HISTOIRE NATURELLE, PAL à “ns INSROTES. SEL ‘TOME 1. Fi nee à : % : LA ! LE d: pe 7. LL bel. +. ne “£ LA +3 a. us if : or: . Ouvrages qui se trouvent chez le méme Libraire. BUFFON AVEC SES SUITES, : oCOURS COMPLET D'HISTOIRE NATURELLE, contenant les trois Règnes de la nature; par Buffon, Castel, Patrin, Bloch , Sonnini, Bosc , Latreille, Brongniart , de Tigny, Lamarck et, Mirbel, Edition de M. Déterville.8o vol. in-18. imprimés avec soin "sur carré fin, ofnés de 985 planches, représentant chacune plusieurs figures dessinées d'après nature par M. Desève , et précieusement terminées au burin: N p Division de l'ouvrage. ŒUVRES DE BUFFON , comprenant: Théorie dé La terre, — Discours sur l'histoire naturelles — Histoire: naturelle de l'Homme. — Histoïiré naturélle des Quadrupèdés, = Histoire naturellebdes Oiseaux, classés par ordres, genres et espèces , = d'après le système de Zinné, avec les caractères génériques et la « nomentlature. Hinécqne ñ ppépé- Rice Castel (26 xl. ). Nouv.gdition, érnée ile 305 planches, fepréfentant environ L LES È jets. : 5 fr. ee les figures coloriées. go! F. Histoire naturelle des Minéraux, par Z. M. Patrin, membre . de l'Institut (5 volumes). Ouvrage orné de 4o planches, représentant un plus grand nombre de sujets dessinés d'apres nature. 15 fr. nn: figures coloriées. aa fr. Soc, stoire naturelle des Poissons, avec les figures dessinées d'aprésnature, par B/00%; ouvrage classé par ordres, genres et emsca d'aprèt le système de Zinné, avec les caractères génériques, : - par Réné-lichard Castel, Edition ornée de 160 planches, repre- + sent environ 600 espèces de poissons (ro vol.). 30 fr. Avec figures colorices. 45 fr. Histoire naturelle des Reptiles, avec figures dessinées d'après naturé, par Sonnini, homme de lettres et naturaliste , et Larreille, membre de l'Iostitut. Edition ornée de 54 planches, représentant environ 150 espèces différentes de serpens, vipères , couleuvres , lé- zards , grenouilles, tortues, etc. (4 vol.). 12 fr. Avec figures colorices: 18 fr, Histoire naturelle des Coquilles, des Vers et des Crustacées, en 10 vol., contenant leur description, leurs mœurs et leurs usages, avec des figures dessinées d’après nature, par Z. A. Bose, membre de l'Académie des Sciences. Edition ornée de q4 planches, repré M sentant environ 600 espèces de coquilles , vers, crabes, etô, 3ofr. Avec figures colorices. 45 Cr. DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET, rue de Vaugirard, n° 9. HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES, COMPOSÉE D'APRÈS RÉAUMUR, GEOFFROY, DEGÉER , ROESEL, LINNÉ, FABRICIUS , Et les meilleurs Ouvrages qui ont paru sur cetté partie ; RÉDIGÉE SUIVANT LA MÉTHODE D'OLIVIER, ET ORNÉE DE FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE. PAR F. M. G. T. DE TIGNY, Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris; TROISIÈME ÉDITION, Revue , augmentée et mise au niveau des connaissances actuelles , PAR. M. F. E. GUÉRIN, Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris _ et de plusieurs autres Sociétés savantes. TOME PREMIER. PARIS, RORET, LIBRAIRE , RUE HAUTEFEUILLE, AU COIN DE GELLE DU BATTOIR, 1828. D. di AVERTISSEMENT. Dvvis Réaumur, dont les Mémoires, tout à la fois modèle de style et mine - féconde pour la science, ont imprimé le goût de l’étude des insectes , comme Buffon avait dirigé les bons esprits vers la contemplation de la nature en géné- ral , et les observations sur les quadru- pèdes et les oiseaux en particulier, il a paru de nombreux ouvrages qui traitent de l’'Entomologie , c’est-à-dire de l'His- toire naturelle des Insectes. Rédigés presque tous par des hommes d’un grand mérite, les uns offrent beaucoup d’attraits à la curiosité, les autres sont uniquement destinés aux savans; il en manquait un qui, en réunissant ces deux avantages, inséparables lorsqu'on veut se rendre en même temps agréable et utile, présentât l'Histoire des In- Tr — _. v] AVERTISSEMENT. sectes dans son ensemble; qui réunit dans un cadre de peu d’étendue , avec ordre et précision , tous les faits parti- culiers dont elle se compose; qui enfin la débarrassât de ces recherches appe- santies , de ces remarques trop souvent minutieuses par lesquelles l’on s’efforce de donner aux choses plus d'importance qu'elles n’en méritent, et qui, pour me servir de l'expression d’un grand maitre, font occuper dans la tête du naturaliste plus de place à une mouche qu’elle n’en occupe réellement dans la nature, M. de Tigny, savant plein de zèle, auteur de l'ouvrage que nous publions, a rassemblé toutes les observations de quelque importance , éparses dans les écrits des plus célèbres entomologistes, sur les formes, les métamorphoses, les habitudes et les mœurs des insectes. Il a également profité de leurs travaux pour diviser, pour classer d’une ma- AVLRTISSEMENT. vi] nière simple et claire des animaux trop petits pour être considérés autrement qu'en groupes séparés, sans négliger néanmoins les faits particuliers aux espèces utiles ou seulement curieuses. À cette abondante et précieuse récolte de matériaux, qui cessent même d’être étrangers à l’auteur par l’art et le soin avec lesquels il les a arrangés, de Ti- gny à joint le résultat de ses longues recherches et le fruit de ses propres observations. La mort l'ayant enlevé avant qu'il ait mis la dernière main à son ouvrage, M. Alexandre Brongniart, professeur d'histoire naturelle aux écoles centrales de Paris, s’est chargé du Discours préliminaire et des géné- ralités des Ordres, qui restaient à faire. ? , * Depuis que cet ouvrage est publié, la science de l’Entomologie a éprouvé des changemens considérables dus aux travaux d’un grand nom- bre d’entomologistes, et surtout du célèbre à ah vii] AVERTISSEMENT. M. Latreille, M. Guérin, son élève, a été chargé de mettre cette nouvelle édition au courant de la science, en rapportant aux divisions de M. Latreille les genres et les espèces décrites dans cet ouvrage : il n’a dà faire et n’a fait aucun changement au fond de l'ouvrage, com- posé par des savans distingués qu'il révère; il n’a fait qu’ajouter quelques espèces servant de type aux genres nouveaux établis depuis leur travail. Les Caractères des Genres, d’après la Mé- thode de M. Latreille, sont placés à la fin de l'exposition des Ordres; ils sont pris dans le Ædgne animal de M. le baron Cuvier, dans le troisième volume duquel M. Latreille a exposé sa Méthode en 1817. Depuis cet ouvrage ce savant en a publié un autre, ayant pour titre Familles naturelles du Règne animal, dans lequel il présente les nouveaux genres établis dans ces derniers temps. Ce livre n'étant que le ta- bléau ou le prélude d’un travail plus étendu qu'il va bientôt livrer à l'impression, et qui artera définitivement les bases de la science, M, Guérin a dû suivre le Aègne animal dans le- quel les caractères des genres sont beaucoup moins nombreux; ce qui convient mieux à cet ouvrage. M. Guérin n’a pas changé l’ordre primitif de éi véidantté db. doter ft SR dé.» es dé is AVERTISSEMENT, ix/:7# l'ouvrage pour rapporter aux nouveaux genres les espèces décrites et rangées suivant la Mé- thode d'Olivier, il a seulement mis au-dessous du nom de l’espèce le nom du genre du règne animal auquel elle appartient actuellement; cette manière de procéder a l'avantage de permettre à l'élève de classer sa collection d’après la Mé- thode de M. Latreille ou d’après celle d'Olivier, à sa volonté ; elle laisse à l'ouvrage son ancienne physionomie, tout en le mettant au courant de la science, M. Guérin a mis tous ses soins à rapporter les observations nouvelles faites sur les mœurs des insectes; il a déerit les espèces qui ont donné lieu à ces observations, en les rapportant, quand cela se pouvait, aux genres d'Olivier ; et en ajoutant la synonymie de M. Latreille. EXPLICATION DES QUATRE PREMIÈRES PLANCHES. Las Planches I, 11, LL et IV sont relatives aux généralités physiologiques données dans le Discours préliminaire, et doivent être placées à la fin de ce Discours, vis-à-vis la page ra7., PLANCHE I. Fig. 1. Portion de la trachée-artère des insectes considérablement grossie. Fig. a. Corps graisseux qui enveloppe tous les viscères des larves, tel qu'il se pré- sente lorsqu'on enlève la peau de ces insectes. Fig. 3. Chenille du Bombyx cossus de Linné. aaa. Pates écailleuses. bbbbb. Pates membraneuses. ceo, ete. Stigmates. PLANCHE II. €. Cerveau et branches de la moelle épi- . nière qui embrassent l’œsophage. g&g, ete. Ganglions de la moelle épinière, a. Filière. EXPLICATION DES PLANCHES, x) bb. Madibules. ce. Mâchoires. dd. Antennes. TT. Trachée-artère, PLANCHE IIl. MM. Muscles longitudinaux des insectes pris dans la chenille du Zombyx cossus, L. mm. Musceles obliques et transversaux. TT. Trachée-artère. CC. Vaisséau dorsal et longitudinal regardé comme le cœur des insectes. : aaa. Ailes de ce prétendu cœur, PLANCHE IV. TT. Canal longitudinal aérien , nommé #ra- chée-artère. ttt, ete. Points de départ de ramifications des trachées ou vaisseaux aériens correspondant aux stigmates. CA, CA. Canal alimentaire dans la chenille du Bombyx cossus. 1. Ouverture de l'œsophage dans la bouche, . OEsophage. 3. Estomac. . Premier intestin. » ES xi EXPLICATION DES PLANCHES. we 5. Second intestin. 6. Troisième intestin. Nota. On remarque que tout ce canal alimen- taire est garni de bandelettes musculaires diri- gées dans tous les sens. F. V. Intestins gréles de Lyonnet, vaisseaux hépatiques de Cuvier. 5. 8. Sac fécal. P, Filière. 0 O. Vaisseaux renfermant la matière de la soie. R R. Réservoir de la liqueur dissolvante dont, se sert la chenille du Zombyæ cossus pour ramollir le bois. GG. Corps graisseux qui enveloppe tous les. viscères de la chenille. PL, lTardieu deu | ass À A Ps RSR 12 Deseve del. Insectes , des insectes. Analomie Pl, Anatomie des insectes, Insectes. Es e Diva: RTL EL * FM Rte Inwectes P1. 2. y cf Fa AA et pi TJ SE D 2\ (| 1Ÿ Sr 7h S LT VE IN Ÿ A | VAN NA] 2 (a (M NEN =] Be \ = 4 us à AT = L ] =S | Deseve del. F° Tardieu Jeupp. Anatomie des msecter. LEURS STE RALAET-1 L. ins ail "7 AE ché di natifs sé: à WIMMATTN | TES [ee fi 112. NAONQES 06 EAU RENTE Insectes . Plii. Dereve del. FTardieu Jeulp. : ; Anatomie des insectes. INTRODUCTION. DISCOURS Sur l'organisation et les habitudes des” Jai sectes en général , ou des Arachnidés myriapodes et Insectes proprement dits: Le corps des-petits animaux qui composent cette classe nombreuse, est partagé par plu- sieurs divisions ou sections. Cette structure remarquable leur a fait donner le nom d7- sectes. “A Ce qui distingue principalement les in- sectes de tous les autres animaux, c’est d’a- voir le corps enveloppé dans une peau dure écailleuse qui fait l'office de squelette, d’a- voir des membres nombreux composés ide plusieurs articulations très sensibles ; des appendices mobiles et articulés à la tête, + ; que l'on nomme antennes. r Les insectes diffèrent encore dés autres animaux pær une tête presque toujours dis- tincte et articulée, par des yeux immobiles, 1: 4 Ts 2 > DISCOURS mais taillés à facettes, par l'absence des ca- vités nasales et du trou auditif, par la forme de leur bouche, dont les mâchoires se meu- vent latéralement lorsqu'elles existent. Ils respirent par des ouvertures nommées s#g- mates ; $ , Sont souvent munis d’ailes qui exis- tent indépendamment des autres membres, n'ont point de sang rouge, sont ovipares ou oyo-vivipares, et n’ont point une tem- pérature plus élevée que celle du milieu dans lequel ils vivent. Telles sont les principales notes caracté- ristiques des insectes : l'examen des diffé- rentes parties qui composent leur corps ex- térieurement, des organes qui servent à leurs fonctions vitales et animales, celui de leurs habitudes en général, les fera connaître plus complétement et plus exactement. La première chose que nous remarquons sur un insecte, ce sont ses parties externes, c’est-à-dire celles qui peuvent être observées sans aucune division anatomique. Le corps de presque tous les insectes est partagé supérieurement en trois parlies ou sections principales, l’antérieure se nomme SUR LES INSECTES. 3 la tête, la moyenne, corselet ou thorax , et la postérieure , qui est ordinairement la plus grande et divisée en plusieurs anneaux , porte le nom de ventre ou d’abdomen : en des- sous, on remarque une quatrième’ partie , qui est la poitrine ; c’est une pièce écailleuse et large qui est à la partie antérieure de l'abdomen; elle porte souvent une saillie qui se termine -en devant par une pointe mousse que l’on nomme séerrum. Le corps des insectes offre dans sa forme des différences plus grandes qu'aucune de celles que l’on remarque dans les animaux qui composent les classes supérieures ; tan tôt il est linéaire, c’est-à-dire beaucoup plus " long que large, et souvent alors aplati ; c’est la forme qui appartient à la plupartdes insectes qui vivent sous les écorces; quel- quefois, au contraire, il est ovale, con- vexe en dessus, plat en dessous; cette forme se retrouve dans toutes sortes d'insectes, tan- dis que la cylindrique paraît plus particu- lière à ceux qui percent le bois et vivent dans son intérieur. Les sections ou coupures qui partagent 4 DISCOURS leur corps sont beaucoup plus sensibles dans les insectes à ailes membraneuses et transparentes que dans les autres. C’est aussi parmi ces insectes plus légers au vol, et plus à portée d'échapper à leurs ennemis s que se trouvent les espèces dont le corps est plus mou et plus délicat. 4 Beaucoup d'insectes ont le corps hérissé de poils, d’épines, ou couvert d’un duvet épais et doux, ou d’écailles brillantes; ce sont des armes défensives ou de simples or- nemens que la nature leur a départis avec une profusion et une variété qui comman- $ dent l’étonnement ; c’est d’ailleurs un senti- ment dont on ne peut se défendre toutes les fois qu'on étudie avec quelque attention ces, singuliers animaux, que le vulgaire mé- prise par préjugé et par ignorance, mais dont l'étude fait presque toujours les dé- . lices de l’homme sensé qui veut les observer avec quelque assiduité. s La tête, située à la partie antérieure du corps , renferme dans les insectes, comme dans les animaux des classes supérieures , les organes des sens et ceux au moyen des- ut Lt ébbét SUR LES INSECTES. 5 quels ces petits animaux prennent leur nour--: riture. Cette partie présente seuledes formes tellement variées et si différentes Vune de l’autre, qu'il n’est pas possible d’en donner une description générale. Elle est souvent réunie au corselet d’une manière assez in- time, pour que le rétrécissement qu’on nomme col ne soit pas sensible 3 mais elle n’en est pas moins susceptible d'exécuter sur cette partie des mouvemens assez variés. Dans d’autres insectes, tels que les mites, les araignées, les faucheurs, elle est conti- nue avec le corselet, et ne peut plus se mou- voir séparément. On voit sur cette partie, dans le plus grand nombre des insectes, deux appendices mobiles, composés d’un assez grand nombre de petits articles, souvent allongés en forme de fil. Ces appendices sont ordinairement placés sur les côtés de la tête vers sa partie antérieure et auprès des yeux: on lesa nom- més antennes. Ils varient encore plus queles » autres parties du corps des insectes par leurs formes et leur longueur. Peu d'insectes en sont privés. De ce nombre sont cependant 6 DISCOURS les araignées, les mites, et quelques autres insectes de l’ordre des aptères. Ces parties sont souvent en mouvement; surtout lorsque les insectes veulent marcher. Ils ont l'air quelquefois de s’en servir comme pour son- der le terrain. Cependant on ignore encore le véritable usage d’un organe si générale- ment répandu dans la classe des insectes, et dont la présence habituelle ; la constance de forme dans les divers genres, prouve certainement qu'il est d’un usage de quelque importance pour ces animaux. Auprès des antennes se trouvent les yeux. Ces organes n’ont souvent aucune ressem- blance extérieure avec les yeux des animaux vertébrés, et il a fallu des expériences pour s'assurer de leur véritable usage. On peut distinguer deux sortes d’yeux dans les in- sectes : ils sont presque toujours immobiles et peu saillans. Les uns se présentent sous la forme de petits points ronds , brillans, pla- cés diversementsur la tête : leur nombre va- rie de deux à huit. C’est surtout dans les araignées qu’on voit facilement ces huit pe- tits yeux que l’on nomme yeux lisses. SUR LES INSECTES. | 7 Tous les insectes n’ont point cette sorte d’yeux, et ceux connus sous le nom de co- léoptères en sont constamment privés; mais les mouches, les abeilles, les libellules les possèdent. La seconde sorte d’yeux qu’on connaît aux insectes a l’aspect de deux segmens de sphère taillés à facettes comme ces miroirs multiplians. Examinés avec une forte loupe, on voit que chacune de ces facettes est une petite cornée transparente, c’est-à-dire la par- tie extérieure convexe et transparente d’un œil particulier : ces cornées sont extrémement multipliées dans certains insectes, et sur- tout dans ceux qui volent avec rapidité. Ces deux sortes d’yeux sont réunis dans beaucoup d'insectes, dans les libellules, les punaises, les abeilles : les uns et les autres sont, comme nous l'avons dit, immobiles , privés de cils et de paupières, mais ils n’en sont pas moins délicats; la justesse du vol et des mouvemens de ceux des insectes qui les ont très développés, le prouve suffisam- ment. Parmi les véritables insectes , un seul 8 DISCOURS genre, les trombidies, semble avoir deux yeux seulement, portés sur un long pédon- cule qui peut leur permettre un léger mou- vement. > _ Les autres parties que l’on doit remar- quer dans la tête, c’est la bouche, ou les organes de la manducation; ils sont presque toujours placés à l’extrémité antérieure de la tête; mais dans quelques insectes de l’or- dre des hémiptères, tels que les cigales, les psylles , les chermès, ils paraissent partir de la poitrine. Ces organes sont ordinairement assez sail- lans ; ils sont même quelquefois portés sur un long bec , comme dans les charancçons, les panorpes. Ils diffèrent considérablement dans les différens insectes; en sorte qu'il n’est pas possible d'en donner une description géné- rale. Il est méme nécessaire d'établir une première division entre tous les insectes , afin de décrire séparément des structures de bouche qui n’ont entre elles aucune ana- logie. Parmi les insectes , les uns saisissent leurs” DS: SUR LES INSECTES, 9 aliens avec des espèces de tenailles, et les broient plus ou moins complétement en rai- son de leur solidité; les autres se contentent de pomper par différens moyens les alimens liquides dont ils se nourrissent exclusive- ment. Ù Les premiers insectes ont une bouche d’une structure tout-à-fait différente de celle des seconds; on peut en prendre une idée, en examinant celle des hannetons, des sau- terelles , des libellules, des guëêpes même, et on y reconnaîtra les parties suivantes, qui n'existent pas toujours toutes dans le même insecte. Un chaperon, clypeus ; c'est la pièce non mobile qui est à la partie supérieure, et qui recouvre souvent la bouche entièrement ; c’est plutôt un prolongement du front qu'une partie de la bouche. La lèvre supérieure, Zabiwm superius à c’est une pièce mobile cornée, arrondie ; qui se trouve quelquefois immédiatément au-dessous du chaperon. Les mandibules, mardibulæ ; ce sont or- Moment les parties les plus apparentes ». 10 DISCOURS et les plus solides de la bouche des insectes; elles se trouvent immédiatement au-dessous de la lèvre supérieure; elles sont cornées et arquées , souvent dentelées, quelquefois très prolongées en avant; elles se meuvent de droite à gauche. Les mâchoires, maxillæ, ont beaucoup d’analogie avec les mandibules ; elles sont placées au-dessous d’elles, et se meuvent comme elles de droite à gauche; mais elles sont ordinairement moins fortes, plus apla- ties, plutôt membraneuses que cornes, surtout à leur partie antérieure; elles por- tent sur leur dos et dans le point de réu- nion de*leur partie cornée avec leur partie mermbraneuse, un ou deux petits appen- dices ordinairement filiformes, cornés, arti- culés, assez semblables aux antennes : on les a nommés palpes ou antennules, pa/pi. Les galètes, galeæ, sont deux pièces cornées, gréles, arquées, non mobiles ni articulées, qui se trouvent quelquefois entre les palpes et le dos des mâchoires, et qui s'appliquent sur cette dernière partie. F La lèvre inférieure, labium inferius ; c’est SUR LES INSECTES, 11 la partie qui ferme la bouche inférieure ment; elle est plate, ordinairement cornée à sa base, et membraneuse à son extrémité, souvent même bifide et ciliée : il part de. chaque côté un palpe ou antennule sem- blable à celui des mâchoires, mais commu- nément plus court. Cette partie se meut de bas en haut. Telles sont les parties qui composent la bouche des insectes à mâchoires : l’usage de chacune d’elles est facile à supposer. On voit que les mandibules saiïsissent et brisent les alimens grossiers, que les mâchoires con- courent à cette action et même la terminent, que leur partie membraneuse sert à goûter ces alimens. Les lèvres supérieures et infé- rieures, et les palpes, servent à retenir les alimens, à les placer et à les contenir sous les mandibules et les mâchoires. ‘ Le mouvement des parties qui servent à broyer les alimens, se fait donc chez les in- sectes dans une direction opposée à celui de ces mêmes parties dans les autres ani- Maux, et c'est un caractère particulier aux _insectesæ ? in L2" . 12 DISCOURS Les insectes qui se nourrissent ‘d’alimens liquides, ont une bouche d’une structure entièrement différente; ce sont des espèces de tubes d’une où de plusieurs pièces qui font l’office de pompe. On leur a donné différens noms, selon leur forme particu- lière. On à nommé langue, ZÆngua, un organe filiforme, composé de deux tubes creux, et qui sont en outre creusés en gouttièré sur leur bord interne. Ces deux pièces réunies forment un long et gréle cylindre, suscep- tible de se rouler en spirale, lorsque l’in- secte n’en fait point usage : cet organe est particulier aux papillons et autres insectes de cet ordre, Le bec, rostrum, est une gaïîne cornée d’une seule pièce, mais articulée, que l’ani- mal applique contre son ventre dans l’inac- tion; elle renferme des filets très déliés et poïntus que l’on nomme soies, et à l’aide desquels les insectes qui sont munis de cette sorte de bouche, tels que les punaises, les cigales, etc., piquent les animaux et les végétaux dont ils pompent les sucse È . é ;$ # SUR LES INSECTES. 13 La trompe, proboscis, est un organe charnu, rétractile et d’une seule pièce, ter- miné par deux espèces de lèvres : cette trompe appartient aux mouches : elles s’en servent, comme on sait, pour pomper les liquides répandus sur diverses surfaces. Le suçoir, Laustellum, à des rapports avec la trompe et le bec: comme le bec, il est composé de plusieurs soies fines, mais au lieu d’être renfermées dans un tube corné, elles sont maintenues par une gaîne molle à deux valves. Cette sorte de bouche appartient à toutes les mouches qui ont la faculté de piquer les animaux pour en su- cer le sang. Tels sont les, taons, asiles, cousins. À la base de la langue, de la trompe et du suçoir, on voit ordinairement des palpes très courts, dont l'usage est inconnu ; on ne peut du moins leur attribuer celui que nous avons donné aux palpes des insectes À mâ- choires. Nous reviendrons sur ces différentes sortes de bouche, lorsque nous parlerons des in- sectes qui les ont. Nous ferons voir alors 1, 2 1/4 DISCOURS que l'étude de cette partie ne doit point être autant négligée qu’elle l'était autrefois, puisque les principales habitudes des in- sectes sont fondées sur leur manière de se nourrir, et que leur genre de nourriture est essentiellement lié avec la structure de leur bouche. Mais on ne doit point nonsplus attacher à la forme des plus petites parties de cet organe toute l'importance qu'on y a mise. Après la tête vient la. seconde et moyenne partie du corps des insectes : on la nomme thorax ; elle paraït répondre en partie à la poitrine dans les gros animaux. C’est des différentes formes de cette partie dans les divers genres qu’on peut tirer des carac- tères d'autant meiïlleurs, qu’ils sont assez constans, et toujours faciles à voir et à décrire. ‘ * M. Audouin, dans un travail très remarquable, lu à l’Académie des Sciences, a donné une accep- tion plus étendue à ce mot de thorax : d’après lui, le thorax est divisé dans les insectes proprement dits en trois parties principales qui ont reçu différens noms; chacune de ces parties porte une paire de pates; le premier anneau, celni qui vient immé- x SUR LES INSECTES. . 15 La dernière partie du corps des insectes, séparée des autres par un étranglement dis- tinct, est le ventre ou l'abdomen. Il est composé d’anneaux écailleux, em- boîtés et mobiles les uns sur les autres, et va en diminuant de diamètre de sa base à sa pointe. Cette structure laisse à cettespar- tie une mobilité qui est d'autant plus grande, que l'abdomen est plus-allongé. A la partie diatement après la tête, se nomme prothorax ; c'est celui qui forme le corselet dans les coléoptères et le col ou collier dans d’autres ordres; le second est nommé mésothoraz , il donne supérieurement attache à la première paire d'ailes; enfin , le méta- thorax ou le troisième anneau porte les secondes ailes*ou les balanciers des insectes diptères. Cha- cun de ces segmens est composé de quatre parties, une inférieure, deux latérales (formant à elles trois la poitrine), et une supérieure qui forme le dos. L'inférieure prend le nom de sternum ; la partie latérale ou le flanc se divise entrois pièces prin- oipales, une qui tient au sternum et qu'on nomme épisternum.; V'autre, placée en arrière de celle-ci, et à laquelle la hanche s'articule, est nommée épi- mère; on nomme crochantin, par opposition à tro- chanter, une petite pièce mobile qui sert à la réu- nion de l'épimère à la hanche. La troisième pièce 16 DISCOURS antérieure de labdomen se voient, en dessus et en dessous, deux pièces écailleuses beau- coup plus larges que les autres, et que l’on a considérées comme une suite de la poi-' trine, surtout la pièce inférieure, sous la- à à remarque quelquefois une arête saillante, terminée en avant par une pointe : on la-nommée sternum , par comparaison avec ee même os dans les animaux ver- tébrés. du flane, qui dans le mésothorax et le métathorax est placée en avant de l’épisternum et sous l'aile, est appelée Aypoptère ; quelquefois il y a encore autour du stigmate une petite pièce cornée qu’on nomme péritrème. La partie supérieure de chacun des segmens,; dont nons venonsde parler, se nomme tergum; il se divise en quatre pièces nommées, d’après leur position dans chaque anneau , præseu- tum, scutum, scutellum et postscutellum ; la pre- mière et souvent la dernière sont presqüe toujours cachées dans l’intérieur. C’est le seutellum du méso- thorax qui a recu de tous les naturalistes le nom d'é écusson ; dans les araignées, le thorax existe et est composé d'autant d’anneaux qu’il y a de paires de pates, seulement ces anneaux sont soudés entre eux. Les flancs s’allongent et viennent se réunir sur la partie dorsale, et le tergam n'existe plns. À SUR LES INSECTES. 17 La partie supérieure de l'abdomen porte le nom de dos, et la partie inférieure, plus particulièrement celui de ventre. On re- marque presque toujours sur le dos des points ou trous, dont les bords.sont plissés en forme de boutonnière : ce sont les s mates ou les ouvertures par lesquelles l'air atmosphérique pénètre dans l'intérieur du corps des insectes. Pour terminer la description complète des insectes en général, il nous reste à par- ler des membres qui s’attachent, soutien- nent, transportent ou défendent ces diffé- rentes parties de leur corps. Les insectes n’ont jamais moins de six pates, et si dans quelques papillons il n’en paraît que quatre, nous verrons que deux sont comme avortées; mais ils en ont quel- quefoïis un bien plus grand nombre : cepen- dant les insectes ailés n’en ont jamais plus de six. De ces six, les deux antérieures, toujours dirigées en avant, sont attachées sous le corselet; les quatre postérieures sont atta- chées à cette large pièce de l'abdomen que. 18 DISCOURS nous avons nommée la poitrine; les deux dernières sont toujours dirigées en arrière. Ces pates, presque toujours grêles et lon- gues, sont composées de quatre parties qui ont reçu des noms particuliers. La première, au moyen de laquelle la. pate s'attache au corps, porte le nom de banche : c’est ordinairement la plus courte et la plus grosse. Dans les hannetons, les carabes, les capricornes, elle est peu sen- sible; mais on la voit très bien dans les sauterelles, les guëpes, les ichneumons. Après la hanche vient la cuisse : c’est or- dinairement la partie la plus renflée : elle est suivie dela jambe , communément apla- tie, assez longue et grêle, La pate est terminée par une partie composée de plu- sieurs petites pièces articulées les unes au bout des autres; on la nomme tarse. Le nombre de ces parties varie dans les diffé- rens genres d'insectes; maïs il est constant non seulement, dans les espèces de chaque genre, mais assez généralement dans celles d’une même famille; en sorte qu’il a offert à Geoffroy, et à d’autres entomologistes, des SUR LES INSECTES. 19 caractères assez bons pour diviser les in- sectes. v La forme de ces-pièces ou articles pré- sente”aussi d'assez nombreuses variétés. La dernière pièce est terminée par deux ou quatre ongles crochus, qui donnent à l'in: secte la faculté de s'attacher et même de se cramponner solidementssur les corps où il est placé, et même de se tenir avec fermeté sur les corps les plus lisses. Le dessous des tarses est souvent garni de petites,brosses de poils fins et serrés, au moyen desquels l'insecte peut s'appliquer et marcher sur les glaces et les marbres verticaux, ainsi que le font les mouches tous les jours sous nos yeux. ” Les pates présentent de grandes diffé- rences dans leurs formes, suivant les usages auxquels la nature les à destinées ; en sorte que cette forme influe sur les habitudes des insectes, en multipliant ou diminuant leurs facultés. On remarque en général, que les pates antérieures sont plus longues, plus fortes , plus dilatées, et souvent raboteuses en des- 20 DISCOURS sous dans les mâles, et il est aisé de voir que le but de cette disposition est de favo- riser l’accouplement d’animaux dont la peau dure etlisse ne laisse que peu de prise. Les pates sont longues et déliées dans les insectes légers à la course, comme les carabes, les lygées, les réduves, les sphex. Les antérieures sont courtes, comprimées , dentelées, souvent même privées de tarses danses insectes qui fouillent Ja terre, comme les boursiers, les onites, ateuchus, etc.; elles sont quelquefois en forme de tenaille ou pince à genoux dans quelquesinsectes qui saisissent leur proie avec ce singulier instru- ment, comme les mantes, les nèpes. Les pates postérieures sont assez lon- gues, comprimées, ciliées sur leurs bords dans les insectes nageurs, tels que les diti- ques. Les cuisses de ces pates, quelquefois très longues , sont robustes et renflées dans plusieurs insectesy, tels que les altises, les sauterelles, les psylles, etc., qui acquièrent par là la faculté de sauter. Ce n’est point en raison du nombre de leurs pates que les insectes marchent plus SUR LES INSECTES. 2% ou moins vite: on sait que les iules, qui en ont des centaines, ont une démarche très lente. La rapidité de la course dans les in- sectes, est donc plutôt en raison de la lon- gueur des pates, comme nous l’avons in- diqué plus haut. À ces moyens de mouvement déjà assez multipliés dans les insectes, la nature en a ajouté d’autres qui existent même indépen- damment de ceux-ci : elle a accordé à un grand nombre la faculté de voler. Les ailes sont toujours placées sur le dos; elles prennent naissance de la partie anté- rieure de cette portion de ventre que nous avons nommée la poitrine; et plus ou moins longues que l’abdomen, elles le cachent sou- vent entièrement. ! Les ailes, comme toutes les parties des insectes, offrent encore de grandes diffé- rences entre elles, et ne ressemblent point : : Les deux ailes antérieures prennent naissance, comme nous l'avons dit plus haut, à la partie su- périeure du mésothorax ; les inférieures ou les ap- pendices qui en tiennent lieu dans certains insectes, s’insèrent sur le dos du métathorax. 22 DISCOURS du tout à celles des autres animaux. Tan- tôt il y en a deux, plus souvent il y en a quatre. Quand il n’y en a que deux, elles sont tou- - jours membraneuses, c’est-à-dire composées d’une membrane très mince et transparente, traversée de nervures nombreuses : telles sont les ailes des mouches. Parmi les insectes qui ont quatre ailes, les uns, comme les abeilles, les libellules, ont ces quatre ailes membraneuses, et assez semblables à celles des mouches. Quelquefois, comme dans les papillons, les ailes sont très grandes, assez fortes , et _ recouvertes sur leurs deux faces d’unemul- titude de petites écailles qui ressemblent à , de la poussière. Chez d’autres insectes, les ailes supé- rieures perdent totalement ou presque tota- lement leur transparence ét leur flexibilité ; elles deviennent dures, opaques, chagrinées en dessus, sans nervures sensibles, et enve- ” loppent, à la manière d’un étui, les ailes in- férieures qui restent membraneuses : on les a nommées alors étuis ou élytres, Dans le SUR LES INSECTES. 23 vol, l’insecte se contente d’écarter ces deux étuis, de sortir les ailes de dessous , et tan- dis qu'il agite celles-ci, les élytres restent immobiles. Tous les insectes semblables aux hannetens, capricornes, coccinelles, etc., etc. ont leurs ailes ainsi faites, et ont été réu- nis à cause de cela sous la dénomination gé- -nérale de coléoptères. Chezles sauterelles, les criquets , les man- tes, etc. , les élytres sont très flexibles, demi- transparentes ; elles recouvrent les ailes membraneuses pliées en éventails. On adé- signé sous le nom d’orthoptères les insectes qui ont cette sorte d’ailes. Quelquefois ces élytres ne sont coriaces et opaques que dans leur moitié antérieure; elles se croisent alors l’une sur l’autre, leur extrémité est membraneuse et transparente comme les ailes qu’elles recouvrent : on les a nommées alors demi-élytres, et on a ap- pelé hémiptères les insectes qui ont de sem- blables ailes. Telles sont les punaises, quel- ques cigales, les nèpes, ete. On remarque à la base des ailes, au point de réunion de leur suture; près le corselet, À 24 DISCOURS une petite pièce triangulaire très visible dans les hannetons, les punaises, quélqués mou- ches, quelques ichneumons. On l’a nommée écusson: on en ignore l'usage. Comme les principales divisions de la mé- thode que nous suivrons sont fondées sur ces différentes sortes d'ailes, nous les décri- rons avec plus de détail en faisant les géné- ralités des insectes qui les possèdent, © Après avoir fait connaître les différen- tes parties que présente le corps des in- sectes à l'extérieur, nous devons dire quel- ques mots de leur organisation intérieure. La structure interne de ces petits animaux est d'autant plus intéressante à connaître, qu’elle s'éloigne davantage de’celle des ani- maux des classes supérieures, La plupart des facultés vitales de ces animaux se retrou- vent cependant dans les insectes, qui sem- blent les exercer souvent à peu près de la même mawière. Ce sont, pour ainsi dire, des effets presque semblables produits par des causes très différentes. Nous allons par- courir les différentes fonctions vitales des jnsectes, les comparer avec celles des ani- SUR LES INSECTES. 25 maux des classes supérieures, et décrire brièvement les organes qui servent À rem- plir ces fonctions. La première est le mouvement volontaire: c'est celle qui distingue surtout les animaux des végétaux. Les os et les muscles, organes de cette fonction, sont chez les insectes dans une position respective opposée à celle où on les voit dans les animaux à sang rouge. Les os , ou l'enveloppe crustacée qui les remplace, sont réellement extérieurs dans les insectes ; ils recouvrent leur corps, leurs membres; ils sont creux, et dans leurs cavi- tés sont placés les muscles, ces parties qui les mettent en mouvement. Comme dans les insectes les articulations sont nombreuses, les mouvemens sont mul- tipliés et très variés. Les muscles, qui res- semblent à de petites bandelettes sans ventre ni tendons, sont aussi très multipliés. Lyon- net en à upié 4o4x dans une seule che- nille , tandis qu’on n’en compte guère que 529 dans le corps humain : aussi non seu lement ces petits animaux ont la faculté de se mouvoir avec rapidité et continuité à I. 3 26 DISCOURS Vaide de leurs pates, mais la nature a en- core augmentéleursmouvemens par des ailes au nombre de quatre ou deux, par des pates membraneuses ou mamelons agglutinatifs qu'on remarque dans la plupart des larves, ou même par les ressorts particuliers qu’elle a donnés à plusieurs insectes. Tel est celui que les podures portent sous leur ventre, et qui les fait sauter très loin en se déten- dant ; elle a même placé des moyens de mouvement dans des parties où on ne s’at- tendait guère à en rencontrer. C’est ainsi que les larves des libellules se meuvent en avant, en chassant fortement par leur der- rière l’eau qu’elles y ont fait entrer; que des larves de mouches sans pates exécutent ce- pendant des sauts assez étendus en contrac- tant leur corps d'une certaine manière; que les taupins, quoique posés sur le dos, peu- vent aussi sauter À l’aide d’une espèce de ressort qu’ils ont à la jonction du corselet et de la poitrine. On peut dire que ce sont les insectes qui donnent le plus d’exemples cürieux de mouvemens aussi variés que sin- guliers. Il en est cependant qui paraissent à SUR LES INSECTES. 