RECHERCHES LES PHRYGANIDES. —_. CL GENÈVE. IMPRIMERIE DE G. FICK. 3 A À PARLE ne t 44. ‘ t RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE ET A L'ANATOMIE DES PHRYGANIDES . OUVRAGE QUI A REMPORTÉ LE PRIX DAVY FONDÉ À GENÈVE POUR ENCOURAGER L'ÉTUDE DES SCIENCES PHYSIQUES ET NATURELLES. PAR FRANÇOIS - JULES PICTET, AMVeubre> de Pa Societe de Dhaysique et d'Sistoue Mutuelle de Geucve, de la Societe Eutowologique de France» , ee. GENÈVE, CHEZ ABRAHAM CHERBULIEZ, RUE DE LA CITÉ. . PARIS, pi. CHEZ J.-B. BAILLIÈRE, RUE DE L'ÉCOLE DE MÉDECINE, N° 13 Bis. LONDRES, MÊME MAISON, REGENT STREET, N° 219. a 1854. Mw ta D on 5 Vo | 11 | 5 ip) LOTO JL | AVE Le : AMESONSS quoi G cyhe\ EUR NE mé" *} A: AN 1e roetAtR 4 se A.ttoz7t “TAN EF : ÉCrA " is LE AE { l Î V4 A a * 4 È . ne RAD LS : er” Dale ( w T ax de. rs k ds L : S. Le , E CENT + F è ‘ x K F 3 ne PIE pA , Lg a le tn te Pen ST PORTÉE ST LENÈNE MED Cu ANT PT TNT CAL F DE Ko LA k L * L2 ” pl r AMEN ‘ LA LA E » Y MEME ‘de Nr 2 15) STONE ie Us gun D A, sad ROUTE DANNY l % » : {x ÿ ) Ole CAN ITEAT fi \ (24008 2 BIT a dl 20 Ÿ : V Me: AL "LE ba, TE ane PERRIN PE \ : D TUE ARE SET RS PRÉFACE. Avawr d'entrer dans le détail des observations que cet ouvrage est destiné à exposer, je dois dire quelques mots des circonstances dans lesquelles elles ont été faites. Convaincu de la nécessité des travaux spéciaux en histoire naturelle , Jai cherché à approfondir ce qui tient à la famille des Phryganides, qui correspond à l’ancien genre Phryganea. Cette famille avait besoin en effet d'être de nouveau élaborée, et l'on verra, je crois, qu'elle présentait une ample moisson de faits nouveaux à recueillir. Il y a quatre ans (1830) que j'ai commencé ces recherches, et dès lors je les ai poursuivies avec tout le zèle et la persévérance dont je suis capable. Un nouveau motif est venu l’année dernière m'en faire hâter la rédaction, je veux parler du concours ouvert à Genève entre les anciens élèves de Ia faculté des sciences pour le prix fondé au nom de Sir Humphry Davy. On sait que lorsque ce savant, à son retour d'Italie, s'arrêta à Genève, il succomba à la maladie dont il était atteint depuis longtemps, et que l’Académie, voulant honorer la mémoire de l'illustre chimiste, conduisit en corps son convoi funèbre. Sa veuve, désirant laisser à notre patrie un souvenir qui se rattachât en même temps à la science cultivée par son époux, fit don d’une somme de 1 | PRÉFACE. cent livres sterling, dont les intérêts devaient être employés à fonder un prix bisannuel pour le meilleur travail sur les sciences physiques et naturelles. Les ‘élèves sortis de l’Académie depuis six ans au plus, furent seuls appelés à y concourir. Ce prix a été décerné pour la première fois en 1833, et le jury a bien voulu l'accorder à mon ouvrage encore manuscrit. Depuis lors je l'ai revu avec soin, j'ai augmenté le nombre des observations et j'ai pu établir les genres nouveaux sur des bases plus certaines; j'ai eu au reste le plaisir de voir, constamment et à tous égards, mes prévisions réalisées et mes premières observations confirmées par les nouvelles. J'exposerai dans l'introduction les principes qui m'ont dirigé, la méthode que j'ai suivie et le but que j'ai cherché à atteindre; je n'ai plus ici qu'à témoigner ma reconnaissance à ceux qui ont bien voulu m'aider dans mes recherches. Qu'il me soit permis de citer en première ligne l'illustre botaniste qui fait la gloire de Genève, Monsieur DE CanpoLre, qui a dirigé mes premières études, encouragé mes premiers travaux et chez lequel j'ai toujours trouvé conseils, appui et amitié. Puisse le sincère attachement de son élève être de quelque prix pour Jui! C'est avec plaisir aussi que je saisis cette occasion, pour remercier mon ami Monsieur Vicror Aupouin de la complaisance et du dé- vouement avec lesquels il m'a aidé lors de mon séjour à Paris, ainsi que des ressources que j'ai trouvées, soit dans sa belle biblio- thèque , soit dans la collection entomologique du jardin des plantes qu'il dirige comme professeur. Il m'aurait été difficile sans lw 4 PRÉFACE. ti d'arriver à une synonimie complète et de connaître tous les travaux des naturalistes qui ont écrit sur les Phryganes. Je prie aussi MM. Dumériz, Srraus, Aupinet-Servizre, Le- FEBVRE, GUÉRIN, etc., de recevoir l’expression de ma reconnaissance pour les secours et les encouragemens qu'ils ont bien voulu me donner. Mon intention est d'étendre mes recherches à toutes les Phry- ganides de la Suisse, et en même temps à tous les Névroptères ; mais la tâche est longue et difficile, et je serais bientôt découragé si je n'espérais pas aide et appui de tous les naturalistes suisses. Je recevrai donc avec reconnaissance tous les renseignemens, ob- servations ou échantillons qu’on voudra bien m'envoyer, et j'entrerai avec plaisir en correspondance avec les Entomologistes qui y seraient disposés. Nous sommes à une époque où la science est si vaste, que la coopération de tous les naturalistes devient de plus en plus nécessaire, si l’on veut espérer d'arriver à une connaissance complète et approfondie des insectes, de leurs mœurs, de leurs métamor- phoses et de leur organisation. Genéve, 1.% Juillet 1834. Pr ne PTE * 4 ; 11 » ‘dei EP HA | xwsmit el auhiisda 1 #' Jen 4 ÿ o A se éeria WA ah E sonbelagi50 soi 38 roi F oil ainov naid 16 LA y 8e DETÉsS À ant ; à ï - 3 4 FT Le À él eau 5 Pete TU :ambiqoe sf PET aps) ob A3 kg D 1 16tnaie aïaros où #- hot LE # : te mois, ateiteuiatt es! LATE at big, 3 108 l £ pa admin giserer EUM auf ne, AFNOR «ings tte ea pote ni ol L LR | foie Cp esteigolonsétatlenl ie, ru «tant 18h sas. 41382 af go ‘omporsehif à: dt: da asilq ab sole oi LA suolque PETITE RTL D sb : LL 40 “rnstal wa +de sam ah à 3 PAU UE CRE Lhf EMA SA RECHERCHES POUR SERVIR A L'HISTOIRE ET A L'ANATOMIE DES PHRYGANIDES. INTRODUCTION. L'éruns de la zoologie n'a pas été envisagée de la même manière dans tous les tems et par tous les naturalistes. Les uns se sont attachés à étudier l'organisation intérieure et extérieure des ani- maux; d'autres ont observé leurs mœurs, décrit leur vie et leurs habitudes; le plus grand nombre s’est occupé de leur imposer des noms et de les distribuer en groupes qu'on a nommés genres, fa- milles, ordres et classes. On n'a senti que plus tard que ces divers genres d'observations devaient se soutenir mutuellement; on a vu alors que l’anatomie ne pouvait être généralisée qu’autant que les êtres seraient groupés en familles naturelles et que d’un autre côté cette classification naturelle était impossible sans la connaissance approfondie de l’ana- tomie et des mœurs. À la tête des hommes qui ont employé leur 1 ? 2 INTRODUCTION. vie et leur activité à établir ces principes, il faut surtout citer les deux savans dont le monde entier déplore la perte récente, G. Cuvier et P. A. Latreille; tous leurs travaux sont empreints de l’idée, qu'il est nécessaire d'étudier à la fois les mœurs, l'anatomie, et les rap- ports naturels des êtres. Malgré les efforts et l'exemple de quelques naturalistes, on a trop négligé cet accord et, en particulier, plusieurs entomologistes se sont écartés de ces principes. Négligeant les considérations, autres que celles tirées des formes extérieures, ils ont créé, à la légère, des genres sur des différences minimes dans des organes peu importans; et, se bornant le plus souvent à l'étude de l’insecte parfait, conservé plus ou moins complet dans les collections , ils se sont fréquemment trouvés en désaccord avec ce qu'indiquaient les mœurs ou l’anato- mie de ces insectes. Et en effet, si l’on ne tient pas compte de tous ces points de vue, il n’est pas de petite différence spécifique qui, quand elle se trouve commune à quelques espèces, ne puisse être érigée en caractère générique. Les défauts de cette méthode avaient vivement frappé Cuvier, quoique depuis long-temps l’entomologie ne fut plus pour lui qu'une étude secondaire. Dans une lettre qu’il écrivit à la Société Entomo- logique en Février 1832, il exprima le vœu de voir l’entomologie reprendre cette marche heureuse et si riche en belles découvertes, que lui avaient imprimée les Réaumur , les Roësel et les De Géer. «Rien» dit-il «ne pourrait être plus profitable à la véritable phi- losophie. » Pénétré de la vérité de ces paroles, je me suis, dès le commen- cement de mes études, appliqué à travailler d’après ces principes, et j'ai cherché à suivre la route frayée par ces illustres naturalistes. Cet essai est un des premiers résultats de mes travaux. Convaincu de la nécessité des recherches spéciales et monographiques, J'ai étu- dié plus à fond l’ordre des Névroptères. De nombreuses raisons ont dirigé mon choix; cet ordre en effet est un des plus riches en consi- sk : INTRODUCTION. 5 dérations anatomiques; il offre des mœurs variées, intéressantes et peu connues; les espèces qui le composent sont très-nombreuses dans nos contrées; d’ailleurs il a été si constamment négligé qu'il me promettait une ahondante récolte de faits nouveaux. L'ouvrage que j'offre aujourd’hui au public a pour objet la famille des Phryganides, famille importante et considérable, érigée en or- dre par quelques auteurs , et que notre position géographique nous permet d'étudier d’une manière assez complète. Nos rivières, nos lacs, nos ruisseaux et nos étangs nourrissent une quantité considé- rable de ces insectes, et les torrens de nos montagnes sont riches ‘en espèces remarquables. (1) J'ai donc multiplié les observations de mœurs le plus qu'il m'a été possible; j'ai disséqué un grand nombre de larves, nymphes et insectes parfaits, et dès mes premiers travaux j'ai été soutenu et animé en voyant avec quelle abondance les faits nouveaux venaient se présenter à moi. Réaumur et De Géer avaient déjà décrit quel- ques larves, mais ils n'avaient connu qu'un seul type; j'ai trouvé dans ces larves des formes bien différentes de celles qui étaient connues, j'ai vu que leurs habitations présentaient plusieurs types bien tranchés, et qu’en particulier une très-grande partie de ces insec- tes n’ont pas d'étuis mobiles, mais bien des retraites fixes. J'ai re- connu des variations anatomiques très-remarquables dans les organes respiratoires , ainsi que des grandes différences dans la manière dont les nymphes se mettent à l'abri des agens extérieurs. D'après ceque j'ai dit plus haut, j'ai dû surtout m'appliquer à recher- cher la liaison qui existe entre les mœurs et les formes de l’insecte parfait, c'est-à-dire, à établir une classification naturelle. Fidèle aux principes exposés ci-dessus, je n'ai admis commé genres que ceux (1) Olivier qui est l’auteur qui a décrit le plus grand nombre de Phryganes en compte soixante dix-sept (soit vues par lui, soit énumérées par les divers naturalistes. ) Dans ce nombre il y en a d'Europe et d'Amérique. Dans notre seul bassin j'en ai déjà trouvé près de cent-vingt espèces. % INTRODUCTION. dans lesquels j'ai reconnu des caractères constans tirés de l'insecte parfait, entrainant ou du moins accompagnant des différences constantes dans les mœurs, et principalement dans les larves ou nymphes; j'ai de plus cherché à confirmer ces genres au moyen de l’anatomie des organes intérieurs. De cette manière je crois avoir écarté bien des chances d'erreur et être arrivé à des genres vrai- ment naturels, et j'ai eu le plaisir de voir M. Latreille peu de temps avant sa mort confirmer mes résultats par son précieux suffrage. Une des causes qui ont le plus contribué à limiter nos connais- sances sur les Phryganes, est la difficulté d'élever leurs larves et de les voir éclore; aussi les diversauteursn'ont-ils guères entr’eux tous donné : l’histoire complète, c’est-à-dire dans leurs trois états, que de sept espèces. (1) Mes essais pour parvenir à les conserver vivantes ont mieux réussi; en ayant soin de mettre du sable grossier dans les vases où on les tient et d’entretenir l’eau où elles vivent aussi lim- pide et fraîche que possible, on peut conserver assez long-temps les espèces qui se font des étuis mobiles. Quant aux larves à retraites fixes, elles sont plus difficiles à élever; les Rhyacophiles en parti- eulier périssent le plus souvent au bout de quelques jours, quel- ques soins que l'on prenne pour les conserver ; aussi les espèces de ce genre demandent-elles à être étudiées sur place, dans leurs ruisseaux. Un des meilleurs procédés pour connaître la suite de leurs métamorphoses est de les observer dans le moment de l’année où elles sont près d’éclore; si elles sont nombreuses dans la place où on les a découvertes , on parviendra très-souvent, en en exami- nant plusieurs à en trouver en larves et en nymphes. Dans ce cas là il faut prendre une nymphe le plus près possible d'éclore, ce qu'on connaîtra à son degré plus avancé de coloration, et la dé- pouiller délicatement de ses enveloppes, en la mettant sur un en- (1) Ces sept espèces sont la Striata décrite par Réaumur et Roësel, la Rhombica décrite par Roësel, la Grandis par Réaumur , Roësel et De Géer, les Punctata, Grisea, Bimaculata dé- crites par De Géer, ainsi que celle que ce dernier nomme Transparente tachetce. INTRODUCTION. 5 droit sec. Elle ne tardera pas à se gonfler (!) et à sortir de la peau sous la forme d’insecte parfait. On n'obtient pas de cette manière de beaux échantillons, mais cependant, en général, assez caractérisés pour pouvoir reconnaître à quelle espèce ils appartiennent, d'autant plus qu'il arrive ordinairement qu'on voit voltiger aux environs, des Phryganes analogues. (2) En employant quelquefois cette méthode et en élevant dans des vases clos toutes celles qui ne présentent pas trop de difficultés, je suis arrivé à connaître et à pouvoir donner aujour- d'hui l’histoire, dans leurs trois états, de cinquante-deux espèces. Mon but en commençant ces observations était d’embrasser l’his- toire complète des Phryganides de notre bassin et même de la Suisse. Je suis loin d'abandonner ce projet; mais le temps considérable qu'exige un pareil travail, comme aussi l'abondance des faits nou- veaux qui se sont présentés à moi, et la nécessité de créer des bases certaines, m'ont engagé à publier d’abord cet ouvrage, destiné à donner une idée générale de l'anatomie des Phryganides , de leurs mœurs, et à établir la classification de cette famille. J'y ai joint l'histoire dans leurs trois états des cinquante-deux espèces que J'ai observées, et la description de soixante-huit autres que je n'ai con- nues qu'à l'état parfait. Ces cent vingt espèces proviennent toutes du bassin du Léman. Je n’ai avancé que les faits que j'ai vus ou vérifiés moi-même ; ayant entrepris ce travail comme étude, je l'ai fait d'une manière consciencieuse, convaincu d’ailleurs que les travaux superficiels sont plus nuisibles que profitables à la science. Je suis cependant loin de me dissimuler ce qui manque à cet ouvrage; je désire surtout qu'il attire l'attention sur un des ordres des insectes les plus négligés et les plus dignes d’être l'objet des études des naturalistes. Tr (1) Voyez le chapitre 5 de la première partie. (2) Cette méthode peut aussi rendre de grands services en voyage , où on ne peut que rarement recueillir des larves, les élever et les voir éclore. + 6 INTRODUCTION. , Ces recherches formeront deux parties. La première est destinée à présenter l'histoire générale de cette famille, c'est-à-dire, à fixer sa place dans la série zoologique, à énumérer les auteurs qui en ont parlé, à poser les bases de la classification, à traiter avec quelque détail de l'anatomie des larves, des nymphes et des Phryganes, enfin à décrire leurs mœurs. La seconde partie contiendra une description plus spéciale des cent vingt espèces que j'ai trouvées dans notre bassin, ainsi que celles de leurs larves et nymphes que j'aurai pu connaître. PREMIÈRE PARTIE. CONSIDÉRATIONS GÉNÉRALES SUR LES PHRYGANIDES. CHAPITRE PREMIER. DÉFINITION ET AFFINITÉS ZOOLOGIQUES DES PHRYGANIDES. ue ParyGanipes font partie des Insectes Névroptères; elles se distinguent facilement des autres familles de cet ordre, par la réu- nion de plusieurs caracteres, savoir: leurs ailes en toit, les inférieures le plus souvent plissées dans leur longueur, leurs tarses à cinq ar- ticles, leurs antennes longues et filiformes, leur manque de man- dibules, enfin leurs métamorphoses complètes. Les Phryganides, telles que je les définis ici, correspondent exactement au genre Phryganea de De Géer, de Geoffroy, de Fabricius et d'Olivier. . Elles contiennent tous les insectes connus sous le nom de Friganes. (1) (1) L’orthographe du mot Frigane est défectueuse. Du mot grec @gvyovey on a fait PAry- ganrium , Linné l’a changé en Phryganea qui depuis lui a été traduit, on ne sait pourquoi, par le mot Frigare. Cette dernière manière d'écrire a long-temps prévalu ; mais je crois devoir à l'exemple de M. Guérin dans le dictionnaire classique d'histoire naturelle rétablir l'orthographe de ce mot et l'écrire PArygane. & PREMIÈRE PARTIE. » 8 Le genre Phryganea de Linné était composé des vraies Phryganes et des Perles; Lamark réunissait aussi ces deux genres sous le nom de Friganides. Nous verrons plus bas que tous les caractères tirés. de l'insecte parfait et de sa larve s'opposent à cette réunion. Quel- ques naturalistes ont cru devoir les rapprocher des Æphémeres ; M. Duméril comprenait ces deux genres dans sa famille des Buccélés ou Agnathes, et Latreille dans un de ses premiers ouvrages (Hist. nat. des crust. et des ins.), leur avait donné le nom de Æri- ganides; mais dans le Règne animal, il a rejeté les Ephémères dans la famille des Subulicornes et établi celle des Plicipennes qui correspond à nos Phryganides. MM. Leach et Kirby ont même voulu, dans ces derniers temps, ériger les Phryganes en ordreet leur ont donné le nom de 7richoptera. | La famille des Phryganides, telle que je l'admets, correspond donc exactement au genre Phryganea de De Géer, Geoffroy, Fabricius | Olivier ; aux Plicipennes (1) de Latreille et aux 7richoptera de Leach et Kirby. Elle forme une partie du genre Phryganea de Linné, de la famille des Ægnathes de Duméril et des Friganides de La- marck. On peut leur assigner les caractères suivants: La tête est transversale, plus large que longue, les yeux grands et re- ticulés. On voit sur le front deux petits yeux lisses. Les antennes naissent entre les yeux, égalent au moins le corps en longueur et quelquefois le dépassent beaucoup ; les anneaux en sont peu mar- qués et très-nombreux. La bouche est située à la partie inférieure de la tête. Le labre est infléchi, médiocre ; les mandibules nulles; les palpes sont au nombre de quatre, les maxillaires toujours à cinq articles dans les (1) J'ai préféré prendre le mot de Phryganides pour désigner cette famille plutôt que de conserver celui de Plicipennes et cela 1° parce qu’une partie notable de ces insectes na pas les ailes plissées, 20 parce qne le nom de Phryganides provenant de Phryganea avait en quel- que sorte la priorité et j'ai pensé d’ailleurs qu'il seraitanieux compris. DÉFINITION DES PHRYGANIDES. 9 femelles, les labiaux à trois; le dernier article de ceux-ci est tou- jours ovoïde, allongé, et celui des maxillaires varie suivant les genres. Les ailes sont entoit, serrées contre le corps; les antérieures demi- coriacées , colorées, souvent hérissées de poils; les inférieures plus larges, transparentes, rarement colorées et presque toujours plissées en longueur. Le thorax est plus haut que large, le corselet sous la forme de collier; l'abdomen un peu comprimé, tronqué à l'extrémité. Les pieds sont longs et portent quelques épines; les tarses ont tous cinq articles allongés, le dernier est armé de deux crochets. s La larve est aquatique; la tête est écailleuse, le corps composé de douze anneaux dont les trois premiers coriacés. Le dernier an- ‘ neau est toujours armé de deux crochets; on voit sur l'abdomen des sacs respiratoires dont la forme et la position varient beaucoup. Ces larves se font ordinairement des étuis en soie, recouverts de di- verses matières qu’elles traînent avec elles. Quelques-unes sont nues une grande partie de leur vie et se font seulement des abris immo- biles. La nymphe est de celles que Latreille appelle « à métamorphoses parfaites» (artus solutæ); elle est enfermée dans l'étui, ressemble beaucoup à l'insecte parfait et porte à la partie antérieure de la tête deux crochets. Lorsqu'elle veut éclore ; elle sort de l’étui et nage vers un endroit sec, où sa peau se fend et laisse sortir la Phrygane. Les Phryganides sont nombreuses en Europe, dans le nord plu- tôt que dans le midi. Leurs larves étant toutes aquatiques, on les trouve surtout sur les bords des ruisseaux, lacs, étangs, rivières. Elles volent principalement le soir, et quelquefois en très-grandes masses. sur, ; Nous avons dit qu’elles faisaient partie de l’ordre des Névroptères, cherchons maintenant à reconnaître leurs affinités zoologiques. Quelques auteurs ont vu une grande analogie entre elles et les 2 10 É PREMIÈRE PARTIE. , Perles (1); mais elles en different par d’importans caractères et en particulier par l'absence des mandibules ‘et par leurs tarses à cinq articles, tandis que dans les Perles ils n'en ont que trois. L'opinion généralement admise, que les métamorphoses de ces deux genres étaient les mêmes, n’avait pas peu contribué à engager à les réunir; mais j'ai montré dans deux mémoires (2) que cette idée était basée sur une erreur et que, tandis que les Phryganes ont des métamorphoses complètes, les Perles en ont d’incomplètes. Ces deux genres différent donc entr'eux par leurs métamorphoses, les organes de la locomotion et ceux de la nutrition. D'autres naturalistes (3) les ont rapproché des Æphémeres. Elles ont en effet avec ce genre l’analogie d’une bouche incomplète, mais elles s’en éloignent par leurs antennes longues et sétiformes, et par leurs métamorphoses, Ce dernier caractère les rapproche du genre Sialis dont la larve ressemble beaucoup aux larves nues des Phryganides, mais qui par sa bouche plus complète se rapproche des Perles. Ce genre semble former un passage des Phryganides aux autres Névroptères. Enfin les Phryganes ont quelque rapport avec les Zinéites et les Pyrales, soit dans leurs organes masticateurs incomplets, soit sur- tout dans la forme générale de leur corps, qui est telle que souvent on a de la peine, à la première vue, à distinguer une Phrygane des petits Lépidoptères des familles ci- dédie; Mais malgré ces légères analogies, le groupe des Phryganidés est nettement tranché et en même temps trèes-rebelle à se prêter à la série linéaire. Dans la méthode de Latreille, placé entre les Perles et les Hyménoptères, il semble protestercontre la possibilité d'établir cette série. | (@) Linné, Lamarck, Mac Leay. (2) Ann. des Sc. naturelles. Tom. 26 (Août 1832.) et Tom. 28 (Janvier 1833.) (8) M. Duméril, et Latreille dans ses premiers ouvrages. CHAPITRE Il. ÉNUMÉRATION DES AUTEURS QUI ONT TRAITÉ DES PHRYGANIDES. (1) Les larves des Phryganes ont été connues ou du moins décrites avant les Phryganes elles-mêmes; nous trouvons en effet dans Aris- tote une description de la larve et nous n’en trouvons point de l’insecte parfait. ARISTOTE nomme ceslarves £vAoDSpos (Perce-bois),nom assez impro- pre, car elles ne font que réunirsurune enveloppe de soie des débris de bois et de pierres. Il a passablement bien décrit l'aspect général de ces larves; il dit que leur corps est environné d’une tunique de la nature d’une toile d’araignée, couverte de brins de bois, de telle sorte qu'on croirait que l'animal les a ramassés en marchant (2); il ajoute que cette tunique est à l'animal, ce que la coquille est au limacon (3); mais il se trompe quand il prétend que si on dépouille 2 ————— (1) Les sources auxquelles j'ai puisé pour connaître les divers ouvrages où l'on trouve quelques données sur les Phryganes sont, outre le peu que nous possédons à Genève, les bibliothèques de Paris, telles que la bibliothèque de l'Institut et surtout celle de M, V. Audouin professeur au Jardin des plantes, qui possède une des plus riches collections d’ou- vrages entomologiques , et qui, avec une amitié et un dévouement dont je ne puis assez le remercier, a singulièrement facilité mes recherches bibliographiques. (2) 'Ev xurdu À ro do cûux ujoxuiodes, wa TEp) uùro) apOn dore doueiy meorépxer dar Bu Sovrie 2 14 (3) Tadre D cüuQure TO XITÔV ÉGTIVs TE HOXNIWIS TÈ OGTRUXOV. 12 PREMIÈRE PARTIE. cette larve de sa tunique, elle périt comme le limaçon qu’on prive de sa coquille (1). Pzine n’ajoute rien aux connaissances qu’Aristote nous a laissées sur le évao@Séos; il ne parait pas non plus avoir connu l'insecte parfait. Depuis Aristote jusqu’au seizième siècle, où apparurent Wallisnieri et Réaumur, l’histoire des Phryganes fit très-peu de progrès. L'his- : toire naturelle était alors abandonnée aux compilateurs, qui répé- taient et commentaient les anciens et peu d'observations nouvelles sont dues à cette époque. Nous devons cependant mentionner les auteurs suivants : Cowran Gessxer de Zurich (1558) (?) dit quelques mots des Phry- ganes dans son Histoire des animaux, tom. III. p, 545; il les désigne sous le nom de Phryganum et indique les noms français et allemands et en particulier celui de Charrée, sous lesquels ces larves ontété con- nues très-anciennement des pêcheurs, qui avaient observés que les truites en sont très-friandes, A la page 1280 ildonne une figure d'une larve dans un étui de pierres, mais il ne parait pas avoir connu l'insecte parfait. Mourer (1654) dans son Zheatrum Insectorum ne parle point des Phryganes; mais, dans une des trois planches qui forment une sorte de supplément à cet ouvrage, il a figuré une larve dans un étui de pierres. AzpovranD (1638) a connu la larve et l'insecte parfait, Il désigne la larve sous le nom de Xylophthorus, nom déjà donné par Aristote : etrapporte ce qu'en a dit cet auteur en y joignant de mauvaises figures (Tome IX. p. 306), où il est impossible de reconnaître l’insecte parfait; les étuis sont mieux représentés. Dans le chapitre premier de son livre VII ilcombat l'opinion d’Aristote que les larves périssent quand on les dépouille de leur étui, Enfin dans ses Paralipomena ({) Aristote de Animalibus, Lib. V. Ch, 30. | (2) Les dates indiquent l’époque où a paru l’ouvrage qui contient les travaux principaux de l’auteur sur les Phryganides, ÉNUMÉRATION DES AUTEURS. 13 p.763, il décrit une autre espèce (larve et insecte parfait) et, à la même page, il donne une figure de la Phryganea striata sous l'indication : Perlarum fortè genus; mais il ne semble point annoncer qu'elle provienne d’un Xylophthorus. Wazzisnieri (1733) a le premier donné une série d’assez bonnes observations sur les mœurs et l'organisation des Phryganes. Dans le tome I. p. 37 de ses œuvres, il a décrit les Zigniperdici aquatict, leursfourreaux, les diverses matières dont ils se servent et aussileurs organes externes ; mais d’une manière générale et sans indiquer au- cune espèce. Réaumur (1737) est de tous les auteurs anciens et modernes celui qui a le plus avancé l’histoire des Phryganes. Observateur scrupu- leux et homme de génie, il a laissé des travaux qui sont la base de nos connaissances sur ce sujet. Le cinquième mémoire du tome III. de son ouvrage sur les insectes est intitulé: Des Teignes qui se font des Jourreaux dont l'extérieur n’est pas lisse ; les Phryganes sont com- prises sous ce titre. Il a donné de nombreux détails sur les étuis et la maniere dont les larves les construisent; il a décrit la larve elle- même et ses filets abdominaux qu’il a eu le premier l'idée de com- parer aux ouïes des poissons ; il a étudié la maniere dont la larve file sa soie; ainsi que les mœurs de la nymphe et l’organisation de l'in- secte parfait. Ce mémoire contient l’histoire complète de quatre espèces, etoutre cela la description de quelques larves dont il n’a pas connu la Phrygane. RosseL (1746) n’a pas ajouté beaucoup de faits à ce qui avait été dit avant lui; il a décrit en détail à l'état de larve et à l’état parfait trois espèces (dont deux décrites par Réaumur), en les accompagnant de bonnes figures. Ses descriptions ont pour objet les mœurs, les étuis, les couleurs, etc.; mais non l’organisation. Les figures des larves ne sont pas suffisantes pour les reconnaître. DE GÉER (1752) a continué et beaucoup étendu les observations deRéaumur ; suivant les travaux de ce naturaliste etné dans un temps 14 PREMIÈRE PARTIE. où la science était plus avancée et plus systématique, il n’a pas tardé à égaler Réaumur pour le nombre et l'exactitude de ses observations. Les 7.°et8.e mémoires du tome IL. de ses œuvres (p. 497 —580) sont consacrés à l’histoire des Phryganes. Le premier est destiné à leur histoire générale; il y donne de nombreux détails sur leurs mœurs , leurs organes et leurs métamorphoses; le second est plus spécialement destiné à décrire quelques espèces. Il donne l’histoire complète (dans les trois états) de cinq espèces (1), et outre cela décrit quelques Phry- ganes dont il n’a pas connu la larve, et des larves dont il n'a pas connu l’insecte parfait. Ces descriptions sont accompagnées de figures passables. Avec De Géer s'éteint l’école des naturalistes observateurs des mœurs, et dans presque tous les auteurs qui vont suivre nous ne trouverons guères que des classifications et des nomenclatures d'es- pèces. Presque tout ce que nous savons des mœurs est dù aux re- cherches infatigables de Réaumur et de De Géer. Grorrroy (1764) dans son Æistoire desinsectes des environs de Paris a décrit douze espèces, dont six n'étaient pas connues ; il ne paraît pas avoir eu connaissance de l'ouvrage de De Géer. Linnæus (1767) a fait faire à l'histoire des Phryganes le même pas qu'à toute l’histoire naturelle par l'invention de la nomenclature bi- naire. Il réunissait ainsi quenous l'avons vu les Phryganes aux Perles. Dans la douzième édition de son Systema naturæ, il a décrit dix- neuf espèces toutes Européennes. Scuærrer (1769) dans ses Zcones Insect. circa Ratisbonam etc. a donné des figures médiocres de huit espèces. Dans ses Z/ementa Entomologica (1780) il a figuré la P. rhombica. Bucnoz (1771) dans son ouvrage intitulé: Æ{dovrandus Lotharin- giæ, Paris 8.0 a décrit quatre espèces mais déjà connues. (f) Ces cinq espèces sont la grandis déjà décrite par Réaumur et Roësel, et les Ph, punc- tata, grisea , bimaculata et celle qu’il nomme transparente tachetée. ÉNUMÉRATION DES AUTEURS. 15 Scopozi (1777) réunissait encore dans son £ntomologia Carniolica, r vol. 8.°, les Phryganes aux Perles; il y décrit treize espèces de Phry- ganes proprement dites , presque toutes nouvelles. Scnrôrer (1779) dans un ouvrage sur les coquilles fluviatiles (Ge- schichte der Flussconchylien, Halle 4.°) a décrit p. 413 quelques étuis de Phryganes; il y en a qui appartiennent à des Phryganes pro- pres, d’autres à des Mystacides et même on y remarque une retraite fixe d'Hydropsyché. 1l ne paraît point avoir eu connaissance des in- sectes parfaits produits par ces larves. Scurancx (1781).a décrit dans son Enumeratio Insectorum Aus- triæ 8.0 quinze Phryganes, dont six nouvelles ; plus tard (18o1)ilena ajouté cinq autres nouvelles dans sa Fauna Boica. Ingolstadt, 3vol.8.° Fourcroy (1785) a décrit quelques espèces d'après Geoffroy dans son petit ouvrage sur les insectes des environs de Paris. Suzzer (1786) dans son Æbgekürate Geschichte der Insecten. Win- terthur 4.°, a donné des figures médiocres de deux espèces de Phry- ganes; il avait auparavant déjà donné une figure de la Ph. rhombica sous le faux nom de grandis dans son ouvrage intitulé: Die Kent- zeichen der Insecten. Zürich 1761, 4.° Gueuin (1788) a décrit quarante-sept espèces de Phryganes (en y comprenant les Psoques) dans l'édition qu'il a publiée du Systema naturæ de Linné. Rozwer (1789) a figuré deux espèces déjà connues dans son Genera Insectorum. Winterthur 4.° 3 DeVizcers (1789) dans l'édition qu'il a donnée de l'Entomologie de Linné, augmentée par diverses compilations et par ses propres ob- servations, a décrit cinquante-neuf espèces, parmi lesquelles il y a quelques doubles emplois. Leske (1789) a décrit dans son ouvrage intitulé: Museum Leske- anum (x vol. 8.° Leipsick.) vingt espèces dont onze nouvelles, mais les descriptions en sont si brèves qu'on peut difficilement les recon- naître. APE. . LA 16 PREMIÈRE PARTIE. ‘ Rossius (1790) dans sa Fauna Etrusca, 2 vol. (8.0-et 4.0) a décrit ‘quatre Phryganes, mais aucune nouvelle. Ozivier (1791) a donné dansl’Encyclopédie méthodique, (tome VI.) un extrait assez complet de tout ce qui était connu à cette époquesur les Phryganides. Il y indique toutes les espèces décrites par les divers naturalistes, et dont le nombre s'élève à soixante-dix-sept ; mais là- dessus il y en a trente-une qu’il désigne comme moins connues et dont les descriptions sont en effet iagines pour pouvoir les reconnaître avec quelque degré de certitude; on peut aussi repocher à toutes ses descriptions de n'être pas assez comparatives. Sur les soixante-dix- sept espèces, six seulement sont décrites dans leur état de larve. Fasricius (1792) n'a décrit que les insectes parfaits ; ses descrip- tions sont quelquefois trop brèves; mais faites avec un grand soin. Dans son Entomologia systematica (tome 2 et supp.t) il a indiqué quarante espèces dont vingt-cinq nouvelles. PANzER (1796) a donné dans son ouvrage intitulé: Faunæ germa- nicæ initia, 12.9 deux très-bonnes figures de Phryganes. CoqueserT (1799)-dans son Z{lustratio Iconographica, etc. , folio ; a figuré médiocrement trois espèces, Wazknvær (1802) a décrit dans sa Faune Parisienne, 2 vol. 8.0, quinze espèces de Phryganes, des environs de Paris, mais aucune nouvelle. Ses descriptions sont très-courtes. WiznELn (1804) a copié quelques figures de Roësel et de Schæffer et les a accompagnées d’une courte description, dans son ouvrage in- titulé: Récréations tirées de l'histoire naturelle. Basle 3 vol. 8.0 Duxériz (1807) a réuni les Phryganes aux Ephémères sous lenom d'Agnathes dans son Traité élémentaire d'Histoire naturelle et dans sa Zoologie analytique. Mais ses principaux travaux sur cette partie de l'entomologie se trouvent dans le Dictionnaire des Sciences na- turelles, où il a décrit avec soin et exactitude les mœurs des Phry- ganes, soit d’après De Géer, soit d’ après ses propres observations. Il a fait connaitre en particulier comment se fait le passage de l’état ENUMÉRATION DES AUTEURS. 17 de nymphe à l’état d'insecte parfait, et a observé plusieurs faits intéressans sur ce passage, LATREILLE (1807) a, dansson Genera Crustaceorum et Insectorum, indiqué la distinction des Mystacides et des Phryganes propres. Plus tard (1829), dans son Règne animal, il a établi encore quelques coupes génériques, telles que les Séricostomes et les Psychomies. Ces genres, uniquement établis sur l’insecte parfait, ont été pleinement confirmés par l'étude des métamorphoses et de l'anatomie; car ce naturaliste possédait à un haut point ce tact entomologique qui fait discerner quels sont les caractères les plus certains pour établir dés coupes naturelles. De Lamarcx (1817) réunissait les Perles aux Phryganes sous le nom de Friganides dans son Aistoire naturelle des animaux sans vertèbres. Il indique dans cet ouvrage quelques espèces, mais déjà connues. Mac Lay (1819) a aussi cherché dans ses Æoræ entomologicæ à rapprocher les Perles des Phryganes. Dazman (1819) a publié dans les Mémoires de l’Académie de Stockholm, année 1819, p. 125, une description d'un genre nou- veau auquel il a donné le nom de Æydroptila; ce même mémoire a plus tard fait partie de ses Analecta entomologica, 4.° Holmiæ 1893. Fiscner (1820) a donné dans son Æntomographie de la Russie, 3 vol. 4.° Moscou, une description accompagnée de belles figures de deux espèces tres-remarquables de Sibérie. Curtis (1824) dans son bel ouvrage intitulé: British Entomology , 8.° London, a décrit et figuré une Mystacide, en en faisant un nou- veau genre (vol. 2.). Hummer (1827) a consigné quelques observations sur les Phryganes dans ses Æssais entomologiques, S.! Pétersbourg. 8.0 N.° r — 6. KirBy (1828) a érigé les Phryganes en ordre en leur donnant le nom de Zrichoptera; les raisons qui l'y ont engagé sont exposées dans son /ntroduction to entomology publiée conjointement avec 2 L£ 18 PREMÈIRE PARTIE. Spencer , tome IV. p.387. Le même ouvrage contient quelques ob- servations sur leurs mœurs et leur anatomie. Leacu (1830) a traité l'article Entomology dans l'Encyclopédie d'Edimbourg; il y divise les Trichoptera en deux tribus, les Zepto- cérides qui correspondent aux Mystacides de Latreille et les Phry- ganides qui sont les Phryganes propres ; il forme quatre genres et il ne paraît pas avoir connu ceux établis par Latreille et Dalman. Dans cet article, ilannonce avoir préparé un ouvrage intitulé: Zrichoptera systematica ; mais il est encore inédit. Srépnens (1832) a publié un Catalogue des insectes d'Angleterre, 1 vol. 8.° London; où il partage les Trichoptera en vingt-cinq genres ; mais il n'en donne que les noms sans les caractères ; aussi faut il attendre pour juger la valeur de ces coupes génériques, que l'auteur ait publié les bases sur lesquelles il les a établies. Tel est actuellement l'état de la science relativement aux Phry- ganides ; je ne crois pas avoir omis d'ouvrages importans dans cette récapitulation,ayant donné de grands soins à voir et à lire tout ce qui a été publié sur cette matière. Ce résumé montre que l’histoire des mœurs en est à-peu-près au point où l’a laissée De Géer, que l'anatomie de ces insectes est très- peu connue et que leur classification a été très-variable. Nous trouvons en effet, comme nous aurons occassion de le montrer plus tard, des genres très-naturels à côté de genres formés à la légère; les des- criptions des espèces sont rarement suffisantes et comparatives, la synonimie souvent inextricable ; on a fréquemment donné comme nouvelles des espèces déjà décrites, d’autres ont été confondues sous le même nom. Cet état m'a paru exiger un remaniement complet, basé sur des observations exactes et nombreuses; c’est ce que j'ai essayé de faire dans cet ouvrage. CHAPITRE III. CLASSIFICATION DES PHRYGANIDES. Quoique la seconde partie de cet ouvrage , soit plus spécialement destinée à exposer ce qui tient à la classification et à la nomenclature des Phryganides; il est cependant nécessaire à l'intelligence de la première partie, que je donne ici un exposé succinct des genres que j'ai admis ou établis et de la valeur des divers caractères employés pour les distinguer. | Je me suis écarté le moins que j'ai pu des travaux antérieurs aux miens, j'ai en particulier conservé les divisions de Latreille; mais de nouvelles formes ont exigé quelques nouveaux genres. Je n'ai cru devoir en établir que sur des caractères bien évidens, et suf- fisamment importans ; car quoique la multiplicité des genres favorise quelquefois l'étude des espèces, elle a le grand inconvénient d'hé- risser les méthodes naturelles de difficultés et d’en rompre la sim- plicité et l'harmonie. Je dois répéter ici ce que j'ai déjà dit plus haut, c'est que pour l'établissement d’un genre j'ai exigé des caractères constans, tirés de l'insecte parfait, entraînant ou du moins accompagnant des différences constantes dans les mœurs. Je suis de cette manière arrivé à admettre huit genres, dont trois nouveaux. Les naturalistes anglais me semblent les avoir trop mul- tipliés et basés sur des caractères peu importans ; au reste ces 20 PREMIÈRE PARTIE. genres sont pour la plupart inédits et connus seulement de nom par des catalogues ; on ne pourra en discuter la valeur que quand les caractères, sur lesquels ils ont été établis, seront connus. Je commencerai ce chapitre par quelques mots sur l'importance à donner à tel ou tel ordre de caractères, pour l'établissement des genres, et sur les divers organes qui peuvent en fournir. D'abord il est à remarquer qu'il y a des caracteres tirés de l’in- secte parfait et d’autres tirés des larves. Les premiers seuls doivent être nécessaires pour reconnaître les genres et toute classification rationelle doit uniquement se baser sur eux; les caractères tirés des larves ne doivent servir que pour reconnaître si les autres ont été bien employés. Cette vérité est trop généralement reconnue pour qu'il soit nécessaire d’y insister. Aussi, dans l'examen des caractères, ne nous arrêterons nous qu’à ceux tirés de l’insecte parfait; mais la classification une fois établie nous examinerons les larves et chercherons à les classer; la meil- leure confirmation que nous puissions obtenir pour nos résultats, sera que les genres obtenus par cette seconde méthode, coïncident avec ceux que nous aura donnés la première. Les organes qui m'ont semblé offrir les caractères les plus impor- tans, les plus constans et les plus faciles à observer sont les palpes, les antennes et les ailes supérieures et inférieures. 1.0 Les Palpes (PI I. c. d. e...) sont un des meilleurs carac- tères, comme en général les organes de la bouche dans toute la série du règne animal. Les palpes maxillaires réunissent en effet l’avan- tage de la constance dans le genre à ceux de présenter d'assez grandes différences d'un genre à l’autre et d'être très-visibles. Les palpes labiaux présentent à cet égard beaucoup moins d'utilité, et peuvent difficilement offrir des caractères convenables. Les palpes maxillaires sont toujours composés de cinq articles dans les femelles (PI. I. d, d.,.); ils en onttrois dans les mâles de quelques genres (PI. I. fig. 1,c., 3, c,, 4. ce.) et sont comme ceux CLASSIFICATION DES PHRYGANIDES. 21 des femelles dans les autres. Cette circonstance n'avait Jamais été remarquée; tous les naturalistes ont donné pour caractère aux Phryganes d'avoir les palpes maxillaires à cinq articles, et aucun d'eux n'avait remarqué cette différence entre les sexes, ce qui est d'autant plus remarquable qu’elle a précisement lieu dans les Phry- ganes proprement dites, c'est-à-dire dans les espèces Les plus grandes et les plus communes. Outre ces variations dans le nombre des articles chez le mâle, les palpes maxillaires peuvent servir de caractères d’après leur forme et principalement d'après celle de leur dernier article. Ces palpes en effet sont longs et velus dans les Mystacides (PI. I. fig. 2. c.); leur dernier anneau s’allonge et prend l'apparence de filament dans les Hydropsychés (PI. I. fig. 6. ce.) et les Psychomies (PI. I. fig. 7. c.). Leur forme est encore plus remarquable dans les mâles des Séri- costomes, où ces palpes présentent l'apparence de deux cuillerons formant un museau arrondi (PI. I. fig. 4. c.). Les Zrichostomes ont ces mêmes organes en massue (PI. I. fig. 5. c.) couverte de poils roides. On voit par là que ces organes peuvent fournir des caractères nombreux et variés; aussi avons nous eu fréquemment recours à eux pour la classification. 2.9 Les Æntennes peuvent dans de certaines limites fournir des caractères génériques (PI. I. f. f. ...). Ainsi les Mystacides les ont très-longues (fig. 2. f.); les Séricostomes ont leur premier article gros, long et fort (fig. 4. f.), celui des 7richostomes est velu (fig. 5. f.); mais ces différences sont sujettes à un peu de vague à cause des formes intermédiaires qui existent quelquefois entre les divers types. 3.° Les Ailes supérieures offrent quelques circonstances qui peu- vent servir à la distinction des genres. Les nervures en particulier sont un caractère constant dans le genre et qui varie assez de l’un à l'autre; on ne peut point confondre l'aile d'une Phrygane propre avec celle des espèces qui proviennent de larves sans étuis. La 22 PREMIÈRE PARTIE. forme du contour de l'aile est un bon caractère spécifique ; mais je ne le crois pas assez important pour former des caractères génériques. La consistance de l'aile et la manière dont les poils la recouvrent ont servi aux naturalistes anglais à établir quelques genres; mais Je n'ai pas cru devoir en faire de même, ayant reconnu que dans les genres les plus naturels, on trouve des ailes presque glabres et d'autres hérissées de poils. 4.° Les Ailes inférieures qui avaient d’abord été regardées comme plissées en longueur dans toute la famille (Plicipennes), sont dans quelques genres aussi étroites que les supérieures, et par consé- quent restent planes au-dessous d'elles dans l'état de repos. Cette diffèrenceserait très-importante, si l’on ne trouvait pas denombreuses espèces dans lesquelles elles sont si peu plissées, qu'on ne sait pas dans quelle catégorie les ranger. J'ai cherché au moyen de ces quatre ordres de caractères à ar- river à l'établissement de genres naturels, et je crois y être par- venu ainsi qu'on en pourra juger par ce qui suit. Ces genres sont au nombre de huit, dont trois nouveaux : I. ParyGANE propre (Phryganea Latr.). Car. Palpes maxillaires médiocres et peu velus, ceux du mâle à trois articles, le dernier article ovoïde. Æntennes médiocres, ne dépassant pas les ailes. Ailes supérieures ayant les nervures longitudinales jointes par de courtes nervures transversales. 4iles inférieures très plissées. IL. Mysracine. (Mystacide. Latr.). Car. Palpes maxillaires très- longs et très-velus, à cinq articles dans les deux sexes. Antennes beaucoup plus longues que les ailes. iles supérieures étroites et pointues. Ailes inférieures tres-plissées. | UT. Tricuosrome (1) (Zrichostoma. Mibi.). Car. Palpes maxil- laires à trois articles dans le mâle, le troisième article plus gros que les deux autres en forme de massue, hérissé de poils roides. (1) SaË, roues, #, poil; et oraux, wros, rè, bouche. CLASSIFICATION DES PHRYGANIDES. 25 Antennes à premier anneau fort et velu. Æv/es supérieures sans ner- vures transversales, couvertes de poils courts et serrés. Ailes infé- rieures petites et médiocrement plissées. IV. Séricosrome. (Sericostoma. Latr.). Car. Palpes maxillaires du mâle en forme de cuillerons, formant par leur réunion un museau arrondi. Æntennes grosses, à premier anneau long et fort. Ailes supérieures sans nervures transversales. iles inférieures pe- tites et médiocrement plissées. V. Ruyacoruice (1) (Rhyacophila. Mihi.). Car. Palpes maxil- laires courts, peu velus, à cinq articles dans les deux sexes. /n- tennes d’une longueur médiocre, minces. Ailes supérieures sans nervures transversales. Ailes inférieures étroites, peu plissées. 46- domen terminé souvent par des appendices cornés. VI. Hyprorsycn (?) (/ydropsyche. Mihi.). Car. Palpes maæil- laires à cinq articles dans les deux sexes, le dernier long, filiforme, égalant souvent les quatre autres. Æ{ntennes aussi longues que les ailes, minces. Ailes supérieures sans nervures transversales. Ailes inférieures tres-plissées. VIT. Psycnomie (Psychomia. Latr.). Car. Palpes maxillaires à cinq articles dans les deux sexes, le dernier long et filiforme. /n- tennes médiocres. Ailes supérieures minces, pointues, sans nervures transversales. iles inférieures minces et sans plis, de la même forme que les supérieures. VIT. Hyproprice (//ydroptila. Dalman.). Car. Palpes maxil- laires à cinq articles dans les deux sexes, le dernier ovoide. 4n- tennes courtes, au moins aussi grosses à l'extrémité qu'à la base. Ailes supérieures minces,pointues, hérissées de poils. Æwes inférieures non plissées, de la même forme que les supérieures. Ho) Her épi Re UE jones, Puis Op Un sir Dis nt (1) ‘evaË, œmos, 6, ruisseau; et Quéu, j'aime, (2) Uug, wo, rd, eau; et dxn, %, *, papillon. 24% PREMIÈRE PARTIE. On peut former un tableau analytique comme suit : Palpes maxillaires du mâle en forme def formant un museau arrondi, . , «+ . . . , . Sénrcosrour Lan, cu'llerons ou de massue, Ven forme de massue herissée de poils, « . . . Tnicuosroue Mihi. lat longs et velus, Antennes très longues, . . . . Mysracinx Lar. 2 at dernier article des trois articles daus le mâle; ailes à a polpes ovoïde, médiocres et peu Ÿ nervures transversales, , . . Punyoawr propres 4 Palpes du mâle velus, ctnq articles dans les deux sexes; 2] filiformes, ailes sans nervures transversales, Ruxacoenrze Mir, Ls, dernier article des palpes en forme (en inférieures plissées, .: . . Hyprorsrons Minis de filament allongé, ailes inférieures non plissées. . Psyenomre Lar. Antennes en fl . . . « . . « + + «+ + * AE de À to PRES Pr MR EN Hypaorrixe Dalm. Si l'on préfère mettre en première ligne les caractères tirés des ailes, on peut mettre le tableau sous cette forme: lave maxillaires médiocres et peu welus, . . . Punxoanx: ; res transversales, +» . re à ayant des nervures transver » pulpes maxillaires Tongs et velus, 4 . . . , + Mysracine, pulpes dumäle en forme demassue Tarenosrowx. etat palpes maxilluires différens dans les A Ailes inférieures ANR RÉMET ENS PE palpes du mâle formant unmuseau deux sexes, =! r anfondis Len CET. - . Sénrcosrome, À plissées, salés, z palpes maxillaires semblables dans nee urtiele ovoide, +. . . Ruayacornire. S les deux sexes, dernier article en forme de fil, Hypnorsrenx. H Auteuntsronsôte «2, VS ar ns CU DT ET Ne TT QUES Psrcnomre. & Lailes inférieures non plissées +. en COM: Un RIRE PUR TON EL QT AE ER CL O ATE Hyononrrce, Nous avons dans ces deux tableaux employé la comparaison des deux sexes comme caractères, car elle en fournit de tres-tranchés et faciles à voir, on pourrait cependant s’en passer; car dans le tableau ci-dessus elle ne sert qu’à distinguer les quatre genres Trichostome, Séricostome, Rhyacophile et Hydropsyché. Les deux premiers se reconnaissent facilement à leurs antennes grosses et grenues, tandis qu'elles sont minces dans les deux derniers; les Hydropsychés ne peuvent être confondues, avecaucun destrois autres à cause de la forme du dernier anneau de leurs palpes maxillaires. Il n'y aurait donc de confusion qu'entre les femelles des Trichostomes et celles des Séricostomes, et en effet elles se resemblent beaucoup et sont souvent difficiles à distinguer; le premier anneau des an- tennes est cependant en général plus court dans les Trichostomes. Malgré cette ressemblance des femelles, je n'ai pas cru devoir réunir ces deux genres, car les mâles offrent trop de différences pour cela. \ CLASSIFICATION DES PHRYGANIDES. 25 Nous reviendrons plus en détail sur ces genres dans la seconde partie ; il nous reste ici à jeter un coup-d'œil sur les larves et à les classer d'après leur organisation propre, afin de voir si les considé- rations tirées de leur examen viendront confirmer les résultats aux- quels nous a conduit l'étude des insectes parfaits. Les différens auteurs qui ont parlé des larves des Phryganes n'ont jamais décrit qu’un seul type, aussi étais-je loin, en commen- çant ce travail, de soupçonner la variété que présentent à cet égard ces insectes, J'ai déjà fait entrevoir une première différence très-ca- ractéristique, savoir que les unes vivent dans des étuis mobiles et que d'autres ne se font que des retraites fixes. A la circonstance d’avoir des étuis mobiles, se lient les caractères d'avoir l'abdomen plus mou, plus étiolé et les organes respiratoires externes plus divisés, plus longs et plus délicats. Les larves à demeures immobiles ont dû être organisées de manière à pouvoir aller chercher leur nourriture sans être protégées par des corps étrangers, aussi trouvons nous dans ces larves des abdomens plus fermes et colorés, et des organes respi- ratoires externes en houppes courtes et nombreuses, quelquefois même nuls. Nous pouvons donc établir une première distinction entre les larves à étuis et les larves sans étuis. Parmi les larves à étuis nous trouvons que le type le plus fré- quent est celui qui a été décrit par les anciens naturalistes; c’est-à- dire celui des larves qui ont la tête et les trois anneaux du thorax écailleux, les pattes médiocres, le premier anneau de l'abdomen armé de trois proéminences charnues et lé dernier de deux crochets courts. Dans ces larves, les organes respiratoires externes sont sous la forme de filets blancs et mous, terminés en cœcum, couchés en dessus et en dessous de l'abdomen, transversaux et naissant chacun d'un point différent (PI. V. — X.) Mais à côté de ce type général nous trouvons des variations assez prononcées dont voici les principales : 26 PREMIÈRE PARTIE. 1.0 Dans quelques larves les pattes postérieures prennent un développement très-considérable en longueur et sortent de l'étui encore plus que les antérieures (PI. XIT. fig. 3. 4. 5. 6.). 2,0 Dans d’autres les organes respiratoires externes, au lieu de naître isolés, naissent par houppes, mais toujours au-dessus et au- dessous de la ligne latérale de l'abdomen; ils sont encore mous et délicats (PI. XII. fig. r et 2 et PI. XIV.). 3.0 Le thorax présente quelquefois des formes très - différentes de celles qu'offre le type ordinaire, les angles antérieurs des an- neaux s'allongent et forment des pointes considérables (PI. XIIT.). 4.° Enfin, on trouve de très-petites larves différentes des pré- cédentes, qui vivent dans des étuis applatis, en forme de rein, ouverts par deux fentes; leur thorax est très-étroit, leurs pattes courtes, leur abdomen gros et dépourvu d'organes respiratoires externes (PI. XX.). à | Si nous examinons les larves sans étuis, nous trouverons entr'elles de plus grandes différences encore. Les unes, pour se changer en nymphes, s’enferment sous un amas de pierres en forme de demi ellipsoïde et lient solidement ces matériaux au moyen de la soie qu'elles sécrètent (PI. XVII. XVIIT. et XIX.); d'autres ont une enveloppe de plus, elles se bâtissent une maison comme les précé- dentes, mais elles sont en outre entourées d’une membrane ovoide, allongée, sans ouverture qui paraît être le produit d’une sécrétion spéciale et qui renferme une nymphe plus molle (PI. XV.). Ces deux catégories peuvent encore être divisées suivant que les larves sont pourvues d'organes respiratoires externes ou qu'elles en manquent; mais nous trouvons ici un fait analogue à celui que j'ai si- gnalé dans un mémoire sur les Némoures, savoir que les organes respi- ratoires externes peuvent manquer ou exister dans des espèces voi- sines et du même genre naturel. Les larves des Phryganes semblent confirmer cette observation, car ces différences ont lieu entre des CLASSIFICATION DES PHRYGANIDES. 27 espèces qui donnent des insectes parfaits appartenant évidemment au même genre. Nous avons maintenant à rechercher quelles sont les Phry- ganides auxquelles chacun de ces types donne naissance. Les larves appartenant au type le plus anciennement décrit, c'est-à-dire vivant dans des étuis, ayant les pattes médiocres et les organes respiratoires externes isolés, longs et délicats donnent toutes naissance à des Phryganes proprement dites. Celles qui ont les pattes postérieures très-longues sont des larves de Mystacides. Celles dans lesquelles les organes respiratoires externes sont courts, et naissent en houppes, produisent des Séricostomes. Il faut cependant remarquer ici qu'il y a des larves de Phryganes pro- pres, dans lesquelles les filets respiratoires se rapprochent par leur base; mais ils ne forment pas de vraies houppes et surtout ils conservent leur longueur et leur consistance molle. Il y a quelques Mystacides et notamment les plus grandes du genre dans lesquelles les pattes postérieures sont courtes; ces larves ont les organes respiratoires en houppes comme les Séricostomes, mais composés de filets longs et mous. Cette circonstance indique- rait-elle que le genre des Mystacides est peu naturel? Je ne le crois pas, car ces insectes ont de très-grands rapports à l’état parfait. Les larvesà étuis, dont le thorax forme des pointes aiguës, donnent naissance à des Zrichostomes. Enfin parmi ces mêmes larves à étuis, celles qui ont l'abdomen gros, le thorax mince, et qui vivent dans des étuis applatis et ouverts par des fentes, produisent des Æ/ydroptiles. Si nous considérons maintenant les larves sans étuis, nous verrons que celles dont la nymphe n’a qu'une seule enveloppe soyeuse appartiennent au genre des //ydropsychés. Celles dont la nymphe, outre son enveloppe soyeuse, est enfer- 28 PREMIÈRE PARTIE. mée dans cette membrane sans ouverture dont nous avons parlé, produisent des Rhyacophiles. Je ne connais pas les larves des Psychomies. On voit par ce qui précède, que les considérations tirées des larves viennent confirmer, d’une manière frappante, les genres que nous avions établis sur la seule inspection des insectes parfaits, ce dont on pourra encore se convaincre par le tableau suivant : organes respiratoires externes isolés, pattes médiocres * Paarcanx, pattes postérieures longues, anne x gane. iratoi) we nneaux du thorax( organes respiratoires en longues , pattes courtes, } Mrs torbx. étui ouvert pur e li houppes ,$ frrondis, ppes, courtes, pattes courtes, È Sénrcosrome. à étui un trou arrondi, I 9 anneaux du thorax terminés antérieurement en pointes. . . ,........ Tarcnosront: LARVES. étui ouvert par une fonten à 2 unte Meet oo tt Rte. nait ORDRE US u il enveloppe à mple tie Bras LV EN R SN Ur Lete MRUTAUOPINTES RTE STE A D LR double envelopp la nymphe . \ lune simple enveloppe à la nymphe . ,... ....,... ........0 Hypnorsxcnx. Je reviendrai dans la seconde partie sur toutes ces différences, ce que je viens d'en dire suffira cependant je pense, pour faire comprendre nettement sur quels caractères ont été basés les genres que j'ai établis. CHAPITRE IV. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. PREMIÈRE SECTION : Systéme tégumentaire. ARTICLE PREMIER : Comparaison des diverses nomenclatures employées par les Entomotomistes. La science de l'anatomie des insectes a manqué de bases philo- sophiques bien plus long-temps que celle qui avait pour objet les vertébrés. Pendant long-temps on s'est borné à décrire les formes extérieures, en ne s’occupant que des différences qui existent d'une espèce à l’autre. Ce genre de méthode n'a pas tardé à in- troduire une grande incertitude dans les dénominations; les or- ganes en changeant de forme ont changé de nom, et quelques-uns très- dissemblables dans leur nature ont été confondus ensemble. Aussi quelques naturalistes ont ils vivement senti le besoin d'éta- blir la science sur des considérations plus philosophiques et de joindre à la connaissance des différences celle des analogies. Cette étude des analogies dans toute la série des insectes a été l’objet de travaux importans faits par MM. Latreille et Audouin. Depuis eux la plupart des anatomistes, qui ont étudié le système tégumentaire, ont plutôt cherché à établir les analogies et le mode de composition dans toute la classe, qu'à indiquer les variations de formes individuelles qui rentrent dans le domaine de la zoologie. 50 PREMIÈRE PARTIE. Une nouvelle source d’obscurité s’est glissée dans cette science, par le peu d'accord qui a souvent régné entre les savans qui s’en sont occupés. Chaque auteur se créant à lui-même un système différent, a fréquemment changé les dénominations établies par ses prédécesseurs ; quelques-uns même ne se sont pas crus obligés à établir la concordance entre les nouveaux noms et les anciens. De cette manière une partie du corps a souvent autant de noms qu'il y a d'auteurs qui en ont parlé; souvent aussi les mêmes mots ne correspondent pas aux mêmes organes. Cette absence de métho- de a amené une complication assez grande dans l'étude du système tégumentaire, pour que j'aie cru nécessaire de faire précéder sa description dans les Phryganides de la comparaison des nomencla- tures des divers auteurs. Presque tous les anatomistes s'accordent à distinguer dans les insectes trois parties, la téte, le tronc ou thorax et l'abdomen. La 7éte, qu'on considère comme formée d’un seul anneau, est toujours antérieure et porte les antennes, les yeux, et les appen- dices destinés à la préhension et à la mastication des alimens. Le Tronc, composé de trois anneaux, porte dans tous les insec- tes hexapodes les organes du mouvement, c’est-à-dire une paire de pattes à chaque anneau. De plus, dans les insectes ailés, le second anneau et souvent le troisième sont munis d’une paire d’ailes. Dans tous ces insectes il est très-facile à distinguer de l'abdomen; mais dans ceux qui ont un grand nombre de pieds, il n'y a souvent aucun caractère de forme qui puisse faire reconnaître un anneau du tronc d’un anneau abdominal. L'Abdomen est composé de tous les anneaux situés derrière le tronc. Dans les insectes hexapodes, il ne porte aucun appendice locomoteur; dans les insectes à pieds nombreux, les anneaux en sont munis comme ceux du thorax; il renferme intérieurement les principaux organes de la nutrition et ceux de la génération. La tête et l'abdomen étant des organes peu compliqués n’ont pas ANATOMIE DES PHRYGANIDES. , 51 été soumis à autant de variations de noms que le tronc; aussi exa- minerai-je surtout la manière dont les divers auteurs ont envi- sagé ce dernier organe. Linné (Ed. XII. p.533) définit le Truncus, enter caput et ab- domen, pedatus, Thorace supra dorso, postice Scutello, subtus Pec- tore, Sternoque. Il distingue donc dans le tronc quatre parties: une supérieure le Zhorax, une postérieure le Scutellum où Ecusson, et deux inférieures le Pectus et le Sternum. Fasricius employe la même dénomination, et appelle Zhorax la partie supérieure du tronc. GEorrroy ne se sert pas du mot tronc, il le remplace par celui de Corselet. DE Géer divise le tronc en deux segmens, le premier portant les deux pattes antérieures, il le nomme Corselet; le second por- tant les deux autres paires de pattes et les deux paires d'ailes, il le nomme Poutrine. LATREILLE partage avec raison le tronc en trois segmens, dont le premier porte la première paire de pattes, le second la deuxième paire de pattes et la première d'ailes et le troisième la troisième paire de pattes et la seconde d'ailes. Le premier se nomme Prothorax, le second Mésothorax et le troisième Métathoraæx. Quoique le mésothorax et le métathorax soient fréquemment soudés et paraissent dans les Coléoptères ne former qu'un anneau, la considération des larves et des insectes aptères prouve évidemment qu'il y a bien là réellement deux anneaux; aussi cette division a t'elle été généralement admise. Dans les descriptions entomolo- giques, Latreille substitue ordinairement le mot de Corselet au mot Prothorax, (1) Dans un mémoire important lu à l’Académie des sciences de (1) Je n’ai pas cité les beaux travaux de M. Chabrier, parce que ce naturaliste a étudié plus spécialement le vol et le détail des organes qui le produisent, et que ses ouvrages ne contiennent pas de vues générales sur le tronc qui eussent trouvé place dans l'analyse que je présente ici des nomenclatures des divers auteurs, 52 PREMIÈRE PARTIE, Paris et inséré dans les annales des sciences naturelles, M. Vicror Aupouix part des mêmes bases que Latreille. Il distingue: 1.9 Un Prothorax ou Corselet, ou Collier, dont la partie infé- rieure est le Prosternum. 2.9 Un Mesothorax, dont la partie inférieure est le Mésosternum. 3. Un Métathorax, dont la partie inférieure est le Meétasternum. À la partie supérieure le scutellum où écusson existe toujours, mais quelquefois il n’est pas visible entre les élytres; il distingue le Præscutum, le Scutum, le Scutellum et le Postscutellum. Latéralement chaque anneau est composé de trois pièces plus ou moins visibles, que M. Audouin nomme Æpisternum , ÆEpimère et Paraptère. M Quelquefois, à l’intérieur, on trouve des pièces en forme d'arc- boutant ou d'Y, nommées Æntothorax. Ce mémoire est la base des travaux philosophiques qui ont eu le thorax pour objet, les vues de M. Audouin ont été admises par tous les naturalistes dans leurs points les plus importans; il aurait peut-être été à souhaiter que les noms qu'il avait introduits eussent été plus généralement respectés. MM. Kirpy et Srence dans leur /ntroduction à l’entomologie désignent le premier anneau du tronc sous le nom de WManitruncus, réservant celui de Prothorax à sa partie supérieure et nommant Æntepectus, sa partie inférieure. Ils réunissent les deux derniers anneaux sous le mot d'Alitruncus, en désignant leurs parties su- périeures par les noms de Mésothorax et de Métathorax et leurs parties inférieures par ceux de Médipectus et Postpectus. M. Srraus dans son admirable Ænatomie du Hanneton, s’est beaucoup éloigné des dénominations précédentes. Il divise le tronc en trois segmens, mais réunit les deux derniers sous le nom com- mun de 7’horax, conservant au premier le nom de Corselet. On voit donc que le thorax suivant M. Straus correspond à ce que M. Audouin nomme mésothorax et métathorax. Le corselet est 4 k à ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 35 composé en dessus du Bouclier, en dessous du Sternum antérieur, et latéralement des Rotules et des Cadres des stigmates. Quand ensuite M. Straus vient à considérer le thorax, il le trouve com- posé de deux anneaux et il nomme le premier Prothorax et le second Métathorax. Le prothorax, dans cette méthode, correspond donc au mésothorax d’Audouin et non pas à son prothorax, et le prothorax et le corselet, qui suivant ce naturaliste sont le même anneau, sont au contraire différens dans la méthode de M. Straus. Enfin M.Mac-Leay, dans un mémoire très-complet sur l'anatomie comparée du thorax dans les insectes ailés, suivi d’une revue de l'état actuel de la nomenclature de cette partie et inséré dans les annales des sciences naturelles (tome XXV), se rattache tout-à- fait aux vues de M. Audouin «dont les recherches» dit-il «autant à cause de leur priorité que par leur critique philosophique, doivent désormais servir de guide dans ce nouveau sentier.» M. Mac-Leay ne s’écarte des dénominations de M. Audouin que sur quelques points secondaires. J'ai cherché dans le résumé suivant à indiquer la synonymie des diverses parties, mais sans entrer aucunement dans le détail des pièces qui composent les anneaux, ce qui m'aurait entraîné trop loin de mon sujet, renvoyant ceux qui voudront approfondir cette matière aux travaux de M. Audouin et au mémoire précité de M. Mac-Leay. La RÉUNION DES TROIS ANNEAUX, Compris entre la tête et l’abdo- men, porte le nom de Truncus dans Linné, Kirby, Straus; celui de Corselet dans Geoffroy et celui de Zhorax dans les ouvrages de Latreille et Audouin. LE PREMIER SEGMENT est le Corselet de De Géer, Latreille, Au- douin, Straus; Latreille et Audouin le nomment aussi Prothorax et Collier; c'est le Manitruncus de Kirby. LE SECOND SEGMENT, réuni au TROISIÈME, est le Zhorax de Straus, la Poitrine de De Géer, l’Alitruncus de Kirby. 54 PREMIÈRE PARTIE. Le seconp secmenr seul, est le Mésothorax d’Audouin et de La- treille, le Prothorax de Straus; il est composé du Meésothorax et du Médi ipectus de Kirby. Le TRorsrème seemenr est le Métathorax d'Audouin, Latreille, Straus, etc.; il est composé suivant Kirby du Métathorax et du Postpectus. ARTICLE SECOND. Description du systéme tégumentaire de la larve. ‘ Toutes les larves de Phryganes sont composées d’une tête, d’un thorax formé de trois anneaux, et d’un abdomen qui en a neuf. Cestrois parties, faciles à distinguer, feront le sujet de trois divisions. . 1.10 Téle. + La tête est située à la partie antérieure; elle est généralement di- rigée un peu obliquement en avant et en bas; son articulation sur le corselet lui permet en général de delidlsEes jusqu’à la verticale et de se redresser horizontalement. Elle est composée de deux parties, le cräne et les organes de la bouche , car elle n'offre aucun vestige d'antennes. 1.0 Le Crâne est sa partie la plus considérable, il compose tout le dessus et le dessous de la tête, sa forme est en général applatie ; vu en dessus dans les larves de Phryganes proprement dites (PI. IT. fig. 1), il forme un ovale assez régulier que continuent en avant le chaperon et le labre. Il est composé de l’épicräne, de la pièce basilaire, du chaperon et des cornées des yeux; mais en général la pièce basilaire est soudée à l’épicräne trop intimément pour qu'on puisse l'en distinguer. L'Epicräne occupe tout le dessus du crâne et se fléchit sur les ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 5 côtés; il est ordinairement marqué dans son milieu d'impressions qui le partagent en dessus en trois parties, une médiane et deux latérales. La pièce Basilaire est, comme je l'ai dit, rarement visible; quand elle l’est, elle est petite et unique. ÿ Le Chaperon (P1.II. fig. 1.) est transversal, très-étroit et presque linéaire dans les Phryganes propres, quelquefois on ne le distingue pas de l’épicrâne ; dans les larves sans branchies des Hyprorsycnés, il est plus visible que dans aucune autre. Les Cornées des yeux sont tres-petites; elles ne forment à la vue simple que des points situés sur les côtés de la tête. Je n’ai pas pu y voir de réticulations; peut-être m'ont- elles échappé à cause de leur petitesse ? Le crâne varie peu dans les larves des divers genres. Dans les Séricosromes ( PI. IV. fig. *.) l'ovale est moins allongé; dans les Ruyacornires (PI. IV. fig. 16.) il forme presque un carré long. Quant à la grosseur relative de la tête et du corps, on remarque que dans les ParyGanEs propres la tête est à peu près de la largeur du corselet, et que dans les larves sans branchies des HyproPsycnés ( PI, XIX. et PI. V. fig. 2r. ) elle est beaucoup plus grosse. Les larves à branchies du même genre sont remarquables par leur épi- crâne très-applati (PI. XVII. et PI. V. fig. r.). 2.9 Les organes de la Bouche sont plus simples que dans la plupart des insectes parfaits ; plusieurs parties sont réduites à un état rudimentaire ou sont employées à des usages différens de ceux auxquels elles servent à l'ordinaire. Nous trouverons aussi dans l'insecte parfait une bouche incomplète, mais alors elle le sera par l'absence de quelques organes, et ce qu’il y a de remarquable, c'est que la nymphe est celui des trois états qui présente la bouche la plus parfaite. Je ne parle ici que du nombre des pièces, car, quant à leur force et à l'usage qu'en peut faire l'animal, la supériorité appartient entierement à la larve. y TR 56 PREMIÈRE PARTIE. Les pièces buccales sont en général fortes et courtes dans cette larve; on peut y distinguer les quatre principaux organes qu'on remarque dans les insectes, savoir le labre, les mandibules, les md- choires et la lèvre inférieure ou menton; nous les examinerons suc- cessivement. | Le Labre (PI. IL. fig. 3.) occupe la partie supérieure, et forme le prolongement de l'épicräne et du chaperon; il se dirige dans le même sens qu'eux et est bilobé antérieurement , l’apophyse labro - palatine y est presque nulle; aussi s’'unit-il à la tête par une suture harmonique. Ces caractères sont communs à tous les genres de Phryganides; mais on trouve quelques variations dans les proportions et dans les formes. Dans les ParYGANEs propres (PI. I. fig. 3.) ce labre est assez fortement bilobé, plus large que long et ses bords latéraux présentent un angle peu prononcé. Dans les Séricosromes ( PI. IV. fig. 2. ) il est moins échancré antérieure- ment; les Ruvacopmires (PI. IV. fig. 17.) l'ont presque entier. Les larves à branchies d'Hypropsycnés (PI. V. fig. 2.) l'ont beaucoup plus large que long, à trois lobes et arrondi sur ses bords; la di- mension transversale s'accroît encore dans les larves sans branchies du même genre ( PI. V. fig. 22. ), et cet organe y est très-court. Au reste ces nuances sont de peu d'importance et pourraient en partie être prévues à la simple inspection de la forme de la tête. Les Mandibules sont en général fortes et obtuses. Leur manque de dents aiguës en fait des organes plus propres à broÿer des substances végétales qu'à saisir une proie; aussi ces larves , quoique carnassières dans l’occasion, vivent-elles en général de feuilles et de débris végétaux. Tous les genres cependant ne sont pas conformés à cet égard exactement de la même manière; les mandibules des Pary- caANss propres ( PI. IL. fig. 4. ) et des Séricosrowes (PI. IV. fig. 3 et 4.) sont les plusobtuses et celles qui paraissent les plus propres à mächer les matières végétales; aussi ces larves sont elles essentiellement herbivores. D'ailleurs ces organes devaient aussi servir , à quelques- ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 97 unes d’entr'elles, à couper les matériaux herbacés dont elles construisent leurs étuis, et, à toutes, à saisir et à manier ces maté- riaux. Pour un pareil usage, des mandibules obtuses présentent plus d'avantage que des mandibules à dents aiguës, car elles of- frent une plus grande surface. | Les larves des Hyprorsycnés (PL. V. fig. 3, 4 et 23. ) ont leurs mandibules moins obtuses, mais cependant encore très-fortes; les dents plus aiguës dont elles sont munies ont fait de ces larves des espèces plus carnassières que celles à étuis ; je lesai vuessouvent saisir et manger des larves de perles et d'éphémères, quelquefois même en captivité elles se déchirent entr'elles. Les Ruyacopxires (PL. fig. 18.), au lieu d'avoir leurs mandibules terminées par plusieurs dents, n’en ont qu'une seule; cette dent du reste est à peu près analogue à celle des Hydropsychés; aussi ces larves vivent-elles de la même manière, car les unes et les autres ne se font. pas d’étuis. Peut-être cette circonstance a-t-elle exigé dans leurs mandibules une arme contre les attaques des autres insectes. Au reste, à part ces légères différences , les mandibules des larves des Phryganides ont beaucoup de caractères communs; le côté ex- terne est convexe et le côté interne légèrement concave; elles ont à leur base des apophyses pour l'insertion des muscles, larges mais peu longues; enfin toutes sont lisses, et on n'y retrouve jamais la brosse que présentent plusieurs genres d'insectes parfaits. Les Mächoires sont unies ensemble et different beaucoup de la forme qu'elles présentent ordinairement. Chacune est composée d'une base charnue et d'une extrèmité écailleuse (PI. IL. fig. 5. ). Les bases charnues, de forme à peu pres ovoide, sont adhérentes ensemble à leur origineet à la portion analogue de la lèvre inférieure, et ces trois organes sont sur la même ligne. La partie écailleuse est composée de deux petits corps pointus, l'un (le plus interne } cor- respond à la mâchoire proprement dite, mais la représente d’une manière tout à fait rudimentaire ; l’autre (l’externe) est évidemment 58 PREMIÈRE PARTIE. l'analogue du palpe maxillaire ou de ces appendices que quelques genres d'insectes parfaits ont entre ce palpe et le corps de la mä- choire. L'usage de ces parties est presque nul vu leur petitesse, peut-être, cependant, servent-elles à aider la préhension des alimens ou des matériaux qui doivent former l'étui. La Lèvre inférieure ou labium est formée d’une base charnue ana- logue à celle des mâchoires, et terminée par un petit appendice qui est la filière. RÉAUMUR avait cru voir la filière, ainsi que nous le dirons plus bas, dans une pointe allongée qui se trouve entre les jambes antérieures ; mais l’analogie indiquait que ce rôle devait être rempli par la lèvre inférieure, ce qui est d’ailleurs démontré par l'anatomie, car lesvaisseaux sétifères viennent se réunir ensembledans cette lèvre. Cet organe est donc appelé à des fonctions toutes diffé- rentes de celles qu'il remplit dans la plupart des insectes, aussi ne devons EM pas nous étonner si il s'éloigne autant de la forme normale. Des deux côtés du tronc par où sort le fil, on voit deux très-petites pointes légèrement écailleuses ; on doit peut-être les regarder comme les analogues des palpes labiaux qui sans cela manqueraient entièrement. Ces mâchoires et cette lèvre inférieure, unies par leur base et ne formant ainsi qu’un seul système, sont sujettes à varier de forme dans les divers genres des Phryganides. La partie écailleuse de ces mâchoirés est comme nous l'avons vu très-petite et double; dans les PHryGanes propres (PI. IT. fig. 5.), elle est en quelque sorte réduite à deux crochets dont la longueur égale à peine le tiers de la base charnue; la filière est un peu plus considérable que ces mà- choires. Dans les Séricosromes ( PI. IV. fig. 5.) les mächoires sont plus longues et plus molles, leur partie écailleuse est quelquefois séparée en trois articles plus ou moins visibles. Cette partie écail- leuse s'allonge encore plus dans les RayacopaiLes ( PI. IV. fig: 19.) et la filière y est tres-courte; et en effet ces larves sont, de toutes, celles qui filent le moins, elles passent presque toute leur vie pen- ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 59 dant leur premier état abritées par des pierres, et ne se font d'étui solide que quand elles veulent passer à l'état de nymphe. Enfin les larves à branchies des Hypropsycués (PI. V. fig. 5.) ont la filière très-large, les mâchoires courtes et un peu denteléés en dedans: les larves sans branchies du même genre ont au contraire la filière étroite et les mâchoires très-longues et propres à saisir (PI. V. fig. 24.); leur dernier article est double comme dans tous les autres genres. Les Hydropsychés filent beaucoup et leurs mâchoires, dentelées dans les unes et longues dans les autres, doivent favoriser leur genre de vie un peu carnivore. … d En résumant ce que nous avons dit de chacun des genres des Phryganides, nous trouvons: que les larves des Séricosromes ont la bouche à son minimum de développement; que celles des ParYGANES propres ont cet organe formé de manière àles rendre herbivores et fileuses; que les RaxacoPniLes peuvent dans certains cas être carnassières et doivent peu filer ;- et enfin, que les Hyprop- sycés sont très-bien organisées pour ce FR acte, et que, comme le genre précédent, elles doivent vivre indiffébeaftnint de matières herbivores et de proie vivante. $: 2. Thorax ou Tronc. Un caractère commun à toutes les larves des Phryganides c’est que les trois anneaux du thorax sont parfaitement distincts. Ces anneaux présentent entr'eux des différences plus ou moins mar- quées suivant les divers genres et plus sensibles en général dans les larves à étuis que dans celles qui n’en ont pas. Le thorax ne porte pas d’autres appendices que les pattes; on n’y voit jamais d'organes respiratoires externes (1); car ils sont toujours TT ——————————————"“0000 (1) C’est ici une différence notable d’avec les larves de Perles et de Némoures qui ont tou- jours ces organes sous le thorax et jamais sur l'abdomen ; ce même caractère tendrait à rapprocher les larves des Phryganes de celles des Ephémères. 40 PREMIÈRE PARTIE. situés sur l'abdomen. Nous examinerons successivement chacun des trois anneaux : 1.0 Le Prothorax, Aud. Lat. ou Corselet (Pl:II. fig. 6.) est en général le plus étroit, il est formé en dessus d'une partie tou- jours écailleuse. Quelquefois il est à peu près égal en avant et en arrière, mais le plus souvent il est rétréci postérieurement ; sa partie antérieure est une espèce de cavité cotyloïde qui reçoit la tête; ses bords sont infléchis en dessous dé manière à protéger le haut des flancs (PI. IL. fig. 7.). Les variations de forme, qu'il présente d'espèce à espèce, sont plutôt du domaine de la zoologie et nous y reviendrons dans la seconde partie. En dessous, ce corselet n’est jamais écailleux , aussi les pièces qui le composent sont elles indistinctes et confon- dues en une peau continue. . Les pattes du corselet sonten général les plus courtes et les plus fortes. La cuisse est renflée et sinueuse; la jambe est forte et épaisse, courbée en sens inverse de la cuisse; le tarse a trois phalanges. Cette forme des pattes du corselet se retrouve dans tous les genres de la famille. Les PHRYGANES propres présentent un organe qui ne se retrouve pas dans les autres genres. C’est une petite corne (PI. IL. fig. 7.), (je n'ai pas pu voir si elle est percée en tube) située entre les deux jambes du corselet. Cette corne mince, terminée en pointe et un peu recourbée, avait été décrite par Réaumur, qui crut à sa forme y reconnaître la filiere; mais, en faisant l'anatomie des vaisseaux sétifères, je ne les ai vus dans aucune espèce aboutir ailleurs qu’à la lèvre inférieure que j'ai décrite ci-dessus comme étant la vraie filière. Je n'ai jamais pu voir de communication entre ces vaisseaux et le dessous du corselet, et ne puis donc croire que cette corne serve à la fabrication de la soie. Je dois en même temps dire que je ne sais point quel est son usage, et quoique j'aie cherche plusieurs fois à voir si elle ne recevait intérieurement aucun vais- seau, je n’y en ai jamais trouvé. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. AT La circonstance qu'elle ne se trouve que dans les Phryganes pro- pres peut faire croire que ses fonctions sont peu importantes, d’au- tant plus que les Hyprorsycæés, qui filent autant qu’elles, n’en ont aucune trace. 2.9 Le Mésothorax Aud. Latr. (Prothorax Straus.) est en géné- ral un peu plus large que le corselet et varie plus que lui. Dans les PHRYGANES propres il est également écailleux et offre (PI. VI-X.) le plus souvent les mêmes couleurs; il est ordinairement plus large que long, et son clypeus protège moins les flancs que celui du cor- selet. Dans les Séricosromes et les Mysracipes il varie assez, et est en général moins écailleux que dans les Phryganes propres (PI. XIL. et surtout PI. XIV.). Dans les ‘Pricuosromrs il se termine an- térieurement par deux pointes allongées qui embrassent le corse- let (PI. XIIL). Les larves à branchies d'Hyprorsycaés (PI. XVII.) ont leur mésothorax écailleux et semblable au corselet; mais les. larves sans branchies du même genre (PI. XVIII. et XIX.) et les RuyacopuiLes (PI. XV.) l'ont tout à fait analogue aux anneaux de l'abdomen, de consistance dermoïque, et coloré comme eux. Les pattes intermédiaires sont en général moins fortes que les antérieures et moins longues que les postérieures ; elles égalent cependant quelquefois ces dernières. On ne voit jamais entre leurs bases la corne que nous avons trouvée entre les antérieures. 3.° Le Mctathorax Aud. Latr. Straus, présente en partie les mêmes variations que le mésothorax., Il est en général moins écail- leux que ce dernier et plus large, ses couleurs commencent à se rapprocher de celles de l'abdomen. Les PHrYGanEs propres ont or- dinairement à la partie supérieure quatre plaques portant des poils et de nature un peu écailleuse, consistance qui se retrouve aussi sur les flancs. La mème chose a lieu pour presque toutes les au- tres larves à étuis. Les Hypropsycués ont le métathorax entière- ment écailleux dans leurs larves à branchies (PI. XVII.), tandis qu'il est mou et dermoïque dans les larves sans branchies et les Rayacopnices (PI. XV. XVIIT. et XIX.) 6 42 PREMIÈRE PARTIE. Les pattes postérieures s’insèrentsur cet anneau , elles sont, comme nous l'avons dit, presque toujours les plus longues; du reste elles sont composées des mêmes parties que les autres pattes. Cette lon- gueur est surtout remarquable dans quelques larves de Mysracines (PL XIL. fig. 3. 4. 5. et 6.). $. 3. Abdomen. L'abdomen des larves de Phryganes est en général très-considé- rable. Dans les Phryganes à étuis, il est mou et blanc, car il esten quelque sorte étiolé par l'absence de lumière; mais dans les Hy- prorsycués et Ryrvacopuises , il se colore toujours plus ou moins de diverses couleurs et notamment de gris, de vert et d'un peu de pourpre. Il est constamment composé de neuf anneaux réunis ensemble et au métathorax sans étranglement. Le dernier est toujours plus petit et porte deux crochets. Nous allons examiner succes- sivement ces différentes parties. Le premier anneau est dans les Phryganes propres très-diffé- rent des autres; il est un peu plus coriacé, chargé de poils et ter- miné en arrière par trois mammelons charnus (deux latéraux et un médian), rétractiles vraisemblablement à la volonté de l’ani- mal, Dans certains momens ils paraissent comme nuls; dans d’autres ils sont très-visibles. Il me paraît vraisemblable que ces mammelons servent aux mouvemens de l'animal dans son étui; car ils existent dans tous les genres qui se fabriquent des étuis cylindriques et manquent dans ceux qui ne se font que des retraites immobiles. Ce premier anneau, dépourvu dans les PHryGAnEs propres d'organes respiratoires externes, en porte quelquefois dans les SÉRIGOSTOMES et les MysrACIDES. | Dans les Hypropsycués et les RuyacopiLes, le premier anneau de l’abdomen n’est pas sensiblement différent des suivans , il porte comme ceux-ci des organes respiratoires externes dans les larves qui en sont pourvues, et est en général coloré de la même manière. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 45 Les anneaux suivans ressemblent beaucoup les uns aux au- tres, et ils décroissent en. général sur une échelle uniforme; ce- pendant il arrive souvent que les quatre ou cinq premiers sont égaux, et même, ils vont quelquefois en croîssant du premier au quatrième ou au cinquième pour décroître ensuite. Ces anneaux varient dans les divers genres par la forme, la couleur et diverses autres circonstances. Dans les PHRYGANIDES à étuis, ils sont jaunâtres ou blanchâtres et plus ou moins colorés par les organes internes à cause de leur transparence. Quand la larve est prête à se métamorphoser, la cou- leur est en général d'un jaune pâle, parce que le tissu adipeux em- pêche la transparence; mais la larve jeune a le plus souvent son abdo- men brunâtre surtout vers son milieu ; on y remarque aussi quelque- fois des nuances pourpres. Chaque bord de ces anneaux est ordinai- rement garni d'une bande de poils qui commence au second et finit au pénultième. Ces poils sont très-faibles dans les Tricnos- ToMEs et nuls dans les SÉricosromEs et Mysracipes. L'abdomen des Ruayacopuises (PI. XV.) est généralement nuancé de couleurs assez vives, pourpres , vertes, et quelquefois composées d’un mélange de ces deux teintes. Les anneaux sont, dans ce genre, aplatis, el- lipsoides (PI. IV, fig.2r.) et séparés les uns des autres par des étran- glemens assez marqués. Les larves sans branchies d'Hyprorsycrés (PL V, fig. 31.) ont aussi leurs anneaux assez distincts, mais leurs couleurs sont plus ternes; les larves à branchies du même genre ont des teintes verdâtres ou grisätres (PI. XVII. ), et leurs an- neaux très-unis entr'eux ne sont séparés par aucun étranglement. Ces anneaux présentent encore entr'eux des différences d’un or- dre bien plus important, ce sont celles qui tiennent aux organes respiratoires externes; mais je renvoye ce sujet au chapitre où j'aurai à traiter plus spécialement de la fonction de la respiration. Le dernier anneau mérite une attention particulière, soit parce qu'il est très- différent des autres, soit parce qu'il présente d'un 44 PREMIÈRE PARTIE, genre à l’autre des variations considérables. Dans toutes les larves des Phryganides, cet anneau porte deux crochets mobiles dont l'a- nimal se sert pour se fixer, soit dans son étui, soit dans les re- traites qu'il se bâtit; mais la forme et la position de ces crochets n'est pas la même dans tous les genres. Les ParyGanes pro- pres ont ce dernier anneau plus large que long (PI. IT. fig. 11.), les crochets en sont courts et situés sur les angles postérieurs; il porte en outre à sa partie supérieure une petite plaque écailleuse d'où partent de longs poils roides; en dessous de l'anneau est situé l'anus. Les crochets sont composés (PI. IT. fig. 11. 12. 13.) 1.0 d'une base écailleuse, à peu près quadrilatère, couchée sur l’anneau et retenue sur tous ses bords par la peau même du corps, 2.° d’une pièce cylindrique, légèrement déprimée, de la même nature écail- leuse que la base et qui s'articule avec elle, 3.° d’un crochet re- courbé, ferme et pointu, qui s’emboîte sur la seconde pièce par une articulation semblable à celle qui unit les articles des jambes. IL est dirigé perpendiculairement à cette seconde pièce. Une touffe de poils naît de la piece basilaire. Ces crochets servent puissam- ment à la larve pour la retenir dans son étui, et offrir un point de résistance quand elle veut attirer à elle des matériaux pesans. Si on veut la faire sortir du fond de son étui en la tirant par sa par- tie antérieure, on la brisera par le milieu, plutôt que de faire là- cher prise à ses crochets. Les autres larves à étuis ne présentent pas en général de bien grandes différences d'avec les Phryganes propres pour les crochets du dernier anneau , qui sont cependant en général un peu plus courts. La larve du SEricosromMa coLLARE et de quelques espèces voisines est remarquable, parce que le crochet n'est composé que de deux parties, savoir d’une pièce basilaire analogue à celle des Phryga- nes, sur laquelle se fixe une autre pièce, forte etrecourbée, terminée latéralement par deux pointes solides qui forment ainsi un double crochet, ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 45 Dans les larves sans étuis, la forme du dernier anneau est très- différente; il est constamment plus mince et plus long, et les cro- chets sont portés sur de plus grands pédicelles. Cette organisation se lie avec leur manière de vivre, car tandis que les larves à étuis peuvent se retenir au moyen de crochets courts, les larves sans étuis, qui vivent dans des retraites dont l’intérieur est très-inégal, devaient avoir des organes susceptibles de plus grands mouvemens. 1 Dans les Ruyacopxies (PI, IV. fig. 24.), le dernier anneau est petit et les appendices qu'il porte sont assez compliqués. Le corps de l'anneau lui-même se partage en deux branches, de l'extrémité de chacune desquelles naissent deux appendices juxta-posés. Chacun de ces appendices est composé d'une pièce cylindrique et d’un crochet. Le plus externe est le plus mince et le moins long, la pièce cylin- drique y est courte et le crochet pointu et peu recourbé. L'appen- dice interne, qui est situé un peu plus bas que l’externe, est très arqué et tranchant (fig. 25.). La premiere pièce et le crochet sont tous les deux fortement dentelés en scie à leur partie inférieure et concave. On voit combien cette organisation diffère de celle des larves à étuis. Dans les Hyprorsycués il y a des différences notables entre les larves à branchies, et les larves sans branchies. Dans ces dernières l'organisation est très-simple (PI. V. fig. 26 et 27.); le dernier an- neau est court, triangulaire et porte de chaque côté deux pièces basilaires cylindriques et allongées, écailleuses ; puis on trouve une pièce en forme d’ovale oblong, dirigée dans le même sens que la précédente; sur son extrêmité est articulé un crochet allongé et légèrement arqué. Dans les larves à branchies, le dernier anneau a des formes très- différentes de celles que nous avons vues jusqu’à présent. Ce der- nier anneau, long et étroit, semble d’abord n'être qu'un prolon- gement du pénultième (PI. V. fig. 6.); il forme un cylindre charnu terminé par un bourrelet hérissé de poils courts. Après lui vient 46 PREMIÈRE PARTIE. encore un petit espace cylindrique et charnu, puis l'ouverture de l'anus, par laquelle on voit quelquefois sortir des filets blanchâtres et mous, sur lesquels nous reviendrons en parlant de la respiration et du canal intestinal. De chaque côté de l'anus partent deux gran- des pièces aplaties et velues, longues, terminées en dedans par une belle touffe de poils et en dessous par le crochet qui est arti- culé sur une petite base. Ce crochet est court et recourbé. Dans l’état de vie la larve remue continuellement cet appareil et elle peut par son moyen se cramponner avec beaucoup de force. On voit par ce qui précède que la terminaison du dernier anneau, qui est assez constante dans les larves des Phryganes propres, varie beaucoup dans les larves nues. Nous verrons en parlant des nym- phes , que la même remarque peut se faire à leur égard, et que la considération de ces derniers anneaux peut fournir des caractères commodes et certains pour reconnaître à quel genre de larve on doit rapporter une nymphe dont on ne connaît pas l’histoire. ARTICLE TROISIÈME. Manière dont la larve passe à l'état de nymplhe. Lorsque la larve est près de se métamorphoser, elle est, ainsi que nous l'avons fait remarquer, très-chargée de graisse qui doit lui fournir de la nourriture pendant son état de nymphe. Cette graisse distend son abdomen et lui donne une couleur jaune opaque; son canal intestinal est aussi en général rempli de matières alimen- taires. Le premier soin de la larve pour effectuer son changement est de fermer son étui au moyen d’une grille ou de divers corps étran- gers, ainsi que nous le verrons en détail dans le cinquième cha- pitre. Au bout de quelques jours, on commence à voir sur son ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 47 corps quelques indices de métamorphoses; ces indices consistent en ce que le dessus du thorax venant à se distendre, rejette Les pat- tes en dehors en éloignant leurs bases. En même temps la se- conde paire de pattes est rejetée en avant et se rapproche de la première, tandis que la dernière paire se dirige vers l’abdomen. La larve est, à cette époque, entièrement immobile et ses membres ne peuvent plus exécuter de mouvemens volontaires. Cet écartement des pattes, rejetées en avant et en arrière, s'explique facilement par l'accroissement des nouveaux organes de la nymphe et notam- ment de ses pattes postérieures et de ses ailes qui, gènées dans la peau de la larve, la repoussent, la distendent, et finissent par la rompre. Cette rupture s'annonce par des petites fentes qui paraissent aux environs des pattes, et l’on voit les tégumens de la larve se détacher par plaques. IL faut remarqueflici la différence totale qui existe entre le changement d'état qui nous occupe et celui de la nymphe qui devient insecte parfait. Dans ce dernier cas, la peau reste entière et complète et est séparée de la nouvelle par une espèce d’emphysème ou d'insufflation; tandis que dans le passage de l’état de larve à l’état de nymphe, cette peau tombe par frag- mens et est simplement rompue par la distension des organes situés au-dessous d'elle. Cette différence dans le mode de changement, tient à ce que la larve diffère beaucoup plus de la nymphe que celle-ci de l’insecte parfait. En effet, la nymphe a la même forme de tête, de thorax et d'abdomen que la Phrygane, ses antennes et ses pattes sont de même longueur et de même forme; ses ailes seules subissent une augmentation de surface, qui même n'est praduite que par un sim- ple déplissememt. Mais si l’on compare cette même nymphe à la larve, on verra que cette dernière n’a pas d'antennes, aucun rudi- ment d'ailes, et que ses pattes minceset courtes naissent d’unemanière très-différente. Le même mode ne pouvait donc pas avoir lieu pour 48 PREMIÈRE PARTIE. ces deux mtéamorphoses , et l’on devait s'attendre à trouver entr'elles de grandes différences. Lorsque la peau de la larve est entièrement tombée, et que la nymphe se trouve à nu, celle-ci est encore pendant élite temps molle et délicate; peu à peu cependant elle se durcit et, par ses mouvemens , elle rejette tous les débris de sa peau vers l'extrémité inférieure de l’étui, où ils netardent pas à être décomposés et entrai- nés par l'eau qui entre par les trous des grilles. Dans les Raxaco- PHILES où nous avons vu une double enveloppe, ces mêmes frag- mens de peau ne peuvent pas en sortir et on les retrouve encore quand la Phrygane est éclose. Le grande différence que nous avons reconnue entre les organes de la larve et ceux de la nymphe, rendait intéressant de rechercher quelle est la relation des anciennes parties et des nouvelles. Pour cela il faut choisir une larve dont la peau soit près de tomber, ce qu’on reconnaîtra aux caractères que j'ai donnés ci dessus , savoir l'écartement des pattes et les commencemens de fentes. Couchant alors cette larve sur le dos, il faut inciser avec beaucoup de pré- caution la peau tout le long du sternum, maïs en prenant garde de ne couper que celle de la larve, et de ne pas endommager celle de la nymphe qui est située en dessous. Si la préparation réussit, on pourra enlever cette première enveloppe, on trouvera en dessous les parties de la nymphe dans la position où elles se sont formées, et il sera facile de voir leur relation avec les or- ganes externes de la larve. La figure 16 de la planche II. est des- tinée à donner une idée de cette préparation et de la position de ces parties. La partie gauche de cette figure montre la forme des pattes, la partie droite leur liaison avec celles de la larve. Les pattes de la nymphe ont déjà une longueur égale à celles de la Phrygane, mais elles sont enroulées et molles. Leur origine en effet, étant tres-près du lieu de leur terminaison, elles ont dû dé- crire de grandes sinuosités ; on y voit tres-difficilement les sépara- ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 49 rations des diverses parties et la patte paraît composée d'une seule pièce. Les articles des tarses s’aperçoivent cependant en partie; ils sont terminés par un bourrelet mou et arrondi (PI. II. fig. 18.), qui ne laisse point voir les crochets qu’ils présenteront dans l’in- secte parfait. Quant à leur relation avec les pattes de la larve, il y a ceci de remarquable qu'elles n’y sont point contenues ; mais qu’au contraire, l'extrémité du tarse de la nymphe arrive dans la hanche de la larve où on le voit un peu par transparence. Il ya donc relation entre les anciennes pattes etles nouvelles, en ce sens, que chacune vient aboutir àsa correspondante; mais, enmême temps, il yacettegrande différence d'avec le passage de la nymphe à l'insecte parfait, que les muscles de l'ancienne jambe ne sont aucunement les muscles de la nou- velle et que la formation de ces nouveaux organes est tout à fait in- dépendante des anciens. De ceci il résulte une circonstance que nous avons déjà laissé en- trevoir, c’est-à-dire que la nymphe est très-agile et mobile jusqu’au moment de sa métamorphose ; tandis que , pendant les derniers jours de sa vie, la larve est complètement incapable de se mouvoir. À coté des deux dernières paires de pattes et en dehors d'elles on trouve, sous la peau de la larve, les rudimens des ailes encore informes, ovales , et présentant quelques plis confus (PL IL. fig. 16.). Une préparation analogue qui consiste à inciser la peau de la larve sur l'épicrâne et à la ramener des deux cotés, montre com- ment les antennes sont contenues sous cette peau (PI. II. fig. 17.). Elles naissent vers le bord antérieur et interne de l'œil et sont pliées en une double spirale formant deux courbes en sens contraire l’une de l'autre; c’est-à-dire que l’antenne gauche s'enroule d’abord de droite à gauche et l'antenne droite de gauche à droite, et que vers leur milieu, elles se replient pour retourner sur elles-mêmes. Ces antennes sont molles et n'offrent aucune trace d'anneaux. Quant à l'abdomen, il se sépare de celui de la larve par un fi 50 PREMIÈRE PARTIE. simple changement de peau; chaque sac respiratoire se retire de l’épiderme qui l'enveloppait comme un étui et qui reste à l’ancienne peau. Lorsque la nymphe offre quelque partie qui manque à la larve, telles que barbes latérales, crochets, etc., ces parties sont déjà formées en dessous et simplement recouvertes par la peau qui tombe. Il est assez difficile de trouver des larves à un moment conve- nable pour observer ce passage; car la plupart des étuis fermés , que l'on ouvre dans ce but, renferment des larves trop peu avancées ou des nymphes déjà formées; d'ailleurs l'incision est dif- cile à faire sans gâter la seconde peau. ARTICLE QUATRIÈME : Systéme tégumentaire de la nymphe. Dans la description des parties solides de la nymphe, je passe légèrement sur tout ce qu'elle a de semblable à l’insecte, parfait , afin d'éviter les répétitions , pensant d’ailleurs que ces détails seront mieux placés en parlant de ce dernier état. Je m’arrêterai donc sur- tout sur les parties de son organisation qui présentent quelque chose de spécial. 6: 1. Téte. La tête de la nymphe diffère surtout de celle de l’insecte parfait, par l'existence des crochets que Réaumur a comparés pour leur forme au bec d'un perroquet. Ces crochets situés à la partie antérieure de la tête et faisant une saillie assez considérable, sont évidemment les man- dibules (PI. IL. fig. 22; PI. IV. fig. 11, 12et 26; PI. V. fig. 10 et 28.). Leur consistance cornée et leur place entre le labre et les mâchoires ne permettent pas d'en douter. 1 y a donc lieu de s'étonner de ce que ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 51 la plupart des auteurs les aient décrits comme des organes sup- plémentaires. Ce qui a pu induire en erreur, c'est que le labre est peu apparent et fortement rejeté en avant, tandis que les autres organes de la bouche sont déjetés en arriere. Nous verrons plus bas que l’insecte parfait manque de mandibules, car ces crochets res- tent à la peau dont il se dépouille; ce qui fait que l'état de nymphe est, quant aux organes de la bouche, le véritable état normal et qu'on retrouve à cette époque des parties qui manquent à l’insecte parfait. L'usage de ces crochets est évident, ils servent à la nymphe à couper l'enveloppe ou la grille de l’étui dans lequel elle a vécu. Ces enveloppes quelquefois assez fortes exigeaient en effet, pour être ouvertes, un organe plus puissant que ceux que possède la Phrygane. Les mâchoires de la nymphe different aussi de celles de l’insecte parfait, parce que leurs corps, enveloppés par des tégumens, parais- sent sous une forme tout-à-fait rudimentaire. Les palpes sont visi- bles dans les deux états, mais ils sont dans la nymphe, ainsi que toutes les autres parties de la tête, enveloppés d'une peau transpa- rente qui, d’abord collée sur ces organes, s’en soulève peu à peu et vers la fin de cet état laisse voir par transparence les formes telles qu’elles seront dans la Phrygane (PI. IL. fig. 22). Cette peau enveloppe de même les antennes. Les différens organes de la tête varient un peu dans les différens genres de Phryganides. Dans les Parycanes propres (PI. II. fig. 22. ) le labre est lége- rement échancré, un peu plus large que long, les mandibules sont pointues, de force médiocre, et assez tranchantes. Dans les Hyprorsycnés (PI. V. fig. 1r et 29.) et les RnyacoPuiLes (PL. IV. fig. 27.) le labre est en général entier et les mandibules sont plus longues, plus pointues et en général plus puissantes. On devait s'y attendre, car ces genres ont à rompre des tégumens bien plus solides que les simples grilles qui ferment les étuis des Phry- ganes propres; ces mandibules sont même tridentées dans les Ruy4- 52 PREMIÈRE PARTIE. COPHILES qui ont à couper une double enveloppe. Ces faits servent de confirmation à cette observation qu’on ne saurait trop répéter que l’on peut en quelque sorte, sur l'inspection des organes d’un animal, deviner sa manière de vivre, même dans une foule de dé- tails qui peuvent paraître peu importans, mais qui le sont cepen- dant à cause de la liaison des organes les uns avec les autres. Il était intéressant de savoir quelle est la forme des mächoires des nymphes des Séricosromes mâles. On y retrouve déjà les carac- teres du genre (PI. IV. fig. 11 et 12.), les mâchoires supérieures forment en dessous des yeux deux espèces de capsules, qui se diri- gent en arrière, et qui different de ce qu'elles seront dans linsecte parfait par leur consistance molle, par leur surface unie, et en- fin parce qu’elles sont plus écartées. Entre ces capsules et un peu en arrière, naissent les palpes labiaux très-distincts. Lesmandibules de ces nymphes sont médiocres (PI. IV. fig. 13.), mais leur base est tres-large. En résumé: la tête des nymphes est très-semblable à celle des Phryganes, et est recouverte partout d’une peau mince et trans- parente; elle en differe par l’existence des mandibules qui restent à la dépouille, et par ce que les méächotres ne sont qu’en rudiment. Ces mandibules, médiocres dans les PHRYGANES propres et les autres larves à étuis, deviennent très-puissantes dans les Hypropsycués et surtout dans les RayacoPxiLes qui ont à en faire un usage beau- coup plus important. $. 2. Thorax. Le thorax de la nymphediffère peu de celui de l’insecte parfait. Les ailes au lieu d'être déployées sont en moignonsaplatis et épais (PI. VI. fig. 2. c.); ces moignons sont d’abord transparens, puis se colorent peu-à-peu, deviennent opaques et finissent par prendre des teintes plus ou moins foncées qui se rapprochent de celles que présen- tent les ailes de l'insecte parfait. Les pattes sont analogues à celles ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 55 des Phryganes pour la forme et la longueur ; les articulations en sont cependant en général peu visibles. Les pattes intermédiaires présentent souvent deux rangées symétriques de poils forts et serrés, disposés comme des barbes de plumes ; la nymphe se sert de ces pattes comme d’avirons, pour nager lorsqu'elle veut éclore (PI. VI. fig. 2. c.). Ces poils restent à la dépouille et n'existent point dans l’insecte parfait. $- 3. Abdomen. L'Abdomen de la nymphe est toujours plus gros que celui de la Phrygane (PI. VI. fig. 2. c.); il est enveloppé comme la tête et Le thorax d’une peau que dépose l’insecte à sa dernière transformation. Avec cette peau se détachent plusieurs organes qui se trouvent sur l'abdomen de la nymphe et dont on ne voit aucune trace chez l'insecte parfait; ces organes sont : 1.0 Les organes respiratoires externes, qui existent sur la plupart des nymphes sans se trouver jamais sur l’insecte parfait*et qui ne peuvent pas en effet s’y trouver, car la Phrygane vit dans l'air. Ces organes disparaissent donc avec la peau que dépouille l'animal et y restent adhérens; à leur place se forment les stigmates qui serviront à la nouvelle respiration de l’insecte. 2.9 Des crochets ou grouppes de crochets, qui sont situés sur le dos de chaque anneau (PI. II. fig. 23 et 24.). Ce sont des petites plaques arrondies ou à peu près (PI. II. fig. 26.), chargées de cro- chets écailleux et dirigés en arrière. Quand ces plaques existent, elles sont au nombre de deux sur chaque anneau, une de chaque côté de la ligne médiane; les premiers anneaux et le dernier en manquent ordinairement. Dans les PHRYGANES propres les crochets sont au nombre de huit à neuf sur chaque disque, ils forment deux rangées et sont assez acérés; dans les Séricosromes il n’y a que deux crochets par disque (PI. IL. fig. 15.); dans les Hypropsycés ils sont peu développés (PI. IL. fig. 14 et 31.); dans les Mysracipes (PI. XIL. fig. 1. d.) ils n'existent que sur un seul anneau. 54 PREMIÈRE PARTIE. L'usage de ces crochets paraît être de faciliter à la nymphe les mouvemens dans son étui et en particulier de lui donner les moyens d'en sortir. Leur direction en arrière est calculée dans ce but; en effet, les membres longs et faibles de la nymphe lui rendraient une pareille opération très-difficile, si elle n'avait pas quelque aide. Une organisation analogue n'était pas nécessaire à la larve, à quises pattes fortes et courtes peuvent suffire; aussi n’a-t-elle que deux crochets terminaux. Ces crochets de la nymphe restent à la dépouille et ne laissent aucune trace sur l'abdomen de l’insecte parfait. 3.0 Une rangée de poils de chaque côté de l'abdomen, sur les lignes latérales, mais qui ne se trouve guères que dans les Puryeanes propres (PI. VI. fig. 2. c.): Ces poils assez épais et for- mant comme une barbe autour de lanymphe, sont peu abondans aux deux ou trois premiers anneaux, et vont en augmentant. Arrivés à l’a- vant dernier, les deux côtés se rejoignent par dessous l'abdomen. Il est difficile d’assigner un usage à ces poils, peut-être facilitent-1ls aussi les mouvemens. Dans les Hyprorsycnés on retrouve quelquefois aussi des poils sur les anneaux (PI. V. fig. 14.); mais disposés alors en lignes trans- versales arquées et moins épais que ceux dont nous venons de parler. Toutes ces lignes de poils disparaissent et restent à la dépouille. 4.0 Les appendices du dernier anneau disparaissent aussi dans la dernière métamorphose. Ces appendices sont variables suivant les genres. Dans les ParyGanes propres le dernier anneau est obtus ét terminé généralement par deux filets minces et cylindriques (PRIE fig. 25.). Dans les Séricosromes (PL. IV. fig. 14.) il n’y a qu’un fais- ceau de poils médian. Mais c'est surtout dans les genres à larves nues qu'il y a de grandes variations et ces derniers anneaux peuvent être d'un assez grand secours pour savoir reconnaître , à l'inspection d'une nymphe , à quel genre elle appartient. Dans les Hyprorsycnés à larves à branchies le dernier anneau de ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 55 la nymphe forme une espèce de fourche à deux branches, ciliées sur leurs bords, et terminées par quelques poils (PI. V. fig. 16.). Dans les Hypropsycnés sans branchies le dernier anneau arrondi et obtus est terminé par des petits mamelons (PI. V. fig. 33.); les deux ex- térieurs sont plus gros et portent chacun un faisceau de poils très- visible. Enfin dans les Rayacopurres l'organisation est plus compli- quée (PI. IV. fig. 29 et 30.) et différente dans les mäles que dans les femelles; nous reviendrons sur ce sujet en parlant de l’insecte par- fait. Il est difficile de savoir d’après quelles lois et par quelles causes a lieu cette variation, dans des parties qui paraissent devoir tou- tes remplir le même but. Mais il n’est pas moins vrai que dans chaque genre naturel l'uniformité à cet égard est assez grande. Nous avons déjà vu quelles sont les principales différences que présentent entr’elles les nymphes des divers genres de Phryganides. Nous aurons encore occasion de revenir (en traitant de la fonction . de la respiration), sur une des plus importantes, savoir les organes respiratoires externes. Le passage de l’état de nymphe à l'état d’insecte parfait n'est donc qu'un simple changement de peau, en tenant compte toutefois des organes qui disparaissent avec cette dépouille, pour ne pas re- paraître sur l'insecte parfait. Il y a donc, comme on voit, une grande différence entre ce passage et celui de larve à nymphe, dans lequel l'insecte change totalement de forme. On peut considérer que la vie de la Phrygane se divise en deux grandes périodes; une pé- riode d’accroissement, qui est l’état de larve, pendant lequel la nu- trition est la principale fonction et le développement de l'indi- vidu le principal but; et une seconde période, destinée à préparer l'acte de la reproduction et à pourvoir à la conservation de l'espèce; pour cela l’insecte change totalement de forme et prend celle qu'il aura toujours ; mais comme il est pendant quelque temps trop mou, parce que les organes ne peuvent pas sortir parfaits de l'en- veloppe de la larve, il prend quelque temps de repos, à l'abri de 56 PREMIÈRE PARTIE. son étui fermé et c'est ce qui constitue l’état de nymphe. Quand il est pour ainsi dire suffisamment solide, il sort, change de peau et travaille à sa reproduction. ‘ ARTICLE CINQUIÈME : Système tégumentaire de l'insecte parfait. $. 