, 
décrite par plusieurs äuteurs, que nous en donnons une figure, 
que pour montrer son animal, qui étoit resté Inconnu jusqu'à ce 
Jour. 

L'animal du buccin lisse, dessiné d'après nature par M. Gau- 
dichaud, est blanchätre ; son pied est large, arrondi, débordant 
de beaucoup la coquille, découpé en cœur en devant et terminé 
en arrière par deux petites pointes rapprochées. 

Sa tête est quadrilatere, alongée; de chaque côté de son bord 
antérieur partent deux tentacules coniques, portant les yeux à leur 
base , et du milieu , une trompe cylindrique très-longue. Le tube 
que le manteau forme pour la respiration, et qui passe par l'échan- 
crure de la lèvre gauche, est très-développé et retourné en 
arrière. 

L’opercule, placé au bord droit de la coquille , est très-petit et 
corné. 

Ces buccins sont très-communs dans la baïe de la Table au Cap 


So 


436 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

de Bonne-Espérance. Ils se tiennent ordinairement au fond de 
l'eau; et pour en obtenir un grand nombre, ïl sufht de couler 
jusqu'à l'endroit où ils sont, un filet garni de morceaux de chair 
crue, sur lesquels ces animaux voraces ne tardent pas à s'attacher. 


ZOOLOGIE. 437 


2 


DESCRIPTION ANATOMIQUE DE QUELQUES MOLLUSQUES 
MARINS:. 


SSSSSLLSS SSSSSSISSISSISISISSISISISISISIISISESIIISISIIS LILI L ISIIS SSI OSISIISSISISISISISISISIS 


GENRE CONE. — Conus. Linn. 


CONE DE BANDA. — CoNUSs BANDANUS. 


PLANCHE 69, fig. 7, 8, 9 et 10. 


LE corps ou mieux la masse viscérale de ce mollusque est extré- 
mement comprimée, moins en arrière qu'en avant, comme l'indique 
la forme involvée de sa coquille. 

Le manteau est excessivement mince, sur-tout du côté de la 
columelle: il est libre dans toute sa circonférence, et nullement 
denticulé ni garni de tentacules, mais un peu épaissi sur ses bords. 
I est cependant adhérent à son extrémité postérieure, de manière 
à être partagé en deux grands lobes ,. dont le droït est plus grand, 
plus long , plus épais et un peu rebordé à sa circonférence. Au 
côté gauche de son extrémité antérieure, et en dessous, se voit 
une sorte de cornet épais, musculeux, assez long, et dont l'origine 
est au faisceau des muscles de la columelle; c'est le canal de la 
respiration. 

Le pied est grand, ovale, étroit, pointu en arrière, et coupé 
carrément en avant, où il est un peu élargi; traversé de ce côté 
par un sillon marginal assez profond, il porte en arrière et le long 
de son bord postérieur un très-petit opercule ovale alongé. 

La tête est médiocre; elle se prolonge en avant par une sorte 


* Nous devons cette Description anatomique à M. le professeur de Blainville. 


438 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

de ventouse infundibuliforme, coupée obliquement , au fond de 
laquelle se trouve la fente verticale de la bouche. A sa base et 
de chaque côté sont les tentacules, subcylindriques, de longueur 
médiocre, et portant les yeux du côté externe au dernier quart de 
leur longueur, qui forme ensuite une petite pointe terminale obtuse. 

La cavité branchiale, située comme à l'ordinaire, est très-grande; 
elle renferme deux peignes inégaux, tous deux dirigés d’arrière en 
avant, le droit beaucoup plus long que le gauche et formé d'un 
seul rang de denticules, tandis que celui-ci en a deux. 

L'anus est tout-à-fait à la partie postérieure de cette cavité et 
à l'extrémité d'un petit appendice cylindrique, flottant et coupé 
obliquement. 

Les organes de la digestion ne nous ont rien offert de bien remar- 
quable. Nous avons déjà dit que la bouche est formée par une fente 
verticale percée à l'extrémité d'une sorte de mamelon qui fait 
saillie dans l'intérieur de la ventouse labïale. La cavité buccale est 
fort petite et n'a pas de dents, maïs elle est pourvue d'une langue 
et d'un appareil salivaire tout-à-fait singulier. La langue est un 
organe cylindroïde, coudé à angle aïgu dans le milieu de sa lon- 
gueur, et qui, né dans la ligne médiane de la cavité buccale, se 
porte en arrière à droite érau-dessus de l'œsophage. Les parois 
de cet organe sont épaisses et musculaires; elles sont tapissées à 
l'intérieur par une membrane plissée longitudinalement. Toute la 
cavité est remplie par deux rangées de crochets cornéo-calcaires 
fort longs et aigus au sommet, un peu élargis à la base, et qui, 
dirigés d'arrière en avant dans la première moitié de la cavité lin- 
guale, le sont en sens inverse dans l'autre. 

L'appareil salivaire, outre les deux petites glandes ordinaires , 
comprend un autre organe que d'abord nous avions cru appar- 
tenir à l'appareil de la génération , tant il ressemble à un testicule 
pourvu de son canal déférent; il existe dans les deux sexes, occupe 
toute la partie antérieure du corps de l'animal au dessous de la 


ZOOLOGIE. 439 


cavité branchiale. On y distingue, 1.° un organe glanduleux, sub- 
gélatineux, en forme de concombre, alongé, cylindrique, un peu 
recourbé, obtus aux deux bouts, et situé transversalement à la partie 
antérieure du muscle de la columelle; 2.° un canal excréteur extré- 
mement long, cylindrique, qui, après être sorti de l'extrémité droite 
de l'organe, se porte transversalement à l'extrémité gauche, où il 
forme un premier paquet de circonvolutions; il revient ensuite À 
droite, où il en forme un second plus considérable, puis se dirige 
en avant, passe dans l'anneau nerveux æsophagien , se place sous 
l'æsophage au-dessus de la gaine linguale, et s'ouvre dans la cavité 
buccale. 

Cette cavité buccale se continue sans rétrécissement bien sen- 
sible avec l'œsophage qui est cylindrique, très-gros, et qui, après 
un court trajet, se renfle insensiblement en un estomac membra- 
neux, lequel se porte de droïte à gauche. 

Le foie, d'un volume assez médiocre, forme une première masse 
subglobuleuse, située tout près de l'estomac, et y versant la bile 
par un seul canal assez gros dont la partie postérieure étoit détruite. 

Le canal intestinal, né à gauche de la partie la plus large de 
l'estomac , se porte ensuite à droite, ne fait qu'un petit nombre de 
circonvolutions, et se termine comme il a été dit plus haut. 

Nous avons déja donné aussi les organes de la respiration comme 
occupant une grande partie de la cavité branchiale. La veine qui 
sort de la plus grande branchie, se renfle peu-à-peu en une oreil- 
lette alongée, dirigée d'avant en arrière, et qui s'ouvre au côté droit 
d'un ventricule considérable terminé en avant par une sorte de 
cu-de-sac, et en arrière par une grosse et unique aorte. Celle-ci, 
peu de temps après sa sortie du cœur, se divise en trois gros troncs, 
l'un pour le foie, le second pour l'estomac et le troisième pour 
les organes de la génération. 

L'appareil générateur ne nous est pas complétement connu : 
nous avons cependant observé un individu de chaque sexe; mais, 


440 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

comme dans la plupart des mollusques conservés avec leur coquille 
dans l'esprit de vin, la partie postérieure des viscères étoit presque 
décomposée. Nous avons pourtant trouvé sur l'individu femelle , 
avec le foie, une masse gélatineuse qui sortoit de l'intérieur de la 
spire, et dont il naïssoit un énorme canal aplati, à parois également 
gélatineuses , et se renflant beaucoup par l'immersion dans l'eau. 
Nous nen avons pas vu la terminaison d'une manière certaine ; 
mais il nous a paru se continuer en un canal boursouflé qui traver- 
soit obliquement la cavité branchiale et s'ouvroit à droite de cette 
cavité. 

Dans l'individu mäle, le testicule étoit décomposé; mais on 
voyoit très-bien le canal déférent saïllir sous la peau sur le côté 
droit et se diriger obliquement vers la racine d'un organe excita- 
teur aplati, assez alongé, situé sur le côté droit de la partie anté- 
rieure du corps, et ayant beaucoup d'analogie de structure avec 
celui des buccins. 

Le cerveau forme une bande transverse assez épaisse, renflée 


dans son milieu et de chaque côté en ganglions peu marqués. C'est 


de ceux du milieu que naïssent les filets nerveux de la masse buc- 
cale , et des latéraux que sortent les nerfs considérables du pied 
et du muscle de la columelle, qui est large et épais. 


«< 


ZOOLOGIE. 441 


PORCELAINE TIGRE. — CyrRÆA TicRis, Linn. 


PLANCHE 70, fig. 1, 2 etr3. 


LA forme générale du corps de ce mollusque est exactement 
traduite par celle de la coquille; il est, en effet, ovale, alongé, 
bombé en dessus et obtus aux deux extrémités. 

Le manteau qui l'enveloppe, également ovale, n’est ouvert que 
dans toute la longueur de sa partie inférieure. Il est, en général, 
assez épais, sur-tout dans l'endroit où, ayant dépassé les viscères, 
il forme à droite et à gauche deux grands lobes dont le premier 
est un peu plus étendu que le second. Les bords mêmes de ces 
lches ne sont pas tentaculaires, maïs la plus grande partie de leur 
face interne est couverte de petits tentacules cylindriques for- 
mant une longue bande rétrécie en avant comme en arrière, et 
interrompue aux deux extrémités : c'est à l'endroit de cette inter- 
ruption que le manteau doit former les doubles échancrures de 
la coquille ; mais il ne se prolonge pas en véritable tube respira- 
toire, comme cela a lieu dans le cône. L'attache des lobes du 
manteau se fait au muscle de la columelle par un grand nombre 
de muscles verticaux assez distincts, dont la séparation produit 
sans doute les dents de l'ouverture de la coquille. 

Le pied de l'animal de la porcelaine est fort considérable, épais, 
ovale, alongé, un peu plus large en avant qu'en arrière, mais 
presque également obtus aux deux extrémités. Il est traversé en 
devant par un sillon marginal assez profond, et l'on voit dans le 
milieu de sa longueur un autre sillon beaucoup moins marqué, 
indiquant que, pour rentrer dans la coquille, il se plie longitudi- 
nalement. Nous n'avons pu découvrir aucune trace d'opercule à 
la face dorsale de sa partie postérieure. 


Son pédicule d'insertion, constitué par le muscle de la colu- 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. s6 


442 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


melle, est encore bien plus épais et même plus large que dans 
les cônes, puisqu'il occupe toute la longueur du pied; il forme une 
lame recourbée, entièrement musculaire, attachée dans toute l’é- 
tendue de la columelle. 

La tête, assez peu distincte, maïs considérable à cause de la 
grosseur de la masse buccale, se termine en avant par une sorte 
de mufle percé d'un orifice médian, à bords épais, renflés et un 
peu plissés vers la circonférence. 

Les tentacules, attachés à la racine de ce mufle, sont assez dé- 
veloppés, sur-tout à leur base, où, d'abord aplatis, ils deviennent 
ensuite subcylindriques; ils portent un œil fort grand, circulaire, 
à l'extrémité du renflement, et ils se continuent ensuite en un 
flament conique, pointu , assez alongé et contractile. 

La cavité branchiale est très-grande. Nous avons fait remarquer 
tout-à-lheure que le manteau qui la forme n'est pas augmenté 
par un véritable tube, quoïqu'il puisse se prolonger un peu pour 
doubler les échancrures de la coquille. Les branchies, assez anté- 
rieures dans la cavité, sont très-développées, sur-tout la droïte, qui 
forme un fer-à-cheval à branches assez serrées et ouvertes en avant: 
ses denticules sont très-nombreuses et fort longues. La branchie 
gauche, beaucoup plus petite et plus antérieure, occupe lou- 
verture du fer-à-cheval de la droite; elle est à-peu-près trian- 
gulaire. 

On remarque encore dans cette cavité branchiale un énorme 
organe gélatineux, plissé, analogue dans son extérieur à celui que 
nous allons trouver dans la volute éthiopienne , maïs d'un volume 
bien plus considérable : mis dans l'eau, il a fourni une très-grande 
quantité de matière gélatineuse. Dans l'état de conservation assez 
incomplet où étoit l'individu que nous avons examiné, il nous a été 
impossible de disséquer suffisamment cet organe; maïs il nous a 
semblé qu'il différoit de l'appareil dépurateur, qu'il n'avoit pas même 
de canal excréteur, et que ce nétoit qu'un endroït de la peau 


ZOOLOGIE. 443 


épaissie par une masse glanduleuse versant dans ses plis plus de 
matière muqueuse que dans tout autre endroit. 

L'anus est à l'extrémité d’un tube assez gros et libre, s'ouvrant 
tout-à-fait à la partie postérieure de la cavité branchiale; aussi 
paroît-il probable qu'il puisse sortir un peu par l'échancrure pos- 
térieure de l'ouverture de la coquille. 

Enfin, on remarque du côté droit, dans les individus femelles, 
l'orifice simple de loviduc, et, dans les mâles, un sillon creusé 
dans l'épaisseur d'un bourrelet assez saïllant qui a commencé par 
un orifice vers le tiers postérieur de l'animal, et qui, prolongé 
presque jusqu'à la tête, se continue ensuite dans toute la longueur 
d'un appendice excitateur, contractile, en forme d'oreille, placé 
à la racine du cou. 

La bouche est au fond d'une sorte de trompe labiale, faite un 
peu comme celle des cônes. La masse buccale, considérable, est 
pourvue, avec des muscles constricteurs et rétracteurs propor- 
tionnels, d’une longue bande linguale étroite, qui se prolonge 
dans l'abdomen, un peu comme dans les cônes; elle est cependant 
plus longue que dans ces animaux, et les crochets qui l'arment 
sont beaucoup plus courts : ces derniers sont placés sur sept ran- 
gées, une médiane et trois paires latérales. 


56" 


444 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE OVULE. — Ovuza. Brug. 


OVULE DES MOLUQUES. — Ovura ovirormis. Lamk. 


. 


PLANCHE 75, fig. 2 et 3. 


L'ANIMAL de l'ovule a la plus grande ressemblance avec celui 
de la cyprée, comme pouvoit le faire pressentir le grand rappro- 
chement des coquilles; sa forme générale est tout-à-fait la même: 
son manteau est double; les cirres de la bande marginale, pédi- 
culés et renflés en champignon à l'extrémité, sont moins nom- 
breux et ont une autre forme que ceux des cyprées. En avant 
et en arrière, les deux lobes du manteau se continuent sous forme 
de canal, plus marqué en avant, où il présente un rudiment de 
tube. Le pied est celui d'une cyprée, c'est-à-dire, fort grand, 
ovale, à bords minces, l'antérieur traversé par un sillon mar- 
ginal. Il présentoit, vers le milieu de cette extrémité, une sorte 
de ventouse assez profonde, à bords assez réguliers ; maïs n'ayant 
vu qu'un individu d'ovule, nous n'osons conclure que ce soit une 
disposition normale. . 

Même identité pour la tête et la trompe qui paroît pouvoir se 
dilater en trompette; les yeux sont seulement un peu plus petits. 
Il existe un rudiment de dent labiale supérieure, fort étroite, en 
fer-à-cheval et collée à la peau de manière à n'avoir pas une grande 
action. La masse linguale, épaisse, ovale, en partie libre dans la 
cavité buccale, est armée de petits crochets comme à l'ordinaire. 
L'anus est à l’extrémité d'un petit tube flottant dirigé en arrière 
dans la cavité branchiale; celle-ci est immense et contient deux 
branchies, dont l’une très-grande, en fer-à-cheval, enferme la plus 


ZOOLOGIE. 445 


petite dans son ouverture, qui est dirigée en avant. L'oviduc, ter- 
miné par un tube libre flottant dans la cavité branchiüale, est dirigé 
d'arrière en avant. 

Aïnsi, la considération de l'animal de lovule exige presque la 
réunion de ce genre avec celui des cyprées. 


446 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE RICINULE. — RrcINuULA. Lamk. 


RICINULE MURIQUÉE. — RiciNuLA HorRIDA. Lamk. 


PLANCHE 75, fig. 4 et S. 


C’EST évidemment un genre extrêmement voisin et même peu 
distinct de celui des rex. Le manteau a les bords simples et 
minces; il est pourvu à gauche d'un canal assez épais et long. 

Le pied a cela de particulier, qu'il est beaucoup plus large en 
avant qu'en arrière; cette largeur est due à une espèce d'auricule 
latérale. 

L'opercule est placé longitudinalement dans l'ouverture de la 
coquille, qu'il ferme exactement; il est assez enfoncé et posé en 
travers sur le pied. Il a du reste la composition de l'opercule des 
murex, C'est-à-dire qu'il est corné, mince, avec un côté adhérent, 
luisant; des stries d'accroïssement viennent d'un sommet moins 
marqué vers la pointe que dans les zwrex. 

La tête est sémi-lunaire en avant par la disposition des tenta- 
cules, qui sont triangulaires, aplatis, pointus, portant les yeux sur 
un renflement de leur base. 

L'organe excitateur mâle est trèsgros, placé au côté externe du 
cou, et il se recourbe dans la .tavité branchiale, comme dans les 
buccins. 


ZOOLOGIE. 447 


GENRE VOLUTE. — VozuT4. Lamk. 


VOLUTE ÉTHIOPIENNE. — VoLura ÆrTaiopica. Linn. 


PÉANCGHE 7 Net 2. 


CE mollusque, le plus gros peut-être des gastéropodes conchy- 
lifères, a été décrit, quoique incomplétement, quant à ses parties 
extérieures, par Adanson, dans son Voyage au Sénégal. 

La forme générale du corps est parfaitement indiquée par celle 
de la coquille ovale et globuleuse. Le manteau qui l'enveloppe, est, 
en général, assez mince, si ce n'est sur les bords, sur-tout à droite, 
où il s'épaissit un peu, mais sans trace de cirres ni de lobules. 

* # Du dessous de la partie antérieure part un canal respiratoire fort 
considérable , très-épais, à la racine postérieure duquel existe un 
appendice tentaculaire. 

Le pied est énorme relativement à son épaisseur et à son étendue; 
sa forme est ovalaire, très-bombée en-dessus, sans aucune trace de 
sillon transverse ni longitudinal ;il rentre en grande partie dans la co- 
quille en se pliant dans ce dernier sens; aussi son pédicule d'in- 
sertion, ou le faisceau columellaire , a-t-il cette direction ; ïl est fort 
épais et fort large, quoïque moïns que dans les cônes. 

La tête forme aussi une masse assez considérable, aplatie et 
bordée dans sa circonférence par une sorte de voile à bords épais, 
et susceptibles , sans doute, d’une assez grande extension. 

Les tentacules sont latéraux, tres-distans entre eux, coniques, 
assez alongés et contractiles. Les yeux, remarquables par leur gran- 
deur, sont également fort distans, tout-à-fait sessiles et placés en 
arriere des tentacules : nous avons remarqué dans ces organes une 
enveloppe blanche, probablement fibreuse, à travers laquelle perce la 


448 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

couleur noire de la choroïde. Nous avons également vu l'orifice de la . 
pupille ouvert en avant, et un énorme cristallin remplissant toute la 
cavité et offrant une saïllie antérieure un peu comme dans les sèches ; 
il nous a aussi semblé voir deux petits muscles en arrière. La peau 
s’'amincit au devant de l'œil et forme une cornée transparente assez 
convexe. | 

Au-dessous de la tête sort une trompe très-épaisse, subcylin- 
drique, à ouverture petite et en fente verticale. 

La cavité branchiale est, comme l'indique la forme de la coquille, 
extrêmement étendue, puisqu'elle occupe tout le dernier tour de 
celle-ci; nous avons vu qu'elle communique avec le fluide ambiant, 
à l'aide d'un syphon musculeux très-épais : on y remarque comme 
à l'ordinaire deux peïgnes branchiaux-assez considérables; le droit, 
plus grand que le gauche, est formé par un seul rang de denticules, 
au contraire de celui-ci, qui en a deux. En arrière se trouve l'orifice 
de l'anus, qui est assez petit, ovale et sessile, et placé au devante « 
d'une zone oblique de gros plis formés par la saillie externe de ” 
l'organe dépurateur ou de la viscosité. 

Comme l'individu que nous avons observé étoit mâle, on voyoit 
sur le côté droit du cou, ou à la partie antérieure du pédicule du 
pied, lappendice excitateur de la génération, en forme d'oreille 
étroite, aplatie, dirigée d'avant en arrière. 

Cette volute provient de la baie des Chiens-Marins. 


ZOOLOGIE: 449 


GENRE VIS. — TEREBRA. Brug. 


VIS TACHETÉE, femelle. — TEREBRA MACULATA. 


PLANCHE 69, fig. 6. 


LE corps de ce mollusque, dans sa partie viscérale, étoit très- 
élevé, comme l'indique la forme turriculée de la coquille; cepen- 
dant il étoit bien loin d'en occuper toute l'étendue, un grand tiers 
de la partie supérieure de celle-ci étant entièrement solide et rempli 
de matière vitrée. 

Le manteau qui enveloppe cette partie du corps est mince, peu 
épais, et ses bords libres, qui débordent À peine l'ouverture de la 
coquille , n'offrent aucune trace de lobes ni de digitations. À sa 
partie antérieure et gauche, existe, comme dans tous les syphono- 
branches, un tube ou canal ouvert inférieurement, et qui peut 
sortir assez par l'échancrure de l'ouverture de la coquille. 

La masse musculaire abdominale ou pied est assez épaisse, de 
peu d'étendue ; sa forme est ovale, peu alongée et presque circu- 
laire , sans indice de sillon à son bord antérieur. On ne remarque 
pas non plus d'appendices ou de lobes de chaque côté de son 
pédicule d'insertion, qui est assez épais et court. 

On voyoit très-bien, à la partie postérieure de la face dorsale, 
un espace ovalaire, aplati, indicateur de lattache d’un opercule ; 
l'opercule lui-même n'existoit pas et en avoit été détaché; mais 
nous l'avons trouvé sur l'animal d'une autre espèce de vis. 

La masse céphalique est assez petite et ovale. A Ia partie su- 
périeure du rebord labïal, par où sort la trompe, étoient deux très- 
petits tentacules triangulaires, aplatis, peu distans l'un de l'autre, 


et portant au sommet un petit point noir, sans doute oculaire. 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 7 


450 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


La trompe elle-même est fort longue, considérable, ovale, et un 
peu aplatie dans une grande partie de son étendue; elle se renfloit 
vers son extrémité en une sorte de tête, qui est peut-être extensible 
dans l’état de vie. On voyoït très-bien que cette énorme trompe 
étoit composée de trois couches de fibres musculaires ; une externe, 
oùelles étoientannulaires ou transverses; une médiane, longitudinale, 
et une interne, également transverse comme l'externe, mais moins 
épaisse. Elle ne renfermoit aucune trace de parties cornées ou de 
dents, ni à son orifice antérieur, ni à son origine dans la cavité 
buccale; on remarquoit seulement en cet endroit beaucoup de 
replis formés par la membrane muqueuse, qui se prolongeoïent dans 
la racine de la trompe. En arrière, à son origine , étoit la véritable 
masse buccale , petite, ovale, déprimée, saïllante dans la trompe 
comme dans un museau de tanche à ouverture transverse ; ses parois 
étoient épaisses : on y distinguoit fort bien les muscles rétracteurs 
et constricteurs, et la membrane interne y formoit des plis longi- 
tudinaux, presque réguliers, comme tranchans, plus blancs et plus 
durs que le reste. 

L'anus étoit à l'extrémité d'un assez petit tube, à peu de distance 
de la terminaison de l'oviduc, qui s'ouvroit par un orifice très- 
grand. 


Nous n'avons pas observé d'individu mâle. 


ZOOLOGIE. 451 


GENRE PTÉROCÈRE. — PTEROGERA. Lamk. 


PTÉROCÈRE ARAIGNÉE, — PTEROCERA CHIRAGRA. 


PLANCHE 70, fig: 4uisuets 6: 


LE corps de-ce mollusque est en général comprimé, et la 
masse des viscères remplit presque toute la spire de la coquille. 

Le manteau est double, fort mince; ïl enveloppe le corps. Ses 
bords descendent assez et sont bien entiers, sans aucune indication 
de lobures ni de laciniures, même du côté droit, où la coquille 
est profondément digitée. Ils forment un ovale alongé bien ferme 
dans toute sa circonférence, et se prolongent en avant et en arrière, 
de manière à produire, sur-tout en avant, une sorte de gouttière, 
mais sans qu'ils soïent à peine plus épais qu'ailleurs. 

Le pied, dans l'état de contraction, étoit petit, comprimé laté- 
ralement, du moins en arrière, où il sembloït presque tranchant. Ce 
n'étoit qu'en avant qu'il étoit élargi, aplati en-dessus, et qu'il parois- 
soit pouvoir servir à la locomotion. Nous n'avons pas remarqué 
de sillon transverse antérieur, maïs une excavation assez profonde. 
Il portoit, en arrière, presque tout-à-fait sur le dos de sa pointe, 
un petit opercule en forme d’ongle. 

La tête, peu distincte, se prolongeoïit en avant par une sorte 
de trompe ou d'organe subcylindrique renflé à son extrémité, et dont 
l'ouverture, en forme de fente verticale, étoit plissée dans toute sa 
circonférence ; elle avoit du reste beaucoup de rapports, pour sa 
structure , avec la trompe des buccins, étant comme elle pourvue, 
dans la ligne médiane inférieure, d’un ruban lingual garni de dents 
ou d'aiguillons recourbés en arrière sur deux rangs principaux. 


SA 


452 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


A [a racine, et de chaque côté de la masse proboscidale , est un 
appendice subcylindrique, considérable , élargi et aplati à sa base; 
il devient à-peu-près cylindrique et dirigé en avant sans diminuer 
de grosseur, et porte à son extrémité arrondie et un peu renflée 
un œil évidemment plus gros que dans les autres mollusques de la 
même division. Vers la moitié environ de cet appendice, naît au 
côté interne un tentacule cylindrique, beaucoup plus grêle que le 
pédoncule oculaire, et qui paroît se terminer par une pointe mousse. 

La cavité branchiale, très-grande, largement ouverte dans tout 
son bord antérieur, se continue en arrière assez au-delà du dernier 
tour de spire; elle ne contient qu'une seule grande branchie pec- 
tiniforme qui se prolonge autant qu’elle, et dont les lames, d’abord 
petites, s'alongent peu-à-peu, de manière que ce sont les plus an- 
térieures qui sont les plus longues; elles ont du reste la structure 
ordinaire. OS 

On remarque dans la cavité branchiale et à droite la terminaison 
un peu libre et flottante de loviduc; cet organe étoit rempli 
d'une matière blanche, et se contournoit en arrière en suivant la 
marche de la spire, laquelle renfermoit une substance albumineuse 
qui s'est gonflée considérablement par l'absorption de l'eau. 

A la racine postérieure de cette terminaison de l'oviduc, se 
trouvoit un autre orifice plus enfoncé qui sans doute est celui du 
canal intestinal. 

Sur un seul individu que nous avons eu à notre disposition et 
qui étoit assez mal conservé, nous n'avons pu étudier l'organisation 
intérieure d'une manière bien complète. Voici cependant ce que 
nous avons Vu : 

L'œsophage, qui suit la trompe, est fort étroit ; il se porte, sans 
changer beaucoup de dimension, assez en arrière dans le second 
tour de spire;, où il se renfle en un estomac simple, petit, sur les 
paroïs duquel nous avons trouvé une lame en forme d'écaille, 
assez dure, qui pourroit bien être de la bile concrétée. 


ZOOLOGIE. 453 

En cet endroit, l'estomac est entouré par les lobes du foie, ou 
au moins par ceux de la partie antérieure. 

L'intestin qui en sort paroît faire peu de circonvolutions ; il se 
recourbe d'abord en avant; et après un trajet assez long, provenant 
de ce que l'estomac est très-reculé, il se porte au plancher de la 
cavité branchiale, accompagnant la partie gélatineuse de l'oviduc. 
Ce viscère se termine par un renflement assez considérable for- 
mant un gros mamelon au côté postérieur du plafond en se diri- 
geant en arrière. Le rectum étoit rempli par une matière blanche, 
évidemment crétacée, ce qui feroit croire que ces animaux percent 
la coquille d'autres mollusques pour en manger la chair. 

Nous navons pu voir les organes de la génération que d’une 
manière encore plus incomplète. L'individu que nous avons dissé- 
qué étoit femelle; la partie gélatineuse de l’oviduc, très-considé- 
rable, faisoit beaucoup de circonvolutions. 


454 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE HIPPONYCE. — XrppoNyrx. Defrance. 


HIPPONYCE RAYONNÉE. — HippoNYx RADIATA. 


PEANGHE 60 fo 10215 4iIeENt 


Nous avons découvert cet animal appliqué ou plutôt enfoncé 
assez profondément à la face externe de la coquille du ptérocère 
décrit plus haut { planche 70, figures $ et 6). La coupe de l'enfoi- 
cement quil avoit produit dans cette coquille démontre d’une 
manière manifeste qu'une fois fixés, ces animaux ne doivent plus 
exécuter d'autres mouvemens que ceux d'abaissement ou d'éléva- 
tion pour l'arrivée de l'eau et de la nourriture. C’est ce qui nous 
a déterminés à rapporter ce mollusque au genre hipponyce, établi 
dans ces dernières années par M. Defrance, quoïqu'il n'ait pas de 
support et que ce soit le corps étranger qui lui en serve. 

Le corps de ce mollusque, quoique ayant beaucoup de rapports 
avec celui des patelles, est beaucoup plus déprimé, à peine plus 
bombé en-dessus qu'en-dessous ; ii est du reste ovale et presque 
circulaire. 

Le manteau qui le recouvre , extrêmement mince sur la masse 
viscérale, est un peu plus épais à sa circonférence, que déborde 
à peine le muscle rétracteur du pied. En avant, il forme une petite 
cavité branchiale au-dessus du cou. Il n'offre, dans aucun point 
de son étendue, aucune trace de cirres. 

Le pied ressemble beaucoup au manteau, en sorte que la masse 
viscérale paroît être comprise entre deux membranes fort minces 
au milieu et épaisses sur les bords, qui saïllent presque également 
dans la circonférence de l'animal, un peu comme dans certains 
mollusques bivalves dont les lobes du manteau sont réunis. Dans 


ZOOLOGIE. dss 
le sion qui sépare les bords, il n'y a point de replis qu'on pourroit 
supposer branchiaux. 

En-dessus comme en-dessous, on voit l'extrémité du muscle 
rétracteur du pied ou du museau de la columelle, un peu plus 
étendu en-dessous qu'en-dessus où il est au contraire un peu plus 
large et forme une sorte de fer-à-cheval ouvert en avant : aussi 
laïsse-t-il une impression de cette forme, non-seulement sur la co- 
quille de l’hipponyce, maïs encore sur celle qui lui sert de support 
et à laquelle il adhère réellement autant. 

La tête est bien distincte, globuleuse, un peu comprimée, parce 
qu'elle semble portée à l'extrémité d'un rétrécissement en forme 
de cou; elle est terminée en avant par deux petits appendices 
labiaux , coniques , tentaculiformes , au milieu desquels est la 
bouche. 

Les véritables tentacules sont gros, bien distincts entre eux et 
terminés par une petite pointe contractile. 

Sur les deux individus que nous avons observés en bon état de 
conservation, nous n'avons pu apercevoir de traces d'yeux, ce qui, 
joint à l'habitude de l'animal de ne jamais changer de place, me 
fait présumer qu'il n'en existe pas. 

La cavité branchiale, située et conformée comme dans les autres 
cervicobranches, offre aussi des filamens branchiaux attachés à son 
plancher, comme cela à lieu dans les cabochons. 

C'est aussi dans cette cavité et à droïte que se termine le canal 
intestinal par un anus presque sessile. 

Au même côté, mais plus en avant, tout-à-fait à la racine de | 
la tête, est un appendice conique, recourbé, et qui simule un troi- 
sième tentacule. Seroit-ce un organe excitateur ! 

Enfin , dans la ligne médiane sous le cou, entre la tête et le bord 
antérieur du pied, est un autre appendice plus mince ressemblant 
à une spatule, dont nous ignorons complétement l'usage. 

Quant à la coquille de cet hipponyce, elle est épaisse, ovale, 


456 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

solide, subcirculaire, très-déprimée, à sommet peu marqué, sub- 
médian et très-reculé en arrière, sans cependant être compléte- 
ment marginal; le bord subcirculaire est épais, irrégulier, plus 
concave au milieu, de manière à ne pas pouvoir s'appliquer sur 
une surface plane sans relever en avant et en arrière. A l'extérieur 
elle est d’un gris blanchâtre, assez profondément radiée, sur-tout 
vers la circonférence. A l'intérieur, elle est peu excavée, lisse, 
blanche, crénelée sur les bords, et offre une impression musculeuse 
en fer-à-cheval , bien fermée en arrière et largement ouverte en 
avant. 


ZOOLOGIE. 457 


GENRE NAVICELLE. — Navicezza. Lamk. 


NAVICELLE ELLIPTIQUE. — NavicELLA ELLIPTICA. N. 


PLANCHE 71, fig. 3, 4, $ et 6. 


CE mollusque offre, au premier aspect, une certaine ressemblance 
avec les patelles, sur-tout avec celles qui ne sont pas symétriques; 
mais en l'étudiant avec attention, il n'est presque aucun point 
d'organisation qui puisse confirmer ce premier aperçu. Son corps 
est ovale, plan en-dessous, convexe en-dessus. La masse viscérale 
forme une petite lame ou saïllie en arrière qui dépasse le pied, 
mais sans aucune indication de spire. Le manteau est assez mince, 
entier, sans trace de cirre, ni prolongement antérieur. 

Le pied est elliptique, fort mince, débordant peu le pédicule 
viscéral; il se fixe à la coquille par un muscle columellaire double, 
en fer-à-cheval, dont les branches sont réunies en arrière par une 
très-petite bande transverse au-dessous de la saïllie des viscères. 

La tête est large, assez déprimée; elle est pourvue de deux ten- 
tacules distans, coniques, extensibles, portant à l’extérieur de leur 
base, sur un renflement assez gros, un œil bien évident, subpédiculé. 
La bouche, placée en avant et en-dessous de la tête, est grande, 
ovale, un peu en forme de T dont la branche transverse seroit 
en arrière; elle est munie de deux espèces de lèvres longitudinales 
garnies de dents en crochet ; ces lèvres, par leur réunion en arriére, 
constituent une langue droite. L'œæsophage est fort étroit compara- 
tivement à la largeur de la bouche; ïl suit le côté gauche de la 
cavité viscérale, et se renfle en arrière en un estomac simple et de 
médiocre grandeur, placé transversalement entre les deux lobes 


du foie. De son extrémité naît l'intestin qui, après une anse consi- 
Voyage de l'Uranie, — Zoolozie. 58 


458 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


dérable touchant la bouche, se recourbe en arrière jusqu'au bord 
postérieur de la respiration. 

L'anus est à l'extrémité d'un petit tube libre dirigé obliquement 
de gauche à droite et d’arrière en avant, vers le plafond de la cavité 
branchiale. Celle-ci, fort grande, largement ouverte en avant, 
contient une branchie unique, triangulaire, en forme de peigne. 

Le cœur est à gauche, à la base de la branchie. On distingue très- 
bien l'oreillette arrondie et le ventricule ovale, un peu plus gros, 
de l'extrémité postérieure duquel sort l'aorte. 

Les organes de la génération sont séparés sur des individus 
différens. L'organe femelle se termine à droïte dans la cavité bran- 
chiale, comme à l'ordinaire, par un orifice fort grand. L'appareil 
générateur mâle a sa terminaison beaucoup plus antérieure, en avant 
et au-dessous de la racine du tentacule droit. L'organe excitateur 
occupe le côté droït de la tête; il est grand, plat, angulaire, pointu 
et ridé transversalement; peu rétractile, comme dans les mollusques 
dioïques, il fait plus ou moins de saillie et simule un troisième 
tentacule. Le testicule est arrondi, situé dans les lobes du foie; son 
canal déférent est très-flexueux. 

La forme et sur-tout la position de lopercule sont tellement 
anormales, qu'on a pu dire que ce n'est pas un véritable opercule 
et qu'il est situé dans le pied. C'est un opercule évident, et sa place 
est au-dessus du pied comme dans tous les mollusques céphalés qui 
en sont pourvus : sa forme est subquadrilatère; il est adhérent par 
toute sa face inférieure, libre dans la supérieure, et terminé en 
arrière par une partie cartilagineuse par où il saugmente. Il est 
porté, comme dans les natices, par un très-petit appendice du 
pied, qui le déborde un peu en arrière. Maïs ce. qui le rend si 
anormal, c'est que le pied, qui est réellement sous-trachélien, c'est-à- 
dire , seulement attaché au-dessous du corps, est réuni dans presque 
_tout le reste de sa longueur à la masse viscérale par la continuation 
de la peau qui l'enveloppe, d’où il résulte que l’opercule semble 


ZOOLOGIE. 459 


etre contenu dans une sorte de poche située entre le pied et les 
viscères, et dont l'ouverture, en forme de fente transversale, est à 
l'extrémité postérieure du corps. Cette disposition de l’opercule 
de la navicelle fait qu'il ne peut réellement plus servir comme tel. 
Aïnsi, ce mollusque, dont la coquille seule, bien étudiée par 
M. de Lamarck, avoit sufli pour déterminer la place dans la série, 
est un genre fort voisin des nérites. Il habite Ile-de-France, l'ile 
Bourbon et l'archipel des Mariannes : on le trouve dans les eaux 
douces et courantes; il se plaît sur-tout au milieu des cascades, et 
rampe très-bien à l'air libre sur les rochers simplement humectés. 


sen 


460 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE NÉRITE. — NErITA. Lamk. 


NÉ RUN INR ra 


PLANCHE 75, fig. 6 et 7. 

CET animal, en tout semblable à celui de la navicelle, nous paroït 
différer beaucoup des natices. Le corps est ovale, plan en-dessous, 
arrondi en-dessus, un-peu plus large en avant qu'en arrière, où il 
se termine par une petite masse un peu tortillée en spirale et dirigée 
en avant. 

Le manteau est plus épais sur son bord antérieur; sans canal ni 
échancrure, il fait le tour du pédicule viscéral et est libre dans sa 
circonférence. 

Le pied est arrondi, épais, sans auricule ni sillon; il porte l'oper- 
cule à la face dorsale sur un appendice peu distinct. Cet opercule, 
placé dans une sorte de cavité peu profonde entre le pied et le 
bord postérieur du manteau, s’y fixe par le bord droit, et sa dent va 
s'attacher au muscle de la columelle du côté gauche. Le pied est 
attaché à la coquille par un muscle columellaire très-fort, très-épais, 
divisé en deux parties, l’une à droite et l’autre à gauche, de manière 
à former une espèce de fer-à-cheval, mais qui n'est pas fermé en 
arrière. é 

La tête est large, très-plate; le bord frontal largement auriculé 
et bifide. Les tentacules, très-distans, sont coniques, à stries longitu- 
dinales. A leur base externe sont les yeux, très-grands, et placés 
sur de véritables pédoncules gros et courts. La bouche, inférieure, 


= mr . . . . . 
* Nous donnons ici l'anatomie d’un animal qui appartient bien certainement au genre des 
nérites, mais dont nous n’avons pu déterminer espèce, attendu que sa coquille étoit décolorée. , 


”  ZOOLOGIE. 461 
est située au milieu d'une sorte d'entonnoir à bord régulièrement 
frangé. Nous navons pas vu de dent supérieure, mais bien une 
langue à crochets. 

 L'anus est dans la cavité branchiale, comme à l'ordinaire. Cette 
cavité, très-grande, ne contient qu'une seule branchie obliquement 
dirigée de gauche à droite. Les sexes sont séparés, et l'organe mäle 
est en forme d'auricule sur le front à droite. . 


ee 


462 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


DESCRIPTION 


DES MOLLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES. 


Nous répéterons, pour ces animaux, ce que nous avons déja dit 
pour bien d’autres productions de la nature, que ce n'est pas en 
explorant simplement le littoral quon peut s'enrichir d'espèces 
nouvelles. C'est en parcourant les épaisses forêts de l'intérieur, 
sous leur sombre verdure où règne le plus d'humidité, parmi les 
débris pourris de leurs grands végétaux, à l'ombre des rochers, 
ou bien dans leurs cavernes toujours fraîches, qu'il faut aller cher- 
cher les coquilles terrestres. C'est dans les mares, les ruisseaux, 
les torrens, à l'embouchure des fleuves, au milieu de leur cours, 
mais bien mieux encore vers leur source, que se trouvent les 
mollusques fluviatiles. 

Pour les premiers, nous les rencontrions quelquefois sur le 
rivage, sans nous enfoncer bien avant, lorsque, selon les localités, 
une abondante végétation couvroit les plages où nous abordïons, 
ainsi qu'on le voit aux Moluques et aux îles des Papous, d'où 
proviennent les auricules, que nous prenions tout d'abord sous 
les feuilles des arbres. Mais quand la côte, dépourvue en tout ou 
en partie d'arbres et de plantes, étoit desséchée par l'action d'un 
soleil brûlant, nous n'amassions ordinairement que l'enveloppe 
décolorée et roulée par les pluies, de l'animal qui avoit péri, 
comme aux Mariannes et aux Sandwich. Les hélictères qui viennent 
de ces dernières îles n'ont point toute leur teinte naturelle, 
parce que nous n'avons rapporté que les dépouilles roulées qui 


ZOOLOGIE. 1: 46 


-se rencontrent sur les flancs volcaniques et arides des premières 
montagnes. Il eût fallu, pour les avoir dans toute leur fraîcheur 
et avec leur animal, parcourir les profondes vallées boisées que 
nous ne pümes quentrevoir. Cependant, malgré ces difhcultés, 
nous avons augmenté le nombre des espèces nouvelles. 

Il n'en est pas de même pour les mollusques fluviatiles; et l'on 
en concevra facilement la raison d'après ce que nous venons de 
dire. En effet, ïl faut séjourner long-temps dans un lieu pour 
pouvoir en parcourir les ruisseaux ou remonter les rivières, qui, 
souvent encombrées d'arbres renversés, opposent des obstacles in- 
vincibles auxembarcations. Les torrens des îles élevées des Sandwich 
sembloïent nous promettre des choses rares en ce genre et capables 
de compenser les peines que nous eussions éprouvées à les visiter; 
car nous avons vu, par les rivières de l'Ile-de-France et de-l'île 
Bourbon, qui coulent en torrens parmi les blocs de basalte, que 
c'est là qu'on trouve les mélanies, les nérites épineuses, et la jolie na- 
vicelle, qui, semblable à une crépidule, adhère à la pierre au milieu 
du plus fort courant, ou bien se colle aux rochers derrière la 
nappe des cascades, comme on le voit à celle de Saint-Paul de l'île 
Bourbon. 

En général, chaque pays a ses coquilles particulières. Aïnsi le 
Brésil a ses ampullaires, qu'on rencontre par-tout dans les ruisseaux ; 
et parmi les mollusques terrestres, ses vaginules et son énorme 
bulime à bouche rose. Le Port-Jackson, est remarquable par son 
genre hélicarion, espèce de limace portant une coquille jaune et 
transparente , que nous trouvämes sous les arbres renversés des 
bords de la Nepean. Timor nourrit en abondance son élégante 
helix contraria, et les Mariannes comptent leurs partules, dont trois 
espèces que nous avons recueillies portent maintenant ce genre 
à Cinq. 

Nous devons à M. de Férussac la description des espèces que 
nous avons rapportées, dont il a fait figurer plusieurs dans son 


464 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

magnifique ouvrage sur les mollusques terrestres et fluviatiles; nous 
y avons joint quelques remarques relatives aux mœurs de ces 
animaux, et la description anatomique de f'hélicarion Freycinet, 


faite par M. de Blainville, 


ZOOLOGIE. 465 
GENRE HÉLICARION. — AELIcARION. Féruss. 


ANIMAL ayant sa partie antérieure rétractile comme dans les 
hélices, la postérieure tronquée et déprimée latéralement. 

La cavité pulmonaire et les principaux organes sont situés à la 
partie moyenne du corps, et renfermés dans un petit têt globuli- 
forme, spiral, mince, fragile et transparent. 

Les organes de la génération, réunis, ont leur orifice près du ten- 
tacule droit. Quatre tentacules cylindriques et rétractiles, les deux su- 
périeurs oculés à leur sommet. Un pore terminal. (W. Féruss. Prodr.) 


HÉLICARION FREYCINET. — HericarioN FREYCINETI. 
Férussac, Prodrome, pag. 24, et Hist. pl. 9 À, fig. 3 et 4. 


PLANCHE 67, fig. 1 a*. 


ON ne connoît encore que deux espèces de ce nouveau et 
curieux genre, qui semble lier par une chaîne non interrompue les 
deux familles des limaces et des limaçons, et qui, malgré son analo- 
gie avec l'hélicolimax, est cependant très-rapproché du genre parma- 
celle par son organisation générale. Ces deux espèces habitent les 
Terres australes; celle dont ïl est ici question est plus grande que 
l’Aelicarion Cuvieri, et a servi à l'établissement du genre. La couleur 
de l'animal conservé dans l'alcool est jaune grisätre, noirâtre en 
dessus à la partie postérieure; antérieurement et sur les côtés, il est 
parsemé de lignes noirâtres. 


CE mollusque se trouve aux environs du Port-Jackson. Nous le découvrimes dans les forêts 
qui bordent la Nepean, à Phabitation de M. Ie docteur Jamieson. Fuyant la lumière et recher- 
chant l’humidité, il se tenoit caché sous les pierres ou à l'abri de écorce des arbres qui avoient 
été abattus. Nous en mîmes beaucoup dans l'esprit de vin. Malheureusement les coquilles, exces- 


* Les chiffres arabes cn gros caractères, ct ceux qui sont accompagnés d’un *, indiquent les numéros de nos planches; les 
autres renvoient à l'ouvrage de M. de Férussac. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 59 


466 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


sivement fragiles, de couleur roussâtre, furent brisées par le mouvement et en grande partie 
dissoutes dans la liqueur. À = 

Diverses circonstances, qu’il seroit inutile de rapporter, nous privérent d’avoir un dessin 
pris sur l'animal vivant, et qui püt indiquer les diverses couleurs dont il est orné, parmi lesquelles 
le jaune domine, 

La figure que nous donnons de Phélicarion est grossie du double; elle a été faite par M. le 
professeur de Blainville, Les observations anatomiques sur ce mollusque, qui suivent, lui appar- 
tiennent aussi. 

Le corps considéré en général est ovale, médiocrement alongé, du moins dans l’état de 
contraction dù à leffet de Ia liqueur conservatrice. Sur Îe milieu du dos à-peu-près, la masse 
viscérale fait une saillie subglobuleuse assez considérable. Le manteau qui revêt cette dernière 
partie est fort mince; son bord libre forme des espèces de Iobes qui doivent servir à recouvrir 
une coquille presque membraneuse. L'un, à gauche ,semble n’être qu’une déduplicature du 
collier qui devoit border lorifice de la coquille; Pautre, un peu plus grand, triangulaire, est à 
droite. Outre ces deux lobes ,le manteau en produit deux autres séparés par l’orifice pulmonaire, 
et qui constituent une espèce de bouclier un peu analogue à celui des limaces, Le lobe gauche, 
qui paroît n'être qu’une extension de la lèvre inférieure du collier, est celui qui ‘avance le plus, 
et sous lequel on conçoit que Ia tête puisse se mettre à abri. Le lobe droit, beaucoup plus 
latéral et moins large, qui n’est aussi qu’une exagération de «e qu'on voit dans les limaces, 
s'applique également sur le corps. 

La partie horizontale de celui-ci constitue le pied, lequel est assez épais, alongé, plan en 
dessous, convexe en dessus, et comme tronqué carrément en arrière, Cette troncature est l’in- 
dice d’un trou fort grand, assez profond, à ouverture étroite sublinéaire, crénelée sur les bords, 
mais qui du reste wa aucune ressemblance avec ce qui existe, a-peu-près au même endroit, 
chez les limaces rouges, puisqu'on voit manifestement qu’il est tapissé par un prolongement de 
peau granuleuse semblablé à celle du reste du corps; ce qui n’a pas lieu dans les limaces, Le 
pied a sa face inférieure partagée en trois bandes, une médiane plus étroite etlisse, et deux laté- 
rales à stries obliques. Ces deux bandes latérales sont séparées, à la partie dorsale, par un sillon 
qui conduit à une sorte de bourrelet frontal terminant la tête en avant et formant deux espèces 
de lèvres. 

La tête, assez grosse, quoique peu distincte, ressemble tout-à-fait à celle d’une limace. Les 
tentacules postérieurs ou oculaires doivent être longs et gros, à en juger par ce qu’ils sont dans 
un état de rétraction ; les antérieurs étoient au contraire fort petits. La bouche, située tout-a- 
fait en avant, dans le sillon assez profond qui sépare la tête du pied, est accompagnée à 
droîte et à gauche par un lobe labial arrondi; elle est munie supérieurement d’une dent en fer- 
a-cheval et à bord entier. 

La cavité de la respiration, située comme dans les genres des limacinés, s'ouvre à l’extérieur 
par un orifice arrondi, oblique, situé au fond de lincision qui sépare le bouclier en deux 
parties. 

L’anus, sessile, est percé à son bord antérieur. 

L'orifice commun de lappareil générateur est à droite, un peu en dehors du tentacule de 
ce côté. 

Le reste de Porganisation ne présente rien de remarquable, si ce n’est une grande ressem- 
blance avec ce qui existe dans les limaces. Du reste, il ny a pas plus de vésicules séminales 
que dans celles-ci; ce qui éloigne ce mollusque des hélices véritables. 


ZOOLOGIE. 467 


GENRE HÉLICE. — Hezrx. Féruss. 


HELIX PUTRIS. ( Sous-genre CocHLonypre. ) Var. 
Férussac, Prodrome, p. 30; His. pl. 11 À, fig. 9. 


LE sous-genre cochlohydre, composé des ambrettes de Drapar- 
naud ou amphibulimes de Lamarck, forme une coupe très-dis- 
tincte dans le genre hélice, et offre ce fait très-remarquable, que 
le petit nombre d'espèces connues est réparti sur toute la surface 
du globe , depuis la Nouvelle-Hollande jusqu'en Amérique. L'une 
d'entre elles, commune dans toute l'Europe, l'#eXx putris de Linné, 
présente un grand nombre de variétés. Elle habite tous les climats, 
toutes les zones, et se trouve dans les quatre parties du monde. 

Elle a été rapportée de l'ile Guam. 


HELIX CONFORMIS. ( Sous-genre HÉLICOGENE. ) 
Férussac, Prodrome ; Limaçons, pag. 30, n° 23; Hist. pl. 25 À, fig. ro. 


PLANCHE 67, fig. 4 et 5. 


Testa compressa, carinata, minutè Striata, alba; epidermide colore sub- 
fusco fugaci picto ; anfractibus tribus, ultimo magno, dilatato} aperturä 
magné; peristomate reflexo, angusto; latere columellari depresso , recto. 


CETTE espèce appartient au groupe des hélicogènes, caracté- 
risé par une columelle solide et plus ou moins torse, et à la section 
de ce groupe dont le péristome est réfléchi ou épaissi. Elle est 
très-rapprochée de l'helix zonulata ; maïs elle en diffère par sa carène, 
par un tour de moins à la spire, dont le sommet est moins obtus 
et aussi par la forme du bord columellaire, très-arqué dans l'#elx 


So 


463 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
zonulata. La couleur de celle-ci et la bande dont elle est ornée, 
Jen distinguent encore. 

Elle provient de l'archipel de Timor. 


HELIX ARGILACEA. 


Férussac, Prodrome ; Limaçons, pag. 34, n.° 38; Hise, pl. 26, fig. 1,2 et 3. 
Lamck, Anim, sans vert. tom. 6, 2.° part., pag. 80, n.° 53. 


PLANCHE 67, fig. 6 et 7. 


Testa subglobosa, tenuiter Striata, colore argilaceo rufescente ; anfrac- 
tibus 4—$ rotundis, primoribus convexiusculis, suturis notatis; aperturä 
obliquà inclinatä, ovato-lunart ; peristomate pallidiore revoluto ; umbilico 
mediocri perforato, penè obtecto. 


CETTE espèce appartient au deuxième groupe des hélicogènes, 
dont la coquille est perforée; elle est très-distincte de toutes ses 
congénères. Elle fut d'abord découverte à Timor, dans le voyage 
du capitaine Baudin; celle-ci a été trouvée à Rawak. 


HELIX CANDIDISSIMA. 


Draparnaud, His. des mollusq. de France, pag. 89, pl. s, fig. 19. 
Férussac, Prodrome ; Limagons , pag. 34, n° 50; Hist. pl. 27, fig. 9413; 
et pl. 39 À, fig. 2 avec l'animal. 


M. Gaudichaud a trouvé un exemplaire de cette coquille aux 
iles Mariannes; fait d'autant plus remarquable, que cette espèce 
n'est connue, jusquà présent, qu'en Provence, à Nice, en Sicile, 
en Espagne et sur les côtes de Barbarie, c'est-à-dire, dans une petite 
partie des bords du bassin de la Méditerranée. 


ZOOLOGIE. 469 


HELIX LAMELLOSA. ( Sous-genre HÉLICODONTE. ) 
Férussac, Prodr. pag. 38,n.° 110; Hise pl. 51 À, fig. 3. 


ELLE a été rapportée du Port-Jackson et des îles du grand Océan. 


HELIX CONTORT A. 
Férussac, Æise, Pi SU ASE 


CEs deux espèces sont les seules du sous-genre hélicodonte qui aient 
été dues au voyage de /'Urante. L'expédition du capitaine Baudin 
n'avoit fourni aucun individu de ce sous-genre, qui paroît presque 
étranger aux Terres australes, et qui appartient plus particulière- 
ment aux deux Amériques. Ces deux espèces font même partie 
d'un groupe distinct dans cette division, celui des lamellées, dont 
les coquilles ont l'ouverture garnie de plusieurs lames alongées et 
internes. 

L'Aelx lamellosa est fort jolie et très-curieuse par sa forme, qui 
la rapproche singulièrement de l’Aekx albella. Elle est agréablement 
tachetée. Huit lames élevées défendent son ouverture. Malheu- 
reusement on na trouvé que de jeunes individus. 

L'’Aehx contorta est fort petite; sa forme est celle de l#etix 
obvoluta. Elle est hispide, joliment striée et ornée de chevrons 
bruns; sa bouche est garnie de sept lamelles. 

Ellé a été trouvée dans des fougères rapportées des îles Sandwich 


par M. Gaudichaud. 


HELIX ZONARIA. ( Sous-genre HÉLICELLE. ) Var. 


HEUIxX ZONARIA. Muller, Verm. hist. pag. 35, n.° 237. 
Linn. Syst, nat, edit. Gmel. pag. 3632. 
Férussac, Prodrome; Limagons, pag. 43, n.° 177; Hist, pl. 72 et 73. 


PLANCHE 67, fig. 14 et T5. 


CETTE variété se distingue au premier coup d'œil par sa petite 


470 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


taille et par son épiderme d’un gris fauve. Le sommet de la spire 
n'est pas aussi visiblement enfoncé que dans les nombreuses va- 
riétés connues de cette jolie espèce. Quelquefoïs elle est sans bandes; 
le plus souvent elle offre plusieurs linéoles blanches et rapprochées, 
et deux petites bandes brunes inégales, l'une carénale, l'autre plus 
étroite, située sur le côté de la spire et bordant les sutures jusque 
vers l'ouverture. Du reste, la forme générale, celle de la bouche 
et l'ensemble de ses caractères, ne permettent pas de la séparer de 
l'helix zonaria, dont la variété, figurée planche 73, n° ÿ (voyez Fé- 
russac, Histoire des mollusques), paroît être la plus rapprochée. 
Elle a été trouvée sur les îles Timor et Vaigiou. 


HELIX CONCISA. 
Férussac, Aist. pl. 78. 


CETTE nouvelle espèce, remarquable par sa taïlle et les cicatrices 
nombreuses et obliques dont elle est garnie, a été trouvée dans la 
petite île Rawak : elle est due à M. de Freycinet. 


HELIX CIRCUMDAT A. 
Férussac, Prodrome; Limaçons, pag. 44, n.° 193. 


PLANCHE 67, fig. 12 et 13. 


Testa orbiculari ambitu convexo, utrinquè centro concava, subtus 
umbilicata, subtilissimè striata, solida, nitida, pellucens, rufo-lutescens ; 
fascüs et lineolis rufis numerosis longitudinaliter ornata; anfractibus 4 +; 
aperturä vale flexä, lateral ; lunart ; peristomate crasso, reflexo, albido. 


CETTE jolie espèce est très-voisine de l'Aelx ungulina de Muller et 
de Linnæus; mais elle est plus petite, moïns élevée sur l'axe à propor- 
tion. Elle est intermédiaire entre cette espèce et lAelix unguicula 
de Férussac. 


ZOOLOGIE. 47: 
Les trois espèces précédentes font partie du groupe des hélicelles 
lomastomes, c’est-à-dire, dont la bouche est bordée d’une lèvre plus 
ou moins saillante. Dans les trois suivantes , qui sont comprises dans 
les aplostomes, le péristome est simple. 
Elle se trouve aux îles des Papous. 


HELIX CRISTULA. 


Férussac, Prodrome ; Limagons, pag. 45, n.° 225. 


CETTE coquille est de la grandeur de l'Aelx crystallina, avec 
laquelle elle a beaucoup de rapports; mais elle s'en distingue, à la 
première inspection, par la carène saïllante qui l'entoure, et qui 
forme comme une petite crête sur le dernier tour de spire. 

Elle se trouve dans la petite île Rawak. 


HELIX CITRINA. 


Muller, Werm, hist. pag. 63, n.° 260. 

Linn. Syss, nat, t. 12, pag. 1245, sp. 670. 
Gmel. Syst, nat. pag. 3628. 

Férussac, Prodrome; Limaçons, pag. 46, n.° 240. 


PLANCHE, 07, 18. 2 Et 3. 


Testa supra plus minusve convexa, subcarinata, subtilissimè striata, 
matida, varios colores replicans, umicolor vel fascrata, fascus 1—2, 
anfractibus 4 — 5, valdè decrescentibus, convexiusculrs ; apertur4 paulo 
coarctatä, inclinatä, ferè rectà, ovato-lunari; umbihco exiguo, latere 
columellar: ferè obtecto. 


La variété que nous avons fait figurer est ainsi caractérisée : 


Maore, rubro-fuscä, zonâ carinal albà, fasciä mgro-fuscä, adnatä, 


regione umbilicah viotaceà. 


472 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Parmi les belles et nombreuses variétés de cette espèce, celle 
dont il est ici question se distingue par sa taïlle et par la vivacité 
de ses couleurs. Toute sa robe est d’un brun clair rougeâtre; les 
sutures sont bordées de blanc; la spire est assez saïllante; la région 
ombilicale est violette ou lie de vin, et le milieu du dernier tour, 
muni d'une carène peu sensible, est orné de deux bandes qui se 
touchent, et dont l'une, celle sur le côté de la spire, est brun rouge 
ou noirâtre, et l'autre, située au-dessous de la première, sur le 
côté de l'ouverture, est blanche *. 


HELIX EXCLUSA. 


FÉRUSSAC, Prodrome; Limaçons, pag. 49, n.° 297. 


CETTE espèce sembleroit, au premier coup d'œil, devoir être 
placée dans le sous-genre hélicigone, près des helix lens, lenticula 
et afficta; maïs on voit qu'elle doit, de préférence, être placée près 
de l’Aekx albella, par le caractère qu'offre son péristome, qui est 
bordé et non évasé. Ce caractère rétablit seul dans leurs rapports 
naturels plusieurs espèces, telles que l’AeZx albella, qu'on ne sauroit 
éloigner de lex elepans et des espèces voisines, et que, sans ce 
caractère, on placeroiït parmi les hélicigones. L'Aelix exclusa offre 
cependant cette anomalie, que son épiderme et sa transparence 
la mettent au nombre des hélicelles hygromanes , tandis qu'elle se 
trouve au milieu des héliomanes, c'est-à-dire, des espèces opaques, 
à épiderme insensible, jamais velu, qui se trouvent continuellement 
exposées à l’ardeur du soleil sur les plantes ligneuses. Elle est un 
peu moins grande que l’helix lapicida. Son ombilic est très-évasé 


+ Elle se trouve à Vaïgiou; et il est probable que les insulaires s’en nourrissent, car ils nous 
en apportérent quelquefois avec des poissons et des crustacés. Des habitans de Pile Guébé 
qui se trouvérent [à par hasard , donnérent à cette coquille Îe nom de campinaye, ce qui prouve 
qu'elle habite aussi leur pays, qui est voisin des Moluques. 


ZOOLOGIE. 472 
et sa carène fort aiguë, elle est convexe du côté de la spire, et 
presque concave du côté opposé. 


e 


HELIX MISELLA. ( Sous-genre HÉLICOSTYLE. ) 


Férussac, Prodrome; Limaçons, pag. $o, n.° 306. 


CETTE petite espèce, de la taille de l’hchx sericea d'Europe, est 
transparente, couleur de corne, assez polie et luisante, quoi- 
qu’elle ait de fines stries qu'on ne distingue qu'à la loupe. Une 
carène bien sensible règne sur le dernier tour, et devient très-obtuse 
près de l'ouverture. Comme dans toutes les espèces du sous-genre 
hélicostyle , la columelle est solide, et le bord interne de l'ouver- 
ture semble en être la continuation. Elle appartient au groupe des 
hélicostyles aplostomes. 

Elle habite l'île Guam. 

Cette espèce termine les hélicoïdes trouvées pendant le 
voyage de /'Uramie. Voïci les hélices cochloïdes qui ont été 
rapportées. 


HELIX LITA. ( Sous-genre COCHLOGÈNE. }) 


Férussac, Prodrome ; Limagons, pag. 58, n.° 403. 


PLANCHE 67, fig. 10 et 11. 


T'esta ovato-conica , ventricosa , acuta, nitens ; strus distinctis cælata ; 
alba, flammis bruneis luteisque eleganter variegata; anfractibus 5-6, 
al&mo ventricoso, cæterts duplo longiore ; aperturà rectä, ovato-elongatà , 
fere angulosà; columellä vix rectä, lineari, perforatä. 


CETTE charmante espèce navoit point encore été observée. 


Les individus jeunes ont une carène bien distincte. L'ouverture 
Voyage de l’Uranie. — Zoologie. 60 


474 VOYAGE AUTOUR DU MONDE, 


de nos exemplaires les plus complets paroît n'être pas terminée: 
mais le péristome doit être simple et non bordé, par conséquent 
elle doit faire partie des cochlogènes aplostomes. Les stries qui 
ornent toute la coquille sont plus prononcées dans certaines places, 
sur-tout près des sutures, et elles semblent former une large zone 
vers le milieu du dernier tour *. 


HELIX CONTRARIA. 


Muller, Verm, hist. p. 292. 
Gmelin, Sysr. nat. pag. 3644. 
HELIX INTERRUPTA SINISTRORSA. Chemnitz , Conchyl. t. 9, table 3, 


fig. 938 et 939. 
BULIMUS INTERRUPTUS. Var. B. Bruguière, Æncycl. méth. n.° 30. 
HELIX INTERRUPTA, MONSTRUM. Férussac , Prodrome ; Limagons, 


pag. 59: n° 415. 


PLANCHE 67, fig. 8 et o. 


