* HISTOIRE NATURELLE +4 + 4: : DES INSECTES. . Eve Que Te PT, a ù TOME V 11 Se "0, 2° ul * + . Se A ie a HU Ÿ: à à ” . D On PR “an e ? 2: v ue” ad À on ME DRORT E À ss PE : ie € * “4 diCdtatogue de Manuels. re ù 4 - : ee Complei PRrenlhécnaittqur ; paf mad: KColoarts je à vo _ à t * & AESoc 3 Manuel du Fabricant de Draps, par M. Bonnet, ancien fabricant à bodeve. Un vol, 3f. Manuel du Fabricant et de l'Epurateur d'Huiles, ou l'Art de gi et d’épurer tontes sortes d'Huiles, par M. Julia-Fontenelle. n vol. orné de figures." 3 f. Manïiel du Fabricant de Sucre et du Raffineur, par MM. Bla- ette et Zoëga. Un vol. 3 fr. anuel du Kondeur sur lous Métaux, par M. Launay, fondeur - de la Colonne de Ia place Vendôme. 2 vol. ornés de planches, » fr. Géographe=manuel (le nouveau), par M. Devilliers. 2° édit. PA Un vol. orné de 7 cartes. 3 fr. 5o c. Manuel des Gardes-Malades, par M. Morin, 2° éd. 1 v. 2 fr. 5o c, Manueldes Habitans de la Campagne. 1 vol. a fr. fo c. # Manuel d'Histoire Naturelle, comprenant les trois Régnesde la . - Natnxe; Par M. Boitard. 2 vol. 7 fr. Manuel d'Hygiène ; où l'Art de conserver sn Santé, par M. le docteur Morin. Un vol. , 3 fr. U Mañue? ded'Imprimeur, ou Traité simplifié et complet de cet » Art; par re E. Audouin de Géronval , et revu par M. Crapelet, imprimeur. 1 vol. " Mu nSilre Manuëêl complet du Jardinier, dédiéà M. Thouin; par M: A fre ” 3° édit, 2 vol. L Annuaire du Jardinier et de l'Agronome, par un Jardinier= eronome, 1 vol.in-18. 1fr.50c L à Annuaire paraît au 1°' janvier de chaque année, et iient au courant de toutes les Décotvertes le Manuel du Jardinier, JE tous fr autres ouvrages de jardinage. Manuel du Jaugeage et des Débitans de boissons; par MM. Lau- Mier et D... avocat. Un vol. 3 fr. Mannbl des Jeux de Calcul et de Hasard , ou Nouvelle Acadé- - mie des Jeux; par M. Lebrun, Un gros vol. 3 fr. Manuel complet des Jeux de Société, renfermant tous les jeux qui conviennentaux jeunes gens des doux sexes ; par mad. Celnart. arr). 3 fr. « Manuel du Limonadien et du Confiseur, par M. Cardelli. 1 vol. 4° édition. s a fr. 5oc. … Manuel de la Maîtresse de maison, et de la Parfaite Ména- = dre, par mad. Gacon-Dufour. 1 vol. +=. a fr. 5orc. Manutl de Mammalogie , ou Histoire naturelle des Mammifères, > . par M. Lesson. Un vol. 3 fr. oc. Manuel des Marchands de Bois et deWharbons, suivi de nou veaux Tarifs du Cubage des hois, etc.; par M. Marié de l'Isle, a vol, 2 3 fr, PET, % $ — HISTOIRE et DES INSECTES, % # COMPOSÉE 2 LA D'APRÈS RÉAUMUR, GEOFFROY, DEGÉER , à” À ROESEL, LINNÉ, FABRICIUS;, R Et les me:lleurs Ouvrages qui ont paru sur cette parties, + RÉDIGÉE SUIVANT LA MÉTHODE D'OLIVIER, M à | ET ORNÉE DE FIGURES DESSINÉES D'APRÈS NATURE. à À : PAR F. M«G. TJ. DE TIGNY,. F Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris: * TROISIÈME ÉDITION, Revue , augmentée et mise an nivéau des connaissances tuelles , ”. actuelles de, n PO PAR M. F. E. GUÉRIN, k Membre de la Société d'Histoire naturelle de Paris ee. et de plusieurs autres Sociétés savantes. #", “ TOME HUITIÈME. * 2 ‘# p Fa à X % % 3] D—— . : . PARIS, EE RORET, LIBRAIRE,RUE HAUTEFEUILLE, AU COIN DE CELLE DU BATTOIR. f. . Le 1828. ; e 2 a dans" hé ut AEEES , is à TE PU Ee WA a Ta : + +, HISTOIRE NATURELLE DES INSECTES. s. XXXII GENRE. h ICHNEUMON. + Caractères génériques. Antennes sétacées, longues, vibratiles ; articles nombreux, très courts; peu distincts. — Quatre antennules inégales, fili- _ formes ; les antérieures un peu plus longues , HISTOIRE NATURELLE ” verdâtre, bronzé, luisant; l'abdomen est ovale, en forte de boule trés allongée; la tarière est placée au-dessous de l'abdomen ; elle est d’un jaune pâle, avec l'extrémité noire; les pates sont d’un jaune brun. La femelle est sans ailes; mais elle a deux espèces de moïgnons renflés, coniques, ter- minés en pointe, attachés au- dessus de la partie postérieure du corselet, dirigés en arrière, mobiles à leur base : l’insecte les remue continuellement quand il marche. Cet ichneumon , qui n’a pas la faculté de voler, 2 celle de sauter fort loin , quoiqueses cuisses ne soient pas renflées comme celles des in- sectes sauteurs. Degéer n’a pu parvenir à voir comment il exécute ce mouvement; il croit que c'est en courbant le ventre, et en le poussant avec force contre le plan de po- sition. Cette singulière espèce habite la Suède : cette femelle est sortie d’une galle ligneuse * des tiges d’une espèce de potentille, DES UROCÈRES, 43 "XXXIII GENRE. UROCÈRES. G. Sirex. Lure, Caractères génériques. Antennes filiformes; articles | courts, égaux, cylindriques et distincts. — Quatre antennules très courtes, inégales ; les antérieures composées de deux articles égaux ; les postérieures de quatre articles, dont le dernier plus gros. — Ventre joint au corselet, et terminé par une pointe forte, un peu aiguë. — Aiguillon dentelé, caché sous une gaïne creusée en gouttière dans les femelles. — Trois petits yeux lisses. Lxs urocères ont les antennes composées d’un grand nombre d'articles égaux; elles sont placées à la partie antérieure de la tête , rapprochées à leur base, La tête est grosse, arrondie antérieure- ment , appliquée contre le corselet. Le corselet est grand , un peu échancré antérieurement, sos L’abdomen est d’égale grosseur dans toute sa longueur, intimement joint au corselet, terminé par une pointe dentée. Au-dessous fn … HISTOIRE NÂTURELLE … de celui des femelles est une longue tarière _ qui a son origine vers le milieu; cette ta- rière est renfermée entre deux lames écail- leuseszelle se prolonge au-delà de la pointe de l'abdomen. Les quatre pates antérieures sont de lon- gueurmoyenne ; les postérieures sont plus Jongues, “@ Les aîles sont membraneuses, de la lon- ‘gueur.du.corps. » Les mœurs de ces insectes nous sont in- “connues. Ils ont été décrits sous le nom de sireæ par Linné et M. Fabricius, et sous celui d’urocére par MM. Geoffroy et Olivier. Le genre sirez de M. Fabricius est composé de vingt-six espèces. L'Urocère géant, Urocerus gigas. G. Sirex. Larr. Ses antennes sont jaunes; sa tête est brune, avec une grande tache jaune de chaque côté , derrière les yeux ; le corselet est brun , sans tache , un peu velu ; le pre- mier anneau de l'abdomen est brun , bordé Inrectes , S Ye -49 nr Desvve del. ZLetellier deutr . ‘ # , 1. l'Urocère oeant. a et 5, Cm fémoral, > dr SE a TE rune | ÉMRN Ge ALIEN :. ÿ , - DES UROCÈRES, : 4% de jaune; le second est entièrement jaune; les quatre suivans sont bruns, les autres jaunes; le dernier se termine par une pointe assez longue; la femelle a une longue ta- rière placée en dessous, qui prend naissance , vers le milieu de l’abdomen, où elle est re= couverte par deux lames écailleuses; elle s'étend au-delà de la pointe de l'extrémité ï : de l'abdomen ; les pates sont jaunes, avet les cuisses brunes; les aïles sont transpa- rentes, avec les nervures jaunes, les supé- rieures beaucoup plus grandes que les in- férieures. Il habite les pays froids de l’Europe # il a été trouvé à Paris sur un petit vaisseau qui venait du Havre. Ni L'Urocère spectre, Urocerus spectrum. G. Sirez. Lam. Il a près d’un pouce de longueur ; les an- tennes sontnoires, plus courtes que le corps; la tête et le corselet sont noirs, un peu ve- lus; le devant du corselet est tronqué ; il a une petite éminence pointue de chaque côté, ‘ 46 HISTOIRE NATURELLE et deux lignes d’un brun jaunâtre ; l’abdo- men est noir, terminé par une pointe écail- leuse , et intimement joint au corselet; celui de la femelle a une tarière d’environ un _pouce de longueur, insérée en dessous; les pates sont d’un jaune rougeâtre; les ailes blanches , avec les nervures brunes. Il habite la Suède. L'Urocère chauve-souris, Urocerus vespertilio. G. Orysse. Larr. La femelle a de sept à huit lignes de long : cet insecte est noir; le dessus de quelques articles inférieurs des antennes et le tour des yeux sont blancs ; le sommet de la tête est couronné de quelques pointes ; le corselet estraboteux , avec un point blanc devant les ailes, dans les femelles ; les ailes supérieures ont du noir près de leur extré- mité; l'abdomen est d’un fauve térne , avec la base noire ; l'anus a un petit point blanc dans quelques individus ; les pates sont blanches, avec les cuisses noires. LES UROCÈRES. 47 Cet insecte a été pris à Brives-la-Gaillarde, pays du célèbre M. Latreille : ce savant l’a trouvé dans un petit bois de charmes ; il courait avec vitesse sur le tronc de ces arbres. On trouve à Paris, et au bois de Bou- logne , une autre espèce très voisine de celle que nous venons de décrireÿet que M. La- treille a nommée Onysse uNICOLORE, Oryssus unicolor; elle est de moitié plus petite que la précédente , toute noire, avec un peu de . blanc sur une partie des antennes et des pates. L’Urocère jeune, Urocerus juvencus. J , G. Sirex. Later. Il a environ dix lignes de longueur ; il est d’un noir bleuâtre luisant ; les antennes sont d’un brun jaunâtre à la base, noires à l'extrémité, plus courtes que le corps; la tête et le corselet sont un peu velus; celui-ci est un peu tronqué antérieurement, avec une pointe de chaque côté; l'abdomen est ter- miné par une pointe courte; la tarière a | fé 18 ‘ HISTOIRE NATURELLE environ cinq lignes de longueur, et elle est insérée sous l'abdomen ; les pates sont d’un jaune foncé; les ailes ont une légère teinte de brun. # Il habite la Suède. L'Urocèrechameau, Urocerus camelus. G. Xyphidrie, Larr. La tête est portée sur un cou long et mince; elle est noire, avec deux lignes longitudinales jaunes sur le fronts, .et une transversale de même couleur de chaque côté, derrière les yeux; les antennes sont courtes et noires ; le cou est jaune en des- sus, creusé en gouttière, noir en dessous ; le corselet est noir, chagriné, tronqué an- térieurement, renflé , avec une petite tache jaune à la base des ailes, et une de même couleur à la base de l’écusson ; l'abdomen est noir, lisse ; les côtés des anneaux ont une petite tache jaune , à l'exception du der- nier, qui est entièrement noir ; il est ter- miné par deux petites pointes courtes, éloi- gnées l’une de l'autre ; la tarière de la fe- mil ti tit él M ÉR. JSS S 0 _ LA DES UROCÈRES, 419 melle estmoins longue que celle des espèces précédentes ; les pates sont brunes, avec une tache jaune, aux jambes; les ailes sont jaunâtres, avec les nervures brunes. On a trouvé une douzäine d'individus de cette espèce à Paris, dans un endroit qui renfeïmait du bois à brûler. L'Urocère corrupteur, Ürocerus tabidus. G. Cephus, Larr. s # Il est noir; les antennes sont presque aussi longues que le corps; elles vont en gros- sissant de la base au sommet; l'abdomen est comprimé, noir, avec deux points jaunes, et trois lignes de même couleur; les ailes ont la bordure extérieure noire. Il est très commun aux environs de Paris. vin ‘ 5 “2 d mbés de … Lots D "ts TT 5o HISTOIRE NATURELLE XXXIV° GENRE. CIMBEX. Caractères génériques. Antennes en masse, un peu plus courtes que le corselet. — Quatre antennulés filiformes; les deux antérieures un peu plüs lon- gues, composées de cinq articles; les deux pos- térieures de quatre. — Ventre joint an corselet, — Aiguillon dentelé, caché dans l'abdomen, chez les femelles. — Trois petits yeux lisses. Les cimbex ont les antennes composées de sept articles ; le premier arrondi, assez gros; le second long et filiforme ; les autres plus courts; les trois derniers en masse ovale; elles sont insérées au-devant de la tête, assez près des yeux. Linné et M. Fa- bricius ont placé ces insectes parmi les ten- thrèdes, dont ils diffèrent par la forme des antennes. M. Geoffroy en a fait un genre sous le nom de crabro. Ils ont la tête arrondie antérieurement; les yeux ovales, peu saillans , et placés à la partie latérale de la tête. Le corselet est convexe, assez grand, DES CIMBEX. 5r sillonné en dessus, avec deux tubercules à l’écusson , couvert d’une peau dure écail- leuse; les ailes y sont attachées; elles sont membraneuses , veinées, inégales ; les su- périeures beaucoup plus grandes que les in- féfieures , avec les nervures plus marquées. L’abdomen est de forme ovale, aussi large à sa base que le corselet, auquel il paraît joint, un peu convexe en dessus, s'élargissant vers le milieu des côtés, ar- rondi à l’extrémité, composé de neuf an- neaux : il renferme la tarière de la femelle. Cette tarière diffère peu de celle des ten- thrèdes; elle est logée entre deux pièces écailleuses , plates , en forme de lames con- caves du côté intérieur ; ces pièces s’appli- quent exactement l’une sur l’autre; elles forment une espèce de boîte qui ren- ferme la tarière. En pressant l'extrémité du ventre , ces deux lames s’écartent et laissent la tarière à découvert, elle sort entièrement de son fourreau , et se redresse. Des obser- vations ont fait voir que la tarière est dou- ble, composée de deux lames dentelées sem- blables à de véritables scies ; le dos de cha- | dé LA Là, POP PTT TUE TT 52 HISTOIRE NATURELLE une de ces scies est couché dans une cou- lisse formée par deux pièces écailleuses. Dans l’'inaction , cet instrument est placé de façon que les coulisses occupent le fond du fourreau : ce sont elles qui s'appuient alors contre le corps. C’est avec cette scie que les tenthrèdes entaillent les branches du rosier pour y pondre leurs œufs; le côté des scies où sont les dentelures est concave dans presque toute sa longueur, à peu près comme l’est le tranchant d’une faux ; ce n’est que proche de leur origine que lés dents sont placées sur une ligne convexe. Mais on voit tout le contraire sur les scies du cimbex ; c'est vers leur origine que le côté où sont les dents est concave : dans tout le reste de son étendue, il est convexe ; les dents y sont placées sur une ligne convexe. L’extrémité des scies qui se termine en pointe, est di- rigée vers l'anus, courbée en arrière , ce qui fait que l'instrument entier paraît ar- rondi au bout. C’est donc le dos des scies , placé dans les coulisses, qui est concave dans la plus grande partie de sa longueur , et ce dos n’a point de dentelures, louée. 22 "0 es do, es de die fs in DES CIMBEX. 53 Aprèsavoir ôté les scies de leurs cou- lisses, on voit qu'elles sont contournées eri forme de S allongé. Du côté extérieur, elles sont garnies d’un grand nombre de dents : chaque scie est large , mais plate. Une espèce de bande, en forme de tendon , s'étend dans toute sa longueur depuis la base jusqu’à la pointe, etélle communique à un véritable tendon. La moitié la plus large de la scie, ou celle qui a les dente- lures, est comme divisée transvérsalement en plusieurs articulations qui forment au- tant de zones, et chaque zone est garnie d’une dent. Ces dents, qui ont leur at- tache proche du bord même de l’instru- ment, sont d’une tout autre forme que celles des mouches à scie du rosier ; elles sont de figure un peu ovale, ou presque ar- rondie, bordées tout autour de très petites dentelures. Cet instrument ne fait pas seu- lement loffice d'une scie, mais il est en tnême temps une râpe, À sa surface exté- rieure , on remarque un grand nombre de dents longues et déliées, placées à peu près comme les dents d’un peigne, et dirigées v” VTT + 54 HISTOIRE NATURELLE avec leur pointe vers Vorigine de la scie, Le dos de celle-ci est uni ; mais le long de son bord, il y a une suite de poils dirigés vers son origine. Les pièces écailleuses qui servent d’ap- pui aux scies, ou qui sont garnies de cou- lisses dans lesquelles les scies sont logées, ont des bandes transversales d’un brun ob- seur ; elles sont convexes en dehors ct con- caves du côté des scies : le dos des scies a de même une cavité tout du long, qui, ap- pliquée contre le dos des coulisses, forme un canal ouvert ou une espèce de tuyau. Ce canal est probablement le conduit des œufs que l’insecte doit pondre dans l’en- taille qu’il fait avec sa scie dans l’écorce ou le bois des arbres. Les cimbex mâles ont à l’extrémité du ventre deux parties coniques écailleuses, en forme de crochets, avec lesquelles ils s’ac- crochent au corps de la femelle dans l’ac- couplement, et entre lesquelles est placée la partie qui caractérise leur sexe : ils peu- vent aussi pincer avec ces deux crochets. Les insectes désignés sous le nom de Ré. Hide DS Te VUS DES CIMBEX. 55.” mouches à scie, qui sont les cimbex et les tenthrèdes, viennent de larves connues sous le nom de fausses chenilles, parce qu’elles ont beaucoup de ressemblance avec les véritables chenilles; elles ont, comme elles, le corps allongé, à peu près cylindri- que, divisé en plusieurs anneaux; leur tête est arrondie, écailleuse; elles ont un plus grand nombre de pates membraneuses que les chenilles ; celles qui en ont le plus, en ont vingt-deux en tout, seize membraneuses et six écailleuses, placées de manière que . le quatrième anneau en est dépourvu : ces pates diffèrent encore de celles deschenillesss . en ce qu’elles ne sont point armées de crochets. " La tête des fausses cheuilles est ordinai- rement plus arrondie, plus sphérique que celle des chenilles; sa partie supérieure est composée d’une calotte séparée par une cannelure très fine, comme celle des che- nilles , et d’une pièce écailleuse placée entre cette calotte et la lèvre supérieure. Entre ces deux pièces sont les antennes, qui pa- raissent comme deux filets coniques et D ve DIET MTS dir di 66 HISTOIRE maTURELr pointus; la bouché est garnie de deux mäâchoires dentelées assez semblables à celles des chenilles; elles servent à l’inséete à cou- per les feuilles : la lèvre inférieure est com- posée de trois pièces; c’est À l’extrémité de célle du milieu qu’est placée la filière qui donne passage à une soie grossière, avec laquelle la fausse chenille construit une co- ‘que dans laquelle elle subit ses métamor- phoses: Les pates écailleusées sont de figure coni- ‘que; elles sont composées de trois où quatre pièces articulées, terminées par un crochet; . @lles ont une certaine inflexion, üne espèce de coude qu'on ne voit point à celles des Iles , et du côté intérieur elles ont sou- s apperidices charnus. Les pates mem- braneuses sont grosses et cylindriques; elles diminuent de grosseur vers l'extrémité, où elles sont coniques et ordinairement fendues au bout. Le corps est divisé én douze anneaux , comme célui des chénillés ; mais lés anneaux sont souvent difficiles à distinguer, parce qu'ordinairement la peau est toute couverte en 0 DES crsex. | 57 . - . de plis et de rides transversales, qui confon- | dent les incisions ou séparations des véri- tables anneaux : les pates et les stigmates aident cependant à les reconnaître. Ces stigmates sont au nombre de dix-huit , neuf de chaque côté du corps, et placés sur les mêmes anneaux que dans les chenilles. Les fausses chenilles, qui ont extérieure- ment tant de ressemblance avec les che- nilles, sont aussi intérieurement confor- mées à peu près de même; les parties qui M. diffèrent le plus entre elles, sont les vais= seaux à soie. Ceux des fausses chenilles sont moins volumineux ; ils s'étendent de la tête jusqu'au dérrière, sans faire de courbures considérables ; tandis que ceux des chenilles après avoir parcouru une partie du cof se replient sur eux-mêmes, et remontent vers la tête, et ensuite redescendent vers le derrière. Les vaisseaux des fausses chenilles sont proportionnés à la quantité de soïe dont l’insecte a besoin ; il ne doit filer qu’une fois dans sa vie, tandis qu'il y a des che- nilles qui filent presque toujours ; telles soft les rouleuses , les plieuses , celles qui vivent . £ UE dE : 7 58 HISTOIR: Pa. _ensociété, et qui construisent des toiles en - commun. Les fausses chenilles, qui ne filent ge pour construire leurs coques, n’ont pas in d’avoir des vaisseaux d’un volume égal à ceux des chenilles. , La plupant des fausges chenilles entrent _däns la terre pour sy métamorphoser. Nous parlerons plus en détail de ces in- sectes, qui sont bien plus intéressans sous l'état de larve que sous celui d’insecte par- fait, en faisant la description des espèces les plus remarquables. .… Les‘cimbex ont le vol lourd ; en volant, ils font entendre un bourdonnement assez semblable à celui des abeïlles et des guëépes. un trente-cinq espèces qui composent ce génre, plusieurs habitent les environs de Paris. « - ”. 0 Le Cimbex jaune, Cimbex lutea. Il a la tête et le corselet d’un brun jau- mâtre, un peu velus; les antennes d’un jaune brun ; l’abdomen d’un jaune foncé, avec les trois ou quatre premiers anneaux À Insectes. PL. 5o. (Pareve. del. Letelier_Jeutp. 1, C.jaune. 5.Sa Coque: < 2.Sa Larve. 4. Anneaux de la Larve. ‘EN TE ii i "59 ’ ne - Es u d’un noir violet, et la séparation ‘de cha- + que anneau de même couleur ; le dessous a : des taches d’un brun obscur; les pates sat d’un jaune brun; les ailes sont transpaæ rentes ; elles ont une légère teinte de brun M jaunâtre, avec les nervures noires; elles paraissent chiffonnées ; dans l’état de re pos, elles recouvrent le corps. On trouve sa larve à la fin de l'été et au commencement de l’automne sur le saule et . l'osier, arbres qui, dans les pays du Nord, 4 sont très peuplés d'insectes de différens genres ; elle est une des plus grandes larves des cimbex ; elle a deux pouces de longueur et quatre lignes de diamètre. Dans l'état de repos, elle a le corps roulé en spirale, de + façon que l'extrémité se trouve au centre du cercle, et elle est couchée sur un des,cô- F. tés : elle se tient aussi cramponnée au moyen i, des crochets des pates écailleuses contre les feuilles et les branches, et ne quitte cetté attitude que quand elle veut manger les feuilles, | 4 Ælle est d’un jaune orangé mélé d'umpeu Le de vert; elle a, depuis la tête jusque près | Æ + 6o "HISTOIRE NATURELLE de l'extrémité du corps, une raie assez large, d’un bleu foncé, bordée de noir des deux côtés ; elle est moins large aux deux extrémités que dans le milieu; la couleur du corps est plus claire des deux côtés de œette raie qu'ailleurs ; on voit sur toutes les parties du corps, principalement près des pates, un grand nombre de petits points blancs, qui, vus à la loupe, paraissent comme des tubercules élevés, coniques et pointus ; les stigmates, qui sont noirs , sont placés chacun sur une tache triangulaire bleuâtre ; tout le corps est garni d’un grand nombre de plis et de rides transversales et longitudinales, qui font paraître la peau raboteuse; la tête est grosse , arrondie , plate par-devant, lisse, d’un jaune blanchâtre lorsque la larve est jeune, et ensuite de- vient rouge; les pates sont de même cou- leur, et subissent le même changement; elles sont au nombre de vingt-deux, six écailleuses et seize membraneuses; le qua- trième anneau est le seul qui en manque; les membraneuses sont fendues à l’extré- mité ; elles peuvent sergonfler et s’affaisser ge, ALT lu. Ou pie. TM . DES CIMBEX. 6x alternativement. À la fin de l'été, les larves de cette espèce ont acquis la grandeur qu’elles doivent avoir ; elles n’entrent point dans la terre, elles filent une coque de forme ovale, qu’elles fixent le long de quel- que corps. Cette coque est moins longue que la fausse chenille; elle est composée d’une soie grossière et épaisse; son tissu est semblable à de la gomme; elle est dure comme du parchemin; la larve passe l’'hi- ver dans cette coque, et n’en sort que l'été suivant, sous la forme d’insecte parfait, peu de temps après s'être changée en nymphe, Ces larves offrent un phénomène très curieux : quand on les touche un peu fort, on voit sortir des côtés du corps plusieurs jets d’eau, que la fausse chenille seringue en ligne horizontale, à la distance de plus d’un pied ; ces jets d’eau sont trèsifins, de la grosseur d’un fil ordinaire; la liqueur qui les produit est claire ; quand on la ras- n semble en gouttes, elle a une couleur ver- dâtre, et son odeur est désagréable. Ce n'est que quand on les prend sur l'arbre que ces larves seringuent cette liqueur; VIII. 6 -: "+ sut Ce él du: à: 16 ts ss JO k 62 HISTOIRE NATURELLE celles qu'on renferme ne peuvent plus pro- duire de tels jets : il est probable que les feuilles fraîches entretiennent la production de cette liqueur; les feuilles qu'on leur donne dans les boîtes ne conservent pas assez d'humidité pour alimenter dans l’in- secte la source qui la fournit. Les ouver- tures qui donnent passage À cette liqueur sont situées au-dessus des stigmates, au sommet d’une pièce charnue triangulaire sur laquelle sont de petits points bruns en- foncés, d'où on peut faire sortir quelques gouttes en y introduisant une épingle. La nymphe est beaucoup plus petite que la larve : nouvellement sortie de la peau de larve, elle est blanche, peu à peu elle de- vient d’un beau jaune ; on lui voit très dis- tinctement toutes les parties que doit avoir l'insecte parfait; le ventre est divisé en an- neaux, et lanymphe le remue de temps en temps ; c’est le seul mouvement qu’elle se donne. Pour donner sortie à la nymphe, la peau de larve se fend sur la tête et sur la partie du devant du corps; lorsque l’insecte parfait veut sortir de sa coque, il fait une DES CIMBEX. 63 ouverture à l’un de ses bouts, en détachant une grande pièce avec ses mâchoires. Cet insecte se trouve dans toute l’'Eu- rope, Le Cimbex fémoral , Cimbex femorata. Ses antennes sont jaunes; son corps est noir, un peu velu; le premier anneau de l'abdomen est échancré; il a une grande tache jaune demi-circulaire, formée par une membrane; les ailes sont transparentes, vei- nées, avec leurs bords extérieurs bruns et épais; les pates sont d’un jaune brun; les tarses d’un jaune fauve. Sa larve vit sur le saule et l’aune; elle est de même grandeur que la précédente : elle a vingt-deux pates; elle est d’un vert mat, un peu livide ; elle a le long du dos trois raies assez larges ; celle du milieu est bleuâtre, les autres sont d’un jaune pâle, rapprochées les unes des autres; les stig= mates sont, comme dans l’espèce précé- dente, placés sur des taches triangulaires noires; mais celle-ci a de particulier, que, 64 HISTOIRE NATURELLE entre la ligne des stigmates et la raie jaune, à une distance égale dé lune à autre, on voit de chatquercoté du corps douzë petites taches cellulaires bleues, deux placées sur chaque anneau ; la tête est blanchâtre ; les pates sont de la couleur du corps; le corps est tout couvert de plis et de rides transver- sales, Vers la fin de l'été, elle file une coque ovale d’une soie forte, d’un jaune brun, d'où l’insecte parfait sort l'été suivant. Cette larve seringue aussi de l’eau, de même que la précédente, par des oùver- turés placées de chaque côté du corps; mais la liqueur qu’elle jette est d’un beau vert d’'émeraude. On trouve cet insecte dans toute lEu- rope. Le Cimbex du saule , Cimbex amerincæ. Le mâle a la tête noire; les antennes sont d’un brun noiïrâtre , avec la masse noire; le corselet est d’un brun noirâtre, de même que le dessus de Pabdomen; le dessous et les côtés de cette dernière partie sont d’un. PE Insectes. Divepo del. Letlhèr deufp.| , Sa Nymphe. . Dépouille de la Larve. . Œuts, . C, du Saule. 3. ..Sea Larve. +. 4. Sa Coque. N pr 1? vn “dt | LE id pe ER ui Ni AI DES CIMBEX. 65 jaune rougeâtre; les cuisses d’un noir bleuâ- J gl ; tré ; les jambes et les tarses d’un jaune roux; les ailes ont une teinte de brun jaunâtre, avec les nervures noiress La femelle diffère du mâle par la couleur de l'abdomen, qui, en dessus, est presque entièrement d’un jaune roux : les individus des deux sexes ont des poils sur la tête, et sur tout le corps; ceux du mâle sont d’un brun roux ; ceux de la femelle sont gris sur la tête et le corselet. Sa larve vit sur le saule : elle a plus d’un pouce de longueur, et vingt-deux pates; elle ést d’un vert clair tout poudré d’une . matière blanche farineuse ; elle a le long du dos une raie d’un vert obseur ; la tête est lisse, d’un blanc sâle; les pates sont blan- châtres; le corps est couvert de rides trans- versales très fines, à l'exception du dernier anneau qui est lisse. On la trouve ordinai- rement couchée sur une feuille roulée en spirale; dès qu’on la touche, elle seringue uneliqueur comme les précédentes : elle pa= raît pesante , engourdie ; elle mange peu à la fois. Parvenue À toute sû grandeur, vers Ld + 66 HISTOIRE NATURELLE le milieu de l'été, elle file une coque sans en trer dans la terre : cette coque est ovale, d’ane soie grossière, luisante, d’un brurm fauve; elle y passe l'hiver, et en sort à la fi du printemps de l’année suivante. On le trouve dans toute l’Europe. Le Cimbex à épaulette, Cimbex humeralis. Le devant de la tête est jaune, le reste . noir; les yeux sont bruns ; les antennes sont jaunes , avec les deux premiers articles courts, velus et noirâtres; le corselet est roirâtre et velu : il a en devant, sur cha- que L'an une plaque jaune, qui forme une espèce d’épaulette. Le premier. an- neau de l’abdomen est noir, avec une tache jaune sur son milieu; le second et le qua- trième sont noirs, avec un peu de jaune sur les côtés; les autres sont jaunes, avec une tache noire triangulaire sur le milieu; les pates sont brunes. On voit à la naissance des cuisses postérieures une longue pièce qui fait descendre les jambes fort bas. DES CIMBEX. 