1. Téte. La tête est plus large que longue, et placée sur le cou de ma- nière qu'on n’en voit que la partie occipitale. Des deux cotés sont les yeux qui sont très-grands, arrondis et saillants. Entre les yeux naissent les antennes; ces organes sont le plus souvent en forme de soie, c'est-à-dire allongés et plus minces à l'extrémité qu’à la base; . cependant dans les Hyproprires Dalm. les antennes sont en fil (PI. I. fig. 8.f.). Le premier anneau est à peu près cylindrico-obconique, al- longé, et porte le second qui est court; les autres sont en général peu marqués et vont en augmentant de longueur à mesure qu'on s'éloigne de la base. Les Séricosrromes et Tricaosromes (PI. XIII et XIV.) sont remarquables par leur premier anneau fort, long et velu ; les Mysracipes et les Hypropsycnés à larves à branchies par la longueur de leurs antennes qui, dans quelques espèces, dépassent de deux à trois fois celle du corps. Les Feux à réseaux sont comme je l'ai dit très-gros, saillans et des deux côtés de la tête (PI. IL. fig. 27.). Les petits Veux lisses. sont au nombre de trois; deux sont situés sur l’occiput en arrière des antennes et entre les yeux (PI. IL. fig. 19.), l’autre se trouve entre les bases des antennes (PI. IL. fig. 27.) Le Chaperon (PI. IL. fig. 29. a. ) est petit, arrondi, situé dans une échancrure de l’épicräne et beaucoup plus étroit que lui. Le Labre ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 57 est encore plus petit (PI. IL. fig. 29 &.); au moins trois fois plus long que large, un peu lancéolé c’est-à-dire plus étroit à sa base qu'aux deux tiers de sa longueur; ilse termine en pointe. Les Mandibules sont nulles. Nous avons déjà vu que les mandi- bules de la nymphe restent à la dépouille; il était donc naturel de s’attendre à n’en pas trouver chez l’insecte parfait. Olivier commet une erreur quand il donne comme caractères des Phryganes: man- dibules très-petites, à peine distinctes, membraneuses , simples. Je ne sais pas quel organe il a pris pour les maudibules; il a vraisem- blablement été entraîné par l’analogie et il n’a pas vu que cette ana- logie se trouve dans les nymphes et que l'état parfait manque tota- lement de ces organes. Les Mächoires sont composées (PI. IL. fig. 28.) d’une pièce basi- laire à peu près carrée; du corps de la mächoire qui est arrondi, obtus, court, d’une seule pièce et cilié en son bord externe et antérieur; et enfin du palpe. Les Palpes maxillaires sont des organes importans à considérer sous deux points de vue. 1.° Comme servant à distinguer les méles des femelles dans les ParYGANEs propres, observation dont j'ai déjà parlé page 2r; il est bien étonnant que cette particularité n'ait été aperçue d’aucun auteur et que tous aient décrit les Phryganes comme ayant cinq ar- ticles aux palpes maxillaires. Cette assertion n’est vraie, dans les Phryganes propres, que pour les femelles; les mâles de ce genre ont constamment les palpes maxillaires à trois articles. Parmi les autres genres de la famille, on doit remarquer les Séricosromes et TricaosromEes dans lesquels la bouche du mâle le fait facilement distinguer de la femelle; mais les Hyprorsycnés, Mysracines, Ruya- cormLes, etc. ont dans les deux sexes les palpes maxillaires à cinq articles. 2.0 Comme servant à établir des coupes génériques. Nous ren- voyons pour ce sujet aux chapitres qui traitent de la classification. 8 58 PREMIÈRE PARTIE. Le premier et le second article de ces palpes sont en général courts (dans les mâles des Phryganes propres seulement le premier ); le troisième et quatrième des femelles et le second des mâles sont al- longés, cylindriques, et le dernier est celui dont la forme varie le plus. Ovoide allongé dans les Parycawes propres (PI. I. fig. 1.), il est en forme de filament grèle dans les Hyprorsycnés et les Psycno- miss (PI. I. fig. 7; PL I. fig. 6.). Ces palpes sont ordinairement couverts de quelques poils courts et invisibles à l'œil nud ; mais dans les Mysracipes ( PI. I. fig. 2. c. ), ils sont hérissés d’un grand nom- bre de poils longs et serrés. J'ai décrit l'apparence du palpe maxillaire; je dois revenir sur la forme tout-à-fait anormale qu'il présente dans les SÉRICOSTOMES (PI. XIIL. fig. 1. f.g.). Dans ces insectes chaque palpe prend la forme d’une capsule à peu près semblable àun verre de montre. Ces cap- sules sont dans le sens vertical, appliquées l’une contre l’autre par leurs concavités, et forment ainsi une forte boîte, dont l’intérieur est garni, dans quelques espèces, de poils longs et soyeux qui sor- tent par la fente que laissent entr’elles ces deux capsules. Cette sin- gulière disposition n'existe que dans le mäle, et la femelle a des palpes maxillaires à cinq articles comme les autres Bhryganides. La Lèvre inférieure (labium) (PI. II. fig. 30.) est en dessous des mächoires et assez intimément unie avec elles par sa partie molle, elle est arrondie, quelquefois un peu échancrée. Elle porte les deux palpes labiaux ; chacun d'eux a trois articles, le premier court, le second long et cylindrique, le troisième ovoïde, allongé et un peu plus gros. Olivier commet une erreur quand il donne quatre articles à ces palpes labiaux. On voit par la nature de la bouche des Phryganides qu’elles ne sont pas destinées à vivre long-temps à l’état d’insecte parfait. Sans appareil pour sucer et sans mandibules pour couper, elles ne peu- vent guères se nourrir. Aussi ne vivent-elles que le temps qu'il faut pour s’accoupler et pondre leurs œufs. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 9 Nous aurons encore occasion, en traitant desgenres, d'insister sur les différentes formes des organes qui forment la bouche; car leur constance et leurs formes tranchées fournissent de bons caractères. $. 2. Thorax. Le thorax est composé de trois anneaux. Le Prothorax ou Corselet est tres-court, il forme un anneau mince dans lequel se meut la tête. Ses deux bords, antérieur et postérieur, sont parallèles l’un à l’autre; il est un peu plus étroit en avant qu'en arrière. Il porte la première paire de pattes ( PI. IT. fig. 3r.); la hanche de ces pattes est assez allongée, la cuisse est la partie la plus longue etelle est plus mince que la hanche. La jambe, un peu plus courte, porte ordinairement quelques épines. Le tarse est composé de cinq articles minces, obconiques, allongés, qui varient de longueur relative suivant les espèces. … Le Mésothorax offre en dessus à peu près la forme d’un triangle, dont la base serait contre le corselet et dont la pointe émoussée se dirigerait en arrière. Vu latéralement , il est extrêmement haut et étroit, et offre aussi la figure d’un triangle, mais plus allongé et dont le petit côté serait en haut et la pointe en bas. Sur le petit côté naît l'aile et sur la pointe la seconde paire de pattes. Le Métathorax offre en dessus un rectangle transversal et pré- sente de côté la même conformation que le mésothorax, de sorte que la réunion de ces deux anneaux, formant le thorax dans le sens où l'entend Straus, présente une forme assez remarquable. Ce thorax est tres-allongé dans le sens vertical, et comprimé; les nais- sances des pattes se trouvent très-rapprochées parce que les deux pointes des triangles viennent converger ensemble. Mon but n’est point d’entrer ici dans le détail des pièces qui composent ce thorax, je ne puis pas me livrer à une analyse aussi considérable, qui du reste a été rendue facile par les beaux travaux de M. Audouin. La description que j'ai donnée de sa forme générale me paraît suf- 60 PREMIÈRE PARTIE. fire au plan de cet ouvrage, qui est d’insister plus spécialement sur les points qui se lient aux mœurs et à la classification. J'ai dit que le mésothorax portait la première paire d'ailes et la seconde de pattes, le métathorax porte la seconde d'ailes et la troisième de pattes. Je dois ajouter quelques mots sur ces organes. La seconde paire de Pattes ressemble en général à la première , et elle se compose comme elle d’une cuisse, d’une jambe et d'un tarse à cinq articles. Ces articles sont ordinairement allongés et ob- coniques comme dans la première; il y a cependant une exception pour les pattes de quelques Hyprorsycés ( PI. IT. fig. 18). Dans ces insectes les tarses de la seconde paire sont aplatis dans les femelles, déprimés , un peu arrondis et ciliés en leurs bords. Cette forme est surtout remarquable dans le premier article qui est le plus grand; ils vont en diminuant jusqu’au quatrième qui est très- court, mais encore aplati; le cinquième est comme à l'ordinaire obconique et terminé par deux crochets. Cette disposition rappelle un peu les tarses des insectes aquatiques; elle a ceci de particulier qu'elle ne se retrouve que dans la femelle. Le mâle à les tarses minces et cylindriques; je n'ai d’ailleurs remarqué cette particula- rité que dans les pattes de la seconde paire. La troisième paire de Pattes ressemble beaucoup aux deux pré- cédentes et est en général la plus longue. La jambe est ordinaire- ment encore plus courte à proportion des autres parties, et le tarse très-long, surtout son premier article. Cette troisième paire est aussi plus chargée de poils ou d’épines que les deux autres; cha- que article porte quelques poils forts et est terminé le plus sou- vent par deux épines. Les Ailes supérieures sont fortes et membraneuses, un peu co- riacées. Elles ne sont jamais chargées de plumes comme dans les Lépidoptères, mais portent quelquefois des poils, principalement sur les nervures et quelquefois aussi sur les parties membraneuses. Elles sont toujours tendues et ne se plissent jamais. Quand l’ani- ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 61 mal est en repos elles forment un toit au-dessus de son corps, et se recouvrent ordinairement un peu par leur partie médiane. Leur forme varie ainsi que nous le verrons en parlant des gen- res, mais elles sont en général arrondies au bout ou forment un angle obtus, et leur totaliténereprésente pas malun secteur de cercle. Tantôt le bord est entier; tantôt il est cilié. Les nervures varient aussi; il y a en général quatre à cinq branches qui partent en rayonnant de la base de l'aile, et dont le plus grand nombre se bifurque, quelques-unes même deux fois. Au point de bifurcation on voit, dans quelques ailes, des nervures transversales qui servent à en anastomoser deux ensemble (1) (Phryganes propres.). Mais on ne retrouve Jamais de ces cellules carrées, si nombreuses dans les autres Névroptères. Les Ailes inférieures diffèrent des supérieures par de nombreux caractères. Elles sont généralement plus minces et plus transparen- tes. Leur forme est à peu près le quart d’une surface d’ellipse dont le demi grand axe serait parallèle à l'aile supérieure etle demi petit axe au corps. Les nervures en sont plus simples et moins bi- furquées. Mais leur principale différence consiste en ce que les ailes inférieures sont plissées dans l'état de repos; ces plis rayon- nent delabase de l'aile, afin que, quand elles sont fermées, elles soient cachées par les supérieures. Il y a cependant deux genres qui n’ont pas les ailes inférieures plissées (Psycnomrss et Hyproprires); aussi le nom de Pricipennes, que ce caractère avait fait donner à la fa- mille, est-il défectueux parce qu’il n’est pas général. Les ailes tant inférieures que supérieures sont quelquefois di- versement colorées; cependant les inférieures le sont rarement. Je renvoye pour tous ces détails à l’histoire des espèces. Sn (1) Voyez pour ce qui tient à ces nervures, le Chapitre III ét la Seconde Partie. 62 PREMIÈRE PARTIE. de $. 3. Abdomen. L'abdomen est légèrement comprimé, un peu courbé de dessus en dessous; il est composé de neuf anneaux simples et sans ap- pendices transversaux. Le dernier anneau offre seul quelques par- ticularités sur lesquelles nous reviendrons en parlant des organes générateurs. Nous venons de suivre la Phrygane dans tout le développement de ses organes externes; nous avons VU Comment d'abord sous la forme de larve, elle est éminemment bien organisée pour se nourrir et croître; nous avons vu comment elle passe à un état de repos où ses formes se modifient; et comment elle en sort sous l'appa- rence d’un insecte ailé. Ce que nous en avons dit suffit pour nous permettre d'établir le principe que l'état de larve est destiné à l’ac- croissement de l'individu, l’état de »ymphe à une modification de formes et à une transition nécessaire, et que l’état d'énsecte parfait a pour but la reproduction et la conservation de l'espèce. Nous al- lons examiner les autres systèmes organiques et nous retrouverons partout la vérification de cette loi. SECONDE SECTION : SYSTÈME , NERVEUX. Le système nerveux des Phryganides offre peu de variations. Sa disposition générale est à peu près la même dans les différens genres qui composent cette famille, et ses changemens sont peu considé- rables dans les trois états de larve, de nymphe et d’insecte parfait. Nous verrons cependant que le ganglion sus-æsophagien ou le cer- veau forme une exception importante, et qu'il change de forme et de grandeur dans le passage de l’état de larve à l'état de nymphe. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 65 La description que je vais donner du système nerveux a été prise dans les PHRYGANES propres (Ph. striata Lin.). J'indiquerai ensuite les légères différences que j'ai observées dansles autres genres. J’exa- minerai successivement les nerfs de cet insecte dans les trois états; mais comme je l'ai déjà fait pressentir, on ne retrouve point ici une loi qui est cependant assez fréquente en entomologie, savoir que le nombre des ganglions diminue dans le passage de l’état de larve à l’état parfait, et que le système nerveux devient de plus en plus court et plus ramassé (1). Les Phryganes font entièrement excep- tion à cette règle, et nous retrouverons les ganglions abdominaux presque les mêmes dans l’insecte parfait, dans la nymphe et dans la larve. ARTICLE PREMIER. Larve. Le système nerveux de la larve est peu considérable (PI. II. fig. 33). Les ganglions qui le composent suivent la ligne médiane antérieure et sont situés entre les muscles droits du ventre. Ces ganglions sont arrondis ou ovoides, médiocres et diffèrent peu les uns des autres; le ganglion sus-æsophagien mème ne se distingue guères que par sa position. Nous verrons que tous les anneaux, à l'exception des derniers, ont leur système représenté par un ganglion simple ou double et par les nerfs qui en partent. Nous pourrons considérer cette disposition comme normale et je n’aurai qu’à y signaler quel- ques exceptions. Je décrirai successivement le système nerveux dans les trois gran- des divisions du corps: la tête, le corselet et l'abdomen. (*) Herold dans son intéressant ouvrage intitulé: Ænrtwickelungs-Geschichte der Schmet- terlinge. Cassel, 1815. 4.° (Histoire du développement des papillons.), a suivi avec un grand détail ce raccourcissement du système nerveux, et l’a décrit dans les diverses phases de la vie du papillon du chou (Voy. sa planche II.). NU 64 à PREMIÈRE PARTIE. 6-1. Téte. La tête fenferme trois ganglions. Si l’on ouvre le crâne en des- sus, on en voit deux qui sont sphériques et appuyés l'un à l'au- tre (PI. IL. fig. 34.). Ces deux ganglions constituent ce qu'on appelle le cerveau; ils sont placés sur l’œsophage entre les muscles des mandibules. Ils sont les seuls ganglions qu'on remarque au-dessus du canal alimentaire, tous les autres sont situés en dessous; ils ont reçu le nom de sus-æsophagiens. De ces ganglions partent des nerfs dont deux paires sont prin- cipalement visibles (‘). Ce sont 1.° les nerÿs optiques, qui sont courts et forts; 2.0 deux branches qui embrassent l’œsophage et joignent au cerveau le troisième ganglion qui est sous-œæsophagien (PI II. fig. 35.); la réunion des trois ganglions par ces cordons médullaires forme ce qu'on nomme le collier de l'æsophage. Outre ces deux paires on remarque encore des nerfs qui partent de la partie antérieure des ganglions sus-æsophagiens et se dirigent en avant, et quelques filets nerveux qui naissent du ganglion sous-œso- phagien. Ce troisième ganglion, que nous venons de reconnaitre comme joint au cerveau , est ovoide, situé sous l’œsophage, en dessous et un peu en arrière du cerveau. Il se prolonge postérieurement en deux cordons médullaires qui le joignent au ganglion suivant. Ces trois ganglions ne sont pas plus gros que ceux du corps, et méritent bien moins le nom de cerveau que ce que nous nommerons ainsi chez la nymphe et l'insecte parfait. Au reste on pouvait prévoir d'a- vance une pareille organisation; la tête en effet est petite et sans organes très-développés, car les yeux sont peu apparens et les ‘1\ Le mot partent serait défectueux si l’on voulait en inférer comme loi d’organogénésie que les nerfs proviennent des ganglions. Je n’emploie ici ce [mot que pour indiger L'union, la simple connexion d'un nerf et d'un ganglion. 2 ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 65 antennes nulles, Cette observation vient confirmer la règle que le développement du système nerveux dans chaque anneau est pro- portionnel à l'importance des organes contenus dans cet anneau (4). Ce que nous avons encore à dire du système nerveux ne sera qu'un développement de ce principe, 6 x $+ 2. Thorax. Le Tuorax est composé de trois anneaux; dans tous les trois on trouve deux ganglions arrondis, placés à côté l'un de l’autre comme les deux qui forment le cerveau; mais dans le troisième il y a de plus un petit ganglion médian, arrondi, duquel partent des nerfs assez considérables. La première et la seconde paire sont à peu près égales entr’elles légerement plus petites que le cerveau, et composées comme lui de deux ‘petits ganglions sphériques ; ils sont situés vers le milieu de l'anneau qui leur correspond. Joints avec le premier ganglion sous- œsophagien et entr'eux par des cordons médullaires très-distincts et séparés, ils en envoient aussi deux au troisième anneau. De cha- que côté de ces ganglions partent ordinairement deux branches de nerfs qui se portent aux pattes et aux autres parties de l'anneau. Le troisième anneau a, comme nous l'avons dit, trois ganglions. Les deux premiers sont les plus gros et à peu près analogues à ceux des précédens, ils sont situés au milieu de l'anneau et reçoivent les deux cordons médullaires du second ganglion; ces cordons com- mencent à se réunir, mais ne se confondent pas. De ces ganglions partent des nerfs qui vont aux organes voisins, et deux cordons qui le joignent au troisième. Ce troisième ganglion est petit, arrondi, (1) Voyez principalement pour le système nerveux en général, Srnaus: Considérations générales sur l'anatomie comparée des articulés, p: 359. 66 PREMIÈRE PARTIE. 2 situé au milieu de l'espace compris entre le précédent et le bord de l'anneau. J'ai cru voir qu’il fournissait les nerfs des jambes pos- térieures. On voit par ce qui précède que chaque anneau du corselet a au moins deux ganglions, et on verra plus bas qu'on n'en trouve qu'un à l'abdomen. Cela se lie avec la circonstance que le corselet porte les pattes, tandis que les anneaux de l'abdomen n'ont pas d'appendices importans. 6. 3. Abdomen. Les ganglions de l'abdomen sont plus variables que ceux du tronc et de la tête; on trouve quelquefois de légères différences indivi- duelles et peut-être aussi suivant l’âge de la larve. La description que j'en donne ici est tirée d’une larve adulte, et un grand nom- bre de dissections m'ont donné des résultats exactement semblables. Le système nerveux de ces larves est en rapport avec leurs par- ties solides, c'est-à-dire qu'au premier anneau renflé et muni de parties molles rétractiles, correspond le plus gros ganglion et que le second anneau dépourvu en général d'organes respiratoires ex- ternes, manque aussi de renflemens nerveux. Enfin l’on verra que ces ganglions perdent de leur grandeur et de leur importance à me- sure qu'on s'approche des derniers segmens qui renferment aussi _ moins d'organes importans à la vie de nutrition. Je vais reprendre successivement chaque anneau. Le ganglion du premier anneau est passablement gros, situé vers le milieu de cet anneau; il a une forme ovoide. Il émet des nerfs qui se rendent au segment qui le renferme et aussi en partie à l'an- neau suivant. Quelquefois on trouve après lui un ganglion plus petit, mais le plus souvent ce dernier n'existe pas. Le second anneau est ordinairement privé de ganglions et les nerfs qu'il reçoit proviennent du premier anneau et aussi en partie du troisieme. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 67 ; Les troisième, quatrième et cinquième anneaux ont chacun un petit ganglion arrondi vers leur bord antérieur. Le sixième anneau renferme dans la larve adulte les derniers ganglions de l'abdomen; le système nerveux s'est raccourci comme cela arrive ordinairement, et les ganglions des derniers anneaux sont réunis dans le sixième. Cependant on n'en retrouve-que trois distincts ; le premier est situé vers son bord antérieur comme dans les anneaux précédens, il est arrondi; le second est le plus petit; et le troisième est situé au tiers postérieur, sa forme est ovoide et c'est de lui que partent les nerfs des septième, huitième et neu- vième anneaux. Tel est le système nerveux des larves des Phryganes propres. Dans les autres genres il diffère trop peu pour qu'on puisse en tirer quelque règle générale. 11 m'a semblé qu'en général les larves des Hyprorsycnés ont les ganglions de l'abdomen plus réguliers et tou- jours situés au point de jonction de deux anneaux consécutifs. Leur système nerveux se termine aussi au sixième anneau. ARTICLE SECOND. Nymphe et Insecte parfait. Je réunis la nymphe et linsecte parfait, car leur système ner- veux est sensiblement le même. J'ai déjà indiqué quels étaient en général les points de ressem- blance et les différences qui existent entre l'insecte parfait et la larve. Le nombre des ganglions est à peu près le mème et ils s'é- tendent également loin dans l'abdomen. Mais il y a de grandes différences dans les ganglions encéphaliques et aussi dans les tho- raciques. Nous retrouverons ici des confirmations frappantes de la loi gé- 68 PREMIÈRE PARTIE. nérale que nous avons posée sur le rapport des ganglions avec le plus ou moins de développement des organes de l'anneau qui les renferme, loi qui préside à tous les systèmes nerveux des insectes. Nous retrouverons ici les ganglions du thorax, et surtout ceux de la tête, bien plus développés que dans les larves. Je décrirai successivement les différentes parties de ce système nerveux. SAT ONTETE Quand on enlève l'épicrâne d’une Phrygane, on voit en dessous une grande masse médullaire qui occupe la plus grande partie de la tête et qui s'étend surtout transversalement (PI. IL. fig. 37 ). Cette masse est le cerveau; il est composé de quatre lobes, dont deux médians et arrondis sont les ganglions sus-œæsophagiens, et dont deux latéraux plus petits pourraient se nommer lobes optiques, car ils se confondent avec la base des nerfs optiques. Nous voyons tout de suite la confirmation de notre loi, car la larve de la Phry- gane, qui a de petits yeux et pas d'antennes, a aussi ses ganglions encéphaliques très-petits; tandis que la Ppodte a de très-gros yeux, des antennes, des palpes et en même temps un cerveau con- sidérable. Les deux lobes médians se touchent par la plus grande partie de leur étendue. Leur diamètre est à peu près égal au tiers de la longueur de la tête. ” Les lobes optiques sont un peu plus petits et transversaux, ils sont joints aux lobes médians comme ceux-ci entr'eux, et se ra- mifient dans les yeux. Outre cela il y a différentes paires de nerfs dont les principales sont: 1.° Les nerfs antennaux qui naissent en avant entre les lobes médians et les lobes optiques; gros et cylindriques ils occupent l'axe des antennes; 2.° les nerfs frontaux naissant de la partie an- térieure des lobes médians, ils sont plus petits que les antennaux ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 69 et vont au front. On trouve aussi d’autres paires moins importantes. Outre ces lobes que nous avons décrits et qui constituent la par- tie sus-æsophagienne de l'encéphale, on trouve, en dessous de l’œ- sophage, un lobe unique, un peu prolongé postérieurement en pointe et moins gros que les lobes sus-œæsophagiens; il est joint des deux côtés au cerveau par le collier de l'æsophage. Ce lobe sous-æsophagien envoie deux cordons médullaires au premier gang- lion du thorax. 6. 2. Thoraz. Le système nerveux du thorax est très-simple ( PI. II. fig. 36.). On trouve trois gros ganglions ovoides, unis les uns aux autres par deux filets médullaires et envoyant un grand nombre de nerfs. Ces ganglions qui diffèrent de ceux de la larve par leur grosseur plus grande, et parce qu’ils ne sont pas bilobés, sont uniques dans ‘chaque anneau, et situés à peu près vers son ci Leur gros- seur se lie à là circonstance que le thorax de la Phrygane porte des organes très-développés, les ailes et les pattes. $. 3. Abdomen, J'ai déjà dit que le système nerveux abdominal est sensiblement Je même dans l'insecte parfait, que dans la larve (PI. IL. fig. 33. et 36.). Le premier anneau a vers son milieu un ganglion arrondi; tantôt le second en est privé entièrement, tantôt on en voit un très-petit vers sa partie antérieure. Les troisième, quatrième et cin- quième anneaux ont chacun un ganglion médiocre, arrondi ou légèrement ovoïide; celui du troisième est vers son tiers antérieur ; celui des deux autres vers leur bord. Le système nerveux do sixième anneau est en tous points semblable à celui de la larve, il est composé comme lui de trois ganglions, dont le médian est le plus petit et dont le dernier ovoide, fournit des nerfs aux sep- tième, huitième et neuvième anneaux. Tel est le système nerveux central des Phryganides. J'ai décrit 70 PREMIÈRE PARTIE. l'origine des principaux nerfs et indiqué le mode général de leur dis- tribution. Quant à leurs diverses branches , elles se répandent dans tout le corps, soit sur les organes de la vie animale, soit sur ceux de la vie de nutrition et de reproduction; ce serait m'écarter trop du plan que je me suis tracé, que de m'arrêter long-temps à une recherche difficile, offrant d’ailleurs peu d'intérêt. Je renvoie pour cela aux admirables ouvrages de Lyonnet et de Straus. Quant aux organes spéciaux des sens, je n’ajouterai rien à la description que j'ai donnée ci-dessus des antennes, des palpes et des yeux. TROISIÈME SECTION. ORGANES DE LA DIGESTION. Les organes de la nutrition sont en général moins compliqués dans les insectes que dans les animaux supérieurs. Nous trouverons cependant dans les Phryganides des organes propres à opérer la mastication et la déglutition, un estomac servant à la digestion avec des annexes aidant au même but, une respiration et peut-être une circulation; je n’ai retrouvé aucune trace d’insalivation, mais je ne prétends pas pour cela nier l’existence des glandes salivaires, qui peuvent fort-bien m'avoir échappé. Je ne reviendrai pas sur la mastication ; renvoyant pour ce qui y a trait aux articles où j'ai parlé des parties solides de la bouche. Je rappelerai seulement que ces parties, fortes et énergiques dans la larve, sont trop molles dans la nymphe pour servir à aucun usage de ce genre et que la Phrygane est très mal organisée à cet égard, car elle manque entièrement de mandibules. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 71 La déglutition offre aussi peu d'intérêt. Le fond de la bouche se transforme insensiblement en œsophage sans qu'aucune disposi- tion particulière mérite d'être décrite; les fibres musculaires de ces organes servent seules à la déglutition. Je n’ai donc à décrire dans cette section que le canal alimentaire et ses annexes. On retrouve dans tous ces organes la confirmation d’une ob- servation que nous avons déjà faite, c'est, qu’à l’état de larve, l'in- secte n'a qu'à se développer, et que par conséquent les organes nutritifs doivent être très-importans; tandis que, quand il est ar- rivé à l’état parfait, il cesse de croître et il n’a plus qu’à se repro- duire , aussi les organes générateurs se développent-ils au détriment des organes de la nutrition. Nous trouverons donc dans la larve un canal intestinal très-gros, et nous verrons dans l’insecte parfait que ce canal, quoique moins simple que celui de la larve, occupe bien moins de place dans la cavité abdominale. ARTICLE PREMIER. Organes de la Digestion dans la Larve. $. 1. Phryganes propres. Le canal alimentaire est de la longueur du corps (PI. II. fig. 1.), c'est-à-dire qu'il va directement de la bouche à l'anus sans faire de circonvolutions. Cette circonstance est remarquable dans un insecte qui peut vivre uniquement de végétaux, car la même règle qu'on a observée pour les mammifères, que le canal intestinal est ordinairement plus long dans les herbivores que dans les carnivores, a été en général reconnue pouvoir s'étendre aux insectes. Mais dans l'exemple qui nous occupe, cette brièveté du canal intestinal est amplement compensée par son diamètre qui est tres-considérable, 72 PREMIÈRE PARTIE. et qui permet à une grande quantité d’alimens d'y séjourner. Son jabot présente en particulier une vaste surface aux vaisseaux ab- sorbans. Nous aurons à examiner successivement l'æsophage, le jabot , le gésier, les petits et les gros intestins, et les annexes du canal in- testinal. L'OÆsophage s'étend depuis la bouche jusqu'au troisième anneau du corselet; il est blanchâtre, sa consistance est plus ferme que celle du jabot et on n’y voit pas de plis. Partant du fond de la bouche, sa partie la plus étroite est au trou occipital et de là il va en s'évasant jusqu'au jabot. Il est entouré du collier de l'æso- phage ainsi que nous l'avons déjà dit, et sur ses côtés, un peu en dessous, on voit les vaisseaux sétifères qui lui sont parallèles. Il n'y a pas à l'extérieur de ligne de démarcation bien tranchée entre l'œ- sophage et le jabot, seulement les tuniques s'amincissent peu à peu. Mais à l’intérieur, au point de réunion de ces deux organes, on re- marque une forte valvule blanche, épaisse, circulaire; c'est une lame charnue fixée par un de ses bords tout autour de l’œsophage, et ayant l’autre bord libre, un peu dirigé en arrière, de manière à former une soupape qui empèêcherait les alimens de remonter vers la bouche. Cette soupape pourrait se nommer valvule cardiaque. Immédiatement après l’œsophage le canal alimentaire prend un diamètre plus grand, et forme un sac long et gros qui correspond à ce que Lyonnet nomme ventricule et qui me semble être que ce que depuis lui les anatomistes se sont généralement accordés à nom- mer Jabot. Peut-être si on le compare à la figure du canal intesti- nal du hanneton donnée par M. Straus, correspondrait-il plutôt à ce que ce célèbre anatomiste y désigne sous le nom de yabot succenturié. Mais, comme nous n'avons dans notre larve qu'un seul de ces organes, nous le désignerons simplement par le mot Jabot. Ce jabot s'étend depuis le troisieme anneau du corselet jusqu'en- “ ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 75 tre le cinquième et le sixième de l'abdomen, et dans la Phryganea striata qui a servi de type à cette description, il a six lignes de lon- gueur et son diamètre varie d’une ligne à une ligne et demie, sui- vant la place où on le mesure et suivant aussi que l’insecte a plus ou moins mangé. Il est à remarquer , en effet, qu'il est susceptible d’une grande extension et nous verrons combien il se réduit quand la larve, prête à passer à l'état de nymphe, cesse de manger. Ce jabot est ordinairement tout rempli d’alimens qui le font paraître noirâtre ; il est à peu près cylindrique, sans étranglement, et ses courbures ne sont pas plus grandes d’un coté que de l’autre. Vu extérieurement il présente des plis transversaux , nombreux et visibles même à l'œil nud ; ces plis, à peu près équidistans et cependant peu réguliers, forment des espèces de zônes sans pré- senter des cercles complets; il a sur sa longueur 50 à 6o de ces zônes. Si on regarde ce jabot à la loupe, on verra qu'il offre aussi des fibres longitudinales, régulières, également épaisses, continues et très-fines, se détachant en blanc sur un fond brunâtre; c’est ce que Lyonnet nomme les Muscles droits du ventricule. Ts m'ont paru plus nombreux dans les larves des Phryganes que dans la chenille du saule, car Lyonnet en indique vingt-huit et j'en compte approxi- mativement cinquante à soixante. Ces muscles font partie de la tunique musculaire du jabot, mais ils ne la constituent pas seuls, car il y a en outre des fibres transversales qui sont nommées par Lyonnet Muscles circulaires. Is sont plus forts et plus visibles que les muscles droits et offrent la même régularité, ils coupent les pre- miers à angle droit; aussi quand on sépare la tunique musculaire des autres et qu'on l’étend, elle paraît comme un tissu régulier et fa- briqué. Ces muscles circulaires sont complètement indépendans des plis que nous*avons décrits sur le jabot, car ils sont beaucoup plus nombreux et plus rapprochés qu'eux; ils sont d'ailleurs très- difficilement visibles à l'œil nud, tandis que les plis se voient fa- cilement dans l’état ordinaire. 10 74 PREMIÈRE PARTIE. La tunique intérieure ou tunique papillaire du jabot est plus épaisse et en même temps plus délicate et plus poreuse. Elle est facile à détacher de la tunique musculaire, mais non pas à enle- ver intacte, à cause de sa fragilité. Cette tunique présente un grand nombre de papilles et offre aussi quelques plis transversaux et peu réguliers, qui sont dus en grande partie à ce qu'elle se moule sur la tunique musculaire. Au bas du jabot s’insèrent les Vaisseaux hépatiques dont nous parlerons plus bas. Cette insertion sépare le jabot d'une partie très-courte, en forme de demi sphère ou plutôt en forme de coupe, qui lui sert de base et que par analogie on pourrait nommer Gésier, si l'observation de l’insecte parfait ne montrait pas que ce n'est pas le vrai gésier ; d’ailleurs ses fonctions doivent être bien moins im- portantes qu’elles ne le sont dans la plupart des autres insectes. Cet organe est bien distinct du jabot, extérieurement d’abord par sa consistance plus ferme, par ses tuniques opaques et à fibres in- distinctes et par sa couleur argentée; intérieurement ils sont sé- parés par un bourrelet circulaire correspondant à l'insertion des vaisseaux hépatiques. Il semble au premier coup d'œil que c'est un gésier incomplet; mais on voit que son peu de capacité intérieure doit le rendre de peu d'importance pour la digestion, et les alimens ne doivent faire qu'y passer. Les /ntestins sont très-courts, car ils n’occupent que les septième, huitième et neuvième anneaux de l'abdomen; malgré cela ils offrent deux parties très-distinctes. La première est la plus mince et la plus courte; elle représente assez bien les Zntestins grèles des ani- maux supérieurs. Leur tunique extérieure présente des fibres lon- _gitudinales très-visibles. Ils sont sans plis et sans circonvolutions , occupant le septième anneau et formant le pied de la coupe dont nous avons parlé ci-dessus. Ils sont séparés des gros intestins par une valvule très-forte, attachée circulairement au-dessous des mam- mn ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 75 melons qui ceignent le haut de ces gros intestins; mais je n'ai vu aucune valvule entre le jabot et les petits intestins. Ces petits in- testins diffèrent aussi des gros par la texture de leur membrane intérieure qui est sillonnée de plis durs, forts et serrés, tandis que la tunique interne des gros intestins a des plis plus irrégu- liers, plus mous, moins nombreux, mais beaucoup plus considé- rables. Les gros Instestins sont d’un diamètre au moins triple que les petits, ils occupent les huitième et neuvième anneaux. Vus ex- térieurement ils présentent des fibres longitudinales trèes-visibles, et des transversales moins régulières. Leur plus grand diamètre est à leur partie supérieure où ils reçoivent peut-être les vaisseaux urinaires. Ils présentent là un bourrelet assez considérable, et la base de chacun de ces vaisseaux est entourée d’un mammelon. Ce diamètre va toujours en diminuant jusqu’à l'anus qui est beaucoup plus étroit que le reste du canal. La consistance des tuniques n’est pas la même partout; elles sont plus lâches et plus délicates vers l'anus que vers les mammelons urinaires. Telles sont les différentes parties qui composent le canal ali- mentaire; nous avons maintenant à ajouter quelques mots sur les annexes de ce canal. Les Annexes du canal intestinal ne sont point chez les insectes de la même forme que dans les animaux supérieurs. On n’y voit jamais de ces glandes d’un volume considérable et d’un tissu serré comme le foie, la rate, le pancréas, etc. Les glandes des insectes sont sous la forme de cæcums; on trouve chez la plupart d’entr'eux des vaisseaux plus ou moins nombreux, plus ou moins longs, qui fermés à leur bout libre, viennent s'ouvrir par l’autre dans le canal alimentaire. On trouve dans chaque espéce quelquefois un seul système de vaisseaux, quelquefois plusieurs, auxquels on a donné les noms de vaisseaux biliaires, urinaires, ete. Nous aurons à consi- dérer ici ces deux classes d'organes (PI. III. fig. 1.). 76 PREMIÈRE PARTIE. 1.0 Vaisseaux biliaires. Entre le jabot et le gésier naissent sur, un bourrelet circulaire cinq vaisseaux terminés en cœcum. Ces vais- seaux assez fins et déliés, et d’une longueur très-considérable, sont ce qu'on a appelé à tort ou à raison vaisseaux biliaires. Ils parais- sent destinés à sécréter un suc qu'ils versent dans le jabot et le gésier, suc qui est vraisemblablement employé à activer la diges- tion, quoiqu'aucune expérience directe ne le montre. On a cru voir dans ce fluide un analogue de la bile; mais ils ne peuvent avoir ensemble qu'un rapport assez vague et il pourrait avec autant de raison être nommé suc pancréatique. Ces vaisseaux sont ordinairement blanchâtres , quelquefois un peu rosés. Ils naissent sur un même verticille (s'il est permis de trans- porter à l'entomologie ce mot usuel en botanique). Dès leur dé- part ils remontent le long du jabot; droits à leur base ils s'on- doyent promptement, retournent sur eux-mêmes, et offrent un dé- dale inextricable de fils dans toutes les directions. Ils forment surtout un amas considérable autour du gésier et des intestins. Leur peu de solidité rend leur déployement très-difficile. Ils sont assez peu visibles dans l'animal frais; l'alcool leur donne de la fermeté et leur ôte de la transparence. Je n'ai pas pu es- timer leur longueur car ils se répandent dans le système graisseux duquel il est très-difficile .de les dégager. L'insertion de ces vaisseaux varie suivant les espèces, peut-être même suivant les individus; j'en ai vu quelquefois deux réunis en- semble à leur base. Ils ne manquent totalement dans aucune espèce que j'aie disséquée, 2.9 Vaisseaux urinaires. On a donné le nom de vaisseaux uri- naires à des vaisseaux assez analogues aux vaisseaux biliaires, mais s'ouvrant plus bas et dans les vrais intestins. Nous pourrions répe- ter ici ce que nous avons dit sur les vaisseaux biliaires, c'est que ce ne peut être que par une analogie assez vague qu'on a com- paré à l'urine le fluide qu'ils sécrètent. Mais en admettant la déno- %: vs ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 77 mination, il me paraît douteux qu'ils existent dans les larves des Phryganides. Nous avons décrit ci-dessus des mammelons au sommet des gros intestins ; de chacun de ces mammelons j'ai cru voir sortir des petits vaisseaux trés-minces et délicats. Mais ces vais- seaux , s'ils existent, sont tellement enveloppés de tissu grais- seux, et surtout les vaisseaux biliaires forment un tel amas vers eux, que je n'ai jamais pu les suivre au-delà de quelques milli- mètres. Aussi je me puis en parler qu'avec doute; peut-être n’est- ce qu'un débri des ligamens qui retiennent le canal intestinal ou des trachées qu'il reçoit. Dans tous les cas ils seraient peu con« sidérables et devraient par conséquent avoir peu d'action. $. 2. Canal alimentaire dans les autres genres des Phryganides. Jusqu'ici nous n'avons examiné les organes de la digestion que dans les larves des Phryganes proprement dites, il me reste à dire un mot de ces organes dans les larves des genres voisins. D'abord je dois faire observer qu'ils varient peu; on retrouve toujours un æsophage, un jabot très-grand en proportion du reste du canal, un gésier presque nul et des intestins. Les larves de Sé- RICOSTOMES, etc., offrent peu de différence de forme d'avec les Phry- ganes, mais dans les Hyprorsycnés (PI. V. fig. 9.) on en trouve quelques-unes. Le jabot est à peu près toujours le même et s'étend aussi jusqu'au cinquième anneau abdominal; mais le gésier y est encore moins visible que dans les Phryganes. Les petits intestins sont réduits à une longueur extrêmement petite, la texture des gros est plus forte; on y retrouve encore quelques mammelons moins prononcés et beaucoup plus lisses. Ces différences sont au reste trop légères pour pouvoir toujours être clairement exprimées, et il y a trop de nuances et de varia- tions suivant le moment de la vie, pour qu'on puisse assigner à chaque genre un caractère bien précis. Pa 78 PREMIÈRE PARTIE. Je dois cependant dire un mot d'une organisation particulière aux larves d'Hydropsychés. On voit quelquefois ces larves faire sortir de la partie supérieure de leur dernier anneau quatre tubes en cœcum (PI. V. fig. 6 et 9.); si on ouvre l'abdomen on les voit rangés autour de l’extrémité du canal intestinal et l'anus s'ou- vrir au milieu d'eux. Quelles sont les relations de ces cœcums avec le canal intestinal? c'est ce qu'il n’est pas facile de savoir. Ils tien- nent au canal d’une manière assez intime, pour que quand on : l'enlève ils y restent adhérens; mais je n’ai pas vu de communi- cation directe entr'eux et les intestins, et je croirais plutôt qu'ils appartiennent au système respiratoire. En effet ils reçoivent des branches du dernier stigmate et leur forme a assez d’analogie avec celle des tubes respiratoires externes des larves de Phryganes; nous en reparlerons donc en traitant des organes de la respiration. Les annexes du canal intestinal diffèrent peu d’un genre à l’autre; les vaisseaux biliaires des larves d'HyprorsycHés m'ont paru moins longs et je n'ai trouvé chez elles aucune trace de vaisseaux urinaires. ARTICLE SECOND. Du Canal alimentaire dans le passage de l’état de Larve à l’état de Nymphe. \ Lorsque l’insecte passe de l'état de larve à l'état de nymphe, le canal alimentaire subit de notables altérations. Ce changement n'a pas lieu tout d’un coup, et est au contraire le résultat d’une série de modifications successives; tandis que pour les parties solides nous avons vu qu'il avait lieu brusquement, lorsque l'ancienne peau est rejetée. Cette série de transformations est intéressante à observer, car elle fournit un moyen sûr et facile d’arriver à une détermination rationnelle des parties qui composent l'insecte parfait. De même * ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 79 que pour les animaux supérieurs, on a étudié le développement du fœtus pour connaître les analogies qui existent à l’état parfait, de même on pourrait pour les insectes établir par l'étude des larves des analogies auxquelles il serait bien difficile d'arriver sans cela. Une origine commune servira souvent à faire reconnaître, comme analogues, des organes qu’à l'état parfait des différences de formes auraient fait regarder comme essentiellement différens. Ces raisons m'ont engagé à étudier avec quelques détails le développement des organes digestifs et j'ai cru devoir consacrer un article à ce passage de l’état de larve à l’état de nymphe. Lorsque la larve est enfermée dans son étui, disposée à se mé- tamorphoser , elle a fait une ample provision de graisse pour vivre à l'état de nymphe, et comme elle cesse de manger, le canal ali- mentaire ne tarde pas à se vider. Le jabot que nous avons vu être si gros et occuper tant de place dans la cavité abdominale , se trouve alors réduit au diamètre de l’œsophage; mais cette ré- duction n'est pas uniforme et l'on commence à sentir quelques traces des nouvelles formes qu'il prendra. Le jabot qui se con- fond avec l'œsophage présente déjà trois renflemens séparés par des points où le diamètre est moindre (PI. III. fig. 2.). Ces ren- flemens, à courbure peu prononcée et égale des deux cotés, com- mencent à indiquer la place des estomacs de la Phrygane parfaite. La nature des tuniques continue à être à peu près la même dans toute l'étendue du jabot, les différences qu’elles présenteront plus tard ne sont pas encore sensibles. Les vaisseaux hépatiques s'insèrent toujours sur un bourrelet. Les intestins sont à peu près les mêmes que dans la larve, cepen- dant les gros commencent à prendre de larges plis longitudinaux et cette délicatesse qui les distingue dans l’insecte parfait. On voit que ce qui caractérise le canal alimentaire dans ce pas- sage, c'est l'absence des formes prononcées. Il n’a plus les mêmes renflemens que présentait la larve et il n’ a pas encore ceux qu’on ? so PREMIÈRE PARTIE. " trouve dans la Phrygane. Mais la position des vaisseaux biliaires sert à conserver le rapport avec l’ancien état et à montrer que le gésier de la Phrygane est produit, non par ce renflement au-des- | sous du jabot qui semblait dans la larve représenter un gésier, mais bien par une portion même du jabot, et que ce prétendu gésier n'est que l’origine des intestins grèles. On remarque encore au sommet des gros intestins ces mamme- lons que nous avons reconnus à la larve et qui vont disparaître dans la nymphe. ÂRTICLE TROISIÈME. Canal alimentaire de la Nymphe. Le canal alimentaire de la nymphe varie suivant l’époque où on la prend. Si on étudie une nymphe transformée depuis peu, le canal alimentaire se rapprochera plus du type précédent que si l’on prend une nymphe prête à éclore, époque à laquelle il sera sem- blable à celui de l’insecte parfait. Aussi doit-on décrire, dans la nymphe, plutôt les changemens qu'éprouve le canal, qu'une forme fixe et invariable. La figure 5 (PI. IL.) est prise d’une nymphe formée depuis peu, mais ayant déjà perdu la mollesse de tégumens qu’elle a immédiatement après la métamorphose. Les trois renflemens que nous avons vus être formés par le ja- bot de la larve, commencent à devenir inégaux. Les deux pre- miers restent sensiblement les mêmes, tandis que le troisième aug- mente considérablement et forme une large poche allongée, mar- quée à son tiers inférieur d’un léger étranglement. Pendant cette distension, les tuniques ont repris un peu la con- sistance qu'elles avaient dans le jabot de la larve et on commence ed à y voir distinctement des dispositions à être un estomac. Nous verrons dans la Phrygane qu'il se partage encore en deux par- ties. En même temps la portion qui est au-dessous de l'insertion des vaisseaux hépatiques, ou les intestins grèles, s'allonge considéra- blement, de manière que lors même que le jabot se raccourcit elle commence à former un arc quoique très-peu prononcé. C’est ici qu'on voit la confirmation que ces organes sont bien les intestins grèles, car leur forme allongée et cylindrique commence à se rap- procher de l’état normal des intestins des autres insectes. Les gros intestins perdent les mammelons qui les couronnent. Ils ne présentent plus aucune trace de vaisseaux urinaires, et com- mencent à prendre des plis transversaux, forts, mais peu nombreux, et par là diminuent sensiblement de diamètre. En résumé: les changemens qu'a éprouvé le canal intestinal consistent en ce que, au lieu d’un énorme jabot formant au moins les deux tiers de l'appareil, on trouve maintenant une série de trois poches, dont les deux premières rudimentaires occupent entre elles trois la moitié de la longueur du canal; en outre les intestins grèles se sont considérablement allongés. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 81 ARTICLE QUATRIÈME. Canal alimentaire de l'Insecte parfait. Le canal alimentaire continue à s’allonger et le jabot perd tout à fait les traces de son ancienne forme (PI. III. fig. 4.). Des deux premiers renflemens, le premier a disparu pour faire place à un œsophage grèle, le second s’est considérablement augmenté et est devenu un véritable estomac. L'étranglement qui était dans le troi- sième renflement est encore plus marqué et l'a séparé en deux es- 11 | 7 82 PREMIÈRE PARTIE. tomacs sphériques; ensorte que maintenant nous trouvons un œso- phage très-distinct et trois estomacs. Les intéstins grèles se sont aussi augmentés, et la courbure qu'ils présentent est très-marquée. Nous allons reprendre plus en détail ces diverses parties. Le canal alimentaire, considéré d’abord dans son ensemble, est plus long à proportion dans la Phrygane que dans sa larve; car au lieu d'être droit il offre une courbure. Mais la larve étant sen- siblement plus longue que l’insecte parfait, le canal intestinal ne s’est pas allongé absolument, il a seulement conservé ses dimensions, pendant que celles du corps diminuaient. L'œsophage est très-mince; il s'étend depuis la bouche jusqu'à la jonction du thgrax et de l'abdomen; ses fibres sont longitudinales et son diamètre égal partout. Après l'œsophage venait dans la larve le jabot qui était le seul estomac, mais ici cet organe s’est partagé en trois, que je nomme- rai l’entricule succenturié, Jabot et Gésier, d'après leur position, plutôt que d’après la nature intime de leurs tégumens, car rien dans le gésier n’en fait un organe de trituration, tel qu'il est sou- vent dans d’autres insectes. Le J’entricule succenturié est une poche assez grande qui occupe la longueur des deux premiers anneaux de l'abdomen. Il est à peu près ovoide; cependant il est un peu plus dilaté du côté gauche, et l'œsophage ne le partage pas en deux parties parfaitement égales. Les tuniques de ce ventricule sont peu fortes, elles ressemblent plus à celles de l’œsophage qu'à celles des deux autres estomacs; les fibres en sont peu visibles. C’est le premier séjour des alimens, et la nature de sa membrane papillaire fait croire qu'il doit peu servir à activer la digestion. Le Jabot est séparé du ventricule succenturié par un étrangle- ment très-marqué. Il est sphérique et celui des estomacs qui of- fre le plus d’analogie avec le jabot de la larve. Il a les mêmes plis transversaux et la même tunique musculaire formée de fibres équi- . ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 83 distantes et se coupant à angle droit. Les plis transversaux sont même encore plus prononcés que dans la larve et forment aussi des zônes peu régulières, au nombre de quinze environ. La tunique extérieure ou tunique musculaire est parfaitement transparente, elle se sépare facilement de la membrane intérieure qu’on voit alors flotter dans le gésier. Cette tunique intérieure est plus épaisse, opaque, et c’est elle qui forme les plis qu'on voit à la face interne. Le jabot est le véritable organe de la digestion; sa forme, la na- ture de sa tunique interne, les fibres de la tunique musculaire concourent à le rendre un estomac qui doit être assez actif. Il est facile au reste de s'apercevoir qu'il est organisé pour que l’insecte parfait accumule bien moins de nourriture que la larve dont l’im- mense jabot semble pouvoir s’enfler indéfiniment. Nous avons appelé Gésier un petit estomac, qui est aussi globu- leux, situé immédiatement sous le jabot et à la base duquel s’ou- vrent les vaisseaux hépatiques. Le gésier est séparé du jabot par un étranglement et ses tuniques ont la plus grande analogie avec celles de cet organe. Sa position au-dessus de l'insertion des vaisseaux biliaires montre évidemment qu'il provient aussi du jabot de la larve et le passage par l’état de nymphe démontre clairement son ori- gine, ainsi que je l'ai déjà fait sentir. Il doit agir sur les alimens comme le jabot et en outre par l’action du suc qu'il recoit des vaisseaux hépatiques. Ces Canaux hépatiques sont à peu près les mêmes que dans la larve. Il est seulement à remarquer qu'ils ne s'étendent pas si haut et se ramassent volontiers en pelotons autour des intestins grèles et du gésier. Leur longueur est je crois à peu près la même dans les deux états. Après le gésier le canal se resserre assez fortement et commence à former les /ntestins grèles; ils sont un peu plus gros que l'œso- phage et de consistance très-ferme. Ils forment une courbure assez considérable et font dans la Phrygane une partie notable du canal «à 84 PREMIÈRE PARTIE, alimentaire (près du tiers ou du quart). Ces intestins ont leur diamètre à peu près uniforme, ils se retrécissent éependant un peu aux environs de leur jonction avec les gros intestins. On re- marque sur leur tunique extérieure quelques fibres circulaires. Ils se joignent aux gros 1ntestins par un étranglement très-mar- qué; ceux-ci sont d’un diamètre au moins triple des petits. Leurs tuniques sont faibles et présentent des plis Jongitudinaux ; leur partie supérieure forme toujours une sorte de couronne au-dessus de l'insertion des intestins grèles. Leur diamètre va en diminuant jusqu’à l'anus, ce qui leur donne une forme un peu obconique ou pyriforme. Je n’ai pu voir aucune trace d'insertion des vaisseaux urinaires. En résumé: nous voyons les organes digestifs de la Phrygane beaucoup moins considérables que ceux de la larve; mais en même temps offrant un degré de complication plus grand et se rappro- chant d'avantage du type normal des insectes. Ils offrent ainsi une confirmation de ce principe, qui est fréquent dans toute la série zoologique, que l'animal augmente de complication à mesure qu'il s'élève dans l'échelle des êtres, et à mesure aussi qu'il avance dans son développement fœtal. L'histoire des métamorphoses offre plus d'un point commun avec le développement des fœtus; il est tou- jours intéressant en histoire naturelle de rechercher comment se forment les organes, et sans sortir de l'exemple que nous avons sous les yeux, nous voyons le même insecte passer d’un état où il n’a qu'un estomac à un état où il en a trois. Nous voyons aussi combien la suite de ces développemens jette de jour sur la vraie détermination de chaque organe; en voyant la larve on prendrait facilement pour nésien qui n’est que l’origine des intestins grè- les, et çe n’est que l’analogie qui peut faire reconnaître ceux-ci et la formation des estomacs. ù ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 85 QUATRIÈME SECTION. ” SYSTÈMES RESPIRATOIRE ET CIRCULATOIRE. ARTICLE PREMIER. Introduction. Je réunis dans le même chapitre ce qui tient à la respiration et à la circulation, car l’union intime de ces deux fonctions fait qu'il est difficile de les séparer, surtout dans les animaux inférieurs où chaque organe joue un rôle moins nettement spécial que dans les animaux supérieurs. Avant de commencer la description de ces fonctions chez les Phryganes, il est nécessaire de présenter quelques considérations générales sur les caractères qu’elles offrent dans la classe des insectes. « La vie et la flamme, dit Cuvier, ont ceci de commun que » ni l’une ni l’autre ne peuvent subsister sans air. Tous les êtres » vivans depuis l’homme jusqu’au moindre végétal périssent lors- » qu'ils sont absolument privés de ce fluide. » Chacun sait que l'air agit sur le sang en le débarassant, par le moyen de l'oxigène, du carbone surabondant et qu’il le rend par là propre à la nutrition. Cette fonction est tellement importante chez les grands animaux que si elle vient à être arrêtée seulement pendant quelques mi- nutes, l'animal meurt asphyxié. Mais re que l’on descend dans l’échelle animale , la respiration devient moins active, sa sus- pension n'entraîne plus la mort si immédiatement et à volume égal, l'animal consume moins d'air que dans les classes supérieures. Chez les insectes en particulier, la respiration est beaucoup 86 PREMIÈRE PARTIE. moins active que chez les mammifères, mais elle est cependant encore absolument nécessaire à la vie. Ilest facile de s'assurer de cette né- cessité, en mettant l'insecte dans un gaz autre que l'oxigène, ou en bouchant avec de l'huile l'ouverture des stigmates; dans ces deux. cas il ne tardera pas à périr. Cette respiration des insectes, niée par Aristote, mise en doute par Pline, est depuis longtemps re- gardée comme une vérité sur laquelle on ne discute plus; cest principalement Scheele et Spallanzani qui l'ont établie sur des bases certaines. Mais si l'on est généralement d’accord que les insectes respirent, il n'y a pas la même unanimité sur la manière dont s'opère la res- piration et surtout la circulation. Je vais dire quelques mots de ces deux fonctions, en commençant par cette dernière. $. 