Testa sinistrorsa, ovato-acuminata, ventricosa, apice acuto , levissime 
nitida, varis modis colorata, fasciata ac strigata; anfractibus $ -6, ultimo 
amplssimo luteo vel rufo, requis convexiusculis albescentibus , strigis 
Juscis undulatis vel quadratis, fascus pluribus fusco-bruneis albidisque 
adornatis ; suturä roseà ; apice nigro ; aperturâ magnä, amplà, rectà, 
ovali , atbescente, fasciatà et strigatä}; peristomate albo, plano, reflexo, 


acuto, subcontinuo, ponè rimä cavä. 


CETTE Jolie espèce a été trouvée en grand nombre à Timor, 
d'où Péron et Lesueur l'avoient déjà rapportée. C'est bien certai- 
nement l’Achx contraria de Muller. Quant à l'AeUx enterrupra, que 
Bruguière y réunit, prétendant que lAe/x contraria n'en est qu'une 
monstruosité, si l'on peut en juger par les figures 1213 et 1214 


+ Cette espèce, dont la coquille est assez fragile, habite le Brésil : nous la trouvions assez 
abondamment, retirée, pendant le jour, dans les ouvertures de Paqueduc du Corcovado. 


ZOOLOGIE. 47 
de la planche 134 de Chemnitz, qu'il donne comme l'rterrupta 
de Muller, on pourroit croire qu'elle diffère sensiblement du con- 
traria. Dans tous les cas, les coquilles sénestres paroïssent être le 
type de l'espèce, étant beaucoup plus communes que le véritable 
interrupta , dont nous n'avons jamais vu un exemplaire. 

On en trouve beaucoup à la ville de Coupang, et sur-tout dans 
le cimetière des Chinois. | 


Nous allons donner ici une monographie complète du qua- 
trième groupe du sous-genre cochlogène, celui des hélicteres ; 
ce petit groupe étant entièrement composé d'espèces recueillies 
par l'expédition de /’Uramie, à l'exception d’une seule, le trb0 
apex fulya, décrit et figuré par Dixon dans son Voyage autour 
du monde. Cette espèce et celle que Chemnitz a donnée, sous 
le nom de #wrbo lugubris sinistrorsus , étoïent seules connues aupa- 
ravant. 

Tous les hélictères sont liés par un faces particulier et par des 
caractères qui rendent leurs traits distinctifs assez difhciles à bien 
établir. On les prendroiït d'abord pour de petits cochlitomes du 
groupe des rubans ( genre Ægwus) de Montfort, qui font partie des 
agathines de M. de Lamarck, la forme arquée de leur columelle la 
faisant paroître subtronquée, et leur péristome simple ou bordé 
intérieurement, joint à leur configuration générale, leur donnant 
beaucoup d’'analogie avec ces coquilles. Maïs la columelle des 
hélictères n’est vraiment pas solide et aplatie comme celle des 
rubans; elle est le plus souvent creuse, et l'on aperçoit sur presque 
toutes les espèces une petite fente ombilicale. 

Cette columelle se rapproche peut-être davantage de celle 
des cochlogènes stomotoides, qui, à la vérité, ont généralement 
la bouche bordée. 

L'observation d'un plus grand nombre d'individus et la dé- 

60* 


476 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


couverte de nouvelles espèces, viendront sans doute éclairer 
sur la place la plus convenable à leur donner. L’indécision, du 
reste, est circonscrite entre les deux sous-genres cochlitome et 
cochlogène. 

Les hélictères servent d’ornemens aux insulaires du grand Océan, 
qui en font des colliers ou des bracelets, et se les pendent aux 
oreilles et même au nez. Aussi les premiers exemplaires qu'on se 
procura dans le commerce, étoient, ainsi que le dit Chemnitz, 
percés d’un trou qui servoit à y passer un cordon. Dixon, et sans 
doute les naturalistes du voyage de Cook, achetèrent ces coquilles 
aux femmes du pays, qui déjà s’en étoïent servies comme de 
bijoux; maïs celles rapportées par l'expédition de /’Urame sont 
entières. Quoique-toutes les espèces ne soient pas également jolies, 
celles que les insulaires emploient sont en effet, par leur brillant, 
leur poli, leur couleur et leur petite taille, très-propres à offrir 
un article de toilette aux beautés des îles de la mer du Sud. Le 
Muséum possède deux exemplaires du turbo lugubris de Chemnitz, 
qui est l'espèce rapportée par Dixon ; ils ont été vendus à Londres 
à M. Dufresne, comme ayant orné les oreilles de la reine de Taïti. 
Cette espèce est d'un beau noir de jaïet, polie, luisante, et ter- 
minée par un sommet d'un blanc d'ivoire. Des parures faites avec 
ces coquillages ne siéroient point mal sur une belle peau, et pour- 
roient, sans doute, entrer en concurrence avec diverses graines 
d'Amérique, que les dames portent en négligé à Paris et à 
Londres. 

Quelques espèces sont sénestres et ne paroissent pas être des 
monstruosités des coquilles dextres. Nous présumons que c'est à 
tort que Chemnitz a ainsi considéré celle qu'il décrit sous la dé- 
nomination de trbo lugubris simistrorsus, comme étant la mons- 
truosité gauche du véritable évrbo lugubris décrit par Dixon. Nous 
n'avons pas vu assez d'exemplaires de ces deux coquilles pour dé- 
cider à leur égard. C'est à tort aussi que Spengler et Chemnitz les 


ZOOLOGIE. 477 
crurent fluviatiles, sans doute d'après ce que rapporte Dixon, qu'on 
les lui donna comme se trouvant dans les eaux douces. Les hélic- 
tères sont terrestres; et nous ne doutons point que leurs animaux 
ne soient du genre hélice. 


HÉLICTÈRES. 


Caractères de ce groupe. Bouche courte, en croissant ; péristome 
simple ou épaissi intérieurement et régulier ;, columelle torse, plus 
ou moins saïillante et arquée, ou munie d'un pli qui tourne sur 
elle et la fait paroître subtronquée; ombilic masqué ou exactement 
clos: le dernier tour de spire est quelquefois plus court que les 
autres réunis. 


Férussac, Prodrome; Limaçons, pag. 56. 


Voici les espèces connues de ce groupe : 


* Coquille conforme. 


HELIX VULPINA. Féruss. 


PLANCHE 68, fig. 13 et 14. 


Testa simistrorsa, conica, elongata, vertice obtuso; nitida, argutè 
striata ; epidermide fulvo vel rufo - fugaci; apice pallido ; anfractibus ÿ = 
convextusculs, suturis distinctis, duplicatis ; apertur& semi-lunatä, alba ; 
peristomate intis incrassato; columellä alb& vel roseä, arcuaté ; rimä 
umbilical non distinctä. 

Férussac, Prodrome ; Limagons, pag. 60, n.° 429. 
a) Rufa, unicolore, pl. 68 *, fig. 13. 
B ) Rufa, fascia lata brunea, pl. 68 *, fig. 14. 


ELLE habite les îles Sandwich. 


478 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


HELIX GRAVIDA. Féruss. : 


b) Gracilis, 
PLANCHE 68, fig. 4 et 5. 


Testa simstrorsa, inflata, striatila ; spirâ conic4, acutä ; epidermide 
bruneo-fugact; anfractibus S =; suturis non duplicatis ; aperturä semi- 
lunatä, albä; peristomate intùs incrassato ; columellä albä, costé 
distinctè munitä: rim4 umbilicali. 


CETTE espèce, qui habite aussi les îles Sandwich, a beaucoup de 
rapports avec la précédente; mais elle est plus enflée, la spire est 
plus pointue et les sutures sont simples. La columelle offre plus 
distinctement une côte élevée tournant sur elle et s'enfonçant dans 
la coquille. 


HELIX DECORA. 


Férussac, Prodrome; Limaçons, pag. 60, n° 430. 


Testa subtrochiformis, sinistrorsa, ventrosa, mitida, deformis ; spirä 
Orevi, gracili, conicà ; anfractibus $ convexis, primoribus concis, ultimo 
valdè inflato, suturis notatis, non duplicatis; colore lacteo, fascus et 
lineols fulvis bruneisque adornato; apice albido luteo ; aperturä subro- 
tundà ; peristomate intus incrassato, dilatato ; columellä vix perforatä. 


b) Nigro-fusca, fasciis albis propè suturam cincta. 
TURBO LUGUBRIS SINISTRORSUS. Chemnitz, Conchyl. tom. 11, tab. 213, 
fig. 3014 et 3015. 


ELLE a été rapportée des mêmes lieux que la précédente. 
L'exemplaire qui a servi à la description de Chemnitz, diffère 


ZOOLOGIE. 479 


par les bandes et la couleur. Il fut acheté deux guinées à Londres 
par Spengler. C'est une charmante coquille. 


HELIX LUGUBRIS. Chemn. 


Dixon, a Voyage round the world. App. p. 354, fig. 1. TURBO APEX FULVA. 

Chemnitz, Conchyl. tom. 11, pag. 278, table 209, fig. 2059, 2060. TURBO 
LUGUBRIS. 

Férussac, Prodrome; Limaçons, p. 60, n.° 431. 


Testa dextrorsa, trochiformis, polita, nitida, argutè striata ; anfrac- 
tibus ÿ, primoribus conicis, attenuatis, ultimo gibbo, ventricoso ; suturis 
apice non duplcatis, rekquis marginatis, lneä distinctis adnatä ; colore 
migro apice albido luteo; apertur& intès albä, semilunatä ; peristomate 
intus incrassato; columellä clausà. 


ELLE habite les îles Sandwich , d'où elle a été rapportée d'abord 
par Dixon, qui dit que les insulaires en font des bracelets, des 
colliers et des pendans d'oreïlles. L’Uranie n'en a point rapporté, 
et même aucune personne de l'expédition n'a vu ce que raconte 
Dixon. L'abandon de ce genre de parure peut tenir à de nouveaux 
goûts introduits chez ces peuples par leurs communications ulté- 
rieures avec les Européens qui les visitent. Cependant quelques 
femmes de chefs portent encore des bracelets ornés d’une seule 
coquille, d'une nérite marine. La coquille qui nous occupe est en- 
tièrement noire, à l'exception des premières spires, qui sont d'un 
blanc jaunâtre. Sa forme est assez rapprochée de celle de l'espèce 
précédente. 


HELIX LORATA. 


Férussac, Prodrome ; Limagons, pag. 60, n°432. 

2) Albidè fusco unicolore, pl. 65 *, fig. 8 et 9. 

B) Lineol& fuscä cincta, pl. 65 *, fig. 10 et 1. 

y) Brunco colore, apice lutescente. 

À ) Albido-lutescente, fasciis bruneis tribus adornata, pl. 65 *, fig. 12. 


480 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


PLANCHE 68, Hg. 8, 9, IOPMII €t 12: 


Testa dextrorsa, ovato-comica, vertice acuto, mtida, Striata, alba, 
colore epidermali ; epidermide unicolore vel fascus ornato ; anfractibus $ =, 
æqualiter crescentibus ; suturis marginatis ; apertur ovatä, albä; columellé 
arcuatä, eminente; rimä umbilicali non distincté. 


HaABiTE les îles Sandwich. 


HELIX SPIRIZONA. 


Férussac, Prodrome; Limagons, pag. 60, n.° 433. 


Testa dextrorsa, conica, acuta, Striata, bruneo colore, fascus albis 
prope suturam cincta, apice nigro fUsco ; anfractibus 6, sensim crescen- 
tibus ; suturis non duplicatis ; aperturä coarctatä, ovali ; peristomate intis 


incrassato, violaceo ; columell& fèrè rectä, cost distinctä munitä ; rimä 
umbilical. 


ELLE habite probablement aussi les îles Sandwich. 


HELIX LUTEOLA. Féruss. 


o G : L 
Testa dextrorsa , elongata , striatula , alba ; epidermide luteo-fugaa ; 
anfractibus $-6! ultimo vix carinato; suturis non duplcatis ; aperturä 
ovato-elongatä ; columellä albä, arcuatä; rimä umbilicak non distinctä. 


ELLE a été trouvée par M. Gaudichaud. I est probable qu'elle 


vient des îles Mariannes. Nous n'avons vu qu'un exemplaire non 
terminé. 


ZOOLOGIE. 48: 


pts Coquille turriculée. 


HELIX TURRITELLA,. 


Férussac, Prodrome ; Limaçons, pag. 60, n.° 434. 


Testa dextrorsa, elongata, conica , striatula; anfractibus sex ; apice 
obtuso; suturis distinctis, non duplicatis ; aperturä valde oblongä ; peristo- 
mate intus incrassato ; columellä perforatä, ferè rectà, costà distinctä 
munità. 


ELLE a été rapportée des îles Sandwich. 


+ L 4 
*** Coquille ovoide. 


HELIX VENTULUS. 


Férussac, Prodrome; Limaçons, pag. 60, n.° 437. 


Testa dextrorsa, minuta, ovato-elongata, strus notatis donata; epr- 
dermide fusco ; anfractibus ÿ +, convexiusculs, suturis distinctis; aper- 
turä minutâ semilunatä; peristomate intus incrassato ; columellä brevr, 
rectä, costà minutà ; rimä umbihcah non dstinctä. 


ELLE habite l'ile Guam. Sa longueur est à peine de cinq lignes 
et demie; son diamètre, de deux et demie. 


ss DTA Lea r7 12 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 6 [ 


482 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


HELIX TEXTILIS: 
Férussac, Prodrome; Limagons, pag. 60, n.° 436. 


Testa dextrorsa , ovata, vertice acuminata , strus longitudinalibus et 
transversalibus cœlata ; epidermide luteo vel rufo-fugaci; anfractibus $ ; 
aperturà semilunatä; peristomate intis incrassato ; columellà brevi, costä 
distinctà munità ; rimä umbihcalh vix distinct. 


ELLE provient des îles Sandwich. Longueur, six lignes deux 
tiers ; diamètre, trois lignes troïs quarts. 


HELIX TRISTIS. 
Férussac, Prodrome ; Limaçons, pag. 60, n.° 435. 
PLANCHE 68, fig. 6 et 7. 


Testa dextrorsa, ovato-inflata, vertice acuminato , striatila; cpidermide 
êruneo - fugact ; anfractibus $, ultimo ferè carinato, suturis non dis- 
nctis ; aperturä semilunatä ; peristomate intus incrassato , ferè dilatato; 
columellä albä, depressà, costà munitä; rimä umbihcal vix distinctä. 


ELLE habite les îles Sandwich. 


ZOOLOGIE. 483 


COCHLOGÈNES. — Sr7OoMOTOÏDES. 


HELIX AURIS LEPORIS. 


BULIMUS AURIS LEPORIS. Bruguière, Encyclop. méth. n° 62, 
Maw, Zravels of Brasil, pl. de coquilles, n.”* 1 et 2. 
Férussac, Prodrome , pag. 60, n.° 438. 

a) Subtis plana, apertura lateralis. 


Testa conico-oblonga, granulata, basi depressa, obliquata ; aperturä 
infernè elongatà ; columellä uniplcatä. Brug. 


ELLE habite le Brésil, et est commune aux environs de Rio 
de Janeiro. La monstruosité z) a été trouvée dans les trous de 
l'aqueduc du Corcovado. M. le prince Maximilien de Neuwied l'a 
également rapportée du Brésil. Cette espèce présente ce fait remar- 
quable , qu'elle se trouve dans deux contrées séparées par des mers 
immenses, et entre lesquelles il n'a jamais pu exister de communi- 
cations. La description que donne Bruguière, qui, le premier, a 
découvert cette curieuse espèce dans une forét de bambous près 
la baie de Foulpointe, sur l'île de Madagascar, et les individus 
qu'il en a rapportés, dont plusieurs existent dans les cabinets de 
Paris, ne permettent pas de douter de ce fait particulier. 


HELIX RAWAKENSIS. 
Férussac, Prodrome ; Limagons, pag. 63, n° 465. 


CETTE espèce habite l’île Rawak, d'où elle a tiré son nom. 


484 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PARTULE. — PARTULA. 


PARTULA. Férussac, Prodrome, pag. 69. 
HELIx. Linné, Muller. 

Oris. Humphrey. 

AURIS. Chemnitz. 

Burimus. Bruguière. 

VoLuTA. Dillwyn. 


LE genre partule ayant été établi par suite des découvertes 
faites pendant le voyage de /'Uranie, nous croyons devoir entrer, 
à son sujet, dans quelques détails. Nous allons d'abord en tracer les 
caractères génériques. 

Animal. Couverture, collier et pied, comme dans lhélix; orifice 
respiratoire sur le collier, à l'angle extérieur de l'ouverture. 

T'entacules. Deux, cylindriques et rétractiles, oculés à leur som- 
met. 

Organes de la génération. Réunis; orifice près du tentacule droit. 
La matrice, très-ample, est située derrière le collier ; elle occupe 
une partie considérable de l'emplacement ordinaire de la cavité 
pulmonaire chez les hélices. L'individu que nous avons observé 
contenoit trois petites coquilles bien formées | p/ 68, fig. 17 |, 
quoiqu'elles ne fussent pas toutes trois parvenues au même degré 
d'accroïissement, et trois ou quatre œufs plus ou moins développés. 
Le développement des uns et des autres étoit en raison de leur 
proximité de l'orifice des organes de la génération, et tous étoïent 
rangés à la file les uns des autres. 

Test. Ovale pointu, spire conique; dernier tour renflé et plus 
long que les autres réunis; quatre à six tours de spire. Cône spiral, 
incomplet. 

Ouverture. Droite dans la direction de l'axe, courte, quelquefois 
dentée ou munie de lames élevées. Péristome communément fort 


ZOOLOGIE. 485 


réfléchi, bords dans le même plan vertical; côté columellaire, cal- 
leux à sa base. 

Observations. Nous avons reconnu que Fhelx pudica devoit ren- 
trer dans le genre helix, et faire partie du sous-genre cochlogène. 
Le genre partule n'est donc plus composé que de cinq espèces, 
dont trois sont dues au voyage de /’Urame. 

L'animal offre, comme on vient de le voir, les caractères du 
genre vertigo; mais il est ovo-vivipare, comme les paludines. Les 
individus de la partula gibba recueillis avec leurs animaux, ont 
offert chez ceux-ci une matrice remplie de petites coquilles toutes 
formées, ayant deux et demi à trois tours de spire, et des œufs 
dans un état d'organisation plus ou moïns avancé. Les coquilles 
offrent aussi des caractères remarquables, qui se refusent, jusqu'a 
un certain point, à des rapports certains avec les hélices. 


UC oquille dextre. 


PARTULA GIBBA. 


Férussac, Prodrome, pag. 70, n° 3. 
a ) Rubro-nigra aut violacea. 


PÉANCGHE 0680150 NO Et 17. 


Zesta conico-ovata, perforata, sokduscula, striatula, pellucens, lners 
longitudinaliter æqualibus cœlata; albo vel carneo colore; spirä acutä , 
roseo-rubrà; suturis lacteis ; epidermide tenui rufescente ; anfractibus 4 +, 
ulumo ventricoso, gibbo, reliquis majore ; aperturä ovato-elongatä , sub- 
quadrangulart; peristomate reflexo , largo , dilatato, albo. 


ELLE habite l’île Guam, où elle a été découverte, et d'où ül en 
a été rapporté un grand nombre d'exemplaires, conservés dans l'al- 
cool avec l'animal, ou bien desséchés. 


a] 


486 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


PARTULA FRAGILIS. 


Férussac, Prodrome, pag. 70, n.° 4. 


Testa ovato-elongata, perforata, fragihs, striatula, pellucida, rufescens; 
spirä obtusä ; suturis valdè notatis ; anfractibus 4, ultimo ventricoso , 


subcarinato , reliquis majore; aperturâ ovatä; peristomate subreflexo. 


ELLE habite les îles Mariannes. 


Vi Coquille sénestre. 


PARTULA AURICULA. 


Férussac, Prodrome, pag. 70, n.° 6. 


Testa ovato-acuta , imperforata, crasstuscula, striatula , flavescens ; 
spirä comcà, apice obtuso ; anfractibus ÿ contiguis, ultimo ventricoso, 
subcarinato ; aperturä subquadrangulart ; peristomate acuto, intus incras- 


sato, latere exteriore flexo ; columellä unidentatä, im fundo aperturæ 
lamellä elevatä valdè notatä, munitä. 


CETTE espèce, rapportée du grand Océan, appartient peut-être 
aux auricules; cependant nous en doutons. Sa longueur ést de trois 
lignes, et sa largeur d’une ligne trois quarts. 

Ce nouveau genre mérite de fixer l'attention des voyageurs qui 
auront occasion de l'observer vivant, et des naturalistes qui pour- 


ront faire l'anatomie d'une des grosses espèces, sur des individus 
en bon état. 


ZOOLOGIE. 487 


GENRE SCARABE. — ScarABus. Montfort. 


Hezix. Linné. 
Burimus. Bruguière. 
AURICULA. Lamarck. : 
STRIGULA. Perry. 


Animal. Ventacules contractiles, déprimés, conico-triangulaires, 

oculés à leur base interne, un peu en dessous. 
- Lèvres buccales larges et arrondies. 

Orifice respiratoire et anus à l'angle extérieur de l’ouverture. 

Organes de la génération séparés. 

Orifice de l'organe mâle, à droite, en arrière et en dessous de 
la lèvre, près du pied. 

Orifice de l’organe femelle, près de la séparation du tortillon, 
communiquant par un sillon. 

Test : cochliforme, ovale pointu, comprimé dans le sens de sa 
longueur, et parallélement au plan de l'ouverture, de manière à 
former deux arêtes latérales. fire : enveloppante, de huit à neuf 
tours contigus, le dernier formant les deux tiers du test; sutures 
recouvertes, peu distinctes. Ouverture : longue, arquée, étroite, 
garnie de dents ou lames sur chaque lèvre. Pérstome : continu, 
épaissi, élargi, mais tranchant; le bord intérieur replié vers la base 
de la columelle, celle-ci garnie de lames élevées tournant avec elles. 
Fossette ombilicale sinueuse, plus ou moins perforée, quelquefois 
ombiliquée. 


488 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SCARABUS IMBRIUM. 


Montfort, Conch. Syst. t. 2, p. 307. 

COCHLEA IMBRIUM. Rumphius. 

HELIX SCARABÆUS, Linn. Syst. nat.t. 12, p. 1241. 

HELIX PYTHIA. Muller, Verm, hist, p. 88. 

BULIMUS SCARABÆUS. Bruguière, 74. 

a) Major, variegata. Bruguière , variété B. Chemnitz, t. 9, 
tab. 136, fig. 1249, 1250. 

b) Bruneus unicolor. 

c) Minor, variegata, Férussac, Prodrome, pag. 105. 


CETTE espèce est commune à l'île d'Amboïne; et voici ce que 
Rumphius, qui l'a observée sur les lieux, dit de son genre d'ha- 
bitation : 

« On trouve le cochlea imbrium au bord de la mer, sous 
» l'herbe, les feuillages et les morceaux de bois pourris, et aussi 
» dans les terres; il y en a même sur les montagnes non fréquentées 
» par les hommes. » 

On sait que les habitans de cette ile croyoïent que ces coquillages 
tomboïent du ciel lorsqu'il pleuvoit, vraisemblablement parce 
qu'ils se montrent en quantité après la pluie, comme tous les lima- 
çons qui aiment l'humidité. Rumphius dit quon pensoit qu'ils 
étoient portés par les vents sur les montagnes. 

Au reste, il ny a plus d'indécision sur cette espèce comme 
étant terrestre, puisqu'elle a été trouvée vivante dans les taillis de 
la petite île Rawak, où la terre meuble en contenoit beaucoup de 
mortes. C'est de là que viennent celles qui ont été déposées au 
Muséum, conservées avec leur animal dans l'alcool. 

C'est à l'expédition de /'Uranie qu'on doit de connoître enfin 
l'animal de la singulière coquille connue depuis si long-temps 
sous le nom de /7 gueule de loup, de l’aveline, &c., dont on desiroit 
quelques individus pour en observer l'organisation. 


ZOOLOGIE. 489 


GENRE AMPUELLAIRE. =— AmPüLzARIA. Lamk. 


HELix. Linné. 
NERITA. Muller. 
BuriMus. Bruguière. 
POMACEA. Perry. 


* AMPULLARIA INTERMEDIA. Féruss. 


Varietas notata. 


PLANGHE 68, fig. 1, 2 et 3. 


Testa globosa, ventricosa, umbihcata ; anfractibus propè suturam 
complanatis ; aperturà ovato-elongaté ; umbilico distincto ; colore obscurè 
vire ; multis fascus adornata. 


L'AMPULLARIA INTERMEDIA habite le Brésil. C'est une espèce 
nouvelle dont une variété a été trouvée par l'expédition de /'Uranie. 
L'individu dessiné appartient à cette variété, qui se rapproche 
beaucoup de celles de l'apullaria effusa. L'ampullaire intermédiaire 
est ordinairement plus alongée , la spire est plus saïllante, et elle 
tient alors aux petites variétés de l'ampullarta guyanensis de Lamarck. 

Le genre ampullaire est aussi remarquable par la beauté de ses 
espèces que par la taille qu'acquièrent la plupart d’entre elles. On 
na point encore trouvé d'ampullaires en Europe. Trois espèces 
sont connues en Afrique, l'une en Égypte, l'autre au Congo: elles 
sont sénestres et très-Voisines de l'espullaria Guineensis, Vulgaire- 
ment la prune de reïine-claude , citée comme venant de la Guinée, 
et, avec peu de certitude, du Portugal. Les rivières d'Asie n'ont 
fourni jusqu'à présent que l'erpullaria ampullacea , vulgaïrement le 


cordon bleu. L’A mérique paroît être la véritable patrie des am- 
Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 62 


490 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
pullaires , sur-tout l'Amérique méridionale; car il n'est pas certain 
encore qu'on en rencontre dans l'Ohio ni dans ses affluens._ Les 
ampullaires habitent les petites rivières , les canaux, les mares 
d'eau douce, &c.: on n'en connoît aucune espèce à l'état fossile. 
Ce qui est très-particulier, c'est que toutes les espèces dextres 
de ce genre semblent se lier tellement les unes aux autres, qu'on 
est embarrassé pour établir des distinctions spécifiques entre elles. 
Les espèces d'ampullaires sont peu nombreuses, et l’on pourroït 
en doubler le nombre, si, n'ayant point une suite d'individus des 
divers pays, on ne possédoit que quelques exemplaires marquans 
des diverses variétés, parce qu'alors, n'observant pas les transitions 
qui les lient, on ne limiteroïit pas convenablement les espèces. 


ZOOLOGIE. 491 


GENRE FIROLE. Brug. — PTEROTRACHEA. Forsk. 


FIROLE ROUSSE. — PTEROTRACHEA RUFA. N. 


PLANCHE, 87, fig. 2 et 3. 


Pterotrachea, corpore elongato, cylindraceo; oculis cæruless; prnnä unicä 
dorsal ; dorso rufo, maculs albidis irrorato ; caudä explanatä bisulcä. 


Nous primes cette firole dans la traversée de l'île Bourbon à la 
baie des Chiens-Marins. Elle a près de neuf pouces de longueur, de 
l'extrémité de la bouche à celle de la queue. Son corps est arrondi, 
et va en diminuant depuis l'endroit où sont les yeux jusquà la 
queue, qui est bifurquée et aplatie comme celle des cétacés. De son 
milieu part un filament très-délié et noueux en forme de chapelet. 
La partie antérieure se prolonge en une trompe élevée, simulant la 
courbure de la proue des navires anciens. Elle est munie d’une bouche 
cornée, bilobée, cïliée sur les bords, et ordinairement rentrée. Pour 
bien la voir, il faut exercer une légère pression sur le bout de la 
trompe. Le tube digestif, assez large, va s'ouvrir en ligne directe 
vers le tiers postérieur du corps, à l'endroit où est placé le nucléus 
que forment les branchies. Le dos est surmonté d'une grande na- 
geoire , demi-circulaire, transparente et lisse. Les yeux, placés à la 
base de la trompe, de chaque côté, sont bleus, a-peu-près comme 
ceux de certains crustacés, un peu oblongs, et enfoncés dans la 
substance gélatineuse de l'animal. 

Le système nerveux, très-visible, est composé d'un centre en 
forme de ganglion , ainsi que l'indique la figure 3, d'où partent 
en dessus deux filets qui remontent vers la trompe; latéralement, 
les deux nerfs optiques, et postérieurement, deux autres rameaux 


62* 


492 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


presque parallèles, qui vont se perdre aux environs du nucléus. 

Lé dos est roux, parsemé de taches blanchâtres irrégulières. Le 
faisceau des branchies est jaune par le haut, et le filet qui sort de la 
queue , noirâtre sur les nœuds. Le reste du corps est transparent. 

Les firoles, quoique paroïssant beaucoup mieux organisées que 
d’autres mollusques nus, tels que les biphores, les diphyes, &c., ne 
jouissent cependant pas de la même vivacité de mouvemens. Celles 
que nous avons prises avec précaution pour ne pas les endom- 
mager, se déplaçoïient avec infiniment de lenteur dans le vase 
qui les contenoït. En les étudiant de cette manière, nous avons 
remarqué qu'elles tendoient le plus souvent à conserver en haut 
leur trompe et leur nageoïre dorsale : c'est ainsi que MM. Péron et 
Lesueur les ont vues nager. Maïs d'après MM. Cuvier et Blainville, 
elles se tiendroient dans une position opposée à celle qu'elles doivent 
naturellement prendre, et nageroïent renversées de la même ma- 
nière que les janthines et les limnées, qui ont presque toujours leur 
pied en fair. 

Du reste, les particularités relatives aux mœurs et à l'allure de 
ces animaux encore peu connus, ont besoin de nouvelles observa- 
tions , pour être éclaircies; et la Méditerranée sera probablement 
le lieu où les naturalistes seront le plus à portée de les étudier, 
puisqu'au rapport de Forskal, on les y trouve par milliers. 

Pour avoir de plus amples détails sur l’organisation des froles, 
il faudra consulter ce qu'en a dit M. Lesueur, qui na point de 
rivaux dans l'art de peindre les mollusques et les zoophytes péla- 
giens. ( Voyez Journal des sciences naturelles de Philadelphie, année 
RS 1720 Le 


ZOOLOGIE. 493 


CNE EIMORIENNE = more  N 


Corps libre, alongé , gélatineux, cylindrique antérieurement, triangulaire 
et pointu postérieurement; munt d'un appendice labial, et d'un tube 
digestif à deux ouvertures. Point de nageoires ni de branchies. Peut 
être des yeux. 


TIMORIENNE TRIANGULAIRE. — TIMORIENA TRIANGULARIS. N. 


PLANCHE 87, fig. 1. 


Timoriena , corpore gelatinoso , cyhndraceo, aspero; appendce carnosä 
anticè; branchüs et pinnis nullis ; caudä acutä, triangulari, rubrä. 


CE nouveau genre de mollusques tire son nom de l'île Timor, près 
de laquelle nous l'avons trouvé. Avant de le décrire, nous dirons 
qu'il a quelques rapports avec une firole privée de sa nageoire su- 
périeure et tronquée dans sa trompe. Nos observations à cet égard 
doivent lever tous les doutes. Nous avons pris plusieurs individus 
de la même espèce; et ce n'est qu'après avoir reconnu que tous 
étoient sains et parfaitement entiers dans toutes leurs parties, que 
nous les décrivimes, comme devant faire partie d’un genre séparé. 

Les timoriennes que nous avons vues, avoïent un pied de lon- 
gueur, quelquefois davantage. Elles nageoïent horizontalement à 
la surface des flots, où elles se faisoïent remarquer par la couleur 
rougeâtre de leur queue. 

Celle qui est figurée ici, a environ sept pouces de long. La 
moitié antérieure de son corps est transparente, molle, arrondie, 
et comme renflée par des lignes musculaires. La postérieure va en 


494 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


samincissant, et se termine par une pointe déliée, triangulaire, 
très-coriace, rugueuse, d'une couleur rougeâtre très-vive. 

La partie antérieure présente une ouverture large, qui est la 
bouche, fermée en (7) par un appendice vermiforme aplati, mus- 
culeux, strié longitudinalement et de couleur violacée; de sorte 
que lorsque l'animal veut prendre des alimens, il est obligé d’abaïsser 
ou d'élever cette espèce de lèvre, selon la position dans laquelle 
il se trouve placé. Un peu après cette ouverture, de chaque côté 
du canal alimentaire, sont deux grands points noirs quadrilatères, 
logés dans la substance gélatineuse qui les recouvre, et auxquels 
se rendent deux filets nerveux : ce sont probablement des yeux. 

Le tube digestif est large; on peut facilement suivre sa direction 
sur le dessin, où il présente une ligne bleuâtre; ïl va s'ouvrir dans 
l'enfoncement qui existe à la partie supérieure du corps, en (4). Cette 
disposition de l'anus pourroit faire supposer que ce mollusque a 
été considéré et représenté dans un sens renversé ; ce qui seroiït 
fort possible, car ces animaux ont une organisation si simple et des 
mouvemens si peu sensibles, que toutes les postures leur sont in- 
différentes. 

La surface du corps est parsemée d’une multitude de petits tu- 
bercules , et l’on ne voit aucun vestige de nageoire ni de branchies. 


ZOOLOGIE. 498 


GENRE MONOPHORE. — MonoPHor1. N. 


Corps libre, gélatineux , transparent, alongé, pyramidal, un peu aplati; 
arrondi à une de ses extrémités, pointu à l’autre ; ayant un tube 
digestif à une seule ouverture munie de deux lèvres ou valyules. Deux 
yeux ? FE 


MONOPHORE RUDE. — MonoPHORA ASPERUM, NN. 


PLANCHE 87, fig. 4 et 5. 


Monophora, corpore gelatinoso, hyalino, pyramidali, suprà rotundo, 
aspero ; ore valvules duabus instructo; Binis oculs nigres ? 


M. BorY DE SAINT-VINCENT avoit donné le nom de s7o70phore 
à un moilusque qui depuis a été appelé pyrosome par Péron. Cette 
dernière dénomination ayant prévalu, nous donnons celle de 
monophore au nouveau genre que nous établissons. 

C'est en allant à la baïe des Chiens-Marins, par 31° de latitude 
Sud, le thermomètre centigrade étant à 17, que nous avons trouvé 
cet animal gélatineux, transparent. Sa longueur est d'environ trois 
pouces, et sa largeur d'un seul. Mis dans un vase, quoique mort, 
il prit une position verticale. Sa partie supérieure est arrondie, 
couverte de petites aspérités coriaces; il diminue de largeur infé- 
rieurement, en se terminant par une pointe obtuse. L'ouverture 
de la bouche, située vers l'extrémité la plus large, est munie de deux 
petites languettes placées au dessus et au dessous. Dans la figure 4, 
la supérieure est relevée; l'inférieure, plus grande, est abaïssée, de 


496 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


manière à laisser voir, au fond de cette cavité, deux points noirs 
qui ont l'apparence d'yeux. Immédiatement après, commence le 
tubé digestif (4), très-large, visible à travers le corps, parce que ses 
parois sont formées de fibres entrecroisées. Cet éxfundibulum se 
prolonge , sans issue, jusque près de l'extrémité pointue. Il n'existe 
aucune trace apparente de système nerveux; ce qui pourroit faire 
douter que les points noirs soïent des yeux. 

Lorsque les'deux valvules s'appliquent lune contre l'autre, la 
bouche est entièrement fermée. Ce mollusque est dessiné vu de 
face et de côté. Nous ignorons quels sont sa position naturelle et 
son mode de progression dans l'état de vie. Nous en avons re- 
marqué une variété qui avoit quelques taches rousses sur sa grosse 
extrémité arrondie. 

M. Gaudichaud avoit aussi, de son côté, observé ce mollusque 
sans nous communiquer le résultat de ses observations : à Paris seu- 
lement, nous avons eu la satisfaction de voir que nos esquisses 
étoient semblables. C’est d'après les siennes que la gravure a été 
faite. 


Sr nous plaçons les trois mollusques précédens à la fin des gasté- 
ropodes , ce nest pas que nous croyions qu'ils soient à leur vraie 
place. Ce sont de ces êtres qu'il sera toujours très-difficile de classer. 
Mais, nous le répétons, quoique nous nous soyons rapprochés, le 
plus possible, de l'ordre établi dans le Règne amimal de M. Cuvier, il 
ne faut pas perdre de vue que notre ouvrage nest qu'un simple 
recueil d'observations. 


ZOOLOGIE. 497 


DES BIPHORES. 


CE genre de mollusques, nommé #phore par Bruguière, thaha 
par Brown, sa/pa et dagysa par Gmelin , est celui que nous avons 
rencontré le plus communément. C'est sur-tout dans la Méditer- 
ranée que ces mollusques pullulent le plus : nulle part nous n'en 
avons autant vu à-la-fois ; il suflisoit quelquefois de jeter un filet, 
pour qu'il en fût aussitôt rempli. Dans l'Océan atlantique, le grand 
Océan, la mer des Indes, celle qui baigne les Moluques, la Nou- 
velle-Guinée, les Mariannes et les Philippines, dans tous les lieux 
que nous avons parcourus, dans toutes les mers que nous avons 
sillonnées, nous n'avons cessé d’en voir, soit attachés ensemble et 
formant de longues chaînes, soit nageant isolément, ou amassés en 
groupes sans se tenir accolés, et offrant ainsi des zones de plus 
d'une lieue d’étendue. 

Nous ne sachons pas qu'on en aït remarqué dans les mers du 
Nord, ni dans celles qui avoisinent nos côtes : cependant, les mers 
orageuses de l'hémisphère opposé n'en sont pas dépourvues, car, 
par 59° de latitude, nous en avons vu des débris. 

On a déja beaucoup écrit sur les biphores, et il reste encore 
infiniment à faire avant d'avoir tout dit M. Cuvier est le 
premier qui ait donné les détails de leur singulière anatomie. Ce 
savant, en déterminant la place respective que doïvent occuper 
la bouche et l'anus dans ces animaux, s'est trouvé en opposition 
avec ceux qui les avoïent observés nageant dans la mer. Cette dis- 
sidence dans les opinions tient manifestement à ce qu'on a voulu 
attribuer aux deux larges ouvertures qui terminent l'enveloppe des 
biphores, des fonctions qui ne leur sont point propres. Celle qui 


se présente sur le devant, a-t-on dit, et par où l'eau entre, est la 
Voyage de l’Uranie, — Zoologie. 6; 


498 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


bouche; et la postérieure, par où l'eau sort, l'anus. Maïs ïül aa 
dans cette manière de s'exprimer, une fausse acception de mots 
et une erreur d'observation. Ces deux ouvertures ne sont ni la 
bouche ni l'anus proprement dits; ce sont les issues d’un large 
canal, au travers duquel des colonnes d’eau doivent sans cesse passer 
pour servir à la progression, à la respiration et à la nutrition 
de l'animal. C'est un instrument accessoire, si lon peut s'exprimer 
ainsi, que la nature luï a donné, maïs admirablement bien disposé 
pour concourir à plusieurs buts à-la-fois. Dans cet instrument, 
sont contenus les viscères spéciaux de la nutrition, comme l'a dé- 
montré M. Cuvier. Dans un paquet coloré, nommé nucléus, qui 
se trouve toujours placé à l'opposé de l'ouverture qui absorbe l'eau, 
se voient, la bouche, le foie, une des extrémités de la branchie, un 
peu plus haut le cœur, et quelquefois l'anus; car, dans certaines 
espèces, il va s'ouvrir près de ce même orifice par où l’eau entre. 
Ainsi donc, M. Cuvier a nommé ouverture de la bouche où antérieure, 
celle près de laquelle se trouve la véritable bouche, et postérieure, 
l'opposée, parce que, nous le répétons, ïl ne les a considérées que 
dans leurs rapports avec la vraie place des organes digestifs. 

Mais pour éviter toute équivoque dans la désignation de ces 
ouvertures, on nommera antérieure celle qui absorbe l’eau, par la- 
quelle animal se présente constamment, et qui, plus consistante, 
est munie d'une valvule pour empêcher le fluide de rétrograder; 
et postérieure, celle qui, plus mince, est dépourvue de valvule, et 
par où l'eau s'échappe dans les contractions du mollusque, d'où 
résulte sa progression. C'est ce que M. Adalbert de Chamisso, 
paturaliste français au service de la Russie, a fait, en partie, dans 
un mémoire sur les biphores qu'il a.observés. 

Nous avons sur ces mollusques quelques observations d’anato- 
mie auxquelles on ne doit pas attacher une trop grande impor- 
tance ; car à bord d’un navire à la voile, beaucoup d'obstacles 


\ 


s'opposent à leur précision. Sans parler des parties les plus visibles 


et qui ont été détaillées dans le mémoire de M. Cuvier, nous 
dirons que nous avons insufflé par l'estomac le canal assez large 
qui est adossé à la branchie, et l'air a fini par entrer dans cet 
organe de la respiration sous forme de globules ; mais il est pos- 
sible que ce soit à la faveur d’une rupture. Nous avons souvent 
vu le cœur opérer ses mouvemens de dilatation et de contrac- 
tion ; ce n'est même ordinairement que dans cette action qu'on 
peut bien le distinguer ; autrement il se confond dans la transparence 
générale. Après l'avoir percé ässez près de l'estomac, nous l'insuf 
flâmes de même que le canal qui lui est continu, et qui va finir à 
l'extrémité opposée, par deux lignes très-fines partant à angle droit. 
Péron dit avoir remarqué de la sanie dans ce canal. 

Nous lisons dans des notes écrites à mesure que nous observions, 
que le nucléus formé par l’estomac et le foie est situé en dedans 
de la tunique interne, et non pas entre elle et l'extérieure, qui est 
infiniment plus dure et résistante. Dans l'état de vie, les biphores 
sont entièrement transparens; cen est qu'aprèsavoirété dans l'alcool, 
que ces lignes rubanées qu'on voit sur la tunique intérieure, se dé- 
veloppent. Cependant, parmi plusieurs centaines d'individus vivans, 
nous en avons vu quelques-uns qui les laissoïent apercevoir. T'oute- 
fois, ce sont plutôt des particularités que des caractères constans. 

L'alimentation paroîtroit se faire par succion; car, dans tous 
ceux que nous avons ouverts, nous n'avons jamais trouvé, dans les 
viscères digestifs, de débris de matières qui aïent servi à la nutri- 
tion. Et, à cet égard, il faut bien prendre garde, lorsqu'on examine 
ces animaux vivans, de ne pas considérer comme devant leur servir 
de pâture, les zoophytes ou les petits crustacés qui s'engagent quel- 
quefois et par hasard dans leur cavité, 

Dans les belles mers, ceux qui vont isolés nagent à-peu-près à 
la profondeur d'un pied, en se tenant un peu obliquement; ce qui 
provient de ce que l'extrémité où se trouve l'estomac étant plus 
consistante, gibbeuse, et en même temps plus pesante, tend à faire 


020 


s00 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


plonger cette partie. Quelques espèces se tiennent horizontalement; 
d’autres, lorsqu'elles sont réunies, affectent une position verticale. 
M. Cuvier appelle dos la partie la plus épaisse, celle où sont ordi- 
nairement placés Îles organes de la digestion ; tandis que M. Cha- 
misso, considérant le mollusque dans son état le plus naturel, celui 
dans lequel ïl nage, nomme partie inférieure celle que M. Cuvier 
considère comme supérieure. En cela , nos observations se trouvent 
d'accord avec celles de M. Chamisso. Mais c'est une chose de peu 
d'importance. si 

Dans les biphores qui vont réunis, et que pour cela on nomme 
confédérés, ils sortent ainsi de l'ovaire, grandissent et nagent en 
commun , jusqu'à ce qu'un accident les sépare. Lorsqu'ils arrivent à 
la surface et qu'ils agitent leur partie antérieure qui absorbe l'eau, 
ils font entendre un bruissement très-remarquable. Les mouvemens 
réguliers de cette sorte de bouche, sembleroïent au premier abord 
devoir faire accorder à ces mollusques une volonté subordonnée 
à la perfection de certains sens; il n'en est rien. Les biphores n’ont 
point d'yeux ni de ganglions; leurs mouvemens sont automatiques; 
ils ne recherchent point leur proie, qui doit leur être apportée par 
le courant d'eau qui les traverse sans cesse, et ils ne peuvent même 
fuir ce qui leur est nuisible. Ils sont tellement transparens, que 
souvent, dans leurs agrégations, on ne peut les distinguer que par la 
couleur de leurs nucléus orangés, qui, semblables à des grains de 
chapelets, leur en ont fait donner le nom par les matelots. 

Lorsqu'on retire de la mer ces sortes de chaînes, elles se rompent 
facilement; et une fois que les individus ont été séparés ils ne se 
réunissent plus. C'étoit en vain que nous les placions dans un vase, 
ils passoïent les uns par dessus les autres, sans jamais se rejoindre. 
Cet assemblage s'opère chez quelques-uns à laide de petits tuber- 
icules, comme dans l'octophore où dans le pinné ; maïs dans d'autres, 
comme le #rostré, nous n'avons rien vu qui püt le faciliter; et 
cependant il étoit quelquefois si intime, qu’on déchiroit un indi- 


ZOOLOGIE. SOI 


vidu plutôt que de le séparer de son congénère. Ceux que nous 
avons remarqués ainsi confédérés, nageoïent ayant tous l'ouver- 
ture antérieure verticale ; aussitôt qu'ils étoient désunis, ils pre- 
noïent une position oblique ou horizontale. 

Nous ne chercherons point à prouver que les individus de ces 
chaînes ne participent point à une vie générale, et que chacun a 
la sienne propre : c'est une chose mise hors de doute par le travail 
de M. Cuvier, et°sur laquelle il n'est plus nécessaire de s'arrêter. 

Les biphores sont, comme les autres mollusques, plus ou moins 
phosphorescens. Is le sont en tout ou en partie; cela tient aux 
espèces, et à des circonstances trop fugaces pour que nous puissions 
bien les déterminer. Les petits nous ont paru l'être plus que les 
gros ; et, parmi ces derniers, nous en avons vu qui ne Jouissoient 
nullement de cette faculté. 

Ces animaux se réunissent quelquefois pour offrir de singulières 
particularités aux navigateurs. À environ cent lieues du Cap de 
Bonne-Espérance, par 36° de latitude Sud, nous vimes sur la mer de 
longues zones de couleur brun rougeâtre, dont nous ne pouvions 
quelquefois pas mesurer la longueur. Quelques personnes suppo- 
sèrent d’abord que ce pouvoit être du fraï de poissons *; mais ayant 
traversé plusieurs de ces bandes, le filet destiné à recueillir les ani- 
maux pélagiens nous donna la facilité de reconnoître qu'elles étoient 
composées de myriades de petits biphores de deux à trois lignes 
de longueur, vivant et voyageant en compagnie. I falloit qu'ils 
fussent bien nombreux pour réfléchir une couleur aussi marquée, 
car leur nucléus n'étoit pas plus gros qu'un grain de millet. Ce qui 


* En général, il arrive souvent que les marins prennent pour du frai de poissons tous les 
petits globules qui lottent à la superficie de la mer. Nous avouons n’en avoir jamais rencontré, 
et nous doutons fort que ces animaux exposent ainsi leurs œufs sur Océan, quand on sait sur- 
tout que le plus grand nombre recherchent pour cette opération les lieux les plus païsibles et les 
moins profonds ; souvent nous avons reconnu pour être des animalcules, ce que les matelots 
prenoient pour du frai. Les bacillaires rendent aussi la mer sale et grisätre ; au point qu’une 
fois, près de la Nouvelle-Guinée, Cook en fut effrayé, et crut être sur des hauts-fonds, Dans le 
voisinage des îles Moluques, nous avons eu occasion d’observer ce phénomène. 


s02 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


surprit le plus, ce fut de voir, malgré l'agitation des ondes, les 
rapports qu'ils conservoient entre eux, au point que les lignes qu'ils 
formoiïent étoient parfaitement tranchées. Une autre fois ce même 
phénomène se reproduisit, à l'opposé du méridien de Paris, en 
allant des îles Mariannes aux Sandwich. 

Ce ne peuvent être que des amas de petits biphores à nucléus très- 
rouges, que M. Salt a eu occasion d'observer dans la mer Rouge; 
mais cette couleur étoit si intense que tout l'équipage du vaisseau 
en fut étonné. « C’est vraiment la mer Rouge, disoient les mate- 
» lots; c'est absolument comme le sang qui coule dans une boucherie ; 
» si nous disions cela en Angleterre, on ne nous croiroit pas. » 
(Salt, Deuxième Voyage en Abyssinie, 1.1, p. 252.) 

Ces animaux sont très-nombreux en espèces. Nous en avons 
beaucoup vu et recueilli : un grand nombre ont été perdus sans être 
figurés, et la plupart de ceux que nous donnons ont été dessinés 
par notre collègue M. Gaudichaud. Si, dans tous, on distingue bien 
le nucléus, il n'en est pas de même de la branchie, et encore moins 
du cœur, qui sont souvent d’une transparence telle, qu'on ne peut 
pas les apercevoir. Nous pensons que lorsque de plus grandes 
recherches auront à-peu-près fait connoître l’ensemble des indi- 
vidus, on pourra les diviser en plusieurs sections, dont les caractères 
bien tranchés reposeront sur la présence ou l'absence des appen- 
dices qui ne servent point de moyen d'union entre eux. Aïnsi, par 
exemple, on auroiïtles 


Un appendice à chaque extrémité. 


1. SECTION, Deux appendices à extrémité postérieure. 


A. 
B. 
avec appendices. | C. Plus de deux appendices à extrémité postérieure. 
BIPHORES. D, Un seul appendice à l’une des deux extrémités. 
2. SECTION, | E. Les deux extrémités unies et comme tronquées, ou 
sans appendices. bien inégales et rugueuses. 


ZOOLOGIE. 503 


PREMIÈRE SECTION. 


À. Un seul appendice à chaque extrémité. 


BIPHORE BIROSTRÉ. — Sarpa MaxiMA. Forskal. 


PLANCHE 73, fig. 9. 


Salpa , corpore utroque apice appendiculato, rostrato. Lamk. 


LORsQUE Forskal, un des premiers, fit connoître les biphores, 
il donna une assez bonne figure de celuïci, qui, depuis, a été 
copiée par la plupart de ceux qui ont parlé de ces animaux. Nous ne 
la reproduirons donc ici que pour montrer leur mode d'agrégation 
lorsqu'ils nagent par bandes. Il faut que cette union soit bien forte 
pour résister aux chocs divers qu'ils sont susceptibles d'éprouver, 
depuis l'instant où, très-petits, ïls sortent de l’ovaire, jusquà ce 
qu'ils aient acquis trois ou quatre pouces de dimension. Quoi que 
nous ayons pu faire, nous n'avons rien aperçu dans ceux-ci qui püût 
servir à les réunir. 

Is sont de la Méditerranée, et M. Arago les a dessinés de gran- 
deur naturelle, ayant leur ouverture antérieure presque verticale, 
placée du même côté, et l'opposée offrant sur une seule ligne leurs 
nucléus d'un jaune orangé. Forskal a figuré une chaîne des mêmes 
individus, se tenant seulement par leurs extrémités, et nageant 
horizontalement. 


Tout autour de nous se trouvoient les adultes de ces mêmes 
animaux, dont quelques-uns avoient jusqu'à sept pouces de lon- 


gueur. 


so4 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


B. Deux appendces à l'extrémité postérieure. 


BIPHORE À CÔTES. — Sarpa cosTaTA. N. 


PLANCHE 73, fig. 2. 


Salpa posticè bicaudata , transversè costata ; oribus terminalibus ; 
appendicibus apice viridibus. 

CETTE espèce, la plus grande de toutes celles que nous ayons 
vues, acquiert des dimensions de six à huit pouces. Son extrémité 
antérieure, munie d'une large ouverture à rebords épais, avec de 
petites verrues, est plus développée que la postérieure, qui se ter- 
mine par deux cornes aplaties, consistantes et verdâtres à leur ex- 
trémité : l'ouverture fait saïllie entre ces deux appendices. Le 
nucléus formé par les viscères digestifs est d'un rouge orangé; la 
partie qu'il occupe, creusée en dedans, est bombée en dehors, 
comme gibbeuse, d'une consistance demi-cartilagineuse et trans- 
parente comme tout l'animal. Une ligne légèrement proémi- 
nente occupe la plus grande partie de la longueur du corps, et 
dix-huit côtes en saillie, d'un côté, quatorze, de l'autre, viennent 
y aboutir. ? 

Ce biphore est probablement une variété d'une espèce tout-à- 
fait semblable, excepté qu'elle n'offre point de stries transversales : 
nous avons plus souvent encore rencontré celle-ci ; mais elle 
a été perdue avant d'être dessinée. 

Cet individu, représenté aux deux tiers de sa grandeur naturelle, 
a été pris en allant de fIle-de-France à la Nouvelle-Hollande. Nous 
l'avons aussi retrouvé dans l'hémisphère Nord, par 36° de latitude, 
entre les îles Mariannes et les îles Sandwich. 


ZOOLOGIE. 505 


BIPHORE DOUBLE BOSSE. — SaLPrA BiciBBosA, N. 


PLANCHE 73, fig. 1. 


Salpa, posticè bicaudata, infrà et suprà verrucosa , gtbbosa ; orificiis 
terminalibus ; apperdicibus apice viridibus. 


CETTE espèce a, comme la précédente, deux appendices à extré- 
mités verdätres, du côté de l'ouverture postérieure. Maïs ce qui 
la distingue, c'est une bosse très-saïllante et dure près du nucléus, 
lequel est d’un vert un peu jaunâtre sur le bord, chose très-rare. 
A la partie opposée est une autre gibbosité arrondie, qui donne au 
mollusque un plus grand développement dans cette partie de son 
corps. L'ouverture antérieure, au lieu d'offrir, comme de coutume, 
deux lèvres épaisses, est plus amincie et peu consistante. Tout le 
corps est couvert de petites rugosités comme épineuses. 

Nous avons trouvé ce biphore par 38° de latitude Nord, en allant 
des îles Mariannes aux Sandwich; il a été dessiné de grandeur 
naturelle par M. Taunay. 


BIPHORE HEXAGONE. — SaLpA HEXAGONA. N. 


PLANCHE 73, fig. 3. 


Salpa cyhindrica, posticè bicaudata ; lineamentis triangularibus longi- 
trorsum sex; fasciis musculosis transversalibus novem. 


CE biphore est du petitnombre de ceux dans lesquels on distingue 
des muscles apparens. On le reconnoît sur-tout à ses six côtes trian- 
gulaires saïllantes, plus denses que le reste de l'animal, et qui 


règnent sur toute sa longueur. Les espaces intermédiaires sont 
Voyage de l'Uranie, — ‘Zoologie. 64 


506 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


arrondis, ce qui lui donne une forme cylindrique. Neuf bandes mus- 
culaires (ou du moïns que nous supposons musculaires ) traversent 
ces côtes à angle droit et entourent le corps. Les deux ouvertures 
sont terminales : l'antérieure est munie d'une valvule lâche qui 
couvre une portion du contour; on remarque à la postérieure 
deux appendices peu alongés et transparens. Le nucléus est 
orangé. 

Notre collègue, M. Gaudichaud, en dessinant avec soin ce mol- 
lusque vivant, a vu qu'il jouissoit de la faculté de se plisser lon- 
gitudinalement. 

I est représenté aux deux tiers de sa grandeur naturelle. H a 
été pris en février par 13° de latitude Nord, aux environs des îles 
Carolines. La mer étoit alors couverte de mollusques et de zoo- 
phytes de toute espèce. 


BIPHORE GIBBEUX. — Sarpa cigBosa. N. 


PLANCHE 73, fg. 7. 
Salpa, posticè bicaudata ; corpore trregulari, verrucoso, gibberibus referto. 


LES proéminences arrondies, hérissées de petites verrues épi- 
neuses, dont le corps de ce biphore est recouvert, lui ont fait 
donner le nom qu'il porte. Une des lèvres de son ouverture anté- 
rieure, qui s’'avance en forme de menton, ajoute à la bizarrerie 
de sa structure. L'ouverture postérieure est terminale et munie de 
deux appendices. Le nucléus est jaune et placé sur le côté opposé, 
de sorte qu'on est censé le voir au travers des tégumens. 

Ce biphore est représenté à-peu-près de grandeur naturelle. I a 
été recueilli, en octobre 1819, aux environs des îles de la Société. 


ZOOLOGIE. s07 


BIPHORE LONGUE QUEUE. — Sarpa LoNGIcAUDA. N, 


PLANCHE 73, fig. 8. 


Salpa, posticè prolixe bicaudata; plurimis fasciis musculosis transversalibus. 


CETTE petite espèce est tout-à-fait remarquable par la longueur 
de ses deux appendices, qui dépasse de beaucoup celle de son corps. 
Six bandes musculaires l'entourent circulairement; elles sont tra- 
versées par une ligne mince qui occupe le plus grand diamètre de 
ce biphore, dont la longueur totale est de deux pouces. 

M. Gaudichaud, qui l'a dessiné, le prit dans le mois de novembre, 
non loin du Port-Jackson. 


C. Plus de deux appendices à l'extrémité postérieure. 
PP 


BIPHORE TRICUSPIDE. — SALPA TRICUSPIDATA. N. 


PLANCHE 73, fig. 6. 


Salpa, extremitate posticä tricuspidatä; antrco orificio terminal; fascirs 
musculosis. 


Nous recueïllimes ce petit biphore en octobre 1818, près de la 
baïe des Chiens-Marins, sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. 
Trois appendices à l'extrémité postérieure le caractérisent : celui 
du milieu est un peu moins long et se détache légèrement des 
deux autres. L'ouverture antérieure est placée à l'extrémité, qui est 
tout-à-fait tronquée; tandis que la postérieure, au lieu d'être termi- 
nale, s'ouvre au-dessus des appendices. Trois bandes musculaires 

64* 


508 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
entourent le corps, au travers duquel on distingue les organes 
digestif et respiratoire. 


D. Un seul appendice à l'une des deux extrémités. 


Nous avions recueilli dans la Méditerranée une espèce de biphore 
qui n'avoit qu'un seul appendice à l'une des extrémités; elle a même 
été dessinée : maïs les notes qui y étoïent relatives s'étant perdues, 
nous n'en donnons point la figure, sur l'exactitude de laquelle 
_nous ne pouvons pas assez compter. Nous nous bornerons à faire 
connoître quil existe des biphores qui se rangeront dans cette 
division. 


DEUXIÈME SECTION. 


E. Point d 'appendices. Les deux extrémités unies et comme tr LAURE 
ou bien inégales el TUgUeUSES. 


BIPHORE INFUNDIBULIFORME. — SaALPA INFUNBIBULIFORMIS. N. 
PLANCHE 74, fig. 13. 


Salpa, corpore amplo ; nucleo gibboso, cartilaginoso, verrucoso ; ostio 
antico crasso, denticulato ; postico elongato, infundibuliformi. 


CE biphore, figuré presque de grandeur naturelle, a l'extrémité 
antérieure arrondie, plissée, avec une protubérance en dessous. 
La valvule qui ferme l'ouverture est frangée, comme denticulée. 
L'extrémité opposée est cylindrique, tronquée, très-proéminente, 
entourée de fasces musculaires. En la comparant, par rapport à 
l'animal, à un tuyau d’entonnoir, il en a reçu le nom. 

En se rappelant que la plupart de ces mollusques nagent oblique- 


ZOOLOGIE. 509 
ment à cause de la pesanteur de la partie où se trouve le nucléus, qui 
les fixe dans çette position, on sera obligé de concevoir notre biphore 
figuré dans un sens à-peu-près inverse de celui qu'il devroit avoir. 
Cette grosse gibbosité, hérissée de tubercules, qu'on remarque près 
de l'extrémité postérieure, devroit donc se trouver en dessous. Elle 
est creusée en dedans pour la place des organes de la digestion, qui 
sont rougetres. La branchie est très-visible au travers des tégumens. 

Ce biphore, qui a été pris dans le mois d'août 1818, en allant 
de lHe-de-France à la Nouvelle-Hollande , a des rapports avec le 
salpa cristata de M. Cuvier. 


BIPHORE SUBORBICULAIRE. -— SarpaA suBORBICULARIS. N. 


PLANCHE 74, fig. 5, 6 et 7. 


? = 5 A AA L, A x Fe + A SCA 
Salpa orbicularis, hyalina ; aperturä anticä cristä mobil clausä, posticä 


angustà. 


C'EST à cause seulement du caractère de ses deux oûvertures, que 
nous rangeons ce mollusque parmi les biphores, car il n'en a nulle- 
ment la forme. Il est transparent, presque orbiculaire, traversé un 
peu obliquement par un tube cylindrique, dans lequel nous n'avons 
remarqué aucun des organes qu'on trouve toujours dans les salpas. 
L'ouverture que nous supposons être celle qui absorbe l'eau, et 
qui dans la ffgure est placée à la partie supérieure, est presque 
recouverte par une sorte de crête. La postérieure est beaucoup 
plus petite, arrondie et comme froncée. 

M. Gaudichaud a pris cet individu et l’a dessiné de grandeur na- 
turelle, dans le mois de novembre, à l'entrée du Port-Jackson. 

Les figures jf, 6 et 7 le représentent, la 1. vu en dessous, la 
2.° en dessus, et la 3.° de côté. 


s10 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


BIPHORE INFORME. — SALPA INFORMIS. MN. 


PLANCHE 74, fig. 8. 


Salpa informis ; corpore gtbboso ; ostio antico rugoso, plcato. 


Quoiqu'iL soit difficile de décrire cette espèce, on lui recon- 
noît facilement tous les caractères du genre , tels qu'un nucléus, 
quelques traces de canal aérien et deux ouvertures égales, dont 
l'antérieure, en forme de lèvre, est surmontée de plusieurs plis. 
La postérieure, à peine visible dans la position qu'a le mollusque, 
est indiquée par un trait plus forcé. Tout son corps bosselé et 
contourné nous a fait lui donner un nom que nous n'aurions pu 
bien remplacer par aucun autre. 

Nous lavons trouvé aux environs des îles des Papous. 


À 


BIPHORE RHOMBOÏDE. — Sara rHoMBoïpes. N. 


PLANCHE 74, fig. 3 et 4. 
Salpa minima, rhomboïdes, aggregata, hyalna; nucleo cæruleo. 


Ces petits biphores ont aussi leurs particularités. Leur corps, 
transparent, assez ferme, est taillé à facettes. Il faut l’examiner 
avec soin pour voir ses deux ouvertures ; mais son nucléus, d'un 
beau bleu, indique au premier aspect que ces animaux sont des 
salpas. C'est un des caractères les plus distinctifs et qui ne trompe 
jamais, quelle que soit la petitesse du mollusque. Les faces pris- 
matiques de ceux-ci varient de .quatre à sept. C’est par elles qu'ils 
sont joints dans l'ovaire, d'où ils sortent pour voyager par bandes 


ZOOLOGIE. sir 
rubanées. Leur cohésion est très-foible, et ïls se désunissent faci- 
lement lorsqu'on les touche. 

Nous en primes beaucoup en septembre, dans les mers qui 
séparent l'île Bourbon de la Nouvelle-Hollande. 


BIPHORE TRIANGULAIRE. — SarpA TRIANGULARIS. N. 


PLANCHE 74, fig. 9 et 10. 


Salpa triangularis, anguhs denticulatis ; orificio antico terminal, 
postico lateral. 


CETTE espèce offre deux parties; l'une triangulaire, coriace, 
denticulée sur les trois bords , formant une sorte de voûte, occu- 
pant presque toute la longueur de l'animal, et sous laquelle se 
trouve son nucléus orangé : elle est ici représentée en dessus, bien 
que dans l'état naturel elle doive être en dessous. L'autre partie, 
molle, peu consistante , est arrondie, comme on peut le voir par 
la coupe transversale indiquée figure 10. L'ouverture antérieure est 
terminale, et la postérieure latérale: au-delà de celle-ci, le corps du 
biphore se termine en s'arrondissant. 

Sa longueur est d'environ trois pouces. Il provient des mers qui 
avoisinent la Nouvelle-Guinée. 