67 Les ailes sont un peu veinées, de couleur fauve. Il habite l’Europe : on le trouve aux envi- rons de Paris. Le Cimbex brillant, Cimbex nitens. Il a les antennes noires ; la tête et le cor- selet d’un vert bronzé; l'abdomen d’ur bleu foncé; les cuisses et les tarses d’un vert noï- râtre; les jambes jaunes; les ailes ont une forte teinte jaune; les supérieures ont une LL... sf pis tr mali ire tache d’un brun foncé près du bord exté- rieur. Sa larve vit sûr le bouleau : elle a envi- ron dix lignes de longueur ; elle est verte, avec deux raies jaunes sur le dos, et une d’un vert foncé au milieu; la tête est d’un brun pâle, avec une ligne longitudi- nale d’un brun obseur sur le milieu; elle a vingt pates; les écailleuses sont d’un gris clair, les membraneuses vertes; la loupe fait voir sur la peau de très petits tuber- cules, garnis d’un poil noir en forme de pi- quant; les stigmates sont d’un jaune foncé; 68 HISTOIRE NATURELLE les côtés du corps sont garnis d’appendices aplatis, couverts de rides; les pates mein- braneuses sont courtes, en forme de maine- lons coniques. Vers la fin de l'été, elle file une coque double, ou composée de deux coques l'unésur l'autre; l’extériéure est d’une soie grossière à grandes mailles; l’intérieure très mince et flexible, d'untissu serré, de couleur blanche, dans laquelle elle s’enferme et passe l’hiver; elle en sort l’été suivant sous la forme d'insecte parfait. Il habite l’Europe. Le Cimbex quadrifascié, Cimbex quadrifasciata. Il a les antennes noires , avec les derniers articles roux ; la tête et le corselet noirs, un peu velus; l'abdomen noir, avec quatre bandes transversales jaunes, la première interrompue dans le milieu; les pates d’un jaune roux, avec les cuisses noires; les ailes transparentes, un peu jaunâtres, brunes à l'extrémité, avec les nervures brunes. On le trouve aux Indes. DES CIMBEX. 6g Le Cimbex de Latreille, Cinbeæ Latreilli. Ses antennes sont noires; sa tête est noire , avec les mandibules d’un rouge fers rugineux à l’extrémité ; le corselet est d’un noir bleuâtre; l'abdomen est d’ün noit pour- pré en dessus, noir bleuâtre en dessous ; les pates sont jaunes, avec les cuisses violettes ; les ailes sont transparentes ,avec une légère teinte fauve; leur extrémité est brune. On trouve cette espèce en France : elle a été dédiée au célèbre entomologiste fran- çais par M. Leach, näturaliste de Londres. Le Cimbex apiforme, Cimbex apiformis. G. Masaris. Larr. ” Il est noir , tacheté de jaune, avec les antennes roussâtres, obscures en dessus; le dessous de l’abdomen et le bord postérieur de ses anneaux en dessus , sont jaunes. Cet insecte se met en boule. 11 se trouve dans le midi de la France. 70 HISTOIRE NATURELLE XXXV* GENRE. TENTRHÈDE. B Garartères génériques. Antennes filiformes, plus longues que le corselet; articles égaux, distincts, cylindriques. — Quatre antennules inégales, fili- formes ; les antérieures plus longues, composées de six articles; les postérieures de quatre. — Ventre attaché au corselet par un pédicute plus ou moins long. — Aïguillon pointu, simple, caché dans l'abdomen. — Trois petits yeux lisses. Les antermes des tenthrèdes varient par la forme ct le nombre des articles; dans les unes elles sont filiformes, composées de sept ou neuf articles; dans les autres, fili- formes, avec un grand nombre d'articles; dans quelques espèces , elles paraissent inar- ticulées, quoiqu’elles aïent trois articles, et vont en grossissant de la base au sommet; d’autres les ont pectinées. Les antennes ca- ractérisent suffisimment les tenthrèdes pour les distinguer des cimbex, avec lesquels elles ont d’ailleurs beaucoup de rapport, DES TENTHRÈDES. 7x Le corps est allongé, presque cylin- drique , d’une consistance un peu molle. , » La tête est large, aplatie, attachée au cor- selet par un cou membraneux que l'insecte allonge à volonté. , Le corselet est gros, sillonné en dessus, divisé en compartimens : à la place de l'écusson, on voit deux petites pièces en forme de grains. L'abdomen est sessile, cylindrique, un peu aplati en dessus, muni, dans la femelle, d'une tarière en scie, logée dans une cou lisse, visible en pressant l'abdomen. Les ailes sont membraneuses ; les supé- rieures plus longues que les inférieures. MM. Geoffroy et Olivier ont séparé des tenthrèdes les insectes qui composent le genre précédent. Le premier en a fait un genre sous le nom de erabro; le second, sous celui de cémbez. Nous avons vu que les cim- bex ont les antennes en masse, ce qui les distingue des tenthrèdes. Mais Linné et M. Fabricius n’ont fait qu’un seul genre de ces insectes, sous le nom de tenthréde. Les tenthrèdes ont beaucoup de rapport té niche ihns : js dé uÙ ji dl pcs … 24 : . 72 HISTOIRE NATURELLE avec les cimbex, tant par la forme deleurs larves que par la manière dont elles vivent, Un caractère qui les rapproche encoré, c’est la forme dela tarière, qui est la même dans les insectes de ces deux genres, et cet instrument leur sert aux mêmes usages. Nous ne nous étendrons pas sur la conformation de celle des tenthrèdes, afin d'éviter les répétitions. Nous renvoyons aux généra- lités du genre cimbex, où nous avons dé- crit cet instrument. Les larves des tenthrèdes ont le corps com- posé de douze anneaux; le nombre de leurs pates varie depuis dix-huit jusqu'à vingt- deux; la tête est formée de deux calottes séparées par une cannelure; la bouche est munie de deux mächoires dentées, d’une lèvre supérieure et d’une lèvre inférieure ; au-dessous de celle-ci est placée la filière d’où sort la soie que la larve file pour fâire la coque dans laquelle elle se change en nymphe. La plupart de ces larves entrent en terre pour se métamorphoser : quelques unes vivent en société. Nous parlerons de chaque larve en particulier, en décrivant Rd de a. | + CS b Re Lu à ci DES TENTHRÈDES. 73 les espèces auxquelles elles appartiennent. Comme ces larves diffèrent peu de celles dés cimbex > NOUS renvoyons aux-généralités de ce genre pour la description de toutes leurs parties. Ce genre renferme un très grand nombre d'espèces ; beaucoup se trouvent en France et aux environs de Paris. La Tenthrède sans nœud, Z'enthredo enodis G. Hylotome. Larr, Ses antennes sont courtes, noires, et vont en grossissant de la base au sommet ; la tête, le corselet et l'abdomen sont d’un noir bleuâtre ; les ailes brunes. La larve de cette espèce, suivant Frisch et Bergmann, n’a point de pates membra- neuses; elle n’a que six pates écailleuses, placées sur les trois premiers anneaux ; son derrière est terminé par deux espèces de cornes pointues, Réaumur et Dégéer, qui ‘ont élevé ces larves, n’en ont jamais eu l’in- secte parfait. Réaumur a trouvé celles qu’il RO VIIT. Le) mt PS 74 HISTOIRE NATURELLE a nourrieg sur l’abricotier, où elles vivent en société. Leur corps a la forme de celui des chenilles; elles plient les feuilles qu'elles veulent manger, au moyen des fils dans les- quels elles se tiennent. Elles sont de couleur verte; elles ont la tête, la partie postérieure, les pates et les crochets très noirs. Elles en- trent en terre pour sy métamorphoser. Elles font des coques de terre. On la trouve en Europe. La Tenthrède brülée, T'enthredo ustulatus. G. Hylotome. Lan. Elle a environ trois lignes de longueur; ses antennes sont noires, composées de trois articles; les deux premiers courts, le troi- sième plus long, en masse ; l'abdomen est gros et court, d’un bleu violet foncé luisant; les pates sont noires; les ailes transparentes ; elles ont une teinte de brun clair, avec les nervures d'un brun presque noir ; les supé- rieures ont la bordureextérieure noire, avec une tache brune vers le milieu, ee OT Ms mbiss =. à « PSS DS ne | > à DES TENTHRÈLES, 75 Les antennes du mâle sont un peu plus longues que celles de la femelle, moins grosses à l'Extrémité , et couvertes de poils dans toute leur longueur; celles de la fe- melle sont moins longues que son corps, et sans poils. k Sa larve vit sur le rosier sauvage; elle a sept lignes de longueur, quatorze pates mem- braneuses et six à crochets; elle est verte; elle a deux raies blanches sur le corps, et entre ces deux raies une d’un vert foncé ; on voit de chaque côté des anneaux une émi- nence charnue, garnie de petits poils, et quelques poils courts sur le corps. La tête est d’un brun pâle, avec une ligne lon- gitudinale obscure, Elle a ordinairement l'extrémité du corps courbée en dessous. Vers le milieu de l'été elle s'enfonce en terre , où elle file une coque ovale, mince, composée d'une soie lâche en réseau, dans laquelle elle en construit une seconde plus mince, d'un tissu serré, de couleur blanche, qui n’est point adhérente à la première; elle passe l'hiver dans cette coque, et n’en sort que l'été sûivant , sous la forme d'insecte parfait, d'éll |: 16 HISTOIRE NATURELLE Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. * & La Tenthrède céphalote, Tenthredo cephalotes. G. Mégalodonte. Lan. Elle est assez grande ; la tête est grande, noire, avec trois points jaunes entre les yeux et deux taches rondes, de même couleur, à sa partie postérieure; le corselet est noir, strié antérieurement; l'abdomen noir, avec quatre bandes transversales jaunes; les pates sont ferrugineuses. Elle habite l'Allemagne. “ La Tenthrède de la rose, Z'enthredo rosæ. G. Hylotome. Larr. Les antennes sont de la longueur du corselet, composées de trois articles; les deux premiers courts, cylindriques; le troi- sième très long; grossissant de la base au sommet, garnies d’un très grand nombre de L »1i8 in Hs |: n À ci ct M Gé ds TT Pres DES TENTHRÈDES. 77 poils dans toute leur longueur , principale- ment celles du mâle. La tête est noire; le corselet est de même couleur, luisant, avec les côtés d’un jaune rougeître ; l'abdomen est gros, surtout celui des femelles, d’un jaune orangé; les pates sont de même cou- leur que l'abdomen. La moitié antérieure des ailes a une forte teinte jaune, le veste est sans couleur; les supérieures sont bordées extérieurement, dans presque toute leur lon- gueur, d’une raie noire assez large. On trouve sa larve vers la fin de l'été sur le rosier, dont elle mange les feuilles. Elle a environ huit lignes de longueur. La tête et le dessus du corps sont d’un jaune foncé , les côtés et le dessous d’un vert blanchâtre; tout le corps est parsemé d’un grand nombre de petits tubereules noirs et luisans, garnis de plus ou moins de poils. Dans leur jeune âge les larves sont d’un verE obscur, avec des points noirs. Elles tiennent ordinairement la partie postérieure de leur corps courbée en dessous ; quand on les touche, elles se laissent tomber à terre en se roulant en cercle. Elles n’ont que dix-huit pates; les écailleuses 78 HISTOIRE NATURELLE sont terminées par une partie ovale, pres- que en forme d’une petite vessie, et vers l’un des côtés de cette pièce est un crochet. Réaumur a pris cette espèce de vessie pour un second crochet, ce qui lui a fait croire que les pates étaient terminées comme celles de l’insecte parfait. Parvenues au terme de leur accroïissement, elles se cachent sous terre à peu de profondeur; elles y filent une coque double, de forme ovale, sans y faire entrer de terre; l’intérieur est blanc : elles passent l'hiver dans cette coque, sous la forme de larve , et prennent celle de nymphe à la fin du printemps suivant, L'insecte par- fait, avant d'en sortir, y fait une ouverture assez grande avec ses dents. Elle habite l’Europe : elle est très com- mune aux environs de Paris. Dans les beaux jours , sur les dix heures du matin , on voit lafemelle , prète à pondre, parcourir les branches du rosier; celle qu’elle choisitest ordinairement à quelque distance de l'extrémité de la branche principale. Quand elle s’est arrétée dans un endroit qui lui paraît convenable, elle recourbe un peu DES TENTHRÈDES, 79 son corps en dessous ; elle fait bientôt sortir la pointe de sa double scie, peu après elle la fait sortir tout entière. Cramponnée sur ses pates, la femelle appuie son ventre sur la base de l'instrument ; elle l’introduit dans la tige du rosier, pour y faire une cavité propre à recevoir un œuf assez gros, qu’elle veut y laisser, La femelle, pour faire son entaille, dirige son ‘instrument à peu près comme un chirurgien dirige sa lancette pour ouvrir un vaisseau ; après l'avoir fait péné- trer aussi avant qu’elle le peut, tout mou- vement s'arrête, tout paraît en repos. Ce moment est celui où la femelle fait sortir de son corps l’œuf, pour le metire dans la place qu’elle lui a prépare. Après un in- stant de repos, elle retire tout d’un coup la plus grande partie de son instrument de l’en- taille, et n’y laisse que l'extrémité, On voit alors une liqueur mousseuse s'élever jus- qu’au bord extérieur de l'entaille, quelque- fois au-delà. Il paraît que cette liqueur est fournie par la femelle, qui en arrose son œuf. Vallisnieri croit que cette liqueur est destinée À empêcher la plaie faite à la-tige 80 HISTOIRE NATURELLE de se fermer. Peu après que cette liqueur a paru, la femelle achève de retirer sa scie de l’entaille, et recommence la même opéra- tion. Il n’y a quelquefois que trois ou quatre entailles à la file les unes des autres; quel- quefois il y en a vingt-quatre. L'endroit de la branche auquel la femelle a confié ses œufs paraît peu différent des autres le pre- mier jour; mais le lendemain il est brun , et par la suite chaque endroit entaillé se re- lève, et prend de jour en jour plus de con- vexité. Cette élévation de la partie entaillée est due à l'augmentation du volume de l'œuf, qui, suivant Réaumur, croît de jour en jour. L'œuf, en croissant et en obligeant la peau dé l’arbuste à s'élever et à devenir convexe, oblige la fente qui a été faite à la peau à s’agrandir. Cette ouverture devient journel- lement plus considérable, et elle est telle, lorsque la fausse chenille sort de l’œuf, qu’elle lui donne le passage qui lui est né- cessaire pour aller chercher sa nourriture sur les feuilles du rosier, & ut Der Je Retieiggts 44 , cm 1 4, 2e ME a 1 Baraband del. ZLetelhor doup.| 1.7, sans Nœud,. 4 Ta tête Janme. 2.1. du Pin, 5 5. Dipl. du Rosier, nn 50. Scptentmional . de ; ° ve Fa al Re. La Tenthrède du pin, Tenthredo pini. G. Lophire. Larr. A Le mâle est un peu plus grand que la femelle; ses antennes sont noires, pectinées , et forment sur la tête une espèce de panache; , sa tête et son corselet sont d’un noir mat; l'abdomen d’un noir brillant, assez gros à son extrémité : il a deux parties brunes , co- niques, écailleuses, en forme de crochets; avec lesquels il s'accroche au ventre de la femelle pendant l’accouplement ; les pates sont d’un jaune brun, avec les cuisses noires; les ailes sont transparentes ; les supérieures ont, vers le bord extérieur, une tache brune allongée; les inférieures sont noirâtres à l'extrémité. La femelle a les antennes plus courtes que celles du mâle, et moins pectinées; elles sont noires; jaunâtres à la base; la tête est noire ; le dessus du corselet est noir, couvert de quatre plaques, dont les sutures sont jaunes: le dessous est de cette dernière cou- leur, L’abdomen est noir sur le milieu, d'un ‘# Li) 82. HISTOIRE NATURELLE gris vérdâtre en dessous et sur les côtés, avee une grande tache noire vers l'extrémité. Les "pates sont Jaunâtres; les cuisses ont une tache noire ; les tarses des quatre pates pos- térieures sont noirs. Sa larve vit en société sur le pin; on en trouve assez communément une centaine réunies , presque continuellement occupées à ronger les feuilles ; quand elles ont mangé celles de la branche sur laquelle elles se trouvent, elles se mettent en marche, et montent la branche de compagnie pour en trouver de nouvelles. Il est facile de les dé- couvrir , parce qu’elles dépouillent plusieurs branches de suite. Elles ont environ quiuze lignes de longueur; la tête est d’un brun jaunâtre, le corps d’un blanc verdâtre ; quand la larve se raccourcit, elle est cou- verte de rides transversales; elle a de chaque côté deux rangsde taches noires, oblongues ; entre ces taches, sur chaque anneau, deux éminences charnues, l’une horizontale et l'autre verticale, garnies de petites épines courtes et noires, et sur le dos une ligne . verte , qui est la grande artère qui paraît au L- DES TENTHRÈDES. 83 travers de la peau. Les pates membraneuses sont blanchâtres. Ces larves font souvent des trous assez profonds aux jeunes rejetons du pin, dont elles rongent l'écorce. Lorsqu'on les touche, elles élèvent la tête et le devant du corps, et laissent couler de la bouche une goutte de résine claire, semblable à celle qui sort des branches coupées du pin: elle en a l’odeur et la consistance. C’est le suc résineux qu'elles tirent des feuilles, et qui sert à leur nourriture et à leur accroïs- sement. Lorsque ces larves veulent changer de peau, elles embrassent une feuille ou une petite branche avec le derrière, qu’elles contournent un peu, afin de pouvoir s’y te- nir fixées. La mue s'achève ensuite comme dans les chenilles, et la vieille peau reste attachée à la branche. Parvenues au terme de leur accroissement, vers le milieu de l'été, elles changent de peau et de couleur; elles ont alors, sur le milieu du dos, une raie composée de taches noires, interrompues à chaque anneau. Après cette dernière mue elles se filent une coque qu’elles attachent 84 HISTOIRE NATURELLE aux branches du pin. Cette coque, dans la quelle la larve a le corps plié en deux, est ovale, et d’un brun jaunâtre; elle la fortifie en dedans de plusieurs couches de soie, ce qui la rend d’une consistance solide, Ces tenthrèdes passent l’hiver sous la forme de larve, et ne se changent en nymphe que vers la fin du printemps, environ quinze jours avant de subir la dernière métamor- _phose. Les mâles paraissent plus de quinze jours plus tôt que les femelles. On la trouve communément aux environs de Paris, au boïs de Boulogne, La Tenthrède américaine, Z'enthredo americana. G. Hylotome. Larn. Elle a environ six lignes de longueur; les antennes sont noires , de la longueur du cor- selet, un peu plus grosses vers l'extrémité ; la tête est verte ct brillante en dessus, jau- nâtre antérieurement; les yeux à réseau sont bruns; les yeux lisses, très brillans, couleur de rose ; le corselet est inégal, ra- DES TENTHRÈDES, 85 boteux , plus large postérieurement , d’un jaune foncé brillant; l'abdomen est court, caréné en dessus, d’un bleu violet brillant; les quatre pates antérieures sont jaunes, les postérieures noires, longues ét grosses ; les’ ailes sont chiffonnées, d’un violet très foncé , brillant; l'extrémité est d’un brun clair et transparente. + ” On la trouve à Surinam. ES La Tenthrède-rustique, Tenthredo rustica. sil Elie a environ sept lignes de longueur; les antennes sont noires, de la longueur du cor- selet, composées de neuf articles; les deux premiers plus courts que les autres, d’égale grosseur dans toute leur longueur; la tête est noire; le corselet est de la même couleur, avec une ligne jaune de chaque côté anté- rieurement ; l'abdomen est conique, d’un noir lisse, avec trois lignes transversales jaunes en dessus; la première près du cor- selet, les deux autres près de l'extrémité, rapprochées l’une de l’autre, avec quelques VIIL. 8 86 HISTOIRE NATURELLE taches brunes en deisous; les pates sont jaunes, les cuisses noirâtres ; les ailes ont une forte teinte brune, avec les nervures de la même couleur. La double scie de la femelle a ses pointes un peu recourbées et dirigées en arrière vers l’anus. Sa larve vit sur le chèvrefeuille; elle reste pendant le jour roulée en spirale sur la feuille : elle ne mange que la nuit. Elle est d’un gris cendré; elle a sur le dos onze ta- ches brunes de forme triangulaire, dont le sommet est du côté de la tête , et quelques taches plus petites; le corps est garni de rides transversales ; la téte est. d’un brun obscur. Ces larves ont vingt-deux pates. Après la dernière mue, elles sont d’un jaune pâle; leurs taches sont peu visibles, et leur peau est transparente. Au commencement de l’automne , elles ont acquis leur accrois- sement ; elles s’enfoncent dans la terre , où elles fontune coque avec des grains de terre qu’elles lient ensemble avec de la soie; elles en tapissent lintérieur d’une couche de soie. Elles passent l'hiver sous la forme de larve, DÉS TENTHRÈDES, 87 et paraissent sous la forme d’insecte parfait l'été suivant. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. La Tenthrède du cerisier, T'enthredo cerast. Elle a environ deux lignes et demie ; les antennes sont noires, de la longueur du corselet, composées de neuf articles ; le corps est d’un noir lisse, quelquefois un peu violet ; les pates sont d'un brun obscur; les ailes ont une teinte noire , avec les nervures de la même couleur. Sa larve vit sur le poirier, le cerisier et l’aubépine. On trouve en automne ces larves sur les feuilles; elles sont noires 6 d’un vert foncé en dessus, entièrement cou- vertes d’une matière humide , visqueuse et luisante, d’une odeur désagréable. Cette ma- tière paraît destinée à garantir la larve de la pluie et des rayons du soleil, et à ui aider à se fixer sur les feuilles. Si on lui enlève cette liqueur , elle se tient difficile- 88 HISTOIRE NATURELLE ment et est toujours prête à tomber. Ces larves restent en repos pendant le jour; la nuit elles vont d’une feuille à l’autre ,etn'en mangent que le parenchyme, sans toucher à l’épiderme inférieur. La tête est noire : dans l’état de repos , les larves la tiennent baissée et cachée sous le premier anneau. Le corps est beaucoup plus gros antérieure- ment que postérieurement; il est couvert d’un grand nombre de rides transversales , qui ne sont visibles qu'après en avoir Ôté la matière visqueuse, ou immédiatement après le changement de peau , parce qu’alors elles n’en sont pas couvertes. Ces larves ont vingt pates. Vers le milieu de l’automne, elles s’enfoncent dans la terre, avec laquelle elles font leur coque; elles en lient les grains dVec de la soie, et la tapissent en dedans de la même matière, qui est de couleur noire, Elles passent environ dix mois dans ces co- ques , tant sous la forme de larve que sous celle de nymphe; elles en sortent vers le milieu de l'été. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris, TR ms Dos ir di 4 aide bout dé (De DES TENTHRÈDES, 89 La Tenthrède du saule, Z'enthredo salicis. : Elle a environ quatre lignes de longueur; les antennes sont noires, plus longues que le corselet, composées de neuf articles ; la tête est noire; le corselet est jaune , avec une grande tache noire sur le milieu , et deux de même couleur en dessous; l’abdomen est d’un jaune fauve; les pates sont d’un jaune fauve, avec les tarses des pates pos- térieures noirs ; les ailes ont une teinte brune, avec les nervures de la même cou- leur ; les supérieures ont une tache margi- nale allongée brune; la tarière de la femelle est d’un brun obscur. On trouve sa larve sur le saule, où elle vit en société : elle a environ un pouc&de longueur. Ces larves sont ordinairement pla- cées le long des bords des feuilles , qu’elles rongent continuellement ; elles ont le der- rière du corps courbé en arc, de manière qu'il repose sur le plat de la feuille, tandis que les pates écailleuses et quelques paires des membraneuses sont accrochées à son 90 HISTOIRE NATURELLE bord. Elles ont vingt pates ; la tête noire et luisante ; le corps d’un beau vert ; elles ont de chaque côté des anneaux , à l'exception du dernier, une grande tache d’un jaune rougeâtre , et sur le dernier, une grande tache noire. Le corps est terminé par deux petites pointes écailleuses , noires à l’extré- mité; il est couvert de rides transversales. Les pates sont d’un vert blanchâtre. Lors- qu’on touche à ces larves, elles paraissent vouloir se défendre ; elles agitent l’extré- mité de leur corps, l’élèvent et le remuent de côté et d'autre, sans quitter la feuille qu'elles tiennent fortement avec leurs pates antérieures. Elles entrent en terre vers le milieu de l'été ; elles y filent une coque ovale double; l’intérieure est entièrement noire, d’un tissu plus serré que lacoqueextérieure; élles subissent leur métamorphose dans ces coques, d'où elles sortent environ vingt jours après leur transformation, sous la forme d’insecte parfait. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. DES TENTHRÈDES. gx La Tenthrède ovale, Z'enthredo ovata. Elle a environ quatre lignes de longueur ; les antennes sont noires, à peu près de la longueur du corselet, composées de neuf articles; la tête et le corselet sont noirs : on voit sur le dernier une grande tache d’un jaune rougeâtre ; l'abdomen est court, assez gros, noir, sansitache ; les pates sont noires; les jambes ont une tache blanchâtre près de la cuisse ; les ailes sont transparentes , lavées d’un peu de brun dans quelques en- droits; les supérieures sont bordées exté- rieurement, dans la plus grande partie de leur longueur, d’une grosse nervure noire, qui se termine près d’une tache allongée de même couleur. Sa larve vit sur l’aune : on la trouve vers le milieu de l'été ; elle est toujours placée en dessous de la feuille, qu'elle ronge et entame par le milieu. Elle a environ neuf lignes, de longueur; elle a vingt-deux pates ; elle est de couleur verte, plns foncée en dessous qu'en dessus , parce que ces larves 92 HISTOIRE NATURELLE sont couvertes en dessus d’une matière blanche cotonneuse, semblable à celle qui recouvre plusieurs espèces de pucerons, tels que ceux des vessies de lorme, du tremble, et principalement ceux du hêtre. "Le corps de ces larves est quelquefois chargé en dessus et sur les côtés de cette matière, qui s'y trouve assemblée en longs, flocons irréguliers, Quand elle y est en moindre quantité, on voit qu’elle est composée par un assemblage de petites touffes plates en forme de brosses, élevées perpendiculaire- ment à la surface de la peau, et qui partent de plusieurs cavités allongées qui s'y trou- vent placées; ces touffes sont un peu éloi- gnées les unes des autres, de grandeur iné- gale ; elles tiennent très peu à la peau, le moindre frottement les enlève. Cette ma- tière est molle et légère, formée par une quantité de fils courts, frisés , extrêmement fins et déliés , entrelacés sans aucun ordre. Lorsqu'on enlève cette matière de dessus le corps de la larve, trois heures après il est recouvert de la même matière, qui s’é- lève en touffes qui ont la forme de lames ; DES TENTHRÈDES. 