1. De la Circulation chez les ynsectes en général. ’ Les insectes ont-ils une véritable cscoton? Telle est une ques- tion qui divise encore les zoologistes. Les premiers auteurs qui ont décrit les viscères des insectes et notamment Malpighi , frappés des mouvemens de systole et de diastole du vaisseau dorsal, et s'appuyant sur sa position analogue à celle du cœur des Crustacés, l'ont désigné sous le nom de cœur des insectes. Swvammerdam l'a même décrit comme recevant des artères et des veines, mais ces vaisseaux sanguins n’ont jamais été revus depuis lui, même par les plus habiles anatomistes ; Lyonnet et Straus n'ont FA pu les re- trouver. Cuvier, dans son anatomie comparée, croit äu contraire que ce vaisseau dorsal n’est point un véritable cœur et que ce n’est qu’un organe secrétoire. Il y a donc deux opinions entièrement op- posées sur sa nature; celle de Malpighi a été soutenue par Straus et par Carus qui a vu dans les larves d'éphémeres une circulation extra-vasculaire. A l'opinion de Cuvier se sont rangés divers naturalistes, et parmi eux Latreille et Marcel de Serres. Ce der- = î 1 . ” | “ ; ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 87 nier , dans un mémoire inséré dans les annales du Muséum , a cherché à établir que le vaisseau dorsal secrétait de la graisse; mais cette opinion s'accorde peu avec la nature gommeuse et pesante du fluide qu'il renferme. * Il ne m'appartient pas de décider à laquelle de ces deux opi- nions il faut donner la préférence; on ne pourra le faire que quand nouvelles rechercheS*anatomiques et physiologiques auront don- né des résultats plus certains. Je dirai seulement que l'opinion de ceux qui croient à une circulation est basée sur des recher- ches qui paraissent faites avec soin, et je vais encore donner quel- ques détails sur la manière dont ces auteurs envisagent cette cir- culation. Il paraît généralement admis maintenant, qu’il n’y a pas comme le croyait Swammerdam, de véritable circulation vasculaire ana- logue à celle qu'on trouve dans les grands animaux, mais quel- ques observations récentes semblent indiquer une circulation ex- tra-vasculaire. | M. Carus, habile anatomiste Allemand, a vu dans les larves desNé- vroptères (Æphémères et Libellules) une circulation d’un liquide qui lui a paru être le suc nourricier (1). Ses observations lui ont mon- tré dans certains organes transparens des courans extra-vasculai- res, notamment dans les lamelles de la queue des larves d’Ægrion puella et dans les appendices latéraux de l'abdomen de celles de l'Ephemera vulgata. Ia vu un double courant de globules san- guins, courant qui, inégal mais continu dans l’animal vigoureux, était interrompu dans l'animal épuisé. Il croit que ces courans communiquent avec le vaisseau dorsal qu'il appelle cœur. Il n'a jusqu’à présent découvert aucune circulation dans les larves terres- (1) Entdeckung eines einfachen vom Herzen aus beschleunigten Blutkreislaufes en den Larven der Netzflüglicher Insecten. Leipzig 1827. 4.0 8. . tb ’ . 88 “PREMIÈRE PARTIES tres ni dans les insectes parfaits; ce. “bu vient peut-êtié ‘de l’opa- cité de leurs tégumens. Mr. Straus explique cette circulation dé la manière suivante: Le è vaisseau dorsal est le véritable cœur, il est sf moteur du “ sang qui, au lieu d’être contenu dans des vaisséaux, est répan-» | < du dans tout le corps. Ce vaisseau se termine ke. * rieurement * par une artère unique, non ramifiée, quËtransporte le sang da la tête, d'où il revient à l'abdomen par l'effet seul de son accu- mulation, pour rentrer de nouveau dans le cœur. C’est à quoi se réduit toute la circulation sanguine chez les insectes qui n'ont ainsi qu'une artère sans branches et pas de veines. PEN. Les observations de Carus paraissent avoir été vérifiées par les meilleurs naturalistes Allemands et mériter une grande confiance; malgré cela, il y a quelques points qui ont peut-être encore be- | soin de confirmation, et en particulier ces courans sont-ils le vrai * sang? et s'il en est ainsi, quelles sont leurs relations avec le cœur et les organes respiratoires ? D tr TR . - Telles sont les diverses opinions des naturalistes actuels sur la cir- ", __ culation; les uns la regardent comme nulle et croient que Le chyle est pompé par une simple imbibition et oxigéné sur place; les autres,croient à une circulation me As RE J'ai dû indiquer ici he opinions afin de faire mieux comprendre ce qui tient à la respiration des larves des Phryganides. 1 $. 2. De la Respiration chez les Insectes en général. + La respiration se fait chez les insectes au moyen des trachées, tubes cylindriques que maintient ouverts une lame élastique roulée en hélice; ces trachées sont blanches, argentées et se ramifient dans tout le corps. On trouve en général deux troncs principaux parallèles au vaisseau dorsal , situés sur les lignes latérales du corps. De ces troncs partent deux genres de branches; les unes aboutis- k . .* 4} ” ” ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 89 . sent aux ouvertures “externes et les autres distribuent l'air dans tout le corps. Je ne veux point suivre ici dan$ ses variations la ‘disposition interne des trachées, je veux seulement rechercher quel- les sont les différences que présentent les insectes relativement aux ouvertures de ces organes. C’est là en effet que se trouvent les principaux traits caractéristiques de la respiration des larves aqua- tiques et les généralités que je vais rappeler, sont nécessaires pour étudier à fond cette respiration dans les larves des Phryganes, qui offrent à cet égard un très-grand intérêt. Dans tous les insectes qui respirent dans l'air, l'ouverture des trachées forme ce qu'on nommeles stigmates, sorte de bouche plus ou moins simple par où l'air entre dans le corps. Aussi est-il facile de se rendre compte de la respiration de ces insectes aériens, car les stigmates ouverts recoivent l'air qui entre dans les trachées et de là -se distribue dans tout le corps. Mais si l’insecte vit dans l'eau , il est évident que ce mécanisme devient insuffisant , et deux moyens s'offrent pour leremplacer. Si l’insecte peut venir à la sur- face, il aura simplement des organes disposés de manière à lui fa- ciliter une prompte respiration, sans qu'il ait besoin de mettre tout son corps hors de l’eau, et en même temps à empêcher que ce liquide n’entre dans les trachées. Mais s’il ne peut pas venir à la surface , il lui devient nécessaire d’avoir un organe qui puisse extraire l'air de l’eau dans laquelle il est dissous. Je vais dire un mot de ces deux différentes organisations. 1.9 Organes destinés à faciliter à l'insecte une communication immédiate avec l'athmosphère. On pourrait ranger dans cette classe la conformation la plus simple possible pour arriver à ce but, celle où les stigmates sont situés vers l'extrémité du. corps, comme cela arrive pour les Dytisques qui ont ces orifices vers l'anus. Mais on trouve aussi quelques larves dans lesquelles des organes spéciaux produisent le même résultat. Ainsi vers l'extrémité de la larve du Cousin, on voit une espèce d'entonnoir qui fait un angle avec 12 90 PREMIÈRE PARTIE. l'axe du corps et auquel aboutissent les trachées. Cet entonnoir est rétractile au gré de l'animal, qui, quand il veut respirer, ne fait que sortir de l'eau l’orifice de cet organe garni de rayons destinés à le fermer, quand l’insecte le retire. Il serait facile de citer d'autres exemples remarquables dans lesquels les larves res- pirent ainsi au moyen de tubes, mais ce que j'en ai dit suffit pour faire comprendre de quelle manière se faît la respiration dans ces cas. 2.0 Organes destinés à tirer l'air de l'eau. Ces organes sont en général des espèces de sacs flottant dans l'eau et partant des li- gnes latérales du corps. Leur forme varie beaucoup, on les trouve dans un grand nombre de larves de Névroptères ; ils diffèrent entr'eux de position, et je ferai même voir qu'ils varient considé- rablement dans le même genre. Ils ont été indiqués et plus ou moins décrits dans les larves d'£phémères, de Sials et de Phryganes. Dans deux mémoires que j'ai lus à la Société de Physique et d'His- toire naturelle de Genève, et qui ont été imprimés dans les An- nales des Sciences naturelles , je les ai fait connaître dans les lar- ves de Némoures et de Perles, en indiquant des variations assez re- marquables d'espèce à espèce. Je renvoie pour la description de ces organes aux divers auteurs qui en ont traité en détail et prin- cipalement à DeGéer et à Réaumur. On sait que dans quelques Ephémeres ces sacs sont transparens et laissent voir à l'intérieur des ramifications de trachées; dans d’au- tres espèces du même genre ces sacs deviennent plus étroits, plus opaques, et enfin dans les Sialis et les Phryganes ils sont en gé- néral minces et allongés. Les différences de forme de ces organes n'empèchent pas de reconnaître leur analogie entr’eux. Je revien- drai plus bas sur leur nature, dans les larves qui font plus spé- cialement l’objet de ce travail ; je dois seulement rechercher ici quel est leur usage physiologique. Latreille croit que ces organes servent aux Ephémères non-seu- ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 91 lement à la respiration, mais encore à se mouvoir et qu'ils font l'office de nageoires ; en effet dans l’état ordinaire ils sont dans une agitation continuelle; ce mouvement peut cependant n'avoir lieu que pour faciliter leur action sur l'air. On s'accorde généralement à les regarder comme des organes respiratoires ; leurs orifices cor- respondant aux stigmates, leur communication par des trachées avec les grands troncs aériens justifient amplement cette opinion; il ne me reste donc plus qu'àrechercher comment se fait la respi- ration chez les larves qui en sont pourvues. Les belles expériencess de M. Dutrochet, présentées en 1832 à l'Académie des sciences de Paris, fournissent une explication sim- ple et satisfaisante de ces phénomènes. Ce physiologiste à étu- dié ce qui arrive lorsqu'on met, dans de l’eau renfermant de l'air, un mélange de gaz, contenu dans une cavité à parois perméables. Il a trouvé que toutes les fois qu'un mélange en proportions quel- conques d’azote, d’oxigène et d’acidecarbonique, renfermé dans une vessie, se trouve placé dans une eau qui contient de l'air en dis- solution , il y a à travers les parois de cette enveloppe un pas- sage du gaz, de l’intérieur à l'extérieur et réciproquement, jus- qu'à ce que la cavité ne renferme plus que de l’oxigène et de l'azote dans les proportions qui constituent l'air athmosphérique. Il est facile de voir que le même phénomène doit avoir lieu dans les organes respiratoires externes de nos larves. Ces organes , ainsi que les trachées, renferment après la respiration de l'oxigène en pe- tite quantité, de l'azote et de l'acide carbonique; d'après la loi ci-dessus l'acide carbonique sort et est remplacé par de l’oxigène. Le gaz contenu dans le corps se trouve donc toujours propre à la respiration. De ce qui précède on peut conclure que ces sacs respiratoires ne peuvent pas être assimilés aux branchies; car dans le sens qu'on y attache ordinairement, une branchie est une surface, sur laquelle le sang est envoyé par la circulation pour y être oxigéné 92 PREMIÈRE PARTIE. par l'air dissous dans l’eau. Or ici il est vraisemblable que l’oxigénation n'a pas lieu dans ces sacs respiratoires, mais bien à l'intérieur du corps. C'est donc à tort et par une analogie trop vague qu'on les a nommés branchies ; les noms de félets ou sacs res- piratoires qui n’indiquent aucune comparaison avec les animaux supérieurs où celui de fausses branchies me paraissent beaucoup préférables. ARTICLE SECOND. Organes internes de la Respiration et de la Circulation dans les larves des Ph ryganides. Les organes internes de la respiration des larves des Phryga- nides different tres-peu de ceux des chenilles. J'entrerai donc à leur égard dans peu de détails, renvoyant pour cela à Lyonnet qui a décrit en particulier chaque tronc et chaque branche des trachées. Ces recherches minutieuses m'entraineraient trop loin de mon but et donneraient lieu à trop peu de considérations nou- velles pour que je croie devoir m'y arrêter. Je me contenterai donc de décrire ce système trachéen interne d'une manière gé- nérale. On trouve sur les lignes latérales du corps, deux grands troncs principaux, qui s'étendent depuis la tête jusqu’à la jonction du dernier anneau avec l’avant-dernier. Ces troncs sont petits-eu égard à la grandeur de l'insecte ; ils sont blancs, argentés et de la con- sistance ordinaire des trachées. Dans chaque anneau ils fournis- sent des branches trachéennes nombreuses , qui naissent ordinai- rement par paquets, de manière que leur origine commune est à, peu près à l'endroit où se joignent deux anneaux consécutifs. De ce point naissent ordinairement trois faisceaux; le premier est ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 93 composé de trachées qui se rendent aux organes du dos (muscles etc.); le second se ramifie dans les muscles du ventre; enfin les branches du troisième vont se répandre sur les organes digestifs. Outre ces faisceaux, on voit quelques rameaux qui joignent les troncs principaux avec les organes respiratoires externes. Les bran- ches trachéennes sont surtout fortes et considérables dans les qua- tre à cinq premiers anneaux de l'abdomen, les plus faibles au con- traire naissent dans les anneaux antérieurs du thorax. La figure 5 PI. IIL. montre une larve ouverte par le ventre; on voit les deux troncs, leS faisceaux qui vont au dos > CEUX qui vont aux muscles antérieurs et les faisceaux libres qui se rendent aux organes digestifs. Il y a une partie dans laquelle les muscles droits du ventre ont été ôtés, afin de montrer les communications des sacs respiratoires et des troncs principaux. Chacun de ces sacs respiratoires reçoit une ou deux trachées, qu'on voit par trans- parence serpenter à l'intérieur; la figure 6 PI. III. en donne une idée. Nous devons encore ici décrire le vaisseau dorsal, quelques soient ses fonctions. Il s'étend dans toute la longueur du corps, il est à peu près uniforme dans l'abdomen et diminue dans le thorax, où il forme ce que M. Straus appelle l'artère; la partie abdominale prenant alors le nom de cœur. Ce cœur est composé de parties qui paraissent comme ajoutées les unes aux autres, chacune d'elles cor- respondant à un anneau; je n'ai pas vu les ouvertures que M. Straus y signale. Ce vaisseau est retenu par les ailes du cœur qui sont fortes , fibreuses, très-visibles ; l'artère m'a paru aller jusqu’à la tête, je n'ai pas pu voir sa terminaison. V 94 PREMIÈRE PARTIE. ARTICLE TROISIÈME, Organes Respiratoires externes dans les larves des Phryganides. Les différens auteurs qui ont étudié l'histoire des Phryganes n’ont décrit chez leurs larves qu’une seule forme d’appendices res- piratoires. Cette forme est la plus généralement répandue dans les larves qui étaient connues jusqu’à présent, mais elle est cependant loin d’être commune à tous les genres de la famille. Dans le plus grand nombre des larves de Phryganes propres on voit sur l'abdomen (PI. IL. fig. 9.), en dessus et en dessous, des es- pèces de sacs en cœcum. Ces sacs dont la longueur ordinaire dépasse un peu la moitié de la largeur de l'abdomen, sont d'un blanc mat, quelquefois un peu violacés. Ils sont fixés par leur _ extrémité ouverte , et celle fermée est flottante; leur position est transversale. Ces sacs ne naissent pas sur la ligne latérale; ceux du dos sont un peu en dessus de cette ligne et ceux du ventre en dessous. On peut en ouvrant l’insecte par dessous et en détachant avec soin les muscles droits du ventre voir les trachées pénétrer dans ces sacs (PI. II. fig. 5.). Elles ne paraissent pas s'y ramifier beaucoup ( PI. II. fig: 6.), autant au moins qu'on peut en juger par transparence. Ces sacs respiratoires sont couverts d’un prolongement de la peau, de manière que dans la mue qui a lieu lors du passage à l’état de nymphe, l'ancienne dépouille présente ces appendices avec leur même forme qu'avant le changement. Le nombre de ces sacs varie. Je n'en ai jamais vu sur le pre- mier anneau abdominal, sauf dans quelques Séricostomes ; le second en a ordinairement peu; le troisième et quatrième sont ceux qui en ont le plus, c’est-à-dire ordinairement six en dessus et autant en des- sous. Leur nombre diminue ensuite, de sorte que le dernier an- ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 95 neau n'en a jamais, sauf une exception dont nous parlerons , et l'avant dernier rarement. On n’en trouve jamais sur le thorax. La description que j'ai donnée ci-dessus de la position et de la forme des organes respiratoires externes ne peut s'appliquer qu'aux Phryganes propres, et dans les autres genres nous trouverons des formes très-variées. Il faut à cet égard distinguer les larves à étuis et les larves sans étuis, ces deux classes n'ayant presque rien de commun à cet égard. 1.0 Larves à étuis. Les variations sont beaucoup moins grandes dans les larves pourvues d'un véritable étui mobile. J'ai examiné dans cette catégorie un grand nombre de Phryganes propres, de Séricostomes et de Mystacides, et on peut dire en général que les PHRYGANES PROPRES se rapprochent toutes plus ou moins du type que nous venons de décrire, sauf quelques modifications dans le nombre des sacs respiratoires. La Phryganea varia Fab. (PI. XI. fig. 1.) offre cependant une exception, déjà signalée par De Géer, c'est que deux des sacs respiratoires de chaque anneau, au lieu d’être comme les autres couchés en dessus, sont renversés en ar- rière et flottent librement dans l’eau, à peu près comme ceux qui caractérisent les Sialis. Ces sacs visibles au premier coup-d'œil, don- nent à cette larve une figure assez particulière qui la ferait volon- tiers regarder comme un passage entre les larves sans étuis et celles des Phryganes propres. Dans les Séricosromes et dans quelques Mysracipes on trouve une organisation différente. Les sacs en cœcum, au lieu de naî- tre isolés, naissent en paquets, de manière que trois ou quatre s'ouvrent ensemble dans une base commune et forment comme un petit buisson à tige unique, très-courte et à trois ou quatre branches non ramifiées. Du reste le point de naissance de ces sacs est à peu près le même que nous le trouvons dans le cas ordinaire. Dans la larve du Sericostoma collare ( PI. IV. fig. 6 et 7.), les second, troisième et quatrième anneaux ont chacun 96 PREMIÈRE PARTIE. une paire de faisceaux dorsaux; le second et troisième ont une paire sur les lignes latérales ; le quatrième enfin à une paire de sacs uniques, ventraux. Dans les autres Séricostomes on retrouve une loi analogue, c’est-à-dire en général, des faisceaux sur les second, troisième et quatrième anneaux, et à mesure qu'on ap- proche des derniers, moins de faisceaux et des sacs uniques. Ces détails se retrouveront dans l'histoire particulière de chaque es- pèce. 2.9 Larves qui n'ont pas d'étuis mobiles. Ces larves , qui n'avaient jamais été décrites, sont précisément celles chez lesquelles les orga- nes respiratoires externes offrent les formes les plus varices et les plus remarquables. Elles peuvent être ramenées à deux types prin- cipaux ; le premier renferme les espèces dans lesquelles ces organes forment des touffes; le second celles où il n’y a aucun organe res- piratoire externe. Le premier type est nombreux et offre encore des subdivisions. Dans quelques RaxacopaiLes les faisceaux naissent exactement sur les lignes latérales et forment une houpe de filets divergens du même point (PI. IV. fig. 21.); une coupe verticale montre que ce faisceau est double quoique tenant à un tronc commun ( PI. IV. fig. 22 et 23.). De ces troncs partent deux branches, dont cha- eune est terminée par un faisceau, le supérieur est le plus con- sidérable. Le dernier anneau ne porte aucun organe respiratoire externe. Dans les larves de quelques Hypropsycués on trouve une orga- nisation assez remarquable. On voit en dessus de la ligne latérale naître, de chaque côté de chaque anneau, deux troncs dont le su- périeur se bifurque immédiatement (PI. V. fig. 12 et 13.). Il y a ainsi six branches en dessous de chaque anneau, trois de chaque côté; ces branches ne sont pas simples mais portent latérale- ment des sacs, disposés comme les barbes d’une plume dont la bran- che serait l'axe. Vus en dessus ils ne paraissent former qu’un fais- + us M: . LA - . e LT : é La ' ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 97 ceau unique; pour les bien voir il faut des coupes verticales. Ces larves sont surtout remarquables par leur dernier anneau (PL. V. fig. 6. ). Nous avons déjà décrit, en parlant des parties solides, la forme de cet anneau, les longs pédicules qui portent les crochets et la touffe de poils qui les termine. Ces poils, roi- des et forts, ont peut-être quelque fonction analogue aux houppes abdominales, cependant ils me paraissent trop minces pour cela. Vers le milieu de l'anneau et avant des crochets, à l'endroit où s'ouvre l'anus, on voit quelquefois sortir quatre sacs en cœcum, tout-à-fait analogues aux sacs respiratoires des Phryganes propres, mais rétractiles au gré de l'animal. Nous en avons déjà parlé en trai- tant du canal intestinal, nous avons dit que ces sacs communiquaient avec les troncs trachéens (PL. V. fig. 9.), et qu'il serait difficile de leur assigner d’autre fonction que celle de servir à la respi- ration. Mais pourquoi ce supplément d'organes ? pourquoi cette faculté de rétractilité ? ce sont des questions que je ne saurais ré- soudre. Le second type se compose, ainsi que nous l'avons dit , des larves qui n'ont aucun organe respiratoire externe; elles appartiennent aux RuyacoPHiLes et aux Hyprorsycnés. Elles respirent par des stigmates placés de chaque côté de chaque anneau abdominal , vers la ligne médiane et un peu en avant du milieu (PI. V. fig. 25.). Cette circonstance est remarquable et se rapporte à un fait analogue que j'avais déjà indiqué dans mon mémoire précité sur les Némoures. Ceci nous montre en effet que des larves d'espèces très-voisines, appartenant au même sous-genre , peuvent différer par l'absence ou la présence d'organes respiratoires externes. Nous voyons en même temps que les stigmates peuvent suffire à des insectes entière- ment aquatiques. J'ai remarqué que plusieurs des espèces qui sont dans ce cas, sont enveloppées d'une couche d'air qui reste adhé- rente à leur épiderme; de sorte que leur respiration aurait quel- 13 98 PREMIÈRE PARTIE. que chose d'analogue à celle de ce petit carabique qui vit dans le fond de la mer et dont les mœurs ont été décrites par M. Au- douin. On voit, par tout ce qui précède, que les organes respiratoires des larves des Phryganides sont sujets à de grandes variations, ce qui démontre qu'ils ne peuvent pas être à eux seuls, d'un usage très-sûr pour la classification de ces larves; mais ils sont des caractères très-commodes quand ils sont joints à d’autres, à cause de leur fixité dans l'espèce et de leur facilité à être observés. Nous aurons occasion d'en reparler en traitant de la classification dans la seconde partie. SECTION CINQUIÈME. ORGANES DE LA REPRODUCTION. Les organes générateurs des Phryganides viennent confirmer la loi, sur laquelle j'ai déjà plusieurs fois insisté, savoir que la vie de la Phrygane, considérée sous le point de vue physiologique, offre deux époques bien distinctes, correspondant aux deux états de lar- ve et d'insecte parfait. On chercherait vainement, dans tout le règne animal une classe qui fut aussi remarquable que celle des insectes sous ce point de vue. Jusqu'à ce que l’animal soit adulte, il ne présente aucune trace d'organes générateurs; mais depuis cette époque ces orga- nes se développent dans des proportions telles que les autres sys- tèmes s'atrophient et que l’insecte périt épuisé, dès que l'acte de la réproduction a été effectué et que la mère a pourvu à la conser- vation de sa postérité. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 99 Ce prodigieux développement des organes générateurs a lieu pour le mâle aussi bien que pour la femelle, et chez tous les deux la cavité abdominale arrive à être fortement distendue par ces par- ties, qui occupent une place plus considérable que toutes les autres. Nous examinerons successivement le développement de ces organes, puis leurs formes, dans le mâle et dans la femelle. ARTICLE PREMIER. Développement des organes de la Reproduction. Ce développement des organes de la reproduction a été étudié avec un grand soin par le docteur Hérold, sur la chenille qui produit le papillon du chou (f). Il a suivi toutes les phases que parcourent ces organes soit dans le mâle soit dans la femelle. J'ai eu à plusieurs reprises occasion de vérifier pour les Phryganes la justesse de ses observations; mais je n’ai pas pu voir les germes dans les larves aussi jeunes que les chenilles où il les a aperçus. Ce n’est guère que quand la larve se dispose à passer à l’état de nymphe, que l’on commence à voir, dans le cinquième anneau abdominal des femelles ( PI. IIT. fig. 9. ), un commencement d’ovaires sous la forme d’un petit corps allongé, terminé par deux fils très-fins ; dont le supérieur se perd dans le tissu adipeux, et dont l'inférieur, que je n’ai pas pu suivre, va vraisemblablement rejoindre les or- ganes contenus dans le dernier anneau. On voit en même temps se développer dans ce dernier anneau les autres parties qui composent les organes génitaux ; savoir, pour le mâle, les vésicules séminales et les vaisseaux spermatiques, et (1) Herold's Entwickelungsgeschichte der Schmetterlinge. Cassel und Marburg. 1815 4.° avec planches. ; » 100 PREMIÈRE PARTIE. pour la femelle, les vésicules vaginales et la poche copulatrice ( PI. III. fig. 9.). Ce mode de développement montre clairement que ce ne sont ni les ovaires qui naissent des vésicules, ni les vésicules qui naissent des ovaires, mais que chacun de ces organes se forme dans la place qu'il occupera. Ces observations seraient une nouvelle preuve de la loi de l’Epigénésie ou loi du développement de la circonférence au centre, si cette belle découverte dont M. Serres est le prin- cipal auteur avait encore besoin de confirmation. Dès que la nymphe est formée, ces organes croissent rapidement; les ovaires s’allongent , et, sans dépasser supérieurement le cinquiè- me anneau, viennent joindre les vésicules par des canaux très- courts. Ces ovaires , d’abord étroits (PI. IIT. fig. 10.), prennent en- suite un grand développement et l’on voit les œufs d’une manière très-distincte (PI. IL. fig. 11. et PI. V. fig. 20.). ARTICLE SECOND. Organes génitaux du Mâle. : Je dois commencer cet article en annonçant que ce n'est qu'avec réserve que je présente la description de ces organes. La figure 7. PI. III. est incomplète ; mais je n'ai pas pu avec certitude repré- senter les testicules, car ces organes sont entourés de tissu adi- peux, et, en les en débarrassant, il m'est toujours arrivé de les endommager plus ou moins. Quoiqu'il en soit je vais exposer ce” que J'ai vu. Les organes générateurs du mäle sont composés dans les Phry- ganes des testicules, des vaisseaux spermatiques , de la vésicule séminale, du conduit éjaculatoire et de la verge. Les Testicules paraissent sous la forme de deux gros corps ré- à ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 101 niformes, blanchâtres , des deux côtés de l'abdomen, à la hauteur des quatrième, cinquième et sixième anneaux. Leur consistance semble au premier coup-d'œil granuleuse et uniforme ; mais, je le répète, je n'ai pu voir qu'imparfaitement leur nature. Je suis porté à croire qu’ils sont formés de vaisseaux nombreux , entre lesquels se dépose du tissu adipeux dont il est très-difficile de les dégager. Vers le tiers inférieur de la face interne de ces corps réniformes, s'ouvreun Canal déférent , mince, grèle, qui après avoir fait quelques replis, va s'ouvrir dans celui des vaisseaux spermati- ques qui est situé de son côté ( PI. III. fig. 7. a. ). 2.9 Les Vaisseaux spermatiques sont deux canaux en cœcum, d'un diamètre assez considérable et égalant à peu près l’insecte en longueur. Ils font des replis de manière à ne pas atteindre le quatrième anneau, et reçoivent comme nous l'avons vu les con- duits qui amènent la liqueur séminale des testicules. Leur partie inférieure est la plus mince, et leur extrémité est renflée en une sorte de sac. Non loin de la vésicule seminale et avant que d’y entrer, ils se joignent en un seul canal déférent très-mince. 3.0 La Vésicule séminale est un petit renflement ovoide, situé im- médiatement derrière la verge. Elle forme un récipient à parois minces , et est ouverte à ses deux extrémités, d’un côté dans le canal déférent et de l’autre dans le canal éjaculatoire. 4.° Le Canal éjaculatoire et la V'erge. Le canal éjaculatoire forme l'axe de la verge; celle-ci est terminée par une petite pince cor- née et protégée à sa base par deux écailles qui l'embrassent, la couvrent dans presque toute son étendue et par leur réunion lui donnent une forme ovoïde, plus mince en bas qu’en haut. Cette verge est située en dessous du dernier anneau (PI. III. fig. 8. ). Elle est protégée en dessus par l'anneau tout entier, de côté par une partie cornée qui se replie en dessous, et en outre par deux grandes écailles pointues. Elle est garantie en dessous par une petite lame sur laquelle elle passe. A l’état ordinaire cette verge est 102 PREMIÈRE PARTIE. visible à l'extérieur et en jetant les yeux sur la figure 8, on verra qu’on peut facilemement reconnaître un mâle à l'inspection de son dernier anneau. e ARTICLE TROISIÈME. Organes génitaux de la Femelle. Les organes génitaux de la femelle sont composés des ovaires, des vésicules vaginales, d'une autre paire de vésicules , de la poche copulatrice et de l’oviductus (1). 1.0 Les Ovaires. Nous avons déjà vu comment ils naissent et comment ils s’allongent peu à peu et arrivent jusqu'au septième ou huitième anneau, en étant toujours minces. Inclinés des deux côtés d’une ligne médiane, ils sont terminés en haut par le 4- gament terminal des ovaires, et en bas par les trompes qui sont minces, vides, peu fortes et qui se réunissent à l’oviductus. Une fois que l'ovaire a atteint sa longueur , tout le développement a lieu sur les œufs. En croissant ils augmentent le diamètre de l'ovaire, deviennent très-visibles et finissent par former une sorte de grappe. Ils sont arrangés par lignes obliques, aboutissant toutes au canal central; ces lignes sont des petits canaux renfermant en bas un œuf bien développé, puis au-dessus un qui l'est moins et ainsi de suite; chacun de ces canaux finit par former un ligament qui va se réu- nir au Jigament terminal. Le canal central de l'ovaire est de toutes parts entouré ‘du premier œuf de chacune de ces séries (PI. II. fig. 1r. et PI. V. fig. 20.) ; (1) Gaëde dans son mémoire intitulé : Beyträge zur Anatomie der Inseckten. Altona 1815. 4.°, donne une figure des organes générateurs de la Phryganea grandis; mais les formes y sont difficiles à comprendre, et diffèrent assez sensiblement de celles que nous décrivons ici et dont la Ph. Striata nous a fourni le type. ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 105 2.9 Les V’ésicules vaginales sont deux tubes en cœcum, s’ouvrant dans ce canal commun, en dedans des ovaires et ne les égalant pas à beaucoup près en longueur. Elles sont grosses, d’un blanc mat, cylindriques , et on ne voit pas de fibres dans leur tunique. Leur usage est inconnu, peut-être sécrètent-elles la gelée qui entoure les œufs; peut-être aussi cette matière est-elle due à la seconde paire de vésicules dont nous allons parler. Elles sont évidemment les analogues des vésicules séminales du mâle. 3. La seconde paire de Vésicules est formée dans les Phryganes propres de tubes en cœcum, mais ces tubes sont situés à la partie postérieure de l’oviductus (PI. III. fig. 13.), ils sont repliés sur eux-mêmes, et s'ouvrent au-dessous des poches précédentes par un canal tres-mince. Leur extrémité libre est grosse et arrondie. Ces vésicules sont beaucoup plus courtes que les précédentes et ne sont presque pas visibles antérieurement (PI. IIT. fig. 10.) Les HypropsycHés ont une conformation un peu différente; les vésicules vaginales présentent à leur base un renflement qui forme même inférieurement un petit cœcum ( PI. V. fig. 20); en arrière et comme analogues de la seconde paire de vésicules , on voit deux tubes , qui minces dans toute leur partie inférieure, sont presque aussi longs que les vésicules vaginales et terminés par une sorte de vessie ou renflement. Ces tubes s'ouvrent dans l’oviductus à la même place que la seconde paire de vésicules des Phryganes propres. 4.° La Poche copulatrice est grande, ovoïde, molle, située entre les deux vésicules et vide dans l’état ordinaire ( PI. III. fig. ro. ). Vers son milieu s'ouvre un petit cœcum qui se dirige vers la tête (PI. IT. fig. 12.); ce cœcum est simple, un peu plus mince que les vésicules et plus court que la poche. Vers la base de ce vais- seau s'ouvre le canal qui joint la poche à l’oviductus , il y entreun peu au-dessous de la jonction des vésicules séminales. M. Audouin regarde la poche copulatrice comme recevant la 104 PREMIÈRE PARTIE. liqueur séminale dans l'acte de la fécondation et la répandant de là sur les ovaires (1). 4.° L'Oviductus est un tube applati, vide et égal dans toute sa longueur, produit par la réunion des deux vésicules vaginales. Il reçoit le conduit de la poche copulatrice, les trompes et les deux autres vésicules. Sa longueur n'excède guère celle du dernier an- neau. Les œufs que pondent les Phryganes sont petits, arrondis, peu visibles au moment de la ponte. Ils sont toujours enveloppés d’une gelée ( PL. IL. fig. 14.). Cette gelée est quelquefois transparente comme du verre, quelquefois sa surface extérieure est un peu plus forte et opaque; dans quelques espèces elle est colorée et com- pacte. C’est ce qui arrive dans celles qui portent leurs œufs sus- pendus à l'extrémité de l'abdomen. J'ai compté environ cent œufs dans un paquet pondu par une Phryganea striata ; ces œufs sont ovoides, blanchâtres (PI. III. fig. 15.). Au bout de quelques jours on voit à une de leurs ex- trémités un point noir très-sensible (fig. 16. et 17.). Ce point est le rudiment de la jeune larve ; quelquefois aussi on trouve à l’ex- trémité opposée un point beaucoup plus petit (fig. 16.), dont je n'ai pas pu savoir l'usage. La larve se développe peu à peu , on la voit par transparence sous la forme d’un petit ver sans pattes, : tantôt courbée (fig. 18.), tantôt droite (fig. r9.); son thorax se distingue à sa couleur plus noire. Enfin quand elle est arrivée à son entier développement, elle éclot en brisant l'œuf. Je revien- drai sur ce point plus en détail dans le chapitre suivant, en pré- sentant l’histoire des mœurs des Phryganides. (?) Ann. des Sciences naturelles, Juillet 1824. æ ANATOMIE DES PHRYGANIDES. 105 h SIXIÈME SECTION. SÉCRÉTIONS SPÉCIALES. Je n'ai dans ce dernier article à traiter que des vaisseaux qui fournissent la soie à l'insecte pour fabriquer sa demeure. Ces vais- seaux sont presque semblables dans toutes les larves que j'ai ob- servées et disparaissent dans la nymphe; je me bornerai donc à les décrire dans les larves des Phryganes propres ( PI. III. fig. 1.). Ces vaisseaux sont deux tubes d'un diamètre assez considéra- ble, situés en dessous du canal intestinal, terminés en cœcum , se repliant chacun trois à quatre fois sur lui-même et formant quel- quefois , peut-être accidentellement, des anastomoses informes. Ils ne s'étendent pas au-delà du cinquième anneau de l'abdomen; leur extrémité antérieure est la plus mince, ils suivent les deux côtés de l'œsophage, puis passent en dessous, embrassent le ganglion sous-œsophagien et viennent s'ouvrir dans la base de la lèvre in- férieure que nous avons reconnu être en forme de filière. Ces vaisseaux sont très-développés dans la larve, mais dès qu’elle se change ‘en nymphe ils se détachent de la bouche, diminuent peu à peu de volume, s’atrophient et disparaissent. Telle est la seule sécrétion spéciale dont j'aie à parler ici; j'ai décrit ailleurs les sécrétions spermatique, biliaire et urinaire. # k 14 CHAPITRE V. MOEURS ET HABITUDES DES PHRYGANIDES. L'histoire des mœurs des Phryganides présente un si grand nom- bre de faits remarquables et peu connus, que je crois devoir con- sacrer un chapitre de cette première partie à présenter sommai- rement un tableau de la vie de ces insectes depuis l'œuf à l'état parfait. Je chercherai à réunir dans ce chapitre les points les plus intéressans et les plus généraux, et à faire comprendre la liaison qui existe entre les mœurs des divers genres et leur organisation. Je pourrai, de cette manière, me borner dans la seconde partie à indiquer pour chaque espèce les détails qui la caractérisent plus spécialement, sans revenir sur les circonstances communes à la plupart des Phryganides ou à toutes les espèces d’un même genre. Un des faits qui frappe le plus vivement, quand on étudie leurs mœurs, est de voir des larves, nées dans les mêmes circonstances et avec une organisation qui semble au premier coup-d'œil tout à fait uniforme, employer des moyens si divers pour se mettre à l'abri des agens extérieurs. Quel admirable instinct que celui qui apprend à ces larves à se filer des étuis, à les recouvrir de ma- tières étrangères , à proportionner leur poids à leur propre force et à les rendre solides et portatifs! N'y a+il pas lieu d'admirer et de bénir la Providence qui a ainsi pourvu, par des moyens à la fois simples et variés, à la conservation de tous les êtres,.et l'œuvre de la création ne paraît-elle pas d’autant plus belle et plus majes- tueuse à mesure que l’on reconnaît que les détails en sont si ri- ches. L'histoire des fourmis, celle des abeilles, les métamorpho- MOEURS DES PHRYGANIDES, 107 phoses des papillons étaient depuis long-temps déjà des preuves de ces innombrables ressources données aux animaux pour leur conservation ; l’histoire des Phryganes, remarquable par une variété plus grande encore, vient ajouter à ce que nous savions à cet égard. : \ Il serait difficile à celui qui n'a jamais fait que considérer va- guement les richesses de la nature, de s’imaginer que le plus petit ruisseau, des étangs quelquefois bourbeux, renferment tant de mer- veilles, et cependant quelle incroyable activité règne dans toutes les eaux, qui arrosent le globe! Poissons, mollusques, crustacés, ané- lides, insectes y sont tellement nombreux qu'on peut affirmer, sans crainte de se tromper, que l’eau est plus peuplée que la terre. Cette grande population de l’eau est composée d'espèces en par- tie ennemies les unes des autres, et parmi lesquelles le règne absolu de la force fait que les petits deviennent généralement la pâture des grands. Il en résulte immédiatement que les petites espèces ont dù avoir un moyen de se préserver des grandes, et en particulier les larves des Phryganes molles et peu agiles auraient été trop facilement détruites, sans cette habileté qu’elles ont à se faire des étuis solides. La faculté qui leur fait construire ces étuis tient à l'instinct plus qu'à l'intelligence. Il est bien difficile de fixer les limites de ces deux facultés, cependant l'instinct se caractérise en général par plus d'uniformité dans les moyens, et parce qu'il n'est pas perfec- tible. Nous avons peine à concevoir l'instinct, car toutes les actions de l’homme portent l'empreinte de l'intelligence, et tous ses tra- vaux sont caractérisés par la variété des moyens et la perfectibilite. . Nous nous rendons à cause de cela difficilement compte d'une fa- culté qui fait agir un animal par un moyen fixe, sans que l’exem- ple ou aucune circonstance extérieure puisse expliquer l'emploi de ce moyen. Mais malgré la difficulté que nous avons à compren- dre l'instinct, il est évident qu’une pareille faculté existe; c’est *? 108 PREMIÈRE PARTIE. elle qui fait que les abeilles déposent toujours leur cire en cellu- les hexagones et n'employeront jamais une autre forme; c’est elle aussi qui dirige les insectes dans la manière dont ils doivent déposer leurs œufs. ’ Dès leur naissance les larves des Phryganes se font des étuis; si on prend une jeune larve dès qu’elle est éclose, et qu'on la mette dans un vase avec des matériaux à sa portée, on verra qu'elle ne tardera pas à se faire un étui aussi bien qu’à un âge plus avancé. Elle n’est ici guidée ni par l'exemple, ni par l'intelligence, mais bien par l'instinct. On ne peut pas, en effet, attribuer cet acte à l'exemple, puisqu'elle est seule, et il faudrait supposer une intel- ligence gigantesque à ce petit insecte qui n’a pas encore vécu, pour croire qu'il peut prévoir le besoin qu'il aura d’un étui protecteur. Un fait remarquable est que, déjà à cette époque, chaque espèce choisit des matériaux différens. Les unes, telles que la Ph. rhom- bica , disposent transversalement des brins de bois ou des débris végétaux ; d'autres emploient les mêmes matériaux , mais les pla- cent longitudinalement; plusieurs se servent de pierres, quelques- unes de sable fin; enfin il y en a un grand nombre qui bätissent des retraites fixes sur des corps que leur pesanteur rend immo- biles. : :.. Ces larves sont cependant placées dans les mêmes ruisseaux , elles ont à leur disposition les mêmes matériaux et le même but à at- teindre ; d'où vient donc cette diversité? Elle ne peut résulter que d'une prédisposition , uniforme dans son essence pour toutes, diffé- rente dans les détails pour chaque espèce, et qu'est-ce qu'une pa- reille prédisposition, sinon de l'instinct. Ce ne peut pas être l’intel- ligence qui engage la Ph. rhombica à disposer ses matériaux trans- versalement, car pourquoi cette même intelligence les ferait-elle mettre longitudinalement à la Ph. lunaris. Comment d'ailleurs sup- poser que la larve qui vient de naître, sans exemples et sans ex- périence, adopte constamment le mode de disposition particulier MOEURS ‘DES ‘PHRYGANIDES. | 109 à son espece, si on ne lui suppose pas une prédisposition instinc- tive. Cette prédisposition est du reste démontrée par une foule de faits analogues, qu'il serait impossible ne une intel- ligence qui , Sielle agissait seule, serait bien supérieure à celle des grands animaux. Ci " Il y a cependant un fait qui semblerait indiquer plus de res- sources que celles qu'on peut attendre d’un instinct imperfecti- ble. Si on place une larve accoutumée à faire un étui de paille et de brins d'herbes dans un vase où il n'y ait que de l’eau et de petites pierres, on voit après quelques hésitations la larve employer ces nouveaux matériaux et en construire un étui avec presque au- tant de perfection que les larves qui les font toujours en pierres. Cette faculté d'employer d’autres matériaux que ceux dont elle se sert ordinairement, semblerait jusqu'à un certain point sortir du domaine de l'instinct, cependant on conçoit facilement que la même cause qui lui eut fait employer des matériaux herbacés peut bien lui indiquer l'usage des pierres. Nous aurons occasion de re- venir sur ces considérations et de rechercher jusqu’à quel point les larves peuvent changer de matériaux. Je n'ai pas la prétention en nommant l'ënstinct, de vouloir ex- pliquer ces curieux phénomènes. Je ne veux que réunir ensemble des faits qui sont le résultat d’une faculté inconnue dans son prin- cipe et son essence, mais se manifestant par des résultats dont les caractères sont unité et constance dans les moyens, et absence de perfectibilité. L'histoire de chaque espèce nous fera connaître en détail les pro- cédés spéciaux qu’emploie la larve pour se conserver. Mais il est certains caractères généraux, communs à toutes les Phryganides, que je crois devoir développer dans ce chapitre préliminaire. Pour cela nous suivrons la Phrygane depuis qu’elle sort de l'œuf jusqu'à ce qu’elle en ponde de nouveaux , c'est-à-dire depuis sa naissance à sa mort. J'indiquerai ici les traits principaux de son histoire, et la J LÉ 110 PREMIÈRE PARTIE. seconde partie fera connaître les détails et les différences. Il faut en- core ici rappeler les deux époques de la vie de la Phrygane que nous avons distingués anatomiquement en éfat de larve et état parfait, et physiologiquement en état d'accroissement individuel et état pro- pre à la reproduction. Dans l'histoire de leurs mœurs et habitudes nous devrons encore distinguer ces deux époques; dans la pre- mière l'insecte n'a qu'à pourvoir à son existence individuelle; dans la seconde, il a à pourvoir à la conservation de ses œufs et à celle des petites larves qui en naïîtront. Je n'établirai pas de divisions dans ce chapitre d'après ces épo- ques; je me contenterai de les rappeler quand j'en aurai besoin. Je considérerai successivement l'état d'œuf, de larve, de nymphe et d'insecte parfait. PREMIÈRE SECTION. ÉTAT D'ŒUF. Les œufs sont renfermés dans des boules de gelée (PI. II. fig. 14.) tantôt arrondies, tantôt aplaties et irrégulières. Cette gelée est une secrétion produite, ainsi que je l'ai dit plus haut, par quelqu'un des vaisseaux qui ont leur ouverture vers loviductus. Quand la Phrygane pond les œufs, ils en sont déjà enveloppés et réunis en une seule masse ; mais l'aspect de cette gelée est à cette époque tout différent de ce qu'il sera plus tard; ce n’est en quelque sorte qu'un tissu spon- gieux, presque sec, ridé, compact, n'ayant guère qu'une à deux lignes de diamètre dans les plus grandes Phryganes. L'insecte laisse tomber dans l’eau ce paquet qui se fixe sur quelque pierre ou sur quelque feuille, et là son tissu s’imprégne d'eau, se développe, MOEURS DES PHRYGANIDES. 111 devient transparent et il acquiert jusqu’à quatre lignes de diamè- tre. On commence alors à voir les œufs enfermés dans une véri- table gelée. On les trouve ordinairement fixés aux pierres qui ne sont pas loin de la surface et du bord de l’eau; quelquefois les bords des rivières en sont couverts au point que le fond en prend une teinte verdâtre; tantôt ils sont en dessus de la pierre, tantôt en des- sous ou latéralement. Quelques auteurs en ont vu hors de l'eau, sur les feuilles des plantes, mais je n’en ai jamais trouvé dans cette position. Il est vraisemblable que c’est en se développant et en s'imprégnant d’eau qu'ils s’attachent aux pierres par une sorte de collage. La consistance de cette gelée varie suivant les espèces. Dans les unes elle est parfaitement transparente, et ne saurait être mieux comparée qu'à l'humeur vitrée de l'œil; dans d’autres elle est un peu opaque vers le bord et légerement colorée; les SÉricosro- mes et les Ruvacopuires l'ont en général verdätre. J'ai exposé dans le chapitre précédent la forme des œufs et leur position dans cette gelée. Cette matière est vraisemblablement destinée à maintenir l'œuf humide quand il n’est pas dans l'eau. Ainsi les Phryganes pon- dent souvent leurs œufs sur des pierres, qui à sec en été seront couvertés d’eau dans le temps où les œufs éclosent. Cette circon- stance peut en partie expliquer comment il arrive-qu'il y ait des larves dans des fossés qui sont privés d’eau pendant tout l'été, fait qui devait étonner quand on pense à la courte durée de la vie de la Phrygane parfaite. Les petites larves naissent peu de temps après la ponte , et pas- sent l'hiver à l’état de larve pour devenir insectes parfaits dans la belle saison, à des époques qui varient suivant les espèces, mais qui sont assez constantes dans chacune. Elles éclosent dans la gelée et y vivent plusieurs jours; elles sont à cette époque 112 PREMIÈRE PARTIE. presque imperceptibles et semblables à des petites lignes noires; les coques des œufs restent dans cette gelée qui se détruit peu à peu quand elle n’est plus nécessaire. SECONDE SECTION. ÉTAT DE LARVE. Deux ou trois jours après la naissance, la jeune larve sort de la gelée où elle a éclos et commence immédiatement à se fabri- quer de tres-petits étuis, proportionnés à sa grandeur, employant déjà les matériaux caractéristiques de son espèce. J'ai déjà fait plu- sieurs fois remarquer que c'était une erreur grave, mais en même temps accréditée jusqu'aujourd'hui, que de croire que toutes les larves de Phryganes se font des étuis mobiles. Plusieurs genres de larves ne s’en font jamais, mais bien des abris plus ou moins imparfaits, fixés au sol ou à de grosses pierres, auxquels ils don- nent plus de solidité quand ils doivent protéger la nymphe. Ces larves sont celles d'Hypropsycaés et de Rayacopuires. Mais pour le moment j'en ferai abstraction, et quand je parlerai des étuis, je n’entendrai que ceux fabriqués par les larves de Pary- GANES propres, de Mysracipes et de Séricosromes. Je reviendrai ensuite sur ce qu'il y a de spécial aux larves sans étuis. MOEURS DES PHRYGANIDES. 113 ARTICLE PREMIER. Larves à étuis mobiles. $. 1. Habitation et nourriture des larves. Les larves des Phryganes sont toutes aquatiques. On en trouve dans presque toutes les eaux douces ; chaque espèce affectionne certaines localités, ainsi les unes aiment les eaux courantes, d’au- tres les eaux stagnantes. J'ai vu quelques espèces ne se trouver que dans les ruisseaux purs et limpides et plus abondamment dans les sources de fontaines. Il y en a qui recherchent les eaux cou- rantes, et parmi celles-ci les unes restent attachées aux herbes du rivage , d'autres marchent au fond de l’eau, quelques-unes même vivent sous les pierres ; il y a des espèces qui ne se trouvent que là où le courant est rapide. Il en est enfin qui sont toujours dans les fossés ou étangs, dans lesquels l’eau est constamment tranquille ; elles ont alors moins besoin de s'attacher aux herbes ou aux pierres , aussi en trouve-t-on souvent qui flottent sur la surface ou ‘entre deux eaux. Cependant les espèces habitant les eaux décidément stagnantes sont rares, ces larves craignent l’eau corrompue et n'y peuvent pas vivre. Nous avons vu qu'elles se fixaient aux herbes et aux pierres ; quelquefois elles ne font que se cramponner avec leurs pattes ; d’autres fois elles filent quelques soies, qui joignent l’étui au corps auquel elles veulent s'attacher. Les larves des Phryganes sont en général herbivores; je les ai toujours nourries avec des feuilles de saules, et toutes celles à étuis en ont mangé volontiers. Les grandes espèces mangent toute la feuille en commençant par le bord, mais les petites ne peuvent pas faire de même, et se contentent d'en couper le parenchyme en laissant les nervures intactes. En outre presque toutes les larves 15 114 PREMIÈRE PARTIE. de Phryganides mangent des autres insectes aquatiques, quand elles en trouvent l’occasion, et même elles se jettent souvent sur leurs pareilles, quand celles-ci sont dépouillées de leur étui. Je les ai quelquefois même vu, en captivité, tuer des larves enfer- mées dans des étuis peu résistans. Leurs machoires peu tran- chantes ne leur permettent en général que de manger la partie molle, c’est-à-dire l'abdomen ; elles laissent intacte la tête, le corselet et les pattes. Elles sont assez voraces proportionellement à leur grandeur ; elles peuvent cependant vivre très-longtemps sans manger. J'en ai con- servé souvent en hiver, sans leur donner aucune nourriture, elles ont vécu plusieurs mois sans paraître aucunement souffrir de cette privation, et se sont même métamorphosées. $. 2. Forme des Étuis. Le point le plus intéressant de leur histoire est ce qui tient aux étuis ; ils varient heaucoup de forme, et leurs principales va- riations sont dues aux matières étrangères qui les recouvrent; matières dans le choix desquelles entrent pour peu de chose l’élé- gance et la grâce. Il est à remarquer , à cet égard, que les espèces qui se servent de pierres et de sable pour les construire ont, à cause de l’uniformité de ces. matériaux, des étuis d’une forme plus régulière et plus constante que celles qui emploient des ma- tières végétales. Ces matières végétales, en effet, sont ou des brins d'herbe, ou des petits morceaux de bois, ou des feuilles, et en général tout morceau de plante qui se trouve dans l’eau par un accident quel- conque. Il y a des espèces qui se servent volontiers de coquilles, dans lesquelles il arrive souvent que le mollusque n’est pas mort, et continue à vivre dans cette nouvelle position. Ce qu'il y a de commun à tous les étuis, c'est qu’ils sont for- MOEURS DES PRYGANIDES. 115 més d’un tissu fin et assez fort, produit par une soie que l'animal fait sortir de sa filière et qui se durcit promptement en acquérant une telle solidité, qu'on a souvent assez de peine à la rompre. Cet étui est toujours très-régulier et cylindrique, ordinairement plus large en avant qu'en arrière , quelquefois cependant égal aux deux bouts, souvent un peu arqué ; toutes ces nuances se- ront décrites dans la seconde partie. L'étui soyeux ne se forme pas isolément et indépendamment des matières qui le recouvrent, mais il résulte de ce que chaque corps; qui vient s'ajouter à ceux qui sont déja placés, leur est joint par des fils de soie atta- chés en dedans. La larve a soin que, quelque irrégulier que soit l'extérieur, l’intérieur en soit toujours parfaitement lisse. Je vais essayer de donner une idée des principales formes des étuis. Les plus irréguliers sont, comme je lai dit plus haut, ceux qui sont composés de matières végétales. Le plus grand nombre des larves disposent ces matières longitudinalement avec plus ou moins d'ordre (PI. IX. fig. 3.). On trouve beaucoup d’étuis pa- reils formés de débris de feuilles et de brins de bois ou d’herbes; quelques espèces emploient des feuilles toutes entières, ce qui rend l’étui très-plat et semblable à un amas fortuit de débris végétaux. Mais cette irrégularité fait place à une grande régularité dans quelques espèces. Il y en a qui coupent des fragmens de feuilles égaux entr'eux et qui les disposent en hélice d’une manière très- régulière; dans d’autres on remarque des verticilles assez constans. La Phryganea varia (PI. XI. fig. 1.) est un exemple remarquable d'un étui tres-régulier, composé de matières toutes végétales. La régularité se retrouve aussi en général dans une autre elasse- d'étuis herbacés, ce sont ceux formés de matériaux disposés trans- versalement (PI. IX. fig. r. et 2.). La larve coupe alors des brins d'égale longueur ou à-peu-près, et les mettant tangentiellement à létui soyeux, elle forme ainsi un espèce de prisme, à base 116 PREMIÈRE PARTIE. octogone ou hexagone, assez régulier. Ces brins ne sont pas ordinairement par verticilles, mais bien en hélice très-serrée. Il arrive souvent que la larve ne trouve pas tous ses matériaux de diamètre égal; alors l'étui perd beaucoup de cette régularité. J'ai vu de ces étuis composés en. partie de bois et en partie de co- quilles ou d’autres matériaux. Quelquefois même ils sont uni- quement composés de coquilles (PI. IX. fig. 2. c.); mais alors ils reprennent toute leur régularité. Parmi les espèces qui font leurs étuis en pierres il y a aussi des formes très-différentes. Les unes se servent de pierres assez grosses, les fixent comme nous avons vu que l'étaient les matériaux végétaux, et forment ainsi des étuis régulièrement cylindriques (PL VL. fig. 1. 