BIPHORE ÉCHANCRÉ. — SALPA EMARGINATA. N. 


PLANGRE 74, Hg. 1 Ct 12. 


Salpa, extremitate posticä emarginatä , subtüs tricuspidatä; ostio 


antico terminal. 


CET individu a son ouverture antérieure terminale , avec saïllie 


sue VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
d’une des lèvres. La partie postérieure se termine par deux feuillets 
dont ladossement forme un triangle à sommet aigu , dans l'inter- 
valle duquel se voit l'ouverture qui donne issue à l'eau. Ces deux 
lames, par leurs bords libres, forment une échancrure que suit une 
espèce de cannelure régnant sur le tiers postérieur de l'animal. La 
figure 12, en développant davantage l'échancrure, laisse aussi voir 
l'ouverture postérieure. Mais pour montrer le sillon qui y fait suite, 
il eût fallu représenter l'animal renversé. 

Il a été pris par 3° de latitude Nord, dans les parages voisins 
de la Nouvelle-Guinée. 


BIPHORE POLYMORPHE. — SALpA POLYMORPHA. N. 


PLANCHE,,73-. 119. 4 -Etiis. 


Salpa prismatica, recurvata; oribus terminalibus proximis. 


CE petithiphore, par sa structure recourbée et ses deux ouvertures 
peu éloïgnées l'une de l’autre, se rapproche des ascidies. Il est comme 
formé de deux parties accolées, dont une plus courte. Il est co- 
riace , transparent, prismatique, avec des arêtes très-vives, les deux 
supérieures finissant en arrière par deux pointes : les deux ouver- 
tures sont terminales, et la cavité intérieure est courbée comme 
un siphon dont la plus. longue branche seroït en haut. Le nucléus 
est placé dans la portion la plus courte. 

Ce mollusque a été trouvé par M. Gaudichaud. Sa forme an- 
guleuse indique manifestement qu'il étoit agrégé. I est représenté, 
un peu plus que de grandeur naturelle, vu de profil, figure 4, et 
vu de face par la partie postérieure, figure j : la ligne ponctuée 
intérieure indique le trajet du canal. L'individu a été déposé dans 
les galeries d'anatomie comparée du Muséum. 


ZOOLOGIE. 513 

Nous dirons, en terminant cet article sur les biphores, que ces 

animaux ont une mobilité de forme telle, qu'il est d’abord difficile 

de la bien rendre, et ensuite de la retrouver lorsqu'on veut com- 

parer les individus au dessin; d'où doit résulter une multiplication 
d'espèces qui peut-être n'existent réellement pas. 


Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 6; 


S 14 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PYROSOME. — PyrrosomA. Péron. 


PYROSOME ROUX. — PyrosoMA RuFUM. N. 
PLANCHE 75, fig 1. 


Pyrosoma grande, cyhndricum , rufum ; tuberculs inæqualibus, inor- 
dinatis, distantibus, lanceolatis. 


CE pyrosome provient des environs du Cap de Bonne-Espé- 
rance , où nous en rencontrâmes un assez grand nombre, la mer 
étant agitée. Quelques-uns de ceux que nous avons vus n'étoient 
point phosphorescens ; ce qui paroîtra peut-être surprenant dans 
ces mollusques, qu'on a crus toujours briller des plus belles couleurs. 
Mais nous avons dit, en commençant, que cette propriété tient 
quelquefois à certaines circonstances qu'on ne connoît pas bien. 

La masse entière a près d'un pied de longueur; sa forme est 
cylindrique lorsqu'elle est distendue par l'eau; ses paroïs sont épaisses; 
et l'ouverture, munie d’une valvule étroite, est assez petite. Comme 
dansle pyrosome géant, dont cet individu pourroiït bien n'être qu'une 
variété, les animaux sont irrégulièrement placés, et le nombre de 
ceux qui font saillie à l'extérieur est peu considérable. Tous ont une 
forte teinte rousse; couleur de laquelle participe le tube entier. 

Pour connoître l’organisation des pyrosomes, il faut consulter 
les travaux de MM. Desmarest, Lesueur et Savigny. 

Le pyrosome roux a été déposé dans les galeries d'anatomie 
comparée. 


ZOOLOGIE. s15 


GENRE MARIANA®. — MARIAN4A. N. 


Substance membraneuse, subgélatineuse, résistante , fixée; composée de 
plusieurs feullets concentriques plissés en forme de rose, ayant leur 
surface parsemée de points ronds à perne perceptibles, qui sont les 
ouvertures par lesquelles les animaux communiquent avec l'extérieur. 


MARIANA ROUGE, — MariANA RUBRUM. N. 


PLANCHE 86, fig. 8. | 


Mariana, corpore rubro, membranaceo, foholis concentricis composito, 
plurimis foraminibus sparso. 


Nous avons trouvé ce corps composé dans l'île Guam, l'une 
des Mariannes, d'où luï vient son nom générique. IH étoit fixé sur 
un fragment de madrépore mort et recouvert de quelques pouces 
d'eau. Malgré la belle couleur rouge dont il brille dans le dessin 
qu'en a fait M. Taunay, il est encore éloïgné de celle qu'il avoit 
étant vivant. C'est une remarque que nous avons faite plusieurs 
fois, que la peinture, qui le plus souvent embellit les productions 
de la nature, ne peut parvenir à rendre l'éclat d'une foule de 
zoophytes et de mollusques pélagiens. 

Les membranes dont le mariana est formé sont très-minces, et 
susceptibles de prendre diverses formes, comme une étofle. Elles 
sont parsemées de pores si petits, qu'il faudroit un verre grossissant 


# Nous plaçons après les acéphales sans coquille le genre mariana, sans être sûrs que 
les animaux agrégés qui le composent fassent partie des ascidiens. Nous y avons seulement 
été décidés par l’analogie de forme qu’il a avec Paplidium de M. Savigny. 


65 * 


516 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

beaucoup pour découvrir les animaux qu'ils contiennent, lesquels ne 
nous ont point paru se montrer au-dehors pendant que nous cher- 
chions à les examiner dans la mer; ce qui se remarque assez faci- 
lement par les diverses nuances que prend l'ensemble du corps qui 


les supporte. 
L'alcool altère la couleur de cette substance au point de la rendre 


blanche. 


ZOOLOGIE. s17 


CHAPITRE XII. 


% 


Des Crustacés, des Arachnides et des Insectes. 


SECTION I: 


Des Crustacés. 


Ge nombreuse et utile famille est non-seulement répandue sur 
toutes les plages du globe, mais encore dans les plus vastes mers, 
au milieu desquelles on en trouve des espèces errantes, soit qu'elles 
nagent isolées comme les phyllosomes, les érichthes, les smerdis, 
et même les phronimes, ou bien qu'elles soïent groupées sur ces 
immenses bancs de fucus arrachés du fond des eaux par les oura- 
gans, et dans lesquels elles semblent retrouver leurs rivages et leurs 
habitudes. 

Tout le monde sait que les contrées les plus chaudes sont celles 
où ces animaux multiplient davantage et sont ornés des plus belles 
couleurs. En général, leurs mœurs sont assez connues, et ce que 
nous avons à en dire n'est que ce simple aperçu que le voyageur 
saisit en passant. 

Les bords des fleuves, les marais fangeux, les ruisseaux, les 
sables et les rochers de la mer ont leurs crustacés. 

Les nombreuses rivières qui se jettent dans limmense baie 
de Rio de Janeiro, forment dans son contour de vastes marais 
qui ne présentent souvent qu'une vase très-molle. Ce sont ces 


s18 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


lieux que les thelphuses ont choisis pour leur domicile, et que 
des myriades de gélasimes, dont les couleurs sont en harmonie 
avec leurs habitudes, ont criblés de trous. Dès qu'on vient à trou- 
bler la solitude de ces derniers, on les voit s'ériger sur leurs pattes 
et menacer avec leur plus grosse pince qu'ils lèvent en l'air. Is ne 
fuient vers leurs retraites que lorsqu'ils sont sur le point d’être pris, 
tandis que les craintifs tourlourous se tiennent à l'entrée de leur 
terrier et y rentrent au moindre danger. Il est assez curieux de leur 
voir creuser leur profonde et dégoüûtante demeure; ils en sortent 
tout couverts d'une boue noire qu'ils portent à l'aide de leurs pinces 
et qu'ils vont entasser à quelque distance. Si la terre qu'habitent ces 
animaux ne contient pas de substance nutritive, nous ne savons ce 
qui peut fournir un aliment à un aussi grand nombre d'individus 
qui ne paroissent Jamais abandonner leur stérile contrée. 

Si nous dirigeons nos observations sur les bords de la mer du 
même pays, indépendamment des espèces connues, nous en verrons 
d'autres fuir la lumière et vivre constamment sousles sables humides ; 
ce sont les hippes, dont le têt est ovalaire, presque cylindrique. 
Tous les jours on voit les pêcheurs venir remuer les sables avec 
les mains, et enlever ces crustacés, dont ils font des appäts. Les por- 
tunes et les maïas ne quittent pas le fond des eaux. Lorsque, a notre 
départ du Brésil, nous retirämes nos ancres, nous trouvämes sur les 
cables un grand nombre de ces derniers, de même que des millions 
de nymphons, que leurs longues pattes déliées et fixées sur un 
corps très-mince, feroient prendre pour des faucheurs marins. 

Par-tout où les côtes découpées en baïes ont des eaux peu pro- 
fondes, les espèces de crustacés sont nombreuses ; comme à l’île de 
France, aux Mariannes, aux îles des Papous, à la baïe des Chiens- 
Marins, &c.: mais quand les rochers sont abruptes, battus par la 
tempête, et que les plages manquent, les grandes espèces seules s’y 
rencontrent en petit nombre; c'est ce que nous avons pareïllement 
remarqué à l'île Bourbon, au Port-Jackson, aux îles Sandwich. Dans 


ZOOLOGIE. S19 


ce dernier lieu, on prit à la ligne, par quatorze brasses de profondeur, 
un gros ranine de couleur rouge, dont les pieds, à l'exception des 
serres, de forme aplatie et propre à la natation, indiquent un séjour 
habituel dans l'eau. Il nous paroît que c'est tout-à-fait à tort que 
des voyageurs ont dit que cet animal quitte la mer pour aller 
jusqu'au sommet des arbres les plus élevés. 

Les hermites ou pagures sont ceux que nous avons trouvés le 
plus fréquemment : il n'existe peut-être aucun lieu où on ne les 
rencontre ; maïs les Mariannes, les îles des Papous et Timor, 
nous en ont offert en plus grand nombre. Les greves de la petite 
île Kéra, dans la baïe de Coupang, en sont couvertes. A l'instant 
de la plus forte chaleur, ils cherchent l'ombre sous des touffes 
d'arbrisseaux ; et, lorsque la fraîcheur du soir se fait sentir, on 
les voit sortir par milliers, roulant leur coquille, se heurtant, 
trébuchant, et faisant entendre par leur choc un petit bruit qui 
les annonce avant qu'on les aperçoive. Toutes les coquilles uni- 
valves leur sont bonnes, comme on sait; cependant la plupart 
étoient logés dans des nérites marines, qui, trèscommunes dans 
les lieux où nous avons fait cette remarque, ne sont pas les 
coquilles les plus favorables au développement de ces animaux 
parasites. 

Quand ils aperçoivent quelque danger, ils se sauvent en toute 
hâte, soit dans des trous qu'ils rencontrent et qu'ils ne creusent pas, 
soit préférablement sous les racines ou dans les troncs pourris des 
vieux arbres; rarement dans la mer, quelque près qu'ils en soient. 
Cette observation que nous avons faite bien souvent, prouve qu'il 
existe deux familles distinctes de ces animaux; celle qui habite dans 
les eaux, et celle qui n'y va jamais, ou du moïns que très-rarement. 
Ce n'est pas que les individus de toutes deux ne puissent vivre plus 
ou moins de temps hors de l'élément qui leur est naturel, c'est-à- 
dire, les uns dans l'air et les autres dans l’eau; ils en ont la faculté, 
comme nous nous en sommes assurés; mais le temps nous a manqué 


s20 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


pour dire jusquà quel pointils pourroïent supporter ces expériences 
Nous avons remarqué que les espèces marines se distinguoient des 
autres par leurs yeux arrondis portés à l'extrémité de longs pédon- 
cules cylindriques. 

A Guam, à Vaigiou, on rencontre dans les forêts, à plus de 
mille pas du rivage, de très-gros pagures à pinces violacées, logés 
dans des buccins revêtus d’une croûte terreuse, qui, très-évidem- 
ment, paroissent être dans leur séjour habituel. Quelques-uns 
ont la faculté de rendre de l’écume lorsqu'on les tourmente. La 
lumiere les attire; car une nuit que nous étions campés autour 
d'un feu que nos matelots avoient allumé, nous entendîmes venir 
d'assez loin un gros pagure, qui, s'étant approché trop près, devint 
victime de sa curiosité; il fut cuit dans sa maison et mangé. 

Nous nous étions particulièrement attachés à faire une collection 
la plus complète possible de ces singuliers animaux, dont il nous 
avoit été facile de réunir un grand nombre, que nous comptions 
soumettre à l'observation du premier entomologiste de JEurope, 
M. Latreïlle. Nos desirs n'ont pu se réaliser. . 

Les crustacés les plus extraordinaires sont, sans contredit, les 
phyllosomes. Nous en vimes pour la première foïs, en novembre 
1817, par 5° de latitude Nord et 56° de longitude à l'Ouest de 
Paris, en allant des Canaries au Brésil. Nous crûmes être les 
premiers à les faire connoître, et leur configuration nous déter- 
mina à les nommer /yroïdes, ne sachant pas alors que M. Leach 
venoit de former le genre qui nous occupe. Nous ignorions aussi, 
avec M. Leach lui-même, que, dès 1781, dans un journal alle- 
mand intitulé der Naturforscher, une espèce qui appartient bien 
certainement à ce genre, avoit été décrite et figurée par J. R. 
Forster, sous le nom de cancer cassideus. ( Voyez tom. 6, 16.° cah., 
pag. 206, pl. 5.) 

Depuis, nous avons retrouvé ces animaux dans plusieurs mers: 
aux environs de la Nouvelle-Guinée, par 2° de latitude Nord, 


ZOOLOGIE. Sen 


en janvier 18109; dans le grand Océan austral, par 18° de latitude 
Sud; et près des iles des Amis, dans le mois d'octobre de la même 
année. 

Vivans, ils sont transparens dans toutes leurs parties comme du 
cristal, les yeux exceptés, qui sont bleu de ciel ; ce-qui fait qu'il est 
impossible d'en donner, sous le rapport de la couleur, une figure 
rigoureusement exacte. La teinte jaunâtre de ceux qu'on a dans les 
collections est occasionnée par l'alcool ou la dessiccation. Il est vrai 
aussi que, par ce moyen, on aperçoit quelques parties de leur or ani- 
sation, qui, dans l’état naturel, sont invisibles et confondues dans 
la transparence générale, comme les muscles des pattes et quelques 
canaux latéraux qui aboutissent au canal longitudinal ; ce qu'on peut 
bien voir sur individu qui est dessiné dans la planche 82, figure 1." 
On voit quelquefois circuler dans ces détours une espèce de sanie 
blanchâtre ; et nous y avons remarqué de petits points rouges. 

Nous ne connoissons rien des mœurs de ces animaux, qui sont 
condamnés par leur fragilité à fuir les côtes pour vivre au milieu 
des flots. Ceux que notre filet nous amenoït encore en vie, avoient 
des mouvemens excessivement lents; bien différens en cela des 
agiles alimes, qui, transparens comme eux, s'agitoient et nageoïent 
avec vitesse dans le vase qui les recevoit. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 66 


s22 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE CRABE. — Cancer. Fabr. 


CRABE BRONZÉ. — CANCER ÆNEUS. 
Linn. Séba. Fabr. Herbst. Latr. Lamk. 


PLANCHE 76, fig. 1. “+ 


# 
Cancer , test rugosissima , obtusà, utrinqué quadrilobà , fronte sub- 


marginatä 1 


« LE dessus du têt est ciselé, comme sculpté, blanchätre ou 
» roussâtre clair, avec des taches rougeätres; le front est presque 
» droit,avec deux dents obtuses ; chaque bord latéral et antérieur 
» a quatre lobes, avec une petite dent près des yeux. » 

La description de ce brillant crustacé très-connu appartient à 
M. Latreïlle. Comme ïl avoit été assez mal représenté jusqu'ici, 
nous avons cru devoir en donner une meïlléure figure. On le 
trouve dans plusieurs lieux de la mer des Indes : celui-ci provient 
des îles Mariannes. 


ZOOLOGIE. 523 


GENRE GRAPSE. — GRraApPsus. Lamk. 


GRAPSE PEINT. — Grarsus ricrus. Lamk. 


CANCER GRAPSUS. Linn. Séba. Fabr. Herbst. 


PLANCHE 76, fig. 2. 


e 
Grapsus, testà posticè lateribus plcatä , anticè ad angulos bidentaté ; 
fronte plicis quatuor ; brachits brevibus, digitis apice concavis. 


Nous ne pouvons mieux faire que d'emprunter encore à 
M. Latreïlle la description de ce crustacé, en y joignant ensuite 
nos remarques particulières. 

« Tét long d'environ deux pouces, sur près de deux et demi 
» de large, d'un rouge de sang, ponctué et rayé de jaune ; les côtés 
» bidentés près des yeux et plissés postérieurement; front divisé 
» par trois incisions en quatre lobes aplatis, dentelés; côté interne 
» du corps dilaté en manière de dent, extrémité des doigts en 
» cuiller. I habite la Caroline, les Antilles, la baie des Chiens- 
» Marins à la Nouvelle-Hollande et les îles Mariannes. » 

En contournant l'île Guam, nous vîmes, sur les rochers du 
bord de la mer, une foule d'enveloppes de ces animaux, si par- 
faites et tellement intactes, qu'on eût dit qu'ils s'étoient desséchés 
eux-mêmes dans cette position. Mais, à la légèreté et au vide inté- 
rieur, nous reconnûmes que ce n'étoient que des peaux dont ces 
crustacés s'étoient dépouillés. Nous n'en surprimes point dans 
ce travail, qui doit leur être tres-pénible. Il étoit terminé alors, et 
nous étions en mai. On juge par l'examen de ces enveloppes que 
les grapses emploient tous les moyens pour que cette opération 
réussisse. D'abord ils cherchent un lieu convenable hors de l'eau; 


66 * 


524 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


et lorsqu'ils l'ont choisi , ils se cramponnent de toutes leurs forces 
sur la pierre, et finissent par sortir, régénérés, par la partie posté- 
rieure, à l'endroit où les pattes s'insèrent au corps. Ils prennent 
tellement bien leurs précautions pour s'assujettir, qu'après qu'ils ont 
abandonné ce têt inutile, il tient encore aux rochers et résiste 
long-temps à l'effort des plus grands vents. 


ZOOLOGIE. 525 


GENRE OCYPODE. — OcyÿPr0DpE. Fabr. 


OCYPODE BOMBÉ. — OcyroDE coNVExus. N. 


PLANCHE 77, fig. 2. 


Ocypode , testä convexä , quadratä; chelis granosis ; oculs extremntare 


obtusis, rotundis. 


LE corps de cet ocypode est presque carré, bombé en dessus, 
chagriné et jaune ; les côtés du têt sont un peu dentelés; son bord 
antérieur est pointu aux deux extrémités, et présente deux ondu- 
lations dans la fossette de chaque œil. Les yeux, de forme elliptique, 
sont placés au milieu de leur pédicule, qui est arrondi par le bout, 
au lieu d'être terminé en pointe aiguë, comme on le voit dans 
plusieurs espèces de ce genre. 

Les serres sont en cœur, la droite plus grosse que la gauche ; 
toutes deux chargées de petits tubercules, et dentelées sur leurs 
bords: Chaque pince a deux rangs de petites granulations à son 
extrémité. Les autres pattes sont denticulées sur leurs arêtes; elles 
se terminent par une surface triangulaire, concave en dehors, velue 
sur un de ses bords, et dont l'extrémité est munie d'un ongle acéré. 

En arrière du corps, et de chaque côté, est une surface trian- 
gulaire lisse, correspondant à la dernière paire de pattes; le premier 
article des troisième et quatrième est couvert de poils. Toutes sont 
d'un jaune plus beau que celui du corps. 

Dans une exploration que nous fimes sur l'ile déserte de Dirck- 
Hatichs, à la Nouvelle-Hollande, nous vimes sur le rivage des 
milliers de ces crustacés, qui à notre aspect s'élevoient sur leurs 
longues pattes, dressoïent leurs yeux et sembloïent nous menacer 


526 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
en fuyant et gagnant les trous qu'ils s'étoient creusés dans le 
sable. I paroît qu'ils ne faisoient que de changer d’enveloppe ; 
car leur mollesse étoit extrême. La nuit, ils sortoient en si grand 
nombre, quen longeant la grève pour chasser des tortues, nous 
les écrasions sous nos pieds. 

Les matelots en prirent pour Îles manger ; maïs à cette époque, 
qui étoit la mi-septembre de l'hémisphère austral, ils étoïent 
comme vides et ne purent rien fournir à notre subsistance. 


°_ 


ZOOLOGIE. 527 


GENRE THELPHUSE. = 7T'A4ELzPHUSA. Latr. 


THELPHUSE CHAPERON-ARRONDI. — THerpHusa ROTUNDA. N. 


PLANCHE 77, fig. 1. 


T'helphusa, testà levt, lateribus turgidä, crenulatä, anticè rotundä ; 


colore subtus violaceo. 


LE caractère spécifique de ce crustacé est d’avoir au-dessus de 
son chaperon rabattu , un renflement demi-circulaire très-saïllant 
et bombé, se terminant latéralement par deux petits lobes arrondis, 
desquels partent deux raies profondes. Un sillon bifurqué en ar- 
rière divise ce renflement en deux parties. De chaque côté, le têt 
forme deux bosselures considérables, s’élevant au-dessus du centre, 
et ayant une arête denticulée à leur sommet; elles finissent en 
devant par deux pointes qui forment l'extérieur de l'orbite. L'œil 
est presque entièrement caché dans une fossette profonde. 

Le dessus du tét est marqué de sillons et d'inégalités : il est 
d'un brun rougeâtre supérieurement, violacé en dessous; la queue. 
très-large, cordiforme, blanchâtre, est formée de six pièces. Les 
pinces sont grosses, alongées et brunes. Les huit autres pattes sont 
rayées en travers de taches d’un brun plus clair ; leur dernier article 
est denticulé sur les côtés et muni d'un ongle aigu. 

Cette espece a près de troïs pouces de largeur; elle habite les 
bords des petites rivières de l'île Guam, où elle se creuse des trous 
profonds. Ces animaux, excessivement défians, s'éloignent peu de 
leurs terriers et y rentrent au moindre bruit ; de sorte qu'il faut 
étre preste pour sen emparer. 


ä 


528 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PAGURE où HERMITE. — P4Acurus. Fabr. 


PREMIÈRE DIVISION. 


PAGURE POINTILLÉ. — PAGURUS PUNCTULATUS. 
Olivier, Encycl. méth. tom. 8, 2.° part. et 77. Liv. pl. 312, fig. 1. 


PLANCHE 78, fig. 2. 


Pagurus parasiticus, pallidè rufus, oculis albo-cœruleis punctarus , 


chelis hurtis rubris ; simsträ majore. Ov. 


CE crustacé, qu'Olivier a représenté en noir, nous le donnons 
colorié, en modifiant toutefois sa description d'après un individu 
dont les couleurs n'avoient point été altérées. 

Il est grand, puisque de l'extrémité des pattes à celle de la queue, 
il n'a pas moins de six pouces. Son corselet est quadrilatère, ventru 
inférieurement, lisse, blanchäâtre avec des taches rondes de la 
même couleur, et parsemé de faisceaux de poils rougeätres. Nous 
dirons avec Olivier que le chaperon est presque tridenté, car la dent 
du milieu ne paroît pour ainsi dire pas. En bas il est séparé du 
corselet par une ligne irrégulièrement demi-circulaire. 

Les yeux sont placés à l'extrémité d'un pédicule gros, long et 
cylindrique, d’un brun violet; une écaiïlle rougeätre, velue, les ac- 
compagne à la base, et leur sommet est muni d’une petite houppe 
de poil très-courte. Les antennes sont de la longueur de la troi- 
sième paire de pieds, jaunâtres en grande partie, rouges à leur base, 
qui est munie de trois pointes couvertes de poils , celle du milieu 


ZOOLOGIE. S29 


beaucoup plus forte. Les antennules , qui sont rosées, dépassent un 
peu les yeux. 

La queue est vésiculeuse, translucide , terminée par six écaïlles 
coriaces; le dessus est revêtu de quatre plaques transversales un 
peu plus solides que le reste, et du bord gauche desquelles partent 
autant d'appendices lamelleux, trifides, et soyeux à leur extrémité. 
Is semblent remplacés à droïte par quelques poils. 

Les pinces sont fortes, la gauche plus grosse que la droite; 
toutes Îles deux hérissées de longs poils rouges et de forts piquans 
de la même couleur en dehors. Il en est de même des deux autres 
paires de pieds, qui n'ont d'aiguillons qu'aux deux derniers articles. 
Les dernières pattes sont grêles, et la petite pince qui les termine 
est munie d'une râpe brune propre à fixer l'animal à la coquille. 
Cette même particularité s’observe auf$$i à l'extrémité dé la queue. 

Le chaperon, les surfaces externes et internes des pattes, le dessus 
des serres excepté, sont couverts de taches oculées blanches au 
milieu avec un cercle bleu de ciel. 

Cet hermite a été pris aux îles Mariannes ; il paroît habiter aussi 
Timor et quelques autres lieux entre les tropiques. 


PAGURE CUIRASSIER, variété. — PAGURUS CLIBANARIUS. 


CANCER CLIBANARIUS. Herbst. Canc. tom. 2, pag. 20, tabl. 23, fig. 1. 
PAGURE CUIRASSIER. Bosc. Oliv: Latr. 


PLANCHE 78, fig. 1. 


Pagurus parasiticus , thorace integro levi; carpis manibusque æqua- 
bus, muricatis, hirsutis , vittis longitudinalibus sparsis 


Nous ignorons ce qui a pu faire donner le nom de cwrassier 
à ce pagure. Olivier a omis, dans sa description, un caractère spé- 
cifique très-tranché; c’est celui des lignes longitudinales qui par- 


A A 0 2e e e . 
courent les pattes et tout le têt. Peut-être aussi, l'individu qui a 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 67 


s30 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
servi à sa description ne le présentoitil pas. En décrivant le nôtre, 
nous allons indiquer les particularités qui le distinguent. 

Le chaperon est ovalaire, d'une seule pièce, un peu convexe, 
lisse au milieu , velu sur les côtés; son bord supérieur est taïllé à 
quatre pans avec une très-petite pointe au milieu; l'inférieur est 
arrondi; sur les côtés sont deux petites saillies orbiculaires. Le 
fond de sa couleur est rougeâtre, avec trois lignes longitudinales, 
blanchâtres au milieu et rouges sur leurs bords. 

Les pédoncules des yeux, cylindriques et déliés, sont très-alongés 
et marqués de plusieurs lignes rouges longitudinales. Les antennes 
extérieures dépassent les pinces ; les antennules sont à-peu-près de 
même longueur que les yeux. Le corselet est membraneux, très- 
mince, parcouru en long par trois lignes rougeâtres. En général, 
cette partie a, dans tous lès pagures de la première division, à- 
peu-près la même forme, de sorte qu'on ne doit pas s’y attacher 
pour les caractères spécifiques. 

Les pinces sont presque égales dans toutes leurs dimensions; 
la troisième pièce est lisse, et la quatrième triangulaire, pourvue 
de tubercules épineux à sa partie supérieure : les serres en ont aussi 
de mêlées à leurs poiïls roux; leurs extrémités noires, concaves, 
s'appliquent parfaitement l'une à l'autre. Les deux paires de pattes 
qui viennent après dépassent les pinces et les antennes, elles sont 
parsemées de poils rares et munies d’un ongle noir. Plusieurs lignes 
très-remarquables parcourent leur longueur. Ce sont ces raies qui, 
simplement jaunes dans le pagure cuirassier que possede le Muséum, 
sont bordées dans le nôtre de deux raïes rouges. Les pinces en sont 
dépourvues et n'ont que des points blanchätres. Les quatre dernières 
pattes sont courtes; la queue est transparente; ses quatre filets la- 
téraux, placés à gauche, sont très-déliés et simplement bifurqués. 

On trouve ce crustacé dans la mer des Indes. Notre individu, 
qui est peu grand, habitoit une volute lorsque nous le trouvames 
à la baïe des Chiens-Marins. 


ZOOLOGIE. S31 


PAGURE VIEILLARD. — Pacurus anicuzus. Fabr. Oliv. 


CANCER ANICULUS. Herbst. Canc. tom, 2, pag. 37. 
PaGurus uRSUS. Oliv. Encyclop. méth, pl. 312. 


PLANCHE 79, fig. 1. 


Pagurus parasiticus ; pedibus manibusque transversè striatis, hirsutis; 


chelis ferè æqualibus. 


IL paroît qu Olivier a, par inadvertance, décrit deux fois, dans 
l'Encyclopédie méthodique, ce pagure, sous les noms différens 
d'ours et de vieillard ; du moins on reconnoît parfaitement le même 
individu d’après les deux descriptions *. Nous allons indiquer ce 
que notre pagure offre de particulier. 

[ est grand, d’un rouge pâle. Le chaperon est ovale bombé, 
tridenté et couvert de tâches rougeâtres. Les yeux, noirs à leur 
extrémité, sont portés sur des pédicules alongés, cylindriques, plus 
minces au milieu. Leur base est munie d’une lame pointue hérissée 
de longs poils fauves, de même que la bouche et le contour 
du chaperon. Les antennes extérieures dépassent un peu les 
pinces. A 

Le corselet est mou, arrondi inférieurement en deux lobes, strié 
longitudinalement, parsemé de poils et de quelques taches rouges. 
La queue, vésiculeuse, présente trois poches latérales. Son extrémité 
est testacée ; les quatre appendiïces latéraux sont munis d'une palette 
brune en râpe. Quatre plaques quadrilatères crustacées occupent 
sa partie supérieure. Du bord gauche des trois premières, partent 
autant de fausses pattes .trifides, velues et recouvertes chacune par 


* Lorsque nous avons communiqué cette observation à M. Latreïlle, nous avons eu la satis- 
faction de voir que ce savant entomologiste l'avait faite également, et qu'il Favaït consignée 
dans ses notes manuscrites. 

67* 


> VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
une membrane foliacée, arrondie, contenant des œufs; ce qui 


indique le sexe de ce crustacé. 

Les pinces sont arrondies, obtuses, presque de longueur et de 
grosseur égales; elles sont marquées de plis transversaux rapprochés 
qui semblent se recouvrir en faisant le tour du membre. Le bord 
de chacun de ces plis est rouge, bordé d’une frange de petits-poils 
courts aplatis, égaux, serrés et blanchätres. Indépendamment de 
ceux-ci, il en existe supérieurement et inférieurement, deux rangées 
de très-longs, blanchâtres aussi et rassemblés en faisceaux. Ceux 
de l'extrémité des serres, comme de toutes les autres pattes, sont 
d'un rouge cramoisi. 

Les quatre pieds suivans dépassent les serres; ils sont velus et 
ont comme elles des plis transversaux, mâis plus écartés ; leur 
second tarse est très-comprimé. Les deux dernières paires sont pe- 
tites, bifurquées, velues, sans plis; l'antérieure a une petite palette 
brune et rugueuse. 

Ce pagure, examiné de près, est élégamment orné. Toutes ses 
parties qui ne sont pas rouges, présentent une teinte très-légère- 
ment jaunâtre et luisante. Il habite les îles Mariannes : on le trouve 
aussi à l'ile de France et dans quelques autres lieux de l'Océan austral. 


PAGURE SANGUINOËENT. — PAGURUS SANGUINOLENTUS. N. 


PLANCHE 79, fig. 2, 


Pagurus parasiticus, cruentatus; thorace levi triangulari ; manibus 


pedibusque hirsutissimis ; chelä sinistr& mayore. 


OX reconnoît ce crustacé à la longueur et à l'aplatissement de 
son chaperon, dont le milieu est formé par un écusson triangulaire 
d'une seule pièce. Il est lisse au centre, velu sur les bords, sans 
pointe antérieurement. Les pédoncules oculaires sont gros, longs, 


ZOOLOGIE. 533 
cylindriques et fauves ; leur base est munie d’une simple lame 
hérissée de poils. Les antennes dépassent les pinces et égalent 
en longueur les plus grandes pattes. Les antennules sont un peu 
plus longues que les yeux, et pénicillées à leur extrémité. Le cor- 
selet est court, mou et plissé dans plusieurs sens. 

La queue est très-vésiculeuse, munie latéralement à gauche de 
deux fausses pattes trifides, velues. Plus bas elle se dilate pour former 
un prolongement conoïde, recourbé, pointu et couvert de soies à 
l'extrémité. Les pinces sontd'égale longueur; la gauche est plus grosse. 
Le dernier article et les serres sont recouverts de longs poils noi- 
râtres, ainsi que les deux paires de pattes suivantes. Des deux der- 
nières, l'une est aplatie avec une petite râpe noire à sa bifurcation ; 
l'autre est cylindrique. 

Le chaperon, le corselet et toutes les pattes sont couverts de 
taches d'un rouge de sang ; aux extrémités cette couleur disparoît 
sous des poils noirs et pressés. 

Ce pagure est marqué venir de l'Ile-de-France, ce que nous 
n'assurons pas. Son corps aplati semble indiquer qu'il s'est déve- 
loppé dans une coquille à ouverture étroite. 


PAGURE MOUCHETÉ, variété. — PAGURUS GUTTATUS. 
Olivier. Encyclop. méth. tom. 8, pag. 640 et pl. 311, fig. 2. 


PLANCHE 79, fig. 3. 


Pagurus parasiticus , sanguineo-violaceus, albo maculatus ; pedibus 


hispidis, oculis cœruleis distinctis; chelâ simisträ maore. 


CETTE espèce est d'une taille moyenne; son corselet plan, 
ridé sur les côtés, blanchâtre et lisse au milieu, a deux lobes 
ventrus inférieurement ; son chaperon est peu avancé, à peine denté, 
hérissé de longs poils sur les bords, avec un large écusson au milieu; 
sa couleur est d’un blanc de faïence, avec deux taches bleues. Les 


534 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
yeux sont noirs, portés sur ün pédicule cylindrique brun. Les an 
tennules les dépassent. 

Les pinces sont légèrement renflées et épineuses , la gauche un 
peu plus grosse que la droïte. Les seconde et troisième paires de 
pattes, plus longues qu’elles, se terminent par un ongle noir. Toutes, 
ainsi que les pinces, sont couvertes de longs poils fauves. Leur 
couleur est un rouge violacé parsemé de petits points blancs en 
dessus et en dessous. Mais un caractère très-saillant qui fera re- 
connoître ce crustacé au premier aspect, et dont on a omis de 
parler, ce sont de larges lunules, d'un blanc bleuâtre, qui occupent 
le troïsième tarse des trois premières paires de pattes. 

La queue, vésiculeuse, est munie du côté gauche de plusieurs 
appendices profondément trifides et poïlus. Ce pagure habite les 
îles Sandwich. Son corps est excessivement aplati, comme si l’on 
eût employé un effort mécanique; mais on saït que le plus souvent 
cette particularité tient à l’étroitesse de l'ouverture de la coquille 
dans laquelle ces animaux vivent. 


DEUXIÈME DIVISION. 


PAGURE LARRON. — Pacurus LATRO. Fabr. Bosc. Latr. 


CANCER LATRO. Linn. Syst, tom. 2, p. 1049, n.° 56. 

CANCER CRUMENATUS. Rhumph. Thesaur, tab. 4 ; Séba, tom. 3, tab. 21, 
fig. 1 et 2. 

CANCER ASTACUS LATRO. Herbst. Canc, tom. 2, p. 34. tab. 24. 

BIRGUS LATRO. Leach. 


PLANCHE 80. 
Pagurus, testà suturis quadrifidä; caudä simplict, subtus ventricosä. Latr. 


IL sembleroit qu'Olivier a fait la description de ce crustacé 
seulement d'après la figure de Séba: nous composerons la nôtre 


ZOOLOGIE. 535 


d’après les caractères que va nous offrir l'individu que nous avons 
sous les yeux, et dont les couleurs sont très-exactement rendues. 

Ce pagure est le plus grand de tous ceux du genre. Dans notre 
dessin, il n'est représenté qu'a-peu-près au quart de la grandeur 
qu'il peut acquérir. 

Son chaperon est terminé en pointe avancée. Les antennules 
dépassent un peu les pinces ; elles sont divisées à leur extrémité, 
aplaties , articulées, flexibles et molles comme un organe qui doit 
servir au tact. Les antennes extérieures sont trés-longues, cétacées 
et munies à leur base d'une lame triangulaire. Les yeux sont gros, 
velus, portés sur des pédicules cylindriques et courts pour la gros- 
seur de l'animal. C 

Son corselet est arrondi, convexe, formé de plusieurs pièces 
séparées au milieu par deux lames triangulaires réunies par leur 
sommet; ce qui, jusquà un certain point, peut donner, comme 
l'a dit Olivier, l'idée d'un X trèsalongé. Les deux pièces latérales 
sont larges; les autres, qui peuvent varier en nombre, le sont infi- 
niment moins. 

La queue est crustacée, large et formée de cinq pièces ovalaires 
convexes en dessus, concaves en sens opposé. La première est 
infiniment petite comparativement à la seconde : les autres dé- 
croissent ensuite de grandeur selon leur ordre numérique. Les 
pinces sont volumineuses, dentelées sur les bords; la gauche est 
plus grosse que la droite. Leurs serres sont garnies de fortes dents. 
Les trois paires de pattes qui suivent sont aussi denticulées et cou- 
vertes de poils à leur extrémité, qui est munie d’un ongle noir. Au 
bout des quatrièmes pattes, qui sont petites, on remarque une pince. 
La dernière paire, excessivement déliée, velue, blanchâtre, ne peut 
servir à la progression, et demeure presque toujours cachée sous 
les plaques de la queue. Les pinces et les autres pattes sont mar- 
quées d’incisions transversales plus ou moins garnies de faisceaux 
de poils. Elles se répètent sur le corselet et le chaperon, maïs elles 


536 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


y sont moins profondes et sans poils; enfin, sous la queue ce ne 
sont plus que des mouchetures, et même les dernières pièces sont 
lisses. 

Ce crustacé paroît évidemment le même que celui de Séba, 
bien que le peintre ait omis de diviser l'extrémité des quatrièmes 
pattes, et de faire paroître les dernières paires. Cependant nous 
n'en avons point vu de couleur rouge, comme l'indique le 
naturaliste hollandais. Sa teinte, qui na point été altérée par 
l'alcool, est telle que nous loffrons; c'est un mélange de brun 
rougeâtre, plus clair sur le corps, plus foncé aux pattes, qui sont 
tachées en dessus et plus fortement en dessous de bleu violet. Les 
antennes sont un peu rougeâtres. Herbst a représenté ce pagure 
d'une couleur bleuâtre. 

Nous avons vu plusieurs individus vivans, sans remarquer le 
mouvement, dont parle Séba, des pièces du corselet les unes sur 
les autres. Il est cependant flexible en totalité, parce que tout le 
corps de l'animal , les pattes exceptées, est plutôt membraneux que 
testacé. 

Ce pagure vient des îles Mariannes ; il se tient sous les rochers 
des bords de la mer. Aïnsi que celui à large queue, il fait partie 
de la seconde division des pagures de M. Latreïlle, et n'est point 
susceptible d'habiter les coquilles, non plus que de se tenir dans 
l'eau. Il jouit d'une force extraordinaire dans les pinces; car lors- 
qu'il saisit un bâton, son corps étant bien fixé, un enfant peut sy 
suspendre. Il aime beaucoup le fruit du cocotier, et l’on peut aïnsi 
le conserver pendant plusieurs moïs, sans que la privation d’eau 
paroisse le faire souffrir. Il faut avoir le soïn de ne pas en mettre 
plusieurs ensemble, parce que les plus gros brisent les plus faibles: 
c'est ce qui arriva pour deux qu'on nous avoit donnés. Se mangent- 
ils entre eux! nous le croyons sans pouvoir l'aflirmer. 

Apparemment que le nom de soeur, sous lequel ïl est désigné, 
tient à quelques-unes de ses habitudes. 


ZOOLOGIE. 537 


GENRE LANGOUSTE. — PazinNuRUS. Fabr. 


LANGOUSTE BORDÉE. — PALINURUS MARGINATUS. N. 


PLANCHE 81. 


Palinurus birostratus ; pedibus cyaneis albo maculatis ; segmentis abdo- 
minalibus violaceis flavo marginatis. 


CE crustacé a le corselet brun, couvert de petites aspérités et 
d'aiguillons, dont deux plus considérables sont dirigés en devant; 
dans leur intervalle on en voit quatre plus petits. Les antennes, 
d'un rouge violacé à leur base, sont aussi, dans cette partie, armées 
de fortes épines; elles sont jaunâtres et couvertes d’aspérités dans 
le reste de leur longueur. Les antennules, bifurquées, très-longues 
et verdâtres, ont des taches rougeâtres aux articulations. 

Les pattes sont bleu de ciel tacheté de blanc et velues à leur 
extrémité. Un beau violet bordé de jaune colore les anneaux de 
la queue; le crochet qui les termine de chaque côté est rougeätre 
à la pointe. Les cinq plaques de la nageoïre de la queue sont ver- 
dâtres, avec du jaune au milieu. Leur limbe est denticulé et bordé 
d'une bandelette noire avec un liséré blanc. 

Cette langouste, qui vient des îles Sandwich, a été dessinée 
par M. Taunay. 


Voyage de l’Uranie. — Zoologie. 68 


538 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE PHYLLOSOME. — PayrzrosomA. Leach. 


PHYLLOSOME AUSTRAL. -— PHyLLoSsoMA AUSTRALE. N. 


PLANCHE 82, fig. 1. 


Phyllosoma , corpore amplo hyalino , parte inferiore cordiformt ; anten- 


ns externts , latis, brevibus bifidisque ; pedibus indivisis. 


» 


» 


2 


« LE corps des phyllosomes, dit M. Latreïlle, aïnsi que l'indique 
l'étymologie | feuille -corps |, n'a pas plus d'épaisseur qu'une feuille 
de papier à écrire, et se présente sous l'aspect d'une membrane 
très-mince, demi-diaphane, imitant par ses découpures une feuille 
divisée longitudinalement, au-delà d'un pétiole court et dentelé 
sur ses bords, en deux lobes inégaux. Le lobe terminal, beaucoup 
plus grand que le premier, forme la tête; ses appendices consti- 
tuent les yeux et les antennes; l’autre lobe compose le tronc, et 
de son contour un peu anguleux partent des filets qui sont les 
pattes. Parmi les animaux, il n'en est guère qui nous offrent une 
figure aussi bizarre. 

» La tête, presque deux fois plus longue que le corps, mais un 
peu plus étroite, a dans le plus grand nombre la coupe d’une 
ellipse ou d'un ovale parfait; à son extrémité antérieure sont 


> situés les yeux et les quatre antennes. Les yeux occupent le milieu 


et sont portés sur un pédicule long, grêle et divisé en deux 
articles; le dernier est un peu plus gros, et forme un bouton 
abconique, terminé par l'œil proprement dit. 

» Les antennes ne paroïissent composées que de cinq articles; 
elles sont plus courtes que les pédicules oculaires et divisées en 
deux filets. 


ZOOLOGIE. 539 


» La bouche est située entre le milieu de la tête et celuï de son 
» extrémité postérieure, vers les deux tiers de la longueur de la 
» ligne médiane. Elle n'offre au premier coup d'œil qu'un petit 
» groupe de tubercules ou mamelons disposés en rosettes; mais 
» en les étudiant avec une forte loupe, on voit que ses parties sont 
» les analogues de celles de la bouche des squilles. 

» La queue est composée de cinq anneaux et d'une nageoire 
» terminale qui consiste en cinq lames ou feuillets. Chaque anneau 
» précédent a en dessous une paire .de fausses pattes ou de pieds 
» en nageoire. » ({ Nouv. Dictionn. d'hist. nat. 2° édit., tom. 26, 
pag. 33.) . 

Ces crustacés présentent, outre cela, diverses anomalies relati- 
vement au nombre et à la forme de leurs pattes; le plus ordinaire- 
ment ils en ont douze, quelquefois quatorze. Elles diffèrent aussi 
pour la longueur chez le même individu. Elles sont simples dans 
les uns, bifides dans les autres; c'est-à-dire que, sur un point de 
leur continuité, il part une sorte de patte secondaire moitié aussi 
longue que celle qui lui donne naïssance. Enfin, les unes sont ter- 
minées par des faisceaux de poils, et d’autres finissent en crochet. 
Rien n'est fixe à cet égard. Le corps a de même ses différences: 
quoïque moins sensibles, elles suffisent cependant pour caractériser 
les espèces. 

Le corps de notre phyllosome a plus d'un pouce et demi de 
largeur; ïl en a troïs des yeux à l'extrémité de la queue, et près 
de cinq, les pattes étendues. Par sa grandeur et par sa forme en 
cœur renversé, il diffère de ceux qui sont connus. Les antennes 
extérieures sont courtes, larges, bifides: les internes, composées de 
quatre articles, sont divisées aussi à leur extrémité. Toutes ont 
moins de longueur que les pédicules oculaires, qui les dépassent de 
beaucoup. 

La bouche, occupant le lobe inférieur du corps, est munie de 
quatre palpes, dont les deux extérieurs, crochus, sont très-visibles: 

68* 


s4o VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


on a besoin d'une loupe pour distinguer les plus petits, qui imitent 
les grosses pinces des crabes. Les pattes sont terminées en pinceau. 
A l'aide de la dessiccation, on voit dans l'intérieur du corps les deux 
faisceaux musculaires qui les meuvent; disposition que le peintre a 
copiée, et qui ne se voit point dans l'état frais. 

M. Leach a décrit un phyllosome sous le nom de /arges-cornes. 
Comme ce caractère est aussi commun au nôtre, nous ne savons 
pas jusquà quel point il peut ressembler à celui du naturaliste 
anglais. Notre espèce paroît beaucoup se rapprocher du cancer 
cassideus que J. R. Forster a trouvé dans la mer des Indes. C'est à 
ce naturaliste qu'appartient réellement la découverte de ce singu- 
lier genre de crustacés. que, fort long-temps après, M. Leach a 
établi sous le nom de phyllosome. 

Ï a été pris dans le grand Océan. 


ZOOLOGIE. s41 


GENRE CHONDRACANTEHE".-CHONDRACANTAHUS. Delaroche. 


CHONDRACANTHE LISSE. — CHoNDRACANTHUS LEVIS. N. 


PLANCHE 86, fig. 10. 


Chondracanthus , collo exil, longo ; ventre globoso, ovifero; appen- 


dicibus duabus cylindricis. 


CET animal a la tête et le thorax réunis en un renflement, dans 
lequel un examen qui na pu qu'être fait assez superficiellement 
sur le vivant, nous a fait apercevoir deux griffes qui servent à fixer 
cet être parasite sur le corps des poissons. Son cou est grêle, 
alongé; il se termine inférieurement par une ampoule arrondie , de 
laquelle partent deux tubes cylindriques de longueur inégale, coupés 
net, et ouverts par le bout. À leur réunion avec l'ampoule, qui 
est l'abdomen, existe un paquet d'œufs ronds amoncelés. En pres- 
sant les deux tubes, il en sortoit aussi des œufs semblables à ceux 
qui se montroiïent à l'extérieur. 

Deux de ces chondracanthes étoïent placés sous la gorge d’un 
gade du Cap de Bonne-Espérance ; chacun s’y étoit creusé un trou 
dans lequel le renflement thoracique étoit entièrement contenu. 
Leur couleur étoit d’un jaune brun. 


2: Nous plaçons, à la fin des crustacés, une nouvelle espèce du genre des chondracanthes, 
animaux que MM. Cuvier et Blainville considèrent comme trés-voisins des caliges, 


s42 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SECTION IL 


Des Arachnides et des Insectes. 


PLusIEuRs des pays que nous avons parcourus sont riches en 
insectes : le Brésil sur-tout plus qu'aucun autre. Maïs on s'est 
tellement livré à ce genre de recherches, qu'il reste aujourd'hui peu 
d'espèces à décrire parmi celles qui vivent sur le littoral de cette 
contrée. Ce nest vraiment qu'aux voyageurs qui pénètrent fort 
avant dans l'intérieur, qu'il est donné de faire de nouvelles décou- 
vertes dans cette classe d'êtres. “A. 9: 

Nous n'avons rencontré, à proprement parler, que deux en- 
droits qui nous aient mis à portée de faire une récolte, aussi ample 
que belle, d'insectes de toute espèce; ce sont les îles des Papous 
et le Port-Jackson. Le premier lieu, placé directement sous l'équa- 
teur, se prétoit merveilleusement, par la nature de son sol tout-à-la- 
fois humide et montueux et recouvert d’une épaisse végétation , à 
la génération de ces animaux. Les lépidoptères sur-tout y sont 
d'une beauté admirable, et pour la plupart inconnus aux naturalistes. 
Les espèces que nous donnons, conservées par hasard dans des 
boîtes séparées, attesteront ce qu'eût offert le résultat de nos re- 
cherches, si la collection entière n'eût pas été ensevelie sous les 
eaux lors de notre naufrage. 

Rawak, Boni, Vaiïgiou, sont en général pauvres en coléoptères ; 
quoique les cétoines, les cicindèles, &c. qu'on y trouve, soient très- 
belles. À l'exception du rhynchène doryphore, nous ny avons 
presque pas remarqué d’autres individus de la famille des charan- 
sons, tandis qu'elle est si nombreuse au Brésil. Parmi les cicadaires, 
il s'en trouve une grosse espèce assez commune, qui fait retentir les 


ZOOLOGIE. 543 


forêts de son bruit aigu et monotone: il est si fort qu'on l'entend 
même de la rade. 

Au Port-Jackson, notre voyage au-delà des Montagnes-bleues 
nous avoit procuré des espèces très-remarquables de coléoptères, 
de tipules, de sauterelles et de papillons proprement dits; et même, 
dans les lépidoptères nocturnes et les crépusculaires, nous aurions 
pu ajouter aux richesses si importantes rapportées de ce pays par 
nos devanciers, si cette collection n'eût pas eu, ainsi que celles 
que nous avions réunies dans d’autres lieux, le sort de la précédente. 

Timor recèle aussi de très-beaux insectes que l'expédition du 
capitaine Baudin a dû faire connoître. Ils sont en petit nombreet 
peu brillans aux Mariannes, où il n “existe presque pas de coléopteres; 
encore plus rares aux Sandwich : ïl faut aller sur les montagnes et 
dans les lieux humides pour .y apercevoir quelques papillons. Sur 
le bord de la mer, on trouve des fourmilions et de grands sphinx 
grisâtres, avec lesquels les enfans s'amusent, en leur attachant à la 
trompe un long filament délié qu'ils prennent sur une plante 
rampante. Is nous les apportoient aïnsi voltigeant. 

Les îles Malouines sont le pays le plus dépourvu d'insectes qu'on 
puisse rencontrer. Deux espèces de charansons, un staphylin, sont 
les seuls individus que nous ayons pu en rapporter; et comme, à 
l'époque de l'automne où nous y étions, la température étoit fraîche, 
nous fûmes surpris de la longue conservation des substances ani- 
males exposées à l'air, et dans lesquelles nous ne trouvions jamais 
de larves d'insectes. * 


544 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE ARAIGNÉE. — AR4NEA. Linn. 
Sous-GENRE ÉPÉIRE! Walck. 


ARAIGNÉE NOTACANTHE. — ARANEA NOTACANTHA. NN. 
PLANCHE 82, fig. 6, 7 et 8. 


Aranea pallide fusca ; abdomine subcordiformi; maculs ocellatis mar- 
ginalibus ; dorso turriculato. 


IL semble que tout ce qui vient de la Nouvelle-Hollande doive 
affecter, jusque dans les plus petites choses, des formes extraor- 
dinaires et bizarres, dont on ne retrouve pas les analogues dans 
d’autres contrées. Le simple insecte qui va nous occuper en fournit 
une nouvelle preuve; car, unique dans son espèce, il porte sur sa 
partie postérieure un long tube cylindrique surmonté de deux yeux. 

Cette araignée est coriace, de couleur roussâtre tirant sur le 
jaune. Son corselet, presque quadrilatère , offre par devant, sur un 
tubercule , quatre yeux placés carrément, les deux supérieurs plus 
gros ; latéralement et un peu en bas s'en trouvent deux autres. 
Le corps est revêtu ou plutôt formé d’un écusson subcordiforme, 
libre dans son contour, finissant en pointe en arrière, où sont 
les filières. C'est deson milieu que s'élève l'aiguïllon qui caracté- 
rise cette aranéide, et au bout duquel, comme nous venons de le 
dire, est située la quatrième paire d'yeux. La surface de cette 
. espèce de carapace est parsemée de lunules et de taches carrées 
symétriques, marquées d'un point noir au milieu. 

Les pattes, dans leur dimension, affectent l'ordre suivant : les der- 
nières sont les plus longues, ensuite Îles premières, puis viennent 
les secondes et les troisièmes. 


ZOOLOGIE. s4s 

Nous l'avons trouvée dans une petite île de la rade de Sydney, 
au Port-Jackson. Elle étoit au milieu d’une toile irrégulière fixée 
à des arbustes, et fit la morte lorsque nous la prîmes. 

Ne possédant qu'un seul individu, nous n'avons pas pu nous 
assurer si cette espèce est réellement du sous-genre épéire de 
M. Walckenaer. 

Afin de la mieux faire voir, le dessinateur l'a placée la tête en 
bas. À côté sont ses détails. . 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 6) 


546 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE FAUCHEUR. — Pxazancium. Linn. Fabr. 


FAUCHEUR ACANTHOPE. — PHALANGIUM ACANTHOPUS. N. 


PLANCHE 82, fig. 2, le mâle; fig. 3, la femelle. 


Phalangium , corpore fusco triangulari; femoribus posucis dentatis 
aculeatisque; abdomine Spinis duabus posticis furcatis. 


CES deux faucheurs proviennent du Brésil. Hs vivent en commun, 
car nous les avons trouvés réunis dans un trou en terre, tapissé 
d'un tissu serré, sur l'aqueduc de la montagne du Corcovado. Nous 
supposons que le plus gros est le mâle. Ils sont bien moins vifs et 
moins agiles que les faucheurs d'Europe. Nous croyons nous rap- 
peler que lorsque nous nous en emparämes, ils laïssèrent échapper 
une liqueur blanche par leur partie postérieure. 

Ces animaux, très-coriaces, sont bruns; leur corps est triangulaire, 
élargi en arrière. Le dos présente un écusson qui suit à-peu-près 
la forme du corps. Au-dessus des yeux s'élèvent deux petites pointes. 
Plus en arrière on en voit deux autres plus grandes. 

De chaque côté de l'abdomen et en dessus, part un trés-long 
aiguillon dirigé horizontalement et bifurqué à son extrémité. Infé- 
rieurement sen trouve un autre plus petit. C'est entre eux deux 
que naissent les deux dernieres pattes, beaucoup plus grandes et 
plus fortes que les antérieures, desquelles elles sont séparées par 
un espace assez étendu. Leur surface est recouverte de plusieurs 
rangées de fortes épines. Près de leur origine, une pointe plus sail- 
lante se dirige en dedans. 

Les côtés et le dessous du ventre sont lisses. Les six pattes 
antérieures sont très-rapprochées. De ces dernières, c’est la seconde 


ZOOLOGIE. s47 
paire qui a le plus d'étendue, puis la troisième, et enfin la première. 
Les palpes sont très-développés. 

L'individu n.° 3, que nous croyons être la femelle, est plus petit ; 
ses pattes de derrière sont aussi moïns épineuses, et à leur origine 
on ne voit pas en dessous l'aiguïllon qui existe dans celui que nous 
venons de décrire. 

M. Kirby a tiré des phalangium, un genre qu'il a nommé gony- 
leptes, dont une espèce, g. horridus, approche de celle que nous don- 
nons ici. Elle paroît cependant en différer par le dos, qui est plus 
lisse, par les aïguillons de la partie postérieure, qui ne sont pas bifur- 
qués, et par des lignes rouges dont la nôtre est dépourvue. { Voyez 
les Transactions de la société Linnéenne, vol. 12.) | 

Le Brésil fournit plusieurs espèces de faucheurs. Sous les voûtes 
humides et sombres de l'aqueduc du Corcovado, qui parcourt la 
montagne de ce nom, nous en vîmes une qui a le corps petit, 
arrondi, et les pattes excessivement longues et résistantes; jamais 
elles ne se brisoïent ni ne se séparoïent lorsque nous prenions 
ces animaux. 

Nous en avons aussi trouvé dans les grands bois, sur les arbres, 
de triangulaires, verdâtres, avec des épines à la partie postérieure 
de leur corps, de la base desquelles ïls laissoïent échapper une hu- 
meur blanche comme du lait. 


548 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE CÉTOINE. — CETONI4A. Fabr. 


CÉTOINE DEUX-BANDES. — CETONIA BIFASCIATA. N. 


PLANCHE 82, fig. 5. 


Cetonia viridissima; elytris fasciis duabus nigris transversis ; clypeo 


bifido. 


On doit cette belle cétoine à M. Arago, qui a bien voulu la 
mettre dans les collections de l'expédition. Elle provient de l'île 
Vaigiou. Elle a seïze lignes de longueur sur six de large. Son corps 
est alongé. L'abdomen dépasse les élytres, qui sont arrondis à leur 
extrémité et presque aplatis en dessus. 

Le fond de la couleur est d’un beau vert velouté, avec de légers 
reflets dorés. Le dos est traversé par deux bandes noires un peu 
arquées. La première touche au corselet, et l’inférieure occupe le 
milieu des élytres. Le chaperon est bifide. | 


ZOOLOGIE. s49 


GENRE CHARANSON. — Curcuzio. Linn. Fabr. 


CHARANSON GALONNÉ. — CurCULIO LEMNISCATUS. N. 


PLANCHE 82, fig. 4. 


Curculo brevirostris, æneo-fuscus ; femoribus simplicibus ; thoracis late- 


ribus elytrisque albo longitrorsüm lineatis. 


CE charanson, dont les couleurs sont "peu brillantes, a été re- 
cueïlli par M. Gaudichaud sur les sables de la baïe des Chiens- 
Marins. Il a neuf lignes dans son plus grand diamètre. Son corps 
est ovale-oblong, convexe, d'un brun avec des reflets bronzés, plus 
sensibles sur le dos. La trompe est courte et large. Le corselet s'élar- 
git vers le milieu de ses côtés, qui sont marqués d'une ligne longitu- 
dinale blanche. Les élytres sont rayés, sur toute leur surface, de a 
même manière; les intervalles des lignes sont un peu élevés. On 
observe aussi, sur les flancs, des points de la même couleur et dispo- 


sés en lignes. 


550 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE RHYNCHÈNE. — RaynNcxænNus. Fabr. 


RHYNCHÈNE DORYPHORE. — RHYNCHŒNUS DORYPHORUS. N. 


PLANCHE 82, fig. 9 et 10. 


Rhynchænus niger; pectore subtus bispinoso ; elytris lines sex, albis, 
longitudinalibus. 


CET insecte provient des îles des Papous : nous le trouvâmes à 
Rawak, en petites troupes, courant et sautant au soleïl avec beau- 
coup d’agilité ;.ce qui nous étonna, parce que ses pieds postérieurs 
ne semblent point propres à cette faculté. 

Le corps de ce rhynchène a un peu plus de six lignes de lon- 
gueur. Les déux premières pattes de devant, très-longues, en oc- 
cupent plus de treize lorsquelles sont étendues. La tête est ronde, 
les yeux gros ; la trompe qui en part est recourbée légèrement, 
aplatie, et aussi longue que les élytres. Le corselet, arrondi, est 
marqué de cinq lignes blanches longitudinales, dont il ne paroît 
que trois dans le dessin : il présente en devant de la poitrine deux 
pointes saïllantes et recourbées, d'où l'insecte tire son caractère 
spécifique. 

Le dos, arrondi, est marqué en long de six lignes blanches, 
les deux du milieu plus rapprochées. Les élytres dépassent l'abdo- 
men, qui est renflé au milieu , et comme tronqué en arrière, 
endroit où l’on remarque cinq lignes blanches transversales et rap- 
prochées. Les côtés ont aussi des taches de cette même teinte. 
Le fond de la couleur générale est noir, de même que les pattes 
et la trompe. 

I est représenté de grandeur naturelle, et grossi. 


ZOOLOGIE. 51 


GENRE PAPILLON *. — PaArrzio. Latr. 


PAPILLON PRIAM, var. — PapiLio PRIAMUS. 


PapiLiO E. T. PRIAMUS. Linn. Syse. nat. edit. 12, tom. 2, p.744,n.° 1. 
PapiriO E. T. PANTHOÜS. /bid, pag. 748, n° 17. 


PLANCHE 83, fig. 3. 


Papilio, als subdentatis, maris viridibus, margine institisque atris; 
fæeminæ, fuscis, albido maculatis. 


Le mâle et la femelle de ce papillon diffèrent tellement lun 
de l'autre , sous le rapport des couleurs, que presque tous les auteurs 
en ont fait deux espèces séparées. | 

Le mâle ou le priamus proprement dit de Linné, a environ 
six pouces et demi d'envergure. Ses premières aïles sont ovales, 
entières, d'un noir mat et velouté en dessus, avec deux bandes 
arquées d'un vert doré. La bande supérieure suit le contour de la 
côte ou bord d'en haut. La bande inférieure longe le bord d'en 
bas , ainsi que la plus grande partie du bord postérieur, et elle 
a le milieu de son côté interne avoisiné par une tache brune, 
grande, disposée longitudinalement. Les secondes aïles sont arron- 
dies, un peu dentelées, d’un vert doré en dessus, avec la tranche 
du bord postérieur très-noire et précédée d’un rang de quatre taches 
orbiculaires de cette dernière couleur. On y voit en outre trois 
taches orangées, luisantes, dont une plus grande vers le milieu du 
bord antérieur; les deux autres placées entre les taches noires sus- 
dites et le milieu du bord terminal. 

Le dessous des premières aïles est d'un vert doré, avec les 


* L'auteur de l'ouvrage sur les papillons de France, M. Godart, a bien voulu décrire Îe 
petit nombre d’espèces nouvelles de Iépidoptères que nous avons rapportées. 


s52 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
bords, les nervures, une raïe transverse et maculaire, très-noirs. 
Le dessous des secondes aïles ne diffère du dessus que parce que 
les taches noires orbiculaires y sont plus grandes et ordinairement 
au nombre de sept. Le bord interne de ces mêmes aïles est garni 
de poils soyeux d'un. brun jaunâtre. 

La tête, les antennes, les pattes, le corselet et la poitrine sont 
noirs, et l'abdomen est d'un beau jaune, tant en dessus qu'en dessous. 
Le milieu du corselet offre trois taches vertes, et il y a sur chaque 
côté de la poitrine des taches d'un rouge cinabre. 

La femelle, que Linné a nommée panthoüs, est d'environ un 
pouce plus grande que le mâle, auquel elle ressemble parla couleur 
de l'abdomen et des taches de la poitrine. Ses aïles, dont le dessous 
est plus gai que le dessus, sont d’un brun noïrâtre, avec l'extrémité 
plus foncée. Les premières ont de part et d'autre, entre le milieu 
et le bord terminal, une bande transverse de taches blanchâtres 
inégales, interrompues ou échancrées, à l'exception des trois supé- 
rieures qui sont presque en fer de flèche. Les secondes aïles offrent, 
sur la partie correspondante, une rangée également transverse de 
six taches blanchätres , grandes, en forme de coin , sablées de brun 
jaunâtre en arrière, et marquées chacune, sur leur milieu, d'une 
tache noire orbiculaire, ou un peu cordiforme: Outre cela, les 
échancrures de ces aïles sont d’un blanc jaunâtre, et les aïles de 
devant ont un liséré interrompu de cette couleur. 