27 LA peine se mouvoir; tels sont les chermès et les pucerons. Les sens ne sont point aussi parfaits ou plutôt aussi actifs dans les insectes que les organes du mouvement. Les organes des sensations sont même pêu développés chez eux en comparaison des autres animaux. Le cerveau ,. qui est le centre de la sen- sibilité, est très petit; il est placé au— dessus du conduit des alimens, que l’on nomme l’œsophage; il en part deux bran- ches nerveuses qui embrassent ce canal, et vont se réunir au-dessous. Elles donnent ici naissance à un cordon nerveux et blanchâtre qui règne tout le long du corps de l’insecte du côté du ventre, et qui présente dans sa longueur environ douze à treize nœuds ou ganglions, que l’on a considérés comme au- tant de petits cerveaux. Il part en effet de chacun de ces nœuds plusieurs filets très.dé- liés, qui sont les herfs; ils vont sedistribuer dans les différentes parties du corps de l’ani- mal. Deux des plus visibles sont les nerfs optiques, c'est-à-dire ceux qui vont aux yeux. Ils partent directement du cerveau. ° inde dd . Cid is Odette, 28 DISGOURS à C'est à cette espèce de distribution du cerveau dans tout le corps des insectes, que l'on a attribué la faculté qu'ont la plupart de ces animaux d’être encore long-temps vi- vans aprèsavoir été privés de leur tête ou de la moitié de leur corps. Les insectes paraissent doués des mêmes sens que les grand$ animaux; mais ils sont souvent moins délicats, moins sensibles ;.ce qui suppose nécessairement moins de per- fection dans leur organisation. La vuétet l’odorat semblent être les sens lesplus parfaits dans les insectes. Nous avons déjà fait remarquer que leurs yeux étaient privés de mouvement ; mais leur vue n’en paraît pas moins bonne. Il semble méme que ces animaux voient mieux de loin que de près. On peut remarquer que l’abeille, qui arrive droit Àsa ruche, en trouve difficile- ment lentrée.Les libellules aperçoïiventdans l'air le Pig petit moucheron, et fondent sur lui en un instant. Les araignées sauteuses tombent sur leur proie avec une justesse tonnante, Nous avons déjà dit que les yeux des in- SUR LES INSECTES, 29 sectes sont de deux sortes : les uns lisses, les autres à réseau. La structure de ces der- niers est admirable : chaque facette est la base d’une pyramide hexagone, dont le som- met est au fond de l’œil. Swammerdam, qui a fait l'anatomie de cet organe, dit n’y avoir point trouvé les mêmes liqueurs qui se ren- contrent dans les yeux des quadrupèdes, ete. L'uvée, qui est la membrane qui se rencon- tre immédiatement au-dessous de la cornée, varie de couleur dans les différens insectes : elle est rouge dans la plupart des mouches. Cette couleur s’épanche lorsqu'on écrase-la tête de ces insectes, et a fait croire à cer- taines personnes que leur sang était rouge. On n’a pu découvrir encore , dans les vé- ritables insectes, l'organe de l’ouie. M. Fa- bricius l’a bien fait connaître dans les crabes et les écrevisses. C’est une espèce de mem- brane qu’il a nommée tympan: elle est nue, superficielle , et placée à la base des an- tennes de ces animaux. Mais ils doivent être séparés de la classe des insectes. Leur qrga- nisation tout-à-fait différente, ordonne d’e établir une particulière pour les y plac trs dd ét LdbaAh de, ::sbélt (Sd L on L sé +- 30 DISCOURS Il est cependant très probable que les vrais » ‘insectes jouissent aussi de ce sens : le bruit que plusieurs d’entre eux ont la faculté de produire, n’aurait aucune utilité pour eux, _” s’il n’était un moyen de se faire entendre. Ce ba a ne peut étre une preuve de l'existence de l’organe de l’ouie; mais cette circonstance - doit au moins la faire soupçonner. » Ilnya, au contraire, aucun doute sur l'existence de l’organe de l’odorat dans les insectes. Un grand nombre d’observations faciles à répéter le prouvent suffisamment. On sait que les dermestes, les boursiers, les mouches surtout, sont attirés de très loin par l’odeur d’un cadavre en putréfaction. On sait que ce ne peut être la vue qui leur en donne la connaissance, puisqu'on voit voltiger ces insectes autour d’une boîte qui renferme de la viande putréfiée; enfin on rapporte souvent ce fait singulier des mou- ches et de divers insectes carnassiers, qui, trompés par l'odeur cadavéreuse d’une plante (arum) , vont déposer leurs œufs dans sa - fleur, croyant les placer dans une matière animale. On ne pouvait done nier l'existence Hé «> LI ju L pd ; D SUR LES INSECTES. 31 de ce sens; mais on en a long-temps ignoré le siége, et on l’a placé quelquefois dans les antennes. Il est aisé de voir que ces parties ne peuvent servir en aucune manière à per- - cevoir les odeurs. Baster a pensé qu'il de- vait exister à l’entrée des conduits de l'air, vers les stigmates , et M. Dumeril a ap- puyé cette opinion par de très bons rai- sonnemens. Les insectes paraissent jouir du sens du goût. Il est difficile de ne pas en être per- suadé , lorsque l’on voit une chenille goûter une plante, et la refuser si elle ne lui con- vient pas, pour s'arrêter, au contraire, sur celle qui doit lui servir d’aliment. Quelques personnes ont prétendu que les palpes ou antennules étaient les organes de ce sens ; mais leur structure est trop grossière , leur surface trop coriace, pour être l'organe d’un toucher aussi délicat. Il semble qu'il doit < plutôt résider dans la partie membraneuse - des mächoires et de la lèvre inférieure. Le toucher paraît être le sens le plusob- tus dans les insectes. Des os extérieurs doi- vent en effet s'opposer à la délicatesse de ce 32 DISCOURS sens. Aussi ceux qui paraissent lavoir le moins grossier, comme les araignées et quel- ques chenilles qui se remuent excessivement dès qu'on les’touche, sont-ils couverts d’une peau membraneuse. En outre , des poils souvent nombreux et roides , quelquefoisméme des épines, arment la peau osseuse de beaucoup d’insectes, et ne peuvent leur permettre de prendre au cune idée précise de la forme ou de la con- sistance des corps extérieurs. Quelques personnes ont regardé comme un organe particulier du toucher ces par- ties ordinairement filiformes , mobiles, ar- ticulées, placées en avant des yeux, et que nous avons nommées antennes. Cette opinion peut avoir quelque fondement ; mais jusqu’à présent il n’a point été possible de lap- puyer sur des observations ou des expérien- ces directes. Nous venons de voir que les insectes jouis- sent fort peu de leurs sens, et surtout du plus étendu de tous, du toucher, qui rec- tifie les erreurs des autres. Cependant leur industrie est beaucoup plus grande que celle SUR LES INSECTES, 33 de certains animaux dans lesquels les sens paraissent plus développés, et les moyens d’agir plus nombreux. Tels sont, par exem- ple, les reptiles, les poissons : on rencontre peu de faits étonnans ; on remarque peu de prévoyance, presque point d'intelligence, plutôt même une sorte d’apathie dans ces animaux d’une classe, d’une organisation qui semble bien supérieure à celle des in- sectes. Nous trouverons dans les moyens que ces petits animaux emploient pour se défendre , pour se conserver, se nourrir, et pour soigner leurs œufs, un instinct quinous étonnera. Si les organes des sens des insectes ont quelque analogie avec ces mêmes organes dans les animaux vertébrés , il n’en est point ainsi de ceux de la respiration, qui ne res= semblent en rien aux poumons ou branchies des animaux à sang rouge. Les insectes ne respirent point par la bouche : des ouver- lures particulières , et en plus ou moins grand nombre, placées sur les côtés du cotps, donnent entrée à l'air. Nous en avons déjà parlé sous le nom de stigmate, Les bords des l'E a ge 34 DISCOURS ces ouvertures sont cicatrisés et en forme de boutonnière : elles sont ordinairement si- tuées sur les parties latérales et supérieures de l'abdomen : quelquefois aussi elles sont placées sur le corselet ou même à l’extré- mité du ventre. Ces ouvertures laissent pé- nétrer l'air dans deux canaux qui règnent dans toute la longueur du corps; on les a nommés par analogie trachée-artère, Ces vaisseaux aériens donnent naissance, vis-- vis chaque stigmate , à un nombre considé- rable de petits vaisseaux qui pénètrent dans toutes les parties, s’y ramifient à l'infini, et y portent l’air atmosphérique ; ce fluide est décomposé par le chyle des insectes ; l'oxi- gène est absorbé, l'azote séparé, rejeté, et il se forme de l'acide carbonique. Réau- mur, Degeer, Muschenbrock, Lyonnet , ont fait une multitude d'expériences qui toutes tendent à prouver que les stigmates sont vé- ritablementles ouvertures par lesquelles l'air s'introduit dans le corps des insectes. Ils ont “vu que ces animaux périssaient dès qu'on les bouchait avec de la cire ou de l’huile, et lorsqu'on plonge les insectes dans l’eau, SUR LES INSECTES. 35 on voit souvent des bulles d’air à l'entrée de ces trous. Les insectes, comme tous les animaux qui respirent , et il n’en est peut-être aucun qui ne remplisse cette fonction , ne peuvent vivre long-temps dans les gaz non respira- bles; ils y sont promptement asphyxiés; mais cette asphyxie ne leur est pas aussi fré= quemment mortelle qu'aux animaux à sang chaud. Les organes de la circulation sont toujours en rapportavec ceux de la respiration , puis- " 21 que c’est sur le chyle transporté par le sang que l'air doit agir. On peut dire que cette fonction est encore inconnue dans les in sectes ou plutôt qu’elle n'existe pas. L'organe que l'on a regardé comme cœur, est un vaisseau longitudinal situé le long du dos des insec- tes *. Sa forme est remarquable. 11 présente plusieurs renflemens que Lyonnet a nommés les ailes du cœur, au moyen desquels il est attaché à la peau de l’insecte. Ces renfle- mens ont été regardés comme une suité de Il a requ le nom de vaisseau dorsal. 36 DISCOURS petits cœurs. Mais en les examinanit avec at- tention, on voit qu'ils n’ont de comiun , avec ce que l’on a appelé le cœur dans les grands animaux , qu'un mouvement de dila- tation et de contraction. Linnéus a dit que le cœur des insectes n'avait qu'un ventricule et une oreillette; d'autres naturalistes ont regardé les renfle- mens de ce vaisseau comme autant de ven- tricules et d’oreillettes. Mais quelque soin que l’on prenne, on ne peut voir partir au- cune artère ni aucune veine de ce prétendu cœur. Il ne paraît pas non plus que l’extré- mité des bronches s’abouche avec aucune sorte de vaisseaux sanguins; Lyonnet n’a ja- mais pu parvenir à découvrir de ces vais- seaux dans aucune partie du corps des in- sectes, et cependant son adresse et sa pa- tience les lui auraient certainement fait trouver s'ils eussent existé, puisqu'il a dis- séqué, figuré et décrit des vaisseaux aériens plus fins que ne pourraient étre les princi- paux troncs des vaisseaux sanguins. Le canal longitudinal renferme une li- queur blanche ou limpide, que l’on a nommée SUR LES INSECTES, 37 sang. Sa température est égale à celle du miliéu dans lequel vivent les insectes. La respiration est trop lente dans ces animaux, et le calorique dégagé dans la combinaison de l’oxigène avec le chyle, n’est point assez abondant pour élever leur température au- dessus de celle du fluide dans lequel ils vivent. D'après ces observations, Lyonnet a douté que ce canal fût un véritable cœur. M. Cu- vier a partagé ce doute": il a même été plus loin ; il a pensé qu'il n’y avait dans les in- sectes aucun vaisseau sanguin, mais que l'air allait dans tout le corps se mettre en contact avec le chyle, et lui faire subir l’al- tération qu’il doit éprouver. Il pense aussi que ce liquide pénètre toutes les parties du corps par voie d’absorption ou d’imbi- bition. Il est des époques dans la vie de certains insectes, où la respiration, et par consé- quent la circulation , si elle existe, est pres- que totalement suspendue. Lorsque la tem- pérature de l'atmosphère s’abaïsse assez pour ne plus être susceptible d'entretenir lacti- 1 4 38 DISCOURS vité des insectes, ces animaux se réfugient dans des fentes, sous les écorces , soûs les pierres , ils s’enfoncent même sous terre; ils ne prennent plus de nourriture, s’engour- dissent au point de perdre le mouvement et la sensibilité. On a donné le nom d’hiber- nation à cet état, dans lequel plusieurs in- sectes passent l'hiver; leur vie est comme suspendue. S'ils n’acquièrent rien par la nu- trition , ils ne perdent rien par la transpira- tion. Au printemps , la chaleur vient les ra- nimer et leur donner, pour ainsi dire , une nouvelle vie. La circulation et la respiration dont nous venons de parler, ne sont; pour-ainsi dire, que des annexes de la nutrition, dont la première opération est la digestion. Cette fonction , très étendue, se compose, comme on sait, de la mastication et de la digestion proprement dite. Nous avons déjà décrit, en partie, les organes de la mastication ou de la succion des alimens , en décrivant, d’une manière générale , les diverses sortes de bou- che des insectes; nous avons vu que, parmi ces animaux , les uns ne prenaient que des. : SUR LES INSECTES, 39 alimens liquides, et qu’ils avaient alors, pour bouche, une trompe, une langue , ou un su- çoir; que ceux, au contraire , qui se nour- rissaient de matières solides, avaient la bouche armée de fortes mandibules, de mâ- choires et de lèvres. Le canal intestinal , et les organes acces- soires, présentent aussi, dans les insectes, de nombreuses variétés, qui sont toujours relatives au genre de nourriture qu’ils pren- nent. Ceux qui se nourrissent de substances animales, ont les organes de la digestion moins développésque ceux qui mangent des matières végétales; mais dans la plupartdes insectes, le canal intestinal est assez droit, et les intestins ne forment point ou ne pré- sentent que peu de circonvolutions. On re- marque , en général , dans beaucoup d’in- sectés, et principalement dans ceux chez lesquels les organes de la digestion sont très développés, comme les larves, un æso- phage, un estomac, des intestins de divers diamètres, et un sac fécal , ou intestin rec- tum. Prenons une chenille pour exemple , et surtout celle dont Lyonnèt a donné une 40 DISCOURS anatomie si complète et de si belles plan- ches. Nous verrons quel’œsophage est court, que l'estomac est long, cylindrique, etqu'il remplit presque entièrement le corps de l’in- secte. Les gros intestins, au nombre de deux ou trois, sont droits, cylindriques, ét ne différent entre eux que par un diamètre plus ou moins considérable. Ces intestins s'ouvrent dans le sac fécal. Leur ouverture est garnie d’un sphincter très fort. C’est un muscle circulaire qui sert à en fermer l'extrémité à la volonté de l’ani- mal. Ces parties sont toujours enveloppées de bandes musculaires, qui augmentent leur action , et qui sont dirigées dans divers sens. Lyonnet a nommé intestins grêles, des fila- mens longs et déliés, qui prennent naissance de la partie inférieure du second gros in- testin, remontent surles côtés de l'estomac, en faisant un grand nombre de circonvolu- tions, et redescendent ensuite vers le sac fécal. Ces filamens déliés ne contiennent jamais d’alimens , mais une humeur particulière qui s’y trouve toujours, même dans les insectes SUR LES INSECTES, 4x qui.ont jeuné depuis long-temps. Cette re- marque avait déjà fait soupçonner que cette matièrem’était point une partie des alimens. Lyonnet le croyait cependant ,ctavait voulu expliquer comment elle pouvait se trouver dans les insectes après un long jeûne. Il di- sait que les intestins des insectes étant pri- vés du mouvement péristaltique !, les petits intestins grêles, dont nous parlons, ne pou- vaient se vider inférieurement que dumo- ment où les alimens renfermés dans les gros intestins, étant comprimés par les muscles , produisaient des sucs qui, entrant par l'in- sertion supérieure de ces intestins. grêles, chassaient devant eux les sues qui s’y trou— vaient déjà. Car il faut ajouter que Lyonnet croyait avoir vu que cesintestins grèles s’ou- vraient par leur extrémité inférieure dans le sac fécal. * C’est un mouvement d’ondulation ou vermi- culaire qui appartient aux intestins des animaux vertébrés; c'est à l’aide de ce mouvement que les alimens sont poussés perpétuellement de l'extrés… mité antérieure vers l'extrémité postérieure des in- testins, 42 DISCOURS M. Cuvier pense que ces canaux déliés et longs ne sont poiÿt, de véritables intestins ; il leur reconnaît la forme de toutes les glan- des des insectes, et les-regarde comme ana- logues au foie des grands animaux; il les nomme glandes, ou vaisseaux hépatiques. Les autres glaudes des insectes ont en effet cette forme de houppe, de filamens déliés et flottans; on en trouve dans ces animaux qui préparentles différentes liqueurs quileur sont propres : les plus remarquables sont celles qui séparent la matière de la soie. Nous les décrirons lorsque nous parlerons des .in- sectes qui ont la faculté de filer. * Beaucoup d'insectes ont d’autres humeurs particulières, qui supposent nécessairement autant de glandes pour les séparer : ‘tel est le venin de l’aiguillon des abeïlles et des gué- pes; l'humeur caustique que répandent plu- sieurs carabes et blaps; l'humeur laiteuse et cependant âcre des hydrophiles; une autre humeur jaune ou rouge sanguinolente qui suinte des articulations de quelques chry- somèles et coccinelles; la matière oléagineuse qui sort par ces mêmes parties dans les mé- SUR LES INSECTES. 43 loès ; la liqueur âcre, colorée et fétide qué répandent par la bouche les silphes, les ca- rabes, la chenille du cossus. Cette dernière liqueur paraît avoir quelque analogie avec la salive; elle semble au moins destinée à agir, comme ce liquide, sur les matières ali- mentaires. Enfin, on remarque immédiatement sous la peau des larves , un corps graisseux d’un volume très considérable, qui fait même presque la moitié de celui de l’insecte, et qui enveloppe tous les viscères : on en ignore l'usage; on a cru cependant qu’il servait à la nutrition de l’insecte, lorsqu'il était sous la forme de chrysalide. D’autres naturalistes ont pensé que ce corps graisseux était des- tiné à préserver les viscères qu’il renfermait, desimpressions trop vives de l'air. Nous avons parcouru et étudié , même avec des détails suffisans, les divers organes qui servent à entretenir la vie des insectes. Nous venons de prendre sur leurs fonctions les connaissances qui sont nécessaires à l’é- tude/des habitudes de ces'animaux. Il nous reste à étudier un dernier ordre d'organes, FÈ h4 DISCOURS dont l’usage n’est plus d'entretenir l’exis- tence des individus; mais il semble plus im- portant pour la nature, du moins elle pa- raît l’avoir indiqué par l'espèce d'appareil ‘dont elle l’a entouré. L'objet de cette der- nière fonction est de donner aux êtres orga- nisés la faculté de propager et de perpétuer, pour ainsi dire, leur espèce. . La génération, cette fonction déjà si éton- nante dans tous les animaux, présente dans les insectes des variétés singulières et des faits absolument particuliers à cette classe d'êtres : nous ne devons dire pour l'instant que ce qu'elle offre de général dans les insectes. Les sexes sont toujours distincts chez ces petits animaux, et même les mâles dif- fèrent quelquefois beaucoup des femelles. Ils sont ordinairement plus petits; leur corps a souvent des parties de plus, des * cornes sur la tête ou le corselet, des épines aux jambes ou ailleurs, quelquefois même les mâles seuls ont des ailes, et les femelles sont aptères; leurs antennes sont plus com- posées où plus longues; leurs pates anté- SUR LES INSECTES. 45 rieures plus larges, plus fortes ou plus allongées ; enfin leurs couleurs plus vives sont quelquefois tellement différentes de celles des femelles, qu’ils semblent n'être point de la même espèce. A ces différences extérieures se joignent les différences in- ternes ordinaires. Les organes mâles de la génération ne paraissent à l'extérieur que dans le moment de l’accouplement, Dans toute autre circon- stance, ils sont absolument cachés dans l'abdomen. Ils consistent généralement en deux ordres de glandes, conformées comme les autres glandes des insectes, c’est-à-dire composées de filamens très déliés, fortlongs, mais souvent roulés sur eux-mêmes : les unes , qui sont les plus éloignées de l'extré- mité de l'abdomen, sont comparées aux glandes qui séparent la liqueur fécondante ; les deux autres, attachées par un pédon- cule moins long, et quelquefois même appli- quées presque immédiatement sur le point de réunion des pédoncules des ‘deux pre- mières glandes, ont été regardées comme les réservoirs de cette liqueur. HO -- DISCOURS Ces quatre glandes ont quatre conduits qui se réunissent pour former un canal ter- miné par un étui coôrné ; cet étui.est l’organe mâle; il paraît à l’éxtérieur dans le moment de l’accouplement; il est armé, à son extré- mité, de deux crochets qui servent au mâle à retenir sa femelle. Les'organes de la femelle sont tous inté- rieurs. On peut y reconnaître un oyaire très volumineux, et qui donne aux femelles ce gros ventre qui les distingue des mâles. Get ovaire est souvent double; chacun est com- posé de longs canaux concentriques à l’ex- trémité d’un canal unique que l’on a nom- mé l’oviducte, Ces canaux, qui vont en diminuant de diamètre de leur point d’inser- tion vers leur extrémité qui est libre dans le ventre, renferment chacun un assez grand nombre d'œufs qui y sont placés à la suite les uns des autres, et qui font quelquefois ressembler chaque canal à un collier de perles, -ainsi que cela se voit très bien dans la femelle du bombyce grand-paon. Les deux canaux principaux, nommés oviductes, qui reçoivent les canaux précé- SUR LES INSECTES. 47 dens, se réunissent ensuite en un seul plus large, et auquelron a dopñé,- par. analogie, le nom de matrice. On remarquesur cette prétendue matrice, un réservoir, où corps ovoïide, garni de deux appendices en forme de tubes sinueux. Swammerdam a prétendu que ce réservoir renfermait la matière gom- meuse, qui enduisait les œufs àmesurerqu’ils passaient par la matrice. Il à regardé les tubes sinueux comme les glandes qui sépa- raient cette humeur. ? Les parties que nous venonside décrire , qui se voient: assez distinctement "dans la femelle des abeilles, ne sont pas-toujours ainsi séparées : elles sont au contraire pres- que réunies dans le plus grand nombre des insectes, en sorte qu'il est inutile d'y re- chercher des parties. qui ne sont plus que conventionnelles, Swammerdam pensant que les œufs trop serrés dans l’ovaire , ne pour- * Dans ces derniers témps, M. Audouin a décou- vert que ce réservoir était destiné à recevoir Ja li- queur séminale du mâle, et que les œufs ne sont fécondés quan moment où ils passent devant l’ou- verture de cette poche, _ 48 DISCOURS raient pas recevoir tous l'impression de Ja liqueur fécondante, a cru qu'ils s’impré- gnaient de cette liqueur déposée par le mâle dans la matrice, à mesure qu'ils traver- saient cet organe. L'expérience qu'il rap- porte semble prouver.cette 6pinion; il dit que des œufs pris dans les ovaires ont tou- … jourstété stériles, tandis que ceux ramassés dans la matrice ont pu donner naïssance à de nouveaux insectes. ! Au reste, de quelque manière que les œufs dés insectes soient fécondés, il en est peu qui restent stériles, quelle que soit d’ailleurs la quantité souvent innombrable qui se trouve renfermée dans leur abdomen. Il suit de cette fécondité prodigieuse des insectes, que ces petits êtres auraient bien- tôt-.couvert la surface de la terre, si la na- ture ne leur avait suscité un nombre égale- ment prodigieux d’ennemis, d'autant plus redoutables, que ces petits animaux sont presque sans défense; car les armes qu’elle a données à plusieurs d’entre eux sont heu- : Cette observation prouve l’assertion de M. Au- douin, SUR LES INSECTES. 49 reusement trop faibles poursêtre employées avécavantage contre beaucoup des animaux qui ne’ sont point de leur classe. Outre les déux sexes que nous venons de décrire, on a voulu en établir un troisième parmi les insectes, On à cru que dans cer tains genres , téls que ceux des abeilles, des fourmis, il y'avait des neutres,vou mulets, absolument privés de sexe: Il existe bien parmi ces insectes dés in- dividus qui ne sont point capables d’en- gendrer, et qui sont uniquement destinés, comme nous'le Yerrons, à soigner et nourrir les petits des autres individus. Mais il est également reconnu que ces prétendus neu- tres sont des femelles, dans lesquelles les organes de la génération n’ont point été développés; faute d’une nourriture conve- nable: Il ne paraît pas qu'il y ait pour chaque espèce d’insecte, de saison particulière pour l’accouplement, En général, lorsque ces ani- maux ont acquis tout. leur développement, ils s’accouplent;.le mâle meurt, et la fe- melle pond ses œufs peu de temps après. à 5 bo DISCOURS Le mode d’accouplement est aussi varié ” dans les insectes que toutes. leurs autres . facultés ou actions : nous le décrirons à l’histoire de chaque genre; il nous suffit de dire ici que-la nature l’a-favorisé par diffé- …ens moyens; etqueles partiesadditionnelles “que l’on remarque dans les mâles, sont sou- vent destinées à remplir ce but. Presque tousles insectes sont ovipares. Il n'y à peut-être d'exception que pour les pucerons. Les mouches vivipares, les elo- portes mettent, ilest vrai, au jour des pe- tits vivans; mais il est prouvé que ces petits sortent d'œufs qui, au lieu d’avoir été pon- dus, sont éclos dans le*ventre "pue de l'insecte. Les insectes femelles ont soin de choisir pour faire leur ponte un lieu où les petits qui écloront pourront être en sûreté, ct trouver une nourriture convenable, Les œufs sont presque toujours enduits, comme nous l'avons dit, d’une matière gommeuse ; à l’aide de laquelle la femelle quislés pond , peut les fixer solidement sur di fférens corps. Ces œufs sont quelquefois simplement "se SUR LES INSECTES. 5x | déposés sans précaution ; dans d’autres cas, ils sont placés symétriquement , et collés les uns à côté des autres, tantôt à découvert, … tantôt cachés sous des écorces ,. dans les plis des ,feuilles; quelquefois ils sont enve- loppés depoils, ou d’une coque soyeuse que leur mère a pu leur filer. Elle sait même" donner à ces coques des formes.remarqua- bles par leur élégance et leur régularité. Ce sont surtout-les araignées qui mettent'ainsi leurs œufs à l’abri des accidens dont leur mollesse ‘les-rendrait souvent la wictime. * D'autres insectes donnent des preuves d’un instinct encore plus admirable dans le soin, qu’ils. prennent pour déposer leurs œufs : les uns, tels que les bousiers, les placent sous une boule d’excrémens, qu'ils condui- sent avec peine dansun trou pratiqué exprès ; les nécrophores enterrent les petits cadavres dans lesquels ils doivent déposer leurs œufs; lés mantes les enveloppent d’écailles, for- mées d’une matière gommeuse desséchée; les insectes aquatiques, tels que les libellules, les tipules,"les ditiques, les déposent dans les eaux. ba ._ DISCOURS Quelques espèces au contraire, telles que les araignées, les* portent toujours avec elles;.elles paraissent inquiètes, et les cher- chent avec’soin dès qu’on les leur a enlevés. Aucun insecte cependant ne couve ses œufs; aucun” animal à sang froid ne peut aider “par ce moyen le développement du fœtus, puisqu'il me peut lui communiquer une chaleur au-dessus de celle. qu'il reçoit de l’atmosphère. Il est un grand nombre d'insectes, tels que lesichneumons, les mouches, les cinips, les œstres, les diplolèpes, qui déposent leurs œufs dans l’intérieur même des ani- maux ou des végétaux; l’irfitation que cause la blessure qu'ils font, et qui est souvent augmentée par une liqueur âcre qu'ils ver- sent dans la plaie, fait naître sur ces añi- maux ou ces végétaux, des excroissances considérables, et d’autant plus remarqua- bles qu’elles ont fréquemment une forme régulière, quoique composée : c’est dans l'intérieur de ces excroïssances que le jeune insecte doit trouver un abri sûr et une nourriture abondante, Ces productions sin- SUR LES INSECTES. 53 gulières que l’on voit Sur les arbres, et particulièrement sur les chénes, sont donc dues à des insectes, à des animaux infini- ment petits, qui, au premier aspect, parais- sent sans moyens comme sans intérêt. Enfin les ouvrages encore plus admirables des abeilles, des guépes, des sphex, ne sont faits que pour conserver les œufs et élever les petits. : Ce serait faire la partie la plus intéres- sante de lHistoire des Insectes, que de détailler ici les différentes méthodes qu'ils emploient pour placer leurs œufs commo- dément; nous renvoyons ces détails à l’his- toire des espèces. Suivons maintenant la vie d’un insecte, depuis le moment où il sort de l’œuf jusqu’à celui où il meurt. La figure des œufs est différente selon les espèces. En général, la tunique exté- rieure est coriace, plutôt élastique que fra- gile ou molle; elle est souvent sillonnée profondément ou couverte d’aspérités. Les œufs fécondés se conservent assez long-temps avec leur forme et leur couleur ; #h 54 DISCOURS les stériles au contraire se dessèchent, se déforment, et changent de couleur. " Les œufs pondus en automne n’éclosent presque jamais avant le printemps. Ceux que les femelles pondent en été, éclosent plus ou moins rapidement, selon la tempé- rature de l’atmosphère. Maïs on a remarqué qu'à température égale, il ÿ avait encore de grandes différences dans l’espace de temps que les œufs des diverses espèces mettaient à éclore. C’est ainsi que ceux de la mouche carnassière éclosént au bout d’une ou deux heures, ceux du papillon Atalante, du papillon du chardon, du di- tique demi-strié, en huit jours, tandis qu'il faut un mois à ceux des papillons machaon et podalire, du taupe-grillon, du truxale, et six à huit mois à ceux de la phalène mouchetée { PA. grossulariata ). : D’après toutes les analogies, on devrait s'attendre à voir sortir de l'œuf un animal semblable à celui qui l’a pondu, ou bien n'en différant que par la grosseur et par la longueur respective des membres entre eux. SUR LES INSECTES. 55 Ce genre de naissance n'arrive que rare- ment dans les insectes; et or ne le remarque guère que-parmi ceux qui sont privés d'ailes, et-que l’on a nommés aptères pour cette raison. Dans le plus grand nombre des insectes, au contraire, l'animal qui sort de J’œuf n’a souvent aucune analogie, non seulement de forme, mais d'organisation et d’habitu- des, avec celui qui a pondu cet œuf. Ainsi un insecte ailé Comme un papillon, vivant du nectaire dés fleurs qu'il suce avec une longue trompe, pondra des œufs d’où sor- tiront des insectes sans ailes, rampant au moyen d’un grand nombre dépates courtes, couverts de poils, et broyant avec de fortes mâchoires les feuilles donteils font leur nourriture. Ce nouvel être, cette chenille, éh un mot, doit cependant reprendre un jour la figure d’un papillon: ce sont les chan- gemens successifs qu’ellesdoit éprouver pour arriver à cette forme, que l’on amommés métamorphoses avec juste raison, quoique celte métamorphose ne soit qu'apparente , comme l’a prouvé Réaumur. 56 DISCOURS . Tous les insectes ne sont point suscep- tibles de cette métamorphose; car nous ne donnerons ce nom qu’à un changement au moyen duquel l'insecte, en se dépouillant entièrement de sa peau, en acquiert une qui le présente sous une forme nouvelle, ou au moins avec des parties qu’il n’avait point du tout auparavant. Dans cette manière d'envisager la méta- morphose des insectes, on peut dire, comme nous l’avons annoncéplus haut, qu'aucun insecte aptère, la puce exceptée, n’a de réelle métamorphose. On peut ensuite éta- blir, avec Swammerdam, de grandes divi- sions parmi les insectes , d’après les change- mens de forme plus ou moins complets qu'ils sont susceptibles d’éprouver avant d'acquérir celle sous laquelle ils doivent se multiplier et,mourir. Nous adopterons les divisions de Swammerdam, mais nous n’adopterons point ses noms, qui donnent une idée fausse. Ainsi, loin de dire comme lui et comme Fabricius, que la métamor- phose des aptères est complète, nous dirons que ces insectes n'en éprouvent aucune. SUR LES INSECTES. by La métamorphose est demi-complète, lorsque l’insecte qui sort de l’œuf ne diffère de celui. qui l’a pondu que par l’absence des ailes; qu'il lui ressemble d’ailleurs par la forme générale du corps, par le nombre. des pates; qu'il court et mange toujours, même dans le moment où il acquiert les moignons d'ailes, et dans celui où se déve- loppent les ailes entières qui doivent en faire un insecte parfait. La métamorphose demi-complète est commune à presque tous les hémiptères, c’est-à-dire aux punaises, aux nèpes, aux naucores, à plusieurs névroptères, tels que les libellules. La métamorphose est complète lorsque l'insecte qui sort de l’œuf est en tout diffé- rent de celui qui l’a pondu, qu'il y a une époque dans sa vie où il devient immobile et comme emmaillotté; époque après la- quelle il acquiert les ailes qui doivent le constituer insecte parfait. Cettemétamorphose est la plus commune; c'est celle des coléoptères, hannetons, ca- rabes, capricornes, etc.; des lépidoptères, nn. + " [2 58 DISCOURS papillons, phalènes, etc.; des hyméno- ptères, abeilles, fourmis, etc. ; des diptères, mouches, tipules, œstres, etc. On peut y établir trois subdivisions, ainsi que nous le verrons plus bas. Reprenons actuellement les métamor- phoses d’une manière générale, et voyons avec plus de détaïls le genre de changement que subissent les insectes qui y sont sujets. Le premier état d’un insectessusceptible d’une métamorphose quelconque , est celui que l’on nomme larve, et dans lequel l’in- secte mange beaucoup et prete tout son accroissement. Les larves sont susceptibles de présenter entre-elles des différences aussi multipliées dans leurs formes, leurs facultés, leurs ha- bitudes, que les insectes parfaits; c’est, pour ainsi dire, une classe d'animaux au milieu d’une autre classe. Considérons les larves des insectes à métamorphose com- plète; non seulement elles sont les plus communes, puisque les chenilles, "qui sont lés larves des papillons, y sont comprises, mais elles sont aussi les mieux caractérisées. D * SUR LES INSECTES. F.; Ces larves ont ordinairement le DoiG mou et allongé; elles ressémblent aux ani- maux que l’on nomme vers, non seulement par la forme; mais encore par l’organisa- tion : elles ont.six pates ou un plus grand nombre; mais alors les pates qui excèdent ce nombre sont membraneuses; elles se meuvént presque en rampant, à cause dé la brièveté des pates de la plupart d’entre elles. Quelquefois elles sont entièrement privées de piedsx telles sont les larves des hyménoptères et des diptères. Elles n’ont alors presque aucun moyen de’se mouvoir pour aller chercher leur nourriture , etelles seraient mortes de faim, si la nature n’eût pris soin de les placer au milieu même de la nourriture, ou de charger. d’autres in- sectes de la leur apporter. Ce sont les‘ in- sectes que l’on a regardés-comie neutres où comme formant un troisième sexe, Fi sont chargés de ce soin. Les larves, quelles qu’elles soient, man- gent beaucoup. C’est sous cet état seulement que les insectes prennent de l'acéroissement. IL faut donc une double quantité de nourri- 60 . de DISCOURS ture, l’une pour*eñtretenir leur existence, l'autre pour servir à leur accroissement. Aussi, dans les larves, les organes de la digestion sont-ils très développés; ils rem- plissent presque entièrement la capacité du corps. Tout est estomac dans une larve depuis l’æsophage jusqu’à l’anus. Au contraire, les insectes dans cet état ne laissent voinaucun des organes extérieurs ow intérieurs de la génération; aussi ne sont-ils jamais susceptibles d’engendrer dans ce premier âge, que l’on peut, avec raison, comparer à l’enfance. La peau des larves, quelque molle qu’elle soit, ne peut se prêter à l’accroïssement ra- pide des viscères qu’elle enveloppé; bientôt elle-.devient trop étroite; linsecte cesse alorside manger pendant quelque temps; il se forme unenouvelle peau sous l’ancienne ; celle-ci se fend , l’insecte s’en débarrasse, et paraît sur-le-champ plus gros. 11 est plus mou dans les premiers instans, et ses cou- leurs sont plus fraîches. Il éprouve aïnsi plusieurs mues, jusqu’à ce qu'il ait pris son entier accroïssement. j SUR LES INSECTES. 61 Lorsqu'il est arrivé à ce point, en plus ou moins de temps, selon la température et les espèces, il s'apprête àun nouveau chan- gement bien plus remarquable dans les in- sectes à métamorphose complète, que dans les autres. La larve cesse encore de manger; elle quitte même souvent le lieu où elletrouvait sa nourriture, et cherche quelque endroit qui convienne à son‘objet; tantôt elle se . retire sous les écorces, tantôt elle se place sous les feuilles, sous les avances des:toits, sous les pierres, plusieurs même s’enfoncent en terre; un plus grand nombre encore se construisent une demeure ordinairement ovoïde qu’elles composent d’un tissu de soie pure ou de soie mélangée des matières qu’elles avaient à leur portée ou qu’elles ont été chercher assez loin. La soie qu’elles emploient est produite et conservée dans deux longs canaux sinueux qui règnent sur les côtés de l’œsophage: Ils aboutissent chacun par un canal très fin à un tuyau où tube encore plus fin, qui est placé à la partie inférieure de la bouche de ne 6 62 DISCOURS la larve. Le tube portele nom de filière , les deux fils produits par chaque-réservoir de soie se collent dans son intérieur, et il ne sort de son extrémité-quun seul. fil, qui laisse voir -cependant.aw microscope la can- nelure mitoyenne qui indiquela réunion des deux soïes. Cette soie double.est portée par la tête de la larve ‘de côté.et d’autre, selon le besoin qu’elle en a. Beaucoup de larves s’enferment ainsi dans des cocons'de soie pour subir leur pre- mière métamorphose, et c’est avec leur tête et leursvpates antérieures qu’elles condui- sent et disposentiles fils de soie dont ces co- cons sont tissus. Alors letr corps se rac- courcit, les anneaux du dos se gonflent , la peau tendue cède, elle se fend, et laisse sortir un corps ovoïde, presque immobile, mais toujours incapable de changer beau- coup de place, ne laissant apercevoir que quelques mouvemens d’oscillation dans sa partie pointue. Ce corps, que l’on nomme chrysalide, parce qu'il est quelquefois agréablement tacheté d’or, ou féve, parce qu'ilressemble SUR LES INSECTES. 