2. etc.). D'autres prennent des pierres beaucoup plus petites, et pour ainsi dire du sable; alors le tissu soyeux est plus fort et les pierres ne servent qu’à l'empêcher de se flé- chir en lui donnant de la rigidité, mais ne peuvent pas lui pro- curer une grande solidité pour résister à une rupture. Ces étuis sont en général les plus uniformes de tous dans la même espece, parce que les matériaux sont partout les mêmes ou à-peu-près (PI. XIL. fig. 1. 2., et PI. XIV. fig. r. 2.). Ils sont ordinaire- ment forts, un peu arqués , plus larges à l'extrémité antérieure qu'à la postérieure, et rappellent un peu la forme d’une corne. Quelques espèces, telles que la Phryganea fusca (PI. X. fig. 1.), se font des étuis de pierres mélées de matériaux herbacés le plus souvent tres-longs. Tels sont les principaux types des formes des étuis. Quelle que soit cette forme, il faut qu'elle satisfasse à certaines conditions; ils ne doivent pas être trop pesans, parce qu'alors l’insecte aurait de la peine à les faire mouvoir; aussi voyons-nous que quand ils sont de pierres, la larve a soin de choisir des cailloux minces et légers, offrant plus de surface que d'épaisseur, et quelquefois MOEURS DES PHRYGANIDES. 117 d'y ajouter des brins de bois léger, pour diminuer leur pesanteur spécifique. Ils doivent aussi éviter l'excès contraire et ne pas être trop légers ; car alors ils tendraient à s’élever et amèneraient l’insecte à la sur- face. Pour cela les espèces qui se servent de matières végétales les emploient très-chargées d'eau et par cela-même pesantes, et ajoutent souvent à leur étui des pierres qui semblent destinées à servir de lest. J'ai en général vu les larves refuser la paille ou autres matériaux trop légers. La forme cylindrique des étuis les rend capables de résister à d'assez grandes pressions. Aussi la larve trop faible pour se dé- fendre se retire-t-elle dans l’intérieur, dès qu’elle a quelque danger à craindre, de même que le limaçon se cache dans sa coquille. Lorsqu'elle marche, elle sort la tête et le thorax pour que les pieds agissent à l'aise, et traîne son étui derrière elle, mais dès qu’elle voit ou entend quelque danger tout disparait et l'étui semble inhabité. $. 3. Expériences sur les Larves privées de leur étui. Pour bien voir la fabrication de ces étuis, il ne suffit pas d’exa- miner des larves en liberté et vivant dans les ruisseaux, il faut encore en élever et les faire travailler sous ses yeux ; mais pour conserver long-temps les larves de Phryganes en captivité, il faut beaucoup de précautions; certaines espèces vivent facilement, mais il en est d’autres qu’on ne peut élever qu’à force de soins. On doit éviter d'en mettre un trop grand nombre dans le même vase, qu'on aura toujours soin de laisser ouvert et à l'abri de la grande chaleur. Il faut surtout que l’eau reste toujours limpide, et pour cela on doit la renouveler souvent, car s'il vient à périr une seule larve, il arrive souvent qu’elle corrompt l’eau et fait périr toutes les autres. Le moment où les larves meurent le plus facilement 118 PREMIÈRE PARTIE. et où il faut redoubler de soins, c'est quand elles passent à l'état de nymphes. Je vais donner le résumé de quelques observations que j'ai faites sur la manière dont se comportent les larves sorties de leur étui. Pour faire sortir une larve de son étui il faut employer certaines précautions, car si on la tirait par la tête, elle se cramponne- rait si fortement avec ses crochets abdominaux, qu'on ne pour- rait pas la retirer entière, et si on fend l'étui longitudinalement , on peut facilement la blesser. Le meilleur moyen est de la pousser par derrière avec une pointe émoussée ou une tête d'épingle ; elle avance ainsi peu à peu et finit par sortir, la pression sur le der- nier anneau l’empéchant de se servir de ses crochets. On la dé- pouillera ainsi sans la blesser, pourvu qu'on agisse avec douceur et que la pointe soit suffisamment émoussée. Si l'on met une larve ainsi sortie à côté de son étui, elle tà- chera d'y rentrer , ce qu’elle fera le plus souvent par l'extrémité antérieure, ensorte qu’au premier moment elle sera en sens inverse de son ancienne position. Si l’étui est exactement cylindrique, ce qui est rare, elle restera dans cette position; mais pour peu qu'il soit conique, elle cherchera à se retourner. Il y a des espèces dont l’étui est large ou susceptible d’un peu de dilatation; alors la larve réussira et se retrouvera dans la bonne position; ainsi les étuis irréguliers composés de végétaux permettent en général à l'animal de se retourner. Mais si l’étui est de pierres et du dia- mètre de la larve, comme cela arrive souvent, elle est obligée de rester dans cette position; dans ce cas elle coupe circulairement le petit bout, le reconstruit du même diamètre que celui de l’autre extrémité , et rend ainsi son étui cylindrique. La larve ne rentre presque jamais immédiatement dans son étui ; elle tourne autour et l’examine avec soin avant que de s’y remettre. Elle reprend à-peu-près aussi volontiers un autre étui de la même espèce que le sien propre; mais pour peu que le nouveau soit d'une MOEURS DES PHRYGANIDES. 119 autre forme ou d'une autre grandeur que le sien, elle préfère le reconstruire. Il y a des espèces, et en particulier la PA. vuria, dans lesquelles l’étui est si large que la Phrygane s'y retourne fré- quemment et qu'elle n’a pas pour ainsi dire de préférence pour un côté plutôt que pour l’autre. $. 4. Fabrication de l'Etui. Si, après avoir sorti une larve de son étui, on la met dans un vase avec des matériaux, on la verra s'en fabriquer un autre. Cette fabrication fort intéressante à observer mérite que nous nous y arrêtions quelques momens. | La larve ainsi nue se promène dans tout le vase pour recon- naître le terrain et choisir un endroit propre à confectionner cet étui. Les larves qui travaillent le plus volontiers sont celles qui se font des étuis de pierres, parce que.ce sont elles à qui l’on peut le plus facilement fournir les matériaux qui leur conviennent; aussi ai-je surtout en vue ici la fabrication d'un étui pareil. La larve choisit deux ou trois pierres assez grandes et plattes et en fait, une voute mince, soutenue par des fils de soie, au-dessous de la- quelle elle se loge. Ce premier point accompli on la voit succes- sivement prendre une pierre avec les pattes et la présenter comme un maçon le ferait, cherchant à ce qu'elle entre exactement dans les intervalles et à ce que la surface plane soit à l’intérieur. Quand elle est contente de sa position, elle l’attache par des fils de soie aux pierres voisines; ces fils se collent aux pierres, et continus de l’une à l’autre, ils les retiennent ensemble. Elle fait la même chose pour chaque pierre, en se tenant toujours en dedans de son ouvrage et se tournant successivement, de ma- nière à avoir entre ses pattes la pierre qu’elle pose. Elle reste dans cette position environ cinq ou six heures à faire un étui, en sortant 120 PREMIÈRE PARTIE. le moins possible et se contentant de s'étendre un peu en avant pour saisir les pierres qui lui conviennent. Si la larve se sert d’autres matériaux, la fabrication de l'étui est la même, mais en général moins longue, attendu leur plus grande surface. On remarquera presque toujours que la larve commence par la partie postérieure et qu'ensuite elle avance peu à peu. Il arrive quelquefois qu’elle fait d'abord son étui trop long, surtout sil est herbacé ; alors, se sentant gênée , elle en coupe une partie. J'ai fait quelques essais pour voir jusqu'à quel point on peut faire travailler des espèces avec des matériaux qui ne sont pas les leurs, et j'ai trouvé que pour les espèces qui font des étuis de pierres , il est très-difficile de leur en faire fabriquer en végétaux, et qu’elles ne le feront qu'autant qu’elles trouveront des matériaux dont la forme ne s’écartera pas trop de celle de leurs pierres. Mais les espèces qui font des étuis de végétaux consentent facilement à en construire de pierres; d'autant plus qu'elles sont parfois obligées, dans l’état de nature, à s’en servir pour lest ou pour fermer leurs étuis, mais elles ne les emploient pas avec au- tant d’habilité que les espèces dont c’est l'habitude. Je les ai vu en général choisir des matériaux trop pesans et les lier avec une solidité qui aurait été suffisante pour des feuilles, et qui ne l'était plus pour des pierres. Le plus souvent elles font les étuis trop longs, et sont alors obligées d'en retrancher un morceau. Il est une classe d’étuis que je n'ai pu faire fabriquer aux es- pèces qui n'en ont point l'usage, ce sont ceux en sable très-fin. Les larves que j'ai mises sur du sable fin, n'ont su en tirer aucun parti, et sont mortes nues malgré tous leurs efforts. Pendant toute sa vie la larve est obligée de réparer son étui. Je ne crois pas qu'elle en change quand elle grandit, ainsi qu'on l'a affirmé, mais je crois que successivement elle l’allonge et coupe la partie trop étroite qui se trouve au bout postérieur; e’est à cette circonstance qu'on peut attribuer la forme conique qu'ils MOEURS DES PHRYGANIDES. 121 présentent le plus souvent. Il arrive quelquefois, qu'arrivées à une certaine époque de leur vie, les larves de quelques espèces , qui dans leur jeunesse font des étuis de feuilles, les réparent, les allongent avec des pierres et finissent par avoir des étuis en- tièrement pierreux. Cette circonstance, qui n’a lieu dans l'état de nature que pour quelques espèces, est presque générale en do- mesticité, et cela vient, je crois en grande partie, de ce qu'il est difficile de donner aux larves captives des matériaux tels qu'elles les désirent. J'ai presque toujours vu en captivité, les larves à étuis végétaux avoir vers la fin de leur vie des étuis de pierres. En général les étuis s'altèrent beaucoup dans les vases où on conserve les larves, d’a- bord par la difficulté qu'ont ces larves de les réparer de la manière normale , et ensuite parce que se trouvant gènées à cause du peu d'espace, elles sont obligées de les couper; aussi est-il rare que les larves à étuis très-longs , les conservent tels. Si l'on en met plusieurs dans le même vase, elles se mangent mutuellement toutes les portions de végétaux qui dépassent le tuyau de leurs étuis, ensorte qu’elles tendent à deveniruniformément cylindriques; aussi ne peut-on pas conclure la forme naturelle des étuis, de leur forme altérée, après plusieurs semaines de captivité. f: 5. Précautions employées par la larve quand elle passe à l'état de nymphe. Vers la fin de sa vie la larve a encore d’autres précautions à prendre, car la nymphe, vu la mollesse de ses organes et son impossibilité de fuir, serait à la merci de ses ennemis, si elle n'avait pas plus de protection que la larve; aussi peu de temps avant de se métamorphoser celle-ci s'enferme dans son étui et le bouche. Cette clôture de l’étui a lieu de différentes manières. Dans quel- ques espèces la larve fait aux deux bouts une grille ou tamis de 16 122 PREMIÈRE PARTIE. la même soie que l'étui. Cette grille assez régulière , composée de fils peu serrés, laissant entr'eux des jours , et dans une position (PI. VIII. fig. 4. c.) perpendiculaire à l'axe, ferme l'ouverture sans empêcher l'eau de passer, et l’insecte à l'abri se métamor- phose en nymphe. Quelquefois la grille n'est pas le seul préservatif, et la larve dispose obliquement des brins de bois, des feuilles et des pierres qui défendent l'entrée. Ces objets , retenus par des fils de soie, ne sont pas assez serrés pour empêcher l’eau de passer ( PL. VIII fig. 4. d.; PI. XI. fig. 1. b.et c.). En dessous de ce premier appareil on trouve quelquefois la vraie grille, mais souvent il suffit et en tient lieu. Quelques espèces ferment les étuis avec une seule pierre platte (PL. VIL fig: 2: 2.5 PLX fig. tr. 10. etes). Outre ces précautions la larve a encore soin de fixer son étui à quelque corps solide. Les espèces qui vivent dans des fossés ou étangs n'en ont pas besoin ; aussi voit-on souvent les étuis grillés flotter ou déposés au fond ; maïs toutes les espèces qui vivent dans leseaux courantes doivent s'attacher. Les larves fixent ordinairement leur étui par son bord antérieur à une pierre, à des plantes, quelquefois à d’autres larves. Elles ont soin dans cette opération de ne pas boucher entierement l'ouverture, afin que l’eau puisse se renouveler; aussi les voit-on le plus souvent attachées oblique- ment. Une des manières les plus curieuses de mettre la nymphe à l'abri, est celle employée par la Phr. striata (PI. VI. fig. 1. a.), qui entre dans la terre en ne laissant en dehors que l'extrémité de l’étui ; je reviendrai sur ce procédé dans l’histoire de cette espèce. 1 Q1 MOEURS DES PRYGANIDES. 1 ARTICLE SECOND. Larves qui ne se font pas d'étuis mobiles Nous avons remarqué plus haut, que tout ce que nous avons dit sur les étuis, ne pouvait pas s'appliquer aux larves d'Hypropsy- cHés et de RuyacoPuiLes; il nous reste à dire un mot de ces deux genres. Leur caractère est de vivre sans étuis proprement dits; mais comme elles*ont besoin de protection, elles se construisent des abris momentanés. Dans cette construction on retrouve les mêmes différences d'espèce à espèce que dans les Phryganes propres, et en même temps la même unité de travail dans la même espèce. Le principe général de construction est toujours le même, c'est- à-dire: que ces abris sont formés de matériaux étrangers unis et retenus ensemble par des soies que file la larve. Mais au lieu d'employer de petits matériaux et de les fixer sur un étui cylin- drique, un des côtés de l'abri est presque toujours adossé à quel- que corps beaucoup trop pesant pour être déplacé par la larve, et cet étui n'est donc plus comparable ni pour la nature, ni pour l'usage à ceux des Phryganes propres. Je vais essayer de donner une idée de leurs principales formes. Les unes, et ce sont celles qui se rapprochent le plus des Phry- ganes propres, choisissent, sur un fond de gravier ou de cailloux, une place où deux ou trois pierres se rencontrant forment déjà une espèce de coin. Elles tapissent de quelques soies l'angle déjà formé et, pour achever l'abri, y transportent des pierres d’un vo- lume moindre, analogues à celles qu'emploient les larves de Phry- ganes. Elles forment ainsi une espèce de maison fermée de toutes parts, sauf en un point où une ouverture très-irrégulière permet à la larve d'entrer et de sortir. Quelquefois, si la larve est sur un 124 PREMIÈRE PARTIE. fond tout composé de grosses pierres, l'abri est simplement ter- miné d’un des côtés par des soies que la larve établit alors assez fortes et épaisses. La grosseur des pierres qui forment la première base de cet abri varie beaucoup. Quelquefois ce sont des pierres pesant plusieurs livres, quelquefois elles ne sont guère plus grosses que la larve elle-même ; mais je n’ai vu aucun cas où elles fussent assez légères pour que l'étui put devenir mobile. D'ailleurs les maté- riaux sont liés les uns aux autres d’une manière trop lâche pour cela (PL XV. fig: 1. .; Pl. XVIT: fig’ r°e., fete. ): D'autres espèces choisissent la partie plate d'une grosse pierre, se placant quelquefois en dessus, quelquefois en dessous ou la- téralement. Elles tendent des fils de manière à se cacher sous une calotte adhérente à la pierre dans tout son bord; ces fils forment un réseau entre les mailles duquel l'insecte peut entrer et sortir. Le plus souvent la larve fortifie cette calotte avec des corps étran- gers ; les différentes espèces d'Hydropsychés à larves sans bran- chies en offrent des exémples. Les unes ont cette calotte couverte de pierres ( PI. XIX. fig. 1. c:), d’autres de matières végétales ; dans ce dernier cas, elle est très-irréguliere et ressemble à un amas de débris. La larve rampe en quelque sorte en dessous (PI. XIX, fig: 2: e. ). Il y a des espèces qui font ces réseaux encore plus grands et si irréguliers qu'ils ne méritent plus le nom de calotte; deux ou trois larves quelquefois couvrent ainsi la surface d'une pierre. L'eau dépose de la vase entre les mailles , et en soulevant cette couverture imparfaite, on trouve les larves qui ne sont point dans des cavités particulières, mais qui serpentent dans la vase et sous le réseau qui la retient Quelquefois ces réseaux ou amas de fils soyeux gar- nis d'un peu de vase, sont flottans au fond de l’eau, particulière- ment dans les eaux stagnantes des marais ou les ruisseaux peu profonds. MOEURS DES PRYGANIDES. 125 Il est encore un genré d'abri très-remarquable, que j'ai trouvé dans la larve de l’Aydropsyche maculicornis. Cétte larve se fait (PI. XVIII. fig. 2. c.) des petits chemins couverts, ou boyaux en terre ou vase dont un côté est appliqué sur une pierre et dans lesquels elle circule. Ces boyaux très-minces, car la larve est très- petite, forment des dessins irréguliers et même quelquefois sont si nombreux que les pierres en sont comme réticulées. Quand elle est près de se métamorphoser elle le ferme. Le caractère général de tous ces étuis, est donc d’être immo- biles; quand la larve veut changer de place elle sort de son abri. Elle y rentre très-facilement , car nous avons vu que l’intérieur n'est pas cylindrique comme dans les Phryganes propres. Elle peut s'y cacher toute entière et s’y retourner facilement; mais le plus souvent quand la larve sort de son abri elle n’y rentre pas et en construit un autre là où elle est. Souvent même elle reste très- longtemps sans abri; on en trouve souvent. sous les pierres ou entre les pierres qui n’ont d'autre protection que celles que peu- : vent leur fournir les cavités naturelles qu’elles rencontrent. Ces larves vivent presque toutes dans des eaux courantes, ce qui les rend difficiles à élever. Elles sont nombreuses dans les ruis- seaux ou rivières; aussi ne peut-on que s'étonner qu'elles aient jusqu'ici entièrement échappé aux recherches des naturalistes. Ces abris peuvent leur suffire pendant qu'elles vivent à l’état de larves; car elles peuvent voir et fuir le danger. Mais elles seraient trop exposées si, quand elles sont devenues nymphes, elles n'étaient pas mieux protégées. Aussi toutes les larves de ces deux genres (Hydropsychés et Rhyacophiles) se font-elles des abris solides quand elles sont prêtes à se métamorphoser. Quelque soit le genre d’abri qu'elles aient dans leur jeune âge de l’état de larve, elles se font, pour se métamorphoser , un abri composé de pierres solidement unies. Le plus souvent cet abri est une calotte hémi-ellipsoide (PI. XV. fig. 1 à.; PI. XVII. fig. r. e. 126 PREMIÈRE PARTIE. etc.) et appliquée sur la face plane d’une pierre. Les maté- riaux en sont solidement unis ensemble et à la pierre qui sert de base. Dans l’intérieur est une cavité hémi-ellipsoïde dont les pa- rois sont lisses comme l’intérieur des étuis de Phryganes; c’est dans cette cavité qu'est la nymphe. Cet abri est fermé de toutes parts, l’eau cependant peut passer entre les pierres. Quelquefois ces abris se forment entre deux pierres; alors la larve n’a qu'un petit nombre de matériaux à rapporter: Quelque- fois elle place ces abris à la face supérieure des pierres, mais le plus souvent de côté ou inférieurement , et surtout au-dessous de saillies, s’il y en a. Le tissu soyeux se prolonge aussi sur la pierre qui sert de base, de manière que la nymphe en est environnée de toutes parts. La larve construit cet abri de la manière dont nous avons vu les Phryganes construire leurs étuis. Elle fixe les maté- riaux en commençant par l'extrémité opposée à la tête, entre et sort pour chercher des matériaux, puis pose la dernière pierre vers sa tête. Il est rare que ces retraites de la nymphe ne soient pas compo- sées de pierres ; car celles même qui à l'état de larve se contentent de retraites vaseuses , comme l’Æydropsyche flavo-maculata, em- ploient des pierres pour protéger les nymphes. L’Æydropsyche maculicornis cependant, que nous avons vu se construire ces boyaux de terre, se métamorphose dans leur intérieur sans chan- ger leur nature. Nous avons déjà vu dans le chapitre précédent que les nymphes des Rayacoruires sont entourées d’une double enveloppe; cette en- veloppe interne est produite par la larve avant son changement en nymphe; elle se métamorphose dans l'intérieur de cette peau, qui a déjà à cette époque acquis toute sa solidité. MOEURS DES PHRYGANIDES. 2127 SECTION TROISIÈME. ÉTAT DE NYMPHE. Nous venons de voir comment la larve se prépare à ce chan- gement d'état qui doit lui donner la forme de nymphe. Elle reste trois à quatre jours, quelquefois plus, dans l’étui grillé, et au bout de ce temps le changement a lieu de la manière que nous avons décrite au chapitre précédent. La nymphe est libre dans l’étui, sauf dans les Rhyacophiles, où comme je viens de le dire elle est re- vêtue d’une double enveloppe. Cette nymphe est immobile, et son seul] mouvement est une. oscillation de l'abdomen presque cons- tante. Elle reste dans cet état quinze à vingt jours ; après ce temps elle ouvre l’étui, en coupant la grille avec ses mandibules. A cette époque ses membres ont pris de la consistance , aussi peut-elle se mouvoir dans l'eau au moyen des pattes intermédiaires, que nous avons vu être ciliées de poils noirs assez forts, qui en font des rames. Elle nage à la manière des Notonectes, c'est-à-dire le dos en-dessous et en se servant de ses pattes comme avirons. Ces nymphes sont très-agiles et fuient avec une grande rapidité. Elles vont en général chercher un endroit sec pour éclore, et là elles étendent leurs membres et reprennent la position ordi- naire le dos en-dessus. Au bout de quelques instans la peau se gonfle par une sorte d'emphysème , se détache du corps et se fend sur le dos; l’insecte ailé sort par cette ouverture en dégageant d’a- bord le corselet, puis la tête et ensuite les antennes, les pattes et les ailes. Pendant ce temps l'abdomen fait beaucoup de mou- vemens, et la peau dégagée de la partie antérieure du corps le laisse aussi sortir. La Phrygane ainsi dépouillée est l'insecte parfait, et elle n'a plus de chaugemens de peau à subir avant sa mort. + 128 - PREMIÈRE PARTIE. Il y a peu de différence d'espèce à espèce pour ces changemens de peau. Les nymphes recherchent un endroit sec, et si on ne le leur fournit pas en captivité, on n'aura jamais que des Phryganes mal écloses et dont les ailes ne deviendront pas planes. La dé- pouille de la nymphe est rejetée dans l’eau ou reste fixée là où l'in- secte est éclos, ce qui n’a jamais lieu bien loin du bord, car la nymphe ne peut que difficilement marcher sur le terrain, comme le font celles des Perles et des Némoures. SECTION QUATRIÈME. ” ETAT PARFAIT. Au moment où naît la Phrygane elle est encore päle et molle, et n'acquiert son entière coloration que quelques heures après. Elle est très-vite en état de voler, mais en général elle ne s'éloigne pas beaucoup du voisinage des eaux. On voit voler les Phryganes surtout le soir, au-dessus des ruis- seaux, principalement là où ils sont sain Dos le jour elles se tiennent volontiers sous les feuilles dans les buissons et aussi sur les murs et les troncs d'arbres. Certaines espèces sont quelquefois si nombreuses, qu'elles forment des nuages au - dessus des rivières. L'apparition des Phryganes diffère suivant les espèces. Il y en a qui naissent dans le mois d'Avril, un grand nombre naît en Mai, Juin et Juillet, quelques-unes ne naissent qu'en automne; le mois, d'Août est l'époque où l'on en voit le moins. La durée totale de leur vie est d'environ un an, dont la plus grande partie à l’état de larve. . MOEURS DES PHRYGANIDES. 7 4 129 Peu de temps après être écloses les Phryganes s'accouplent, puis pondent leurs œufs, ainsi que nous l'avons vu, sur les pierres des ruisseaux. Quelques espèces portent vers l'abdomen un paquet ver- dâtre qui renferme ces œufs dans une gelée très-dense à cette époque, mais qui devient transparente dès qu’elle est imbibée d'eau. La Phrygane meurt peu après cette ponte, car sa tâche est accom- plie et l'organisation imparfaite de ses organes nütritifs ne lui per- met pas une longue vie à l’état parfait, ———— 17 niet Ni te WE 11 190 edmisig BE N mer } UT AN AAIL LL qui dt it 31189 30 SON Vif, LUE” WU agan sara Je alle dis #40 quest SECONDE PARTIE. HISTOIRE PARTICULIÈRE DES PHRYGANIDES DU BASSIN DU LÉMAN. PREMIER GENRE. PHRYGANES PROPRES. — (PHRYGANEA Auct.) La Car. Ailes supérieures ayant des nervures transversales vers la bifurcation des nervures principales ; ailes inférieures plissées. An- tennes en soie de la longueur du COrpé' où des ailes. Palpes maxil- laires peu velus , Ceux du mâle à trois articles et ceux de la femelle à cinq ; le dernier article ovoide, plus court que la réunion des deux précédens (PI. I. fig. 1.). Ce genre renferme les espèces les plus grandes et les plus connues de la famille; les caractères ci-dessus suffisent pour le distinguer 132 SECONDE PARTIE. facilement des genres voisins (1). Ces insectes se trouvent ordinai- rement au bord des eaux, mais s’en écartent en général plus que les autres Phryganides. Les larves se font toutes des étuis mobiles, de diverses formes et matieres. Elles ont une tête et un thorax écailleux et des pattes médiocres ; leurs organes respiratoires naissent isolés et sont en général couchés transversalement sur le dos et le ventre. 1. P. Fauve. (PI. VL fig. 1.) P. Striata. Fab. Grande , fauve ; yeux noirs ; antennes de la longueur des ailes , fauves ; thorax brun avec le milieu plus clair ; ailes supérieures fauves, un peu marbrées, avec le bord interne plus clair ; nervures fauves ; ailes inférieures transparentes, un peu irisées. ALDOVRAND , Ins. pag. 763. Acra UnsaLra, 1736. XXVII. ». Reaumur, Ins. IIT. Tab. XIII. fig. 8. 9. 11. Ras, Ins. 274. 2. Gsorrroyx , Ins. IL. p. 246. n.° 1 (mais pas la figure). Friscx, Ins. 13. Tab. 3. Sca%rrer, Icones. Tab. 168. fig. 2. et 3. Fagricrus , Entomologia systematica, Tome IL. p. 75. n.°2. P. Striaia. De Vixers, Entomologia, Tome IIT. p. 28. n.° 0. Fourcrox, Entomologia. part. II. p. 353. Museum LEskEANUM, p. 51. n.° 26. Rossrus, Fauna Etrusca. n.° 670. Ouvier, Encycl. Méth. p. 358. n.° 3. WiLHezm, Récréations , etc. Tome IIT. fig. 32. Larreiczé, Hist. Nat. Tome XIII. p. 87. n.° 3. (1) Voyez les Tableaux analytiques, Partie première pages 24 et 28. PHRYGANES PROPRES. 155 Obs. La Phr. striata Linn. et Scopoli n'est pas la même, car ces deux au- teurs lui donnent pour caractère le mot nigra. Longueur du corps: 7 à 8 lignes; avec les ailes fermées: 41 à 12 lignes, Drscirrion. La tête est fauve, chargée de quelques poils de la même couleur ; les yeux sont noirs ; les antennes de la couleur de la tête, sans taches et éga- lant les ailes en longueur; les palpes sont peu velus. Le thorax est brunûtre, avec deux taches latérales , qui font paraître le milieu plus clair; l'abdomen est fauve, un peu plus foncé à l'extrémité postérieure. Les ailes supérieures ont leur bord arrondi; elles sont larges, d’un fauve un peu marbré par un mé- lange de petites taches plus obscures; cette couleur devient plus foncée dans le voisinage du bord interne de l'aile, qui est lui-même d'un fauve beaucoup plus clair, de manière que quand les ailes sont fermées , leur partie qui couvre l'abdomen forme une tache claire en forme de triangle allongé, entourée de toutes parts de brun; les nervures sont fauves. Les ailes inférieures sont larges, plissées , transparentes et irisées. Les pattes sont fauves et leurs épines noires. La larve de cette espèce (PI. VI. fig. 1. c.) est grosse, sa tête et son thorax sont bruns , avec une bande longitudinale noire sur le corselet ; le mésothorax et le métathorax ont quelques points noirs. Les pattes sont courtesiet brunâtres. L'abdomen est fauve, avec des sacs respiratoires peu nombreux. L’étui est primitivement composé de feuilles ; mais à mesure qu’elle grandit la larve le répare et l'augmente avec des pierres, de sorte qu'il finit presque toujours par être entièrement pierreux (PI. VI. fig. 1. b.). Ces pierres sont à-peu-près égales, et l’étui a environ 10 à 12 lignes de longueur ; mais quand la larve veut se métamorphoser elle l'allonge beaucoup avec des pierres plus grosses et le ferme (PI. VI. fig. 1. a.); ces étuis ainsi fermés ont jusqu’à 18 lignes de longueur. La manière dont les larves passent leur état de nymphe mérite d'être remarquée; elles ont coutume de s’enfoncer verticalement dans la vase qui forme le fond du ruisseau , jusqu'à ce que l'on ne voie plus que les dernières pierres par quelles l'étui est fermé. Pour cela la larve se retourne dans l'étui, passe sa tête et ses pattes par le petit bout et creuse un trou > après quoi elle reprend sa position ordinaire. À ce moment la larve se transforme, et trois semaines environ après que l'étui a été enterré; la nymphe sort et éclot vers la fin de Juin ou les pre- miers jours de Juillet. 154 SECONDE PARTIE. Cette espèce est commune ; je l’ai trouvée abondamment dans les ruisseaux qui coulent au pied du Salève. Sa larve aime en général les eaux limpides et courantes ; je ne l’ai cependant pas trouvée dans les rivières. 2. P. Porrue (PI. VI. fig. 2.) P. Pilosa. Oliv. Grande, fauve ; yeux noirs; antennes de la longueur des ailes, fauves ; tho- rax ayant deux taches brunûtres; ailes supérieures d’un fauve marbré, uniforme, à nervures fauves ; ailes inférieures transparentes , irisées. Far. , Entom. System. Il. p. 76. n.° b. P. pilosa. Oxiv., Enc. Méth. p. 540. n.° 7. De Virzers, Entom. III. p. 40. n.° 44. CEDERMIELM, Faunæ Ingricæ Prodomus. p. 138. n.° 419. Larr., Hist. Nat. Tome XIII. p. 87. n.° 5. Longueur du corps: 7 à 8 lignes; avec les ailes fermées: 11 à 12 lignes. Descrupmion. La tête est fauve, chargée de quelques poils de la même couleur ; les yeux sont noirs; les antennes fauves et sans taches égalent les ailes en longueur ; les palpes sont peu velus. Le thorax et Fabdomen sont fauves ; le mésothorax porte en-dessus deux taches latérales plus foncées , l'abdomen est ter- miné par du brun noirâtre. Les ailes supérieures, à-peu-près arrondies, sont larges, fauves, marbrées comme celles de l'espèce précédente ; mais cette cou- leur est uniforme sur toute l'aile, à l'exception d’une petite tache arrondie qu’on remarque quelquefois vers son milieu. Les pattes sont fauves et portent quel- ques épines courtes et noires. Les larves de cette espèce (PI. VI. fig. 2. b.) sont agréablement variées de jaune et de noir. Elles sont moins ramassées que celles de l’espèce précédente, et les pattes sont plus longues. La tête et le thorax sont fauves, pointillés de noir. Le prothorax et le mésothorax ont des taches de cette couleur très-mar- quées ; le métathorax a quatre points , d’où partent des poils. L'abdomen est jaune, les filets respiratoires sont peu nombreux. Les pattes sont fauves, pointillées de brun, surtout vers leurs bords antérieur et supérieur. La nymphe (PI. VL. fig. 2. c.) est d'un jaune citron quand elle vient d’être formée, puis devient fauve, et quand elle est près d’éclore les rudimens de ses PHRYGANES PROPRES. 155 ailes sont bruns. L'abdomen porte les mêmes sacs respiratoires que la larve ; les trois derniers anneaux sont fortement ciliés de poils noirs. Les larves se font des étuis cylindrico-coniques , un peu arqués, composés de pierres, de débris de tuiles, etc. ; elles vivent sur le gravier du fond de l’eau et se tiennent volontiers sous les pierres. Vers la fin de Juin elles bouchent l'ouverture antérieure (le gros bout) de leur étui avec des pierres de toutes formes , en général plus grosses que celles qui le composent. Ces larves ne s’en- foncent pas dans la terre comme celles de l'espèce précédente, mais se fixent à quelque pierre par le petit bout de leur tuyau. Au milieu de Juillet la nymphe brise la cloison qui ferme l’étui, et va éclore sur un endroit sec. Cette espèce est commune ; ses larves habitent les ruisseaux d'eau claire et courante ; je les ai trouvées abondamment dans tous les environs de Genève. Si "D con mouce. (PL XI. fig. 2.) P. Rubricolhis. Mihi. Grande, fauve, avec les antennes et le dessus de la tête et du mésothorax noirs; ailes brunätres. Longueur du corps: 6 lignes: avec les ailes fermées : 9 lignes. Descriprion. La tête est noire en-dessus et fauve en-dessous; les antennes sont noires ; le corselet est d'un fauve rougeâtre, ainsi que la partie inférieure des deux autres anneaux du thorax et de l'abdomen. Les ailes supérieures sont d'un brun noirâtre, luisantes, à nervures noires ; on remarque quelquefois vers leur milieu un point blanchâtre peu marqué. Les ailes inférieures sont plus claires, grisâtres. Les pattes sont de la couleur du corselet, avec les épines et l'extrémité des tarses noirs. Cette belle espèce ne m'est connue qu'à l’état parfait ; je l'ai trouvée dans la vallée du Reposoir près Cluses (Faucigny}) vers la fin de Juillet. 4. P. Tesracée. (PI. VI. fig. 3.) P. Testacea. Gmel. De taille moyenne, d'un fauve testacé clair, yeux noirs, ailes transparentes , un peu velues, à poils courts. 156 SECONDE PARTIE. Guen , Syst. Nat. p. 2637. P. testacea. Oxiv ?, Enc. Meéth. p. 559. n.° 28. P. brunnea. Mus. Lesk., Pars. Ent. p. 51. n.° 37. P. brunnea. Longueur du corps: 4 lignes; avec les ailes fermées: 7 lignes. Descriprion. Cette espèce a quelque rapport avec la P. pilosa, mais elle en diffère par sa taille moindre et ses ailes plus transparentes. Elle est toute en- tière d'un fauve testacé clair, avec le dessus de la tête et les antennes un peu rougeâtres. Le thorax est assez velu ; les ailes supérieures sont étroites, arron- dies à l'extrémité, transparentes , à nervures très-claires ; elles portent surtout vers leur bord interne quelques poils ; leur brièveté et leur inclinaison en arrière distinguent cette espèce de la P. villosa, avec laquelle il serait sans cela facile de la confondre. Les épines des pattes sont noires. Les larves sont brunes (PI. VI: fig. 3. 5.), très-pointillées de noir ; Ja partie antérieure de la tête, celle du corselet et le milieu du mésothorax sont d’une teinte un peu plus foncée ; l'abdomen est jaune; les filets respiratoires peu nom- breux. Les pattes sont assez longues, brunes , avec des points noirs. Elles se font des étuis de pierres, très-réguliers, droits et solides (PI. VI. fig. 3. a. ). Leurs mœurs sont celles de la P. pilosa ; elles vivent comme elle dans les ruisseaux d'eau courante et éclosent au mois de Juin. Cette espèce n'est pas très-commune dans nos environs. 5. P. À anrennes norres. (PI. VI. fig. 4.) P. Nigricornis. Mihi. Fauve; yeux et antennes noires , tête et thorax bruns en dessus, ailes supérieures larges, d'un fauve grisâtre avec quelques taches blanches peu visibles. Longueur du corps: 5 à 6 lignes; avec les ailes fermées: 9 lignes. Dsscriprion, La tête est brune en dessus et fauve en dessous, ainsi que les palpes ; les antennes sont noires. Le thorax et l'abdomen sont d’un fauve foncé avec leur partie supérieure brunâtre. Les ailes supérieures larges sont d’un fauve grisâtre, granuleuses , plus foncées vers le bord interne, avec les nervures de la même couleur. Vers leur base et entre les nervures on remarque quel- ques taches blanchâtres, moins marquées que dans l’espèce suivante. On trouve: PHRYGANES PROPRES. 157 aussi une tache de la même couleur au milieu de l'aile, et une sur la commis- sure, là où les nervures transversales se rencontrent; les ailes inférieures sont transparentes. Les pattes sont fauves avec quelques épines noires. La larve (PI. VI. fig. 4. Bb.) est grosse, et se distingue facilement à la cou- leur uniforme d'un brun marron de sa tête et de son prothorax. Le mésotho- rax et le métathorax sont plus clairs , avec quelques taches noires. L'abdomen est d'un fauve grisâtre, les filets respiratoires peu nombreux. Les pattes sont courtes et fauves. Elles se font des étuis (PL. VI. fig. 4. a.) composés de petits débris de pierres. Je n’ai trouvé celte espèce que dans un ruisseau qui charriait beaucoup de tuf; aussi les étuis étaient-ils toujours composés presque uniquement de cette matière, très-lisses, minces, friables, et assez difficiles à distinguer des petits morceaux de bois ou d'herbes que l’eau couvrait de tuf. Ces étuis sont cylin- driques et la larve les ferme, quand elle veut se métamorphoser , avec des débris analogues à ceux qui les composent. L’insecte parfait paraît au commencement de Juin , il n’est pas commun ; j'ai trouvé sa larve sous le Salève dans les ruisseaux du marais de Bossey. 6. P. PanrHérine. (PI. VII. fig. 1.) P. Pantherina. Mihi. Grande, fauve; dessus de la tête et du thorax bruns, antennes de la méme couleur; ailes supérieures grandes , arrondies, d'un fauve brunâtre avec des taches blanchätres. Longueur du corps: 7 lignes; avec les ailes fermées: 41 à 12 lignes. Descruprion. La tête est fauve, plus foncée en dessus ; les palpes sont de couleur claire, les antennes brunes. Le thorax est fauve, brunâtre en dessus , assez velu. Les ailes sont grandes, brunes avec les nervures claires, elles sont couvertes de poils ras ; on voit vers leur base des taches allongées d’un blanc jau- nâtre; sur le milieu de l'aile on en trouve encore quelques-unes qui sont très-vi- sibles , parce que la transparence du corps fait, en cet endroit, paraître le fond noir; on trouve encore vers le bord postérieur quelques taches ou plutôt quel- ques lignes blanchâtres. Les ailes inférieures sont transparentes et sans taches 3 les 18 ES 158 SECONDE PARTIE. pattes fauves avec les épines noires. Quand l'insecte a les ailes étalées , on ne voit presque plus les taches, et l'aile étant transparente, paraît toute d'un jaune grisâtre (PI. VII. fig. 4. c.). La larve de cette espèce (PI. VIL. fig. 1. à ) est très-grosse et épaisse. La tète et le thorax sont bruns. Le corselet a quelques traits noirs à sa partie posté- rieure qui se joignent à ceux de l'anneau suivant lequel est encadré d’une ligne noire. Le métathorax a quatre points écailleux d'où naissent des poils; l'ab- domen est jaune , très-gros , et les filets respiratoires peu abondans. Les pattes sont fortes et fauves. Ces larves se font des étuis (PL. VIT. fig. 1. a.) composés de pierres minces où de débris de tuiles; elles les fixent ensemble par leur tranche, de manière que l'étui est régulier et léger. Elles vivent dans les ruisseaux d'eau courante, elles s'attachent obliquement aux pierres , en se plaçant constamment en dessous. Quand elles veulent se métamorphoser , elles ferment leur étui en lui donnant aux deux bouts une forme à peu près hémisphérique. Elles éclosent au mois de Septembre ; l'insecte parfait n’est pas très-commun. 7. P. Dicirée (PI. VIL fig. 2.) P. Digitata. Schrank. Grande , fauve; tête et corselet bruns en dessus, mélangés de plus clair; an- tennes brunes; ailes supérieures à nervures blanchâtres, parenchyme brun avec des gouttelettes de couleur claire. ScHRANCK, Enumeratio Insectorum Austriæ , n.° 616. De Vizxers , Entom., tome III. , p. 42 n.° 52. Orivier, Enc. Méth.. p. 556 n.° 8. Longueur du corps : 7 lignes; avec les ailes fermées: 12 à 13 lignes. Dsscrirrion. Cette espèce est une des plus grandes du genre ; le dessin ré- gulier de ses ailes la rend facile à distinguer. La tête est brune en dessus, avec une raie longitudinale fauve ; les palpes sont de couleur claire et les antennes brunes. Le thorax est d’un brun clair avec son bord supérieur plus foncé. Les ailes supérieures sont grandes, arrondies; les nervures en sont d'un blanc jaunâtre; chaque cellule est bordée d’une couleur brune et a dans son milieu Li LA PHRYGANES PROPRES. 159 quelques teintes de la même couleur mélées de gouttelettes blanches. Vers la base de l’aile on voit des taches analogues à celles des deux espèces précédentes. avec lesquelles celle-ci a assez d'analogie. Les ailes inférieures sont transparentes, jaunâtres. Les jambes sont fauves avec les épines noires. La larve est grosse. La tête et le thorax sont bruns, avec des traits noirs formant des figures assez régulières. Sur la tête on voit un grand nombre de points rayonnans ; le corselet est granulé de noir avec son milieu plus foncé et deux traits en chevron postérieurement. Le mésothorax a une raie longitu- dinale fauve et est mélangé de brun et de noir. L’abdomen est jaune avec des filets respiratoires rares. Les pattes sont fortes et fauves. Elles se font des étuis très-solides, composés de petits brins de bois et de dé- bris végétaux ; elles les placent tantôt longitudinaux , tantôt inclinés (PI. VII. fig.2.b.); quelquefois elles forment des hélices passablement régulières ( fig. 2. a.). On voit souvent, à la partie postérieure de ces étuis, des brins plus forts et plus longs, qui dépassent considérablement le tube et lui font comme des es- pèces de queues (fig. 2.b.). Nous avons dit dans le chapitre V. de la première partie, que le but de ces appendices était peut-être de rendre l'étui d'une pe- santeur spécifique plus voisine de celle de l'eau. Quand la larve est prête à se métamorphoser , elle a coutume de les couper. Ces larves vivent avec celles de l'espèce précédente, dans les ruisseaux d’eau courante et sous les pierres; quelquefois aussi elles s’attachent aux plantes. Elles éclosent à la fin de Septembre ou au commencement d'Octobre, et ne sont pas rares aux environs de Genève. 8.: P. Venue (Pl. VIL. fig. 3.) P. Fillosa. Fab: Moyenne, fauve ; antennes brunâtres ; ailes supérieures un peu tuberculeuses à nervures saillantes et hérissées de longs poils soyeux. FaBn., Entom. System. Suppl. p. 200. n.° 6—7. Longueur du corps: 5 lignes; avec les ailes fermées: 8 à 9 lignes. Drscrirrion. La tête et le thorax sont fauves, un peu plus foncés en dessus surtout dans quelques individus. Les antennes sont brunes. Les ailes supérieures fs NB 140 SECONDE PARTIE. sont fauves , les nervures en sont saillantes et le parenchyme présente plusieurs petits tubercules arrondis. Le long des nervures et sur quelques tubercules, nais- sent de longs poils soyeux fins, noirâtres, assez distants, qui sont surtout longs vers la commissure des ailes. Les ailes inférieures sont très-transparentes. Les pattes sont fauves avec des épines noires. Les larves (PI. VII. fig. 3. a. ) varient considérablement suivant l'âge, et peut- être présentent-elles aussi des différences individuelles. Dans le jeune àge les couleurs sont plus tranchées, les anneaux du thorax sont pointillés de noir et ont des taches bien distinctes; plus tard le fond de la couleur s'obscurcit et alors la tête et le thorax semblent presque entièrement d’une teinte uni- forme fuligineuse. On voit cependant encore quelques taches sur le corselet ; le mésothorax offre deux points et un cadre noir; le métathorax a les quatre points écailleux qui sont fréquens dans ces larves. L’abdomen est fauve, mais en général assez transparent pour être obscurci par le canal intestinal qu’on voit à travers ses tégumens ; les filets respiratoires sont rares. Les pattes sont longues et brunâtres. La forme des étuis varie, ainsi que les matériaux qui les composent. On y reconnait cependant toujours une tendance à employer des matériaux herbacés et à les disposer longitudinalement. Quelquefois ces étuis ne sont composés que de morceaux de feuilles aquatiques unis par leurs bords (PI. VII, fig. 3 6.) ; quelquefois ils sont formés de brins d’herbes longitudinaux et de petits mor- ceaux de bois et de mousse ( fig. 3. c.); enfin j'en ai trouvé qui étaient faits de petits fragmens de tuf et de pierres (fig. 4. d.). Ces larves vivent dans les ruisseaux d’eau claire, au fond de l'eau ou attachées aux plantes; elles ne sont pas rares dans le voisinage du Salève; elles éclosent à la fin de Septembre. 9. P. Tusercureuse. (Pl. VII. fig. 4.) P. Tuberculosa. Mihi. Petite, fauve; tête et thorax bruns en-dessus , abdomen noirâtre ; ailes supé- rieures très-arrondies , couvertes de tubercules et hérissées de poils longs ; soyeux; abdomen d'un gris noirâtre. PHRYGANES PROPRES. 141 Longueur du corps: 3 lignes; avec les ailes fermées: 5 lignes. Descraiprion. La tête et le thorax sont fauves en-dessous et bruns en des- sus; les antennes sont brunes ; l'abdomen est d’un gris noirâtre, avec le dernier anneau fauve. Les ailes supérieures sont très-larges et arrondies, fauves ; leurs nervures sont saillantes et le parenchyme est couvert de tubercules; de longs poils noirs soyeux partent des nervures et de ces tubercules. Les pattes sont fauves, avec des épines noires. Cette espèce a de grandes analogies avec la pré- cédente ; mais elle s'en distingue facilement par sa taille plus petite, ses ailes plus arrondies et son abdomen noirâtre. La larve (PL. VIT. fig. 4. b.) a la tête et le thorax d’un fauve vif, mélangés de taches noires; le mésothorax est encadré d’une ligne noire, et le métathorax offre quatre points écailleux. L’abdomen est d'un fauve grisâtre, avec le premier anneau plus foncé et des filets respiratoires courts et peu nombreux. Les pattes sont médiocres et d’un brun clair. 7 Elles se font des étuis composés de débris végétaux, tels que des morceaux de feuilles et des brins de boïs ; ces matériaux sont disposés longitudinalement , et sont irréguliers pour leur longueur (fig. 4. a.). Ces larves vivent dans les ruis- seaux et rivières des montagnes ; j'en ai trouvé dans plusieurs eaux du Faucigny, telles que le Giffre, la Borne et quelques ruisseaux qui coulent du Brezon. Elles éclosent dans le commencement d'Octobre. 10 P..À cou non. (PL. VIII. fe: 1.) P. Auricollis. Mihi. Moyenne ; tête noire en-dessus, fauve en-dessous ; thorax brun , corselet couvert de poils dorés; ailes noires, avec quelques gouttelettes jaunes ; pattes fauves à tarses bruns. + Longueur du corps: 5 lignes; avec les ailes fermées: 7 à 8 lignes. Descarprion. Cette espèce est facile à distinguer. Sa tête est noire, avec la bouche fauve, les antennes sont noires, le corselet est fauve, couvert en-dessus de poils dorés, qui prennent après la mort une teinte plus terne. Le thorax 142 SECONDE PARTIE. est d'un brun grisâtre, plus foncé en-dessus. Les ailes supérieures sont d’un noir peu intense, à nervures de la même couleur ; elles ont vers leur base des taches allongées jaunes, et sur tout le reste de l'aile des petites gouttelettes de la même couleur; vers le milieu de l'aile le jaune domine et forme comme une grande tache irrégulière. Les ailes inférieures sont grises. Les pattes sont fauves, mais les tarses sont d’un brun noirâtre et les épines noires. La larve (PI. VIII. fig. 1. a.) a la tête et le corselet d'un noir vif, sans taches ; le mésothorax et le métathorax sont gris, encadrés de noir; le premier a deux petites taches fauves et deux points noirs vers les angles postérieurs , le second a quatre points écailleux noirs. L'abdomen est fauve, avec les filets respiratoires médiocres. Les pattes sont d’un brun obscur , quelquefois noires. Les étuis sont tantôt de pierres, tantôt de débris végétaux, et comme on le voit dans plusieurs autres espèces , elles tendent, à mesure qu’elles avancent en âge , à avoir des étuis de plus en plus pierreux. Ces pierres (PI. VIIL. fig. 1. c.) sont solides, unies, et l'étui est en forme de corne, c'est-à-dire qu'il est arqué et plus mince à l'extrémité postérieure. Quand il est composé de végétaux , il est quelquefois assez régulier (fig. 1. d.); quelquefois aussi les brins sont pla- cés sans symétrie (fig. 1. b.)., Je n'ai trouvé cette espèce que dans l’Arve ;_ la larve se fixe aux pierres, recherche les places où le courant est fort et éclot dans le commencement d'Octobre. 1. P. Mècée. (PI. VIIL fig. 2.) P. Mixta. Mihi. Petite ; tête, corps et antennes noirs; aïles brunes, à nervures noires, avec quelques reflets jaunes ; jambes et cuisses d'un brun clair, tarses noirs. Longueur du corps: 3 lignes ; avec les ailes fermées: 5 lignes, Description. La tête, le thorax et l'abdomen sont noirs, avec quelques poils de la même couleur ; les palpes et les antennes’ sont noirs. Les ailes supé- rieures sont brunes, avec les nervures noires ; on remarque à leur base et vers leur bord antérieur quelques petits poils jaunes, qui produisent un reflet un peu doré; le milieu de l'aile est légèrement blanchâtre. Les inférieures sont grises, PHRYGANES PROPRES. 145 transparentes. Les pattes sont d'un brun clair, avec la base de la cuisse et le tarse noirs. La larve de cette espèce (PI. VIIL. fig. 2. a.) est remarquable par son cor- selet globuleux, plus grand qu'il ne l’est ordinairement; il est noir, ainsi que la tête; le mésothorax est brun, avec un cadre et deux points noirs , le mé- tathorax est fauve et a quatre points écailleux. L'abdomen est fauve, avec des filets respiratoires peu nombreux. Les pattes sont brunes , courtes. Ces larves se font des étuis assez réguliers, composés de petites pierres (fig. 2. b.) serrées les unes contre les autres ; / ces éluis sont arqués et plus étroits à l'extrémité postérieure, Quand la larve veut se métamorphoser , elle coupe cette extrémité arquée et ajoute en avant quelques grosses pierres, qui ferment l’ouverture (fig. 2. c.). Elles vivent dans les ruisseaux clairs et ra- pides, se fixent aux pierres et éclosent à la fin de Juin. J'ai trouvé cette espèce dans la Divonne, au pied du Jura. 12. P. Soyeuse. (PI. XI. fig. 3.) P. Sericea. Mihi. Moyenne ; tête et corps noirs, antennes et ailes brunes, avec les nervures \de la même couleur et la base plus claire; pattes fauves et tarses bruns. Longueur du corps: 3%, lignes; avec les ailes fermées: 6 lignes. Descriprion. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente, dont elle pourrait bien n’être qu'une variété. Elle en diffère cependant par ses antennes plus claires, parce que les nervures des ailes, n'étant pas si noires, sont beau- coup moins visibles, et parce que la base de ses ailes a une couleur fauve, indépendante des petits poils jaunes qui la constituent dans l'espèce précédente. Je ne connais pas sa larve; j'ai trouvé la phrygane parfaite avec la précé- dente et à la même époque. 13. P. À courrezerres. (PI. XI. fig. 4.) P. Guttulata. Mihi. Moyenne , brune ; antennes et pattes fauves ; ailes brunâtres , couvertes de pe- tites gouttelettes blanchâtres peu visibles. 144 SECONDE PARTIE. Longueur du corps: 4% lignes; avec les ailes fermées: 6 à 7 lignes. Descriprion. La tête, le thorax et l'abdomen sont bruns ; le mésothorax a en dessus une tache médiane, plus claire. Les antennes et les palpes sont fauves. Les ailes supérieures sont d'un brun clair, avec les nervures de la même couleur et le parenchyme couvert de petites gouttelettes blanches, arrondies, peu vi- sibles, au nombre de huit à dix dans chaque cellule, Les ailes inférieures sont transparentes, un peu irisées. J'ai trouvé cette espèce dans la vallée d'Abondance au mois de Juillet; sa larve, que je ne connais pas, vivait vraisemblablement dans la Dransse, car la phrygane voltigeait sur les buissons qui bordent cette rivière. 14. P. À peux TacHEs BLanCHEs. (PI. XI. fig. 5.) P. Biguttata. Mihi. Moyenne, fauve; ailes luisantes , pubescentes à leur base, avec une tache blanche vers leur milieu. Longueur du corps: À lignes ; avec les ailes fermées : 6 lignes. Dsscriprion. La tête et le corps sont fauves, ainsi que les antennes et les pattes ; les yeux sont bruns. Les ailes supérieures sont d'un fauve brillant, avec les nervures de la même couleur et quelques nuances un peu plus foncées à la base et le long des nervures de l'extrémité; on remarque vers le milieu une tache blanche, qui est plus ou moins apparente, suivant la manière dont l'in- secte est tourné. Les nervures de la base sont couvertes de poils courts et cou- chés. Les ailes inférieures sont transparentes, irisées. Les pattes sont fauves, avec des épines courtes et noires. Cette espèce diffère de la villosa et de la tuberculosa par l'absence de poils soyeux, et de la testacea parce que ses ailes sont moins arrondies , d’un fauve plus uni et plus luisant, et parce qu’elles ont la tache blanche dont nous avons parlé. J'ai trouvé cette espèce dans la même localité et à la même époque que la précédente. PHRYGANES PROPRES. 145 15. P. À cou roncrué. (PI. XI. fig. 6.) P. Puncticolhs. Mihi. Moyenne ; tête et antennes noires , palpes bruns ; corselet d'un fauve rougeâtre , avec un point noir en dessus , mésothorax noir avec la base des ailes fauve ; ailes mélangées de fauve et de gris, pattes fauves, tarses bruns. Longueur du corps: 3 {, lignes; avec les ailes fermées: 5 }, lignes. Dsscriprion. La tête est noire, avec les antennes de la même couleur et les palpes plus clairs. Le corselet est noir en dessus, d'un fauve rougeâtre sur les côtés ; le mésothorax et le métathorax sont noirs , le premier a un point fauve à la base des ailes supérieures; l'abdomen est noir. Les ailes supérieures sont brunâtres , légèrement marbrées de nuances plus claires, les nervures de la base portent quelques poils noirs; les aïles inférieures sont transparentes. Les pattes sont fauves, avec quelques épines noires , courtes, et les tarses bruns. Cette espèce se trouve aux environs de Genève, mais elle y est très-rare ; je ne connais pas sa larve. 16. P. A corserer roux. (PI. VIII. fig. 3.) P. Ruficollis. Mihi. Moyenne; dessus de la tête et antennes noirs, bouche et corselet fauves; ailes brunes, avec une tache blanchâtre au milieu ; pattes fauves , à tarses noirs. Longueur du corps : À lignes ; avec les ailes fermées : 7 lignes. Descriprion. Cette espèce a assez d'analogie avec la PA. rubricollis n.° 3; elle en diffère cependant par sa taille moindre et ses ailes brunâtres, au lieu d’être d'un noir luisant, Sa larve est petite et mince (PI. VIIT. fig. 3. a.); sa tête et son corselet sont bruns ; ce dernier est un peu plus foncé à sa partie antérieure et médiane ; le mésothorax est fauve et a quatre points écailleux. L'abdomen est fauve et les filets respiratoires peu nombreux. Les pattes sont brunes, médiocres. Ces larves se font des étuis peu solides, composés de débris végétaux dis- posés longitudinalement ; vivant surtout dans les montagnes, elles emploient 19 146 SECONDE PARTIE. fréquemment les feuilles de sapin vertes ou blanchies par la macération. Elles recherchent les eaux froides et limpides, et éclosent au mois d'Octobre. J'ai trouvé cetteæspèce dans les ruisseaux du Brezon et des Vergi (Faucigny). 17. P. Transparent. (PI. VIIL fig. 4.) P? Pellucida. Oliv. Moyenne ; tête et thorax grisâtres en dessus, fauves en dessous , abdomen gris; pattes fauves ; ailes supérieures transparentes, avec des taches brunes; ailes in- férieures transparentes , avec une tache à l'extrémité. Orivien, Enc. Méth., p. 541. n.° 12. P. pellucida. De Géer, Mém., Il. p. 56. n.° 1.; Pl. 12. fig. 19. P. transparente tachetée. Longueur du corps: 5 lignes; avec les ailes fermées: 7 lignes, DescrtpTion. La tête est grise en dessus et couverte de poils de la même couleur , la bouche est fauve et les antennes grisâtres. Le thorax est, comme la tête, couvert en dessus de poils gris; en dessous il est fauve, ainsi que les pattes. L’abdomen est d’un gris bleuâtre. Les ailes varient suivant les sexes. Dans le Mäle (PI. VIII. fig. 4. f.) les ailes supérieures sont transparentes comme du verre dans leur partie claire ; on y remarque aussi de nombreux pe- tits points bruns, qui se réunissent pour faire trois taches , l'une à la base de l'aile, la seconde au milieu et la troisième à l'extrémité; cette teinte s'étend outre cela sur tout le bord interne ; le bord postérieur présente aussi une rangée de petites taches noirâtres, séparées par des points blancs; ce bord est remarquable par sa forme, il est légèrement échancré dans sa partie supérieure. Les ailes inférieures sont parfaitement transparentes, irisées, et ont vers l’extrémité une tache brune. Dans la Femelle (fig. 4. g.