Tels sont ordinairement, aux Moluques, les deux sexes du pa- 
pillon priam. 

Nous avons rapporté de file Rawak un mâle un peu plus petit, 
et qui se distingue des autres par une ligne verte rameuse, disposée 
longitudinalement sur le milieu de la surface supérieure des pre- 
mières ailes. Cet individu étoit accompagné d'une femelle qui 
forme aussi variété, en ce qu’elle a une grande tache blanchâtre 
sur le disque des premières aïles, et en ce que les taches de ses 
secondes ailes sont réunies. 


“, 


ZOOLOGIE. : s 53 
Dans la très-petite île où nous rencontrâmes le priam, les 
mâles étoïent séparés des femelles, dans un lieu sombre, frais 
et touflu, au pied de la petite montagne qui est à gauche en 
entrant dans la rade. Ils voloïent rarement et se tenoïent cachés 
sous les feuilles des arbres. Les femelles, au contraire, beaucoup 
plus grandes, fréquentoient les taillis où le soleil dardoit ses 
rayons ; elles s'embarrassoient dans l'épaisseur de cette vigoureuse 
végétation, et il étoit facile de s'en emparer, même avec la main: 
aussi prîmes-nous un grand nombre des uns et des autres. Ils ont 
tous été perdus, à l'exception d'un seul, qui appartenoit à l'un de 
nous. Ces papillons sont encore assez chers dans le commerce : 
à notre arrivée au Havre, on nous offrit 30 francs de l'unique 
individu qui nous restoit, et qui a été déposé au Muséum. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 70 


554 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE DANAÏDE. — Danaïs. Latr. 


DANAÏDE ELEUTHO. — Danaïs ELEUTHO. 


Latreille et Godart, Encycl. méth. tom. 9, partie 2.°, supplément. 


& 


PLANCHE 83, fig. 2. 


Danaïs , als repandes, fuscis, fasciä maculart punctisque marginalibus 


albis. 


CETTE danaïde se distingue de ses analogues par la concavité 
du bord postérieur des premières aïles, et par les sinus du bord 
correspondant des secondes. 

Elle a environ trois pouces d'envergure. Le dessus des aïles est 
d'un brun noiïrâtre, avec une bande maculaire postérieure, et des 
points marginaux, blancs. La bande des premières aïles n'atteint pas 
la côte; celle des secondes est échancrée sur les côtés et dans son 
milieu. Le dessous ressemble au dessus, maïs ïl est plus pâle; la 
bande des premières ailes est plus longue, et le disque des secondes 
offre trois petits points violâtres. Le corps est brun , avec des points 
blancs sur la poitrine. Les antennes sont noires. : 

Elle habite l'île Guam. Nous n'avons rapporté que des mâles: 
ils ont aux aïles supérieures, comme plusieurs de leurs congénères, 
une raie longitudinale plus claire que le fond. 

Ce papillon est très-répandu aux Mariannes ; on doit même le 
considérer comme l'espèce la plus commune. I se plaît sur les 
fleurs d’un petit arbrisseau qui croît sur les bords de la mer et forme 
des buissons touffus. 

Il existe à l'Ile-de-France une danaïde qui ressemble beaucoup 
à celle-ci, si ce n'est pas la même espèce. On la trouve, en assez 


ZOOLOGIE. 555 


grand nombre, par-tout où croît le veloutier, sur-tout lorsque cet 
arbre est en fleur. 


DANAÏDE EUNICE. — Danaïs EUNICE. 
Latreille et Godart, Encycl. méth. tom. 9, part. 1., pag. 177, n.° 2. 


PLANCHE 83, fig. 1. 


Danaïs , als integris, fuscis, violaceo-micantibus , anticarum utrinquè 
maculà medià cyaneä omntumque punctis apicalibus cæruleis aut albis. 


ELLE a environ trois pouces et demi d'envergure. Le mâle a 
le dessus des aïles d'un brun noiïrätre à reflet violet, avec une 
rangée courbe et plus ou moins longue de points bleus sur le bord 
postérieur , lequel a un petit liséré blanc interrompu. Les premières 
ailes, dont le bord interne est fortement arqué, offrent vers le 
milieu de ce bord une tache azurée, orbiculaire, et sur le milieu 
de la côte un point semblable à ceux dont ïl vient d'être question. 
Tous ces caractères se répètent en dessous; mais le fond y a moins 
d'intensité, et les points du bord postérieur y forment deux rangées. 
Le corps est de la couleur des aïles, avec des points blancs sur la 
tête, la poitrine et le devant du corselet. Les antennes sont noires, 
avec la sommité ferrugineuse. 

La femelle se distingue du mâle, en ce qu'elle a le bord interne 
des premières ailes droit, et les points du bord postérieur des 
quatre, blancs, au lieu de les avoir bleus. 

Cette espèce habite Java et les îles Mariannes. 

Les individus pris dans l'ile Guam ont constamment la tache 
orbiculaire des premieres aïles plus grande que ceux qui habitent 
l'île de Java. 

Ce lépidoptère, le plus beau de l'île Guam, n'y est pas très- 
commun. Îl est facile à prendre, et, dans le repos, ses aïles sont 
plus souvent étendues horizontalement que relevées. 


70 


*% 


556 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


nes ARGYNNE. — Arcynnis. Latr. 


ARGYNNE ÉGESTINE. — ARGYNNIS EGESTINA. 
Latreïlle et Godart, ÆEncycl. méth. 1om. 9, suppl. 


PLANCHE 83, fig. 4. 


Argynms, als suprà basi fulvis, apice nigris; posticis extus sub- 
caudatis, subtus nitidè glaucis, Strigä ocellorum. 


CE papillon, du genre argynne de M. Latreïlle, a près de deux 
pouces, les aïles étendues. Le dessus de ses quatre aïles est fauve 
depuis la base jusqu'au milieu, ensuite noir jusqu'au bout. 

Le dessous des ailes supérieures est jaunâtre et sans taches vers 
le bord interne, brun vers le bord antérieur, avec la base verdatre 
et coupée transversalement par quatre traits noirs, et le milieu 
marqué d'une petite bande verdätre peu prononcée. 

Le dessous des secondes.aïles est d’un vert blanchâtre, luisant , 
avec une rangée transverse de cinq yeux noirs à iris roux sur le 
milieu, et un double cordon de lunules nacrées le long du bord 
postérieur. | 

Le corps est noirâtre en dessus, jaunâtre en dessous. Les an- 
tennes sont ferrugineuses ou couleur de rouille. 

Nous l’avons rapporté de l'île Guam. 


ZOOLOGIE. s57 


GENRE NYMPHALE. — er Latr. 


La 


NYMPHALE ACILIA., — NymPHaALIS ACILIA. 
Latreille et Godart, Æncyc/, méth. tom. 9, 2.° part. pag. 378, n.° 94. 


PLANCHE 83, fig. 5. 


Nymphals, als dentatis, fuscis, strigis grises, fasaä communt 
albä, serieque posticä ocellorum cæcorum. 


ELLE a environ deux pouces et demi d'envergure. Le dessus 
de ses aïles est d’un brun noirûtre, avec une bande blanche, com- 
mune, large, oblique, centrale, précédée et suivie de plusieurs 
lignes grisâtres, transversales. Entre les lignes de l'extrémité, ül ya 
une série d'yeux noirs sans prunelles, et ayant pour la plupart un 
iris roussâtre. Indépendamment de cela, l'angle anal ou interne 
des ailes inférieures offre un espace fauve dans lequel se perd la 
bande blanche susdite. 

Le dessous ne diffère du dessus que parce que les lignes trans- 
versales sont blanchätres au lieu d'être grises. 

Cette nymphale a été décrite d’après un individu unique pris 
dans l'ile Rawak. 


558 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


PR d 


GENRE CALLIMORPHE. — CazzrmorPH4A. Latr. 


——— E] 
CALLIMORPHE REQUIN. — CazLiIMoRPHA RAWAKENSIs. N. 


PLANCHE 83, fig. 6. 


Callimorpha, als integerrimis, atris, violaceo-submicantibus ; anticis 
suprà maculà baseos fasciäque medià coccineis ; posticis utrinquè extimo 
aurantio punctorum miprorum serie. 


ELLE a un peu plus de deux pouces et demi d'envergure. Ses 
ailes sont d'un noir foncé et chatoyant en violet. Le dessus des 
supérieures offre à la naïssance du bord interne une tache longi- 
tudinale, et au milieu de la surface une bande transverse, d’un 
rouge écarlate. Leur dessous ne diffère du dessus que parce que 
la tache rouge de la base est remplacée par du bleu luisant. Les 
ailes inférieures sont terminées de part et d'autre par une large 
bande orangée, sur le côté externe de laquelle sont alignés six 
points noirs, dont le troisième et le sixième, à compter d'en haut, 
plus grands. Outre cela, la base de ces ailes est rayonnée de bleu 
luisant en dessous. Le corps est noir, glacé de bleu, avec le 
milieu du corselet et l'anus roussâtres. Les antennes sont noires. 

Ce beau papillon, décrit d'après un sujet mâle et unique, a été 
rapporté de l'ile Rawak. Nous le dédions à M. Requin, commis 
aux revues de l'expédition. 


ZOOLOGIE. S 59 


CHAPITRE XIIL 


Des Zoophytes ou Animaux rayonnes. 


SISSSSSSSIISS SSSS SSII IISS SISS SISSSIISSIS SISS LIST ISIS SSSSSISISSIIISISIISIITS SSII OIIS 


Le 


“4 DES MÉDUSES. 


Ls méduses, qui portent sur quelques-unes de nos côtes le nom 
de srarmout, et que les matelots provençaux désignent sous celui 
de carnasso, étoïent connues des anciens naturalistes. Ils les nom- 
moient orties de mer vagabondes, à cause de la démangeaison brû- 
lante que quelques-unes font éprouver à la main qui les touche, et 
poumons marins, d'après leur forme ou leurs mouvemens alternatifs 
d'expansion ‘et de resserrement. Ces singuliers animaux, dont la 
plupart jouissent de la propriété d'être éminemment phosphoriques 
pendant la nuit et de briller “comme autant de globes de feu, sont 
mous, gélatineux, le plus souvent incolores, et quelquefois bril- 
lamment colorés. Leur partie principale est formée d’un disque 
ou ombrelle contractile, avec ou sans appendices. Leur parenchyme 
est si peu considérable, que, par la seule évaporation, il se. résout 
très-promptement en une eau limpide salée, et qu'une méduse de 
vingt à trente livres ne présente plus alors qu'un résidu du poids 
de quelques grains, formé de parties membraneuses et transparentes. 
On diroit que l'eau s'organise pour former ces animaux, que Réaumur 
désignoit sous le nom de gelée de mer. Toutes les parties de leur 
corps sont irritables; et c'est par la contraction réitérée et le resser- 


s60 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

rement sur elle-même de l'ombrelle, que s'opère la progression. Les 
méduses n'ont ni système nerveux, ni organes des sens, à l'excep- 
tion de celui du toucher, qui a lieu par toute leur surface; elles 
puisent, dans le milieu où elles vivent, leur nourriture à l'état 
moléculaire, et ne peuvent point se diriger par une volonté propre 
vers tel ou tel lieu, ni fuir ce qui peut leur être nuisible. 

Les méduses sont les zoophytes pélagiens les plus répandus; 
on en trouve dans toutes les mers, depuis le Groenland jusqu'au 
cap Horn, et sur-tout dans les mers intertropicales. Leur tissu, 
assez ferme, leur fait quelquefois affronter l'agitation des flots: 
mais il est probable que, dans les tempêtes, elles jouissent de la 
faculté d'aller chercher à de grandes profondeurs des eaux plus 
paisibles. Ce n'est en effet que dans les calmes qu'on voit leurs 
légions paroître à la surface. Il nous est souvent arrivé de navi- 
guer pendant plusieurs jours au milieu de ces radiaires, qui cons- 
tamment suivoient tous une même direction. Lorsque l'impulsion 
des courans les favorise, ils doivent parcourir d'assez grandes 
distances : ils sont donc susceptibles de changer de méridien et 
de latitude ; aussi avons-nous observé les mêmes espèces dans des 
parages différens ; et, pour ne pas multiplier les exemples, il nous 
suffira de dire que nous avons trouvé, en très-grand nombre, à 
l'entrée du Port-Jackson, la pélagie*panopyre, que MM. Péron 
et Lesueur ont recueillie dans l'Océan atlantique équatorial. Aïnsi, 
il n'est pas toujours exact de dire que telle espèce habite cons- 
tamment tel ou tel lieu. Cependant les méduses de la zone torride 
diffèrent de celles des températures froïdes, et, comme tous les 
êtres qui jouissent de la double influence de la lumière et de la 
chaleur, elles brillent, dans toutes leurs parties, des plus belles 
couleurs, paroïssent à la surface des eaux, et usent de la part de 
vie que la nature leur a départie ; tandis que celles des mers froïdes, 
ordinairement ternes et décolorées, restent pendant l'hiver en: 
gourdies au fond des eaux, et ne reparoïissent qu'au printemps, 


ZOOLOGIE. s61 


embellies des organes qui servent probablement à la reproduction. 

Relativement aux autres fonctions dont ces animaux ont pu 
être doués, et à commencer par la première de toutes, la diges- 
tion, nous pensons, avec M. Cuvier, que les ouvertures que Baster, 
Müller, Péron et Lesueur ont prises pour des bouches, n'en sont 
réellement pas. On sait maintenant que ces derniers naturalistes 
ont établi leurs grandes divisions sur des caractères qui ne sont point 
exacts. Au reste, ils disent avoir vu des méduses digérer jusqu'à des 
poissons : cette remarque a été faite aussi par MM. Bosc, Gaëde et 
Chamisso. De pareïls observateurs méritent, sans contredit, toute la 
confiance que leur nom inspire ; mais nous pouvons assurer que, 
dans quelques espèces, un phénomène de digestion aussi compliqué 
est tout-à-fait impossible, faute d'organes convenables pour l'opérer. 
Une nouvelle espèce de dianée, que nous avons prise non loin 
des côtes de Valence et des îles Baléares, dans la Méditerranée, 
nous paroît fournir un argument sans réplique : cette méduse 
(planche 84, figure 3 ) ne présente aucune ouverture par laquelle 
elle puisse faire entrer une substance quelconque d'un volume vi- 
sible, et cependant sa texture intime est en tout semblable à celle 
des autres radiaires du même genre. La figure que donne Müller, 
et qui a été copiée par d'autres auteurs, d'une méduse avalant un 
poisson, ne prouve rien; car, ainsi que le remarque M. Cuvier, 
ce poisson peut très-facilement s'être introduit dans une ouverture 
presque toujours béante et qui offre peu de résistance. Nous savons, 
et nous l'avons vu plusieurs fois, que les physalies sucent et digèrent 
les petits poissons qui ont reçu la commotion de leurs brülans ten- 
tacules ; mais les méduses ne sont pas organisées comme elles et 
pourvues de suçoirs. Bien que quelques-unes aïent en partage cette 
faculté corrosive , ont-elles des organes susceptibles de digérer des 
corps solides! C'est, selon nous, une question au moins indécise 
et qui mérite l'attention des observateurs. 


Comment s'opère leur respiration’ Se fait-elle par toute la 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. DA 


562 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


surface de l'ombrelle, comme le pense M. de Blainville, ou bien, 
comme le veut Péron, par des sortes de branchies dans les unes 
et par la surface ombrellaire dans les autres! S'il est absolument 
nécessaire que ces derniers êtres de la chaîne animale aïent une 
respiration, ce qui nest rien moins que prouvé, puisquon n'a 
pas encore découvert, dans toutes les espèces, des organes fixes et 
invariables, propres à cette fonction, la première hypothèse seroit 
la plus probable ; car des méduses placées dans une eau qui n'est 
pas renouvelée, l'altèrent aussitôt, y dégagent un mucus gluant 
qui s'embarrasse dans leurs tentacules, et elles finissent par périr. 
I s'opère donc de toute leur surface une exhalation excrémen- 
titielle qui a besoin d’être promptement enlevée pour qu'elle ne leur 
nuise pas. Est-ce une respiration! Nous ne le croyons pas, puisque 
les biphores, qui ont un appareil respiratoire très- compliqué, 
dégagent pareïllement des matières visqueuses, lorsqu'ils sont dans 
une eau peu abondante. On peut en dire autant des firoles, des 
glaucus, et probablement de tous les mollusques et zoophytes 
pélagiens, soit qu'on leur ait ou non reconnu des branchies. 

Nous suivrons, pour la détermination des genres, la classifica- 
tion de M. de Lamarck. 


ZOOLOGIE. 563 


GENRE ÉQUORÉE. — Æçuore4. Lamk. Péron. 


ÉQUORÉE A BORDS BLEUS. — ÆQUOREA CYANOGRAMMA. N. 


PLANCHE 84, fig. 7 et 8. 


Æquorea orbicularis, subconvexa; margine undulato, cœruleo; tentaculis 
Orevibus ad peripheriam. 


CETTE petite méduse, que nous avons prise aux environs des îles 
de l’Amirauté, a un peu plus d’un pouce de diamètre. Son ombrelle, 
foïblement bombée, est transparente, avec quelques légères stries 
rougeätres. Le rebord est découpé en ondulant, orné d'une ligne 
d'une belle couleur bleue, d'où partent des tentacules peu alongés,, 
assez épais, et variant de douze à vingt. La bouche est ronde 
et rétrécie: 


ÉQUORÉE GRISE. — Æquorea GRisea. N. 
PLANCHE 84, fig. 4 et 5. 


Æquorea orbicularis, subconvexa, super grisea ; margine 1ntegro ; 
tentaculis duodenis brevibus ; ore radiato. 


CETTE équorée, de la même grandeur que la précédente, dont 
elle approche beaucoup, en diffère par sa couleur grise, par le 
limbe de son ombrelle, qui est entier, et par sa bouche radiée, 
près du bord de laquelle s'insèrent ses douze tentacules, peu alon- 
gés et assez épais. 

Elle vient aussi des mers qui avoisinent les îles de l'Amirauté. 


Toutes deux ont été dessinées par M. Taunay. 
x 


el 


564 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ÉQUORÉE PONCTUÉE. — Æquorea PUNCTArA. N. 


PLANCHE 85, fig. 4. 


Æquorea orbicularis, planiuscula, hyalina ; ore eminenti, amplo, bas 
punctato; umbrellä margine undulatä; tentaculis numerosis, Brevibus , 


CrASSIS. 


CETTE méduse, ainsi que la suivante, pourroit, peut-être, former 
une division dans le genre des équorées, établie sur la proémi- 
nence de la bouche, qui dépasse de beaucoup le bord de l'ombrelle. 

Le caractère spécifique de cette radiaire est tiré des poïnts assez 
larges qu’on remarque à la base de sa bouche. L'ombrelle est presque 
plane, ondulée au pourtour, d'où partent des tentacules courts et 
assez épais. Elle est transparente dans toutes ses parties. 

Nous la devons à notre collègue M. Gaudichaud, qui l'a prise 
et dessinée dans le grand Océan, par 36° de latitude Nord, pen- 
dant notre traversée des îles Mariannes aux Sandwich. 

Son diamètre est d'environ quatre pouces. 


ÉQUORÉE DEMI-ROSE. — ÆQUOREA SEMI-ROSEA. N. 


PLANCHE 84, fig. 6. 


Æquorea subconvexa ; umbrellä hyalinä, margine crenulatä ; ore amplo, 
exstante; tentaculis duodenis rosers. 


OMBRELLE transparente, légèrement convexe en dessus, dont 
le limbe est découpé en douze lobes, desquels partent douze 
tentacules rosés beaucoup plus longs que ceux des équorées dé- 


ZOOLOGIE. 565 
crites ci-dessus. La bouche, extrêmement mince, très-large , dépasse 
les bords de l’ombrelle et s'avance entre les tentacules. 

Cette méduse a été observée et dessinée le 10 février 1819, 
par 2° de latitude Nord, non loin des terres de la Nouvelle- 
Guinée. 


Elle peut avoir deux pouces de diametre. 


566 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE DIANÉE. — DranÆ4. Lamk. 


DIANÉE DUBAUT. — DiANÆA BALEARICA.- N. 


PLANCHE 84, fig. 3. 


Dianœa hemisphærica; margine integro; duobus tentaculis minimis ; 
pedunculo longo, crasso, clavato. 


CETTE dianée, qui a environ trois pouces de diamètre, est hé- 
misphérique, et tellement transparente, qu'on auroït eu de la peine 
à la distinguer dans l’eau où elle nageoït, sans les stries rougeâtres 
qui de la base du pédoncule vont se rendre au limbe de l'om- 
brelle : ce limbe est entier et uni, on y remarque seulement deux 
tentacules courts et filiformes. Le pédoncule est très-gros à sa base, 
alongé et terminé en pointe obtuse, sans apparence d'ouverture. 

Elle a été prise en septembre dans la Méditerranée, près des 
côtes de Valence et des îles Baléares, et dessinée par M. Pellion. 

Nous l'avons dédiée à la mémoire de M. Dubäaut, officier de 
l'Uranie, mort tout récemment à Smyrne avec beaucoup de cou- 
rage et d'une manière bien malheureuse. 


DIANÉE GABERT,. — DiANÆA ENDRACHTENSIS. N. 


PLANCHE 84, fig. 2. 


Dianœa hemisphærica, rosea ; tentaculs longissimis sex, marginem" 
cingentibus ; pedunculo tenui, longo, proboscidiformi, extremitate tri vel 


quadrifoliato. 


LA couleur générale de cette méduse est rosée, son ombrelle 


ZOOLOGIE. 567 


hémisphérique, son pédoncule long et mince, en forme de trompe, 
terminé à son extrémité libre par trois ou quatre folioles, et offrant 
à sa base six côtes d’un rouge un peu plus pâle, qui, en finissant 
au contour de l'ombrelle, donnent naïssance à six tentacules très- 
longs de la même couleur que le reste de l'animal. 

Cette dianée approche de la proboscidale de Forskal; mais 
elle en diffère par ses longs tentacules, au nombre de six, par 
l'extrémité de son pédoncule, qui, au lieu d’être frangé, a trois fo- 
lioles, et par l'absence des six follicules cordiformes qu'on voit 
dans celle du naturaliste suédois. 

Elle a été prise à la mer en août 1818, non loin de la terre 
d'Endracht, sur les côtes de la Nouvelle-Hollande, et représentée 
de grandeur naturelle. Elle porte le nom de l'un de nos com- 
pagnons, secrétaire de M. de Freycinet, et, en ce moment, commis 
aux revues dans l'expédition de M. Duperrey. 


568 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE CÉPHÉE. — CEPHE4. Péron. 


CÉPHÉE GUÉRIN. — CEPHEA CAPENSIs. N. 


PLANCHE 84, fig. 9. 


Cephea hemisphærica, cæruleo-rubens ; margine dentato ; brachits octo, 
diwisis, cotyliferis. 

+ 

CETTE céphée, qui est hémisphérique, reflète une légère couleur 
bleue mêlée au rouge des ovaires qui paroïssent au travers de 
l'ombrelle, dont le pourtour est denticulé, Huit bras cotylifères, 
lavés d'une teinte de bleu, se prolongent au-delà de lombrelle. 
Les cotyles sont frangés, d'un rouge un peu cramoïsi, et ne dé- 
passent pas l'extrémité des bras. 

Nous devons le dessin de cette méduse au pinceau de 
M. Pellion. 

Nous la vimes en mars 1818 dans la baie de la Table, au Cap 
de Bonne-Espérance. Son énorme grosseur, ne permettant pas de la 
mettre dans un vase convenable pour l’examiner, obligea M. Pellion 
à la dessiner dans un canot pendant que nous la tenions dans 
l'eau. Cette position pénible empêcha de la montrer sous plusieurs 
aspects. La description qui en fut faite alors ayant été perdue, 
nous ne pouvons pas assurer si ses huit bras ne sont point une 
division bifide de quatre plus gros cachés sous l’ombrelle, comme 
cela se voit le plus souvent dans ce genre. 

Nous avons dédié cette méduse à M. Guérin, l’un des officiers 
de notre expédition. 


ZOOLOGIE. s 69 


CÉPHÉE MOSAÏQUE. — CepHEA Mosaica, N. 
PLANCHE 85, fig. 3. 


- Cephea subhemisphærica, glauca , verrucosa; margine ciliato; brachis 
contgeris, punctatis. 


CETTE méduse est quelquefois très-commune en décembre, 
pendant le calme, dans la rade de Sydney, au Port-Jackson. Toute 
blanche ou plutôt glauque, son ombrelle ponctuée, sans être 
frangée dans son pourtour, est ciliée comme les procès ciliaires 
de l'œil de l'homme. Huit bras conïques et pleins, portés sur autant 
de pédicules plus petits, naissent en dessous de l'ombrelle. Ils 
sont recouverts de petites plaques blanchätres polygonales, se tou- 
chant entre elles, comme des mosaïques, disposition d'où nous 
avons tiré le nom du caractère spécifique. 

Ce zoophyte est représenté à environ moitié de sa grandeur 
naturelle. 


Voyage de l'Uraute. — Zooogic. 72 


570 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE CYANÉE. — Cranr4. Pér. et Les. 


CYANÉE ROSE. — CyanEA RosEA. N. 


PLANCHE 85, fig. 1 et 2. 


Cyanea hemisphærica, verrucosa, rosea; brachus quaternis, coty- 
liferis ; tentaculis longissimis et numerosissimis. 


CETTE méduse a une forme hémisphérique; sa couleur générale 
est d'un beau rose; son ombrelle tuberculeuse a huit échancrures 
principales au pourtour, subdivisées en huït autres moins pro- 
fondes. Elle a quatre bouches ou ouvertures, quatre bras très-longs, 
striés longitudinalement, remplis de cotyles floconneux d'un rose 
tendre. Des tentacules déliés très-nombreux et excessivement longs 
(puisqu'ils pouvoïent dans leur extension atteindre jusquà six pieds), 
tirent leur origine en dessous de l'ombrelle, d’une surface rubanée, 
formée de plusieurs lignes circulaires, entrecoupées par plusieurs 
petits plans verticaux, aussi striés. Des quatre ouvertures partent 
autant de lignes qui vont se confondre à la réunion des quatre bras. 

Cette magnifique cyanée a été prise à environ vingt lieues du Port- 
Jackson, sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. La mer étoit calme 
et remplie d’autres petites méduses que MM. Péron et Lesueur ont 
décrites sous le nom de pélagie panopyre. C'est dans ses longs tentacules 
que nous avons trouvé vivant le singulier mollusque ptéropode 
de la planche 66, figure 6. Une foule de petits crustacés et plusieurs 
poissons s'étoient retirés dans ces filamens déliés, comme sous un 
abri. Ils étoïent tous pleins de vie et s'agitoient dans le bocal qui avoit 
reçu la méduse. Rien ne nous a indiqué qu'elle parût en faire sa proie. 

Elle est représentée au tiers de sa grandeur naturelle. La figure 2 


ZOOLOGIE. s71 


la montre vue en dessous, et dépouillée de ses tentacules, qui 
s'insèrent autour dela surface rubanée. 


CYANÉE LABICHE. — Cranea Lamicxe. N. 


PLANCHE 84, fig. 1. 


Cyanea convexa, verrucosa, griseo-hyalina ; umbrellæ margine intus 
striato ; brachüs quatuor folatis, violaceis ; tentaculis octo rubris. 


CETTE cyanée, dont l'ombrelle est convexe, pointillée en dessus, 
striée longitudinalement en dessous, a quatre ouvertures contenant 
des ovaires rougeâtres; quatre bras se divisant sous l'ombrelle en 
quatre lames foliacées, ondulées , violettes et assez longues ; huit 
longs tentacules rougeûtres, filiformes, insérés au pourtour du 
limbe, qui est uni. | 

Cette espèce, figurée de grandeur naturelle par M. Taunay, vient 
des contrées équatoriales du grand Océan. Sans ses quatre ouver- 
tures, elle pourroïit facilement être rangée parmi les dianées. 

Nous la dédions à la mémoire d’un estimable officier de notre 
expédition, M. Labiche, lieutenant de vaisseau, que nous perdimes 
auprès des îles de l'Amirauté, victime de la dysenterie qu'il avoit 
contractée à Timor. 


En terminant ce qui est relatif aux méduses, nous devons en 
signaler une incolore, que nous observâmes assez fréquemment aux 
îles Malouines. Les stries nombreuses dont son ombrelle étoit garnie 
en dessous , et la forme de ses bras, doivent en faire une espèce 
nouvelle. Mais privés des moyens de la faire dessiner, dans la mal- 
heureuse position où nous nous trouvions, nous ne pouvons que 
l'indiquer à ceux qui, plus heureux que nous, visiteront ces parages 


sans courir les risques d'y laisser la vie. 
*k 


72 


s72 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


 DES\BÉROËS:* 


Dans la composition d'une planche de biphores, nous avons 
joint deux béroés, à cause de l’analogie de formes seulement. 

Ces animaux, d'une organisation très-simple, n'ont ni viscères 
digestifs, ni canaux particuliers apparens. Un sac à une seule 
ouverture très-large, existe dans toute la longueur du corps. La 
substance de certaines espèces est si peu solide, qu'elle difflue 
entre les doiïgts qui la touchent, comme feroït du mucus. Aussi 
ne peut-on vraiment assigner une forme constante à quelques-unes 
d'elles. On ne pourroit même pas assurer qu'elles appartiennent au 
genre, si elles n'avoient des caractères invariables qui font qu'on 
ne peut les méconnoître: ils consistent en des lignes droites plus 
ou moins nombreuses dirigées dans le sens du plus grand diamètre 
de l'animal, garnies de cils ou de cirres transversales fort déliées, 
qui, toujours en mouvement, reflètent les couleurs de Farc-en- 
ciel, par une propriété reconnue à tous les corps excessivement 
amincis. Ces cirres occupent les espèces de côtes dont sont pour- 
vus les béroés plus consistans, et sont répandues avec symétrie 
sur les béroés tout-à-fait mous: elles vibrent avec la même force, 
lorsque, par une cause quelconque, l'animal est séparé en plusieurs 
parties; ce qui pourroit faire supposer que chacune de ces parties 
a la propriété de former un nouvel animal. 

Ces franges brillantes, à peine perceptibles, ne peuvent point 
servir à la progression de ce zoophyte, qui se meut par des con- 
tractions générales de tout le corps, et qui d'ailleurs, comme 
l’'observe M. de Lamarck, trouve dans le fluide au milieu duquel il 
vit, les corpuscules nécessaires à sa nourriture. 

Ces animaux sont susceptibles d'acquérir de très-grandes di- 
mensions; car, à moitié route de Bourbon à la baie des Chiens- 


| ZOOLOGIE. 573 
Marins, nous vimes de longues bandes entre deux eaux, qu'on prit 
d'abord pour des cordes tombées du navire, maïs que nous recon- 
nûmes pour être -des béroés qui avoïent jusqu'à dix pieds de lon- 
gueur, et dont nous ne pûmes nous procurer que des fragmens. 
D'autres navigateurs en: avoient déjà remarqué de semblables ; 
Surville les compare à des peaux de serpens dépouillés; compa- 
raison dont on apprécie la justesse en les examinant dans l'eau. 


$74 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE BÉROË. — BERoE. Gronov. 


BÉROË MULTICORNE. — B£EROE MULTICORNIS. N. 


PLANCHE 74, fig. 1. 


Beroe trregularis ; colore subroseo ; tentaculs plurimis, plus minusve 
longis. 

Nous avons trouvé ce béroé en grand nombre dans la Médi- 
terranée. Sa mollesse étoit si grande, que ce ne fut qu'après plu- 
sieurs tentatives, et en plongeant un flacon à large ouverture dans 
la mer, que nous pümes nous en procurer un en état d'être dessiné. 
I ne fallut pas moins que toute la sagacité de M. Arago, pour en 
saisir les formes, qui varioient à chaque mouvement de l'animal. 

On remarque à l'extérieur du corps une grande quantité de 
tubercules rendus un peu trop roïdes dans la figure : les plus 
petits ressemblent assez à ceux des pyrosomes, et les plus grands 
s'alongent en tentacules. L'ouverture unique , assez large , située à 
l'opposé des deux longues cornes, étoit entourée de bourrelets 
provenant peut-être de la déchirure de cette partie du zoophyte. 

Les côtes longitudinales, ciliées, au nombre de cinq à six, re- 
flétoient, comme dans toutes les espèces, les plus belles couleurs 
de l'iris. Les mouvemens des cils, indépendans de ceux du corps, 
avoient une action si foible, qu'ils ne produisoient sur lui aucune 
impression visible. Si ces animaux ont besoin d'une respiration, 
nous pensons que ces cils doivent en être les organes. 

La couleur de ce béroé est un blanc teinté de rose. Ce même 
Jour nous en vîmes plusieurs autres, tous aussi mous, maïs dont 
quelques-uns, privés de tubercules, paroïssoient ronds en nageant. 


ZOOLOGIE. 575 
C'étoit un spectacle tout particulier et bien intéressant pour 
nous, que de voir chacune des parties quon séparoit de l'animal, 
se mouvoir encore avec la même agilité. Sans doute que les natu- 
ralistes qui habitent constamment les bords de la mer, ne laisseront 
pas à d'autres le soin de tenter des expériences relatives à la re- 
production de ces acalèphes. 


BÉROË ROSE. —— BERoE Roseus. N. 


PLANCHE 74, fig. 2. 


Beroe ovato-roseus, sexcostatus ; ore abdito. 


Nous savons bien que, pour les animaux qui nous occupent, 
la couleur ne devroïit pas servir de caractère spécifique ; mais 
comme on a donné à des béroés qui ne ressemblent point au nôtre, 
les noms d'oyale et de globuleux, l'un desquels lui conviendroit par- 
faitement , nous sommes forcés de lui en imposer un sujet à 
varier. 

Quoi qu'il en soit, le béroé rose est ovoïde, petit, recouvert 
de six côtes dont les reflets sont moïns apparens sur la couleur 
éclatante dont il est orné. L'ouverture unique, à peine sensible, 
est seulement indiquée à la partie supérieure; et pour la voir sur 
l'animal vivant, il falloit y introduire quelque chose. 

Nous le primes dans le moiïs de novembre 1818, entre les îles 
Timor et Ombaï. M. Taunay le dessina. à 

IH existe, dans le Voyage du capitaine Krusenstern, un béroé 
qui a du rapport avec le nôtre. Mais, en général, les mollusques 
et les zoophytes représentés dans l'atlas de ce Voyage ont des 
formes peu naturelles. 

Nous avons vu, dans la rade de Sydney, au Port-Jackson, des 
béroés incolors, qui ressembloient beaucoup à l'ovale de Browne. 


s76 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Leur ouverture, très-large, se contractoit avec tant de rapidité, de 
même que leurs cirres, que nous ne pümes compter le nombre 
des côtes: le dessin que nous en avions fait dans une position 
incommode, nous a paru trop imparfait pour être mis au jour. Il 
nous suflira d'indiquer le lieu où nous avons rencontré de ces ani- 
maux, dont la longueur pouvoit être de deux pouces. 


ZOOLOGIE. 577 


GENRE DIPHIE. — Drpayres. Cuv. 


DIPHIE BORY. — Dipuyes Borx. N. 
BIPHORE BIPARTI. Bory, Voy. aux iles d’Afr. tom. 1, pag. 134, pl. 6, fig. 3. 


PLANCHE 86, fig. 12. 


Diphyes, corpore libero, hyalino, pyramidali, duobus  canalibus 
applicatis composito, basi patentibus; ore uno truncato, altero apicibus 


quinis munito. 


ON ne connoît qu'une seule espèce de ce genre : elle a été 
découverte par M. Bory de Saint-Vincent, qui la figurée sous 
le nom de fiphore biparti. C'est la même que nous reproduisons 
ici, et que nous dédions à ce naturaliste. Après lui, MM. T'ilesius 
et Chamisso en ont aussi donné des figures. 

La nôtre représente deux individus réunis; il sera facile de se 
faire une idée de ce qu'ils sont isolés, en considérant à part celui 
qui contient l'autre. On en trouve autant qui nagent seuls que 
deux à deux. Leur agrégation a-t-elle pour cause l'œuvre de la 
reproduction ! ou bien, sortent-ils en cet état de l'ovaire! 

Le petit chapelet couleur de rose qui se montre hors de 
.J'ouverture tronquée, est rétractile à la volonté de l'animal, qui 
le rentre quelquefois tout-à-fait. Il paroît qu'il y a des époques 
où il est beaucoup plus saïllant. Nous avons remarqué, au fond 
de cette espèce de sac, un corps qui avoit la forme d'une branchie 
de biphore. 

La progression de cet acalèphe a lieu à reculons avec assez 


de vitesse, comme celle des méduses et des béroés. Ce n'est 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 73 


78 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


Jamais qu'entre deux individus que se fait la jonction, et toujours 
de la même manière, c'est-à-dire que l’extrémité pointue de fun 
entre dans l'ouverture quadrilatère tronquée de l’autre , et y adhère 
assez fortement. 

Nous avons vu des diphies dans l'Océan atlantique, dans la 
mer des Indes , sur les côtes de la Nouvelle-Hollande et pres de 
celles de l'île Timor. 


ZOOLOGIE. $79 


GENRE TÉTRAGONE. — TErTRrAcONum. N. 


Animal libre, gélatineux, transparent , très-ferme , quadrilatère, alongé, 
tronqué à une extrémité, et terminé à l'autre, qui est l'ouverture unique, 
par quatre pointes saillantes, dont deux sont ordinairement plus petites. 


TÉTRAGONE BELZONI. — TerRAGoNUM BELzoNI. N. 


PLANCHE 86, fig. 11. 


Tetragonum , corpore libero, hyalino, gelatinoso, solido, quadrato, 
truncato posticè, anticè quadridente. 


DANS un ordre naturel, cet animal doit venir après les diphies ; 
il ressemble presque, en effet, à un de ces zoophytes qu'on auroit 
divisé dans sa longueur. : 

Nous ajouterons aux caractères que nous en avons donnés, que 
de chacune des petites dents qui surmontent la bouche, part une 
aréte qui, parcourant la longueur du corps, tend à iéoias une 
forme quadrilatère. Les intervalles qui existent entre ces angles sont 
quelquefois légèrement plissés en long. Nous avons remarqué aussi 
que sur quelques individus l'extrémité non ouverte étoit plus mince 
que celle qui est denticulée, etavoit le milieu un peu comprimé. Le 
canal se prolonge jusque près de l'extrémité inférieure: il est arrondi, 
et nous avons trouvé au fond une espèce de sanie blanchätre. 

Ce nouveau genre a été pris dans l'Océan atlantique, par 7° de 
latitude Sud, dans la traversée des îles Canaries au Brésil. 

Nous dédions cette espèce à la mémoire de l'intrépide Belzoni, 
voyageur italien, mort récemment à Gato, près de Benin. 


# 
719 


580 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE CUPULITE. — Curuzir4A. N. 


Animaux mous, transparens, réums deux à deux par leur base, et 
entre eux par les côtés, à la file les uns des autres , composant des chaînes 
flottantes dont une des extrémités est terminée par une queue rougeâtre, 
rétractile, probablement formée par les ovaires. 

Chaque animal ayant l'apparence d'une petite outre à une seule ouver- 


ture qui communique à un canal très-évasé au-dedans. 


CUPULITE BOODWICH. — Cururira Boopwicx. N. 


PLANCHE 87, fig. 14,15 et 16. 
Cupulita , corpore cucurbitaceo ; ore angusto, rotundo. 


CE zoophyte a été pris et dessiné par notre collègue M. Gau- 
dichaud, en vue de l'entrée du Port-Jackson. Nous avons adopté, 
pour ce nouveau genre, le nom de cupulite, parce que ces animaux, 
pris isolément, ont quelques rapports de forme avec la cupule 
d'un gland. Chacun d'eux est uni par sa base à un de ses congénères 
et par les côtés à un autre, de manière à former une chaîne plus 
ou moins longue , dans le genre de celles des biphores. De même 
que ces derniers , ils n'adhèrent que foïblement les uns aux autres 
et peuvent vivre séparés. C’est du moins ce que nous fit conjec- 
turer le grand individu représenté figure 12, que M. Gaudichaud 
trouva désuni et dans un lieu peu éloïgné des précédens. 

Cependant il se présente une difficulté à cet égard. Sï les cu- 
pulites peuvent se séparer impunément, à quoi sert cette espèce 
de queue rouge qu'on voit à une des extrémités de la réunion, et 


ZOOLOGIE. | 581 


qui semble être un chapelet d'ovaires! Elle est contractile et im- 
prime des mouvemens à la masse entière. Appartient- elle à tous, 
ou seulement à quelques-uns! en cas de désagrégation complete, 
que devient-elle’ Ce sont des questions que de nouvelles observa- 
tions pourront seules aïder à résoudre, et en attendant nous dirons: 

Que chaque animal, considéré séparément, est arrondi sur les 
côtés, aplati à son fond, et présente à la partie supérieure un col 
court, renflé, terminé par une petite ouverture circulaire; c'est la 
bouche, qui s'élargit aussitôt des deux côtés pour former une 
ample cavité, dans laquelle on ne voit aucune trace de viscères. 
Cette ouverture sert à la progression de l'individu; et lorsqu'il y 
en a plusieurs réunis, elle agit de concert avec l'espèce de queue 
générale pour les mouvemens de l'ensemble. 

Nous avons dédié la seule espèce de ce nouveau genre à la 
mémoire de l'infortuné Boodwich, voyageur anglais, qui vient de 
mourir en Afrique, sur les bords de la Gambie. Grâces à son 
intéressante et courageuse épouse, les résultats du voyage de 
Boodwich ne seront pas perdus pour la science. 


582 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE LEMNISQUE. — ZLemniscus. N. 


Corps libre, gélatineux, transparent , rubané, très-alongé, aplati sur les 
côtés, entièrement lisse, homogène, sans ouverture ni canal dans son 
intérieur; Sans cils nt franges sur ses bords. 


LEMNISQUE BORDÉ DE ROUGE. — LEMNISCUS MARGINATUS. N. 


PLANCHE 86, fig. 1. 


Lemniscus explanatus, hyalinus, roseo circumdatus. 


LORSQUE, près de l'île Ombaï dans l'archipel de Timor , nous 
primes cette substance animalisée, elle avoit environ deux pieds de 
longueur , sur à-peu-près un pouce et demi de large et une ligne 
d'épaisseur. Elle étoit transparente, sans mouvement, et tellement 
gélatineuse qu'elle se brisa en la prenant. Homogène dans toutes 
ses parties, elle ne nous laissa apercevoir ni pores ni ouverture 
apparente. On distinguoit sur ses bords deux filets rougeâtres, qui 
nétoient point striés, ce qui leur eût donné des rapports avec les 
franges mobiles des béroés. 

Voilà encore un de ces êtres d’une simplicité extrême, trans- 
parent comme une lame de cristal, et ne présentant aucun or- 
gane par où la digestion puisse s’opérer; à moins qu'on ne sup- 
pose que ce ruban de deux pieds d'étendue faisoit partie d'un 
zoophyte beaucoup plus considérable ; ce qui est possible du reste, 
car nous avons vu ces animaux offrir tant de variété, quon ne 
doit pas s'empresser d'assigner les bornes de leur développement. 


ZOOLOGIE. 583 


GENRE PHYSSOPHORE. — PayssoPHOR4A. Forsk. 


PHYSSOPHORE FORSKAL. — PHyssopxorA Forskaz. N. 


PLANCHE 87, fig. 6. 


Physsophora oblonga ; vesiculis lateribus apertis quatuor ; totidem ten- 


taculis ; basi rubré oviferà. 


LES espèces de ce genre sont en si petit nombre, que nous 
n'avons point hésité à faire représenter la nôtre, quoiqu'elle ait 
quelque ressemblance avec celle de Forskal. D'ailleurs ces ani- 
maux sont d'une si foible consistance, qu'en les prenant ils perdent 
souvent une partie de leurs tentacules ou de leurs appendiïces fili- 
formes; ensuite, à certaines époques ils sont pourvus de grappes 
ovifères , qu'ils ne doivent plus avoir dans d’autres temps. De sorte 
qu'il est assez facile de s'y méprendre, et de faire des espèces 
différentes des mêmes individus. 

Ce physsophore, pris vivant, avoit environ deux pouces de 
longueur. Il se maintenoïit verticalement dans l'eau, à l’aide de la 
petite bulle d'air dont.étoitémunie sa partie supérieure , qui est 
rouge. Plus bas sont quatre ampoules ovalaires , ayant chacune 
une ouverture en forme de bouche un peu aplatie. C'est au-dessous 
que s’insèrent les tentacules plus ou moins nombreux. I n'y en a 
que quatre ici, qui représentent le calice renversé d'une fleur, dont 
la corolle intérieure seroït ces espèces de gemmules rouges ponc- 
tuées de noir qu'il embrasse. 

Ces tentacules, qui ont beaucoup de rapports avec quelques- 
uns de ceux des physalies, étoient dans une agitation continuelle. 
Is ne servent qu'infiniment peu à la progression; ce mouvement 


584 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


s'opère plutôt à l'aide des petites bouches supérieures, de la méme 
manière que dans les méduses, les béroés, &c. 

Nous sommes disposés à croire, avec M. Lesueur , que ces ani- 
maux sont agrégés. Leur organisation demande encore, pour être 
parfaitement connue , toute la sagacité d’un observateur versé dans 
cette sorte d'étude. 

Nous avons dédié l'espèce que nous venons de décrire, à la 
mémoire du célèbre naturaliste suédoïs Forskal, qui succomba 
dans le voyage quil fit en Orient avec Niebuhr. 


ZOOLOGIE. 585 


GENRE STÉPHANOMIE. — SrepnAinomii. Pér. et Les. 


STÉPHANOMIE LISSE. — STEPHANOMIA LEVIGATA. N. 


PLANCHE 86, fig. 2. 


Stephanomia cœrulea ; appendicibus foliaceis subacutis ; tentaculis raris 
brevissimis ; ovarts roseis, contractis. 


CETTE espèce, prise en allant de Bourbon à la baie des Chiens- 
Marins, a beaucoup de rapports avec la stéphanomie hérissée de 
MM. Péron et Lesueur. Nous ne l'avons fait représenter que parce 
que les individus en sont rares, et que, dans ce genre, on peut 
sans inconvénient hasarder de former une espèce dont on n'est pas 
parfaitement sûr. 

Les folioles de ce fragment sont lisses, sans découpures sur leurs 
bords et très-peu pointues. Les tentacules, peu nombreux, très- 
courts, semblent tronqués. Quelques suçoirs font saillie au dehors, 
et les taches rosées que l’on voit dans leurs intervalles sont les 
ovaires rétractés. Ces divers appendices sont loin d'offrir, dans 
cette stéphanomie, le brillant développement qu'on remarque dans 
la stephanomia amphitrits de MM. Péron et Lesueur. Maïs ces cir- 
constances, dans des animaux d'une délicatesse extrême, qui se 
rompent à la moindre pression, sont dépendantes, et de l'époque 
à laquelle on les trouve, et souvent de la manière de s’en emparer. 


, TS ; 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 


NQ 
LS 


586 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE VÉLELLE. — VEzezra. Lamk. 


VÉLELLE ÉCHANCRÉE. — VELELLA EMARGINATA. N. 


PLANCHE 86, fig. 9. 


Velella ovalis, oblique cristata; cristä dorsali sursum incisä ; tabulä 


inferiore tentaculis cœrulers imstructä. 


ON ne peut naviguer dans l'Océan ou la Méditerranée, sans 
rencontrer des vélelles, soit isolées, soit en troupes excessivement 
nombreuses, qui voyagent sous l'impulsion des vents et des cou- 
rans. Parmi elles on en trouve plusieurs, privées de la vie, dont la 
membrane cartilagineuse et très-résistante flotte comme si l'animal 
existoit encore. 

La portion horizontale de cette membrane est formée de petits 
tubes concentriques contenant de l'air, ce qui nous fait placer cette 
acalèphe parmi les hydrostatiques de M. Cuvier. 

Nous en vimes beaucoup d'individus dans divers endroits du 
grand Océan , principalement sous l'équateur, aux environs de Ja 
Nouvelle-Guinée. Tous avoient leur sommet plus ou moins 
échancré. Leur crête, oblique, étoit recouverte d'une membrane 
grise, et le dessous du disque horizontal, muni de tentacules bleus 
comme dans les vélelles ordinaires. 

Il étoit nécessaire que nous en eussions vu un aussi grand 
nombre, pour nous déterminer à former une espèce nouvelle, 
parce que nous savons combien ces animaux sont exposés à être 
mutilés; et c'est même le cas de celle de Browne, dont on a fait 
une espèce. 

Les vélelles peuvent quelquefois être phosphoriques; elles peuvent 


ZOOLOGIE. 587 


aussi causer de la démangeaison à ceux qui les touchent : mais 
nous pouvons affirmer que ces particularités ne sont pas constantes, 
puisque nous ne les avons jamais remarquées dans aucun des indi- 
vidus soumis à notre examen. 

Les chats en sont très-friands, de même que des biphores et 
de quelques autres mollusques qui ont, comme nous l'avons déjà 
dit, une forte odeur de phosphore ou d'électricité. 

M. Rang, officier de la marine, qui a observé des-vélelles à 
tous les âges et dans leurs divers degrés de développement , nous 
a assuré que les individus très-Jeunes étoïent constamment pourvus 
de deux filamens bleus , longs de plusieurs pouces, qu'ils perdoïent 
ensuite par les progrès de l'âge. 


af 


7 0h 


558 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE POLYTOME. — Pozyromus. N. 


Animaux gélatineux, mais fermes, transparens, rhomboïdes, comme 
taillés à facettes, réunis et groupés entre eux, de manière à former 
une masse ovoide dont le moindre effort fait cesser l'agrégation. Chaque 
individu , parfaitement homogène, ne présentant ni ouverture n1 organe 
quelconque. 


POLYTOME LAMANON. — Poryromus LAMANoN. N. 
PLANCHE 87, fig 12 et 13, 


Polytomus, corpore hyalino, rhomboïde, foraminibus destituto, aggre- 
gato in massulam ovatam , in medio roseam. 


Voici le corps animé le plus simple que nous ayons encore 
rencontré. Si nous voulons le comparer à quelque chose, ce n'est 
point dans le règne animal que nous devons chercher nos exemples. 
Pour en avoir une juste idée, il faut se figurer un. petit morceau 
de cristal taillé à facettes en forme de rhombe, sans ouvertures 
ni aspérités ; qu'avec plusieurs de ces pièces réunies on forme une 
masse ovalaire de la grosseur d’un très-petit œuf, on aura l'en- 
semble de notre zoophyte. 

Chaque animalcule est ferme comme de la gélatine bien cuite, 
et résistant sous le doigt. Mais leur agrégation entre eux est tel- 
lement foible, que le moindre contact la rompt. Au centre est 
une bulle d'air avec quelques filamens couleur de rose autour des- 
quels chaque pièce est groupée. 

La nutrition de cette réunion d'individus doit se faire par im- 
bibition, car nous n'y avons remarqué ni apparence de visceres, 
ni même aucun signe d'ritabilité. 


ZOOLOGIE. 589 


Plusieurs fois nous avions trouvé des polytomes séparés, sans 
savoir à quoi les rapporter, lorsqu'en juillet 1819, par 33° de 
latitude Nord, et 161° de longitude à l'est de Paris, dans le grand 
Océan, en allant des Mariannes aux îles Sandwich, nous nous 
procurâmes une réunion complète de ces animaux, telle que nous 
venons de la décrire. La figure 13 représente un individu séparé 
de sa masse. 

Nous avons dédié ce zoophyte à la mémoire d'un physicien 
célèbre, Paul Lamanon, naturaliste de l'expédition de la Pérouse, 
massacré avec le brave capitaine de ee par les féroces habitans 
de lle Maouna. 


SUBSTANCE ORGANIQUE INDÉTERMINÉE. 


PLANCHE 86, fig. 4. 


CETTE substance organique, que nous plaçons dans les indéter- 
minées , très-différente du genre Mariana pour la forme, est ce- 
pendant parsemée, comme l'espèce rvbra, d'une foule d'oscules 
visibles à l'extérieur. 

La forme générale de ces corps est aplatie et présente un ovale 
arrondi en dessus, terminé insensiblement par un pédicule dont 
la base est fixée sur des substances inertes. Quelquefois ils sont 
accolés les uns aux autres sur le même plan, en plus ou moins 
grand nombre , sans que leur union soit très-intime; car le moindre 
effort suffit pour les séparer. D'autres fois ils sont isolés. Ils sont 
coriaces à l'extérieur et gélatineux en dedans. Leur couleur est 
blanche , et la place des petites ouvertures se fait remarquer par 
une teinte grisätre. 

Nous les avons trouvés dans la mer, sur les rochers madrépo- 
riques, devant Agagna, dans file Guam. Peut-être ne sont-ce que 


590 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


des œufs de certains mollusques, qui, comme on sait, revétent les 
formes les plus singulières. 


AUTRE SUBSTANCE ORGANIQUE INDÉTERMINÉE. 


PLANCHE 86, fig. 3. 


Nous avons trouvé cette autre substance à l'Ie-de-France, dans 
la mer, mais plus abondamment dans l’eau saumâtre de l'embou- 
chure de la petite rivière des Lataniers. 

C'est un corps de consistance glaireuse, globuleux, hémisphé- 
rique en dessus, turbiné inférieurement et fixé par un pédoncule 
sur un corps quelconque. Il est blanchätre, quelquefois tacheté de 
brun, offrant toujours dans son intérieur de petits points noirâtres. 
L'agitation un peu trop forte de l'eau, un contact tant soit peu 
rude, suffisent pour mettre en lambeaux cette gélatine animée. 

En signalant cette production, il seroït à desirer que les per- 
sonnes de l'Ile-de-France qui cultivent l'histoire naturelle, vou- 
lussent bien s'occuper de son étude, et faire connoître quels sont 
les changemens quelle est susceptible d'éprouver aux diverses 
époques de l'année; et si ce ne sont point, comme nous l'avons 
supposé, des œufs de mollusques. 

Juin et juillet sont les moiïs pendant lesquels nous en avons 
vu le plus. 

IVota. Comme, dansun dessin, on ne peut indiquer quelle consistance a un corps, on 
pourroit bien prendre cette substance pour la même que la précédente, fig. 4, seulement un 
peu plus développée; mais nous prévenons qu’il y a autant de différence entre elles que 


d’éloignement dans leurs localités : car la consistance albumineuse de Ia première ne peut 
être comparée à l'enveloppe membraneuse et presque coriace de la seconde. 


ZOOLOGIE. s91 


PORTION DE ZOOPHYTE INCONNU. 
PLANCHE 75, fig. 8. 


CE corps, auquel nous n'imposons aucun nom, parce que ce 
nest qu'une portion d'un zoophyte inconnu, a été trouvé dans 
le grand Océan; et nous n'en donnons la figure que pour servir 
d'indication aux voyageurs qui pourroïent se procurer l'animal 
entier. 

Composé d'un pédicule cylindrique plein, recouvert d'une sorte 
de chapeau polygonal échancré sur les bords, strié transversalement 
et surmonté d'une calotte hémisphérique, il ressemble, si l'on 
veut, à certaines espèces de champignons. Sa consistance est gé- 
latineuse, mais ferme, et sa couleur transparente avec des teintes 
rougeätres. Peut-être n'est-ce que la partie supérieure du zoophyte 
figuré dans Séba, tom pl. 1, fig. 11 et 12, sous le nom d'espe- 
trum OU verge marine , que nous ne savons à quel genre rapporter, 
et dont ne parle aucun naturaliste. 


Fo. VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XIV. 


Des Polypes à polypiers. 


SECTION I" 


Remarques sur les Polypes à polypiers pierreux. 


Carre classe d'animaux a été pour nous d'un grand intérêt, 
d'abord comme objet de zoologie, puis sous le rapport géologique, 
pour réfuter des assertions émises depuisdong-temps sur la forma- 
tion de quelques îles de la mer des IndeS et du grand Océan. 

Sous le premier point de vue, on sait combien cette partie est 
peu avancée, et combien de faits manquent pour coordonner ce 
qui est relatif à ces animaux et entreprendre leur histoire. Nous 
avons parcouru des lieux qui nous ont offert de riches matériaux 
pour ce genre de travail; maïs lorsqu'il a fallu les mettre en œuvre, 
il s’est élevé une foule d'obstacles insurmontables, dans le détail 
desquels nous allons entrer, afin que ceux qui, après nous, s’adon- 
neront à cette étude, puissent les aplanir ou les éviter. 

Le premier de tous a été le défaut de temps. Il est vrai que 
nous avons fait un séjour de plus de deux mois dans uneîle con- 
venable à ces recherches : maïs on doit remarquer que ce n'est 
quà marée basse et par le temps le plus calme, que les polypes 
peuvent être étudiés; deux conditions qui ne se trouvant pas tou- 
Jours réunies , exigent quon ait le loisir de les attendre. Ce qui 


ZOOLOGIE. 593 


porte naturellement à conclure qu'un naturaliste habitant sur les 
lieux est le seul qui puisse entreprendre un travail tant soit peu 
étendu sur ces animaux. 

[ est indispensable que l'observateur sache dessiner; car presque 
toujours dans l'eau jusqu'à mi-jambe et même jusqu'à la ceinture, 
attentif à épier l'instant où l'animal qu’il examine se développera 
dans les positions les plus favorables, ïl ne pourroit pas avoir re- 
cours à une main étrangère. Cet avantage inappréciable nous man- 
quoit. C'est à la bonne volonté, à l'extrême complaisance et au zèle 
deM. Taunay, fils du peintre célèbre de ce nom, que nous devons 
la planche relative à cette étude. | 

Parlerons-nous des risques que l'on fait courir à sa santé, en 
s'exposant à l'eau, dans quelques contrées et à certaines heures de 
la journée , comme à Timor, par exemple, où il peut en résulter 
des frèvres ou des dysenteries mortelles’ Celui qui étudie la nature, 
et qui tout-à-coup se trouve transporté au milieu de ses phéno- 
mènes les plus rares, ne tient point compte de pareils inconvéniens : 
cest cependant €n négligeant de prendre les précautions conve- 
nables, que l'on contracte quelquefois des maladies qui font perdre 
le fruit qu'on auroit pu retirer d'occasions précieuses. 

Toutes les contrées équatoriales ne sont pas favorables au genre 
d'étude qui nous occupe. Dans notre voyage, nous n’en avons 
rencontré, à proprement parler, que deux: la rade de Coupang à 
Timor, et lle Guam aux Mariannes. Nous croyons cependant que 
le port Sud-Est à l'He-de-France, que nous n'avons fait qu'entrevoir, 
doit être également mis de ce nombre. 

Timor est notamment remarquable par ses alcyons et ses tubi- 
pores. Là seulement nous avons pu, parmi ces derniers, en re- 
cueillir de vivans qui heureusement se sont conservés dans l'alcool 
Jusqu'à notre retour, où ils ont été anatomisés. L'Ile-de-France, 
peu pourvue de grands alcyons branchus, si même il y en existe, 


est riche en polypiers pierreux, en madrépores sur-tout. Maïs c'est 
Voyage de l'Uranie. — ‘Zoologie. TS 


s94 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


à Guam que tous les genres de ces zoophytes viennent s'offrir aux 
regards de l'observateur , qui y trouve en outre un air salubre, et 
les commodités dont ïl est donné de jouir dans cette nature de 
recherches. 

Devant le chef-lieu de l’île, est un récif très-étendu, en dedans 
duquel le peu de profondeur et la tranquillité de l’eau ont permis 
à ces animaux de multiplier paisiblement. Chaque fois que la 
marée étoit basse dans le jour, avant que la brise se fit sentir et 
vint rider la surface des ondes, c'étoit là que nous nous rendions 
tout habillés *, munis d'instrumens et de vases pour extraire et re- 
cevoir les polypiers. Nous parcourions avec ravissement cette 
solitude sous-marine, semblable à un parterre orné des fleurs les 
plus belles et les plus variées. Maïs , il faut le dire, les végétaux 
n'atteignent point à ce velouté si doux, si suave, sur lequel le 
regard se fixe long-temps sans se fatiguer. Outre l'objet spécial 
qui nous attiroit , ces dédales enchantés offroïent à notre vue une 
sorte de microcosme peuplé de petits poissons, de coquilles, de 
crustacés, de vers, enfin d'êtres de toute espèée qui y trouvent 
l'existence et l'abri. 

Les polypes à polypiers ne sont point indifféremment répandus 
dans le lieu que nous venons de faire connoître. Les uns, coriaces 
comme les alcyons, ou pierreux comme le millépore bleu et celui 
que l'on nomme corne d'élan, occupent le milieu des courans pas- 
sagers que forment le flux et le reflux. Les eaux y sont plus fraîches, 
et leurs nombreux polypes, étalés à l'extérieur, semblent préférer 
l'agitation qu'ils éprouvent , à l'immobilité que paroïssent rechercher 


* Les petits détails paroïtront peut-être minutieux ; mais celui qui se munira d’un chapeau 
blanc à très-grands bords, qui aura un pantalon, et une chemise boutonnée aux poignets, se 
préservera de violens et douloureux coups de soleil, qui font souvent sur la peau l'effet d’un 
vésicatoire. Porter des souliers est une chose qu’on ne sauroit trop recommander, parce que 
dans ces climats, où le système nerveux est surexcité, on a vu le tétanos survenir à la suite 
d’une simple piqûre d’oursin. Du reste, il seroit difficile àun Européen de marcher dans les 
coraux sans chaussure, 


ZOOLOGIE. 595 
au contraire les méandrines, les astrées et quelques caryophyllies. 
Tous les madrépores proprement dits se trouvent dans les endroits 
les plus calmes. Leurs rameaux, portés sur un pédicule commun, 
s'étalent en roue ou bien forment des embranchemens; et lorsque 
leur accroissement est considérable , ils laissent en dessous des 
cavités dans lesquelles les pieds enfoncent et où l'on peut se blesser. 
Assez ordinairement il existe entre eux de petits espaces occupés 
par de jolis bouquets d’autres polypiers, dont les animaux, plus 
délicats, craignent d'être froissés. Si le fond est sablonneux, on y 
trouve des fongies libres, et d’autres pédiculées adhérentes à une 
base pierreuse. 

En les considérant dans les détaïls de leur forme et de leur 
organisation, nous dirons que les méandrines fixèrent plus parti- 
culièrement notre attention par leur structure arrondie et par 
la variété de couleurs de leurs animaux. Les polypiers ne différoient 
quelquefois que fort peu, et souvent pas du tout: cependant les 
polypes étoient blancs dans les uns, jaunätres, bruns , rougeûtres 
dans d’autres, ou bien affectant différentes nuances de violet, et 
ceux-ci étoient les plus remarquables; quelques-uns avoïent une 
couleur d’ardoïse; on eût cru alors voir une tête de nègre, comme 
disoit l'homme qui nous accompagnoit. Les méandrines ont une 
croïssance déterminée qu'elles ne dépassent pas. Ainsi, toujours 
écartées les unes des autres, elles ne tendent point à s'agglomérer 
comme les madrépores et quelques astrées qui propagent indé- 
finiment leurs ramifications. 