63 un peu à cette semence;,ce corps, examiné avec attention, fait voie qu'il n’est pas si éloigné de la forme d’un insecte qu'il lepa- raissait d’abord. On :y retrouve des em- preintes d’yeux, d'antennes, de pates; on y reconnaît un corselet, un abdomen, des moignons d'ailes, et même des stigmates ; enfin, sil ne peut changer de place, sil ne mange plus, on peut s'assurer, par des expériences que. Réaumur a faites, qu'il respire: * Cés parties d’insecte qu'il laisse voir, sont tantôt exactement appliquées sur le corps même , et ne présentent querde légers reliefs qu’une peau coriacerecouvre, comme dans les chrysalides des papillons; tantôt ces parties sont plus distinctes; quoique immobiles ; quoique. enveloppées encore dans une peau eommune , elles sont un peu écartées du corps: Telles sont les chrysa- lides des coléoptères , des hyménoptèreset de quelques autres insectes, Les insectes à métamorphose complète ne quittent pas toujours leur peau de larve pour se changer en chrysalide. Cette peau, é 64 DISCOURS au contraire, se durcit, et c’est. dans son in- térieur que se forme la véritable chrysalide. Telles sont les larves de mouche. On peut donc distinguer trois sortés de chrysalides dans les insèctes à métamor- phose complète. Celle des mouches ; il n’y a aucune partie visible : toutes sont enve- loppées et absolument cachées par la peau durcie-de la larve. Celle dés papillons : les parties du papillon sont visibles, mais fortement serrées les unes contre les autres , et enveloppées dans une membrane qui passe de l’une à l’autre sans entourer chaque partie. Enfin, les chrysalides des coléoptères;etc., dont les parties sont visibles, les pates écar- tées, quoique immobiles, ét entourées cha- cune entièrement par l’enveloppe générale. L’insecte reste plus ou moins de temps sous cette forme, selon la témpérature de l'air, et l'espèce à laquelle il appartient. C’est pendant ce temps que se dévelop- pent les nouvelles parties qu’il acquiert, et qui le font ressembler complétement aux individus qui lui ont donné naissance. L’en- L 2 SUR LES INSECTES. 65 veloppe de la chrysalide se brise, ses par- ties s’écarlent, et l’insecte parfait sort de cette première prison. Souvent il en trouve une seconde, qu'il faut également briser : c’est le cocon qui cachait la chrysalide. L'insecte est quelquefois privé d'armes tran- chantes, et il.est d’ailleurs toujours dans un état de mollesse tel qu'il n'en pourrait faire aucun usage; mais il a reçu une li- queur particulière avec laquelle il ramollit et dissout même l'enveloppe du cocon ; quel- quefois aussi cette enveloppe a été construite de manière que la larve a laissé une ouver- ture en forme de nasse qui permet à l’in- secte une sortie aisée, tandis qu’elle s’op- pose à l’entrée de tout insecte étranger. C’est sur ce principe qu'est construite la coque très solide du bombyce grand-paon , dont nous donnerons l’histoire. Lorsque l’insecte parfait a dépassé ces deux barrières, il semble fatigué d’un tra- vail qui a dù être pénible; il se repose. Il est alors très mou. Si c’est un papillon, ses ailes, également molles , sont chiffonnées ; son corps est gonflé d’une liqueur colorée , 66 DISCOURS é souvent rouge, dont il commence par se débarrasser : peu à peu ses.parties s’éten- dent, s’affermissent, et même se colorent ; il sent qu’il a une nouvelle existence ; il ne tarde pas à en profiter, et à faire usage des membres qu'il vient d'acquérir, Le temps pendant lequel les insectes res- tent à l’état de larve et celui qu'ils passent à l’état de chrysalide, est, comme nous l'avons dit, extrêmement variable. Le pa- pillon du chardon, la mouche. carnassière , le papillon Atalante, ne sont à l’état de larve que neuf à douze jours, tandis que les bombyces du prunier, du chêne, du saule y passent six mois ; les cétoines.et les mélolonthes, de trois à quatre ans. Il en est de même des chrysalides : la mouche carnassièré n’est que neuf à dix jours en chrysalide , la casside verte y passe vingt jours au moins; les sphinx demi- paon, Atropos, du tilleul, y restent au contraire de huit à neuf mois. Les larves qui changent en chrysalides en automne, passent l'hiver sous cette forme ; linsecte parfait ne paraît qu’au printemps ; sa SUR LES INSECTES. 67 c’est ainsi qu'ont vécu la plupart des in- sectes, coléoptères, papillons, mouches, ete., que lon voit voler dans les premiérs beaux jours du printemps. Les époqués de la mue, celles de méta- morphoses, sont des momens dangereux pour les insectes; ils sont toujours malades dans ces instans ; et c’est alors qu’il en meurt beaucoup. On a remarqué qu'on pouvait hâter l'instant de la transformation d’une larve en chrysalide en la privant de man- ger, pourvu cependant qu'on ne lui fasse pas subir ce jeûne trop long-temps avant l'époque où elle doit sé l'abanger naturel- lement. . Dès qu’un insecte est parvenu à l’état que nous avons rommé parfait, c’est-à-dire aussitôt qu'il a subi toutes ses métamor- phoses, et acquis toutes les parties qu'il doit avoir, il a aussi pris tout son accrois- sement , désormais il ne doit plus grossir. Toutes ses facultés sont aussi bien diffé rentes, sa vue est meilleure, son odorat plus délicat ; il est plus agile: Son genre de nourriture n’est plus le même, quelquefois 68 DISCOURS è il n’en prend auçune , Comme certains bom- byces, etil est alors privé de bouche : dans tous les cas, il en prend toujours moins qu’à l’état de larve, et uniquement pour entretenir son existence. Aussi les organes de la digestion ont-ils beaucoup perdu de leur force et de leur étendue; mais ils ont été remplacés par ceux de la génération, qui sont très développés. C’est aussi sous ce seul état que les insectes s’accouplent, et pondent, et quelques uns semblent n’avoir : pris cette dernière forme que pour remplir cette fonction; car ils ne sont pas plus tôt sortis de leur chrysalide, qu’ils se cherchent, se réunissent et meurent : cette existence active est très courte, puisqu'elle ne dure quelquefois que vingt-quatre heures, comme chez Jes éphémères. En général les insectes parfaits vivent peu, rarement plus de deux à trois mois, à moins qu'ils nespassent l'hiver dans l’hi- bernation ; mais peut-on compter parmi les jours de la vie ceux qui sont passés dans le sommeil le plus profond ? C'estrsous leur dernière forme que les SUR REtres. 69 insectes nous plaisent davantage, c’est aussi sous leur dernière forme qu’ils nous offrent des contours plus terminés et plus agréables, des couleurs plus vives’et plus fortes, des propriétés plus frappantes, des facultés plus étendues. Il n’est personne qui n'ait été frappé de la vivacité des couleurs des insectes , et de leur variété; il n’y a que les oiseaux qui puissent, à cet égard , leur être comparés. Ces couleurs ne varient pas seulement dans lés espèces, elles sont encore quelque- fois changéantes sous les .yeux mêmes de l'observateur, et tel papillon dont les ailes sont brunes sous un certain aspect, les a d’un beau bleu lorsqu'on les voit sous un autré. Il a été facile de rendre raïson-de ce phénomène : on sait que la coùleur des ailes des papillons est due à des écailles, souvent cannelées, qui les recouvrent. En supposant, ce que prouve l’observation , qu’un des.côtés des cannelures ‘soit bleu et l’autre noir, on conçoit que l'aile doit pa- raître entièrement bleue lorsque tous les côtés bleus seront tournés vers l’œil obser- 70 DISCQURS vateur, et entièrement noire lorsque EN à ront les côtés noirs. ‘ Les couleurs sont assez constantes dans ces animaux ; et en ne les employant comme caractères qu'avec une sorte de réserve; elles peuvent fournir des moyens.assez bons pour déterminer les différentes espèces. Maisil est quelquefois difficile d'exprimer par des mots leurs innombrables nuances, et par conséquent les descriptions que l’on donne des couleurs des insectes deviennent peu utiles, si on ne s’astreint à une grande unj- formité dans la manière de les définir set en- core, cette uniformité dans le choix des ex- pressions qui doivent rendre une même sorte de couleur, n’est-élle pas suffisante ; Si l'on n’est convenü d'avance de la signification précise de chacun des mots que l’on doit employer. La difficulté est d'établir cetteres- pèce de conventiôn:, qui doit ôter tout le vague dés descriptions. On a proposé plu- sieurs moyens pour y parvenir : parmi ces moyens , un des plus ingénieux.est celuisin- diqué par Scopoli et Poda. On prend ‘un cercle de bois, divisé en SUR LESMINSECTES, qi huit parties égales; on couvre ces parties de couleurs primitives , qu’ôn a eu soin de bien désigner et qu’on peut toujours $e pro- curer les mêmes. On varie les proportions de huitième en huitième ; et faisant tourner le cercle de bois, il s'établit une couleur do- minante que l’on péut désigner par un nom; ainsi enmmettant quatreparties de bleu, deux de jaune, deux de vert, on obtient une cou- leur que les naturalistes ont nommée vert de mer ou gläuque. Ce moyen est exact, maïs par cela même il n’est pas bon; il exige des opérations as- sez longues pour obtenir des couleurs qui ne sont jamais parfaitement semblables à celles de l’insecte que l’on veut décrire ou déter= miner. D'ailleurs il donne trop d’exactitude, et par conséquent trop d'importance; aux caractères pris des couleurs; il menerait à faire parmi les insectes trop d’espèces ou trop de variétés, car nous verrons que ra- rement on trouve dans une espèce six indi- vidus dont les nuancesde couleur soient ab- solument les mêmes. Mais plusieurs espèces d'insectes se font 72 DISGQURS admirer en frappant nos yeux par un phé- nomène qui est inconnu.dans les classes su- périeures : c’est la propriété qu'ont certains insectes, tels que les lampyres, vulgairement nommés vers luisans, quelques taupins de l'Amérique, etc., de répandre dans l’obscu- rité une lueur phosphorique assez brillante. Les mâles et les femelles ont également cette singulière faculté. Les insectes ne frappent pas seulement nos yeux par la vivacité et la multiplicité de leurs couleurs, ils ont encore quelques autres propriétés que nous allons examiner rapi- dement. Plusieurs répandent, pendant toute leur vie, ou seulement dans quelques circon- stances, une odeur particulière, quelque- fois agréable, mais plus souvent désagréa- ble. Si quelques cérambyx , quelques cin- dèles, et même quelques punaises exhalent une odeur assez semblable et presque aussi agréable que celle de la rose, beaucoup d’autres répandent une odeur fétide, Tout le monde connaît celle de la punaise deslits, et de plusieurs autres espèces de ce genre SUR LESMINSECTES. 73 À à qui se trouvent dans Ja campagne. Les diti- ques répandent, quand on les prend , une humeur laiteuse, qui a une odeur virulenté particulière. Ces insectes et les précédens n’ont pas tou- jours cette odeur : il paraît qu’ils la font naître À volonté, et que c’est un moyen de défense que la nature leur a donné. 11 en est de même de plusieurs carabes et de blaps: lorsqu'on prend ou que l’on inquiète ces in- sectes ;, ils se couvrent d’une humeur onc- tueuse, ou bien lancent une humeur caus- tique, qui a l'odeur piquante de l’ammo- niaque ou alcali volatil , et qui produit dans les yeux, lorsqu'elle s'y introduit, une dou- leur euisante. Cette humeur, mélée avec des graisses, leur communique la nature savon- neuse, Ce qui prouve encore son analogie avec l’alcali que nous venons de citer. Quelques insectes ont cependant aussi des propriétés acides. Les fourmis, qui ont une odeur de muse peu agréable, donnent un acide particulier, que les chimistes ont nommé acide formique. ‘Il est facile de s’as- surer de la présence de cet acide en écra- x 7 74 DISGQURS sant une foubmi et la mettant sur sa langue; sa saveur est évidemment acide; ou bien en laissant seulement courir ces petits animaux sur le papier bleu qui sert d’enveloppe aux pains de sucre, on verra ce papier rougir, ce qui est un signe non équivoque de la pré- sence d’un acide. C’est à des substances à peu près analo- gues que les insectes doivent l’action qu'ont plusieurs d’entre eux sur notre peau: Car on remarque que ceux qui ont cette action, sont aussi ceux qui répandent ces odeurs âcres ou fétides dont nous venons de parler. Il paraît que ce principe de causticité réside principalement dans les insectes à élytres, et surtout dans ceux dont les élytres ont les couleurs et l'éclat métallique. Tout le monde connaît l’action cautérisante ou plutôt vési- cante des cantharides réduites en poudre. Les carabes , les cicindèles, les mylabres, les méloës, partagent cette propriété avec plus où moins d'énergie. Ce que nous venons de dire de l'action de quelques insectes sur notre peau, ne doit point inspirer une crainte puérile de ces pe- : SUR LES INSECTES. 75 tits animaux. Cette puissance vésicante n’a git qu’au bout d’un temps assez long , et n'agit même presque point sur la peau en- durcie du dedans des doigts. La seule pré- caution à avoir, en prenant les insectes qui lancent une liqueur caustique, c’est de les tenir de manière qu'ils ne puissent atteindre les yeux. On peut donc, en général, manier sans crainte tous les insectes qui ne sont point armés d’un aiguillon, et le nombre de ces derniers étant peu considérable , on a bien- tôt appris à les connaître. Il est cependant quelques chenilles velues qu’on ne doit pren- dre qu'avec précaution : les poils dont elles sont couvertes se détachent facilement, pé- nètrent dans la peau, et causent des déman- geaisons insupportables suivies quelquefois d’un peu d’inflammation. Certains insectes ont la faculté de pro- duire du bruit, maïs aucun n’a de voix pro- prement dite. Cet organe n'appartient qu'aux animaux qui ont un poumon d’où l'air sort avec assez de vitesse et d’abondance pour produire à son passage des sons variés. Ceux . DISCOURS que produisent les insectes tiénnent donc à une autre cause, et cette cause est diffé- rente selon les espèces. En général, le cri de ces animaux est aigu et monotone. Le voyageur ne connaît que trop le cri aigre et désagréable des cigales du midi, dont la voix monotoneajoute la fatigue de l’ennui à celle du chemin et d’un soleil ardent. Le sridu- lement des criquets, des grillons, des saute- relles ; le bourdonnement importun des mouches, sont aussi des bruits bien connus. Plusieurs coléoptères, tels que les capricor- nes , les criocères, etc., en produisent d’au- tres qu'on n’a point aussi souvent occasion d’entendre. Chaque insecte a, pour produire ces sons, une machine et des moyens qui lui sont pro- pres. Ainsi la cigale a sous le ventre deux espèces de tympans tendus par un cartilage; les sauterelles et les grillons frottent l’une contre l’autre leurs élytres, qui ont une par- tie coriace et sonore. Les criquets raclent leurs élytres avec leurs cuisses raboteuses ; les capricornes, les criocères, frottent leur corselet sillonné transversalement contre la 1 behb SUR LES INSECTES. 77 base de Icursélytres; certaines pimelies frap- pent de leur poitrine le terrain dur et so- nore sur lequel elles se placent. Nous parle- rons avec détail de ces différens moyens, lorsque nous traiterons des insectes qui les possèdent. ; Nous avons décrit les parties qu’on re- marque généralement à l'extérieur des in- sectes. Nous avons décrit égalementles divers organes qui servent à ces animaux À conser- ver leur existence et ceux qui leur servent à la propager. Nous venons de parler de quelques unes de leurs principales proprié- tés ; il ne nous reste plus qu’à voir de quelle manière ils emploient ces facultés pour la conservation de leur vie. Les insectes ne vivent guère qu'une sai- son. Il n’y a peut-être que quelques aptères qui prolongent davantage leur existence : la température du climat sous lequel ilsse trou- vent, paraît influer autant sur leur couleur que sur leur activité : ils sont vifs et bril- lans sous la zone torride; ils sont ternes et lents dans les pays froids : ceux qui vivent dans deslieux exposés au soleil, ou qui peu- } 4 1 x. 78 DISCOURS vent recevoir fréquemment ses rayons, tels que les papillons de jour, les buprestes, les carabes , les abeilles, les guêpes, ont, même dans les pays tempérés , des couleurs bril- lantes. Lesténébrions, au contraire, les apho- dies, les escarbots, les dermestes, plusieurs carabes, plusieurs araignées, la plupart des noctuelles’, des bombyces , des phalènes, qui cherchent les ténèbres en se réfugiant sous les pierres, sous la terre ou dans les souter- rains, ont des couleurs ternes ou rembru- nies. L'influence de la chaleur et de la lu- mière sur les insectes est à remarquer : que le temps soit nébuleux et froid, aucun in- secte ne paraît, les airs sont déserts, les plantes inanimées : un rayon de soleil vient- il percer cette obscurité et réchauffer l'air et la terre, les insectes sortent de leur en- gourdissement, ils remplissent Les airs, ils peuplent toutes les fleurs, ils bourdonnent de toutes parts. C’est donc cet instant qu'il faut choisir pour aller étudier les insectes, examiner leurs manœuvres, tâcher de les rendre cap- tifs sans qu'ils s’en aperçoivent, afin de les in. id Ms é di SUR LES INSECTES. 79 voir exécuter plus commodément leurs tra- vaux variés et curieux. L’art d'observer les insectes, de les trou- ver et de les prendre, est fondé sur la con- naissance de leurs habitudes ; mais avant même del’avoir pour diriger ses recherches, dès qu’on voudra former une collection de ces petits êtres, on pourra facilement y par- venir. Ils sont si multipliés, qu'il n’est au- cun lieu où ils ne se trouvent ; les eaux, les feuilles à leur surface , et jusque dans leur intérieur, les arbres dans toutes leurs par- ties, mais surtout sous leurs écorces, les animaux vivans et morts, les fleurs et les excrémens , en offrent des milliers. Le jeune amateur d’entomologie, qui commencera à les chercher, ne trouvera d’abord que ceux qui ne se cachent pas. S'il va avec un ento- mologiste plus expérimenté que lui, il sera étonné de lui voir faire une récolte plus abondante dans les mêmes lieux, et il sera bientôt convaincu que la connaissance des habitudes des insectes aide considérablement dans leur recherche. L'histoire particulière de chaque genre 80 DISCOURS nous fera connaître toutes les sortes de nour- , Titure qui leur conviennent, la manière dont ils la prennent, les lieux où ils se tiennent, où ils se cachent, les momens où ils en sor- tent, les ruses et les armes qu’ils emploient pour échapper à leurs ennemis, et celles dont ils se servent pour saisir leur proie. En récapitulant les connaissances que nous aurons acquises, nous verrons que toutes les substances végétales et animales servent de nourriture à quelques espèces d'insectes, Les eaux etleurs plus petits habitans nour- rissent les ditiques, les élophores, les hydro- philes, les nèpes, les larves de cousins, de libellules, de phryganes, d’éphémères , de syrphes, ete. Les fumiers et les excrémens pullulent de scarabées, de staphylins, d’es- carbots, de sphéridies, de larves de mou- ches ; les cadavres sont dévorés par les der- mestes, les nécrophores, les silphes, les ni- tidules, ete. Parmi les ordures de nos mai- sons, habitent les ténébrions, les byrrhes, les ptines, les pimélies, les perce-oreilles , les scolopendres, les araignées; les feuilles sont rongées par les cétoines, les lucanes, les SUR LES INSECTES, 8x charançons , les chrysomèles , les chenilles, les larves de tenthrèdes, et une multitude d’autres insectes. Le boisest percé de toutes parts par des conduits tortueux ; les plus gros arbres sont attaqués, cariés, renversés par les larves des capricornes, des lucanes , des bostriches , des lymexylons , des si- rex,.etcs Le nectar des fleurs est sucé par les pa- pillons, les mouches, les bombyces ; les abeilles enlèvent aussi leur poussière fécon- dante, Les semences sont détruites par les bru- ches, les charançons, les larves des teignes. Le tort que ces animaux, presque invisi- bles, font aux grains, est quelquefois un fléau pour des peuples entiers. Les animaux vivans sont attaqués par les œstres, les taons, les stomoxes, les poux, les puces, les ricins, les punaises. Les insectes eux-mêmes sont dévorés par d’autres insectes, par les carabes, les cicin- dèles, les téléphores, les nèpes, les asyles, les vhagions, les larves de fourmilions, de coccinelles, d’ichneumons, de cinips, ete. 82 DISCOURS Enfin nos meubles, nos habillemens , mos alimens, sont souvent attaqués et détruits par les fourmis, les ténébrions, les blattes, les dermestes, les ptines, les termès, etc., etc. - L'histoire de leurs habitudes, celle de leurs ruses, n’est pas moins variée. Les uns vivent solitaires, c’est-à-dire qu'ils ne paraissent pas chercher la société des espèces semblables, et qu’on les trouve indistinctement seuls ou en compagnie: c’est le plus grand nombre. D’autres, au contraire, non seulement ne se rencontrent jamais seuls, mais ils forment des sociétés nombreu- ses, qui travaillent en commun et exécutent des ouvrages admirables, quisupposent une harmonie , une réunion d'efforts vers un même objet qu’on ne peut se décider à ac- corder aux insectes. Telles sont les chenilles qui vivent en commun $ous une même toile; les guépes, les abeilles qui construisent ces habitations régulières dans leur ensemble et dans leurs parties; tels sont les termès, les fourmis. # Pour échapper aux nombreux ennemis qui veulent profiter de sa faiblesse , chaque SUR LES INSECTES. 83 espèce emploie des ruses qui lui sont parti- culières. Les taupins, les omalyses, les bu- prestes, les byrrhes, les cryptocéphales, res- serrent leurs pates, se laissent tomber et se perdent dans l’herbe. Les altises, les cha- rançons, les petites cigales, les puces, les po- dures, sautent, les premiers, à l’aide de leurs pates, les derniers au moyen d’un instrument particulier, Pour épouvanter ses ennemis, le carabe pétard lance, en s'enfuyant, une bouffée d’une vapeur âcre et puante; le staphylin relève son long ventre d’une manière me- naçante, et en fait sortir deux vésicules; le meloé , quelques cantharides, font suinter de leurs articulations une humeur particulière, La chenille queue-fourchue agite ses deux longues queues. Les chenilles du papillon machaon font sortir leurs cornes jaunes, et les malachies, leurs petites vésicules rou- geâtres. : Pour tromper les animaux, et surtout les oiseaux qui les cherchent, beaucoup de chenilles se tiennent sous les feuilles des ar- bres, d’autres à leur pied, dans la terre ; 84 DISCOURS elles n’en sortent que le soir, parce qu'elles peuvent manger plus en sûreté pendant la nuit, D’autres chenilles de phalène, déjà sem- blables par la couleur, par les irrégularités de leur corps, à de petites branches mortes, les imitent encore mieux en se tenant, avec une singulière roideur, dans une direction oblique au rameau sur lequel elles sont seu- lement attachées par leurs deux pates posté- rieures. ! D'autres insectes n’emploient pas seule- ment leur instinct pour se défendre, ils s’en servent pour attaquer et saisir leur proie. Telles sont les araignées , qui tendént de grands filets gluans ; les fourmilions et les rhagions, dont les larves creusent des fosses ; : Les larves de quelques. insectes coléoptères se cachent dans des humeurs qu’elles sécrètent ou même dans leursexcrémens.Leslarves des cassides, des cercopis, ete., sont dans le premier cas; celles des crio- eères sont convertes par leurs excrémens. Les arai- gnées se laissent tomber des lieux où elles se croient en danger, mais elles ont soin de laisser un fil atta- ché à l'endroit qu'elles quittent; ainsi, elles sont toujours sûres, par ce moyen, de pouvoir y reve= nir quand le danger sera passé. SUR LES INSECTES. 85 les libellules , qui fondent sur les insectes vo- lan$ , etc. Enfin ilestune arme dont quelques insectes se servent, tantôt pour attaquer, tantôt pour se défendre. C’estl’aiguillon que portent tous les insectes à quatre ailes membraneuses. Cet aiguillon est placé à l’extrémité du ventre; apparent dans les ichneumons, il est caché dans les abeilles, les guëpes, etc. Il est composé de trois pièces; les deux extérieures, creusées en gouttière sur leur face interne, forment, par leurrénnion , la gaîne de la pièce intermédiaire. Cette pièce est l’aiguillon proprement dit; il est ordi- nairement arqué, dur, pointu. Lorsqu'on l’'examine au microscope, on voit que son extrémité n’est pas lisse, mais qu’elle est garnie de petites dents ou épines dirigées vers la base, en sorte que cet aiguillon, une fois enfoncé dans les chairs, y reste ordi- nairement. à A la base de cet appareil, et toujours dans Pintérieur du ventre, est une petite vessie qui renferme une liqueur particulière, âcre et vénéneuse, ne 8 86 DISCOURS Lorsque l’insecte se sert de son aiguillon, les muscles qui agissent pour le darderhors du ventre et l’enfoncer dans le corps d’un en- nemi, compriment en même temps la vési- cule à venin , et font couler le long du dard unegouttelette du poison. Il s’introduit dans la plaie, l’enflamme, fait périr l’animal qui l'a recu, lorsqu'il est très petit en compa- raison de la quantité du venin; il le tour- mente seulement par une inflammation dou- loureuse , lorsque sa grosseur le met à l'abri d'un danger plus grand. Mais souvent l’insecte est lui-même vic- time de sa vengeance; les pointes dont son aiguillon est armé, étant dirigées vers sa base, l’empêchent de le retirer. L’aiguillon reste dans la plaie avec toutes ses dépendances, et les muscles qui y sont encore attachés con- tinuant d'agir, quoique séparés du corps, l'enfoncent davantage et aggravent le mal. L'insecte privé de son aiguillon par une opé- ration si violente, ne tarde pas à périr. Les aiguillons de tous les insectes ne sont pas destinés à la défense ou à l'attaque. Beaucoup sont seulement des instrumens …_ . D V7: EN SUR LES INSECTES. 87 qui servent à percer et ouvrir les différens corps où doivent être déposés les œufs et à les y conduire. Tels sont ceux des tenthrè= des, des ichneumons, des sauterelles , ete. Ce sont là les seules armes particulières des in- sectes. Les autres armes dontils se servent pour se défendre ou saisir leur proie, sont des membres que nous connaissons déjà. Souvent ce sont les mandibules plus fortes et plus longues; quelquefois ce sont les pates antérieures faites en forme de pinces à genou, comme dans les mantes et les nèpes.. Dans d’autres cas, c’est une pointe aiguë au sternum, comme chez le grand hydro- phile. * e, LP ‘um Es V 2 LE 88 * :PRiNCIPALES MÉTHODES AL î » 8 - DES PRINCIPAUX OUVRAGES LT, DES PRINCIPALES MÉTHODES D'ENTOMOLOGIE. Ce n’est point un seul homme; ce n’est pas un seul siècle qui nous a fait connaître tout ce que nous venons de rapporter sur l’or- ganisation et les habitudes des insectes. Beaucoup de savans, un plus grand nombre encore d'amateurs ont étudié avec zèle, et quelquefois avec succès, cette aimable partie de l'histoire naturelle. La. plupart ont ajouté plus où moins à ce qu'on savait déjà, et ce que nous venons d'exposer est le sommaire des connaissances aetuelles sur les insectes. Avant de passer à l'étude par- ticulière de ées petits animaux, il paraît convenable de dire quelques mots des sd à : US 4 V3 } ” 107, Æ “ : …# < ns » D'ENTOMOLOGIE. 89 te 7 n'… hommes auxquels nous devons les connais= sances agréables et quelquefois utiles que nous allons acquérir. C’est un juste hom-s mage que nous leur rendrons; et si les faits que nous allons rapporter doivent exciter notre intérêt, Àl doit aussi se porter sur ceux qui les ont découverts. D'ailleurs, comme nous ne devons donner dans cet ou- vrage.que ce qui est fait, sans y rien ajouter de nous-même, comme nous devons adopter sans changemens une méthode connue; il est bon de passer en revue les principales mé- thodes proposées, pour qu’on puisse juger les raisons qui nous font adopter celle que nous avons préférée. Les auteurs qui ont écrit sur les insectes ; ne doivent être comptés que depuis Gesner. Aristote, Pline, Dioscoride, ont dit sur ces animaux des choses trop vagues, pour que leurs ouvrages puissent être d’une grande utilité Nous ne parlerons done que des auteurs qui ont vécu après Geésner ; nous ne suivrons pas tout-à-fait l’ordre chrono- logique; nous réserverons pour la fin les auteurssystématiques, ceux qui ont proposé 90 PRINCIPALES MÉTHODES différentes méthodes de ranger les insectes, . afin de pouvoir comparer plus facilement ces méthodes entre elles. Aldrovande , en 1602 a traitéles insectes comme toutes les autres branches de l’his- toire naturelle, c’est-à-dire qu'il a rassemblé sur ces animaux une multitude de faits de tous genres, extraits des auteurs qui l’avaient précédé. I a fait sept livres sur les animaux - qu'il à appelés insectes; il n’y en a réelle- ment que cinq et demi qui traitent des véritables insectes; les animaux décrits dans le sixième et une partie du septième, sont des vers. Le premier livre traite des abeilles; le second, des insectes à quatre ailes sans ély- tres; le troisième, des insectes à deux ailes sans élytres : il est question dans le qua- trième, des insectes à élytres, ét dans le cinquième ; de ceux qui n’ont ni ailes ni élytres; enfin, une partie du septième ren- ferme l’histoire des insectes aquatiques. En 1634, Mouffet publia à Londres un ouvrage latin intitulé : Théâtre des insectes ou des plus. petits - D’ENTOMOLOGIE. 97 des animaux, autrefois ébauché par Gesner, Votton, Penn, mais enfin au gmenté , élagué et rendu parfait par les soins de Thomas Mouffet, orné de 500 planches faites d'après nature. IL eût été funeste pour la science que le point où Mouffet l’a laissée fût réellement celui de sa perfection : on ne trouve guère plus d’ordre ni de-critique dans cet ouvrage que dans celui d’Aldroyande : c’est aussi une compilation sans discernement; et les planches, quoique faites d’après nature , sont presque inutiles, tant elles sont mau- vaises. Jonston, qui publia sa grande compila- tion d’ Hiéboine naturelle-en 1653, est dans le même cas que Mouffet : ainsi nous n’en parlerons pas. Rhedi a été un de ceux qui ont les premiers écrit sur les insectes après les avoir obser- vés lui-même. Il fit paraître, en 1671, un petit ouvrage dans lequel il cherchait à dé- truire une grande erreur de ce temps-là. Il prouvait, par des expériences, que les in- sectes ne sont pas produits par la putréfac- = ù : d , #0 pd n Li dieu 92 PRINCIPALES MÉTHODES tion, comme on le croyait alors; mais qu'ils venaient d'œufs pondus sur les chairs pu- tréfiées. » Swammerdam, différant totalement des compilateurs qui ont précédé Rhedi, nous a fait connaître beaucoup de choses impor- tantes sur les métamorphoses et l'anatomie dés insectes. Cet observateur infatigable a rendu le plus grand service à la science. Aussi tous les savans ont-ils pour lui la vé- nération qu'il mérite. L'édition même de son ouvrage prouve le cas que faisaient de ses travaux les plus grands hommes de son » temps. Ce fut Boerhaave, le fameux Boer- haave, qui rassembla les manuscrits et les figures de Swammerdam, après la mort de cét illustre naturaliste. Il les réunit en un corps d'ouvrage, tandis que Gaubius, autre savant du premier ordre, traduisait en latin l'ouvrage qui était en hollandais. Cet ouvrage forme deux volumes in-folio, écrits à deux colônnes, l’une latine, l’autre aise Il est intitulé : Ziblia naturæ , et fut imprimé à Amsterdam en 1737. Il est orné de figures en taille-douce assez bien D'ENTOMOLOGIE. 93 faites. Swammerdam a suivi principalement la métamorphose des cheïilles en papillons. Il a prouvé que ce changement n ’était point une véritable métamorphose, mais un déve= loppement du papillon renfermé d’abord sous Ja peau de la chenille, ensuite sous celle de la chrysalide. Il divise ces change- mens où métamorphoses en quatre ordres, d’après l'état de perfection-de l'insecté au » sortir de l'œuf. Il fait, avec beaucoup de détail, l'anatomie et l’histoire naturelle des insectes qu'il choisit pour exemple de ces quatre ordres de changemens. Ce sont, pour. le premier ordre, le pou, le monocle et le scor pion. Ces insectes ont, en sortant de l'œuf, la forme qu'ils doivent conserver toute leur vie. Les exemples du second … ordre, qui renferme les insectes qui sortent de l’œuf pourvus de-six pates, mais dénués des ailes qu’ils doiventacquérir par la suite, sont la libellule, l’éphémère, dont l'histoire est faite avec beaucoup de soin, et le sco pion-aquatique (xepa cinerea). Le troisième ordre renferme des insectes dont la larve est entièrement différente de l’insecte parfait : à 4 + dll L À t hi 94 PRINCIPALES MÉTHODES elle se change en chrysalide avant d’acqué- : rir toutes ses parties. Cet ordre est divisé en deux sections. Les exemples pris pour la première sont, la fourmi, le scarabée nasi- corne, le cousin, l’abeïlle. Ceux de la se- conde section sont les papillons diurnes et nocturnes, La métamorphose, dans ces in- sectes, ne diffère de celle des insectes de la première section, qu'en ce que la peau qui recouvre la chrysalide ne laisse apercevoir que faiblement les membres de l’insecte parfait. Enfin, dans le quatrième ordre, la larve passe à l’état de chrysalide sans se dépouiller de sa peau, qui se raccornit et devient dure. Les exemples de ce quatrième ordresont, le stratyomis ou mouche armée, et une mouche dont la larve vit dans le fromage. Mademoiselle Mairian publia, en 1718 et 1780, un ouvrage sur les insectes d'Europe. Elle a décrit les larves et leur manière de vivre, leur métamorphose en chrysalides et en insectes parfaits : elle y a ajouté des figures assez bonnes; mais les descriptions sont trop abrégées. Elle publia quelque 7 "s PT VTT 7: D'ENTOMOLOGIK. 95 temps après un ouvrage semblable sur les insectes de Surinam, avec d'assez belles figures. Comme elle n’a décrit et figuré que ceux qu’elle a élevés, les espèces sont peu nombreuses; ses descriptions sont encore trop courtes, et elle ne s'étend point assez sur les habitudes des insectes. Pierre Lyonnet, qui vint peu après Swammerdam , publia en 1760 un volume in-4° sur l’enfance d’un seul insecte. Son ouvrage, intitulé : Traité anatomique de la chenille du saule, est un chef-d'œuvre en tout genre. L’anatomie de cette larve, qui est celle du bombyæ cossus L., est traitée avec les détails les plus minutieux : il a adopté la méthode que l'on suit ordinaire ment dans l'anatomie humaine. Les plan- ches, au nombre de dix-huit, ont été des- sinées et gravées par Lyonnet. C’est un exemple à offrir aux naturalistes, de l'avan- tage qu'ils trouveront À faire euKemémes ge q 4 leurs dessins. Les gravures de Lyonnet sont très bien faites, et peu de graveurs seraient capables d’une netteté, d’une patience et d’une exactitude aussi grandes. On a repro- 06”. PRINCIPALES MÉTHOLES ché à cet auteur des AA tions anatomi- ques trop détaillées. Ce reproche n’est pas fondé, et ne peut avoir été fait que par des personnes qui ont aperçu le volume du livre sans le lire. Elles y auraient trouvé des descriptions bien faites, sans être lon- gues ; beaucoup de faits, et point de phrases. Lyonnet doit être en tout; même ‘en morale, le modèle du naturaliste. Loin dé” détruire des êtres pour le seul-plaisir de détruire, il a sacrifié à son travail le moins de chenilles qu'il a pu : philosophe et humain dans tout ce qu'il faisait, il em- ployait les moyens les moins douloureux pour ôter la vie aux insectes qu’il disséquait. Goedart a donné, en 1785, un ouvrage sur les insectes d'Europe, à peu près sem- blable à celui de mademoisélle Mairian ; mais les descriptions sont nulles , les figures mauvaises, et il s’y rencontre des erreurs assez grâves. Par exemple, il attribue l’ori- gine des pucerons à une liqueur répandue par les fourmis sur les feuilles, et vivifice par le soleil. Les observations de Leuvenhoeck sur les D'ENTOMOLOGIE. 97 insectes , se ie ordre, présentent cependant des faits d'anatomie et d'histoire naturelle assez intéressans. Il s’est particu- lièrement appliqué à l’examentdes animaux microscopiques, dont le plus grand nom- bre paraît appartenir plutôt à la classe des vers qu’à celle des insectes. On doit à Vallisnieri, quiécrivaiten 1700, d'avoir combattu avec opiniâtreté des. er- reurs consacrées par les anciens, et encôre accréditées de son temps. Il a enrichi l’his- toire des insectes d’un très grand nombre de faits nouveaux sur leur manière de vivre. La partie de son ouvrage qui traite des insectes, forme trois volumes in-folio, or- nésde gravures. Rai, de la Société royale de Londres, est un des premiers auteurs qui aient rangé , suivant un ordre méthodique, les insectes dont ils ont parlé. Quoique pouvant être placé, par cetteraison, parmi les méthodistes, nous en parlerons ici , parce que sa méthode est tellement imparfaite, qu'il est impos- sible d’en faire usage. Il a confondu les vers et les insectes, et a divisé ces animaux en re 9 98 PRINCIPALES MÉTHODES insectes qui ne subissent aucune métamor- phose, et insectes qui changent de forme. Lister, qui a ajouté un appendice à l’ou- vrage de Rai, a indiqué pareillement une méthode qui diffère peu de celle de Raï, et qui ne vaut pas mieux qu'elle. Il range aussi les vers parmi lesinsectes, etprend, comme Rai, des caractères dans leur manière de vivre, en sorte qu'en adoptant une sem- blable méthode de détermination , on serait obligé d’élever un insecte depuis sa sortie de l'œuf jusqu’à sa mort, pour pouvoir le reconnaître. De tels caractères ne peuvent être employés que dans les méthodes na- turelles. Nous ne parlerons ni de Derham, ni d’Éléazar Albin, ni de Valentin, ni de Ca- tesby. Nous nous hâterons d'arriver à Réaumur , un de ceux qui, par la multitude de leurs observations, ont le plus avancé l'histoire des insectes. _ C’est sous le titre de Mémoires que Réau- mur à publié ses Observations. Ces Mé- moires forment six volumes in-4°. Il a cher- ché à ranger les insectes suivant un ordre 1 D'ENTOMOLOGIE. 99 méthodique; mais il n’a pas été heureux dans ce travail , aussi nous ne nous y arré- terons pas. Nous dirons seulement qu'il a rangé les tétraptères à ailes farineuses ; d’après le nombre des pates de leur larve. Il a principalement obsérvé la manière de vivre des insectes. C’est lui qui a com- mencé à donner en France le goût de l’his- toire naturelle et de l'observation. Il est malheureux qu'il soit souvent trop verbeux. Ce défaut ôte beaucoup de l'intérêt qu'il savait inspirer pour les objets dont il traitait. Les naturalistes savent aussi , qu’entraîné quelquefois par son imagination , il voyait. les choses plus belles, plus étonnantes qu’elles n'étaient réellement ; mais si c’est un défaut pour les observateurs exacts et de sang- froïd , ce défaut a été utile à l'Histoire Na- turelle dans le temps où vivait Réaumur; il a servi à donner l’amour de cette science à des hommes qui pouvaient lui-être utiles, et qui ne trouvent d’intéressant que ce qui est très étonnant, Au reste, son imagination à pu lui faire 1. » 100 PRINCIPALES MÉTHODES, embellir les objets; mais elle ne l’a jamais maîtrisé au point de lui faire altérer la vé- vité. Il n’y a pas d’observateur plus patient, plus ingénieux, et en méme temps plus serupuleux-que Réaumur; c'est une source aussi féconde qu'agréable, dans laquelle nous puiserons une grande partie des choses que nous dirons. Roœsel'a donné, en 1744, un ouvrage en allemand , sur les insectes, avec des plan- | ches énluminées, faites avec le plus grand soin. Il renferme l’histoire des habitudes et des métamorphoses d’un grand nombre d’in- sectes d'Europe et de quelques étrangers. * Sans avoir la grâce du style de Réaumur, il en à toutes les longueurs; on ne peut trou- ver un ouvrage plus mal écrit et plus désagréable à lire. De Geer , qu’on peut, à juste titre, appe- der le Réaumur suédois, a fait un ouvrage immense sur les insectes; il est à peu près dans le même genre que celui de Réaumur ; mais il est moins diffus; les insectes sont décrits avec beaucoup plus de soin, et ran- gés suivant un ordre plus méthodique ; c’est D'ENTOMOLOGIE. 