93 elles sortent de plusieurs taches un peu con- caves qu’on aperçoit sur la peau; ce qui fait croire que ces cavités sont criblées de trous extrêmement fins qui donnent issue aux fils cotonneux comme autant de filières. Parvenues au terme de leur accroissement , ces larves changent de peau ÿet la matière cotonneuse ne paraît plus après la dernière mue : elles sont alors d’un vert bleuâtre, Vers la fin de l'été, elles entrent en terre, où elles filent deux coques d’une forme ovale : l’extérieure, couverte de grains de terre , est épaisse , d’une soie d’un brun ob- seur, d’un tissu solide et serré; ses deux bouts sont faits en réseau formé par des mailles : la coque intérieure est mince, flexi- ble, d’unstissu serré, d’un brun clair jau- nâtre; mais ce que cette coque a de re- marquable , c’est que dans son milieu elle a une bande blanchâtre, comme on en voit à plusieurs coques d’ichneumons. Les larves qui entrent en terre vers le milieu de l'été, paraissent sous la forme d’insecte parfait environ un mois après; mais celles qui vi- vent plus tard passent l'hiver dans leur ca 94 MISTOLRE NATURELLE que, d’où elles ne sortent que le printemps suivant. On la trouve en Europe. POLE L’aune nourrit encore une autre espèce de larve, qui est celle du tethredo pavida ; elle est verte, et a le corps couvert d’une matière analogue au coton des larves de l'espèce précédente, mais en moins grande quantité. Ces larves sont toujours étendues en ligne droite sur les feuilles , d’où elles se laissent tomber dès qu'on y touche. Elles entrent en terre pour se mélamorphoser , mais ne filent point de coque ; elles assem- blent seulement quelques grains de terre qu'elles lient avec un peu de soie, passent l'hiver dans ces coques sous la forme de larve , se changent en uymphe aucommen- cement du printemps, et en insecte parfait à la fin de cette saison, “ On la trouve en Europe. Degéer a observé que ces larves servent quelquefois de nourriture aux larves d’une mouche à deux ailes, et à quelques larves - d’ichneumons. Ayant ouvert une coque de cette tenthrède , il y a trouvé une mouche DES TENTHRÉÈDES, 95 de l'espèce des mouches de la viande : cette mouche était morte et renfermée dans une coque d’un brun rougeâtre, faite avec sa peau, placée comme en prison dans la dou- ble coque de la larve de la tenthrède, Cette mouche est venue d’une larve qui, ayant été déposée trop tard dans le corps de la fausse chenille, n’a pu en sortir avant que cette dernière ait construit sa coque; la mouche n'ayant pas d'instrument propre à percer une matière aussi dure que l’est celle de la coque de la tenthrède, a trouvé son tombeau dans l'endroit où elle a vécu. La Tenthrède septentrionale, Ten- thredo septentrionalis. Les antennes sont noires, plus longues que le corselet ; la tête et le corselet sont noirs ; l'abdomen est roux, avec les deux premiers et les deux derniers anneaux noirs; les cuisses sont rousses ; les jambes blan- ches, avec une tache rousse; les tarses d’un brun jaunâtre ; les pates postérieures sont é” très grandes ; les jambes sont grosses , l’ex- … 96 HISTOIRE NATURELLE sirémité aplatie, armée de deux épines très fortes ; le premier article des tarses est très large, aplati; les autres sont égaux; les ailes ont une teinte d’un violet foncé; les supérieures ont une tache marginale noire. Sa larve a près d’un pouce de longueur ; vingt pates; elle vit en société sur le bou- leau, où on trouve ces larves vers la fin de l'été; elles sont vertes, avec le premier et le dernier anneau d’un jaune rougeâtre; les pates membraneuses sont jaunes, les écail- leuses vertes; la tête est noire, luisante. Elles ont de chaque côté du corps, au-des- sus des stigmates, des taches noires, et au- dessous des taches de même couleur, ovales, élevées et luisantes; en dessus du corps, vers l'extrémité, une plaque écailleuse noire qui couvre l'anus. Ces larves ont or- dinairement l'extrémité du corps-courbée en dessous. Elles rongent les bords des feuilles. Quand on les touche un peu rude- ment, elles font sortir d’entre leurs pates membraneuses des tubercules charnus et coniques, d’un vert obscur, qui rentrent ensuite dans le corps, à la manière des + DES TENTHRÉDES. 97 | cornes outentacules des limaçons. Parvenues au terme de leur accroissement, elles s’en- foncent dans Ja terre, où elles filent des coques simples de forme ovale, entièrement noires, dans lesquelles elles passent l'hiver, et d’où elles sortent vers le milieu du prin- temps suivant, sous la forme d’insecte par- fait. 4 Eile habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. La Tenthrède bedeau du saule, 7'en- thredo capreæ. Elle à quatre lignes de longueur ; la tête estnoire en dessus, jaune antérieurement; le corselet est noir en dessus, avec une tache jaune de chaque côté de la partie an- térieure ; l'abdomen est jaune en dessus et en dessous ; le bord extérieur des ailes est noir et épais. Sa larve vit sur le saule; elle a vingt pates; sa tête est noire et lisse; les trois premiers anneaux et les trois derniers sont M de couleur fauve; les autres sont d’un beau VII, Y C 98 HISTOIRE NATURELLE bleu verdâtre. Elle a sur le corps neuf ran- gées de points noirs. La bigarrure des cou- leurs de cette/larve lui a fait donner le nom de bedaude. Elle habite l’Europe : on la trouve aux environs de Paris. La Tenthrède de la scrophulaire, Tenthredo scrophulariæ. Elle est longue de cinq lignes, noire, avec les antennes un peu plus grosses vers leur extrémité, et fauves; les anneaux de l'abdomen, le second et le troisième ex- ceptés , sont bordés postérieurement de jaune ; les jambes et les tarses sont fauves. Elle ressemble à une guépe. Sa larve a vingt-deux pates ; elle est blanche, avec la tête et des points noirs : elle vit sur la scro- phulaire. F On trouve cette espèce aux environs de Paris. DES TENTHRÈDES. 99 La Tenthrède verte, Z'enthredo viridis. Elle a la même grandeur que la précé- dente; ses antennes sont sétacées; le corps est vert, avec une tache sur le corselet, et une bande sur le milieu du dos de l’abdo- men, noires : sa fausse chenille vit sur le bouleau. Cette espèce est très commune dans les bois des environs de Paris. La Tenthrède à tête jaune, Tenthredo erythrocephala. G. Pamphilie. La. Les antennes sont plus longues que la moitié du corps, composées de vingt-quatre ou vingt-cinq articles, de couleur noire; la tête est velue, jaune, avec une grande tache triangulaire bleue entre les yeux; le corse- let et l’abdomen sont d’un bleu verdâtre luisant; les pates sont de la même couleur que le corps; les ailes ont une légère teinte de brun, avec les nervures d’un brun obscur. . e 100 HISTOIRE NATURELLE Le mâle est noir ; il a seulement la bouche et les jambes antérieures jaunes. Elle habite l’Europe : on la trouve sur le pin. La Tenthrède du bouleau, Z'enthredo betuleæ. G. Pamplilie. LatR. Elle est de la grandeur de la précédente ; les antennes sont jaunes dans la plus grande partie de leur longueur, brunes à l’extré- mité, composées de vingt-quatre ou vingt- cinq articles; la tête est grande, aplatie, de forme circulaire , d’un jaune roux, avec une grande tache noïre sur le front, où sont placés les petits yeux lisses; le corselet est noir postérieurement, d’un jaune roux anté- rieurement; l'abdomen est d’un jaune roux, noir à sa base, avec les trois derniers an- neaux de cette dernière couleur; les pates sont jaunes; les ailes ont une forte teinte jaune, avec une grande tache brune vers l'extrémité; les nervures sont de Ja couleur de la portion de l’aile où elles sont placées. On la trouve en Europe. DES TENTHRÉÈDES, 10L La Tenthrède champêtre, T'enthredo sylvatica. G. Pamphilie. Lavr. Elle a environ quatre lignes de longueur ; les antennes sont fauves, plus longues que la moitié du corps, composées de trente ar- ticles ; la tête est aussi large que le corselet, noire, avec deux petites lignes fauves sur le derrière; le corselet est noir, avec une tache fauve à sa partie postérieure ; l’'abdo- men est noir, sans taches; les pates sont d’un jaune fauve; les cuisses antérieures sont noires à leur base ; les ailes sont légè- rement teintes de brun, avec les nervures d’un brun obscur; les supérieures ont une tache marginale allongée , noire. Elle habite l’Europe. On trouve l’insecte parfait en quantité sur le bois de Sainte- Lucie, où la femelle dépose ses œufs, . c'e Et MR Se nt Sd D à LÉ ds de dé 26 De ét Éd 102 HISTOIRE NATURELLE La Tenthrède de l’églantier, Tenthredo cynosbati. G. Pamphilie, Lan, Cette espèce est très petite; elle-est toute noire, à l'exception de ses jambes, qui sont annelées de blanc, avec les tarses ferru= gineux. ‘ La femelle dépose ses œufs dans la prin- cipale côte des feuilles du rosier. La ma- nière dont elle opère n’a rien de particulier; mais elle ne dépose qu’un œuf sur chaque feuille, Elle habite l’Eürope : on la trouve aux environs de Paris. DÉS DIPLOLÈPES, 103 XXXVI: GENRE. DIPLOLÈPE. G. Cynips. Lan. Caractères génériques. Antennes filiformes, longues; quatorze articles cylindriques, égaux, très dis- tincts. — Quatre antennules courtes; les anté- rieures filiformes, composées de cinq articles égaux ; les postérieures de trois, dont le dernier en masse, — Ventre un pen comprimé, — Ai- guillon caché entre deux lames dn ventre, — Trois petits yeux lisses. Lxs insectes qui composent ce genre ont beaucoup de rapport avec les cynips, avec lesquels les entomologistes les ont con- fondus. M. Geoffroy est le premier qui en ait fait un genre ; il leur a donné le nom de diplolépe, à cause des deux lames du ventre dans lesquelles l’aiguillon se trouve caché, caractère que les diplolèpes ont de commun avec les cynips, La seule différence sensible qui existe entre les insectes de ces deux genres se trouve dans les antennes; celles des cynips sont coudées, cylindriques, plus 104 HISTOIRE NATURELLE courtes que l'abdomen ; celles des diplo- lèpes sont droites, filiformes , plus longues que l'abdomen , composées de treize à quinze articles, suivant les sexes. La tête est verticale, aplatie, triangulaire, appliquée contre le corselet. Le corselet estélevé, bossu; il tient à l’ab- domen par un pédicule très court. L’abdomen est ovale, comprimé dans les femelles, arrondi dans les mâles. Celui de la femelle est muni d’une tarière courte, composée de trois pièces, roulée sur elle- même à sa base, cachée entre deux lames du ventre. Les ailes sont veinées, inégales, plus lon- gues que l'abdomen. Les pates sont assez longues. Les diplolèpes se rapprochent encore des cynips par la manière de vivre de leurs larves ; toutes vivent dans les galles des ar- bres et arbrisseaux, d’où elles sortent sous la forme d’insecte parfait. On sait que les galles qui viennent sur les tiges et les feuilles des plantes, sont des excroissances produites par les piqüres que DES DIPLOLÈPES, | 105 les insectes y font pour déposer leurs œufs. On trouve quelques unes de ces galles ha- bitées par des cynips et des. diplolèpes, etsouvent elles renferment en même temps des-ichneumons : c’est principalement dans la galle chevelue du rosier qu’on trouve ces trois espèces réunies. Parmi elles il y en a certainement une qui vit aux dépens des autres, c’est l’ichneumon, et peut-être deux. Jusqu'à présent on ignore lequel des deux autres est le véritable habitant de la galle, et si le cynips n’est point un insecte para- site qui s'établit dans le domicile du diplo- lèpe, pour y vivre de sa substance. Il n’y a que des observations suivies qui puissent éclaicir les doutes à cet égard. Ce genre est peu nombreux ; ces insectes sont si petits, qu'il n’est pas facile de les trouver; on n’en connaît encore qu'une douzaine d’espèces : une partie habite les environs de Paris. Nous allons passer à la description des plus remarquables. Nota. Ce genre n’a pas été adopté par M, Latraille, qui a été obligé de le sup- 106 HISTOIRE NATURELLE - primer, à cause de l'abus qu’ena fait M. Geof- froy. Cet entomologiste, après avoir con- verti le genre cyrips de Linné en celui de diplolèpe , a fait usage du mot cynips pour désigner un autre genre d'insectes de l’ordre des Ayménoptères. M. Fabricius, voulant sans doute rendre justice à Linné, a res- titué au genre déplolépe le nom de cyrips, et a reporté la dénomination de plolèpe au genre que M. Geoffroy nommait cyréps, Au licu de remédier aù mal, M. Fabricius l’a beaucoup augmenté; et pour éviter toute confusion, on est généralement tombé d’ac- cord de restituer au mot cyrips le sens que lui aecordait Linné, et d'effacer pour tou- Jours de la nomenclature entomologique le mot diplolèpe. Le Diplolèpe du rosier, Diplolepis rosæ. G. Cynips. Lam. Il à une ligne et demie de longueur; la tête et le corselet sont noirs; les antennes de même couleur, aussi longues que le cor- » DES DIPLOLÈPES. 107 selet; l'abdomen est d’un brun luisant, avec l'extrémité noire, de forme ovale; les pates sont brunes; les ailes transparentes, sans taches, un peu plus longues que l'abdomen, Si on ouvre les loges du bedeguar, ou cette excroissance chevelue que l’on trouve sur le rosier, on trouve des cynips dans quelques unes, dans d’autres des diplolèpes et des ichneumons. Pour en sortir, ces in- sectes y font une petite ouverture, Il se trouve dans toute l’Europe : il est très commun aux environs de Paris. Le Diplolèpe du bedeguar, Diplolepis bedeguaris. G. Cynips. Larn. Cette espèce est un peu plus petite que la précédente; les antennes sont de la lon- gueur du corps; la tête et le corselet sont bruns ; l'abdomen est d’un brun plus foncé que la téte et le corselet; les ailes sont transparentes , plus longues que le corps. On le trouve dans la galle fongueuse du rosier avec le eynips doré; il y Ÿit sous la forme de larve. 108 HISTOIRE NATURELLE Le Diplolèpe de la galle à teinture, Diplolepis tinctoriæ. G. Cynips. Law. Il a depuis deux jusqu’à deux lignes et demie ; les antennes sont de la longueur du corselet; tout le corps est testacé, légère- ment couvert d’un duvet soyeux; la partie de l'abdomen est luisante. : La larve vit dans la galle ligneuse, tu- berculée, qui vient sur les rameaux du . chêne, dont on se sert dans le commerce. On trouve une quantité de ces galles qui n’ont qu’une seule cellule à leur centre, et d’autres qui en ont plusieurs. Nous trou- vons , dans l’Encyclopédie, que cette espèce est la même que celle qui habite la galle qui nous vient du Levant, qui est la seule qu'on emploie dans le commerce. Cette même galle se trouve dans les départemens méridionaux de la France, maïs plus petite, et l’insecte qu’elle renferme est plus petit que celui des galles du Levant. Il se trouve en France et dans le Levant. DES CYNIPS. 109 XXXVII GENRE." CYNIPS. Caractères génériques. Antennes filiformes, brisées; premiér article très long et cylindrique, le second petit, les autres courts, égaux, peu distincts, — Quatre antennules courtes, inégales, presque en masse; les antérieures un peu plus longues, composées de six articles, les postérieures de cinq. — Ventre un peu comprimé. — Aïguillon conxbé et caché entre deux lames dn ventre. — Trois petits yeux lisses. , Les cynips ont les antennes rapprochées, grossissant vers l'extrémité, quelquefois branchues , composées de plus ou moins d'articles. Le corps est court, renflé, souvent bril- lant, La tête est placée verticalement, aplatie, triangulaire, appliquée contre le corselet ; elle‘a deux sillons enfoncés sur le front. Le corselet est tronqué antérieurement ; l’écusson est pointu. à L'abdomen est ovale ou conique, sou- VIT, 10 FR di LE RL. | 2 + dd nn DS de ee CS Éd | 110 HISTOIRE NATURELLE vent comprimé; celui des femelles est armé d’un aïguillon creusé à l’éxtrémité, en forme de tarière, garni de pointes sur les côtés, placé sous le ventre entre deux lames re- courbées. Les cuisses postérieures sont souvent renflées. Er . Les ailes sont membraneuses, peu vei- nées, de la longueur de l’abdomen. Les cynips viennent de larves qui, selon M. Geoffroy, ont six pates écailleuses, et au moins douze ou quatorze pates mermbra- neuses. Il est difficile de trouver ces larves, parce aw’elles vivent renfermées dans les galles ou tubérosités qu’on voit sur les feuilles ou les tiges des plantes auxquelles ces insectes donnent naissance. Ces larves sortent des œufs que les femelles déposent dans les différentes parties des plantes, après y avoir fait une entalle avec leur tarière ; chaque œuf reste dans la place qui lui est destinée, par le moyen d’une espèce de glu dont il est enduit; les sucs de la feuille ou de la plante , s’épanchant par les vaisseaux qui se trouvent ouverts dans cet endroit, y 2 és ai. DES CYNIPS, 111 forment une excroissance ou tubérosité dans laquelle l'œuf se trouve renfermé , et où peu à peu il acquiert du volume et de la consistance. Quand la larve sort de l’œuf, elle trouve auprès d’elle ce qui est nécessaire à son existence ; elle suce et ronge la galle , qui croît et prend de la solidité à mesure qu’elle la mange. Quelques unes de ces galles ont iadts leur intérieur une seule cavité, dans laquelle plusieurs larves vivent ensemble, ou plu- sieurs petites cavités entre lesquelles il y a des communications; l’intérieur de, quel- ques autres ést rempli de plus de cent cêl- lules, et chacune est occupée par un seul insecte ; enfin, d’autres n’ont qu’une seule cavité habitée par un insecte qui vit soli- taire. _ Les galles offrent de grandes variétés dans leur forme; les plus communes sont de figure arrondie. Celle qu’on appelle noix de galle, qui est la plus connue de toutes, et qui entre dans la composition de l’encre, est une excroissance produite, selon M. Geof- froy, par un insecte du genre des cynips. 112 HISTOIRE NATURELLE La figure des galles et leur couleur leur ont fait donner les noms des fruits avec lesquels elles ont une’ espèce de ressem- blance ; on en trouve sur le ‘chêne, qu’on appelle galle en pomme, er groseille, en pepin. Parmi ces dernières, quelques unes imitent les fruits par leur tissu spongieux ; elles sont rouges ou jaunes. Parmi les galles arrondies , les unes sont appliquées sur la plante, les autres y tiennent par un court pédicule. On en trouve un grand nombre d’espèces dont les figures n’ont rien de ré- gulier ni de remarquable; d’autres qui sont régulières, composées, dont la structure étonne, Quelques unes paraissent être une partie de la plante épaissie et tuméfée : telles sont celles qu’on voit sur les feuilles du saule et de l’osier. Différentes plantes et différentes parties des plantes en font voir de diversement figurées. D’autres galles ont des formes qui les font paraître des pro- ductions singulières de l'arbre, surtout celles qu'on nomme chevelues , dont le corps dur et solide de la galle est chargé et hérissé de longs filamens détachés les uns des autres. nn RS LR Sd 2" 2 De de LS Ta, | DES GYNIPS. 113 On trouve cette espèce sur lewrosier sau- vage, connu sous le nom d’églantier, cynor- rhodon. Ces productions paraissent des vé- gétations qui n’ont aucune ressemblance avec l’arbuste auquel elles tiennent. Les fila- mens qui hérissent la galle, qui en font lé chevelu, sont rougeâtres ; ils tirent leur ori- gine d’un seul endroit de son extérieur, d’une espèce de noyau. La masse de la galle n’est elle-même qu'un assemblage de ces noyaux collés les uns contre les autres, dont chacun à dans son intérieur une cavité à peu près sphérique, qui est une cellule des- tinée à une larve; les parois de ces cellules sont plus dures que du boïs, leurs surfaces intérieures sont lisses. Le même églantier a souvent trois ou quatre de ces galles, quel- quefois plus d’une douzaine ; chacune part ordinairement d’un bouton. On trouve de ces mêmes galles, mais très petites, sur les fibres des feuilles. L’églantier offre encore une autre espèce de galles plus rare que la précédente ; celle-ci croît en bouquet au bout d’une des branches du rosier, où elle forme une masse, une espèce de groupe, 114 HISTOIRE NATURELLE composé d’une douzaine de galles, d’iné- gale grosseur et de figure différente : les unes sont grosses comme des olives , les au- tres comme des pois; les unes oblongues , les autressphériques, ou de figures bizarres, collées souvent deux ou trois ensemble; les unes partent d’un fruit desséché, les autres croissent avant que le fruit ait eu le temps de prendre de la grosseur; elles sont de cou- leur rousse ; quelques unes sont lisses, d’autres hérissées en partie d’épines courtes et fines. Cette espèce et la précédente pa- raissent devoir leur origine à la même espèce d’insecte; la différence qu'on remarque à leur extérieur dépend vraisemblablement de quelques circonstances qu’on ignore. Les galles chevelues du rosier sont très propres à embarrasser l’observateur qui veut con- naître le véritable insecte auquel ces ex- croissances doivent leur origine, celui enfin qui les fait naître pour servir de logement à ses petits, parce qu’il n’y a aucune autre espèce de galles d’où il sorte plus d'espèces d'insectes que de celles-ci ;elles renferment ordinairement des cynips, des diplolèpes et _ DES GYNIPS. 1165 des ichneumons. Le chêne est de tous les arbres celui sur lequel on trouve le plus grand nombre de galles; les unes ont la forme de petites pommes, isolées ou réunies ensemble; d’autres sont hérissées de pi- quans ; il y en a de branchues ; on en voit qui ressemblent à des fleurs, à de petits artichauts , à des champignons. On trouve des feuilles chargées de petites galles rabo- teuses qui ont la forme de petits boutons ; elles sont recouvertes de fibres extrémement déliées , appliquées les unes à côté des au- tres, aussi brillantes que la soie. D’autres feuilles du même arbre portent une espèce de gallés qui a une sorte de ressemblance avec un petit gobelet; chacune d’élles est fermée par une espèce de couvercle en forme de mamelon, qui s'élève au-dessus de la partie évasée. D’autres sont aplaties, unies ou frisées; les unes sont ligneuses, les au- tres spongieuses. Il serait trop long de par- courir les variétés de figures que nous offrent ces excroïssances, dont la forme et la con- sistance paraissent dépendre de l’insecte qu’elles renferment ; cé qui le prouve, c'est s td 6 us d'A Lo OS. és nu LL 116 HISTOIRE NATURELLE que les galles dans lesquelles naissent cer- tains inséctes, ont constamment la même forme et la même solidité, pendant que d'autres galles des mêmes feuilles où d’autres insectes naissent, ont une forme différente et qui leur est particulière. ù Le chéne nous fournit un exemple très propre à nous faire voir combien les galles qui croissent sur une même partie du même arbre peuvent différer entre elles. On trouve sur cet arbre trois espèces de galles à plu- sieurs cellules, qui, toutes trois , tirent leur origine du bouton ou bourgeon, dont les feuilles et les branches ne se sont point développées, et paraissent avoir été sou- dées ensemble pour composer une masse. A peine les chênes montrent-ils des feuilles, qu'ils ont déjà les galles qui ont été nom- mées galles en pomme ; elles sont commu nément plus grosses que des noix; leur sur- face a , en divers endroits, des enfoncemens; leur peau est lisse et souvent colorée. En observant ces galles dans une certaine sai- son, on y remarque cinq à six feuilles cadu- ques, qui leur forment une espèce de petit D I OR IN | DES cymiPS. 117 calice, duquel elles paraissent sortir, On nomme feuilles caduques les feuilles qui composent l'extérieur de tout bouton, et qui tombent lorsqu'il se développe : on les ‘appelle aussi feuilles écailleuses ; elles sont destinées à former une enveloppe solide aux parties tendres, qui doivent par la suite prendre un volume peu proportionné à ce- lui qu’elles ont alors; et quand ces parties se sont développées, les feuilles caduques tombent. Si on coupe ces galles, on y dis- tingue deux sortes de substances, l’une spongieuse, et l’autre plus serrée, plus blan- châtre, et qui forme un grand nombre de petits grains. La substance spongieuse remplit les intervalles que les grains lais- sent entre eux; chacun de ces grains est une cellule où un insecte est logé; mais ce que la galle, si on la coupe perpendiculai- rement à son pédicule, offre de plus re- marquable ; c’est un grand nombre de grosses fibres qui partent de l'endroit où est son espèce de pédicule, et dont chacune se rend à une des cellules, ce qui fait juger que chacune de ces fibres a été la princi- 118 HISTOIRE NATURELLE pale nervure d’une feuille, que cette ner- vure a été conservée, qu’elle portelesucnour- ricier à la cellule, et que les autres parties de cette feuille, celles des autres feuilles et. celles du bourgeon, se sont collées ensemble, et se sont réunies pour former le corps mons- trueux qui paraît une espèce de fruit. Si on observe dans le même temps d’au- tres bourgeons du même arbre, lorsqu'ils ne sont encore que gonflés , on en trouvera qui sont percés d’un trou rond; qu'on dé- . tache les petites feuilles écailleuses ou cadu- ques qui forment le dehors de ce bouton, et qu’on en examine l’intérieur , on y verra une galle verdâtre , de figure arrondie, en différens endroits de laquelle des feuilles caduques sont implantées; ce qui prouve que les parties qui étaient défendues par ces feuilles ont été converties en une galle qui tire son origine des mêmes parties d’où la galle précédente tire la sienne ; mais elle ne prend pas un accroissement aussi consi- dérable que celle-ci. Son intérieur est par- tagé en quatre ou cinq cellules par des cloi- sons membraneuses; l’insecte qui sort de DES GYNIbS, 119 cette galle, pour prendre l'essor, est non seulement obligé de percer la galle, mais encore les feuilles caduques qui l’entourent. . . La troisième espèce des galles des bou- tons du chêne ressemble au calice écailleux des fleurs de la jacée; elle est recouverte extérieurement d’écailles couchées les unes sur les autres, qui, par la suite, en s’écar- tant, paraissent disposées comme les feuilles d’un artichaut : ces galles semblent alors autant de petits boutons de fleurs prêts à s'ouvrir; lorsque ces feuilles ou écailles sont ouvertes, on voit paraître les extrémités d’un grand nombre de feuilles placées comme les pétales des fleurs ; leur couleur est d’un brun clair. Si on divise cette galle en deux , en la coupant perpendiculaire- ment à son pédicule, on voit que toutes les ‘ feuilles ont pour base une substance dis- posée comme celle qu’on nomme le cul de l’artichaut , de même couleur, ét un peu plus compacte. Du milieu de cette substance s'élève un corps dont la figure n’est pas constante, mais qui a quelquefois celle du pistil d’une fleur ; il est plus ou moins al- 120 HISTOIRE NATURELLE longé, quelquefois il manque à ces galles ; quand on ouvre cette espèce de pistil, on voit qu'il fournit au moins un logement à un insecte, et ordinairement quatre à cinq séparés par des cloisons. On voit aussi dans la substance de la galle plusieurs cavités de figures peu régulières , dont çhacune est encore le logement d’un insecte qui paraît semblable à ceux des cellules de l'espèce de pistil. Les parties du bouton du chêne qui ont été employées à former les parties les plus apparentes de la galle, sont aisées à reconnaître ; ces feuilles caduques qui se- raient restées petites, et qui seraient tom- bées si le bouton se füt développé selon les règles ordinaires, ont profité de l’altération qui s’est faite dans les parties les plus impor= tantes du bouton : celles de ces feuilles sur- tout qui étaient les plus proches de la sur- face, ont crù démesurément, et ont subsisté en place bien plus long-temps qu’elles n’eus- sent fait; les intérieures se sont allongées, et ont pris la forme d’espèces de lanières , parce qu’il ne leur a pas été aussi aisé qu'aux autres de s’élargir. Enfin, les parties du MES cyYNIPS. © Si bouton qui seraient devenues une petite branche chargée de feuilles, ont été réu- nies ensemble, et réduites à composer la substance qui fait le fond de la galle, et son espèce de pistil. « On vient de voir les variétés principales que les galles de différentes espèces peu- vent offrir; il n’est pas aussi facile de don- nerdes éclaircissemens sur les causes de leurs variétés, sur leur première. formation et sur leur accroissement. La plupart crois- sent avec une rapidité surprenante ; celles de la plus grosse espèce prennent leur ac- croissement en peu de jours , et il paraît que cet accroissement se fait avant que la larve soit sortie de l’œuf; de sorte que, "quand elle naït, son logement est tout fait, et n’a plus ou peu à croître: Mais une re- marque que Réaumur a faite, c’est que l’œuf qu’on trouve dans une galle est beaucoup plus gros que lorsqu'il y a été déposé. Il s'ensuit donc que l'œuf croît dans la gallé; ce qui serait impossible s’il était enveloppé d’une coquille incapable de s'étendre, sem- blable À celle des œufs les plus connus. VIT, 11 122 HISTOIRE NATURELLE Mais ces œufs ne sont entourés que par une membrane flexible, qui peut être analogue à celles sous lesquelles sont renfermés les fœtus humains et ceux des quadrupèdes. La nature peut avoir constitué ces œufs de même que ceux de quelqües autres insectes qui sont susceptibles d’accroissement ; tels sont, selon Valisnicri, les œufs des mou- ches à scie, d’où sortent les fausses che- nilles qui vivent sur le rosier. Il est diffi- cile de trouver des différences bien sensibles entre les larves des eynips; toutes ces larves sont blanches, quelques unes cependant sont plus allongées que les autres. On re- marque sur le corps de quelques espèces , au milieu de chaque anneau, excepté sur les deux premiers, une partie charnue, à laquelle ces larves font prendre quelque- fois la forme d’un mamelon, qui ressemble aux pates membraneuses des fausses che- nilles, de sorte qu ‘elles paraissent avoir des pates tout le long du dos; quelquefois ces mamelons sont aplatis, et leur extrémité réntre en dedans; alors ils forment des ca- vités rebordées de chair. Ces parties parais- DES GYNIPS. 