}) les ailes ne sont plus transparentes et le fond de la couleur est plus uniformément brun; on remarque cependant encore vers le milieu une tache rhomboïdale blanche et quelques traces des parties qui sont claires dans le mâle ; le bord postérieur offre la même série de points noirs et blancs, le bord antérieur a une petite tache noire. La tache brune dans les ailes inférieures n'est presque point visible. PHRYGANES PROPRES. 147 La larve de cette espèce est grande (fig. 4. a.) ; la tête et les deux pre- miers anneaux du thorax sont d'un brun uniforme, séparés par des traits noirs; le métathorax est plus clair , il offre antérieurement deux taches noires, et pos- térieurement trois triangles formés de petites taches brunes. L'abdomen est verdâtre , avec les filets respiratoires longs et nombreux. Les pattes sont brunes, allongées , sans taches. Ces larves se font des étuis composés de matières végétales ; le plus souvent elles emploient des feuilles entières, arrondies, et de préférence celles de ner- prun ou de chêne; elles les grouppent sans ordre, de manière que quand on les voit au fond de l’eau on les prendrait pour un amas fortuit de débris vé- gétaux (fig. 4. b.); quelquefois un côté est entièrement formé d'une seule feuille. On trouve aussi des étuis cylindriques composés de débris de feuilles et de bois (fig, 4. d.); enfin j'en ai vu qui étaient uniquement composés de feuilles de carex, dans une position longitudinale et fixées les unes aux autres (fig. 4. e.). Quand elles veulent se métamorphoser elles ferment leur étui au moyen d'une grille soyeuse, qui a la forme d’un tamis et qui présente des trous de diverses formes (fig. 4. c.), le plus souvent arrondis. Elles forment ce tamis de la même manière que l'enveloppe soyeuse qui retient ensemble les feuilles qui composent leur étui. Quelquefois elles protègent cette grille, en plaçant en-dessus des frag- mens de bois ou d’herbe inclinés, quelquefois même des pierres (fig. 4. d.); quelquefois ces fragmens herbacés qui ferment l'étui sont très-considérables Charges), Ces larves ne sont pas rares aux environs de Genève; on les trouve dans les fossés, les étangs et en général dans les eaux calmes et dormantes. Elles éclo- sent vers le milieu de Mai. 18. P. Grise. (PI. XI. fig. 7.) P. Grisea. Lin. Moyenne, tête et corselet noirs en-dessus , hérissés de poils de la même couleur , bouche et pattes fauves , antennes annelées de gris et de brun ; ailes brunes, avec des gouttelettes blanchâtres , les nervures tachetées et un point noir au bord an- térieur (1). (1) Cette espèce a quelque analogie avec la P. punctata Lin, ; mais cette dernière, que je n’ai pas trouvée à Genève, est plus grande et en est bien distincte. 148 SECONDE PARTIE. Lann., Syst. Nat. Ed. XII. IL. p. 909. n.° 6. id. Faun. Suecica. 1484. Fasn., Ent. Syst., p. 78. n.° 14. Cenenmiezm , Faun. Ingr. Prodrom., p. 139. n.° 422. Museum Lesk., p. 51. n.° 35. Roscrus, Mant. Insect., p. 104. n.° 229. De Viens, Tome III. p. 28. n.° 10 De Géen?, Mém. II. p. 539—543. Tab. XIII. fig. 18 — 21. Oravien ?, Enc. Méth., p. 541. n.° 15. Larr., Hist. Nat., Tome XIII. p. 88. n.° 10. ScarAnNck, Fauna Boïca, Tome IT. p. 181. n.° 1907. Longueur du corps: 4 à 5 lignes; avec les ailes fermées : 6 à 7 lignes. Dsscriprion. La tête est noire , avec la bouche fauve et les antennes brunes, ponctuées de blanchâtre. Le thorax est noir, hérissé en dessus de poils noirs. Les ailes sont brunes, couvertes de gouttelettes fauves ; les nervures sont ponc- tuées de noir et de fauve; vers le milieu on voit une petite tache rhomboïdale blanchâtre, et sur le bord antérieur une ligne noire, terminée par un large point de même couleur ; cette ligne est formée par la nervure transversale. Les pattes sont fauves, avec les épines noires. Cette espèce n’est pas rare aux environs de Genève ; ; je ne connais pas sa larve, 19. P. RaomgirËREe. (PI. IX. fig. 1.) ?. Rhombica. Lin. Moyenne ; fauve ; ailes supérieures marquées vers leur milieu d'une tache rhom- boïdale , blanchâtre, bordée de brun en-avant et en-arriére; l'extrémité de l'aile un peu plus foncée que le reste. Reaumur , Mém., Tome II. pl. 14. fig. 5. Rœsez, Belust. II. Aquat. 2. Tab. 16. Suzzer, Kennzeichen der Insecten, Tab. 17. fig. 104. (par erreur P. grandis.) Gsorrror, Ins. II. p. 246. n.° 2. P. panachée. Linn., Syst. Nat. Ed. XII. II. p. 909. n.° 8. P. rhombica. id. Fauna Suecica. 1486. PHRYGANES PROPRES. 149 & Scuærrer, Icones etc., Tab. 9o. fig. 5. et 6. id. Element, Ent., Tab. 100. ScHAANCK, Enumer. Ins. Austr., p. 307. n.° Gr2. id. Fauna Boïca, II. p. 180. n.° 1905. Fourcroyx, Ent. Par., II. p. 354. n.° ». De Virrers, Ent., III. p. 29. n.° 12. Roscius, Fauna Etrusca, n.° 680. Ouivier, Enc. Méth., p. 541. n.° 14. Fasnicius, Ent. Syst., IL. p. 77. n.° 13. Wizezm, Recréations , IIL. fig. 23 —30o. Larreixxe, Hist. Nat., Tome XIII. p. 88. n.° o. Longueur du corps: 6 lignes ; avec les ailes fermées : 8 à 9 lignes. Descriprion. La tête et le thorax sont fauves, l'abdomen grisâtre; les ailes supérieures d’un beau fauve uni avec les nervures de la même couleur. Les angles postérieurs sont assez saillans; vers le milieu on voit une tache rhom- boïdale, blanchâtre, bordée en avant et en arrière par un brun rougeâtre. La portion interne et postérieure de l’aile est un peu plus foncée que le reste. Les ailes inférieures sont transparentes. Les pattes sont fauves. Cette espèce a été nommée Rhombica à cause de la tache de l'aile; mais cette tache se retrouve à peu près la même dans quelques espèces voisines , telles que la pellucida femelle, la grisea et la lunaris. Ces quatre espèces sont cependant faciles à distinguer. La pellucida et la grisea ne peuvent pas être confondues avec les deux autres à cause de leur couleur ; la rhombica et la lunaris se rap- prochent l'une de l’autre par cette circonstance; mais la couleur de l'aile est plus unie dans la rhombica et son bord postérieur est uniformement tacheté de brunâtre; tandis que dans la Zunaris il est jaune et entouré d’une tache brune en croissant. La larve est une des plus grandes et des plus belles du genre ( PI. IX. fig. 1.e.); sa tête est fauve et porte trois taches noires , la première est frontale en forme d'Y. les deux autres sont latérales, s'étendent des yeux à l’occiput et par leur réunion forment un X. Les deux premiers anneaux du thorax sont fauves, encadrés de noir et marqués à leur partie postérieure de petits trian- gles de la même couleur; le métathorax est fauve avec quatre points écail- leux noirs. L’abdomen est fauve avec des filets respiratoires nombreux, grands 150 SECONDE PARTIE. et d'une couleur rosée. Les pattes sont grandes, fauves, tachetées de noirâtre. Ces larves vivent généralement dans les eaux tranquilles et peu claires ; aussi on les trouve abondamment dans les fossés d'eau stagnante qui bordent les champs ou les chemins, dans les étangs, et rarement dans les ruisseaux. Elles se font des étuis qui varient ; la forme la plus commune, je dirai même la plus normale (PI. IX. fig. 1. a. b.) est un tuyau composé de petits brins minces provenant de tiges de plantes aquatiques ; ces brins sont toujours disposés trans- versalement, quatre à cinq par rangée, disposition qu'avaient déjà reconnue Linné et Roësel. La larve emploie aussi quelquefois des mousses , des débris de feuilles etc. (fig. 1. d.); mais toujours on reconnaît une disposition transverse. J'ai trouvé, mais plus rarement, de ces larves dont l’étui était composé presque en- tièrement de pierres et de coquilles; cette circonstance peut servir à expliquer pourquoi Geoffroy indique à cette phrygane un étui toujours composé de pierres ou de coquilles. Aussi Olivier dans l'Encyclopédie avait-il cru que Geoffroy avait en vue une autre espèce que la vraie rhombica ; mais il n’est pas impossi- ble que Geoffroy n’en ait trouvé que de celles qui emploient des pierres, ce qui dépend nécessairement de la nature du fond de l’eau où elles vivent. La planche IX. (fig. 1. c,) offre un exemple d'un étui composé de pierres, de coquilles et de quelques brins verts où l’on trouve le caractère général, la position transverse. Au reste cette espèce n’est pas la seule qui présente ce caractère constant ; la Ph. flavicornis emploie aussi toujours des matériaux dans le sens transversal, et quelquefois elle a un étui uniquement composé de co- quilles. Quelle que soit la forme de l'étui, l'intérieur en est toujours bien lisse, la larve y adhère très-fortement et il faut beaucoup de peine pour l'en retirer; ordinairement il est trop étroit pour qu'elle puisse s’y retourner et il est un peu conique, de manière à ce qu'une des extrémités est plus large que l’autre. Aussi, si on a sorti une larve de son étui, elle ne peut rentrer que par le gros bout et elle se trouve ainsi renversée; elle est donc obligée d’en couper une partie et de l’arranger pour pouvoir sortir par ce qui était auparavant le petit bout. Vers le commencement de Juin ces larves ferment leur étui après s'être fixées à quelque herbe aquatique , quelquefois même elles s'attachent les unes aux autres et forment ainsi un paquet flottant. Elles ferment leur étui en plaçant quelques brins transversaux sur les deux ouvertures, en les superposant les unes aux autres et à chaque rangée; elles les rapprochent de l'axe, les unissent par des fils et cet ensemble forme une grille qui laisse très-bien passer l'eau. Le gros PHRYGANES PROPRES. 151 bout a aussi quelquefois des feuilles, des pierres, etc. Elles restent dans cet état quinze à seize jours, puis elles rompent la grille et vont éclore. En captivité les étuis se gâtent assez vite, parce que les unes mangent l’étui des autres, et qu’elles-mêmes les diminuent pour n’en être pas gênées. Si on les prive de leur étui elles le refont très-rapidement, mais elles sont assez difficiles pour les matériaux et pour peu que les bûches ou les herbes ne soient pas à leur gré, elles les font de pierres. Cette espèce est commune aux environs de Genève ; elles éclosent dans le mois de Juin. 20. P. À ANTENNES FAUVES. (PI. IX. fig. 2.) P. Flavicornis. Fab. Moyenne , fauve ; thorax brun en dessous ; abdomen verdâtre; ailes supérieures transparentes avec des nuances fauves , et des points bruns sur quelques ner- sures et à la commissure des ailes. Fasricius, Ent. Syst., IL. p. 79. n.° 12. Ouivier, Enc. Méth., p. 541. n.° 13. ScHrancx, Fauna Boïca, Il. p. 184. n.° 1917. Larreie, Hist. Nat., Tome XIII. p. 88. n.° 8. Longueur du corps: 5 lignes; avec les ailes fermées : 9 lignes. Drscniprion. La tête est fauve, ainsi que les antennes ; le thorax est brun en dessus et fauve en dessous ; l'abdomen d’un vert clair en dessous et latéra- lement est brunâtre en dessus, surtout dans l'insecte désséché. Les ailes supé- rieures sont très-transparentes, avec les nervures fauves et quelques nuances grises peu apparentes vers l’extrémité. On voit sur la commissure des ailes et sur la nervure voisine quelques taches brunes. Les pattes sont fauves, avec des épines noires. Les larves , et surtout les étuis , ressemblent à ceux de la PA. rhombica. Cepen- dant la larve de l’espèce qui nous occupe se distingue à sa couleur plus foncée (PI. IX. fig. 2. d.); les mêmes traits se trouvent sur sa tête et son corselet, mais son mésothorax est d’un brun uniforme, et le métathorax est aussi plus 152 SECONDE PARTIE. foncé que dans la larve de la rhombica. L'abdomen est verdâtre, avec les filets respiratoires longs et nombreux. Les pattes sont très-longues , brunâtres, ta- chetées. Les étuis sont, de même que dans l'espèce précédente, remarquables par la disposition transversale des matériaux (fig. 1. a. etb.). Il est difficile de dis- tinguer les étuis de ces deux espèces, lorsqu'on les trouve mêlées dans les ruis- seaux; car la nature des plantes qu'elles ont à leur disposition influe pres- que uniquement sur la forme de leurs maisons; aussi les six étuis figurés (fig. 1. et 2.) peuvent-ils à la rigueur appartenir indifféremment à une espèce ou à l'autre. J'ai trouvé de ces étuis entièrement composés de coquilles dispo- sées très-régulièrement (fig. 2. c.); souvent les mollusques qui les habitent sont encore vivans. Les mœurs de cette espèce sont les mêmes que celles de la Ph. rhombica; les larves sont communes dans les eaux dormantes et éclosent au mois de Juin. 21. P. À croissant. (PI. IX. fig. 3.) 2. Lunaris. Mihi. Moyenne ; fauve ; thorax gris en dessus, abdomen de la même couleur, ailes supérieures fauves , avec une petite tache rhomboïdale au milieu , quelques nuances brunêtres et une tache en croissant , brune, vers l'extrémité de l'aile. Longueur du corps : À lignes ; avec les ailes fermées : T à 8 lignes. Dsscrrion. Cette espèce a de grands rapports avec la Ph. rhombica , avec laquelle elle est confondue dans plusieurs collections; mais elle en diffère par divers caractères; elle est plus petite, son thorax est gris en dessus, ainsi que l'abdomen. Les ailes supérieures ont la même tache rhomboïdale blanche, mais le fond en est moins uni, et l'on voit quelques teintes brunâtres et des ner- vures foncées formant des traits de la même couleur. Vers l'extrémité de l'aile on voit une demi-lune blanche, entourée d'une série de taches brunes, formant un croissant dont la convexité est en avant. La tête, les antennes et les pattes sont fauves. Les ailes inférieures sont transparentes, sans taches. La larve est remarquable par sa couleur claire (PL IX. fig. 3. a.). La tête et le thorax sont d'un fauve léger, marqués de petits points noirs se réunissant pour former des taches. Sur la tête on voit trois de ces grouppes, un frontal PHRYGANES PROPRES. 155 et deux allant des yeux à l’occiput; le mésothorax a aussi deux traits noirs, l'abdomen est blanchâtre, avec des filets respiratoires médiocres. Les pattes sont fauves, avec des points noirs. Ces larves se font des étuis recouverts de matières végétales ; mais elles dif- fèrent des deux précédentes en ceci, que quels que soient les matériaux qu’elles emploient , ils sont toujours disposés longitudinalement. La nature de ces matériaux varie beaucoup ainsi que le montre la PI. IX. fig. 3.; tantôt ce sont des feuilles de carex dures et plates ( fig. 3. b.); tan- tôt ce sont de petites feuilles rondes qui à cause de leur brièveté ont besoin d’être ajoutées les unes aux autres (fig. 3.f. ); quelquefois ces étuis sont formés d’un mélange de pierres, d’écorces et d'herbes (fig. 3. c.) ; quelquefois d'her- bes mortes et déjà brunies (fig. 3. d.) ou d'un mélange d'herbes vertes et de débris (fig. 3. e.); enfin on en trouve qui sont entièrement composés de longs brins minces soit de tiges, soit de racines d’herbes aquatiques (fig. 3. g.). Mais quel que soit la variété dans les matériaux, on y distingue toujours la disposition longitudinale , et cette variété est un des caractères auxquels on reconnaît le mieux. cette espèce. Cette espèce est très-commune; les larves vivent facilement en captivité ; elles recherchent les eaux stagnantes, se fixent aux plantes aquatiques ou se laissent flotter. Elles ferment leur étui par une grille assez régulière , sembla- ble à celle que font les larves de la P. pellucida , et éclosent au commencement de Mai. Ogsenvarion. J'ai trouvé une variété de cette espèce plus grande et à taches beaucoup plus marquées dans le vallon du Châtelard près Servoz. 22. P. Osscure. (PI. X. fig. 1.) P. Fusca Lin. Moyenne ; tête et corps fauves en dessous , bruns en dessus; antennes noirâtres ; ailes supérieures fauves, avec une tache blanche au milieu et le bord jaunâtre ; ailes inférieures transparentes, fauves à l'extrémité. P , Ossenvarion, La Synonimie de cette espèce est embrouillée; la fusca d'Olivier ne me paraît pas être la même que celle de Linné, quoique dans l'Encyclopédie il cite comme synonimie de la fusca: Lanné n.° 20, et GrorFrox n,° 4. C'est à tort aussi que le même 20 154 SECONDE PARTIE. auteur cite la Jusca Far. comme analogue de la punctata Orxvien. L'espèce qui nous occupe ici et qui est figurée PI. X. fig. 1. d. et e. est désignée par M. Latreille sous le nom de fusca dans la collection du Jardin des Plantes de Paris, et est je crois la vraie fusca de Linné. Je dois donc établir la synonimie comme suit : Linné, Syst. nat., Ed. XII. IT. p. g1o n.° 20. idem, Fauna suecica 1500. De Gien? Mém. I. p. 407. n.° 4.3; il a figuré la larve sans con- naître à quelle espèce elle appartenait PL. XV. fig. 11—14: (voy. p- 570.) CEnenHiELM, Faun. Ingr. p. 137. n.° 418. Mus. Lesk., p. 51. n.° 33. Grorrno1, Hist. nat. . p. 247. n.° 4. De Vurers, Ent. IL. p. 34. n.° 24. Fasricuus, Ent. Syst. IL. p. 75. n.° 4. Lamreizze, Hist. nat. tome XIII. p. 90 n.° 16. Longueur du corps: 5 lignes; avec les ailes fermées: T lignes. Dusenremron. La tête, le thorax et l'abdomen sont bruns en dessus et fauves en dessous ; les antennes sont noirâtres. Les ailes supérieures sont fauves avec des nervures brunes ; leur bord, surtout le postérieur , a une teinte brunâtre assez marquée, due à des petits poils noirs très-courts , qui sont surtout visibles sur le bord même de l'aile; vers le milieu on voit une tache blanche peu mar- quée, les ailes inférieures sont transparentes et bordées d'une teinte d’un brun fauve. Les pattes sont fauves avec les tarses bruns. La larve est une des plus jolies; la tête et le thorax sont fauves avec des taches noirâtres formant des dessins très-réguliers ; sur la tête qui est bordée de noir on voit une ou deux taches réunies par un trait ; le corselet aussi bordé de noir a une tache centrale ; la partie noire du mésothorax laisse en son mi- lieu une tache fauve en forme de croix; le métathorax a quatre points écail- leux. L'abdomen est d'un fauve rosé avec les filets respiratoires de même cou- leur et assez nombreux. Les pattes sont fauves , tachetées de noir. Elles se font des étuis dont le tuyau central est composé de petites pierres, de tuf, et aussi quelquefois de petits débris végétaux; sur les bords de ce | tube elles placent des brins de bois ou. d’herbes quelquefois très-longs (PI. X. fig. 1. b.et c.). Ces larves recherchent les eaux courantes et ont l'habitude PHRYGANES PROPRES. 155 de se fixer aux branches qui pendent dans l'eau au moyen de quelques fils de soie par lesquels elles unissent les bords de leur étui et le point où elles veu- lent se fixer (fig. 1. c.). Les brins qu'elles ajoutent à leur étui les dépassent ordinairement beaucoup en arrière, mais presque jamais en avant; j'ai vu de ces brins qui avaient jusqu'à deux pouces et demi de longueur. Elles recherchent les eaux claires, profondes et courantes, ne sont pas rares dans nos environs et éclosent au mois d'Octobre. J'en ai aussi reçu des larves des environs de Bourg. 23. P. A arces rauves. (PI. XI. fig. 8.) P. Flavipennis. Mihi. Petite, d'un fauve clair ; ailes transparentes et couvertes de poils brillans. Longueur du corps: 3 lignes; avec les ailes fermées : 5 lignes. Dzscrirrion. Cette espèce se distingue facilement de toutes les autres parce qu'elle est petite, d’un fauve très-clair, a les ailes peu arrondies et que les poils qui les couvrent sont en duvet court et serré, de couleur légèrement dorée. Ses ailes non arrondies, la couleur de son corps et la forme de ses poils. l'empêchent d'être confondue avec la tuberculata, de laquelle sa petite taille et sa couleur pourraient paraître la rapprocher. J'ai trouvé cette Phrygane, dont je ne connais pas la larve, dans le Val d'Iliers (Vallais) au milieu de Juillet, 24. P. À ANTENNES NorraTRes. ( PI. XI. fig. 0.) P. Picicornis. Mihi. Petite; tête et corps noirs; antennes noirâtres ; bases des cuisses et tarses de même couleur ; jambes fauves; ailes grisâtres très-luisantes. Longueur du corps: 2 % lignes; avec les ailes fermées : 4 lignes. Descriprion. La tête est petite, noire, les antennes sont assez grosses , cou- leur de poix ; les ailes is sont d'un gris uniforme, sans taches, luisantes , ES & 156 _ SECONDE PARTIE. couvertes de petits poils serrés et couchés. Les pattes sont fauves avec la base dés cuisses , les épines et les tarses noirs. . J'ai trouvé cette espèce le long d’un petit ruisseau, dans une prairie élevée de près de 900 toises au-dessus du niveau de la mer, au-dessous des cimes des monts Vergi (Faucigny}). Je ne connais pas sa larve. # 25. P. Fauve. (PI. X. fig. 2.) P. Flava. Lin. Moyenne; tête, antennes et pattes fauves, corps brun; ailes supérieures fau- ves, avec des teintes brunes, formant deux lignes confuses longitudinales, Linné, Syst. Nat. Ed. XII, p. 910. n.° 21. id. Faun. Suec., 1502. Dr Virzens, Entom., IL. p. 31. n.° 25. Oxivier, Enc. Méth., p. 548. n.° 39. Larneize, Hist. Nat., Tome XIII. p. 92. n.° 28. Longueur du corps: À lignes; avec les ailes fermées : 6 lignes. Descrwrion. La tête est fauve, ainsi que les antennes ; le thorax et l'abdomen sont d'un brun clair. Les ailes supérieures sont fauves, avec des nervures de même couleur et des petits points bruns formant des taches. Ces taches sont peu visibles ; on peut cependant en distinguer deux; l’une s’étend de la base au milieu de l'aile, l'autre lui est d’abord parallèle, suit le bord interne, puis remonte parallèlement au bord postérieur et se joint quelquefois à la pre- mière. Les ailes inférieures sont transparentes et sans taches. Les pattes sont fauves, avec des épines noires. # La larve a la tête et le thorax bruns; le prothorax a deux bandes plus foncées antérieurement et postérieurement. Le mésothorax porte deux points noirs laté- raux ; le métathorax est fauve et a quatre points écailleux. L'abdomen est fauve , cilié de poils assez longs. Les pattes sont brunes. Ces larves se font des étuis (fig. 2. b.) recouverts de très-petites pierres ou plutôt de sable; leur forme est allongée, un peu arquée, plus étroite à l'ex- trémité postérieure. Elles vivent dans les fossés à fonds sablonneux , recherchent les eaux tranquilles et peu profondes , vivent au fond ou attachées aux herbes k M * PHRYGANES PROPRES. 157 aquatiques. Quand elles veulent se métamorphoser elles ferment l'entrée. de leur étui avec quelques pierres, qu'elles assujettissent par des fils de soie; elles éclosent au mois de Juin. . Cette espèce est commune aux environs de Genève; je l'ai aussi trouvée au sommet du Salève. ° 26. P. Écécanre. (PI. X. fig. 3.) P. Elegans. Mihi. À; Moyenne , mince et allongée; antennes et pattes fauves , corps gris; ailes supé- rieures fauves, avec l'extrémité ponctuée, une tache brune au bord antérieur et un trait noir longitudinal au milieu. Longueur du corps : 4 lignes; avec les ailes fermées: 6 lignes. Descrrprion. La tête est fauve, avec une tache noire en dessus; les antennes sont fauves ; le corps est d’un brun grisâtre. Les ailes supérieures sont. fauves, avec les nervures claires (fig. 3. d.). On remarque vers l'extrémité une réunion de points bruns, formant une teinte marginale, et au bord antérieur on re- trouve une tache de même couleur. Vers le milieu, sur une des nervures, est une série de petits points noirs rapprochés, dont la réunion forme un trait assez prononcé. Les ailes inférieures sont transparentes ; les pattes sont fauves, avec les épines noires. La larve de cette espèce ressemble beaucoup à la précédente (fig. 3. a.). Elle en diffère parce qu’une ligne longitudinale brune occupe la tête et les deux premiers anneaux du thorax; le prothorax a deux points noirs latéraux COLA ES 3, 0 ): Ces larves se font des étuis (fig. 3. b) analogues aux précédens , mais plus longs et plus pointus. Elles vivent de la même manière, mais dans les étangs et eaux profondes. Elles éclosent au mois de Juin. Cette espèce est rare. 27. P. À papes. (PI. X. fig. 4.) P. Wittata. Fab. Petite; corps gris ; antennes fauves ; ailes de la même couleur ; avec une bande brune longitudinale interrompue. * 158 SECONDE PARTIE. Fasricius, Ent. Syst. Suppl., p. 201. n.° 16— 17. Longueur du corps: 3% lignes; avec les ailes fermées : 5 lignes. Description. La tête et les antennes sont fauves. Le thorax est gris, ainsi que l’abdomen ; ce dernier a une ligne latérale plus claire. Les ailes supérieures sont fauves, avec une ligne médiane et longitudinale brune, qui, interrompue deux fois. s’évase à l'extrémité. Les pattes sont fauves, avec les épines noires. , ? La larve, que je ne connais pas, se fait un étui analogue à celui des deux > que ] , précédens (fig. 4. a.); recherche les ruisseaux d’eau courante et éclot au mois de Mai. Cette espèce est rare dans nos environs 3; je l’ai trouvée deux fois à P 3 l'état de nymphe. 28. P. À pos noir. (PI. X. fig. 5.) P. Nigridorsa. Mihi. Petite ; tête et corps noirs; antennes annelées de noir et de fauve ; ailes brunes, avec une tàche au bord antérieur, pattes fauves. Longueur du corps: 2, lignes; avec les ailes fermées: 4 lignes. Descriprion. La tête et les antennes sont noires; celles-ci sont entrecoupées d'anneaux fauves. Le corselet et l'abdomen sont noirs. Les ailes supérieures sont brunes, avec un duvet court de la même couleur et des poils noirs plus longs à la base, On remarque au bord antérieur une tache brune , quelquefois peu marquée. Les pattes sont fauves, avec les épines noires. La larve est remarquable (PI. X. fig. 5. a.) par une tête et un thorax très- petits. La couleur de la tête et du corselet est noire; le mésothorax a une plaque écailleuse de la même couleur. Le métathorax est fauve et a cinq points écailleux ; l'abdomen est fauve et a des filets respiratoires courts, qui commencent à res- sembler à ceux des Séricostomes. Les pattes sont minces et noirâtres. Ces larves se font des étuis (fig. 5. b.) composés de fragmens de feuilles mortes; elles coupent des morceaux égaux et les joignent par leurs tranches. Ces étuis sont à-peu-près cylindriques et assez réguliers. Quand elles veulent se métamorphoser elles les ferment avec des pierres (fig. 5. c.). Ces larves re- 0 PHRYGANES PROPRES. 159 cherchent les ruisseaux d'eau vive et peu profonds ; elles éclosent au mois de Septembre et ne sont pas rares aux environs de Genève. 29. P. Hérissée. (PI. XI. fig. 10.) P. Hirsuta. Mihi. Moyenne; fauve, brune en-dessus ; antennes brunes, ailes fauves , avec le bord interne brun , à nervures tachetées, hérissées de poils noirs recourbés. Longueur du corps : 4 lignes; avec les ailes fermées: 6 lignes. Descrirrion. La tête, le thorax et l’abdomen sont d'un brun marron en dessus et fauves en dessous; les antennes sont brunes, un peu annelées de fauve. Les ailes supérieures sont fauves, avec quelques petites taches serrées , qui font paraître le bord interne et l’extrémité brunâtres. Les nervures sont tachetées de jaune et de brun , hérissées vers la base de l’aile de poils noirs recourbés. Les ailes inférieures sont transparentes. Les pattes sont fauves, avec quelques épines noires. Je n’ai trouvé cette espèce qu’une seule fois, au mois d’Août. LA + Jo. P. Francée. (PI. XI. fig. 11.) P. Fimbriata. Mihi. Petite; noire ; ailes couvertes d’un duvet de poils dorés; jambes et tarses fauves. Longueur du corps: 2, lignes; avec les ailes fermées: 4 lignes. Descriprion. La tête et le corps sont noirs, avec quelques poils fauves; les antennes sont minces et noires. Les ailes supérieures sont brunes, avec les ner- vures noires et des poils dorés, qui leur donnent une teinte un peu fauve; vers l’extrémité des ailes ces poils sont gris. Les ailes inférieures sont grises. Les cuisses sont noires et les jambes et tarses fauves. J'ai trouvé cette espèce dans la vallée de Chamounix au mois de Juillet. Je ne connais pas sa larve. 160 SECONDE PARTIE. À la suite des Phryganes propres je dois placer une espèce qui a de grands rapports avec elles, mais qui commence cependant à établir une sorte de pas- sage aux genres dont les larves n'ont pas d'étuis, et particulièrement aux Rhya- cophiles. Cette espèce est la: 31. P. Variée. (PI. XI fig. 1.) P. Varia. Fab. Grande ; grise; antennes annelées de fauve et de gris; ailes supérieures mé- langées de noir et de blanc, extrémité inférieure grisâtre; pattes fauves, avec des anneaux gris. Fagricius, Ent. Syst., p. 77. n.° 10. P. varia. Fourcroy, Ent. Par., Il. p. 357. n.° 13. De Virxens, Entom., III. p. 44. n.° 60. P. variegata. Ouivien, Enc. Méth., p. 558. n.° 16. P. annularis. Longueur du corps: 6 lignes; avec les ailes fermées : 8 lignes. Descriprion. Cette espèce est jolie et a quelqu’analogie avec la grandis (1). La brièveté de ses palpes et les nervures transversales moins marquées de ses ailes (fig. 1. A.) lui donnent quelques rapports avec les Rhyacophiles, mais cependant elles se rapprochent beaucoup plus des Phryganes propres. Sa tête est grise et couverte de poils de la même couleur. Le thorax est brunâtre; l'abdomen gris en dessus et fauve en dessous. Les antennes sont grises annelées de fauve. Les ailes supérieures sont mélangées de noir et de bleu, les taches noires sont nombreuses sur tout le disque et les bords de l'aile; on en remarque deux plus considérables au bord interne. Les taches blanches sont aussi plus nombreuses dans le voisinage de ce bord interne et un peu en dé- dans de l'angle de l'aile on voit un point blanc entouré de noir ; les ailes infé- rieures sont bordées de brunâtre. Les pattes sont fauves avec des anneaux gris. La larve de cette espèce (PL. X. fig. 1.), tout en offrant le caractère réel QT (x) Je n'ai jamais trouvé la grandis dans notre bassin, c'est pourquoi je ne l'ai pas décrite ici; elle habite cependant la Suisse; je l'ai trouvée en particulier sur les bords du lac de Thoune, PHRYGANES PROPRES. 161 de celles des Phryganes propres, se rapproche de celles des Rhyacophiles par la facilité avec laquelle elle abandonne son étui, par son abdomen coloré et par son mésothorax non écailleux. Sa tête est fauve avec une tache noire allongée sur le front et deux latérales formant un V par leur réunion. Le corselet est petit, fauve , bordé de noir anté- rieurement et postérieurement. Le mésothorax et le métathorax sont verts avec des nuances plus claires formant des figures. L’abdomen est tout d’un vert lui- sant; son premier anneau offre les éminences spéciales aux larves à étuis; les filets respiratoires présentent ceci de remarquable , que deux d’entr'eux dans chaque anneau sont rejetés en dehors et flottent dans l'eau comme ceux des larves de Sialis. Les pattes sont jaunes. Ces larves se font des étuis composés de débris d'herbes aquatiques coupés d'une longueur égale et disposés longitudinalement de manière à former des spirales (PI. X. fig. 1. a.). Cet étui très-régulier est d’un diamètre beaucoup plus grand que la larve qui y entre et en sort avec une grande facilité. Quand elles veulent se métamorphoser , elles les ferment avec des brins d’herbes et de racines irrégulièrement groupés sur l'ouverture (fig. 1. b.). La nymphe diffère peu de celles des autres Phryganes , elle a l'abdomen terminé par une pièce bilobée ( fig. 1, d.ete. ). Ces larves se trouvent dans les eaux stagnantes, les fossés et les marais ; elles recherchent les herbes aquatiques auxquelles elles se fixent; quelquefois aussi elles se laissent flotter. Elles éclosent au mois d’Août et ne sont pas communes dans nos environs. [ Ossenvarion. La larve de cette espèce a été décrite par Dr Gen, Mém. tome IT. p.549, n° 5, pl. 14, fig. 6—11.; mais ce naturaliste ne connaissait pas à quelle phrygane elle donne naissance. 21 162 -SECONDE PARTIE. SECOND GENRE. MYSTACIDES. — (MysTacipEe Lat.) Car. Ailes supérieures allongées et étroites, ayant quelques ner- vures transversales. Ailes inférieures très-plissées. Antennes en soie, minces, plus longues que les ailes. Palpes maxillaires à cinq ar- ticles dans les deux sexes, longs et velus (PI. I. fig. 2.). Ce genre renferme des espèces faciles à distinguer par leur port; elles sont en général allongées et leurs antennes sont quelquefois dans les plus petites quatre à cinq fois plus longues que le corps. Elles ont été connues de bonne heure et sont fré- quentes au bord des eaux tranquilles, vers la surface desquelles elles voltigent le soir. Leurs larves se font des étuis mobiles, minces et allongés; quelques-unes d’entr'elles se distinguent à leurs pattes postérieures très-allongées. Les filets respiratoires sont en général courts; ils naissent par touffes en dessus et en dessous des lignes latérales de l'abdomen. Les deux premières espèces qui sont les plus grandes, forme- ront peut-être une fois un sous-genre distinct; leurs antennes sont moins longues à proportion, et les pattes postérieures de leurs larves sont courtes. 1. M. À anTENNESs BLANCHES. (PI. XII. fig. r.). M. Albicornis. Scopoli. Grande , grise; corps noirâtre ; antennes d'un fauve clair uniforme; palpes maxillaires bruns ; ailes supérieures fauves avec les nervures brunes et des taches grisâtres ; ailes inférieures grises. Pattes fauves-avec des épines de même couleur. MYSTACIDES. 165 Scorozr, Ent. Carn., 689. ScHRANCK, Enum. Ins. Austr. 619. De Vizers, Entom. TL. , p. 36. n.° 20. Ouivier, Enc. Méth., p. 555. n.° 2. Longueur avec les ailes fermées: 8 lignes ; longueur des antennes: 40 lignes. Descrwriox. La tête est grise, couverte en dessus de poils blanchâtres; les antennes sont d'un fauve clair, uniforme; les palpes maxillaires bruns. Le thorax est noir avec son bord supérieur gris et quelques taches fauves à l’origine des pattes. Les ailes. supérieures sont allongées, fauves, avec les nervures bru- nes, saillantes et quelques taches grisâtres; elles sont ciliées de poils bruns. Les ailes inférieures sont d'un gris fuligineux, ciliées. Les pattes sont d’un fauve terne avec les épines de même couleur. La larve (PI. XII. fig. 1. a.) a la tête et le thorax fauves, pointillés de noir. Sur la tête on voit une tache frontale régulière et deux séries de points qui vont des yeux à l’occiput. Les trois anneaux du thorax sont légèrement. bordés- de noir et ont quelques points de même couleur. L'abdomen est blanchâtre ; les filets respiratoires sont plus longs que dans les espèces suivantes et naissent en houppes. Les pattes sont fauves, les postérieures. courtes. La nymphe est allongée (PI. XII. fig. 1. d.). On voit sur l’abdomen des filets respiratoires en houppes et sur le cinquième anneau abdominal des petits crochets dorsaux; le dernier anneau est, terminé par deux pointes molles. Les étuis sont (fig. 1.8. et c.) formés de petites pierres et de sable, ils sont arqués , plus étroits à l'extrémité et. très-solides. Cette solidité est due au tissu soyeux, plutôt qu'aux matériaux employés qui sont trop petits pour cela. Quand les larves veulent se métamorphoser elles ferment la partie supérieure de leur étui au moyen d’une seule pierre plate (fig. 1. c.) et restent ainsi au fond de l’eau ou fixées à une pierre. On les trouve ordinairement dans les eaux claires et courantes; elles vivent surtout au pied des montagnes, Elles éclosent: au. mois de Septembre et ne sont. pas communes... 164 SECONDE PARTIE. 2. M. Cyuinprique. (PI. XIL fig. 2.). 4. Crindrica. Mihi. Grande, corps noir; antennes brunâtres ; uiles supérieures brunes mélangées de fauve ; pattes brunes, jambes postérieures d’un fauve doré. À Longueur avec les ailes: 7 lignes; longueur des antennes : 9 lignes. Drescniwrron. La tête et le corps sont noirs; les antennes brunâtres avec le premier anneau d'un fauve gris; les palpes maxillaires sont bruns. Les ailes supérieures sont allongées, arrondies à l'extrémité, et leur bord antérieur est infléchi en dessous quand elles sont fermées, de manière à former un demi cylindre peu régulier; elles sont brunes avec des poils d'un fauve doré qui y font des taches irrégulières. Les ailes inférieures sont grises, ciliées. Les pattes antérieures sont brunes; ainsi que les cuisses des autres paires ; les jambes et les tarses des mitoyennes et postérieures sont d’un fauve doré. La larve de cette espèce (PI. XII. fig. 1. a.) ressemble à la précédente. Le thorax et la tête sont fauves avec des taches noires semblables , mais plus prononcées; on remarque de plus sur le métathorax une tache quadrangu- laire brune. Le premier anneau abdominal est fauve et les autres d’un pourpre grisâtre. Les filets respiratoires sont courts et les pattes fauves. Ces larves se font des étuis de même forme que l'espèce précédente; mais elles emploient des matériaux un peu plus gros; et ces étuis sont composés de petites pierres fortement unies et serrées comme une mosaique CPLXIT- fig. ». b. ). Elles ferment leur étui avec une pierre plate, et recherchent aussi les eaux claires et courantes. Cette espèce n’est pas rare dans les ruisseaux des montagnes ; je l’ai trouvée dans les vallées de Chamounix, d'Abondance, d’Iliers, etc., et aussi au pied du Salève ; elle éclot au mois de Juillet. 3. M. Dorés. (PI. XL. fig. 1.). M. ÆAurea. Mihi. Moyenne ; corps noir Caché en dessus par des poils blanchâtres ; antennes an- nelées de blanc et de noir; ailes supérieures couvertes d'un duvet doré , les in- férieures grises, irisées ; pattes blanchâtres annelées de brun. MYSTACIDES. 165 Longueur avec les ailes fermées : 5 lignes; longueur des antennes: 7 lignes. Dssciprion. Cette jolie espèce a le corps noir. La têté et le thorax sont couverts en dessus de poils blancs, argentés. Les antennes sont annelées de blanc et de noir; les palpes sont grisâtres. Les ailes supérieures sont entière- ment couvertes de poils courts formant un duvet de couleur d'or ; le bord in- terne a une petite tache un peu plus claire. Les ailes inférieures sont grises, fortement irisées. Les pattes sont blanchâtres et ont vers les tarses des an- neaux bruns. Je ne possède qu’un seul individu de cette espèce, trouvé à Troinex, près Genève. Je ne connais pas sa larve. 4. M. Anwerée. (PI. XIII. fig. 2.). M. Annulata. Mus. Lesk. Moyenne, noire; ailes brunes | avec quelques poils fauves formant des taches ciliées ainsi que les inférieures ; palpes et pattes brunes ; antennes de même cou- leur ; coupées de petits anneaux blancs. Mus. Lesk., Pars Ent., p. 52. n.° 43. GMELN, Syst. INat., p. 2637. Ourvigr, Enc. Méth., p. 560. n.° 3r. Longueur avec les aïles fermées: 4 1, lignes; longueur des antennes : 9 lignes. Dssciprion. La tête et le corps sont d’un noir brillant. Les antennes sont minces, brunes, annelées de blanc à leur base. Leur longueur est plus que double de celle des ailes. Les pattes et les palpes sont d’un brun clair; les jambes postérieures grisâtres. Les ailes supérieures sont brunes, luisantes et ont quelques poils fauves rares, qui déterminent par places des teintes de cette couleur ; elles sont ciliées de poils noirs. Les ailes inférieures sont grises et ciliées. Je ne connais pas la larve de cette espèce, qui est abondante sur les bords du lac de Genève vers la fin de Juin. 166 SECONDE PARTIE. 5. M. Séracés. (PI. XIII fig. 3.) M Filosa. Lin. Noire ; tête fauve en dessous ; antennes minces, annelées de blanc et de brun ; ailes supérieures d'un brun fauve, avec le bord antérieur et interne plus jaune; ailes. inférieures transparentes .. irisées ; pattes blanchâtres, annelées de brun. Liné, Syst. Nat, Ed. XII. IL , p. 910. n.° 16. id. Faun. Suec., 1493. Mus. Lesk., p. 52. n.° 4o. Fagmicus , Ent. Syst. IL. , p. 80, n.° 30. Oruvien, Enc. Méth., p. 547. n.° 34. Latreuxe, Hist. Nat., tome XIIT p. 92. n.° 24. Oss. La Filosa de DE Vicrers n’est pas la même espèce. P P Longueur avec les ailes. fermées :. À lignes ; longueur des.antennes : 8 lignes. Descrremion. La tête est noire ; fauve en dessous; les palpes sont bruns et les antennes de la même couleur, avec des anneaux blancs depuis la base jusqu’au milieu. Le thorax est noir. Les ailes. supérieures sont d’un brun très-clair , trans- parentes, sans taches, avec les bords antérieur et interne fauves. Les ailes inférieures sont transparentes , un peuirisées. Les pattes sont blanchâtres, avec des anneaux bruns. peu marqués. Cette espèce se trouve en été sur les bords dix lac de Genève; je ne con- nais pas sa. larve. 6. M. A peux 8anDes. (PI. XII. fig. 3.) M. Bifasciata. Fourc. Noire; antennes annelées de blanc et de noir; ailes supérieures d'un noïr in- tense, marquées de deux bandes blanches et de quelques points de la même cou- leur ; pattes. blanchätres, annelées de brun. Fourcroyx, Ent. Pan., IT. p. 358: n.° 17: Ouivien, Enc. Méthi., p. 558. n.° 20. Longueur avec les ailes fermées: À , lignes; longueur des antennes: 8 lignes. MYSTACIDES. 167 Descrirrion. La tête, le corps et les palpes sont d’un noir brillant. Les an- tennes sont annelées de noir vif et de blanc très-pur. Les ailes supérieures sont noires, brillantes, et ont chacune quatre à cinq taches blanches, dont deux sur le bord interne forment, en se réunissant avec celles de l'autre aile quand l’insecte est en repos, deux bandes transversales blanches. Vers l’angle du bord antérieur on trouve encore deux ou trois taches blanches quelquefois peu vi- sibles. Les ailes inférieures sont grises, obscures. Les cuisses sont blanchâtres à la base et grises à l’extrémité; le contraire a lieu pour les jambes, et les tarses sont blancs, annelés de brun. La larve de cette espèce (PI. XII. fig. 1. b.) a la tête et le thorax d'un jaune pâle. Sur la tête on voit une série de points noirs, formant un cercle presque complet ; les anneaux du thorax sont bordés de noir et ont des poils de la même couleur. L'abdomen est verdâtre et les filets respiratoires courts et rares. Les pattes sont jaunes, avec des poils noirs; les postérieures sont très-longues. Ces larves se font des étuis cylindrico-coniques, un peu recourbés, composés de sable fin et de petites pierres. Elles habitent les eaux courantes et se fixent aux pierres. Elles sont difficiles à trouver à cause de leur petitesse et de la cou- leur de leur étui, qui se confond avec le sable. Elles sont communes aux environs de Genève; l’insecte parfait aime à vol- tiger le soir au-dessus des eaux à surface unie. Elles éclosent au mois de Sep- tembre. 7. M. A peux t1cnes. (PI. XIIL fig. 4.) M. Bilineata. Lin. Corps noir ; palpes et antennes brunes, celles-ci faiblement annelées de fauve; ailes brunes, avec trois points blancs ; pattes fauves. Linxé, Syst. Nat. Ed. XII, Il. p. 910. n.° r9. id. Fauna Suecica 1496. De Vixens, Entom., III. p. 34. n.° 23. Fasricius, Ent. Syst. , Il. p. 79. n.° 24. Oxuivier, Enc. Méth., p. 546. n.° 27. ScHRANCK, Fauna Boïca , IT. p. 183. n.° 1914. LamTReiLLE, Hist. Nat., XIII. p. 91. n.° 20. 168 SECONDE PARTIE. Longueur avec les ailes fermées : 4 lignes ; longueur des antennes: 7 lignes. Dsscrarprion. La tête et le corps sont noirs. Les palpes sont bruns, médio- crement velus ; les antennes brunes, avec quelques anneaux plus clairs, peu marqués. Les ailes supérieures sont brunes et ont chacune trois taches blanches, l'une située à la eommissure, formant une petite bande commune aux deux ailes, et les autres au bord antérieur. Les aïles inférieures sont transparentes. Les pattes sont fauves, faiblement annelées de brun. Je ne connais pas la larve de cette espèce, qu'on trouve sur le bord des ruisseaux de nos environs. 8. M. A rronrT 8LancC. (PI. XIII. fig. 5.) M. Albifrons. Lin. Tête et corps noirs; antennes annelées de blanc et de noir, une tache blanche entre les yeux ; ailes supérieures brunes, avec trois bandes blanches interrompues ; pattes grises. Lainné, Syst. Nat. Ed. XII, p. 910. n.° 18. id. Faun. Suec. 1495. De Viens, Entom., III. p. 33. n.° 2». Ouivier, Enc. Méth., p. 547. n.° 36. Longueur avec les ailes fermées : 3 {, lignes ; longueur des antennes: 6 à 7 lignes. Dsscriprion. La tête et le corps sont, noirs, les yeux bruns; les antennes annelées de noir et de blanc; on remarque entre leurs bases une tache com- posée de poils d’un blanc pur. Les ailes supérieures sont brunes, avec trois bandes interrompues ; une non Join de la base, qui est la moins visible; la seconde au tiers postérieur de l'aile est composée de deux taches sur chaque aile; la dernière près de l'extrémité n'a qu'une tache ; entre ces deux dernières on trouve encore quelquefois un petit, point blanc. Les ailes inférieures sont transparentes, un peu irisées. Les pattes sont grises. Cette espèce se trouve dans les environs de Genève, au bord des ruisseaux, au mois d'Août; je ne connais pas sa larve, MYSTACIDES. 169 9. M. Norr-osscure. (PI. XI. fig. 4.) M. Atra. Mihi. Noire; yeux noirs; antennes faiblement annelées de noir et de blanc ; ailes sans taches , légèrement irisées ; pattes noires. Longueur avec les ailes fermées: 4 lignes ; longueur des antennes: 8 lignes. Dsscniprion. Tout l'insecte est d’un noir mat, sauf les antennes, qui sont légèrement annelées de blanc. Les palpes maxillaires sont longs et velus. Les ailes ne sont pas ciliées, les inférieures sont presque aussi noires que les su- périeures. La larve est mince (fig. 4. b.), d'un fauve très-clair, avec des taches noires formant des X sur la tête et les deux premiers anneaux du thorax; le méta- thorax a deux points noirs; l'abdomen est fauve, avec les filets respiratoires très-petits. Les pattes sont fauves , tachetées de noir; les postérieures sont très- longues. Elles se font des étuis minces, composés de débris et de grains de sable, et ont coutume d'y ajouter des brins de bois longitudinaux (fig. 4. a.). Elles habitent les fonds vaseux des ruisseaux, là où le courant est faible. Elles sont difficiles à découvrir, car leur étui ressemble à un fétu de paille. Quand elles veulent se métamorphoser, elles se fixent à un corps solide; elles éclosent au mois de Septembre. Oss. La larve a été figurée par De Gien, Mém. IL. p. 568— 570. 10. M. Norme-srizcanre. (PI. XII. fig. 5.) M. Migra. Lin. D'un noir brillant, un peu bleuâtre; yeux rouges , antennes annelées de blanc et de noir; pattes brunes. De Gérer, Mém., IL. p. 580. n.° 12., et Tab. XV. fig. or. Gzorrroy, Ins., Il. p. 250. n.° ro. Linné, Syst. Nat. Ed. XII., p. 909. n.° I. P. nigra. 170 SECONDE, PARTIE. Scorozt, Ent. Carn., 696. P. fuliginosa. Rormen, Genera Insectorum, PL. XXIV. fig. 10. 11. Dr Viens, Entom., III. p. 31. n°15 P. nigra. Mus. Lesx., p. 51. n.° 42. CenenmiErm, Faun. Ingr. Prodrom., p. 139. n.° 424. Rossrus, Faun. Etrusca, n.° 687. Ouvier, Enc. Méth., p. 545. n.°2t. Fasricrus, Ent. Syst. , IL. p. 79. n.° 20- Scunancx, Fauna Boïca, II. p. 183. n.° 1903. Larreuxe, Hist. Nat., Tome XIII. p. 90. n° 15: Longueur avec les ailes fermées: À lignes; longueur des antennes: 8 lignes. Descriwrion. Le corps est noir , les yeux d'un rouge vif dans l'insecte vivant, et les antennes annelées de blanc et de noir. Les ailes supérieures sont d'un noir bleuâtre très-brillant, et ont vers leur bord interne une tache matte. Les pattes sont brunes. La larve ressemble à celle de l'espèce précédente ; elle est plus petite et ses taches noires couvrent un peu plus le fond jaune ; les pattes postérieures sont . aussi très-longues. Elles se font des étuis composés de débris et de sable, et y ajoutent quelque- fois des brins de bois très-considérables. Elles vivent dans les eaux courantes et sont abondantes dans le Rhône ; elles éclosent au mois de Juin. 11. M. À racue 8cancue. (PI. XIIL. fig. 6.) M. Uniguttata. Mihi. Corps gris en dessus, fauve en dessous; antennes blanchâtres, annelées de brun ; ailes fauves, avec une tache commune blanche ; pattes fauves. \ Longueur avec les ailes fermées : 4, lignes; longueur des antennes : 8 lignes. Descmiwrion. La tête est grise en dessus, fauve en dessous ; les antennes sont d'un blanc grisâtre, avec de petits anneaux bruns. Le thorax est fauve, MYSTACIDES. 171 avec le dos gris. Les ailes supérieures sont fauves, un peu irisées, et ont à leur bord interne une petite tache, dont la réunion forme un point blanc quand elles sont fermées ; les ailes inférieures sont transparentes ; les pattes fauves. Je n’ai trouvé qu’une seule fois cette espèce, au pied du Salève; je ne con- nais pas sa larve. 12. M: À anTeNnes minces. (PI. XII. fig. 6.) M. Filicornis. Mihi. Petite, grise; ailes sans taches , ciliées; antennes fauves , très-longues ; pattes jaunâtres. Lougueur avec les ailes fermées: 34 lignes ; longueur des antennes: 9 lignes. _Dsscniprion. Le corps est noir, avec des poils gris. Les antennes sont très- longues, d'un fauve clair ; les ailes supérieures sont grises, minces , sans taches: leur bord postérieur est cilié de poils gris, formant des faisceaux. Les pattes sont jaunes. La larve de cette espèce (PI. XII. fig. 6. 8.) se distingue facilement de toutes celles du genre par sa tête d’un fauve rougeâtre et son thorax d'un jaune clair sans taches. L'abdomen est de la même couleur et les pattes rougeâtres, les postérieures sont longues. Ces larves se font des étuis allongés et recourbés,, en forme de corne (fig. 6. a.); leur extrémité est quelquefois pointue. Ils sont formés d'un tissu soyeux très-fort et de grains de sable. Je n'ai trouvé cette espèce que dans une petite source, au pied du Salève, où elle était assez abondante. Les étuis étaient tous d'une forme constante et d’une couleur rougeâtre. Elle éclot en automne. 13. M. Des racs. (PI. XIIL. fig. 7.) M. Lacustris. Mihi. Petite, d'un fauve pâle; yeux noirs, ailes supérieures avec quelques taches au bord postérieur ; antennes et pattes claires. 172 SECONDE PARTIE. Longueur avec les ailes fermées : 3 lignes ; longueur des antennes: 5 lignes. Descriprion. La tête et le corps sont d’un fauve clair, avec quelques poils de la même couleur; les yeux sont noirs, les pattes et les antennes sont de couleur claire. Les ailes supérieures fauves ont à leur bord postérieur et à l'extrémité de l’antérieur quelques taches, formées par des poils bruns; les inférieures sont transparentes, sans taches, ciliées de longs poils rares. Je ne connais pas la larve de cette espèce, que j'ai trouvée sur les bords du lac, près de Versoix, vers la fin de Juin. TROISIÈME GENRE. TRICHOSTOMES. — ( TricuosTomA. Mihi.) Car. Aïles supérieures courtes, manquant de nervures trans- versales ; ailes inférieures peu plissées. Antennes courtes et grosses, à premier article fort et velu. Palpes maxillaires du mâle à trois articles, le dernier en forme de massue, portant des poils plus épais à l'extrémité qu'a la base, Ce genre est peu nombreux et renferme des espèces qui dif- fèrent peu les unes des autres. Les nervures de leurs ailes supé- rieures, leurs ailes inférieures peu plissées et la grosseur du pre- mier anneau de leurs antennes les rapprochent des Séricostomes ; les femelles de ces deux genres ont une très-grande analogie entr’elles. Leurs larves se distinguent parce que leur corselet et leur méso- thorax ont leurs angles antérieurs prolongés en avant, sous la forme de pointes; du reste elles ressemblent à celles des Séricostomes; leurs filets respiratoires sont courts et peu nombreux. Elles se font TRICHOSTOMES. 175 toutes des étuis mobiles, aplatis, plus larges qu’ils ne sont hauts, et garnis ordinairement sur les côtés de pierres beaucoup plus grosses que celles qui en forment le corps. Elles vivent sous les pierres, dans les eaux courantes. Ce genre ne renferme que des espèces nouvelles. 1. TT. Caeveru. (PI. XIIL. fig. 8.) 7. Capillutum. Mihi. Tète fauve; corps gris couvert de poils dorés ; ailes fauves, avec des poils de la même couleur; antennes et pattes jaunes. Longueur avec les ailes fermées: 5 lignes. Descriprion. La tête et les antennes sont d’un fauve clair; le premier an- neau de celles-ci est couvert de poils jaunes. Le corps est d’un gris brunâtre, avec des poils fauves en dessus. Les ailes sont fauves, avec des petits poils dorés très-courts ; leur bord est cilié de poils bruns. Les pattes sont jaunes. La larve de cette espèce a la tête et le corselet grisâtres, chagrinés den oir (PI. XIIT. fig. 8. 2.). Les angles antérieurs du mésothorax sont fortement prolongés en pointes. On voit sur le corselet une tache blanchâtre et deux points noirs sur le métathorax. Le premier anneau abdominal est gris, mais les autres sont fauves; les filets respiratoires sont courts. Les pattes sont brunâtres. Elles se font, comme nous l'avons dit, des étuis plats. Ces étuis sont com- posés de petites pierres fortement unies et serrées, et des deux côtés de l’étui on voit ordinairement (fig. 8. a.) des pierres plus grosses. Elles vivent dans les eaux claires et courantes, se fixent aux pierres, et quand elles veulent se métamorphoser ferment l’ouverture de leur étui avec une petite pierre plate. Elles éclosent au mois de Juillet et ne sont pas rares dans nos environs. 174 SECONDE PARTIE. 2. T. À ANTENNES COULEUR DE porx. (P: XIIL. fig. 9.) T. Picicorne. Mihi. Petit, brun ; antennes noirûtres ; ailes brunes, avec quelques reflets jaunâtres à la base; pattes fauves. Longueur avec les ailes fermées : 3 % lignes. Descripmion. Le corps est d'un brun noir, ainsi que les antennes. Les ailes supérieures sont noirâtres , avec des petits poils roux et fauves , qui occasionnent vers la base quelques reflets de cette couleur. Les pattes sont jaunes. La larve de cette espèce diffère de la précédente parce que sa tête et les deux premiers anneaux de son thorax sont plus bruns (fig. 9. b.); elle a du reste à peu près les mêmes formes ; le métathorax et le premier anneau du corselet sont d’un fauve obscur. Elle a les mêmes mœurs que la précédente ; les pierres latérales sont ordi- nairement moins fortes. Elle éclot aussi au mois de Juillet et est commune le long, des ruisseaux. 3. T. À ANTENNES BRUNES. (PI. XIII. fig. 10.) T. Fuscicorne. Mihi. Gris, avec des poils fauves; antennes brunes ; ailes d'un fauve foncé ; pattes , ? ; ; s P jaunes. Longueur avec les ailes fermées: 5 lignes. Descrirrion. Cette espèce ressemble. beaucoup au Trich. capillatum , dont elle a la grandeur; mais elle en diffère par ses antennes brunes et ses ailes d’un fauve plus obscur. La tête et le corselet de la larve sont d'un noir assez intense (fig. 10. a.); le mésothorax est fauve, avec quatre plaques écailleuses brunes ; il a des pointes TRICHOSTOMES. 175 médiocres. Le métathorax a quatre points noirs, l'abdomen est fauve et les pattes noirâtres. Ses mœurs sont celles des deux précédentes , avec lesquelles on la trouve. 4. T: À ANTENNES Norres. (PI. XIIL fig. 11.) T. Nigricorne. Mihi. Corps et antennes noirs ; ailes brunes, luisantes , avec quelques poils fauves; pattes claires. Longueur avec les ailes fermées : 4 lignes, Drscriprion. Cette espèce diffère des trois précédentes par ses anténnes d'un noir intense et ses ailes supérieures plus luisantes et ayant un léger reflet irisé; elles ont quelques poils ras, bruns dans la plus grande partie, fauves à la base de l'aile. Les pattes sont jaunes. | La larve ressemble pour la forme à celle de l'espèce précédente ; son cor- selet est brun, avec deux taches fauves ; les pattes sont d’un brun clair. Elle a les mœurs des précédentes et éclot aussi au mois de Juillet. Je l’ai trouvée au pied du Jura. Telles sont les quatre seules espèces de Trichostomes que j'aie jusqu’à présent trouvées dans notre bassin; ce genre en renfermera cependant vraisemblable- ment d’autres. Jai reçu de M. Victor Audouin des larves semblables de forme à celles que je viens de décrire, mais plus grandes, et il y a tout lieu de croire que l’insecte qui en provient est une grande espèce de Trichostome. Ces larves avaient été trouvées au nord de Paris. 