107 un des ouvrages qui ontle plus contribué à l’avancement de la science , et à augmenter le goût pour l’entomologie. Il a donné une phrase descriptive et un nom trivial de chaque espèce, en y ajoutant de la syno- nymie. Les dessins sur lesquels les planches ont été gravées avaient été faits par lui. Quoique cet ouvrage renferme une mé- thode, nous ne le renvoyons pas au rang des méthodistes, parce qu’elle est trop peu suivie. Nous devons dire cependant que beaucoup de genres sont bien faits, et que les caractères nous serviront quelquefois. Cet ouvrage forme huit gros volumes in-4°, dont le dernier est posthume. M. Clerk a fait deux ouvrages sur les insectes : un dans lequel il donne la figure de différens insectes , un autre sur les arai- gnées en particulier. Il les a rangées sui- vant un ordre particulier ; mais les figures en sont souvent si peu nettes, qu'il est dif- ficile de s’en servir pour déterminer les es= pèces peu connues de ces insectes. Il est d'ailleurs rare et cher. Les caractères qu'il emploie dans sa classification des araignées , \ 102 PRINCIPALES MÉTHODES sont tous pris dans leur manière de vivre, dans leur méthode d’attraper leur proie, dans la forme qu’elles donnent à leurs filets; en sorte que nous rencontrons ici la même difficulté que nous avons fait remarquer plus haut: il faut étudier un insecte pendant toute sa vie, pour pouvoir le reconnaître dans un livre. Il a suivi, dans la deserip- tion des autresinsectes, l’ordre de Linnéus. Nous passons rapidement sur une multi- tude d’auteurs qui n’ont donné que des figüres d'insectes plus ou moins bien faites; nous nous contenterons de nommer : Schœæffer, Zcones ; les figures sont mau- vaises, et arrangées sans ordre. Elles ne représentent que les insectes des environs de Ratisbonne. Pallas, dont l’ouvrage'a paru par fasci- cules ; il renferme des figures quelquefois assez bonnes, et des descriptions toujours bien faites des insectes de Russie. Drury, qui a donné, sans aucun ordre, les nombreux et brillans insectes de son ca- binet ; ses figures sont bonnes. Sepp. 11 a décrit avec soin la métamor- D'ENTOMOLOCIE. 103 phose de plusieurs papillons et phalèries. Il a donné des figures enluminées et excellen- tes, et telles qu'il y en a peu de semblables en histoire naturelle. Les œufs, les che- nilles dans leurs différens états, et ‘dans leurs attitudes habituelles; les chrysalides et les insectes parfaits, avec la plante dont ils se nourrissent, y sont représentés avec la plus grande vérité: Cet ouvrage est pré- cieux à cause de la fidélité et de la beauté de ses planches. On doit regretter que l’au- teur ne se soit presque occupé que d'in- sectes déjà très connus. Cramer a donné de nombreuses figures et des descriptions d’une grande quantité. ” de papillons exotiques, et Ernst à fait, sur les papillons d'Europe, un ouvrage sem- blable, dans lequel il à entassé un trop grand nombre dé variétés. Fueslin et Herbst ont donné une descrip- tion et des figures fort exactes des insectes de la Suisse, et des plus rares insectes étrangers. On doit surtout à Fuéslin la détermination précise d’un grand nombre d'insectes qui appartiennent à des genres 104 PRINCIPALES MÉTHODES dont les espèces ne sont pas caractérisées, tels que les genres escarbots, sphéridies, etc. M. Harris a publié, en 1778, deux ou- vrages sur l'Histoire Naturelle des Insectes. Les planches sont fort bien faites; mais il y a peu de choses neuves. On y remarque une expérience assez singulière. Il a pré- tendu que les yeux à réseau ne servaient point aux mouches d’organe de la vue. Il dit les avoir bouchés avec de la céruse, sans que les mouches parussent aveuglées ; elles volaient toujours vers la lumière; tandis qu’en faisant la même opération sur ” les petits yeux lisses qui se trouvent au-des- sus de la tête de quelques genres, elles pa- - raissaient avoir perdu la vue, volant irré- gulièrement dans la chambre, se frappant contre tous les corps. Cette expérience, contraire à tout ce que l’on a dit et vu jus- qu'ici, mériterait certainement d'être ré- pétée. Nousterminerons cette liste bien incom- plète des historiens et des figuristes en entomologie, en parlant de l'ouvrage de M. Stohl, sur les punaises et sur les ci- “ ” _ ed D'ÉNTOMOLOGIE. 105 gales, et de celui de M. Smeathman sur les termès. Le premier, auteur hollandais, a com- mencé, en 1780, la publication d’un ou- vrage particulier sur les punaises et les cigales. Il l’a fait paraître par fascicules. Les planches sont bien faites, et les des- criptions concises et claires. L’Entomologie doit à M. Stohl d’avoir jeté un grand jour sur l’ordre nombreux, obseur et peu connu des hémiptères. & M.Smeathman, anglais, a donné, en 1787, un ouvrage particulier sur les termès, ou fourmis blanches, résultat des observations qu'il avait faites dans un voyage sur la côte FE | de Guinée. Il instruit de tout ce qui est re-. latif à la naissance , à l’accouplement, aux combats, à l’industrie et aux dégâts de ces animaux singuliers; mais ses observations ne sont pas rédigées avec beaucoup d’or- dre , et elles sont quelquefois si singulières, qu'elles méritent confirmation: L'ouvrage a été traduit en français par M: Rigaud. Passons maintenant aux méthodistes. Nous ne les rangerons pas suivant un ordre chro- 106 PRINCIPALES MÉTHODES nologique, mais d’après l'usage plus où moins considérable que nous ferons de leurs travaux. Les principaux et les plus connus sont : Scopoli, Schæœffer , Linné, Geoffroy, Fabricius , Olivier. Scopoli est l’auteur de deux ouvrages sur l’Histoire Naturelle. L'un, intitulé: Zn- tomologia Carniolica, est lénumération et la description des insectes de la Carniole , d’après la méthode de Linné. L'autre, pu- blié en 1778, est intitulé : Zntroduction à l'Histoire Naturelle. V’auteur cherche à classer les productions de la nature : il di- vise les insectes en cinq tribus ; il donne à chacune d’elles un nom particulier, et ce nom est celui de quelque célèbre naturaliste. La première tribu des insectes est dédiée à Swammerdam, et est intitulée : Lucifuga Swammerdami. Elle renferme les crustacées. La seconde tribu est nommée : Gymnoptera Geoffroi. Elle comprend les insectes à ailes mem- braneuses. D'ENTOMOLOGIF. 10% La troisième est appelée : Lepidoptera Ræselir. Elle renferme les papillons. La quatrième, qui renferme les hémi- ptères, ou insectes À trompe, est nommée : Proboscideæ Reaumurii. Enfin, la cinquième renferme les coléo- tères , et est appelée. P > Coleoptera Fabricir. Le peu que nous venons de dire sur cette méthode suffit; on voit qu’elle ne présente que des changemens de noms sans aucun avantage. Celle de Schæffer est fondée sur les ailes et sur le nombre des pièces des tarses. Il n’a donné qu’un exemple de chaque genre, avec des caractères extérieurs, représentés par une planche. Les planches sont rangées dans le corps de l'ouvrage sans aucun ordre. Elles sont mauvaises ; le dessin et les cou- leurs des insectes sont souvent faux , et nous ne savons à quoi attribuer l'espèce de répu - tation qu'a l'ouvrage de Schæffer. 108 PRINGIPALES MÉTHODES Il divise les insectes en sept classes , aux- quelles il a donné des noms pris de leurs caractères. d 1'e Classe. Coléoptéres-Macroptéres. : : Les aïlés supérieures plus longues que la moitié du ventre. 2° Classe. Coléoptères-Microptères. Les ailes supérieures sont plus courtes que la moitié du ventre. 3° Classe. Hémipteres, Les ailes supérieures sont membraneuses à leur extrémité. 4° Classe. Hyméno-Lépidoptéres. Quatre ailes membraneuses recouvertes d’une poussière écailleuse ou farineuse. 5e Classe. Grmnoptéres. Quatre ailes nues. 6° Classe, Diptéres. Deux ailes. 7° Classe. Aptéres. Point d'ailes. D'ENTOMOLOGIE. 109 Les ordres sont formés d’après le nombre des articles des tarses, depuis va] jus- qu'à un. : Linnéus, dans son Systema Naturæ, a di- visé *n sept ordres la classe des insectes. Les caractères des ordres sont pris dans les ailes. 1 Ordre. Coléoptéres. Quatre ailes, supérieures crustacées. 2° Ordre. Hémiptéres. Quatre ailes, supérieures demi-crustacées. 3° Ordre. Zépidoptéres. Quatre ailes recouvertes d'écailles. 4 Ordre. Névroptères. Quatre ailes membraneuses ; anus sans ni- guillon. 5° Ordre. Hyménoptéres. Quatre ailes membraneuses ; anus avec un aiguillon. 6° Ordre. Diptères, Deux ailes. 7° Ordre. Aptéres, Point d’ailés. 1. 10 Lt titi & ne dt nr À à. ‘ 110 PRINCIPALES MÉTHODES Les caractères des divisions des ordres sont pris dans la forme des antennes, dans celle de la bouche quelquefois, et dans le nombre des pieds. La méthode de Linnéus est certainement fort bonne; mais plusieurs raisons nous em- pêchent de la suivre. 1°. Les espèces décrites dans la deuxième édition sont en trop petit nombre. 2°, Quelques genres sont très mauvais, et renferment des insectes qui ne se ressemblent en aucune manière. Gmelin, dans la trei- zième édition, a cherché à remédier à ces deux défauts; mais il en a ajouté de nou- veaux. IL a décrit un bien plus grand nombre d'espèces; mais les ayant prises sans discer- nement dans une multitude d'ouvrages, le sien est rempli de doubles emplois. Au reste, c’est un reproche que les Naturalistes font à toutes les parties de cette compilation, et qu’on ne peut trop répéter, afin d’épouvan- ter, s’il est possible , les gens qui font de _ l'histoire naturelle à la feuille, et d’encou- | rager ceux qui, moins empressés d’impri- DT 7. — sms à De éd DL. LS _t Tr D'ENTOMOLOGIE. 117 mer, méditent plus long-temps leur ouvrage, et cherchent à le rendre æussi parfait qu’il est possible. Mais en entomologie, Gmelin a fait plus que des doubles emplois ; il a cherché à corriger les genres de Linnéus. Pour y parvenir, il a voulu en ajouter de nou- veaux , et diviser ceux qui étaient trop nom- breux en espèces. Il a employé pour cela les caractères de Fabricius. Alors il introduit dans sa méthode une marche incohérente; et sans parer entièrement aux inconvéniens de la méthode de Linnéus, il y a ajouté ceux de la méthode de Fabricius. Geoffroy publia en 1764 deux volumes in-4° sur les insectes des environs de Paris. Il les a rangés suivant une nouvelle mé- thode : un des caractères les plus heureux de cette méthode lui est entièrement dù. Il décrit dans cet ouvrage la manière de vivre de chaque insecte, la plante sur laquelle on le trouve, ses métamorphoses, etc. L'his- toire des habitudes des insectes est courte, mais elle dit tout ce qu'il est nécessaire de savoir, et cela suffit. La plupart de ses gen- res sout très bien faits, fondés sur des carac- 112 PRINCIPALES MÉTHODES tères faciles à saisir. Il a donné une bonne figure de chaque genre. Cependant, nousne pouvons encore suivre cet ouvrage: nous en dirons les raisons. Faisons connaître aupa- ravant les bases de sa méthode. 1"° Section, Coléoptéres. Ailes recouvertes d’étuis ou de fourreaux ; bouche armée de mâchoires dures. 2° Section. Hémiptcres. Ailes supérieures presque semblables a des étuis ; bouche armée d’une trompe aiguë , repliée en dessous le long du corps. 3° Section. Tétraptéres à ailes farineuses. Quatre ailes chargées de poussière écail- leuse, 4° Section. Tétraptères à ailes nues. Quatre ailes membraneusesnues sans pous- sière. 5e Section. Diptéres. Deux ailes; un petit balancier sous l’ori- gine de chaque aile. 6° Section. A4ptéres. Corps sans ailes. D'ENTOMOLOGIE, * 113 Il a pris pour caractère de ses subdivi- sions, le nombre des articles des tarses; quoique nous ayons déjà parlé de cet ex- cellent caractère, c’est à lui qu’en est due la découverte ; car Schæffer, qui s’en est aussi servi, est postérieur à Geoffroy. L'ouvrage de Geoffroy est généralement estimé de tous les entomologistes, et tous conviennent que sa méthode exigerait fort peu de correction pour être la meilleure ” mais elle a le grand inconvénient de n'être applicable qu'aux seuls insectes des environs deParis, etencore en a-t-on découvert beæu- coup depuis la publication de son ouvrage. On peut encore reprocher à Geoffroy d’a- voir quelquefois donné des descriptions trop courtes de quelques insectes; en sorte qu'il n’est pas possible de les reconnaître ; il a aussi négligé de donner des noms spéci- fiques. | Nous voilà enfin arrivés à Fabricius. Cet entomologiste célèbre a fondé sa méthode sur des bases entièrement différentes de celles adoptées par ses prédécesseurs. Ce n’est point une méthode qu'il a faite, c’est ce que l’on LE] é 114 PRINCIPALES MÉTHODES nomme un système. Il a pris tous sés carac- tères d’ordreset de genres, sans aucune ex- ception, dans la structure de la bouche. Il a fait six ouvrages sur les insectes. Le premier, intitulé Systema Entomolo- giæ, a paru en 1775. Il y décrit, d’après son système, les insectes de toutes les par- ties du monde, ne parlant que de ceux qu’il "a pu voir en visitant les cabinets d’Alle- magne, de Hollande, d'Angleterre, etc. Il donne dans cet ouvrage les caractères prin- cipaux des genres, et décrit en détail toutes les espèces qui ne l’avaient pas été dans Lin- néus. En 1776, Fabricius décrivit dans un nouvel ouvrageintitulé Genres des Insectes, Genera Insectorum, tous les caractères qui conviennent à chaque genre. A la fin de ce Gencra, est un appendix qui renferme la description de plusieurs espèces non com- prises dans le Systema. 11 fit paraître, en 1778, une Philosophie des Insectes, c’est-à- dire des généralités sur les insectes, et l’ex- plication de tous les mots dontil s'était servi dans ses ouvrages précédens. En 1781, il parut un quatrième ouvrage intitulé Spe- D'ENTOMOLOGIE: 115 cies InSectorums Espèces des Insectes, I ne donne dans cet ouvrage aucun caractère des genres, mais il décrit un très grand nombre d'espèces. Il a ajouté une synonymie très étendue. Les espèces déjà décrites dans le Systema et dans l’appendix du Génera, ne sont indiquéés dans ce Species que par une phrase spécifique, le lieu de léur habitation et la synonymie. Dans le cinquième ouvrage, qui parut en 1787 sous le titre de Mantissa Insectorum , M. Fabricius donne les carac- tères succincts des genres, la phrase spéci- fique, sans synonymie ni habitat, des es- pèces décrites dans le Systema, l'appendix du Genera ; et le Species. 11 ne décrit en dé- tail que les espèces nouvelles. On voit, d’après cela, que pour avoir la description complèté de tous les insectes dé- crits par Linné et Fabricius, il faut avoir le Fauna suecica ; le Systema Naturæ ; le Sys- tema Entomologiæ , le Genera , le Species, le Mantissa. Le sixième ouvrage de Fabricius, qui vient de paraître, renferme le caractère suc- cinct des genres, la description et la syno- Ca 116 PRINCIPALES MÉTHODES nymie de toutes les espèces décrites dans les précédens ouvrages, et les caractères acces- soires des genres , c’est-à-dire ceux pris dans la forme de toutes les parties du corps des _ insectes. h, ‘4 * _On croit qu’ avec cet ouvr age on peut se " Lx < = | passer entièrement des autres : pas encore -à-fait. Les insectes décrits en détail dt ins Linné, ne le sont ici qu’en abrégé, et souvent la description de ceux décrits dans les précédens ouvrages de M. Fabricius est très diminuée. Dans cet ouvrage et dans le supplément qu'il y a joint, M.Fabricius décrit un grand nombre d'espèces nouvelles ; il établit aussi beaucoup de nouveaux genres; enfin il a fait dans sa méthode degrands changemens, en portant le nombre des ordres de huit à treize, Voici cette méthode telle qu’elle a été pu- bliée en dernier lieu. DERNIÈRE MÉTHODE DE FABRICIUS. 1e" Ordre. Eceurerares. (Coléoptéres. Ori.) Mâchoires nues, libres, palpigères. ts ds à de à im ds int, bas TT. te D'ENTOMOLOGIE. 117 a 1 2° Ordre. Urowares. (Orthoptéres. Ora.) Mâchoires recouvertes par une galète ob- tuse. L 3° Ordre. Synisrares. ( Névroptéres. Otav. n Et lépisme, podure des aptères d'Olivier.) 4 . 4 + / : Mâchoires coudées et attachées par leur base à la lèvre inférieure. # 4° Ordre. Prezares. (Hyménoptères. Oxxv.) Mâchoires comprimées, souvent allongées. 5° Ordre. Onowares. ( Névroptères. Oxxv. Renfermant la famille des libellules.) Mäâchoires cornées, dentées, deux palpes. 6° Ordre. Mxrosames. (Aptéres. Ouxv. Ex. scolopendre, iule.) Mâchoires cornées, croisées, sans palpes. 7° Ordre. Unocares. (Æptéres. Oxxv. Ex. araignée , faucheur, scorpion.) Mâchoiïres cornées, onguiculées. 8° Ordre. Poryenarues. (Aptères. Oxiv. Ex. cloporte, etc., monocle.) Plusieurs mâchoirésen dedans dela lèvre, 118 PRINCIPALES MÉTHODES 9° Ordre. KLkISTAGNATHES. (Crustacées. Ou. Ex. crabe, limule.) Plusieurs mâchoires hors de la lèvre, fer- mant la bouche. 10€ Ordre. EXOGNATRES. ( Crustacées. Oxiv. . Ex. écrevisse, pagure, squille.) Plusieurs mâchoiïres couvertes par les palpes, hors de la lèvre, 11° Ordre. Grossares. (Zépidoptères. Oxav.) Bouche composée d’une longue spirale si- tuée entre deux palpes. 12° Ordre. Rayncores. (Hémipières. Oviv.) Bouche composée d’un bec ou gaîne ar- ticulée. t 132 Ordre. Anrzrares. ( Déptéres, Aptéres, Oxiv. Ex. pou, mite.) Bouche composée d’un suçoir non arti- culé. Les divisions des ordres sont établies d’a- près la forme des antennes et la disposition des parties de la bouche. D'ENTOMOLOGIE. 119 Nous ne pouvons taire les justes repro- ches que l’on peut faire à cette méthode, et nous devons dire les raisons qui empéchent de la suivre. Fabricius a cru devoir prendre ses carac- tères dans une seule partie , et il les a tou- jours pris dans les parties de la bouche des insectes. Il a pensé que c’étaient les plus invariables , c’est-à-dire celles qui, étant toujours semblables dans les insectes d’une même famille; pouvaient offrir des carac- tères qui ne séparaient pas les unes des au- tres les espèces analogues, et que par con- séquent ils étaient les plus convenables , lorsqu'on ne voulait paint détruire l’ordre naturel. Mais ils varient quelquefois ; nous verrons que parmi les espèces de son an- cien genre scarabée , les unes ont une lèvre supérieure, tandis que les autres n’en ont pas; que d’autres ont des mandibules cor- nées, tandis que d’autres les ont membra- neuses ; enfin, que souvent les caractères qui distinguent un genre d’un autre, sonL presque nuls. Par exemple, la bouche, ainsi que les parties de cet organe, est, à très peu de LT a. sé bis dem + ts de le LR SE LL 120 PRINCIPALES MÉTHODES chose près, parfaitement semblable dans les capricornes et les lamies, dans les cantha- rides et les mylabres. Il est impossible de disséquer la bouche de tous les insectes. Il doit donc être impos-' sible de reconnaître tous les insectes d’une manière sûre d’après la méthode de Fabri- cius. Ainsi tousiles très petits insectes, tous les insectes uniques ou qui appartiennent à des personnes qui ne veulent pas les prêter pour cette distinction, et le nombre en est très grand, ne peuvent pas être reconnus par les caractères assignés : la seule analogie doit les faire classer. Quant à l’ordre naturel, il est absolument . -menversé. On ne peut pas dire que celui dans loguel le cloporteest rangé à côté de l'abeille, wraignée à côté de la libellule, soit un ds très naturel. . Ces principales raisons nous paraissent plus que suffisantes pour nous faire rejeter le système de Fabricius. Nous adopterons plusieurs de ses nouveaux genres, parce qu'ils nous ont paru bons; mais nous serons forcé de leur assigner des caractères plus D'ENTOMOLOGIE. 121 visibles, et far conséquent d’un usage plus facile que ceux pris dans la bouche. Il nous reste À parler du système de M. Olivier. Ce naturaliste est l’auteur de deux ouvrages sur les insectes, qui ne sont encore achevés ni lun ni l’autre. Le pre- mier est la partie entomologique de la nou- velle Encyclopédie méthodique. Le second est une histoire naturelle et complète de tous les insectes qu'il a vus et décrits dans les cabinets de Paris, d'Angleterre et de Hollande. 11 a proposé, dans l’Encyclopé- die, une nouvelle méthode, qui est le ré- sultat de la, combinaison de celle de Fabri- cius et de celle de Geoffroy. Il a établi de nouveaux genres, et a supprimé quelqués, uns de ceux formés par Fabricius. ” - fe Comme c’est sa méthode que nous sui- . vrons, nous en donnerons le tableau à la fn de ce discours. Les divisions des ordres sont ® prises du nombre des pièces des tarses, de celui des pates, etc. Les grandes divisions de cette méthode sont très bonnes; le nouvel ordre des or- thoptères est très heureusement trouvé, r 11 122 _ PRINCIPALES MÉTHODES . 1 Mais nous ne pouvons en dire autant des caractères génériques; ils sont tous pris dans les parties de la bouche. Ainsi les ob- jections que nous avons faites contre la méthode de Fabriciñs doivent se renouve- … Jerici. M. Olivier paraît même avoir voulu renchérir sur Fabricius, en augmentant la difficulté; car il n’a pris les caractères es- - sentiels des genres, que dans les antennes et les palpes ou antennules. Nous ne pourrons donc encore suivre entièrement cette méthode, par les raisons que nous venons d'exposer. D'ailleurs, au- cun des ouvrages de M. Olivier n’est achevé. Enfin, ce naturaliste n’a point donné de véritables caractères essentiels des genres, ce qui en rend la détermination très difficile. +. On doit voir, d’après ce que nous venons de’ dire, qu'il m'est pas facile de trouver Lune méthode que l’on puisse suivre entiè- rement dans cet ouvrage. C’est ce qui nous a engagé à adopter une marche qui levera peut-être les différens obstacles qui se ren- eontrent dans l’une ou l’autre des méthodes que nous venons de passer en revue. . s D'ENTOMOLOGIE. 123 d .. 4 7 : Nous suivrons principalement ès ordres et les sous-divisions d'Olivier; mais nous donnerons, pour les genres, des caractères pris dans l’extérieur de l’insecte. Ce seront, ou ceux de Linnéus, ou ceux de Geoffroy, . ou bien de nouveaux caractères, lorsque le # genre sera neuf, ou que les caractères des auteurs précédens ne pourront pas lui con- venir, | Terminons cette courte histoire de l’ento- mologie par le tableau de l’état actuel de cette science. Un grand nombre de naturalistes contri- buent, par léurs efforts et leurs succès, aux progrès de l’entomologie. Dans le Nord, M. Panzer publie une Yaune des Insectes d'Allemagne. Cet ou- vrage, petit in-12, est en feuilles détachées etrassemblées dans un carton, Chaque feuille : ne contient qu'une espèce, chaque espèce est figurée À part, cela donne la faculté de suivre, pour classer ces insectes, la mé- thode que l’on préfère. Les figures sont très bien faites. Les descriptions sont en latin ; elles sont courtes, mais suffisantes ; tantôt fur Put & MÉ éédnus | “ 124 PRINCIPALES, MÉTHODES . F ce soh@telles de Linné ou de Fabricius ; tantôt ce sont celles des Entomologistes qui enrichissent cette Faune des espèces qu'ils croient nouvelles. MM. Kugelann, Illi- ger, ete., en ont donné beaucoup. On peut, et même on doit reprocher aux auteurs de cet ouvrage, d'adopter trop faci- lement des espèces nouvelles. En suivant une pareille marche, le nombre des in- sectes, déjà trop grand, serait bientôt infini, et les difficultés de l'étude augmentant, sans que la science en devint plus agréable ou plus utiles elle serait bientôt abandon- née des hommes qui ne pourraient pas y consacrer tout leur temps. D'ailleurs, en examinant avec attention les espèces d’apho- dies, de carabes, de mouches, d’abeilles que cet ouvrage donne, on voit qu’il est très difficile de trouver de légères diffé- rences entre un grand nombre de ces pré- tendues espèces. MM: illiger et Kugelann viennent de publier une description des coléoptères de Prusse. La description de chaque espèce y est faite avec le plus grand détail, et la shine Le, Ar, He”, 4 jvc EN L hé ' , | ŒL AN SL ' < D'ENTOMOLOGIE. * 125 . sÿnoïymie y est discutée avec des À velop- "pemens peut-être trop longs et trop minu- tieux. Il nous semble qu'il y a un terme moyen entre la légèreté de Gmelin etune trop grande importance mise à de petites choses, et que les deux extrêmes sont éga- lement nuisibles à la science. Nous ne con- naissons pas encore la suite de cet ouvrage. M. Paykull vient de publier aussi la pre- mière partie de sa Faune suédoise : elle renferme une partie des coléoptères. M. Pay- 1 kull est avantageusement connu par les bonnes monographies qu’il a données, etih nous paraît qu'il a tenu le juste milieu dont nous parlions tout à l'heure. En France, MM. Duméril et Cuvier’ se sont occupés d’une méthode naturelle des insectes, et ils ont Presque obtenu le double avantage d’une méthode naturelle qui püt servir en même temps À la détermination, Ces deux naturalistes ont. d’ailleurs beau coup ajouté aux connaissances anatomiques que Swammerdam, Lyonnet, Réaumur nous avaient laissées sur les insectes. M: Latreille a publié un ouvrage intitulé M 1926 | PRINCIPALES MÉTHODES Æ Genres.des Insectes. I à suivi une méthode. ” à peu près semblable à celle d'Olivier; mais” il l’a perfectionnée, en divisant davantage lesaptères qui réunissent des ordres d’in- sectes certainement différens. Il a établi un grand nombre de genres, dont la plupart nous présenteront des caractères tranchés que nous emploierons; mais il à peut-être quelquefois un peu trop multiplié les genres ; en sorte que, dans quelques circonstances , leurs caractères deviennent moins distinctifs. M. Latreille a enrichi l’histoire des in- sectes de plusieurs observations curieuses sur leurs habitudés. C’est presque le seul naturaliste qui s'occupe actuellement de l'étude des mœurs des insectes, sans cepen- dant négliger leur classification. Enfin, pour terminer l'aperçu de l'état actuel de l'Entomologie, nous devons ajou- ter que cette science, à peine connue en France il y a cinquante ans, fait actuelle- ment l’objet de l'étude ou de amusement d'un grand nombre de jeunes gens. L’heu- reuse et salutaire distraction qu’elle leur donne, les empêche de chercher ailleurs " he 7... [as ARMOR S. É..- : 7 à . j D'ENT wolocrz. 127 des” plaisirs plus brillafs, mais souvent plus à craindre, Elle leur inspire insensiblement le désir de connaître plus complétement ges ÿ productions de la nature qui ont fait d'abord l’objet de leur amusement; la connaissance parfaite des insectes, liée, comme toutes les connaissances physiques, avec l'anatomie , 3 | L » la physiologie, la physique proprement dite, e la chimie, etc., les conduit, sans qu’ils s'en à. aperçoivent, à des études plus sérieuses et plus importantes; et l’Entomologie n'eût-. elle que ce seul avantage, il serait assez, considérable pour qu’on plaçât cette science parmi les moyens dont il est possible de ürer un parti utile dans l'éducation, pour faire naître dans les jeunes gens le goût de l'étude, et, par suite, cette douce et simple. philosophie qui doit nécessairement con- duire au bonheur, quand elle prend nais- sance dans un esprit. juste. AT dt … i. dién tite LE Hot D dé dé. ur. * , " 2» » 128 PRINCIPALES MÉFHODES » | * " : # L A + MÉTHODE DOLIVIER ET DE CET A OUVRAGE. Tableau des Ordres. 1. LÉPIDOPTTÈRES. à Quatre ailes membraneuses recouvertes d’une poussière écailleuse. — Bouche armée … d’une trompe roulée en spirale. ( Papillon, Phalène.) + , 2. NÉVROPTÈRES. | » Quatre ailes nues, membraneuses, réti- culées. — Bouche munie de mandibules et de mâchoires. (Zibellule , Rafidie , Frigane. ) 3. HYMÉNOPTÈRES. : Quatre ailes nues, membraneuses, va- - riées, inégales. — Bouche munie de man- dibules et d’une trompe souvent très petite, (Fourmi, Abeille.) : 4. HÉMIPTÈRES: Deux ailes croisées sous des élytres mol- les, demi-membraneuses. — Trompe aiguë, récourbée sous la poitrine. ( Cigale, Pu- … naïse.) CR nd dns Elie fé par à nd : (=) 'ENTOMOLOGLE. ._ 12g . ORTHOPTÈRES. Æad Deux ailes pliées longitudinalement sous des élytres molles, presque membraneuses, # — Bouche munie de mandibules et de mâ- + choires. (Mante, Sauterelle.) 6. coréoprÈnes. Deux ailes pliées transversalement sous des élytres dures et coriaces. — Bouche mu- nie de mandibules et de mâchoires. ( Sca® 7 rabé, Ténébrion , Capricorne , Coccinelle.) AA 7: DIPTÈRES, À Deux ailes nues, membraneuses, vei- nées; deux balanciers. — Trompe droite ou coudée rétractile. ( Mouche.) : 8. APTÈRES. # Point d’ailes dans les deux sexes. — Bou- che variable. (Pou, Araignée.) … 9+ CRUSTACÉS, Point d’ailes dans les deux sexes. — Bou- che et mandibules palpifères , plusieurs mâchoires, point de lèvres inférieures. ! ? Depuis la publication de cet ouvrage, ! "130 PRINGIPALES MÉTHODES plusieurs savans ont fait des travaux plus fu moins importans sur les insectes; nous allons les passer en revue pour compléter ce qui a été fait dans le discours précé- dent. C’est en 1796 que M. Latreille pu- blia, à Brives, son Précis des Caractères génériques des Insectes , disposés dans un | — ordre naturel. Cet ouvrage, auquel la clas- 2 2 sification doit ses principales améliorations , divise les insectes de Linné en quatorze classes. Les sept premières comprennent » ceux qui sont ailés, rangés dans l’ordre suivant : les coéoptéres , les orthoptéres , les Aémiptéères , les hyménoptères , les lépi- doptères et les diptères. Les autres insectes . sont aptères , et les changemens qu'il a in- $ troduits dans leur arrangement paraissent e déjà d’une haute importance. Il les divise en sept autres classes , dont nous expose- rons les caractères : r°. les suceurs , suc- toria (rhyngotes, Fabricius), tête distincte, antennifère , trompe articulée, renfermant jun suçoir de deux soies, deux écailles à la base, six pates; 2°. les thysanoures, thysanoura (synistates , Fabricius) , tête dis- de Là mé chtis de. AD , SR, sé D'ENTOMOLOGIE. 131 üncte; antennifère , bouche munie de man dibules, de deux mâchoires, de deux le- vres et d’antennules sensibles, six pates : les lépismes , les forbicines, les podures ; 3°. les parasites , parasité (antliates, Fa- bricius), tête distincte, antennifère, un tube très court, renfermant un suçoir; légère ap- parence de mandibules où de mâchoires dans d’autres; six pates : les ricins et lest poux; 4e. les acéphales, acephata (1mo- gates et antliates, Fabr.), organes de la bouche, ou quelques uns tenant lieu de tête; point d’antennes, six à huit pates (Ma classe distinguée depuis sous le nom: d’arac- rides); 5°. les entomostracés, entomostraca , Müll. (synistates et agonates, Fabr.}, tête confondue avec le corps, renfermé sous un têt d’une ou deux pièces ; antennes souvent rameuses , mandibules sans antennules ; deux rangs au plus de feuillets maxillaires ; lèvre inférieure nulle, six à huit pates plus communément:lesmonoeles, les cypris, ete.; = & ! 6°, les crustacés, crustacea ( agonates, "= Fabr.), tête confondue avec le corps, ren- fermé ordinairement sous une carapace ; +. 132 PRINCIPALES MÉTHODES «quatre antennes : plusieurs rangs de feuil- lets maxillaires, dont deux insérés et cou- chés sur les mandibules; point de lèvres ; dix pates communément ; 7°. les myriapo- des, myriapoda ( synistates , mitosates , uno- gates, Fabr.), tête distinguée du corps, antennifère; mandibules ayant un avance- ment conique à leur base, des dents écail- “euses implantées sur le contour de l’extré- mité; deux rangs de mâchoires au plus ; une lèvre inférieure, quatorze pates et plus: les aselles, les cyames, cloportes, iules et scolopendres. Un an après la publication de cet ou- vrage, M. Cuvier fit connaître ( Tableau élémentaire de l'Histoire Naturelle des Ani- maux, an vi) une méthode qu’il déclare être une combinaison des systèmes de Swammer- dam, de Linné et de Fabricius, mais dans laquelle on trouve d’heureux perfectionne- mens. Ce grand zoologiste établit divers ordres qu'il partage en familles naturelles , LD . lesquelles comprennent plusieurs coupes on grands genres, qui sont ensuite subdivisés en petits genres. Les crustacés et les arach- hs ds tit nn fi K nédiis où 2 décs sn a é D'ENTOMOLOGIE. 133 nides sont encore placés avec les insectes ; mais ils occupent la tête de la série, et constituent le premier ordre, en compre- nant quatre familles : 1°. les crustacés, qui ont plusieurs paires de mâchoires : il y rap- porte les grands genres monocle, écrevisse, cloporte; 2». les mille-pieds , qui ont le corps composé de beaucoup de segmens portant des pieds, mais qui n'ont pas plusieurs mâchoires: les iules, les scolopendres ; 32. les aranéides: une seule pièce pour la tête et le corselet, portant huit pieds; l'abdomen sans pieds : les scorpions, les araignées, les faucheurs ; 4°. les phtyréides, à tête dis= tincte, corselet portant six pieds; abdo- men sans pieds : les podures, les forbi- t cines, les ricins. Le second ordre, celui des névroptères, divisé en trois familles : 1. les libelles à quatre grandes ailes non ployées, à mâchoires pourvues d’un, palpe non articulé, à lèvres enveloppant toute la bouche, sans palpes : le grand genre des demoiselles, Xbelula ; 2°. les perles à ailes * se rejetant sur le dos dans l’état de repos , à mächoires et lèvres pourvues de palpes T. 12 134 PRINCIPALES MÉTHODES articulés, à bouche pourvue de mandi- bules : les termites, les hémérobes, les pa- norpes, les raphidies; 3°. les agnathes, à mâ- choires et lèvres pourvues de palpes arti- culés, sans aucunes mandibules: les friganes et les éphémères. Le troisième ordre, celui des hyménoptères , est partagé simplement en grands genres : les abeilles, les gué- pes, ete. Le quatrième ordre, celui des coléoptères, est divisé en plusieurs coupes auxquelles appartiennent des grands genres servant de type : 1°. coléoptères dont les antennes sont terminées par une massue feuilletée, cinq articles à tous les tarses : les luücanes, les scarabées, etc. ; 2°. coléoptères * - dont les antennes sont portées sur un bec qui n’est qu’un prolongement de la tête, et au bout duquel est la bouche; quatre arti- cles à tous les doigts : les charançous et les bruches ; 3°. coléoptères dont les antennes sont en forme de massue;, et qui n’ont que trois articles aux doigts : les coccinelles ; 4°, coléoptères dont.les antennes sont ter- minées en forme de massue, et qui ont cinq articles à tous les doigts : sylphes , hy- drophiles, ete.; 5°, coléoptères dont les an- dcr à dd la 2 De SO PT TT D Lt LE dé D'ENTOMOLOGIE. 135 tennes sont terminées en massue , et qui ont quatre articles À tous les doigts : les bostri- ches ; 6°. coléoptères à quatre palpes dont les antennes sont en forme de fil, et qui ont cinq articles À tous les doigts, et les élytres durs : les ptines, richards, lam- pyres, cantharides, etc.; 7°, coléoptères à quatre palpes ; à antennes en forme de fil ou de chapelet, qui ont cinq articles aux quatre doigts de devant, quatre seulement à ceux de derrière, et des élytres durs: les ténébrions , les mordelles ; 8o, coléoptères à quatre palpes dont les antennes sont en forme de fil ou de chapelet, se renflant quelquefois au bout, et qui ont quatre ar ticles à tous les doigts: les cassides, chry= somèles, etc. ; 9e. coléoptères dont les an- tennes sont en forme de soie, composées le plus souvent d'articles allongés, et qui ont quatre palpes à la bouche, et quatre articles à tous les doigts : les capricor- nes, etc. ; 10°. coléoptères dont les antennes sont en forme de fil ou de soie, et qui ont six palpes à la bouche , eteinq articles à tousles doigts : les ditiqués , carabes, ete.; 11°, co- léoptères dont les élytres sont beaucoup 136 PRINCIPALES MÉTHODES plus courts que l'abdomen, et recouvrent néanmoins entièrement les ailes lorsqu'elles sont repliées : les staphylins. Lercinquième ordre, les orthoptères, est divisé en quatre grands genres : les perce-oreilles , lesblattes, les mantesetles sauterelles. Le sixième ordre, les hémiptères, comprend huit divisions: les punaises , les nèpes, les notonectes, les ci- gales, les thrips, les pucerons, les psylles et les gallinsectes. Le septième ordre, celui des lépidoptères, renferme les genres pa- pillon, sphinx et phalène. Le huitième ordre, les diptères, se partage aussi en plusieurs grands genres : les tipules, les cousins, les Abies, les taons , les empis, les bombilles, les conops, les asiles, les hippobosques et lés œstres. Enfin, le neuvième et dernier ordre contient les puces, les poux et les mites. Nous avons présenté avec détail le plan de la méthode de M. Cuvier , parce qu’elle constitue une date essentielle dans l’his- tôire de la science. On ne peut en dire autant d’un assez grand nombre d’ouvra- ges qui ont paru plus tard , où vers la même époque, et dans lesquels on voit se s D'ENTOMOLOGIE. 137 reproduire des classifications analogues à celles de Linné, de M. Latreille et de M. Cuvier : tel est l’ouvrage de M. Clair- ville (Æntomologie Hekétique, 2 vol. in-8°, 1798 et 1806), remarquable sous plusieurs rapports, mais dans lequel l’auteur s’est attaché à changer tous les noms d'ordres, et à les remplacer par des dénominations souvent barbares. Il divise les insectes en ailés ou ptérophores, et en aptères. Les in- sectes de la première division sont mandi- bulés ou haustellés; les mandibulés se divi- sent en quatre sections : 1°. les élytro- ptères, ailes crustacées; 2°. les dératoptères, ailes coriacées ; 3°, les dictyoptères, ailes réticulées ; 4°. les phléboptères , ailes vei- ” nées : les insectes haustellés, c’est-à-dire 2. munis du suçoir, comprennent trois autres * x : sections; bo, les haltériptères, ailes avec balanciers ; 6°. les lépidioptères, ailes pulvé- lurentes ; 70. les hémiméroptères, ailes mixtes. M. Cuvier ne s'en tint pas à ses pré- miers essais, qui avaient été si heureux: il fit paraître , en l'an vi (1799), dans son premier volume de F4ratonue comparée, LL. 138 PRINCIPALES MÉTHODES une division des animaux articulés, dans la- quelle il distingue les crustacés comme une classe nouvelle. M. Duméril, alors associé à ses travaux, à conservé presque toutes Ses coupes dans sa Zoologie analytique. En 1801, le célèbre de Lamarck fit con- naître, dans un ouvrage ayant pour titre : Système des Animaux Sans vertèbres , un nouvel arrangement des animaux articulés ; dans cet ouvrage, les annélides ne consti- tuent pas encore une classe à part, ils sont rangés parmi les vers. Les insectes de Linné sont partagés en trois classes : les crustacés ; les arachnides et les insectes; les crustacés se composent de deux ordres. Les arachnides sont, pour la première fois, séparés des au- tres aptères pour former une classe nouvelle - divisée en deux ordres, et se divisant eux- mèmes de la manière suivante : Arachnides palpistes. Point d’antennes, mais seulement des palpes ou antennules ; tête confondue avec le corselet; corps muni de huit pates. #. Bouche munie de mandi- bules et de mächoires. Genres scorpion ;, araignée, phryne, galéode, faucheur, pince, D'ENTOMOLOGIE. 