Les polypes occupent le fond des sillons; ïls sont différem- 
ment colorés selon les individus. Lorsqu'on les examine avec 
attention, l'on voit qu'ils forment des expansions membraneuses qui 
recouvrent les lamelles des ambulacres, mais rarement le sommet 
des collines, dont la blancheur indique la ligne de démarcation 
qui existe entre ces animaux. Ce sont, à vrai dire, des caryophyllies 
ou des fongies très-alongées au lieu d'être rayonnées. Ils sécrètent 


701 


596 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


de toutes les parties de leur corps une mucosité si abondante, qu'en 
renversant le polypier elle diflue et coule comme de l'albumine. Ceci 
a sur-tout lieu pour quelques espèces, principalement celles dont 
les polypes sont blancs. Ce même phénomène s'observe chez les 
agarices et les pavones, dont les animaux, excessivement petits, pré- 
sentent les plus grandes difficultés pour être étudiés; on peut ce- 
pendant s'en faire une assez juste idée par la forme du polypier. 
IH en est de même, mais à un plus haut degré, des madrépores; 
avec cette différence que la plupart de leurs animaux ne sont point 
colorés, et qu'ils ont dans la mer absolument le même aspect que 
dans les collections. Lorsqu'on les détache ou qu'on les brise, on 
voit découler de l'albumine, plus abondante vers leur extrémité. Si 
on les expose à l'air, leur partie animalisée se noircit en se putréfiant. 
On l'enlève par des lotions répétées, et c'est par ce moyen que 
ces polypiers acquièrent la belle blancheur qu'on leur connoît. II 
est cependant des espèces dont les animaux sont colorés; nous en 
donnons des exemples: chez d’autres, la cime seule du polypier 
acquiert de la couleur, tandis que les polypes sont blancs. 


Les êtres animés qui peuplent les caryophyllies, et qui ont de si 
grands rapports avec ceux des fongies, présentent autant de variétés 
de teintes que de différences de formes. Dans l'espèce fasciculée, 
on en rencontre de blancs ou de verts, à Île-de-France, et de 
bruns rougeâtres aux Mariannes. En les examinant avec attention, 
nous avons toujours vu que les polypes ne dépassent que de fort 
peu les étoiles lamelleuses et découpées de leur demeure; ce qui 
leur donne un aspect particulier. 

Certains millépores ont leurs animaux très-apparens. Dans 
d'autres on ne les aperçoit pas, à la vérité; mais en promenant 
la main à la surface, on sent qu'on ne touche point immédiate- 
ment la base pierreuse. Il en est où les sens ne peuvent faire 
distinguer nulle substance organique, et dont la surface est tout- 
à-fait rugueuse et sèche comme le calcaire le plus aride; enfin 


ZOOLOGIE. $97 


d'autres , tels que la corne d’élan, qui, malgré cet aspect, recèlent 
des animaux si petits et tellement enfoncés dans la matière calcaire, 
qu à la simple vue on ne peut les apercevoir. Leur couleur propre 
ne modifie en rien celle du polypier, qui demeure constamment la 
même , soit dans l'eau, soit à l'air libre. Cependant ce qui nous est 
arrivé à l'égard de ce millépore, prouve évidemment qu'il est re- 
couvert de polypes; car un instant après l'avoir touché, nous res- 
sentimes une cuisson insupportable suivie de rougeur, comme 
celle que font éprouver les physalies et certaines méduses. En- 
tourés d'animaux divers, et en ayant plusieurs entre les maïns, nous 
fümes long-temps à connoître celui qui étoit doué d’une semblable 
propriété. La douleur fut beaucoup plus vive à la bouche, aux yeux 
et au nez, où par inadvertance nous avions porté les maïns. 

Nous vérifiimes la nature caustique de ce millépore sur un 
matelot et sur M. Taunay. Ce dernier en ressentit bien les effets, 
mais moins fortement que nous : ce qui tient à la sensibilité propre 
de chaque individu, comme il arrive aussi pour les physalies , &c. 

M. de Lamarck a nommé ”w/lipores quelques-unes des produc- 
tions qui nous occupent, parce qu'on ny aperçoit aucune ouver- 
ture sensible, ni traces d'animaux. Nous en avons vu plusieurs de 
semblables, et nous ignorons entièrement le mode d'accroissement 
de ces corps. 

Parmi ces masses de polypiers, il en est de tendres, de friables, 
et d’autres excessivement durs. Ces différences tiennent, comme 
on le pense bien, à la manière dont sont construites leurs diverses 
parties et à l'époque plus ou moins récente de leur formation; car 
celles qui ne font que d'être sécrétées, que l'animal recouvre en- 
core, ne contenant que des molécules peu adhérentes entre elles, 
se brisent facilement. C'est ce qu'on sent sous les pieds, lorsqu'on 
se promène à la surface des coraux. Il n’en est pas de même des 
couches plus profondes, qui, abandonnées depuis long-temps, sont 
dures et résistantes, comme on peut le voir sur les madrépores 


508 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


rameux et sur certaines caryophyllies. À Guam, on se sert, dans Îa 
construction de quelques édifices, de blocs de méandrines et d’as- 
trées qu'on enlève facilement du fond de la mer. Cette pierre 
recelant alors beaucoup d'eau dans ses nombreux interstices , est 
tendre et facile à tailler ; maïs exposée à l'air, elle parvient à la 
longue à se spathiser. 

De l'examen des nombreux lithophytes que nous avons observés, 
il résulte cette considération générale, que la forme lamelleuse, 
rayonnée plus ou moins régulièrement, paroît être le type dont la 
nature s'est servie dans la création de ces animaux. Nous l'obser- 
vons dans toutes les espèces de la planche que nous donnons; et 
si elle est plus irrégulièrement marquée dans la méandrine et les 
madrépores, elle n'en existe pas moins pour cela. On la retrouve 
plus parfaite dans les fongies, les astrées, les oculines, les millé- 
pores , &c. 

[ nous paroït évident aussi que, d’après la forme de leurs poly- 
piers, ces animaux ne participent point et ne peuvent même point 
participer à une vie commune. Autrement ils Jouiroient, comme 
le dit M. de Lamarck, de qualités qui répugnent à la nature de tout 
corps vivant, car ts posséderoient la faculté de ne jamais mourir. Les 
rosettes de plusieurs espèces lamelleuses ne communiquent point 
entre elles, ainsi qu'on peut le voir dans les-caryophyllies, les as- 
trées, et même dans certaines méandrines; il est alors évident que 
chacune est occupée par un polype. Souvent ïl y a continuité entre 
les sillons de ces dernières, et beaucoup d'animaux se touchent par 
leurs bords. Dans les polypiers foraminés plus consistans et beau- 
coup plus déliés, c'est par les tentacules que s'opère le contact. 
Aïnsi il n'est pas besoin d'admettre une continuité de substance 
qui ne feroit qu'une seule masse de tous ces polypes, pour expli- 
quer la contraction brusque que tous éprouvent lorsqu'un seul 
est touché. I suffit, en effet, qu'il en rentre un subitement pour 
que ceux qui lui sont contigus en fassent autant, et successive- 


ZOOLOGIE. sn 
ment tous ceux qui recouvrent le polypier. C'est ce phénomène, 
qui, superficiellement examiné, a pu faire imaginer que ces ani- 
maux participoïent à une existence individuelle et générale tout- 
à-la-fois. 

On a cru, et l’on répète encore dans quelques colonies, que la 
qualité vénéneuse de certains poissons est due aux polypes dont 
ils font leur nourriture. Cette opinion ést généralement aban- 
donnée des naturalistes, et ne sauroit tenir contre plusieurs faits 
qu'on peut lui opposer. 

D'abord ïl s'agiroit de savoir si les espèces qui, dans certains 
temps, sont malfaisantes, mangent réellement des polypes. Les 
termes dont on se sert pour exprimer ce fait, nous paroiïssent 
aussi vicieux que ce fait lui-même est peu prouvé. C'est quand 
corail est en fleur, disent les créoles, que ces poissons sont dangereux. 
Mais les coraux sont toujours ffeuris, c'est-à-dire que leurs animaux 
montrent en tout temps leurs appendices tentaculaires, sous di- 
verses formes. Il n'y a donc point d'hiver ou d'été pour eux, ni 
par conséquent nulle intermittence dans leur développement. Peut- 
être existe-t-il une époque où leurs gemmules peuvent être plus 
abondans : encore n'est-ce qu'une supposition amenée par des 
analogies tirées de fort loin sur d’autres zoophytes, et qu aucune 
observation ne confirme. 

Ensuite, il ne faut pas s'imaginer que ces polypés, la plupart im- 
perceptibles, découpés en lames minces et enfoncés dans leurs 
anfractuosités pierreuses, puissent être facilement détachés par le 
museau obtus des poissons. Et lon sait que les sphyrènes , les thons, 
les orphies, quelques clupes et les caranx, qui ont occasionné des 
accidens, ne cassent ni n'avalent de madrépores solides, seul moyen 
de se procurer leurs animaux, comme nous allons le dire tout 
à l'heure pour un autre poisson. 

Ajoutez à cela que quelques-unes de ces espèces assez grandes 
ne fréquentent point les récifs madréporiques, et qu'on les a 


600 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
trouvées tout aussi vénéneuses dans la haute mer, comme 1ïl arriva 
aux colons suisses qu'on transportoit au Brésil*. 

Avouons-le, la cause qui rend la chair de quelques poissons 
nuisible à l'homme nous est complétement inconnue ; et rien ne 
prouve qu'elle doive être attribuée aux polypes saxigènes. Bien plus, 
nous étions même disposés, par la grande analogie qu'ont les fongies 
et certaines caryophyllies avec le tissu charnu et membraneux des 
actinies, quon mange sur nos côtes, à les croire aussi innocentes 
quelles , lorsque nous éprouvämes l'effet caustique du millépore 
corne d'élan. Nous savons très-bien, au reste, qu'il ne faut établir 
aucune analogie entre ces deux genres de polypes, et que des 
poissons n'iront pas avaler des coraux sur lesquels on ne voit à 
l'œil nu aucune trace d’animalcules, comme sur la corne d’élan, 
le seul qui ait manifesté une action délétère. Néanmoïns , dans le 
doute, et dans l'intérêt de la vérité, nous suspendons notre Juge- 
ment, jusqu à ce que de nouvelles expériences aïent mis à portée 
de décider la question. 

Nous avons été bien près de jeter quelque jour sur cette ma- 
tière, lorsqu'à Guam nous primes un gros diodon qui avoit dans 
son estomac environ deux livres de madrépore rameux grossiére- 
ment concassé. [I n'y avoit pas long-temps qu'il venoit de l’avaler, 
car les polypes étoient encore dans leur état d'albumine fluide. 
Nous lavions mis de côté pour le faire cuire, et procéder à toutes 
les expériences convenables pour éclaircir le sujet qui nous 
occupe; un accident nous priva de ce poisson. C'est le seul 
que nous ayons rencontré ayant l'estomac plein de madrépore. 
Il faut dire aussi qu'il est du petit nombre de ceux qui, par 
l'organisation de leurs fortes mâchoires, sont capables d’arracher 


* Nous tenons de leur médecin, M. Bazet, que beaucoup de passagers du navire à bord 
duquel il se trouvoit, eurent des symptômes d’empoisonnement assez graves, pour avoir mangé 
de certains poissons qu'on prit en abondance, dont il ne put pas précisément nous dire le 
nom, mais que nous soupconnons être des scombres bonites ou des coryphènes dorades. 


ZOOLOGIE. 6ot 


et de broyer des polypiers pierreux. Du reste, dans aucun pays, 
on ne se nourrit ordinairement de sa chair; et aux Mariannes, aïnsi 
que nous l'avons dit à l’article Drodon, l'espèce de dégoût que 
sa vue fait éprouver aux indigènes, sembleroit être un indice qu'ils 
le considèrent comme nuisible. 


SECTION IT 


Remarques sur les Polypes à polypiers flexibles. 


Si nous sommes peu avancés dans la connoïssance des polypiers 
saxigènes, à plus forte raison nous n'avons que bien peu de chose 
à dire sur les polypiers flexibles, qui, en général, beaucoup plus 
ténus et plus grêles, souvent moins bien organisés et habitant la 
mer à une plus grande profondeur , se dérobent aïnsi aisément à 
l'observation. 

Si la baie des Chiens-Marins nous a paru dépourvue de ma- 
drépores et d’autres polypiers pierreux, nous l’avons trouvée, en 
revanche, riche en éponges et en ces sortes de masses organisées, 
perforées, qu'à tort on nomme des a/cyons, puisqu'on ne connoît 
pas encore Îles animaux qui les produisent. Les éponges doivent 
croître assez avant sous l’eau, car dans nos courses nous n'en avons 
trouvé que rarement d'animées : le plus grand nombre, arraché du 
fond de la mer, avoit été rejeté sur la plage. Le peu que nous 
avons vu de leurs polypes albumineux et diffluens, nous les a 
fait comparer à des méandrines irrégulières, qui auroient perdu 
tout-à-fait leur forme rayonnée. Mais, nous le répétons, c'est 
dans une eau paisible et limpide, dans un état de calme propre 
à l'observation, et quand on est muni d’une foule de moyens 
qui la facilitent, qu'il faudroit examiner ces productions. Autre- 
ment, à peine les a-t-on sorties de l'élément où elles subsistent, 


que leurs animaux, pour ainsi dire liquides, et privés de leur 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 76 


6o2 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


support accoutumé, se mélent, se brisent, s'écoulent, et l’on ne 
voit plus rien. 

Il en est de même pour beaucoup d’autres polypiers flexibles, sur 
lesquels on distingue très-bien les animaux en masse, sans qu'on 
puisse exactement déterminer leurs formes autrement qu'avec des 
instrumens grossissans; tandis qu'il en existe une infinité d'autres, 
aussi agréablement que parfaitement organisés, sur la substance 
crétacée desquels on n'aperçoit rien, absolument rien d’animé, à 
l'œil nu du moins, soit en les touchant ou en les examinant sous 
l'eau. Beaucoup de corallines, de mélites, d’antipates, de décho- 
tomaires, d'adéones , de flabellaires sur-tout, sont dans ce cas. Des 
gorgones, des isis que l'on voit aux galeries du Muséum, conservent 
le même aspect, sont aussi fraîches, et quelques-unes aussi colo- 
rées, que celles que nous avons observées au sortir de la mer, au 
Port-Jackson, à Timor ou dans les Moluques. 

Ordinairement les petites espèces de polypiers flexibles ramifrés 
ou encroûtés, fixent peu l'attention, parce qu'elles sont disséminées 
et comme perdues dans de grands espaces; et que, pour se les 
procurer, il faut les rechercher avec soin. 

Il n'en est pas de même d'une espèce connue sous le nom de 
flustre, que nous vimes aux Malouines. Ses lames, excessivement 
minces , recouvrent, enveloppent toutes les substances marines. 
C'est sur les forêts de fucus qui encombrent les baïes de ces îles, 
que les flustres paroïssent se plaire davantage; on voit quelquefois 
de longues tiges feuillues de ces végétaux qui en sont entièrement 
garnies. C'est de là que viennent toutes celles que nous repré- 
sentons dans notre Atlas zoologique. Aïnsi, les températures 
froides et humides, loin de nuire au développement de ces ani- 
maux, paroïissent au contraire le favoriser dans ces localités. 

Il est à remarquer qu'on trouve assez fréquemment en Europe 
de ces productions fossiles, dans les marbres, le calcaire et le 
silex, qui ont de l'analogie avec quelques espèces existantes. 


ZOOLOGIE. 603 


SECTION IL 


Description des Polypiers flexibles. 


LA plupart des polypiers flexibles recueillis durant notre voyage, 
l'ont été par les soins de notre collègue M. Gaudichaud, qui, 
ne soccupant point de zoologie, nous a remis tous ceux quil 
possédoit; et nous devons, comme nous l'avons déjà dit, cette 
partie du travail que nous présentons, aïnsi que l'anatomie du tu- 
bipore musique , à M. Lamouroux, professeur à l'académie de 
Caen. 


76" 


604 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE FLUSTRE. — FrusrrA. Lamx. 


FLUSTRE A GRANDE OUVERTURE. — FLUSTRA MEGASTOMA. 


PLANCHE 93, fig. 6 et 7. 


Flustra incrustans ; cellulis brevibus, latis, æqualibus , subimbricatis; 


ore maximo, compresso, margine lævi, superficie tuberculosä. 


CETTE flustre forme des plaques sur les coquilles et autres corps 
marins des îles Malouines. Elle est composée de cellules courtes, 
larges, d'un diamètre égal, un peu aplaties, comme imbriquées 
et situées en quinconce peu régulier. Leur surface est couverte 
de tubercules un peu aigus et saïllans ; leur ouverture est com- 
primée et de la grandeur des cellules. 

La couleur de ce polypier est un fauve clair. 


FLUSTREVONDULÉE EL nrocans coudre 


Flustra incrustans ; cellulis elongatis, supernè undulatis, ore minimo 
rotundato ; ovarüs globulosis, lævibus, ore arcuato. 


LA flustre ondulée forme des plaques roïdes, grossièrement 
arrondies, sur la surface des plantes marines. Ses cellules sont alon- 
gées, un peu renflées dans leur partie antérieure; la supérieure 
présente trois à six ondulations, d'autant plus profondes et larges 
qu'elles sont plus près de l'ouverture : cette dernière est très- 
petite, ovale transversalement. Les ovaires sont globuleux, tant 
soit peu alongés : leur surface est parfaitement lisse. 


ZOOLOGIE. 60$ 


La couleur de ce polypier est blanchätre. I se trouve sur les 
plantes marines des îles Malouines. 


FLUSTRE ÉPINEUSE. — FLUSTRA: ACANTHINA. 


‘ PLANCHE 89, fig. 1 et 2. 


Flustra, cellulis planis, concavis, lineä prominente cihatä limitatis ; 
ciliis seu aculeis radiantibus, rigidis, gracilibus, fragilissimis. 


Les cellules de cette flustre diffèrent beaucoup de celles des 
autres espèces ; elles sont planes ou concaves, et séparées les unes 
des autres par un bourlet ou ligne saïllante garnie de cils ou d'aï- 
guillons longs, grêles, roïdes et très-fragiles. Les cellules sont 
rarement irrégulières. Les ovaires sont encore inconnus. 

Elle se trouve sur les coquilles des îles Malouines. 


FLUSTRE GRANULEUSE. — FLUSTRA GRANULOSA. 


Flustra incrustans ; cellulis ovato-elongatis,, ore. minuto ; ovarts ovato- 
rotundatis subglobosis, granulosis; granulis acutis. 


CETTE flustre diffère de toutes les autres par la forme des 
cellules, et sur-tout par la surface des ovaires. Les premières sont 
alongées, un peu renflées dans leur partie supérieure. Leur surface 
est unie, et l'ouverture, moyenne, plus arrondie inférieurement 
que supérieurement. Les ovaires sont presque globuleux, très- 
saïllans , un peu ovales, et couverts de granulations aiguës , sem- 
blables à des aïguiïllons à large base. 

La flustre granuleuse, d'une couleur blanchätre un peu lui- 
sante, forme des plaques arrondies sur les plantes marines des 
îles Malouines et du Cap de Bonne-Espérance. 


606 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


FLUSTRE MARGARITIFÈRE. — FLUSTRA MARGARITIFERA. 


PLANCHE 92, fig. 7 et 8. 


Flustra, cellulis approximatis, tuberculosis ; tuberculo  prominente 
obtuso, hyalino seu margaritaceo, infernè radiato. 


CELLE-CI, d'un blanc jaunâtre, présente des cellules très-tassées, 
saillantes, égales entre elles. Leur ouverture est ovale et trans- 
versale. A leur-partie inférieure se trouve un tubercule proé- 
minent, obtus, à sommet très-luisant , semblable à du verre ou à de 
la nacre de perle ; de son pourtour partent des stries rayonnantes 
qui diminuent peu-à-peu et se perdent sur la surface de la 
cellule. Au-dessus de l'ouverture on remarque un renflement 
plus ou moins considérable et limité, que nous regardons comme 
l'ovaire. 

Ce polypier se trouve sur les moules des îles Malouines. 


FLUSTRE A PETIT VASE. — FLUSTRA VASCULATA. 


PLANCHE 91, fig. 6 et 7. 


Flustra, cellulis paululum distantibus , simplcibus, vasculiformibus ; 
superficie tuberculosà ; ore rotundato, magno. 


CETTE espèce encroüte les corps marins flottant sur les côtes 
des îles Malouines. Elle est formée par des cellules un peu écar- 
tées, disposées en quinconce, simples, un peu saïllantes, en forme 
de petit vase, c'est-à-dire, globuleuses, avec un léger prolongement 
dans la partie supérieure, où se trouve l'ouverture, grande et ar- 
rondie. La surface des cellules est tuberculeuse; l'intervalle qui les 


ZOOLOGIE. 607 
sépare est lisse ou uni. Au-dessus de chaque cellule se trouve un 
petit trou alongé dont on ignore la destination. 


FLUSTRE A PETIT NID. — FLUSTRA NIDULATA. 


PLANCHE 05, fig, 4 ets. 


Flustra incrustans ; cellulis nidulum referentibus , distantibus , super- 


Jficre lœvi. 


CET individu, d'un blanc nacré, offre des cellules en forme de 
petit nid de pigeon, ou de petite hotte, distantes les unes des 
autres et disposées en quinconce. Leur ouverture est demi-circu- 
laire, quelquefois fermée par un petit opercule ; leur surface est 
lisse, tandis que l'intervalle entre les cellules est garni de petits tu- 
bercules presque épars. 

Cette espèce habite aux Malouines sur les coquilles et autres 
corps marins. 


FLUSTRE A GIBECIÈRE. — FLUSTRA MARSUPIATA. 


PLANCHE 95, fig. 1, 2 et 3. 


Flustra incrustans ; cellulis in quincuncem dispositis , eminentius , 
labiatis vel marsupii formä; superficie porosä, lucidä inter cellules ; 


poris irregularibus , Marginalis. 


CETTE flustre n'est pas rare sur les corps qui flottent autour des 
iles Malouines. Elle est très-roide, très-fragile, plus solide que 
flexible , et présente des cellules distantes les unes des autres, assez 
saïllantes, à surface lisse, arrondies inférieurement; leur ouverture, 
très grande, est fermée par une languette arrondie, garnie de chaque 


608 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


côté d'un petit appendice. L'espace entre les cellules est plan, 
luïsant, percé de trous ou pores irréguliers; épars, un peu saïllans. 
Sa couleur est un blanc grisâtre. 


FLUSTRE GLOBIFÈRE. — FLUSTRA GLOBIFERA. 


PLANCHE 89, fig. 9 et 10. 


L2 


Elustra incrustans; cellulis minutis ovato-elongatis , lævibus; ovaris 
sphæricis, prominentibus. 


Les cellules de celle-ci sont petites, très-alongées, lisses, à ou- 
verture moyenne; celles qui sont dépourvues d'ovaires forment 
une petite zone à la circonférence des plaques. Les autres, sem- 
blables aux premières dans leur partie inférieure, portent, à leur 
sommet, un globe saïllant, à surface lisse et à grande ouverture 
arrondie. 

Cette espèce nous a paru être rare sur les moules des îles Ma- 
louines. 


FLUSTRE GENTILLE. — FLusTra EUCHEN AD 


PLANCHE 92, fig. 5 et 6. 


Flustra incrustans; cellulis minutis, regularibus, subsparsis, ovato- 
elongatis , subteretibus ; ore rotundo , margine crasso. 


Daxs cette espèce, les cellules sont petites, très-régulières, peu 
saïllantes, presque éparses, ovales, alongées, à ouverture ronde avec 
un rebord saïllant ou épais; les cellules à ovaires sont mélées avec 
les précédentes. Les ovaires sont presque globuleux et saïllans, à 
ouverture arrondie, et plus blancs que les cellules. 


ZOOLOGIE. 609 


La flustre gentille, d’une couleur blanchâtre, forme des plaques 
assez grandes sur les coquilles des îles Malouines. 


! FLUSTRE A PETITS SILLONS. — FLusTRA SULCULATA. 


PLANCHE 92, fig. 3 et 4. 


Flustra incrustans ; cellulis ovato-elongatris , transverse sulculatis; ovarus 
globulosis , inæqualibus , lucidis. 


Daxs celle-ci, les cellules sans ovaires semblent différer de celles 
qui en sont pourvues. Les premières, placées à la circonférence et 
en lignes un peu rayonnantes, sont aplaties ou peu saillantes ; leur 
forme est un ovale alongé, un peu pointu à l'extrémité inférieure; 
leur ouverture est ronde et moyenne, leur surface marquée de 
légers sillons transverses et réguliers. Les cellules à ovaires, situées 
dans la partie centrale des plaques, sont presque entièrement ca- 
chées par les ovaires. Ceux-ci sont globuleux, très-saïllans, inégaux:; 
leur ouverture est plus grande que celle des cellules; leur surface 
est unie, luisante ou nacrée. 

L'intervalle entre les cellules sans ovaires est visible et uni, 
tandis qu'il est caché sur les autres parties du polypier. 

Il se trouve sur les moules des îles Malouines. 


FLUSTRE A DIADEME. — FLUSTRA DIADEMATA 
PLANCHE 80 3 4 EL 0. 


Flustra incrustans; cellulis ovalibus ore supernè rotundato, longè ciliato; 
7—® cils radiantibus, fragilissimis , nigrescentibus , rarè integris. 


"LES cellules de cette flustre sont ovales, assez saïllantes , ren- 


flées vers leur tiers antérieur, offrant, sur un de leurs côtés, un trou 
Voyage de l'Uranie. — Zoologie. D 


610 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ou un petit tube dirigé en avant; quelquefois il n'existe pas. La 
bouche est presque ovale; le bord inférieur est moins arrondi que 
le supérieur : ce dernier est garni de sept à huit flamens rayonnans, 
très-fragiles, de couleur noirâtre, rarement entiers. Les cellules 
sont couvertes de trèspetites granulations. Les ovaires, lorsqu'ils 
existent, recouvrent presque la moitié des cellules ; leur surface 
est unie près de la bouche, et sillonnée antérieurement. Les sillons 
ressemblent par leur position aux cils de la bouche des cellules 
sans ovaires, qui ont adhéré à la surface de la membrane qui forme 
ces derniers. Leur ouverture décrit un ovale arrondi aux deux 
extrémités et courbé en arc. Les cellules à ovaires n'ont jamais ni 
trous ni appendices tubuleux. 

Même contrée que les précédentes. Elle se trouve sur des 
moules. 


FLUSTRE A COLLIER. — FLUSTRA TORQUATA. 


PLANCHE 89, fig. 7 et 8. 


Flustra orbicularis, radians; cellulis subdistantibus ; longè ovalibus, 
superficie granulosä ; ore rotundato, margine lævi. 


CETTE espèce présente des cellules rayonnantes et disposées 
en quinconce. Elles sont toutes égales entre elles, parfaitement 
ovales, à surface finement granuleuse, jusqu'à une petite distance 
de l'ouverture, où cette surface devient lisse, et forme une espèce 
de rebord, de collier uni, qui borde l'ouverture ronde et assez 
grande. L'espace entre les lignes des cellules est très-petit et poreux. 

La couleur de ce polypier , qu'on trouve, maïs assez rarement, 
sur le sytilus magellanicus des îles Malouines, est un violet pâle. 


ZOOLOGIE. Gi 


GENRE AGLAOPHÉNIE. — AGL4aoPHENIA. Lamx. 


AGLAOPHÉNIE GAIMARD. —— AGLAOPHENIA GAIMARDI, 


PLANCHE 95, fig. 9 €t 10. 


Aglaophenia pinnata, articulata; pinnulis validè articulatis; cellulis 
brevibus, campanulatis ; ore lato ; ovarüs elongatis, lævibus, acutis. 

CET1E singulière aglaophénie a été consacrée à l’un des natura- 
listes de /'Uranie, par l'auteur de l'Histoire des polypiers. Plusieurs 
tiges non rameuses sélèvent du même empatement; elles sont 
pinnées dans presque toute leur longueur, et fortement articulées, 
ainsi que les pinnules ; de plus elles sont alternes ; par la dessiccation 
elles sont jetées quelquefois toutes d'un seul côté. Les cellules, très- 
courtes et campanulées, ont une large ouverture ronde, avec un 
appendice court et aigu à leur base. Les ovaires sont lisses, ovales, 
alongés, et terminés en pointe. 

La couleur de ce polypier est fauve; il s'élève à huit ou neuf 


lignes tout au plus, et se trouve sur les grandes hydrophytes du 
Cap de,Bonne-Espérance. | 


612 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


AGLAOPHÉNIE CYPRES. — AGLAOPHENIA CUPRESSINA. 


Lamx. Æist, polyp. pag. 169, n.° 282. 
PLUMULAIRE BIPINNÉE. Lamk. Anim. sans vert. t. 2, p. 126, n.° 7. 


‘PLANCHE O1, fig. 1, 2 €t 3. 


Aglaophenta erecta, teres, squamata, ramosissima; bipinnata, pinnis pan- 


nulisque bifarüs, brevibus, rigidis, confertis ; ovartis tereti-ovatis, subscabris. 


CETTE espèce a l'aspect d'un cyprès ou de certaines fougères: 
ses tiges sont droïtes, cylindriques, écaïlleuses, trèsrameuses et 
presque triquetres. Les rameaux opposés et pinnés sont nombreux, 
principalement dans la partie supérieure du polypier ; les pinnules, 
courtes, droites, serrées, portent des cellules peu profondes , dé- 
pourvues d'appendice inférieur. Les ovaires sont pédiculés et cer- 
clés en spires échinulées, interrompues par un prolongement du 
pédicelle. La couleur de cette aglaophénie est un brun olivatre 
presque noir. Sa grandeur varie de quatre à sept pouces. Elle n'est 
pas rare dans la mer des Indes. | 


ZOOLOGIE. 613 


GENRE DYNAMÈNE. — DynNAmEnNs. Lamx. 


DYNAMENE A COURTE CELLULE. — DYNAMENA BREVICELLA. 


Dynamena parüm ramosa, dichotoma , capillacea, rigida; celluls 
distantibus, vix exsertis, oculo nudo invisibihbus, ore bidentato. 


CE polypier devroit peut-être former un genre particulier, tant 
il diffère de toutes les sertulariées connues. Comme il se rapproche 
davantage des dynamènes que des autres groupes, on a cru devoir 
le placer provisoirement dans ce genre. Ses tiges, réunies en petit 
nombre sur un empatement, s'élèvent et se dichotomisent trois ou 
quatre fois au plus; elles ont le même diamètre que les rameaux. 
Les cellules sont opposées, très-éloïgnées les unes des autres, à 
peine saïllantes, et un peu longues. Leur bord est garni de 
déux dents, l'une supérieure, l'autre inférieure. La couleur et la 
substance du polypier ressemblent à celles de la corne. I acquiert 
environ un pouce de hauteur, et se trouve aux îles Malouines, 
où il est rare. 

Cette espèce n'a point été figurée, à cause du mauvais état de 
l'échantillon. Elle semble se rapprocher des cymodocées. 


DYNAMENE CRISIOÏDE. — DYNAMENA CRISIOÏDES. 


PEANCHE 90, He FT et 12. 


Dynamena pumila, cornea; ramulis articulatis , translucentibus ; cet- 
lulis ore dentato elongatis, ad caulem alternis, suboppositis ad ramos. 


IL existe peu de dynamenes aussi petites que la crisioïde; sa 


614 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


hauteur ne dépasse jamais huit lignes; la tige est cartilagineuse et 
jaunâtre; les cellules y sont presque alternes, comme dans les ser- 
tulaires ; les ramuscules sont blancs et transparens, articulés d'une 
manière très-marquée ; chaque articulation est composée de quatre 
à six cellules, très-alongées et adhérentes presque en entier. Leur 
ouverture semble labiée. Elle se trouve assez communément sur 
des corps marins des îles Moluques. 

Ce polypier semble lier les crisies aux dynamènes et aux ser- 
tulaires, par les caractères qu'il présente. 


ZOOLOGIE. | 615 


GENRE SERTULAIRE. — SERTULARIA. Lamx. 


SERTULAIRE UNILATÉRALE. — SERTULARIA UNILATERALIS, 


PLANCHE 00, fig. 1, 2let 3. 


Sertularia pumila, flexuosa, inæqualiter teres, partim ramosa ; articulis 
P , q , » 
longiusculis ; cellulis ad eamdem faciem conversis ; ovartis ovatis pedicellatis. 


CETTE petite sertulaire, parasite sur une variété du ceramium 
scoparium de Roth, offre quelques caractères remarquables. Sa 
tige est très-petite, un peu flexueuse, très-inégale dans sa largeur; 
et, quoique cylindrique, toutes les cellules semblent se diriger vers 
la même face. Elles sont petites, avec une pointe alongée dans 
la partie inférieure de leur ouverture. Les ovaires sont pédicellés, 
ovales, remplis de corpuscules visibles, et terminés en pointe tron- 
quée. La grandeur de cette sertulaire varie de quatre à cinq lignes. 
Sa couleur est un fauve brun foncé. Elle se trouve sur les plantes 
marines des îles Malouines, mélée avec des flustres et d’autres 
polypiers. 


SERTULAIRE GAUDICHAUD. — SERTULARIA GAUDICHAUDI. | 
PLANCHE 90, fig. 4 et 5. 
Sertularia arbusculata; ramis ramulisque capillaceis, gracilibus, alternis ; 
cellulis distantibus, ore quadridentato; ovaris ovatis subpedicellatis, trans- 


verse rugatis. 


CETTE élégante sertulaire, consacrée à M. Gaudichaud, est une 


616 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


des plus remarquables par ses caractères. Elle ressemble à un petit 
arbrisseau à rameaux très-nombreux, capillacés, grêles et flexibles, 
de la même grosseur dans presque toute leur étendue. Ils offrent 
quelques ramuscules et des cellules alternes très-éloignées les unes 
des autres; elles sont campanulées , à ouverture quadridentée. Les 
ovaires, presque globuleux et pédicellés , sont marqués de lignes 
transversales presque spirales, qui ne sont bien sensibles en général 
que vers le milieu de l'ovaire. 

La couleur de ce polypier est un jaune verdätre et vert bleuâtre 
dans l'état de vie; celle des polypes est un bleu clair. Sa hauteur 
varie d'un pouce et demi à deux pouces. Il se trouve sur le fucus 
buccinalis, près des îles Malouines. 


ZOOLOGIE. 617 


GENRE :CLYTIE:— CzrrrameLamx. 


CLYTIE A GRANDES CELLULES. -— CLyTiA MACROCYTTARA. 


PLANCHE 93, fig. 4 et 5. 


Chytia reptans; caule simplt ; cellulis magnis, campanulatis, solitarus, 
raris ; 0re marginato, quadridentato; pedunculo tortib. 


CETTE clytie est tellement singulière par la grandeur des cellules, 
et par leur pédoncule tordu, qu'on a cru devoir la figurer, malgré 
sa petitesse. Elle offre une tige simple, adhérente dans toute 
son étendue : de cette tige sélèvent, de distance en distance, 
des cellules grandes , roïdes, campanulées, à ouverture quadri- 
dentée avec le bord garni d'un petit bourrelet. Le pédoncule 
qui les supporte est entièrement tordu et de la longueur de la 
cellule. 

Cette clytie a été trouvée sur le caulimia antarctica de Ve de 
Doore dans la baie des Chiens-Marins. 


CLYTIE ONDULÉE, — CLyrTiA UNDULATA. 


PLANCHE 94, fig. 4 et 5. 


Clytia ramosissima, stolonifera ; cellulis longé pedunculatis ; pedun- 
culis undulatis ; ovarus ovato-lanceolatis. 


CETTE espèce, très-voisine de la chytia urnigera de Lamouroux, 
présente comme elle une tige rampante, stolonifère, très-rameuse, 
à rameaux flexueux. Les cellules, campanulées, petites, nom- 

Voyage de l'Uramre. — Zoologie. 78 


618 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


breuses, à bord entier, sont portées sur des pédoncules longs et 
grêles, ondulés dans toute leur longueur. Les ovaires sont 
d'une forme ovale, très-alongés, sans aucune apparence d'ou- 


verture. 
La clytie ondulée a été trouvée sur les plantes marines du Port- 


Jackson. 


ZOOLOGIE. 619 


GENRE LAOMÉDÉE. — LaomEeDpEs. Lamx. 


LAOMÉDÉE ARTICULÉE. — LAOMEDEA ARTICULATA. 


PLANCHE 91, fig. 4 et S. 


Laomedea surculosa, pumila, subsimplex ; caule articulato ; articulis 
lateralibus ; cellulis subpedicellatrs. 


CETTE espèce, par la forme et Ja grandeur des cellules, res- 
semble un peu à la laomédée frutiqüeuse; mais elle en diffère par 
tant de caractères, qu'il est impossible de la confondre avec celle-ci. 
La racine est rampante; elle supporte quelques tiges simples, 
hautes d'un à deux pouces , articulées alternativement. Chaque 
articulation s'attache sur le bord de celle qui précède. Les cellules 
sont campanulées, un peu alongées , entieres , se terminant en 
pointe aïguë, ou en un pédicelle très-court, se fixant sur un petit 
plateau , comme dans la laomédée antipathe. La couleur de ce 
polypier est jaunätre ; sa substance est cartilagineuse. 

Il se trouve sur les corps marins des côtes des îles Moluques. 


620 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE TUBULAIRE. — TuBguzaAr14. Lamx. 


TUBULAIRE CLYTIOIDE. — TuBuLARIA CLYTIOÏDES. 


PLANCHE 95, fig. 6, 7 et 8. 


T'ubularia pumila, reptans, stolonifera; cellulis campanulatis, pedr- 
cellis ad basim extremitatemque annulosis, longissimis, flaccidis. Polypus, 


corpore pyriformt, tentaculis granulatis vel nodosis. 


CETTE tubulaire se rapproche des clyties par la forme des tiges, 
par celle des cellules et par la longueur du pédicelle qui les sup- 
porte ; mais elle s'en éloïgne par la forme de ces pédicelles, et 
sur-tout par celle du polype. La tige est stolonifère ou rampante; 
les cellules sont nombreuses, campanulées, portées sur de longs 
pédicelles annelés à leur origine et à leur extrémité, et non dans 
leur partie moyenne. L'animal est analogue à celui des autres tu- 
bulaires capillacées et rameuses ; il offre un corps pyriforme, à 
bouche située au sommet, et armée de nombreux tentacules noueux, 
ou garnis de plusieurs globules assez gros et séparés les uns des 
autres. 

Cette tubulaire a été trouvée sur le fucus nageant et le baccifère, 
dans les parages des Açores *. 


+ Une espèce de tubulaire qui approche beaucoup de la rameuse, abonde dans la rade de 
Rio de Janeiro; elle paroît croître constamment sous l’eau, et avec une telle rapidité qu’au 
bout de quinze jours le fond de nos canots en étoit couvert. Après un mois et demi, ces poly- 
piers avoient acquis une longueur de cinq pouces. Les polypes sont très-contractiles ; et semblent 
préférer, pour leur prompt développement, une eau légèrement agitée et sans cesse renou- 
velée ; car, plusieurs fois, nous tentämes de conserver dans des bocaux, dont nous changions 
fréquemment l’eau, quelques-uns de ces animaux : ce fut en vain; ils ne vivoient que le temps 
convenable pour les faire dessiner, c’est-à-dire, quelques heures. 

Les points noirs et de couleur purpurine que nous aperçcümes entre leurs tentacules, sont, 


ZOOLOGIE. 621 


GENRE ACÉTABULAIRE. — AcETABULARIA. Lamx. 


ACÉTABULAIRE A PETIT GODET. _— ACETABULARIA CALICULUS. 


PLANCHE 90, fig. 6 et 7. 


Acetabularia pumila, peltä caliculiformi, margine crenato. 


CETTE petite acétabulaire diffère de celles que l'on connoît, par 
la grandeur, l'habitation, et sur-tout par la forme de lombrelle. 
Elle représente un petit godet, à bords crénelés, porté sur une 
longue tige filiforme, offrant deux ou trois renflemens formés 
par un rang de pores alongés, situés en anneaux autour de la tige. 
Sa couleur est verdätre; sa hauteur, d'environ un pouce. 

Elle a été trouvée dans la baïe des Chiens-Marins avec le po/y- 


pluisa australis * 


sans doute, les gemmules qui donnent si rapidement de nouveaux individus. Nous vimes 
aussi, sur les pédicules qui supportent les polypes, une foule de petites radicules qui semblent 
être des tubulaires naïssantes. enr 

Des millions de chevrolles, de monoques, &c. habitent ces petites forêts sous-marines. 

De nombreux échantillons, conservés dans l'alcool ou dans une solution mercurielle, ont 
été déposés dans les galeries d’anatomie comparée du Muséum. 

2 Donati est celui qui a donné la meilleure figure de lacétabule avec lanimal. II décrit 
le tout comme une plante, sous le nom de callopilophore. ( Hist. nat. de l’Adriatique, pag. 28, 
pl. 3.) D’après lui, le polype sort par l'axe central de Fombrelle, et étend ses tentacules sur 
toute Îa surface. C’est ainsi que nous Pavons pareïllement observé dans Veau ; car lorsqu'on 
Jen retire, illes réunit en un seul bouquet, comme Pindique la figure de Fortis ( Voy.en Dalm. 
pag. 225, pl. 7 ), sous le nom d’androsace. L'histoire de ce zoophyte, que ces deux auteurs 
examinérent vivant et qu'ils soutinrent être un végétal, contre l’opinion de Linné, qui ne 
pouvoit qu’en avoir vu l'enveloppe, est encore une des preuves du génie et de la sagacité de 
ce grand homme pour les plus petites choses, 

Le polype ou les polypes qui forment un petit bouquet implanté au centre perforé du 
disque, nous ont paru, de même qu’à Fortis, d’un brun rougeâtre. Du reste, il y a encore 
beaucoup à faire pour connoître parfaitement ce polypier. 


622 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE NÉSÉE. — Neszs. Lamx. 


NÉSÉE NODULEUSE. — NESEA NODULOSA. 


PLANCHE 91, fig. 8 et 9. 


Nesea canule brevi, crasso, subconico; ramis capillacers , numerosis , 


dichotomis, articulatis ; articulis nodulosis imϾqualiter moniliformibus. 


Nous considérions les nésées comme particulières à la mer des 
Antilles ; celle-ci est la première qu'on ait trouvée dans l'Océan 
indien. Sa tige simple, courte, grosse et conique, est surmontée 
d'une tête presque globuleuse formée par une énorme quantité de 
rameaux Capillacés, dichotomes, articulés et noueux. Les articu- 
lations, d'une longueur souvent inégale, présentent des nodules 
quelquefois globuleux, quelquefois alongés, isolés ou concaténés. 
La grandeur totale du polypier est d'environ deux pouces. Sa cou- 
leur est blanchâtre. Cette circonstance paroît tenir à l'action des 
fluides atmosphériques. 

I a été trouvé sur les rochers des îles Moluques, où il paroît 
rare. 


ZOOLOGIE. 623 


GENRE GALAXAURE. — GALAXAURA. Lamx. 


GALAXAURE ROIDE. — GALAXAURA RIGIDA. 


Lamx. Hist. polyp. pag. 265, n.° 4o2, pl. 8, fig. 4. A. B. Var. B major. 


PLANCHE 91, fig. 10 et 11. 


Galaxaura ramis numerosis, rigidis, fragilibus, annulatis, hispidis. 


CETTE corallinée offre des articulations invisibles à l'œil nu; 
ses rameaux sont roides et cassans, avec des anneaux transverses, 
couverts d'une rangée de poils très-courts et droits. Sa couleur est 
un vert rougeûtre. 

La variété B, rapportée de fle-de-France, ne diffère de la 
variété À que par sa grandeur plus considérable. Cette dernière 
se trouve sur les plantes marines de la mer des Indes. 


624 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE JANIE. — JAnr4A. Lamx. 


JANIE COMPRIMÉE. — JANIA COMPRESSA. 


PLANCHE 90, fig. 8, 9, 10. 
Janta pumila, compressa, ranus ultimis teretibus. 


LA janie comprimée est une des plus petites de ce genre si 
naturel et dont les espèces et les variétés sont si difficiles à dis- 
tinguer. Elle offre un caractère particulier que lon n'observe sur 
aucune autre; c'est dans la forme des rameaux : ils sont très-com- 
primés jusqu'aux dernières articulations, les seules qui soient cylin- 
driques. La longueur des articulations augmente à mesure qu'elles 
s'éloïgnent de la base; ainsi les inférieures sont les plus courtes. 
Les ovaires sont toujours placés à l’origine des dichotomies. 

Cette janie a tout au plus deux ou trois lignes de hauteur. Sa 
couleur est blanche. Elle se trouve sur les plantes marines du Port- 
Jackson. 


ZOOLOGIE. 625 


GENRE CORALLINE. — CoRaAzziNA. Linn. 


CORALLINE SAGITTÉE. — CoRALLINA SAGITTATA. 


PLANCHE 95, fig. 11 €t 12. 


Corallina dichotoma; articulis  sagittatis, extremitatibus acutis vel 


ovartiferis. 


CETTE coralline, ainsi que quelques autres espèces de la mer 
des Indes, est toujours dichotome; ses divisions sont nombreuses, 
pressées et comprimées ou presque planes. Les articulations res- 
semblent à des fers de flèche enfilés les uns dans les autres, de 
manière que les aïles ou les côtés soient en contact. Les extré- 
mités de ces aïles sont très-aïguës ou garnies d'un ovaire ovale, 
ordinairement simple, rarement surmonté d'un appendice. 

La couleur de cette espèce est un brun violet, verdätre ou 
rougeâtre dans l'état de vie, devenant d'une blancheur éclatante 
par l'action de l'air et de la lumière. Elle acquiert environ deux 
pouces, et se trouve sur les rochers de l'Ile-de-France. 

Les corallines de la mer des Indes, voisines de la coralline sa- 
gittée, ressemblent aux janies par leur ramification dichotome, et 
aux corallines par la forme des articulations. Nous avons cru que ce 
caractère devoit être considéré comme plus essentiel que le premier, 
et déterminer la classification de ces polypiers On en formera 
peut-être, par la suite, un genre particulier, intermédiaire entre les 
corallines et les janies. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 79 


626 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CORALLINE A PETITES PANICULES.— CoRALLINA PANICULATA. 


Corallina ramosa, dichotoma , rare trichotoma; articulis compressis, 
subulatis, ramulosis ; ramulis paniculatis, teretibus. 


CETTE coralline offre des caractères remarquables. Ses princi- 
pales ramifications sont dichotomes, rarement trichotomes. Les 
rameaux supérieurs ont une forme paniculée produite par la grande 
quantité de ramuscules qui partent des articulations et qui se re- 
couvrent : ces dernières sont comprimées, un peu saïllantes au 
centre, beaucoup plus minces sur les côtés; elles supportent, sur 
la même facette, deux ou quatre ramuscules composés d’articu- 
lations cylindriques et filiformes, simples ou à ovaires. Il existe une 
très-grande différence entre les articulations, sous le rapport de la 
forme et de la grosseur. Celles des principaux rameaux sont énormes, 
relativement à celles des ramuscules. 

La couleur de cette coralline est verdâtre, rouge ou blanche. Sa 
hauteur varie d'un pouce et demi à deux pouces. Elle a été trouvée 
sur les côtes de l'Ile-de-France; et M. Labillardière l’a rapportée des 
iles Moluques. 


ZOOLOGIE. 627 


GENRE AMPHIROË. — AxmpiRro4. Lamx. 


AMPHIROÉË ÉPAISSE. — AMPHIROA CRASSA, 


Amphiroa articulata, dichotoma; articulis crassissimis , inæqualbus ; 
superficte verrucosà. 


CETTE amphiroé est assez régulièrement dichotome. Ses articu- 
lations, peu nombreuses, ont une longueur d'environ quatre lignes, 
sur une ligne et demie à une demï-ligne de largeur, principalement 
dans la partie inférieure du polypier : celles des extrémités sont plus 
étroites , et se terminent par deux ou trois appendices inégaux, 
courts, tronqués, isolés ou réunis. Le disque corné qui sépare les 
articulations est beaucoup plus petit et très-mince; quelquefois il 
est recouvert par la matière crétacée des articulations; leur surface 
présente une grande quantité de petits tubercules ronds et épars. 
La couleur de ce polypier est un violet rougeûtre; il s'élève d'un 


pouce et demi, et on le trouve sur les côtes de la Nouvelle- 
Hollande, à la baie des Chiens-Marins. 


AMPHIROÉ CYATHIFERE. — AMPHIROA CYATHIFERA. 
Amphiroa trichotoma ; seu verticillata , rigida , fragiles ; articulis longis, 
teretibus , in apice cyathiferis. 


CETTE espèce, très-rameuse, présente quelquefois des ramifica- 
tions dichotomes, trichotomes ou verticillées, très-roïdes et très- 
fragiles. Les articulations ont environ quatre lignes de longueur; 
elles sont cylindriques, droites ou courbées, et garnies à leurs extré- 
inités d'un large bourrelet saïllant et relevé : ce qui fait ressembler 


ON 


628 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


cette partie, dans une articulation isolée, à un godet porté sur un 
pied. Lorsque le polypier est entier, il offre une grosse nodosité 
à la jonction des articulations. La couleur de cette corallinée est 
un violet rougeätre, qui présente les nuances de vert, de rouge, 
de blanc , &c., suivant l'influence qu'elle a reçue des fluides atmo- 
sphériques. Elle s'élève à un ou deux pouces, et se trouve assez 
abondamment sur les rochers calcaires des îles Moluques. 


AMPHIROÉË FOLIACÉE. — AMPHIROA FOLIACEA. 


PLANCHE 93, fig. 2 et 3. 


Amphiroa dichotoma, rigida ; articulis infernè teretibus, supernè plants, 


subfoliformibus, marginibus undulatis, nervo medium percurrente. 


L'AMPHIROÉ foliacée se ramifie par dichotomies irrégulières. 
Les articulations sont inégales en longueur, rapprochées les unes 
des autres, rarement droïtes, cylindriques dans la partie inférieure 
du polypier, comprimées quelquefois dans la partie moyenne, et 
se terminant toujours par une ou deux articulations planes, larges 
environ d'une ligne, avec les bords ondulés et le milieu saïllant , 
comme sil étoit partagé par une nervure; ce qui lui donne le 
facies d'une feuille. 

Cette corallinée, que la dessiccation a rendue blanchâtre, a été 
trouvée sur les roches calcaires des îles Mariannes. 


‘ZOOLOGIE. 629 


GENRE ÉPONGE. — SPonNcr4. Linn. 


ÉPONGE SPONGILLOÏDE. — SPONGIA SPONGILLOÏDES. 


Spongia ramosissima; ramis subteretibus , inœqualbus , sordidè virr- 
dibus , variè laxèque coalitis. 


ÉPONGE très-rameuse, présentant un large réseau plan, à 
grandes mailles formées par la réunion des ‘rameaux presque 
cylindriques, inégaux dans leur largeur, et du diamètre environ 
d'une plume d'oie; leur couleur est un vert d'herbe sale. 

Cette espèce paroît très-abondante sur les rochers calcaires des 
Moluques. Elle ressemble, par sa couleur et sa consistance, aux 
éponges d’eau douce nommées éphydaties dans l'Histoire des poly 
piers, et que M. de Lamarck appelle spongrles. 


ÉPONGE GERCÉE. — SPONGIA RIMULOSA. 


PLANCHE 94, ig. \21et,3: 


Spongia subincrustans , plana, crassiuscula, rigida, superné rimulosa , 
colliculosa ; colliculis sæpè Sparsis, ad apicem osculatis. 


L'ÉPONGE gercée recouvre les corps marins d'une croûte mince, 
presque plane, peu épaisse, et roïde, quoique son tissu soit très- 
fin. La surface supérieure offre beaucoup d'inégalités, les unes 
coniques, les autres alongées comme de petits monticules. Ces di- 
verses éminences sont percées à leur sommet d'un oscule très-petit, 
d'où partent, en rayonnant, les gerçures très-courtes, éparses et 
sans ordre, qui se répandent sur les autres parties du polypier. La 


630 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


surface inférieure est beaucoup plus unie; les fibres longitudinales 
y sont beaucoup plus fortes que les transversales. Ce polypier, 
très-commun , d'une couleur verdâtre ou fauve, forme des plaques 
de deux à trois pouces sur les rochers des îles Moluques. 


ÉPONGE ESCHARIFORME. — SPONGIA ESCHARIFORMIS. 


Spongia ramosissima, plano-compressa ; ramis tænialibus, angustis, 
variè coalitis, subclathratrs. 


CETTE éponge forme une masse large, plane, épaisse, composée 
de bandelettes très-nombreuses, très-serrées, anastomosées ou 
réunies de manière à présenter un réseau épais, serré, à petits 
intervalles, et inextricable. Sa couleur est un vert sombre, analogue 
à celui des éponges d'eau douce. Cette espèce, qui vient des Mo- 
luques, n'est jamaïs très-grande. 


ÉPONGE VERMOULUE. — SPONGIA CUNICULOSA. 


PLANCHE 92, fig. 1 et 2. 


Spongia compressa, subplana, ramosa, in apice penicillata ; massä 
undique cuniculosà. 


CETTE éponge présente une masse informe, comprimée ou 
presque plane, dont le dessus se divise en quelques rameaux presque 
planes aussi, terminés par des appendices pénicilliformes. Toute 
la masse estremplie de trous ou de canaux sinueux, cylindriques, 
d'une largeur presque égale dans toute leur longueur, aboutissant 
souvent à la surface du polypier. Sa couleur est verdâtre. Elle s'élève 
à cinq ou six pouces, et se trouve assez communément dans Îles 
mêmes localités que la précédente. 


ZOOLOGIE. 631 


ÉPONGE DACTYLOIDE. — SPONGIA DACTYLOÏDES. 


PLANCHE 94, fig. 1. 


Spongia ramosa, ad basim lata, subplana, crassissima, superne in 
ramos compressos, elongatos, obtusos, marginibus seriatim osculatos, divisa ; 


tenuiter laxèque fibrosa. 


CETTE espèce ressemble un peu à l'éponge à longs doigts de 
M. de Lamarck, quoique les caractères qu'elle présente soient bien 
différens. Dans l'éponge dactyloïde, ainsi nommée à cause de la 
forme de ses rameaux, la base ou la partie inférieure est en général 
très-comprimée, très-épaisse et large. La partie supérieure se divise 
en rameaux ou digitations nombreuses, presque simples, com- 
primées, arrondies à l'extrémité, leur surface est parsemée de 
quelques oscules, beaucoup plus nombreux et formant une ligne 
droite sur les deux côtés. Le tissu de cette éponge est fin et lâche, 
ou presque droit, ou peu serré. Sa couleur est verdâtre, et devient 
fauve par la dessiccation. 

Elle atteint jusqu'à huit pouces de hauteur, et se trouve sur les 
rochers des îles Malouines. 


ÉPONGE LAMELLIFÈRE. — SPONGIA LAMELLIFERA. 


PLANCHE 93, fig. 1. 


Spongia frondosa ; frondibus lamellosis , simplicibus vel parüm divisis, 
planis, rigidis ; erectis, tenuissimè fibrosis, porosis. 


CETTE espèce a les plus grands rapports avec l'éponge lamel- 
laire de M. de Lamarck; elle en diffère néanmoins par plusieurs 


632 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 
caractères. Ses lames sont droites, sans aucune flexibïlité, en forme 
de feuilles minces, ordinairement simples, plus ou moiïns ovales, 
avec le sommet arrondi, quelquefois tronqué, et, dans ce cas, entier, 
ou deux ou trois fois incisé, mais peu profondément. Le tissu de 
cette éponge est très-fin: les surfaces présentent quelques petits 
sillons longitudinaux et un grand nombre de petits trous ou de 
pores épars ou en ligne. 

Elle est d'un blanc lavé de jaunâtre, et s'élève d'environ cinq 
pouces. On la trouve en abondance sur les rochers polypifères 
des îles Mariannes , et la mer en rejette beaucoup sur le rivage. 


ZOOLOGIE. 633 


GENRE OBÉLIE. — Ogzzr4, Lamx. 


OBÉLIE RAYONNANTE. — OBELIA RADIANS. 


PLANCHE. 80, flo. I1, 12 Et 13. 


Obelia orbicularis ; cellulis tubulosis, elongatis , erectis, radiantibus , 
sparsis vel agglomeratis. 


CETTE obélie offre des cellules tubuleuses, très-alongées, courbées 
etensuite redressées, quelquefois solitaires et éparses, souvent réunies 
en groupes de deux à six et même plus. Elles se dirigent toujours du 
centre à la circonférence en rayonnant; leur surface est fortement 
tuberculeuse; leur ouverture est simple et arrondie. 

La couleur de ce polypier est un blanc lacté et luisant. II forme 
des plaques minces, d'un demi-pouce de largeur, sur les moules 
des îles Malouines. 


OBÉLIE RAMEUSE. — OBELIA RAMOSA. 
Obela ramosa; celluks alternis, distinctis. 


CETTE obélie diffère, par sa forme, des deux espèces que lon 
connoît. Elle n'adhère sur les hydrophytes que par la partie in- 
férieure, laquelle, se relevant un peu, pourroit être considérée 
comme une sorte de tige qui se divise en quelques rameaux, or- 
dinairement simples. Leur surface supérieure offre deux rangs de 
cellules toujours distinctes et alternes. La couleur de ce polypier est 
un blanc nacré brillant. Il a à peine une à deux lignes de grandeur, 


et se trouve sur le zzppra antarctica de la baie des Chiens-Marins. 
Voyage de l’Uranie. — Zoologie, 80 


634 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE TUBIPORE. —— 7UprrorA. Linn. 


TUBIPORE MUSIQUE. — TupiporA Musica. Linn. 


Gmel. Syst. nat, p. 3753, n.° 1. 

Sol et Ellis; p.144 1 tab 27 

Lamk. t. II, pag. 209, n.° 1. 

Cuvier, t. IV, pag. 71. 

Lamx. p. 66, t. 27. 

Chamisso et Eysenhardt. Ac. cur. nat. de Bonn. 


PLANCHE 88. 


T'ubipora ruberrima, Septis transversis tubos perpendiculares con- 


nectens, 


Os polyporum tentaculs octo cinctum. 


BEAucOUP de naturalistes ont parlé du tubipore musique. Im- 
perati, Welsch, Petiver, Tournefort, Valentin, Bütner, l'ont décrit 
sous le nom de txbulaire. J. Bauhin, Besler, Morison, Mercati, 
Rumphius, l'ont appelé 4/cyon. Ces auteurs ne disent rien ou presque 
rien de l'animal de ce brillant polypier, à l'exception de Gmelin, 
qui se borne à ces deux mots, anvmal nereïs, encore avec un point 
de doute. 

Sir Joseph Banks et le docteur Solander, élève de Linné, dans 
leur Voyage autour du monde, rapportent qu'ils ont vu plusieurs 
fois des bancs énormes de tubipores musiques, avec les polypes qui 
les avoient construits. 

Péron , dans la relation du Voyage de Baudin aux Terres australes, 
dit d'une manière plus poétique qu'exacte : « [ci l'animal du tubi- 
» pore musique, tout frer de l'éclat de sa demeure, étaloit ses beaux 


ZOOLOGIE. 635 


» tentacules verts et frangés; on eût dit, en voyantau-dessus des flots 
» les grandes masses globuleuses qu'il forme, d'autant de pelouses 
» de verdure reposant sur un sol de corail. » Les polypes, lorsqu'ils 
sont étalés, ne doivent-ils pas recouvrir l'ensemble du massif? Ce 
contraste agréable produit par les masses rouges et vertes, n'existe 
que dans l'imagination; d'autant qu'un drap marin et une couche 
limoneuse recouvrent presque toujours le polypier *. 

MM. Chamisso et Eysenhardt sont les seuls naturalistes qui 
aient indiqué ce que pouvoit étre l'animal du tubipore. 

D'après cette analyse rapide de ce qu'ont publié les naturalistes 
qui nous ont précédés, il est aisé de voir combien sont bornées nos 
connoissances sur son organisation. 

Le polypier présente plusieurs étages de tubes cylindriques, 
inarticulés, en général droits, quelquefoiïs flexueux, parallèles entre 
eux, et un peu rayonnans. Ils sont séparés les uns des autres par 
des intervalles assez grands, et se soutiennent réciproquement au 
moyen des cloisons horizontales extérieures qui les réunissent. 
De chaque tube sort un petit animal membraneux, de couleur 
vert d'herbe brillant. Sa bouche est au centre d'une petite con- 
cavité fermée par une membrane qui doit être relevée en bosse 
dans l’état de vie. Elle est entourée de huit tentacules parfaitement 
semblables. Leurs bords présentent deux ou trois rangs de papilles 
charnues, très-rapprochées, au nombre de soixante à quatre-vingts 


+ C’est ce qu’on peut vérifier sur le fragment assez considérable contenu dans l'esprit de vin, 
et déposé dans les galeries d’anatomie comparée du Muséum de Paris. 

Timor est le sel lieu où nous ayons rencontré ce polypier avec ses animaux. On en 
trouve beaucoup dans la baïe de Coupang, en masses isolées et globuleuses, mais jamais en 
bancs continus. Lorsqu'ils sont recouverts de quelques pouces d’eau, les polypes qui les habitent 
étalent leurs tentatules, et offrent véritablement alors une belle pelouse de verdure. Ils les 
rentrent dès que la mer, en se retirant, les laisse exposés à l’ardeur immédiate des rayons du 
soleil, et on ne voit plus que les plis de fa membrane extérieure. C’est à-peu-près l’état que le 
tubipore présente dans Palcool. ; 

Ainsi, au premier aspect de ces polypes confluens, à celui de leur masse pierreuse souillée 
par le limon de la mer, on ne pourroit vraiment pas dire qu’ils appartiennent aux brillans 
échantillons de Ja même espèce qui ornent les collections, 


80 * 


636 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


de chaque côté. Ces papilles ont leur surface granuleuse ; elles sont 
égales entre elles, se réunissent, s’épanouissent, s’imbriquent ou se 
couchent les unes sur les autres, comme les folioles des feuilles des 
papilionacées, au gré de l'animal, qui semble également avoir la 
puissance de faire varier la forme de la surface inférieure de ses 
tentacules, en la rendant plane, concave, convexe, &c. La surface 
supérieure est parcourue dans sa longueur par un léger sillon cor- 
respondant au point de séparation de deux filamens oviferes : 
organes dont nous parlerons bientôt. 

Sous la bouche, se trouve un sac ovale, trop peu apparent et 
en trop mauvais état pour être décrit. L'alcool dans lequel l'animal 
étoit conservé a presque détruit cette membrane, dont nous ne 
faisons mention que pour attirer sur elle l'attention des naturalistes. 

Autour de ce sac, et presque immédiatement sous les tentacules, 
sont huit flamens presque triangulaires situés alternativement avec 
les tentacules. Libres dès leur origine, üls sont d'abord flottans; 
mais bientôt ils s'écartent, se portent vers la circonférence et s'at- 
tachent à une membrane qui tapisse l’intérieur du tube. Ils laccom- 
pagnent dans toute son étendue, en diminuant graduellement de 
grosseur. Dans les jeunes individus, ces filamens forment une ligne 
droite; dans ceux qui sont plus agés, ils offrent des ondulations et 
des flexuosités intestiniformes, semblables à celles qu'on remarque 
dans les lobulaires et les lucernaires. Ces filamens, dans leur partie 
supérieure libre et flottante principalement, semblent remplacer 
les ovaires. Leur surface interne est garnie d'œufs de différentes 
grosseurs attachés par de courts pédicelles. Ces œufs ou germes 
ne se voient jamais sur les flamens des jeunes individus. 

Au point où les tentacules se réunissent aux filamens, on ob- 
serve une membrane s'évasant en forme d’entonnoir, lorsque l'animal 
est rentré dans son tube. À l'ouverture de cet entonnoir, cette 
membrane se renverse en arrière et vient se confondre avec le 
tube calcaire. Sa surface interne se prolonge sous forme de pel- 


ZOOLOGIE. 637 


licule mince, dans toute la partie du tube habitée par le polype, 
et se termine à un diaphragme solide, en forme de godet, ou bien 
à une petite sphère creuse de même nature que le tube, quoïque 
plus mince. 