123 sent être des pates; la larve qui est roulée en boule dans une cavité sphérique de la galle, les fait agir, lorsqu'elle veut se mou- voir pour se retourner où se poussers en avant: mais ce qu'il y a de singulier, c’est que toutes ces larves , quoïqu’elles mangent beaucoup , ne paraissent pas rendre d’ex- crémens; on n’en trouve point dans l’inté- rieur de leurs cellules; leurs parois sont polies, et le dedans trés propre. Il paraît que ces larves convertissent en leur propre substance tout ce qu’elles tirent de la galle, aussi croissent-elles vite; mais si l’accrois- sement extérieur est prompt, l’accroisse- ment intérieur. est très lent dans plusieurs espèces. IL y en a qui ont-acquis.en quinze jours toute la grandeur à laquelle elles doi- vent parvenir, et qui restent dans la galle plus de cinq à six mois avant de se méta= morphoser en nymphe. Lorsque les larves des eynips ont pris tout leur accroissement, les unes sortent des. galles, et entrent en terre pour s'y méta=. morphoser; les autres se transforment dans les galles, d'où elles sortent sous la forme où 124 HISTOIRE ATURELLE s d’insecte parfait, après avoir fait,un trou à la galle. Peu après que ces insectes sont sortis, ils s’accouplent, et les femelles vont ensuite déposer leurs œufs sur la partie des plantes qui leur convient, après l'avoir percée de leur tarière, pour y faire naître une nouvelle galle. Quelques espèces dépo- sent les leurs dans le corps des chenilles ou dans'celui d’un puceron : il arrive souvent que les chenilles ou les pucerons que ces femelles choisissent, renferment déjà une larve d’ichneumon. La. larve de l’ichneu- mon, qui éclot la première, mange la che- nille , et est mangée à son tour par la larve des eynips. Ces insectes sont, pour les cy- nips, des,espèces de galles dans lesquelles les uns subissent leurs métamorphoses , et n’en sortent que sous la forme d'insectes mparfaits; les autres en sortent pour aller sè changer ennymphe sous quelques feuilles. . Toutes. les larves des cynips ne vivent point renfermées dans des galles ou dans le corps d’autres insectes ; quelques espèces vivent cachées entre des feuilles, où elles se changent en nymphes, sur lesquelles on distingue toutes S le pi de l’insecte par- fait ; elles sont atfachées par l'extrémité du corps : on en trouve plusieurs placées les unes à'côté dés autres; elles soht de cou- leur brune , et d’une consistance assezsa- lide. Les cynips sont des insectes très petits ; quelques uns sont très brillans et parés des plus belles couleurs ; quelques uns se font remarquer par la grosseur de leurs cuisses postérieures, ce qui leur donne la pr epridt de sauter. Dans quelques espèces, la tarière n'est point apparente ; dans d’autres , elle est beaucoup plus longue que le corps; mais une partie est roulée et repliée dans l'inté- rieur, du ventre comme un ressort. En dé- crivant les plus remarquables , nous par- lerons des parties qui les caractérisent. Ce genre renferme près de cinquante ess pèces, que l’on trouve presque toutes aux environs de Paris. sn, Lé tas-6:. ASS. : A +: 126 HISTOIRE NATURELLE Le Cynips du Medeguar, Cynips bedeguaris. Les antênnes sont noires, coudées , plus longues que la tête ; la tête et le corselet sont en dessus d’un vert brillant ; l’abdo- men est d'une belle couleur pourpre très brillante ; il est de forme ovale allongée ; Paiguillon de la femelle est beaucoup plus long que le corps; les pates sont jaunes ; les ailes transparentes, avec une légère teinte de brun. Sa larve vit dans l'intérieur des galles chevelues du rosier sauvage, connues sous le nom de bedeguar ; mais, selon Degéer , il n’est point l’insecte qui produit la galle ; ilest, au contraire, le destructeur de l'häbi- tantmaturel , dont il dévore la larve. Il habite l’Europe : il est commun aux %'environs de Paris. Le Cynips des mouches, Cynips muscarum. Il à environ une ligne de longueur; les antennes noirâtres; la tête et le corselet "x. s id. à n _ DES CYNIPS. 127. assez grand ; l'abdomên petit, allongé,ratta- ché au corselet par un pédicule très court ; tout le corps est d’un vert foncé, doré et brillant; les pates sont jaunes; les ailes transparentes et sans taches : elles sont placées horizontalement sur le corps. Ces cynips font de petits sauts en volant, et se posent souvent à terre. Ils viennent de larves qui vivent dans l’intérieur des larves des mouches aphidivores ou mangeuses de pucerons , et dans celles des coccinelles. Vers la fin de l'été, Degéer a trouvé sur r les feuilles de l’érable des nymphes de ces … dernières remplies de larves de cynips; en ayant ouvert une au milieu de l'hiver, il y vit trois petites nymphes longues d’une " ligne et demie, de couleur blanche, avec les yeux bruns. Peu de temps avant de se métamorphoser, elles deviennent noires , et se changent en insecte parfait dans l’inté- rieur de la nymphe aux dépens de laquelle elles ont vécu, et en sortent au printemps suivant. Il habite l’Europe : on le trouve aux en- virons de Paris. 3 128 more tinu Le Cynips des dE, Cynips puparum. Les antennes du mâle sont fauves ; celles des femelles brunes ; la tête et le corselét sont d’un vert clair doré; l’abdomen est d’un vert bronzé brillant ; les pates sont pâles, avec les cuisses d’un vert doré dans la femelle. … Sa larve vit dans l’intérieur des chenilles mineuses du pommier, et dans plusieurs au- trés espèces. Uneseule chrysalide de la che- nille du chou a donné à M. Geoffroy plus - de soixante de ces insectes. Il habite l'Europe. + Le Cynips des larves, Cynips lar- var'um. # G. Eulophe. Lame. Les antennes sont jaunâtres à leur base , noirâtres à l'extrémité; la tête et le corselet d’un vert doré brillant ; l'abdomen est noir, avec une tache d’un brun clair en dessous, près du corselet; les pates sont d’un jaune In&ectes. PI, 58: LPesere del. _ Lurdieu Ve 1el 2, Galles du Chêne 5. Cyn.des Choysalides 5:.4Larve: 6. Chal, Claipède . dites Diplolepe éd ls dé T4 8 + LÉ DES GYNIPS. 129 »blanchâtre, avec une légère teinte de vert; les ailes transparentes, sans taches. Les larves de cette espèce vivent dans l'intérieur des chenilles velues à seize pates , qu’on trouve sur la fin de l'été sur le mar- ronnier d'Inde et sur l’érable. Lorsque ces larves sont prêtes à changer de forme, elles sortent du corps de la chenille où elles étaient quelquefois en assez grand nombre , et se placent les unes auprès des autres sans » s'éloigner d’elle. Leur corps est gros, de figure ovale; elles sont de couleur blan- che, et couvertes d’une liqueur gluantequi sert à les fixer contre le plan de position ; elles remuent souvent la tête, et contrac- tent leurs anneaux; la partie antérieure du corps est beaucoup plus grosse que la pos- térieure , qui se termine en pointe conique, On remarque à la partie antérieure une “petite pièce coupée carrément ou tronquée. Quelques heures après être sorties du corps de la chenille , elles se vident de leurs ex- crémens ; après qu'elles s’en sont débarras- sées, et avant de se transformer en nym- phes , elles se placent sur les feuilles, le + La X À 4 130 HISTOIRE NATURELLE dos appliqué sur la surface , où il se trouve + collé par la liqueur gluante dont tout le corps est humecté. Réaumur a cru que le changement de forme de cette larve se fait sans qu’elle se défasse d’aucune peau, sans qu’elle quitte de dépouille; mais De- géer, qui a, observé cette transformation, a vu auprès de la nymphe la peau de la larve. Ces larves se changent en nymphes le lendemain du jour où elles sortent du corps de la chenille, et leur changement de forme se fait comme celui de toutes les larves des mouches à quatre ailes. Ces nymphes sont d’abord de couleur blanche, et ensuite deviennent brunes ; elles parais- sent sous la forme d’insecte parfait huit jours après leur transformation en nym- phes. On le trouve en Europe. Le Cynips des œufs, Cynips ovulorum. Il a environ une demi-ligne de longueur ; il est entièrement noir; les pates seules sont blanchâtres. DES CYNIPS. 131 Cette espèce dépose ses œufs dans les œufs des papillons, des punajses et autres insectes; la larve qui en sort se nourrit de la substance de ces œufs , dans lesquels elle subit toutes ses métamorphoses ; elle en sort sous la forme d’insecte parfait, après avoir percé la coque. On le trouve aux environs de Paris. Le Cynips des cochenilles, Cyrips COCCOTUIN. Il a environ une ligne ; les antennes sont noires; il est d’un vert foncé brillant ; le corselet est large; l’abdomen est court, presque rond; les ailes sont transparentes ; les pates d’un jaune pâle. Sa larve vit dans l’intérieur de la chenille de l’orme ; elle s’y change en nymphe d’une couleur brune verdâtre , et en sort sous la forme d’insecte parfait. On le trouve en Europe. “ 132 HISTOIRE NATURELLE Le Cynips des feuilles, Cyrips foliorum. Il a environ une ligne de longueur; les antennes sont d’un jaune pâle; le corselet et l'abdomen d’un vert doré; les pates päles; les ailes transparentes. La larve vit dans l’intérieur d’une galle qu’on trouve sur les feuilles du chène ; cette galle paraît des deux côtés de la feuille; elle est formée de deux cônes : sa cavité inté- rieure est très grande, et ses parois n’ont à peu près que le double de l'épaisseur de la feuille ; elle est peu ligneuse. On le trouve aux environs de Paris. Le Cynips rosacé, Cynips quercûs semma. Il a environ une ligne ; le corps est d’un noir verdâtre doré ; les antennes et les pates sont de couleur fauve un peu foncée. Il dépose ses œufs dans les bourgeons du chêne; il y produit une galle qui res- semble au calice des fleurs de la jacée: Nous DES CYNIPS. 133 . avons parlé de cette galle dans les généra- lités du genre : nous y renvoyons pour voir ce que nous en avons dit, 11 habite l’Europe : on le trouve aux en- virons de Paris. Le Cynips du lierre terrestre, Cyrips glechomeæ. Il est d’un brun noirâtre; son corselet est un peu velu. Sa larve vit dans une galle en pomme, ROLLER Ë qui croit sur le lierre terrestre. Ces galles sont plus petites que celles qui croïissent sur le chêne ; quelques unes sont de la grosseur d’une petite noix : il y en a qui partentde la tige dela plante, de ses boutons, mais la plu- part naissent sur les feuilles ; quelques unes ne paraissent que sur un seul de ses côtés , d’autres des deux côtés. L'intérieur de ces galles est très spongieux, et ressemble aux éponges les plus remplies de cavités. Des fibres ou de petites lames charnues , blan- ches , et presque sèches en certains temps , partent de la circonférence , et se dirigent voit, 12 SP TO CS I ST Lu PU TES 134 HISTOIRE NATURELLE vers le centre ; elles laissent'entre elles des vides sensibles qui font paraître l’intérieur de ces galles joliment travaillé. Vers le centre de la galle sont des grains gros comme de très petits pois, qui sont autant de petites boules ligneuses, ou d’une substance aussi dure que le bois. Ces petites boules sont creuses , et renferment chacune une larve, qui est celle de l'espèce que nous venons de décrire. Ces galles contiennent plusieurs es- pèces de cynips. On trouve Île cynips du lierre terrestre aux environs de Paris, Le Cynips solitaire, Cynips solitarius. Il a une ligne et demie de longueur ; ses antennes sont noires ; il est d’un brun foncé; les pates sont d’un brun foncé ; les ailes sont blanches. Sa larve vit solitaire dans une petite galle ronde et ligneuse. On trouve cette espèce de galle sous les feuilles du chêne, attachée aux nervures ; elle est produite, comme les autres galles, par la piqüre de l’insecte ; 1l DES GYNIPS. 135 en sort quelquefois un ichneumon qui n’est point le véritable habitant, mais un insecte parasite dont la larve a vécu aux dépens de celle du cynips. On le trouve aux environs de Paris. Le Cynips des racines, Cyrips radicum. Il a environ deux lignes de longueur; il est brun; ses ailes sont transparentes. Sa larve vit dans l’intérieur de la plus ligneuse de toutes les galles, qu’on trouve quelquefois sur les tiges et les racines de différens arbres, et surtout sur celles du chêne; il y en a de plus grosses que de grosses noix; elles paraissent être des nœuds de l'arbre auquel elles sont unies, sans pé- nétrer dans son intérieur : ces galles con- tiennent plusieurs cellules. Les larves qui les habitent sont blanches, et roulées en anneau dans leur intérieur. On trouve cet insecte ‘aux environs de Paris. RTE Le Te dé fo! Lft err n -à étalon tic ed ‘és à ee “HISTOIRE NATURELLE Moisiil, Le. Rs du fun Cynips psenes. Encyclopédie, art. Cynips, p. 791. Il à environ une ligne de longueur; les antennes sont noires, coudées, composées de onze articles, dont le premier est cylin- drique, et les autres sont grenus; tout le corps est d’un noir luisant; les pates sont d’un brun noir; les ailes sont transparentess et sans taches, La larve est blanche; elle n’a point de pates, et son corps est composé de douze anneaux ; elle vit dans l’intérieur des graines de la figue : ce sont ces mêmes insectes qui ont servi chez les anciens, et qui servent encore dans le Levant, pour la caprifica- tion ‘. Dans nos contrées méridionales, ce * La caprification consiste à employer les insectes qui ont vécu dans les figues sanvages, pour häter la maturité de quelques variétés de figues cultivées. Les anciens ont parlé avec admiration de la capri- fication. On s'était aperçu, dans des temps très reculés , que les insectes qui ont vécu dans Les figues sauvages, introduits dans les figues cultivées , accé- nt di ” / DÉS CYNIPS. “Es, n'est guère que dans les graines dau sauvages qu’elle se trouve, Lorsque les figues sont assez grosses pour que les fleurs femelles soient assez sensibles, les cynips pénètrent par l’œil, et déposent un œuf dans chaque semence. léraïent la maturité et augmentaient la quantité de ces fruits; on avait voulu mettre ces observations à yprofit ; et les Grecs d'autrefois faisaient sans donte ce que font encore les Grecs d'à présent : ils plan- taient des. capri-figuiers du côté des figueries d’où le vent soufflait ordinairement, afin que les mou- cherons se répandissent plus aisément sur les figues, ou bien ils enfilaient ces fruits sauvages et les sus- pendaient aux branches desfiguiers ordinaires, M. Bernard, de l’Académie de Marseille, a observé que les figues'que l’on cultive en Provence ne sont jamais attaquées par des cynips, tandis qu’on les trouve constamment dans les grains des figues san- vages. Lorsque les figues sont assez grosses pour que les fleurs femelles soient bien sensibles, des ceynips pénètrent dans l’intérieur par l'œil, et a sur chaque semence déposer les germes qui doivent reproduire ces insectes. Un mois suffit pour que les larves parviennent à la dernière métamorphose. Le cynips sort de chaque graine par une ouverture qui suit constamment la direction du pistil. Ency- clopédie méthodique, Caprification, page 309. .. nr PT ET 2 re # 2 L”" 138 | HISTOIRE NATURELLE 1 . * . Un mois suffit à la larve pour parvenir à sa dernière métamorphose ; le cynips sort de chaque graine par une ouverture, qui suit constamment la direction du pistil. Il se trouve dans le Levant et au midi de l’Europe. DEUXIÈME SECTION. Bouche avec une trompe. , â XXXVIII GENRE. CHALCIS. Caractères génériques. Antennes courtes, filiformes, un peu plus grosses par le bout; premier article plus long et cylindrique. — Quatre antennales filiformes; les antérieures un peu plus longues, composées de six articles presque égaux; les pos- térieures de quatre. — Ventre presque globuleux, attaché au corselet par nn long pédicule. — Ai- guillon caché dans l'abdomen. — Cuisses posté- rieares renflées, — Trois petits yeux lisses. Linné a placé les chalcis parmi les guêpes et les sphex, et M. Geoffroy avec les guépes. DES GHALGIS. 139 Les chalcis diffèrent des sphex et des guépes par les antennes et l’aiguillon. Les antennes des sphex sont assez lon- gues, composées d'articles cylindriques ; elles se roulent en spirale. Celles des chalcis sont à peine de la longueur du corselet, composées de dix ou onze articles peu dis- tincts : le premier allongé, le second très petit, les autres presque égaux ; elles sont très rapprochées à leur base, insérées au- devant de la tête, et coudées. La tête est aplatie, de la largeur du cor- selet, contre lequel elle est appliquée, le corselet est renflé, tronqué antérieurement. L'abdomen est globuleux, attaché au corselet par un pédicule mince. L’aiguillon diffère de celui des guêpes et des sphex, en ce qu'il est renfermé entre deux lames du ventre, et recourbé. Les pates sont de longueur moyenne; les cuisses postérieures renflées, aplaties inté- rieurement , dentées à leur bord inférieur; les jambes postérieures sont arquées; elles ont un sillon profond, dans lequel sont logées les dentelures de la cuisse lorsque | A ns. nt fi mé héigs jé ‘ét oh, 0 in ch nt méès— 140 HISTOIRE NATURELLE ces deux.pièces sont rapprochées l’une de l'autre. Ces insectes sont tous de petite taille ; ils brillent assez souvent de couleurs métal- liques très vives. Leurs mœurs ne sont pas bien connues; on sait cependant que plu- sieurs d’entre eux fréquentent, dans l’état parfait, les plantes qui croissent sur le bord des eaux stagnantes. Les femelles, qu’on a eu occasion d'observer dans nos environs, . déposent leurs œufs dans les larves ou les nymphes de certains diptères aquatiques : d’autres espèces exotiques les ‘placent dans les nymphes de certaines phalènes ou dans les nids des guépes cartonnières. Ces larves sont , par conséquent, carnassières et para- sites. On trouve aux environs de Paris un assez grand nombre d'espèces de ce genre. Le Chalcis clavipède, Chalcis clavipes. « Il a les antennes noires, moins longues que le corselet; la tête et le corselet d’un noir mat, un peu chagriné; le corselet bi- ant. CUS mu dub ds. 56, he. dd …— pone n S j DES CHALCIS. 147 denté postérieurement ; l'abdomen court, un peu comprimé, d’un noir luisant; le pétiole assez long , de même couleur que l'abdomen; les quatre pates antérieures d’un jaune fauve, avec une grande tache brune à la base des cuisses et sur le milieu des jambes; les cuisses postérieures sont très renflées , dentées postérieurement, d’un rouge fauve, avec une tache noire à l'ex- trémité; les jambes sont noires, arquées ; les tarses fauves, avec les derniers articles noirs; les ailes ont une teinte jaunâtre à leur origine. Il habite l'Allemagne ; il est très commun aux environs de Paris: on le trouve, sur les fleurs , dans les prairies de Gentilly. Le Chalcis nain, Chalcis minuta. Les antennes sont noires , de la longueur de la tête ; la tête est d’un noir mat; le cor- selet est de même couleur, chagriné, avec un point jaune à la base des ailes , terminé postérieurement par deux petites pointes courtes; l'abdomen est ovale, d’un noir w+ _ mue LA dei: dd... sé 142 HISTOIRE NATURELLE luisant; les deux premières paires de pates sont jaunes, avec une tache noire à la base des cuisses et sur le milieu des jambes ; les postérieures sont noires; les cuisses sont renflées et dentées, elles ont une grande tache jaune à l'extrémité; les jambes ont la base et l'extrémité jaunes. Il habite l’Europe; il est très commun aux environs de Paris : on le trouve en été, dans les jardins, sur les fleurs. XXXIX® GENRE. SPHEX. Caractères génériques, Antennes un peu plus lon- gues que le corselet, filiformes, en spirale; onze articles égaux, cylindriques, distincts. — Quatre antennules filiformes, presque égales; les anté- rieures un peu plus longues, composées de six articles; les postérieures de quatre. —Ventre atta- ché au corselet par un pédicule plns on moins N° long. — Aignillon pointu, simple, caché dans l'abdomen. — Trois petits yeux lisses. Lxs sphex ont.la tête un peu plus large que le corselet, placée verticalement, de Ne. 1 ‘qu +. . ÉÉMÉMÉR, de de Si LÉ à nl CN L'an nl 4 DES SPHEX, 143 forme ovale, comprimée ; le front un peu aplati, les yeux ovales, allongés. Le corselet est presque cylindrique, un peu plus élevé que l’abdomen, étroit à sa partie postérieure, un peu obtus ou coupé. L’abdomen est de forme ovale, attaché au corselet par un pétiole très long, quel- quefois court, Les pates antérieures sont courtes, atta- chées à la partie antérieure du corselet, très près de la tête. Les larves de ces insectes sont'inconnues ; mais on sait que le plus grand nombre des femelles fait un trou dans un terrain sablon- neux, tel que celui d’un chemin ; que ces femelles y déposent une chenille, une larve ou une araignée; qu’elles pondent un œuf à côté, et qu’ensuite elles referment le trou. Il est présumable qu’un de ces insectes suffit pour nourrir la larve qui sort de l’œuf, jus= qu'au moment où elle n’a plus besoin de manger. En décrivant les espèces, nous verrons les moyens que ces femelles em- ploient pour creuser les trous qui doivent renfermer leurs petits, Le ds ml in M. à ss DA LèS tt à = hé Oo Qf Dr nid. 144 HISTOIRE NATURELLE Ce genre renferme près de quatre-vingts espèces : on en trouve peu aux environs de Paris, : Le Sphex du sable, Sphex sabulosa. Il est noir ; les antennes sont de la lon- gueur du corselet ; la tête est très large; le corselet est gros, renflé ; les premiers an- neaux de l’abdomen sont ferrugineux, les derniers noirs; l’abdomen est attaché au corselet par un pédicule très long et mince, noir à sa base, ferrugineux à l'extrémité ; les pates sont noires , les postérieures beau- coup plus longues que les autres; les ailes transparentes, à peine de la longueur de la moitié de l’abdomen, couchées horizonta- lement sur le corps. L’aiguillon de la femelle est long, délié, courbé en dessous, de couleur brune, de substance écailleuse, composé de deux pièces fines très pointues à l'extrémité. Se- lon Degéer, il est semblable par la forme et le nombre des pièces à celui des abeilles, excepté qu'il n’a point les dentelures qu'on di ec “ri . de es de , sn ds rt de Cr a DES SPHEX. 145 voit à celui de ces insectes : il est placé à l’ex- trémité de l’abdomententre deux demi-four- reaux écailleux jaunâtres et transparens , renflés au milieu, arrondis et ciliés À l’ex- trémité, garnis de poils sur les côtés; ces deux demi-fourreaux, ainsi que l’aiguillon, ‘sont attachés à une masse de chair muscu- leuse et tendineuse, qui sert à donner du mouvement à l’aiguillon. Lorsque la femelle veut s’en servir, le dernier anneau de l’ab- domen s'ouvre sur les côtés, où sont deux espèces de fentes ; alors elle le pousse en dehors avec beaucoup d’agilité, et fait avec des piqüres très douloureuses, Cette femelle fait un trou en terre, va chercher une chenille, la tue et l’apporte dans ce trou; pond un œuf À côté, et rez ferme le trou avec du sable. Il habite l’Europe : on le trouve aux en- virons de Paris, sur les bords des chemins, dans la campagne. Le Sphex à lunule, Sphex lunata. G. Pélopée. Lan. Il à environ dix lignes de longueur; les VII, 13 . 146 HISTOIRE NATURELLE antennes sont de la longueur du corselet ; le premier article est renflé, jaune, les au- tres noirs; la tête est noire, un peu velue; le corselet est de la même couleur, avec six taches jaunes un peu élevées, une à sa partie antérieure, deux sur le milieu, une à l'origine des ailes, et une près du pétiole; l'abdomen est ovale, terminé en pointe, un peu velu, avec une grande tache jaune sur le premier anneau; il est attaché au cor- selet par un long pédicule d’un noir luisant ; les pates sont jaunes ; les cuisses des quatre pates antérieures ont une tache noire, les postérieures sont noires; les ailes sont plus courtes que le corps et d’un brun obscur. . On le trouve en Pensylvanie. * Le Sphex du gravier, Sphex arenaria. 1 est noir, velu, avec le pédicule de l'abdomen formé brusquement par son pre- mier anneau; le second, le troisième et la base du quatrième sont rouges: Il se trouve dans toute l'Europe. DES SPHEX, 147 8 L Le Sphex azuré, Sphex cyanea. G. Pompile. Larr. Les antennes sont noires , de la longueur du corselet; tout le corps est d’un bleu foncé luisant ; la tête et le corselet sont un peu velus; les yeux bruns, allongés ; l’ab- domen ovale, attaché au corselet par un long, pédicule ; les cuisses et les jambes de la couleur du corps; les tarses noirs; les ailes de la longueur du corps, brunes, avec une forte teinte d’un violet foncé brillant. On le trouve en Pensylvanie. Le Sphex de Pensylvanie, Sphex Pen- sylvanica. G. Pompile. Late. Il a envirou quinze ligues de longueur; il est entièrement noir; les antennes sont de la longueur du corselet; la tête est grande; les yeux sont bruns; les mandibules sont très grandes , pointues ; le corselet est velu , l'abdomen ovale, pointu à l'extrémité, atta- . 14S HISTOIRE NATURELLE CES ché au corselet par un pédicule court; les ailes sont d’un violet foncé très luisant, brunes à l'extrémité. : : On le trouve en Pensylvanie, dans les vieux bâtimens. Le Sphex bleu, Sphex cærulea. G Pompile. Larn. IL est de la grandeur du précédent , d’un bleu foncé luisant ; les antennes sont de la longueur du corselet ; les cinq premiers ar- ticles sont noirs , les autres jaunes ; le cor- selet est un peu verdâtre; l’abdomen est ovale, allongé, attaché au corselet par un pédicule court; il est garni de poils à l’ex- trémité ; les quatre pates postérieures sont très longues; les ailes de couleur rousse très foncée , noires à la base, blanches à l'extrémité. On trouve cette belle espèce à Surinam. Le Sphex tourneur, Sphex spirifex. Il est noir ; lé corselet est un peu velu, sans tache; l'abdomen est globuleux, atta- Insectes , F Paraband del, AUTRE 2 Tardieu Jeu] 1, Sph, du Sable, 4. Sc. à quatre (aches. Spl, azure à Æ S,.Sc. des jardins. û Sph. porte -épine roc is D 8 ” DES SPHEX. 149 ché au corselet par un pédicule très long, de couleur jaune; les pates sont jaunes, avec des taches noires ; les ailes sont beau- coup plus courtes que l'abdomen, de cou- leur rousse. On le trouve dans les départemens méri- dionaux de la France. "Le sphex tourneur fait son nid dans les maisons; il l’attache au plancher, et le com- pose d’une certaine quantité de petits tuyaux de terre, dans lesquels il dépose un insecte qu'il a tué et un œuf. Les nids d’une es- pèce voisine sont décrits par Réaumur, qui a recu de Saint-Domingue des nids de guêpes ichneumons et maçonnes, construits d’une terre grise qui, quand elle est sèche, est friable. Chaque nid est composé d’un grand nombre de tuyaux, tous pareils les uns aux autres : la masse formée de leur assemblage est souvent attachée au plancher d’une chambre. Les mouches qui bâtissent ces sortes de nids entrent hardiment dans les maisons. Toutes les cellules ou tuyaux ont leur ouverture en bas, ordinairement sur un même plan. Quelques uns de ces è 150 HISTOIRE NATURELLE nids ont deux ou trois rangs de trous, mais d’autres n’en ont qu'un; l'ouverture de chaque trou est l’entrée d’une cellule : elles sont construites par la mouche les unes après les autres, et il semble que chaque cellule soit faite de cordons de terre appliqués les uns sur les autres, ou plutôt d’un seul cordon qui, depuis la base de la cel- lule jusqu’à son entrée, a été roulé en spirale. Dans plusieurs de ces loges étaient des coques dont les mouches étaient sorties après leur transformation. Les coques sont brunes, plus cassantes qu’elles sembleraient devoir être, étant tissues de soie : dans quelques unes étaient des mouches qui, n'ayant pas eu la force d'ouvrir leurs co- ques, avaient péri dedans. Ces guêpes ich- neumons attachent leur nid indifféremment contre toutes espèces de corps solides; on en trouve quelquefois d’attachés à des habits. Ces guépes ont le premier anneau de l’ab- domen bordé d’une ligne jaune, et quelques petites taches de la même couleur sur le corselet et sur la tête; tout le reste est d’un brun noir. : DES SPHEX. 