159 élaïis, trombidion. #. Bouche munie d’une trompe ou d’un suçoir: Genres hydrachne , bdelle, mite, pyenogonon, nymphon. . Arachnides antennistes. Deux. antennes et tête distincte; vingt pates et davantage dans les uns ; constamment six pates dans les au- tres. a. Vingt pates ou davantage. Genres. scolopendre, scutigère, iule, à. Six pates. Genres pou, ricin, podure. Les insectes sont broyeurs ou suceurs ; les uns ont des mandibules, des-mächoires, et d’autres organes manducateurs; les autres ont une bouche plus ou moins tubulaire où en forme de suçoir. La première division se compose des ordres suivans : coléoptères, orthoptères , névroptères et hyménuoptères, La seconde est formée par les lépidoptères, hémiptères, diptères et aptères. Dans son Histoire naturelle des Animaux sans vertè- bres , M. de Lamarck ne change rien au plan général de sa méthodé; seulement il établit la série en sens inverse, c’est-à-dire en allant des êtres les plus simples aux plus composés. En 1804, M. Duméril a publié sous le titre de Traité d'Histoire naturelle , des ta- 4 do +tié tri" thés té. à à AN NE 140 PRINCIPALES MÉTHODES bleaux dans lesquels il présente les diverses classes d'animaux, depuis les plus composés jusqu'aux plus simples. Les animaux articu- lés y sont traités avec soin, et on voit, par diverses publications antérieures de l’auteur, qu'il avait depuis long-temps médité le plan ingénieux qu'il présente, et qui se trouve patfaitement bien développé dans sa Zoolos gie analytique , publiée en 1805, ainsi que dans ses Considérations générales sur la classe des Insectes. Le but de l’auteur a été d’appli- querà l'étude des insectes la méthode ana- lytique, qui, suivantses propres expressions, est une sorte desystème appliqué à un mode d’arrangement tel que les espèces sont au- tant rapprochées que possible par leur ana- logie , afin de pouvoir plus facilement géné- raliser ce qui les concerne, et les comparer entre elles. Cette marchene laissant de choix qu'entre deux propositions, facilite et abrége -éonsidérablement les recherches. M. Dumé- ril s’est occupé principalement de la classe des insectes, Il y établit huit ordres : les co- léoptères , les orthoptères, les névroptères, les hyménoptères, les lépidoptères, les di- > s D'ENTOMOLOGIE. 141 ptères et les aptères. Ce dernier ordre com- prend six familles : 10. les parasites ou rhi- noptères : les genres puce , pou , smaride, tique, lepte et sarcope ; 2°. les ricins ou or- nithomyzes: le genre ricin ; 3°. les séticaudés ou nématoures les genres forbicine, ma- chile et podure; 4°, les aranéides ou acères® genres araignée , mygale, pince, galéode, faucheur y trombidie ; 5°. les mille-pieds, ou myriapodes : genres scolopendre, litho- bie, scutigère , polyxène, polydesme , iule, gloméride ; 6°. les quadricornes ou poly- gnathes; genres armadille, cloporté; physode. On voit, par l'exposé de ce dernier ordre, que M. Duméril comprend dans les aptères plusieurs animaux qui constituent ailleurs des ordres et des classes distinctes ; les arach- nides sont dans ce dernier cas. Il admet ce pendant la classe des crustacés. A la suite de tous ces travaux, de tous ces essais pour arriver à une méthode n4 turelle, parut l'ouvrage de M. Latreille, ayant pour titre : Genera Crustaceorum et Tnsectorum (4 vol. in-8°. 1806-1809), dans lequel il développe sa méthode naturelle k OS I PT CU US RE L' .… 142 PRINGIPALES MÉTHODES D + L à # + _ avec. tout le talent qui caractérise ce grand ? . entomologiste. Un an après, en 1810, il a : ë fait paraître ses considérations générales sur l’ordre naturel des crustacés, des arachnides et des insectes (r vol. in-8°). Cet ouvrage change fort peu de chose au premier; mais ses coupes sont moins nombreuses et fon- déés sur des caractères souvent plus rigou- reux. Les insectes de Linné y sont divi- sés en trois classes , les crustacés , les * arachnides et les insectes. Ces classes sont ellés-mêmes subdivisées en ordres, les or- dres en familles, et celles-ci en genres. Nous allons donner une idée sommaire des prin- cipales coupes. Les crustacés se partagent en deux or- dres, les entomostracés et les malacostracés. La classe des arachnides est divisée en six ordres : 1°. les tétracères, deux familles, asellotes et cloportides; 2°, les myriapodes, deux familles, chylognathes et syngnathes; 3°, les thysanoures , deux familles , lépis- mènes et podurelles; 4°. les parasites, deux genres, pou et ricin; 5°. les pycnogonides, trois genres, nymphon, phoxichile et pyeno- Ciné Lai D, Lit st if à ’ 425 # » D'ENTOMOLOGIE. 143 © gonon; 6°. les acères, huit familles, scor- v” pionides , pédipalpes, aranéides, phalangi- ” tes , acaridies , tiques, hydrachnelles, mi: crophthires. F La classe des insectes a été partagée en à huit ordres ? les coléoptères , les ortho- ptères, les hémiptères, les névroptères, les hyménoptères, les lépidoptères, les diptères et les suceurs. 1°. Les coléoptères sont divisés en cinq" sections : les pentamères, les hétéromères, les tétramères, les trimères et les dimères. Les coléoptères pentamères comprennent dix-neuf familles : cicindelètes, carabiques, hydrocanthares, tourniquets, sternoxeSma- lacodermes, elairones, nécrophages, staphy- liniens, palpeurs, dermestins , byrrhiens, hydrophiliens, sphéridictes , coprophages, . géotrupins , scarabéides et lucanides. Les coléoptères hétéromères émbrassent six fa- milles : piméliaires | ténébrionites > Py- rochroïdes , mordellones , cantharidies et œdémérites. Les coléoptères tétramères'se composent dedix familles : bruchèles, charan sonites, bostrichiens , paussiles, xylophages, 4% ” à aie .rtibét,. tait à ÉD ARS de 3” verit _ PRINCIPALES MÉTHODES . cul jipes, cerambycins, criocerides , chry- L somelines , érotylènes. Les coléoptères tri- mères comprennent une seule famille : les coccinellides. 11 en est de même de la der- nière section des coléoptères dimères, qui sont constitués par la famille des psela- phiens. . 2°, Les orthoptères renferment six fa- milles : forficulaires, blattaires , mantides, "gryllones, locustaires et acridiens. 30, Les hémiptères sont groupés en deux sections : les hétéroptères et les homoptères. Dans les hétéroptères, on compte trois fa- milles : corisies, cimicides et hydrocorises. Il emexiste quatre dans la section des ho- moptères : cicadaires, psyllides, aphidiens , gallinsectes. 4°. Les névroptères ont été partagés en deux sections: les subulicornes et les fili- cornes. La première se compose de deux familles : libellulines et éphémérides. La seconde en offre neuf: parnopates, fourmi- lions, hémérobins, mégaloptères , raphi- diens, termitines, psoquilles, perlaires, fri- ganites. D'ENTOMOLOGIE. à 2145 5. Les hyménoptères sont classés däns deux sections. Les Porte-tarière compren- nent huit familles:tenthrédines > urocérates, évaniales , ichneumonides ,. diplolépaires , cynipsères , proctotrupiens et chrysidides. Les porte - aiguillon en renferment treize : formicaires, mutillaires »Scoliètes, sapygites, pompiliens, sphégines, bembecides , lar- rates, crabronites, guépiaires, masarides, andrenètes et apiaires. 6°. Les lépidôptèresse divisenten diurnes, en crépusculaires et en nocturnes. La sec- tion des diurnes contient deux familles : pa= pillonides et hespérides. Celle des crépuscu- laires en renferme deux autres : sphingides et zygénides. La section des nocturnes se compose de huit familles : bombycites, noc- tuo-bombycites, tinéites, noctuélites, pha- lénites, crambites, et ptérophorites. 7°. Les diptères sont coupés en trois sections : les proboscidés, les éproboscidés et les phthiromyies. La première présente quatorze familles : tipulaires, stratiomydes, taoniens, rhagionides, dolichopodes, myda- siens, asiliques, empides, anthraciens, bom- 1, 13 ” 146 PRINCIPALES MÉTHODES byliens, vésiculeux, syrphies et muscides. La seconde section se compose d’une seule famille : coriaces; et la dernière section ne présente qu'un genre ; celui des nyctéri- bies. 8, Les suceurs sont formés par le seul genre puce. M. de Blainville a publié en 1816, dans le Bulletin de la Société philomatique de Paris, des tableaux méthodiques sur l’ax- rangement de tous les animaux; il vient de les reproduire dans un ouvrage ayant pour titre : De l'Organisation des animaux ; Où Principes d’Anatomie comparée ( tome I°", Paris, 1822). Il désigne dans son dernier travail, sous le nom d’entomozoaires , les insectes et les vers de Linné, ou la classe des animaux articulés; et basant sa classification sur la présence ou l’absence des appendices du corps, sur leur nombre et sur les mo- difications qu'ils présentent, il établit que les entomozoaires ont le corps pourvu où non d’appendices articulés ou non articulés. De ces deux grandes coupes, la première se partage en six classes, 1°. Les hexapodes D'ENTOMOLOGIE. 147 (pieds au nombre de six) se subdivisent en tétraptères, en diptères et en aptères ; les tétraptères eux-mêmes comprennent six or- dres : les coléoptères, les orthoptères , les hémiptères, les lépidoptères, les névroptères et les hyménoptères. 2°, Les octopodes {huit pieds), ou les arachnides de M. Latreille. 3°. Les décapodes (dix pieds), qui sont acères ou tétracères. Les acères se composent des limuliens, et les tétracères sont subdivisés en thoraciques et en athoraciques. Les pre- miers embrassent plusieurs groupes ou fa- milles désignées sous les noms de cancroïdes, cancrustacoïdes , et astacoïdes. 4°. Les hété- ropodes { pieds en nombre variable) se par- tagent en deux classes : les normaux, qui sont formés par les squillacés; les branchioptères, les entomostracés, et les anomaux renfer— mant les épizoaires. 5e, Les tétradécapodes (quatorze pieds), divisés en gammariens, aselliens et onisciens. 6°, Les myriapodes ( pieds en nombre égal à celui des articula- tions du corps); tels sont les iules et les scolo- pendres. La seconde coupe des entomo- zoaires à appendices renferme les vers. 148 PRINCIPALES MÉTHODES ‘ Un an après la publication des ‘tableaux de M. de Blainville, parut /e Règne animal, de M. le baron Cuvier, ouvrage fondamen- tal, et dans lequel les animaux articulés sont partagés en quatre classes : les anne- lides, les crustacés, les arachnides et les insectes. Nous allons développer la méthode suivie par M. Latreille, auteur du troisième volume de cet ouvrage, dans lequel il a traité les trois dernières classes. Nous ne parlerons que des arachnides et des in- sectes. Les arachnides sont rangées dans deux ordres : les pulmonaires, ou celles dont les organes de la respiration consistent en des sacs pulmonaires, et les trachéennes, ayant des trachées rayonnées ou ramifiées. Le pre- _ mier ordre renferme deux familles : la fa- mille des fileuses, ou aranéides, composée du grand genre araignée, que M. Latreille subdivise, ainsi qu’il le fait de tous les autres grands genres que nous allons citer, en plu- sieurs sous-genres; ct la famille des pédi- palpes, composée de deux grands genres, les tarentules et les scorpions. Le second “a D'ENTOMOLOGIE. 149 ordre , Celuides athée, renferme trois fatrillés la première, celle des faux scor- pions, est composée des grands genres ga- léodes et pinces. La famille des pycnogo- nides comprend trois genres : pycnogonoft, phoxichile et nymphon. Enfin la derhière famille, celle des holètres, est composée des grands genres faucheur et mite. Les insectes sont divisés en douze ordres, savoir : les myriapodes, thysanoures, para- sites, suceurs, coléoptères, orthoptères, hémiptères, névroptères, hyménoptères; lé- pidoptères, rhipiptères et diptères. Les myriapodes comprennent deux fa- milles : les chilognathes et les chilopodes: Les thysanoures renferment les deux fa= milles des lépismènes et des podurelles. Les parasites ne comprennent que le grand genre pou. « Les suceurs ne renferment aussi qu'un seul genre, celui des puces. Les coléoptères sont rangés dans cinq sections : les pentamères , hétéromères, té- tramères, trimères et dimères; chacune de ces sections renferme un plus ou moins grand ds D. PPS Qu nb “+ 150 PRINCIPALES MÉTHODES nombre de familles. Les coléoptères penta- mères comprennent six #grandes familles : les carnassièrés, brachélytres, serricomnes, RE palpicornes et lamellicornes. es coléoptères hétéromères renferment quatre familles : les mélasomes, taxicornes, sténélytres et trachélides. Les coléoptères tétramères forment sept familles : les porte- bec ou rhynchophores, xylophages, platy- somes , longicornes , eupodes ; cycliques et clavipalpes. Les coléoptères trimères ren- ferment deux familles : les aphidiphages et les fungicoles. Enfin les coléoptères dimères n’ont point de familles , ils sont composés des genres pselaphe et clavigère. L'ordre des orthoptères est divisé en deux familles : les coureurs et les sauteurs. L'ordre des hémiptères renferme deux sections : les hétéroptères et les homoptères. Les hémiptères hétéroptères sont formés de deux familles : les géocorises et les hydro- d hn. . à 4 x .corises. Les hémiptères homoptères se com- posent des trois familles des cicadaires, aphi- diens, et des gallinsectes. L'ordre des névroptères est divisé en trois : D'ENTOMO: OGE. TbT sections: cé sont les subu icornes, les plani- pennes*ct les plicipennes. Ces trois sections ne sont pas divisées en familles ; elles com- prennent les grands genres des panorpes, fourmilions, hémérobes, termites et perles." L'ordre des hyménoptères est composé de deux sections : les térébrans et les:porte- aiguillon. Les hyménoptères térébrans ren- ferment deux familles : les porte-scie et les pupivores. Les hyménoptères porte-aiguillon renferment quatre familles : les hétérogynes, fouisseurs , diploptères et mellifères. L'ordre des lépidoptères est de suite di- visé en trois familles : les diurnés, les cré- pusculaires et les nocturnes. L'ordre des rhipiptères ne renferme que les genres xenos et stylops. Enfin , l’ordre des diptères est de suite di- visé en cinq familles : les némocères, les tamystomes, les notacanthes, les athéri- cères et les pupipares. En 1825, M. Latreille a fait paraître un ouvrage, le résultat de ses longs travaux, dans lequel il donne-une nouvelle classifica- tion de tous les animaux, Cét ouvrage a pour de. té de da “sue sd + de PRINCIPALES MÉTHODES os titre : Familles naturelles du règne animal (x vol. in-8°, Baillière, 1825). Dans cette méthode, M. Latreille désigne les insectes de Jinné sous le nom général de condylopes (pieds à jointures). Cette race des condy- lopes est divisée en deux branches : les hy- perhexapes (apiropodes, Sav.) et les hexa- podes. Les hyperhexapes renferment trois classes : les crustacés, les arachnides et les myriapodes. La première classe, celle des crustacés, ne faisant pas partie de cet ouvrage, nous n’en parlerons pas. La classe des arachnides est divisée en deux ordres : les pulmonaires et les tra- chéennes. Les pulmonaires comprennent deux familles : pédipalpes et aranéides, La famille des pédipalpes est divisée en deux tribus : les scorpionides et les tarentules. La famille des aranéides est divisée en deux sec- tions : les tétrapneumones et les dipneu- mones: Lesaranéides tétrapneumonesne sont pas divisées en tribus , elles renferment le genre mygale et quelques autres. Les ara- néides dipneumones forment six tribus : les D ENTOMOLOGIE. è tubitèles, inéquitèlés, orbitèles satérigradess citigrades et saltigrades. Le second ordre , celui, des arachnides trachéennes, est divisé en sept familles : les pycnogonides, faux scorpions, phalangiens, acarides, hydrachnelles, tiques et micro- phthires. La classe des myriapodes est FES AE en deux ordres : les chilognathes et les chilo- podes. L'ordre des, chilognathes comprend deux familles : les anguiformes et les péni-. cillés. L'ordre des chilopodes renferme aussi deux familles ; les inæquipèdes et les æqui- pèdes. La seconde branche des condylopes, celle des hexapodes, forme la classe des insectes proprement dits, qui est divisée en deux ! sections : les aptères et les ailés. Les in- sectes aptères comprennent trois ordres : les thysanoures, les siphonculés et.les pa- rasites. L'ordre des thysanoures renfermetles fa- milles des lépismènes et des podurelles, L'ordre des parasites est composé des fa- milles des mandibulés et des-siphonculés, ', (2 n . 154 PRINCIPALES MÉTHODES Enfin, l’ordre des siphonaptères ne renferme que le genre puce. Les insectes ailés renferment huit ordres, qui sont: les coléoptères, orthoptères , hé- miptères, névroptères, hyménoptères , lé- pidoptères , rhipiptères et diptères. Les’ coléoptères sont divisés en cinq sec- tions : leS pentamères, hétéromères , tétra- mères, trimères et monomères, Ou insectes qüi n’ont qu'un seul article aux tarses. La section des coléoptères pentamères ren- férmé six familles : lés carnassiers , braché- lytres, serricornes, clavicornes, palpicornes etlamellicornes-La famille des carnassiers est divisée en carnassiers terrestres et carnassiers aquatiques ; dans les terrestres on trouve deux tribus, les cicindélites etles carabiques. Les carnassiers aquatiques se composent des tri- bus des hydrocanthares et des gyrinites. La famille des brachélytres forme quatre tri- bus : les fissilabres , longipalpes , aplatis et microcéphales. La troisième famille, celle des serricornes, est divisée en serricornes ster- noxes et malacodermes. Les premiers com- prennent deux tribus: les buprestides et les D'ENTOMOLOGIE. 155 élatérides ; lesseconds se composent de sixtri- bus: les cébrionites, lampyrides, melirides, clairones, lime-boiïs et ptiniores, La quatrième famille, celle des clavicornes, six tribus : ce sont les hystéroïdes, peltoïdes , palpeurs, dermestins , byrvhiens, macrodactyles. La cinquième famille , lespalpicornes, est com- posée de deux tribus : les hydrophiliens et les spéridiotes. Enfin, la sixième famille, celle des lamellicornes , comprend deux tri- bus : les scarabéides et les lucanides, La section des coléoptères hétéromères se compose de quatre familles : les mélasomes, taxicornes, sténélytres et trachélides. La fa- mille des mélasomes est composée des trois tribus des piméliaires , blapsides et téné- brionites. La famille des taxicornes renferme les tribus des diapériales , cossyphènes et crassicornes. La famille des sténélytres se compose de cinq tribus: les hélopiens, cis- télides, sécuripalpes, œdémérites et rhyn- chostomes, Enfin, la quatrième familles celle des trachélides, renferme les tribus des la- griaires , pyrochroïdes, mordellones, anthi- cides, horiales et cantharidies. 156 PRINCIPALES MÉTHODES La section des tétramères se divise en sept familles : ce sont les rhynchophores, xylo- phages, platysomes, longicornes, eupodes , cycliques, clavipalpes. La famille des rhyn- chophores se divise en cingitribus : les bru- chèles, anthribides, attelabides, brentides et charansonites. La famille des xylophages se compose de quatre tribus : les scolitaires, bostrichins, paussiles et trogossitaires. La fa- inille des platysomes n’est pas divisée en tribus, elle renferme les genres parandre et cucuje. La famille des longicornes se divise en cinq tribus : les prioniens, cerambycins, nécidalides, lamiaires, et lepturètes. La fa- mille des eupodes est composée des tribus des sagrides et des criocérides. La famille des eycliques comprend les tribus des cassi- daires, chrysomélines et galérucites. Enfin la septième famille, celle des clavipalpes, n’est pas divisée, et renferme les genres éro- tyle, triplax, tritome et langurie. La section des trimères comprend les trois familles des aphidiphages, fungicoles et pse- laphiens. Ces trois familles ne sont pas divi- sées en tribus; la première estcomposée des L< 1 Le  LL RS LR mé ohanromozocrn. 157 coccinelles des auteurs ; Ia séconde renferme les genres eumorphe , endomique , etc, ; et la dernière, qui correspond à la section des dimères des autres ouvrages de M. Latreille, est composée des pselaphes et de plusieurs petits genres formés à leurs dépens. La dernière section des coléoptères, celle ‘des monomères, ne renferme qu'un seul genre; c’est le ‘genre clambus de M. Fischer. L'ordre des orthoptères est divisé en trois sections basées sur la position des ailes de ces insectes pendant le repos; il comprend sept familles : ce sont les forficulaires, blat- taires, mantides, spectrés, grylloniens, lo- custaires et acrydiens. Ces familles ne sont pas partagées en tribus. L'ordre des hémiptères est partagé en deux sections : ce sont les hétéroptères etles homo- ptères ; la section des hétéroptères én deux familles : les géocorises et les hydrocorises. La famille des géocorises est partagée en cinq tribus : les longilabres, membraneuses, nudicolles, oculées et rameuses. La famille des hydrocorises contient les tribus des né- pides et notonectides. La section des hémi- x, : 14 158 PRINCIPALES MÉTHODES ptères homoptères se compose des trois fa- milles suivantes : cicadaires , hyménélytres et gallinsectes. La première famille renferme les tribus des chanteuses, fulgorelles, mem- bracides et cicadelles ; Ja seconde, celles des psyllides, thrypsides.et aphidiens; enfin, la troisième famille se compose du genre. co- chenille. L'ordre des névroptères est divisé en deux sections : les subulicornes et les filicornes. Dans la première section sont deux familles : les libéllulines et les éphémérides;" dans la seconde on trouve deux familles : les plani- pennes et les plicipennes. La famille des pla- nipennes se divise en huit tribus : les panox- pates, fourmilions, hémérobiens, psoquilles, termites, raphidiens, semblides et perlides. La famille des plicipennes ne renferme que le genre frigane et quelques autres genres qu’on en a démembrés. L'ordre des hyménoptères est partagé en deux sections : les térébrans et les portesai- guillon. La section des térébrans comprend deux familles : la première, celle des porte- scie, est composée des tribus des tenthré- D'ENTOMOLOGIE. 159 dines et des urocératess la seconde famille, celle des pupivores, renferme six tribus : les évamiales, ichneumonides , gallicoles, chal- cidites, chrysides et oxyures, La seconde section, celle des hyméno- Ptères porte-aiguillon, renferme quatre fa- milles : les hétérogynes, fouisseurs , diplo- ptères et mellifères. La famille des hétéro- Synes comprend les deux tribus des for- micaires et-des mutillaires. La famille des fouisseurs renferme huit tribus: les scoliètes, Sapygites, pompiliens, sphégites, bembéci- des, larrates, nyssoniens et crabronites, La faniille des diploptères est formée des deux tribus des guépiaires et masarides. Enfin ME dernière famille, celle des mellifères, n’est formée que de deux tribus : les andrenètes etles apiaires. L'ordre des lépidoptères estdivisé en trois familles , savoir : les lépidoptères diurnes, crépusculaires et nocturnes. La famille des diurnes se divise-en deux tribus : les papil- lonides et les hespérides. La famille des cré- pusculaires renferme trois tribus : les hes- 160 PRINCIPALES MÉTHODES ” péries-sphinx, les sphingides.et les zygénides. La troisième famille, cellemdes nocturnes , comprend huit.tribus : les bombycites, faux- bombyx, tinéites , noctuélites, tordeuses, phalénites , crambites et ptérophorites. à L'ordre des rhipiptères se compose des genres stylops et xenos: Enfin, l’ordre des diptères comprend cinq familles : ce sont les némocères , tanystomes, notacanthes , athéricères et pupipares. La famille des némocères forme deux tribus : lés calicides et les tipulaires. La famille des tanystomes comprend les onzetribus des tao- niens, sicaires, mydasiens, leptides , doli- chopodes , asiliques , hybotins, empides, anthracides, bombyliens et vésiculeux, La famille des notacanthes renferme deux tri- bus : les xylophagiens et les stratyomides. La quatrième famille, celle des athéricères, comprend les quatre tribus des syrphies, conopsaires, œstrides et muscides. Enfin la dernière famille, celle des pupipares, est composée des tribus des coriaces et des phthiromyies. D'ENTOMOLOGIE. 167 Tel est l’ordre suivi par M. Latreille dans ses familles naturelles. Nous n’avons pas dû faire mention des genres qui entrent dans chaque tribu , car nous aurions été entraîné trop loin, et ce travail n’auraïît eu aucune utilité dans un ouvrage où nous ne devons pas présenter de si grands détails. L'ou- vrage dont nous venons de présenter la dis- position ne peut étre utile que pour ceux qui sont déjà très versés dans l’entomologie. M. Latreille y adopte plusieurs genres éta- blis par les auteurs étrangers, qui ont sou- vent un peu trop multiplié les coupes géné- riques. Presque tous les genres qu’il men- tionne le sont sans aucun Caractère distinc- tif; de sorte que cet ouvrage ne peut être considéré que comme le tableau d’un geñera auquél il travaille actuellement. Outre ces ouvrages, qui rendent leur au- teur à jamais célèbre dans la science, M. La- treille a enrichi l’histoire des insectes d’une foule d'observations curieuses sur leurs ha- bitudes. 11 a publié aussi quelques mono- graphies de genres difficiles à débrouiller. Nous citerons sa Monographie du genre Four- + 162 PRINCIPALES MÉTHODES mi, danslaquelle il décrit une grande quan- tité d'espèces de ce genre , tant exütiques que de notre pays. | Nous venons de faire connaître les auteurs qui ont embrassé dans leurs méthodes la série tont entière des animaux articulés, où pour le moins quelqües unes des classes dont ellé se compose; toutefois on connaît un grand nômbre de travaux, tant sur les es- pèces que sur lés genres, les familles et les ordres. Il en existe même sur certaines classes en particulier, ét on rencontre tél auteur qui s’est attaché exclusivement aux atinélides, tel âutre aux crustacés, un troi- sième aux arachnides; enfin, d’autres aux diverses classes des inséctes, à un ordre, à une famille, ete. Nous sigialerons à l’âtten- tion des Entomolôgistes quelques uns des principaux trâvaux de ce genre. La classe des crustacés est spécialément étudiée par M. Lench, dans plusieurs ou- vrages; M. Desmarest a publié un ouvrage, extrait du Dictionnaire des Sciences natu- relles, et ayant pour titre : Considérations générales sur les Crustacés. M. Risso a fait NtouSLoee 163 connaître les crustacés qui se trouvent dans les mers de Nice; enfin, plusieurs savans an- glais en ont fait connaître dans les Transac- tons de la Société Linnéenne de Londres. La classe des arachnides, ou plutôt une portion de cette classe, les arachnides pul- monaires fileuses, ou le grand genre arai- gnée, a fourni le sujet d'un travail très remarquable de M. Walkenaer, ayant pour titre : Tableau des Aranéides, 1805. Enfin, la classe des insectes a’ été traitée par M. Duméril, dans divers ouvrages; par M. Walkenaer, qui a publié une Faune des Insectes des environs de Paris, dans la- quelle il suit entièrement le système de Fabricius, M. Paykull a publié un ouvrage intitulé Fauna suecica (insecta), dont il n’a paru que trois volumes iu-8°, contenant l’ordre des coléoptères. IT a aussi publié de bonnes Monographies des genres carabus, curculio et staphylinus ; enfin, en 1811, il a donné au public sa Monographia histeroidum (un vol. in-8°, Upsaliæ, 1811), avec les figures de toutes les espèces. Cette Monographie est \ 264 PRINCIPALES MODES supérieure aux précédentes, et peut être considérée comme un modèle dans. son genre. M. Gyllenhal a publié, sous le titre d’Insecta succica, un ouvrage contenant la description des coléoptères de la Suède, qui est un modèle de clarté et de précision. Cet ouvrage n’est pas accompagné de planches ; mais les descriptions sont étendues, et don- nent une idée bien complète des caractères, des genres et des espèces. M. de Jurine a traité l’ordre des hymé- noptères, si intéressant par la multitude et la variété des faits extraordinaires qui em- bellissent son histoire. Cet auteur a publié une méthode de classer ces insectes, basée seulement sur la forme, le nombre, la posi- tion et les rapports des nervures et des cel- lules#dés ailes supérieures. Cette méthode , quoique très ingénieuse, n’a pu être admise par les Entomologistes ; mais on se sert, de- puis que cet auteur à attiré l'attention des Entomologistes sur ces caractères, des con- sidérations tirées des ailes, pour aider et accompagner les autres caractères dans la L. ve hd …… LEE 165 distinction des genres des hyménoptères et des diptères. \ M. Lepelletier de Saint-Fargeau a publié plusieurs travaux importans sur les familles des chrysides et sur celle des tenthredines. MM. Kirby, Marsham et bien d’autres en- tomologistes anglais ont publié, dans les Transactions de la Société Linnéenne de Londres, des Mémoires très intéressans sur divers ordres d’insectes, Nous citerons aussi un ouvrage, très bien fait, publié par M. Mäc- quart, et ayant pour titre : Z»sectes diptéres du nord de la France , Lille, 1826. IL existe encore bien d’autres ouvrages traitant des insectes, et il s’en publie tous les jours; il serait trop long d’en parler ici. Nous nous bornerons à citer encore comme des ouvrages du plus haut intérêt pour,les Entomologistes, la Syronymia Insectorum , publiée par M. Schænnher, ouvrage dans lequel cet auteur s’est appliqué À donner les citations de tous les auteurs ou iconographes qui ont traité des insèctes. Il n’en a paru que quatre volumes , contenant des coléoptères jusqu'aux curculionites, Dans cette famille, * «+ : 166 PRINCIPALES MÉTH. DANrOMOL, il a établie pre quantité de genres nouveaux. | » L'Histoire naturelle des Lépidoptères d'Eu- rope , par M. Godart, ouvrage dans lequel toutes les espèces européennes de cet ordre sont figurées et décrites avec la plus grande perfection. M. Duponchel, entomologiste connü par divers travaux, et surtout par une bonne Monographie du genre érotyle, est chargé de continuer cet ouvrage, inter- a instant par la mort de M. Godart. Enfin, les deux premiers volumes d’un - ouvrage immense, intitulé Species général dès Coléoptéres, de là collection de M. le comte Dejan, dans lequel cet entomologiste distingué donne la description détaillée de tous les coléoptèrés composant sa magni- fique collection. Nous passons sous silence bien des tra- vaux importans publiés sur les insectes par divers entomologistes français et étrangers, l'étendue de cet ouvrage ne nous permettant pas d’en faire mention. ——"s LA EE — HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES. ORDRE PREMIER. LES APTÈRES. A A A A AR A A RL CARACTÈRES DES GENRES DE L'ORDRE DES APTÈRES,. PREMIÈRE DIVISION. ” SUCEURS. G. Puce. Antennes courtes, filiformes, à peine plus grosses vers le bout, de quatre ans ticles presque coniques. Deux yeux. 168 HISTOIRE NATURELLE Trompe allongée, aiguë, recourbée sous la poitrine ,rarticuléé sans antennules. + Pates postérieures plus longues , pes À sauter. Abdomen simple. SECONDE DIVISION. THYSANOURES. G. Lépisme: Antennes sétacées, longues, composées de beaucoup d'articles égaux, à peine” distincts. Deux yeux. Bouche munie de mâchoires et de quatre antennules inégales, filiformes; les anté- » ricures composées de cinq articles, et les postérieures de trois. Abdomen terminé par trois filets sétacés. G. Podure. Antennes filiformes, composées de cinq articles, dont le second très court, et le dérnier sétacé. Deux yeux composés. . DES APTÈRES. 169 Bouche munie de mâchoires et de quatre anteñnules , presque en masse; les antérieu- res composées de cinq articles, et les pos- térieures de trois. Queue fourchue repliée sous le ventre. TROISIÈME DIVISION. PARASITES, G. Ricin. Antennes filiformes, plus courtes que le corselet; articles presque égaux, distincts. Deux yeux. Bouche munie de mandibules et d’une trompe courte, droite, inarticulée, sans antennules. Abdomen simple un peu aplati. G. Pou. Antennes filiformes, de la longueur du corselet; articles presque égaux, distincts. Deux yeux. Trompe courte, droite, inarticulée, sans antennules. Abdomen simple un peu aplati. [ 15 170 HISTOIRE NATURELLE QUATRIÈME DIVISION. ACÉPHALES. G. Pycrogonon. Deux antennules courtes, filiformes, à peine de la longueur de la trompe, insé- rées à la base latérale de la trompe. Trompe avancée, allongée, droite, pres- que conique, obtuse. Deux yeux. Abdomen confondu ayec le corselet. : G. Trombidion. Deux antenrules filiformes, plus longues que la tête, courbées, composées de quatre articles, dont le dernier terminé en pointe aiguë, insérées à la partie latérale de la trompe. Bouche munie de mandibules, de mä- choires et d’une lèvre inférieure. Deux yeux. Abdomen confondu avec le corselet. G. Mite. Deux antennules droites, courtes, fili- DES APTÈRES, 171 formes, composées de trois articles dis- tincts, insérées à la partie latérale de la bouche. Trompe courte, droite, dure, presque cylindrique. Deux yeux. Abdomen confondu avec le corselet. ? G. Pince. Deux antennules très longues ; assez gros- ses, articulées, terminées en pinces, insé+ rées à la base latérale de la bouche. ; Bouche munie de mandibules et de mâ- choires. Mandibules courtes, presque cylindri- ques, simples. Deux yeux. Abdomen simple, joint au corselet. Point de lames sous le corps. G. Araignée. : Deux antennules filiformes, allongées, composées de cinq articles, dont le dernier en masse, contenant les parties de la géné- ration dans les mâles, insérées à la base latérale des mächoires. “ …. 172 HISTOIRE NATURELLE Bouche munie de mandibules et de mâ- choires. " . Mandibules épaisses, fortes, dures, com- posées de deux pièces, dont la dernière mince, très forte et très aiguë. : _ Huit yeux. Abdomen séparé du corselet par un étranglement. G. Galéode. Deux antennulés filiformes, allongées, composées de quatre articles présque égaux ; le dernier, dans l’un des deux sexes, est terminé par un petit bouton, et dans l’au- tre, par un ongle très petit. Bouche munie de mandibules, de mâ- choires, et d’une lèvre inférieure. Deux yeux. Abdomen joint au corselet. G. Scorpion. Deux antennules longues, ‘très grosses, articulées, terminées en pinces, insérées à labase latérale de la bouche. Bouche munie de mandibules et de mâ- choires. Mandibules courtes , épaisses , terminées en pinces. PT PP OR IS ET EN ee ET IT LU | DES APTÈRES, 173 Six ou huit yeux. Abdomen joint au cor- selet, et terminé, par une longue queue ar- ticulée , et armée d’un aiguillon. Deux lames dentelées en forme de pei- gne au-dessous du corps. * ”_. G. Faucheur. + Deux antennules allongées, filiformes , courbées, composées de quatre articles, dont le second et le quatrième plus longs que les autres, insérées à la base externe des mâchoires. Bouche munie de mandibules et de mà- choires, Mandibules avancées, dures, composées de deux pièces, dont la seconde armée d’une dent mobile en forme de pince. Deux yeux. Abdomen confondu avec le corselet, ou très peu distinct. « CINQUIÈME DIVISION. MYRIAPODES. G. Zule. Deux antennes courtes, filiformes, pres- 174 HISTOIRE NATURELLE que en masse ; de sept articles, dont le pé- nultième un peu plus gros que les autres, et le dernier plus petit et arrondi à son extrémité, Bouche munie de mandibules et de mâ- choires très petites, et de deux antennules courtes , filiformés, insérées entre les man- dibules et les mâchoires. Corps composé de plusieurs anneaux sans appendices. Deux paires de pates à chaque anneau; nombre de pates indéterminé. G. Scolopendre. Deux antennes sétacées; articles nom- breux. Bouche munie de mandibules et de deux antennules assez longues. Deux crochets longs, recourbés, très aigus, et insérés au-dessus de la bouche; corps composé de. plusieurs anneaux sans appendices. Une paire de pates à chaque anneau, terminée par un onglet simple. L'ordre des aptères, tel qu'il est adopté tbe tte à … Hdi oh sébmdt (bte dé Rs. 24 Les. À ds da: « F1 nS DES APTÈRES. 175 dans cet ouvrage , comprend la classe des aræchnides en entier , et les quatre premiers ordres de la classe des insectes ; savoir : les myriapodes, thysanoures, parasites et suceurs du règne animal de M. Cuvier. Nous allons donner les caractères de ces aptères, d’après M. Latreille. Nous avons retranché de cet ouvrage le genre cloporte, qui entre dans la classe des crustacés. La classe des arachnides est divisée en deux ordres. * fac, tRËCESL., 4 Css. bee. TN à us. ré AE , D 170 HISTOIRE NATURELLE tt tete td tet PREMIÈRE CLASSE. LES ARACHNIDES. ORDRE PREMIER. LES ARACHNIDES PULMONAIRES. Des Sacs pulmonaires pour la respiration ; un Cœur bien marqué, et des Vaisseaux évidens. PREMIÈRE FAMILLE. LES FILEUSES. Pivzs en forme de petits pieds, sans pin- ces ni griffes au bout, terminés au plus par un petit crochet, et dont le dernier ar- ticle renferme ou porte, dans les mâles, les organes de la génération. Griffes ou crochets des mandibules ayant, sous leur extrémité supérieure , une petite ouverture pour la sortie du venin. à CR din ol éé db née Did EN D 4 DES ARACHNIDES PULMONAIRES. 177 A. Les unes ont les yeux rapprochés dans la largeur de l'extrémité antérieure du corselet, ou sur une partie qui répond au front, soit au nom- bre de six, soit au nombre de huit, dont quatre ou deux au milieu, et deux ou trois de chaque côté. Elles font des toiles, ou jettent au moins des fils pour surprendre leur proie : ce sont les fileuses sédentaires. M. Latreille divise ces arachnides en cinq sections ; les quatre premières ont des caractères communs : tantôt les deux paires extrêmes (1—4 ou 4—1) des pieds, tantôt la première, et puis la seconde, ou la quatrième et la pré- cédente, surpassent les autres en longueur. L'animal, dans le repos, tient toujours élevés ces organes du mouvement, et n’a qu'une seule manière de marcher, celle de se diriger en avant. Leurs yeux ne forment point, par leur réu- nion, un segment de cercle ou un croissant. Elles font toutes des toiles pour surpréndre leur proie. I. LES TERRITÈLES, TERRITELE. Crochets des mandibules fléchis en dessous ou sur leur côté inférieur; filières, dont deux grandes, et les autres très petites; organes sexuels des mâles tou- jours à découvert et très simples. 178 HISTOIRE NATURELLE 14 G. Mycare, Mygale. Palpes insérés à l'extrémité des mâchoi- res ; des pointes cornéës, disposées en forme de rateaux ou de dents de peigne au - dessus de la base du crochet des mandibules dans les uns , point de ces rateaux dans d’autres. 