On retrouve les débris de ces diaphragmes dans l'intérieur des 
vieux tuyaux, à une distance variable les uns des autres. On ne 
peut les considérer comme des cloisons; maïs il semble que, dans 
ces polypiers, la nature s'essaie déjà à en former, pour leur donner 
par la suite et plus de régularité et plus de consistance. 

La membrane en forme d'entonnoiïr ne se termine point d’une 
manière subite ou tranchée sur le tube calcaire: ce dernier en est 
le prolongement et le produit. La substance calcaire se dépose 
danscette membrane gélatineuse , de la même manière que la chaux 
phosphatée dans les os des très-jeunes mammifères. C'est un vé- 
ritable changement de matière molle en matière dure et solide. 

La manière dont ce tube se forme ne peut donc se comparer 
en rien, ni à ce qu'on observe dans les serpules, ni à la coquille des 
mollusques. Dans ces dernières, c'est une sécrétion de la peau, c’ést 
presque un produit épidermoïque. Dans les polypiers, au contraire, 
il y a changement de substance molle en substance solide , qui s'opère 
graduellement et non par couche. Nous ne doutons point qu'il 
n'en soit de même dans les polypiers, soit flexibles, soit sarcoïdes. 
La matière cornée des uns, l'axe et l'écorce des autres, doivent 
être entierement produits par un changement de substance molle 
et gélatineuse en substance cornée , à l'aïde de la membrane qui 
enveloppe toujours les polypes. Au reste, cet organe doit offrir 
mille modifications de formes, suivant ies familles, les genres et 
même les espèces. Quelquefois elle est très-étendue, très-développée 
et très-irritable : d'autres fois, adhérant aux parois des cellules dans 
toute leur longueur, le polype ne jouit d'aucun mouvement et reste 
toujours à l'ouverture de son tube. Nous considérons cet organe 
comme un des plus essentiels pour la composition des polypiers, 


638 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

comme celui qui élabore constamment les matériaux de leur ac- 
croissement. Cette opinion, quelque hypothétique qu'elle paroisse, 
est fondée sur ce que nous avons observé dans les flustrées et 
dans les sertulariées , ainsi que sur le peu que nous savons de l'or- 
ganisation des polypes madréporigènes. 

L'enveloppe membraneuse du polype du tubipore musique est 
beaucoup plus épaisse que le tube, sur-tout au point où elle se 
plie. Elle devient plus mince graduellement, jusqu'à son point 
d'attache autour de la base des tentacules. 

Pres du tube, elle semble unie; maïs bientôt on remarque sur 
sa surface huit sillons avec huit renflemens longitudinaux , beau- 
coup plus sensibles vers le milieu de la membrane, c'est-à-dire, au 
pli qu'elle fait lorsque l'animal est rentré dans sa cellule, que dans 
les autres parties. Les uns et les autres diminuent insensiblement 
et deviennent à peine visibles. Les huit sillons correspondent à un 
nombre égal de bandelettes fibreuses bien apparentes sur la surface 
extérieure de la membrane. Elles semblent destinées à élever ou 
à abaisser le polype lorsqu'il veut sortir de son tube ou y rentrer. 
L'organisation de cette enveloppe rappelle encore celle du polype 
de la lobulaire digitée et de quelques autres animaux de la même 
classe. 

Lorsque le tube a acquis une certaine hauteur, l'animal, par un 
instinct particulier , ferme sa cloison extérieure; sa membrane 
s'étend horizontalement autour de l'ouverture; elle se double et 
forme un pli circulaire en revenant jusqu'à l'ouverture du tube. 
Cette partie de la membrane n'est plus irritable. Sa surface interne 
se réunit de manière à ne pas interrompre la continuité du tube. 
La chaux carbonatée se dépose, et bientôt une cloison saïllante, 
composée de deux lames soudées dans presque toute leur étendue, 
environne la cellule tubuleuse. 

En général, plusieurs polypes du même polypier forment souvent 
leurs cloisons en même temps et sur le même plan. Dans ce cas, 


ZOOLOGIE. 639 
tous réunissent leur membrane gélatineuse. Point de vide : la sou- 
dure s'opère de la manière la plus intime; il en résulte une surface 
unie, solide et presque de niveau, d'où s'élèvent les tubes. Si 
l'animal établit sa cloison contre un tuyau déjà formé et solide, 
il la soude sans qu'on puisse apercevoir le point de réunion. 

Quelquefois l'intérieur du tube offre quelques petits trous à la 
même hauteur que la cloison; c’est le résultat d’un défaut de soudure 
dans la partie interne de la membrane. 

Lorsque le tube est isolé, là cloison extérieure que forme l'a- 
nimal environne ce tube comme un collier horizontal, saïllant et 
très-mince, obscurément octogone. 

Nous n'avons pu reconnoître aucune organisation dans le tissu 
de la membrane. | 

Lorsque l'animal est rentré dans sa cellule, ses tentacules forment 
un faisceau cylindrique, alongé , terminé en pointe mousse. Les 
papilles qui le couvrent en partie, sont couchées les unes sur les 
autres comme les folioles de certaines mimoses dans l'état de 
sommeil. 

Si l'animal sort de sa cellule, il contracte la membrane qui 
l'enveloppe et s'élève au-dessus de l'ouverture du tube. Étalant ses 
tentacules frangés, d'une couleur brillante, et recouvrant le polypier 
d'une enveloppe animée, il empéche d'en voir la couleur rouge, en 
général plus vive et plus intense que celle du corail. 

Les filamens ovifères ne correspondent point aux tentacules ; 
ils sont situés alternativement. Cette disposition particulière, réunie 
à la facilité avec laquelle les tentacules paroïssent se diviser en deux 
parties dans le sens de leur longueur, doit produire quelquefois 
des individus dont le nombre des tentacules et des fllamens varie 
de huit à seize. j 

Par où sortent les œufs qui tapissent l'intérieur des filamens! 
est-ce par la bouche’ Nous en doutons, vu leur grosseur. Nous 
croyons plutôt que lorsqu'un polype vient à périr, les œufs sortent 


640 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


tous du tube; un seul se développe dans l'intérieur de cette longue 
cellule, tandis que quelques autres s'établissent sur les cloisons 
voisines et y forment un nouvel étage de tuyaux : c’est une jeune 
famille qui bâtit ses demeures parmi celles de ses pères, et qui les 
élève au même niveau que ces dernières. 

Cet œuf ou ce germe, à la première époque de son dévelop- 
pement, na aucun des organes qui le caractérisent, pas même un 
commencement de tube. C'est une simple membrane gélatineuse, 
repliée sur elle-même, et formant,sur la cloison un tubercule en 
forme de turban ; facile à confondre dans cet état avec des zoanthes 
ou d'autres zoophytes. Ce tubercule s’alonge par sa partie supé- 
rieure. Il s'élève, et, se développant de dedans en dehors, il offre 
bientôt un polype pourvu de tous ses organes; le sac qui le ren- 
ferme est encore gélatineux dans sa partie supérieure et membra- 
neux à sa base; peu à peu il diminue d'épaisseur, se solidifie et 
devient calcaire. Par le petit diamètre de cette base, il indique que 
le volume de l'animal a augmenté dans toutes les dimensions, avant 
de devenir parfait. Tant qu'il est jeune, ses filamens intestinaux 
n'offrent ni plis, ni courbures, ni germes. 

L'intérieur du tube, quel que soit son âge, n’est jamais sillonné; 
il est semblable à l'extérieur, c'est-à-dire, légèrement granulé. 

D'après cette description du polype du tubipore musique, on 
doit le considérer comme un animal très-voisin de celui de la 
Jobulaire digitée; rapprochement très-singulier, vu la grande diffé- 
rence qui existe entre les deux polypiers, soit vivans, soit desséchés 
et privés de leurs habitans , mais qui étonnera moins si l'on adopte 
l'hypothèse que nous proposons, celle d’un rapport constant d’or- 
ganisation dans tous les polypes des polypiers. Nous osons encore 
avancer que plus on observera les animaux qui les construisent, 
peu importe les classes ou les ordres, plus on trouvera des preuves 
de cesrapports, d'abord entre eux, ensuite avec les ascidies agrégées, 
et enfin avec les mollusques. 


ZOOLOGIE. 641 


Le genre tubiporerenfermetil plusieurs espèces! nous en doutons. 
Le plus ou moïns de grosseur des tubes, leur direction plus ou 
moins droite, leur couleur plus ou moins vive, ne sont pas des 
caractères assez tranchés, assez essentiels, pour constituer des 
espèces. 

L'Océan indien est encore le seul pays d'où l'on ait rapporté 
le tubipore musique. Cependant un des auteurs de la Statistique 
du département” des Bouches-du-Rhône, M. Polydore Roux, le 
range parmi les productions naturelles de la Méditerranée. 


Voyage de l’Uranie. — Zoologie. 81 


642 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE RÉNILLE. — Renwrzza. Lamk. 


RÉNILLE VIOLETTE. —— RENILLA VIOLACEA. 


RENILLA AMERICANA. Lamk. Anim. sans vert. tom. 2, p. 429. 
PENNATULA RENIFORMIS. Solander et Elliss p. 65. 

Pallas, Zoophyt. p. 374. de 

Shaw, Miscell, 4, tab. 139. 

Ellis, Acr. angl, vol. $3, p. 427, tab. 19, fig. 6 et 10. 
ALCYONIUM AGARICUM. Gmel. Syse nat, p. 3811, n.° 4. 


PÉANGHE 864 np. 5° Get 7. 


Renilla violacea; corpore reniformi pedunculato ; polypis lumbricifor- 
mibus , tentaculis octonis radiatis. 


CE zoophyte, tel qu'il est représenté dans le cnquante-troisième 
volume des Transactions philosophiques, et qu'a copié et défiguré 
Shaw, paroït évidemment être le même que celui que nous donnons 
ici, quoique l'un soit rougeâtre et l'autre violet. Cela tient sans 
doute à ce que les naturalistes anglais auront eu des individus 
altérés, tandis que notre zoophyte a été dessiné vivant. Les calices 
qui supportent les polypes de la figure de Shaw, n'existent point 
dans la nôtre, et ils ont huit tentacules au lieu de six. 

Si l'espèce que nous présentons n'est pas nouvelle, au moins 
sera-t-elle rendue avec toute l'exactitude que nous avons pu y 
apporter. Les rénilles ont des rapports naturels avec les anthélies, 
les xénies, les tubipores et une foule d'autres zoophytes à huit ten- 
tacules rayonnés, sur lesquels on pourroit faire un assez beau travail. 
Les matériaux en sont épars, et plusieurs auroient besoin d’être 
“vérifiés de nouveau. 

L'individu qui nous occupe vient de Rio de Janeiro; il a été 


ZOOLOGIE. 64 


amené du fond de la mer dans un filet de pécheur. Le polypier 
est réniforme, aplati, avec un pédoncule assez court, renflé à son 
extrémité, et qui ne nous a pas paru susceptible d’adhérer aux corps 
marins; si la masse entière se fixe quelquefois, c'est en se fronçant 
dans son contour. Le dessous est un peu rugueux, mais sans stries 
rayonnantes. La face supérieure est légèrement convexe, percée 
d'une multitude d'ouvertures par lesquelles sortent des polypes 
longs d'un pouce, vermiculaires, blanchätres, transparens, et dans 
l'intérieur desquels on distingue deux canaux, Leur extrémité s'é- 
panouïit en huit tentacules jaunes, assez larges et très-légèrement 
frangés sur leurs bords; la bouche, placée au milieu, est ronde. La 
partie implantée dans le polypier nous a paru divisée en trois 
branches remplies de petits grumeaux qui sont peut - être des 
gemmules. 

Chaque polype est logé dans une cellule particulière, comme 
le montre la coupe de la figure 6. Cependant ils paroïssent avoir 
entre eux des moyens de communication et agir de concert; car 
quand on en force un à rentrer, tous les autres en font subitement 
autant. Ce nest point par le contact de leurs tentacules que cela 
sopère, comme dans certains lithophytes; ils sont trop éloignés 
entre eux; cest plutôt par la base de leur polypier iritable, de 
même nature que celui des vrais alcyons, que se transmet la sen- 
sation qu'un seul éprouve. 

La figure 7 représente un polype trés-grossi. Pour ces détails, 
nous avons été aïdés de toute l'intelligence du pinceau de M. Prévost. 

Plusieurs rénilles, conservées d’abord dans une solution mer- 
curielle, puis dans l'alcool, ont été déposées dans les galeries d’a- 
natomie comparée. 


Sie 


64: VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


SECTION IV. 


Description des Polypes lithophytes 


GENRE FONGIE. — Funcr4. Lamk. 


FONGIE ROUGE. — Funcra RuBRA. N. 
PLANCHE 96, fig. 1 ct 2. 


LA fongie rouge que nous donnons ici, est probablement la 
même, pour le polypier, que l'agariciforme de M. de Lamarck, 
ainsi caractérisée : 


Fungia orbicularis, subtüs scabra; stellä convexä ; lamellis inœqua- 
bus, denticulatis ; majoribus radiorum longitudine. 


Dans ce genre, on sera toujours obligé de prendre dans les 
formes diverses des polypiers, les caractères spécifiques; car les 
animaux ont tant de similitude entre eux, qu'il est difficile, pour 
ne pas dire impossible, d'y trouver des différences d'organisation. 
Si l'on excepte la couleur extrêmement tranchée de celui que nous 
avons fait dessiner , et qui est fort rare, tous les autres se ressem- 
blent, c'est-à-dire que l'ouverture elliptique placée au centre, qui 
est la bouche du polype, est verdâtre, et que toute sa large surface 
en rosette mince, plissée, accommodée enfin aux nombreux sil- 
lons pierreux qu'elle-même sécrète, est blanchâtre. Dans toutes les 
fongies , quelques formes qu'elles nous aient paru prendre, soit 
qu'elles fussent alongées, libres, fixées, ou bien génées dans leur 


ZOOLOGIE. | 645 


développement, ces couleurs varient peu. Ce n'est qu'a Guam que 
nous fûmes surpris de l'éclat de la fongie rouge, dont nous ne 
trouvâmes que trois individus parmi une foule de l'espèce aga- 
riciforme. | 

Le polype d'une fongie doit être considéré comme un animal 
charnu , membraneux , aplati, affectant le plus souvent une dis- 
position arrondie, ayant à son centre une ouverture alongée, plus 
épais dans cette partie qu'à sa circonférence. Quoique ce soit 
lui qui forme le polypier sur lequel il n'est simplement que super- 
posé, cependant, pour sen faire une bonne idée, ce sont les 1a- 
melles de cette masse pierreuse qu'il faut étudier. On ne peut pas 
dire que la fongie aït des tentacules; c'est un large polype offrant 
une membrane mince, plissée en rayons, légèrement frangée sur 
son lymbe, ayant la faculté de sécréter par sa face inférieure une 
matière calcaire qui traduit toutes les formes naturelles de l'animal 
et celles mêmes qu'il peut prendre accidentellement. Aïnsi, par 
exemple, en examinant les divers polypiers de fongie, on voit 
qu'ordinairement ïl y a de grandes lamelles qui du centre vont 
à la circonférence; que d’autres ne prennent naïssance qua la 
moitié, et qu'enfin il sen trouve de bifurquées, comme s'il avoit 
plu à l'animal d'augmenter ses replis. Toutes ces cloisons sont 
triangulaires , beaucoup plus épaisses à leur base qu'au sommet, 
où la portion charnue qui recouvre cette partie est tellement 
amincie, que lorsque le polype est blanc, elle semble n'en être pas 
revêtue. Mais elle est très-distincte sur les espèces colorées. Sur 
les côtés, les lames sont couvertes de petites aspérités mamelonnées 
qui, s'enfonçant dans les replis de l'animal, font qu'il est tellement 
adhérent au polypier, qu'il est impossible de l'en détacher autre- 
ment qu'en lambeaux. Il en est de même pour le centre, qui, plus 
consistant, ressemble assez à la chair des actinies. Cette difficulté 
de l'isoler, méme en brisant la substance pierreuse, nous a empêéchés 
de distinguer les organes de la digestion et ceux de la reproduc- 


646 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

tion. Dans l'état naturel, la bouche plissée du polype s'érige da: 
vantage, sans cependant s'élever au-dessus du sillon transversal 
qui la contient. Elle s'enfonce au moindre contact, ainsi que toutes 
les parties les plus saïllantes. Il semble alors qu'il n'y ait plus d'a- 
nimal. Dans son accroissement, à mesure qu'il élève ses cloisons, 
il les agglutine et les bouche par la base. Cette augmentation en 
épaisseur est très-limitée; il en est de même de celle en largeur, 
qui ne dépasse guère six ou sept pouces de diamètre. Lorsqu'on 
le sort de l’eau, il laïsse écouler une albumine limpide et ne tarde 
pas à périr. Le plus ordinairement les gemmules des fongies se 
développent sur le sable sans y adhérer : alors elles sont planes, 
ou bien bombées en-dessus, concaves en-dessous. Quelquefois elles 
adhèrent à d'autres madrépores par un pédicule plus ou moins 
alongé. Ceci paroït plutôt tenir à des causes locales qu'à des dif 
férences d'espèces. I est rare qu'il y ait plusieurs individus réunis 
dans les fongies orbiculaires. Il n'en est pas de même dans celles 
qui prennent un très-grand développement en longueur, comme 
dans l'espèce connue sous le nom de race, par exemple, où il 
arrive assez souvent que plusieurs polypes travaïllent adossés; ce 
qu'on distingue très-bien sur le polypier par le nombre de sillons 
où se trouve toujours le centre de chaque individu. 

Dans notre espèce rouge, comme dans toutes les autres, l'animal 
tapisse chacune de ses lames, et sur le sommet des plus grandes 
la teinte passe au jaune. La seule différence de forme qu'il nous 
ait présentée d'avec ceux qui n'étoient pas aussi vivement colorés, 
sont des languettes d'un rouge plus foncé, comme triangulaires, 
placées en rayonnant à quelque distance de la circonférence. Lors- 
qu'on touchoit ces appendices, ils s'affaissoient brusquement. Sont- 
ce de vrais tentacules! nous ne le croyons pas, parce qu'ils sont 
susceptibles de varier en nombre. 

Nous ne connoïssons que Forskal qui ait donné, planche 42, 
une bonne figure du polype d'une fongie, sans dire de quelle 


ZOOLOGIE. 647 


couleur il étoit. Les nombreux mamelons dont il est recouvert 
correspondent à ceux qui sont représentés ici, excepté que leur 
forme est arrondie , au lieu d’être triangulaire. 

Les animaux des fongies, des caryophyllies, des oculines, des 
astrées, de certaines méandrines et de quelques autres encore, 
doivent être considérés comme ayant entre eux les plus grands 
rapports d'organisation, et tous voisins des actinies, dont plusieurs 
ont la forme et la consistance. Les fongies vivent ordinairement 
séparées ; mais nous venons de voir quon en trouve de réunies, et 
dont les animaux se touchent. En s'élevant peu à peu, ou en 
descendant, comme on voudra, on arrive par les oculines et cer- 
taines caryophyllies à étoiles excessivement rapprochées, jusqu'aux 
méandrines, qui ne présentent plus qu'une masse continue , et pour 
ainsi dire confluente, de polypes. 


648 VOYAGE AUTOUR DU MONDE... 


GENRE CARYOPHYLLIE. — CaryroPayzzr4. Lamk. 


———— 


CARYOPHYLLIE ANGULEUSE. — CARYOPHYLLIA ANGULOSA. 


Lamk. Anim. sans vert, t. 2, pag. 229, n.° :3. 
PLANCHE 96, fig..9, 10 et. 11. 


Caryophyllia cespitosa; ramis brevibus, erectis, creberrimis ; stellis 


orbiculato-sinuatrs , irregularibus. 


APRES les fongies, viennent dans l'ordre naturel les caryophyllies, 
dont les animaux ont tant de rapports avec elles, ainsi qu'on peut 
le voir en comparant les parties du polypier sur lesquelles ïls sont 
implantés. Dans quelques espèces, il semble voir des fongies agglo- 
mérées et longuement pédiculées. Les polypes sont de même 
membraneux, charnus et étendus à la surface des étoiles terminales. 
Mais ils diffèrent autant les uns des autres par les couleurs que par 
les dimensions qu'ils sont susceptibles d'atteindre. 

L'espèce de caryophyllie la plus remarquable par sa gentillesse, 
est la fasciculée, qu'on nomme vulgairement /’œrllet, et dont les 
animaux dépassent les rosettes pointues. Cela doit être ainsi pour 
qu'ils puissent déposer entre les faisceaux, la substance calcaire 
qui sert à les unir les uns aux autres, comme dans le tubipore 
musique. On en trouve de verdâtres à l'Ile-de-France, de vertes, 
de brun rougeâtre et d'autres teintes encore, aux Mariannes. Nous 
croyons même que des espèces, semblables pour la forme des po- 
lypes et des polypiers, varioïient dans les couleurs. 

La caryophyllie de la planche 06, figure 11, n'est qu'une variété 
de l'anguleuse ; elle en diffère seulement en ce que le pédicule qui 


ZOOLOGIE. 649 


supporte chaque étoile est moins long, et que les rosettes ont des 
lamelles moins profondes. M. Taunay la dessinée dans l'eau, 
lorsque ses polypes, d’un beau vert de pré et ne dépassant point le 
limbe de l'étoile, étoient dans la position dans laquelle ïls sont 
représentés. La réunion en groupe de ces animaux, formant des 
masses légèrement arrondies, produisoit sous les eaux un tres-joli 
effet. 

Donati, qui a eu connoïssance du polype de la caryophyllie en 
arbre de la Méditerranée, en a donné une figure qui, bien qu'elle 
soit défectueuse en quelques points, indique cependant la forme 
générale qu'il doit prendre Sur le polypier. Mais sur-tout il ne faut 
pas s y méprendre, et croire que l'auteur ait voulu figurer un polype 
saisissant sa proie : il la tout simplement représenté très-grossi , 
occupant l'espace qui existe entre le centre et la circonférence de 
l'étoile. | 

La figure r1 de la même planche est, pour la forme du polypier 
seulement, la vraie caryophyllie anguleuse de M: de Lamarck. La 
lettre À représente une étoile dépourvue de polypes, afin qu'on 
puisse plus facilement distinguer sa forme. 

Les animaux qui occupent les rosettes du polypier, sont si sin- 
guliers, si différens de ce qu'ils devroïent être, que, bien qu'ils 
aient été examinés à plusieurs reprises et dessinés sur les lieux mêmes 
avec beaucoup d'exactitude, nous les donnons avec la restriction 
que l’on doit toujours mettre dans un fait qui paroît extraordinaire 
et contrarier l'ordre d'organisation établi dans ces lithophytes. En 
effet, un polypier lamelleux ne peut être produit que par un polype 
de même forme que lui. Ici, point du tout; la substance pierreuse 
est. bien lamelleuse, mais les animaux qui sont fixés dans ses an- 
fractuosités, sont cylindriques, très-alongés, d'un vert foncé, ar- 
rondis chacun à leur extrémité libre, qui est marquéé d'une foule 
de petits points, et tellement pressés que, malgré les séparations 
qui existent entre les étoïles, ïls se touchent par leur sommet et 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 82 


650 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


ne forment qu'une sorte de surface unie, d’un velouté admirable, 
sur lequel on se plaît à promener la main. Comme ils dépassent 
de plusieurs lignes les bords du polypier, ils retombent sur eux- 
mêmes lorsqu'on les tire de l'eau. Dans cet état, on peut les prendre 
et en arracher des poignées. 

Nous avons soumis à un savant et profond anatomiste, les dessins 
de ces animaux tels qu'ils sont représentés : mais d’après la forme du 
polypier qui les supporte et qui doit toujours traduire celle de l’ani- 
mal qui l'a sécrété, M. de Blainville ne peut pas concevoir que ce 
soient eux qui l'aïent formé, et pense que ce sont d'autres espèces 
qui, en parasites , se sont implantées sur cette caryophyllie, dont 
les animaux étoient morts. Aujourd'hui la science de l’organisation 
des formes extérieures d’un bon nombre de polypes, est assez avancée 
pour que cette Judicieuse supposition puisse être considérée comme 
vraie. Si ce sont des polypes parasites, il est bien particulier qu'ils 
aient toujours choisi des caryophyllies parmi tant d’autres madré- 
pores qui se trouvoïent abandonnés autour d'eux. Nous n’en avons 
jamais trouvé aïlleurs que sur cette espèce, dont ils recouvroiïent 
si exactement les masses, qu'il n y avoit aucune rosette de vide *. 


* Cet article et la planche qui s’y rapporte étoient faits, lorsque nous avons eu connaïis- 
sance d’un mémoire de MM. Chamisso et Eysenhardt, inséré dans les Actes des curivux de 
la nature, de Bonn, page 360. vi 

Ce mémoire est relatif aux animaux pélagiens que ces naturalistes ont découverts dans 
leurs voyages, parmi lesquels nous avons reconnu un individu absolument semblable, pour 
la forme des animaux, à notre caryophyllie anguleuse ; et dans le dessin que ces Messieurs 
ont joint à leur travail, planche >>, figure r, A, B, on remarque, éomme dans le nôtre, 
que le polypier est lamelleux, tandis que les nombreux polypes qui le surmontent sont 
cylindriques. 

MM. Chamisso et Eysenhardt ont donné le nom de caryophyllia glabrescens à leur nouvelle 
espèce, dont les animaux sont d’un jaune brunâtre, tandis que les nôtres ont une belle 
couleur verte. Leur localité diffère d’environ cent lieues. 

Sans nous communiquer, sans même nous connaître, nous avons vu, ou du moins cru 
voir de [la mêmé manière; ce qui n'indique pas que nous W’ayons bien pu nous tromper les 
uns et les autres sur l'organisation du zoophyte qui nous occupe : ou bien, si le fait que nous 
avons observé est rigoureusement vrai, si des polypiers lamelleux peuvent être formés par 
des polypes cylindriques, il faut admettre que certaines caryophyllies ont, de même que les 


ZOOLOGIE. 651 


actinies, avec lesquelles elles ont beaucoup de rapports, des tentacules excessivement longs, 
comme ceux que nous représentons, 
Nous rapportons ici le texte des naturalistes que nous venons de citer : 


CARYOPHYLLIA GLABRESCENS. 


« Dichotoma, hinc indé trichotoma. Ramïi crassitie digiti minimi, vel crassiores, extus 
» glabriusculi vel obsoletè striati, versüs truncum glabri. Stellà concavä, centro profundis- 
» simo, lamellis margine integerrimis vel obsoletè dentatis, alternatim majoribus. 

» Caryophylliæ fastigiatæ proxima; differt ramis extus glabriusculis et stellæ centro pro- 
» fundissimo. Icon ramos extremos exhibet. Animal actinioides, luteo-brunnescens, saummam 
» ramorum partem basi corporis brevis complectens, tentaculis numerosissimis apice capitatis 
» extensilibus et contractilibus. Animali irritato tentacula pigre eriguntur, deflectuntur. Pigre 
» quoque extenduntur et contrahuntur, neque omnia motu consentaneo. Os centrale nos 
» fugit, adest autém sine dubio. Animal sensim findi et in animalia duo vel tria dividi 
» videtur, undé trunci dichotomia et trichotomia. 

» Ad insulas Radack actiniarum more etiam in istis locis, quæ à: defluente mari relicta 
» sunt. » 


(OC DNESE VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE MADRÉPORE. — Maprerors. Lamk. 


MADRÉPORE EN CORYMBE. — MADREPORA CORYMBOSA. 
PLANCHE 96, fig. 3. 


Madrepora ramosissima orbiculata; ramis ascendentibus, ramulosis; 


ramuls creberrimis, in corymbum latissimum et obliquum digestis. 
Lamk. Anim, sans vert, t. 2, p. 270. 


MADRÉPORE PROLIFÈRE. — MADREPORA PROLIFERA. 
PLANCHE 96, fig. 4. 


Madrepora ramosa; ramis longis, gracilibus, teretibus, ad apices 
proliferis ; papillis tubulosis , longiusculrs. 


Lamk. Anim, sans vert, t. 2, p. 281. 


Nous avons fait figurer ces: deux madrépores, parce que leurs 
animaux nous ont offert deux couleurs très-distinctes, qui n'étoïent 
point communes à plusieurs autres individus de leur espèce, parmi 
lesquels ils se trouvoient. Les difficultés qu'on éprouve , et dont 
nous avons déjà parlé, à étudier ces polypes dans l'eau, jointes à 
leur excessive petitesse et à leur état diffluent, ne nous ont pas 
permis de mieux déterminer leurs formes qu’elles ne le sont dans 
le dessin qu'en a fait M. Taunay. Tout ce qu'on peut voir, c'est 
que la cellule saïllante qui contient chaque individu, est échancrée 
en dessus, rugueuse, friable, très-poreuse, et qu'entre elles setrouvent 
des ouvertures qui paroïssent aussi polypifères. 


ZOOLOGIE. 653 


Le madrépore en corymbe a ses polypes jaunes et le fond du 
polypier d'un brun foncé. Le prolifère les a verdâtres, tandis que 
la substance pierreuse est rougeûtre. 

Les masses d'où nous avons extrait ces deux échantillons 
n'étoient polypifères que vers le sommet des rameaux. Le reste, 
inerte et abandonné, avoit la couleur blanchâtre ordinaire à ce 
genre de lithophyte. 


un, 


654 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE MÉANDRINE. — MEAnDRIN4. Lamk. 


MÉANDRINE CÉRÉBRIFORME. — MEANDRINA CEREBRIFORMIS. 
PLANCHE 96, fig. 8. 


Meandrina subspherica ; anfractibus tortuosis, prælongis ; lamellis 
basi dilatatis, denticulatis ; colhibus truncatis, subbicarinatis, ambulacri- 


formibus. 


Lamk. Anim, sans vert. t. 2, p. 246. 


EN donnant cette figure, nous avons voulu seulement indiquer 
l'aspect que présente sous l'eau une masse de méandrine sans 
détails de ses polypes. Nous avouons même que si cette gravure 
n'avoit pas été faite avant que le mémoire de M. Lesueur sur ces 
polypiers eût paru, nous ne l’eussions pas produite. Ce naturaliste 
ayant été à portée d'étudier tout à son aise, dans les Antilles, 
les animaux de divers lithophytes, les a rendus avec la précision 
qu'on reconnoît à son pinceau. Nous renvoyons par conséquent, 
pour de plus amples détails, au travail qu'il a fait insérer dans 
les Mémoires du Muséum de Paris, 3.° année ou 13.° des Annales, 
page 271. 

Nous avons déjà dit que la couleur des méandrines varie comme 
leur forme: celle de cette espèce, représentée par M. Taunay, est 
d'un rouge brun. Les polypes habitent le fond des sillons. Ces 
animaux quoique séparés et ayant chacun une vie particulière, 
concourent cependant à l'agrandissement uniforme du polypier; et 
comme ils sont tous susceptibles de se toucher par leurs bords, il 
en résulte une surface continue et sans vide. Cette disposition 
permet qu'ils exécutent un mouvement simultané de contraction, 


ZOOLOGIE. 655 
que leur peu de consistance et la légère profondeur des sillons 
rendent à peine sensible. 

En terminant l'article de ce lithophyte, nous dirons que l'un de 
nous en trouva une espèce toute particulière sur les rives d'Ombai, 
ile près de Timor, dont les cellules étoient tellement déliées, 
que la masse entière, privée de ses habitans , et assez considérable, 
flottoit sur l’eau. Elle a été déposée au Muséum. I seroit assez 
curieux de rechercher si la matière calcaire est bien identique avec 
celle des polypiers connus qui ne surnagent pas; si cette pro- 
priété dépend entièrement de l'extrême porosité; ou bien, si, sur 
ces rivages volcaniques, les eaux ne tiennent pas en dissolution 
des substances particulières qu'élaborent ensuite les polypes. 

Dans la treizième édition de Linné par Gmelin, il est fait men- 
tion, d'après Séba, d'un wadrepora natans, que nous avons en vain 
cherché dans l'auteur, à l'endroit indiqué, #. 7, pag. 2071, pl. 99, 
fig. 9 et ro. Nous y avons seulement trouvé des méandrines, dont 
lune, nommée chou-fleur marin, ressemble assez à la nôtre; mais 
le texte ne dit nullement quelle soit susceptible de flotter. 


656 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


GENRE POCILLOPORE. — Pocrzmorora. Lamk. 


POCILLOPORE BLEU. — PocILLOPORA CÆRULEA. 
PLANCHE 06, fig. 5, 6 et 7. 


Pocillopora compressa, frondescens, in lobos erectos et complanatos 
divisa, intus cœrulea ; poris cylindricis, parietibus lamrello-striatis ; inter- 
stitirs scabris. 


Lamk. Anim, sans vert. t. 2, p. 276. 


CE polypier est assez connu dans les collections sous le nom de 
millépore où de madrépore bleu, et suffisamment décrit dans les au- 
teurs; pour que nous nous bornions seulement à parler de ses 
polypes. j: 

Ordinaïrement, lorsqu'il est privé d'animaux, il présente une 
couleur d'un gris bleu, parsemée d'une foule de petits trous 
visibles à l'œil, entre lesquels s'en trouvent d’autres en bien plus 
grand nombre, tellement petits qu'on ne peut les apercevoir qu'à 
l'aide d’une forte loupe. Aïnsi examinés, les premiers paroïssent 
cylindriques et lamelleux sur les bords, ce qui en fait autant de 
petites étoiles. Les seconds affectent probablement aussi cette forme, 
mais leur ténuité ne permet pas de s’en assurer. Tous se terminent 
à un centré commun, pierreux comme eux, et perforé de cellules 
régulièrement arrondies, qui coupent à angle droit celles qui viennent 
du dehors rayonner autour, c’est-à-dire qu’elles se dirigent dans le 
sens de l’axe des rameaux. Pour bien voir cette disposition, il faut 
en casser une branche, qui alors offre dans son intérieur une belle 
couleur bleu de ciel. Le polypier couvert de ses animalcules a une 


ZOOLOGIE. 657 


teinte tout-à-fait différente. La première fois que nous le vimes 
ainsi dans l'eau, nous ne pûmes le reconnoître. I étoit d’un fauve 
rougeâtre, hérissé d’une foule de polypes excessivement déliés, à 
tentacules rayonnés, qui, sortant par les innombrables interstices 
dont il est perforé , recouvroïent entièrement leur base pierreuse. 
Tous s'agitoient avec vitesse; mais dès que nous y eûmes porté 
la main, ils rentrèrent brusquement et si complétement qu'il n'en 
paroïssoit plus de traces au dehors. La surface du lithophyte de- 
venoit alors rugueuse. Un instant après, ils reparoïssoïent pour s'en- 
foncer de nouveau au moindre contact. En renouvelant souvent 
l'expérience, nous vimes que quand la masse étoit considérable, 
tous ne rentroïent pas; quil ny avoit par exemple que ceux qui 
appartenoïent au même rameau. Ce qui tient à ce que ces polypes 
ne communiquant entre eux que par leurs tentaculeset à l'extérieur, 
la commotion qui les fait se cacher diminuant à mesure qu'on 
s'éloigne du point de contact, les plus éloïgnés n'éprouvent plus 
rien. 

Ce pocillopore semble aimer les lieux où l'eau est légèrement 
agitée: c'étoit dans les endroits où les courans se faisoient le plus 
ressentir que nous allions les chercher, devant la barre d'Agagna, 
à Guam. Du reste, comme les fongies, les caryophyllies, et en gé- 
néral tous les polypes saxigènes qui ne se nourrissent point de 
substances apercevables, ils trouvent dans le milieu dans lequel ïls 
vivent, comme une foule d’autres mollusques, et un aliment tout 
préparé, sans cesse en rapport avec eux, et la matière qu'ils éla- 
borent pour construire leurs demeures. 


Voyage de l’Uranie. — Zoologie. 8 3 


658 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


CHAPITRE XV. 


Mémoire sur l'accroissement des Polypes lithophytes 
considéré géologiquement. : 


Parmi les phénomenes de zoologie qui se rattachent à la théorie 
de la terre, ceux qui concernent les zoophytes solides sont encore 
bien loin d'être éclaircis. En appelant l'attention des naturalistes 
sur ces animalcules, nous espérons démontrer que tout ce qu'on 
a dit ou cru observer jusqu'à ce jour relativement aux immenses 
avaux qu'ils sont susceptibles d'exécuter, est inexact, toujours 
excessivement exagéré, et le plus souvent erroné. 

I nous en coûte beaucoup, sans doute, pour arriver à la dé- 
monstration des faits que nous avons examinés avec la plus grande 
attention, d'être obligés de combattre des assertions généralement 
reçues et de nouveau présentées par un naturaliste infatigable, que 
la mort a trop tôt ravi aux sciences. Péron, par quelques remarques 
isolées faites à Timor et à l'Ile-de-France, seuls lieux où il aït été 
à portée d'observer en grand le travail des lithophytes, Péron a cru 
devoir, sur la foi des voyageurs, tirer des conclusions trop générales 
sur ces animaux considérés comme ayant élevé ou élevant encore, 
des profondeurs de l'Océan, de nombreux archipels ou des écueils 
dangereux. De quoï peuvent servir toutes les citations qu'il accu- 


= Lu à l'Académie royale des Sciences de PInstitut, le 14 juillet 1823. 


ZOOLOGIE. 659 


mule, si elles reposent sur des observations mal ou superficielle- 
ment faites! à masquer la vérité et à accréditer l'erreur par l'influence 
de noms célèbres. 

Au lieu de croire que les îles de la Société, quelques parties de 
la Nouvelle-Irlande , la Louisiade, l'archipel de Salomon, les ïles 
basses des Amis, les Mariannes, les Palaos, les îles des Navigateurs, 
celles de Fidji, les Marquises, &c., sont en partie ou en totalité l'ou- 
vrage des zoophytes, nouspensons au contraire que toutes ces terres 
ont pour base les mêmes élémens, les mêmes minéraux qui con- 
courent à former les îles et tous les continens connus. Là en effet 
ce sont des schistes, comme à Timor et à Vaigiou, du grès, comme 
sur les côtes de la Nouvelle-Hollande. Aïlleurs, le calcaire en couches 
lorizontales forme l'ile de Bonï, ou entoure les pitons volcaniques 
des îles Mariannes. Le granit se montre aussi quelquefois; maïs 
le plus souvent ce sont les volcans qui ont formé les îles répan- 
dues dans l'Océan austral. L’He-de-France, l'ile de Bourbon, 
quelques-unes des Moluques, les Sandwich, Taïti, et tous ces. 
nombreux archipels découverts par Bougainville ou Cook, doivent 
en partie leur origine aux feux souterrains, comme le prouvent les 
échantillons de roches que nous avons rapportés de quelques-uns 
de ces lieux, et les récits des naturalistes voyageurs, pour ceux 
que nous n'avons pas visités nous-mêmes. 

Qu'est-ce donc qui a pu donner lieu de croire que les madré- 
pores encombrent les bassins des mers, et élèvent du fond de leurs 
abimes, des îles basses , dangereuses pour les navigateurs! un examen 
peu approfondi, un coup d'œil jeté en passant sur les travaux de 
ces zoophytes. 

Nous nous proposons dans ce mémoire, 

1.” D'examiner comment les lithophytes élèvent leurs demeures 
sur des bases d’une nature déjà connue, et quelles sont les cir- 
constances favorables ou défavorables à leur accroïssement. 

2.° De montrer qu'il ny a point d'iles un peu considérables, 

ce 


660 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


constamment habitées par les hommes, qui soïent entièrement 
formées de coraux; et que loin d'élever, des profondeurs de 
l'Océan, comme on l'a avancé, des murs perpendiculaires, ces 
animaux ne forment que des couches ou des encroûtemens de 
quelques toises d'épaisseur. 

Voici comment cet ajouté, cette superposition des Hapocs 
s'opère. Dans les lieux où la chaleur est constamment intense, où 
les terres découpées en baïes enferment des eaux peu profondes 
et paisibles, qui ne sont point susceptibles d'être agitées par de 
fortes houles ou par les brises régulières des tropiques, là aussi se 
multiplient les polypes saxigènes. Ils construisent leurs demeures 
sur les rochers sous-marins , les enveloppent en tout ou en partie, 
mais ne les forment pas à proprement parler. Aïnsi, tous ces bri- 
sans, toutes ces ceintures madréporiques, que, dans la mer du Sud, 
on rencontre assez fréquemment sous le vent des îles, sont, selon 
nous, des hauts-fonds dépendant de la conformation du sol primitif, 
qu'on reconnoît lui appartenir, lorsqu'on a un peu l'habitude d’'ob- 
server la direction des montagnes et des collines, et quelles doivent 
être celles qu'elles continuent de prendre sous les eaux. C'est tou- 
Jours là où les pentes sont doucement inclinées et où la mer a 
le moins de profondeur, qu'on trouve les plus grands massifs de 
madrépores. Is pullulent si elle est calme; dans le cas contraire, 
ils ne forment que des mamelons rares appartenant à des espèces 
qui semblent moins souffrir de l'agitation des flots. 

On a dit, et c'est même une chose généralement admise parmi 
les marins, quon trouve dans les mers équatoriales des écueils 
formés de coraux *, qui s'élèvent des plus grandes profondeurs, 
comme des murs au pied desquels on ne trouve pas de fond. 


+ On sait que vulgairement ce mot de corail s'applique, très à tort, à tous les polypes 
lithogènes ; celui de madrépore, qui, en zoologie, sert à désigner un seul genre, a à-peu-prés 
la même signification. Nous nous servirons quelquefois de lun et de l’autre pour exprimer l’en- 
semble de ces animaux, sans omettre de parler des espèces lorsque ce sera nécessaire. 


ZOOLOGIE. 661 


Le fait existe pour ce qui est de la profondeur; et c'est même ce 
qui fait courir les plus grands risques aux navires qui, pris en calme 
et entraînés par les courans, ne peuvent jeter l’ancre dans de tels 
parages. Mais il n'est pas vrai de dire que ces récifs soïent entie- 
rement formés de madrépores. D'abord, parce, que les espèces qui 
forment constamment les bancs les plus considérables, comme 
quelques méandrines, certaines caryophyllies, maïs sur-tout les 
astrées, ornées des couleurs les plus belles et les plus veloutées, 
ont besoin de l'influence de la lumière pour les acquérir; qu'on 
ne les voit point croître passé quelques brasses de profondeur; et 
que par conséquent elles ne peuvent se développer à mille ou douze 
cents pieds, ainsi qu'il faudroit que cela se fit pour élever les escar- 
pemens dont il s'agit. D'ailleurs ces diverses espèces d'animaux 
jouiroient donc presque seules de la prérogative d’habiter par toutes 
les profondeurs, sous toutes les pressions et, pour ainsi dire, par 
toutes les températures. 

Une autre circonstance à laquelle les voyageurs n'ont pas pris 
garde, qui renforce notre opinion et la rend plus évidente, c'est 
que, par des profondeurs aussi grandes, la mer, toujours houleuse 
à la superficie, vient briser avec force sur ces récifs, sans qu'il 
soit besoin que le vent l'agite. Et en faisant seulement l'application 
des observations de ces mêmes voyageurs, qui disent ( ce qui est 
très-vrai) que là où les ondes sont agitées les lithophytes ne peuvent 
travailler, parce qu'elles détruiroient leurs fragiles édifices, nous 
acquerrons la certitude morale que ces escarpemens sous-marins 
ne sont point dus à ces animalcules. Maïs que, dans ces mêmes 
lieux, ïl se trouve un enfoncement, un abri quelconque, aussitôt 
ils éleveront leurs demeures et contribueront à diminuer le peu de 
profondeur qui existe déjà. C’est ce qu'on peut voir dans presque 
tous les endroïts où une température élevée permet à ces animaux 
de croître en abondance. 

Dans les localités où les marées se font ressentir, leurs courans 


662 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


seuls peuvent quelquefois creuser des canaux irréguliers entre les 
madrépores, sans qu'ils soient jamaïs encombrés de leurs espèces, 
par la double cause réunie du mouvement et de la froïdure des 
eaux. Tandis quau contraire on y voit multiplier les flexibles 
alcyons. 

Lorsqu'on observe avec soin ces dispositions géologiques, on 
voit que les zoophytes s'élèvent jusqu'à la superficie des ondes, 
jamais au-dessus ; après quoi la génération qui est arrivée jusque- 
là paroït s'étendre. Elle est détruite beaucoup plutôt, si, par l'effet 
des marées, ces frêles animalcules sont exposés à nu à faction d'un 
soleil brûlant. Quand, sur ces jetées de dépouilles inertes privées 
de leurs habitans, il se trouve de petits enfoncemens qui ne restent 
jamais à sec, on remarque encore plusieurs bouquets de ces litho- 
phytes qui, échappés à la destruction presque générale, brillent 
des couleurs les plus vives. Alors les familles qui se développent de 
nouveau, ne pouvant plus construire en dehors de ces récifs sur 
lesquels la mer vient briser, se rapprochent de plus en plus de la 
côte, où les vagues amorties n'ont presque plus d'action sur elles, 
comme nous l'avons vu à l'Ile-de-France, à Timor, aux îles des 
Papous, aux Mariannes et aux Sandwich; pourvu toutefois que 
les eaux n'aient pas une grande profondeur, comme cela a lieu à 
l'ile de la Tortue, dont parle Cook, où l'on netrouve pas de fond 
entre les récifs madréporiques et l'île, malgré le peu d'espace qui 
existe entre ces deux points. 

Si nous examinons ces animaux dans les lieux les plus propres 
a leur accroissement, nous verrons leurs espèces diverses, dont 
les formes , aussi variées qu'élégantes, s’arrondissent en boules, s'é- 
talent en éventails ou se ramifrent en arbres, se mêler ,se confondre 
et réfléchir les nuances du rouge, du jaune, du bleu et du violet. 

On sait que toutes ces prétendues muraïlles exclusivement for- 
mées de coraux, sont entrecoupées d'ouvertures par lesquelles la 
mer entre et sort avec violence, et personne nignore le danger 


ZOOLOGIE. 66; 


que courut le capitaine Cook, à cette occasion, sur les côtes de la 
Nouvelle-Hollande, lorsqu'il n'eut d'autre ressource, pour se sous- 
traire à la destruction , que de prendre la résolution subite de s’èn- 
foncer dans une de ces passes étroites, où l’on est toujours sûr de 
trouver beaucoup d'eau. Ceci vient encore à l’appui de ce que nous 
avançons ; car si ces jetées perpendiculaires étoient entièrement 
madréporiques, elles ne présenteroient pas d'ouvertures profondes 
dans Îeur continuité, parce que le propre des zoophytes est de cons- 
truire en masses non interrompues ; et qu'encore une fois, s'ils 
pouvoient s'élever de très-grandes profondeurs, ils finiroïent par 
encombrer, par boucher ces passages; ce qui na point lieu, et 
ce qui n'arrivera probablement pas, par les causes que nous indi- 
quons. 

Si ces faits prouvent que les madrépores ne peuvent pas vivre 
à de très-grandes profondeurs, les rochers sous-marins qu'ils ne font 
qu'exhausser ne sont donc pas exclusivement formés par eux. 

Seconde question. Il n’y a point d'îles un peu considérables et 
constamment habitées par les hommes qui soient formées de li- 
thophytes. Les couches qu'ils construisent sous les eaux n’ont que 
quelques toises d'épaisseur. 

C'est par la seconde partie de cette question que nous com- 
mencerons. L'impossibilité d'aller sous les eaux examiner à quelle 
profondeur précise les zoophytes solides s'établissent, fait que nous 
nous étaierons de ce qui a eu lieu jadis ; et les monumens que les révo- 
lutions anciennes du globe ont mis à découvert, serviront à prouver 
ce qui se passe de nos jours. Nous dirons ce que nous avons vu 
dans plusieurs lieux, et nous parlerons d’abord de l'île même que 
Péron a prise pour le théâtre des grands travaux de ces polypes : 
nous voulons dire Timor. 

Relativement aux bancs de madrépores que la mer a laïssés à 
découvert dans les terres en se retirant, nous dirons qu'ils ont acquis 
sur ce point une puissance que nous ne leur avons vue nulle part. 


664 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 

Tout le rivage de Coupang en est formé; et à mesure qu’on s'élève 
sur les collines (et non pas les montagnes) qui entourent la ville, 
on les retrouve à chaque pas. En voilà assez pour faire conclure 
d'abord que l'ile entière est formée de cette substance, et que 
la chaîne des montagnes d'Anmfoa et de Fatéléou, qui a peut- 
être mille toïses d'élévation , luï doït son origine. Maïs en sortant 
de la ville, on a à peine fait cinq cents pas en gagnant les hau- 
teurs, qu'on trouve, en place, des couches verticales d’un schiste 
gris bleuätre veiné de quartz, et sur les bords de la rivière de 
Bacanassi, des blocs de roche siliceuse, de jaspe grossier, et dans 
d'autres lieux, du calcaire compacte, substances qui démontrent assez 
les bases sur lesquelles se sont élevés leszoophytes. Nousne pouvons 
indiquer au juste l'épaisseur de leurs massifs; mais nous croyons 
n'en rien diminuer en l'évaluant de vingt-cinq à trente pieds. 

Beaucoup plus loin, à quinze ou dix-huit cents pieds d'élévation, 
Péron trouva des coquilles fossiles. IH ne dit pas que le sol fût 
madréporique : quand bien même il l'auroit été, en examinant ces 
montagnes avec attention, on eût bientôt découvert la nature des 
rochers qui en formoient les fondemens. 

Ce naturaliste, pour appuyer son opinion sur le rôle important 
qu'il fait jouer aux lithophytes, avance, sur la foï de naturels gros- 
siers, que des montagnes élevées, qu'il n'a vues qu'à dix lieues, 
sont toutes madréporiques. Certes, sur un fait de géologie aussi 
étonnant, on ne peut pas croire sur parole, ni des colons hol- 
landais , ni des hommes à demi sauvages, qui n’entendent rien aux 
questions d'histoire naturelle. Voici ce qu'il dit étant à Olinama , à 
quelques lieues de Coupang : « De ce dernier point nous nous 
» trouvions en face de la grande chaîne des montagnes d’Anmfoa 
» et de Fatéléou; ce large plateau qui domine toute cette portion 
» de Timor, est entièrement composé de substances madrépo- 
» riques. Depuis Oëna jusqu'à Pacoula, tout est pierre de chaux 
» [ samougnia batou capor |, disent les habitans, et les Hollandais 


ZOOLOGIE. 665 
» confirment aisément ce fait. » (Woyage aux Terres australes, 
édit. in-4.°, t. 2, pag. 176.) 

En de semblables matières, ïl faut avoir vu et revu, et bien noté 
les faits; car lorsque nous nous hâtons de tirer des conclusions 
générales, notre amour propre trouve toujours moyen d'accom- 
moder ces mêmes faits à notre manière de voir. 1 

Tout annonce que sur l'île Timor ïl n'existe point de montagnes 
exclusivement formées de coraux. Comme toutes les grandes 
terres, elle se compose de substances diverses. L’ayant cotoyée 
sur une étendue d'environ cinquante lieues, assez près pour en 
faire la géographie, nous avons pu voir qu'elle étoit volcanisée 
sur plusieurs points. D'ailleurs elle recèle des mines d’or et de 
cuivre ; ce qui, Joint à ce que nous venons de dire, indique en- 
core en partie la nature du sol. 

On pourroit nous objecter peut-être ce Bald-Head, du Port- 
du-Roï-Georges , à la Nouvelle-Hollande, que Vancouver a dé- 
crit en passant, et sur le sommet duquel il vitdes branches intactes de 
coraux. C'est encore absolument le même phénomène qu'a Timor 
et dans mille autres lieux *. Les zoophytes ont bâti sur une base 
qu'ils ont trouvée, et ils n'en occupent que la surface. Car pourquoi 
Bald-Head différeroit-il donc du mont Gardner, qui, tout à côté, 
est formé de roches primitives. D'ailleurs Péron dit qu’il a la même 
constitution géologique. | 7°. 2, pag. 133.) 

A Rota, une des îles Mariannes, M. Gaudichaud, notre collègue, 

: Un fait de ce genre, des plus remarquables, est celui que rapporte M. Salt, Deuxième 
Voyage en Abyssinie, tome 1, pages 216 et 217 : « La baïe d’Amphila, dans la mer Rouge, 
est formée, dit-il, de douze îles, dont onze sont formées en partie d’alluvions, qui consistent 
en corallines, en madrépores, en échinites, et en une grande diversité de coquilles com- 
munes à cette mer. L’élévation de ces îles est quelquefois de trente pieds au-dessus de la 


haute marée......... 

« La petite ile, qui diffère des onze autres, se compose d’un rocher solide, de pierre calcaire , 
dans laquelle on remarque des veines de calcédoine, » 

Cette petite île n’indique-t-elle pas qu’une cause quelconque a empêché les madrépores de 
la recouvrir, tandis qu’ils ont construit leurs demeures aux environs, sur des bases qui doivent 
probablement être de même nature que celles de la petite île. 


Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 8 Â 


666 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


a détaché du roc calcaire, à environ cent toises au-dessus du ni- 
veau de la mer, des rameaux de vrais madrépores parfaitement 
conservés. Voilà trois localités où ïls se trouvent à de grandes hau- 
teurs. Nous les avons observés à des élévations infiniment moindres, 
dans plusieurs autres lieux, comme à l'Ile-de-France, où ils forment 
une couche de plus de dix pieds d'épaisseur entre deux coulées 
de laves; à Wahou, une des iles Sandwich, où ils n'acquièrent pas 
plus d'élévation , maïs s'étendent à plusieurs centaines de toises 
sur le sol de File. Dans tous ces cas, il faut avoir le soin de bien 
distinguer les lithophytes qui, ayant travaillé en masses non in- 
terrompues, avoient la faculté de s’'accroître, de ceux qui, roulés, 
atténués par les eaux et mélangés avec les coquilles marines, con- 
tribuent à former ces dépôts connus sous le nom de calcaire madré- 
porique. Ces dépouilles-là ne sont que les débris des premiers. Nous 
en avons vu aux Mariannes, aux îles des Papous ; on en trouve sur 
les côtes de France et dans plusieurs autres endroits. 

C'est donc Timor qui, nous ayant offert le plus de zoophytes 
solides, nous porte à conclure , par analogie, de ce qui a eu lieu 
autrefois, que les espèces du genre astrée, seules susceptibles de 
couvrir des espaces immenses en superficie, ne commencent pas 
leurs constructions à plus de vingt-cinq ou trente pieds de pro- 
fondeur, pour les élever jusque près de la surface de la mer. 
Jamais, soit avec la sonde, soit avec les ancres, nous n'avons 
amené des fragmens de ces espèces; nous n’en avons jamais vu 
que dans les endroits où il y avoit peu d’eau, tandis que les madré- 
pores rameux, qui ne forment point de couches épaisses et consis- 
tantes, soit sur les lieux élevés que l'Océan a abandonnés, soitsur les 
rivages où ils existent encore, vivent à d'assez grandes profondeurs. 
Et c'est même une des propositions hasardées du naturaliste que 
nous citons, d'avoir voulu borner au 34.° degré de latitude Sud 
la demeure de ces animaux; car tout-à-fait sous le cap Horn, à 
près de 56° de latitude, en sondant à cinquante et quatre-vingts 


ZOOLOGIE. 667 


brasses, nous avons eu de petits madrépores rameux vivans. Et, 
dans un précédent voyage, par un méridien opposé, sur le banc des 
Aïguilles, par plus de cent brasses de profondeur, nous nous souve- 
nons d'avoir vu des rétépores. [Il est vrai que sous ces parallèles, 
ces animaux n occupent que peu d'espace; maïs ils y vivent, et le 
premier de ces deux faits prouve qu'ils peuvent supporter une 
température très-froide, quoique probablement pas aussi basse à 
l'extrémité Sud de l'Amérique qu'on le croît communément. 

H est bien singulier qu'on ait attribué aux madrépores de l'océan 
Austral et de l'archipel Indien seulement, la formation des mon- 
tagnes sous-marines escarpées, au pied desquelles on ne trouve 
pas de fond ; et bien plus surprenant encore que l'examen des lieux 
où le même phénomène s'observe sans la présence de ces z00- 
phytes, n'ait pas donné occasion de douter d’un fait si extraor- 
dinaire. 

On sait que les terrains de toute composition peuvent pré- 
senter des escarpemens considérables. Pour prouver que cette 
disposition existe sous les eaux, nous citerons l'île Guam, une des 
Mariannes, située par 13° 1/2 de latitude Nord : dans sa partie 
qui nest pas volcanique, cette île est entourée de falaises calcaires 
tellement abruptes, qu'elles ressemblent parfaitement à des murs, 
disposés, dans quelques endroits, en plates-formes successives, qui, 
par échelons, vont se perdre sous les eaux. Si, en jetant la sonde, 
on rencontre le sommet de ces murs, on aura fond par huit ou 
dix brasses, plus ou moïns ; maïs, tout à côté, cent brasses ne 
sufhront peut-être pas. À présent, supposons que, sur les crêtes 
les moins profondes et les plus abritées, les zoophytes viennent 
à construire, ils s'éleveront jusquà ce que leurs progrès soient 
entravés par leur propre développement, qui, opposant un obstacle 
aux ondulations des flots, les forcera à venir se briser sur eux : 
ce seront alors des récifs. 

Tout à côté de Guam, l'île Rota est dans le même cas. Bien 


84 * 


668 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


plus, sur ses escarpemens, qui sont beaucoup plus considérables, 
on trouve encore fixés au sol des madrépores proprement dits, 
de l'espèce nommée corne-de-cerf, et absolument semblables à ceux 
qui abondent dans les eaux qui l'entourent. Ainsi, autrefois, ils 
ont multiplié sur le sol que la mer a depuis abandonné, comme 
ils croiïssent tous les Jours sur celui qu'elle recouvre encore. 
D'autres exemples de ces montagnes perpendiculaires sous-marines 
se font remarquer par des latitudes diverses. On lit dans Pallas 
(Deuxième Voyage, tom. 3, pag. 133; 4id. pag. 220) qu'il a vu en 
Tauride des montagnes tellement escarpées, qu'elles s'élèvent à 
plus de mille pieds au-dessus du niveau de la mer, et qu'on ne 
peut trouver fond à toucher le rivage. Eh bien! nous le répétons, 
ce sont les sommets de semblables montagnes sous-marines de la 
zone torride, quelle que soit d’aïlleurs leur nature , que les zoophytes 
ont pris pour bases: et tous ces récifs de Taïti, de l'archipel Dan- 
gereux, de celui des Navigateurs, des îles des Amis, &c. &c., ne 
sont madréporiques qu’à la surface. Écoutons Forster, qui, un des 
premiers, a accrédité l'opinion que nous combattons, etnous verrons 
qu'il fournit des armes contre lui-même. « Les îles basses, dit-il, à 
» l'est de Taïti, ainsi que les îles de la Société, les îles des Amis, 
» les Nouvelles-Hébrides et la Nouvelle-Calédonie, avec les fles 
» intermédiaires de Scylli, Howe, Palliser, Palmeston, Sauvage, de 
» la Tortue et celles de l'Espérance et des Cocos, les îles de la 
» Reïine-Charlotte, du Capitaine-Carteret, et plusieurs autres, ainsi 
-» que la Nouvelle-rlande, la Nouvelle-Bretagne et la Nouvelle- 
» Guinée, forment aussi, par-dessous l'Océan, une grande chaîne 
» de montagnes: elles s'étendent dans un espace immense qui 
» comprend les trois quarts de toute la mer du Sud. » (Forster père, 
Observat. tom. 5, pag 24.) 

Paroïssant ensuite oublier ce qu'il vient de dire, et accordant 
trop aux madrépores, il ajoute (pag. 136) : « Le récif, premier 
» fondement des îles, est formé par les animaux qui habitent les 


ZOOLOGIE. 669 


» lithophytes: ils construisent leurs habitations jusqu'à peu de dis- 
» tance de la surface de la mer, &c. » 

Nous dûmes peut-être une fois notre salut à cette disposition irré- 
gulière des terres situées sous les eaux, lorsque la corvette /'Uranmie, 
entraînée de nuit par les courans, dans le passage qui porte son nom, 
se trouva engagée parmi une multitude d'îles et de rochers. Dans 
cette position difficile, n'ayant de fond nulle part, on ne savoit 
quelle ouverture choisir pour sortir de cet archipel, quand au mi- 
lieu de ce cirque s'offrit un banc de madrépore sur lequel on 
mouilla. D'après ce que nous venons de dire, tout doit faire supposer 
que ce massif sétoit élevé sur une base de nature analogue aux 
rochers qui nous entouroiïent. 

Ainsi nous croyons avoir démontré que les travaux des zoophytes 
solides ne sont point susceptibles d'avoir formé les bases immenses 
sur lesquelles reposent la plupart des îles du grand Océan. H nous 
reste à dire comment, par leur réunion , ces animaux peuvent élever 
de petits lots. Forster a très-bien décrit la manière dont cela s'opère. 
En effet, lorsquà l'abri des grandes terres, ces animalcules ont 
amené leurs demeures jusqu'à la superficie, et qu'elles restent à dé- 
couvert pendant le reflux, les ouragans qui surviennent quelquefois, 
bouleversant le fond de ces eaux peu profondes, entraînent les 
sables et la vase. Tout ce qui, de ces matières, s'engage dans les an- 
fractuosités des coraux, s’y fixe, s'y agglomère; et dès que le sommet 
de cette île nouvelle peut rester constamment à découvert, que les 
flots ne peuvent plus détruire ce qu'eux-mêmes ont contribué à for- 
mer , alors son contour s'agrandit, ses bords s'élèvent insensiblement 
par l'addition successive des sables. Suivant la direction des vents 
et des courans, elle peut demeurer long-temps stérile; maïs si, 
par l'action de ces deux causes, les germes des végétaux lui sont 
apportés des côtes voisines, alors, sous des latitudes qui sont si 
favorables à leur développement , on la voit bientôt se couvrir de 
verdure, dont les débris successivement amoncelés forment des 


670 VOYAGE AUTOUR DU MONDE. 


couches d’humus qui contribuent à lexhaussement du sol. Voïlà 
ce que nous avons pu vérifier nous-mêmes sur la petite île Kéra, 
située dans la baïe de Coupang, à Timor. 

Mais pour que ce phénomène d'accroïssement s’'accomplisse, il 
ne faut pas quil se passe trop loin des grandes terres, parce que 
alors les végétaux ne peuvent plus y aborder si aisément, et ces 
ilots demeurent presque toujours nus et stériles. C'est pourquoi ce 
que disent les navigateurs, de ces îles madréporiques du grand 
Océan, qui, couvertes de verdure, sont éloïgnées de toute autre 
terre, nous a toujours paru extraordinaire ; d'autant mieux que, 
dans ces espaces immenses, la violence des flots, que rien ne peut 
amortir, doit empêcher le travail des zoophytes. Cependant nous 
ne nions pas l'existence de ces îles, qu'il seroit intéressant de bien 
examiner de nouveau; car dès qu'entre les tropiques les naviga- 
teurs en rencontrent de basses, prévenus par l'opinion générale- 
ment admise, ils n'hésitent pas à dire qu'elles sont madréporiques. 
Néanmoins que d'iles à leur d'eau ne reconnoïssent pas cette ori- 
gine ! Nous citerons, par exemple, celle de Bony, située sous 
l'équateur, dont la brillante végétation s'élève sur du calcaire. Il en 
est de même de celle des Cocos, devant Guam, qui est composée 
de la même substance. En général, si elles sont habitées par des 
hommes, si par conséquent elles ont des sources ou des lacs d'eau 
douce, on peut presque assurer qu'elles ne sont point ou ne sont 
qu'en partie composées de lithophytes, parce qu'il ne peut pas se 
former de sources dans leur substance poreuse. Quelques-unes des 
iles Carolines, au milieu desquelles nous avons navigué sans pouvoir 
nous y arrêter, sont excessivement peu élevées; nous les suppo- 
sons encroütées de madrépores ; et comme elles ont des habitans, 
il doit se trouver quelque part un sol propice à l'accumulation 
de l'eau douce *. 