151 Réaumur a reçu aussi de l'Ile-de-France des guèpes ichneumons, dont tout le corps était noir et l'abdomen attaché au corselet par un long pédicule aussi délié qu’un fil. Ces guépes ont la hardiesse de venir bâtir leurs nids dans les chambres les plus habi- tées ; elles les appliquent, comme les hiron- delles appliquent les leurs, contre une so live, dans le coin d’une fenêtre, ou même dans l’angle de deux murs. Elles donnent à chaque nid la figure d’une boule et la gros- seur d’un poing ; il est fait d’une terre détrempée que la guépe pétrit avec ses mandibules. Cette boule est un assemblage de douze à quinze cellules ; à mesure qué chaque cellule est construite, la guêpe porte dedans une certaine quantité de petites arai- gnées, qu’elle renferme avec l’œuf qu’elle y dépose. Un de ces nids détaché, et plusieurs cellules brisées , ont fait voir leur intérieur rempli de ces petites araignées, dont la plus grande partie étaient vivantes ; d’un de ces nids il est sorti une quinzaine de mouches qui étaient renfermées dans une pellicule rousse et très fine, qui paraît être la coque : Li or M été Ré fé die és ému 4 à : * ME HISTOIRE NATURELLE . : dans laquelle se sont faites les transforma- tions de la larve en nymphe, et de Ja nymphe en mouche. Le Sphex comprimé, Sphex com- pressus. Cette espèce a huit à dix lignes de long; * elle est verte, avec les quatre cuisses posté- rieures rouges. Ce sphex est très commun à l’Ile-de- Frânce, et ses habitudes ont été décrites avec soin par Réaumur, qui avait reçu les bservations de M. Cossigny sur cet insecte. Ces mouches, dit Réaumur d’après le rapport de Cossigny, assez rares dans l’Ile- Bourbon, sont très communes dans l’Ile-de- france ; elles volent avec agilité ; ce sont CI puerrières qui ne nous craignent pas; entrent volontiers dans les maisons, elles volent sur les rideaux des fenêtres, pénètrent dans leurs plis, et en ressortent: lorsqu'elles y sont postes, elles sont aisées à prendre. La piqûre de leur aiguillon est plus à redouter que celle des aiguillons des DES SPHEX. 153 n abeilles et des guépes ordinaires; cette guëépe ichnéumon darde le sien bien plus loin hors de son corps que ces autres mouches ne peuvent darder le leur. Cossigny n’a pas eu occasion d'observer si ces guépes ich® neumons, d’une couleur si belle et si écla- tante, en voulaient aux abeilles ; mais il leur a vu livrer des combats dont il ne pouvait que leur savoir gré: c'était à des insectes qui leur sont fort supérieurs en grandeur, et sur lesquels néanmoins elles remportent une pleine victoire. Tous ceux qui ont voyagé dans nos îles connaissent les kakerla- gues (blatta americana); souvent même ils les ont connues avant que d’y être arrivés : nos vaisseaux n’en sont que trop fréquemment infectés. Dans nos îles, elles s’introduisent ué partout, elles’ hachent tout; elles n’épar- gnent rien, ni habits ni linge. On doit done aimer des mouches qui, comme les guépes ichneumons dont il s’agit actuellement, at- taquent ces insectes destructeurs et les mettent à mort, Cossigny, qui a été témoin de quelques uns de leurs combats, les a très bien décrits, 154 HISTOIRE NATURELLE Le Sphex Ichneumon, Sphex Ichneu- moned. Il à environ douze lignes de longueur ; les antennes sont de la longueur du corse- let ; la tête est très grosse, noire, couverte antérieurement de poils courts, d’un jaune doré très brillant; le corselet est noir; il a en dessus et sur les côtés des lignes et des taches d’un jaune doré et velouté, formées par des poils courts; l'abdomen est ovale, ‘ renflé, conique à l'extrémité; les premiers anneaux sont d’un rouge jaunâtre, les der- niers noirs; il est attaché au corselet par un pédicule assez long; les pates sont rousses et épineuses ; les aïles sont d’un brun foncé, luisant, avec une teinte pourpre. On le trouve à Surinam. Le Sphex brun, Sphex fusca. G. Pompile. Larr. 11 a environ six lignes de longueur; ses antennes sont grosses, noires, à peine de la longueur du corselet; la tête et le corselet DRS SPHEX, 155 sont noirs; l'abdomen est noir, avec les trois premiers anneaux rougeâtres; il est attaché au corselet par un pédicule court ; les pates sont noires, les ailes bruxies. La femelle de cette espèce se sert de ses: mäâchoires et de ses pates pour creuser la terre dans l'endroit où elle veut déposer un œuf; elle emporte avec ses dents tous les grains de sable et les petites mottes de terre qu'elle rencontre dans son chemin; elle les jette à quelque distance, et rentre de nou- veau dans le trou. Elle écarte et jette le sable et la terre en arrière, en grattant avec ses pates postérieures, et parvient en peu de temps à creuser un trou assez pro- fond ; elle lui donne une direction oblique à la surface du terrain. Dès qu’elle l’a fini, elle s'envole pour aller chercher une arai- gnée, qu’elle fait entrer dans le trou; en-. suite elle comble la galerie qui y conduit, en y jetant du sable et de la terre, qu’elle y fait entrer en les poussant avec les pates de derrière. Degéer a vu une de ces femelles apporter une araignée deux fois plus grande qu’elle, dont la couleur était grise, de l’es- se | 7! + sn fé io Le. Le. ' Ed ; . 156 HISTOIRE NATURELLE pèce de celles qu'on voit marcher sur la terre et qu'on trouve souvent sous les pierres : l’araignée ne paraissait avoir au- _cune blessure, et elle était absolument sans mouvement et comme engourdie. Il paraît que le sphex sait la piquer de manière à l'engourdir pour le moment, et qu’elle meurt ensuite. Godeart a vu une de ces femelles prendre une araignée au milieu de sa toile, et lui casser les pates avant de la porter dans son nid. # Cette espèce est commuñe aux environs de Paris. Le Sphex voyageur, Sphex wiatica. G. Pompile, Lan. Il ressemble beaucoup au précédent; ses antennes sont courtes, noires; sa tête est très grande, noire, velue; son corselet est long, renflé et velu ; l'abdomen est attaché au corselet par un pédicule court ; il a les deux ou trois premiers anneaux d’un jaune rougeâtre, les autres noirs ; les pates sont noires; les ailes ont une forté teinte de brun. hs. NT. TRES ON I DITS CT CCI TS LL ù DES SPHEX. 157 La femelle, après avoir creusé un trou en terre, y porte une chenille, dépose vrai- semblablement un œuf dans ce trou, ete | referme ensuite. Il habite l’Europe: on le trouve aux en- virons de Paris. e XL° GENRE. : SCOLIE. Caractères génériques. Antennes épaisses, filiformes, un peu renflées au milieu; premier article allongé, les autres à peine distincts, courts, égaux et y. lindriques. — Quatre antennules courtes ; un peu plus épaisses à leur base; les antérieures com- posées de six articles, les postérieures de quatre, — Ventre attaché au corselet par un pédicule court, — Aiguillon simple, très fort, très pointu, caché dans l'abdomen, — Trois petits yeux lisses, Les scolies ont le corps allongé, velu, - la tête arrondie, le front plat; les yeux ovales, un peu échancrés; les mâchoires très grandes, arquées, unidentées, ciliées extérieurement; le corselet grand, coupé postérieurement; l'abdomen long, un peu recourbé en dessous, attaché au corselet par VIIx. 14 158 HISTOIRE NATURELLE un pédicule très court : l'anus des mâles est N souvent terminé par des pointes ; l’aiguillon $ femelles est très fort, il est caché dans l'abdomen. Les larves et les habitudes de ces insectes étant entièrement inconnues, nous allons passér à la description de quelques uns. Ce genre est composé d’une quarantaine d’es- pèces : on n’en trouve que deux aux envi- rons de Paris ; quelques autres habitent l'Es- pagne et l'Italie, et le plus grand nombre se trouve en Afrique et en Amérique. + La Scolie à quatre taches, Scolia quadrimaculata. Flle a les antennes noires , les yeux gris; Ja téte et le corselet noirs, velus; l’abdo- men allongé, un peu ovale, velu , de cou- leur noire, avec deux grandes taches d’un jaune rougeâtre sur les deux premiers an- meaux; il est attaché au corselet par un pédicule très court; les pates noires, velues; les ailes d’un violet foncé. , flle habite la Caroline et la Calabre. EE La Scolie en ratissoire, Scolia radula. DES SCOLIES. 159 Elle a les antennes filiformes, plus longues que le corselet, noires ; le corps légèrement couvert de poils jaunâtres ; la tête noire ; le corselet de la même couleur que la tête, avec deux lignes transversales jaunes sur le milieu, et une tache de méme couleur à l’origine des ailes; l'abdomen allongé, d’un noir bleuâtre , bronzé, luisant, avec quatre bandes transversales jaunes en dessus, et trois en dessous; les pates sont noires, ‘4 vertes d’un duvet jaunâtre; les jambes anté- rieures ont une ligne longitudinale jaune ; les ailes ont une teinte jaune ; la bordure ex- térieure des supérieures est brune jusque vers le milieu. Elle habite la Caroline. La Scolie des jardins, Scolia hortorum. Elle a tout le corps un peu velu; les an- tennes un peu plus longues que la tête, noires; la tête et le corselet noirs ; l’abdo- men noir, avec deux taches jaunes sur cha 160 HISTOIRE NATURELLE cun des deux premiers anneaux; les pates : noires, velues ; les ailes épaisses, jaunes jusque vers le milieu, et l’extrémité d’un violet brillant. On la trouve en Espagne et dans le midi de la France : on a reconnu qu’elle n’est que le mâle de la suivante. La Scolie à front jaune, Scolia flavifrons. Elle a près d’un pouce et demi de long; ses ailes sont roussâtres à la base, et d’un noir violet au bout; le corps est noir , avec quatre taches jaunes sur l’abdomen ; la tête est d’un jaune roussâtre, excepté en de- vant, avec une tache brune au milieu du front. On la trouve dans les mêmes lieux que la précédente, dont elle est la femelle. La Scolie à quatre pustules, Scolia quadripustulata. Ses antennes sont de la longueur du cor- selet, noires ; la tête est noire, un peu velue; DES SCOLIES. 167 le corselet est noir, pointillé, un peu velu; il a sur sa partie antérieure des lignes d’un jaune rougeâtre, et sur le milieu une tache de même couleur; l'abdomen est noir ; un peu velu, avec deux taches d’un jaune rou- geâtre sur les deux premiers anneaux; le pétiole est noir à sa base, avec une grande tache jaune à l'extrémité; les pates sont d’un jaune rougeâtre; les ailes jaunâtres, avec un reflet violet. 3 Elle habite la Caroline et le Malabar. La Scolie à quatre taches, Scolia quadriguttata. G. Sapyge. Larr. Cette espèce est noire; son abdomen a quatre points blancs, et ses ailes sont trans- parentes. On la trouve en Allemagne. s {À RU ds à | étéfe er dn ûé di _ ‘mani: . HISTOIRE NATURELLI XLI° GENRE. THYNNE. Caractères génériques. Antennes courtes, cylin- driques; premier article court, gros, presque rond, les autres égaux, peu distincts, — Quatre antennules égales, filiformes; les antérieures com- posées de quatre articles, les postérieures de trois. — Ventre attaché au corselet par un pédicule court, — Aiïguillon pat simple, caché dans l'abdomen. Les insectes de ce genre ont été inconnus à tous les naturalistes. M. Fabricius est le premier qui lesa décrits ; mais il ne sait rien sur leurs larves, leurs métamorphoses, ni sur les habitudes de l’insecte parfait, Les quatre espèces qui composent ce genre se trouvent à la Nouvelle-Hollande; il paraît qu'ils y sont rares, ou que les naturalistes voyageurs ont négligé d’en apporter en Eu- rope, puisqu'on n’en trouve aucun dans les nombreuses collections de Paris. Comme le but principal de cet ouvrage est de rassembler toutes les observations DES THYNNES. 163 faites par les plus célèbres naturalistes , sur 4 les insectes dont la manière de vivre offre de l'intérêt, plutôt que de donner des descrip- tions d'espèce, comme nous ne savons rien sur les habitudes des thynnes, et que nous ne pouvons pas en donner de figure, nous nous bornerons à en décrire une seule es- pèce d’après M. Fabricius. Nota. Les espèces de ce genre sont très voisines des sapyges de M. Latreille, et n’en diffèrent que parce que leurs antennes sont filiformes, tandis qu’elles sont plus grosses vers l'extrémité dans ces dernières. Le Thynne denté, Thynnus dentatus. Il ressemble beaucoup à la guépe vul- gaire ; il a les antennes droites, brunes, noirâtres à la base; la lèvre jaune, dentée; les mandibules jaunes, noires à l’extrémité; le corselet noir, strié antérieurement ét sur le milieu; l’écussou jaune ; l'abdomen noir, lisse, avec la base du premier anneau jaune et deux points de même couleur sur les deuxième, troisième et quatrième anneaux. LA 164 HISTOIRE NATURELLE L’anus est terminé par sept petites dents en forme de scie. Il habite la Nouvelle-Hollande. XLIF GENRE. BEMBEX. Caractères génériques. Antennes filiformes, ceurtes; premier article long et cylindrique, les autres courts et égaux. — Quatre antennules courtes, inégales, filiformes; les antérieures composées de six articles, dont le pénultième très court; les postérieures composées de quatre, dont les deux derniers plus courts que les autres. — Ventre attaché au corselet par un pédicule court. — Aiguillon simple et pointu, caché dans l’abdo- men. — Tarses antérieurs ciliés. — Trois petits yeux lisses. Les bembex ont beaucoup de-rapport avec les abeilles par la trompe, qui est di- visée en cinq pièces; avec les guépes par la forme de l'abdomen. Plusieurs naturalistes … les ont placés avec les insectes de ces deux genres, dont ils diffèrent également et sem- … blent faire le passage. 74) “x + » DES BEMBEX, 165 Les bembex ont les antennes composées de douze articles , coudées à la jonction du premier article avec le deuxième; elles sont placées à la partie antérieure de la tête, rapprochées à leur base, La tête est de forme triangulaire ; elle a peu d'épaisseur, et est un peu plus large que le corselet; les yeux sont grands, ovales, saillans de chaque côté de la tête. Le corselet est arrondi; l’abdomen est conique, tronqué obliquement à.sa partie antérieure, attaché au corselet par un pédi- cule très court, glabre dans le plus grand nombre des espèces. Les pates sont de longueur moyenne; les tarses des pates antérieures sont ciliés le long du bord extérieur. Les ailes sont transparentes, étroites, moins longues que l’abdomen. Ces insectes ne vivent point en société ; la femelle dépose ses œufs séparément, dans des loges qui n’ont aucune communication. Elle fait ces loges en terre ou contre le tronc d’un arbre; elle les ferme après y avoir mis la provision nécessaire à la larve pour La =. + y # % 166 . HISTOIRE NATURELLE nourrir jusqu'au moment où elle doit cesser de manger. Ces larves sont semblables à celles des abeilles et des guêpes. On ne trouve point parmi les bembex, comme parmi les abeilles et les guêpes, trois sortes d'individus, il n’y a que des mâles et des femelles. On connaît dix-huit ou vingt espèces de bembex. Peu habitent l’Europe ; deux seu- lement les environs de Paris. Nous ferons la description de quelques unes. Le Bembex de la Caroline, Bembex Carolina. Il a les antennes noires, avec le premier article jaune en dessous ; la tête noire, la lèvre supérieure jaune ; le corselet noir, un peu ‘velu, avec une petite tache jaune de chaque côté, au-devant de l’origine des ailes; l'abdomen est glabre, d’un noir bronzé, avec deux grandes taches jaunes sur chacun des deux premiers anneaux, et deux plus petites de même couleur sur le troisième ; le dessous de l'abdomen est noir , le second Insectes. PL, 66, Waraband. C4 2" MITA *Zkrdieu vip] 1.1. de la Carohme. 4. And. verte . 2, B, Pubescen(. 5.And. verditre . 3.And. du Coquelicot. bre à ça : SI Le LS FEES SES LA | fé DES BEMBEX. “ 167 et le troisième anneau ont une tache jaune de chaque côté; l'anus est terminé par des dents très fortes ; les pates sont jaunes, les _ cuisses noires dans presque toute leur lon- gueur; les ailes ont une teinte jaunûâtre, avec un reflet brun. On le trouve à la Caroline. Le Bembex à bec, Bembex rostrata. Il a les antennes noires, avec le dessous du premier anneau jaune; la partie anté- rieure de la tête est jaune, avec quelques taches noires sur le front, près des an- tennes, le reste est noir; le corselet est noir, couvert d’un duvet verdûtre; l’abdo- men noir, avec des bandes ondées d’un jaune verdâtre; celle du premier annéau est interrompue dans son milieu; le dessous du corps est un peu velu; les pates sont jaunes; les cuisses ont quelques taches noi- res; les cils des tarses sont assez longs, de couleur fauve. Il habite le nord de l’Europe : il est com- mun aux environs de Paris. FA d: : Réal S'iadéaie 168 é STOIRE NATURELL Le Bembex bariolé, Bembex variegata. Il a les antennes noires , avec un peu de jaune au-dessous du premier anneau; la = partie antérieure de la tête est jaune; le cor- . selet est noir, avec une ligne transversale, à jaune à sa partie antérieure, trois à sa partie postérieure, deux courtes sur le milieu, et deux obliques au-dessüs et au-dessous dé l’origine des ailes ; l'abdomen est noir, lui- sant, avec quatre taches jaunes près de l’ex- trémité de chaque anneau, et une tache de même couleur sur les côtés des second, troi- sième, quatrième et cinquième anneaux ; les pates sont jaunes, avec des taches noires ; les tarses sont jaunes et noirs ; les ailes ont une teinte jaune. On le trouve à Cayenne. A DES AN DRÈNES. | 169 XLIII GENRE. ANDRÈNES. Caractères génériques. Antennes courtes, filiformesss. le premier article long, mince à sa base; le second très petit; les antres égaux, cylindriques. — # Trompe divisée en trois pièces; sucoirs enfermés dans une gaîne. — Quatre antennules filiformes, inégales ; les antérieures composées de six articles, les postérieures de deux.— Aiïguillon simple, ca- ché dans l'abdomen. — Trois petits yeux lisses. Les andrènes ont été placées, par plu- sieurs naturalistes, avec les abeilles et les nomades, dont elles diffèrent par la trompe, la forme du corps et les tarses des pates postérieures, Les abeilles et les nomades ont la trompe composée de cinq pièces; celle des andrènes n’est que de trois pièces. Les andrènes ont le corps moins velu que celui des abeilles, et plus velu que celui des nomades ; elles l’ont aussi plus allongé. Les tarses de leurs pates postérieures sont moins longs et moins chargés de poils que ceux des abeilles, et elles ne s’en servent VIT. 15 170 HISTOIRE NATURELLE point pour transporter la poussière des éta- mines. Les andrères ont le dessous de l’ab- domen velu, et c’est aux poils qui le recou- vrent que s’aitache la poussière que plu- sieurs espèces emploient à la construction de leurs nids, et pour nourrir leurs petits. Les antennes des andrènes sont un peu plus grosses à l'extrémité qu’à la base ; celles des mâles sont composées de treize articles ; celles des femelles de douze. Leur tête est ovale, de la largeur du cor- selet ; les yeux sont allongés. La trompe est composée de trois pièces ; celle du milieu estune espèce de tuyau aplati qui porte à son extrémité deux antennules, etune langue courte très velue; les deux au- tres sont minces, concaves intérieurement , convexes extérieurement , terminées par une petite partie garnie de poils. Ces deux pièces latérales forment un fourreau cylindrique, qui sert à garantir la trompe; elles sont cou- dées près de leur origine, et ont deux anten- nulesinsérées à leur courbure. La trompe des andrènes est dirigée en avant. Lorsqu’elles n'en font point usage, elle est appliquée DES ANDRÈNES, 171 contre la tête; sa partie antérieure, placée près des mandibules , est recouverte par la lèvre: pour la faire agir, l’andrène sou- lève sa lèvre, qui est mobile, et le fourreau parait alors à découvert dans toute son étendue ; elle allonge sa langue , et la retire ensuite dans le fourreau qui lui sert de gaine. Le corselet est obtus; l’abdomen ést al- longé, attaché au corselet par un pédicule très court; les femelles ont un aiguillon sem- blable à celui des abeilles , avec lequel elles piquent très fort. Les andrènes ne vivent point en société : on ne trouve point parmi elles d’ouvrières, comme on en voit dans les républiques des abeilles et des guépes : les femelles sont seules chargées de faire les nids, et de pour- voir à la nourriture des larves. La terre la plus battue est celle que quelques espèces préférent pour y construire leurs nids ; d’au- tres creusent plus volontiers à peu près ho- rizontalement les terres ou les sables qui s'élèvent au-dessus des chemins, ou sur les bords des fossés. On trouve souvent une ? û n' dt. his tn cd ml dm is à. à 172 HISTOIRE NATURELLE à grande quantité de ces trous; ils n ‘offrent rien de particulier : les uns sont creusés en ligne droite; lés autres font un coude vers le fond. C’est au fond de ces trous que la femelle dépose une masse de pâtée mielleuse destinée à nourrir la larve qui doit y croître. Dès qu’elle y en a porté une provision suffi- sante , elle y pond ur œuf, et bouche le trou avec la terre qu’elle en avait ôtée. Si elle tardait à en fermer l’ouverture, elle aurait inutilement pourvu d’aliment la larve qui doit sortir de l'œuf : le miel serait bientôt pillé par les fourmis qui rôdent continuelle- ment aux environs du nid; elles sont très friandes de cette pâtée, et ne tarderaient pas à découvrir qu'au fond du nid il y en a dont elles peuvent aisément s'emparer. Les larves des andrènes ressemblent à celles des abeilles; elles sont blanchâtres ; leur corps est composé de treize anneaux ; leur tête est dure et écailleuse; elles sont placées au fond du nid, couchées sur une pâtée qui est une sorte de miel noirâtre , légèrement sucré, et d’une odeur un peu narcotique. DES ANDRÈNES. 173 Tout x ; Toutes les andrènes ne font pas des nids aussi simples que ceux dont nous venons de parler ; il y en a qui tapissent l’intérieur des leurs avec les feuilles de quelques ar- bustes. Réaumur s’est plu à décrire celui de l’andrène du pavot , qui est tapissé avec les pétales des fleurs de coquelicot. On ne connaissait point l'espèce qui construit ce nid, lorsque M. Latreille, auteur de plu- sieurs ouvrages sur lessinsectes, dont un rempli d'observations intéressantes sur les fourmis, a trouvé plusieurs de ces nids et l’andrène à laquelle ils appartiennent, Nous ferons la description de ce nid en parlant de l’espèce. Nous trouvons , dans l'Encyclopédie , ar- ticle Ardrère, page 131, qu'il y a deux générations de ces insectes par an, la pre- mière au printemps, et l’autre à la fin de l'été ; que les larves de la seconde généra= tion passent l'hiver sous la forme de larve ou de nymphe; qu’elles consomment peu à peu leurs provisions; que leur accroisse= ment se fait lentement, et qu’elles ne se montrent sous la forme d’insecte parfait .. r 174 HISTOIRE NATURELLE qu'au commencement, du printemps sui- vant; qu'aussitôt que les andrènes sont nées, elles s’accouplent , travaillent à la construc- tion de leur nid, et font leur ponte; qu’en juin ou en. juillet il doit en sortir les in- sectes parfaits qui donnent la seconde géné- ration, qui passe l’hiver , et qu'il est pro- bable que les insectes parfaits meurent quel- que temps après leur accouplement ou la pon:'e. Ce genre est composé d’une trentaine d'espèces, dont la plus grande partie ha- bite l'Europe; on les trouve presque toutes aux environs de Paris. Nous allons passer à la description de quelques unes. L'Andrène mineuse, Ændrena succincta. G. Hylée. Lan. Elle a la tête et le corselet noirâtres, cou- verts de poils d’un roux cendré; l’abdo- men brun, avec l'extrémité de chaque an- neau bordée de poils blancs ; les pates sont couvertes de poils fauves. diet dé nd ds ‘x MANS DES na. 170 0 On la trouve en Europe, sur les fleurs. Cette andrène construit dans la terre des nids de forme cylindrique composés de plusieurs cellules placées l’une au bout de l’autre; chacune a la figure d’un dé à coudre; son extrémité circulaire est en- châssée dans l’ouverture de l’autre. On ne trouve quelquefois que deux cellules en- semble, souvent trois ou quatre; chaque cellule a environ deux lignes de diamètres le cylindre qu’elles forment a des bandes transversales rouges et blanches; la cou- leur blanche est placée à la jonction des deux cellules; la couleur rouge paraît due à la matière qu’elles renferment, et qu’on aperçoit au travers des parois qui sont ex- trémement minces : ces cylindres sont cou- chés horizontalement, et semblent compo- sés d’une matière analogue à celle de la soie. Selon Réaumur, il y a deux générations de cette espèce dans l’année. D F: 0 = nb bi Bdtité. à LEL + 176 HISTOIRE NATURELLE L’Andrène du coquelicot, Ændrena papaveris. G. Mégachile. Late. Elle est un peu velue; sa tête est noire, avec des poils courts, d’un gris cendré à sa partie antérieure et roussâtres sur le front ; le corselet est noir, légèrement couvert de poils roux sur le milieu , et grisâtres sur'les côtés ; l'abdomen est noir, avec l'extrémité des anneaux bordée de poils d’un gris jau- nâtre ; le dessous de l’abdomen est légère- ment couvert de poils courts de la même couleur ; les pates sont noires, avec quelques poils d’un gris jaunâtre ; l'anus du mâle est bidenté,. On la trouve aux environs de Paris. Cette andrène fait en terre un trou en ligne droite, d'environ trois pouces de pro- fondeur; elle va ensuite couper des mor- ceaux dans les pétales des fleurs du coque- licot, avec lesquels elle en tapisse l’inté- rieur : les premiers morceaux sont placés au fond du trou; au-dessus de ceux-ci elle DES ANDRÈNES. 197 en étend d’autres, et successivement jusqu’à ce qu’elle soit parvenuerà couvrir entière- ment ses parois, et une petite partie du bord extérieur de l'ouverture. Lorsqu'elle a donné à son nid une certaine épaisseur, elle y porte une quantité de pâtée nécessaire pour nourrir la larve qu’il doit renfermer, et y déposé un œuf; elle détend ensuite toute la tapisserie qui se trouve depuis le bord du trou jusqu’à la pâtée, la pousse à mesure vers le fond où elle la plie, de sorte que ce nid, qui avait trois pouces de hauteur, se trouve réduit, après cette opé- ration , à onze à douze lignes, et elle bou- che le vide qu'il laisse avec de la terre. La larve subit toutes ses métamorphoses dans son nid, et l’insecte parfait en sort en s'ou- vrant un passage dans la terre qui le re- couvre pour arriver à la surface. L'Andrène des murs, Ændrena muraria. Elle est longue de six lignes; elle est noire; le devant de la tête, le corselet et “Mt ges “din née ae + 178 ° HISTOIRE NATURELLE les bords latéraux des derniers anneaux de l'abdomen ont desspoils blancs serrés ; l’ab- domen est d’un noir bleuâtre; les ailes sont * noires, avec unérteinte violette; la femelle creuse dans les enduits de sable gras, des trous au fond desquels elle dépose un miel de la couleur et de la consistance du cam- bouis , et d’une odeur narcoti que. Cette espèce est commune aux environs de Paris. , L’Andrène porte-anneau, Ændrena annulata. : G. Hylée. Larr. bd Elle a environ trois lignes de longueur ; elle est noire, avec la lèvre supérieure : jaune ; le corselet a une petite ligne trans- versale jaune à sa base, et un point de même couleur à l’origine des ailes; le bas des jambes et des tarses postérieurs a quel- quefois un peu de jaune. Elle est très commune aux environs de Paris, où on la trouve en été sur les fleurs. DES ABEILLES. 