2° G. ATYPE, Atypus. Palpes insérés sur une dilatation exté- _rieure et inférieure des mâchoires ; lèvre très petite et recouveîte par la base de ces dernières parties de la bouche. 3° G, ÉrronoN, Eriodon. Semblable au précédent par l'insertion des palpes , mais dont la lèvre s’avance entre les mâchoires. II. LES TUBITÈLES, TUBITELÆ. Crochets des mandibules repliés en traversle long de leur côté interne; les quatre filières extérieures saillantes , cylindriques, rapprochées en un faisceau dirigé en arrière; pieds robustes. 1e G. SÉGESTRIE , Segestria. Six yeux , dont quatre en avant et deux ot Ba ée fin de: “rar, nl dé Cote ri: à ut de ': d DES ARACHNIDES PULMONAIRES, 199 en arrière ; la première paire de pieds’, et ensuite la seconde , plus longues que les au- tres. 2° G. Dyspère, Dysdera. Six yeux disposés en fer à cheval , avec l’ouverture en avant; première paire de pates, et ensuite la quatrième, plus longues. 3° G. CLorno, Clotho. Huit yeux ; les deux filières supérieures beaucoup plus longues que les autres ; pieds presque égaux ; mâchoires inclinées sur la lèvre, dont la forme est triangulaire. 4° G. ARAIGNÉE , Aranea. Elles ressemblent aux clotho par le nombre des yeux etla longueur de leurs filières supé- rieures ; mais la première et la dernière paire de pieds sont plus grandes que les autres ; les mâchoires sont droites et la lèvre est carrée, 5° G. Fnusrare, Frlistata. Huit yeux; filières extérieures presque de la même longueur; mâchoires arquées au côté extérieur, formant un cintre autour de Ds ce en ER LS Sn ner hs 4: 5 5, à 180 HISTOIRE NATURELLE la lèvre; yeux groupés sur une élévation de l'extrémité antérieure du corselet, et iné- gaux. 6° G. Drasse, Drassus. Différent des filistates par la disposition des yeux, qui sont situés très près du bord antérieur du corselet, sans être groupés sur une éminence ; leur grosseur est presque la même. 7° G. CLusionE, Clubiona. Huit yeux; filières extérieures presque éga- lement longues , comme dans les genres pré- cédens; mâchoires droites, élargies à leur base extérieure pour l'insertion des palpes, et arrondies à leur extrémité ; lèvre en carré long. 8e G. ArncyrONÈTE, Argyroneta. Semblables aux clubiones par le nombre des yeux, les filières , la direction des mâ- choires, mais en différant , parce que ces dernières parties sont coupées à leur sommet dans presque toute leur largeur, et que la lèvre est triangulaire. TT TO EST DES ARACHNIDES "HORRES 187 HI. LES INÉQUITÈLES , INEQUITELÆ. Crochets des mandibules repliés en travers le long de leur côté interne; filières extérieures pres- que coniques, faisant un peu saillie, convergentes, disposées en rosette ; pieds très grêles; mâchoires inclinées sur la lèvre, et se rétrécissant où du moins ne s’élargissant pas sensiblement à leur extrémité. La première paire de pieds, et ensuite la qua= trième , plus longues. Le 1 G. Scxrnonr , Seythodes. Six yeux disposés par paires. 2° G. THÉéripton, Theridium. Huit yeux disposés ainsi : quatre au mi- lieu en carré, et dont les deux antérieurs placés sur une petite éminence, et deux de chaque côté, situés aussi sur une élévation commune ; corselet en forme de cœur ren- versé où presque triangulaire. 3e G. Érisine, ÆEpisinus. Huit yeux rapprochés sur une élévation commune ; corselet étroit, presque cylin- drique. La premiére paire de pieds et la seconde ensuite plus longues. 1, 16 st LA Là d Re LL. dit ht at à DR | a” ARE De du tt ‘i rs D 182 HISTOIRE NATURELLE 4° G. PHOLGUS, Pholcus. Huit yeux, placés sur un tubercule et di- visés en trois groupes, un de chaque côté, formé de trois yeux, disposés en triangle , et le troisième au milieu, un peu antérieur, composé des deux autres yeux, et sur une ligne transverse. IN. LES ORBITÈLES , ORBITELÆ. “Crochets des mandibules repliés en travers le long de leur côté interne; filières extérieures presque coniques, peu saillantes, convergentes et disposées en rosette; pieds grèles; mächoires droites et sensi- blement plus larges à leur extrémité. La première paire de pieds et la seconde ensuite sont les plus longues. Les yeux sont au nombre de huit et disposés ainsi: quatre au milieu, formant un quadrilatère, et deux de chaque côté. 1 G. Lanvemie, Linyphia. Yeux disposés ainsi: quatre au milieu, formant un trapèze, dont le côté postérieur plus large, et occupé par deux yeux beau- coup plus gros et plus écartés, et les quatre autres groupés par paires, une de chaque côté et dans une direction oblique; mâchoi- eo DES ARACHNIDES PULMONAIRES. 183 res ne s’élargissant qu’à leur extrémité su- périeure, 2 G. Urosore, Uloborus. Les quatre yeux postérieurs placés, à in- tervalles égaux, sur une ligne plus rappro- chée du bord antérieur du corselet que les deux compris entre eux , de sorte que cette ligne est arquée en arrière. Là *. 3 G. Térracnarme, Tétragnatha Yeux situés, quatre par quatre, sur deux lignes presque parallèles, et séparés par des intervalles presque égaux; mäâchoires lon- gues, étroites , élargies seulement à leur ex- trémité supérieure; mandibules fort longues, surtout dans les mâles. h° G. ÉrÉtmE, Epcira. Les deux yeux de chaque côté rapprochés par paires , et presque contigus ; mâchoires se dilatant dès leur base et formant une pa- lette arrondie. HT 7 CT Va _ FOUR 0 | ; ”. - 184 HISTOIRE NATURELLE V. LES LATÉRIGRADES , LATERIGRADEÆ. Les quatre pieds antérieurs toujours plus longs que les autres; tantôt la seconde paire surpasse la première, tantôt l’une et l’autre sont presque égales ; l'animal les étend, dans toute leur longueur, sur le plan de position et peut marcher de côté, en avant ou à reculons# Les mandibules sont ordinairement petites, et leur crochet est replié transversalement comme dans ls divisions précédentes; leurs yeux sont toujours au nombre de huit, souvent très inégaux, et for- ment, par leur réunion, un segment de cercle ou un croissant; les deux latéraux postérieurs sont plus reculés en arrière ou plus rapprochés des bords latéraux du corselet que les autres; les mächoires sont inclinées sur la lèvre; le corps est ordinaire- ment aplati, à forme de crabe, avec l'abdomen grand, arrondi où triangulaire. 1% G. Micrommare, Micrommata. Mächoires droites et parallèles ; yeux dis- posés quatre par quatre, sur deux lignes transverses, dont la postérieure plus longue. 2° G. SéÉnéLore, Senelops. Mächoires droites et parallèles; yeux dis- posés ainsi : six de front, et les deux autres she dus “NES DE, de à : hé " DES GHNIDES PULMONAIRES. 18% situés, un de chaque côté, derrière les ex- trêmes des lignes précédentes. 3° G. Tuéwnse, Themisus. Mächoires inclinées sur la lèvre. B. D’autres Arachnides fileuses ont les yeux toujours au nombre de huit, s'étendant plus dans le sens de la longueur du corselet que dans celui de sa largeur ou du moins presque autant. dans l’un que dans l’autre, e formant par leur réunion, soit un triangle a viligne, où un ovale tronqué , soit un quadrila- tère: ce sont les fileuses vagabondes. VI. LES CITIGRADES, C/TIGRADÆ. ® Yeux formant, par leur disposition, soit un trian- gle carviligné, soit un quadrilatère, maïs dont le côté antérieur est beaucoup plus étroit que le cor- selet mesuré dans toute sa largeur ; corselet ovoide, rétréci en devant et en carène dans le milieu de sa longueur; pieds généralement propres à la course. 19 G, CrèNE, Crenus. Yeux disposés sur trois lignes transverses , s’allongeant de plus en plus (2, 4,2 }, et formant une sorte de triangle curviligne , renversé, tronqué en devant, ou à sa pointe, h. - : 186 HISTOIRE NATURELLE) 2° G: Oxxore, Oxyopes. Yeux rangés deux par deux, sur quatre lignes transverses; les deux extrêmes plus courtes : ces yeux dessinent une sorte d’ovale tronqué aux deux bouts. 3e G. DorowÈèpe, Dolomedes. Yeux disposés sur trois lignes transver- ses (4, 2, 2), représentant un quadrila- tère un peu plus large que long : les deux derniers postérieurs situés Sur une émi- nence; la seconde paire de pieds aussi lon- gue que la première. 4° G. Lxcose, Lycosa. - eux disposés en un quadrilatère, mais aussi long ou plus long que large , les deux . » postérieurs n'étant point portés sur une éminence ; la première paire de pieds sen- siblement plus longue que la seconde. be G. ÉRÈSE, Éresus. - Huit yeux, dont quatre rapprochés en un petit trapèze, sur le milieu de l’extré- mité antérieure du corselet : les quatre au- Lédé — | or Gr À ot sus aie + dt, “RE D ter à Dons DES ARACHNIDES PULMONAIRES. 187 trés situés sur ses côtés, et formant aussi un autre quadrilatère, mais beaucoup plus grand. 6° G. Sazrique, Salticus. Six yeux, dont les deux intermé- diaires plus gros, placés en avant du cor- selet et sur une ligne transverse , les quatre autres placés près des bords latéraux, deux de chaque côté. Ils forment ainsi un grand carré ouvert postérieurement, ou une pa- rabole. DEUXIÈME FAMILLE." Les Péniparves , Pedipalpr. Palpes très grands, en forme de bras avancés, terminés en pinces ou en griffes: abdomen composé de segmens très dis= tincts, sans filières au bout; des organes sexuels simples et situés à la base du ventre. I. Abdomen attaché au tronc par un pédicule ou par une portion de son diamètre transversal, sans lames en forme de peigne à sa base inférieure, ni d’aiguillon à son extrémité ; stigmates au nombre de deux, situés près de l’origine du ventre et recou- 188 HISTOIRE NATURELLE verts d’une plaque; mandibules en griffes ou ter- minées simplement par un crochet mobile; tronc d’une seule pièce. Ils ont tous huit yeux; les palpes sont épineux et sont composés de beaucoup d'articles en forme de soïe ou de fil, et sans onglet au bout. ar G. PHRyNE, Phrynus. Palpes terminés en griffes; corps très aplati; corselet ou tronc large, presque en forme de croissant; abdomen sans queue ; les deux tarses antérieurs très menus et très longs, semblables à des antennes en forme de soies. 2° G. Tnérrruone, Theliphonus. Différant du genre précédent par ses palpes plus courts, plus gros, terminés en pinces, ou par deux doigts réunis, par son _ corps oblong, avec le corselet ovale, et le bout de l'abdomen muni d’une queue ou soie articulée ; tarses antérieurs comme dans le genre précédent, mais plus courts. I. Abdomen intimement uni au tronc par toute sa largeur, offrant À sa base inférieure deux lames mobiles en forme de peigne, et terminé par une anpqe noueuse, armée d’un aïguillon à son extré- DES ARACHNIDES PULMONAIRES. 189 mité; stigmates au nombre de huit, découverts et disposés quatre par quatre de chaque côté de la longueur du ventre; dessous du tronc recouvert de trois plaques dont la première très grande, en forme de corselet; mandibules en pinces. 1 G. SconrioN, Scorpio. 190 HISTOIRE NATURELLE nn A SA AT A/R A/S A A AR AE SAR RAR RAR ER ORDRE DEUXIÈME. LES ARACHNIDES TRACHÉENNES. Organes respiratoires. consistant en des tra- chées rayonnées ou ramifiées , yeux au nombre de quatre. PREMIÈRE FAMILLE. Les: Faux-Sconrions, Pseudo-Scorpiones. Dessus du tronc partagé en trois seg- mens, dont l’antérieur beaucoup plus spa- cieux, .en forme de corselet; un abdomen très distinct et annelé; des palpes très grands en forme de pieds ou de serres ; huit pieds dans: les deux sexes, des mâchoires et une lèvre. 19 G. GALÉODE, Galeodes. Mandibules très grandes ; palpes en forme de pieds, terminés en bouton et sans cro- chet au bout; les deux pieds antérieurs presque semblables, mais plus petits ; tarses DES ARAGHNIDES TRACHÉENNES. 191 des autres terminés par deux sortes de doigts avec un onglet au bout; deux yeux contigus, ou rapprochés sur une éminence antérieure du corselet. 2€ G. Pince, Chelfer. Palpes allongés en forme de bras, avec une pince au bout; tous les pieds égaux, terminés par deux crochets; yeux placés sur les côtés du corselet. DEUXIÈME FAMILLE. Les PycNoconines, Pycrogonides. Tronc composé de quatre segmens, oc- cupant presque toute la longueur du corps, terminé à chaque extrémité par un article tubulaire, dont l’antérieur plus grand, tan- tôt simple, tantôt accompagné de mandi- bules et-de palpes, ou d’une seule sorte de ces organes, constitue la bouche. Les deux sexes ont huit pieds propres à la course ; mais les femelles offrent en outre deux fausses pates servant uniquement à porter les œufs. 192 HISTOIRE NATURELLE 14 G. PYcNOGONON, Pycnogonum. Dépourvus de mandibules et de palpes ; longueur de leurs pieds ne surpassant guère ‘ celle de leur corps, qui est proportionnel- lement plus court et plus épais que dans les genres suivans. 2° G. ProxiGmre, Phoxichilus. Point de palpes, de même quelles précé- dens ; deux mandibules et pieds fort longs. 3° G. Nxmrxow, Nymphon. De même que les phoxichiles, mais ayant de plus deux palpes. TROISIÈME FAMILLE. Les Horëvrres, Holetra. Tronc et abdomfieñ réunis en une seule masse, sous un épiderme commun ; tronc tout au plus divisé en deux par un étran- glement; abdomen présentant , seulement dans quelques uns des apparences d’an- neaux, formés par des plis de l’épiderme. L'extrémité antérieure de leur corps est . s de "DES ARACHNIDES TRÂCHÉENNES. 193 4 souvent avancée en forme de bee ou de mu- seau; la plupart ont huit pieds et les autres six te . , _ L LES PHALANGIENS PHALANGITA. Mandibules très apparentes, soit en saillieren de- vant du tronc, soit inférieures et coudées où com- posées de deux ou trois pièces distinctes, dont la dernière toujours en pince.* ; Ils ont deux-palpes en forme de fl, de cinq articles, dont le dernier est terminé par un petit onglet; denx yenx distincts; deux mandibnles en pinces; deux mâchoires formées par le prolonge- ment de l’article radicäldes palpes, et souvent quatre de plus, et qui ne sont aussi qu’une dilatation de la hanche des deux premières paires de pieds: une lèvre avec un double pharynx; le corps ovale ou arrondi, recouvert, du moins sur le tronc, d’une peau plus solide; des apparences d'anneaux ou des plis sur l'abdomen ; les pieds, toujours au nombre de huit, sont longs et divisés distinctement À la ma- nière de ceux des insectes. 1° G, FaucHEUR, Phalangium. Mandibules saillantes , beaucoup plus courtes que le corps; des yeux portés sur un tubercule commun, Leurs pieds sont très longs, fort menus 4 et détachés du corps, donnent, pendant n 17 | _ de tif été‘ ét de LA : 194 HISTOIRE NAÏÜRELLE |» quelques instans, des signes d’irritabilité : les deux sèxes sont placés vis-à-vis l’un de l’autre dans la copulation, qui a lieu vers la fin de l'été; l'organe générateur du mâle est placé sous.la bouche ; il est intérieur et a la forme d’un dard, terminé en demi- flèche. La femelle a un oviducte membra- neux en forme de fil, flexible et annelé. 2° G. SIRON, Séro. Mandibules saillantés, presque aussi lon- gues que le corps; yeux écartés et portés chacun sur un tubercule isolé ou sans sup- port. 3° G. Trocuze, Trogulus. Extrémité antérieure du corps s’avançant en forme de chaperon, et recevant, dans une cavité inférieure, les mandibules et les autres parties de la bouche. Corps aplati et recouvert d’une peau très ferme. II. LES ACARIDES, ACARIDES. Ayant tantôt des mandibules, mais composées d'une seule pièce en pince ou en griffe, et cachées dans une lèvre sternale. Tantôt ayant un suçoir ‘ Le Sn __— Le LA ET L £ . "DES ARACHNIDES 2 “n 195 . formé de lames en lantetteŸet réu es, où n’ayant même pour bouche qu? une cavité sans autres pièces apparentes. Ce sont les Mrrxs de Linné.n Huit piédssuniquement propres là la course. 1 G. Trometnion, Trombidium. Des mandibules ou griffes;, des palpes saillans, terminés en pointe, "avec un ap- . pendice mobile ou une espèce. de doigt sous leur extrémité ; deux yeux,, situés chacun au bout d’un petit pédicule fixe ; ; COTps divisé en deux parties, dont la première ou l’anté- ricure, ‘très petite, portant les-yeux, » la Éaitbe et les deux premières paires de pates. A1: 2G. ÉnvraRée, Erythrœus. Des mandibules et des palpes comme dans les trombidions ; les yeux point por tés sur des pédicules ; corps point. divisé, 3° G. Ganase, cus: . Mandibules en pinces; palpes saillans ou très distincts, en forme de fils. le G'CHEYLÈTE, Cheyletus. . Mandibules en pinces ; palpes épais, en forme de bras, et terminés en faux. . 196 HISTOIRE NATÜRELLE F . | "4 Oribata, Mandibules en pinces; palpes très courts, ou _ cachés ;* "corps recouvert d'une peau ferme, coriace, où écailleüse, en forme de bouclier ou d’écusson; pieds longs ou.de grandeur moyenne ; devant du COFPS avancé en formé de museau. DE (] 6° G: Unorove, Uropédae -Mandibales en pinces , ce qué M: Latreille présume par analogie ; palpes non apparens ou, Saïllans ; corps recouvert d’une péau écailleuses pieds très courts; un fil à l anus, au moyen duquel ils se fixent sur le corps de quelques insectes coléoptères, et sé sus- pendent enlair. » 7° G: Acanüs, Acarus. Deux mandibules en pihces; des palpes très courts, où” cachés ;:m mais différant des précédens, parce que leur corps est très mou, ou sans croûte écailleuse, Tarses ayant à leur extrémité une pelotte vésiculeuse. Huit pieds comme les précédens D point de mandi- Lé 0 ” bules, bouche n'étant composée que de trois pièces formant par leur réunion un sucoir. + . d > . &: ARACENIDES TRACHÉENNES. 197 "+ … * », 2 8°.G. BoELLE, Bdella. Palpes allongés, coudés} avec des soies ou des poils au bout; quatre yeux; pieds postérieurs plus longs; suçoir avancé en forme de bec conique où en alène. q 9° G. Smarine, Smaridia. F Palpes guère plus longs que le suçoir, droits, et sans soïes au bout; yeux au nombre de deux. Les deux pieds antérieurs plus longs que les. autres. 4 a. Tantôt ces mites ont huit pieds, sans mandi-* bules, n’ont point d’yeux perceptibles; leurs palpes sont, soit antérieurs et avancés, maïs en forme de valvules, élargies ou dilatées vers le bout, servant de gaîne au suçoir ; soit infé- rieurs; les pièces du suçoir sont cornées, très dures et dentées; le corps est revêtu d’une peau coriace, où a, du moins en devant , ‘une plaque- écailleuse. 10° G. Ixone, Zxodes. Palpes engaïnant le suçoir et formant avec lui un bec avancé, tronqué, court et un peu dilaté au bout. à hénis + Léon dt did /éé à D éd 198 HISTOIRE NATURELLE à G:-AnGas, Argas. Bouche située plus “inférieurement que dans les ixodes; palpes n’engaînant pas le suçoir, de forme conique, et. composés de quatre. articles, ét non de trois, comme dans lés genres précédens. " « Encore huit pieds, mais propres à la natation, et ciliés poumcet usage. +. ” ” #:, 190 G. Evxais, Eylais. * Mandibules en griffes, ou terminées par un crochet mobile. ” . 2 13° G: Hvonicune, ydrachna. Bouche composée de lames formant un suçoir avancé; palpes ayant sous leur ex- trémité un appendice mobile, 14° G. Limnocnare, Lémnocharis. Semblable aux hydrachnes par le suçoir, mais ayant les palpes simples. Six pieds propres à la marche. 15€ G. Cars, Caris. Un suçoir et des palpes apparens; corps L2 à DES ARACHNIDES TRACHÉENNES. 199 arrondi, très plat et revétu® d’une peau écailleuse. 2j # 16° G. Lepre, Leptus. Un suçoir et des palpes apparens ; corps très mou. ” 17° G. ASTOME, Asfoma. : Ni suçoir, ni palpes visibles ; bouche ne consistant qu'en une petite ouverture si- tuée sur la poitrine; corps ovale, mou, avec les pieds très courts. 18° G. OcxrèTE, LE + Des palpes et des mandibules, suivant M. Leach. d [EPS # LP" h ‘nd ni hé di sé cdi di . . + 200 HISTOIRE NATURELLE : DR COR à. anus . DEUXIÈME CLASSE. LES "INSECTES. ORDRE PREMIER. LES MYRIAPODES, MYRIAPODA. Plus de six pieds (24 et au-delà) disposés dans joute la longueur duscorps, sur une suite danneaux qui er portent chacun une ou deux paires, ct dont la première, et mémes dans plusieurs, la seconde, font partie de la bouche. PREMIÈRE FAMILLE. y s : Mes CHILOGNATHES , Chilognatha. Antennes un peu renflées vers leur extré- mité, ou de la mémegrosseur dans leur éten- due , de sept articles; bouche composée de 3 us D Le deux mandibules et d’une lèvre , divisée et couronnée par quelques appendices en forme de tubercules à son bord supérieur. Les deux # DES MYRIAPODES, | 201 ou quatre premiers pieds réu: leur base, rapprochés de la lèvre, mâis de 2 d’ailleurs aux. ‘autres. ti I. Corps crustiücé, sans appendice. au bout; an- tennes ren flées vers leur sommet. : IG: Promis, Glomeris. Ovale ; corps convexe en dessus et conçave en dessous; de douze. ségmens ; ayant, le long de,chacun de ses côtés, une rangée “4 cailles analogues aux divtsidhs latérale trilobites. Animal se roulant en boule.” 2° G. Iuze, Zulus. tes Corps cylindrique et fort long se roulant en spirale, et sarsisaillié en forme d’arête ou de bord tranchant sur les côtés, des’ an- neaux. “4 3 G. Porypème, Polydesmuss Semblable aux iules par la.forme linéaire du corps et l'habitude de se roulér en spi- rale; maisdont les seprnets sont compri- més sur les côtés inférieurs, avec üne saillie en forme de rebord ou d’arête au-dessus. 3 2 so IT. Corps membraneux, très mou, ét terminé \ 202 HISTOIRE NATURELLE par des pinceaux de petites écailles; antennes de la A 7 5 LOS même grosseur: ‘ 4° G. POLLYXÈNE, RAR : + DEUXIÈME FAMILLE. Les Cirorones, Chiopoda. Antennes plus grêles à leur extrémité , de F. io articles et-au-delà ; une bouche iposée, de deux mandibules , d’une” lèvre die, de deux palpes*ou petits pieds “réunis à leur base, et d’une seconde lèvre, formée par une seconde paire de pieds di- latés, joints à leur naissance , et terminés par un fort crochet, percé sous son extré- mité d’un trou pour la sortie d’üne liqueur vénéneuse; corps déprimé et membraneux ; le plus souvent une. seule GES de pates à cie “apeen. 1er G. SeurTicèrEe, Scutigera. Corps fecouvert de huit plaques en forme d’écussons, son dessous divisé en quinze demi-anneaux portant chacun une paire de pates terminées: par un tarse fort long, grêle DES MYRIAPODES, 203 et très articulé ; dernières paires de pieds plus allongées; yeux grands et à facettes. 2e G, Lirnorre, Zithobius. Corps divisé, tant en dessus qu’en des- sous, en un pareil nombre de segmens por- tant chacun une paire de pieds ; plaques su- périeures alternativement plus longues et plus courtes, en recouvrement jusque près de l'extrémité postérieure ; quinze paires de pieds. 3° G. Scororennre, Scolopendra. Dessus et dessous du corps également di- visé; plaques supérieures égales ou presque * égales et découvertes. 204 HISTOIRE NATURELLE TR RAA AR RAR ORDRE DEUXIÈME. LES THYSANOURES, THYSANOURA. Six pieds ; abdomen garni sur les côtés de pièces mobiles en forme de fausses pates, ou terminé par des appendices propres poule saut. PREMIÈRE FAMILLE. Les LérismÈnes , Lepismenæ. Antennes divisées, dès leur naïssance, en un grand nombre de petits articles. Des palpes très distincts et saillans à la bouche; abdomen muni de chaque côté, en dessous, d’une rangée d’appendices mobiles , en forme de fausses pates, et terminé par des soies articulées, dont trois plus remarquables. 1e G. Macmixe, Machilis. - Yeux très composés, presque contigus, ét occupant la majeure partie de la tête; corps convexe et arqué en dessus ; abdomen DES THYSANOURES. , 205 terminé par de petits filets propres pour le saut, et dont celui du milieu, placé au- dessus des deux autres, est beaucoup plus long. Palpes maxillaires très grands ; cor- selét étranglé, avec son premier segment plus petit que le second et en voûte. 2€ G. Lépisue, Lepisma. Yeux très pelits, fort écartés l’un de l’au- tre et composés d’un petitnombre de grains; corps aplati, et terminé par trois filets de la même longueur, insérés sur la même li- gne ct ne servant point À sauter ; hanches très grandes. DEUXIÈME FAMILLE. Les Ponurerres, Podurelleæ. Antennes de quatre pièces; bouche n’of- frant point de palpes distincts et saillans : abdomen terminé par une queue fourchue, appliquée, dans l’inaction, sous le ventre, et servant à sauter. & 1% G. PonurE , Podura. Antennes de la même grosseur, et sans I. 18 206 HISTOIRE NATURELLE anneaux ou petits articles à la dernière pièce. Corps presque linéaire ou cylindrique, avec le tronc distinctement articulé, et l'abdomen étroit et oblong. | » 2e G. SINTHURE, Smänthurus. Antennes plus grêles vers leur extrémité, et terminées par une pièce annelée ou com- - posée de petits articles ; tronc et abdomen réunis en une masse globuleuse ou ova- laire. _ DES PARASITES. 207 0 . 2 LAS RE ve mn a ORDRE TROISIÈME. LES PARASITES, PARASITA. Six pieds ; point d'ailes ; organes P la vue composés d'yeux lisses ; bouche en grande partie intérieure et ne-consistant que dans ” ur museau qui renferme un suçoir rétrac- tile, ou dans une fente située -entre deux lèvres, avee deux mandibüles en crochet. 1% G. Pou, Pediculus. Ayant pour bouche un petit mamelon tu- bulaire, situé à l'extrémité antérieure-de la tête, en forme de museau, et renfermant , tr l’inaction, un suçoir. Tarses composés d’un article dont la grosseur égale presque celle de la jambe, terminés par un onglet très fort, se repliant sur une saillie en forme de dent de la jambe, et faisant dVec cette pointe l'office de pince. 208 HISTOIRE NATURELLE » 2° G. Ricin, Ricénus. Bouche inférieure et composée à l'exté- rieur de déux lèvres et de deux mandibules en crochet; tarses très distincts, articulés et terminés par deux crochets égaux. : « DES SUCEURS. 209 AS AR ARR ORDRE QUATRIÈME. LES SUCEURS, SUCTORIA. ER BR RAR AR AR AE AS 4: Six pieds; point d'ailes ; bouche composée d'un suçoir renfermé dans une gatne eylin- drique , de deux pièces articulées. 1 G. Puce, Pulex. » : ld'ihé : ‘she dt db. dr di DR. nn, dé état sn =. Léa. 210 HISTOIRE NATURELLE tt tt tatin t tnt atateS ORDRE HUITIÈME. DES APTÈRES. L: composition de cet ordre est une preuve convaincante de l'impossibilité où se mettent les naturalistes d'établir des ordres naturels, lorsqu'ils veulent les fonder sur un carac- tère unique, pris d’une partie dont limpor- tance, dans l’économie animale, n'est pas très considérable. Les caractères pris de la présence ou de l'absence des ailes, sont de ces caractères absolus et tranchés qu’il est très facile d’an- noncer. Il semble qu'une partie aussi remar- quable, qu’un membre dont l'usage doit tant influer sur les facultés des insectes, et par conséquent sur leurs habitudes , doit les sé- parer en deux sections aussi naturelles que faciles À distinguer. Cependant, si on eût voulu lé suivre à la rigueur, que de fautes graves contre l’ordre naturel le plus évident n’eût-on pas commises ! on se serait vu forcé DES APTÈRES, 211 de réunir dans le même ordre des carabes, des ténébrions, des ptines, des punaises, des mantes, des criquets, des fourmis, des ichneumons , des bombyx, etc. Mais les res- semblances de ces insectes véritablement. aptères avec les autres espèces de leurs genres, étaient trop frappantes ‘pour qu’on commit une faute aussi sensible contre les affinités des animaux. Cependant l’ordre des aptères, tel qu'il a été établi par Linné, tel qu’il est adopté par la plupart des Ento- mologistes qui l'ont suivi, réunit des êtres ” qui, pour ne pas paraître aussi différens les uns des autres que ceux que nous venons de nommer, n’en sont pas moïns réellement dif- férens. Si on veut étudier avec quelque at- tention l’organisation et les habitudes des aptères de Linné, de Geoffroi, d'Olivier même, on verra qu'il n’y a guère plus de ressemblance réelle entre une puce, une podure, une araignée, un ricin ét un crabe, qu'entre une punaise aptère et un carabe éga- lement aptère. Cette considération a engagé les naturalistes, et notamment Fabricius, MM. Latreille, Duméril, ete., à disperser à - 212 HISTOIRE NATURELLE l’ordre des aptères dans d’autres ordres, ou, ce qui nous paraît mieux, à le diviser lui- méme en plusieurs ordres aussi indépendans les uns des autres, que le sont les: autres _ ordres d'insectes dont nous venons de don- ner l’histoire. La loi que nous avons dû nous faire dans un ouvrage de ce genre, d'adopter la mé- thode d’un auteur connu, et le choix que nous avons fait de celle de M. Olivier, ne peut nous permettre de profiter entièrement des changemens qui ont été faits dans cet ordre; nous nous contenterons donc de le diviser en plusieurs sections, et de faire, à l'exemple de M. Cuvier, une classe à part des crustacés. D'après cet exposé, on voit qu’il n’est pas possible de suivre, dans l’histoire générale de ces insectes, une marche semblable à celle que nous avons suivie dans celle des autres ordres. Celui des aptères étant composé d’in- sectes qui diffèrent essentiellement entre eux, qui ne se ressemblent même par aucun carac- tère commun, excepté par celui qui est pris de l'absence des ailes, on ne peut établie DES APTÈRES, 213 aucunes, généralités sur cet ordre tel qu'il est; il faut nécessairement le diviser par grou- pes, et étudier séparément les caractères communs aux insectes qui composeront ces groupes. M. Olivier n’a séparé les aptères qu’en deux sections, Cette diision n’est pas suffi- sante : elle laisse encore près les uns des autres des insectes qui n’ont aucuns rapports entre eux. Nous serons donc forcé d’adopter ici la méthode de M. Latreille, qui a établi des divisions suffisantes pour que chacune puisse présenter des caractères généraux , nombreux et naturels. M. Latreille a placé parmi ces insectes , deux ordres, les entomostracés et les crus- tacés, que nous ne traiterons point ici. Nous en ferons, à l'exemple de MM. Cuvier et Lamarck, une classe particulière d'animaux, * sous le nom commun de crustacés. Nous n'établirons donc que cinq divisions ou sec- tions parmi les aptères jet nous leur don- nerons les noms que M. Latreille leur a imposés. Ces divisions seront désignées par les M di di ré. bia ta ; À Cali : 214 IISTOIRE NATURELLE noms de suceurs, de thysanouress de pa- rasites, d’acéphales et de myriapodes. Nous allons examiner successivement les carac- tères de ces cinq divisions. Les suceurs ne renferment qu'un seul genre, celui de la puce, qui, par ses parti- cularités, ne peut été convenablement placé dans aucune section de la classe des insectes. Les insectes qui doivent entrer dans cette section, ont une tête distincte, une bouche composée d’un suçoir qui a quelque ressem- blance avec celui des hémiptères, et ren- ferme , comme lui, des soies. Ils ont des antennes, et six pates seulement. Mais ce qui distingue surtout ces aptères des autres, en les rapprochant des insectes ailés , et princi- palement des diptères, c’est la propriété qu’ils ont de se métamorphoser et d’être su- jets à une métamorphose aussi complète que celle des diptères. Ce sont, comme nous allons le voir, les seuls aptères qui aient cette faculté. Nous n’entrerons dans aucun détail sur les habitudes générales des insectes de cette section, puisqu'elle né renferme qu'un genre qui sera décrit avec soin. à "2 un Ÿ V déni E à DES APTÈRES. 215 Les thysanoures, ainsi nommés de leurs queues noueuses ou ayant des franges de poils, ont également une téte distincte mu- nie d’antennes ordinairement longues et fili- formes : ils n’ont également que six pates , mais ils commencent à se rapprocher des aptères à pates nombreuses ; par les appen- dices dont leur abdoren est garni, Ils dif- férent des suceurs et des parasites par la forme de leur bouche, composée, comme celle des coléoptères, de mandibules, de mächoires, de lèvres et d’antennules : ils ne subissent aucune métamorphose; leur corps est allongé, mou, couvert d’écailles ou de poils qui se détachent facilement. Ils n’ont pas la lenteur de la plupart des aptères ; ils sont, au contraire, ou légers à la course, où prompts à sauter, au moyen d'organes particuliers que nous décfirons lorsque nous ferons l’histoire des podures, des lépismes et des forbicines qui compo- sent cette section. Les parasites vivent presque tous sur les autres animaux, ainsifque leur nom l’indi- que : ils ont une espète de trompe pour les sb — 216 HISTOIRE NATURELLE piquer; et pour sucer leur sang; ils ont aussi quelquefois de petites mandibules qui paraissent leur servir de tenailles pour s'y accrocher plus solidement. C’est cette con- formation particulière de leur bouche qui fait leur caractère distinctif principal. Ils n’ont d’ailleurs que six pates courtes et'cro- chues , ils ne sont sujets à aucune métamor- phose ; leur corps est déprimé, et leur dé- marche extrémement lente. Les insectes les plus incommodes aux hommes sales et aux animaux, sont renfermés dans cette divi- sion : ce sont les poux et les ricins. Les acéphales sont les aptères les plus re- marquables par leuf forme bizarre. Leur tête n’est point distincte du reste du corps, parce qu'elle n’en est séparée par aucun étranglement, en sorte qu’ils semblent ne point en avoir : ce qui leur a fait donner le nom d’acéphale, mot composé du grec, qui veut dire sans téte. La bouche de ces insec- tes varie trop dans sa composition pour que nous puissions la décrire d’une manière gé- nérale; ce qui prouve que cette réunion d’a- ptères n’est pas encore aussi naturelle qu’elle pesé PTE sis. DES APTÈRES. 217 pourrait l'être. Les uns, tels que les mi- tes, etc., ont une espèce de trompe et de suçoir; les autres, tels que les araignées, les faucheurs , etc. , ont des mandibules, des mâchoires et une lèvre; mais aucun n’à d'antennes , et c’est ce qui fait leur carac- tère essentiel. Le nombre des pates est va- riable dans les différens genres de six à huit. Ces insectes ne subissent pas de métamor- phose réelle : cependant ils présentent quel- ques différences dans leurs différens âges, et ces différences paraissent porter princi- palement sur le nombre des pates. Parmi les acéphales, les uns ont la tête, le corselet et l'abdomen confondus ensemble, telles sont les mites: d’autres ont le corse- let distinct de l'abdomen, comme les arai- gnées, Les premiers vivent presque tous sur les animaux et les végétaux vivans; ils en sucent la substance. D’autres, beaucoup plus agiles ou plus industrieux, vivent d'insectes qu'ils attrapent par des moyens aussi variés qu’ingénieux,. Les myriapodes sont les aptères qui se rapprochent le plus des crustacés par toute x 19 Tir + ? 218 HISTOIRE, NATURELLE leur structure. Ces caractères, qui les distin- guent des aptères précédens , sont pris sur- tout du nombre de leurs pates, qui est au moins de quatorze , et qui surpasse quelque- fois beaucoup cette quantité. Leur bouche est propre à la mastication ; elle est compo- sée de mandibules, de mâchoires, de lèvres et de palpes. Ces dernières parties sont quel- quefois plus nombreuses dans ces insectes que dans les autres : leur tête est distinguée du corps par une articulation; elle porte des antennes. Le corps de ces insectes est, en général, allongé et cylindrique ou demi-cy- lindrique. Malgré leurs pates très nombreuses , la démarche de ces insectes est lente, parce que ces pates sont presque toujours très courtes. Ces insectes ne subissent pas non plus d’autres métamorphoses, qu’un changement dans le nombre de leurs pates. Il paraît qu'ils en acquièrent une paire de plus à une cer- taine époque de leur vie, qui peut être con- sidérée comme le passage de l’enfance à la puberté. DES FE. On voit, d’après ce que nous venons de * dire, qu’il n’y a d’autre ressemblance entre tous ces insectes placés dans le même ordre, que le défaut d’ailes ; d’ailleurs ils différent par la forme du corps, par la compositio de leur bouche, par le nombre de leurs pa- tes, et surtout par leur manière de vivre. On ne peut pas dire que le défaut de méta- morphose soit un caractère commun; car on doit avoir remarqué que quelques uns ont une sorte de métamorphose, et que d’ail- leurs des insectes qui diffèrent beaucoup les uns des autres, ont quelquefois un mode de métamorphose peu différent. : LS ed Se 1 d 220 HISTOIRE NATURELLE _ L RS A A ASS AAA AIS AA RAR AR RARE AR RER ORDRE HUITIÈME. LES APTÈRES. PREMIÈRE DIVISION. SUGEURS. CCX: GENRE. PUCE. Caractères génériques, Antennes courtes, filiformes, # peine plus grosses vers le bout, de quatre arti- cles presque coniques,—Deux yeux.— Trompe \ allongée, aiguë, recourbée sous la poitrine, ar- ticulée, sans antennules. — Pates postérieures plus longues, propres à sauter. — Abdomen simple. Lys puces, ces petits insectes si connus ét si insupportables par leurs piqüres, sont non seulement avides du sang des hommes, _ maïs encore de celui de différens animaux ; leur corps est couvert d’une peau coriacée et dé bouts Né als ét” te EE TT |! de me ? DES PUCES. 221 écailleuse ; telles sautent et s’élancent à une” assez grande distance, au moyen de leurs pates postérieures, qui sont très longues. Leurs antennes sont filiformes, guère plus longues que la tête, composées de quatre ar= ticles égaux, presque coniques, dont le der- nier est à peine plus gros que les autres ; elles sont insérées sur le front entre les yeux, et très rapprochées à leur base. M - Leur tête est petite, arrondie à sa partié antérieure , aplatie sur les côtés; "où se trou- ” vent les deux yeux à réseau qui sont peu saillans et placés dans une cavité. Leur trompe est formée de trois pièces, dont deux latérales, composées de cinq articles, ser- vant de gaîne à la troisième, qui est rare en pointe fine très aiguë. Leur corselet est court, il. donne nais- sance aux quatre pates postérieures ; leur abdomen est ovale, convexe en dessus dans les femelles, souvent un peu concave dans les mâles, comprimé sur les côtés, obtus à l'extrémité, et divisé en plusieurs anneaux. Leurs pates sont très longues , surtout les deux postérieures, et garnies de poils 2 LE 222 HISTOIRE NATURELLE roides; les deux antérieures sont attachées au-dessous de la tête, les quatre autres sous le corselet: elles sont composées de la hanche, qui est assez longue, de la cuisse, de la jambe et du tarse; celui-ci est divisé en cinq arti- cles, dont le dernier est terminé par deux crochets longs et contournés. La puce diffère de tous les insectes de cet ordre par la manière dont elle se reproduit. Ses métamorphoses sont en tout semblables à celles des insectes des autres ordres : elle est ovipare, et de chacun de ses œufs sort _une petite larve, qui passe par l’état de nym- phe avant de devenir insecte parfait. ' l'accouplement, l'attitude desces in- _ sectes est très singulière : le mâle est placé _én dessous de la femelle entre ses pates pos- - térieures;ils ont le ventre appuyé l’un contre _ lautre, et la tête tournée du même côté. | Quand la femelle est fécondée, elle dé- | pose ses œufs sur les poils des animaux. Ces œufs sont blancs, de forme oblongue. M. Geoffroy dit qu'ils sont attachés à la base des poils, au moyen d’une matière _ gluante dont ils sont enduits; mais, selon — Ur Dé. D dis HE | DES PUCES. 