: En jetant un coup-d’œil sur les cartes du Voyage du capitaine Kotzebue, on est frappé 
de voir plusieurs de ces îles groupées en rond, liées les unes aux autres par des récifs qui 


ZOOLOGIE. 671 


En restreïgnant la puissance de ces animalcules, en indiquant 
les bornes que la nature leur a prescrites, nous n'avons d'autre but 
que de fournir des données plus exactes aux savans qui s'élèvent à 
de grandes considérations hypothétiques sur la conformation du 
globe. En considérant de nouveau ces zoophytes avec plus d'atten- 
tion, on ne les verra plus, comblant les bassins des mers,-élevant 
des îles, augmentant les continens , menacer les générations fu- 
tures d’un cercle équatorial solide formé de leurs dépouilles. Leur 
influence, relative aux rades dans lesquelles ïls multiplient, est 
déjà bien assez grande, sans l'augmenter encore. Maïs, compara- 
tivement aux masses sur lesquelles ils s'appuient, que sont leurs 
couches, souvent interrompues, et qu'il faut chercher avec soi 
pour les reconnoître, considérées du haut des énormes pitons 
volcaniques des Sandwich et de l'île de Bourbon, de ceux des 
Moluques, des Mariannes, des montagnes de Timor, de la 
Nouvelle - Guinée, &c. &c.! rien sans doute; et les zoophytes 
solides sont bien loin de pouvoir être comparés aux coquilles dans 
les matériaux que les uns et les autres ont fournis et fournissent 
encore à l'enveloppe terrestre. 


paroïissent madréporiques, et présenter, par cet arrangement, une petite mer intérieure et pro- 
fonde, dans laquelle on entre par une ou plusieurs ouvertures. Cette disposition ne seroit-elle 
pas due à des cratères sous-marins sur Îles bords desquels les lithophytes auroient travaillé ! 


=, FIN DE LA ZOOLOG!IE. 


CHAPITRE 


RP DE I Aommenrs ES Ne RUN RENAN Pag.. 
IT. Considérations générales sur quelques mammifères 
CTOISCAUX 21e ny NS er clean a Man lee Ne TEE 
M DEscripiondesimamniferes te. REC oie 
IV. Appendice relatif aux phoques et aux cétacés.... 
VE EP DesEriIpiont de oiseau CNRS EE EEE 
VI. Remarques sur les oiseaux pélagiens et quelques 
AUITESPAIMIPEAES ER ie ES EEE 
VI Désérepiles ie RASE RE RAR ANRRRE 
VIIT. Remarques sur quelques poissons de mer....... 
EE NEDESCrpUon des porSsons EEE Ne ER 
X. Observations sur quelques mollusques et zoophytes, 
envisagés comme causes de la phosphorescence de 
AR A RSR NE a Ale Per PAPE A RS A re 
XI DES Crpron des moltsques PEER ERERT 
XII. Des crustacés, des arachnides et des insectes. ... 
© XIII. Des govplytes ou animaux rayonnés. ......... 
XINE "Des pobpes aipolpiers ee APE EN RENTRE 
XV. Mémoire sur l'accroissement des polypes lithophytes, 


DES 


TABLE 


CHAPITRES DE LA ZOOLOGIE. 


considéré géologiquement. ....... FEAR 


170. 


TABLE ALPHABÉTIQUE 


- DES MATIÈRES 


Contenues dans la PARTIE ZOOLOGIQUE du VOYAGE AUTOUR 
DU MONDE des corvettes /’Uranie et la Physicienne. 


A 


ACANTHURES. Ces poissons abondent dans les régions équatoriales, sur Îes fonds 
de peu de profondeur, pag. 187. 
ACANTHURE ARGENTÉ, espèce nouvelle, de l'ile Guam, aux Mariannes, 372, 

pi. 63, fig. 2. 

ACANTHURE STRIÉ, autre espèce nouvelle, de l’île Guam ; elle a des rapports 
avec le rayé; ses dents sont remarquables : comme Îe précédent, ce poisson est 
utile au peuple des îles Mariannes par son extrême abondance à certaines époques 
de l'année, 373, pl. 63, fig. 3. 

ACÉTABULAIRE À PETIT GODET, espèce nouvelle de polypier flexible, -de la baie 
des Chiens-Marins; remarques sur son polype, 621, pl. 00, fig. 6 et 7. 

AGLAOPHÉNIE CYPRÈS, espèce nouvelle de polypier flexible, des îles Rawak et 
Vaigiou, 612, pl. 91, fig. 1, 2 et 3. 

AGLAOPHÉNIE GAIMARD ,-espèce nouvelle de polypier flexible, trouvée sur les 
grandes hydrophytes de Ja baïe de Ja Table, au Cap de Bonne-Espérance, 611, 
pi. 95, fig. g et ro. 

AÏï, nommé aussi Paresseux et Bradipe aï. Observations sur l'ai dos-brâlé, du Brésil. 
Pison et ceux qui l'ont copié ont exagéré la Tenteur des mouvemens de ce mam- 
mifère; Sonnini s’est trompé sur la forme et [a disposition de ses organes géné- 
rateurs, 16. II a des clavicules, 18. Anomalie de ses côtes et de ses ponebre 
cervicales ; remarques sur son système artériel, 17. 

ALBATROS. Oiseaux pélagiens; les plus grands des palmipèdes ; habitent plus spécia- 
lement l'hémisphère Sud, aux extrémités de l'Afrique et de l'Amérique, 143. Leur 
plumage varie selon l'âge et les saisons, d’où Ia difficulté d'établir des espèces ; 
tentatives faites à cet égard, 145. De leur distribution géographique sur les 
grandes mers du globe, 143-146. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 85 


« 


674 TABLE DES MATIÈRES. 


ALBATROS BRUN ; à cause de sa couleur et de sa petite taille, peut être pris, en le 
voyant voler, pour le pétrel géant, 146. 

ALBATROS CHLORORHYNQUE, plus petit que lalbatros commun, a le corps blanc 
et les couvertures des aïles toujours noires ; n’approche jamais beaucoup les navires; 
habite la Terre-de-Feu, les Malouines et les côtes orientales d'Amérique, jusque 
sous Île tropique, 146. 

ALBATROS FULIGINEUX, se distingue du pétrel géant, à sa teinte brune plus foncée, 
à son bec blanc, et sur-tout au demi-cercle de la même couleur qu'il a autour 
des veux, 146. 

ALBATROS {GRAND) ou ALBATROS COMMUN ou ALBATROS DU Cap. C'est le 
diomedea exulans, nommé mouton du Cap par les marins français , et vaisseau 
de guerre [ man of war] par les Anglais. I habite le Cap-de-Bonne-Espérance, 
l'Océan indien, le grand Océan, le Port-Jackson et le Cap Horn, 143-145. 

ALCYONS, polypiers communs à Guam, 593. Leurs animaux paroiïssent aimer lagi- 
tation des flots, 594. On donne aussi ce nom à de petits pétrels, 152. 

ALIFOUROUS, nominés aussi A/fourous, Alfours, Alforeses et Haraforas. Y paroît que 
lon désigne ainsi les Papous qui habitent les montagnes de Vaigiou, 4. 

ALIMES, crustacés transparens comme du cristal, et d’une très-grande agilité, 521. 
Nous avons rapporté de l'Océan indien beaucoup d’Alimes hyalines et tétracan- 
thures. 

ALOUATE HURLEUR. Les hurlemens de ce singe sont effroyables, sur-tout dans les 
montagnes. [I habite le Brésil, 22. 

ALOUETTES DE MER, très-nombreuses aux îles Malouines, 168. 

ALUTÈRE AYRAUD. Voyez Baliste Ayraud. 

ALUTÈRE QUEUE-NOIRE. Voyez Baliste queue-noire. 

AMAZONES, oiseaux qu’on voit auprès des fermes isolées, aux environs de Rio de 
Janeiro, 21. a 

AMPHIROÉË CYATHIFÈRE, espèce nouvelle de polypier flexible, des îles Rawak et 
Vaigiou, 627. 

AMPHIROÉË ÉPAISSE, espèce nouvelle, de la baie des Chiens-Marins, 627. 

AMPHIROÉ FOLIACÉE, espèce nouvelle, des îles Mariannes, 628, pl. 93, fig. 2 et 3. 

AMPULLARIA INTERMEDIA, variété de mollusque, du Brésil, 489, pl. 68, fig. 1, 
2 et 3. 

ANAMPSÈS, nouveau genre de poissons, des îles Sandwich, 276. 

ANAMPSÈs CUVIER, espèce nouvelle, de Pile Mowi, nommée Opouré par les habi- 
tans des îles Sandwich, 276, pl. 55 , fig. 1. 

ANGUILLE MARBRÉE, espece nouvelle de poisson, de Vaïgiou, 241, pl. 52, fig. 2. 

ANIMAUX ARTICULÉS ; considérations générales et descriptions particulières, $ 17-5 $ 8- 

ANIMAUX MOLLUSQUES; considérations générales et descriptions, 402-516. 


TABLE DES MATIÈRES. 675 


ANIMAUX RAYONNÉS ou Zoophytes ; considérations générales et descriptions, ÿ $9- 
671. : 

ANIMAUX VERTÉBRÉS; considérations générales et descriptions, 1-4o1. 

ANIS. Ces oiseaux, peu craintifs, vivent en troupes et se placent sur les branches 
d'arbres, à la file les uns des autres; habitent le Brésil, 19. 

APLYSIES. On trouve de ces mollusques à l'Ile-de-France, à la baie des Chiens-Marins, 
aux îles Sandwich, à Rio de Janeiro ; ils peuvent respirer l'air en nature, 421. 
APLYSIE LONGUE-QUEUE, espèce nouvelle, de la Nouvelle-Guinée, 421, pl. 66, fig. 8. 

APOGON À BANDES, espèce nouvelle de poisson, de l'ile Guam, 344. 

APOGON BRUN, autre espèce nouvelle, de File Guam, 346. 

ARA NOIR MICROGLOSSE ou À TROMPE. Cet oiseau habite les forêts des îles Rawak 
et Vaigiou, dont les indigènes le nomment sankiène. Les insulaires de Guébé le 
connoïssent sous le nom de mani falkoume, 26. 

ARACHNIDES ( Remarques sur les), 542. 

ARAIGNÉE NOTACANTHE, espèce nouvelle et bien singulière, du Port-Jackson: 
sur son dos est un long tube portant deux yeux, 544, pl. 82, fig. 6,7 et 8. 

ARAS, oiseaux qui sont le fléau des plantations, à Rio de Janeiro, 21. 

ARGYNNE ÉGESTINE, espèce nouvelle de papillon, de Guam, 556, pl. 83, fig. 4. 

ASPISURE LAMARCHE, espèce nouvelle de poisson, des îles Carolines : ce genre 
est excessivement rare dans les collections, 375, pl. 63, fig. 1. 

ASTRÉES; polypiers dont les animaux, comme ceux des méandrines et de quelques 
caryophyllies, paroïssent rechercher Pimmobilité des flots, 95. 

ATÈLE ARACHNOÏDE, grande espèce de singe que mangent les Brésiliens, 21. 

ÂTÈLE NOIR ; habite aussi les montagnes des Orgues, et sert aux mêmes usages, 21. 

ATHÉRINE DU BRÉSIL, espèce nouvelle de poisson, de la baïe de Rio de Janeiro, 322. 

ÂTHÉRINE D'ENDRACHT, espèce nouvelle, de Ja baie des Chiens-Marins, 334. 

ÂTHÉRINE DU PORT-JACKSON, espèce nouvelle, de la rade de Sydney, 333. 

ATHÉRINE DE VAIGIOU, espèce nouvelle, de l’île Vaigiou, 335. 

AUTOUR CU-BLANC, espèce nouvelle d'oiseau, du Brésil, 91, pl. 1 3. 

AUTOUR HUPPÉ ; habite les montagnes des Orgues, à Rio de Janeiro, 21. 

AUTRUCHES. Ces grands oiseaux errent en troupes sur les bords de Rio de la Plata, 24. 


B 


BAGRE BARBU, poisson très-commun dans les eaux bourbeuses et peu profondes 
de Rio de Ia Plata. C’est le mâchoiran des matelots français et le pimélode barbu 
de M. de Lacépède ; il a un mauvais goût, 230. Îl ne parvient pas à une grande 
taille; 1Î fait entendre une sorte de murmure ou petit bruit, lorsqu'on le tourmente 


ou qu'on leffraie, 231, pl. 49, fig. 1. 
BST 


ss 


676 TABLE DES MATIÈRES. 


BAIE DES CHIENS-MARINS, partie de la Nouvelle-Hollande aride et manquant 
d’eau douce ; les mammifères et quelquessoiseaux boivent l’eau de mer, 30. 
BALEINOPTÈRE MUSEAU-POINTU ; échoua sur les îles Malouines, 81. Sa descrip- 

tion, 84. Anatomie de ses yeux, 85. On le trouve aux environs du Cap Horn, 85. 

-BALISTES. Ces poissons abondent dans les régions équatoriales ; ils habitent les côtes 
rocheuses battues par une mer profonde et limpide, 187. Ils sont peu brillans à 
la baïe des Chiens-Marins, 188. 

BALISTE ANGULEUX, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 210. 

BALISTE AYRAUD, espèce nouvelle, de a baie des Chieris- Marins, 216, pl. 47, fig. 2. 

BALISTE FER-À-CHEVAL, espèce nouvelle, de l'Ile-de-France, 212. 

BALISTE FREYCINET, espèce nouvelle, de l'Ile-de-France, 213. é 

BALISTE LAMOUROUX, espèce nouvelle, des îles Carolines, 208, pl. 47, fig. 1. 

BALISTE MÉDINILLA, espèce nouvelle, des îles Rawak et Vaigiou, 206, pl. 46, 
fig. 2. 

BALISTE OXLEY, espèce nouvelle, de la rade de Sydney, au Port-Jackson, 209. 

BALISTE PELLION, espèce nouvelle, de la baie des Chiens-Marins, 212, pl. 45, 
fig. 3. 

BALISTE PRASLIN, de Vaïgiou, nommé soume par les habitans de l’ile Guébé. Nous 
en donnons une bonne figure, 205, pl. 46, fig. 1. 

BALISTE QUEUE-NOIRE , espèce nouvelle, de la rade de Sydney, au Port-Jackson, 217. 

BALISTE SANDWICHIEN, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 214. 

BAUDROIE GÉOGRAPHIQUE, espèce nouvelle, de la Nouvelle-Guinée ; les couleurs 
de ce poisson sont aussi bizarres que ses formes, 355, pl. 65, fig. 3. 

BÉCASSINE DES MALOUINES, très-ressemblante à [a nôtre, seulement un peu 
plus grosse ; elle vole horizontalement et peu loin, à la manière des caïlles, 50. 

BEC-EN-FOURREAU BLANC, des îles Malouines. Cet oiseau, très-rare, habite l’ex- 
trémité de l'hémisphère austral : toutes les figures qui en ont été données sont mau- 
vaises, 131, Pl. 35- 

BENGALIS. Diverses espèces de ces oïseaux se plaisent dans les arbrisseaux des envi- 
rons de Coupang, à Timor, 28. 

BÉROÉS. Remarques sur l’organisation de ces zoophytes : ils sont susceptibles d’ac- 
quérir de très-grandes dimensions, 572. Surville , les examinant dans l'eau , les 
compare, avec justesse, à des peaux de serpens dépouillés, 73. 

BÉROÉË MULTICORNE, espèce nouvelle, de la Méditerranée, 574, pl. 74, fig. 1. 

BÉROË ROSE, espèce nouvelle, du détroit d'Ombaï, dans l'archipel de Timor, ;75, 
pl. 74, fig. 2. Nous avons vu dans la rade de Sydney, au Port-Jackson, des béroés 
incolors, qui ressembloïent beaucoup à lova/c de Browne, ibid. 

BIHOREAU POUACRE. Les aboïemens de cet oïseau se font entendre quelquefois sur 
les récifs de la baie Française, aux îles Malouines, so. 


TABLE DES MATIERES. 677 


BIPHORES. Considérations générales sur ces mollusques, 4,7. Ce qu’on doit en- 
tendre par partie antérieure et partie postérieure de ces animaux, 498. Leur 
nutrition, leur progression et leur adhérence entre eux, 499— 500. Énorme 
quantité de petits biphores trouvée pendant plusieurs lieues, 5o1. Ils donnent 
quelquefois à la mer une teinte rouge, $o2. Leur division en deux sections, ibid. 

BIPHORE À CÔTES, espèce nouvelle, de la mer des Indes et du grand Océan, 504, 
pl 73, fig. 2. 

BIPHORE BIROSTRÉ. C'est le sa/pa maxima de Forskal. Dessin de plusieurs de ces 
animaux agrégés pris dans la Méditerranée, 503, pl. 73, fig. 9. 

BIPHORE DOUBLE-BOSSE, espèce nouvelle, du grand Océan, sos, pl. 73, fig. 1. 

BIPHORE ÉCHANCRÉ, espèce nouvelle, de la Nouvelle-Guinée, s 11, pl. 74, fig. 11 
et 12. 

BIPHORE HEXAGONE, espèce nouvelle, des îles Carolines, 50;, pl. 73, fig. 3. 

BIPHORE GIBBEUX, espèce nouvelle, des îles de Ia Société, 506, pl. 73, fig. 7. 

BIPHORE INFORME, espèce nouvelle, des îles des Papous, s10, pl. 74, fig. 8. 

BIPHORE INFUNDIBULIFORME, espèce nouvelle, de la mer des Indes, 508, pl. 74, 
fig. 13. 

BIPHORE LONGUE-QUEUE, espèce nouvelle, du Port-Jackson, so7, pl. 73, fig. 8. 

BIPHORE POLYMORPHE, espèce nouvelle, 512; pl. 73, fig. 4. 

BIPHORE RHOMBOÏDE, espèce nouvelle, de la mer des Indes, $ 10, pl. 74, fig. 3. 

BIPHORE SUBORBICULAIRE, espèce nouvelle, du Port-Jackson, 509, pl. 74, 
fig. 5. Ce mollusque pourroit bien ne pas être un vrai biphore. 

BIPHORE TRIANGULAIRE, espèce nouvelle, de la Nouvelle-Guinée, 511, pl. 74, 
fig. 9. 

BIPHORE TRICUSPIDE, espèce nouvelle, de la baie des Chiens-Marins, 507, 
pl. 73, fig. 6. 

BIRGUS LARRON. Voyez Pagure larron. 

BLENNIE FISSICORNE, espèce nouvelle de poisson, de Rio de Janeiro, 252. 

BLENNIE PONCTUÉ, autre espèce nouvelle, de la baie des Chiens-Marins, 250. 

BODIAN ONDULÉ, espèce nouvelle de poisson, de Vaigiou et Rawak, 310. 

Bœurs. D'immenses troupeaux errent dans les steppes de Rio de Ia Plata, 23. 
Ces animaux habitent aussi les îles Malouines, 48. 

BOGUE TRICUSPIDÉ , espèce nouvelle de poisson , de [a baie des Chiens - Ma- 
rins, 296. 

BRÉSIL, pays d’une admirable fécondité, 13. Aperçu sur les environs de la capi- 
tale, spécialement sous Îe rapport des mœurs des animaux et de Îa géographie 
zoologique, 14. 

BRUANT À GORGE NOIRE, espèce nouvelle, des îles Malouines : ces oiseaux vivent 


- 


en petites troupes, 109. 


678 TABLE DES MATIÈRES. 


BUCCIN LISSE, mollusque du Cap de Bonne-Espérance, figuré pour faire connoître 
lanimal, qui est carnivore et vorace, 435—436, pl. 72, fig. 8. 

BULLÉE FÉRUSSAC, espèce nouvelle de mollusque , de l'ile Guam. Elle seroit sus- 
ceptible de former une division dans ce groupe : son anatomie. Lister a figuré la 
coquille, 424, pl. 66, fig. mob fiteth12. 

BUSARD BARIOLÉ, espèce nonvelle d'oiseau, des îles Malouines. Le jeune mâle diffère, 
par le plumage, du mâle adulte, 93 et 04, pl 15 et 16. 

BUSE POLYOSOME, espèce nouvelle d'oiseau, des îles Malouines; elle a des rapports 
avec l’épervier cendré de Caïenne, 92, pl. 14. 


EG 


CacHALOTS. Ces cétacés vivent de sèches, qu’ils prennent à une grande profondeur. 
De leur pêche et de leur produit : huile, blanc de baleine, ambre, 81. 

CACHALOT BOSSELÉ, espèce nouvelle, de l'archipel de Timor, 77, pl. 12. 

CALAOS, oiseaux défians ; influence des localités sur leurs mœurs : aux îles des Papous 
ils se nourrissent de muscades, et, en Afrique, de [a chair des cadavres, 209. Ils 
n’existent pas aux îles Mariannes, comme 1, Temmiuck le pr tend, 36. Le calao 
de Vaigiou [ buceros ruficollis | est nommé mandahouène par les Papous de Rawak 
et de Vaigiou, »assouahou et boro par les habitans de File Guébé. 

CALFAT, nommé aussi padda | emberiza calfat |, oïseau qui se plaît dans les arbris- 
seaux de Timor, aux environs de Coupang, 28. 

CALLICHTHE BARBU, espèce nouvelle, des eaux douces de Rio de Janerro. Sin- 
gulière disposition des écailles de ces poissons, 234. 

CALLICHTHE RUDE, espèce nouvelle, des eaux douces de Rio de Janeiro, 232. 

CALLIMORPHE REQUIN, espèce nouvelle d’insecte, de Rawak,5 58, pl. 83, fig. 6. 

CALMARS. Îls servent de nourriture aux oïseaux de mer. Débris d’un calmar, pouvant 
peser deux cents livres ; ce qu’on raconte au sujet de ces mollusques énormes, 411. 

CALMAR À CROCHETS, espèce nouvelle, de la terre d'Endracht, 410, pl. 66, fig. 7. 

CanaRDs. Ces oiseaux habitent les marais de l'ile Guam, où on les nomme gahanga, 
35. Ils se tiennent dans les anfractuosités de la baie Française, aux Malouines, où 
il en existe deux espèces distinctes, 167. 

CANARD AUX AILES COURTES. On l'a pris pour une oie, J{ ne vole pas et court 
seulement à Ja surface de l’eau. IT est nommé cheval de course [ race-horse ] par les 
marins anglais. Craintif et rusé , il vit quelquefois en troupes et prend un très- 
grand soin de ses petits, 139. Habite les îles Malouines et la côte d'Amérique, 
140, pl. 39. 

CARACARAS, oïseaux voraces communs aux îles Malouines, où ils enlevoïent le 


produit de nos chasses; leur chair est bonne à manger, 40. 


TABLE DES MATIÈRES. 679 


Caranx. Ces poissons, des mers équatoriales , habitent les côtes rocheuses battues 
par une mer profonde et limpide, 187. 

CARANX DE L'ILE-DE-FRANCE, espèce nouvelle, de l'Ile-de-France, 350. 

CaRANX SIX-BANDES, autre espèce nouvelle, très-petite, des îles des Papous, 358, 
pl. 65, fig. 4. 

CAROUGE À ÉPAULETTE, de Rio de la Plata. Cet oiseau a les habitudes et le ramage 
de notre étourneau, 24. 

CAROUGE GASQUET, espèce nouvelle, de Montévidéo; vit en petites troupes, 
24 et 110, pl. 24. 

CARYOPHYLLIES ( Remarques sur quelques ), 596 et 648. 

CARYOPHYLLIE ANGULEUSE. Singularité que présentent les animaux de ce polypier, 
de Guam, 649, pl. 06, fig. 9, 1o et 11. On s’est mépris sur la figure qui est dans 
Donati, 649. 

Casoars. Ces oiseaux paroissent exister à Vaïgiou, 31 ; habitent les plaines humides 
du Port-Jackson, où les indigènes les nomment snaran, 45. 

Cassicans. Ces oiseaux ont Île chant très-varié; nous n’avons jamais remarqué 
qu'ils poursuivissent les petits oiseaux pour les manger, comme on lé pense 
généralement ; ils cherchent des insectes sur Îles cocotiers, 30. Au Poït-Jackson, 
ils sont plus gros, ont plus de variété dans le plumage, et le chant moins élégant 
qu'aux îles des Papous. Ils habitent sur-tout les Montagnes-Bleues, auprès des 
fermes isolées, 43. 

CASSICAN FLÜÛTEUR, a été rapporté vivant du Port-Jackson, et donné au Muséum, 
où il vit encore; imite le chant des autres oïseaux, 100, pli. 20. 

CAssiICAN SONNERAT, habite l'ile Rawak. Oiseau vif, agile, rusé, susceptible 
d'éducation, imitant, avec une rare facilité, le chant des autres oiseaux, 30. Les 
Papous de Rawak et de Vaigiou le nomment #ankahok et mangahouki; les insu- 
faires de Guébé, oukouakou, 

CassiQuE HUPPÉ, du Brésil; habite les lieux cultivés, 21. 

CASSIQUE JUPUBA , remarquable par son croupion rouge ; habite les montagnes 
des Orgues, à Rio de Janeiro, 20. 

CENTRISQUE ARMÉ. Grand nombre de ces poissons trouvés morts sur les côtes 
du Pégu, 191. + 

CÉPHÉE GUÉRIN, espèce nouvelle de méduse, de la baie de Ja Table, au Cap de 
Bonne-Espérance, 568, pl. 84, fig. 0. 

CÉPHÉE MOSAÏQUE, espèce nouvelle, de Ia rade de Sydney , au Port-Jackson, 569, 
pl. 85, fig. 3. 

CÉRÉOPSIS, oiseau de la Nouvelle-Hollande, très-rare, 46. 

CERF DES MARIANNES, espèce nouvelle, très-commune dans cet archipel, 33. 
Son faon n’a point de taches, à quelque Âge qu'on ie prenne, 34. 


680 TABLE DES MATIÈRES. 


CÉTACÉS ( Remarques sur les ). C’est bien de l’eau qu’ils rejettent habituellement par 
leurs évens, et non de [a vapeur, comme le pense M. Scoresby ; motifs sur lesquels 
nous nous fondons pour combattre l'opinion de cet habile marin, 76-80. 

CÉTOINE DEUX-BANDES, espèce nouvelle d’insecte, de Vaigiou, 548, pl. 82, fig. 5. 

CHARANSON GALONNÉ, espèce nouvelle d’insecte, de [a baie des Chiens-Marins, 
s49, pl. 82, fig. 4. F 

CHEILINE SINUEUSE, espèce nouvelle de poisson, des îles Sandwich, 273. 

CHEILION DORÉ, poisson des îles Sandwich, nommé irox dans la fngue de cet 
archipel. Nous en donnons une figure, 274, pl. 54. » 

CHÉTODONS. Ces poissons abondent dans les régions intertropicales, 187; üls 
accompagnoient quelquefois notre navire pendant près d’un mois, dans le grand 
Océan équatorial. Dans le jour ils fuyoient l'éclat du soleil et cherchoient l'ombre 
sous les flancs de la corvette, 190. 

CHÉTODON BELLIQUEUX, espèce nouvelle, de l'ile Guam; petite et remarquable 
par son courage, 383. 

CHÉTODON LUNULÉ, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 381. 

CHÉTODON MILIAIRE, espèce nouvelle, des îles Sandwich, nommée manini par 
les indigènes, 380, pl°62 , fig. 6. 

CHÉTODON PÉRON, espèce nouvelle, 382. ; 

CHÉTODON TAUNAY, espèce nouvelle, de l'ile Guam , 379, pl. 62, fig... 

CHEVAL. Il erre en grands troupeaux dans les plaines de Rio de Ja Plata "23: et 
aux Malouines, 48. 

CHEVALIERS, oiseaux nombreux à l'ile Guam, sur les bords de la mer, 35; à Timor, 
et aux îles Sandwich, 37. 

CHIEN ANTARCTIQUE, seul mammifère qui appartienne en propre aux îles 
Malouines, 48. On trouve des chiens sauvages aux îles des Papous, où on les 
nomme sofane, à la baïe des Chiens-Marins et au Port-Jackson, Âo ; à la suite des 
troupeaux de bœufs et de chevaux qui errent dans les steppes de Rio de la Plata, 23. 
Le chien n’est pas indigène des îles Mariannes; le no:s qu'il porte dans cet archipel 
suffroit pour Île prouver : c’est celui de galugou, des mots gaga [ animal ] et /agou 
[ côté de [a mer], c’est-à-dire, animal venu par la mer. 

CHIMÈRE ANTARCTIQUE, poisson bizarre, abondant au Cap de Bonne-Espérance ; 
il ne meut sa lourde masse qu’au fond des eaux : on le prend à Fhameçon, 189. 

CHIRONECTE GÉOGRAPHIQUE. Voyez Baudroïe géographique. 

CHONDRACANTHE LISSE, espèce nouvelle de crustacé prise sous [a gorge d'un 
gade de Ia baie de Ja Table , au Cap de Bonne-Espérance, s4tr, pl. 86, fig. 10. 

CHOUCARI VERT, oiseau de Timor, qui n'avoit point encore été figuré, 104, 
pli: 

CHOUETTE. L'espèce commune [ sérix stridula ) se retrouve aux Mariannes, où elle 


TABLE DES MATIÈRES. 681 


est nommée 70nmou, 35; et aux Sandwich, où on la nomme pouéhou, sur les 
rimas ou arbres à pain, 37. 

CHrRomis DU BRÉSIL, espèce nouvelle de poisson, de Ia baie de Rio de Janeïro, 286. 

CITULE PLOMBÉE, espèce nouvelle de poisson, de Ile-de-France , 361. 

CLÉODORE OBTUSE, espèce nouvelle de mollusque, de Ia mer des Indes, 41, 
pl.66, fig. $. Autres espèces peu connues, 415. 

CLinus BAZET, espèce nouvelle de poisson, de la baie de Rio de Janeiro, 255. 

CL1ODITE , nouveau genre de mollusques ptéropodes, ayant, comme son nom lin- 
dique , de très-grands rapports avec les clios, 413. ï 

‘ CLIODITE CADUCÉE, espèce nouvelle, de la mer des Indes, 413, pl. 66, fig. 1. 

CLIODITE EN FUSEAU, autre espèce nouvelle, de la mer des Indes, 414, pl. 66, 
fe2.et.3. 

CLUPÉES, très-petits poissons formant l'espèce dominante aux îles Malouines, 189. 

CLYTIE À GRANDES CELLULES, espèce nouvelle de polypier, trouvée sur le caulinia 
antarctica de ile de Doore, à la baie des Chiens-Marins, 617, pl. 93, fig. 4 et 5. 

CLYTIE ONDULÉE, autre espèce nouvelie, trouvée sur les plantes marines de Ia 
rade de Sydney, au Port-Jackson, 617, pl. 94, fig. 4et s. 

CoarTi. Détails de mœurs sur ce mammifère du Brésil ; il recherche les lieux sombres, 
mange de tout indifféremment, et est susceptible d’attachement, 14. 

COFFRE MACULÉ, espèce nouvelle de poisson, du Cap de Bonne-Espérance , 218. 

COLIBRI TACHETÉ. Sur les bords des torrens, aux environs de Rio de Janeiro, appa- 
roïit quelquefois cet être aérien, qui, par la vivacité de ses mouvémens, semble se 
reproduire dans mille freux à-la-fois, 20. 

COLOMBAR UNICOLOR. Cet oïseau habite l’île Timor, 27. 

COLOMBES À REFLETS MÉTALLIQUES. Habitent la baie des Chiens-Marins, 40. 

COLOMBES, très-communes à Timor et aux îles Mariannes, 27. 

COLOMBE DUSSUMIER, très-commune aux îles Mariannes, 35. 

COLOMBE ÉRYTHROPTÈRE. Habite les îles Mariannes, 35. 

COLOMBE KURUKURU, prononcez kouroukourou ; habite Timor, et les Mariannes où 
on la connoît sous le nom de rotot ; les insulaires de Rawak et Vaigiou [a nomment 
manobo, Le mâle et la femelle sont semblables, 27 et 34. Ses roucoulemens sont 
plaintifs ; se nourrit du fruit rouge d’une orangine épineuse [ limonia trifoliata ],34. 

COLOMBE MACQUARIE, espèce nouvelle, du Port-Jackson, 122, pl. 31. 

CoLoMBE MAUGÉ. Habite lile Timor, 27. 

COLOMBE MUSCADIVORE. Habite les forêts des îles Rawak et Vaigiou ; fait entendre 
de sourds roucoulemens ; est nommée ouapine à l'ile Guébé, et manroua aux îles 
Rawak et Vaigiou, 29. Le mâle ne diffère de la femelle que par un tubercule sur 
le front, et seulement à époque des amours, 119, pl. 20 

COLOMBE PAMPUSAN, espèce nouvelle, des Mariannes; y est très-rare, 121, pl. 30. 


Voyage de l'Uranie, — Zoologie. 8 6 


682 TABLE DES MATIÈRES. 


COLOMBE PINON, espèce nouvelle, de l'ile Rawak, nommée ampahène dans Ja 
Jangue des Papous, et bioutine en idiome de Guébé, 118, pl. 28. 

COLOMBI-GALLINE JAMIESON, espèce nouvelle d'oiseau, du Port-Jackson, vue à 
Regent-ville, sur les bords de Ia rivière Nepean, 123. 

CÔNE DE BANDA, Description anatomique de ce mollusque, 437 et suivantes, 
pl. 69, fig. 7, $, get ro. 

CORALLINE À PETITES PANICULES, espèce nouvelle de polypier flexible , de l’Ile- 
de-France et des Moluques , 626. 

CORALLINE SAGITTÉE, autre espèce nouvelle, de l'Ile-de-France, 625, pl. 95, 
fig. 11 et 12. 

CORLIEUX, oiseaux nombreux à l'ile Guam, sur les bords de la mer, 3. Is habitent 
aussi les îles Sandwich, 37; et les îles Rawak et Vaigiou, où on les nomme man- 
civiène et ancibine. Les insulaires de Guébé les connoissent sous Îe nom de 
sikiakel. 

CORMORANS, oiseaux nombreux au Cap de Bonne-Espérance, sur-tout aux Malouines ; 
leur stupidité ; difficulté de bien reconnoître les espèces, 161. 

CoRYPHÈNES. Ces poissons traversent l'Océan dans tous les sens, et n’ont point de 
limites fixes, 187. 

COTINGA JAUNE. Cet oiseau habite les montagnes des Orgues, au Brésil, 20. 

Coucous. Ces oiseaux habitent les Montagnes-Bleues, au Port-Jackson, 45. 

COUCOU GUIRA-CANTARA, oiseau très-rare aux environs de Rio de Janeiro; habite 
les chairières, 19.11 vit seul, 1 14. Figure exacte de cet oïseau, pl. 26. 

Coucou PIAYE. Habite les clairières aux environs de Rio de Janeiro; est peu 
craintif, 19. 

CoOULEUVRES. L'ile Rawak est, de tous les lieux que nous avons parcourus, celui qui 
nous a offert le plus grand nombre de couleuvres. Il en existe aussi au Port-Jackson 
qui ont de très-grandes dimensions, 171. 

Couroucous. Ces beaux oïseaux habitent les montagnes de Rio de Janeiro, 2 1. 

CRABE BRONZÉ, de la mer des Indes et des îles Mariannes, $22, pl. 76, fig. 1. 

CRAVE NOIR À AILES BLANCHES , oiseau stupide, armé de serres aïgués; habite les 
Montagnes-Bleues, au Port-Jackson, 45. 

CrocODILES. Ceux de Tinor fuient le plus souvent quand on les chasse, 172. 

CROCODILE À DEUX ARÈTES. Nous trouvämes, dans les marais de Babao , à 
Timor, Îa tête osseuse d’un crocodile de cette espèce, 172. 

CRUSTACÉS | Description des }, $22-$41. 

CRUSTACÉS ( Remarques sur les) ; leurs mœurs; les localités qu’ils affectionnent ; leur 
distribution géographique , &c., 517-521. 

CUPULITE, nouveau genre de zoophytes, ayant des rapports de forme avec la cupule 
d’un gland, 580. 


TABLE DES MATIÈRES. 68; 


CuPULITE BOWDICH, espèce nouvelle, des côtes de la Nouvelle-Hollande, en vue 
de l'entrée du Port-Jackson, 580, pl. 87, fig. 14, 1$ et 16. 

CURIMATE GILBERT, espèce nouvelle de poisson, des eaux douces de Rio de 
Janeïro, 219, pl. 48, fig. 1. 

CYANÉE LABICHE, espèce nouvelle de méduse, du grand Océan équatorial, 571, 
pl 84, fig. 1. 

CYANÉE ROSE, autre espèce nouvelle, des côtes de la Nouvelle-Hollande, non loin 
du Port-Jackson, $70o, pl. 85, fig. à. 

CYGNE Noir. Cet oiseau, nommé mouloo par les indigènes , habite les eaux tran- 
quiiles des rivières du Port-Jackson, 45. 


D 


-DamiEr. Voyez Pétrel damier. 

DANAÏDE ÉLEUTHO, espèce nouvelle de papillon, de Guam, 554, pl. 83, fig. 2. 

DANAÏDE EUNICE, espèce nouvelle, de Guam et de Java, 555, pl. 83, fig. 1. 

DaASyuRE MAUGÉ. Détails sur les mœurs de ce mammifère ; il est malfaisant; ïl 
finira par ne plus exister aux environs du Port-Jackson, 5 $, pl. 4. 

DauPHINs. Observations sur quelques habitudes propres à ces animaux. Nous 
n'avons jamais vu les dauphins rejeter de l’eau par leur évent, 79 et 87. Ils 
vivent de poissons, et paroissent très-friands de la tête des sèches, 89. 

DAUPHIN ALBIGÈNE, espèce nouvelle, du grand Océan austral, 87, pl. 11, fig..2. 

DAUPHIN CRUCIGÈRE, espèce nouvelle ; du grand Océan austral, 87, pl. 11, fig. ke 

DAuUPHIN PÉRON, vu dans les parages de la Nouvelle-Guinée, 87. 

DAUPHIN RHINOCÉROS, espèce nouvelle, du grand Océan équatorial, 86, pl. 11, 
fig. 1. 

DAURADE UNICOLORE, espèce nouvelle de poisson, de la baïe des Chiens-Marins, 
299. 

DENTÉ À SIX DENTS, espèce nouvelle de poisson, de la baïe de Coupang, à 
Timor, 301. Habite à de grandes profondeurs, 302. 

DENTÉ DE VAIGIOU, autre espèce nouvelle, de [ile Vaïgiou, 302. 

Dracopezs. Ces poissons, des régions équatoriales, habitent le long des côtes ro- 
cheuses où [a mer est profonde et limpide, 187. 

Dracope CALVET, espèce nouvelle, d’une couleur d’or très-brillante, de la baïe de 
Coupang, à Timor, 306, pl. 57, fig. 1. 

DIACOPE DE VAIGIOU, espèce nouvelie, de l'ile Vaigiou, 307. 

DiACOPE RAYÉ, autre espèce nouvelle, de l’île Vaigiou, 309. 

DIANÉE DUBAUT, espèce nouvelle de méduse, de la Méditerranée, près des îles 
Baléares, 566, pl. 54, fig. 3. 


86* 


684 TABLE DES MATIERES. 


DiANÉE GABERT, espèce nouvelle, de Ia terre d'Endracht, 5 56, pl. 84, fig. 2. 

DIoDON BLEU, espèce nouvelle de poisson, de Ia Nouvelle-Guinée et des îles Ma- 
riannes. Il se nourrit de madrépores, est réputé venimeux, et on ne mange point 
sa chair, 2o1et 600, pl. 65, fig. 5. 

Dipxie BoRry. C'est le biphore biparti de M. Bory de Saint-Vincent. Nous avons vu 
cet acalèphe dans l'Océan atlantique, [a mer des Indes, l'archipel de Timor, et 
sur les côtes de la Nouvelle-Holïlande, 77, pl. 86, fig. 12. 

DoLABELLES. Nous avons trouvé de ces mollusques à l'Ile-de-France, aux îles des 
Papous, à Timor, aux Mariannes; ils laissent transpirer de eur partie supérieure 
une matière violette, colorante, 422, 

DRONGO. Oiseau de Timor, de Rawak et Vaigiou, friand de fa liqueur du fatanier. On 
le nomme kakraya à Timor, 28. 

Duconc. L'ile Dirck-Hatichs, à fa Nouvelle-Hollande, a fourni deux mächoïres 
inférieures de ce cétacé herbivore, 89; ce qui pourroit faire supposer qu'il existe 
quelque ruisseau d’eau douce au fond de la baie des Chiens-Marins. 

DYNAMÈNE À COURTE CELLULE, espèce nouvelle de polypier flexible, des îles 
Malouines, 613. é 

DYNAMÈNE CRISIOÏDE, autre espèce nouvelle excessivement petite, des îles Rawak 
et Vaigiou, 613, pl. 90, fig. 11 et 12. 


E 


ÉLATERS ; Ou TAUPINS, insectes phosphorescens , excessivement nombreux à Rio 
de Janeiro, 14. : 

ÉLÉOTRIS NOIR, espèce nouvelle de poisson, de l'île Vaigiou, 259, pl. 60, fig. 2. 

ÉPÉIRE NOTACANTHE. Voyez Araïgnée notacanthe. 

ÉPERVIER ANOMAL | chimango de d’Azara | , habite la plaine des environs de Rio de 
Janeiro parmi les troupeaux; ne paroît pas participer des mœurs féroces de sa 
famille, et se nourrit de tiques qu'il prend sur le dos des bœufs; il est très- 
défiant, 19. 

ÉPONGE DACTYLOÏDE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 631, pl. 94, fig. 1. 

ÉPONGE ESCHARIFORME, espèce nouvelle, des îles Rawak et Vaïgiou, 630. 

ÉPONGE GERCÉE, espèce nouvelle, des îles Rawak et Vaigiou , 629, pl. 94, fig. 2 
et 3. 

ÉPONGE LAMELLIFÈRE, espèce nouvelle, des îles Mariannes, 631, pl. 93, fig. 1. 

ÉPONGE SPONGILOÏDE, espèce nouvelle, des îles Rawak et Vaigiou, 630. 

ÉPONGE VERMOULUE , espèce nouvelle, des iles Rawak et Vaigiou, 630, pl. 92, 
fig. 1 et2. 


TABLE DES MATIERES. 635 


ÉQUORÉE À BORD BLEU, espèce nouvelle de méduse, des îles de l'Amirauté, 563, 
pl. 84, fig. 7 et 8. 

ÉQUORÉE DEMI-ROSE, espèce nouvelle, de la Nouvelle-Guinée, 564, pl. 84, fig. 6. 

ÉQUORÉE GRISE, espèce nouvelle, des îles de l'Amirauté, 563, pl. 84, fig. 4 et s* 

ÉQUORÉE PONCTUÉE, espèce nouvelle, du grand Océan boréal, 564, pl. 85, 
fig. 4. 

ÉRICHTHES, crustacés que l’on trouve errans dans les mers, 517. 

ESCLAVE DE TIMOR, espèce nouvelle de poisson, de Ja baie de Coupang, 341. 

ESCLAVE SIX-LIGNES, espèce nouvelle, de la baie des Chiens-Marins, 340, pl. 60, 
fig. 1. 


F 


FAUCHEUR ACANTHOPE, mâle et femelle, espèce nouvelle d’arachnide, de Rio 
de Janeiro, 546, pl. 82, fig. 2 et 3. 

FIGUIERS, oiseaux qui habitent les îles Sandwich et le Port-Jackson, 36. 

FIROLE ROUSSE, espèce nouvelle de mollusque, de la mer des Indes. Aperçu sur 
ces animaux, 91, pl. 87, fig. 2. 

FLUSTRE À COLLIER, espèce nouvelle de polypier flexible , des îles Malouines, 610, 
pl. 8 fig. 7et8. 

FLUSTRE À DIADÈME, espèce nouvelle, des îles Malouines, 609, pl. 89, fig 3, 4, 
s et 6. 

FLUSTRE À GIBECIÈRE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 607, pl. 95, fIOTE 
2 et 3° 

FLUSTRE À GRANDE OUVERTURE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 604, pl. 93, 
fig. 6 et 7. 

FLUSTRE À PETIT NID, espèce nouvelle, des îles Malouines, 607, pl. 05, fig. 4 
et 5. 

FLUSTRE À PETITS SILLONS, espèce nouvelle, des îles Malouines, 609, pli. 02, 

hp: Jet 4: 

FLUSTRE À PETIT VASE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 606, pl. 91, fig. 6 
et 7. 

FLUSTRE ÉPINEUSE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 605 , pl. 89, fig. 1 et 2. 

FLUSTRE GENTILLE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 608, pl. 92, fig. s et 6. 

FLUSTRE GLOBIFÈRE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 608, pl. 89, fig. 9 
et 10. 

FLUSTRE GRANULEUSE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 605. 

FLUSTRE MARGARITIFÈRE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 606, pl. 92, 
fig. 7 et 8. 


636 TABLE DES MATIÈRES. 


FLUSTRE ONDULÉE, espèce nouvelle, des îles Malouines, 604. 

FONGIES. Leurs animaux ont de lanalogie avec Ie tissu charnu et membraneux des 
actinies, 595. Remarques sur ces polypes, 644 et suiv. 

FONGIE ROUGE, belle espèce nouvelle, de File Guam, 644, pl. 06, fig. 1 , 2.. 

FouLQuEs. Ces oïseaux habitent les plantations d’arum, aux îles Sandwich, 37. 

Fous. Oïseaux au moins aussi répandus à la surface du globe que les pétrels ; avec 
cette différence que leurs espèces ne paroïissent pas si régulièrement limitées à 
certains parallèles. Ils s’éloignent peu des côtes, dont ils annoncent l'approche, 
155. Ils peuvent faire découvrir des terres; exemple à ce sujet, 157. Se reposent 
rarement sur les navires; ce que font souvent les noddis, avec lesquels on les a 
confondus , 158. 

Fou À MEMBRANES ROSES, espèce nouvelle, des îles Mariannes, 156. 

Fou BOUBIE , très-commun à Rio de Janeiro à certaines époques. Sa taille moyenne, 
sa couleur toute brune , quelquefois avec le ventre blanc, le font aisément recon- 
noître. De ses habitudes, 156. à 

Fou DE BASSAN, répandu sur toutes les mers; c’est ie anche de velours du Cap de 
Bonne Espérance; tout blanc avec le dessus des ailes noir , il est facile à distiu- 
guer, même de loin. Nous le vimes à l'Ile-de-France; auprès de [a baïe des Chiens- 
Marins ; à Timor; aux îles Howe, qui précèdent le Port-Jackson; devant Amboine; 
aux Mariannes ; autour de l’île Rose, &c. &c., 155. 

FRAI DE POISSONS, si rare en pleine mer que nous n’en avons jamais vu; les petits 
globules que les matins prennent pour du fraï, sont des zoophytes, soi. 

FRÉGATES. Oiseaux qui ne doivent pas être considérés comme pélagiens ; on ne les 
voit le plus ordinairement qu'à l'approche des terres. Timor, File Rose, Rio de 
Janeiro et le voisinage de l’île de l’Ascension, sont les lieux qui nous en ont offert 
le plus grand nombre, 154. Les frégates des iles Carolines sont nommées padjia- 


djia par les Mariannais. 


G 


GADES, poissons de la baie de Ha Table, au Cap de Bonne-Espérance, 180. 

GaALs. Ces poissons abondent dans les marchés de la ville de Rio de Janeiro, 189. 

GALAXAURE ROIDE, variété nouvelle de polypier fléxible, de l'Ile-de-France et de la 
mer des Indes, 623, pl.91, fig. 10,11. 

GECKO À GOUTTELETTES, gros lézard de Timor qui a un cri tout particulier, 172. 
Nous avons rapporté plusieurs espèces de geckos de Timor, de Rawak, de la baïe 
des Chiens-Marins, des Mariannes et de l'Ile-de-France. 

GÉLASIMES, crustacés très-communs aux environs de la baie de Rio de Janeiro. La 
vase dans laquelle ils habitent est criblée de trous. De leurs mœurs, ÿ 18. 


TABLE DES MATIÈRES. 687 


GERRÈS DE VAIGIOU, espèce nouvelle d’un nouveau genre de poissons, de l'ile 
Vaigiou, 292. 

GERRÈS PETITE-BOUCHE, espèce nouvelle, de Rio de Janeiro, 293. 

GIRELLE AXILLAIRE , espèce nouvelle de poisson, des îles Sandwich, 272. 

GIRELLE DUPERREY, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 268, pl. 56, fig. 2. 

GIRELLE GAIMARD, espèce nouvelle, des îles Sandwich, nommée iraréa louaïné 
par les habitans des îles Owhyhi, Mowi et Wahou, 265, pl. 54, fig. 1. 

GIRELLE GEOFFROY, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 270, pl. 56, fig. 3. 

GIRELLE RAIE-AURORE, espèce nouvelle, des iles Sandwich, nommée o-ouma 
maaou véla à Owhyhi, Mowi et Wahou, 267, pl. 56, fig 

GIRELLE TÉNIANOTE, espèce nouvelle, de Pile Vaïigiou, 271. 

GLyraisopons. Ces poissons abondent dans les régions intertropicales, sur les fonds 
de peu de profondeur, 187. Ils accompagnoïent quelquefois notre navire pendant 
près d’un mois, dans le grand Océan équatorial. Dans le jour, ils cherchoient 
lombre sous les flancs de la corvette, 190 et 391. 

GLYPHISODON ABDOMINAL, espèce nouvell&, des îles Sandwich, 390. 

GLYPHISODON AZUR, espèce nouvelle, de Timor et des Mariannes, 302, pl. 64, 
fig. 3. 

GLYPHISODON BIOCELLÉ, espèce nouvelle, de l’île Guam, 389. 

GLYPHISODON DE VAIGIOU, espèce nouvelle, de l'ile Vaigiou, 301. 

GLYPHISODON SPAROÏDE, espèce nouvelle, de l'Ile-de-France, 304. 

GLYPHISODON UNIOCELLÉ, espèce nouvelle, des îles Timor et Guam, 393, 
pl. 64, fig. 4. 

GLYPHISODON VIDAL, espèce nouvelle, de l'ile Guam, 388, pl. 62, fig. 7. 

GOBE-MOUCHE LEUCOMÈLE. Cet oïseau habite, à Montévidéo, les halliers de faux 
artichauts épineux, 24. 

GoËLANDSs. L'espèce commune se retrouve au Cap de Bonne-Espérance, au Port- 
Jackson, à la baie des Chiens-Marins, aux îles Malouines, à Montévidéo et à 
Rio de Janeiro. Dans Ia rade de cette dernière ville, on fait la chasse à ces oiseaux 
pour se nourrir de leur chair, 168. 

GomPHoses. Ces poissons, des mers de l’Inde et du grand Océan, habitent les 
côtes rocheuses des iles Sandwich, où [a mer est profonde et limpide, 187 et 282. 

GOMPHOSE COMMERSON, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 282, 

GomMPHOSE LACÉPÈDE, espèce nouvelle, des Sandwich, 280, pl. 55, fig. 2. 

GRAPSE PEINT. Habite la Caroline, les Antilles, la baie des Chiens-Marins et 
les Mariannes. Manière dont ce crustacé change d’enveloppe, 523, pl. 76, 
fig. 2. 

GRÈBE ROLLAND, espèce nouvelle d'oiseau, des îles Malouines ; ses yeux sont 
très-brillans ; le jeune est rayé en long, 133, pl. 36. 


688 TABLE DES MATIÈRES. 


GRIVE DES MALOUINES, espèce nouvelle d'oiseau qui ne fait que passer dans ces 
iles ; sa patrie paroît être l'extrémité de Ï’Amérique méridionale, 104. 

GROS-BEC PLOMBÉ. Oiseau des montagnes des Orgues, à Rio de Janeiro, 20. 

Guam (île), capitale des îles Mariannes ; son étendue, son sol en partie volcanique ; 
sa végétation naturelle est peu brillante, 32; nous en avons reconnu toutes les 
productions, 36. Facilité pour y étudier les polypiers, 504 

GUÉËPIER À LONGS BRINS. Oiseau qui se plaît sur les casuarinas de a petite île 
Kéra, dans la baie de Coupang, à Timor, 28. 

GuIT-GUIT BLEU. Ce charmant oïseau habite les environs de Ia baie de Rio de 
Janeiro, où les montagnes sont peu élevées, où le terrain est cultivé, et où 
lon voit des fermes éparses, 18. 


H 


HÉLICARION. Genre nouveau de ffollusques, du Port-Jackson, 465. 

HÉLICARION FREYCINET, espèce nouvelle, du Port-Jackson, découverte dans les 
forêts qui bordent la Nepean; son anatomie, 465, pl. 67, fig. 1. 

HÉLICTÈRES. Remarques sur ce groupe de coquilles, des îles Sandwich, 475. 

HErIX ARGILACEA; a été trouvée à Timor et à Rawak, 468, pl. 67, fig. 6 et 7. 

HELIX AURIS-LEPORIS, du Brésil; commune aux environs de Rio de Janeiro, 483. 

HELIX CANDIDISSIMA, a été trouvée aux îles Mariannes, 468. 

HELIX CIRCUMDATA, espèce nouvelle, des îles Rawak et Vaïgiou, 470, pl. 67, 
fg. 12 et 13. 

HELIX CITRINA, très-belle et grande variété, de Vaigiou, 471, pl. 67, fig. 2 et 3. 

HELIX CONCISA, espèce nouvelle, de file Rawak, 470. 

HELIX CONFORMIS, espèce nouvelle, de l’île Timor, 467, pl. 67, fig. 4 et s. 

HELIX CONTORTA, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 469. 

HELIX CONTRARIA, coquille terrestre, très-commune à Timor, 474, pl. 67, fig. 8 
et 9. 

HELIX CRISTULA, espèce nouvelle, de l'ile Rawak, 471. 

HELIX DECORA, variété, des îles Sandwich, 478. 

HELIX EXCLUSA, espèce nouvelle, 472. 

HELIX GRAVIDA, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 478, pl. 68, fig. 4 et 5. 

HELIX LAMELLOSA, du Port-Jackson et des îles du grand Océan, 469. 

HELIX LITA, espèce nouvelle, du Brésil, 473, pl. 67, fig. 10 et 11. 

HELIX LORATA; trois variétés, des Sandwich, 479, pl. 68, fig. 8,9, 10, 1ret 12. 

HELIX LUGUBRIS, des îles Sandwich, 4709. 

HELIX LUTEOLA. Provient probablement des îles Mariannes, 480. 


TABLE DES MATIÈRES. 689 


HELIX MISELLA, espèce nouvelle, de l’île Guam, 473. 

HELIX PUTRIS, variété, de l'île Guam, 467. 

HELIX RAWAKENSIS, espèce nouvelle, de l'ile Rawak, 483. 

HELIX SPIRIZONA, des îles Sandwich, 480. 

HELIX TEXTILIS, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 482. 

HELIX TRISTIS, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 482, pl. 68, fig. 6 et 7. 

HELIX TURRITELLA, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 481. 

HELIX VENTULUS, de l'ile Guam, 481. 

HELIX VULPINA, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 477, pl. 68, fig. 13 et 14. 

HELIX ZONARIA, variété, des îles Timor et Vaigiou, 469, pl. 67, fig. 14 et 15. 

HÉOROTAIRE, oiseau rouge avec les plumes duquel les naturels des îles Sandwich 
font leurs superbes manteaux; nous n’avons pu voir un seul de ces oiseaux, 37. 

HERMITES. Voyez Pagures. 

HÉRONS. Ces oiseaux sont nombreux à l’île Guam, sur Îles bords de Ia mer. 7 rhou- 
tchoukou est le nom que leur donnent les insulaires de cet archipel; ils ajoutent le 
mot apaka | blanc) pour désigner le héron blanc, et atoulou ( noir) pour désigner 
le héron noir, 35. 

HÉRON AUX AILES NOIRES, commun dans les marais de l'île Guam. Les habitans 
des Mariannes le nomment kakag, 35. 

Hippes. Crustacés qui habitent constamment sous Îles sables humides ; ils sont 
très-communs à Rio de Janeiro ; les pêcheurs en font des appâts, 518. 

H1iPPONYCE RAYONNÉE, espèce nouvelle de mollusque, découverte sur la coquille 
du ptérocère araignée ; sa description anatomique, 454, pl. 69, fig. 1,2, 3, 
4 ets. 

HIRONDELLES DE MER. En grand nombre, elles annoncent l’approche des terres. 
Il y en a beaucoup à la baie des Chiens-Marins ; l'espèce toute blanche, dont 
les plumes sont soyeuses et satinées comme celles des paille -en-queues, est 
commune aux îles Mariannes ; elle habite aussi le Cap de Bonne-Espérance et 
l'île Christmas, 160. 

HOMME ( Quelques remarques sur P), 1—11. 

HUÏTRIER NOIR, de la baie des Chiens-Marins et des îles Malouines. Nous le 
donnons avec doute comme devant former une espèce, 129. Il est défiant, 
chasse Ja nuit, et est muni d’un tubercule au pli de laile. Les huîtriers noirs, et 
ceux revétus de noir et de blanc, vivent en troupes nombreuses. N’ouvrent point 
les huîtres, comme on le croit assez généralement, 130 et 168, pl. 34. 

HUPPE-COI, oïseau-mouche que l’on voit à Rio de Janeiro dans les jardins, autour 
des bananiers et des passiflores, 18. 

HYDROCYN FAUCILLE. Ce poisson, qui est le sa/mo falcatus de Bloch, provient de 
la baie de Rio de Janeiro, 221, pl. 48, fig. 2. 


Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 8 7 


Lu 


% 


690 TABLE DES MATIÈRES. 


nf 


IBIS DES BOIS, oiseau qu'on trouve à Montévidéo; fréquente les voiries; il est 
très-défiant, 24. Nous avons rapporté du Brésil libis vert et l'ibis à tête rousse. 

INSECTES ( Description des), 546—5 58. 

INSECTES { Quelques remarques sur la distribution géographique des ). Nos belles 
collections d’insectes du Port-Jackson, et celles plus précieuses encore des îles 
des Papous, qui contenoiïent un très-grand nombre d’espèces nouvelles, furent 
englouties sous Tes eaux lors du naufrage de l'Uranie, 542. 


J 


Jacanas. Ces oiseaux fréquentent les petites mares d’eau douce, à Rio de Janeiro, 19. 

JACARINI, oiseau des environs de Rio de Janeiro: est d’un noir bronzé, se perche 
à la cime des mimosas, fait brusquement des bonds verticaux et retombe toujours 
à la même place, 19, 

JANIE COMPRIMÉE, espèce nouvelle de polypier flexible, du Port-Jackson, 624, 
pl. 90,: fig. 8,0 et 10. 


K 


KAKATOËS. Ces oïseaux se trouvent dans tout larchipel d'Asie et à [a Nouvelle- 
Hollande: Ceux de Ia première Iocalité sont plus petits, blancs, plus susceptibles 
d'édütation, 27. Îl'éxiste à Vaïgiou un petit kakatoës noir très-défiant, et qui 
ressemble au blanc pour fa forme et le cri, 30. Le kakatoës blanc ou à crête 
est commun dans les Montagnes-Bleues, auprès des fermes isolées, 43. Le kaka- 
toës banksien a le vol Ient, mesuré, et le cri aigre, 45. 

KANGUROOS, nommés ourous par les indigènes des environs de Sydney. Obser- 
vations sur la progression de ces animaux et [a manière dont on les chasse au 
Pürt:Jackson, 67. Où finira par les détruire, 42. 

KANGUROO À BANDES, habite es îles de Dooré, Bernier et Dirck-Hatichs, 30. 

KANGÜROO-LAINEUX, Grande éspèce nouvelle: et rare, des environs du Port-Mac- 
quarie; sa Couleur est d’un: roux ferrugineux semblable à celui de la vigogne, 
65; pl'9. 

KANGUROO LAINEUX GRIS, autre espèce nouvelle, également à poil laineux, mais 
de couleur grise : elle habite les Montagnes-Bleues, 46, 

KANGUROO-RAT. Voyez Potoroo White. 


TABLE DES MATIÈRES. 69 


L 


LABRE ARAGO, espèce nouvelle de poisson, de Rawak et Vaigiou, 263, pl.65, fig. 2. 

LABROÏDES. Cette famille de poissons abonde dans les régions intertropicales ; elle 
habite les côtes rocheuses battues par une mer profonde et limpide, 187. Elle est 
peu nombreuse à Rio de Janeiro, 1 80. Les îles volcaniques des Sandwich semblent 
être plus spécialement habitées par Îles labres : les naturels les mangent crus au 
sortir de l’eau et encore palpitans, 190. Ces poissons ne paroissent point fré- 
quenter en grand nombre les côtes coralligènes et herbeuses des Moluques et des 
Mariannes, ibid. 5 l 

LAMPYRES, insectes phosphorescens, excessivement nombreux à Rio de Janeiro, 14. 

LANGOUSTE BORDÉE, espèce nouvelle de crustacé, des Sandwich, 537, pl. 81. 

LANGRAYENS, oiseaux assez communs à Coupang, sur File Timor. Ils planent des 
journées entières, dans les régions élevées, et leur vol ressemble à celui des 

” hirondelles, 28. Le langrayen à ventre blanc est nommé kaméko à Timor. 

LAOMÉDÉE ARTICULÉE, espèce nouvelle de polypier, des îles Rawak et Vaigiou , 
619; pl. 91, fig. 4et 5. 

LEICHE LABORDE, espèce nouvelle de poisson , de l'Ile-de-France, 197, pl. 44, fe. 1. 

LEICHE DU BRÉSIL, espèce nouvelle, de Ia baie de Rio de Janeiro, 198. 

LEMNISQUE. Nouveau genre de zoophytes, ayant [a forme d’un ruban, 582. 

LEMNISQUE BORDÉ DE ROUGE, espèce nouvelle, du détroit d'Ombaï, dans l'archipel 
de Timor, 582, pl. 86, fig. 1. 

LEPTOCÉPHALES, singuliers poissons pélagiens; lenteur de leurs mouvemens; ils 
paroissent changer de peau; nous en avons trouvé dans l'océan Atlantique, au Cap 
de Bonne-Espérance, dans les Moluques, près des côtes de [a Nouvelle-Guinée, 
des îles de l'Amirauté et des îles Carolines, 248. 

LEPTOCÉPHALE TÆNIA, espèce nouvelle, 240. \ 

LÉZARDS. Ils abondent aux Marianues et par-tout entre les tropiques. Aux îles 
Sandwich, ils sont en petit nombre et le peuple les a en horreur, 172. 

LICHE QUIEBRA ( quiebra acha de Parra ). Description plus complète de ce 
poisson, du Brésil, 365. j 

LIMACE GRANDE-DENT, espèce nouvelle de mollusque, du Port-Jackson, 426. 

LIMACE NÈGRE, autre espèce nouvelle, du Port-Jackson, 427. 1: 

LIONS MARINS. Voyez Phoques. 

LiITHOPHYTES. Considérations sur ces êtres. Ils ne jouissent point d’une vie com- 
mune; ce sont des animaux tous plus ou moins rayonnés, 548. Woyez Polypes 
lithophytes. fs 

LORI TRICOLOR, habite les îles Rawak et Vaigiou , où on le nomme magniaourou 


87 


* 


692 TABLE DES MATIÈRES. 


et maniauri; les insulaires de Guébé le nomment ri; ses couleurs sont plus 
éclatantes après la mort, 29. On l'élève facilement, mais il meurt à bord des 
vaisseaux, 30. 