176 SECONDE PARTIE. QUATRIÈME GENRE. SÉRICOSTOMES. — ( SzrrcosTomA. Latr.). Car. Ailes supérieures sans nervures transversales; ailes infé- rieures petites peu plissées; antennes grosses et courtes à pre- mier anneau long et fort. Palpes maxillaires du mäle réduits à la forme de cuillerons, se réunissant en museau arrondi. Ce genre a été établi par Latreille, sur une espèce qui avait de longs poils soyeux entre les deux valvules du museau; mais ce caractère n’est qu'accessoire et n'existe pas dans toutes les espèces. Les Séricostomes forment un genre très-naturel, car ils se rap- prochent non seulement par les caractères ci-dessus, mais encore par un habitus commun. Ils sont en général lourds, volent mal et peu, et leurs grosses antennes, le plus souvent noires, les font facilement reconnaître. Les larves ressemblent à celles des Mystacides par la brièveté des filets respiratoires ; mais leurs pattes postérieures sont courtes. La tête et le prothorax sont ordinairement seuls écailleux, et les deux autres anneaux du thorax participent le plus souvent à la couleur et à la consistance de l'abdomen. Les Séricostomes se font des étuis mobiles; toutes les espèces que j'ai trouvées, les ont de forme conique plus ou moins re- courbés et composés de sable ou de petites pierres. Les larves vivent dans les eaux courantes et les insectes parfaits s'éloignent peu du bord. 1. S. À comen. (PI. XIV. fig. 1.). 5. Collare. Corps et antennes noirs , une tache de poils jaunes sur le cou et la tête; ailes supérieures d'un brun doré, sans taches ; pattes fauves, brunes à leur base. SÉRICOSTOMES. 177 ScHRANCK , Enum. Ins. Austr., n,° 615 , P. collaris. De Virxens, Entom. IL, p. 42. n.° 51. Ouvrier, Enc. Méth., p. 556. n.° 7. Longueur avec les ailes fermées: 6 à 7 lignes. Descriprion. Le corps est noir ; la tête et le corselet sont chacun marqués en dessus d’un faisceau de poils d’un jaune vif; dans le mâle ils sont moins abondans que dans la femelle, et ne forment que deux points plutôt que deux taches. Les antennes sont noires. Les ailes supérieures sont d’un brun un peu irisé et elles ont quelques poils dorés , ce qui produit un effet à peu près semblable à ce qu'on nomme le Mordoré ; ces ailes sont ciliées de poils brunâtres; les inférieures sont grises , ciliées. Les pattes sont d'un fauve doré, brunes à leur base, La larve de cette espèce est facile à distinguer à la couleur d’un jaune ci- tron qui règne sur son abdomen et les deux derniers anneaux de son thorax (PL. XIV. fig. r. b.). La tête et le mésothorax sont d'un brun marron, ce dernier a une ligne médiane plus claire. Les pattes sont fauves. Les filets res- piratoires sont courts et forment des petits faisceaux indistincts sur les an- neaux. La nymphe est courte et grosse (fig. 1. c.); celle du mâle présente les ru- dimens des valvules; on voit sur l'abdomen des filets respiratoires courts et peu nombreux; elle est terminée par deux pointes molles. Les larves se font des étuis (fig. 1. a.) tout-à-fait analogues à ceux de la Myst. albicornis , avec lesquels il est facile de les confondre ; ils sont comme dans cette espèce composés d’un tissu soyeux fort, sur lequel sont fixés des petits grains de sable et de très-petites pierres. Ces étuis sont plus petits à l'extrémité et un peu recourbés. Cette espèce habite les eaux claires et courantes; elle est commune dans plu- sieurs ruisseaux des environs de Genève. Quand elle veut se métamorphoser elle ferme son étui avec des pierres; elle éclot au mois de Juillet. 23 178 SECONDE PARTIE. 2. S. À races BLANCHES. (PI. XIV. fig. 2. ). S. Multiguttatum. Mihi Corps et antennes noires ; une tache de poils jaunes sur la tête et sur le col, petite dans le mâle, plus étendue dans la femelle; ailes supérieures d'un brun légèrement doré, avec des taches blanches dans la femelle, vers le bord ante- rieur et postérieur ; pattes fauves, brunes à leur base. » Longueur avec les ailes fermées : 7 lignes. Drscmrrion. Cete espèce ressemble beaucoup à la précédente. Il est en par- ticulier facile de confondre ensemble les mäles; ils diffèrent: 1. parce que la tache jaune de la tête est encore plus petite dans le mâle du Multiguttatum et que celle du cou est presque nulle; 2.° parce que les ailes supérieures sont moins dorées et ciliées de poils noirâtres plus visibles. Les femelles de cette es- pèce sont faciles à distinguer de celles de l'espèce précédente, 1.° parce que les poils du cou et de la tête sont plus nombreux et forment une tache très-vi- sible ; 2.” par les taches blanches qui se trouvent vers le bord de l’aile. La larve a comme la précédente la tête et le prothorax bruns; mais celui- ci n’a pas de ligne médiane plus claire. Le mésothorax est légèrement coloré de brunâtre et a quelques points bruns. Le métathorax et l’abdomen sont d'un fauve clair, les filets respiratoires plus visibles que dans lespèce précédente. Les pattes sont brunes. | Ces larves se font des étuis composés de petites pierres unies et serrées ; leur forme est la même que ceux de la Myst. cylindrica. Elles ont les mêmes mœurs que l'espèce précédente et vivent comme elle dans les eaux claires. Cette espèce habite surtout le pied des montagnes. Je l'ai trouvée en abon- dance à l'entrée de la vallée de Chamounix, dans celle d'Abondance , de Mont- Joie, etc., ainsi qu'au pied du Salève. 3. S. Norma. (PI. XIV. fig. 5. a. b. et c.) S. Atratum. Noir, velu; ailes supérieures grises avec des poils noirs formant des petites taches ; pattes noires , jambes postérieures jaunes. SÉRICOSTOMES, 179 Fasnicius, Ent. Syst. IL, p. 78. n.° 17. P. atrata. Coquesent, Iust, Icon. Déc. I. Tab. I. fig. 6. LatReixLe, Hist. nat. XIII. Pa89:n.?} 12. Longueur avec les ailes fermées: 5 lignes. Descririon. Le corps et la tête sont noirs, hérissés de longs poils de la même couleur ; les antennes sont noires. Les ailes supérieures sont arrondies, grises et couvertes de petits poils noirs qui forment au bord des pinceaux et des petites taches peu visibles sur le disque. Les ailes inférieures sont de la couleur des supérieures. Les pattes sont noires , à l'exception des jambes pos- térieures qui sont fauves. La larve que je ne connais pas, vit dans un étui analogue aux précédentes ; elle le ferme avec des brins d'herbes et des débris de toutes sortes. Elle se trouve dans les eaux courantes, n'est pas rare aux environs de Genève et éclot au mois de Mai. 4. S. Hérissé. (PI. XIV. fig. 3.). S. Hirtum. Brun ; tête et thorax hérissés de longs poils gris; antennes annelées de brun et de fauve , avec le premier anneau long , gris, hérissé de poils ; ailes brunes velues ; pattes fauves. Fasricius, Ent. Syst., II. p. 80. n.° 26. P. hirta. De Virrers , Entom., IL. , p. 4o n.° 47. Oxraivier, Enc. Méth., p. 547. n.° 37. Longueur avec les ailes fermées : 5 lignes, Dsscriprion. Cette espèce se distingue facilement , non seulement des autres Séricostomes, mais encore de toutes les Phryganides, par les longs poils gris qui hérissent son thorax, sa tête et la base de ses antennes. Ces dernières qui sont annelées de brun et de fauve, sont ciliées dans leur longueur de poils blanchâtres. Les ailes supérieures sont d'un gris brunâtre et velues ainsi que les inférieures. Les palpes et les pattes sont fauves. 180 SECONDE PARTIE. La larve (PI. XIV. fig. 3. b.) a la tête et le corselet bruns ; le mésothorax et le métathorax sont fauves, bordés de brun; le premier a de plus une tache allongée dans son milieu, et le second quatre points bruns. L’abdomen est fauve ainsi que les pattes. Les filets respiratoires sont médiocres. Ces larves se font des étuis semblables à ceux des autres Séricostomes, de sable et de petites pierres , recourbés et courts. Cette espèce vit dans les ruis- seaux, éclot au mois d'Août et est rare dans nos environs. 5. S. Tacné. (PI. XIV. fig. 4. ). S. Maculatum. Petit; corps noir ; tête couverte de poils fauves ; ailes grises avec des taches jaunes ; antennes noires ; pattes fauves. Ozrvisr. ÆEnc. Méth., p. 543. n.° 17. P. maculata. Réaumur ? Mem. tome III. pl. XIII. fig. 13. Grorrnoy, Hist. II. p. 248 n.° 6. Founcrox, Ent. Par. Il. p. 355. n.° 6. Larreizze, Hist. Nat. tome XIII. p. 89. n.° 13. Longueur avec les ailes fermées : 3 lignes. Description. La tête, le corps et les antennes sont noires; cette couleur est cachée par des poils fauves sur la tête et le corselet. Les ailes supérieures sont grises avec des taches jaunes plus ou moins prononcées ; les ailes infé- rieures sont grises, Sans taches. Les pattes sont fauves. La larve de cette espèce ( PI. XIV. fig. 4. b.) a la tête et le prothorax bruns avec des taches d'un fauve rougeâtre ; les pattes sont de la même cou- leur et l'abdomen est vert. Elles se font des étuis (fig. 4. a.) composés de sable et de petites pierres; mais ils diffèrent des précédens en ce qu'ils sont droits et pointus. Ces larves vivent dans les eaux courantes , elles sont très- abondantes dans le Rhône, peu après sa sortie de Genève; on les trouve par milliers, lorsque les eaux de ce fleuve, commençant à baisser, les déposent sur les bords. Elles se fixent aux pierres, font peu de mouvemens et éclosent au mois de Juin. L’insecte parfait forme quelquefois de véritables nuages sur les bords du Rhône. RHYACOPHILES. 181 6. S. Perir. (PI. XIV. fig. 5. d. et e.). S. Minutum. Mihi. Petit, mince; corps, antennes et pattes noires; ailes grises et pointues. Longueur avec les ailes fermées : 5 lignes. Drscriprron. Cette espèce est remarquable, par la petitesse de son corps et de sa tête comparée à celle des ailes. La tête, le thorax, l'abdomen, les antennes et les pattes sont noires. Les ailes supérieures sont grises , luisantes, irisées, sans poils, leur forme est pointue ; les inférieures sont transparentes sans taches. Je ne connais pas la larve de cette espèce que je n’ai trouvée qu’une fois aux environs de Genève. CINQUIÈME GENRE. RHYACOPHILES. — ( Ray acopxira. Mihi.) Car. Ailes supérieures sans nervures transversales ; ailes infé- rieures étroites, de la même forme que les supérieures et presque pas plissées. Antennes médiocres. Palpes maxillaires à cinq ar- ticles dans les deux sexes, le second presque aussi court que le premier, le dernier ovoïide. Abdomen souvent terminé par des appendices cornés. Ce genre renferme des espèces très-nombreuses et difficiles à distinguer avec quelque précision (!) ; l’uniformité de leurs teintes (1) Les Rhyacophiles sont de toutes les Phryganides celles qui présentent le plus de difficulté pour l'étude des espèces, à cause de leur petitesse et de leurs couleurs ternes et sans taches dis- tinctes; aussi conviendra-t-il peut-être d'y créer quelques coupes. Je présente ici un essai de ce genre, employant pour cela des caractères simples et faciles à observer , mais de peu de valeur générique. 192 SECONDE PARTIE. et la petitesse de la plupart d’entr'elles créent de grandes diffi- cultés dans leur étude. (Ces insectes sont très-fréquens sur le bord des ruisseaux et rivières; les petites espèces habitent sur- tout les vallées élevées où on en trouvera encore, je n’en doute pas, un très-grand nombre d'espèces nouvelles; car les natura- listes les ont jusqu'à présent presque entièrement négligées. Les larves vivent toutes dans les eaux courantes; elles ne se font jamais d’étuis mobiles. Les unes ont des organes respiratoires externes, d’autres en sont privées. Toutes les nymphes sont pro- tégées par une double enveloppe; l'une plus interne, écailleuse , produit de quelque sécrétion; et l'autre soyeuse, externe, filée comme dans les genres précédens et recouverte de pierres ou autres corps étrangers. 1. R. Vurcarre. (PI. XV. fig.1.) À. Vulgaris. Mühi. Grande, fauve; ailes transparentes , avec quelques petits points bruns et une grande tache jaune rhomboïdale, bordée de brun, sur la commissure des ailes. L. Grandes espèces à taches noires et fauves bien distinctes: les Rh. vulgaris et torrentium. II. Espèces moyennes à taches fauves : 1. à taches bien distinctes; R, vristis et umbrosa. 2.9 à taches peu distinctes; R. pubescens , nebulosa , et vernalis. III. Petites espèces à palpes glabres , à corselet et occiput n'ayant que des poils rares et soyeux. 1.9 A pattes fauves ou brunes, &. à antennes noires eb ailes brunes ou fauves; R. angularis, lœvis, flavipes , bigut- tata, obfuscata , et tomentosa. B. à antennes et ailes noires; R. Zœvigata, azurea et penicillus. y. à antennes fauves; R. latipennis, microcephala, decolorata et incolor. 2.9 A:pattes noires; R, granulata. IV. Petites espèces à palpes glabres, à corselet et occiput couverts d'un duvet. 1.9 A pattes fauves; R. comala, ciliata et lanigera. 2.9 À pattes noires; R, Zanala. , V. Petites espèces à palpes velus; KR. melas, barbata, nigrocincta, setiféra et articularis. RHYACOPHILES. 185 Longueur : 6 lignes. Dsscniprion. Cette espèce est sujette à varier, peut-être même ses variétés devront-elles former des espèces distinctes. La plus ordinaire est celle qui pro- vient de la larve figurée (PI. XV. fig. 1. a.); c'est la Rhyacophile fig. r. e. et J. Sa tête, son corps et ses antennes sont fauves , sans taches ; celles-ci sont courtes et minces. Les ailes supérieures sont d'un fauve transparent, avec les nervures de la même couleur et des points bruns abondans, surtout sur le bord interne et postérieur. Ce bord interne présente en outre une grande tache triangulaire jaune, bordée de brun, qui, lorsque les ailes sont fermées, forme avec celle de l’autre aile une tache rhomboïdale, Les ailes inférieures sont trans- parentes , sans taches. Les pattes sont fauves. La larve de cette espèce a déja été décrite comme le type du genre, dans le chapitre quatrième de la première partie; elle est grande et de couleur brillante. Sa tête est étroite, jaune, marquée de trois taches noires. Le cor- selet est petit, de même couleur que la tête. Les deux autres anneaux du tho- rax participent de la couleur de ceux de l'abdomen; ils sont comme eux mélangés de vert et de pourpre. Ces anneaux de l'abdomen sont très-séparés les uns des autres et portent, à l'exception du dernier, des houppes respiratoires de cou- leur pourpre. Le dernier anneau est terminé par quatre crochets, dentelés en dessous. Les pattes sont fauves. Ces larves vivent dans les ruisseaux ; elles ne font pas d'étuis mobiles et se tiennent volontiers sous les pierres. Quand elles veulent se métamorphoser elles se construisent un abri solide sur une grosse pierre, qui en fait une des faces (PL. XV. fig. 1. b.). Ces abris, en forme de demi-ellipsoïde, sont formés de pierres réunies par une enveloppe soyeuse. En dedans on trouve la nymphe enveloppée dans une membrane ovoïde, sans ouverture (fig. 1. d.), d'un brun marron , et d'autant plus opaque qu'il y a plus long-temps qu’elle est formée. Cette nymphe (fig. 1. c.) ressemble à toutes celles que nous avons vues jusqu’à présent ; elle manque d'organes respiratoires externes, et est terminée dans les mâles par un double appareil de crochets, comme nous l'avons déja indiqué dans la première partie. Cette nymphe molle et délicate est d’un vert uniforme. Quand elle veut éclore elle coupe les deux cloisons qui la retiennent et nage, comme celles des autres genres, vers un endroit sec, 184 SECONDE PARTIE. Cette espèce est très-commune dans les ruisseaux de nos environs , elle éclot en été. Il y a une variété qui formera peut-être une espèce, qui se distingue à sa couleur plus grise, à ce que son corps est presque brunâtre, et à ce que la tache rhomboïdale de l’aile est formée par la réunion d’un grand nombre de taches blanches. Sa larve vit dans les rivières ; elle est commune dans le Rhône, et éclot aux premiers jours du printemps. 2. R. Des rorrens. (PI. XVI. fig. 1.) À. Torrentium. Mihi. Très-grande; tête brune; thorax noïr en dessus, brun en dessous; antennes annelés de fauve clair et foncé; ailes supérieures grises tachetées de fauve et de brun, avec une tache rhomboïdale blanche sur la commissure des ailes ; pattes fauves. Longueur : 8 lignes. Descriprion. Cette espèce ressemble à la précédente pour la forme et la dis- position des taches des ailes, mais elle est plus grande et d'une couleur plus foncée. La tète est brune en dessus, fauve en dessous et postérieurement; les antennes annelées de fauve clair et foncé. Le thorax est brun et noir en dessus ; les pattes fauves. Les ailes supérieures sont grisâtres, à nervures brunes, et mélangées de petites gouttelettes blanchâtres et de points bruns. Vers le bord interne on remarque une grande tache formée par la réunion de petits points blancs et bordée de brun intense. Je n'ai trouvé cette espèce qu'une seule fois, à la fin de Juillet, au bord du torrent qui sort du lac de Chède (Faucigny). 3. R. Triste. (PI. XVI. fig. 2.) R. Tristis. Mihi. Moyenne , noire; ailes supérieures d'un brun noir, à nervures noirés et taches dorées ; pattes grisâtres. RHYACOPHILES. 185 Longueur : 5 lignes, Descriprion. La tête, le corps et les antennes sont noirs; les ailes supérieures sont d’un brun intense , luisantes, à nervures noires; elles ont quelques taches arrondies ou oblongues , formées par des mouchets de poils dorés. Les pattes antérieures ont leurs cuisses noirâtres ; leurs jambes, ainsi que les pattes pos- térieures , sont d'un fauve terne et grisâtre. J'ai trouvé cette espèce à la fin de Juillet dans le petit vallon de Chatelard près Servoz (Faucigny .. 4. R. Ousrée. (PI. XV. fig. 2.) R. Umbrosa. Petite, noire ; ailes supérieures brunes, à nervures noires et taches dorées ;. pattes fauves. Lunné, Syst. Nat. Ed. XII, p. gro. n.° »r. id, Fauna Suecica , n° 1498. De Virrers, Entomol., II. p. 35. n.° 26. Ouivier , Enc. Méthi., p. 548. n.° 4o. Longueur : 4 lignes, Descrirrion. Cette espèce a une grande analogie avec la précédente; elle en: diffère cependant par sa taille qui est moindre, par la couleur plus claire de ses ailes supérieures et parce que les pattes sont toutes les trois d’un fauve clair. Quand les ailes sont fermées les taches forment des chevrons, dont l’ou- verture est dirigée en avant (fig. 2. d.). La larve de cette espèce appartient à la divisior des larves sans organes res- piratoires externes. La tête est noire, arrondie. Le corselet est court, petit, écailleux et jaunâtre ; les deux autres anneaux du thorax et ceux de l'abdomen sont d'un vert vif, mêlé de quelques nuances brunes. Ces anneaux sont assez bien découpés et portent de longs poils ; le dernier est terminé par deux crochets simples. La nymphe est enveloppée d'une membrane plus transparente que celle de la Rh. vulgaris. 24. ft Ve” 186 SECONDE PARTIE. Ces larves vivent sous les pierres, dans les eaux courantes, se métamor- phosent en automne, et sont communes dans les environs de Genève. L’insecte parfait se tient volontiers sur les buissons. 5. R. Pusrscenre. (PI. XVI. fig. 3.) AR. Pubescens. Mihi. Tête et corps bruns, noirdtres en dessus et pubescens ; antennes brunes ; ailes supérieures grisâtres , couvertes d'un duvet de poils dorés, couvrant ordinairement toute l'aile, à l'exception d'une tache brune au bord interne. Longueur : À lignes. Descrirmion, Cette espèce est de la même taille que la précédente , mais de cou- leur plus claire et pubescente. Sa tête est brune, noirâtre en dessus ; les palpes, les yeux et les antennes sont bruns, Le thorax est brun, plus clair en dessous. Les ailes supérieures sont grises, avec les nervures brunes; elles ont des taches formées par des poils fauves, qui quelquefois même couvrent toute l'aile; le bord interne présente cependant presque toujours une ou deux taches brunes, formées par l’absence de ces poils. Les ailes inférieures sont grisâtres; les pattes fauves. Cette espèce n’est pas rare au pied des montagnes. 6. MR. À Tacue AnGuLaiRE. (Pl. XVI. fig. 4.) R. Angularis. Mihi. Petite, luisante ; tête, corps et antennes noirs ; ailes supérieures brunes, avec une tache à l'angle antérieur ; pattes fauves et tarses noirâtres. Longueur: 4 lignes. Descrxprion. La tête et le corps sont noirs, ainsi que les antennes. Un ca- ractère, qui fera facilement reconnaître cette espèce, est que la bouche est d’un fauve pâle, ainsi que la base des palpes maxillaires et labiaux , tandis que RHYACOPHILES. F8 187 l'extrémité de ces organes est d'un noir vif. Les ailes supérieures sont brunes, luisantes, sans poils; l'angle antérieur est d’un brun plus intense, ce qui forme une tache peu apparente. Les pattes sont fauves avec les tarses noirâtres. Environs de Genève, rare. 7. R. Luisanre. (PI. XVI. fig. 5.). R. Lœvis. Mihi. Petite; corps, antennes et palpes noirs; ailes obscures, luisantes; pattes d'un fauve grisâtre. Longueur: 3 lignes. Dsscriprion. Cette espèce a la tête, le corps, les antennes et les palpes d'un noir intense; les ailes supérieures sont noirâtres avec un reflet irisé ; elles sont lisses et presque glabres; les pattes sont d'un fauve grisâtre ; la hanche est la partie la plus claire. Cette espèce habite les vallées élevées ; je l'ai trouvée à Chamounix et dans quelques vallées du Chablais. 8. R. À parres rauves. (PI. XVI. fig. 6.) R. Flavipes Mihi. Mince et allongée; tête, antennes et corps d’un brun foncé; ailes brunätres L4 à nervures de même couleur ; pattes et hanches fauves. Longueur: À lignes. Drscriprion. Cette espèce se distingue des précédentes par sa taille plus al- longée et plus mince. La tête est brune ainsi que les yeux, les palpes et les antennes ; le premier anneau de celle-ci est d'une couleur un peu plus claire que le reste, le corps est brun , un peu pubescent. Les ailes supérieures sont brunes , lisses, presque glabres, allongées et sans taches ; on y voit quel- ques petits poils fauves. Les pattes sont d'un jaune paille, ainsi que la partie du thorax sur laquelle elles naissent. Cette espèce se trouve dans les environs de Genève. 188 SECONDE PARTIE. 9. R. A peux races. (PI. XVI. fig. 7.). R. Biguttata. Mihi. Mince et allongée; tête et corps bruns, noirs en dessus; ailes brunes avec une tache médiane, blanche , peu marquée ; pattes fauves. Longueur : À lignes. Dsscriprion. Cette espèce se rapproche de la précédente par sa forme allongée ; sa tête est noire, avec la bouche plus claire, les palpes sont bruns, plus clairs à leur base. Les ailes supérieures sont d’un brun luisant , à nervures noires et quelques poils dorés; elles ont vers leur milieu une petite tache blanche peu apparente. Les pattes sont fauves avec les épines noires. Environs de Genève. 10. R. Bruni (PI. XVI. fig. 8) AR. Obfuscata. Mihi. Petite, tête et corps noirs; palpes , antennes et yeux bruns ; ailes brunâtres , avec un reflet irisé; pattes fauves à épines brunes. Longueur : 34, lignes. Descriprion. Cette espèce ressemble à la lœvis pour la forme et la grandeur, Sa tête est noire ainsi que son corps, les yeux ct les palpes sont d’un brun clair, les antennes d'un brun foncé. Les ailes supérieures sont brunes, avec un reflet irisé, elles sont brillantes et légèrement velues. Les inférieures sont semblables aux supérieures. Les pattes sont d'un fauve doré avec des épines de couleur brunâtre. J'ai trouvé cette espèce vers la Vernaz entre les vallées du Biot et de Lullin (Chablais ). RHYACOPHILES. 189 11. R. Coronneuse. (PL XVI. fig. 9.). R. Tomentosa. Mihi. Très-petite, noirâtre, velue; ailes brunes , ciliées de longs poils ; pattes d'un fauve grisâtre. Longueur : 2 lignes. Descriprion. Cette petite espèce a la tête, le corps et les antennes noires, celles-ci sont assez grosses; le dessus du corps est couvert de poils fauves. Les ailes supérieures sont grises , irisées, couvertes de quelques poils fauves et ciliées de longs poils noirâtres. Les pattes sont d’un fauve grisâtre, avec leur base d'un jaune doré. J'ai trouvé cette espèce au mois de Juin, au pied du Jura. 12. R. A arres LARGES. (PI. XVI. fig. 10. ). R. Latipennis. Mihi. Tête et corps bruns, noirs en dessus; antennes et pattes fauves ainsi que le dernier anneau de l'abdomen; ailes grandes, fauves ; sans poils ni taches , très- irisées. Longueur : 3 lignes. Descriprion. Cette espèce se distingue facilement à ses ailes supérieures et inférieures , larges, transparentes, fauves, glabres et fortement irisées; et a son abdomen terminé par un anneau fauve. La tête est brune, ainsi que les antennes et les palpes , un peu velue ; sa partie supérieure est noire, comme celle du thorax. Les pattes sont d’un jaune doré, avec des épines de la même couleur. Je n'ai trouvé cette espèce qu'une seule fois, au Mont-Brezon ( Faucigny). 13. R. PRINTANNIÈRE. (PI. XV. fig. 4.) R. Vernalis. Mihi. Brune; antennes annelées de brun et de fauve; ailes supérieures grisôtres, ciliées , avec quelques taches fauves au bord interne ; pattes fauves. 190 SECONDE PARTIE. Longueur : À lignes. Drscriwrion. Cette espèce est un peu plus grande que les précédentes. Sa tête et son corps sont bruns, un peu plus foncés en dessus ; les palpes sont bruns , les antennes annelées de fauve et de brun. Les ailes supérieures sont d’un gris clair, ciliées de poils de la même couleur et offrant quelques taches fauves ; on en voit ordinairement une à la base de l'aile, trois au bord in- terne et une ou deux petites dans le milieu de l'aile; les ailes inférieures sont blanchâtres et sans taches. Les pattes sont fauves. Les tarses intermé- diaires ont leur premier anneau élargi. L’abdomen est terminé par quelques appendices écailleux (Voy. la première partie). La larve de cette espèce appartient à un type très-nombreux en espèces, mais dont je n’ai pu encore avoir que deux histoires complètes (celle-ci et la ciliata). Ces larves se distinguent à leur tête et leur corselet noir, ainsi que leurs pattes et à leur abdomen dépourvu d'organes respiratoires et d'un rouge pourpre assez vif. Dans les espèces qui nous occupent ici (PI. XV. fig. 4. a.) le corselet est en forme d’hexagone à peu près régulier, tout noir ; les deux autres anneaux du thorax sont d'un rouge clair, bordés latéralement de noir. Les anneaux de l'abdomen sont peu distincts et sans appendices; le dernier est de couleur obscure. La nymphe (fig. 4. c.) est enveloppée d'une membrane analogue à celle des autres larves de ce genre, mais plus transparente que dans la vulgaris. Cette nymphe est encore protégée par des pierres entassées (fig. 4. b.), formant en dedans une cavité régulière hemi-ellipsoïde et irrégulière en dehors; elles sont retenues par une soie analogue à celle des Phryganes propres. Cette espèce vit dans l’Arve, s'attache aux pierres et éclot au mois d'Avril ; c'est une des premières Phryganides que l’on voit voler au printemps. Elle n'est pas rare. 14. R. Nésureuse. (PI. XVI. fig. 11.) À. Nebulosa. Mihi. Noire ; tête petite et antennes minces; ailes supérieures grises , mélangées de teintes produites par des poils fauves ; pattes fauves, avec le milieu des cuisses Ce" noiratre. RHYACOPHILES. 191 L2 Longueur: À lignes. Drscriprion. Cette espèce est de la grandeur de la précédente, mais plus mince. Sa tête, son thorax et son abdomen sont noirs ; les antennes sont très- minces et de la même couleur, ainsi que les palpes. Les ailes supérieures sont grises, à nervures de la même couleur et ciliées de poils minces. Elles sont en outre marquées de quelques teintes fauves, peu définies dans leurs contours, formées par une réunion de poils dorés. Les pattes ont le milieu de la cuisse brun, ainsi que les crochets des tarses; la base de la cuisse et le reste de la patte est fauve. Cette espèce se trouve dans l’Arve; sa larve a vraisemblablement de l'ana- logie avec celle que nous venons de décrire ; elle éclot au mois de Juin. OR ANPENITE TETE. (Pl: XVI. Hg, 19.) R. Microcephala. Mihi. Petite, noire, mince ; tête très-petite ; antennes et palpes bruns ; ailes luisantes , grises, avec des reflets irisés; pattes fauves. Longueur : 3 lignes. Dsscriprion. La tête est très-petite et le corselet mince; les palpes et les antennes sont d'un brun clair. Les ailes supérieures sont grises, avec des reflets irisés, luisantes, plus foncées au bord antérieur et légèrement ciliées de longs poils fins et rares. Les inférieures sont semblables aux supérieures. Les pattes sont fauves, avec des épines très-courtes. Bords du Rhône. 16. R. Décororér. (PI. XVI. fig. 13.) ÆR. Decolorata. Mihi. Petite, fauve ; tête et dessus du corps bruns ; antennes fauves, noïrâtres à l'éx- trémité ; ailes supérieures fauves, ciliées, sans taches ; pattes fauves. 192 SECONDE PARTIE. #4 Longueur: 2% lignes. Dascrarion. Cette espèce est facile à reconnaître et ne peut pas être con- fondue avec aucune autre du genre. Sa tête est brune, ses yeux et ses palpes sont noirs, et les antennes, d'un fauve clair dans leur moitié inférieure, sont noires dans le reste. Les ailes sont fauves, cotonneuses et ciliées de poils de la même couleur; les inférieures sont blanchâtres. Les pattes sont fauves. Je n'ai trouvé cette espèce qu'une seule fois, au pied du Salève. + : 17. R. Sans coureurs. (PI. XVI. fig. 14.) ÆR. /ncolor. Mihi. Petite; tête et corps fauves en dessous, noirs en dessus; antennes grosses et brunes ; ailes supérieures fauves, irisées , glabres ; pattes fauves. Longueur : 2 {/ lignes, Descnrerion. La tête est noire en dessus; la bouche et les. palpes sont clairs ; les antennes courtes et brunes. Le thorax est brun en dessous et d’un beau noir en dessus ; les ailes supérieures sont fauves, irisées, glabres et luisantes ; les pattes sont fauves. Environs de Genève. 18. R. Porte. (PI. XVI. fig. 15.) À. Lævigata. Mihi. , ! 0 . (PUR Q Petite, allongée ; tête, corps et antennes noirs ; ailes supérieures glabres, polies, noirâtres, avec un reflet irisé; pattes fauves, à cuisses et tarses noirs. Longueur: 2 lignes, LA Drescriprion. La tête est noire, ainsi que les palpes et les antennes ; le tho- rax et l'abdomen sont de la même couleur ; les ailes sont luisantes, sans poils, noirâtres , avec un reflet irisé peu brillant. Les pattes sont d'un fauve vif, avec le milieu des cuisses et les tarses noirs. * r b EL] RHYACOPHILES. 195. be C2 œ Et J'ai trouvé cette espèce dans la vallée d'Abondance (Chablais) au milieu® # 4 3 Me de Juillet, s slt - 2 “ * » n a. $ 19. R. Azurée. (PI. XVI. fig. 16.) AR. Azurea. "é LL H ; TR. (ES d - Petite ; tête et corps noirs; antennes courtes et noirâtres; ailes supérieures , à ” noires, brillantes, avec des reflets bleus très-marqués à leur partie postérieure e” qui est ciliée; pattes fauves. , de Lit, Syst. Nat. Ed. XIT, II. p. 909. n.° 12. P. acuréa. : id. Fauna Suecica, n.° 1491. L ù ’ CeDERMELM, Faun. Ingr. Prodr,, p. 139. n.° 425. De Viens, Entom., III. p. 32. n° 16. : Fasnicius, Ent. Syst., IL. p. 79. n.° 21. k Ouvier, Enc. Méth., p. 545. n.° 24. Larneicre, Hist. Nat., XIII. p. 90. n.° 18. + ” Longueur : 24 lignes. Descriprion. Cette espèce est d’un noir assez brillant ; la tête et le corps sont tout entiers de cette couleur ; les antennes sont courtes et grosses, d'un brun foncé. Les ailes supérieures sont noires, brillantes , ciliées de longs poils de la même couleur, et leur partie postérieure présente des reflets bleus très- marqués. Les pattes sont fauves. Cette espèce se trouve au bord des torrens. 20. R. Crée. (PI. XV. fig. 3.) À. Ciliata. Petite, courte; tête et thorax velus en dessus, noirs en dessus et en dessous ; antennes grosses; ailes supérieures gr ES avec ur petit duvet doré , et ciliées de longs poils ; pattes fauves. Mus. Lesk., Pars. Ent., p. 52. n.° 30. GE, Syst. Nat., p. 2637. l Orivign, Enc. Méth., p. 56o. n° 3e. 25 æ 4194 SECONDE PARTIE. » Longueur : 3 lignes. Dsscriprion. Cette espèce, avec quelques-unes de celles qui suivent, forment un groupe caractérisé par des antennes courtes. et grosses, une tête et un cor-. selet velus en dessus, et des ailes larges, ciliées et cotonneuses. Celle-ci a la tête, le thorax et l'abdomen noirs, médiocrement velus. Les ailes supérieures sont grises, couvertes de quelques poils fauves et ciliées de longs poils gris ; les pattes sont d’un fauve obscur. La larve ressemble à celle de la vernalis; son corselet est moins régulière- ment hexagonal et traversé par une ligne longitudinale claire. Le mésothorax a deux points noirs. L'abdomen est composé d'anneaux bien marqués et portant quelques poils ; le dernier de ces anneaux est obscur. Cette espèce vit dans les ruisseaux, les sources, etc. ; elle est commune dans nos environs. o1. R. Cneverue. (PI. XVI. fig. 19.) À. Comata. Mihi. Petite ; tête et corps noirs en dessus, fauves en dessous , très-velus ; ailes supé- rieures grises, ciliées et couvertes d’un duvet fauve; pattes fauves. Longueur : 2, lignes. Drsenwprion. Cette espèce ressemble à la précédente; elle en diffère parce que le dessous de la tête, du thorax et de l'abdomen est fauve, au lieu d’être noir, et parce que le dessus de la tête et du corselet est couvert de poils fauves beaucoup plus abondans. Les ailes sont comme dans celles-ci couvertes d'un petit duvet fauve et ciliées de longs poils gris. Cette espèce voltige sur les buissons; elle paraît au commencement de Juin. 22. R. Laneuse. (PI. XVI. fig. 18.) À. Lanata. Mihi. Petite, noire, velue en dessus ; aïles supérieures grises, ciliées et couvertes d'un léger duvet fauve ; pattes noires, tachetées de fauve. 4 RHYACOPHILES. 195 Longueur : 2% lignes. Drscriprion. Cette espèce ressemble aux deux précédentes , mais elle en diffère parce que le duvet de sa tête est gris au lieu d'être fauve, et surtout par la couleur de ses pattes. Les antérieures ont les cuisses noires et les jambes brunes, les intermédiaires sont fauves, avec le milieu de la cuisse noir ; les postérieures noirâtres , avec les genoux et le milieu des tarses fauves. Je n’ai trouvé cette espèce qu'une seule fois, au pied du Jura près de Di- vonne, au milieu de Juin. 23. R. Porre-Laine. (PI. XVI. fig. 19.) ÆÀ. Lanigera. Mihi. Petite ; tête et antennes brunes ; thorax fauve en dessous ; ailes supérieures grises, hérissees de poils fauves , surtout à leur base ; pattes fauves. Longueur : 2{/ lignes, Descriprion. Cette espèce appartient au même type que les trois précé- dentes, mais sa couleur est beaucoup plus claire. La tête est brune et porte en dessus un duvet fauve; le thorax est brun en dessus, fauve en dessous. Les antennes sont noirâtres. Les ailes supérieures sont d’un gris perlé clair, avec la base couverte de longs poils fauves. Les pattes sont fauves. Cette espèce provient d’une larve analogue à celle de la R. ciliata ; elle éclot au milieu de Juin. 24. R. Pinceau. (PI. XVI. fig. 20.) ÆÀ. Penicillus. Mihi. Petite, d'un noir mat; palpes velus; ailes ciliées de trés-longs poils noirs ; pattes brunes, les intermédiaires plus claires. Longueur: 21; lignes. Descaiprion. Cette espèce diffère de toutes les précédentes parce que ses palpes sont velus. Toute sa couleur est d’un noir mat, à l'exception des pattes. 196 SECONDE PARTIE. Les antennes sont courtes, les ailes ciliées de très-longs poils noirs. Les pattes antérieures sont brunes, avec le genou plus clair; les cuisses intermédiaires fauves et leurs jambes brunes; les postérieures d’un gris brunâtre. Cette espèce se trouve au bord des ruisseaux et recherche le pied des montagnes. 25. R. Meras. (PI. XVI. fig. 21.) À. Melas. Mihi. Petite ; palpes velus ; toute entière d'un noir mat; ailes fortement ciliées ; pattes noires. Longueur : 2 #, lignes. Descrirrion. La tête est noire et porte des palpes velus et des antennes dont le premier anneau est gros et fort. Le corps est noir. Les ailes sont d’un noir mat, ciliées ainsi que les inférieures de longs poils gris. Les pattes sont noires, avec les articulations fauves. Je l'ai trouvée dans la vallée de Chamounix à la fin de Juillet. 26. R. BarBue. (PI. XVI. fig. 22.) ÆÀ. Barbata. Mihi. Petite ; palpes passablement velus; noire, avec les palpes et les pattes bruns ; ailes noirâtres , ciliées de poils formant des faisceaux. Longueur : 2 #, lignes. Dsscriprion. La tête est noire et porte des antennes brunes et des palpes moins velus que dans l'espèce précédente. Les ailes supérieures sont noirâtres et terminées postérieurement par trois ou quatre faisceaux de poils, formant des ‘taches noires , entre lesquelles l'aile est grise. Les pattes sont brunes. J'ai trouvé cette espèce sur les bords du Rhône, au printemps. RHYACOPHILES.' 197 27. R. Borpée DE noir. (PI. XVI. fig. 23.) R. Nigrocincta. Mihi. Petite; palpes velus, d'un noir mat; ailes grisâtres, bordées de noir ; pattes noires, avec les articulations fauves. Longueur: 2, lignes. Dsscriprion. Cette espèce a les plus grands rapports avec la R. melas; elle me paraît cependant en différer parce que le disque de ses ailes est d'une cou- leur plus claire, tandis que le bord en est noirâtre. Les articulations des pattes sont aussi d'un fauve plus marqué dans l’espèce qui nous occupe. J'ai trouvé cette espèce au pied du Jura. 28. R. Soyeuse. (PI. XVI. fig. 24.) R. Setifera. Mihi. Petite; tête et corps bruns ; antennes annelées de fauve et de brun ; palpes velus et courts; ailes supérieures grises, soyeuses; pattes fauves. Longueur : 24, lignes. Dsscriprion. La tête est brune et porte des palpes courts de la même cou- leur ; les antennes sont annelées de fauve et de brun. Les ailes supérieures sont d'un gris cendré, sans taches, avec leur base fauve; elles sont ciliées de longs poils soyeux grisâtres. Les pattes sont fauves, avec des épines presque nulles. Environs de Genève. 29. R. GRranuLéE. (PI. XVI. fig. 2.) ÆR. Granulata. Mihi. Petite, noire ; palpes courts ; ailes supérieures d'un noir un pre irisé, granu- lées; pattes brunes, très-velues. + 198 SECONDE PARTIE. Longueur : 2 lignes. Drscniprron. Cette petite espèce se distingue de toutes celles de ce genre par ses ailes qui ne sont pas lisses mais couvertes de petites aspérités , et par ses pattes fortement ciliées. La tête, les antennes et les palpes sont noirs, ainsi que le corps. Les ailes supérieures sont obscures, avec des reflets métalliques; les in- férieures sont grises. Les pattes sont brunes, ciliées sur les cuisses et un peu sur les jambes. J'ai trouvé cette espèce dans la vallée de Chamounix à la fin de Juillet. 30. R. ArricuzaiRe. (PI. XVI. fig. 26.) R. Articularis. Mihi. Petite ; palpes velus ; tête, antennes et corps noirs ; ailes supérieures grisätres , irisées, avec la base fauve; pattes brunes, à articulations noirâtres. Longueur : 24 lignes. Descriprron. Cette espèce a une grande analogie de forme avec la melas, mais elle en diffère par sa couleur plus claire et ses ailes irisées, peu velues. Les pattes sont d'un brun clair, avec les articulations plus foncées. Cette espèce se trouve au pied du Salève. Je dois à la fin de ce genre, décrire deux larves dont je ne connais pas l’histoire complète et qui méritent quelque attention. La première (PI. XV. fig. 5. 4.) ressemble pour la forme à la larve de la RayacoPniLA vuLcaris; mais elle en diffère essentiel- lement par l'absence d'organes respiratoires externes, et parce que son dernier anneau porte deux crochets simples. Cette larve a la tête et le corselet fauves, écailleux, avec quelques taches formées par des points noirs. Les autres anneaux du thorax et ceux de # HYDROPSYCHÉS. 199 l'abdomen sont blanchâtres avec des taches brunes, et portent quelques poils rares. Les pattes sont fauves. Cette espèce a sa nymphe enveloppée d’une double membrane, ce qui la classe dans ce genre ; elle vit dans les ruisseaux au pied du Salève ; je n’ai pas pu l’élever. La seconde ( PI. XV. fig. 5. d. c. d.) se rapproche par sa forme et ses couleurs des larves de la comata et de la vernalis (PI. XV. fig. 3. b. et 4. a.). Elle diffère de toutes deux, parce que au lieu de se faire un abri tout-à-fait immobile, elle a (au moins dans son jeune âge) une sorte d'étui irrégulier (fig. 5. b. c.) et mobile. Cet étui, semblable en dessus à l'enveloppe de la nymphe de la comata (fig. 3. a.) , est formé en dessous de petites pierres qui le rendent assez analogue à celui des Phryganes propres ou plutôt à celui des Trichostomes. Du reste la nymphe est entourée d'une double enveloppe. Cette espèce semble former une sorte de passage entre les Phryganides à étuis et les Phryganides sans étuis. SIXIÈME GENRE. HYDROPSYCHÉS. — (HyproPsycne. Mihi.). Car. Ailes supérieures sans nervures transversales; ailes infé- rieures plissées. Antennes minces, quelquefois assez longues; palpes maxillaires à cinq articles dans les deux sexes ; le dernier presque aussi long que la réunion des quatre autres, et en forme de fi- lament. Ce genre, facile à reconnaître aux caractères ci-dessus, comprend des espèces nombreuses, dont les larves vivent presque toujours dans les eaux courantes; on les trouve abondamment dans les ri- : g.- 200 SECONDE PARTIE. vières. Les Hydropsychés ont des couleurs grisâtres, elles sont fré- quemment tachetées ; les espèces en sont très-difficiles à distinguer. Aucune larve de ce genre ne se fait d’étuis mobiles ; elles vivent toutes dans des retraites qu'elles se construisent avec des pierres ou des débris végétaux retenus par des soies ; quelquefois même dans un simple réseau soyeux entouré de vase. Les nymphes ha- bitent aussi dans des maisons immobiles; elles ne sont envelop- pées que de la soie secrétée par la larve, et n’ont point la double membrane qui caractérise celles du genre précédent. Parmi les larves il y en a qui ont des organes respiratoires externes , et d’autres qui en sont dépourvues ; les premières don- nent naissance à des Hydropsychés qui se reconnaissent à leurs an- tennes plus minces et plus longues. On peut donc diviser ce genre en deux sections. PREMIÈRE SECTION. ANTENNES TRÈS-MINCES, UN PEU PLUS LONGUES QUE LES AILES; LARVES POURVUES DE HOUPPES RESPIRATOIRES. Les espèces qui composent cette section ont entr’elles des res- semblances si grandes qu'il est très-difficile d'indiquer les carac- tères qui les distinguent. Les six premières en particulier, peu- vent être facilement confondues ensemble. I'étude des larves est d'un grand secours pour reconnaître ce qui doit être considéré comme espèce de ce qui n’est que variété; et ces six espèces malgré leurs ressemblances, me semblent être bien distinctes. J'ai tâché dans le tableau suivant de faciliter l'intelligence de leurs carac- tères. HYDROPSYCHÉS. 201 fauve sur les flancs ; poils de l'occiput et taches claires des ailes j'ériss téille moyenne “sAtémtia. F } blancs, grande, , Cinerea. à ; ; grise; ailes inférieures obscures . , . . , . . Tenuicornis. # }noirâtresur les flancs; teinte ; : : rs c - petite, taches des ailes bien marquées . . Guitata. générale des ailes . ; 2 ST fauve € de taille moyenne, taches grisen dessus Z’ariabilis.. ailes peu marquées; abdomen { fauve en dessus Læta. 1. H. Atôme. (PI. XVII. fig. 1.). 77 Atomaria. Moyenne; tête et corselet noirs en dessus, fauves en dessous et sur les Jlanes, couverts de poils gris ; ailes supérieures grises tachetées de noir et de fauve ;. pattes fauves... Mus. Lrsk., pars. Ent., p. 51. n.° 36. Gmeun, Syst. Nat., p. 2637. Ph. atomaria. Ouvrier, Enc. Méth., p. 559. n.° 27. Ons. La Ph. atomaria de Fabricius et celle de Schranck sont deux espèces diffé- rentes de cellé de Gmélin. Longueur: 5 lignes. Description. La tête est d'un brun noirâtre ainsi que les palpes; les an- tennes très-minces sont fauves, annelées de brun. Le thorax est brun en des- sus, fauve en dessous. et latéralement ; il porte en dessus des poils gris. L'ab- domen est brun avec, sa partie inférieure fauve. Les pattes sont de la même couleur, Les ailes supérieures sont grises avec de petites taches noires ; le bord externe est marqué de points alternativement fauves et gris; vers le bord in- terne on voit quelques taches fauves, mais pâles et peu distinetes, La larve de cette espèce (PL. XVII. fig. 1. a.) est celle dont l'anatomie in- terne et externe a été en partie décrite dans le quatrième chapitre, car .c'est celle-ci qui a été prise pour type du genre. Sa tête est ellipsoïde, brune, le tour des yeux fauve. La partie supé- rieure est aplatie, lisse et noire, formant en quelque sorte un disque para- bolique.. Il est marqué de quatre taches orangées, dont les deux postérieures sont réunies par leur base. Le corselet et carré, tout brun; le mésothorax a ses angles antérieurs un peu saillans en avant, il est brun. bordé de noir ; 26 + 202 SECONDE PARTIE. le métathorax est de même couleur et un peu plus court. L'abdomen est d'un vert grisâtre assez foncé , marqué d'impressions régulières ; les anneaux en sont peu distincts , ils portent en dessous des organes respiratoires en houppes, com- posés, comme nous l'avons vu, de trois filets centraux qui portent les autres comme les barbes d'une plume. Le dernier anneau est allongé; peu après son origine il forme une petite couronne de poils, en dessous de laquelle on voit sortir ces quatre filets qui tiennent au canal intestinal et dont l'extrémité est quelquefois noire. En dessous naissent deux forts pédicules velus qui portent à leur extrémité externe un crochet, et à l’interne un beau mouchet de poils. La nymphe ( fig. 1: b.) a les antennes longues, l'abdomen dépourvu d’or- ganes respiratoires externes, et le dernier anneau terminé par deux appen- dices écailleux. Les larves de cette espèce vivent dans les eaux courantes. Elles ont coutume de se construire des retraites. Pour cela elles choisissent un endroit où des pierres laissent un intervalle suflisant, et là en jettant quelques fils elles for- ment une maison assez imparfaile. Quelquefois ces fils sont si nombreux qu'ils font un tissu considérable. Elles fortifient cet abri en y transportant des petites pierres pour boucher les intervalles que laissent entr’elles celles qui y en ont formé la base. Ces abris imparfaits leur suflisent pendant leur vie de larve ; mais quand elles veulent se métamorphoser en nymphes, elles se construisent une maison dont la forme intérieure est un demi ellipsoïde. Cette maison établie sur une pierre qui en fait la base, est composée de pierres de différentes grosseurs solidement as- semblées ; et qui semblent au premier coup-d’œil un simple amas de graviers. La fig. 1.e. montre une de’ces maisons placée sur la pierre et la fig. 1. f. en fait voir une autre en dessous, après qu'elle a été séparée de cette base. Le tissu qui retient ensemble les matériaux , se prolonge sur la grande pierre , de manière à envelopper la nymphe dans un sac sans ouverture. Quand elle veut éclore elle perce ce sac à une des extrémités, et va se fixer sur un endroit sec comme toutes les autres Phryganides. Cette espèce vit dans les ruisseaux d’eau courante, à fond pierreux ; elle est commune dans nos environs et éclot au mois d’Août. - . HYDROPSYCHÉS. 205 2. H. À ANTENNES minces. (PI. XVII. fig. 2. ). H. Tenuicornis. Mihi. Moyenne; téte, thorax et abdomen noirâtres ; antennes grises, minces ; ailes fe , : : . ; supérieures d'un gris foncé, avec quelques poils fauves et des taches et points noirs ; pattes d'un fauve grisâtre. Longueur : 5 lignes, Descriprion. Cette espèce se distingue à sa couleur d'un gris plus foncé que dans les espèces voisines ; les taches fauves des ailes sont peu prononcées et les points noirs sont petits, de manière que toute l'aile a une teinte obscure; les inférieures sont d’un gris noirâtre. Les pattes sont d'un fauve grisâtre. La larve (PI. XVII. fig. 2. a.) diffère de celle de l'espèce précédente par ce qu'elle est plus noire et plus grosse; les taches orangées de la tête sont réduites à trois , les houppes respiratoires sont d’une couleur orangée, et les pattes fauves. Elle a les mêmes mœurs que la précédente, vit comme elle dans les ruisseaux, et dans son jeune âge emploie quelquefois des matériaux végétaux. Elle est moins commune que l'atomaria et éclot au printemps. 3. H. Tacuerée. (PI. XVII. fig. 3.). A. Guttata. Mihi. Petite; tête, thorax et abdomen noirs, avec des poils gris ; ailes supérieures grises, marquées de taches fauves et noires, bien distinctes ; ailes inférieures blanchâtres ; pattes fauves. : Longueur : À lignes. Descriprion. Cette espèce se distingue à sa taille moindre et surtout à la vivacité des couleurs de ses ailes supérieures , où des points noirs bien marqués font ressortir les taches d'un jaune vif, qui les couvrent surtout vers le bord in- terne. Les ailes inférieures sont transparentes et blanchâtres. Les pattes sont fauves avec les crochets des tarses noirs. 204 SECONDE PARTIE. La larve est petite; sa tête est brune, avec une teinte fauve sur les cotés et autour des yeux; le milieu de l'épicrane est de la même couleur et marqué d’un T noir. Les anneaux du thorax sont fauves au bord, gris au milieu et bordés d'une ligne noire ; les deux derniers ont un trait cblique aux angles antérieurs. L’abdomen est verdâtre , les filets respiratoires blancs et les pattes jaunes. Cette larve a les mœurs des précédentes , elle vit dans l'Arve, emploie des pierres pour construire sa maison, et éclot au mois de Juin. 4. H. Cenprée. (PI. XIX. fig. 3.). AH. Cinerea. Mihi. Grande ; corps noir en dessus , chargé de poils blancs ; thorax fauve sur les flancs ; ailes supérieures grises , avec des taches blanches et des points noirs ; pattes fauves. Longueur: 7 lignes. Descriprion. Cette espèce a la même disposition de taches que les précéden- tes; mais elle en diffère par les poils d'un blanc argenté qui recouvrent le dessus de sa tête et de son thorax, et parce que les taches claires des ailes sont blanches au lieu d’être fauves. Les palpes sont bruns; les pattes fauves, et les ailes inférieures transparentes, sans taches. Je n'ai trouvé cette belle espèce qu'une seule fois, dans la vallée de Boëge, au milieu de Juillet. 5. H. Joyeuse. (PL. XVIL fig. 4. ). Æ. Læta. Mihi. Grande ; tête et thorax noirs en dessus, celui-ci noirâtre sur les flancs ; ab- domen brun; ailes supérieures d’un fauve grisâtre , avec quelques taches peu marquées, plus claires et des points noirâtres, visibles surtout au bord interne. Longueur: 7 lignes. Dsscnerion. Cette espèce se distingue des précédentes à ce qu’elle est plus grosse , et surtout par les taches de ses ailes très-peu marquées. Les points HYDROPSYCHÉS. 205 noirs et les taches fauves continuent bien à occuper les mêmes places, mais sont très-indistincts. Les antennes sont de couleur claire, les palpes noirâtres et les pattes d'un fauve grisâtre. Les ailes inférieures sont transparentes, et l'abdomen gros et brun dans l’état de vie, devient noirâtre par la dessication. Quand les ailes sont fermées on ne voit guère que les taches du bord interne, La larve (PI. XVII. fig. 4. a.) est grosse et de couleur claire; sa tête est fauve avec une tache noire en forme de croix. Le thorax est d'un brun clair, avec des traits obliques noirs aux angles antérieurs des deux derniers anneaux; ils sont tous trois encadrés d’une ligne noire. L'abdomen est fauve, avec les houppes respiratoires blanchâtres. Les pattes sont jaunes. Cette espèce se fait des maisons de pierres analogues aux précédentes. Elle vit dans le Rhône où elle est très-abondante , et éclot au mois de Mai. On voit quelquefois à cette époque des phryganes de cette espèce former des nua- ges considérables au-dessus de la rivière, et couvrir les murs des maisons qui avoisinent les ponts du Rhône à Genève. Les couleurs de cette espèce sont peu stables et quand elles ont vécu quel- ques jours, elles sont souvent d’un fauve uniforme sans taches. 6. H. Varragee. (PI. XVIL fig. 5. ). Æ. Variabilis. Mihi. Moyenne; corps noirâtre; ailes supérieures fauves avec des taches peu mar- quées , plus claires et des points noirâtres ; ailes inférieures sans taches. Longueur : 6 lignés. Dsscriprion, Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente , elle en diffère par son abdomen noirâtre à l'état de vie et par sa taille un peu plus petite; les antennes sont plus obscures. La variation que nous avons reconnue dans les taches des ailes de l'espèce précédente, est encore plus sen- sible dans celle-ci ; et c’est cette circonstance que j'ai voulu retracer par son nom. Quand elle vient d'éclore les taches noires sont assez bien marquées, et la phrygane est telle que la présente la figure 5. b; mais peu de temps après ces taches deviennent indistinctes comme dans la fig. 5. c., et quand l'insecte a vécu quelques jours, ces ailes sont d’un fauve luisant , uniforme, sans traces 206 SECONDE PARTIE. de taches. La tête, le thorax et l'abdomen sont toujours noirâtres, les yeux bruns , les antennes légèrement annelées et les pattes d’un fauve grisâtre. La larve (PI. XVII. fig. 5. a.) ressemble aussi à celle de l’espèce précé- dente ; la tête m'a semblé plus grosse à proportion, et la forme de la croix noire dessinée sur la tête un peu différente; les pattes ont plus de poils et l’ab- domen est en général moins gros. Cette espèce vit dans l'Arve et le Rhône; je l'ai trouvée abondamment au confluent de ces deux rivières. Elle éclot au mois de Septembre. 7. H. Nésuceuse. (PI. XIX. fig. 4.). A. Nebulosa. Mihi. Moyenne ; tête et corps noirs ; cuisses noirâtres, jambes et antennes Jauves ; ailes supérieures brunes, couvertes de petits poils jaunes qui y Jont des taches irrégulières. Longueur: 6 lignes. : Drscrierion. Cette espèce a quelqu’analogie avec la montana et la variegata ; mais elle en diffère parce que les taches de ses ailes sont beaucoup moins dis- tinctes, et surtout parce que ses antennes minces doivent la faire ranger dans cette première section. La tête, le thorax et l'abdomen sont noirs avec quel- ques poils fauves ; les antennes sont fauves légèrement annelées de brun. Les ailes supérieures sont d’un brun intense, couvertes de petits poils jaunes qui y font des taches irrégulières, visibles surtout au bord interne. Les pattes ont leurs cuisses brunes et les jambes et tarses fauves. Les ailes inférieures sont grises. Cette espèce est rare , je l'ai trouvée une seule fois aux environs de Troinex; je ne connais pas sa larve. 8. H. Terre. (PI. XIX. fig. 5.) A. Tüincta. Mihi. Moyenne ; tête et antennes grises; corps noirâtre; ailes supérieures brunes, avec deux taches peu distinctes , d’un blanc argenté , vers leur commissure ; pattes d'un fauve grisâtre. HYDROPSYCHÉS. 207 Longueur: 5 lignes, Descniprion. Cette espèce est facile à reconnaître ; sa tête et ses antennes sont d'un noir clair rendu grisâtre par des poils courts. Le thorax et l'abdomen sont noirs. Les ailes supérieures sont d’un brun brillant , et présentent vers leur commissure deux taches peu distinctes dans leur contour, d'un blanc ar- genté; la base de l’aile a la même couleur. Les ailes inférieures sont grises; les pattes d’un fauve terne. Cette espèce est rare; on la trouve aux environs de Genève, en été; je ne connais pas sa larve. 9. H. Jorre. (PI. XVIIL. fig. 1.) A. Lepida. Mihi. Très-petite ; corps fauve; yeux noirs; antennes fauves , noirâtres à l’extré- mité; ailes supérieures grisâtres , brillantes, avec quelques taches d'un fauve doré, et des points noirs au bord antérieur. | Longueur: 3 lignes, Descriprion. Cette espèce est très-petite et de couleur claire. La tête, le thorax et l'abdomen sont fauves. Les yeux sont noirs; les antennes fauves, annelées de brun, avec l'extrémité plus foncée. Les ailes supérieures sont d'un gris très-clair , ciliées, et ont quelques taches irrégulières formées par un duvet doré. Le bord antérieur présente quelques taches noirâtres. Les pattes sont fauves. La larve (PI. XVIII. fig. 1. a.) a les mêmes formes que celles que nous avons déjà décrites dans ce genre; mais elle est beaucoup plus petite et de couleur plus claire. La tête est fauve avec le labre orangé; le thorax est com- posé de trois anneaux fauves, velus et encadrés d’une ligne noire. L'abdomen est verdâtre ; les houppes respiratoires blanches et les pattes de couleur claire. La figure 1. b. représente un étui détaché de la pierre qui lui servait de base; il est construit comme ceux des espèces voisines. Celle-ci vit dans les ruisseaux, au pied du Salève, et éclot au mois de Septembre. 