223 Roesel, ils ne sont point collés par la fe- melle , qui au contraire les pond au hasard, et souvent même les laisse tomber à terre : elle les place aussi quelquefois dans les en- droits où les animaux vont se coucher, et sur les couvertures de lit. Quatre à cinq jours après qu’ils ont été pondus , il sort de ces œufs de petites larves qui ont le corps allongé, cylindrique, divisé en treize anneaux; la tête écailleuse, munie de petites antennes, et de chaque côté des anneaux des poils as- sez longs ; le dernier anneau est terminé par deux pointes qui servent de pates à ces larves pour se pousser en avant. M. Geof- froy dit qu’elles ont plusieurs pates; mais, selon Leuwenhoek, Rocsel et Degéer, ‘élles en sont entièrement dépourvues. En sortant de l'œuf, elles sont toutes blanches , et lors- qu’elles ont pris de la nourriture, elles de- viennent rougeâtres. Elles vivent sur les * animaux, et sont cachées entre leurs poils. On en trouve aussi fréquemment dans les nids des oïseaux, et particulièrement dans ceux des pigeons. Leuwenhoek en a trouvé en très grande quantité sur des jeunes pi- & si " ds Le di 22/4 HISTOIRE NATURELLE geons ; elles y étaient fortement attachées, et leur suçaient le sang continuellement. On peut élever ces larves dans des boîtes en les nourrissant avec des mouches : elles en sont très friandes. Elles sont très vives, et rare- ment en repos; elles se trainent continuel- lement en serpentant, et en faisant différens mouvemens. Quand il leur arrive de se re- poser, elles sont ordinairement roulées en spirale. Douze ou quinze jours après être sorties de l’œuf, elles sont parvenues au terme de leur grandeur ; alors elles forment une petite coque dont le dedans est très blanc , et le dehors sale et couvert de pous- sière ; elles s’enferment dans cette coque, et sy Changent en une nymphe qui d’abord est blanche, et ensuite devient brune. En été, la puce ne reste que deux ou trois jours sous la forme de nymphe, après lesquels elle de- vient insecte parfait; mais quandil fait froid, . elle y reste quatre mois. Quelques auteurs rapportent des faits qui prouvent autant l'adresse de certains hom- mes que la force de la puce. Suivant Mouffet, un ouvrier anglais, nommé Marc, DES LUCES. - 225 avait fait une chaîne d’or de la longueur du doïgt, avec un cadenas fermant à clef: une puce attachée par cette chaîne, la trai- nait avec facilité. La puce et. la chaine en- semble pesaient à peine un grain. Au rap- port de Hoock, un autre ouyrier anglais avait construit en ivoire un carrosse à six chevaux, un cocher sur le siége, avec un chien entre ses jambes, un postillon, quatre personnes dans le carrosse, et quatre la- quais derrière ; maïs ce qui est surprenant, c'est que cet équipage était assez léger pour être traîné par une puce. On ne connaît en Europe qu'une espèce de puce : on sait qu’on la trouve sur les hommes, et particulièrement sur les fem- mes et sur les enfans, probablement parce qu’ils ont la peau plus délicate. On la trouve aussi sur les chiens, sur les chats, et quel- : quefois sur les vaches et sur les lièvres. Dans l’Amérique méridionale, outre cette espèce, il y en à une autre qui pénètre dans les pieds des hommes, et y dépose ses œufs. Ces insectes causent des démangeaisons in supportables, | 226 HISTOIRE NATURELLE La Puce irritante, Pulexirritans. Elle est d’un brun marron: les pates sont d’une couleur moins foncée que le corps; la trompe est plus courte que le corps, et recourbée en dessousg"les anneaux ont à leur jonction des poils courts et roides cou- chés sur la peau. Le mâle est de moitié plus petit que la femelle. On la trouve en Europe et en Amérique. La Puce pénétrante, Pulex penetrans. sn est plus petite que la précédente, du run moins foncé; l'extrémité de son omen porte deux filets assez allongés, et son bec est de la longueur du corps. . Cette puce estconnueen Amérique sous le nom de chique ; elle s’introduit sous les on- gles des pieds et sous la peau du talon, et y acquiert bientôt le volume d’un petit pois par le prompt accroissement des œufs qu’elle porte dans un sac membraneux sous le ventre, La famille nombreuse à laquelle elle Insectes . Pl106. Baraband del. Huber Jeu 1. Hippobosque du cheval. 4. Sa Larve. 2.Hippob. de l'Hirondelle. 6. Lepisme du sucre. 3.Puce ivritante, ü DES PUCES, ‘+ 227 donne naissance occasionne, par son séjour dans la plaie, un ulcère malin difficile à détruire, et quelquefois mortel. On est peu exposé à cette incommodité fâcheuse , si on a soin de se laver souvent , et surtout si on se frotte les pieds avec des feuilles de tabac broyées avec le roucou et d’autres plantes : âcres et amères. Les nègres savent extraire avec adresse l’animalde la partie du corps où il s’est établi. On la trouve dans l'Amérique méridio- nale , dans toutes les Antilles. À 228 HISTOIRE NATURELLE «19 DEUXIÈME DIVISION. THYSANOURES. CCXE GENRE. L ÉPISME. Caractères génériques. Antennes sétacées, longues, composées de beaucoup d'articles égaux, à peine distincts, — Deux yeux.— Bouche munie de man- dibules, de mâchoires et de quatre antenpules inégales, filiformes; les antérieures composées de cinq articles, etles postérieures de trois. —Abdo- men terminé par trois filets sétacés. Les lépismes sont de.petits insectes très communs, et connus de tout le monde : on les trouve dans les maisons courant sur les châssis des fenêtres ; ils se cachent dans les fentes des armoires, des boiseries, sous les x planches qui servent d'appui aux fenêtres, et sous les pots dans lesquels il y a de la terre et où se trouve un peu d'humidité. Ils se font remarquer par leur vivacité, par * les trois filets qui terminent leur abdomen, et par leur couleur d’un blanc argenté, qui _ séfitré — LR Dubé “2: 5,0 de DES LÉPISMES, 229. est due à des pêtites écailles que le moindre frottement enlève. Ils ont quelques rapports avec les podures par les formes et la ma- nière de vivre; mais ils en diffèrent par les antennes et par les filets de l'abdomen. Les antennes sont sétacées, de la longueur des deux tiers du corps; composées d’arti- cles nombreux, peu distincts; elles dimi- nuent de grosseur depuis leur origine jus- qu'à leur extrémité, et sont insérées sous les yeux. La tête est petite, arrondie, cachée en partie sous le corselet ; celui-ci est grand, en forme de voûte , composé de deux plaques. La bouche est composée de deux mandi- bules courtes, cornées, arquées, aiguës , sans dentelures; de deux mâchoires avan- cées, membraneuses, cylindriques, presque vésiculeuses, tronquées à leur extrémité, et réunies à la lèvre; celle-ci est membra- neuse , avancée , arrondie , échancrée À son extrémité, et de quatre antennules ; les an- térieures sont filiformes, très avancées, composées de cinq articles, beaucoup plus longues que les postérieures, qui ont trois 1. 20 LEA AR 6 + PET RE JNTTT. ” - Li kr L 4 « + -230 HISTOIRE NATURELLE articles ; elles sont A le milieu de la lèvre. L’abdomen est un'‘peu plus long que le corselet, composé d’anneaux distincts, ter- miné en pointe, et garni de trois filets * allongés; celui du milieu est droit, plus long que les deux’ autres, qui sont diver- gens, et forment avec le corps un angle presque droit. Outre ces filets, l'abdomen est encore muni de plusieurs appendices , surtout vers l'extrémité. Les pates, au nombre de six, sont larges, aplaties ; les cuisses sont recouvertes, à leur origine, de grandes plaques minces, écail- leusesi les tarses sont filiformes, composés de quatre articles, dont le premier est très long, le second plus court, le troi- sième globuleux, le dernier mince, terminé par deux petits crochets aigus. Linné et M. Fabricius disent que ces insectes, qu’on trouve dans les maisons, se nourrissent de sucre et de bois pourri. M. Geoffroy croit aussi qu'ils mangent de petits acarus connus sous le nom de poux de bois, qui se trouvent dans les bois humides. d - = DES LÉPISMES. 231 Les 1ép subissent point de mets morphoses ; ils changent seulement de peau. On connaît sept espèces de ce genre, dont une se trouve en Amérique, une en Chine, et les autres en Europe. Le Lépisme du sucre, Zepisma sac- Mehdi Il a quatre lignes de longueur : tout le corps est lisse , couvert d’écailles argentéés; les antennes sont longües, minces, filifor- mes; le corselet et l'abdomen, privés de leurs écailles, sont bruns; les cuissés sont couvertes, à leur origine, par lestécailles de la poitrine, qui sont très grandes ; l ab- domen est allongé, composé de neuf ou dix anneaux, qui en dons sont garnis de pe- tits filets qui ressemblent à de petites pates ; les filets de la queue sont minces : vus à la loupe, ils paraissent un+peu velus. à On le trouve en Amérique dans les su- creries. Il est très commun en Europe. Linné prétend qu'il mange les livres et les habits de laine. # 232 HISTOIRE ÿ"S Le Lépisme polypode, Zepisma por poda. ” G. Machile. Larr. > Il est un peu plus grand que les précé- dens, etmoins large, de couleur brunûtre; les antennes sont de la longueur du corps; les antennules antérieures très apparentes ; les yeux, placés derrière la tête, sont pres- que réunis ; l'abdomen a tous ses anneaux garnis chacun d’une épine latérale qui res- semble à une petite pate, et il est terminé par trois filets. On le trouve en France, dans les dépar- temens méridionaux, Il est moins commun que le précédent, DES PODURES. 233 CEXIL GENRE. POD RE. L Caractères génériques. Antennes filiformes ; compo- sées de cinq articles, dont le second trè court," et le dernier sétacé. — Deux. yéux SA, — Bouche munie de mandibules ; de mâchoires et de quatre antennules, presque en masse ; les anté- rieures composées de cingarticles , ét les posté- vieures de trois. — Queue fourchue, ES à Li le ventre, propre pour sauter. 2" Les podures sont de très-petits insectes + qui approchent un peu du pou pat la forme; mais elles ont des caractères bien tranchés, qui les distinguent de ces insecté. Le plus remarquable de tous, et qui leur est pro- pre, c’est une longue queue mobile, placée au bout de l'abdomen, divisée en deux de- puis son extrémité jusque vers son milieu, et qui leur sert pour sauter; dans l’état de repos , elle est pliée et appliquée en dessous du ventre, et contenue dans üne rainure. Les antennes sont filiformes, de la lon-- gueur du corselet, composées de quatre ar- + : 234 HISTOIRE NATURELLE ticles dans quelques espèces$ dans d’autres, de cinq; le cinquième ticlé est divisé en un grand nombre ticulations, et fait un coude ayeclle reste de l’antenne: elles sont insérées entre les yeux. La tête est ovale, séparée dukcorselet par un éträbglement ; les yeux sontcomposés ,.et paraissent formés de petits grains au nombre de huit pag chaque œil, et rangés sur deux lignes; ils sont placés de chaque côté de la t derrière les antennes j La bouche est-composée de deux mandi- bules courtes ,cornées , arquées , aiguës, sans dentelures ; de deux mâchoires avancées, membraneuses ; et de quatre antennules iné- gales. Le corselet n’est point distinct de l’ab- domen ; il donnetnaissance aux trois paires. de pates. | L L'abdomen est plus où moins allongé, divisé en plusieurs anneaux; c’est en des- sous, Vers son extrémité, que la queue est at- tachée. Les pates , au nombre de six, sont de lon- _gueur moyenne ; les tarses sont terminés par DES PODURES. 255 deux crochets, dont l’un est plus court que l’autre. dnte + Tout le corps est couverte petitesécailles, mais le moindre attouchement les leur en- lève, et elles restent attachées aux doigtsen forme de poussièré”Ces écaitles ressemblent, en petit, à celles qui sont sür-les' ailes des papillons. x Nous avons dit que les’podures ont la fa- culté de sauter, au moyen de la queue qu’elles ont en dessous du corps. Cette queue , qui est attachée au ventre À quélquedistance de son extrémité, est dure, élastique, compo= sée de deux pièces allongées , coniques, poin- tues au boût, réunies À leur base. Lorsque l’insecte n’en fait point usage elle est cour= bée en dessous du corps, et reçue dans une espèce de’rainure, au milieu de laquelle êst un petit bouton, dont la tête, qui est assez grosse dans quelques espèces, se trouve prise entre les deux branches de la queue, etsert à la retenir dans la rainure. Lorsque la po- dure veut sauter, ce qu’elle ne fait ordinai- rementique quand on veut la toucher, elle redresse sa queue, qui ensuite s'étend en 236 HISTOIRE NATURELLE - arrière, et en frappant avec force et subi- tement le plan de position, comme ur res- sort qui se débande, elle élève en l'air le corps de l’insecte, qui saute et s'éloigne de deux ou troïs pouces dé l'endroit où il était placé. Quand le saut est'achevé, la podure remet tout doucement sa queue dans sa pre- mière position. - On trouve ces insectes sur les arbres et sur les plantes; quelques espèces se tiennent sur la surface des eaux dormantes, où elles sautent etwmarchent aussi bien que les au- tres sur terre; d’autres $e rencontrent dans les chemins sablonneux, où elles sont ras- _semblées.en petits monceaux. Elles paraissent aimer à vivre ‘en société. On croit qu’elles se nourrissent de l'humidité de la terre sur la- qüelleon les trouve. Quoiqu'il ne soit pas _raïe d’en voir dans les maisons, il”semble qu’elles préfèrent habiter les lieux humides. Les podures sont ovipares; elles ne su- bissent aucune métamorphose ; en, sortant de l'œuf, elles ont la forme qu’elles auront toute leur vie ; mais elles croissent journel= lementét changent de peau. Ilparaît qu’elles “ DES PODURES. 237 vivent une partie de l'hiver, et qu’elles font leur ponte dans cette saison. Degéer dit en avoir trouvé en Hollande dans les mois de novembre, décembre; janvier et février, sous l'écorce à demi détachée d’un vieux poirier; elles étaient encore fortwives, et couraient avec beaucoup d’agilité. Près de cespodures ;: il a aussi trouvé leurssœufs , qui. étaient à peine visibles à l’œil simple, parfaitement sphériques, un, peu transpa- rens, de couleur jaune. À l'approche du temps où ils devaient éclore , ils devinrent couleur de pourpre. En ayant ouvert plu- | sieurs, il n’y put remarquer la figure d’un insecte , mais seulement quelques points noirs : quelques jours après, ilLen sortit de très petites podures rougeâtres, semblables en tout à leurs mères, et portant une petite queue fourchue dirigée en arrière. Degéer a remarqué que les podures qui se , trouvent sur l’eau ne peuvent vivre long- temps si on les éloigne de leur élément. 11 en a placé dans les endroits secs : elles y sont toujours mortes en se desséchant et en diminuant de volume en moins dedeux ou 4 238 HISTOYRE NATURELLE trois héures ; au liéu' que d’autres, renfer- mées dans un poudrier à demi rempli d’eau, y vécurent pendant plusieurs jours. La peau qui couvre leur éorps ne se mouille pas ai- sément : en plongeant l’insecte dans l’eau , il surnage aussi sec ‘qu'auparavant. Quelques podures'de celles que notre observateur avait mises.dans l’eau , lui ont donné Ja preuve qu'elles ne sont pas à leur aise lorsqu'elles lt au fond, par les mouvemens,continuels qu ‘il Jéur a vu faire pour remonter à la sur- face ; n'ayant pu y parvenir, el comme elles ne savent pas nager, elles y périrent au bout de quelques jours, Toutes ces observations prouvent que les padurés aquatiques diffè- rent des podures terrestres, en ce que celles- ci vivent etmarchent souvent aux rayons du sol il, sans paraître en souffrir. 4 genre est composé de dix-sept espèces, qui toutes se trouvent en Europe. La Podure verte, Podura viridis. * GSmynthure. Larr. Elle est longue d'une demi-ligne, arron- DES PODURES. 239 4 die, de couleur verte un peu claire : la tête est jaunâtre , avec les yeux noirs placés sur son sommet; les antennes sont. de la lon- gueur de la tête, coudées dans leur milieu; l'abdomen est terminé en pointe: vers sa par- tie postérieure, qui est très grosse, il a un angle de chaque côté. On la trouve au milieu du printemps, sur les plantes. La Podure noire, Podura nigra. - Le G. Smynthure, Lan. Vr%, NW Cette podure, qui est une des plus grandes Fa de ce genre, a environ deux lignes de lon- gueur : le corps est gros, court, d’un brun noirâtre, luisant, garni de plusieurs poils; 3 lesantennes; placées en dessus de la tête,sont longues , assez grosses, coudées dans leur mi- lieu ; la tête est grosse, arrondie, placéever- ticalement ,et attachée au corselet parun col court, assez large; le corselet n’est pas dis- tinct; l'abdomen est gros, de forme ovale, convexe en dessus, anguleux vers l’extré- mité, qui est terminée en une pointe co- + » 240 IISTOIRE NATURELLE nique composée de deux anneaux; les yeux sont placés au-dessus des antennes; les pates sont longues et minces. , Degéer a remarqué que ces podures, outre la queue avec laquelle elles sautent, ont encore en dessous de l’abdomen, entre les points des deux branches de la queue, une partie élevée cylindrique, de laquelle il a vu sortir deux longs filets également cy- lindriques, membraneux, transparens, très flexibles, gluans où humides. Ces filets, qui sont arrondis au bout, et presque de la longueur de tout le corps, sont élancés avec force et vitesse hors de la partie cylindrique, lun d’un côté, l’autre de l’autre, quand la podure a besoin de s'en servir, et il paraît qu’elle en fait usage après qu'elle a sauté, pour se fixer promptement à Vendroit où ellé vient de retomber. On la trouve sur des morceaux de bois et des branches d'arbre humides. Elle s’é- chappe et saute avec promptitude lorsqu'on veut la saisitavec la main. DES PODURES, 241 La Podure aquatique, Podura aquatica. Elle a une demi-ligne de longueur : sa couleur est d’un noir mat ; les antennes sont plus longues que le corps; sa tête est grosse, arrondie, son abdomen allongé, cylindrique, terminé en pointe conique, et couvert de plusieurs plis ou rides transversales. Ortrouve cette podure en quantité sur les eaux dormantes : elle se tient près des bords, et couvre toutes les feuilles des plantes aquatiques. La Podure plombée, Podura plumbea. s . a Ê Elle est longue d’une ligne , de couleur grise plombée et luisante : cette couleur est due à de petites écailles. Les antennés sont 7 % de la longueur de la moitié du corps ; la tête est arrondie, avec deux taches noires en dessus , sur lesquelles les yeux sont placés; l'abdomen est allongé, cylindrique ; la queue est presque de la longueur du corps, et gar- nie de poils ainsi que les pates. On la trouve sur les arbres, dans les prés; mais toujours seule, et jamais par troupe. I. a1 “ 242 HISTOIRE NATURELLE TROISIÈME DIVISION. PARASITES. CCXIII GENRE. RICIN. Caractères génériques. Antennes filiformes, plus courtes que le corselet; articles presque égaux, distincts. — Deux yeux.— Bouchemunie de man- dibules, et d’une trompe,courte, droite, inarti- culée, sans antennules. — Abdomen simple, un peu aplati. Linné, M. Geoffroy et M. Fabricius ont confondu les ricins avec les poux, et n’ont fait qu'un genre de ces insectes, qui ont beaucoup de rapports entre eux tant par la le que par la manière de vivre; mais Degéer n’ayant point trouvé de trompe à ces espèces de poux, et seulement deux dents mobiles, en a fait un genre sous le nom de ricin, nom qui avait été donné à une tique qui se trouve sur les bœufs et sur les chiens: Il paraît que la bouche de ces insectes DES RICINS, 243 n'est pas encore bien connue, puisque Degéer, M, Fabricius et MM. Olivier et Latreille ne sont pas d'accord sur les parties dont: elle est composée. D’après Degéer , les ricins ont, au lieu ‘de trompe, deux dents écailleuses placées vers le milieu du dessous de la tête, à la hauteur des an- tennes ; mais il paraît que M: Fabricius ne leur a trouvé qu’une trompe et point de dents ni mandibules , puisqu'il les a placés avec les poux, qui ontuüneé trompe sansman- dibules. Selon M. Olivier, ils ont une trompe et deux mandibules, et M, Latreille leur a trouvé apparence de mandibules ou de mà- choires; et d’une lèvre inférieure. Nousne pouvons savoir lequel de ces quatre auteurs a le mieux vu, n'ayant pas.de ricins vivans : sous les yeux;.et qu’il est extrêmement di ficile, pour ne pas dire impossible, de voir ces parties.sur un insecte desséché, qui est au plus de la grosseur du pou commun. Quant à ses caractères extérieurs , ils sont à peu près les mêmes que ceux du pou. Il a les antennes filiformes, moins longues que le corselet, composées ordinairement 244 HISTOIRE NATURELLE de cinq articles distincts; elles sont insérées de chaque côté de la tête au-dessus des yeux, et très écartées l’une de l’autre. La tête est grande, très aplatie, angu- leuse, terminée antérieurement par une es- pèce de museau arrondi; elle est plus large que le corselet, ét munie de deux yeux à ré- seau peu distincts. Le corselet est divisé en deux par une incision assez profonde. La première partie, ou celle qui est près de la tête, donne nais- sance aux deux pates antérieures, et la se- condé aux quatre autres. L’abdomen est assez large, aplati, ovale dans quelques espèces, allongé dans d’autres, et divisé en anneaux distincts. es pates sont assez courtes; les tarses ter- iminés par deux ongles courbés en crochets, et dirigés l’un vers l’autre, Onttrouve les ricins sur les animaux tant quadrupèdes que volatiles ; de même que les poux, ils vivent de sang, et à travers de leur peau, qui est très transparente ,*on aperçoit les intestins remplis d’une matière noirâtre, obscure, lorsqu'ils se sont rassa- 0 2 AE et mt dudi DÉS RICINS. 245 siés. TS sont plus agiles et marchent plus vite que les poux de l’homme : ceux qui vivent sur les oiseaux se tiennent le plus ordinai- rement aux plumes qui entourent la base du bec, et s’ y accrochent fortement avec leurs ongles. On ignore-de quelle manière ces in- sectes se reproduisent. IIS forment tm genre assez nombreux : nous en décrirons quelques espèces. Le Ricin de la Mouette ÿ Ricinus Sternæ. Cet insecte, qui estitrès vif êt marche # avec beaucoup d’agilité , est de la grandeur pdag ; du pou humain : tout le corps est d’un blanc grisâtre; la tête a quelques taches noires; elle est presque triängulaire, arrondie en de- vant, Les yéux sont noirs; le corselet arrondi de chaque côté du bord antéfieur et terminé postérieurement en pointe mousse; il a une ligne noire le long de ses bords laté- raux : l'abdomen est ovale, aplati, avec une ligne noîre de chaque côté; tout le corps est garni de poils de différentes longueurs ; les pates sont longues et très grosses. L2 Ve es 246 HISTOIRE NAŒURELLE On le trouve sur la mouette, gare les plumes de cet oiseau. Le Ricin de la Corneille, Ricinus Cornicis. Il est plus petitque le précédent : la tête est grande, convexe antérieurement, concave pos- térieurement, aplatie à sa partie supérieure; les antennes, qui ont leur insertion en dessous de la tête , sont très petites et peu visibles; le corselet est divisé en deux parties par une in- cision très profonde, et chaque païtie a une pointe saillante de chaque: côté; l'abdomen, de même quele reste du corps, est d’un blanc grisâtre, avec une ligne transversale brune sur chaque anneau : il est ovale, terminé en pointe conique, et séparé du corselet par un étranglement. Tout le corps est garni de quelques poils, plus longs et plus épais aux angles postérieurs de la tête qu'ailleurs; les pates sont très grosses. On le trouve sur les corneilles. Sonata dE. ‘ti it babe Rain à DES RICINS,- 247 Le Ricin du Plongeon, Ricinus Mergi. L. l l Il est très pets son: corps est allongé, peu large, aplati; la tête est d’un jaune rouxgn de forme trianguläire #allongée, aplatie, arrondiæantérieurément; les antennes sont filiformes, placées horizontalement de chaque côté de la tête; le corselet est d’un jaune roussâtre; divisé en deux parties; l'abdomen est très long, d’un blanc sale, avec une suite de petites lignes courtes, brunes le long de ses Bu latéraux ; les pates antérieures sont très courtes : dans l’état de repos, elles sont cachées sous la tête. On le trouve sur le plongeon. Le Ricin du Bruant, Ricinus Emberizeæ. Il est très petit; la tête, le corselet et les pates sont d’ün brun clair, transparent, un peu luisant; l'abdomen est d’un blane sale mélé de brun, avec deux taches ovales brunes vers les côtés de chaque anneau; la tête est grande , presque triangulaire, tron- quée à sa partie antérieure ; elle a de chaque 7 LA 7 D dd 7 Ve 248 HISTOIRE NATUREULE côté de sa partie postérieure une émi nee arrondie assez grande. Les ter ont composées de cinq articles ; "et plus courtes ue la tête; elles 6ht une espèces d’appen- dice mobile à leun base. Le corselet est moins large que la têtey divisé entrois an- neaux ; l'abdomen est grand, -oblong, ter- miné en côn6, garni de plusieurs poilstblancs assez longs ; les pates sont assez grosses : les deux antérieures, beaucoup plus courtes que les autres, sont ordinairement cachées sous la tête. pc On le trouve quelquefois en très grande quantité sur le bruant, fortement attaché aux plumes qui entourent le’bec de cet oi- seau. Il marche très lentement. Le Ricin du Chien, Ricinus Canis. Il est plus petit que le pou humain; le corps est long, presque arrondi, aplati; la tête et le‘corselet sont d’un jaune foncé; l’ab- domen et les pates d’un blanc sale; la tête est grande, large, avec une échancrure de chaque côté, qui forme une pointe saillante + . DES RICINS. 249 et une Midure unpeu relevée devant, mar- quée de points bruns; les antennes sont fili- formes, assez grosses; le corselet est court, divisé en deux parties; l'abdomen est large, arrondi, divisé en anneaux, qui de chaque côté des bords latéraux forment des espèces de dents ; tout le corps est garni de quelques poils courts. On le trouve sur les poils des chiens. Le Ricin du Corbeau, Ricinus Corvi. Il a une ligne de longueur : tout le corps est de couleur grise; les antennes sont cour- tes, recourbées en arrière; la tête est petite, noire; l'abdomen est ovale, presque rond, aplati, de couleur cendrée, avec huit bandes noires de chaque côté à la jonction des an- neaux; la peau est coriacée, très dure. Dans'sa jeunesse, ce pou est blanc, avec une rangée de points de chaque côté du ventre. On le trouve sur le corbeau, + . © "3e 250 HISTOIRE NATURELLE . : Le Ricin du Paon, Ricinus Pavonis. Les antennes, sont courtes, la tête est aplatie, arrondie antérieurement, angu- leuse à sa partie postérieure; le corselet est en cœur, anguleux sur les côtés; l’abdo- men est gris sur les côtés, blanc au milieu. M. Geoffroy dit qu'on le trouve sur le dindon; et selon M. Fabricius, sur le paon. Redi l’a trouvé sur l’épervier. Le Ricin de la Poule, Ricinus Gallinæ. Il est plus petit que le pou humaïn : tout le corps est parsemé de poils gris; les an- tennes sont très courtes ; la tête est arrondie en devant, et se termine postérieurement sur les côtés par deux angles tournés vers le corselet; celui-ci est court, large , avec une pointe droite, aiguë, saillante de chaque côté; l'abdomen est allongé, composé de huit anneaux. On le trouve sur les poules. DÉS RICINS. 251 . Le Ricin de la Cigogne, Ricinus Ciconiæ. Il a deux lignes de longüeur : le corps est allongé, filiforme ; les antennes sont courtes, un peu plus grosses à l'extrémité qu’à leur origine ; la tête est allongée , conique, apla- tie; le corselet est court, un peu plus étroit que la tête ; l'abdomen, composé de neuf ou dix anneaux, est d’un blanc jaunâtre, avec une tache noire de chaque côté des anneaux ; tout le corps a quelques poils; les pates sont cendrées. On le trouvé sur la cigogne. Le Ricin du Chapon, Ricinus Caponis. Les antennes sont petites ; la tête ést blan- che, arrondie antérieurement ; le corselet est large, anguleux sur les côtés ; l'abdomen est aplati, terminé en pointe mousse, noir sur les côtés, blanc et transparent an mi- lieu, avec une tache noire vers le corselet. On le trouve sur les poules et sur lés cha- pons. 2b2 HISTOIRE NATURELLE CCXIVe GENRE. SECOU: Caractères génériques. Antennes filiformes, de Ia longueur du corselet; articles presque égaux, distincts.—Deux yeux. —Trompe courte, droite, inarticulée, sans antennules. — Abdomen sim ple, un peu aplati. Le pou est assez connu pour qu'on püt se dispenser d’entrer dans de grands détails sur cet insecte, si ce genre n’en contenait plusieurs espèces qui en diffèrent par la forme du corps, quoiqu’ils aient les mêmes caractères. Les poux ont quelques rapports avec les ricins, mais on les distingue facile- ment par la bouche; celle du pou est com- posée d’une simple trompe, et les ricins, outre la trompe, ont encore deux mandibules. Redi a placé quelques poux aveo les tiques; quoi- que leurs pates , au nombre de six, dussent empêcher deles confondre avec ces insectes, qui en ont huit: On les distingue aussi des podures par leur abdomen, qui estsimple, et DES POUX. 253 qui dans celles-ci est garni d’une espèce de queue fourchue repliée en dessous. Les antennes sont filiformes, presque aussi longues que le corselet, composées # d'articles égaux distincts; elles sont insérées de chaque côté de la tête, au-dessous des yeux. La tête est petite, arrondie, un péu aplatie, plus étroite que le corselet; munie de chaque côté de deux yeux à réseau » et antérieurement d’un petit mamelon charnu ; renfermant la trompe, qui est très mince : très délice, en forme de tube. Le corselet est ovale, divisé en trois par- ties par des incisions transversalés peu pro- fondes. 11 donne naissance aux trois paires de pates. L’abdomen est aplati, ordinairement ovale, quelquefois cylindrique, obtus à l'extrémité, divisé en anneaux, dont le nombre varie depuis six jusqu’à dix. Les pates sont courtes, les cuisses assez grosses ; le dernier article des tarses est ter- miné par deux crochets mobiles assez longs, qui étant rapprochés font l'office de pinces; I. 22 éd site Rime . 254 HISTOIRE NATURELLE ils servent à l’insecte pour se cramponner sur les poils des animaux. Les poux varient par la forme : les uns ont le corps ovale, aplati; les autres l’ont large et très court. Tous vivent de sang, les uns de celui des hommes, les autres de celui des animaux; ils le sucent avec leur trompe, et on n’aperçoit presque ja- mais cet instrument, à moins qu'il ne soit en action. Il est peu d’animal qui n’ait son pou particulier, quelques uns en nourris- sent plusieurs. L'homme est attaqué par deux espèces, dont l’une est le pou commun, et l'autre est connue sous le nom de morpion. Swammerdam, qui a donné l’anatomie des poux de l’homme , n’a pu découvrir au- cun mâle parmi ceux qu'il a examinés; il leur a, au contraire, toujours trouvé un ovaire, ce qui lui a donné lieu de soupçon- mer qu'ils sont hermaphrodites ; mais les observations de Leuwenhoek diffèrent beau- coup de celles de cet auteur. Celui-ci a trouvé parmi ces insectes des individus pour- vus de toutes les parties qui caractérisent le sexe masculin, et il a donné les figures DES POUX. - 255 de ces parties. Le même auteur a encore découvert, dans ceux qu’il regarde comme les mâles, un aiguillon recourbé, qu’ils por- tent dans l’abdomen, et avec lequel, selon lui, ils peuvent piquer; et il croit que la plus grande démangeaison qu'ils causent, vient de la piqre de cet aiguillon, ayant remarqué que l'introduction de leur trompe dans les chairs ne produit presque aucune sensation, à moins qu'elle ne touche à quelques nerfs, Degéer dit aussi avoir ob- servé un aiguillon semblable, placé au der- rière de plusieurs poux, tant à ceux du corps qu’à ceux de la tête. Cet aiguillon est brun, de substance écailleuse, de figure ‘conique, large à sa base, pointu à son ex- trémité ; ces poux, qui, d’après l'opinion de Leuwenhoek , sont les mâles, ont, suivant Degéer, le bout de l’abdomen arrondi, au lieu que les femelles, ou ceux à qui l’ai- guillon manque , l’ont échancré. Les poux sont ovipares, et multiplient beaucoup ; ils déposent leurs œufs, qu'on connaît sous le nom de /entes, sur les che- USE. . MESA AL © 256 - HISTOIRE NATURELLE veux et sur les habits. Le pou est pas long-temps à sortir de l'œuf, après quoi il change plusieurs fois de peau, et peu après ibest en état de se reproduire. Des expé- riences ont prouvé à Leuwenhoek, qu’en six jours il peut pondre cinquante œufs, et il lui en reste encore dans le ventre; que les petits sortent des œufs au bout de six jours, et qu'environ dix-huit jours après en être sortis, ils peuvent pondre à leur tour. D'après ces observations, et les cal- culs de l’auteur, deux poux femelles peu- V vent avoir dix-huit mille petits enfaus dans l’espace de deux mois. Linné a regardé le pou qui se tient con$tamment sur la tête, comme une va- riété du pou commun, dont il diffère , en ce qu'il a la peau plus dure et plus colorée; le corselet et les anneaux de l’abdomen bor- dés de chaque côté d’une raie noire où … d’un brun obscur. On connaît un assez grand nombre d’es- pèces de poux, qui vivent sur différens ani- maux dans les deux mondes. 1438 ver LS RL AC PERMET tr (nn 4 nuint ñ APTRNTRREX : L VLCERRA CUS | 2941 : Insectes. Pl.107. Baraband del. Huber Seufr. 1.Podure verte. 5$.Trombidion des 2.Pou humain, temturiers : 3.Pou du pubis, G,Maitte reduve. 4, Pou de la Cigogne 7 Pince cancroïde. "RU" de à” fe. de Léa LA "7 DES POUX. \ . . 257 LI2 : s Le Pou humain, Pediculus humanus. Il est d’un blanc sale, sans tache, avec _les yeux noirs : on le trouve sur le, corps des hommes. L'espèce qui vit sur la tête est ordinairement plus petite, d’une cou- leur cendrée, avec les côtés du corselet et du ventre bordés d’une raïe noiïrâtre divisée en autant de petites taches qu'il y a d’an- neaux. Le Pou du pubis, Pediculus pubis. Il est un peu plus petit que le précédent; son corps est plus large, plus arrondi, et d’une couleur plus brune ; il est un“peu échancré postérieurement; ses pates sont en forme de pinces. Il s'attache aux poils des parties et, à ceux des sourcils des hommes malpropres, et y tient fortement; sa piqüre, qui est très vive, l’a fait nommer par quelques na- turalistes, pediculus ferox. Il est connu en français sous le nom de morpions di * » 258 “HISTOIRE NATUR&LLE Le Pou du buffle, Pediculus Bufali. Il est un peu plus petit que le pou humain; les antennes sont courtes, divisées en cinq articles; la tête est petite, conique : tout le corps est d’un jaune fauve en dessus, avec quelques: lignes longitudinales d’un brun obscur, et cinq gros tubercules de chaque côté des bords de l’abdomen; les + pates sont grosses, courtes, de couleur brune; les crochets des tarses sont très * longs et recourbés en forme de pinces. On le trouve au cap de Bonne-Espérance, sur le buffle. Vo … â = DES PYCNOGONONS. 259 QUATRIÈME DIVISION. AGÉPHALES. CCXV: GENRE. PYCNOGONON. Caractères génériques. Antennules courtes, inarti- cylées, sans crochets à l'extrémité. — Bouche en forme de tube avancé, drob et conique, Les Pycnogonons avaient été placés par Linné avec les faucheurs phatangium. Brun- nich a formé le genre Pyenogonum avec l’es- pèce que le naturaliste suédois avaitnommée faucheur des baleines. Fabricius a établi, à côté de celui-ci, le genre zymphon, et a pris pour type de ce genre le pycrogorum grossipes d'Othon Fabricius. Ces deux genres font par- tie de l’ordre des ryngotes du système de Fa bricius. Selon M. Savigny, les pyenogonons font le passage des arachnides aux crusta= cés. Enfin, dans la méthode de M. Leach, ils Rton le premier ordre de la FAN des céphalostomates, celui des podosomates. .… . 260 HISTOIRE NATURELLE 11 le partage en deux familles : les pycnogo- "nides et les nymphonides, dont les carac- tères sont fondés sur l'absence ou la pré- sence des mandibules. Le corps des pycnogonons est ordinairé- ment linéaire, avec les pieds très longs, de neuf à huit articles, et terminés par deux crochets inégaux paraissant n’en former qu'un seul, et dont le petit est fendu. Le premier article du corps tenant lieu de tête et de bouche , forme un tube avancé, presque cylindrique ou en cône tronqué, simple, mais offrant quelquefois des apparences de sutures longitudinales ( Pnoxiome), avec une ouverture triangulaire ou figurée en _ trèfle à son extrémité. À sa base supé- rieure sont adossés , dans plusieurs, deux mandibules et deux palpes, que les auteurs ont pris pour des antennes: on ne voit, dans d’autres , que cette dernière paire d’orga- nes ; il en est enfin qui en sont privés, ainsi que de mandibules. Les mandibules sont avancées, cylindriques, ou presque filfor- mes , simplement prenantes, plus où moins longues , composées de deux articles, dont € h #, DES PYCNOGONONS. - 261 le dernier, en forme de main ou de pince, avec deux doigts; le supérieur est mobile, et représente un troisième article; l’inférieur est quelquefois plus court : ces mandibules ont aussi la forme de petits pieds. Les deux palpes, insérés sous l’origine des mandibu- les, sont filiformes, de cinq articles, avec un crochet au bout du dernier. Chaque seg- ment suivant, à l'exception du dernier, sert d’attache à une paire de pieds ; mais le pre- mier, ou celui avec lequel s'articule la bou- che, a sur le dos un tubercule portant de chaque côté deux yeux lisses, et en dessous , dans les femelles seulement, deux autres petits pieds repliés sur eux-mêmes jet por tant les œufs, qui sont rassemblés autour d’eux en une ou deux pélotes, ou bien en manière de verticilles; le dernier segment est petit et percé d’un petit trou-à son ex- trémité; on ne découvre aucun vestige de stygmates, et peut-être respirent-ils par cette ouverture, Les pyenogonons se tiennent sur les bords de la mer, parmi les varechs et les confer- ves, et s'y nourrissent de petits animaux LA 262 HISTOIRE NATURELLE marins ; quelques uns vivent sur les cétacés. Ils marchent très lentement, ets’accrochent par leurs ongles aux corps qu'ils rencon- trent. Le Pycnogonon des Baleines, Pycno- gonum Balænarum. Il a le corps ovale, l’abdomen dilaté, mu- riqué, de couleur rouge en dessus; le rostre ou bec, en forme de tube, avancé, droit, obtus à son extrémité, qui a une ouverture arrondie , entière; deux antennules presque de la longueur du tube, à la base duquel elles sont insérées; les pates ont leurs articula- tions anguleuses. On le trouve en Norwége, dans l'Océan, sous des pierres. Le Pycnogonon grossipède, Pyeno- gonum grossipes. G. Nymphon. Larr. Son corps est glabre, long d’un demi- pouce sur une demi-ligne de large, cylin- “drique, couvert d’une membrane lisse, peu * 8 DES PYCNOGONONS. 263 dure, et semblable à celle des squilles ; sa couleur est tantôt rougeâtre, tantôt blanchâtre, quelquefois, mais rarement, verdâtre. Suivant Fabricius , il s’insinue entre les valves des coquilles, des moules, et épuise l'animal à force de le sucer. . On trouve cet arachnide parmi les ulves, les conferves , et sous les pierres des bords de la mer, en Norwége et dans le Groën- land. Le Pycnogonon velu, Pycnogonum hirtum. G. Phozichile. Lawr. Il ressemble au précédent; mais son corps est hérissé de poils et d’aspérités. On le trouve dans les mêmes lieux. 