LORI ROUGE, se rencontre dans les mêmes localités que le précédent : comme lui 
il va en troupes, vole avec rapidité en poussant des cris perçans, et mange les 
fleurs très-sucrées et charnues d’un grand arbre de Îa famille des myrtes, 29. 

LORIOT PRINCE-RÉGENT, du Port-Jackson; cet oiseau y est rare et cher; habite 
les bords de Ia rivière Paterson, dans Iles broussailles épaisses. Ce n’est pas un 
philédon, comme Ie dit Lewin, 105$, pl. 22. 

LUTJAN DEMI-CERCLÉ, espèce nouvelle de poisson, de Rawak et Vaigiou, 303. 

LUTIAN UNIMACULÉ, autre espèce nouvelle, de Rawak et Vaigiou, 304. 


M 


MaADRÉPORES. Tous Îles madrépores, proprement dits, se trouvent dans les endroits 
les plus calmes, 565. Remarques sur quelques espèces diversement colorées, 596. 

MADRÉPORE EN CORYMBE. Ses polypes sont jaunes, 652, pl. 06, fig. 3. 

MADRÉPORE PROLIFÈRE. Ses polypes sont verdâtres , 653, pl. 06, fig. 4. 

Maïas, crustacés de la baie de Rio de Janeiro; ils ne quittent pas le fond des 
eaux. Nous en trouvâmes un grand nombre sur les câbles de notre navire, 518. 

MALOUINES (îles), firent probablement jadis partie du continent de l'Amérique. 
Elles offrent une foule de baies, de montagnes arides ou de plaines basses, tour- 
beuses, entrecoupées par la mer; beaucoup de lacs d’eau douce. On n’y voit aucun 
arbre; leur ressemblance est parfaite sous ce rapport avec les vastes pampas de 
Rio de Ia Plata, 48—409. La plupart des oïseaux émigrent pendant fhiver, so. 
Ceux de mer y abondent, 161. II ny a presque point d'insectes, 543. 

MAMMIFÈRES ET OISEAUX | Considérations générales sur quelques), présentées 
suivant l’ordre successif des lieux explorés par notre expédition, et spécialement 
relatives aux mœurs et à la distribution géographique de ces animaux, 12—$0o. 

MaAMMIFÈRES (Description des), $1—-67. 

MANAKIN AUX LONGUES PENNES, Ce joli oiseau habite les montagnes des Orgues, 
à Rio de Janeiro ; fait entendre des roucoulemens amoureux, 20. 

MANAKIN GOITREUX, habite les bois touffus des environs de Rio de Janeiro; 
s’agite avec rapidité et fait entendre un bruit semblable à de fortes pétarades, 19. 

MANCHE DE VELOURS. Voyez Fou de Bassan. 

MANCHOTS, habitent par milliers, et à certaines époques, les Malouines. Obser- 
vations sur leurs mœurs, leur migration, &c., 162 et suiv. Ils sont difficiles 
à tuer; manière dont on s’y prenoit, 165. Le manchot huppé est rare aux 


TABLE DES MATIÈRES. 693 


Malouines; il en est de même du grand manchot, que nous vîimes aussi entre 
File Campbell et le Cap Horn, 167. Ces oiseaux détruisent tout le poisson de 
ces parages, 189. 
MaARIANA. Nouveau genre d'animaux agrégés peu connus, des îles Mariannes, s15. 
MaARIANA ROUGE, espèce nouvelle, de l’île Guam, 515, pl. 86, fig. 8. 
MaARIANNES | Iles ). Voyez Guam. 
MaRIkINA. Ce joli singe, à pelage doré, habite les environs de Rio de Janeiro, 22. 
MaARTIN-CHASSEUR, genre indiqué par M. Levaillant et établi par M. Leach. On 
trouve ces oiseaux fort avant dans les terres, loin des ruisseaux, 30 et 112. 


MARTIN-CHASSEUR À TÊTE ROUSSE, est commun aux Mariannes, sur-tout à 
Guam, où lon croit qu'il mange les petits poulets, opinion que nous ne parta- 
geons pas. Il abonde dans les forêts, 35. 

MARTIN-CHASSEUR CHLOROCÉPHALE, se trouve seulement à Rota, une des îles 
Mariannes, 35. à 

MARTIN-CHASSEUR CHOUCAS ou GÉANT, des forêts du Port-Jackson, remarquable 
par sa grosseur, sa voix forte, et le singulier bruit, semblable à des éclats de rire 
immodérés, que plusieurs de ces oiseaux réunis font entendre, 43. 


MARTIN-CHASSEUR GAUDICHAUD, espèce nouvelle remarquable par lélégance 
de son plumage, des îles Rawak et Vaïgiou, où elle est nommée mangrogrone 
et mankinetrous, Les insulaires de Guébé la nomment salba, 112, pl. 25. 

MARTIN-PÊCHEUR, des environs de Rio de Janeiro ; habite le long des ruisseaux, 
aime à se percher au-dessus des torrens, 19. 

MAUVES, et préférablement MOUETTES. L’espèce commune se retrouve au Cap 
de Bonne-Espérance, au Port-Jackson, à [a baie des Chiens-Marins, aux îles 
Malouines, à Montévidéo et à Rio de Janeiro, 168. 

MÉANDRINES. Remarques sur ces polypiers, et leurs animaux : ïls ont une crois- 
sance déterminée qu'ils ne dépassent pas, 595. 

MÉANDRINE CÉRÉBRIFORME. Représentée seulement pour montrer l'aspect et 1a 
couleur de Panimal, pl. 96, fig. 8. 

MÉDUSES. Considérations générales sur ces zoophytes pélagiens et sur leur orga- 
nisation ; ils sont répandus dans toutes les mers, sur-tout entre les tropiques, 5 ;9. 


MÉGAPODE, genre nouveau d'oiseaux faisant le passage des gallinacés aux échassiers; 
habite les Moluques, les îles des Papous, les Mariannes et les Philippines. Ces 
oiseaux sont timides, volent peu, et fréquentent les lieux humides, 30 et 124. 


MÉGAPODE FREYCINET, espèce nouvelle, de l’île Vaigiou, où elle est nommée 
mankirio, Les insulaires de Guébé la connoissent sous le nom de évine, 125, 
pl. 32. 

MÉGAPODE LA PÉROUSE, autre espèce nouvelle , des îles Mariannes, nommée 


694 TABLE DES MATIÈRES. 


sasségniat par les indigènes. I paroît ne plus se trouver qu'à Tinian, où il est 
très-rare, 127, pl. 33. 

MÉNURE, nommé aussi oiseau-lyre et lyre magnifique, parce qu’il déploie en lyre 
élégante Îles plumes de sa queue ; 1! se plaît sur les monts rocailleux , au Port- 
Jackson, et le poste de Spring- Wood est l'endroit où il y en a le plus, 45. 

MÉRION NATTÉ, espèce nouvelle d'oiseau, de la presqu'ile Péron, à la baïe des 
Chiens-Marins ; ses habitudes ; se tient le plus souvent à terre, 107, pl. 23, 

fig. 1. 

MÉRION LEUCOPTÈRE, autre espèce nouvelle, de l’île Dirck-Hatichs, à la baie des 
Chiens-Marins, 108, pl. 23, fig. 2. 

MERLE DES COLOMBIERS; est très-répandu aux îles Mariannes, où on le nomme 
sali; ses mœurs; son chant a beaucoup de variété, 35. 

MERLE NOIR, trouvé au Cap Horn et aux Malouines, 49. 

MIiLLÉPORE BLEU, polypier commun à Guam, 594. . 

MILLÉPORE CORNE D'ÉLAN, de Guam. Causticité remarquable de.ses animaux, 
s97. Les polypes du millépore bleu et de celui à corne d’élan paroissent aimer 
l'agitation des flots, 594. 

MOLLUSQUES ( Description des}, 410—5 16. 

MOLLUSQUES MARINS ( Description anatomique de quelques }, 437—461. 
MOLLUSQUES PÉLAGIENS, considérés comme causes de Îa phosphorescence de Îa 
mer , 402. Ils ont une odeur qui a des rapports avec celle de l'électricité, 4o7. 
MOZLUSQUES TERRESTRES ET FLUVIATILES ( Description des )}, 465$ — 490. 
Remarques sur ces animaux , sur les focalités qu'ils affectionnent et sur leur 

distribution géographique, 462. É 

MONACANTHE FER-À-CHEVAL. Voyez Baliste fer-à-cheval.  - 

MONACANTHE FREYCINET. Voyez Baliste Freycinet. 

MONACANTHE PELLION. Voyez Baliste Pellion. 

MONACANTHE SANDWICHIEN. Voyez Baliste sandiwichien. 

MONOCHIRE RAYÉ, espèce nouvelle de poisson, de la baie de Rio de Janeiro, 238. 

MonNoPHORE. Nouveau genre de mollusques, 495. 

MONOPHORE RUDE, espèce nouvelle, de l'Océan indien, 49. Difficulté de classer 
cet animal, 496, pl. 87, fig. 4et 5. 

MONTÉVIDÉO. Aperçu sur son sol, qui ne présente que des plaines herbeuses, 23. 

MOUCHEROLLES. Oiseaux de Îimor, 28. Celui à queue en éventail se tient dans 
les buissons, à Guam, 35. Il y a deux moucherolles, noir et blanc, aux îles 
Sandwich , où on les nomme érépéio, 36. Nous avons aussi rapporté plusieurs 
espèces de moucherolles du Brésil et de Ia baie des Chiens-Marins. 

MOUETTES ou MaAUVvEs. Nous avons retrouvé l'espèce commune dans plusieurs 
lieux de lhémisphère austral : au Cap de Bonne-Espérance, au Port-Jackson, à 


TABLE DES MATIÈRES. 695 


la baie des Chiens-Marins, aux îles Malouines, à Momtévidéo et à Rio de Janeiro. 
La chair de ces oiseaux est estimée dans cette dernière ville, 168. 

MOURINE À CINQ AIGUILLONS. Voyez Raïe à cinq aïguillons. 

MouTon pu Cap, nom que les marins français donnent au grand albatros ou 
albatros commun | diomedea exulans). Voyez Albatros. 

Muces. Ces poissons se cachent dans les trous des ruisseaux d’eau douce, aux îles 
Malouines, 180. f 

MucE CHRÉTIEN, espèce nouvelle, de l'île Vaigiou, 337, pl. 59, fig. 2. 

MUGE FERRAND, autre espèce nouvelle, de [a rade de Sydney, au Port-Jackson, 
338, pl. 59, fig. 3. 

MULLE MULTIBANDE, espèce nouvelle de poisson, des îles Sandwich, nommée 
mouano aux îles Owhyhi, Mowi et Wahou, 330, pl. 59, fig. 1. à 

MURÈNE DENTÉE, espèce nouvelle de poisson, de l’île Rawak, 247. 

MURÈNE MARBRÉE, autre espèce nouvelle, de l'île Rawak, 247. 

MURÈNE PINTADE, de la baie de Rio de Janeiro; c’est la #2urœna meleagris de Shaw, 
2ASG pl. 52; fig. "2 E 

MuRÈNE PRAT-BERNON, espèce nouvelle, de l'ile Guam, 246, pl. 52, fig. 1. 


N 


NAVICELLE ELLIPTIQUE. Description anatomique de ce mollusque, qu’on trouve 
à l’Ile-de-France, à Bourbon et aux Mariannes, 457, pl. 71, fig. 3, 4, s et 6. 

NÈGrrs. Hommes nègres vus aux îles des Papous : ils provenoient probablement 
de l’intérieur de la Nouvelle-Guinée. Cette grande île est sans contredit, sous le 
rapport de la géographie, de l'histoire de l’homme et des sciences naturelles, le 
point du globe le plus intéressant à explorer, 6. 

NÉRITE NOIRÂTRE. Description anatomique de ce mollusque, 460, pl. 75, fig. 4 
et $. 

NÉSÉE NODULEUSE, espèce nouvelle de polypier flexible, des îles Rawak et 
Vaigiou, 622, pl. 91, fig. 8 et 9. 

Nip. Singulier nid d'oiseau de proïe de Ja baïe des Chiens-Marins ; il ressemble à 
une tour ( voyez-en le dessin dans Atlas historique }, 309. 

Noppis. Oiseaux qui se reposent, pendant les traversées, sur les agrès des navires, 
et que les marins prennent quelquefois pour des fous, dont ïls ont un peu le 
port. Cependant ils en diffèrent, en ce que, moiïns grands, de couleur noire, üls 
ont une calotte blanche sur la tête, le bec moins fort, plus efflé, dénué de peau 
nue à sa base, et toujours entr'ouvert à cause de la courbure des deux mandibulés. 

- Leur vol, tremblotant, ressemble à celui d’un oïseau très-fatigué et qui est sur le 
point de tomber, 158. 


696 TABLE DES MATIÈRES. 


NOUVELLE-HOLLANDE, vaste contrée visitée par nous sur deux points différens : 
la terre d'Endracht et la Nouvelle-Galles du Sud. Esquisse topographique et pro- 
ductions zoologiques, 38—48. 

NULLIPORES, polypiers dont les pores ne sont pas apparens, et dont nous ignorons 
le mode d’accroissement, 597. 

NYMPHALE ACILIA, espèce nouvelle d’insecte, de Rawak, 557, pl. 83, fig. 5. 

NYMPHONS, sortes d’arachnides marines, de la baïe de Rio de Janeiro, se tenant 
toujours à de grandes profondeurs et ayant de la ressemblance avec Îles faucheurs : 


les câbles de notre navire en étoient couverts, 518. 


O 


OBÉLIE RAMEUSE , espèce nouvelle de polypier flexible, de la baïe des Chiens- 
Marins, 633. 

OBÉLIE RAYONNANTE, autre espèce nouvelle, de la baie de Rio de Janerio, 633, 
pl. 89, fig. 11, 12 et 13. 

OCYPODE BOMBÉ, espèce nouvelle de crustacé, de l'île Dirck-Hatichs, à la baie des 
Chiens-Marins, 525, pl. 77, fig. 2. 

ŒUFS DE MOLLUSQUES INCONNUS, excessivement nombreux, trouvés en pleine 
mer, 409, à la note. 

OIE BLANCHE À BOUT DES AILES NOIR, espèce nouvelle, de Montévidéo , 25. 

OrEs DES MALOUINES, servirent quelque temps à nous nourrir; elles émigrent à 
une certaine époque, 168. 

OISEAU-CLOCHETTE, espèce nouvelle, de la baïe des Chiens - Marins, ressemble 
au philédon grivelé; son chant, à timbre métallique, est semblable au son d’une 
clochette qu’on frapperoit brusquement, 40. 

OISEAU DE TEMPÈTE, satanicle des matelots, pétrel qui se montre depuis les mers 
du Nord jusqu'au pôle Sud. N’annonce pas la tempête, comme on le croyoit 
jadis, 147. 

OISEAUX DE PARADIS, vus aux îles des Papous. Volent par ondulations , comme 
les promérops à longue queue du Cap de Bonne-Espérance; alors les belles 
plumes de leur queue sont réunies en un seul faisceau, 31. 

OISEAUX DE PROIE. À l'exception de la chouette commune (strix stridula ), nous 
n’en avons rencontré aucun dans l'ile Guam, 35. Difficulté de reconnoître les 
espèces étrangères et d’en établir de nouvelles, à cause de Îa variété du plumage 
selon les âges, 90. 

OrsEAUx ( Description des), 90—141. 

OISEAUX-MOUCHES, habitent le Brésil. Le rubis-émeraude se voit à la colonie des 
Suisses, nommée /e Nouveau- Fribourg, 20. 


TABLE DES MATIÈRES. 697 


OISEAUX PÉLAGIENS ( Remarques sur les }, spécialement considérés sous le rap- 
port de Îeurs mœurs et de leur distribution géographique sur [es grandes mers 
du globe. Ils parcourent l'Océan dans tous les sens, pour y chercher péniblement, 
au milieu des orages, une nourriture rare, presque aussitôt digérée que prise, 
Nous ne donnons le nom de pélagiens qu'aux pétrels et aux albatros. Les frégates, 
les paille-en-queues, les fous et [es noddis ne font que de simples excursions; 
certaines espèces ont des contrées fixes. IT est difficile de se les procurer, 142 et 
suivantes. 

OLIVE LACERTINE, espèce nouvelle de coquille, si ce n’est pas la tricolore dépouillée 
de sa première couche verdâtre : remarque à cet égard, 432, pl. 72, fig. 4 ets. 

OMBAÏENS, insulaires féroces qui font des trophées de mâchoires humaines, 10. 

ONCHIDIE APLATIE, espèce nouvelle de mollusque; de l’île Guam, 428. 

ONCHIDIE COUPÉE, de Guam. Ce n’est probablement pas une onchidie, 429, 
pl. 66, fig. 9. e 

ONCHIDIE DE VAIGIOU, autre espèce nouvelle, de l’île Vaigiou, 429. On trouve 
aussi des onchidies à la baie des Chiens-Marins, sur la Nouvelle-Hollande, 

OPHISURE ALTERNANT, espèce nouvelle de poisson, de Guam, 243, pl. 45, fig. 2. 

OPHISURE LONG-MUSEAU, autre espèce nouvelle, de Rawak, 242, pl. 51, fig. to 

ORNITHORHYNQUE ; habite les eaux tranquilles des rivières du Port-Jackson, 45. 

ORPHIE ALMEIDA, espèce nouvelle de poisson, de la baie de Rio de Janeiro, 226. 

OTARIE GUÉRIN, espèce nouvelle de phoque, des îles Malouines, 71. 

OvuLre DES MOLUQUES. Description anatomique de ce mollusque, de l’île Timor ; 
son organisation est presque celle des porcelaines et demande la réunion de ces 
deux genres, 445, pl. 75, fig. 2 et 3. 

Owayni, une des iles Sandwich; a beaucoup de rapports avec l'ile Bourbon, 37. 


oi P 


PAGURES, crustacés excessivement nombreux dans l'archipel de Timor, à Rawak et 
Vaïgiou et aux îles Mariannes; détails sur leurs mœurs, $ 19. Il existe deux familles 
distinctes de ces animaux : les uns habitent plus spécialement Ia terre, et d'autres 
les eaux. Les espèces marines se font remarquer par leurs yeux arrondis portés à 
l'extrémité de longs pédoncules cylindriques, ibid. Nous perdîmes une collection 
immense de pagures, au naufrage de /’Uranie, Les insulaires de Guébé Iles nomment 
kaougane, et les Papous de Rawak et de Vaïgiou, kaïnoun, On en rencontre de 
très-gros dans les forêts ; la [lumière les attire, $20. 

PAGURE CUIRASSIER, variété, de la baïe des Chiens-Marins et de la mer des Indes, 
s29;;pl,78, fig. 

Voyage de l'Uranie. — Zoologie. 88 


698 TABLE DES MATIÈRES. 


PAGURE LARRON ou BIRGUS LARRON, des îles Mariannes. On conserve Iong-temps 
vivans Îles crustacés de cette espèce. Ils aiment [a noix de coco. Les plus forts 
brisent les plus foibles ; leur force est excessive, 536, pl. 80. 

PAGURE MOUCHETÉ , variété, des îles Sandwich, 532, pl. 79, fig. 3. 

PAGURE POINTILLÉ, des îles Mariannes, 528, pl. 78, fig. 2 

PAGURE SANGUINOLENT , espèce nouvelle, de fIle-de-France, 532, pl. 79, 
fig. 2. 

PAGURE VIEILLARD, de Île-de-France et des îles Mariannes. Dans l'Encyclopé- 
die méthodique, il a été décrit deux fois sous les noms de pagure ours et vieillard, 
s13,pl.79,fig 1. 

PAILLE-EN-QUEUES. Ces oïseaux ne s’éloïgnent guère de la zone torride. On les 
voit traverser l’He-de-France dans tous les sens; ïls se reposent sur les arbres et 
font leurs nids entre des rochers inaccessibles. [Is semblent, en volant, être épuisés 
de fatigue et toujours sur le point de tomber. Ils s'abattent de très-haut, et saïisissent 
le poisson sans plonger, 1$8—160. 

PAILLE-EN-QUEUE À BRINS ROUGES, beaucoup plus rare que le phaéton aérien; il 
habite Ile-de-France, l'ile Norfolk et plusieurs îles du grand Océan, 159. 

PAILLE-EN-QUEUE COMMUN ou PHAÉTON AÉRIEN ; son plumage, d’un beau 
blanc, est plus ou moins tacheté de noir, selon l'âge, 158-160. À Guam, on le 
nomme ziounié en langue mariannaïse ; aux îles Sandwich, koahé ou toahé, 

PAPILLONS, sont d’une rare beauté et en grand nombre au Brésil, 14. 

PAPILLON PRIAM, variété, pl. 83, fig. 3 ; habite les lieux humides de l’île Rawak, 
et se laisse facilement prendre; la femelle, décrite pour une espèce différente, 
est plus grande et recherche Ie soleil, ; 53. 

Papous, des îles Rawak et Vaigiou. Leurs habitudes, 2. Caractère de leur phy- 
sionomie , 4. Leur constitution physique, ;. Conformation de leur crâne, 7. Leurs 
facultés morales et intellectuelles , 9. Forme de leurs tombeaux, 10. Les Papous 
seroient susceptibles d'éducation, 11. 

PARESSEUX. Voyez Aï. 

PARTULE. Description anatomique de ce genre de mollusques testacés, 484. 

PARTULA AURICULA, espèce nouvelle, du grand Océan, 486. 

PARTULA FRAGILIS, espèce nouvelle, des îles Mariannes, 486. 

PARTULA GIBBA, espèce nouvelle, de Guam, 485, pl. 68, fig. 15, 16 et 17. 

PÉNEÉLOPES. Ces oiseaux habitent les montagnes du Brésil, 21. 

PENTAPODE BANDELETTE ,; espèce nouvelle de poisson, de fa baïe de Chiens- 
Marins, 294, pl. 44, fig. 4. 

PÉRAMÈLE BOUGAINVILLE, espèce nouvelle de mammifère, de Îa famille des 
marsupiaux, habite la presqu’ile Péron, à la baie des Chiens-Marins, 56, PIS - 
Une grande espèce de péramèle, de Bathurst, perdue au naufrage de /’Uranie, 


TABLE DES MATIÈRES. 699 


avoit le pelage roux-brun en dessus et comme fauve en dessous, 57. On trouve 
aussi des péramèles sur l'ile Dirck-Hatichs, 30. 
PErcis MONNOT, espèce nouvelle de poisson, de la baie des Chiens-Marins, 
349. 

PERCNOPTÈRE AURA, oiseau qui habite le Brésil et les îles Malouines, 49. 

PERCNOPTÈRE URUBU, oiseau craintif et vorace, vole en troupes nombreuses dans 
la baie de Rio de Janeiro , plane à perte de vue, exhale l'odeur infecte des 
cadavres dont il se nourrit, 19. 

PERCOPHIS FABRÉ, espèce nouvelle d’un nouveau genre de poissons, de Ja baïe 
de Rio de Janeiro, 351, pl. 53, fig: 1. l 

PÉRIOPHTHALME FREYCINET, espèce nouvelle de poisson, de la rivière de Babao, 
dans [a baïe de Coupaug, à Timor, tuée d'un coup de fusil, 257 ; s’élance dans 
l'air et court sur Peau avec une étonnante rapidité, 258. 

PERROQUETS, sont le fléau des plantations au Brésil, 21; très-communs à 
Timor, 27. Les grands perroquets verts habitent les forêts de Vaigiou et de 
Rawak, 29. N'’existent pas à Guam, 35. À [a Nouvelle-Galles du Sud, sont 
plus communs à Sydney, à Parramatta , à Liverpool et à Windsor que par-tout 
ailleurs, 43. 

PERRUCHE À BANDEAU ROUGE, habite les Montagnes-Bleues ; conserve long-temps 
après sa mort l'odeur aromatique des fruits d’eucalyptus dont elle se nourrit, 45. 
PERRUCHE À TÊTE BLEUE; habite Timor, les Montagnes-Bleues et les bords de Ia 
Nepean, au Port-Jackson, où elle se nourrit de fleurs non épanouies d’euca- 
lyptus. Cette espèce se retrouve donc à une distance de 24° en latitude ou de 

huit cent soixante-quinze lieues, 27. 

PERRUCHE ÉRYTHROPTÈRE. On la trouve à Timor: ses habitudes, 117, pl. 27. 

PERRUCHE OMNICOLORE; habite sur-tout les Montagnes-Bleues de la Nouvelle- 
Hollande, auprès des fermes isolées, 43. 

PÉTRELS, oiseaux essentiellement pélagiens ; -très-nombreux en espèces, difficiles à 
déterminer. On les trouve dans toutes les mers et d’un pôle à l'autre : ce sont les 
compagnons inséparables des marins pendant leurs longues navigations, 146. — 
Idées fausses qu'on a eues sur les limites qu’ils parcourent ; tentatives pour recon- 
noître à la mer les espèces, 149. Ils ne peuvent que rarement saïsir les poissons. 
Is se nourrissent le plus ordinairement de mollusques; c’est pourquoi ils fré- 
quentent les mers agitées : le calme les fait fuir vers d’autres régions; et ils repa- 
roïssent avec les vents, 152. Leur vol s'opère presque toujours en planant; leur 
présence n’est point un signe assuré de l'approche des terres, 153. 

PÉTREL BÉRARD, petite espèce nouvelle, des Malouines, prise lorsqu'elle venoit 
se reposer à bord ; chose excessivement rare, et que nous n’avons vue qu’une seule 
fois pendant tout notre voyage, 135, pl. 37° 


88* 


700 TABLÉ DES MATIÈRES. 


PÉTREL CENDRÉ, habite la baie des Chiens-Marins, 150. 

PÉTREL DAMIER. Des lieux où on le trouve. Mis sur une surface plane, il ne peut 
plus s'envoler, 147. | 

PÉTREL GÉANT. C’est le quebrantahuessos des Espagnols : on le voit au Cap Horn 
et au Cap de Bonne-Espérance. Ces oiseaux vont pondre sur jes îles Malouines. 
De leurs mœurs, 148. 

PÉTREL TEMPÊTE. C'est le satanicle des matelots ( procellaria pelagica ), qui se 
montre depuis les mers du Nord jusque vers le pôle Sud. Sa présence n’annonce 
pas la tempête , comme on le croyoit jadis, 147. 

PHALANGERS. On trouve ces mammifères à Vaigiou et à Rawak; üls représentent 
les paresseux de Amérique; sont nocturnes, stupides, se nourrissent de fruits 
aromatiques ; minceur de eur peau, 31. Ceux de l'archipel d'Asie diffèrent beau- 
coup, par la forme et les mœurs, de ceux de la Nouvelle-Hollande. Crânes de 
ces animaux, pl. 8, fig. 1,2, 3,4,-5 et6. 

PHALANGER QUOY, espèce nouvelle, de Vaïigiou, nommée rambave par les 
indigènes de cette île , et do par les insulaires de Guébé, $8, pl. 6. 

PHALANGER TACHETÉ , de Vaigiou, nommé rambavye à Vaïigiou, do à Guébé, 
et couscous à Amboine. Nous en donnons une figure prise sur le vivant, $9, pl.7. 

PHiLéDboNs. Celui à pendeloques est le plus grand des vrais philédons. Autre espèce 
grisâtre. Le philédon corbi-calao se trouve au Port-Jackson, à Parramatta, sur- 
tout dans les Montagnes-Bleues, auprès des fermes isolées, et à Timor, où on le 
nomme koak, à cause de son cri; par conséquent à une distance de 24° en latitude, 
ou de huit cent soixante-quinze lieues : il a les serres très-fortes, et conserve au 
Port-Jackson son goût pour les baïes et son chant aussi bruyant que sous la zone 
torride. Cet oiseau n’a point fa langue plumeuse, et diffère en cela des vrais 
philédons, qui sont obligés de picorer comme les abeïlles, 47. IT en est de même 
du philédon olive et de celui à front blanc, qui sont aussi de la Nouvelle-Hollande: 
leur langue, non rétractile et simplement échancrée à la pointe, ne Îeur permet 
pas de pomper le suc des végétaux mellifères, 48. 

PHOQUES. Observations sur ceux des îles Malouines. Le phoque à trompe paroît 
être le même que le lion marin ; il pèse jusqu'à deux mille livres : le prolonge- 
ment de la lèvre supérieure, nommé trompe, ne se développe qu’à l’époque des 
amours, 69. Du phoque à crins; du phoque à fourrure; ce dernier est une otarie, 

70. Leurs mœurs; leur progression, 72. Développement extraordinaire de leur 
système circulatoire, ibid. Leur pêche, leur huile et leur fourrure, 73. Leur 
nombre diminue de plus en plus, 75. 

PHOSPHORESCENCE DE LA MER. Provient des animaux, 402. Elle tient à eur 
existence. Les phénomènes atmosphériques peuvent l’augmenter ou Îa diminuer, 
os. Expériences faites à ce sujet, 406. Observation curieuse, 407. 


TABLE DES MATIÈRES. 701 


PHRONIMES, crustacés que l’on trouve errans dens les mers, 517. 

PHYLLIDIE TROIS-LIGNES. Figure coloriée de ce mollusque, de l'ile Timor, 419, 
pl. 87, fig. 7 et 8. 

PHyYLLOSOMESs. Nous avons trouvé ces singuliers crustacés dans plusieurs mers : 
l'Océan atlantique, le grand Océan, les environs de la Nouvelle-Guinée et des 
îles des Amis. Ils sont minces comme une feuille de papier et transparens comme 
du cristal, les yeux exceptés, qui sont bleu de ciel. Lenteur de leurs mouvemens. 
Jean-Reïnhold Forster est le premier qui ait fait connoître un animal de ce genre, 
s21. Anomalie dans le nombre et la forme de leurs pattes, 5 39. 

PHYLLOSOME AUSTRAL, espèce nouvelle, du grand Océan austral, 538, pl. 82, 
FIOAU 

PHysALeEs. Ces zoophytes tuent par leur causticité les petits poissons qui se réfu- 
gent dans leurs longs tentacules, 190. 

PHYSSOPHORE FORSKAL, espèce nouvelle de zoophyte, de l'Océan indien, 583, 
pl. 87, fig. 6. 

PICAREL RAILLIARD , espèce nouvelle de poisson, de Ile-de-France, 290, pl. 44, 
fig. 3. 

PICUCULE À BEC EN FAUCILLE. Cet oïseau habite les montagnes des Orgues, 
au Brésil, 20. Sa langue est fort courte et ne dépasse pas la commissure du bec. 

PICUCULE À GORGE BLANCHE, habite la chaîne des Orgues, au Brésil, 20. 

PIE À GORGE ENSANGLANTÉE, de d'Azara, habite aussi la chaîne des Orgues, 
2]. 

PIE-GRIÈCHE À MANTEAU, habite les buissons bas et épais des environs de Rio 
de Janeiro, est défiante, a un cri fort et répété, 10. 

PIE-GRIÈCHE À VENTRE ROUX. Cet oiseau habite le Cap de Bonne-Espérance, 
et a été transporté à l’Ile-de-France pour un but d'utilité. Bernardin de Saint- 
Pierre en parle : c’est l'ami du jardinier des Hollandais, pl. 17; 06. 

PIGEON COURONNE ou COLOMBI-GALLINE GOURA, habite les forêts des îles 
Rawak et Vaïigiou, 29. Il vit en domesticité, 31. Les Papous de Rawak et de 
Vaigiou le nomment manbrouk, et les insulaires de Guébé manébi. 

PIMÉLEPTÈRE MARCIAC, espèce nouvelle de poisson, de Boni, une des îles 
des Papous, 386, pl. 62, fig. 4. 

PIMÉLODE QUÉLEN, espèce nouvelle de poisson, de a baie de Rio de Janeiro; 
ses rapports avec le nhamdia, 228, pl. 40, fig. 3. 

PIT-PIT VERT, oiseau qui habite les environs de Ia baie de Rio de Janeiro, :8. 

PLAGUSIE MARQUETÉE , espèce nouvelle de poisson, de la baie de Rio de 
Janeiro, 240. 

PLATYCÉPHALE D'ENDRACHT, espèce nouvelle de poisson, de la baie des Chiens- 
Marins, 353. 


702 TABLE DES MATIÈRES. 


PLECTROPOME PONCTUÉ, espèce nouvelle de poisson, de l'Ile-de-France, 318, 
pl. 45, fig. r. 

PLUVIERS DORÉS. Oiseaux que l’on trouve à l'ile Guam, sur les bords de la mer, 35. 
Nous en avons aussi rapporté plusieurs des îles Sandwich, et le pluvier à front blanc 
de la baie des Chiens-Marins. 

POCILLOPORE BLEU, de Guam. Il semble aïmer les lieux où l’eau est légèrement 
agitée. Remarques sur ses polypes, 656, pl. 06, fig. 5, 6 et 7. 

POISSONS DE MER. Considérations générales sur leur distribution géographique, 
184. L’Océan n'en est pas par-tout peuplé; ils abondent près des terres équato- 
riales ; parmi les madrépores : de la beauté, de l'éclat et de la variété de leurs 
couleurs, 187. Les peintures des poissons d'Amboine par Renard sont beaucoup 
plus vraies qu'on ne le pense, 188. Les poissons du Cap de Bonne-Espérance, 
de la baie des Chiens-Marins, du Port-Jackson, des îles Malouines, de Rio de la 
Plata et de Rio de Janeïro, ont, en général, des couleurs ternes, 189. Dans les 
belles mers équatoriales où l’on navigue paisiblement, ils recherchent quelquefois 
Pombre des navires, 190. Sont quelquefois tués instantanément par des causes 
inconnues, 191. Vivans, ils ne sont point phosphorescens, 191, 405$, 406. On 
ne connoît pas encore la cause qui rend quelques espèces vénéneuses ; ce ne 
sont pas les polypes, 599. Preuves données à ce sujet, 600. 

Poissons { Description des), 192—4c1. 

PoLycÈRE DU Cap, espèce nouvelle de mollusque, du Cap de Bonne-Espérance, 
trouvé sur le grand fucus buccinalis, 417, pl. 66. fig. 4. 

POLYPES LITHOPHYTES; considérés sous le point de vue zoologique, $92—601. 
Considérés géologiquement, ils ne forment point des îles dans- l'Océan indien et 
dans le grand Océan, comme on Île croit généralement, 65 8. Ces îles ont pour 
base des roches connues; les polypiers ne font que les encroûter ; preuves fournies 
à l'appui, 659. Manière dont ce phénomène se produit, 660-671. 

POLYPIERS FLEXIBLES ( Considérations sur les }, observés à la baïe des Chiens- 
Marins, au Port-Jackson, dans l’archipel de Timor et aux îles Malouines, 601 
et 602. Leur description, 603-643. ; 

POLYPIERS PIERREUX ( Description des ), 644-657. Remarques générales sur 
leurs animaux, qu'il est difficile d'étudier : les Iles-de-France, Timor et Guam, 
favorables à ce genre d'étude, 593 —60o1. 

POLYTOME, genre nouveau de zoophytes, formé par le corps anïmé le plus simple 
que lon connoisse : il ressemble à un petit morceau de cristal taillé à fa- 
cettes, 583. 

POLYTOME LAMANON, espèce nouvelle, du grand Océan, 583, pl. 87, fig. 12 
ethnie 


TABLE DES MATIÈRES. 703 


POMACENTRES. Ces poissons abondent dans les régions équatoriales ; ils habitent 
les lieux où la mer est peu profonde, 187, 

POMACENTRE BLEU, espèce nouvelle, de l'Ile-de-France, 397, pl. 64, fig. 2. 

POMACENTRE NOIRÂTRE, espèce nouvelle, des îles Sandwich, 399. 

POMACENTRE PONCTUÉ, espèce nouvelle, de Île-de-France et des Sandwich, 
OI PI OA NE Ne 

POMACENTRE SCOLOPSIEN, espèce nouvelle, de l'Ile-de-France, 398. 

PORCELAINE GÉSIER. Dessin de cette coquille, qui est rare et chère; eile habite 
Guam et {a Nouvelle-Hollande, 431, pl. 72, fig. 6 et 7. 

PORCELAINE TIGRE, mâle. Description anatomique de ce mollusque, qui a les plus 
grands rapports avec celui de lovule, 441, pl. 70, fig. 1, 2 et 3. 

PORT-JACKSON. Description du sol, formé de grès et de granit, 141. Ses rapports 
avec le Cap de Bonne-Espérance, 47. Les mammifères y deviennent moins nom- 
breux, 42. La plupart des oiseaux ont la langue plumeuse, 47. 

PoRTUNES, crustacés de la baie de Rio de Janeiro ; ils ne quittent pas le fond des 
eaux, 518. . 

Pororoo Wire, C’est le petit kanguroo ou Îe kanguroo-rat des habitans du Port- 
Jackson ; ses mœurs, 63, pl. 10. Potoroo Lesueur, potoroo Péron, espèces nou- 
velles, formées seulement sur des crânes trouvés à Îa baie des Chiens - Ma- 
rins, 64. 

POULE D'EAU COMMUNE { fulica chloropus), habite les marais de l’île Guam, 3; ; 
les plantations d’arum, aux îles Sandwich, où on la nomme arat, 37; l'ile Timor 
et l’Ile-de-France. 

PRIODON ANNELÉ, espèce nouvelle d’un nouveau genre de poissons, de Timor, 377. 

PRISTIPOME SIX-LIGNES, espèce nouvelle de poisson, de [a rade de Sydney, au 
Port-Jackson, 320. 

PROMÉROPS, du Cap de Bonne-Espérance. La Iongueur de la queue de ces oiseaux 
nuit à leur vol; leur langue est plumeuse et leurs serres sont excessivement 
fortes et aiguës. Ils vont par petites troupes, 26. Is se nourrissent de Ia liqueur 
mellifère des protéas et des virgilias, ibid et 47. 

PsiTrasins. Ces oiseaux, des îles Sandwich, où on les nomme raouhi, ont des 
formes qui les rapprochent des perroquets, dont ïls diffèrent par un vol lent, 
soutenu et uniforme, 36. 

PTÉROCÈRE ARAIGNÉE, femelle, de lile Timor. Description anatomique de ce 
mollusque , 451, pl. 70, fig. 4, 5 et 6. 

PTÉROÏS ZÈBRE, espèce nouvelle de poisson , de la baie de Coupang 5 
Timor, 379. , 

PYROSOME ROUX, grande espèce nouvelle de mollusque, des environs du Cap 
de Bonne-Espérance, $14, pl. 75, fig. 


704 TABLE DES MATIÈRES. 


PYTHONS, reptiles du Port-Jackson ; ont sept à huit pieds de long ; ne sont point 
dangereux ; on nous les apportoit vivans, 171. 


R 


RAIE À CINQ AIGUILLONS, grande et singulière espèce nouvelle de poisson, des 
îles Mariannes , nommée fanihi tassi par les indigènes et zwrcielago de la mar 
par les Espagnols qui habitent cet archipel. Les habitans des iles Carolines se 
servent des aiguillons de sa queue pour conjurer la tempête, 200, pl. 43, fig: 3. 

RAINETTE FAUVE, grande et nouvelle espèce de reptile, de Rio de Janeiro, 182. 
Nous avons aussi rapporté plusieurs rainettes du Port-Jackson. 

RÂLE TIKLIN, oiseau de l'ile Guam, ne vole pas et habite les fourrés les plus 
épais, 35. On le nomme poulalat en langue mariannaise. 

RANINE, crustacé desiles Sandwich, fut pris à [a ligne ; ne monte point sur les arbres, 
comme des voyageurs l'ont prétendu, $ 19. 

RASON LÉCLUSE, espèce nouvelle de poisson, des îles Sandwich, 284, pl. 95, 
fibre 

RATS; ils dévastent les cultures des Mariannes et de l'Ile-de-France, 34. 

RAWAK, une des îles des Papous, offre une végétation admirable, 28. Est, de 
tous Îles lieux que nous avons parcourus, celui qui nous a offert le plus grand 
nombre de couleuvres, 171. 

RÉNILLE VIOLETTE. Nous donnons une bonne figure de ce polype, de Rio de 
Janeiro, 642, pl. 86, fig. $, 6 et 7. ; 

REPTILES ( Description des), 174— 182. 

REPTILES. Observations sur les reptiles en général, 170—173. 

REQUIN ( squalus carcharias ). I habite presque toutes les mers: nous l'avons vu 
dans la Méditerranée, F Océan atlantique, la mer des Indes et le grand Océan. De 
son allure. Remarques sur sa voracité, 184. Réfutation de quelques erreurs rela- 
tives à ses habitudes et à la force de ses mâchoires, 185. 

REQUIN À NAGEOIRES NOIRES, de Vaigiou et des Mariannes, nommé out par les 
insulaires de Guébé, 194. A Fouiïe fine; la couleur noire de ses nageoires ne dis- 
paroît point avec l’âge, comme on Pa dit, 106, pl. 43, fig. 1. 

RHINOBATES, raies communes dans Îles marchés de Rio de Janeiro, 189. 

RHYNCHÈNE DORYPHORE, espèce nouvelle d'insecte, de l’île Rawak, remarquable 
par sa vivacité et la faculté qu’elle possède de sauter, ce à quoï ses pieds posté- 
rieursne paroissent point propres, 550, pl. 82, fig. 93 10. 

RICINULE MURIQUÉE, mâle; description anatomique de ce mollusque, qui a les 
plus grands rapports avec l’animal du z#urex, 446, pl. 75, fig. 6 et 7. 


TABLE DES MATIÈRES. 70; 


RIO DE JANEIRO, capitale du Brésil. Ses environs sont admirables par la beauté 
et la vigueur de [a végétation, par la quantité d'objets d'histoire naturelle qu'on 
y trouve; la plupart connus, 13. Quoique sous Île tropique, n’a pas de brillans 
poissons, 189. À 

ROUSSETTES. Aux Mariannes, ces mammifères volent en plein jour, et planent comme 
des oïseaux de proïe. Les indigènes en mangent Ia chair, qui exhale une odeur 
désagréable, 32. 

ROUSSETTE KÉRAUDREN, espèce nouvelle de mammifère, de Guam, nommée 
Fanihi aux îles Mariannes, et Poé dans quelques-unes des Carolines, $ 1, pl. 3. 
ROUSSETTE FREYCINET, espèce nouvelle de poisson, de Vaigiou, nommée Kaffa- 

ga? par les habitans de l'ile Guébé, 192, 


S 


SAJOU. Ce singe habite les montagnes des Orgues, à Rio de Janeiro, 22. 

SALARIAS FRONT-BOSSU , espèce nouvelle de poisson, des îles Sandwich, 253. 

SANDWICH |{îles). Elles sont volcaniques; ont beaucoup de rapports avec lIle-de- 
France et Bourbon, 37. N’ont d’autres mammifères propres à elles que le chien et 
le cochon; on y trouve peu d'oiseaux, 36. Les poissons appartiennent spécialement 
à la famille des labres, 190. 

SARCELLES, habitent les étangs d’eau douce des Malouines; sont petites, 167. 

SARGUE HUMÉRAL, espèce nouvelle de poisson, de la baie de Rio de Janeiro, 297. 

SAURUS GRÈLE, espèce nouvelle de poisson, des Sandwich et de l'Ile-de-France, 224. 

SAURUS VARIÉ, des îles Sandwich. C’est le sa/mone varié de M. de Lacépède : nous 
en donnons une bonne figure, 223, pl. 48, fig. 3. On trouve aussi des saurus à 
Timor, aux iles des Papous et au Brésil, 225. 

SCARABE. Description anatomique de ce genre de mollusques testacés, 487. 

SCARABUS IMBRIUM. Cette coquille terrestre a été retrouvée à l'île Rawak, 488. 

ScarEs. Ces poissons habitent les régions équatoriales, le Tong des côtes où la mer 
est profonde et limpide, 1 87. 

SCARE À DENTS ÉPINEUSES, espèce nouvelle, de l'ile Vaigiou, 289. 

SCARE DE VAIGIOU, espèce nouvelle, de l’île Vaigiou, 288. 

SCIÈNES. Ces poissons sont énormes à la baïe de la Table, au Cap de Bonne-Espé- 
rance, 180. 

SCIÈNE OPERCULAIRE; espèce nouvelle, de la baie de Rio de Janeiro, 347. 

SCINQUE À FLANCS NOIRS, espèce nouvelle, des environs de la rade de Sydney , au 
Port-Jackson; susceptible de former un nouveau genre participant des scinques et 
des vrais lézards, que l’on pourroit nommer scincosaure, 179, pl. 42, fig. 1. 


Voyage de l'Uryanie. — Zoologie. 89 


706 TABLE DES MATIERES. 

SCINQUE JAUNE ET NOIR, autre espèce nouvelle, très - grande, des Montagnes - 
Bleues de la Nouvelle-Hollande ; elle est remarquable par son état habituel de tor- 
peur, 176, pl. 41. | 

SCINQUE QUEUE-COMPRIMÉE , troisième espèce nouvelle, du Port-Jackson, 180, 
pl. 42, fig. 2. Nous avons aussi rapporté des scinques de Ia baie des Chiens-Marins, 
de l'Ile-de-France, des îles Rawak et Vaigiou, et des îles Sandwich. 

SCOLOPSIS RAYÉ, espèce nouvelle de poisson, de Vaigiou, nommée Æatbotto par 
les habitans de l'ile Guébé, 322, pl. 60, fig. 3. 

ScOMBRES. Cette nombreuse famille dé poissons vit de chasse, n’a point de limites 
fixes dans Océan, qu’elle traverse en troupes dans tous les sens, 187. 

SCOMBRE DU BRÉSIL, grande espèce nouvelle de poisson, que nous n’avons pas pu 
conserver; fort bonne à manger: on la pêche en-dehors de Ia baie, en décembre et 
janvier. À cette époque, elle est commune à Rio de Janeiro, 360. 

SCORPÈNE DE GUAM, espèce nouvelle de poisson, de l’île Guam, 326. 

SCORPÈNE DU PORT-JACKSON, espèce nouvelle, de la rade de Sydney, 327. 

SCORPÈNE DE RAWAK, espèce nouvelle, de l'île Rawak, 325. 

SCORPÈNE DE VAIGIOU, espèce nouvelle, de l'ile Vaigiou. Ce poisson pourroit 
former un sous-genre, 325, pl. 58, fig. 1. 

SCYLLÉE FAUVE, espèce nouvelle de mollusque, de Ia Nouvelle-Guinée, 418, 
pl. 66, fig. 13. 

SÈCHES. Les dauphins paroiïssent très-friands de la tête des sèches, 89. Ces mol- 
lusques forment Ia principale nourriture des albatros et des pétrels, 411. 

SÉRIOLE BIPINNULÉE , espèce nouvelle de poisson, des îles Rawak et Vaigiou, 
363, pl. 6%, fig. 3. : 

SERPENS , beaucoup* moins nombreux dans les pays chauds, et sur-tout au Brésil, 
qu'on ne Île dit communément, 170. L’Ile-de. France, l'île Bourbon, les Sandwich, 
et les Mariannes, n’en ont point; l'ile Rawak en a un très-grand nombre, 171. 

SERPENT DIAMANT NOIR, du Port-Jackson; acanthophis excessivement venimeux, 
171. 

SERRAN BANDELETTE, espèce nouvelle de poisson, de Vaigiou, 315, pL 58, 
flg. 3. 

SERRAN BOURIGNON, espèce nouvelle, de l'ile Bourbon, 312, pl. 57, fig. 2. 

SERRAN BOURSIN , espèce nouvelle, de Ia baie de Rio de Janeiro, 316. 

SERRAN RAYONNANT, espèce nouvelle, de la baie de Rio de Janeïro, 313, pl. 538, 
fig. 2. 

SERTULAIRE GAUDICHAUD, espèce nouvelle de polypier flexible, trouvée sur le 

. fucus buccinalis des Malouines, 615, pl. 90, fig. 4 et 5. 
SERTULAIRE UNILATÉRALE, espèce nouvelle, des Malouines, 615$, pl. 90, fig. 1, 
9 UE 3 


ae 


TABLE DES MATIÈRES. 707 


SESERINUS QUEUE-JAUNE, espèce nouvelle de poisson, de fa baïe de Rio de Janeiro, 
384. 

SIDJAN MACULÉ, espèce nouvelle, de [a rade de Sydney, au Port-Jackson, 370. 

SIDJAN MAGNAHAC, espèce nouvelle, de Guam. Ce petit poisson abonde à des 
époques fixes sur les côtes des îles Mariannes. gOn le fait sécher au soleil, 368, 

PR Certes ‘# 

SIDJAN MARBRÉ, espèce nouvelle, de Guam, 367, pl. 62, fig. 1. 

SIDIAN NÉBULEUX, espèce nouvelle, de la rade de Sydney, au Port-Jackson, 369. 

SILLAGO MACULÉ, espèce nouvelle de poisson, de la rade de Sydney, au Port- 
Jackson, 1261, pl: 33; fs. 2. 

SiLURES. Ces poissons abondent dans Rio de Ia Plata ; on les pêche à la ligne. Pen- 
dant notre séjour à Montévidéo, l'équipage de / Uranie s’en nourrit. Ils atteignent 
à peine la longueur de deux pieds, 180. 

SiNGEs. Ces animaux habitent les montagnes des Orgues, au Brésil, 21. 

SMERDIS ou ÉRICHTHES, crustacés que l’on trouve errans dans les mers, $ 17. 

SOUIMANGAS, oiseaux communs aux environs de Îa ville du Cap de Bonne-Espérance; 
ils ont la langue plumeuse , et se nourrissent de Ia liqueur mellifère des protéas et 
des virgilias, 25. On en voit aussi à Timor, qui se plaisent dans les arbrisseaux des 
environs de Coupang, 28. À Guam, des souïmangas rouge et noir, sans reflets 
métalliques, pompent la sève sucrée des palmiers, 35. 

SQUALES, poissons très-nombreux à Ia baie des Chiens-Marins, comme l'indique le 
nom donné par Dampier à cette partie de la Nouvelle-Hollande, 188. 

STÉPHANOMIE LISSE, espèce de zoophyte présumée nouvelle, de l'Océan indien, 
535; pl. 86, fig. 2. 

STERCORAIRE CATARACTE. Il n’est pas sûr que tous les noms qui ont été donnés à 
cet oiseau lui appartiennent bien, et que lespèce de l'hémisphère austral soit la 
même que celle d'Europe. Nommé poule du Port-Egmont{ Port-Egmont’s hen ] par 
les Anglais , il est facile à reconnoître en volant, à Îa large bande blanche qu'il 
a sous les aïles, et qui contraste avec Ia couleur brune de son corps. II habite les 
îles Malouines, la Terre-de-Feu et la Nouvelle-Zélande, 1 37 et 168, pl. 38. 

SUBSTANCES ORGANIQUES INDÉTERMINÉES, de Guam et de l'Ile-de-France, 580, 
590, pl. 86, fig. 3 et 4. 


+ 


TAMANDUA (myrmecophaga ). Détails anatomiques sur ce mammifere, qui ne vit que 
de fourmis. I] habite le Brésil, 22. 


TaMaARIN. Ce singe habite les montagnes des Orgues , à Rio de Janeiro, 22. 


89 * 


708 TABLE DES MATIÈRES. 


TAMATIAS. Ces oiseaux, du Brésil, se plaisent dans la solitude, 20. Le tamatia 
brun, peu fuyard, imprime de forts mouvemens latéraux à sa queue, 21. 

TANGARAS. Au Brésil, ces oïseaux vivent en petites troupes; recherchent les grands 
bois et les lieux humides, 20. 

TapIR. Un jeune tapir que noust@vons rapporté du Brésil, nous a prouvé que le 
cabiai éléphantipède devoit être rayé des catalogues zoologiques : ce n’est autre 
chose qu’un jeune tapir mal monté. 

TAUPINS, ou e/aters, insectes phosphorescens , excessivement nombreux à Rio de 
Janeiro, 14. é 
TEMNODON HEPTACANTHE. C’est le cheilodiptère heptacanthe de M. de Lacépède. 
Nous donnons une bonne figure de ce poisson, de Îa rade de Sydney, au Port- 

Jackson, et du grand Océan, 400, pl. 67, fig. 2. 

TÉTRAGONE, nouveau genre de zoophytes, 579. 

TÉTRAGONE BELZONT, espèce nouvelle, de Océan atlantique équatorial, 579, 
pl. 86, fig. 11. 

TÉTRODONS. Ces poissons abondent dans la baie des Chiens-Marins, 188. 

TÉTRODON BARIOLÉ, espèce nouvelle de poisson, de la baie de Coupang, à Timor, 
203. 

TÉTRODON FUNÈBRE, autre espèce nouvelle, des îles Sandwich, 204. 

THELPHUSES. Ces crustacés habitent les marais qui entourent la baie de Rio de Ja- 
neiro, 518. 

THELPHUSE CHAPERON-ARRONDI, espèce nouvelle, de File Guam, 5 27, pl. 77, fig. 1. 

THON BICARÉNÉ, espèce nouvelle de poisson, de la baie des Chiens-Marins, 357, 
pl. 61, fig. 1. à 

Timor, ile de l'archipel d'Asie; a peu de mammifères et beaucoup d'oiseaux; son 
sol, sa végétation, 27. 

TIMORIENNE , nouveau genre de mollusques, de Timor, 493. 

TIMORIENNE TRIANGULAIRE, espèce nouvélle, de Timor, 493, pl. 87, fig. 1. 

TINAMOU, oiseau à long cou et au corps arrondi; grosse espèce, très-commune à 
Montévidéo , 24. 

TORPILLE ŒILLÉE, espèce nouvelle de poisson, de Ia baïe de la Table, au Cap de 
Bonne-Espérance, 199. î 

TORTUE NOIRE, espèce nouvelle terrestre, de Ia Californie, 174, pl. 40. 

Toucans. Ces oiseaux, du Brésil, fréquentent les plaines cultivées ; dévastent les 
bananiers, 19. 

TOURLOUROUS, crustacés très-craintifs, des environs de la baïe de Rio de Janeiro, 5 18. 

TOURNE-PIERRE (| #ringa interpres) , oïseau qui habite les bords de Ia mer, à l’ile 
Guam, 35. 

TRAQUET À LUNETTES, habite Montévidéo; ses yeux sont entourés d'une large 


TABLE DES MATIÈRES. 709 


membrane jaune lichénoïde, qui disparoît, dans les collections, par la dessicca- 
tion; ce qui pourroit empêcher de reconnoître cet oïseau, 24. 

TRAQUET ÉLÉGANT, habite la baie des Chiens-Marins, 40; et le Port-Jack- 
son, 43. 

TRicHIURES. Ces poissons abondent dans les marchés de Ia ville de Rio de Janeiro, 
189. : 

TRIPTÈRE, nouveau genre de mollusques ptéropodes, A16. 

TRIPTÈRE ROSE, espèce nouvelle, des côtes de Ia Nouvelle-Hollande, près le Port- 
Jackson, 416, pl. 66, fig. 6. 

TRITON AUSTRAL, variété ou jeune âge de mollusque, dont nous donnons une 
figure, du Port-Jackson, 433, pl. 72, fig. 1 et 2. 

TROGLODYTES, habitent les bruyères des îles Malouines ; diffèrent peu desnôtres, so. 

TroupraLEs. Ces oiseaux, ainsi que les carouges, volent en troupes nombreuses; 
fouillent la terre, aux environs de Montévidéo, pour y trouver des insectes; offrent 
beaucoup de variété dans leur plumage, 24. 

TUBIPORE MUSIQUE, de Timor. Anatomie de ses polypes, 634. Les animaux 
sont d’un beau vert de pré. On ne les connoïssoit pas, 635, pl. 88. 

TUBULAIRE CLYTIOÏDE, espèce nouvelle de polypier flexible, des Açores. Re- 
marques sur les polypes d’une espèce de tubulaire de Rio de Janeiro, 620, pl. 95, 
fo, 7.et 8° 

TuPINAMBIS, reptiles que nous avons rapportés des îles Rawak et Vaigiou, des îles 
Mariannes et du Port-Jackson, et que nous avons oublié de mentionner. L'espèce 
la plus commune est le tupinambis orné, nommé £ette par les habitans de l’île Guébé. 

TURBOT À LONGS FILETS, espèce nouvelle de poisson, des îles Rawak et Vaigiou, 
235» pl. 50. 

TYRAN À VENTRE JAUNE; fréquente les bords des prairies, à Rio de Janeiro, et les 
bords de Ia rade, à Montévidéo, 19 et 24. 


UÜ 


URUBU {prononcez ouroubou ). Voyez Percnoptère urubu. 


V 


VAIGIOU, une des îles des Papous, remarquable par la vigueur de sa végétation. 
Des arbres y croïssent dans la mer, 28. Les oiseaux qui habitent ce séjour, semblent, 


710 TABLE DES MATIÈRES. - 


. par leurs proportions, participer de sa grandeur : on n’y voit presque point de petites 
espèces au brillant plumage, 29. On y trouve de très-beaux insectes, 542. 

VANGA RAYÉ, mâle et femelle, oiseaux du Brésil. Ils fréquentent les bords des 
prairies; n’avotent point encore été figurés, 98—99, pl. 18 et 19. 

VAUTOURS ( LE ROI DES ); habite les montagnes des Orgues, à Rio de Janeiro , 2 
Les vautours des Malouines, craintifs et voraces, planent des journées entières au 
haut des montagnes; quelques-uns avoient la portion nue de leur têté d’un rouge 
cramoisi, 50. 

VÉLELLES, acalèphes hydrostatiques répandus dans toutes les mers; les individus 
très-jeunes sont pourvus de deux longs filamens bleus, qu’ils perdent par les progrès 
de l’âge, 58 

VÉLELLÉ ss espèce nouvelle, du grand Océan et “de la Nouvelle- Gui- 
née, 586, pl. 86, fig. 9. 

ViPÈRE BRÉSILIENNE, nommée chiararague à Rio de Janeiro; sa morsure est très- 
dangereuse, d’après ce que nous a rapporté M. Langsdorff, 170. 

Vis TACHETÉE, femelle ; description anatomique de ce mollusque, des Te Sand- 
wich, 449, pl. 69, fig. 6. 

VOLUTE ÉTHIOPIENNE, mâle; description anatomique de ce mollusque, de la 
baie des Chiens-Marins, 447, pl. 71, fig 


W 


WAHOU, une des îles Sandwich, ressemble beaucoup à FIle-de-France par sa végé- 


tation et sa constitution géologique, 38. 


Z 


ZOOPHYTES où ANIMAUX RAYONNÉS. Considérations générales et Descriptions 
d'espèces nouvelles, 5 59—671. Portion d’un zoophyte inconnu, trouvée dans le 


grand Océan, $ot, pl. 75, fig. 8. 
ZOOPHYTES PÉLAGIENS, considérés comme causes de la phosphorescence de Ia 


mer, {O2 ef suivantes, 


FIN DE LA TABLE DES MATIÈRES DE LA ZOOLOGIE. 


A 


711 


ADDITIONS ET CORRECTIONS. 


ADDITIONS. 


CASSICAN GRIS (Parita griseus), espèce nouvelle d'oiseau, tout-à-fait grise, et 
beaucoup plus grosse qu'une corneille : elle habite le Port-Jackson, page 43. 

CÉRÉOPSsIS. Après la note qui lui est relative, page 46 , ajoutez: II étoit seul et pais- 
soit l'herbe, comme le font les oies, dont il avoit la 0e 

HoRNERO (zurdus fulvus, de Commerson ; furnurius rufus , de Vieïllot ). Nous devons 
ajouter que, pendant notre séjour à Montévidéo, nous n'avons pas vu l’hornero, sur 
les mœurs duquel le célèbre Commerson, dans ses manuscrits, a donné des détails 
fort intéressans. I raconte que cet oïseau est quelquefois si familier, qu'à Montévidéo 
on en a vu un établir son nid sur une charrette qui voyageoit. Ce nid, fait en terre, 
a la forme d’un four. Il paroît que l’Aornero habite tout le Brésil : nous en avons rap- 
porté un de Rio de Janeiro, qui nous fut donné par M. d'Olfers, secrétaire de Ia 
légation prussienne. { On doit lire cette note après Ia ligne 2 de la page 25.) 

KANGUROO BANKS (kangurus banksianus). Ajoutez ce qui suit en note de Ia page 66: 
IT paroïît qu’il existe un autre kanguroo de couleur rouge. Nous allons rapporter 
textuellement un passage extrait du journal manuscrit de M. Barallier , ingénieur 
français au service d'Angleterre, pendant son voyage aux Montagnes- Bleues. 
«< Ouaring où waring est un kanguroo d’une espèce plus petite que Ie kanguroo or- 
» dinaire; il a le même caractère, et n’habite que les montagnes; sa couleur est 
» d’un rouge brun foncé, avec de petites raies noires sur la tête. Sir Joseph Banks 
» est possesseur de Îa seule peau de cette espèce d'animal, qui ait été portée en- 
» Angleterre. » Nous proposons, pour cette espèce, le nom de kangurus banksianus, 
en l'honneur de l'illustre compagnon de Cook, Sir Joseph Banks, l'un des pro= 
tecteurs de la science les plus justement célèbres. 

Paprous. Nous n'avons pu décrire les têtes de [a variété zèore ; nous avons seulement 
indiqué qu'elles différoient de celles des Papous, sur-tout par le degré d'ouverture 
de l'angle facial. Cette observation vient d’être confirmée par une tête de ces mêmes 
Nègres, rapportée du havre Dory, à la Nouvelle-Guinée, par M. Lesson. 

PÉRAMÈLE LAWSON ( perameles Lawson). C’est le nom que nous donnâmes à une 
grande espèce de péramèle, des Montagnes-Bleues , que nous dûmes à lobligeance 
de M. le capitaine Lawson, commandant de Bathurst, page 57. 


nas ADDITIONS ET CORRECTIONS. 


Page 40, ligne 21, après moucherolle noir et blanc, ajoutez : le pluvier à front 
blanc, lhuîtrier noir, le pélican à lunettes, l'aigle à queue étagée, un grim- 
pereau varié. 

Page 45, ligne 26 , après le mot naufrage, ajoutez : la plupart de ces espèces, 
évidemment nouvelles, appartenoïent aux genres faucon, pie-grièche , cassican, 
gobe-mouche, philédon, figuier, coucou, &c. 


Nous terminerons ces additions par les deux remarques suivantes, relatives au nom 
et à la distribution géographique des animaux. 

Nous n'avons pas donné Îles noms de tous Îles animaux dans la langue de tous les 
peuples que nous avons visités. On les trouvera dans la partie du Voyage qui a pour 
titre, Recherches sur les langues. 

Nous n'avons pas insisté minutieusement sur fa distribution géographique des ani- 
maux vus pendant notre circumnavigation. Ces détails paroîtront dans la partie 

Navigation et Géographie : une colonne est destinée à faire mention, jour par jour, 
de tous les animaux que nous avons pris ou seulement aperçus; une autre colonne 
indique, d’une manière rigoureusement exacte , la position géographique de Ia cor- 
vette /'Uranie. Nous nous sommes bornés à des considérations générales et rapides 
de géographie zoologique ; et pour ce qui concerne Îles animaux utiles , la partie 
Historique du Voyage renfermera tous les documens que l’on a pu se procurer. 


CORRECTIONS. 


Pag. 19, ligne 30. Ricins, lisez tiques. rf. 
78, ligne 31. Nous avons dit, lisez nous dirons. 
100 (au titre). Sous-genre, lisez Genre. 
103 (au titre). Sous-genre, lisez Genre. 
171, ligne 9. Des couleuvres, lisez des couleuvres et des pythons. 
493 , ligne 31. Mollusques pélagiens , lisez mollusques et zoophytes pélagiens. 
457; ligne 2. Navicella elliptica. N., Gsez Navicella elliptica. Lamk. 
614, ligne 7. Iles Moluques,; lisez îles Rawak et Vaigiou. Cette rectification et quelques 
autres de ce genre ont été faites dans la table des matières. 
664, ligne 19. Rochers, lisez roches. 


FIN. 


N Ÿ RQ 


SNS 
ES K 


NS 
SE 
SNS 


SNS