208 SECONDE PARTIE. 10. H. Érrorre. (PI. XIX. fig. 6.) Æ. Angustata. Mihi. Très-petite ; tête noire en dessus, bouche fauve, antennes annelées de fauve et de brun; ailes supérieures grisâtres, irisées, avec une tache brune à leur com- missure, et quelques autres au bord antérieur. Longueur: 3 lignes. Descriprion. La tête est noire avec quelques poils dorés , la bouche et les palpes sont fauves; les antennes annelées de brun et de fauve. Le thorax et labdomen sont noirâtres. Les ailes supérieures sont d’un gris clair , un peu irisées, ciliées au bord postérieur ; elles ont quelques taches brunes médio- crement marquées , dont l’une au bord interne , c'est-à-dire vers la commis- sure des ailes, et d’autres le long du bord antérieur. Les ailes inférieures sont transparentes , irisées. Îies. pattes sont fauves. Je ne connais pas la larve de cette espèce que j'ai trouvée à la fin de Juin, sur les feuilles des buissons, fort loin des eaux. SECONDE SECTION. ANTENNES DE GROSSEUR MÉDIOCRE , PLUS COURTES QUE LES AILES ; LARVES DÉPOURVUES D'ORGANES RESPIRATOIRES EXTERNES. 11. CH. Vartée. (PL XVIII. fig. 4.) M. Variegata. Grande; tête et corps noirs ; antennes et pattes fauves ; ailes supérieures brunes ornées de taches fauves, arrondies, nombreuses ; ailes inférieures grises. Scorori, Ent. Carn. 693. Ph. variegata. De Virsens, Ent. , III. p. 37. n.° 32. Tab. VII. fig. 5. HYDOPSYCHÉS. 209 SCHRANCK, Enumer. G21. id. Fauna Boïca, Tom. Il. p. 182 n.° 1910. Fagricius, Ent. Syst., IÏ. p. 79. n.° 23. Orivier, Enc. Méth., p. 546. n.° 26. Larnenxe, Hist. Nat., Tom. XIII. p. 90. n.° 19. Ors. La PA. variegata de De Virxers, III. p. 44. n.° Go., n’est pas la même que celle-ci; elle est l’analogue de la PA. varia. Fas. Longueur : 6 lignes. Dsscniprion. Cette belle espèce se distingue facilement par ses couleurs vives et brillantes. La tête et le corps sont noirs ; les antennes sont fauves, ainsi que les palpes. Les ailes supérieures sont d’un brun noir avec des taches ar- rondies , fauves , nombreuses et serrées ; les plus grandes sont situées le long des bords. Les pattes sont fauves. La larve de cette espèce ne m'est pas connue ; mais il est vraisemblable qu'elle ressemble beaucoup à celle de l'espèce suivante (fig. 5.6.); car les deux phryganes ne diffèrent guère que par la couleur de leurs palpes et an- tennes. Je ne connais de celle qui nous occupe maintenant que la nymphe qui, quand elle est près d’éclore, est remarquable par ses couleurs brillantes , analogues à celles de l'insecte parfait (fig. 4. a.). Elle se distingue de toutes celles que nons avons vues jusqu'à présent par un caractère qui lui est com- mun avec la suivante, savoir la force de ses mandibules, d'abord recourbées à leur base, puis droites et terminées par quatre dents (fig. 5. d.). J'ai dit que les couleurs de cette nymphe étaient analogues à celles de la phrygane , je dois ajouter que l’abdomen étant plus distenda, la partie écailleuse au lieu de le recouvrir entièrement , forme seulement des plaques isolées. Cette espèce se fabrique , comme les Hydropsychés de la première section , des maisons en pierres appuyées sur une plus grande; la figure 4... montre une de ces maisons séparées de la pierre qui lui servait de base. Elles vivent dans les eaux claires et limpides des montagnes ; je les ai trouvées abondam- ment dans le ruisseau qui arrose le village de Brezon. Elle éclot au mois de Juillet. 210 SECONDE PARTIE. 12. H. Des monracwes. (PI. XVIII. fig. 5.) 4. Montana. Mihi. Grande ; tête , corps et antennes noires ; pattes fauves ; ailes supérieures brunes ornées de taches jaunes, arrondies , nombreuses ; ailes inférieures grises. Longueur: 6 lignes. Dsscriprion. Cette espèce a la plus grande analogie avec la précédente dont elle ne diffère guère que par la couleur de ses palpes et de ses antennes qui sont noires au lieu d’être fauves, et parce que les taches de ses ailes sont or- dinairement d'une couleur un peu plus claire. Les pattes sont d’un fauve plus gri- sâtre. La femelle a en outre le dessus de la tête et du thorax couvert de poils fauves. La larve (PI. XVIIL. fig. 1. b.) est grande et d’une forme très-différente de celles que nous avons observées jnsqu'à présent. La tête est en forme de carré long, d’une couleur orangée ou brun clair, avec sa partie antérieure plus foncée. Le corselet est petit, de même couleur que la tête, encadré d’une ligne noire et retréci en arrière. Le mésothorax et le métathorax sont d’un blanc brunâtre bordé de noir; l'abdomen est composé d'anneaux assez distincts, dé- pourvus d'organes respiratoires externes, portant des poils rares, et de la même couleur blanchâtre que les deux derniers anneaux du thorax. Les pattes sont fauves, ainsi que les bases écailleuses des crochets du dernier anneau ab- dominal qui sont minces et médiocrement longues. Ces larves se font des maisons analogues à celles de l'espèce précédente (fig 5. a.). La nymphe y est renfermée dans une enveloppe simple comme toutes celles de ce genre; elle a les mêmes formes que l'espèce précédente (fig. 5. c.); son abdomen est terminé par deux crochets mous dans le mâle et par une pièce oblongue dans la femelle (fig. 5. e. ). Cette espèce a les mœurs de la précédente et habite comme elle les ruisseaux des montagnes. La larve qui est figurée provient d’un petit ruisseau du hameau du Châtelard près Servoz (Faucigny). Elle éclot au mois de Juillet. On la trouve aussi au pied du Jura et dans diverses vallées du Chablais et du Fau- cigny. ‘HYDROPSYCHÉS. 211 13. H. À courtes ANTENNES. (PI. XIX. fig. 7.) H. Brevicornis. Mihi. Petite ; antennes courtes , fauves , annelées de brun ; tête noire avec deux taches fauves , corselet fauve ; thorax noir en dessous, fauve latéralement ; abdomen brun ; ailes supérieures irisées , ciliées de poils bruns. Longueur: 4 lignes, Descriprion. La tête est noire, hérissée de poils fauves ; on remarque vers l'occiput deux taches fauves comme dans l'espèce suivante, mais moins dis- tinctes. Les antennes sont annelées de fauve et de brun, remarquables par leur brièveté, car elles dépassent peu la moitié de l'aile. Le thorax est fauve, sauf le dessus du mésothorax et du métathorax qui sont noirs. Les ailes su- périeures sont brunes, irisées, avec des poils fauves à la base, et elles sont ciliées de poils bruns sur tout leur bord postérieur. Les pattes sont fauves , les ailes inférieures ciliées et irisées; l'abdomen noir avec le dernier anneau fauve. Cette espèce se trouve aux environs de Genève, je ne connais pas sa larve. 14. H. À occrpur racué. (PI. XIX. fig. 8.) A. Occipitals. Mihi. Petite ; antennes courtes, brunes, annelées de brun foncé ; tête noire avec deux taches fauves à l'occiput ; thorax noir, avec les flancs fauves et deux taches fauves sur le corselet ; ailes supérieures irisées | médiocrement ciliées. Longueur: 4 lignes. Drscrirrion. Cette espèce ressemble beaucoup à la précédente , dont elle pour- rait bien n'être qu'une variété. Elle me semble cependant en différer par ses antennes plus brunes, par ses taches occipitales mieux marquées et parce que le corselet, au lieu d'être entièrement fauve en dessus, n’a que deux taches de cette couleur sur un fond noir. Les ailes supérieures sont irisées, couvertes 212 SECONDE PARTIE. à leur base d'un coton fauve et moins ciliées de poils bruns que dans l'espèce précédente. L'abdomen est de la même couleur que dans celle-ci, ainsi que les pattes. Cette espèce habite les petits ruisseaux des bases des montagnes ; elle est commune dans nos environs. 15. H. Gorce DE picron. (PI. XIX. fig. 9.) H. Columbina. Mihi. Petite, noire ; tête couverte d'un duvet fauve; antennes noirâtres; ailes supé- : LE ; 4 à rieures brunes, fortement irisées , très-faiblement ciliées; pattes fauves , armées d'é. pines considérables. Longueur : 3 4, lignes. Dsscriprion, La tête est noire, avec un duvet cotonneux fauve qui la recouvre en dessus ; les antennes et palpes sont noirâtres. Le corselet est très-court et a en dessus deux tubercules fauves; le reste du corps est noir. Les ailes su- périeures sont d'un brun noirâtre, avec des nuances changeantes pourpres et bleues et quelques poils fauves, courts et couchés; elles sont très-faiblement ciliées de poils noirs. Les inférieures sont obscures et les pattes fauves, avec la base des cuisses noire et des épines brunes très-fortes. J'ai trouvé cette espèce, dont je ne connais pas la larve, dans la vallée du Reposoir à la fin de Juillet. 16. H. Virrée. (PI. XIX. fig. 10.) A. VWitrea. Mihi. Petite; tête et corps bruns , noirs en dessus, avec l'occiput et le corselet fauves ; antennes brunes; ailes supérieures transparentes, sans taches ni poils; pattes fauves , à épines fortes, Longueur: 34, lignes. Descriprion, Cette espèce se distingue de la plupart des précédentes parce qu'elle est glabre et luisante , circonstance qui la rapproche de quelques-unes des HYDROPSYCHÉS. 213 espèces suivantes. Sa tête est noire, avec l'occiput fauve; mais elle diffère de loccipitalis et de la brevicornis par sa forme courte et ramassée et par les épines de ses pattes beaucoup plus considérables. Les antennes sont brunes, ainsi que les palpes. Le corselet est fauve; le thorax et l'abdomen bruns, avec leur partie supérieure noire. Les ailes supérieures et inférieures sont grises, très-trans- parentes, sans taches. Les pattes sont fauves, avec de fortes épines de la même couleur, Cette espèce n’est pas rare aux environs de Genève. 17. H. À Pere TÊTE. (PI. XIX. fig. rr.) I. Microcephala. Mihi. Petite ; tête et corps bruns, noirs en dessus ; corselet étroit et tête petite; ailes transparentes, sans taches ; pattes d'un fauve grisâtre , avec des épines médiocres. Longueur : 3}, lignes. Dsscniprion. La tête est petite, noire, ainsi que les palpes ; les antennes sont brunes. Le thorax est brun, avec la partie supérieure noire. Les ailes supérieures sont très-transparentes, sans taches, à nervures fauves; les infé- rieures très-fortement irisées. Les pattes sont fauves, avec les épines médiocres. Cette espèce a la même forme que la précédente, avec laquelle elle a quelqu’a- nalogie ; mais elle s'en distingue facilement à son occiput et à son corselet noirs et aux épines médiocres de ses pattes. Je l'ai trouvée au pied du Jura, au mois de Juin , près des sources de la Divonne. 18. H. À antennes racnées. (PI. XVIIL. fig. 2.) H. Maculicornis. Mihi. Très-petite; tête noire, avec le front jaune ; antennes fauves à leur base , puis annelées et brunes à leur extrémité ; ailes supérieures grisätres, avec quelques petites taches peu marquées au bord postérieur ; pattes fauves. 214 SECONDE PARTIE. Longueur : 3 lignes. Dscnwrion. Cette espèce est facile à reconnaître à la couleur de sa tête qui est noire, avec le sinciput et le front jaunes. Les palpes sont bruns et les antennes , jaunes à leur base, se terminent par une couleur noirâtre, après avoir été annelées dans leur milieu. Le thorax est fauve, avec sa partie supérieure noire. Les ailes supérieures sont grisâtres , peu velues, à nervures inapparentes; elles sont marquées sur leur bord postérieur de quelques taches noirâtres, peu intenses ; les inférieures sont sans taches. Les pattes,sont fauves , avec des épines médiocres. La larve de cette espèce est mince (PI. XVIIT. fig. 2. b.); sa tête arrondie et son corselet quadrangulaire sont noirs. Les deux anneaux du thorax sont, ainsi que l'abdomen, d’une couleur verdâtre; celui-ci est dépourvu d'organes respiratoires externes, et ses anneaux bien marqués sont plats; le dernier est terminé par deux crochets portés par des pédicelles simples. Les pattes sont courtes et de couleur claire. Ces larves vivent dans des petits canaux qu'elles se construisent sur les pierres (fig. 2. c.) Ces canaux sont composés de soie, qui retient dans ses mailles de la vase ou des petites pierres; ils serpentent d'une manière irrégu- lière sur la surface de la pierre, sont très-fragiles et leur diamêtre dépasse peu celui de la larve. Quand elle veut se métamorphoser, elle se contente quelque- fois de fermer un de ces canaux, d’où il résulte des petits abris ovoïdes , allon- gés, comme on en voit deux sur la fig. 2. c.; quelquefois aussi elle se construit une retraite plus solide avec des pierres (fig. 2. a.). Ces larves sont com- munes dans les ruisseaux de nos environs ; elles se métamorphosent en au- tomne. 19. H. Fracise. (PI. XIX. fig. 12.). A. Fragilis. Mihi. Très-petite ; tête noirâtre ; antennes annelées de fauve et de brun ; thorax fauve, brun en dessus ; ailes supérieures grises, avec des nuances formant des bandes transversales ; pattes fauves. Longueur: 2 {/ lignes. Drscrirsion. Cette espèce est une des plus petites du genre. Sa tête est d’un noir peu intense, les palpes sont de la même couleur, les antennes annelées HYDROPSYCHÉS. 215 de brun et de fauve. Le thorax est brun en dessus et fauve sur les flancs. Les ailes supérieures sont grises, peu velues, avec des nuances plus foncées formant deux bandes transversales; mais ces bandes, toujours peu apparentes, ne sont quelquefois pas visibles. Les pattes sont fauves, avec des épines médiocres. J'ai trouvé cette espèce au bord des sources de la Divonne, au pied du Jura, au mois de Juin. 20. H. Des vices. (PI. XIX. fig. 13.) A. Urbana. Mihi. Très-mince, fauve ; tête et thorax brunâtres en dessus; ailes sans taches ; antennes annelées ; palpes noirâtres. Longueur : 3 lignes. Dsscriprion. Cette espèce est remarquable par la petitesse de son thorax et de son abdomen. La tête et le corps sont d'un fauve clair, avec le dessus un peu plus foncé. Les antennes sont annelées de fauve et de brun clair; les palpes sont noirâtres. Les ailes supérieures, très-étroites à leur base, sont fauves et sans taches, à nervures peu marquées. Les pattes sont d’un jaune pâle. La larve de cette espèce vit dans le Rhône; l’insecte parfait est très-abon- dant en été sur les murs des maïsons de Genève et sur les vitres des fenètres. 21. H. Ricue. (PI. XIX. fig. 14.) ÆH. Dives. Mihi. Petite, noire; ailes supérieures noirâtres , avec des reflets verts et pourpres et des poils dorés; pattes noires , avec les jambes antérieures et intermédiaires fauves. Longueur : 3 lignes, Drscriprron. La tête est noire, ainsi que les antennes et les palpes; les yeux sont bruns. Le thorax et l'abdomen sont noirs. Les ailes supérieures sont d’une couleur foncée et présentent de très-beaux reflets pourpres et mé- talliques ; elles ont en outre des poils dorés, qui y produisent des teintes fauves ; = | 216 SECONDE PARTIE. aussi les ailes de cette espèce ont-elles un éclat qui la fait distinguer facilement des autres espèces du genre. Les ailes inférieures sont grises, sans taches. Les pattes sont noires, à l'exception des jambes antérieures et médianes, qui sont d’un fauve grisâtre, Je n’ai trouvé cette jolie espèce qu'une seule fois, au mois de Juillet, dans la vallée du Biot (Chablais). 22. H. Tourrerezze. (PI. XX. fig. 1.) A. Turtur. Mihi. Petite ; tête et corps noirs, couverts en dessus de poils dorés; antennes et palpes bruns ; aïles supérieures irisées, grisâtres , ciliées de longs poils; pattes fauves. Longueur : 3 lignes. Descriprion. La tête est noire, couverte en dessus de poils dorés ; les an- tennes et les palpes sont bruns, le thorax et l'abdomen noirs. Les ailes supé- rieures sont d’un gris mêlé de nuances irisées ; elles sont plus foncées sur les bords qu'au milieu et ciliées de longs poils bruns formant quelquefois au bord postérieur quelques taches peu marquées. Les inférieures sont grises et très- ciliées. Les pattes sont d’un fauve brunâtre, avec des épines assez fortes. J'ai trouvé cette espèce aux environs de Genève. 23. H. À cHEVELURE sAUNE. (PI. X VIIL. fig.3.) /7. Flavicoma. Mihi. Petite, noire ; une tache jaune sur la tête formée par des poils dorés; ailes noirûtres , trisées , ciliées de longs poils ; pattes grises. Longueur: 5 lignes. Descriprion, Cette espèce a la tête, les antennes et les palpes noirs, à l’ex- ception d'une tache formée par des poils dorés sur la tête, entre les bases des antennes. Le corps est noir. Les ailes supérieures sont noirâtres, irisées, ciliées de longs poils noirs et présentent à leur base un léger duvet fauve. Les pattes sont grises. HYDROPSYCHÉS. 217 Je ne connais pas la larve de cette espèce; sa nymphe (PI. XVIII. fig. 3. 8.) manque d'organes respiratoires externes, a deux points derrière chaque anneau de l'abdomen et est terminée par une pièce oblongue quadrangulaire, à l’extré- mité de laquelle sont quelques poils courts et divergens. J'ai trouvé cette nymphe sous une enveloppe de pierres (fig. 3. a.), construite sur des débris de bois; ces pierres étaient petites et faiblement unies. L'absence de double membrane m'a prouvé qu'elle appartenait réellement à ce genre. Cette espèce habite les ruisseaux d'eau vive et limpide, et particulièrement les sources. Je l'ai trouvée en abondance dans les sources qui avoisinent le pont de Pirolata, dans la vallée de Chamounix. 24. H. À arcs Notres. (PI. XX. fig. 2.) 7. Nigripennis. Mihi. Petite; tête, corps, antennes et palpes noirs; ailes supérieures noirâtres , irisées , ciliées de longs poils ; pattes grises. Longueur : 3 lignes. Drscrierion. Cette espèce a la plus grande analogie avec la précédente, dont elle n’est peut-être qu'une variété. Elle n’en diffère que par l'absence de taches jaunes entre les bases des antennes. Elle a comme elle les ailes supérieures irisées, noirâtres, ciliées de longs poils et légèrement fauves à leur base. J'ai trouvé cette espèce vers les sources de la Divonne, au pied du Jura, à la fin de Juin. 25, H. À TAcHE HuMÉRALE. (PI. XX. fig. 3.) H. Humeralis. Mihi. Petite; tête, antennes et palpes noirs ; thorax brun ; ailes supérieures noirûtres , irisées, non cilices , avec la base fauve; pattes grises. Longueur : 3 lignes, Descrairrion. Cette espèce ressemble aussi aux deux précédentes, mais elle peut cependant en être facilement distinguée à ses ailes supérieures glabres et 28 218 SECONDE PARTIE. non ciliées. Sa tête, ses palpes et ses antennes sont noirs; le thorax, brun sur les flancs, est noir en dessus. Les ailes supérieures sont noirâtres, irisées , avec une petite tache fauve à leur base. Les pattes sont grises. J'ai trouvé cette espèce dans les environs de Genève. 26. H. Couzeur DE porx. (PI. XX. fig. 4.) A. Picea. Mihi. Très-petite , noire ; ailes supérieures noirätres ; peu irisées, faiblement ciliées , avec une tache plus claire dans le milieu ; pattes grises. Longueur : 27, lignes. Drsenwsion. Cette espèce se rapproche des trois précédentes par sa couleur et une tache fauve à la base de l'aile, quoique moins prononcée que dans la humeralis. Elle en diffère par sa taille qui est moindre et parce que ses ailes supérieures sont plus ternes, moins brillantes et moins irisées que dans les trois espèces ci-dessus. On remarque aussi, le plus souvent, vers le milieu de cette aile une tache blanchâtre, formée par la réunion de poils courts et roides. J'ai trouvé cette espèce dans les environs de Genève. o7. H. Uncorors. (Pl. XX. fig. 5.) AH. Unicolor. Mihi. Très-petite, fauve ; tête et palpes bruns ; ailes supérieures blanchätres , irisées. Longueur : 2 Ÿ, lignes. Descriwrion. Cette espèce est partout d’un fauve uniforme, sauf la tête, qui est d'un brun clair, et les palpes, qui sont noirâtres. Les ailes sont d’un fauve clair, très-brillamment irisées. Cette espèce a de grands rapports de couleur avec l’H. urbana; mais elle en diffère par son thorax plus gros et ses ailes plus larges. Le port de ces deux insectes est assez différent. L'H. unicolor est beaucoup plus ramassée que l'urbana. HYDROPSYCHÉS. 219 28. H. À cusveux gcancs. (PI. XIX. fig. 1.) 1. Senex. Mihi. Moyenne; tête et thorax bruns, chargés en dessus de poils d’un blanc argenté ; antennes annelées de brun et de blanc; ailes supérieures grises, mélangées de taches blanches et noirâtres. Longueur : 6 lignes. Dsserierion. Cette jolie espèce se distingue facilement de toutes celles du genre. Sa tête est brune, avec un cercle de poils de même couleur autour des yeux et un faisceau d’un blanc argenté sur son milieu. Les antennes sont courtes et grenues, ce qui fait au premier coup-d’œil distinguer cette espèce de celles de la première section, avec lesquelles elle a quelques rapports de couleur. Ses antennes sont annelées de brun et de blanc. Le thorax est fauve, brun en dessus et chargé de poils blancs. Les ailes supérieures sont grises, couvertes de petites taches blanches et de points noirs, réguliers sur les bords de l'aile et irréguliers dans son milieu. Vers la commissure on trouve des taches noires, allongées, qui, quand les ailes sont fermées , forment des sortes de chevrons incomplets ; vers la base de chaque aile on voit une touffe de poils bruns. Les inférieures sont grises et sans taches ; les pattes sont fauves, La larve de cette espèce (PI. XVIIT. fig. 1. a.) est celle qui m’a servi de type pour l'anatomie des larves d'Hydropsychés sans branchies (PI. V.). Elle est assez grosse et a ses anneaux bien marqués. Sa tête est fauve, avec des points noirs formant un cercle au milieu; le corselet est petit et court, écailleux et fauve comme la tête; le mésothorax et le métathorax sont d’une consistance molle comme les anneaux de l'abdomen et comme eux d'une couleur fauve un peu rosée. Ces anneaux abdominaux sont bien distincts et marqués d’impressions sinueuses longitudinales ; ils portent quelques poils et des stigmates (voyez la première partie). Le dernier est formé d’une base courte et de deux longs pé- dicules terminés par des crochets simples. Les pattes sont fauves et écailleuses. La nymphe présente un fait remarquable, dont j'ai déja parlé, savoir qu’elle respire au moyen de filets externes, tandis que la larve en est privée; ily a deux de ces filets pour chaque anneau; le dernier en est dépourvu et est ter- miné par des mammelons ciliés (fig. 1. b.). 220 SECONDE PARTIE, Les larves vivent dans les eaux courantes et peu profondes , sous les pierres ou dans des abris très-grossiers qu’elles construisent à la hâte en assemblant quelques pierres et en jetant des fils dans divers sens. Elles changent fréquemment de demeure et on les trouve souvent abritées simplement par quelque grosse pierre; mais ilest rare, même dans ce cas, qu’on ne trouve pas quelques débris de fils, car elles en tapissent très-rapidement le lieu où elles se fixent. Quand elles veulent se métamorphoser , elles se construisent une maison plus solide et se font alors une enveloppe de pierres (fig. 1. c.) analogue à celle des larves de la première section, mais en général plus longue et moins solide. Cette espèce est commune dans nos environs ; elle éclot au mois de Juillet. 29. H. Tacuerée DE saunE. (Pl. XIX. fig. 2.) H. Flavo-maculata. Mihi. Petite, brune ; antennes annelées de brun et de fauve ; ailes brunes, tachetées de fauve; pattes fauves. ScxRANCK, Fauna Boïca, II. p. 184. n.° 1916. P. atomaria. Oss. Je n’ai pas conservé le nom de Schranck, parce qu'il appartient déja à une autre espèce d'Hydropsyché, Longueur : À lignes, Description. La tête et le thorax sont bruns, couverts d'un duvet peu per- sistant de poils dorés. Les antennes sont annelées de brun et de fauve. Les ailes supéricures sont brunes, tachetées de petites gouttelettes arrondies, jaunes, plus abondantes vers les bords qu’au milieu. Les ailes inférieures sont grises et les pattes fauves. Cette espèce ne peut être confondue avec aucune autre, car l’H. variegata et la montana sont beaucoup plus grandes et ont des couleurs beaucoup plus. vives et plus variées, et l'H. nebulosa est aussi d'une taille beaucoup plus considé- rable et appartient par ses antennes à la première section. La larve (PI. XIX. fig. 1. a.) a de grands rapports avec celle de l'espèce précédente ; elle en diffère cependant par sa tête plus allongée, sur laquelle les HYDROPSYCHÉS. 221 points noirs mieux marqués forment d'autres figures, et parce que son abdomen est plus mince et plus transparent. La planche XIX. indique suffisamment leurs différences. Cette larve vit sous les pierres, comme l'espèce précédente, quelquefois aussi en dessus ; elle jette des fils nombreux ct s'entoure quelquefois (fig. 2. e.) de débris végétaux de toute espèce ct de vase. Souvent sous un seul de ces amas on trouve plusieurs larves. Quand elles veulent se métamorphoser elle se font des maisons semblables à celles de l'espèce précédente, mais plus petites. Cette espèce est très-communc dans tous les ruisseaux peu profonds; elle éclot au mois de Septembre et d'Octobre. 30. H. A cou court. (PI. XX. fig. 6.) AH. Brevicollis. Milu. Petite, courte ; antennes annelées de brun et de fauve; tête et thorax noirs en dessus ; ailes fauves, irisées, à nervures noirâtres; pattes fauves. Longueur : 3 lignes. Descriprion. Cette espèce ressemble pour la forme à la précédente. Elle a le corps et surtout le corselet courts. La tête est noire, ainsi que les palpes; les antennes courtes, annelées de brun et de fauve. Le thorax est noir en dessus et fauve sur les flancs. Les ailes supérieures sont fauves, transparentes, irisées , un peu brunâtres au bord antérieur et vers la commissure ; les ner- vures en sont brunes. Les ailes inférieures sont de même couleur, légèrement ciliées ; les pattes sont fauves. J'ai trouvé cette espèce en automne sur les bords du Rhône. 222 SECONDE PARTIE. SEPTIÈME GENRE. PSYCHOMYIES. — (PsxcaxomyY14. Latr.) Car. Aïles supérieures étroites, pointues, sans nervures trans- versales ; ailes inférieures semblables aux supérieures, non plissées. Antennes médiocres, en soie. Palpes maxillaires à cinq articles dans les deux sexes, le dernier allongé en forme de filament. Ce genre peu nombreux a été établi par Latreille sur la réunion des caractères tirés des ailes et des antennes ; j'y joins celui des palpes, qui est important pour indiquer leurs rapports avec les Hydropsychés, desquelles leur port les rapproche aussi. Ce sont de petits insectes, voltigeant le soir, et s'éloignant souvent beau- coup des eaux. Je ne connais pas leurs larves; il me paraît vraisemblable qu'elles doivent avoir de l’analogie avec celles des Hydropsychés; mais ce n'est qu'une hypothèse dénuée de preuves et fondée uniquement sur l’analogie. 1. P. A antennes annees. (PI. XX. fig. 7.) P., Annulicornis. Mihi. À 1 Tète brune ; antennes assez grosses , annelées de fauve et de brun ; palpes bruns ; thorax fauve, brun en dessus ; ailes brunes , irisées, un peu velues; pattes fauves. Longueur: 2{/ lignes. À . Lu Descriprion. La tête est brune, avec les yeux noirs ; elle porte des palpes bruns et des antennes assez grosses, joliment annelées de brun et de fauve clair, Le thorax est brun en dessus et fauve sur les flancs. Les ailes supérieures » h ‘ 4 PSYCHOMYIES. 223 sont brunes, irisées, un peu velues, avec le bord antérieur légèrement fauve ; les inférieures sont grises, très-velues, et les pattes sont fauves. Cette espèce se trouve dans nos environs, en été. 2. P. Arcue. (PI. XX. fig. 8.) P. Acuta. Mihi. Tête et thorax fauves; antennes minces, légèrement annelées ; palpes. fauves ; ailes d'un gris fauve, allongées , pointues, irisées, un peu velues; pattes fauves. » Longueur : 3 lignes. Dsscniprion Cette espèce ressemble à la précédente; elle en diffère =. dant parce qu’elle est plus longue et plus mince, que ses couleurs sont plus claires , et surtout par ses antennes minces et faiblement annelées. Elle se trouve aussi dans nos environs. + 3. P. Mines. (PL XX. fig. 9.) P. Tenuis. Mihi. Fauve; yeux noirs ; antennes légèrement annelées à leur base , noirâtres à l'extrémité ; palpes brunâtres ; mésothorax marqué en dessus de quelques petits points noirs. Longueur : 3 lignes. Dsscrirrion. Cette espèce se rapproche de la précédente par sa forme mince ct allongée. Mais elle en diffère, ainsi que la première, par sa couleur d’un fauve clair, ses antennes noirâtres à l’extrémité et les points noirs de son mé- sothorax. Les ailes supérieures sont fauves, irisées, sans poils; les inférieures grisâtres , avec des longs poils blancs. Elle se trouve avec les précédentes. 4 ” C: + 2 LA L 2 : * Y 4 £ | : Er Se \ 1 à “ à (br ' | 4 se a #4 224 SECONDE PARTIES AS ñ +! * ne a HUITIÈME GENREs ME … 410 HYDROPTILES. — (HyproPrira. Dalm.) "44 | MÈT Car. Ailes supérieures minces, pointues , très- -velues, à nervures peu distinctes; ailes inférieures semblables aux supérieures, non plissées ; antennes courtes, filiformes ; palpes ailes à cinq. articles dans les deux sexes , le derdfier ovoide. Ce genre très-naturel OX de petites Phryganides qui ont entr'elles les plus grands rapports de taille, de couleur et d'ha- bitudes. Elles volent fxéquemment le soir, recherchent la lumière, sautillent et sont difficiles à saisir. ‘ s Leurs larves habitent dans des étuis aplatis en forme de rein, ouverts aux deux extrémités par une imple hs, en sorte que quand la larve se retire dans l'intérieur l'étui est fermé. Ils sont composés d'une soie solide et de quelques petits grains de sable. Les larves sont remarquables par la grandeur de leur abdomen com- paré à celle du thorax et de la tête. Elles manquent d'organes respiratoires externes, et les pattes sont petites. La nymphe ne présente pas des différences sensibles d'avec celles des autres genres. Quand les larves veulent se métamorphoser, elles se fixent aux pierres des ruisseaux, et l'ouverture de l'étui se referme. # 4 Fr 1. H. À BELLES ANTENNES. (PI. XX. fig. 10.) H. Pulchricornis. Mihi. > L] Noire ; une tache blanche sur la tête; antennes fauves ave milieu et l'ex- trémité noires ; ailes grises avec des polis Blagues Jormant quatre bandes de distinctes ; pattes Jauves. de. $ . # La + #4 Cr +? & . . : ie | DROLE. + 225 . ” DE 1 L ina. Descuetion. sage est La plus Stud dés trois; son corps ést noir; on rémarque sur la tête une tache blanche entre les bases des antennes ; celles- ci sont fauves avec leur milieu d'un noir brun , et l'extrémité de la même cou- leur. Les ailes supérieures grisâtres, avec des points blancs formant par leur réunion quatre nds Hate discontinues et souvent peu apparentes. Les pattes sont fauves. ‘ : La larve XX. fig. 10. b. ) a sa tête et son thorax bruns très-minces ; l'abdomen | très-enflé, surtout les cinquième, sixième et septième anneaux. Les troisième, quatrième, mn. 2 sixième ont en dessus une petite plaque écailleuse brune; le dernier est terminé par deux crochets courts. Les pattes sont très-petites, de la couleur du thorax. y + _Cette espèce se fait des étuis en forme de rein, ainsi que je l’ai déjà dit et vit appliquée aux pierres dans les eaux courantes de nos environs. ” 2. H. À ANTENNES FAUVES® (PI. XX. fig. 1 1.) À. Flavicornis. Mihi. Noire; antennes fauves ; ailes supérieures grises, à base blanchâtre et à points blancs Jormant deux bandes ; pattes fauves. . Longueur: 1 Ÿ, lignes. Drscrirrion. Cette espèce diffère de la précédente par ses antennes qui sont d’un fauve uniforme et par l'absence d'une tache blanche entre leurs bases, Les ailes supérieures sont de même grisâtres et ont des points blancs, mais ils ne font Fe deux bandes; la base de l'aile est blanchâtre. La lar ve (PL. XX. fig. 11. b.) a le thorax et la tête plus larges que dans l'espèce précédente, et d’un fauve clair ainsi que les pattes. Les anneaux de l'abdomen n'ont pas de pièces Scale en dessus. Elles se font des étuis analogues aux | précédens, - c'est- à-dire aplatis ouverts par une fente ; mais à leur partie postérieure ils ME et terminés par une pointe émoussée Cig- 11. an). . Ces larves vivent avec les pr édentes , mais sont moins communes. . à LL “4: | LL | ù L 4 #0 ” . cr. EE * . CR . » _ Me" « : HE PEL LL d . . à Le j , % "e ? Ma ù ,° CL / x Mme. | SECONDE PARTIE. : +. di « ” . # + , * ‘ - ” LA D EUTI ; É | 3. H. A ANTENNES BRUNES. (PI. K à 2m). Ê é ne + I. Brunneicornis. Mihi : PY- n : _ se | Ê 4 14 à ® 5 L k cd \ .. s : C1] + brunâtre avec l'extrémité noire ; ailes grises avec des tac} de 4e les bords. \ . . TR F Nos | Lofgteur : 1 Y, lignes. - | 2 La M NT Na Cette espèce se rapproche de la première, par la tache blan- L e la tête ; mais elle en diffère Par le couleur de fé antennps qui sont d'un. - fauve brun, avec seulement l'extrémité noire. Les ailes supérieures sont grises, . 14 6 dÆ _# , _ bordées de noir et présentent des points blancs formant trois bandes très-peu distinctes ; ces points sont surtout visibles au bord externe. ' ' * Je ne connais pas la larve de cette espèce, qui vit avec les précédentes. _ Ala suite de ce genre je dois dire un de. larve qui lui appartient L (PI. XX. fig. 13.) et dont je ne connais pas l'insecte parfait. Cette larve a la tête et le thorax fauves comme celle de lH. flavicornis ; mais l'étui est L _ ovoïde et nullement terminé en pointe comme dans cette dernière. Les anneauxde à l'abdomen sont assez découpés et verdâtres. J'ai trouvé cette larve appliquée .! aux pierres comme les précédentes. ” À : . . . +: s . F à à - "A ‘ ” : Ÿ . 4 . L » é sh N » Je terminerai cette seconde partie par quelques mots sur trois ee. LE larves que je né connais que dans cet, état, .æ ue je nes sais - - pas jusqu'à présent à .quel genre rapporter. . a > "EU tr AUT. 2- De À RS La première (PI. XX. fig. 14. ) a qu qu'analogie de forme avec _ SRE celle de la Ahyacophila umbrosa ; maisrje ne sais pas si sa nym- ». +. 4 4 L . .* - L s nr” . . r- KL : 2 : A . d L . de . + à . . . . ” vin æ ” 6: . F 2 Las ER NS CPR. M CV, NE © +4 ” si Le » . ® M .!, LE 2 : 00 nue .” r de *.. r L 4 mA Le * à : ER, ! À . e » 4 Le .” + FT : phe a comme elle une double enveloppe. Sa tête est brune, db et le corselet de la même couleur est ‘étroit et retréci en arrière. Les deux autres anneaux du thorax et ceux de l'abdomen sont | 4 . , : | ” ” HYDROPTILES. | 7 + "a PA d'un violet grisâtre, mêlé de nuances plus claires, dépourvus d'organes respiratoires, externes et portant latéralement des longs poils r noirs ; le dernier anneau est terminé par deux crochets sur des pédicules écailleux. Les pattes sont courtes et de couleur claire. Cette E | vit au pied du Salève dans les ruisseaux peu pro- fonds. La seconde espèce (PL. x. BB, 15.) est beaucoup plus allongée et diffère d'avantage de toutes les larves que j'ai décrites jusqu'à présent; la tête étroite et quadrangulaire rappelle celles de quel- ques Hydropsychés. Le corselet est de même allongé, il est fauve comme sa tête. Les deux autres anneaux sont jaunes avec des taches noirâtres;, ceux de l'abdomen ont un mélange de jaune et de violet, ils sont long ortent des filets blanchâtres, minces et allongés qui sont vraisemblablement des organes respiratoires. Le dernier anneau est terminé par quatre crochets , disposés par paires, à-peu-près comme dans la larve de la Rhyacophila vulga- ris. On voit par là que cette espèce a de l’analogie avec les Hy- dropsychés et avec les Rhyacophiles ; la connaissance de l’insecte parfait et surtout de la nymphe serait nécessaire pour lui assigner la place qu’elle doit occuper. … . La troisième espèce (PI. XX. fig. 16.) est encore plus éloigné ges formes que nous avons vues jusqu’à présent. Elle a une tête - die, brune, avec deux taches fauves frontales ; son corselet est qua- dr nee ire et, ce qui est remarquable, plus gros que le mésothorax et le métathorax; ceux-ci sont aussi quadrangulaires, mais très- courts, L'abdomen est composé d'anneaux courts, assez distincts, dépourvus d'organes respingoirés externes et pôrtant quelques. poils. Le dernier anneau est inst ar deux longs filets écailleux qui . . . e e : . Ca CE se ? L - LL : e . + | . o ” . » - d * e PA . r . ”* « .”".# , ! .. d . . ee e og ‘à Es * LA ‘ AR | * sé .: LA ù $ , portent | à à leur. + ts so dress ES cpas de " V7 als à crochets ‘proprement dits. Cette espèc > est-ell larve de Phys 4 e ganide i ? c'est ce que je ne puis pas firmer l'insecte parfait Ho appartient à à cette famille , d' il tesrt vraisemblable qu'il doit former , “en k un genre nouveau. Cette. larve est rare, Je ne l'ai trouvée Le? s de nos environs. Te, SRE me à deux ou trois fois dans les eaux stagr , DU …# ‘ : k °* EXPLICATION DES PLANCHES. ; : À: 2, PLANCHE PREMIÈRE, | te Du à ox Go é à re '. tête vue en avant; 23. abdomen; 24. second anneau abdominal; 25. dernier an x r -des pattes postérieures, t +. P P CaracrÈnes Des GENRES. a. Aile supérieure; 6. aile inférieure; c. un des palpes. E laires du mâle; d, un des palpes maxillaires de la femelle; e..un des. palpes labiaux; É '# f. antenne; g. dernier anneau abdominal, 7" p FR : } j . ‘ - se ” x tas ni I. & he ’ D 2 ; .. cl ‘% " Anatomie des systèmes tégumentaire et nerveux de la Phryganea striata. LS hd. Fig. 1— 15. La larve. Fig. 1. tête vue en dessus; 2. en dessous; 3. labre; 4« mandibule vue en dessus; 5. filière et mächoires vues en dessous; 6. prothorax en dessus; 7. id. à . en déssous ; 8: premier anneau abdominal {en dessus ;;9. troisième anneau abdominal en. dr" déssus; 10. id. latéralement; 11: dernier anneau en dessus; 12. id. en dessous; 13, un LL ne À grossi; 14. une patte antérieure ; 15. id. postérieure, + 4 Fig. 16— 18. Passage de l'état de larve à l'état de nymphe; 16. changement de peau du thorax ; 17: id. de la tête, 18, déploiement des antennes; 19. pattes de la nymphe 9 rudimentaires; ; La _ Fig. 19.—26. La: nymphe. 19. Tête vue en déssus ; 20. labre ; 21. tee M ” 26.. plaques de crochets des anneaux abdominaux. +” * Fig, 27. — 32. L'insecte parfait. 27. Tête vue en avant; 28. mâchoire et palpes maxil- laires de la femelle ; 29. labre ;: 30. lèvre et palpes labiaux ; 31. patte antérieure ; 32. tarse * Fig. 33..— 37. er # nerveux. Système nerveux de là larve; 34. ganglion sus- œsophagien vu en us;,35: ganglion sus et sousæsophagien vus latéralement ; 36. sys- tême nerveux de la nymphe; 37. cerveau vu en dessus. “ xl i « _ a LA 30. , : ; » 2350 _. EXPISCATION DES PLANCHES. | e 4 PLANCHE III. Anatomie des systémes nutritif et générateur de la PAryganea striala. Fig. 1.— 4. Canal intestinal. 1. Dans la larve avec ses annexes et les vaisseaux sétiferes ; >, dans la larve prête à se métamorphoser; 3. dans la nymphe; 4. dans l'insecte parfait. Fig. 5 et 6. Systéme respiratoire. 5. Système respiratoire interne et vaisseau dorsal; 6. un des sacs trachéens externes et la trachée qui s’y rend. Fig. 7 et 8. Organes générateurs du male. 7. Vaisseaux spermatiques, vésicule sémi- nale et verge: 8 dernier anneau abdominal vu en dessous avec la verge. Fig. 9. — 13. Organes générateurs de la fimelle. 9. Naissance et développement de ces organes; 10. ovaires , vésicules vaginales et poche copulatrice ; 11. portion des ovai- res près de la ponte; 12. poche copulatrice vue par derrière; 13. secondes vésicules vaginales. Fig. 14. — 19. OEufs. 14. OEufs dans la gelée; 15. œufs immédiatement après la ponte; 16 et 17. quelques jours après la ponte; 18 et 19. quand la larve est formée. PLANCHE IV. à Anatomie du Sericostoma collare et de la Rkyacophila vulgaris. Fig. 1— 1. SERIGOSTOMA COLLARE: Fig. 1— 10. La larve. 1.Tète; 2. labre; 3. man- dibule vue en dessus; 4. id. en dessous; 5, filière et mâchoires; 6. second et troisième & anneaux abdominaux en dessus; 7. second, troisième, quatrième et cinquième anneaux abdominaux vus latéralement; 8. dernier anneau; 9. le crochet grossi; 18. patte an- térieure. Fig. 11— 12. La nymphe. 11. Tête vue de profil; 192. en face; 13. man- dibule; 14. abdomen en dessus; 15. crochets dorsaux. Fig. 16 —30. RHYAGOPHILA VULGARIS, Fig. 16 — 25. La larve. 16. tête; 17. labre; 18. mandibule ; 19. filière et mâchoires; 20. prothorax et une patte de la première paire; 21. un anneau abdominal en dessus; 22. coupe verticale de ce même anneau; 23. organes respiratoires externes; 24. dernier anneau abdominal ; 25. crochets internes. Fig. 26—30. La nymphe. 26. Tête vue en dessus ; 27. mandibule; 28. une des pattes intermédiaires; 29. dernier anneau de la femelle; 30. id. du mâle. PLANCHE V. qe 4 & Anatomie des Hydropsyche atomaria et senex, 3 j # Fig. 1 — 20. Hydropsyche atomaria. Fig. 1—9. et 12— 13. La larve. 1. Tête; 2. labre ; 3. mandibule vue en dessus; 4. id. en dessous ; 5. filière et mâchoires; 6, dernier anneau ab- a: EXPLICATION DES PLANCHES. 251 dominal ct ses appendices; 7. patte antérieure; 8. patte postérieure; 9. canal alimen- taire, ses annexes et les vaisseaux sétifères; 12. coupe verticale d’un anneau abdomi- nal; 13. organes respiratoires externes. Fig. 10., 11. et 14— 19. La nymphe; 10. Tête vue de face; 11. mandibule; 14, deux anneaux abdominaux vus en dessus; 15. coupe verticale de ces mêmes anneaux; 16. dernier anneau; 17. patte postérieure; 18. patte intermédiaire; 18.tarses des pattes intermédiaires de la femelle; 19. id. du mâle. Fig, 20. organes générateurs de la femelle dans l’ésecte parfait. Fig. .21 — 33. Hydropsyche senex. Fig. 21 — 927. La larve. 921. Tête ; 22. labre; 93. mandibule ; 24. filière et mâchoires ; 25. anneaux abdominaux vus de côté; 26. der- nier anneau; 27. un crochet, Fig. 28 — 33. La nymphe. 28. Tète vue de face; 29. man- dibule ; 30. labre; 31. abdomen en dessus; 32. coupe verticale d’un anneau; 33. der- nier anneau, PLANCHE VI. PunycaNEs proPREs, Fig, 1. PA. striata, a. V'étui renfermant la nymphe, b. l’étui de la larve”, c. la larve, d.ete. l'insecte parfait ; fig. 2. PA. pilosa, a. l'étui fermé et fixé à une pierre, b. la larve, c. la nymphe, d. et e. l'insecte parfait , /: nervures des ailes; fig. 3. PA. testacea, a. l'étui renfermant la larve, 6. la larve, c. et d. l’insecte parfait; fig. 4. PA. nigricornis, a. l'étui, b. la larve, c. et d. l’insecte parfait. PLANCHE VII. PHRYGANES PROPRES, Fig. 1. PA. pantherina, a. V'étui, b, la larve, c. et d. l’insecte parfait, e. les nervures de l'aile supérieure; fig. 2. PA. digitata, a. 'étui fermé, à. l'étui de la larve, c. la larve, d. l’insecte parfait; fig. 3. PA. villosa, à. la larve, . c. et d. divers genres d’étuis, e. et f. l'insecte parfait, g. les nervures de l'aile su- périeure. PLANCHE VIII. PHRYGANES PROPRES. Fig. 1. PA. auricollis, a. la larve, b. c. et d. divers genres d’étuis, e. et f. l'insecte parfait; fig. 2. Ph. mixta, a. la larve, b. l'étui de la larve, c. l'étui de la nymphe, 4. l'insecte parfait, e, une aile grossie; fig. 3. PA. ruficolis, a. la larve, b. l'étui, c. l'insecte parfait; fig. 4. PA. pellucida, a. la larve, D. l’étui ordinaire, €. la grille grossie, 4, et e. autres formes d'étuis, f et g. linsecte parfait. 262 ŒXPLICATION DES PLANCHES. PLANCHE IX. PunycanEs prorres. Fig. 1, PA. rhombica, a. forme normale ‘de l’étui, à. sa coupe horizontale, c. la larve dans un autre étui, d, un étui de mousse, e. la larve, S. et g- l’insecte parfait; fig. 2. PA. flavicornis, a., b, et c. trois sortes d'étuis, d. la larve, e. etf. l'insecte parfait; fig. 3. Ph. Zunaris, a. la larve, &., c., d.,e., f. et g. divers étuis, 2. et &. l’insecte parfait. PLANCHE %. Panycanes PROPRES. Fig. 1. PA. fusca, a. la larve , b, et c. des étuis, d. et e. l'in- secte parfait; fig. 2. PA. flava, a. la larve, b. l'élui, c. et d. l'insecte parfait; fig. 3. Ph, elegans, a. la larve, b. l'étui, c. l’insecte parfait, 4. l’aile supérieure grossie; fig. 4. PA. vittata, a. l'étui, b. l'insecte parfait ; fig. 5. Ph. nigridorsa, a la larve, b. l’étui de la larve, c. l'étui de la nymphe, d. la nymphe, «. et f. l’insecte parfait. PLANCHE XI. ParyGanEs PROPRES. Fig. 1. PA. varia; a. l’étui de la larve, à. l’étui de la nymphe, c. la larve, d. la nymphe, e. et f. l’insecte parfait, 2. les nervures de l’aile supérieure ; fig. 2. PA, ruficollis; fig. 3. Ph. sericea ; fig, 4. Ph. guttulata; fig, 5. Ph. biguttata ; fig. 6. Ph. puncticollis ; fig. 7. Ph. grisea ; fig. 8, Ph. flavipennis ; fig. 9. Ph. picicornis ; fig. 10. PA, hirsuta; fig. 11. Ph. fimbriata. PLANCHE XII. Mysracrnes, Fig. 1. M, albicornis, a. la larve, b et c l'étui, d. la nymphe, e. et f. l'in- secte parfait, g. la tête grossie; fig. 2. ÆZ. cylindrica, a. la larve, b. l'étui,, c. et d. l'in- secte parfait; fig. 3. M. bifasciata, a. l'étui, b. la larve, c. et d. l'insecte parfait, e. palpe maxillaire; fig. 4, M. atra, a. l'étui, b. la larve, c. et d. l’insecte parfait, e. palpe maxillaire; fig. 5. M. nigra, a, l'étui, 6. la larve, c. l'insecte parfait; fig. 6. . filicornis, a, l'étui, b,.la larve, c, l’insecte parfait, d. l'aile supérieure grossie, EXPLICATION DES PLANCHES. 2355 PLANCHE XIII. Fig. 1 — 7. Mysracines, Fig. 1. M, aurea; fig. 2. M. annulata; fig. 3. M, filosa ; fig. 4. M. biineata; fig. 5. M. albifrons; fig. 6. M. uniguttata; fig. 7. M. lacustris. Fig, 8 — 11 Tricaosromxs. Fig. 8. T. capillatum., a. V'étui, b. la larve, c. et d. l'in- secte parfait, e. l'antenne; fig. 9. T. picicorne, a, l'étui, 6. la larve, c. le thorax de la larve, d. l'insecte parfait, e. antenne, J. aile supérieure; fig. 10. T. fuscicorne, a. la larve, à, et c. l’insecte parfait, d. l'antenne; fig. 11. T. régricorne, a. la larve, b, l'insecte parfait, c. l’antenne. PLANCHE XIV. Sénicosromes. Fig. 1. 5, colare, a. l’étui, 6. la larve, c. la nymphe, d. et e. l’insecte parfait, /. la tête du mâle vue de profil, g. la même vue de face; fig. 2. S. multi- guttatum , a. l'étui, 6. la larve, c. l’insecte parfait femelle, d. le mâle, e. dessus de la tête du mâle; fig. 3. S. Airsutum, a. l'étui, b. la larve, c. l’insecte parfait, d. la tête * du mâle; fig. 4. S. maculatum, a. l'étui, 6. la larve, c. et d. l’insecte parfait, e. la tête du mâle; fig. 5. S. rigrum, a. l'étui, b et c, l'insecte parfait; d. S. minutum, e. l’aile supérieure. PLANCHE XV. RuyacormyLes. Fig. 1: R. vulgaris, a. la larve, D. sa maison sur une pierre, c, la nymphe, d. l'enveloppe de la nymphe, e. et f. l'insecte parfait, g. une variété; fig. 2. R. umbrosa, a, la larve, b, l'enveloppe de la nymphe, c, la nymphe, 4. l'insecte parfait, e. l'aile supérieure; fig. 3. R. ciliata, a. sa maison sur une pierre, 6. la larve, c. l’en- veloppe de la nymphe, d. la nymphe, e. l’insecte parfait; fig. 4. R. vernalis, a. la larve, b. sa maison, c. l'enveloppe de la nymphe, d. l’insecte parfait, e. nervures des ailes, J. dernier anneau abdominal de la femelle, g. et k. id. du mâle, £. palpe maxillaire ; fig. 5. a. une larve décrite p. 198; fig. 8., c. et d. une larve décrite p. 199. PLANCHE XVI. RayacoruyLes. Fig. 1. R. torrentium; fig. 2. R. tréstis ; fig. 3. R. pubescens ; fig. 4. R. angularis; fig. 5. R: flavipes; fig. 6, R. lœvis; fig. 7. R. biguttata ; fig. 8. R. ob- fuscata ; fig. 9. R. tomentosa ; fig. 10, R. latipennis ; fig. ar. R, rebulosa ; fig. 12. R. 234 EXPLICATION DES PLANCHES. microcephala ; fig. 13, R. decolorata ; fig. 14. R. éncolor; fig. 1b. R. lœvigata; fig. 16. R. azurea ; fig. 17 R. comata; fig. 18. R. lanata ; fig. 19. R. lanigera ; fig. 20. R. pe- nicillus ; fig. 21, R. melas ; fig. 22. R. barbata ; fig. 23. R. nigrocincta ; fig. 24. R. se- tifera; fig. 25. R. granulata; fig, 26. R. articularis. PLANCHE XVII. Hyprorsycués. Fig, 1. H. atomaria, à. la larve, b. la nymphe, c. et d. l'insecte par- fait, e. sa maison fixée sur une pierre, f. id. vue en dessous et séparée de la pierre ; fig. 2. H. tenuicornis, a. la larve, b. et c. l'insecte parfait; fig. 3. A. guttata, a. la larve, d. et c. l’insecte parfait, d. sa maison; fig. 4. H. læta, a. la larve, b, et c. l'insecte parfait; fig. b. H, variabilis; a, la larve, 6. et c. l’insecte parfait. PLANCHE XVIII. Hyprorsyewes. Fig. 1. H. lepida, a. la larve, b. sa maison, c, et d. l'insecte par- fait, e. l'antenne, J. l'aile; fig. 2, H. maculicorris, a. la maison de la nymphe, 6. la larve, c. les chemins en terre que fait la larve, 4, l'insecte parfait; fig. 3. H. flavi- coma, a. la maison fixée sur du bois, &. la nymphe, c. l'insecte parfait ; fig. 4. H. variegata, a. la nymphe, 6. la maison, c. et d. l'insecte parfait; fig. 5. H, montana, a. la maison, à. la larve, c. la nymphe, d. mandibule de la nymphe, e. dernier an- neau, /. l'insecte parfait, g. palpe maxillaire, X. palpe labial. PLANCHE XIX. Hyprorsycnés. Fig. 1. H, senex; a. la larve, 6. la nymphe, c. la maison sur une pierre, d. et e. l’insecte parfait; fig. 2. H. flavo-maculata, a. la larve, b. et c. l’insecte parfait, d. l'aile supérieure, e. la maison sur une pierre; fig. 3. A. cinerea ; fig, 4. H. nebulosa ; fig, 5. H. tincta ; fig. 6. H. angustata; fig, 7. H. brevicornis ; fig. 8. H. occi- püalis ; fig. 9. H. columbina ; fig. 10. AH. vitrea ; fig. 11. H. microcephala ; fig. 12. H. Jragilis ; fig. 13, H. urbana; fig. 14. H. dives, PLANCHE XX. Fig. 1 — 6 Hypnorsxcués. Fig. 1. A. turtur ; fig. 2. H. nigripennis ; fig. 3. H. hu- meralis ; fig, 4. Æ. picea ; fig. 5. H. unicolor; fig. 6. H, brevicollis. EXPLICATION DES PLANCHES. 235 Fig. 7 — 9. Psycnomies. Fig. 7. P. annulicornis ; fig. 8. P. acuta; fig. 9. P. tenus. Fig. 10 — 13 Hyproprixxs. Fig, 10. A. pulchricornis, a. V'étui, 6. la larve, c, la nymphe, d. l’insecte parfait, e. son antenne; fig. 11. H. flavicornis ; a. étui, b, la larve, c. l'insecte parfait, d. son antenne; fig. 12. . brunneicornis, a. l'insecte parfait, b son antenne; fig. 13. une larve d'Hydroptile dont je ne connais pas l’insecte par- fait ; fig. 14. larve décrite page 226; fig. 15, id. page 227; fig. 16. id. page 227. a v ŸA el «d M We dE TM « 14140 Az! LEE À TABLE DES MATIÈRES. : PrÉTAGE US SES ie eee es Introduction PREMIÈRE PARTIE. Considérations générales sur les Phryganides . Chapitre premier. Définition et affinités zoologiques des Phryganides Chapitre second. Enumération des auteurs qui ont traité des Phryganides . Chapitre troisième. Classification des Phryganides . . . . . . . . . +... + +. . Chapitre quatrième. Anatomie des Phryganides 4 4 eee mise se eus te PREMIÈRE SECTION. SÉSEME ÉAURERIAITE Se on ss se een ie Jar Article premier. Comparaison des diverses nomenclatures employées par les Entomotomistes , . . . . . . . . . . . . . Article second. Description du systéme tégumentaire de la larve GT Télein eh bu ne nc tee 1 ouais Sr 2.9 Thorar. ou troRc.: re Eee) A: SAUT AE à sncs era CRT ES. CONS 11 19 29 29 29 34 34 39 42 TABLE DES MATIÈRES. Article troisième. ÆManière dont la larve passe à l'état de nymphe : Article quatrième, Systéme tégumentaire de la nymphe . . (PE PE CT RO CNE ORNE er Paie Ed 5.2, “Thorar je NC Re an DANS ES ON $. 3. Abdomen. +... +... Article cinquième. Systéme tégumentaire de l'insecte parfait . "Ar. $. 2. ps, TEA NE OR RE Et Er le ci No Thorar ss ls LP RTS re DE AT RS UE APAOMER. 5 Me dre De ie le Din le cle MOTS 0 SECONDE SECTION. Systéme nerveux + + - © +: + où + + + + « » Article premier. Lande 0 Me ele QUE D ee ae COR LT ID CE PONTS Ç. 22, 0707220 ME EE $. 3. Abdomen . . . Ÿ NES RER Article second. Nymphe et insecte parfait . . . . . : . . Gr Tee en Te CORNE Ga TROT RON $ 3. Abdomen NI le RE Du TROISIÈME SECTION. Organes de la digestion « . . . + . . . «+ + + : + CON CT . . . . . Sons . . . Dur" . . . . CC Article premier. Organes de la digestion dans la larve . . . $. x. Phryganes propres MR RE ne $. 2. Canal alimentaire dans les autres genres des Phryganides . . Article second. Du canal alimentaire dans le passage de l'état de larve à ny mphe Article troisième. Canal alimentaire de la nymphe . . . . DE DOMINÉ Article quatrième. Canal alimentaire de l'insecte parfait . - QUATRIÈME SECTION. Systémes respiratoire et céreulatoire : . + . + à: + à Article premier. Zrtroduction + + : . . . . $. 1. $. 2. De la respiration chez les insectes en général . Article second. De la circulation chez les insectes en général les larves des Phryganides . . . : . . Article troisième. CNRC LE TC Organes internes de la respiration et de la circulation dans Organes respiratoires externes dans les larves des Fhoränie Page. 46 50 50 52 53 56 56 59 62 62 63 64 65 66 6T 68 69 69 T0 fil 74 TT T8 80 81 85 85 86 58 92 94 è 1 TABLE DES MATIÈRES. : NF CINQUIÈME SECTION. ) s] Page. (RARES TENTE DIOUUCNONE anis en au ele en UE, 1008 Article premier. Développement des organes de la reproduction : . . . . . 99 Article second. Organes génitaux du mâle . . .... ... . . , . . . .. . . 400 Article troisième. Organes génitaux de la femelle . . . . . . . , . . . . 402 y SIXIÈME SEGTION. SOCÉHONS SPACE Le Chapitre cinquième. Mœurs et habitudes des Phryganides . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . 106 PREMIÈRE SECTION, Etat d'œuf . . . Rte 8 y O SECONDE SECTION. ne en ete embase le le er LL EU te a NET En ep LEA Habitation et nourriture des larves. . . . . . . . . . . . . . 113 Eratidetlane ss es: 00 Article premier, Zarves à élui mobile SR NO 7720 AE MOULES AU ce 2 ele lei el re ent ie Lord $- 3. Æzxpériences sur les larves privées de leur étui. . . . . . . . . 417 &. 4. Fabrication de l'étui . PA dan MMS 0 EUR EMA EEE $. 5. Précautions employées par la larve quand elle passe à l'état de TOPICS DAC NE UT ee lice misent 1e LD Article second. Zarves qui ne se font pas d’étuis mobiles . . . . . . . . . 193 TROISIÈME SECTION. Etat de nymphe . SA Etes RS tt On AE QUATRIÈME SECTION. Etat parfait TP ele Val abatle cia ee An MR TO ait et LAN SECONDE PARTIE. Histoire particulière des Phryganides du bassin du Léman . ... ... . . . . . 131 PREMIER GENRE. Phryganes propres . . . . . . . + De . . . 191 SECOND GENRE. ÂMystacides . . . . , . . +. TABLE DES MATIÈRES. . Page. TROISIÈME GENRE. Z/ichostomes . «+ » « ET ei PTE QUATRIÈME GENRE. Séricostomes,. » ne = le AA cmnquièmE GENRE. RAyacophiles. ., . .. + ++ eue mel sixième GENRE ydropsychés\. ven ne 0e Mens NES N) DRE 199 SRPTIÈME GENRE. Psychomyies ‘. sus munie à Re OR a nr 222 ns cexar. Hydroptilessss sal gene semm ae 9feètie pie nn 224 Explication des Planches . . D Re A . 229 cr () >> © # « : * . + » ce CARACTIERES de) Con eh : / PE RS T e- eu e NT DR + 1 EN LS i k i DES Es LES le | \ , - 1# b = A4 à f LL. 7 AT AT 1 nt) d | (ll au) PHIRYGANTES < on Es “nt ot ei L'URL nd JA Le sd L'yve qu ere SL ré: dar at rhlhéés à » ds cts Gé A LOS D dé. dd OS CR | à. tite. > cts MR dé Li dut it clins d Alt) E fé télés PL, UN, += — & per * VE — > d— - } = ÿ D L A a à ‘1 ] = Aie RS NS 5 BAT 2 RE | Nas ï: = = LE S À à N É FR Le: x Ë fe : Sp re ee v” ee # : ! D D < + y Î} PA F TP peter er PRRYCANES 6 “ 7 s — PF CSS # nl ut Le \s 14 n ES \z FREE NA bdd bein acute ÉÉ NT SN ES 0 NN RS Se dd dd do CS L 2 A Heyland et FTP. del. PHRYGANES Millenet FA . _ PL. VI. I re + Milleut So, ! Heyland € F.J.P. dt. : PHRYGANES . PT-SPIEL. Heyland eb FI P det. PHRYGANES Mitenet Se. D'ONT nb Heyland et F.J.P, del. PHRYGANES Millenet Se. po ÿ 2 “e x - + Qu © PE. —— Heyland ét P.J.F. del. PHRYGANES Heyland et FT. F. Millenet Sc. PHRYGANES FIL Heyland et F.J À de MYSTACIDES + 4Æ - — [2 La : D RAI RER ETES ——— Heyland et FI P del, 7 Millenet Se MYSTACIDES ee TRICHOSTOMES 7 205 ES 6 1 Heyland ct FAP: TRS : = x = Millenet So SERICOSTOMES EL:.XF. Millenet Se. RHYACOPHILES PI,. XVI. ; 5 22 | 23 7 2 | 2" Eee 3 # ;. LE TT 5 Me = à EN 2 Enr : + ns a : Heyland dt FT. P. del . Müllenet Se RHYACOPHILES | À PL. XVI. À ar + 4 Ti ONE ETES Heyland et F. J. P. del. Millenet Se. HYDROPSYCHÉS . 1140 AE Hoyt et FTP. AE. La à | : | | À À LL : . HYDROPSYCHES cs ve 4 N." * 2 r ES PL. X7X. > Millenet . Se. Aa c'e Heyland. et F..J. P. del . HYDROPSYCHES e r SERRE 16 Heyland et F, JP. dl. NS FEU DT Millet, Se. HYDROPSYCHES, PSYCHOMIES et HYDROPTILES