264 HISTOIRE NATURELLE CCXVI GENRE. TROMBIDION. Caractères génériques. Deux antennules filiformes , plus longues que la tête, courbées, composées de … “quatre articles, dont le dernier terminé en pointe aiguë, inséréessà la partie latérale de la trompe. — Bouche munie de mandibules , de mächoires et d'une lèvre inférieure. — Deux yeux. —Abdomen confondu avec le corselet. Lxs trombidions sont, en général, d'assez petits insectes ; ils ont le corps court, dé- primé, soyeux ; la tête petite, point d’anten- nes , et huit pates : pour la forme du corps, ils ressemblent beaucoup au mites acarus de Linné et de Geoffroy, avec lesquelles ces deux auteurs les ont confondus; mais ils en diffèrent par les parties de la bouche, les mites n'ayant qu’une trompe ou suçoir sans mandibules ni mâchoires. ‘ La tête est très petite, pointue, peu dis- tincte du corselet, et dépourvue d’antennes; les yeux sont petits, arrondis, peu visibles, placés au milieu du front. DES TROMBIDIONS. 265 La bouche est composée de deux mandi- Pules, de deux mâchoires et d’une lèvre in- férieure ; les mandibules sont droites, avan- cées, comprimées , munies d’un ongle re- courbé très aigu; elles sont insérées dans la lèvre inférieure ; les mâchoires sont très courtes, recourbées , rapprochées; la lèvre est membraneuse, avancée, conique, velue, . et contient les mandibules. Les antennules, au nombre de deux, sont. ? filiformes , plus longues que la tête, compo- sées de quatre articles, dont le dernier est terminé par un crochet, et par un corps ovale mobile, placé en dessous du crochet; elles sontinsérées à la base des mandibules , qu'elles recouvrent. - Le corselet ne se distingue pas de l’abdo- men; celui-ci est très grand, souvent dé- primé : on n’y remarque aucun segment. Les huit pates sont assez longues, divi- sées en plusieurs articulations ; elles sont at- tachées par paire au-dessous de l'abdomen; dans quelques espèces, elles sont faites en nageoires. Les trombidions ont le corps mou; dans “0 23 266 HISTOIRE NATURELLE quelques espèces, il a des rides transver- sales et longitudinales irrégulières ; dans d’autres, il est couvert d’un duvet soyeux très serré, assez long : ce duvet, en forme de poils, fait paroître le corps comme ve- louté. Chaque brin est d’une grosseur égale dans toute sa longueur, arrondi à son ex- trémité, et a la figure d’un petit cylindre. Les pates et les antennules sont couvertes " “de poils semblables, mais plus courts et en moindre quantité. Presque tous les trombi- dions sont aquatiques ; on les trouve dans les eaux dormantes, où ilsnagent avec beau- coup d’agilité, en faisant mouvoir leurs pa- tes; et lorsqu'ils sont au fond de l’eau , ils y marchent très vite. Ils sont ovipares; les femelles déposent leurs œufs sur les gros insectes aquatiques. On trouve souvent sur différentes parties du corps des ditiques, des notonectes et des nèpes, de petits corps en forme de grains ovales , d’un rouge très vif, qui y sont comme implantés ; ce sont les œufs des trombidions, et ils y restent atta- chés jusqu'à ce que les petits en sortent. Comme ces œufs sont de différentes gros- DES TROMBIDIONS. 267 seurs, et qu'ils croissent journellement, il y à apparence que cette augmentation de volume n’a lieu que parun suc nourricier, qui passe du corps de l’insecte dans l’œuf: aussi voit-on souventles insectes qui en sont chargés, être faibles et languissans; ce qui prouve qu'ils les nourrissent de leur substance. Ces œufs paräissent encore cau- ser une sorte d'inquiétude et desdémangeai- sons à ces insectes , si on enljuge pa le mouvemens qu’ils font pour s’en débarräs- ser, en frottant avec leurs pates les endroits où ils sont attachés, sans potvoir y par- venir. Quoique les trombidions forment un genre assez nombreux, les lieux qu'ils habitent empêchent les observations qu’on pourrait faire pour savoir la durée de leur vie, l’in- tervalle que la femelle met entre Paccouple- ment et la ponte , et le temps que les petits sont à sortir de l'œuf. Quant à leur nourri- ture, il est présumable qu’elle est analo- gue à celle d’un grand nombre de mites qui sont carnassières , et qu'ils vivent de dif- férens insectes qu’ils trouvent dans les eaux. 268 HISTOIRE NATURELLE On. ‘connaît environ quarante espèces de cés insectès. 4 Le Trombidion des Teinturiers, 7rom- . bidium T'inctorium. Il a environ quatre lignes et demie; le corps est ovale, plus gros à sa partie anté- rieure qu'à sa partie postérieure,, qui est btuse. Il est d’une belle couleur rouge, a de poils soyeux qui le font PE velorité ; la tête est très petite, et presque entiérement cachée par les antennules,, qui sont longues, recourbées : elles ont, ainsi - que les pates, des poils assez longs, mais en moindre quantité que le corps, et sont de le même couleur. * Onle trouve en'Afrique’et dans l'Inde. » Le! Troffbidton satiné, Zrombidium ” V » holosericeum. Il a une ligne et demie dé longueur ; le corps est ovale, un peu allongé, légèrement aplati, mollasse, d’un rouge de carmin , soyeux et comme satiné. DES DHPRENRIONS 269 On le trouve en Europe, aux environs de Paris, danis les prés et Les gazons un peu secs. Le Trombidion aquatique, Trombi- dium aquaticum. * G. Limnochare. Lan. Il ressemble au précédent par la gran- deur, la forme et les couleurs; on pourrait le prendre pour la mémé espèce, si ce n’est qu'il ne peut vivre hors de l'eau, et que l'autre y périt. : t On le trouve dans les eaux dormantes#il nage fort vite. EE" Le Drome étendu, Fin extendens. G. Eylais. Larr. Il est très petit, arrondi, rouge; son corps est convexe, luisant, glabre, sans taches, tant en dessus qu’en dessous; les yeux sont rouges, au nombre de quatre, mais telle- ment rapprochés, qu'ils ne paraissent dis- tincts qu'à une certaine position, au moyen 270 HISTOIRE NATURELLE de la loupe. Les palpes sont petits, composés detrois articles. Les pates sont rouges, les deux dernières sont plus longues que les autres, et entiérement glabres; elles res- tent étendues sans mouvement lorsque l’in- secte nage. On le trouve dans les eaux stagnantes des environs de Paris. Le Trombidion géographique, Zrom- bidium geographicum. # * G. Hydrachne. Lan. Cette espèce a un.peu plus de trois lignes de long; son corps est légèrement tomen- teux, noir, avec quatre taches et quatre points. Les points rouges sont situés sur le dos , entre les taches ,et marqués d’un petit point noir dans leur centre. Les yeux sont rouges, très petits; les palpes sont composés de trois articles, et de la longueur des trois premières pièces des pates; celles-ci sont noires, plus courtes que le corps, velues , et composées de six pièces : quand on touche cette espèce elle feint d’être morte. DES TROMBIDIONS. 271 On la trouve dans les eaux mn à Le des environs de Paris. À la suite des hydrachnes de M. Latreille viennent se placer les genres suivans : G. Cars, Caris. (Voyez les Caractères, page 198. ) Le Caris de la Chauve-Souris, Caris Vespertilionis. Il est extrêmement petit, ovale, brun, aplati, et semblable à un exode : on le trouve sur les chauve-souris. G. Lerre, Leptus. (Voyez les Caractères, page 199.) Le Lepte automnal, Leptus autumnalis. Il est très petit et d’une couleur rouge; il grimpe, s’insinue dans Ja peau, à la ra— P ; cine des poils, et cause des démangeaisons très vives; il est connu vulgairement sous le nom de rouget, par les habitans des cam- pagnes. Dans le département de la Charente- Inférieure, on lui donne le nom de vendan- : 272 HISTOIRE NATURELLE geron, parce qu'il est très commun à Fépo- que des vendanges, et qu'il cause des dé- mangeaisons très vives à ceux qui vont dans les vignes. On apaise les douleurs causées par cet insecte, en se frottant avec de l’eau mélée d’un peu de vinaigre. Il est commun dans toute la France: LE G. AstoME, Astoma. (Voyez les Caractères, page 199.) L'Astome parasite, /stoma parasitica. P ; P . Cette espèce est de la grosseur d’une ut de pavot ; son corps est mou, ovoide et d’une belle couleur rouge : il a six pates très courtes. à ” Elle vit parasite sur plusieurs insectes, et surtout sur les diptères. G. OcyrèrTe, Ocypetes. » (Voyez lés Caractères , page x99:) L'Ocypète rouge, Ocypetes rubra. Elle est très petite, rouge; son corps est garni de poils cendrés roussâtres ; ceux du + ’ DES TROMBIDIONS. 273 dos sont longs et rares; ceux des pates sont très courts; les yeux sont d’une couleur noirâtres Cette espèce est très commune sur les di- ptères de la tribu des tipulaires. CEXVII GENRE. MITE, Caractères. génériques, Deux antennules courtes, droites , filiformes , composées de trois articles distincts, änsérées À la partie latérale de la bouche. — Bouche composée d’un suçoir et d’an- tennules, sans trompe, — Deux yeux. — Abdo- men confondu avec le corselet. Les mites ont beaucoup deressemblance avec les trombidions yet elles n’en diffèrent essentiellement que par les parties de leur bouche, qui est composée d'un suçoir et d’antennules. Le suçoir est court, avancé, droit, cylindrique, roide, formé de deux valves; les valves sont égales, démi-cylin- driques , obtuses, horizontales ; la valve su-" périeure est fendue à sa base, les deux divi- 274 HISTOIRE NATURELLE sions sontégales , cylèx driques ; l’inférieure est plane, Les'antennules, au nombre de deux, sont comprimées, égales, avancées, de la lon- gueur du suüçoir, obtuses, roides et triarti- culées ; les articles sont égaux ; elles sont in- sérées à la base et sur les parties latérales du suçoir. La tête est petite, ordinairement conique, et pointue antérieuremént ; peu distincte du corselet, sans antennes, munie de "deux yeux à réseau placés à sa partie antérieure et latérale. . Le corselet ne se distingue pas de l’abdo- men ; il est très petit, souvent d’une autre couleur que le reste du corps, et de sub- stance cornée. L'abdomen est ordinairement gros et ovale, plus ou moins allongé, quelquefois presque arrondi, souvent aplati, lisse, garni de longs poils. Les pates, au nombre de huit, sont ordi- nairement longues, divisées en plus ou moins d'articles; les tarses sont souvent ter- minés par des poils, ou par une petite partie DES MITES. 275 vésiculeuse garnie de crochets env dessous ; elles sont attachées par paires au-dessous de l'abdomen. u Les mites sont, en général, des insectes très petits, dont on ne peut bien voir toutes les parties qu'avec le secours de la loupe ou du microscope, la plupart des espèces n’ex- cédant pas la grosseur d’un grain de sable ordinaire ; elles sont très remarquables etse rencontrent presque*partout, c Toutes les mites sont ovipares ; les femelles pondent des œufs après s’être accouplées, et souvent elles sont très fécondes; mais ce qu’il ya de remarquable, c’est que les jeunes mites qui sortent de ces œufs n’ont d’abord que six pates; ce sont celles de la troisième paire qui leur manquent en naissant, et qui poussent après qu’elles ont mué ou changé de peau.rPlusieurs mites courent avec une grande vitesse, au lieu que d’autres mar- chent toujours lentement. Elles se trouvent dispersées presque par- tout ; et quoique très petites, elles font sou- vent plus de mal que tous les autres insectes, sil est vrai surtout, comme on l'a pré- + 276 HISTOIRE NATURELLE tendu, qu’elles son tla cause de plusieurs ma- ladies épidémiques qui attaquent les hommes et les animaux. Selon l'opinion de plusieurs auteurs, la dysenterie, la petite-vérole, et peut-être même la plus cruelle de toutes, la peste, seraient dues à ces insectes. On peut plus certainement regarder la gale comme une des maladies qu'ils produisent, puisqu'on trouve toujours des mites dans les plaies et les ulcères causés par ce mal. Dans l’'Amé- rique, il y en a une espèce assez grande , et prodigieusement féconde, qui habite les bois, et qui, s’introduisant dans la peau et la chair des hommes et des animaux, y cause des ulcères très dangereux, et qui même est ca- pable de donner la mort, quand elle s'y est attachée en quantité. D’autres mites se tiennent sur les qua- drupèdes et sur les oiseaux, dont elles su- cent continuellement la peau, de la même manière que les poux; on en trouve même plusieurs espèces qui se cramponnent sur le corps de différens insectes, et même sur les limaçons des-jardins; elles vivent du suc qu’elles pompent de la peau de ces animaux, LA DES MITES. 277 par le moyen de leumtrompe. D’autres ha- bitent les feuilles des arbres ét des plantes et le dessous de l'écorce des vieux troncs d’ar_ bres; il y en a d’autres qui se trouvent dans la farine, sur le fromage, sur le lard et la viande sèche, et sur les vieilles confitures sè- ches, où elles se multiplient souvent prodigieu- sement : aussi ne doit-on pas manger de ces sortes de confitures, gardées depuis long- temps, sans les avoir auparavant examinées à la loupe, pour ne pas risquer d’avaler des milliers de ces petits animaux, qui peut-être pourraient causer des maux d’estomac ou d’autres incommodités. On en trouve encore dans les tonneaux et autres futailles, où l’on garde de la‘bière qui commence à s’aigrir, et ce sont elles qu’on croit donner la dysenterie à ceux qui boivent d’une telle bière. Toutes ces sortes de mites sont encore connues sous le nom de ciron. Plusieurs mites demeurent dans la terre : et sur la terre, et d’autres sont aquatiques , et vivent dans les eaux des lacs ét des marais, Les mites qu'on pourrait appeler ris _ a 24 é 278 HISTOIRE NATURELLE domestiques, parce qu'on les trouve dans les maisons, sur différentes provisions de bouche, sont celles qu’on a le plus obser- vées. Elles multiplient beaucoup, sont très agiles , et courent avec beaucoup de vitesse. Le microscope fait voir qu’elles sont velues, et que leurs pates sont terminées par une petite partie ovale, transparente, enflée comme une petite vessie à long col ayant en devant une espèce de fente ou séparation ; la mite peut donner à cette vessie toute sorte d’inflexions, et souvent elle la met dans une position perpendiculaire à la pate, avec la- quelle elle fait un angle droit; elle peut en- core gonfler et contracter cette espèce d’em- patement qui, quand il est posé sur le plan où la mite marche, s’élargit et se gonfle, au lieu que quand la pate se trouve le- vée, la vessie disparaît presque entièrement. Leuwenhock a dit avoir vu une de ces mites saisir avec un de ses crochets, un des poils d’une autre mite, et la soulever en l’air. Cest au moyen de ces crochets qu’elles se fixent sur les objets où elles marchent. L DES MITES. 79 Toutes les femelles de ces mites, qui sont toujours plus grandes que les mâles, ont au, derrière une petite partie cylindrique, creuse comme un tuyau. Cette partie donne peut-être passage aux œufs qu’elles pon- dent, puisqu'on ne la trouve jamais sur les mâles; et au-dessous de ce tuyau est une petite éminence, où vraisemblablement se trouve l’ouverture de l’anus. En regardant ces mites au microscope, on voit que leur corps est entièrement cou- vert de longs poils, qui les font paraître tout hérissées, Ces poils, qui ressemblent à de longs piquans courbés, ont de chaque côté un grand nombre d’antres petits poils; mais ce qu'ils ont de plus singulier, c’est qu'ils sont mobiles. Degéer dit avoir vu très distincte- ment l’insecte les mouvoir de côté et d’autre, ce qui prouve que chaque poilka communi- cation avec un muscle qui lui donne le mou- vement. Ils sont placés sur le corps en ordre régulier; on en voit toujours deux de lon- gueur égale sur la tête, ils représentent deux petites antennes. On ne distingue point de petits poils latéraux aux poils qui couvrent r. 280 HISTOIRE NATURELLE les pates, et ils sont beaucoup plus fins que ceux qui couvrent le corps. # Après l’accouplement, les femelles pon- dent des œufs ovales très blancs, transpa- *rens, et d’une pétitesse extrême. Au rapport de Leuwenhoek, il sort de très petites mites de ces œufs huit jours après qu'ils ont été pondus. Cet auteur dit encore que les mites naissent uniquement avec six pates. Degéer, qui a vérifié cette observation, a remarqué que ce sont toujours celles de la troisième paire qui manquent, mais qu’elles poussent ensuite quand la mite avance en âge. Cette observation mérite atteñtion, à cause de.sa singularité. Mais on n’a pas encore cherché à voir à quel âge ces deux nouvelles pates leur viennent. Ce n’est pas seulement en été que Îles mites pondent un grand. nombre d'œufs; elles multiplient aussi en hiver, etsont même alors très agiles, pourvu que le froid ne soit pas trop vif. On trouve dans la farine des mites très petites; elles marchent très vite, et on a re- marqué qu'elles aiment à s’enfoncer très avant flottes à à is. did. 4 29. 1 DES MITES. 287 dans cette substance. Comme elles sont im- perceptibles à la vue, on peut s’imaginer facilement combien il en entre dans le pain que l’on mange, surtout dans celui de vieille farine. Dans les ulcères produits par la gale sur les mains et les autres parties du corps hu- main, on trouve de très petits insectes du genre des mites, qui n’ont pas été inconnus aux naturalistes. Cette mite est regardée comme l'unique cause de cette maladie. Linné en parle de cette manière. « Cette mite habite sous la peau humaine, où elle cause la gale; elle y produit une’pctite vésicule, d’où elle ne s'éloigne guère: après avoir suivi les rides de la peau, elle se repose, et excite une démangeaison. Celui qui y est accou- tumé peut aisément là voir à l'œil simple en dessous de l’épiderme, etil est facile de l’ôter avec la pointe d’une épingle. Quand ônla place sur l’ongle, elle ne se remue presque point d’abord ; mais en l’échauffant par l’ha- leine, elle se met à courir avec vitesse. C’est par le moyen de ces insectes que la gale se .. v 282 HISTOIRE NATURELLE communique si aisément, les vêtemens des : galeux en étant souvent remplis. » Il y a une autre espèce de mite qui de- puis long-temps est connue sous le nom de ricinus, et de tique en français. Elle se trouve souvent sur les chiens, et particulièrement sur ceux de chasse, qui les gagnent dans les bois, où ces insectes habitent. Cette mite, qui est de la grosseur d’une graine de na- vet, s'attache fortement par la trompe à la peau de l’animal , qu’elle perce avec cette même trompe, pour en tirer le sang, dont elle est très avide; et elle y tient si fort, qu’on a de la peine à l’en arracher sans la blesser. Le ventre de ces mites, à mesure qu’elles sucent le sang , enfle et augmente tellement, qu'il a quelquefois sept à huit lignes de lon- gueur. Quand elles en trouvent l’occasion, elles s’attachent aussi à la peau des hommes, la percent, introduisent dessous presque toute leur tête, et à force de la sucer, y produisent des taches rouges. On les trouve aussi souvent sur les bœufs. La tête de cette mite est séparée du corps par un étrangle- DES MITES. 283 ment ou une incision ; elle est mobile : de sorte que l’insecte peut la courber en des- sous; c’est ce qu’il faitsouvent en marchant : elle se prolonge en devant en une espèce de trompe écailleuse. Cette trompe, qui a la forme d’un stylet cylindrique, un peu pointu au bout , et beaucoup plus long qué la tête , est garnie , le long de ses côtés } de deux rangs de dentelures en forme de dents de scie assez grandes, dont les pointes sont di- rigées en arrière. C’est au moyen de ces den- telures que la mite qui a introduit sa trompe dans la peau de l'animal , y tient si forte- ment, et se laisse si difféilentent arracher de la plaie. Sur les bœufs , les moutons et les chiens, on trouve en été des mites connues ancien- nement sous le nom de reduvius ; elles sont” les plus grandes de ce genre, mais elles ne le sont pas toutes également. Les plus gran- des ont trois lignes et demie de longueur sur deux et demie de largeur : il y en a de deux couleurs. Les plus grandes sont d’un gris ardoisé , les autres d’un rouge jaunâtre ; mais les unes et les autres ont les pates noi- . L 28/4 HISTOIRE NATURELLE res. Les premières se trouvent ordinairement sur les bœufs et les chiens; les autresisur les moutons. Ces mites marchent lentement et avec pesanteur, en traînant le ventre sur le plan de position ; mais elles ont beaucoup de facilité pour s'attacher avec leurs pates à tous les objets qu’elles rencontrent, même au verre de plus poli. Degéer a fait sur ces mites une observation des plus curieuses, c’est qu’en dessous du ventre de plusieurs d’entre elles, se trouvait attachée une autre . mitte toute noire et beaucoup plus petite, "n'ayant que la grandeur d’une graine de na- | vet,et qui leur embrassait le ventre avec ses pates, se tenant dans un profond repos.« J'ai toujours remarqué , dit-il, que cette petite mite se tient constamment attachée au ven- atre dela grande, dans une position renver- sée’, éxactement entre les deux pates posté- rieures , et jamais plus haut ni plus bas; la tête se trouve toujours placée dans une par- tie où il y a une petite éminence dont je ne connais point la destination. J'ai vu distinc- tement, et à n’en pouvoir douter, que la petite mite avait sa trompe enfoncée dans DES MITES. 285. cette éminence, où par conséquent il doit se trouver uñe ouverture que j'ai même cru. voir, en y observant une petite fente trans- versale , et que les bras en masse étaient alors considérablement écartés vers les côtés, et appliqués sur la peau de la grande mite. J'ai observé qu’elle gardait cette position plusieurs jours de suite sans changer de place, la grande mite se promenant partout char- gée.de la petite mite, qui ne l’abandonnait pas. Mais pourquoi, et dans quelle inten- tion la petite mite se tient-elle attachée à la grande ? Serait-elle une ennemie occupée à la sucer, ou bien serait-ce un accouple- ment ? Dans la première supposition, il me semble que la mite attaquée donnerait quel- que signe d’incommodité, et s’affaiblirait peu à peu jusqu'à extinction de sa vie, ce dont je ne me suis point aperçu; au contraire ; elle me parut se bien porter plusieurs jours de suite, même après que la petite mite l’eut . abandonnée. J'ai done tout lieu de croire que l'union intime de ces mites est un véri- table accouplement en quelque sorte sem- blable à celui des araignées, dont la femelle Le 286 HISTOIRE NATURELLE a également la partie du sexe placée en des- sous du ventre, et que la petite mite est le mâle de la grande, surtout comme elles se ressemblent d’ailleurs dans la conformation de leurs principales parties , excepté que le mâle supposé est considérablement plus pe- tit, que son corps est plus ovale, et couvert d’une peau écailleuse : dans les araignées, le mâle est de même toujours beaucoup plus petit que la femelle. Dans la supposition assez probable que l'union de ces mites est un véritable accouplement, c’est toujours un accouplement des plus singuliers, et dont la vraie opération est difficile à démêler : il ressemble beaucoup à celui des araignées , et peut-être que ce sont les bras qui contri- buent à la fécondation , comme dans ces der- niers insectes. » Il y'a une autre espèce de mite fort pe- tite, qui, vers la fin de l'été et pendant tout l'automne, se trouve en quantité sur les feuilles de plusieurs arbres et plantes, en particulier sur celles du tilleul. On les voit en très grand nombre courant avec vitesse en dessous des feuilles, dont elles tirent la DES MITES. 287 nouxriture en les piquant et les suçant. Linné ; a observé que ces mites se trouvent encore , L2 en nombre prodigieux sur les plantes exo- tiques de plusieurs espèces qu’on cultive dans les serres, et qu’elles font souvent périr. Ce que ces mites ont de remarquable et de Bien singulier, c’est qu’elles savent filer comme les araignées. Elles tapissent la surface des feuilles où elles demeurent d’une toile de soie fort mince, et marchent continuelle- ment sur cette toile, ou bien entre elle et la superficie de la feuille. La petitesse de ces insectes n’a pas permis d'observer de quelle partie du corps sortent les fils avec lesquels ils travaillent à leur toile. M. Geoffroy est de l'opinion que le vent emporte en l'air ces toiles, que l’on voit si souvent en automne voltiger et tomber dans la campagne et les jardins, et que le peuple nomme des fils de la Vierge. Mais Degéer n’est point de cette opinion, qu'il combat, « Ces fils, dit cet au- teur, sont trop minces pour pouyoir former ces grands flocons qu'on voit voltiger en l'air et s'attacher à tout ce qu'ils rencontrent, J'ai toujours trouvé dans ces flocons de pe- 288 HISTOIRE NATURELLE tites araignées dont ils sont certainement l'ouvrage, et même j'ai vu de nouveaux fils se former par les mêmes araignées, qui les dévidaient tout en voltigeant dans l’air. Dans l’Amérique, tant septentrionale que néridionale , mais plus particulièrement dans les provinces du midi, on trouve, dans les bois et les forêts, une quantité innom- brable de mites assez grandes, qui sont le ‘fléau des hommes et des animaux. Pendant tout l'été , elles se tiennent sur les buissons et les plantes, et surtout sur les feuilles sèches dont le terrain est jonché ; elles y sont dans une si grande abondance, que dès qu’on s’a- vise de s'asseoir par terre, on en a bientôt les habits, même le corps, tout couverts; et elles cherchent quelque endroit nu pour s’y fixer dans l'instant, en introduisant leur trompe dans la peau. Ceux qui marchent pieds nus dans les bois, en ont bientôt les piedset lesjambes pleines. Ellesnes’attachent pas seulement aux hommes , mais aux che- vaux etaux bêtes à cornes, qu’elles font sou- vent périr , en se fixant en trop grand nom- bre sur leur corps, dont elles sucent le sang. ee dur tt sal dé él dés | DES MITES. 289 Elles percent la peau si subtilement, que les personnes attaquées ne sentent pas d’abord leur piqüre, et nes’enaperçoivent que quand elles se sont introduites si avant dans la chair, que la moitié de leur corps s’y trouve en- gagé; c’est alors qu’on sent d’abord une forte démangeaison, ensuite une douleur assez vive à l'endroit piqué, où s'élève une en- flure assez dure, de la grosseur d’un pois - ou même plus grande. Il est alors très dif- ficile de s’en défaire; car en voulant retirer la mite, elle se rompt plutôt que de lâcher prise; de sorte que la téte et la trompe res- tent dans la plaie, ce qui y produit bientôt une inflammation et ensuite une suppuration qui rend souvent la plaie profonde et dan- gereuse, y causant en même temps une dé- mangeaison insupportable. Ce n’est qu’en scarifiant la chair tout autour, qu'on par- vient quelquefois difficilement à l’ôter entiè- rement de l'endroit où elle s’est logée; ou bien on se sert d’une petite pince pour la ti- rer dehors ; mais elle se tient si fortement cramponnée, que dans cette opération on enlèvesouventunepartie de la peau, M. Kalm r 25 290 HISTOIRE NATURELLE dit avoir vu des chevaux qui avaient le des- sous du ventre, et d’autres endroits du corps si couverts de ces mites, qu’à peine pou- vait-on introduire entre elles la pointe d’un couteau ; elles s'étaient profondément en- foncées dans la chair de l'animal, qui enfin continuellement sucé par ces insectes, y suc- comba, et se trouva si affaibli, qu'il mou- rut dans de grandes douleurs. Ces mites ont la peau si dure et si co- riace, qu’on a de la peine à les écraser. Elles vivent ét marchent encore long-temps après qu’on leur a coupé la tête et une partie du devant du corps. M. Kalm & observé que, quand elles se sont bien rassasiées de sang , elles tombent d’elles-mêmes de l'endroit où elles s'étaient fixées. Au rapport du même auteur , elles pondént une prodigieuse quan- tité d'œufs: il a jugé qu’en un monceau d’œufs pondu par uneseule, il pouvait y en avoir mille, et la même mite continua à en pon- dre davantage. On connaît un très grand nombre d’es- pèces de ces insectes; beaucoup se trouvent en Europe. mn fe cf item. né dé, DÉS MITES, 291 La Mite Tique, Æcarus Ricinus. G. Zxode. Lama. Elle est ovale, de couleur rougeâtre , quelquefois jaunâtre : elle a une grande tache brune en forme de corselet à la partie antérieure de son corps. Ses antennules sont de la longueur de son bec, grosses et un peu en masse. Elle s'attache aux chiens : on la voit sou- vent pendue aux oreilles des chiens de chasse, qui en gagnent beaucoup dans les bois, où se trouve communément cette mite. La Mite Reduve, Acarus Reduvius. Elle ressemble un peu à la punaise des lits, et elle est un peu plus grande. Son corps est aplati, quelquefois de couleur grise, d’autres fois jaune , un peu rougeâtre, avec une tache noire ovale à la partie anté- rieure du corps. * M. Latreille (Règne Animal, tome IT , p. 122) regarde cette espèce comme étant la même que la précédente, … fm |: Go nl d LA DL 2 D 292 HISTOIRE NATURELLE On trouve ordinairement la grise sur les bœufs et sur les chiens; la rouge, sur les moutons, Joy. Génér, de ce genre. La Mite américaine, Æcarus ameri- canus. G. Ixode. LaTR. Elle a le corps de forme ovale, très aplati, avec le bord épais, la tête petite, le bec avancé, roide : elle est d’une couleur foncée, avec une tache ronde , blanche, au milieu du dos, et une plus petite de même couleur de chaque côté du corselet. Les pates sont assez longues , de couleur rousse, avec les articulations blanches. On la trouve en Amérique : elle vit sur les bœufs et sur les chevaux. La Mite du Moineau, Æcarus Pas- serinus. Elle est très petite, brune, ovale, et res- semble un peu à la tique des chiens ; elle a un point noir sur le milieu du corps; les pates sont d’un brun un peu plus clair que Léébains hs. dd Des: : L 4 à À NT OT RE TT + DES MITES. 293 le reste; celles de la troisième paire sont très longues ; les cuisses seules égalent pres- que la longueur du corps, les autres pates sont très petites. On la trouve sur différens oiseaux de l'ordre des passères. La Mite Coléoptère, Æcarus Co- leoptratus. G. Gamase. Lam. Elle est très petite, noire, lisse ; l’abdo- men à de chaque côté de sa partie anté- rieure un angle avancé vers la tête, et un rebord tout autour, comme on en voit À celui de quelques coléoptères. On la trouve sur les pierres et les vieux murs. La Mite Ciron, Æcarus Ciro. Elle est à peine visible : le corps est ar- rondi, d’un brun clair; l'abdomen est transparent, et a en dessus deux lignes courtes, brunes : il est terminé par deux _. 294 HISTOIRE NATURELLE petites soies. Les pates sont de la couleur du corps. Elle vit dans la farine , le fromage. La Mite de la gale, Acarus scabiei. Elle est plus petite que la précédente , de forme ovale : sa tête et ses pates sont un peu brunes ; son ventre est blanchâtre, avec deux lignes grisâtres peu marquées et cour- bées. C’est cet insecte qui occasionne les démangeaisons qu'éprouvent les galeux. Suivant Geoffroy, c’est par son moyen que la gale se communique si aisément, les vêtemens des galeux en étant souvent rem- plis. La Mite des Mouches, Æcarus Mus- Carurrt. Ælle est très petite et brune : ses pates postérieures sont très longues et très minces. On la trouve sur les mouches. DES MITES. * 295 La Mite des Coléoptères, Acarus Coleoptratorum. G. Gamase, Lam. Son corps est dur, écailleux, lisse, de cou- + leur fauve, à exception de sa partie supé- rieure, qui est blanchâtre ; ses pates posté- rieures sont longues. On la trouve communément sur les co- lécptères, et principalement sur les scara- bés, qui en ont quelquefois le dessous du ventre entièrement couvert. La Mite du Phalangium, Æcarus Phalangii. G. Érythrée. Lan. Elle est ronge , de forme ovale; sa trompe est plus longue que dans les autres espèces; son corps est lisse, couvert de quelques poils courts ; ces poils sont garnis de petits poils qui les font paraître hérissés ; ses pates sont d’égale longueur, et moins rouges que le corps. 296 = HISTOIRE NATURELLE On la trouve sur les faucheurs et sur quelques espèces d'araignées. La Mite tisserand , Æcarus telarius. G. Gamase. LATR. & Elle est très petite, de couleur brune un peu jaunâtre ; avec un point brun de cha- que côté de l'abdomen. On la trouve en automne sur différens arbres, et particulièrement sur le tilleul, dont elle ronge les feuilles; elle file une toile comme les araignées. V’oy. Génér. de ce genre. La Mite domestique, Æcarus do- mesticus. On trouve ordinairement cette espèce dans les collections d'insectes et d'oiseaux : son corps est ovale, un peu allongé; elle est d’un blanc sale, avec deux points bruns, dont un à la partie antérieure du corps, et l’autre à la partie postérieure; le corps est couvert de quelques poils longs. On la trouve dans les maisons. DES MITES. 297 La Mite népiforme, Æcarus nepi- Jormis. G. Trogule. Larr. Son corps est ellipsoïde, d’un cendré terreux, chagriné, long d’environ quatre lignes. L’avancement antérieur qui recouvre l’enfoncement où sont les parties de la bou- che est triangulaire; les palpes sont fort petits; on ne distingue pas d’anneaux à sa parbe inférieure. Les tarses sont de quatre articles, dont le premier un peu renflé à son extrémité, avec l'angle extérieur prolongé en forme d’épine. On la trouve dans le midi de la France, sous les pierres. M. Latreille a placé à la suite du genre gamase son genre Crrow, Ciro. (Voyez les Caractères , page 194.) 5 26 298 HISTOIRE NATURELLE Le Ciron rougeûtre, Ciro rubens. Lan. Il est long d’une ligne à peu près; son corps est ovale et rougeätre. On le trouve en France. La Mite géniculée, Æcarus genicu- latus. G. Oribate. Liamr. Elle est longue d’un quart de ligne, ovoide, arrondie postérieurement, conique en de- vant, brune, et parsemée de poils très fins; ses pates sont de la longueur du corps; les cuisses sont renflées, et les tarses ont trois crochets à leur extrémité. On trouve cette espèce aux environs de Paris et dans toute l’Europe. La Mite érudite, Æcarus eruditus. G. Cheylète. Larr. Cette espèce est très petite et entièrement transparente ; on la trouve dans les livres DES MITES. 299 exposés à, l'humidité, dans les collections zoologiques , ete. La Mite longicorne, Acarus longi- cornis. . G. Bdelle. Lame. Elle est longue de près d’une demi-ligne , d’un rouge écarlate, avec les pieds plus pâles. Son suçoir est en forme de bec al- longé et pointu, Les palpes ont quatre ar- ticles, dont le premier et le dernier plus longs : celui-ci un peu plus court, et terminé par deux soies. Elle est commune aux environs de Paris, sous les pierres, La Mite du Sureau » Acarus Sambuci. G. Smaride, Lan. Cette mite est très petite, rouge, par- semée de quelques poils un peu longs ; les antennes et les pates .sont plus pâles. Elle marche lentement. 70 - 44 A hérité à DRE à a À Des 4 46 , Lis | Lt | 300 HISTOIRE NATURELLE On la trouve dans le midi de la France, - sur le sureau. La Mite bordée, Acarus marginatus. à G. Argas. Larr. Pe.:5 * Elle est longue de près de deux lignes, d’un jaunâtre pâle, avec des lignes couleur de sang foncé ,ou obscures et anastomosées. On la trouve sur les pigeons, dont elle suce le sang. ‘dé 1 y Ë DES PINCES. 30x CCXVIII GENRE. PINCE. . Caractères génériques. Deux antennules très lon- gues, assez grosses, articulées, terminées en pinces, insérées à la base latérale de la bouche. — Bouche munie de mandibules et de mâchoires. — Man- dibules courtes, presque cylindriques. — Deux yeux. — Abdomen simple, joint au corselet, — Point de lames sous le corps. , Linné et M. Fabricius ont placé, avec les scorpions, le seul insecte qui compose ce genre. M. Geoffroy l’en a séparé, et en a fait un genre sous le nom de pince, en latin chelifer, à cause de la forme des anten- nules de cet insecte, La pince a quelque res- semblance avec les scorpions , mais elle en diffère , en ce que son corps n’est point ter- miné par une longue queue articulée, qu’elle n’a que deux yeux, et point de lames en forme de peigne sous le corps, tous ca- = ractères particuliers aux scorpions. La pince a la tête petite, jointe au cor- selet, munie de deux yeux peu visibles ; sa 302 HISTOIRE NATURELLE _ bouche est composée de deux mandibules, et de deux mâchoires ; les mandibules sont courtes, grosses, terminées en pinces; la pièce extérieure de cette pince, ou espèce … dedoïgt, est mobile, dentelée; les mâchoires sont formées par le prolongement des pièces qui servent d'insertion aux antennules. * Lesantennulessont très longues, en forme de bras, composées de cinq articles, dont le premier est court, cylindrique; le second gros, globuleux ; le troisième et le quatrième sont allongés, presque cylindriques, un peu renflés à leur extrémité; le cinquième , où la pince est très allongée, ovale, renflé dans la moitié de sa longueur, et terminé - par deux espèces de doigts, longs, effilés et courbés, rapprochés dans l’état de repos : ces doigts sont garnis de quelques poils assez longs. Le’ corselet est confondu avec la tête; il est divisé en deux par une incision transver- sale très marquée, et couvert d’une peau dure, écailleuse. L’abdomen, qui est joint au corselet, est de forme ovale, déprimé , arrondi à l'extrémité, divisé en onze an- a dl": Lg 7 , DES PINCES. 303 neaux par des incisiôns transversales ; bor- dées de poils très courts. Les pates, au nombre de huit > Sont assez longues, un peu renflées , divisées ‘en cinq articulations; les tarses sont terminés par deux petits crochets. + Cet insecte est assez petit : on le trouve dans les lieux humides, sous les pierres et les pots à fleur des Jardins, dans les endroits peu fréquentés des maisons 3 Parmi la pous-. sière, auprès des vieux livres » dans les her- biers. On croit qu'il se nourrit de petits in- sectes connus sous le nom de poux de bois: » Quand on le poursuit, où, quand il ren- | contre dans son‘chemin quelque objet qu'il SA veut éviter, il marche assez vite en avant RE, à reculons et de côté, comme les Scorpions ct les crabes, Roesel a vu lasfemelle pondre de petits œufs d’un blanc un peu verdätre’, elle les plaçait ensemble dans un petit tas 3. Mais il n’a point dit si les petits furent long- - temps à sortir de l'œuf, _s Onla troûve en Europe, d » 3oh HISTOIRE NATURELLE DES PINCES. % : . , La Pince cancroïde, Chelifer can- croides. Ælle a une ligne et demie de longueur depuis la tête jusqu'à l'extrémité du corps : elle est de couleur brune , un peu plus claires, sur lé ventre que sur le corselet; les anten- nules sont du double plus longues que le corps, portées en avant en forme de bras. ” ans les lieux humides et.dans les maisons, parmi la pous- … sière. "EE L . LA % : , . . LM v ” . 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