179% XLIV° GENRE. ABEILLE; Caractères génériques. Antennes filiformes, courtes, brisées; premier article très long, les autres courts, égaux. — Trompe divisée en cinq pièces; suçoirs libres , enfermés à leur base dans nne gaine. — Quatre antennules sétacées, très courtes; les an- térieures composées de six articles, les postérienres de cinq. — Aiïguillon simple, très pointu, caché dans l'abdomen, — Trois petits yeux lisses. Les abeilles ont la tête triangulaire, un peu aplatie, attachée au corselet par un cou très court, charnu et flexible ; les yeux sont ovales; ceux du mâle occupent tout le front; ceux des femelles et des ouvrières sont moins grands. La bouche est composée d’une lèvre su- périeure, de deux mandibules, et d’une trompe coudée , plus ou moins longue, re- pliée sur elle-même lorsque linsecte n’en fait point usage, et cachée en dessous des mandibules; elle est composée de cinq pièces, dont deux extérieures, grandes, _ lt DE. AA HE dés nt dt Sin tin fs Rs, 180 HISTOIRE NATURELLE ‘larges, concaves intérieurement, coudées vers leur milieu , terminées en pointe ; elles servent de fourreau aux trois autres qui paraissent réunies à leur base jusqu’à la courbure de la trompe, et sont séparées dans le reste de leur longueur. Les deux pièces latérales sont larges, aplaties, et se terminent en pointe ; elles recouvrent celle du milieu, qui est cylindrique, un peu aplatie, couverte de poils dans toute sa longueur, terminée par un petit mamelon presque cy- lindrique , cilié sur ses bords , et qui paraît percé dans son milieu. Outre cette ouver- ture presque insensible, qu'on à prétendu être à l'extrémité de la trompe , les abeilles 4 ont une bouche très grande, difficile à aper- cevoir, parce qu'elle est fermée par des, | chairs qui la bordent; elle est placée à la partie antérieure de la trompe, au-dessous des mandibules, et cachée par une espèce de languette charnue , large à sa base, qui quelquefois la couvre entièrement ; mais si on tire la trompe en avant, autant qu’elle peut l'être, et qu'on la courbe en bas, on aperçoit cette bouche. e $ * DES ABEILLES. 182, | Lorsqu'une abeille entre dans une fleur épanouie pour recueillir la liqueur miel- leuse qu’elle contient, elle allonge sa trompe, en applique l'extrémité contre les nectaires des fleurs : alors le bout de Ja trompe est dans une action continuelle ; elle se raccour- cit,, s’allonge ensuite, se courbe, se con- tourne ; tous ses mouvemens sont très prompts et très variés, mais il n’est pas fa cile de voir la manière dont la trompe opère pour faire passer dans l’intérieur la liqueur qu'elle enlève à la fleur. Swammerdam a cru, et Réaumur même, pendant un certain temps, que la trompe est une espèce de corps de pompe, que son extrémité est percée d’un trou par lequel la liqueur peut être aspirée, et qu’il y a dans le corps de la trompe des pistons ou des parties équiva= lentes propres à faire l'aspiration. Réaumur à eu recours à un expédient très simple pour voir cette partie en ‘action; quelque- fois il a-enduit d’une légère couche de miel quelques endroits d’un tube de verre de quatre à cinq lignes de diamètre, dans le- quel il a introduit et renfermé des abeilles ; vu. 16 DT NS ee ou Date VE | 4 7 182 HISTOIRE NATURELLE aussitôt il a vu ces abeilles sucer le miel, non pas avec l'extrémité de la trompe, mais en l’allongeant et en la frottant contre les parois du tube, à diverses reprises , avec beaucoup de vitesse, en faisant une infinité d’inflexions différentes. Si la couche de liqueur qui a été offerte à l'abeille est épaisse, si elle rencontre une goutte de miel, alors elle fait entrer la partie antérieure de sa trompe dans la li- queur; mais il semble que ce soit pour ly faire agir, comme un chien qui lape quel- que liquide fait agir sa langue. Dans la goutte de miel méme l'abeille plie le bout de sa trompe , l’allonge et la raccourcit al- ternativement, l’en retire d’instant en ins- tant, et lui fait faire des sinuosilés, et surtout rend de temps en temps sa surface supé- rieure concave, comme pour donner une pente vers la tête à la liqueur dont elle est chargée. Enfin, selon Réaumur, la trompe paraît agir comme une langue, et non comme une pompe : le bout de la trompe, l'endroit où on a prétendu qu'est l'ouver- ture, est souvent au-dessus de la sur- 4 > DES ABEILLES, 118) face de la liqueur dans laquelle l'abeille puise. Le corselet est gros , arrondi, velu ; l’ab- domen est oblong, composé de six anneaux; il est attaché au corselet par une espèce de pédicule très court; il est terminé dans les femelles et les ouvrières par un aiguillon très pointu , rétractile; l’insecte le fait mou- voir à volonté au moyen des muscles qui y sont attachés. Cette arme est accompagnée à sa base de deux corps blancs, oblongs, arrondis par le bout, creusés intérieure- ment en gouttière ; ils forment une espèce de boîte dans laquelle l’aiguillon est ren- fermé. En pressant le ventre de l'abeille où le fait sortir d’entre ces deux corps, qui s’écartent l’un de l’autre ct laissent voir l’'aiguillon, On aperçoit à son extrémité une pêtite goutte d’une liqueur extrêmement transparente, à laquelle une autre succède aussitôt, si on en enlève la première. Cette liqueur limpide est un poison âcre que l’a- beille introduit dans la plaie qu’elle fait. La loupe fait voir que cet aiguillon n’est pas simple; il est solide, épais à sa base, très éd un dn Leds Mo A à 00 à hd DS Gé ie + dis | s fé 24 184 HISTOIRE NATURELLE pointu à son extrémité. Malgré la finesse de sa pointe, il y a des circonstances où elle paraît mousse, et on en voit quelquefois uñe autre s'élever au-dessus de celle-ci, ce qui fait alors juger que ce corps. si délié, qu'on avait pris pour l’aiguillon, n’en est que la gaîne. Si on examine attentivement ce qu’on a pris pour l’aiguillon, on remar- que qu’il est arrondi, uni vers le dos etsur les côtés ; mais qu’en dessous il a une espèce de fente, une cannelure qui va en ligne droite de sa base à sa pointe; enfin, que ce tuyau est fendu dans toute sa lon- gueur. Pendant qu’on touche ce tuyau, il “arrive souvent qu’on voit suinter de la li- queur en différens endroits de la rainure; et se former des gouttes À sa base. En in- troduisant une pointe fine dans cette raï- nure, on parvient à en faire sortir l’aiguil- lon, qui est composé de deux filets écailleux, qui ont près de leurs extrémités, sur chacun de leurs côtés, des dentelures fines, dont la partie la plus large est tournée vers la base. Ce sont ces dentelures, au nombre de quinze ou seize sur chaque aiïguillon, qui + #. DES ABEILLES. 185 lempéchent de sortir des chairs dans les- quelles l’abeille l’a introduit, et où 1l lui arrive souvent de le laisser avec toutes ses dépendances, lorsqu'elle veut le retirer avec trop de précipitation; mais, dans ce cas, la blessure qu’elle a faite lui coûte la vie, car elle meurt peu après avoir perdu son ai- guillon. Cette arme, quoique séparée du corps de l’abeïlle , ne laisse pas de pénétrer plus avant dans les chairs, parce que les muscles destinés à la faire mouvoir agissent encore pendant un certain temps. Nous avons vu que les abeiïlles ne se con- tentent pas de piquer avec leur aïguillon, qu’elles insinuent en même temps une li- queur dans la plaie : cette liqueur est ren- fermée dans une vessie, placée à la base de l'étui de l’aiguillon, et elle est portée dans l'étui par un vaisseau qui termine la vessie de ce côté. Swammerdam a cru que l’autre extrémité de la vessie est terminée par deux vaisseaux aveugles; mais Réaumur pense que ces deux vaisseaux s’insèrent en quel- que endroit du canal des alimens, ou dans quelque partie où se fait la sécrétion d’une D. D un fl ÉD > AE mo SAS. à. dé NTFS 186 HISTOIRE NATURELLE liqueur qui est apportée au grand réservoir, et que ce réservoir est peut-être pour les abeilles ce qu’est la vésicule du fiel pour les grands animaux. Les abeilles ont les pates de grandeur inégale ; les antérieures sont les plus courtes, les postérieures les plus longues ; les jambes de ces dernières pates sont larges, aplaties ; elles ont une cavité dans laquelle l’abeille place la matière de la cire qu’elle transporte à son nid. Ces pates sont plus ou moins chargées de poils, selon les espèces; les pre- miers articles des tarses des mêmes pates sont grañds, aplatis, striés transversalement dans les ouvrières, et ciliés sur leurs bords, ainsi que les jambes. Les ailes supérieures sont plus longues que les inférieures ; les quatre ailes de la fe- melle sont beaucoup. plus courtes que l’ab- domen. Eu volant, les abeilles font entendre * un bruit qu’on nomme bourdonnement ; il est occasionné par une forte vibration des ailes supérieures, Les abeilles sont plus où moins velues, se- lon les espèces; les poils dont ces insectes us “tt deu nier it, Aie dim À Cou ‘ac Été ed M 25 à DES ABEILLES, ‘ 187 sont couverts, leur servent à ramasser la matière à cire qu'ils trouvent dans les fleurs, sur les étamines, Lorsqu'une abeille veut faire sa récolte, si elle trouve une fleur épa- uouie, elle entre dedans, frotte son corps le long des étamines, et lorsque ses poils sont chargés de la poussière qu'ils en ont déta- chée, elle part avec son butin, et dirige son vol vers le nid. Toutes les abeilles n'arrivent point à leur nid chargées de cette poussière, elles ont soin, avant d’y retourner, de l’en- lever de dessus leurs poils avec leurs pates postérieures, dont elles se servent comme de brosses, et d’en former deux petites pe- lotes qu’elles placent à chacune de leurs jambes postérieures, On trouve, parmi quelques espèces d’a- beilles, des individus de trois sortes, qui sont des mâles, des femelles et des ouvrières. Celles-ci ne sont point destinées à repro- duire leur espèce; cependant, en parlant des abeilles domestiques, nous verrons qu’il y a de certains cas où des ouvrières sont fé- condes : elles sont chargées de tout le tra- F vail; ce sont elles qui vont à la récolte de _ dd Chile didén ni Dé be out td dé de dé de dns, » Pr 188 "HISTOIRE NATURELLE la cire et du miel , qui construisent les nids et quisnourrissent les petits. Il y a des abeilles qui ne vivent point en société; parmi celles-ci on ne trouve point d’ouvrières : les femelles seules font les nids, et pourvoient À la nourriture”de leurs larves. Les unes construisent des alvéoles de différentes formes, déposent un œuf dans chacun, placent auprès une sorte de miel que Réaumur nomme pâtée, recouvrent soigneusement ces nids, et ne s'occupent plus de leurs petits; les autres construisent . leurs nids dans la terre ou dans les trous de quelques murs. Mais avant de parler de : celles-ci, nous allons nous occuper de celles qu'il nous importe le plus de connaître, ce sont les abeilles domestiques. Ce n’est pas seulement par leur industrie qu’elles doivent nous intéresser, mais encore parce qu'elles travaillent utilement pour nous. Les abeilles qu'on peut appeler domes- tiques, vivent en grande société, qu'on à nommée république; on ignore quels sont k les lieux qu'elles habitent naturellement. On en trouve de sauvages dans différentes par- La nd va-oda “à d Cuné à ANS dé À Ce Sie ct D LR A 6 15 — VAN me. DES ABEILLES. 189 ties de l'Asie, en Italie, et dans les départe- mens méridionaux de la France; mais ce sont celles qui vivent sous nos yeux que nous allons examiner. Réaumur et M. Huber nous fourniront les faits intéressans qu’elles nous offrent : ce dernier auteur a enrichi l’histoire des abeilles d’un grand nombre d'observations, d'autant plus importantes, que, sans lui, on ignorerait encore com- ment l'abeille mère est fécondée. Jusqu’à lui on n’a parlé de la fécondation des reines que par conjectures, Réaumur est le seul qui ait cru qu'il devait y avoir un accouple- ment; mais, malgré toute sa sagacité, il n’a pu s’en convaincre. Une ruche est ordinairement habitée par une seule femelle, par des mâles au nombre: de deux cents à huit cents, et par quinze à seize mille ouvrières, souvent davantage. Les femelles, qui ont été décorées par plu- sieurs naturalistes des noms de rois et de reines, ont l'abdomen beaucoup plus allongé que celui des mâles; mais ceux-ci l'ont plus gros. L’aiguillon des femelles est plus long que celui des ouvrières, et un peu recourbé : à ha UN, ds à + du nt à D "à À nd 190 HISTOIRE NATURELLE sous le ventre; elles vivent renfermées dans l'intérieur de la ruche, et n’en sortent que dans deux circonstances : elles y sont occu- pées à pondre. Les ouvrières sont plus petites que les mâles et les femelles ; ce sont elles, comme nous l’avons dit, qui sont chargées du travail; elles construisent les LD gâteaux dont les ruches sont remplies. Ces 2 gâteaux sont composés de cellules de figure héxagone, appliquées les unes contre les autres; chaque côté des gâteaux contient à peu près un nombre égal de cellules ou alvéolés, dont les unes servent à conserver le miel, les autres à contenir les œufs que la femelle y dépose, et dans lesquelles les larves doivent prendre leur accroissement LA . 1 et subir leurs métamorphoses. On trouve dans les ruches des cellules de grandeur différente; celles qui doivent renfermer les mäles sont plus spacieuses que celles qui ne doivent contenir que des larves d’ouvrières. Les abeilles placent ordinairement leurs gâteaux parallèlement les uns aux autres, et laissent entre eux un chemin d’une lar- geur suffisante pour que deux abeilles puis- DES ABEILLES. 191 sent y marcher à la fois; chaque gâteau ne tient Souvent au haut de la ruche que par une espèce de pied qui a peu d’étendue. Lorsqu’elles construisent de grands gâteaux, les abeilles y ménagent des ouvertures, afin d'aller d’un gâteau à l’autre, sans être obli- gées de faire toute la longueur du chemin. La matière que ces ouvrières emploient P dans la fabrication des gâteaux, est ‘la poussière que nous leur avons vu ramasser sur Les étamines des fleurs ; elles parviennent à transformer cette poussière, qui est de la cire brute, en véritable cire. Quelques au- teurs ont pensé qu’elles y mélaient du miel. Swammerdam a cru qu’elles l’humectaient à Là Là 4 avec la liqueur vénéneuse qu’elles ont en CA provision dans la vessie dont nous avons parlé ; mais il paraît que c’est dans leuresto- mac que cette poussière se convertit en cire. Chaque abeille mange celle qu’elle a ramassée en petite pelote sur chacune de ses jambes : ce n’est point par la trompe que passe cette matière, c’est par la bouche qui est placée au-dessus , et immédiatement au-dessous des mandibules. Souvent une dé Hier RS dd. cd dfins ne dd pus si da 192 HISTOIRE NATURELLE ouvrière n’est pas seule à consommer la Provision de cire brute qu’elle rapporte à “ Ja ruche; assez ordinairement, lorsqu'elle y rentre, trois ou quatre de ses compagnes l’entament et, l'aideut à la manger; mais dans les temps. où la récolte de cette cire & est abondante; où chaque abeille en trouve . plusiqu ‘elle n’en peut consommer, elle est 7 mise en réserve dans des alvéoles destinés à cet usäge. L’abeille qui rentre à la ruche Mhargée de ces. deux pelotes, les dépose dans un alvéole; une autre abeïlle va en- suite. pétrir ces deux petites masses, les _ humecter d’une liqueur mielleuse, et les arranger de manière à ce qu’elles n'occupent qu’une partie de l’alvéole, afin de laissér à "d'autres de la place pour y déposer les leurs. C’est cette cire brute que les abeilles mangent, et qu’elles dégorgent après qu’elle a été suffisamment ramollie : lorsqu'elle est devenue de véritable cire, elles l’emploient à la construction des gâteaux. Les abeilles ont des besoins qui exigent qu’elles fassent une autre récolte que celle de la cire brute; leur habitation ne doit < DES ABEILLES. 193 avoir que des ouvertures qui tiennent lieu de portes, partout ailleurs elle doit être close. Elles doivent se garantir des insectes qui en veulent à leur cire, à leur miel et à elles-mêmes, et se mettre à l’abri des intem- péries, de l'air; aussi leur premier soin, dès qu’elles s'établissent dans une nouvelle ruche, est d’en boucher ‘toutes. les ouver- ” tures. Elles ne font point Usage ( de-cire pour cette opération : la nature leur a enseigné à se servir d’une matière qui y est plus propre, qui s'étend et s'attache mieux ; cette matière n’a pas été inconnue aux anciens, qui l’ont appelée propoks. Les abeilles tirent cette matière dés jeunes bourgeons du peu- plier, du saule et d’autres arbres, avant que les boutons soient épanouis; elles ne se contentent pas de boucher les trous de la ruche avec la propolis, elles en enduisent les bâtons qui soutiennent les gâteaux’ et souvent elles en étendent sur les paroïs in- térieures. Une récolte plus importante pour les abeilles que celle de la propolis, est la récolte du miel : nous savons qu’elles man- VII, 17 .… “% 194 HISTOIRE NATURELLE gent de la cire, mais ce n’est pas là leur seul aliment. La liqueur mielleuse qu’elles en- “ lèvent aux fleurs, avec leur trompe, est «conduite par cet organe dans la bouche, où . se trouve la langue, qui pousse dans l’œso- phage le miel qui y a été apporté, et qui, e à son tour, le fait passer dans l'estomac. + * Lorsqu'une abeille a rempli de miel son # estomac, elle retourne à sa ruche, et dès qu’elle y est entrée, elle cherche une cellule “pour l'y dégorger. Souvent une de ces abeilles est rencontrée, dans son chemin, par quelques unes des ouvrières qui n’ont * pu aller à la récolte; alors elle s'arrête, re- dresse et étend sa trompe, et pousse du , 49 miel à l'ouverture de sa bouche; les autres y portent le bout de leur trompe et le sucent ; souvent elle rend le même service à celles qui sont occupées dans l’intérieur de la ruche. Parmi les cellules qui ont été remplies de miel, les unes contiennent celui qui est destiné à la consommation journalière, les autres celui qui doit nourrir les abeilles dans un temps où elles iraïent inutilement DES ABEILLES, 195 en chercher sur les fleurs. Ce dernier est renfermé dans des alvéoles, qui ont chacun un couvercle de cire, et les abeilles n’y touchent que dans le cas de nécessité; s l’autre reste à découvert. Les autres cellules de la ruche sont des- tinées à contenir les œufs ; selon M. Huber, c'est quarante-six heures après l’accouple-* ment que la femelle commence sa ponte. Avant l’intéressante découverte de cet au- teur, on ne savait rien de positif sur lac couplement des abeilles; les anciens ont cru que leurs œufs étaient fécondés de la même manière que le sont ceux des pois- sons., Butler et Swammerdam ont pensé qu'il suffisait à l’abeille de se trouver auprès des mâles pour être fécondée, que les va- peurs, que les esprits qui s’exhalent du corps des mâles pouvaient vivifier les œufs qui sont dans le corps de la femelle. Mais Réaumur, quoiqu'il n'ait point eu de preuve de l’accouplement, n’a pu admettre ces différentes opinions; il n’a pu croire que les œufs d’un insecte qui a tant de rap- port avec beaucoup d’autres dont les œufs 196 HISTOIRE NATURELLE sont fécondés par la jonction du mâle avec la femelle, le fussent d’une manière si diffé- rente. M. Huber a levé tous les doutes à cet égard , en acquérant la preuve d’un accou- plement réel. Il nous apprend que c’est dans les airs que cet accouplement a lieu, et jamais dans les ruches, où une femelle peut “ester environnée d’un millier de mâles, sans qu’il en résulte la moindre fécondation. C’est ordinairement cinq ou six jours après sa naissance, que la femelle sent le besoin impérieux de s'unir à un individu de sôn espèce; alors elle abandonne sa ruche, prend l'essor, et manque rarement de rencontrer un mâle. Si cette première sortie est infruc- tueuse, elle sort une seconde fois, et ne rentre pas sans avoir été fécondée. Selon le même auteur, ce seul accouplement suffit pour vivifier tous les œufs qu’elle doit pondre pendant deux ans, peut-être même, ajoute-t-il, tous ceux qu’elle doit pondre pendant la durée de sa vie. Le mâle qui con- tribue à donner la vie à tant de milliers d’abeilles, après avoir fécondé une femelle, n’est plus propre à en féconder une seconde, DES ABEILLES, ‘197 et meurt peu de temps après l’accouple- ment; son union avec la première le prive des parties de la génération, qui restent fixées dans le corps de la femelle, qui s’en débarrasse le plus promptement qu’elle peut. Les premiers œufs que la femelle pond sont ceux qui doivent donner des ouvrières, et elle continue pendant onze mois à pondre presque uniquement des œufs de cette sorte À ce n'est qu’au bout deces onze mois qu’elle commence à faire une ponte considérable, et suivie d'œufs de faux-bourdons. C’est au printemps que la ponte des faux-bourdons a lieu : elle est d'environ deux mille. 11 y a une seconde ponte moins considérable des mêmes œufs vers le milieu de l'été, et dans l'intervalle de ces deux pontes elle ne pond presque que des œufs d’ouvrières. La femelle dépose ses œufs dans les cellules destinées aux différens individus qui doivent en sor- tir, en introduisant l'extrémité de son ventre dans chaque cellule ; l'œuf qui sort du corps de la femelle est enduit d’une espèce de glu, au moyen de laquelle il reste collé au fond de la cellule par un de ses bouts, 198 HISTOIRE NATURELLE M. Huber est parvenu à faire pondre à plusieurs femelles des œufs d’une seule es- pèce, en retardant l’époque de leur accou- plement; toutes celles auxquelles il n’a permis de s’accoupler que vingt jours après leur naissance n’ont jamais pondu que des œufs de faux-bourdons. Dans l'état ordinaire, outre les œufs d’ou- vrières et de faux-bourdons, la femelle en pond qui sont destinés à produire des fe- welles ; ces œufs sont déposés dans des cel- lules d’une forme différente et beaucoup plus grandes ; elles ne sont point hexagones comme les autres ; leur forme est oblongue; elles sont plus grosses à une extrémité qu'à l’autre ; leur surface est couverte de cavités : souvent elles sont placées sur le milieu d’un gâteau ; le plus ordinairement elles pondent au bord inférieur d’un de ces gâteaux. Dans l’année, la femelle pond quinze ou vingt de ces œufs destinés à donner des reines, quel- quefois trois ou quatre, ou point du tout : dans ce dernier cas, la ruche ne donne point d’essaim. ; . Tous les œufs sont de forme oblongue, DES ABEILLES. 199 un peu recourbés, plus gros par un bout, et plus minces par l’autre, qui est celui par lequel ils sont attachés dans la cellule. Les larves sortent des œufs au bout de trois jours; elles sont sans pates, de couleur blanche ; leur corps est composé de treize anneaux , sur lesquels on voit les stigmates ; la tête est brune, un peu plus dure que le reste du corps; la filière est placée à sa partie antérieure. Ces larves sont roulées en cercle, au fond de leur cellule, sur une couche assez épaisse d’une sorte de bouillie ou gelée blanchâtre. La nature a accordé aux abeilles une tendresse étonnante pour ces petites larves : elles leur prodiguent les soins les plus affectueux; elles sont sans cesse occupées à visiter les cellules, à y en- trer ; elles y restent un certain temps, pen- dant lequel il paraît qu’elles donnent à chacune la matière dont elle doit se rour- rir, où se “elles renouvellent sa provision. Après qu'une de ces abeïlles attentives est sortie, on en voit une ou plusieurs autres successivement, et en différens temps, avan- cer la tête à l'entrée de la cellule, comme . 200 HISTOIRE NATURELLE pour reconnaître si la larve y est logée à l'aise et si elle a ce qu’il lui faut. La nourriture que les abeilles donnent à ces larves est une espèce de bouillie d’un goût insipide, assez semblable à de la colle faite avec de la farine. Les larves de fe- melles et d’ouvrières ne restent que cinq jours sous cette forme; celles des mâles y passent un jour de plus. Lorsque les larves ont pris leur accroissement, les abeilles ferment leurs cellules avec un couvercle de cire, et la larve commence à filer pour tapisser l’intérieur de sa cellule: elle fait une toile d’un tissu extrémement fin et très serré, qu’elle applique à divers endroits des parois ;.elle emploie trente-six heures à cet ouvrage, et trois jours après elle se métamorphose en nymphe. Au bout de huit jours, l'abeille se débarrasse de son enve- loppe de nymphe, perce avec ses mâchoires le couvercle qui ferme sa cellule, et lors- qu’elle y a fait un trou suffisant pour lui donner passage, elle en sort, et va se poser sur le gâteau, où elle reste immobile pour donner à ses ailes le temps de s’afférmir et DES ABEIÏLLES. 201 de se déplier, et aux autres parties de son corps, qui sont humides, celui de se sécher; mais les abeilles qui l’aperçoivent s’em- pressent autour d’elle, la lèchent et l’es- suient de toutes parts avec leur trompe ; quelques unes même la lui présentent pleine de ‘miel qu’elles ont dégorgé. Dans le même temps, d’autres abeilles qui voient une cel- lule vide, se hâtent de la nettoyer, et de la mettre en état de recevoir un nouvel œuf ou de renfermer du miel. À peine toutes les parties de la jeune abeille sont-elles sèches, à peine ses ailes sont-elles en état d’être agitées, qu’elle marche sur les gâteaux, et cherche à aller jouir du grand air; d’autres abeilles qui sortent lui apprennent où sont les portes : comme les autres , elle sort de l'habitation commune, et va, comme elles, chercher des fleurs; elle y va seule, et n’est point embarrassée de trouver la ruche quand elle y retourne pour la première fois. Quand les abeiïlles commencent à naître dans une ruche, il y a tel jour où il en sort plus de cent de leurs cellules ; alors la ruche se 202 HISTOIRE NATURELLE peuple journellement , et en peu de temps le nombre de ses habitans devient si grand qu’elle peut à peine les contenir; c’est ce qui donne lieu aux essaims. Nous avons vu les abeilles soigner avec une attention admirable les larves qui doivent donner des ouvrières et des faux- bourdons ; mais les larves d’où doivent sor- tir des reines sont bien autrement traitées. Les abeilles font tout pour elles avec pro- digalité. Nous savons déjà que leurs cellules sont beaucoup plus grandes que les autres : la cire qui est employée à la construction de chacune suffirait pour en faire trente de forme ordinaire. La pâtée leur est donnée avec une telle profusion, que leurs cellules en sont encore remplies, lors même qu’elles n’en ont plus besoin : ce qui n’arrive jamais aux ouvrières ni aux mâles. Cette pâtée dif- fère aussi de celle que les abeilles donnent aux autres larves ; elle est plus assaisonnée. La position de ces larves dans les cellules diffère de celle des ouvrières; celles-ci sont posées presque horizontalement , la tête un peu plus élevée que le derrière : les nym- DES ABEILLES. 203 phes royales sont placées verticalement, la tête en bas. . Les femelles ne pondent dans les cellules royales qu'après la ponte des œufs mâles, et lorsqu'elles jugent la ruche assez peuplée pour fournir un essaim. Nous trouvons dans Huber, que c’est toujours la vieille mère qui conduit l’essaim ; elle abandonne sa ruche peu de jours avant la naissance d’une des femelles. Les ouvrières, qui sa- vent qu’elles ne seront pas long-temps sans avoir parmi elles une autre femelle, ne cessent point leurs travaux : il n’en est pas de même lorsque, par un événement quel- conque , il ne se trouve plus de mère dans la ruche. Plusieurs signes certains annoncent la sortie prochaine d’un essaim; les faux- bourdons qu’on voit paraître dans la ruche, apprennent qu’elle devient en état de jeter: mais un signe infaillible, c’est lorsque le nombre des abeilles est si grand que la ruche ne peut plus les contenir, et qu'une partie se tient en dehors le long de ses parois. Ce qui annonce l'événement pour le jour même, 20/4 ._ HISTOIRE NATURELLE c’est lorsque les abeilles ne vont pas à la campagne en aussi grande quantité qu'à l'ordinaire ; et lorsqu’on entend dans l’inté- rieur de la ruche un bruit extraordinaire, tout semble y être en mouvement; enfin, lorsque le soleil a échauffé V’air, et que les abeilles ne peuvent plus supporter la cha- leur qu’elles éprouvent dans leur habitation, elles se déterminent à l’abandonner. C’est ordinairement depuis onze heures du matin jusque vers quatre heures du soir que les essaims sortent. Si la reine est à la tête des premières abeilles qui sortent, ou si elle les suit de près, dans l’instant même d’autres abeilles marchent après elle, et s'élèvent en l’air : en moins d’une minute, toutes celles qui doivent composer l’essaim abandonnent la ruche, et se dispersent; toutes ne semblent voltiger que pour examiner en quel endroit elles iront se rassembler. Il ne paraît pas que ce soit la reine qui fasse le choix du lieu; plusieurs abeilles vont se poser sur une branche, et y sont aussitôt suivies de beaucoup d’autres. La mère se pose sur une branche voisine de celle sur laquelle les à DES ABEILLES. é 205 abeilles sont rassemblées, et ce n’est que quand la couche qu’elles forment autour de cette branche s’est épaissie, que la mère va se joindre à elles : dès qu’elle s’y est réunie, le peloton déjà formé grossit d’instant en #. instant ; les abeilles qui sont encore répan- dues dans l’air se pressent de se rendre où sont les autres. Toutes ensemble forment bientôt un massif composé d’abeilles cram- ponnées les unes aux autres par les pates, et plus ou moins gros, suivant la quantité de celles qui sont sorties de la ruche. Quoi- qu’elles soient à découvert, elles s’y tiennent tranquilles : souvent en moins d’un quart d'heure tout devient calme, et on ne voit guère plus d’abeilles autour d’un essaim rassemblé qu'on n’en voit autour d’une ruche dans un temps chaud et favorable au travail. C’est ordinairement dans un jardin qu’on place les abeilles, afin qu’elles y trouvent quelques fleurs à leur portée, et qu’elles me soient pas toujours obligées d’en aller cher- cher au loin. On court moins de risque de perdre les essaims, lorsque les jardins sont plantés d'arbres peu élevés, que lorsqu'il VIII, 18 206 HISTOIRE NATURELLE ne s’y trouve que des arbres très hauts : dans ce cas, il y a toujours à craindre que les abeilles, en sortant, ne s'élèvent beau- coup,etnes "éloignent des limites de la ru- che, ce qui leur arrive quelquefois ; alors on fait des efforts inutiles pour retrouver l’essaim. Un moyen généralement connu, et qui réussit assez souvent, pour faire des- cendre cellés qui se tiennent trop élevées en J'air, c’est de jeter sur elles à pleines mains du sable ou de la terre. Les grains dont elles sont frappées , les déterminent à s’a- baisser, et l'abri le plus proche leur paraît le meilleur. Pour faire passer un essaim dans une ruche , surtout s’il est posé sur un arbre peu élevé, on apporte une ruche au- "7 le on l'y soutient renversée , et on fait tomber les abeilles dedans, avec de petites branches ou avec sa main, sans craindre leurs piqüres, parce que dans cette cir- constance les abeilles ne font point usage de leur aiguillon. 11 suffit que la plus grande partie de l’essaim entre dans la ruche, pour être suivie du reste; alors on renverse la - ruche, à laquelle on a soin de ménager des DES ABEILLES,. 207 ouvertures, pour que les abeilles qui sont dehors aient la facilité d’y rentrer: Si quel- * ques unes s’obstinent à rester sur la branche, pour les en éloigner et les forcer de se joindre aux autres , on frotte cette branche avec des feuilles de rue et de sureau, dont l'odeur déplait aux abeïlles. Le moyen de rendre aux abeilles leur nouvelle habita- tion agréable, est d’en frotter les parois avec des herbes et des fleurs dont elles aiment l'odeur, comme des feuilles de mé- lisse, des fleurs de fèves , ou d’enduire légè- rement de miel quelques endroits des parois; et après que le soleil est couché , on trans- porte doucement la ruche sur le support qu’on lui a destiné. Mais voyons maintenant ce qui se passe dans la ruche d’où l'essaim est sorti. La vieille femelle qui l’a abandonnée, y a laissé, en partant , une prodigieuse quan- tité de couvain d’ouvrières , qui ne tardent pas à se transformer en abeilles; de sorte qu’en peu de jours la ruche se trouve aussi peuplée qu'avant son départ, et en état de” former un second essaim , sans qu’elle en un” 208 HISTOIRE NATURELLE soit affaiblie. Selon M. Huber, les ouvrières * ne construisent de cellules royales qu’à l’é- poque où la femelle pond ses œufs de mâles. Cette ponte, qui dure trente jours, est suivie de celle des œufs qui doivent donner les fe- melles. La mère les pond à un jour de dis- tance les uns des autres, afin que les fe- melles qui doivent en sortir puissent con- duire les essaims, et pour qu’il ne se trouve pas en même temps plusieurs reines dans la ruche ; car ces reines ont une telle aversion les unes pour les autres, que quand par ha- sard il s’y en trouve deux , l’une des deux est toujours la victime de l’autre. Suivant le même auteur, dès que l’an- cienne mère a emmené son premier essaim , les abeilles qui restent dans la ruche soi- » gnent particulièrement les cellules royales , autour desquelles elles font une garde sé- L vère, et ne permettent aux jeunes femelles + d’en sortir que successivement et à quel- ques jours de distance; elles les retiennent prisonnières dans leurs cellules, où elles "leur donnent à manger, pour laisser à celle ?. qui est sortie la première la facilité d’em- suià titi 14e OS SO 2. _ GO |: fr à d'à Pur : L#' : + DES ABEILLES. 209 mener l’essaim. Les abeilles ne se conduisent ainsi que lorsque la ruche est en état de fournir des essaims. Mais quand , par ha- sard, elles perdent leur mère, ce dont elles s’aperçoivent très promptement, elles agis- sent différemment à la naissance des reines, comme nous le verrons par la suite. Dès qu’elles ont perdu leur reine , elles se pré- parent aussitôt à réparer cette perte. Elles choisissent des larves d’ouvrières qu’elles destinent à devenir des femelles, agran- dissent leurs cellules , et leur donnent de la bouillie royale. C’est cette nourriture, qui est plus assaisonnée que la bouillie ordi- naire , qui développe , dans les ouvrières , les facultés génératives. Il est hors de doute, dit M, Huber, que toutes les abeilles com- munes sont originairement du sexe féminin ; la nature, selon cet auteur, leur a donné les germes d’un ovaire ; mais elle n’a per- mis qu'il se développât que dans le cas par- ticulier où ces abeilles recevraient, sous la forme ‘de larves, une nourriture partieu- lière, et qu'elles seraient logées dans un al- véole plus grand. Ce qui rend aussi quel- … Le . ” < : L 210 HISTOIRE NATURELLE ques ouvrières fécondes, c’est, selon le même auteur, parce que leurs larves se sont trouvées placées près des cellules des larves royales, et qu’elles ont reçu une lé- gère portion de la nourriture de ces larves. On doit la découverte de la conversion des ouvrières en reines à M. de Schirach , qui a remarqué que le changement de nourri- ture les rendait propres à perpétuer leur espèce, et M. de Riems a découvert qu'il existait des ouvrières fécondes ; mais M. Hu- ber a observé que ces ouvrières, qui n’ont reçu qu’une petite portion de bouillie royale, ne pondent que des œufs de mâles ,et en pe- tite quantité. Toutes les expériences de cet auteur l’ont convaincu qu'il ne naît des ou- vrières capables de pondre , que dans les ruches qui ont perdu leur reine; que, dans ce cas, les abeilles préparent une grande quantité de bouillie royale, pour en nour- rir les larves qu’elles destinent à la rempla- cer, et que, lorsque les abeilles donnent à ces larves l'éducation royale, elles laissent tomber, ou par accident , ou par une sorte d’instinct, de petites portions de gelée OT DES ABEILLES. 211 royale dans les alvéoles voisins des cel- lules, où sont les larves qui sont destinées à l'état de reines; que les larves d’ouvrières, qui ont reçu accidentellement ces petits … dons d’un aliment aussi actif, doivent en ressentir plus ou moins d'influence , et leurs ‘ovaires doivent acquérir une sorte de dé- veloppement, qui les rend propres à pondre quelques œufs. Dans le cas où les abeilles ont nourri des larves d’ouvrières pour remplacer la reine qu’elles ont perdue , lorsque les larves sont métamorphosées en nymphes , elles ne les surveillent pas avec autant d’exactitude que lorsque la ruche doit fournir des essaims , parce qu'alors elles n’ont besoin que d’une femelle. Aussi arrive-t-il que la première qui sort de sa cellule se jette impitoyable- ment sur celles qui renferment des nymphes d’où doivent sortir d'autres reines, et les perce avec son aiguillon, sans que les abeilles. s'y opposent, ce qui n’a pas lieu. dans le temps des essaims; car dès que la # première femelle paraît ; comme son instinct la porte à détruire celles qui doivent naître 212 HISTOIRE NATURELLE après elle, lofsqu'elle veut approcher des cellüles, les ouvrières qui y sont rassem- blées la forcent à s'éloigner par leur mau- vais traitement, ce qu'elles ne se permettent vis-à-vis de leur reine que dans cette cir- constance, Cette jeune femelle , qui ne res- pire que la destruction de ses rivales , est , alors dans une agitation extrême; elle par- - court la ruche sans s'arrêter, communique son trouble à un grand nombre d’ouvrières, qui, däns cetinstant, se précipitent vers la porte de la ruche, en sortent, et la femelle, qui se trouve parmi elles, va former une colonie. Lorsque deux femelles sortent en même temps de leurs cellules ;‘elles se livrent un combat à mort, sans que les abeilles qui en sont spectatrices s’en mélent, et elles adop- tent celle qui à été la plus heureuse. Elles adoptent également une reine étrangère , si on leur en donne une vingt-quatre heures après qu’elles ont perdu la leur ; mais si on … Ja leur donne avant ce temps, elle est mal accueillie, et quelquefois étouffée par les _abeïlles qui la serrent et la gardent comme un sé À LR ri lb) DS: D Si de dd it cibs Ve" DES ABFILLES. 213 prisonnière. Mais dès qu ’elles ont reécon- nue, elles détruisent aussitôt les cellules qu’elles avaient agrandies pour élever des larves d’ouvrières à l’état de femelle, et continuent leur travail comme si la” nou- velle mère était née parmi elles. Nous avons vu les abeilles avoir ,un soin particulier de toutes les larves sans distine- tion, et soigner également les larves de mâles et d’ouvrières ; mais il vient un mo- ment où leur tendresse se convertit en ‘rage. C’est ordinairement dans les deux derniers mois de l'été, que ces nourrices si atten- tives font un horrible carnage des mâles ; pendant trois à quatre jours elles en font une tuerie effroyable; elles se mettent quel- quefois trois ou quatre sur un malheureux mâle, et après lavoir tiraillé en tous sens , elles finissent par le percer à coups redoublés avec leur aiguillon. Tant que ces jours de massacre durent , on voit du matin au soir des abeilles acharnées sur des mâles, qu’elles traînent morts ou mourans hors de la ruche. Ceux même qui ne sont pas encore par venus À l’état de nymphe, ne sont. pas 21/4 HISTOIRE NATURELLE dé épargnés. Les abeilles arrachent ces larves ces mêmes cellules qu’elles avaient con- struites pour elles en d’autres temps, et dans lesquelles elles avaient même pris soin de les nourrir. Leur haine s’étend alors sur tout ce qui est mäle ou peut le devenir; elles font tout ce qu’elles peuvent pour qu'il n'en reste ni ne puisse y en avoir de long- ” temps dans la ruche. Mais, suivant M. Hu- ber, les mâles sont épargnés dans les ruches privées de reine, ainsi que dans celles qui n’ont que de cette sorte d’abeilles, qui ne pondent que des œufs de faux-bourdons. Aünsi, le massacre n’a lieu que dans les es- saims dont les reines sont complétement fé- condes, et ce n’est qu'après la saison des essaims qu'il commence. Il périt beaucoup d’abeilles tous les ans ; les unes naturellement, les autres de mort violente : ces insectes ont beaucoup d’enne- mis, dont les uns se glissent dans les ru- ches, les autres les attrapent au vol. Les mulots s’introduisent. quelquefois pendant l'hiver dans une ruche, et pendant une nuit détruisent une grande quantité d’abeil- aan: ln ne “élites RES 7 nie nl dt DES ABEILLES. 215 les, dont ils ne mangent que la tête et le corselet. Les oiseaux, et surtout les moi- neaux, les avalent toutes vivantes ; quelques espèces de guêpes , quelques araignées, plu- sieurs espèces de teignes, principalement Ja céréale : cette teigne fait beaucoup de tort aux ruches en détruisant les gâteaux, On. voit aussi une espèce de mitte sur le corps. des vieilles abeilles ; mais de tous leurs en- nemis, il paraît que celui-ci est un de ceux qui leur font le moins de mal. Nous ne nous étendrons pas sur l'utilité dontles abeilles domestiques sont à l'homme; personne n'ignore que ce sont elles qui le fournissent de cire et de miel, et que c’est en leur enlevant leur superflu , qu’il se pro- cure ces deux substances. La saison où on les leur ôte n’est pas la même dans tous les pays; dans les uns, c'est à la fin de l'hiver où au commencement du printemps, dans d’autres c’est en été : aux environs de Pa- ris c’est vers le milieu de cette saison. C’est, comme le dit Réaumur, une espèce d’expé- dition militaire d'enlever de l’intérieur d’une ruche des gâteaux, que des ‘milliers de 216 HISTOIRE naTÉRÈ LE mouches bien armées sont très disposéeshit défendre : aussi celui qui l’entreprend a-t-il soin de se couvrir le visage et les mains “ pour se mettre à l'abri des piqüres. Avant de commencer. cet ouvrage, on engourdit les abeilles avec la fumée d’un tampon de “linge qu’on fait brûler doucement sous la ruche. Cette fumée fait monter les abeilles au plus haut de la ruche, et au bout de quelques minutes elles perdent leur activité; alors on couche la ruche, on chasse les abeilles de dessus les gâteaux , et on les en- lève en-totalité ou en partie. Selon Réau- mur, un bon essaim de deux ans peut don- , ner deux livres et demie de cire dans une année "et vingt à vingt-cinq livres de miel. Les ruches dont nous avons parlé jus- qu'ici, sont d’une forme qui est connue de toutes les personnes qui habitent les cam- pagnes où on élève des abeilles; mais M. Huber en à imaginé d’une nouvelle construction pour le perfectionnement de la science économique des abeilles, qu'il appelle ruches en livre ou en feuillets. La ruche en livre est composée de la réunion » PCIe 2 7 te. + > LE "DES ABEILLES. + 217 Le douze châssis placés verticalement et parallèlement les uns aux autres. La figure I représente un de ces châssis ; les, montans fo, fg doivent.avoir douze pouces, et les traverses ff, gg, neuf ou dix; l'épaisseur des montans et des tra- verses sera d’un pouce, et leur largeur de quinze lignes. Il est important que cette mesure soit exacte. ” a a, parcelle de gâteau qui sert à diriger les abeïlles dans leurs travaux. d, liteau mobile qui sert à supporter sa pañtie inférieure. . bb, bb, chevilles dont l'usage est de'con- tenir le gâteau dans le plan du châssis : il y en a quatre de l’autre côté que l’on ne peut voir dans cette figure; mais la fig. IV permet de voir comment elles sont placées. ce, chevilles plantées dans les traverses au-dessous du liteau mobile, dans les mon- tans,.et pour le soutenir. La figure II représente une ruche en livre, composée de douze cadres tous nu- mérotés. On voit entre le sixième et le sep- tième châssis, deux planches avec leurs re- VU. 19 LE ! ‘ € < 218 HISTOIRE NATURELLE ‘ couvremens, qui divisent cette ruche >. d deux parties égales, et qui n’y doivent être placées que lorsqu'on veut la séparer pour former un essaim artificiel ; elles sont dési- gnées par æa. : bb, planches qui ferment les deux côtés de la ruche, et qui ont des recrouvre- mens. On voit des portes au bas de chacun des cadres de cette ruche; toutes doivent être fermées, à là réserve des cadres n° 1 et n° r23; mais il faut qu’elles puissent s’ou- vrir à volonté. La figure EX fait, voir la ruche en livre, ouverte en partie, pour faire sentir que les châssis dont elle estcomposée peuvent être unis par une charnière quelconque , et s'ou- vrir comme les feuillets d’unilivre. «a sont des recouvremens qui la ferment par les côtés. La figure IV n’est autre chose que la figure 1 vue d’un autre sens. aa, parcelle de gâteau qui sert à diriger les abeilles. ? bb, bb, chevilles disposées en pinces, AInwectes . Baraband del : elier Joule: Ruche en Livre. * # UOTE PES TL: Hi deg vob dt NT Jura ni à DEP ses LR E ER A1 T's & DES ABEILLES, 219 ‘qui servent à le contenir, dans le sens du châssis. ce, portion des deux liteaux : l’un, supé- rieur et fixe, sert à retenir le gâtéau dans sa Situation verticale; l’autre, inférieur.et mobile , sert à le supporter par-dessous. Ces ruches, selon M. Huber, sont très propres à forcer les abeilles à travailler avec la plus grande activité, et par conséquent à fournir une plus grande quantité de cire et de miel qu’elles ne sont dans l’usage d’en faire, sans cependant s'emparer de leurs provisions, comme il arrive souvent aüx personnes peu instruites, de sacrifier des ru- ches entières pour prendre toutes les ri- chesses qu’elles contiennent. Il n’est pas plus difficile, dit M. Huber, de loger un essaim naturel dans une ruche en feuillets, que dans toute autre de forme différente ; il y a cependant une précaution essentielle au succès, si les abeiïlles sont in- différentes à la manière d’orienter leurs gâteaux , et à l'étendue plus où moins grande qu’elles peuvent leur donner; d’un aütre côté, elles sont obligées à les construire tou- 220 : HISTOIRE NATURELLE jours’ perpendiculairement à l'horizon, et parallèles entre eux. Si en les établissant dans une de ces ruches, on les laissait entiè- rement à elles-mêmes , il arriverait souvent quelles constrüiraient plusieurs petits gâ- teaux, parallèles entre eux, mais perpendi- culaires au plan des cadres ou feuillets; dtautres fois elles les placeraient sur Île point de réunion de ces deux cadres, et par cette disposition elles rendraïent nuls les avantages qu’on peut retirer de la forme de ces ruches, puisqu'on ne pourrait plus les oùvrir à volonté, sans couper les gâteaux. Il faut donc leur tracer d’avance la diret- tion suivant laquelle elles doivent les con- struire ; il suffit de fixer solidement dans le plan de quelques uns des cadres dont une ruche estcomposée, une parcelle de gâteau ; on peut être sùr que les abeilles prolonge- ront ce gâteau commencé, et qu'en conti- nuant leur travail, elles suivront la direc- tion qu'on leur aûra indiquée. On n’aura donc jamais aucun obstacle à vaincre pour ouvrir la ruche, ni même de piqüre à crain- dre, ce qui, sélon notre auteur, est encore LL, LÉ ml ” ' h — DES ABEILLES. . : 221 une des propriétés les plus singulières et les plus précieuses de cette construction. C’est de la facilité qu'ont les ruches de se laisser ouvrir à volonté, que dépendent tous les avantages qu’on attend pour le perfection- nement dela science économique des abeilles. M. Huber attribue la tranquillité de ces mouches, lorsqu'on ouvre leur domicile, à la manière dont les affecte l'introduction su- bite de la lumière ; elles lui paraissent éprou- ver, dans ce cas, plutôt de la crainte que de la colère. On en voit alors un grand nom- bre qui fuient, qui entrent dans les cellules» la tête la première, et qui ont l'air de se ca- cher. Ce qui confirme sa conjecture, c’est qu’en général les abeilles sont moins trai- tables pendant la nuit, ou après le coucher du soleil, qu'elles ne le sont pendant le jour. ” 11 faut donc choisir le moment où le soleil est encore sur l’horizon pour ouvrir les ru- ches, et faire cette ouverture avec précau- tion. Il faut, en séparant les cadres, agir avec lenteur, et prendre garde de blesser aucune abeille. Quand elles sont trop accu- 222 HISTOIRE NATURELLE D: mulées sur les gâteaux qu’on veut emporter, il faut les chasser doucement avec les barbes d’une plume, et, sur toute chose, ne point souffler sur elles ,parce que, selon M. Huber, l'air que nous respirons paraît les mettre en fureur : la nature de cet air a sans doute une qualité qui les irrite, car si on les évente avec un soufflet, elles se disposeront plutôt à fuir qu’à piquer. Ces ruches sont très commodes pour for- mer desessaims artificiels. M. Huber va nous apprendre les moyens d’y réussir. Suivant la découverte de M. Schirach, les abeilles qui ont perdu leur mère, peu- vent s'en procurer une autre , Pourvu qu il se trouve dans leurs gâteaux du couvain d’ouvrière ,. dont l’âge ne passe pas trois jours; il en résulte qu’on peut, à volonté, fairenaître des femelles dans une ruche, en enlevant la mère qui y existe. Si on divise en deux une ruche suffisamment peuplée, une de ces moitiés conservera la mère, l’autre moitié ne tardera pas à s’en procu- rer une, Mais pour le succès de l'opération, il faut choisir un moment propice, et le ca à DES. ABEILLES, 223 * choix n’est facile et sûr que dans les ruches en feuillets. s Ce sont les seules où l’on puisse voir si la population est suffisante pour permettre la division, si le couvain a l’âge requis, sil a des mâles nés ou prêts à naître, pour lens jeune femelle à sa naïssance. M. Huber suppose que toutes:ces condi- tions se trouvent réunies. Voici le détail du procédé qu’il faut suivre : on séparera par le milieu la ruche en feuillets, sans lui don- ner aucune secousse ; on glissera entre les deux demi-ruches deux cadres vides, qui s'appliquent exactement contre les autres, et qui soient fermés , en fonds de boîtes, du côté par lequel ils seront adossés ; on cher- Nes à savoir dans laquelle des deux moi- tiés se trouve la mère, et.on la marquera pour ne pas l'oublier. Si par hasard elle était restée dans l’une des deux divisions où il y aurait le plus de couvain, on la ferait passer dans celle où il y en aurait le moins, afin de donner aux abeilles leplusde chances possibles pour se-procurereune autre fe- melle, Il faudra ensuite rapprocher les deux 224 HISTOIRE NATURELLE demi-ruches, les unir l’une avec l’autre, par le moyen d’une petite corde fortement serrée autour d'elles, et avoir soin qu’elles occupent sur la table du rucher la même place qu'avant l'opération. L'ouverture qui avait servi d'entrée aux abeilles dans leur ruche jusqu'à ce moment devient inutile, on la ferméra; mais comme il faut que cha- que demi-ruche ait sa porte, et que les deux ouvertures soient éloignées l’une de l'autre le plus qu'il est possible, il faudra en pratiquer une’ au bas de chacun des deux cadres extérieurs, c’est-à-dire, du premier et du douzième. Cependant on ne doit point ouvrir ces deux entrées le même jour. Les abeilles privées de leur femelle doivent être tenues prisonnières dans leur demi- ruche pendant vingt-quatre heures , et leur porte ne doit étre ouvérle Jusqu'à cette époque qu’autant qu'il le faut pour donner accès à l’air. Sans cette précaution, elles sortiraient bientôt pour chercher leur fe- melle au-dedans et-au-dehors du rucher; elles ne anqueraient pas de la trouver dans la division où on l’aurait placée , elles y pas- DES ABÉILLES. 225 seraient en grand nombre, s’y fixeraient , et il n’en resterait plus assez dans l’autre partie pour les divers travaux nécessaires; au lieu que cet accident n’arrivera point si on les emprisonne pendant vingt-quatre heures, attendu que cet espace de temps suffit pour leur faire oublier leur femelle. Lorsque toutes les circonstances sont fa- vorables, les abeilles de la division privée de femelle commencent le même jour leur travail pour s’en procurer une autre, et leur perte se trouve réparée dix ou quinze jours après l’opération. La jeune femelle sort bientôt pour chercher lés mâles, re- vient féconde, et au bout de deux jôurs, commence à pondre des œufs d’ouvrières. Alors il ne manque plus rien'aux abeilles de cette demi-ruche, et le succès de l’essaim artificiel est assuré. M. Huber a fait une observation qu'il croit nouvelle, Selon lui les naturalistes, en faisant admirer le ‘parallélisme que les abeilles suivent constamment dans la con- struction de leurs gâteaux, n'ont pas fait attention à un autre trait de l’industrie de 226 ISTOIRE SNATURELLE ces abeilles, qui mettent toujours un inter- valle de quatre lignes entre leurs gâteaux. A l’approche de l’hiver les abeïlles allon- gent les cellules qui doivent contenir du miel, et elles rétrécissent, par cette opéra- tion , l'intervalle qui se trouvait entre leurs gâteaux; mais ce travail particulier est fait pour une saison où il importe d’avoir de grands magasins, et où d’ailleurs l’activité étant fort ralentie, il n’est plus nécessaire que les communications soient aussi spa- cieuses ou aussi libres. Aw retour du prin- temps, les abeilles se hâtent de raccourcir ces cellules prolongées, afin qu’elles devien- nent propres à recevoir les œufs que la fe- melle.doit y pondre,.et elles rétablissent ainsi la juste distance dont la nature leur a fait une loi. Pour forcer les abeilles à travailler en cire, ou, ce qui revient au même, pouréles obliger à construire de nouveaux gâteaux , selon M. Huber, il suffit d’écarter assez les uns des autres ceux qu’elles ont déjà bâtis, pour qu’elles puissent en établir d’autres dans l'intervalle. Supposons, dit cet auteur, DES ABEILLES, 227 qu’un essaim artificiel soit logé dans une ruche en feuillets, composée de six. ca- dres, dont chacun contient un gâteau. Si la jeune femélle de cet essaim est aussi féconde qu'elle doit l'être, ses abeilles seront très actives au travail et disposées À faire de grandes récoltes en cire. Pour les y déter- miner, il faudra placer un cadre vide entre deux autres, qui contiennent chacun un g4- teau, Comme tous ces feuillets sont de même dimension, qu’ils ont tous l'épaisseur néces- saire pour loger un gâteau, les abeilles trouvant dans le cadre vide l’espace préci- sément nécessaire pour y construire un gâ- teau neuf, ne manqueront point de lé'faire, parce que, d’après l’observation de notre auteur, elles sont dans l'obligation de ne laisser jamais qu’un espace de quatre lignes entre ces gâteaux. Si la ruche est forte et la saison bonne, on entrelacera d’abord trois cadres vides entre les vieux gâteaux, un entre le premier et le second, un. autre entre le troisième et le quatrième, et le derniers enfin, entre le cinquième et le sixième. Il faudra aux [v2 228 HISTOIRE NATURELLE abeilles un travail de septou huit jours pour les remplir, et la ruché contiendra alors neuf gâteaux. Si le temps se soutient à une température favorable, on pourra encore entrelacer trois nouveaux feuillets, et par conséquent dans l’espace de quinze jours ou trois semaines on aura obligé les abeilles À construire six gâteaux neufs. ? On peut, suivant M. Huber, continuer plus loin cette opération dans les climats chauds, et où la campagne offre perpétuel- lement des fleurs. L'avantage que présentent ces ruches, "c’est que chaque jour on peut observer ce qui s’y passe, et juger du mo- ment le plus convenable poursenlever aux abeilles une partie de leur récolte. Notre auteur ajoute qu’on court risque de ruiner entièrement les ruches, quand on s’empare en trop grande quantité du miel et de la cire des abeilles, et qu’il faut user modéré- ment du droit de partage avec elles, et se dédommager de cette modération ‘en mul- tipliant le nombre des ruches qu’on exploi- térdit avec discrétion, parce qu'on auit beaucoup à la multiplication des abeilles DES ABEILLES, 229 quand on leur enlève plusieurs gâteaux dans une saison peu favorable à la récolte de la cire, parce que le temps qu’elles emploient à les remplacer-est pris sur celui qu’elles doivent consacrer au soin des œufs tet des vers, et que le couvain en souffre. D’ail- leurs, il faut toujours leur laisser une pro- vision de miel suffisante pour l'hiver; car quoïqu’elles consomment moins dans cette saison, elles consomment cependant * elles ne sont point engourdies, comme quelques auteurs l'ont prétendu. Nous avons cru «devoir extraire de l’ou- vrage de M. Huber cet article si intéressant sur le perfectionnement de la science éco- nomique des abeilles. D’autres abeilles, connues sous le nom de bourdons (bombus, Larr.), ont des poils longs et très pressés qui couvrent. presque toutes leurs parties extérieures, et les font paraître plus grosses qu’elles ne sont réellement. Ces abeilles vivent en société comme l'abeille à miel; leurs sociétés sont également composées de trois sortes d’indi- vidus; mais elles sont*peu nombreuses : & LD VIT. 20 230 HISTOIRE NATURELLE n’y trouve ordinairement que cinquante à soixante individus. Les abeilles à miel qui ont été abandonnées à elles-mêmes, celles qu’on n’a pas logées dans des ruches, cherchent, pour s'établir, quelque grande cavité qui les mette à l'abri des intempé- ries de l’air; elles ne savent pas se faire une habitation : elles ont besoin de la trouver toute- faite. Nos bourdons se font la leur; l'extérieur en est extrêmement simple; on ne le prendrait que pour une motte deterre un peu élevée et recouverte de mousse; mais'toute la mousse qui s’y trouve y a été apportée par les abeilles qui en ont, dé- pouillé la terre des environs. Les nids de ces abeilles se trouvent prin- cipalement dans les prairies et dans les champs de saïinfoin et de luzerne; ils ont ordinairement cinq à six pouces de circon- férence, et s'élèvent au-dessus de la surface de la terre de quatre: à cinq pouces. Les abeilles ménagent une ouverture en bas du nid pour pouvoir y éntrer; souvent. elles construisent un chemin de plus d’un pied # long, par lequel chaque abeille peut DÉS ABEILLES. 23 arriver à la porte sans être vue: ce chemin est voüté et couvert de mousse. Tous les individus de la Société travaillent à la con- struction du nid ; les abeilles ont soin de le faire dans un SAP où elles seront à méme de Se procurer les matériaux dont elles ont besoin : car elles ne transportent point la mousse, elles ne fontique la pous- ser. Après l'avoir coupée avec ses mandi- bules, l'abeille tourne säspartie postérieure du*côté du nid, prend avec ses mândibules plusieurs brins de mousse; les pates anté- rieures, qui agissent en mémie temps, l’aident à faire passer le petit paquet formé par la réunion de ces brins, jusqu’à la seconde paire de pates qui s’en empare, et le pousse près du derrière ; enfin, la troisième paire de pates saisit ces brins de mousse, et les conduit par-delà le derrière aussi loin qu'elle les peut faire aller. L’abeille répète cette manœuvre jusqu’à ce qu’elle ait poussé la mousse auprès du nid; lorsqu’elle y est arrivée, elle s'occupe à la mettre en œuvre, pour former la voûte du nid, à laquelle ces abeilles donnent quelquefois deux pouce * 232 HISTOIRE NATURELLE d'épaisseur ; elles font ensuite une espèce de plafond à la partie intérieure de, cette voûte aÿec une sorte de cire brute. Cette couche, qui n’a pas plus d'épaisseur, que deux feuilles de papier, suffit pour empé- cher l’eau de pénétrer dans le id, etpour lier ensemble tous les brins de mousse; elles enduisent de la même matière tout l’inté- rieur du nid, ce qui le rend lisse et poli. La matière de ces enduits a une odeur'de cire ; sa couleür est d’un gris jaunâtre; elle peut être pétrie comme une pâte; mais la chaleur ne la rend point liquide, ni ne l’amollit sensiblement. Les nids de ces abeilles contiennent plus ou moins de gâteaux, et ils sont plus ou Moins grands ; la surface supérieure de ces gâteaux est convexe, et l’inférieure con- cave; la masse’ de chacun de ces gâteaux est faite de corps oblongs, comme des œufs appliqués les uns contre les autres, de cou- leur jaune pâle ,et de trois grandeurs diffé- rentes. Comme-cés espèces d'œufs sont pla= cés les uns à côté des autres, ils rendent la gui des gâteaux irrégulière, Chacun de DES ÀABEILLES. 239 cette sorte d'œufs est une coque de soie qui a été filée par une larve, et dans laquelle» elle s'est renfermée pour subir sa première métamorphose, Celles qui. renferment une larve sont fermées par les deux bouts, ‘et celles dont les larves sont sorties, Sont ou- vertes à l’une des deux extrémités. Outre les coques qui font le corps de chaque gâteau, il S'y trouve encore des masses ivré- gulières de couleur brune, dont plusieurs remplissent les vides que les coques läïssent entre elles. Les plus considérables de ces masses se trouvent sur les bords et les côtés du gâteau; elles rénferment dans leur inté- rieur les œufs, et"servent À nourrir les lauves qui doivent en sortir. La matière de ces masses est une espèce de pâtée : telle masse est occupée par une ou plusieurs larves, quelquefois par trente où quarante. Lorsque les larvés y sont en grand nombre, elles n’occupent pas la même. cavité. Les œufs sont oblongs, d’un blanc bleuâtre, longs d’ehviron une ligne et demie. Dès que les larves en sont sorties, il paraît qu ‘elles s'éloignent un peu les unes des autres, LA . à 1 à : 234 HISTOIRE NATURELLE mangent la pâtée qui4les entoure, et les abeilles, qui connaissent les endroits où les couches de cette, matière sont devenues trop minces, ont soin d’y en apporter de nouvelle : la base de cette pâtée est la pous- sière des étaminés , humectée par une sorte de miel un peu aigre. On présume que les abeilles font passer dans leur estomac cette poussière d’étamine , et qu’elles la dégorgent après l'avoir tenue en digestion. On ne trouve pas dans les nids de ces abeilles des provisions, comme on en trouve dans Îles ruches; elles®y ont au plus trois où quatre . espèces de petits pots plüs ou moins pleins d'un fort bon miel. Ces petits vases sont presque cylindriques; ils font partie «du gâteau supérieur; ils sont au moins aussi grands que les plus grandes coques, et sont sgfionre couverts; ils sont formés d’une cire pareille à celle que "ces abeilles em- ploient pour ‘plafonner leur nid. . # La première chose que ces abeïlles font dans leur nid, est d'y déposer une masse de _pâtée, et de placer auprès un pot à miel : la pâtée est ordinairement posée sur un lit . DEË ABEILLES. 235 de mousse, et n’y est point adhérente. Lorsquesles larves Sont parvenues au terme de leur accroissement, elles filent leur coque dans l’intérieur même de la pâtée où elles ont vécu; et il paraît que les abeilles en- lèvent à mesure la matière dont chaque coque est recouverte, ou pour la manger, ou pour la porter à d’autres endroits du nid, Toutes les coques sont attachées les unes aux aütres,.et chaque nymphe y est placée la tête en bas. Réaumur présume que chaque nid est commencé au printemps par une seule abeille, qui devient la mère-de toutes celles qu'il renferme par la suite, parce qu'à la fin de l'hiver onme voit voler que des femelles.Au commencement du printemps, ayant ouvert quelques vids, il n’y a trouvé “qu'une femelle avec deux ou trois autres … abeilles : chaque nid ne contenait encore qu'unatrès petitgâteatw composé de peu de coques , dont quelques unes étaient ouvertes par le haut. D’après cet examen, noire. auteur a jugé que les abeilles qui étaient avec la femelle, étaient ses enfans, qui l’ai- 236 MSTOIRE NATURELLE daient alors dans ses travaux. Il naît dans ces nids des mâles, des ouvrières et des femelles; ces dernières n’ont pas les unes pour les autres l’aversion qu'on remarque dans les femelles des abeilles à miel : il s’en trouve plusieurs dans le même nid, etelles y vivent en bonne intelligence. D’après les observations de Réaumur, il paraît qu’à la fin de la belle saison tous les mâles et les ouvrières périssent, et que les femelles, après avoir été fécondées, passent l'hiver dans des trous qu’elles creusent en terre, et y restent engourdies jusqu’au renouvelle- ment de la belle saison. Toutes ces abeilles abandonnent leurs nids à la fin de l’été : on n’en trouve aucun d'habité pendant l'hiver. Ces. abeilles ont pour.ennemies.une es- pèce de mite qui s'attache sur leurs poils, une teigne et une mouche à deux ailes : celles-ci déposent leurs œufs dans les nids, les larves y croissent, et sy métamorpho- sent. Les fourmis cherchent à s'emparer de la pâtée que ces abeilles ont en provision ; lorsque les nids ne sont pas assez peuplés pour que. les habitans en chassént ces in- TM DES M à 237 sectes, ilsles leur abandonnent, et vont s'établir ailleurs. Mais le plus redoutable de tous leurs ennemis est la fouine; en une seule nuit, elle disperse les gâteaux , détruit entièrement le nid, et mange toutes les abeïlles qu’il contient. Après avoir examiné la manière dont vi- vent les abeilles qui sont réunies en société, il nous reste à parler de celles qui sont soli- taires , de celles qui travaillent seules à la construction de leurs nids, et qui sont chargées de l’approvisionnement de leurs petits. Quoïque les nids que font ces abeilles soient composés de plusieurs cellules ,.que ces cellules soient près les unes des autres, les larves n’ont aucune communication. Parmi ces abéïlles; les unes placent leurs nids dans le bois qu’elles creusent ou percent avec leurs mandibules; les autres font des ou- vrages en maçonnerie le long des murs; enfin , les autres font des trous en terre, et y font leurs nids avec des feuilles. Nous parlerons de chacun de ces nids en décri- vant les espèces qui les construisent. Ce genre est composé d’un très grand CR 238 HISTOIRE NATURELLE nombre d'espèces : on en trouv@hbeaucoup aux environs de Paris. L’Abeille-éperonnée . #pis cälcarata. G. Panurge lobés Lame. Son corps a un peu plus de trois lignes de long; il est très noir, luisant, pointillé , et parsemé de poils noirâtres ; les antennes sont d’un fâuve pâle, avec les quatre ou cinq premiers articles noirs ; la lèvre supé- rieure ést bidentéé au milieu du bord an- térieur ; les mandibules du mâle sont noires, avec une tache fauve; celles de la femelle, d’après la figure de Panzer , sont de cette dernière couleur; les jambes et les tarses des pates postérieures surtout sont garnis , dans le même individu,,de poils roussâtres ; ils sont moins épais et moins vifs dans le mâle; les cuisses postérieures de celui-ci ont, aumilieu de leur côté inférieur, une dent aiguë et crochue; les derniers articles des tarses sont d’un brun clair; les ailes sont transparentes, avec les nervures et le stigmate noirâtres, DES ABEILLES. 239 . Cette espèce se trouve en Allemagne et en France; elle ést rare. L'Abeille perce-bois, Æpis violacea. G. Xylocope. Lara. 4 Elle est velue, d’un noir foncé; sés ailes M sont d’un noir violet très luisant. » Cette abeille est pourvue. de deux fortes mandibules, avec lesquelles elle perce le bois, dans lequel elle dépose ses œufs. C’est ordinairement le bois mort qu’elle creuse : les trous qu’elle fait ont quelquefois douze à quinze pouces de longueur, et sept à huit lignes de diamètre. Elle construit dans ces trous dix à douze cellules sont séparées par une espèce de fond , de manière que la première qui est fermée, a son couvercle qui sert de base, à la cellule qui doit se trouver au-dessus. Toutes ces cellules ne sont pas fermées en même temps. L’abeille , äprès avoir disposé la première, l'avoir, remplie d’une pâtée composée de poussière d’étamines humectée d’un peu de miel, y dépose un œuf, et ferme ensuite cette cel- CL * 240 HISTOIRE NATURELLE lule. C’est au-dessus de celle-ci qu’elle en construit une autre, qu'elle emplit éga- lement de pâtée, y pond un œuf et suc- cessivement jusqu'à ce qu'elle ait rempli la totalité du trou qu’elle fait avec au- tant de cellules qu’il peut en contenir. Les larves'qui sortent des œufs de cette abeille L la ressemblent à ‘celles des autres abeilles; elles È passent environ quinzé jours sous cette formé”, pendant ce temps, elles consomment leur provision de pâtée, et restent ensuite à peu près dix jours sans manger avant de se changer en nymphes : elles restent près de vingt jours sous cette dernière forme. C'est vers le milieu de l'été que l'abeille perce sa coque"êt devient habitante de l’&r. Toutes les larves renfermées dans le nid n’en sortent point le même jour : comme les œufs ont été déposés successivement , les abeilles paraissent les unes après les autres. Le, mâle de cette espèce est de méme . couleur que la femelle, et presque de méme grandeur. On trouve souvent sur ces dblièss une espèce de mite d’nn brun rougeñtre, de la ss > DES ABEILLES. © 24x grosseur de la tête d’une petite épingle, dont l'abdomen est terminé par deux poils trois ou quatre fois plus longs que son corps. Cette abeille habite l’Europe, l'Afrique , les Indes orientales et l'Amérique. Celles qui se trouvent dans les pays chauds sont plus grandes, et ont la tête plus gross@ : que celles d'Europe. L’Abeille de Surinam, Æpis Surina- " mensis. : G: Centris. Larr. Elie a la tête, les antennes ; le corselet et les pates d’un noir violet obscur ; l'abdomen est couvert de poils courts, de couleur jaune, à l'exception du premier anneau qui est noir ; les jambes des pates postérieures sont plates, luisantes, très larges ; de forme un peu triangulaire, échancrées à l'extré- -mité; elles ont une cavité sur leur partie extérieure; le premier article des tarses est grand , large , aplati, bordé de longs poils; les autres sont courts et déliés; les ailes ” sont brunes. e Onmla trouve à Surinam. À VI. 21 L2 + 242 “HISTOIRE NATURELLE L’Abeille américaine, Æpis america- norum . G. Bourdon. Larr. Elle ressemble à l'abeille terrestre; sa te est noire; son corselet est de la même couleur, avec deux bandes d’un jaune ci- tron, l’une antérieurement, l’autre posté- rieurement ; l'abdomen est d’un jaune ci- tron, à l'exception des derniers anneaux qui sont noirs; les ailes sont d’un brun noirâtre. Elle habite l'Amérique septentrionale. L’Abeille à corselet jaune, Æpis æstuans. G. Bourdon. Larr. Sa tête est noire, très velue; le corselet est entièrement couvert en dessus de poils d’un beau jaune citron ; l’abdomen est - ovale, un peu aplati, lisse en dessus et en dessous , avec des poils noirs sur les côtés ët à l'extrémité; les pates sont très velues ; "STE D à e DÉS ABEILLES. rs 18 les ailes sont d’un violet noirâtre et très lui santes. On la trouve en Égypte, en br a et dans la Nouvelle-Hollande. L'Abeille à corselet gris, Æpis griseo- collis. 4 G. Bourdon. Lame. j Elle est noire ; le corselet et la partie an- térieure de l’abdomen sont entièrement cou - verts de poils d’un gris jaunâtre ou cou- léur d'olive clair; les ailes sont brunes et luisantes. 3 Le mâle a la lèvre supériéure jaune, et l’abdomen d’un bleu foncé, Elle fait son, nid dans la terre : on la trouve en Pensylvanie. . , à . . - L’Abeille terrestre, Æpis terrestris. G. Bourdon. Lan. . Elle est noire; elle a une bande jaune à la ; partie antérieure du corselét; le premier an- neau de l'abdomen noir, le second couvert "7 vi 4 8 5 SAR mes » NATURELLE PRÉ TAUL - depoi s jaunes, le troisième noir; les Gui sont couverts de poils blancs. Cette espèce vit en société : le mâle est moins grand que la femelle ;' les ouvrières sont très petites. d É Elle habite l’Europe : elle est très com- | mune aux environs de Paris. On la trouve sur les fleurs : elle fait son nid dans la terre, » et lé recouvre de.mousse. - L’Abeille des mousses, Æpis mus- CcoTUMmt, € G. Bourdon. Law. - Sa tête est noïre;/son corselet est couvert en dessus, de méme que l’abdomen, de poils fauves ; le déssous du corps et les pates © sont noirs, avec quelques poils gris. Elle fait son nid en,terre, et le recouvre avec de la mousse. Elle habite l’Europe : elle est très com- mune aux environs de Paris. On la trouve sur les fleurs. Flora €, pinay. 2.3.Orysse couronne. 4.5. Andr. plumipede. de | ‘ 20. Elo. à le . Le Ru + re us | L’Abeille cordiforme Apis corde. G. Euglosse. Larr. ‘ u Elle est d’un vert brillant, avec les as transparentes; les jambes postérieures Sont très dilatées à l'angle extérieur de la baSe. On la trouve dans les mêmes lieux que la précédente. L’Abeille dentée, Æpis dentata. nt G. Euglosse. Lan. Le corps de cette espèce à plus de six © lignes de long ; il est court, d’un vert bril- lant,.avéc l'abdomen conique ; les ailes sont noires , et les cuisses postérieures sont den- ” tées. à On la trouve dans l'Amérique méridio-. näle, à Cayenne. : ï 5 À "#8 F 74. L'Abeille lapidaire , Æpis lapidaria. 1 à LA" 4 G. Bourdon. Larn. é Th La tête et le corselet sont noirs et veus l'abdomen est noir, avec les demniers an- . LL 246 . HISTOIRE NATURELLE neaux'couverts de poils rougeâtres. Les ou- vrières sont deux fois plus petites que les femelles. «Elle vit en société ; elle construit son nid envterre, ou entre des tas de pierres, et le recouvre-de mousse. On trouve ordinaire- mentsces nids dans les prairies : ils con- tiennent peu d’abeilles. Elle habite l’Europe : elle est commune äux environs de Paris. v L’Abeille cornue, Æpis cornuta. G. Mégachile. Larn. Elle est longue desept lignes , noire ; son * abdomen est*bronzé, tout couvert de poils “ Mfauves : le mâle a des points blancs sur la _ face antérieure de la tête ; les femelles ont, sur cette partie, .deux cornes anguleusés , placées au-dessus des mandibules, et ren- fermant, dans leur intervalle, un enfonce- ment rebordé en devant, et une petite ligne = élevée au milieu. Cette espèce fait son nid dans la cavité de quelques pierres , ou d'un mur : elle ne se ” DES ABEILLES. 247 sert pas d’un mortier très dur, phree qu'il lui est inutile, puisque les endroits où elle construit son rid sont à l’abri de la pluie. Elle recouvre de terre les parois de la ca- vité qu’elle a choisie, et n’y laisse de vide que l’espace nécessaire pour contenir la proyi- sion de pâtée qui doit servir à l’accroisse- ment de la larve qui doit naître de l'œuf qu’ellesconfie à cette cellule. Comme l’entrée des cavités qu’elle choisit n’est jamais exacte- ment juste de la grandeur de Son corps , la mégachile femelle la rétrécit , en attachant de laterre à son bord intérieur, et laisse at milieu un trou bien concave. La pâtée a la consistance de bouillie ; le miel a un goût fort agréable: Chaque cellule étant fournie suffisamment de pâtée, et renfermant un œuf, est fermée avec le même mortier qui a servi à la construire. L’insecte parfait pa- raît dans les premiers jours du printemps. Il est très commun saux environs de Paris. vf ur a TPS — 248 HISTOIRE NATURELLE L'Abeïlle “ice Apis bicornis. G. Mégachile. Larr. Cette espèce est un peu plus petite que la précédente, et moins velue ; le corps est noir, avec le corselet couvert de poils d’un gris jaunâtre , et l'abdomen hérissé de poils fauves, plus obscurs postérieurement ; le chaperon de la femelle a deux cornes tron- quées obliquément et'extérieurement à leur extrémité, presque unidentées ; son bord éxtérieur n’est pas relevé; il a, de chaque côté, une échancrure ; son milieu est un peu avancé, et terminé par deux ou trois den- telures. Les poils qui garnissentele devant de’la tête du mâle ne sont pas aussi blancs que ceux que cette partie offre dans les in- dividus de même sexesde l'espèce précé- dente ; d’ailleurs, cette espèce diffère de la précédente par les poils du corselet, qui sont d’un gris jaunâtre, et en ce querceux du bout de l’abdomen sont noïrs ou plus :. Me Cette espèce est très commune aux envi- _. * DES ABEILLES. 249 rons de Paris : elle construit son nid”danss les trous du bois, dans les troncs d’arbre, des planches, etc. Réaumur l’a observée dans une porte de la cuisine de sa maison de campagne, à Charenton ; il fut étonné de son peu de timidité. Cette abeille s'em- para d’un trou qui avait Sérvi autrefois à laisser passer une grosse visiqui tenait la serrure : elle y apporta de la terre, dont elle se servit pour enduire ses parois internes, pour remplir une partie de sa capacité, et pour rétrécir l'entrée du trou, qu’elle avait trouvée trop grande. Il lui était in- différent que le battant de cette porte füt ouvert ou fermé ; le mouvement des domes- tiques qui entraient et sortaient ne l’inquié- tait nullement , et elle venait toujours à son trou comme si elle avait été privée Quand elle eut rempli son trou de pâtée, elle le scella par les deux bouts, après y PAGE déposé ses œufs. F L +. 250 HISTOIRE WATURELLE e v. L’Abeille bleuâtre, Æpis cœrulescens. LE G. Mégachile. Larr. ” Elle est longue de quatre lignes, d’un bleu foncé ou violet, avec des poils blan- châtres ; le dessus de l’abdomen est presque nu, avec des raies blanches en partie in- terrompues; la brosse du ventre est noire et épaisse. Le mâle est d’un vert bronzé, foncé et luisanb, avec les poils de la tête et du corselet d’un gris jaunâtre; les autres tirent sur le blanc. L'abdomen est presque globuleux , plus nu et plus luisant ; le bord postérieur de lavant- dernier anneau est arrondi et entier; l’anus est armé de trois épines assez longues, droites, parallèles, écartées, et presque égales. Cette espèce cônstruit son nid avec de la terre et sur les murs, exposés au soleil. Degéer trouva plu- sieurs de ces nids dans les inégalités d’un mur bâti de grosses pierres de granite; ils avaient la forme de plaques ovales, relevées en bosse, et ayant la couleur de l'argile. En » . A ; . les examinant de près, il s’aperçut qu'elles DES ADEILLES. 257 étaient composées de terre et de sable mélés ensemble, et formant uné masse assez so- lide, mais qu’on les détachait assez facile- ment avec la pointe d’un couteau , etqu’elles tombaient en poussière pour peusqu'on les touchât trop rudement. Ayant ouvert un de ces nids au mois de mai, il vit dans son intérieur deux ou trois cellules, remplies chacune d’une coque ovale de soie, d'un blanc sale, et qui renfermait une mégachile pleine de vie et prête à quitter la coque; ces nids avaient été construits l'année pré- cédente. Il trouva un autre nid fait de la même matière dans une couche épaisse d’argile mêlée de chaux, dont on a coutume, dans le pays, d’enduire les parois des mai- sons de bois; ce nid renfermait, dans une grande cavité intérieure, une larve sans pates, d’un blanc jaunâtre, ayant le corps gros et court, la tête écailleuse , arrondie, et armée de deux petites dents à extrémité brune. Le derrière de cette larve était gross arrondi, et märqué d'un petit trait brun et transversal que Degéer soupçonna étre l'anus, Cette larve passa tout l'hiver sous + 252% HISTOIRE NATURPLLE cette forme, et ne se transforma en nymphe qu'au commencement de juin de l’année suivante; celte nymphe était entièrement d’un blanc de lait; son corps était court, gros , dodu, avec l’abdomen un peu courbé en dessous ; les antennes et les pates étaient arrangées régulièrement sous le corps; les fourreaux des ailes et la trompe étaient très : apparens. Latreille a reñcontré souvent le nid de cette mégachile à Meudon et à Mont- martre, aux environs de Paris, dans les terrains coupés à pic. L’Abeille à miel, Æpis mellifica. Elle est brune, couverte de poils d'un gris jaunâtre ; plus serrés sur le corselet que sur les autres parties du corps; la femelle est beaucoup plus grande que le mâle; son abdomen est plus allongé ; ses ailes sont plus courtes; les yeux du mâle sont très grands, et occupent toute la partie supérieure de la tête. Les ouvrières sont plus petites que le mâle et la femelle, , Nous trouvons, dans l’Æncyclopédie, Insectes. 1 PL, 57. lZaraband del. 1 Tardieu Weufp. 1. Ab. terrestre 4: Nom. à antennes 2.Ab.à Micl.F. rousse . 5. Eue. à longues autennes. 5.Ful.porte-lanterne. ALTER: . " à ri en ALES 4 4 à 1 ft DES ABEILLES. 253 qu’elle a été nommée melissa par les Grets, deborah par les Hébreux, albara nahatea zabar par les Arabes, weziela par les Escla- vOns, apés par les Latins, ape, api, sticha, moscatella par les Italiens, abeja par les Espagnols, eér ymme bynle par les Alle- mands, bee, bees , been par les Anglais, bie par les Flamands, bé par les Suédois > Patzota par les Polonais, honingbye par les Hollan® dais, camlij par les Irlandais. ( On élèvercette abeille dans des ruches, et c’est elle qui nous fournit la cire et le miel. Nous renvoyons aux généralités de ce genre Pour voir ce que nous avons dit sur ses habitudes. L’Abeille maçonne, Apis murarias G. Mégachile. Larn, Le mâle à le corselet et la plus grande partie du dessus de l'abdomen couverts de poils fins et serrés, de couleur rousse; l’ex- trémité et le dessous de l'abdomen couverts de poils noirs. La femelle est d’un noir foncé un peu VII. 22 éd. 254 HISTOIRE NATURELLE blêuñtre, avec quelques poils jaunâtres sous l'abdomen. Cette abeille vit solitaire : la femelle, comme toutes celles qui ne vivent point en société, est seule chargée de la construction du nid, et de pourvoir les petits d’alimens. Ges abeilles font, vers le milieu du prin- temps, des nids en maçonnerie ; elles les placent sur les pierres qui se trouvent à découvert sur les murs et les faces des bà- timens exposés au midi, telles que celles des saillies de fenêtres , des corniches, ou celles qui forment des angles avec le plan du mur. Ces nids sont construits avec une espèce de mortier dont la base est du sable que l'abeille joint à un peu terre, en l’humectant avec une liqueur visqueuse qu’elle fait sortir de sa bouche; elle construit de petites masses de ce mortier, qu’elle transporte entre ses mandibules dans l'endroit qu’elle a choisi pour bâtir : cet endroit est quelque- fois éloigné de plus de cent pas du lieu où elle prend ses matériaux. Chaque nid est composé de plusieurs cellules semblables , qui ont à peu près la forme d’un dé à cou- se Content dé 1 tt Lt, | NS SSSR EU DES ABLILLES. 2539 . dre d'environ un pouce de hauteur et six lignes de diamètre ; une plaqüe circulaire composée de plusieurs petites masses de mortier, fait la base sur laquelle Pabeille batit chaque cellule. Ses mandibules font l'office de truelle; elles lui servent à apla- nir son mortier, qu’elle humecte de liqueur à mesure qu'elle le met en œuvre. Quoique souvent son nid soit éloigné de l'endroit où elle prend ses matériaux, elle construit à peu près une cellule dans ia journée. Dès qu’elle en a élévé une à environ les deux tiers de la hauteur qu’elle veut lui donner, elle va sur les fleurs chercher la poussière des étamines ; l’apporte dans le nid, où ellé l’humecte ensuite avec le miel qu’elle a re- cueilli en même temps; elle forme avec ces deux matières une sorte de pâtée assez li- quide, dépose un œuf auprès de cette pro- vision , et ferme la cellule avec la même matière dont elle est construite, Dès que la première cellule est finie, l'abeille en re- commence une nouvelle, qu’elle achève de ‘même et successivement, Chaque nid ren ferme souvent sept ou huit de ces cellules, A 56 HISTOIRE NATURELLE quelquefois trois ou quatre : elles sont pla- … Cées les unes à côté des autres, et recou- vertes d’une couche de mortier d’une si grande solidité, qu'il ne peut étre brisé qu’avéc un instrument de fer. Quelquefoif, pour s'éviter la peine de construire entiè- rement leur nid, on voit ces abeilles cher- cher ceux qui ont été habités l'année pré- . cédente; alors elles se contentent de réparer . les dégradations qu'ils ont éprouvées, et y déposent leurs œufs. _ Il arrive souvent à ces abeilles, pendant . lé temps qu’elles sont occupées à bâtir, d’avoir des combats à livrer pour défendre leur propriété : on voit des abeilles pares- seuses profiter de l’absence de l’abeille la- borieuse pour s’emparer de l'édifice qu’elle a commencé; mais aussitôt que celle-ci aperçoit l’étrangère, elle tâche de la chasser: V'usurpatrice n’abandonne le nid que lors- qu'elle y est forcée. C’est en l'air que ces - abeilles combattent avec le plus d’achar- nement ; il leur arrive quelquefois, en allant à la rencontre l’une de l’autre, de se heurter - si rudement qu’elles tombent à terre ; et là, se ES Me dis dde ou de : Ai dés: » rieurement en queue de coq. “à D A , 6° G. Payne, Phycis. | eu « Ayant les plus grands rapports avec les! # teignes, mais en différant par les palpes Ne” férieurs qui sont beaucoup plus grands, avancés, avec un faisceau d’écailles au se- cond article, et le troisième relevé perpen- diculairement et presque nu; langue très courte; antennes ciliées ou barbues dans les mâles. 7° G. Yrsororne, Fpsolophus. 748 Ne diffère du précédent que par lés ah" * tennes qui sont plus simples, et par la trompe qui est plus distincte ou plus longue. A 8° G. Crampus, Crambus. : le À . 4 Les quatre palpes découverts; les infés | rieurs plus longs, et s’avançant en formede museau ou de bec; corps étroit et allongé, *# presque cylindrique; ailes roulées autour … de lui. 25 LE 2 + AN r , Lu ,318 HIST. NAT. DES LÉPIDOPTÈRES. 7 ' : * ‘es HÜITIÈME TRIBU. -* A * Les'FisstPENNES , Féssipennes. . Cette tribu a de grands rapports avec la * précédente, «mais s’en “éloigne, parce que - #les quatre ailes, ou deux au moins, sont re- fendues dans leur Jongueur en manière de branches barbues sur les bords, et ressem- blant à des plumes. d 1% G, Préropmore, Pterophorus. FAN DU ROME HUITIÈME. FA" er Rent Li 71 DE L'IMPRIMERIE DE CRAPELET, Sie de rue de Vaugirard, n° gt » : . L4 ”. . ” #